Nonlineaire 1
Nonlineaire 1
Nonlineaire 1
2012–2013
Contents
2 Interpolation polynômiale 23
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Interpolation polynômiale: forme de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3 Forme de Newton: différences divisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.4 Interpolation en des points équidistants: différences finies . . . . . . . . . . 31
2.5 Interpolation d’Hermite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.6 Erreur d’interpolation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3 Intégration numérique 39
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2 Formules de Newton-Cotes fermées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.2.1 Formules simples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.2.2 Etude de l’erreur dans les formules de Newton-Cotes . . . . . . . . 47
3.3 Formules de Newton-Cotes composées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.4 Formule de quadrature de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.4.1 Polynômes orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
i
CONTENTS
ii
Chapter 1
1.1 Introduction
La recherche des zéros d’une fonction donnée f réelle ou complexe est un problème clas-
sique qui a attiré l’attention des mathématiciens depuis plusieurs siècles. En général, il
n’existe pas de formules donnant la valeur exacte de ces zéros, ou bien ces formules sont
trop compliquées.
On a alors recours à des méthodes numériques d’approximation des solutions. Ces
méthodes sont nombreuses et variées et sont généralement itératives: partant d’une esti-
mation initiale x0 , on construit une suite numérique x1 , x2 , . . . , xn , . . ., où xi est calculé à
partir de xi−1 , qui converge vers une solution α de l’équation f (x) = 0.
Dans ce chapitre, nous étudierons quelques unes de ces méthodes. Nous tacherons,
pour chaque méthode, de:
Définition 1.1.1 On dira qu’une méthode itérative est d’ordre p, pour la recherche d’un
zéro α de f , si la suite (xn ) converge vers α et si
|xn+1 − α|
i.e., reste borné pour n assez grand.
|xn − α|p
1
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
Donc f (α) = 0.
2
1.3 La méthode de Regula-Falsi ou de la fausse position
Remarque 1.2.1 L’intervalle initial [a0 , b0 ], avec la condition f (a0 ) · f (b0 ) < 0, contient
un nombre impair de solutions de l’équation f (x) = 0. Ce nombre diminue d’une itération
à une autre jusqu’à 1.
L’algorithme de cette méthode s’écrit:
Algorithme 1.1
On choisit deux réels a0 et b0 tels que f (a0 ) · f (b0 ) < 0, un réel > 0 assez petit et
un nombre maximum d’itérations N max.
Pour n = 0, . . . , N max faire:
(a + bn )
xn = n
2 ( (
an+1 = an an+1 = xn
Si f (an ) · f (xn ) < 0 alors
sinon
bn+1 = xn bn+1 = bn
Si f (xn ) = 0 ou |xn − an | ≤ on s’arrête.
3
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
avec l’axe des abscisses, de la corde joignant les deux points de la courbe de f d’abscisses
respectives an et bn . Sachant que l’équation de la droite qui passe par les deux points
(an , f (an )) et (bn , f (bn )) est
an f (bn ) − bn f (an )
xn = . (1.2)
f (bn ) − f (an )
Alors on a:
(xn − an ) f (an )
= , (1.3)
b n − an f (an ) − f (bn )
ou encore
(xn − an )(f (bn ) − f (an ))
f (an ) + = 0. (1.4)
b n − an
On montre que xn ∈ ]an , bn [. En effet, comme
on peut avoir f (an ) < 0 et donc f (bn ) > 0 ou bien f (an ) > 0 et f (bn ) < 0.
Choisissons par exemple le cas où f (an ) < 0 et donc f (bn ) > 0. D’où f (an ) et f (an )−
f (an )
f (bn ) sont de même signe et donc ≥ 0 et par suite, puisqe bn − an ≥ 0, de
f (an ) − f (bn )
f (an )
(1.3) on tire que xn ≥ an . De même f (an ) ≤ f (an ) − f (bn ) et donc 0 ≤ ≤1
f (an ) − f (bn )
xn− an
et de (1.3) on tire que 0 ≤ ≤ 1 et donc xn ≤ bn .
bn − an
L’algorithme de la méthode de Regula-Falsi s’écrit alors:
Algorithme 1.2
On choisit deux réels a0 et b0 tels que f (a0 ) · f (b0 ) < 0, un réel > 0 assez petit et
un nombre maximum d’itérations N max.
Pour n = 0, . . . , N max faire:
xn = an f (bn ) − bn f (an )
f (bn ) − f (an ) ( (
a n+1 = a n an+1 = xn
Si f (an ) · f (xn ) < 0 alors sinon
bn+1 = xn bn+1 = bn
Si f (xn ) = 0 ou |xn − an | ≤ on s’arrête.
4
1.3 La méthode de Regula-Falsi ou de la fausse position
2. Il existe:
• ou bien une sous-suite de la suite (xn ) et une sous-suite de la suite (an ) qui
coincident.
• ou bien une sous-suite de la suite (xn ) et une sous-suite de la suite (bn ) qui
coincident.
Puisque ∀n ∈ N, xn = an+1 ou bien xn = bn+1 . Ceci entraine que, dans le cas où la
suite (xn ) converge vers L, on a nécessairement L = A ou L = B.
Théorème 1.3.1 Soit f : [a0 , b0 ] −→ R une fonction définie et continue telle que f (a0 ) ·
f (b0 ) < 0 et supposons que f admet un zéro unique α dans [a0 , b0 ] (i.e., f (α) = 0). Alors
la suite (xn ) définie dans l’algorithme 1.2 converge vers α.
Démonstration: D’après la remarque 1.2, les suites (an ) et (bn ) sont convergentes et
convergent respectivement vers A et B. D’après (1.5) et la continuité de f , on obtient:
f (A) · f (B) ≤ 0. (1.6)
Deux cas peuvent se présenter:
f (A) = f (B): D’après (1.6) f (A)2 = f (B)2 ≤ 0 et donc f (A) = f (B) = 0. Donc les réels
A, B sont des zéros de la fonction f , et comme par hypothèse la fonction f admet une
seule racine α dans [a0 , b0 ], alors A = B = α. Les suites (an ) et (bn ) sont donc adjacentes
et puisque elles encadrent la suite (xn ) celle-ci converge vers la même limite α.
f (A) 6= f (B): D’après (1.2) la suite (xn ) converge vers une limite L qui vérifie puisque f
est continue,
Af (B) − Bf (A)
L= . (1.7)
f (B) − f (A)
Or, compte tenu de la remarque 1.2, la limite L est égale à B ou à B. Et de l’égalité (1.7)
on tire:
• Si L = A (alors L 6= B) on obtient:
Lf (B) − bf (L)
L= ,
f (B) − f (L)
d’où: −Lf (L) = −bf (L) et comme L 6= b alors f (L) = 0. Donc L est un zéro de la
fonction f et par suite L = α.
5
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
• Si L = B (alors L 6= A) on obtient:
af (L) − Lf (a)
L= ,
f (L) − f (a)
d’où Lf (L) = Af (L) et comme L 6= A; ceci entraine f (L) = 0. Donc L est un zéro
de la fonction f et par suite L = α.
Lemme 1.3.1 Soit f : [a, b] → R une fonction définie et continue sur [a, b], deux fois
dérivables sur ]a, b[ et soit c ∈ ]a, b[. Alors il existe un réel σ ∈ ]a, b[ tel que:
00
f (σ)
(b − a)(f (c) − f (a)) − (c − a)(f (b) − f (a)) = (c − a)(c − b)(b − a) .
2
h(x) = (b − a)(f (x) − f (a)) − (x − a)(f (b) − f (a)) − M (x − a)(x − b)(b − a),
On a alors: h(a) = h(b) = h(c) = 0 et h est deux fois dérivable sur ]a, b[.
D’après le lemme de Rolle:
• Il existe λ1 ∈ ]a, c[ tel que h(c) − h(a) = h0 (λ1 )(c − a), d’où h0 (λ1 ) = 0;
• Il existe λ2 ∈ ]c, b[ tel que h(b) − h(c) = h0 (λ2 )(b − c), d’où h0 (λ2 ) = 0;
00 00
• Il existe σ ∈ ]λ1 , λ2 [ tel que h0 (λ2 ) − h0 (λ1 ) = h (σ)(λ2 − λ1 ) d’où h (σ) = 0.
6
1.3 La méthode de Regula-Falsi ou de la fausse position
00 00 00
Comme h (x) = (b − a)(f (x) − 2M ) on tire que f (σ) = 2M et donc
00
f (σ)
(b − a)(f (c) − f (a)) − (c − a)(f (b) − f (a)) = (c − a)(c − b)(b − a) .
2
Démonstration du théorème 1.3.2
00
Supposons, pour fixer les idées que f (a0 ) < 0 < f (b0 ) et que f ≥ 0 sur ]a0 , b0 [. Comme
xn ∈ ]an , bn [ on peut appliquer le lemme 1.1 en prenant c = xn , a = an et b = bn . Il existe
alors σn ∈ ]an , bn [ tel que:
f 00 (σn )
(bn − an )(f (xn ) − f (an )) − (xn − an )(f (bn ) − f (an )) = (xn − an )(xn − bn )(bn − an ) .
2
Et puisque d’après (1.4) on a
|xn+1 − α|
d’où = |g 0 (cn )| et par passage à la limite, puisque g 0 est continue, on a:
|xn − α|
f 0 (α)
|xn+1 − α| 0
lim = |g (α)| = 1 + (α − b)
.
n→+∞ |xn − α| f (b)
Notons que la fonction f et sa dérivée seconde sont de signes opposés à l’intérieur de
]a0 , b0 [ et donc l’une des deux suites (an ), (bn ) de l’algorithme 1.2 est constante, et on
7
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
obtient:
Algorithme 1.3
On choisit deux réels a0 et b0 tels que f (a0 ) · f (b0 ) < 0, un réel > 0 assez petit et
un nombre maximum d’itérations N max.
x0 = a0 , c0 = b0
c0 f (x0 ) − x0 f (c0 )
x1 =
f (x0 ) − f (c0 )
( (
c 0 = b0 c 0 = a0
Si f (x1 ) · f (c0 ) < 0 alors sinon
x 0 = a0 x0 = b 0
Pour n = 1, . . . , N max faire:
xn+1 = c0 f (xn ) − xn f (c0 )
f (xn ) − f (c0 )
Si f (xn+1 ) = 0 ou |xn+1 − xn | ≤ on s’arrête.
1 1
g(x) = 1 − x3 , g(x) = , g(x) = (1 − x) 3 ,
1 + x2
ou plus généralement:
f (x)
g(x) = x + ,
h2 (x)
où h2 est une fonction qui ne s’annule pas.
La recherche d’une solution de l’équation f (x) = 0 équivaut alors à la recherche d’un
point fixe de g, i.e., α tel que g(α) = α.
La méthode des approximations successives consiste à construire, en partant d’une
estimation initiale x0 de la solution α, la suite (xn ) définie par
xn+1 = g(xn ).
On voit alors que si g est continue et lorsque cette suite est bien définie et convergente,
sa limite est un point fixe de g.
8
1.4 La méthode des approximations successives
Algorithme 1.4
On choisit un réel x0 , un réel > 0 assez petit et un nombre maximum d’itérations
N max.
Pour n = 0, . . . , N max faire:
xn+1 = g(xn )
Si |xn+1 − xn | ≤ on s’arrête.
Cet algorithme prévoit un nombre d’itérations à ne pas dépasser (N max), fixé à priori
à l’avance, car, comme nous allons le voir, la convergence de la suite n’est pas toujours
assurée.
Théorème 1.4.1 Soit g : [a, b] → R telle que g([a, b]) ⊂ [a, b] et g est une fonction
contractante, i.e., il existe λ ∈ [0, 1[ tel que: |g(x) − g(y)| ≤ λ |x − y|, ∀x, y ∈ [a, b].
Alors, pour tout choix de x0 ∈ [a, b], la suite (xn ) définie par: xn+1 = g(xn ) converge vers
l’unique point fixe α de g.
Démonstration:
1. Existence du point fixe: Posons h(x) = g(x) − x, alors h est une fonction
continue sur [a, b] et h(a) · h(b) ≤ 0 et d’après le théorème 1.1 il existe α ∈ [a, b] tel
que h(α) = 0 et donc g(α) = α.
2. Unicité du point fixe: Supposons qu’il existe deux points fixes différents α et β
de g, alors g(α) = α et g(β) = β. De plus, |α − β| = |g(α) − g(β)| ≤ λ |α − β|.
Comme λ ∈ [0, 1[ alors on a une contradiction d’où α = β.
1 − λm−n
|xm − xn | ≤ (λm−1 + λm−2 + · · · + λn ) |x1 − x0 | = λn |x1 − x0 | . (1.8)
1−λ
On conclut que la suite (xn ) est de Cauchy dans [a, b] donc elle est convergente. Soit
L sa limite. En passant à la limite dans xn+1 = g(xn ) et puisque g est continue, L
9
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
1
|xn − α| ≤ λn |x1 − x0 | .
1−λ
On constate que la convergence est d’autant plus rapide que λ est proche de zéro.
Corollaire 1.4.1 Le résultat du théorème 1.4.1 reste valable si l’on remplace l’hypothèse
“g contractante” par: g de classe C 1 sur [a, b] et |g 0 (x)| < 1, ∀x ∈ [a, b].
Corollaire 1.4.2 Soit g une fonction numérique admettant un point fixe α. Sup-
posons que g est continuement dérivable au point α. Alors:
Démonstration:
10
1.4 La méthode des approximations successives
ce qui est absurde, donc la méthode est donc divergente (sauf si accidentelle-
ment xN = α).
|g 0 (x)| > 1
Remarque 1.4.1 Le cas |g 0 (x)| = 1 est le plus délicat à traiter car on peut avoir
convergence comme dans l’exemple suivant:
ou divergence comme dans le cas suivant:
Théorème 1.4.2 Soit g une fonction numérique admettant un point fixe α. Sup-
posons qu’il existe p ∈ N∗ tel que g soit de classe C p au voisinage de α et que
g (p) (α) 6= 0, g (k) (α) = 0 ∀k ∈ N∗ et k ≤ p − 1 (g (k) désigne la dérivée d’ordre k de
g). Alors si la méthode des approximations successives pour la recherche du point
fixe α converge, elle est d’ordre p. En particulier, si g 0 (α) 6= 0, la convergence est
d’ordre 1.
Démonstration:
Soit xn+1 et xn deux éléments de la suite (xn ) et appliquons la formule de Taylor à
la fonction g aux points xn+1 et α sachant que xn+1 = g(xn ) et α = g(α) on obtient:
p
X g (k) (α)
xn+1 − α = g(xn ) − α = (xn − α)k + (xn − α)p ε(xn − α),
k=1
k!
Ce qui prouve que |xn+1 − α| = o(|xn+1 − α|p ) et donc la méthode des approxima-
tions successives est d’ordre p.
11
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
Algorithme 1.5
On choisit un réel x0 , deux réels , η > 0 assez petits et un nombre maximum
d’itérations N max.
Pour n = 0, . . . , N max faire:
xn+1 = xn − f (xn )
f 0 (xn )
Si |xn+1 − xn | ≤ et/ou |f (xn )| ≤ η on s’arrête.
Remarque 1.5.1 Remarquons que la méthode de Newton peut être considérée comme
f (x)
une méthode des approximations successives, si l’on choisit g(x) = x − 0 .
f (x)
Démonstration:
On a xn+1 = g(xn ) avec
f (x)
g(x) = x − ,
f 0 (x)
dont la dérivée est
f (x)f 00 (x)
g 0 (x) = ,
(f 0 (x))2
et donc g 0 (α) = 0 car f (α) = 0.
En appliquant le corollaire 1.2, il existe un voisinage U ⊂ V de α tel que ∀x0 ∈ U ,
la suite définie par xn+1 = g(xn ) est convergente vers α.
12
1.6 La méthode de la sécante
Remarqons que xn+1 est l’abscisse du point d’intersection, avec l’axe des abscisses,
de la droite joignant les points de la courbe de f , d’abscisses respectives xn et xn−1 .
L’algorithme de la méthode de la sécante est le suivant:
Algorithme 1.6
On choisit un réel x0 , deux réels , η > 0 assez petits et un nombre maximum
d’itérations N max.
Pour n = 0, . . . , N max faire:
xn+1 = xn−1 f (xn ) − xn f (xn−1 )
f (xn ) − f (xn−1 )
Si |xn+1 − xn | ≤ et/ou |f (xn )| ≤ η on s’arrête.
13
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
Lemme 1.6.1 Soit (xn ) la suite définie par (1.9) et supposons que f est de classe
C 2 au voisinage d’un zéro α de f . Alors ∀n ∈ N∗ , il existe un réel cn compris entre
xn−1 et xn et un réel dn élément du plus petit intervalle In contenant xn , xn−1 et α
tel que:
00
1 f (dn )
xn+1 − α = 2 (xn − α)(xn−1 − α) 0 . (1.10)
2f (cn )
Démonstration:
On a:
xn−1 f (xn ) − xn f (xn−1 )
xn+1 − α = −α
f (xn ) − f (xn−1 )
xn − xn−1
= (xn − α) − f (xn )
f (xn ) − f(xn−1 )
g(xn , α)
= (xn − α) 1 −
g(xn ,xn−1 )
h(xn , xn−1 , α)
= (xn − α)(xn−1 − α) 1 − ,
g(xn , xn−1 )
où on a posé
f (x) − f (y)
g(x, y) =
x−y
et
(z − x)(f (x) − f (y)) − (x − y)(f (z) − f (x))
h(x, y, z) = .
(x − y)(z − x)(y − z)
D’après la formule des accroissements finis, il existe cn compris entre xn et xn−1 tel
que
f (xn ) − f (xn−1 )
g(xn , xn−1 ) = = f 0 (cn ).
xn − xn−1
D’après le lemme 1.1, il existe dn ∈ In tel que:
f 00 (dn )
h(xn, xn−1 , α) = .
2
D’où 00
f (dn )
xn+1 − α = (xn − α)(xn−1 − α) 0 .
2f (cn )
Théorème 1.6.1 Supposons que f est de classe C 2 au voisinage d’une racine sim-
ple de l’équation f (x) = 0, i.e., f (α) = 0, f 0 (α) 6= 0. Alors la méthode de la sécante
est localement convergente, i.e., il existe un voisinage V de α, tel que pour tout x0
et x1 dans V , la suite (x√n ) définie par (1.9) converge vers α. De plus, l’ordre de
1+ 5
convergence est p = .
2
14
1.6 La méthode de la sécante
c2
+ 1 et V = x, |x − α| < c ⊂ V1 . Choisissons x0 , x1 dans V . On a
On pose c =
c1
alors:
∀n ∈ N, xn ∈ V.
Ceci se démontre par récurrence. En effet, x0 , x1 ∈ V . Supposons alors que xn ∈ V
et xn−1 ∈ V pour n ∈ N∗ . D’après (1.10), il existe cn , dn ∈ V tels que:
00
f (dn )
xn+1 − α = (xn − α)(xn−1 − α) .
2f 0 (cn )
D’où
00
f (dn )
|xn+1 − α| ≤ |xn − α| |xn−1 − α| 2f 0 (c )
n
≤ c |xn − α| |xn−1 − α|
2 (1.11)
≤c = <
cc c c
et donc xn+1 ∈ V .
Démontrons maintenant que la suite (yn ) définie par yn = c |xn − α| est convergente
√
vers zéro. Posons λ = max(y0 , y1 ) où y0 = c |x0 − α| et y1 = c |x1 − α| et p = 1+2 5
est la racine positive de l’équation x2 − x − 1 = 0.
0 1
Alors y0 ≤ λp et y1 ≤ λp (facile à vérifier) et λ < < 1 et
n
∀n ∈ N, yn ≤ λp . (1.12)
n n−1
Ceci se démontre par récurence. En effet, supposons que yn ≤ λp et yn−1 ≤ λp .
2
On a yn+1 = c |xn+1 − α| ≤ c |xn − α| |xn−1 − α| d’après (1.11). D’où
yn+1 ≤ yn yn−1
n n−1 n n−1 (1.13)
≤ λp λp = λp +p ,
n−1 n+1
et donc yn+1 ≤ λp (p+1) . Comme p2 = p + 1 on a yn+1 ≤ λp . On en déduit,
puisque λ < 1, que la suite (yn ) est convergente vers zéro et par suite la suite (xn )
converge vers α.
yn+1
D’après (1.13) on a: ∀n ∈ N, yn+1 ≤ yn yn−1 . D’où p ≤ yn1−p yn−1 et d’après
yn
(1.12) on obtient:
yn+1 pn 1−p pn−1 n n+1 n−1 n−1 2
p ≤ (λ ) λ = λp −p +p = λp (p+1−p ) ≤ λ0 = 1,
yn
15
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
car p2 − p − 1 = 0. D’où
|xn+1 − α| p−1
p ≤ c ,
|xn − α|
√
1+ 5
et donc la méthode est au moins d’ordre p = 2
.
Démontrons maintenant que l’ordre de convergence est exactement p. Posons yn =
xn−1 f (xn ) − xn f (xn−1 )
xn − α. De l’expression xn+1 − α = − α on tire:
f (xn ) − f (xn−1 )
yn−1 f (xn ) − yn f (xn−1 )
yn+1 = . (1.14)
f (xn ) − f (xn−1 )
En supposant que f 0 (α) 6= 0 et f 00 (α) 6= 0, la formule de Taylor-Lagrange nous
donne au voisinage de α:
(xn− α)2 00
f (xn) = (xn − α)f 0 (α) + f (α) + (xn − α)2 ζ(xn − α),
2
où ζ(xn − α) → 0 quand xn − α → 0.
En écrivant cette formule aux points xn et xn−1 et en utilisant (1.14) on obtient:
f 00 (α)
yn+1 ∼ yn yn−1 quand n → +∞. (1.15)
2f 0 (α)
D’autre part, la méthode de la sécante est dite d’ordre p si |yn+1 | = O(|yn |p ) ou
|yn+1 |
encore s’il existe une constante C tel que ∼ C quand n → +∞ d’où |yn+1 | ∼
|yn |p
2
C |yn |p , |yn | ∼ C |yn−1 |p et par suite |yn+1 | ∼ C p+1 |yn−1 |p et en utilisant (1.15) on
obtient: 00
p p2 p
f (α)
C |yn−1 | ∼ |yn−1 | |yn−1 | 0 ,
2f (α)
et donc 00 −1
p2 −p−1 f (α)
p
C |yn−1 | 2f 0 (α) ∼ 1,
2
√ fonction f et pour tout n assez grand. D’où p − p − 1 = 0 et
et ceci pour toute
1+ 5
donc p = .
2
16
1.7 Résolution d’un système non linéaire
où les fonctions fi sont des fonctions définies sur un ouvert de Rn à valeurs dans
R et de classe C 2 dans un voisinage V d’une racine α = (α1 , α2 , . . . , αn ), du
système (1.16), i.e., fi (α) = 0 pour i = 1 jusqu’à n.
Supposons qu’on puisse faire des opérations algébriques sur la fonction F pour
l’écrire sous la forme F (X) = X − G(X) avec G = (g1 , g2 , . . . , gn ), où les gi sont des
fonctions définies sur un ouvert de Rn . Le système (1.16) s’écrit alors
X = G(X). (1.18)
Si α est solution de (1.16), alors α est solution de (1.17) et α est un point fixe de la
fonction G.
Pour chercher la solution de (1.16) on se ramène à la recherche du point fixe de la
fonction G. Pour cela, on construit la suite de vecteurs (Xk ) par:
(
X0 donné,
Xk+1 = G(Xk ) k ≥ 0.
∀X ∈ U, ∀Y ∈ U, kG(X) − G(Y )k ≤ K kX − Y k ,
17
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
Démonstration:
La démonstration est analogue à celle que l’on a faite dans le cas d’une équation.
L’algorithme des approximations successive pour résoudre le système (1.18) est:
Algorithme 1.7
On choisit un vecteur X0 , un réel > 0 assez petit et un nombre maximum d’itérations
N max.
Pour k = 0, . . . , N max faire:
Xk+1 = G(Xk )
Si kXk+1 − Xk k ≤ on s’arrête.
0 ∂gj
où gj,x (X) = (X). Alors la suite définie par:
i
∂xi
X0 ∈ U,
Xn+1 = G(Xn ),
Démonstration:
Remarquons que, puisque les fonctions partielles
Pn gi sont de classe C 1 , les dérivées
0
partielles d’ordre 1 sont continues et le max i,j=1 |gj,xi
(X)|2 existe.
X∈U
n
X
0
Soit K = max |gj,xi
(X)|2 ce maximum. Soient X et Y deux éléments de U .
X∈U
i,j=1
D’après le théorème des accroissements finis appliqué à la fonction G aux points X
et Y , il existe ξ ∈ U tel que G(X) − G(Y ) = G0 (ξ)(X − Y ) où G0 (ξ) est la dérivée
de G au point ξ, c’est donc une application linéaire de Rn dans Rn représentée par
la matrice suivante:
0 0 0
g1,x1 (ξ) g2,x 1
(ξ) · · · gn,x 1
(ξ)
g 0 (ξ) g 0 (ξ) · · · g 0 (ξ)
1,x 2,x2 n,x2
DG = ..2 .. ,
.. ..
. . . .
0 0 0
g1,x n
(ξ) g2,x n
(ξ) · · · gn,xn
(ξ)
18
1.7 Résolution d’un système non linéaire
et on a n
X
0
gi (X) − gi (Y ) = gj,xi
(ξ)(xj − yj ).
j=1
Donc
n n n
!2
X X X
kG(X) − G(Y )k2 = (gi (X) − gi (Y ))2 = 0
gj,xi
(ξ)(xj− yj )
i=1 i=1 j=1
et en développant:
n
!2 n n
X X X
0 02 0 0
(gj,xi
(ξ)(xj− yj ) = gj,xi
(ξ)(xj− yj )2 + gk,xi
(ξ)(xk − yk )gl,xi
(ξ)(xl− yl ).
j=1 j=1 l,k=1
l6=k
n
X
02
avec K = max gj,xi
(X).
x∈U
j,i=1
Comme par hypothèse K < 1 et U est un fermé borné, les hypothèses du théorème
sont vérifiées et l’algorithme défini par Xk+1 = G(Xk ) converge.
19
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
On considère maintenant le système (1.16) ou encore l’équation (1.17) où les fonc-
tions fi sont de classe C2 dans un voisinage U de la racine α = (α1 , α2 , . . . , αn ) de
l’équation (1.17). Si on écrit la formule de Taylor au point X d’un voisinage de α
et en négligeant le terme d’ordre 2 on obtient:
D’où
F (X) + F 0 (X)(α − X) = 0,
où F 0 (X) est une application linéaire dont la matrice qu’on appelle la matrice jaco-
bienne est: 0
0 0
f1,x1 (X) f2,x 1
(X) · · · fn,x 1
(X)
f 0 (X) f 0 (X) · · · 0
fn,x (X)
1,x 2,x2
F 0 (X) = 2.. n
.
.. .. ..
. . . .
0 0 0
f1,x n
(X) f 2,xn (X) · · · fn,xn
(x)
Si on construit une suite itérative (X k ) approximant α on obtient une meilleure
définition de la suite par:
F (X k ) + F 0 (X k )(X k+1 − X k ) = 0.
F 0 (X k )(X k+1 − X k ) = F (X k ).
Algorithme 1.8
On choisit un vecteur X0 , un réel > 0 assez petit et un nombre maximum d’itérations
N max.
Pour k = 0, . . . , N max faire:
Résoudre pour X k+1 le système linéaire suivant par l’une des méthodes connues
F 0 (X k )(X k+1 − X k ) = F (X k )
k+1
X − X k
Si ≤ on s’arrête.
kX k k
20
1.7 Résolution d’un système non linéaire
1. Méthode de Newton à jacobienne par différences finies: c’est une méthode qui
∂fi k
consiste à approcher à chaque itération k les dérivées partielles (X ) par:
∂xj
21
Chapitre 1. Résolution numérique des équations non linéaires
22
Chapter 2
Interpolation polynômiale
2.1 Introduction
Soit f une fonction dont on connait les valeurs yi = f (xi ) en un nombre fini de
points xi , i = 0, 1, . . . , n. L’interpolation consiste à déterminer une fonction P (x),
dans un ensemble donné de fonctions, telle que le graphe de la fonction y = P (x)
passe par les points données (xi , yi ), i = 0, 1, . . . , n.
Dans ce chapitre, nous nous limiterons au cas où P est une fonction polynômiale.
Les applications de la théorie de l’interpolation sont multiples. Dans ce cours, nous
insisterons sur les aspects qui fourniront les outils mathématiques essentiels pour
le développement des méthodes des chapitres suivants (intégration numérique et
résolution numérique des équations différentielles). Nous donnerons aussi différentes
formes du polynôme d’interpolation adaptées à l’interpolation dans les tables de
données et nous analyserons l’erreur d’interpolation correspondante.
Problème :
23
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
où n
Y x − xi
Lk (x) = .
i=0
xk − xi
i6=k
Démonstration:
Unicité: Supposons qu’il existe deux polynômes Pn ∈ Pn et Qn ∈ Pn tels que
Pn (xi ) = yi , et Qn (xi ) = yi , i = 0, 1, . . . , n.
D’après l’unicité (si Y = 0 alors A = 0), la matrice M est donc injective. Comme elle
est d’un espace de dimension fini dans un espace de même dimension, M est donc
inversible et le système M A = Y admet une solution d’où l’existence du polynôme
Pn . Seulement cette démonstration ne nous permet pas la construction du polynôme
Pn .
24
2.2 Interpolation polynômiale: forme de Lagrange
et posons
n
X
Pn (x) = yk Lk (x).
k=0
D’où Pn ∈ Pn , et Pn (xi ) = yi , i = 0, 1, . . . , n.
Exemples
n
X
Définition 2.2.1 L’expression Pn = yk Lk (x) s’appelle la forme de Lagrange
k=0
du polynôme d’interpolation de la fonction f relatif aux points x0 , x1 , . . . , xn . Les
polynômes Lk sont les polynômes de base de Lagrange associés aux points x0 , x1 , . . . , xn .
25
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
k−1
Y
Qk (x) = αk (x − x0 )(x − x1 ) · · · (x − xk−1 ) = αk (x − xi ),
i=0
Démonstration
En utilisant les polynômes de Lagrange Li , le polynôme d’interpolation de Lagrange
Pk de la fonction f relatif aux points x0 , x1 , . . . , xk s’écrit :
k
X
Pk (x) = f (xi )Li (x),
i=0
26
2.3 Forme de Newton: différences divisées
ou encore
k k k k
X Y (x − xj ) X f (xi ) Y
Pk (x) = f (xi ) = (x − xj ).
i=0 j=0
(xi − xj ) i=0
k
Y j=0
j6=i (xi − xj ) j6=i
j=0
j6=i
Y k
Y
Remarque 2.3.1 En posant (x) = (x − xj ), pour i = 0, 1, . . . , k on a:
k+1
j=0
Y0 k
Y
(xi ) = (xi − xj ),
k+1
j=0
j6=i
Y0 Y
où désigne la dérivée de .
k+1 k+1
Le coefficient ak s’écrit donc:
k
X f (xi )
ak = f [x0 , x1 , . . . , xk ] = Y0 .
i=0 (xi )
k+1
27
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
d’où
k
X f (xi )
f [x1 , . . . , xk ] = k
.
i=0
Y
(xi − xj )
j=1
j6=i
28
2.3 Forme de Newton: différences divisées
D’où
k
X (xk − xi + xi − x0 )f (xi )
f [x1 , . . . , xk ] − f [x0 , . . . , xk−1 ] = Y0
i=0 (xi )
k+1
k
X f (xi )
= (xk − x0 ) Y0 = (xk − x0 )f [x0 , . . . , xk ],
i=0 (xi )
k+1
et donc
f [x1 , . . . , xk ] − f [x0 , x1 , . . . , xk−1 ]
f [x0 , x1 , . . . , xk ] = .
xk − x0
Cette formule nous permet donc de calculer les différences divisées d’ordre k à partir
des différences divisées d’ordre k − 1. On peut donc dresser le tableau suivant:
points ordre 0 ordre 1 ordre 2 ordre 3 ordre 4
xi f [xi ] f [xi , xi+1 ] f [xi , xi+1 , xi+2 ] f [xi , xi+1 , xi+2 , xi+3 ] ...
x0 f [x0 ]
f [x0 , x1 ]
x1 f [x1 ] f [x0 , x1 , x2 ]
f [x1 , x2 ] f [x0 , x1 , x2 , x3 ]
x2 f [x2 ] f [x1 , x2 , x3 ]
f [x2 , x3 ] f [x1 , x2 , x3 , x4 ]
x3 f [x3 ] f [x2 , x3 , x4 ] ...
f [x3 , x4 ] f [x2 , x3 , x4 , x5 ]
x4 f [x4 ] f [x3 , x4 , x5 ] ... ...
On peut également écrire un algorithme qui permet de calculer ces différences di-
visées. Posons Di,k = f [xi , xi+1 , . . . , xi+k ] et Di,0 = f (xi ) pour i ∈ {0, 1, . . . , n} et
k ∈ {0, 1, . . . , n − i}. D’après la remarque 2.3 on a
Di+1,k−1 − Di,k−1
Di,k = ,
xi+k − xi
29
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
Algorithme 2.1
Démonstration
Ecrivons le polynôme Pn (x) sous la forme:
30
2.4 Interpolation en des points équidistants: différences finies
On peut écrire donc l’algorithme suivant pour le calcul de Pn (x) pour un x donné.
Algorithme 2.2
On se donne x,x0 , . . . , xn , a0 , . . . , an
t0 = an
Pour k = 1, . . . , n faire:
tk = an−k + (x − xn−k )tk−1
Fin de la boucle sur k
tn = la valeur de Pn (x)
∇f (x) = f (x + h) − f (x),
et notons:
∇fi = fi+1 − fi .
31
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
Les différentes différences finies ∇k fi peuvent être calculées par l’algorithme 2.3
suivant:
Algorithme 2.3
Démonstration
On va faire la démonstration par récurrence sur l’ordre k. Pour k = 0, on a ∇0 fi =
fi = f (xi ) = f [xi ] = f [xi ] h0 0!. Supposons que la relation soit vraie jusqu’à l’ordre
k. On a donc
D’où:
∇k+1 fi = ∇k fi+1 − ∇k fi
= f [xi , . . . , xi+k ] hk k! − f [xi+1 , . . . , xi+1+k ] hk k!
= hk k! (f [xi , . . . , xi+k ] − f [xi+1 , . . . , xi+1+k ] ) (D’après le lemme 1)
= hk k! (xi+1+k − xi )f [xi , . . . , xi+1+k ]
= hk k! (k + 1)h f [xi , . . . , xi+1+k ] car xi+1+k − xi = (k + 1)h
= hk+1 (k + 1)!f [xi , . . . , xi+1+k ]
32
2.4 Interpolation en des points équidistants: différences finies
∇ k f0
Remarque 2.4.1 On a f [x0 , x1 , . . . , xk ] = . Le polynôme d’interpolation
hk k!
n
X Y
Pn (x) = f (x0 ) + f [x0 , x1, . . . , xk ] (x)
k=1 k
Démonstration
On sait que:
n
X ∇k f0 Y
Pn (x) = f (x0 ) + k (x).
k=1
hk k!
Or
* f (x0 ) = (t0 ) ∇0 f0
k−1
Y
Q
* k (x) = (x − xj )
j=0
k−1
Y k−1
Y
(x − xj ) = h(t − j)
j=0 j=0
et donc Y
(x) = hk t(t − 1)(t − 2) . . . (t − k + 1)
k
d’où
n
X ∇ k f0
Pn (x) = f (x0 ) + t(t − 1)(t − 2) . . . (t − k + 1),
k=1
k!
33
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
et par suite:
n
X
∇ k f0 t
Pn (x) = k .
k=0
Algorithme 2.4
Remarque 2.4.2 On peut définir les différences finies régressives par 4k f (x) =
f (x) − f (x − h) et 4k f (x) = 4k−1 f (x) − 4k−1 f (x − h).
On peut montrer que
n
X
−t+k−1
4k f n
Pn (x) = k
k=0
xn −x
où t = h
.
Problème:
34
2.5 Interpolation d’Hermite
Démonstration
Posons Pm (x) = a0 + a1 x + · · · + am xm , alors trouver le polynôme Pm équivaut à
déterminer les (m + 1) coefficients a0 , a1 , . . . , am . Comme on a (m + 1) équations
(l)
linéaires Pm (xi ) = yi,l . On obtient un système linéaire de (m + 1) équations
à (m + 1) inconnus. Pour démontrer l’existence de la solution, il suffit donc de
démontrer l’unicité.
Supposons qu’il existe deux polynômes d’interpolation d’Hermite Pm (x) et Qm (x)
(l)
de degré ≤ m tels que: Pm (xi ) = yi,l pour i ∈ {0, 1, . . . , n} et l ∈ {0, . . . , αi } et
(l)
Qm (xi ) = yi,l pour i ∈ {0, 1, . . . , n} et l ∈ {0, . . . , αi }. Posons alors Rm = Pm −Qm ,
(l)
alors le degré de Rm ≤ m et Rm (xi ) = 0 pour i ∈ {0, 1, . . . , n} et l ∈ {0, . . . , αi }.
D’où xi est un zéro d’ordre αi +1 (au moins ) du polynôme Rm pour i ∈ {0, 1, . . . , n}
n
Y
et donc il existe un polynôme S(x) tel que Rm (x) = S(x) (x − xi )1+αi . D’où si
i=0
n
X
S(x) 6= 0, deg(Rm ) = deg(S) + (n + 1 ) + αi = m + 1 + deg(S) et comme
i=0
deg(Rm ) ≤ m alors S est nécessairement nul. D’où Rm ≡ 0 et donc Pm = Qm .
35
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
où les bi,l sont des constantes données. On sait que ce problème admet une solution
unique dans Pm .
et de l’écrire, ainsi que les dérivées d’ordre k ≤ αi , pour chaque xi et d’en déduire
que βi,l = 0. Alors, tout polynôme P (x) de Pm s’écrit d’une manière unique sous la
forme: n X αi
X
P (x) = ( βi,l Pi,l (x)).
i=0 l=0
36
2.6 Erreur d’interpolation
αi
(x − xi )l X
l
(j−l)
Pi,l (x) = qi (x) − j qi (xi )Pi,j (x) l = αi − 1, αi − 2, . . . 1, 0
l! j=l+1
Il est très facile de vérifier que les Pi,l sont solutions du problème posé au départ.
f (m+1) (ξ)
E(t) = f (t) − Pm (t) = φm+1 (t),
(m + 1)!
avec n
Y
φm+1 (t) = (t − xi )1+αi .
i=0
Démonstration
1er cas: t ∈ {x0 , . . . , xn } alors E(t) = φm+1 (t) = 0 et ξ est quelconque.
E(t)
2ème cas: t 6∈ {x0 , . . . , xn }. Considérons alors la fonction F (x) = E(x)− φm+1 (x)
φm+1 (t)
on a: F est une fonction de classe C m+1 . On a F (t) = 0 donc t est zéro de la fonction
F . De plus, F (l) (xi ) = 0 pour i ∈ {0, 1, . . . , n} et l ∈ {0, . . . , αi } donc xi est un zéro
d’ordre 1 + αi de F .
D’après le lemme de Rolle, entre deux zéros distincts de F , il y a un zéro de F 0 .
D’où F 0 admet n + 1 zéros dans It autres que x0 , . . . , xn et t. De plus pour tout
i ∈ {0, 1, . . . , n}, xi est un zéro d’ordre αi de F 0 (si αi 6= 0). En conclusion, F 0
Xn
admet n + 1 + αi = m + 1 zéros (égaux ou distincts) dans It .
i=0
37
Chapitre 2. Interpolation polynômiale
00
En réitérant le raisonnement, F admet m zéros (égaux ou distincts) dans It et
de proche en proche F (m+1) admet un zéro dans It . Soit ξ ce zéro. On a donc
F (m+1) (ξ) = 0, c’est-à-dire
E(t) (m+1)
E (m+1) (ξ) − φ (ξ) = 0.
φm+1 (t) m+1
Or
E (m+1) (ξ) = f (m+1) (ξ) − Pm(m+1) (ξ) = f (m+1) (ξ) (car deg(Pm ) ≤ m)
(m+1)
et deg(φm+1 ) = m + 1 d’où φm+1 = (m + 1)!.
E(t) (m+1) E(t)
Enfin E (m+1) (ξ) − φm+1 (ξ) = 0 s’écrit : f (m+1) (ξ) − (m + 1)! = 0.
φm+1 (t) φm+1 (t)
D’où
f (m+1) (ξ)φm+1 (t)
E(t) = .
(m + 1)!
Démonstration
C’est un cas particulier du théorème précédent avec αi = 0 pour i = 0, 1, . . . , n.
38
Chapter 3
Intégration numérique
3.1 Introduction
On cherche à calculer l’intégrale:
Z b
I= f (x)w(x)dx, (3.1)
a
avec w(x) et f (x) deux fonctions définies sur [a, b] telles que w(x) > 0 sur ]a, b[ et
f (x)w(x) est intégrable sur [a, b].
Hormis quelques cas simples, où une primitive de f w peut être trouvée (et il faut
inclure dans ce cas le calcul par changement de variables où l’intégration par parties),
on ne sait pas calculer cette intégrale.
En outre, il arrive fréquemment qu’on ne connaisse la fonction que par ses valeurs
en certains points. Il est alors hors de question de calculer exactement l’intégrale I.
L’intégration numérique est une idée ”naturelle”. L’intégrale de Riemann en fournit
l’idée première.
On considère une subdivision uniforme : a = x0 < x1 < · · · < xn = b de l’intervalle
[a, b], (xi = a + i b−a
n
, i ∈ {0, 1, . . . , n}) et on remplace I par:
b n n
b−aX
Z X
I= f (x)w(x)dx ≈ (xi − xi−1 ) f (αi )w(αi ) = f (αi ) w(αi ) = Sn ,
a i=1
n i=1
avec αi ∈ [xi−1 , xi ].
Z b
Et on a lim Sn = I = f (x)w(x)dx.
n→+∞ a
Z b
La procédure de l’intégration numérique est donc de chercher à remplacer f (x)w(x)dx
a
39
Chapitre 3. Intégration numérique
40
3.1 Introduction
Or, puisque f 0 est continue et x − xi ≥ 0 sur [xi, xi+1 ], il existe, d’après le théorème
de la moyenne appliqué à f 0 , un élément ηi ∈ [xi , xi+1 ] tel que:
Z xi+1 Z xi+1
0 (xi+1 − xi )2 0
(x − xi )f (ξi )dx = f (ηi ) (x − xi )dx = f (ηi )
xi xi 2
On a alors:
Z b n−1 Z
X xi+1
f (x)dx = f (x) dx
a i=0 xi
n−1 n−1
X X (xi+1 − xi )2 0
= (xi+1 − xi ) f (xi ) + f (ηi )
i=0 i=0
2
n−1 n−1
b−aX (b − a)2 X 0
= f (xi ) + f (ηi )
n i=0 2n2 i=0
D’après le théorème de la moyenne, il existe η ∈ [a, b] tel que :
n−1
1X 0
f (ηi ) = f 0 (η).
n i=0
On obtient enfin :
b n−1
b−aX b−a (b − a)2 0
Z
f (x)dx = f (a + i ) + f (η) avec η ∈ [a, b]
a n i=0 n 2n
b n
b−aX b−a (b − a)2 0
Z
f (x)dx = f (a + i ) + f (η) avec η ∈ [a, b]
a n i=1 n 2n
41
Chapitre 3. Intégration numérique
xi + xi−1
On prend dans la formule (4.2) αi = et w(x) = 1, on obtient la formule
2
suivante :
b n−1
b−aX
Z
x + xi+1
f (x)dx = f( i ) + En (f )
a 2 i=0 2
Détermination de l’erreur En (f )
Supposons que f est de classe C 2 sur [a, b]. D’après la formule de Taylor, on a: pour
tout x ∈ [xi , xi+1 ], il existe ξi ∈ [xi , xi+1 ] tel que:
x + xi+1 x + xi+1 0 xi + xi+1 1 x + xi+1 2 00
f (x) = f ( i ) + (x − i )f( ) + (x − i ) f (ξi )
2 2 2 2 2
En procédant comme dans l’exemple 3.1 et en remarquant que:
Z xi+1
x + xi+1
(x − i )dx = 0 ,
xi 2
on aboutit à la formule :
b n−1
b−aX b−a (b − a)3 00
Z
f (x)dx = f (a + (2i + 1) ) + f (η) avec η ∈ [a, b]
a n i=0 2n 24n2
Z 1 p
X
g(t)dt = 2 λi,p g(ti ) + Ep+1 (g) (3.3)
−1 i=0
p
X
Avec p un entier naturel donné. Posons Ip (g) = 2 λi,p g(ti )
i=0
Les formules de Newton-Cotes fermées consistent à choisir:
1/ Les noeuds ti équidistants avec t0 = −1 et tp = 1 donc ti = −1 + p2 i pour
i = 0, ..., p.
Z 1
2/ Les poids λi,p tels que Ip (g) = Pp (t)dt où Pp est le polynôme d’interpolation
−1
de la Lagrange de g relativement aux points t0 , t1 , . . . , tp .
42
3.2 Formules de Newton-Cotes fermées
Lemme 3.2.1
Les coefficients λi,p (p fixé, et i = 0, 1, ..., p) sont donnés par la formule suivante:
1 1
Z
λi,p = Li (t)dt
2 −1
où Li (t) est le polynôme de Lagrange de base relativement aux points t0 , t1 , . . . , tp .
ou encore
p p
t − j
Z Y
1
λi,p = p ( )dt pour i ∈ {0, 1, ..., p}.
0 i − j
j=0
j 6= i
Démonstration
Soient L0 , L1 , . . . , Lp les polynômes de base de Lagrange associés aux points t0 , t1 , ..., tp .
Le polynôme Pp (t) d’interpolation de la fonction g aux points t0 , t1 , ..., tp s’écrit alors:
p
X
Pp (t) = g(ti )Li (t)
i=0
On a
p
X
Ip (g) = 2 λi,p g(ti )
i=0
et
Z 1 p Z 1
X
Pp (t)dt = g(ti ) Li (t)dt
−1 i=0 −1
D’où:
1 1 p
t − tj
Z Z
1 1 Y
λi,p = Li (t)dt ( )dt pour i ∈ {0, 1, ..., p}
2 −1 2 −1 ti − tj
j=0
j 6= i
Soit le changement de variable suivant: t = −1 + p2 s alors:
Z p Y p
1 s − j
λi,p = ( )ds pour i ∈ {0, 1, ..., p}
p 0 i − j
j=0
j 6= i
Lemme 3.2.2
Les coefficients λi,p (p fixé , et i = 0, 1, ..., p ) vérifient :
43
Chapitre 3. Intégration numérique
Démonstration
D’après le lemme 3.1
Z p p
1
Y s − j
λp−i,p = p ( )ds pour i ∈ {0, 1, ..., p}
0 p− i − j
j=0
j 6= p − i
Si on calcule cette intégrale en faisant le changement de variables suivant: t = p − s
on obtient:
Z p p Z p Y p
1 Y p−t − j 1 t − j
λp−i,p = ( )dt = ( )dt = λi,p
p 0 p− i − j p 0 i − j
j=0 j=0
j 6= p − i j 6= i
Lemme 3.2.3
Si la fonction g est une fonction impaire sur [−1, 1], alors l’erreur de la formule
d’intégration (4.3) est nulle: Ep+1 (g) = 0.
Démonstration
Puisque
Z 1 la fonction g est une fonction impaire sur [−1, 1], on a g(0) = 0 et
g(t)dt = 0.
−1
Comme
Z 1 p
X
g(t)dt = 2 λi,p g(ti ) + Ep+1 (g)
−1 i=0
on tire que
p
X
Ep+1 (g) = −2 λi,p g(ti )
i=0
d’autre part on a:
p
X X X
λi,p g(ti ) = λi,p g(ti ) + λi,p g(ti ) si p est impair
i=0 i≺p/2 ip/2
p
X X X
λi,p g(ti ) = λi,p g(ti ) + λ p2 ,p g(t p2 ) + λi,p g(ti ) si p est pair
i=0 i≺p/2 ip/2
44
3.2 Formules de Newton-Cotes fermées
p
X X X
λi,p g(ti ) = λi,p g(ti ) + λp−i,p g(tp−i )
i=0 i≺p/2 ip/2
X X
= λi,p g(ti ) − λi,p g(ti ) = 0.
i≺p/2 i≺p/2
Proposition 3.2.1
Si p est impair, alors la formule (4.3) est de degré ≥ p.
Si p est pair, alors la formule (4.3) est de degré ≥ p + 1.
Démonstration
On a pour i ≤ p
Z 1
Li (t)dt = 2 λi,p
−1
Or par construction les polynômes Li vérifient :
1 si i = j
Li (tj ) =
0 si i 6= j
donc
p
X
λj,p Li (tj ) = λi,p .
j=0
Proposition 3.2.2
p si p est impair
Soit N =
p + 1 si p est pair
on a
p
X
k 0 pour k ≤ N , k impair
λj,p tj = 1
k +1
pour k ≤ N , k pair
j=0
45
Chapitre 3. Intégration numérique
p
X
En particulier λj,p = 1.
j=0
Démonstration
D’après la proposition 3.1, on a ∀ k ≤ N Ep+1 (tk ) = 0. Ce qui donne :
p Z 1
X
k k 0 si k ≤ N et k impair
2 λj,p tj = t dt = 2
−1 k +1
si k ≤ N , k pair
j=0
Z 1
g(t)dt = g(−1) + g(1) + E2 (g)
−1
b
b−a (b − a)3 00
Z
f (x)dx = (f (a) + f (b)) − f (η) η ∈ [−1, 1]
a 2 12
46
3.2 Formules de Newton-Cotes fermées
2/ Si p est impair, si f est de classe C p+1 ([a, b]), alors il existe η ∈ [a, b] tel que:
Z b p Z pY p
X b−a b − a p+2 f (p+1) (η)
f (x)dx = (b−a) λi,p f (a +i ) −( ) (t−j)dt
a i=0
p p (p + 1)! 0 j=0
Démonstration
Nous donnons la démonstration dans le cas où p est pair. Le cas où p est impair est
à traiter en exercice.
Soit g ∈ C p+2 ([−1, 1]). Soit x ∈ [−1, 1]. Soit P le polynôme d’interpolation de
Lagrange aux points tj = −1 + p2 j , j = 0, 1, . . . , p.
Posons:
p
Q Y
* (t) = (t − j)
j=0
g(x) − P (x)
h(x) = si x 6∈ {t0 , ...tp }
Q
(x)
et (3.4)
g 0 (tk ) − P 0 (tk )
h(tk ) = pour k = 0, . . . , p
Q0
(tk )
En effet
g(x) − P (x) (t − tk ) g(x) − P (x) (t − tk )
lim h(x) = lim Q = lim Q
x→tk x→tk (x) (t − tk ) x→tk (t − tk ) (x)
g 0 (tk ) − P 0 (tk )
= Q0 = h(tk )
(tk )
De la même manière, on obtient la deuxième égalité.
On conclut donc que les fonctions h et α sont continues sur [−1, 1].
47
Chapitre 3. Intégration numérique
Lemme 3.2.4
La fonction h définie par (3.4) est de classe C 1 sur [−1, 1]. De plus, ∀x ∈ [−1, 1],
g (p+2) (ξ)
h0 (x) = α(x) et il existe ξ = ξ(x) ∈ [−1, 1] tel que h0 (x) =
(p + 2)!
Démonstration
Q
1/ En définissant les fonctions h, et α comme précèdemment, on voit que la
h est dérivable en tout point x tel que x 6∈ {t0 , t1 , . . . .., tp } et on a g(x) −
fonctionQ
P (x) = (x)h(x)
d’où
Q0
g 0 (x) − P 0 (x) = (x)h0 (x)
Q
(x)h(x) +
et donc
Q0
g 0 (x) − P 0 (x) − (x)h0 (x)
Q
(x)h(x) =
D’après la définition de la fonction α, on obtient α(x) = h0 (x). Et comme α est
continue, on conclut donc que la fonction h est de classe C 1 sur [−1, 1] et α(x) =
h0 (x) pour tout x ∈ [−1, 1].
Q Q
2/ Posons, pour x ∈ [−1, 1], Qx (t) = P (t) + h(x) (t) + (t − x)α(x) (t). On peut
vérifer facilement qu’on a:
Q
* Le polynôme Qx est un polynôme de degré (p + 2), car est est un polynôme de
degré (p + 1) et donc Qx ∈ IPp+2 .
* Qx (ti ) = g(ti ) pour i = 0, 1, ..., p
* Qx (x) = g(x) et Q0x (x) = g 0 (x) pour tout x
* Q00x (x) = g 00 (x) pour x ∈ {t0 , t1 , ..., tp }
Posons φ(t) = g(t) − Qx (t) alors on a:
* φ(ti ) = 0 pour i ∈ {0, ..., p}
* φ(x) = φ0 (x) = 0
* φ00 (x) = 0 pour x ∈ {t0 , t1 , ..., tp }
En appliquant le théorème de Rolle successivement à φ, φ0 , φ00 , . . . ..., φ(p) , on
aboutit à l’existence de ξ = ξ(x) ∈ [−1, 1] tel que φ(p+1) (ξ) = 0.
Or
(p+2)
Qx (t) = (p + 2)!α(x)
car
P (p+2) (t) = (p+2) (t) = 0
Q
g (p+2) (ξ)
donc: φ(p+1) (ξ) = 0 d’où α0 (x) = (p+2)!
48
3.2 Formules de Newton-Cotes fermées
Lemme 3.2.5
m−1
Y
Q
Si p est un entier pair, p = 2m, et (t) = (t − tj ) alors la fonction définie par:
j=0
Z x Y
u(x) = (t)dt ∀x ∈ [−1, 1]
−1
vérifie
u(x) ≥ 0 ∀x ∈ [−1, 1]
u(1) = u(−1) = 0
Démonstration
1/ on a:
2m
Y m−1
Y
(t2 − t2j )
Q
(t) = (t − tj ) = t
j=0 j=0
Q
car t2m−j = −tj et donc (t) est une fonction impaire et alors u(1) = u(−1) = 0.
Q Q
2/Soit k ∈ {0, 1, ..., p}. On a (t) ≥ 0 pour t ∈ [t2k , t2k+1 ] et (t) ≤ 0 pour t ∈
[t2k+1 , t2k+2 ]. La fonction u est donc croissante sur [t2k , t2k+1 ] et elle est décroissante
sur [t2k+1 , t2k+2 ].
3/On a, pour tout k tel que: 2k + 2 ≤ m,
Z t2k+2 Y Z t2k+1 Y Z t2k+2 Y
(t)dt = (t)dt + (t)dt
t2k t t
Z 2kt2k+1 Y
2m
2k+1
Z 2m
t2k+2 Y
= (t − tj )dt + (t − tj )dt
t2k j=0 t2k+1 j=0
2
(posons s = t − 2m )
2m
Z t2k+1 Y Z t2k+1 2m−1
Y
= (t − tj )dt + (s − tj )ds
t2k j=0 t2k j=−1
Z t2k+1 2k
Y 2m−1
Y
= (t − t2m + t − t−1 ) (t − tj ) (t − tj )dt
t2k j=0 j=2k+1
2
( Comme tj = −1 + 2m j)
Z t2k+1 2k 2m−1
1 Y Y
= 2(t + ) (t − tj ) (t − tj )dt
t2k 2m j=0 j=2k+1
2k
Y
* (t − tj ) ≥ 0 ( produit de (2k + 1) facteurs positifs).
j=0
2m−1
Y
* (t − tj ) ≤ 0 (produit de (2m − 2k − 1) facteurs négatifs).
j=2k+1
Z t2k+2 Y
donc (t) dt ≥ 0 pour tout k tel que 2k + 2 ≤ m
t2k
Comme la fonction u est de signe constant et g (p+2) est continue sur [−1, 1], on en
déduit, en appliquant le théorème des valeurs intermédiaires, l’existence d’un réel
θ ∈ [−1, 1] tel que:
Z 1
g (p+2) (θ)
Ep+1 (g) = − u(t)dt
(p + 2)! −1
50
3.2 Formules de Newton-Cotes fermées
D’où :
Z 1 p p+3 (p+2) Z p p
X 1 g (θ) 2
Y
g(t)dt = 2 λi,p g(ti ) + t (t − j) dt
−1 i=0
m (p + 2)! 0 j=1
avec η ∈ [a, b]
51
Chapitre 3. Intégration numérique
Z b n−1
X Z αi+1
f (x)dx = f (x) dx
a i=0 αi
Théorème 3.3.1 p
p
b−a t − j
Z
∗ 1 Y
Soient p , n ∈ IN . On a, en posant h = et λi,p = ( )dt
n p 0 i − j
j=0
j 6= i
Z b n−1
X
f (x)dx = h λ0 [ f (a) + f (b) ] + 2λ0 f (a + ih)
a i=1
p−1 n−1
! (3.5)
X X h
+ λj f (a + ih + j ) + Ep+1,n (f )
j=1 i=0
p
avec:
1/ Si p est pair et la fonction f est de classe C p+2 sur [a, b]
p+3 p+2 (p+2) Z p p
b−a 1 f (η) 2
Y
Ep+1,n (f ) = t (t − j) dt avec η ∈ [a, b]
p n (p + 2)! 0 j=1
Démonstration
On a d’après le théorème 3.1:
52
3.3 Formules de Newton-Cotes composées
Z b n−1 Z
X αi+1
f (x)dx = f (x) dx
a i=0 αi
p
n−1
!
X X αi+1 − αi
= (αi+1 − αi ) λj f (αi + j ) + Ei (f )
i=0 j=0
p
avec:
1/Si p est pair et la fonction f est de classe C p+2 sur [a, b]
p+3 (p+2) Z p p
αi+1 − αi f (ηi ) 2
Y
Ei (f ) = t (t − j) dt avec ηi ∈ [αi , αi+1 ]
p (p + 2)! 0 j=1
53
Chapitre 3. Intégration numérique
" n−1
b
b−a b − a
Z X
f (x)dx = ( ) f (a) + f (b) + 2 f (a + i )
a 6n i=1
n
n−1
#
X 1 b − a
+4 f (a + (i + )( )
i=0
2 n
5
1 b−a
− f 00 (η)
90n4 2
Z b p
X
f (x)w(x)dx = λi f (αi ) + Ep+1 (f ) (3.6)
a i=0
Choisissons les poids λi ainsi que les noeuds xi tels que la formule (4.3) soit de degré
le plus élevé possible .
54
3.4 Formule de quadrature de Gauss
Exemple 3.10:
Cas où p = 1, w(x) = 1 et [a, b] = [−1, 1].
Cherchons λ0 , λ1 , x0 , x1 tels que la formule:
Z b
f (x)w(x)dx = λ0 f (x0 ) + λ1 f (x1 ) + E2 (f ),
a
soit de degré le plus élevé possible, c’est à dire tels que: E2 (f ) = 0 pour f (x) = xk
avec k = 0, 1, .., m, et m le plus élevé possible. On aura donc:
Z 1
1dx = λ0 + λ1 = 2
−1
Z 1
xdx = λ0 x0 + λ1 x1 = 0
−1
Z 1
2
x2 dx = λ0 x20 + λ1 x21 =
−1 3
Z 1
x3 dx = λ0 x30 + λ1 x31 = 0
−1
etc...
Les quatres premières équations forment
√ un système non linéaire qui admet comme
3
solution λ0 = λ1 = 1, x0 = −x1 = 3
On obtient donc la formule:
Z 1 √ √
3 3
f (x)dx = f (− ) + f( ) + E2 (f )
−1 3 3
où E2 (f ) est un polynôme de degré 3.
Théorème 3.4.1
Il existe une suite (Qn )n∈IN unique de polynômes telle que :
1/ deg(Qn ) = n et Qn est monique (i.e: Le coefficient de xn est 1 dans Qn )
55
Chapitre 3. Intégration numérique
2/ Pour tout P dans Pn−1 (le sous espace vectoriel de IP des polynômes de degré
≤ n − 1)
(P, Qn )w = 0
Démonstration
1/Existence:
En utilisant le procédé d’orthogonalisation de Gram-Schmidt sur la base canonique
1, x, x2 , ..., on obtient:
Q0 (x) = 1
(1, x)w
Q1 (x) = x −
(1, 1)w
n−1
X (xn , Qi )w
Qn (x) = xn − ai,n Qi (x) avec ai,n =
i=0
γi
Les polynômes Q0 , Q1 , ..., Qn forment une base de l’espace vectoriel Pn .Ils sont or-
thogonaux entre eux par construction et ils vérifient les conditions 1/ et 2/. Il est
clair que 1/ et 2/ entrainent l’unicité de Qn .
2/ Calcul des coefficients
On a que, pour tout k ∈ IN ∗ , les polynômes Q0 , Q1 , ..., Qk forment une base de
l’espace vectoriel IPk et que tous les polynômes Qk sont moniques. Alors, pour
tout k ∈ IN ∗ , Qk − xQk−1 ∈ IPk−1 et il s’écrit d’une façon unique sous la forme
k−1
X
Qk − xQk−1 = µi Qi . Comme les Qi sont orthogonaux on a:
i=0
Xk−1 k−1
X
* ( Qk − xQk−1 , Qk )w = ( µi Qi , Qk )w = µi (Qi , Qk )w = 0
i=0 i=0
d’où
(Qk , Qk )w = (xQk−1 , Qk )w pour tout k ∈ IN ∗
* (Qk − xQk−1 , Qj )w = 0 pour tout j < k − 1 et pour tout k ∈ IN ∗
56
3.4 Formule de quadrature de Gauss
n−1
X
∗
Soit n ∈ IN . Alors on a Qn − xQn−1 = µi Qi et on peut calculer les produits
i=0
scalaires suivants:
n−1
!
X
* (Qn − xQn−1 , Qn−1 )w = µi Qi , Qn−1 = µn−1 (Qn−1 , Qn−1 )w
i=0 w
D’autre part
(Qn − xQn−1 , Qn−1 )w = (Qn , Qn−1 )w − (xQn−1 , Qn−1 )w = −(xQn−1 , Qn−1 )w
d’où
−(xQn−1 , Qn−1 )w
µn−1 =
(Qn−1 , Qn−1 )w
n−1
!
X
(Qn − xQn−1 , Qn−2 )w = µi Qi , Qn−2 = µn−2 (Qn−2 , Qn−2 )w
i=0 w
D’autre part
(Qn − xQn−1 , Qn−2 )w = (Qn , Qn−2 )w − (xQn−1 , Qn−2 ) w = −(xQn−1 , Qn−2 )w
d’où
−(xQn−1 , Qn−2 )w (Qn−1 , xQn−2 )w
µn−2 = =−
(Qn−2 , Qn−2 )w (Qn−2 , Qn−2 )w
* (Qn − xQn−1 , Qj )w = 0 pour tout j < n − 2
On obtient donc Qn − xQn−1 = µn−1 Qn−1 + µn−2 Qn−2 d’où
Qn = (x − µn−1 )Qn−1 + µn−2 Qn−2
avec
(xQn−1 , Qn−1 )w (Qn−1 , xQn−2 )w
µn−1 = et µn−2 = −
(Qn−1 , Qn−1 )w (Qn−2 , Qn−2 )w
Et en posant
αn = µn−1 et βn = −µn−2 , on obtient les formules du théorème.
Définition 3.4.1
Les polynômes (Qn )n∈IN définis au théorème 3.3, s’appellent les polynômes orthog-
onaux sur [a, b] relativement à la fonction poids w.
3
Q3 (x) = x(x2 − )
5
6 3
Q4 (x) = x4 − x2 + etc...
7 35
Ces polynômes sont appelés les polynômes de Legendre.
Théorème 3.4.2
Soit (Qn )n∈IN la suite des polynômes orthogonaux sur [a, b] relativement à la fonction
poids w. Alors les racines de Qn sont réelles, distinctes et appartiennent à ]a, b[ pour
n ∈ IN ∗ .
Démonstration
Soient α1 , α1 , . . . .., αm , les racines distinctes de Qn appartenant à ]a, b[. On a bien
m ≤ n. Montrons alors que m = n. Raisonnons par l’absurde et supposons que
m<n
Ym
Q Q
Posons (x) = (x − αi ) alors le polynôme (x) ∈ Pn−1 car m < n donc
Q i=0
( (x), Qn (x))w = 0
Z b
Q
d’où w(x) (x)Qn (x)dx = 0,
a
Q Q
comme w(x) (x)Qn (x) garde un signe constant sur ]a, b[ alors (x)Qn (x) ≡ 0 ce
qui est absurde car deg(Qn ) = n ≥ 1.
Théorème 3.4.3
Pour tout n ∈ IN ; il existe une formule de quadrature unique,
Z b n
X
f (x)w(x)dx = λi f (xi ) + En+1 (f )
a i=0
de degré ≥ 2n + 1. De plus:
1/ Les noeuds xi sont les racines de Qn+1 (le (n + 1)ième polynôme orthogonal sur
]a, b[ relativement à w).
58
3.4 Formule de quadrature de Gauss
Z b
2/ λi = Li (x) w(x)dx
a
où
n
Y x − xj
Li (x) = ( ) pour i ∈ {0, 1, ..., n}
xi − xj
j=0
j 6= i
3/ Si f est de classe C 2n+2 sur [a, b] alors il existe η ∈ [a, b] tel que:
b
f (2n+2) (η)
Z
En+1 (f ) = [Qn+1 (x)]2 w(x) dx
(2n + 2)! a
Démonstration
1/ unicité
Posons
n
Y
Q
(x) = (x − xj )
j=0
et soit P ∈ Pn alors
Z bY
(x)P (x) w(x)dx = 0
a
Posons
Z b
λi = Li (x)w(x)dx
a
59
Chapitre 3. Intégration numérique
Considérons (L0 , . . . , Ln ) la base de l’espace IPn formé par les polynômes de La-
grange, alors tout polynôme P de Pn s’écrit d’une manière unique sous la forme
Xn
P (x) = αi Li (x) où les αi sont des constantes réelles.
i=0
Or puisque
1 si i = j
Li (xj ) =
0 si 6= j
on a
Xn
P (x) = P (xi ) Li (x)
i=0
d’où
Z b Z b n
X n
X Z b
P (x) w(x)dx = P (xi ) Li (x) w(x)dx = P (xi ) Li (x) w(x)dx
a a i=0 i=0 a
et donc
Z b n
X
P (x) w(x)dx = λi P (xi ) .
a i=0
La formule est donc exacte pour tout polynôme P appartenant à Pn .
Soit maintenant le polynôme S ∈ P2n+1 , la division Euclidienne du polynôme S par
le polynôme Qn+1 donne l’existence de deux polynômes P et R dans Pn tels que:
d’où, on a donc:
Z b Z b Z b
S(x)w(x)dx = P (x)Qn+1 (x) w(x)dx + R(x) w(x)dx
a Za b a
Xn Xn
= R(x) w(x)dx = λi R(xi ) = λi S(xi )
a i=0 i=0
60
3.4 Formule de quadrature de Gauss
Or, si f est de classe C2n+2 sur [a, b] , on sait qu’il existe ξ dans [a, b] tel que :
n
f (2n+2) (ξ) Y
f (x) − H(x) = (x − xj )2
(2n + 2)! j=0
d’où
Z b n
X
En+1 (f ) = f (x) w(x)dx − λi f (xi )
a i=0
Z b
= (f (x) − H(x)) w(x)dx
Za b
f (2n+2) (ξx ) 2
= Q (x)w(x)dx
a (2n + 2)! n+1
Comme la fonction Q2n+1 (x) garde un signe constant et que f (2n+2) est continue sur
[a, b], on aura :
f (2n+2) (η) b 2
Z
En+1 (f ) = Q (x)w(x)dx avec η ∈ [a, b].
(2n + 2)! a n+1
Remarque 3.3
En fait, la formule du théorème 3.5 est de degré exactement égal à 2n + 1. En effet,
pour f (x) = x2n+2 , on a f (2n+2) (η) = (2n + 2)! et donc
Z b
En+1 (f ) = Q2n+1 (x)w(x)dx.
a
Remarque 3.4
Dans la formule de quadrature de Gauss à (n + 1) points (théorème 3.5), les coeffi-
cients λi peuvent s’exprimer sous la forme:
γn γn+1
λi = 0 =− 0
Qn+1 (xi )Qn (xi ) Qn+1 (xi )Qn+2 (xi )
Z b
avec γk = Q2n+1 (x)w(x)dx
a
Démonstration:
Les racines polynômes Qn+1 sont x0 , x1 , . . . , xn . Il s’écrit alors
Yn
Qn+1 (x) = (x − xj ).
j=0
61
Chapitre 3. Intégration numérique
Qk+1 (x)Qk (xi ) − Qk (x)Qk+1 (xi ) Qk (x)Qk (xi ) Qk (x)Qk−1 (xi ) − Qk−1 (x)Qk (xi )
= (x−xi ) +
γk γk γk−1
Ce qui entraine que :
n n
X Qk (x)Qk (xi ) X Qk+1 (x)Qk (xi ) − Qk (x)Qk+1 (xi )
(x − xi ) =
k=1
γk k=1
γk
n
X Qk (x)Qk−1 (xi ) − Qk−1 (x)Qk (xi )
−
k=1
γk−1
Qn+1 (x)Qn (xi ) Q1 (x)Q0 (xi ) − Q0 (x)Q1 (xi )
= −
γn γ0
Qn+1 (x)Qn (xi ) (x − xi )
= −
γn γ0
D’où !
n
Qn+1 (x) γn X Qk (x)Qk (xi ) 1
= +
x − xi Qn (xi ) k=1 γk γ0
d’où
Z b
1 Qn+1 (x)
λi = w(x)dx
Q0n+1 (xi ) a x − xi !
Z b X n
γn Qk (x)Qk (xi ) 1
= + w(x)dx
Qn (xi )Q0n+1 (xi ) a k=1
γk γ0
( n )
γn X Qk (xi ) Z b Z b
1
= Qk (x) w(x)dx + w(x)dx
Qn (xi )Q0n+1 (xi ) k=1 γk a a γ0
62
3.4 Formule de quadrature de Gauss
Or Q0 (x) = 1, donc
Z b Z b
Qk (x) w(x)dx = Qk (x)Q0 (x) w(x)dx = 0, pour k ≥ 1
a a
et
Z b
Q0 (x)Q0 (x ) w(x)dx = γ0 .
a
On obtient donc:
γn
λi =
Qn (xi )Q0n+1 (xi )
D’après la relation de récurrence, on a
γn+1
Qn+2 (x) = (x − αn+2 ) Qn+1 (x) − Qn (x)
γn
d’où
γn+1
Qn+2 (xi ) = − Qn (xi )
γn
D’où
γn γn+1
=−
Qn (xi ) Qn+2 (xi )
et donc
−γn+1
λi =
Qn+2 (xi )Q0n+1 (xi )
1 n
π f (2n+2) (η)
Z
f (x) π X 2i + 1
√ dx = f (cos π) + avec η ∈ [−1, 1].
−1 1 − x2 n + 1 i=0 2(n + 1) 2 4n (2n + 2)!
Démonstration
on a:
Qn+1 (x) = Tn+1 (x) = 21n cos((n + 1) Arc cos(x)) n ∈ IN ∗
2i + 1
et xi = cos π ,pour i = 0, 1, ..., n.
2(n + 1)
2i+1
Donc, en posant σi = 2(n+1)
π
n + 1 sin(n + 1)σi 1
Q0n+1 (xi ) = − et Qn+2 (x i ) = sin(n + 1)σi − sin σi
2n sin σi 2n+1
63
Chapitre 3. Intégration numérique
1 π
cos2 ((n + 1) Arc cos(x))
Z Z
1 1 π 1
γn+1 = ( n )2 √ dx = n cos 2 ((n + 1) s) ds =
2 −1 1 − x2 4 0 2 4n
D’où
γn+1 π
λi = − 0
= pour i = 0, ..., n.
Qn+1 (xi ) Qn+2 (xi ) n+1
64
Chapter 4
4.1 Introduction
Les équations différentielles constituent l’outil le plus fréquemment utilisé dans la
modélisation des problèmes des sciences physiques et ceux de l’ingénieur.
Dans ce chapitre, nous présenterons quelques méthodes ( ou schémas) numériques
pour la résolution des équations différentielles avec des conditions initiales.
Le problème auquel on s’intéresse, consiste à trouver y : x → y(x) définie sur [a, b]
vérifiant:
où f : [a, b] × R → R
Remarques 4.1
1) La condition ii) est appelée condition de Lipschitz par rapport à la deuxième
variable.
65
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
∂f
2) Si (x, y) → est continue et bornée sur D = [a, b] × R, alors la condition ii)
∂y
∂f
est vérifiée ( il suffit de prendre L = max (x, y) et d’appliquer la formule des
(x,y)∈D ∂y
accroissements finis à la fonction y → f (x, y)).
Exemple 4.1
Le problème
y 0 (x) = −y + 1
x ∈ [e, 5]
xLog(x) Log(x)
y(e) = e
−y 1
admet une solution unique, puisque la fonction f : (x, y) → + ,
xLog(x) Log(x)
vérifie
y1 − y2 1
|f (x, y1 ) − f (x, y2 )| = ≤ |y1 − y2 |
xLog(x) e
Remarques 4.2
Les résultats obtenus pour (4.1) peuvent être généralisés, modulo quelques ”adapta-
tions”, aux systèmes différentiels et aux équations différentielles d’ordre supérieur.
1) Les systèmes différentiels du premier ordre
x ∈ [a, b] ; y(x) ∈ Rn
f : [a, b] × Rn −→ Rn
(x, y) 7−→ f (x, y)
y1 f1 (x, y1, ...., yn )
y2 f1 (x, y1, ...., yn )
y=
f (x, y) =
yn f1 (x, y1, ...., yn )
On cherche y solution de
y(a) = y0
où encore 0
y (x) = f1 (x, y1, ...., yn )
10
y2 (x) = f2 (x, y1, ...., yn )
0
yn (x) = fn (x, y1, ...., yn )
66
4.1 Introduction
Cas général:
Notations:
Dans toute la suite, Y (x) désigne la solution exacte du problème (4.1).
Hypothèse:
Dans toute la suite, on supposera que f vérifie les conditions i) et ii) du théorème
4.1.
67
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
1) Les méthodes à un pas: Le calcul de yn ne fait intervenir que les valeurs de xn−1
et de yn−1 ( en plus des données du problème).
2) Les méthodes à plusieurs pas: le calcul de yn fait intervenir les valeurs de xn−1 ,...,
xn−k et de yn−1 ,..., yn−k .
Pour la commodité de l’exposé, on imposera dans toute la suite aux points xn d’être
équidistants (en pratique, dans les codes sur les équations différentielles, ca ne sera
b−a
pas le cas). On définit le pas de l’approximation h = , alors xn = a + nh,
N
n = 0, 1..., N .
y(a) = y0
b−a
Soit x0 = a < x1 < ..... < xN = b avec xn = a + nh pour 0 ≤ n ≤ N , h = .
N
Le schéma d’Euler est donné par:
y 0 = Y0
(4.2)
yn+1 = yn + hf (xn , yn ) n = 0, 1, ..., N
1) Interprétation graphique
yn+1 = yn + hf (xn , yn )
68
4.2 Etude générale des méthodes à un pas
On obtient alors
yn+1 = yn + hf (xn , yn )
d’où
yn+1 = yn + hf (xn , yn )
où Φ est une fonction continue sur [a, b] × R × [0, h∗ ], avec h∗ 0 donné. Choisir
une méthode, c’est choisir Φ.
Par exemple, si Φ(x, y, h) = f (x, y), alors il s’agit de la méthode d’Euler.
69
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
Nous allons étudier les conditions qu’il faut imposer à Φ et le lien entre Φ et f pour
que la méthode soit jugée ”bonne”.
Dans ce paragraphe, nous ferons d’abord une théorie générale des méthodes à un
pas en vue de l’étude de l’erreur de discrétisation en = Y (xn ) − yn . Ceci nous amène
à introduire les notions de consistance, de stabilité, d’ordre et de convergence.
Remarque 4.3
Y (xn+1 ) − Y (xn )
La quantité n+1 = − Φ(xn , Y (xn ), h) représente dans un certain
h
sens l’erreur que l’on fait au nième pas, en remplaçant l’équation différentielle (4.1)
par le schéma (4.3).
70
4.2 Etude générale des méthodes à un pas
et
zn+1 = zn + h(Φ(xn , yn , h) + ξn+1 )
z0 = y0 + ξ0
Remarque 4.4
Cette notion de stabilité implique qu’une petite perturbation sur les données n’entraine
qu’une petite perturbation sur la solution (approchée) et ceci indépendemment de h,
ce qui, du fait de l’existence des erreurs d’arrondi, est absolument nécessaire pour le
traitement numérique du problème. Un schéma ”instable” ne présente aucun intérêt
pratique. Notons que la notion de stabilité précédente est intrinséque au schéma de
résolution numérique.
Remarque 4.5
Cette notion de convergence indique que l’erreur de discrétisation en = Y (xn ) − yn
tend vers zéro lorsque h tend vers zéro.
Théorème 4.2.1
Si la méthode à 1 pas donnée par (4.3): yn+1 = yn + hΦ(xn , yn , h) est consistante et
stable, alors elle est convergente.
Démonstration
Y (xn+1 ) − Y (xn )
Posons ξn+1 = − Φ(xn , Y (xn ), h) pour n = 0, .., N − 1 et ξ0 = 0.
h
On a Y (xn+1 ) = Y (xn ) + h(Φ(xn , Y (xn ), h) + ξn+1 )
et Y (x0 ) = Y0 = y0 + ξ0
71
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
Démonstration
Posons
Y (xn+1 ) − Y (xn )
n+1 = − Φ(xn , Y (xn ), h)
h
Utilisant la formule des accroissements finis, on obtient:
Posons
αn = f (cn , Y (cn )) − Φ(cn , Y (cn ), 0)
βn = Φ(cn , Y (cn ), 0) − Φ(xn , Y (xn ), h)
On a alors:
n+1 = αn + βn
Remarquons que
72
4.2 Etude générale des méthodes à un pas
D’où f (x, Y (x)) = Φ(x, Y (x), 0), ∀x ∈ [a, b] et pour toute solution Y (x) de (4.1).
Soit maintenant (x∗ , y ∗ ) ∈ [a, b] × R. D’après le théorème 4.1, il existe une solution
unique Y (x) de l’équation différentielle:
y(x∗ ) = y ∗
73
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
Démonstration
Soient yn , 0 ≤ n ≤ N, et zn , 0 ≤ n ≤ N, vérifiant respectivement
yn+1 = yn + hΦ(xn , yn , h)
zn+1 = zn + h [Φ(xn , zn , h) + n ]
z0 = y0 + 0
n quelconque, 0 ≤ n ≤ N
On a
|yn+1 − zn+1 | ≤ |yn − zn | + h |Φ(xn , yn , h) − Φ(xn , zn , h)| + h |n |
≤ |yn − zn | + hM |yn − zn | + h |n |
≤ (1 + hM ) |yn − zn | + h |n |
Nous allons en déduire par récurrence que
(1 + hM )n+1 − 1
|yn+1 − zn+1 | ≤ (1 + hM )n+1 |y0 − z0 | + max |k | (4.9)
M k≤n
n+1 (1 + hM )n+1 − 1
≤ (1 + hM ) |y0 − z0 | + max |k |
M k≤n
e(b−a)M − 1
D’où en posant C = max(e(b−a)M , ), on obtient
M
74
4.2 Etude générale des méthodes à un pas
Démonstration
La propriété 1) entraine , d’après le théorème 4.3, que la méthode est consistante.
La proprièté 2) entraine que la méthode est stable, d’après le théorème 4.4. Le
résultat découle alors du théorème 4.2.
Théorème 4.2.4
Si la méthode (4.3) est stable et d’ordre p, alors on a
Démonstration:
On a
yn+1 = yn + hΦ(xn , yn , h)
Posons
Y (xn+1 ) − Y (xn )
n+1 = − Φ(xn , Y (xn ), h) avec 0 = 0.
h
Alors, on a
Y (xn+1 ) = Y (xn ) − h [Φ(xn , Y (xn ), h) + n+1 ]
75
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
où C est une constante indépendante de h. Or max |n+1 | = max |n | ≤ Khp ,
0≤n≤N −1 0≤n≤N
car la méthode est d’ordre p.
Il s’en suit qu’il existe une constante K
e = CK telle que
max |yn − Y (xn )| ≤ C max |n | ≤ CKhp = Kh e p
0≤n≤N k≤n−1
Démonstration
Posons
Y (xn+1 ) − Y (xn )
n+1 = − Φ(xn , Y (xn ), h)
h
et
1 1 ∂kΦ
Ψk (x, y) = f (k) (x, y) − (x, y, 0)
(k + 1)! k! ∂hk
76
4.2 Etude générale des méthodes à un pas
D’où
p−1
X
n+1 = hk Ψk (xn , Y (xn ))+
k=0
(4.11)
p
1 (p+1) 1∂ Φ
hp Y (cn ) − (xn , Y (xn ), λ)
(p + 1)! p! ∂hp
a) Condition suffisante: supposons que les conditions (4.10) sont vérifiées, alors
Ψk (xn , Y (xn )) = 0, pour k = 0, 1, ...., p − 1 et donc
1 ∂ pΦ
p
1 (p+1)
max |n | ≤ h max Y (x) +
max
p! ∂αp (x, y, α)
0≤n≤N −1 a≤x≤b (p + 1)!
a≤x≤b
y∈R
α ∈ [0, h∗ ]
∂ pΦ
Utilisant le fait que Y est de classe C p+1 sur [a, b] et que est continue sur
∂αp
[a, b] × R × [0, h∗ ] , on obtient:
∃K 0 max |n+1 | ≤ Khp
0≤n≤N −1
77
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
Raisonnons par l’absurde: supposons que les conditions (4.10) ne sont pas vérifiées.
Soit k0 le plus petit entier ∈ {0, 1, ..., p − 1} tel que Ψk0 (x, y) 6= 0. On a alors, d’après
(4.11)
p−1
1 ∂ pΦ
X
k p 1 (p+1)
n+1 = h Ψk (xn , Y (xn )) + h Y (cn ) − (xn , Y (xn ), λ)
k=k0
(p + 1)! p! ∂hp
D’où
d’où
|n+1 |
max ≤ Khp−k0
0≤n≤N −1 hk0
et par suite
|n+1 |
lim max =0 (4.13)
h→0 0≤n≤N −1 hk0
Par ailleurs, on a
N −1 N −1
X |n+1 | b − a X |n+1 | |n+1 |
h = ≤ (b − a) max (4.14)
n=0
hk0 N n=0 hk0 0≤n≤N −1 hk0
78
4.3 Exemples de schémas à un pas
Soit (x∗ , y ∗ ) ∈ [a, b] × R quelconque. Alors, d’après le théorème 4.1, il existe une
solution unique Y (x) de l’équation différentielle
0
y (x) = f (x, y) x ∈ [x∗ , b]
y(x∗ ) = y ∗
D’où
Ainsi, on a
Ce qui contredit le fait que Ψk0 (x, y) 6= 0. Ainsi les conditions (4.10) sont nécessairement
vérifiées.
79
Chapitre 4. Résolution numérique des équations différentielles ordinaires
avec
(b − a) (b − a)2 (b − a)p−1
L = L0 + L0 + L1 + .... + Lp .
2 3! p!
Et par suite, d’après le théorème 4.4, la méthode à un pas,
yn+1 = yn + hΦ(xn , yn , h)
est stable.
Les méthodes du développement de Taylor présentent de graves inconvénients du
point de vue pratique. En effet, elles utilisent les p fonctions f, f (1) , ...., f (p−1) ,
ce qui mobilise un nombre excessif de mémoire. De plus, pour k assez grand, la
complexité des expressions analytiques des fonctions f (k) augmente énormément.
où
V1 (x, y, h) = f (x, y)
k−1
!
X
Vk (x, y, h) = f x + αk h, y + h βkj Vj (x, y, h) k≥2
j=1
Exemples
1) Cas où p = 1
80
4.3 Exemples de schémas à un pas
2) Cas où p = 2
Φ(x, y, h) = a1 V1 (x, y, h) + a2 V2 (x, y, h) = a1 f (x, y) + a2 f (x + α2 h, y + β21 f (x, y))
3) Cas où p = 4
La méthode de Runge et Kutta classique est donnée par:
h
yn+1 = yn + [V1 + 2V2 + 2V3 + V4 ]
6
où
V1 = f (xn , yn )
V2 = f (xn + 12 h, yn + 12 hV1 )
V3 = f (xn + 12 h, yn + 12 hV2 )
V4 = f (xn + h, yn + hV3 )
Cette méthode est d’ordre 4 ( à vérifier en exercice)
Exercice
Montrer que sous les hypothèes du théorème 4.1, les méthodes de Runge et Kutta
sont stables.
81