2 Poly FR
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Tout le monde connaît les fonctions polynomiales : ce sont simplement les fonctions
comme t 7→ 4 + 5t2 + 7t3 + t5 . Les polynômes en sont une version plus algébrique, dont
les avantages peuvent paraître assez subtils la première fois qu’on les découvre ; soyez
cependant assurés qu’ils existent, y compris si on en reste à un point de vue purement
pratique. Un bagage minimum suffit pour aborder ce chapitre : un peu d’arithmétique
des entiers et quelques notions sur les espaces vectoriels, sans même que ce soit vraiment
indispensable.
2 Entraînement 29
2.1 Vrai ou Faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3 Compléments 47
3.1 Algorithme de Horner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Règle des signes de Descartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.3 Suites de Sturm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Maths en L1̇gne Polynômes et fractions rationnelles UJF Grenoble
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1 Cours
1.1 Anneau des polynômes
L’idée de la construction sera peut-être compréhensible si on se demande comment
stocker une fonction polynomiale de R dans R dans une mémoire de machine : stocker
toutes les valeurs de la fonction étant impossible, un bon procédé pour représenter la
fonction t 7→ 4 + 5t2 + 7t3 + t5 , par exemple, sera de stocker la suite de ses coefficients ;
on entrera donc dans la machine la suite 405701, ce qui indique que le coefficient de t0
est 4, celui de t est 0, celui de t2 est 5, etc.
Ce procédé de stockage sera tout bonnement la définition même des polynômes.
Simplement, comme un polynôme peut en théorie être de degré gigantesque, bien plus
grand que les capacités de stockage de toute machine, il faudra se résigner à stocker une
infinité de coefficients, dont seuls les N premiers seront non nuls (la métaphore technolo-
gique s’écroule alors) : ainsi notre polynôme-exemple sera stocké comme 4057010000 . . .
(puis encore une infinité de 0), occupant inutilement une infinité de cases-mémoire.
Définition 1. Soit (A, +) un groupe de neutre 0. Une suite (an )n∈N d’éléments de A
est dite à support fini, ou bien nulle à partir d’un certain rang, si le nombre d’indices
n pour lesquels an 6= 0 est fini. En d’autres termes, il existe un indice N fini tel que
an 6= 0 implique n ≤ N .
et n
X
(an )n∈N · (bn )n∈N = (cn )n∈N où cn = ak bn−k .
k=0
Proposition 1. L’ensemble B muni des deux lois définies ci-dessus est un anneau
commutatif.
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Pour ce qui concerne la deuxième loi, on doit tout d’abord vérifier que (cn )n∈N est
bien une suite de B. Avec les mêmes notations que pour l’addition, pour tout indice
n > M + N , dans le calcul de
n
X N
X n
X
cn = ak bn−k = ak bn−k + ak bn−k ,
k=0 k=0 k=N +1
tous les termes de la première somme sont nuls, car les indices utilisés sont tels que
n − k > M + N − k ≥ M donc bn−k = 0. Tous les termes de la deuxième somme sont
nuls aussi car k > N donc ak = 0. Tous les coefficients cn pour n > M + N sont donc
nuls et (cn )n∈N est bien un élément de B.
On va ensuite vérifier que pour ces formules, B est un anneau commutatif. C’est
peu engageant et il n’y a guère d’astuces. Il faut calculer brutalement.
Commutativité
Soient (ai )i∈N et (bj )j∈N deux éléments de B ; notons (ck )k∈N le produit de (ai )i∈N
k
X k
X
par (bj )j∈N . Alors pour tout k ≥ 0, ck = ai bk−i = ak−j bj (en posant j = k − i) ;
i=0 j=0
cette expression est bien celle qu’on trouverait en faisant le produit dans l’autre sens
(en utilisant la commutativité de A).
Associativité
Soient (an )n∈N , (bn )n∈N et (cn )n∈N trois éléments de B ; notons (dn )n∈N le produit
de (bn )n∈N par (cn )n∈N . Notons (en )n∈N le produit de (an )n∈N par (dn )n∈N . Pour n ≥ 0,
calculons
X n X n n−i
X X
en = ai dn−i = ai cj bn−i−j = ai bn−i−j cj ,
i=0 i=0 j=0 (i,j)
où la dernière somme porte sur tous les couples (i, j) ∈ N2 tels que i + j ≤ n.
On trouverait la même chose en calculant de la même façon le produit de (an )n∈N ·
(bn )n∈N par (cn )n∈N .
Existence d’un élément neutre
La suite (1, 0, 0, 0, . . .) est neutre pour cette multiplication.
Distributivité
Encore une vérification ennuyeuse, celle-là on va l’omettre.
On a bien vérifié que B est un anneau commutatif.
Notation 1. On note 0 la suite nulle. On appelle indéterminée l’élément
(0, 1, 0, 0, . . .)
de B dont tous les termes sont nuls sauf le terme de numéro 1 qui vaut 1. On note
souvent (mais pas toujours) X l’indéterminée.
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P = ad X d + ad−1 X d−1 + · · · + a1 X + a0 .
Définition 3. Pour tout élément P non nul de A[X], l’unique entier d ≥ 0 intervenant
dans l’écriture de P en fonction de l’indéterminée dans la proposition 2 est appelé le
degré de P . Par convention, le degré du polynôme nul est le symbole −∞.
Notation 3. Le degré d’un polynôme P est noté deg P .
Définition 4. Pour P élément non nul de A[X], le coefficient dominant de P est le
coefficient ad du terme de plus haut degré dans l’écriture de P en fonction de l’indé-
terminée. Par convention, le coefficient dominant du polynôme nul est 0. Enfin, un
polynôme est dit unitaire lorsque son coefficient dominant est égal à 1.
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Il apparaît alors que deg(P +Q) = d = max(deg P, deg Q). Le cas où d < e est similaire.
Enfin, lorsque d = e, on a un regroupement :
P + Q = (ad + bd )X d + · · · + (a0 + b0 ).
Remarque : Pour un anneau non intègre, on a encore une inégalité, mais cela ne semble
pas indispensable à mémoriser (d’autant que la preuve en est très facile).
Démonstration : Essentiellement déjà faite.
Si P ou Q est nul, c’est évident ; sinon notons d le degré de P et e le degré de Q
puis P = ad X d + · · · + a0 et Q = be X e + · · · + b0 pour des ai et bi dans A. On a alors
Si on n’est pas convaincu par les points de suspension, on écrira plus précisément :
d+e k
!
X X
PQ = ai bk−i X k ,
k=0 i=0
Notation 4. Le polynôme dérivé de P est noté P 0 . Par analogie avec les fonctions, on
notera ensuite P 00 la dérivée de P 0 , puis P (n) la dérivée n-ième.
(P + Q)0 = P 0 + Q0 et (P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .
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Définition 6. Soit
P = ad X d + ad−1 X d−1 + · · · + a1 X + a0
Démonstration : Simple vérification ; on pourrait aussi énoncer 1(x) = 1 qui est évident
et complète la collection d’évidences.
La notation P (x) n’a pas que des avantages : elle incite hélas à confondre le po-
lynôme P avec la fonction qu’il n’est pas. Bien que la notation soit la même, cette
définition ne se confond pas avec celle de valeur d’une application en un point.
La définition qui suit cherche à reproduire la notion de composition des fonctions
(encore une fois, insistons sur le fait que les polynômes ne sont pas des fonctions).
Elle est utilisée une seule fois plus loin, pour écrire la formule de Taylor relative aux
polynômes.
ad Qd + ad−1 Qd−1 + · · · + a1 Q + a0
Nous terminons cette section par quelques remarques d’algèbre linéaire, valables
uniquement dans le cas où l’anneau commutatif des coefficients est un corps K. Tout
d’abord, K[X] est un espace vectoriel sur K. Le plus simple est encore de vérifier à la
main la définition des espaces vectoriels, ce que l’on va se garder de faire explicitement
ici d’autant que la démonstration sera faite dans le chapitre Espaces vectoriels.
En fait, la définition de l’anneau des polynômes devrait évoquer le concept de base,
avec son existence et unicité d’écriture comme une sorte de combinaison linéaire. La
seule différence avec les vraies combinaisons linéaires est qu’on va chercher les vecteurs
de « base » dans une famille infinie.
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Démonstration : La famille (P0 ) est libre, car il résulte de l’hypothèse 0 ≤ deg P0 que
P0 n’est pas nul. Puis le système (P0 , P1 ) est libre puisque P1 , de degré strictement
plus grand que P0 , ne peut lui être proportionnel. Puis (P0 , P1 , P2 ) est libre, puisque
toute combinaison linéaire de (P0 , P1 ) est de degré inférieur ou égal à deg P1 donc P2
ne peut en être une. Et ainsi de suite (ou plus proprement on fait une récurrence sur
n).
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E = {deg R | R ∈ R},
qui est un ensemble d’entiers positifs non vide. Cet ensemble E possède donc un plus
petit élément d ; prenons un R dans R dont le degré soit d et enfin un Q tel que
A − QB = R.
Nous devons vérifier que ces choix conviennent ; l’identité entre A, B, Q et R est
claire, reste l’inégalité concernant les degrés. Vérifions-la par l’absurde, en supposant
que deg B ≤ deg R ; notons e le degré de B et
Posons
rd d−e
Q1 = Q + X .
be
Remarquons qu’en écrivant cette définition, on utilise l’hypothèse deg B ≤ deg R, qui
justifie que X d−e ait un sens, et simultanément le fait qu’on travaille dans un corps,
qui justifie la possibilité de diviser par be .
Considérons alors
rd d−e
R1 = A − Q1 B = A − QB − X B,
be
donc
e e−1
rd d−e
R1 = R − be X + be−1 X + · · · + b0 X .
be
Dans cette dernière écriture, on voit se simplifier les termes en X d de R et du produit
qu’on lui a soustrait, et on constate donc avoir obtenu un polynôme R1 de degré
strictement plus petit que celui de R. Mais alors le degré de R1 est dans E et contredit
l’hypothèse de minimisation qui a fait choisir d. Contradiction !
Unicité de (Q, R)
Soient (Q1 , R1 ) et (Q2 , R2 ) deux couples vérifiant les deux conditions exigées dans
l’énoncé du théorème.
On déduit de A = Q1 B +R1 = Q2 B +R2 que (Q2 −Q1 )B = R1 −R2 . Ainsi, R1 −R2
est un multiple de B. Des conditions deg R1 < deg B et deg R2 < deg B, on déduit que
deg(R1 − R2 ) < deg B.
Ainsi R1 − R2 est un multiple de B de degré strictement plus petit. La seule possi-
bilité est que R1 − R2 soit nul. On en déduit R1 = R2 , puis, en allant reprendre l’égalité
(Q2 − Q1 )B = R1 − R2 , que Q1 = Q2 .
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P = (X + 2)Q − 1.
Comme pour les entiers, plusieurs démonstrations sont possibles ; on ne donne que
celle basée sur l’algorithme d’Euclide.
Démonstration : La démonstration est une récurrence sur le degré de B.
Merveilles du copier-coller, voici de nouveau un « résumé de la preuve » sous forme
de programme informatique récursif (le même que pour l’arithmétique des entiers) :
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Début du programme
* Pour B = 0, pgcd(A, 0) = A/coefficient dominant de A.
* Soit R le reste de la division euclidienne de A par B.
Les diviseurs communs de A et B sont ceux de B et R.
D’où : pgcd(A, B) = pgcd(B, R).
Fin du programme
Et voici, toujours par les vertus du copier-coller, la preuve récurrente formelle. On
va démontrer par « récurrence forte » sur le degré d de B l’hypothèse (Hd ) suivante :
(Hd ) Pour tout polynôme A et tout polynôme B de degré d, il existe deux
polynômes S et T tels que, pour tout polynôme P , P divise A et B si et
seulement si P divise SA + T B.
Vérifions (H−∞ ).
Il s’agit donc de traiter le cas où B = 0. Soit A un polynôme ; tout polynôme P
qui divise A divise aussi B = 0 puisque 0P = 0. Pour tout P , P divise A et 0 si et
seulement si P divise A. Prenons alors S = 1 et T = 0 : on a donc bien pour tout P :
P divise A et 0 si et seulement si P divise SA + T × 0.
Soit d un entier fixé. Supposons la propriété (Hc ) vraie pour tout c strictement
inférieur à d et montrons (Hd ).
Soient A un polynôme et B un polynôme de degré d. Notons A = BQ+R la division
euclidienne de A par B (qu’on peut réaliser puisque B 6= 0).
Vérifions l’affirmation intermédiaire suivante : pour tout P , P est un diviseur com-
mun de A et B si et seulement si P est un diviseur commun de B et R. (Avec des mots
peut-être plus lisibles : « les diviseurs communs de A et B sont les mêmes que ceux de
B et R »).
Soit P un diviseur commun de A et B, alors P divise aussi R = A − BQ ; récipro-
quement soit P un diviseur commun de B et R, alors P divise aussi A = BQ + R.
L’affirmation intermédiaire est donc démontrée.
On peut alors appliquer l’hypothèse de récurrence (Hdeg R ) (puisque précisément
deg R < deg B) en l’appliquant au polynôme B.
On en déduit qu’il existe deux polynômes S1 et T1 tels que pour tout P , P divise
B et R si et seulement si P divise S1 B + T1 R.
Remarquons enfin que S1 B + T1 R = S1 B + T1 (A − BQ) = TA A + (S1 − Q)B, et
qu’ainsi, si on pose S = TA et T = S1 − Q on a bien prouvé que, pour tout P , P divise
Q et B si et seulement si P divise SA + T B.
(Hd ) est donc démontrée.
On a donc bien prouvé (Hd ) pour tout d ∈ N ∪ {−∞}.
Une fois qu’on en est arrivé là, il ne reste donc plus qu’à montrer que pour un
polynôme P (le polynôme SA + T B) il existe un unique D unitaire tel que Q divise P
si et seulement si Q divise D. L’existence est claire : comme le résumé le suggère, on
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divise P par son coefficient dominant et on obtient un polynôme D unitaire ayant les
mêmes diviseurs que P . Pour ce qui est de l’unicité, elle est évidente pour P nul ; on
supposera P non nul. Soit maintenant D1 un polynôme unitaire ayant exactement les
mêmes diviseurs que P . Alors comme P divise P , P divise D1 , et comme D1 divise D1 ,
D1 divise P . Les polynômes P et D1 se divisent donc mutuellement ; soit Q1 et Q2 les
quotients respectifs de P par D1 et de D1 par P . En utilisant la formule calculant le
degré d’un produit, on voit que forcément, P a même degré que D1 et que les polynômes
Q1 et Q2 sont de degré nul, donc des constantes λ1 et λ2 . Soit ad le coefficient dominant
de P ; le coefficient dominant de Q1 D1 = P vaut λ1 · 1 donc λ1 = ad et D1 est égal à
P/(coefficient dominant de P ), donc à D, ce qui prouve l’unicité.
Nous allons ensuite définir le pgcd d’un nombre fini de polynômes. En arithmé-
tique des entiers, cette notion n’est pas primordiale ; en revanche dans les applications
des raisonnements arithmétiques à des polynômes, on est souvent dans des cas où on
s’intéresse à des pgcds de plus de deux polynômes à la fois.
L’énoncé donné ci-dessus pour deux polynômes se généralise à un nombre fini, par
récurrence sur ce nombre.
Proposition 9. Soit K un corps commutatif, n ≥ 1 un entier et A1 , A2 , . . . , An des
polynômes de K[X]. Il existe un unique polynôme unitaire D de K[X] tel que pour tout
P dans K[X], P divise tous les Ai de i = 1 à i = n si et seulement si P divise D.
De plus il existe n polynômes S1 , . . . , Sn tels que
D = S 1 A 1 + S 2 A2 + · · · + S n An
(identité de Bézout).
Démonstration : C’est une récurrence facile sur n. Le cas n = 2 est l’objet du théorème
précédent (et le cas n = 1 a été traité dans sa démonstration, ou on peut le ramener
fictivement à n = 2 en disant que les diviseurs de A1 sont les diviseurs communs de A1
et de 0).
Soit n ≥ 2 fixé, supposons la proposition vraie pour tout ensemble de n polynômes.
Prenons n + 1 polynômes A1 , A2 , . . . , An+1 . Notons B le pgcd des n premiers, qui existe
par l’hypothèse de récurrence. Alors les diviseurs communs de A1 , A2 , . . ., An+1 sont
les diviseurs communs de B et de An+1 ; donc prendre D = pgcd(B, An+1 ) répond à
la question. L’unicité est claire : si D1 répondait aussi à la question, les diviseurs de
D1 seraient exactement les mêmes que ceux de D avec D et D1 tous deux unitaires, et
comme dans la preuve du théorème précédent (ou en appliquant le théorème précédent
à D et 0), on conclut que D = D1 . La relation de Bézout est aussi le résultat d’une
récurrence immédiate : il existe S1 , S2 , . . . , Sn tels que B = S1 A1 + S2 A2 + · · · + Sn An
et T1 et T2 tels que D = T1 B + T2 An+1 donc
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On prendra garde à ne pas confondre « premiers entre eux » (on dit parfois « pre-
miers entre eux dans leur ensemble ») et « deux à deux premiers entre eux » : dans
R[X], les polynômes
sont premiers entre eux (dans leur ensemble) mais ils ne sont pas deux à deux premiers
entre eux.
Les polynômes irréductibles sont les analogues des nombres premiers. Toutefois les
usages étant ce qu’ils sont, il y a une petite nuance de vocabulaire un peu désagréable :
alors que le mot « nombre premier » est réservé à des entiers positifs, le mot « polynôme
irréductible » n’est pas réservé à des polynômes unitaires. On se méfiera de cette peu
perceptible nuance qui crée de légères discordances entre énoncés analogues portant les
uns sur les polynômes et les autres sur les entiers.
Définition 12. Soit K un corps commutatif. On dira qu’un polynôme P dans K[X]
est irréductible lorsqu’il possède exactement deux diviseurs unitaires.
On remarquera tout de suite que ces deux diviseurs unitaires sont alors forcément
les polynômes 1 et P/(coefficient dominant de P ).
La proposition suivante est évidente, mais donne un exemple fondamental de poly-
nômes irréductibles :
Proposition 10. Soit K un corps commutatif. Dans K[X], les polynômes du premier
degré sont irréductibles.
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dans lequel λ est le coefficient dominant de P , les Pi pour 1 ≤ i ≤ k sont des poly-
nômes irréductibles unitaires deux à deux distincts, et les αi sont des entiers strictement
positifs.
Démonstration : À peu près la même que pour les entiers, avec un peu plus de soin
pour l’unicité.
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La dérivation des polynômes est un outil qui permet d’étudier les racines multiples.
Voilà tout d’abord un énoncé concernant les racines doubles (l’énoncé concernant les
racines d’ordre supérieur cache une petite subtilité et est reporté plus loin).
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On peut associer à chaque polynôme une fonction polynomiale, mais il n’est pas du
tout évident d’associer un polynôme à une fonction polynomiale.
f : A → A, x 7→ f (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn .
Démonstration : Les deux premiers paragraphes sont totalement évidents : il faut juste
déplier successivement la définition de U , celle de fonction polynomiale associée à un
polynôme et celle de valeur d’un polynôme en un point.
Le paragraphe intéressant est le dernier. Puisqu’il s’agit d’une application linéaire,
on peut attaquer l’injectivité par l’étude du noyau. Soit P un élément de ker(U ). Cela
signifie que l’application polynomiale associée à P est la fonction nulle, c’est-à-dire
que pour tout a de A, P (a) = 0. Ainsi tous les éléments de K sont des racines de P .
Comme on a supposé K infini, ceci entraîne que P a une infinité de racines. Mais on
sait qu’un polynôme non nul n’a qu’un nombre fini de racines (leur nombre vaut au
plus son degré). Donc P = 0 ce qui prouve que ker(U ) est réduit à {0} donc l’injectivité
de U .
Remarque : Ce que dit en gros cette proposition, pour ceux qui la trouveraient trop
abstraite, c’est que si on ne comprend pas la différence entre les polynômes et les
fonctions polynomiales et qu’on travaille sur un corps infini, on ne s’expose pas à des
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déboires sérieux. Mais cette possibilité de relâchement ne doit pas être exploitée :
une telle confusion sur un corps fini serait irrémédiable. Pour voir un exemple simple,
contemplez le bête polynôme X + X 2 de Z/2Z[X] ; si on le code en machine comme
indiqué au début de ce chapitre, c’est la suite de bits 011, qui n’est manifestement pas
0. Pourtant si on regarde non le polynôme mais la fonction polynomiale x 7→ x + x2 ,
sa valeur en cl(0) est cl(0) + cl(0)2 = cl(0) et sa valeur en cl(1) est cl(1) + cl(1)2 = cl(0)
donc c’est bien la fonction polynomiale nulle. Ce n’est donc pas du tout de celle-ci que
l’on parle quand on évoque le polynôme X + X 2 .
Pour vérifier qu’on a compris cet exemple, on résoudra les exercices (très simples)
suivants.
Exercice 2. Soit K un corps fini. Exhiber un polynôme P non nul de K[X] tel que
P (x) = 0 pour tout x dans K.
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Voilà une famille de n + 1 vecteurs dans un espace de dimension n + 1, c’en est donc
une base, et en particulier un système générateur.
Il existe donc des coefficients c0 , c1 , . . . , cn tels que
(∗) P = c0 + c1 (X − a) + c2 (X − a)2 + · · · + cn (X − a)n .
Il reste à identifier les coefficients ck . Pour cela, appliquons tout d’abord (∗) au point
a : on obtient P (a) = c0 .
Ensuite, dérivons (∗) ; on obtient :
(∗∗) P 0 = c1 + 2c2 (X − a) + 3c3 (X − a)2 · · · + ncn (X − a)n−1 .
Appliquons (∗∗) au point a : on obtient P 0 (a) = c1 .
Dérivons (∗∗) ; on obtient :
(∗ ∗ ∗) P 00 = c2 + 6c3 (X − a) + (4 × 3)c3 (X − a)2 · · · + n(n − 1)cn (X − a)n−2 .
Appliquons (∗ ∗ ∗) au point a : on obtient P 00 (a) = 2c2 .
En écrivant formellement une récurrence on montre ainsi que pour tout k avec
1 ≤ k ≤ n, P (k) (a) = k! ck .
P (k) (a)
Comme on est dans C, on peut diviser par k! et obtenir les relations ck =
k!
donc la formule annoncée.
Remarque : On a énoncé ce théorème pour des polynômes à coefficients complexes.
Mais si on a par exemple affaire à un polynôme réel, c’est en particulier un polynôme
complexe et la formule est donc parfaitement vraie pour ce polynôme aussi.
De cette formule, on peut tirer un énoncé un peu technique sur les racines multiples.
Proposition 14. Soit P un polynôme de C[X], a un nombre complexe et k un entier
supérieur ou égal à 1. Alors a est une racine au moins k + 1-ième de P si et seulement
si P (a) = P 0 (a) = . . . = P (k) (a) = 0.
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Démonstration : Elle repose sur un peu d’analyse, mais d’analyse complexe, qui n’est
pas traitée avant l’année de L3.
Corollaire 2. Dans C[X], les polynômes irréductibles sont exactement les polynômes
du premier degré.
Démonstration : On sait déjà que dans n’importe quel corps commutatif les polynômes
du premier degré sont irréductibles ; il est très facile de voir que les constantes (non
nulles) ne possèdent que 1 comme diviseur unitaire et que 0 en possède une infinité :
les constantes ne sont donc irréductibles sur aucun corps.
Soit maintenant un P de degré supérieur ou égal à 2 dans C[X]. Par le théorème
précédent, P possède au moins une racine a. Mais on sait alors expliciter trois diviseurs
unitaires de P : la constante 1, le polynôme du premier degré X − a et le polynôme P/
(coefficient dominant de P ), qui est de degré supérieur ou égal à deux. Ainsi P n’est
pas irréductible.
Définition 17. On dit qu’un polynôme est scindé lorsqu’il peut s’écrire sous forme de
produit de facteurs du premier degré.
Proposition 15. Dans R[X] les polynômes irréductibles sont exactement les polynômes
du premier degré et les polynômes du deuxième degré à discriminant strictement négatif.
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Démonstration : On sait déjà que les polynômes du premier degré sont irréductibles.
Soit maintenant P du deuxième degré ; s’il a un diviseur unitaire autre que les deux
évidents, celui-ci est du premier degré, donc P a une racine et son discriminant est
positif ou nul. Les polynômes du deuxième degré à discriminant strictement négatif
sont donc irréductibles.
Réciproquement, il est clair que les polynômes du deuxième degré à discriminant
positif ou nul sont factorisables, donc pas irréductibles. Soit enfin un polynôme P de
degré supérieur ou égal à 3. Si P admet une racine réelle a, P n’est pas irréductible de
façon quasi évidente. Sinon, considérons pendant quelques lignes P comme un poly-
nôme à coefficients complexes. Par le théorème de d’Alembert-Gauss, il admet au moins
une racine complexe a, qui n’est pas réelle puisqu’on a supposé P sans racine réelle. En
profitant de ce que le conjugué de la somme est la somme des conjugués, que le conjugué
du produit est le produit des conjugués et que chaque coefficient de P est invariant par
conjugaison, on voit qu’on a aussi P (a) = 0. Les polynômes X − a et X − a étant deux
irréductibles distincts dans C[X], le fait qu’ils divisent tous deux P entraîne que leur
produit divise P dans C[X]. Mais ce produit vaut (X −a)(X −a) = X 2 −2Re(a)X +|a|2
et est donc un polynôme B du deuxième degré à coefficients réels.
Si on est distrait, on pourra croire qu’on a ainsi trouvé en B un diviseur unitaire
non évident de P dans R[X] et conclure que P n’est pas irréductible. En réalité, on
glisserait sur un détail en affirmant ceci : on sait en effet que B divise P dans C[X]
mais il nous faut encore vérifier qu’il le divise dans R[X]. Pour ce faire, effectuons la
division euclidienne de P par B dans R[X] : elle fournit des polynômes Q et R, avec
deg R < 2, tels que P = BQ + R. Ces polynômes de R[X] peuvent aussi être vus
comme des polynômes à coefficients complexes, donc P = BQ + R est aussi la division
euclidienne de P par B dans C[X]. Mais on sait que B divise P dans C[X] et que la
division euclidienne est unique ; donc R = 0, donc P = BQ pour un Q à coefficients
réels, et on a bien montré que B divise P dans R[X] aussi.
Une fois cet obstacle franchi, on conclut comme dit au début du paragraphe précé-
dent : on a trouvé un diviseur unitaire non évident de P et celui-ci ne peut donc pas
être irréductible.
21
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P
par le couple (P, Q) qui contient à première vue la même information : ainsi la
Q
X
fraction correspondra au couple (X, X + 1). Une telle idée nous met sur la
X +1
bonne piste, mais elle se heurte à un problème : le couple (X 2 , X 2 + X) représentera
X2 X
la fraction 2 = ; la même fraction correspond donc à plusieurs couples,
X +X X +1
et l’ensemble de tous les couples (P, Q) est donc trop gros.
On pourrait penser à n’utiliser que des couples (P, Q) avec P et Q premiers entre
eux ; c’est vraisemblablement faisable, mais la preuve risque d’être extrêmement lourde,
avec des pgcd à simplifier de partout.
Non, décidément, on ne fera rien de simple si on n’a pas compris ce qu’est un
ensemble-quotient, alors que si on maîtrise cette notion, la preuve est longue à écrire,
mais sans obstacles.
Dans tout le chapitre, K désigne un corps commutatif. Notons A = K[X]. La
construction utilise simplement le fait que A est un anneau intègre, et nullement en
réalité que A est l’anneau des polynômes.
Définition 18. Soit A un anneau intègre, 0 son neutre pour l’addition, et C l’ensemble
C = A × (A \ {0}).
Sur C on introduit deux opérations + et × définies comme suit : pour tous (P1 , Q1 ) et
(P2 , Q2 ) de C, on pose
On notera qu’on utilise très discrètement l’intégrité de A pour justifier que le produit
Q1 Q2 qui intervient dans les formules n’est pas nul, donc que la somme et le produit
d’éléments de C appartiennent effectivement à C.
Signalons une fois encore que les deux formules de la définition précédente se com-
prennent aisément si on a en tête qu’un couple (P, Q) a vocation à décrire la fraction
P
(qui n’aura un sens propre qu’une fois la construction terminée) : elles sont les
Q
reproductions des formules qu’on sait bien utiliser pour multiplier ou additionner des
fractions.
L’ensemble C a une bonne tête vu de loin, mais de près il est trop gros. Pour le
faire maigrir, introduisons une relation d’équivalence R sur C.
Définition 19. Pour tous (P1 , Q1 ) et (P2 , Q2 ) de C,
Si nous savions déjà donner un sens aux barres de fractions, nous aurions écrit la
P1 P2
condition sous la forme = , la rendant ainsi compréhensible, mais comme ce
Q1 Q2
22
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symbole ne nous sera disponible qu’une fois finie la construction, on a dû donner une
forme moins limpide.
Proposition 16. La relation R est une relation d’équivalence sur C.
23
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On a donc bien construit un ensemble K(X) puis une addition et une multiplication
sur cet ensemble.
Proposition 18. L’anneau K[X] est inclus dans K(X) ; plus précisément, il existe un
morphisme d’anneaux j : K[X] → K(X) qui est injectif. Tout élément de K(X) peut
s’écrire comme j(P )j(Q)−1 pour P et Q dans K[X] et Q 6= 0.
Démonstration : Soit j l’application définie par j(P ) = cl(P, 1). Il est très facile de
vérifier que j transforme addition en addition et multiplication en multiplication ; son
injectivité peut seule interpeller. Mais puisque cette transformation est un morphisme
de groupes additifs, l’injectivité se laisse montrer à coups de noyaux ; et effectivement
si un polynôme P est envoyé sur le neutre additif de K(X) qui est la classe de (0, 1),
c’est que (P, 1)R(0, 1) et donc que P = 0 : le noyau est bien réduit au seul polynôme
nul. Enfin,
P
Notation 10. On note P/Q ou l’élément cl(P, Q) de K(X).
Q
24
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25
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Alors,
P C D E F G
= A + BX + + + + + +
Q X − 1 (X − 1)2 (X − 1)3 X − 2 (X − 2)2
H IX + J KX + L MX + N
+ + 2 + 2 2
+ 2 ,
X −3 X +1 (X + 1) X +X +1
où les lettres de A jusqu’à M désignent des réels à déterminer. La théorie assure que
ces réels existent et sont uniques. Il suffirait donc de réduire tous les éléments simples
26
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27
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Le numérateur et le dénominateur sont premiers entre eux, la fraction est bien irréduc-
tible. Sa décomposition en éléments simples dans R(X) a la forme suivante.
P C DX + E FX + G
= A + BX + + + ,
Q (X − 1) (X + X + 1) (X + X + 1)2
2 2
Donc A = 1, B = −1, et :
P 2X 3
=X −1+ .
Q (X − 1)(X 2 + X + 1)2
On peut désormais ne travailler que sur la partie restante, à savoir :
2X 3 C DX + E FX + G
2 2
= + + .
(X − 1)(X + X + 1) (X − 1) (X + X + 1) (X + X + 1)2
2 2
28
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A priori, les lettres de A jusqu’à G désignent des nombres complexes, mais le fait que
la fraction initiale ait tous ses coefficients réels simplifie quelque peu le problème : la
décomposition ne doit pas changer si on prend le conjugué des deux membres. L’unicité
de cette décomposition entraîne :
Les techniques de décomposition utilisées dans R(X) restent valables. On trouve donc
encore :
2
A = 1 , B = −1 , C = .
9
Nous laissons au lecteur le plaisir de calculer les autres coefficients. La décomposition
dans C(X) est la suivante :
√ √ √ √
P 2
− 1 − i 33 1
+ i 93 − 19 + i 33 1
− i 93
=X −1+ 9 + 9 + 3 + + 3
.
Q X −1 X −j (X − j)2 X −j (X − j)2
2 Entraînement
2.1 Vrai ou Faux
Vrai-Faux 1. Soit P ∈ R[X] un polynôme non nul à coefficients réels, et d un en-
tier. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et
pourquoi ?
1. Si le degré de P est d, alors le degré de P 0 est d − 1.
2. Si le degré de P est d, alors celui de P (X 2 ) est 2d.
3. Si le degré de P est d, alors celui de X 2 P (X + 2) est d + 2.
4. Si le degré de P est 2, alors celui de X 2 + P est 2.
5. Si le degré de P est 4, alors celui de X 2 + P est 4.
Vrai-Faux 2. Soient P, Q ∈ R[X] deux polynômes non nuls à coefficients réels. Parmi
les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Le degré de P + Q est toujorus la somme des degrés de P et de Q
2. Le degré de P + Q est toujours égal soit au degré de P soit au degré de Q
3. Le degré de P Q est la somme des degrés de P et de Q.
4. Le degré de P Q0 est toujours égal au degré de QP 0
5. Le degré de P (X 2 )Q(X 2 ) est le double de la somme des degrés de P et de Q.
Vrai-Faux 3. Soit P ∈ R[X] un polynôme à coefficients réels. Parmi les affirmations
suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1. Si P est divisible par X 2 − X alors P (1) = 0.
29
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Vrai-Faux 7. Parmi les affirmations suivantes, lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1. X 2 + 4 est irréductible dans R[X]
2. X 2 + 4 est irréductible dans C[X]
3. X 2 − 4 est irréductible dans Q[X]
4. X 2 − 2 est irréductible dans Q[X]
5. X 2 − 2 est irréductible dans R[X]
6. X 2 + 1 est irréductible dans R[X]
7. X 2 + 1 est irréductible dans Z/2Z[X]
P 1 X2 1 X2
= + .
Q 2 X2 − 1 2 X2 − 1
31
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2.2 Exercices
Exercice 3. On considère les couples de polynômes (P, Q) suivants dans R[X].
• P = X, Q = X − 1
• P = X, Q = X 2 − 1
• P = X 2, Q = X 2 − 1
• P = X 2 − 1, Q = X 2 + X + 1
• P = X 2 − 2X + 1, Q = X 2 + X + 1
• P = X 2 − 1, Q = X 3 − 1
• P = X 3 − X 2 + 2X − 2, Q = X 3 − 1
Pour chacun de ces couples :
1. Écrire les polynômes P 0 et Q0 .
2. Calculer le polynôme P Q.
3. Calculer les polynômes P 0 Q et P Q0 .
4. Vérifier la formule (P Q)0 = P 0 Q + P Q0
5. Calculer les polynômes P ◦ Q et Q ◦ P .
6. Vérifier les formules
(P ◦ Q)0 = Q0 (P 0 ◦ Q) et (Q ◦ P )0 = P 0 (Q0 ◦ P )
Exercice 4.
1. Déterminer l’ensemble des polynômes P de R[X] tels que
X(X + 1)P 00 + (X + 2)P 0 − P = 0
6. Montrer que pour tout n ∈ N, il existe un polynôme unique Pn de Q[X] tel que
Pn − Pn0 = X n
et calculer Pn .
32
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Cn = 2XCn−1 − Cn−2 .
1. Calculer C2 , C3 et C4 .
2. Montrer que pour tout n ∈ N, le polynôme Cn est de degré n et calculer son
coefficient dominant.
3. Montrer que pour tout n ∈ N, et pour tout θ ∈ R, cos(nθ) = Cn (cos(θ)).
4. En déduire les racines de Cn .
5. Montrer que pour tout n ∈ N,
(1 − X 2 )Cn00 − XCn0 + n2 Cn = 0 .
33
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Exercice 9. Dans R[X], effectuer la division euclidienne de P par Q pour les couples
(P, Q) suivants.
1. P = X 2 − 1, Q = X − 1
2. P = X 3 − 1, Q = X 2 + 1
3. P = X 4 − 1, Q = X 2 + 1
4. P = X 4 − 2X 2 + 1, Q = X 2 − 2X + 1
5. P = X 4 − X 3 + X − 2, Q = X 2 − 2X + 4
6. P = X 4 + 2X 3 − X + 6, Q = X 3 − 6X 2 + X + 4
7. P = 3X 5 + 4X 2 + 1, Q = X 2 + 2X + 3
8. P = 3X 5 + 2X 4 − X 2 + 1, Q = X 3 + X + 2
9. P = X 5 − X 4 + 2X 3 + X 2 + 4, Q = X 2 − 1
10. P = X 6 − 3X 4 + 3X 2 − 1, Q = X 2 − X
11. P = X 6 − X 5 + X 2 − 1, Q = X 3 − X
12. P = X 6 − 2X 4 + X 3 + 1, Q = X 3 + X 2 + 1
Exercice 10. On considère les couples de polynômes (P, Q) suivants dans R[X].
• P = X − 1, Q = X
• P = X − 1, Q = X − 2
• P = X 3 − 1, Q = X 2 − 1
• P = X 3 − 1, Q = X 2 + 1
34
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• P = X 3 + 1, Q = X 2 + X + 1
• P = X 4 − 1, Q = X 2 − 4
Pour chacun de ces couples :
1. Effectuer la division euclidienne de P par Q.
2. Vérifier, en utilisant l’algorithme d’Euclide, que P et Q sont premiers entre eux.
3. Déterminer l’ensemble des souples de polynômes (S, T ) tels que SP + T Q = 1.
Exercice 12. Soit (Pn )n∈N la suite de polynômes définie par P0 = 1, P1 = X et pour
tout n ∈ N :
Pn+2 = XPn+1 − Pn .
1. Montrer que pour tout n ∈ N :
2
Pn+1 − Pn Pn+2 = 1.
2. En déduire que pour tout n ∈ N, les polynômes Pn et Pn+1 sont premiers entre
eux.
Exercice 13. On considère les couples de polynômes (P, Q) suivants dans R[X].
• P = X 4 − 1, Q = X 2 − 1
• P = X 6 − 1, Q = X 4 − 1
• P = X 3 + 1, Q = X 2 − 1
• P = X 3 − 2X 2 − X + 2, Q = X 3 − 6X 2 + 11X − 6
• P = X 3 − X 2 − X − 2, Q = X 3 − 1
• P = X 4 + X 3 − 2X + 1, Q = X 3 + X + 1
• P = X 4 + X 3 − 3X 2 − 4X − 1, Q = X 3 + X 2 − X − 1
• P = X 4 + X 3 + 2X 2 + X + 1, Q = X 4 − 1
• P = X 3 − X 2 − X − 2, Q = X 5 − 2X 4 + X 2 − X − 2
• P = X 5 + 5X 4 + 9X 3 + 7X 2 + 5X + 3, Q = X 4 − 2X 3 + 2X 2 + X + 1
Pour chacun de ces couples :
1. Utiliser l’algorithme d’Euclide pour calculer pgcd(P, Q).
2. Decomposer P et Q en facteurs irréductibles.
3. En déduire la décomposition en facteurs irréductibles de pgcd(P, Q) et retrouver
le résultat de la première question.
35
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Exercice 15. Soient a et b deux nombres complexes distincts. Soit P ∈ C[X] un poly-
nôme.
1. Montrer que si P est divisible par X − a et par X − b, alors P est divisible par
(X − a)(X − b).
2. On suppose que les restes des divisions euclidiennes de P par X − a et par X − b
sont tous les deux égaux à 1. Montrer que le reste de la division euclidienne de
P par (X − a)(X − b) est 1.
3. On suppose que les restes des divisions euclidiennes de P par X − 1 et X + 5
sont respectivement 7 et 3. Quel est le reste de la division euclidienne de P par
X 2 + 4X − 5 ?
Exercice 18. Ecrire la formule de Taylor pour les polynômes suivants, en a = 1, puis
a = −1.
1. X 4 − 1
2. X 6 + 1
3. X 8 + X 4 + 1
4. (X 2 + X + 1)2 + 1
36
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5. X 3 − 5X 2 + 3X + 9
6. (X 2 − X + 2)2 + (X − 2)2
7. 6X 5 + 15X 4 + 20X 3 + 15X 2 + 6X + 1
8. X 5 − 7X 3 − 2X 2 + 12X + 8
1 X X 3 − 2X + 1
; 2
; ;
X(X − 1) X −1 X2 − 1
X(X 2 + 1)2 ) X3 + 1 X5 + 1
; ; ;
(X 2 − 1)2 (X − 2)4 (X 2 + 1)3
X2 + 1 X3 − 2 X 3 − 2X + 1
, ; ;
(X − 2)(X − 1) X2 − 4 X3 − X
X X X4
2
; ; ;
(X − 1)(X − 2) (X − 1)2 (X − 2) (X − 1)2 (X − 2)
2X 2 + 5 X5 + 1 X8 − X4 + 2
; ; ;
(X 2 − 1)3 X 3 (X − 2) (X 2 + X + 1)3
X3 + X X 6 − X 5 + 2X 4 + X 2 + 1
; ;
(X − 1)(X 6 + 1) X 3 (X 2 + 1)2
X 5 + 6X 4 + 17X 3 + 25X 2 + 19X + 7
.
(X + 1)2 (X 2 + X + 1)2
Exercice 20. Décomposer les fractions rationnelles suivantes, dans C(X) puis dans
R(X) :
1 X4 + 1 X
3
; 3
; ;
X +X X +X (X + 1)(X 2 + 4)
2
X3 + 1 X5 − 1 X2 + 1
; ; ;
X2 + 1 X4 − 1 X4 + 1
X −1 X −1 X2 − 1
; ; ;
X3 − 1 X3 + X (X 2 + 1)2
X X2 + 1 X2 + X + 1
4
; ; ;
X +1 X4 + 1 X4 − 1
X3 X X2 − 1
; ; .
X4 + 1 (X − 1)2 (X 2 + 1)2 X6 − 1
37
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
38
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Question 9.
A Le polynôme (X 4 + 4) est réductible dans Q[X]
B Le polynôme (X 4 + 4) est irréductible dans R[X]
C Le polynôme (X 4 + 4) est irréductible dans Z/5Z[X].
D Le polynôme (X 4 + 4) est scindé dans R[X].
E Le polynôme (X 4 + 4) est scindé dans C[X]
39
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours :
1. Étant donné un polynôme P ∈ R[X], rappeler la définition du polynôme dérivé
P 0 . Démontrer que l’application de R[X] dans lui-même, qui à un polynôme P
associe son polynôme dérivé P 0 est linéaire, c’est-à-dire :
(X n P )0 = nX n−1 P + X n P 0 .
(P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .
(Q(P ))0 = P 0 Q0 (P ) .
1. Calculer L1 , L2 et L3 .
2. Quel est le degré de Wn ? Quel est son coefficient dominant ? Quel est le degré de
Ln ? Quel est son coefficient dominant ?
3. Pour tout n ∈ N, démontrer que (X 2 − 1)Wn0 = 2nXWn . En prenant la dérivée
(n + 1)-ième des deux membres, en déduire que :
Exercice 2 :
1. En utilisant l’identité (X 3 − 1) = (X − 1)(X 2 + X + 1), démontrer que les
polynômes X 3 + 1 et X 2 + X + 1 sont premiers entre eux.
2. Effectuer la division euclidienne de X 3 + 1 par X 2 + X + 1.
3. Déterminer l’ensemble des couples de polynômes (U, V ) tels que :
(X 3 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = 1 .
4X 4 1 1 2
4 2
= 2 2
+ 2 2
+ 4 .
(X − 1) (X + 1) (X − 1) X −1
41
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deux polynômes à coefficients réels. Soient λ et µ deux réels. Sans perte de gé-
néralité, supposons h ≤ d. Quitte à poser bh+1 = · · · = bd = 0, nous pouvons
écrire :
λP + µQ = (λad + µbd )X d + · · · + (λa0 + µb0 ) .
Le polynôme dérivé est :
42
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Or :
d
! d
!
X X
nX n−1 P + X n P 0 = nX n−1 ak X k + Xn hah X h−1
k=0 h=1
d
X
= (n + k)ak X n+k−1 .
k=0
3. Nous allons démontrer la formule par récurrence sur le degré de Q. Elle est vraie
si Q est nul ou de degré 0, puisque dans ce cas Q0 = 0 et la dérivation est linéaire
d’après la question 2. Supposons que la formule est vraie pour tout polynôme de
degré inférieur ou égal à n − 1 et soit Q un polynôme de degré n. Nous pouvons
écrire Q = bn X n + Q1 , où Q1 est un polynôme de degré inférieur ou égal à n − 1.
Écrivons :
0
(P Q)0 = (bn X n + Q1 )P
= (bn X n P + P Q1 )0
= bn (X n P )0 + (P Q1 )0 (question 1)
n−1 0 0
= bn (nX P + Xn P ) + (P Q1 ) (question 2)
n−1 0 0 0
= bn (nX P + Xn P ) + P Q1 + P Q1 (hypothèse de récurrence)
= P Q0 + QP 0 .
4. C’est une autre démonstration par récurrence. La formule est vraie pour n = 0,
puisque P 0 est le polynôme constant égal à 1, dont la dérivée est nulle. Supposons-
la vraie pour n > 1.
(P n+1 )0 = (P P n )0
= P (P n )0 + P 0 P n (question 3)
= P (nP 0 P n−1 ) + P 0 P n (hypothèse de récurrence)
= (n + 1)P 0 P n .
La formule est vraie pour n + 1, donc pour tout n.
5. Posons Q = bn X n + · · · + b0 . Le polynôme composé Q(P ) est :
n
X
Q(P ) = bk P k .
k=0
43
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Exercice 1 :
1. On trouve :
3 1 5 3
L1 = X ; L2 = X 2 − ; L3 = X 3 − X .
2 2 2 2
2. Le degré de Wn est 2n, son coefficient dominant est 1. Le degré de Ln est n, son
coefficient dominant est :
(2n)(2n − 1) . . . (n + 1) 1 2n
= n .
2n n! 2 n
3. En utilisant la formule donnant la dérivée d’un polynôme composé, on obtient
Wn0 = 2nX(X 2 − 1)n−1 , donc (X 2 − 1)Wn0 = 2nXWn .
Prenons la dérivée (n + 1)-ième des deux membres, en utilisant la formule de
Leibniz. Pour le membre de gauche, on obtient :
(X 2 − 1)Wn(n+2) + 2X(n + 1)Wn(n+1) + n(n + 1)Wn(n) .
Pour le membre de droite, la formule de Leibniz donne :
2nXWn(n+1) + 2n(n + 1)Wn(n) .
En égalant les deux, et en regroupant les termes, on obtient :
(X 2 − 1)Wn(n+2) + 2XWn(n+1) − n(n + 1)Wn(n) = 0 .
En divisant par 2n n! :
(X 2 − 1)L00n + 2XL0n − n(n + 1)Ln = 0 .
44
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Exercice 2 :
1. Puisque (X 3 − 1) = (X − 1)(X 2 + X + 1), on peut aussi écrire : (X 3 + 1) − (X −
1)(X 2 + X + 1) = 2. Ceci est une identité de Bézout pour les polynômes X 3 + 1
et X 2 + X + 1 : ils sont donc premiers entre eux.
2.
X3 +1 X2 + X + 1
3 2
X +X +X X −1
−X 2 − X + 1
−X 2 − X − 1
2
On retrouve l’identité de la question précédente : (X 3 + 1) = (X − 1)(X 2 + X +
1) + 2.
3. Soient U et V deux polynômes tels que (X 3 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = 1. Puisque
(X 3 + 1)/2 − (X − 1)(X 2 + X + 1)/2 = 1, on a nécessairement :
(X 3 + 1)(U − 1/2) + (X 2 + X + 1)(V + X/2 − 1/2) = 0 .
Or (X 3 + 1) et (X 2 + X + 1) sont premiers entre eux. En utilisant le lemme
de Gauss, on déduit que (X 2 + X + 1) divise (U − 1/2) et que (X 2 + 1) divise
(V + X/2 − 1/2) : il existe un polynôme K tel que :
1 1
U= + K(X 2 + X + 1) et V = (−X + 1) − K(X 3 + 1) .
2 2
Réciproquement, si U et V s’écrivent comme ci-dessus, alors :
(X 3 + 1)(U − 1/2) = (X 2 + X + 1)(V + X/2 − 1/2) = K(X 3 + 1)(X 2 + X + 1) .
Donc :
1 1
(X 2 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = (X 3 + 1) − (X − 1)(X 2 + X + 1) = 1 .
2 2
L’ensemble des couples (U, V ) tels que (X 3 + 1)U + (X 2 + X + 1)V = 1 est :
1 2 1 3
+ K(X + X + 1) , (−X + 1) − K(X + 1) , K ∈ R[X] .
2 2
4. On trouve :
X 5 − X 3 + X 2 − 1 = (X 2 − 1)(X 3 + 1) = (X + 1)2 (X − 1)(X 2 − X + 1) ,
et
X 3 − 1 = (X − 1)(X 2 + X + 1) .
Le pgcd des deux polynômes est (X − 1), leur ppcm est (X + 1)2 (X − 1)(X 2 −
X + 1)(X 2 + X + 1).
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3 Compléments
3.1 Algorithme de Horner
Au temps jadis, les physiciens et les astronomes devaient faire tous leurs calculs
à la main, et ces calculs pouvaient être très compliqués. Il fallait souvent évaluer des
quantités polynomiales, par exemple 5x4 −4x3 +3x2 −2x+1 pour x = 8. La façon naïve
d’arriver au résultat est de calculer x, x2 , x3 et x4 pour la valeur choisie x = 8, ce qui
représente 3 multiplications, puis 5x4 , 4x3 , 3x2 et 2x, ce qui représente 4 multiplications
supplémentaires. En ajoutant les sommes à la liste des opérations nécessaires, on obtient
en tout 7 multiplications et 4 additions. La tradition attribue au mathématicien anglais
William George Horner (1786-1837) la description en 1819 d’une méthode efficace pour
économiser des opérations, méthode encore utilisée de nos jours par les ordinateurs.
Remplaçons en effet 5x4 − 4x3 + 3x2 − 2x + 1 par l’expression équivalente
x(x(x(x5 − 4) + 3) − 2) + 1,
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P0 = P1 Q 1 − P2 ,
S = (P0 , P1 , . . . , Pn ).
Ensuite, pour chaque nombre réel x, on note V (x) le nombre de changements de signes
dans la suite S(x) = (P0 (x), P1 (x), . . . , Pn (x)).
Le théorème de Sturm, démontré par Charles Sturm (1803-1855) en 1829, affirme
que le nombre de racines de P dans l’intervalle [a, b] est égal à la différence V (a)−V (b).
Un exemple, un exemple ! Soit P = X 3 + 6X 2 − 16. Sa suite de Sturm est
En particulier, S(−7) = (−65, 63, −40, 12) et il y a 3 changements de signe dans cette
suite, donc V (−7) = 3. De même, S(2) = (16, 36, 32, 12) et cette fois, il n’y a pas de
changement de signe, donc V (2) = 0. Par conséquent, V (−7) − V (2) = 3 donc les 3
racines de P sont dans l’intervalle [−7, 2]. Étonnant, non ?
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(1 + X) = (1 + X 2 )(1 + X − X 2 ) + X 3 (X − 1)
A quoi cela peut-il bien servir ? Eh bien entre autres, à décomposer en éléments
simples. . .
1+X (1 + X 2 )(1 + X − X 2 ) + X 3 (X − 1) 1 1 1 X −1
= = + − +
X 3 (1 + X 2 ) X 3 (1 + X 2 ) X3 X2 X X2 + 1
D = q 2 + p3 .
qui semble être un nombre complexe pas spécialement réel. En fait, (47i)2 = −2209
donc la formule de Cardan devient
√ √
x = 3 52 + 47i + 3 52 − 47i.
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De plus, (4 + i)3 = 52 + 47i et (4 − i)3 = 52 − 47i, donc en reportant cela dans la formule
de Cardan, on obtient x = 8, qui est effectivement une solution réelle, assez simple de
surcroît !
Terminons-en avec les racines de x3 − 51x − 104 ; maintenant qu’on dispose de la
racine x = 8, on sait que x − 8 est un diviseur donc on va pouvoir calculer le quotient
par une division euclidienne puis factoriser le quotient puisqu’il est de degré 2. Dans
le détail,
x3 − 51x − 104 = (x − 8)(x2 + bx + c).
Il faut annuler le coefficient en x2 donc b = 8, et le coefficient constant vaut −104 = −8c
donc c = 13. Pour terminer dans l’esprit des contemporains de Cardan, on complète le
carré dans x2 + 8x + 13, donc on utilise la relation x2 + 8x + 13 = (x + 4)2 − 3 pour
obtenir finalement la factorisation
√ √
x3 − 51x − 104 = (x − 8)(x + 4 + 3)(x + 4 − 3),
√ √
et les racines x = 8, x = −4 − 3 et x = −4 + 3.
Le schéma général que nous avons utilisé ci-dessus pour trouver une (première)
racine de l’équation x3 = 51x + 104 a été inventé par une succession de mathématiciens
italiens au cours du 16ème siècle. L’histoire de cette découverte est animée et sordide,
pleine de ressentiment, de bruit, de fureur, de mesquineries et de traits de génie. Avant
de la raconter, mentionnons que c’est bien à travers l’étude des équations du troisième
degré que ces algébristes italiens sont conduits à introduire les nombres complexes. Ils
les appelleront au début nombres « impossibles » et les utiliseront comme de simples
artifices de calcul, non rigoureux et même un peu mystérieux, mais ayant le bon goût de
toujours fournir la solution. Cette résolution des équations cubiques et quartiques peut
être considérée comme une des plus grandes contributions à l’algèbre depuis les apports
des Babyloniens qui, 4000 ans plus tôt, avaient appris à compléter le carré comme nous
l’avons fait pour x2 + 8x + 13 ci-dessus, pour résoudre les équations quadratiques.
Rappelons pour finir que seules les équations de degré au plus 4 sont résolubles par
radicaux, c’est-à-dire que seules ces équations peuvent être résolues par des méthodes
générales donnant les solutions en fonction des coefficients du polynôme.
L’histoire qui nous intéresse, même si elle comprend de nombreux personnages, est
principalement celle de l’affrontement entre Niccolò Fontana, dit Tartaglia, et Giro-
lamo Cardano, que les Français appellent Jérôme Cardan. On peut choisir de la faire
commencer un peu plus tôt, à la toute fin du 15ème siècle, avec un moine franciscain
nommé Luca Paccioli (1445-1517).
En 1494, Paccioli rédige un traité d’algèbre, qu’il intitule la Summa. Il y reprend
tous les travaux des mathématiciens Arabes connus de lui, notablement ceux du mathé-
maticien, astronome et géographe Al Khwarizmi (780-850), considéré par de nombreux
historiens comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps. On trouve en
particulier dans la Summa de Paccioli la résolution complète des équations du premier
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de Milan. Cardano connaît le problème des équations cubiques et, avant le défi entre
Fior et Tartaglia, il est d’accord avec le verdict de Paccioli selon lequel leur résolution
algébrique est impossible. Cette victoire éclatante de Tartaglia intrigue tout de même
Cardano, qui tente de découvrir seul une méthode, mais en vain. Cardano contacte
alors Tartaglia et lui demande de lui confier sa méthode, en promettant de garder le
secret. Tartaglia refuse.
Cardano, qui sait que Tartaglia est pauvre, lui écrit de nouveau pour lui proposer
de le présenter au marquis del Vasto, un des plus puissants mécènes du temps — si du
moins Tartaglia accepte de lui révéler son secret. Tartaglia réalise qu’un tel appui peut
être une aide non négligeable à son ascension sociale. Il propose à Cardano d’organiser
une entrevue avec le marquis lors de sa prochaine visite à Milan.
En 1539, Tartaglia quitte donc Venise pour Milan. Mais à son grand désespoir,
l’empereur ainsi que le marquis sont absents de Milan. Tartaglia donne alors son ac-
cord pour révéler son secret à Cardano à condition que Cardano jure de ne jamais le
divulguer. Cardano jure et Tartaglia lui révèle enfin sa méthode, sous la forme d’un
poème. En contre-partie et comme promis, Tartaglia obtient de Cardano une lettre
de recommandation auprès du marquis. Mais n’osant pas se présenter seul devant le
marquis et Cardano refusant de l’accompagner, Tartaglia retourne frustré à Venise sans
même avoir vu le fameux marquis et se demandant s’il n’a pas eu tort de dévoiler son
secret.
En 1540, Cardano est amené à chercher à résoudre l’équation du quatrième degré
x4 + 6x3 + 36 = 60x. Cardano n’y arrive pas et demande de l’aide à son secrétaire
Ludovico Ferrari (1522-1565), auquel on pense devoir en fait un grand nombre des
résultats publiés par Cardano. Ferrari parvient à ramener l’équation à une équation du
troisième degré que Cardano et lui savent résoudre. Ferrari généralise alors la méthode
consistant à ramener une équation du quatrième degré à une équation du troisième
degré, procédure qui paraîtra dans un futur livre de Cardano.
En 1543, Cardano et Ferrari se rendent à Bologne et apprennent de Nave que
del Ferro avait résolu bien avant Tartaglia certaines équations cubiques. Pour le leur
prouver, Nave leur confie le bloc-notes de feu del Ferro. Cardano décide que, bien qu’il
ait juré de ne jamais révéler la méthode de Tartaglia, rien ne l’empêche maintenant de
publier celle de del Ferro !
En 1545, Cardano publie enfin son livre Ars Magna, instantanément célèbre et
bien connu pour contenir la démonstration d’une méthode algébrique permettant de
résoudre les équations des troisième et quatrième degrés. Aujourd’hui, on appelle sou-
vent ces formules les formules de Tartaglia-Cardan.
Tartaglia est furieux car il considère que Cardano a transgressé sa promesse. S’en-
suivent des échanges de lettres d’insultes entre Tartaglia d’une part et Ferrari agissant
pour le compte de Cardano d’autre part, à l’issue desquels Ferrari défie Tartaglia.
Tartaglia, dont la vraie cible est Cardano, refuse. En 1546, il publie son propre livre,
Nouveaux problèmes et inventions, dans lequel il révèle sa version de l’histoire et le
parjure de Cardano. Mais grâce à Ars Magna, Cardano est devenu intouchable.
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En 1548, Tartaglia, toujours pauvre, reçoît une importante proposition d’un poste
de conférencier à Brescia, sa ville natale. Mais pour l’obtenir, il doit répondre au défi de
Ferrari. Tartaglia se résoud donc enfin au face-à-face avec Ferrari, son concurrent et la
créature de Cardano. Le 10 août, le défi a lieu à Milan dans l’église des frères Zoccolanti
sous les yeux de toutes les célébrités milanaises de l’époque, dont Don Ferrante di
Gonzaga, gouverneur de la ville et arbitre du duel. Ferrari fait une meilleure prestation
que Tartaglia, qui va jusqu’à déclarer forfait à l’issue du premier jour, laissant Ferrari
vainqueur. Tartaglia, déconsidéré, perdra même son poste à Venise un an plus tard.
Le dernier personnage de notre histoire est Rafaele Bombelli (1526-1573) et avec
lui les choses s’apaisent. En 1572, il couronne l’œuvre des savants italiens en réalisant
dans son traité Algebra la première étude véritable des √ nombres imaginaires.
√ Dans Ars
Magna, Cardano manipulait les deux nombres 5 + −15 et 5 − −15 et constatait
que leur produit et leur somme sont tous deux des nombres positifs ordinaires : 40 et
10. Mais Cardano qualifiait lui-même ces considérations de « subtiles et inutiles ».
En 1560, donc du vivant de Cardano, et en s’inspirant parfois lourdement d’un
manuscrit de Diophante tout juste retrouvé, l’Arithmetica, Bombelli reprend l’étude
du problème. Il remarque que lorsque la formule de Cardan aboutit à un discriminant
négatif, la méthode géométrique donne une solution réelle positive. Il retrouve ainsi la
racine réelle (connue avant lui) x = 4 de l’équation x3 = 15x + 4. Bombelli arrive à la
conclusion que toute équation du troisième degré posséde au moins une solution réelle.
Mais surtout, il est le premier à utiliser dans ses calculs des racines carrées imaginaires
de nombres négatifs pour obtenir finalement la solution réelle tant recherchée, et à
poser de manière systématique des règles de calcul pour ces nombres.
Voici, pour terminer cette très libre évocation historique, le texte du poème de
Tartaglia qui décrit sa méthode de résolution.
Quando chel cubo con le cose appresso
Se agguaglia à qualche numero discreto
Trouan dui altri differenti in esso.
Dapoi terrai questo per consueto
Che’llor produtto sempre sia eguale
Alterzo cubo delle cose neto,
El residuo poi suo generale
Delli lor lati cubi ben sottratti
Varra la tua cosa principale.
In el secondo de cotestiatti
Quando che’l cubo restasse lui solo
Tu osseruarai quest’altri contratti,
Del numer farai due tal part’à uolo
Che l’una in l’altra si produca schietto
El terzo cubo delle cose in stolo
Delle qual poi, per communprecetto
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