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Cours Filtration Et Agitation

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Opérations unitaires mécaniques

COURS DE FILTRATION CLASSIQUE


ET
AGITATION

4ème Génie Chimique (ULT)

Khiari Mohamed Ridha


FILTRATION CLASSIQUE
I°) Introduction

La filtration permet de séparer un fluide des particules dont il est chargé plus rapidement que
la sédimentation (notamment pour les petites particules), mais elle est plus coûteuse. Il existe
plusieurs catégories de filtration, selon la taille des particules.

L'objectif de la filtration est de séparer mécaniquement une phase continue fluide d'une phase
dispersée solide. La filtration consiste à faire passer la suspension à travers un milieu filtrant
adéquat, capable de retenir les particules par action physique. Nous nous intéresserons
essentiellement à la filtration solide/liquide. On peut effectuer la filtration "dans la masse" ou
filtration en profondeur (lit de particules filtre à sable par exemple) : les particules colmatent
progressivement le milieu. Cette technique ne sera utilisée que si on ne souhaite pas récupérer
les particules (traitement des eaux par exemple) et pour des suspensions peu chargées, en
particules de 0,3 à 2,5mm. On peut également effectuer une filtration sur support comportant
un grand nombre d'orifices. Les particules se déposent en surface du support et s'accumulent
sous la forme d'un "gâteau". Cette technique est utilisée pour des suspensions plus chargées
et/ou de particules plus
petites et/ou si l'on souhaite
récupérer le solide
III LA FILTRATION SUR SUPPORT
La filtration sur support est une opération le plus souvent discontinue, même s'il existe des
appareils de filtration continue. Les particules s'accumulent sous forme de gâteau, dont
l'épaisseur augmente avec le temps. Parallèlement, les pertes de charge augmentent, et au bout
d'un certain temps elles sont telles qu'il n'est plus possible de continuer la filtration : c'est le
colmatage. On arrête alors la filtration pour récupérer le solide. Avant cela, pour purifier le
gâteau lorsqu'il est récupéré, on effectue souvent un lavage. Il faut en outre éviter qu'il soit
trop humide, on procède donc à un essorage.

III.1 Ecoulement des fluides dans les milieux poreux


L’étude de l’écoulement des fluides dans les milieux poreux est très importante dans les
procédés de filtration.

III.1.1 Loi expérimentale de Darcy


Pour les écoulements à faible nombre de Reynolds (Rep<1), Darcy a établi la loi
expérimentale suivante, qui relie le débit volumique Qv circulent à travers le milieu poreux à
la perte de charge par unité de longueur traversée ΔP/L, la viscosité dynamique µ et la section
de passage Ω.
𝐵 Δ𝑃 𝑄𝑣 𝐵 Δ𝑃 Δ𝑃 1
𝑄𝑣 = .Ω . 𝑢𝑠 = = . 𝑑′ 𝑜ù = . 𝜇. 𝑢𝑠
𝜇 𝐿 Ω 𝜇 𝐿 𝐿 𝐵
Le coefficient B est appelé perméabilité son unité courante est le Darcy, qui correspond à 10 -
12
m2. Pour un sable, la perméabilité est de l’ordre de 100 Darcy ; une cigarette, 1000 Darcy.
us : la vitesse d’écoulement dans une conduite vide.
𝑢𝑠
up : la vitesse du fluide dans les pores 𝑢𝑝 =
𝜀
ε : la porosité de milieu poreux, c’est-à-dire la fraction de volume non occupée par le solide.
III.1.2 Relation générale d’Ergun
Ergun a proposé une relation plus générale sous la forme suivante :
Δ𝑃 2
(1 − 𝜀)2 1−𝜀
= ℎ𝑘 . 𝑎𝑝 . . 𝜇. 𝑢𝑠 + ℎ𝐵 . 𝑎 𝑝 . . 𝜌𝑓 . 𝑢𝑠 2
𝐿 𝜀3 𝜀3
Avec :

𝑎𝑝 : la surface par unité de volume d’une particule et 𝜌𝑓 : la masse volumique de fluide.

hk = 4.2 et hB = 0.3.
Exercice 1
On dispose d’un lit de billes de verre sphériques de diamètre 2 mm et de surface par unité de
volume 3000m2.m-3.la porosité est ε= 0.4. De l’eau traverse ce lit de section de passage Ω= 1
m2 .
Calculer la perte de charge par mètre linéaire à travers ce lit pour des débits de 1 et 10 -4m3s-1,
en utilisant les relations de Darcy et Ergan. Discuter les résultats.
Exercice 2
Dans une station de potabilisation, l’eau, après sa sortie de décanteur, subit une clarification
par passage dans un filtre à sable. Les conditions de filtration sont les suivantes : vitesse de
filtration us = 6 m/h, la hauteur du filtre est H = 0.8 m, la surface de sable S= 10m2 et le
diamètre des grains dp= 0.5mm.
Calculer les pertes de charge du fluide lors de son passage dans le filtre en utilisant les
relations de Darcy et Ergan.

III.2 Technologie de la filtration sur support.


Pour faciliter l'opération et augmenter la vitesse de passage du liquide (qui dépend de la perte
de charge dans le milieu poreux), on exerce une aspiration en aval du filtre (filtration sous
vide) ou on augmente la pression en amont (filtration sous pression ou par gravité).

✓filtration à pression constante : On régule la différence de pression entre l'amont et l'aval


du filtre à une valeur constante. L'épaisseur du gâteau augmentant au cours du temps, la
vitesse de filtration diminue sous l'effet de l'augmentation de la perte de charge. C'est la
filtration la plus utilisée dans l'industrie.

✓filtration à débit constant : On augmente au cours du temps la différence de pression entre


amont et aval du filtre afin de maintenir un débit constant malgré l'augmentation de la perte de
charge.

III.2.1 Média filtrant

Il existe de nombreux types de média filtrant : fibres (tissées ou feutres), grilles métalliques
ou plaques perforées, papiers, matières poreuses (fritté par ex.), membranes. Un média filtrant
doit présenter un certain nombre de qualités :

✓faible résistance hydraulique

✓résistance mécanique & tenue chimique

✓colmatage tardif

✓décollement aisé du gâteau

✓coût modéré
III.2.2 Pré-traitement
On effectue souvent un égouttage avant la filtration afin d’épaissir (concentrer) la suspension,
et ainsi limiter le débit à traiter.

On peut également utiliser des agents de floculation afin d'agglomérer les petites particules
difficilement filtrables. Leur action peut être mécanique ("ponts" entre particules) ou
électrique (modification des caractéristiques électriques superficielles des particules). Les
floculants les plus employés sont des polyélectrolytes, des hydrates de carbone, des polymères
(anioniques, cationiques ou non-anioniques) et des polysaccharides. L'action des floculants
dépend du pH ; on les utilise à des concentrations de quelques ppm à quelques mg/L.
Si la floculation est impossible ou trop coûteuse, et si on ne cherche pas à récupérer le solide,
plutôt que d'utiliser une toile très fine pour traiter de très fines particules, on utilise des
adjuvants. Ces composés de grande perméabilité permettent de retarder le colmatage, et ainsi
faciliter la filtration et le nettoyage des filtres. Ils peuvent être disposés en pré-couche
(enduisage)ou ajoutés à la suspension (nourrissage). Les principaux adjuvants sont les
Kieselguhrs et les perlites ; on utilise également des fibres de cellulose, des fibres d'amiante,
de la poudre de carbone, de la sciure de bois.

✓Kieselguhrs (carapaces siliceuses de diatomées fossiles microscopiques) : Leur


porositéatteint70 à 85% et leur masse volumique apparente est de l'ordre de 300 à 350kgm-3 ;
on les utilise après broyage puis divers traitements (calcination, lavage à l'acide, frittage...).

✓perlites (roches vitreuses volcaniques de la famille des pierres ponces) : On les utilise après
broyage, tamisage, chauffage brutal et re-broyage ; leur masse volumique apparente est de
l'ordre de 150 à 200kgm-3

III.2.3 Post-traitement
Afin de récupérer le filtrat ou encore pour que le gâteau en soit exempt, on procède à un
lavage, c'est-à-dire à l'élimination du filtrat contenu dans les pores du gâteau par dilution (ou
repulpage : on mélange du solide avec le liquide de lavage dans une cuve annexe puis on re-
filtre, autant de fois que nécessaire pour atteindre la pureté requise) ou par déplacement (le
liquide de lavage déplace, comme un piston, le liquide interstitiel). Cette seconde méthode est
en général préférée, mais cela dépend de l'appareillage. Le lavage nécessite de grandes
quantités de liquide si on souhaite éliminer les dernières traces de filtrat. Il peut être réalisé
dans le même appareil que pour la filtration ou dans un autre (Dans un appareil continu, la
fraction de surface requise pour le lavage peut atteindre 70 à 80 %). L'essorage (ou pressage)
permet d'obtenir un gâteau le moins humide possible, afin de réduire les frais de transport
et/ou de séchage. On peut procéder soit par écrasement mécanique, soit par passage d'un
courant d'air ou de vapeur. Cette seconde méthode est préférée en général, mais il faut que les
pores du gâteau soient de taille supérieure à 50μm environ, avec une perméabilité de 10-10à
10-15m2. Enfin le séchage pourra être employé si l'on souhaite récupérer un solide de très
faible humidité résiduelle

III.3 Appareillages
III.3.1 Filtre presse
Le plus courant des filtres est le filtre-presse.
III.3.2 Filtre fonctionnant en continu
Des filtrations continues peuvent être réalisées dans des filtres à bande, des filtres à tambour,
ou à disque, ou encore des filtres à table tournante.

Principe de fonctionnement de filtre à bande.


Filtre à bande
Filtre à bande
Principe de fonctionnement de filtre à tambour
filtre à tambour
IV. Théorie simplifiée de la filtration

Le débit instantané de filtration est par définition le volume de filtrat obtenu par unité de
temps. Il peut aussi être exprimé comme le produit de la vitesse de filtration et de la surface
de filtration:

✓volume de filtrat recueilli : V


✓temps écoulé depuis de début de la filtration : t
✓vitesse du liquide filtré: u
✓section de passage : 

On notera Z l'épaisseur du gâteau.

On suppose que la filtration s'effectue en régime de Stokes dans le gâteau, et que celui-ci est
homogène et incompressible. Dans ces conditions, la perte de charge est proportionnelle à la
vitesse et à la viscosité du fluide (cf. loi de Darcy). On appellera résistance et on notera R le
facteur de proportionnalité (unité : m-1).

Cette résistance peut être décomposée selon :

La résistance spécifique du gâteau g [m kg-1] est telle que :


𝑚𝑔𝑠
𝑅𝑔 = 𝛼𝑔 .
Ω
𝑚𝑠
Et 𝑅𝑠 = 𝛼𝑠 . Ω

𝑚𝑔𝑠 est la masse de gâteau sec,
𝛼𝑠 : la résistance spécifique de support,
ms : la masse de support.

La perméabilité du gâteau B0[m2] est telle que :

1
Montrer que 𝛼𝑔 =
𝐵0. (1−𝜀)𝜌𝑔𝑠
𝑚𝑔𝑠
La masse de particules par unité de volume de filtrat est notée w donc 𝑤=
𝑉

ε = Vliquide / Vgh ; Vgh = Vgs +Vliquide

𝑤.𝑉
Montre que : 𝑍 =
Ω.(1−𝜀).𝜌𝑔𝑠

Le rapport entre masse du gâteau humide et masse du gâteau sec est noté m.
Le titre massique de la suspension en matière solide est noté s.

m = mgh/mgs ; s = mgs/msusp ; ε = Vliquide / Vgh ; Vgh = Vgs +Vliquide

𝜀.𝜌𝑙𝑖𝑞
Montrer que m = 1+ (1−𝜀) 𝜌
𝑔𝑠

𝑠.𝜌
𝑙𝑖𝑞
Et 𝑤 = 1−𝑚.𝑠

L'équation différentielle de la filtration est obtenue comme suit :


ΔP = (RS +Rg) .µ.V
Montrer que :

Filtration à débit constant :

Montrer que :

Filtration à pression constante :

Montrer que :
Exercice1
Filtration de glucose à pression constante
On utilise un filtre presse pour filtrer une suspension de glucose à laquelle on ajoute une
faible quantité de kieselgur. Le filtre fournit 5 m3 de filtrat en une heure sous une pression de
1bar.
Le kieselgur est incompressible et la résistance de la membrane est négligeable. Quelle sera la
production du filtre durant la seconde heure sous la même pression ?
À quelle valeur devra-t-on porter P pour que la production de la seconde heure soit
également de 5 m3de filtrat ?

Exercice 2
Filtration à pression constante
Une bouillie aqueuse est filtrée dans un filtre presse. Le titre s de la bouillie est de 0,05kg de
solide par kg de suspension. La surface totale des toiles  est de 2 m2, tandis que la pression
de filtration P est de 2 bar. La densité ds du solide par rapport à l'eau est de 2 et la viscosité
 du filtrat est de 10-3Pas. La mesure du volume V de filtrat recueilli en fonction du temps t
durant la filtration à pression constante a fourni les résultats ci-dessous :
Temps (s) 0 10 20 40 60 90
Volume de filtrat (m3) 0 1.62 2.33 3.34 4.12 5.1
t / V (s m-3)

1) Calculer la résistance à l'écoulement par unité de surface Rs du support.


2) Calculer la résistance spécifique du gâteau ainsi que sa porosité, sachant que la masse
du gâteau totalement séché est égale aux ¾ de la masse du gâteau saturé d'eau. On en
déduira sa perméabilité B0.
3) Calculer la dimension moyenne des particules solides supposées sphériques de la
suspension. (On prendra pour valeur de la constante de KOZENY hK=4,5.).
4) Au bout de quel temps t0 et pour quel volume de filtre V0 la résistance Rg du gâteau
est-elle égale à celle de la membrane Rs? Quelle est alors l'épaisseur du gâteau?
AGITATION
1. Introduction
L'agitation est une opération très ancienne, qui est progressivement passée de l'état d'art à
l'état de science, grâce aux nombreuses études expérimentales entreprises et au
développement des outils de mécanique des fluides numériques.
L'opération de mélange en général et d'agitation en particulier est très répandue en génie des
procédés ; elle peut avoir des applications diverses :

✓ mélange de fluides miscibles (ou encore homogénéisation) : La qualité du mélange pourra


être exprimée en terme d'échelle de micromélange. Une contrainte de temps de mélange peut
également apparaître. (ex. neutralisation, acidification, polymérisation)

✓ suspension de solides pulvérulents : Il s'agit ici de maintenir en suspension des particules ;


la suspension pouvant être partielle ou totale. Il faudra veiller à la contrainte de cisaillement,
afin d'éviter de détériorer les particules. (ex. cristallisation, catalyse hétérogène)

✓ dispersion liquide/liquide : Dans le cas de liquide immiscibles, on pourra souhaiter obtenir


une dispersion grossière -diamètres de gouttes > 10 μm- (ex. extraction liquide/liquide), ou
stable - diamètres de gouttes de l'ordre de 1 μm- (ex. fabrication de colles, cosmétiques,
produits alimentaires).

✓ dispersion gaz/liquide : Il s'agit de mettre en contact la gaz et le liquide afin de réaliser dans
les meilleurs conditions une absorption avec ou sans réaction chimique. Il faut veiller à ne pas
engorger le mobile. (ex. fermentation, oxydation)

Pour toutes ces catégories, une fois l'objectif premier atteint, on pourra s'intéresser à la
question de la circulation, c'est-à-dire le problème des transferts de matière et de chaleur.
Industriellement, pour chacune des grandes catégories d'application, deux types de
problématiques peuvent se poser : concevoir une cuve pour une nouvelle application, ou
extrapoler une installation existante.
L'agitation consiste à injecter dans une cuve de la quantité de mouvement par dissipation de
puissance mécanique via un organe rotatif plongé dans le milieu. Un système d'agitation sera
donc constitué d'une cuve, d'un arbre muni d'un mobile et mis en rotation par un moteur.

1.1. ASPECTS QUALITATIFS

Cette partie est volontairement purement descriptive.

1.1.1. types d'écoulement

On distingue trois grands types d'écoulements, illustrés sur la Figure 1.


Figure1: Classification des types d'écoulement en agitation.
1.1.2. types de mobiles
Ce paragraphe répertorie les formes de mobiles d'agitation les plus courantes (Figure 15).

Figure 2 : Mobiles d’agitation classiques

En toute première approximation, les mobiles de la première ligne de la Figure 2 seront dit
"axiaux", ceux de la deuxième et troisième lignes "radiaux", et ceux de la quatrième ligne
"tangentiels".
1.1.3. Récapitulatif des aspects
technologiques
Comme il a été évoqué plus haut, une cuve
d'agitation comporte :

✓ une cuve, circulaire, et dont le fond peut avoir


des formes variées : plane, "conique", elliptique,
etc. Cette forme a un effet très important dans le
cas de suspensions de particules.

✓ un mobile (voir divers modèles classiques


Figure 2)

✓ un arbre sur lequel sera fixé le mobile : Il doit


pouvoir résister aux sollicitations subies et
présenter le moins possible un comportement
vibratoire. Le choix* du matériau, du diamètre et
de l'épaisseur de l'arbre est un compromis entre la Fgure 3 : Moteur d’agitation
résistance mécanique (et chimique) d'une part, et
la masse et le coût de l'arbre d'autre part.

✓ un système d'entraînement* de l'ensemble arbre


+ mobile, comprenant un moteur (Figure 3), un
réducteur et un dispositif d'étanchéité.

Coût :
Dans un cas classique, et sans se préoccuper du coût de la cuve (et de son couvercle), on
estime que les coûts† d'investissement se répartissent comme suit : 15% pour le mobile, 45%
pour l'arbre, 30% pour le réducteur et les 10% restant pour le moteur. Il ne faut pas oublier les
coûts de maintenance.

1.1.4. Configuration des cuves

Selon les applications, le mobile peut être implanté verticalement (Figure 4-a & Figure 5-a),
c'est le cas le plus courant ; latéralement (Figure 4-b & Figure 5-b) ou en fond de cuve (Figure
4-c) pour le cas des très grands volumes.
Figure 4 : Implantation des mobiles d’agitation.

Figure 5 : Exemple d’implantation des mobiles d’agitation

Pour des applications spécifiques, on pourra être amené à utiliser plusieurs mobiles
superposés (Figure 6-a), un système à double mouvement (Figure 6-b) ou encore un tube
d'aspiration du ciel gazeux (Figure 6-c).

Figure 6 : Dispositifs d’agitation spécifiques


Vortex

Ce phénomène est illustré sur la Figure 7.

Figure 7 : Le phénomène de vortex

Cette rotation en bloc nuit considérablement au mélange, et peut s'accompagner d'une


absorption du ciel gazeux. Ce phénomène a en outre tendance à s'accentuer avec la vitesse de
rotation. Pour lutter contre la formation d'un vortex, il faut l'entraver par des moyens
mécaniques : mobile désaxé ou incliné (Figure 8-a), croisillon (Figure 8-b), ou chicanes
(Figure 8-c) également appelées contre-pales.

Figure 8 : Dispositifs anti- vortex


2. ASPECTS QUANTITATIFS
La Figure 9 précise les paramètres géométriques caractéristiques d'une cuve agitée. Ces
dernières peuvent être très variables. Néanmoins, afin de faciliter la comparaison des
différents travaux réalisés dans le domaine, la plupart des études adoptent une géométrie
standard

Figure 9 : Paramètres géométriques d’une cuve agitée

- dA = dT/3 = ZA

- ZL = dT ,

- Chicanes de largeur dT/10 pouvant être collées à la paroi ou espacées de dT/50.

2.1. Analyse dimensionnelle

Afin de dégager les nombres adimensionnels caractéristiques, on effectue l'analyse


dimensionnelle du problème. Les paramètres à prendre en compte sont :
2.2 Nombre de Reynolds et régime d’écoulement
Selon sa définition habituelle, le nombre de Reynolds est le rapport des forces d'inertie et de

viscosité. Le nombre de Reynolds d’agitation est définit par


et permet de distinguer trois régimes :
- laminaire : Re<10 ; le système est gouverné par les forces visqueuses, il n'y a pas de
turbulence et le mélange est moléculaire. Le régime laminaire se poursuit au-delà de Re = 10
pour certains mobiles "tangentiels".
- Intermédiaire : 10<Re<104 (mobile à refoulement radial) ou 10<Re<105 (mobile à
refoulement axial)
- Pleinement turbulent : Re>104 (mobile à refoulement radial) ou Re>105 (mobile à
refoulement axial) ; le système est gouverné par les forces d'inertie, la viscosité n'a que
très peu d'influence sur les phénomènes macroscopiques que sont la puissance
consommée, le débit de circulation, ou encore l'échelle de macromélange.
Le plus souvent, le régime est turbulent, sauf dans le cas des fluides très visqueux pour
lesquels l’agitation est presque toujours réalisée en régime laminaire.

2.3 Nombre de Froude

Le nombre de Froude compare la force d'inertie et la force de


gravité. Il peut également être considéré comme le rapport des accélérations centrifuge
et de pesanteur. Le nombre de Froude est utilisé dans l’étude des phénomènes à
surface libre. La formation d’un vortex est associée à un nombre de Froude élevé. En
présence de chicanes (ou d’un autre dispositif anti vortex), le nombre de Froude n’a
pas d’impact.

Remarque

2.4. Puissance dissipée, Nombre de puissance


Le nombre de puissance est le nombre adimensionnel caractérisant la puissance, qui peut être
vu comme un coefficient de traînée du mobile d’agitation.
La courbe de puissance trace le nombre de puissance en fonction du nombre de Reynolds.
Obtenue expérimentalement, elle caractérise le système cuve-agitateur. La présence de
chicanes augmente la puissance consommée, comme illustré sur la Figure 10

Figure 10 : Allure des courbes NP vs Re

On remarque que :
- En régime laminaire, Re < 10 on a Np ꚙ 1/Re , ou encore P ꚙ µ. N2. dA3.
- En régime turbulent, Re > 104 on a NP = constante Np0 , ou encore P ꚙ ρ.N2 . dA5.
- L’effet du vortex n’apparait que pour Re > 300
On trouve dans la littérature (comme par exemple sur la Figure 11), ou auprès des
fournisseurs de mobiles, les valeurs de NP0 pour chaque mobile, ainsi que des
recommandations sur les proportions de la cuve.
Figure 11 Nombre de puissance de quelques mobiles d’agitzation en fonction de nombre
de Reynolds
Exercice1

2.5 Débit et nombre de pompage

Figure 12 Débit de pompage


Figure 13 : Débit de circulation

2.6 Taux de cisaillement (gradient de vitesse)

Le cisaillement est provoqué par la variation spatiale des vitesses moyennes ; le taux de
cisaillement, ou vitesse de cisaillement, a la dimension d’un gradient de vitesse.
- Pour les fluides newtoniens, en régime laminaire, la vitesse moyenne de cisaillement (ou
taux de cisaillement moyen) est proportionnelle à la vitesse d'agitation N ; le coefficient
de proportionnalité dépend du type de mobile : il est de l'ordre de 10 pour les mobiles axiaux
et radiaux, et peut atteindre 50 voire 100 pour les mobiles tangentiels. En régime turbulent,
bien que localement les choses soient plus complexes, la proportionnalité entre vitesse
moyenne de cisaillement et vitesse d'agitation reste valable. On peut également s’intéresser au
taux de cisaillement maximal, lui aussi proportionnel à N.
La Figure 14 illustre les effets possibles des gradients de vitesse sur un objet (ici un haricot
vert) : orientation préférentielle ou rupture. Le cisaillement favorise la dispersion de bulles ou
de gouttes, et la rupture des solides.

Figure 14 : Comportement du haricot vert selon le champ de vitesse.

2.7 Allure des écoulements en cuve agitée : importance des échelles locales

Les grandeurs évoquées précédemment sont des grandeurs globales. Or l’écoulement dans
une cuve agitée possède une structure tridimensionnelle hétérogène, et est souvent turbulent.
Il en résulte des profils de vitesse, de cisaillement, d’intensité turbulente, de concentrations,
de température, etc. L’analyse locale de l’écoulement dans une cuve agitée permet d’identifier
la structure de l’écoulement, les éventuelles zones mortes, les zones de cisaillement
(généralement au voisinage du mobile).
Les éléments de fluide ou les inclusions (particules, bulles, gouttes, micro-organismes…)
présents dans les différentes zones de la cuve ne sont donc pas à un instant donné exposés aux
mêmes grandeurs locales, qui peuvent être déterminantes pour le procédé. Il peut être
important de comparer les dimensions et les temps caractéristiques des structures
hydrodynamiques à ceux du procédé : les hétérogénéités de concentration vont-elles avoir un
impact sur la cinétique réactionnelle ou sur l’activité des micro-organismes ? A quelles
échelles de la turbulence les inclusions sont-elles soumises ? En fonction des objectifs et des
contraintes inhérents au procédé, certaines considérations sur ces aspects locaux doivent donc
venir compléter l’étude globale de la cuve agitée.
La Figure 15 et la Figure 16 montrent les résultats de simulations effectuées à l'aide du code
de mécanique des fluides numérique Fluent dans une cuve agitée munie d'un mobile axial
(Figure 15-a & Figure 16-a) ou d'un mobile radial (Figure 15-b & Figure 16-b).

Figure 15 : Cartes de vitesse [m/s] simulées à l'aide du code commercial Fluent.


Figure 29 : Cartes d'énergie cinétique de turbulence [m2 s-2] simulées à l'aide du code
commercial Fluent.
La turbulence correspond à des fluctuations locales des vitesses. L’énergie cinétique de
turbulence est l’énergie cinétique correspondant à ces fluctuations. La turbulence favorise le
mélange aux petites échelles, elle provoque également du cisaillement.

3. EXTRAPOLATION
L'extrapolation de l'opération d'agitation n'est pas un problème tout à fait résolu : il dépend
largement de l'application.

3.1.Similitudes

Rappelons tout d'abord la notion de similitude :


✓ similitude géométrique, c'est la conservation des rapports des dimensions du système ;
✓ similitude dynamique, c'est la conservation des rapports des forces (soit globalement la
conservation des nombres adimensionnels) ;
✓ similitude cinématique, c'est la conservation des rapports des vitesses en des points
homologues ;
✓ similitude chimique, c'est la conservation des concentrations en des points homologues ;
✓ similitude thermique, c'est la conservation des températures en des points homologues.

3.2."règles" élémentaires d'extrapolation


Malgré les restrictions évoquées en introduction, deux méthodes d'extrapolation sont
régulièrement utilisées :
4. ÉLÉMENTS DE CHOIX DE MOBILE

On se propose dans cette partie de donner des critères très généraux (et donc très grossiers)
de choix de mobile d'agitation en fonction de l'application. Selon l'opération effectuée, des
effets différents seront à rechercher. En particulier, on distingue deux objectifs : le pompage
(ou la circulation) d’une part, la turbulence (en lien avec le cisaillement) d’autre part.
La Figure 17 schématise la répartition de ces deux aspects pour quelques mobiles d’agitation.
Figure 30 : Proportion entre débit de pompage et turbulence suivant le mobile
d'agitation.

4.1. Homogénéisation

Lors d'une opération d'homogénéisation en régime turbulent, on cherche à obtenir un très bon
débit de pompage, et par conséquent un faible cisaillement et une faible puissance ; les
mobiles adaptés seront alors l'hélice marine, l'hélice profilée et l'hélice à pales inclinées (de
grand diamètre). Pour l'homogénéisation d'un fluide visqueux (µ > 10 Pa s), une bonne
circulation et un cisaillement moyen seront recherchés, par conséquent une puissance
moyenne ; la vis et le ruban hélicoïdal étant alors les mobiles les mieux adaptés. Enfin pour
l'homogénéisation avec réaction chimique, une circulation correcte et un cisaillement élevé
seront nécessaires, soit une puissance importante ; ce seront alors la turbine de Rushton, les
hélices profilées et à pales inclinées qui seront les mieux adaptées.

4.2. Suspension de particules


Pour effectuer des opérations en suspension solides, il faut un très bon pompage et un
cisaillement modéré, donc une puissance moyenne ; les hélices profilées, à double-flux ou à
pales inclinées donneront les meilleurs résultats. Lorsque le transfert de matière est limitant, il
pourra être nécessaire d'augmenter la puissance et de passer à des turbines. Enfin pour
l'incorporation de poudre, un fort cisaillement sera nécessaire ; les mobiles radiaux, les cônes
et turbines à rotor permettront de réaliser ces opérations.
4.3. Dispersion de fluides
Pour la dispersion gaz/liquide ou la dispersion temporaire liquide/liquide, il faut un fort
cisaillement et une circulation correcte, par conséquent une puissance importante ; les turbines
et les cônes seront les plus adaptés. Pour les dispersions liquide/liquide stables, un très fort
cisaillement sera nécessaire ; ceci sera obtenu avec de petits mobiles tels que les cônes, les
turbines à rotor ou les turbo-mélangeurs. Dans le cas de cuves de faibles dimensions pour la
dispersion gaz/liquide, on pourra se contenter d'hélices profilées ou à double-flux, ou de
turbines à pales droites.

5. COMPLÉMENTS
Cuve à fond profilé pour la mise en suspension de particules

6. Effet de la configuration sur la consommation de puissance

6.1 Effet du diamètre et de la position pour un mobile axial :


6.2 Effet du diamètre et de la position pour un mobile radial :
Savoirs :

Savoir-faire :

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