Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Kaabu - Wikipédia

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 29

Kaabu

ancien pays

Le Kaabunké (Ngaabu[1] ou Kabou ou


Gabou par les Sérères[1], Ngabou par les
Peuls, Gabou pour les français) est un
ancien royaume mandingue qui couvre
une partie du Sénégal, de la Gambie et de
la Guinée-Bissau actuels. C'est un
royaume théocratique non musulman, ce
qui sera une des causes des guerres qui
e
accéléreront sa chute au  siècle.
Le Kaabu en 1625 (en violet).

Localisation du Kaabu sur une carte de 1860.

Histoire du Gabou/
Kaabunké
Articles connexes : Histoire ancienne des
Sérères et Histoire des Sérères du Moyen
Âge à nos jours.

Avant le Kaabunké …

Avant l'arrivée des conquérants Malinkés,


la région était déjà habitée par des
nations diverses : le royaume Baïnouk qui
sera en grande partie colonisé; quelques
pasteurs nomades Peuls ; quelques
groupes de commerçants mandingues :
Sossés, Soninkés. Ce territoire est bordé
à l'ouest par les royaumes Felupe/Diola,
Brâmes/Pepels et confédération Balante
dans les mangroves, au sud par le
royaume Beafada de Kinara, dont
l'aristocratie est d'origine mandingue et
le peuple d'origine Landuma. Le
Royaume Bainouk était le plus important
et probablement le plus ancien. Il était
constitué de puissantes seigneuries,
regroupées en un royaume, dont la
capitale était Mampating.

En 1250, une partie du royaume Bainouk,


après la défaite de son roi Kikikor, est
colonisée par l'empire du Mali, d'autres
parties (les plus occidentales) en
deviendront vassales.

Au XVIIe siècle, le territoire colonisé


prend son indépendance par rapport au
Mali et devient le Kaabunké. Ce royaume
s'est étendu sur des régions riveraines du
fleuve Gambie – aujourd'hui une partie
de la Casamance, le nord de l'actuelle
Guinée-Bissau (sauf la côte) et a empiété
sur l'ouest de l'actuelle Guinée-Conakry.

Conquête, colonisation et création


du royaume.

Le royaume du Gabou, d'après la tradition


orale, a été fondé par le général Malinké
Thiramaghan Traoré, l'un des généraux
de l'armée de Soundiata Keita. En 1235,
ce dernier, guerrier Manding, conquiert le
royaume du Sosso dont le Manding était
vassal, renverse les nobles formés par
les ligues d'artisans dirigées par celle
des forgerons et fonde l'empire du Mali
dont il devient le Mansa Manding
(empereur) ; il crée une nouvelle
noblesse, formée de guerriers cavaliers.
Le général Thiramaghan Traoré est un
cousin, mais aussi un rival de Soundiata
Keita qu'il a très fortement aidé dans son
putsch. Il se voit confier des représailles
militaires contre un roi Wolof (Djolofin-
Mansa), sous prétexte d'un différend
avec des commerçants envoyés par le
Mansa Manding acheter des chevaux.

Ayant vaincu brillamment ce roi qu'il fait


exécuter, le général Thiramaghan Traoré
annexe son territoire, rapporte esclaves,
chevaux et cadeaux à Soudiata Keita. En
récompense, celui-ci lui donne
(récompense / exil) les terres qu'il pourra
conquérir à l'ouest et qui permettront une
plus grande ouverture de l'Empire vers la
mer et le précieux sel.

En fait, de 1235 à 1265[2], le général


Thiramaghan Traoré, à la tête d'une
armée de cavaliers, suivie par une
colonne de plusieurs dizaines de milliers
de migrants paysans et artisans
(entourée de deux corps d'armée pour la
protéger) en constante augmentation,
arrive de l'Est, traverse plusieurs fois le
fleuve Gambie pour installer des colonies
sur un territoire au sud des royaumes
wolofs. Il divise ce territoire en 6
Mansayas, (provinces de l'empire du Mali
dirigées selon l'ordre hiérarchique par
des Farims/Farangs et Mansas) : 3
"majeures" (confiée à des guerriers
valeureux : Sâma, Patiana, Djimméra) et
trois "mineures" (confiées à l'ancienne
noblesse vaincue : Manna, Toumanna,
Kantora) qui s'étendront et se
modifieront par conquêtes et rivalités
pendant 5 siècles (il y eut jusqu'à une
vingtaine de mansayas à certaines
époques).

Depuis environ deux siècles, une


sécheresse sévit en Afrique de l'Ouest.
e
Elle durera jusqu'au  siècle. Les
paysans Mandingues qui suivent
Thiramaghan Traoré, et ceux qui les
rejoindront par la suite, trouvent sur ce
territoire des conditions de faune et de
flore qui leur rappellent leur Manding
natal. Ce qui explique probablement
pourquoi le général T.Traoré ne s'est
guère intéressé à la conquête des
royaumes Wolofs, plus au Nord.

e
Ce territoire devient au  siècle un
royaume indépendant, sous le nom de
Kaabunké (royaume du Gabou), profitant
du déclin de cet empire et de la perte de
territoires qui permettait la jonction entre
Mandingues continentaux et le Kaabu.

La vie au Kaabu …

Le Kaabunké est très hiérarchisé. On y


trouve, comme habituellement, les
foros(hommes libres), les castés (ligues
d'artisans) et les captifs. Mais l’originalité
du Kaabunké est l’existence d’une
puissante noblesse guerrière liée à la
religion dans la catégorie des hommes
libres[3].

Le pouvoir politique et militaire. …

Le Kaabunké est divisé en plusieurs


Mansayas, chacune dirigée par un
Mansa. Avant l'indépendance, les Farims
étaient des gouverneurs ayant un pouvoir
sur plusieurs mansas. Lorsque le mansa
du Proponanké (parfois appelé
Kaabunké), décrète l'ensemble du
territoire indépendant, il se déclare aussi
Mansa-Ba du Kaabunké. Les autres
mansas lui doivent obédience.
Cependant, c'est le Mansa du Sankolé
(Sankolanké), ancien Farim, qui est
chargé de la collecte des impôts pour
l'ensemble du royaume.

Chaque Mansaya dispose d'au moins


une place-forte (Tata) et d'une armée. Le
Mansa-Ba peut mobiliser les armées des
différents Mansayas.

Trois dynasties, régneront sur le


Kaabunké, les Sané et les Mané, aux
origines à la fois Malinké, Bainouk et
Felupes/Diola.

Le Kaabu, est divisé en plusieurs


Mansayas, toutes dirigées par des
Mansas. Avant l'indépendance, les
Farims sont des gouverneurs qui ont un
pouvoir sur plusieurs mansas. Une fois
l'indépendance du Kaabu, les mansayas
dépendent du mansa-ba du Kaabu, qui
habite à Kansala.

Le Mansa-Ba du Kaabunké est un nantio


choisi, de manière tournante entre les 3
mansayas primitives.

La noblesse : Nantio, Koring et


Mansaring

Le nantioya se définit par « le ventre ».


Seul est nantio le fils d’une femme
nantio. Ce sont des guerriers à cheval,
sur des chevaux blancs. Ils ont des
pouvoirs surnaturels et un code
d'honneur qu'ils ont respecté jusqu'à la
e
fin du  siècle. S'il est appelé être
mansa de Sâma, Patiana, Djimméra (ou
d'autres provinces majeurs créées par la
suite), un nantio prendra le konson (nom)
Sané ou parfois Mané.

Le fils d'un prince nantio n'est pas nantio,


mais mansaring. Il ne pourra prétendre
au pouvoir d'une manasaya nantio. Il
pourra cependant devenir Kanta-Mansa :
commandant d'une tata[3].

Les korings, descendants de l'ancienne


noblesse Bainouk leur doivent
obédience. La descendance est
patrilinéaire. Ils sont des guerriers
montant des chevaux noirs.

Les mansas de Manna, Toumanna,


Kantora -et des autres mansayas du
même type créées postérieurement- sont
choisis parmi les familles koring, mais
aussi parmi les mansarings. Ils prennent
alors le nom de Mané.

Les femmes nancio jouissent d'une


grande liberté et choisissent leur mari
dans n'importe quelle catégorie
sociale[3]. Or la succession des mansas
et du Mansa-ba est confiée par
matrilinéage au fils d'une soeur d'un
membre d'une des familles régnantes
(pouvoir tournant entre ces familles).
Ceci explique que, très rapidement après
le début de la colonisation mandingue,
des fils d'anciens nobles Bainouks, puis
Felupes ont eu accès au pouvoir trônant
entre les familles, car nés nancios par
leur mère,.

Deux sociétés secrètes veillent à la


régularité des règles régissant le
royaume, notamment sur la religion, la
transmission du pouvoir, du respect des
règles d'honneur des nancio.

La religion

Le Kaabunké est un État religieux Cette


religion, dialan a été codifiée pour cette
région par Tiramaghan Traoré en
personne. C'est un dialan d'anciens qui
désigne le nouveau Mansa-Ba.

Soundiata Keita, pour des raisons


politico-économiques, s'est converti à
l'Islam et une partie des habitants de
l'Empire ont fait de même. Tiramaghan
Traoré a au contraire apporté avec son
armée la religion alors en vigueur au
Manding.

De cette sorte, les dirigeants ne peuvent


qu'être des croyants Dialan. C'est
d'aiilleurs un dialan d'anciens qui désigne
le nouveau Mansa-Ba.

Quelques marabouts musulmans ont pu


être plus ou moins attachés à la cour,
mais essentiellement pour leur pouvoir
magique, en tant que devins. Les
commerçants mandingues, appelés
Dioulas, sont devenus musulmans et ont
été d'importants facteurs de propagation
de cette religion. Les musulmans vivaient
le plus souvent dans des villages à part .
Ils ne pouvaient accéder au pouvoir
politique et administratif, qui était
l'apanage d'une noblesse elle même
fortement liée à la religion officielle.

Le nantioya est né plus tard, à partir des


3 épouses d

Le Kaabu vit
d'une agriculture florissante, sur un
territoire très boisé avec de vastes
forêts, savanes et terres fertiles. les
villages
de l'élevage : des pasteurs, nomades
fulbés s'installent auprès des villages
d'agriculteurs. Ces derniers, lorsqu'ils
sont propriétaires de bétail, leur
confie[2]. Ils achètent le lait et
revendent des céréales (riz ou mil) aux
pasteurs. Ils habitent des
moracoundas ; avec l'accroissement
démographique, des territories fulbés
vont se former au sein des mansayas :
les foulacounda. Au fil des siècles,
cette coexistence pacifique va se
détériorer et amènera la révolte des
pasteurs peuls.
de la guerre (la noblesse est guerrière)
du commerce par l'intermédiaire des
Dioulas (nom des commerçants
mandingues)et avec des commerçants
Européens qui établirent plusieurs
comptoirs commerciaux, contrôlés par
soit par les Mansas, soit par les rois
Felupes, Brâmes, ou Beafadas et
notamment de la traite d'esclaves
transatlantique.

Le royaume étant dirigé par des


guerriers, ils protègent les agriculteurs,
les commerçants et, au cours des
premiers siècles, les pasteurs fulbés. En
dehors des épisodes de conflits internes
entre nobles pour étendre leur mansaya,
le pays est sûr. Les routes commerciales
sont sécurisées, ce qui permet à toute
caravane commerciale et tout
commerçant étranger de traverser le
Kaabu sans problèmes. Les
contrevenants sont très sévèrement
châtiés.

Lee commerce d'esclave permettra, une


fois les ponts commerciaux rompus avec
le Mali, d'assurer la richesse de la
noblesse, qui était une noblesse
guerrière : la vie du Kaabu est rythmées
par deux périodes annuelles : la période
sèche, où l'action politique consiste pour
les Nancio et Koring à mener des guerres
à l'Ouest pour capturer des esclaves et
les vendre, notamment par l'intérmédiaire
des commerçants traditionnels
Mandingues (appelés Dioulas) et la
période des pluies où les paysans se
consacraient à l'agriculture.

Les mansas protégeaient les


Mandingues et les royaumes côtiers
voisins avec qui ils commerçaient
(Felupes Diolas, Balantes, Manjaques).
par contre, ils allient chercher leurs
esclaves dans les royaumes fulbés de
l'est ; ordes pasteurs fulbés habitaient
sur le territoire et ont donc peu à peu
déconsidérés.
Le royaume de Gabou entretenait avec
les royaumes sérères du Sine-Saloum de
très bonnes relations, d'ailleurs les
Mansa du Gabou sont à l'origine dans le
royaume du Sine et du Saloum de
l'aristocratie guelwar, née de l'union entre
les Sérères et les Mandingues venus du
Kaabu qui partagent des origines avec
les Mansa du Gabou. Le Gabou avait
également de bonnes relations avec les
royaumes wolofs et les petits États
malinkés du Niani et du Wouli. C'est avec
le Fouta Djallon, qui entretenait avec le
Gabou de bonnes relations au départ,
que le Gabou allait entrer en conflit, au
e
milieu du  siècle, notamment avec
Alpha Bakary Mballo, et les almamys du
Fouta-Djallon, Alpha Ibrahima et Alpha
Bokar Birame.

Les Peuls du Gabou ne supportant plus


le despotisme, les humiliations,
l'exploitation des Mansa envers eux,
firent appel à Alpha Alpha Bakary qui
organisa avec l'aide du Fouta-Djallon un
soulèvement contre les Mansa. D'ailleurs
c'est ce soulèvement des Peuls qui fit
chuter le Kaabu, après une guerre où il y
eut de grandes pertes humaines chez les
Peuls, faisant alors place aux royaumes
peuls du Fouladou, avec Alpha Bakary
Mballo qui devint roi du Kaabu après
l'effondrement de Dianké Waly Sané. Les
Peuls ont également profité des guerres
entre dynasties, qui affaiblissaient le
royaume par leurs révoltes. Le Gabou a
toujours été de religion traditionnelle,
même si l'islam est présent au Gabou
depuis sa création, il y a eu de très
petites communautés chrétiennes là où
étaient situés des comptoirs
commerciaux européens.

Notes et références
1. (fr) Gravrand, Henry, "La Civilisation
Sereer" - "Pangool", vol.2, les
Nouvelles éditions africaines du
Sénégal, 1990. p. 10,
(ISBN 2-7236-1055-1)
2. Niane, 1989
3. Cissoko, 1981

Bibliographie …

Nouha Cissé, La fin du Kaabu et les


débuts du royaume du Fuladu, Dakar,
Université Cheikh Anta Diop, 1978, 90
p. (Mémoire de Maîtrise)
Gravrand, Henry, "La Civilisation
Sereer" - "Pangool", vol.2, les Nouvelles
éditions africaines du Sénégal, 1990.
p. 10, (ISBN 2-7236-1055-1)
Jean Girard, L'Or du Bambouk : du
royaume

de Gabou à la Casamance une


dynamique de civilisation ouest-africaine,
Genève, Georg, 1992, 347 p.
Daouda Mané, La question de
l’émergence de l’Etat du Kaabu, Dakar,
Université Cheikh Anta Diop, 1998, 78
p. (Mémoire de Maîtrise)
Daouda Mané, Traite négrière et
esclavage au Kaabu du XVIe au XIXe
siècle, Dakar, Université Cheikh Anta
Diop, 2000, 51 p. (Mémoire de DEA)
Mamadou Mané, Contribution à
l’histoire du Kaabu des origines au XIXe
siècle, Dakar, Université Cheikh Anta
Diop, 1975, 109 p. (Mémoire de
Maîtrise)
Djibril Tamsir Niane, Histoire des
Mandingues de l'Ouest : le royaume du
Gabou, Karthala, Association ARSAN,
Paris, 1989, 221 p. (ISBN 2865372367)

Articles connexes …

Histoire de la Guinée-Bissau

Liens externes …

Les Actes du colloque international


Traditions orales du Gabou ont fait l'objet
d'un numéro spécial de Éthiopiques (n°
28) paru en juin-octobre 1981. Ces
contributions sont consultables en ligne :

« Les sources orales de l'histoire du


Gabu » (auteur : Djibril Tamsir Niane)
« Le Gabou dans les traditions orales
du Ngabou » (auteur : R. P. Gravrand)
« Quelques précisions sur les relations
entre l'Empire du Mali et le Gabou »
(auteur : Madina Ly-Tall)
« Des aspects de l'histoire du Gabu au
XIXe siècle » (auteur : Lansiné Kaba)
« Les relations de l'ancien Gabou avec
quelques États voisins » (auteur :
Teixeira Da Mota)
« De l'organisation politique du Kabu »
(auteur : Sékéné Mody Cissoko)
« Le Gaabu et le Fuuta-Jalon »
(auteur : Thierno Diallo)
« Royaume du Kabou : enquêtes
lexicales » (auteur : Oumar Ba)
« Contribution à une esquisse
bibliographique sur Kaabu » (auteur :
Mamadou Niang)

Portail des Sérères


Portail du Sénégal
Portail de l’histoire
Portail de la Guinée-Bissau

Ce document provient de
« https://fr.wikipedia.org/w/index.php?
title=Kaabu&oldid=177522120 ».

Dernière modification il y a 6 jours par 41.214.81.48

Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA


3.0 sauf mention contraire.

Vous aimerez peut-être aussi