Dictionnaire Etymologique de L Espagnol
Dictionnaire Etymologique de L Espagnol
Dictionnaire Etymologique de L Espagnol
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE
DE L’ESPAGNOL
525 PAGES
Michel Bénaben
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INTRODUCTION
Nous pensons qu’il était utile de rééditer ce dictionnaire étymologique de l’espagnol sur
un support numérique. Il s’adresse en premier lieu aux étudiants hispanistes de nos universités
depuis la phase initiale jusqu’à la préparation des concours (CAPES / Agrégation). Complément
utile aux dictionnaires bilingues ou unilingues, son but est d’expliquer l’évolution du sens des
mots des origines à nos jours.
L’auteur a essayé de décrire les principaux mécanismes sémantiques (extension, restric-
tion de sens, métaphore, métonymie, étymologie populaire etc.) qui conduisent aux changements
de sens.
L’objet de ce dictionnaire est le vocabulaire de l’espagnol moderne. Les mots disparus ne
sont étudiés que lorsqu’ils apportent un éclairage utile sur la suite de l’évolution. Les termes ou les
néologismes les plus récents sont recensés de même que les anglicismes et autres emprunts les plus
couramment utilisés.
Comme ce dictionnaire s’adresse en priorité à un public d’étudiants français, nous avons
jugé bon, chaque fois que cela était utile, de faire quelques incursions dans le lexique français.
Nous avons surtout privilégié l’évolution du sens des mots plutôt que leur datation, ce
n’est donc pas un dictionnaire historique à proprement parler même si quelques repères chronolo-
giques sont parfois indispensables.
Tous les mots sont classés par ordre alphabétique y compris certains éléments non auto-
nomes comme les préfixes ou préverbes (re- ; hiper- etc.). Chaque mot espagnol est traduit en
français avec la plupart de ses acceptions même les plus familières ou argotiques. Certains termes
ont parfois une polysémie assez déroutante, les explications sémantiques qui suivent essaient de
mettre en lumière les liens qui s’établissent entre les diverses acceptions. Nous avons introduit
également quelques expressions plus ou moins lexicalisées qui servent d’exemple pour le mot
expliqué (à invernadero, on trouvera efecto invernadero ‘effet de serre’).
Dans la partie précédée de la mention ‘Dérivés’, sont traités (par ordre alphabétique) les
dérivés et les composés directement formés à partir du mot espagnol dont on vient d’étudier
l’origine mais aussi les mots issus d’une même base latine ou grecque. Ainsi, le lecteur ne devra-t-
il pas s’étonner de trouver proxeneta traité à l’article xenofobia car les deux mots sont formés sur
le grec xenos ‘hôte’. Ce type de présentation se rapproche un peu de celui que Jacqueline Picoche
avait adopté dans son Dictionnaire étymologique du français (voir les références dans la bibliogra-
phie). Cette présentation a l’intérêt de mieux faire apparaître les structures étymologiques d’une
langue c’est-à-dire les liens de parenté existant entre les mots.
Les termes dits grammaticaux (démonstratifs, prépositions etc.) sont également traités
dans ce dictionnaire mais nous renvoyons le lecteur à des ouvrages plus spécialisés en linguistique
ou en grammaire de l’espagnol pour de plus amples renseignements. A cet effet, une bibliographie
est proposée à la fin de l’ouvrage.
Comme la paléontologie, l’étymologie doit parfois se contenter d’indices très minces. Les
étymons reconstitués et appelés conjecturaux sont précédés par convention d’un astérisque. Tous
les étymons, qu’ils soient latins ou empruntés à d’autres langues, sont en italiques. Les mots appar-
tenant à l’espagnol moderne sont en caractères gras. Le grec, l’arabe, le russe etc. sont transcrits en
lettres latines.
Les étymons latins sont donnés sous la forme du nominatif (parfois suivi du génitif), c’est
la pratique habituelle adoptée par les dictionnaires étymologiques. On sait cependant que la quasi-
totalité des mots issus du latin proviennent du cas accusatif. Le latin vulgaire ou populaire corres-
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pond à la langue parlée par opposition à la langue écrite. Les principales étapes de l’histoire du
latin sont : le latin archaïque (du IIIe au Ier siècle avant J.-C.), le latin classique (du Ier siècle jus-
qu’à la mort d’Auguste, 14 avant J.-C.), le latin post-classique ou impérial (Ier et IIe siècles après
J.-C.), le bas latin ou latin tardif (IIIe-Ve siècles après J.-C.). On entend par ‘latin chrétien’ un en-
semble de mots apparaissant dans des textes d’auteurs chrétiens (IIIe-VIe siècles après J.-C.) et
dont le sens va infléchir celui du mot latin primitif. Par exemple, conventus signifie en latin ‘as-
semblée, réunion’. En ‘latin chrétien’, il prendra le sens plus spécialisé de ‘couvent, assemblée de
moines’. Le latin médiéval s’étend du Ve siècle jusqu’à la Renaissance. Enfin, le latin moderne ou
scientifique correspond aux XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles : il s’agit de termes forgés par les
diverses sciences à partir de mots ou d’éléments tirés du latin (par exemple, aspirina ou insulina).
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der avec attention, considérer’ d’où ‘honorer, ACEPTAR (‘accepter’), emprunté au latin accep-
respecter’. tare, forme fréquentative de accipere ‘recevoir
Dérivés : ACATAMIENTO ‘obéissance’, ‘sou- fréquemment des invités’ d’où le sens de ‘re-
mission’. DESACATAR ‘manquer de respect à’. cevoir’ et de ‘consentir à’. Accipere est com-
DESACATO ‘désobéissance’, ‘insolence’ (desa- posé de ad et de capere ‘prendre’ (français
cato al tribunal / a un magistrado ‘outrage à captif et capture).
magistrat’). Dérivés : ACEPTACIÓN ‘acceptation’, ‘appro-
ACATARRARSE, voir catarro. bation’ (latin chrétien acceptatio).
ACCEDER (‘accéder’), est emprunté au latin ACEQUIA (‘canal d’irrigation’), de l’arabe al
accedere ‘s’approcher de’, ‘avoir accès à’, ‘ar- sâqiya de même sens.
river dans un endroit’. Composé de ad ‘vers’ ACERA (‘trottoir’), est d’abord attesté sous la
et de cedere ‘aller, marcher, arriver’. forme facera dérivée de faz ‘visage, face’, du
Dérivés : ACCÉSIT provient de la formule la- latin facies. Facera désigna d’abord une faça-
tine accessit proxime ‘il s’est approché le plus de puis les rangées de maisons qui se trouvent
près (du prix)’ d’où le sens de récompense ac- de chaque côté de la rue et enfin le trottoir lui-
cordée à celui qui, sans avoir obtenu de prix, même.
s’en est approché. ACCESO, du latin accessus, ACERADO, voir acero.
participe passé de accedere avec les sens sui- ACERBO (‘aigre, âpre’, ‘acerbe’), emprunté au
vants : ‘arrivée, approche’ ; ‘possibilité latin acerbus ‘aigre, piquant’ puis en bas latin
d’approcher qqn’ ; ‘accès, attaque d’une ma- ‘agressif, dur’ au sens figuré.
ladie’. ACERCA, voir cerca.
ACCIDENTE (‘accident’), emprunté au latin ACERCAR, voir cerca.
accidens ‘arrivant, survenant’, participe pré- ACERO (‘acier’), issu du bas latin aciarum,
sent du verbe accidere ‘tomber sur’ et ‘arriver dérivé de acies ‘pointe d’une arme’. Par une
par hasard’. Formé de ad ‘vers’ et de cadere sorte de métonymie, le nom de la pointe de
‘tomber’ (espagnol caer ; français choir). l’arme a fini par désigner le métal qui a servi à
ACCIÓN, voir acto. la fabriquer. La pointe doit être plus dure que
ACECHAR (‘guetter, observer’), du latin assecta- le reste de l’arme : l’acier est donc un alliage
ri (ou adsectari) fréquentatif du verbe dépo- plus résistant que le fer.
nent adsequi ‘suivre partout constamment’ (ad Dérivés : ACERADO ‘acéré, aigu’.
+ sequor). ACERTAR, voir cierto.
ACEITE (‘huile’), de l’arabe al zeit. L’espagnol a ACERTIJO, voir cierto.
emprunté ce mot à l’arabe pour résoudre un ACIAGO (‘funeste, malheureux’), issu du latin
problème d’homonymie. En effet, le mot ocu- aegyptiacus ‘égyptien’, adjectif appliqué à
lum ‘œil’ a donné oclo puis ojo . Le mot certains jours de l’année considérés comme
oleum ‘huile’ aurait dû aboutir au même résul- funestes (voir l’histoire religieuse : les Hé-
tat (*ojo) si on avait laissé agir l’évolution breux en Égypte).
phonétique. L’espagnol a refusé cette homo- ACICALAR (‘fourbir une arme’, ‘parer, orner’),
nymie et a emprunté un mot de substitution à de l’arabe al sáqal ‘polir’.
l’arabe. Voir olivo. ACICATE (‘éperon’, ‘aiguillon, stimulant’), de
Dérivés : ACEITUNA ‘olive’ (arabe al zeituna). l’arabe al sikkât ‘poinçon’.
ACELERAR, voir celeridad. ÁCIDO (‘acide’), est emprunté au latin acidus
ACENDRAR (‘épurer, purifier’, ‘affiner l’or, dérivé du verbe acere ‘être aigre’ apparenté à
l’argent’). Évolution résumée : Latin cinis acer ‘pointu, perçant’.
(‘cendre’) → catalan cendra (attesté au XIIIe Dérivés : ACIDEZ ‘acidité’ (latin aciditas).
siècle) → vieil espagnol cendra (XVe siècle, ACIERTO, voir cierto.
mot désignant un mélange de cendre et d’os ACIMUT (‘azimut’), de l’arabe sumut, pluriel de
destiné à affiner les métaux précieux) → cen- al samt ‘droit chemin’, ‘pointe de l’horizon’.
drar et acendrar (XVIe). En français, azimut est venu par l’espagnol
ACENTO (‘accent’), emprunté au latin accentus acimut.
‘intonation’, dérivé de accinere (ad + canere, ACLAMAR, voir llamar.
‘chanter’). ACLARAR, voir claro.
Dérivés : ACENTUAR ‘accentuer’. ACLIMATAR, voir clima.
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ACNÉ (‘acné’) est issu du latin acne ‘couperose’. (XVe) / acoso (XXe). L’ajout de la préposition
ACOBARDAR, voir cobarde. a, qui implique une notion de mouvement,
ACODADO, voir codo. permet de préciser et de renforcer l’idée de
ACODAR, voir codo. poursuite ou de persécution. Espagnol et fran-
ACOGER, voir coger. çais modernes : acoso sexual ‘harcèlement
ACOJONAR, voir cojón. sexuel’.
ACOLCHAR, voir colcha. ACOSTAR, voir costa et costilla.
ACÓLITO (‘acolyte’), est emprunté au latin ACOSTUMBRAR, voir costumbre.
chrétien acoluthus lui-même issu du grec ako- ACOTACIÓN, voir cota.
louthos ‘qui accompagne, qui aide’, formé de ACOTAR, voir cota.
a ‘avec’ et de keleuthos ‘chemin’ → ‘qui suit ACRE, voir agrio.
le même chemin’. ACRECENTAR, voir crecer.
ACOMETER, voir meter. ACRECER, voir crecer.
ACOMETIDA, voir meter. ACREDITAR, voir creer.
ACOMODAR, voir cómodo. ACRIBILLAR (‘cribler’ [au sens propre et figu-
ACOMPAÑAR, voir compañero. ré]). Bas latin criblum (‘tamis, crible’) → cri-
ACOMPASADO, voir compás et paso. bellum (diminutif de criblum) → cribellare
ACOMPASAR, voir compás et paso. ‘passer au tamis’.
ACOMPLEJAR, voir complejo. ACRIMONIA, voir agrio.
ACONCHABARSE, voir conchabarse. ACRÓBATA (‘acrobate’), emprunt savant et
ACONDICIONAR, voir condición. tardif (XIXe siècle) au français acrobate lui-
ACONGOJAR, voir congoja. même issu du grec akrobatês, du verbe akro-
ACONSEJAR, voir consejo. batein ‘marcher sur la pointe des pieds’ formé
ACONTECER (‘arriver, se produire’). Évolution de akros ‘élevé, extrême’ et de batein ‘mar-
schématisée : latin classique contingere (‘tou- cher’.
cher, atteindre’ ; ‘être en rapport avec’ ; ‘arri- ACTA, voir acto.
ver par hasard, se produire’) → latin vulgaire ACTITUD (‘attitude’), est emprunté à l’italien
contigere → vieil espagnol contir → contecer attitudine, terme classique de peinture (‘pos-
/ acontecer. ture, pose’), lui-même emprunté au latin popu-
ACORDAR (‘se mettre d’accord’, ‘résoudre, laire actitudo dérivé de actitare fréquentatif de
décider’, ‘accorder des instruments’), issu agere ‘faire souvent telle ou telle chose’. Le
d’une forme de latin parlé accordare composé mot, d’abord spécialisé dans les arts plas-
de ad ‘vers’ et de cor, cordis ‘coeur’. Ce verbe tiques, est ensuite passé à l’usage général et
a été formé d’après concordare ‘être courant (au figuré ‘disposition mentale’).
d’accord’, ‘mettre d’accord’ et discordare ACTO (‘acte’), est issu du latin actus dérivé du
‘être en désaccord’ par analogie de construc- verbe agere ‘faire, agir’.
tion avec des ensembles préexistants : con-, Dérivés : ACCIÓN ‘action’. ACCIONAR ‘faire
dis-et ad- : par exemple contendere / disten- marcher, actionner’. ACTA, neutre pluriel de
dere et attendere. L’acception ‘accorder des actum, participe passé substantivé de agere,
instruments’ vient d’un croisement avec le signifie ‘les choses faites’. Aires d’emploi de
mot chorda ‘corde d’un instrument de mu- acta (vocabulaire juridique, administratif) :
sique’. acta notarial ‘acte notarié’, acta adicional
ACORDARSE, voir recordar. ‘avenant à une police d’assurance’, acta de
ACORDEÓN (‘accordéon’), est emprunté au acusación ‘acte d’accusation’, acta de peri-
français accordéon, instrument inventé en Al- taje ‘compte rendu d’expertise’, levantar acta
lemagne par Damian (1829) et qui le nomma ‘dresser procès-verbal’. REACCIÓN ‘réaction’,
Akkordion, mot dérivé de Akkord ‘accord mu- formé avec re- indiquant une action en retour.
sical’. REACCIONAR ‘réagir’. REACTIVACIÓN ‘re-
ACORRALAR, voir corral. prise’, ‘relance’ (en économie). REACTOR
ACORTAR, voir corto. ‘réacteur’, formé avec le préfixe re- qui in-
ACOSAR (‘poursuivre, harceler’). Latin currere dique un mouvement en arrière. Un réacteur
(‘courir’) → cursus (‘course’) → cosso (en d’avion utilise un système de propulsion par
vieil espagnol ; moderne curso) → acosar
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gaz rejetés sous très forte pression vers ACHISPADO, voir chispa.
l’arrière de l’appareil. ACHULADO, voir chulo.
ACTOR (‘acteur’), du latin actor ‘celui qui agit’ ADAGIO (1) (‘adage’) est issu du latin adagium
dérivé de agere ‘faire, agir’. synonyme de proverbium ‘proverbe’. Ce mot
e
ACUARELA (‘aquarelle’), emprunté au XIX pourrait provenir du verbe défectif aio ‘je dis’.
siècle à l’italien acquarella ‘couleurs diluées ADAGIO (2) (‘adagio’), est emprunté à l’italien
dans l’eau’. Mot formé à partir de acqua, du adagio, formé de ad et de agio ‘aise’ → ‘à son
latin aqua ‘eau’. aise’, ‘doucement’.
ACUARIO, voir agua. ADAPTAR, voir apto.
ACUCIAR (‘presser, hâter, harceler’), dérivé de ADARVE (‘chemin de ronde’), de l’arabe al darb
acucia ‘diligence, empressement’, emprunté ‘chemin de montagne’.
au bas latin acutia lui-même dérivé de acutus ADECUADO, voir igual.
‘pointu, aigu’ mot de la même famille que ADECUAR, voir igual.
acus / acucula (espagnol aguja ; français ai- ADEFESIO (‘personne ridicule’, ‘extravagance’,
guille). ‘tenue ridicule’), provient de l’ancienne ex-
ACUCHILLAR, voir cuchillo. pression hablar ad Efesios, littéralement ‘par-
ACUDIR (‘venir’, ‘venir en aide’, ‘recourir’, ler aux habitants d’Éphèse’ c’est-à-dire ‘parler
‘s’adresser à’). Latin quatere (‘secouer, agi- inutilement’. L’expression latine ad Ephesios
ter’) → (dérivé) recutere (‘repousser’, ‘faire est tirée de l’une des épîtres de Saint Paul où il
rebondir’ et aussi ‘recourir’, voir plus bas) → se plaignait de l’inutilité de la prédication dans
vieil espagnol recudir (‘recourir à qqn’, ‘ac- cette ville d’Asie mineure.
courir’) → acudir. Le changement de préfixe ADELANTAR, voir delante.
(re- → a-) s’explique par une meilleure adé- ADELANTE, voir delante.
quation au sens (ad = ‘vers’, ‘courir vers’), re- ADELANTO, voir delante.
impliquant la répétition. Le verbe latin recu- ADELGAZAR, voir delgado.
tere a fini par acquérir le sens de recurrere ADEMÁN (‘geste’), est d’origine inconnue.
‘recourir’ en grande partie à cause de la confu- ADEMÁS, voir más.
sion phonétique qui s’est produite entre les ADENTRARSE, voir dentro.
deux participes passés : recussus (de recutere) ADENTRO, voir dentro.
‘rebondissement, choc’ et recursus (de recur- ADEPTO (‘partisan, adepte’), vient de adeptus
rere) ‘retour en courant’. (latin des alchimistes), participe de adispiscor
ACUMULAR, voir cúmulo. ‘j’atteins’ et signifiant ‘ayant atteint’, ‘ayant
ACUÑAR, voir cuño. acquis’. Ce mot s’appliquait à l’alchimiste sur
ACUPUNTURA, voir aguja. la voie d’une découverte majeure. La valeur
ACUSAR (‘accuser’), vient du latin accusare, de moderne (‘partisan’) se répand au XIXe siècle
ad ‘vers’ et causa ‘cause’ et ‘procès’. Le sans doute d’après l’anglais adept.
verbe latin appartient d’abord au vocabulaire ADEREZAR (‘parer, orner’, ‘préparer, accommo-
juridique car causa exprime l’idée de procès. der, apprêter’). Latin dirigere (‘mettre en ligne
Ce sens est toujours actuel en espagnol et en droite, aligner’, ‘régler, disposer, ordonner’)
français : instruir una causa ‘instruire une af- → latin vulgaire directiare → vieil espagnol
faire’ ; gagner une cause, plaider sa cause, derezar → aderezar.
obtenir gain de cause. Dérivés : ENDEREZAR ‘redresser’.
Dérivés : EXCUSAR ‘excuser’ avec le préfixe ADEUDAR, voir deuda.
privatif ex exprimant éloignement c’est-à-dire ADHERIR (‘adhérer’), est emprunté au latin
‘enlever la cause de l’accusation’. adhaere, de ad ‘vers’ et haere ‘être attaché’
ACÚSTICO (‘acoustique’), est emprunté au grec avec changement de conjugaison.
akoustikos ‘de l’ouïe’, dérivé du verbe ADICCIÓN, voir adicto.
akouein ‘entendre’. ADICIÓN (‘addition’), est emprunté au latin
ACHACAR (‘imputer, attribuer’), vient de l’arabe additio, de addere ‘ajouter’, ‘placer auprès
atsakka ‘accuser’. de’, formé avec ad et dare ‘donner’.
Dérivés : ACHAQUE ‘malaise, maladie’, ‘pré- ADICTO (‘attaché, fidèle, dévoué’ ; ‘intoxiqué’),
texte’, de l’arabe al saka ‘maladie’. est issu du latin addictus ‘esclave pour dette’,
ACHICAR, voir chico. participe substantivé de addicere ‘adjuger
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dans une enchère’, ‘vouer, abandonner, dé- → ‘avec / sur le conseil de’. Ces deux mots
dier’ formé sur dicere ‘dire’. auraient été ensuite latinisés en *atrede > es-
Dérivés modernes : ADICCIÓN ‘dépendance’ et pagnol adrede.
‘addiction’, néologisme de plus en plus répan- ADRENALINA, voir riñón.
du en français. ADICTO ‘dépendant de la ADUANA (‘douane’), emprunté à l’arabe al diwan
drogue, drogué’. ‘registre, salle de réunion’, puis ‘bureau de
ADIESTRAR, voir diestro. douane’ lui-même issu du persan diwan, déri-
ADINERADO, voir dinero. vé de dibir ‘écrivain, scribe’.
ADIÓS, voir Dios. ADUCIR (‘alléguer’), du latin adducere ‘conduire
ADIVINANZA, voir Dios. vers, mener à’, dérivé de ducere ‘conduire’.
ADIVINAR, voir Dios. ADUEÑARSE, voir dueño.
ADIVINO, voir Dios. ADULAR (‘flatter, aduler’), emprunté au latin
ADJETIVO (‘adjectif’), est emprunté au latin adulari ‘flatter, caresser (les animaux)’ puis
tardif et didactique adjectivum (sous-entendu appliqué aux personnes. Adulari est d’origine
nomen) = ‘nom qui s’ajoute’. De adjicere non élucidée.
‘ajouter’, formé de ad et de jacere ‘lancer, je- ADULTERAR (‘falsifier, frelater’ et ‘commettre
ter’. un adultère’), emprunté au latin adulterare
ADJUDICAR, voir juez. composé avec alterare ‘altérer’. Vino adulte-
ADJUNTAR, voir junto. rado ‘vin frelaté’.
ADMINISTRACIÓN, voir menester. Dérivés : ADULTERIO (‘adultère’, l’acte lui-
ADMINISTRAR, voir menester. même) du latin adulterium. Commettre
ADMIRAR, voir mirar. l’adultère c’est ‘altérer’, rompre le contrat qui
ADMITIR, voir meter. lie les époux. ADÚLTERO (‘adultère’, la per-
ADOBAR (‘apprêter, disposer, préparer, agrémen- sonne qui le commet), du latin adulter.
ter’), provient de l’ancien français adouber ADULTO (‘adulte’), est emprunté au latin adultus
‘armer / équiper un chevalier’ lui-même issu ‘qui a grandi’, ‘qui a atteint l’âge d’homme’,
du francique dubban ‘frapper’ parce qu’on participe passé de adolescere ‘grandir’. Le
frappait le chevalier du plat de l’épée en participe présent de adolescere (adulescens
l’armant. ‘grandissant’) a donné adolescente.
ADOBE (‘brique d’argile crue’), de l’arabe al tûb ADUSTO (‘sévère, austère’ ; ‘brûlé, torride’), est
de même sens. emprunté au latin adustus participe passé de
ADOLECER, voir dolor. adurere, ‘brûler à la surface, brûler légère-
ADOLESCENTE (‘adolescent’), emprunté au latin ment’. Le passage au sens figuré s’explique
adolescens ‘homme jeune’, participe présent facilement : cara adusta : ‘visage sévère, aus-
de adolescere ‘grandir’, verbe d’origine incer- tère’, comme s’il était ‘brûlé’.
taine. ADVENEDIZO, voir venir.
ADONDE, voir donde. ADVENIR, voir venir.
ADONDEQUIERA, voir donde. ADVERBIO, voir verbo.
ADOPTAR, voir optar. ADVERSARIO, voir verter.
ADOQUÍN (‘pavé’), de l’arabe al dukkîn ‘banc en ADVERSATIVO, voir verter.
pierre’. ADVERSIDAD, voir verter.
ADORAR, voir orar. ADVERSO, voir verter.
ADORMECER, voir dormir. ADVERTENCIA, voir verter.
ADORMIDERA, voir dormir. ADVERTIR, voir verter.
ADORNAR, voir ornar. AERACIÓN, voir aire.
ADOSAR, voir dorso. AÉREO, voir aire.
ADQUIRIR (‘acquérir’), est emprunté au latin AFABLE (‘affable’), emprunté au latin affabilis
acquirere ‘ajouter à ce qu’on a, obtenir en ‘avec qui on peut parler’, ‘d’un abord aisé’.
plus’, dérivé lui-même de quaerere ‘chercher Du verbe affari ‘parler à qqn’, composé de ad
à’. ‘à’ et de fari ‘parler’.
ADREDE (‘exprès, à dessein’), est d’origine très AFÁN, voir afanar(se).
incertaine. Peut-être du gotique at red, formé AFANAR(SE) (‘se donner de la peine, s’efforcer
de la préposition at ‘avec’ et de red ‘conseil’ de’), du latin vulgaire affannare, d’origine in-
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AGLOMERAR (‘agglomérer’), est emprunté très agriar (‘aigrir’, latin vulgaire acriare). En la-
tardivement (fin du XVIIIe siècle) au latin ag- tin, acer signifiait ‘aigu, pointu, perçant, âpre,
glomerare, composé de glomus ‘pelote, boule’ pénétrant’ et ‘violent, fougueux’. Ce mot a fini
forme proche de globus (français globe ; espa- par prendre le sens de ‘piquant au goût’ déjà
gnol globo ‘globe’ et ‘ballon’). signifié par acidus.
AGNÓSTICO, voir gnóstico. Dérivés : ACRE ‘âcre’, ‘aigre, mordant’.
AGOBIAR (‘courber, écraser’ ; ‘épuiser, acca- ACRIMONIA ‘acrimonie’ (latin acrimonia
bler’). Évolution schématisée : latin impérial ‘âcreté des humeurs’ et ‘mauvais caractère’).
gibbus ‘bosse, grosseur’ → latin vulgaire gub- AGRO (‘campagne’, ‘agriculture’), du latin ager,
bus → dérivé espagnol agobiar / agobiado agri ‘champ’.
avec d’abord le sens de ‘voûté’, ‘qui a le dos Dérivés : AGRARIO ‘agraire’. AGRICULTURA
courbé’ d’où le sens d’ « épuiser, accabler ». ‘agriculture’ (latin agricultura, mot obtenu par
AGOLPAR(SE), voir golpe. composition).
AGONÍA (‘agonie’), emprunté au latin chrétien AGRUPAR, voir grupo.
agonia ‘angoisse’, du grec agônia ‘lutte, exer- AGUA (‘eau’), du latin aqua, l’eau comme élé-
cice’ puis ‘angoisse’, dérivé de agôn ‘assem- ment, opposé à unda l’eau en mouvement (es-
blée’, ‘assemblée de jeux, lutte, exercice’. pagnol onda, français onde).
AGOSTO (‘août’), du latin populaire agustus, Dérivés : ACUARIO, ‘aquarium’ du latin aqua-
altération de augustus ‘mois d’Auguste’, nom rium ‘réservoir’, ‘évier’.
donné au 6e mois de l’ancienne année romaine AGUACATE (‘avocat’, [fruit exotique]), est
(sextilis mensis) en l’honneur de l’empereur emprunté au nahuatl (langue des Aztèques)
Auguste. Ce patronyme signifie littéralement auacatl. L’espagnol avait adapté aussi ce mot
‘promis au succès par les dieux’ (voir agüe- indien sous la forme avocado qui a donné le
ro). français avocat.
AGOTAR (‘vider’ ; ‘épuiser’), du latin vulgaire AGUANTAR (‘endurer, supporter’), de l’italien
eguttare ‘débarrasser qqch d’un liquide en le agguantare ‘prendre, saisir’ ; ‘résister’ lui-
laissant s’écouler goutte à goutte’ (‘égoutter’), même dérivé de guanto ‘gant’. L’idée
dérivé de gutta ‘goutte’ et au sens figuré ‘pe- d’endurer provient du fait que l’italien guanto,
tite partie’ (français ‘on n’y voit goutte’). le français gant et l’espagnol guante ont
AGRADAR, voir grado (2). d’abord désigné la pièce de l’armure couvrant
AGRADECER, voir grado (2). et protégeant la main (‘gantelet’).
AGRADO, voir grado (2). AGUARDAR, voir guardar.
AGRANDAR, voir grande. AGUDO (‘aigu, coupant’ ; ‘spirituel’), du latin
AGRARIO, voir agro. acutus ‘coupant, tranchant’ et ‘d’esprit péné-
AGRAVAR, voir grave. trant’. Acutus est un dérivé de acus ‘aiguille’
AGRAVIAR, voir grave. (voir acucula > aguja en espagnol), de la
AGRAVIO, voir grave. même famille que acer (‘pointe dure d’une
AGREDIR (‘attaquer, agresser’), est emprunté arme’ → ‘acier’). Acutus est le participe de
tardivement (XIXe siècle) au latin aggredi ‘at- acuere ‘aiguiser’.
taquer’, de ad ‘vers’ et gradi ‘marcher’, lui- AGUËRO (‘augure, présage’), du latin augurium,
même dérivé de gradus ‘pas, marche, progres- terme réservé aux présages favorables. Augu-
sion’. rium est issu de augur ‘prêtre qui donne des
AGREGAR (‘ajouter’), est emprunté au latin présages favorables’, autrement dit ceux qui
aggregare ‘rassembler, réunir’, formé de ad permettent d’accroître (augur / augere →
‘à, vers’ et de grex, gregis ‘troupe, groupe, augmenter / aumentar) les entreprises de
troupeau’. Sur grex ont été formés grey ‘trou- l’homme. Augustus, autre dérivé de augur
peau’ et gregario ‘grégaire’. (français auguste et août ; espagnol augusto et
AGRICULTURA, voir agro. agosto), signifiait littéralement ‘promis au
AGRIETAR, voir grieta. succès par les dieux’.
AGRIO (‘aigre’), du latin classique acer, acris, AGUERRIDO, voir guerra.
passé en latin vulgaire à la 2e déclinaison AGUERRIR, voir guerra.
(acrus, acrum) d’où l’espagnol ancien agro ÁGUILA (‘aigle’), du latin aquila de même sens.
devenu ensuite agrio sous l’influence de
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AGUINALDO (‘étrennes’), est une altération de la ‘épargner des peines’. L’acception ‘faire des
forme ancienne aguinando dont l’origine n’est économies’ apparaît au début du XVIe siècle.
pas établie. On pense à l’expression latine hoc De l’idée de ‘délivrer d’une peine’ on est pas-
in anno (‘en cette année’) qui servait de re- sé à celle d’ « économiser ses forces, mettre
frain aux chansons du Nouvel An. des forces de côté » d’où ‘économiser’ au sens
AGUJA (‘aiguille’), du latin populaire acucula où nous l’entendons aujourd’hui : ‘mettre de
diminutif de acus ‘aiguille’. Le sens diminutif l’argent de côté’.
a disparu. AHUECAR, voir hueco.
Dérivés : ACUPUNTURA ‘acupuncture’, du latin AHUMAR, voir humo.
médical acupunctura, formé de acus ‘aiguille’ AHUYENTAR, voir huir.
et de punctura dérivé de pungere ‘piquer’. AIRE (‘air’), du latin aer (accusatif aerem), issu
AGUJERO ‘trou’, a d’abord signifié ‘perfora- lui-même du grec aêr, aeros ‘vent’ puis ‘air’.
tion faite par une aiguille’ puis, par extension, Dérivés : AERACIÓN ‘aération’. AÉREO ‘aé-
‘trou’ au propre et au figuré : un agujero de rien’.
trescientos mil millones ‘un trou de trois AISLAMIENTO, voir isla.
cents milliards’. AISLAR, voir isla.
AGUZAR (‘aiguiser’), du latin populaire acutiare, AJEDREZ (‘échec’), de l’arabe al sitrany lui
dérivé de acutus ‘coupant, tranchant’. même issu d’un mot sanskrit signifiant ‘quatre
e
AHÍ, adverbe de lieu attesté au XIII siècle, formé corps’, ceux de l’armée indienne d’alors :
de ad et hic. La forme hic (haec, hoc) était le chars de combat, éléphants, cavalerie, infante-
démonstratif de l’objet le plus rapproché du rie. Dans le jeu d’échecs ces éléments corres-
sujet parlant, que ce soit dans l’espace, dans le pondent respectivement à la tour, au fou, au
temps ou dans la pensée. C’était donc celui de cavalier et au pion.
la première personne (‘celui-ci près de moi’). AJENO (‘d’autrui’, ‘étranger’), du latin alienus
Cette forme a subi un appauvrissement impor- dérivé de alius ‘autre’. Les formes alienar,
tant de son signifiant (une syllabe) et elle a alienación, alienista sont savantes car le
disparu. Elle a été remplacée ensuite par iste groupe l + yod donne normalement une jota :
(espagnol este). Hic subsiste à l’état de trace alienare > (en)ajenar. Elles appartiennent au
dans ahora (hac hora), anoche (hac nocte), vocabulaire de la psychiatrie et du droit. Alien
pero (per hoc). Dans le système formé par les (‘étranger’ en anglais), titre d’une série de
adverbes de lieu (aquí, ahí, allí), ahí désigne films fantastiques, désigne l’autre, la créature
un lieu contigu à celui qu’occupe la personne effroyable venue du fin fond de l’univers.
qui parle. C’est la raison pour laquelle cet ad- AJETREARSE (‘s’affairer’). Latin factor, factoris
verbe peut se prêter à dire l’espace où se ‘faiseur, auteur, créateur’ → feitor (hechor /
trouve la personne à qui l’on parle, malhechor) → feitoría (aujourd’hui fechoría
l’allocutaire. ‘forfait, crime’) → hetría (contraction + h ini-
AHINCAR, voir hincar. tial aspiré) → jetría (h prononcé à l’andalouse
AHÍNCO, voir hincar. = jota) → ajetrear (dérivé verbal).
AHOGAR (‘étouffer’ et ‘noyer’), est d’abord AJO (‘ail’), du latin alium de même sens.
attesté sous les anciennes formes focare / afo- AJUSTAR, voir justo.
gar. Elles viennent du latin offocare ‘serrer la ALA (‘aile’), du latin ala ‘point d’articulation du
gorge, suffoquer’, dérivé de fauces (nom fé- membre (bras, aile) avec le tronc’. Ce mot est
minin pluriel) ‘gorge, gosier’. apparenté à axis (aisselle, axe, essieu).
Dérivés : DESAHOGAR ‘soulager, réconforter’. ALABAR (‘louer, vanter’), vient probablement du
DESAHOGO ‘soulagement’, ‘épanchement’. bas latin alapari ‘se vanter’. En latin classique
AHONDAR, voir hondo. alapari signifiait ‘souffleter’, ‘donner un souf-
AHORA, voir hora. flet’ (alapa ‘soufflet’ ; alapator ‘vantard’).
AHORCAR, voir horca. Alapor = ‘je me donne des soufflets / des
AHORRAR (‘économiser, épargner’), est dérivé coups’ = ‘je suis capable de frapper’ = ‘je me
de l’ancienne forme horro ‘esclave affranchi’ vante’. Le verbe a d’abord été pronominal
issue elle-même de l’arabe hurr ‘libre’. Ahor- (alabarse) puis non pronominal : alabar a
rar a donc signifié primitivement ‘mettre en una persona ‘faire l’éloge de qqn’.
liberté’, ‘délivrer’, ‘soustraire à une peine’,
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espagnol ‘poursuivre, être sur les talons de Dérivés : ALACRIDAD ‘alacrité’ (du latin ala-
qqn’) → alcalçar (altération de acalçar) → critas ‘ardeur, entrain’) est un terme d’usage
alcanzar (dissimilation : l → n). littéraire. ALEGRAR(SE) ‘(se) réjouir’.
Dérivés : ALCANCE ‘portée, atteinte’. ALEJAMIENTO, voir lejos.
ALCÁZAR (‘forteresse, château fort’), de l’arabe ALEJAR, voir lejos.
al qasr ‘forteresse’, issu du latin castrum ‘châ- ALENTAR (‘respirer’, ‘encourager’). Latin clas-
teau fort’. sique anhelare ‘respirer difficilement’ → latin
ALCOBA (‘alcôve’), de l’arabe al qúbba ‘cou- vulgaire anhelitare → alenitare (après méta-
pole’ puis ‘petite chambre contiguë à une thèse) > alentar.
grande pièce’ et ‘renfoncement d’une chambre Dérivés : ALIENTO ‘haleine’, ‘souffle’ et ‘ap-
où l’on place le lit’. pui, encouragement’, est le déverbal de alen-
ALCOHOL (‘alcool’), de l’arabe al kuhl ‘poudre tar. En français, haleine est le déverbal de
d’antimoine’. Ce mot a d’abord signifié en es- l’ancien verbe alener. DESALENTAR ‘découra-
pagnol (XIIIe siècle) ‘fard de couleur sombre ger’.
que les Orientaux s’appliquent sur les pau- ALERTA (‘alerte’), est emprunté à l’italien
pières, les cils et les sourcils’ (le khôl). Plus all’erta ‘sur ses gardes’, utilisé comme inter-
tard (XVe), le mot va acquérir le sens plus gé- jection dans le sens de ‘alarme’. Erta signifie
néral de ‘poudre ou essence obtenue par tritu- en italien ‘crête, hauteur’ : all erta = ‘(tous)
ration ou distillation’. A la fin du XVIe siècle, sur la hauteur (pour voir et attendre
vini alcohol désignera l’esprit de vin’ (espa- l’ennemi)’. Ce nom est dérivé de l’adjectif er-
gnol espíritu de vino), fluide obtenu par su- to ‘escarpé’, participe passé du verbe ergere
blimation. Cette acception correspond alors au ‘dresser’ (latin erigere ‘ériger’). Cette locution
concept moderne d’alcool éthylique et appa- a été d’abord utilisée pour mettre les soldats
raît en espagnol au XVIIIe siècle. Le mot de- en garde.
vient usuel au début du XIXe. ALEVÍN / ALEVINO (‘alevin’), emprunté au
ALCORNOQUE (‘chêne-liège’), provient du français alevin ‘jeune poisson élevé pour le
mozarabe (dialecte mêlant vieil espagnol et peuplement des rivières’. Du latin adlevinem
arabe). Latin tardif quernus (‘chêne’) + suffixe dérivé de allevare / elevare ‘élever’.
-occus (péjoratif) → al (article arabe) + quer- L’espagnol emploie également ce mot pour
nus + occus > alcornoque. désigner de très jeunes sportifs (les ‘poussins’
ALCURNIA (‘lignée, lignage’), de l’arabe al en français) : Los jugadores infantiles y ale-
kúnya ‘nom, surnom’. vines con licencia federativa tendrán entra-
ALDABA (‘marteau de porte, heurtoir’, ‘appui’), da gratuita al campo (A. Belot, Dictionnaire
de l’arabe al dabba ‘barre de fer servant à d’usage d’espagnol contemporain, p. 287, édi-
fermer une porte’. tions Ellipses, 1996).
ALDEA (‘village’), de l’arabe al deica ‘cam- ALFABETO (‘alphabet’), est un emprunt au latin
pagne, village’. tardif alphabetum employé à côté de abeceda-
ALEATORIO (‘aléatoire’), du latin aleatorius rium. Mot d’origine grecque composé du nom
dérivé de alea ‘jeu de dés’, ‘hasard’ (Alea jac- des deux premières lettres alpha et bêta.
ta est ‘les dés sont jetés’, César passant le Ru- Dérivés : ANALFABETO ‘analphabète’ (préfixe
bicon). privatif a-).
ALEGAR, voir legar. ALFILER (‘épingle’), de l’arabe al hilêl de même
ALEGATO, voir legar. sens.
ALEGORÍA (‘allégorie’), du latin allegoria issu ALFOMBRA (‘tapis’), de l’arabe al húmra de
du grec allêgoria. Le verbe grec allêgorein si- même sens.
gnifiait ‘parler par figures’, il était composé de ALFORJA (‘besace’, ‘provisions, vivres’), de
allos ‘autre’ et de agoreuein ‘parler (en pu- l’arabe al hury de même sens.
blic)’. L’allégorie est donc une ‘parole diffé- ALGA (‘algue’), du latin alga de même sens.
rente’, d’où le sens de ‘discours métapho- ALGARABÍA (‘galimatias, charabia’ ; ‘va-
rique’. carme’), de l’arabe al carabîya ‘langue arabe’.
ALEGRAR, voir alegre. Dans le même ordre d’idées, le français utilise
ALEGRE (‘gai, joyeux’) est une altération du le mot ramdam (‘le ramadan’) dans le sens de
latin classique alacer ‘vif’ en *alicer, alecris. ‘tapage, vacarme’ (faire du ramdam).
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ALGARADA (‘razzia, incursion’ ; ‘troupe à che- ALICIENTE (‘attrait, intérêt, stimulant’), du latin
val’ ; ‘vacarme’), de l’arabe al gara ‘attaque, alliciens, allicientis ‘attirant’, participe présent
incursion en terre ennemie’. Le français alga- du verbe allicere ‘attirer à soi’.
rade est un emprunt à l’espagnol. ALIENACIÓN, voir ajeno.
ÁLGEBRA (‘algèbre’), du latin médiéval algebra ALIENTO, voir alentar.
emprunté à l’arabe al gabr (vocabulaire médi- ALIGERAR, voir ligero.
cal) ‘réduction’, ‘art de remettre en place les ALIMAÑA (‘vermine, bête nuisible’), du latin
membres démis’. Cette notion a été ensuite animalia, neutre pluriel de animal, animalis
appliquée en mathématiques à la réduction des (avec métathèse : n / l) interprété ensuite
calculs. On la trouve chez le mathématicien comme un féminin singulier.
Huwarizmi dont le nom a donné algorithme. ALIMENTAR, voir alimento.
Le concept moderne d’algèbre (résolutions ALIMENTO (‘aliment’) est emprunté au latin
d’équations) se développera au XVIIe siècle et alimentum dérivé du verbe alere ‘nourrir’ em-
ployé concurremment avec nutrire.
surtout aux XIXe et XXe. Dérivés : ALIMENTAR ‘alimenter’.
Dérivés : ALGEBRISTA signifie à la fois ‘re- ALINEAR, voir línea.
bouteux’ (premier sens de l’arabe, ‘celui qui ALIÑAR, voir línea.
remet les os en place’) et ‘spécialiste de ALIÑO, voir línea.
l’algèbre’. ALISAR, voir liso.
ALGO, voir alguno.
ALISTARSE, voir lista et listo.
ALGODÓN (‘coton’) de l’arabe al qutun de
ALITERACIÓN, voir letra.
même sens. ALIVIAR, voir leve.
ALGUACIL (‘alguazil, gendarme’), de l’arabe al
ALIVIO, voir leve.
wazîr ‘ministre, vizir, conseiller’. Le mot a ALMA (‘âme’), du latin anima ‘souffle, air’.
d’abord désigné un gouverneur puis des offi- Dérivés : DESALMADO ‘cruel, sans cœur’, ‘scé-
ciers subalternes ou agents de police. lérat’.
ALGUIEN, voir alguno.
ALMACÉN (‘magasin’), de l’arabe al máhzan
ALGUNO (‘quelque’ et ‘quelqu’un’). Latin clas-
‘entrepôt, grenier, magasin’.
sique aliquis unus ‘qqn’ → (contraction en la- ALMADRABA (‘madrague’, ‘pêche au thon’,
tin vulgaire) alicunus (alicunum à l’accusatif) ‘pêcherie de thon’), de l’arabe al madraba
> espagnol alguno. Aliquem (‘quelqu’un’) > ‘lieu où l’on frappe’. Au cours de cette pêche
algue. La forme alguién (d’abord accentuée spectaculaire, les thons enfermés dans un
ainsi) est analogique de quem > quien. La grand filet sont harponnés et achevés (‘frap-
forme actuelle alguien a vu son accentuation pés’).
calquée sur celle de algo. Enfin, Aliquod ALMANAQUE (‘almanach’), de l’arabe
(neutre de aliquis) a donné algo. En français d’Espagne al manah ‘calendrier’.
aucun provient aussi de aliquis unus c’est-à- ALMENDRA (‘amande’). Grec amugdalê
dire ‘quelqu’un’ (sens positif). Employé dans ‘amande’ → latin classique amygdala
des contextes négatifs (ne...aucun), cet indéfi-
‘amande’ → latin vulgaire amindula. Le l de
ni a fini par prendre une valeur négative (con-
almendra est analogique des mots qui ont in-
tamination linguistique). Cependant, il reste
tégré l’article arabe (al) : al-macén, al-godón,
une trace de son ancien sens positif dans
al-cázar etc. Le terme latin amygdala a
d’aucuns pensent que ... (= ‘certains, des per-
d’abord signifié ‘amande’ puis il a désigné en
sonnes pensent que...’).
anatomie des organes en forme d’amande
ALHAJA (‘bijou’), de l’arabe al hâya ‘objet
c’est-à-dire les amygdales (espagnol amígda-
nécessaire’, ‘meuble’, ‘ustensile’, ‘bijou’.
la, forme savante).
ALIANZA, voir aliar.
ALMÍBAR (‘sirop’), de l’arabe al mîba ‘sirop de
ALIAR (‘allier’), est emprunté au français allier
coing’.
‘réunir, rassembler’, du latin alligare ‘attacher
ALMIRANTE (‘amiral’), de l’arabe amîr ‘chef,
à, mettre avec’, composé de ad ‘vers’ et de li-
émir’ + suffixe -ante (comme dans coman-
gare ‘lier, attacher’.
dante). En français, la finale du mot amiral
Dérivés : ALIANZA ‘alliance’.
correspond soit à al ali ‘très grand’ (= ‘chef
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suprême’) soit à une mauvaise segmentation point de départ’ évoque l’image d’une boucle
de amir al //bahr ‘le prince de la // mer’. que l’on a effectivement ‘bouclée’.
ALMOHADA (‘oreiller’), de l’arabe d’Espagne al Dérivés : ARREDOR, EN REDOR, DERREDOR, AL
muhadda, dérivé de hadd ‘joue’ = ‘objet sur DERREDOR et ALREDEDOR ‘autour de’.
lequel on pose la joue’. ALTAR (‘autel’), est emprunté au latin religieux
ALMORZAR, voir almuerzo. altare formé à partir du pluriel altaria ‘autel
ALMUERZO (‘déjeuner’), du latin vulgaire ad- où l’on sacrifie, table des sacrifices’.
mordium dérivé de admordere ‘entamer par ALTERACIÓN, voir otro.
une morsure’, ‘commencer à manger’. En ALTERAR, voir otro.
français déjeuner signifie ‘rompre, enlever le ALTERNANCIA, voir otro.
jeûne’ (préfixe privatif de-). Voir desayunar. ALTERNAR, voir otro.
Dérivés : ALMORZAR ‘déjeuner’. ALTEZA, voir alto (1).
ALOCADO, voir loco. ALTO (1) (‘grand’, ‘haut’), adjectif, est issu du
ALOCUCIÓN, voir locuaz. latin altus ancien participe passé du verbe
ALOJAMIENTO, voir lonja (2). alere ‘nourrir, faire grandir’.
ALOJAR, voir lonja (2). Dérivés : ALTEZA ‘altesse’. ALTURA ‘hauteur’.
ALONDRA (‘alouette’), du latin alauda > aloda EXALTAR ‘exalter’, du latin exaltare ‘exhaus-
devenu alondra sans doute à cause d’une con- ser, élever’ et ‘honorer’, formé avec ex- (in-
fusion avec le mot golondra (golondrina ‘hi- tensif) et altus ‘haut’.
rondelle’) utilisé pour désigner l’alouette dans ALTO (2) (‘halte’), homonyme de alto (1), est
la région de la Mancha (terme dialectal). emprunté à l’allemand Halt ‘arrêt’ (vocabu-
ALOPATÍA (‘allopathie’ ou ‘médecine clas- laire militaire), impératif substantivé de halten
sique’), terme emprunté vers 1800 à ‘arrêter’.
l’allemand Allopathie, mot forgé par Hahne- ALTRUISMO, emprunté vers 1900 au français
mann (inventeur de l’homéopathie), à partir de altruisme. Ce mot, attesté en français en 1852
allo- ‘autre’ et de pathie pour désigner l’autre et formé d’après autrui (latin alter ‘autre’) est
traitement (classique) d’un malade par opposi- attribué à Auguste Comte qui l’aurait créé
tion à l’homéopathie qu’il prônait c’est-à-dire pour l’opposer à égoïsme.
le traitement du mal par le même mal (homeo ALTURA, voir alto.
‘semblable’). Voir homeopatía. ALUCINACIÓN, voir alucinar.
ALPARGATA (‘espadrille’), est issu d’une an- ALUCINANTE, voir alucinar.
cienne forme abarca ‘sandale nouée avec un ALUCINAR (‘halluciner’ ; ‘leurrer, tromper’), du
lacet’, d’origine préromane. Cette forme a été latin hallucinari (verbe déponent) signifiant
empruntée par l’arabe d’Espagne et transfor- ‘dormir debout’, ‘divaguer, rêver’ et, en bas
mée en al parga. Le pluriel pargat (al pargat) latin, ‘avoir des hallucinations’ (grec aluein
aurait ensuite donné alpargate puis alpargata. ‘être hors de soi’).
ALQUERÍA (‘ferme, hameau’), de l’arabe al Dérivés : ALUCINACIÓN ‘hallucination’. ALU-
qârya ‘village’. CINANTE ‘hallucinant’.
ALQUILAR, voir alquiler. ALUD (‘avalanche’), est un mot d’origine préro-
ALQUILER (‘loyer, location’), de l’arabe al kirâ mane apparenté au basque luta ‘éboulement’
de même sens. et lurte ‘éboulement’ et ‘avalanche’.
Dérivés : ALQUILAR ‘louer’. ALUDIR (‘faire allusion à’), du latin alludere
ALQUIMIA (‘alchimie’), emprunté à l’arabe al ‘plaisanter, se jouer de’ et ‘parler sans insister,
kimiya ‘pierre philosophale’, mot d’origine in- suggérer’. Alludere est composé de ad ‘vers’
certaine : grec tardif khêmia ‘magie noire’ ( ?). et de ludus ‘jeu’.
ALQUITRÁN (‘goudron’), de l’arabe al qitrân de Dérivés : ALUSIÓN ‘allusion’, du bas latin al-
même sens. lusio ‘jeu verbal’ puis ‘suggestion sans parole
ALREDEDOR (‘autour de’), du latin retro (‘der- explicite’.
rière, par derrière’ ; ‘en remontant vers le pas- ALUMBRADO, voir lumbre.
sé’ ; ‘en arrière’) > espagnol redro > redor. ALUMBRAR, voir lumbre.
Le sens moderne ‘autour de’ (redor la casa) ALUMNADO, voir alumno.
est en affinité avec celui de ‘en arrière’ dans la
mesure où ‘revenir en arrière’, ‘revenir au
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ALUMNO (‘élève’), du latin alumnus ‘nourris- AMARGO (‘amer’), du latin amarus ‘amer, aigre’
son’, ‘enfant’, ‘disciple, élève’ participe passif et ‘morose, acariâtre’ qui a d’abord donné
du verbe alere ‘nourrir, alimenter’. amaro comme en italien puis amargo par ana-
Dérivés : ALUMNADO ‘les élèves’. logie avec le verbe amargar issu du latin po-
ALUSIÓN, voir aludir. pulaire amaricare.
ALUVIÓN, voir diluir. AMARILLO (‘jaune’), est issu du latin d’Espagne
ALZA, voir alzar. amarellus ‘jaune’, ‘pâle’, diminutif péjoratif
ALZAR (‘lever, hausser’), du latin populaire du latin classique amarus ‘amer, aigre’. Voir
*altiare dérivé de altus ‘qui a grandi’ (français amargo. Ce mot s’employait pour désigner le
hausser). teint des malades atteints de jaunisse (la bile,
Dérivés : ALZA ‘hausse’. REALCE ‘relief’, humeur amère).
formé avec le préfixe re- à valeur intensive AMARRAR (‘amarrer’), est emprunté au français
(poner de realce ‘mettre en relief’). amarrer qui l’a lui-même emprunté au néer-
ALLÁ, adverbe de lieu formé avec a et illac (‘par landais aenmarren / marren ‘attacher’.
là’ → localisation imprécise). La forme allá a AMARTELAR, voir martillo.
une morphologie qui l’apparente à la personne AMASAR, voir masa.
troisième (éloignement) : illac / ille → él) AMAZONA (‘amazone, écuyère’), vient du nom
alors que acá, issu de accu + hac (‘par ici’), propre latin Amazones qui désignait une peu-
situe dans la zone proche du locuteur (voir plade de femmes guerrières d’Asie Mineure.
aquí et allí). Mot d’origine incertaine : a (préfixe privatif)
ALLANAMIENTO, voir llano. + mazos (‘sein’ en grec) = ‘privée d’un sein’
ALLEGADO, voir llegar. pour mieux tirer à l’arc ( ? ?).
ALLÍ, est formé avec a et illic (‘en cet endroit-là’, AMBICIÓN, voir ambiente.
‘là-bas’, [sans mouvement]). Les formes en -í AMBIENTAL, voir ambiente.
(aquí / allí) ont une précision supérieure à AMBIENTE (‘milieu ambiant, atmosphère, am-
celles en -á (acá et allá). biance’), est emprunté (au XVIe siècle) au la-
AMA (‘maîtresse de maison’, ‘gouvernante’, tin ambiens, participe présent du verbe ambire
‘nourrice’) est issu du latin d’Espagne amna ‘aller autour, entourer’, dérivé de ire ‘aller’.
‘nourrice’, mot de formation expressive Dérivés : AMBICIÓN ‘ambition’, est emprunté
comme mamá dans le langage des enfants. au latin ambitio, ambitionis ‘démarche pour se
Dérivés : AMO ‘maître de maison’. faire élire’, dérivé du verbe ambire ‘aller au-
AMABLE, voir amar. tour’ et surtout ‘aller autour des électeurs’ ! :
AMADOR, voir amar. ‘faire la tournée des électeurs’, ‘intriguer’.
AMAESTRAR, voir maestro. Ambire est formé avec l’élément ambi- du la-
AMALGAMA (‘amalgame’), est emprunté au tin ambo ‘double, des deux côtés’ et ‘tout au-
français amalgame issu lui-même de l’arabe al tour’. AMBIENTAL ‘relatif à l’environnement’ :
gam ‘œuvre d’union, réunion’. catástrofe ambiental ‘catastrophe pour
AMAMANTAR, voir mama. l’environnement’.
AMANCEBAR, voir mancebo. AMBIGUO (‘ambigu’), est emprunté au latin
AMANECER, voir mañana. ambiguus, du verbe ambigere ‘être indécis’,
AMANERADO, voir manera. composé de ambi- ‘des deux côtés, d’un côté
AMANSAR, voir manso. et de l’autre’ et de agere ‘pousser, marcher’.
AMAPOLA (‘coquelicot’), du mozarabe haba- ÁMBITO (‘enceinte’, ‘milieu, atmosphère’,
paura issu, après altération, du latin papaver ‘cadre’), du latin ambitus ‘mouvement circu-
‘pavot’. En français, coquelicot rappelle le cri laire’, ‘circuit, détour’, ‘pourtour’, dérivé du
du coq : cocorico → coquerico → coquelicot. verbe ambire ‘entourer’. De l’idée d’entourer
La fleur rouge des champs a donc été désignée on passe à celle de ‘cadre’, ‘milieu ambiant’
ainsi par sa ressemblance avec la crête du coq. AMBO(A)S (‘les deux’), du latin ambo, ae, o. Ce
AMAR (‘aimer’), du latin amare de même sens. mot était un représentant du duel (ce qui va
Dérivés : AMABLE ‘aimable’. AMADOR ‘amou- par deux), catégorie héritée de l’indo-
reux’, ‘amateur’. ENAMORAR ‘rendre amou- européen. Le duel n’a pas survécu car le latin
reux’ (ancien français énamourer). donnait déjà une morphologie de pluriel à am-
bo → ambos, la catégorie du nombre s’étant
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réduite à l’opposition singulier (non marqué) / pénibles, ennuyeuses d’où le sens moderne de
pluriel (marqué : + -s). ‘réprimander sévèrement’.
AMBULANCIA / AMBULANTE (‘ambulance / AMONTONAR, voir monte.
ambulant’), sont dérivés du verbe ambulare AMOR (‘amour’), du latin amor, amoris de même
‘se promener, marcher’. En français, ambulare sens.
est peut-être à l’origine de l’infinitif aller AMORDAZAR, voir morder.
(ambulare > amlare > allare > aller) et de al- AMORFO, voir morfo-.
lons, allez. AMORTIGUAR, voir morir.
AMEDRENTAR, voir miedo. AMORTIZAR, voir morir.
AMÉN (‘amen, ainsi soit-il’), emprunté au latin AMOSCARSE, voir mosca.
amen pris au grec amên, lui-même emprunté à AMOSTAZARSE, voir mostaza.
l’hébreu amen ‘vrai, certain’. AMOTINAR, voir motín.
AMENAZA (‘menace’), est issu du latin vulgaire AMPARAR, voir parar.
minacia ‘menace’. Minacia est un dérivé de AMPARO, voir parar.
minae (au pluriel) ‘saillie’, ‘avancée d’un ro- AMPLIACIÓN, voir ancho.
cher, d’un surplomb’. On est ensuite passé du AMPLIAR, voir ancho.
sens concret de ‘choses suspendues au-dessus AMPLIFICAR, voir ancho.
de la tête’ au sens figuré de ‘menaces’. AMPLIO, voir ancho.
AMENGUAR, voir mengua. AMPOLLA (‘ampoule, cloque’ et ‘ampoule,
AMENO (‘agréable’), du latin amoenus ‘agréable’ fiole’), du latin ampulla ‘petite fiole à ventre
(français amène), d’origine inconnue. bombé’, diminutif de amp(h)ora ‘amphore’.
AMETRALLAR, voir metralla. Le sens de ‘cloque, vésicule’ provient d’une
AMIANTO (‘amiante’), est emprunté au latin simple analogie de forme, une cloque ayant un
amiantus lui-même pris au grec amiantos ‘in- aspect renflé. Le français gardera le mot am-
corruptible’, composé de a (privatif) et de poule pour désigner l’ampoule électrique (vers
miainein ‘souiller’ (voir miasme en français). 1880). L’espagnol utilisera bombilla (voir ce
L’amiante est ‘incorruptible’ c’est-à-dire in- mot).
combustible. Dérivés : AMPULOSO ‘ampoulé’, se dit d’un
AMIGO(A) (‘ami, e’), du latin amicus, amica style qui est enflé comme une ampoule.
‘ami(e)’ et ‘amant, maîtresse’, dérivé de AMPULOSO, voir ampolla.
amare ‘aimer’. AMPUTAR (‘amputer’), est emprunté au latin
Dérivés : ENEMIGO ‘ennemi’, du latin inimicus amputare ‘tailler tout autour’ et donc ‘muti-
formé avec in- (privatif) et amicus. ler’, composé de am (qui a donné ambo ‘tous
AMÍGDALA, voir almendra. les deux’, ‘tout autour’) et de putare ‘émonder
AMINORAR, voir menos. les arbres’ (putare > espagnol podar ‘tailler,
AMISTAD (‘amitié’), du latin vulgaire *amicitas élaguer’).
altération de amicitia ‘amitié’, dérivé de ami- AMUEBLAR, voir mover.
cus ‘ami’. ANAGRAMA, voir gramática.
AMNESIA, voir mente. ANALES (‘annales’), du latin annales avec ellipse
AMNISTÍA, voir mente. du substantif libri (libri annales ‘livres
AMO (‘maître’), est formé à partir de ama (voir d’annales’). Annales est donc le pluriel subs-
ce mot). tantivé de l’adjectif annalis ‘annuel’ dérivé de
AMODORRARSE, voir modorra. annus ‘an’.
AMOLDAR, voir modo. ANALFABETO, voir alfabeto.
AMONESTAR (‘admonester’), est d’origine ANÁLISIS (‘analyse’), est emprunté au grec
incertaine. Première hypothèse : latin popu- analusis ‘dissolution, décomposition’, dérivé
laire *admonestare de même sens. Deuxième du verbe analuein issu de luein ‘dissoudre’
hypothèse : il s’agirait d’un croisement entre (autres dérivés de ce verbe : français solution ;
admonere ‘avertir, faire remarquer sans criti- espagnol solución).
quer’ et molestus ‘pénible’ (molestare ‘en- Dérivés : ANALIZAR d’après le modèle fran-
nuyer’). Cette forme est apparue chez les étu- çais analyser.
diants pour lesquels les ‘observations’, les
‘remarques’ des maîtres sont forcément ( !)
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ANANÁS, est emprunté à une langue indienne position à venir (prenant son point de départ
d’Amérique latine, le guarani (naná) sans dans le passé) et à ir (visant le futur) : cabal-
doute par l’intermédiaire du portugais ananás. lero andante ‘chevalier errant’ ; andar equi-
ANARQUÍA (‘anarchie’), est emprunté au latin vocado ; andar trasnochando (comportement
anarchia utilisé pour traduire le grec erratique).
anarkhia, formé de a(n) (préfixe privatif) et de Dérivés : ANDAMIO avec, d’abord, le sens de
arkhê ‘commandement’ = ‘sans chef, sans ‘chemin de ronde’ puis ‘gradins’ et enfin
commandement’. ‘échafaudage’. DESANDAR ‘rebrousser che-
ANATEMA (‘anathème’), est emprunté au latin min’.
anathema, du grec biblique anathêma ‘objet ANDRAJO (‘haillon, guenille’) est d’origine non
maudit, malédiction’. En grec classique, ce élucidée. Ce mot pourrait être l’altération de
mot signifiait ‘objet consacré’, ‘offrande vo- *haldajo ‘morceau de tissu’ dérivé de halda
tive’. Le passage au sens inverse (‘objet mau- mis pour falda.
dit’) n’est pas bien élucidé. ANDRÓGINO (‘androgyne’), du latin androginus,
ANATOMÍA (‘anatomie’), du latin anatomia, lui-même emprunté au grec androgunos, de
d’après le grec anatomê. Formé de ana- ‘de anêr, andros ‘homme’ et gunê ‘femme’.
bas en haut’ et de tomê ‘coupure, d’où ana- ANÉCDOTA (‘anecdote’), est emprunté au grec
temno ‘je coupe de bas en haut’. Anekdota ‘choses inédites’, titre de l’ouvrage
ANCA (‘hanche, croupe’), du germanique hanka écrit par l’historien grec Procope qui raconte
‘hanche’. En espagnol, ce mot s’est spécialisé la vie secrète, pleine de détails, d’anecdotes,
pour désigner la hanche du cheval ou la des personnages de son temps. Anekdota est la
croupe. Ce sens subsiste en français dans substantivation de l’adjectif anekdotos, formé
mettre un cheval sur les hanches. Pour dési- avec an- (privatif) et ekdotos adjectif verbal de
gner la hanche chez l’homme, l’espagnol uti- ekdidonai ‘produire au dehors, publier’ d’où le
lise cadera (voir ce mot). sens de ‘qui reste caché, secret, inédit’.
ANCIANO (‘personne âgée, vieux’), du bas latin ANEGAR (‘inonder’, ‘noyer’), du latin enecare
anteanus (adjectif dérivé de ante ‘avant’, ‘an- ‘faire périr, épuiser’, dérivé de necare ‘tuer,
térieur’) ou d’une forme de latin vulgaire an- tuer sans arme’ puis, en latin médiéval, ‘faire
tianus ‘ancien’ (avec la valeur hiérarchique de périr par immersion dans l’eau’. Enecare (es-
‘haut personnage’). pagnol anegar) et necare (français noyer) ont
ANCLA (‘ancre’), du latin ancora, lui-même évolué vers la même spécialisation sémantique
emprunté au grec ankura ‘crochet’, ‘chose re- (‘tuer par l’eau’). Le verbe necare est dérivé
courbée’. de nex, necis ‘mort violente, meurtre’ par op-
ANCHO(A) (‘large, épais, grand’), du latin am- position à mors, mortis ‘mort naturelle’.
plus ‘large, vaste’, ‘grand, abondant’. Ancho ANEJO(A) (‘annexe’), du latin annexus, participe
est le traitement populaire de amplus ; amplio passé de annectere ‘attacher à’, formé de ad
en est le traitement savant. ‘vers’ et de nectere ‘joindre, unir’.
Dérivés : AMPLIACIÓN ‘extension’, ‘élargis- Dérivés : ANEXIÓN ‘annexion’ (latin annexio).
sement, ‘augmentation’. AMPLIAR ‘agrandir, ANEXO ‘annexe’ est le traitement savant de
augmenter’. AMPLIFICAR ‘amplifier, agrandir’. annexus. Dans les lettres commerciales, anexo
ENSANCHAR ‘élargir’, ‘agrandir’, du latin signifie ‘document joint’.
examplare de même sens. ANESTESIA, voir estético.
ANDAMIO, voir andar. ANEXIÓN, voir anejo.
ANDAR (‘marcher, parcourir’), du latin ambulare ANEXO, voir anejo.
‘se promener, marcher’ qui a donné amlare ANFITEATRO, voir teatro.
après altération puis andar. Français amlare > ÁNGEL (‘ange’), du latin chrétien angelus, issu
allare > aller. Ambulare est formé avec un du grec angelos ‘messager’. Ángel est la
préverbe amb- ‘autour’ que l’on retrouve dans forme apocopée de ángelo (voir à ce sujet le
ambición, ambiente, ambiguo (voir ces mot apóstol).
mots). L’imprécision quant au mouvement Dérivés : EVANGELIO ‘évangile’, est emprunté
(amb- / ambi- ‘des deux côtés, d’un côté et de au latin ecclésiastique evangelium ‘bonne
l’autre, autour’) pourrait expliquer certains nouvelle’, ‘récit des actes et des paroles du
emplois de andar, verbe non orienté par op- Christ’. Du grec euangelion ‘récompense, sa-
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crifice offert pour une bonne nouvelle’ et ANIMOSIDAD (‘animosité, ressentiment’), du bas
‘bonne nouvelle’. De euangelos ‘qui apporte latin animositas ‘ardeur’ dérivé de animosus
une bonne nouvelle’, formé avec eu- ‘bien’ et ‘ardent’, ‘courageux’ et ‘orgueilleux’, lui-
angelos ‘messager’. même tiré de animus ‘âme, esprit’ (voir
ÁNGELUS, premier mot de la prière de la saluta- l’espagnol ánimo). Le bas latin a développé
tion angélique : Angelus Domini nuntiavit Ma- une autre valeur, celle d’hostilité, qui a fini par
riae. l’emporter (‘ardeur, courage’ ; ‘violence / co-
ANGINA (‘angine’), du latin angina, emprunté au lère’ → ‘animosité’).
grec ankhonê ‘action d’étrangler’. Le latin an- ANIQUILAR (‘anéantir, annihiler’), est emprunté
gina a été formé par rapprochement avec le au latin d’église adnihilare, formé de ad ‘vers’
verbe angere ‘serrer, oppresser’ dont on a dé- et de nihil ‘rien’ : ‘réduire à rien’. Ce verbe est
rivé aussi angustia ‘angoisse’. ensuite devenu adnichilare ou annichilare >
ANGOSTO(A), du latin angustus ‘étroit, resserré’, espagnol aniquilar et français annihiler.
dérivé de angere ‘serrer, étrangler’. ANO (‘anus’), du latin anus ‘anneau’. Voir anillo
Dérivés : ANGUSTIA ‘angoisse’, du latin an- (littéralement ‘petit anneau’).
gustia qui a d’abord signifié ‘étroitesse’ et ANOCHE, voir noche.
‘lieu étroit, défilé’ puis ‘angoisse’. Voir aussi ANOCHECER, voir noche.
angina. ANODINO (‘anodin’), terme médical emprunté au
ANGUILA (‘anguille’), du latin anguilla, diminu- grec anodynos, formé de an- (préfixe privatif)
tif de l’adjectif substantivé anguina (sous- et de odunê ‘douleur’ : ‘qui ne cause pas de
entendu bestia) : (bestia) anguina = ‘(bête) douleur’ → ‘inoffensif’, ‘fade’, ‘insignifiant’.
semblable au serpent’. Anguina, us, um est lui- ANONADAR, voir nadie.
même dérivé de anguis ‘serpent’. ANÓNIMO, voir nombre.
ÁNGULO (‘angle’), du latin angulus ‘coin’ puis ANORMAL, voir normal.
‘angle’. Mot proche du grec ankon ‘coude’ ANOTAR, voir nota.
dont on a dérivé ankura ‘objet recourbé’ ANSIA (‘anxiété’), est emprunté au latin anxia
(français ancre ; espagnol áncora). ‘angoisse’ dérivé de anxius ‘qui ressent de
Dérivés : TRIÁNGULO ‘triangle’. l’angoisse’, lui-même dérivé de anxi parfait du
ANGUSTIA, voir angosto. verbe angere ‘oppresser, serrer la gorge’.
ANHELAR (‘haleter’ ; ‘aspirer à, briguer, soupi- Dérivés : ANSIOSO ‘anxieux’, du bas latin an-
rer après’), du latin anhelare ‘respirer diffici- xiosus, terme de médecine, issu de anxius
lement, être hors d’haleine’. (français anxieux).
ANILLO (‘anneau’), du latin anellus (ou anulus), ANTAÑO, voir año.
diminutif de anus ‘anneau’. ANTE (‘devant’, ‘avant’), est issu du latin ante
ÁNIMA (‘âme du purgatoire’), traitement savant (adverbe et préposition). En espagnol la pré-
du latin anima (voir alma, traitement non sa- position a gardé la forme latine originelle : Se
vant du même mot). arrodilló ante el Rey ‘il s’agenouilla devant
ANIMACIÓN (‘animation’), du latin animatio le Roi’. En revanche, l’adverbe de temps a pris
‘action d’animer’, ‘création de la vie’, dérivé la forme antes (llegó antes) sans doute par
du verbe animare, lui-même dérivé de anima analogie avec d’autres adverbes terminés par s
‘souffle vital’ (voir alma). (s dit adverbial) : después, detrás, cras (vieil
ANIMAL (‘animal’), du latin animalis ‘être vi- espagnol [vx], ‘demain’), aprés (vx, ‘auprès’),
vant doté du souffle vital’, dérivé de anima menos, mientras, entonces, quizá(s), jamás,
‘souffle vital’. A l’origine, ce mot incluait les nunquas (vx), fueras (vx), certas (vx,
animaux et l’espèce humaine. ‘certes’).
ÁNIMO (‘esprit’, ‘courage’, ‘intention’), du latin ANTEAYER, voir ayer.
animus (même famille que anima) ‘principe ANTECEDENTE, voir ceder.
distinct du corps qui préside à l’activité d’un ANTELACIÓN (‘anticipation’), est emprunté au
être vivant homme ou animal’, ‘âme’, ‘esprit’, bas latin antelatio dérivé de anteferre ‘porter,
‘siège de la pensée’, ‘intention’, ‘courage, placer devant’ (ferre ‘porter’).
énergie’. ANTEMANO, voir mano.
Dérivés : DESANIMAR ‘décourager’. DESÁNI- ANTENA (‘antenne’), terme de marine emprunté
MO ‘découragement’. au latin antenna (mis pour antemna) ‘vergue
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de navire portant toute voile’. Ce mot a en- ANTORCHA (‘torche’), est peut-être emprunté au
suite désigné un poteau télégraphique (XXe provençal ancien entorcha procédant lui-
siècle) et enfin l’antenne de télévision. même d’un croisement entre le provençal
ANTEOJO, voir ojo. (en)torta ‘torche’ et le français torche lui-
ANTEPASADO, voir paso. même issu du latin vulgaire torca (latin clas-
ANTEPONER, voir poner. sique torques ‘torsade’, de torquere ‘tordre’) =
ANTERIOR (‘antérieur’), du latin tardif anterior flambeau fait d’une corde tordue et enduite de
de même sens, dérivé de ante ‘avant’ (voir ce résine. Le français dit qu’un parachute ‘se met
mot). Anterior a remplacé prior s’opposant en torche’ lorsqu’il reste tordu, torsadé au lieu
mieux ainsi à posterior. de se déployer.
ANTES, voir ante. ANTRO (‘antre’), du latin antrum ‘caverne’ issu
ANTI-, ce préfixe est issu de la préposition lui-même du grec antron de même sens.
grecque anti qui exprimait l’opposition et la ANTROPO-, préfixe issu du grec anthrôpos ‘être
protection contre un mal. Pour les mots formés humain’.
avec ce préfixe on recherchera le radical en- Dérivés : ANTROPÓFAGO ‘anthropophage’,
core libre : militar → antimilitar. Mais anti- ANTROPOLOGÍA ‘anthropologie’, ANTROPO-
biótico n’est plus analysable aujourd’hui en MORFISMO ‘anthropomorphisme.
anti et *biótico, ce dernier mot n’existant pas ANUAL, voir año.
en tant que radical libre. ANUBLAR, voir nube.
ANTIBIÓTICO, est emprunté au français antibio- ANUDAR, voir nudo.
tique. Mot créé vers 1870 et dont le sens est ANULAR, voir no (nulo, vieil espagnol).
‘qui s’oppose à la vie’ c’est-à-dire à la prolifé- ANUNCIAR, voir nuncio.
ration des bactéries. Formé avec le préfixe an- ANUNCIO, voir nuncio.
ti- et le grec biôtikos ‘de la vie’, issu lui-même ANZUELO (‘hameçon’). Latin classique hamus
de bios ‘vie’. (‘crochet, hameçon’) → *hamiciolus (diminu-
ANTICIPAR (‘avancer’ [une date, de l’argent] ; tif reconstitué) > espagnol anzuelo. Hamus
‘devancer’, ‘être en avance’), du latin antici- aurait dû donner *amo, homonyme de amo
pare, composé de ante ‘avant’ et de capere ‘maître’. L’espagnol a donc eu recours à une
‘prendre’ (modèle possible : participare ‘par- forme de diminutif.
ticiper’). AÑADIR (‘ajouter’), du latin populaire d’Espagne
ANTICUADO, voir antiguo. inaddere dérivé de addere ‘mettre en plus,
ANTÍFRASIS, voir frase. ajouter’. En espagnol ancien on trouvait ana-
ANTIGUO(A) (‘vieux, ancien’), du latin antiquus dir puis añadir par analogie avec des séries
‘ancien, éloigné dans le temps’, dérivé de ante de mots dont la forme était hésitante : anublar
‘avant’. et añublar ; anudar et añudar etc.
Dérivés : ANTICUADO ‘vieilli, démodé, dé- AÑEJO, voir año.
suet’. AÑO (‘an, année’), vient du latin annus ‘an’. Le
ANTINOMIA (‘antinomie’), est emprunté au latin français année vient du latin populaire
antinomia qui est un calque du grec : formé de *annata dérivé de annus.
anti et de nomos ‘loi’ d’o˘ ‘contradiction entre Dérivés : ANTAÑO ‘autrefois’. ANUAL ‘annuel’.
deux lois’. AÑEJO ‘vieux’ (vino añejo, ‘vin vieux’). HO-
ANTIPATÍA, voir patético. GAÑO ‘cette année’, ‘de nos jours, à l’heure
ANTISEPSIA, voir seta. actuelle’, formé avec l’ablatif du démonstratif
ANTOJO, voir ojo. hic et celui de annus : hoc anno ‘en cette an-
ANTOJARSE, voir ojo. née’ (dans laquelle je me trouve actuellement).
ANTOLOGÍA (‘anthologie’), du grec anthologia AÑORAR (‘regretter, avoir la nostalgie de’), est
‘collection de fleurs’ et ‘recueil de textes choi- emprunté au catalan enyorar de même sens,
sis’ (usage métaphorique semblable à celui de issu lui-même du latin ignorare ‘être sans
florilège). De anthos ‘fleur’ et lego ‘je re- nouvelles de qqn’, ‘ne pas savoir où se trouve
cueille’. une personne’.
ANTÓNIMO, voir nombre. APABULLAR (‘aplatir, écraser, renverser’), est
ANTONOMASIA, voir nombre. une altération de apagullar mot-valise issu du
croisement entre apalear et magullar :
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Terme de droit passé ensuite dans l’usage cou- APROXIMACIÓN, voir próximo.
rant (‘éloge’). APROXIMAR, voir próximo.
APORREAR, voir porra. APTO(A) (‘apte’), du latin aptus, participe passé
APORTACIÛN, voir portarse. de apere ‘lier, attacher’ c’est-à-dire ‘bien atta-
APOSENTAR, voir posar. ché’, ‘formant un tout bien lié’, ‘fait pour, ap-
APOSENTO, voir posar. proprié à’ d’où le sens de ‘capable’.
APOSICIÓN, voir poner. Dérivés : ADAPTAR ‘adapter’. INEPTO ‘inepte’,
APOSTAR, voir poner. du latin ineptus ‘qui n’est pas approprié, hors
APÓSTOL (‘apôtre’), du latin apostolus, lui- de propos’, ‘maladroit’, ‘déraisonnable’, ‘sot’,
même emprunté au grec apostolos ‘envoyé’, formé avec in (privatif) et aptus.
de apo (idée d’éloignement) et stellein ‘en- APUESTA, voir poner.
voyer’. En grec évangélique ‘envoyé de Dieu’. APUNTAR, voir punta.
Apostolum donne normalement apóstolo en APUNTE, voir punta.
espagnol mais l’apocope s’est produite dans la APURAR, voir puro.
mesure où ce terme était souvent suivi du nom APURO, voir puro.
de l’apôtre : apóstolo Pablo → apóstol. AQUEL, est formé à partir de la particule dé-
L’apocope s’est produite dans les mêmes con- monstrative accu (ad + eccum) ‘voici’ et du
ditions pour angelum : ángelo Gabriel → démonstratif ille : accu ille > aquel. Le signi-
ángel (semblable à bueno hombre → buen fié démonstratif de ille s’étant appauvri pour
hombre et à Dominum Petrum → don Pe- donner l’article el et le pronom personnel él, il
dro). a été nécessaire de renforcer cette forme par
APOTEOSIS, voir teo-. une particule de sens démonstratif.
APOYAR (‘appuyer’), est issu du latin populaire AQUELARRE (‘sabbat’), est emprunté au basque
*appodiare (comme l’italien appogiare), déri- akelarre, formé de aker ‘bouc’ et de larre
vé de podium ‘socle, support’, ‘qui soutient’, ‘pré’, le démon prenant la forme d’un bouc et
lui-même emprunté au grec podion ‘petit présidant une assemblée nocturne de sorciers
pied’, diminutif de pous, podos (français, es- dans un pré.
pagnol podologue, podólogo). AQUÍ, est formé à partir de la particule démons-
APRECIAR, voir precio. trative accu (ad + eccum) et de l’adverbe de
APREHENDER, voir prender. lieu hic ‘ici, dans ce lieu-ci’. Contrairement à
APREMIAR (‘contraindre, forcer, presser’) est acá (accu + hac, ‘par ici’), aquí apporte une
d’origine incertaine. Peut-être dérivé d’un mot idée de précision. L’adverbe hic a donné la
ancien premia signifiant ‘tyrannie, violence, forme y attestée en vieil espagnol : ¿ quién
contrainte’. Deux hypothèses sont avancées : está y ? ‘qui est là ?’ et toujours vivante en
a) ce terme serait apparenté au verbe latin français : j’y vais ; il y a.
premere ‘presser, serrer’ ; b) ce mot provien- ARADO, voir arar.
drait directement de praemia neutre pluriel de ARANCEL (‘droit de douane’), est d’origine
praemium ‘ce qu’on prend avant les autres’, incertaine. Probablement de l’arabe al anzêl
‘avantage, prérogative’, récompense’ et ‘pré- ‘produits, fruits’. Attesté d’abord sous la
lèvement, butin’. Cette dernière acception ex- forme alanzel ‘liste de sommes encaissées’.
pliquerait le sens actuel : ‘faire violence à qqn’ ARAÑA (‘araignée’ et ‘lustre’), du latin aranea
= ‘contraindre, forcer, presser’. ‘araignée’, ‘toile d’araignée’. L’acception
APRENDER, voir prender. ‘lustre’ est un transfert de sens par similitude
APRENSIÓN, voir prender. (métaphore) : le lustre avec ses bras écartés
APRESAR, voir prender. évoque les pattes de l’araignée.
APRESURAR, voir prisa. ARAÑAR (‘griffer’), est formé à partir de arar
APRETAR (‘serrer, presser, appuyer’), du latin ‘faire des sillons (dans la peau)’. Voir ce mot.
appectorare ‘presser contre la poitrine’, dérivé ARAR (‘labourer, faire des sillons’), du latin
de pectus ‘poitrine’. arare ‘labourer, cultiver, sillonner’.
APRISIONAR, voir prender. Dérivés : ARADO ‘charrue’, du latin aratrum >
APROBAR, voir probar. aradro > arado (dissimilation par suppression
APROPIAR(SE), voir propio. d’un phonème ‘de trop’ : r...r).
APROVECHAR, voir provecho.
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ARBITRIO (‘volonté, libre arbitre, bon plaisir’), ÁREA, voir era (2).
traitement savant du latin arbitrium ‘jugement, ARENA (‘sable’), du latin arena ‘sable’. En
décision’ et ‘bon plaisir’ qui a donné par ail- français le mot arène a longtemps signifié
leurs albedrío (voir ce mot). ‘sable’ puis par extension ‘place sablée dans
ÁRBOL (‘arbre’), du latin arbor. Dissimilation : un cirque’, les ‘arènes’ (course de taureaux).
r...r → r...l (voir aussi cárcel). Ce mot était ARGÜIR (‘déduire, conclure, arguer’), du latin
féminin en latin car l’arbre porte des fruits arguere ‘indiquer, démontrer’, ‘convaincre’.
comme la mère porte des enfants. Ce terme est Dérivés : ARGUMENTO ‘argument’, du latin
devenu masculin en bas latin par analogie argumentum ‘preuve’ et ‘matière à traiter’ =
avec les mots en -or qui étaient masculins : ‘raisonnement servant de preuve’.
dolor, error, ardor etc. sont masculins en es- ARGUMENTO, voir argüir.
pagnol. ÁRIDO(A) (‘aride’), emprunté au latin aridus,
Dérivés : ENARBOLAR ‘arborer’. dérivé du verbe arere ‘brûler’, ‘dessécher’.
ARBUSTO (‘arbuste’), du latin arbustum ‘bos- ARISTOCRACIA (‘aristocratie’), est emprunté au
quet’ et ‘arbre’ dérivé de l’adjectif arbustus grec aristokratia ‘gouvernement des meil-
‘de l’arbre’. leurs’, formé de aristos ‘le meilleur’ et de kra-
ARCA (‘coffre’), du latin arca ‘coffre, armoire’, tia qui vient de kratos ‘force’.
‘cercueil’, ‘cellule’, ‘citerne’. ARITMÉTICA (‘arithmétique’), du latin arithme-
ARCADA, voir arco. tica emprunté à l’adjectif grec arithmetikê
ARCAÍSMO (‘archaïsme’), est emprunté directe- (teknê étant sous-entendu) = ‘la technique des
ment au grec arkhaismos dérivé de arkhaios nombres’ (arithmos ‘nombre’).
‘ancien’ (arkhos ‘qui marche le premier’, ARMA (‘arme’), est emprunté au latin arma
‘chef’). pluriel neutre devenu ensuite féminin singulier
ARCANO(S) (‘arcane, secret, mystère’, ‘cou- en bas latin. Arma désignait d’abord ce qui
lisses’), emprunté au latin arcanum ‘mystère’, garnit ou prolonge le bras dans la lutte. C’est
de l’adjectif arcanus ‘secret, caché’, dérivé de la raison pour laquelle on pense généralement
arca ‘coffre’. que arma est issu de armus ‘haut du bras,
ARCÉN (‘accotement, bas-côté’), du latin vul- épaule’.
gaire arger (latin classique agger) ‘chaussée, Dérivés : ALARMA ‘alarme’, vient de l’appel
terrasse, remblai, digue’. au combat (‘crier à l’arme’ ; ¡ al arma !). AR-
ARCILLA (‘argile’), du latin argilla ‘argile, terre MARIO ‘armoire’, du latin armarium ‘lieu où
de potier’. l’on rangeait les armes’, ‘dépôt, arsenal’ puis
ARCO (‘arc’), du latin arcus. Ce mot désignait par extension de sens ‘placard’, ‘meuble de
une arme (l’arc) puis les objets ayant la forme rangement’. ARMISTICIO, emprunt au latin
d’un arc tendu : arche d’un pont, voûte etc. médiéval armistitium, formé de arma et d’un
(usage métaphorique). élément (stitium) issu de statum / statio (fran-
Dérivés : ARCADA ‘arcade, arche’ et, au plu- çais station) du verbe stare ‘être debout’, ‘de-
riel, ‘nausées, vomissements’ car celui qui meurer immobile, s’arrêter’ d’où ‘arrêt des
vomit est semblable, lorsqu’il se courbe, à une armes’. DESARMAR ‘désarmer’. DESARME ‘dé-
arche. sarmement’. INERME ‘désarmé’, du latin iner-
ARCHIVO (‘archives’), emprunté au bas latin mis ‘sans armes’ et ‘inoffensif, sans défense’,
archivum, lui-même emprunté au grec arkheia formé avec in (privatif) et arma.
(neutre pluriel) ‘lieu où l’on conserve les do- ARMARIO, voir arma.
cuments officiels’. Le neutre singulier ARMISTICIO, voir arma.
arkheion signifiait ‘résidence des hauts magis- ARMONÍA (‘harmonie’), emprunté par
trats de la cité’, dérivé du grec arkhê ‘autori- l’intermédiaire du latin harmonia au grec
té’. harmonia ‘cheville, joint (en maçonnerie)’
ARDER (‘brûler’), du latin ardere de même sens, d’où l’idée d’assemblage bien réalisé et, dans
dérivé comme aridus de arere ‘brûler’, ‘des- le domaine musical, ‘accord des sons’.
sécher’. Vieux français ardoir et ardre. ARNÉS (‘harnais’), emprunté à l’ancien français
ARDUO(A) (‘ardu, e’), est emprunté au latin harneis ou herneis. Harnais est emprunté au
arduus ‘élevé’, ‘en pente raide, escarpé’ donc scandinave hernest ‘provisions pour l’armée’.
‘difficile’.
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ARO (‘cercle, cerceau, anneau, boucle’), est ARRIBA (‘en haut’), dérivé de l’ancienne forme
d’origine très incertaine. Peut-être du latin ar- riba ‘rive’, issue du latin ripa ‘bord d’une ri-
vum ‘champ’ → ‘enclos, enceinte, arène’ (ce vière, rive’. Composé de ad ‘vers’ et de riba :
qui entoure, image du cercle) → ‘anneau’. ‘aller vers la rive (‘ar-rive-r’) → ‘monter sur
AROMA (‘arôme’), emprunté au latin aroma qui la rive’ d’où le sens de ‘en haut’, ‘dessus’,
est un hellénisme. Le terme grec arôma dési- ‘au-dessus’.
gnait une plante aromatique ou des épices. ARRIBAR, voir ribera.
ARQUEOLOGÍA (‘archéologie’), emprunté au ARRIESGAR, voir riesgo.
grec arkhaiologia, formé de arkaio- ‘ancien’ ARROBAR, voir robar.
et de logia ‘théorie’ = ‘théorie, discours sur le ARROBO, voir robar.
passé’. ARRODILLAR, voir rodilla à l’article rueda.
ARQUITECTO (‘architecte’), emprunté au latin ARROGANCIA, voir rogar.
architectus lui-même issu du grec arkhitektôn, ARROJAR (‘lancer, jeter’), issu du latin populaire
composé de arki (idée de commencer, d’être le *rotulare lui-même dérivé de rotare ‘rouler’
premier, de prendre l’initiative) et de tektôn (français rotation) → *ar-rotulare (‘faire rou-
‘charpentier’, ‘charpentier de marine’ : ler’ puis ‘lancer’) > arrojar.
l’architecte est celui qui conçoit le premier un ARROLLAR, voir rueda.
édifice. ARROYO (‘ruisseau’), mot d’origine préromane
ARRABAL (‘faubourg’), de l’arabe al rabad de formé d’après le substantif féminin arrugia
même sens. ‘galerie d’une mine d’or’ puis ‘galerie où cir-
ARRAIGAR, voir raíz. cule de l’eau’ et enfin ‘ruisseau’.
ARRANCAR (‘arracher’, ‘mettre en marche, ARROZ (‘riz’), de l’arabe al ruzz de même sens
démarrer’), est d’origine non établie. Peut-être sans doute d’origine persane. En français, le
dérivé du catalan ancien renc (issu lui-même mot riz est un emprunt à l’italien riso (latin
du germanique hring) ‘rangée, file de soldats’ orizum).
→ *esrancar → arrancar. On serait passé du ARRUGA (‘ride’), du latin ruga ‘ride’, ‘rugosité,
sens de ‘rompre les rangs’ à celui de ‘séparer’ aspérité’.
et d’ « arracher ». Dérivés : RUGOSO ‘rugueux’, du latin rugosus
Dérivés : ARRANQUE ‘démarrage’, ‘élan’, ‘ac- ‘ridé’ (en parlant de la peau), ‘plissé’, ‘râ-
cès’ (déverbal de arrancar). peux’, dérivé de ruga.
ARRANQUE, voir arrancar. ARRUINAR, voir ruina.
ARRASAR, voir raer. ARRULLAR (‘roucouler’, ‘bercer en chantant’),
ARRASTRAR, voir rastro. mot de formation onomatopéique : chant du
ARREBATAR, voir rebato. pigeon et berceuse (‘ro-ro’).
ARREBATO, voir rebato. ARTE (‘art’), du latin ars, artis ‘talent, savoir-
ARRECIAR, voir recio. faire, habileté’, ‘métier’, ‘théorie’, ‘connais-
ARRECIFE (‘récif’), emprunté à l’arabe al rasif sances techniques’.
‘chaussée, digue’, tiré du verbe rasafa ‘paver’. Dérivés : INERTE ‘inerte’, du latin iners, iner-
Le français récif est emprunté à l’espagnol. tis ‘inhabile à, sans capacité’ d’où ‘sans éner-
ARREGLAR, voir regla. gie, inactif’, ‘improductif’, formé avec in (pri-
ARREGLO, voir regla. vatif) et ars, artis.
ARREMANGARSE, voir manga. ARTEFACTO (‘machine, engin’, ‘engin explo-
ARREMETER, voir meter. sif’), du latin arte factus ‘fait avec art’.
ARREMOLINARSE, voir moler. L’anglais possède aussi le mot artefact.
ARRENDAR, voir rendir. ARTERIA (‘artère’), du latin arteria issu du grec
ARREPENTIRSE (‘se repentir’), d’abord attesté artêria ‘artère’ et ‘trachée’ (trakheia artêria
sous la forme repentirse. Issu du latin médié- ‘artère rugueuse’).
val repoenitere, composé de re- (préfixe à va- ARTESANO (‘artisan’), emprunté à l’italien
leur intensive) et de poenitere, altération du artigiano ‘celui qui exerce un métier’.
latin classique paenitere ‘être mécontent de ARTÍCULO (‘article, denrée’ ; ‘article’ [en
soi’ d’après poena ‘peine’. grammaire] ; ‘article’ [écrit]), emprunté au la-
ARRESTAR, voir restar. tin articulus (diminutif de artus, artum) : ‘arti-
ARRESTO, voir restar. culation, jointure des os’, ‘noeud des arbres’,
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‘orteil’ ; ‘moment précis du temps’ ; ‘article’ ASAR (‘rôtir’), du latin assare ‘faire rôtir’, dérivé
(en grammaire ; grec arthron) ; ‘membre de de assus, a, um ‘rôti, grillé’ et ‘sec’ dans le
phrase’, ‘division du discours’. A partir de sens de ‘tel quel, dans son état naturel’.
l’acception ‘membre de phrase’, ‘division du Dérivés : ASADO ‘rôti’, littéralement ‘produit
discours’ on est passé à celle de ‘division d’un de la cuisson’, est le participe passé devenu
texte juridique’ (article premier du Code Pé- substantif de asar.
nal) puis ‘division d’un compte’ (au sens ASCENDER(SE) (‘monter, atteindre, s’élever’),
commercial) puis les divers éléments de ce du latin ascendere ‘monter, faire monter’,
compte c’est-à-dire ‘liste de produits, d’objets composé de ad ‘vers’ et de scandere ‘gravir’.
vendus en public’ (article de première néces- Dérivés : ASCENSIÓN ‘ascension’. ASCENSO
sité). ‘avancement’ (ascenso por escalafón ‘avan-
Dérivés : ARTICULAR ‘articuler’. DESARTICU- cement à l’ancienneté’). ASCENSOR ‘ascen-
LACIÓN ‘démantèlement’ (desarticulación de seur’.
un grupo terrorista ‘démantèlement d’un ASCENSIÓN, voir ascender.
groupe terroriste’). DESARTICULAR ‘désarticu- ASCENSO, voir ascender.
ler’ et ‘démanteler’. ASCENSOR, voir ascender.
ARTILLERÍA (‘artillerie’), emprunté au français ASCO (‘dégoût’), est d’origine incertaine. Latin
artillerie, dérivé de l’ancien verbe artillier classique odi ‘haïr’ → latin vulgaire *osicare
‘équiper d’engins’, altération de atilier ‘parer, → *osgar ( ?) → usgo (déverbal ; forme an-
arranger’ issu du latin vulgaire *apticulare dé- cienne attestée) → asco d’après asqueroso
rivé de aptare ‘équiper, adapter’. ‘écœurant’ (voir ce mot).
ARTISTA (‘artiste’), emprunté soit au latin mé- ASCUA (‘braise, charbon ardent’) est d’origine
diéval artista ‘maître ès arts’ puis ‘lettré’, soit inconnue.
à l’italien artista. ASEAR (‘laver, nettoyer’, ‘parer, arranger avec
ARZOBISPO, voir obispo. soin’) est sans doute issu d’une forme de latin
AS (‘as’ [cartes] et ‘as’ [personne douée]), du populaire *assedeare ‘mettre les choses à leur
latin as, assis ‘unité’ pour la monnaie, les place’, dérivée de sedes ‘siège, place’, ‘habita-
poids et mesures. L’as romain était l’unité tion, domicile’.
monétaire de base. Le mot as apparaît en es- Dérivés : ASEO ‘toilette’, ‘hygiène’, ‘propreté’.
pagnol au XIIIe siècle pour désigner la face ASEDIO (‘siège, harcèlement’), est probablement
d’un dé marquée d’un seul point (idée d’unité emprunté à l’italien assedio ‘siège’ / assediare
en latin). Au XVIe, ce mot s’applique aux ‘assiéger’, formes dérivées du bas latin asse-
cartes où il désigne dans chaque couleur la dium de même sens. Pour exprimer la notion
carte marquée d’un seul point. Le sens de de siège militaire, le latin classique disposait
‘champion’ (un as del volante) dérive de de obsidere ‘mettre le siège devant, assiéger’
l’argot des sports, celui des courses de che- dérivé de sedere ‘être assis, seoir’.
vaux en particulier, où as désignait le cavalier ASEGURAR, voir seguro.
du peloton de tête (le premier ; aujourd’hui le ASENTAR, voir sentar.
cheval portant le n°1). Pendant la guerre de ASENTIR, voir sentir.
14-18, as désignait aussi un aviateur ou un ASEO, voir asear.
soldat de valeur. En français, l’expression être ASEQUIBLE, voir seguir.
plein aux as fait référence à la valeur supé- ASERRAR, voir sierra.
rieure de l’as par rapport aux autres cartes ASESINAR, voir asesino.
(carte majeure = pouvoir, argent). ASESINO (‘assassin’), est emprunté semble-t-il à
ASADO, voir asar. l’arabe hassasin ‘fumeurs de haschisch’. Ce
ASALARIAR, voir sal. nom désignait les membres d’une secte ou
ASALTAR, voir saltar. d’un ordre religieux syrien (ordre musulman
ASALTO, voir saltar. des Ismaéliens) qui, selon la légende véhiculée
ASAMBLEA (‘assemblée’), emprunté au français par les adversaires sunnites de cette secte,
assemblée, participe passé substantivé du étaient capables de tuer sous l’emprise de la
verbe assembler, issu du latin vulgaire assimu- drogue. Cette explication ne fait pas
lare formé avec ad ‘vers’ et simul ‘ensemble’. l’unanimité chez les Orientalistes en particu-
lier.
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ASESOR (‘conseiller’), emprunté au bas latin Dérivés : ASOMO ‘apparence’, ‘ombre’, ‘in-
assessor ‘celui qui aide, qui conseille’ dérivé dice’, ‘soupçon’ (sin el menor asomo de du-
de assidere (ou adsedere) ‘être assis auprès de da ‘sans l’ombre d’un doute’).
qqn’ (pour le conseiller). ASOMBRAR, voir sombra.
Dérivés : ASESORAR ‘conseiller’. ASOMO, voir asomar(se).
ASEVERAR, voir severo. ASPECTO (‘aspect’), emprunté au latin aspectus
ASFIXIA (‘asphyxie’), emprunt très tardif ‘regard’, ‘action de regarder’, dérivé de aspi-
(XVIIIe siècle) au grec médical asphuxia, cere ‘apercevoir’.
composé de a (privatif) et de sphuxis ‘batte- ÁSPERO (‘âpre’), du latin asper, asperum ‘rocail-
ment du pouls’. On est passé du sens d’ « arrêt leux’ → ‘qui cause une sensation rude au tou-
du cœur » à celui d’ « étouffement ». cher, au goût’ → ‘rude, pénible’.
ASÍ, du latin sic (‘ainsi, de cette manière, comme Dérivés : EXASPERAR ‘exaspérer’.
cela’) > sí en espagnol ancien (Sí fago ‘je fais ASPIRAR (‘aspirer’), emprunté au latin aspirare
ainsi’) puis así (ad + sic) par analogie avec ‘souffler en direction de’ (ad + spirare ‘respi-
d’autres adverbes ou locutions adverbiales rer’).
comptant un a- initial : apenas, afuera, a me- ASPIRINA (‘aspirine’), emprunté à l’allemand
nudo, a veces , asaz (ad + satis, ‘assez’ en Aspirin. Composé de a- (privatif) et du latin
vieil espagnol), aun (latin adhuc ‘jusqu’ici’), savant spiraea ‘plante spirée’ qui contient
abés (ad + vix ‘à peine’, vx), aprés (‘près de’, l’acide acétylsalicylique. Cette substance sera
vx). Voir sí ‘oui’. ensuite obtenue par synthèse sans l’aide de la
ASIDUO (‘assidu’), emprunté au latin assiduus plante d’où le préfixe privatif a-.
‘continu, assidu’, issu du verbe assedere (ad ASQUEROSO (‘écoeurant, repoussant’), du latin
sidere), formé de ad ‘vers’ et de sedere ‘être vulgaire *escharosus ‘plein de croûtes’, dérivé
assis’ → ‘être assis auprès de’. D’où le sens de eschara ‘croûte’ (du grec eskhara ‘foyer,
‘qui se tient souvent auprès de qqn’ et enfin braise’ et ‘croûte sur une brûlure’ ; français
‘qui est régulièrement présent dans un lieu’. escarre).
ASIENTO, voir sentar. ASTA, voir subastar.
ASIGNAR, voir seña. ASTILLA (‘fragment de bois, écharde’), du latin
ASIGNATURA, voir seña. astella, diminutif de astula / assula ‘éclat,
ASILO (‘asile’), emprunté au latin asylum lui- écharde’.
même issu du grec asulon ‘lieu sacré’ dérivé ASTILLERO (‘chantier naval’), dérivé de astilla
de asulos ‘qu’on ne peut saisir’. Formé avec a (ancien français astelle ou attelle ‘petit mor-
(privatif) et sula ‘butin’. ceau de bois’ → atelier). Astillero et atelier
ASIMILAR, voir semejar. signifiaient donc primitivement ‘tas de bois’
ASIR (‘saisir’), verbe dérivé du substantif asa puis ‘lieu où l’on travaille le bois’ (atelier de
(‘anse’, latin ansa) : ‘prendre par l’anse’ puis, menuiserie, tonnellerie) et ‘chantiers navals’
par extension de sens, ‘saisir’. pour l’espagnol.
Dérivés : DESASIR ‘lâcher’. ASTRAL, voir astro.
ASISTIR, voir existir. ASTRO (‘astre’), emprunté au latin astrum, lui-
ASNO (‘âne’), du latin asinus de même sens. même issu du grec astron ‘astre’.
Dérivés : DESASNAR ‘déniaiser’, ‘dégourdir’. Dérivés : ASTRAL ‘astral’ (carta astral ou te-
ASOCIAR, voir socio. ma celeste ‘thème astral’). DESASTRADO ‘dé-
ASOLAR, voir suelo. guenillé’, ‘malheureux’, ‘déréglé’. DESASTRE
ASOMAR(SE) (‘apparaître’, ‘se montrer’, ‘laisser ‘désastre’, est emprunté à l’occitan ancien de-
voir’), est dérivé de l’ancienne forme somo (en sastre ‘mauvaise étoile’, ‘malheur’ (préfixe
somo ‘au-dessus de’) issue du latin summus ‘le privatif des-), dérivé de astre ‘étoile’. DESAS-
plus haut, le plus élevé’ employé comme su- TROSO ‘désastreux’.
perlatif de super ‘sur, au-dessus’. Asomar si- ASTUTO(A) (‘astucieux, rusé’), emprunté au latin
gnifie donc à l’origine ‘apparaître au sommet astutus, dérivé de astus ‘ruse’.
de qqch’, ‘apparaître au loin’ puis ‘commen- Dérivés : ASTUCIA ‘ruse’ (latin astutia).
cer à se montrer’, ‘laisser dépasser la tête’. ASUMIR, voir sumir.
ASUNTO, voir sumir.
ASUSTAR, voir susto.
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sentéisme’ (XIXe siècle, sous l’influence de AUXILIO (‘secours, aide, assistance’), est em-
l’anglais absenteism). ABSENTISTA ‘absen- prunté au latin auxilium de même sens, issu du
téiste’. verbe augere ‘augmenter’ d’où le sens ‘ac-
AUSTERO (‘austère’), emprunté au latin austerus croissement de forces, renfort, aide’.
‘âpre’ et ‘sévère’, lui-même emprunté au grec AVALANCHA (‘avalanche’), est emprunté au
austêros ‘sec’, ‘âpre, amer’. français avalanche. Formé par croisement de
AUTARQUÍA (‘autarcie’), emprunté au grec avaler ‘descendre, dégringoler’ et du terme
autarkeia, composé de autos ‘soi-même’ et de d’origine alpine lavanche (ancien provençal
arkeia, du verbe arkein ‘protéger, secourir’, lavanca, du latin labina ‘éboulement’).
‘suffire’ d’où l’idée d’auto-suffisance (‘vivre AVANZAR (‘avancer’), du latin vulgaire
en autarcie’). *abanticare dérivé de abante ‘avant’, formé
AUTÉNTICO (‘authentique’), est emprunté au avec les prépositions ab et ante.
latin authenticus mot à la fois adjectif (se di- AVARO (‘avare’), emprunté au latin avarus
sait d’un texte ‘original, authentique’) et subs- dérivé du verbe avere ‘désirer avidement’
tantif neutre (authenticum) ‘acte juridique qui (autre dérivé : avidus ‘avide’). Par spécialisa-
peut faire foi’. Issu du grec authentikos signi- tion, avarus a désigné celui qui est avide
fiant ‘dont le pouvoir est inattaquable’, dérivé d’argent.
de authentes ‘auteur responsable’. Dérivés : AVARIENTO ‘avare’.
AUTO-, préfixe issu de l’adjectif et pronom grec AVASALLAR, voir vasallo.
autos signifiant ‘le même, lui-même, de lui- AVE (‘oiseau’), du latin avis de même sens. En
même’ : la autoestima ‘l’estime de soi’. français, oiseau est issu de avicellus dérivé de
AUTÓCTONO (‘autochtone’), emprunté au fran- avis.
çais autochtone issu lui-même du grec autokh- AVECINARSE, voir vecino.
thôn, formé de autos ‘le même’ et de khthôn AVECINDARSE, voir vecino.
‘terre’ = ‘habitant du lieu même’. AVELLANA (‘noisette’), du latin avellana nux
AUTOESTIMA, voir auto- et estimar. ‘noix de la région d’Abella’ (en Campanie).
AUTÓMATA (‘automate’), est emprunté au grec Puis processus de substantivation de l’adjectif
automatos ‘qui se meut de lui-même’. après effacement du mot nux et métonymie (le
AUTOMÓVIL, voir mover. fruit est désigné par le lieu de production).
AUTÓNOMO (‘autonome’), emprunté au grec Voir en français prendre un cognac = un verre
autonomos ‘qui est régi par ses propres lois’, d’eau-de-vie produite dans la région de Co-
formé de autos ‘lui-même’ et de nomos ‘loi’. gnac, en Charentes.
AUTOPSIA (‘autopsie’), emprunté au grec autop- AVENENCIA, voir venir.
sia ‘action de voir par soi-même’, composé de AVENIDA, voir venir.
autos ‘lui-même’ et de -opsia dérivé de opsis AVENIRSE, voir venir.
‘vue’ (optique/óptica). Le mot s’est ensuite AVENTAJAR (‘dépasser, surpasser, l’emporter
spécialisé en médecine pour désigner sur’), verbe dérivé des anciennes formes aven-
l’examen d’un cadavre. taje / avantaja (moderne ventaja) issues du
AUTOR (‘auteur’), emprunté au latin auctor français avantage lui-même dérivé avec le suf-
‘instigateur’, ‘conseiller’, dérivé du verbe au- fixe -age de avant (du latin impérial abante
gere ‘augmenter, faire croître’. Le sens primi- formé avec ab et ante ‘avant’ et ‘devant’).
tif est d’abord religieux : ‘celui qui fait croître’ Voir avanzar / avancer.
(comme augur ‘prêtre qui fournit des présages AVENTURA, voir venir.
favorables, propres à faciliter et à accroître les AVERGONZAR, voir vergüenza.
entreprises humaines’). AVERÍA (‘avarie, panne’), emprunté au génois
Dérivés : AUTORIDAD ‘autorité’, du latin auc- avaria, lui-même emprunté à l’arabe awa-
toritas qui désignait le fait d’être auctor c’est- riyya, dérivé de awar ‘défaut’.
à-dire ‘fondateur, instigateur, conseiller’ et AVERIGUAR, voir verdad.
‘auteur, responsable d’une oeuvre’. AUTORI- AVERSIÓN, voir verter.
ZAR ‘autoriser’, est emprunté au latin médié- AVEZAR (‘accoutumer, habituer à’), dérivé de
val auctorizare ‘confirmer’ dérivé de auctor l’ancienne forme bezo ‘habitude, coutume’,
dans le sens de ‘garant’ (droit). elle-même issue du latin vitium ‘vice, défaut’.
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Dérivés : ABAJO ‘dessous, en bas’. BAJEZA BALIZA (‘balise’), est emprunté au portugais
‘bassesse’. BAJURA dans pesca de bajura baliza ‘dispositif de signalisation’, dérivé mo-
‘pêche côtière’. zarabe du bas latin palitium, palitia (ancien
BALA (1) (‘balle, projectile’) est emprunté à français palisse), lui-même issu du latin palus
l’italien balla variante dialectale de palla ‘pe- ‘pieu’ (balise : pieu enfoncé dans le fond
lote pour le jeu de paume’ puis ‘projectile d’une rivière pour signaler un obstacle ou une
d’arme à feu’. direction).
Dérivés : BALÓN ‘ballon’, de l’italien pallone, Dérivés : BALIZAR ‘baliser’.
augmentatif de palla. BALNEARIO (‘station balnéaire’), est emprunté
BALA (2) (‘balle de marchandises’), est emprunté au latin balnearius (adjectif signifiant ‘du
au français balle dont l’étymologie est incer- bain, relatif au bain’), issu de balneum ‘bain’.
taine (emprunt au francique balla ‘pelote, ob- L’espagnol a substantivé l’adjectif latin.
jet sphérique’). BALÓN, voir bala.
BALADA (‘ballade’, [composition poétique]), est BALONCESTO / BALONMANO / BALONVO-
emprunté à l’ancien provençal ballada ‘petit LEA, sont des adaptations des termes anglais
poème chanté ou dansé’ dérivé de ballar ‘dan- baskett-ball, hand-ball et volley-ball.
ser’ (voir bailar). BÁLSAMO (‘baume’), est issu du latin balsamum
BALANZA (‘balance’), est emprunté avec altéra- qui désignait un arbrisseau odoriférant puis,
tion phonétique au latin vulgaire bilancia ‘ba- par métonymie, la substance résineuse sécré-
lance à deux plateaux’, dérivé de bilanx, for- tée par certaines plantes.
mé de bis ‘deux fois’ et de lanx ‘plateau’. La BALUARTE (‘bastion’, ‘rempart’, [au propre et
tradition étymologique française explique le a au figuré]), est emprunté vers 1460, à l’ancien
de balance par l’influence de l’ancienne forme français boloart, bolvert ou balouart (moderne
ballant, participe présent du verbe baller ‘dan- boulevard). Ce terme est issu du moyen néer-
ser’ car l’oscillation des deux plateaux de la landais bolwerc ‘ouvrage en planches’. Le mot
balance fait penser à un mouvement de danse. balouart désignait donc à l’origine un ouvrage
On pourrait raisonner de même pour de défense, un rempart fait de madriers (sens
l’espagnol : balanza / bailar. retenu par l’espagnol baluarte). Puis ce sens a
Dérivés : ABALANZARSE ‘se précipiter sur’ vieilli en français et l’on est passé au sens de
avec le préfixe privatif a- qui signifie littéra- promenade plantée d’arbres située autour
lement ‘enlever, rompre brutalement d’une ville sur l’emplacement d’anciens rem-
l’équilibre d’une balance’. BALANCE ‘bilan’ : parts. Enfin, le mot désigne aujourd’hui une
faire un bilan consiste en effet à mettre en ba- voie urbaine large, souvent plantée d’arbres
lance, à comparer. (disparition complète de la motivation
BALBUCIR (‘balbutier’), est emprunté au latin d’origine). L’espagnol a emprunté une pre-
balbutire ‘bégayer, parler de manière obs- mière fois, au XVe siècle, le terme français
cure’, dérivé de balbus ‘bègue’. Le français sous la forme baluarte avec son sens premier.
balbutier et l’espagnol balbucear (variante de Cinq siècles plus tard, il l’a réemprunté au
balbucir) remontent à la forme supposée français sous la forme bulevar avec le sens
*balbutiare. que nous lui connaissons actuellement.
BALCÓN (‘balcon’), est emprunté à l’italien BALLENA (‘baleine’ [l’animal] et ‘baleine’ [de
balcone ‘saillie sur la façade d’un bâtiment’ parapluie]), est emprunté au latin ballaena,
puis ‘balustrade de cette saillie’. ballena qui désignait un grand mammifère
BALDE (de balde, ‘gratuit’ ; en balde, ‘en vain’), marin. Par métonymie, le mot baleine a dési-
vient de l’arabe bâtil ‘vain, inutile’, participe gné aussi bien en français qu’en espagnol la
du verbe batal ‘être inutile’. tige flexible dont on se servait pour renforcer
Dérivés : BALDÍO ‘inculte, en friche’. un tissu et qui était fabriquée à partir des fa-
BALÍSTICA (‘balistique’), est emprunté au latin nons de la baleine. Par extension, le mot dé-
scientifique ballistica ‘calcul des trajectoires’, signe aujourd’hui une tige faite avec d’autres
lui-même issu de ballista qui désignait une matériaux (baleines de parapluie etc.).
machine de guerre (‘catapulte’ ou ‘baliste’) et BALLESTA (‘baliste’ et ‘arbalète’), est issu du
ses projectiles (voir ballesta ‘baliste’ et ‘arba- latin ballista ‘baliste, machine de guerre lan-
lète’). çant des projectiles’ et ‘trait lancé par la ba-
liste’. Voir balística.
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BALLET (‘ballet’), est emprunté au français la sellette’. Sellette est le diminutif de selle
ballet, lui-même issu de l’italien balleto ‘petit dans le sens ancien de ‘siège’.
bal’, ‘danse mimée’. Balleto est le diminutif BANDA (1) (‘bande’, ‘écharpe’), provient de
de ballo ‘bal’ issu de ballare ‘danser’ (ancien l’ancien français bende puis bande lui-même
français baller ; espagnol bailar). emprunté au germanique bindo ‘bande’, ‘ru-
BAMBOLEAR (‘osciller’, ‘ballotter’, ‘chance- ban’.
ler’), est un mot de formation expressive cen- BANDA (2) (‘bande’ [de gens, d’animaux]), est
sée reproduire un mouvement d’oscillation. probablement emprunté soit au gotique band-
BAMBOLLA (‘esbroufe, étalage’, ‘fanfaron- wo ‘signe’, attesté en latin médiéval par ban-
nade’). Ce mot signifiait autrefois ‘bulle’. Il a dum ‘étendard, bannière’, soit au germanique
été formé à partir de bul-bulla (‘bulle’), dupli- banda. L’évolution s’est faite par métonymie.
cation expressive de la première syllabe du On est passé du sens d’ « étendard » à ‘troupe
verbe latin bullire ‘bouillir’. Le passage du assemblée sous un même étendard’ puis à
sens de ‘bulle’ à celui d’ « esbroufe » ‘troupe’, ‘bande’.
s’explique car une bulle offre une belle appa- Dérivés : ABANDERADO ‘porte-drapeau’, ‘re-
rence mais elle est pleine de vide et elle présentant’. ABANDERAR ‘se faire le porte-
éclate... drapeau de’. BANDERA ‘drapeau’ conserve le
BAMBÚ (‘bambou’), est emprunté au portugais sens étymologique de ‘signe’, ‘étendard’.
bambu, lui-même emprunté au marathe et au BANDERILLA ‘banderille’, qui signifie littéra-
guzrati qui sont des langues de l’Inde. lement ‘petite bannière’, est le diminutif de
BANAL (‘banal’), est emprunté au français banal bandera. DESBANDADA ‘débandade’. DES-
d’abord terme de féodalité désignant une BANDARSE ‘s’enfuir en désordre’, ‘se disper-
chose appartenant à une circonscription féo- ser’.
dale, le ban. Après la disparition du régime BANDEJA (‘plateau’), est emprunté au portugais
féodal, le mot est devenu synonyme de ‘com- bandeja ‘van, plat pour vanner le blé’.
munal’, ‘commun à tous’. Par extension sé- BANDERA, voir banda (2).
mantique, banal a pris le sens actuel ‘qui est BANDERILLA, voir banda (2).
extrêmement commun, sans originalité’. BANDIDO (‘bandit’), est emprunté à l’italien
BANANA, voir plátano. bandito ‘banni, hors-la-loi’, participe passé
BANCA , voir banco. substantivé de bandire ‘proscrire’. Bandire est
BANCO (‘banc’ et ‘banque’), est apparu vers apparenté par le sens à ‘bannir, mettre au ban
1250 et provient du germanique bank ‘banc’. de la société’.
Ce mot a été introduit en espagnol et en fran- BANDO (1) (‘édit’, ‘arrêté’, ‘ban’), est emprunté
çais par l’intermédiaire du latin populaire ban- au français ban, lui-même issu du francique
cus ‘banc’. L’acception d’établissement ban- ban ‘loi dont la non-observance entraîne une
caire (début du XVIe siècle) provient de peine’. Voir abandonar.
l’italien banca désignant le banc, le comptoir BANDO (2) (‘faction, parti’), provient — comme
du changeur et, par extension, l’établissement banda (2) — du gotique bandwo ‘signe’.
bancaire lui-même (procédé métonymique : Bando a pris le sens particulier d’ « étendard
une partie — le banc — finit par désigner le distinctif d’un groupe » puis a désigné le
tout : l’établissement de crédit). Banco dé- groupe lui-même : ‘faction, parti’.
signe un établissement bancaire : el Banco BANQUETE (‘banquet’), est emprunté au français
Español de Crédito, el Banco de Bilbao y banquet, lui-même issu de l’italien banchetto
Vizcaya etc. ‘festin’, diminutif de banco ‘banc’.
Dérivés : BANCA (attesté au début du XIXe BANQUILLO, voir banco.
siècle) est un terme plus abstrait, plus général, BAÑAR, voir baño.
qui désigne le système bancaire (la banca es- BAÑO (‘bain’), est issu du latin vulgaire baneum,
pañola = el sistema bancario español). On altération du latin classique balneum ‘fait de
peut penser que l’espagnol l’a créé d’après le se baigner’ et ‘lieu dans lequel on se baigne’.
français banque ou l’italien banca. BANQUIL- Dérivés : BAÑAR(SE) ‘(se)baigner’.
LO signifie ‘petit banc’ et ‘banc des accusés’, BAR (1) (‘bar, café’), est l’abréviation de
‘sellette’. Sentar en el banquillo : ‘mettre sur l’anglais bar-room (littéralement ‘lieu où l’on
boit à la barre du comptoir’). L’anglais bar est
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un emprunt au français barre (‘barre de bois nous est venue la coutume de préparer les
ou de métal’). Bar a donc désigné la barre viandes de cette manière.
d’un comptoir puis le comptoir et enfin le lieu BÁRBARO (‘barbare’, ‘grossier’ et ‘formidable,
où l’on boit (voir barra). du tonnerre’), est emprunté au latin barbarus
BAR (2) (‘bar’, [unité de pression atmosphé- avec le sens d’ « étranger » et désignant tous
rique]), est un mot créé en 1906 par le physi- les peuples autres que les Grecs ou les Ro-
cien norvégien Bjer Knes d’après le grec ba- mains. Barbarus est calqué sur le grec barba-
rus ‘lourd’. ros (c’est-à-dire ‘les non-Grecs’). Le mot est
Dérivés : BARÓMETRO ‘baromètre’. d’origine onomatopéique, il évoque le bre-
BARAHÚNDA (‘tapage, vacarme’), est d’origine douillement (bar-bar), l’expression incompré-
obscure. hensible des peuples grossiers et incultes.
BARAJA, voir barajar. Dans la langue familière actuelle bárbaro est
BARAJAR (‘battre les cartes’), est d’origine utilisé avec une valeur intensive et positive :
inconnue. hacer un efecto bárbaro ‘faire un effet
Dérivés : BARAJA ‘jeu de cartes’. bœuf’. Cette utilisation est à rapprocher de
BARATIJA, voir barato. celle de pipa, fenómeno, horrores dans pa-
BARATO (‘bon marché’), est dérivé de l’ancien sarlo pipa, divertirse fenómeno ‘s’éclater’,
verbe baratar ‘faire du négoce’, ‘changer le sentirlo horrores (substantifs adverbialisés).
prix d’une marchandise afin de tirer un béné- BARBECHO (‘jachère’), est issu du latin vervac-
fice’ dont l’origine n’est pas établie. Peut-être tum de même sens.
apparenté à des mots d’origine celte tels que BARBIÁN (‘déluré, gaillard, qui n’a pas froid aux
l’irlandais brath ou brat ‘tromper sur la mar- yeux’), provient sans doute du gitan barban
chandise’. A l’origine, barato était un subs- ‘air’, ‘vent’.
tantif (‘somme d’argent’, ‘escompte’, BARBILLA, voir barba.
‘fraude’) devenu ensuite adverbe et adjectif. BARCA (‘barque’), est issu du bas latin barca
Dérivés : ABARATAR ‘baisser, diminuer’. BA- peut-être d’origine ibérique (basque ibi, ibai
RATIJA ‘babiole’. DESBARATAR ‘bouleverser’, ‘le fleuve’ : barca = ‘barque fluviale’).
‘défaire’, ‘gaspiller’. Dérivés : BARCO. Contrairement à ce que l’on
BARBA (‘menton’, ‘barbe’ ; ‘barbon, père trouve dans les oppositions huerto/huerta,
noble’), est emprunté au latin barba ‘poils du ratón/rata, río/ría, hoyo/hoya, cubo/cuba, le
menton et des joues de l’homme’ et ‘poils de féminin barca ne désigne pas un objet plus
la mâchoire d’un animal’. En espagnol, le mot grand. ‘Barco peut se référer à un gros bateau
désigne aussi le lieu où pousse la barbe, le alors que barca n’est qu’une barque. Il faut
menton, et un acteur qui joue le rôle de ‘père revenir à l’idée de base de la distinction géné-
noble’ ou ‘barbon’. Par métonymie, la barbe, rique en langue romane : l’opposition mascu-
symbole de l’âge adulte, en vient à désigner lin/féminin. Le féminin est le genre marqué.
l’acteur lui-même. Par ailleurs, barba signifie Le vocable au féminin est donc de nature à
‘homme’ (barbe = virilité), d’où la locution être plus riche sémantiquement. C’est le cas de
familière actuelle por barba ‘par individu’ barca qui comprend plus de traits sémantiques
dans nos salió a tanto por barba : ‘cela nous que barco : la barque est un bateau plus petit
est revenu à tant par tête de pipe’. destiné à des usages précis ; barco désigne au
Dérivés : BARBILLA ‘menton’, diminutif de contraire toute forme d’embarcation.’
barba. B.Pottier, B. Darbord et P. Charaudeau,
BARBACOA (‘gril, barbecue’), est emprunté à un Grammaire explicative de l’espagnol, Nathan,
mot d’origine amérindienne : barbacoa en 1994, p. 47.
haïtien. Ce mot désigne des piquets où l’on Dérivés : DESEMBARCAR ‘débarquer’. EM-
accroche de la viande au-dessus d’un feu pour BARCACIÓN ‘embarcation’. EMBARCAR ‘em-
la sécher ou la fumer. L’anglo-américain bar- barquer’.
becue procède exactement de la même origine. BARCO, voir barca.
Aux États-Unis, ce mot a pris au XVIIIe siècle BARNIZ (‘vernis’), est issu du bas latin veronix,
le sens de ‘pique-nique où l’on fait des veronice ‘résine odoriférante’, emprunté au
viandes rôties’. C’est d’ailleurs des USA que grec tardif beronikê. Ce dernier mot provient
peut-être du sanskrit varnika ‘peinture’ ou
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bien du nom de la ville de Cyrénaïque, Bere- d’une forme de gallo-roman barriculus dimi-
nikê, où l’on produisait cette résine. nutif de barrica (voir ce mot).
Dérivés : BARNIZAR ‘vernir’. BARRIO (‘quartier’), provient de l’arabe barr
BARÓN (‘baron’), est issu du germanique baro ‘environs’ (d’une ville).
qui désigne un homme libre, un guerrier. Ce BARRO (‘boue’), mot d’origine préromane ibère
mot a été introduit dans la Romania par les ou celtibère non élucidée.
mercenaires germaniques. On le trouve en la- Dérivés : EMBARRAR ‘badigeonner’, ‘couvrir
tin avec le sens de vir ‘homme’ opposé à mu- de boue’.
lier ‘femme’. En ancien français, le mot baron BARROCO (‘baroque’), est emprunté au français
(au cas objet) signifiait ‘homme brave’, ‘saint’ baroque qui l’a lui-même emprunté au portu-
ou ‘époux’. Ce sens a ensuite disparu au profit gais barrôco pour désigner une perle irrégu-
du titre de noblesse dans la France féodale. En lière. Ce mot est d’origine incertaine, sans
revanche, l’espagnol varón — c’est-à-dire doute préromane. « Le développement du sens
barón ‘homme’ influencé par le latin vir figuré ‘bizarre, insolite’ suppose peut-être un
‘homme’ — a gardé le sens ancien : un santo croisement avec le latin médiéval baroco. Ce
varón, ‘un saint homme’. Quant au mot dernier, assemblage arbitraire de syllabes, a
barón, avec un b-, il a acquis le sens de été créé au XIIe siècle par les scolastiques
‘noble’ par influence du français féodal ‘ba- pour désigner une sorte de syllogisme : em-
ron, seigneur’. ployé ensuite par moquerie par les adversaires
BARRA (‘barre’, ‘tringle’ et ‘comptoir’, ‘bar’), de la scolastique (comme Montaigne), il aurait
provient sans doute d’une forme de latin vul- contribué à donner à baroque une valeur péjo-
gaire barra qui serait à rapprocher du gaulois rative (‘bizarre, inutilement compliqué’). Ce
barro ‘extrémité’. On peut penser aussi que sens s’est spécialisé en histoire de l’art (1749)
barra est un doublet du latin vara ‘traverse de à propos d’un style architectural qui s’écarte
bois’, ‘bâton fourchu’ (espagnol vara ‘gaule’, des règles de la Renaissance classique ». Ex-
‘baguette’). trait du Robert historique, tome 1, p. 184.
Dérivés : ABARROTAR ‘encombrer, remplir’. BARRUNTAR (‘pressentir’), est d’origine incer-
BARRERA ‘barrière’. BARROTE ‘barreau’. taine peut-être basque.
BARRANCO (‘ravin, précipice’), est d’origine Dérivés : BARRUNTE ou BARRUNTO ‘indice’,
inconnue, sans doute préromane. On retrouve ‘pressentiment’.
ce mot en France dans le domaine occitan sous BARTOLA (A la bartola : ‘être peinard, pépère’).
la forme barranc ou barrenc. ‘Bartolo, diminutif de Bartolomé, est un per-
BARRER (‘balayer’), est issu du latin verrere de sonnage légendaire pour son calme et sa joie
même sens après dissimilation : e...e = a...e de vivre. On disait généralement en parlant de
(barrer). lui Bartolo, que baila solo. Cette expression
BARRERA, voir barra. est employée habituellement avec des verbes
BARRICA (‘barrique’), est emprunté à l’occitan comme echarse, tumbarse, dormir, descan-
du Sud-Ouest barriqua ou barrique issu pro- sar.’ Henri Ayala, Expressions et locutions
bablement d’un mot d’origine gallo-romane, populaires espagnoles commentées, éditions
barrica. En espagnol, l’évolution normale et Masson / Colin, 1995.
directe de barrica a donné barriga, ‘ventre’ BÁRTULOS (‘affaires’, ‘saint-frusquin’), a
(voir ce mot). d’abord signifié ‘manuel’ (scolaire) et ‘argu-
Dérivés : BARRICADA est emprunté au français ments juridiques’ avant de signifier ‘affaires’.
barricade car les barricades ont d’abord été Ce mot est tiré du nom d’un jurisconsulte cé-
édifiées avec des barriques. lèbre de Bologne, Bártolo, dont les œuvres
BARRIGA (‘ventre’), est issu de barrica, mot étaient au programme des facultés de droit.
gallo-roman signifiant ‘barrique’. Le ventre BARULLO (‘tohu-bohu’, ‘pagaille’), est issu du
dans lequel on déverse la nourriture est ainsi portugais barulho de même sens dérivé de ba-
comparé à une barrique (métaphorisation). rulhar ‘embrouiller, confondre, mettre en dé-
Voir barrica. sordre’, lui-même dérivé de embrulho ‘pa-
BARRIL (‘baril, tonneau’), est emprunté au latin quet’, ‘confusion’, ‘intrigue’ (latin involu-
médiéval barriclus ‘petit tonneau’, contraction crum, ‘enveloppe’, ‘couverture’).
BASAR, voir base.
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BASE (‘base’), est tiré du latin basis ‘partie infé- BASURA (‘ordures, saleté’), est issu du latin
rieure, assise’, transcription du grec basis vulgaire versura ‘action de balayer’, dérivé de
‘marche, allure’ puis ‘ce sur quoi on marche’ verrere ‘balayer’ (voir barrer).
d’où le sens de ‘fondement, assise d’une BATA (‘robe de chambre’, ‘blouse’), est d’origine
chose’. incertaine, peut-être de l’arabe wada’a tawb
Dérivés : BASAR ‘baser, fonder’. BÁSICO ‘de ‘ouater (un habit)’. Bata est apparenté à gua-
base’ (conocimientos básicos ‘connaissances ta, ‘ouate’.
de base’). BATALLA (‘bataille’), est issu du latin tardif
BÁSICO, voir base. battalia, altération de battualia ‘combat
BASÍLICA (‘basilique’), est emprunté au latin d’escrime’, pluriel neutre dérivé de battuere
basilica qui désignait un vaste édifice sur le ‘battre’.
forum romain (tribunal et centre d’affaires). Dérivés : BATALLAR ‘batailler, livrer bataille’.
Le christianisme profita de ces bâtiments pour BATALLÓN ‘bataillon’ (de l’italien batta-
édifier ses plus anciennes églises. Basilica est glione).
issu du grec basilikos ‘royal’, dérivé de basi- BATERÍA (‘batterie’), est emprunté au français
leus ‘roi, chef, souverain’. Le mot basilikê batterie dérivé du verbe battre. D’après battre
(féminin de basilikos) désignait en effet le le métal, ce mot a désigné tous les ustensiles
siège de l’archonte-roi à Athènes. en métal (battu) dont on se sert pour la cuisine.
BASTANTE, voir bastar. Battre s’employant aussi dans le vocabulaire
BASTAR (‘suffire’), est issu du latin vulgaire militaire, batterie a fini par désigner un en-
bastare ‘porter’, ‘supporter’, ‘durer’ et ‘four- semble de pièces d’artillerie destinées à battre
nir en suffisance’. Ce mot est à rattacher au les positions ennemies.
grec bastazein ‘soupeser’. En italien, basta si- BATIR (‘battre’), est issu du latin impérial battere
gnifie ‘assez’ (baste en vieux français). (battuere). Le sens primitif est ‘frapper le vi-
Dérivés : ABASTECER ‘approvisionner’. BAS- sage de qqn’, ‘frapper qqch à coups répétés’,
TANTE ‘assez’, est adjectif vers 1300 et ad- ‘frapper dans une intention hostile’ (gladia-
verbe seulement vers 1800. BASTO ‘grossier, teurs).
rustre’, dérive de bastar dans le sens de ‘suf- Dérivés : ABATIR ‘abattre’. BATIDA ‘battue’.
fire, approvisionner’ d’où le sens de ‘bien COMBATE ‘combat’. DEBATE ‘débat’. DEBATIR
pourvu’, ‘gros, épais’ et enfin ‘grossier’. DES- ‘débattre’. EMBATE ‘coup de mer’, ‘assaut’.
BASTAR ‘dégrossir’. BATUTA (‘baguette’ [du chef d’orchestre]), est
BASTARDO (‘bâtard, illégitime’), est emprunté à emprunté à l’italien battuta ‘mesure, rythme’,
l’ancien français bastard d’origine obscure. dérivé de battere ‘battre’.
Bastard serait peut-être issu de l’expression BAÚL (‘coffre’), est emprunté à l’ancien français
fils ou fille de bast, c’est-à-dire ‘conçu ou né bahur (moderne bahut) d’origine très incer-
sur un bât’, au hasard de la vie des muletiers taine. P. Guiraud a proposé une origine ro-
qui avaient des relations avec les filles mane expressive fondée sur une onomatopée
d’auberge. Cette expression aurait été altérée bab/bob ‘gonflé’ (comme dans babines et bo-
ensuite en fils de bas, par influence du latin bine) pour évoquer l’aspect bombé du coffre.
bassus ‘bas, méprisable’. L’espagnol utilise les expressions palabra
BASTIÓN (‘bastion’) est emprunté à l’italien baúl ou palabra ómnibus pour désigner un
bastione dérivé, avec le suffixe -one à valeur mot fourre-tout du type chose, machin, truc.
augmentative, de bastia ‘fortification’. Bastia, BAUTIZAR (‘baptiser’), est emprunté au latin
mis pour bastita (français bastide), est le par- ecclésiastique baptizare, du grec baptizein
ticipe passé féminin substantivé de bastire ‘plonger, immerger’, et ‘administrer le sacre-
‘bâtir’. ment chrétien’, dérivé lui-même de baptein
BASTO(A), voir bastar. ‘être plongé dans’.
BASTÓN (‘canne, bâton’), est issu du bas latin Dérivés : BAUTISMO ‘baptême’ (grec baptis-
bastum ‘morceau de bois allongé’ ayant rem- mos).
placé le terme classique baculus qui est à BAYONETA (‘baïonnette’), est emprunté au
l’origine de bacilo (microbe allongé, ‘bacille’) français baïonnette, mot dérivé de la ville de
et de báculo dans báculo de la vejez, ‘bâton Bayonne (Pyrénées Atlantiques) où l’on fabri-
de vieillesse’.
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quait aux XVIe et XVIIe siècles des armes et BEDEL (‘appariteur’), est emprunté à l’ancien
des couteaux. français bedel devenu aujourd’hui bedeau
BAZA (‘levée, pli’ [au jeu de cartes] ; ‘atout’), est (employé laïque préposé au service matériel
d’origine incertaine, peut-être de l’italien baz- dans une église). Ce mot est issu du francique
za de même sens. bidil ‘officier de justice’.
BAZAR (‘bazar’), est emprunté au persan bazar BEDUINO (‘bédouin’), est emprunté à l’arabe
‘marché public’. badawin / bedawi ‘habitant du désert’, dérivé
BEATO(A) (‘bienheureux’, ‘béat’ ; ‘dévot’), est de badw ‘désert’.
emprunté au latin beatus ‘comblé de biens’ BELDAD, voir bello.
puis ‘heureux’, forme de participe passé adjec- BELÉN (‘crèche’ [de Noël] ; ‘pagaille’), provient
tivé de beare ‘combler (les voeux de)’, d’où du nom de la ville de Bethlehem où Jésus est
‘rendre heureux’. La valeur morale ‘bienheu- né. Le sens de ‘pagaille’ vient de ce qu’il
reux’ a prévalu en latin ecclésiastique. Ce mot règne souvent une grande confusion dans les
a d’abord été introduit en français pour dési- représentations populaires de la Nativité (me-
gner des religieux puis il s’est laïcisé pour si- terse en belenes : ‘se fourrer dans un guê-
gnifier simplement ‘heureux’ et enfin ‘exagé- pier’).
rément satisfait’. En espagnol, le mot beato(a) BELFO(A) (‘lippu(e)’ et ‘lippe’), est issu du latin
a gardé le sens de ‘dévot(e)’ (devoto) et de bifidus ‘fendu ou partagé en deux’. Ce mot
‘Béat’, ‘frère convers’. s’est appliqué aux personnes dont le visage
BEBÉ (‘bébé’), est emprunté au français bébé semblait coupé en deux parties tant la lèvre in-
apparu très tardivement dans cette langue férieure était tombante. Évolution phonétique :
(vers 1755). Ce mot est la francisation de Bifidus > bidfidus > bidfus > bedfo > belfo.
l’anglais baby d’origine onomatopéique (ba- BELGA (‘Belge’), est dérivé du latin Belga,
ban, babbon en langage enfantin). Bien qu’il y peuple d’origine celte. Ce mot pourrait prove-
ait eu emprunt, le français possède en propre nir d’une racine indoeuropéenne bhel- ou
un ensemble de mots expressifs de structure bhelgh- signifiant ‘enfler, gonfler’ car les an-
consonantique b-b suggérant les notions ciens Belges ou Belgae avaient, semble-t-il, un
d’objet arrondi, de mouvement des lèvres, caractère belliqueux (Belgae = ‘enflés de co-
d’inutilité etc. : babil, blabla, bave, bobine, lère’).
bombance, babouin, babiole etc. Voir à ce su- BÉLICO(A) (‘relatif à la guerre’), est emprunté au
jet J.Picoche, Dictionnaire étymologique du latin bellicus ‘valeureux’, dérivé de bellum
français, collection Les usuels du Robert, ‘guerre’ (La industria bélica ‘l’industrie de
1990, p. 68. guerre’ ; esfuerzo bélico ‘effort de guerre’).
BEBER (‘boire’), est issu du latin bibere de même Dérivés : BELICOSO ‘belliqueux’ (latin belli-
sens. cosus ‘guerrier vaillant’). BELIGERANTE ‘bel-
Dérivés : le participe passé de beber a donné ligérant’ (participe présent de belligerare
BEBIDO (adjectif) ‘ivrogne’ et BEBIDA (subs- ‘faire la guerre’).
tantif au féminin) ‘boisson’. EMBEBER ‘imbi- BELLACO (‘coquin, fripon’), est d’origine obs-
ber’, ‘absorber’. cure, peut-être celte.
BEBIDA, voir beber. BELLEZA, voir bello.
BECA (‘bourse’ [d’étude]), est d’origine incer- BELLO(A) (‘beau’), est issu du latin bellus ‘mi-
taine. Peut-être de l’hébreu bécah ‘mesure va- gnon, charmant, adorable’, diminutif familier
lant la moitié d’un sicle’ (poids de six de bonus ‘bon’.
grammes et monnaie d’argent chez les Hé- Dérivés : BELLEZA ‘beauté’. Le mot BELDAD
breux), d’où quantité d’argent accordée à un (una beldad = una mujer bella) est issu de
étudiant en histoire ancienne lorsqu’il trans- l’occitan ancien beltat. EMBELLECER ‘embel-
portait des objets sacrés. lir’.
Dérivés : BECAR ‘attribuer une bourse’. BECA- BELLOTA (‘gland’), vient de l’arabe bellûta.
RIO ‘boursier’. BEMOL (‘bémol’), est l’adaptation du latin mé-
BECERRO (‘veau’, ‘taurillon’), est d’origine diéval b molle (de mollis ‘mou’). Ce terme de
ibérique, il provient sans doute de la forme re- musique désigne le signe d’altération en forme
constituée * ibicirru dérivée du latin ibex de b placé devant une note pour l’abaisser
‘bouquetin’. d’un demi ton.
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BENDECIR, voir decir. BESO (‘baiser’), est issu du latin basium qui a été
BENDICIÓN, voir decir. d’abord employé avec une valeur érotique. Le
BENEFICENCIA, voir beneficio. baiser de respect ou de politesse était signifié
BENEFICIAR, voir beneficio. par osculum (littéralement ‘petite bouche’).
BENEFICIO (‘bénéfice’), est emprunté au latin L’espagnol a conservé ce mot dans
beneficium ‘service, faveur, distinction offi- l’expression ósculo de paz ‘baiser de paix’.
cielle’, issu de la locution verbale bene facere Dérivés : BESAR ‘embrasser, donner un baiser’
‘rendre service’ dont les termes se sont ensuite (latin basiare).
agglutinés. BESTIA (‘bête’, ‘brute’) est emprunté au latin
Dérivés : BENEFICENCIA ‘bienfaisance’ (latin bestia ‘animal’ (par opposition à l’homme).
beneficentia). BENEFICIAR ‘bénéficier’. Ce mot servait déjà d’injure comme au-
BENEMÉRITO(A) (‘méritant, digne d’honneur’), jourd’hui : un tío bestia, ‘une brute’.
est issu du latin bene meritus ‘qui s’est bien Dérivés : BESTIAL ‘bestial’. BESTIALIDAD
conduit (avec qqn)’, du verbe mereri ‘mériter’. ‘bestialité’.
L’expression La Benemérita a longtemps dé- BETÚN (‘bitume ‘ et ‘cirage’), est emprunté au
signé la Garde Civile en Espagne. latin bitumen ‘substance combustible liquide’
BENEPLÁCITO (‘approbation’), est emprunté au peut-être issu du gaulois à travers le mot lati-
latin bene placitus ‘qui a bien plu’, participe nisé betulla (‘bouleau’). En effet, en Gaule le
adjectif de placere ‘plaire’. bitume était produit à partir du bouleau.
BENÉVOLO(A) (‘bénévole’), est emprunté au BIBERÓN (‘biberon’), est emprunté au français
latin benevolus ‘bienveillant, dévoué’, ‘qui biberon dérivé du latin bibere ‘boire’. Le sens
veut bien’, formé de bene ‘bien’ et de volo ‘je initial était ‘goulot d’un vase’ puis on est pas-
veux’ (infinitif : velle). sé à celui de ‘personne qui aime boire’ et ‘ré-
BENIGNO (‘bénin’), est emprunté au latin beni- cipient servant à faire boire les malades’
gnus ‘bienveillant’, ‘d’un bon naturel’, formé (XVIe siècle). Ce n’est qu’au XIXe que
à partir de bene ‘bien’ et de gignere ‘engen- l’acception moderne apparaît (biberon de lait).
drer’. Le sens premier (‘bienveillant’) a dispa- BIBLIA (‘Bible’), est emprunté au latin chrétien
ru. Le mot s’est appliqué à des remèdes agis- biblia ‘livres sacrés’, issu du grec biblia, plu-
sant en douceur, puis il a désigné une maladie riel neutre de biblion ‘papier, lettre, livre, par-
sans gravité. tie d’un ouvrage’.
BERLINA (‘berline’), est emprunté au français BIBLIO- est le préfixe issu du grec biblio- tiré de
berline qui provient du nom de la ville alle- biblion ‘livre’.
mande de Berlin où cette voiture fut construite Dérivés : BIBLIA ‘Bible’. BIBLIÓFILO ‘biblio-
vers 1670. phile’. BIBLIOGRAFÍA ‘bibliographie’. BIBLIO-
BERMEJO (‘vermeil’, ‘roux’), est issu du latin TECA ‘bibliothèque’ (latin bibliotheca issu du
vermiculus, ‘vermisseau, larve’, diminutif de grec bibliothêkê, formé de biblio ‘livre’ et de
vermis ‘ver’. En bas latin, ce mot a signifié thêkê ‘coffre, boîte’).
‘cochenille du chêne’ dont on tirait la couleur BÍCEPS (‘biceps’), est emprunté au latin biceps
écarlate. Le mot s’est adjectivé (color berme- ‘qui a deux têtes’ et ‘partagé en deux’, formé
jo). de bi- ‘deux’ et de caput ‘tête, chef’. Ce
BERREAR (‘mugir, beugler’ ; ‘brailler’), est muscle a en effet deux attaches à sa partie su-
dérivé du latin verres ‘verrat, porc’ (berrear = périeure (‘tête’).
‘crier comme le porc’). BICICLETA (‘bicyclette’), est emprunté au fran-
Dérivés : BERRIDO ‘beuglement’. BERRINCHE çais bicyclette dérivé, avec le suffixe diminutif
‘rogne, colère’. -et/-ette, de l’anglais bicycle. Ce terme pro-
BERZA (‘chou’), est issu du latin vulgaire virdia vient du grec kuklos ‘roue, cercle’ et du pré-
‘choses vertes’, ‘légumes verts’, pluriel neutre fixe latin bi- ‘deux’. Espagnol moderne : bici-
de virdis ‘vert’ (latin classique viridis). Les cleta estática ‘vélo d’appartement’.
neutres pluriels du latin ont souvent produit BICHO (‘bestiole’ ; ‘bête, taureau’ ; ‘individu,
des substantifs au féminin singulier en espa- type’), est issu du latin vulgaire bestius ‘ani-
gnol : folia ‘les feuilles’ > hoja ; opera ‘les mal’ (latin classique bestia) par
œuvres’ > obra. l’intermédiaire du galicien et du portugais bi-
cho. De même bestia a donné bicha, euphé-
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misme employé à la place de culebra ‘cou- BILLETE (‘billet’), est emprunté au français
leuvre’ par superstition. billet, forme masculine issue de l’ancien fran-
BIELA (‘bielle’), est emprunté au français bielle çais billette ‘lettre, sauf-conduit’. Ce mot est
d’origine très incertaine. Pour P.Guiraud (Dic- semble-t-il l’altération, d’après bille, de
tionnaire des étymologies obscures, 1982), l’ancienne forme bullette ‘attestation, certifi-
bielle serait un dérivé de bigella ‘placée en cat’, diminutif de bulle ‘sceau’ (latin bulla).
travers, en biais’ (bigus = ‘attelé deux à BILLÓN (‘billion’, ‘mille milliards’), est emprun-
deux’). Effectivement, en mécanique automo- té au français billion formé, par substitution de
bile, la bielle est placée perpendiculairement préfixe, d’après million lui-même pris à
au vilebrequin qu’elle entraîne. Français fami- l’italien milione, c’est-à-dire mille + suffixe
lier couler une bielle, espagnol fundir una augmentatif -one : ‘mille fois mille’.
biela. BIO-, préfixe, est un emprunt au grec bio- repré-
BIEN (‘bien’ [adverbe et nom]), est issu du latin sentant le substantif bios signifiant ‘vie’.
bene adverbe correspondant à bonus. Substan- Dérivés : BIOGRAFÍA ‘biographie’ (littérale-
tivé au pluriel, ce mot a donné los bienes ‘la ment ‘écrire la vie’). BIOLOGÍA ‘biologie’ (du
fortune, les biens’. Bien étant adverbe grec logos ‘traité sur la vie’). BIOQUÍMICA
d’intensité ou de quantité (hemos caminado ‘biochimie’. BIOTECNOLOGÍA ‘biotechnolo-
bien, ‘nous avons bien/beaucoup marché’), il gie’ etc.
a permis de produire un substantif signifiant BIRLIBIRLOQUE (por arte de birlibirloque :
une certaine quantité de richesses = ‘les ‘par magie, par enchantement’), est une abré-
biens’. viation de birliqui-birloque, formule expres-
Dérivés : BIENESTAR ‘bien-être’. BIENHABLA- sive qui rappelle la formule magique abraca-
DO ‘courtois’. BIENPENSANTE ‘bien-pensant’. dabra.
BIENVENIDO ‘bienvenu’. BIRRETE (‘barrette’, ‘toque’ [des magistrats],
BIFURCARSE (‘bifurquer’), est un dérivé savant ‘bonnet’), est emprunté à l’occitan ancien bir-
très tardif (vers 1880) du latin bifurcus ‘four- ret ‘chapeau’, diminutif du latin birrus ‘sorte
chu’, formé de bis ‘double’ et de furca de capote’.
e
‘fourche’ (espagnol horca). BIS (‘bis’), a été emprunté très tardivement (XIX
BÍGAMO (‘bigame’), est emprunté au latin ecclé- siècle) à l’adverbe multiplicatif latin bis ‘deux
siastique bigamus ‘veuf remarié’ et, en latin fois’.
médiéval, ‘homme ayant deux femmes’. Ce Dérivés : BISABUELO (littéralement ‘deux fois
mot a été formé d’après le grec digamos ‘adul- grand-père’ : ‘arrière grand-père’).
tère’ et ‘marié une seconde fois’ en rempla- BISAGRA (‘charnière’), est d’origine incertaine
çant l’élément di- par le préfixe latin bi- mieux (Puerta Bisagra à Tolède ?). L’espagnol mo-
adapté à l’idée exprimée car il signifie ‘deux derne utilise assez souvent ce mot dans le sens
fois’. de ‘intermédiaire’, ‘point de jonction,
BIGOTE (‘moustache’), est d’origine très incer- d’articulation’ : una época bisagra ‘une
taine de même d’ailleurs que celle de bigot en époque charnière’.
français. J. Corominas et le Robert historique BISOÑÉ (‘petite perruque’), est emprunté semble-
trouvent à ces deux mots, de sens complète- t-il au français besogneux au sens ancien de
ment différent, une origine germanique com- ‘qui est dans le besoin, dans la misère’. Les
mune : bi got (en anglais by god ‘par Dieu’), gens qui portaient cette moitié de perruque
surnom injurieux appliqué aux Normands por- n’avaient pas les moyens de se payer une per-
teurs de moustache ou juron fréquent chez ces ruque complète.
derniers...( ?). BISOÑO (‘débutant’, ‘nouvelle recrue, bleu’), est
Dérivés : BIGOTUDO ‘moustachu’. emprunté à l’italien bisogno ‘besoin’. Ce mot
BIKINI (‘bikini’, ‘deux-pièces’), a désigné à était employé par les Italiens au XVIe siècle
partir de 1946 un maillot de bain féminin qui pour désigner les soldats espagnols mal accou-
était censé faire le même effet que la bombe trés.
atomique américaine lancée au-dessus de BISTEC (‘bifteck’), est une adaptation phonétique
l’atoll polynésien du même nom ! (voir mo- et graphique de l’anglais beefsteak ‘tranche de
nokini). bœuf’.
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BISTURÍ (‘bistouri’), est emprunté au français vinité’, issu du grec blasphêmia ‘injure, ca-
bistouri d’origine incertaine, peut-être de lomnie’ parfois employé dans un contexte re-
l’italien bisturino, altération de pistorinio ‘de ligieux avec le sens de ‘parole de mauvais au-
la ville de Pistoie’ où l’on fabriquait des gure’, ‘parole impie’.
dagues et des poignards. Bistouri a d’ailleurs Dérivés : BLASFEMAR ‘blasphémer’.
désigné un poignard avant de se spécialiser en BLASÓN (‘blason’), est emprunté au français
chirurgie. blason d’origine incertaine. P.Guiraud appa-
BISUTERÍA (‘bijouterie de fantaisie’), est em- rente blason à une famille de mots germa-
prunté au français bijouterie, dérivé de bijou, niques (anglais to blaze, allemand blazen
lui-même probablement emprunté au breton ‘souffler’). Le blason serait un bouclier bombé
bizou ‘anneau pour le doigt’ (biz, ‘doigt’). (moyen néerlandais blasen ‘gonfler, enfler’).
BIZARRO (‘brave, courageux’, ‘généreux’, ‘de BLEDO (‘blette’, dans l’expression no me im-
belle prestance’), est emprunté à l’italien biz- porta un bledo : ‘je m’en fiche’), est issu du
zarro ‘fougueux’ et ‘coléreux’, dérivé de bizza latin blitum (plante voisine de la betterave). Ce
‘colère, rage’, d’où le sens premier de ‘brave, mot est employé en espagnol familier pour si-
hardi’ en espagnol. gnifier que l’on accorde peu de valeur à une
BIZCO (‘qui louche, bigle’), est d’origine non chose. Voir aussi pepino ‘concombre’ dans
établie. En français, bigle est peut-être le dé- me importa un pepino (‘je m’en moque
verbal de biscler ‘loucher’, issu du latin vul- comme de l’an quarante’). Dans le même
gaire bisoculare. ordre d’idées, le français possède l’expression
Dérivés : BIZCAR ‘loucher’. se soucier de qqn ou de qqch comme d’une
BIZCOCHO (‘biscuit’), remonte à un latin mé- guigne (guigne, ‘petite cerise’).
diéval biscoctus (panis) ‘(pain) deux fois cuit’, BLINDAR (‘blinder’), est dérivé de blinda
adjectif devenu substantif après l’ellipse de ‘blinde, fortification’. Blinda est emprunté au
panis ‘pain’. Coctus est le participe passé de français blinde, lui-même pris à l’allemand
coquere ‘cuire’. Cocho est un participe passé Blinde ‘installation destinée à dissimuler un
fort (accentué sur le radical). La forme cocido ouvrage fortifié’. Blinde est le déverbal de
est une réfection analogique d’après les parti- blenden ‘rendre aveugle’ (blend ‘aveugle’).
cipes dits faibles (accentués sur la désinence) BLOQUE (‘bloc’), est emprunté au français bloc
comme subido, comido etc. lui-même pris au moyen néerlandais bloc (ou
BLANCO(A) (‘blanc’), est issu du germanique blok) ‘tronc abattu’, d’où les sens de ‘gros
blank ‘brillant, clair’. On pense que cet adjec- morceau de bois’ puis ‘masse pesante’ et
tif était utilisé par les soldats d’origine germa- ‘masse homogène’ (de un solo bloque, ‘tout
nique pour désigner la robe du cheval. Ce mot d’une pièce’).
a éliminé les adjectifs latins correspondants, à Dérivés : BLOQUEAR ‘bloquer, faire le blocus’
savoir albus ‘d’un blanc mat’ (conservé dans est emprunté au français bloquer ‘mettre en
alba ‘aube’) et candidus ‘d’un blanc éclatant’ bloc’ qui a fini par prendre l’acception de
(conservé dans cándido). ‘faire le siège’ sous l’influence de blocus em-
Dérivés : BLANCURA ‘blancheur’. BLANQUEAR prunté au moyen néerlandais blochuus ‘fortin’.
‘blanchir’. BLANQUEO dans l’expression mo- Par métonymie, le mot blocus a pris le sens de
derne blanqueo de dinero ‘blanchiment ‘manœuvre en vue d’empêcher toute commu-
d’argent’. nication’.
BLANDIR (‘brandir’), est emprunté au français BLUSA (‘blouse’ et ‘corsage, chemisier’), est
brandir dérivé de l’ancien français brand ‘ti- emprunté au français blouse d’origine obscure.
son’ et ‘lame de l’épée’, ‘épée’ (la lame de BOATO (‘ostentation, faste’), est emprunté au
l’épée est luisante comme un tison). Ce mot latin boatus ‘mugissement’, issu de boare
est issu du francique brand ‘tison’. ‘mugir, retentir, crier’.
BLANDO (‘mou’), est issu du latin blandus ‘ca- BOBO (‘sot, idiot’), est issu du latin balbus
ressant, câlin, flatteur’. ‘bègue’.
Dérivés : ABLANDAR ‘ramollir’. BLANDENGUE Dérivés : ABOBADO ‘niais, sot, ahuri’. ABOBAR
‘mollasse, faible’. BLANDURA ‘mollesse’. ‘abêtir’. BOBADA ‘bêtise, sottise’. BOBALICÓN
BLASFEMIA (‘blasphème’), est emprunté au latin ‘abruti, crétin’. EMBOBAR ‘ébahir’.
chrétien blasphemia ‘parole outrageant la di-
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BOCA (‘bouche’), est issu du latin bucca Dérivés : BOGA (estar en boga, ‘être en
‘bouche’ et au pluriel ‘joues, mâchoires’. Ce vogue’) est emprunté au français vogue lui-
mot s’est substitué en latin populaire à os même issu de voguer.
‘bouche’ (voir oral), soit par recherche BOICOT (‘boycott’ ou ‘boycottage’), est
d’expressivité soit pour s’opposer à l’adaptation de l’anglais boycott mot formé
l’homonymie entre os ‘bouche’ et os ‘visage’. avec le nom du capitaine Charles Boycott
Dérivés : ABOCAR ‘aboutir à, déboucher sur’. (1832-1897), riche propriétaire irlandais qui,
BOCACALLE ‘entrée d’une rue’. BOCADILLO, ayant refusé de baisser ses loyers, fut donc
littéralement ‘petite portion de nourriture’ = ‘boycotté’ par ses propres locataires !
‘casse-croûte’ et ‘sandwich’. BOCADO ‘bou- BOINA (‘béret’), est emprunté au basque. Proba-
chée’. BOCAZAS ‘grande gueule’. BOQUERÓN blement apparenté au bas latin abonnis.
‘anchois’ (littéralement ‘poisson à grande BOLA (‘boule’, ‘bille’ et ‘mensonge’), provient
bouche’). BOQUIABIERTO ‘bouche bée’. DES- de l’occitan ancien bola lui-même issu du latin
BOCADO ‘emballé’, ‘débridé’, ‘intenable’. bulla ‘bulle’, ‘bouton de baudrier’, ‘petite
DESBOCARSE ‘se jeter dans la mer’ (fleuve) et boule d’or portée au cou’. L’acception ‘men-
‘s’emballer’. DESEMBOCADURA ‘embouchure’. songe’ provient sans doute du fait que bola
DESEMBOCAR ‘déboucher’, ‘aboutir à’. EMBO- désigne un objet sphérique c’est-à-dire enflé
CADURA ‘embouchure’ (d’un fleuve, d’un ins- comme un mensonge qui est un déguisement
trument). de la vérité (contar bolas, ‘raconter des bo-
BOCETO (‘esquisse, ébauche’), est emprunté à bards’).
l’italien bozzetto, diminutif de bozza ‘pierre Dérivés : BOLEAR ‘mentir’. BOLÍGRAFO ‘stylo
non dégrossie’. à bille’. BOLILLAS PESTOSAS ‘boules puantes’.
Dérivés : ESBOZAR ‘ébaucher’. BOLETA (‘billet’ [d’entrée ou de logement],
BOCINA (‘klaxon’, ‘porte-voix’), est issu du latin ‘bon’, ‘bulletin’), est emprunté à l’italien an-
bucina ‘cornet de bouvier’, ‘trompette’. cien bolletta ‘sauf-conduit’ diminutif de bolla
BOCHORNO (‘chaleur étouffante’, ‘honte’, ‘rou- ‘marque du sceau’ authentifiant un document,
geur’), est issu du latin vulturnus ‘vent du issu du latin bulla ‘bulle’ et ‘boule’. La
sud’. marque du sceau en forme de cercle fait pen-
Dérivés : ABOCHORNAR ‘suffoquer’. BO- ser à l’aspect sphérique de la bulle ou de la
CHORNOSO ‘étouffant’. boule.
BODA (‘noce, mariage’), est issu du latin vota, Dérivés : BOLETÍN ‘bulletin’.
pluriel de votum ‘vœu, promesse’ c’est-à-dire BOLÍGRAFO, voir bola.
les engagements pris lors du mariage. Boda, BOLSA (‘bourse’, ‘sac’, ‘poche’ et ‘Bourse’ [au
comme hada, obra, berza, gesta, hoja, tor- sens commercial]), est issu du latin bursa
menta, braza, est un ancien neutre pluriel in- ‘cuir’ et, par métonymie, ‘sac de cuir’, ‘sac
terprété ensuite comme un féminin singulier destiné à recevoir de l’argent’. L’acception
en espagnol (-a, morphème du féminin). commerciale ‘Bourse’ (des valeurs) n’est pas
BODEGA (‘cave’), est issu du latin apotheca bien établie. Il est possible qu’elle provienne
‘dépense’, ‘cellier, cave’, dérivé du grec apo- de l’italien borsa faisant référence à une noble
theke ‘dépôt, magasin à provisions’. famille installée à Bruges (Belgique), les Van
BOFE, voir bofetada. der Burse chez lesquels marchands et com-
BOFETADA, (‘gifle’), dérive de l’ancienne forme merçants avaient l’habitude de se réunir.
bofete, elle-même issue de bofar ‘souffler’ de Dérivés : BOLSO ‘sac à main’. BOLSILLO
formation onomatopéique. Bofe, ‘poumon’, ‘poche’. DESEMBOLSAR ‘débourser’. EMBOL-
est un autre dérivé de bofar. SAR ‘empocher, toucher’.
Dérivés : ABOFETEAR ‘gifler’. BOLLO (‘petit pain, brioche’ ; ‘bosse, coup’), est
BOGA, voir bogar. la forme masculine dérivée du latin bulla
BOGAR (‘voguer, naviguer’), provient probable- ‘bulle’ et ‘boule’ qui a donné aussi bola (voir
ment du latin vocare ‘appeler’. Sur les galères, ce mot). Bollo désigne des objets de formes
les rameurs étaient appelés, exhortés à faire rondes : un pain, une bosse.
voguer le bateau par le garde-chiourme qui Dérivés : ABOLLAR ‘bosseler, cabosser’.
marquait la cadence en criant. BOMBA (‘pompe’ et ‘bombe’), est un mot appa-
renté au latin bombus ‘bourdonnement’ ou
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‘bruit retentissant’ pouvant évoquer le bruit BORDAR (‘broder’), est issu du germanique
d’une pompe. Mot de formation onomato- bruzdôn (ou francique brozdôn) de même
péique semblable au français pompe d’origine sens. D’abord brordar puis bordar (dissimila-
germanique (moyen néerlandais pompe, an- tion par suppression d’un phonème).
glais pump) et dont la structure consonantique Dérivés : BORDADO ‘broderie’.
p-p est censée évoquer un bruit de succion. BORDE (‘bord’), est emprunté au français bord
L’acception ‘bombe’ peut être rattachée direc- lui-même issu du francique bord ‘bord d’un
tement au latin bombus ‘bruit retentissant’ navire’. En espagnol, borde est un terme géné-
(voir l’expression a bombo y platillos ‘à ral (al borde de la carretera, ‘au bord de la
grand bruit’). Bomba est d’ailleurs attesté en route’). La variante bordo s’est appliquée par
latin médiéval (vers 1450) avec le sens de ‘ja- spécialisation à un navire : virar de bordo
velot incendiaire’. J.Corominas pense qu’il ‘présenter l’autre bord’, ‘virer de bord’ puis
s’agit plutôt d’un dérivé régressif du mot subir a bordo ‘monter à bord’.
bombarda (‘bombarde’), c’est-à-dire que l’on Dérivés : ABORDAR ‘aborder’. BORDEAR ‘tirer
part de bombarda pour remonter à bomba et des bords, louvoyer’ et ‘longer, border’. DES-
non l’inverse comme on pourrait le penser. BORDAR(SE) ‘déborder’.
Dérivés : BOMBERO ‘pompier’. BOMBO BORRACHO (‘ivre, saoul’), est un dérivé de
‘grosse caisse’ et ‘abasourdi’. BOMBILLA ‘am- borracha ‘gourde à vin’, la personne ivre
poule électrique’, signifie littéralement ‘petite étant comparée à une outre pleine de vin.
bombe’ à cause de la ressemblance avec les Dérivés : EMBORRACHAR ‘enivrer’.
premières bombes qui étaient sphériques. Le BORRAJA (‘bourrache’), employé surtout dans
diminutif -illa est aujourd’hui complètement l’expression familière quedar en agua de
démotivé. borrajas (‘s’en aller en eau de boudin’) est is-
BOMBILLA, voir bomba. su de l’arabe abû araq qui signifie littérale-
BOMBO, voir bomba. ment ‘père de la sueur’ à cause des vertus su-
BOMBÓN (‘chocolat’, ‘bonbon au chocolat’), est dorifiques de cette plante.
emprunté au français bonbon, réduplication BORRAR (‘effacer’), est un dérivé de borra
enfantine et expressive de l’adjectif bon. signifiant ‘laine grossière’ utilisée pour effacer
BONANZA (‘bonace’, ‘temps calme en mer’ et ce qui était écrit avec de la craie.
‘prospérité’ [économique]), est issu du latin Dérivés : BORRÓN ‘tache d’encre’ puis
vulgaire bonacia qui est une altération, ‘brouillon, cahier de brouillon’ (cahier où l’on
d’après bonus ‘bon’, de malacia ‘calme de la fait des ratures et où l’on efface) et ‘ébauche’
mer’, considéré à tort comme un dérivé de ma (en peinture).
lus. Le mot malacia vient en effet du grec ma- BORRASCA (‘bourrasque, tempête’), est emprun-
lakia qui signifie ‘mollesse’, ‘manque té à l’italien burrasca ‘coup de vent’ dérivé du
d’énergie’. grec boreas ‘vent du nord’.
BONDAD, voir bueno. BORREGO (‘agneau’), est un dérivé de borra
BONITO, voir bueno. ‘laine’ (voir borrar). La laine permet de dési-
BONO (‘bon’, ‘titre’ [terme financier]), est tiré du gner l’animal qui la porte (métonymie).
français bon qui est un emploi substantivé et BORRÓN, voir borrar.
très spécialisé de l’adjectif bon (bono del Te- BOSQUE (‘bois, forêt’), mot d’apparition tardive
soro, ‘bon du Trésor’). (XVe siècle), est emprunté au catalan ou à
BOQUERÓN, voir boca. l’occitan bosc, sans doute d’origine germa-
BORBOLLAR (‘bouillonner’), provient d’une nique (francique bosk ‘buisson’). Bosque dé-
forme rédupliquée bolbollar, d’origine ono- signe un lieu planté d’arbres, madera (voir ce
matopéique (B-B) et tirée du latin bullare mot), le bois servant à la construction et leña
‘bouillir, bouillonner’ (dérivé de bulla le bois de chauffage.
‘bulle’). Dérivés : EMBOSCADA ‘embuscade’, est em-
Dérivés : BORBOTAR ‘bouillonner’ est issu du prunté à l’italien imboscata, participe passé
croisement entre borbollar et brotar ‘pous- substantivé de imboscare ‘se cacher’, ‘tendre
ser’. BORBOTÓN ‘bouillonnement’. une embuscade’ (dans un bois), dérivé de bos-
BORCEGUÍ (‘brodequin’), est d’origine obscure. co ‘bois’.
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BOSQUEJAR (‘ébaucher, esquisser’), est emprun- Dérivés : BOTIJO désigne une cruche de taille
té au catalan bosquejar ‘émonder, ébrancher’ inférieure (voir à ce sujet cántaro et cántara,
et ‘dégrossir’ (le bois). jarro et jarra, charco et charca, perol et pe-
BOSTEZAR (‘bâiller’), vient probablement du rola etc. c’est-à-dire l’opposition mascu-
latin oscitare (ou oscitiare) ‘ouvrir la bouche’ lin/féminin en espagnol).
(de os, oris ‘bouche’), croisé avec le mot boca BOTÍN (‘butin’), est emprunté au français butin
‘bouche’. lui-même d’origine germanique (moyen bas
Dérivés : BOSTEZO ‘bâillement’. allemand bute ‘échange’ et ‘ce qui revient en
BOTA (1) (‘gourde’ pour le vin), est issu du latin partage’). En ancien français, butin signifiait
tardif buttis ‘outre’, ‘tonneau’. simplement ‘part’, ‘partage’. Ce sens a disparu
BOTA (2) (‘chaussure montante, botte’), est et l’on est passé au sens moderne de ‘part
d’origine non établie. prise à l’ennemi’ et ‘produit d’un vol’.
BOTADURA, voir botar. BOTIQUÍN, voir botica.
BOTÁNICO(A) (‘botanique’ [adjectif]), est em- BOTO, voir sabotaje.
prunté au grec botanikos ‘qui concerne les BOTÓN (‘bourgeon’ et ‘bouton’ [d’habit]), est
plantes’, dérivé de botane ‘herbe’. emprunté au français bouton dérivé du verbe
BOTAR (‘lancer, jeter’, ‘mettre un navire à bouter dans le sens ancien de ‘pousser’, ‘ger-
l’eau’), est emprunté à l’ancien français boter mer’. Bouton désigne d’abord un bourgeon de
(moderne bouter), issu du francique botan plante. Par analogie de forme (métaphorisa-
‘pousser, frapper’. En français, bouter est (ou tion), ce mot désignera aussi l’objet rond ser-
était) surtout utilisé dans l’expression bouter vant à fermer un vêtement.
les Anglais hors de France. Dérivés : ABOTONAR ‘boutonner’. BOTONES
Dérivés : BOTADURA ‘lancement (d’un ba- ‘groom, chasseur’ est une métonymie : les
teau)’. REBOTAR ‘rebondir’, ‘faire ricochet’, boutons du vêtement désignent l’individu et sa
formé avec le préverbe re- exprimant le mou- fonction.
vement en arrière, en retour. BÓVEDA (‘voûte’), est emprunté au latin vulgaire
BOTE (1) (‘pot, boîte’), d’abord pote, est em- volvita ‘enroulement’, féminin de volvitus (la-
prunté au catalan pot de même sens. La forme tin classique volutus), participe passé substan-
bote s’expliquerait par l’influence de botica et tivé de volvere ‘rouler, faire rouler’.
botijo. La pharmacie (botica) est en effet un Dérivés : ABOVEDADO ‘voûté’.
lieu où l’on trouve de nombreux pots et boîtes. BOXEAR (‘boxer’), est l’adaptation à l’espagnol
BOTE (2) (‘canot’), vient de l’ancien anglais bat de l’anglais to box ‘battre, frapper’ sans doute
ou bot (anglais moderne boat). de formation expressive. C’est la première
BOTELLA (‘bouteille’), est emprunté au français conjugaison dite dominante qui est choisie
bouteille, issu du latin vulgaire butticula, di- pour former les néologismes ou adapter les
minutif du bas latin buttis ‘outre’, ‘tonneau’ emprunts (voir liderar, chutar etc.).
(voir botija). BOYA (‘bouée’), est emprunté au français bouée
Dérivés : EMBOTELLAMIENTO ‘embouteillage, et plus particulièrement à l’ancienne forme
mise en bouteille’. Un ‘embouteillage de voi- boyee d’origine incertaine, peut-être du moyen
tures’ se dira atasco de vehículos ou atasco néerlandais boeye ‘flotteur, balise’ ou du ger-
de tráfico. EMBOTELLAR ‘embouteiller’. manique baukn ‘signal’.
BOTICA (‘pharmacie’), est issu du grec apotheke Dérivés : BOYANTE a d’abord été appliqué à
‘magasin de vivres’, ‘dépôt’ dérivé de apoti- un bateau avec le sens de ‘qui s’enfonce peu et
thenai ‘déposer, mettre en réserve’. Il est pro- qui navigue facilement’, puis ce mot a signifié
bable que l’ancien provençal botica a servi par extension ‘fortuné, prospère’ et ‘heureux’.
d’intermédiaire entre le grec et l’espagnol. BOYAR ‘remettre à flot, renflouer’, ‘flotter’.
Dérivés : BOTICARIO ‘pharmacien’. BOTIQUÍN BRAGA (‘culotte, slip’), est issu du latin braca,
‘trousse à pharmacie’ (littéralement ‘petite bracae au pluriel ‘chausses, braies’ (sorte de
pharmacie’). pantalon serré par le bas à mi-mollet), sans
BOTIJA (‘cruche’), est issu du latin butticula, doute emprunté au gaulois car les Romains ne
diminutif de buttis ‘outre’, ‘tonneau’ (voir bo- portaient que des vêtements amples.
tella). Dérivés : BRAGUETA ‘braguette’, diminutif de
braga. EMBRAGAR ‘embrayer’, est emprunté
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au français embrayer dérivé de braie au sens la briba ‘vivre à ne rien faire’). Briba ou bri-
de ‘pièce de bois mobile dans un moulin à bia est l’altération du mot biblia ‘bible’ mais
vent servant à soulager les meules’. Il y a entre aussi avec le sens de ‘sagesse’, ‘débrouillar-
braie (le vêtement) et braie (traverse de bois) dise’, ‘éloquence’, ‘arguments (religieux)’
une analogie de fonctions : le vêtement protè- dont se sert le mendiant ou le gueux pour ins-
ge des intempéries et la pièce de bois soulage pirer la pitié (Dieu vous le rendra !). En an-
la meule. Embrayer signifiera donc en méca- cien français, briber signifiait ‘mendier’.
nique ‘mettre en communication une pièce BRIDA (‘bride’), est emprunté au français bride
mobile avec l’arbre moteur’. EMBRAGUE ‘em- lui-même d’origine germanique (moyen haut
brayage’. allemand brîdel ‘rêne’).
BRAMAR (‘mugir’, ‘bramer’), est issu du gotique BRIGADA (‘brigade’), est emprunté au français
bramôn ‘mugir’. brigade, lui-même emprunté à l’italien brigata
Dérivés : BRAMIDO ‘mugissement’. ‘troupe, bande’, terme s’appliquant depuis le
BRASA (‘braise’), est d’origine obscure, sans XIIIe siècle à un groupe de soldats puis à un
doute germanique. Attesté en latin médiéval groupe d’ouvriers travaillant en équipe.
sous la forme brasas carbones (Xe siècle). Dérivés : BRIGADIER ‘général de brigade’ est
Dérivés : ABRASAR ‘embraser’. BRASERO ‘bra- emprunté aussi au français brigadier où il dé-
sero, bûcher’. signait au XVIIe siècle un officier supérieur et
BRAVO(A) (‘vaillant, brave’ ; ‘sauvage’, ‘fé- en particulier un général de brigade, sens rete-
roce’), provient probablement du latin barba- nu par l’espagnol. En français, brigadier a pris
rus ‘barbare, féroce, sauvage’. Évolution pho- ensuite la valeur de ‘sous-officier’, ‘sergent’.
nétique : barbarus > barbru > babru (dissimi- BRILLAR (‘briller’), est emprunté à l’italien
lation par suppression d’un phonème) > brabu brillare ‘s’agiter, battre des ailes’ et ‘jeter des
(après translation du r dans la première syl- éclats de lumière’, peut-être dérivé de l’italien
labe) > bravo (fricatisation du -b- intervoca- ancien brillo ‘cristal travaillé’ (latin beryllus,
lique). ‘pierre précieuse’, ‘béryl’).
Dérivés : BRAVUCÓN ‘bravache, fanfaron’. Dérivés : BRILLO ‘éclat, brillant’.
EMBRAVECER ‘rendre furieux’. BRINCAR (‘bondir, sauter’), est emprunté au
BRAZA, voir brazo. portugais brincar ‘jouer’, ‘sauter’, dérivé de
BRAZO (‘bras’), est issu du latin bracchium brinco ‘jouet’.
(neutre singulier). La forme braza ‘brasse’ Dérivés : BRINCO ‘bond’.
(ancienne unité de mesure et type de nage), est BRINDAR, voir brindis.
issue du neutre pluriel bracchia (littéralement BRINDIS (‘toast’ ; ‘brindis’ [en tauromachie]),
‘les deux bras’). La brasse était en effet une provient de l’allemand ich bring dir’s qui si-
unité de mesure représentant l’espace entre les gnifie littéralement ‘je te l’offre’, phrase pro-
deux bras étendus. noncée lorsqu’on porte un toast.
Dérivés : ABRAZAR ‘serrer dans ses bras’. Dérivés : BRINDAR ‘porter un toast à, boire à’
BRECHA (‘brèche’), est emprunté au français et ‘offrir, proposer’.
brèche issu du francique breka ‘ouverture, BRÍO (‘courage, énergie’ ; ‘brio’, ‘fougue’), est
fracture’ (allemand brechen ‘rompre’). probablement issu d’une forme de gaulois bri-
BREGAR (‘lutter’, ‘se démener’, ‘trimer’), est vo ou brigo ‘force’. L’italien brio est un em-
issu du gotique brikan ‘rompre, casser’. prunt à l’espagnol. Enfin, le français a em-
Dérivés : BREGA ‘lutte’, ‘dispute’, ‘travail prunté brio à l’italien.
dur’. Dérivés : BRIOSO ‘courageux’, ‘fougueux,
BREVE (‘bref, court’), est issu du latin brevis vif’.
‘court’ dans l’espace et dans le temps : in bre- BRISA (‘brise’), est d’origine obscure. Attesté en
vi tempus ‘en peu de temps’ ; in breve ‘en peu catalan (brisa) dès le XVe siècle. Le français
de mots’. brise est sans doute un emprunt à l’espagnol.
Dérivés : ABREVIAR ‘abréger’. ABREVIATURA Ce mot, introduit par les navigateurs,
‘abréviation’. BREVEDAD ‘brièveté’ (A la s’appliquait à un vent d’est ou vent du nord
mayor brevedad ‘dans les plus brefs délais’). assez fort avant de désigner un vent doux.
BRIBÓN (‘coquin, fripon’), est un dérivé de BROCHA (‘brosse’, ‘gros pinceau’), est emprunté
briba ‘gueuserie, vie de mendiant’ (andar a à une forme dialectale du français (lorrain) :
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brouche (français brosse). L’origine de ce mot d’abord été employé pour désigner la saison
n’est pas établie. froide , l’hiver (métonymie : le jour le plus
BROCHE (‘broche, agrafe’), est emprunté au court de l’hiver désigne la saison entière). Par
français broche, issu du latin vulgaire brocca, glissement de sens (par contiguïté de sens), on
féminin de l’adjectif brocchus signifiant est passé à l’idée de brume, de brouillard
‘proéminent, saillant’ en parlant des dents. propre à l’hiver.
Dérivés : ABROCHAR ‘boutonner’, ‘agrafer’, BRUÑIR (‘polir’), est emprunté à l’occitan ancien
‘lacer’. DESABROCHAR ‘déboutonner’. brunir, lui-même dérivé du francique brunjan
BROMA (‘taret’ [mollusque] et ‘farce, plaisante- de même sens.
rie’), est d’origine incertaine et son évolution BRUSCO (‘brusque’), provient probablement du
sémantique n’est pas bien établie. Ce mot dé- bas latin bruscus ‘plante épineuse’. Ce mot se-
signe d’abord un mollusque qui s’attaque à la rait issu du croisement entre ruscus ‘petit
coque des navires (le taret). Broma pourrait houx’ et brucus ‘bruyère’.
provenir du grec broma : ‘ce qui est dévoré et BRUTAL, voir bruto.
dégage une odeur putride, carie’ (bromos BRUTO (‘bête, stupide’ ; ‘brut’), est emprunté au
‘puanteur’ et bibroskein ‘dévorer’). La deu- latin brutus ‘lourd, stupide’.
xième acception de broma a été ‘chose Dérivés : BRUTAL ‘brutal’. BRUTALIDAD ‘bru-
lourde’ car les navires attaqués par le mol- talité’. EMBRUTECER ‘abrutir’.
lusque prenaient l’eau et s’alourdissaient. Il BUCEAR , voir buzo.
est plus difficile d’expliquer ensuite comment BUCÓLICO (‘bucolique’), est emprunté au latin
on est passé à l’idée de ‘plaisanterie’, sans bucolicus ‘pastoral’, ‘qui concerne les bœufs
doute par l’intermédiaire de ‘grosse farce, ou les pâtres’, du grec boukolikos, adjectif dé-
plaisanterie lourde’ (una broma pesada, ‘une rivé de boukolos ‘bouvier’ (formé de bous
farce de mauvais goût’). ‘bœuf’ et de kolos ‘qui s’occupe de’).
Dérivés : ABRUMAR ‘accabler, ennuyer’. BUENO (‘bon’), est issu du latin bonus de même
BROMEAR ‘plaisanter’. sens.
BRONCE (‘bronze’), est emprunté à l’italien Dérivés : ABONAR ‘fertiliser’ (littéralement
bronzo ‘alliage de cuivre et d’étain’ d’origine ‘rendre bon’). Voir l’article abonar pour les
non élucidée (abréviation de aes brundisium autres acceptions. BONDAD ‘bonté’. BONDADO-
‘airain de Brindisi ?). SO ‘bon, gentil’. BONIFICAR ‘bonifier’. BONI-
BROTE (‘bourgeon, pousse’ ; ‘poussée’ [de TO ‘beau, joli’ est le diminutif de bueno. Le
fièvre etc.] ; ‘début, apparition’), est issu du contenu diminutif s’est estompé mais il en est
gotique brut de même sens, proche de resté une idée appréciative (valeur dite affec-
l’allemand sprosse et de l’anglais to sprout tive des diminutifs). BONITO désigne aussi
‘pousser, germer’. une variété de thon (la bonite) plus beau que le
Dérivés : BROTAR ‘pousser’, ‘jaillir’. thon commun.
BROZA (‘broussailles’), est d’origine obscure BUEY (‘bœuf’), est issu du latin bos, bovis, terme
(latin vulgaire *bruscia ‘pousse d’arbre’ ?). générique désignant le bœuf et la vache. Évo-
Dérivés : DESBROZAR ‘débroussailler, défri- lution phonétique : bovem > boe > buee >
cher’ (desbrozar un tema ‘défricher un su- buey. Le dernier e forme un hiatus avec le e
jet’). tonique, il se ferme en i et donne une triphton-
BRUJA (‘sorcière’), est d’origine mal établie. La gue c’est-à-dire la combinaison d’une semi-
forme latine reconstituée *Bruxa permettrait consonne /u/, d’une voyelle /e/ et d’une semi-
d’expliquer le castillan bruja, le portugais voyelle /i/.
bruxa, le catalan bruixa et l’occitan bruèissa. BUFANDA (‘écharpe’), est emprunté au français
Dérivés : EMBRUJAR ‘ensorceler, envoûter’. bouffante, participe présent au féminin du
BRÚJULA (‘boussole’), est emprunté à l’italien verbe bouffer ‘gonfler’ de formation expres-
bussola ‘petite boîte’, du latin buxula, dérivé sive. Le port d’une écharpe donne l’image
de buxis ‘boîte, coffret’. d’un cou gonflé, enflé (vêtement bouffant).
BRUMA (‘brume’), est issu du latin bruma, con- BUFAR, voir buhardilla.
traction de brevima (dies), ancien superlatif de BUFETE (‘bureau’, ‘cabinet, étude d’avocat’), est
brevis ‘bref’, c’est-à-dire ‘le jour le plus court emprunté au français buffet au sens ancien de
de l’année’, ‘le solstice d’hiver’. Ce mot a
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‘table’ (aujourd’hui ‘meuble de salle à manger BURBUJA (‘bulle d’air’), est un dérivé de
ou de cuisine’) dont l’origine est obscure. l’ancien verbe burbujar (aujourd’hui burbu-
BUFÓN (‘bouffon’ [adjectif et substantif]), est jear, ‘bouillonner, faire des bulles’), issu lui-
emprunté à l’italien buffone ‘acteur comique’, même du latin vulgaire bulbulliare de forma-
de forme expressive (radical onomatopéique tion expressive (réduplication de bulla
buff- exprimant le gonflement des joues). ‘bulle’).
BUHARDILLA (‘lucarne’), est le diminutif de Dérivés : BURBUJEAR ‘bouillonner’.
l’ancienne forme buharda ‘trou d’aération’, BURDEL (‘bordel’), est issu du francique *borda
dérivée du verbe buhar, variante de bufar par l’intermédiaire du catalan bordell ou de
‘souffler’ d’origine onomatopéique (gonfle- l’occitan bordel. Le francique borda est le plu-
ment des joues). Voir bofe et bofetada. riel neutre de bord signifiant ‘planche’ d’où le
BÚHO (‘hiboux’), provient du latin vulgaire bufo sens de ‘maison de planches’. Le mot s’est
(latin classique bubo) d’origine expressive qui spécialisé pour désigner un lieu de prostitu-
est à rattacher à une base ou-, u- servant à ex- tion. Dans les ports en particulier, les prosti-
primer le cri de certains oiseaux ou rapaces tuées ne pouvaient exercer leur activité qu’à
nocturnes (upupa ‘huppe’ ; ulula ‘chat- l’écart, dans des quartiers réservés appelés des
huant’). bordeaux ou bordels (bordes = ‘cabanes en
BUITRE (‘vautour’), est issu du latin vultur, planches’).
vulturis de même sens, peut-être apparenté au BURLA (‘moquerie’, ‘plaisanterie’, ‘tromperie’),
verbe vellere ‘arracher’. est d’origine inconnue.
BUJÍA (‘bougie’), provient du nom de la ville de Dérivés : BURLADOR ‘séducteur, libertin’.
Bougie en Algérie (en arabe Bugaya), où l’on BURLAR ‘tromper’, ‘se moquer de’.
fabriquait au moyen âge de la cire pour les BURÓ (‘bureau’ [politique]), est l’hispanisation
chandelles. du français bureau avec spécialisation séman-
BULEVAR, voir baluarte. tique (el buró político del partido comunista
BULTO (‘volume, grosseur, taille’), est issu du ‘le bureau politique du parti communiste’).
latin vultus ‘visage’. Ce mot a désigné ensuite BUROCRACIA (‘bureaucratie’), est emprunté au
la tête des Saints sur les images et les statues français bureaucratie, formé avec l’élément
représentant des personnes (en particulier les -cratie (du grec kratein ‘commander’) et créé
gisants). Il a ensuite acquis le sens de ‘masse’ au XVIIIe siècle pour dénoncer le pouvoir ex-
(du corps d’une personne) et par extension il a cessif des bureaux c’est-à-dire de
signifié ‘masse, volume, taille’. l’administration.
Dérivés : ABULTAR ‘grossir’, ‘prendre de la BURRO (‘âne’), est un dérivé régressif de burri-
place’. co, prononciation altérée de borrico du latin
BULLICIO, voir bullir. tardif burricus ‘petit cheval’.
BULLIR (‘bouillir’, ‘bouillonner’, ‘grouiller’), est BUSCAR (‘chercher’), est d’origine mal établie.
issu du latin bullire de même sens, dérivé de Dérivés : BUSCA (XIIIe siècle) et BÚSQUEDA
bulla ‘bulle’ (littéralement ‘faire des bulles’). (très tardif, XIXe siècle) ‘recherche, quête’.
Dérivés : BULLICIO ‘tumulte, tapage’ (latin Espagnol moderne : un ‘busca’ ‘bipeur’,
bullitio). ‘messager de poche’.
BUÑUELO (‘beignet’), remonterait à une base BUTACA (‘fauteuil’), provient de putaka ‘siège’,
commune au français, à l’espagnol et au cata- mot originaire d’un dialecte du Venezuela.
lan *bunnia ou *bunnica d’origine peut-être BUZO (‘plongeur’, ‘scaphandrier’), est emprunté
préromane et signifiant ‘souche d’arbre’. En au portugais búzio ‘mollusque’, ‘buccin’, issu
français, ce mot aurait donné beigne ‘bosse à du latin bucina ‘trompette’, ‘cornet de bou-
la tête’ puis ‘coup, gifle’. Le beignet (espagnol vier’. En portugais et en français le mot latin a
buñuelo) serait ainsi nommé par analogie de permis, par analogie de forme avec
forme (bosse de pâte frite, pâtisserie gonflée). l’instrument de musique, de désigner la co-
BUQUE (‘bateau, navire’), provient du catalan quille d’un mollusque et le mollusque lui-
buc ‘ventre’ et ‘coque d’un navire’, issu lui- même, le buccin. En espagnol, ce mot désigne
même du francique buk ‘ventre’. Au figuré, celui qui travaille sous l’eau, dans une ‘co-
buque insignia ‘fleuron, emblème’ (d’une quille’, c’est-à-dire le scaphandrier.
marque, d’un groupe industriel).
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CABOTAJE (‘cabotage’), est emprunté au fran- CACIQUE (‘cacique’, ‘personnage influent’), est
çais cabotage, dérivé du verbe caboter emprunté à l’arawak cacique ‘chef de tribu’
d’origine obscure (peut-être apparenté à cap, qui est une langue indigène des Antilles.
c’est-à-dire ‘aller de cap en cap’, ‘longer les Dérivés : CACIQUISMO ‘influence excessive et
côtes’). arbitraire’. On se reportera au célèbre essai de
CABRA (‘chèvre’), est issu du latin capra fémi- Joaquín Costa, Oligarquía y caciquismo (pu-
nin de caper ‘bouc’. blié en 1901) où il dénonce l’absence de véri-
Dérivés : CABREARSE ‘se mettre en rogne’ table démocratie parlementaire en Espagne et
(sans doute à cause du caractère ombrageux de le pouvoir des oligarchies locales.
l’animal). CABRÍO dans macho cabrío ‘bouc’. CACOFONÍA (‘cacophonie’), est emprunté au
CABRÓN ‘bouc’ et, en langage vulgaire, ‘cocu’ grec kakophônia, substantif dérivé de kako-
(‘qui a des cornes’). CAPRICORNIO ‘capri- phônos ‘qui a une voix ou un son désa-
corne’, du latin capricornus, formé de caper gréable’, formé de kako(s)- ‘mauvais’ et de
‘bouc’ et cornu ‘corne’ (insecte à cornes). EN- phonê ‘voix, son’.
CABRITARSE ‘se cabrer’. CACHA (‘manche de couteau’ ; ‘fesse’ ; ‘joue’),
CABREARSE, voir cabra. est peut-être issu du latin vulgaire *cappula
CABRÍO, voir cabra. (latin classique capula), pluriel de capulum
CABRIOLA (‘cabriole’), est emprunté à l’italien ‘poignée, garde d’une épée’. Par analogie avec
capriola ‘femelle du chevreuil’ et, par méto- le manche d’un couteau qui est formé de deux
nymie, ‘bond, saut’. Ce mot est issu du bas la- plaques enserrant la lame, on est passé, dans la
tin capreola ‘chèvre sauvage’, dérivé de capra langue familière, aux sens de nalga ‘fesse’ et
‘chèvre’ (espagnol cabra). de carrillo ‘joue, bajoue’. Dans la langue po-
CABRIOLÉ (‘cabriolet’), est emprunté au fran- pulaire, estar cachas signifie ‘être costaud,
çais cabriolet dérivé de cabriole (littéralement musclé’.
‘voiture qui sautille, qui fait des cabrioles’ à Dérivés : CACHETE ‘joue, bajoue’ et ‘claque,
cause de sa légèreté). gifle’.
CABRÓN, voir cabra. CACHALOTE (‘cachalot’), serait emprunté au
CACA (‘caca’, ‘vice’, ‘cochonnerie’), est un mot portugais cachalote dérivé de cachola ‘grosse
de formation expressive dans le langage en- tête’ = mammifère marin à grosse tête. Cacho-
fantin par redoublement de syllabe (apparenté la est un mot de la famille du latin caput
au latin cacare ‘chier’). ‘tête’.
CACAHUETE (‘cacahuète’), d’abord sous la CACHARRO, voir cacho.
forme cacahuate, est emprunté au nahuatl CACHEAR (‘fouiller qqn’), est peut-être emprun-
(langue des Aztèques) tlalcacáuatl, formé de té au galicien cachear ‘chercher, fouiller’ en
tlalli ‘terre’ et de cacáuatl ‘cacao’ (littérale- particulier dans le langage des douaniers sur-
ment ‘cacao de la terre’). veillant la frontière entre la Galice et le Portu-
CACAO (‘cacao’), est emprunté au nahuatl (az- gal.
tèque) cacáua(tl) de même sens. Dérivés : CACHEO ‘fouille corporelle’.
CACAREADO, voir cacarear. CACHIVACHE, voir cacho.
CACAREAR (‘caqueter’ et ‘crier sur les toits’), CACHO (‘morceau’), est peut-être issu du latin
est un mot d’origine expressive, onomato- vulgaire cacculus altération de caccabus
péique censé évoquer le piaillement de cer- ‘marmite, chaudron’. De l’idée de récipient
tains oiseaux. Ce mot a un radical qui rappelle (pot, poterie), on est passé au sens de récipient
les formes latines cacillare ‘caqueter’ et caca- cassé puis à l’acception générale de ‘morceau’
bare ‘crier (pour un oiseau)’. (un cacho de pan ‘un morceau de pain’).
Dérivés : CACAREADO ‘vanté, rebattu’. Dérivés : CACHARRO ‘pot’, ‘poterie’ ; ‘tes-
CACERÍA, voir cazar. son’ ; ‘machin, truc’, ‘affaires’ ; ‘tacot, guim-
CACEROLA (‘casserole’), est emprunté au fran- barde’. Ce mot est devenu un mot fourre-tout
çais casserole dérivé (avec suffixe diminutif) (palabra baúl ou palabra ómnibus en espa-
de casse ‘récipient en forme de cuillère’, lui- gnol) désignant de manière plus ou moins pé-
même emprunté à l’ancien provençal cassa jorative — à partir de l’acception ‘tesson,
‘récipient’, ‘grande cuillère’ (latin médiéval morceau’ — toutes sortes d’objets : les af-
cattia ‘creuset’). faires de qqn, les ustensiles de cuisine, une
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vieille voiture et plus familièrement un ‘ma- métonymie — le sens de ‘partie du corps que
chin’, un ‘truc’. CACHIVACHE ‘ustensile, réci- l’on pose sur un siège’ c’est-à-dire le posté-
pient’, ‘babiole’, ‘truc, machin’ est un mot de rieur puis il a désigné les hanches. Le mot
formation expressive obtenu par réduplica- cátedra ‘chaire’ (clase ex cátedra ‘cours ma-
tion : cachi-bachi (avec changement de la gistral’) est le traitement savant du latin ca-
première consonne). thedra.
CACHONDEZ, voir cachorro. CADUCAR, voir caduco.
CACHONDO, voir cachorro. CADUCO (‘caduc’, ‘périmé’, ‘révolu’), est em-
CACHORRO (‘chiot’, ‘petit d’un animal’), est prunté au latin caducus ‘qui tombe’ ou ‘qui est
d’origine mal établie. Ce mot est peut-être le tombé’, ‘fragile, périssable’, adjectif dérivé de
dérivé d’une forme primitive (cacho) signi- cadere ‘tomber’.
fiant ‘jeune chien’, ‘petit d’un animal’ et issue Dérivés : CADUCAR ‘être périmé, expirer’.
du latin vulgaire cattulus ‘petit chien’, ‘petit CAER (‘tomber’), est issu du latin cadere de
d’un animal quelconque’. Aujourd’hui cacho même sens.
désigne un poisson, le barbeau, dont les bar- Dérivés : CADENCIA ‘cadence’ est emprunté à
billons rappellent ceux de certains chiens. l’italien cadenza ‘rythme’. CAÍDA ‘chute’. DE-
Dérivés : CACHONDEZ ‘rut’, ‘sensualité, lasci- CADENCIA est emprunté au français décadence
vité’ (dérivé de cacho). CACHONDO ‘en cha- (latin médiéval decadentia, participe présent
leur, en rut’, provient de cachiondo formé au neutre pluriel de decadere, français ‘dé-
avec cacho et le suffixe -ondo(a) de verrion- choir’).
do(a) adjectif signifiant ‘en chaleur’ et CAFÉ (‘café’ [la boisson et l’établissement]), est
s’appliquant particulièrement aux porcs (du emprunté au turc qahve, lui-même emprunté à
latin verres ‘verrat, porc’). l’arabe qahwa ‘liqueur apéritive’. Il est pro-
CADA (‘chaque’), est issu du latin vulgaire cata, bable que l’italien des ambassadeurs vénitiens
lui-même issu de la préposition grecque kata caveé ou caffè a servi d’intermédiaire. Par mé-
signifiant ‘du haut de’, ‘conformément à’, tonymie, la boisson a aussi désigné le lieu où
‘vers le bas’ et employée avec une valeur dis- on l’absorbe puis, par extension, café a dési-
tributive dans des locutions adverbiales du gné le lieu où l’on consomme n’importe quelle
type kata trêis ‘de trois en trois’, ‘par trois’. boisson.
CADALSO (‘échafaud’), est emprunté à l’occitan Dérivés : CAFETERÍA (‘cafétéria, snack-bar’),
ancien cadafalcs, lui-même issu du latin vul- est originaire du Mexique où il désignait un
gaire catafalicum, croisement entre catasta salon de café. L’anglo-américain s’est emparé
‘estrade où l’on expose les esclaves à vendre’ de ce mot et lui a donné la signification plus
et fala ‘tour de défense en bois’. L’espagnol générale que nous lui connaissons aujourd’hui.
catafalco et le français ‘catafalque’ sont em- DESCAFEINADO ‘décaféiné’ et, au figuré,
pruntés à l’italien catafalco. ‘édulcoré’.
CADÁVER (‘cadavre’), est emprunté au latin CAFETERÍA, voir café.
cadaver ‘corps d’un homme mort’ que l’on CAGAR (‘chier’), est issu du latin cacare ‘éva-
évitait parfois d’employer à cause de sa crudi- cuer des excréments’, mot de formation ex-
té et que l’on remplaçait par corpus (euphé- pressive (langage des enfants).
misme). A rattacher à cadere ‘tomber’. Em- CAIMÁN (‘caïman’), est sans doute d’origine
ploi moderne et familier : un cadáver andan- caraïbe (acayuman).
do ‘un cadavre ambulant’. CAJA (‘boîte’), est issu du latin capsa ‘boîte,
CADENA (‘chaîne’), est issu du latin catena caisse’, sans doute par l’intermédiaire du cata-
d’origine inconnue. Emploi moderne : cadena lan caixa.
de peaje ‘chaîne (de télévision) payante’. Dérivés : CAJERO ‘caissier’ (cajero automáti-
Dérivés : DESENCADENANTE ‘facteur déclen- co ou permanente ‘distributeur automatique
chant’. DESENCADENAR ‘déchaîner’ et ‘dé- de billets’). CÁPSULA ‘capsule’ est issu de
clencher’. ENCADENAR ‘enchaîner’. capsula ‘petit coffret’, diminutif de capsa.
CADENCIA, voir caer. ENCAJAR ‘emboîter, encastrer’. ENCAJE ‘em-
CADERA (‘hanche’), est issu du latin vulgaire boîtement’ et ‘dentelle’.
cathegra, variante de cathedra ‘siège, chaire’. CAL (‘chaux’), est issu du latin vulgaire cals
En espagnol populaire, ce mot a pris — par (latin classique calx, calcis), probablement
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emprunté au grec khalix ‘caillou’, ‘pierre à ‘semblable’ sans doute issue de *cualaño qui
chaux’. serait un dérivé de cual ‘comme, tel que’.
Dérivés : CALCINAR ‘calciner’ (latin médiéval CALAR (‘traverser, transpercer’, ‘enfoncer’,
calcinare, dérivé de calx) : soumettre les ‘pénétrer’, ‘tremper’), est issu du latin tardif
pierres calcaires à l’action du feu pour en faire calare ‘faire descendre’.
de la chaux puis, par extension, porter un Dérivés : CALADERO ‘lieu de pêche’ c’est-à-
corps à très haute température pour le brûler dire ‘lieu où l’on fait descendre les filets’. CA-
complètement. LADO ‘tirant d’eau’.
CALABAZA (‘courge, citrouille’ ; ‘gourde, cale- CALAVERA (‘crâne’, ‘tête de mort’ et ‘noceur,
basse’), est peut-être d’origine préromane bambocheur’, ‘tête brûlée’), est issu du latin
(base supposée *calapaccia). calvaria ‘crâne’ dérivé de calvus ‘chauve’.
CALABOZO (‘cachot, geôle’), est sans doute issu Calvaria donne calvera. Un croisement avec
du latin vulgaire *calafodium, formé de cala le mot cadáver et ses dérivés pourrait expli-
d’origine préromane et signifiant ‘abri’ (fran- quer le passage de calvera à calavera. Le sens
çais ‘calanque’) et du latin vulgaire fodium de ‘noceur’ (un calavera) s’explique dans la
‘trou’ (fodere ‘fouir, creuser’). mesure où celui qui fait la bamboche creuse sa
Dérivés : ENCALABOZAR ‘mettre au cachot’. propre tombe.
CALADERO, voir calar. Dérivés : DESCALABRAR ‘blesser, casser la
CALADO, voir calar. tête’, ‘malmener, maltraiter’. DESCALABRO
CALAFATEAR (‘calfater’ et ‘calfeutrer’), est ‘échec’, ‘désastre’.
emprunté à l’arabe qalfata ‘rendre étanche (le CALCAR (‘calquer’, ‘décalquer’), est issu du
pont d’un navire)’, probablement emprunté au latin calcare ‘fouler’, ‘marcher sur qqch’, dé-
bas latin calefectare (latin classique calefacere rivé de calx, calcis ‘talon’. Par analogie avec
‘chauffer’) parce qu’on chauffe le goudron l’action de marcher sur qqch, ce verbe a dési-
pour rendre étanche le pont d’un navire. gné l’acte de calquer ou décalquer qui consiste
CALAMAR (‘calmar, encornet’), est emprunté à à appliquer un papier (calque) sur une surface
l’italien calamaro ‘écritoire portatif’, dérivé dont on veut reproduire un motif etc.
de calamo (latin calamus ‘roseau à écrire’, Dérivés : CALCO ‘calque’. INCULCAR ‘incul-
‘plume’). Le mollusque a été désigné ainsi (lit- quer’ (latin inculcare ‘faire pénétrer dans’).
téralement ‘encrier’, ‘écritoire’) en raison de RECALCAR ‘souligner, mettre l’accent sur, ap-
sa poche de liquide noirâtre qui fait penser à puyer’, formé avec le préfixe re- indiquant la
de l’encre qu’il disperse. répétition ou l’intensité (latin recalcare ‘fouler
CALAMBRE (‘crampe’), est issu probablement de nouveau avec les pieds’ et donc ‘répéter’).
du germanique kramp (allemand moderne CALCETÍN, voir calza.
krampf) de même sens. Évolution reconsti- CALCINAR, voir cal.
tuée : kramp > crambe > cambre > clambre CALCO, voir calcar.
> calambre. CALCULAR, voir cálculo.
CALAMIDAD (‘calamité’, ‘fléau’), est emprunté CÁLCULO (‘calcul’ [en mathématiques et en
au latin calamitas ‘fléau, désastre, ruine’ (en médecine]), est emprunté au latin calculus
particulier ‘fléau qui atteint les récoltes’) ‘caillou’, ‘boule pour voter ou compter’,
d’origine mal établie. ‘pion, jeton’ d’où le sens de ‘compte’ (‘faire
CALANDRIA (‘calandre’ [terme technique]), est des calculs’) et en médecine ‘pierre que l’on a
emprunté au français calandre, probablement dans la vessie’.
issu du bas latin colendra, adaptation — Dérivés : CALCULAR ‘calculer’.
d’après columna ‘colonne’ — du grec kulin- CALDEAR, voir caldo.
dros ‘cylindre’. Ce mot désigne une machine CALDERA, voir caldo.
formée de cylindres, de rouleaux servant à lis- CALDO (‘bouillon’), provient de l’ancien adjectif
ser les étoffes, à glacer les papiers et à fabri- caldo ‘chaud’ lui-même issu du latin calidus
quer des feuilles de caoutchouc. Il désigne de même sens. L’espagnol cálido ‘chaud’ est
aussi la garniture métallique placée devant le le traitement savant de calidus car la voyelle
radiateur d’une automobile. postonique interne -i- n’a pas chuté.
CALAÑA (‘nature’ ; ‘qualité’ ; ‘espèce, en-
geance’), provient de l’ancienne forme calaño
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Dérivés : CALDAR ‘chauffer’. CALDERA ‘chau- CÁLIZ (‘calice’), est emprunté au latin calix
dière’ (latin caldaria ‘chaudron, chaudière’). ‘coupe, vase à boire’ (apurar el cáliz hasta
ESCALDAR ‘échauder’. las heces, ‘boire le calice jusqu’à la lie’).
CALEFACCIÓN, voir caliente. L’acception ‘calice (d’une fleur)’ provient du
CALENDARIO (‘calendrier’), est issu du bas latin latin calyx ‘enveloppe de la fleur’. Calix et ca-
calendarium ‘registre où l’on inscrivait les lyx ont été confondus : l’enveloppe d’une fleur
dettes’, dérivé de calendae ‘premier jour du fait penser à une coupe (analogie de forme).
mois’, les intérêts de la dette étant payés le ‘Calice’ (d’une fleur) est alors considéré
premier jour du mois. comme une acception métaphorique de ‘ca-
CALENTAR, voir caliente. lice’ (coupe , vase).
CALENTURA, voir caliente. CALMA (‘calme’), est issu du grec kauma ‘cha-
CALIBRAR, voir calibre. leur brûlante’, dérivé de kaiein ‘brûler’. Le
CALIBRE (‘calibre’), est emprunté au français mot a d’abord désigné l’absence de vent en
calibre, lui-même emprunté à l’arabe qalib mer en périodes de fortes chaleurs (voir
‘moule où l’on verse les métaux’, ‘forme de l’expression la calma chicha ‘le calme plat’)
cordonnier’. Le mot arabe provient du grec ka- avant de s’appliquer par extension à toute ab-
lopous ‘forme en bois pour les chaussures’, sence de bruit, de mouvement et, par méta-
composé de kalon ‘bois’ et de pous ‘pied’. Le phore, à l’absence d’agitation chez une per-
mot s’est spécialisé pour désigner le diamètre sonne. En catalan et en portugais (calma),
intérieur d’un tube (le canon d’une arme à l’acception ‘chaleur’ est toujours vivante.
feu) : del calibre 22 ‘(arme) de calibre 22’ ; Dérivés : CALMANTE ‘calmant’. CALMAR
calibre grueso ‘gros calibre’. En français fa- ‘calmer’.
milier, un ‘calibre’ c’est-à-dire un revolver, un CALMANTE, voir calma.
pistolet, est une métonymie car l’arme est dé- CALMAR, voir calma.
signée par le diamètre de son canon. CALÓ (‘parler des gitans’) est issu du gitan
Dérivés : CALIBRAR ‘calibrer’. (c’est-à-dire le tzigane d’Espagne) caló signi-
CALIDAD, voir cual. fiant ‘gitan’.
CÁLIDO, voir caldo. CALOR, voir caliente.
CALIENTE (‘chaud’), est issu du latin calens, CALORÍA, voir caliente.
calentis ‘chaud, brûlant’, participe adjectif du CALUMNIA (‘calomnie’), est emprunté au latin
verbe calere ‘être chaud, être brûlant’. En es- calumnia ‘chicane, fausse accusation’ em-
pagnol, caliente signifie ‘qui a été chauffé’ ployé d’abord dans un contexte juridique. Ca-
(agua caliente, ‘eau chaude’). L’adjectif cáli- lumnia est sans doute tiré du vieux verbe dé-
do (voir ce mot) s’appliquera plutôt à ce qui ponent calvi ‘tromper, chicaner’ (en droit).
n’a pas été artificiellement chauffé : cli- Dérivés : CALUMNIAR ‘calomnier’.
ma/país cálido ‘climat/pays chaud’ ; CALUROSO, voir caliente.
voz/acogida cálida ‘voix chaude’/’accueil CALVARIO (‘calvaire’), est emprunté au latin
chaleureux’. ecclésiastique calvarium, dérivé de calva
Dérivés : CALEFACCIÓN ‘chauffage’ (latin ca- ‘crâne’. L’expression calvariae locus qui si-
lefactio dérivé de calefacere littéralement gnifiait littéralement ‘lieu du crâne’ était la
‘faire de la chaleur’, ‘chauffer’). CALENTAR traduction du grec kranion, lui-même traduit
‘chauffer’. CALENTURA ‘fièvre, température’. de l’hébreu Golgotha de même sens, nom de
CALOR ‘chaleur’. CALORÍA ‘calorie’ est un dé- la colline en forme de crâne au nord de Jérusa-
rivé tardif (XIXe siècle). CALUROSO ‘chaud, lem où le Christ fut crucifié.
chaleureux’. PRECALENTAMIENTO ‘préchauf- CALVICIE, voir calvo.
fage’. CALVO (‘chauve’), est issu du latin calvus de
CALIFICACIÓN, voir cual. même sens.
CALIFICAR, voir cual. Dérivés : CALVICIE ‘calvitie’ (du latin calvi-
CALIGRAFÍA (‘calligraphie’), est formé avec des ties ‘absence de cheveux’).
éléments d’origine grecque : kalli ‘beau’ et CALZA (‘chausse, bas’ [en vieil espagnol]), est
-graphos du verbe graphein ‘écrire’. Cali- issu du latin vulgaire calcea, féminin tiré de
grafía désigne donc l’art de bien former les calceus ‘chaussure’, dérivé de calx ‘talon’. Au
caractères d’écriture. contact des Germains qui portaient des bas, le
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mot latin calcea a évolué vers le sens de ‘lion qui se traîne à terre’, formé de leôn ‘lion’
‘guêtre couvrant à la fois le pied et la jambe’. et de khamai ‘à terre, sur terre’.
Au moyen âge, ce vêtement va recouvrir pro- CÁMARA (‘chambre’ ; ‘appareil-photo’, ‘camé-
gressivement le corps jusqu’à la ceinture. Au ra’), est issu du latin vulgaire camara (latin
XVIe siècle, ce vêtement qui tenait lieu à la classique camera ‘voûté’), lui-même emprunté
fois de bas et de culotte se divisera en deux au grec kamara ‘objet couvert par une voûte’.
parties : le haut-de-chausses (calzas en espa- L’espagnol a développé un sens technique :
gnol) et le bas-de-chausses (medias calzas) ‘appareil de photo’, ‘caméra’, ces deux appa-
qui donnera medias en espagnol après ellipse reils sont désignés par la ‘chambre (noire)’
du substantif calzas (‘bas’ en français). dans laquelle défile la pellicule (métonymie).
Dérivés : CALCETÍN ‘chaussette’, diminutif de Dérivés : CAMARADA ‘camarade’ a d’abord si-
calza. CALZÓN ‘culotte’. gnifié ‘chambrée’, ‘soldats dormant et man-
CALZADA (‘chaussée’), est issu du latin vulgaire geant dans la même chambre’. Le français
*calciata, substantivation d’un adjectif fémi- ‘camarade’ est un emprunt à l’espagnol. CA-
nin après ellipse du nom dans calciata via (lit- MARERO ‘camérier’ puis ‘valet de chambre’,
téralement ‘voix chaulée’). Calciata pourrait ‘garçon d’étage’ et ‘garçon de café’. CAMA-
provenir de calx, calcis ‘chaux’ car les Ro- RILLA avec suffixe diminutif péjoratif signifie
mains utilisaient un mortier à base de chaux ‘clan’, ‘coterie d’intrigants’, ‘groupe de pres-
pour construire certaines routes. sion, lobby’.
CALZADO, voir calzar. CAMARADA, voir cámara.
CALZAR (‘chausser’), est issu du latin calceare CAMARERO, voir cámara.
‘mettre des chausses’, dérivé de calceus ‘sou- CAMARILLA, voir cámara.
lier’. CAMARÓN (‘crevette’), provient du latin cama-
Dérivés : CALZADO ‘chaussure’, participe pas- rus ‘crevette’ ou ‘écrevisse’, lui-même issu du
sé devenu substantif de calzar. DESCALZAR grec kámmaros de même sens. La variante
‘déchausser’. vulgaire gambarus a donné la forme ancienne
CALZÓN, voir calza. gámbaro et gamba en catalan. C’est cette
CALLADO, voir callar. dernière forme qui est ensuite passée en castil-
CALLAR(SE) (‘se taire’), est issu du latin vul- lan moderne : gamba ‘grosse crevette rouge’.
gaire callare ‘baisser’, puis, par spécialisation CAMBIAR (‘changer’), est issu du latin tardif
sémantique, ‘baisser la voix’, ‘se taire’. cambiare ‘échanger, troquer’, sans doute em-
Dérivés : CALLADO ‘silencieux, discret, réser- prunté au gaulois.
vé’. Dérivés : CAMBIO ‘échange’, ‘change’, ‘chan-
CALLE (‘rue’), est issu du latin callis ‘sentier’ et gement’. CAMBISTA ‘agent de change, cam-
plus particulièrement ‘sentier emprunté par les biste’. RECAMBIO ‘rechange’, ‘recharge’ (pie-
troupeaux’. En vieil espagnol, calle a eu le za de recambio ‘pièce de rechange’, ‘pièce
sens de ‘chemin étroit entre deux murs’. détachée’ ; rueda de recambio ‘roue de se-
Dérivés : CALLEJA ‘ruelle’. CALLEJÓN ‘ruelle, cours’).
passage’ (callejón sin salida ‘impasse, cul-de- CAMBIO, voir cambiar.
sac’). Le suffixe -ón joue ici le rôle d’un di- CAMBISTA, voir cambiar.
minutif et non pas celui d’un augmentatif (voir CAMELAR (‘baratiner, faire du boniment’), est
aussi à ce sujet ratón ‘souris’, perro rabón d’origine incertaine, peut-être issu du gitan
‘chien sans queue’, plumón ‘duvet’, anadón camelar ‘aimer, rendre amoureux’ d’où ‘tenir
‘caneton’). ENCALLAR ‘s’échouer’, ‘échouer’. des propos galants, séduire’ et, familièrement,
Ce verbe rappelle le sens primitif de calle ‘baratiner (une femme)’.
(idée de resserrement et d’obstruction). Dérivés : CAMELO ‘galanterie’, ‘baratin’.
CAMA (‘lit’), est d’origine incertaine, sans doute CAMELLO (‘chameau’), est issu du latin camel-
préromane (latin d’Espagne cama ‘couche à lus lui-même emprunté au grec kamelos. Au-
même le sol’). jourd’hui camello désigne aussi par méta-
CAMALEÓN (‘caméléon’), est emprunté, par phore celui qui transporte de la drogue, un
l’intermédiaire du latin chamaleon, au grec dealer.
khamaileôn signifiant littéralement ‘lion nain’, CAMINAR, voir camino.
CAMINATA, voir camino.
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CAMINO (‘chemin’), est issu du latin vulgaire kampjo ‘combattant dans un duel judiciaire’.
*camminus d’origine celtique. Ce mot est formé à partir de kamp ‘lieu du
Dérivés : CAMINAR ‘cheminer’. CAMINATA combat’ et il est emprunté au latin campus
‘randonnée, grande balade’ (de l’italien cam- ‘champ (de Mars)’ où l’on instruisait les sol-
minata). DESCAMINAR ‘égarer, fourvoyer’. dats romains d’origine germanique.
ENCAMINAR ‘diriger, orienter, tendre’. Dérivés : CAMPEONATO ‘championnat’.
CAMIÓN (‘camion’), est emprunté au français CAMPESINO, voir campo.
camion d’origine incertaine (bas latin chamul- CAMPO (‘champ’, ‘campagne’), est issu du latin
cus ‘chariot bas’ ?). Aujourd’hui, dans la campus mot désignant à l’origine la plaine par
langue très familière et vulgaire, camión de opposition à mons ‘montagne’. Le sens de
même que tren et monumento sont des ‘plaine’ ayant été dévolu au mot plana (espa-
termes ‘élogieux’ s’appliquant à une femme ! : gnol planicie et llanura), campus s’est spécia-
estar como un camión / un tren ‘être vache- lisé dans le sens de ‘plaine cultivée’ d’où
ment bien roulée’. ‘champ’ et ‘campagne’.
Dérivés : CAMIONERO ‘routier, camionneur’. Dérivés : CAMPAMENTO ‘campement’. CAM-
CAMIONERO, voir camión. PESINO ‘paysan’. CAMPOSANTO ‘cimetière’.
CAMISA (‘chemise’), est issu du bas latin cami- CAMPUS (d’une université) est un mot anglo-
sia emprunté au gaulois ou au germanique. américain emprunté au latin campus et redif-
Dérivés : CAMISETA ‘chemisette’, ‘tricot de fusé en Europe avec le sens de ‘domaine uni-
corps’, ‘maillot’. DESCAMISADO ‘sans che- versitaire’. DESCAMPADO dans l’expression en
mise’, ‘déguenillé’, ‘va-nu-pieds’. Descami- descampado ‘en rase campagne’.
sados est le nom donné aux libéraux en Es- CAMUFLAR (‘camoufler’), est emprunté soit à
pagne lors de la révolution de 1820. En Ar- l’italien camuflare ‘travestir, rendre mécon-
gentine, c’était le nom des partisans du général naissable’, soit au français camoufler formé
Perón. sur le radical de camouflet au sens ancien de
CAMORRA (‘bagarre, querelle, noise’), est ‘fumée épaisse’, d’où le sens de ‘dissimuler’.
d’origine incertaine. L’italien camòrra ‘asso- CAN (‘chien’), est issu du latin canis de même
ciation de malfaiteurs’ a été emprunté à sens.
l’espagnol au XVIIIe siècle. Joan Corominas Dérivés : CANALLA ‘canaille’, est emprunté à
pense que l’espagnol camorra pourrait prove- l’italien canaglia ‘troupe de chiens’, dérivé
nir du bas latin chimorrea pour désigner une avec un suffixe péjoratif de cane ‘chien’.
maladie convulsive affectant les troupeaux de CANÍCULA ‘canicule’ est emprunté au latin ca-
moutons (la modorra, ‘le tournis’). A partir nicula (littéralement ‘petite chienne’). Ce mot
de la notion de convulsion, d’agitation on se- a été utilisé en astronomie pour désigner la
rait passé à celle de ‘bagarre, querelle’. constellation du chien et en particulier l’étoile
CAMPAMENTO, voir campo. de Sirius. Par métonymie, canicula a fini par
CAMPANA (‘cloche’), est issu du latin tardif désigner la période durant laquelle cette étoile
campana ‘cloche’ qui provient peut-être de se levait et se couchait en même temps que le
l’abréviation de vasa campana ‘vases de soleil, c’est-à-dire en périodes de fortes cha-
Campanie’, région où l’on fabriquait un leurs. Le mot est aujourd’hui complètement
bronze de très bonne qualité. En français, démotivé. CANICHE (ou perro de lanas) ‘ca-
‘campanule’ provient de campanula (‘petite niche’. CANIJO ‘malingre, chétif’ provient
cloche’) diminutif de campana et désigne une probablement du latin canicula sans doute
plante dont les fleurs sont en forme de clo- parce que les chiens abandonnés ont
chettes. Campana extractora ‘hotte aspi- l’habitude de souffrir de la faim (vida perra,
rante’. ‘vie de chien’ ; hambre canina, ‘faim de
Dérivés : ACAMPANADO dans pantalón loup’). ENCANALLARSE ‘s’encanailler’.
acampanado ‘pantalon patte d’éléphant’. CANA, voir cano.
CAMPANARIO ‘clocher’. CANAL (‘canal’ et ‘chenal’), est issu du latin
CAMPANARIO, voir campana. canalis ‘tuyau’, ‘tube’, ‘conduite d’eau’, déri-
CAMPAÑA, voir campo. vé de canna ‘canne, roseau’.
CAMPEÓN (‘champion’), est emprunté à l’italien Dérivés : CANALIZAR ‘canaliser’.
campione, lui-même issu du germanique CANALLA, voir can.
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CANAPÉ (‘canapé’), est emprunté au français Dérivés : CANCIONERO ‘recueil de poésies ly-
canapé issu du latin tardif canapeum (‘mous- riques, chansonnier’.
tiquaire’, d’où ‘sorte de lit entouré d’une CANCHA (‘terrain de sports’, ‘fronton’, ‘court de
moustiquaire’) lui-même emprunté au grec tennis’) est issu du quechua (langue des Incas)
kônôpeôn de même sens, dérivé de konops cancha ‘enceinte, cour, palissade’.
‘moustique’. Le meuble avec le sens que nous CANDADO (‘cadenas’), est issu du bas latin
lui connaissons aujourd’hui apparaît au XVIIe catenatum ‘chaîne servant à fermer un accès’,
siècle. neutre substantivé de l’adjectif catenatus ‘en-
CANASTA(O), voir canastillo. chaîné’, dérivé de catena ‘chaîne’ (espagnol
CANASTILLO (‘corbeille’), est issu du latin cadena). L’arceau métallique du cadenas est
canistellum diminutif de canistrum ‘panier, comparé à une chaîne.
corbeille’. CANDEAL (dans les expressions pan / trigo
Dérivés : CANASTA et CANASTO ont été obte- candeal : ‘pain blanc / froment’), est un dérivé
nus par dérivation régressive à partir de ca- du latin candidus ‘blanc’.
nastillo. Canasto désigne une corbeille alors CANDELA (‘chandelle’), est issu du bas latin
que canasta désigne une corbeille de plus candela de même sens, dérivé du verbe can-
grande taille. Sur l’opposition entre masculin dere ‘brûler’.
et féminin en espagnol (banco/banca ; Dérivés : CANDELABRO ‘candélabre’. CANDE-
ratón/rata etc.), on se reportera à Michel Bé- LERO ‘chandelier’. ENCANDILAR ‘éblouir’.
naben, Manuel de linguistique espagnole, CANDELABRO, voir candela.
Ophrys, 1994 (pp. 40 et 41). CANDENTE, voir cándido.
CANCELACIÓN, voir cancelar. CANDIDATO, voir cándido.
CANCELAR (‘annuler’), est emprunté au latin CANDIDEZ, voir cándido.
cancellare qui signifie ‘disposer en treillis’ et CÁNDIDO (‘candide, naïf’), est emprunté au latin
‘barrer (en donnant l’aspect d’un treillis)’, candidus ‘blanc éclatant’ (neige), ‘loyal’,
d’où ‘rayer’, ‘raturer’ et donc ‘supprimer, an- ‘limpide’, ‘sans détours’, dérivé de candere
nuler’ Cancellare est dérivé de cancellus ‘brûler’, ‘être chauffé à blanc’ et ‘être d’une
‘grille’, ‘barreau’. blancheur éclatante’. Le sens initial de cándi-
Dérivés : CANCELACIÓN ‘annulation’. do (blanc éclatant) a disparu au profit du sens
CÁNCER (‘cancer’), vient du latin cancer, cancri figuré (‘spontané, sincère’), puis il s’est appli-
‘crabe’, ‘écrevisse’, ‘constellation du Cancer’ qué de manière péjorative à une personne pure
et ‘tumeur, chancre’. Le mot latin est la tra- et naïve.
duction du grec karkinos ‘crabe’, ‘pinces’ et Dérivés : CANDENTE ‘incandescent’ et, au sens
‘chancre’. Cette maladie étant comparée à un figuré, ‘brûlant, grave’ (un tema candente,
crabe qui détruirait les tissus avec ses pinces. ‘un sujet brûlant’). CANDIDATO (‘candidat’),
Voir aussi chancro ‘chancre’. participe passé du verbe candidare, signifie
Dérivés : CANCERÍGENO ‘cancérigène’. CAR- littéralement ‘vêtu de blanc’ car celui qui bri-
CINOMA ‘carcinome, tumeur’, du grec karki- guait une fonction était revêtu d’une toge
noma dérivé de karkinos ‘crabe’. blanche (toga candida). CANDIDEZ ‘candeur’.
CANCILLER (‘chancelier’), est issu du bas latin CANDOR ‘candeur’, du latin candor ‘blancheur
cancellarius littéralement ‘préposé à la grille’, éclatante’ et, dans le domaine moral, ‘pureté’,
‘huissier’, ‘portier’, dérivé de cancellus probité’. INCANDESCENTE ‘incandescent’.
‘grille’. Canciller provient sans doute d’un CANDIL (‘lampe à huile’), est issu de l’arabe
croisement entre cancelario (issu de cancella- qandîl de même sens, issu lui-même du grec
rius) et chanciller (emprunté au français médiéval kandili, emprunté au latin candela
chancelier). Aujourd’hui canciller désigne le ‘chandelle’.
premier ministre allemand (El canciller Hel- CANDOR, voir cándido.
mut Kohl). CANELA (‘cannelle’), est emprunté à l’italien
CANCIÓN (‘chanson’), est issu du latin cantio, cannella diminutif de canna ‘canne, roseau’
cantionem ‘chant (d’un humain ou d’un ins- parce qu’en séchant, l’écorce de la cannelle
trument)’, formé sur le supin (cantum) du s’enroule sous la forme de petits tuyaux.
verbe canere ‘chanter’.
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Dérivés : CANTERA ‘carrière (de pierre)’ et, au CAPAZ (‘capable’), est emprunté au latin capax,
figuré, ‘pépinière, vivier’ (cantera de artis- capacis ‘qui peut contenir’, ‘habile à’, dérivé
tas, ‘pépinière d’artistes’). de capere ‘prendre, recevoir’.
CAÑA (‘roseau’, ‘ligne’), est issu du latin canna Dérivés : CAPACIDAD ‘capacité’ (latin capaci-
‘canne, jonc, roseau’. tas ‘faculté de contenir’, ‘réceptacle’, ‘apti-
Dérivés : CAÑAVERAL ‘plantation de canne à tude à’). CAPACITACIÓN ‘formation’, ‘qualifi-
sucre’. CAÑO ‘tuyau, tube’, ‘égout’. CAÑÓN cation’ (escuela de capacitación profesional,
‘canon’ (tube à lancer des projectiles). CAÑO- ‘école de formation professionnelle’). CAPA-
NERA dans política de la cañonera ‘politique CITADO ‘qualifié’. CAPACITAR (dérivé tardif,
de la canonnière’. fin du XIXe siècle) ‘former, instruire, prépa-
CÁÑAMO (‘chanvre’), est issu du latin vulgaire rer’.
cannabum, altération de cannabis ‘chanvre’, CAPEAR, voir capa.
lui-même calqué sur le grec kannabis ‘plante CAPILLA (‘chapelle’), est issu du latin vulgaire
textile’. Aujourd’hui, cáñamo índico cappella, diminutif de cappa ‘manteau à ca-
(‘chanvre indien’ ou ‘cannabis’) désigne la puchon’, qui désignait le morceau de manteau
plante de la même famille permettant de pro- que Saint Martin donna à un pauvre. Une cha-
duire un stupéfiant. pelle (capilla) fut donc construite pour con-
CAÑAVERAL, voir caña. server la relique.
CAÑO, voir caña. CAPITAL ([adjectif et substantif] ‘capital, essen-
CAÑÓN (‘canon’), voir caña. tiel’ ; ‘capital’ [terme de commerce] ; ‘capi-
CAÑÓN (‘défilé’, ‘cañon’ ou ‘canyon’), est tale’ [ville]), est emprunté au latin capitalis
d’origine mexicaine et nord-américaine. On ‘qui concerne la tête’ ou ‘qui peut coûter la
peut penser que cañón est le dérivé augmenta- tête’, dérivé de caput, capitis ‘tête’. Espagnol
tif de caña (‘gros tube, gros tuyau’). Cepen- moderne : pena capital ‘peine capitale / peine
dant, la forme primitive étant callón, Coromi- de mort’. Madrid (ciudad) capital de Espa-
nas considère qu’il s’agit plutôt d’un dérivé de ña (‘la capitale’, après ellipse du substantif
calle (dans son ancienne acception de ‘chemin ciudad). Dans le sens économique (los capi-
étroit’), du latin callis ‘piste de troupeaux, tales ‘les capitaux’), il s’agit d’un emploi
sentier tracé par les animaux’ (voir calle). substantivé de l’adjectif capital qui est peut-
CAOS (‘chaos’), est emprunté au latin chaos lui- être emprunté à l’italien capitale signifiant
même emprunté au grec khaos ‘gouffre, ‘partie principale d’un bien financier’ par rap-
abîme’, ‘espace infini’ et désignant le premier port aux intérêts qu’il rapporte’.
état de l’univers avant la naissance des dieux. Dérivés : CAPITALISMO ‘capitalisme’. CAPI-
Dérivés : CAÓTICO ‘chaotique’, sans doute TALISTA ‘capitaliste’.
emprunté au français. CAPITÁN (‘capitaine’), est emprunté au bas latin
CAPA (‘cape’ et ‘couche’ [de peinture, d’ozone capitaneus, adjectif signifiant ‘important, qui
etc.]), est emprunté au latin tardif cappa ‘man- domine’, puis substantivé au sens de ‘chef mi-
teau à capuchon’ d’origine inconnue. litaire’, dérivé de caput ‘tête’.
Dérivés : CAPEAR ‘surmonter, se tirer de’, ‘se CAPÍTULO (‘chapitre’), est issu du latin capitu-
mettre à la cape’ (c’est-à-dire en terme de ma- lum, diminutif de caput ‘tête’ : capitulum si-
rine ‘dériver en baissant la voilure’ ; ‘cape’ = gnifiait ‘petite tête’ ou ‘tête’ mais aussi ‘cha-
la grande voile). CAPOTE ‘capote’ et ‘cape’ en piteau’ et , au sens figuré, ‘partie, division (es-
tauromachie. ENCAPOTAR(SE) ‘se couvrir’ (en sentielle) d’un ouvrage’, ‘chapitre’. Coromi-
parlant du ciel). nas voit dans capitulum la lettre capitale qui
CAPACIDAD, voir capaz. commençait tout chapitre.
CAPACITAR, voir capaz. Dérivés : RECAPITULAR ‘récapituler’, du bas
CAPACITADO, voir capaz. latin recapitulare, littéralement ‘reprendre à la
CAPACITACIÓN, voir capaz. tête, au début’ d’où ‘résumer, reprendre’.
CAPAR, voir capón. CAPÓN (‘chapon’), est issu du bas latin cappo,
CAPATAZ (‘contremaître’), est un dérivé du latin variante de capo, caponis ‘chapon, coq châ-
caput ‘tête’, peut-être par l’intermédiaire de tré’. Ce mot est sans doute apparenté à la ra-
l’occitan ancien captàs/captan signifiant ‘ca- cine indoeuropéenne (s)kap- ‘couper’, ‘tran-
pitaine’. cher’.
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Dérivés : CAPAR ‘châtrer, castrer’ (voir cas- Dérivés : CARACOLEAR ‘caracoler’, terme
trar). d’équitation signifiant ‘faire des voltes, des
CAPOTE, voir capa. sauts’, répandu ensuite dans l’usage courant
CAPRICORNIO, voir cabra. au sens de ‘courir en sautant, en gambadant’.
CAPRICHO (‘caprice’), est emprunté à l’italien CARACOLEAR, voir caracol.
capriccio altération de caporiccio, formé de CARÁCTER (‘caractère’), est emprunté au latin
capo ‘tête’ et de riccio ‘frisé’ = ‘tête frisée, character ‘fer à marquer les bestiaux’,
hérissée’. Ce mot a signifié ‘frisson d’horreur’ ‘marque au fer’, ‘particularité d’un style’ et
(les cheveux se dressent sur la tête sous l’effet ‘manière d’être, comportement’, lui-même is-
de la peur) puis ‘idée soudaine et bizarre qui su du grec kharakter ‘graveur de monnaie’
monte à la tête’. et enfin ‘œuvre d’art puis ‘signe gravé, marque’ et enfin ‘marque,
s’écartant des règles classiques’. signe de caractère, manière d’être’.
Dérivés : CAPRICHOSO ou CAPRICHUDO ‘ca- Dérivés : CARACTERÍSTICO ‘caractéristique’
pricieux’. ENCAPRICHARSE ‘s’entêter, se (adjectif et substantif) est emprunté au grec
mettre dans la tête’, ‘s’enticher de’. kharakteristikos ‘qui sert à distinguer’.
CAPRICHOSO, voir capricho. CARACTERÍSTICO, voir carácter.
CAPRICHUDO, voir capricho. CARÁMBANO (‘glaçon’), est issu du latin vul-
CÁPSULA, voir caja. gaire calamulus, diminutif de calamus ‘canne,
CAPTAR (‘capter’ ; ‘saisir, comprendre’), est roseau’ par analogie de forme entre la stalac-
emprunté au latin captare ‘chercher à saisir’, tite de glace et le roseau : calamulus > calam-
‘convoiter’, dérivé fréquentatif (ou itératif) de blo > caramblo > carámbalo > carámbano.
capere ‘prendre’. CARAMELO (‘bonbon’), est emprunté au portu-
CAPTURA (‘capture’ et ‘prise’), est emprunté au gais caramelo ‘caramel’ et ‘glaçon’, proba-
latin captura ‘action de prendre’, dérivé de blement issu du bas latin calamellus, diminutif
capere ‘prendre’. Par métonymie (déplace- de calamus ‘roseau’ (analogie de forme entre
ment de sens ou contiguïté de sens), on passe le sucre durci, caramélisé, le glaçon de forme
de ‘action de prendre’ à ‘ce qui est pris’ c’est- allongée et la tige du roseau). Voir carámba-
à-dire ‘prise (à la pêche ou à la chasse)’. no ‘glaçon’. En espagnol, bombón signifie
Dérivés : CAPTURAR ‘capturer’. ‘bonbon au chocolat’.
CAPTURAR, voir captura. Dérivés : ACARAMELARSE ‘être tout sucre et
CARA (‘visage’), provient sans doute du grec tout miel’, ‘faire les yeux doux’.
kara ‘tête’. CARAVANA (‘caravane’, ‘file’), a été emprunté à
Dérivés : CAREARSE ‘avoir une explication la faveur des croisades, par l’intermédiaire de
avec qqn’. CARETA ‘masque’ (careta antigás, l’arabe, au persan karwan ‘file de chameaux’,
‘masque à gaz’). DESCARADO ‘insolent, ef- ‘troupe de voyageurs’.
fronté’. DESCARO ‘insolence, impudence’. EN- CARBÓN (‘charbon’), est issu du latin carbo,
CARAR ‘affronter’. carbonis ‘ce qui résulte de la combustion’,
CARABINA (‘carabine’), est emprunté au français ‘charbon de bois’.
carabine c’est-à-dire l’arme (l’arquebuse) des Dérivés : CARBÓNICO ‘carbonique’ (gas
carabins, soldats de cavalerie légère. Ce mot carbónico). CARBONIZAR ‘carboniser’. CAR-
est d’origine incertaine (altération de escarra- BONO ‘carbone’. CARBURO, ‘carbure’, a été
bin ‘ensevelisseur de pestiférés’ ?). En fran- formé tardivement (1865) avec le suffixe -uro
çais, le mot ‘carabin’ s’est ensuite appliqué (voir cloruro ‘chlorure’, bromuro ‘bromure’
ironiquement au XVIIe siècle aux chirurgiens etc.). De carburo dérivent CARBURAR ‘carbu-
dont les patients mouraient aussi vite que s’ils rer’, CARBURANTE ‘carburant’ et CARBURA-
avaient été entre les mains des soldats cara- DOR ‘carburateur’.
bins ! Aujourd’hui, ‘carabin’ s’applique à un CARBÓNICO, voir carbón.
étudiant en médecine. CARBONIZAR, voir carbón.
CARACOL (‘escargot’), est d’origine incertaine, CARBONO, voir carbón.
peut-être emprunté à l’occitan cagarol (ca- CARBURADOR, voir carbón et carburo.
gouille en parler régional) issu du croisement CARBURANTE, voir carbón et carburo.
entre le latin conchylium ‘coquille’ et le grec CARBURAR, voir carbón et carburo.
kaklex ‘petit caillou de rivière’.
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‘aspect du visage’ (latin character ‘manière longs poils pour recouvrir les meubles’. Car-
d’être’). pita provient du latin vulgaire carpita (vestis),
CARMÍN, voir kermes. ‘vêtement déchiré’, issu du latin classique
CARNAL, voir carne. carpta, participe passé de carpere ‘déchirer,
CARNAVAL (‘carnaval’), est emprunté à l’italien lacérer, découper’.
carnevalo, altération du latin médiéval carne- Dérivés : CARPETAZO (dans l’expression dar
levare, composé de carne ‘viande’ et de levare carpetazo ‘classer, enterrer une affaire’).
‘lever’, ‘ôter’ : littéralement ‘ôter la viande’, CARPINTERÍA, voir carpintero.
‘s’abstenir de viande (au moment de l’entrée CARPINTERO (‘charpentier’ et ‘menuisier’), est
en carême)’. issu du latin carpentarius ‘relatif à la voiture’,
CARNE (‘viande’ et ‘chair’), est issu du latin dérivé de carpentum ‘voiture à deux roues,
caro, carnis ‘morceau de viande’ puis char’. Carpentarius, d’abord adjectif, a été
‘viande’ et ‘chair’. L’espagnol utilise le même substantivé pour désigner celui qui fabrique
mot pour désigner la viande des animaux de les chariots c’est-à-dire le charron et plus tard,
boucherie (carne de vaca / de ternera, plus généralement, l’artisan qui travaille le
‘viande de bœuf / de veau’) et la chair par op- bois et l’assemble : carpintero = ‘menuisier’
position à ‘esprit’, ‘âme’ : la carne es flaca ‘la et ‘charpentier’. Carpentarius a donné car-
chair est faible’ ; el verbo se hizo carne ‘le pentero puis carpintero d’après pintar.
verbe s’est fait chair’. Voir vianda. Dérivés : CARPINTERÍA ‘charpenterie’ et ‘me-
Dérivés : CARNAL ‘charnel’. CARNICERÍA nuiserie’.
‘boucherie’. CARNICERO ‘boucher’. CÁRNICO CARRASPEAR (‘se racler la gorge’), est un mot
‘relatif à la viande’ (el sector cárnico ‘la fi- de formation onomatopéique apparenté au
lière viande’). CARNÍVORO ‘carnivore’. CAR- portugais escarrar ‘cracher, expectorer’.
NOSO ‘charnu’. ENCARNACIÓN ‘incarnation’. CARRERA, voir carro.
ENCARNAR ‘incarner’. ENCARNIZARSE CARRETA, voir carro.
‘s’acharner’. CARRETE, voir carro.
CARNERO (‘mouton’), dérive du mot espagnol CARRETERA, voir carro.
carne ‘viande’, ‘chair’ car le mouton est utili- CARRIL, voir carro.
sé pour la boucherie alors que la brebis (ove- CARRILLO (‘joue’), est d’origine incertaine.
ja) fournit le lait et sert à la reproduction CARRO (‘chariot’, ‘voiture’), est issu du latin
comme le bélier (morueco). carrus ‘chariot’ emprunté au gaulois.
CARNET / CARNÉ (dans carné de identidad Dérivés : CARRERA ‘course’ et ‘carrière’ est
‘carte d’identité’ et carné de conducir ‘per- issu du latin vulgaire (via) carriara ‘chemin
mis de conduire’), est emprunté au français de chars’ (adjectif substantivé après ellipse du
carnet issu de l’ancien provençal quern cor- nom via). CARRETA ‘charrette’ (suffixe dimi-
respondant à l’ancien français quaer > cahier. nutif). CARRETE ‘bobine’, ‘rouleau (de pelli-
CARNICERÍA, voir carne. cule)’. CARRETERA ‘route’. CARRIL ‘rail (de
CARNICERO, voir carne. chemin de fer)’, ‘voie (d’autoroute)’ : car-
CÁRNICO, voir carne. ril-bus ‘couloir d’autobus’ ; carril-bici ‘piste
CARNÍVORO, voir carne. cyclable’. CARROCERÍA ‘carrosserie’. CARRO-
CARNOSO, voir carne. ZA ‘carrosse’ est emprunté à l’italien carrozza
CARO (‘cher’), est issu du latin carus au double (espagnol familier estar carroza ‘ne plus être
sens de ‘aimé, chéri’ et de ‘précieux, coûteux’. dans le coup’). DESCARRILAR ‘dérailler’. FER-
Dérivés : ENCARECER ‘augmenter, renchérir’. ROCARRIL ‘chemin de fer’. FERROVIARIO (ad-
CARÓTIDA (‘carotide’), est emprunté au grec jectif) ‘ferroviaire’ et ‘cheminot’ (substantif).
karotides ‘artères de l’aorte’, dérivé de karoun CARROCERÍA, voir carro.
‘endormir, engourdir’. Comme les artères ca- CARROÑA (‘charogne’), est sans doute issu du
rotides portent le sang jusqu’au cerveau, on latin vulgaire *caronia ‘chair en décomposi-
croyait que le sommeil dépendait d’elles. tion’, dérivé de caro ‘chair, viande’. Autre
CARPETA (‘tapis de table’, ‘sous-main’ ; ‘che- étymon possible : carionia, dérivé de caries
mise, dossier’), est emprunté au français car- ‘pourriture’.
pette anciennement emprunté à l’anglais car- CARROZA, voir carro.
pet, issu lui-même de l’italien carpita ‘tissu à
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CARTA (‘lettre’), est issu du latin charta ‘feuille CASCADA (‘cascade’), est emprunté à l’italien
de papier’ puis ‘feuille écrite, lettre’, emprunté cascata ‘éboulement de pierres, de lave’ et
au grec khartes ‘rouleau de papyrus’. ‘chute d’eau’, participe passé substantivé au
Dérivés : CARTEL ‘affiche’ (du catalan car- féminin de cascare ‘tomber’.
tell). CARTERA ‘portefeuille’, ‘cartable’. CAR- CASCADO, voir cascar.
TERO ‘facteur’. CARTÓN ‘carton’ (emprunté à CASCAR (‘fêler’, ‘casser’, ‘cogner’), est issu du
l’italien cartone, augmentatif de carta ‘pa- bas latin quassare ‘agiter fortement’, ‘briser’,
pier’). CARTUCHO ‘cartouche’ est emprunté au fréquentatif de quatere ‘secouer’.
français cartouche, lui-même issu de l’italien Dérivés : CASCADO ‘cassé, éraillé’ (voz cas-
cartoccio, diminutif de carta ‘papier’ c’est-à- cada ‘voix cassée’). CÁSCARA ‘coquille’ (il
dire ‘papier enroulé contenant la charge explo- faut casser la coquille pour en gober le conte-
sive’. DESCARTAR ‘écarter’. PANCARTA ‘pan- nu).
carte’, du français pancarte lui-même issu du CÁSCARA, voir cascar.
latin médiéval pancharta, document où étaient CASCO (‘tesson de bouteille’ ; ‘crâne’ ;
confirmés tous les biens et les droits de qqn. ‘casque’), est un dérivé de cascar ‘casser’. Le
CARTEL (‘affiche’), voir carta. sens initial est ‘tesson (de bouteille)’, ‘éclat
CÁRTEL (‘cartel’, ‘groupe’ [politique / industriel (de verre etc.)’, ‘débris’. Le sens de ‘crâne’
etc.]), est emprunté au français cartel lui- provient d’un emploi analogique et métapho-
même emprunté à l’italien cartello ‘avis de rique semblable à celui de testa en latin (‘pot
provocation’, ‘provocation en duel’, diminutif en terre cuite’ et ‘tête’) et que l’on retrouve en
de carta ‘lettre’. Son emploi en politique, en français moderne dans ‘cafetière’, ‘citron’,
économie et dans le trafic de drogue (el cártel ‘poire’, ‘casque’ (‘il a pris un coup au casque’
de Medellín) est un emprunt à l’allemand kar- = ‘il est un peu dérangé). Enfin, l’acception
tell repris en réalité au moyen français cartel ‘armure de tête’, ‘casque’ dérive du sens de
dans le sens de ‘défi en combat singulier’. ‘crâne’ (pièce d’armure couvrant la tête).
Kartell a été employé en 1879 au Reichstag Dérivés : CASQUETE ‘calotte (glaciaire)’. EN-
par un député pour désigner un groupe de pro- CASQUETAR ‘fourrer dans la tête’. ENCAS-
ducteurs de l’industrie métallurgique. QUILLARSE ‘s’enrayer’ (en parlant d’une arme
CARTERA, voir carta. à feu), c’est-à-dire ‘se casser’. Voir cascar.
CARTERO, voir carta. CASQUIVANO ‘écervelé’.
CARTÓN, voir carta. CASERO, voir casa.
CARTUCHO, voir carta. CASETA, voir casa.
CASA (‘maison’), est issu du latin casa ‘cabane, CASETE (‘cassette’), est emprunté au français
chaumière’. cassette qui est sans doute dérivé avec le suf-
Dérivés : CASERO ‘domestique’, ‘familial’, fixe diminutif -ette de l’ancienne forme casse
‘ménager’. CASETA ‘maisonnette’, ‘baraque’, ou quasse (moderne caisse). Casse a été em-
‘stand (d’exposition)’. CASILLA ‘guichet’, prunté à l’ancien provençal caissa qui le tient
‘case, casier’. CASINO ‘casino’, ‘cercle, club’ du latin capsa ‘coffre’, ‘boîte’ (voir caja).
est emprunté à l’italien casino diminutif de Cassette a d’abord désigné un coffret conte-
casa (‘maison’) : ‘maison de jeu’. nant des objets précieux. Dans les années
CASADERO, voir casar. soixante, le mot a servi à désigner un petit boî-
CASADO, voir casar. tier contenant une bande magnétique.
CASAMIENTO, voir casar. CASI (‘presque’), adverbe, provient du latin
CASAR(SE) (‘marier’, ‘se marier’), est un dérivé quasi, conjonction de comparaison signifiant
de casa ‘maison’ c’est-à-dire ‘trouver à se lo- ‘comme, comme si’ et ‘environ, à peu près’.
ger’, ‘fonder un foyer ailleurs’, ‘s’établir’ CASILLA, voir casa.
(français familier ‘se caser’ c’est-à-dire ‘trou- CASINO, voir casa.
ver à se marier’, dérivé de case ‘hutte, ca- CASO (‘cas’, ‘affaire’), est emprunté au latin
bane’). casus, participe passé substantivé de cadere
Dérivés : CASADERO ‘en âge d’être marié’. ‘tomber’ : ‘fait de tomber, chute’ d’où le sens
CASADO ‘marié’ (adjectif et substantif). CA- de ‘ce qui arrive’, ‘hasard’ et ‘accident’. Caso
SAMIENTO ‘mariage’. est très utilisé avec le sens d’affaire de corrup-
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tion etc. : el caso Ruiz Mateos. Voir le galli- CASTO (‘chaste’), est issu du latin castus ‘pur’,
cisme affaire. ‘vertueux’.
Dérivés : ACASO, adverbe de doute, ‘peut- Dérivés : CASTIDAD ‘chasteté’.
être’. CASUAL ‘fortuit’. CASUALIDAD ‘hasard’. CASTRACIÓN, voir castrar.
CASPA (‘pellicules’ [du cuir chevelu]), est CASTRADO, voir castrar.
d’origine mal établie, sans doute préromane CASTRAR (‘castrer’ et ‘châtrer’), est issu du latin
(*caspa ‘résidu, fragment’). castrare ‘rendre impuissant’, ‘élaguer (des
CASQUETE, voir casco. arbres)’. En français, ‘châtrer’ est le doublet
CASQUIVANO, voir casco. populaire correspondant à la forme savante
CASTA (‘race animale’, ‘famille, lignée’), est ‘castrer’.
emprunté au portugais casta ‘race’ (‘race ani- Dérivés : CASTRACIÓN ‘castration’. CASTRA-
male’ puis ‘classe de la société hindoue’). DO ‘castrat’.
L’origine de ce mot n’est pas bien établie (go- CASUAL, voir caso.
tique kasts ‘groupe d’animaux’ ?). CASUALIDAD, voir caso.
Dérivés : CASTICISMO ‘respect des usages, CATACLISMO (‘cataclysme’), est emprunté au
traditionalisme’. CASTIZO ‘pur, de bonne latin cataclysmos ‘déluge’ et ‘destruction’, lui-
souche’, ‘typique’. même issu du grec kataklusmos ‘inondation’,
CASTAÑA (‘châtaigne’), est issu du latin casta- dérivé (déverbal) de katakluzein ‘inonder’.
nea ‘châtaignier’ et ‘châtaigne’, emprunté au CATACUMBAS (‘catacombes’), est emprunté au
grec kastanea, de kastana (au pluriel) ‘châtai- latin ecclésiastique catacumba / catacumbae
gnier’. ‘cimetière souterrain’, formé du grec kata- ‘en
Dérivés : CASTAÑAL ou CASTAÑAR ‘châtaigne- bas’ et du latin tumba ‘tombe’ (normalement
raie’. CASTAÑETA ou CASTAÑUELA ‘casta- catatumbas). Le passage à catacumbas est
gnettes’ (diminutif de castaña à cause de la peut-être dû à l’influence du verbe cumbere
forme et de la couleur de cet instrument). ‘être couché’.
CASTAÑO (adjectif) ‘châtain’, ‘marron’ et CATADOR, voir catar.
substantif : ‘châtaignier’ et ‘marronnier’. CATADURA, voir catar.
CASTAÑAL, voir castaña. CATAFALCO, voir cadalso.
CASTAÑAR, voir castaña. CATALEJO (‘longue-vue’), anciennement cata-
CASTAÑETA, voir castaña. lejos, est composé du verbe catar au sens an-
CASTAÑUELA, voir castaña. cien de ‘regarder’ et de l’adverbe de lieu lejos.
CASTAÑO, voir castaña. CATÁLOGO (‘catalogue’), est emprunté au bas
CASTELLANO, voir castillo. latin catalogus ‘liste, énumération’, lui-même
CASTICISMO, voir casta. emprunté au grec katalogos de même sens, tiré
CASTIDAD, voir casto. du verbe katalegein ‘enrôler, inscrire sur une
CASTIGAR (‘châtier, punir’), est issu du latin liste’. Ce verbe est composé de kata- ‘de haut
castigare ‘corriger, réprimander’, dérivé de en bas’ et de legein ‘rassembler’, ‘dire’.
castus ‘irréprochable’, ‘pur’, ‘conforme aux CATAPLASMA, voir plástico.
règles’. CATAPULTA (‘catapulte’), est emprunté au latin
Dérivés : CASTIGO ‘châtiment’. catapulta, lui-même pris au grec katapaltes
CASTIGO, voir castigar. ‘engin de guerre’, formé de kata- ‘de bas en
CASTILLO (‘château’), est issu du latin castellum haut’ et du verbe pallein ‘brandir, secouer’.
‘forteresse’, ‘château d’eau’, dérivé, avec suf- CATAR (‘goûter’, ‘déguster’), est issu du latin
fixe diminutif, de castrum ‘lieu fortifié’, ‘re- captare ‘chercher à saisir’ puis ‘chercher à
tranchement’. percevoir par les sens’ d’où le sens ancien de
Dérivés : CASTELLANO (substantif) ‘châtelain’ ‘regarder’ (voir catalejo) et le sens moderne
et ‘castillan’, c’est-à-dire la langue (espa- de ‘goûter’. Captare est un dérivé fréquentatif
gnole) véhiculée, imposée par ceux qui cons- de capere ‘prendre’.
truisirent des châteaux afin de repousser les Dérivés : CATADOR ‘dégustateur’. CATADURA
Arabes pendant la Reconquête. Castellano est ‘dégustation’. PERCATARSE ‘s’apercevoir, se
également adjectif et signifie ‘habitant de Cas- rendre compte’, fréquentatif (intensif) de ca-
tille’, ‘castillan’. tar au sens ancien de ‘regarder’ : ‘regarder a-
CASTIZO, voir casta. vec attention’ d’où ‘se rendre compte’. Le
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préverbe per- indique l’achèvement, la perfec- CATÓLICO (‘catholique’), est emprunté au latin
tion d’une action. chrétien catholicus, lui-même pris au grec ec-
CATARATA (‘chute d’eau, cataracte’ et ‘cata- clésiastique katholike dans l’expression katho-
racte’ [maladie de l’œil]), est emprunté au la- like ekklesia ‘église universelle’, issu de ka-
tin catarata ‘chute d’eau’ puis ‘affection de la tholikos ‘universel, général’. Katholikos est
vue’, lui-même emprunté au grec katarraktes dérivé de l’adverbe katholon ‘en général’, lui-
‘chute d’eau’, ‘herse (d’un pont, d’une écluse, même tiré de holos ‘tout entier’.
d’une porte)’. Le sens médical acquis par le CATORCE, voir cuatro.
mot latin (opacité du cristallin) provient soit CAUCE (‘lit d’un fleuve’, ‘canal, rigole’ ; [au
de l’image de la chute d’eau qui brouille en figuré] ‘cours’), est issu du latin calix, calicis
quelque sorte la vue, soit de la porte (la herse) ‘vase à boire, coupe’ et ‘tuyau d’aqueduc’.
qui s’abat (voile s’abattant devant l’œil). Dérivés : ENCAUZAR ‘endiguer, canaliser’ et
CATARRO (‘rhume’), est emprunté au bas latin ‘aiguiller, orienter’.
médical catarrhus, lui-même emprunté au CAUCHO (‘caoutchouc’), est emprunté à une
grec katarroos ‘flux d’humeurs’, ‘rhume’, issu langue indienne du Pérou. De retour
de katarrein ‘couler d’en haut’, formé de kata- d’Amérique du Sud, l’astronome La Conda-
‘de haut en bas’ et de rhein ‘couler’ (voir mine apprit aux Européens que les indiens ap-
diarrea / ‘diarrhée’). pelaient cahutchu (c’est-à-dire ‘arbre qui
Dérivés : ACATARRARSE ‘s’enrhumer’. pleure’) la résine qu’ils tiraient de l’hévé (mot
CATÁSTROFE (‘catastrophe’), est emprunté au latinisé en ‘hévéa’).
latin catastrofa, issu du grec katastrophe ‘bou- CAUDAL (‘fortune, capital’, ‘abondance’ et
leversement, fin’ et ‘dénouement de ‘débit’), est la substantivation de l’ancien ad-
l’intrigue’. Le verbe grec katastrephein qui a jectif caudal ‘abondant’, ‘principal’, issu du
donné katastrophe est formé de kata- ‘de haut latin capitalis ‘qui concerne la tête’, ‘capital’,
en bas’ ou ‘de bas en haut’ et de strephein dérivé de caput ‘tête’. Voir capital.
‘tourner’ d’où ‘tourner sens dessus dessous’, Dérivés : CAUDALOSO ‘abondant, de grand dé-
‘abattre’. bit’ et ‘riche, fortuné’.
CÁTEDRA (‘chaire’) est emprunté au latin cathe- CAUDILLO (‘capitaine, chef’, ‘caudillo’), est issu
dra ‘siège, chaise’, issu du grec kathedra de du latin capitellum ‘tête, extrémité’, diminutif
même sens (voir aussi cadera). de caput ‘tête’.
Dérivés : CATEDRAL ‘cathédrale’ (église où se CAUSA (‘cause’, ‘raison, motif’ ; ‘procès,
trouve le siège de l’évêque). CATEDRÁTICO cause’), est emprunté au latin causa ‘motif’ et
‘professeur’ (dispensant un cours depuis une ‘affaire judiciaire’, d’origine mal établie. Voir
chaire). aussi cosa ‘chose’.
CATEDRAL, voir cátedra. Dérivés : CAUSAR ‘causer, occasionner’.
CATEDRÁTICO, voir cátedra. CAUTELA, voir cauto.
CATEGORÍA (‘catégorie’, ‘classe’), est emprunté CAUTELAR, voir cauto.
au bas latin categoria, lui-même emprunté au CAUTELOSO, voir cauto.
grec kategoria ‘accusation’ et ‘qualité attri- CAUTIVAR, voir cautivo.
buée à un objet, attribut’. Ce mot est à CAUTIVERIO, voir cautivo.
l’origine un terme de philosophie (logique CAUTIVO (‘captif’), est emprunté au latin capti-
aristotélicienne et système de Kant). Il s’est vus ‘prisonnier, captif’, dérivé du supin de ca-
répandu dans l’usage courant au sens de pere ‘prendre’.
‘classe d’objets ou de personnes de même na- Dérivés : CAUTIVAR ‘capturer’. CAUTIVERIO
ture’. ou CAUTIVIDAD ‘captivité’.
Dérivés : CATEGÓRICO ‘catégorique’, du bas CAUTO (‘prudent, avisé’), est emprunté au latin
latin categoricus, issu lui-même du grec kate- cautus de même sens, participe passé du verbe
gorikos, ‘affirmatif’. cavere ‘être sur ses gardes’.
CATEGÓRICO, voir categoría. Dérivés : CAUTELA ‘précaution, prudence’.
CATERVA (‘bande, ramassis’), est emprunté au CAUTELAR (dans medida cautelar ‘mesure de
latin caterva ‘bataillon’, ‘troupe de barbares’ précaution’). CAUTELOSO ‘rusé’ et ‘prudent’.
(par opposition aux légions romaines). PRECAUCIÓN ‘précaution’, du latin praecautio
‘mesure de prudence’, dérivé de praecavere
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‘se tenir sur ses gardes’. PRECAVERSE ‘se jourd’hui, le terme usuel pour désigner ce type
prémunir’, ‘parer à’, voir ci-dessus precau- d’aliments est pienso.
ción. CEBOLLA (‘oignon’), est issu du latin cepulla
CAVAR (‘creuser’ [au propre et au figuré]), est ‘petit oignon, ciboule’, diminutif de cepa ‘oi-
issu du latin cavare de même sens, dérivé de gnon’.
cavus ‘creux’, ‘enfoncé’, ‘cave’ (dans ‘yeux CEDER (‘céder’), est emprunté au latin cedere
caves’). ‘marcher, aller’, ‘se retirer’, ‘ne pas résister’
Dérivés de cavus : CAVERNA ‘caverne’ (latin (langue militaire) et ‘concéder, céder’. Ce mot
caverna ‘terrier, tanière’). CAVIDAD ‘cavité’. est peut-être apparenté à cadere ‘tomber’.
SOCAVAR ‘creuser’, ‘saper, miner’, formé avec Dérivés : ANTECEDENTE ‘antécédent’ et ‘pré-
so tiré du latin sub ‘sous’. cédent’ (antecedentes penales ‘casier judi-
CAVERNA, voir cavar. ciaire’ ; sin antecedentes policiales ‘inconnu
CAVIDAD, voir cavar. des services de police’). CESIÓN ‘cession’.
CAVILAR (‘réfléchir, méditer’), est emprunté au CONCEDER ‘concéder, accorder’. PRECEDER
latin cavillari ‘plaisanter’ et ‘user de so- ‘précéder’. RETROCEDER ‘reculer’, ‘refluer’ ;
phismes’, dérivé de cavilla ‘baliverne’ et ‘so- ‘se replier’ (valeurs en Bourse) ; ‘rétrograder’
phisme’. La relation entre le sens du mot es- (vitesses). RETROCESO ‘recul’.
pagnol (‘réfléchir’) et la première acception de CEDILLA (‘cédille’), signifie littéralement ‘petit
son étymon latin (c’est-à-dire ‘plaisanter’) z’ à cause de la forme de ce signe typogra-
n’est pas évidente du tout. En revanche, ‘em- phique. C’est le diminutif de zeda emprunté
ployer des sophismes’ conduit à l’idée d’une au latin zeta, lui-même emprunté au grec zêta
réflexion, d’un raisonnement (même si celui-ci ‘sixième lettre de l’alphabet grec’ : θ (anglais
est faux). th dans thing ; espagnol c, z dans placer et
CAZA, voir cazar. plaza). En vieil espagnol, l’affriquée alvéo-
CAZADOR, voir cazar. laire sourde [ ts ], ancêtre de la ceta apparue
CAZAR (‘chasser’), est issu du bas latin tardivement au XVIIIe siècle, était graphiée ç
*captiare de même sens (apparenté à captare devant a, o et u : caça (moderne caza).
‘chercher à saisir’), dérivé de capere CEGAR, voir ciego.
‘prendre’. Captiare a éliminé le latin venari CEGUERA, voir ciego.
‘poursuivre le gibier’ (français ‘vénerie’, ‘ve- CEJA (‘sourcil’), est issu du latin cilia, pluriel de
neur’, ‘venaison’). cilium ‘paupière’ et ‘poil de la paupière, cil’.
Dérivés : CAZA ‘chasse’ (un caza, ‘un avion L’acception ‘sourcil’ est venue, dans un deu-
de chasse’). CAZADOR ‘chasseur’. CAZARRE- xième temps, de supercilium ‘sourcil’.
COMPENSA ‘chasseur de primes’. CAZATA- Dérivés : CEJIJUNTO ‘aux sourcils épais’. EN-
LENTOS ‘chasseur de têtes’. TRECEJO ‘espace entre les sourcils’ (fruncir
CEBADA, voir cebar. el entrecejo ‘froncer les sourcils’).
CEBAR (‘gaver, engraisser’ ; [au figuré] ‘alimen- CEJIJUNTO, voir ceja.
ter’, ‘nourrir’), est issu du latin cibare ‘nour- CELADA, voir celar.
rir’, dérivé de cibus ‘aliment (de l’homme et CELAR (‘cacher, dissimuler, celer’), est issu du
des animaux)’. En espagnol, cebar s’est spé- latin celare ‘cacher’.
cialisé pour désigner l’alimentation des ani- Dérivés : CELADA ‘embuscade’. RECELAR
maux. Voir cebo. ‘soupçonner’, ‘craindre’, d’abord attesté sous
Dérivés : CEBADA a d’abord été utilisé avec le la forme recelarse de avec le sens de ‘se ca-
sens général d’aliment pour animaux (el pien- cher de qqn’ d’où ‘craindre’ et ‘soupçonner’.
so) avant de désigner précisément l’orge (utili- RECELO ‘méfiance, soupçon’. RECELOSO ‘mé-
sée en brasserie et dans l’alimentation du bé- fiant’. En français, ‘recel’ signifie ‘cacher dé-
tail). tenir illégalement’.
CEBO (‘aliment pour animaux’, ‘appât’), est issu CELDA (‘cellule’, ‘chambre’), est emprunté au
du latin cibus ‘nourriture (de l’homme, des latin cella ‘cellier’, ‘petite chambre’, ‘sanc-
animaux)’. Jusqu’au XVIe siècle, cebo a signi- tuaire’.
fié ‘nourriture’ en général avant de se spéciali- CELEBRAR, voir célebre.
ser (aliments pour animaux, appâts). Au- CÉLEBRE (‘célèbre’), est emprunté au latin
celeber ‘en grand nombre’, ‘(lieu) fréquenté’.
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clopedia, du grec enkuklopaideia, formé de CIENTO (‘cent’), est issu du latin centum de
enkuklios ‘instruction embrassant le cercle même sens.
(kuklos) des connaissances’ et de paideia Dérivés : CENTENAR ‘centaine’. CIEMPIÉS
‘éducation’. Paideia vient de pais, paidos ‘en- ‘mille-pattes’. Numéraux composés : de 200 à
fant’. 900, l’espagnol a conservé quatre composés
CICLÓN, voir ciclo. latins : ducentos(as) (nominatif ducenti, ae, a)
CÍCLOPE, voir ciclo. > dozientos(as) refait en DOSCIENTOS, AS
CIEGO (‘aveugle’), est issu du latin caecus de (sous l’influence de dos). trecentos(as) > tre-
même sens. zientos (refait en TRESCIENTOS). quingen-
Dérivés : CEGAR ‘aveugler’ (latin caecare). tos(as) > QUINIENTOS(AS). sexcentos(as) >
CEGUERA ‘cécité’, ‘aveuglement’. SEISCIENTOS(AS). Les autres formes, c’est-à-
CIELO (‘ciel’), est issu du latin caelum de même dire quadrigentos, septigentos, octingentos et
sens. nongentos ont subi des réfections analogiques
Dérivés : CELESTE et CELESTIAL ‘céleste’. On plus complètes encore (d’après cuatro, siete,
dira espacios celestes ‘espaces célestes’. ocho, nueve et ciento) : CUATROCIENTOS, SE-
Quant à celestial il ne s’applique qu’au ciel TECIENTOS, OCHOCIENTOS et NOVECIENTOS.
considéré comme la demeure des bienheureux. On remarque que dans ces mots composés,
María Moliner (Diccionario de uso del espa- l’accent tonique se trouve, depuis une date an-
ñol) : ‘celestial, se dice del cielo, lugar donde cienne, sur cientos, ce qui explique que siete
están los santos y las almas de los justos’. (septem) et nueve (novem) n’ont pas lieu de
Música celestial ‘musique céleste’. CELESTI- diphtonguer, d’où les formes sete- et nove-.
NA ‘Célestine’ et ‘entremetteuse’ (du nom de PORCENTAJE ‘pourcentage’ est emprunté à
l’héroïne de la pièce de Fernando de Rojas Ce- l’anglais percentage.
lestina o la tragedia de Calixto y Melibea). CIERRE, voir cerrar.
Celestina signifie littéralement ‘qui appartient CIERTO (‘certain’), est issu du latin certus ‘sûr,
au ciel’. fixé’, participe passé adjectivé de cernere
CIEMPIÉS, voir ciento. ‘discerner, décider’.
CIENCIA (‘science’), est emprunté au latin scien- Dérivés : ACERTAR ‘deviner juste, trouver’,
tia ‘connaissance’ et, en particulier, la con- ‘réussir’. ACERTIJO ‘devinette’. ACIERTO
naissance scientifique, dérivé de sciens, scien- ‘réussite’, trouvaille’. CERTEZA et CERTI-
tis ‘instruit’, ‘habile’, participe présent de DUMBRE ‘certitude, assurance’. CERTIFICAR
scire ‘savoir’. ‘certifier’, ‘recommander’. DESACIERTO ‘er-
Dérivés : cienciología (iglesia de la) ‘église reur, maladresse’.
de la scientologie’. CIENTÍFICO ‘scientifique’. CIFRA (‘chiffre’), a été emprunté par le latin
CONCIENCIA ‘conscience’, du latin conscientia médiéval cifra ‘zéro’ à l’arabe sifr ‘vide’ et
‘savoir en commun’, ‘connaissance partagée’ ‘zéro’. Cifra a d’abord été employé avec le
puis ‘connaissance que l’on a en soi’, ‘con- sens étymologique de ‘zéro’ puis il en est venu
naissance du bien et du mal’. CONCIENCIA- à désigner tous les autres éléments du système
CIÓN ‘prise de conscience’, ‘sensibilisation’. numérique.
CONCIENCIAR ‘faire prendre conscience’, Dérivés : CIFRAR ‘chiffrer’. DESCIFRAR ‘dé-
‘sensibiliser’. CONSCIENTE ‘conscient’, du la- chiffrer’, ‘décoder’, ‘décrypter’.
tin consciente, participe présent de conscire CIFRAR, voir cifra.
‘avoir la connaissance de’. INCONSCIENTE (ad- CIGALA (‘langoustine’), voir cigarra.
jectif et substantif) ‘inconscient’, est surtout CIGARRA (‘cigale’), est sans doute issu du latin
utilisé comme substantif dans la psychanalyse *cicara variante de cicada d’origine onoma-
freudienne. L’expression inconsciente colec- topéique (bruissement de l’insecte). En catalan
tivo ‘inconscient collectif’ est due à Jung. le mot cigala, issu du latin cicada, signifie
CIENCIOLOGÍA, voir ciencia. ‘cigale’ mais il désigne aussi un crustacé ma-
CIENO (‘vase’), est issu du latin caenum ‘boue, rin dont le corps rappelle celui de la cigale
fange’. c’est-à-dire la ‘langoustine’. Le mot est passé
Dérivés : CENAGAL ‘bourbier’. CENAGOSO en castillan avec cette acception.
‘boueux’. Dérivés : CIGARRAL désigne une propriété
CIENTÍFICO, voir ciencia. d’agrément dans les environs de Tolède où
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CIRIO (‘cierge’), est issu du latin cereus ‘bou- CIVIL (‘civil’ et ‘sociable’), est emprunté au latin
gie’, substantivation au masculin de l’adjectif civilis ‘relatif au citoyen’, dérivé de civis ‘ci-
cereus ‘de cire’, dérivé de cera ‘cire’. toyen’. Le citoyen est un être social et civilisé
CIRUELA (‘prune’), est issu du latin cereola, (grec politikos), d’où le sens de ‘sociable’. Ci-
abréviation de cereola (pruna), littéralement vil a été utilisé par opposition à ‘militaire’ et à
‘prune de la couleur de la cire’, diminutif de ‘religieux’ : casarse por lo civil ‘se marier à
l’adjectif cereus ‘de cire’ (substantivation de la mairie ou civilement’ / casarse por la igle-
l’adjectif cereola après ellipse du nom). Voir sia ‘se marier à l’église’.
cirio. Dérivés : CIVILIZACIÓN ‘civilisation’. CIVIS-
Dérivés : CIRUELO ‘prunier’. MO a été emprunté au français civisme dérivé
CIRUGÍA (‘chirurgie’), est emprunté au latin de civique (latin civicus ‘du citoyen’, ‘de la ci-
chirurgia, lui-même emprunté au grec khei- té’).
rourgia, formé de kheir ‘main’ et de ergon CIVILIZACIÓN, voir civil.
‘travail, activité’ = ‘travail manuel’. Chez CIVISMO, voir civil.
Hippocrate, ce mot a pris le sens médical que CIZAÑA (‘ivraie’ ; ‘zizanie, discorde’), est em-
nous lui connaissons aujourd’hui c’est-à-dire prunté au bas latin zizania (‘ivraie’ et, au figu-
‘opération, pratique chirurgicale’. ré, ‘jalousie’) lui-même emprunté au grec zi-
Dérivés : CIRUJANO ‘chirurgien’. QUIRÓFANO zanion ‘ivraie enivrante’. L’ivraie est une
‘salle d’opération’. Voir ci-après quirúrgico. plante nuisible aux céréales. Au sens figuré,
QUIRÚRGICO ‘chirurgical’. Par croisement de cizaña (‘zizanie’) signifiera donc ‘méchance-
quirúrgico avec l’adjectif diáfano ‘diaphane, té’ puis ‘discorde’ (cizañar ou encizañar
transparent’, on a formé quirófano ‘salle ‘semer la zizanie’ comme le dit si justement le
d’opération’, littéralement ‘lieu pourvu de français).
vitres laissant voir l’acte accompli par la main CIZAÑAR, voir cizaña.
du chirurgien’. CLAMAR, voir llamar.
CIRUJANO, voir cirugía. CLAMOROSO, voir llamar.
CISNE (‘cygne’), est emprunté à l’ancien français CLAN (‘clan’), est emprunté à l’ancien gaélique
cisne, lui-même issu du bas latin cicinus (latin clann ‘race, famille’ par l’intermédiaire de
classique cycnus ou cygnus, emprunté au grec l’anglais clan ‘tribu, groupe issu d’un même
kuknos, littéralement ‘le blanc’). ancêtre en Écosse’.
CISTERNA (‘citerne’), est issu du latin cisterna CLANDESTINO (‘clandestin’), est emprunté au
‘réservoir pour recueillir l’eau’, dérivé spécia- latin clandestinus ‘qui se fait en cachette’, ‘qui
lisé de cista ‘panier d’osier’, ‘coffre’ (espa- agit en secret’, dérivé de l’adverbe et préposi-
gnol cesta et cesto). tion clam ‘à la dérobée’, ‘à l’insu de’.
CITA, voir citar. CLAREAR, voir claro.
CITAR (‘donner rendez-vous’ ; ‘citer, traduire en CLARETE, voir claro.
justice’ ; ‘faire une citation’), est emprunté au CLARIDAD, voir claro.
latin citare ‘mettre en mouvement’, ‘provo- CLARIFICAR, voir claro.
quer’ et, dans la langue juridique et politique, CLARÍN, voir claro.
‘convoquer (le sénat)’, ‘convoquer en justice’ CLARO (‘clair’, ‘clairsemé’ ; ‘évident’ ; ‘illustre,
d’où ‘invoquer le témoignage de qqn’ et enfin noble’), est issu du latin clarus s’appliquant à
‘mentionner, citer’. Citare est le fréquentatif la voix, aux sons, à la vue (‘clair, brillant,
de ciere, cire ‘mettre en mouvement’ d’où éclatant, sonore’) puis, au figuré, aux choses
‘faire venir, appeler’. de l’esprit (‘clair, net, intelligible, manifeste’)
Dérivés : CITA ‘rendez-vous’ et ‘citation’ (ci- et enfin aux individus les plus brillants (‘il-
ter un écrivain etc.). lustre, distingué, noble’).
CIUDAD (‘ville, cité’), est issu du latin civitas Dérivés : ACLARAR ‘éclaircir’. CLARETE ‘vin
‘condition de citoyen’ puis ‘ensemble des ci- rosé’ (ancien français claret, ‘vin clairet’, du
toyens’ et enfin ‘ville’ en général, dérivé de latin médiéval claratum ‘liqueur faite de miel
civis ‘citoyen’. et d’épices’). CLARIFICAR ‘clarifier’. CLARÍN
Dérivés : CIUDADANO ‘citoyen’ et ‘citadin’. ‘clairon’ (c’est-à-dire ‘qui a un son clair’).
CIUDADANO, voir ciudad. DECLARAR ‘déclarer’ (latin declarare, ‘mon-
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trer clairement, expliquer’ puis ‘nommer, ex- Dérivés : CLERICAL ‘clerical’. CLÉRIGO ‘ec-
primer’). clésiastique’, ‘prêtre’ (latin clericus ‘membre
CLASE (‘classe’), est emprunté au latin classis du clergé’).
‘division, groupe, catégorie’ et ‘ensemble des CLICHÉ / CLISÉ (‘cliché’), est emprunté au
citoyens répartis en catégories selon le cens, la français cliché (photo et phrase toute faite),
fortune’. participe passé substantivé du verbe inusuel
Dérivés : CLÁSICO ‘classique’, emprunté au clicher, terme de typographie signifiant ‘fabri-
latin classicus ‘de première classe’, ‘non pro- quer l’empreinte d’une forme en y coulant du
létaire’ (parmi les cinq classes entre lesquelles métal en fusion’ et d’origine incertaine.
étaient répartis les citoyens romains d’après CLIENTE (‘client’), est emprunté au latin cliens
leur fortune). Les écrivains furent rangés par d’origine inconnue et signifiant ‘plébéien se
Quintilien dans cette classe : classici (scrip- plaçant sous la protection d’un patricien’ (ap-
tores) ‘écrivains de première valeur’. D’où le pelé patronus), puis ‘vassal’ et ‘domestique’.
sens acquis par l’adjectif clásico en parlant L’idée de protection et de dépendance a com-
des écrivains : ‘qui fait autorité’, ‘modèle à plètement disparu dans le sens commercial
imiter’, ‘digne d’être étudié en classe’. CLASI- moderne, elle a été remplacée par l’idée de ré-
FICAR ‘classer’. tribution en échange d’un bien ou d’un service
CLÁSICO, voir clase. rendu. Il est vrai cependant que le mot ‘client’
CLASIFICAR, voir clase. connote encore une idée de fidélité (comme le
CLÁUSULA (‘clause’), est emprunté au latin vassal était fidèle à son maître) dans les ex-
clausula ‘conclusion’, ‘conclusion d’une pressions ‘être client chez un commerçant’ ou
phrase’, diminutif de clausa, participe passé ‘être un bon client’.
de claudere ‘clore, fermer’. D’où le sens pris Dérivés : CLIENTELA ‘clientèle’.
par cláusula : chaque unité, chacune des dis- CLIMA (‘climat’), est emprunté au latin clima
positions d’un texte juridique (las cláusulas ‘inclinaison de la calotte céleste’, ‘latitude’ et
de un contrato ‘les clauses d’un contrat’). ‘région, contrée’, lui-même emprunté au grec
CLAVAR, voir clavo. klima ‘inclinaison’. Pendant longtemps, le mot
CLAVE, voir llave. clima a gardé le sens étymologique (géogra-
CLAVÍCULA, voir llave. phique) de ‘région’. Ce n’est qu’au XVIIIe
CLAVIJA, voir llave. siècle qu’il désignera les conditions atmosphé-
CLAVO (‘clou’), est issu du latin clavus ‘cheville riques qui confèrent certaines caractéristiques
(de bois, de fer)’. climatiques à un lieu donné.
Dérivés : CLAVAR ‘clouer, enfoncer’. ENCLA- Dérivés : CLIMÁTICO ‘climatique’. CLIMATI-
VAR ‘clouer’ et ‘enclaver’. ENCLAVE ‘en- ZACIÓN ‘climatisation’. CLIMATIZAR ‘climati-
clave’. ser’.
CLEMENCIA, voir clemente. CLIMÁTICO, voir clima.
CLEMENTE (‘clément’), est emprunté au latin CLIMATIZACIÓN, voir clima.
clemens ‘en pente douce’, ‘qui coule douce- CLIMATIZAR, voir clima.
ment’ et ‘doux, indulgent’. L’origine de cle- CLÍNICA, voir clínico.
mens n’est pas bien établie (d’après mens ‘es- CLÍNICO (‘clinique’ [adjectif]), est emprunté, par
prit’ ?). l’intermédiaire du français, au latin clinicus,
Dérivés : CLEMENCIA ‘clémence’. adjectif employé également sous la forme
CLERICAL, voir clero. substantivée clinice et signifiant ‘médecine
CLÉRIGO, voir clero. exercée près du lit d’un malade’. Clinicus est
CLERO (‘clergé’), est emprunté au latin chrétien emprunté au grec klinicos ‘qui visite le malade
clerus ‘ensemble des clercs, clergé’, lui-même au lit’, dérivé de kline ‘lit’.
emprunté au grec kleros ‘héritage, lot tiré au Dérivés : CLÍNICA ‘clinique’ (substantif). PO-
sort’, ‘charge, fonction religieuse’ et, dans le LICLÍNICA a d’abord signifié ‘clinique pour
langage biblique, ‘clergé’. Il est possible que toute la ville’ (‘policlinique’, du grec polis ‘ci-
le mot traduise l’hébreu na’alah par lequel té’), avant de désigner un établissement où se
Dieu se désigne comme l’unique ‘héritage’ trouvent beaucoup de spécialités médicales
des Lévites, tribu d’Israël à qui on n’avait pas (‘polyclinique’, du grec poly- ‘plusieurs,
attribué de territoire comme aux autres tribus. beaucoup’).
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COLINA (‘colline’), est emprunté au bas latin COLONO (‘colon’, ‘fermier’), est emprunté au
collina par l’intermédiaire de l’italien collina. latin colonus ‘cultivateur, fermier’, ‘habitant
La forme latine provient de l’expression colli- d’une colonie’, dérivé de colere ‘cultiver’.
na (loca) c’est-à-dire ‘lieu en forme de butte’. Dérivés : COLONIA ‘colonie’ (latin colonia
Collina, us est l’adjectif tiré de collis ‘coteau, ‘propriété rurale’). COLONIAL ‘colonial’. CO-
colline, montagne’. LONIZACIÓN ‘colonisation’. COLONIZAR ‘co-
COLINDANTE, voir límite. loniser’. DESCOLONIZAR ‘décoloniser’.
COLINDAR, voir límite. COLOQUIO, voir locuaz.
COLISIÓN (‘collision’ ; [au figuré] ‘conflit, COLOR (‘couleur’), est issu du latin color, mot
choc’), est emprunté au latin collisio ‘choc, apparenté à celare ‘cacher, celer’, la couleur
heurt’, dérivé du verbe collidere ‘heurter, en- étant ce qui cache la surface d’une chose (voir
trechoquer’, composé de cum ‘avec’ et de lae- l’expression so color de ‘sous couleur de’).
dere ‘frapper’, blesser, léser’. Dérivés : COLORADO ‘coloré’ et ‘rouge’. CO-
COLMAR, voir colmo. LORAR ‘colorer’, ‘colorier’. COLORIDO ‘colo-
COLMENA (‘ruche’), est d’origine incertaine ris’. COLORÍN ‘chardonneret’. DESCOLORAR
sans doute préromane (celte * kolmena, dérivé ‘décolorer’, ‘défraîchir’.
de kolmos ‘paille’ c’est-à-dire ‘ruche faite en COLORADO, voir color.
paille’). COLORIDO, voir color.
COLMILLO (‘canine’, ‘croc’, ‘défense COLORÍN, voir color.
d’éléphant’ etc.), est issu du latin vulgaire co- COLOSAL, voir coloso.
lumellus dérivé de columella ‘petite colonne’ COLOSO (‘colosse’), est emprunté au latin colos-
(analogie de forme, emploi métaphorique). sus ‘statue gigantesque’, lui-même emprunté
COLMO (‘comble’), est issu du latin cumulus au grec kolossos ‘statue (de forme humaine)’.
‘tas, quantité qui dépasse la mesure’ et, au fi- La spécialisation de ‘grande statue’ est due
guré, ‘surplus’, ‘couronnement, apogée’. aux dimensions de la statue du Colosse de
Dérivés : COLMAR ‘remplir à ras bord’ (du la- Rhodes désignée également par le terme ko-
tin cumulare ‘entasser, accumuler’, ‘remplir’). lossos.
COLOCACIÓN, voir colocar. Dérivés : COLOSAL ‘colossal’.
COLOCAR (‘placer’), est issu du latin collocare COLUMBRAR (‘apercevoir’), est d’origine mal
‘placer, disposer’ dérivé de locus ‘lieu’. Colo- établie. Ce mot est probablement issu de cul-
car est le traitement savant de collocare (voir minare ‘couronner’, dérivé de culmen ‘faîte,
colgar, traitement dit populaire). Colgar date sommet’. Le sens primitif serait donc ‘voir
du début du XIIe siècle (1140), alors que colo- depuis une hauteur’, ‘apercevoir au loin’.
car est d’introduction plus tardive (XIVe Culminare > culmbrar puis columbrar
siècle). En français, le traitement savant de d’après vislumbrar ‘apercevoir’.
collocare a donné ‘colloquer’, terme de droit COLUMNA (‘colonne’), est emprunté au latin
utilisé dans l’expression ‘colloquer des créan- columna de même sens, mot à rattacher à co-
ciers’ et signifiant qu’on les place dans l’ordre lumen et culmen ‘sommet, cime’ (culminare
prescrit par la loi afin qu’ils puissent récupérer ‘couronner’).
l’argent qu’on leur doit. COLUMPIAR(SE) (‘balancer’, ‘se balancer’), est
Dérivés : COLOCACIÓN ‘placement’ (oficina / d’origine très incertaine (grec kolymbao ‘je
agencia de colocación ‘agence / bureau de plonge’ ; latin vulgaire *plumbiare ‘plon-
placement’). ger’ ?).
COLOFÓN (‘note finale’ [d’un livre] ; ‘couron- Dérivés : COLUMPIO ‘balançoire’.
nement, point culminant, clou’), est emprunté COLUSIÓN, voir ilusión.
au grec kolophon ‘sommet, faîte’ et ‘couron- COLLAR, voir cuello.
nement, achèvement’, employé pour désigner COMA (1) (‘virgule’), est issu du latin comma
la formule finale où le copiste donne des indi- ‘membre d’une période’, ‘virgule’, ‘césure’,
cations sur lui-même et sur son ouvrage. emprunté au grec komma ‘fragment’, ‘membre
COLONIA, voir colono. (court) d’une période’.
COLONIAL, voir colono. Dérivés : COMILLA(S) ‘guillemets’ (littérale-
COLONIZACIÓN, voir colono. ment ‘petites virgules’).
Michel Bénaben
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COMA (2) (‘coma’), est emprunté au grec koma, tiare ‘initier’ puis ‘débuter’, l’initiation étant
komatos ‘sommeil profond’ et ‘état léthar- considérée comme un début.
gique’. En coma / en estado de coma ‘dans le Dérivés : COMIENZO ‘début’.
coma’. COMER (‘manger’), est issu du latin comedere
Dérivés : COMATOSO ‘comateux’. (littéralement ‘manger avec’, c’est-à-dire ‘en
COMADRE, voir madre. compagnie’), formé de cum ‘avec’ et de edere
COMANDANTE, voir mandar. ‘manger’.
COMARCA, voir marcar. Dérivés : COMEDOR ‘mangeur’, ‘gros man-
COMATOSO, voir coma (2). geur’ et ‘salle à manger’, ‘restaurant, cantine,
COMBATE, voir batir. réfectoire’. COMESTIBLE ‘comestible’. CO-
COMBATIR, voir batir. MEZÓN ‘démangeaison’ (ce qui mange la
COMBINACIÓN, voir combinar. peau). COMIDA ‘nourriture’, ‘repas’. COMILÓN
COMBINAR (‘combiner’), est emprunté au bas ‘glouton’ (latin comedo ‘mangeur’ : comedo-
latin combinare ‘unir deux choses ensemble’, nem > comenón > comelón > comilón, avec
formé de cum ‘avec’ et de bini ‘par deux, suffixe -lón comme dormilón et i comme
paire’. comida). COMILONA ‘gueuleton, ripaille’.
Dérivés : COMBINACIÓN ‘combinaison’. COMERCIANTE, voir comercio.
COMBUSTIBLE, voir combustión. COMERCIAL, voir comercio.
COMBUSTIÓN (‘combustion’), est emprunté au COMERCIO (‘commerce’), est emprunté au latin
bas latin combustio ‘action de brûler par le commercium ‘négoce’ et par extension ‘rela-
feu’, dérivé de comburere ‘brûler complète- tions humaines’, ‘relations charnelles’, com-
ment’. posé de cum ‘avec’ et de merx, mercis ‘mar-
Dérivés : COMBUSTIBLE ‘combustible’ (adjec- chandise’.
tif et substantif). COMESTIBLE, voir comer.
COMEDIA (‘comédie’, ‘théâtre’), est emprunté COMETA (‘comète’ et ‘cerf-volant’), est emprun-
au latin comoedia ‘pièce de théâtre’, ‘genre té au latin cometes, lui-même pris au grec ko-
théâtral’ (comique) lui-même emprunté au metes qui signifie littéralement ‘chevelu’, ad-
grec komodia, dérivé de komodos ‘chanteur jectif substantivé dérivé de kome ‘chevelure’
dans une fête’, formé de komos ‘procession (traînée lumineuse de la comète assimilée à
burlesque’, ‘troupe’ et de oidé ‘chanter’ (voir une longue chevelure). Par comparaison avec
oda). la comète, l’espagnol a utilisé le même mot
Dérivés : COMEDIANTE ‘comédien’. COMICI- pour désigner un cerf-volant : el cometa ‘la
DAD ‘le (genre) comique’. CÓMICO ‘comique’ comète’ / la cometa ‘le cerf-volant’.
(adjectif) et ‘comédien’ (substantif). COMETER, voir meter.
COMEDIDO (‘mesuré, modéré’), est dérivé de COMETIDO, voir meter.
comedirse ‘se contenir, se modérer’, issu du COMEZÓN, voir comer.
latin commetiri ‘mesurer’, ‘mesurer ensemble, CÓMIC / COMIC (‘bande dessinée’), est emprun-
confronter’, dérivé de metiri ‘mesurer’. té à l’anglo-américain comic(s) qui, dans la
Dérivés : COMEDIMIENTO ‘modération, me- langue familière, désigne la page des bandes
sure, courtoisie’. DESCOMEDIDO ‘excessif’, dessinées dans un journal. Comic est emprun-
‘grossier’. DESCOMEDIRSE ‘dépasser les té, par l’intermédiaire du français comique, au
bornes’. latin comicus ‘relatif au théâtre’ et, plus parti-
COMEDOR , voir comer. culièrement, ‘relatif à la comédie’. Comicus
COMENTAR (‘commenter’), est emprunté au est lui-même pris au grec kômikos de même
latin commentari ‘méditer’, ‘appliquer sa pen- sens (voir comedia). Pour désigner les bandes
sée à qqch’ puis ‘expliquer, interpréter des dessinées, l’espagnol emploie aussi historieta,
écrits’, formé de cum ‘avec’ et de mens ‘es- tira et tebeo (ce dernier mot étant le nom de
prit’, ‘intelligence’. l’une des premières revues illustrées pour en-
Dérivés : COMENTARIO ‘commentaire’ (latin fants).
commentarius ‘recueil de notes’, ‘mémoires’). COMICIDAD, voir comedia.
COMENTARIO, voir comentar. COMICIOS (‘comices’ et ‘élections’), est em-
COMENZAR (‘commencer’) est issu du latin prunté au latin comitium ‘endroit où se réunis-
vulgaire cominitiare, formé de cum et de ini- sait à Rome le peuple en assemblée’ (pluriel
Michel Bénaben
Michel Bénaben 78
comitia ‘assemblée générale du peuple’), for- ractère facile, doux’ (carácter cómodo) ainsi
mé avec com- ‘ensemble’ et ire ‘aller’. que le français mais dans des emplois négatifs
CÓMICO, voir comedia. (‘il n’est pas commode’ = ‘il est autoritaire’).
COMIDA, voir comer. Dérivés : ACOMODAR ‘arranger’, ‘accommo-
COMIENZO, voir comenzar. der’, ‘adapter, régler’. COMODIDAD ‘commo-
COMILÓN, voir comer. dité, confort’. COMODÓN ‘qui aime ses aises’.
COMILONA, voir comer. COMODÓN, voir cómodo.
COMILLAS, voir coma (1). COMOQUIERA (‘n’importe comment, de toute
COMISARÍA, voir comisario. façon’), a été formé — comme la série quien-
COMISARIO (‘commissaire’), est emprunté au quiera, cualquiera, siquiera et dondequie-
latin médiéval commissarius ‘exécuteur testa- ra — avec le subjonctif présent du verbe que-
mentaire’ et ‘personne chargée d’une mis- rer, et signifie littéralement ‘comme on vou-
sion’, dérivé de committere formé de cum dra’, (como [se] quiera) c’est-à-dire
‘avec’ et de mittere ‘mettre’ c’est-à-dire ‘n’importe comment’.
‘mettre ensemble’, ‘mettre aux prises’, ‘con- COMPACTO (‘compact’), est emprunté au latin
fier, donner à exécuter’. compactus ‘bien assemblé, dont les parties se
Dérivés : COMISARÍA ‘commissariat’. tiennent’, participe passé adjectivé de compin-
COMISIÓN (‘commission’), est emprunté au latin gere ‘assembler en serrant’, formé de cum
commissio ‘action de mettre en contact’, déri- ‘avec’ et de pangere ‘enfoncer’. Le mot com-
vé de committere ‘confier, charger’ (voir co- pacto a connu récemment une nouvelle jeu-
misario). nesse avec l’invention du disque du même
COMITÉ (‘comité’), est l’hispanisation de nom qui contient des milliers d’informations
l’anglais committee ‘celui à qui l’on confie numérisées.
qqch’, dérivé de to commit ‘confier’. On COMPADECER, voir padecer.
avance aussi l’hypothèse selon laquelle com- COMPADRE, voir padre.
mittee serait un emprunt à l’ancien participe COMPAGINAR, voir página.
passé du verbe français ‘commettre’ (au sens COMPAÑERO (‘compagnon, camarade’), est un
de ‘charger qqn de faire qqch’) c’est-à-dire dérivé de l’ancien mot espagnol compaña
committé (moderne ‘commis’). (moderne compañía) ‘compagnie’, issu du la-
COMITIVA (‘suite, cortège’), est emprunté au tin vulgaire compania, dérivé lui-même de
latin tardif comitiva (dignitas) ‘dignité, fonc- panis ‘pain’ (bas latin companionem, c’est-à-
tion de celui qui est attaché à la suite de dire ‘celui qui partage le pain avec qqn’).
l’empereur’, dérivé de comes ‘compagnon’. Dérivés : ACOMPAÑAR ‘accompagner’. COM-
COMO (‘comme’), est issu du latin vulgaire PAÑÍA ‘compagnie’.
quomo (latin classique quomodo, adverbe de COMPARACIÓN, voir comparar.
manière formé avec l’ablatif de l’adjectif quis COMPARAR (‘comparer’), est emprunté au latin
et de modus : ‘de quelle manière’, ‘de la ma- comparare ‘rapprocher, mettre ensemble’,
nière dont’). Quomo a donné cuomo et cuemo ‘accoupler, apparier’, d’où ‘assimiler’ et ‘con-
(par analogie avec la diphtongue ie) et enfin fronter’, ‘examiner les rapports de ressem-
como. Les emplois proclitiques (c’est-à-dire blance ou de dissemblance’, formé à partir de
atones) de como ont fini par entraîner la sim- compar ‘égal, pareil’ (compar est lui-même
plification du groupe initial Kw- en K- (quo- composé de cum ‘avec’ et de par ‘pareil’,
mo > como). Voir à ce sujet Ramón Menéndez ‘pair’).
Pidal, Manual de gramática histórica españo- Dérivés : COMPARACIÓN ‘comparaison’.
la, § 39, 4], p. 128, éditions Espasa Calpe, COMPARECENCIA, voir parecer.
1989. COMPARECER, voir parecer.
COMODIDAD, voir cómodo. COMPARTIR, voir parte.
CÓMODO (‘commode’ ; [caractère] ‘accommo- COMPÁS (‘compas’ ; ‘rythme, mesure’), est un
dant, facile’ ; ‘confortable’), est emprunté au déverbal c’est-à-dire un dérivé de l’ancien
latin commodus ‘qui est de bonne mesure’, verbe compasar ‘mesurer’ (moderne acompa-
‘approprié, convenable’, ‘bienveillant, ac- sar), issu du bas latin compassare ‘mesurer
commodant’. Dérivé de modus ‘manière’. avec le pas’, formé de cum ‘avec’ et de passus
L’espagnol a conservé le sens de ‘qui a un ca- ‘pas’. Le mot compás conserve donc l’idée de
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Michel Bénaben 79
mesure régulière appliquée au domaine musi- trial ‘complexe industriel’. On emploie aussi
cal (al compás ‘en mesure’ ; llevar el compás beaucoup l’expression ‘le complexe militaro-
‘battre la mesure’) tout en désignant un ins- industriel’ pour évoquer les communautés
trument de précision — le compas — servant d’intérêts entre les grands groupes industriels
à tracer des cercles parfaits, à mesurer des et le pouvoir militaire. Quant à l’emploi de
angles, à reporter des longueurs. complejo en psychanalyse (complejo de infe-
Dérivés : ACOMPASAR ‘mesurer avec un com- rioridad / de Edipo), il s’agit d’un calque de
pas’ et ‘battre la mesure’. l’allemand Komplex utilisé par Jung et Freud
COMPASIÓN, voir padecer. (1910).
COMPATIBLE, voir padecer. Dérivés : COMPLEJIDAD ‘complexité’. COM-
COMPATRIOTA, voir padre. PLEXIÓN ‘complexion’ (latin complexio ‘as-
COMPENDIO (‘résumé, abrégé’), est emprunté semblage d’éléments divers’ puis ‘tempéra-
au latin compendium ‘gain provenant de ment’).
l’épargne ou d’une économie de temps’, COMPLEMENTO (‘complément’), est emprunté
‘abréviation’, ‘raccourcissement’, dérivé de au latin complementum ‘ce qui complète’, de
pendere ‘peser’, ‘peser le métal (pour payer)’, complere ‘remplir entièrement, achever’.
‘payer’. COMPLETAR, voir completo.
COMPENSACIÓN, voir compensar. COMPLETO (‘complet’), est emprunté au latin
COMPENSAR (‘compenser’), est emprunté au completus participe passé adjectivé de com-
latin compensare ‘peser avec’ ‘mettre en ba- plere ‘remplir entièrement’, formé de cum
lance’, ‘contrebalancer’, formé de cum ‘avec’ ‘avec’ et de plere ‘emplir’.
et de pensare ‘peser’ (et ‘penser’). Dérivés : COMPLETAR ‘compléter’.
Dérivés : COMPENSACIÓN ‘compensation’. COMPLEJIDAD, voir complejo.
RECOMPENSA ‘récompense’. COMPLEXIÓN, voir complejo.
COMPETENCIA, voir competir. COMPLICAR, voir plegar.
COMPETER, voir competir. COMPLOT / COMPLÓ (‘complot’) est emprunté
COMPETIR (‘concourir, être en concurrence, au français complot d’origine incertaine.
rivaliser’), est emprunté au latin competere Pierre Guiraud (Dictionnaire des étymologies
‘tendre vers un même point’ et ‘convenir à, obscures) propose un verbe com-peloter
appartenir à’ (en droit ‘appartenir en vertu (‘comploter’) formé avec le mot pelote et si-
d’un droit’). Ce verbe est formé de cum ‘en- gnifiant ‘mettre ensemble de petits bouts de
semble’ et de petere ‘chercher à obtenir’. De corde en les serrant autour de l’un d’eux’, la
l’idée de ‘tendre (ensemble) vers un même pelote étant formée à l’origine d’une boule de
point’ on est passé à celle d’ « être en concur- cordelettes serrées et recouverte de peau. De là
rence » (competir en esfuerzos ‘rivaliser on serait passé à l’idée de qqch de caché d’où
d’efforts’). Quant à l’idée d’ « appartenir en l’idée de complot...
vertu d’un droit » elle a été dévolue au verbe Dérivés : COMPLOTAR ‘comploter’.
competer (a quien competa ‘à qui de droit’ ; COMPONENDA, voir poner.
eso compete al tribunal de menores ‘cela est COMPONENTE, voir poner.
de la compétence du tribunal pour enfants’). COMPONER, voir poner.
Dérivés : COMPETENCIA ‘ressort, domaine’ ; COMPORTAMIENTO, voir portar.
‘compétence’ et ‘concurrence’ (qqn de compé- COMPORTAR, voir portar.
tent est apte à être un sérieux concurrent). COMPRA, voir comprar.
COMPLACENCIA, voir placer. COMPRADOR, voir comprar.
COMPLACER, voir placer. COMPRAR (‘acheter’), est issu du latin vulgaire
COMPLEJO (‘complexe’ [adjectif et substantif]), comperare (latin classique comparare ‘procu-
est emprunté au latin complexus ‘fait rer’, ‘acquérir’, formé avec cum et parare
d’éléments imbriqués’, participe passé adjec- ‘procurer’, ‘faire avoir qqch à qqn’).
tivé de complecti ‘embrasser, comprendre’, Dérivés : COMPRA ‘achat’. COMPRADOR
formé de cum ‘avec’ et de plectere ‘plier, en- ‘acheteur’.
trelacer’. Complejo se dira donc d’une chose COMPRENDER, voir prender.
compliquée mais aussi d’un ensemble COMPRENSIÓN, voir prender.
d’éléments formant un tout : complejo indus- COMPRESIÓN, voir comprimir.
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COMPRIMIR (‘comprimer’), est emprunté au verbe conari ‘se préparer à qqch, entre-
latin comprimere ‘serrer, presser, retenir’, prendre’. (Un conato de robo ‘une tentative
formé de cum et de premere ‘presser’. de vol’). Le linguiste R. Jakobson a employé
Dérivés : COMPRESIÓN ‘compression’ (com- l’expression ‘fonction conative’ (ou fonction
presión de plantilla ‘réduction des effectifs’, d’incitation) pour signifier que le langage peut
‘dégraissage’). servir à provoquer un certain comportement
COMPROBAR, voir probar. chez l’interlocuteur.
COMPROMETER, voir meter. CONCEBIR (‘concevoir’), est issu du latin conci-
COMPROMISO, voir meter. pere ‘contenir entièrement’ d’où ‘former en
COMPUTADOR, voir contar. soi (un enfant)’, ‘former une idée dans sa pen-
COMPUTADORA, voir contar. sée’, verbe composé de cum ‘avec’ et de ca-
COMPUTAR, voir contar. pere ‘attraper, contenir’.
COMULGAR (‘communier’), est issu du latin Dérivés : CONCEPCIÓN ‘conception’. CON-
communicare ‘communiquer’ et, en bas latin, CEPTO ‘concept’.
‘communier’. CONCEDER, voir ceder.
Dérivés : COMUNIÓN ‘communion’. EXCO- CONCENTRAR, voir centro.
MULGAR ‘excommunier’. EXCOMUNIÓN ‘ex- CONCENTRACIÓN, voir centro.
communication’. CONCEPCIÓN, voir concebir.
COMÚN (‘commun’, ‘courant’), est issu du latin CONCEPTO, voir concebir.
communis ‘qui appartient à plusieurs’, ‘qui est CONCERNIR (‘concerner’, ‘avoir rapport à’), est
accessible à tous’ et ‘médiocre, vulgaire’. Ce emprunté au bas latin concernere ‘cribler en-
mot est formé de cum ‘avec’ et de munis ‘qui semble, mêler’, ‘considérer l’ensemble de
accomplit son devoir, obligeant’. qqch’ et ‘mettre en rapport’. Formé avec cum
Dérivés : COMUNAL ‘commun, communal’. ‘ensemble’ et cernere ‘passer au crible’.
COMUNICACIÓN ‘communication’. COMUNI- CONCERTAR (‘concerter’, ‘s’entendre sur’,
CADO ‘communiqué’ (participe passé substan- ‘conclure’), est emprunté au latin concertare
tivé de comunicar : un comunicado de pren- ‘agir dans un but commun’, composé de cum
sa ‘un communiqué de presse’). COMUNICAR ‘avec’ et de certare ‘lutter pour, tâcher de’.
‘communiquer’ (latin communicare ‘mettre en Dérivés : CONCIERTO ‘accord, entente, con-
commun’). COMUNISMO ‘communisme’. DES- cert’. L’acception musicale (‘concert’ et ‘con-
COMUNAL ‘énorme’, ‘démesuré’, ‘extraordi- certo’) vient de l’italien concerto ‘accord mu-
naire’. INCOMUNICACIÓN ‘mise au secret’, sical’. DESCONCERTAR ‘déconcerter’.
‘garde à vue’, ‘manque de communication’ CONCIENCIA, voir ciencia.
(entre les individus). CONCIERTO, voir concertar.
COMUNAL, voir común. CONCILIAR (‘concilier, mettre d’accord’), est
COMUNICACIÓN, voir común. emprunté au latin conciliare ‘assembler, réu-
COMUNICADO, voir común. nir’, dérivé de concilium ‘réunion, assemblée’.
COMUNICAR, voir común. CONCISO (‘concis’), est emprunté au latin conci-
COMUNIÓN, voir comulgar. sus, participe passé adjectivé de concidere
COMUNISMO, voir común. ‘couper en morceaux’, verbe dérivé de cae-
CON (‘avec’), du latin cum. D’un point de vue dere ‘couper’. De l’idée de ‘couper’ on est
phonologique, les nasales en finale de mot passé, dans le domaine du style, à celle de
sont neutralisées. Les oppositions la- brièveté (estilo conciso ‘style concis’).
biale/dentale/palatale c’est-à-dire m/n/ñ ne CONCLUIR (‘conclure’), est emprunté au latin
fonctionnent plus (archiphonème N = nasalité concludere ‘fermer, enfermer’ et, au figuré,
seulement) d’où cum > con ; quem > quien ; ‘donner une conclusion’, ‘déduire’, ‘résoudre’.
dominum > donno > doño > doñ > don. En Ce verbe est formé de cum et de claudere
français, le n de ‘tant’ [tã] et le m de ‘temps’ ‘clore’.
ou de ‘tempête’ [tã] sont semblables. Le m de Dérivés : CONCLUSIÓN ‘conclusion’. ESCLUSA
‘tempête’ est réalisé bilabial simplement parce est emprunté au français écluse, issu du bas la-
qu’il est suivi d’un p lui-même bilabial. tin exclusa (aqua), littéralement ‘(eau) séparée
CONATO (‘intention’, ‘tentative’), est emprunté (par un barrage)’, participe passé au féminin
au latin conatus ‘effort, tentative’, dérivé du de excludere ‘fermer le passage à qqn’. EX-
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Michel Bénaben 81
CLUIR ‘exclure’ (latin excludere ‘ne pas laisser âge, avec l’apparition de la féodalité, ce mot
entrer’). EXCLUSIVA ‘exclusivité’ (dar la ex- finira par désigner un titre de noblesse (entre
clusiva a un periódico ‘donner l’exclusivité à le marquis et le vicomte).
un journal’ = les autres sont ‘laissés dehors’). Dérivés : CONCOMITANTE ‘concomitant’ (du
INCLUIR ‘inclure’ (latin includere ‘enfermer à bas latin concomitans, participe présent de
l’intérieur de qqch’). INCLUSO ‘inclus’ (adjec- concomitari ‘accompagner’, formé de cum
tif) et ‘même, y compris’, du latin inclusum, ‘avec’ et de comes compagnon’). CONDAL
participe passé de includere (moderne inclui- dans la Ciudad condal (la Cité des Comtes de
do). Barcelone). CONDESA ‘comtesse’.
CONCLUSIÓN, voir concluir. CONDENA, voir daño.
CONCOMITANTE, voir conde. CONDENADO, voir daño.
CONCORDANCIA, voir corazón. CONDENAR, voir daño.
CONCORDAR, voir corazón. CONDESA, voir conde.
CONCORDE, voir corazón. CONDESCENDER, voir descender.
CONCORDIA, voir corazón. CONDICIÓN (‘condition’ [circonstance] ; ‘condi-
CONCRETAR, voir concreto. tion’ [sociale]), est emprunté au latin condicio,
CONCRETO (‘concret’), est emprunté au latin composé de cum ‘avec’ et de dicio ‘formule de
concretus ‘qui a pris une consistance solide, commandement’. Ce mot désignait en droit
épaisse’, participe passé de concrescere une formule d’entente entre deux personnes,
‘croître ensemble par agrégation’ (français une convention, un pacte. Puis le sens s’est
‘concrétion’), formé de cum ‘avec’ et de cres- étendu à celui de ‘situation résultant d’un
cere ‘croître’. A partir de l’idée de consistance pacte’, ‘circonstance dont dépend une chose’.
solide et palpable, concreto a pris le sens figu- Un emploi particulier de l’idée de ‘situation’
ré de ‘tangible’, ‘bien réel’ par opposition à (situation au sein de la société) donnera à
abstracto. condición sa valeur sociale (de humilde con-
Dérivés : CONCRETAR ‘concrétiser’ et ‘préci- dición ‘de condition modeste’).
ser’ (concretar una idea ‘préciser une idée’). Dérivés : ACONDICIONAR ‘conditionner’.
CONCUBINA, voir cubil. CONDOLERSE, voir doler.
CONCURRENCIA, voir correr. CONDÓN (‘préservatif, condom’), est emprunté à
CONCURRIR, voir correr. l’anglais condom ‘préservatif masculin’, mot
CONCURSO, voir correr. peut-être formé d’après le nom de son inven-
CONCHA (‘coquille’, ‘carapace’ ; ‘baie, rade’), teur (Condom ou Conton ? ?) dont on ne
est issu du bas latin conchula, diminutif de trouve pas de trace.
concha ‘coquillage’, ‘récipient en forme de CÓNDOR (‘condor’), est emprunté au quechua
coquillage’, adaptation du grec konkhe ‘co- (langue indienne du Pérou) kuntur de même
quillage’. Par analogie de forme, ce mot dé- sens.
signe une baie, une anse marine (français ré- CONDUCCIÓN, voir conducir.
gional ‘conche’). CONDUCIR (‘conduire’), est issu du latin condu-
CONCHABARSE / ACONCHABARSE cere, formé de cum ‘avec’ et de ducere ‘mener
(‘s’associer, se liguer’, ‘s’acoquiner’), est ensemble’, ‘conduire’. Le verbe ducere a servi
d’origine incertaine, peut-être du verbe latin de base à de nombreux verbes préfixés (au-
conclavari ‘s’installer dans une chambre’, dé- jourd’hui en -ir) : deducere ‘faire descendre’
rivé de conclave ‘chambre à coucher’. A partir et ‘déduire’ (deducir) ; introducere ‘intro-
du sens de s’« installer dans une chambre », ce duire’ (introducir) ; producere ‘mener en
verbe aurait signifié ensuite que plusieurs per- avant’ (producir ‘produire’) ; reducere ‘ra-
sonnes s’installent, se retrouvent dans un mener’ (reducir ‘réduire’) ; seducere ‘emme-
même lieu, d’où l’idée d’association. ner à l’écart’ et ‘corrompre’ (seducir ‘sé-
CONDAL, voir conde. duire’) ; traducere ‘faire passer’, ‘traduire’
CONDE (‘comte’), est issu du latin comes, comi- (traducir). Les verbes, comme ducere, qui se
tis littéralement ‘celui qui va avec’, formé de prêtent à la dérivation peuvent être considérés
cum ‘avec’ et de ire ‘aller’, d’où le sens de comme faisant partie des verbes premiers ou
‘compagnon’ auprès d’un supérieur, de ‘haut verbes de base s’antériorisant en pensée par
dignitaire proche de l’empereur’. Au moyen rapport aux autres verbes, d’où la conservation
Michel Bénaben
Michel Bénaben 82
d’un parfait fort — produje/produjo — qui sonne du présent de l’indicatif de confiteri) si-
serait chargé de marquer leur spécificité sé- gnifie ‘j’avoue (mon péché)’ et elle est em-
mantique... Sur cette théorie psychologisante ployée au début d’une prière de la liturgie ca-
d’inspiration guillaumienne, on peut consulter tholique. Par métonymie, le premier mot dé-
l’article de Gilles Luquet dans Actas del tercer signe la prière entière (rezar el confíteor).
Congreso de Historia de la Lengua Española, Dérivés : CONFESIÓN ‘confession, aveu’.
Salamanca, 1993. CONFESO ‘qui a avoué’ (du latin confessus,
Dérivés : CONDUCCIÓN ‘conduite (d’un véhi- participe passé de confiteri). CONFESONARIO
cule)’. CONDUCTA ‘conduite’ (comportement). ‘confessionnal’. CONFESOR ‘confesseur’.
CONDUCTO ‘conduit’ et ‘intermédiaire, canal, CONFESIÓN, voir confesar.
entremise’ (por conducto jerárquico ‘par la CONFESO, voir confesar.
voie hiérarchique’). CONDUCTOR ‘conduc- CONFESONARIO, voir confesar.
teur’. CONFIANZA, voir fiar.
CONDUCTA, voir conducir. CONFIAR, voir fiar.
CONDUCTO, voir conducir. CONFIDENCIA, voir fiar.
CONDUCTOR, voir conducir. CONFIDENTE, voir fiar.
CONECTAR (‘connecter, brancher’ ; ‘mettre en CONFÍN, voir fin.
rapport, en liaison’), est issu du latin connec- CONFINAR, voir fin.
tere ‘attacher ensemble’, formé de cum ‘avec’ CONFIRMACIÓN, voir firme.
et de nectere ‘nouer, lier’. CONFIRMAR, voir firme.
Dérivés : CONEXIÓN ‘connexion’, ‘prise’, CONFISCACIÓN, voir fisco.
‘raccordement’ (latin connexio ‘lien, enchaî- CONFISCAR, voir fisco.
nement’). DESCONECTAR ‘débrancher’. CONFÍTEOR, voir confesar.
CONEJO (‘lapin’), est issu du latin cuniculus CONFLICTO (‘conflit’), est emprunté au latin
désignant à la fois une ‘galerie souterraine’ et conflictus ‘choc, lutte, combat’, participe pas-
l’animal qui la creuse, le lapin. sé substantivé du verbe confligere ‘heurter,
CONEXIÓN, voir conectar. combattre’.
CONFECCIÓN (‘confection’, ‘habillement’), est CONFORMAR, voir forma.
emprunté au latin confectio ‘action de faire en- CONFORME voir forma.
tièrement’, ‘achèvement’, dérivé du verbe CONFORMIDAD voir forma.
conficere ‘achever’, formé de cum et de facere CONFORT, voir fuerte.
‘faire’. A l’origine, ce mot désignait une pré- CONFORTABLE, voir fuerte.
paration pharmaceutique. C’est au XIXe siècle CONFORTAR, voir fuerte.
que confección a désigné l’industrie des vê- CONFRATERNAR, voir fraile.
tements fabriqués en série (sindicato de la CONFRATERNIZAR, voir fraile.
confección ‘syndicat de l’habillement’). Ce CONFRONTACIÓN, voir frente.
mot est depuis longtemps concurrencé par CONFRONTAR, voir frente.
l’expression française prêt-à-porter. CONFUNDIR, voir fundir.
CONFERENCIA, voir conferir. CONFUSIÓN, voir fundir.
CONFERIR (‘conférer, attribuer’ ; ‘être en confé- CONFUSO, voir fundir.
rence’), est emprunté au latin conferre, littéra- CONGELACIÓN, voir hielo.
lement ‘porter ensemble ou au même point’, CONGELAR, voir hielo.
formé de cum ‘avec’ et de ferre ‘porter’. Con- CONGÉNITO, voir engendrar.
ferre avait de nombreux sens Dérivés : ‘con- CONGOJA (‘angoisse’), est emprunté au catalan
tribuer à’, ‘réunir’, ‘attribuer à’, ‘mettre des congoixa, issu du latin vulgaire congustia
propos en commun’ c’est-à-dire ‘s’entretenir ‘étroitesse’ (latin classique angustia), dérivé
de’, ‘parler de’. de l’adjectif congustus ‘étroit’, contraction de
Dérivés : CONFERENCIA ‘conférence’ et coangustus, lui-même dérivé du latin classique
‘communication (téléphonique)’. angustus ‘étroit, serré’, du verbe angere ‘ser-
CONFESAR (‘avouer’), est emprunté au latin rer, resserrer’ (voir angosto et angustia ‘an-
tardif confessare dérivé de confiteri ‘recon- goisse’, dérivés du même verbe).
naître, avouer’, lui-même issu de fateri de CONGRESO (‘congrès’), est emprunté au latin
même sens. La forme confiteor (première per- congressus ‘action de se rencontrer’, ‘entre-
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vue, réunion’, dérivé de congredi ‘se rencon- Dérivés : CONQUISTADOR ‘conquérant’, ‘con-
trer’, formé de cum ‘avec’ et de gradi ‘mar- quistador’. CONQUISTAR ‘conquérir’. RECON-
cher’ (de gradus ‘pas’). QUISTA ‘Reconquête’ (Chrétiens / Musul-
CONJETURA (‘conjecture’), est emprunté au mans).
latin conjectura, dérivé de conjicere, formé de CONSABIDO, voir sabor.
cum ‘avec’ et de jacere ‘jeter’, littéralement CONSAGRAR, voir sagrado.
‘jeter ensemble’, d’où — dans la langue des CONSANGUÍNEO, voir sangre.
augures — ‘combiner dans l’esprit, interpré- CONSECUENCIA, voir seguir.
ter, présumer, conjecturer’. CONSEGUIR, voir seguir.
CONJUGACIÓN, voir yugo. CONSEJERO, voir consejo.
CONJUGAR, voir yugo. CONSEJO (‘conseil’), est issu du latin consilium
CONJUNCIÓN, voir junto. ‘endroit où l’on délibère’ puis, par métonymie,
CONJUNTO, voir junto. ‘consultation, délibération’ et enfin ‘avis ré-
CONJURACIÓN, voir jurar. fléchi que l’on donne à qqn’.
CONJURADO, voir jurar. Dérivés : ACONSEJAR ‘conseiller’. CONSEJERO
CONJURAR, voir jurar. ‘conseiller’ (adjectif et substantif).
CONMOVER, voir mover. CONSENSO, voir sentir.
CONNIVENCIA (‘connivence’), est emprunté au CONSENTIDO, voir sentir.
bas latin coniventia formé sur le participe pré- CONSENTIR, voir sentir.
sent de conivere, littéralement ‘serrer les pau- CONSERVA, voir conservar.
pières’, ‘fermer les yeux’ puis, au figuré, ‘être CONSERVAR (‘conserver’), est emprunté au latin
indulgent’ et ‘être d’accord’ (estar de conni- conservare composé de cum ‘avec’ et de ser-
vencia ‘être de connivence’). Ce mot est à rat- vare ‘sauver, garder, préserver’.
tacher au latin nictare ‘cligner des yeux’. Dérivés : CONSERVA ‘conserve (alimentaire)’
CONNOTACIÓN, voir nota. et ‘conserve’ dans l’expression navegar en
CONNOTAR, voir nota. conserva ‘naviguer de conserve’ qui signifiait
CONOCER (‘connaître’ ; ‘reconnaître’ ; ‘savoir’), initialement qu’un navire en protégeait un
est issu du latin cognoscere, (devenu conos- autre, l’escortait. Aujourd’hui cette locution
cere en latin vulgaire), dérivé de noscere ‘ap- signifie simplement ‘être ensemble, suivre la
prendre, prendre connaissance de’ puis ‘sa- même route’.
voir’ (somme de connaissances) et ‘recon- CONSIDERACIÓN, voir considerar.
naître’ (c’est-à-dire ‘retrouver en qqch ou en CONSIDERANDO, voir considerar.
qqn ce que l’on savait déjà’). L’espagnol uti- CONSIDERAR (‘considérer’), est emprunté au
lise conocer avec ce dernier sens alors que le latin considerare, formé de cum ‘avec’ et de
français a eu recours à ‘reconnaître’ (le conocí sidus, sideris, au pluriel ‘étoiles en constella-
por su voz ‘je l’ai reconnu à sa voix’). tions’. Ce verbe devait appartenir à la langue
Dérivés : CONOCIMIENTO ‘connaissance’. des augures où il signifiait ‘examiner les astres
DESCONOCER ‘ignorer’, ‘ne pas connaître’, en cherchant des signes, des augures’. Il est
‘renier’. INCÓGNITA ‘inconnue’ (mathéma- passé dans la langue courante au sens de ‘re-
tiques). INCÓGNITO ‘inconnu’ (adjectif) et ‘in- garder attentivement’, ‘réfléchir à’.
cognito’ (substantif dans guardar el incógni- Dérivés : CONSIDERACIÓN ‘considération’.
to ‘garder l’incognito’). RECONOCER ‘recon- CONSIDERANDO ‘considérant, attendu (d’un
naître, convenir de, admettre’ ; (médecine) jugement)’. Le gérondif — qui appartient au
‘examiner, faire subir un examen médical’. mode quasi-nominal — a produit un substantif
RECONOCIMIENTO ‘reconnaissance (d’une er- désignant chaque élément qui motive une loi,
reur etc.)’ ; ‘examen médical’, ‘visite médi- un jugement etc. (considerando que... ‘atten-
cale’ (reconocimiento médico). du que...’). DESCONSIDERADO ‘inconsidéré’,
CONQUISTA (‘conquête’), est issu du latin vul- ‘qui manque d’égards’.
gaire *conquaesita, participe passé substantivé CONSIGNA, voir seña.
au féminin de conquirere, formé de cum CONSIGNAR, voir seña.
‘avec, ensemble’ et de quaerere ‘rechercher CONSIGO, voir sí (1).
de tous côtés, être en quête de’. CONSIGUIENTE, voir seguir.
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CORCHO (‘liège’), provient du mozarabe corch CORRAL (‘basse-cour’, ‘cour’), est d’origine
(ou corcho), issu lui-même du latin cortex incertaine, mot sans doute apparenté à corro
‘écorce’, ‘écorce du chêne-liège’. ‘cercle’, ‘ronde’ (latin vulgaire *currale ?
CORDAL, voir cuerdo. ‘cirque pour courses de chars’, dérivé de cur-
CORDERO (‘agneau’), est issu d’une forme de rus ‘char’).
latin vulgaire *cordarius, dérivé de cordus (ou CORREA (‘courroie’), est issu du latin corrigia
chordus) ‘né après terme’ et ‘tardif’, ‘né tardi- ‘lacet de soulier’, ‘lanière’, ‘fouet’.
vement’ en parlant des plantes et des animaux. CORRECCIÓN, voir corregir.
CORDIAL, voir corazón. CORRECCIONAL, voir corregir.
CORDILLERA, voir cuerda. CORRECTO, voir corregir.
CORDÓN, voir cuerda. CORREDIZO, voir correr.
COREOGRAFÍA, voir coro. CORREDOR, voir correr.
CORNADA, voir cuerno. CORREGIR (‘corriger’), est emprunté au latin
CÓRNEA, voir cuerno. corrigere ‘redresser’, ‘réformer, améliorer’,
CORNISA (‘corniche’), vient probablement de formé de cum et de regere ‘diriger en droite
l’adjectif grec koronis ‘recourbé’, substantivé ligne’.
pour désigner le signe courbe tracé à la fin Dérivés : CORRECCIÓN ‘correction’. CORREC-
d’un écrit et une partie saillante en architec- CIONAL (adjectif et substantif) ‘correctionnel,
ture (une corniche). Le mot koronis est dérivé elle’ et ‘Maison de correction’ euphémisé au-
de korônê qui désignait la ‘corneille’ et, par jourd’hui en ‘Centre d’éducation surveillée’
analogie de forme avec le bec de l’oiseau, une (équivalent espagnol : Reformatorio ou Cen-
‘extrémité recourbée’. tro de rehabilitación). CORRECTO ‘correct’
CORNUCOPIA, voir cuerno. (latin correctus ‘qui a été amélioré’, participe
CORNUDO, voir cuerno. passé adjectivé de corrigere).
CORO (‘chœur’), est emprunté au latin chorus CORREO (‘courrier’), est emprunté à l’occitan
lui-même emprunté au grec khoros ‘danse’, ancien corrieu de même sens sans doute par
‘groupe de danseurs et de chanteurs’, ‘groupe l’intermédiaire du catalan correu. Le porteur
de choreutes’, ‘chœur de la tragédie’. de courrier court d’un lieu à l’autre.
Dérivés : COREOGRAFÍA ‘chorégraphie’, for- CORRER (‘courir’), est issu du latin currere de
mé à partir du grec khoreia ‘danse’ et de gra- même sens.
phein ‘écrire’. Dérivés : CONCURRENCIA ‘assistance’. CON-
CORONA (‘couronne’), est issu du latin corona CURRIR ‘se rendre à, affluer vers’. CONCURSO,
‘ornement, parure pour la tête’ et ‘récompense du latin concursus ‘affluence vers le même
(en reconnaissance d’un mérite)’. Corona point’, ‘rencontre’, ‘rivalités’ et ‘aide’ d’où les
pourrait provenir du grec korônê ‘corneille’ sens suivants en espagnol : ‘affluence, réu-
par analogie de forme entre le bec de l’oiseau nion’ ; ‘concours’ (aide) ; ‘concours (hippique
et la couronne, objet (re)courbé. etc.)’ ; ‘concours (de circonstances)’. CORRE-
Dérivés : CORONACIÓN ‘couronnement’. CO- DIZO ‘coulant’, ‘ouvrant’ (nudo / techo cor-
RONAR ‘couronner’. CORONILLA ‘sommet de redizo, ‘nœud coulant’ / ‘toit ouvrant’). COR-
la tête’ et ‘tonsure (des ecclésiastiques)’, litté- REDOR ‘courtier, agent, placier’. CORRIDA
ralement ‘petite couronne’. ‘course de taureaux’. CORRIENTE (adjectif et
CORONACIÓN, voir corona. substantif) ‘courant’ (la corriente eléctrica).
CORONAR, voir corona. CORSARIO ‘corsaire’ (‘celui qui court les
CORONEL (‘colonel’), est emprunté à l’italien mers’). CURSO ‘cours (d’un fleuve, des évé-
colonnello ‘chef d’une colonne de soldats’, nements)’, du latin cursus ‘action de courir’,
dérivé de colonna ‘colonne’. Colonnello > co- ‘voyage (en mer)’, ‘déplacement d’un fleuve’,
lonel > coronel (par dissimilation). ‘cours de la vie’. DESCORRER ‘ouvrir’, ‘enle-
CORONILLA, voir corona. ver’ (descorrer el velo ‘lever le voile’). DIS-
CORPIÑO, voir cuerpo. CURSO ‘discours’ (du latin discursus ‘action
CORPORACIÓN, voir cuerpo. de parcourir en tous sens’ puis ‘conversation,
CORPULENCIA, voir cuerpo. entretien’, l’échange verbal étant comparé à
CORPUS, voir cuerpo. un chemin hasardeux). ESCURRIR(SE) ‘(se)
glisser’, ‘se faufiler’ (préfixe ex- > es- indi-
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gnifiait ‘tapis, tenture’ et était dérivé de aulê COSMOS (‘cosmos’), est issu du latin cosmos,
‘cour’. Le latin a reproduit cette parenté avec emprunté au grec kosmos ‘ornement’, ‘forme,
cohors ‘enceinte, enclos’ et cortina ‘rideau’. organisation d’une chose’ et, chez les philo-
L’idée commune étant celle de fermeture (‘en- sophes, ‘ordre du monde, univers’.
clos’, ce qui sert à enfermer des animaux et Dérivés : COSMÉTICO ‘cosmétique’, est em-
‘rideau’ ce qui sert à voiler, à cacher). prunté au grec kosmêtikos, adjectif signifiant
CORTO (‘court’), est issu du latin curtus ‘écour- ‘apte à orner, propre au soin de la parure’, dé-
té, tronqué’. rivé de kosmos dans son sens de ‘parure, or-
Dérivés : ACORTAR ‘raccourcir’, ‘couper’. nement’. CÓSMICO ‘cosmique’. COSMOPOLITA
CORTACÉSPEDES ‘tondeuse à gazon’. CORTA- ‘cosmopolite’, formé avec kosmos ‘monde,
PLUMAS ‘canif’. CORTAR ‘couper’. CORTE (2) univers’ et polites ‘citoyen’, littéralement ‘ci-
‘coupure’, ‘coupe’, ‘tranchant’, ‘panne toyen du monde’.
(d’électricité)’. CORTOMETRAJE ‘court- COSQUILLAR, voir cosquillas.
métrage’. RECORTE ‘coupure’ (recorte de COSQUILLAS (‘chatouilles’), est un mot
prensa ‘coupure de presse’). d’origine onomatopéique, formé d’après un
CORTOMETRAJE, voir corto. radical expressif *kosk. De nombreuses
COSA (‘chose’), est issu du latin causa ‘cause’, langues romanes et germaniques expriment
‘raison invoquée’, ‘prétexte’ et ‘affaire judi- cette notion à peu près de la même manière :
ciaire’ (où sont en cause des intérêts) puis, par provençal cattilha ou gatilha, ancien haut al-
extension sémantique, ‘affaire’ en général, lemand kizzilon, néerlandais katelen.
‘question’, ‘objet de discussion’. Ce mot a fini Dérivés : COSQUILLAR ou COSQUILLEAR ‘cha-
par concurrencer rem ‘chose’ et l’a éliminé, se touiller’. COSQUILLOSO ‘chatouilleux’.
transformant ainsi en une sorte de mot fourre- COSTA (1) (‘dépense, frais’), voir costar.
tout (palabra baúl ou palabra ómnibus) dont COSTA (2) (‘côte’, ‘bord de la mer’), est issu du
le sémantisme est extrêmement vague : se lle- latin costa ‘côte’ (l’os) et ‘côté, flanc’ puis, à
va mucha cosas en su maleta ‘il emporte basse époque, ce mot désigna le ‘flanc d’une
beaucoup de choses dans sa valise’. En fran- colline’ et le ‘rivage marin’ (c’est-à-dire ce
çais, ‘chose’ peut même désigner une per- qui forme le côté, le bord de la mer, la côte).
sonne : ‘chose m’a dit que tu devais La non-diphtongaison du o bref latin permet
l’appeler’ ; Le Petit Chose, titre d’un roman de penser que costa n’est pas une forme
d’Alphonse Daudet. d’origine castillane mais qu’elle provient des
COSECHA (‘récolte’, ‘cueillette’), est issu du langues périphériques de la péninsule ibé-
latin collecta ‘quote-part, perception d’argent, rique : catalan, galicien, portugais, léonais
collecte’ et, en latin médiéval, ‘récolte’. Col- (voir cuesta).
lecta est le participe passé au féminin du verbe COSTADO (‘côté’), provient d’une forme de latin
colligere ‘réunir, rassembler, recueillir’. Col- vulgaire *costatum, dérivée elle-même de cos-
lecta > colleyta (formation d’un yod) > coge- ta ‘côte’ (l’os) et ‘côté’ (littéralement ‘l’os qui
cha puis cosecha par confusion entre la frica- est sur le côté’).
tive palatale sonore [ge] et la fricative alvéo- COSTAR (‘coûter’), est issu du latin constare ‘se
laire sonore [z]. tenir ferme’, ‘être composé de, consister en ‘
Dérivés : COSECHAR ‘récolter’. et ‘valoir’.
COSER (‘coudre’), est issu du latin vulgaire Dérivés : COSTA ‘dépense, frais’, ‘dépens’
*cosere, réfection du latin classique consuere (surtout employé dans des locutions du type a
‘coudre ensemble’ (cum ‘avec’ et suere costa de ‘aux dépens de’ ou ‘au prix de’ ; a
‘coudre’), d’après l’emploi de coso à la place toda costa ‘à tout prix’). COSTE et COSTO
de consuo à la 1re personne du présent de ‘coût’ : ‘coste es el precio en dinero : el coste
l’indicatif. de un mueble, precio de coste. Costo se usa
Dérivés : COSTURA ‘couture’. DESCOSER ‘dé- principalmente aplicado al conjunto de una
coudre’. SUTURA ‘suture’ (latin sutura ‘cou- obra importante o entre economistas : costo de
ture’ et ‘suture’, dérivé de suere ‘coudre’). un puente, costo de producción’ (Samuel Gi-
COSMÉTICO, voir cosmos. li Gaya, Diccionario de sinónimos).
CÓSMICO, voir cosmos. COSTE, voir costar.
COSMOPOLITA, voir cosmos.
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COSTILLA (‘côte’ [l’os]), est le diminutif du celle de limites offrant une certaine garantie
latin costa ‘côte’ (l’os) et ‘côté’. Ce diminutif ou une certaine sécurité (limite de prix, limites
n’est plus ressenti comme tel (démotivation). d’un terrain : coto de pesca / de caza ‘pêche /
L’espagnol désigne par trois mots ce que le chasse gardée’.
français a confondu : costilla (‘côte’, [l’os]), COVACHUELA, voir cueva.
costa (la ‘côte’, le ‘rivage’), cuesta (une COVACHUELISTA, voir cueva.
‘côte’, une ‘pente’). Voir costa et cuesta. COYUNTURA, voir junto.
Dérivés : ACOSTAR(SE) ‘coucher’, ‘se cou- COZ (‘ruade’), est issu du latin calx, calcis ‘ta-
cher’ (littéralement ‘[se] mettre sur le côté’). lon’.
COSTO, voir costar. Dérivés : COCEAR ‘ruer’. RECALCITRANTE
COSTRA (‘croûte’), est issu du latin crusta ‘revê- ‘récalcitrant’, participe présent de recalcitrar
tement rugueux et durci’, appliqué par la suite ‘regimber, se montrer récalcitrant’ (latin re-
en médecine à une croûte de sang séché. calcitrare, formé de re- à valeur intensive et
Dérivés : CRUSTÁCEO ‘crustacé’, adjectif de calcitrare ‘repousser du talon, ruer, regim-
substantivé et signifiant littéralement ‘animal ber’).
dont le corps est formé d’une croûte dure’. IN- CRÁNEO (‘crâne’), est emprunté au latin médié-
CRUSTAR ‘incruster’. val cranium, du grec kranion ‘boîte crâ-
COSTUMBRE (‘coutume’), est issu du latin nienne’.
consuetudo, consuetudinem ‘habitude, genre, CRASO, voir grasa.
manière d’agir propre à un peuple’. Ce mot est CRÁTER (‘cratère’), est emprunté au latin crater,
formé à partir du supin de consuescere, com- du grec krater ‘grand vase où l’on mélange le
posé de cum et de suescere ‘habituer’. vin et l’eau’ et, par analogie de forme, ‘cratère
Dérivés : ACOSTUMBRAR(SE) ‘(s)habituer’. creusé dans le roc’, ‘cratère de volcan’. Krater
COSTURA, voir coser. est dérivé du verbe kerannunai ‘verser’. En
COTA (1) (‘cotte’, ‘armure’), est emprunté au grec moderne, krasi signifie ‘vin’.
français cotte, lui-même pris au francique CREACIÓN, voir criar.
*kotta ‘manteau de laine’. CREADOR, voir criar.
COTA (2) (‘cote’ [topographie]), est emprunté au CREAR, voir criar.
latin médiéval quota (adjectif substantivé), CRECER (‘croître, augmenter’), est issu du latin
abréviation de quota pars ‘part qui revient à crescere ‘pousser, grandir, s’accroître’.
chacun’, littéralement ‘quelle part ?’ L’adjectif Dérivés : CRECIDA ‘crue’. CRECIMIENTO
quotus, a, um signifiait ‘en quel nombre’ et ‘croissance’. INCREMENTAR ‘augmenter, ac-
provenait de quot ‘combien’. Quota a donné croître’. Le français technique et scientifique
aussi cuota ‘quote-part’, ‘cotisation’ et ‘part’ connaît ‘incrément’ et ‘incrémenter’. INCRE-
dans cuota de mercado ‘part de marché’. MENTO ‘augmentation, développement’ (latin
Dérivés : COTIZACIÓN ‘cote, cours, cotation’ incrementum, du verbe increscere).
et ‘cotisation’. COTIZAR ‘coter’ (en Bourse), CRÉDITO, voir creer.
provient du croisement de deux verbes fran- CRÉDULO, voir creer.
çais : coter et cotiser. CREENCIA, voir creer.
COTIDIANO (‘quotidien’), est emprunté au latin CREER (‘croire’), est issu du latin credere ancien
quotidianus ‘de tous les jours’ et ‘ordinaire, terme de la langue religieuse qui a eu ensuite
commun’, dérivé de quotidie ‘chaque jour’, des emplois profanes et parfois très matéria-
formé de quot ‘combien’ et de dies ‘jour’. listes : ‘mettre sa confiance en qqn ou qqch’,
COTIZACIÓN, voir cota (2). ‘confier qqch à qqn’, ‘prêter’, ‘croire qqn ou
COTIZAR, voir cota (2). qqch’. L’introduction du christianisme a re-
COTO (‘réserve, terrain réservé ; ‘borne’, ‘li- donné à ce verbe le rôle religieux qu’il avait
mite’ ; ‘cours, prix’), est issu du latin cautum primitivement (creer en Dios ‘croire en
‘précaution’, ‘disposition préventive des lois’, Dieu’).
dérivé de l’adjectif cautus ‘entouré de garan- Dérivés : ACREEDOR ‘créancier’. CRÉDITO
ties, sûr, qui est en sécurité’. Cautus était le ‘crédit’, du latin creditum ‘dette, emprunt’
participe passé du verbe cavere ‘être sur ses (crédito blando ‘crédit à taux réduit’). CRÉ-
gardes, prendre garde’. L’idée commune à DULO ‘crédule’. CREENCIA ‘croyance’. DESA-
toutes les acceptions de coto en espagnol est
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CRUZ (‘croix’), est issu du latin crux, criucis qui CUADR- , CUADRI- , CUADRU- sont des formes
désignait plusieurs instruments de torture : la préfixées dérivées du latin quattuor ‘quatre’ :
croix, le pal et la potence. On réservait la croix CUADRAGENARIO ‘quadragénaire’,
aux esclaves et aux voleurs. Le Christ fut cru- CUADRÚPEDO ‘quadrupède’, CUÁDRUPLE
cifié en même temps que des voleurs. ‘quadruple’. ESCUADRA (du latin vulgaire
Dérivés : CRUCE ‘croisement’. CRUCERO *exquadra), ‘équerre’, ‘escouade’ et ‘escadre’
‘croisière’ et ‘croiseur’ (bateau qui ‘croise’ (italien squadra ‘équerre’ et ‘bataillon rangé
c’est-à-dire qui va et qui vient, dont les trajec- en carré’).
toires ‘se croisent’ dans un secteur déterminé CUADRÚPEDO, voir cuadro.
pour des missions de surveillance). CRUCIFI- CUÁDRUPLE, voir cuadro.
CAR ‘crucifier’. CRUCIGRAMA ‘mots croisés’. CUAJAR (‘coaguler’, ‘cailler’, ‘figer’), est em-
CRUZADA ‘croisade’. CRUZAR ‘croiser’. EN- prunté au latin coagulare ‘figer’ en parlant du
CRUCIJADA ‘carrefour, croisement’. lait. Ce terme s’est ensuite appliqué, en latin
CRUZADA, voir cruz. médiéval, au sang.
CRUZAR, voir cruz. Dérivés : COAGULAR ‘coaguler’ est le doublet
CUADERNO (‘cahier’), est issu du pluriel distri- savant de cuajar (français ‘coaguler’ et ‘cail-
butif quaterni ‘par quatre’, ‘chaque fois ler’).
quatre’ devenu quaternum puis quadernum CUAL (‘qui, lequel, laquelle’ ; ‘comme, tel
sous l’influence de quadrum ‘carré’, ‘cadre’. quel’), est issu de l’adjectif interrogatif et rela-
Cuaderno a donc d’abord signifié ‘cahier de tif latin qualis ‘quel’, ‘de quelle sorte’ et ‘tel
quatre feuillets’ (quattuor ‘quatre’) puis cette que’.
référence au chiffre quatre a totalement dispa- Dérivés : CALIDAD et CUALIDAD ‘qualité’ (la-
ru. tin qualitas ‘manière d’être’) : ‘Calidad suele
Dérivés : ENCUADERNAR ‘relier’ (un livre). significar el conjunto de las cualidades.
CUADRA, voir cuadro. Cuando se dice que un caballo es de buena ca-
CUADRADO, voir cuadro. lidad, se da a entender que posee todas las
CUADRAGENARIO, voir cuadro. cualidades que constituyen el caballo bueno’
CUADRILLA, voir cuadro. (Samuel Gili Gaya, Diccionario de sinóni-
CUADRO (‘carré’, ‘tableau’, ‘cadre’ [dans un mos). CALIFICAR ou CUALIFICAR ‘qualifier’,
syndicat, une entreprise]), est issu du latin ‘habiliter’ et ‘noter’ (examen). CUALQUIERA
quadrum ‘carré’ dérivé de quattuor ‘quatre’. ‘n’importe qui, quiconque’ est un adjectif /
Un carré étant limité par quatre côtés, cette pronom indéfini formé primitivement à partir
notion s’est appliquée à des objets dont la d’expressions du type cual libro se quiera
forme est un carré ou même un rectangle. En (littéralement ‘le livre que l’on voudra’ c’est-
particulier en peinture, le terme a fini par dé- à-dire ‘n’importe lequel’), où l’on voit que
signer (métonymie) l’œuvre elle-même et non quiera est le subjonctif présent du verbe que-
plus ses contours, c’est-à-dire le ‘tableau’. rer. Sur l’apocope de cualquiera, voir Michel
L’idée de délimitation s’est appliquée plus Bénaben, Manuel de linguistique espagnole, p.
tard, aux XIXe et XXe siècles, à des personnes 59, éditions Ophrys, 1994.
occupant des fonctions de direction, encadrant CUALIDAD, voir cual.
en quelque sorte d’autres personnes. CUALIFICAR, voir cual.
L’espagnol utilise cuadro pour désigner un CUALQUIERA, voir cual.
cadre syndical, administratif ou politique (voir CUANDO (‘quand’), est issu du latin quando,
à ce sujet A. Belot, Dictionnaire d’usage adverbe et conjonction exprimant à la fois le
d’espagnol contemporain, pp. 62-63, article temps ‘lorsque’ et la cause ‘puisque’. Quando
‘cadre’ ; éditions Ellipses, 1996). a fini par se substituer à cum qui signifiait
Dérivés : CUADRA ‘écurie’. CUADRADO ‘car- ‘lorsque, alors que’ et ‘puisque’, ‘du moment
ré’. CUADRILLA ‘cuadrilla’ (tauromachie), que’.
‘bande’, ‘équipe’. Ce mot désignait à l’origine CUANTÍA, voir cuanto.
la division de la troupe armée en quatre parties CUANTO (‘combien’, ‘combien de’), est issu du
afin de répartir le butin. Ce sens particulier latin quantus adjectif interrogatif et relatif por-
s’est effacé, seule l’idée de groupe, de bande tant sur la notion de quantité : ‘quel ?’, ‘de
s’est maintenue dans les emplois actuels.
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quelle grandeur ?’ et (en corrélation avec tan- CUBIL (‘tanière’), est issu du latin cubile
tus) ‘aussi grand que’. ‘couche’, ‘lit nuptial’ et ‘nid, niche, tanière,
Dérivés : CUANTÍA ‘montant’ (synonyme de gîte des animaux’. Cubile est un dérivé du
monto et monta). CANTIDAD ‘quantité’. verbe cubare ‘être couché’, ‘être au lit’, ‘avoir
CUARENTA (‘quarante’), est issu du latin vul- des relations avec une femme’. En français
gaire quarranta (a...a...a > a...e...a > cuarenta cubare a donné ‘couver’.
par dissimilation), contraction du latin clas- Dérivés : CONCUBINA ‘concubine’, littérale-
sique quadraginta qui signifiait littéralement ment ‘celle avec qui on se couche’, du latin
‘quatre dizaines’ (dérivé de quattuor ‘quatre’). concubina, dérivé de concumbere, formé de
Dérivés : CUARENTENA ‘quarantaine’. CUA- cum ‘avec’ et de cumbere ‘se coucher avec
RENTÓN ‘quadragénaire’. qqn’, variante de cubare.
CUARENTENA, voir cuarenta. CUBO (1) (‘seau’), voir cuba.
CUARENTÓN, voir cuarenta. CUBO (2) (‘cube’), est emprunté au latin cubus
CUARESMA (‘Carême’), est issu du latin vul- ‘dé à jouer’, ‘cube’, lui-même pris au grec ku-
gaire *quaresima, altération du latin classique bos ‘dé’ et ‘(tout) objet de forme cubique’.
quadragesima ‘quarantième’, utilisé en latin Dérivés : CUBISMO ‘cubisme’ et CUBISTA ‘cu-
chrétien dans l’expression quadragesima biste’ sont des termes d’art empruntés au fran-
(dies) c’est-à-dire le ‘quarantième jour (avant çais et créés en 1908 et 1909 par le critique L.
Pâques)’. Le traitement savant de quadrage- Vauxcelles.
simus, a, um a donné cuadragésimo, a. CUBRIR (‘couvrir’), est issu du latin cooperire
CUARTEL, voir cuarto. ‘couvrir entièrement’.
CUARTO (‘quatrième’, ‘quart’ ; ‘chambre’, Dérivés : COBERTIZO ‘hangar, remise’. CU-
‘pièce’), est issu du numéral ordinal latin BIERTA ‘couverture’ et ‘pont (d’un navire)’.
quartus ‘quatrième’ (quattuor ‘quatre’). Sans CUBIERTO ‘couvert’ (substantif). DESCUBIER-
doute par analogie avec cuatro qui sert à ex- TO ‘découvert (bancaire)’. DESCUBRIMIENTO
primer parfois une faible quantité (decir cua- ‘découverte’. DESCUBRIR ‘découvrir’. ENCU-
tro palabras) le terme cuarto a été utilisé BRIDOR ‘receleur’, ‘complice’. ENCUBRIR ‘ca-
pour désigner une division en petites parties cher’, ‘receler’.
(le quart d’une chose, un quartier de lune etc.), CUCARACHA (‘blatte, cafard’), est un dérivé de
d’où le sens de ‘pièce’ ou ‘chambre’ (division, cuca qui signifie ‘chenille’, ‘larve de papillon’
partie d’une maison). Cuarto a donc été subs- et désigne par extension toute sorte de ‘bes-
tantivé. tioles’ parmi lesquelles les blattes et autres ca-
Dérivés : CUARTEL ‘caserne’, ‘quartier (d’une fards. Cucaracha est un mot de formation ex-
armée)’ a été emprunté au catalan quarter pressive.
‘quart’, ‘district d’une ville’, ‘mesure de vin’ CUCLILLAS (dans l’expression en cuclillas
etc. L’acception militaire (‘caserne’) a été em- ‘accroupi’), cette expression provient de
prunté au français quartier (‘prendre ses quar- l’ancienne forme en cluquillas ou en cloquil-
tiers d’hiver’, ‘quartier général’). DESCUARTI- las dérivée de clueca ‘poule (couveuse)’ car la
ZAR ‘écarteler’, ‘dépecer, équarrir’. poule adopte cette position pour couver ses
CUATRO (‘quatre’), est issu du latin quattuor. œufs (latin d’Espagne *clocca, mot d’origine
Dérivés : CATORCE ‘quatorze’, du latin quat- onomatopéique ; français patoisant ‘clouque’).
tuordecim. CUATROCIENTOS ‘quatre cents’, CUCHARA (‘cuiller, cuillère’), dérive de
voir ciento. l’ancienne forme cuchar, issue elle-même du
CUBA (‘cuve’, ‘tonneau’), est issu du latin cupa latin cochlear ‘mesure pour les liquides’, déri-
‘grand récipient en bois’, ‘tonneau’. vé de cochlea ‘escargot’, ‘coquille
Dérivés : CUBO (1) ‘seau’ (latin tardif cupus). d’escargot’. La forme de la cuiller rappelle
Pour un approfondissement de l’opposition une coquille (transfert de sens par similitude,
entre masculin et féminin en espagnol (ban- métaphore). On peut penser aussi que la cuil-
co/banca etc.), voir les références citées à ler servait à manger des escargots (transfert de
l’article canastillo. Pour cubo dans le sens de sens par contiguïté ou métonymie :
‘cube’, voir cubo (2). l’instrument est désigné par l’aliment qu’il
CUBIERTA, voir cubrir. permet de manger).
CUBIERTO, voir cubrir.
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Michel Bénaben 96
Dérivés : CUCHARADA ‘cuillerée’. CUCHARÓN CUERNO (‘corne’), est issu du latin cornu de
‘louche’. même sens.
CUCHARADA, voir cuchara. Dérivés : CORNADA ‘coup de corne’. CÓRNEA
CUCHARÓN, voir cuchara. ‘cornée’, est issu de l’adjectif cornea, le mot
CUCHICHEAR (‘chuchoter’), est un mot de tunica étant sous-entendu : (tunica) cornea
formation onomatopéique. ‘tunique cornée’, la cornée de l’œil ayant un
Dérivés : CUCHICHEO ‘chuchotement’. peu l’aspect d’une corne : saillante, un peu
CUCHILLADA, voir cuchillo. dure, de couleur blanche. CORNUCOPIA ‘corne
CUCHILLO (‘couteau’), est issu du latin cultel- d’abondance’. CORNUDO ‘cornu’ et ‘cocu’.
lus, diminutif de culter ‘couteau’, ‘rasoir’, CUERO (‘cuir’), est issu du latin corium ‘peau
‘coutre de la charrue’. (de l’animal et de l’homme)’, ‘enveloppe,
Dérivés : ACUCHILLAR ‘poignarder’. CUCHIL- peau des arbres et des fruits’.
LADA ‘coup de couteau’, ‘estafilade, balafre’. Dérivés : ACORAZADO, A ‘blindé, e’ (división
CUELLO (‘cou’ et ‘col’), est issu du latin collum acorazada ‘division blindée’). CORAZA ‘cui-
de même sens. En français collum a donné rasse’, ‘blindage’.
‘cou’ et ‘col’. Jusqu’au XVIIe siècle, ces deux CUERPO (‘corps’), est issu du latin corpus de
mots étaient utilisés indifféremment, pour dé- même sens.
signer la partie du corps qui unit la tête au Dérivés : CORPIÑO ‘corsage’ (du galicien ou
tronc. ‘Col’ s’est ensuite spécialisé pour dési- portugais corpinho ‘petit corps’ et ‘corsage’).
gner la pièce d’un vêtement qui entoure le cou CORPORACIÓN ‘corporation’ (emprunté à
ou pour désigner par analogie un lieu étroit : l’anglais corporation ‘fait de former un corps’
‘col de montagne’, ‘col de bouteille’ (en espa- et ‘ensemble de personnes organisées en
gnol cuello de botella est l’équivalent de corps’). CORPULENCIA ‘corpulence’. CORPUS
notre ‘goulot d’étranglement’). ‘corpus’ est un emprunt savant au latin corpus
Dérivés : DESCOLLAR ‘surpasser, dominer’. ‘corps’. Au XIXe siècle, dans la langue du
CUENCA (‘orbite de l’œil’ ; ‘vallée’, ‘bassin d’un droit, corpus a été réintroduit dans
fleuve’), est issu du latin concha ‘coquillage’. l’expression corpus juris ‘corps de doctrines’,
Par analogie de forme, ce mot a servi à dési- ‘collection du droit romain’. A partir de cet
gner la cavité de l’œil, l’orbite et, en géogra- emploi son sens s’est étendu pour désigner un
phie, le bassin d’un fleuve (la cuenca del recueil de documents ou de pièces concernant
Ebro) vers lequel se dirigent ses affluents une discipline. On l’utilise souvent en linguis-
(idée de pente, de convergence vers un lieu, tique au sens d’ « ensemble d’énoncés servant
cuvette, dépression : ‘le bassin parisien’). de base à l’analyse ».
CUENTA, voir contar. CUERVO (‘corbeau’), est issu du latin corvus
CUENTO, voir contar. ‘corbeau’, ‘croc, harpon’, ‘scalpel’, ‘poisson
CUERDA (‘corde’), est emprunté au latin chorda noir’ (analogie de couleurs et de formes).
‘tripe’, ‘corde d’un instrument de musique’, Dérivés : CORMORÁN est emprunté au français
‘corde, ficelle’, lui-même emprunté au grec cormoran c’est-à-dire ‘corbeau de mer’ (for-
khordê ‘intestin, tripe’, ‘saucisse, boudin’ et mé à partir de l’ancien français corp ‘corbeau’
‘corde d’un instrument de musique (en et mareng ‘marin’, latin mare ‘mer’).
boyau)’. CUESTA (‘côte, pente’), est issu du latin costa
Dérivés : CORDILLERA ‘cordillère, chaîne de ‘côte’ (l’os) et ‘côté’. Par analogie, ce mot a
montagnes’. CORDÓN ‘cordon’, ‘lacet’ : le suf- désigné le ‘côté’ d’une colline d’où le sens de
fixe -ón (normalement augmentatif) est ici ‘pente’, ‘côte (à grimper)’. Voir aussi costa et
l’équivalent d’un suffixe diminutif. costilla.
CUERDO (‘raisonnable’, ‘sage, judicieux, pru- CUESTIÓN (‘question’), est emprunté au latin
dent’) est un dérivé régressif de l’ancienne quaestio, quaestionis (‘recherche’ ; ‘interroga-
forme (reconstituée) *cordado issue du latin toire’ [en droit], ‘enquête’, ‘question, torture’ ;
cordatus ‘sage, prudent, avisé’, dérivé de cor, [en philosophie] ‘discussion’, ‘interrogation’),
cordis ‘cœur’. dérivé de quaerere ‘chercher (à)’.
Dérivés : CORDAL dans muela cordal ‘dent de Dérivés : CUESTIONAR ‘mettre en question’.
sagesse’. CUESTIONAR, voir cuestión.
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CUEVA (‘grotte, caverne’), est issu du latin vul- Dérivés : CULATA ‘culasse’, désigne
gaire *cova, féminin de l’adjectif covus va- l’extrémité du canon d’une arme à feu se trou-
riante de cavus ‘creux’ (français ‘cave’ dans vant du côté du tireur. Salirle a uno el tiro
‘yeux caves’). por la culata, signifie littéralement ‘le coup
Dérivés : COVACHUELA ‘ministère, secréta- est parti par la culasse’ et non par le canon,
riat’, ‘bureau’. Autrefois les bureaux des se- équivalent de l’expression française ‘être
crétaires des ministres se trouvaient dans les l’arroseur arrosé’. RECULAR ‘reculer’, est pro-
caves (cuevas → covachas) du Palais Royal à bablement emprunté au français reculer.
Madrid. D’où la forme COVACHUELISTA pour CULPA (‘faute’), est issu du latin culpa ‘faute’,
désigner péjorativement un fonctionnaire, un ‘culpabilité’.
‘rond-de-cuir’, synonyme de chupatintas ou Dérivés : CULPABLE ‘coupable’. CULPAR ‘ac-
de cagatintas. cuser, inculper’. DISCULPAR ‘excuser’, ‘dis-
CUIDADO, voir cuidar. culper’. INCULPAR ‘inculper’, aujourd’hui eu-
CUIDADOSO, voir cuidar. phémisé en ‘mettre en examen’.
CUIDAR (‘soigner’, ‘s’occuper de’, ‘prendre soin CULTIVAR, voir culto.
de’), est issu du latin cogitare ‘penser’, formé CULTIVO, voir culto.
de cum ‘ensemble, avec’ et de agitare ‘agiter’, CULTO (‘culte’), est emprunté au latin cultus
c’est-à-dire ‘agiter ensemble des pensées’ = ‘action de cultiver, de soigner’, ‘éducation, ci-
‘méditer, penser’. Cuidar avait ce sens en vilisation’, ‘hommage rendu à un dieu’, dérivé
vieil espagnol. A partir de ‘penser (à qqch ou à de colere ‘habiter’ et ‘cultiver’. Ce mot est
qqn)’, on est passé au sens de ‘s’occuper de’, devenu à la mode aujourd’hui dans les expres-
et ‘soigner’. sions película de culto ‘film culte’ et el culto
Dérivés : CUIDADO ‘soin, attention’. CUIDA- al dinero ‘le culte de l’argent’.
DOSO ‘soigneux’. DESCUIDAR ‘négliger’. DES- Dérivés : CULTIVAR ‘cultiver’. CULTIVO ‘cul-
CUIDO ‘négligence’. ture’ (agriculture). CULTO (adjectif) ‘cultivé,
CULATA, voir culo. instruit’ et ‘savant, littéraire’ (palabra culta
CULEBRA (‘couleuvre’), est issu du latin vul- ‘mot savant’). CULTURA ‘culture’ (connais-
gaire *colobra (culuebra en vieil espagnol), sances).
altération du latin classique colubra ‘cou- CUMBRE (‘sommet’, ‘apogée’), est issu du latin
leuvre femelle’, féminin de coluber ‘cou- culmen, culminis ‘faîte, sommet’.
leuvre’ et ‘serpent’ en général. Le même mot a Dérivés : CULMINAR ‘culminer’.
donné cobra en portugais dans l’expression CUMPLEAÑOS, voir cumplir.
cobra de capel ou cobra de capello (c’est-à- CUMPLIDO, voir cumplir.
dire ‘couleuvre à capuchon’), qui désignait le CUMPLIMIENTO, voir cumplir.
cobra car la peau de cet animal dessine sur sa CUMPLIR (‘accomplir’), est issu du latin com-
tête une sorte de capuchon. Du portugais le plere ‘remplir’, ‘combler’, ‘compléter’, ‘ache-
mot est passé au français et à l’espagnol. ver’.
Dérivés : CULEBRÓN, métaphore désignant un Dérivés : CUMPLEAÑOS ‘anniversaire’. CUM-
‘feuilleton’ ou une ‘série télévisée’ intermi- PLIDO ‘compliment’, ‘politesse(s), civilité(s)’.
nable (suffixe augmentatif) et dépourvu(e) de CUMPLIMIENTO ‘accomplissement, exécu-
tout intérêt. tion’.
CULEBRÓN, voir culebra. CUNA (‘berceau’), est issu du latin cuna (ou
CULINARIO (‘culinaire’), est emprunté au latin cunae, cunarum) ‘berceau’, ‘nid d’oiseau’.
culinarius ‘qui a rapport à la cuisine’, dérivé Dérivés : ACUNAR ‘bercer’. INCUNABLE ‘incu-
de culina ‘cuisine’ (synonyme de coquina, dé- nable’ est emprunté au latin incunabula dans
rivé de coquere ‘cuire’). Il est possible que l’expression Incunabula typographiae, c’est-à-
coquina ait été déformé en culina par dire ‘les berceaux de la typographie’, titre du
l’influence de culus ‘cul’ car les latrines catalogue des premiers ouvrages imprimés et
étaient attenantes à la cuisine, d’ailleurs culina publié à Amsterdam en 1688. En latin clas-
signifie aussi ‘latrines’. sique, incunabula est un nom au neutre pluriel
CULMINAR, voir cumbre. qui signifie ‘langes’, ‘berceau’, ‘enfance’ et
CULO (‘cul’), est issu du latin culus de même ‘commencement’, il est formé de in- ici pré-
sens.
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fixe intensif et de cunabula ‘berceau’, ‘ori- ou excentrique’ passé en espagnol avec le sens
gine’. de ‘crâneur, poseur, maniéré, guindé’.
CUNDIR (‘se répandre, se propager’), est CURSO, voir correr.
d’origine incertaine, probablement apparentée CURTIDO, voir curtir.
à l’ancienne forme percundir (ou percudir) CURTIR (‘tanner’, ‘endurcir, aguerrir’), est
‘infecter’, ‘empoisonner’, issue du latin percu- d’origine incertaine. Peut-être dérivé de
tere ‘blesser, frapper, perforer’. J. Corominas l’adjectif corto ‘court’ car le cuir que l’on
pense que cundir a été formé secondairement tanne et que l’on traite finit par rétrécir.
à partir de percundir : d’après le sens d’ « in- Dérivés : CURTIDO ‘expérimenté, chevronné’
fecter » ou d’ « empoisonner » (idée de poison (littéralement ‘tanné par l’expérience’).
ou de venin qui se répand dans le corps), on CURVA, voir curvo.
est passé à celui, plus général, de ‘se répandre, CURVO (‘courbe’ [adjectif]), est issu du latin
se propager’. curvus ‘courbe, (re)courbé, plié’.
CUNETA (‘fossé’), est emprunté à l’italien cunet- Dérivés : CURVA ‘tournant, virage’, ‘courbe’
ta ‘fossé (autour des fortifications)’, et ‘mare (ligne).
d’eau croupie’. Cunetta provient de lacunetta, CUSTODIA (‘garde, surveillance’ et ‘ostensoir’),
diminutif de lacuna ‘lagune’. est emprunté au latin custodia ‘action de gar-
CUÑADO(A) (‘beau-frère’, ‘belle-sœur’), signi- der, garde’, ‘conservation’, ‘sentinelles’, ‘pri-
fiait à l’origine ‘qui appartient à la belle fa- son’, dérivé de custos, custodis ‘gardien’.
mille’ (pariente político). Il est issu du latin Dans la langue de l’église, custodia a désigné
cognatus ‘uni par le sang’, ‘parent’, formé de l’ostensoir ou ‘custode’ où le prêtre enferme
cum ‘ensemble’ et de natus ‘né’. Le mot s’est l’hostie pour l’exposer et la transporter. En es-
spécialisé ensuite dans le sens que nous lui pagnol moderne, custodia est utilisé dans te-
connaissons aujourd’hui. ner la custodia ou la tutela de los niños
CUOTA (‘quote-part’, ‘cotisation’, ‘frais’), voir ‘avoir la garde des enfants’ (parents divorcés).
cota (2). Dérivés : CUSTODIAR ‘garder, surveiller’.
CUPO, voir caber. CUTI (‘cuti’), est l’abréviation de cutirreacción,
CUPÓN (‘coupon’, ‘billet’, ‘coupon-réponse’, littéralement ‘réaction de la peau’ (au test anti-
‘bon’, ‘ticket’), est emprunté au français cou- tuberculeux). Voir cutis.
pon probablement dérivé du verbe couper. CUTIS (‘peau’ [du visage]), est issu du latin cutis
CURA ([au féminin] ‘soin, traitement, cure’ ; [au ‘enveloppe, peau d’un fruit’, ‘peau (hu-
masculin] ‘prêtre, curé’), est issu du latin cura maine)’, ‘vernis, apparence’.
‘soin, souci, sollicitude’. Le prêtre qui est Dérivés : CUTÁNEO ‘cutané’.
chargé de prendre soin des âmes de ses parois- CUYO, voir le relatif que.
siens a été désigné avec le même mot. En
français, ‘curé’ (c’est-à-dire ‘celui qui est CH
chargé d’une cure, d’une paroisse’) est issu du
latin ecclésiastique curatus ‘qui a la charge
des âmes’, dérivé de curare ‘prendre soin de’. CHABOLA (‘cabane, ‘baraque’ ; [au pluriel]
Dérivés : CURADILLO ‘morue séchée’ (voir ‘bidonville’), est emprunté au basque txabola
abadejo à ce sujet). CURAR ‘soigner’. CURIO- ou etxabola ‘cabane, hutte’, lui-même proba-
SIDAD ‘curiosité’. CURIOSO ‘curieux’ (qui a de blement emprunté à l’ancien français jaole de-
la curiosité), du latin curiosus ‘avide de sa- venu geôle ( du bas latin caveola diminutif de
voir’, ‘soigneux à l’excès’, minutieux’. INCU- cavea ‘cage’).
RIA ‘incurie’ (latin incura ‘négligence, insou- CHAL (‘châle’), est emprunté au français châle
ciance’). SINECURA ‘sinécure’ (littéralement lui-même pris au persan shal.
‘sans souci’). CHALADO (‘toqué, cinglé’ ; ‘fou d’amour’), est
CURIOSIDAD, voir cura. emprunté au gitan chalar ‘aller, marcher’,
CURIOSO, voir cura. verbe de mouvement. L’espagnol emploie
CURSI (‘de mauvais goût’, ‘guindé, chichiteux’), aussi un autre verbe de mouvement (ir) pour
est d’origine incertaine, probablement em- exprimer la même idée : estar ido ‘dans la
prunté à l’arabe kúrsi ‘personnage important lune’, ‘toqué’.
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braillard’ et ‘criard’ (pour les sons et les cou- fiantes, sans importance. Après appauvrisse-
leurs). ment sémantique, chisme est devenu un mot
CHILLERÍA, voir chillar. fourre-tout (palabra baúl ou palabra ómni-
CHILLIDO, voir chillar. bus) qui sert à désigner n’importe quoi (‘ma-
CHILLÓN, voir chillar. chin, truc’) au même titre que cosa et cachar-
CHIMENEA (‘cheminée’), est emprunté au fran- ro (voir ces mots). L’insecte est aujourd’hui
çais cheminée, issu du latin (camera) camina- désigné par le mot chinche probablement
ta c’est-à-dire ‘salle munie d’une cheminée’ d’origine mozarabe.
(ellipse du substantif camera). Caminata est le Dérivés : CHISMORREAR ‘cancaner, faire des
participe passé au féminin de caminare ‘cons- potins’. CHISMOSO ‘cancanier’.
truire en forme de four’, ‘creuser en forme de CHISPA (‘étincelle’), est de formation onomato-
cheminée’, dérivé de caminus ‘âtre, fourneau’. péique.
Caminus a disparu au profit de caminata car il Dérivés : CHISPEAR ‘étinceler’, ‘pétiller’ (de
était homonyme de camminus ‘chemin’ (espa- joie). CHISPORROTEAR ‘pétiller, crépiter, gré-
gnol camino). siller’.
CHIMPANCÉ (‘chimpanzé’), est emprunté à une CHISPEAR, voir chispa.
langue d’Afrique, le bantou parlé au Congo, CHISPORROTEAR, voir chispa.
en Angola et au Gabon. On l’a d’abord trans- CHISTAR, voir chiste.
crit sous la forme kimpanzi ou chimpanzi. CHISTE (‘plaisanterie, bon mot, histoire drôle’),
CHINA (‘petit caillou’), est sans doute un mot de est un dérivé de chistar ‘parler, ouvrir la
formation expressive (langage des enfants). bouche’ (sin chistar ‘sans mot dire’, ‘sans
CHINCHE (‘punaise’ [l’animal]), est issu du latin broncher’). Chistar est utilisé aujourd’hui
cimex de même sens. La forme latine a donné uniquement dans des phrases négatives. Autre-
cisme en vieux castillan, altérée en chisme, fois, il signifiait ‘parler à voix basse’ ou ‘faire
mot fourre-tout signifiant ‘babiole’, ‘machin’, mine de parler’. Ses dérivés chista (vieil espa-
‘truc’. La forme chinche pourrait provenir du gnol) et chiste eurent d’abord le sens de
mozarabe. ‘blague obscène’ c’est-à-dire celle qu’on dit à
CHINGAR (‘embêter, casser les pieds, empoison- voix basse, à l’oreille de l’interlocuteur. Chis-
ner’), est sans doute emprunté au gitan chin- tar est de formation onomatopéique évoquant
garar ‘se battre’. le chuchotement.
CHIP (‘puce’ [électronique]), est emprunté à Dérivés : CHISTOSO ‘spirituel, drôle’.
l’anglais chip, abréviation de silicon chip CHISTERA (‘panier de pêcheur’ et ‘chistera’
‘puce ou pastille de silicium’. Chip signifie lit- [pelote basque]), est issu du basque xistera de
téralement ‘éclat, copeau de bois’, ‘écaille, même sens, lui-même pris au latin cistella
éclat de marbre’ et ‘pépite’ (de chocolat). Tar- ‘corbeille’, ‘coffret’.
jeta chip ‘carte à puce’. CHISTOSO, voir chiste.
CHIPIRÓN (‘calmar, encornet’), est propre à la CHIVAR, voir chivo.
région cantabrique, issu du basque txpiroi qui CHIVATO, voir chivo.
appartient à la famille de mots dérivés du latin CHIVO(A) (‘chevreau’, ‘chevrette’), est de forma-
sepia ‘sèche’ (espagnol jibia). tion expressive, ce mot est censé reproduire le
CHIQUILLO, voir chico. cri servant à appeler l’animal. On notera
CHIQUITO, voir chico. l’expression chivo expiatorio, littéralement
CHIRONA (‘tôle, violon’), est d’origine inconnue ‘chevreau expiatoire’ c’est-à-dire notre ‘bouc
(meter en chirona ‘mettre en tôle’). émissaire’.
CHIRRIAR (‘grincer’, ‘piailler’, ‘brailler’), est de Dérivés : CHIVAR(SE) ‘rapporter’, ‘accuser’.
formation onomatopéique. CHIVATO ‘chevreau’ et (adjectif) ‘donneur,
Dérivés : CHIRRIDO ‘grincement’. rapporteur, délateur’. Le suffixe -ato sert à
CHISME (‘cancan, potin, ragot’ ; ‘babiole, ma- former des noms désignant les petits des ani-
chin, truc’), est issu du latin cimex ‘punaise’ maux : chiva / chivato comme ballena / bal-
qui a donné cisme en vieil espagnol altéré en- lenato (‘baleineau’) et liebre / lebrato (‘le-
suite en chisme. Le nom de l’insecte qui dé- vraut’). L’acception ‘rapporteur, délateur’ est
gage une odeur nauséabonde lorsqu’on sans doute due au fait que le mot chivo servait
l’écrase a servi à désigner des choses insigni- initialement à appeler l’animal qui accourait
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docilement vers son maître comme le délateur échassiers, c’est un petit passereau ainsi
vient confier des informations. Par ailleurs, nommé parce qu’il est friand de linettes
l’expression chivo expiatorio n’est sans doute (graines de lin).
pas étrangère à l’acception péjorative de chi- CHORREAR, voir chorro.
vato, l’animal étant alors chargé de tous les CHORREO, voir chorro.
péchés des hommes. CHORRO (‘jet’ [liquide, gaz] ; ‘pluie’, ‘flot’ [au
CHOCANTE, voir chocar. figuré]), est de formation onomatopéique
CHOCAR (‘heurter, entrer en collision’ ; ‘cho- (bruit de chute d’eau).
quer, offenser’), est d’origine incertaine. Il est Dérivés : CHORREAR ‘couler’, ‘dégouliner’.
possible que le castillan l’ait emprunté au CHORREO ‘écoulement’.
français choquer lui-même pris au germa- CHOUCROUTE / CHUCRUTA (‘choucroute’), est
nique. Une formation onomatopéique n’est pas emprunté au français choucroute, lui-même
à exclure (tchok-). pris, par l’intermédiaire de l’alsacien sûrkrût,
Dérivés : CHOCANTE ‘choquant’. CHOQUE à l’allemand Sauerkraut, mot qui signifie litté-
‘choc’. ralement ‘herbe aigre’, formé de sauer ‘aigre’
CHOCOLATE (‘chocolat’), est emprunté au et de Kraut ‘herbe’. En empruntant et en adap-
nahuatl mais difficilement analysable. Coro- tant cette forme étrangère, le français l’a rap-
minas propose pocho-cacaua-atl ‘boisson à proché de mots plus connus tels que ‘chou’ et
base de cacao et de graines de fromager’ ‘croûte’ mais qui n’ont rien à voir avec le mot
(póchotl ‘fromager’, très grand arbre tropical à d’origine, c’est un exemple flagrant de ce que
bois très tendre, comme le fromage ; ceiba en l’on a appelé l’étymologie populaire. Le cas le
espagnol). Les Espagnols auraient abrégé cette plus connu en français étant ‘tomber dans les
expression en chocauatl puis chocolate. pâmes’ → ‘tomber dans les pommes’ !
CHOCHEAR, voir chocho. CHOZA (‘hutte’, ‘cabane’, ‘chaumière’), est
CHOCHO (‘radoteur, gâteux, gaga’), provient de probablement dérivé de chozo ‘petite hutte’,
l’adjectif espagnol clueco,a (peu usité) qui dé- lui-même issu du latin pluteus ‘abri monté sur
signe une vieille personne très amoindrie par roues’ (vocabulaire militaire).
l’âge. Clueco, a dérive de clueca ‘poule (cou- CHUBASCO (‘averse’), est emprunté au portugais
veuse)’ : la poule reste immobile sur ses œufs chuvasco dérivé de chuva ‘pluie’ issu du latin
lorsqu’elle les couve. Les vieillards restent pluvia de même sens.
souvent très longuement prostrés. Dérivés : CHUBASQUERO ‘ciré, imperméable’,
Dérivés : CHOCHEAR ‘radoter’, ‘devenir gâ- ‘coupe-vent’.
teux’. CHUBASQUERO, voir chubasco.
CHÓFER (‘chauffeur’), est emprunté au français CHUCRUTA, voir choucroute.
chauffeur (dérivé de chauffer) dont le sens CHULADA, voir chulo.
primitif était ‘personne qui s’occupe du feu CHULERÍA, voir chulo.
d’une forge, d’une chaudière’. Le sens mo- CHULETA (‘côtelette’, ‘côte’), est emprunté au
derne de ‘conducteur’ nous est parvenu par catalan valencien xulleta, diminutif de xulla
l’intermédiaire du vocabulaire des chemins de ‘côtelette’.
fer où le conducteur d’une locomotive à va- CHULO (‘effronté, insolent, dévergondé’ ; [subs-
peur en était aussi le ‘chauffeur’. tantif] ‘souteneur’, ‘type, mec’, ‘mauvais gar-
CHOQUE, voir chocar. çon, gouape’), est emprunté à l’italien fanciul-
CHORIZO (‘saucisson au piment, chorizo’ ; lo ‘enfant’, après aphérèse (chute) de fan-.
‘voleur’, ‘filou’), est d’origine inconnue (latin Fanciullo est le diminutif de fante lui-même
*sauricium ?). L’acception ‘voleur’ provient issu du latin infans ‘jeune enfant’ (littérale-
du gitan chori. En espagnol argotique chorizo ment ‘qui ne parle pas encore’, formé de in-
désigne aussi le sexe de l’homme (picha) ou préfixe privatif et de fari ‘parler’).
un étron ! Dérivés : CHULADA ‘grossièreté’, ‘crânerie’.
CHORLITO (nom de plusieurs échassiers : ‘che- CHULERÍA ‘bravade, crânerie’, ‘désinvolture’.
valier’, ‘courlis’, ‘pluvier’), est d’origine CHUPADO, voir chupar.
onomatopéique (cri de l’oiseau). Cabeza de CHUPAR (‘sucer’), est de formation onomato-
chorlito ‘tête de linotte’ se dit d’une personne péique (bruit de succion des lèvres).
écervelée. La linotte n’est pas apparentée aux
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Dérivés : CHUPADO ‘maigre, émacié’. CHUPA- (1766-1844) qui décrivit un trouble de la per-
TINTAS ‘rond-de-cuir, gratte-papier’. CHUPETE ception des couleurs dont il était lui-même at-
‘sucette’, ‘tétine de biberon’. teint.
CHUPATINTAS, voir chupar. DAMA (‘dame’), est emprunté au français dame
CHUPETE, voir chupar. lui-même issu du latin domina ‘maîtresse de
CHURRO (‘beignet’), provient du catalan- maison’, ‘épouse’, ‘amie’, ‘maîtresse’, ‘souve-
valencien xurro littéralement ‘grossier’, mot raine’. Domina est, comme dominus, un dérivé
qui désignait les habitants de Murcie et de la de domus ‘maison’ (voir dueña).
Manche qui ont été les premiers à fabriquer ce DAMNIFICADO, voir daño.
type de beignet assez gras. DANDI / DANDY (‘dandy’), est emprunté (1855)
CHUSMA (‘chiourme’ [galériens] ; ‘populace, à l’anglais dandy, peut-être issu de l’écossais
populo’), est emprunté à l’italien ciurma Dandy, diminutif de Andrew ‘André’. Ce mot
‘équipage d’une galère’, issu du bas latin ce- désignait à l’origine les jeunes gens qui fré-
leusma ‘chant réglant le mouvement des ra- quentaient les foires ou les églises dans un vê-
meurs’, formé sur le grec keleusma ‘ordre’ (du tement excentrique.
verbe keleuein ‘commander’). DANZA, voir danzar.
CHUTAR (‘shooter’), est l’adaptation, à la pre- DANZAR (‘danser’), est emprunté au français
mière conjugaison, de l’anglais to shoot ‘lan- danser d’origine mal établie.
cer, tirer’. Chutarse ‘se shooter’, ‘se droguer’ Dérivés : DANZA ‘danse’. CONTRADANZA est
est, en espagnol et en français, un réemprunt emprunté au français contredanse, lui-même
récent (vers 1960) à l’anglais shot ‘coup, dé- pris à l’anglais country dance qui désignait
charge’ dans son sens spécialisé de ‘piqûre’. une danse campagnarde. Ce mot a été altéré
par association avec la préposition contre
D (étymologie populaire).
DAÑAR, voir daño.
DAÑINO, voir daño.
DACTILAR, voir dáctilo. DAÑO (‘dommage’), est issu du latin juridique
DÁCTILO (‘dactyle’), désigne, en métrique, un damnum (‘préjudice’, ‘dommage’, ‘perte’) qui
pied formé de trois syllabes (une longue et est peut-être un ancien terme de la langue reli-
deux brèves) par comparaison avec les doigts gieuse apparenté à daps, dapis ‘sacrifice’ et
qui ont une grande phalange et deux petites. ‘repas rituel qui suit le sacrifice’. En français,
Ce mot vient du latin dactylus, lui-même em- damnum a donné ‘dam’ qui s’est conservé
prunté au grec daktulos ‘doigt’. uniquement dans l’expression ‘au grand dam
Dérivés : DACTILAR ‘digital’ (huellas dacti- (de qqn)’. ‘Dam’ a été remplacé par son dérivé
lares ‘empreintes digitales’). DACTILOGRAFÍA ‘dommage’.
‘dactylographie’ (technique d’écriture méca- Dérivés : DAÑAR ‘nuire à’, ‘abîmer’. DAÑINO
nique par transmission de l’impulsion des ‘nuisible’ (animales dañinos ‘animaux nui-
doigts à la machine). sibles’). CONDENAR (XIIIe siècle) ‘condam-
DADO (1) (‘dé’ [jeux]), est un mot d’origine ner’. CONDENA (XIXe siècle) ‘condamnation’’,
obscure, peut-être issu du latin datum participe ‘peine’. CONDENADO ‘condamné’, ‘damné’,
passé neutre substantivé du verbe dare ‘don- ‘maudit’. INDEMNE ‘indemne’ (latin indemnis
ner’ (c’est-à-dire ‘donner le dé, le pion’). Da- ‘qui n’a pas subi de dommage’, formé avec in-
tum signifiant alors ‘pion de jeu’. [préfixe privatif] et damnum). INDEMNIZAR
DADO (2) (‘enclin à’), voir dar. (XVIIIe siècle) est emprunté au français in-
DAGA (‘dague’), est d’origine incertaine, peut- demniser courant à partir du XVIe siècle.
être celtique (existence d’une forme daca en DAR (‘donner’), est issu du latin dare ‘faire don’.
latin médiéval chez le grammairien anglais J. Dérivés : DATA ‘date’, du latin médiéval data
de Garlande au XIIIe siècle). dans les expressions data littera ou data char-
DALIA (‘dahlia’), est dérivé du nom du botaniste ta, littéralement ‘lettre donnée’, formule pré-
suédois Andréa Dahl (1751-1789) qui rapporta cédant l’indication de la date à laquelle un acte
cette plante du Mexique. avait été rédigé. Data est le féminin du parti-
DALTONISMO (‘daltonisme’), est tiré du nom du cipe passé adjectivé datus de dare. DATAR ‘da-
chimiste et physicien anglais J. Dalton ter’. DATIVO ‘datif’ est emprunté au latin dati-
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Bien que critiqué par certains manuels à (‘dixième’, latin decimus) et de bel, unité de
l’usage des journalistes (El País, Libro de Es- mesure acoustique, en souvenir du physicien
tilo), ce mot est admis dans les dictionnaires écossais Graham Bell, inventeur du téléphone.
de langue avec ses dérivés debutar et debu- DECIDIR (‘décider’), est emprunté au latin deci-
tante. dere, formé avec de et caedere ‘couper, tran-
DEBUTAR, voir debut. cher’ et, au figuré, ‘trancher moralement’, ‘ré-
DEBUTANTE, voir debut. gler un différend’.
DÉCADA, voir diez. Dérivés : DECISIÓN ‘décision’. DECISORIO est
DECADENCIA, voir caer. employé en droit (‘décisoire’) et dans
DECANO, voir deán. l’expression plus récente poder decisorio
DECAPITACIÓN, voir decapitar. ‘pouvoir de décision’ ou ‘pouvoir décision-
DECAPITAR (‘décapiter’), est emprunté au bas nel’.
latin decapitare de même sens, formé avec DÉCIMO, voir diez.
caput ‘tête’ et la particule privative de-. DECIR (‘dire’), est issu du latin dicere où l’on
Dérivés : DECAPITACIÓN ‘décapitation’. retrouve la racine indoeuropéenne *deik- ou
DECATLÓN (‘décathlon’), a été formé d’après le *dik- qui signifiait ‘montrer’. D’ailleurs, en
mot grec pentathlon (‘sport comprenant cinq grec deiktikos signifie ‘ce qui sert à montrer’
exercices’), en remplaçant penta- ‘cinq’ par c’est-à-dire un ‘démonstratif’, ou un
deca- ‘dix’. En grec, athlon signifiait ‘prix, ré- ‘déictique’ dans la terminologie linguistique
compense’, ‘lutte, combat’ et parfois ‘con- récente. A l’origine le verbe dicere avait un
cours sportifs’. caractère solennel, religieux ou juridique. Il
DECENA, voir diez. est passé dans la langue commune avec le sens
DECENCIA, voir decente. que nous lui connaissons aujourd’hui.
DECENIO, voir diez. Dérivés : BENDECIR ‘bénir’. CONTRADECIR
DECENTE (‘décent’), est emprunté au latin de- ‘contredire’. DICCIÓN ‘diction’. DICCIONARIO
cens ‘convenable, séant’ et ‘bien fait, bien ‘dictionnaire’ (du latin médiéval dictionarium,
proportionné’. Decens est le participe présent formé avec dictio ‘action de dire’ et le suffixe
du verbe decere ‘convenir’ (decet ‘il convient arium). Ce mot s’est appliqué d’abord à des
de’, 3e personne). ouvrages bilingues à côté de thesaurus (‘tré-
Dérivés : DECENCIA ‘décence’. DECORO (‘res- sor’) qui désignait les dictionnaires unilingues
pect’, ‘dignité’, ‘réserve, retenue’, ‘conve- (Sebastián de Covarrubias, Tesoro de la len-
nances’), du latin decorum ‘ce qui convient, gua castellana o española, 1611 ; Nicot, Thré-
convenance, bienséance’, neutre substantivé sor de la langue françoyse, 1606). DICHO (par-
de l’adjectif decorus ‘qui convient’ et ‘paré, ticipe passé substantivé de decir), ‘pensée’,
orné’. Decorus est un dérivé de decor ‘ce qui ‘sentence’, ‘mot’, ‘dicton’. ENTREDICHO
convient’ et ‘parure, ornement, charme’. En (substantif) ‘défense, interdit’, est le participe
français, le mot ‘décorum’ a pris une valeur passé de l’ancien verbe entredecir ‘interdire’,
péjorative, celle de ‘luxe ostentatoire’. DECO- remplacé par prohibir. INTERDICCIÓN ‘inter-
RADO ‘décor’ (théâtre). INDECENTE ‘indécent’ diction’, du latin interdictio ‘action
DECEPCIÓN (‘déception’), est emprunté au bas d’interdire’, de la même famille que le verbe
latin deceptio (‘action de tromper’, ‘illusion’, interdicere ‘défendre qqch à qqn’ qui avait
‘séduction’, ‘imposture’), formé à partir de donné entredecir en vieil espagnol (voir en-
deceptum supin du verbe decipere (de + ca- tredicho) : interdicción civil ‘destitution des
pere) ‘séduire, abuser’. Le sens moderne (‘dé- droits civiques’ ; interdicción de residencia /
cevoir’) est calqué sur les mots français ‘dé- de lugar ‘interdiction de séjour’. MALDECIR
ception’ et ‘décevoir’ qui eux aussi ont gardé ‘maudire’. PREDECIR ‘prédire’. SOBREDICHO
pendant longtemps le sens hérité du latin (‘dé- ou SUSODICHO ‘susdit’ (littéralement ‘dit au-
cevoir’ c’est-à-dire ‘tromper’ étant encore dessus’, ‘plus haut’). Susodicho est formé
usuel au XVIIe siècle). avec l’ancienne forme suso ‘au-dessus’, du la-
Dérivés : DECEPCIONAR ‘décevoir’. tin susum variante de sursum ‘vers le haut, en
DECIBEL ou DECIBELIO (‘décibel’), est em- haut’, formé avec sub indiquant un mouve-
prunté à l’anglo-américain decibel (apparu ment de bas en haut et versum ‘dans la direc-
vers 1880), composé à partir de deci- tion de, vers’.
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DECISIÓN, voir decidir. DEDO (‘doigt’), est issu du latin populaire *ditus,
DECISORIO, voir decidir. contraction du latin classique digitus ‘doigt de
DECLAMAR, voir llamar. la main ou du pied’, ‘mesure de longueur
DECLARAR, voir claro. égale à la largeur d’un doigt’. Tener el dedo
DECLINAR, voir inclinar. verde ‘avoir la main verte’.
DECLIVE (‘pente’, ‘déclivité’), est emprunté au Dérivés : DEDAL ‘dé à coudre’. DIGITAL ‘digi-
latin declivis ‘en pente’ et, au figuré, ‘sur son tal’ (huellas digitales ou dactilares ‘em-
déclin’, dérivé de clivus ‘pente’, ‘montée’ et preintes digitales’). DIGITALIZAR ‘digitaliser’,
‘difficulté’. ‘numériser’ c’est-à-dire convertir des images,
Dérivés : PROCLIVE ‘enclin (à)’. PROCLIVI- des textes etc. en chiffres, en séries de 0 et de
DAD ‘penchant’. 1 en langage informatique. Digitalizar est
DECORADO, voir decente. emprunté à l’anglais to digitalize dérivé de di-
DECORO, voir decente. gital ‘qui opère sur des données numériques’
DECRECER, voir crecer. lui-même tiré de digit (XIVe siècle) ‘nombre
DECRÉPITO (‘décrépit’), est emprunté au latin (inférieur à dix)’ c’est-à-dire ‘que l’on peut
decrepitus qui se disait d’un vieillard. Mot compter sur les doigts’ (digit vient du latin di-
formé avec de et crepitus issu de crepare ‘cra- gitus ‘doigt’). NÚMERO(S) DÍGITO(S) ou sim-
quer, claquer’. On peut penser que le vieillard plement DÍGITO(S) ‘nombre(s) d’un seul
était comparé à un arbre qui craque ou qui se chiffre’, emprunté à l’anglais digit (digite
fend ou à un mur qui se lézarde. La particule number), vieux terme d’arithmétique anglaise
de- indique généralement la privation (voir (voir ci-dessus digitalizar). En marketing :
decapitar) mais elle peut indiquer aussi precio de dígitos impares ‘prix magique’
l’intensité, le renforcement (voir detonar). On (c’est-à-dire 1999,00F. au lieu de 2000,00F !).
peut donc penser que decrepitus signifie ‘qui En économie : inflación de dos dígitos ‘infla-
achève de se fendre, qui se fend entièrement’. tion à deux chiffres’.
DECRETAR, voir decreto. DEDUCCIÓN, voir deducir.
DECRETO (‘décret’), est emprunté au latin juri- DEDUCIR (‘déduire’), est emprunté au latin
dique decretum ‘décision émanant du pou- deducere ‘emmener’ et, au figuré, ‘retran-
voir’, participe passé neutre substantivé de de- cher’, ‘soustraire’. Il est formé avec de (indi-
cernere ‘décider’, ‘juger’, ‘décider par décret’. quant la séparation) et ducere ‘mener’. En
Dérivés : DECRETAR ‘décréter’. termes de logique, ce verbe désignera au
DECHADO (‘modèle’, ‘exemple’), est issu du moyen âge une manière de raisonner par la-
latin dictatum ‘texte dicté par le maître à ses quelle on tire d’une supposition, donnée
élèves’, dérivé de dictare fréquentatif de di- comme vraie, une conséquence logique (‘dé-
cere c’est-à-dire ‘dire en répétant’, ‘faire duire’).
écrire’, ‘ordonner’. Dérivés : DEDUCCIÓN ‘déduction’.
DEDAL, voir dedo. DEFECAR, voir hez.
DÉDALO (‘dédale’), nom commun créé à partir DEFECTIVO, voir defecto.
du nom propre Daedalus en latin et Daidalos DEFECTO (‘défaut’), est emprunté au latin defec-
en grec (inventeur du labyrinthe). tus ‘disparition, ‘défaillance’, ‘défection’, dé-
DEDICACIÓN, voir dedicar. rivé du verbe deficere (‘se séparer de’ ,’se dé-
DEDICAR(SE) (‘dédicacer’, ‘dédier’ [un livre] ; tacher de’, ‘manquer’, ‘faire défaut’), formé
‘consacrer [de l’argent, des efforts] ; avec de (privatif) et facere ‘faire’.
‘s’adonner, se consacrer à’), est emprunté au Dérivés : DEFECTIVO ‘défectif’, du latin defec-
latin dedicare ‘déclarer’, ‘consacrer (un tivus ‘défectueux’, formé sur le supin defec-
temple, un lieu)’ et ‘faire hommage de qqch à tum de deficere ‘faire défaut’. Le sens initial
qqn’. Dedicare est composé de de et de dicare ‘qui a des défauts’ a été abandonné au profit
‘proclamer solennellement qu’une chose sera’. de DEFECTUOSO. Defectivo s’est spécialisé en
Dérivés : DEDICACIÓN dans les expressions de grammaire et en linguistique (verbo defectivo
(en) dedicación exclusiva, de plena dedica- ‘verbe défectif’). Par exemple, le verbe llover
ción ‘à temps complet’. DEDICATORIA ‘dédi- est appelé défectif car il n’est utilisé qu’à la 3e
cace’. personne du singulier ou du pluriel. DEFI-
DEDICATORIA, voir dedicar. CIENTE ‘déficient’, ‘médiocre’ (deficientes
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mentales ‘handicapés mentaux’), du latin de- (privatif), collum ‘cou’ et -are désinence des
ficiens ‘manquant’, participe présent de defi- verbes de la 1re conjugaison.
cere. DÉFICIT ‘déficit’ signifie littéralement ‘il Dérivés : DEGOLLACIÓN ‘décollation’, ‘égor-
manque’, 3e personne du présent de l’indicatif gement’ et ‘massacre’ (la degollación de los
de deficere. Cette forme verbale substantivée a Santos Inocentes ‘le massacre des saints In-
d’abord désigné un objet manquant dans un nocents’).
inventaire puis elle s’est spécialisée en éco- DEGRADACIÓN, voir grado.
nomie à la fin du XVIIIe siècle. DEGUSTAR, voir gusto.
DEFECTUOSO, voir defecto. DEHESA (‘pâturage’), est issu du latin tardif
DEFENDER (‘défendre’), est issu du latin defen- defensa ‘défense’. Au moyen âge, les pâtu-
dere ‘repousser, écarter l’ennemi’ d’où ‘proté- rages étaient protégés, défendus par des
ger’, formé avec de (privatif) et *fendere bornes, des limites. Par une sorte de métony-
‘frapper, heurter’. mie (transfert de sens par contiguïté),
Dérivés : DEFENSA ‘défense’, du bas latin de- l’interdiction de pénétrer (defensa) a donné
fensa, participe passé substantivé au féminin son nom à la chose ‘défendue’, la dehesa. On
de defendere. DEFENSOR ‘défenseur’, ‘avocat’ remarquera par ailleurs que coto signifie aussi
(latin defensor ‘celui qui repousse le danger’). ‘borne’, et ‘terrain réservé’ : coto de caza
Espagnol moderne el Defensor del Pueblo ‘le ‘chasse gardée’ (acotar = ‘borner’, délimiter’
médiateur’. INDEFENSO ‘sans défense’, formé et ‘interdire’).
avec in- (privatif) et l’ancien participe passé DEIDAD, voir dios.
fort de defender (defensum > defeso / defen- DEIFICAR, voir dios.
so), moderne defendido (refait en participe DEJADEZ, voir dejar.
passé faible d’après le modèle des verbes en DEJAR (‘laisser’, ‘abandonner’), est une altéra-
-er ou en -ir : subir → subido, comer → co- tion de l’ancien verbe lexar issu du latin
mido). laxare ‘détendre’, ‘relâcher’, ‘libérer’ et ‘quit-
DEFENSA, voir defender. ter’, ‘abandonner’, ‘céder’.
DEFENSOR, voir defender. Dérivés : DEJADEZ ‘laisser-aller’, ‘négli-
DEFERENCIA (‘déférence’), est un dérivé du gence’. DEJO ou DEJE ‘arrière-goût’ c’est-à-
verbe deferir (‘s’en remettre à, s’appuyer sur’ dire le goût laissé par la chose absorbée. Du
et ‘déférer’), issu du latin deferre ‘porter de verbe latin laxare sont dérivés LAXANTE et
haut en bas’, ‘présenter, accorder’ et ‘dénon- LAXATIVO ‘laxatif’. RELAJAR(SE) ‘(se) relâ-
cer, porter plainte en justice’. cher’, ‘(se) détendre’ (du latin relaxare ‘des-
DEFICIENTE, voir defecto. serrer, relâcher (des liens)’.
DÉFICIT, voir defecto. DEJO, voir dejar.
DEFINICIÓN, voir fin. DELACIÓN, voir delator.
DEFINIR, voir fin. DELANTAL, voir delante.
DEFINITIVO, voir fin. DELANTE (‘devant’), provient de l’ancienne
DEFLACIÓN (‘déflation’), est un terme forme denante, composée avec la préposition
d’économie formé d’après inflación par subs- de et enante issu du latin tardif inante (ad-
titution de préfixe. Il est possible que ce mot verbe) ‘devant’, ‘en face’, lui-même composé
ait été emprunté à l’anglais deflation. Le mot de ante (adverbe et préposition) ‘devant’ et de
deflación désigne la diminution ou la résorp- la préposition in (voir ante et antes).
tion totale de l’inflation (de-, préfixe privatif). Dérivés : ADELANTE ‘plus loin’, ‘en avant’.
DEFLAGRACIÓN, voir flagrante. ADELANTAR ‘avancer’, ‘doubler, dépasser’.
DEFORMACIÓN, voir forma. DELANTAL ‘tablier’, c’est-à-dire ‘ce que l’on
DEFORMAR, voir forma. met devant’, est emprunté au catalan davantal
DEFRAUDAR, voir fraude. dérivé de davant (‘devant’, latin de abante
DEFUNCIÓN, voir difunto. c’est-à-dire de + ab + ante).
DEGENERAR, voir engendrar. DELATAR, voir delator.
DEGOLLACIÓN, voir degollar. DELATOR (‘dénonciateur’), est emprunté au latin
DEGOLLAR (‘égorger’ et ‘décapiter), est issu du impérial delator ‘dénonciateur, accusateur’.
latin decollare ‘décapiter’, formé avec de- Delator est formé d’après delatum, supin du
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verbe deferre au sens de ‘porter plainte en jus- passive, ‘se réjouir, être charmé’), fréquentatif
tice’, ‘dénoncer’. de delicere. DELEITE ‘plaisir, délice’. DELI-
Dérivés : DELACIÓN ‘délation’. DELATAR ‘dé- CIOSO ‘délicieux’.
noncer’. DELICIOSO, voir delicia.
DELEGACIÓN, voir legar. DELIMITAR, voir límite.
DELEGAR, voir legar. DELINCUENCIA, voir delito.
DELEITAR, voir delicia. DELINCUENTE, voir delito.
DELEITE, voir delicia. DELIRAR (‘délirer’), est emprunté au latin deli-
DELETREAR, voir letra. rare littéralement ‘sortir du sillon’ et, au figu-
DELFÍN (1) (‘dauphin’ [le cétacé]), est issu du ré, ‘perdre la raison’, ‘extravaguer’. Delirare
latin delphinus emprunté au grec delphis, del- est formé de de (privatif) et de lirare ‘labou-
phinos de même sens. rer’, ‘faire des sillons’.
DELFÍN (2) (‘dauphin’ [prince héritier]), est Dérivés : DELIRIO ‘délire’, du latin delirium
l’adaptation du français Dauphin qui désignait ‘transport au cerveau’. DELIRIUM TREMENS
le titre de seigneur du Dauphiné. Ce nom de littéralement ‘délire tremblant’, terme médical
lieu est issu du prénom latin Dalphinus ou introduit dans la terminologie scientifique en
Delphinus. Aujourd’hui, l’espagnol et le fran- 1813 par le médecin anglais T. Sutton.
çais utilisent ce mot pour désigner le succes- DELITO (‘délit’), est emprunté au latin delictum
seur choisi par un chef d’état ou une personna- ‘faute’, substantivation au neutre du participe
lité importante : el delfín del presidente ‘le passé delictus du verbe delinquere formé avec
dauphin du président’. de et linquere ‘laisser, abandonner’, ‘manquer
DELGADEZ, voir delgado. à un devoir’ d’où ‘commettre une faute’.
DELGADO (‘mince’, ‘maigre’), est issu du latin Dérivés : DELINCUENTE ‘délinquant’. DELIN-
delicatus ‘délicieux’, ‘tendre’, ‘fin’, ‘délicat’. CUENCIA ‘délinquance’.
e
Delicatus donne delgado par traitement non DELTA (‘delta’), est emprunté au grec delta, 4
savant, le traitement savant de la même forme lettre de l’alphabet (équivalent de notre d). La
donnera delicado. L’ancien français a connu majuscule de cette lettre, de forme triangulaire
une forme populaire semblable à l’espagnol (∆), était employée par métaphore pour dési-
delgado et qui était delgié ou dougié (‘fin, gner l’embouchure d’un fleuve (celle du Nil
mince, svelte’). en particulier). Emploi moderne : ala delta
Dérivés : ADELGAZAR ‘amincir’, ‘faire mai- ‘aile volante’, ‘deltaplane’.
grir’ (latin vulgaire *delicatiare). ADELGA- DEMAGOGIA, voir democracia.
ZANTE ‘amaigrissant’ : dieta adelgazante ‘ré- DEMAGOGO, voir democracia.
gime amaigrissant’. DELGADEZ ‘minceur’. DEMANDA, voir mandar.
DELICADEZA ‘délicatesse’. DEMANDAR, voir mandar.
DELIBERACIÓN, voir deliberar. DEMARCACIÓN, voir marcar.
DELIBERAR (‘délibérer’), est emprunté au latin DEMÁS, voir más.
deliberare littéralement ‘faire une pesée dans DEMASIADO, voir más.
sa pensée’ c’est-à-dire ‘réfléchir mûrement’ et DEMENCIA, voir mente.
‘prendre une décision’. Deliberare est formé DEMENTE, voir mente.
avec de et libra ‘balance’. DEMOCRACIA (‘démocratie’), est emprunté au
Dérivés : DELIBERACIÓN ‘délibération’. grec demokratia, formé avec demos (‘portion
DELICADEZA, voir delgado. de territoire’ puis ‘habitant du territoire’ et
DELICADO, voir delgado. ‘peuple’) et de kratein ‘commander’ d’où
DELICIA (‘délice’), est emprunté au latin deli- ‘gouvernement du peuple’.
ciae, deliciarum (au féminin pluriel) ‘séduc- Dérivés : DEMAGOGIA ‘démagogie’. DEMA-
tion’, ‘perversion’ et ‘jouissances, agrément’. GOGO ‘démagogue’, du grec demagogos ‘qui
Deliciae (delicium au neutre singulier) vient conduit le peuple (en cherchant à obtenir ses
de delicere ‘attirer, amadouer’, composé de de faveurs)’, formé avec demos ‘peuple’ et
et du verbe lacere ‘faire tomber dans un piège’ -aggos ‘qui conduit, guide’ (agein ‘conduire’).
issu lui-même de lax ‘appât, tromperie, ruse’. DEMOCRÁTICO ‘démocratique’. DEMOGRAFÍA
Dérivés : DELEITAR ‘enchanter, charmer’, du ‘démographie’. ENDEMIA ‘endémie’ est
latin delectare (‘attirer’, ‘charmer’ et, à la voix l’adaptation sous l’influence de epidemia du
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grec endêmon (nosêma) ‘(maladie) fixée dans Dérivés : ADENTRO ‘à l’intérieur’. ADEN-
un pays’ (demos ‘territoire’). EPIDEMIA ‘épi- TRARSE ‘pénétrer, s’enfoncer’.
démie’ est emprunté au latin médical epidemia DENUNCIA, voir nuncio.
lui-même emprunté au grec epidêmia dérivé DENUNCIAR, voir nuncio.
de l’adjectif epidêmos ‘qui séjourne ou qui DEPARAR, voir parar.
circule dans un pays’ et donc ‘qui se propage’ DEPARTAMENTO, voir parte.
(maladie infectieuse). DEPENDENCIA, voir pender.
DEMOCRÁTICO, voir democracia. DEPENDER, voir pender.
DEMOGRAFÍA, voir democracia. DEPENDIENTE, voir pender.
DEMOLER, voir mole (1). DEPILAR, voir pelo.
DEMOLICIÓN, voir mole (1). DEPLORAR, voir llorar.
DEMONIO (démon’), est emprunté au latin tardif DEPONER, voir poner.
daemonium ‘esprit, génie’ surtout employé DEPORTACIÓN, voir deporte
dans la langue de l’Église où il a pris le sens DEPORTAR, voir deporte.
e
d’ « esprit infernal, mauvais ange, diable ». DEPORTE (‘sport’), est d’abord attesté au XV
Daemonium est lui-même emprunté au grec siècle avec le sens de ‘plaisir, amusement’,
daimon, -onos ‘divinité’ et ‘destin’ (heureux c’est un dérivé de l’ancien verbe deportarse
ou malheureux). ‘s’amuser’ lui-même issu du latin deportare
Dérivés : néologismes récents : DEMONIZA- ‘emporter d’un endroit à un autre, transporter’
CIÓN et DEMONIZAR ‘diabolisation’ et ‘diabo- et ‘exiler qqn’. On peut penser que de l’idée
liser’ (la demonización de la extrema dere- de ‘se transporter d’un endroit à un autre’ on
cha ‘la diabolisation de l’extrême droite’). est passé à celle de ‘se distraire’. Cette distrac-
ENDEMONIADO ‘diabolique’, ‘démoniaque’, tion se pratiquant à l’air libre, le mot deporte
‘possédé’. a servi à traduire, au XXe siècle, l’anglais
DEMORA, voir morar. sport, activité de plein air. Il est à noter que
DEMORAR, voir demora. l’anglais sport provient de (di)sport ‘passe-
DEMOSTRACIÓN, voir mostrar. temps, récréation, jeu’ emprunté à l’ancien
DEMOSTRAR, voir mostrar. français desport ou deport ‘divertissement’,
DENEGACIÓN, voir negar. déverbal de l’ancien verbe se desporter
DENEGAR, voir negar. ‘s’amuser, se divertir’ (ancien espagnol depor-
DENIGRAR, voir negro. tarse).
DENOMINACIÓN, voir nombre. Dérivés : DEPORTIVO ‘sportif’, ‘de sport’ (un
DENOTAR, voir nota. coche deportivo ‘une voiture de sport’). DE-
DENSIDAD, voir denso. PORTISTA ‘(un) sportif’. DEPORTAR ‘déporter’
DENSO (‘dense’), est emprunté au latin densus (du latin deportare ‘exiler qqn de son pays’).
‘épais, serré, touffu’. DEPORTACIÓN ‘déportation’.
Dérivés : CONDENSAR ‘condenser’, du latin DEPOSICIÓN, voir poner.
condensare ‘presser, rendre compact’, formé DEPOSITAR, voir poner.
de cum et de densare dérivé tardif et rare de DEPÓSITO, voir poner.
densus. DENSIDAD ‘densité’. DEPRAVAR (‘dépraver’), est emprunté au latin
DENTADURA, voir diente. depravare ‘tordre, rendre difforme’ et ‘gâter,
DENTAL, voir diente. corrompre’, composé de de (intensif) et de
DENTELLADA, voir diente. l’adjectif pravus ‘tors, de travers’ et ‘perverti,
DENTICIÓN, voir diente. mauvais’. Pravus est peut-être apparenté à pe-
DENTÍFRICO, voir diente. rire ‘périr’ ou à perperus ‘de travers’.
DENTISTA, voir diente. Dérivés : DEPRAVADO ‘dépravé’, participe
DENTRO (‘dans’, ‘à l’intérieur de’), est composé passé adjectivé et substantivé de depravar.
de la préposition latine de et de l’adverbe intro DEPRECIACIÓN, voir precio.
‘à l’intérieur de’ : de + intro > dentro. En DEPREDACIÓN (‘déprédation’), est emprunté au
français, ‘dans’ est issu du latin deintus formé latin depraedatio ‘pillage, dépouillement’, dé-
avec de et intus ‘à l’intérieur’, dérivé de in. A rivé du verbe depraedari ‘piller’, formé de de
partir de ‘dans’ on a formé de la même ma- (intensif) et de praedare ‘piller’ lui-même dé-
nière ‘de’ + ‘dans’ > ‘dedans’.
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‘peau des animaux’ (en latin vulgaire DESPEDIR(SE) (‘congédier’ ; ‘prendre congé’),
d’Espagne). provient de l’ancienne forme espedirse
DESORBITADO, voir orbe. (‘demander la permission de s’en aller’), issue
DESPABILADO, voir pabilo. du latin expetere ‘désirer vivement, convoi-
DESPABILAR (‘moucher’ [une chandelle] ; ter’, dérivé de petere ‘chercher à obtenir
‘dégourdir’), est un dérivé de pabilo ‘mèche’ qqch’. De pronominal (despedirse ‘prendre
(d’une bougie) issu du latin vulgaire papilus congé’) le verbe est devenu transitif dans le
(latin classique papyrus) ‘papyrus’, plante qui sens de ‘congédier’ et ‘licencier’ : despedir a
a servi à la fabrication du papier et à celle des una persona. Le départ volontaire est devenu
mèches (voir papel et papiro). Le sens pre- involontaire. La préfixation négative en des-
mier de despabilar est ‘moucher une chan- marque clairement un désaccord avec la per-
delle’ c’est-à-dire couper le bout consumé de sonne que l’on renvoie et dont on rejette les
la mèche de façon à raviver la flamme d’où le demandes (petere ‘chercher à obtenir’).
sens second et figuré de ‘dégourdir (qqn)’. Dérivés : DESPEDIDA ‘adieux’, ‘renvoi, congé’.
DESPACIO, voir espacio. DESPIDO ‘licenciement’ (despido improce-
DESPACHAR, voir empachar. dente ‘licenciement abusif’).
DESPACHO, voir empachar. DESPEGUE, voir pegar.
DESPANZURRAR, voir panza. DESPEJAR (‘débarrasser, dégager, déblayer’), est
DESPARRAMAR (‘répandre’, ‘éparpiller’), est un emprunté au portugais despejar ‘vider, débar-
mot-valise obtenu par croisement entre le rasser’, dérivé de pejar ‘encombrer, obstruer’,
verbe derramar (‘renverser’) et le verbe es- lui-même issu de peia ‘entrave, lien que l’on
parcir (‘répandre’) : met aux pattes de certains animaux’ (du latin
DE RRAMAR vulgaire pedea, dérivé de pes, pedis ‘pied’).
E S P A R (c)(i)R Dérivés : DESPEJADO ‘vaste, spacieux’, ‘déga-
On doit l’invention du terme (mot-valise) à gé’ (frente despejada ‘front dégagé’).
Lewis Caroll, l’auteur d’Alice au pays des DESPELOTARSE, voir pelota.
merveilles : ‘portmanteau word’, en espagnol DESPENALIZACIÓN, voir pena.
palabra sandwich. Un mot-valise est obtenu DESPENSA, voir dispendio.
par le procédé de la composition qui consiste à DESPEÑADERO, voir peña.
« amalgamer deux mots sur la base d’une ho- DESPEÑAR, voir peña.
mophonie partielle, de sorte que chacun con- DESPERDICIAR, voir perder.
serve de sa physionomie lexicale de quoi être DESPERDICIO, voir perder.
reconnu. » (B. Dupriez, Gradus. Les procédés DESPERDIGAR, voir perdiz.
littéraires, collection 10/18, p. 303). Autre- DESPEREZARSE, voir pereza.
ment dit, on parle de mot-valise (ou de mot- DESPERTADOR, voir despierto.
tiroir, mot télescopé ou mot-gigogne) lorsque DESPERTAR, voir despierto.
les unités combinées ont, au moins, un seg- DESPIADADO, voir pío.
ment en commun. DESPIDO, voir despedir.
DESPAVORIDO, voir pavor. DESPIERTO (‘éveillé’ et ‘réveillé’), est issu du
DESPECTIVO, voir despecho. latin vulgaire expertus (‘éveillé’), contraction
DESPECHO (‘dépit’), est issu du latin despectus de expergitus participe de expergere ‘éveiller,
‘action de regarder de haut en bas’ d’où ‘mé- réveiller’.
pris’ et ‘paroles méprisantes’. Despectus est le Dérivés : DESPERTADOR ‘réveille-matin’. DES-
participe passé substantivé de despicere ‘mé- PERTAR ‘réveiller’.
priser’, formé avec de (signifiant ici ‘depuis le DESPILFARRAR (‘gaspiller’), est d’abord attesté
haut’) et specere (ou spicere) ‘regarder’ (voir à travers la forme despilfarrado ‘en haillons’,
espectáculo). dérivée de *pilfa ‘haillon, loque’, variante ré-
Dérivés : DESPECTIVO ‘méprisant’, ‘péjoratif’ gionale de felpa ‘peluche’, d’origine incertaine
(dérivé savant car traitement savant du groupe mais sans doute apparentée au français ‘fripe’.
kt qui donne normalement yod + t puis ch). On est passé de l’idée d’abîmer un vêtement à
DESPEDAZAR, voir pedazo. celle de gaspiller en général.
DESPEDIDA, voir despedir. Dérivés : DESPILFARRO ‘gaspillage’.
DESPILFARRO, voir despilfarrar.
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DICTAR (‘dicter’ et ‘édicter’), est emprunté au droite) et ‘habile, adroit’. Depuis longtemps
latin dictare, fréquentatif de dicere c’est-à-dire les notions de droite et de gauche sont respec-
‘dire en répétant’, ‘faire écrire’, ‘ordonner, tivement connotées de manière positive et né-
prescrire’. gative. Dans la langue des augures dexter dé-
Dérivés : DICTADO ‘dictée’, participe passé signait un présage arrivant du côté droit et
substantivé de dictar. DICTADOR ‘dictateur’, donc favorable alors que le côté gauche (sinis-
du latin dictator c’est-à-dire le magistrat qui ter > ‘sinistre’ / siniestro en espagnol) était
avait tous les pouvoirs dans certaines circons- associé à un sort malheureux. Cette croyance
tances graves. DICTADURA ‘dictature’. DICTA- se vérifie dans le Cantar de Mio Cid : ‘Allí
MEN ‘opinion, avis’, ‘rapport’ (dictamen pe- pienssan de aguijar, allí sueltan las riendas / a
ricial ‘rapport d’expertise’). la exida de Bivar ovieron la corneja diestra / e
DICHA (‘bonheur’, ‘chance’), est issu du latin entrando a Burgos oviéronla siniestra.’
dicta ‘les choses dites’, neutre pluriel de dic- L’oiseau de mauvais augure (corneja sinies-
tum ‘parole, mot’, perçu ensuite comme un tra) indique que le Cid, qui vient d’être banni,
féminin singulier en espagnol. Ce mot a sera mal reçu à Burgos (voir siniestro).
d’abord signifié ‘destinée, sort’ et était con- Dérivés : DESTREZA ‘adresse’.
fondu avec hado ‘destin’, issu du latin fatum DIETA (1) (‘diète’ et ‘régime’ ; ‘indemnités’), est
participe passé du verbe fari ‘dire, parler’. On emprunté au bas latin diaeta ‘régime, absti-
croyait en effet qu’au moment de la naissance nence alimentaire’ et ‘pièce, logis’, lui-même
d’un enfant, les dieux ou les Parques pronon- emprunté au grec diaita signifiant au sens
çaient certaines paroles qui conditionnaient sa large ‘manière de vivre’, ‘régime de vie’, dé-
destinée. Puis le mot dicha s’est infléchi vers rivé du verbe diaitasthai ‘suivre un régime’ et
l’idée positive de ‘destinée (heureuse)’ d’où le ‘vivre de telle ou telle manière’. Espagnol
sens de ‘bonheur’ et ‘chance’. moderne dieta adelgazante ‘régime amaigris-
Dérivés : DESDICHA ‘malheur’. DICHOSO ‘heu- sant’ et dieta baja en calorías ‘régime basses
reux’. calories’. Dieta a aussi le sens d’ « indemnité
DIDÁCTICO(A) (‘didactique’ [adjectif]), est (de déplacement) » versée à un employé, à un
emprunté au grec tardif didaktikos ‘propre à fonctionnaire ou à un parlementaire afin qu’il
instruire’, dérivé de didaskein ‘enseigner’ dont puisse se nourrir (idée de régime alimentaire)
l’origine n’est pas bien établie (peut-être appa- chaque jour, par influence probable du mot
renté au latin docere ‘enseigner’). día ‘jour’. Il existe d’ailleurs la formule dieta
Dérivés : AUTODIDACTO ‘autodidacte’. per diem ‘indemnité de séjour’.
DIDÁCTICA (substantivation au féminin) : la DIETA (2) (‘diète’, [assemblée politique dans
‘didactique’ désigne aujourd’hui l’ensemble certains pays d’Europe, Allemagne, Suède,
des techniques d’enseignement, l’art Pologne]), est emprunté au latin médiéval die-
d’enseigner (‘la didactique des langues’). ta ‘journée de travail’ dérivé de dies ‘jour’
DIENTE (‘dent’), est emprunté au latin dens, afin de traduire l’allemand ‘Tag’ qui signifie à
dentis ‘dent’ (de l’homme ou de l’animal) et, la fois ‘jour’ et ‘session’ (dans ‘Reichstag’, as-
par métaphore (analogie de forme), ‘dent (du semblée législative allemande, et ‘Landstag’
peigne, de la scie etc.)’. assemblée législative dans la plupart des états
Dérivés : DENTADURA ‘denture’. DENTAL germaniques). Corominas pense que dieta
‘dentaire’ (prótesis dental ‘prothèse den- dans ce sens est apparenté à dieta (1) — c’est-
taire’). DENTELLADA ‘coup de dent’. DENTI- à-dire issu du latin diaeta — dans la mesure
CIÓN ‘dentition’ (primera dentición ‘dents de où ce mot signifiait aussi ‘pièce où l’on vit,
lait’). DENTÍFRICO, A ‘dentifrice’ (pasta logis’ : il aurait donc pu servir à désigner
dentífrica ‘un dentifrice’), formé à partir du l’édifice abritant les assemblées délibérantes
latin fricare ‘frotter’. des pays du centre de l’Europe.
DIESEL (‘diesel’), nom commun formé à partir DIEZ (dix’), est issu du latin decem de même
du nom de l’inventeur de ce type de moteur, sens.
l’ingénieur allemand Rudolph Diesel Dérivés : DÉCADA ‘décade’ (période de dix
(1858-1913). jours mais aussi période de dix ans). DECENA
DIESTRO (‘droit’ et ‘adroit, habile’), est issu du ‘dizaine’. DECENIO ‘décennie’ (période de dix
latin dexter, dextra, dextrum ‘droit’ (qui est à ans). DÉCIMO ‘dixième’ (latin decimus). DI-
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CIEMBRE ‘décembre’, du latin december DIGNO (‘digne’), est emprunté au latin dignus
(mensis), c’est-à-dire le dixième mois du ca- ‘qui convient à’, ‘qui mérite qqch’, ‘méritant’.
lendrier romain qui débutait en mars. DIEZ- Dignus est issu de la forme impersonnelle de-
MAR ‘décimer’ est issu du latin decimare ‘pu- cet ‘il convient’.
nir de mort une personne sur dix désignée par Dérivés : DIGNARSE ‘daigner’, du latin dignari
le sort’, dérivé de decimus. ‘juger digne’. INDIGNO ‘indigne’.
DIEZMAR, voir diez. DIGRESIÓN (‘digression’), est emprunté au latin
DIFAMAR, voir fama. digressio ‘action de s’éloigner’ (en particulier
DIFERENCIA, voir diferir. de son sujet). Ce mot est dérivé du supin (di-
DIFERENTE, voir diferir. gressum) du verbe digredi ‘s’éloigner du su-
DIFERIR (‘différer’), est emprunté au latin dif- jet’, formé avec dis- (idée d’éloignement, de
fere ‘remettre à plus tard’, formé avec dis- séparation) et gredi ‘marcher, avancer’.
(préfixe privatif indiquant la direction oppo- DILACIÓN, voir diferir.
sée, la séparation) et ferre ‘porter’. Differe si- DILAPIDAR, voir lápida.
gnifie donc concrètement ‘disperser, dissémi- DILATAR, voir lato.
ner’ puis, au figuré, ‘être tiraillé, tourmenté’, DILEMA, voir lema.
‘renvoyer à plus tard’ et enfin ‘être différent’. DILIGENCIA, voir diligente.
Dérivés : DIFERENCIA ‘différence’. DIFERENTE DILIGENTE (‘diligent’), est emprunté au latin
‘différent’. DILACIÓN ‘retard’, ‘délai’, du latin diligens (‘attentif’, ‘scrupuleux’, ‘empressé’),
dilatio dérivé de dilatus, participe passé de dif- participe présent adjectivé de diligere ‘aimer,
fere. INDIFERENCIA ‘indifférence’. estimer (après choix et réflexion)’. Diligere
DIFÍCIL, voir hacer. est formé avec dis- (idée de séparation,
DIFICULTAD, voir hacer. d’éloignement) et legere ‘recueillir, ramasser’
DIFUNDIR, voir fundir. et, au figuré, ‘recueillir (par les oreilles ou par
DIFUNTO (‘défunt, disparu, feu’), est emprunté les yeux)’, d’où ‘passer en revue’, et ‘lire’. Dis
au latin defunctus (de vita) c’est-à-dire littéra- + legere signifiait donc littéralement ‘prendre
lement ‘qui s’est acquitté (de la vie)’, ‘mort’. d’un côté et de l’autre’ d’où ‘choisir’ et ‘ai-
Defunctus est le participe passé de defungi mer, estimer (après choix et réflexion)’.
(‘s’acquitter’ complètement’), formé avec de- Dérivés : DILIGENCIA ‘diligence, activité’,
(ici préfixe ou préverbe intensif indiquant ‘démarches’. PREDILECTO ‘préféré, favori’ est
l’achèvement) et fungi, verbe déponent signi- dérivé de dilecto ‘aimé, très cher’, du latin di-
fiant ‘accomplir’, ‘s’acquitter de’. En français, lectus ‘chéri, aimé’, participe du verbe dili-
l’adjectif ‘feu(e)’ dans ‘feu la reine’ (la difun- gere.
ta reina) est issu du latin vulgaire fatutus ‘qui DILUIR (‘diluer, délayer’), est emprunté au latin
a accompli sa destinée’ dérivé du latin clas- diluere ‘détremper’, ‘délayer’, ‘dissoudre’ et,
sique fatum ‘destin’ (espagnol hado). au figuré, ‘diminuer’, ‘dissiper’, formé avec
Dérivés : DEFUNCIÓN ‘décès’. dis- (préfixe négatif) et luere ‘laver, baigner’
DIFUSO, voir fundir. c’est-à-dire ‘laver au point de faire disparaître
DIGERIR (‘digérer’), est emprunté au latin dige- (un corps)’.
rere, littéralement ‘porter de différents côtés’ Dérivés : ALUVIÓN ‘alluvion’ et ‘crue, inonda-
d’où les sens de ‘diviser, séparer’ et de ‘répar- tion’, du latin alluvio ou adluvio de même
tir’. Ce verbe est formé avec dis- (idée de sé- sens, dérivé de alluere ou adluere ‘venir
paration) et gerere ‘porter’. Le mot s’est en- mouiller, baigner’.
suite spécialisé dans le vocabulaire médical DILUVIO, voir diluir.
avec l’idée de répartition des aliments dans DIMENSIÓN, voir medir.
l’organisme. DIMINUTIVO, voir mengua.
Dérivés : DIGESTIÓN ‘digestion’. INDIGESTO DIMINUTO, voir mengua.
‘indigeste’. DIMISIÓN, voir meter.
DIGESTIÓN, voir digerir. DIMITIR, voir meter.
DIGITAL, voir dedo. DINÁMICO (‘dynamique’), est emprunté au grec
DÍGITO, voir dedo. dynamikos ‘puissant, efficace’, dérivé de dy-
DIGNARSE, voir digno. namis ‘force’.
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Dérivés : DIPUTACIÓN ‘députation’ et équiva- qui pique les disques’ avec l’aiguille ou saphir
lent de notre ‘conseil général’ dans diputa- des vieux tourne-disques).
ción provincial. DISCOGRAFÍA, voir disco.
DIQUE (‘digue’, ‘bassin de radoub’, ‘dock’), est DISCOGRAFICO(A), voir disco.
emprunté au néerlandais dijk de même sens. DISCONFORME, voir forma.
DIRECCIÓN, voir dirigir. DISCONTINUO, voir continuo.
DIRECTIVO, voir dirigir. DISCORDANCIA, voir corazón.
DIRECTO, voir derecho. DISCORDIA, voir corazón.
DIRIGIR (‘diriger’), est emprunté au latin diri- DISCOTECA, voir disco.
gere ‘mettre en ligne’, ‘aligner’ d’où, au figu- DISCRECIÓN, voir cerner.
ré, ‘régler, ordonner’. Dirigere est dérivé de DISCRECIONAL, voir cerner.
regere ‘mener, guider’ auquel on a adjoint le DISCREPANCIA, voir discrepar.
préfixe dis- généralement privatif mais qui, DISCREPAR (‘diverger, être en désaccord’), est
comme ici, peut servir simplement à renforcer emprunté au latin discrepare ‘rendre un son
le sens du verbe simple. différent, discordant’ et ‘ne pas être d’accord,
Dérivés : DIRECCIÓN ‘direction’. DIRECTIVO différer’. Dérivé avec le préfixe dis- (privatif)
(adjectif) ‘directif’, ‘directeur’ ; (substantif) de crepare ‘craquer, claquer’, ‘retentir’ et
‘cadre de direction’, ‘responsable’ (los direc- ‘faire sonner, faire retentir’.
tivos de la empresa ‘les cadres supérieurs de Dérivés : DISCREPANCIA ‘divergence’.
l’entreprise’). DISCRETO voir cerner.
DIRIMIR (‘faire cesser’, ‘régler’, ‘annuler’), est DISCRIMINAR, voir cerner.
emprunté au latin dirimere ‘partager, séparer’, DISCULPAR, voir culpa.
‘désunir’ et ‘terminer, interrompre’, formé DISCURSO, voir correr.
avec dis- (privatif) et emere ‘prendre, rece- DISCUSIÓN, voir discutir.
voir’, ‘acheter’. DISCUTIR (‘discuter’) est emprunté au latin
DISCERNIR, voir cerner. discutere ‘détacher en secouant’ et, au figuré,
DISCIPLINA, voir discípulo. ‘fouiller, débrouiller’. Ce verbe est formé avec
DISCÍPULO (‘disciple’, ‘élève’), est emprunté au dis- (à valeur intensive ici) et quatere ‘se-
latin discipulus ‘élève’, mot qui se rattache à couer’.
discere ‘apprendre’. Dérivés : DISCUSIÓN ‘discussion’.
Dérivés : DISCIPLINA ‘discipline’, du latin dis- DISECAR, voir segar.
ciplina ‘enseignement, doctrine’, ‘éducation’, DISEMINAR, voir sembrar.
‘principes, règles de vie’. DISENSIÓN, voir sentir.
DISC-JOCKEY, voir disco. DISEÑADOR, voir seña.
DISCO (‘disque’), est emprunté au latin discus DISEÑAR, voir seña.
‘palet circulaire’ lui-même pris au grec diskos DISEÑO, voir seña.
(ou dikshos) dérivé de dikein ‘lancer, jeter’. Le DISERTAR (‘disserter’), est emprunté au latin
mot disco a connu une grande fortune depuis dissertare ‘discuter, exposer’, fréquentatif de
le début du XXe siècle avec les techniques disserere ‘enchaîner des idées à la file’ d’où le
d’enregistrement du son, de l’image et des sens de ‘raisonner sur qqch’. Ce verbe est
données informatiques : disco compacto formé avec dis- et serere ‘tresser, entrelacer’
‘compact disc’, disco duro ‘disque dur’, disco et, au figuré, ‘enchaîner, joindre’.
láser ‘disque laser’. DISFRAZ, voir disfrazar.
Dérivés : DISCOGRAFÍA ‘discographie’. DIS- DISFRAZAR (‘déguiser’), est d’origine mal éta-
COGRÁFICO(A) (adjectif) ‘discographique’, blie.
substantivé aussi (ellipse du mot casa) avec le Dérivés : DISFRAZ ‘déguisement’.
sens de ‘maison de disque’ : una (casa) dis- DISFRUTAR, voir fruto.
cográfica. DISCOTECA ‘discothèque’. DIS- DISFRUTE, voir fruto.
QUETE ‘disquette (informatique)’. DISQUETE- DISGUSTAR, voir gusto.
RA ‘lecteur de disquette(s)’. DISC-JOCKEY DISGUSTO, voir gusto.
adapté aussi sous la forme PINCHADISCOS ou DISIDENTE (‘dissident’), est emprunté au latin
plus simplement PINCHA (littéralement ‘celui dissidens participe présent de dissidere ‘être
séparé, éloigné’ et, au figuré, ‘être en désac-
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cord’. Ce verbe est formé avec dis- (privatif, vé dispensatio ‘administration’ et ‘modéra-
idée d’éloignement) et sedere ‘être assis’ et tion’.
‘se tenir’. Dérivés : DISPENSA ‘dispense’. INDISPEN-
DISIMULAR, voir semejar. SABLE ‘indispensable’.
DISIPAR(SE) (‘se dissiper’, ‘s’évaporer’ ; ‘dissi- DISPENSA, voir dispensar.
per’ [fumée, fortune]), est emprunté au latin DISPERSAR, voir esparcir.
dissipare (‘répandre çà et là’, ‘disperser’, ‘dé- DISPERSIÓN, voir esparcir.
truire’), formé avec dis- (privatif, idée de sé- DISPERSO, voir esparcir.
paration) et le verbe *supare (très rare) ‘jeter’. DISPLICENCIA, voir placer.
DISLOCAR, voir lugar. DISPLICENTE, voir placer.
DISMINUIR, voir mengua. DISPONER, voir poner.
DISOCIAR, voir socio. DISPONIBLE, voir poner.
DISOLVER (‘dissoudre’), est emprunté au latin DISPOSITIVO, voir poner.
dissolvere (‘séparer, désunir’, ‘faire dispa- DISPUTA, voir disputar.
raître, anéantir’), formé avec dis- (intensif) et DISPUTAR (‘disputer, discuter’), est emprunté au
solvere ‘dissoudre, désagréger’. latin disputare ‘mettre au net après examen et
DISPARAR, voir parar. discussion’ d’où ‘examiner une question point
DISPARATE (‘sottise, idiotie, absurdité’), est une par point’. Formé avec dis- et putare ‘net-
altération de l’ancienne forme desbarate toyer’ d’où le sens de ‘mettre au net’. Putare
(remplacée en espagnol moderne par desbara- signifiait d’abord concrètement ‘tailler, ‘éla-
tamiento) avec le sens de ‘désordre, confu- guer, émonder’ puis, par extension, ‘nettoyer’
sion’. Cette altération est sans doute due à (voir apodar et amputar).
l’influence du verbe disparar au sens ancien Dérivés : DISPUTA ‘dispute’.
de ‘commettre des actes irraisonnés, ab- DISQUETE, voir disco.
surdes’. Desbarate est le déverbal de desbara- DISQUETERA, voir disco.
tar ‘gaspiller’, ‘dissiper’, ‘bouleverser, dé- DISTANCIA, voir estar.
faire’, ‘détruire’, ‘mettre en déroute’. Desba- DISTANCIAR, voir estar.
ratar est un dérivé de l’ancien verbe baratar DISTAR, voir estar.
dont l’origine n’est pas établie (voir aussi ba- DISTENSIÓN, voir tender.
rato). DISTINCIÓN, voir distinguir.
Dérivés : DISPARATAR ‘déraisonner’. DISTINGUIDO, voir distinguir.
DISPARO, voir parar. DISTINGUIR (‘distinguer’) est emprunté au latin
DISPENDIO (‘gaspillage’), est emprunté au latin distinguere ‘séparer, diviser’ et, au figuré,
dispendium (‘dépense, frais, dommage’) déri- ‘différencier, nuancer’. Formé avec dis- (idée
vé de dispendere ‘distribuer’, formé avec dis- de séparation) et stingere, issu d’une forme
et pendere ‘laisser pendre les plateaux d’une supposée *stigare signifiant ‘piquer’. Distin-
balance’, ‘peser’ et ‘payer’ car ce mot guere signifie donc littéralement ‘séparer par
s’appliquait à la monnaie que l’on pesait avant une marque enfoncée, par une piqûre’.
de payer. Dérivés : DISTINCIÓN ‘distinction’. DISTIN-
Dérivés : DESPENSA ‘garde-manger’, ‘provi- GUIDO ‘distingué’ employé dans les en-têtes
sions’. EXPENDER ‘dépenser’, ‘débiter’, du la- de lettres : Distinguido señor ‘Cher Mon-
tin expendere. EXPENDEDURÍA ‘débit, bureau’ sieur’. DISTINTIVO (adjectif) ‘distinctif’ et
(expendeduría de tabaco ‘bureau de tabac’). (substantif) ‘signe distinctif’. DISTINTO ‘dis-
EXPENSAS ‘dépens’ (a expensas de ‘aux dé- tinct’, ‘différent’.
pens de’, ‘à la charge de’). DISTINTIVO, voir distinguir.
DISPENSAR (‘dispenser’ [attribuer et exempter] ; DISTINTO, voir distinguir.
‘pardonner’), est emprunté au latin dispensare DISTORSIÓN, voir torcer.
(‘partager, distribuer de l’argent’, ‘adminis- DISTRACCIÓN, voir traer.
trer, régler, gouverner’), formé sur le supin DISTRAER, voir traer.
(dispensum) de dispendere ‘distribuer’ (voir DISTRIBUCIÓN, voir atribuir.
dispendio). D’après Corominas, le sens ‘dis- DISTRIBUIR, voir atribuir.
penser d’une obligation’ proviendrait du déri- DISTRITO (‘secteur, territoire, arrondissement’),
est emprunté au bas latin districtus ‘division
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territoriale’, dérivé du supin (districtum) du ‘monnaie étrangère’ est sans doute un emprunt
verbe distringere (‘séparer’, ‘maintenir à à l’allemand Devise apparu vers 1830. On im-
l’écart’, ‘retenir’), issu de stringere ‘serrer, primait des ‘devises’ (c’est-à-dire de brèves
resserrer, lier’, préfixé avec dis- (idée de divi- formules) sur les formulaires servant à chan-
sion, de séparation). ger de l’argent, d’où, par métonymie, le sens
DISTURBIO, voir turbar. d’argent appliqué au mot divisa et plus parti-
DISUADIR, voir persuadir. culièrement celui de ‘devise étrangère’ (idée
DISUASIÓN, voir persuadir. de change). DIVISAR ‘distinguer, apercevoir’
DISUASIVO, voir persuadir. est aussi un dérivé de divisus ‘séparé, divisé’
DISUASORIO, voir persuadir. car ‘distinguer, apercevoir qqch au loin’ c’est
DIURNO, voir día. en quelque sorte pouvoir la séparer du reste.
DIVA, voir dios. DIVISIÓN ‘division’. DIVISORIO, A dans línea
DIVAGAR, voir vago. divisoria de aguas ‘ligne de partage des
DIVÁN (‘divan, canapé’), provient du turc diwán eaux’. INDIVIDUO ‘individu’, de l’adjectif latin
‘conseil politique’ et ‘salle de conseil garnie individuus ‘indivisible’, ‘qu’on ne peut pas
de coussins’, lui-même emprunté au persan couper’, formé avec in- (privatif) et dividuus
diwan ‘registre’, ‘liste’ et ‘bureau, administra- ‘divisible’, ‘divisé’ issu de dividere. Indivi-
tion’ (voir aussi aduana). duo gardera assez longtemps le sens d’ « élé-
DIVERGENCIA, voir divergir. ment indivisible » ou même celui d’ « indivi-
DIVERGIR (‘diverger’), est emprunté au bas latin duel » (moderne individual). C’est à partir du
divergere ‘pencher, incliner’, formé avec dis- XVIIe siècle qu’il désignera un membre de
(privatif) et vergere ‘être tourné vers’, littéra- l’espèce humaine. Au XVIIIe siècle, il entrera
lement ‘être tourné en sens opposé’ c’est-à- dans le vocabulaire de la biologie (‘être orga-
dire ‘diverger’. nisé et autonome qui ne peut être divisé sans
Dérivés : DIVERGENCIA ‘divergence’. être détruit’).
DIVERSO, voir verter. DIVINO, voir dios.
DIVERTIR, voir verter. DIVISA, voir dividir.
DIVIDENDO, voir dividir. DIVISAR, voir dividir.
DIVIDIR (‘diviser’), est issu du latin dividere DIVISIÓN, voir dividir.
‘partager, répartir’, formé avec di- et d’un DIVISORIO, A, voir dividir.
verbe *videre non attesté à l’état simple. DIVO, voir dios.
Dérivés : DIVIDENDO ‘dividende’, du bas latin DIVORCIARSE, voir verter.
dividendus ‘nombre à diviser par un autre’, is- DIVORCIO, voir verter.
su après substantivation de l’adjectif verbal DIVULGAR, voir vulgo.
dividendus ‘à diviser’, de dividere. Ce mot a DOBLAJE, voir dos.
été introduit au XVIIIe siècle dans le vocabu- DOBLAR, voir dos.
laire de la finance où il désigne les bénéfices DOBLE, voir dos.
obtenus par les actionnaires d’une entreprise DOBLEGAR, voir dos.
(emploi métaphorique moderne : los dividen- DOBLEZ, voir dos.
dos de la paz ‘les dividendes de la paix’). DI- DOCE, voir dos.
VISA ‘devise’ est formé d’après divisus, a, um DOCENA, voir dos.
‘séparé, divisé’, participe adjectivé de dividere DOCENTE, voir doctor.
‘diviser’. Divisa a d’abord désigné, dans le DÓCIL, voir doctor.
langage du blason, une bande de l’écu, d’où le DOCTO, voir doctor.
sens de ‘signe distinctif’. Par transfert de sens DOCTOR (‘docteur’), est emprunté au latin doc-
(contiguïté de sens, métonymie), le même mot tor (‘maître’, ‘celui qui enseigne’), issu de do-
a désigné la brève formule qui accompagne les cere ‘enseigner’.
armoiries d’un roi, d’un noble etc. En espa- Dérivés : DOCENTE ‘enseignant’ (adjectif) :
gnol moderne, divisa a les sens suivants : cuerpo docente ‘corps enseignant’. DÓCIL
‘emblème, insigne’, ‘signe distinctif’ ; ‘devise, ‘docile’, du latin docilis ‘qui apprend facile-
sentence’ (en termes de blason). Au sens plus ment, disposé à s’instruire’ puis ‘obéissant’.
général (‘sentence, maxime’), divisa est rem- DOCTO ‘savant’, ‘docte’, du latin doctus ‘qui a
placé par lema (voir ce mot). Enfin le sens de appris’, participe passé passif de docere. DOC-
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TORANDO ‘(un) doctorant’ — c’est-à-dire un plusieurs fois’ (un pícaro redomado ‘un fief-
candidat au doctorat —, gérondif substantivé fé fripon’).
du verbe doctorar. DOCTORAR ‘conférer le DOMESTICAR, voir doméstico.
titre de docteur’, ‘être reçu docteur’. DOCTRI- DOMÉSTICO (‘domestique’, ‘ménager’) est
NA ‘doctrine’. DOCUMENTACIÓN ‘documenta- emprunté au latin domesticus ‘de la maison, de
tion’. DOCUMENTAL ‘documentaire’ (adjectif la famille’, dérivé de domus ‘maison’.
et substantif). DOCUMENTAR ‘documenter’. Dérivés : DOMESTICAR ‘domestiquer’. DOMI-
DOCUMENTO ‘document’, du latin documen- CILIO ‘domicile’, emprunté au latin domici-
tum ‘enseignement, modèle, démonstration, lium ‘habitation’.
leçon’. INDOCUMENTADO ‘sans papiers’, ‘sans DOMICILIO, voir doméstico.
pièces d’identité’. DOMINAR, voir dueño.
DOCTORANDO, voir doctor. DOMINGO, voir dueño.
DOCTORAR, voir doctor. DOMINGUERO, voir dueño.
DOCTRINA, voir doctor. DOMINIO, voir dueño.
DOCUMENTACIÓN, voir doctor. DOMINÓ, voir dueño.
DOCUMENTAL, voir doctor. DON (1) (‘don’, ‘présent’ et ‘talent’), est issu du
DOCUMENTAR, voir doctor. latin donum ‘don’, dérivé de dare ‘donner’. El
DOCUMENTO, voir doctor. don de gentes ‘le don de plaire’ ; el don de
DOGMA (‘dogme’), est emprunté au latin dogma lenguas ‘le don des langues’.
‘doctrine’, ‘thèse’, ‘croyance orthodoxe’, lui- DON (2) (‘monsieur’), voir dueño.
même pris au grec dogma (‘ce qui paraît bon’, DONACIÓN, voir donar.
‘opinion’ et ‘doctrine philosophique’), dérivé DONAIRE, voir donar.
de dekein ‘sembler, paraître (bon)’. DONANTE, voir donar.
Dérivés : DOGMÁTICO ‘dogmatique’. DONAR (‘faire don’, ‘offrir’), est issu du latin
DOGO (‘dogue’), est emprunté à l’anglais dog donare ‘faire don’, dérivé de donum ‘don’,
‘chien’. Il semble que dog désignait à l’origine lui-même issu de dare ‘donner’. En espagnol,
une race particulière de chiens anglais. Le donar s’est spécialisé par rapport à dar. On
terme générique était hound qui est au- l’utilise essentiellement dans le langage juri-
jourd’hui spécialisé (‘chien de meute’). dique ou savant.
DÓLAR (‘dollar’), est emprunté à l’anglo- Dérivés : DONACIÓN ‘donation’ ou ‘don’ : do-
américain dollar (anciennement daller ou dol- nación de sangre ‘don de sang’ ; donación
ler), issu du bas allemand daler (XVIe siècle), inter ou entre vivos ‘donation entre vifs’,
allemand moderne taler ou thaler ‘monnaie c’est-à-dire que les effets de la donation se fe-
d’argent’. ront sentir du vivant des personnes et non à
DOLENCIA, voir doler. leur mort. DONAIRE ‘grâce, élégance, allure’,
DOLER(SE) (‘avoir mal’, ‘faire mal’ ; ‘[se] emprunté au bas latin donarium ‘don, ca-
plaindre), est issu du latin dolere ‘souffrir’. deau’ : ce mot a fini par désigner le plus beau
Dérivés : DOLENCIA ‘indisposition’, ‘maladie’. des dons que la nature puisse offrir c’est-à-
DOLOR ‘douleur’, du latin dolor de même dire la grâce (donarium > donairo puis do-
sens. DOLOROSO ‘douloureux’. DUELO ‘deuil’, naire sous l’influence de aire). DONANTE
du bas latin dolus ‘douleur’ (latin classique ‘donneur’ (donante de sangre ‘donneur de
dolor, doloris). INDOLENTE ‘indolent’, du latin sang’). DONOSO ‘enjoué, spirituel, drôle’.
indolens, littéralement ‘qui ne souffre pas’ PERDONAR ‘pardonner’, du latin tardif perdo-
puis ‘mou, paresseux’. nare formé avec per- (préverbe à valeur inten-
DOLOR, voir doler. sive) et donare ‘accorder son pardon’.
DOLOROSO, voir doler. PERDÓN ‘pardon’, déverbal de perdonar.
DOMADOR, voir domar. DONDE (‘où’ [adverbe et relatif de lieu]), est issu
DOMAR (‘dresser’, ‘dompter’), est issu du latin du latin unde signifiant ‘d’où’ > onde en vieil
domare ‘apprivoiser, soumettre’. espagnol. L’idée d’origine n’ayant plus été
Dérivés : DOMADOR ‘dompteur’, ‘dresseur’. perçue dans onde, elle a été rajoutée une 1re
INDÓMITO ‘indompté’. REDOMADO ‘fieffé’ fois au moyen de la préposition de : de + onde
c’est-à-dire ‘celui que l’on a voulu dompter > donde avec le sens de ‘d’où’ dans la vieille
langue : el lugar donde vengo ‘le lieu d’où je
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viens’. Donde est devenu statique à son tour français endosser, d’abord ‘mettre sur son
malgré la surmotivation apportée par la prépo- dos’ puis, dans le vocabulaire commercial,
sition de : el lugar donde estoy ‘le lieu où je ‘écrire au dos d’un document’, par exemple
suis’. Il a donc fallu ajouter une 2e fois la signer au dos d’un chèque afin que la banque
même préposition pour bien signifier la pro- puisse l’encaisser.
venance : el lugar de donde vengo ‘le lieu DOS (‘deux’), est issu du latin duos, accusatif
d’où je viens’. Au total, l’idée d’origine est masculin pluriel de duo ‘deux’.
contenue trois fois dans de donde. Dérivés : DESDOBLAR ‘déplier’, ‘dédoubler’.
Dérivés : DONDEQUIERA ‘n’importe où, par- DOBLAR ‘plier, courber’. DOBLE ‘double’ (du
tout où’ est formé avec le subjonctif présent latin duplus ‘deux fois aussi grand’). DOBLAJE
du verbe querer (littéralement ‘où l’on vou- ‘doublage (d’un film, d’un acteur)’ : el do-
dra’ → ‘n’importe où’). Voir à ce sujet cual- blaje a Sylvester Stallone ‘le doublage de
quiera. Sylvester Stallone’. DOBLEGAR ‘plier, faire
DOÑA, voir dueño. fléchir, soumettre’. DOBLEZ ‘duplicité, fausse-
DOPAR (‘doper’), est l’adaptation de l’anglo- té’. DOCE ‘douze’, du latin duodecim, compo-
américain to dope ‘droguer, stimuler’, dérivé sé avec duo et decim ‘dix’. DOCENA ‘dou-
argotique de dope (fin du XIXe siècle) avec zaine’. DOSCIENTOS, voir ciento. DUALIDAD
d’abord le sens d’ « enduit » puis celui de ‘dualité’. DÚO ‘duo’ (cantar a dúo ‘chanter en
‘drogue, narcotique’, issu du néerlandais doop duo’). DUODENO ‘duodénum’, est emprunté au
‘sauce’. latin médiéval des médecins duodenum. En
Dérivés : DOPAJE et DOPING ‘dopage’ (control fait il s’agit de l’abréviation de duodenum di-
antidoping / antidopaje ‘contrôle antido- gitorum ‘de douze doigts’. Cette partie de
page’). l’intestin grêle était mesurée en 12 travers de
DORADA, voir oro. doigt par les médecins de l’époque. DÚPLEX
DORAR, voir oro. ‘duplex’, est emprunté tardivement (fin du
DORMIDERA, voir dormir. XIXe siècle) au latin duplex ‘double, partagé
DORMIDERO, voir dormir. en deux’, synonyme de duplus ‘double’, formé
DORMIR (‘dormir’), est issu du latin dormire de avec duo ‘deux’ et plicare ‘plier’. Ce mot est
même sens. utilisé aujourd’hui pour désigner un ‘apparte-
Dérivés : DORMIDERA ‘pavot’ (amapola de ment sur deux étages’ et dans les télécommu-
dormidera ‘fleur de pavot’ dont les propriétés nications ou transmissions télévisées (conver-
narcotiques [opium] sont bien connues). sation entre deux personnalités dans des stu-
DORMIDERO ‘soporifique’. DORMITAR ‘som- dios de télévision différents) DUPLICADO ‘du-
meiller’. DORMITORIO ‘chambre à coucher’, plicata, double’ (por duplicado ‘en double
‘dortoir’. DUERMEVELA ‘demi-sommeil’ (litté- exemplaire’). DUPLICAR ‘doubler, multiplier
ralement ‘dormir’ et ‘veiller’). DURMIENTE par deux’. DUPLICIDAD ‘duplicité’, ‘fausseté’.
‘dormant’ (la Bella del Bosque Durmiente REDOBLE ‘roulement (de tambour)’, formé
‘la belle au bois dormant’). avec le préfixe re- à valeur intensive et itéra-
DORMITAR, voir dormir. tive qui multiplie et amplifie le sens de doble.
DORMITORIO, voir dormir. DOSCIENTOS, voir ciento.
DORSO (‘dos’), est issu du latin dorsum de même DOSIS, voir dar.
sens. Ce mot est à rattacher à deorsum formé DOSIFICAR, voir dar.
avec de- et vorsum ou versum qui signifie DOSSIER (‘dossier’), est emprunté au français
‘vers, dans la direction de’. Deorsum veut dossier ‘ensemble de pièces relatives à une af-
donc dire ‘vers le bas’, ‘en bas’ car le dos est faire’ et dérivé de dos (d’un livre) : dossier
la partie du corps qui penche vers le bas. Il a adopción ‘dossier adoption’. On préfère par-
existé en vieil espagnol la forme yuso ou ayu- fois le terme expediente quand il s’agit d’un
so issue du latin deorsum et qui signifiait aussi dossier officiel. Dossier reste invariable en
‘vers le bas’ ; elle s’opposait à suso ‘en haut, nombre (los dossier). Pour ‘dossier médical’
vers le haut’ (latin sursum). En français de + on dira historial clínico et pour ‘dossier sco-
sursum > desursum > ‘dessus’. laire’ expediente académico. En droit ‘ins-
Dérivés : ADOSAR ‘adosser’ (emprunté au truire un dossier’ instruir un sumario.
français adosser). ENDOSAR ‘endosser’, du DOTAR, voir dote.
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DOTE (‘dot’ et ‘don, aptitude’), est emprunté au ‘faire couler/rouler le ballon par petits coups
latin dos, dotis ‘bien apporté’ par l’épouse’ et, de pied successifs’).
en bas latin, ‘qualités, mérites de qqn ou de DROGA (‘drogue’), est d’origine mal établie.
qqch’, dérivé de dare ‘donner’. Peut-être issu du moyen néerlandais droge
Dérivés : DOTAR ‘doter’. ‘produits séchés’ ou de l’arabe durawa ‘balle
DRACONIANO, voir dragón. de blé’. P. Guiraud remonterait plutôt au latin
DRAGA (‘drague’), est emprunté à l’anglais drag derogare ‘ôter, diminuer la valeur de’. A
‘filet de pêche (à la traîne)’, dérivé du verbe to l’origine, droga pourrait donc avoir signifié
drag ‘traîner’. En espagnol et en français, ce ‘chose de mauvaise qualité ou mauvaise à ab-
mot a pris le sens de ‘machine à enlever le sorber’. Le sens usuel de ‘stupéfiant’ s’est dé-
sable ou la vase d’un cours d’eau’. veloppé depuis le début du XXe siècle.
Dérivés : DRAGAR ‘draguer’. DRAGADO ‘dra- Dérivés : DROGAR ‘droguer’ et ‘doper’. DRO-
gage’, ce participe passé indique une action et GUERÍA ‘droguerie’. DROGUISTA ‘droguiste’.
non pas le résultat d’une action comme le fait DROGADICCIÓN ‘toxicomanie’. DROGADICTO
habituellement cette forme verbale (voir à ce ‘drogué, toxicomane’. DROGATA ou DROGOTA
sujet revelado de fotos ‘développement de ‘camé, toxico’.
photos’, izado de bandera ‘lever des cou- DROGADICCIÓN, voir droga.
leurs’, secado ‘séchage’, lavado ‘lavage’ DROGADICTO, voir droga.
etc.). DROGAR, voir droga.
DRAGÓN (‘dragon’), est emprunté au latin draco DROGATA, voir droga.
qui désigne à la fois un ‘serpent fabuleux’ DROGUERÍA, voir droga.
(gardien de trésor), ‘un poisson de mer incon- DROGUISTA, voir droga.
nu’, un ‘vase tortueux à faire chauffer de DROMEDARIO (‘dromadaire’), est emprunté au
l’eau’ et un ‘vieux cep de vigne’ (de forme latin dromedarius, dérivé du latin classique
tortueuse). Draco est emprunté au grec drakôn dromas, atis de même sens, lui-même pris au
‘dragon’. grec dromas (kamêlos) c’est-à-dire ‘(chameau)
Dérivés : DRACONIANO ‘draconien’, est dérivé coureur’. Dromas est de la même famille que
du nom propre Dracôn (‘le dragon’), législa- edramon ‘je courus’ (une des formes du verbe
teur d’Athènes (VIIe siècle avant J.C.) réputé trekhein ‘courir’) et que dromos ‘course’,
pour la sévérité du code pénal qu’il institua. ‘emplacement pour courir’ (voir hipódromo
DRAMA (‘drame’), est emprunté au latin tardif ‘hippodrome’).
drama ‘action théâtrale’, lui-même pris au Dérivés : SÍNDROME ‘syndrome’, est emprunté
grec drama, -atos ‘action’ et plus particuliè- au grec sundromê ‘action de réunir, réunion’.
rement au théâtre l’action sur scène, la pièce et Formé avec sun ‘ensemble’ et dromê ‘course’.
surtout la tragédie. Dérivé du verbe dran Ce mot introduit en médecine dès le XVIe
‘faire, agir’. siècle désigne aujourd’hui l’association de
Dérivés : DRAMÁTICO ‘dramatique’. plusieurs symptômes observables dans des
(DES)DRAMATIZAR ‘(dé)dramatiser’. DRAMA- maladies différentes et qui ne permet pas à elle
TIZACIÓN ‘dramatisation’ (juego de dramati- seule de déterminer la cause et la nature de la
zaciones ou juego de rol ‘jeu de rôles’). maladie (Síndrome de inmunodeficiencia
DRAMATURGO ‘dramaturge’ est emprunté au adquirida, abrégé en Sida).
grec dramatourgos ‘auteur dramatique’, formé DUALIDAD, voir dos.
avec drama et ergos (de ergon ‘action’, DUCHA (‘douche’), est emprunté au français
‘œuvre’). douche lui-même pris à l’italien doccia ‘jet
DRÁSTICO (‘drastique’), est emprunté au grec d’eau dirigé sur le corps’, déverbal de doc-
drastikos ‘actif, énergique’ (terme de méde- ciare ‘couler en jet’. Docciare remonte, par
cine), dérivé du participe passé drastos du l’intermédiaire de doccione (‘tuyau’, ‘con-
verbe dran ‘faire, agir’. duit’), au latin ductio ‘conduite’ issu de ducere
DRIBLAR (‘dribbler’), est l’adaptation de ‘conduire’.
l’anglais to dribble ‘faire couler’ et ‘goutter, Dérivés : DUCHAR(SE) ‘(se) doucher’.
dégouliner’ passé dans le langage du football DUCHO,A (‘expert, fort, orfèvre’), est issu du
vers 1860 (to dribble the ball, littéralement latin ductus ‘conduit, guidé’ c’est-à-dire ‘ha-
bile’, participe du verbe ducere ‘conduire’.
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DUDA, voir dudar. se produit pas comme dans dueño car l’accent
DUDAR (‘douter’), est issu du latin dubitare de groupe c’est-à-dire l’accent principal se
‘hésiter entre deux choses’, dérivé de dubius trouve sur le nom de personne, ici Pedro.
‘indécis’, lui-même dérivé de duo ‘deux’. DUERMEVELA, voir dormir.
Dérivés : DUDA ‘doute’. DULCE ([adjectif] ‘doux’ ; [substantif au pluriel]
DUELO (1) (‘duel’), est emprunté au bas latin ‘confiture’, ‘sucreries’), est issu du latin dulcis
duellum ‘guerre, combat’ (variante archaïque ‘doux, agréable’ désignant des choses à la sa-
de bellum ‘guerre’). Le sens primitif de veur agréable, sucrée (dulces = ‘sucreries,
‘guerre’ a été infléchi vers celui de ‘duel’ sans friandises’ en espagnol). Dulcis avait aussi des
doute sous l’influence de duo ‘deux’ (deux emplois figurés (caractère doux etc.).
combattants). Il s’agit en fait d’une étymolo- Dérivés : DULCINEA ‘Dulcinée’. DULZURA
gie populaire puisque duellum n’est pas formé ‘douceur’. EDULCORAR ‘édulcorer, adoucir’,
avec duo. du bas latin edulcorare issu de dulcor ‘dou-
DUELO (2) (‘deuil, douleur’), voir dolor. ceur’.
DUENDE (‘lutin, esprit follet’). Ce mot a d’abord DULCINEA, voir dulce.
signifié le ‘maître de maison’ car il est issu de DULZURA, voir dulce.
la contraction de duen de casa, expression DUMPING (‘dumping’), est emprunté à l’anglais
dans laquelle duen est une forme apocopée de dumping (1883) qui signifie littéralement ‘dé-
dueño (l’autre étant don). D’où le sens de charge (à ordures)’, correspondant au verbe to
‘esprit qui habite une maison’ et ‘lutin’, ‘gé- dump ‘décharger’, ‘déverser’, ‘laisser tomber
nie’. lourdement’ et qui s’est spécialisé en écono-
DUEÑO (‘maître’, ‘propriétaire’), est issu du latin mie pour signifier ‘exporter ou déverser sur le
dominus ‘maître (de maison)’, formé sur do- marché une grande quantité de produits à bas
mus ‘maison’. prix’ de façon à exercer une très forte concur-
Dérivés : DOMINAR ‘dominer’, du latin domi- rence.
nari ‘être maître’, ‘régner’. DOMINGO ‘di- DUNA (‘dune’), est emprunté à l’ancien néerlan-
manche’, est issu du latin chrétien dies domi- dais dûna, lui-même pris au gaulois *duno
nicus ‘jour du seigneur’. DOMINGUERO ‘du ‘hauteur’
dimanche’ (trajes domingueros ‘habits du DÚO, voir dos.
dimanche’ ; un conductor dominguero ou DUODENO, voir dos.
encore un dominguero ‘un conducteur du di- DÚPLEX, voir dos.
manche’). DOMINIO ‘maîtrise’, ‘autorité’, DUPLICADO, voir dos.
‘emprise’. DOMINÓ ‘domino’ est d’origine mal DUPLICAR, voir dos.
établie. Ce mot est peut-être issu de domino DUPLICIDAD, voir dos.
ablatif de dominus avec d’abord le sens de DUQUE (‘duc’), est emprunté au français duc lui-
‘pèlerine noire à capuchon, portée en hiver par même pris au latin dux ‘guide, conducteur’ et
les prêtres’. Domino pourrait être l’abréviation ‘chef’, dérivé de ducere ‘conduire’. Dans le
de benedicamus Domino ‘bénissons le Sei- bas empire romain ce mot s’est appliqué à une
gneur’, formule liturgique prononcée lorsque magistrature (gouverneur d’une province de
les prêtres revêtaient cette pèlerine. Le sens de l’Empire). Au moyen âge, il désigne le chef
‘jeu de domino’ apparaît au XVIIIe siècle : d’une armée puis celui qui a le gouvernement
l’envers des dominos étant noir, il s’agirait (la seigneurie) d’un territoire appelé ‘duché’.
d’un emploi métaphorique par analogie avec Enfin, dans la hiérarchie nobiliaire, il désigne
le capuchon noir des moines. On notera celui qui porte le titre le plus élevé après celui
l’expression efecto dominó (ou efecto de bola de prince.
de nieve) ‘effet boule de neige’. DON, parti- Dérivés : DUCADO ‘duché’ et ‘ducat’ : dans ce
cule honorifique utilisée devant un prénom et dernier sens, il s’agit d’un emprunt à l’italien
signifiant ‘monsieur’ est le traitement dit atone ducato (latin ducatus) ‘monnaie ducale, frap-
de dominum en position proclitique : dominum pée à l’effigie d’un duc’.
Petrum > domno Pedro > doño Pedro > doñ DURACIÓN, voir durar.
Pedro > don (forme apocopée). La voyelle o DURANTE, voir durar.
de doño chute comme chute le o de bueno DURAR (‘durer’), est issu du latin durare ‘durer’.
(hombre) et, par ailleurs, la diphtongaison ne Ce verbe semble construit sur la racine du-
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que l’on trouve dans dudum ‘naguère, autre- trimoine’, dérivé de oikonomos ‘qui admi-
fois’ d’où l’idée de temps, de durée. Cepen- nistre une maison, administrateur’. Formé
dant, comme ce verbe signifie aussi ‘endurer, avec oikos ‘maison’ et nomos ‘administration’.
souffrir’, ‘(se) durcir’, on pense qu’il a été Dérivés : ECONÓMICO ‘économique’, est em-
confondu avec le verbe durare (issu de durus prunté au latin oeconomicus, du grec oikono-
‘dur’) et signifiant ‘rendre dur’. Les concepts mikos ‘relatif à l’administration d’une mai-
de ‘dur’ et ‘qui dure’ sont d’ailleurs proches. son’. ECONOMISTA ‘économiste’. ECONOMI-
Dérivés : DURACIÓN ‘durée’. DURANTE ‘du- ZAR ‘économiser’.
rant, pendant’ est l’ancien participe présent de ECONÓMICO, voir economía.
durar devenu préposition (voir aussi mediar / ECONOMISTA, voir economía.
mediante ‘moyennant’). ECONOMIZAR, voir economía.
DUREZA, voir duro. ECOSISTEMA, voir ecología.
DURMIENTE, voir dormir. ECUACIÓN, voir igual.
DURO (‘dur’), est issu du latin durus ‘qui résiste ECUADOR, voir igual.
au toucher’ et, au figuré, ‘insensible’, ‘intrai- ECUESTRE, voir yegua.
table’. L’origine de durus n’est pas bien éta- ECZEMA / ECCEMA (‘eczéma’), est emprunté,
blie. par l’intermédiaire du français eczéma, au la-
Dérivés : DUREZA ‘dureté’. ENDURECER ‘en- tin médiéval eczema, lui-même pris au grec
durcir’. médical ekzema ‘éruption cutanée’, dérivé de
ekzein formé avec ek ‘hors de’ et zein ‘bouil-
lir, bouillonner’.
E ECHAR (‘jeter’), est issu du latin jactare ‘lancer,
jeter, agiter’ fréquentatif (valeur intensive) de
jacere ‘jeter’. La forme jactare qui signifiait
EBRIEDAD, voir embriagar. aussi au figuré ‘jeter qqch en avant (en toute
EBRIO, voir embriagar. occasion ou avec ostentation)’ a donné par
ECLÉCTICO, voir elegir. évolution savante le verbe jactar(se) ‘se
ECLESIÁSTICO, voir iglesia. mettre en avant’ c’est-à-dire ‘se vanter, se tar-
ECLIPSAR, voir eclipse. guer’.
ECLIPSE (‘éclipse’), est emprunté au latin impé- Dérivés : DESECHAR ‘rejeter’. DESECHO ‘re-
rial eclipsis ‘occultation passagère (d’un but’, ‘résidu’.
astre)’, lui-même pris au grec ekleipsis ‘aban- EDAD (‘âge’), est issu du latin aetas, aetatis ‘vie,
don, défection’. Le terme grec est formé avec temps que l’on vit’, contraction de l’ancienne
ek ‘hors de’ et leipein ‘laisser, abandonner’. forme aevitas elle-même dérivée de aevum
Dérivés : ECLIPSAR ‘éclipser’. ‘durée, temps’.
ECO (‘écho’), est emprunté au latin echo ‘son Dérivés : COÉTANO ‘contemporain’, du latin
répercuté’ lui-même pris au grec êchô ‘bruit, coaetanus ‘qui est du même âge’, formé avec
bruit répercuté’ et ‘rumeur populaire’. cum ‘ensemble’ et aetas ‘âge’. ETERNO ‘éter-
Dérivés : ECOGRAFÍA ‘échographie’, méthode nel’, du latin aeternus, contraction de aeviter-
d’exploration médicale enregistrant l’écho nus ‘qui dure toute la vie’, dérivé de aevus
produit par les ultrasons sur les différents tis- ‘temps (considéré dans sa durée)’, opposé à
sus de l’organisme. tempus ‘instant’. ETERNIDAD ‘éternité’. ME-
ECOLOGÍA (‘écologie’), est un emprunt à DIEVAL ‘médiéval’, dérivé savant apparu au
l’allemand Okologie, composé à partir du grec XXe siècle du latin medium aevum ‘moyen
oikos ‘maison, habitat’ et de logos ‘discours, âge’. On peut aussi penser à un emprunt à
traité’. C’est donc l’étude du milieu où vivent l’anglais mediaeval qui existe dès 1827.
les êtres vivants. Ce terme a été créé en 1866 EDECÁN (‘aide de camp’). Ce terme, apparu au
par le zoologiste E.H.Haeckel. XVIIIe siècle, est l’adaptation du français aide
Dérivés : ECOLOGISTA ‘écologiste’. ECOSIS- de camp. On remarquera que l’accent de grou-
TEMA ‘écosystème’. pe du français [aide-de-cámp] est bien marqué
ECONOMÍA (‘économie’), est emprunté au bas sur le a en espagnol.
latin oeconomia lui-même pris au grec oiko- EDÉN (‘éden’), est emprunté à l’hébreu eden,
nomia ‘administration d’une maison, d’un pa- nom du jardin où vécurent Adam et Eve. Con-
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fondu avec le nom commun hébreu adanim EFEBO (‘éphèbe’), est emprunté au latin ephe-
‘délices’ (pluriel de eden), ce mot a pris en bus, du grec ephêbos ‘qui est arrivé à l’âge
grec et en latin le sens de ‘volupté’, ‘délices’. d’homme’. Ce mot est formé à partir de hêbê
EDICIÓN (‘édition’), est emprunté au latin impé- ‘jeunesse’, ‘vigueur’, ‘puberté’.
rial editio ‘production’ et plus particulière- EFECTISMO, voir efecto.
ment ‘établissement de texte’, formé sur edi- EFECTISTA, voir efecto.
tum, participe passé au neutre de edere ‘pro- EFECTIVO, voir efecto.
duire, mettre au jour’. EFECTO (‘effet’), est emprunté au latin effectus
Dérivés : EDITOR ‘éditeur’. EDITAR sans doute ‘exécution, réalisation’, ‘vertu, force’, ‘résul-
par l’intermédiaire du français éditer. EDITO- tat’, formé sur effectum supin du verbe efficere
RIAL ‘éditorial’ : una (casa) editorial ‘une ‘produire un effet’, composé de ex- et de fa-
maison d’édition’. INÉDITO ‘inédit’ est un em- cere ‘faire’.
prunt savant au latin ineditus formé avec in- Dérivés : COEFICIENTE ‘coefficient’, est formé
(privatif) et editus, littéralement ‘qui n’a pas avec co- (latin cum ‘avec, ensemble’) et efi-
été publié’. ciente (voir ce terme plus bas) : littéralement
EDIFICACIÓN, voir edificar. ‘deux éléments (mathématiques) concourent à
EDIFICAR (‘construire’), est emprunté au latin produire un résultat’. Ce terme mathématique
aedificare ‘construire’, composé de aedes est apparu au XVIIIe siècle et désignait à
‘maison’ (à l’origine ‘foyer’) et de facere l’origine un nombre qui multiplie la valeur
‘faire’. Aedificare a pris en latin chrétien le d’une quantité algébrique. Le sens courant se-
sens de ‘faire grandir dans la foi’. Ce sens mo- ra ensuite celui de ‘facteur, pourcentage’ et
ral se conserve dans edificar con su ejemplo ‘valeur relative d’une épreuve d’examen’.
‘édifier (qqn) par son exemple’. EFECTISMO ‘effet, tape-à-l’œil’. EFECTISTA
Dérivés : EDIFICACIÓN ‘construction’, ‘édifi- dans pintura efectista ‘peinture en trompe-
cation’. EDIFICIO ‘bâtiment’ est emprunté au l’œil’ et título / tema efectista ‘titre / sujet ra-
latin aedificium de même sens, tiré de aedifi- coleur’. EFECTIVO ‘effectif’ est emprunté au
care ‘édifier, construire’. latin effectivus ‘qui produit’, ‘pratique’, ‘qui
EDIFICIO, voir edificar. exprime un effet’. Le sens d’ « argent comp-
EDITAR, voir edición. tant, liquide ou espèces », dans dinero efecti-
EDITOR, voir edición. vo s’explique par le caractère palpable, effec-
EDITORIAL, voir edición. tif c’est-à-dire bien réel du paiement. Enfin
EDREDÓN (‘édredon’), est emprunté au français l’acception ‘effectifs (militaires, policiers)’
édredon, lui-même pris au danois ederduun, vient du fait que ce mot a d’abord servi à dési-
formé avec eder ‘eider’, ‘canard des pays nor- gner les soldats réellement présents dans une
diques’ et duun ‘duvet’. unité. Par extension, ce mot désigne mainte-
EDUCACIÓN, voir educar. nant le nombre réglementaire des hommes
EDUCACIONAL, voir educar. constituant une formation : efectivos poli-
EDUCANDO, voir educar. ciales ‘effectifs de police’. EFECTUAR ‘effec-
EDUCAR (‘éduquer’), est emprunté au latin tuer’. EFICAZ ‘efficace’ est emprunté au latin
educare ‘élever, instruire’, de ducere ‘tirer à efficax ‘qui produit l’effet attendu’, dérivé de
soi’, d’où ‘conduire, mener dans l’instruction’, efficere. EFICACIA ‘efficacité’. EFICIENTE ‘ef-
dérivé de dux ‘chef’. ficace’ est emprunté au latin efficiens ‘qui
Dérivés : EDUCANDO ‘élève’ et ‘enfant de produit un effet’. La différence d’emploi entre
troupe’, gérondif substantivé de educar. EDU- eficaz et eficiente : una secretaria eficiente /
CACIÓN ‘éducation’, du latin educatio ‘action un remedio eficaz.
d’élever des animaux, des plantes’ et ‘instruc- EFECTUAR, voir efecto.
tion, formation de l’esprit’ (tiré de educatum, EFEMÉRIDES, voir efímero.
supin de educare). EDUCACIONAL et EDUCA- EFERVESCENTE, voir hervir.
TIVO éducatif’ (cadena educacional ‘chaîne EFICACIA, voir efecto.
[de télévision] éducative’). REEDUCAR ‘réédu- EFICAZ, voir efecto.
quer’. EFICIENTE, voir efecto.
EDUCATIVO, voir educar. EFIGIE, voir fingir.
EDULCORAR, voir dulce.
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lui-même pris au grec elektron ‘alliage d’or et et, en bas latin, ‘pièce de vers’, ‘petit poème
d’argent’ et ‘ambre’, dérivé de elektor ‘bril- pastoral’, emprunté au grec eklogê ‘choix’ et
lant’. ‘pièce choisie’. ELECCIÓN ‘élection’. ELECTO
Dérivés : ELECTRICIDAD ‘électricité’ (XVIIIe ‘élu’ (du latin electus, participe passé de eli-
siècle). ELECTROCUTAR ‘électrocuter’ (de gere), employé seulement comme adjectif :
l’anglais to electrocute). ELECTROCUCIÓN presidente electo ‘président élu’. Elegido,
‘électrocution’ (anglais electrocution). forme moderne du participe passé de elegir a
ELECTRÓN ‘électron’, est emprunté au grec été refaite par analogie avec les participes pas-
elektron (voir plus haut). C’est au XXe siècle sés faibles des verbes en -er ou -ir. ELECTOR
que le mot va acquérir la valeur de ‘particule ‘électeur’. ELECTORADO ‘corps électoral’.
électrique élémentaire’. ELECTRÓNICO ‘élec- ELECTORAL ‘électoral’ : colegio electoral
tronique’. Eléctrico a produit un très grand ‘bureau de vote’. SELECCIÓN ‘choix’, ‘sélec-
nombre de mots dérivés tels que ELECTRO- tion’ (selección natural ‘sélection naturelle’),
CHOQUE ‘électrochoc’ ELECTROCARDIOGRA- du latin selectio ‘choix’, dérivé de selectum
MA ‘électrocardiogramme’, ELECTRODOMÉS- supin de seligere ‘choisir et mettre à part’,
TICO ‘électroménager’, ELECTROENCEFALO- formé avec se- (indiquant la séparation) et le-
GRAMA ‘électroencéphalogramme’ etc. gere ‘ramasser, cueillir’, ‘choisir’. SELECTIVI-
ELECTRÓN, voir eléctrico. DAD ‘sélection’ (à l’Université). SELECTIVO
ELECTRÓNICO, voir eléctrico. ‘sélectif’. SELECTO ‘choisi’ (poesías selectas
ELECTROCUTAR, voir eléctrico. ‘poésie choisies’).
ELECTROCUCIÓN, voir eléctrico. ELEMENTO (‘élément’), est emprunté au latin
ELEFANTE (‘éléphant’), est emprunté au latin elementum surtout employé au pluriel avec le
elephas, elephantis ‘éléphant’ et ‘éléphantia- sens de ‘principes’, ‘connaissances élémen-
sis’, sorte de lèpre provoquant une augmenta- taires’, mot d’origine inconnue.
tion considérable du volume du membre at- ELEPÉ (‘album [de disques]’), représente la
teint. prononciation à l’espagnole de l’abréviation
Dérivés : ELEFANTIASIS ‘éléphantiasis’, est un L.P., abréviation finalement redéployée qui
emprunt savant au latin elephantiasis ‘lèpre correspond à l’anglais long play désignant un
tuberculeuse’. disque de longue durée avec plusieurs titres et
ELEFANTIASIS, voir elefante. s’opposant à single (sencillo en espagnol),
ELEGANCIA, voir elegante. c’est-à-dire l’ancien ‘45 tours’ avec un ou
ELEGANTE (‘élégant’), est emprunté au latin deux titres seulement. Le disque compact nu-
elegans ‘qui sait choisir’ et ‘distingué’, an- mérique a rendu caduques les dénominations
cienne forme de participe présent apparentée à ‘33 tours’ et ‘45 tours’ qui correspondaient
legere ‘cueillir’, ‘choisir’, ‘rassembler’ et aux vitesses utilisées pour lire les disques en
‘lire’. vinyle.
Dérivés : ELEGANCIA ‘élégance’. ELEVACIÓN, voir levar.
ELEGÍA (‘élégie’), est emprunté au latin elegia ELEVALUNAS, voir levar.
de même sens, lui-même pris au grec elegeia ELEVAR, voir levar.
dérivé de elegos ‘chant de deuil’ dont l’origine ELIMINACIÓN, voir eliminar.
n’est pas élucidée. ELIMINAR (‘éliminer’), est emprunté au latin
ELEGIR (‘choisir’), est emprunté au latin eligere eliminare ‘faire sortir, mettre dehors’, formé
‘choisir’, formé avec ex- et legere ‘cueillir’, avec ex- (idée de séparation) et limen ‘seuil’.
‘rassembler’, ‘choisir’ et ‘lire’ (voir leer). Dérivés : ELIMINACIÓN ‘élimination’. LIMI-
Dérivés : ECLÉCTICO ‘éclectique’, est emprun- NAR ‘liminaire’, emprunté au latin liminaris,
té au grec eklektikos ‘apte à choisir’, ‘qui littéralement ‘relatif au seuil’ et, au figuré,
choisit’ (du verbe eklegein ‘choisir’). Ce terme ‘placé au début, initial’ (advertencia liminar
a d’abord désigné les ‘éclectiques’ c’est-à-dire ‘avertissement liminaire’). PRELIMINAR ‘pré-
les philosophes qui choisissaient des éléments liminaire’ est devenu plus usuel que liminar.
de leur doctrine parmi les différents systèmes ELIPSIS (‘ellipse’ [grammaire et rhétorique]), est
de pensée. Aujourd’hui ce terme désigne une emprunté au latin impérial ellipsis, lui-même
personne qui n’a pas de goût exclusif. ÉGLO- pris au grec elleipsis ‘manque’, ‘omission
GA ‘églogue’, du latin ecloga ‘choix, recueil’ d’un mot’, dérivé du verbe elleipein (de lei-
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pein ‘laisser, négliger’). Il peut arriver que EMBAJADA (‘ambassade’, ‘commission’, ‘pro-
certains éléments d’une phrase ne soient pas position’), est emprunté à l’ancien provençal
exprimés sans que pour cela les sujets parlants ambaissada, dérivé du latin médiéval ambac-
cessent de se comprendre, on dit qu’il y a el- tia ‘service, fonction’, lui-même d’origine
lipse ou que la phrase est elliptique : ‘arrive- gauloise (*ambactos ‘serviteur’). Cette forme
rons demain’ (ellipse du sujet dans le style dit provient sans doute des racines indoeuro-
‘télégraphique’). péennes *Kwel- ‘circuler’ et *ambhikwalos
ELISIÓN, voir lisiar. ‘qui circule autour’ (voir ambición dans
ÉLITE ou ELITE (‘élite’), est emprunté au fran- l’article consacré à ambiente). Cette notion de
çais élite qui est l’ancien participe passé subs- mouvement permettant d’exprimer l’idée de
tantivé au féminin du verbe élire → eslit → mission, de service. En espagnol, embajada
eslite → élite (moderne élu[e]). Elite désigne signifie ‘commission, message’, ‘communica-
les personnes ‘élues, ‘choisies’, celles qui se tion importante’, ‘ambassade’ (résidence de
détachent au sein d’un groupe, d’une commu- l’ambassadeur) et enfin ‘proposition (jugée
nauté. impertinente)’ : ¡ linda embajada ! ‘belle
Dérivés : ELITISMO ‘élitisme’. ELITISTA ‘éli- proposition !’
tiste’. Dérivés : EMBAJADOR ‘ambassadeur’.
ELITISMO, voir élite. EMBAJADOR, voir embajada.
ELITISTA, voir élite. EMBALAR (‘emballer’), est emprunté au français
ELOCUCIÓN, voir locuaz. emballer, dérivé de balle (de marchandises).
ELOCUENCIA, voir locuaz. Emballer signifie donc à l’origine ‘mettre en
ELOGIAR, voir elogio. balle’. Voir bala (2).
ELOGIO (‘éloge’), est emprunté au latin elogium Dérivés : EMBALAJE, emprunté au français
‘épitaphe’, ‘courte formule’, ‘clause d’un tes- emballage.
tament’. Par rapprochement avec le grec eulo- EMBALSE (‘réservoir, bassin’, ‘barrage, retenue
gia ‘belles paroles, beau langage’, elogium a d’eau’), est un dérivé de balsa (‘mare’, ‘la-
pris le sens d’ « éloge ». gune’, ‘réservoir’) dont l’origine n’est pas
Dérivés : ELOGIAR ‘louer’, ‘faire l’éloge’. bien établie (probablement ibérique).
ELUCIDAR, voir luz. EMBARAZAR (‘embarrasser’, ‘gêner’ ; ‘rendre
ELUCUBRACIÓN, voir luz. enceinte’), est emprunté au léonais et au gali-
ELUDIBLE, voir eludir. cien-portugais embaraçar dérivé de baraça, o
ELUDIR (‘éluder’), est emprunté au latin eludere ‘corde, courroie’ d’origine non établie. En es-
‘jouer’, ‘se jouer de’, ‘esquiver’, formé avec pagnol embarazar a pris aussi le sens de
ex- (éloignement, séparation) et ludere ‘jouer’ ‘rendre une femme enceinte’, la grossesse
(de ludus ‘jeu’ ; espagnol lúdico ‘ludique’). étant vue comme un embarras, une gêne phy-
Dérivés : ELUDIBLE ‘évitable’. INELUDIBLE sique puisque le corps subit des transforma-
‘inévitable’. tions notables.
ELLA / ELLO, voir él et el. Dérivés : DESEMBARAZAR ‘débarrasser’. EM-
EMANAR, voir manar. BARAZO ‘embarras’ et ‘grossesse’ (embarazo
EMANCIPACIÓN, voir emancipar. fantasma ‘grossesse nerveuse’ ; interrupción
EMANCIPAR (‘émanciper’, ‘affranchir’), est voluntaria del embarazo ‘IVG’.
emprunté au latin juridique emancipare ‘libé- EMBARAZO, voir embarazar.
rer de l’autorité paternelle ou de la servitude’, EMBARCACIÓN, voir barca.
composé avec ex (idée de séparation) et man- EMBARCAR, voir barca.
cipare ‘vendre’. Mancipare est issu de manci- EMBARGAR (‘gêner, embarrasser’ ; ‘séquestrer,
pium ‘droit de propriété’, ‘propriété’, lui- mettre sous séquestre’ ; ‘mettre l’embargo
même formé de manus ‘main’ et ‘pouvoir, sur’), est issu du latin vulgaire *imbarricare
puissance’ et de capere ‘prendre’. Mancipium (littéralement ‘mettre une barre’), dérivé de
signifie donc littéralement ‘action de prendre barra ‘barre’ (voir ce mot).
avec la main la chose dont on se rend acqué- Dérivés : EMBARGO ‘saisie, séquestre’, ‘em-
reur’. bargo’ (el embargo a las armas ‘l’embargo
Dérivés : EMANCIPACIÓN ‘émancipation’. sur les armes’).
EMASCULAR, voir macho (1). EMBARRAR, voir barro.
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ma)’ : desempeñar el papel de Don Juan EMPUJAR (‘pousser’), est issu du bas latin im-
‘jouer le rôle de Don Juan’. EMPEÑO ‘mise en pulsare de même sens, fréquentatif (ou inten-
gage’, ‘engagement’ ; ‘acharnement, opiniâ- sif) de impellere ‘heurter’, ‘pousser vers’, ‘in-
treté’. citer à’, composé avec im- et pellere ‘pousser’,
EMPEORAR, voir peor. ‘chasser’, ‘repousser’.
EMPEQUEÑECER, voir pequeño. Dérivés : EMPUJE ‘poussée’, ‘énergie, nerf,
EMPERADOR, voir imperar. ressort’. EMPUJÓN ‘coup, bourrade, poussée
EMPEZAR (‘commencer’), est dérivé du substan- rude’.
tif pieza ‘pièce, morceau’. Empezar signifiait EMPUÑAR, voir puño.
donc à l’origine ‘couper un morceau de qqch’, EMULACIÓN, voir émulo.
d’où ‘commencer à l’user et à l’utiliser’ et, par ÉMULO (‘émule, rival’), est emprunté au latin
extension, ‘commencer (toute action)’. aemulus ‘qui cherche à imiter’, ‘rival’,
EMPINADO, voir empinar. d’origine obscure.
EMPINAR (‘incliner, renverser’), est d’origine Dérivés : EMULACIÓN ‘émulation’.
incertaine. Ce mot est de la même famille que EMULSIÓN (‘émulsion’), est un dérivé savant de
pino (adjectif) ‘raide’ et ‘dressé’ dont l’origine emulsum supin du verbe emulgere ‘traire jus-
n’est pas mieux établie. Peut-être apparenté au qu’au bout’ et ‘extraire’, dérivé de mulgere
substantif pino ‘pin’ qui donne l’image de la ‘traire’. Les émulsions ayant une apparence
verticalité. laiteuse, c’est le verbe signifiant ‘traire’ qui a
Dérivés : EMPINADO ‘dressé’, ‘raide, en permis de désigner ce type de préparation.
pente’, ‘cabré (animal)’, ‘suffisant, hautain’. L’anglais milk ‘lait’ est de la même famille
PINITOS dans hacer pinitos ‘faire ses premiers que mulgere.
pas’ (c’est-à-dire ‘arriver à se tenir debout’ ; EN (‘en’, ‘dans’, ‘sur’), est issu de la préposition
pino, a ‘dressé, e’). latine in ‘dans’, ‘sur’.
EMPÍRICO (‘empirique’), est emprunté au latin Dérivés : INTESTINO, A ‘intestin, e’, (adjectif),
empiricus ‘médecin empirique’, lui-même pris est issu du latin intestinus ‘de l’intérieur’ : bel-
au grec empeirikos ‘qui se dirige d’après lum intestinum ‘guerre civile, intestine’ ;
l’expérience’, dérivé de empeiros ‘expérimen- (substantif) ‘l’intestin’, du latin intestinum
té’ (formé sur peira ‘tentative, essai, expé- (neutre substantivé). Ces mots sont issus de
rience’). Ce mot a d’abord désigné une pra- l’adverbe intus ‘de l’intérieur’, ‘au-dedans’,
tique médicale fondée sur l’expérience puis le lui-même formé à partir de in ‘dans, en’.
mot a vu s’étendre son champ d’application ENAGUA(S) (‘jupon’), provient de l’ancienne
(un método empírico ‘une méthode empi- forme naguas issue d’une langue indigène de
rique’). Saint Domingue (le taíno) où il désignait une
EMPLEADO, voir emplear. jupe en coton. Le e prothétique est sans doute
EMPLEAR (‘employer’), est emprunté à l’ancien dû au souci de bien segmenter des énoncés du
français empleiier (moderne employer), issu type estaba en naguas ‘elle était en jupon’ et
du latin implicare ‘plier dans’, ‘entortiller, estaba en aguas ‘elle était dans l’eau’.
emmêler’ et, au figuré, ‘s’engager dans’, ENAJENACIÓN, voir ajeno.
‘mettre, placer (qqn dans telle ou telle activi- ENAJENAR, voir ajeno.
té)’. Implicare est formé avec plicare ‘plier’. ENAMORAR, voir amar.
Dérivés : DESEMPLEO ‘chômage’. EMPLEADO ENANO (‘nain’), est emprunté au latin nanus
‘employé’’, participe passé substantivé de ‘vase grotesque (en forme de nain)’, ‘mulet,
emplear. EMPLEO ‘emploi’. cheval nain’, ‘homme, femme de petite taille’.
EMPLEO, voir emplear. Nanus est emprunté au grec nanos ‘nain’. Le e
EMPOBRECER, voir pobre. de enano est peut-être emprunté à l’ancienne
EMPOLLAR, voir pollo. forme enatío ‘laid, difforme’ (latin inaptus
EMPOLLÓN, voir pollo. ‘grossier’).
EMPONZOÑAR, voir ponzoña. Dérivés : NANISMO ‘nanisme’.
EMPRENDER, voir prender. ENARBOLAR, voir árbol.
EMPRESA, voir prender. ENCABALGAMIENTO, voir caballo.
EMPRESARIO, voir prender. ENCABEZAR, voir cabeza.
EMPRÉSTITO, voir prestar. ENCABRITARSE, voir cabra.
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de chuf qui est censé reproduire le bruit de l’intermédiaire d’une vieille entremetteuse,
deux éléments que l’on raccorde ou connecte. Trotaconventos.
Le sens de ‘pistonner’ provient de l’idée de ENDURECER, voir duro.
mettre qqn en relation, de lui faciliter les con- ENEMIGO, voir amigo.
tacts avec les gens importants. ENERGÍA (‘énergie’) est emprunté au latin ener-
Dérivés : ENCHUFADO ‘pistonné’, ‘planqué’. gia ‘force, énergie’, lui-même pris au grec
ENCHUFE ‘prise de courant’, ‘raccord’ et, au energeia ‘force en action’, dérivé de ergon
figuré, ‘piston’, ‘planque’, ‘sinécure’. ‘force’, ‘travail’.
ENCHUFE, voir enchufar. Dérivés : ENÉRGICO ‘énergique’. ENERGÚME-
ENDEBLE (‘faible, chétif’), est issu du latin NO ‘énergumène’, du latin ecclésiastique
indebilis, intensif de debilis ‘faible, infirme’ energumenus ‘possédé du démon’, lui-même
(voir débil). pris au grec energoumenos ‘travaillé par un
Dérivés : ENDEBLEZ ‘faiblesse’. mauvais esprit’, du verbe energein ‘agir’ et
ENDECÁSILABO (‘hendécasyllabe’), est issu du ‘exercer une influence néfaste’, dérivé de er-
latin hendecasyllabus dont l’élément hendeca- gon ‘force’.
est tiré du grec hendeka- ‘onze’, formé avec ENÉRGICO, voir energía.
hen ‘un’ et deka ‘dix’. ENERGÚMENO, voir energía.
ENDECHA (‘complainte’, ‘élégie’), est issu du ENERO (‘janvier’), est issu du latin januarius de
latin indicta ‘les choses dites, proclamées’, même sens, substantivation de l’adjectif ja-
participe neutre pluriel de indicere ‘déclarer nuarius ‘de Janus’ dans l’expression januarius
officiellement ou publiquement’. Indicta a mensis ‘mois de Janus’. Ce nom propre est dé-
sans doute pris le sens particulier de ‘procla- rivé de janus ‘passage’, ‘galerie’. Janus, dieu
mation des vertus d’un mort’ d’où le sens de des commencements, était représenté avec
‘chant funèbre’, ‘complainte’, ‘élégie’. deux visages opposés, l’un tourné vers l’année
ENDEMIA, voir democracia. finissante, l’autre vers l’année qui commence
ENDÉMICO, voir democracia. d’où l’idée de mois qui permet de passer d’une
ENDEMONIADO, voir demonio. année à l’autre.
ENDEREZAR, voir aderezar. ENÉSIMO, A (‘énième’), terme de mathématiques
ENDEUDAMIENTO, voir deber. (potencia enésima ‘puissance n’), est em-
ENDEUDARSE, voir deber. ployé dans l’usage courant dans l’expression
ENDILGAR (‘acheminer, expédier’ ; [familier] por enésima vez ‘pour la énième fois’. Formé
‘refiler, coller’, ‘faire avaler’), est d’origine avec n désignant tout nombre en mathéma-
mal établie. tiques et prononcé ene auquel on a adjoint le
ENDOCRINO, A (‘endocrinien’ ; [substantif au suffixe superlatif -(í)simo, a. Le superlatif qui
féminin] ‘endocrine’), est un mot savant formé consiste à porter un adjectif à son degré le plus
avec l’élément endo- (tiré du grec endon ‘en haut est en affinité avec l’idée de multiplica-
dedans’) et krinein ‘sécréter’ en grec, d’où le tion impliquée par n en mathématiques.
sens de ‘glande à sécrétion interne’. ENFADAR(SE) (‘agacer’, ‘contrarier’, ‘[se]
ENDOSAR, voir dorso. mettre en colère’), est emprunté au galicien-
ENDOSCOPIA (‘endoscopie’), mot savant formé portugais enfadarse qui, dans la vieille langue,
avec l’élément endo- (du grec endon ‘en de- signifiait ‘se fatiguer’, ‘s’ennuyer’, ‘se décou-
dans’) et -scospia tiré du grec skopos ‘obser- rager’, probablement dérivé de fado ‘destin’,
vateur’ (de skopein ‘observer, examiner’). ‘sort (défavorable)’ d’où l’idée de ‘se décou-
ENDRINA (‘prunelle’), provient de l’ancienne rager’ c’est-à-dire s’abandonner à la fatalité.
forme andrina (Xe siècle) ou *adrina issu du En espagnol, enfadar a d’abord signifié jus-
latin vulgaire pruna *atrina ‘prune noire’, qu’au XVIIIe siècle ‘fatiguer, ennuyer, harce-
substantivation — après ellipse de pruna — ler’ — sens conservé jusqu’à aujourd’hui —
de l’adjectif *atrina dérivé de ater ‘noir’. On puis ‘fâcher’, ‘mettre en colère’.
rappellera que dans le Libro de Buen Amor Dérivés : ENFADO ‘irritation, mécontente-
(XIVe siècle) de l’Archiprêtre de Hita le per- ment’. DESENFADAR ‘calmer, apaiser’. DESEN-
sonnage féminin s’appelle doña Endrina et FADO ‘franchise’, ‘désinvolture’, ‘aplomb, ai-
que don Melón s’emploie à la courtiser par sance’, ‘insouciance’.
ENFADO, voir enfadar.
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ENTRENAR(SE) (‘[s’] entraîner’ [sports]), est loir du mal’ (croyance au mauvais œil) et ‘en-
emprunté au français entraîner qui a commen- vier’. Ce verbe est formé avec in et videre
cé à s’appliquer au domaine sportif à partir du ‘voir’.
XIXe siècle (cyclisme). Entraîner est un déri- Dérivés : ENVIDIAR ‘envier’, ‘jalouser’. ENVI-
vé de traîner issu du latin vulgaire *traginare DIOSO ‘envieux’, ‘jaloux’.
lui-même dérivé de *tragere, altération de ENVIDIAR, voir envidia.
trahere ‘tirer’. ENVIDIOSO, voir envidia.
ENTRESIJO ([anatomie] ‘mésentère’ ; ‘secret, ENVILECER, voir vil.
mystère’), est sans doute dérivé d’une forme ENVÍO, voir vía.
supposée *entrasijar ‘couvrir d’un côté à ENVOLVER, voir volver.
l’autre du ventre’, dérivée de trasijar ‘serrer ENZIMA (‘enzyme’), est emprunté à l’allemand
étroitement sur les flancs’, formé avec le latin Enzym, créé en 1876 par le physiologiste al-
trans- ‘à travers’ et ilia ‘ventre’, ‘flancs’ lemand W. Kühne d’après les éléments grecs
(français ‘iliaque’). Entresijo désigne d’abord en ‘dans’ et zumê ‘levain’.
le mésentère c’est-à-dire le repli intérieur de la EPÉNTESIS, voir tesis.
membrane du péritoine qui enveloppe ÉPICO,A (‘épique’), est emprunté au latin epicus
l’intestin. Au figuré, ce mot désignera donc lui-même pris au grec epikos ‘qui concerne
qqch de caché, de peu accessible : tener mu- l’épopée’, dérivé de epos ‘épopée’.
chos entresijos ‘cacher son jeu’ (une per- Dérivés : ÉPICA ‘poésie épique’. EPOPEYA
sonne) ; conocer todos los entresijos ‘con- ‘épopée’, est emprunté au grec epopoiia
naître les tenants et les aboutissants’. ‘composition d’un récit en vers’, ‘épopée’,
ENTRETANTO, voir tanto. formé avec epos ‘parole’ et poiein ‘faire’.
ENTRETENER, voir tener. L’épopée désigne un long poème en vers célé-
ENTRETENIMIENTO, voir tener. brant un héros et où se mêlent l’histoire et la
ENTREVISTA, voir ver. légende.
ENTREVISTARSE, voir ver. EPIDEMIA, voir democracia.
ENTRISTECER, voir triste. EPIDERMIS, voir dermis.
ENTRONIZAR, voir trono. EPIFENÓMENO, voir fenómeno.
ENTUMECER, voir tumor. EPÍGRAFE, voir gráfico.
ENTUSIASMAR, voir entusiasmo. EPILEPSIA (‘épilepsie’) est emprunté au bas latin
ENTUSIASMO (‘enthousiasme’), est emprunté au epilepsia lui-même pris au grec epilêpsia ‘at-
grec enthousiasmos ‘transport divin’, ‘posses- taque, arrêt brusque’, ‘épilepsie’. Ce mot est
sion divine’, tiré du verbe enthousiazein ‘être dérivé de epilêptos ‘pris, arrêté’, du verbe epi-
inspiré par la divinité’ lui-même dérivé de en- lambanein ‘saisir, s’emparer de’. Cette mala-
thous ou entheos (‘animé d’un transport di- die étant caractérisée par des attaques convul-
vin’), formé avec en ‘dans’ et theos ‘Dieu’. sives.
Dérivés : ENTUSIASMAR ‘enthousiasmer’. EPÍLOGO, voir prólogo.
ENUMERACIÓN, voir número. EPISCOPAL, voir obispo.
ENUMERAR, voir número. EPISODIO (‘épisode’), est emprunté au grec
ENUNCIAR, voir nuncio. epeisodion ‘accessoire’ et, en rhétorique, ‘par-
ENVANECER(SE), voir vano. tie du drame entre deux entrées du chœur’,
ENVASAR, voir vaso. puis ‘incident, digression, épisode’. Ce mot est
ENVASE, voir vaso. dérivé de epeisodos ‘action de s’introduire’,
ENVEJECER, voir viejo. formé avec epi ‘vers’ et eisodos ‘entrée’. Ei-
ENVENENAR, voir veneno. sodos est à son tour formé avec eis ‘vers’ et
ENVERGADURA, voir verga. hodos ‘chemin’, ‘voie’, ‘moyen’. Après avoir
ENVÉS, voir verter. désigné au théâtre une action secondaire, ac-
ENVIADO, voir vía. cessoire, ce terme a vu son emploi s’étendre à
ENVIAR, voir vía. d’autres domaines (roman, cinéma).
ENVIDIA (‘envie’, ‘jalousie’), est emprunté au EPITAFIO (‘épitaphe’), est emprunté au bas latin
latin invidia ‘malveillance’, ‘jalousie’, ‘envie’, epitaphium ‘inscription gravée sur un tom-
issu de invidus ‘envieux’, lui-même dérivé de beau’, du grec epitaphios ‘relatif au tombeau’,
invidere ‘regarder d’un œil malveillant’, ‘vou-
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‘funèbre’, formé avec epi ‘sur’ et taphos regere ‘mener, diriger (en ligne droite)’. Le
‘tombeau’. doublet savant de erguir est erigir ‘ériger’.
EPÍTETO, voir tesis. Dérivés : ERECCIÓN ‘érection’.
ÉPOCA (‘époque’), est emprunté au grec epokhê ERIGIR, voir erguir.
‘point d’arrêt’, ‘période, temps’ et, en astro- ERIZAR, voir erizo.
nomie, ‘arrêt apparent d’un astre à son apo- ERIZO (‘hérisson’ ; ‘bogue’), est issu du latin
gée’. Ce terme est formé avec epi ‘sur’ et okhê ericius ‘hérisson’ et ‘machine de guerre faite
‘soutien, appui’ (verbe ekhein ‘tenir, avoir’). d’une poutre garnie de pointes de fer’. Ericius
EPOPEYA, voir épico. est dérivé de er, eris ou her, heris ‘hérisson’.
EQUIDISTANTE, voir igual. Dérivés : ERIZAR ‘hérisser’.
EQUILIBRIO, voir igual. ERMITA, voir yermo.
EQUINOCCIO, voir igual. ERMITAÑO, voir yermo.
EQUIPAJE, voir equipar. EROSIÓN, voir roer.
EQUIPAR (‘équiper’), est emprunté au français ERÓTICO (‘érotique’), est emprunté au latin
équiper lui-même pris soit à l’ancien nordique tardif eroticus lui-même pris au grec erôtikos
skipa ‘arranger, équiper un navire’ (anglais ‘qui concerne l’amour’, dérivé de erôs
moderne ship), soit à l’anglo-saxon scipian ‘amour’ et ‘désir sexuel’.
‘naviguer’, ‘embarquer’. Dérivés : EROTISMO ‘érotisme’.
Dérivés : EQUIPAJE ‘bagages’. EQUIPO EROTISMO, voir erótico.
‘équipe’ et ‘équipement’. ERRADICAR, voir raíz.
EQUIPO, voir equipar. ERRAR (‘errer’ ; ‘se tromper’ ; ‘manquer, rater’),
EQUITACIÓN, voir yegua. est issu du latin errare ‘aller çà et là, marcher
EQUIVALER, voir igual. à l’aventure’, ‘faire fausse route’ et, au figuré,
EQUIVOCACIÓN, voir igual. ‘se tromper’.
EQUIVOCAR, voir igual. Dérivés : ERRATA ‘errata’ est emprunté au la-
EQUÍVOCO, voir igual. tin errata, pluriel de erratum ‘faute, erreur’,
ERA (1) (‘ère’), est emprunté au bas latin aera participe passé neutre substantivé de errare (fe
‘monnaie’, ‘nombre’ (c’est-à-dire ce qui sert à de erratas ‘errata’ c’est-à-dire liste des fautes
compter [la monnaie]), puis ‘point de départ (à commises lors de l’impression d’un ouvrage).
partir duquel on compte les années)’, et donc ERROR ‘erreur’, du latin error, erroris littéra-
‘époque’. Ce mot est dérivé du latin classique lement ‘action d’errer çà et là’, ‘incertitude,
aes, aeris ‘cuivre’, ‘bronze’ d’où le sens ini- ignorance’, ‘méprise’, ‘faute’. YERRO ‘erreur,
tial, par métonymie, de ‘monnaie’. faute’.
ERA (2) (‘aire’), est issu du latin area ‘espace où ERROR, voir errar.
l’on bat le blé’, ‘cour’ (trillar en la era ‘battre ERUCTAR (‘éructer’), est issu du latin eructare
le blé sur l’aire’). Le doublet savant de era est ‘rejeter, vomir’, formé avec ex (éloignement)
área (‘surface, aire, terrain’) : área de acuer- et ructus ‘rot’.
do ‘terrain d’entente’ ; área de castigo ‘sur- ERUDITO, voir rudo.
face de réparation’ ; área de servicios ‘aire de ERUPCIÓN, voir romper.
services’. ESBELTEZ, voir esbelto.
ERECCIÓN, voir erguir. ESBELTO (‘svelte’), est emprunté à l’italien
ERGOTIZAR (‘ergoter’), est un des dérivés de svelto (‘adroit, habile, agile’, ‘mince’) formé
ergo signifiant ‘donc, par conséquent’, em- sur le participe passé du verbe svellere ou sve-
prunté au latin ergo particule invariable de gliere ‘arracher, enlever, dégager’, issu du la-
même sens (cogito ergo sum ‘je pense donc je tin vulgaire *exvellere (latin classique evellere
suis’). María Moliner, Diccionario de uso del ‘arracher, déraciner, enlever’, formé à partir
español : ‘Se emplea a veces en lenguaje de ex [idée de séparation] et de vellere ‘arra-
irónicamente culto : Tú estabas enterado, er- cher, tirer violemment’). Une personne svelte
go...’ (‘Tu étais prévenu, par conséquent...’). est donc littéralement qqn à qui l’on a enlevé
ERGUIR(SE) (‘lever’, ‘[se] dresser’), est issu du quelques kilos !
latin *ergere, contraction de erigere ‘dresser, Dérivés : ESBELTEZ ‘sveltesse’.
mettre debout’, ‘construire’, formé avec ex et ESBIRRO (‘sbire’, ‘homme de main’, ‘policier’),
est emprunté à l’italien sbirro ‘policier’, alté-
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ration de birro, forme issue du bas latin birrus XVIIIe siècle, ce terme désignera une mince
‘roux’, lui-même pris au grec purros ‘d’un tranche de viande généralement de veau.
rouge de feu’ (pur, puros ‘le feu’). Le policier, ESCALPE / ESCALPO (‘scalp’), est emprunté à
le sbire étant sans doute vêtu de rouge, il a été l’anglais scalp ‘calotte crânienne’. En Amé-
désigné par cette couleur (vieil argot français : rique du Nord, ce terme a pris le sens particu-
la rousse ‘la police’). Un rapport avec Judas lier de ‘chevelure d’un ennemi vaincu’. Les
qui était roux n’est peut-être pas à exclure Indiens, dans leur lutte contre les blancs, con-
pour expliquer le sens péjoratif de ‘sbire’. sidéraient le scalp comme un trophée de
ESBOZAR, voir boceto. guerre.
ESCABECHE (‘marinade’, ‘poisson mariné’), est ESCAMA (‘écaille’), est issu du latin vulgaire
issu de l’arabe *iskebey ‘ragoût de viande au *scama (latin classique squama) ‘écaille’ et
vinaigre’. ‘pellicule, paillette’.
ESCABROSO (‘accidenté’ ; ‘scabreux’), est Dérivés : DESCAMACIÓN ‘desquamation’ (en
emprunté au bas latin scabrosus ‘rude au tou- médecine, chute de la partie superficielle de
cher’, ‘âpre’, ‘inégal’, ‘couvert de crasse’ et, l’épiderme). ESCAMAR ‘écailler’.
au figuré, ‘dur’. Ce terme est dérivé du verbe ESCAMAR, voir escama.
scabere ‘(se) gratter’. Escabroso a d’abord ESCAMOTEAR (‘escamoter’), est emprunté au
désigné un chemin accidenté, difficile puis il a français escamoter d’origine incertaine, peut-
qualifié ce qui heurte la décence (historia es- être pris à l’occitan escamotar dérivé de es-
cabrosa ‘histoire scabreuse’). camar ‘effilocher’ et ‘écailler’. Escamar est
ESCAFANDRA / ESCAFANDRO (‘scaphandre’), dérivé de l’ancien occitan escama ‘écaille’ is-
est emprunté au français scaphandre, formé su du latin vulgaire *scama (latin classique
avec les éléments grecs skaphê désignant tout squama). Il existe une autre hypothèse selon
objet creusé, ‘vase’, ‘barque’ etc. et anêr, an- laquelle le français escamoter serait une adap-
dros ‘homme’, littéralement ‘homme-bateau’. tation du castillan camodar (XVe siècle) signi-
ESCALA (‘échelle’), est issu du latin scala (plu- fiant ‘faire des jeux de main’ et issu du latin
riel scalae) ‘marches d’escalier’ et ‘échelle’, commutare ‘échanger, changer complète-
dérivé de scandere ‘monter, gravir’. ment’.
Dérivés : ESCALADA ‘escalade’. ESCALAFÓN Dérivés : ESCAMOTEO ‘escamotage’.
‘tableau d’avancement (du personnel)’, ‘éche- ESCAMOTEO, voir escamotear.
lon’, est d’origine incertaine. Corominas pro- ESCANCIAR (‘verser à boire’), est issu du fran-
pose l’emprunt au français échelle de fonds cique *skankjan de même sens. En français
(nécessaires au paiement des officiers), altéré échanson (francique *skankjo) désignait au
en escalafón (ascenso por escalafón ‘avan- moyen âge un officier chargé de verser à boire
cement à l’ancienneté’). ESCALERA ‘escalier’, à un roi ou à un seigneur.
du latin scalaria, pluriel de scalarium ‘esca- ESCANDALIZAR, voir escándalo.
lier’. ESCALÓN ‘échelon’, ‘marche, degré’. ESCÁNDALO (‘scandale’), est emprunté au latin
ESCALONAR ‘échelonner’. tardif scandalum ‘pierre d’achoppement’ et
ESCALDAR, voir caldo. ‘piège, obstacle contre lequel on trébuche’. Ce
ESCALERA, voir escala. mot a été pris au grec skandalon ‘piège’ et
ESCALOFRÍO (‘frisson’), est d’abord attesté sous ‘occasion de scandale, de péché’ pour traduire
la forme calofrío (calor + frío). La présence l’hébreu mikŠôl ‘ce qui fait trébucher, obs-
de es- n’est pas clairement expliquée. tacle’. En France, au XVIe siècle, l’expression
ESCALÓN, voir escala. pierre de scandale se disait lorsque qqn avait
ESCALONAR, voir escala. l’occasion de commettre un péché. Par ail-
ESCALOPE (‘escalope’), est emprunté au fran- leurs, scandalum a donné aussi esclandre.
çais escalope probablement pris à un dialecte Dérivés : ESCANDALIZAR ‘scandaliser’.
du Nord-Est de la France. Ce mot est dérivé de ESCÁNER (‘scanner’), est emprunté à l’anglais
l’ancien français escale ‘coquille’ auquel on a scanner dérivé de to scan ‘scruter, examiner
semble-t-il adjoint le suffixe de enveloppe. minutieusement’.
Escalope est d’abord employé pour désigner ESCAÑO (‘banc’ ; ‘siège’ [au Parlement]), est
une préparation de la viande de veau proba- issu du latin scamnum ‘escabeau, marche-
blement roulée en coquille. Plus tard, au pied’, ‘banc’.
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ESCAPAR(SE) (‘[s’] échapper’), est issu du latin ESCARNECER (‘bafouer, railler’) provient de
vulgaire *excappare, littéralement ‘sortir de sa l’ancien verbe escarnir lui-même issu du ger-
cape’, c’est-à-dire ‘laisser sa cape, son man- manique *skernjan de même sens.
teau aux mains des poursuivants’. Excappare Dérivés : ESCARNIO ‘moquerie, dérision’, ‘ou-
est formé avec ex- (idée de séparation) et cap- trage’.
pa ‘capuchon’, ‘manteau à capuchon’. ESCARNIO, voir escarnecer.
Dérivés : ESCAPATORIA ‘échappatoire’. ES- ESCARPA (‘escarpement’), est emprunté à
CAPE ‘fuite (de gaz)’, ‘échappement’ (tubo de l’italien scarpa ‘talus de rempart’ représentant
escape ‘tuyau d’échappement’). sans doute le gotique *skarpô ‘objet qui se
ESCAPARATE (‘vitrine, étalage, devanture’), est termine en pointe’. En italien, scarpa désigne
issu de l’ancien néerlandais schaprade ‘ar- un soulier (français escarpin , espagnol es-
moire (de cuisine)’. carpín) : par métaphore, la chaussure — avec
ESCAPATORIA, voir escapar. sa tige montante — a servi à désigner un talus.
ESCAPE, voir escapar. ESCARPÍN (‘escarpin’), est emprunté à l’italien
ESCARAMUZA (‘escarmouche’), est d’origine scarpino diminutif de scarpa ‘soulier’ (voir
mal établie. Peut-être emprunté à l’italien sca- escarpa).
ramuccia formé avec le francique *skirmjan ESCASEAR, voir escaso.
‘protéger’ et mucciar ‘s’enfuir, s’esquiver’. ESCASEZ, voir escaso.
ESCARBAR (‘gratter’ ; ‘curer [dents, nez]), est ESCASO (‘peu abondant’, ‘maigre, mince’,
d’origine incertaine. Peut-être du bas latin ‘faible’, ‘rare’), est issu du latin vulgaire
scarifare ‘rayer superficiellement’, ‘inciser lé- *excarsus provenant de excarpsus participe
gèrement’ d’où ‘scarifier’. L’espagnol escari- passé de excerpere ‘tirer de, extraire’, ‘recueil-
ficar et le français scarifier sont le traitement lir’, ‘faire un choix dans’, formé avec ex (sé-
savant de scarificare variante de scarifare. paration) et carpere ‘prendre’. L’idée de parti-
ESCARCHA (‘gelée blanche’), est d’origine mal tif contenue dans excerpere (prendre une par-
établie. tie d’un tout) explique le sens pris par escaso
ESCARIFICAR, voir escarbar. ‘peu abondant, rare’.
ESCARLATA (‘écarlate’ [couleur et nom de la Dérivés : ESCASEAR ‘manquer, se faire rare’ ;
toile de cette couleur]), est issu de l’arabe ‘lésiner’. ESCASEZ ‘manque, pénurie’.
d’Espagne iskirlata de même sens, altération ESCATIMAR (‘lésiner sur’, ‘réduire, diminuer’,
de l’arabe siqlat ‘étoffe de soie brodée d’or’ ‘ménager, épargner’, ‘marchander’), est
lui-même pris au latin sigillatus ‘orné(e) de fi- d’origine mal établie.
gurines’ (étoffe), dérivé de sigillum ‘figurine’ ESCATOLOGÍA (1) (‘scatologie’), est formé avec
et ‘empreinte d’un cachet’. A l’origine, ce mot l’élément skato- du grec skatos, skôr ‘excré-
désignait une étoffe riche de n’importe quelle ments’ et logía ‘discours, traité’. ‘Scatologie’
couleur. L’utilisation de la teinture à base de s’emploie à propos d’écrits, de propos gros-
cochenille, en particulier dans le sud de siers où il est question d’excréments.
l’Espagne, a fait que le mot a fini par désigner ESCATOLOGÍA (2) (‘eschatologie’), est formé
tout tissu rouge. avec le mot grec eskhatos ‘qui se trouve à
Dérivés : ESCARLATINA ‘scarlatine’, maladie l’extrémité, dernier’ et logía ‘discours, traité’.
infectieuse caractérisée par une angine rouge ‘Eschatologie’ désigne, en théologie, l’étude
et des boutons écarlates. des fins dernières du monde, de l’homme
ESCARMENTAR, voir escarmiento. (thèmes de la fin du monde, de la résurrection,
ESCARMIENTO (‘leçon, exemple’, ‘punition’), du jugement dernier).
est l’altération de escar[ni]miento, dérivé de ESCENA (‘scène’), est emprunté au latin scaena
l’ancien verbe escarnir ‘bafouer, railler’ de la ou scena ‘scène (d’un théâtre)’, ‘théâtre’ et
même origine que le terme moderne escarne- ‘scène publique’, ‘scène du monde’. En latin
cer (voir ce mot). tardif, ce mot désignera une partie d’un acte
Dérivés : ESCARMENTAR ‘corriger, donner une (‘Acte II, scène 3’). Scaena est emprunté au
leçon à’ ; ‘apprendre à ses dépens, profiter grec skênê ‘endroit abrité’, ‘tente’ et ‘scène
d’une leçon’, ‘se corriger’. (de théâtre)’.
Dérivés : ESCENARIO ‘cadre, décor’ et
‘théâtre’ dans esta ciudad fue escenario de
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violentos combates ‘cette ville a été le théâtre ESCLEROSIS (‘sclérose’), est emprunté au grec
de violents combats’. ESCÉNICO ‘scénique’ (el sklêrôsis ‘durcissement’ dérivé de skleros
miedo escénico ‘le trac’, littéralement ‘la peur ‘dur’. La sclérose désigne le durcissement pa-
scénique’) ; acotaciones escénicas ‘indica- thologique (on dit l’induration) d’un organe ou
tions scéniques’. d’un tissu. Esclerosis múltiple ‘sclérose en
ESCEPTICISMO, voir escéptico. plaque’.
ESCÉPTICO (‘sceptique’), est emprunté au grec ESCLUSA, voir concluir.
skeptikos ‘qui observe, réfléchit’, dérivé de ESCOBA (‘balai’), est issu du latin scopa de
skeptesthai ‘observer, considérer’. Les philo- même sens. Scopa est issu de scopae, scopa-
sophes sceptiques, nommés aussi les scep- rum (pluriel) ‘brins, brindilles’ et ‘balai (fait
tiques, se bornaient à observer sans rien affir- avec des brins)’. Espagnol moderne (vocabu-
mer. Plus tard, ce terme de philosophie passe- laire du sport cycliste) : coche escoba ‘voi-
ra dans l’usage commun et désignera l’attitude ture-balai’.
de qqn qui se montre méfiant ou incrédule ESCOCER, voir cocer.
face à un problème. ESCOGER, voir coger.
Dérivés : ESCEPTICISMO ‘scepticisme’. ESCOLAR, voir escuela.
ESCINDIR (‘scinder’), est emprunté au latin ESCOLARIDAD, voir escuela.
scindere ‘fendre, déchirer’, ‘arracher’ d’où ESCOLARIZAR, voir escuela.
‘diviser, séparer’. ESCOLÁSTICO, voir escuela.
Dérivés : ABSCISA ‘abscisse’, est emprunté au ESCOLTA (‘escorte’), est emprunté à l’italien
latin scientifique abscissa (linea), littérale- scorta ‘troupe armée qui accompagne une per-
ment ‘ligne coupée’, du latin abscissus, parti- sonne, un groupe’, participe passé substantivé
cipe passé de abscindere ‘séparer en déchi- au féminin de scorgere ‘guider, accompa-
rant, arracher’. En mathématiques, l’axe hori- gner’, issu du latin vulgaire excorrigere ‘diri-
zontal des abscisses est coupé en quelque sorte ger’ (latin classique corrigere ‘redresser, ré-
par l’axe vertical des ordonnées. PRESCINDIR former’, voir corregir). En espagnol actuel :
‘ne pas tenir compte de’, ‘se passer de’, du la- un escolta ‘un garde du corps’.
tin praescindere ‘séparer, déchirer’ d’où, au Dérivés : ESCOLTAR ‘escorter’.
figuré, ‘écarter, ne pas tenir compte de’. IM- ESCOLLO (‘écueil, récif’), est emprunté à
PRESCINDIBLE ‘indispensable’. ESCISIÓN l’italien scoglio, issu du latin vulgaire *scoclu,
‘scission’ et ‘fission’ (de l’atome). RESCINDIR altération du latin classique scopulus ‘écueil’,
‘résilier, annuler (un contrat)’, du latin rescin- lui-même pris au grec skopelos ‘hauteur, lieu
dere ‘séparer en déchirant ou en coupant’ et, pour guetter’ et ‘écueil’. On peut considérer en
au figuré, ‘détruire, abolir, annuler’, formé effet qu’un promontoire rocheux est un endroit
avec re- (préfixe à valeur intensive) et scin- d’où l’on peut guetter et que par la même oc-
dere. casion il ‘guette’ lui aussi, s’il se trouve à de-
ESCISIÓN, voir escindir. mi immergé, les marins imprudents.
ESCLAVINA, voir esclavo. ESCOMBRO(S) (‘décombres’, ‘déblais’, ‘ébou-
ESCLAVISTA, voir esclavo. lis’), est un dérivé de l’ancien verbe escom-
ESCLAVITUD, voir esclavo. brar ‘enlever les décombres, déblayer’, issu
ESCLAVO (‘esclave’), est emprunté au latin du latin vulgaire *excomborare ‘débarrasser,
médiéval sclavus ‘esclave’, autre forme de déblayer’, lui-même dérivé du celte comboros
slavus ‘slave’. Le passage du sens de ‘slave’ à ‘entassement’ et ‘obstacle’ (gaulois
celui d’ « esclave » est dû au fait que les Ger- *kombero). On trouve la forme combus en la-
mains et les Byzantins réduisirent en escla- tin médiéval avec le sens d’ « abattis
vage de nombreux Slaves, en particulier dans d’arbres » et de ‘barrage’.
les Balkans. ESCONDER (‘cacher’), est issu du latin abscon-
Dérivés : ESCLAVINA ‘pèlerine’, ce vêtement a dere ‘cacher’ et ‘perdre de vue’ (vocabulaire
été ainsi nommé par allusion au vêtement de la marine), formé avec ab(s)- (idée de sépa-
grossier que portaient les Slaves lorsqu’ils par- ration, d’éloignement) et condere ‘mettre en-
taient en pèlerinage. En français, le mot pèle- semble, unir’, lui-même composé de cum
rine désigne clairement le vêtement des pèle- ‘avec’ et de dare ‘donner’. En français, abs-
rins. cons (‘dont le sens semble caché’, ‘difficile à
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‘(se) répandre, divulguer’, ‘échelonner’. ES- semble de traits qui caractérisent et font re-
PACIOSO ‘spacieux’. connaître un objet, type, espèce’. Ce mot dé-
ESPACIOSO, voir espacio. rive du verbe specere ‘regarder’. En latin im-
ESPADA (‘épée’), est issu du latin spatha ‘spa- périal species signifiera ‘objet, marchandise,
tule’, ‘battoir’, ‘arme à deux tranchants’, tiré denrée’. L’espagnol especia ‘épice’ dérive
du grec spathê de même sens. aussi du latin species dans sa dernière accep-
ESPALDA (‘dos’), est emprunté au latin tardif tion c’est-à-dire ‘denrée de toute sorte’, ‘mar-
spatula ‘sorte de cuiller’, ‘spatule’ et ‘omo- chandises classées par espèces’ et spéciale-
plate’, cet os ayant une forme plate semblable ment ‘aromates’, ‘ingrédients’, ‘drogues’.
à une spatule. Spatula est le diminutif de spa- Dérivés : ESPECIAL ‘spécial’. ESPECIALIDAD
tha (voir espada). ‘spécialité’. ESPECIALISTA ‘spécialiste’. ESPE-
Dérivés : RESPALDAR(SE) ‘appuyer une de- CIFICAR ‘spécifier, préciser’. ESPECÍFICO
mande’ (en français, épauler qqn), ‘garantir, ‘spécifique’.
cautionner’ ; (pronominal) ‘s’adosser’. RES- ESPECIFICAR, voir especie.
PALDO ‘dossier’ (d’une chaise) ; ‘dos, verso’ ; ESPECÍFICO, voir especie.
‘appui’, ‘garantie, caution’. ESPÉCIMEN, voir espectáculo.
ESPANTAR (‘effrayer, épouvanter’), est issu du ESPECTÁCULO (‘spectacle’), est emprunté au
latin vulgaire *expaventare de même sens, dé- latin spectaculum ‘vue, aspect’ et ‘spectacle
rivé de expavere ‘craindre’, formé avec ex (in- de cirque, de théâtre’ ; en latin impérial
tensif) et pavere ‘être troublé’, ‘avoir peur’ ‘choses admirables’, ‘merveilles’. Spectacu-
(espagnol pavor ‘peur’). lum dérive de spectare ‘regarder, observer,
Dérivés : ESPANTAPÁJAROS ‘épouvantail’. ES- contempler’, fréquentatif de specere (ar-
PANTO ‘frayeur, épouvante’. chaïque) ‘regarder, apercevoir’.
ESPARADRAPO (‘sparadrap’), est d’origine Dérivés : ESPÉCIMEN ‘spécimen’, du latin spe-
discutée. Peut-être emprunté à l’italien spara- cimen ‘preuve, indice, exemple’ et ‘modèle,
drappo composé avec sparare ‘couper par le type’, dérivé de specere. ESPECTADOR ‘specta-
milieu’ et drappo ‘toile, linge’. Quant à P. teur’. ESPECTRO ‘spectre’, du latin spectrum
Guiraud, il rattache le mot à l’ancien français ‘simulacre’ et ‘spectre’ dérivé de specere.
esparer ‘étendre’, formé avec parer ‘garnir, L’espagnol moderne emploie aussi espectro
préparer’ et es- marquant l’étendue : ‘spara- dans le sens de ‘gamme, éventail, série’ (el
drap’ = drap esparé c’est-à-dire garni de espectro / abanico salarial de una empresa
pommade, d’onguent. ‘l’éventail des salaires d’une entreprise’). ES-
ESPARCIMIENTO, voir esparcir. PECULACIÓN ‘spéculation’, du latin speculatio
ESPARCIR(SE) (‘répandre, éparpiller’ ; ‘se délas- ‘espionnage’ dérivé du verbe speculari ‘ob-
ser, se détendre’), est issu du latin spargere de server’, ‘guetter, espionner’ lui-même issu de
même sens. specula ‘lieu d’observation, hauteur’ issu de
Dérivés : DISPERSAR ‘disperser’, est emprunté specere ‘regarder’. Les Pères de l’Église ont
au français disperser (latin dispergere ‘épar- donné à speculatio le sens de ‘contemplation’
piller’, ‘parsemer’. DISPERSIÓN ‘dispersion’, d’où le sens philosophique acquis par ce mot
du latin dispersio dérivé du supin de disper- c’est-à-dire ‘recherche abstraite’, ‘théorie,
gere ‘répandre çà et là’, formé avec dis- et pensée’ puis ‘construction arbitraire de
spargere. ESPARCIMIENTO ‘épanchement’, l’esprit’. Ce mot est aujourd’hui très employé
‘éparpillement’ et, au figuré, ‘détente, délas- dans le monde de la finance (combinaisons,
sement’. montages financiers notamment en Bourse).
ESPASMO, voir pasmo. INTROSPECCIÓN ‘introspection’ est emprunté
ESPECIA, voir especie. à l’anglais introspection employé dès le XVIIe
ESPECIAL, voir especie. siècle dans le vocabulaire philosophique et
ESPECIALIDAD, voir especie. formé sur introspectum, supin de introspicere
ESPECIALISTA, voir especie. ‘regarder à l’intérieur de’ (intro ‘dedans’ et
ESPECIALIZAR, voir especie. specere ‘regarder’). RETROSPECTIVO ‘rétros-
ESPECIE (‘espèce, genre’ ; ‘sorte’), est emprunté pectif’, du latin retrospicere formé avec retro
au latin species ‘vue, regard’ d’où ‘ce qui ap- (mouvement en arrière) et specere ‘regarder’.
paraît au regard’, ‘apparence, aspect’ et ‘en- ESPECTADOR, voir espectáculo.
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PIRAR ‘transpirer’, du latin médiéval transpi- nottes à qqn.’. ESPONSALES ‘fiançailles’, ‘ac-
rare, littéralement ‘respirer à travers’, ‘exhaler cordailles’ (vieux terme qui rappelle aussi
au travers’ (trans-). ‘épousailles’).
ESPÍRITU, voir espirar. ESPRINT (‘sprint’), est adapté de l’anglais sprint
ESPLENDER (‘resplendir’), est emprunté au latin de même sens, déverbal de to sprint d’origine
splendere ‘briller, étinceler’ au propre et au fi- scandinave.
guré. Esplender est très rarement utilisé en Dérivés : ESPRINTAR ‘sprinter’. ESPRÍNTER
espagnol moderne. ‘sprinter’ qui se dit aussi velocista (voir ve-
Dérivés : ESPLÉNDIDO ‘splendide’, ‘resplen- loz).
dissant’, ‘magnifique’ ; ‘libéral, généreux’, est ESPUELA (‘éperon’), est issu du gotique *spaura
emprunté au latin splendidus ‘brillant, écla- ou *spora de même sens.
tant’ dérivé de splendere. ESPLENDOR ‘splen- Dérivés : ESPOLEAR ‘éperonner’ et ‘stimuler’.
deur’, est emprunté au latin splendor ‘éclat’ et ESPULGAR, voir pulga.
‘gloire, magnificence’, du verbe splendere. ESPUMA (‘écume’, ‘mousse’), est issu du latin
RESPLANDECER ‘resplendir’, du latin resplen- classique spuma ‘écume, mousse, bave’ et, en
dere ‘renvoyer la clarté, reluire’, formé avec latin impérial, ‘savon’.
splendere et le préfixe re- indiquant le mou- ESQUELA (‘billet’, ‘faire-part’), est l’altération
vement en retour. RESPLANDOR ‘éclat’, ‘flam- du latin scheda ‘feuillet, page’.
boiement’. ESQUELETO (‘squelette’), est emprunté au grec
ESPLÍN (‘spleen’), est l’adaptation de l’anglais skeletos (adjectif) ‘desséché’ et, après substan-
spleen qui signifie littéralement ‘rate’ et ‘siège tivation, ‘corps desséché, momie’. Cet adjectif
des humeurs noires’ d’où ‘mélancolie’. Le vient du verbe skellein ‘sécher’, ‘se dessé-
mot anglais est emprunté au latin splen lui- cher’, ‘durcir’.
même pris au grec splên, splenos ‘rate’, or- ESQUEMA (‘schéma’), est emprunté au latin
gane auquel on attribuait un rôle dans cer- schema ‘figure géométrique’, ‘attitude, ma-
taines maladies (siège des humeurs dites nière d’être’, lui-même pris au grec skêma de
noires). Voir aussi à ce sujet le mot cólera même sens, dérivé de ekhein ‘avoir’ et ‘être
‘colère’ et ‘choléra’. dans un certain état’.
ESPOLEAR, voir espuela. ESQUÍ (‘ski’), est emprunté au norvégien ski, lui-
ESPONJA (‘éponge’), est issu du latin spongia, même issu de l’ancien norrois ski∂ ‘billette de
emprunté au grec spongia de même sens. bois fendu’, ‘chaussure, raquette pour la
ESPONSALES, voir esposo. neige’. Esquí aventura ‘ski de randonnée’ ;
ESPONTANEIDAD, voir espontáneo. esquí nórdico / de fondo ‘ski de fond’ ; esquí
ESPONTÁNEO (‘spontané’), est emprunté au bas acuático ‘ski nautique’.
latin spontaneus de même sens, dérivé du latin Dérivés : ESQUIAR ‘skier’.
classique sponte ablatif de spons, spontis ‘vo- ESQUILMAR (‘épuiser’, ‘appauvrir’ [une source
lonté libre’, lui-même dérivé de spondere ‘(s’) de richesse]), provient de l’ancienne forme es-
engager’. quimar ‘ébrancher un arbre’, mot maintenu en
Dérivés : ESPONTANEIDAD ‘spontanéité’. aragonais, dérivé de quima ‘branche’, issu du
ESPORÁDICO, voir esperma. latin vulgaire quima (ou cyma), lui-même pris
ESPOSAR, voir esposo. au grec kuma ‘bourgeon tendre’ (voir cima). J.
ESPOSAS, voir esposo. Corominas pense que le l de esquilmar est dû
ESPOSO, A (‘époux, épouse’), est issu du latin à l’influence de quilma ‘sac (pour porter la ré-
sponsus, sponsa et sposus/sposa, participe colte)’.
passé substantivé de spondere ‘promettre so- ESQUINA (‘coin’, ‘angle’), est sans doute em-
lennellement’. Les ‘menottes’ sont désignées prunté au germanique *skina ‘tibia’, ‘épine
en espagnol par le terme esposas qui évoque dorsale’. Esquina désigne en espagnol un coin
plaisamment les liens du mariage et ceux du à angle sortant, saillant comme peut l’être un
prisonnier ! os (rincón désigne un coin à angle rentrant).
Dérivés : DESPOSAR(SE) ‘(se) marier’, ‘se ESQUIROL (‘jaune, briseur de grèves’), est un
fiancer’, du latin desponsare ‘fiancer’. DESPO- mot emprunté à l’aragonais, dialecte dans le-
SADO ‘jeune marié’. DESPOSORIO ‘fiançailles’ quel ce mot signifie à la fois ‘écureuil’ et ‘bri-
et ‘mariage, noces’. ESPOSAR ‘mettre les me- seur de grèves’. Seule la dernière acception a
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été retenue par le castillan. Le passage de ESTAFAR (‘escroquer’), est emprunté à l’italien
‘écureuil’ à ‘briseur de grèves’ n’est pas clai- staffare littéralement ‘sortir le pied de l’étrier’
rement expliqué. Il y a probablement une ana- d’où l’idée d’ « être en mauvaise posture »
logie entre la vivacité de l’animal et l’agitation comme celui qui a été escroqué. Staffare dé-
c’est-à-dire le zèle déployé par l’ouvrier pour rive de staffa ‘étrier’.
remplacer ses camarades grévistes... Dans le Dérivés : ESTAFA ‘escroquerie’. ESTAFADOR
même ordre d’idées, l’anglais possède le mot ‘escroc’.
rat avec deux acceptions : ‘rat’ et ‘(ouvrier) ESTALLAR (‘éclater’, ‘exploser’), provient
briseur de grèves’. Dans ce cas la connotation (après métathèse) de l’ancienne forme astellar
péjorative est évidente. ‘briser en éclats’, dérivé de astiella mis pour
ESQUIVAR, voir esquivo. astilla ‘éclat’, ‘fragment de bois’, ‘écharde’
ESQUIVO (‘revêche’), est emprunté au germa- (voir astilla et astillero).
nique skiuh de même sens. Dérivés : ESTALLIDO ‘éclatement’, ‘explo-
Dérivés : ESQUIVAR(SE) ‘esquiver’, ‘se déro- sion’.
ber, s’esquiver’. ESTAMPA, voir estampar.
ESQUIZOFRENIA (‘schizophrénie’), est emprun- ESTAMPAR (‘imprimer’ ; ‘projeter, lancer’ et
té à l’allemand Schizophrenie créé par le psy- [familièrement] ‘coller, flanquer’), est em-
chiatre E. Bleuler en 1909 à partir du grec ski- prunté au français estamper lui-même issu du
zein ‘fendre’, ‘séparer, partager, diviser’ et francique *stampôn ‘fouler, plier’. Estamper
phrên, phrenos ‘esprit’. La schizophrénie dé- signifiait à l’origine ‘broyer, écraser’ et ‘faire
signe en effet des troubles mentaux dont le une empreinte sur une surface, sur une ma-
symptôme principal est la dissociation (grec tière’.
skizein ‘diviser’) des fonctions psychiques Dérivés : ESTAMPA ‘image’, ‘estampe, enlu-
(perte de contact avec la réalité, dédoublement minure’, ‘impression’. ESTAMPILLA ‘estam-
de la personnalité etc.). pille’, ‘griffe’. ESTAMPIDO ‘détonation’, ‘ex-
ESTABILIDAD, voir estar. plosion’ (emprunté à l’ancien occitan estam-
ESTABLE, voir estar. pida de même sens, tiré du verbe estampir ‘re-
ESTABLECER, voir estar. tentir’, issu du gotique *stampjan ‘broyer,
ESTABLECIMIENTO, voir estar. ‘écraser’).
ESTACA (‘pieu’), est issu du gotique *staka de ESTAMPIDO, voir estampar.
même sens. ESTAMPILLA, voir estampar.
Dérivés : ESTACADA ‘palissade’. ESTANCAMIENTO, voir estancar.
ESTACIÓN, voir estar. ESTANCAR (‘étancher’ ; ‘retenir, arrêter [le
ESTACIONAL, voir estar. cours de l’eau]’ ; ‘stagner’), est d’origine très
ESTACIONAR, voir estar. discutée. Peut-être d’une forme de latin vul-
ESTADIO (‘stade’), est emprunté au latin stadium gaire *stanticare ‘arrêter, retenir’, dérivée de
‘mesure de longueur d’environ 185 mètres’ et stans, stantis, participe présent de stare ‘se te-
‘carrière (pour la course) longue de cette dis- nir debout, immobile’. Une autre hypothèse
tance’. Stadium est lui-même emprunté au suppose un latin vulgaire *extancare issu d’un
grec stadion, stadios ‘droit, solide, ferme’ ap- radical -tank- ‘fermer’ (catalan tancar),
parenté au verbe histanai ‘placer debout’, ‘se d’origine prélatine (mot indoeuropéen *tanko
tenir debout’. Le mathématicien et astronome signifiant ‘fixer’). Il existe d’autres hypothèses
grec Eratosthène ayant observé l’angle formé (voir P. Guiraud, Dictionnaire des étymologies
par les rayons du soleil sur la terre mesura en obscures).
stades la distance entre deux points du globe et Dérivés : ESTANCAMIENTO ‘stagnation (d’un
en déduisit presque exactement la circonfé- liquide)’ et, au figuré, ‘enlisement’, ‘impasse’,
rence de notre planète. ‘stagnation (économique)’. ESTANCO a
ESTADISTA, voir estar. d’abord signifié ‘étang’ avant de désigner en
ESTADÍSTICA, voir estar. économie un ‘monopole’ ou une ‘régie’ c’est-
ESTADO, voir estar. à-dire le régime qui met une entreprise à l’abri
ESTAFA, voir estafar. de la libre concurrence comme si elle était en-
ESTAFADOR, voir estafar. fermée dans ses privilèges, comme si l’accès
au marché était fermé aux autres entreprises
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potentiellement concurrentes (el Estanco del droit : ‘il conste que’, calque du latin constat.
tabaco ‘la Régie des tabacs’). Estanco signi- CONSTANCIA ‘constance’. DISTAR ‘être éloi-
fie aussi ‘étanche’, ‘qui arrête l’eau’ en parlant gné de’, du latin distare de même sens, formé
des navires (sens peut-être emprunté au portu- avec le préfixe dis- indiquant l’éloignement, la
gais ou au français). ESTANQUE ‘étang’, litté- séparation et stare ‘se tenir’. DISTANCIA ‘dis-
ralement ‘étendue d’eau dont les bords arrê- tance’. DISTANCIAR ‘éloigner, écarter’. ES-
tent, retiennent l’écoulement’ (idée de stagna- TABLE ‘stable’. ESTABILIDAD ‘stabilité’. ES-
tion comprise dans estancar). TABLECER ‘établir’. ESTABLECIMIENTO ‘éta-
ESTANCIA, voir estar. blissement’. ESTACIÓN ‘saison’, ‘époque’ et
ESTANCO, voir estancar. ‘gare’, ‘station’ (de ski, thermale etc., c’est-à-
ESTÁNDAR (‘standard’), est emprunté à l’anglais dire lieu où l’on séjourne), du latin statio, sta-
standard ‘étendard’ et ‘panneau’ puis ‘point tionis ‘état d’immobilité’, ‘position perma-
de repère’ et ‘étalon de poids et mesure’, lui- nente’, ‘lieu de séjour, résidence’, ‘poste mili-
même emprunté à l’ancien français estandart taire’ (statio vient de statum supin de stare).
‘étalon de poids’ c’est-à-dire ce qui permet de ESTACIONAL ‘saisonnier’. ESTACIONALIDAD
mesurer constamment le même poids d’où ‘caractère saisonnier (d’une activité)’, ‘sai-
l’idée de soumettre un ensemble de choses aux sonnalité’ (néologisme récent). ESTACIONAR
mêmes normes de fabrication ou de concep- ‘garer (une voiture)’, ‘parquer’. ESTADO ‘état’,
tion. du latin status ‘action de se tenir’, ‘position,
Dérivés : ESTANDARIZACIÓN ‘standardisa- situation’. Status était souvent associé à civitas
tion’. ESTANDARIZAR ‘standardiser’. et à imperium (in eo statu civitas est ut ‘la cité
ESTANDARIZACIÓN, voir estándar. est dans un état tel que’), d’où le sens pris par
ESTANDARIZAR, voir estándar. la suite de ‘forme de gouvernement’ (rei pu-
ESTANDARTE (‘étendard’), est emprunté à blicae statum labefactare ‘ébranler la constitu-
l’ancien français estandart (moderne éten- tion de l’état’). ESTADISTA ‘homme d’état’.
dard), lui-même pris au francique *standhard ESTADÍSTICA ‘statistique’, est emprunté au la-
‘stable, fixe’, ‘inébranlable’, formé avec stand tin moderne statisticus (XVIIe siècle) c’est-à-
‘action de se tenir debout’ et hard ‘dur, dire ‘relatif à l’État’ lui-même formé à partir
ferme’. Ce mot signifiait donc à l’origine que de l’italien statistica dérivé de statista
l’étendard de l’armée était fiché en terre pen- ‘homme d’état’. La statistique désignait donc
dant la bataille, là où tous les combattants à l’origine l’étude méthodique et chiffrée des
pouvaient le voir. faits sociaux (recensements etc.) définissant
ESTANQUE, voir estanco. un État. Le sens du mot s’est ensuite élargi
ESTANTE, voir estar. pour désigner un ensemble de données quanti-
ESTAR (‘être’), est issu du latin stare ‘se tenir fiées concernant de multiples secteurs (lin-
debout’, ‘être immobile’. Après appauvrisse- guistique, météorologie, sciences physiques
ment sémantique, estar est devenu un verbe etc.). ESTANTE ‘étagère’. ESTANCIA ‘séjour’.
copule introduisant un certain type d’attribut ESTATAL ‘de l’état’, ‘étatique’. ESTATUA ‘sta-
(está enfermo ; el café está frío) et tue’, est emprunté au latin statua de même
l’auxiliaire de la voix passive dite résultative : sens dérivé du verbe statuere ‘établir, poser’,
está herido ‘il est blessé’ (il est dans l’état ré- ‘dresser, mettre debout’, lui-même dérivé de
sultant d’une action antérieure). status ‘action de se tenir’, ‘position’, ‘situa-
Dérivés : CONSTAR ‘être composé, constitué tion’, de stare ‘se tenir debout’. ESTATURA
de’, ‘être établi, prouvé’, ‘figurer’, du latin ‘stature’, littéralement ‘taille de celui qui se
constare ‘se tenir arrêté’, ‘être constitué’, tient debout’. ESTATUTO ‘statut’, du bas latin
‘exister’, ‘se tenir solidement’. La 3e personne statutum ‘règlement’, ‘décret’, participe passé
dite impersonnelle du présent de l’indicatif neutre substantivé du verbe statuere ‘dresser,
c’est-à-dire constat (‘il est certain, établi que’) mettre debout’ et ‘fixer, décider, déterminer’.
a donné la même idée en espagnol : consta MALESTAR ‘malaise’, littéralement ‘mal être’.
por este documento que ‘il est établi par ce ESTATAL, voir estar.
document que’ et que conste que ‘qu’il soit ESTÁTICO (‘statique’), est emprunté au latin
entendu que’. Le français très spécialisé con- scientifique statica, lui-même pris au grec sta-
naît une expression identique en termes de tikos ‘propre à arrêter’, ‘relatif à l’équilibre
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des corps’, dérivé de histanai ‘placer debout’, pris au grec stentóreios ‘relatif à Stentor’, per-
‘se tenir debout’, ‘immobiliser’. sonnage de l’Iliade qui passait pour avoir une
Dérivés : ÉXTASIS ‘extase’, est emprunté au voix aussi puissante que celle de cinquante
latin ecclésiastique ecstasis ‘fait d’être hors de hommes réunis d’où l’expression voz es-
soi’, d’où ‘stupeur, transe’, lui-même pris au tentórea ‘voix de Stentor’.
grec ekstasis ‘déplacement’, ‘égarement de ESTEPA (‘steppe’), est emprunté au russe step
l’esprit, ravissement’, dérivé du verbe exista- par l’intermédiaire du français steppe.
nai ‘faire sortir’, ‘mettre hors de soi’, formé ESTERCOLAR, voir estiércol.
avec ex ‘hors de’ et histanai ‘placer debout, ESTEREO- (‘stéréo-’), élément préfixal tiré du
fixer, dresser’. EXTASIARSE ‘s’extasier’. grec stereos ‘solide’, ‘dur’ et ‘cubique’, et en-
PRÓSTATA ‘prostate’, est emprunté au grec trant dans la composition de mots savants :
prostatês littéralement ‘qui se tient devant’ ESTEREOFÓNICO ‘stéréophonique’ abrégé en
puis ‘chef’, ‘défenseur’, ‘protecteur’ et, en la- estéreo dans emitir en estéreo ‘émettre en
tin tardif, terme d’anatomie désignant une stéréo’ ou cadena / equipo estéreo ‘chaîne
glande placée devant la vessie chez l’homme. stéréo ou hi-fi’. Le procédé de stéréophonie
Ce terme est formé avec pro ‘devant’ et statês, permet de donner l’impression de relief acous-
tiré de histanai ‘placer debout, dresser’. SIS- tique (grec stereon ‘volume cubique’ d’où
TEMA ‘système’, est emprunté au bas latin sys- ‘stère’ c’est-à-dire 1 m3 de bois, estéreo de
tema ‘assemblage’, lui-même pris au grec sus- même sens en espagnol). ESTEREOTIPO ‘sté-
têma ‘ensemble, assemblage’, tiré du verbe réotype’, est d’abord un terme de typographie
sunistanai ‘placer ensemble, grouper, unir’, désignant ce qui est imprimé avec des
formé avec sun- ‘avec, ensemble’ et histanai planches stéréotypées où les caractères sont
‘placer debout’. moulés (cliché obtenu par coulage de plomb
ESTATUA, voir estar. dans un flan ou empreinte). Au figuré, ‘for-
ESTATURA, voir estar. mule banale’, ‘opinion dépourvue
ESTATUTO, voir estar. d’originalité’. ESTEREOTIPADO ‘stéréotypé’
ESTE (1) (‘est’), est un emprunt à l’anglais east c’est-à-dire ‘qui se présente toujours sous la
sans doute par l’intermédiaire du français est. même forme, figé’, comme sortant d’un même
Les autres formes germaniques (allemand Ost, moule (d’imprimerie).
Osten, néerlandais oost, oosten) sont aussi à ESTEREOFÓNICO, voir estereo-.
rattacher à la racine indoeuropéenne *es- si- ESTEREOTIPADO, voir estero-.
gnifiant ‘aurore’. ESTEREOTIPO, voir estereo-.
ESTE (2) ([démonstratif], ‘ce, cette’), est issu du ESTÉRIL (‘stérile’), est emprunté au latin sterilis
latin iste, ista, istud, qui à l’origine permettait ‘non fécond’ et ‘qui rend stérile’.
de désigner des êtres ou des objets concernant Dérivés : ESTERILIDAD ‘stérilité’. ESTERILI-
l’interlocuteur c’est-à-dire la 2e personne (iste ZAR ‘stériliser’. L’équivalent du ‘stérilet’ est
liber ‘le livre que tu tiens’). En espagnol, este le dispositivo intrauterino (el DIU) ou en-
désignera des êtres ou des objets proches du core la espiral à cause de la forme de l’objet
locuteur. Sur l’évolution du système des dé- (voir espira).
monstratifs en latin et en espagnol, consulter ESTERILIDAD, voir estéril.
les références bibliographiques se trouvant à ESTERILIZAR, voir estéril.
l’article sur ese. ESTERTOR (‘râle’ [respiration difficile]), est
ESTELAR, voir estrella. dérivé du latin stertere ‘ronfler ou dormir en
ESTENOGRAFÍA (‘sténographie’), est emprunté ronflant’, ‘dormir profondément’.
à l’anglais stenography mot inventé en 1602 ESTECICISTA, voir estético.
par J. Willis avec les éléments grecs stenos ESTÉTICO (‘esthétique’), est emprunté au latin
‘étroit, resserré’ et -graphos (du verbe gra- aesthetica ‘science du beau’, mot créé en 1750
phein ‘écrire’). Par écriture ‘resserrée, étroite’, par le philosophe allemand Baumgarten à par-
on entend écriture abrégée, simplifiée, formée tir du grec aisthêtikos littéralement ‘qui a la
de signes conventionnels permettant de re- faculté de sentir’ et ‘perceptible, sensible’, dé-
transcrire immédiatement la parole. rivé du verbe aisthanesthai ‘sentir’.
ESTENTÓREO (‘[adjectif] ‘de stentor’), est Dérivés : ANESTESIA ‘anesthésie’, est formé à
emprunté au latin tardif stentoreus lui-même partir du grec anaisthêsia ‘insensibilité’, com-
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posé de an- (préfixe privatif) et d’un dérivé du gnifiant ‘brûler’. Estío est un mot plus litté-
verbe aisthanestai ‘sentir, percevoir’. ESTÉTI- raire que verano (Ramón del Valle Inclán,
CA (substantif) ‘esthétique’. ESTETICISTA ‘es- Sonata de estío).
théticien’. ESTIPULAR (‘stipuler’), est emprunté au latin
ESTIÉRCOL (‘fumier’), est issu du latin stercus juridique stipulare ‘promettre’, ‘s’engager à
de même sens. prêter’ (latin classique stipulari ‘se faire pro-
Dérivés : ESTERCOLAR ‘fumer, fertiliser’. mettre solennellement’ et ‘promettre’). Ce
ESTIGMA (‘stigmate’), est emprunté au latin verbe est peut-être dérivé de stipula ‘paille’
stigma ‘marque imprimée aux esclaves’, car on avait l’habitude de rompre une paille en
‘marque d’infamie’, lui-même pris au grec signe de promesse.
stigma ‘piqûre’, ‘plaie ouverte’, ‘ouverture’, ESTIRADO, voir tirar.
‘tatouage’, dérivé de stizein ‘piquer’. ESTIRAR, voir tirar.
Dérivés : ESTIGMATIZAR ‘stigmatiser’. ESTIRPE (‘souche, lignée, famille’), est emprun-
ESTIGMATIZAR, voir estigma. té au latin stirps ‘souche, racine’ et, au figuré,
ESTILAR, voir estilo. ‘origine, famille, souche, sang’.
ESTILETE, voir estilo. Dérivés : EXTIRPAR ‘extirper’.
ESTILÍSTICA, voir estilo. ESTOCADA, voir estoque.
ESTILIZAR, voir estilo. ESTOICISMO, voir estoico.
ESTILO (‘style’), est emprunté au latin stilus ESTOICO (‘stoïcien’ et ‘stoïque’), est issu du
désignant tout instrument composé d’une tige latin stoicus, emprunté au grec stôikos ‘de
pointue (français stylet, espagnol estilete) : l’école du Portique’, dérivé de stoa ‘portique’.
‘tige de cadran solaire’, ‘aiguille’, ‘poinçon Le portique du Pécile (poikilê stoa) à Athènes,
(servant à écrire sur la cire des tablettes)’ d’où était l’endroit où Zénon, fondateur de l’école
le sens d’ « écriture » avec plusieurs accep- dite stoïcienne, enseignait la philosophie.
tions : ‘exercice écrit’, ‘éloquence’, ‘langue’. Dérivés : ESTOICISMO ‘stoïcisme’.
Stilus est sans doute à rattacher à la racine in- ESTÓMAGO (‘estomac’), est emprunté au latin
doeuropéenne *sti- signifiant ‘piquer’ (voir stomachus lui-même pris au grec stomakos
distinguir, estigma et instinto). ‘gorge, gosier’ et, en grec tardif, ‘estomac’,
Dérivés : ESTILAR ‘s’employer, être en usage, dérivé de stoma ‘bouche’ (estomatólogo
être à la mode’. ESTILÍSTICA ‘stylistique’. ES- ‘stomatologiste’ c’est-à-dire spécialiste de la
TILIZAR ‘styliser’ c’est-à-dire représenter un bouche).
objet en simplifiant les formes en vue d’un ef- ESTOMATÓLOGO, voir estómago.
fet décoratif, avec une volonté de style. ESTOQUE (‘épée, estoc’), est emprunté à
ESTIMA, voir estimar. l’ancien français estoc ‘pointe d’une épée’,
ESTIMACIÓN, voir estimar. déverbal de estochier / estoquer, lui-même
ESTIMAR (‘estimer’), est emprunté au latin emprunté au moyen néerlandais stoken ‘pi-
aestimare ‘évaluer le prix d’une chose, appré- quer’ et ‘pousser, inciter’.
cier’, ‘reconnaître le mérite’, d’origine incon- Dérivés : ESTOCADA ‘estocade’, ‘botte’ (es-
nue. crime).
Dérivés : ESTIMA ‘estime’. ESTIMACIÓN ‘es- ESTORBAR, voir turbar.
timation’, ‘évaluation’. DESESTIMAR ‘méses- ESTORNUDAR (‘éternuer’), est issu du latin
timer’, ‘mépriser’. impérial sternutare ‘éternuer souvent’, fré-
ESTIMULAR, voir estímulo. quentatif (intensif) de sternuere ‘éternuer’
ESTÍMULO (‘stimulation’, ‘stimulant’, ‘encoura- d’origine expressive.
gement’), est emprunté au latin stimulus ‘ai- Dérivés : ESTORNUDO ‘éternuement’.
guillon’ et, au figuré, ‘encouragement’ et ESTRABISMO, voir zambo.
‘tourment’ (racine indoeuropéenne *sti- ‘pi- ESTRADO (‘estrade’ ; [anciennement] ‘salon’,
quer’). ‘boudoir’, ‘salle de réception’), est issu du la-
Dérivés : ESTIMULAR ‘stimuler’. tin stratum ‘assise’, ‘pavage’, ‘couverture de
ESTÍO (‘été’), provient de l’adjectif aestivum lit’, ‘lit’, participe passé neutre substantivé de
dans aestivum (tempus) ‘(époque) de l’été’. sternere ‘étendre sur le sol’.
Aestivum est dérivé de aestas ‘été’ qui se rat- Dérivés : SUBSTRATO ‘substrat’, issu du latin
tache à une racine indoeuropéenne *aidh- si- substratum substantivation au neutre du parti-
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rement d’une pièce de théâtre que l’on joue le côté gauche lorsqu’on regarde vers l’avant
pour la première fois ou de la sortie d’un film. (voir babor).
Dérivés : ESTRENO ‘première (représenta- ESTRIDENTE (‘strident’), est emprunté au latin
tion)’, ‘nouveauté’ (estreno mundial ‘pre- stridens, participe présent de stridere ‘pro-
mière mondiale’ ; cine de estreno ‘cinéma / duire un bruit aigu, sifflant’, ‘grincer’,
salle d’exclusivité’). d’origine onomatopéique.
ESTRENO, voir estrenar. ESTROFA (‘strophe’), est emprunté au latin
ESTREÑIR (‘constiper’), est issu du latin strin- stropha lui-même pris au grec strophê ‘tour’,
gere ‘serrer, resserrer’. La constipation étant ‘évolution du chœur sur la scène’ et ‘ruse’, dé-
vue à l’origine comme un resserrement de rivé de strephein ‘tourner’. Ce mot a été intro-
l’intestin (voir aussi constipar). duit en poésie pour désigner la première partie
Dérivés : ESTRECHAR ‘rétrécir’ et ‘resserrer’. d’une pièce lyrique de l’Antiquité grecque que
ESTRECHO ‘étroit’, est issu de strictum, parti- le chœur chantait en évoluant de gauche à
cipe passé adjectivé de stringere. Estrecho est droite (idée de mouvement dans strophê
aussi un substantif dans el (paso) estrecho de ‘tour’, ‘évolution du chœur’). Il s’agit donc
Gibraltar ‘le détroit de Gibraltar’ après el- d’une sorte de métonymie puisque ce qui est
lipse du substantif paso. ESTRICTO ‘strict’ est chanté en mouvement prend le nom du mou-
le doublet savant de estrecho. De l’idée de vement lui-même.
‘serré, étroit’ (estrecho), on est passé, au figu- ESTROPEAR (‘abîmer’, ‘gâcher, gâter’), est
ré, à celle de ‘rigoureux’, ‘sévère’ (estricto) emprunté à l’italien stroppiare ‘priver de
c’est-à-dire ‘qui laisse peu de liberté d’action’. l’usage d’un membre’, ‘estropier’, variante de
RESTRICCIÓN ‘restriction’. RESTRINGIR ‘res- storpiare. Ce verbe est sans doute issu du latin
treindre’. vulgaire *exturpiare dérivé de turpis ‘laid, dif-
ESTRÉPITO (‘fracas’ ; ‘pompe, éclat, ostenta- forme’.
tion’), est emprunté au latin strepitus ‘va- ESTRUCTURA, voir construir.
carme, tumulte’, dérivé de strepere ‘faire du ESTRUENDO (‘vacarme, fracas’, ‘grondement’ ;
bruit’, ‘résonner, retentir’. ‘éclat, pompe’), provient de l’altération de
Dérivés : ESTREPITOSO ‘bruyant’, ‘retentis- l’ancienne forme atruendo issue elle-même de
sant’. atuendo après influence analogique de trueno
ESTRIBAR, voir estribo. ‘tonnerre’. Atuendo est issu du latin attonitus,
ESTRIBILLO, voir estribo. participe passé de attonare ou adtonare ‘frap-
ESTRIBO (‘étrier’, ‘marchepied’ ; ‘base, appui, per du tonnerre’ et ‘frapper de stupeur’. Cette
fondement’), est d’origine incertaine (gotique dernière acception figurée se retrouve
*striups pour l’espagnol et le portugais ; d’ailleurs dans atónito ‘abasourdi, stupéfait’
*streup ‘boucle, courroie servant d’étrier’ qui est en quelque sorte le doublet savant de
pour le français). atuendo (voir ce mot). Le passage de
Dérivés : ESTRIBAR ‘s’appuyer sur’, ‘résider’. l’ancienne forme atruendo à estruendo est dû
ESTRIBILLO ‘refrain’, diminutif de estribo à l’influence analogique de la série estrépito
‘base, appui’. Par son caractère répétitif, le re- ‘fracas’, estallido ‘explosion’, estampido ‘dé-
frain sert en quelque sorte de base à une chan- tonation’.
son, à un poème. ESTRUJAR (‘presser’), est issu du latin vulgaire
ESTRIBOR (‘tribord’), est emprunté à l’ancien *extorculare ‘fouler dans le pressoir’, dérivé
français estribord, lui-même pris au moyen de torculum ou torcular ‘pressoir’, lui-même
néerlandais stierboord composé de stier ‘gou- issu de torquere ‘tordre, tourner’. Torculum a
vernail’ et de boord ‘bord d’un vaisseau’. Les donné treuil en français.
tribus germaniques plaçaient une rame latéra- ESTUCHE (‘étui’, ‘coffret, écrin’), est emprunté à
lement au bateau et à l’arrière pour servir de l’occitan ancien estug, dérivé du verbe estujar
gouvernail comme on le fait encore sur les ca- ‘garder précieusement’, issu du latin vulgaire
noës ou sur les kayaks. Le pilote qui tenait le *studiare ‘donner son soin à qqch.’, ‘tenir en
gouvernail sur un côté tournait le dos à l’autre bon état, conserver’, lui-même dérivé de stu-
bord que l’on a donc appelé en néerlandais dium ‘application, soin’ (voir estudio).
bakboard littéralement ‘bord de dos’ devenu ESTUDIANTE, voir estudio.
ESTUDIANTIL, voir estudio.
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EXPLOSIÓN (‘exploser’), est emprunté au latin ordre exprès’, c’est-à-dire ‘qui est exprimé
explosio, dérivé du supin de explodere ‘chas- formellement, explicitement’. L’expression
ser en battant des mains, huer’ et ‘rejeter, re- tren expreso ‘train express’, ‘un express’, est
pousser’. Formé avec ex (éloignement) et un emprunt à l’anglais express (train).
plaudere ‘battre (des mains)’, ‘faire claquer’, L’anglais express a d’abord signifié ‘exprimé,
‘frapper l’un contre l’autre’. explicite’ puis ‘destiné à un usage spécial. Il
Dérivés : EXPLOSIONAR ‘faire éclater’ et ‘ex- est lui-même emprunté à l’adjectif français
ploser’. EXPLOSIVO ‘explosif’. IMPLOSIÓN exprès, expresse. Dans express train, l’adjectif
‘implosion’ est une formation savante tardive express désignait un train spécial dont la parti-
(1939) à partir de explosión par substitution cularité était de ne pas s’arrêter à toutes les
de préfixe (implosion = explosion dirigée vers gares ; d’où l’idée de ‘train rapide’. A partir de
l’intérieur). cet emploi, l’adjectif s’est dit à propos de ce
EXPLOSIONAR, voir explosión. qu’il convient de faire ou d’envoyer rapide-
EXPLOSIVO, voir explosión. ment : ‘colis, lettre, livraison, coiffure, resse-
EXPLOTACIÓN, voir explotar. melage express’.
EXPLOTAR (‘exploiter’ et ‘exploser’ [bombe EXPROPIAR, voir propio.
etc.]), est emprunté au français exploiter, issu EXPULSAR, voir expeler.
du latin vulgaire *explicitare ‘accomplir’ et EXPURGAR, voir puro.
‘travailler, faire valoir’, tiré de explicitum ‘ac- EXQUISITO (‘exquis’), est emprunté au latin
tion menée à bien’, neutre substantivé de ex- exquisitus ‘recherché, élégant, raffiné’, parti-
plicitus, participe passé de explicare ‘dérouler, cipe passé de exquirere ‘rechercher avec soin’,
déployer, développer’ et ‘expliquer’. Quant à formé avec ex (valeur intensive) et quaerere
l’autre sens de explotar (‘exploser’) voici ce ‘chercher’.
que J. Corominas en pense : « La falta de un EXTASIARSE, voir estático.
verbo correspondiente al sustantivo explosión ÉXTASIS, voir estático.
[...] y la semejanza material de explosión con EXTENDER, voir tender.
explotar hicieron que en español se usara este EXTENSIÓN, voir tender.
verbo, con carácter abusivo, en el sentido de EXTENUAR, voir tenue.
‘estallar’ o ‘hacer explosión’ y aunque se trata EXTERIOR (‘extérieur’), est emprunté au latin
de un verdadero barbarismo y de un duplicado exterior ‘plus en dehors’, comparatif de
perfectamente innecesario de estallar, sigue l’adjectif exter ‘du dehors’, ‘étranger’, formé
este uso bastante vivaz hasta hoy y es dudoso avec ex et l’élément -ter- ‘du côté de’.
que se logre desarraigarlo. » Dérivés : EXTERIORIZAR ‘extérioriser’.
Dérivés : EXPLOTACIÓN ‘exploitation’. EXTERMINAR, voir término.
EXPOLIAR, voir despojar. EXTERMINIO, voir término.
EXPONENTE, voir poner. EXTERNO (‘externe’), est emprunté au latin
EXPONER, voir poner. externus ‘extérieur’, ‘du dehors’, ‘étranger’,
EXPORTAR, voir portar. dérivé de exter de même sens, formé avec ex
EXPÓSITO, voir poner. et -ter- ‘du côté de’. Signos externos de ri-
EXPRESAR, voir exprimir. queza ‘signes extérieurs de richesse’.
EXPRESIÓN, voir exprimir. EXTINCIÓN, voir extinguir.
EXPRESO, voir exprimir. EXTINGUIR(SE) (‘[s’] éteindre’), est emprunté
EXPRIMIR (‘exprimer, presser’), est emprunté au au latin exstinguere ‘éteindre’ et ‘effacer, faire
latin exprimere ‘faire sortir en pressant’ et, au cesser’ d’origine non établie.
figuré, ‘représenter, exprimer’. Formé avec ex Dérivés : EXTINCIÓN ‘extinction’, du latin exs-
(éloignement) et premere ‘serrer’, ‘exercer tinctio ‘action d’éteindre le feu’, ‘fin’, formé
une pression sur’. sur le supin de exstinguere (especie en vías de
Dérivés : EXPRESAR(SE) ‘exprimer (une idée)’, extinción ‘espèce en voie de disparition’).
‘s’exprimer (par écrit, oralement)’. EXPRESIÓN EXTINTOR ‘extincteur’.
‘expression’. EXPRESO ‘exprès’ est emprunté EXTIRPAR, voir estirpe.
au latin expressus ‘mis en relief, exprimé clai- EXTORSIÓN, voir torcer.
rement, explicite’, participe passé de expri- EXTORSIONAR, voir torcer.
mere vu plus haut. Por orden expresa ‘sur
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EXTRA- est un préfixe emprunté au latin extra EXTRAVIAR(SE), voir extra- et vía.
adverbe et préposition signifiant ‘dehors, hors EXTRAVÍO, voir extra- et vía.
de’. Dans la langue moderne extra est aussi EXTREMIDAD, voir extremo.
adjectif et substantif : las horas extraordina- EXTREMO (‘extrême’), est emprunté au latin
rias ‘les heures supplémentaires’ → las horas extremus, superlatif de exter ‘le plus à
extras ; tienen muchos extras además de la l’extérieur’, ‘le dernier’, ‘le pire’.
paga (extras ici ‘gratifications, primes, à- Dérivés : EXTREMAR ‘pousser à l’extrême’,
côtés’) ; trabajar de extra ‘jouer les figu- ‘renforcer’. EXTREMIDAD ‘extrémité’, du latin
rants’ (au cinéma). extremitas ‘partie située le plus à l’extérieur’
Dérivés : EXTRACONYUGAL ou EXTRAMARI- et ‘situation extrême’.
TAL ‘extraconjugal’. EXTRAESCOLAR ‘extras- EXTROVERTIDO, voir introversión.
colaire’. EXTRAOFICIAL ‘officieux’. EX- EXUBERANTE, voir ubre.
TRAORDINARIO ‘extraordinaire’. EXTRAPLANO EXULTAR, voir saltar.
‘extra-plat’. EXTRARRADIO ‘petite banlieue’, EXVOTO, voir voto.
‘banlieue proche’. EXTRATERRESTRE ‘extra- EYACULACIÓN, voir jaculatoria.
terrestre’. EXTRAVERTIDO ‘extraverti’. EYECCIÓN (‘éjection’), est emprunté au latin
EXTRACONYUGAL, voir extra- et yugo. ejectio ‘action de jeter dehors’, ‘expulsion’,
EXTRACTO, voir traer. tiré de ejectum, supin de ejicere, formé avec
EXTRADICIÓN (‘extradition’), a été formé avec ex et jacere ‘jeter’ (voir echar).
le préfixe ex ‘hors de’ et le mot latin traditio Dérivés : EYECTABLE ‘éjectable’ (asiento
‘action de livrer au dehors’, dérivé de tradi- eyectable ‘siège éjectable’).
tum, supin de tradere ‘transmettre, livrer’ et
donc ‘trahir’, formé à partir de dare ‘donner’
(‘donner qqn.’ c’est-à-dire ‘le trahir’). F
Dérivés : EXTRADIR ou EXTRADITAR ‘extra-
der’.
EXTRADIR, voir extradición. FÁBRICA (‘usine’, ‘fabrique’), est emprunté au
EXTRADITAR, voir extradición. latin fabrica ‘métier d’artisan’, ‘action de tra-
EXTRAER, voir traer. vailler’, ‘œuvre d’art’, ‘atelier’, ‘forge’. Fa-
EXTRAESCOLAR, voir extra- et escuela. brica dérive de faber ‘ouvrier qui travaille les
EXTRALIMITARSE, voir límite. corps durs’. En vieux français faber a donné
EXTRANJERO, voir extraño. fèvre ‘forgeron’ qui ne subsiste plus que dans
EXTRAÑAR, voir extraño. les noms propres Lefèvre (littéralement ‘le
EXTRAÑO (‘étrange, curieux’ ; ‘étranger’ [adjec- forgeron’) ou Fèvre.
tif et substantif]), est issu du latin extraneus Dérivés : FABRICAR ‘fabriquer’.
‘du dehors, extérieur’, ‘qui n’est pas de la fa- FABRICAR, voir fábrica.
mille, du pays’, dérivé de extra ‘dehors, hors FÁBULA, voir hablar.
de’, lui-même tiré de ex. Un étranger est qqn. FABULOSO, voir hablar.
que l’on n’a pas l’habitude de voir, il est donc FACCIÓN, voir hacer.
‘étrange’. FACETA, voir faz.
Dérivés : EXTRAÑAR ‘étonner’. EXTRANJERO FACIAL, voir faz.
‘étranger’ est emprunté à l’ancien français es- FÁCIL, voir hacer.
trangier dérivé de l’adjectif estrange, du latin FACILIDAD, voir hacer.
extraneus (voir plus haut). Extranjero se dit FACILITAR, voir hacer.
de l’étranger au pays. Un étranger à une ré- FACSÍMIL, voir hacer et fax.
gion, à une ville se dit forastero (voir ce mot). FACTIBILIDAD, voir hacer.
EXTRAOFICIAL, voir extra- et oficio. FACTIBLE, voir hacer.
EXTRAORDINARIO, voir extra- et orden. FACTICIO, voir hacer.
EXTRAPLANO, voir extra- et llano. FACTOR, voir hacer.
EXTRARRADIO, voir extra- et rayo. FACTORÍA, voir hacer.
EXTRATERRESTRE, voir extra- et tierra. FACTÓTUM, voir hacer.
EXTRAVAGANTE, voir extra- et vago. FACTURA, voir hacer.
EXTRAVERTIDO, voir introversión. FACTURACIÓN, voir hacer.
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FAUCES (‘gosier’ ; ‘gueule [d’un animal]’), est faccia ‘visage’ issu du latin vulgaire *facia
issu du latin fauces ‘gosier, gorge’ et ‘passage ‘portrait’. FACHADA ‘façade’, est emprunté à
étroit’, ‘gorge, défilé’, ‘détroit’. Fauces est le l’italien facciata ‘un des côtés d’un bâtiment’.
pluriel de faux, faucis. FACETA ‘facette’, est emprunté au français fa-
FAUNA, voir fauno. cette littéralement ‘petit visage’, diminutif de
FAUNO (‘faune’ [mythologie]), est emprunté au face. FACIAL ‘facial’ (tratamiento facial
latin Faunus dieu de la fécondité (dieu Pan). ‘soins du visage’). HACIA ‘vers’, préposition
Au pluriel, fauni ‘petits génies champêtres’. composée avec faz et la préposition a, littéra-
Faunus est apparenté au verbe favere ‘être fa- lement ‘face à’, ‘tourné vers’. INTERFAZ ou
vorable’. INTERFACE ‘interface’, ce mot désigne le logi-
Dérivés : FAUNA ‘(la) faune’ est emprunté au ciel, le programme qui permet à l’utilisateur
latin scientifique fauna créé parallèlement à d’un ordinateur de communiquer avec sa ma-
flora ‘flore’ par le naturaliste suédois Linné en chine (una interfaz/interface ami-
1746. Fauna est formé d’après Faunus. gable/asequible ‘une interface conviviale’).
FAUSTO (‘faste, pompe, magnificence’), est une Ce mot est emprunté à l’anglais interface ‘sur-
altération du latin fastus — mot d’origine in- face placée entre deux portions de matière ou
connue et signifiant ‘orgueil’, ‘air orgueil- d’espace’ puis ‘lieu d’interaction entre deux
leux’ — par confusion avec faustus ‘heureux, systèmes’ et ‘dispositif destiné à assurer la
favorable’, dérivé de favere ‘être favorable’. connexion entre deux systèmes’. Formé avec
FAVOR (‘faveur’), est emprunté au latin favor inter ‘entre’ et face ‘surface, aspect’. SUPER-
‘marque de faveur’, dérivé de favere ‘être fa- FICIE ‘surface’, ‘superficie’ (super ‘sur’ et fa-
vorable, favoriser’, ‘marquer son approba- cies ‘face’).
tion’. FE (‘foi’), est issu du latin fides ‘foi, confiance’,
Dérivés : DESFAVORABLE ‘défavorable’. DES- ‘loyauté’, ‘promesse’. En latin chrétien, le mot
FAVORECER ‘défavoriser’. DISFAVOR ‘défa- a pris le sens spécial de ‘confiance en Dieu’.
veur’, traitement savant du préfixe latin dis-. Dérivés : FEHACIENTE, littéralement ‘faisant
FAVORABLE ‘favorable’. FAVORECER ‘favori- foi’, ‘digne de foi’. FIDEDIGNO ‘digne de foi’
ser’. FAVORITO ‘favori’, est emprunté à (según fuentes fidedignas ‘d’après des
l’italien favorito par l’intermédiaire du fran- sources dignes de foi’). FIDELIDAD ‘fidélité’.
çais favori. L’italien favorito est le participe FIEL ‘fidèle’. Fiel (substantif), dans le sens de
passé du verbe favorire ‘marquer sa préfé- ‘fléau, aiguille (de la balance)’ est issu des an-
rence’, dérivé de favore (latin favor). ciennes formes hil, fil ou filo du latin filum
FAVORABLE, voir favor. ‘fil’ utilisé par Isidore de Séville pour désigner
FAVORECER, voir favor. le fléau de la balance : filo de la balanza est
FAVORITO, voir favor. devenu fil de la balanza après apocope puis
FAX (‘fax’), vient, par l’intermédiaire de l’anglais fiel de la balanza par confusion avec
fax, de la contraction de la locution latine fac l’adjectif fiel. Cette confusion est quelque peu
simile qui signifie littéralement ‘fais une chose motivée dans la mesure où l’aiguille de la ba-
semblable’, formé avec fac impératif de facere lance doit indiquer exactement et fidèlement
‘faire’ et simile ‘chose semblable’, substanti- les poids mesurés. PÉRFIDO ‘perfide’, du latin
vation de l’adjectif similis ‘semblable, res- perfidus ‘qui transgresse la foi, la fidélité’ (per
semblant’. Un fax, une télécopie est en effet ‘par-dessus’, ‘à travers’, ‘le long de’).
en tous points semblables à l’original. Le latin FEALDAD, voir feo.
fac simile a donné aussi en espagnol facsímil FEBRERO (‘février’), est issu du latin februarius
(ou facsímile), français ‘fac-similé’, c’est-à- (mensis) ‘le mois des purifications’, dérivé de
dire la reproduction exacte d’un écrit, d’un februus ‘purificateur’. Ce mois était le dernier
dessin. dans l’ancienne année romaine.
FAZ (‘face’), est issu du latin facies ‘forme, FEBRIL, voir fiebre.
aspect général’ puis ‘visage’. FECAL, voir heces.
Dérivés : ANTIFAZ ‘masque’, formé avec la FECULENTO, voir hez.
préposition ante et faz, littéralement ‘devant la FÉCULA, voir hez.
face’. DESFACHATEZ ‘culot, sans-gêne’. FA- FECUNDACIÓN, voir fecundo.
CHA ‘allure, aspect’, est emprunté à l’italien FECUNDIDAD, voir fecundo.
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FÉRULA (‘férule’), est emprunté au latin ferula DESCONFIAR ‘se méfier de’. FIADOR ‘garant,
‘férule, plante à longue tige’, ‘menue branche, répondant, caution’. FIANZA ‘caution, garan-
baguette’, ‘férule (pour corriger les enfants, tie’.
les esclaves)’. Ce mot ne s’emploie plus que FIBRA, voir hebra.
dans l’expression estar bajo la férula de al- FICCIÓN, voir fingir.
guien ‘être sous la férule de qqn’. FICTICIO, voir fingir.
FERVIENTE, voir hervir. FICHA (‘fiche’, ‘jeton’ [de téléphone]), est em-
FERVOR, voir hervir. prunté au français fiche avec d’abord le sens
FESTEJAR, voir fiesta. de ‘pointe’, ‘épine’, ‘pic de fer pour planter la
FESTEJO, voir fiesta. vigne’. A partir du sens de ‘chose fichée, plan-
FESTIVAL, voir fiesta. tée’, le mot a désigné une étiquette fixée sur
FESTIVO, voir fiesta. qqch puis, par extension, une feuille cartonnée
FETÉN (‘au poil, formidable’ ; ‘vrai, cent pour portant des renseignements. Le sens de ‘jeton’
cent’), est emprunté au tsigane (gitan) parlé en est pris aussi au français où le mot désignait,
Espagne. En espagnol familier, fetén signifie dès le XVIIe siècle, un jeton utilisé dans cer-
aussi ‘vérité’ : « ... y la fetén (la verdad) es tains jeux. Fiche est le déverbal de ficher issu
que la Sonia, o sea la nuera, tiene un agujero du latin vulgaire *figicare puis *ficcare, du la-
en cada mano y no le basta nada. » (Miguel tin classique figere ‘enfoncer’, ‘fixer’, ‘trans-
Delibes, Diario de un jubilado, 1995). percer’ (voir hincar).
FETICHE, voir hacer. Dérivés : FICHAR ‘mettre en fiche’, ‘engager
FETICHISMO, voir hacer. (un joueur de football)’ : fichar por un club
FÉTIDO, voir heder. ‘signer un contrat avec un club’.
FETO, voir fecundo. FICHAR, voir ficha.
FEUDAL, voir feudo. FIDEDIGNO, voir fe.
FEUDALIDAD, voir feudo. FIDELIDAD, voir fe.
FEUDO (‘fief’), est emprunté au bas latin feudum FIEBRE (‘fièvre’), est issu du latin febris
‘bénéfice héréditaire’, forme latinisée de d’origine mal établie.
l’ancien français et de l’ancien provençal fieu Dérivés : FEBRIL ‘fébrile’.
(moderne fief), sans doute issue du francique FIEL (‘fidèle’ et ‘fléau, aiguille de la balance’),
*fehu ‘bétail’ puis ‘bien, possession’. Une voir fe.
autre hypothèse proposée par P. Guiraud serait FIELTRO (‘feutre’), est issu du francique *filtir
que fief viendrait de foedus, foederis ‘lien’, ‘étoffe obtenue à partir de poil ou de laine’. Ce
‘contrat, convention’, le fief étant un domaine mot a donné en latin médiéval filtrum ‘filtre’,
donné par le suzerain à son vassal, lequel espagnol filtro car les filtres peuvent être faits
s’engage par un pacte d’allégeance, de fidélité. avec du feutre.
Dérivés : FEUDAL ‘féodal’. FEUDALIDAD ‘féo- Dérivés : FILTRACIÓN ‘filtration’, ‘filtrage’ et,
dalité’. au figuré, ‘fuite’, ‘indiscrétion’.
FIADOR, voir fiar. FIERA, voir fiero.
FIAMBRE, voir frío. FIERABRÁS, voir fiero.
FIANZA, voir fiar. FIERO (‘cruel’, ‘féroce’), est issu du latin ferus
FIAR(SE) (‘se porter garant’ ; ‘se fier, avoir ‘sauvage, féroce’.
confiance’), est issu du latin vulgaire *fidare, Dérivés : FERINA dans tos ferina, littéralement
altération du latin classique fidere ‘avoir con- ‘toux semblable à un grognement, toux
fiance’. rauque’ c’est-à-dire ‘la coqueluche’. FEROCI-
Dérivés : AFIANZAR ‘cautionner, garantir’, ‘af- DAD ‘férocité’. FEROZ ‘féroce’. FIERA (subs-
fermir, consolider’. CONFIANZA ‘confiance’. tantivation de l’adjectif fiero au féminin)
CONFIAR ‘confier’, ‘avoir confiance, faire con- ‘fauve, bête féroce’ (una fiera de la escena
fiance’. CONFIDENCIA ‘confidence’. CONFI- ‘une bête de scène’). FIERABRÁS ‘fier-à-bras,
DENTE ‘confident’ et ‘informateur, indicateur’ matamore’, provient du nom donné à un géant
(confidente policial ‘indicateur de police’). sarrasin des chansons de geste (XIIe siècle). Il
DESAFIAR ‘défier, lancer un défi’, littéralement est peut-être issu du latin fera bracchia ‘bras
‘faire savoir que l’on renonce à la foi jurée’ redoutables’ à moins que fier ne soit, comme
d’où le sens de ‘provoquer’. DESAFÍO ‘défi’. le propose P. Guiraud, l’impératif de l’ancien
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verbe férir ‘frapper’, dans ce cas ‘fier-à-bras’ Dérivés : FILMACIÓN ‘tournage’ (synonyme
signifierait ‘frappe à tour de bras’. de rodaje). FILMAR ‘filmer’ (voir rodar).
FIESTA (‘fête’), est issu du latin festa dans festa FILMOGRAFÍA ‘filmographie’.
(dies) ‘(jour) de fête’. Festa est le neutre plu- FILMACIÓN, voir film.
riel substantivé de l’adjectif festus ‘de fête’, FILMAR, voir film.
‘qui célèbre la fête’. FILMOGRAFÍA, voir film.
Dérivés : FESTEJAR ‘fêter’, ‘faire fête à’. FES- FILO, voir hilo.
TEJO ‘bon accueil’, ‘galanterie’, ‘fêtes, ré- FILO-, est un élément préfixal tiré du grec philos
jouissances’. FESTIVAL ‘festival’, est emprunté adjectif et substantif ‘ami’, ‘aimé, cher’,
à l’anglais festival ‘de fête’, ‘période de fête’ ‘bienveillant’. Les mots savants formés à par-
et ‘fête musicale’ d’où ‘série de manifestations tir de philo- signifient donc ‘à qui qqch est
musicales’. FESTIVO ‘de fête’, ‘spirituel, en- cher’ : FILÓSOFO ‘philosophe, qui aime la phi-
joué’, ‘joyeux’ et ‘férié’ dans día festivo ‘jour losophie’, FILÓLOGO ‘philologue’, FILAN-
de fête, jour férié ou chômé’. TROPÍA ‘philanthropie’ c’est-à-dire l’amour
FIGURA (‘forme’, ‘figure’, ‘aspect’, ‘silhouette, des hommes et de l’humanité, est formé à par-
allure’), est emprunté au latin figura ‘forme, tir de philo- ‘ami’ et de anthrôpos ‘homme’.
aspect’, ‘représentation sculptée’, ‘mode FILATELIA ‘philatélie’, créé par le collection-
d’expression’ et ‘manière d’être’. Figura est neur Herpin en 1864, est formé avec philo-
tiré de fingere ‘modeler (dans l’argile)’. ‘amour’, ‘recherche de’ et de ateleia ‘exemp-
Dérivés : DESFIGURAR ‘défigurer’. FIGURAR tion d’impôts, de charges’ : ‘philatélie’ a donc
‘figurer’, ‘représenter’. FIGURÍN ‘gravure de signifié à l’origine que le timbre-poste, qui
mode’ (se dit d’une personne). FIGURÓN ‘fi- servait à faire payer le port des lettres à
gure’ dans figurón / mascarón de proa ‘fi- l’expéditeur, dispensait, exemptait donc le
gure de proue’. PREFIGURAR ‘préfigurer’. destinataire du paiement de ces droits. Le mot
TRANSFIGURAR ‘transfigurer’. s’est ensuite appliqué à l’étude et à la collec-
FIGURAR, voir figura. tion des timbres-poste.
FIGURÍN, voir figura. FILÓLOGO, voir filo-.
FIGURÓN, voir figura. FILÓN, voir hilo.
FIJAR, voir fijo. FILÓSOFO, voir filo-.
FIJEZA, voir fijo. FILTRACIÓN, voir fieltro.
FIJO (‘fixe’), est emprunté au latin fixus, parti- FILTRAR, voir fieltro.
cipe passé de figere ‘enfoncer’ et ‘attacher’. FILTRO, voir fieltro.
Dérivés : FIJAR ‘fixer’. FIJEZA ‘fixité’. PREFI- FIN (‘fin’), est issu du latin finis ‘borne, limite
JO ‘préfixe’, littéralement ‘ce qui est fixé, pla- d’un champ’, ‘frontière’ et, au figuré, ‘terme,
cé devant le nom’. SUFIJO ‘suffixe’, du latin but’, ‘degré suprême de qqch’.
suffixus, participe passé substantivé de suffi- Dérivés : AFÍN ‘contigu, limitrophe’, ‘con-
gere ‘fixer par-dessous’, ‘attacher (en fin de nexe’, ‘voisin’, ‘qui a des affinités’. AFINIDAD
mot)’, sub- marquant la position inférieure. ‘affinité’. CONFÍN, CONFINES ‘confins’, du la-
FILA, voir hilo. tin confinis ‘contigu, voisin’, formé avec cum
FILAMENTO, voir hilo. ‘avec, ensemble’ et finis c’est-à-dire ‘qui a une
FILANTROPÍA, voir filo-. limite commune’. Les limites de deux terri-
FILATELIA, voir filo-. toires pouvant être reculées, confines a pris le
FILETE, voir hilo. sens de ‘point extrême’, ‘espace éloigné’ (por
FILIACIÓN, voir hijo. todos les confines del mundo ‘aux quatre
FILIAL, voir hijo. coins du monde’). CONFINAR ‘confiner, exiler,
FILM / FILME (‘film’), est emprunté à l’anglais reléguer’ (c’est-à-dire ‘forcer qqn à rester dans
film ‘membrane’ puis ‘feuille très mince’ et, un espace limité’). DEFINIR ‘définir’, du latin
au XIXe siècle, ‘couche de gélatine étendue definire ‘déterminer’, ‘fixer’, ‘délimiter (le
sur la plaque ou le papier’ (en photographie), sens d’un mot)’, formé avec de (marquant ici
enfin (vers 1880), ‘pellicule pour la photogra- l’aboutissement de l’action) et finire ‘finir’.
phie’. DEFINITIVO ‘définitif’, du latin definitivus ‘li-
mité, défini’, ‘décisif’. FENECER ‘mourir, pé-
rir’. FENECIMIENTO ‘mort’. FINAL (adjectif et
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substantif) ‘final’ (el Juicio final ‘le Jugement Dérivés : AFIRMAR ‘affirmer’, du latin adfir-
dernier’) et ‘fin’. FINALIZAR ‘mettre fin à’. FI- mare ‘consolider, fortifier’, ‘donner comme
NAR ‘décéder’. FINANZA(S) ‘finance(s)’, est sûr et certain’. CONFIRMACIÓN ‘confirmation’.
emprunté au français finance dérivé de CONFIRMAR ‘confirmer’. FIRMA ‘signature’ :
l’ancien verbe finer ‘mener à sa fin (une tran- la signature d’un document représente un en-
saction)’ d’où le sens de ‘payer’ et donc ‘fi- gagement ferme de la part du signataire. En
nancer’. FINITO / INFINITO ‘fini / infini’. INFI- latin médiéval, firma signifie d’ailleurs ‘con-
NITIVO ‘infinitif’, est emprunté au latin des vention avec garantie’. Du sens de ‘signature’
grammairiens infinitivus (modus) ‘mode indé- on est passé à celui de ‘raison sociale’ et ‘mai-
terminé’, dérivé du latin classique infinitus son de commerce, firme’. L’anglais firm est
‘sans fin, sans limites’ et ‘indéfini’. L’infinitif emprunté à l’espagnol firma. FIRMAMENTO
est indéfini dans la mesure où l’action dési- ‘firmament’, du latin chrétien firmamentum
gnée par le verbe est exprimée de manière abs- c’est-à-dire la voûte céleste sur laquelle les
traite, indéterminée, en dehors de toute réalisa- astres, les étoiles semblent fermement fixés.
tion temporelle (cantar = le fait de chanter en Firmamentum dérive de firmare ‘rendre
général). SINFÍN ‘infinité, grand nombre’. ferme, solide’. FIRMEZA ‘fermeté’.
FINAL, voir fin. FIRMEZA, voir firme.
FINALIZAR, voir fin. FISCAL, voir fisco.
FINANZAS, voir fin. FISCALIDAD, voir fisco.
FINAR, voir fin. FISCALIZAR, voir fisco.
FINCA, voir hincar. FISCO (‘fisc’), est emprunté au latin fiscus ‘pa-
FINGIR (‘feindre’), est issu du latin fingere ‘fa- nier pour recevoir l’argent’ et, au figuré, ‘tré-
çonner, modeler de l’argile’ puis ‘imaginer’, sor public’. Aujourd’hui, ce mot désigne
‘inventer’. l’ensemble des administrations chargées des
Dérivés : EFIGIE ‘effigie’, du latin effigies ‘re- impôts.
présentation, image’, ‘statue’, de effingere ‘re- Dérivés : CONFISCACIÓN ‘confiscation’. CON-
présenter’. FICCIÓN ‘fiction’, du latin fictio FISCAR ‘confisquer’, du latin impérial confis-
‘action de façonner, création’, ‘action de care, littéralement ‘faire entrer dans le trésor
feindre et son résultat’, ‘tromperie’, dérivé de public’ (cum ‘avec’ et fiscus ‘trésor public’).
fictum supin de fingere. FICTICIO ‘fictif’, FISCAL (adjectif et substantif) ‘fiscal(e)’ et
‘d’emprunt’. ‘représentant du ministère public’, ‘procureur
FINITO, voir fin. de la République’. FISCALIDAD ‘fiscalité’.
FINO (‘fin’ ; ‘poli, bien élevé’), est formé d’après FISCALIZAR ‘contrôler, surveiller’.
le substantif fin issu du latin finis ‘borne, li- FISGAR (‘pêcher à la foëne’ ; ‘railler, se mo-
mite d’un champ’ et ‘degré suprême de qqch’, quer’), est sans doute issu du latin vulgaire
d’où le sens retenu en espagnol de ‘raffiné, *fixicare dérivé de figere ‘enfoncer’ : du sens
poli’ (por lo fino ‘élégamment’). de pêcher à la foëne (sorte de harpon pour pê-
Dérivés : AFINAR ‘affiner’, ‘dégrossir’ ; ‘ac- cher l’anguille en particulier), on est passé à
corder (un piano)’. FINEZA ‘finesse’, ‘délica- celui de ‘railler, se moquer’, c’est-à-dire lan-
tesse, amabilité, gentillesse, attention déli- cer des piques contre qqn, le blesser.
cate’. FINURA ‘finesse’, ‘politesse’, ‘délica- FÍSICA, voir físico.
tesse’. REFINAR ‘raffiner’. REFINERÍA ‘raffine- FÍSIL, voir hender.
rie’. REFINO ‘raffinage’. FISIÓN, voir hender.
FINURA, voir fino. FÍSICO (‘physique’ [adjectif] ; [substantif] ‘phy-
FIORD / FIORDO (‘fiord’), est emprunté au sicien’), est emprunté à l’adjectif latin physi-
norvégien fjord ‘golfe s’enfonçant profondé- cus ‘naturel, qui concerne la connaissance de
ment dans les terres’. la nature’ puis substantivé pour désigner un
FIRMA, voir firme. naturaliste ou un physicien. Physicus est lui-
FIRMAMENTO, voir firme. même pris au grec phusikos ‘ce qui est natu-
FIRMAR, voir firme. rel’, ‘ce qui concerne la nature ou l’étude de la
FIRME (‘ferme’, ‘solide’, ‘décidé’), est issu du nature’, dérivé de phusis ‘nature’.
latin vulgaire firmis (latin classique firmus) Dérivés : FÍSICA ‘physique’. FISIOLOGÍA ‘phy-
‘solide, résistant’. siologie’, est emprunté au latin physiologia
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FLORECER, voir flor. siècle que le mot a été repris pour désigner un
FLORECIMIENTO, voir flor. halogène, gaz verdâtre, très dangereux à respi-
FLORETE, voir flor. rer, dont un dérivé entre dans la composition
FLORILEGIO, voir flor. de certains dentifrices contre les caries. FLU-
FLORÓN, voir flor. VIAL ‘fluvial’, du latin fluvialis dérivé de flu-
FLOTA (‘flotte’), est emprunté au français flotte, vius ‘fleuve’ (fluvial discurso ‘discours
lui-même pris à l’ancien scandinave floti ‘ra- fleuve’). INFLUENCIA ‘influence’. INFLUIR ‘in-
deau’. Le mot flota a d’abord désigné un en- fluer’. REFLUIR ‘refluer’. REFLUJO ‘reflux’
semble de bateaux avant de s’appliquer par (marée). SUPERFLUO ‘superflu’, du latin tardif
extension à un ensemble d’avions ou de véhi- superfluus ‘débordant’, ‘excessif, de reste’,
cules. dérivé de superfluere ‘déborder’, ‘surabon-
Dérivés : FLOTACIÓN ‘flottaison’ (línea de der’, formé avec fluere ‘couler’ et super ‘au-
flotación ‘ligne de flottaison’) et ‘flottement’ dessus, par-dessus’.
(la flotación del dólar ‘le flottement du dol- FLUJO, voir fluir.
lar’). FLOTAR est emprunté au français flotter FLÚOR, voir fluir.
formé à partir du radical francique *flot- sans FLUVIAL, voir fluir.
doute influencé par le latin fluctuare ‘être agi- FOBIA (‘phobie’), a été isolé à partir de ses nom-
té (en parlant des flots)’, ‘être ballotté sur les breux composés tels que claustrofobia ‘claus-
flots’. FLOTE dans poner / sacar a flote ‘re- trophobie’, agorafobia ‘agoraphobie’, franco-
mettre à flot, renflouer’ (emprunté au français fobia ‘francophobie’ etc. Ce mot, devenu au-
flot). tonome à la fin du XIXe siècle, est tiré du grec
FLOTACIÓN, voir flota. phobos ‘effroi, peur panique’.
FLOTAR, voir flota. FOCA (‘phoque’), est emprunté au latin phoca,
FLOTE, voir flota. lui-même pris au grec phôkê ‘phoque, veau
FLUCTUAR, voir fluir. marin’, dont la structure étymologique reste
FLUIDEZ, voir fluir. obscure.
FLUIDIFICAR, voir fluir. FOCAL, voir fuego.
FLUIDO, voir fluir. FOCALIZAR, voir fuego.
FLUIR (‘couler, s’écouler’), est emprunté au latin FOCO, voir fuego.
fluere ‘couler’. FOFO (‘flasque, mou’), est de formation expres-
Dérivés : AFLUIR ‘affluer’. AFLUENCIA ‘af- sive.
fluence’, ‘foule’. AFLUENTE ‘affluent’. CON- FOGATA, voir fuego.
TRAFLUJO (A / EN) ‘à contresens’ (circulation FOGÓN, voir fuego.
routière). EFLUVIO ‘effluve’, du latin effluvium FOGONAZO, voir fuego.
‘écoulement’ et ‘endroit où un lac se dé- FOGOSIDAD, voir fogoso.
charge’, dérivé de effluere ‘s’écouler, couler FOGOSO (‘fougueux’), est emprunté au français
de’, ‘laisser couler’. Par extension de sens, le fougueux dérivé de fougue qui passe pour être
mot s’est appliqué à des émanations, à des ex- un emprunt à l’italien foga ‘fuite précipitée’
halaisons. FLUCTUAR ‘fluctuer, flotter’, ‘hési- et, par extension de sens, ‘ardeur’, du latin fu-
ter’, du latin fluctuare ‘être agité’ (en parlant ga ‘fuite’. Cette étymologie n’est pas toujours
de la mer) et, au figuré, ‘être hésitant’, dérivé admise et P. Guiraud, partant de la constata-
de fluctus ‘flot’, ‘agitation’ (Fluctuat nec mer- tion simple que la fougue n’a rien à voir sé-
gitur ‘il est battu par les flots, mais il ne mantiquement avec l’idée de fuite, pense que
sombre pas’, devise de la ville de Paris qui a ce terme pourrait être tiré du provençal fouga
pour emblème un vaisseau). FLUCTUACIÓN ‘s’emporter’, issu d’un latin vulgaire *focare
‘fluctuation’. FLUIDEZ ‘fluidité’. FLUIDO (ad- ‘faire du feu’, dérivé de focus ‘feu’ (fougue =
jectif et substantif) ‘fluide’. FLUJO ‘flux’, ardeur, enthousiasme).
‘flot’. FLÚOR ‘fluor’ est emprunté au latin Dérivés : FOGOSIDAD ‘fougue’.
fluor ‘écoulement’, ‘diarrhée’ et ‘flux mens- FOGUEO, voir fuego.
truel’ dans menstrui fluores, dérivé de fluere FOLIO, voir hoja.
‘couler’. Ce terme a été ensuite utilisé en chi- FOLKLORE (‘folklore’), est emprunté à l’anglais
mie au XVIIe siècle pour désigner les acides folk-lore ‘science du peuple’, formé avec folk
qui restent toujours fluides. C’est au XIXe ‘peuple’ d’origine germanique (allemand
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Volk ; Volkswagen, littéralement ‘voiture du qualité des sons agréables à entendre, explique
peuple’) et de l’ancien mot lore signifiant ‘sa- certains changements phonétiques : c’est ainsi
voir, connaissance’ d’origine également ger- qu’en espagnol la conjonction de coordination
manique (anglais to learn ‘apprendre’). y devient e devant un mot commençant par i- :
Dérivés : FLOKLÓRICO ‘folklorique’. agricultura *y industria → agricultura e
FOLKLÓRICO, voir folklore. industria (phénomène de dissimilation). FO-
FOLLADOR, voir fuelle. NACIÓN ‘phonation’. FONEMA ‘phonème’ dé-
FOLLAJE, voir hoja. signe la plus petite unité distinctive de
FOLLAR, voir fuelle. l’expression vocale permettant d’opposer des
FOLLETÍN, voir hoja. mots. En espagnol le r de pero et celui de
FOLLETO, voir hoja. perro sont deux phonèmes distincts car ils
FOLLÓN, voir fuelle. permettent de distinguer de très nombreux
FOMENTAR, voir fomento. mots : encerar / encerrar ; pera / perra ; pe-
FOMENTO (‘aide, encouragement’, ‘promotion’, rito / perrito ; caro / carro etc. En français,
‘développement’), est emprunté au latin fo- malgré des différences de prononciation no-
mentum employé surtout au pluriel (fomenta) tables (selon les régions en particulier), il
avec les sens de ‘aliments pour entretenir le n’existe qu’un seul phonème r. FONÉTICA
feu’, ‘calmant’, ‘cataplasme’, ‘pansements’ et, ‘phonétique’, science s’occupant uniquement
au figuré, ‘soulagement’. Ce mot est dérivé du de la description acoustique ou articulatoire
verbe fovere ‘réchauffer, tenir au chaud’ et, au des sons. FONOLOGÍA ‘phonologie’ science
figuré, ‘choyer, dorloter, entourer de préve- étudiant les sons du point de vue de leur fonc-
nances’, ‘encourager, soutenir, favoriser’. tion dans la communication linguistique (voir
Dérivés : FOMENTAR ‘encourager, favoriser’ plus haut fonema). POLIFONÍA ‘polyphonie’,
et ‘fomenter’ (des troubles, des rébellions est emprunté au grec poluphônia ‘grand
etc.). nombre de voix, de sons’, formé avec polus
FONACIÓN, voir fonético. ‘nombreux’. Ce terme désigne en musique la
FONDA (‘pension, hôtel modeste’), est issu de combinaison de plusieurs voix mais son usage
l’arabe fúndaq de même sens, probablement s’est étendu et on l’emploie dans la descrip-
par l’intermédiaire d’une ancienne forme de tion des récits à propos des narrateurs ou ins-
français fonde ‘établissement où les commer- tances narratives qui peuvent être multiples
çants se logeaient et entreposaient leurs mar- (polyphonie narrative). SINFONÍA ‘sympho-
chandises’. nie’, provient du grec sumphônia ‘accord de
Dérivés : FONDISTA ‘restaurateur’, ‘hôtelier’. voix ou de sons’, dérivé de sumphônos ‘qui
Pour fondista ‘coureur, nageur de fond’, voir résonne ensemble’, ‘harmonieux’, formé avec
hondo. sun ‘avec, ensemble’ et phônê ‘voix’.
FONDISTA (‘restaurateur’), voir fonda. FONOLOGÍA, voir fonética.
FONDISTA (‘coureur de fond’), voir hondo FONTANELA, voir fuente.
(fondo). FONTANERO, voir fuente.
FONDO, voir hondo. FOOTING / FÚTING (‘footing’), est emprunté à
FONEMA, voir fonético. l’anglais footing qui, contrairement à ce que
FONÉTICA, voir fonético. l’on pourrait penser, ne signifie pas ‘marche,
FONÉTICO (‘phonétique’), est emprunté au grec course à pied’ mais ‘position (stable)’, ‘fon-
phônêtikos ‘qui concerne le son ou la parole’, dement’, ‘point d’appui’ (pour le pied), formé
‘doué de la parole’, dérivé de phônein ‘émettre à partir de foot ‘pied’ (On an equal footing
un son’, ‘parler’, ‘appeler’, ‘résonner’, lui- with ‘sur un pied d’égalité avec’). Il s’agit
même dérivé de phônê ‘voix’, ‘cri des ani- donc d’un mot dont le sens a été détourné.
maux’, ‘son’. FORASTERO, voir fuera.
Dérivés : ÁFONO ‘aphone, sans voix’ (préfixe FORCEJEAR, voir fuerte.
privatif a-). EUFONÍA ‘euphonie’, est emprunté FORENSE, voir fuero.
au bas latin euphonia ‘douceur de la pronon- FORESTACIÓN, voir forestal.
ciation’, lui-même pris au grec euphônia, de FORESTAL (‘forestier’), provient comme flores-
euphônos formé avec eu- ‘bien’ et phônê ta ‘bocage, bosquet’ et forestación ‘reboise-
‘voix, son langage’. L’euphonie, qui est la ment’ de l’ancien français forest (moderne fo-
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rêt) issu du bas latin (silva) forestis c’est-à- FORMACIÓN, voir forma.
dire ‘forêt relevant de la cour de justice du FORMAL, voir forma.
roi’. Forestis est un dérivé de forum ‘tribunal’ FORMALIDAD, voir forma.
et ‘territoire sous juridiction royale’. Une autre FORMALIZAR, voir forma.
origine francique est aussi proposée : *forhist FORMAR, voir forma.
‘bois de sapins’. FORMATEAR, voir formato.
FORJAR, voir fragua. FÓRMICO, voir hormiga.
FORMA (‘forme’), est emprunté au latin forma FORMOL, voir hormiga.
‘moule’, ‘objet moulé’ et ‘forme’ sans doute FORMATO (‘format’), est emprunté à l’italien
apparenté au grec morphê (m...ph [f] → f...m formato ‘dimensions du papier’, ‘mesure, di-
par métathèse). Voir morfología ‘morpholo- mension’, participe passé du verbe formare
gie’. Il existe un doublet populaire de forma ‘former’, issu du latin formare ‘donner une
qui est horma ‘forme pour chaussures, em- forme’, ‘façonner, former’ et ‘instruire’, ‘ré-
bouchoir’. Le F- initial latin a été en effet très gler’.
souvent prononcé h aspiré avant de devenir Dérivés : FORMATEAR ‘formater’ (en informa-
muet (phénomène d’amuïssement c’est-à-dire tique, préparer une disquette ou un disque dur
processus par lequel un phonème finit par ne en les divisant en pistes, en secteurs), adapta-
plus être prononcé). tion de l’anglais to formate de même sens.
Dérivés : CONFORMAR(SE) ‘être d’accord, du FORMIDABLE (‘formidable’), est emprunté au
même avis’, ‘se conformer, se soumettre’. latin formidabilis ‘qui inspire la crainte’, de
CONFORME ‘conforme’. CONFORMIDAD ‘con- formidare ‘craindre, redouter’, dérivé de for-
formité’. DEFORMACIÓN ‘déformation’. DE- mido, formidinis ‘épouvantail’ d’où le sens de
FORMAR ‘déformer’, avec préfixe de à valeur ‘terreur, effroi’. Le sens originel ‘redoutable’ a
privative. DISCONFORME ‘en désaccord’. laissé la place, au début du XIXe siècle, à celui
FORMACIÓN ‘formation’. FORMAL ‘formel’ et de ‘qui étonne par sa taille, sa puissance’. Ce
‘sérieux’ (persona formal ‘personne sé- mot est utilisé aujourd’hui familièrement avec
rieuse’, c’est-à-dire qui respecte les formes, une valeur de superlatif exprimant
les règles). FORMALIDAD ‘formalité’. FORMA- l’admiration.
LIZAR ‘achever, terminer’, ‘légaliser’, ‘régula- FÓRMULA, voir forma.
riser’, ‘concrétiser’. FORMAR ‘former’. FORMULAR, voir forma.
FÓRMULA ‘formule’, du latin formula ‘cadre, FORNICACIÓN, voir fornicar.
règle, système’, diminutif de forma (fórmula FORNICAR (‘forniquer’), est emprunté au latin
de cortesía ‘formule de courtoisie’). FORMU- ecclésiastique fornicare ‘s’adonner à la dé-
LAR ‘formuler’. INFORMAL ‘informel’ et ‘peu bauche’, issu du latin classique fornix ‘voûte’
sérieux’ (préfixe privatif in-). INFORMAR ‘in- puis ‘lieu de prostitution’ car les prostituées à
former’, du latin informare ‘façonner, donner Rome se tenaient dans des chambres voûtées
une forme’ et, au figuré, ‘représenter idéale- creusées dans les murs. Le mot fornix dési-
ment’, ‘former dans l’esprit’, ‘se faire une idée gnait aussi, par métonymie, la prostituée elle-
de’ d’où ‘mettre qqn au courant de qqch’. IN- même.
FORME ‘information, renseignement’, ‘rap- Dérivés : FORNICACIÓN ‘fornication’.
port’, ‘mémoire’, ‘plaidoyer, plaidoirie’. RE- FORNIDO (‘robuste, costaud’), est le participe
FORMA ‘réforme’. REFORMAR réformer’, du passé adjectivé de l’ancien verbe fornir ‘ravi-
latin reformare ‘rendre à sa première forme’, tailler, approvisionner’ avec le sens de ‘bien
‘rétablir, restaurer’ et ‘corriger’ avec le préfixe pourvu en muscles’ d’où ‘robuste’. Fornir est
re- indiquant le retour en arrière. REFORMA- emprunté au catalan fornir de même sens issu
TORIO ‘maison de correction ou de redresse- du francique *frumjan ‘exécuter, faire’.
ment’, l’institution et le mot se sont euphémi- FORO, voir fuero.
sés en centro de rehabilitación ‘centre FORRAJE (‘fourrage’), est emprunté au français
d’éducation surveillée’. TRANSFORMAR ‘trans- fourrage, dérivé de l’ancienne forme feurre
former’ (préfixe trans- ‘au-delà, par-delà de’, ‘paille’, issue du francique *fodr ou *fodra
‘de part en part’). UNIFORME ‘uniforme, de ‘paille’.
forme unique’, formé avec le numéral unus FORRAR (‘doubler’ [un vêtement], ‘recouvrir’,
‘un’. ‘fourrer’ ; [pronominal et familier] ‘s’en
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mettre plein les poches’), est issu soit du cata- FÓSIL, voir fosa.
lan folrar soit de l’ancien français forrer (mo- FOSO, voir fosa.
derne fourrer) dérivé de fuerre ‘fourreau’. FOTO-, est l’élément tiré du grec phôs, phôtos
Forrer avait donc le sens initial de ‘mettre ‘lumière’ et qui entre dans la composition
dans le fourreau’. P. Guiraud pense que forrer d’un très grand nombre de noms ou d’adjectifs
a été obtenu par croisement entre fuerre ‘four- techniques et scientifiques : fotocopia ‘photo-
reau’ et fuerre (ou feurre) signifiant ‘paille, copie’, fotocopiar ‘photocopier’, fotogénico
fourrage’ d’où fo(u)rrer = ‘bourrer de paille’ ‘photogénique’, emprunté à l’anglais photoge-
puis ‘doubler un vêtement avec de la four- nic, fotografía ‘photographie’, fotógrafo
rure’. ‘photographe’, fotomontaje ‘photomontage’,
Dérivés : FORRO ‘doublure’. fotonovela ‘roman-photo’. Cet élément pré-
FORRO, voir forrar. fixal a fini par devenir autonome et s’est subs-
FORTALECER, voir fuerte. tantivé en foto (sacar una foto ‘prendre une
FORTALEZA, voir fuerte. photo’).
FORTIFICAR, voir fuerte. FOTOCOPIA, voir foto-.
FORTUITO, voir fortuna. FOTOCOPIAR, voir foto-.
FORTUNA (‘fortune’), est emprunté au latin FOTOGÉNICO, voir foto-.
fortuna ‘divinité symbolisant le sort’, ‘bonne FOTOGRAFÍA, voir foto-.
ou mauvaise chance’, puis ‘bonne fortune’, FOTÓGRAFO, voir foto-.
‘destin’ et ‘richesses’, dérivé de fors, fortis FOTOMONTAJE, voir foto-.
‘sort’. Le français et l’espagnol emploient en- FOTONOVELA, voir foto-.
core ce mot dans le vocabulaire de la marine FOX-TROT (‘fox-trot’), est emprunté à l’anglais
en parlant d’un accident, d’une avarie : ‘une fox-trot, formé avec fox ‘renard’ et trot déver-
fortune de mer’ / correr fortuna ‘essuyer une bal de to trott ‘trotter’. A l’origine ce mot dé-
bourrasque’. On peut penser que fortuna était signait donc le trot du renard puis celui du
ici un euphémisme qui évitait de dire tormen- cheval. On l’a appliqué ensuite par plaisante-
ta ou temporal ‘le gros temps, la tempête’. rie à un type de danse.
Dérivés : AFORTUNADO ‘heureux, qui a de la FRAC (‘habit, frac’), est emprunté à l’anglais
chance’, et ‘fortuné’. FORTUITO ‘fortuit’, du frock ‘habit de soirée’, lui-même pris à
latin fortuitus ‘dû au hasard’, de fors ‘sort, ha- l’ancien français froc ‘habit monacal’. Le o de
sard’. frock très ouvert a été pris pour un a lors de
FORZAR, voir fuerte. son passage en espagnol et en français.
FORZOSO, voir fuerte. FRACASAR (‘échouer’, ‘manquer, rater’), signi-
FOSA (‘fosse’), est emprunté au latin fossa ‘ex- fiait autrefois ‘briser, mettre en pièces’, ‘faire
cavation, trou’ et, en latin chrétien, ‘tombeau’, naufrage’ et est emprunté à l’italien fracassare
participe passé substantivé au féminin de fo- ‘briser avec violence’, formé probablement
dere ‘creuser, fouir’. par croisement entre les deux verbes latins
Dérivés : FÓSIL ‘fossile’, du latin fossilis ‘tiré frangere ‘briser’ et quassare ‘agiter, secouer
de la terre’, dérivé de fossum, supin de fodere. fortement’. En espagnol moderne, le sens s’est
FOSO (emprunté à l’italien fosso) ‘fossé’, atténué et c’est l’idée d’échec, de revers qui a
‘tranchée’, ‘fosse’. On emploiera le féminin prévalu. L’acception ancienne de ‘faire nau-
fosa dans fosa abisal ‘fosse abyssale, fosse frage’ est encore assez proche malgré tout de
océanique’ ou fosa submarina ‘fosse sous- l’acception moderne ‘échouer, subir un
marine’. échec’.
FÓSFORO (‘phosphore’ et ‘allumette’), est em- Dérivés : FRACASO ‘échec’.
prunté au grec phôsphoros ‘qui apporte la lu- FRACCIÓN (‘fraction’), est emprunté au bas latin
mière’, ‘qui illumine’ (en parlant des divini- fractio, fractionis ‘action de briser’ et ‘divi-
tés), formé avec phoros ‘qui porte’ (pherein sion’ (mathématique) en latin médiéval. Frac-
‘porter’) et phôs, phôtos ‘lumière’. Le phos- tio dérivé du verbe frangere ‘briser’.
phore fut découvert en 1669 par l’alchimiste Dérivés : FRACCIONAR ‘fractionner’. FRAC-
allemand H. Braud. En espagnol, l’allumette TURA ‘fracture’, du latin fractura ‘éclat, frag-
est désignée, par métonymie, par le morceau ment’, ‘fracture d’un membre’, issu du supin
de phosphore qu’elle porte à son extrémité. de frangere. FRÁGIL ‘fragile’, du latin fragilis
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‘cassant, frêle’, ‘faible, périssable’, issu de Dérivés : FRAGUAR ‘forger’. La forme forjar
frangere. FRAGMENTO ‘fragment’, du latin est emprunté au français forger issu lui-même
fragmentum ‘morceau d’un objet brisé’, dérivé du latin fabricare ‘façonner, fabriquer’ avec
de fragmen ‘éclat, débris’, tiré de frangere. spécialisation au sens de ‘travailler, façonner
FRAGOR ‘fracas, grondement, roulement’, du (un métal) à chaud’.
latin fragor ‘bruit, craquement d’une chose FRAGUAR, voir fragua.
qui se casse’, ‘bruit éclatant, fracas’, issu de FRAILE (‘moine, religieux, frère’), est emprunté
frangere. INFRACCIÓN ‘infraction’. INFRINGIR à l’occitan fraire ‘frère’ issu du latin frater,
‘enfreindre’, ‘transgresser’, du latin infringere fratris ‘frère par le sang ou par alliance’, ‘al-
‘briser, mettre en pièces’. REFRACTARIO ‘ré- lié’, ‘membre d’une confrérie’ et, dans la
fractaire’, du latin refractarius, littéralement langue érotique, ‘amant’. Fray est
‘celui qui casse’ d’où ‘querelleur, intraitable’, l’abréviation de fraile et ne s’emploie que de-
de refractum, supin de refringere ‘briser’ (pré- vant un nom de religieux : Fray Luis ‘frère
fixe re- à valeur intensive). Aujourd’hui re- Louis’. Cette abréviation est à rapprocher des
fractario a un sens moins actif et se dit de qqn phénomènes d’apocope ou de contraction que
qui résiste à une autorité ou d’un matériau qui l’on observe dans don Pedro (latin dominum),
résiste au feu en particulier. San Pedro (santo), so gandul (señor > seor >
FRACCIONAR, voir fracción. so).
FRACTURA, voir fracción. Dérivés : COFRADÍA ‘confrérie’. CONFRATER-
FRAGANCIA, voir fragante. NAR ou CONFRATERNIZAR ‘fraterniser’. FRA-
FRAGANTE (1) (‘parfumé’), est emprunté au TERNAL et FRATERNO ‘fraternel’. FRATERNI-
latin fragrans de même sens, participe présent DAD ‘fraternité’. FRATERNIZAR ‘fraterniser’.
de fragrare ‘exhaler ou sentir une odeur’. FRATRÍA ‘phratrie’ (groupe, clan, ensemble
Dérivés : FRAGANCIA ‘parfum’, ‘odeur des frères et sœurs), du grec phratria dérivé de
agréable’, ‘fragrance’ (archaïque). phratêr ‘frère’. FRATRICIDA ‘fratricide’, du
FRAGANTE (2) dans en fragante ‘en flagrant bas latin fratricidium ‘meurtre d’un frère ou
délit’, voir flagrante. d’une sœur’, formé avec frater et caedere
FRAGANTI (IN), voir flagrante. ‘tuer’.
FRAGATA (‘frégate’), est emprunté à l’italien FRANCMASÓN, voir franco.
fregata ou fragata d’origine obscure et con- FRANCO (‘franc’, ‘ouvert’ ; ‘franc’ [port, zone] ;
troversée. On a supposé une forme naufraga- ‘exempt’, ‘franco [de port etc.]’), est issu du
ta, participe passé au féminin de naufragare bas latin francus adjectif et Francus (nom
‘faire naufrage’, la frégate étant destinée à propre), emprunté au francique *frank, nom
l’origine à recueillir l’équipage en cas de nau- d’une peuplade germanique (les Francs) puis
frage. Le début de naufragata aurait été alors ‘homme libre’, ‘sans entrave’. Les Francs qui
interprété comme nau ou nave c’est-à-dire dominèrent la Gaule s’y établirent en consti-
‘bateau’ (pour les naufrages) et le mot abrégé tuant la classe noble libérée de certaines servi-
en fragata. P. Guiraud voit dans l’italien fra- tudes (c’est le sens de francus en latin médié-
gata un latin vulgaire *fragata, participe passé val) d’où le sens moderne de ‘qui ne paie pas
de *fragere (ou frangere) ‘briser’ : la poupe de taxes’ ou ‘qui ne paie pas de frais de trans-
du bateau étant coupée pour former un plan port ou port’ : puerto franco / zona franca
incliné. ‘port franc’ / ‘zone franche’ ; franco de porte
FRÁGIL, voir fracción. y embalaje ‘franco de port et d’emballage’.
FRAGMENTO, voir fracción. En sport, un ‘coup franc’ (golpe franco) est
FRAGOR, voir fracción. un coup tiré sans opposition de l’adversaire.
FRAGUA (‘forge’), est issu du latin fabrica ‘ate- De l’idée de ‘libre’, on est passé à celle de
lier’ et ‘atelier de forgeron’, dérivé de faber ‘sincère’, ‘droit’, ‘ouvert’ et ‘sans artifice’ car
‘artisan qui travaille les corps durs’. Évolution l’homme libre parle sans contrainte, ouverte-
phonétique : fabrica > frabica > frabiga > ment et directement c’est-à-dire
frabga > frauga > fragua. Voir aussi fábrica ‘franchement’.
‘usine’ qui est l’évolution savante du latin fa- Dérivés : FRANCMASÓN est emprunté au fran-
brica. çais franc-maçon lui-même adapté de l’anglais
free mason, formé avec free ‘libre’ et mason
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Michel Bénaben 182
‘maçon’. Ce terme a d’abord désigné un FRASCO (‘flacon’), provient sans doute du go-
maître maçon expérimenté qui voyageait li- tique *flaskô ‘fourreau en osier (pour une bou-
brement selon les demandes et se faisait re- teille)’ et ‘bouteille’.
connaître par des signes secrets. Au XVIIIe FRASE (‘phrase’), est emprunté au latin phrasis
siècle, la franc-maçonnerie désignera une as- ‘diction, style, élocution’, lui-même pris au
sociation en partie secrète de caractère philan- grec phrasis, phraseôs ‘discours’, ‘expres-
thropique dont les membres sont liés entre eux sion’, ‘langage’, ‘diction’, dérivé du verbe
par une grande solidarité et se reconnaissent à phrazein ‘expliquer ce que l’on veut dire’,
certains signes. FRANCOTIRADOR ‘franc- ‘parler pour se faire comprendre, dire’.
tireur’, a d’abord désigné un soldat qui faisait Dérivés : ANTÍFRASIS ‘antiphrase’, est em-
partie d’un corps franc c’est-à-dire de volon- prunté au grec antiphrasis ‘désignation par le
taires (qui s’engagent librement). Aujourd’hui contraire’, formé avec anti- (préposition
ce mot désigne une personne qui ne se soumet grecque anti marquant l’opposition devenue
pas à la discipline d’un groupe, qui reste libre préfixe) et phrasis. FRASEOLOGÍA ‘phraséolo-
et donc souvent incontrôlable. Pour désigner gie’. Ce mot désigne en linguistique les ex-
les tireurs isolés pendant la guerre en Bosnie pressions ou locutions figées anciennes ou
et en Croatie, on a utilisé le mot francotira- modernes en voie de fixation, de lexicalisation
dor ou encore l’anglais sniper littéralement du type oveja negra ‘brebis galeuse’, patito
‘tireur embusqué’, du verbe to snipe ‘chasser feo ‘canard boiteux’’, efecto invernadero ‘ef-
la bécassine’, ‘tuer’ et familièrement ‘des- fet de serre’’, película de culto ‘film culte’,
cendre, canarder’. FRANQUEAR ‘affranchir, bicicleta estática ‘vélo d’appartement’ etc.
exempter’, ‘dégager, débarrasser’, ‘franchir ‘Phraséologie’ désigne aussi un système
(un obstacle)’. FRANQUEO ‘affranchissement’ d’expressions propre à un écrivain, une
(poste). FRANQUEZA ‘sincérité, franchise’. époque, un milieu. PARÁFRASIS ‘paraphrase’,
FRANQUICIA ‘franchise, exonération’ (fran- du grec paraphrasis de même sens, formé
quicia postal / aduanera ‘franchise postale / avec phrasis ‘élocution, expression’ et para-
douanière’). Franquicia désigne aussi ce que préfixe issu de la préposition para exprimant
l’on appelle le ‘franchisage’ c’est-à-dire un entre autres choses la notion d’extension sur le
contrat par lequel un franchiseur (une société, plan spatial et temporel, d’où le sens de para-
une marque) concède à un commerçant appelé phrase : développement verbeux et diffus, dé-
le franchisé (franquiciado en espagnol) layage, reformulation d’un texte sans com-
l’exploitation d’une marque moyennant le ver- mentaire vraiment explicatif. PERÍFRASIS ‘pé-
sement de royalties ou redevances. Le franchi- riphrase’, du grec periphrasis formé avec peri-
sé est donc d’une certaine manière libre de ses ‘autour’ d’où le sens de ‘circonlocution’ c’est-
mouvements, il a les coudées franches comme à-dire plusieurs mots à la place d’un seul. B.
le dit si bien le français. Dupriez dans Gradus, les procédés littéraires,
FRANCMASÓN, voir franco. cite ‘le plancher des vaches’ pour ‘la terre’ et
FRANCOTIRADOR, voir franco. ‘c’était l’heure tranquille où les lions vont
FRANJA (‘frange’, ‘bande’), est emprunté au boire’ (= ‘le soir’), V. Hugo, Booz endormi.
français frange issu d’un latin vulgaire PERIFRÁSTICO ‘périphrastique’, ce terme dé-
*frimbria, altération du latin classique fimbria signe en linguistique historique les formes an-
‘bord d’un vêtement’ et ‘tresses d’une cheve- ciennes de futur de l’indicatif où les dési-
lure’. En espagnol, le mot franja peut dési- nences de présent de l’indicatif du verbe ha-
gner par métaphore une bande de territoire (la bere ‘avoir’ n’étaient pas encore soudées à
franja de Gaza ‘la bande de Gaza’ en Pales- l’infinitif : cantarlo he pour lo cantaré (futur
tine). périphrastique ou à tmèse).
FRANQUEAR, voir franco. FRASEOLOGÍA, voir frase.
FRANQUEO, voir franco. FRATERNAL, voir fraile.
FRANQUEZA, voir franco. FRATERNIZAR, voir fraile.
FRANQUICIA, voir franco. FRATERNO, voir fraile.
FRANQUICIADO, voir franco. FRATRÍA, voir fraile.
FRAQUE, voir frac. FRATRICIDA, voir fraile.
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FRAUDE (‘fraude’), est emprunté au latin fraus, Dérivés : FRITURA ‘friture’ (la cuisson et les
fraudis ‘tort fait à qqn’, ‘dommage résultant parasites en radio). REFRITO ‘réchauffé’ (subs-
d’une erreur ou d’une tromperie’, ‘tromperie’ tantif), ‘mouture’ dans primer / segundo re-
(français ‘flouer’). frito ‘première / deuxième mouture’.
Dérivés : DEFRAUDAR ‘frauder’, du latin de- FRENAR, voir freno.
fraudare ‘enlever par tromperie’, ‘voler qqch FRENESÍ (‘frénésie’), est emprunté au latin
à qqn’, ‘frustrer, tromper’ (avec préfixe de- phrenesis ‘frénésie, délire frénétique’, lui-
indiquant l’éloignement c’est-à-dire la chose même pris au grec phrenêsis dérivé de phrên
enlevée, volée). FRAUDULENTO ‘frauduleux’. ‘esprit’. D’abord terme médical jusqu’au
FRAUDULENTO, voir fraude. XVIIIe siècle, frenesí est passé dans l’usage
FRAY, voir fraile. courant avec le sens de ‘violence’, ‘ardeur’,
FRECUENCIA, voir frecuente. ‘agitation’.
FRECUENTATIVO, voir frecuente. Dérivés : FRENÉTICO ‘frénétique’.
FRECUENTAR, voir frecuente. FRENÉTICO, voir frenesí.
FRECUENTE (‘fréquent’), est emprunté au latin FRENO (‘frein’), est issu du latin frenum ‘bride
frequens, frequentis signifiant à l’origine en de cheval’, ‘mors’ et, au figuré, ‘ce qui arrête’,
agriculture ‘abondant, bien garni’ puis passé dérivé de frendere ‘broyer’.
dans l’usage courant au sens de ‘assidu’, ‘fré- Dérivés : DESENFRENAR(SE) ‘débrider’,
quent’ et ‘nombreux’, ‘peuplé’. ‘s’emporter, se déchaîner’. DESENFRENO ‘dé-
Dérivés : FRECUENCIA ‘fréquence’, du latin règlement’, ‘déchaînement’, ‘dévergondage’.
frequentia ‘affluence, foule’ et ‘abondance, FRENAR ‘freiner’. REFRENAR ‘réfréner’.
fréquence’, ‘fréquentation’. Ce mot s’est em- FRENTE (‘front’), d’abord attesté sous la forme
ployé pour signifier tout ce qui se reproduit fruente, est issu du latin frons, frontis de genre
périodiquement (frecuencia de pulsación féminin d’où en espagnol la frente ‘le front’
‘fréquence du pouls’ ; frecuencia modulada (partie du visage). Dans le sens de ‘front de
‘modulation de fréquence’). FRECUENTAR bataille’, ou ‘groupe politique’, frente est
‘fréquenter’. FRECUENTATIVO ‘fréquentatif’ masculin par influence du français front : el
est utilisé en grammaire pour dire qu’une Frente Popular ‘le Front Populaire’. Le latin
forme exprime la répétition ou l’intensité frons n’a pas d’origine connue. Il signifiait le
(‘criailler’ et ‘redire’ sont les fréquentatifs de front de l’homme ou des animaux mais aussi
‘crier’ et ‘dire’). le ‘devant d’une chose’ d’où son emploi en
FREGADERO, voir fregar. termes militaires (front de bataille). En grec le
FREGAR (‘frotter, ‘laver’, ‘récurer’), est issu du front était considéré comme le siège ou le mi-
latin fricare ‘frotter’, ‘polir’, ‘étriller’. roir des sentiments.
Dérivés : AFRICADA ‘affriquée’, désigne en Dérivés : AFRENTA ‘affront’. AFRONTAR et
phonétique une consonne dont la prononcia- AFRENTAR sont formés de la même manière.
tion nécessite une fermeture suivie d’une fric- En vieil espagnol ils n’étaient pas distingués
tion, c’est le cas de [che] de noche. FREGADE- sémantiquement et représentaient deux va-
RO ‘évier’. FREGONA ‘balai-serpillière’, ‘plon- riantes d’un même verbe. Plus tard, une dis-
geuse (dans un restaurant)’, ‘souillon’ (Cer- tinction sémantique s’est opérée : afrontar a
vantes, Novelas ejemplares, ‘La Ilustre frego- signifié ‘affronter, faire face’ et afrentar
na’). FRICATIVA ‘fricative’, consonne pronon- ‘faire un affront, offenser’. On a vu que le
cée avec un frottement de l’air sur les organes front était considéré comme le siège ou le mi-
de la phonation : s (casa), f (favor) etc. FRIC- roir des sentiments en particulier de la pu-
CIÓN ‘friction’. REFRIEGA ‘rencontre, enga- deur : ‘affronter qqn’, c’était donc le couvrir
gement, combat’ (en français, se frotter à qqn de honte à la vue de tous. CONFRONTACIÓN
/ à qqch). ‘confrontation’. CONFRONTAR ‘confronter’.
FREGONA, voir fregar. ENFRENTAR ‘affronter’. ENFRENTE ‘en face’.
FREÍR (‘frire’), est emprunté au latin frigere FRONTAL ‘frontal’. FRONTERA ‘frontière’, à
‘rôtir, griller’, d’origine expressive. Ce verbe l’origine une frontière est une zone gardée par
s’est spécialisé en français et en espagnol dans une armée qui fait front à l’ennemi. FRONTE-
le sens de ‘faire cuire dans un corps gras’. RIZO ‘frontalier’. FRONTÓN ‘fronton’ (pelote
basque).
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Michel Bénaben 184
FRESA (‘fraise’), est emprunté au français fraise sens provient du latin frigidus dont l’une des
issu d’un latin vulgaire *fraga pluriel neutre acceptions était ‘qui laisse indifférent, sans ef-
interprété comme un féminin singulier de fra- fet, fade, froid’ d’où l’idée de ‘chose insigni-
gum ‘fraise des bois’. fiante’. RESFRIADO ‘rhume’, ce participe passé
FRESCO ([adjectif] ‘frais’ et ‘culotté, sans- exprime le résultat d’un refroidissement c’est-
gêne’ ; [substantif] ‘fresque’), est issu du fran- à-dire le rhume. RESFRIAR ‘refroidir’.
cique *frisk ‘frais’ (température) et ‘récent’, FRIOLERA, voir frío.
‘non flétri’ et, au figuré, ‘vif’, ‘agile’, ‘hardi’. FRISAR (‘friser, s’approcher de’) est d’origine
Le sens pictural de ‘fresque’ est emprunté à incertaine. P. Guiraud suppose une forme de
l’italien dans l’expression (dipingere a) fresco gallo-roman *fretiare ‘onduler’ formé d’après
‘peindre à frais’ c’est-à-dire ‘peindre sur le fretum ‘flot qui se brise contre le rivage (en
plâtre frais’. Le sens de fresco s’est ensuite ondulant)’. Cette origine permettrait
étendu à d’autres domaines (littérature, ciné- d’expliquer le sens de ‘frôler’ : ‘la balle l’a
ma) : un fresco histórico ‘une fresque histo- frôlé’, littéralement ‘elle s’est approchée de lui
rique’. en ondulant’ ; en espagnol frisar en los cua-
Dérivés : FRESCOR ‘fraîcheur’. FRESCURA renta ‘s’approcher de, friser la quarantaine’.
‘fraîcheur’ et ‘toupet, sans-gêne’, ‘imperti- Par ailleurs, en architecture, une frise (espa-
nence’. REFRESCAR ‘rafraîchir’. REFRESCO gnol friso) est un ornement qui court, qui on-
‘rafraîchissement’. dule le long d’un chapiteau. Il existe d’autres
FRESCOR, voir fresco. hypothèses concernant l’origine de ‘frise’
FRESCURA, voir fresco. (voir friso).
FRIABILIDAD, voir friable. FRISO (‘frise’ [architecture]), serait emprunté au
FRIABLE (‘friable’), est emprunté au latin impé- latin médiéval frisium variante de frigium ou
rial friabilis de même sens, dérivé du latin phrygium ‘broderie, frange’, par exemple dans
classique friare ‘broyer, réduire en morceaux’. phrygium (opus) ‘(ouvrage) phrygien’, car les
Dérivés : FRIABILIDAD ‘friabilité’. Phrygiens avaient une grande réputation dans
FRIALDAD, voir frío. le domaine artistique. Le mot serait passé en
FRICATIVA, voir fregar. architecture pour désigner des ornements
FRICCIÓN, voir fregar. semblables à une broderie.
FRIGIDEZ, voir frío. FRITURA, voir freír.
FRÍGIDO, voir frío. FRIVOLIDAD, voir frívolo.
FRIGORÍFICO, voir frío. FRÍVOLO (‘frivole’), est emprunté au latin frivo-
FRIJO / FRÍJOL (‘haricot’), est issu du latin lus ‘vain, futile’, ‘sans valeur’ d’origine incer-
faseolus lui-même pris au grec phaselos de taine à rattacher peut-être à friare ‘casser,
même sens, sans doute par l’intermédiaire du concasser’ (en petits morceaux insignifiants,
galicien freixó. sans valeur).
FRÍO (‘froid’), est issu du latin frigidus ‘froid’ Dérivés : FRIVOLIDAD ‘frivolité’.
(adjectif), dérivé de frigus, frigoris ‘froid’, FRONDA (‘feuillage, frondaison’), est emprunté
‘froidure’, ‘hiver’ et, au figuré, ‘froideur, in- au latin frons, frondis ‘feuillage’ d’origine in-
différence’. Le doublet savant de frío est connue.
frígido, a ‘frigide’ qui désigne aujourd’hui Dérivés : FRONDOSO ‘touffu, luxuriant’.
une femme qui n’éprouve pas de plaisir FRONDOSO, voir fronda.
sexuel. FRONTAL, voir frente.
Dérivés : ENFRIAR ‘refroidir’. FIAMBRE ‘plat FRONTERA, voir frente.
froid’, provient de friambre (dissimilation par FRONTERIZO, voir frente.
suppression d’un phonème), ancien adjectif FRONTÓN, voir frente.
d’abord utilisé dans carnes f(r)iambres FROTAR (‘frotter’), est emprunté au français
‘viandes froides’. FRIALDAD ‘froideur’. FRI- frotter d’origine mal établie. On suppose gé-
GIDEZ ‘frigidité’. FRIGORÍFICO ‘frigorifique’, néralement un bas latin frictare ‘frotter’, fré-
est emprunté au latin frigorificus formé avec quentatif de fricare de même sens (espagnol
frigus ‘(le) froid’ et -ficus (issu de facere fregar). Le passage de i à o n’est pas expli-
‘faire’) c’est-à-dire ‘qui fait du froid’. FRIO- qué. P. Guiraud propose une forme gallo-
LERA ‘bagatelle, chose sans importance’. Ce romane *frauditare dérivée du latin classique
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fraudare ‘tromper, faire du tort’, ‘frauder’. Du autre dérivé du verbe latin frui ‘avoir la jouis-
sens de ‘faire du tort à qqn’ on serait passé à sance de’. FRUTA est issu du latin fructa neutre
celui de ‘détériorer, user la surface d’un objet pluriel de la forme tardive fructum (à la place
en la frottant’. Cette hypothèse reste fragile. du classique fructus), elle a été interprétée
Dérivés : FROTE ‘frottement’. comme un féminin singulier en espagnol.
FROTE, voir frotar. Comme beaucoup d’anciens neutres pluriels,
FRUCTIFICAR, voir fruto. elle garde la possibilité d’exprimer un contenu
FRUCTUOSO, voir fruto. pluriel sous une forme de singulier : me gusta
FRUGAL, voir fruto. la fruta ‘j’aime les fruits’ (voir aussi braza,
FRUICIÓN, voir fruto. obra, gesta, hoja). Fruta désigne le fruit au
FRUNCIR (‘froncer’), est emprunté à l’ancien sens concret (la fruta del día ‘fruit de sai-
français froncir dérivé de fronce issu d’un son’ ; fruta escarchada ‘fruits confits’). FRU-
francique *hrunkja ‘ride’. TAL ‘fruitier’.
FRUSLERÍA (‘bagatelle, vétille, futilité, brou- FUEGO (‘feu’), est issu du latin focus ‘foyer où
tille’), est un dérivé de fruslera ‘laiton peu ré- brûle un feu’, ‘bûcher’, ‘réchaud’. Focus de-
sistant’. Fruslera est l’altération de fuslera, is- viendra synonyme de ignis ‘feu’ notamment
su du latin fusilaria dérivé de fusilis ‘fondu’, en latin impérial. En espagnol le doublet sa-
‘amolli’ (verbe fundere ‘fondre’). vant de fuego est foco qui signifie ‘foyer,
FRUSTRACIÓN, voir frustrar. centre’ (foco de rebelión ‘foyer de rébellion’ ;
FRUSTRAR(SE) (‘frustrer’, ‘décevoir’ ; ‘man- foco de infección ‘foyer d’infection’).
quer’, ‘échouer’), est emprunté au latin frus- Dérivés : ENFOCAR ‘centrer (une image)’,
trare ‘rendre vain, inutile’, ‘tromper’, dérivé ‘mettre au point’ (en photographie) et, au figu-
de l’adverbe frustra ‘vainement’, ‘inutilement’ ré, ‘envisager (une question d’un certain point
(frustra habere ‘tromper’ ; frustra esse ‘être de vue)’. ENFOQUE ‘mise au point’, ‘centrage,
dupe’). cadrage’ et ‘façon d’aborder (un problème)’.
Dérivés : FRUSTRACIÓN ‘frustration’. FOCAL ‘focale’ (objectif à focale variable
FRUTA, voir fruto. c’est-à-dire un zoom). FOCALIZAR ‘focaliser’.
FRUTAL, voir fruto. FOGATA ‘flambée, feu de joie’. FOGÓN ‘four-
FRUTO (‘fruit’), est issu du latin fructus ‘revenu, neau’, ‘foyer’. FOGONAZO ‘éclair’ (coup de
profit’, ‘récolte’, ‘produits de la terre’ et, en feu), ‘flash’. FOGUEO dans tiro de fogueo ‘tir
latin médiéval, ‘enfant’. Fructus est dérivé de à blanc’, la cartouche ne contient pas de balle
frui ‘avoir la jouissance de’. Fruto désigne mais seulement une charge de poudre qui ex-
des fruits au sens concret (frutos secos / de plose et produit un éclair. HOGAR ‘foyer’,
hueso ‘fruits secs’, ‘à noyau’) mais aussi le ‘maison’, est dérivé — avec substantiva-
fruit au sens figuré : los frutos de una mala tion — de l’adjectif bas latin focarius (focaris
educación ‘les fruits d’une mauvaise éduca- en latin d’Espagne) et qui signifiait ‘qui con-
tion’ ; el fruto de tu vientre ‘le fruit de tes cerne le foyer’ et ‘cuisinier, marmiton’ (dérivé
entrailles’ ; el fruto prohibido ‘le fruit défen- du latin classique focus ‘foyer’). HOGUERA
du’. ‘bûcher, grand feu’.
Dérivés : DISFRUTAR ‘profiter de, jouir de’, est FUEL / FUEL-OIL (‘mazout’, ‘fuel, fioul’), est
d’abord attesté sous la forme desfrutar, littéra- emprunté à l’anglais fuel oil formé avec fuel
lement ‘enlever, tirer le fruit de qqch’ et donc ‘combustible’ et oil ‘huile’. L’anglais fuel est
‘en profiter’, du bas latin exfructare puis de- emprunté à l’ancien français fouaille (début du
frutare. DISFRUTE ‘jouissance’. FRUCTIFICAR XIIIe siècle) avec le sens de ‘bois de chauf-
‘fructifier’. FRUCTUOSO ‘fructueux’, ‘qui porte fage’, ‘tout ce qui sert à chauffer’. Quant à oil,
ses fruits’. FRUGAL ‘frugal’, est emprunté au c’est aussi un emprunt au vieux français oile
latin impérial frugalis ‘qui produit’ et ‘éco- ‘huile’ (espagnol óleo).
nome’, ‘sobre’, dérivé de frugi ‘sage, tempé- FUELLE (‘soufflet’), est issu du latin follis ‘souf-
rant’ ancien datif de frux, frugis ‘fruit, produit flet (pour le feu)’, ‘outre gonflée, ballon’,
de la terre’. Une nourriture frugale est faite ‘bourse de cuir’, ‘coussin’, ‘poumons gonflés’.
d’aliments simples, peu recherchés comme les Dérivés : FOLLADOR ‘baiseur’. FOLLAR ‘souf-
fruits ou plus généralement les produits de la fler (sur le feu)’ et en espagnol populaire ‘lâ-
terre. FRUICIÓN ‘délectation, plaisir’ est un cher des vents, des pets’ et ‘baiser’, le sexe de
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l’homme étant comparé à un soufflet ou à une gistrats, avocats), ‘forum’ et, au théâtre, le
outre gonflée. FOLLÓN ‘fusée (qui ne fait pas ‘fond’ (de la scène) : telón de foro ‘toile de
de bruit)’ ; ‘vent, pet’ (le dictionnaire La- fond’.
rousse donne le mot exact mais qui ne Dérivés : DESAFORADO ‘illégal, illégitime, ar-
s’emploie plus : ‘vesse’ c’est-à-dire ‘gaz intes- bitraire’ et ‘démesuré, énorme’, ‘violent’,
tinal qui sort sans bruit’) ; ‘pagaille, micmac, ‘acharné’. FORENSE (adjectif) ‘relatif au tribu-
histoire, remue-ménage, chahut’. nal’ et (substantif) ‘médecin légiste’.
FUENTE (‘fontaine’, ‘source’ [au propre et au FUERTE (‘fort’), est issu du latin fortis ‘robuste,
figuré]), est issu du latin fons, fontis ‘source’. courageux’, d’origine incertaine.
Dérivés : FONTANELA est emprunté au français Dérivés : CONFORT ‘confort’, ‘commodité’,
fontanelle diminutif de fontaine et qui désigne, est emprunté à l’anglais comfort lui-même
par analogie avec un bassin de fontaine, emprunté, au XIIIe siècle, au français confort
l’espace situé entre les os du crâne des nou- déverbal de conforter issu du latin chrétien
veau-nés. FONTANERO ‘fontainier’ (métier de- confortare ‘consoler, réconforter’, formé à
venu rare sauf à Versailles !) et ‘plombier’. partir de cum et de fortis ‘robuste’. ESFOR-
FUERA (‘dehors, en dehors’), d’abord attesté ZARSE ‘s’efforcer’. ESFUERZO ‘effort’. FOR-
sous l’ancienne forme fueras, vient de CEJAR / FORCEJEAR ‘faire de grands efforts’,
l’adverbe latin foras de même sens. Cet ad- ‘se démener’. FORTALECER ‘fortifier’. FOR-
verbe est en rapport sémantique avec foris TALEZA ‘force’ et ‘forteresse’ (fortaleza vo-
‘battant de porte’ et, au pluriel, fores ‘les deux lante ‘forteresse volante’). FORTIFICAR ‘forti-
battants de la porte’ c’est-à-dire la porte elle- fier’. FORZAR ‘forcer’, ‘crocheter (une porte
même. Être dehors c’est donc littéralement etc.)’, ‘forcer, obliger’, ‘violer’. FORZOSO
avoir passé la porte. Celui qui reste à la porte ‘forcé, inévitable’ (trabajos forzosos ‘travaux
est en espagnol un forastero, c’est-à-dire un forcés’). FUERZA ‘force’. REFORZAR ‘renfor-
‘étranger (à la ville ou à la région)’. cer’.
FUERA BORDA (‘hors-bord’), est le calque mor- FUERZA, voir fuerte.
phologique de l’anglais outboard ‘(dont le FUGA, voir huir.
moteur est) situé à l’extérieur du bateau’, for- FUGARSE, voir huir.
mé avec out ‘en dehors’ et board ‘bord’ (dans FUGAZ, voir huir.
‘être à bord d’un bateau’). FUGITIVO, voir huir.
FUERO (‘coutume’, ‘privilège’, ‘liberté[s]’, FUINA, voir haya.
‘juridiction’), est issu du latin forum ‘enclos FULANO, A (‘Untel’, ‘Unetelle’), provient de
autour de la maison’ puis ‘place du marché’, l’arabe fulân ‘tel, telle’ qui était à la fois ad-
‘place publique’. Le forum symbolisait la vie jectif (Šây fulân ‘telle chose’) et substantif
publique, la vie courante, les affaires finan- (‘Untel’). L’espagnol ancien a également utili-
cières privées, la vie politique et surtout les sé fulano, a en fonction d’adjectif parfois
tribunaux d’où les valeurs de ‘convention’, apocopé (en fulano lugar / en fulán lugar = en
‘tribunal, juridiction’. En espagnol, fuero a tal lugar). Voir mengano et zutano.
pris le sens de ‘loi’, ‘statut particulier’, ‘privi- FULGOR (‘éclat, lueur’), est emprunté au latin
lège’ que l’on accordait autrefois à des ré- fulgor, fulgoris ‘éclair’, ‘lueur, éclat’ dérivé de
gions, à des villes ou à des personnes. La locu- fulgere ‘faire des éclairs’, ‘luire, éclairer, bril-
tion a fuer de contient la forme apocopée de ler’.
fuero et signifiait à l’origine con arreglo al Dérivés : FULGURANTE ‘fulgurant’, du latin
fuero de un lugar c’est-à-dire ‘en accord avec fulgurans, participe présent de fulgurare ‘faire
la loi de l’endroit’ puis elle a fini par signifier des éclairs’, dérivé de fulgur ‘foudre’. FULMI-
‘à la manière de’, ‘en qualité de’, ‘à titre de’. NAR ‘foudroyer’, ‘terrasser’, ‘fulminer’, du la-
En latin ecclésiastique, forum a pris le sens tin fulminare ‘lancer la foudre’ et, en latin
particulier de ‘juridiction de l’Église’, c’est de médiéval, ‘lancer les foudres de
cette spécialisation que vient le sens de ‘tribu- l’excommunication’, dérivé de fulmen ‘coup
nal ou jugement de la conscience’ dans ‘le for de foudre’, de la même famille que fulgur
intérieur’ (‘dans mon for intérieur’, en mi fue- ‘foudre’ et fulgere ‘briller’.
ro interno). Le doublet savant de fuero est FULGURANTE, voir fulgor.
foro ‘tribunal’, ‘barreau’ (ensemble des ma- FULMINAR, voir fulgor.
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Dérivés : FUTBOLÍN ‘baby-foot’ (‘baby’ = tillan, le mot est passé en français et en anglais
‘miniature’). FUTBOLISTA ‘footballeur’. FUT- (‘gabardine’).
BOLÍSTICO ‘de football’ (torneo futbolístico GABINETE (‘cabinet’ [de consultation, de lec-
‘tournoi de football’). ture]), est emprunté à l’ancienne forme fran-
FUTBOLÍN, voir fútbol. çaise gabinet, diminutif de cabine d’origine
FUTBOLISTA, voir fútbol. obscure. Il est possible que cabine et cabane
FUTBOLÍSTICO, voir fútbol. soient apparentés. Cabane serait emprunté au
FÚTIL (‘futile’), est emprunté au latin futilis ‘qui provençal cabana ‘chaumière’, lui-même issu
laisse échapper ce qu’il contient’ (un réci- du bas latin capanna attesté dans la Péninsule
pient) d’où, au figuré, ‘dépourvu de fond, de ibérique comme synonyme de casula ‘petite
sérieux’. Futilis est apparenté à fundere ‘ré- maison’. On suppose que cabane a été em-
pandre’. prunté par l’anglais caban ‘abri provisoire, re-
Dérivés : FUTILEZA ou FUTILIDAD ‘futilité’. fuge’, devenu cab(b)in et réemprunté à son
FUTILEZA, voir fútil. tour par le français sous la forme cabine.
FUTILIDAD, voir fútil. GACETA (‘gazette’), est emprunté à l’italien
FÚTING, voir footing. gazzetta ‘feuille d’information’, du nom d’un
FUTURIBLE, voir futuro. journal créé à Venise et qui coûtait justement
FUTURISTA, voir futuro. une gazeta, pièce de monnaie frappée à Ve-
FUTURO (‘futur’), est emprunté au latin futurus nise. Gazeta dérive de gazza ‘monnaie’
‘à venir’ (adjectif) et ‘avenir’ (substantif), par- d’origine mal établie, peut-être du latin gaza
ticipe futur de esse ‘être’. ‘richesses’.
Dérivés : FUTURIBLE ‘potentiel’, ‘jouable’ et GACHA(S) (‘bouillie’), provient peut-être de
‘présidentiable’ ou ‘ministrable’. FUTURISTA cacho dans le sens de ‘morceau (de pain haché
‘futuriste’ a été emprunté à la fois à l’anglais menu)’.
futurist ‘tourné vers l’avenir’ (en littérature) et GACHO, voir agacharse.
à l’italien futurista ‘partisan du futurisme’. GAFA(S) (‘gaffe, perche’ ; ‘pied-de-biche’ ; [au
pluriel] ‘lunettes’), est emprunté au catalan
gafa ‘crochet’, sans doute pris à l’arabe qáfa
G littéralement ‘qui est contractée, resserrée, en-
roulée’. Ce mot s’est appliqué à toute une sé-
rie d’objets ayant des formes recourbées :
GABACHO (‘français’ [péjoratif]), provient de ‘gaffe’ en marine c’est-à-dire perche munie
l’ancien provençal gavach qui désignait un d’un crochet pour saisir un filin etc., ‘pied-de-
‘habitant de la partie montagneuse de la Pro- biche’ et enfin ‘lunettes’ dont les branches
vence’ et, péjorativement, un ‘montagnard’, sont recourbées.
un ‘rustre’. Ce mot est d’origine préromane GAG (‘gag’), est emprunté à l’anglais gag ‘his-
sans doute gauloise, langue dans laquelle on toire drôle’, ‘partie d’un dialogue improvisée
suppose une forme *gaba ou *gava signifiant par un acteur’ et, plus particulièrement en
‘gorge’ et ‘goitre’. Le goitre étant une maladie américain, ‘objet de moquerie’. L’emploi de
de la thyroïde fréquente chez les montagnards, ce mot dans le cinéma comique est daté de
on les aurait appelés gavachs ou gavots. Voir 1920 aux USA.
le mot cretino dont l’histoire est liée aussi à GAJE (‘gages’ [salaire] ; ‘inconvénients, aléas’,
une maladie de la glande thyroïde. ‘risques’), est emprunté au français gage ‘ga-
GABÁN (‘pardessus’), est emprunté à l’arabe rantie’, ‘dépôt’ et ‘salaire’, lui-même issu du
qabâ ‘tunique’ sans doute par l’intermédiaire francique *waddi ‘gage, garantie’. Gaje n’est
du sicilien cabbanu ‘manteau épais contre la plus guère employé que dans l’expression los
pluie’ et de l’italien gabbano (français ‘ca- gajes del oficio ‘les risques du métier’. Le
ban’). mot gage signifie en français dépôt laissé à
GABARDINA (‘gabardine’), provient d’un croi- qqn en garantie ou encore l’ensemble des
sement entre gabán ‘pardessus, caban’ et ta- biens ou immeubles affectés à la garantie
vardina ou tabardina, diminutif de tabardo d’une dette c’est-à-dire une hypothèque : il y a
‘manteau’, lui-même pris à l’ancien français donc une prise de risque en cas de non-
tabart dont l’origine n’est pas établie. Du cas- remboursement de la dette.
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GALA (dans traje de gala ‘tenue de soirée, tenue païenne de Palestine (le pays des Gentils), elle
de gala’ ; ‘réception, gala’), est emprunté à a donc servi à désigner le porche, l’entrée où
l’ancien français gale ‘réjouissance’, déverbal se trouvaient les gens à convertir. L’intérieur
de galer ‘s’amuser’, lui-même issu d’un gallo- de l’église était au contraire comparée à la Ju-
roman *walare ‘se la couler douce’, du fran- dée, patrie du peuple élu. Le mot galería est
cique *wala ‘bien’ (adverbe) à moins que passé du sens de ‘porche d’église’ à celui, plus
*walare ne soit issu d’un germanique wallen extensif, de ‘lieu (couvert) de passage ou de
‘s’élancer’ et ‘bouillonner’. L’espagnol qui promenade’ puis ‘salle où l’on réunit des col-
avait emprunté gale au vieux français pour en lections’.
faire gala ‘vêtement d’apparat’, ‘habit de fête’ GALGO (‘lévrier’), est issu du latin vulgaire
l’a redonné au français où il a pris le sens de gallicus de même sens, adjectif substantivé
grande fête avec souvent un caractère officiel après effacement de canis dans canis gallicus
(soirée de gala). c’est-à-dire ‘chien de Gaule’, cette race de
Dérivés : GALÁN ‘galant’, ‘chevalier servant’ ; chiens de chasse ayant été particulièrement
‘bel homme, beau garçon’, du français galant, prisée chez les ancêtres des Français.
participe présent de l’ancien verbe galer GALICISMO (‘gallicisme’), est un dérivé savant
‘s’amuser’. Le sens originel de galán a donc du latin gallicus ‘gaulois’ pris au sens de
été ‘qui s’amuse’, ‘entreprenant’, ‘hardi’, ‘vif’ ‘français’ : par exemple edecán est un galli-
puis, par spécialisation, ‘entreprenant, empres- cisme (français ‘aide de camp’) de même que
sé auprès des femmes’. GALANTEAR ‘courti- carné, chalé, parqué, cabaré, compló etc.
ser, conter fleurette’, ‘faire le joli cœur’. GA- GÁLICO (‘syphilis’), est l’abréviation de mal ou
LANTERÍA ‘galanterie’. morbo gálico, littéralement ‘le mal gaulois’
GALANTEAR, voir galán. ou ‘mal français’. Comme on ne savait pas
GALANTERÍA, voir galán. d’où venait exactement cette redoutable mala-
GALARDÓN (‘récompense, prix’), provient sans die vénérienne, chaque pays l’attribuait géné-
doute du gotique *withralaun, formé avec wi- reusement à son voisin ! Les Espagnols
thra ‘contre, en échange de’ et laun ‘paie- l’appelèrent ‘le mal français’ de même que les
ment’ et ‘reconnaissance’ d’où le sens de ‘ré- Italiens (il male francese) et les Allemands
compense’. (die Franzosen). Quant aux Français, ils di-
Dérivés : GALARDONAR ‘récompenser’, ‘cou- saient ‘le mal de Naples’. En réalité, l’une des
ronner’. deux grandes théories concernant l’origine de
GALARDONAR, voir galardón. la syphilis (appelée théorie colombienne ou
GALAXIA (‘galaxie’), est emprunté au latin américaine) suppose que la maladie a été im-
galaxias, lui-même pris au grec galakias ‘rela- portée en mars 1493 par les marins de C. Co-
tif au lait’, ‘lacté’, dérivé de gala, galaktos lomb au retour des Antilles.
‘lait’. Les amas d’étoiles qui constituent notre GALIMATÍAS (‘charabia, galimatias’), est em-
galaxie sont assimilées en effet à des gouttes prunté au français galimatias dont l’origine est
de lait éparpillées dans l’espace (galakias ku- discutée. Peut-être du provençal Galimatié —
klos ‘la voix lactée’). La guerra de las ga- altération de Arimathia, ville de Judée —,
laxias ‘la guerre des étoiles’, film de G. Lu- nom d’un pays imaginaire dont les habitants
cas. parlaient un langage incompréhensible. Une
GALEOTE, voir galera. autre hypothèse rattache galimatias au jargon
GALERA (‘galère’), est emprunté au catalan des étudiants dans lequel le latin gallus ‘coq’
galera, issu du latin galea, lui-même pris au désignait un étudiant participant à des débats
grec byzantin galea (grec classique galeos universitaires sans doute compliqués à sou-
‘requin’). La puissance et la rapidité de la ga- hait : gallus ‘coq’ + la terminaison grecque
lère ont été comparées à celles du requin. -mathia signifiant ‘science’ > *gallimathia
Dérivés : GALEOTE ‘galérien’. c’est-à-dire quelque chose comme ‘science
GALERÍA (‘galerie’), est emprunté au latin mé- d’un jeune coq prétentieux et pédant’ !
diéval galeria issu de galilea ‘porche d’église, GALOPAR, voir galope.
de monastère’. Le nom commun galilea vient GALOPE (‘galop’), est emprunté au français
en réalité du nom propre Galilaea ‘Galilée’ galop, déverbal de galoper issu du francique
employé au figuré : la Galilée était la région *wala hlaupan formé avec *hlaupan ‘sauter,
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courir’ et wala ‘bien’. Une autre hypothèse note la plus basse de la gamme (la première)
propose de faire remonter le substantif galop puis la gamme elle-même. Les notes ré, mi,
directement au francique *walhlaup ‘course fa, sol et la furent arbitrairement nommés
vers le champ de bataille’. Dans ce cas, *wal d’après le début de certains mots qui compo-
est interprété comme ‘champ de bataille’. saient l’hymne à Saint Jean Baptiste de Paul
Dérivés : GALOPANTE ‘galopant’ (inflación Diacre : ‘Ut queant laxis resonare fibris mira
galopante ‘inflation galopante’). GALOPAR gestorum famuli tuorum, solve pulluti laabi
‘galoper’. GALOPÍN ‘galopin’, du français ga- reatum, Sancte Jojannes’. Par analogie avec
lopin qui a d’abord désigné les messagers, les l’échelle de notes, gama désigna ensuite une
coursiers (ceux qui galopent) puis un jeune série continue (gama de colores ‘gamme de
garçon chargé des commissions et enfin, par couleurs’) puis une série de produits commer-
extension, un gamin courant les rues et un en- cialisés (gama de artículos ‘gamme de pro-
fant espiègle. En espagnol, galopín désigne duits’). L’adjectif gamado, a dans cruz ga-
aussi un marmiton (pinche) et un mousse. mada ‘croix gammée’, est dérivé du nom de
GALOPÍN, voir galope. la lettre grecque gamma Γ : les branches de
GALVANIZAR (‘galvaniser’ [au propre et au cette croix étant coudées comme la lettre.
figuré]), est formé à partir du nom de Galvani GAMBA (‘crevette rose, bouquet’), voir ca-
physicien italien du XVIIIe siècle qui décou- marón.
vrit le ‘galvanisme’ c’est-à-dire certains phé- GAMBERRADA, voir gamberro.
nomènes électriques qui parcourent les GAMBERRISMO, voir gamberro.
muscles et les nerfs. GAMBERRO,A ([adjectif et substantif] ‘dévoyé’,
GALLARDÍA, voir gallardo. ‘voyou’, ‘prostituée, grue’), est d’origine mal
GALLARDO (‘qui a de l’allure, de la prestance, établie. Corominas propose une origine valen-
une belle tournure’ ; ‘hardi, vaillant’), est em- cienne : gran verro > gamberro après dissi-
prunté au français gaillard probablement déri- milation (r...r > ∅ ...r). Verro correspond au
vé d’une forme de gallo-roman *galia signi- castillan verraco c’est-à-dire ‘verrat, cochon’.
fiant ‘force’ et construite d’après un radical Dérivés : GAMBERRADA ‘tour pendable’.
d’origine celtique gal- que l’on retrouve dans GAMBERRISMO ‘vandalisme’.
galoper, galant et l’ancien français galier GAMO (‘daim’), est issu du latin vulgaire gam-
‘cheval, coursier’ et galir ‘s’élancer, jaillir’. mus de même sens provenant peut-être d’un
Dérivés : GALLARDÍA ‘allure, élégance, pres- croisement entre le latin damus ou damnus
tance’ ; ‘hardiesse, cran’. ‘daim’ (latin classique dama / damna) et ca-
GALLETA (‘gâteau sec’, ‘biscuit’), est emprunté mox ‘chamois’ en bas latin de Gaule (voir
au français galette dérivé de galet ‘caillou’ à gamuza). Il peut s’agir aussi d’un phénomène
cause de la forme ronde et plate de ce type de d’équivalence acoustique entre les occlusives
gâteau. Quant à galet, c’est le diminutif de gal d (damus) et g (gammus). Voir à ce sujet golfo
‘caillou’ peut-être issu du gaulois *gallos (2).
‘pierre, rocher’. P. Guiraud voit dans galet une GAMUZA (‘chamois’ [Alpes] ; ‘isard’ [Pyré-
origine latine qui serait callum ‘durillon’, ‘cal, nées] ; ‘peau de chamois’), est issu du bas la-
peau épaisse’, terme croisé avec gal- ‘lancer’ tin de Gaule camox dont l’origine est préro-
puisque le galet a souvent été utilisé comme mane et alpine (*kamoke).
projectile. GANA (‘envie’), n’est pas d’origine bien établie.
GALLINA, voir gallo. Peut-être d’un gotique *ganô ‘avidité, envie’.
GALLINERO, voir gallo. Dérivés : DESGANA ‘dégoût’, ‘répugnance’,
GALLO (‘coq’), est issu du latin gallus de même ‘inappétence’.
sens. GANADERÍA, voir ganar.
Dérivés : GALLINA ‘poule’. GALLINERO ‘pou- GANADERO, voir ganar.
lailler’. GANADO, voir ganar.
GAMA (‘gamme’ [musique] ; ‘série, gamme’), est GANANCIA, voir ganar.
emprunté au latin médiéval gamma, lui-même GANAPÁN, voir ganar.
pris au grec gamma, nom de la troisième lettre GANAR (‘gagner’), provient sans doute du croi-
de l’alphabet grec (Γ) utilisé en musique par sement de deux verbes : un gotique *ganan
Guido d’Arezzo (XIe siècle) pour désigner la ‘convoiter’ et un francique *waidanjan ‘se
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tifie la vérité de qqch, qui répond de qqch’ même pris à l’arabe qarrafa ‘pot à boire’,
puis ‘personne qui répond de la dette de qqn, ‘bouteille ventrue’.
qui lui sert de caution’. GARRAFAL (‘à gros fruits’ [cerisier] ; [familiè-
Dérivés : GARANTIR, emprunté au français ga- rement] ‘monumental, énorme’), est
rantir, est sorti de l’usage, il est remplacé par l’altération de garrofal dans guinda garrofal
garantizar, le suffixe -izar étant très produc- c’est-à-dire cerise semblable par sa grande
tif en espagnol contemporain : agilizar, cli- taille à la caroube (garrofa dans la région de
matizar, desertizar, desodorizar, despenali- Murcie et Salamanque). Garrofa est la va-
zar, devalorizar, flexibilizar, privatizar etc. riante dialectale de algarroba ‘caroube’ issue
GARANTIR, voir garantía. de l’arabe karruba de même sens. L’espagnol
GARANTIZAR, voir garantía. emploie familièrement garrafal dans mentira
GARATUSA, voir engatusar. / error garrafal ‘mensonge énorme’ / ‘erreur
GARBANZO (‘pois chiche’), est d’origine incer- monumentale’.
taine. GARROTE (‘gourdin, bâton’ ; ‘garrot’ [méde-
GARBO (‘prestance, allure’, ‘élégance’, ‘grâce’), cine] ; ‘garrote’ [supplice du garrot]), a été
est emprunté à l’italien garbo ‘patron, mo- sans doute introduit par l’intermédiaire du
dèle’, ‘forme’, peut-être issu de l’arabe qâlib français garrot dont l’origine est mal établie.
‘moule’, ‘modèle’. Sans doute dérivé du verbe garokier ‘barrer la
Dérivés : GARBOSO ‘élégant’, ‘qui a de route à qqn’, issu du francique *wrokkon
l’allure’. ‘tordre avec force’. Une autre hypothèse pro-
GARDENAL (‘gardénal’), est emprunté au fran- pose le francique *wrok ‘partie noueuse d’un
çais gardénal. Ce mot est curieusement com- tronc d’arbre’ (semblable à un garrot posé sur
posé de garder et de nal. Au moment de bapti- le tronc). Le mot garrot a d’abord désigné en
ser ce nouveau produit de la famille des barbi- français un bâton et un trait d’arbalète puis il
turiques, un des chimistes de Rhône-Poulenc s’est appliqué à une barre de bois servant à
suggéra qu’il fallait ‘garder -nal’ en souvenir tordre une corde (‘poser un garrot’ en langage
du véronal autre puissant somnifère. médical). L’espagnol a aussi utilisé ce mot
GARGANTA (‘gorge’), a été formé à partir de la pour désigner un instrument de supplice con-
racine onomatopéique garg- suggérant un sistant en un collier de fer serré par une vis et
bruit de gorge ou un liquide qui bouillonne. permettant un étranglement progressif du con-
Dérivés : GARGARIZAR ‘gargariser’, est em- damné.
prunté au latin gargarizare lui-même pris au Dérivés : AGARROTAR ‘garrotter’, ‘serrer,
grec gargarizein ‘gargariser’ et ‘gargouiller’. comprimer’, ‘raidir’, ‘faire subir le supplice du
GARGARIZAR, voir garganta. garrot’.
GARITA (‘guérite, abri pour sentinelle’), est GAS (‘gaz’), est un mot inventé par le médecin et
emprunté à l’ancien français garrette ou garite chimiste flamand Van Helmont (1577-1644)
(moderne guérite) dérivé de guarir ou garir d’après le latin chaos que les alchimistes em-
‘protéger’ par analogie avec fuir → fuite. ployaient dans le sens de ‘vapeur invisible’,
Dérivés : GARITO ‘maison de jeu’, ‘tripot’. ‘émanation’. Espagnol moderne : gas
GARRA (‘griffe’), est d’abord attesté sous la carbónico ‘gaz carbonique’, dans la langue
forme garfa (‘poignée, quantité pouvant être familière, el ceodós (CO2).
arrachée avec une main’, ‘griffe’), issue de Dérivés : GASEOSA ‘limonade’. GASEOSO, A
l’arabe gárfa ‘poignée’. Il est probable que ‘gazeux’. GASODUCTO ‘gazoduc’, créé d’après
garfio, paronyme de garfa, et signifiant ‘croc, oleoducto ‘oléoduc’ et acueducto ‘aqueduc’,
crochet’, a permis le passage de ‘poignée’ à formés avec le latin ductus ‘conduite’ dérivé
‘griffe’. de ducere ‘conduire’. GAS-OIL ou GASÓLEO
Dérivés : AGARRAR ‘accrocher, saisir, attra- ‘gas-oil, gazole’ est emprunté à l’anglais gas
per’. DESGARRAR ‘déchirer’. DESGARRO ‘dé- oil formé avec gas ‘gaz’ et oil ‘huile’ (latin
chirure’, ‘déchirement’, ‘impudence, effronte- oleum). Voir fuel oil. GASOLINA ‘essence’ est
rie’. emprunté à l’anglo-américain gasoline de
GARRAFA (‘carafe’), est d’origine mal établie, même sens et formé avec la terminaison -ol de
sans doute emprunté à l’italien caraffa lui- benzol pour désigner l’éther de pétrole. GASO-
LINERA ‘pompe à essence’.
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GASA (‘gaze’), est d’origine mal établie, peut- GATO (‘chat’), est issu du latin tardif cattus ou
être emprunté à l’arabe qazz ‘bourre de soie’, gattus peut-être d’origine africaine et qui a
lui-même pris au persan à moins que ce ne soit remplacé feles.
un dérivé du nom de la ville de Gaza en Pales- Dérivés : A GATAS ‘à quatre pattes’, locution
tine. Le mot est entré en Espagne probable- adverbiale formée de la même manière que a
ment par l’intermédiaire du français. secas, a hurtadillas, a sabiendas, a ciegas,
GASEOSA, voir gas. de veras, de puntillas. GATA ‘chatte’. GATIL-
GASEOSO,A, voir gas. LO ‘détente (d’une arme à feu)’ : cette pièce
GASODUCTO, voir gas. ayant une forme coudée, elle peut rappeler
GAS OIL ou GASÓLEO, voir gas. l’attitude d’un chat en train de dormir enroulé
GASOLINA, voir gas. sur lui-même. D’ailleurs le français connaît
GASOLINERA, voir gas. une expression semblable mais avec le mot
GASTAR (‘dépenser’ ; ‘abîmer, user’), est issu du chien qui désigne la pièce coudée guidant le
latin vastare ‘dévaster, ruiner’ et prononcé percuteur de certaines armes à feu : ‘dormir en
*wastare à basse époque sous l’influence du chien de fusil’. Voir aussi perrillo à l’article
germanique wôst(j)an ‘dévaster’. Cette pro- perro.
nonciation explique le g- de gastar car le pho- GAUCHO (‘gaucho’), est peut-être emprunté à
nème w- initial d’origine germanique a vu très l’auracan (langue du Chili) ou au quichua (Pé-
souvent son articulation se renforcer (W- > rou) cachu signifiant ‘camarade’ et ‘indigent,
Gw-) : werra > guerra ; widan > guiar ; war- pauvre’.
dôn > guardar. Ce verbe a subi un affaiblis- GAVILÁN (‘épervier’), est d’origine incertaine,
sement sémantique : ‘dévaster’ → ‘dépenser’ peut-être d’un gotique *gabila, gabilans de
et ‘détériorer’. En espagnol, gastar signifie même sens.
aussi ‘porter’ dans gastar gafas, sombrero GAVILLA (‘gerbe’ [de céréales], ‘fagot’ [de
‘porter des lunettes, un chapeau’ : cette accep- sarments]), est d’origine mal établie, peut-être
tion est à rattacher au sens premier (‘dépen- dérivé du latin cavus ‘creux (de la main)’.
ser’, ‘user’) car le fait de porter qqch provoque GAVIOTA (‘mouette’), est dérivé du latin gavia
à la longue une certaine usure. de même sens.
Dérivés : DESGASTAR ‘user, abîmer’. DES- GAY (‘gay, homo’), est emprunté à l’anglo-
GASTE ‘usure’, ‘affaiblissement’ (guerra de américain gay ‘homosexuel’. L’anglais gay et
desgaste ‘guerre d’usure’). DEVASTAR ‘dévas- le français gai remontent probablement au go-
ter’, du latin devastare avec préfixe de- à va- tique *gaheis ‘impétueux’ ou à l’ancien haut
leur intensive. GASTO ‘dépense, frais’. MAL- allemand gahi de même sens. P. Guiraud
GASTAR ‘gaspiller, dissiper’. VASTO ‘vaste’, ajoute à l’étymon gotique le latin vagus ‘er-
du latin vastus ‘ravagé, dépeuplé, désolé’, dé- rant’, ‘mobile’ et, au figuré, ‘libre’ (à propos
rivé de vastare ‘dévaster’. On est passé ensuite des mœurs ). Les gays américains se sont ainsi
de l’idée de désert, de vide à celle d’étendue et désignés pour évoquer un style de vie fait de
d’immensité puisque (plus) rien ne fait obs- liberté et de joie de vivre.
tacle à la vue. GAZNATE (‘gorge, gosier’), provient probable-
GASTO, voir gastar. ment de l’arabe qanât al-halq, littéralement
GÁSTRICO (‘gastrique’), est un dérivé savant du ‘canal de la gorge’.
grec gastêr, gastros ‘ventre, estomac’. GAZPACHO (‘gazpacho’ [soupe froide faite avec
Dérivés : GASTRONOMÍA ‘gastronomie’, est du pain, de la tomate, du vinaigre, du sel et de
emprunté au grec gastronomia, littéralement l’ail]), est d’origine mal établie. Peut-être dé-
‘art de régler l’estomac’. GASTRÓNOMO ‘gas- rivé d’une forme préromane caspa ‘résidu,
tronome’, ‘gourmet’. fragment’ (de pain, de légume) qui aurait don-
GASTRONOMÍA, voir gástrico. né aussi caspa en castillan avec le sens de
GASTRÓNOMO, voir gástrico. ‘pellicules’ (du cuir chevelu).
GATA, voir gato. GEL, voir hielo.
GASTAS (A), voir gato. GEMELO, voir mellizo.
GATILLO, voir gato. GEMIDO, voir gemir.
GEMIR (‘gémir’), est emprunté au latin gemere
‘se plaindre’, ‘déplorer’ d’origine incertaine.
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GERMEN (‘germe’), est emprunté au latin ger- gnés à résidence à partir de 1516. Ghetto est
men ‘germe’, ‘bourgeon, rejeton’ et, au figuré, dérivé de ghettare ‘jeter’.
‘descendance’, mot de la famille de gignere GIBA (‘bosse’), est emprunté au latin gibba de
‘engendrer’. même sens (variante de gibbus et de gibber)
Dérivés : GERMINAR ‘germer’. par l’intermédiaire du catalan gepa.
GERONTOCRACIA, voir geriatría. Dérivés : GIBAR ‘assommer, ennuyer, empoi-
GERUNDIO (‘gérondif’), est issu du latin tardif sonner’. GIBOSO ‘bossu’.
gerundium ou gerundi (modus), dérivé de ge- GIBAR, voir giba.
rundus ‘mode de l’action à accomplir’, issu de GIBOSO, voir giba.
gerere ‘exécuter, accomplir’. En espagnol, le GIGANTE (‘géant’), est emprunté au latin gigas,
mot gerundio désigne l’une des trois formes gigantis lui-même pris au grec gigas, gigantos
du mode quasi-nominal (infinitif, gérondif, qui désignait des monstres à la taille démesu-
participe passé) qui permet de concevoir un rée, nés de la terre et du ciel et frères des Ti-
événement en cours d’accomplissement : tans.
sigue hablando ‘il continue de parler’. Dérivés : GIGANTESCO ‘gigantesque’, est em-
GESTA, voir gesto. prunté au français gigantesque lui-même pris à
GESTACIÓN (‘gestation’), est emprunté au latin l’italien gigantesco. GIGANTEZ et GIGANTIS-
gestatio ‘action de porter’, issu du supin de MO ‘gigantisme’.
gestare ‘porter’ et, spécialement, ‘porter un GIGANTESCO, voir gigante.
enfant’. Gestare est le fréquentatif de gerere GIGANTEZ, voir gigante.
‘porter’. GIGANTISMO, voir gigante.
Dérivés : GESTAR ‘concevoir (un enfant, un GIGOLO (‘gigolo’), est emprunté au français
projet)’. gigolo dont l’origine est mal établie. Gigolo,
GESTAR, voir gestación. et son féminin gigolette, dérivent peut-être de
GESTICULAR, voir gesto. gigue signifiant ‘jambe, cuisse’ et ‘femme en-
GESTIÓN (‘gestion’ ; ‘démarche’), est emprunté jouée’. Il est possible que l’anglais giglet, gi-
au latin gestio ‘action de gérer, exécution’, is- glot ‘femme de mauvaise vie’ et ‘jeune femme
su du supin de gerere ‘faire, exécuter’. enjouée’ ait eu une influence sur la formation
Dérivés : GERENTE ‘gérant’, du latin gerens, des deux mots français. Gigolo a d’abord si-
gerentis, participe présent de gerere ‘porter gnifié ‘amant d’une gigolette, d’une fille fa-
(sur soi)’ et donc ‘prendre sur soi, adminis- cile’ avant de désigner aujourd’hui un jeune
trer’, ‘exécuter, faire’. GESTIONAR ‘faire des homme entretenu par une femme mûre.
démarches’, ‘traiter, négocier’, ‘essayer de GIMNASIA, voir gimnasio.
(se) procurer’. GIMNASIO (‘gymnase’), est issu du latin gymna-
GESTIONAR, voir gestión. sium, lui-même pris au grec gymnasion ‘éta-
GESTO (‘visage, mine, air’ ; ‘grimace’ ; ‘geste’), blissement public pour les exercices du corps’.
est emprunté au latin gestus ‘attitude’, ‘mou- Ce terme appartient à la famille de gumnos
vement du corps’, ‘mimique, jeu’, issu de ges- ‘nu’ ou ‘légèrement vêtu’ (pour pratiquer les
tum supin du verbe gerere dans le sens d’ exercices physiques).
« accomplir, faire ». Dérivés : GIMNASIA ‘gymnastique’.
Dérivés : GESTA ‘geste’ dans canción de gesta GIMOTEAR, voir gemir.
‘chanson de geste’, est le neutre pluriel de ges- GINECOLOGÍA (‘gynécologie’), est formé à
tum interprété ensuite comme un féminin sin- partir du grec gunê, gunaikos ‘femme’ et de
gulier en espagnol. En fait on perçoit encore logia ‘théorie’. Ce mot, apparu au XIXe siècle,
un contenu sémantique pluriel dans la mesure a d’abord désigné l’étude scientifique de la
où la chanson de geste raconte les exploits, les femme au sens large y compris sa psycholo-
faits et gestes d’un personnage historique ou gie. Plus tard, ce terme s’est spécialisé pour
légendaire. GESTICULAR ‘grimacer’ et ‘gesti- désigner l’étude des organes de la reproduc-
culer’. tion et leur pathologie.
GHETTO ou GUETO (‘ghetto’), est emprunté à Dérivés : GINECÓLOGO ‘gynécologue’.
l’italien ghetto tiré du nom d’une petite île de GIRA, voir jira.
la lagune de Venise où les Juifs furent assi- GIRAR, voir giro.
GIRASOL, voir giro.
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sion, ‘diriger, gouverner’, lui-même pris au nétique supposée : eronde > erondre (comme
grec kubernâm de même sens. sanguinem > sangre) > orondre (assimilation
Dérivés : GOBERNADOR ‘gouverneur’. GO- des deux voyelles) > olondre (dissimilation
BERNANTE ‘gouvernant’. GOBIERNO ‘gouver- des deux consonnes) > golondre (afin d’éviter
nement’. GUBERNAMENTAL ‘gouvernemental’ la olondre, problème d’euphonie) > golondri-
(organización no gubernamental ‘organisa- na (diminutif), le tout permettant aussi
tion non gouvernementale’, ONG). d’éviter une confusion entre *olondre ‘hiron-
GOBIERNO, voir gobernar. delle’ et alondra ‘alouette’.
GOCE, voir gozo. GOLOSINA, voir gola.
GOL (‘but, goal’), est l’adaptation de l’anglais GOLOSO, voir gola.
goal qui a d’abord signifié ‘but d’une course’, GOLPE (‘coup’), est issu du bas latin populaire
‘limite’ avant de désigner les poteaux entre colpus ou colopus (latin classique colaphus
lesquels la balle doit passer puis le ‘but’ lui- ‘taloche, coup de poing’, transcription du grec
même. kolaphos de même sens).
GOLA (‘gosier, gorge’), est issu du latin gula Dérivés : AGOLPARSE ‘se presser, se rassem-
‘gorge, gosier’ et ‘bouche des animaux’. Gula bler, s’entasser’. GOLPEAR ‘frapper’. GOLPIS-
est la forme savante correspondante et signifie TA ‘putschiste’.
‘gourmandise’. GOLPEAR, voir golpe.
Dérivés : GOLOSINA ‘friandise, gourmandise’. GOLPISTA, voir golpe.
GOLOSO ‘gourmand’. GOMA (‘gomme’, ‘caoutchouc’, ‘élastique’), est
GOLF (‘golf’), est emprunté à l’anglais golf, mot issu du latin vulgaire *gumma (latin classique
d’origine écossaise (golf ou gouff), peut-être cummi ou gummi, du grec kommi d’origine
issu du néerlandais kolf ‘bâton’, ‘batte’. égyptienne).
GOLFO (1) (‘golfe’), est emprunté soit à l’italien GONG (‘gong’), est d’origine malaise (gung).
golfo soit au catalan golf eux-mêmes issus du GORDINFLÓN, voir gordo.
bas latin culfus ou colfus, altération du latin GORDO (‘gros’), est issu du latin impérial gurdus
classique colpus emprunté au grec kolpos ‘pli, ‘lourdaud, grossier’ puis, en gallo-roman,
creux’ et ‘golfe’. ‘immobilisé par le froid’ (d’où le français
Dérivés : ENGOLFARSE ‘se plonger, se perdre, ‘avoir les doigts gourds, engourdis’). De ‘ba-
s’absorber’. lourd, lourdaud’, on est passé en Espagne au
GOLFO (2) (‘voyou’, ‘dévergondé’, ‘dévoyé’), sens de ‘gros’, ‘bien nourri’. On pense que le
provient sans doute par dérivation régressive mot latin gurdus est d’origine ibère.
de l’ancienne forme golfín ‘brigand, voleur de Dérivés : ENGORDAR ‘engraisser, gaver’. EN-
grand chemin’ mais qui signifiait primitive- GORDE ‘engraissement, engraissage’. GOR-
ment ‘dauphin’ (espagnol moderne delfín). DINFLÓN ‘rondelet, grassouillet’, formé avec
Corominas pense que l’apparition brutale du inflar ‘enfler, gonfler’. GORDURA ‘embon-
brigand posté en embuscade a été comparée à point’.
la vivacité du dauphin. Golfín viendrait du la- GORDURA, voir gordo.
tin delphin, delphinis altéré sous l’influence de GORILA (‘gorille’) est emprunté au latin scienti-
golfo (1) ‘golfe’ et ‘haute mer’. On peut aussi fique gorilla nom donné en 1847 par le mis-
penser comme Menéndez Pidal à des phéno- sionnaire américain Savages à une espèce de
mènes d’équivalence acoustique entre occlu- singes. Ce mot a été formé d’après le grec go-
sives : ‘g = d nos da gragea en vez del antiguo rillai, terme employé par le navigateur cartha-
dragea ; por otra parte, ya en latín popular hay ginois Hannon (Ve siècle av. J.-C.) pour dési-
gammus al lado del clásico damma, de donde gner des hommes velus rencontrés sur les
el español, portugués gamo junto al francés côtes d’Afrique.
daim ; después tenemos golfín junto a GORJEAR (‘gazouiller’, ‘babiller’), est un dérivé
delfín...’ (Manual de gramática histórica es- de gorja ‘gorge’, emprunté au français gorge
pañola, §72, ‘Equivalencia acústica’). lui-même issu du latin vulgaire *gorga (latin
GOLONDRINA (‘hirondelle’), est le diminutif classique gurges ‘tourbillon d’eau’, ‘gouffre,
d’une ancienne forme *golondre issue du latin abîme’ et, par métaphore, ‘gosier’, ‘gorge’).
hirundo, hirundinis de même sens (ancien Dérivés : GORJEO ‘gazouillement’, ‘roulade’,
français aronde et arondelle). Évolution pho- ‘babil, gazouillis’ (d’un bébé).
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Dérivés : ENGRANAJE ‘engrenage’ est dérivé graso est craso (ignorancia crasa ‘ignorance
du verbe engranar ‘engrener’ et ‘enchaîner’, crasse’).
emprunté au français engrener qui signifie Dérivés : ENGRASAR ‘graisser’, ‘lubrifier’.
d’abord ‘emplir de grain’ et ‘engraisser avec GRASIENTO ‘graisseux’.
du grain’. Probablement par confusion avec GRASIENTO, voir grasa.
encrené c’est-à-dire ‘entaillé de crans’, le GRASO, voir grasa.
verbe engrener a pris le sens de ‘faire entrer GRATIS, voir gracia.
les dents d’une roue dans une autre roue’. GRATO, voir grado (2).
GRANA ‘graine’, ‘cochenille, kermès’ et ‘(cou- GRATUITO, voir grado (2).
leur) écarlate’, est le pluriel de granum inter- GRAVAMEN, voir grave.
prété ensuite en espagnol comme un féminin GRAVAR, voir grave.
singulier. Grana a le sens de ‘graine’ mais ce GRAVE (‘grave’), est emprunté au latin gravis
mot a désigné aussi les œufs (semblables à des ‘pesant, lourd’ (climat, aliments) et ‘qui a de
graines) d’une variété de cochenille (le ker- l’autorité, de l’importance’, ‘puissant’, ‘sé-
mès) qui parasite le chêne justement nommé le rieux’. Par la suite grave prendra le sens de
chêne-kermès. Les œufs traités et séchés ser- ‘qui peut avoir des conséquences mauvaises’.
vaient à fabriquer une teinture écarlate (voir Dérivés : AGRAVANTE (adjectif et substantif)
aussi kermes). GRANADA ‘grenade’ (fruit du ‘aggravant’ : una agravante ‘une circons-
grenadier [granado]) et, par analogie de tance aggravante’. AGRAVAR ‘aggraver’,
forme, ‘projectile explosif lancé à la main’, est ‘augmenter’, ‘alourdir’. AGRAVIAR ‘offenser’,
issu du latin (malum) granatum littéralement ‘nuire, faire du tort’. AGRAVIO ‘offense, af-
‘pomme à grains’. Granatum dérive de gra- front’. DESGRAVAR ‘dégrever’. DESGRAVA-
num ‘grain, graine’. GRANADO (substantif) CIÓN ‘dégrèvement’ (fiscal). GRAVAR ‘grever’
‘grenadier’ (l’arbre) et (adjectif) ‘grenu, riche (gravado con impuestos ‘grevé d’impôts’).
en grains’ d’où, au figuré, ‘remarquable, il- GRAVEDAD ‘gravité’. GRAVITACIÓN ‘gravita-
lustre’ (lo más granado ‘la crème’, ‘la fine tion’, est emprunté soit à l’anglais gravitation,
fleur’). GRANEL (A) ‘en vrac’, ‘au détail’, ‘à soit au latin scientifique gravitatio. Ce terme
foison’ a été emprunté au catalan graner s’est répandu avec la traduction de l’œuvre de
‘grange, grenier’. Ce mot a été d’abord utilisé Newton. GRAVITAR ‘graviter’ au sens propre
pour le transport du grain en vrac par bateau et figuré (‘évoluer autour de qqn’). INGRAVI-
avant de désigner toute sorte de marchandises DEZ ‘apesanteur’.
non emballées ou non conditionnées. GRANITO GRAVEDAD, voir grave.
‘granit(e)’ est emprunté à l’italien granito GRAVITACIÓN, voir grave.
‘roche dure, granite’, substantivation de GRAVITAR, voir grave.
l’adjectif granito, participe passé de granire GRAZNAR (‘croasser’), est issu d’une forme de
‘former des grains’, dérivé de grano (latin latin hispanique *gracinare de même sens et
granum ‘grain, graine’). GRANIZADA ‘grêle, d’origine onomatopéique.
chute de grêle’, ‘boisson glacée, granité’. Dérivés : GRAZNIDO ‘croassement’.
GRANIZO ‘grêle’ et ‘grêlon’. GRANUJA ‘raisin GREGARIO, voir grey.
égrappé, détaché’ (uva desgranada) d’où le GREMIO (‘corporation’, ‘corps de métier’), est
sens de ‘personne sans valeur’ puis ‘galopin, emprunté au latin gremium ‘giron, sein’,
garnement’, ‘voyou, fripouille’. ‘soins, surveillance attentive’, ‘protection, se-
GRANUJA, voir grano. cours’. Gremio de obreros ‘compagnonnage’
GRAPA (‘crampon’ ; ‘agrafe’), est issu, par (association de solidarité entre ouvriers).
l’intermédiaire du catalan grapa, du francique GREÑA (‘tignasse’), est d’origine mal établie. On
*krappa ‘crochet’. suppose une racine celtique grenn- ‘poil sur le
Dérivés : GRAPADORA ‘agrafeuse’. visage’ qui aurait donné une forme latine
GRAPADORA, voir grapa. *grennio, grennionis puis greñón et enfin gre-
GRASA (‘graisse’), est la forme féminine de ña.
l’adjectif graso aujourd’hui peu usité si ce Dérivés : DESGREÑADO ‘échevelé, hirsute’.
n’est dans l’expression cuerpo graso ‘corps GREY (‘troupeau’), est issu du latin grex, gregis
gras’. Graso est issu du latin crassus ‘épais’ ‘réunion d’animaux ou d’individus de même
puis ‘corpulent, gros’. Le doublet savant de espèce’.
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Dérivés : GREGARIO ‘grégaire’, du latin gre- GRIPE (‘grippe’), est emprunté au français
garius ‘qui fait partie de la troupe’ (de soldats grippe issu du francique *grip ‘griffe’. Le mot
ou d’animaux) : instinto gregario ‘instinct grippe a donc d’abord signifié ‘croc, griffe’
grégaire’. puis, au figuré, ‘ce qui saisit’, ‘mésaventure’,
GRIETA (‘crevasse’, ‘lézarde’), provient de ‘querelle’ (‘prendre qqn en grippe’). Au
l’ancienne forme crieta issue du latin vulgaire XVIIIe siècle, grippe servira à désigner une
*crepta contraction de crepita, participe passé maladie infectieuse qui saisit brusquement le
de crepare ‘rendre un son sec, craquer’, ‘cla- malade par une forte fièvre.
quer’. Le participe passé indique le résultat Dérivés : GRIPAL ‘grippal’ : proceso gripal
d’une action : crepita littéralement ‘qui a cra- ‘état grippal’.
qué’ et donc ‘qui présente un aspect craquelé’ GRIS (‘gris’), est issu de l’ancien francique *grîs
c’est-à-dire des fissures, des crevasses. de même sens. Gris a d’abord été employé en
GRIFERÍA, voir grifo. français et en espagnol pour désigner la four-
GRIFO (‘griffon’ et ‘robinet’), est emprunté au rure de l’écureuil (français petit-gris ; espa-
latin tardif gryphus (latin classique grypus ‘oi- gnol ancien peña gris[a] ‘poil de l’écureuil’,
seau fabuleux’), du grec grups, grupos ‘animal ‘poil gris’).
fabuleux, mythique’. Le sens de ‘robinet’ pris GRISGRÍS (‘gri-gri’ ou ‘gris-gris’, ‘amulette’),
par l’espagnol grifo vient de l’habitude est un mot africain (Guinée ou Sénégal)
d’orner les fontaines, les prises d’eau avec des d’origine non établie.
têtes de personnages ou d’animaux fabuleux. GRISÚ (‘grisou’), est emprunté au français grisou
Dérivés : GRIFERÍA ‘robinetterie’. qui vient du wallon feu grisou c’est-à-dire feu
GRILLO (‘grillon’ et ‘fers, entraves’ [d’un pri- grégeois. Grégeois — issu du latin vulgaire
sonnier]), est issu du latin grillus ‘grillon’. *graeciscus dérivé de graecus ‘grec’ — a
L’acception ‘fers, entraves’ vient de la compa- d’abord signifié ‘langue grecque’ puis a été
raison entre le bruit métallique émis par employé dans l’expression feu grégeois c’est-
l’insecte et les bruits de chaîne du prisonnier à-dire ‘mélange incendiaire’ utilisé par les
lorsqu’il se déplace. Grecs byzantins dans les combats navals.
GRINGO (‘étranger’ ; ‘Américain du Nord’), a GRITAR (‘crier’), est issu du latin vulgaire
deux origines possibles. Gringo serait *critare contraction du latin classique quiri-
l’altération de griego ‘grec’ dans le sens de tare ‘crier au secours’, ‘protester à grands cris’
‘jargon incompréhensible’. On dit par ailleurs d’origine onomatopéique. Il existe un doublet
en français ‘c’est de l’hébreu pour moi’ ou de ce mot qui est quirritare ‘crier (en parlant
‘c’est du chinois’. L’élément -in de gringo du sanglier, du verrat)’ d’origine également
pourrait rappeler des mots à consonance an- onomatopéique. Critare aurait dû donner
glo-américaine (forcing, footing, sitting, jog- *gridar. On peut penser que le maintien de
ging etc.). L’autre origine, beaucoup moins l’occlusive t plus ‘sèche’ répond à des fins ex-
vraisemblable, partirait de l’expression Green, pressives.
go out, littéralement ‘[Soldat habillé en] vert, Dérivés : GRITERÍA, O ‘cris, criaillerie’. GRITO
fous le camp’, ce qui est une simple variante ‘cri’.
de l’expression plus récente US, go home, les GRITERÍA, voir gritar.
USA ayant l’habitude de se prendre pour le GRITERÍO, voir gritar.
gendarme du monde. Cette étymologie se GRITO, voir gritar.
heurte à un problème de date et de situation GROG (‘grog’), est emprunté à l’anglais grog
géographique puisque la forme gringo appa- ‘ration de rhum coupé d’eau’, tiré de Old
raît en Espagne dès le XVIIIe siècle dans le Grog surnom donné à l’amiral Vernon (XVIIIe
dictionnaire de Estebán de Terreros avec la siècle) qui avait l’habitude de porter un man-
définition suivante : ‘gringos llamamos en teau de grogram c’est-à-dire en ‘tissu côtelé’
Málaga a los extranjeros, que tienen cierta es- ou ‘gros-grain’ et qui eut l’idée d’ajouter une
pecie de acento, que los priva de una locución moitié d’eau dans la ration de rhum des ma-
fácil y natural castellana, y en Madrid dan el rins.
mismo nombre con particularidad a los irlan- GROGGY (‘groggy’), est emprunté à l’anglais
deses.’ groggy ‘ivre, alcoolique’ et ‘qui a les jambes
GRIPAL, voir gripe. faibles’, dérivé de grog (voir ce mot). Groggy
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gape (français moderne gouape) qui signifiait ‘arithmétique’ elle-même issue de Alkhawa-
‘insipide’ en parlant des aliments et utilisé rizmi (c’est-à-dire ‘originaire du Hwarizm’, au
comme terme d’injure. Wape est issu du latin sud de la mer d’Aral), surnom donné au ma-
vapa ‘vin éventé’ et, au figuré, ‘vaurien’ (qui thématicien arabe Yafar Abenmusa inventeur
ne vaut rien, comme le vin éventé). Le sens de l’algèbre. Algoritmo ‘algorithme’ provient
initial de guapo est donc celui de ‘voyou, du même nom arabe Alkhawarizmi mais altéré
mauvais sujet’, ‘souteneur’. Le passage au sous l’influence du latin arithmetica. ‘Algo-
sens de ‘brave’ qui perdure en Amérique la- rithme’ est un terme très employé en informa-
tine s’explique dans la mesure où le voyou tique et il désigne l’ensemble des règles opéra-
doit faire preuve de courage et de bravoure toires propres à un calcul.
dans le milieu où il évolue. Enfin, du sens de GUARNECER (‘garnir’ ; ‘être en garnison’),
‘souteneur, maquereau’, on est passé à celui provient de l’ancienne forme guarnir issue du
de ‘bien vêtu, bien mis’ car l’homme qui fré- francique *warnjan ‘prendre garde à qqch’,
quente aussi assidûment les femmes se doit ‘avertir d’un danger’ et donc ‘équiper, armer,
d’être bien mis et joli garçon. fournir’.
GUARDA, voir guardar. Dérivés : GUARNICIÓN ‘garniture’ et ‘garni-
GUARDACOSTAS, voir guardar. son’.
GUARDAESPALDAS, voir guardar. GUARNICIÓN, voir guarnecer.
GUARDAMETA, voir meta. GUARRERÍA, voir guarro.
GUARDAR (‘garder’), est issu du germanique GUARRO (‘cochon’ ; ‘sale, indécent’), est
*wardôn ‘regarder vers’, ‘surveiller’, ‘monter d’origine onomatopéique (grognement de
la garde’, ‘attendre’. l’animal).
Dérivés : AGUARDAR ‘attendre’. GUARDA Dérivés : GUARRERÍA ‘cochonnerie’, ‘tour de
‘garde, gardien’, ‘surveillant, vigile’, déverbal cochon’.
de guardar. GUARDACOSTAS ‘garde-côte’. GUASA (‘balourdise, sottise’ ; ‘blague, plaisante-
GUARDAESPALDAS ‘garde du corps’. GUAR- rie’), est d’origine incertaine, probablement
DERÍA ‘garde, surveillance’ (guardería infan- antillaise.
til ‘crèche’, ‘garderie d’enfants’). GUARDIA GUATA (‘ouate’), est d’origine incertaine. Peut-
‘garde’, du gotique wardja ‘sentinelle, vigie’, être de l’arabe wada’a littéralement ‘mettre’ et
implique l’appartenance à un corps militaire plus particulièrement de wada’a tawb ‘ouater
ou assimilé (guardia del orden público ‘gar- un habit’. Voir bata.
dien de la paix’ ; cuerpo de guardia ‘corps de GUBERNAMENTAL, voir gobierno.
garde’). RESGUARDAR ‘défendre, garantir, pro- GUEDEJA (‘longue chevelure’ ; ‘crinière [du
téger’. RETAGUARDIA ‘arrière-garde’, du cata- lion]’), est issu du latin viticula ‘cep de vigne’
lan reraguarda de même sens devenu reta- et ‘tige d’une plante grimpante’. Par méta-
guarda sous l’influence de l’italien retroguar- phore le mot a fini par désigner une longue
dia (latin retro ‘en arrière’ > italien retro, ca- chevelure. L’initiale du mot (gu-) est due
talan rera). VANGUARDIA ‘avant-garde’, peut-être à un croisement avec le gotique
d’abord sous la forme avanguardia, est em- *wathils ‘mèche’, ‘touffe’.
prunté au catalan avant-guarda, formé avec GUERRA (‘guerre’), est issu du francique *werra
avant (latin impérial abante comprenant ab- et ‘troubles, désordre’, ‘querelle’.
ante ‘avant’, ‘devant’). Dérivés : GUERREAR ‘guerroyer’. GUERRERA
GUARDERÍA, voir guardar. ‘tunique’, ‘vareuse’. GUERRERO ‘guerrier’.
GUARDIA, voir guardar. GUERRILLA ‘guérilla’, littéralement ‘petite
GUARECER(SE) (‘[se] protéger’, ‘[s’]abriter’), guerre’. GUERRILLERO ‘guérillero’, ‘franc-
provient de l’ancien verbe guarir ‘protéger’, tireur’, ‘partisan’.
‘soigner’, lui-même emprunté au germanique GUERREAR, voir guerra.
warjan ou warôn ‘veiller à’, ‘se protéger’. GUERRERA, voir guerra.
Dérivés : GUARIDA ‘repaire’ (d’un animal) est GUERRERO, voir guerra.
issu de l’ancien verbe guarir. GUERRILLA, voir guerra.
GUARIDA, voir guarecer(se). GUERRILLERO, voir guerra.
GUARISMO (‘chiffre’, ‘nombre’), provient de GUETO, voir ghetto.
l’ancienne forme algorismo ou alguarismo GUÍA, voir guiar.
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GUIAR (‘guider’, ‘conduire’), est issu du fran- ‘Direction générale des camps’ (de travail for-
cique *wîtan ‘montrer une direction’. cé) de l’ex Union Soviétique.
Dérivés : GUÍA ‘guide’, ‘indicateur’, ‘an- GURÚ (‘gourou’), est emprunté au hindi guru
nuaire’ et ‘guide’ (la personne). GUIÓN ‘scéna- ‘vénérable’ issu du sanskrit guruh ‘lourd,
rio (d’un film)’ c’est-à-dire ce qui guide les grave’. Le hindi ou hindoustani est une des
acteurs. Dans ce cas, le suffixe -ón n’a pas la principales langues parlées en Inde et qui dé-
valeur d’un augmentatif (voir à ce sujet ratón, rive du sanskrit. Un gourou est un maître spiri-
cordón, plumón, perdigón). GUIONISTA ‘scé- tuel, un précepteur religieux dans la religion
nariste’. brahmanique. Ce mot a pris aujourd’hui une
GUIJA (‘caillou’), provient de l’ancien mot agui- connotation péjorative puisqu’on l’utilise sou-
ja ou encore piedra guija peut-être issu du la- vent pour désigner celui qui est à la tête d’une
tin vulgaire *petra aquilea littéralement secte et qui se prend pour un maître à penser
‘pierre pointue’, dérivé de aquileus variante plus ou moins dangereux pour ses fidèles.
du latin classique aculeus ‘aiguillon’. Les cail- GUSANILLO, voir gusano.
loux pointus sont autant d’aiguillons qui mar- GUSANO (‘ver’), est d’origine incertaine peut-
tyrisent les pieds du marcheur. être préromane.
Dérivés : GUIJARRO ‘caillou’, ‘galet’. Dérivés : GUSANILLO ‘petit ver’ et ‘virus’ au
GUILLOTINA (‘guillotine’), est emprunté au sens de ‘passion’ dans les expressions du type
français guillotine formé à partir du nom de entrarle a uno el gusanillo del juego ‘attra-
son inventeur le médecin Guillotin per le virus du jeu’.
(1738-1814). GUSTAR, voir gusto.
Dérivés : GUILLOTINAR ‘guillotiner’. GUSTO (‘goût’ ; ‘plaisir’), est issu du latin gustus
GUILLOTINAR, voir guillotina. ‘action de goûter, dégustation’ et ‘goût d’une
GUIÑAR (‘cligner de l’œil’), est sans doute issu chose’.
d’une forme de gallo-roman *gwinyare prove- Dérivés : DEGUSTAR ‘déguster’, attesté en
nant elle-même d’un francique *wingjan ‘faire 1495, est emprunté au latin degustare formé
signe’. En français, le mot guignol (marion- avec gustare et de- qui exprime ici une idée
nette sans fils) signifie littéralement ‘celui qui d’accomplissement et d’intensité. En effet,
cligne de l’œil’ car il est dérivé du verbe gui- ‘déguster’ signifie ‘goûter attentivement pour
gner dans son sens ancien de ‘faire signe de savourer pleinement’. DISGUSTAR ‘déplaire,
l’œil à qqn’. contrarier’ (avec ici traitement savant du pré-
GUIÓN, voir guiar. fixe latin dis- qui donne habituellement des-).
GUIONISTA, voir guiar. DISGUSTO ‘contrariété’, ‘ennui’, ‘déboires,
GUISA (‘guise’), est issu d’une forme germa- malheur’. GUSTAR ‘goûter’ jusqu’au Siècle
nique *wisa ‘manière, façon’. Ce mot a servi à d’or et aujourd’hui ‘aimer, plaire’, est issu du
constituer des adverbes de manière en vieil latin gustare ‘goûter’ (au propre et au figuré)
espagnol : fieraguisa ‘d’une manière cruelle’, et ‘faire collation’. De l’idée de ‘goûter’ on est
‘cruellement’. passé à celle de ‘trouver à son goût, apprécier,
Dérivés : GUISAR ‘cuisiner, préparer, accom- aimer’ (en français ‘goûter les joies de la fa-
moder (d’une certaine manière)’. GUISO ‘ra- mille’).
goût’. GUTURAL (‘guttural’), est un dérivé savant du
GUISAR, voir guisa. latin guttur ‘gosier, gorge’ d’origine obscure.
GUISO, voir guisa. GYMKHANA (‘gymkhana’), est emprunté (au
GÜISQUI, voir whisky. XIXe siècle) à l’anglais gymkhana lui-même
GUITARRA (‘guitare’), est issu de l’arabe kittàra, pris à l’hindi gendkhana ‘maison de danse’
lui-même pris au grec kithara ‘cithare’. avec remplacement de la syllabe initiale gend-
Dérivés : GUITARRISTA ‘guitariste’. par gym- pris à gymnastics ‘gymnastique’. Du
GUITARRISTA, voir guitarra. sens initial de ‘fête de plein air avec jeux
GULA, voir gola. d’adresse’, on est passé à celui d’ « épreuve
GULAG (‘goulag’), mot apparu en 1974 avec la sportive » réservée à des voitures ou à des mo-
traduction du livre de Soljenistsyne L’Archipel tos sur un parcours rempli d’obstacles et né-
du Goulag. Il représente l’abréviation russe de cessitant une certaine adresse.
Glavnoïé Upravlenie Lagereï c’est-à-dire la
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‘faction’ (en politique) et, au pluriel, ‘traits du ‘faculté universitaire’. Facultas est formé sur
visage’, est emprunté au latin factio, factionis l’adverbe facul ‘facilement’. FACULTATIVO
‘manière de faire, conduite’ et ‘société de gens ‘facultatif’ c’est-à-dire ce qu’on peut faire ou
groupés, troupe, corporation’, ‘faction, ligue, non. Facultativo rappelle par son sens celui
parti politique’. L’idée de ‘personnes agissant du latin facultas ‘possibilité’. FECHA ‘date’,
ensemble’ a donné le sens de ‘parti, ligue, fac- est la forme ancienne substantivée au féminin
tion’. Au pluriel facciones désigne l’ensemble du participe passé de hacer (aujourd’hui he-
des particularités qui font un visage c’est-à- cho, a) que l’on trouvait dans les formules
dire les ‘traits’. FÁCIL ‘facile’, du latin facilis permettant de dater une lettre : (carta) fecha a
‘faisable’ d’où ‘facile à faire’, ‘de bonne com- 20 de julio de 1620, littéralement ‘(lettre) faite
position’. FACILITAR ‘faciliter’ et surtout le 20 juillet 1620’. FECHAR ‘dater’. FECHORÍA
‘fournir, procurer qqch à qqn’, littéralement ‘forfait’, ‘méfait, mauvaise action’, a d’abord
‘rendre facile l’accès de qqch à qqn’ (facilitar signifié ‘exploit’, ‘fait digne d’admiration’
datos ‘fournir des renseignements’). FACSÍMIL avant de devenir péjoratif sans doute à cause
‘fac-similé’ (reproduction exacte d’un écrit ou de l’abréviation de mala fechoría ‘mauvais
d’un dessin), est emprunté à la locution latine acte’ en fechoría ‘méfait’. Fechoría dérive de
fac simile ‘fais une chose semblable’, formé l’ancienne forme fechor ‘celui qui fait’ (du la-
avec fac impératif de facere et simile ‘chose tin factor > faytor > fechor), aujourd’hui he-
semblable’, substantivation de similis ‘sem- chor avec le sens d’ « âne étalon » c’est-à-dire
blable, ressemblant’. Voir aussi fax. FACTIBI- celui qui fait, qui assure la reproduction (ga-
LIDAD ‘faisabilité’ (estudios de factibilidad rañón). FETICHE ‘fétiche’, est emprunté au
‘études de faisabilité’). FACTIBLE ‘faisable’. français fétiche, lui-même pris au portugais
FACTICIO ‘factice’, est emprunté au latin im- feitiço (adjectif et substantif) ‘artificiel’ et
périal facticius ‘artificiel’, ‘imitatif’. FACTOR ‘sortilège, amulette’, issu du latin facticius
‘facteur’, est emprunté au latin factor ‘celui ‘factice’. FETICHISMO ‘fétichisme’. HACIENDA
qui fait’, ‘fabricant’ et, en latin chrétien, ‘créa- ‘propriété rurale, ferme’, ‘hacienda’ (Amé-
teur, auteur’. Aujourd’hui factor désigne en rique latine), ‘fortune, biens’, ‘finances, Tré-
langage courant chacun des éléments contri- sor Public’, est issu du latin facienda neutre
buant à un résultat c’est-à-dire un agent (tener pluriel du participe futur de facere et signifiant
en cuenta el factor humano ‘tenir compte du ‘les choses à faire’ d’où les sens de ‘travail,
facteur humain’). FACTORÍA ‘usine’ est un occupation’ puis ‘richesses, biens accumulés
emprunt à l’anglais factory de même sens. grâce au travail’ et enfin ‘gestion des biens’
FACTÓTUM ‘factotum’, est emprunté à la locu- (Ministerio de Hacienda, parfois abrégé en
tion latine fac totum ‘fais tout’, formé avec fac Hacienda ‘Ministère des Finances’). HAZ-
impératif du verbe facere et totum accusatif de MERREÍR ‘risée’ (ser el hazmerreír del pue-
totus ‘tout’ (employé qui s’occupe de tout ou blo ‘être la risée du village’), est composé
personne qui se mêle de tout). FACTURA ‘fac- avec l’impératif de hacer, le pronom encli-
ture’, est emprunté au latin classique factura tique me et l’infinitif reír (processus de lexi-
‘fabrication’ et, en latin médiéval, ‘créature’, calisation complète). HECHIZO ‘sortilège’,
‘bâtisse’ et ‘magie’. L’espagnol factura a ‘envoûtement’, est emprunté au portugais fei-
deux sens : ‘manière dont est faite une chose’, tiço (adjectif et substantif) ‘artificiel’ et ‘sorti-
en particulier une œuvre d’art, un poème etc. lège, amulette’ issu du latin facticius ‘factice’
(de buena o mala factura ‘de bonne ou mau- (voir aussi fetiche). HECHO ‘fait’ (substantif)
vaise facture’) et, au sens commercial, ‘pièce est issu du latin factum, participe passé neutre
comptable, facture’. Cette acception lui vient substantivé de facere. HECHURA ‘façon’ (con-
de factor dans le sens de ‘celui qui fait du fection d’un vêtement), ‘facture’ (de buena
commerce’, ‘agent commercial’. FACTURA- hechura ‘de bonne facture’), ‘créature’, du la-
CIÓN ‘facturation’ et surtout ‘chiffre tin classique factura ‘fabrication’ et, en latin
d’affaires’. FACTURAR ‘facturer’ et ‘faire un médiéval, ‘créature’. Hechura est le doublet
chiffre d’affaires (de)’. FACULTAD ‘faculté’, populaire de factura (voir ce mot). MALHE-
est emprunté au latin facultas, facultatis ‘ca- CHOR ‘malfaiteur’. QUEHACER ‘travail, be-
pacité, aptitude, possibilité’ et, en latin médié- sogne’ est issu de la lexicalisation de (lo que
val, ‘groupe de disciplines, genre d’étude’, tengo) que hacer ‘(ce que j’ai) à faire’.
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HACIA (‘vers’ [préposition]), représente la con- HALÓGENO (‘halogène’), est formé avec
traction de l’ancienne forme faze a ‘face à’. l’élément halo- tiré du grec hals, halos ‘sel’ et
Faze est issu du latin facies ‘forme, aspect gé- -geno du grec genos ‘naissance, famille, race’.
néral’ puis ‘visage’ (français ‘faciès’). Faze Le mot ‘halogène’ désigne un élément chi-
est devenu ensuite faz que l’on retrouve dans mique proche du chlore (lámpara halógena
interfaz ou interface ‘interface’ (informa- ‘lampe halogène’).
tique). HALL (‘entrée, hall’), prononcé avec une jota
HACIENDA, voir hacer. pour restituer l’aspiration du h- de l’anglais
HACINAMIENTO, voir haz. hall issu du francique *halla ‘vaste emplace-
HACINAR(SE), voir haz. ment couvert’, ‘halle’.
HACHA (‘hache’), est emprunté au français HALTERA (‘haltère’), est emprunté au latin
hache lui-même issu du francique happja ‘ins- impérial halteres (halteras à l’accusatif), lui-
trument tranchant’. même pris au grec haltêres ‘balanciers pour le
Dérivés : HACHAZO ‘coup de hache’. saut, la danse’, du verbe hallesthai ‘sauter’.
HACHÍS (‘haschisch’), est issu de l’arabe haŠiŠ HALLAR (‘trouver’), est issu du latin afflare (ou
‘herbe, foin’ et ‘chanvre indien’. Voir asesino. adflare) ‘souffler vers (sur, contre)’. A partir
HADA, voir hado. de ce sens l’espagnol a développé celui de
HADO (‘destin, sort’), est issu du latin fatum ‘sentir la piste (d’un gibier)’ et enfin ‘trouver’
‘prédiction’, ‘destin’, ‘destin funeste’, ‘temps (l’animal). La forme primitive en espagnol
fixé pour la vie’, dérivé du verbe fari ‘dire’ était fallar : cette forme est restée dans le vo-
(fatum = énonciation, parole divine). cabulaire juridique avec d’abord le sens de
Dérivés : FATAL ‘fatal’. FATALIDAD ‘fatalité’. ‘trouver, vérifier des faits’. Une fois les faits
FATÍDICO ‘fatidique’, du latin fatidicus ‘qui reconnus et vérifiés, on peut donc passer au
prédit l’avenir’, formé avec fatum ‘destin’ et sens de ‘prononcer un arrêt, un jugement’ (fal-
dicere ‘dire’. HADA ‘fée’, est issu du latin fata lar una sentencia ‘prononcer un jugement’).
‘déesse des destinées’, forme féminine de fa- Dérivés : HALLAZGO ‘découverte’, ‘trou-
tum ‘destin’. On attribue aux fées le pouvoir vaille’.
d’intervenir dans la destinée des hommes. HALLAZGO, voir hallar.
HAGIOGRAFÍA, voir hagiógrafo. HAMACA (‘hamac’), est emprunté au taïno
HAGIÓGRAFO (‘hagiographe’), est emprunté au (langue indienne de Haïti) hamacu.
bas latin hagiographus, lui-même dérivé du HAMBRE (‘faim’), est issu du latin vulgaire
grec hagiographa (biblia), c’est-à-dire les famis, faminis (latin classique fames, famis) de
‘livres hagiographes de la Bible’, formé avec même sens.
hagios ‘saint, sacré’ et -graphos ‘ce qui est Dérivés : FAMÉLICO ‘famélique’, du latin fa-
écrit’ (graphein ‘écrire’). melicus ‘qui ne mange pas à sa faim’. HAM-
Dérivés : HAGIOGRAFÍA ‘hagiographie’. BRIENTO ‘affamé’.
L’hagiographie décrit la vie des saints. HAMBRIENTO, voir hambre.
HALAGAR (‘flatter’), est issu de l’arabe hálaq HAMBURGUESERÍA (‘fast-food’), est un dérivé
‘lisser, polir’ et, au figuré, ‘traiter avec bonté’. de l’américain hamburger, littéralement
Dérivés : HALAGO ‘flatterie’, ‘cajolerie’. HA- ‘hambourgeois’ tiré du nom de la ville alle-
LAGÜEÑO ‘flatteur’. mande de Hambourg. Hamburger représente
HALAGO, voir halagar. l’abréviation de hamburger steak ‘steak ham-
HALAGÜEÑO, voir halagar. bourgeois’. Les raisons qui font que ce plat a
HALCÓN (‘faucon’), est emprunté au bas latin été qualifié de ‘hambourgeois’ aux USA ne
falco de même sens, peut-être dérivé de falx, sont pas élucidées.
falcis ‘faux’ car la courbure du bec et des HAMPA (‘pègre, milieu’), est d’origine incer-
serres du rapace fait penser à celle de la faux taine. On peut supposer que ce mot provient
et à son aspect tranchant. de l’expression gente de hampa c’est-à-dire
HÁLITO (‘haleine’), est emprunté au latin halitus gente de armas ‘gens en armes, bandits, bri-
‘souffle’, ‘exhalaison, émanation’, ‘vapeur’ et gands’. Hampa serait alors un emprunt au
‘haleine’, ‘respiration’. français hampe, altération de l’ancienne forme
Dérivés : EXHALAR ‘exhaler’, du latin exha- hanste ‘javelot’ ou hante ‘lance, bois de
lare de même sens. INHALAR ‘inhaler’.
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lance’, issu du croisement entre le latin hasta prunté au latin scientifique moderne (XIXe
‘lance, pique’ et le francique *hant ‘main’. siècle) infartus, participe passé du verbe infar-
HARAGÁN (‘fainéant’), est d’origine incertaine. tire ou infercire ‘bourrer, fourrer, remplir’,
Il s’agit peut-être de l’altération de l’ancienne formé avec in- ‘dedans’ et farcire ‘garnir’. Ce
forme harón issue de l’arabe harûn ‘animal mot désigne la nécrose d’une partie du cœur
rétif’, qui ne veut pas marcher’. par obstruction d’une artère chargée de
HARAQUIRI (‘hara-kiri’), est issu d’un mot l’irriguer.
japonais qui signifie ‘ouverture du ventre’ HASTA (‘jusque, jusqu’à’), est issu de l’arabe
(hacerse el haraquiri ‘se faire hara-kiri’). hátta de même sens. On obtient hasta après
HARAPIENTO, voir harapo. différenciation des deux -tt- de l’arabe.
HARAPO (‘haillon, guenille’), est dérivé de HASTIAR, voir hastío.
l’ancien verbe farpar ou harpar ‘déchirer’ HASTÍO (‘dégoût’, ‘ennui, lassitude’), est issu du
d’origine incertaine, peut-être de formation latin fastidium ‘dégoût’ et ‘dédain, mépris’,
expressive. J. Corominas rapproche ce mot de lui-même dérivé de fastus ‘orgueil, morgue’.
l’ancien français frape ou frepe ‘chiffon, vieux Fastidio ‘dégoût, nausée’, ‘ennui, corvée’ est
vêtement’ (moderne fripe), issu du bas latin le doublet savant de hastío.
faluppa ‘fibre, chose sans valeur’. Dérivés : FASTIDIAR ‘dégoûter’, ‘ennuyer’,
Dérivés : HARAPIENTO ‘déguenillé’. ‘fatiguer’, ‘assommer, barber’. HASTIAR ‘dé-
HARDWARE (‘hardware’, ‘matériel, équipement goûter, écœurer’.
informatique’), est emprunté à l’anglais hard- HAYA (‘hêtre’), provient sans doute du latin
ware ‘quincaillerie, ferronnerie’, formé avec (materia) fagea ‘(bois) de hêtre’, adjectif
hard ‘dur’ et ware ‘article manufacturé’. Dans substantivé après ellipse de materia et dérivé
le milieu des informaticiens américains, ce de fagus ‘hêtre’.
mot a pris le sens d’équipement informatique Dérivés : FUINA ‘fouine’, est emprunté au
pour désigner l’ordinateur lui-même l’unité français fouine issu du latin fagina (meles)
centrale, le clavier, l’écran c’est-à-dire les ‘(martre) du hêtre’ car cet animal recherche
éléments ‘durs’. Pour ce qui est des logiciels, les faînes (fruits du hêtre). Fagina a évolué en
des programmes, on a forgé de manière humo- fouine sous l’influence de l’ancienne forme
ristique le mot software, littéralement ‘article fou ‘hêtre’ (latin fagus).
mou’, que l’espagnol utilise aujourd’hui pour HAZ (‘faisceau’ ; ‘gerbe’, botte’, ‘fagot’), est issu
désigner un logiciel. du latin fascis ‘faisceau’, ‘fagot’, ‘paquet’,
HARÉN (‘harem’), est emprunté à l’arabe haram ‘fardeau’ et, au pluriel, ‘assemblage de verges
‘chose interdite et sacrée’. Ce mot s’appliquait d’où émergeait le fer d’une hache’, symbole
aux femmes qu’un homme, qui n’était pas de de l’autorité d’un grand magistrat. Le fascisme
la famille, n’avait pas le droit de voir. italien a repris le faisceau romain pour en faire
HARINA (‘farine’), est issu du latin farina de son emblème. En aragonais, fascis a donné
même sens, dérivé de far, farris ‘blé’ et ‘fa- *faxe altéré en fajo passé ensuite en castillan
rine’. avec le sens de ‘liasse’ (fajo de billetes ‘liasse
HARPÍA (‘harpie’), est emprunté par de billets’).
l’intermédiaire du latin Harpyia (pluriel Har- Dérivés : FASCÍCULO ‘fascicule’, du latin fas-
pyiae) au grec Harpuia. C’était le nom donné ciculus ‘petit paquet’ et ‘petit ouvrage litté-
dans la mythologie grecque à des monstres à raire’, diminutif de fascis. FASCISMO ‘fas-
corps d’oiseau, aux griffes acérées et à tête de cisme’, est emprunté à l’italien fascismo déri-
femme. Ce mot désigne une femme méchante, vé de fascio ‘faisceau’ du latin fascis (voir
acariâtre, une mégère. plus haut le sens de fascis au pluriel). FASCIS-
HARTAR, voir harto. TA ‘fasciste’ (familièrement un facha ‘un fa-
HARTAZGO, voir harto. cho’). HACINAMIENTO ‘entassement’. HACI-
HARTO (‘rassasié, repu’), est issu du latin fartus, NAR(SE) ‘(s’) entasser’.
participe passé de farcire ‘remplir, garnir, HAZAÑA (‘exploit, prouesse’), est d’origine
bourrer’. incertaine, peut-être de l’arabe hasána ‘bonne
Dérivés : HARTAR(SE) ‘(se) rassasier’, ‘(se) action’, ‘action digne de mérite’, dérivé de
gaver’, ‘(se) fatiguer, (se) lasser’. HARTAZGO hásan ‘beau’.
‘indigestion’. INFARTO ‘infarctus’, est em- HAZMERREÍR, voir hacer.
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HE, adverbe, s’emploie avec aquí, allí et ahí charmer’. Ce mot désigne en philosophie la
pour désigner une personne ou une chose : recherche du plaisir pris pour principe moral.
heme aquí ‘me voici’. Ce mot est issu de HEGEMONÍA (‘hégémonie’), est emprunté au
l’arabe hê de même sens. grec hêgemonia ‘autorité’, ‘prééminence, sou-
HEBDOMADARIO (‘hebdomadaire’), est em- veraineté’, dérivé de hêgemôn ‘chef, guide’,
prunté au latin ecclésiastique hebdomadarius du verbe hêgeisthai ‘marcher devant’, ‘com-
‘celui qui assure un service pendant une se- mander, diriger’.
maine’, dérivé du latin impérial hebdomas, HELADA, voir hielo.
hebdomados ‘semaine’, emprunté au grec HELADO, voir hielo.
hebdomos ‘septième’, dérivé de hepta ‘sept’. HELAR, voir hielo.
HEBILLA (‘boucle’ [de ceinture]), est issu du HÉLICE (‘hélice’), est emprunté par
latin vulgaire fibella diminutif de fibula ‘ce l’intermédiaire du latin helix, helicis au grec
qui sert à fixer’, ‘agrafe’ (pour vêtements, helix, helikos ‘spirale’ et tout objet en forme
cheveux), ‘aiguille de chirurgien’. de spirale. A rattacher à une racine indoeuro-
HEBRA (‘brin’, ‘fil’, ‘fibre’, ‘filament’), est issu péenne *wel- ‘rouler’ (anglais wheel ‘roue’).
du latin fibra ‘formation d’aspect filamenteux’ Dérivés : HELICÓPTERO ‘hélicoptère’, a été
(d’origine végétale ou animale). Dans la formé avec le grec helix, helikos et pteron
langue des augures fibra désignait les divi- ‘aile’. HELITRANSPORTADO ‘héliporté’.
sions du foie des animaux sacrifiés d’où le HELICÓPTERO, voir hélice.
sens d’ « entrailles » et enfin celui de ‘sensibi- HELIOTROPO (‘héliotrope’), est emprunté au
lité’ (en français ‘avoir la fibre paternelle / pa- latin impérial heliotropium ‘pierre précieuse’
triotique’). En espagnol fibra est le doublet et ‘(plante) qui se tourne vers le soleil’, lui-
savant de hebra (fibra de vidrio ‘fibre de même pris au grec hêliotropion ou hêliotro-
verre’ ; fibra óptica ‘fibre optique’). pos, formé avec helios ‘soleil’ et -tropos ‘qui
HECATOMBE (‘hécatombe’), est emprunté au se tourne vers’ (trepein ‘tourner’).
grec hekatombê ‘(sacrifice de) cent bœufs’, HELIPUERTO (‘héliport’), est un mot composé,
formé avec hekaton ‘cent’ et bous ‘bœuf’. d’après le modèle de aeropuerto, avec he-
HECTO-, est tiré du grec hekaton ‘cent’ et sert à li(cóptero) et puerto ‘port’.
former des mots exprimant des mesures : HELITRANSPORTADO, voir hélice.
HECTÁREA ‘hectare’, surface d’un are (área) HEMATOMA, voir hemo-.
— c’est-à-dire 100 m2 — multipliée par 100. HEMBRA (‘femelle’), est issu du latin femina
HECTOLITRO ‘hectolitre’. HECTÓMETRO ‘hec- ‘femelle d’animal’ puis ‘femme’ et ‘épouse’.
tomètre’. Ce mot représente un participe présent très an-
HECES (‘excréments, fèces’), est emprunté au cien qui signifiait littéralement ‘qui allaite’.
latin faeces, pluriel de faex ‘résidu, lie, rebut’. Femina est à rattacher à une racine indoeuro-
Dérivés : FECAL ‘fécal’. péenne *dhe ‘téter’. En français, femelle est
HECTÁREA, voir hecto-. issu de femella littéralement ‘petite femme’,
HECTOLITRO, voir hecto-. diminutif de femina.
HECTÓMETRO, voir hecto-. Dérivés : FEMENIL ‘féminin’, du latin tardif
HECHIZO, voir hacer. feminilis, est un terme laudatif (ternura fe-
HECHO, voir hacer. menil ‘tendresse féminine’) alors que mujeril
HECHOR (garañón ‘âne étalon’), voir hacer. suggère parfois des défauts ou des faiblesses
HECHURA, voir hacer. de la femme (miedo mujeril ‘peur féminine’).
HEDER (‘puer’), est issu du latin foetere de Voir mujer. FEMENINO ‘féminin’ a une exten-
même sens. sion sémantique plus large que femenil (el
Dérivés : FÉTIDO ‘fétide’, du latin foetidus de género femenino ‘le genre féminin’ en
même sens. HEDIONDEZ ‘puanteur’. HEDION- grammaire). FEMINISTA ‘féministe’.
DO ‘puant, infect’, du latin vulgaire foetibun- HEMEROTECA, voir efímero.
dus de même sens. HEMI-, est tiré du grec hêmi ‘demi’. Cet élément
HEDIONDEZ, voir heder. sert à former à partir du grec des noms et des
HEDIONDO, voir heder. adjectifs dans le vocabulaire scientifique :
HEDONISMO (‘hédonisme’), est un dérivé du hemiciclo ‘hémicycle’ ; hemiplejía ‘hémiplé-
grec hêdonê ‘plaisir’, tiré de hêdein ‘réjouir, gie’, du grec hemiplêx, hemiplegos ‘à demi
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frappé’, formé avec l’élément -plêx tiré du l’anglais fission ‘fission, rupture d’un noyau
verbe plettein ‘frapper, battre’ ; hemisferio d’atome’, lui-même pris au latin fissio, fissio-
‘hémisphère’ ; hemistiquio ‘hémistiche’, du nis ‘action de fendre’. FISURA ‘fissure’, du la-
grec hemistikhion formé avec hemi- et stikhos tin fissura, dérivé de fissus participe passé de
‘rangée’, ‘ligne’ et en particulier ‘ligne findere. HENDIDURA ou HENDEDURA ‘fente,
d’écriture’, ‘vers’. crevasse’, dérivé du verbe hender.
HEMICICLO, voir hemi-. HENDIDURA, voir hender.
HEMIPLEJÍA, voir hemi-. HENO (‘foin’), est issu du latin fenum de même
HEMISFERIO, voir hemi-. sens, peut-être apparenté à fetus ‘action de
HEMISTIQUIO, voir hemi-. produire, production’ (des plantes), ‘portée
HEMO-, est un élément tiré du grec haima, hai- des animaux’, ‘enfantement’. Le mot heno si-
matos ‘sang’ qui sert à former de nombreux gnifierait alors ‘produit (du pré)’. La fiebre /
composés savants en biologie, en chimie et en el catarro del heno ‘le rhume des foins’.
médecine : HEMATOMA ‘hématome’ ; HEMO- HEPATITIS (‘hépatite’), est emprunté au bas latin
FILIA ‘hémophilie’, formé avec l’élément hepatites, hepatitis ‘de la nature du foie’, lui-
-filia (‘-philie’) exprimant ici une tendance, même pris au grec hêpatitis, hepatitidos ‘du
une prédisposition à faire des hémorragies à foie’, dérivé de hêpar, hêpatos ‘foie’. Le suf-
cause de défauts de coagulation du sang. Dans fixe -itis qui sert à désigner des maladies de
d’autres emplois, l’élément -filia ou -filo ex- nature inflammatoire (bronquitis ‘bronchite’,
prime la qualité d’amateur ou une affinité : colitis ‘colite’) est d’origine grecque. Pour le
bibliófilo ‘bibliophile’, c’est-à-dire ‘qui aime nom désignant le foie en espagnol, voir híga-
les livres’ ; anglófilo ‘anglophile’ ‘qui a des do.
affinités avec la langue et la culture anglo- HEPTASÍLABO, voir siete.
américaines’ ; hidrófilo ‘hydrophile’, littéra- HERBARIO, voir hierba.
lement ‘qui aime l’eau’, c’est-à-dire ‘qui est HERBICIDA, voir hierba.
capable d’absorber l’eau, un liquide’ (grec HERBÍVORO, voir hierba.
philein ‘aimer’). HEMOGLOBINA ‘hémoglo- HERBOSO, voir hierba.
bine’, formé à partir de glóbulo ‘globule’, HEREDAD (‘propriété, domaine’, ‘héritage’), est
substance contenue dans les globules rouges issu du latin hereditas ‘action d’hériter’, ‘héri-
du sang. HEMORRAGIA ‘hémorragie’, du grec tage’, dérivé de heres, heredis ‘héritier’.
haimorrhagia, formé avec haima ‘sang’ et Dérivés : HEREDAR ‘hériter’. HEREDERO ‘héri-
rhêgunai ‘rompre’, ‘faire jaillir’. HEMOR- tier’, du latin hereditarius ‘héréditaire, reçu
ROIDE(S) ‘hémorroïdes’, du grec haimorrhois par héritage’, puis en latin médiéval ‘héritier’.
‘écoulement de sang’, formé avec haima Le traitement savant de hereditarius a donné
‘sang’ et rhoos ‘écoulement’. hereditario ‘héréditaire’.
HEMOFILIA, voir hemo-. HEREDAR, voir heredad.
HEMOGLOBINA, voir hemo-. HEREDERO, voir heredad.
HEMORRAGIA, voir hemo-. HEREDITARIO, voir heredad.
HEMORROIDE(S) , voir hemo-. HEREJE (‘hérétique’ [substantif]), est emprunté
HENCHIR (‘emplir, remplir’, ‘gonfler’), est issu par l’intermédiaire de l’occitan ancien eretge
du latin implere de même sens, dérivé de au latin ecclésiastique haereticus ‘(celui) qui
l’ancien verbe plere ‘emplir’. Henchir est soutient une hérésie’, du grec hairetikos ‘qui
d’abord attesté sous la forme fenchir. Le H- choisit’ et ‘sectaire’, ‘tenant d’une hérésie’,
provient d’une confusion avec le verbe hin- dérivé de hairesis ‘choix’ puis en grec tardif
char ‘gonfler’. ‘école philosophique’, ‘secte religieuse’ et
HENDEDURA, voir hender. ‘hérésie’ (du verbe hairein ‘prendre, choisir’).
HENDER (‘fendre’), est issu du latin findere En espagnol, herético ‘hérétique’ (adjectif) est
‘ouvrir, séparer, diviser’, ‘fendre’. en quelque sorte le doublet savant de hereje
Dérivés : FÍSIL ‘fissile’, du latin fissilis ‘qui (substantif).
peut être fendu’, dérivé de fissum, supin de Dérivés : HEREJÍA ‘hérésie’.
findere ‘fendre’ (materia / cuerpo físil ‘ma- HEREJÍA, voir hereje.
tière / corps fissile’ comme l’uranium ou le HERENCIA (‘hérédité’, ‘héritage’), est emprunté
plutonium). FISIÓN ‘fission’, est emprunté à au latin haerentia ‘possession, propriété’,
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neutre pluriel du verbe haerere ‘être attaché, lement au sens religieux). HERMANAR ‘assor-
fixé’. Herencia a donc d’abord signifié ‘biens, tir’, ‘réunir’, ‘jumeler’ (des villes). HERMAN-
richesses’ avant de prendre le sens d’ « héri- DAD ‘fraternité, ‘confrérie’, ‘amicale, associa-
tage » sous l’influence de heredad. tion’.
HERÉTICO, voir hereje. HERMÉTICO (‘hermétique’), est un dérivé formé
HERIDA, voir herir. sur le nom d’Hermès Trismégiste (‘trois fois
HERIR (‘blesser’), est issu du latin ferire ‘frap- très grand’) qui est le nom grec du dieu Toth
per’ et ‘blesser’. des Égyptiens qui passait pour être le fonda-
Dérivés : HERIDA ‘blessure’, est le participe teur de l’alchimie : ‘hermétique’ a d’abord si-
passé au féminin du verbe herir. Le participe gnifié ‘relatif à l’alchimie’ et a désigné en par-
passé exprime souvent le résultat d’une ac- ticulier la fermeture parfaite des récipients al-
tion : herir → herido ‘blessé’ (adjectif et chimiques (cerramiento hermético ‘ferme-
substantif), herida ‘blessure’. Il est à noter ture hermétique’) puis le caractère ésotérique,
que ce denier mot a d’abord signifié ‘coup’ occulte de cette science. Par extension, ‘her-
(latin ferire ‘frapper’) : ‘Aguijó Mio Cid, a la métique’ a pris le sens de ‘difficile ou impos-
puerta se llegava... una ferida le dava (Cantar sible à pénétrer, à comprendre’.
de Mio Cid, vers 37-38). ZAHERIR ‘critiquer, HERMOSO (‘beau’), est issu du latin formosus de
blâmer’, d’abord attesté sous la forme façerir même sens après dissimilation vocalique :
est formé avec faz ‘visage, face’ et herir : formosu > formoso > hermoso. Formosus est
‘frapper au visage’ puis, au figuré, ‘lancer à la dérivé de forma ‘forme, ensemble des traits
figure’, ‘critiquer, reprocher’. Façerir > haçe- extérieurs’ et en particulier ‘belle forme’,
rir > çaherir (métathèse) > zaherir. ‘beauté’.
HERMAFRODITA (‘hermaphrodite’), est em- Dérivés : HERMOSURA ‘beauté.
prunté au latin impérial Hermaphroditus, du HERMOSURA, voir hermoso.
grec Hermaphroditos, nom d’un personnage HERNIA (‘hernie’), est emprunté au latin hernia
de la mythologie grecque, fils d’Hermès (élé- de même sens.
ment mâle) et d’Aphrodite (élément féminin) HÉROE (‘héros’), est emprunté au latin heros
représenté comme bisexué. Le mot s’est ‘demi-dieu’, ‘homme de grande valeur’, lui-
d’abord dit à propos d’un être humain qui pos- même pris au grec hêrôs ‘chef’ et ‘homme
sède certains des caractères apparents des élevé au rang de demi-dieu après sa mort’.
deux sexes (androgyne) avant d’être employé Dérivés : HEROICO ‘héroïque’. HEROÍNA ‘hé-
en botanique et en zoologie. roïne’, féminin de héroe et nom d’une drogue.
HERMANA, voir hermano. Dans le sens de stupéfiant, heroína a sans
HERMANAR, voir hermano. doute été emprunté à l’allemand Heroin à la
HERMANDAD, voir hermano. fin du XIXe siècle, mot formé à partir du grec
HERMANO (‘frère’), est issu du latin germanus hêrôs ‘héros’ par analogie entre l’ardeur du
‘naturel, vrai, authentique’ et ‘germain, de héros et l’état d’exaltation provoqué par la
frère germain’ (latin frater germanus, littéra- drogue. HEROÍSMO ‘héroïsme’.
lement ‘vrai frère, du même père et de la HEROICO, voir héroe.
même mère’). Germanus est issu de germen, HEROÍNA, voir héroe.
germinis ‘progéniture, qui est du même sang’. HEROÍSMO, voir héroe.
Dérivés : GERMANÍA ‘germanía’, c’est-à-dire HERPE (‘herpès’), est emprunté au latin impérial
les ‘confréries’ formées par les corporations herpes, herpetis ‘maladie de la peau’ lui-
au début du XVIe siècle dans le royaume de même pris au grec herpês, herpêtos ‘dartre’,
Valence et qui se soulevèrent contre les nobles dérivé du verbe herpein ‘ramper’, ‘se traîner’
de 1519 à 1522. Germanía est emprunté au car cette maladie a tendance à se propager.
catalan germania ‘fraternité, confrérie’ (dérivé HERRADURA, voir hierro.
de germà ‘frère’). Germanía a aussi le sens HERRAMIENTA, voir hierro.
de ‘langue de la pègre’, ‘argot’. Corominas HERRERO, voir hierro.
pense que ce sens provient du fait que pendant HERRUMBRE, voir hierro.
les soulèvements qui agitèrent Valence, des HERVIR (‘bouillir’), est issu du latin fervere de
gens de mauvaise vie en profitèrent pour s’y même sens.
installer et y prospérer. HERMANA ‘sœur’ (éga-
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passé devenu adjectif et substantif) ‘glacé’ et HIJO (‘fils’), est issu du latin filius de même
‘glace’ : un helado de vainilla ‘une glace à la sens.
vanille’. HELAR ‘geler, glacer’. Dérivés : FILIACIÓN ‘filiation’. FILIAL ‘filial’.
HIENA (‘hyène’), est emprunté au latin impérial HIDALGO ‘hidalgo’, ‘gentilhomme, noble’,
hyaena de même sens, lui-même pris au grec provient de hijo de algo contracté en hi de al-
huaina ‘bête féroce de Libye’, dérivé de hus, go littéralement ‘fils de qqch’, c’est-à-dire
huos ‘porc, truie’. La terminaison -aina est un ‘personne pourvue de biens ou d’une nais-
suffixe péjoratif à moins qu’elle ne soit due à sance’. La forme hi est l’abréviation de hijo
l’influence de léaina ‘lionne’. dans certaines expressions injurieuses (hi de
HIERÁTICO, voir jerarquía. puta ‘fils de pute’, hi de perro ‘fils de
HIERBA (‘herbe’), est issu du latin herba ‘herbe’ chien’).
et ‘mauvaises herbes’, ‘jeune pousse’, ‘plante’ HILAR, voir hilo.
en général. HILARIDAD (‘hilarité’), est emprunté au latin
Dérivés : HERBARIO ‘herbier’. HERBICIDA hilaritas ‘joie’, ‘bonne humeur’, dérivé de hi-
‘herbicide’, le suffixe -cida est issu du verbe laris lui-même pris au grec hilaros ‘joyeux’.
latin caedere ‘tuer’. HERBÍVORO ‘herbivore’. HILO (‘fil’), est issu du latin filum ‘fil, filament’
HERBOSO ‘herbeux’. et ‘tranchant d’une lame’, ‘fil d’un discours’,
HIERRO (‘fer’), est issu du latin ferrum d’origine ‘ligne, trait’. En espagnol, c’est la forme filo
mal établie. (doublet savant de hilo) qui a hérité du sens de
Dérivés : FÉRREO ‘de fer’ (voluntad férrea ‘tranchant d’une lame’ (el filo de la navaja ‘le
‘volonté de fer’). FERRETERÍA ‘quincaillerie’. fil du rasoir’).
HERRADURA ‘fer à cheval’ (camino de herra- Dérivés : DESFILADERO ‘défilé’, c’est-à-dire
dura ‘piste cavalière’). HERRAMIENTA ‘outil’. passage encaissé où l’on ne peut passer qu’à la
On est passé, par extension, de l’outil en fer à file. DESFILAR ‘défiler’, est emprunté au fran-
toute sorte d’outils : la herramienta in- çais défiler dérivé de file. DESFILE ‘défilé (de
formática ‘l’outil informatique’. HERRERO troupes, etc.)’. Voir pasarela pour ‘défilé de
‘forgeron’. HERRUMBRE ‘rouille’, du latin mode’. Dans tous ces mots, la particule des-
vulgaire ferrumen ‘soudure’ employé à la indique la séparation, l’écartement, c’est
place de ferrugo ‘rouille’. l’image de fils que l’on étire. FILA ‘file’, est
HÍGADO (‘foie’), provient du latin jecur ficatum emprunté au français file, déverbal de filer, du
qui est un calque du grec hêpar sukôton qui bas latin filare ‘étirer en fils’ (En fila india
signifiait littéralement ‘foie de figues’ (sukon ‘en file indienne’). FILAMENTO ‘filament’, du
‘figue’) c’est-à-dire ‘foie d’un animal engrais- latin filamentum ‘étoffe de fil’. Ce mot dé-
sé avec des figues’. Le latin ficatum est dérivé signe aujourd’hui le fil conducteur très fin
de ficus ‘figue’. Ce mot a d’abord signifié contenu dans les ampoules électriques. FILETE
‘foie d’oie engraissée avec des figues’ avant ‘filet, bifteck’, est emprunté au français filet,
de désigner le foie en général. diminutif de fil. Ce mot a pris le sens de mor-
HIGIENE (‘hygiène’), est emprunté au français ceau de viande allongé que l’on prélève le
hygiène lui-même pris au grec hugieinon ‘san- long de l’épine dorsale du bœuf ou du veau ou
té’, neutre substantivé de l’adjectif hugieinos morceau de chair se trouvant de part et d’autre
‘sain, qui maintient en bonne santé’, dérivé de de l’arête d’un poisson. FILÓN ‘filon’, est em-
hugiês ‘sain, bien portant’. prunté au français filon lui-même pris à
Dérivés : HIGIÉNICO ‘hygiénique’. l’italien filone augmentatif de filo ‘fil’. Filón
HIGIÉNICO, voir higiene. désigne une masse allongée de substances mi-
HIGO (‘figue’), est issu du latin ficus de même nérales (filón de cobre ‘filon de cuivre’). HI-
sens. Voir hígado. LAR ‘filer’ (du bas latin filare ‘étirer en fils’).
Dérivés : HIGUERA ‘figuier’. PERFIL ‘profil’, est emprunté à l’occitan an-
HIGRO-, premier élément entrant dans la compo- cien perfil ‘ourlet, bordure’ d’où le sens de
sition de mots savants et tiré du grec hugros ‘contours d’un objet’ et ‘contours du visage’.
‘humide’ : HIGROMETRÍA ‘hygrométrie’ (me- RETAHÍLA ‘ribambelle, kyrielle’, provient
sure de l’humidité). peut-être du latin recta fila, littéralement ‘files
HIGROMETRÍA, voir higro-. droites’ (fila étant le pluriel neutre de filum
HIGUERA, voir higo. ‘fil’).
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HIMNO (‘hymne’), est emprunté au latin hymnus pallage, lui-même pris au grec hupallagê
lui-même pris au grec humnos ‘chant ou ‘échange, interversion’, de hupallatein, formé
poème en l’honneur d’un dieu ou d’un héros’. avec hupo ‘au-dessous, en deçà’ et allatein
HINCAPIÉ, voir hincar. lui-même tiré de allos ‘autre’ (= autre disposi-
HINCAR (‘ficher, fixer’, ‘planter’), est issu du tion).
latin vulgaire *figicare dérivé de figere ‘en- HIPER- est un préfixe entrant dans la composi-
foncer’. Hincarse de rodillas ‘s’agenouiller’, tion de nombreux mots scientifiques (en phy-
littéralement ‘planter les genoux dans le sol’. sique, médecine, biologie, rhétorique, linguis-
Dérivés : FINCA ‘propriété’ (finca rústica tique) pour exprimer la plupart du temps le
‘propriété rurale’ ; finca urbana ‘immeuble’). plus haut degré, l’excès, l’exagération. Il est
Finca est dérivé de l’ancien verbe fincar au tiré du grec huper ‘au-dessus, au-delà’. Voir
sens de ‘rester, subsister’. En terme de droit hipérbaton, hipérbole, hipermercado, hi-
finca a dû désigner d’abord la somme qui res- perónimo, hipertensión, hipertrofia.
te à payer d’une dette, d’où le sens de ‘somme HIPÉRBATON (‘hyperbate’), est emprunté au
d’argent’ puis celui de ‘capital dont on tire une grec hyperbaton dérivé de hyperbainein ‘tra-
rente’, ‘propriété, héritage produisant un reve- verser’, ‘passer par-dessus’. L’hyperbate est
nu, une rente’ et enfin ‘propriété’, ‘immeuble’. une figure de rhétorique qui consiste à inter-
HINCAPIÉ, dans hacer hincapié (en) ‘tenir vertir l’ordre habituel des mots. B. Dupriez
bon’ et ‘souligner, mettre l’accent sur’, formé (Gradus) cite cet exemple emprunté à H. Mi-
avec pie ‘pied’, littéralement ‘effort que l’on chaux : ‘Sur ces entrefaites, une vieille otite,
fait en appuyant sur les pieds’. qui dormait depuis trois ans, se réveilla et sa
HINCHA, voir hinchar. menue perforation dans le fond de mon
HINCHAR (‘gonfler’, ‘enfler’), est issu du latin oreille’.
inflare ‘souffler dans’, ‘gonfler’, formé avec HIPÉRBOLE (‘hyperbole’), est emprunté au latin
in- (intériorité) et flare ‘souffler’. Le doublet hyperbole lui-même pris au grec huperbolê,
savant de hinchar est inflar. dérivé de huperballein ‘jeter au-dessus’ et
Dérivés : DESHINCHAR ‘désenfler’, ‘dégon- ‘dépasser la mesure’, formé avec huper ‘au-
fler’. HINCHA ‘haine, antipathie’ et dans dessus, au-delà’ et ballein ‘lancer, jeter’.
l’usage familier actuel ‘supporter’, ‘mordu’, L’hyperbole est une figure de style qui con-
‘fana’, ‘fan’. Tout supporter qui se respecte siste à mettre en relief une idée en utilisant des
gonfle ses poumons pour crier son soutien à termes exagérés (exemples : ‘un bruit à réveil-
son club favori. HINCHAZÓN ‘enflure, bour- ler un mort’ ; ‘c’est à se casser la tête contre
souflure’. INFLACIÓN ‘inflation’, est emprunté les murs’).
au latin inflatio ‘enflure, gonflement de HIPERMERCADO (‘hypermarché’), parfois
l’estomac’, ‘flatulence’, ‘inflammation’, formé abrégé en híper, est formé avec hiper ‘au-
sur inflatum supin du verbe inflare ‘souffler dessus’ et mercado ‘marché’. Ce mot désigne
dans’, ‘enfler’, ‘gonfler’ et ‘enfler la voix, le une grande surface de plus de 2500 m2. En
ton’. Ce terme appartient à l’origine au voca- dessous, c’est-à-dire entre 400 et 2500 m2, se
bulaire médical. Il passera dans le vocabulaire trouvent les supermarchés (supermercados).
de l’économie au début du XXe siècle par em- Plus bas encore (entre 120 et 400 m2) figurent
prunt à l’anglo-américain inflation (littérale- les supérettes (autoservicios). Tous ces mots
ment ‘gonflement’) qui désigne une hausse sont adaptés de l’anglo-américain hypermar-
des prix et une dépréciation de la monnaie en- ket, supermarket et même superette. Ils appa-
traînées par l’augmentation excessive des ins- raissent entre 1950 et 1970. Voir Le marketing
truments de paiement. INFLACIONISTA ‘infla- trilingue (anglais, français, espagnol) de J. M.
tionniste’ (política inflacionista ‘politique in- Laspéras, Y. Chirouze et V. Metherell aux édi-
flationniste’). tions Chotard, 1992.
HINOJO(S), voir rodilla à l’article rueda. HIPERÓNIMO (‘hyperonyme’), est employé en
HIPÁLAGE (‘hypallage’), est une figure de rhéto- sémantique pour désigner un nom dont le sens
rique qui consiste à attribuer à un mot de la inclut celui d’autres noms. Par exemple,
phrase ce qui convenait à un autre mot de la asiento est appelé hyperonyme ou lexème
même phrase : rendre qqn à la vie au lieu de d’inclusion de silla, sillón, butaca, banco, ta-
rendre la vie à qqn. Emprunté au bas latin hy- burete, poltrona etc. Hiperónimo a été com-
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posé d’après sinónimo, homónimo, antónimo dans le sang), formé à partir du grec glukus
avec le grec onoma ‘nom’. Un hyperonyme est ‘doux, sucré’ et du suffixe -emia tiré du grec
donc un ‘nom au-dessus (des autres noms)’. haima, haimatos ‘sang’ ; HIPÓNIMO ‘hypo-
Voir aussi hipónimo. nyme’, s’emploie en linguistique, en séman-
HIPERTENSIÓN (‘hypertension’), apparaît en tique pour dire qu’un mot est inclus dans un
médecine à la fin du XIXe siècle, formé avec autre mot : par exemple perro, gato, caballo
hiper ‘au-dessus’ et tensión ‘tension’, du bas etc. sont des hyponymes par rapport à animal,
latin tensio, tensionis ‘manière de tendre’, terme générique appelé aussi hiperónimo
‘contraction des nerfs’, dérivé de tensum supin ‘hyperonyme’ (voir ce mot).
de tendere ‘tendre’. Vers 1845, le mot tensión HIPOCALÓRICO, voir hipo-.
va acquérir, en physique, le sens de ‘pression’. HIPOCORÍSTICO (‘hypocoristique’), est em-
C’est de là que vient son emploi moderne en prunté au grec hupokoristikos ‘caressant’ et,
médecine (tensión arterial ‘tension arté- en grammaire, ‘diminutif’. Ce mot vient de
rielle’), sens attesté vers 1860. hipokorizesthai ‘parler avec des diminutifs’,
HIPERTROFIA (‘hypertrophie’), est formé avec formé avec hupo ‘sous’ et korizesthai ‘cajo-
hiper ‘au-dessus, au-delà’ et -trofia dérivé du ler’, lui-même dérivé de korê ‘jeune fille’. Les
grec trophê ‘nourriture’, ‘action de nourrir’, mots hypocoristiques traduisent l’affection, la
tiré du verbe trephein ‘nourrir’. Hipertrofia tendresse, ce sont le plus souvent des appella-
signifie donc à l’origine ‘excès de nutrition’. Il tifs comme frérot, sœurette, mon chou, tonton,
a désigné par la suite en médecine en espagnol Quico pour Francisco. Dans le
l’augmentation de volume d’un organe, quelle roman de Alfredo Bryce Echenique, Un mun-
qu’en soit la cause. Au sens figuré, le mot si- do para Julius, on trouve une surabondance de
gnifiera ‘développement excessif’ (hipertro- diminutifs à valeur hypocoristique : ‘Tienen
fia del sector terciario ‘hypertrophie du sec- que ir, hijitos : Susana es mi prima y me ha
teur tertiaire’). llamado para invitarlos : otros años han ido
HÍPICO (‘hippique’), est emprunté au grec hippi- Santiaguito y Bobby, (diminutif de Robert en
kos ‘relatif aux chevaux’, dérivé de hippos anglais) esta vez les toca a ustedes. Y ese
‘cheval’. sábado por la tarde los vistieron íntegramente
Dérivés : HIPISMO ‘hippisme’. HIPÓDROMO de blanco, zapatitos y todo ; para Julius una
‘hippodrome’, est emprunté au latin hippo- corbatita de seda blanca, igualita al lazo que
dromus, du grec hippodromos, formé avec recogía el moñito pasado de moda sobre la ca-
dromos ‘course’. Voir dromedario. becita rubia de Cinthia.’
HIPISMO, voir hípico. HIPOCRESÍA (‘hypocrisie’), est emprunté au bas
HIPNOSIS, voir hipnótico. latin hypocrisis, lui-même pris au grec hupo-
HIPNÓTICO (‘hypnotique’ [adjectif et substan- krisis ‘réponse’ (dans un dialogue théâtral),
tif]), est emprunté au bas latin hypnoticus, du ‘jeu d’un acteur’ et ‘feinte, faux-semblant’,
grec hupnôtikos ‘relatif au sommeil’, dérivé de dérivé du verbe hupokrinesthai ‘répondre’,
hupnos ‘sommeil’. ‘jouer un rôle’, ‘feindre, mimer’. Le mot hi-
Dérivés : HIPNOSIS ‘hypnose’. HIPNOTIZAR pocresía a pris un sens péjoratif : le jeu de
‘hypnotiser’, d’après l’anglais to hypnotize. l’acteur consiste à feindre des sentiments, le
HIPNOTIZAR, voir hipnótico. mot s’appliquera ensuite au comportement de
HIPO (‘hoquet’), est dérivé du verbe hipar ‘ho- toute personne qui déguise son véritable carac-
queter, avoir le hoquet’, ‘haleter’, ‘pleurni- tère ou qui feint des opinions qu’elle n’a pas.
cher, geindre’ d’origine onomatopéique. Dérivés : HIPÓCRITA ‘hypocrite’.
HIPO-, préfixe tiré du grec hupo ‘au-dessous’, HIPÓCRITA, voir hipocresía.
‘en deçà’, sert à composer de nombreux mots HIPODÉRMICO, voir hipo-.
scientifiques exprimant la diminution, HIPOGLUCEMIA, voir hipo-.
l’insuffisance ou la situation inférieure : HIPO- HIPÓNIMO, voir hipo-.
TENSIÓN ‘hypotension’ ; HIPOCALÓRICO ‘hy- HIPOTECA, voir tesis.
pocalorique’. HIPODÉRMICO ‘hypodermique’, HIPOTENSIÓN, voir hipo-.
littéralement ‘sous le derme’ (jeringa hipo- HIPÓTESIS, voir tesis.
dérmica ‘seringue hypodermique’) ; HIPO- HIPPY (‘hippie, hippy’), prononcé avec une jota
GLUCEMIA ‘hypoglycémie’ (manque de sucre pour rendre l’aspiration du H initial, est em-
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prunté à l’anglo-américain hippy dérivé de hip HOBBY (‘hobby’, ‘violon d’Ingres’), représente
(ou hep) signifiant ‘qui est au courant de ce l’abréviation de l’anglais hobby-horse ‘petit
qui est nouveau, qui est initié’. Le mot s’est cheval en bois pour les enfants’ d’où ‘jeu’ et
appliqué surtout pendant les années ‘passe-temps favori’.
1960-1970 aux jeunes gens rejetant les valeurs HOCICO (‘museau, groin’ ; [familier] ‘gueule’),
de la société de consommation, prônant est un dérivé du verbe hocicar ‘fouiller, ver-
l’amour et non pas la guerre. Hippy est tombé miller’ (en parlant du porc ou du sanglier), lui-
en désuétude en français actuel, il a tendance à même tiré de hozar de même sens, issu du la-
être remplacé, en langage branché, par baba tin vulgaire *fodiare ‘creuser’, ‘fouir’ (latin
cool. classique fodere).
HIRSUTO (‘hirsute’), est emprunté au latin hirsu- HOCKEY (‘hockey’), est emprunté à l’anglais
tus ‘hérissé’ sans doute apparenté à l’adjectif hockey lui-même pris à l’ancien français hoc-
hirtus ‘pointu, plein d’aspérités’. quet ‘bâton recourbé’, ‘houlette’, issu du fran-
HISTÉRICO (‘hystérique’), est emprunté au bas cique *hôk ‘crochet’ (hockey hierba ‘hockey
latin hystericus, lui-même pris au grec huste- sur gazon’).
rikos ‘qui concerne la matrice’, ‘(femme) ma- HOGAÑO, voir año.
lade de l’utérus’, dérivé de hustera ‘utérus’. HOGAR, voir fuego.
Histérico, a a été d’abord employé pour dési- HOGUERA, voir fuego.
gner les troubles psychologiques affectant les HOJA (‘feuille’), est issu du bas latin folia, neutre
femmes parce qu’on croyait que ces troubles pluriel de folium ‘feuille d’arbre’ et, par méta-
étaient liés au fonctionnement de l’utérus. phore, ‘feuille de papier’. Ce mot signifiait
Dérivés : HISTERISMO (ou HISTERIA) ‘hysté- donc primitivement ‘les feuilles’, ‘feuillage’.
rie’. Quand le sème de pluralité a disparu, hoja a
HISTERISMO, voir histérico. été senti comme un véritable féminin et follaje
HISTORIA (‘histoire’), est emprunté au latin ‘feuillage’ a donc été créé pour le remplacer
historia ‘récit d’événements historiques’ et dans ce sens (voir aussi brazo et braza
‘récit fabuleux, sornettes’, lui-même pris au ‘brasse’ qui comprend un sème de pluralité).
grec historia ‘recherche, enquête’, ‘résultat Le latin folium a donné aussi en espagnol la
d’une enquête’, ‘récit’, ‘œuvre historique’. variante savante qui est folio ‘feuillet’ et ‘fo-
Historia est apparenté au verbe eidenai ‘sa- lio’ (c’est-à-dire feuillet d’un manuscrit ancien
voir’. numéroté par feuillets et non par pages).
Dérivés : HISTORIADOR ‘historien’. HISTO- Dérivés : DESHOJAR ‘effeuiller’. FOLLAJE
RIAL ‘historique’ (substantif) et ‘curriculum ‘feuillage’, est emprunté vers 1600 au catalan
vitae’ dans historial profesional ou académi- fullatge (dérivé de fulla ‘feuille’). FOLLETÍN
co (historial clínico ‘dossier médical’). ‘feuilleton’. FOLLETO ‘brochure, notice’, de
HISTÓRICO ‘historique’ (adjectif). HISTORIETA l’italien foglietto de même sens. HOJEAR
‘historiette’ et surtout ‘bande dessinée’, est ‘feuilleter’.
emprunté au français historiette dérivé de his- HOJALATA, voir lata.
toire avec suffixe diminutif. Voir aussi cómics HOJEAR, voir hoja.
et tira. PREHISTORIA ‘préhistoire’. HOLDING (‘holding’), est l’abréviation de
HISTORIADOR, voir historia. l’anglais holding company, formé avec hol-
HISTORIAL, voir historia. ding signifiant ‘qui possède, contrôle’, ‘pro-
HISTÓRICO, voir historia. priétaire de parts’ (du verbe to hold ‘tenir, dé-
HISTORIETA, voir historia. tenir’). Un holding est donc une société qui
HITO (‘borne’, ‘jalon’), est issu du latin vulgaire possède d’autres sociétés et qui contrôle leurs
fictus, participe passé du verbe figere ‘ficher, activités. En Espagne, l’Institut National de
enfoncer, planter’ (participe passé classique l’Industrie (el INI) créé en 1941 pour servir la
fixum). Hito a d’abord eu le sens de ‘cloué, politique industrielle de l’État, avait des mé-
enfoncé’ avant de devenir un substantif. On le thodes apparentées à celles d’un holding privé
trouve encore dans certains toponymes avec ce puisque cet organisme avait de nombreuses
sens (Piedrahita, littéralement ‘Pierre enfon- prises de participation dans le capital
cée ou debout’). d’entreprises travaillant dans des secteurs clés
(sidérurgie, énergie, chimie etc.).
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HOLGAR (‘se reposer, souffler’ ; ‘ne pas travail- mare ‘mettre en terre’ ; humilis ‘qui reste à
ler, ne rien faire’ ; ‘s’amuser, se divertir’ ; terre’, ‘humble’). Hominem a donné en vieil
‘être superflu, être inutile’), est issu du latin espagnol omne et ome proches du on français
tardif follicare ‘souffler, haleter avec bruit (issu du nominatif latin omo).
(comme un soufflet)’ et ‘être large’ (en parlant Dérivés : HOMENAJE ‘hommage’ est emprunté
des chaussures ou d’un vêtement), dérivé de à l’occitan ancien omenatge dérivé de ome
follis ‘soufflet’ (espagnol fuelle). Du sens de ‘homme’ avec le sens de ‘soldat’ et celui de
‘souffler, haleter’ on est passé à celui de ‘vassal’ (le vassal prête serment et rend hom-
‘s’arrêter, se reposer (pour reprendre son mage à son suzerain). HOMICIDA ‘homicide’,
souffle)’ et ‘ne rien faire’. Enfin l’aisance, le du latin homicida ‘personne qui tue un être
confort apportés par un vêtement ample ont humain’, formé avec -cida issu de caedere
contribué aussi à l’idée de bien être et ‘tuer’. HOMICIDIO ‘homicide’, du latin homi-
d’oisiveté contenue dans holgar. Pour ce qui cidium ‘action de tuer un être humain’ (homi-
est de l’acception ‘être inutile, être superflu’ cidio voluntario / involuntario ‘homicide vo-
par exemple dans huelga decir que... ‘il est lontaire / involontaire’).
inutile de dire que...’, ‘il va sans dire que...’, HOMBRO (‘épaule’), est issu du latin humerus
on peut l’expliquer en glosant par ‘il est inutile ‘os supérieur du bras, humérus’, ‘épaule’.
de se fatiguer à dire que...’ HOMELESS (‘sans abri’, ‘SDF’), est emprunté à
Dérivés : HOLGAZÁN ‘paresseux’. HOLGAZA- l’anglais homeless de même sens, formé avec
NERÍA ‘paresse’. HOLGORIO ‘noce, foire, fête’ home ‘maison’ et le suffixe privatif -less.
(souvent prononcé jolgorio). HUELGA a L’espagnol emploie aussi l’expression los sin
d’abord eu le sens de ‘repos’, ‘réjouissance, casa pour désigner ‘les sans abri’.
récréation’ avant de signifier ‘arrêt volontaire HOMENAJE, voir hombre.
de travail’, ‘grève’ à partir du XIXe siècle HOMEOPATÍA (‘homéopathie’), est l’adaptation
(huelga de hambre / de celo ‘grève de la faim de l’allemand Homöopathie, mot créé en 1796
/ du zèle). La variante régionale (andalouse) par S. Hahnemann avec le grec homoios ‘sem-
de huelga est juerga ‘noce, bringue, bombe’. blable’ et pathos ‘ce que l’on éprouve’, ‘mala-
HOLGAZÁN, voir holgar. die’, ‘pathologie’. L’homéopathie consiste à
HOLGAZANERÍA, voir holgar. soigner le mal (pathos) par le même mal (ho-
HOLGORIO, voir holgar. mo / homeo) mais à des doses infimes. Voir
HOLOCAUSTO (‘holocauste’), est emprunté au alopatía.
latin chrétien holocaustum ‘sacrifice dans le- HOMICIDA, voir hombre.
quel la victime est entièrement consumée par HOMICIDIO, voir hombre.
le feu’, lui-même pris au grec holokauston, HOMO-, premier élément servant à former des
formé avec holos ‘entier’ et kauston adjectif mots composés et tiré du grec homos ‘sem-
verbal de kaiein ‘faire brûler’. Holocausto est blable’ : HOMÓFONO ‘homophone’, sert à dé-
employé dans l’usage moderne pour désigner signer des mots qui se prononcent de la même
la tentative des nazis d’exterminer entièrement façon (ancre et encre) ; HOMOGÉNEO ‘homo-
les Juifs (équivalent du mot hébreu shoa). gène’, formé avec le grec genos ‘genre’ ;
HOLLAR (‘fouler, marcher sur’), est issu du latin HOMÓGRAFO ‘homographe’ : mousse (le végé-
vulgaire *fullare ‘fouler une étoffe’, formé tal) et mousse (le matelot) ; HOMÓLOGO ‘ho-
d’après le latin classique fullo ‘dégraisseur mologue’, est emprunté au grec homologos
d’étoffes’. ‘qui est en harmonie’, ‘qui correspond à’,
Dérivés : HUELLA ‘trace, empreinte’ (huellas formé avec logos au sens de ‘rapport, propor-
dactilares ou digitales ‘empreintes digitales’). tion’ ; HOMÓNIMO ‘homonyme’, est emprunté
HOLLÍN (‘suie’), est issu du latin vulgaire fulli- au latin homonymus ‘de même prononciation
go, fulliginis de même sens (latin classique fu- mais de sens différent’, lui-même pris au grec
ligo ‘suie’, ‘fumée épaisse’, ‘noir pour se homônumus ‘qui porte le même nom, qui em-
teindre les sourcils’). ploie la même dénomination’, formé avec
HOMBRE (‘homme’), est issu du latin hominem onoma ‘nom’. Bien qu’ayant la même origine,
accusatif de homo ‘être humain’, littéralement grève (bord d’une rivière) et grève (arrêt de
‘(créature) née de la terre’, par opposition aux travail) sont aujourd’hui des homonymes ;
dieux d’origine céleste ( humus ‘terre’ ; inhu- HOMOSEXUAL ‘homosexuel’.
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HORDA (‘horde’), est emprunté par Dérivés : HORNADA ‘fournée’ (au propre et au
l’intermédiaire du français horde au turco- figuré). HORNILLO ‘fourneau’, ‘réchaud’.
mongol orda ou horda ‘armée, camp mili- HORÓSCOPO, voir hora.
taire’. Le mot horda a d’abord désigné des HORQUILLA, voir horca.
tribus errantes avant de prendre un sens péjo- HORRENDO, voir horror.
ratif : hordas de turistas ‘hordes de touristes’. HORRIBLE, voir horror.
HORIZONTE (‘horizon’), est emprunté au latin HORRIPILAR, voir horror.
horizon, horizontis ‘borne de la vue’ (terme HORROR (‘horreur’), est emprunté au latin hor-
d’astronomie), lui-même pris au grec horizôn ror ‘hérissement, frissonnement’, ‘frisson
(kuklos) ‘(cercle) qui borne la vue’, la cour- d’effroi’, ‘terreur sacrée’, dérivé de horrere
bure de la terre donnant à l’horizon un aspect ‘se hérisser, trembler’, ‘frissonner d’horreur’
légèrement arrondi. Horizôn vient du verbe et ‘avoir horreur de’.
horizein ‘limiter’ tiré de horos ‘borne, limite’. Dérivés : HORRENDO ‘horrible, affreux’, du
Dérivés : HORIZONTAL ‘horizontal’, c’est-à- latin horrendus ‘qui inspire un frisson reli-
dire ce qui est parallèle à la ligne d’horizon. gieux, redoutable’. HORRIBLE ‘horrible’, du
HORMA, voir forma. latin horribilis de même sens. HORRIPILAR
HORMIGA (‘fourmi’), est issu du latin formica ‘horripiler’, du latin impérial horripilare
de même sens. ‘avoir le poil hérissé’, formé avec horrere ‘se
Dérivés : FÓRMICO ‘formique’ (ácido fórmico hérisser’ et pilus ‘poil’.
‘acide formique’), c’est-à-dire acide se trou- HORTALIZA, voir huerto.
vant dans les sécrétions de la fourmi. De HORTELANO, voir huerto.
fórmico on a tiré FORMOL substance servant à HORTERA (‘écuelle’ ; ‘commis de magasin’ ;
conserver les préparations anatomiques (or- [familièrement] ‘plouc’, ‘ringard’), est
ganes, animaux etc.). HORMIGUEO ‘fourmil- d’origine incertaine, peut-être du bas latin of-
lement, grouillement’. HORMIGUERO ‘fourmi- fertoria ‘plat en métal’. Du sens d’ « écuelle »
lière’. qui désigne un objet de peu de valeur, on est
HORMIGO, voir hormigón. passé à celui de ‘commis’ (anciennement ‘ca-
HORMIGÓN (‘béton’), provient de hormigos licot’) c’est-à-dire personne occupant un rang
‘gâteaux aux amandes et au miel’ et ‘criblures, subalterne dans un magasin et à laquelle on at-
grains de blé, de semoule restant dans le tribue mauvais goût, ignorance, grossièreté et
crible’. On a désigné le béton avec le nom rusticité d’où le sens familier de ‘plouc’, ‘rin-
d’un gâteau par analogie entre la composition gard’.
de la pâtisserie (amandes) et l’aspect grossier HORTICULTURA, voir huerto.
du béton qui contient des cailloux. Il est pos- HOSCO (‘renfrogné, rébarbatif’), est issu du latin
sible que hormigo(s) provienne de hormiga fuscus ‘noir’, ‘sombre’, ‘basané’. Du sens de
par comparaison entre les petits grains de blé ‘sombre’ (d’ailleurs conservé dans certaines
qui restent dans le tamis et les fourmis régions d’Espagne), on est passé, au figuré, à
s’activant dans leur fourmilière. celui de ‘renfrogné’ (‘visage sombre’).
HORMIGUEO, voir hormiga. Dérivés : OFUSCAR ‘aveugler, éblouir’ et
HORMIGUERO, voir hormiga. ‘troubler, égarer, aveugler’, du bas latin offus-
HORMONA (‘hormone’), est emprunté à l’anglais care, formé avec ob ‘devant’ et fuscus
hormone, mot créé en 1904 par Bayliss et ‘sombre, noir’ d’où le sens d’ « obscurcir » et
Starling, formé à partir du grec horman ‘gêner la vision’.
‘mettre en mouvement, exciter’. Les hormones HOSPEDAR, voir huésped.
sont en effet des substances chimiques qui dé- HOSPITAL, voir huésped.
clenchent des actions sur certains organes ou HOSPITALIZAR, voir huésped.
tissus. HOSTELERÍA, voir huésped.
Dérivés : HORMONAL ‘hormonal’. HOSTIA (‘hostie’ ; [familièrement] ‘beigne,
HORMONAL, voir hormona. torgnole’, ‘gadin’), est issu du latin hostia
HORNADA, voir horno. ‘victime d’un sacrifice religieux’ (en expia-
HORNILLO, voir horno. tion, en compensation d’une faute), alors que
HORNO (‘four’), est issu du latin furnus ‘four (à victima signifiait ‘victime (offerte en remer-
pain)’. ciement)’. En latin ecclésiastique, hostia si-
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gnifiera ‘offrande de son corps’ en parlant HUECO (‘creux’ [adjectif et substantif], ‘vide,
d’un martyre. Dans la doctrine catholique, le espace vide’ ; ‘spongieux, moelleux’ ;
pain (l’hostie) et le vin contiennent le corps et ‘meuble’ [la terre]), dérive de l’ancien verbe
le sang de Jésus Christ. L’Eucharistie rappelle ocar ‘rendre spongieux’, ‘rendre une chose
le sacrifice du Christ. Il arrive que les mots sa- creuse et légère’, ‘creuser’, ‘fouir’, issu du la-
crés soient quelque peu désacralisés, c’est bien tin occare ‘herser, briser les mottes de terre’,
le cas de hostia : pegarse una hostia ‘ramas- ‘rendre la terre meuble’ (dérivé de occa
ser un gadin’ ; estar de mala hostia ‘être de ‘herse’). De l’idée de terre meuble, dans la-
mauvais poil’ ; ser la hostia ‘être super, le quelle on s’enfonce facilement, on est passé à
top’ ; ¡ hostia ! ‘putain !’ (surprise ou admira- l’idée de ‘creux’ et de ‘vide’.
tion) ; ... ni hostia ‘... que dalle’. Jaime Dérivés : AHUECAR ‘creuser, évider’.
Martín, dans son Diccionario de expresiones HUELGA, voir holgar.
malsonantes del español (éditions Istmo), con- HUELLA, voir hollar.
sacre trois pages à ce mot. HUÉRFANO (‘orphelin’), est issu du latin ecclé-
HOSTIGAR (‘fustiger, fouetter’ ; ‘harceler’), est siastique orphanus emprunté au grec orphanos
emprunté au latin tardif fustigare ‘frapper à ‘privé de père ou de mère’. Orphanus a élimi-
coups de bâton’, dérivé de fustis ‘bâton’. Le né dans ce sens orbus qui signifiait ‘dénué’,
doublet savant de hostigar est fustigar ‘fusti- ‘privé de la vue, aveugle’ et ‘orphelin’.
ger’. Dérivés : ORFANATO ‘orphelinat’.
HOSTIL (‘hostile’), est emprunté au latin hostilis HUERTA, voir huerto.
dérivé de hostis ‘étranger’, ‘ennemi’ et, en la- HUERTO (‘jardin potager’), est issu du latin
tin vulgaire, ‘armée ennemie’ puis, ‘armée (en hortus ‘jardin’.
général)’ d’où l’espagnol hueste ‘armée, Dérivés : HORTALIZA ‘légume, légume vert’,
troupe’ et ‘partisans’. ‘plante potagère’ (cultivos de hortalizas ‘cul-
Dérivés : HOSTILIDAD ‘hostilité’. tures maraîchères’). HORTELANO ‘maraîcher’
HOSTILIDAD, voir hostil. (substantif). HORTICULTURA ‘horticulture’, a
HOT-DOG (‘hot-dog’), est emprunté à l’anglo- été formé d’après agricultura. HUERTA ‘grand
américain hot-dog, formé avec hot ‘chaud’ et jardin potager’, désigne surtout la grande
dog ‘chien’, terme d’argot américain désignant plaine irriguée et cultivée de la région de Va-
une saucisse servie chaude dans un petit pain lence et de Murcie. Sur l’opposition entre
dont la forme allongée rappelle celle d’un masculin et féminin en espagnol, voir barca et
chien basset. L’espagnol préfère traduire litté- canastillo, a.
ralement cet anglicisme par perrito caliente HUESO (‘os’ ; ‘noyau’ [d’un fruit]), est issu du
(au Canada ‘chien chaud’). latin vulgaire ossum variante du latin classique
HOTEL, voir huésped. os, ossis ‘os, ossements’. A la fin du XVe
HOTELERO, voir huésped. siècle, hueso prend l’acception de ‘noyau’
HOY (‘aujourd’hui’), est issu du latin hodie de c’est-à-dire ce qui est dur comme un os dans
même sens. un fruit.
HOYA (‘fosse’, ‘tombe’), est issu du latin fovea Dérivés : HUESUDO ‘osseux’. OSAMENTA ‘os-
‘excavation, trou, fosse’, ‘piège, traquenard’. sements’, du latin ossamenta, pluriel de ossa-
Dérivés : HOYO ‘trou’, ‘marque de la petite mentum ‘os, restes d’anciens cadavres’. Dans
vérole’, ‘fossette’. HOYUELO ‘fossette’. osamenta (féminin singulier), le sème de plu-
HOYO, voir hoya. ralité est encore présent (voir hoja et braza à
HOYUELO, voir hoya. ce sujet).
HOZ (‘faucille’), est issu du latin falx, falcis HUÉSPED (‘hôte’, ‘invité’), est issu du latin
‘faux’, ‘serpe’, ‘arme de guerre’. hospes ‘celui qui reçoit un étranger ou qui est
HOZAR, voir hocico. reçu par lui en réciprocité’. Hospes est formé
HUCHA (‘huche, coffre’ ; ‘tirelire’), est emprunté sur hostis qui signifiait à l’origine ‘hôte’ avant
au français huche issu du latin médiéval hutica de prendre la valeur d’ « étranger » et d’ « en-
‘coffre’ d’origine incertaine. P. Guiraud pro- nemi » (voir hostil).
pose une origine germanique *hutta ‘hutte’. Dérivés : HOSPEDAR ‘loger, héberger’. HOSPI-
Huche aurait eu alors le sens primitif d’ « abri TAL ‘hôpital’, est emprunté au bas latin hospi-
aménagé ». talis, substantivation de l’adjectif hospitalis
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dans hospitalis domus ‘maison hospitalière’. s’applique à une personne qui a abandonné un
Le mot a d’abord désigné un établissement re- parti, une cause etc. (‘transfuge du commu-
ligieux recevant des personnes démunies avant nisme soviétique’).
de s’appliquer à partir du XVIIe siècle à un HULE (‘toile cirée’), est peut-être emprunté au
établissement dispensant des soins. HOSPITA- français toile huilée devenu ensuite toile cirée.
LIZAR ‘hospitaliser’. HOSTELERÍA ‘hôtellerie’. HULLA (‘houille’), est emprunté au français
HOTEL ‘hôtel’, est emprunté au français hôtel houille, lui-même pris par l’intermédiaire du
issu du bas latin hospitale (cubiculum) wallon hoye à l’ancien liégeois hulhes
‘chambre pour les étrangers’, neutre substanti- d’origine francique (*hukila ‘bosse, tas,
vé de l’adjectif hospitalis (voir hospital qui motte’).
est le traitement savant de hospitalis). HOTE- HUMANIDAD, voir humano.
LERO ‘hôtelier’. HUMANITARIO, voir humano.
HUESTE, voir hostil. HUMANISTA, voir humano.
HUESUDO, voir hueso. HUMANO (‘humain’), est emprunté au latin
HUEVA, voir huevo. humanus ‘propre à l’homme’, ‘cultivé, policé’,
HUEVO (‘œuf’), est issu du latin vulgaire ovum ‘qui a des sentiments humains’. L’origine pré-
(avec un o ouvert) de même sens. cise de humanus n’est pas bien établie. On
Dérivés : HUEVA ‘frai, œufs de poisson’, du pense que ce mot est en relation avec homo
latin ova, pluriel de ovum interprété ensuite ‘homme’ et anciennement ‘né de la terre’ sans
comme un féminin singulier mais conservant doute par l’intermédiaire de humus ‘terre’.
malgré tout un sème de pluralité (voir à ce su- Dérivés : HUMANIDAD ‘humanité’. HUMANI-
jet hoja, braza, osamenta). OVAL ou OVALA- TARIO ‘humanitaire’, est emprunté au français
DO ‘ovale’ c’est-à-dire ‘en forme d’œuf’ est humanitaire dérivé de humanité (corredores
un dérivé savant de ovum. OVARIO ‘ovaire’, humanitarios ‘couloirs humanitaires’). HU-
est emprunté au latin médical moderne ova- MANISTA ‘humaniste’, est emprunté soit au la-
rium (XVIIe siècle). ÓVULO ‘ovule’, diminutif tin moderne humanista (attesté en 1490), soit à
formé par dérivation savante à partir de ovum. l’italien umanista.
HUIDA, voir huir. HUMEAR, voir humo.
HUIDIZO, voir huir. HUMEDAD, voir húmedo.
HUIR (‘fuir’), est issu du bas latin fugire (latin HUMEDECER, voir húmedo.
classique fugere) ‘fuir, s’enfuir’ et ‘être exilé’. HÚMEDO (‘humide’), est emprunté au latin
Dérivés : FUGA ‘fuite’, ‘fugue’ (d’enfant), humidus dérivé de humere ‘être humide’ dont
‘évasion (de capitaux etc.)’ : fuga de capitales l’origine n’est pas bien établie.
/ de cerebros ‘évasion de capitaux / fuite des Dérivés : HUMEDAD ‘humidité’, du latin humi-
cerveaux’. FUGUISTA ‘fugueur’ (niño fuguista ditas de même sens. HUMEDECER ‘humidi-
‘enfant fugueur’). FUGAZ ‘fugace’, du latin fu- fier’, ‘humecter’. HUMOR ‘humeur’, ‘carac-
gax ‘disposé à fuir’ et ‘qui fuit’. FUGITIVO tère, naturel’ et ‘humour’, est emprunté au la-
‘fugitif’. HUIDA ‘fuite’, participe passé au fé- tin humor, humoris ‘humidité’, ‘liquide’, ‘hu-
minin de huir. HUIDIZO ‘fuyant’. PRÓFUGO meur (du corps humain)’, dérivé de humere
‘insoumis’, ‘déserteur’, ‘réfractaire’. REFUGIO ‘être humide’. Comme l’on croyait que les
‘refuge’, du latin refugium ‘action de se re- humeurs agissaient sur le comportement de
trancher’, ‘fuite’ et ‘asile’, tiré de refugere l’homme (voir à ce sujet cólera et esplín),
‘reculer en fuyant, s’enfuir’ et ‘chercher asile’, humor a fini par prendre le sens de ‘disposi-
formé avec re- (mouvement en arrière) et fu- tion d’esprit momentanée’ (estar de buen /
gere ‘fuir’. SUBTERFUGIO ‘subterfuge’, du la- mal humor ‘être de bonne / mauvaise hu-
tin subterfugium ‘moyen détourné pour se tirer meur’) et même celui de ‘tempérament, natu-
d’un mauvais pas’, dérivé de subterfugere rel, caractère’. Quant au sens d’ « humour », il
‘fuir en cachette’, ‘esquiver’, formé avec sub- vient de l’anglais humour lui-même emprunté
ter ‘dessous’ et fugere. TRÁNSFUGA ‘trans- au français humeur avec le sens ancien de
fuge’, est emprunté au latin transfuga ‘déser- ‘disposition à la gaieté’ d’où le sens pris en
teur’, tiré de transfugere ‘passer à l’ennemi’, anglais : ‘certaine manière de plaisanter sur la
formé avec trans ‘au-delà, par-delà de’ et fu- réalité ou les personnes’. HUMORISMO ‘hu-
gere. Le mot a perdu son origine militaire et mour’. HUMORISTA ‘humoriste’.
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HUMILDE (‘humble’), est emprunté au latin qui n’est pas chez lui), puis ‘sauvage, inso-
humilis ‘qui reste à terre’, ‘qui ne s’élève pas’ ciable’. Comme l’indique Corominas, il est
et, au figuré, ‘modeste’, ‘conscient de sa fai- possible que le mot hurón ‘furet’, animal très
blesse’, dérivé de humus ‘terre’. sauvage, ait permis le passage de horaño à
Dérivés : HUMILDAD ‘humilité’. HUMILLAR huraño.
‘humilier’. HURGAR (‘remuer’, ‘tisonner les braises’ ; ‘exci-
HUMILLAR, voir humilde. ter, taquiner’), est d’origine mal établie, peut-
HUMO (‘fumée’), est issu du latin fumus de être d’un latin vulgaire *furicare ‘fouiller’, dé-
même sens. rivé du latin classique furare ‘voler’, lui-
Dérivés : ESFUMAR(SE) ‘estomper’, ‘dispa- même issu de fur ‘voleur’. Un autre dérivé de
raître, se volatiliser’, est emprunté à l’italien fur est furo ‘furet’ (espagnol hurón), d’où fu-
sfummare de même sens. FUMADOR ‘fumeur’. reter c’est-à-dire ‘chasser avec un furet’ puis
FUMAR ‘fumer’, est emprunté au français fu- ‘chercher, s’introduire partout, fouiller, foui-
mer (une cigarette etc.), issu du latin fumare ner’.
‘dégager de la fumée’ (fumar en pipa ‘fumer Dérivés : FURGÓN ‘fourgon’, est emprunté au
la pipe’). HUMEAR ‘fumer, dégager de la fu- français fourgon dont l’origine n’est pas éta-
mée’ (une cheminée etc.). PERFUMAR ‘parfu- blie. Certains le rattachent à fourgon ‘barre
mer’, vient d’un latin vulgaire *perfumare métallique pour remuer (fourgonner) les
avec préfixe à valeur intensive, ‘dégager une braises d’un feu’, issu du latin vulgaire *furico
fumée odorante’, sans doute par emprunt à une ‘instrument pour fouiller’, dérivé de *furicare
langue méditerranéenne. PERFUME ‘parfum’. ‘fouiller’ (voir plus haut). Le mot fourgon au-
PERFUMERÍA ‘parfumerie’. PERFUMISTA ‘par- rait servi à désigner le bâton de la ridelle puis
fumeur’. la ridelle c’est-à-dire le châssis à claire-voie
HUMOR, voir húmedo. disposé de chaque côté d’une charrette pour
HUMORISMO, voir húmedo. maintenir le chargement et enfin, par méto-
HUMORISTA, voir húmedo. nymie, la ‘voiture à ridelles’ elle-même. FUR-
HUNDIMIENTO, voir hundir. GONETA ‘fourgonnette’.
HUNDIR(SE) (‘enfoncer’, ‘couler’ [un navire] ; HURÓN, voir hurgar et hurto.
‘s’écrouler, s’effondrer’), est issu du latin fun- HURTADILLAS (A), voir hurto.
dere ‘verser, répandre’, ‘disperser’ et ‘étendre HURTAR, voir hurto.
à terre, renverser et tuer (un ennemi)’, ‘bous- HURTO (‘vol, larcin’), est issu du latin furtum de
culer, chasser d’un lieu’. A l’origine, hundir même sens, dérivé de fur ‘voleur’ (voir hur-
signifiait ‘détruire, ruiner’ avant de prendre le gar).
sens moderne impliquant la verticalité (‘en- Dérivés : FURTIVO ‘furtif’ (pesca / caza furti-
foncer’, ‘couler’, ‘s’effondrer’) sous va ‘braconnage’), du latin furtivus ‘secret’ et
l’influence de paronymes tels que hondo ‘pro- ‘dérobé’, dérivé de furtum ‘vol’ (bombardero
fond’ et fondo ‘fond’. furtivo ou invisible ‘bombardier furtif’).
Dérivés : HUNDIMIENTO ‘enfoncement’, ‘af- FURÚNCULO ‘furoncle’, du latin furunculus
faissement’, ‘effondrement’, ‘naufrage’ (el qui désignait la bosse que forme le bois de la
hundimiento del Titánic ‘le naufrage du Ti- vigne à l’endroit où se forme le bourgeon. Par
tanic’). analogie de forme, ce mot s’est appliqué à une
HURACÁN (‘ouragan’), est emprunté au taino sorte d’abcès de la peau. Le mot furunculus
(langue des Antilles) hurakán de même sens. signifiait littéralement ‘petit voleur’ (diminutif
L’anglais hurricane est lui aussi un emprunt de furo ‘furet’, dérivé de fur ‘voleur’) car la
au taino. sève de la vigne est détournée, dérobée chaque
HURAÑO (‘sauvage, bourru’), a dû d’abord fois qu’une pousse secondaire apparaît sur la
apparaître sous les formes horaño ou foraño pousse principale. En français, un gourmand
issues du latin foraneus ‘étranger’ dérivé de désigne une pousse qui doit être supprimée car
l’adverbe foras ‘dehors’, l’étranger étant celui elle épuise la plante. HURÓN ‘furet’, du latin
qui reste dehors, qui n’entre pas dans la mai- furo de même sens (dérivé de fur ‘voleur’)
son (voir à ce sujet fuera et forastero). Du ainsi désigné parce qu’il pénètre par effraction
sens d’ « étranger », on est passé à celui de dans le terrier des lapins ! HURTADILLAS (A)
‘timide, réservé’ (attitude prêtée à l’étranger
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Michel Bénaben 224
‘en cachette, à la dérobée’. HURTAR ‘dérober, ‘forme idéale concevable par la pensée’ (déri-
voler’. vé du verbe idein ‘voir’).
HUSMEAR (‘flairer’, ‘fouiner, fureter’), est peut- Dérivés : IDEAL ‘idéal’. IDEALISMO ‘idéa-
être emprunté au grec osmáomai ‘sentir, flai- lisme’. IDEAR ‘imaginer’, ‘concevoir, inven-
rer’ à moins qu’il ne soit, comme le français ter’. IDEOLOGÍA ‘idéologie’, formé avec le
humer, d’origine expressive (radical onomato- grec logia ‘théorie’.
péique hu(s)m- exprimant l’aspiration). IDEAL, voir idea.
HUSO (‘fuseau’), est issu du latin fusus de même IDEALISMO, voir idea.
sens. Huso horario ‘fuseau horaire’. IDEAR, voir idea.
Dérivés : FUSELAJE ‘fuselage’, est emprunté ÍDEM (‘idem’), est emprunté au latin idem (mas-
au français fuselage dérivé de fuseau (analogie culin), eadem (féminin), idem (neutre) expri-
de forme entre le fuseau et le corps de mant l’identité ‘le/la même’ et, au neutre, ‘la
l’avion). même chose’.
Dérivés : IDÉNTICO ‘identique’. IDENTIDAD
‘identité’. IDENTIFICACIÓN ‘identification’.
I IDENTIFICAR ‘identifier’, est emprunté au latin
scolastique identificare ‘rendre semblable’,
composé avec idem ‘le même’ et facere
ICEBERG (‘iceberg’), est emprunté à l’anglais ‘faire’. A l’origine, ce verbe signifie ‘rendre
iceberg lui-même adapté d’une des formes de identique’ puis ‘considérer comme identique à
langues germaniques nordiques (suédois is- autre chose’ et, par extension de sens, ‘recon-
berg, danois isbjerg), formé avec is ‘glace’ et naître la nature de qqch ou de qqn’ : si l’on est
berg ‘montagne’. capable de dire qu’une chose est identique à
ICONO (‘icône’), est emprunté, par une autre c’est qu’on a reconnu en elle des
l’intermédiaire du français icône au russe iko- traits particuliers qui constituent sa spécificité
na ‘image’, lui-même pris au grec byzantin ei- et qui permettent donc de l’identifier.
kona (grec classique eikô, eikonos ‘image’). IDÉNTICO, voir ídem.
Le mot, qui désigne une peinture religieuse sur IDENTIDAD, voir ídem.
panneau de bois, a trouvé une nouvelle jeu- IDENTIFICACIÓN, voir ídem.
nesse avec l’informatique puisque toutes les IDENTIFICAR, voir ídem.
fonctions de l’ordinateur apparaissent au- IDEOLOGÍA, voir idea.
jourd’hui sur l’écran sous forme de petites IDILIO (‘idylle’), est emprunté au latin de la
images appelées ‘icônes’ (‘icône du disque Renaissance idyllium lui-même pris au grec
dur’, ‘icône de la corbeille’ etc.). eidullion ‘petit poème lyrique’, dérivé de ei-
Dérivés : ICONOCLASTA ‘iconoclaste, est em- dos ‘image, figure’ puis ‘poème lyrique’. Ei-
prunté au grec byzantin eikonoklastês ‘briseur dullion a servi à désigner les poèmes de Théo-
d’images’, formé avec eikôn ‘icône, image’ et crite — c’est-à-dire ses églogues et buco-
un dérivé du verbe klan signifiant ‘briser’. Le liques — d’où le sens de ‘petit poème à sujet
mot a désigné à l’origine les partisans des em- pastoral et amoureux’. Au figuré, idilio a été
pereurs byzantins qui s’opposaient à employé pour s’appliquer à une aventure
l’adoration des images saintes. Aujourd’hui, le amoureuse chaste et naïve (comme dans les
mot s’applique par extension à celui qui églogues).
s’attaque à une œuvre d’art, à une tradition ar- Dérivés : IDÍLICO ‘idyllique’, littéralement
tistique et plus généralement aux formes héri- ‘qui rappelle l’idylle’ (décor champêtre,
tées du passé. amour tendre et authentique).
ICONOCLASTA, voir icono. IDIOMA (‘langue’), est emprunté au bas latin
IDA, voir ir. idioma lui-même pris au grec idiôma, idiôma-
IDEA (‘idée’), est issu du latin philosophique tos ‘propriété particulière’ et ‘particularité de
idea ‘type de choses’ et, en bas latin, ‘forme style’, tiré de idios ‘particulier’. En latin tardif,
visible’. Ce mot est emprunté au grec idea idioma avait pris le sens de ‘langue particu-
‘forme visible, aspect’ puis ‘forme distinc- lière’ (français idiome ‘parler spécifique d’une
tive’, ‘espèce, catégorie’ et, chez Platon, communauté donnée’) : on est passé ensuite à
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ments, d’idées)’ : imbuido de su importancia ‘dégager des entraves, d’un piège’ puis ‘dé-
‘imbu de son importance’. barrasser’ et ‘débrouiller une affaire compli-
IMITACIÓN, voir imitar. quée’, ‘préparer’, ‘développer, expliquer’. Ce
IMITAR (‘imiter’), est emprunté au latin imitari verbe avait aussi le sens de ‘se tirer d’affaire’
‘reproduire par imitation’, ‘être semblable à’, et ‘avoir un résultat favorable’, ‘être utile’ ;
‘exprimer, représenter’ (en parlant d’une pein- formé avec ex (éloignement) et pes ‘pied’. IM-
ture) et, en latin chrétien, ‘reproduire un mo- PEDIDO ‘impotent, infirme’, ‘handicapé’ (voir
dèle de vertu’. Ce mot est apparenté à imago aussi minusválido).
‘image’. IMPERAR (‘régner, être empereur’ ; ‘régner’ [au
Dérivés : IMITACIÓN ‘imitation’. REMEDAR figuré]), est emprunté au latin imperare
‘contrefaire, imiter’, ‘singer’, du latin vulgaire ‘prendre des mesures pour qu’une chose se
*reimitari de même sens, avec préfixe re- à fasse’, ‘forcer à se produire’ d’où ‘comman-
valeur intensive. der’, ‘ordonner’. Imperare est formé avec le
IMPACIENTAR(SE), voir padecer. préfixe in- et parare ‘préparer, apprêter’ et
IMPACTAR, voir impacto. ‘procurer’.
IMPACTO (‘impact’), est emprunté au latin Dérivés : EMPERADOR ‘empereur’, du latin
impactum, supin de impingere ‘frapper imperator, imperatorem ‘chef’, ‘chef
contre’, ‘jeter contre’, dérivé de pangere ‘en- d’armée’, ‘empereur’ dérivé de imperare. IM-
foncer’. PERATIVO ‘impératif’ (adjectif et substantif),
Dérivés : IMPACTAR ‘heurter, percuter’, ‘in- du bas latin imperativus ‘qui a été ordonné’ et
fluencer, avoir de l’impact sur’. ‘qui commande’, tiré de imperatum supin de
IMPAGADO, voir pagar. imperare. Les grammairiens latins utilisaient
IMPAR, voir par. ce mot pour désigner la forme verbale expri-
IMPARCIAL, voir parte. mant le commandement. IMPERIAL ‘impérial’.
IMPARTIR, voir parte. IMPERIALISMO ‘impérialisme’ est emprunté à
IMPASE (‘impasse’ [en politique, en économie]), l’anglais imperialism. IMPERIO ‘empire’,
est emprunté au français impasse avec chan- ‘pouvoir’, ‘autorité’, du latin imperium ‘pou-
gement de genre : un impase. Impasse est dé- voir souverain (du père sur ses enfants, du
rivé de passe au sens de ‘passage’ avec le pré- maître sur ses esclaves)’. Le mot a d’abord dé-
fixe privatif in- d’où ‘petite rue sans passage’ signé un état soumis à un empereur (el Impe-
c’est-à-dire ‘sans issue’. Passe est le déverbal rio romano ‘l’Empire romain’) puis, par ex-
de passer (latin tardif passare ‘traverser’, dé- tension, il a signifié ‘pouvoir, autorité de qqn
rivé de passus ‘pas’). Une impasse se dit en sur qqch’.
espagnol callejón sin salida. Le gallicisme IMPERATIVO, voir imperar.
impase est utilisé au figuré : ‘para salir de IMPERDIBLE, voir perder.
este impase no hay más que cambiar nues- IMPERIAL, voir imperar.
tra política’ (A. Belot, Dictionnaire d’usage IMPERIALISMO, voir imperar.
d’espagnol contemporain, éditions Ellipses). IMPERICIA, voir pericia et experiencia.
IMPASIBLE, voir padecer. IMPERIO, voir imperar.
IMPÁVIDO, voir pavor. IMPERMEABLE, voir permeable.
IMPECABLE, voir pecar. IMPERTINENCIA, voir tener.
IMPEDIDO, voir impedir. IMPETRAR, voir perpetrar.
IMPEDIR (‘empêcher’), est emprunté au latin ÍMPETU (‘élan, impétuosité’), est emprunté au
impedire ‘entraver les pieds’, ‘arrêter’, ‘em- latin impetus ‘élan, mouvement en avant’, dé-
barrasser, empêtrer’, formé avec pes, pedis rivé de impetere ‘se jeter sur’, formé avec in-
‘pied’ et le préfixe privatif in-. ‘vers’ et petere ‘chercher à atteindre’.
Dérivés : EXPEDICIÓN ‘expédition’. EXPE- IMPÍO, voir pío.
DIENTE ‘expédient’ et ‘affaire, dossier’, du la- IMPLANTAR, voir planta.
tin expediens, participe présent substantivé de IMPLANTE, voir planta.
expedire. Voir ci-après expedir. Le sens de IMPLICAR, voir plegar.
‘dossier, affaire’ vient de l’une des acceptions IMPLÍCITO, voir plegar.
de expedire qui était ‘débrouiller, arranger une IMPLORAR, voir llorar.
affaire’. EXPEDIR ‘expédier’, du latin expedire IMPLOSIÓN, voir explosión.
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culer’, ‘supputer’. Putativo désigne en droit incestus, a, um ‘impur, souillé’, formé avec in-
une personne qui passe pour être celle qu’elle (privatif) et castus ‘qui se conforme aux
n’est pas en réalité (padre putativo ‘père pu- règles, aux rites’, confondu avec son homo-
tatif’). REPUTACIÓN ‘réputation’, du latin re- nyme castus ‘vertueux, chaste’, ‘exempt
putatio ‘réflexion, examen’, ‘considération’, d’impureté’, dérivé de carere ‘manquer de’.
‘compte’. REPUTAR ‘réputer’, du latin repu- L’inceste étant considéré comme l’acte impur
tare ‘calculer, compter’, ‘examiner, réfléchir’, par excellence.
formé avec re- (intensif) et putare ‘supputer, Dérivés : INCESTUOSO ‘incestueux’.
juger, estimer’. INCESTUOSO, voir incesto.
IN- (1), préfixe privatif, est issu du préfixe latin INCIDENCIA, voir incidir.
in- (existant aussi sous la forme ne-), à ratta- INCIDIR (‘tomber’ [dans une faute, une erreur]),
cher à une négation *ne- présente dans beau- est emprunté au latin incidere ‘tomber dans,
coup de langues indoeuropéennes (en grec, sur’, ‘venir par coïncidence’, formé avec in
elle est vocalisée en a- : voir anodino, anéc- ‘dans’ et cadere ‘tomber’.
dota, apolítico). Tous les dérivés formés avec Dérivés : COINCIDIR ‘coïncider’, du latin
in- ne figurent pas dans ce dictionnaire. Le coincidere ‘tomber ensemble en un même
lecteur se reportera à l’élément de base. point’. INCIDENCIA ‘incidence’, ‘effet’, ‘con-
IN- (2), préfixe indiquant le mouvement vers séquence’ est calqué de l’anglais incidence.
l’intérieur ou la position intérieure est tiré du REINCIDENTE ‘récidiviste’, littéralement ‘qui
latin in ‘dans’, ‘en’, ‘parmi’, ‘sur’ : incorpo- retombe dans (la même faute)’. REINCIDIR
rar ‘incorporer’, invadir ‘envahir’, incubar ‘récidiver’.
‘incuber’. INCIENSO, voir encender.
INALÁMBRICO, voir alambre. INCINERACIÓN, voir incinerar.
INAUDITO, voir oír. INCINERAR (‘incinérer’), est emprunté au latin
INAUGURAR (‘inaugurer’), est emprunté au latin incinerare d’abord employé en médecine avec
inaugurare ‘prendre les augures’, ‘consacrer le sens de ‘détruire un cadavre par le feu’ et,
la nomination de qqn’, ‘consacrer un lieu’. plus généralement, ‘réduire en cendres’, formé
Inaugurare signifie littéralement ‘attirer les avec in ‘vers’, ‘dans’ et cinis, cineris ‘cendre’.
présages favorables sur’, ce verbe est formé Dérivés : INCINERACIÓN ‘incinération’.
avec in- ‘dans’, ‘sur’ et augurare ‘prédire’, INCIPIENTE (‘naissant, qui commence’ ; ‘débu-
dérivé de augur ‘celui qui donne des présages tant’), est emprunté au latin incipiens, parti-
favorables’. Voir agüero, agosto et Augusto. cipe présent de incipere ‘commencer’, ‘entre-
INCANDESCENTE, voir cándido. prendre’.
INCAUTACIÓN, voir incautarse. INCISIÓN, voir inciso.
INCAUTARSE (‘saisir, confisquer’, ‘s’emparer INCISIVO, voir inciso.
de’), est emprunté au bas latin incautare ‘fixer INCISO (‘incise’ [en grammaire]), est emprunté
une peine, une amende’, dérivé de cautum au latin incisus, a, um ‘coupé(e)’, participe
‘disposition préventive des lois’. Cautum est passé substantivé de incidere ‘couper’, ‘inci-
le neutre de cautus ‘entouré de garanties, sûr’, ser’, formé avec in et caedere ‘tailler, couper’.
participe passé de cavere ‘être sur ses gardes’. En grammaire, une incise est une proposition
Voir cauto, cautela, cautelar. insérée dans le corps d’une phrase qui se
Dérivés : INCAUTACIÓN ‘saisie, confiscation’. trouve ainsi ‘coupée’.
INCENDIO, voir encender. Dérivés : INCISIÓN ‘incision’. INCISIVO, A (ad-
INCENTIVO (‘aiguillon, stimulant’, ‘attrait’), est jectif) ‘incisif’, ‘incisive’ et una incisiva
emprunté au latin incentivum neutre de incen- (substantif) ‘une incisive’, du latin incisivus
tivus, a, um ‘qui donne le ton’ (en musique) ‘tranchant’, dérivé de incisum supin de inci-
d’où ‘qui invite à (jouer, à chanter)’, puis, en dere ‘couper’.
général, ‘qui provoque, qui incite’. Incentivus INCITAR, voir excitar.
est dérivé de incinere ‘faire entendre un INCLINACIÓN, voir inclinar.
chant’, ‘jouer d’un instrument’, tiré de canere INCLINAR (‘incliner’) est emprunté au latin
‘chanter’. inclinare ‘faire pencher’, ‘pencher’, ‘dévier’,
INCESTO (‘inceste’), est emprunté au latin inces- formé avec in ‘vers’ et clinare utilisé seule-
tum ‘sacrilège’, neutre substantivé de l’adjectif
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ment dans les formes préfixées et signifiant INCUBACIÓN (‘incubation’), est emprunté au
‘incliner, pencher’. bas latin incubatio ‘couvaison, incubation’,
Dérivés : DECLINACIÓN ‘déclinaison’. DECLI- dérivé du supin du verbe incubare ‘être cou-
NAR ‘décliner’, du latin declinare formé avec ché dans/sur’ et, au figuré, ‘veiller jalouse-
de (éloignement) et signifiant ‘détourner, éloi- ment sur’, formé avec in ‘dans’, ‘sur’ et cu-
gner, écarter’ et ‘s’éloigner, s’écarter’ (avec bare ‘être étendu’, ‘être couché’. Le terme in-
accessoirement une idée de chute, le ‘déclin’), cubación désigne à l’origine l’action de cou-
‘dévier’ et ‘éviter’ d’où ‘refuser’ (‘décliner ver les œufs et le développement de l’œuf
une invitation’). Chez les grammairiens, ce dans l’embryon. C’est au début du XIXe siècle
verbe signifie ‘dériver’ (littéralement que ce mot sera repris par analogie en méde-
‘s’éloigner du mot de base’) et ‘conjuguer’, cine pour désigner le temps qui s’écoule entre
‘donner les flexions d’un mot’. En français ac- la pénétration d’un germe infectieux dans
tuel, le verbe ‘décliner’ est d’un usage assez l’organisme et l’apparition des premiers symp-
courant en publicité puisqu’un objet ‘se dé- tômes.
cline’ en vert, en rouge, en bleu ou de tout Dérivés : INCUBADORA ‘couveuse’. INCUBAR
autre manière. INCLINACIÓN ‘inclinaison’ ; ‘incuber’.
‘tendance, inclination’. RECLINATORIO ‘prie- INCUBADORA, voir incubación.
Dieu’. INCUBAR, voir incubación.
INCLUIR, voir concluir. INCULCAR, voir calcar.
INCLUSO, voir concluir. INCULPAR, voir culpa.
INCOATIVO (‘inchoatif’), est emprunté au bas INCUMBENCIA, voir incumbir.
latin inchoativus dérivé de inchoatum supin de INCUMBIR (‘incomber, être du ressort de’), est
inchoare ‘commencer, entreprendre’. Ce emprunté au latin incumbere ‘s’appuyer sur,
terme est utilisé en linguistique pour désigner se pencher sur’, ‘s’abattre sur, peser’ et, au fi-
une forme verbale indiquant le début d’une ac- guré, ‘s’appliquer à’. En bas latin ce verbe
tion qui va progresser : s’endormir (= ‘com- prendra le sens de ‘concerner’, ‘incomber à’.
mencer à dormir’). Formé avec in et -cumbere ‘se coucher’, attes-
INCÓGNITA, voir conocer. té seulement en composition et variante nasa-
INCÓGNITO, voir conocer. lisée de cubare.
INCÓLUME (‘sain et sauf’, ‘indemne’), est em- Dérivés : INCUMBENCIA ‘ressort’ (‘être du res-
prunté au latin incolumis ‘intact, entier’, ‘en sort de qqn’). SUCUMBIR ‘succomber’ est em-
bon état’, ‘sain et sauf’, formé avec in (priva- prunté, par l’intermédiaire du français suc-
tif) et *columis qui appartient à la même fa- comber, au latin succumbere ‘s’affaisser
mille que clades ‘destruction, désastre’. Par sous’, formé avec sub- ‘sous’ et cumbere (voir
ailleurs, incolumis serait apparenté à calamitas plus haut).
(espagnol calamidad) ‘fléau, désastre, ruine’. INCUNABLE, voir cuna.
INCOMPATIBILIDAD, voir padecer. INCURIA, voir cura.
INCOMUNICACIÓN, voir común. INCURRIR, voir correr.
INCONGRUO (‘incongru’), est emprunté au latin INDAGACIÓN, voir indagar.
incongruus ‘absurde’, ‘inconséquent’, ‘incon- INDAGAR (‘rechercher, enquêter sur, s’enquérir
venant’, dérivé avec préfixe négatif de con- de’), est emprunté au latin indagare ‘suivre la
gruus ‘conforme, convenable, juste, correct’, piste (d’un animal)’ et, au figuré, ‘rechercher’.
tiré de congruere formé avec cum ‘avec’ et Dérivés : INDAGACIÓN ‘investigation, re-
d’un élément simple non attesté *gruere (ap- cherche’, ‘enquête’.
parenté à ruere ‘ruer’). Congruere signifie ‘se INDECENTE, voir decente.
rencontrer étant en mouvement’ d’où le sens INDEFENSO, voir defensa.
abstrait de ‘convenir, être d’accord’. INDELEBLE (‘indélébile’), est emprunté au latin
INCONSCIENTE, voir ciencia. indelebilis ‘ineffaçable’, ‘indestructible’, for-
INCONTINENCIA, voir tener. mé avec in (privatif) et delebilis dérivé de de-
INCONVENIENTE, voir venir. lere ‘effacer’, ‘détruire, raser’.
INCREMENTO, voir crecer. INDEMNE, voir daño.
INCRIMINAR, voir crimen. INDEMNIZAR, voir daño.
INCRUSTAR, voir costra. INDICACIÓN, voir índice.
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apparaît dessous’ : el infrascrito ‘je soussi- de gurges, gurgitis ‘gouffre, abîme’ et, dans la
gné’. INFRAUTILIZAR ‘sous-utiliser’. langue populaire, ‘gosier’.
INFRACCIÓN, voir fracción. INHALAR, voir hálito.
IN FRAGANTI, voir flagrante. INHIBICIÓN, voir exhibir.
INFRARROJO, voir infra- et rojo. INHIBIR, voir exhibir.
INFRASCRITO, voir infra-. INHUMAR, voir exhumar.
INFRAUTILIZAR, voir infra- et utilizar à INICIACIÓN, voir inicio.
l’article uso. INICIAR, voir inicio.
INFRINGIR, voir fracción. INICIATIVA, voir inicio.
ÍNFULAS (‘prétention, vanité’), est emprunté au INICIO (‘commencement, début’), est emprunté
latin infulae ‘ornement sacré’, ‘bandeau sacré, au latin initium de même sens, supin du verbe
infule ornant la tête des victimes ou des inire ‘entrer’, ‘commencer’, formé avec in
prêtres’, ‘objet de respect, de vénération’, ‘in- ‘dans’ et ire ‘aller’.
signes d’une charge’. En espagnol, le mot Dérivés : INICIACIÓN ‘initiation’. INICIAR ‘ini-
s’est fortement déprécié : darse ou tener mu- tier’ et ‘commencer, entamer, amorcer’, du la-
chas ínfulas ‘ne pas se prendre pour tin classique initiare ‘initier (aux mystères)’
n’importe qui’. puis, en latin impérial, ‘instruire, initier à’ et
INFUNDIR, voir fundir. ‘commencer’, l’initiation représentant le
INFUSO, voir fundir. commencement d’un apprentissage. INICIATI-
INGENIAR, voir genio. CA ‘initiative’.
INGENIERÍA, voir genio. INJERENCIA, voir injerirse.
INGENIERO, voir genio. INJERIRSE (‘s’ingérer’), est emprunté au latin
INGENIO, voir genio. ingerere ‘porter dans’, ‘jeter sur’, ‘verser’, ‘in-
INGENUO (‘ingénu, naïf’), est emprunté au latin troduire (un aliment) dans la bouche’ et, au fi-
ingenuus ‘né dans le pays, indigène’ (voir guré, ‘imposer’. Ce verbe est formé avec in
indígena) et ‘né de parents libres’ d’où le sens ‘dans’ et gerere ‘porter sur soi’.
‘digne d’un homme libre’, ‘franc, sincère’, Dérivés : INJERENCIA ‘ingérence’ (injerencia
l’homme libre pouvant parler ouvertement et humanitaria ‘ingérence humanitaire’).
franchement (voir l’évolution de franco à ce INJERTAR, voir injerto.
sujet). De l’idée positive de sincérité et de INJERTO (‘greffe’ [agriculture et médecine]), est
franchise, on est passé à celle d’une franchise l’ancien participe passé substantivé du verbe
trop naïve et de candeur un peu sotte. Inge- injerir ‘insérer, introduire’, emprunté au latin
nuus est formé avec in ‘dans’ et la racine inserere ‘introduire’, ‘intercaler’, mais aussi
*gen- que l’on trouve dans gignere ou genere ‘greffer’, formé avec in et serere ‘tresser, en-
‘engendrer’. trelacer’, ‘enchaîner’. Le participe passé de in-
INGRATITUD, voir grado (2). serere était insertus devenu en espagnol en-
INGRAVIDEZ, voir grave. sierto puis inxierto et enfin injerto. Par ail-
INGREDIENTE, voir ingreso. leurs, il existait en latin un deuxième verbe in-
INGRESAR, voir ingreso. serere (homonyme) issu de serere ‘semer,
INGRESO (‘entrée’, ‘admission’ ; ‘recette, ren- planter’. Il est donc possible que le sens spé-
trée’, ‘revenu[s]’, ‘versement’), est emprunté cialisé de ‘greffer’ du premier verbe vu plus
au latin ingressus ‘action d’entrer’, dérivé de haut provienne du second.
ingredi ‘entrer’ lui-même formé avec in ‘dans’ Dérivés : INJERTAR ‘greffer’.
et gradi ‘marcher, s’avancer’. El ingreso por INJURIA, voir jurar.
habitante ou renta per cápita ‘le revenu par INJURIAR, voir jurar.
habitant’. INMACULADO, voir mancha.
Dérivés : INGREDIENTE ‘ingrédient’, littérale- INMEDIACIÓN, voir medio.
ment ‘entrant dans (la composition de)’, de in- INMEDIATO, voir medio.
grediens participe présent de ingredi. INGRE- INMEJORABLE, voir mejor.
SAR ‘rentrer’ (argent, fonds), ‘entrer, être ad- INMENSIDAD, voir medir.
mis’ (école, hôpital). INMIGRAR, voir emigrar.
INGURGITAR (‘ingurgiter’), est emprunté au INMINENTE, voir eminente.
latin ingurgitare ‘engouffrer, avaler’, dérivé INMISCUIR(SE), voir mezclar.
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INMOBILIARIO, voir mover. INQUIRIR (‘s’enquérir de, enquêter sur’), est issu
INMOLAR (‘immoler’), est emprunté au latin du latin inquirere ‘rechercher, interroger’ et
immolare, formé avec im/in ‘dans’, ‘sur’ et ‘faire une enquête’, formé avec in et quaerere
molare dérivé de mola ‘meule’ et ‘farine’. On ‘chercher’, ‘demander’.
utilisait en effet un mélange de farine et de sel Dérivés : INQUISICIÓN ‘enquête, recherche’ et
que l’on versait sur la tête des sacrifiés. ‘l’Inquisition’, juridiction instituée par le pape
INMUEBLE, voir mover. Grégoire IX pour réprimer les crimes
INMUNDICIA, voir mondo. d’hérésie et de sorcellerie dans toute la chré-
INMUNDO, voir mondo. tienté. INQUISIDOR ‘inquisiteur’ (adjectif et
INMUNE (‘exempt’ ; ‘immunisé’), est emprunté substantif).
au latin immunis ‘dispensé de toute charge, INQUISICIÓN, voir inquirir.
d’impôt’, formé avec im/in (privatif) et munus INQUISIDOR, voir inquirir.
‘charge’. INRI (‘affront’), désigne par ses initiales
Dérivés : INMUNIDAD ‘immunité’, du latin l’inscription portée par ironie cruelle sur la
immunitas ‘dispense d’impôts, exemption, re- croix où le Christ fut sacrifié : Iesus Nazare-
mise’. Ce mot deviendra au XIXe siècle un nus Rex Judeorum ‘Jésus de Nazareth, roi des
terme de droit (inmunidad parlamentaria / Juifs’ d’où les expressions poner el inri ‘faire
diplomática ‘immunité parlementaire / di- un affront’ ; hacer el inri ‘tourner qqn en ridi-
plomatique’). Les parlementaires sont proté- cule’ ; para más inri ‘pour comble de ridi-
gés contre les actions judiciaires et les diplo- cule’.
mates ne sont pas soumis aux juridictions des INSACIABLE, voir saciar.
pays où ils résident. Enfin inmunidad a été INSALUBRE, voir salud.
repris, au XIXe siècle également, en biologie INSCRIBIR, voir escribir.
pour signifier que l’organisme peut se protéger INSECTO, voir segar.
lui-même contre certaines infections. INMUNI- INSEMINACIÓN, voir semen et sembrar.
ZAR ‘immuniser’. INMUNODEFICIENCIA ‘im- INSERCIÓN, voir insertar.
muno-déficience’ (Sida, síndrome de inmu- INSERTAR (‘insérer’), est emprunté au bas latin
nodeficiencia adquirida ‘syndrome insertare, fréquentatif (intensif) de inserere
d’immuno-déficience acquise’). ‘introduire, intercaler’ et ‘greffer’. Voir injer-
INMUNIDAD, voir inmune. to.
INMUNIZAR, voir inmune. Dérivés : INSERCIÓN ‘insertion’ (ruego de in-
INMUNODEFICIENCIA, voir inmune. serción ‘prière d’insérer’, terme de presse).
INNATO, voir nacer. INSIDIOSO (‘insidieux’), est emprunté au latin
INNOCUO, voir nocivo. insidiosus ‘qui dresse des embûches, perfide’,
INNOVACIÓN, voir nuevo. dérivé de insidiae ‘fait de s’installer dans un
INOCENCIA, voir nocivo. endroit’ d’où ‘embuscade’ et ‘perfidie, ruse’.
INOCENTADA, voir nocivo. Insidiae dérive de insidere ‘être assis (quelque
INOCULAR, voir ojo. part)’ et ‘être établi, fixé’, formé avec in
INODORO, voir oler. ‘dans’ et sedere ‘être assis’.
INQUIETAR, voir quedo. INSIGNE, voir seña.
INQUILINO (‘locataire’), est emprunté au latin INSIGNIA, voir seña.
inquilinus de même sens, dérivé de incolere INSINUAR, voir seno.
‘habiter’, formé avec in ‘dans’ et colere ‘culti- INSÍPIDO, voir saber.
ver’, ‘soigner’, ‘pratiquer’, ‘entretenir’ et ‘ha- INSISTENCIA, voir existir.
biter’. INSISTIR, voir existir.
INQUINA (‘aversion, haine’), est d’origine incer- IN SITU (‘in situ’, ‘sur site’), est emprunté à la
taine. Corominas propose le latin inquinare locution latine in situ ‘dans le lieu même’
‘corrompre, infecter’ qui aurait donné l’idée d’ formée avec in ‘dans’ et situ ablatif de situs
« irriter » en parlant d’une maladie puis, au fi- ‘position, situation, place’. L’espagnol mo-
guré, ‘irriter l’esprit’ d’où le sens de ‘haine, derne utilise cette locution dans les expres-
aversion’ : tener / tomar inquina a uno sions du type garantía in situ ‘garantie sur
‘avoir, prendre qqn en grippe’. site’, en informatique essentiellement quand le
réparateur fait tous les travaux sur place sans
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que le client n’ait à renvoyer son matériel au présent de instare ‘se tenir sur’. Le sens de
service après-vente. ‘très petit espace de temps’ vient de l’idée
INSOLACIÓN, voir sol. d’être ‘pressant, menaçant’ c’est-à-dire immi-
INSOLENCIA, voir soler. nent, très proche. Ce sens procède aussi de
INSOLENTE, voir soler. l’idée de ‘présent’ ou d’ « instant présent »
INSÓLITO, voir soler. qui, par définition, est bref et fugitif puisque
INSOLVENTE, voir solvencia. ‘le présent est le lieu de l’incessante conver-
INSOMNIO, voir sueño. sion d’une parcelle de futur en une parcelle de
INSPECCIÓN (‘inspection’), est emprunté au passé’ (Gustave Guillaume, Langage et
latin inspectio ‘action de regarder’, ‘examen, science du langage et Temps et Verbe).
contrôle’, dérivé de inspectum supin de inspi- INSTAURAR, voir restaurar.
cere, formé avec in et spicere (ou specere) INSTIGACIÓN, voir instigar.
‘apercevoir’, ‘regarder’. INSTIGADOR, voir instigar.
Dérivés : INSPECCIONAR ‘inspecter’. INSPEC- INSTIGAR (‘inciter’), est emprunté au latin insti-
TOR ‘inspecteur’. gare ‘piquer’, ‘exciter, stimuler’.
INSPECCIONAR, voir inspección. Dérivés : INSTIGACIÓN ‘instigation’. INSTIGA-
INSPECTOR, voir inspección. DOR ‘instigateur’.
INSPIRAR, voir espirar. INSTINTO (‘instinct’), est emprunté au latin
INSTALACIÓN, voir instalar. instinctus ‘excitation’, ‘impulsion’, substanti-
INSTALAR (‘installer’), est emprunté au français vation de instinctus ‘aiguillonné’, participe
installer, lui-même pris au latin médiéval ins- passé de insting(u)ere ‘pousser, exciter’, ‘ai-
tallare ‘établir un dignitaire ecclésiastique guillonner’.
dans sa charge’, formé avec in ‘dans’ et stal- INSTITUIR, voir constituir.
lum ‘stalle’. Les stalles sont les sièges de bois INSTRUIR, voir construir.
à dossier élevé qui se trouvent des deux côtés INSTRUMENTALIZAR, voir construir.
du chœur d’une église. Installare signifiait INSTRUMENTO, voir construir.
donc littéralement ‘mettre un ecclésiastique en INSUBORDINACIÓN, voir orden.
possession d’une dignité qui lui donne droit à ÍNSULA, voir isla.
une stalle au choeur’. Plus tard ce verbe signi- INSULINA, voir isla.
fiera ‘placer en un lieu de façon durable’ puis, INSULSO, voir sal.
au XIXe siècle, ‘aménager’ (un local), ‘instal- INSULTAR, voir saltar.
ler’ (des appareils etc.). Le latin médiéval stal- INSURRECCIÓN, voir surgir.
lum a été formé d’après l’ancien français estal INTACTO, voir tañer.
(moderne étal), lui-même issu du francique INTEGRACIÓN, voir entero.
stall ‘position’, ‘demeure’, ‘étable’. INTEGRAR, voir entero.
Dérivés : INSTALACIÓN ‘installation’. INTEGRISMO, voir entero.
INSTANCIA, voir instar. INTEGRISTA, voir entero.
INSTANTÁNEO, voir instar. ÍNTEGRO, voir entero.
INSTANTE, voir instar. INTELECTO, voir inteligente.
INSTAR (‘insister’, ‘prier instamment’), est em- INTELECTUAL, voir inteligente.
prunté au latin instare ‘se tenir sur ou dessus’, INTELIGENCIA, voir inteligente.
‘serrer de près’, ‘s’appliquer à qqch’, ‘insis- INTELIGENTE (‘intelligent’), est emprunté au
ter’. Instare est formé avec in ‘dans’, ‘sur’ et latin intelligens (ou intellegens) ‘qui com-
stare ‘se tenir debout’. prend’, ‘qui s’y connaît’, dérivé de intelligere
Dérivés : INSTANCIA ‘instance, demande’, (ou intellegere) ‘choisir (par l’esprit) parmi’
‘exigence’, du latin instantia ‘application assi- d’où ‘comprendre’, ‘apprécier’, formé avec in-
due’, ‘demande pressante’ et, au figuré, ‘im- ter ‘entre’, ‘parmi’ et legere ‘cueillir, rassem-
minence’, proximité’, dérivé de instans, ins- bler’, ‘choisir’ et ‘lire’.
tantis ‘instant’ (voir ce mot plus loin). INS- Dérivés : INTELECTO ‘intellect, entendement’,
TANTÁNEO ‘instantané’. INSTANTE ‘instant’, du latin intellectus ‘perception (par les sens)’,
est emprunté au latin instans, instantis ‘pré- ‘sens, signification’, ‘faculté de comprendre’,
sent’ et ‘pressant, menaçant’ c’est-à-dire ‘très formé sur intellectum supin de intelligere
près et très présent’. Instans est le participe
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‘comprendre’ (voir plus haut). INTELECTUAL au débiteur un dédommagement que l’on ap-
‘intellectuel’. INTELIGENCIA ‘intelligence’. pellera justement les ‘intérêts’ (los tipos de
INTEMPERIE, voir templar. interés ‘les taux d’intérêt’).
INTEMPESTIVO, voir tiempo. Dérivés : INTERESAR ‘intéresser’.
INTENCIÓN, voir tender. INTERESAR, voir interés.
INTENDENCIA, voir tender. INTERFACE, voir faz.
INTENSO, voir tender. INTERFAZ, voir faz.
INTENTAR, voir tender. INTERFECTO (‘victime’ [en droit]), désigne une
INTENTO, voir tender. personne morte de mort violente. Ce mot est
INTER-, élément préfixal emprunté au latin inter issu du latin interfectus, a, um, participe de in-
littéralement ‘à l’intérieur de deux’, ‘entre’. terficere ‘tuer, massacrer’, formé avec inter
Inter, préverbe et préposition en latin, est for- ‘entre, parmi’ et facere ‘faire’.
mé de in ‘dans’ et de l’élément -ter- qui sert à INTERFERIR (‘interférer’ ; ‘brouiller’ [radio]),
opposer deux parties (voir ínterin ‘intérim’). est emprunté à l’anglais to interfere ‘se frap-
INTERCALAR (‘intercaler’), est emprunté au per l’un l’autre, s’entrechoquer’, ‘entrer en
latin intercalare ‘proclamer un jour ou un opposition’, ‘intervenir’. Ce verbe est lui-
mois supplémentaire’ (pour remédier aux irré- même pris à l’ancien français s’entreferir ‘se
gularités de l’ancien calendrier romain) puis frapper l’un l’autre’ (espagnol ancien ferir
‘insérer’. Intercalare est formé avec inter ‘frapper’ ; espagnol moderne herir ‘blesser’).
‘entre’ et calare ‘proclamer’, ‘convoquer’, Dérivés : INTERFERENCIA ‘interférence’, est
verbe employé dans la langue religieuse ou ju- emprunté à l’anglais interference ‘interven-
ridique (racine indoeuropéenne *kel, *gal ‘ap- tion, immixtion’.
peler’ ; anglais to call). Il est possible que ca- INTERFONO (‘interphone’), est un mot obtenu
lare ait eu une variante *calere dont serait issu par le procédé de la composition : inter(ior) +
calendae ‘premier jour du mois’. (telé)fono, littéralement teléfono de interior
INTERCEDER (‘intercéder’), est emprunté au ‘téléphone d’intérieur’, sans doute d’après
latin intercedere ‘venir, aller entre’, ‘interve- l’anglais interphone.
nir pour’ et ‘s’opposer à’, ‘se trouver entre’, ÍNTERIN, voir entre.
‘survenir’. En latin chrétien, ce verbe prendra INTERIOR, voir entre.
le sens de ‘prier pour qqn’. Il est formé avec INTERJECCIÓN (‘interjection’), est emprunté au
inter ‘entre’ et cedere ‘aller, marcher’. latin interjectio ‘intercalation, insertion’, ‘pa-
INTERCEPCIÓN (‘interception’), est emprunté renthèse’, formé sur interjectum, supin de in-
au latin interceptio ‘soustraction’, ‘vol’, ‘inter- terjicere ‘placer, jeter entre’, ‘interposer’. In-
ruption’, dérivé de interceptum supin de inter- terjicere est formé avec inter ‘entre, parmi’ et
cipere ‘soustraire, dérober’, ‘prendre au pas- jacere ‘jeter, lancer’. En grammaire, une inter-
sage (et par surprise)’, ‘enlever avant le jection est un mot invariable, isolé, formant
temps’. Ce verbe est formé avec inter ‘entre’ phrase à lui seul (¡ cielos !, ¡ madre mía !) et
et capere ‘prendre, saisir’ et ‘contenir’. que l’on peut insérer dans une phrase pour ex-
Dérivés : INTERCEPTAR ‘intercepter’. primer une réaction affective vive.
INTERDICCIÓN, voir decir. INTERLOCUTOR, voir locuaz.
INTERÉS (‘intérêt’), représente la substantivation INTÉRLOPE (‘interlope’, ‘frauduleux’), mot
de l’infinitif latin interesse littéralement ‘être vieilli emprunté à l’anglais interloper dérivé
entre’, ‘être parmi’, ‘être présent’, ‘assister à’ de to interlope littéralement ‘courir entre deux
et, au figuré, ‘s’occuper de, participer à’. Ce parties et recueillir l’avantage que l’une de-
verbe est formé avec inter ‘entre, parmi’ et vrait avoir sur l’autre’ d’où ‘trafiquer dans un
esse ‘être’. En latin médiéval, interesse pren- domaine réservé à d’autres’. To interlope est
dra le sens de ‘dédommagement pour résilia- formé avec inter ‘entre’ et to lope forme dia-
tion d’un contrat en cours’ et ‘intérêt d’une lectale de to leap ‘courir, sauter’. M. Moliner
somme prêtée’. La 3e personne du singulier de (Diccionario de uso del español) : ‘Se aplica-
l’indicatif (interest) signifiait en effet ‘il im- ba [esta palabra] a cualquier clase de comercio
porte’, ‘il est de l’intérêt de’ c’est-à-dire qu’il realizado ilegalmente en las colonias’ (comer-
est de l’intérêt du prêteur de rentrer dans ses cio intérlope ‘commerce interlope’). Le mot a
fonds et de faire un bénéfice en faisant payer vu son aire sémantique s’agrandir puisqu’il se
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dit d’une personne ou d’une chose tricare a donné l’ancien espagnol intricar puis
d’apparence suspecte : mundo intérlope intrincar ‘embrouiller, emmêler’.
‘monde interlope’. Dérivés : INTRIGA ‘intrigue’.
INTERMEDIARIO, voir medio. INTRINCAR, voir intrigar.
INTERMEDIO, voir medio. INTRÍNSECO (‘intrinsèque’), est emprunté à
INTERMITENTE, voir meter. l’adjectif latin intrinsecus, a, um ‘intérieur’ ti-
INTERNACIONAL, voir nacer. ré de l’adverbe intrinsecus ‘au-dedans, inté-
INTERNAR, voir entre. rieurement’. Celui-ci est formé de *intrim (is-
INTERNET (‘internet’), est emprunté à l’anglo- su de interim ‘entre-temps’, ‘dans
américain internet acronyme de international l’intervalle’’) et de l’adverbe secus ‘le long
network ‘réseau international’ (net ‘filet’ ; de’ apparenté à sequi ‘suivre’. Intrínseco ap-
network ‘réseau’). partient à l’origine au vocabulaire de la philo-
INTERNO, voir entre. sophie où il signifie ‘qui est intérieur à un ob-
INTERPRETAR, voir intérprete. jet, qui appartient à son essence’, indépen-
INTÉRPRETE (‘interprète’), est emprunté au damment de toute considération extérieure
latin interpres, interpretis ‘intermédiaire, (valor intrínseco ‘valeur intrinsèque’).
courtier, chargé d’affaires’, ‘médiateur’ puis INTRODUCCIÓN, voir introducir.
‘commentateur’ et ‘traducteur’. Ce mot est INTRODUCIR (‘introduire’), est emprunté au
formé avec inter ‘entre’ et l’élément -pres latin introducere ‘conduire, amener dans’,
dont l’origine n’est pas clairement établie, formé avec intro ‘à l’intérieur’ et ducere ‘tirer
peut-être apparentée à pretium ‘prix’. à soi’, ‘conduire, mener’ (ancien terme de la
Dérivés : INTERPRETAR ‘interpréter’. langue pastorale). Voir aussi conducir.
INTERROGANTE, voir rogar. Dérivés : INTRODUCCIÓN ‘introduction’.
INTERROGAR, voir rogar. INTROSPECCIÓN, voir espectáculo.
INTERRUMPIR, voir romper. INTROVERSIÓN (‘introversion’), est emprunté à
INTERSECCIÓN, voir segar. l’allemand Introversion, mot employé par C.
INTERSTICIO (‘interstice’), est emprunté au bas G. Jung dans Psychologische Typen (1921) et
latin interstitium ‘intervalle’, formé sur inters- pris au bas latin introversio dérivé de introver-
tit, parfait du verbe interstare ‘se trouver sus ‘vers l’intérieur, en dedans’. Introversus
entre’, formé avec inter ‘entre’ et stare ‘être est formé avec intro ‘dedans’ et versus ‘dans
debout’. la direction de, vers’, participe passé de ver-
INTERVALO, voir valla. tere ‘tourner’.
INTERVENIR, voir venir. Dérivés : INTROVERTIDO ‘introverti’, est em-
INTERVENTOR, voir venir. prunté soit à l’allemand introvertiert soit à
INTESTINO, voir en. l’anglais introverted ou introvert, termes appa-
INTIMAR, voir entre. rus dans les années 1910-1920 et désignant un
INTIMIDAR, voir temer. individu tourné vers son moi plutôt que vers le
ÍNTIMO, voir entre. monde extérieur. EXTRAVERTIDO ou EXTRO-
INTOXICAR, voir tóxico. VERTIDO ‘extraverti’ ou ‘extroverti’ est aussi
INTRANSIGENTE, voir transigir. un emprunt à l’allemand extravertiert ‘qui est
INTRANSITIVO, voir transido. tourné vers le monde extérieur’ (1921, dans
INTRÉPIDO, voir trepidar. une traduction de Jung), mais l’anglais con-
INTRIGA, voir intrigar. naissait déjà (1916) ce terme : extraverted (ad-
INTRIGAR (‘intriguer’), est emprunté, par jectif) et extravert (substantif).
l’intermédiaire du français intriguer, à l’italien INTRUSIÓN, voir intruso.
intrigare ‘embrouiller’, ‘mettre dans INTRUSO (‘intrus’), est emprunté au latin médié-
l’embarras, rendre perplexe’ puis ‘se livrer à val intrusus, participe passé de intrudere (latin
des affaires compliquées, à des intrigues’ et classique introtrudere ‘introduire de force’),
enfin ‘s’immiscer dans une affaire’ et ‘éveiller formé avec intro ‘dedans’ et trudere ‘pousser’.
la curiosité’. Ce verbe est emprunté au latin Dérivés : INTRUSIÓN ‘intrusion’.
intricare ‘embrouiller, embarrasser’ formé INTUICIÓN (‘intuition’), est emprunté au latin
avec in ‘dans’ et tricae, tricarum ‘bagatelles, intuitio ‘image réfléchie dans un miroir’, for-
sornettes’, ‘embarras, difficultés’. Le latin in- mé sur intuitum, supin du verbe intueri ‘regar-
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der attentivement’ et ‘se représenter par la non pas privative. Il existe un mot de la même
pensée’. Ce verbe est formé avec in ‘dans’ et famille — invitus ‘qui agit contre son gré’ —
tueri ‘voir, regarder’ et ‘garder, protéger’. dans lequel in est privatif et qui a produit en
Dérivés : INTUIR ‘deviner, pressentir’. vieil espagnol amidos (ad + invitus) : amidos
INUNDAR, voir onda. lo fago ‘je le fais malgré moi’ (Cantar de Mio
INUSITADO, voir uso. Cid).
INVADIR (‘envahir’), est emprunté au latin vul- Dérivés : CONVIDADO ‘convive, invité’ : el
gaire *invadire (latin classique invadere) ‘pé- convidado de piedra (Tirso de Molina, Don
nétrer dans’, ‘assaillir, attaquer’, formé avec in Juan) ‘le convié de pierre, la statue du com-
‘dans’ et vadere ‘aller’. mandeur’. CONVIDAR ‘convier, inviter’, du la-
Dérivés : EVADIR(SE) ‘fuir’, ‘s’évader’. EVA- tin *convitare ‘inviter à un repas, à une réu-
SIÓN ‘évasion’. EVASIVA ‘faux-fuyant’, nion’, sans doute issu du croisement de invi-
‘échappatoire’. INVASIÓN ‘invasion’. tare avec *convivium ‘festin’. INVITACIÓN
INVASIÓN, voir invadir. ‘invitation’.
INVECTIVA, voir vehículo. INVOCAR, voir voz.
INVENCIÓN, voir venir. INYECCIÓN (‘injection, piqûre’), est emprunté
INVENTAR, voir venir. au latin injectio ‘action de jeter sur’, dérivé de
INVENTARIO, voir venir. injectum, supin de injicere ‘jeter dans, sur’,
INVENTIVA, voir venir. ‘appliquer sur’ et, au figuré, ‘inspirer, susci-
INVERNADERO, voir invierno. ter’. Injicere est formé avec in ‘dans’ et ja-
INVERNAL, voir invierno. cere’ ‘jeter’. Injectio était déjà un terme de
INVERNAR, voir invierno. médecine en bas latin.
INVERSIÓN, voir verter. Dérivés : INYECTADO ‘injecté’ (ojos inyecta-
INVERSIONISTA, voir verter. dos en sangre ‘yeux injectés de sang’).
INVERTIR, voir verter. INYECTAR ‘injecter’.
INVESTIDURA, voir vestir. IÓN (‘ion’), est emprunté à l’anglais ion, mot
INVESTIGACIÓN, voir vestigio. créé par le physicien Faraday en 1834, par
INVESTIGAR, voir vestigio. emprunt au grec ion, participe présent de ienai
INVESTIR, voir vestir. ‘aller’ (ire en latin) car les ions sont des parti-
INVIDENTE, voir ver. cules ayant une charge électrique qui vont vers
INVIERNO (‘hiver’), est issu du bas latin hiber- l’anode ou la cathode lors des phénomènes
num employé dans hibernum tempus ‘la saison d’électrolyse.
hivernale’ (substantivation de l’adjectif hiber- IPSO FACTO (‘ipso facto’), est emprunté à la
num). locution latine ipso facto ‘par le fait même’,
Dérivés : HIBERNACIÓN ‘hibernation’. HIBER- formée avec ipso ablatif neutre de ipse et facto
NAR ‘hiberner’, est emprunté au latin hiber- ablatif de factum ‘fait’, participe passé de fa-
nare ‘être en quartiers d’hiver’ dérivé de hi- cere. D’abord employée en droit avec le sens
bernus ‘d’hiver’, lui-même tiré de hiems, hie- de ‘par une conséquence obligée’, ‘par le fait
mis ‘mauvaise saison, hiver’. INVERNADERO même’, cette locution est passée dans l’usage
‘serre’ (efecto invernadero ‘effet de serre’). courant avec le sens d’ « automatiquement ».
INVERNAL ‘hivernal’. INVERNAR ‘hiverner’, Voir ese marquant l’identité, en particulier
‘passer l’hiver’, est emprunté au latin hiber- dans mismo ‘même’.
nare ‘être en quartiers d’hiver’ dont le traite- IR (‘aller’), est issu du latin ire de même sens. Ce
ment savant a donné hibernar (voir plus verbe qui exprime le déplacement le plus gé-
haut). néral qui soit était donc susceptible de devenir
INVITACIÓN, voir invitar. un auxiliaire c’est-à-dire un verbe suffisam-
INVITAR (‘inviter’), est emprunté au latin invi- ment extensif pour permettre d’apporter de
tare ‘inviter’, ‘inviter à table’ et ‘encourager’. l’aide à n’importe quel autre verbe : las tien-
La structure étymologique de invitare n’est das iban abriendo sus puertas ‘peu à peu les
pas entièrement élucidée : on a rapproché ce boutiques ouvraient leurs portes’. Le verbe
mot d’un adjectif latin *vitus ‘qui agit de son ayant subi un appauvrissement sémantique,
propre gré’, apparenté à vis ‘tu veux’. Le pré- son signifiant a tendu à s’appauvrir également
fixe in- de invitare a une valeur intensive et et ce d’autant mieux que les formes de ce
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l’aide d’une corde’ sans doute de formation célèbre pour l’élevage de ses chevaux.
onomatopéique. En espagnol moderne, le par- Haque(née) a d’abord désigné un petit cheval
ticipe passé de izar est devenu un substantif ou une jument que montaient les dames avant
dans el izado de la bandera ‘le lever des cou- de s’appliquer à une ‘femme de mauvaise vie’,
leurs’. une prostituée ‘montée’ par ses clients.
IZQUIERDA(O) (‘gauche’ [adjectif et substan- JACTARSE, voir echar.
tif]), est d’origine incertaine. Ce mot est appa- JACULATORIA (‘oraison jaculatoire’), est em-
renté au basque ezkerr de même sens, peut- prunté au latin chrétien jaculatorius ‘jeté rapi-
être formé avec esku ‘main’ en basque et le dement’, employé par Saint Augustin pour dé-
celte kerros ‘gauche’ (littéralement ‘tordu’). signer des prières brèves mais ardentes (jacu-
Pour ‘gaucher’, voir zurdo. latoriae preces). Jaculatorius signifiait primi-
Dérivés : IZQUIERDISTA ‘de gauche’, ‘gau- tivement ‘relatif à un jet’ et ‘relatif à l’art du
chiste’, ‘gauchisant’. javelot’, dérivé de jaculari ‘lancer, décocher’.
Dérivés : EYACULACIÓN ‘éjaculation’. EYA-
CULAR ‘éjaculer’, du latin ejaculari ‘lancer
J avec force’, formé avec ex ‘hors de’ et jacula-
ri ‘lancer’ dérivé de jaculum ‘javelot, arme de
jet’, lui-même tiré de jacere ‘lancer’.
JABALÍ (‘sanglier’), est issu de l’arabe yabalî de JADE (‘jade’), est emprunté au français jade
même sens et qui représente l’abréviation de (d’abord éjade) qui l’avait lui-même antérieu-
hinzîr yabalî littéralement ‘porc sauvage’, rement emprunté à l’espagnol piedra de la i-
formé avec hinzîr ‘porc’ et yabalî ‘qui vit dans jada. Cette expression signifiait littéralement
la montagne’, ‘sauvage’, dérivé de yabal ‘pierre du flanc’ car ce minéral était censé pro-
‘montagne’. Après l’effacement du nom, téger contre les coliques néphrétiques causées
l’adjectif yabalî s’est donc substantivé. par les calculs des reins.
JABALINA (‘javelot’), est emprunté au français JADEAR, voir ijada.
javeline dérivé de javelot lui-même pris sans JALEAR (‘exciter [les chiens] de la voix’ ; ‘ac-
doute à l’anglo-saxon zafeluc (gafeluc en vieil clamer, faire une ovation’ ; ‘encourager’), a
anglais) ‘arme de jet légère’. Zafeluc est été formé sur l’interjection ¡ hala ! ‘allons !’,
d’origine celtique : *gabal ‘fourche’. ‘allez !’, de formation expressive. Hala a don-
JABÓN (‘savon’), est issu du latin tardif sapo, né halear avec d’abord un h- aspiré prononcé
saponis de même sens emprunté au germa- ensuite comme une jota comme cela se fait par
nique *saipôn qui désignait une sorte de exemple avec les anglicismes : hall = [jol].
shampooing colorant fait avec du suif et de la Voir aussi à ce sujet holgorio et jolgorio.
cendre, utilisé par les Gaulois. Menéndez Pi- Dérivés : JALEO ‘cris, applaudissements’ ; ‘ta-
dal explique la jota de jabón par la confusion page, chahut, foire’.
ancienne entre le /s/ castillan légèrement JALÓN (‘jalon’ ; ‘moment qui fait date, jalon’),
chuinté, palatal et la fricative palatale /š/ pro- est emprunté au français jalon d’origine incer-
noncée [che] et graphiée x, d’où la forme an- taine. P. Guiraud propose une origine nor-
cienne xabón devenue ensuite jabón (Menén- mande ou picarde gielle ‘bâton’ qui serait issu
dez Pidal : Manual de gramática histórica es- du latin jaculum ‘javelot’ dérivé de jacere ‘je-
pañola, Espasa Calpe, pp. 119-120). ter’. D’autres linguistes y voient un dérivé de
L’espagnol utilise parfois l’expression an- l’ancien français jalir (moderne jaillir) peut-
glaise soap-opera pour désigner un feuilleton être issu d’une forme de latin vulgaire gallo-
sentimental, un mélo (soap ‘savon’ et soapy roman *galire, du gaulois *gali ‘bouillir, jail-
‘doucereux, onctueux, mielleux’). lir’.
Dérivés : ENJABONAR ‘savonner’ ; (familier) Dérivés : JALONAR ‘jalonner’.
‘passer un savon’ et ‘passer de la pommade, JALONAR, voir jalón.
flatter’. JAMÁS, voir ya.
JACA (‘petit cheval, bidet’), est emprunté à JAMÓN (‘jambon’), est emprunté au français
l’ancien français haque (ou haquenée), lui- jambon dérivé de jambe issu du bas latin gam-
même pris à l’anglais Hackney qui était le ba ‘paturon de cheval’, lui-même pris au grec
nom d’une bourgade de la région de Londres
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‘langage incompréhensible’ et ‘argot’ (jargon qui est une manière de manifester son accueil,
médical, philosophique etc.). Jargon, ancien- son hospitalité. Sous l’influence du verbe gi-
nement gargon, est sans doute d’origine ono- rar ‘tourner’ (voir son origine à l’article giro),
matopéique : racine garg- qui désigne la le substantif jira a fini par prendre le sens de
gorge, les bruits de gorge, les paroles confuses ‘tournée (d’un artiste)’, ‘excursion’ :
et que l’on retrouve dans gargouille, gargari- l’assimilation à girar est si importante que ji-
ser, gazouiller, gargote etc. (voir garganta). ra a fini par s’écrire avec un g-.
JERINGA (‘seringue’), est emprunté au bas latin JIRAFA (‘girafe’), est emprunté à l’italien giraf-
médical syringa ‘fistule’, ‘seringue’ et ‘lave- fa, lui-même pris à l’arabe zarafa de même
ment, clystère’, lui-même pris au grec suringa, sens.
accusatif de surinx ‘flûte de berger’ et, par ex- JIRÓN (‘lambeau, loque’), est emprunté au fran-
tension, ‘objet creux’, ‘tube’, ‘canule’. çais giron issu du francique *gêro ‘pièce
JEROGLÍFICO, voir jerarquía. d’étoffe coupée en pointe’. En ancien français,
JERSEY (‘pull-over’), est emprunté à l’anglais giron désignait un pan de vêtement allant de la
Jersey, île de l’archipel anglo-normand, con- ceinture au genou. En français moderne, ce
nue pour ses ouvrages de tricot. Ce nom mot a fini par désigner la partie du corps com-
propre est d’abord un nom commun signifiant prise entre la ceinture et le genou chez une
‘ouvrage tricoté’ et ‘vêtement moulant’. personne assise (regazo en espagnol).
JETA, voir seta. JOCKEY (‘jockey’), est emprunté à l’anglais
JET-SET (‘jet-set’), est l’abréviation de jockey diminutif de Jock, forme écossaise de
l’expression anglo-américaine jet-society qui Jack, variante hypocoristique — c’est-à-dire
désigne les personnes faisant partie du beau affectueuse — de John ‘Jean’. A l’origine,
monde international et qui prennent souvent jockey s’appliquait avec mépris à un homme
l’avion (jet). du peuple. Il s’est ensuite spécialisé pour dési-
JIBIA (‘seiche’), provient du mozarabe xibia issu gner les maquignons et les palefreniers pour
du latin sepia ‘seiche’, lui-même pris au grec s’appliquer enfin à ceux qui montent les che-
sepia de même sens. C’est à l’italien seppia vaux.
qu’a été emprunté en espagnol et en français le JOCOSO, voir juego.
nom du colorant brun rougeâtre employé dans JODER (‘baiser’, ‘faire l’amour’ ; ‘emmerder’ ;
les dessins, les lavis ou dans certains films : ‘foutre en l’air’), d’abord attesté sous la forme
espagnol sepia, français sépia. A l’origine, ce hoder, est issu du latin futuere ‘avoir des rap-
colorant était extrait du liquide noirâtre sécrété ports avec une femme’ (français foutre ; se
par la seiche. faire foutre ‘se faire pénétrer sexuellement’).
JILGUERO (‘chardonneret’), est issu de L’origine du latin futuere n’est pas connue.
l’ancienne forme sirguero, elle-même dérivée JOGGIN ou JOGGING (‘jogging’), est emprunté
de sirgo ‘tissu en soie’. L’oiseau a été ainsi à l’anglo-américain jogging ‘course à pied’,
nommé car son plumage rappelle les couleurs dérivé du verbe to jog ‘secouer’ et ‘trottiner’
de certains vêtements en soie. Sirgo, de même d’origine probablement onomatopéique.
que sirga ‘corde’, proviennent du latin seri- JOLGORIO, voir holgar (holgorio).
cum ‘soie’ et, au pluriel, serica ‘étoffes, vête- JORNADA (‘journée [de voyage, de travail]’ ;
ments de soie’. ‘étape’), est sans doute emprunté à l’occitan
JINETE (‘cavalier’), est issu de l’arabe vulgaire jornada dérivé de jorn ‘jour’, issu du bas latin
zenêti, littéralement ‘(originaire) de Zeneta’, diurnum synonyme du latin classique dies
nom d’une tribu berbère réputée pour sa cava- (voir día et dios). Diurnum est le neutre subs-
lerie légère. tantivé de l’adjectif diurnus ‘qui se passe le
JIRA (‘partie de campagne, pique-nique’), mot jour’, ‘quotidien, journalier’ et dérivé de dies.
vieilli emprunté à l’ancien français chiere Diurnum aura aussi les sens de ‘ration journa-
(moderne chère), issu du latin cara ‘visage’. A lière’ (voir l’espagnol jornal) et de ‘registre
l’origine, l’expression française faire bonne ou des comptes (quotidiens)’ d’où le français
mauvaise chère à qqn signifiait littéralement journal.
‘faire bon ou mauvais visage’ c’est-à-dire ‘ré- Dérivés : JORNAL ‘journée’, ‘salaire journa-
server un bon ou un mauvais accueil’. De lier’, est emprunté à l’occitan ancien jornal de
l’idée d’accueil on est passé à celle de repas même sens (trabajar a jornal ‘travailler à la
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journée’ ; jornal mínimo ‘salaire journalier pieds sont couverts de durillons, de cors. Les
minimum’). JORNALERO ‘journalier’. pommettes saillantes ont été aussi nommées
JORNAL, voir jornada. juanetes par ressemblance avec les callosités
JORNALERO, voir jornada. du pied. Le prénom Jean a servi aussi en fran-
JOROBA (‘bosse’), est d’abord attesté sous les çais pour désigner des personnes sottes ou
formes horoba et hadruba issues de l’arabe lâches : Gros-Jean, Jean-Foutre, Jean-Jean.
d’Espagne hudûba ou hadúbba de même sens. JUBILACIÓN, voir jubilar(se).
Dérivés : JOROBAR ‘casser les pieds’, ‘empoi- JUBILAR(SE) (‘mettre à la retraite’ ; ‘jubiler, se
sonner’. réjouir’ ; ‘prendre sa retraite’), est emprunté
JOROBAR, voir joroba. au latin jubilare ‘pousser des cris de joie’. En
JOTA (1) (‘jota’ [danse et musique populaires espagnol, jubilarse a pris le sens de ‘prendre
d’Aragon]), est soit emprunté à l’arabe Šátha sa retraite’ car celui qui n’a plus à se fatiguer
‘danse’, soit une altération propre à la phoné- au travail jubile !
tique du dialecte aragonais de sota ‘danse’ dé- Dérivés : JUBILACIÓN ‘jubilation, joie’ et ‘re-
rivé de l’ancien castillan sotar ‘danser’ issu du traite’. JÚBILO ‘allégresse, jubilation, joie’.
latin saltare ‘danser’. JÚBILO, voir jubilar(se).
JOTA (2) (‘jota’ [nom d’un phonème de JUDAÍSMO, voir judío.
l’espagnol] ; ‘iota, brin, rien’), est emprunté au JUDERÍA, voir judío.
latin iota lui-même pris au grec iôta, nom de JUDÍA (‘haricot’), est d’origine très incertaine,
la 9e lettre de l’alphabet grec et qui correspond peut-être en relation avec judío ‘juif’.
à notre i. Comme le i est la plus petite lettre de JUDICIAL, voir juez.
l’alphabet, iota a été employé avec le sens de JUDÍO (‘juif’), est issu du latin judaeus, lui-
‘la plus petite chose’, ‘le plus petit détail (de même pris au grec ioudaios ‘membre de la tri-
ce qui est écrit)’ : no falta ni jota ‘il ne bu de Juda’ qui était un patriarche biblique, un
manque pas un iota’ ; no sabe ni jota de su des douze fils de Jacob. Le nom de cette tribu
lección ‘il ne sait pas un traître mot de sa le- a été ensuite étendu à l’ensemble du peuple
çon’ ; no se ve una jota ‘on n’y voit goutte’. juif.
JOVEN (‘jeune’ [adjectif] ; [substantif] ‘jeune Dérivés : JUDAÍSMO ‘judaïsme’. JUDERÍA ‘jui-
homme, jeune femme’), est issu du latin juve- verie, quartier juif’.
nis qui désignait l’homme et la femme dont JUDO, voir yudo.
l’âge se situait entre vingt et quarante ans. Ju- JUEGO (‘jeu’), est issu du latin jocus ‘jeu, plai-
venis se trouvait entre adulescens ‘adolescent’ santerie’. Jocus a fini par remplacer ludus en
et senior ‘plus âgé’ comparatif de senex bas latin.
‘vieux’. Dérivés : JOCOSO ‘amusant, drôle’, dérivé sa-
Dérivés : JUVENIL ‘juvénile’ ; ‘relatif aux vant du latin jocosus de même sens. JUGADA
jeunes’ (paro juvenil ‘chômage des jeunes’ ; ‘coup’, ‘tour’ (una mala jugada ‘un mauvais
empleos juveniles ‘emplois jeunes’ ; pro- tour’). JUGAR ‘jouer’, du latin jocari ‘plaisan-
grama juvenil ‘programme [de télévision] ter, badiner’ qui a fini par se substituer à lu-
pour la jeunesse’). JUVENTUD ‘jeunesse’ dere ‘jouer à un jeu’. JUGUETE ‘jouet’, peut-
(fuente de la eterna juventud ‘fontaine de être emprunté à l’occitan ancien joguet.
jouvence’). REJUVENECER ‘rajeunir’. JUERGA, voir huelga.
JOVIAL, voir jueves. JUEVES (‘jeudi’), est issu du latin Jovis dies ‘jour
JOYA (‘bijou’), est emprunté à l’ancien français de Jupiter’, formé avec dies ‘jour’ et Jovis,
joie issu de joiel (moderne joyau), du latin jo- génitif de Jupiter, nom du roi des dieux de
calis dérivé de jocus ‘jeu’. A l’origine, le l’Olympe. Jupiter provient de *ju- pater litté-
joyau est donc un objet qui amuse, qui fait ralement ‘jour-père’ ou ‘dieu-père’. L’élément
plaisir, idée que l’on retrouve en portugais *ju est issu de la racine indoeuropéenne
avec brinco ‘jouet’ et ‘boucle d’oreilles’. *dyew- ou *die- signifiant ‘briller’ et que l’on
Dérivés : JOYERO ‘bijoutier, joaillier’. retrouve dans deus ‘dieu’ et dies ‘jour’.
JOYERO, voir joya. Dérivés : JOVIAL ‘jovial’, du latin jovialis (ad-
JUANETE (‘os du gros orteil’, ‘cor, durillon’ ; jectif) ‘de Jupiter’ et plus précisément ‘placé,
‘pommette saillante’), est le diminutif de Juan né sous l’influence bénéfique de Jupiter’ et
nom générique donné aux paysans dont les donc ‘naturellement porté à la bonne humeur’,
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‘jovial’. Les astrologues pensaient en effet que ment’ car cet animal était employé fréquem-
la planète Jupiter, contrairement à Saturne, ment pour le transport des marchandises. Le
avait une influence heureuse sur la destinée sens primitif de jumentum est ‘attelage (de
humaine. chevaux, de mules)’, c’est un dérivé de jugum
JUEZ (‘juge’), est issu du latin judicem, accusatif ‘joug’.
de judex, judicis ‘juge, arbitre’, littéralement JUNGLA (‘jungle’), est emprunté à l’anglais
‘celui qui montre le droit par la parole’. Judex jungle de même sens, lui-même pris à
est formé avec jus ‘droit’ et dicere ‘dire, mon- l’hindoustani jangal ‘territoire inhabité, dé-
trer par la parole’. sert’ et ‘territoire couvert d’une végétation
Dérivés : ENJUICIAR ‘mettre en accusation’, impénétrable’ (tiré du sanskrit jangala ‘dé-
‘instruire un procès’. JUDICIAL ‘judiciaire’. sert’).
JUICIO ‘jugement’, du latin judicium ‘juge- JUNIO (‘juin’), est issu du latin junius (mensis)
ment, procès’, dérivé de judex ‘juge’. JUZGAR dont l’origine n’est pas bien élucidée. Junius
‘juger’ (en droit) et ‘estimer, juger’, du latin est peut-être un dérivé de Juno ‘Junon’ d’où
judicare ‘rendre un jugement’ et ‘apprécier, ‘mois consacré à Junon’, nom d’une déesse
décider’. PERJUDICAR ‘porter préjudice à, symbolisant la vigueur et la jeunesse (juvenis
nuire à’, du latin praejudicare ‘préjuger’, for- ‘jeune’).
mé avec prae ‘avant’ et judicare. PREJUICIO JÚNIOR ou JUNIOR ([sports] ‘junior’), est em-
‘préjugé’, du latin praejudicium ‘jugement prunté à l’anglais junior ‘plus jeune, cadet’,
préalable’, ‘jugement anticipé’, ‘opinion pré- ‘subalterne, inférieur’ et ‘personne inexpéri-
conçue’. Une opinion préconçue peut être mentée’, lui-même pris au latin junior ‘plus
dommageable, elle peut nuire à qqn d’où PER- jeune’, comparatif de juvenis. Ce mot désigne
JUICIO ‘préjudice, dommage’, issu également aujourd’hui un jeune sportif se situant entre
du latin praejudicium. les cadets et les seniors (el equipo junior de
JUGADA, voir juego. fútbol ‘l’équipe junior de football’).
JUGAR, voir juego. JUNTA, voir junto.
JUGO (‘jus’), est issu du latin sucus ‘jus, sève JUNTAR(SE), voir junto.
(d’une plante)’, ‘suc’, ‘goût, saveur’ et ‘force, JUNTO (‘joint’ ; ‘côte à côte’ ; ‘ensemble’ ;
bonne santé’. Pour J. Corominas, la jota de ju- ‘près, auprès’), est issu du latin junctus, parti-
go est due à l’influence de enjugar ‘éponger, cipe passé de jungere ‘atteler’, ‘unir deux à
essuyer’. On peut penser aussi que le S- initial deux’, ‘lier, assembler’, ‘être contigu’, de la
a été confondu en vieil espagnol avec la frica- même famille que jugum ‘joug’.
tive palatale sourde /Š/ qui a donné ensuite la Dérivés : CONJUNCIÓN ‘conjonction’, du latin
jota. Voir à ce sujet saponem > jabón ; sepia conjunctio ‘réunion’ employé en astronomie et
et jibia ; syringa > jeringa (Menéndez Pidal, en grammaire, dérivé de conjungere, littéra-
Manual de gramática histórica española, pp. lement ‘joindre ensemble’ (conjonction de
119-120). coordination / de subordination). CONJUNTO
Dérivés : JUGOSO ‘juteux’. ‘ensemble’ (substantif), littéralement ‘mis,
JUGOSO, voir jugo. joint ensemble’. COYUNTURA ‘conjoncture’,
JUGUETE, voir juego. peut-être issu d’une forme de latin médiéval
JUICIO, voir juez. *conjunctura dérivée de conjungere ‘attacher,
JULIO (‘juillet’), est issu du latin julius (mensis) mettre ensemble’. Une conjoncture est donc
‘(mois) de Jules’ ainsi nommé par Marc An- une situation résultant d’un concours de cir-
toine en mémoire de Jules César qui était né constances. Aujourd’hui, ce mot s’est surtout
précisément en juillet et qui avait réformé le spécialisé dans le domaine économique (en la
calendrier romain. Avant de s’appeler julius, coyuntura actual ‘dans la conjoncture ac-
le mois de juillet était désigné par quintilis tuelle’). JUNTA ‘assemblée’, ‘réunion, séance’,
mensis car c’était le 5e mois de l’année qui ‘conseil’ (d’administration etc.), ‘junte’, ‘dic-
commençait en mars. tature militaire’ (en Amérique latine). Le dou-
JUMENTO (‘âne’), est issu du neutre latin jumen- blet de junta est yunta ‘attelage, paire (de
tum ‘bête d’attelage’, ‘bête de somme’. En es- bœufs, de mules etc.)’, mot de la langue rus-
pagnol, le mot s’est spécialisé pour désigner tique qui s’est inspirée de yugo ‘joug’ (voir ce
un âne. En français, il a pris le sens de ‘ju-
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mot). JUNTAR(SE) ‘joindre, unir’, ‘(se) ras- dentia ‘science du droit’, formé avec jus, juris
sembler’. ‘droit’ et prudentia ‘connaissance, compé-
JURA, voir jurar. tence’. Ce mot a pris par la suite le sens d’
JURADO, voir jurar. « ensemble des principes juridiques qui se dé-
JURAMENTO, voir jurar. gagent des décisions prises par les diverses ju-
JURAR (‘jurer’, ‘prêter serment’), est issu du ridictions sur telle ou telle matière ». JURISTA
latin jurare ‘prononcer la formule rituelle, prê- ‘juriste’.
ter serment’, dérivé de jus, juris ‘droit, loi’ JURÍDICO, voir jurar.
(sens primitif : ‘formule rituelle ayant force de JURISDICCIÓN, voir jurar.
loi’). JURISDICCIONAL, voir jurar.
Dérivés : CONJURA et CONJURACIÓN ‘conjura- JURISPRUDENCIA, voir jurar.
tion’, du latin conjuratio ‘alliance, complot’ JURISTA, voir jurar.
dérivé de conjurare ‘jurer ensemble’. CONJU- JUSTICIA, voir justo.
RADO ‘conjuré’ (adjectif et substantif). CON- JUSTICIERO, voir justo.
JURAR ‘conjurer, comploter’, ‘conjurer, de- JUSTIFICACIÓN, voir justo.
mander instamment’ et ‘conjurer (un danger)’, JUSTIFICANTE, voir justo.
du latin conjurare, formé avec cum ‘en- JUSTIFICAR, voir justo.
semble’ et jurare ‘jurer’, littéralement ‘jurer JUSTO (‘juste’), est emprunté au latin justus
ensemble’ d’où ‘comploter, se liguer, conspi- ‘conforme au droit, équitable’, dérivé de jus,
rer’. En latin tardif, conjurare prendra le sens juris ‘droit, loi’.
de ‘supplier avec l’aide d’une puissance sa- Dérivés : JUSTICIA ‘justice’. JUSTICIERO ‘jus-
crée’ d’où le sens de ‘prier instamment, adju- ticier’. JUSTIFICACIÓN ‘justification’. JUSTIFI-
rer’. Le sens primitif étant de ‘prononcer une CANTE ‘pièce justificative, justificatif’. Justi-
formule rituelle’, on est passé à l’idée de ‘pro- ficante, adjectif verbal correspondant à justi-
noncer des paroles magiques pour obtenir un ficar, a été substantivé après ellipse du nom :
effet sur qqch’ d’où le sens moderne de ‘con- un (documento) justificante. JUSTIFICAR
jurer, écarter un danger’. INJURIA ‘injure’, du ‘justifier’.
latin injuria ‘injustice’, ‘violation du droit’, JUVENIL, voir joven.
‘tort, dommage’ puis, en latin chrétien, ‘parole JUVENTUD, voir joven.
blessante, offense’. Injuria provient de JUZGAR, voir juez.
l’adjectif injurius ‘injuste, inique’, formé avec
in privatif et jus, juris ‘droit, loi’. Le sens de
‘parole outrageante’ dérive de la notion juri- K
dique de ‘tort, dommage’ : une injure étant
considérée comme une atteinte à la personne.
INJURIAR ‘injurier’. JURA ‘serment, prestation KAQUI (‘kaki’), est emprunté à l’anglais khakee
de serment’ (jura de la bandera ‘serment au ou khaki ‘couleur brun jaunâtre’ et ‘étoffe de
drapeau’). JURADO ‘juré’ (adjectif et substan- cette couleur’, utilisée en Inde par les Anglais
tif), ‘assermenté’ (traductor jurado ‘traduc- pour confectionner leurs uniformes. Khakee
teur assermenté’, c’est-à-dire ‘qui a prêté ser- est lui-même pris à l’hindi haki ‘couleur de
ment’), ‘jury’. JURÍDICO ‘juridique’, du latin poussière’, ‘poussiéreux’.
juridicus ‘relatif aux tribunaux ou à la justice’, KAMIKACE ou KAMIKAZE (‘kamikaze’), est
formé avec jus ‘droit’ et dicere ‘dire’. JURIS- emprunté au japonais kamikaze formé avec
DICCIÓN ‘juridiction’, du latin jurisdictio ‘ac- kami ‘supérieur’, ‘seigneur, maître’ et ‘entité
tion de rendre la justice’, ‘pouvoir, autorité’, supérieure à l’homme’ (par exemple des élé-
formé avec juris (génitif de jus ‘droit’) et dic- ments naturels tels que les typhons) et kaze
tio ‘acte de prononcer, de dire (le droit)’, de ‘vent’. Kamikaze a d’abord désigné les ty-
dicere ‘dire’. JURISDICCIONAL ‘juridictionnel’ phons qui ont détruit la flotte mongole au
(relatif à une juridiction) : aguas jurisdiccio- XIIIe siècle. Pendant la 2e guerre mondiale de
nales / territoriales ‘eaux territoriales’, c’est- 39-45, ce mot a été repris pour désigner les
à-dire qui appartiennent à un pays et qui sont avions-suicide japonais qui venaient s’écraser
donc soumises au droit de ce pays. JURISPRU- sur les navires américains.
DENCIA ‘jurisprudence’, du bas latin jurispru-
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Dérivés : LANCE ‘lancer, jet’ ; ‘situation, cir- ‘roseau’ : l’expression désigne une erreur faite
constance’, ‘circonstance critique’, ‘événe- à l’écrit (on écrivait avec des plumes faites en
ment, péripétie’, ‘affaire’. L’acception ‘situa- roseau). Lapsus linguae désigne une erreur
tion critique’ provient probablement du jeu où faite à l’oral (littéralement ‘erreur de la
l’on lance les dés d’où l’idée de ‘hasard’, langue’). En latin, lapsus est le participe passé
‘coup du sort’ puis ‘accident’, ‘situation cri- substantivé du verbe labi ‘glisser, tomber’ et
tique’ et ‘événement, péripétie’. LANZAMIEN- ‘commettre une faute’.
TO ‘lancement’ (lanzamiento del disco ‘lan- Dérivés : COLAPSO ‘collapsus’, est emprunté
cement / lancer du disque’ ; lanzamiento de au latin médical collapsus, participe passé de
un periódico ‘lancement d’un journal’). LAN- collabi ‘tomber d’un bloc, s’affaisser’, formé
ZAPLATOS ‘ball-trap’, ‘tir aux pigeons’. LAN- avec cum ‘ensemble, avec’ et labi (voir ci-
ZAR ‘lancer’. dessus).
LANZAMIENTO, voir lanza. LAPSUS, voir lapso.
LANZAPLATOS, voir lanza. LARES, voir larva.
LANZAR, voir lanza. LARGAR, voir largo.
LÁPIDA (‘pierre, plaque’ [portant une inscrip- LARGO (‘long’), est issu du latin largus ‘abon-
tion]), est emprunté au latin lapis, lapidis dant’ (fleuve) et ‘qui donne en abondance, gé-
‘pierre’ et ‘objet en pierre’. néreux, large’. En espagnol, largo a signifié
Dérivés : DILAPIDAR ‘dilapider’, du latin dila- ‘large’ (au sens physique et moral) jusqu’au
pidare ‘cribler de pierres’ et ‘jeter d’un côté et XVe siècle puis il a remplacé l’ancienne forme
de l’autre’ (comme des pierres), d’où le sens luengo, du latin longus ‘étendu, long’. Ancho
de ‘gaspiller’. Formé avec l’élément dis- ex- a, à son tour, remplacé largo dans le sens de
primant la séparation, l’écartement (ici la dis- ‘large’ (voir ancho).
persion). LAPIDAR ‘lapider’, du latin lapidare Dérivés : LARGAR ‘lâcher’, ‘flanquer, allon-
‘tuer à coups de pierres’. LAPIDARIO ‘lapi- ger’ (une gifle), ‘se débarrasser, larguer’, ‘je-
daire’, du latin lapidarius ‘taillé dans la ter, lancer’ et, à la forme pronominale, ‘filer,
pierre’, ‘chargé de pierres’ et ‘de pierres’ d’où prendre le large’. LARGOMETRAJE est emprun-
l’expression estilo lapidario ‘style lapidaire’ té au français long-métrage daté de 1911.
c’est-à-dire style bref, concis semblable au LARGOMETRAJE, voir largo.
style employé dans les inscriptions gravées LARINJE (‘larynx’), est emprunté au grec larunx,
dans la pierre (monuments, pierres tombales larungos ‘gosier’.
etc.). LARVA (‘larve’), est emprunté au latin impérial
LAPIDAR, voir lápida. larva ‘spectre, fantôme’, ‘épouvantail’,
LAPIDARIO, voir lápida. ‘masque’ et ‘pantin en forme de squelette’.
LÁPIZ (‘crayon’), est emprunté à l’italien lapis Larva est sans doute apparenté à lar, laris car
lui-même pris au latin lapis ‘pierre’. Le terme les lares étaient probablement à l’origine des
italien désignait — dans le vocabulaire de la divinités infernales qui poursuivaient les vi-
peinture, du dessin — un crayon fait d’une vants. Elles ont été ensuite considérées comme
substance minérale pouvant rappeler la pierre des divinités bénéfiques (esprits tutélaires re-
(le graphite par exemple). présentant l’âme des morts et chargés de pro-
LAPSO (‘laps [de temps]’ ; ‘lapsus’, ‘erreur’), est téger la maison, la cité ; espagnol lares). Le
emprunté au latin lapsus qui désignait tout mot larva est passé au XVIIIe siècle dans le
mouvement de glissement, d’écoulement, de vocabulaire de la zoologie pour désigner une
course rapide (étoiles, fleuves, temps etc.). La forme embryonnaire propre aux animaux à
seconde acception, qui se conçoit par rapport à métamorphose (insectes etc.). Dans la méta-
la première, est ‘action de glisser, de trébu- morphose d’un insecte, le premier état dans
cher’, ‘chute’ et, au figuré, ‘erreur’, ‘faux pas’. lequel il se présente peut être considéré
Aujourd’hui lapso au sens de ‘durée’ n’est uti- comme le masque plus ou moins fantomatique
lisé que dans l’expression lapso de tiempo (latin larva) de l’état suivant : la chenille est le
‘laps de temps’. La forme savante lapsus est masque du papillon.
employée en français et en espagnol avec le Dérivés : LARVADO ‘larvé’, d’abord employé
sens d’ « erreur » dans lapsus calami et lap- en médecine, ce mot se dit d’une maladie qui
sus linguae. Calami est le génitif de calamus ne se manifeste pas puis il est passé dans
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l’usage général au sens de ‘qui ne se dé- ton’ d’où aujourd’hui ‘casser les pieds, as-
clenche pas, n’éclate pas’ : guerra larvada sommer’.
‘guerre larvée’. Dérivés : HOJALATA ‘fer-blanc’, d’abord attes-
LARVADO, voir larva. té sous la forme hoja de lata.
LASCIVO (‘lascif’), est emprunté au latin lasci- LATENTE (‘latent’), est emprunté au latin latens,
vus ‘joueur’, ‘pétulant’, ‘folâtre’ (en parlant latentis ‘caché, secret, mystérieux’, participe
des animaux ou des enfants) puis ‘provo- présent de latere ‘être caché’, ‘être inconnu’.
quant’, ‘agaçant’ et enfin ‘qui provoque le dé- LATERAL, voir lado.
sir’, ‘licencieux’. LÁTEX (‘latex’), est emprunté au latin latex
LASER ou LÁSER (‘laser’), est emprunté à ‘liqueur, liquide’. Ce mot s’est spécialisé en
l’anglais laser daté de 1960. Laser représente botanique pour désigner le ‘suc sécrété par
l’abréviation de Light Amplification by the certains végétaux’ et plus particulièrement la
Stimulated Emission of Radiation c’est-à-dire résine de l’hévéa qui permet d’obtenir le
‘amplificateur de lumière par émission stimu- caoutchouc (voir caucho).
lée de rayonnement’ (impresora láser ‘im- LATIDO, voir latir.
primante laser’). LATIFUNDIO, voir lato.
LÁSTIMA, voir lastimar. LATIFUNDISTA, voir lato.
LASTIMAR (‘faire mal’, ‘blesser’ ; ‘offenser’), LÁTIGO (‘fouet’), n’est pas d’origine bien éta-
est issu d’un latin vulgaire *blastemare ‘faire blie. Peut-être issu du gotique *laittug ‘licou’,
des reproches’, ‘blâmer’, altération du latin ‘corde’.
chrétien blasphemare ‘blasphémer’, lui-même LATÍN (‘latin’ [substantif]), est emprunté au latin
pris au grec blasphêmein ‘injurier’, ‘dire du latinus ‘originaire du Latium’ et ‘dans la
mal de qqn, calomnier’. langue du Latium’. A l’origine, le latin consti-
Dérivés : LÁSTIMA ‘pitié’, ‘plainte, lamenta- tuait un petit noyau linguistique, parlé dans la
tion’. région du Latium, au milieu de nombreux par-
LASTRAR, voir lastre. lers italiques (l’osque, l’ombrien, le vestinien
LASTRE (‘lest’), est emprunté au moyen néerlan- etc.). Le mot latinus est dérivé de Latium, ré-
dais last ‘poids, charge’ par l’intermédiaire de gion d’Italie centrale, dont le nom a été inter-
l’ancien français last. Ce mot s’est ensuite prété en ‘pays plat’ par rapprochement avec
spécialisé dans le vocabulaire maritime pour l’adjectif latus ‘plat, étendu’. Voir lato.
désigner le poids chargé d’équilibrer un na- Dérivés : LATINAJO ‘latin de cuisine’, ‘cita-
vire. tion, mot latin’. LATINIDAD ‘latinité’. LATINI-
Dérivés : LASTRAR ‘lester’. ZACIÓN ‘latinisation’. LATINO, A ‘latin, e’.
LATA (‘fer-blanc’ ; ‘boîte en fer-blanc’, ‘boîte de LATINAJO, voir latín.
conserve’, ‘bidon’ ; ‘embêtement, ennui’), LATINIDAD, voir latín.
n’est pas d’origine bien établie. Joan Coromi- LATINIZACIÓN, voir latín.
nas pense à une forme de bas latin latta LATINO, A, voir latín.
‘longue pièce de bois’, mot ayant des équiva- LATIR (‘battre’ [cœur] ; ‘élancer’ [douleur] ;
lents en celtique et en germanique (allemand ‘glapir, japper’ [jeunes chiens]), est issu du la-
slat ‘gaule’). Le sens primitif de lata en espa- tin impérial glattire ‘japper’, ‘glapir’,
gnol était ‘gaule, perche’, ‘longue pièce de d’origine onomatopéique. Par comparaison
bois’. Il est possible que l’acception ‘fer- avec les aboiements aigus des jeunes chiens,
blanc’ dérive de la première par analogie de latir s’est appliqué ensuite à une douleur qui
forme. Le fer-blanc désigne une tôle c’est-à- élance, puis — après affaiblissement — aux
dire une pièce de fer qui a été battue ou lami- battements accélérés du cœur.
née, allongée et recouverte d’une couche Dérivés : LATIDO ‘battement’, ‘élancement,
d’étain. Le sens actuel ‘boîte (de conserve) en douleur aiguë’, ‘jappement’.
fer-blanc’ ou ‘bidon’ est obtenu par métony- LATITUD, voir lato.
mie : le nom du matériau désigne l’objet ma- LATO (‘large’, ‘étendu’, ‘grand, vaste’), est issu
nufacturé. Enfin, l’acception ‘ennui, embête- du latin latus, a, um ‘large’ (voir latín), ho-
ment’ provient sans doute de l’expression dar monyme de latus, lateris ‘flanc, côté’. Lato
la lata au sens premier de ‘frapper avec un bâ- est très peu usité aujourd’hui. En revanche, ses
dérivés ou composés sont bien mieux connus.
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Dérivés : DILATAR ‘dilater’, du latin dilatare l’utilise aussi comme un euphémisme pour dé-
‘élargir, étendre’, formé avec dis- exprimant signer les toilettes, l’euphémisme consistant
l’écartement, la séparation. LATIFUNDIO ici à désigner l’objet ou le lieu que l’on ne
‘grande propriété rurale’, ‘latifundium’, du la- veut pas nommer (les latrines) par un objet
tin latifundium, composé avec latus ‘large’ et proche, la cuvette où l’on se lave les mains.
fundus ‘fonds de terre, domaine’. LATIFUN- LAVADO ‘lavage’, participe passé de lavar qui
DISTA ‘grand propriétaire foncier’. LATITUD s’applique à l’action de laver et non pas à son
‘latitude’, du latin latitudo ‘largeur, étendue, résultat comme on le remarque habituellement
ampleur’. Ce mot s’est spécialisé en géogra- avec le participe passé (asado ‘ce qui a rôti’ =
phie où il désigne la position d’un point sur la ‘le rôti’). LAVANDERÍA ‘blanchisserie’, ‘lave-
terre situé soit entre le pôle Nord et l’Équateur rie automatique’. LAVAPLATOS ‘lave-
soit entre le pôle Sud et l’Équateur (axe Nord- vaisselle’. LOCIÓN ‘lotion’, du latin lotio ‘ac-
Sud), la longitude étant repérée sur l’axe Est- tion de laver le corps’, tiré de lautus ou lotus,
Ouest. participe passé de lavare. Le mot s’est spécia-
LATROCINIO, voir ladrón. lisé dans le domaine de la pharmacie ou para-
LAUDATORIO, voir loar. pharmacie.
LAUREADO, voir laurel. LAXANTE, voir dejar.
LAUREAR, voir laurel. LAXATIVO, voir dejar.
LAUREL (‘laurier’), est emprunté à l’occitan LAZARILLO, voir lázaro.
ancien laur / laurier issu du latin laurus de LÁZARO ([nom propre] ‘Lazare’ ; [nom com-
même sens, lui-même pris probablement à une mun] ‘va-nu-pieds’), est issu du latin Lazarus
langue méditerranéenne. Cet arbre, consacré à lui-même pris à l’hébreu el azar ‘Dieu a aidé’.
l’Apollon solaire, était l’emblème de la gloire Dans l’Évangile, Lazare est le nom du men-
à Rome et en Grèce. On couronnait les géné- diant rongé par la lèpre et guéri par le Christ.
raux vainqueurs avec une couronne de laurier. En français, Lazarus a donné ladre signifiant
Dérivés : LAUREADO ‘couronné’, ‘lauréat’, du primitivement ‘lépreux’ puis ‘insensible’ par
latin laureatus ‘couronné de laurier’, dérivé de allusion à l’absence de sensibilité dermique at-
laurea ‘laurier’, forme de féminin substantivé tribuée aux lépreux et enfin ‘avare’, l’avarice
correspondant à laurus (espagnol lauro très pouvant être une forme d’insensibilité à la mi-
peu usité). LAUREAR ‘couronner de laurier(s)’. sère des autres.
LAVA (‘lave’), est emprunté à l’italien lava de Dérivés : LAZARILLO ‘guide d’aveugle’, par
même sens et plus particulièrement au napoli- allusion au personnage du roman picaresque
tain lave (le Vésuve est à 8 km seulement de publié au XVIe siècle sous le titre Lazarillo de
Naples...). Lave est issu du latin labes ‘écou- Tormes et qui exerçait ce métier. Perro laza-
lement’, tiré du verbe labi ‘glisser, tomber’ rillo / guía ‘chien d’aveugle’.
(voir lapso et lapsus). LAZO (‘noeud’ ; ‘collet’, ‘lacet’, ‘piège’ ; ‘las-
LAVABO, voir lavar. so’ ; ‘lien’ [au figuré]), est issu du latin la-
LAVADO, voir lavar. queus ‘lacet, noeud coulant, lacs’, ‘piège’.
LAVANDERÍA, voir lavar. Dérivés : DESENLACE ‘dénouement’. ENLACE
LAVAPLATOS, voir lavar. ‘enchaînement’, ‘union, mariage’, ‘liaison
LAVAR (‘laver’), est issu du latin lavare de sens (dans la prononciation)’, ‘correspondance’
réfléchi ‘se laver, se baigner’ qui a fini par (trains, autobus).
remplacer lavere (transitif) ‘laver, baigner’. LEAL, voir ley.
Dérivés : LAVABO ‘lavabo’, ‘cabinet de toi- LEALTAD, voir ley.
lette’ et ‘toilettes’ est tiré d’une formule latine LECCIÓN, voir leer.
prononcée par le prêtre lorsqu’il se lave les LECTOR, voir leer.
mains après l’offertoire : lavabo inter inno- LECTURA, voir leer.
centes manus meas ‘je laverai mes mains au LECHE (‘lait’), est issu du latin lac, lactis ‘lait’ et
milieu des innocents’ (c’est-à-dire ‘en signe ‘suc laiteux des plantes’.
d’innocence’), Psaume XXVI, 6. D’abord ré- Dérivés : LACTANCIA ‘allaitement’ (hermanos
servé au domaine religieux, le mot passera de lactancia ‘frères de lait’). LACTANTE
dans l’usage commun au XIXe siècle avec le ‘nourrisson’. LACTAR ‘allaiter’, du latin lac-
sens que nous lui connaissons. L’espagnol tare de même sens (allactare en latin tardif).
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LÁCTEO ‘lacté’ (vía láctea ‘voie lactée’). LE- LEGIÓN (‘légion’), est emprunté au latin legio
CHERO, A ‘laitier, ère’. ‘choix, faculté de choisir’, dérivé de legere
LECHO (‘lit, couche’), est issu du latin lectus de ‘recueillir, rassembler’, ‘choisir’ et ‘lire’ (voir
même sens. Lecho est beaucoup moins usuel leer). Legio a désigné plus spécialement la lé-
que cama. On l’emploie par exemple dans le- gion romaine soit parce que les soldats étaient
cho conyugal ‘lit conjugal’, lecho de rosas choisis avant d’y entrer, soit parce que chaque
‘lit de roses’, lecho de muerte ‘lit de mort’. légionnaire avait la possibilité de choisir son
LECHUGA (‘laitue’), est issu du latin lactuca de compagnon d’armes.
même sens, dérivé de lac, lactis ‘lait’ (la laitue Dérivés : LEGIONARIO ‘légionnaire’.
a un suc laiteux). LEGIONARIO, voir legión.
LECHUZA (‘chouette’), d’abord attesté sous la LEGISLACIÓN, voir ley.
forme nechuza, provient sans doute de LEGISLATIVO, voir ley.
*nochuza, dérivé de *nochua issu du latin LEGISTA, voir ley.
noctua ‘chouette, hibou’, littéralement ‘oiseau LEGITIMAR, voir ley.
de nuit’ (dérivé de nox, noctis ‘nuit’). Le pas- LEGÍTIMO, voir ley.
sage à lechuza n’est pas bien élucidé. Joan LEGO (‘laïque’ ; ‘ignorant’, ‘profane, non ini-
Corominas pense que nechuza est devenu le- tié’), est emprunté au latin ecclésiastique lai-
chuza parce que selon les croyances popu- cus ‘non clerc, illettré’, ‘commun, du peuple’,
laires la chouette aime se poser sur les nourris- ‘séculier’, ‘(langue) vulgaire, parlée’. Laicus
sons pour leur donner du lait, d’où leche → est lui-même emprunté au grec laikos ‘non
lechuza... clerc’, ‘du peuple’, dérivé de laos ‘peuple’. La
LEER (lire’), est issu du latin legere ‘ramasser, forme laico de l’espagnol est le traitement sa-
cueillir’, ‘rassembler, recueillir’ et ‘choisir’. vant de laicus. Seuls les membres du clergé,
Le glissement de sens vers ‘lire’ s’est peut- les clercs, savaient lire et écrire. Il va donc de
être fait par l’intermédiaire d’expressions du soi que les non clercs, c’est-à-dire les laïques,
type legere oculis littéralement ‘rassembler étaient des ignorants d’où l’expression ser le-
(des lettres) par les yeux’ ou senatum legere go en la materia ‘être profane en la matière,
‘faire l’appel des sénateurs’ c’est-à-dire ‘ras- n’y rien connaître’.
sembler des noms’ d’où ‘appeler ou lire à Dérivés : LAICIDAD ‘laïcité’.
haute voix une liste de noms’. LEGUA (‘lieue’), est issu du latin leuca ou leuga
Dérivés : LECCIÓN ‘leçon’, du latin lectio ‘ac- de même sens, sans doute d’origine gauloise.
tion de lire’. De là, on est passé à ‘ce qui doit LEGUMBRE (‘légume’), est emprunté au latin
être lu, appris et récité’ d’où le sens moderne legumen ‘plante potagère’. Legumen désignait
de ‘leçon’ (apprise par un élève) ou enseigne- en particulier les graines venant en gousses
ment donné par un maître. LECTOR ‘lecteur’. (pois, fèves, lentilles) par opposition à holus
LECTURA ‘lecture’, du latin médiéval lectura qui s’appliquait aux légumes verts.
‘fait de lire’, ‘études, commentaire juridique’, LEITMOTIV (‘leitmotiv’), est emprunté à
dérivé du supin de legere. LEYENDA ‘légende’, l’allemand leitmotiv ‘motif dominant’, formé
du latin médiéval legenda ‘vie de saint’, litté- avec leiten ‘diriger’ et motiv ‘motif’. Ce terme
ralement ‘ce qui doit être lu’, adjectif verbal appartient au vocabulaire de la musique, il dé-
au neutre pluriel de legere, interprété ensuite signait à l’origine les motifs qui reviennent le
comme un féminin singulier. Leyenda désigne plus souvent dans l’œuvre de Richard Wagner.
à l’origine le récit de la vie d’un saint qui est Par extension, il s’est appliqué dans d’autres
donc exemplaire, et ‘qui doit être lue’. Par ex- domaines (littérature etc.) à un thème qui se
tension de sens, ce mot s’est appliqué à tout répète.
récit d’un événement passé, teinté de merveil- LEJANÍA, voir lejos.
leux et qui se fonde sur une tradition plus ou LEJANO, voir lejos.
moins authentique. ILEGIBLE ‘illisible’. LEJÍA (‘lessive’ [solution alcaline] ; ‘eau de
LEGAJO, voir ligar. javel’), est issu du latin (aqua) lixiva ‘solution
LEGAL, voir ley. à base de cendre servant à laver’, substantiva-
LEGALIZAR, voir ley. tion au féminin de l’adjectif lixivus dérivé de
LEGAR, voir ley. lix, licis ‘solution qui lave’. Aujourd’hui, le
mot lejía désigne essentiellement ce que nous
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appelons l’eau de javel à base de chlore, du concept moderne de linguistique verra le jour
nom de Javel, ancien village de la banlieue pa- à partir de Ferdinand de Saussure avec le
risienne absorbé depuis par la ville et devenu Cours de linguistique générale (1906-1911).
un quartier du XVe arrondissement (métro Ja- LENGUADO, voir lengua.
vel). Une usine de produits chimiques était LENGUAJE, voir lengua.
implantée dans ce village. Pour ‘lessive’ au LENTE (‘lentille’ [optique]), est emprunté au
sens de ‘linge lavé’, l’espagnol emploie cola- latin lens, lentis ‘lentille’ (plante) et tout objet
da (hacer la colada ‘faire la lessive’). en forme de lentille. Lente de contacto ‘len-
LEJOS (‘loin’), est issu du latin laxius ‘plus tille / verre de contact’.
vaste, plus étendu’, comparatif de laxus, a, um LENTEJA (‘lentille’ [plante]), est issu du latin
‘large’, ‘spacieux’, ‘vaste, étendu’ et ‘lâche, lenticula, diminutif de lens, lentis de même
desserré’ (voir dejar). sens.
Dérivés : LEJANÍA ‘éloignement’, ‘lointain’ LENTITUD, voir lento.
(substantif). LEJANO, A ‘lointain, éloigné’. LENTO (‘lent’), est issu du latin lentus ‘souple,
LELO (‘sot, niais’), est un mot de création ex- élastique’ d’où ‘mou’ et ‘indolent, noncha-
pressive fondée, comme le français gaga, sur lant’. L’origine de lentus est mal établie.
le redoublement consonantique (voir aussi Dérivés : LENTITUD ‘lenteur’.
bobo ‘sot, idiot’). LEÑA (‘bois de chauffage’), est issu du latin
LEMA (‘devise’ [formule] ; ‘thème, sujet’ ; ligna ‘bûches’, pluriel de lignum ‘bois’, ‘bois
‘sommaire’ ; ‘épigraphe’), est emprunté au la- à brûler’, pluriel interprété ensuite comme un
tin lemma ‘sujet, matière d’un écrit’, ‘titre féminin singulier. Lignum s’opposait à mate-
d’un chapitre’, ‘la majeure (d’un syllogisme)’. ries ‘bois de construction’ (voir madera).
Lemma est lui-même emprunté au grec lêmma, Dérivés : LEÑADOR ‘bûcheron’. LEÑO ‘bûche’
lêmmatos ‘ce qu’on prend’ c’est-à-dire, en lo- (issu de lignum). On remarque une fois de plus
gique, ‘une des prémisses d’un syllogisme (la l’opposition entre le féminin extensif qui dé-
majeure)’, dérivé du verbe lambanein signe le bois de chauffage en général et le
‘prendre’. On rappellera qu’un syllogisme dé- masculin de valeur plus concrète. Voir à ce su-
signe une suite de trois propositions : les deux jet barca et canastillo, a.
premières appelées prémisses entraînent obli- LEÑADOR, voir leña.
gatoirement la troisième appelée conclusion : LEÑO, voir leña.
tous les hommes sont mortels, or Pierre est un LEÓN (‘lion’), est emprunté au latin leo, leonis
homme, donc Pierre est mortel. Voir silogis- ‘lion’, ‘crabe’ et ‘gueule de lion’ (plante), lui-
mo à l’article lógica. De l’idée d’argument même pris au grec leôn nom d’un fauve mais
employé en logique, on est passé en espagnol aussi d’un crustacé.
à celle de ‘devise’, formule condensée expri- Dérivés : LEONERA ‘cage, fosse aux lions’.
mant une pensée, une règle morale etc. (‘Tous LEONINO ‘léonin’ par exemple dans contrato
pour un, un pour tous’, devise des mousque- leonino ‘contrat léonin’. Emprunté au latin
taires d’A. Dumas). leoninus ‘de lion’, ‘propre au lion’. Allusion
Dérivés : DILEMA ‘dilemme’, terme de logique au lion des fables latines qui s’adjuge toutes
issu du grec dilêmma ‘argument par lequel on les parts d’où l’expression llevarse la tajada
pose une alternative entre deux propositions del león ‘se tailler la part du lion’.
contraires’, formé avec di- ‘deux’. LEONERA, voir león.
LENCERÍA, voir lienzo. LEONINO, voir león.
LENGUA (‘langue’), est issu du latin lingua LEPRA (‘lèpre’), est emprunté au latin lepra
désignant à la fois l’organe et le système lin- ‘maladie qui ronge’, lui-même pris au grec le-
guistique propre à un groupe (la lengua lati- pra tiré du verbe lepein ‘éplucher, enlever
na). l’écorce’.
Dérivés : DESLENGUADO ‘insolent’, ‘fort en LESBIANA ou LESBIA (‘lesbienne’), est un
gueule’. LENGUADO ‘sole’, poisson dont la dérivé de Lesbos qui est le nom d’une île de la
forme rappelle celle de la langue. LENGUAJE mer Égée où la poétesse Sapho célébra
‘langage’. LINGÜÍSTICA ‘linguistique’, est un l’homosexualité féminine (saphisme).
dérivé savant du latin lingua d’après LESIÓN (‘lésion’, ‘blessure’), est emprunté au
l’allemand Linguistik daté du XVIIIe siècle. Le latin laesio ‘dommage, tort’ et ‘blessure’, dé-
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rivé de laedere ‘frapper, blesser’ et ‘faire in- ‘lettré, instruit’. LETRERO ‘écriteau’. LITERAL
jure ou dommage’. ‘littéral’, du bas latin litteralis ‘relatif aux
Dérivés : ELISIÓN ‘élision’, terme de gram- lettres de l’alphabet’, ‘formé’ de lettres’. Lite-
maire issu du latin elisio, tiré de elisum supin ral prendra ensuite le sens de ‘qui s’en tient à
de elidere ‘pousser dehors, expulser’, ‘écraser’ la lettre’, ‘qui est pris strictement à la lettre’ :
puis ‘supprimer des lettres dans un mot’. Eli- sentido literal ‘sens littéral’ ; traducción lite-
dere est formé avec ex (marquant ral ‘traduction littérale’. LITERARIO ‘litté-
l’éloignement) et laedere ‘frapper’. ILESO raire’, du latin litterarius ‘relatif à la lecture, à
‘sain et sauf’, ‘indemne’ (voir plus loin leso). l’écriture’. LITERATURA ‘littérature’, du latin
LESIONAR ‘blesser’, ‘endommager’, ‘léser, litteratura ‘écriture’, ‘ce qui concerne les
causer du tort’ (autolesionarse ‘se mutiler’). lettres’, ‘production de livres par l’écriture’.
LESO ‘lésé’ et ‘lèse’ (crimen de lesa majes- LETRADO, voir letra.
tad ‘crime de lèse-majesté’), est tiré de LETRERO, voir letra.
l’expression latine crimen laesae majestatis, LETRINA (‘latrines’), est emprunté au latin
littéralement ‘crime de majesté lésée’ où lae- impérial latrina ‘lieux d’aisance’, contraction
sae est le génitif au féminin du participe passé de lavatrina ‘bain’, dérivé de lavare ‘laver’.
(laesus ‘blessé’) de laedere. LISIAR ‘blesser, LEUCO-, élément tiré du grec leukos ‘blanc
estropier’ est un dérivé de l’ancienne forme lumineux, éclatant’ (latin lux ‘lumière’) et en-
lisión variante de lesión. trant dans la composition de mots savants :
LESIONAR, voir lesión. LEUCEMIA ‘leucémie’, est l’adaptation de
LESO, A, voir lesión. l’allemand Leukämie formé avec les éléments
LETAL (‘mortel’, ‘létal’ [peu usité]), est emprun- grecs leukos ‘blanc’ et aima ‘sang’, cette ma-
té au latin letalis ‘mortel’, dérivé de letum ladie étant caractérisée par la prolifération des
‘trépas’ terme noble en poésie pour désigner la globules blancs ou leucocytes (voir ci-après).
mort. Le mot s’est spécialisé dans le domaine LEUCOCITO ‘leucocyte’, formé avec -cito ‘cel-
médical, en pharmacologie : dosis letal ‘dose lule’, du grec kutos ‘cavité’, ‘enveloppe’, ‘cel-
létale’ ; inyección letal ‘injection mortelle’ lule’.
(pour les condamnés à mort aux USA). LEVADIZO, voir levar.
LETANÍA (‘litanie’), est emprunté au latin ecclé- LEVADURA, voir levar.
siastique litania ‘prière’, lui-même pris au LEVANTAMIENTO, voir levar.
grec litaneia dérivé de litaneuein ‘supplier’. LEVANTAR, voir levar.
LETARGO (‘léthargie’), est emprunté au grec LEVANTE, voir levar.
lêthargos ‘oublieux’ et, en médecine, ‘léthar- LEVAR (‘lever [l’ancre]’), est issu du latin levare
gique’ c’est-à-dire ‘qui ne bouge pas parce ‘rendre léger’ d’où ‘soulager’ et en argot ‘dé-
que son esprit est plongé dans l’oubli’. Lê- rober’, dérivé de levis ‘léger’. En latin impé-
thargos est formé avec le radical lêth- (que rial, levare prendra aussi le sens de ‘soulever,
l’on retrouve dans lêthê ‘oubli’) et -argos ‘pa- élever’ puis, en bas latin, ‘gonfler, lever’ (en
resseux, inactif’, dérivé avec préfixe privatif parlant de la pâte). En espagnol, ce verbe a
a- de ergon ‘travail, œuvre, énergie’. donné aussi llevar ‘porter, emporter’ : levas >
LETRA (‘lettre, caractère’ ; ‘écriture’ ; ‘lettre de lievas > lyevas (avec formation d’un yod) >
change’), est issu du latin littera ‘lettre de llevas. Le phonème ll s’est propagé de ma-
l’alphabet’. Au pluriel, litterae signifie littéra- nière analogique à tout le paradigme. Quant à
lement ‘ensemble de caractères, de lettres’ levar, il s’est spécialisé dans le vocabulaire
d’où les sens de ‘missive, lettre’, ‘ouvrage maritime : levar el ancla ‘lever l’ancre’ et le-
écrit’ puis ‘littérature’ et enfin ‘culture’ (le- varse ‘mettre à la voile’.
trado ‘qui a des lettres’, ‘lettré’). L’espagnol Dérivés : ELEVACIÓN ‘élévation’. ELEVALU-
utilise carta dans le sens de ‘lettre, missive’. NAS ‘lève-glaces’. ELEVAR ‘élever’, du latin
L’acception ‘lettre de change, traite’ est sans elevare ‘soulever’, ‘alléger la douleur’, formé
doute empruntée à l’italien lettera. avec ex marquant l’éloignement, la séparation.
Dérivés : ALITERACIÓN ‘allitération’ est sans LEVADIZO dans puente levadizo ‘pont-levis’.
doute emprunté à l’anglais alliteration ‘répéti- LEVADURA ‘levain’. LEVANTAMIENTO ‘levée’,
tion de lettres’ (du latin ad et littera). DELE- ‘érection’ (d’une statue), ‘construction’ (d’un
TREAR ‘épeler’. ILETRADO ‘illettré’. LETRADO édifice), ‘soulèvement, rébellion’. LEVANTAR
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LIGERO (‘léger’), est emprunté au français léger limes ‘limite’ et le grec trephein ‘nourrir’.
issu du latin tardif *leviarius probablement dé- LINDAR ‘toucher à, être contigu à’.
rivé d’une forme *levius. En latin classique, la LIMÍTROFE, voir límite.
forme était levis ‘peu pesant’, ‘de peu LIMÓN (‘citron’), est emprunté à l’arabe laymûn,
d’importance’ et ‘frivole, inconstant’. lui-même pris au persan limun de même sens
Dérivés : LIGEREZA ‘légèreté’. (ancien français limon).
LIGÓN, voir ligar. Dérivés : LIMONADA ‘citronnade’.
LIGUE, voir ligar. LIMONADA, voir limón.
LIJA (‘roussette’ ; ‘papier de verre’), est LIMOSNA (‘aumône’), est issu du latin vulgaire
d’origine très incertaine. L’acception ‘papier *alemosina, du latin ecclésiastique eleemosy-
de verre’ vient de ce que la peau de la rous- na, lui-même emprunté au grec eleêmosunê
sette, qui est apparentée aux requins, est ru- ‘compassion’ puis en grec chrétien ‘don géné-
gueuse. reux fait aux pauvres’. Eleêmosunê vient de
LIMA (‘lime’), est issu du latin lima ‘lime’ et eleêmôn ‘compatissant’, dérivé de eleos ‘pi-
‘retouche, correction’. tié’.
Dérivés : LIMAR ‘limer’. LIMPIABOTAS, voir limpio.
LIMBO (‘limbes’), est emprunté au latin limbus LIMPIAR, voir limpio.
ou lembus ‘bandeau servant de bordure à une LÍMPIDO, voir limpio.
étoffe’ et, plus généralement, ‘marge, bord’. LIMPIEZA, voir limpio.
Au moyen âge, en latin ecclésiastique, limbus LIMPIO (‘propre’), est issu du latin limpidus
désigne le séjour des âmes des justes avant la ‘clair, transparent’ et ‘pur, propre’ d’origine
mort et la Rédemption du Christ et celles des discutée. En espagnol, le traitement savant de
enfants morts sans baptême. Ce séjour était limpidus a donné límpido ‘limpide’.
considéré comme en bordure de l’enfer. Dérivés : LIMPIABOTAS ‘cireur de chaussures’.
LIMINAR, voir eliminar. LIMPIAR ‘nettoyer’. LIMPIEZA ‘nettoyage’,
LIMITACIÓN, voir límite. ‘propreté’, ‘ménage’ ; ‘pureté, intégrité’, ‘dé-
LIMITAR, voir límite. sintéressement’.
LÍMITE (‘limite’), est emprunté au latin limes, LINAJE, voir línea.
limitis ‘chemin bordant un domaine’, ‘sentier LINCE (‘lynx’), est emprunté au latin lynx lui-
entre deux champs’, ‘frontière, limite’, peut- même pris au grec lunx de même sens, peut-
être apparenté à limen ‘seuil’. En espagnol, être apparenté au grec leussein ‘voir’, leukos
limes a produit aussi la forme dite populaire ‘blanc, brillant’ et au latin lucere ‘luire’ à
linde (limitem > limide > limde > linde) avec cause de l’éclat des yeux de l’animal et de sa
le sens de ‘limite’, ‘bornes’, ‘lisière’, ‘orée vue perçante : ojos linces ou de lince ‘yeux de
(d’un bois)’. lynx’.
Dérivés : COLINDANTE ‘limitrophe, contigu’. LINCHAR (‘lyncher’), est emprunté à l’anglo-
COLINDAR ‘être contigu’ (littéralement ‘avoir américain to lynch ‘exécuter sommairement’,
une limite commune avec qqch’). DELIMITAR verbe formé d’après l’expression Lynch’s law
‘délimiter’, forme savante issue du latin tardif littéralement ‘loi de Lynch’, du nom du capi-
delimitare, par l’intermédiaire du français dé- taine William Lynch qui pratiqua le premier
limiter. DESLINDAR ‘borner, délimiter’, traite- ce genre de justice expéditive en Virginie à la
ment populaire du latin delimitare : delimidar fin du XVIIIe siècle.
> delimdar > delindar (deux dentales) > de- LINDAR, voir límite.
slindar, la forme des- marquant mieux la sé- LINDE, voir límite.
paration, la frontière. EXTRALIMITARSE ‘dé- LINDO (‘joli, beau’, ‘mignon, gentil’), est issu du
passer les bornes’. ILIMITADO ‘illimité’. LIMI- latin legitimus ‘établi par la loi’ (legitimum >
TACIÓN ‘limitation’. LIMITAR ‘limiter’, du la- leídimo > lídemo > lidmo > lindo). Le sens
tin limitare ‘marquer les limites d’un terri- originel de lindo est donc ‘légitime’ (muger
toire’. LIMÍTROFE ‘limitrophe’, du bas latin ju- linda = esposa legítima en vieil espagnol). Il
ridique limitrophus littéralement ‘relatif au signifiera ensuite ‘authentique’, ‘pur’, ‘noble’
territoire assigné aux soldats des frontières puis il prendra la valeur appréciative que nous
pour leur subsistance’, formé avec le latin lui connaissons aujourd’hui avec d’abord le
sens de ‘noble élégance’.
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LÍNEA (‘ligne’), est issu du latin linea substanti- LIRA (‘lyre’), est emprunté au latin lyra ‘instru-
vation au féminin de l’adjectif lineus, a, um ment à cordes’, ‘chant, poème lyrique’, ‘poé-
‘de lin’, dérivé de linum ‘lin’. Linea désigne à sie’, lui-même pris au grec lura de même sens.
l’origine un fil de lin puis, par extension, toute Dérivés : LÍRICO ‘lyrique’, du latin luricus
sorte de fil ou de corde. Par analogie de forme, pris au grec lurikos ‘propre à la lyre’. Les
ce terme s’appliquera à une ligne que l’on poètes antiques composaient des poèmes que
trace. Il désignera aussi, en latin impérial, les l’on déclamait en s’accompagnant de la lyre.
degrés de parenté (‘filiation, lignée, lignage’). LIRISMO ‘lyrisme’.
Espagnol moderne : línea caliente, calque de LÍRICO, voir lira.
l’anglais hot line, littéralement ‘ligne chaude’ LIRISMO, voir lira.
(parce qu’elle fonctionne sans arrêt) : ‘service LISIAR, voir lesión.
d’assistance téléphonique’. LISO (‘plat’, ‘uni, lisse’ ; ‘uni’ [sans motifs]),
Dérivés : ALINEAR ‘aligner’. ALIÑAR dérive de n’est pas d’origine bien établie. Peut-être du
l’ancienne forme liña (linea > linya > liña) et latin allisus ‘usé, élimé’ en parlant d’un tissu
a d’abord signifié ‘mettre en ligne’ d’où ‘ar- qui prend un aspect lisse à cause du frotte-
ranger, préparer’. ALIÑO ‘apprêt’, ‘parure, or- ment. Allisus (ou adlisus) est le participe passé
nement’, ‘propreté, correction’. DESALIÑO de adlidere ‘heurter’ (ad ‘vers, contre’ et lae-
‘négligence’, ‘laisser-aller, négligé’. LINAJE dere ‘frapper’).
‘lignée, souche, lignage’, peut-être du catalan LISONJA (‘flatterie’), d’abord attesté sous la
llinatge de même sens. forme losenja, est emprunté à l’occitan ancien
LINGOTE (‘lingot’), est emprunté au français lauzenja, issu du bas latin laudemia ‘louange’
lingot lui-même probablement pris à l’anglais (de laudare ‘louer’).
ingot ‘moule dans lequel on coule une masse Dérivés : LISONJEAR ‘flatter’.
de métal’ et ‘masse de métal’ : le ingot > LISONJEAR, voir lisonja.
l’ingot > lingot (agglutination de l’article le). LISTA (‘rayure’ ; ‘liste’), est issu d’un germa-
L’origine de ingot n’est pas bien établie. nique *lista ‘bordure, bande, lisière’ puis
LINGÜÍSTICA, voir lengua. ‘rayure’ et enfin , peut-être par l’intermédiaire
LINO, voir línea. de l’italien lista, ‘suite de noms ou de choses
LINTERNA (‘lanterne’, ‘lampe de poche’), est inscrites les unes après les autres’. On peut
emprunté au latin lanterna lui-même pris au aussi simplement penser que le sens de
grec lamptêr ‘flambeau’, ‘lampe’, du verbe ‘rayures (d’un vêtement, d’une étoffe)’ a don-
lampein ‘briller’. Le i de linterna vient de ce né par analogie de forme celui de ‘liste’
que la lumière se trouve enfermée à l’intérieur (rayures, lignes, colonnes, série de noms).
(interno, a). Dérivés : ALISTAR(SE) ‘(s’) enrôler’, ‘(s’) en-
LÍO, voir ligar. gager’, littéralement ‘(se) mettre sur les listes
LIOFILIZAR (‘lyophiliser’), est formé à partir (de l’armée)’. LISTADO ‘rayé’ et, en informa-
des éléments d’origine grecque lio- tiré de tique, ‘listing’.
luein ‘dissoudre’, ‘délier’ et -filo marquant LISTO (‘vif’, ‘intelligent’ ; ‘prêt’), n’est pas
une disposition, une tendance ou une affinité d’origine bien établie. Joan Corominas sug-
(café liofilizado ‘café lyophilisé’). gère un latin vulgaire *lexitus issu de legere
LIQUIDAR, voir líquido. ‘recueillir, ramasser’, ‘choisir’ et ‘lire’ (voir
LÍQUIDO (‘liquide’) est emprunté au latin liqui- leer) d’où le sens de ‘choisi’ ou ‘qui sait choi-
dus ‘clair, limpide, transparent’ et ‘qui coule, sir’ et ‘avisé, intelligent’.
fluide’, dérivé de liquere ‘être clair ou li- LITERAL, voir letra.
quide’. LITERARIO, voir letra.
Dérivés : LIQUIDACIÓN ‘liquidation’ (com- LITERATURA, voir letra.
merce). LIQUIDAR ‘liquider, solder’, ‘régler, LITIGIO, voir lid.
payer (une dette)’, ‘résoudre , mettre fin’ ; LITOGRAFÍA (‘lithographie’), est formé avec les
(familier) ‘liquider, tuer’, est emprunté au bas éléments grecs lithos ‘pierre’ et -graphia (de
latin liquidare ‘rendre fluide’. L’acception fi- graphein ‘écrire’). La lithographie est le pro-
nancière vient de l’italien liquidare. De même, cédé qui consiste à reproduire par impression
líquido au sens de ‘disponible’ en parlant un dessin tracé sur une pierre de grain très fin.
d’argent, est un emprunt à l’italien.
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Par métonymie, on dira ‘une lithographie’ métonymie, ce mot a fini par désigner les
c’est-à-dire la gravure obtenue. ‘personnes fréquentant les couloirs d’une as-
LITORAL (‘littoral’ [adjectif et substantif]), est semblée législative pour influencer ses
emprunté au latin littoralis ‘du rivage, du membres’ ou, plus généralement, un ‘groupe
bord’, dérivé de litus, litoris ‘rivage de la de personnes représentant des intérêts particu-
mer’. liers’. En espagnol, cet anglicisme est assez
LITOTE (‘litote’), est emprunté au bas latin souvent remplacé par grupo de presión.
litotes lui-même pris au grec litotês ‘simplici- LOBO (1) (‘loup’), est issu du latin lupus de
té’, ‘absence d’apprêt’ et, en rhétorique, ‘fi- même sens. L’ancien français leu a survécu
gure qui laisse entendre plus qu’on ne dit’, dé- dans à la queue leu leu.
rivé de litos ‘simple’. LOBO (2) (‘lobe’), est emprunté au grec lobos
LITRO (‘litre’) est emprunté au français litre lui- ‘lobe du foie, de l’oreille’ et ‘cosse, gousse’.
même dérivé du moyen français litron (ou li- Dérivés : LÓBULO ‘lobe’.
teron), nom d’une ancienne mesure de capaci- LÓBREGO (‘obscur, ténébreux’), est d’origine
té (0,813l), issu du latin médiéval litra ‘me- incertaine. Peut-être du latin lubricus ‘glis-
sure pour les liquides’, emprunté au grec litra sant’, ‘qui s’échappe, mal assuré’ puis, au fi-
‘livre de douze onces’. Le mot litre apparaît guré, ‘incertain, dangereux’ et enfin ‘qui
avec l’instauration du système métrique sous tombe dans le péché’ (français lubrique). En
la Révolution (1795) : millilitre / millimètre ; espagnol, le glissement de sens vers ‘obscur,
décilitre / décimètre ; centilitre / centimètre ténébreux’ s’est sans doute opéré par l’idée de
etc. péché associée aux forces obscures du mal.
LITURGIA (‘liturgie’), est emprunté au latin LÓBULO, voir lobo.
chrétien liturgia ‘service de Dieu’, lui-même LOCAL, voir lugar.
pris au grec leitourgia ‘service public’ (rendu LOCALIDAD, voir lugar.
par les citoyens aisés), formé avec leitos ‘pu- LOCALIZACIÓN, voir lugar.
blic’ (laos ‘peuple’) et -ourgia, suffixe se rat- LOCALIZAR, voir lugar.
tachant à ergon ‘énergie’, ‘travail’, ‘œuvre’. LOCIÓN, voir lavar.
LIVIANO, voir leve. LOCK-OUT (‘lock-out’), est emprunté à l’anglais
LIVIDEZ, voir lívido. lock-out ‘fermeture d’une entreprise ou d’un
LÍVIDO (‘livide’), est emprunté au latin lividus atelier par le patron afin de faire pression sur
‘bleuâtre’, ‘noirâtre’ et ‘envieux’, dérivé de li- le personnel en grève’. Cette longue traduction
vere ‘être de couleur bleuâtre, de plomb’ et explique pourquoi le français préfère la conci-
‘être blême de jalousie’, ‘envieux’. Le sens sion du mot anglais ! Lock-out est dérivé de to
originel (‘bleuâtre’) n’a pas survécu et, par lock out ‘fermer sa porte à qqn’, formé avec to
une sorte de contresens, le mot désigne au- lock ‘fermer’ (français loquet) et out ‘hors de’.
jourd’hui une pâleur terne en parlant de la L’espagnol remplace souvent cet anglicisme
peau, peut-être par association avec ‘pâle’ par cierre patronal, littéralement ‘fermeture
(pálido). Dans le vocabulaire médical, ‘lividi- du patron’.
té’ (lividez) désigne encore une coloration LOCO (‘fou’), est peut-être issu de *laucu qui
violacée de la peau (lividité cadavérique). serait la latinisation de l’arabe láuqa de même
LIZA (‘lice’, ‘champ clos’ ; ‘combat’), est issu du sens.
francique *lista ‘bordure, bande’ (voir lista). Dérivés : ENLOQUECER ‘rendre fou’. LOCURA
LOAR (‘louer, faire l’éloge de’), est issu du latin ‘folie’.
laudare de même sens, dérivé de laus, laudis LOCOMOTORA, voir lugar.
‘éloge’. Le sens primitif de laudare était ‘fait LOCUAZ (‘loquace’), est emprunté au latin lo-
de citer, de nommer’ en particulier dans le rite quax, loquacis ‘bavard’, dérivé de loqui ‘par-
funéraire (dernier appel adressé à un mort et ler’.
éloge funèbre). Dérivés : CIRCUNLOCUCIÓN ‘circonlocution’,
Dérivés : LAUDATORIO ‘laudatif, élogieux’. du latin circumlocutio ‘détour de langage’
LOBBY (‘lobby’), est emprunté à l’anglais lobby (circum ‘autour’ et locutio ‘action, manière de
‘allée couverte dans un monastère’ puis ‘cou- parler’). COLOQUIO ‘colloque’, du latin collo-
loir’ et, en particulier, ‘couloir, hall ouvert au qium ‘entretien, discussion’, dérivé de collo-
public dans une assemblée législative’. Par qui littéralement ‘parler avec’. ELOCUCIÓN
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COMOTORA ‘locomotive’, est adapté de sacré à la lune’, devenu *lune puis lunes par
l’anglais locomotive lui-même pris au latin lo- analogie avec martes, jueves et viernes (le -s
comotivum ‘faculté de se déplacer (d’un lieu à de miércoles est lui aussi analogique).
un autre)’, formé avec loco ablatif de locus LUNAR, voir luna.
‘lieu’ et motivum, us, a ‘relatif au mouvement, LUNÁTICO, voir luna.
mobile’, issu de motum supin de movere ‘se LUNES, voir luna.
mouvoir’. LUPA (‘loupe’), est emprunté au français loupe
LUGARTENIENTE, voir tener. ‘pierre précieuse présentant un défaut de
LÚGUBRE, voir luto. transparence’, ‘masse de fer informe’, ‘kyste
LUJO (‘luxe’), est emprunté au latin luxus ‘excès de la peau’ et enfin, par analogie de forme,
dans la manière de vivre splendeur, faste’ et ‘instrument d’optique’. Ce mot est d’origine
‘débauche’. Ce mot est peut-être apparenté à très incertaine, il est soit de formation expres-
l’adjectif luxus ‘mis de travers’ (se luxer une sive, soit issu du francique *luppa ‘masse in-
épaule en français) d’où ‘fait de pousser de forme d’une matière caillée’. Il est possible
travers’ puis ‘fait de pousser avec excès’. que le latin lupus ‘ulcère, boursouflure’ soit à
Dérivés : LUJOSO ‘luxueux’. LUJURIA l’origine du sens médical de loupe (‘kyste’).
‘luxure’, du latin luxuria ‘exubérance, sura- LUPANAR (‘lupanar’) est emprunté au latin
bondance’ et, dans la langue de l’Église ‘dé- lupanar ‘lieu de débauche, maison de prostitu-
bauche’. LUJURIANTE ‘luxuriant’ et ‘luxu- tion’, dérivé de lupa ‘louve’ et ‘prostituée’.
rieux’. LUJURIOSO ‘luxurieux, lascif’. LUSTRAR, voir lustre.
LUJOSO, voir lujo. LUSTRE (‘lustre, brillant’ ; [figuré] ‘lustre,
LUJURIA, voir lujo. éclat’), est emprunté, par l’intermédiaire du
LUJURIANTE, voir lujo. catalan llustre, à l’italien lustro ‘éclat, lumino-
LUJURIOSO, voir lujo. sité’ et ‘gloire, renommée’, tiré de lustrare
LUMBAGO, voir lomo. ‘éclairer, illuminer’ et ‘rendre illustre’.
LUMBAR, voir lomo. L’italien lustrare est lui-même emprunté au
LUMBRE (‘feu’ [cheminée etc.] ; ‘lumière, clar- latin lustrare probablement tiré de *lustrum
té’), est issu du latin lumen ‘lumière ‘lumière’, dérivé non attesté de lux, lucis ‘lu-
(d’éclairage)’, ‘flambeau, lampe’, ‘jour, ou- mière’.
verture par où passe la lumière’ et, au figuré, Dérivés : ILUSTRACIÓN ‘illustration’ ; ‘ins-
‘éclat’, ‘ornements de style’. truction, connaissance’ ; ‘esprit philoso-
Dérivés : ALUMBRADO (adjectif et substantif) phique’ (au XVIIIe siècle, le Siècle des lu-
‘éclairé’ et ‘éclairage’. ALUMBRAR ‘éclairer’. mières). ILUSTRAR ‘illustrer’ ; ‘rendre cé-
DESLUMBRAR ‘éblouir, aveugler’. ILUMINAR lèbre’ ; ‘éclairer, instruire’. ILUSTRE ‘illustre,
‘illuminer’. VISLUMBRAR ‘apercevoir, entre- célèbre’, du latin illustris ‘bien en lumière,
voir’, formé avec bis- ‘deux fois’ : c’est l’idée éclairé’, ‘éclatant’ et ‘bien en vue, brillant’,
d’un objet renvoyant deux images et que l’on formé avec il- (variante de in- ‘dans’) et
perçoit mal d’où ‘entrevoir’. *lustrum ‘éclat’. LUSTRAR ‘lustrer, donner de
LUNA (‘lune’), est issu du latin luna probable- l’éclat’, ‘cirer (les chaussures)’.
ment dérivé d’une forme *leik-s-na littérale- LUSTRO (‘lustre’ [cinq ans]), est emprunté au
ment ‘la lumineuse’, où *leik- représente la latin lustrum ‘sacrifice expiatoire pratiqué tous
racine indoeuropéenne signifiant ‘éclairer, être les cinq ans’, mot d’origine incertaine.
lumineux’ (voir leuco-). LUTO (‘deuil’), est emprunté au latin luctus de
Dérivés : LUNAR (adjectif et substantif) ‘lu- même sens, dérivé de lugere ‘se lamenter, être
naire’ et ‘grain de beauté’ par analogie de en deuil’, ‘pleurer (qqn, sur qqch)’.
forme avec la lune qui, selon les croyances as- Dérivés : ENLUTAR ‘endeuiller’. LÚGUBRE
trologiques, pouvait provoquer la formation de ‘lugubre’, du latin lugubris ‘sinistre, plaintif’,
taches de naissance sur la peau. LUNÁTICO ‘de deuil’, dérivé de lugere (voir ci-dessus).
‘lunatique’, du bas latin lunaticus ‘qui ne dure LUZ (‘lumière’), est issu du latin lux, lucis ‘lu-
qu’un mois’ et ‘qui vit dans la lune’, ‘ma- mière du jour’ considérée à l’origine comme
niaque’, ‘épileptique’, ‘fou (périodiquement force agissante et divinisée. Lumen désignait
selon les phases de la lune)’. LUNES ‘lundi’, du plutôt un moyen d’éclairage (voir lumbre).
latin lunae (dies) ‘jour de la lune’, ‘jour con-
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Dérivés : CONTRALUZ ‘contre-jour’. ELUCI- diéval, ‘faire appel à une autorité judiciaire’.
DAR ‘élucider’. ELUCUBRACIÓN ‘élucubra- Le traitement savant de clamare a produit
tion’, du bas latin elucubratio ‘travail fait de clamar en espagnol : clamar su inocencia
nuit’, dérivé de elucubrare ‘composer à force ‘clamer son innocence’ ; clamar venganza
de veilles’, formé avec ex (à valeur intensive) ‘crier vengeance’ ; clamar a Dios ‘implorer
et lucubrare ‘travailler à la lueur d’une lampe’ Dieu’.
(lucubrum ‘petite lumière’). La valeur étymo- Dérivés : ACLAMAR ‘acclamer’. CLAMOR
logique de elucubración (c’est-à-dire ‘ou- ‘clameur’. DECLAMAR ‘déclamer’. EXCLAMAR
vrage composé à la suite d’un travail prolongé ‘s’exclamer’, formé avec ex à valeur intensive.
[tard dans la nuit]’) a disparu et le mot a pris LLAMADA ‘appel’, participe passé substantivé
un sens péjoratif (‘théorie, œuvre, pensée la- au féminin de llamar (llamada telefónica
borieuse et peu sensée’). LUCERO ‘étoile bril- ‘appel téléphonique ; llamada de la selva
lante’, ‘étoile du berger, Vénus’. LUCIÉRNAGA ‘appel de la forêt’). LLAMATIVO ‘criard,
‘ver luisant’, dérivé du latin lucerna ‘lampe’. voyant’. PROCLAMAR ‘proclamer’, du latin
LUCIFER, est emprunté au latin lucifer ‘qui ap- proclamare ‘crier fortement’, ‘réclamer, pro-
porte la lumière’, formé avec luci- tiré de lux tester à haute voix’, ‘plaider bruyamment’,
‘lumière’ et -fer de ferre ‘porter’. Lucifer dé- formé avec pro- ‘avant, devant’, ‘sur le devant
signe, dans la tradition chrétienne, le prince de’, ‘pour’ (avec l’idée de défense, de protec-
des démons déchu du ciel. LUCIDO ‘brillant’, tion, dans l’intérêt de, à cause de). RECLAMAR
‘élégant’. LÚCIDO ‘lucide’. LUCIR(SE) ‘briller, ‘réclamer’, avec le préfixe re- à valeur inten-
luire’ ; ‘se parer, se faire beau’, ‘se distinguer, sive et itérative (‘appeler plusieurs fois à
briller’. TRASLUCIRSE ‘être translucide’, ‘ap- grands cris’).
paraître, se voir par transparence’ ; ‘se mani- LLAMARADA, voir llama (1).
fester, apparaître, se deviner, transparaître’. LLAMATIVO, voir llamar.
LLANEZA, voir llano.
LLANO ([adjectif] ‘plat’ ; [figuré] ‘simple’,
LL ‘affable’ ; [phonétique] ‘grave’, ‘paroxyton’ ;
[substantif] ‘plaine’), est issu du latin planus
‘égal, uni, plat’. Planus est également à
LLAGA (‘plaie’), est issu du latin plaga ‘coup’ et l’origine de la forme savante plano ‘plat’,
‘blessure qui en résulte’, dérivé de plangere ‘plan’ (voir ce mot). Le sens figuré ‘simple’,
‘frapper’. Le traitement savant du latin plaga a ‘affable’, ‘familier’ vient du fait qu’une sur-
produit plaga ‘plaie, fléau, calamité’. face plane ne présente pas d’obstacles,
LLAMA (1) (‘flamme’), est issu du latin flamma d’aspérités (a la pata la llana ou a la llana ‘à
‘flamme, feu’ (au propre et au figuré), à ratta- la bonne franquette’, ‘sans façons’). Quant à
cher à une racine indoeuropéenne *bhleg- si- l’acception phonétique de llano (‘grave’ ou
gnifiant ‘briller’. ‘paroxyton’) c’est-à-dire mot accentué sur
Dérivés : FLAMANTE ‘brillant, resplendissant’, l’avant-dernière syllabe (sombrero), elle peut
‘flambant neuf’, est emprunté à l’italien fiam- s’expliquer dans la mesure où l’articulation de
mante de même sens. FLAMEAR ‘flamber’ ; ce type de mot apparaît un peu plus égale que
‘battre, ondoyer, flotter’ (drapeau etc.). celle des mots dits agudos (‘aigus’, ‘oxytons’)
FLAMÍGERO ‘flamboyant’ (gótico flamígero où la voyelle finale est très allongée. On com-
‘gothique flamboyant’, ainsi nommé à cause parera les différences de durée des voyelles
des formes ondulées de certains ornements (exprimées en centièmes de seconde) entre
d’architecture). Flamígero est formé avec paso mot llano (a = 10,8 et o = 10,8) et coral
flamma et le verbe gerere au sens de ‘pro- mot dit agudo (o = 7,2 et a = 13,5). Voir à ce
duire’, littéralement ‘qui produit des sujet, Tomás Navarro Tomás, Manual de en-
flammes’. LLAMARADA ‘flambée’ (au propre tonación española, Méjico, Málaga, 1966.
et au figuré). Dérivés : ALLANAMIENTO ‘aplanissement’ (au
LLAMA (2) (‘lama’), est issu du quechua llama. propre et au figuré) et, en droit, ‘violation’
LLAMADA, voir llamar. dans allanamiento de morada ‘violation de
LLAMAR (‘appeler’), est issu du latin clamare domicile’. EXPLANADA ‘esplanade’, de
‘pousser des cris’, ‘proclamer’ et, en latin mé- l’italien spianata ‘espace libre devant le glacis
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d’une fortification’, participe passé substanti- ad-ripa-are. L’espagnol connaît aussi la forme
vé de spianare ‘aplanir’, du latin vulgaire arribar ‘accoster’.
*explanare dérivé de planus. LLANEZA ‘sim- Dérivés : ALLEGADO ‘proche de’ (en círculos
plicité, franchise’. LLANURA ‘plaine’. PLANA allegados a la presidencia ‘dans les milieux
‘page’, féminin substantivé de l’adjectif pla- proches de la présidence’). LLEGADA ‘arrivée’.
no, a ‘plat, plan’ et utilisé principalement dans LLENAR, voir lleno.
l’édition : en primera plana ‘en première LLENO (‘plein’), est issu du latin plenus ‘com-
page, à la une (d’un journal)’ ; a toda plana plet, entier, abondant’, dérivé de plere ‘em-
‘sur toute la page’. PLANICIE ‘plaine’, ‘pla- plir’. Le traitement savant de plenus a produit
teau’, du latin planities (ou planitia) ‘surface pleno en espagnol (a plena luz ‘en pleine lu-
plane’, ‘pays plat’, ‘plaine’. mière’ ; en pleno invierno ‘en plein hiver’ ;
LLANTA (‘jante’), est emprunté au gascon yante pleno empleo ‘plein emploi’).
lui-même pris au français jante issu d’un bas Dérivés : LLENAR ‘remplir’. PLENAMAR ‘ma-
latin *cambita emprunté au gaulois *cambita rée haute, pleine mer’. PLENILUNIO ‘pleine
‘cercle de bois formant la périphérie d’une lune’. PLENIPOTENCIARIO, A ‘plénipoten-
roue’, tiré de cambo ‘courbe’. tiaire’, formé avec plenus et potentia ‘puis-
LLANTO (‘pleurs’, ‘larmes’), est issu du latin sance’ (se dit d’un agent diplomatique muni
planctus ‘action de frapper avec bruit’, ‘coup’, des pleins pouvoirs). PLENITUD ‘plénitude’.
‘battement’, ‘action de se frapper dans la dou- PLÉTORA ‘pléthore’, est emprunté au grec mé-
leur’, ‘douleur bruyante, lamentations’. Planc- dical plêthorê ‘surabondance de sang ou
tus est dérivé de plangere ‘frapper’ et ‘se d’humeurs’, dérivé de plêthein ‘être plein,
frapper la poitrine en signe de deuil’, ‘se la- rempli’, lui-même tiré de plêthos ‘grande
menter sur qqn, sur qqch’, ‘compatir’ et ‘pleu- quantité’, ‘foule’, mot appartenant à la racine
rer’. indoeuropéenne *ple- ‘être plein’ (latin plenus
LLANURA, voir llano. et plus). RELLENAR ‘remplir’ (rellenar un
LLAVE (‘clef’), est issu du latin clavis ‘clef’, formulario ‘remplir un formulaire’), ‘farcir’,
‘loquet, barre’, à rattacher à un groupe de mots ‘rembourrer’, ‘combler, boucher’.
dont la base est clau- et qui expriment l’idée LLEVAR, voir levar.
de ‘fermeture’ (claustro ‘cloître’). Le traite- LLORAR (‘pleurer’), est issu du latin plorare ‘se
ment savant de clavis a donné clave dont les plaindre’, ‘pousser des cris de douleur’, mot
emplois sont figurés : ‘explication, clé’ (la sans doute d’origine expressive devenu, dans
clave del enigma ‘la clé de l’énigme’), ‘code’ la langue populaire, synonyme de lacrimare
(escribir en clave ‘écrire en code’), ‘impor- ‘verser des larmes’.
tant’ (posición clave ‘position clef’). Dérivés : DEPLORAR ‘déplorer’, ‘regretter’, du
Dérivés : CLAVÍCULA ‘clavicule’, du latin cla- latin deplorare ‘gémir, se lamenter’, formé
vicula, littéralement ‘petite clef’, diminutif de avec de à valeur intensive. IMPLORAR ‘implo-
clavis ‘clef’ par analogie de forme (os en rer’. LLORIQUEAR ‘pleurnicher’.
forme d’S très allongé). Le traitement dit po- LLORIQUEAR, voir llorar.
pulaire de clavicula est clavija ‘cheville (en LLOVER (‘pleuvoir’), est issu du latin vulgaire
bois, en métal)’, ‘fiche (électrique)’. LLAVERO plovere qui coexistait avec pluere, verbe ‘per-
‘porte-clefs’. sonnel’ (caelum pluit, littéralement ‘le ciel
LLAVERO, voir llave. pleut’, ‘il pleut’).
LLEGADA, voir llegar. Dérivés : LLOVIZNA ‘bruine, crachin’. LLUVIA
LLEGAR (‘arriver’), est issu du latin vulgaire ‘pluie’, du latin pluvia de même sens, féminin
plicare tiré du latin classique applicare ‘appli- substantivé de pluvius ‘pluvial’, ‘de pluie’.
quer, mettre contre’ et, en parlant d’un navire LLUVIOSO ‘pluvieux’. PLUVIAL ‘pluvial’, du
(applicare navem), ‘diriger vers’ d’où ‘(faire) latin pluvialis ‘de pluie’, ‘produit par la pluie’.
aborder’. Par extension de sens, on est passé à PLUVIOMETRÍA ‘pluviométrie’, formé avec
‘arriver en un lieu’ (quel que soit le moyen de pluvio- tiré de pluvia.
transport utilisé). On notera que le français a LLOVIZNA, voir llover.
opéré de la même manière avec le verbe arri- LLUVIA, voir llover.
ver : ar-rive-er = ‘toucher la rive’ ; latin LLUVIOSO, voir llover.
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fabriquer les charpentes d’où ‘bois de char- dique’. Le mot est ensuite passé dans l’usage
pente’, ‘bois de construction’ et enfin, par ex- général au sens d’ « inscription sur une liste »
tension sémantique, ‘toute espèce de maté- (matrícula de un coche ‘numéro
riaux’, ‘matière’ (espagnol materia). Au figu- d’immatriculation d’une voiture’). Voir plus
ré, materia ou masa gris ‘matière grise’. bas matriz. MATRIMONIO ‘mariage’, ‘mé-
Dérivés : MADERAMEN ‘charpente’. MADERO nage’ (mari et femme), du latin matrimonium
‘madrier’, ‘pièce de bois’. MATERIAL ‘maté- de même sens, dérivé de mater d’après le mo-
riel’ (adjectif et substantif) ; ‘matériau’, du la- dèle de patrimonium ‘bien de famille’. MA-
tin materialis ‘constitué de matière’. TRIZ ‘matrice’ et ‘mère’ dans casa matriz
MADONA (‘madone’), est emprunté à l’italien ‘maison mère’, du latin matrix, matricis ‘ma-
madonna, appellatif de respect envers les trice’, ‘femelle pleine’, ‘arbre qui produit des
femmes, formé avec mia ‘ma’ et donna rejetons’, ‘souche’ et ‘registre’. METRÓPOLI
‘dame’ (espagnol dueña). Madona est à ‘métropole’, est emprunté au bas latin metro-
l’origine la désignation de la Vierge Marie, le polis ‘capitale d’une province’ puis ‘ville
mot s’est ensuite spécialisé comme terme d’art principale’, ‘capitale’, lui-même pris au grec
en peinture et en sculpture (‘peindre une ma- mêtropolis littéralement ‘ville mère’, formé
done’). avec mêtêr, mêtros ‘mère’ (latin mater) et po-
MADRASTA, voir madre. lis ‘ville’. METRO ‘métro’ représente
MADRE (‘mère’), est issu du latin mater ‘mère’, l’abréviation de (ferrocarril) metro(politano)
‘branche mère, tronc principal’, ‘cause, ori- ‘chemin de fer métropolitain’. Il est possible
gine, source d’une chose, d’un phénomène’. qu’il s’agisse d’un calque de l’anglais metro-
Dérivés : COMADRE ‘sage-femme’, ‘accou- politan railway.
cheuse’ ; ‘marraine’ ; ‘entremetteuse’ ; ‘com- MADRIGUERA, voir madre.
mère’, ‘personne bavarde’, du bas latin com- MADRINA, voir madre.
mater littéralement ‘mère avec’, ‘seconde MADRUGADA, voir madrugar.
mère’ c’est-à-dire ‘marraine’, formé avec cum MADRUGAR (‘se lever de bonne heure’), d’abord
‘avec’ et mater ; concurrencé par la forme po- attesté sous la forme madurgar, est issu du la-
pulaire matrina (espagnol madrina). tin vulgaire *maturicare dérivé de maturare
L’espagnol a développé le sens de ‘qui est ‘faire mûrir, amener à son terme’. Maturare
avec la mère (au moment de l’accouchement)’ est tiré de maturus ‘qui se produit au bon mo-
c’est-à-dire ‘sage-femme’. COMADREJA ‘be- ment, à l’heure favorable’ et ‘qui se produit de
lette’, appellatif affectueux que les paysans bonne heure’ d’où, en espagnol, l’acception
ont donné à cet animal carnassier afin de ‘se lever tôt’ pour madrugar. Voir aussi ma-
l’apprivoiser et de le détourner des poulail- duro.
lers ! Le français a procédé de la même façon Dérivés : MADRUGADA ‘aube, petit matin’.
(par antiphrase propitiatoire) : belette = ‘belle MADURAR, voir maduro.
petite (bête)’. DESMADRAR(SE) ‘sevrer (un MADUREZ, voir maduro.
animal)’ et, à la voix pronominale, ‘dépasser MADURO (‘mûr’), est issu du latin maturus ‘qui
les bornes’, ‘ne plus connaître de limites’. se produit au bon moment, à l’heure favo-
MADRASTA ‘marâtre, belle-mère’. MADRIGUE- rable’ d’où ‘qui est à son plein développe-
RA ‘terrier, tanière’ ; ‘repaire’. MADRINA ‘mar- ment’, ‘mûr’. L’autre acception de maturus est
raine’ (voir plus haut comadre). MATERIA, ‘qui se produit de bonne heure’ d’où ‘hâtif’,
voir madera. MATERNAL et MATERNO ‘ma- ‘précoce’. Maturus fait partie d’une famille de
ternel’ (maternal = ‘semblable à la mère’ ; mots formés sur le radical indoeuropéen ma-
materno = ‘propre, inhérent à la mère’). Por ‘bon’ que l’on retrouve dans matutinus ‘mati-
línea materna ‘du côté maternel’. MATERNI- nal’, Matuta ‘déesse de l’aurore’ et mane ‘le
ZADO ‘maternisé’ (leche maternizada ‘lait matin’, ‘de bonne heure’ (voir mañana).
maternisé’). MATRÍCULA ‘matricule’, ‘imma- Dérivés : MADURAR ‘mûrir’. MADUREZ ‘matu-
triculation’, ‘inscription’ (université), est em- rité’. PREMATURO (adjectif et substantif)
prunté au bas latin matricula, diminutif de ma- ‘prématuré’.
trix au sens de ‘registre (d’une église)’, ‘liste MAESTRÍA, voir maestro.
des pauvres secourus par une église’, ‘liste des MAESTRO (‘maître’ ; ‘maître d’école’), est issu
clercs percevant une rémunération pério- du latin magister ‘chef, maître’, sans doute dé-
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rivé de magis ‘plus’ c’est-à-dire ‘celui qui est tir du grec magnês ‘aimant’ et phônê ‘son de
plus (que les autres)’. la voix’ et ‘son’ en général. MAGNETOSCOPIO
Dérivés : AMAESTRAR ‘dresser’ (perro ‘magnétoscope’ est très peu usité (voir vídeo).
amaestrado ‘chien dressé’). MAESTRÍA MAGNÍFICO, voir magno.
‘maestria’. MAGISTRADO ‘magistrat’, du latin MAGNITUD, voir magno.
magistratus populi, littéralement ‘maîtrise (du MAGNO (‘grand’), est issu du latin magnus
peuple)’ d’où ‘charge de magistrat’ et ‘magis- ‘grand’ (par la force, la noblesse), épithète
trat’. MAGISTRAL ‘magistral’. MISTRAL ‘mis- laudative réservée aux grands personnages
tral’, est emprunté à l’ancien provençal maes- d’où, en espagnol, Alejandro Magno
tral (équivalent français : magistral) ‘vent ‘Alexandre le Grand’, Carlos Magno ‘Char-
maître’, du bas latin magistralis ‘du maître’. lemagne’.
MAFIA (‘maf[f]ia’), est emprunté au sicilien Dérivés : MAGNÁNIMO ‘magnanime’, du latin
mafia ‘société secrète’ dont l’origine est très magnanimus ‘qui montre de la grandeur
discutée. Peut-être de l’arabe mahjas signifiant d’âme’, formé avec magnus et animus ‘âme,
‘vantardise’. D’autres explications ont été esprit’. MAGNATE ‘magnat’, du latin magnates
proposées : expression signifiant ‘protection ‘les grands, les puissants’, pluriel formé sur
des faibles’, nom d’une région riche en ca- magnus. MAGNÍFICO ‘magnifique’, du latin
vernes dans les environs de Trapani (le mot magnificus, littéralement ‘qui fait de grandes
apparaît en effet en 1838 dans un rapport de la choses’, formé avec magnus et facere ‘faire’.
police de Trapani). MAGNITUD ‘grandeur’, ‘taille’ ; (figuré) ‘im-
Dérivés : MAFIOSO ‘mafioso’, ‘mafieux’. portance, grandeur’, ‘envergure’, du latin ma-
MAGDALENA (‘Madeleine’ [prénom] ; ‘made- gnitudo ‘grandeur, étendue’, dérivé de ma-
leine’ [biscuit]), est tiré du prénom Magdale- gnus.
na, issu du latin chrétien Maria Magdalena MAGO (‘mage’ ; ‘magicien’), est emprunté au
c’est-à-dire Marie de Magdala (en Galilée), latin magus ‘prêtre chez les anciens Perses’,
pécheresse repentante de la Bible (estar hecho ‘magicien, sorcier’, lui-même pris au grec ma-
una Magdalena / llorar como una Magdale- gos ‘sorcier, charlatan’. Magos est issu du
na ‘pleurer comme une Madeleine’). Quant au vieux perse magu ‘prêtre’.
nom du gâteau (1769, gâteau à la Madeleine Dérivés : MAGIA ‘magie’, du latin magia, em-
ou gâteau madeleine), il vient probablement prunté au grec mageia ‘religion des mages
du prénom de celle qui en inventa la recette perses’ et ‘sorcellerie’. MÁGICO ‘magique’.
(Madeleine Paulmier). MAGRO (‘maigre’), est issu du latin macer ‘ché-
MAGIA, voir mago. tif, mince, maigre’ et ‘peu productif’ (terrain).
MÁGICO, voir mago. Ce mot n’est utilisé aujourd’hui que dans
MAGÍN, voir imagen. carne magra ‘viande maigre’.
MAGISTRADO, voir maestro. Dérivés : MACILENTO ‘émacié, hâve’, du latin
MAGISTRAL, voir maestro. macilentus de même sens.
MAGMA (‘magma’), est emprunté au latin mag- MAGULLADURA, voir magullar.
ma ‘résidu d’un parfum’, lui-même pris au MAGULLAR (‘meurtrir’, ‘contusionner’), est issu
grec magma ‘masse pétrie, onguent’ (mattein probablement du latin maculare ‘marquer’,
‘pétrir’). Le mot est passé dans le vocabulaire ‘tacher’, ‘salir, souiller’ dérivé de macula
de la géologie et de la volcanologie à la fin du ‘tache (sur la peau)’ d’où, en espagnol, ‘causer
XIXe siècle. des meurtrissures’. Le latin maculare a donné
MAGNÁNIMO, voir magno. magular sans doute croisé ensuite avec abol-
MAGNATE, voir magno. lar ‘bosseler, cabosser’ > magullar.
MAGNÉTICO (‘magnétique’), est emprunté au Dérivés : MAGULLADURA ‘meurtrissure’.
bas latin magneticus ‘relatif à l’aimant’ issu de MAILLOT ([sport, gallicisme] ‘maillot’), terme
magnes (lapis) ‘(pierre d’) aimant’, calque du utilisé uniquement dans le vocabulaire du cy-
grec magnês (lithos), littéralement ‘pierre de clisme dans maillot amarillo ‘maillot jaune’
Magnésie’ du nom de la ville d’Asie Mineure, et emprunté au français moderne maillot lui-
Magnesia, réputée pour ses minerais aimantés. même issu de l’ancien français maillol ‘bande
Dérivés : MAGNETISMO ‘magnétisme’. MA- de linge enveloppant le corps des nouveau-
GNETÓFONO ‘magnétophone’ est formé à par- nés’ et dérivé de maille. Maille est issu du la-
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tin macula ‘tache (sur la peau)’ et ‘maille de MALECÓN (‘jetée, digue’), est d’origine discu-
filet’ parce que les taches ou zébrures sur la tée. Peut-être, par l’intermédiaire du moza-
peau de certains animaux peuvent faire penser rabe, d’un latin vulgaire *muriconem dérivé
à une sorte de maillage. de murex ‘rocher pointu’. Il est possible aussi
MAÍZ (‘maïs’), est emprunté au taino mahís, que malecón soit un dérivé de Málaqa nom
langue des indiens Arouaks d’Haïti. arabe de Málaga dont les digues étaient impo-
Dérivés : MAIZAL ‘champ de maïs’. santes (suffixe augmentatif -ón).
MAIZAL, voir maíz. MALÉFICO, voir malo.
MAJA, voir majo. MALESTAR, voir estar.
MAJADERO, voir majar. MALETA (‘valise’), est emprunté à l’ancien
MAJAR (‘piler, broyer’ ; ‘embêter, assommer’), français malete (aujourd’hui mallette), dimi-
provient de l’ancienne forme majo ‘marteau nutif de malle issu du francique *malha ‘sac
en fer’, issue du latin malleus ‘marteau’, de voyage’, ‘besace, sacoche’.
‘maillet’. Dérivés : MALETERO ‘coffre à bagages’. MA-
Dérivés : MAJADERO ‘sot, imbécile’, mot qui LETÍN ‘mallette’, ‘trousse’.
signifiait à l’origine ‘pilon’ et qui a fini par MALETERO, voir maleta.
désigner celui qui répète inlassablement et MALETÍN, voir maleta.
lourdement les mêmes sottises. MALEABLE MALÉVOLO, voir malo.
‘malléable’, dérivé savant du latin malleus MALEZA, voir malo.
‘marteau’ (autre dérivé : malleatus ‘battu au MALGASTAR, voir gastar.
marteau’). MALHECHOR, voir hacer.
MAJESTAD, voir mayor. MALICIA, voir malo.
MAJESTUOSO, voir mayor. MALIGNO, voir malo.
MAJO, A (‘élégant’, ‘bien mis, chic’ ; ‘mignon, MALO (‘mauvais’, ‘méchant’ ; ‘malade’), est issu
joli’), est d’origine incertaine, peut-être dérivé du latin malus ‘mauvais, funeste, méchant’.
de majar ‘ennuyer, embêter’ à cause de L’adverbe correspondant à malus — c’est-à-
l’impertinence des jeunes gens (appelés ma- dire male ‘autrement qu’il ne faut’, ‘de ma-
jos) issus du peuple et qui au XVIIIe siècle nière fâcheuse’ — a produit en espagnol
imitaient l’élégance et la bravoure de la no- l’adverbe mal (mal hecho ‘mal fait’), le subs-
blesse. Goya les a représentés. tantif (el) mal ‘(le) mal’ et enfin le 1er élément
er
MAL (1 élément de mots composés et substan- de très nombreux composés : maldecir ‘mau-
tif), voir malo. dire’, malgastar ‘gaspiller’, malcriado ‘mal
MALABAR (dans hacer juegos malabares ‘jon- élevé’ etc. Mal- conserve dans ce cas sa va-
gler, faire des tours d’adresse’), vient du nom leur adverbiale.
de la côte indienne de Malabar (au sud-ouest Dérivés : MALDAD ‘méchanceté’. MALÉFICO
de l’Inde) dont les habitants étaient connus ‘maléfique’, du latin maleficus ‘malfaisant’,
pour leur habileté à jongler. En français, ma- ‘nuisible, criminel’ et ‘magicien’, formé avec
labar a sans doute subi l’influence de malin et male et -ficus de facere ‘faire’. MALÉVOLO
de mâle, ce qui expliquerait le sens de ‘cos- ‘malveillant’, du latin malevolus de même
taud’. sens, formé avec male et velle ‘vouloir’. MA-
Dérivés : MALABARISMO ‘jongleries, tours LEZA ‘mauvaises herbes, broussailles’, du la-
d’adresse’. tin malitia ‘mauvaise qualité, stérilité’, ‘nature
MALARIA (‘malaria’, ‘paludisme’), est emprunté mauvaise, méchanceté’ et ‘ruse’. MALICIA
à l’italien mal’aria c’est-à-dire mala aria ‘air ‘malice’ est le traitement savant de malitia
mauvais, vicié’, formé avec mala ‘mauvaise’ (voir ci-dessus). MALIGNO, A ‘malin, maligne’,
et aria ‘air’. On pensait en effet que les éma- ‘pernicieux’, ‘pervers’ (latin malignus ‘mé-
nations provenant des marécages étaient res- chant, perfide’).
ponsables des accès de paludisme (latin palus, MALOGRAR, voir lograr.
paludis ‘marais, étang’). MALQUISTO, voir querer.
MALDAD, voir malo. MALTA (‘malt’), est emprunté à l’anglais malt,
MALDECIR, voir decir. orge germée artificiellement et séchée, em-
MALEABLE, voir majar. ployée dans la fabrication du whisky et de la
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bière. Malt est probablement issu d’un germa- Dérivés : EMANAR ‘émaner’, du latin emanare
nique *maltaz. ‘couler de’, ‘provenir de’, formé avec ex indi-
MALTRECHO, voir traer. quant l’origine. MANANTIAL ‘source’, formé à
MALVA (‘mauve’ [nom d’une plante et de la partir de agua manante ‘eau jaillissante’ et
couleur]), est issu du latin malva, nom d’une manantío, a ‘jaillissant’.
plante, à fleurs rose violacé, utilisée pour ses MANCEBA, voir mancebo.
vertus médicinales adoucissantes. Mot proba- MANCEBÍA, voir mancebo.
blement emprunté à une langue méditerra- MANCEBO (‘jeune homme’ ; ‘célibataire, gar-
néenne. çon’), est issu du latin vulgaire d’Espagne
MALVADO (‘méchant, scélérat’), est issu du latin *mancipus, de mancipium ‘propriété, chose
vulgaire malifatius ‘malheureux’, formé avec acquise’, ‘esclave’, formé avec manus au sens
malus ‘mauvais’ et fatum ‘destin’, d’où le sens de ‘pouvoir, puissance’ et capere ‘prendre’
originel ‘frappé par un destin mauvais’, ‘mal- (littéralement ‘action de prendre avec la
heureux’. Par la suite, ce mot développera le main’). Le sens du mot mancebo aurait évolué
sens de ‘qui a de mauvais penchants’, ‘mé- ainsi : ‘esclave, serf’ puis ‘jeune esclave af-
chant’ parce que ‘frappé par le mauvais sort’. franchi’ et enfin ‘jeune homme (libre)’.
Voir à ce sujet miserable ‘malheureux’ puis Dérivés : AMANCEBARSE ‘vivre en concubi-
‘vil, méprisable’. nage’, où l’on retrouve une des phases de
MALVERSACIÓN, voir verter. l’évolution sémantique de mancebo c’est-à-
MALLA (‘maille’ ; ‘filet’), est emprunté au fran- dire le fait de vivre librement avec qqn en de-
çais maille (voir maillot). hors du mariage vu comme une contrainte so-
MAMA (‘mamelle’, ‘sein’), est issu du latin ciale. MANCEBA ‘concubine’. MANCEBÍA a
mamma ‘sein, mamelle’, ‘bourgeon (d’un d’abord eu le sens de ‘jeunesse’ (mocedad)
arbre)’ et ‘maman’ (dans le langage des en- puis celui de ‘maison close’, ‘maison de tolé-
fants). La prononciation oxytone mamá est rance’ c’est-à-dire lieu où les jeunes hommes
due au français maman. La forme mama est s’adonnent librement au sexe.
réservée au vocabulaire biologique ou médi- MANCILLA (‘souillure, flétrissure’), est
cal : cáncer de mama ‘cancer du sein’. d’origine mal établie, sans doute du latin vul-
Dérivés : AMAMANTAR ‘allaiter, nourrir au gaire macella diminutif de macula ‘tache’.
sein’. MAMAR ‘téter’ ; (figuré) ‘sucer avec le MANCO (‘manchot’), provient du latin mancus
lait’. MAMÍFERO ‘mammifère’, est formé avec ‘infirme de la main’ et ‘estropié, mutilé’, issu
mamma et -fere ‘porter’ d’où ‘qui porte des de *man-ko-s formé avec man- ‘main’ et un
mamelles’ et ‘qui allaite ses petits’. MAMO- suffixe caractéristique des noms d’infirmités.
GRAFIA ‘mammographie’. MANCOMUNIDAD, voir mano.
MAMÁ, voir mama. MANCHA (‘tache’), est issu du latin macula
MAMAR, voir mama. ‘tache, marque (sur la peau)’, ‘flétrissure,
MAMÍFERO, voir mama. honte’ et ‘maille d’un filet’ (les taches ou zé-
MAMOGRAFÍA, voir mama. brures sur la peau de certains animaux pou-
MAMPORRO, voir mano. vant faire penser à une sorte de maillage).
MAMUT (‘mammouth’), est emprunté au russe Dérivés : INMACULADO, A ‘immaculé, e’. MA-
mamut de même sens, lui-même pris à une CULAR ‘maculer, souiller’, traitement savant
langue de Sibérie. du latin maculare de même sens. MANCHAR
MANÁ (‘manne’), est emprunté au latin chrétien ‘tacher’, ‘souiller, salir’, traitement dit popu-
manna ‘nourriture miraculeuse que les Hé- laire de maculare.
breux reçurent du ciel lors de leur traversée du MANCHAR, voir mancha.
désert’. Le mot latin est lui-même pris à MANDAMÁS, voir mandar.
l’araméen manná issu de l’hébreu mán de MANDAMIENTO, voir mandar.
même sens. MANDAR (‘ordonner’, ‘commander’ ; ‘envoyer’),
MANADA, voir mano. est issu du latin mandare ‘confier, charger de’,
MANANTIAL, voir manar. ‘enjoindre à’. Mandare provient probablement
MANAR (‘jaillir’), est issu du latin manare ‘cou- de manum dare littéralement ‘donner, mettre
ler, se répandre’. en main’, ‘confier’ d’où ‘donner une mission’.
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MANO (‘main’), est issu du latin manus de même MANUAL ‘manuel’. MANUFACTURA ‘manufac-
sens. Désignant une partie essentielle du ture’ du latin médiéval manufactura ‘construc-
corps, le mot est devenu symbole de force et tion’, dérivé du latin classique manu facere
d’autorité, instrument de la lutte ou du travail ‘faire à la main’. MANUSCRITO ‘manuscrit’, du
se prêtant aussi à certains gestes de caractère latin manu scriptus ‘écrit à la main’. MANU-
rituel. Voir mancebo et emancipar. TENCIÓN ‘manutention’. MASTURBAR ‘mas-
Dérivés : ANTEMANO (DE) ‘d’avance’, littéra- turber’, du latin masturbari ou masturbare de
lement ‘avant que la main (ne s’en empare)’. même sens, peut-être formé avec manus
MAMPORRO ‘coup, gnon’. MANADA, littérale- ‘main’ et stuprare ‘souiller’. Autre origine
ment ‘ce qui tient dans une main’, ‘poignée’ possible : déformation du grec mastropeuein
puis ‘ensemble (d’animaux, de personnes)’ ‘prostituer’ (de mastropos ‘entremetteur’).
c’est-à-dire ‘troupeau’, ‘meute’, ‘bande’. MANOJO, voir mano.
MANCOMUNIDAD ‘copropriété’ (littéralement MANÓMETRO (‘manomètre’), est formé avec le
‘biens obtenus grâce au travail de la main et grec manos ‘rare, peu dense’ (à propos d’un
que l’on gère en commun’). MANECILLA, ‘ma- gaz ou d’un fluide) et -metro (du grec metron
nette (de jeux etc.)’, ‘aiguilles d’une montre’ ‘mesure’).
(littéralement ‘petites mains montrant MANOSEAR, voir mano.
l’heure’). MANEJAR ‘manier’ ; ‘diriger, me- MANSALVA (A), voir mano.
ner’ ; ‘gérer’ ; ‘conduire une voiture’ (en MANSEDUMBRE, voir manso.
Amérique latine), est emprunté à l’italien ma- MANSIÓN, voir mesón.
negiarre ‘manier’. MANEJO ‘maniement’ ; MANSO (‘doux’, ‘paisible’, ‘dressé, domes-
‘conduite (d’une affaire)’. MANICURA ‘manu- tique’), est issu du latin vulgaire mansus (latin
cure’, formé avec manus et l’élément -cura ti- classique mansuetus ‘apprivoisé, dompté’ et
ré du verbe latin curare ‘soigner’ (espagnol ‘doux, calme’), littéralement ‘habitué à venir à
curar ‘guérir, soigner’). MANIFESTAR ‘mani- la main’ (ad manum venire suetus), formé
fester’, du latin manifestare ‘montrer, décou- avec manus ‘main’ et suescere ‘avoir
vrir’, dérivé de manifestus (ou manufestus) l’habitude de’.
‘pris à la main’ d’où ‘pris sur le fait’, ‘évident’ Dérivés : MANSEDUMBRE ‘douceur, mansué-
et ‘convaincu de’, formé de manus et d’un se- tude’ (latin mansuetudo ‘domptage’ et ‘dou-
cond élément d’origine obscure. MANIOBRA ceur, bonté’).
‘manœuvre’, du latin vulgaire manuopera, lit- MANTA, voir manto.
téralement ‘travaux faits à la main’, formé MANTECA (‘graisse’, ‘saindoux’), est d’origine
avec opera, neutre pluriel de opus ‘activité’. incertaine.
Opera donnera obra en espagnol et œuvre en Dérivés : MANTEQUILLA ‘beurre’.
français, formes interprétées comme un fémi- MANTEL (‘nappe’), est issu du latin mantele
nin singulier. MANIPULAR ‘manipuler’, du la- ‘essuie-mains’, ‘serviette’, ‘nappe’.
tin médiéval manipulare ‘conduire par la MANTENER, voir mano.
main’, le second élément (-pulare) reste obs- MANTENIMIENTO, voir mano.
cur. MANIVELA ‘manivelle’, emprunté au fran- MANTEQUILLA, voir manteca.
çais manivelle, issu du bas latin *manabella MANTILLA, voir manto.
ou *manibula, variantes de manicula ‘man- MANTO (‘cape [de femme]’ ; ‘mantille’ ; ‘man-
cheron de charrue’, formé avec manus et un teau [de cérémonie, de religieux]’), est issu du
suffixe diminutif. MANOJO ‘botte’, ‘faisceau’, latin tardif mantum ‘petit manteau, mantelet’
‘poignée, tas’, du latin vulgaire manuculus, la- formé régressivement à partir de mantellum
tin classique manipulus ‘poignée de tiges (que ‘couverture, manteau’.
le moissonneur prend dans sa main)’. MANO- Dérivés : DESMANTELAR ‘démanteler’, du
SEAR ‘tripoter’. MANSALVA (A) ‘sans risque’ français démanteler sans doute dérivé de
(a mano salva). MANTENER ‘maintenir’, l’ancienne forme manteler (ou emmanteler)
‘nourrir’, ‘entretenir’, du latin vulgaire ‘couvrir d’un manteau, abriter’ et ‘fortifier’.
*manutenere ‘tenir avec la main’, formé avec MANTA ‘couverture’, ‘plaid’. MANTILLA ‘man-
manu ablatif de manus et tenere ‘tenir’ (voir tille’ et, au pluriel, ‘langes’. MANTÓN ‘châle’.
tener). MANTENIMIENTO ‘subsistance, nourri- MANTÓN, voir manto.
ture’ ; ‘entretien, maintenance’ ; ‘maintien’. MANUAL, voir mano.
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MANUFACTURA, voir mano. ‘engin (de guerre etc.)’, lui-même pris au grec
MANUSCRITO, voir mano. mêkhanê ou makhana ‘moyen’, ‘invention in-
MANUTENCIÓN, voir mano. génieuse’, ‘machine, engin (à la guerre, au
MANZANA (‘pomme’ ; ‘pâté de maisons’), pro- théâtre)’. En français, le masculin machin, vé-
vient du latin vulgaire mattiana qui représente ritable mot fourre-tout (palabra ómnibus),
l’abréviation de mala mattiana, littéralement permet de désigner qqch ou qqn qu’on ne peut
‘pomme de Matius’, du nom de l’agronome ou ne veut désigner par son nom comme
Caius Matius qui inventa cette variété de chose, truc ou bidule (espagnol cosa, chisme,
pomme. L’acception ‘pâté, groupe de mai- cacharro).
sons’ est une analogie de disposition avec les Dérivés : MAQUINACIÓN ‘machination’. MA-
pépins de la pomme regroupés en son centre. QUINAL ‘machinal’. MAQUINAR ‘machiner,
Dérivés : MANZANO ‘pommier’. tramer’, du latin machinari ‘imaginer qqch
MAÑA (‘adresse, habileté’ ; ‘astuce, ruse’), pro- d’ingénieux’ et, en mauvaise part, ‘comploter,
vient probablement d’une forme de latin vul- ourdir’. MAQUINARIA, singulier à sens collectif
gaire *mania ‘habileté manuelle’ dérivé de ‘machines, matériel’ ; (au figuré) ‘appareil,
manus ‘main’. machine (bureaucratique etc.)’. MECÁNICO
Dérivés : MAÑOSO ‘adroit, habile’. (adjectif et substantif) ‘mécanique’ et ‘méca-
MAÑANA (‘matin’ ; ‘demain’, ‘lendemain’), est nicien’, du latin mechanicus, lui-même pris au
issu du latin vulgaire maneana adjectif subs- grec mêkhanikos, dérivé de mêkhanê ‘qui con-
tantivé tiré de hora maneana ‘heure matinale’. cerne la machine’. MECANISMO ‘mécanisme’.
Maneana est dérivé de mane substantif neutre MAQUINACIÓN, voir máquina.
indéclinable et adverbe signifiant ‘le matin’, MAQUINAL, voir máquina.
‘de bonne heure’, neutre de l’adjectif manis MAQUINAR, voir máquina.
‘de bon matin’. Mane renforcé en demane a MAQUINARIA, voir máquina.
donné le français demain. Pour dire ‘demain’ MAR (‘mer’), est issu du latin mare de même
le vieil espagnol avait recours soit à cras (latin sens. Le mot était neutre en latin, il est devenu
cras) soit à cras mañana (littéralement ‘de- féminin en français peut-être sous l’influence
main matin’) devenu mañana par abréviation. de l’élément opposé ‘la terre’. L’espagnol
Voir aussi matutino. connaît les deux genres. Le masculin désigne
Dérivés : AMANECER ‘faire jour’ ; ‘arriver au tous les noms de mer : el mar rojo, el mar
lever du jour’. mediterráneo. Le féminin est utilisé en parti-
MAÑOSO, voir maña. culier dans les expressions du type plenamar
MAPA (‘carte’), est l’abréviation du latin médié- ‘marée haute’, bajamar ‘basse mer’, alta mar
val mappa mundi ‘carte du monde, mappe- ‘haute mer’, hacerse a la mar ‘prendre la
monde’, formé avec mappa ‘serviette de table, mer’ et, familièrement, avec la valeur de mu-
nappe’ puis, par analogie de forme, ‘carte’ et cho : había la mar de niños ‘il y avait une
mundi génitif de mundus. foule d’enfants’ ; es un hombre la mar de
MAQUETA (‘maquette’), est emprunté par generoso ‘c’est un homme tout ce qu’il y a de
l’intermédiaire du français maquette à l’italien généreux’. Le masculin n’est pas exclu pour
macchieta ‘esquisse’, littéralement ‘petite autant (tiene un mar de compromisos ‘il a
tache’, diminutif de macchia ‘tache’ (latin une foule d’engagements’) mais on ne dira pas
macula de même sens). *es un señor el mar de generoso. Par ail-
MAQUILLAJE, voir maquillar. leurs, le féminin est employé dans le langage
MAQUILLAR (‘maquiller’), est emprunté au poétique.
français maquiller qui le tient probablement Dérivés : MAREA ‘marée’, emprunté au fran-
du vieux verbe picard maquier ‘faire’ et çais marée. MAREAR(SE) ‘avoir le mal de
‘feindre’, lui-même pris au moyen néerlandais mer’ ; ‘avoir un malaise’, ‘se sentir mal’. MA-
maken ‘faire’ (anglais to make). REO ‘mal au cœur, nausée’, ‘mal de mer’,
Dérivés : DESMAQUILLADOR, A ‘démaquillant, ‘vertige’. MAREMOTO ‘raz de marée’, formé
e’ (leche desmaquilladora / limpiadora ‘lait comme terremoto (terrae motus) avec le latin
démaquillant’). MAQUILLAJE ‘maquillage’. motus ‘mouvement’. MARINA ‘marine’, du la-
MÁQUINA (‘machine’), est emprunté au latin tin marina, substantivation au féminin de
machina ‘invention’, ‘machination’ et surtout l’adjectif marinus ‘relatif à la mer, marin’.
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Marina a d’abord eu les sens d’ « eau de MARCAR (‘marquer’, ‘composer [un numéro de
mer » et de ‘plage’, ‘bord de mer’ calques du téléphone]’), est peut-être emprunté à l’italien
latin aqua marina et loca marina avant de si- marcare ‘marquer’, issu du germanique
gnifier ‘flotte (de guerre)’. MARINERO ‘marin, *marka ‘signe marquant une frontière’ et
matelot’. MARINO, A ‘marin, e’. MARISCO ‘co- ‘frontière’. En français, le verbe marcher pro-
quillage’ et, au pluriel, ‘fruits de mer’, formé vient d’un mot germanique de la même fa-
avec mar et le suffixe -isco signifiant ‘propre mille que *marka, il s’agit de *markôn, littéra-
à’ (morisco, arenisco, berberisco), du latin lement ‘imprimer des signes’, ‘laisser des em-
-iscus (d’origine germanique -isk). Ce mot a preintes sur le sol’ d’où ‘fouler aux pieds’ et
d’abord été un adjectif signifiant ‘relatif à la donc ‘marcher’.
mer, marin’. MARISMA ‘marais (au bord de la Dérivés : COMARCA ‘contrée, région’, dérivé
mer)’ ; las Marismas, région marécageuse à de marca au sens de ‘frontière’ (littéralement
l’embouchure du Guadalquivir. Issu, par ‘qui a des limites communes avec une autre
l’intermédiaire du mozarabe, du latin (ora) région’). DEMARCACIÓN ‘démarcation’. MAR-
maritima ‘(bord) de la mer’. MARÍTIMO ‘mari- CA ‘marque, repère’, ‘marque (commerciale)’,
time’. SUBMARINO ‘sous-marin’ et, familière- ‘marquage’, ‘trace, marque (cicatrice)’ ; ‘re-
ment, ‘taupe, sous-marin’ (espion infiltré). cord’ (sports : batir una marca ‘battre un re-
MARAÑA (‘buisson’, ‘broussaille’ ; ‘confusion, cord’, c’est-à-dire aller au-delà de la limite dé-
enchevêtrement’, ‘affaire embrouillée’), est jà atteinte par un autre sportif) ; ‘marche, terri-
d’origine incertaine. toire frontalier’ : voir marqués plus bas.
Dérivés : ENMARAÑAR ‘emmêler’, ‘embrouil- MARCADOR (sports) ‘tableau d’affichage’,
ler’. ‘score’, ‘marque’. MARCAPASOS ‘pacemaker’.
MARASMO (‘marasme’), est emprunté au grec MARCO ‘cadre’ (ce qui délimite). MARQUÉS
médical marasmos ‘épuisement’, dérivé de ‘marquis’, est emprunté à l’occitan ancien
marainein ‘s’étouffer’, ‘dépérir, se dessécher’. marqués ‘gouverneur militaire d’une marche’
Ce mot du vocabulaire de la médecine (forme c’est-à-dire ‘région frontière’ (latin médiéval
grave de dénutrition) a pris le sens figuré de marcha ou marca ‘limite, frontière’, du ger-
‘stagnation’ ou de ‘crise’ dans le domaine manique *marka ‘signe marquant une limite’).
économique. MARCIAL, voir marte.
MARATÓN (‘marathon’), est issu de Marathon MARCO, voir marcar.
nom d’une ville de l’Attique où les Grecs MARCHA, voir marchar.
remportèrent une grande victoire sur les Perses MARCHAR(SE) (‘marcher’ [au propre et au
(490 avant J.-C.). Le soldat parti annoncer la figuré] ; ‘s’en aller, partir’), est emprunté au
bonne nouvelle à Athènes, à 40 km de là, français marcher issu du francique *markôn
mourut d’épuisement à son arrivée. ‘imprimer des signes’, ‘laisser des empreintes
Dérivés : MARATÓNICO ou MARATONIANO sur le sol’, d’où ‘fouler le sol avec les pieds’ et
dans discusiones / negociaciones maratóni- ‘marcher’. Voir aussi marca.
cas ‘discussions / négociations marathon’. Dérivés : MARCHA ‘marche’ ; ‘fonctionne-
MARATONIANO, voir maratón. ment’.
MARATÓNICO, voir maratón. MARCHITAR, voir marchito.
MARAVILLA (‘merveille’), est issu du latin MARCHITO (‘fané, flétri’), provient du latin
vulgaire *mirabilia (ou *miribilia), altération marcere ‘être fané’, ‘être affaibli’, sans doute
du latin classique mirabilia. Mirabilia, qui si- par l’intermédiaire du dialecte mozarabe.
gnifie ‘choses admirables, étonnantes’, ‘mi- Dérivés : MARCHITAR(SE) ‘(se) faner’.
racles’, est la substantivation au neutre pluriel MAREA, voir mar.
de l’adjectif mirabilis ‘admirable, merveil- MAREARSE, voir mar.
leux’, dérivé de mirus ‘étonnant, étrange’, MAREMOTO, voir mar.
‘merveilleux’. MAREO, voir mar.
Dérivés : MARAVILLOSO ‘merveilleux’. MARFIL (‘ivoire’), représente la contraction de
MARAVILLOSO, voir maravilla. l’ancienne forme almalfil ou almafil puis
MARCA, voir marcar. amarfil issue de l’arabe azm al-fîl, littérale-
MARCADOR, voir marcar. ment ‘os de l’éléphant’.
MARCAPASOS, voir marcar. MARGARINA, voir margarita.
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MARGARITA (‘marguerite’), est emprunté au MARIPOSA (‘papillon’), mot issu des expres-
latin margarita lui-même pris au grec marga- sions et des chansons enfantines et qui signifie
ritês ‘perle’. littéralement María, pósate ‘Marie, pose-toi,
Dérivés : MARGARINA ‘margarine’, mot savant repose-toi (sur les fleurs)’.
formé d’après le nom de l’acide margarique MARISABIDILLA (‘bas-bleu’, ‘femme savante’),
(ácido margárico), lui-même créé sur le radi- mot formé avec le prénom María et sabido, a
cal du grec margaron ‘perle’ (variante simple participe passé du verbe saber auquel on a ad-
de margaritês) à cause de sa couleur. Au- joint le suffixe diminutif à valeur péjorative
jourd’hui, grâce aux colorants jaunes qui la -illo, -illa.
font ressembler au beurre, elle nous semble MARISCAL (‘maréchal’ [vocabulaire militaire]),
beaucoup plus appétissante qu’avec sa couleur est emprunté à l’ancien français mariscal ou
perle originelle ! marescal, lui-même pris au francique
MARGEN (‘marge [d’une page] ; ‘marge *marhskalk ‘domestique chargé de soigner les
[d’erreur, de sécurité etc.] ; ‘marge (bénéfi- chevaux’. Le mot germanique a pris le sens d’
ciaire)’ ; ‘rive, bord [d’un fleuve]’), est issu du « artisan chargé de ferrer les chevaux » et ce-
latin margo ‘bord, bordure’, apparenté aux lui d’ « officier préposé aux chevaux » d’où,
mots formés sur le thème *mark- ‘signe’ plus généralement, ‘officier’. Le français ma-
(germanique *marka ‘signe indiquant une réchal a hérité de ces deux sens, l’ajout du
frontière, une limite’). Voir marcar. participe présent du verbe ferrer permettant de
Dérivés : MARGINACIÓN ‘marginalisation’. distinguer l’artisan du militaire (maré-
MARGINACIÓN, voir margen. chal-ferrant).
MARICA (‘pédale, pédé’), est dérivé — de même MARISCO, voir mar.
que maricón — du prénom féminin María. MARISMA, voir mar.
Marica est le diminutif de María. MARITAL, voir marido.
MARICÓN, voir marica. MARÍTIMO, voir mar.
MARIDAJE, voir marido. MARKETING (‘marketing’), est emprunté à
MARIDO (‘mari’), est issu du latin maritus, a, um l’anglais marketing gérondif substantivé du
d’abord adjectif, terme utilisé en agriculture verbe to market ‘faire son marché’, ‘acheter et
avec le sens d’ « uni, marié à la vigne » (en vendre’ dérivé de market ‘marché’. Albert Be-
parlant des arbres). Cet adjectif avait aussi le lot (Dictionnaire d’usage d’espagnol contem-
sens de ‘conjugal, nuptial’. Une substantiva- porain) : ‘Le Diccionario de la Real Acade-
tion au masculin a produit maritus avec le sens mia propose mercadotecnia (dérivé savant du
de ‘mari, époux’, et ‘mâle’ en parlant des ani- latin mercatus) qui ne semble pas avoir re-
maux. Cette spécialisation sémantique est due cueilli un grand succès, pas plus qu’en France
vraisemblablement à l’influence de mas, maris mercatique substitut officiel de marketing’.
‘mâle’. MÁRMOL (‘marbre’), est issu du latin marmor
Dérivés : MARIDAJE ‘ménage’, ‘union, bonne ‘marbre’, ‘objet en marbre’ et ‘objet ayant la
entente, harmonie’ : el maridaje Volvo- dureté ou la blancheur du marbre’. Marmor est
Renault ‘le mariage / l’alliance Volvo- emprunté au grec marmaros ‘pierre blanche,
Renault’. MARITAL ‘marital’. marbre’, apparenté au verbe marmairein
MARIHUANA (‘marihuana’), provient de ‘luire’.
l’espagnol d’Amérique mariguana ou mari- MARMOTA (‘marmotte’), est emprunté au fran-
huana dont l’origine n’est pas établie. çais marmotte probablement dérivé de mar-
MARIMACHO (‘femme hommasse, virago’), mot motter variante de marmonner à cause du
composé à partir du prénom María et de ma- mouvement des lèvres de cet animal qui
cho ‘mâle’. Voir macho (1). semble ‘marmonner’ lorsqu’il pousse ses cris’.
MARINA, voir mar. Le nom latin de l’animal — mus montanus ‘rat
MARINE (‘marine’ [soldat de l’infanterie de des montagnes’ — n’a donc pas de rapport
marine américaine]), est emprunté à l’anglais avec le mot marmotte.
Marine Corps ‘infanterie de marine’. MARQUÉS, voir marcar.
MARINERO, voir mar. MARRAJO (‘rusé, malin’), est peut-être dérivé
MARINO, voir mar. d’un mot de création expressive désignant le
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chat (comme par exemple morro, morrongo ; marturos ‘témoin’ et, dans le Nouveau Testa-
en français marlou, matou). ment, ‘témoin de Dieu’, ‘celui qui témoigne
MARRANO (‘cochon’), est sans doute issu de de la vérité par son sacrifice’. En français,
l’arabe máhram ‘chose défendue’ (c’est-à-dire martyr a éliminé l’ancienne forme martre qui
la viande de porc). Au moyen âge, les Juifs et subsiste dans des toponymes tels que Mont-
les musulmans récemment convertis au chris- martre, du latin mons martyrum ‘mont des
tianisme étaient traités avec ironie et sarcasme martyrs’ (Saint Denis et ses compagnons).
de marranos parce que leur religion leur in- Dérivés : MARTIRIO ‘martyre’, du latin marty-
terdisait de manger de la viande de cet animal rium ‘action de révéler, de témoigner le Christ
et parce qu’on doutait fort de la sincérité de dans la persécution’, ‘lieu où est enseveli un
leur conversion. martyr’, du grec marturion ‘témoignage’,
MARRÓN ([gallicisme] ‘marron’ [couleur]), est ‘preuve’. MARTIRIZAR ‘martyriser’.
emprunté au français marron lui-même pris à MARTIRIO, voir mártir.
l’italien marrone ‘grosse châtaigne comes- MARTIRIZAR, voir mártir.
tible’. Par l’intermédiaire de l’expression cou- MARZO, voir Marte.
leur de marron, le mot a donné à la fois MAS, voir más.
l’adjectif et le nom de la couleur. MÁS (‘plus’ ; [sans l’accent] ‘mais’), est issu du
MARTE (‘Mars’ [la planète et le dieu Mars]), est latin magis ‘plus’, mot de la même famille que
issu du latin Mars, Martis (Martem à magnus ‘grand, noble, puissant’ remontant à
l’accusatif), nom du dieu de la guerre. Ce nom une racine indoeuropéenne *meg- ou *mag-
a servi ensuite, au XIVe siècle, à désigner la ‘grand’. Magis signifiait ‘plus’ — cette valeur
planète. subsistant en français dans n’en pouvoir
Dérivés : MARCIAL ‘martial’, du latin martia- mais — avec la nuance de ‘plutôt’. Quant à la
lis ‘de Mars’ (ley marcial ‘loi martiale ; artes forme plus elle indiquait surtout la quantité.
marciales ‘arts martiaux’). MARTES ‘mardi’, Par ailleurs, magis était souvent accompagné
est issu du latin Martis dies ‘jour de mars’, de sed ‘mais’ avec le sens de ‘mais plutôt’
formé avec martis génitif de Mars. MARZO pour indiquer qu’une action s’accomplissait de
‘mars’ (le mois), du latin martius (mensis) préférence à une autre. Magis a fini par ex-
‘(mois) consacré à Mars’. Chez les Romains, primer seul cette valeur d’opposition (conta-
le mois de mars était le premier de l’année. mination sémantique de sed), d’où le français
MARTES, voir Marte. mais et l’espagnol mas synonyme de pero.
MARTILLAR, voir martillo. Dérivés : ADEMÁS ‘en outre’. DEMÁS ‘autre’
MARTILLEAR, voir martillo. (los demás ‘les autres’) ; (adverbe) ‘du reste,
MARTILLO (‘marteau’), est issu du latin vulgaire au reste, d’ailleurs’. DEMASIADO ‘trop’.
*martellus, diminutif de martulus, altération MASA (‘masse’), est issu du latin massa ‘pâte’
de marculus ‘marteau’. puis ‘objet formant un amas’, ‘lingot’, lui-
Dérivés : MARTILLAR / MARTILLEAR ‘marte- même pris au grec maza ‘grosse crêpe d’orge’
ler’. puis ‘boule’, ‘bloc’ (de massein ‘pétrir’).
MARTINGALA (‘martingale’ [jeux] ; ‘truc, arti- Dérivés : MACIZO (adjectif et substantif) ‘mas-
fice’), est emprunté au français martingale lui- sif’, sans doute par influence de l’ancien fran-
même pris probablement au provençal marte- çais massiz, massice au féminin. MASIFICA-
galo, féminin de martegal ‘habitant de Mar- CIÓN ‘massification’. MASILLA ‘mastic’. MA-
tigues’. Les Martigaux étaient souvent tournés SIVO, A ‘massif, massive’.
en ridicule par les autres Provençaux d’où MASACRE (‘massacre’ [gallicisme]), est emprun-
l’expression à la martingale ‘de façon ab- té au français massacre, déverbal de massa-
surde’ puis, au XVIIIe siècle, ‘manière de crer, sans doute issu du latin vulgaire
jouer (absurde ?) en misant le double d’une *matteuculare dérivé de *matteuca qui a don-
perte précédente’. Par la suite, l’idée né massue.
d’absurdité s’effacera et martingale désignera MASAJE (‘massage’), est emprunté au français
une combinaison plus ou moins scientifique massage dérivé de masser emprunté à l’arabe
permettant de gagner aux jeux de hasard. massa ‘toucher, palper’ (origine orientale du
MÁRTIR (‘martyr’), est emprunté au latin ecclé- massage).
siastique martyr lui-même pris au grec martur, Dérivés : MASAJISTA ‘masseur’.
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mat(a) ‘il est mort’. L’expression complète est ‘Mausole’ roi de Carie pour lequel son épouse
passée en espagnol sous la forme xaquimate Artémise fit dresser un tombeau magnifique.
puis jaque y mate ‘échec et mat’. Voir jaque. MAXILAR, voir mejilla.
MATE (3) (‘calebasse’ ; ‘maté’ [plante et infu- MÁXIMA, voir mayor.
sion]), est emprunté au quichua máti ‘cale- MÁXIME, voir mayor.
basse’ servant à la préparation d’une infusion MÁXIMO, voir mayor.
de feuilles d’une variété de houx. Par méto- MAYESTÁTICO, voir mayor.
nymies successives, le mot mate a désigné la MAYO (‘mai’), est issu du latin Maius (mensis)
boisson et la plante : contenant (calebasse) → ‘(mois) de Maia’, nom d’une vieille divinité
contenu (infusion) → plante servant à italique.
l’infusion. MAYONESA (‘mayonnaise’), est emprunté au
MATEMÁTICO, A ([adjectif et substantif] ‘ma- français mayonnaise tiré de Mahón nom de la
thématique’ ; ‘mathématicien’), est emprunté capitale de Minorque aux Baléares prise en
au latin mathematicus de même sens, lui- 1756 par le duc de Richelieu. La tradition rap-
même pris au grec mathematikos ‘qui désire porte que le cuisinier du duc inventa pour cette
apprendre’, ‘scientifique’ et ‘qui concerne les occasion une recette avec ce qu’il avait sous la
mathématiques’. Mathematikos est dérivé de main c’est-à-dire des œufs et de l’huile. On
mathêma, -atos ‘étude, science’ et, en particu- trouve également en espagnol la graphie avec
lier, ‘connaissances, sciences mathématiques’ un h dans salsa mahonesa. Cette origine n’est
(du verbe manthanein ‘étudier’). pas la seule à être proposée : mayonnaise
MATERIA, voir madera. pourrait être une altération de bayonnaise dans
MATERIAL, voir madera. à la (mode) bayonnaise. On a pensé aussi à un
MATERNAL, voir madre. dérivé de moyeu (*moyeunaise) ancien nom
MATERNIZADO, voir madre. du jaune d’œuf en français (latin mediolum).
MATERNO, voir madre. MAYOR (‘plus grand’), est issu du latin major
MATIZ, voir matizar. comparatif de magnus ‘grand’. Major signifie
MATIZAR (‘nuancer’), n’est pas d’origine bien ‘plus grand’ et ‘grand par la force ou l’âge’,
établie. Peut-être du latin tardif (a)matizare, ‘important’ (en latin médiéval ‘qui a atteint
lui-même pris au grec lammatizein de même l’âge de la majorité, majeur’).
sens, dérivé de lámma ‘ruban’, ‘frange, bande Dérivés : MAJESTAD ‘majesté’ (du latin majes-
de couleurs différentes’ et ‘nuance’. tas ‘grandeur, dignité’). MAJESTUOSO ‘majes-
Dérivés : MATIZ ‘nuance’. tueux’. MÁXIMA ‘maxime’, du latin maxima
MATÓN, voir matar. (sententia) ‘(phrase) de portée très grande’.
MATORRAL, voir mata. MÁXIME ‘principalement’, ‘surtout’, ‘à plus
MATRÍCULA, voir madre. forte raison’ (de l’adverbe latin maxime ‘très
MATRIMONIO, voir madre. grandement’, ‘très’, ‘le plus’). MÁXIMO, A ‘le
MATRIZ, voir madre. plus grand’, du latin maximus de même sens,
MATUTINO (‘matinal’), est issu du latin matuti- superlatif de magnus ‘grand’ (Castro, el líder
num neutre de l’adjectif matutinus dans matu- máximo). MAYESTÁTICO utilisé principale-
tinum tempus, littéralement ‘le temps matinal’. ment en grammaire dans plural mayestático
Ce mot est dérivé de Matuta ‘déesse de ‘pluriel de majesté’, emprunté à l’allemand
l’aurore’. Voir aussi mañana. L’espagnol em- majestätisch. MAYORDOMO ‘majordome’, est
ploie matutino comme substantif : un (dia- emprunté au latin médiéval major domus litté-
rio) matutino ‘un journal du matin’. ralement ‘le plus grand de la maison’, ‘maître
MAULLAR (‘miauler’), est d’origine onomato- de la maison’, ‘chef des serviteurs’. MAYORÍA
péique : miau / mau > maular puis maullar ‘majorité’. MAYORISTA ‘grossiste’. MAYÚSCU-
par analogie avec aullar ‘hurler’. LO ‘majuscule’ ; (familièrement) ‘monumen-
Dérivés : MAULLIDO ‘miaulement’. tal, énorme’, du latin majusculus littéralement
MAUSOLEO (‘mausolée’), est emprunté au latin ‘un peu plus grand’, diminutif (-usculus) de
Mausoleum littéralement ‘tombeau de Mau- major ‘plus grand’. Le suffixe diminutif est
sole’, lui-même pris au grec Mausôleion de aujourd’hui complètement démotivé dans un
même sens, dérivé du nom propre Mausôlos escándalo mayúsculo ‘un scandale énorme’.
Mayúscula peut se substantiver après efface-
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ment du substantif dans (letra) mayúscula milation de *medialia pluriel neutre de media-
‘lettre majuscule, une majuscule’. lis ‘qui est au milieu’ (de medius ‘demi’).
MAYORDOMO, voir mayor. Dérivés : MEDALLÓN ‘médaillon’.
MAYORÍA, voir mayor. MEDIA, voir medio et calza.
MAYORISTA, voir mayor. MEDIANO, voir medio.
MAYÚSCULO, voir mayor. MEDIANTE, voir medio.
MAZA (‘massue’, ‘masse’), est issu du latin MEDIAR, voir medio.
vulgaire *mattea tiré de mateola ‘bâton, MÉDICA, voir médico.
manche de la houe’. MEDICAMENTO, voir médico.
Dérivés : MAZO ‘maillet’. MEDICINA, voir médico.
MAZO, voir maza. MÉDICO (‘médecin’), est emprunté au latin
MAZORCA (‘épi [de maïs]’), n’est pas d’origine medicus ‘médecin’, substantivation de
bien établie. l’adjectif medicus, a, um ‘médical’, issu de
MEANDRO (‘méandre’), est emprunté au latin mederi ‘soigner’.
Maeander lui-même pris au grec Maiandros Dérivés : MÉDICA ‘femme médecin’, ‘docto-
(aujourd’hui Mendereh), nom d’un fleuve resse’ et ‘femme de médecin’. A noter que
d’Asie Mineure dont le cours est très sinueux. l’on trouve aussi la médico. MEDICAMENTO
MEAR (‘uriner, pisser’), est issu du latin vulgaire ‘médicament’. MEDICINA ‘médecine’, du latin
meiare (variante de meiere de même sens). Il medicina ‘art de guérir’, ‘remède, potion’,
existait encore un autre verbe (mingere) dont substantivation au féminin de l’adjectif medi-
le supin minctum a donné mi(n)ctio terme sa- cinus ‘de médecin’, ‘médical’.
vant pour désigner l’action d’uriner (espagnol MEDIDA, voir medir.
micción, français miction). MEDIEVAL, voir edad.
Dérivés : MEÓN ‘pisseur’ ; ‘mioche’, ‘marmot’ MEDIO ([substantif] ‘milieu, centre’ ; ‘moyen,
(qui urine abondamment dans ses langes, suf- mesure’ ; ‘milieu, environnement’ ; [adjectif]
fixe augmentatif -ón). ‘demi’), est issu du latin medius, a, um ‘qui est
MECÁNICO, A, voir máquina. au milieu’, ‘moyen, intermédiaire’, ‘qui ne
MECANISMO, voir máquina. penche ni d’un côté ni de l’autre’ et ‘demi’.
MECENAS (‘mécène’), est tiré du nom propre Medium ‘milieu’, ‘lieu accessible à tous’ est le
latin Maecenas, ami de l’empereur Auguste, neutre substantivé de medius. L’évolution de
protecteur des arts et des lettres. medius aurait dû donner meyo puis meo. Pour
Dérivés : MECENAZGO ‘mécénat’. éviter une confusion fâcheuse avec la 1re per-
MECER (‘bercer’), est issu du latin miscere sonne du présent de l’indicatif de mear, me-
‘mélanger’ d’où ‘agiter (des liquides pour les dium a subi une évolution plus savante qui a
mélanger)’ puis ‘remuer pour bercer’. produit medio. Du sens concret de ‘milieu,
MECHA (‘mèche’), est sans doute emprunté au centre’ qui suppose que l’on est au centre de
français mèche issu d’un latin vulgaire *micca qqch, on est passé à celui d’environnement : el
de même sens. *Micca serait l’altération du la- medio ambiente ‘le milieu ambiant,
tin classique myxa ‘lumignon’ sous l’influence l’environnement’ ; en los medios bien infor-
de muccus ‘morve’. Myxa est lui-même pris au mados ‘dans les milieux bien informés’. Par
grec muxa ‘mucosité nasale’ et, par méta- ailleurs, le fait qu’on se trouve au milieu c’est-
phore, ‘mèche d’une lampe’. On retrouve la à-dire dans une position intermédiaire a per-
même métaphore en français : moucher une mis de développer le sens de ‘moyen mesure’
bougie et avoir une chandelle au nez. Voir permettant d’arriver à tel ou tel but : por me-
moco. dio de ‘au moyen de’ ; el fin justifica los me-
Dérivés : MECHERO ‘briquet’. dios ‘la fin justifie les moyens’.
MECHERO, voir mecha. Dérivés : INMEDIACIÓN ‘contiguïté’ et, au plu-
MEDALLA (‘médaille’), est emprunté à l’italien riel, ‘environs, alentours’. INMEDIATO ‘immé-
medaglia ‘monnaie d’un demi denier’ et diat’, du bas latin immediatis ‘sans intermé-
‘pièce de métal frappée à l’effigie d’un per- diaire’ (préfixe privatif in-). INTERMEDIARIO
sonnage’. Medaglia est issu du latin médiéval (adjectif et substantif) ‘intermédiaire’. INTER-
medalia ‘demi setier’ provenant d’une dissi- MEDIO ‘intermédiaire’ (adjectif) ; (substantif)
‘intervalle’, ‘entracte’, ‘intermède’ (théâtre),
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cope) > mejdrar > medrar. MEJORÍA ‘amélio- ‘pomme’ en particulier) et cotonium ‘coing’.
ration’ (en parlant d’une maladie). Le mot melocotón a d’abord désigné une va-
MEJORA, voir mejor. riété de pêche issue du croisement par greffe
MEJORAR, voir mejor. entre ce qu’on appelle en espagnol durazno
MEJORÍA, voir mejor. (‘duracine’, pêche à chair ferme) et le coing
MELANCOLÍA (‘mélancolie’), est emprunté au (membrillo). Le terme a acquis ensuite une
latin melancholia mis pour le grec melankho- valeur générique. Le nom usuel de la pêche en
lia ‘bile, humeur noire’, formé avec melas latin était malum persicum ‘pomme de Perse’.
‘sombre, noir’ (mélanome ‘tumeur [noire] de MELLA (‘brèche, ébréchure’), est d’origine
la peau), et -kholia dérivé de kholê ‘bile’ (voir incertaine.
cólera). Dérivés : MELLAR ‘ébrécher’ ; (au figuré) ‘en-
Dérivés : MELANCÓLICO ‘mélancolique’. tamer, ternir’ (réputation etc.).
MELANCÓLICO, voir melancolía. MELLAR, voir mella.
MELENA (‘chevelure, cheveux longs’, ‘crinière, MELLIZO (‘jumeau’), est issu du latin vulgaire
toison’), est d’origine très incertaine. *gemellicius ( > *[e]mellizo) dérivé de gemel-
Dérivés : DESMELENAR ‘écheveler’ et, au figu- lus diminutif de geminus ‘jumeau’, ‘qui fait la
ré, ‘s’emballer’. paire’, ‘semblable’. Par ailleurs, la forme ge-
MELINDRE (‘beignet au miel’ ; ‘minauderies, mellus a donné gemelo (adjectif et substantif)
manières’), provient sans doute d’une altéra- ‘jumeau’ et, au pluriel, ‘jumelles’ (instrument
tion de l’ancien français Melide ‘pays de Co- à double optique d’abord appelé en français
cagne’, ‘situation délicieuse’, ‘endroit mer- lorgnettes jumelles). Gemelos désigne aussi la
veilleux’, du latin Melita nom de l’île de constellation zodiacale des Gémeaux (Castor
Malte interprété par étymologie populaire et Pollux).
comme un mot apparenté au latin mel ‘miel’ et MEMBRANA, voir miembro.
‘charme, douceur’. MEMENTO, voir mente.
MELOCOTÓN, voir melón. MEMO (‘sot, niais’), est un mot de création ex-
MELODÍA (‘mélodie’), est emprunté au bas latin pressive fondée sur le redoublement conso-
melodia ‘air musical, harmonie, accord’, lui- nantique (voir aussi bobo, lelo et le français
même pris au grec melôdia ‘chant accompa- gaga).
gné de musique’, ‘poésie lyrique’. Melôdia est MEMORIA (‘mémoire’), est issu du latin memo-
dérivé de melôdos ‘mélodieux’ formé avec ria ‘mémoire’ et ‘ensemble des souvenirs’. Au
adein ‘chanter’ et melos ‘membres (du corps)’ pluriel memoriae ‘recueil de souvenirs’ et, en
et ‘membre de phrase musicale’ d’où ‘air mu- latin ecclésiastique, ‘monuments commémora-
sical’, ‘poésie lyrique’. tifs’. Memoria vient de memor ‘qui se sou-
Dérivés : MELODRAMA ‘mélodrame’, désigne vient’.
à l’origine un drame populaire dont les effets Dérivés : MEMORIZACIÓN ‘mémorisation’.
pathétiques, émotionnels sont soulignés par MEMORIZACIÓN, voir memoria.
une musique expressive (XIXe siècle). Le mot MENAJE (‘mobilier [d’une maison]’, ‘batterie de
est ensuite passé dans l’usage commun pour cuisine’), est emprunté au français ménage dé-
désigner tout ce qui a trait à une sentimentalité rivé de l’ancien verbe manoir ‘demeurer’ issu
excessive (littérature, cinéma etc.). MELÓMA- du latin manere ‘rester’, ‘séjourner, habiter’.
NO ‘mélomane’, est formé avec melos ‘air mu- Le mot ménage a d’abord signifié ‘demeure’
sical’ et -mano tiré du grec mania ‘fureur’ et puis a désigné les aspects matériels de la vie
‘passion, enthousiasme’. dans une maison (faire le ménage) ainsi que
MELODRAMA, voir melodía. les aspects humains (se mettre en ménage).
MELÓMANO, voir melodía. MENCIÓN, voir mente.
MELÓN (‘melon’), est issu du bas latin melo, MENCIONAR, voir mente.
melonis, abréviation du latin classique melo- MENDIGAR, voir mendigo.
pepo lui-même pris au grec mêlopepôn formé MENDIGO (‘mendiant’), est issu du latin mendi-
avec mêlon ‘fruit’, ‘pomme’, ‘coing’ et pepôn cus littéralement ‘qui a des défauts physiques,
‘mûr’, ‘cuit par le soleil’. infirme’ et ‘pauvre, indigent’, dérivé de men-
Dérivés : MELOCOTÓN ‘pêche’, du latin ma- dum ‘défaut physique’ et ‘faute dans un texte’,
lum cotonium formé avec malum ‘fruit’ (et d’origine inconnue.
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Michel Bénaben 281
Dérivés : MENDIGAR ‘mendier’. français X : porter plainte contre X). Voir fu-
MENDRUGO (‘croûton, morceau [de pain dur], lano et zutano.
quignon’), est d’origine incertaine, peut-être MENGUA (‘diminution’, ‘manque’ ; ‘discrédit’),
apparentée à mendigo, le mendiant se conten- est issu probablement du latin vulgaire *minua
tant de morceaux de pain dur. dérivé de minuere ‘diminuer, rendre plus pe-
MENEAR (‘remuer’), est d’abord attesté sous la tit’, lui-même dérivé de minus ‘moins’.
forme manear ‘manier’ dérivée de mano Dérivés : DIMINUTIVO ‘diminutif’, est em-
‘main’ puis altérée sous l’influence du catalan prunté au bas latin diminutivus tiré du supin de
/ occitan menar ‘conduire’, ‘déplacer’ issu du diminuere ‘enlever, retrancher’ et ‘amoindrir,
latin minare ‘conduire les troupeaux’. affaiblir’. Le terme s’est spécialisé en gram-
Dérivés : MENEO ‘mouvement’, ‘agitation’, maire comme substantif et adjectif : sufijo
‘dandinement’. diminutivo ‘suffixe diminutif’. DIMINUTO
MENESTER (‘besoin, nécessité’), est issu du latin ‘tout petit’, ‘minuscule’. DISMINUIR ‘dimi-
ministerium ‘fonction de serviteur’, ‘servi- nuer’, du latin diminuere (ou deminuere) ‘en-
teur’, ‘aide’, ‘service’, dérivé de minister, mi- lever, retrancher’. MENGUANTE ‘décroissant’
nistri ‘serviteur’, ‘prêtre d’un dieu’, ‘instru- (cuarto menguante ‘dernier quartier de la
ment, agent, intermédiaire’. Menester a servi lune’).
de base à l’expression es menester (que) que MENGUANTE, voir mengua.
l’on peut traduire à l’origine littéralement par MENINGE (‘méninge’), est emprunté au latin
‘c’est un service (à rendre)’, ‘c’est utile’ puis médiéval meninga lui-même pris au grec mê-
‘c’est nécessaire’ et enfin ‘il faut’. Dans ce ninx, mêningos ‘peau, membrane (qui enve-
type d’expression, menester est en position loppe le cerveau)’ d’origine non établie.
proclitique c’est-à-dire atone, c’est la raison Dérivés : MENINGITIS ‘méningite’, formé avec
pour laquelle il a subi une apocope : menes- le suffixe -itis d’origine grecque désignant des
ter(io). Menester entre aussi dans l’expression maladies de nature inflammatoire (bronquitis
aujourd’hui vieillie haber menester algo ‘bronchite’).
‘avoir besoin de qqch’ (chose qui rendrait ser- MENINGITIS, voir meninge.
vice). MENOPAUSIA, voir mes.
Dérivés : ADMINISTRACIÓN ‘administration’, MENOR, voir menos.
du latin administratio ‘fait de s’occuper de MENOS (‘moins’), est issu du latin minus, neutre
qqn’ et ‘gestion (des affaires politiques)’ ; en de minor ‘plus petit’, ‘plus jeune’ et, en droit,
latin médiéval ‘fourniture d’aliments’ et ‘por- ‘qui n’a pas la majorité’. Minor servait de
tion’. ADMINISTRAR ‘administrer’, du latin comparatif à parvus ‘petit’ (voir párvulo) et a
administrare ‘prêter son aide’, ‘prêter son aide donné menor en espagnol (‘plus petit’,
dans un sacrifice religieux’, dérivé de minis- ‘moindre’ et ‘mineur’ : un menor de edad ‘un
trare ‘servir’. MINISTERIO ‘ministère’, du latin mineur’).
ministerium ‘service’, ‘aide’. Ministerio est le Dérivés : MENOSCABAR ‘amoindrir’, ‘dimi-
doublet savant de menester. Il prendra le sens nuer’, du latin vulgaire *minuscapare issu lui-
de ‘charge à remplir’ et se spécialisera en poli- même de *minus caput ‘personne privée de
tique à partir du XVIIe siècle. MINISTRO ‘mi- ses droits de citoyen’ (latin classique minor
nistre’, du latin minister, ministri ‘serviteur’. capitis), formé avec caput ‘tête’. MENOSPRE-
Pour désigner une femme ministre, on trouve CIAR ‘mépriser’, ‘dédaigner’, formé avec pre-
— comme pour médico — la ministra et la ciar ‘apprécier’ (voir precio). MINIMIZAR
ministro. SUMINISTRAR ‘fournir’, ‘livrer’, ‘minimiser’. MÍNIMO ‘minime, très petit’,
‘approvisionner’, du latin subministrare ‘ap- ‘minimum’, du latin minimus ‘le plus petit’,
porter à pied d’œuvre, fournir, procurer’, for- servant de superlatif à parvus (parvissimus
mé avec ministrare ‘servir’ et sub- renforçant était peu usité). MINORÍA ‘minorité’.
l’idée de dépendance, de soumission. MINÚSCULO ‘minuscule’, du latin minusculus
MENGANO, A (‘Untel, Unetelle’), est d’origine ‘un peu plus petit’, ‘assez petit’, diminutif de
incertaine, probablement issu de l’arabe man minor ‘moindre, plus petit’ (minus au neutre).
kân ‘qui que ce soit’, utilisé dans la langue des PORMENOR ‘détail’, substantif issu de
notaires pour remplacer le nom d’une per- l’expression al por menor ‘au détail’, littéra-
sonne inconnue (nous dirions aujourd’hui en
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Michel Bénaben 282
lement ‘par la moindre des choses’, ‘par le LIZACIÓN ‘prise de conscience’, ‘sensibilisa-
menu’ (latin minutus ‘petit, fin’). tion’. MENTALIZAR ‘sensibiliser’. MENTAR
MENOSCABAR, voir menos. ‘mentionner, nommer’. MENTECATO ‘sot,
MENOSPRECIAR, voir menos. niais’, du latin mente captus ‘qui n’a pas toute
MENSAJE (‘message’), est issu de l’occitan sa raison’, formé avec captus participe passé
messatge dérivé de mes ‘envoyé’, ‘messager’, de capere ‘prendre, saisir’. MENTIR, voir ce
du bas latin missus ‘envoyé’, participe passé mot à sa place alphabétique. VEHEMENTE ‘vé-
de mittere ‘envoyer’. hément’, du latin vehemens ‘emporté, violent’,
Dérivés : MENSAJERÍA ‘messagerie’ (‘mensa- peut-être issu de ve-mens où ve- est une parti-
jería rosa’, ‘minitel rose’). MENSAJERO ‘mes- cule privative.
sager’. MENTECATO, voir mente.
MENSAJERÍA, voir mensaje. MENTIR (‘mentir’), est issu du latin vulgaire
MENSAJERO, voir mensaje. mentire — latin classique mentiri — apparte-
MENSTRUACIÓN, voir mes. nant à la même famille de mots que mens,
MENSUAL, voir mes. mentis ‘intelligence, esprit’ issus de la racine
MENTAL, voir mente. indoeuropéenne *men ‘avoir une activité men-
MENTALIDAD, voir mente. tale’ (pour le meilleur et pour le pire : mentire
MENTALIZACIÓN, voir mente. ‘mentir’...).
MENTALIZAR, voir mente. Dérivés : DESMENTIR ‘démentir’. MENTIRA
MENTAR, voir mente. ‘mensonge’. MENTÍS ‘démenti’, substantiva-
MENTE (‘esprit’), est emprunté au latin mens, tion de la 2e personne du pluriel du présent de
mentis ‘activité intellectuelle’, ‘intelligence’. l’indicatif du verbe mentir. Procédé analogue
En espagnol, mente est la forme savante, la au français rendez-vous (rendez-vous à sept
forme diphtonguée dite populaire est mientes heures à cet endroit → fixer un rendez-vous).
qui subsiste dans les expressions caer en las MENTIRA, voir mentir.
mientes ‘imaginer’, ‘avoir l’idée de’ ; parar MENTÍS, voir mentir.
mientes ‘réfléchir’ ; venir a las mientes ‘ve- MENTÓN (‘menton’), est emprunté très tardive-
nir à l’idée’, ‘avoir l’idée de’. Le latin vulgaire ment (1914) au français menton issu du latin
utilisait déjà le mot mens à l’ablatif pour cons- vulgaire *mentonem, accusatif de mento, men-
tituer des adverbes de manière : rapida mente, tonis ‘celui dont le menton est saillant’ et qui a
littéralement ‘avec / dans un esprit rapide’. Le fini par remplacer la forme classique mentum
mot mente a fini par se désémantiser et se ‘menton’.
grammaticaliser pour devenir un suffixe : MENÚ (‘menu’ [au restaurant, en informatique]),
rápidamente ‘rapidement’. est emprunté au français menu qui signifie lit-
Dérivés : AMNESIA ‘amnésie’, est issu du grec téralement ‘liste détaillée, par le menu, des
amnêsia, formé avec a- privatif et -mnêsia de plats formant un repas’. Par le menu signifie
mimnêskein ‘se souvenir’. Ce verbe appartient donc ‘en détail’ et le substantif menu est issu
à la famille des mots — comme le latin mens, — comme l’adjectif menu, e ‘petit, e’,
mentis — remontant à une racine indoeur- ‘mince’ — du latin minutus ‘petit, mince, fin’.
péenne *men- ‘avoir une activité mentale’. Voir aussi menudo.
AMNISTÍA ‘amnistie’, du grec amnêstia ‘ou- MENUDO (‘petit’, ‘menu’ ; ‘sacré’, ‘fichu’, ‘joli,
bli’, ‘pardon’, dérivé de amnêstos ‘oublié’ beau’), est issu du latin minutus ‘petit, mince,
formé avec a- privatif et mnêstia tiré du verbe fin’, participe passé adjectivé de minuere ‘di-
mimnêskein ‘se souvenir’. DEMENTE ‘dément’. minuer, amoindrir’. Par antiphrase, menudo
DEMENCIA ‘démence’. MEMENTO ‘mémento’, est utilisé dans les expressions du type menu-
du latin memento, littéralement ‘souviens-toi’, do lío littéralement ‘petite affaire’ pour dire
2e personne de l’impératif du verbe meminisse ‘sacrée, drôle d’affaire’. La locution adver-
‘avoir présent à l’esprit’. MENCIÓN ‘mention’, biale a menudo exprime la répétition en par-
du latin mentio ‘appel à la pensée ou à la mé- tant de l’idée qu’il se déroule un laps de temps
moire’, ‘mention’ (mentionem facere ‘faire très court entre deux actions.
mention’). MENCIONAR ‘mentionner’. MEN- Dérivés : MINUCIA ‘minutie’, du latin impérial
TAL ‘mental’, du latin mentalis ‘de l’âme’, ‘de minutia ‘petite parcelle, poussière’ d’où ‘petit
l’intellect’. MENTALIDAD ‘mentalité’. MENTA- détail’, ‘chose sans importance’, dérivé de mi-
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nutus ‘petit’. Aujourd’hui minucia signifie qqn en l’épargnant’ (français demander merci
‘soin accordé aux détails’. MINUTA ‘liste, cata- / crier merci c’est-à-dire ‘demander grâce’).
logue’, ‘pièce(s) d’un procès’, du latin médié- Merces appartient à la famille de merx ‘mar-
val minuta ‘note, brouillon d’un écrit’, littéra- chandise’. En espagnol classique, le syntagme
lement ‘écriture menue’, féminin substantivé Vuestra Merced ‘Votre Grâce’ a servi de for-
de minutus ‘menu, mince’ car ces notes étaient mule de courtoisie désignant l’interlocuteur
écrites en petits caractères. MINUTO ‘minute’, par sa capacité à dispenser des grâces, des fa-
du latin minutus ‘petit, mince’, a eu d’abord le veurs bien matérielles. Vuestra Merced a fini
sens de ‘petite subdivision du temps’ avant de par donner usted dès le XVIIe siècle. Sur le
signifier ‘60e partie d’une heure’ (voir aussi passage de Vuestra Merced à usted, on con-
segundo). sultera Nadine Ly, La poétique de
MEÑIQUE (‘petit doigt’, ‘auriculaire’), est l’interlocution dans le théâtre de Lope de Ve-
d’origine controversée. Le premier élément ga, Université de Bordeaux III, 1981.
(meñi-) proviendrait de menino ‘enfant’ que Dérivés : MERCENARIO ‘mercenaire’, du latin
l’on trouve en portugais, en léonais et en gas- mercenarius ‘loué, payé’ et, en bas latin, ‘qui
con, mot de création expressive, dérivé du ra- fait un commerce’, dérivé de merces ‘prix
dical men- ou min- qui exprime la petitesse payé pour une marchandise’, ‘salaire, gage’ et
dans plusieurs langues romanes. Menino serait ‘récompense’.
aussi une désignation familière et affectueuse MERCENARIO, voir merced.
du petit doigt propre au langage enfantin qui MERCERÍA (‘mercerie’), est emprunté au catalan
tend à personnifier les choses (‘Mon petit merceria dérivé du latin merx, mercis ‘mar-
doigt me dit que...’). Le 2nd élément (-ique) chandise’.
n’est pas très clairement identifié. MERCURIO (‘mercure’), est emprunté au latin
MEOLLO (‘moelle’, ‘cervelle’ [au propre et au Mercurius ‘Mercure’, dieu protecteur des
figuré]), est issu d’un latin vulgaire marchands et messager des dieux. En chimie,
*medullum tiré de medulla ‘moelle’. Le trai- le métal que l’on appelait vif-argent a reçu le
tement savant de medulla a donné medula (ou nom de mercure sans doute par analogie entre
médula) utilisé dans le vocabulaire médical : sa mobilité (vif) et celle du dieu messager.
médula espinal ‘moelle épinière’ (et non pas MERECER (‘mériter’), est issu du latin vulgaire
*meollo espinal). *merescere dérivé de merere ‘gagner’, ‘méri-
MEÓN, voir mear. ter’.
MERCADER, voir mercado. Dérivés : MERETRIZ ‘prostituée’, littéralement
MERCADO (‘marché’), est issu du latin mercatus ‘celle qui gagne sa vie (avec) elle-même’, du
‘transaction commerciale’ et ‘lieu où latin meretrix ‘courtisane’, dérivé de merere
s’effectue cette transaction’, dérivé de merx, ‘gagner, mériter’. MÉRITO ‘mérite’.
mercis ‘marchandise’ et ‘chose, affaire’. MERENDAR, voir merienda.
Dérivés : MERCADER ‘marchand’, emprunté MERENGUE (‘meringue’), est emprunté au fran-
au catalan mercader dérivé de mercat ‘mar- çais meringue d’origine très incertaine. Peut-
ché’. MERCADOTECNIA, voir marketing. être du polonais murzynka ‘négresse’ et ‘me-
MERCANCÍA ‘marchandise’, de l’italien mer- ringue (au chocolat)’ ou du latin merenda
canzia de même sens. MERCANTE ‘marchand, ‘collation’ par l’intermédiaire du picard ou du
e’ (marina mercante ‘marine marchande’), wallon (*merinde > meringue).
de l’italien mercante ‘marchand’. MERCANTIL MERETRIZ, voir merecer.
‘mercantile’, de l’italien mercantile ‘qui se MERIDIANO (‘[adjectif] ‘méridien, de midi’ ;
rapporte au commerce’, dérivé de mercante ‘éclatant’ ; [substantif] ‘méridien’), est em-
‘marchand’. prunté au latin meridianus ‘de midi’ dérivé de
MERCADOTECNIA, voir marketing. meridies ‘midi’, ‘sud’ issu de meridie forme
MERCANCÍA, voir mercado. obtenue par la dissimilation de mediei die ‘au
MERCANTE, voir mercado. milieu du jour’. Ser de una claridad meri-
MERCANTIL, voir mercado. diana ‘être clair comme le jour’ (lorsque le
MERCED (‘grâce, faveur’), est emprunté au latin soleil est au zénith, à midi). A noter que
merces, mercedis ‘salaire, récompense’ et, en l’expression latine daemonius meridianus a
bas latin, ‘prix’ et ‘grâce que l’on accorde à été traduite en ancien français par diable mé-
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ridien pour devenir ensuite démon de midi dé- Dérivés : MENOPAUSIA ‘ménopause’, du latin
signant les tentations sexuelles qui s’emparent médiéval menopausis formé avec les éléments
des hommes vers le milieu de leur vie. grecs mêniaia ‘règles’, ‘menstrues’, pluriel
Dérivés : MERIDIONAL ‘méridional’, du bas neutre substantivé de mêniaios ‘qui dure un
latin meridionalis ‘situé au midi, au sud’. mois’ (mên ‘mois’) et pausis ‘fin’. MENS-
MERIDIONAL, voir meridiano. TRUACIÓN et MENSTRUO ‘menstrues, règles’,
MERIENDA (‘goûter’), est issu du latin merenda du latin menstruum, substantivation au neutre
‘collation’ dérivé de merere ‘recevoir comme de l’adjectif menstruus ‘mensuel’. MENSUAL
part ou comme prix’, ‘mériter sa ration’. ‘mensuel’. SEMESTRE ‘semestre’, du latin se-
Dérivés : MERENDAR ‘prendre un goûter’. mestris ‘d’une durée de six mois’, formé avec
MERINO (‘mérinos’), est d’origine incertaine, sex ‘six’ et mensis.
peut-être de l’arabe merini nom porté par la MESA (‘table’), est issu du latin mensa ‘table’,
tribu marocaine des Benî Merîn, berbères no- ‘nourriture, plats’.
mades éleveurs de moutons. Dérivés : MESETA ‘palier’ (dans un escalier),
MÉRITO, voir merecer. ‘plateau’ (géographie). SOBREMESA dans de
MERMAR (‘diminuer’, ‘amenuiser’, ‘entamer’), sobremesa ‘après le repas’, formé avec sobre
est probablement emprunté à l’occitan mermar ‘sur’ à valeur temporelle.
issu du latin vulgaire minimare ‘réduire, dimi- MESAR(SE), voir mies.
nuer’ dérivé de minimus ‘le plus petit’ servant MESETA, voir mesa.
de superlatif à parvus ‘petit’. MESÓN (‘auberge, hôtellerie’), est issu, peut-être
MERMELADA (‘confiture’), est emprunté au par l’intermédiaire du français maison, du la-
portugais marmelada ‘confiture de coings’ dé- tin mansio, mansionis ‘fait de rester, de sé-
rivé de marmelo ‘coing’ issu du latin melime- journer’, ‘lieu de séjour’, ‘halte, étape’ et
lum ‘pomme douce’, ‘coings au miel’, ‘confi- ‘maison (où l’on fait halte)’, dérivé du verbe
ture de coings’. Le mot latin est emprunté au manere ‘demeurer’. Le traitement savant de
grec melimêlon (meli ‘miel’ et mêlon mansio a donné le terme aujourd’hui vieilli
‘pomme’). Par extension, mermelada désigne mansión ‘demeure’, ‘séjour’.
en espagnol toute sorte de confiture. MESTA (‘mesta’ [association des éleveurs de
MERO (‘simple’, ‘pur’, ‘seul’), est emprunté au troupeaux transhumants au moyen âge]), est
latin merus ‘pur, sans mélange’, ‘seul, issu du latin mixta qui représente l’abréviation
unique’. de animalia mixta littéralement ‘animaux mé-
Dérivés : ESMERARSE ‘s’appliquer, faire de langés’ (c’est-à-dire appartenant à des proprié-
son mieux’ (littéralement ‘se consacrer uni- taires différents). Mixtus, a, um est le participe
quement à qqch’). ESMERO ‘soin’. passé de miscere ‘mêler, mélanger’.
MERODEAR (‘marauder’), est dérivé de MESTIZO, voir mezclar.
l’ancienne forme merode ‘maraude, marau- META-, élément entrant dans la formation de
dage’ emprunté au français maraude déverbal mots savants, est tiré du grec meta signifiant
de marauder issu de maraud d’origine discu- primitivement ‘au milieu de’ puis ‘parmi’,
tée. Peut-être à rattacher au latin marra ‘sorte ‘avec’ et ‘pour se rendre au milieu de’, ‘vers’,
de houe’ d’où en ancien français maraudise ‘à la recherche de’ et enfin ‘après’, ‘derrière’.
‘travail de paysan’ et marault ‘artisan travail- Voir chacun des composés.
lant le bois et fabriquant des coffrets’ ayant META (‘but, objectif’ ; [sports] ‘buts’), est em-
l’habitude de se déplacer, de mener une vie er- prunté au latin meta ‘borne’, ‘extrémité,
rante d’où le sens péjoratif de ‘vagabond, terme’.
mendiant’, ‘filou’ et ‘homme de basse condi- Dérivés : GUARDAMETA ‘gardien de but’ ou,
tion’. par métonymie, el meta (voir aussi el puerta
Dérivés : MERODEO ‘maraude, maraudage’. ‘videur [dans les boîtes de nuit]’).
MERODEO, voir merodear. METABOLISMO (‘métabolisme’), a été formé
MES (‘mois’), est issu du latin mens, mensis de d’après le grec metabolê ‘déplacement’,
même sens. Mens appartient à une famille de ‘changement, échange’ et ‘inconstance’. Me-
mots remontant à un ancien nom indoeuropéen tabolê est formé avec meta- ‘pour se rendre au
de la lune (grec mênê ‘la lune’, mêniskos ‘pe- milieu de’, ‘vers’, ‘à la recherche de’ et bolê
tite lune’, ‘croissant’ ; mên, mênos ‘mois’). (du verbe ballein ‘lancer, jeter’). Metabolis-
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tin missile). MISIÓN ‘mission’, du latin missio Dérivés : DIÁMETRO ‘diamètre’, du grec dia-
‘action d’envoyer’. MISIVA ‘missive’ repré- metros (grammê) ‘(ligne) diagonale’ puis, par
sente l’abréviation de letra misiva ‘lettre en- extension, ‘diamètre d’un cercle’, formé avec
voyée’. Misiva est dérivé du latin missus, a, dia- ‘en traversant’, ‘à travers’ et metron. MÉ-
um participe passé de mittere ‘envoyer’. OMI- TRICA ‘métrique’, du latin metricus lui-même
TIR ‘omettre’, du latin omittere, littéralement pris au grec metrikos et metrikê (teknê) ‘art de
‘laisser aller loin devant soi’ d’où ‘renoncer’, la versification’. METRÓNOMO ‘métronome’,
‘oublier de’, formé avec ob ‘devant’. PERMISO du grec metronomos ‘magistrat contrôleur des
‘permission’, ‘permis’. PERMITIR ‘permettre’, poids et mesures’, formé avec metron et
du latin permittere, littéralement ‘lancer d’un -nomos ‘ce qui est attribué’, ‘usage, coutume,
point à un autre, jusqu’à un but’ et ‘laisser al- loi’ (de nemein ‘attribuer’). Nomos indique ici
ler librement’, formé avec per- ‘à travers’. le détenteur de la fonction, le spécialiste de la
PROMESA ‘promesse’. PROMETER ‘promettre’, discipline. Metrónomo a été repris au XIXe
du latin promittere ‘faire aller en avant’, ‘lais- siècle pour désigner un instrument permettant
ser aller en avant’ d’où ‘garantir, assurer’ (par de marquer le rythme en musique. PARÁME-
e
des paroles dites avant), formé avec pro TRO ‘paramètre’, du latin scientifique (XVII
‘avant’. PROMISIÓN dans tierra de promisión siècle) parameter, parametrum, formé avec
‘Terre promise’ (ou ‘Terre de promission’). para- ‘à côté’ : un paramètre est donc un élé-
REMESA ‘envoi, expédition’, formé sur ment annexe qu’il faut prendre en considéra-
l’ancien participe passé de meter (latin missus tion pour résoudre un problème ou com-
‘envoyé’ > meso, refait ensuite en metido). prendre une question. PERÍMETRO ‘périmètre’,
REMITENTE ‘expéditeur (d’une lettre, d’un co- du grec perimetros ‘qui mesure tout autour’,
lis)’. REMITIR ‘remettre’. SOMETER ‘sou- formé avec peri ‘autour’. SIMETRÍA ‘symé-
mettre’, du latin submittere ‘envoyer dessous’, trie’, du grec summetria ‘juste proportion,
‘soumettre’. SUMISIÓN ‘soumission’. TRANS- juste mesure’ dérivé de summetros ‘de même
MITIR ‘transmettre’, du latin transmittere, lit- mesure que’, formé avec sun ‘avec, ensemble’
téralement ‘envoyer de l’autre côté’, formé et metron ‘mesure’.
avec trans- ‘au-delà, par-delà de’. METRO (‘métro’), voir madre.
METICULOSO, voir miedo. METRÓNOMO, voir metro.
METÓDICO, voir método. METRÓPOLI, voir madre.
MÉTODO (‘méthode’), est emprunté au latin MEZCLA, voir mezclar.
methodus lui-même pris au grec methodos MEZCLAR (‘mêler, mélanger’), est issu du latin
‘poursuite, recherche’ d’où ‘étude méthodique vulgaire *misculare tiré de miscere ‘mélan-
d’une question de science’, formé avec meta ger’, ‘troubler’, ‘bouleverser’.
‘vers’ et hodos ‘route’, ‘direction qui mène au Dérivés : INMISCUIR(SE) ‘s’immiscer’, du latin
but’. immiscere ‘mêler à’, formé avec in- ‘dans’ et
Dérivés : METÓDICO ‘méthodique’. miscere ‘mêler’. MESTIZO ‘métisse’, du bas la-
METONIMIA, voir nombre. tin misticius dérivé de mixtus ‘mêlé’. Voir
METRALLA (‘mitraille’), est emprunté au fran- mixto plus loin. MEZCLA ‘mélange’. MIXTO
çais mitraille issu de l’ancienne forme mitaille ‘mixte’, est emprunté au latin mixtus ‘mêlé’
‘petit morceau de métal’, ‘petite monnaie’ dé- participe passé adjectivé de miscere ‘mélan-
rivée de mite ‘monnaie de cuivre de Flandre’, ger’. MISCELÁNEA ‘miscellanées’ (recueil
mot très probablement apparenté à mite ‘in- d’écrits divers), du latin miscellanea ‘choses
secte’ car la mite est un insecte qui coupe les mêlées’, pluriel substantivé de l’adjectif mis-
vêtements en morceaux. Mite est issu du néer- cellaneus ‘mêlé’, dérivé de miscellus de même
landais mite provenant de la racine germa- sens et tiré de miscere ‘mélanger’. MIXTURA
nique mit- ‘couper en morceaux’. ‘mixture’. PROMISCUIDAD ‘promiscuité’, déri-
Dérivés : AMETRALLAR ‘mitrailler’. vé du latin promiscuus ‘mêlé, confondu’ lui-
METRO (‘mètre’), est emprunté au grec metron même tiré de miscere.
‘mesure’ et, en poésie, ‘pied’. Le mètre est MEZQUINO (‘mesquin’), est emprunté à l’arabe
devenu l’unité de base du système dit mé- miskin ‘pauvre, indigent’. En vieil espagnol
trique avec la Révolution française (1795). mezquino avait encore le sens de ‘pauvre’. Le
Voir aussi litro à ce sujet. mot a évolué ensuite en ‘qui a les apparences
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d’un pauvre’ c’est-à-dire ‘qui ne se met pas en Dérivés : METICULOSO ‘méticuleux’ ‘craintif,
frais’ d’où ‘avare’ et, au figuré, ‘médiocre, pe- timide’ dérivé de metus. On est passé de l’idée
tit’. de crainte à celle de soigner tous les détails
MEZQUITA (‘mosquée’), est emprunté à l’arabe par crainte de mal faire puis plus généralement
masgid ‘lieu où l’on pose la tête en faisant la à celle de minutie, de travail soigné. MIEDITIS
prière’, ‘lieu où l’on adore’. Ce terme a été ‘trouille, pétoche’, formé avec le suffixe -itis
rapporté à l’époque de la 1re croisade. spécialisé dans le vocabulaire de la médecine
MIASMA (‘miasme’), est emprunté au grec (bronquitis ‘bronchite’). Le français utilise le
miasma ‘corruption, souillure’, du verbe miai- même procédé familier avec flémingite. MIE-
nein ‘souiller (de sang, de poussière, de DOSO ‘peureux’.
larmes)’, ‘corrompre’. MIEDOSO, voir miedo.
MICCIÓN, voir mear. MIEL (‘miel’), est issu du latin mel ‘miel’ et
er
MICRO-, 1 élément servant à la formation de ‘charme, douceur’. Ce mot pouvait être en la-
nombreux mots composés savants et tiré du tin l’équivalent affectueux de cariño en espa-
grec mikros ‘petit’, ‘en petite quantité’, ‘sans gnol et de chéri en français : mel meum, litté-
importance’ : MICROBIO ‘microbe’, formé ralement ‘mon miel’.
avec le grec bios ‘vie’, littéralement ‘petite MIEMBRO (‘membre’), est emprunté au latin
vie’, ‘petit organisme vivant’ ; MICROBÚS membrum ‘(toute) partie du corps’.
‘minibus’ ; MICROCOSMO ‘microcosme’, du Dérivés : MEMBRANA ‘membrane’, du latin
latin médiéval microcosmos qui s’appliquait à membrana littéralement ‘peau qui recouvre les
‘l’homme considéré comme un petit univers’, membres’ puis ‘tissu qui tapisse les organes’
du grec mikros kosmos ‘petit monde’ ; MI- et ‘parchemin’.
CROCHIP ‘puce’ (en informatique) ; MICRO- MIENTES, voir mente.
FILM(E) ‘microfilm’ ; MICRÓFONO ‘micro- MIENTRAS (‘pendant que’), est issu du latin dum
phone’ ; MICROONDA ‘micro-onde’ (horno interim de même sens. Le résultat aurait dû
microondas ‘four [à] micro-ondes’) ; MI- être *domentre mais do- a été assimilé à un
CROORDENADOR ‘micro-ordinateur’ ; MI- élément préfixal et remplacé par une forme
CROSCOPIO ‘microscope’. plus usuelle comme dans delante, detrás,
MICROBIO, voir micro-. demás, debajo d’où dementre. Dementre s’est
MICROBÚS, voir micro-. ensuite rapproché de manière analogique avec
MICROCOSMO, voir micro-. le suffixe -miente des adverbes de manière du
MICROCHIP, voir micro-. type fuertemient(r)e en vieil espagnol d’où
MICROFILM, voir micro-. demientre. Puis, par analogie avec detrás, de-
MICRÓFONO, voir micro-. bajo, demás, delante (formes composées) et
MICROONDA, voir micro-. tras, bajo, más, ante (formes simples), une
MICROORDENADOR, voir micro-. forme mientre s’est constituée. Puis, par ana-
MICROSCOPIO, voir micro-. logie avec les séries nunca, fuera, contra,
MICHELINES (‘poignées d’amour’, ‘bourrelets’), quizá, on a obtenu mientra. Enfin, par analo-
a été formé sur le nom propre Michelin leader gie avec des mots possédant un -s dit adverbial
mondial du pneumatique dont le symbole est (tras, después, jamás, antes, entonces, cras,
un personnage dessiné par O’Gallop et appelé aprés, quizás etc.), est apparue la forme
familièrement Bibendum. Son corps est formé mientras. Voir sur le sujet Michel Launay,
d’un empilement de pneus. Le mot Bibendum, ‘Remarques sur mientras et les adverbes en
originellement prévu pour vanter les mérites -mientre’, Ibérica II, Paris Sorbonne, 1979,
d’une bière, est emprunté à une devise latine pp. 103-113.
Nunc est bibendum ‘c’est l’heure de boire’ MIÉRCOLES (‘mercredi’), est issu du latin Mer-
(début d’un poème d’Horace) détournée pour curi Dies ‘jour de Mercure’. Mercuri, génitif
les besoins de la publicité : ‘Le pneu Michelin de Mercurius, produit normalement *miércore
boit / absorbe l’obstacle’. puis *miércole par dissimilation. Le -s final
MIEDITIS, voir miedo. est analogique de martes, jueves, viernes (pa-
MIEDO (‘peur’) est issu du latin metus de même radigme lexical des jours de la semaine). Voir
sens. Espagnol moderne : miedo escénico aussi *lune → lunes.
‘trac’.
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MIERDA (‘merde’), est issu du latin merda MILAGRO (‘miracle’), est emprunté au latin
‘fiente, excrément’ dont l’origine n’est pas miraculum ‘chose étonnante’, dérivé de mirus
bien établie. ‘étonnant, étrange, merveilleux’ par
MIES (‘moisson’), est issu du latin messis ‘ré- l’intermédiaire de mirari ‘s’étonner’. Le mot
colte, moisson’, dérivé de metere ‘récolter’, d’usage commun est passé dans la langue reli-
‘cueillir, couper’. gieuse, d’abord païenne puis chrétienne. En
Dérivés : MESAR(SE) ‘(s’) arracher (les che- espagnol, milagro est une forme semi-
veux, la barbe)’, du latin vulgaire messare savante : le résultat ordinaire du groupe con-
‘moissonner, couper’, fréquentatif (intensif) de sonantique -kl- est une jota (oculum > oclo >
metere. ojo). Mirac(u)lum (> miraclo) aurait donc dû
MIGA (‘miette’), est issu du latin mica ‘parcelle, donner *mirajo.
miette’ dont l’origine n’est pas bien établie. Dérivés : MILAGROSO ‘miraculeux’.
Peut-être à rattacher au latin minor ‘plus petit’ MILAGROSO, voir milagro.
et au grec mikros ‘petit’ (voir micro-). MILDEU (‘mildiou’), est emprunté à l’anglais
Dérivés : MIGAJA ‘miette’. mildew ‘moisissure’, ‘champignon’, littérale-
MIGALA (‘mygale’), est emprunté au latin my- ment ‘rosée de miel’ (du germanique *melith
gale ‘musaraigne’, lui-même pris au grec mu- ‘miel’) par analogie avec l’aspect que prend ce
galeê de même sens, formé avec mus ‘souris’ type de moisissure.
et galeê terme générique désignant de petits MILÉSIMO, voir mil.
animaux comme la belette, la martre etc. La MILI, voir militar.
mygale doit son nom au fait qu’elle a la taille MILICIA, voir militar.
d’un petit mammifère ou rongeur et qu’elle vit MILITANTE, voir militar.
aussi dans un terrier. MILITAR ([adjectif et substantif] ‘militaire’ ;
MIGRACIÓN, voir emigrar. [verbe] ‘militer’), est emprunté au latin milita-
MIGRATORIO, voir emigrar. ris ‘qui concerne le soldat, l’armée’, ‘guerrier,
MIL (‘mille’), est issu du latin mille adjectif e’, dérivé de miles, militis ‘soldat’.
numéral cardinal indéclinable signifiant ‘un Dérivés : MILI, abréviation familière de (ser-
millier’, ‘mille’ et unité de mesure désignant vicio) mili(tar) dans hacer la mili ‘faire son
une longueur de mille pas par ellipse du subs- service militaire’. MILICIA ‘milice’, du latin
tantif passus dans mille passus ‘mille pas’ ou militia ‘service militaire’ et ‘campagne mili-
mille passuum ‘un millier de pas’. En espa- taire’. Le sens moderne de ‘formation parami-
gnol, l’unité de mesure a été empruntée à la litaire’ apparaît au XIXe siècle. MILITANTE
forme de pluriel : millia > milla ‘mille’ en ‘militant’ est le participe présent adjectivé du
particulier dans le vocabulaire maritime : dos- verbe militar ‘militer’, du latin militare ‘être
cientas millas (étendue des eaux territoriales soldat, faire son service militaire’. MILITARI-
d’un pays) ‘deux cents milles nautiques / ma- ZAR ‘militariser’.
rins’ (environ 370 km). MILITARIZAR, voir militar.
Dérivés : MILLAR ‘millier’, du latin médiéval MILLA, voir mil.
milliare à la place du latin classique millia- MILLAR, voir mil.
rium ‘un millier’ et ‘borne, pierre milliaire’. MILLÓN, voir mil.
MILÉSIMO ‘millième’, du latin millesimus, MIMAR, voir mimo.
substantivation de l’adjectif millesimus ‘mil- MIMBRE (‘osier’), d’abord sous la forme vimbre,
lième’ dérivé de mille. En français, millésime est issu du latin vimen, viminis ‘tout bois
signifie à l’origine ‘chiffre des millièmes dans flexible’ (osier, baguette).
un nombre’, en particulier dans une date, et MIMETISMO, voir mimo.
plus spécialement encore en oenologie. En es- MÍMICA, voir mimo.
pagnol, le millésime (d’un vin) aura pour MIMO (‘câlinerie, cajolerie’ ; ‘mime’), est sans
équivalent año de cosecha. MILLÓN ‘million’, doute de création expressive (redoublement
est emprunté au français million lui-même pris consonantique propre au langage des enfants).
à l’italien milione ‘mille fois mille’, formé Cependant, le mot latin mimus ‘acteur de bas
avec mille et le suffixe augmentatif -one. Voir étage’, ‘farce de théâtre’ a donné également
aussi billón. MILLONARIO ‘millionnaire’ est mimo ‘mime’ (théâtre, acteur). On peut donc
emprunté au français. penser aussi à une évolution sémantique qui,
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MISA (‘messe’), est issu du latin chrétien missa, ‘moi en personne’. Des formes encore plus
participe passé substantivé au féminin de mit- emphatiques furent créées avec le démonstra-
tere ‘laisser aller’, ‘envoyer’ (voir meter). tif intensif ipse : egomet ipse ‘moi-même en
Missa était spécialement employé pour le ren- personne’. Par la suite, ce caractère empha-
voi des fidèles après la messe dans tique n’a plus été ressenti et on renforça à
l’expression latine ite missa est ‘allez, c’est le nouveau ces formes grâce au superlatif de
renvoi’ ou ‘allez, (la prière) est envoyée (à ipse : egomet ipsissimus > metipsissimus
Dieu)’. Le participe passé joue bien ici son (forme raccourcie) > *medississimu >
rôle en évoquant la fin de l’action et son résul- *medis(i)mu (par haplologie, deux syllabes
tat. semblables se réduisent à une seule) >
Dérivés : MISAL ‘missel’, du latin missalis (li- *medismo > mismo.
ber) ‘(livre) de messe’. MISÓGINO (‘misogyne’), est emprunté au grec
MISAL, voir misa. misogunês ‘qui hait les femmes’, formé avec
MISÁNTROPO (‘misanthrope’), est emprunté au miso- tiré du verbe misein ‘haïr’ et gunê, gu-
grec misanthrôpos ‘qui hait les hommes’, naikos ‘femme’.
formé avec miso- tiré de misein ‘haïr’ et MISTERIO (‘mystère’), est emprunté au latin
-anthrôpos ‘être humain’. mysterium ‘cérémonies en l’honneur d’une di-
MISCELÁNEA, voir mezclar. vinité accessible aux seuls initiés’ d’où ‘chose
MISERABLE, voir miseria. cachée, secrète’. Mysterium est lui-même pris
MISERERE, voir miseria. au grec mustêrion ‘cérémonie religieuse se-
MISERIA (‘misère’), est emprunté au latin mise- crète’, ‘chose secrète’, à rattacher à muein ‘se
ria ‘malheur’, ‘souci’, ‘peine’, dérivé de miser fermer’, ‘avoir la bouche ou les yeux fermés’,
‘malheureux, misérable’, ‘qui rend malheu- sans doute tiré d’une onomatopée mu tradui-
reux’. sant un son inarticulé (voir miope).
Dérivés : MISERABLE ‘misérable’, du latin mi- Dérivés : MISTERIOSO ‘mystérieux’. MÍSTICO
serabilis ‘touchant’, ‘digne de pitié’, dérivé de ‘mystique’, du grec mustikos ‘qui concerne les
miserari ou misereri ‘avoir pitié de’. Mise- mystères’, ‘caché, secret’, dérivé de mustês
rable a évolué comme malvado (voir ce mot). ‘initié aux mystères’. MISTIFICAR ‘mystifier’,
Celui qui est frappé par le malheur ou la mi- est emprunté au français mystifier dérivé du
sère développe de mauvais penchants, il est grec mustês ‘initié aux mystères’.
misérable au sens de ‘méprisable, vil’. MISE- MÍSTICO, voir misterio.
nde
RERE ‘miserere’ représente la 2 personne du MISTIFICAR, voir misterio.
singulier de l’impératif présent du verbe mise- MISTRAL, voir maestro.
reri ‘avoir pitié de’ que l’on trouve dans une MITAD, voir medio.
prière commençant par miserere mei, Deus MÍTICO, voir mito.
‘aie pitié de moi, mon Dieu’. Cette forme ver- MITIGAR (‘calmer’, ‘étancher [la soif]’, ‘freiner,
bale est passée dans le vocabulaire médical enrayer’), est emprunté au latin mitigare
pour désigner les douleurs très violentes dues ‘amollir’, ‘rendre doux’, ‘calmer’ dérivé de
à l’occlusion intestinale : cólico miserere ‘co- mitis ‘doux’ (saveur) et ‘mûr’, ‘tendre’. En
lique de miserere’, expression aujourd’hui français, mitigé c’est-à-dire ‘adouci, atténué’
vieillie. MISERICORDIA ‘miséricorde’, du latin est souvent employé, à tort, au sens de ‘mêlé,
misericordia ‘pitié’, dérivé de misericors ‘qui mélangé’ par influence de mi- ‘moitié’ (à mi-
a le cœur sensible au malheur’, formé avec hauteur, à mi-distance).
cors, cordis ‘cœur’. MÍSERO ‘misérable’. MITIN (‘meeting’) est adapté (depuis 1914) de
MISERICORDIA, voir miseria. l’anglais meeting ‘entrevue, réunion, assem-
MÍSERO, voir miseria. blée’ dérivé de to meet ‘rencontrer, rejoindre’.
MISIL, voir meter. MITO (‘mythe’), est emprunté au bas latin my-
MISIÓN, voir meter. thos ‘fable, récit fabuleux’, lui-même pris au
MISIVA, voir meter. grec muthos ‘discours, propos’ et ‘fiction,
MISMO (‘même’), est issu du latin metipsissimus. mythe’, ‘sujet d’une tragédie’.
Cette forme est composée avec la particule Dérivés : MÍTICO ‘mythique’. MITOLOGÍA
emphatique -met que l’on postposait aux pro- ‘mythologie’, du grec muthologia ‘histoire ou
noms personnels pour les renforcer : egomet
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étude des choses fabuleuses’, formé avec mu- MODISTO, voir modo.
thos et -logia ‘théorie’. MODO (‘manière, façon’ ; ‘mode’), est emprunté
MITOLOGÍA, voir mito. au latin modus ‘mesure (de surface)’, ‘mesure
MIXTO, voir mezclar. musicale, rythme’ et, au figuré, ‘modération’.
MIXTURA, voir mezclar. A partir du sens de ‘mesure’ on est passé à
MNEMOTECNIA / MNEMOTÉCNICA (‘mnémo- l’idée de ‘limite’ et à la ‘manière de se con-
technie’), est formé avec mnemo-, du grec duire’ (en observant des limites). Par exten-
mnêmê ‘mémoire’ et -tecnia de tekhnê ‘savoir- sion, modus a fini par signifier ‘manière de
faire’, ‘métier, technique’. faire’, ‘façon’. En grammaire, modus désigne
MOBILIARIO, voir mover. également les modes verbaux : indicativus
MOCEDAD, voir mozo. modus, littéralement ‘mode qui indique’.
MOCIÓN, voir mover. Dérivés : MODA ‘mode’ est emprunté au fran-
MOCO (‘morve’ ; ‘mucus, mucosité’), est em- çais mode dont le e final a été interprété
prunté au latin muc(c)us ‘morve’ dérivé de comme un féminin (bien que le mot soit issu
mucere ‘moisir’, remontant à une racine in- du masculin latin modus), e étant le morphème
doeuropéenne *muk- ‘gluant, visqueux’. En habituel du féminin en français. MODALES
grec, muxa signifie ‘mucus (nasal)’ et, par mé- ‘manières’ (de se comporter). MODALIDAD
taphore, ‘mèche de lampe’ (en français mou- ‘modalité’. MODELO (adjectif et substantif)
cher une bougie et avoir une chandelle au ‘modèle’ (niño modelo / modélico ‘enfant
nez). Voir mecha. modèle’) ; ‘mannequin’ (la modelo). Modelo
Dérivés : MOCOSO ‘morveux’. est emprunté à l’italien modello ‘figure desti-
MOCOSO, voir moco. née à être reproduite’, du latin tardif
MOCHILA (‘sac à dos’, ‘havresac’, ‘vivres’), est *modellus altération de modulus ‘petite me-
dérivé de la forme peu usitée mochil ‘garçon sure’ (dérivé de modus). MODERAR ‘modérer’,
de courses’ elle-même issue du basque motxil du latin moderari ‘tenir dans la mesure’, ‘im-
diminutif de motil ‘enfant’, ‘domestique, gar- poser une limite, régler’. MODESTO ‘modeste’,
çon’, du latin mutilus ‘mutilé’, ‘dont on a cou- du latin modestus ‘qui observe la mesure’ et
pé ou retranché qqch’ et ‘tondu’ : on avait ‘calme, modéré’, ‘réservé, discret’. MÓDICO
l’habitude de raser le crâne des jeunes enfants ‘modique’, du latin modicus ‘modéré, mo-
et des jeunes gens (voir à ce sujet mozo et deste’, ‘parcimonieux’. En français et en espa-
muchacho). gnol, le mot s’est spécialisé pour s’appliquer à
MODA, voir modo. un prix, une somme (un precio módico ‘un
MODAL, voir modo. prix modique’). MODIFICAR ‘modifier’. MO-
MODALIDAD, voir modo. DISMO ‘idiotisme’, littéralement ‘manière par-
MODÉLICO, voir modo. ticulière, tour propre à une langue’ (voir idio-
MODELO, voir modo. tismo à l’article idioma). MODISTA et MODIS-
MODEM (‘modem’), est l’abréviation de l’anglais TO ‘couturier’. MODULAR ‘moduler’, du latin
modulator demodulator désignant l’appareil modulari ‘mesurer, régulariser’, ‘soumettre à
servant à relier un ordinateur à une ligne télé- des règles, à un rythme’ (en musique). Fre-
phonique. cuencia modulada ‘FM, modulation de fré-
MODERAR, voir modo. quence’. MÓDULO ‘module’, du latin modulus
MODERNIZAR, voir moderno. (diminutif de modus) ‘mesure’, ‘mesure musi-
MODERNO (‘moderne’), est emprunté au bas cale’. Module signifie littéralement ‘petite me-
latin modernus ‘récent, actuel’, dérivé de sure’, on l’utilisera à partir des années 1960
l’adverbe modo ‘en restant dans la mesure’, pour désigner des sous-ensembles, de petits
‘justement’, ‘seulement’, ‘peu après’ et ‘ré- éléments en électronique et en astronautique
cemment’ issu de modus ‘mesure’. (module spatial). MOLDE ‘moule’, du latin
Dérivés : MODERNIZAR ‘moderniser’. modulus ‘petite mesure’ (diminutif de modus)
MODESTO, voir modo. sans doute par l’intermédiaire du catalan an-
MÓDICO, voir modo. cien motle de même sens.
MODIFICAR, voir modo. MODORRA (‘sommeil pesant’, ‘engourdisse-
MODISMO, voir modo. ment, assoupissement’), est dérivé de modor-
MODISTA, voir modo.
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ro ‘assoupi’ et ‘hébété’, ‘sot’ dont l’origine d’autres parties du domaine roman : catalan
n’est pas établie. gatamoixa, italien gatta mogia, français chat-
MODULAR, voir modo. temite ‘personne hypocrite’ où mite est un an-
MÓDULO, voir modo. cien nom populaire du chat. L’animal a une
MODUS VIVENDI (‘modus vivendi’), littérale- apparence paisible cachant un caractère rusé.
ment ‘manière de vivre’, est formé avec mo- Son nom est souvent d’origine expressive
dus ‘mesure’, ‘manière’ et le gérondif (au gé- (m-) : en français mite (ancienne forme), ma-
nitif) du verbe vivere ‘vivre’. Cette locution tou, minet, minou ; espagnol minino, miz.
est à l’origine utilisée en droit pour désigner Mojigato est donc littéralement la répétition
une transaction permettant de mettre d’accord du mot ‘chat’.
deux parties opposées. Elle est synonyme au- MOJÓN (‘borne’), est issu d’un latin tardif
jourd’hui de ‘compromis’, ‘équilibre’. *mutul(i)o, mutul(i)onis, altération du latin
MOFA, voir mofar(se). classique mutulus ‘saillie’ (en architecture).
MOFAR(SE) (‘railler’, ‘se moquer de’), est un MOLAR, voir moler.
mot de création expressive (m phonème labial MOLDE, voir modo.
et f labiodental → moue de mépris). MOLE (‘masse’), est emprunté au latin moles
Dérivés : MOFA ‘raillerie’. ‘masse, digue’ (en français môle) et, au figuré,
MOFLETE (‘grosse joue’), est sans doute em- ‘chose écrasante’.
prunté à l’occitan moflet de même sens, Dérivés : DEMOLER ‘démolir’, du latin demo-
d’origine expressive. En français, mouflet est liri ‘mettre à bas, détruire’, ‘rejeter’, formé
un nom familier pour désigner un petit enfant avec moliri ‘faire effort pour remuer un objet
(d’un radical expressif muff- ‘rebondi, jouf- lourd’ et de indiquant l’éloignement. MOLÉ-
flu’). CULA ‘molécule’, est emprunté au latin mo-
Dérivés : MOFLETUDO ‘joufflu’. derne (XVI-XVIIe siècles) molecula ‘minus-
MOFLETUDO, voir moflete. cule partie d’un corps’, diminutif de moles
MOHÍN, voir mohíno. ‘masse’. MOLESTAR ‘gêner, déranger’, em-
MOHÍNO, A (‘boudeur’, ‘triste, mélancolique’), prunté au bas latin molestare ‘fatiguer, en-
n’est pas d’origine bien établie, probablement nuyer’, dérivé de molestus ‘qui est à charge’
emprunté à l’arabe mûhim (ou mohín) ‘mal- d’où ‘pénible, désagréable’, lui-même issu de
sain’, ‘abîmé, gâté’ et peut-être ‘fâché, déçu’. moles ‘masse’, ‘chose écrasante’. MOLESTIA
Dérivés : MOHÍN ‘grimace, moue’, emprunté ‘ennui, tracas’, ‘dérangement’. MOLESTO ‘en-
soit à l’arabe mohín soit à l’italien moine nuyeux’, ‘désagréable’, du latin molestus ‘qui
‘grimaces’. est à charge’, ‘pénible’.
MOHO (‘moisissure’), n’est pas d’origine bien MOLÉCULA, voir mole.
établie (peut-être de formation expressive). Ce MOLER (‘moudre’), est issu du latin molere
mot n’est pas isolé puisqu’on trouve des équi- ‘tourner la meule’, dérivé de mola ‘meule’.
valents en italien (muffa), en portugais (môfo) Dérivés : MOLAR (adjectif et substantif) ‘mo-
et en allemand (muff). laire’ (diente molar ‘molaire’), du latin (dens)
Dérivés : ENMOHECER ‘moisir’ et ‘rouiller’. molaris littéralement ‘(dent) en forme de
MOJAR (‘mouiller’), est issu du bas latin meule’, dérivé de mola ‘meule’. MOLINO
*molliare ‘amollir (le pain en le trempant)’ ‘moulin’. Le diminutif — molinillo — est
d’où ‘imbiber, humidifier’ dérivé de mollia employé dans molinillo de café ‘moulin à ca-
(panis) ‘mie (de pain)’, lui-même tiré de mol- fé’. MUELA ‘meule’ et ‘molaire’, du latin mola
lis ‘mou’. ‘meule’. REMOLINO ‘remous, tourbillon’, for-
Dérivés : MOJICÓN ‘sorte de biscuit (à trempe- mé sur molino par comparaison avec l’eau qui
r)’ et ‘torgniole, gnon’. En français : tarte ‘gâ- s’engouffre en tourbillonnant dans le moulin.
teau’ et mettre une tarte ‘une gifle’. REMOJO MOLESTAR, voir mole.
‘trempage’. MOLESTIA, voir mole.
MOJICÓN, voir mojar. MOLESTO, voir mole.
MOJIGATO (‘hypocrite, tartufe’), est formé avec MOLICIE, voir muelle (1).
*mojo et gato ‘chat’. *Mojo, non attesté en MOLINILLO, voir moler.
castillan, est un autre nom pour désigner le MOLINO, voir moler.
chat. On en trouve des équivalents dans
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MOLOSO (‘molosse’), est emprunté au latin ‘seul, unique’ et arkhos ‘celui qui guide, chef’
molossus (canis) ‘chien de berger de Molos- (de arkhein ‘guider’ et ‘commander’).
sie’ (du grec Molossos). La Molossie était une Dérivés : MONARQUÍA ‘monarchie’, du bas la-
région d’Épire connue pour ses chiens de tin monarchia ‘gouvernement d’un seul’.
chasse et de garde. Le latin est un calque du MONARQUÍA, voir monarca.
grec Molossikoi (kunes) ‘chiens de Molossie’. MONASTERIO, voir monje.
MOLUSCO (‘mollusque’), est emprunté au latin MONDADIENTES, voir mondo.
scientifique du XVIIe siècle molluscus formé MONDAR, voir mondo.
d’après le latin impérial mollusca tiré de mol- MONDO (‘pur’, ‘net’, ‘simple’), est issu du latin
lusca nux ‘noix à écorce tendre’ (châtaigne). mundus, a, um ‘net, propre’ (choses) et ‘élé-
Mollusca est dérivé de mollis ‘mou’. gant, raffiné (dans sa personne, sa tenue)’,
MOLLERA, voir muelle (1). d’origine obscure.
MOMENTÁNEO, voir mover. Dérivés : INMUNDICIA ‘immondice’. INMUNDO
MOMENTO, voir mover. ‘immonde’, du latin immundus ‘sale’, ‘impur’,
MOMIA (‘momie’), est emprunté au latin médié- formé avec im / in privatif et mundus ‘propre,
val mummia littéralement ‘substance tirée des soigné’. MONDADIENTES ‘cure-dent’. MONDAR
corps embaumés et utilisée en médecine’, lui- ‘nettoyer, débarrasser’, ‘tailler, émonder, éla-
même pris à l’arabe mumiya ‘mélange de poix guer’.
et de bitume’ dont les Égyptiens se servaient MONEDA (‘monnaie’) est issu du latin moneta,
pour embaumer les morts. Mumiya est tiré de surnom de Junon ‘mère des Muses’. Moneta
mum ‘cire’. s’est appliqué au temple où l’on adorait Junon
Dérivés : MOMIFICAR ‘momifier’. et où l’on frappait la monnaie. Ce nom a fini
MOMIFICAR, voir momia. par désigner par métonymies successives la
MONA (‘guenon’ ; [familièrement] ‘cuite’), n’est ‘frappe des pièces’ puis les ‘pièces de métal’
pas d’origine bien établie. Il s’agit peut-être de elles-mêmes.
l’abréviation de mamona ou maimona issu de Dérivés : MONEDERO ‘monnayeur’ dans mo-
l’arabe maimûm ‘singe’. Pour ce qui est de nedero falso ‘faux-monnayeur’. MONETARIO,
l’acception familière ‘cuite’, Corominas rap- A ‘monétaire’. MONEY ou MONEI (au mascu-
porte que les singes sont volontiers chapar- lin) ‘fric’, de l’anglais money ‘argent’. Autre
deurs et qu’ils ne dédaignent pas le vin, dé- variante : MONISES (tener monises ‘avoir des
ployant ensuite une activité fébrile ! ronds’).
Dérivés : MONADA ‘singerie, pitrerie’ ; (au MONEDERO, voir moneda.
pluriel) ‘minauderies’, ‘cajoleries, caresses’ ; MONETARIO, voir moneda.
‘jolie petite chose’. Le singe peut avoir des MONEY / MONEI, voir moneda.
gestes gracieux proches de ceux de l’homme MONIGOTE, voir monje.
et la petite taille des animaux que l’on impor- MONISES, voir moneda.
tait a donné lieu à des désignations hypocoris- MONITOR (‘moniteur’ [instructeur] ; ‘moniteur’
tiques, affectueuses pour les animaux comme [écran d’ordinateur, de contrôle]), est emprun-
pour les personnes (tiene un perrito que es té au latin monitor ‘souffleur au théâtre’ et
una monada). MONO (substantif) ‘singe’ et, ‘conseiller, guide, instructeur’, dérivé de mo-
par métaphore, ‘bleu de travail, salopette’ (ce nitum supin de monere ‘appeler l’attention
vêtement ample d’une seule pièce donne à ce- sur’, ‘avertir’. Le sens technique de ‘moniteur’
lui qui l’enfile un aspect quelque peu si- c’est-à-dire ‘écran d’ordinateur’ ou ‘appareil
miesque). Mono désigne aussi en toxicomanie de surveillance électronique’ est emprunté à
l’« état de manque » caractérisé principale- l’anglais monitor (to monitor ‘contrôler la par-
ment par une grande agitation. MONO, A (ad- tie technique de’).
jectif) ‘joli, mignon’. MONJA, voir monje.
MONACAL, voir monje. MONJE (‘moine’), est issu, par l’intermédiaire de
MONADA, voir mono. l’occitan ancien monge, du latin monachus
MONAGUILLO, voir monje. ‘anachorète solitaire’, ‘cénobite’. Monachus
MONARCA (‘monarque’), est emprunté au grec est pris au grec monakhos ‘unique’ puis ‘reli-
monarkhos ‘souverain’, formé avec mono- gieux solitaire’, dérivé de monos ‘seul,
unique’. Le castillan a développé à partir de
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monachus une forme qui lui est propre móna- MONOPOLIZAR, voir mono-.
go qui ne subsiste plus qu’à travers le diminu- MONÓTONO, voir mono-.
tif monaguillo ‘enfant de choeur’ (littérale- MONOVOLUMEN, voir mono- et volver.
ment ‘petit moine’). MONSERGA (‘langage confus, galimatias’), est
Dérivés : MONACAL ‘monacal’. MONASTERIO d’origine inconnue.
‘monastère’, du bas latin monasterium de MONSTRUO (‘monstre’), est emprunté au latin
même sens, emprunté au grec monastêrion monstrum ‘prodige (avertissant de la volonté
‘cellule de moine’, ‘monastère’ (du verbe mo- des dieux)’, dérivé de monere ‘faire penser,
nazein ‘vivre seul’). MONIGOTE ‘polichinelle, attirer l’attention sur’, ‘avertir’.
pantin’ est sans doute une altération de Dérivés : MONSTRUOSO ‘monstrueux’.
*monagote forme péjorative correspondant à MONSTRUOSO, voir monstruo.
monaguillo ‘enfant de choeur’. MONJA MONTA, voir monte.
‘nonne’, ‘religieuse’. MONTAÑA, voir monte.
MONO, voir mona. MONTAÑISMO, voir monte.
MONO-, élément tiré du grec mono-, de monos MONTAÑOSO, voir monte.
‘seul, unique, solitaire’ et entrant dans la for- MONTAR, voir monte.
mation de nombreux mots composés : MONO- MONTARAZ, voir monte.
CORDE ‘monocorde’, emprunté au grec mo- MONTE (‘montagne’, ‘mont’ ; ‘bois’), est issu du
nokhordos ‘(instrument) à une seule corde’ latin mons, montis ‘montagne’, d’une racine
d’où ‘uniforme, monotone’, du grec khordê indoeuropéenne *men- ‘être saillant’ (voir a
‘boyau’, ‘corde’. MONOCULTIVO monocul- menazar et mentón). L’acception ‘bois’, ‘fo-
ture’. MONOGAMIA ‘monogamie’ (du verbe rêt’ (poussant sur la montagne) est dite secon-
gamein ‘épouser’). MONOGRAFÍA ‘monogra- daire.
phie’ (littéralement ‘écrit sur un sujet Dérivés : AMONTONAR ‘entasser’. MONTA
unique’). MONOKINI ‘monokini’. L’histoire de ‘somme, montant, total’, ‘valeur importance’,
ce mot est étroitement liée à celle de bikini voir montar. MONTAJE ‘montage’, voir mon-
qui, à partir de 1946, a désigné un maillot de tar. MONTAÑA ‘montagne’, du bas latin mon-
bain féminin censé faire le même effet sur les tanea, substantivation au féminin de l’adjectif
hommes que la bombe atomique américaine montaneus (latin classique montanus) ‘relatif à
lancée au-dessus de l’atoll du même nom ! Or la montagne’. MONTAÑISMO ‘alpinisme’.
bikini, qui signifie littéralement ‘sable des co- MONTAÑOSO ‘montagneux’. MONTAR ‘mon-
cotiers’, a été mal interprété et a donné lieu à ter’, est emprunté au français monter issu du
une fausse régression (retour à un terme de bas latin *montare littéralement ‘gravir la
base non attesté). Le 1er segment du mot montagne, s’élever’, dérivé de mons ‘mon-
bi-kini a été assimilé au préfixe bi ‘deux’ que tagne’. Par extension : montar a caballo
l’on trouve dans bilingue, biplace etc. Sur le ‘monter à cheval’. L’ancien français connais-
modèle biplace / monoplace on a donc forgé sait l’expression monter en ire ‘se mettre en
monokini. MONÓLOGO ‘monologue’. MONO- colère’, dont le correspondant encore vivant
POLIO ‘monopole’, du latin impérial monopo- en espagnol actuel est montar en cólera.
lium lui-même pris au grec monopôlion ‘droit C’est au XVIe siècle que monter commence à
de vendre seul certaines denrées’, formé avec être employé avec le sens de ‘joindre, assem-
pôlein ‘vendre’. MONOPOLIZAR ‘monopoli- bler des pièces’ (monter un mur, une maison),
ser’. MONÓTONO ‘monotone’, du latin mono- sens que l’on retrouve en espagnol (montar
tonus ‘uniforme’, lui-même pris au grec mo- un negocio ‘monter une affaire’). Parmi les
notonos, formé avec tonos ‘ton’. MONOVOLU- sens figurés de monter on notera celui de
MEN ‘monospace’. ‘s’élever à un certain chiffre (d’une somme)’
MONOCORDE, voir mono-. d’où l’espagnol monto et monta ‘montant’
MONOCULTIVO, voir mono-. (montos compensatorios ‘montants compen-
MONOGAMIA, voir mono-. satoires’ en agriculture européenne). MONTA-
MONOGRAFÍA, voir mono-. RAZ ‘sauvage’ (animal vivant dans la mon-
MONOKINI, voir mono-. tagne). MONTEPÍO ‘mont-de-piété’ (ou monte
MONÓLOGO, voir mono-. de piedad), formé avec pío ‘pieux, chari-
MONOPOLIO, voir mono-. table’, équivalent de l’italien monte di pietà où
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monte a le sens du français ‘montant’ c’est-à- MOQUETA (‘moquette’), est d’origine très incer-
dire ‘somme d’argent’ (que l’on prête contre taine, sans doute emprunté au français mo-
un objet laissé en gage ou de très faibles inté- quette anciennement attesté sous les formes
rêts). MONTERÍA ‘vénerie’, ‘chasse à courre’ mosquet et mosquette c’est-à-dire ‘tapis de
(voir monte au sens de ‘forêt’ [où l’on mosquée’ ou ‘tapis d’orient’. P. Guiraud pro-
chasse]). MONTÉS ‘sauvage’ (gato montés pose une autre origine : moquette proviendrait
‘chat sauvage’). MONTÍCULO ‘monticule’. de l’ancienne forme moche ‘écheveau de fil’.
MONTO ‘montant, total’, voir montar. MORADA, voir morar.
MONTÓN ‘tas’, ‘monceau’ (en français clas- MORADO, A (‘violet, ette’), est dérivé de mora
sique des monts d’or ‘des avantages considé- ‘mûre’ issu du bas latin mora littéralement ‘les
rables’). MONTURA est emprunté au français mûres’ neutre pluriel de morum ‘fruit du mû-
monture. PROMONTORIO ‘promontoire’, formé rier’, ‘mûre sauvage’, interprété ensuite en es-
de pro- ‘en avant’ et d’un dérivé de mons. pagnol et en français comme un féminin sin-
REMONTARSE ‘remonter (dans le temps)’, gulier. Pasarlas moradas ‘en voir des vertes
formé avec re- indiquant le mouvement en ar- et de pas mûres’, ‘en voir de toutes les cou-
rière, le retour à un état antérieur. TRAMON- leurs’.
TANA ‘tramontane’, emprunté à l’italien MORAL ([adjectif] ‘moral, e’ ; [substantif] ‘mo-
transmontana (stella), littéralement ‘(étoile) rale’, ‘moral’), est emprunté au latin moralis
au-delà des monts’ d’où ‘Nord’ et ‘vent du ‘relatif aux moeurs’ dérivé de mores pluriel de
Nord’, issu du latin transmontanus formé avec mos ‘genre de vie’, ‘moeurs’, ‘caractère’.
trans ‘au-delà, par-delà’ et montanus tiré de L’adjectif a été aussi substantivé : tener la
mons ‘montagne’ (c’est-à-dire les Alpes qui, moral por los suelos ‘avoir le moral à zéro’ ;
pour les Latins, indiquaient le Nord). dar una lección de moral ‘faire la morale’.
MONTEPÍO, voir monte. Dérivés : MORALEJA ‘morale’ (d’une fable).
MONTERÍA, voir monte. MORALISTA ‘moraliste’.
MONTÉS, voir monte. MORALEJA, voir moral.
MONTÍCULO, voir monte. MORALISTA, voir moral.
MONTO, voir monte. MORAR (‘habiter, demeurer’), est emprunté au
MONTÓN, voir monte. latin morari ‘s’attarder’, ‘s’arrêter’, ‘rester,
MONTURA, voir monte. demeurer’, dérivé de mora ‘retard’, ‘délai’,
MONUMENTAL, voir monumento. ‘arrêt’.
MONUMENTO (‘monument’), est emprunté au Dérivés : DEMORA ‘retard, délai’. DEMORAR
latin monumentum ‘monument commémoratif’ ‘retarder’, ‘remettre à plus tard’, ‘tarder’. MO-
(tombeau, statue), issu de monere ‘faire pen- RADA ‘maison, demeure’, ‘séjour’ (terme
ser’, ‘faire se souvenir de’ (d’une racine in- vieilli). MORATORIA ‘moratoire’, est emprunté
doeuropéenne *men- ‘avoir une activité men- tardivement au latin juridique moratorius, a,
tale’). um ‘qui retarde’, dérivé de morari (voir mo-
Dérivés : MONUMENTAL ‘monumental’. rar). Moratoria est la substantivation au fé-
MONZÓN (‘mousson’), est emprunté au portugais minin de l’adjectif moratorius. MOROSO ‘en
monção ou moução lui-même pris à l’arabe retard, retardataire’, ‘lent, paresseux’, du latin
mawsim ‘saison’ et ‘fête qui a lieu à époque morosus ‘qui dure longtemps’ d’où ‘lent, tar-
fixe’, ‘saison du pèlerinage à la Mecque’. dif’ et ‘indolent, paresseux’, dérivé de mora
Dans le vocabulaire maritime, le mot signifiait ‘retard’, ‘arrêt’, ‘délai’. Les banquiers espa-
par spécialisation ‘saison des vents favorables gnols appellent morosos les ‘mauvais
à la navigation vers l’Inde’. payeurs’. RÉMORA dans pez rémora ‘rémora’,
MOÑO (‘chignon’), est d’origine incertaine, peut- poisson qui s’attache par une ventouse à un
être préromane : ce mot remonterait à une base autre poisson plus gros que lui. Du latin remo-
*munn- ou *monn- signifiant ‘bosse, protubé- ra ‘retard, obstacle’, formé avec re- à valeur
rance’, variantes de la racine bunn- (*bunnia intensive et mora ‘retard, délai’. Le rémora
‘souche d’arbre’) que l’on retrouve dans était censé arrêter les bateaux auxquels il
l’espagnol buñuelo (voir ce mot) et le français s’attachait.
beigne et beignet. MORATORIA, voir morar.
MÓRBIDO, voir morbo.
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MORBO (‘maladie’), est emprunté au latin mor- aussi grammème par B. Pottier) ; MORFO-
bus de même sens, mot d’origine inconnue. LOGÍA ‘morphologie’, formé avec morfo- et
L’expression morbo gálico désignait la syphi- -logia (du grec logia ‘théorie’) c’est-à-dire
lis que les Espagnols attribuaient généreuse- ‘science étudiant la forme’, d’abord employé
ment aux Français (gálico ‘propre aux Gau- en sciences naturelles puis utilisé en linguis-
lois’) alors que l’une des théories sur les ori- tique pour désigner les modifications gramma-
gines de cette maladie l’attribue aux marins de ticales subies par les mots et leurs types de
Christophe Colomb de retour d’Amérique ! formation (dérivation, composition, formation
Dérivés : MÓRBIDO ‘morbide’. parasynthétique).
MORCILLA (‘boudin’), n’est pas d’origine bien MORFOLOGÍA, voir morfo-.
établie. MORGUE (‘morgue’ [gallicisme]), est emprunté
MORDAZ, voir morder. au français morgue déverbal de l’ancien verbe
MORDAZA, voir morder. morguer ‘traiter qqn avec arrogance’, issu du
MORDEDURA, voir morder. latin *murricare ‘faire la moue’, dérivé de
MORDER (‘mordre’), est issu du latin mordere *murr- ‘museau, groin’. Morgue a d’abord dé-
‘mordre’ et ‘tourmenter’, ‘piquer’, ‘chagriner’. signé l’endroit d’une prison où les gardiens
Dérivés : AMORDAZAR ‘bâillonner’, ‘museler’. fouillaient et examinaient les prisonniers avant
MORDAZ ‘mordant, cuisant’, ‘caustique’. de les enfermer. Sans doute les regardaient-ils
MORDAZA ‘bâillon’ ; ‘mordache’ (pièce de avec arrogance et mépris c’est-à-dire avec
bois appliquée sur les mâchoires d’un étau morgue. Par un autre glissement de sens ac-
pour serrer une pièce). MORDEDURA et MOR- compagné d’un affaiblissement sémantique,
DISCO ‘morsure’. MORDISQUEAR (ou MORDIS- morgue désigne le lieu où les cadavres sont
CAR) ‘mordiller’. REMORDIMIENTO ‘remords’, exposés pour être identifiés. En espagnol,
est dérivé du verbe remorder ‘mordre à nou- morgue se dit depósito de cadáveres.
veau’ et ‘causer du remords, ronger’, du latin MORIBUNDO, voir morir.
remordere ‘mordre à nouveau’ et, en latin MORIR (‘mourir’), est issu du latin mori (moriri
chrétien, ‘ronger par le regret’, formé avec re- en latin vulgaire devenu morire en bas latin).
à valeur itérative et intensive. Mori signifie ‘cesser de vivre’, ‘dépérir, se
MORDISCAR, voir morder. consumer’, ‘s’éteindre, finir’.
MORDISQUEAR, voir morder. Dérivés : AMORTIGUAR ‘amortir, atténuer’
MORDISCO, voir morder. (amortiguar un ruido ‘amortir un bruit’),
MORENO, voir moro. formé d’après le latin *admortire ou
MORFEMA, voir morfo-. *ammortire ‘tuer’ et ‘mourir’. AMORTIZACIÓN
MORFINA (‘morphine’), est dérivé du nom ‘amortissement’ c’est-à-dire ‘extinction gra-
propre Morfeo ‘Morphée’ (en latin Morpheus) duelle d’une dette’. AMORTIZAR ‘amortir’
‘dieu du sommeil et des songes’. Morpheus est (sens financier), dérivé comme amortiguar du
dérivé du grec morphê ‘forme’ car le dieu du latin admortire mais avec le sens juridique et
sommeil prenait la forme d’êtres humains et se financier d’ « éteindre une dette ». MORIBUN-
montrait ainsi aux hommes plongés dans leurs DO ‘moribond’, du latin moribundus de même
songes (dans les bras de Morphée dit familiè- sens formé avec le suffixe -bundus qui marque
rement le français). l’action en train de se faire (racine indoeuro-
MORFO-, -MORFISMO, -MÓRFOSIS, sont des péenne *bhu- ‘être, devenir’). MORTAJA ‘lin-
éléments tirés du grec morphê ‘forme’ et en- ceul’. MORTAL ‘mortel’. MORTALIDAD et
trant dans la constitution de mots savants : MORTANDAD ‘mortalité’. MORTÍFERO ‘meur-
AMORFO ‘amorphe’ ; ANTROPOMORFISMO, trier’, ‘mortel’, du latin mortifer formé avec
formé avec anthrôpos ‘être humain’ (tendance -fer (de facere ‘faire’) d’où ‘qui provoque la
à attribuer aux êtres et aux choses des réac- mort’ (carga / epidemia mortífera ‘charge /
tions humaines) ; MORFEMA ‘morphème’ est épidémie meurtrière’). MORTINATO, ‘mort-
utilisé en linguistique pour désigner une unité né’. MORTUORIO ‘mortuaire’ (mascarilla
minimale, indivisible possédant une forme et mortuoria ‘masque mortuaire’). MUERTE
une signification : dans l’adjectif bueno, le ra- ‘mort’, du latin mors, mortis ‘mort’ et ‘peine
dical buen- est un morphème lexical (ou de mort’. MUERTO, A ‘mort, e’, du latin mor-
lexème) et -o le morphème de genre (appelé tuus, contracté en mortus, participe passé de
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sens plus large de ‘discours’, ‘paroles’, ‘ba- latin momentum, contraction de *movimentum
vardages’. C’est sans doute à partir (dérivé de movere ‘bouger’) signifiant ‘mou-
d’expressions comme un bon mot c’est-à-dire vement, impulsion’ et concrètement ‘poids lé-
‘une expression, un trait plaisant’ que ger suffisant pour entraîner le mouvement de
l’espagnol a pu développer le sens de ‘surnom, la balance’ d’où ‘petite division’ et, en parti-
sobriquet’ et celui de ‘devise, sentence’. culier, ‘petite division du temps’. MOTÍN
Dérivés : MOTEJAR ‘traiter de, qualifier de’. ‘émeute’, ‘mutinerie’ est emprunté au français
MOTEJAR, voir mote. mutin ‘séditieux, révolté’ dérivé de meute au
MOTEL (‘motel’), est emprunté à l’américain sens ancien de ‘soulèvement violent, expédi-
motel, mot-valise formé avec motor (mis pour tion armée’, du latin movita ‘soulèvement’,
motor-car ‘automobile’) et hotel (emprunté au participe passé substantivé au féminin de mo-
français hôtel). On forme un mot-valise vere. MOTIVO ‘motif, raison’, du latin motivus
(portmanteau word chez Lewis Caroll ‘relatif au mouvement’ et ‘qui met en mouve-
l’inventeur du concept) en amalgamant deux ment’ d’où ‘raison d’agir, mobile, cause’. MO-
mots qui ont au moins un segment en com- TO, abréviation de motocicleta, est formé avec
mun : motor et hotel ont en commun le seg- moto- (voir motor ci-après). MOTOR ‘moteur’,
ment -ot-. du latin motor ‘celui qui remue’, ‘celui qui
MOTÍN, voir mover. imprime le mouvement’, dérivé de motum su-
MOTIVO, voir mover. pin de movere ‘mouvoir, remuer’. MOVEDIZO
MOTO(CICLETA) , voir mover. ‘mouvant’. MÓVIL ‘mobile’. MOVILIZAR ‘mo-
MOTOR, voir mover. biliser’. MOVIMIENTO ‘mouvement’, voir plus
MOVEDIZO, voir mover. haut momento. MUEBLE ‘meuble’, du latin
MOVER(SE) (‘remuer’, ‘bouger’, ‘se déplacer’ ; mobilis ‘qui peut être déplacé’. Le o long est
‘pousser à, inciter à’), est issu du latin movere devenu bref en latin vulgaire par analogie avec
‘remuer, bouger’ et ‘exciter, émouvoir’. celui de movere, d’où la diphtongue en espa-
Dérivés : AMUEBLAR ‘meubler’. AUTOMÓVIL gnol : mueble et muevo, mueves, mueve.
‘automobile’, formé avec auto-, du grec autos PROMOVER ‘promouvoir’, du latin promovere
‘le même’, ‘lui-même’ et ‘de lui-même’. ‘pousser en avant, faire avancer’, formé avec
CONMOVER ‘émouvoir, toucher’ (littéralement pro ‘en avant’. REMOTO ‘lointain, éloigné’, du
‘émouvoir avec’ [des sentiments etc.]). EMO- latin remotus de même sens, participe passé
CIÓN ‘émotion’, est emprunté tardivement adjectivé de removere ‘écarter, éloigner’ avec
(XVIIe siècle) au français émotion dérivé du le préfixe re- à valeur intensive.
verbe émouvoir et de l’ancienne forme motion MÓVIL, voir mover.
‘mouvement’, du latin motio ‘mouvement’, MOVILIZAR, voir mover.
‘trouble’, ‘frisson’ (tiré de movere). EMOCIO- MOVIMIENTO, voir mover.
NAR ‘émouvoir’. INMOBILIARIO, A ‘immobi- MOZA, voir mozo.
lier’ c’est-à-dire ‘relatif à des biens qu’on ne MOZÁRABE (‘mozarabe’ [se disait des chrétiens
peut déplacer’ : maisons, immeubles (una in- d’Espagne soumis à la domination musulmane
mobiliaria ‘une société immobilière’). IN- et de l’art qu’ils ont développé]), est issu de
MUEBLE ‘immeuble’, du latin immobilis ‘qui l’arabe mustácrib, littéralement ‘celui qui est
ne bouge pas’. MOBILIARIO (adjectif et subs- devenu semblable aux Arabes’.
tantif) ‘mobilier’ : valores mobiliarios ‘va- MOZO (‘[adjectif] ‘jeune’ ; [substantif] ‘jeune
leurs mobilières’, terme de bourse désignant homme’ ; ‘domestique’, ‘garçon’, ‘valet’),
les titres (actions) qui peuvent circuler entre n’est pas d’origine bien établie. Peut-être d’un
les mains de plusieurs acheteurs et vendeurs. latin vulgaire *muttiu (ou *muttius) ‘émous-
MOCIÓN ‘motion’ c’est-à-dire ‘proposition sé’, sans doute à cause de l’habitude de raser
faite dans une assemblée délibérante’, est em- le crâne des jeunes garçons. *Muttius est appa-
prunté à l’anglais motion lui-même pris au renté à mutilus ‘mutilé’.
français motion au sens ancien d’ « impulsion, Dérivés : MOCEDAD (terme vieilli) ‘jeunesse’.
incitation » (du bas latin motio ‘mouvement’, MOZA ‘jeune fille’. REMOZAR ‘rajeunir’ ; ‘ra-
‘impulsion’ et ‘révolte’) : moción de censura fraîchir’.
‘motion de censure’. MOMENTÁNEO ‘momen- MUCHACHO (‘enfant’, ‘petit garçon’), d’abord
tané’. MOMENTO ‘moment’, est emprunté au attesté sous la forme mochacho, est sans doute
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Michel Bénaben 299
dérivé de mocho d’origine inconnue ‘émous- Dérivés : ENMUDECER ‘faire taire’, ‘rendre
sé’, ‘écorné’, ‘ébranché / étêté’ et ‘tondu’. Il muet’ ; ‘devenir muet’, ‘se taire’. MUTISMO
était habituel de raser le crâne des jeunes en- ‘mutisme’.
fants (voir aussi mozo). MUEBLE, voir mover.
MUCHEDUMBRE, voir mucho. MUELA, voir moler.
MUCHO (‘beaucoup’), est issu du latin multus, a, MUELLE (1) (‘doux’ ; ‘mou’, ‘moelleux’ ; ‘vo-
um ‘nombreux, abondant’ (ancien français luptueux’), est issu du latin mollis ‘tendre’,
moult). Multu > mowto > moyto > muyto > ‘mou’ et ‘souple’.
mucho. L’apocope s’est produite au niveau de Dérivés : MOLICIE ‘mollesse’. MOLLERA
muyto (formation du yod) : muyto cansado > ‘sommet de la tête’, ‘fontanelle’ (partie molle
muit puis muy. de la tête chez les nourrissons) ; (familier)
Dérivés : MUCHEDUMBRE ‘foule’. MULTI-, ‘cervelle, jugeote’.
élément tiré de multus et entrant dans la com- MUELLE (2) (‘quai’, ‘môle’), est emprunté, par
position de nombreux noms et adjectifs : l’intermédiaire du catalan moll, au grec môlos
MULTICOLOR ‘multicolore’ ; MULTICOPISTA ‘peine, effort’ et ‘bataille, lutte’ correspondant
‘machine à polycopier’ ; MULTIMEDIA ‘mul- au latin moles ‘masse, digue’ et ‘chose écra-
timédia’ (ordinateur multimédia permettant de sante’ (voir mole).
travailler sur le son, l’image, la vidéo, la pho- MUERTE, voir morir.
to) ; MÚLTIPLE ‘multiple’, du latin multiplex MUERTO, A, voir morir.
littéralement ‘qui a beaucoup de plis’ (racine MUESTRA, voir mostrar.
*plek- ‘plier’). MULTIPLICAR ‘multiplier’. MUESTRARIO, voir mostrar.
MULTITUD ‘multitude’, ‘foule’, du latin multi- MUGIDO, voir mugir.
tudo ‘grand nombre’, ‘foule de gens’, ‘la MUGIR (‘mugir’, ‘beugler’), est emprunté au
foule’ (baño de multitud ‘bain de foule’). latin mugire ‘beugler, meugler’ qui
MUDANZA, voir mudar. s’appliquait à tout bruit sourd (grondement du
MUDAR(SE) (‘changer, transformer’ ; ‘muer’ ; tonnerre etc.). Mugire est d’origine onomato-
‘muter’ ; ‘se changer’ ; ‘déménager’), est issu péique (mu-, mugissement du taureau). Cette
du latin mutare ‘changer, modifier’, ‘échan- onomatopée se retrouve par ailleurs pour ex-
ger’ et ‘changer de lieu’. primer un son inarticulé ou un bourdonnement
Dérivés : MUDA ‘linge propre, de rechange’ ; (voir mote, mudo et mosca).
‘mue’ (des animaux, de la voix). MUDANZA Dérivés : MUGIDO ‘mugissement, beugle-
‘déménagement’. MUTACIÓN ‘mutation, chan- ment’.
gement’. MUTANTE (adjectif et substantif) MUGRE (‘crasse, saleté’), est une altération de la
‘mutant’ a été formé savamment au début du forme dialectale mugor de même sens issue du
XXe siècle, comme l’anglais mutant et latin mucor, mucoris ‘fleurs sur le vin gâté’,
l’allemand mutante, sur le latin mutans parti- ‘moisissure’, dérivé de mucere ‘être moisi, gâ-
cipe présent de mutare. Ce mot du vocabulaire té’ (en parlant du vin).
de la biologie a connu un succès considérable Dérivés : MUGRIENTO ‘crasseux, sale’.
grâce à la science-fiction (littérature, cinéma). MUGRIENTO, voir mugre.
MUTUO ‘mutuel’, ‘réciproque’, du latin mutuus MUGUETE (‘muguet’ [en botanique et en méde-
‘réciproque, qui s’échange’, dérivé de mutare cine]), est emprunté au français muguet dont
‘changer, échanger’. PERMUTAR ‘permuter’. l’origine n’est pas entièrement établie. Muguet
MUDÉJAR (‘mudéjar’ [se disait des Musulmans pourrait dériver de l’ancienne forme mugue ou
restés en Espagne après la Reconquête et de musgue issue du latin muscus ‘musc’ à cause
l’art qu’ils ont développé]), est issu de l’arabe de l’odeur musquée du muguet. Muscus est
mudéyyen littéralement ‘celui à qui l’on a emprunté au grec moskhos ‘cervidé’ et ‘musc’
permis de rester’. c’est-à-dire la substance odorante sécrétée par
MUDO (‘muet’), est issu du latin mutus littérale- les glandes abdominales du cervidé. Muguet
ment ‘qui ne sait faire que mu’ d’où ‘muet’. est entré dans le vocabulaire médical où il dé-
Voir aussi mote et mosca à propos de signe une mycose de la bouche par analogie
l’onomatopée mu- (= lèvres fermées, son inar- d’aspect et de couleur avec les fleurs du mu-
ticulé). guet.
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MUJER (‘femme’), est issu du latin mulier, mu- corps célestes’. On pense que ce dernier mot
lieris de même sens. Emploi lexicalisé : mujer est le même que le premier car il permettait de
sus labores ‘femme au foyer’. traduire le grec kosmos ‘ordre’, ‘ornement, pa-
Dérivés : MUJERIEGO ‘coureur de jupons’. rure’ et ‘univers organisé’ (voir cosmos et
MUJERIL ‘féminin’ ; ‘efféminé’. cosmético).
MUJERIEGO, voir mujer. Dérivés : MUNDANAL ‘mondain’, ‘du monde’,
MUJERIL, voir mujer. aujourd’hui vieilli et employé dans huir del
MULA, voir mulo. mundanal ruido ‘fuir les rumeurs du monde’.
MULADAR, voir muro. MUNDANO ‘mondain’. MUNDIAL ‘mondial’.
MULATO, voir mulo. MUNDILLO ‘monde’ avec un sens restreint
MULETA, voir mulo. (diminutif) : el mundillo financiero / litera-
MULETILLA, voir mulo. rio ‘le monde de la finance / des lettres’.
MULO (‘mulet’), est issu du latin mulus ‘hybride MUNDOLOGÍA ‘connaissance du monde, expé-
mâle de l’âne et de la jument’. Mulus et son rience’, ‘savoir vivre, les bons usages’, formé
féminin mula sont des noms probablement savamment et plaisamment avec le grec logia
originaires d’Asie. ‘théorie’.
Dérivés : MULA ‘mule’. MULATO ‘mulâtre’ : MUNDOLOGÍA, voir mundo.
un mulâtre (c’est-à-dire un métis d’un Noir et MUNICIÓN (‘munition[s]’), est emprunté au latin
d’une Blanche ou l’inverse) est lui aussi un munitio, munitionis ‘travail de terrassement,
être hybride comme le mulet. MULETA ‘bé- de fortification’, ‘rempart, fortification’ et, au
quille’, ‘appui, étai’ ; ‘muleta’ (en tauroma- figuré, ‘action de consolider’ ; en latin médié-
chie), diminutif de mula ‘mule’. Par compa- val ‘provision de bouche’, ‘équipement d’un
raison avec la mule utilisée pour porter des navire’. Munitio est dérivé de munire ‘bâtir,
personnes ou des marchandises, le mot muleta fortifier’, lui-même tiré de moene / moenia
a pris le sens de ‘béquille, bâton’ permettant ‘murailles, enceinte’. Dans le vocabulaire mi-
au boiteux de s’appuyer pour marcher. Muleta litaire, munición a eu le sens d’ « approvi-
a ensuite pris le sens spécialisé de ‘bâton muni sionnement en vivres » puis celui d’ « appro-
d’une étoffe rouge’ en tauromachie. Le fran- visionnement en armes » et enfin celui de
çais poutre a suivi la même évolution séman- ‘poudre, cartouche, projectile’.
tique que muleta : poutre ‘jeune jument’ (en MUNICIPAL, voir municipio.
espagnol potra et potro) → ‘pièce de cons- MUNICIPIO (‘municipalité’, ‘commune’, ‘con-
truction servant de support’. MULETILLA ‘mot, seil municipal’), est emprunté au latin munici-
formule de remplissage’, ‘tic de langage’, pium ‘ville annexée par Rome mais dont les
‘cheville’, c’est-à-dire sorte de ‘béquille’ sur habitants jouissaient de leurs propres droits
laquelle s’appuie celui qui parle. politiques locaux et des droits civils romains’.
MULTA (‘amende’), est issu du latin multa de Municipium est dérivé de municeps ‘celui qui
même sens. prend part aux choses’ et ‘citoyen d’un muni-
Dérivés : MULTAR ‘condamner à une amende’. cipium’, formé avec munia ‘fonctions offi-
MULTAR, voir multa. cielles’ et ceps représentant le verbe capere
MULTICOLOR, voir mucho. ‘prendre’.
MULTICOPISTA, voir mucho. Dérivés : MUNICIPAL ‘municipal’. MUNIFI-
MULTIMEDIA, voir mucho. CENCIA ‘munificence’, du latin munificentia
MÚLTIPLE, voir mucho. ‘générosité, largesse’, dérivé de munificus ‘li-
MULTIPLICAR, voir mucho. béral, généreux’, littéralement ‘qui accomplit
MULTITUD, voir mucho. les devoirs inhérents à sa charge’, formé avec
MUNDANAL, voir mundo. -ficus (de facere ‘faire’) et munus ‘charge, de-
MUNDANO, voir mundo. voir’ et ‘cadeau, présent’ qu’un magistrat se
MUNDIAL, voir mundo. devait d’offrir au peuple (jeux etc.).
MUNDILLO, voir mundo. MUNIFICENCIA, voir municipio.
MUNDO (‘monde’), est emprunté au latin mundus MUÑECA (‘poignet’ ; ‘poupée’), n’est pas
qui correspond à deux mots semble-t-il diffé- d’origine bien établie, sans doute préromane.
rents : mundus ‘propre, élégant’ puis ‘toilette’, Ce mot apparaît au XIe siècle avec le sens de
‘parure de femme’ et mundus ‘ensemble des ‘borne’. Puis, par un processus métaphorique
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(idée de protubérance), muñeca a fini par dé- MUSA (‘muse’), est emprunté au latin Musa lui-
signer le poignet (‘articulación abultada de la même pris au grec Mousa (Mousai au pluriel
mano con el brazo’). Ce mot désignait aussi ‘Les Muses’).
un chiffon ou un tampon d’étoffe que l’on uti- Dérivés : MUSEO ‘musée’, du latin musaeum
lise encore pour vernir et lustrer les meubles ‘grotte, lieu consacré aux Muses’ (emprunté
en particulier (barnizar a muñeca). A partir au grec mouseion ‘lieu consacré aux Muses’ et
de cette acception, une dernière métaphorisa- ‘lieu où l’on s’adonne aux arts littéraires’, ‘bi-
tion permet d’aboutir au sens de ‘poupée’ en bliothèque’).
passant préalablement par celui de ‘muñeca MUSCULAR, voir muslo.
informe hecha con una envoltura de trapo’ MÚSCULO, voir muslo.
‘poupée grossièrement confectionnée à l’aide MUSEO, voir musa.
de chiffons’. On peut penser aussi à une MUSGO (‘mousse’), est issu du latin muscus
simple métonymie : la main, le poignet per- ‘mousse’ et ‘musc’ (parfum).
mettent d’actionner certaines poupées ou ma- MÚSICA (‘musique’), est emprunté au latin
rionnettes. musica lui-même pris au grec mousikê (teknê)
Dérivés : MUÑECO ‘pantin’, ‘marionnette’. ‘art ou technique des Muses’ dérivé de Mousa
MUÑÓN ‘moignon’. Dans son Dictionnaire ‘muse’. Les muses jouaient de la musique
étymologique du français (‘Les usuels du Ro- dans les banquets des dieux.
bert’), J. Picoche propose pour moignon une Dérivés : MUSICAL (adjectif et substantif)
racine celtique *munn- ‘protubérance’. ‘musical’ et un musical ‘une comédie musi-
MUÑECO, voir muñeca. cale’. MÚSICO ‘musicien’.
MUÑÓN, voir muñeca. MUSICAL, voir música.
MURALLA, voir muro. MÚSICO, voir música.
MURCIÉLAGO (‘chauve-souris’), provient après MUSITAR (‘marmonner, susurrer’), est emprunté
métathèse de murciégalo lui-même tiré de mur au latin mussitare ‘garder pour soi’, ‘se taire’,
ciego littéralement ‘souris aveugle’, du latin ‘dire tout bas, marmonner’, fréquentatif (in-
mus, muris ‘souris’ et caecus ‘aveugle’. tensif) de mussare ‘parler entre les dents’ ;
MURMULLO, voir murmurar. ‘bourdonner’ (abeilles) ; ‘hésiter à’.
MURMURACIÓN, voir murmurar. MUSLO (‘cuisse’), est issu du latin musculus
MURMURAR (‘murmurer’ ; ‘marmotter, mar- ‘petite souris’, ‘moule’ (coquillage) et
monner’ ; ‘médire’), est emprunté au latin ‘muscle’, diminutif de mus, muris ‘souris’. Le
murmurare ‘chuchoter’, ‘se plaindre sourde- correspondant grec mus, muos a également le
ment’, ‘faire entendre un bruit, un murmure, sens de ‘souris’ et, par métaphore (analogie de
un grondement, un crépitement’. Murmurare forme), celui de ‘moule’ et de ‘muscle’. Voir
est dérivé de murmur, murmuris ‘grondement, mejillón. En espagnol, musculus a produit
bruit sourd’ d’origine expressive. L’espagnol a músculo ‘muscle’ et, par spécialisation, mu-
développé le sens de ‘médire, calomnier’ slo ‘cuisse’ c’est-à-dire la partie la plus char-
c’est-à-dire ‘dire des choses déplaisantes à nue et la plus musclée.
voix basse, en secret’. Dérivés : MUSCULAR ‘musculaire’.
Dérivés : MURMULLO ‘murmure’. MURMURA- MUSTIO (‘fané, flétri’ ; ‘triste, abattu, morne’),
CIÓN ‘médisance, calomnie’. est probablement issu du latin vulgaire
MURO (‘mur’), est issu du latin murus ‘enceinte *mustidus ‘humide’, ‘visqueux’. L’espagnol a
(d’une ville)’, ‘mur de défense’ et, au figuré, développé le sens de ‘qui est mouillé, imbibé’
‘défense, protection’. en ‘qui a un aspect ramolli’ d’où ‘fané’ et, au
Dérivés : MURALLA ‘muraille’, du latin mura- figuré, ‘abattu, morne’.
lia, neutre pluriel de l’adjectif muralis ‘de MUSULMÁN (‘musulman’), est emprunté, par
mur’, ‘relatif au mur, mural’. MULADAR ‘dé- l’intermédiaire du français musulman, au per-
potoir, tas d’ordures’, ‘fumier’, est d’abord at- san musulmân (ou musliman) ‘adeptes de la
testé sous la forme muradal dérivée de muro religion islamique’, lui-même pris à l’arabe
avec le suffixe locatif -al (trigal, pedregal), muslim de même sens. Muslim est le participe
littéralement ‘lieu proche du mur d’enceinte du verbe aslama ‘se confier, se soumettre (à la
(où l’on jetait les détritus)’. volonté de Dieu)’.
MUTACIÓN, voir mudar.
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NATALIDAD, voir nacer. qué au parti fondé en 1920 par Hitler (Natio-
NATILLAS, voir nata. nalsozialist Deutsche Arbeitpartei ‘Parti ou-
NATIVIDAD, voir nacer. vrier allemand national-socialiste’).
NATIVO, voir nacer. Dérivés : NAZISMO ‘nazisme’.
NATO, voir nacer. NAZISMO, voir nazi.
NATURA, voir nacer. NEBLINA, voir niebla.
NATURAL, voir nacer. NEBULOSO, voir niebla.
NATURALEZA, voir nacer. NECEDAD, voir necio.
NATURALISMO, voir nacer. NECESARIO, voir necesidad.
NATURALIZAR, voir nacer. NECESER, voir necesidad.
NATURISMO, voir nacer. NECESIDAD (‘nécessité’, ‘besoin’), est emprunté
NAUFRAGAR, voir nave. au latin necessitas ‘nécessité’, ‘l’inévitable’,
NAUFRAGIO, voir nave. ‘besoin impérieux’, ‘obligation de faire qqch’,
NÁUFRAGO, voir nave. dérivé de necesse ‘inévitable’, ‘nécessaire’,
NÁUSEA (‘nausée’), est emprunté au latin nausea neutre d’un adjectif *necessis non attesté (ne-
‘mal de mer’ et ‘envie de vomir’, lui-même cesse est ‘il est nécessaire, indispensable’ →
pris au grec nautia (ou nausia) ‘mal de mer’, espagnol es necesario ‘il faut’).
‘vomissement’, dérivé de naus ‘bateau’. Dérivés : NECESARIO ‘nécessaire’. NECESER
Dérivés : NAUSEABUNDO ‘nauséabond’, du la- ‘nécessaire (de toilette, de couture etc.)’, est
tin nauseabundus ‘qui éprouve le mal de mer’, emprunté au français nécessaire lui-même pris
‘qui a des nausées’ puis ‘qui cause des nau- au latin necessarius ‘inévitable’, ‘pressant’ et
sées’ (d’abord à propos de l’odeur et du goût ‘indispensable’, dérivé de necesse / necessis
de l’eau des marais) d’où ‘qui dégage de mau- peut-être formé avec la négation ne et *cessis
vaises odeurs’. dérivé de cedere ‘marcher’, littéralement ‘im-
NAUSEABUNDO, voir náusea. possibilité de se mouvoir’ d’où ‘nécessité, be-
NÁUTICO, voir nave. soin (de se déplacer)’. NECESITAR ‘avoir be-
NAVAJA (‘couteau’), est issu du latin novacula soin de’.
altéré en navacula ‘rasoir’, ‘couteau’, ‘poi- NECESITAR, voir necesidad.
gnard’. NECIO (‘sot, niais’), est emprunté au latin nes-
NAVAL, voir nave. cius ‘qui ne sait pas, ignorant’, dérivé de nes-
NAVE (‘vaisseau, nef’ ; ‘nef’ [architecture]), est cire ‘ne pas savoir’ formé avec la négation ne
issu du latin navis ‘navire, vaisseau’ puis, par et scire ‘savoir’. On passe ensuite à l’idée que
analogie de forme, ‘nef d’une église’. Nave celui qui ne sait pas n’a pas de dispositions in-
espacial ‘vaisseau spatial’. tellectuelles pour apprendre d’où ‘sot’.
Dérivés : NAUFRAGAR ‘faire naufrage’. NAU- Dérivés : NECEDAD ‘sottise’.
FRAGIO ‘naufrage’, du latin naufragium ‘nau- NECRO-, élément tiré du grec nekros ‘cadavre’ et
frage’ et, au figuré, ‘ruine, destruction’, formé entrant dans la formation de mots composés :
avec navis et frangere ‘briser’. NÁUFRAGO NECROLOGÍA ‘nécrologie’, formé avec le grec
‘naufragé’. NÁUTICO, A ‘nautique’, est em- logia ‘théorie’, ‘discours’ (liste de personnes
prunté au latin nauticus lui-même pris au grec décédées) ; NECRÓPOLIS ‘nécropole’, littéra-
nautikos ‘qui concerne les marins, les bateaux’ lement ‘ville des morts’, formé avec le grec
dérivé de naus ‘navire’. NAVEGAR ‘naviguer’, polis ‘ville’ ; NIGROMANCIA ‘nécromancie’,
du latin navigare de même sens, dérivé de na- emprunté au latin necromantia lui-même pris
vis. En français, navigare a donné à la fois na- au grec nekromanteia formé avec nekro- et
viguer et nager. NAVIERO, A (adjectif) ‘na- manteia ‘divination’. Comme la nécromancie
val’ ; (substantif au masculin) ‘armateur’ ; est une science occulte qui évoque les morts
(substantif au féminin) ‘compagnie de naviga- pour obtenir des révélations de tous ordres et
tion’ (una naviera). qu’il y a dans cette pratique quelque chose qui
NAVEGAR, voir nave. ressemble à de la magie noire, le mot necro-
NAVIDAD, voir nacer. mancia a été senti comme un dérivé de negro
NAVIERO, A, voir nave. (latin niger ‘noir’) d’où sa forme actuelle ni-
NAZI (‘nazi’), est l’abréviation de l’allemand gromancia (attestée d’ailleurs aussi en vieux
Nationalsozialist ‘National-socialiste’ appli- français : nigromance).
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NECROLOGÍA, voir necro-. pos’ d’où ‘je n’ai pas le loisir de’, formées
NECRÓPOLIS, voir necro-. avec neg représentant la négation ne ou nec et
NÉCTAR (‘nectar’), est emprunté au latin nectar otium ‘loisir, inaction, repos’ (voir ocio).
‘breuvage des dieux’ et ‘boisson / mets doux, Dérivés : NEGOCIACIÓN ‘négociation’. NEGO-
agréable’ lui-même pris au grec nektar de CIAR ‘négocier’, ‘faire du commerce’.
même sens et d’origine très incertaine (à ratta- NEGRERO, voir negro.
cher peut-être à la racine *nek- ‘mort’ d’où NEGRILLA, voir negro.
‘boisson d’immortalité’). NEGRITA, voir negro.
Dérivés : NECTARINA ‘nectarine, brugnon’, lit- NEGRO (‘noir’), est issu du latin niger, nigra,
téralement ‘qui est de la nature du nectar, nigrum de même sens.
doux comme le nectar’. Dérivés : DENIGRAR ‘dénigrer’, du latin deni-
NECTARINA, voir néctar. grare ‘noircir, teindre en noir’ puis ‘noircir (la
NEFANDO (‘abominable, infâme’), est emprunté réputation de qqn)’, formé avec de à valeur in-
au latin nefandus de même sens, formé avec la tensive et nigrare ‘noircir’ tiré de niger. EN-
négation ne et le verbe fari ‘parler’, littérale- NEGRECER ‘noircir’. NEGRERO ‘négrier’. NE-
ment ‘ce dont il ne faut pas parler’. Dans GRILLA ou NEGRITA ‘caractère gras’. NE-
l’usage classique, nefando était surtout asso- GRUZCO ‘noirâtre’.
cié à pecado pour désigner le péché de sodo- NEGRUZCO, voir negro.
mie. NEMOTECNIA, voir mnemotecnia.
NEFAS, voir fas o por nefas. NENE, voir niño.
NEFASTO, voir fasto. NEO-, élément tiré du grec neos ‘jeune’, ‘récent’
NEGACIÓN, voir negar. et ‘qui cause un changement’ entrant dans la
NEGAR (‘nier’, ‘renier’ ; ‘refuser de’), est issu du formation de très nombreux noms et adjectifs
latin negare, littéralement ‘dire non’, ‘refuser avec le sens de ‘nouveau’, ‘modernisé’, ‘re-
qqch à qqn’, ‘nier l’existence de’. Negare est nouvelé’. Les mots obtenus sont parfois entiè-
dérivé de neg forme prise par la négation nec. rement lexicalisés (voir neófito par exemple) :
Dérivés : ABNEGACIÓN ‘abnégation’. DENE- NEOCLASICISMO ‘néoclassicisme’ ; NEÓFITO
GACIÓN ‘dénégation’, ‘débouté’, ‘désaveu’ ‘néophyte, novice’, du latin d’église neophytus
(denegación de auxilio ‘non-assistance à per- ‘nouveau converti’, lui-même pris au grec
sonne en danger’). DENEGAR ‘refuser’, ‘dé- neophutos littéralement ‘nouvellement planté’,
nier’, du latin denegare ‘nier fortement’, for- formé avec neo- et phuein ‘faire croître’ ;
mé avec de à valeur intensive. NEGACIÓN ‘né- NEOLATINO, A dans lenguas neolatinas
gation’, ‘refus’. NEGATIVA ‘refus’, ‘négative’. ‘langues néolatines’, c’est-à-dire ‘nouvelles
NEGATIVO, A ‘négatif, négative’. RENEGADO langues nées du latin’ ; NEOLOGISMO ‘néolo-
‘renégat’. RENEGAR ‘renier’. gisme’, formé à partir du grec logos ‘discours,
NEGATIVA, voir negar. parole’ d’où ‘mot, locution récemment attes-
NEGATIVO, voir negar. té(e)’.
NEGLIGENCIA (‘négligence’), est emprunté au NEOCLASICISMO, voir neo-.
latin negligentia ‘indifférence’, ‘insouciance’, NEÓFITO, voir neo-.
dérivé de negligens, participe présent de ne- NEOLATINO, A, voir neo-.
gligere ‘omettre de’, ‘ne pas s’occuper de’, NEOLOGISMO, voir neo-.
formé avec neg représentant la négation ne / NEÓN (‘néon’), est emprunté au grec neon,
nec et legere ‘recueillir, choisir’ et ‘lire’ (voir neutre de l’adjectif neos ‘nouveau’ pour dési-
leer). gner en chimie un nouveau gaz rare découvert
Dérivés : NEGLIGENTE ‘négligent’. en 1898 par Ramsay et Travers (tubo de neón
NEGLIGENTE, voir negligencia. ‘tube au néon’).
NEGOCIACIÓN, voir negocio. NEPOTISMO, voir nieta.
NEGOCIAR, voir negocio. NERVIO (‘nerf’), est issu du latin nervium (latin
NEGOCIO (‘affaire’, ‘négoce’), est emprunté au classique nervus) ‘nerf, tendon, ligament’ et
latin negotium ‘occupation, affaire’ et ‘diffi- ‘vigueur, force’, ‘partie essentielle d’une
culté, embarras’. Negotium est tiré chose’. Ataque de nervios ‘crise de nerfs’ ;
d’expressions du type mihi neg (nec) otium guerra de nervios ‘guerre des nerfs’.
est, littéralement ‘pour moi ce n’est pas du re-
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NORTE (‘nord’), est emprunté par l’intermédiaire connotare, littéralement ‘noter avec’, formé
du français nord à l’anglais north. Ce mot ap- avec cum ‘avec, ensemble’ et notare ‘mar-
partient à une famille germanique (allemand quer’. ‘Connoter’ signifie ‘exprimer en même
Nord, néerlandais noord). temps que l’idée principale une idée seconde’.
Dérivés : NÓRDICO ‘nordique’ (esquí nórdico DENOTAR ‘dénoter’, s’oppose à ‘connoter’.
/ de fondo ‘ski de fond’). NOTA BENE ‘nota bene’, littéralement ‘note
NOSO-, élément préfixal tiré du grec nosos ‘ma- bien’, formé avec bene ‘bien’ et nota, 2e per-
ladie’ et ‘malheur, désastre’ : NOSOCOMIO sonne du singulier de l’impératif du verbe no-
(inusité aujourd’hui) ‘hôpital’, formé avec no- tare ‘marquer, noter’. NOTABLE ‘remar-
sos et -comio d’après le verbe grec komeo ‘je quable’, du latin notabilis ‘digne d’être noté’.
m’occupe de’, littéralement ‘lieu où l’on NOTAR ‘remarquer, observer’, du latin notare
s’occupe des maladies’ (voir manicomio for- ‘marquer, faire une marque’, ‘tracer des carac-
mé de la même façon). En français, les affec- tères d’écriture’, ‘relever, consigner par écrit’.
tions nosocomiales sont les ‘maladies contrac- NOTARIO ‘notaire’, du latin notarius ‘secré-
tées à l’hôpital’. taire sténographe’ puis ‘scribe d’une chancel-
NOSOTROS (‘nous’), pronom sujet ou sous lerie (royale ou pontificale)’ et ‘notaire pu-
préposition, est d’abord attesté sous la forme blic’, dérivé de nota ‘caractère abrégé’, ‘signe
nos issue du latin nos ‘nous’. L’espagnol an- sténographique’.
cien opposait nos à nosotros. Nos était un NOTA BENE, voir nota.
pronom dit inclusif signifiant l’appartenance à NOTABLE, voir nota.
un groupe. Nosotros était un pronom exclusif NOTAR, voir nota.
qui signifiait l’appartenance à un groupe mais NOTARIO, voir nota.
en l’opposant à un autre (équivalent du fran- NOTICIA (‘nouvelle’), est emprunté au latin
çais nous autres). Cette opposition ne s’est pas notitia ‘action de connaître’, ‘connaissance de
maintenue, nosotros s’est complètement qqch’, ‘notion’, ‘fait d’être connu, notoriété’ ;
grammaticalisé (on ne perçoit plus le sens ori- en bas latin ‘registre’, ‘document’. Notitia est
ginel) et ce dès le XVe siècle. L’espagnol uti- dérivé de notus ‘connu’, participe passé de
lise toujours nos mais en fonction de complé- noscere ‘connaître’, ‘apprendre à connaître’.
ment d’objet direct ou indirect (nos llamó ; Dérivés : NOTICIERO (adjectif)
nos lo dijo). On observe que la forme sujet ‘d’information’ (periódico noticiero ‘journal
(nosotros) est pourvue d’un signifiant allongé d’information’) ; (substantif) ‘journaliste’ et
par rapport à la forme objet (nos) de signifiant ‘journal’. NOTICIÓN ‘nouvelle sensationnelle’,
‘réduit’. ‘scoop’. NOTIFICAR ‘notifier’, ‘faire savoir’,
NOSTALGIA (‘nostalgie’), est emprunté au latin du latin juridique notificare ‘faire connaître’,
scientifique moderne nostalgia créé en 1678 formé avec notus ‘connu’ et -ficare c’est-à-
par le médecin suisse J.J. Harder d’après les dire facere ‘faire’. NOTORIO ‘notoire’.
mots grecs nostos ‘retour’ et algos ‘mal, souf- NOTICIERO, voir noticia.
france’. Ce mot permettait de traduire le suisse NOTICIÓN, voir noticia.
alémanique Heimwech c’est-à-dire le ‘mal du NOTIFICAR, voir noticia.
pays’ qui s’emparait des mercenaires suisses à NOTORIO, voir noticia.
l’étranger. NOVATADA, voir nuevo.
Dérivés : NOSTÁLGICO ‘nostalgique’. NOVATO, voir nuevo.
NOSTÁLGICO, voir nostalgia. NOVECIENTOS, voir nueve et ciento.
NOTA (‘note’), est emprunté au latin nota NOVEDAD, voir nuevo.
‘marque de reconnaissance’, ‘caractère NOVELA, voir nuevo.
d’écriture’, ‘annotation’ et ‘blâme infligé par NOVELESCO, voir nuevo.
les censeurs’ (nota censoria). Nota est le par- NOVELISTA, voir nuevo.
ticipe passé substantivé au féminin de noscere NOVENTA, voir nueve.
‘apprendre à connaître’. NOVIA, voir nuevo.
Dérivés : ANOTAR ‘annoter’. CONNOTACIÓN NOVIAZGO, voir nuevo.
‘connotation’, voir conotar ci-après. CONNO- NOVICIO, voir nuevo.
TAR ‘connoter’, est emprunté à l’anglais to NOVIEMBRE , voir nueve.
connote lui-même pris au latin scolastique NOVILLADA, voir nuevo.
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comique latin’ et ‘nom d’un affranchi’ d’après Dérivés : ANUNCIAR ‘annoncer’. ANUNCIO
F. Gaffiot). La racine indoeuropéenne signi- ‘annonce’ ; ‘affiche’ ; ‘publicité’. DENUNCIA
fiant ‘nouveau’ est *new- (grec newos > neos). ‘dénonciation’ ; ‘plainte’. DENUNCIAR ‘dénon-
RENOVAR ‘rénover’ et ‘renouveler’. cer’, du latin denuntiare ‘déclarer solennelle-
NUEZ (‘noix’), est issu du latin nux, nucis qui ment’, formé avec de à valeur intensive et
désignait tout fruit à écale et à amande et, en nuntiare ‘apprendre’. Denunciar s’est spécia-
particulier, la noix. Voir aussi avellana ‘noi- lisé avec le sens de ‘déclarer que qqn est cou-
sette’ (c’est-à-dire avellana nux en latin). pable’. ENUNCIAR ‘énoncer’, du latin enun-
NULO, voir no. tiare ‘faire connaître au dehors’ et ‘exprimer’,
NUMERAL, voir número. formé avec nuntiare ‘faire savoir’ et ex indi-
NUMÉRICO, voir número. quant à la fois l’éloignement (‘au dehors’) et
NÚMERO (‘nombre’, ‘numéro’), est emprunté au l’intensité puisque ‘énoncer’ signifie ‘expri-
latin numerus (d’origine incertaine) ‘nombre’, mer en termes nets, sous une forme arrêtée (ce
‘grande quantité’, ‘nombre grammatical’ (sin- qu’on a à dire)’. PRONUNCIACIÓN ‘prononcia-
gulier, pluriel, duel), ‘partie mesurée, détermi- tion’. PRONUNCIAMIENTO ‘pronunciamiento’,
née d’un tout’ (mesure, cadence, pied mé- ‘putsch’, ‘soulèvement’, dérivé de pronun-
trique), ‘rang, place’. Au pluriel, numeri dési- ciarse dans le sens de ‘se prononcer, se décla-
gnait les ‘divisions’ d’une armée marquées par rer contre un régime établi’ en parlant des mi-
un numéro d’ordre ainsi que la ‘science des litaires en Espagne et en Amérique latine.
nombres’ c’est-à-dire les mathématiques. PRONUNCIAR ‘prononcer’, du latin pronun-
Dérivés : ENUMERACIÓN ‘énumération’. ENU- tiare ‘annoncer à haute voix’, ‘proclamer, pu-
MERAR ‘énumérer’, du latin enumerare blier’, ‘prononcer une phrase’, ‘déclamer’,
‘compter en entier’, ‘dénombrer’, formé avec formé avec pro ‘en avant’ et nuntiare ‘faire
ex à valeur intensive et numerare ‘compter’. savoir’. Pour la forme pronominale (pronun-
NUMERAL ‘numéral’. NUMÉRICO ‘numérique’, ciarse), voir pronunciamiento ci-dessus. RE-
littéralement ‘qui a rapport aux nombres’. Ce NUNCIAR ‘renoncer’, du latin renuntiare ‘an-
mot, créé au XVIIIe siècle, connaît actuelle- noncer le retrait de’, formé avec re- indiquant
ment une nouvelle jeunesse avec l’apparition le mouvement en arrière.
du son et de l’image numériques (télévision, NUPCIAL, voir nupcias.
lecteur laser etc.) c’est-à-dire codés sous NUPCIAS (‘noces, mariage’), est issu du latin
forme de nombres et donc de bien meilleure nuptiae (nuptias à l’accusatif pluriel) ‘noces,
qualité que les systèmes dits analogiques. mariage’ et ‘commerce charnel’, dérivé de nu-
L’espagnol préfère cependant digital et digi- bere ‘voiler (la tête)’ et ‘se marier’ (pour une
talizar pour ‘numérique’ et ‘numériser’. Voir femme), c’est-à-dire ‘prendre le voile à
dedo. NUMEROSO ‘nombreux’ (en latin nume- l’intention du mari’. Dans le mariage romain,
rus ‘nombre’ et ‘grande quantité’). la prise du voile signifiait pour l’épouse la
NUMEROSO, voir número. perte de la liberté et la soumission au mari.
NUMISMÁTICO, A ([adjectif et substantif] ‘nu- Voir aussi núbil et nube. Contraer segundas
mismatique’), est formé sur le latin numismas, nupcias / hijos de segundas nupcias ‘se ma-
numismatis ‘pièce de monnaie’, emprunté au rier en secondes noces’ / ‘enfants d’un second
grec nomismas, nomismatos ‘coutume’, ‘ce lit’.
qui est reconnu, admis’ et spécialement ‘pièce Dérivés : NUPCIAL ‘nuptial’ (tarta nupcial
de monnaie usuelle’. Nomismas est dérivé de ‘gâteau de noces’).
nomos ‘ce qui est conforme à la règle’, ‘usage’ NUTRICIO, voir nutrir.
(du verbe nemein ‘répartir selon l’usage’, voir NUTRICIÓN, voir nutrir.
aussi nómada). NUTRIR (‘nourrir’), est issu du latin nutrire
NUNCA, voir no. ‘alimenter’, ‘entretenir’.
NUNCIO (‘nonce’ ; [figuré] ‘présage, signe pré- Dérivés : NODRIZA ‘nourrice’, du bas latin nu-
curseur’ ; ‘messager, porteur’), est emprunté tricia féminin de nutricius ‘qui nourrit, élève’,
au latin nuntius ‘messager’ et ‘annonciateur’. dérivé du latin classique nutrix ‘nourrice’. NU-
Par l’intermédiaire de l’italien (nunzio) nun- TRICIO ‘nourricier’, du latin nutricius (voir
cio prendra le sens particulier d’ « agent di- nodriza). Tierra nutricia ‘terre nourricière’.
plomatique du Saint-Siège ». NUTRITIVO ‘nutritif’.
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littéralement ‘il n’y a pas d’obstacle à’. OBS- Occidere est formé avec ob ‘devant’, ‘contre’
TETRICIA ‘obstétrique’, est dérivé du latin et cadere ‘tomber’ (français choir), littérale-
obstetrix, obstetricis ‘sage-femme’ lui-même ment ‘tomber la face contre terre’.
issu de obstare ‘se tenir devant’ car la sage- Dérivés : OCCIDENTAL ‘occidental’. OCASO
femme se place devant la femme qui accouche ‘coucher (d’un astre)’ ; ‘déclin, décadence’,
pour dégager et recevoir l’enfant. ‘fin’, ‘crépuscule’ (el ocaso de los dioses ‘le
OBSTETRICIA, voir obstar. crépuscule des dieux’), du latin occasus de
OBSTINACIÓN, voir obstinarse. même sens, substantif tiré du participe passé
OBSTINARSE (‘s’obstiner’), est emprunté au (occasus, a, um) de occidere.
latin obstinare ‘persévérer’, formé avec ob OCEÁNICO, voir océano.
‘devant’ et *-stinare représentant le verbe OCÉANO (‘océan’), est emprunté au latin Ocea-
stare ‘être debout’ (littéralement ‘rester de- nus lui-même pris au grec Ôkeanos nom d’une
bout, devant’ d’où ‘persévérer’). divinité marine et nom du fleuve originel qui,
Dérivés : OBSTINACIÓN ‘obstination’. dans la mythologie, coule indéfiniment autour
OBSTRUIR, voir construir. du globe terrestre et le limite. Ce mot sera en-
OBTEMPERAR, voir templar. suite appliqué aux mers extérieures et en par-
OBTENER, voir tener. ticulier à l’océan atlantique.
OBTUSO (‘obtus’ [en math. et au sens figuré]), Dérivés : OCEÁNICO ‘océanique’. OCEANO-
est emprunté au latin obtusus ‘émoussé’, ‘af- GRAFÍA ‘océanographie’.
faibli’, ‘assourdi’ et ‘stupide, hébété’, parti- OCEANOGRAFÍA, voir océano.
cipe passé adjectivé de obtundere ‘frapper OCIO (‘oisiveté, repos’ ; ‘loisir’), est emprunté
contre’, ‘émousser’, ‘affaiblir’ et ‘fatiguer’. au latin otium de même sens et s’opposant à
Obtundere est formé avec ob ‘contre’ et tun- negotium (voir negocio).
dere ‘frapper’. Obtuso est passé dans le voca- Dérivés : OCIOSIDAD ‘oisiveté’. OCIOSO ‘oi-
bulaire de la géométrie où il s’oppose à ángu- sif’.
lo agudo ‘angle aigu’. OCIOSIDAD, voir ocio.
OBÚS (‘obus’), est emprunté au français obus lui- OCIOSO, voir ocio.
même pris à l’allemand Haubitze (ou Haub- OCLUSIÓN (‘occlusion’) est emprunté au bas
nitze) ‘canon court’ et ‘projectile’ (métony- latin occlusio ‘action de boucher’, ‘obstruc-
mie : l’arme et le projectile sont désignés par tion’, dérivé de occludere ‘fermer’, formé
le même mot). L’allemand Haubitze est lui- avec ob ‘devant’ et claudere ‘clore, fermer’.
même pris au tchèque houfnice ‘catapulte’ Dérivés : OCLUSIVO, A (adjectif et substantif)
formé avec houf ‘volée, grand nombre’ et ‘occlusif, occlusive’, formé sur occlusum su-
-nice du verbe nicit ‘détruire’. pin de occludere, désigne en phonétique une
OBVIO, voir vía. consonne dont l’articulation nécessite la fer-
OCA (‘oie’), surtout employé dans juego de la meture momentanée du chenal buccal à divers
oca ‘jeu de l’oie’, est issu du bas latin auca niveaux (p, b, t, d, k et g sont des occlusives
contraction de *avica dérivé de avis ‘oiseau’. en français et en espagnol).
OCASIÓN (‘occasion’), est emprunté au latin OCLUSIVO, A, voir oclusión.
occasio, occasionis ‘ce qui tombe, ce qui OCRE (‘ocre’), est emprunté au latin ochra ‘sorte
échoit’ et ‘moment favorable, propice’, tiré de de terre jaune’ lui-même pris au grec ôkhra de
occasum supin de occidere ‘tomber’. même sens et issu de l’adjectif ôkhros (se di-
Dérivés : OCASIONAR ‘occasionner’, ‘donner sant d’un teint blafard, de la couleur de la bile
lieu’ ; ‘causer, provoquer’. etc.) d’origine inconnue.
OCASIONAR, voir ocasión. OCTOGONAL, voir ocho.
OCASO, voir occidente. OCTANO (‘octane’), est formé avec oct- (du latin
OCCIDENTAL, voir occidente. octo ‘huit’) et -ano suffixe servant à former
OCCIDENTE (‘occident’), est emprunté au latin les noms de substances chimiques (butano
occidens, participe présent de occidere ‘tom- ‘butane’, propano ‘propane’). L’octane est un
ber à terre’, ‘succomber’ et ‘se coucher’ (en hydrocarbure comportant huit atomes de car-
parlant du soleil). Occidens a été substantivé : bone et dix-huit d’hydrogène (índice de octa-
el occidente ‘l’occident’ (aux sens géogra- no ‘indice d’octane’).
phique et politique par opposition à oriente). OCTAVO, voir ocho.
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OCTETO (‘octet’), est emprunté à l’anglais octet Dérivés : OCTAVO ‘huitième’, traitement sa-
(1920) formé avec oct- ‘huit’ désignant à vant du latin octavus. La forme populaire cor-
l’origine en physique nucléaire un ensemble respondante est ochavo qui signifiait primiti-
de huit électrons. A partir des années soixante, vement ‘huitième’ et qui aujourd’hui a le sens
ce mot est passé dans le vocabulaire de de monnaie de peu de valeur (littéralement
l’informatique où il désigne une unité formée ‘huitième partie d’une pièce’) : no tener un
de huit caractères binaires et utilisée dans le ochavo ‘ne pas avoir un liard’. OCTOGENARIO
langage des ordinateurs. Cependant, ‘octogénaire’, du latin octogenarius ‘âgé de
l’espagnol préfère l’autre terme anglais (byte) quatre-vingts ans’, dérivé de octogeni, ae, a
pour désigner la même unité : un disco duro distributif déclinable signifiant ‘chaque fois
de diez gigabytes (Gb) ‘un disque dur de dix quatre-vingts’ ou ‘chacun quatre-vingts’. OC-
gigaoctets’ (Go). TOSÍLABO ‘octosyllabe’. OCTUBRE ‘octobre’,
OCTOGENARIO, voir ocho. du latin october (mensis) ‘huitième mois de
OCTOSÍLABO, voir ocho. l’année’, l’année romaine commençant en
OCTUBRE, voir ocho. mars. OCHENTA ‘quatre-vingts’, du latin vul-
OCULAR, voir ojo. gaire octaginta (latin classique octoginta).
OCULTACIÓN, voir oculto. OCHOCIENTOS ‘huit cents’, voir ciento.
OCULTAR, voir oculto. OCHOCIENTOS, voir ciento.
OCULTISMO, voir oculto. ODA (‘ode’), est emprunté au latin ode ou oda
OCULTO (‘occulte’ ; ‘caché’), est emprunté au lui-même pris au grec ôdê ‘chant, poème ly-
latin occultus ‘caché, secret’, participe passé rique’, dérivé du verbe adein ‘chanter’ appa-
adjectivé de occulere ‘cacher’, formé avec ob renté à audê ‘voix humaine’.
‘devant’ et celare ‘cacher’. Dérivés : PARODIA ‘parodie’, est emprunté au
Dérivés : OCULTACIÓN ‘dissimulation’ ; ‘re- grec parôdia ‘imitation burlesque d’une œuvre
cel’ (ocultación / encubrimiento de mer- littéraire’, dérivé de parôdos ‘auteur bouffon’,
cancías ‘recel de marchandises’). OCULTAR formé avec para ‘à côté’ et -ôdos, de ôdê
‘cacher’ ; ‘receler’. OCULTISMO ‘occultisme’. ‘poésie, chant, ode’ (para = à côté de l’œuvre
OCUPACIÓN, voir ocupar. sérieuse, se trouve l’œuvre burlesque). PRO-
OCUPANTE, voir ocupar. SODIA ‘prosodie’, du latin prosodia ‘accent
OCUPAR (‘occuper’), est emprunté au latin oc- tonique’, ‘quantité de syllabes’, pris au grec
cupare ‘prendre avant les autres’, ‘prévenir, prosôdia ‘chant pour accompagner la lyre’,
devancer’ et ‘s’emparer de’. Au passif, occu- ‘variation dans le niveau de la voix’ et ‘pro-
por signifiait littéralement ‘je suis accaparé nonciation d’une syllabe accentuée’. RAPSO-
par’ d’où, après affaiblissement de sens, DIA ‘rhapsodie’, du grec rhapsôdia ‘récitation
‘s’occuper de’ (ocuparse de). Occupare est d’un poème épique’ dérivé de rhapsôdos
formé avec ob ‘devant’ et capere ‘prendre’, ‘chanteur de poème épique, rhapsode’, formé
‘s’emparer de’. avec rhaptein ‘coudre, ajuster en cousant’ et
Dérivés : OCUPACIÓN ‘occupation’. OCU- ôdê ‘chant’ (littéralement ‘celui qui coud,
PANTE (adjectif et substantif) ‘occupant’ ajuste des chants’ par référence aux nom-
(ejército ocupante ‘armée d’occupation’). breuses péripéties de l’épopée de caractère
PREOCUPAR, emprunté au latin praeocupare narratif). Le mot est également passé en mu-
‘occuper le premier’, ‘prévenir, prendre sique (Rhapsody in Blue de G. Gershwin).
l’initiative de’, ‘se hâter de faire qqch avant ODIAR, voir odio.
qqn’. Formé avec prae ‘avant’ et occupare. ODIO (‘haine’), est emprunté au latin odium de
Preocupar prendra le sens de ‘donner du sou- même sens.
ci à qqn’ (souci qui passe avant les autres Dérivés : ODIAR ‘haïr’.
centres d’intérêt de la personne). ODISEA (‘odyssée’), nom propre devenu nom
OCURRENCIA, voir correr. commun et emprunté au grec Odusseia par
OCURRIR, voir correr. l’intermédiaire du latin Odyssea, titre d’un
OCHAVO, voir ocho (octavo). poème d’Homère relatant les aventures
OCHENTA, voir ocho. d’Ulysse (Odusseus en grec).
OCHO (‘huit’), est issu du latin octo. ODONTÓLOGO (‘chirurgien-dentiste’), est formé
avec le grec odous, odontos ‘dent’ et logos
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‘discours’ (littéralement ‘celui qui tient un ‘relatif à une charge, à une fonction’ et (subs-
discours savant sur les dents’, ‘qui est spécia- tantif) ‘serviteur’, ‘ministre d’un magistrat’,
liste des dents’). ‘appariteur judiciaire’, ‘agent domanial’. A
ODORANTE, voir oler. partir du sens ‘relatif à une fonction’, oficial a
ODORÍFERO, voir oler. pris celui de ‘relatif à une fonction publique’
ODRE (‘outre’ ; [familier] ‘sac à vin, ivrogne’), d’où ‘qui émane d’une autorité reconnue pu-
est issu du latin uter, utris ‘peau de bouc cou- blique’ (Boletín oficial ‘Bulletin officiel’).
sue pour conserver les liquides’, peut-être ap- Quant à officialis substantif (littéralement
parenté au grec hudria ‘vase à eau’, ‘pot à ‘personne pourvue d’une charge’), il s’est spé-
vin’, ‘urne’ (urne funéraire et urne pour voter cialisé dans le domaine militaire avec le sens
au tribunal). d’ « officier ». OFICINA ‘bureau’ (oficina de
OESTE (‘ouest’), est emprunté par l’intermédiaire Correos ‘bureau de poste’), du latin officina
du français ouest à l’anglais west de même ‘atelier, fabrique’, ‘atelier où l’on fabrique la
sens, formé sur une racine indoeuropéenne monnaie’ (altération de opificina, dérivé de
que l’on retrouve dans le grec hesperos et le opifex ‘ouvrier, artisan’, voir oficio). Oficina
latin vesper ‘soir’ (voir vespertino et víspe- entre dans la composition de ofimática (voir
ra). Película del Oeste ou western ‘western’. ce mot).
OFENDER(SE) (‘offenser’ ; ‘s’offenser, se scan- OFIMÁTICA (‘bureautique’), est composé avec
daliser de’), est emprunté au latin offendere oficina ‘bureau’ (voir ce mot) et le suffixe
‘heurter’, ‘choquer, blesser (les sens)’ puis -mática que l’on trouve dans informática ‘in-
‘porter atteinte à, froisser’, formé avec ob ‘de- formatique’. La bureautique désigne en effet
vant’, ‘contre’ et -fendere élément uniquement le traitement informatisé des tâches habituel-
attesté en composition et signifiant ‘frapper’. lement accomplies dans un bureau (traitement
Dérivés : OFENSA ‘offense, outrage’, du latin de texte, tableur pour les calculs, bases de
offensa ‘action de heurter’, ‘gêne, incommodi- données etc.).
té’ et, au figuré, ‘fait d’être choqué, mécon- OFRECER (‘offrir’), est issu du latin oferre for-
tent’. Offensa est le participe passé substantivé mé avec ob ‘devant’ et ferre ‘porter’, littéra-
au féminin de offendere. OFENSIVO, A ‘offen- lement ‘porter devant’ d’où ‘exposer, montrer’
sant’ et ‘offensif’ (ofensiva [substantif] ‘of- et ‘procurer’, ‘fournir’.
fensive’). Dérivés : OFRECIMIENTO ‘offre’. OFERTA
OFENSA, voir ofender(se). ‘offre’, utilisé dans le langage économique (la
OFENSIVO, A, voir ofender(se). ley de la oferta y de la demanda ‘la loi de
OFERTA, voir ofrecer. l’offre et de la demande’), du latin vulgaire
OFF (‘off’), anglicisme employé essentiellement *offerita ancien participe passé substantivé au
dans le vocabulaire du cinéma dans voz en off féminin de offere. OFRENDA ‘offrande’, du la-
(ou voz fuera de campo) ‘voix off’ ou ‘voix tin médiéval offerenda ‘don fait par les fidèles
hors champ’ pour désigner des paroles pro- à l’Église’, substantivation au féminin de offe-
noncées par un narrateur qui n’apparaît pas à rendus ‘qui doit être offert’, adjectif verbal
l’écran. Ce terme est emprunté à l’anglais off correspondant à offere.
‘hors de, en dehors’ dans off screen ‘hors de OFRECIMIENTO, voir ofrecer.
l’écran’. Off est une variante de la préposition OFRENDA, voir ofrecer.
of indiquant l’éloignement, la séparation en OFTALMÍA, voir oftalm(o)-.
association avec out (out of sight, out of mind OFTALM(O)-, est tiré de l’élément grec ophthal-
‘loin des yeux, loin du cœur’). mo- lui-même issu de ophthalmos ‘œil’ : OF-
OFICIAL, voir oficio. TALMÍA ‘ophtalmie’ ; OFTALMOLOGÍA ‘oph-
OFICINA, voir oficio. talmologie’.
OFICIO (‘métier, profession’), est emprunté au OFTALMOLOGÍA, voir oftalm(o)-.
latin officium, contraction de opificium ‘exécu- OFUSCAR, voir hosco.
tion d’un travail’ dérivé de opifex ‘celui qui OGRO (‘ogre’), est emprunté au français ogre
fait un travail’, formé avec opus ‘travail’ et d’origine mal établie. Il s’agit peut-être de
-fex de facere ‘faire’. l’altération de *orc issu du latin Orcus, nom
Dérivés : OFICIAL (adjectif) ‘officiel’ ; (subs- d’une divinité infernale. Une autre hypothèse
tantif) ‘officier’, du latin officialis (adjectif)
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fait remonter ogre aux Hongrois qui ont dé- oculus ‘œil’ et tout objet en forme d’œil,
vasté l’Occident au moyen âge. ‘greffon’, ‘bourgeon’. Le mot est passé dans le
OÍDO, voir oír. vocabulaire médical avec le sens de ‘faire pé-
OÍR (‘entendre’), est issu du latin audire ‘en- nétrer dans l’organisme’. OCULAR ‘oculaire’
tendre’, ‘prêter l’oreille à’ et spécialement en (testigo ocular / de vista / presencial ‘témoin
parlant des dieux ‘entendre la prière de qqn’, oculaire’). OJAL ‘boutonnière’ et ‘anus’ en es-
de formation mal établie (peut-être de auris pagnol argotique. OJEADA ‘coup d’œil’. OJE-
‘oreille’). En français, audire > ouïr. RA ‘cerne’. OJERIZA ‘rancune, haine’ : selon
Dérivés : AUDIENCIA ‘audience’ (medición de les anciennes croyances, le mauvais sort pou-
la audiencia ‘mesure de l’audience’) ; ‘tribu- vait être transmis par l’œil (d’où le mauvais
nal, cour, audience’. AUDITORÍA ‘audit’ (soli- œil). OJÍMETRO (A) ‘au pifomètre’. REOJO
citar una auditoría / una revisión de cuen- dans mirar de reojo ‘regarder du coin de
tas ‘demander un audit’). AUDITORIO ‘audi- l’œil’, ‘regarder de travers’, du catalan de
toire’. INAUDITO ‘inouï’, du latin inauditus reüll de même sens (contraction de rere-ull ;
‘qui n’a jamais été entendu, sans exemple’. rere ‘derrière’ et ull ‘œil’).
OÍDO ‘oreille’. OÍSLO (familier) ‘moitié’ OKUPA (‘squatter’ [substantif]), dérivé du verbe
(l’épouse ou l’époux). Francisco Rodríguez ocupar devenu okupar pour signifier l’idée d’
Marín en donne l’explication suivante : ‘De la « occuper illégalement un endroit ». On re-
frecuencia con que marido y mujer, recípro- marquera que la graphie k est également utili-
camente, se decían al hablarse : ¿ oíslo ? (¿ lo sée dans bakalao désignant une musique de
oís ?) vino el llamar así a cada uno de ellos type techno, acid house etc.
respecto del otro : mi oíslo, su oíslo’ (Don OLA (‘vague’ ; ‘poussée’), est probablement
Quijote de la Mancha, édition Clásicos castel- emprunté à l’arabe háula ‘tourbillon’ (hául
lanos, 1967, 1re partie, chapitre 7, page 187, ‘agitation de la mer, tempête’). J. Corominas
note 9). Oíslo est beaucoup moins usité au- pense que ola serait ensuite passé en français
jourd’hui, on lui préfère media naranja (litté- sous la forme houle. Cependant, la tradition
ralement ‘moitié d’orange’) dont le sens est étymologique française fait remonter houle au
immédiatement perceptible (buscar / encon- normand houle ‘cavité’ et spécialement ‘cavité
trar su media naranja ‘chercher / trouver sa où se cachent les poissons au bord d’une ri-
moitié’). OYENTE ‘auditeur’. vière’, emprunté à l’ancien scandinave hol
OÍSLO, voir oír. ‘caverne’ (par analogie de forme entre une ca-
OJAL, voir ojo. vité et le creux des vagues).
OJALÁ (‘Plaise à Dieu’, ‘Dieu veuille que’, Dérivés : OLEADA ‘grande vague, lame’, ‘pa-
‘pourvu que’), est issu de l’arabe Wa Ša llâh, quet de mer’ ; (figuré) ‘vague’ (oleada de sui-
littéralement ‘et qu’Allah le veuille’. cidios ‘vague de suicides’). OLEAJE ‘houle’.
OJEADA, voir ojo. OLEADA, voir ola.
OJERA, voir ojo. OLEAJE, voir ola.
OJERIZA, voir ojo. ÓLEO, voir olivo.
OJÍMETRO (A), voir ojo. OLEODUCTO, voir olivo et petróleo.
OJO (‘œil’), est issu du latin oculus ‘œil’ et tout OLER (‘sentir [une odeur]’), est issu du latin
objet en forme d’œil : œil de la vigne, bour- olere de même sens.
geon, cerne de la queue d’un paon. Ces usages Dérivés : DESODORIZAR ‘désodoriser’, de
métaphoriques se retrouvent dans l’espagnol formation parasynthétique : des-odor-izar.
ojo : ‘chas’ (d’une aiguille), ‘arche’ (d’un Odor est la forme classique en latin. INODORO
pont), ‘trou’ (de la serrure), ‘œil’ (du bouillon, (adjectif et substantif) ‘inodore’ et, par eu-
du fromage). phémisme, ‘w.-c.’ ODORANTE et ODORÍFERO
Dérivés : ANTEOJO(S) ‘lunette(s)’, ‘jumelles’. ‘odorant’. OLFATO ‘odorat’, du latin olfactus
ANTOJARSE, littéralement ‘avoir qqch devant ‘action de flairer’, ‘odorat’, dérivé de olefa-
les yeux’ (ante + ojo + ar) d’où ‘avoir dans cere ou olefactere ‘sentir une odeur’, lui-
l’idée, avoir l’impression’ et, avec une idée de même issu de olere ‘exhaler une odeur’.
caprice, ‘avoir envie de’. ANTOJO ‘caprice’, OLISQUEAR ‘renifler’. OLOR ‘odeur’, du latin
‘envie’, ‘lubie’. INOCULAR ‘inoculer’, du latin vulgaire olor, oloris (latin classique odor) par
inoculare ‘greffer’, formé avec in ‘dans’ et influence de olere.
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Michel Bénaben 319
OLFATO, voir oler. OLLA (‘marmite’), est issu du latin olla ‘pot’,
OLIGARQUÍA (‘oligarchie’), est emprunté au ‘marmite’, ‘urne cinéraire’. Olla a presión
grec oligarkhia ‘régime où commande un petit ‘cocotte minute’, ‘autocuiseur’.
nombre’, formé avec oligos ‘petit’, ‘en petit OMBLIGO (‘nombril’, ‘ombilic’), est issu du
nombre’ et -arkhia (de arkhê ‘commande- latin umbilicus de même sens désignant aussi
ment’). des objets circulaires (coquillages etc.). Ce
OLIGOELEMENTO (‘oligo-élément’), est formé mot est dérivé de umbo, umbonis ‘pièce en
avec le grec oligos ‘petit’, ‘en petit nombre’ et saillie sur une surface’, ‘bosse de bouclier’,
elemento. Les oligo-éléments sont des subs- ‘pierre de pavement’, ‘borne’ etc.
tances présentes à doses très faibles dans Dérivés : UMBILICAL ‘ombilical’ (cordón
l’organisme mais nécessaires à son métabo- umbilical ‘cordon ombilical’).
lisme (zinc, cobalt, fluor, manganèse etc.). OMITIR, voir meter.
OLÍMPICO (‘olympique’), est emprunté au latin OMNI-, élément tiré du latin omnis ‘tout,
olympicus ‘d’Olympie’, lui-même pris au grec chaque’, ‘toute espèce de’, ‘en général’, ‘dans
olumpikos dérivé de Olumpia ‘Olympie’. Les l’ensemble’ et entrant dans la composition de
Grecs organisaient tous les quatre ans des jeux nombreux mots savants où il indique l’étendue
près d’Olympie. Ces jeux comprenaient des des possibilités : ÓMNIBUS ‘omnibus’ (tren
joutes sportives mais aussi des cérémonies re- ómnibus ‘train omnibus’), utilisé avec le sens
ligieuses et des représentations théâtrales. particulier de ‘bon à tout faire’ dans palabra
OLISQUEAR, voir oler. ómnibus ‘mot fourre-tout’ (chose, machin,
OLIVA, voir olivo. truc). Ómnibus est le datif pluriel de omnis, il
OLIVAR, voir olivo. représente en fait l’ellipse de carruaje dans
OLIVO (‘olivier’), est issu du latin vulgaire olivus carruaje ómnibus littéralement ‘voiture pour
dérivé du latin classique oliva ‘olivier’ et tous’. Le sens de ómnibus s’est modifié en
‘olive’, emprunté au grec elaia de même sens. passant dans le vocabulaire des chemins de
Dérivés : ÓLEO ‘huile’, mot spécialisé dans le fer : on l’a interprété en ‘train desservant tou-
vocabulaire religieux los Santos Óleos (‘les tes les gares’. OMNIPOTENTE ‘omnipotent,
saintes huiles’) et en peinture (pintura al óleo tout-puissant’. OMNISCIENTE ‘omniscient’.
‘peinture à l’huile’). Óleo (français huile) est ÓMNIBUS, voir omni-.
issu du latin oleum lui-même emprunté au OMNIPOTENTE, voir omni-.
grec elaion neutre de elaia ‘olive’ et ‘olivier’. OMNISCIENTE, voir omni-.
Óleo est une forme savante, son évolution ONANISMO (‘onanisme’), est dérivé du nom
phonétique aurait dû donner : olio > olyo (yod) propre Onan. Dans la Bible, ce personnage fut
> *ojo homonyme de ojo ‘œil’. Voir aceite à contraint d’épouser la veuve de son frère. Il
ce sujet. OLEODUCTO ‘oléoduc, pipe-line’, refusa de lui donner des enfants ‘en laissant
formé avec oleo- tiré de petróleo et -ducto du perdre à terre sa semence’ comme il est dit
latin ducere ‘conduire’. Voir petróleo. OLIVA dans la Genèse. Yahvé le fit mourir pour ce re-
‘olive’, inusité aujourd’hui et remplacé par fus. L’onanisme désigne en réalité selon le
aceituna (voir aceite). OLIVAR ‘oliveraie’. texte biblique ce que l’on appelle le coïtus in-
OLOR, voir oler. terruptus mais on peut penser aussi qu’Onan
OLVIDAR (‘oublier’) est issu du latin vulgaire refusait simplement d’honorer la sœur de son
*oblitare qui est une réfection d’après le parti- frère et qu’il pratiquait la masturbation, c’est
cipe passé oblitus du verbe classique oblivisci le sens moderne du mot onanismo.
‘ne plus penser à qqch’, ‘perdre de vue’. Ce ONCE (‘onze’), est issu du latin undecim ‘dix
verbe remonte à une racine indoeuropéenne plus un’, formé avec unus ‘un’ et decem ‘dix’.
*lei- ‘verser un produit gras’ d’où ‘recouvrir’, ONDA (‘onde’), est issu du latin unda ‘l’eau (en
‘effacer’ et ‘perdre de vue, oublier’. Oblitare mouvement)’ et ‘agitation, tumulte’.
> olvidar (interversion en limite syllabique : Dérivés : ABUNDANCIA ‘abondance’. ABUNDAR
l’occlusive /b/ est placée en position de force, ‘abonder’, du latin abundare ‘affluer comme
la liquide /l/, plus faible, est placée en fin de le courant’ et ‘être nombreux’, formé avec ab
syllabe, en position dite implosive). ‘vers’ et unda ‘eau’. INUNDAR ‘inonder’. ON-
Dérivés : OLVIDO ‘oubli’. DEAR ‘ondoyer, flotter’. ONDULAR ‘onduler’,
OLVIDO, voir olvidar. emprunté au français onduler dérivé régressif
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de ondulation lui-même tiré du bas latin undu- classique opinión avait conservé le sens de
la ‘petite onde’, ‘légère ondulation’, diminutif ‘réputation’.
de unda. REDUNDANCIA ‘redondance’, est em- Dérivés : OPINAR ‘penser’, ‘donner son opi-
prunté au latin reduntantia dérivé de redun- nion’, du latin opinari ‘être d’avis que’ dont la
dans ‘qui déborde’, ‘superflu’, participe pré- structure étymologique n’est pas établie.
sent de redundare ‘déborder’, ‘être en excès’. OPIO (‘opium’), est emprunté au latin opium ‘suc
En langage courant, redundancia signifie du pavot’ lui-même pris au grec opion de
‘superflu’, ‘pléonastique’ ; en linguistique le même sens et dérivé de opos ‘suc d’une
terme désigne certains procédés utilisés par les plante’.
langues pour assurer leur bon fonctionnement. Dérivés : OPIÁCEO ‘opiacé’ ; ‘lénifiant, cal-
Par exemple, l’accumulation des marques mant’. OPIÓMANO ‘opiomane’.
d’accord (genre, nombre) assure et renforce la OPÍPARO (‘splendide, somptueux’, ‘plantu-
cohésion des divers syntagmes : [los - reux’), est emprunté au latin opiparus ‘co-
pequeños - perros], syntagme nominal (ar- pieux’, ‘riche’, ‘somptueux’ formé avec ops,
ticle-adjectif-substantif). REDUNDAR ‘retomber opis ‘ressources’, ‘richesse’ et parare ‘four-
sur’ (redundar en perjuicio de una persona nir’.
‘tourner au désavantage de, retomber que OPONENTE, voir poner.
qqn’), du latin redundare ‘déborder’, ‘être OPONER, voir poner.
inondé de, ruisseler de’ et, au figuré, ‘rejaillir, OPORTUNIDAD, voir puerto.
retomber sur qqn’. Formé avec re(d)- indi- OPORTUNO, voir puerto.
quant l’intensité et onda. OPOSICIÓN, voir poner.
ONDEAR, voir onda. OPOSITOR, voir poner.
ONDULAR, voir onda. OPRESIÓN, voir oprimir.
ONEROSO (‘onéreux’), est emprunté au latin OPRESOR, voir oprimir.
impérial onerosus ‘pesant, lourd’ dérivé de OPRIMIR (‘opprimer’ ; ‘oppresser’ ; ‘presser,
onus, oneris ‘charge, fardeau’. appuyer sur’), est emprunté au latin opprimere
Dérivés : EXONERAR ‘exonérer’. ‘presser, comprimer’ et, au figuré, ‘accabler’,
ÓNICE / ÓNIX, voir uña. formé avec ob ‘devant’, ‘contre’ et premere
ONÍRICO (‘onirique’), est dérivé du grec oneiros ‘presser’.
‘rêve’. Dérivés : OPRESIÓN ‘oppression’. OPRESOR
Dérivés : ONIRISMO ‘onirisme’. ONIROMAN- ‘oppresseur’. REPRESIÓN ‘répression’. REPRI-
CIA ‘oniromancie’ (divination par MIR ‘réprimer’, du latin reprimere ‘faire recu-
l’interprétation des rêves). ler’, ‘réfréner’, ‘refouler’, formé avec re- indi-
ONIRISMO, voir onírico. quant le mouvement en arrière et premere
ONIROMANCIA, voir onírico. ‘presser’ au propre et au figuré.
ONOMÁSTICO, A, voir nombre. OPROBIO (‘opprobre’), est emprunté au latin
ONOMATOPEYA, voir nombre. opprobium ‘honte’, ‘outrage’, ‘injure’, dérivé
OPACIDAD, voir opaco. de probrum ‘reproche’, ‘acte digne de re-
OPACO (‘opaque’), est emprunté au latin opacus proche’. Probrum est le neutre substantivé de
‘ombragé’ et ‘où la lumière ne pénètre pas’ l’adjectif prober, probra, probrum ‘digne de
dont la structure étymologique est mal établie. reproche’ dont la structure étymologique pour-
Dérivés : OPACIDAD ‘opacité’. rait être *pro-bher-os c’est-à-dire ‘mis en
OPCIÓN, voir optar. avant contre qqn’, formé avec pro ‘devant, sur
ÓPERA, voir obra. le devant de’ et bher qui serait de la même ra-
OPERACIÓN, voir obra. cine que ferre ‘porter’.
OPERAR, voir obra. OPTAR (‘opter’, ‘choisir’), est emprunté au latin
OPERARIO, voir obra. optare ‘choisir’ et ‘souhaiter’ fréquentatif
OPIÁCEO, voir opio. d’une forme hypothétique *opiare ‘choisir’.
OPINAR, voir opinión. Dérivés : ADOPTAR ‘adopter’, du latin adop-
OPINIÓN (‘opinion’), est emprunté au latin opi- tare formé avec ad ‘vers’ et optare ‘choisir’,
nio, opinionis ‘croyance’, ‘conjecture’, ‘opi- littéralement ‘porter son choix vers, sur’ et, en
nion’ et ‘renommée, réputation’. En espagnol latin juridique, ‘adopter (un enfant)’. OPCIÓN
‘option’, du latin optio ‘faculté, liberté de
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choisir’ (opción a compra ‘option d’achat’). une prière’ et ‘plaider une cause’, peut-être dé-
OPTATIVO ‘optatif’, du latin optativus ‘qui ex- rivé de os, oris ‘bouche (en tant qu’organe de
prime un souhait’, utilisé en grammaire pour la parole)’. Il s’agit probablement d’une éty-
désigner le mode du souhait, le subjonctif mologie populaire.
(¡ ojalá vuelva pronto ! ‘pourvu qu’il re- Dérivés : ADORAR ‘adorer’, du latin adorare
vienne vite !). ‘adresser la parole à’, ‘adresser des paroles de
OPTATIVO, voir optar. vénération, de prière’, ‘rendre un culte à, se
ÓPTICO, A (‘optique’), est emprunté au grec prosterner devant’, formé avec ad ‘vers’ et
optikos ‘qui concerne la vue’, de la même fa- orare ‘prier’. INEXORABLE ‘inexorable’, du la-
mille que ops et opsis ‘action de voir’, ‘vue’. tin inexorabilis ‘qu’on ne peut fléchir’, ‘au-
Dérivés : ÓPTICA (substantif) ‘optique’. SI- quel on ne peut se soustraire’, formé avec in
NOPSIS ‘synopsis’, du grec sunopsis ‘vue privatif et exorabilis dérivé de exorare ‘prier
d’ensemble’, ‘coup d’œil général’, ‘table des avec insistance’, ‘fléchir par les prières’ (ex a
matières’, formé avec sun ‘ensemble’ et opsis ici une valeur intensive). ORACIÓN ‘prière’,
‘action de voir’. ‘oraison’ et ‘phrase, proposition’, ‘discours’,
OPTIMALIZAR, voir óptimo. du latin oratio ‘langage préparé, éloquence’,
OPTIMAR, voir óptimo. ‘discours’, ‘plaidoyer’, ‘prose’ et, en latin
OPTIMISMO, voir óptimo. chrétien, ‘prière’. L’espagnol a conservé le
OPTIMIZAR, voir óptimo. sens de ‘discours’ en grammaire dans partes
ÓPTIMO (‘excellent, parfait, optimal’), est em- de la oración ‘parties du discours’ et dans
prunté au latin optimus ‘le meilleur’, de la oración principal / subordinada ‘proposition
même famille que ops, opis ‘richesse’, ‘abon- principale / subordonnée’ (discours segmenté
dance’. Optimus servait de superlatif à bonus. en membres de phrase). ORÁCULO ‘oracle’, du
Dérivés : OPTIMALIZAR, OPTIMAR ou OPTIMI- latin oraculum ‘lieu où l’on fait requête au
ZAR ‘optimiser, optimaliser’. OPTIMISMO ‘op- dieu’ et ‘réponse de la divinité consultée’.
timisme’, dérivé du latin optimus. ORADOR ‘orateur’. PERORAR ‘pérorer’, du la-
OPULENCIA, voir opulento. tin perorare ‘exposer de bout en bout’, ‘ache-
OPULENTO (‘opulent’), est emprunté au latin ver un discours, conclure’, formé avec per ‘à
opulentus ‘qui a beaucoup de moyens, de res- travers toute l’étendue de’.
sources’, ‘somptueux’, ‘abondant’, dérivé de ORBE (‘monde’ ; ‘sphère’), est emprunté au latin
ops, opis ‘richesses’, ‘forces’, ‘ressources’. orbis ‘cercle’ et objets en forme de cercle
Dérivés : OPULENCIA ‘opulence’. (‘disque’, ‘roue’, ‘poisson-lune’). Ce terme
OPUS (‘opus’ [musique]), est emprunté au latin s’appliquait à la terre dans orbis terrae ‘disque
opus ‘œuvre, travail’ pour désigner un mor- de la terre’. Son origine n’est pas établie.
ceau de musique avec son numéro dans Dérivés : DESORBITADO ‘exorbitant’ et ‘exor-
l’œuvre complète d’un compositeur. bité’ (precios desorbitados ‘prix exorbi-
Dérivés : OPÚSCULO ‘opuscule’, du latin tants’ ; ojos desorbitados ‘yeux exorbités’).
opusculum ‘petit travail’, ‘petit ouvrage litté- EXORBITANTE ‘exorbitant’. Voir ci-après
raire’, diminutif de opus. órbita. ÓRBITA ‘orbite’, du latin orbita ‘trace
OPÚSCULO, voir opus. d’une roue’ puis ‘courbe décrite par un corps
ORACIÓN, voir orar. céleste’, dérivé de orbis ‘cercle’, ‘roue’ (estar
ORÁCULO, voir orar. en órbita ou orbitar ‘être en orbite’). ORBI-
ORADOR, voir orar. TAL ‘orbital’ (vuelo orbital ‘vol orbital’).
ORAL (‘oral’), est dérivé avec le suffixe -al du ÓRBITA, voir orbe.
latin os, oris ‘bouche’, terme remplacé ensuite ORBITAL, voir orbe.
par bucca. ORBITAR, voir orbe (órbita).
ORANGUTÁN (‘orang-outan’), est emprunté au ÓRDAGO (‘renvi’ [jeux de cartes] ; de órdago :
malais orang hutan formé avec orang ‘épatant’, ‘du tonnerre’), est emprunté au
‘homme’ et hutan ‘forêt, jungle’, littéralement basque or dago (‘Voilà !’), mots que l’on pro-
‘homme des bois’. nonçait en guise de provocation, de défi au
ORAR (‘prier’), est emprunté au latin orare terme cours d’une partie de jeu de cartes (envite en
de la langue religieuse et juridique ‘prononcer espagnol, renvi en français moderne, envi en
des paroles de caractère solennel’, ‘adresser ancien français c’est-à-dire ‘défi au jeu, pro-
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vocation’, déverbal de envier ‘inviter à’ et ORDEÑAR (‘traire’), est issu du latin vulgaire
‘provoquer au jeu’). L’expression familière de *ordiniare, dérivé (comme ordinare ‘mettre
órdago ‘épatant, du tonnerre’ est une allusion en ordre’, ‘arranger’) de ordo, ordis ‘ordre’,
à l’admiration que provoquaient dans les bergers considérant probablement que par
l’assistance de tels défis. ordre de priorité, la traite du bétail était
ORDEN (‘ordre’), est emprunté au latin ordo, l’activité la plus importante.
ordinis qui signifie à l’origine ‘ordre des fils Dérivés : ORDEÑO ‘traite’.
dans la trame’ puis ‘rangée, alignement’, ‘suc- ORDINAL, voir orden.
cession’, ‘bonne disposition’, ‘classe sociale, ORDINARIEZ, voir orden.
rang’. Dans le vocabulaire militaire, ordo dé- ORDINARIO, voir orden.
signe le poste de chaque soldat et l’ordre dans OREJA (‘oreille’), est issu du latin vulgaire auri-
lequel la bataille va se dérouler (en ordre de cula ‘oreille’, ‘ouïe’ et ‘anse de cruche’, dimi-
bataille) : pour que cet ordre soit respecté, il nutif du latin classique auris.
faut donner des ordres, d’où le sens de ‘com- Dérivés : AURICULAR (substantif) ‘auriculaire’
mandement’ (recibir una orden ‘recevoir un (doigt) ; ‘écouteur’ (auricular con micrófono
ordre’). Ordo est sans doute apparenté à ordiri ‘combiné’), du bas latin auricularis ‘qui con-
‘commencer à tisser’, ‘ourdir une trame’. cerne l’oreille’. AUSCULTAR ‘ausculter’, voir
Dérivés : COORDINAR ‘coordonner’. EX- escuchar.
TRAORDINARIO ‘extraordinaire’ ; ‘supplémen- ORFANATO, voir huérfano.
taire’ (horas extraordinarias ou extras ORFEBRE, voir oro.
‘heures supplémentaires’), du latin extraordi- ORGÁNICO, voir órgano.
narius ‘inusité, exceptionnel’ et ‘supplémen- ORGANIGRAMA, voir órgano.
taire’ (à propos des troupes), formé avec extra ORGANISMO, voir órgano.
‘dehors, hors de’ et ordinarius ‘ordinaire’. Ex- ORGANIZACIÓN, voir órgano.
traordinarius a été formé d’après l’expression ORGANIZAR, voir órgano.
extra ordinem littéralement ‘qui sort de ÓRGANO (‘organe’ ; ‘orgue’), est emprunté au
l’ordre’. INSUBORDINACIÓN ‘insubordination’, latin organum ‘instrument’ et plus spéciale-
voir plus loin subordinar. ORDENANZA ‘or- ment ‘instrument de musique’, lui-même pris
donnance’ (ordenanzas municipales ‘arrêtés au grec organon ‘instrument (de travail, de
municipaux’). ORDENAR ‘ordonner’, du latin musique, de chirurgie)’ et ‘organe du corps’
ordinare ‘mettre en ordre’, ‘arranger’ et, en (l’organe étant vu comme un instrument agis-
latin impérial, ‘mettre de l’ordre dans’ d’où sant au service du corps). Organon remonte à
‘gouverner’, ‘commander’. En latin ecclésias- une racine indoeuropéenne *worg- ‘agir’ (er-
tique, ordinare prendra le sens de ‘procéder à gon ‘travail, œuvre’). Par spécialisation du
l’ordination (d’un prêtre)’, en médecine enfin, sens ‘instrument de musique’, organum a pris,
il signifiera ‘prescrire’ (français ordonner / en latin ecclésiastique, celui d’ « orgue ».
ordonnance). ORDINAL ‘ordinal’, du latin or- Dérivés : ORGÁNICO ‘organique’, du latin or-
dinalis ‘qui marque le rang d’un élément dans ganicus emprunté au grec organikos ‘qui con-
un ensemble’. ORDINARIEZ ‘vulgarité, grossiè- cerne les instruments’ et ‘qui agit comme ins-
reté’, voir ordinario ci-après. ORDINARIO ‘or- trument’. ORGANIGRAMA ‘organigramme’,
dinaire’ et ‘vulgaire’, ‘grossier’, du latin impé- formé avec organi- tiré de organizar et
rial ordinarius ‘rangé par ordre’ et ‘conforme -grama, du grec gramma, grammatos ‘lettre,
à la règle, à l’usage’ d’où le sens d’ « habi- écriture’. Un organigramme est donc la repré-
tuel » (de ordinario ‘d’ordinaire, sentation schématique d’un ensemble organisé
d’habitude’). Ordinario a aussi développé le (par exemple les différents services d’une ad-
sens de ‘qui est habituellement pratiqué par un ministration, d’une entreprise). ORGANISMO
grand nombre de gens’ d’où le sens péjoratif ‘organisme’, de l’anglais organism (ensemble
‘commun, quelconque’ et enfin ‘vulgaire, des organes). ORGANIZACIÓN ‘organisation’
grossier’. SUBORDINAR ‘subordonner’, du latin (l’ensemble des organes forme un corps struc-
subordinare de même sens, formé avec sub turé, organisé en divers systèmes [digestif,
‘sous’ indiquant la position inférieure. respiratoire etc.]). ORGANIZAR ‘organiser’.
ORDENANZA, voir orden. ORGASMO (‘orgasme’), est emprunté au grec
ORDENAR, voir orden. orgasmos dérivé du verbe organ ‘être plein de
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OTORRINOLARINGOLOGÍA (‘oto-rhino- même place d’avion etc. est appelée aussi so-
laryngologie’), est formé avec les éléments brecontratación, sobrerreserva, sobreventa
d’origine grecque oto- (ous, ôtos ‘oreille’), ri- ou saturación.
no- (rhis, rhinos ‘nez’) et laringología (la- OVILLO (‘pelote’), d’abord attesté sous les
runx, larungos ‘gosier’ ; logia ‘théorie’, ‘dis- formes luviello ou lovelo vient du latin
cours savant’). d’Espagne lobellum lui-même issu du latin (de
OTRO, A (‘autre’), est issu du latin alter, altera, Rome) globellum diminutif de globus ‘boule,
alterum ‘l’autre (de deux)’. Alter comprend balle, sphère’, ‘foule dense’ et, dans le do-
l’élément -ter- que l’on retrouve dans le pro- maine militaire, ‘peloton’. Le sens diminutif
nom interrogatif indéfini uter ‘lequel des persiste puisqu’on a bien le sentiment que
deux’, ‘celui des deux qui...’ (voir neutro). ovillo constitue une petite masse mais on a
Par ailleurs, alter appartient à la même famille perdu de vue, et pour cause, le mot de base qui
que alius ‘différent’, alias ‘autrement’, alibi est globo ‘globe’, ‘ballon’ (voir ce mot).
‘ailleurs’, alienus ‘qui appartient à un autre’ OVINO, voir oveja.
(voir ajeno). OVNI (‘ovni’), après les platillos volantes ‘sou-
Dérivés : ALTERACIÓN ‘altération’. ALTERAR coupes volantes’, la langue savante a eu vite
‘altérer’, du latin alterare ‘changer, rendre fait de forger objeto volante no identificado
autre’ et ‘falsifier’. En composition, alterare ‘objet volant non identifié’ réduit par siglaison
devient -ulterare d’où adulterare ‘corrompre’ à ovni. Le français et l’espagnol sont en fait
(voir adulterar). ALTERNANCIA ‘alternance’. des calques de l’anglais unidentified flying ob-
ALTERNAR ‘alterner’, du latin alternare dérivé ject apparu en 1966 (UFO), de même que
de alternus ‘un sur deux’. SUBALTERNO ‘su- ‘soucoupe volante’ et platillo volante étaient
balterne’, du latin subalternus ‘à la disposition aussi des calques de flying saucer.
de l’un ou de l’autre’, formé avec sub- mar- ÓVULO, voir huevo.
quant la position inférieure. OXI-, élément tiré du grec oxus ‘aigu, pointu’
OVACIÓN (‘ovation’), est emprunté au latin (armes, pierres, angles, douleurs vives). Le
ovatio, ovationis ‘petit triomphe réservé à un mot s’appliquait aussi à la vue (perçante), à un
général victorieux défilant à pied ou à cheval’ son aigu ou à un goût aigre, acide. Oxi- entre
(et non sur un char). Ovatio est dérivé de dans la composition de nombreux termes sa-
ovare ‘pousser des cris de joie’, ‘se réjouir vants : OXIDAR ‘oxyder’ ; ÓXIDO ‘oxyde’
d’une victoire’ (apparenté au grec euoi ‘cri de (oxus = ‘acide’) ; OXÍGENO ‘oxygène’, formé
joie poussé aux fêtes de Bacchus’). avec oxi- (de oxus au sens d’ « acide ») et
Dérivés : OVACIONAR ‘ovationner’. -geno ‘qui engendre’, littéralement ‘qui en-
OVACIONAR, voir ovación. gendre des acides’. OXÍTONO ‘oxyton’, du
OVAL, voir huevo. grec oxutonos formé avec oxu- ‘pointu, aigu’
OVALADO, voir huevo. et tonos ‘accent’, ‘ton’. Oxutonos désignait en
OVARIO, voir huevo. grec un mot qui portait un accent aigu sur la
OVEJA (‘brebis’ ; ‘mouton’ [terme générique]), voyelle finale. Le terme a été conservé en
est issu du bas latin ovicula ‘petite brebis’ puis phonétique générale pour désigner les mots
‘brebis’ en général, diminutif de ovis ‘brebis’. d’une langue dont l’accent tonique porte sur la
En français, ovicula a donné ouaille conservé dernière syllabe. En français, tous les mots
dans le domaine religieux : le curé et ses sont oxytons sauf ceux terminés par le e dit
ouailles (ses fidèles) par allusion à la parabole muet : menu, parol[e]. En espagnol, les mots
du bon et du mauvais pasteur. Cette référence du type cantar, civil, reloj sont des oxytons
est également présente dans l’espagnol oveja appelés aussi par référence au grec agudos
descarriada ‘brebis égarée’. (littéralement ‘aigus’). Ils représentent environ
Dérivés : OVINO ‘ovin’. 13% des mots toniques. PAROXÍTONO ‘pa-
OVERBOOKING (‘surbooking, surréservation’), roxyton’, du grec paroxutonos ‘où l’accent ai-
est emprunté à l’anglais overbooking de même gu porte sur l’avant-dernière syllabe’, formé
sens formé avec over ‘au-dessus de’ et boo- avec para- ‘à côté de’. Les paroxytons (som
king ‘inscription, location, réservation’. Cette brero, cantan) forment la majorité (44%) des
fâcheuse pratique qui consiste à vendre plu- mots accentués de l’espagnol (voir aussi lla-
sieurs fois la même chambre d’hôtel ou la no). PROPAROXÍTONO ‘proparoxyton’, du grec
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proparoxutonos ‘qui porte l’accent sur la syl- pacotille (J. Picoche, Dictionnaire étymolo-
labe antépénultième’ (página, águila). Ces gique du français, ‘Les usuels du Robert’, p.
mots ne représentent que 3% des mots accen- 492), d’autres pensent exactement l’inverse
tués de l’espagnol (voir aussi esdrújulo). (Le Robert historique). L’origine serait alors
OXIDAR, voir oxi-. paquet ou paquete (voir ce mot).
ÓXIDO, voir oxi-. PACTAR, voir pacto.
OXÍGENO, voir oxi-. PACTO (‘pacte’), est emprunté au latin pactum
OXÍTONO, voir oxi-. ‘convention’, ‘accommodement’, neutre subs-
OYENTE, voir oír. tantivé de pactus, participe passé de pacisci
OZONO (‘ozone’), est emprunté à l’allemand ‘conclure un accord’ apparenté à pax ‘traité de
Ozon créé en 1840 par le chimiste Schönbein paix’, ‘état de paix’ (voir paz).
d’après le présent du verbe grec ozein ‘sentir, Dérivés : PACTAR ‘pactiser, faire un pacte’.
exhaler une odeur, bonne ou mauvaise’ (ozo PACTOLO (‘pactole’), est emprunté au latin
‘je sens’). L’ozone est un gaz bleuâtre d’odeur Pactolus lui-même pris au grec Paktôlos, nom
forte, présent dans la haute atmosphère et for- d’une rivière de Lydie qui roulait des sables
mant une couche (capa de ozono) nous proté- d’or (nom propre devenu nom commun).
geant des rayonnements solaires. PACHULÍ (‘patchouli’ [plante et parfum]), est
emprunté au français patchouli lui-même pris
au tamoul patch ‘vert’ et ilai ‘feuille’. Ce mot,
P originaire de la côte orientale des Indes, a été
introduit par les colons français, il désigne une
plante aromatique et le parfum assez quel-
PABELLÓN (‘pavillon’), est emprunté à l’ancien conque qui en est extrait.
français paveillon ou paveilun ‘tente militaire’ PADECER (‘souffrir’), est dérivé avec le suffixe
issu du latin papilio, papilionis ‘papillon’ et inchoatif -ecer du latin pati ‘supporter, endu-
‘tente’ par comparaison entre les ailes de rer, subir’, ‘être patient ou passif’, ‘admettre,
l’insecte et la toile de tente flottant au vent. Le permettre’.
mot a ensuite désigné un corps de bâtiment (el Dérivés : APASIONADO ‘passionné’. COMPA-
pabellón español à l’exposition universelle de DECER ‘compatir à’, ‘plaindre’ (formé avec
Séville). Quant à l’acception ‘bannière, dra- cum ‘avec, ensemble’, littéralement ‘souffrir
peau’, elle vient d’une analogie de forme avec avec’). COMPASIÓN ‘compassion’. COMPA-
l’étoffe qui sert à faire les tentes (pabellón / TIBLE ‘compatible’, du latin médiéval compa-
bandera de conveniencia ‘pavillon de com- tibilis ‘susceptible de s’accorder avec’, dérivé
plaisance’). de compati ‘souffrir avec’ et, plus tardive-
PACER (‘paître’), est issu du latin pascere ‘nour- ment, ‘être susceptible d’exister avec, de
rir, engraisser’, ‘faire paître les troupeaux’, coexister’. Le mot est passé dans le vocabu-
‘paître’. laire scientifique. En informatique, il désigne
Dérivés : PASTO ‘pâturage, pacage’, ‘pâture’ ; des systèmes, des machines, des logiciels pou-
(figuré) ‘aliment, pâture’ (pasto espiritual vant fonctionner les uns avec les autres. IM-
‘nourriture de l’esprit’), du latin pastus de PACIENTAR(SE) ‘(s’)impatienter’. IMPASIBLE
même sens. PASTOR ‘berger, pâtre’ et ‘pas- ‘impassible’, du latin impassibilis, formé avec
teur’, du latin pastor, pastoris ‘berger’. En an- in privatif et passibilis ‘sensible, capable de
cien français, le cas sujet pâtre est hérité du souffrir’. Passibilis est formé sur passum su-
nominatif latin pastor, quant au cas objet pas- pin de pati ‘souffrir’. INCOMPATIBILIDAD ‘in-
teur, il est issu de l’accusatif latin pastorem. compatibilité’ (incompatibilidad de carac-
PASTORIL ‘pastoral’. teres ‘incompatibilité d’humeur’). PACIENCIA
PACIENCIA, voir padecer. ‘patience’, du latin patientia ‘action de sup-
PACIENTE, voir padecer. porter’, dérivé de patiens, participe présent de
PACIFICAR, voir paz. pati ‘souffrir’. PACIENTE ‘patient’. PADECI-
PACIFISTA, voir paz. MIENTO ‘épreuve’, ‘souffrance’. PASIÓN ‘pas-
PACOTILLA (‘pacotille’), n’est pas d’origine sion’, du latin passio, passionis ‘affection de
bien établie. Certains étymologistes supposent l’âme’, ‘douleur morale’, formé sur passum
que l’espagnol a emprunté ce mot au français supin de pati ‘souffrir, endurer’. Le mot a été
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surtout employé en latin chrétien pour dési- cherche de paternité’). PATERNO ‘paternel’
gner les souffrances du Christ. Aujourd’hui, ce (‘propre, inhérent au père’, voir aussi mater-
terme n’est plus lié à la notion de passivité, il no). PATRIA ‘patrie’, du latin patria ‘pays du
a acquis une valeur active : tener pasión por père’ d’où ‘pays natal’ (en grec patria gê ‘la
la literatura ‘avoir la passion de la littéra- terre des pères’). PATRIARCA ‘patriarche’. PA-
ture’. PASIVO ‘passif’, du latin passivus ‘sus- TRIMONIO ‘patrimoine’, du latin patrimonium,
ceptible de subir’ (formé sur passum supin de littéralement ‘ensemble des biens appartenant
pati ‘souffrir’). Le mot est aussi employé en au pater familias’ d’où ‘biens de famille’ puis
grammaire : voz pasiva ‘voix passive’. ‘biens matériels ou intellectuels appartenant à
PADRASTRO, voir padre. une nation, à une communauté’. Le mot est
PADRAZO, voir padre. passé dans le vocabulaire de la biologie : pa-
PADRE (‘père’ ; ‘prêtre, curé’), est issu du latin trimonio genético ou dotación genética ‘pa-
pater, patris. Ce terme exprimait moins la pa- trimoine génétique’. PATRIOTA ‘patriote’, du
ternité physique (dévolue à genitor ‘géniteur’) grec patriôtês ‘qui est du même pays, de la
qu’une valeur sociale et religieuse : l’homme même patrie, compatriote’. En français, pa-
comme représentant la suite des générations, triote a pris son sens moderne (‘qui aime sa
le chef de la maison (pater familias), le pro- patrie et la défend’) au XVIIIe siècle. PATRIO-
priétaire des biens. On l’employait comme TISMO ‘patriotisme’. PATROCINADOR ‘protec-
terme de respect (pour les hommes et pour les teur’ ; ‘sponsor’. PATROCINAR ‘patronner’ ;
dieux). ‘protéger, appuyer’ ; ‘sponsoriser’. PATROCI-
Dérivés : COMPADRE ‘parrain’ ; ‘compère, NIO ‘patronage, appui, protection’ ; ‘sponso-
ami’, du latin ecclésiastique compater littéra- ring’, du latin patrocinium ‘défense, secours,
lement ‘père avec’, ‘parrain’ formé avec cum protection’, dérivé de patronus ‘protecteur des
‘avec, ensemble’ (voir aussi comadre). Le plébéiens’. PATRÓN, voir plus haut padrón.
sens du mot s’est étendu : terme de parenté → PATRONATO ‘patronat’. PATRONÍMICO (adjec-
terme d’amitié d’où ‘compère, ami’. COMPA- tif et substantif) ‘patronymique’ et ‘patro-
TRIOTA ‘compatriote’, voir plus bas patriota. nyme’, du grec patrônumikos ‘qui porte le
EXPATRIARSE ‘s’expatrier’, voir plus bas pa- nom du père’, de patêr, patros ‘père’. PATRO-
tria. PADRASTRO ‘beau-père’ (du bas latin pa- NO, voir padrón plus haut. REPATRIAR ‘rapa-
traster ‘second mari de la mère’). PADRAZO trier’.
‘papa gâteau’, ‘papa poule’. PADRINO ‘par- PADRINO, voir padre.
rain’ ; ‘protecteur, appui’, du latin vulgaire pa- PADRÓN, voir padre.
trinus ‘parrain’. PADRÓN ‘cens, recensement, PAELLA (‘paella’, ‘riz à la Valencienne’), est
rôle’, du latin patronus ‘protecteur des plé- emprunté au catalan paella ‘poêle’ — la paella
béiens’, ‘ancien maître d’un esclave affran- étant cuite dans une grande poêle — lui-même
chi’, ‘défenseur en justice’ ; en latin médiéval, pris à l’ancien français paele (français mo-
‘saint protecteur’ (espagnol moderne patrono derne poêle) du latin patella ‘petit plat servant
‘patron, [saint] protecteur’ et ‘patron, chef aux sacrifices’.
d’entreprise’). Tous ces personnages consti- PAGA, voir pagar.
tuent en quelque sorte des exemples, des mo- PAGANO (‘païen’), est issu du latin paganus
dèles à suivre d’où le sens spécialisé de ‘mo- ‘habitant d’un district rural’, ‘paysan’, dérivé
dèle sur lequel travaillent les artisans pour fa- de pagus ‘borne fichée en terre’ puis ‘territoire
briquer certains objets’. Ce sens technique est délimité par des bornes’, ‘district rural’ (de
représenté en espagnol par la forme patrón pangere ‘ficher, enfoncer’). En bas latin pa-
‘patron’. En économie : patrón oro ‘étalon- ganus a pris le sens de ‘païen’, ‘non chrétien’.
or’ (métal ou monnaie servant de modèle, de La christianisation de l’Empire romain ayant
référence). Enfin, une autre spécialisation a commencé par les villes, on estimait que les
conduit au sens de ‘relevé, liste (servant de populations rurales étaient encore les repré-
modèle, de référence)’, particulièrement ‘re- sentants des anciennes religions polythéistes.
censement de population’ et représenté par Une autre hypothèse considère que paganus a
padrón. PATERNAL ‘paternel’ (‘semblable au pris, en latin impérial, le sens de ‘civil’ par
père’, voir aussi maternal). PATERNIDAD ‘pa- opposition à ‘militaire’. Par extension, ce mot
ternité’ (investigación de la paternidad ‘re- aurait signifié ‘profane, amateur’ par rapport à
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meur’ — de paronychium de même sens. Ce PÁNICO (‘panique’), est emprunté au grec pani-
mot est emprunté au grec parônukhia formé kos adjectif signifiant littéralement ‘de Pan’
avec para ‘à côté de’ et onux ‘ongle’ (un pa- car l’apparition subite du dieu Pan provoquait
naris est un abcès se formant près de l’ongle). la terreur. L’origine du mot Pan est obscure.
PANAL, voir pan. PANOPLIA (‘panoplie’), est emprunté au grec
PANCARTA, voir carta. panoplia ‘armure complète d’un hoplite’ (fan-
PÁNCREAS (‘pancréas’), est emprunté au grec tassin) dérivé de panoplos ‘armé de toutes
pankreas formé avec pan (de pas, pantos pièces’, formé avec pan- (de pas, pantos
‘tout’) et kreas ‘chair’. Le chirurgien français ‘tout’) et hoplon ‘arme’, ‘armure’.
Ambroise Paré (XVIe siècle) expliquait que le PANORAMA (‘panorama’), est composé avec les
pancréas avait été ainsi nommé ‘pour ce qu’il éléments grecs pan (pas, pantos ‘tout’) et ho-
a partout similitude de chair’. rama ‘ce qui est vu, spectacle, vision’ dérivé
PANDEMIA (‘pandémie’), est formé avec pan- de horan ‘voir, regarder’.
tiré du grec pas, pantos ‘tout’ et demos Dérivés : PANORÁMICO ‘panoramique’.
‘peuple’. Pandemia désigne une épidémie qui PANORÁMICO, voir panorama.
touche toute une population (voir epidemia). PANTALÓN (‘pantalon’), est emprunté au fran-
PANDERETA (‘tambourin, tambour de basque’), çais pantalon lui-même pris à l’italien Panta-
est dérivé de pandero de même sens et issu du lone, nom d’un personnage comique de la
latin pandorius variante de pandura, emprun- commedia dell’arte, vêtu d’un habit d’une
tés au grec pandúrion, pandûra ‘luth à trois seule pièce.
cordes’ (La España de pandereta ‘l’Espagne PANTALLA (‘abat-jour’ ; ‘écran’), provient
d’opérette’). probablement du catalan par croisement entre
PANDILLA (‘bande’), est probablement dérivé de pàmpol et ventalla, les deux mots signifiant
l’adjectif pando ‘bombé’ (du latin pandus de ‘abat-jour de lampe’. En informatique : un
même sens) par allusion à celui qui triche au salvapantalla ‘un économiseur d’écran’. Pan-
jeu de cartes en pliant ou en bombant certaines talla antirruido ou acústica ‘mur antibruit’.
d’entre elles, d’où le sens de ‘tricherie’ puis PANTANO (‘marais, marécage’ ; ‘lac de bar-
celui de ‘groupe de personnes se réunissant à rage’), est emprunté à l’italien pantano de
de mauvaises fins’ et enfin ‘bande’, ‘équipe’. même sens d’origine préromane, peut-être ap-
PANEGÍRICO (‘panégyrique’), est emprunté au parenté à Pantanus nom d’un lac à l’époque
latin panegyricus (‘laudatif’) adjectif substan- romaine et formant des marécages dans la ré-
tivé avec le sens d’ « éloge, discours public à gion d’Apulie.
l’éloge de qqn » Ce mot est lui-même pris au Dérivés : PANTANOSO ‘marécageux’.
grec panêgurikos (logos) ‘discours, éloge pu- PANTANOSO, voir pantano.
blic prononcé lors d’une fête nationale’, dérivé PANTEÓN (‘panthéon’), est emprunté au latin
de panêguris ‘assemblée de tout le peuple’ Pantheum ‘temple consacré à tous les dieux’
(formé avec pan- ‘tout’ et aguris ‘rassemble- lui-même pris au grec Pantheion, substantiva-
ment, foule’). tion de l’adjectif pantheios ‘commun à tous
PANEL, voir paño. les dieux’, formé avec pan ‘tout’ et theios ‘qui
PANFLETO (‘pamphlet’), est emprunté à concerne les dieux, consacré aux dieux’ (de
l’anglais pamphlet ‘brochure, opuscule’ peut- theos ‘dieu’).
être issu de l’ancien français Pamphilet dimi- PANTOMIMA (‘pantomime’), est emprunté au
nutif de Pamphile titre d’une comédie satiri- latin pantomimus ‘mime, comédien qui
que écrite en latin au XIIe siècle (Pamphilus s’exprime avec des gestes’, lui-même pris au
seu de Amore ‘Pamphile ou de l’amour’) dont grec pantomimos littéralement ‘celui qui mime
l’un des personnages principaux — la vieille tout’, formé avec panto- ‘tout’ et mimos
entremetteuse — a inspiré l’archiprêtre de Hi- ‘mime’.
ta (Libro de Buen Amor, la vieille Trotacon- PANTORRILLA (‘mollet’), est probablement issu
ventos) et bien sûr Fernando de Rojas (La Ce- du croisement entre deux mots latins : pantex,
lestina). L’autre équivalent de ‘pamphlet’ en panticis ‘ventre, panse’ et pandorium ‘man-
espagnol est libelo ‘libelle’ emprunté au latin dore’ ou ‘mandole’, ‘sorte de mandoline’. En
libellus ‘petit livre’ et ‘mémoire’. espagnol, pantorrilla désigne le mollet c’est-
à-dire une partie ronde, charnue (analogie de
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forme avec le ventre et l’instrument de mu- PERA ‘goitre’ et ‘oreillons’, maladies caracté-
sique de forme ventrue, bombée). risées par une augmentation de volume de cer-
PANTUFLA, O (‘pantoufle’), est emprunté au taines parties du cou donnant l’impression
français pantoufle dont l’origine n’est pas éta- qu’on a trop mangé (voir papada plus haut).
blie. PAPILA ‘papille’, du latin papilla ‘petit bou-
PANZA (‘panse, bedaine’), est issu du latin pan- ton’ d’où ‘mamelon’, ‘bout de sein’, dérivé
tex, panticis ‘intestins, tripes’ d’où ‘ventre, diminutif de papula ‘bouton, pustule’. Papila
abdomen’. L’origine de ce mot n’est pas con- a pris son sens moderne de ‘petite éminence à
nue. la surface du derme ou d’une muqueuse’ lors-
Dérivés : DESPANZURRAR ‘étriper’, ‘éventrer’. que l’on a découvert le rôle de ces terminai-
PAÑAL, voir paño. sons nerveuses ou vasculaires au XVIIe siècle.
PAÑO (‘drap’, ‘tissu, étoffe’), est issu du latin PAPILLA ‘bouillie’. PAPO ‘jabot’.
pannus ‘morceau d’étoffe’. PAPÁ, voir papa (1).
Dérivés : EMPAÑAR ‘embuer’, ‘ternir’ comme PAPADA, voir papa (2).
si l’on avait déposé une fine pellicule de tissu, PAPAGAYO (‘perroquet’), est d’origine incer-
d’ailleurs empañar signifie aussi ‘emmaillo- taine, peut-être emprunté à l’arabe babbaga de
ter’. PANEL ‘panneau’, emprunté à l’ancien même sens par l’intermédiaire de l’ancien
français panel (français moderne panneau), is- provençal papagay. En français, l’ancien nom
su du latin vulgaire *pannellus dérivé diminu- du perroquet est papegai (emprunté précisé-
tif de pannus ‘morceau d’étoffe’ qui a donné ment au provençal).
aussi le français pan (pan de chemise, pan de PAPAR, voir papa (2).
mur). En français, panneau a d’abord signifié PAPEL (‘papier’ ; ‘rôle’ [théâtre]), est emprunté
‘morceau d’étoffe’ et ‘filet’ (tomber dans le au catalan paper de même sens, lui-même issu
panneau) avant de désigner la partie d’une du latin papyrus ‘papyrus’ (nom du roseau
surface rigide (au début du XIIIe siècle). PA- d’Égypte) puis ‘papier de chiffon’ introduit
ÑAL ‘lange, couche’. PAÑUELO ‘mouchoir’. par les Arabes vers le Xe siècle. Le doublet
PAÑUELO, voir paño. savant de papel est papiro ‘papyrus’.
PAPA (1) (‘pape’), est emprunté au latin ecclé- L’espagnol a développé aussi pour papel le
siastique papa lui-même pris au grec pa(p)as. sens de ‘rôle’ (au théâtre etc.) car un rôle est
En grec puis, par emprunt en latin, pappa était d’abord écrit sur du papier (rapport métony-
le nom du père dans le langage enfantin (d’où mique). Sobre el papel / teóricamente ‘en
le français papa et l’espagnol papá). C’était théorie’, ‘sur le papier’.
aussi un terme d’affection et de respect utilisé Dérivés : EMPAPELAR ‘empaqueter’, ‘enve-
pour s’adresser aux évêques en général puis lopper’. PAPELEO ‘paperasserie’. PAPELERÍA
plus particulièrement à celui de Rome. Le grec ‘papeterie’. PAPELETA ‘bulletin (de vote)’,
pappa est devenu pappas probablement par ‘question d’examen (tirée au sort)’.
analogie avec abbas, abbatis ‘abbé’. PAPELEO, voir papel.
PAPA (2) (‘nourriture, pitance’), est issu du latin PAPELERÍA, voir papel.
pappa mot expressif du langage enfantin dési- PAPELETA, voir papel.
gnant la nourriture (le redoublement conso- PAPERA, voir papa (2).
nantique p...p représentant le mouvement des PAPILA, voir papa (2).
lèvres en particulier lors de l’ingestion de PAPILLA, voir papa (2).
nourriture). Autres mots formés de la même PAPIRO, voir papel.
façon en latin : pappare ‘manger’, papilla PAPO, voir papa (2).
‘bout du sein’. PAQUEBOTE (‘paquebot’), est emprunté à
Dérivés : EMPAPAR ‘tremper’, ‘imbiber’. En l’anglais packet-boat formé avec packet ‘pa-
français être trempé comme une soupe, le mot quet (de courrier)’ et boat ‘bateau’. Les ba-
soupe ayant, dans cette expression, le sens de teaux qui acheminaient le courrier ayant pris
‘tranche de pain (que l’on arrose de bouillon l’habitude de prendre aussi des passagers,
ou de lait)’. PAPADA ‘double menton’ (parce cette fonction annexe a fini par devenir leur
que l’on a trop mangé !). PAPAR ‘avaler’ sur- fonction principale.
tout employé dans papar moscas ‘bayer aux PAQUETE (‘paquet’), est emprunté au français
corneilles’, ‘regarder les mouches voler’. PA- paquet lui-même pris à l’anglais pack ‘paquet,
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ballot’ issu du néerlandais pak d’origine obs- d’une conjugaison et l’ensemble des formes
cure. En espagnol moderne, paquete est em- fléchies que peut prendre ce mot. Par exemple,
ployé aussi avec le sens dérivé d’ « ensemble le paradigme de la première déclinaison latine
de services ou prestations, forfait » dans pa- est représenté par l’ensemble des formes
quete turístico ‘forfait touristique’. prises par le mot type rosa ‘la rose’ (nominatif
Dérivés : EMPAQUETAR ‘empaqueter’. / vocatif rosa ; accusatif rosam ; génitif / datif
PAQUIDERMO (‘pachyderme’), est emprunté au rosae ; ablatif rosa).
grec pakhudermos ‘qui a la peau épaisse’, PARADO, voir parar.
formé avec pakhus ‘gros, épais, massif’ et PARADOJA (‘paradoxe’), est emprunté au latin
-dermos (de derma ‘peau’). paradoxa pluriel de paradoxon ‘chose con-
PAR ([adjectif] ‘pair’ ; [substantif] ‘paire’), est traire à l’opinion’, calque du grec paradoxon,
issu du latin par, paris ‘égal, pareil’ (sous le neutre substantivé de l’adjectif paradoxos
rapport des dimensions, de la quantité, de la ‘contraire à l’attente ou à l’opinion commune’.
valeur) dont l’origine n’est pas établie. Pris Ce mot est formé avec para ‘à côté’ d’où
substantivement, par signifiait ‘compagnon, ‘contraire’ et doxa ‘opinion’.
pair, le semblable de qqn’, ‘époux, épouse’, PARADOR, voir parar.
‘paire, couple’. PARAFINA (‘paraffine’), est emprunté à
Dérivés : EMPAREJAR ‘assortir’ ; ‘accoupler’ ; l’allemand Paraffin, mot créé en 1830 par le
‘appareiller’, ‘égaliser, uniformiser’. IMPAR chimiste Reichenbach à partir du latin parvum
‘impair’. PAREJA ‘paire’ ; ‘couple’, ‘parte- affinis, littéralement ‘qui a peu d’affinités’ car
naire’ (dans un couple). PARIDAD ‘parité’. cette substance se combine mal avec les autres
PARA (‘pour’), est l’altération de la forme pora corps.
sans doute sous l’influence de l’ancienne pré- PARÁFRASIS, voir frase.
position par issue du latin per : par Dios ‘par PARÁGRAFO (‘paragraphe’), est emprunté au
Dieu’ devenu par euphémisme pardiez (fran- bas latin paragraphus ‘marque pour distinguer
çais pardieu et pardi). Pora / para est formé les différentes parties d’un exposé’, lui-même
avec por et la préposition a. Para peut donc pris au grec paragraphê, littéralement ‘ce qui
exprimer un trajet externe orienté (a = ‘vers, est écrit à côté’ (signe de ponctuation qui si-
en direction de’) alors que por exprime un gnalait la fin d’un développement ou d’une
mouvement interne non orienté : salgo para section de texte). Ce mot est formé avec para
Madrid / me paseo por Madrid. Par ailleurs, ‘à côté’ et -graphê (de graphein ‘écrire’).
la préposition a intégrée dans para permet de PARAGUAS, voir parar.
signifier le but à atteindre, l’expression de la PARAÍSO (‘paradis’), est emprunté au latin ecclé-
cause étant alors dévolue à por. siastique paradisus ‘séjour des bienheureux’
PARÁBOLA, voir palabra. lui-même pris au grec paradeisos ‘parc, jardin
PARABÓLICO, A (‘parabolique’ dans antena d’agrément’. La Bible grecque a utilisé ce mot
parabólica), est dérivé de parábola pris au pour désigner le jardin merveilleux donné par
grec parabolê ‘comparaison, rapprochement’ Dieu à Adam et Ève d’où la spécialisation de
spécialisé en géométrie avec le sens de paradeisos en ‘jardin, séjour des Bienheureux
‘courbe dont chacun des points, comparé à un après la mort’. Paradeisos est emprunté au
point fixe, est situé à égale distance’. persan *pardez ‘enclos’.
PARABRISAS, voir parar. PARAJE, voir parar.
PARACAÍDAS, voir parar. PARALELO (‘parallèle’), est emprunté au latin
PARADA, voir parar. parallelus ou parallelos ‘lignes placées en re-
PARADERO, voir parar. gard l’une de l’autre’ (en astronomie paralleli
PARADIGMA (‘paradigme’), est emprunté au bas circuli ‘cercles parallèles’). Ce mot est em-
latin paradigma ‘exemple, comparaison’ lui- prunté au grec parallêlos formé avec par(a) ‘à
même pris au grec paradeigma ‘modèle, côté’ et allêlôn ‘les uns les autres, les uns par
exemple’, formé avec para ‘à côté’ et deigma rapport aux autres’. Allêlôn est la forme re-
‘exemple’, dérivé de deiknunai ‘montrer, indi- doublée de allos ‘autre’ (voir alopatía).
quer’. Paradigma est utilisé en grammaire et PARÁLISIS (‘paralysie’), est emprunté au latin
en linguistique pour désigner un mot type paralysis ‘immobilité d’un côté du corps’, lui-
donné comme modèle d’une déclinaison ou même pris au grec paralusis ‘fait de laisser al-
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(préfixe intensif re-). REPARO ‘remarque, ob- tif de couleur qualifiant le pelage moucheté du
servation’ et ‘objection, réserve, reproche’. léopard. Par ailleurs, on peut penser qu’en es-
PARARRAYOS, voir parar. pagnol pardo a été influencé par le mot par-
PARASINTÉTICO (‘parasynthétique’), adjectif dal ‘moineau’ oiseau de couleur brune (du
utilisé en linguistique pour désigner un mode grec pardalos de même sens).
de dérivation obtenu par adjonction simulta- PARECER (‘paraître’), est issu du latin tardif
née de préfixe et de suffixe (littéralement parescere forme inchoative de parere ‘appa-
‘synthèse réalisée avec des éléments se trou- raître, se montrer’ (sens réservé à l’usage par-
vant des deux côtés [para] du mot principal’) : lé). Parere signifiait surtout ‘apparaître, être
a + noche + ecer > anochecer ; a + cerca + présent à l’ordre de qqn’ d’où ‘obéir, se sou-
ar > acercar ; em + botella + ar > embotel- mettre’. En espagnol, parecer a d’abord été
lar. substantivé en discours comme n’importe quel
PARÁSITO (‘parasite’), est emprunté au latin infinitif mais il est devenu ensuite un véritable
parasitus ‘invité, convive’ et aussi ‘pique- substantif de langue (el parecer / los pare-
assiette, profiteur’, lui-même pris au grec pa- ceres) signifiant ‘opinion, avis’ (‘à ce qu’il me
rasitos ‘qui mange avec, auprès de’. Parasitos paraît, à ce qu’il me semble’).
est formé avec para ‘à côté’ et sitos qui signi- Dérivés : APARECER ‘apparaître’. APARECIDO
fiait primitivement ‘grain de céréales’ puis ‘revenant, fantôme’. APARENTAR ‘feindre, si-
‘pain’ et enfin ‘attribution de farine, provi- muler’, ‘sembler, avoir l’air’. APARIENCIA
sions, nourriture’. ‘apparence’. COMPARECENCIA ‘comparution’.
PARATAXIS (‘parataxe’), est formé à partir des COMPARECER ‘comparaître’. DESAPARICIÓN
éléments grecs para ‘à côté’ et tassein (ou tat- ‘disparition’. TRANSPARENTE ‘transparent’, du
tein) ‘ranger, placer’ (voir aussi sintaxis). La latin médiéval transparens formé avec trans ‘à
parataxe est un procédé syntaxique qui con- travers’ et parere ‘apparaître’.
siste à juxtaposer des phrases sans expliciter le PARED (‘mur’), est issu du latin paries, parietis
lien qui les unit : Hace buen tiempo, salimos de même sens.
(= Salimos porque hace buen tiempo). Dérivés : PAREDÓN ‘gros mur’ ; ‘poteau
PARCELA, voir parte. d’exécution’. PARIETAL ‘pariétal’ (arte parie-
PARCELARIO, voir parte. tal ‘art pariétal’, peintures rupestres de Las-
PARCIAL, voir parte. caux ou d’Altamira en Espagne).
PARCO (‘sobre’, ‘modéré’ ; ‘chiche, avare’), est PAREJA, voir par.
emprunté au latin parcus ‘économe, ménager, PAREMIOLOGÍA (‘parémiologie’ [étude des
regardant’, dérivé de parcere ‘ne pas dépenser proverbes]), est formé avec les éléments grecs
trop’. paroimia ‘proverbe’ et logos ‘discours, traité’.
Dérivés : PARQUEDAD ‘parcimonie’, ‘mesure, PARENTESCO, voir parir.
modération’. PARSIMONIA ‘parcimonie’, du la- PARÉNTESIS (‘parenthèse’), est emprunté au
tin parsimonia ou parcimonia ‘économie, latin parenthesis lui-même pris au grec paren-
épargne’, dérivé de parsus, participe passé de thesis ‘action d’intercaler’, ‘action d’insérer
parcere ‘retenir, contenir’ et ‘se contenir’, une lettre dans un mot ou un élément auto-
‘épargner’. nome dans une phrase’. Parenthesis est dérivé
PARCHE (‘emplâtre’, ‘pièce’, ‘rustine’), est du verbe parentithenai ‘interposer, insérer, en-
emprunté à l’ancien français parche ‘basane’, tremêler’, formé avec para ‘à côté’ et entithe-
‘cuir’, lui-même issu du latin parthica (pellis) nai ‘placer dans’ et, en particulier, ‘insérer une
‘peau, cuir du pays des Parthes’ (peuple de lettre’.
Perse), ‘maroquin’, ‘cuir fin’. PARIA (‘paria’), est emprunté par l’intermédiaire
PARDAL, voir pardo. du portugais pariá au tamoul parayan ‘joueur
PARDIEZ, voir para. de tambour’. Comme les joueurs de tambour
PARDO (‘brun’ ; ‘gris’, ‘sombre’ [ciel, temps]), accompagnaient les morts dans les cortèges
est issu du latin pardus ‘panthère mâle’ pro- funèbres, on les a considérés comme souillés
bablement emprunté au grec pardos de même et impurs d’où le sens d’ « individu hors caste
sens. Pardus a été ensuite associé à leo ‘lion’ situé au plus bas degré de l’échelle sociale et
pour donner leo pardus > leopardus ‘léopard’, dont le contact est impur ».
pardus étant alors interprété comme un adjec- PARIENTE, A, voir parir.
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PARIR (‘mettre bas’ ; ‘accoucher, enfanter’), est PARQUE (‘parc’), est emprunté au français parc
issu du latin parere ‘enfanter’, ‘mettre bas’ et, issu du latin médiéval parricus ‘enclos’ lui-
au figuré, ‘faire naître, engendrer, procurer’. même dérivé d’une forme de bas latin *parra
Dérivés : EMPARENTAR ‘apparenter’, ‘allier’. ‘perche’, ‘pieu’ (avec lequel on construit des
PARENTESCO ‘parenté’. PARIENTE ‘parent’, est enclos).
issu du latin parens, parentis ‘père ou mère’ Dérivés : APARCAR ‘garer, ranger’ (une voi-
(surtout employé au pluriel parentes), mot de ture), formé à partir de l’anglais to park de
la langue littéraire se substituant à pater et ma- même sens (voir parking).
ter. En latin impérial, parentes a commencé à PARQUÉ (‘parquet’ [plancher] ; ‘corbeille’
se dire aussi des autres membres de la même [Bourse]), est emprunté au français parquet
famille (frères, oncles etc.). C’est ce dernier diminutif de parc (voir parque). Un parquet
sens que l’espagnol pariente(s) a conservé, le est un assemblage d’éléments en bois qui for-
père et la mère (les parents géniteurs) se disant ment de petits compartiments. Ce sens est at-
padres. Parens est le participe présent subs- testé en français à partir de la deuxième moitié
tantivé de parere ‘mettre au monde’ et ‘procu- du XVIIe siècle. Antérieurement, parquet a si-
rer, produire’. PARTO ‘accouchement’. PAR- gnifié ‘(petite) enceinte’, ‘espace délimité’ et
TURIENTA ‘parturiente, accouchée’, du latin spécialement dans le vocabulaire de la justice
parturiens, participe présent de parturire ‘être ‘partie d’une salle de justice où se tiennent les
en couches’ dérivé de parere ‘enfanter’. juges ou les avocats’, puis ‘local réservé aux
PARKING (‘parking’), est emprunté à l’anglais membres du Ministère public’. Par extension,
parking gérondif substantivé du verbe to park ce mot prendra le sens de ‘groupe de magis-
‘garer une voiture’ dérivé de park ‘emplace- trats exerçant les fonctions du Ministère pu-
ment de stationnement’ lui-même pris au fran- blic’. Au XIXe siècle, parquet désigne la par-
çais parc. tie de l’enceinte de la Bourse des valeurs où se
PARLAMENTO, voir palabra. tiennent les agents de change (synonyme de
PARLANCHÍN, voir palabra. corbeille), l’espagnol économique et commer-
PARLAR, voir palabra. cial emploie également parqué avec ce der-
PARLOTEO, voir palabra. nier sens.
PARNÉ (‘fric, pognon’), est emprunté au gitan PARQUEDAD, voir parco.
parné de même sens, tiré de parnó ‘blanc’ lui- PARRA (‘treille’), provient probablement d’une
même issu du sanskrit pandu ‘pâle’. Ce terme forme de bas latin *parra ‘perche, pieu’ d’où
désignait à l’origine une pièce de monnaie en en espagnol ‘treille, espalier sur lequel on fait
argent. La même métaphore est à l’origine de pousser de la vigne’ (voir aussi parque).
blanca dans no tener una blanca ‘être sans Dérivés : PARRILLA ‘gril’, littéralement ‘petite
un rond’. grille’ par analogie de forme avec le treillage
PARO, voir parar. qui soutient la vigne.
PARODIA, voir oda. PÁRRAFO (‘paragraphe’) est emprunté sans
PARONOMASIA, voir nombre. doute par l’intermédiaire du français paraphe
PAROXISMO (‘paroxysme’), est emprunté au au bas latin paragraphus ‘marque pour distin-
grec paroxusmos ‘irritation’ dérivé de paroxu- guer les différentes parties d’un exposé’, lui-
nein ‘exciter, irriter’, formé avec para ‘à côté’, même pris au grec paragraphê ‘ce qui est écrit
‘en dehors de’ et oxunein ‘aiguiser, exciter’ à côté’ (c’est-à-dire le signe de ponctuation
dérivé de oxus ‘aigu’. marquant la fin d’un développement : §). Pa-
PAROXÍTONO, voir oxítono. ragraphê est formé avec para ‘à côté’ et
PARPADEO, voir párpado. -graphê (de graphein ‘écrire’). Après avoir
PÁRPADO (‘paupière’), est issu du latin vulgaire désigné le signe marquant la fin d’un dévelop-
*palpetrum de même sens (latin classique pal- pement, ce terme a désigné le développement
pebra) à rattacher à palpare ‘toucher légère- compris entre deux de ces signes.
ment’, ‘caresser, tapoter, flatter’ et palpitare PARRICIDA (‘parricide’ [criminel]), est emprun-
‘être agité’ (mouvements répétés des pau- té au latin par(r)icidas ‘meurtre du père ou
pières). d’un parent proche’. L’origine du premier
Dérivés : PARPADEO ‘cillement’, ‘clignement élément (pari-) n’est pas bien élucidée. Le se-
d’yeux’. cond élément est issu du verbe caedere ‘tuer’.
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ment où chacun prend sa part. PARTIDARIO cal’ qui signifiait peut-être ‘passage’ à
‘partisan’. PARTIDO ‘parti (politique)’ c’est-à- l’origine et qui désignait la fête juive commé-
dire représentant d’une partie de l’ensemble morant la sortie d’Égypte et marquée par le
des forces politiques ; ‘parti, profit’ (sacar sacrifice de l’agneau pascal. Le même mot dé-
partido ‘tirer parti’) ; ‘partie, match (de foot- signera ensuite la fête chrétienne commémo-
ball)’. PARTIR ‘diviser’, ‘partager’ ; ‘casser, rant le sacrifice et la résurrection du Christ,
rompre, couper, fendre’ ; ‘partir, s’en aller’ fête qui coïncidait avec la Pâque juive.
(l’idée de ‘partir’ étant assimilée à une divi- PASE, voir paso.
sion, à une séparation), du latin partire (latin PASEANTE, voir paso.
classique partiri) ‘diviser en parts’, ‘partager, PASEAR, voir paso.
distribuer’. REPARTIR ‘partager’, ‘distribuer’, PASEO, voir paso.
‘livrer’. REPARTO ‘répartition, partage’, ‘dis- PASILLO, voir paso.
tribution’, ‘livraison’. PASIÓN, voir padecer.
PARTICIPAR, voir parte. PASIVO, voir padecer.
PARTÍCIPE, voir parte. PASMARSE, voir pasmo.
PARTICIPIO, voir parte. PASMO (‘évanouissement’ ; ‘étonnement, stupé-
PARTÍCULA, voir parte. faction’), est issu du latin vulgaire pasmus, la-
PARTICULAR, voir parte. tin classique spasmus ‘convulsion’ emprunté
PARTIDA, voir parte. au grec spasmos dérivé du verbe spân ‘tirer,
PARTIDARIO, voir parte. tirailler, disloquer’. En espagnol, spasmus a
PARTIDO, voir parte. donné espasmo ‘spasme’.
PARTIR, voir parte. Dérivés : PASMARSE ‘être ébahi, stupéfait’ ;
PARTO, voir parir. ‘s’évanouir, se pâmer’ (R. Queneau : tomber
PARTURIENTA, voir parir. dans les pâmes → tomber dans les pommes
PÁRVULO (‘petit enfant’), est emprunté au latin par étymologie populaire).
parvulus ‘très petit’, ‘tout jeune’, diminutif de PASO (‘pas’ ; ‘passage’) est issu du latin passus
parvus. Escuela de párvulos ‘école mater- ‘mouvement du pied pour avancer’, ‘em-
nelle’. preinte du pied’ et ‘mesure de longueur’, subs-
PASA (‘raisin sec’), représente l’abréviation du tantivation de passus participe passé de pan-
latin uva passa littéralement ‘raisin étendu’ où dere ‘étendre, déployer’. A noter que le fran-
passa est le participe passé au féminin du çais utilise pas comme auxiliaire de la néga-
verbe pandere ‘étendre, déployer’ (les raisins tion ne : Je ne répondrai pas.
sont étendus au soleil pour être séchés). Dérivés : ANTEPASADOS ‘ancêtres, aïeux’.
PASADO, voir paso. COMPÁS (voir ce mot à sa place alphabétique).
PASAJE, voir paso. PASAJE ‘passage’ (d’un livre etc.) ; ‘billet, prix
PASAJERO, voir paso. de passage’. PASAJERO ‘passager’. PASANTE
PASANTE, voir paso. ‘stagiaire’ (chez un avocat), littéralement ‘qui
PASAPORTE, voir paso. ne fait que passer’. PASAPORTE ‘passeport’, du
PASAR, voir paso. français passeport formé avec port du latin
PASARELA, voir paso. portus ‘passage, issue’. PASAR ‘passer’. PASA-
PASATIEMPO, voir paso. RELA ‘passerelle’ ; ‘podium (où défilent les
PASCUA (‘Pâque’ [fête juive] ; ‘Pâques’ [fête mannequins)’ d’où, par métonymie, ‘défilé de
chrétienne] ; ‘Noël, Épiphanie, Pentecôte’ ; mode’. PASATIEMPO ‘passe-temps’. PASE
‘fêtes de fin d’année’), est issu du latin ecclé- (substantivation de la 3e personne du subjonc-
siastique Pascha désignant la pâque juive, tif présent de pasar) ‘permis, laissez-passer’ ;
l’agneau pascal et la fête chrétienne. Le mot ‘carte d’invitation’ ; (tauromachie et sports)
Pascha a été altéré en *pascua sous ‘passe’. PASEANTE ‘passant’. PASEARSE ‘se
l’influence de pascuum (au pluriel pascua) promener’. PASEO ‘promenade’. PASILLO
‘pâturage, pacage’ et ‘nourriture’, confusion ‘couloir’. PASOTA ‘je-m’en-foutiste’, ‘baba-
sans doute en rapport avec la fin de la période cool’, est dérivé avec le suffixe argotique -ota
de jeûne à Pâques. Pascha est emprunté au (voir drogota ‘camé, toxico’) du verbe pasar
grec paskha de même sens, lui-même pris à au sens de ‘se moquer’, ‘être indifférent à
l’hébreu biblique pèsah ‘Pâque, agneau pas- tout’ (en argot, pase signifie à la fois ‘trafico-
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l’italien pagliaccio, nom d’un bateleur de foire du latin pecunarius ‘relatif à l’argent’ dérivé
portant un vêtement de toile écrue rappelant de pecunia ‘possessions en bétail’ puis ‘ri-
un sac de paille (pagliaccio est dérivé de pa- chesse, fortune’ et enfin ‘monnaie’ (dérivé de
glia ‘paille’). pecus).
PAZ (‘paix’), est issu du latin pax, pacis de même PECULIAR, voir pecuario.
sens. PECULIARIDAD, voir pecuario.
Dérivés : APACIGUAR ‘apaiser, calmer’, trai- PECULIO, voir pecuario.
tement populaire du latin pacificare ‘traiter de PECUNIARIO, voir pecuario.
la paix, apaiser’, formé avec pax et facere PECHO (‘poitrine’), est issu du latin pectus,
‘faire’. PACIFICAR ‘pacifier’, traitement savant pectoris ‘partie velue du corps’, ‘poitrine’ puis
du latin pacificare. PACIFISTA ‘pacifiste’. PA- ‘cœur’, ‘âme’, à rattacher à la famille du verbe
GAR ‘payer’, voir ce mot à sa place alphabé- pectere ‘peigner, carder’.
tique. Dérivés : EXPECTORAR ‘expectorer’, du latin
PEAJE, voir pie. expectorare employé au sens figuré de ‘chas-
PEATÓN, voir pie. ser de la poitrine, du cœur’, formé à partir de
PEATONAL, voir pie. ex (éloignement) et de pectus. PECTORAL (ad-
PECA (‘tache de rousseur’), est sans doute appa- jectif) ‘pectoral’ (músculos pectorales
renté au verbe picar ‘piquer’ (picado de vi- ‘muscles pectoraux’) ; (substantif) ‘croix pec-
ruelas ‘marqué de petite vérole’), du latin po- torale’ (des évêques), du latin pectoralis ‘de la
pulaire *pikkare ‘entamer avec une pointe, poitrine’, ‘qui couvre la poitrine’. PECHUGA
frapper’ d’origine onomatopéique. De l’idée ‘blanc de volaille’. PETIRROJO ‘rouge-gorge’.
de ‘piquer’ on est passé à celle de ‘piqûre’ et PRETIL ‘garde-fou’, ‘parapet’ (à hauteur de
de ‘tache’ (de sang) pouvant en résulter. Par poitrine), d’abord sous la forme petril issue du
extension ‘tache de rousseur’. latin pectoralis ‘de la poitrine’.
PECADO, voir pecar. PECHUGA, voir pecho.
PECADOR, voir pecar. PEDAGOGÍA, voir pedagogo.
PECAR (‘pécher’), est issu du latin peccare ‘faire PEDAGOGO (‘pédagogue’), est emprunté au latin
un faux pas’ et, au figuré, ‘commettre une paedagogus lui-même pris au grec paidagôgos
faute’ ; en latin chrétien ‘commettre une faute ‘esclave chargé de conduire les enfants à
contre la loi divine’. L’origine de peccare l’école’, ‘précepteur’, formé avec pais, paidos
n’est pas établie. ‘enfant’ et agôgos ‘qui conduit’ (de agein
Dérivés : IMPECABLE ‘impeccable’, du latin ‘conduire, mener’).
impérial impeccabilis ‘incapable de faute’. PEDAL, voir pie.
PECADO ‘péché’, du latin peccatum ‘action PEDALEAR, voir pie.
coupable’, ‘faute’, participe passé neutre subs- PEDANTE (‘pédant’), est emprunté à l’italien
tantivé de peccare. PECADOR ‘pécheur’. pedante ‘professeur, maître d’école’ et ‘per-
PECERA, voir pez. sonne qui fait étalage de son savoir’. Pedante
PECTORAL, voir pecho. est probablement la déformation de l’italien
PECUARIO ([adjectif] ‘de l’élevage’), est em- pedagogo par identification avec pedante ‘ce-
prunté au latin pecuarius, a, um ‘de troupeaux, lui qui va à pied’ (de pede ‘pied’) car le péda-
de bestiaux’, dérivé de pecus ‘bétail, trou- gogue accompagne constamment ses élèves à
peau’. pied. D’autres étymologistes voient dans pe-
Dérivés : PECULIAR ‘propre, particulier’ (voir dante le participe présent substantivé
plus bas peculio). PECULIARIDAD ‘particulari- (*paedens) d’un latin vulgaire *paedere em-
té’. PECULIO ‘pécule’, est emprunté au latin prunté au grec paideuein ‘former, éduquer’.
peculium ‘petite part du troupeau laissée en Dérivés : PEDANTERÍA ‘pédanterie’.
propre à l’esclave qui le gardait’ d’où ‘petit PEDAZO (‘morceau’), est issu du latin pittacium
bien amassé par l’esclave’ et enfin ‘argent ‘morceau de cuir ou de parchemin’, ‘em-
amassé’, diminutif de pecus ‘bétail’. Pour plâtre’, ‘pièce sur un vêtement ou une chaus-
l’adjectif peculiar, l’espagnol a développé le sure’, emprunté au grec pittakion de même
sens de ‘propre, particulier’ présent dans ‘part sens.
du troupeau laissée en propre’, ‘biens person- Dérivés : DESPEDAZAR ‘déchirer’, ‘mettre en
nels, particuliers’. PECUNIARIO ‘pécuniaire’, pièces’, ‘dépecer’.
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droit vers une ligne ou un plan’, l’idée pre- PENITENCIA (‘pénitence’), est emprunté au latin
mière de verticalité ne subsistant plus que paenitentia ‘regret, repentir’, dérivé du verbe
dans certains emplois techniques (élever un paenitere ‘ne pas avoir assez de’, ‘ne pas être
mur au fil à plomb). PINGAJO ‘lambeau, content de qqch’ d’où ‘avoir du regret, se re-
loque’ (ce qui pend). PROPENSIÓN ‘penchant, pentir’. Paenitere est sans doute dérivé de
propension’, est emprunté au latin propensio paene ‘à peine’ (idée de manque). En latin
‘penchant’, dérivé de propensum supin de chrétien, paenitentia a désigné plus précisé-
propendere ‘être penché en avant’ et, au figu- ment le ‘regret du péché’ et surtout les actes
ré, ‘avoir une tendance à, pencher vers’, formé associés au repentir (faire pénitence par le
avec pro ‘en avant’ et pendere. SUSPENDER jeûne ou par diverses mortifications).
‘suspendre’, du latin suspendere, littéralement Dérivés : PENITENCIARÍA ‘pénitencier’. PENI-
‘pendre sous qqch’, ‘faire pendre’, ‘tenir en TENTE (adjectif et substantif) ‘pénitent’.
l’air’ et ‘tenir dans l’incertitude’ (en bas latin PENITENCIARÍA, voir penitencia.
ecclésiastique ‘tenir à l’écart, interdire’). Sus- PENITENTE, voir penitencia.
pendere est formé avec sus (mis pour sub PENSAMIENTO, voir pensar.
‘sous’) et pendere. SUSPENSIÓN ‘suspension’ PENSAR (‘penser’), est le traitement savant du
(mécanique, chimie) ; ‘arrêt’, ‘suspension’ ; latin pensare fréquentatif de pendere ‘pendre’
‘retrait’ (permis de conduire) ; ‘levée’ (immu- d’où le sens de ‘peser’ (laisser pendre et
nité parlementaire etc.) ; ‘cessation’ (de paie- s’équilibrer les deux plateaux de la balance).
ments). SUSPENSIVO dans puntos suspensivos Voir pesar et pensión. Dans le domaine intel-
‘points de suspension’. lectuel, pensare signifie ‘peser, évaluer, ap-
PENDIENTE, voir pender. précier’ (peser le pour et le contre) d’où ‘pen-
PENDULAR, voir pender. ser, méditer’.
PÉNDULO, voir pender. Dérivés : PENSAMIENTO ‘pensée’. PIENSO
PENE (‘pénis’), est emprunté au latin penis ‘aliment (pour animaux)’, littéralement ‘je
‘queue des mammifères’ (remplacé ensuite par pense (à nourrir mes animaux)’.
cauda) et ‘membre viril’. Ce mot était vulgaire PENSIÓN (‘pension’), est emprunté au latin
en latin, il est devenu savant en français et en pensio, pensionis ‘pesée’ et ‘paiement’ (du
espagnol (terme d’anatomie). Voir aussi pin- loyer, de l’impôt), dérivé de pensum supin de
cel et penicilina. pendere ‘être suspendu’, ‘pendre’, ‘peser’,
PENENE (‘professeur non titulaire’), provient de ‘peser le métal pour payer’ d’où ‘payer’.
la siglaison de profesor no numerario (PNN) Dérivés : PENSIONISTA ‘pensionnaire’.
et du redéploiement partiel de ce sigle de la PENTA-, élément préfixal tiré du grec pente
même façon que LP (long play) a été redé- ‘cinq’ entrant dans la composition de nom-
ployé en elepé (voir ce mot). breux mots savants : PENTÁGONO ‘pentagone’,
PENETRACIÓN, voir penetrar. formé avec gonia ‘angle’ ; PENTATLÓN ‘penta-
PENETRAR (‘pénétrer’) est emprunté au latin thlon’, du grec pentathlon ‘sport comprenant
penetrare ‘faire entrer, porter à l’intérieur’, cinq exercices’, formé avec athlon ‘lutte,
‘entrer dans’, dérivé de penitus ‘du fond, tout combat’, ‘prix, récompense’ et ‘concours
au fond’ lui-même dérivé de penus, penoris sportifs’.
‘partie intérieure de la maison’ (où l’on con- PENTÁGONO, voir penta-.
servait les provisions). PENTATLÓN, voir penta-.
Dérivés : PENETRACIÓN ‘pénétration’. PENTECOSTÉS (‘Pentecôte’), est issu du latin
PENICILINA (‘pénicilline’), est emprunté à ecclésiastique pentecoste, fête célébrée le sep-
l’anglais penicillin issu du latin des botanistes tième dimanche après Pâques pour commémo-
penicillium désignant un champignon micros- rer la descente du Saint Esprit sur les apôtres.
copique. Penicillium est dérivé de penicillum Pentecoste est emprunté au grec pentêkostê
‘pinceau’ lui-même tiré de peniculus ou peni- hêmera ‘cinquantième jour (après Pâques)’,
cillus ‘plumeau’, ‘petite queue terminée par tiré de pentêkostos ‘cinquantième’.
une touffe de poils’, diminutif de penis PENÚLTIMO, voir último.
‘queue’ (voir pincel et pene). PENUMBRA, voir sombra.
PENÍNSULA, voir isla. PENURIA (‘pénurie’), est emprunté au latin
penuria ‘manque de vivres, disette’ et, par ex-
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tension, ‘manque’, mot dont l’origine n’est pas vent les pépins. La troisième acception dérive
bien établie et à rattacher peut-être à paene de la seconde : ‘pépin’ → ‘pépite (d’or)’ par
‘presque’ d’où ‘à peine’ (avoir à peine de quoi analogie de forme et de ‘situation’ (la pépite
se nourrir → ‘manque’, ‘famine’). se trouvant d’abord dans la gangue, dans la
PEÑA (‘rocher’ ; ‘cercle, groupe d’amis’), est boue).
issu du latin pinna ‘plume’, ‘aile’ et objets en PEPLO (‘péplum’), est emprunté au latin peplum
forme d’aile (‘nageoire’, ‘créneau d’une mu- lui-même pris au grec peplos, peplon ‘pièce
raille’, ‘aube d’une roue de moulin’). Les d’étoffe’, ‘couverture’, ‘voile’, ‘vêtement de
roches qui se dressent sur les montagnes ont femme d’une seule pièce’. Le français a repris
été comparées aux créneaux qui se détachent ce mot surtout pour qualifier les films à grand
sur les remparts d’une forteresse (métaphore, spectacle se passant dans l’Antiquité : tourner
analogie de forme). Par ailleurs, l’acception un péplum dont l’équivalent espagnol serait
‘cercle, groupe d’amis qui se réunissent’ est rodar una de romanos (le substantif película
peut-être une deuxième métaphore : rapports pouvant être sous-entendu).
d’amitié liant des gens devenus inséparables PEQUEÑEZ, voir pequeño.
⇔ aspect compact, solide de la roche. PEQUEÑO (‘petit’), est un mot d’origine expres-
Dérivés : DESPEÑADERO ‘précipice’ (littérale- sive formé sur un radical pi-, pit- ou pe- que
ment ‘lieu où les rochers se détachent et rou- l’on retrouve dans la plupart des langues ro-
lent’). DESPEÑAR(SE) ‘(se) précipiter’, (se) je- manes pour exprimer l’idée de petitesse : ita-
ter’. PEÑASCO ‘rocher’. PEÑÓN ‘rocher’ (el lien piccolo, sarde pithinnu, français petit, por-
Peñón de Gibraltar ‘le rocher de Gibraltar’). tugais pequeno. Le latin populaire connaissait
PEÑASCO, voir peña. aussi ce type de formation avec pipitus (en bas
PEÑÓN, voir peña. latin pitinnus et pitullus).
PEÓN, voir pie. Dérivés : EMPEQUEÑECER ‘rapetisser’. PE-
PEOR (‘pire’), est issu du latin pejor ‘plus mau- QUEÑEZ ‘petitesse’ ; ‘enfance, jeune âge’.
vais’ servant de comparatif à malus ‘mauvais’. PERA (‘poire’), est issu du latin pira neutre plu-
Pejor est sans doute issu de la forme *ped-yos riel (interprété ensuite comme un féminin sin-
reposant sur une racine indoeuropéenne *pet- gulier) de pirum ‘poire’ et dont l’origine n’est
ou *ped- ‘tomber’ (en grec piptein ‘tomber’, pas établie.
ptôsis ‘chute’). PERCANCE (‘contretemps’ ; [au pluriel, sens
Dérivés : EMPEORAR ‘empirer’. PEYORATIVO vieilli] ‘inconvénients, aléas, risques’). Ce mot
‘péjoratif’, est dérivé du bas latin pejorare a d’abord signifié ‘profit, bénéfice’ et est déri-
‘rendre pire’ lui-même tiré de pejor ‘pire’. vé de l’ancien verbe percanzar ‘atteindre, ob-
PEPINO (‘concombre’), est tiré de l’ancienne tenir’ primitivement attesté sous les formes
forme pepón ‘melon’ interprétée comme un porcazar ou percazar constituées avec les
augmentatif dont on a extrait par déduction prépositions por / per et le verbe cazar (fran-
inverse le ‘diminutif’ pepino. Pepón est em- çais pourchasser). Ces verbes ont été altérés
prunté au latin pepo, peponis ‘pastèque’ et sous l’influence de alcanzar ‘atteindre’ d’où
‘melon’, correspondant au grec pepôn ‘sorte percanzar. La double acception ‘salaire, pro-
de melon’, substantivation de l’adjectif pepôn fit’ puis ‘risques, aléas’ et, après affaiblisse-
‘mûri par le soleil, mûr’ et, au figuré, ‘doux, ment, ‘contretemps’ vient de ce que l’action
gentil’. de poursuivre avec acharnement un but (litté-
PEPITA (‘pépie’ [maladie des poules] ; ‘pépin’ ralement ‘pourchasser’) peut amener du bon
[de fruit] ; ‘pépite’), est issu du latin pituita comme du mauvais d’où l’ancienne expres-
‘gomme, résine’ (s’écoulant des arbres) puis sion los percances del oficio ‘les aléas du mé-
‘mucus, humeur, mucosité’, ‘rhume’. Pituita tier’ (aujourd’hui los gajes del oficio).
désignait aussi une maladie des oiseaux appe- PERCATARSE, voir catar.
lée ‘pépie’ et caractérisée par la présence d’un PERCEPCIÓN, voir percibir.
mucus épais sur la langue (pituite, humeur pi- PERCEPTIBLE, voir percibir.
tuitaire). L’espagnol a développé pour pepita PERCIBIR (‘percevoir’, ‘sentir’ ; ‘percevoir,
l’acception ‘pépin (de melon, de fruits)’ pro- toucher [de l’argent]’), est issu du latin perci-
bablement par analogie avec le liquide plus ou pere ‘saisir (par les sens)’, ‘saisir (par
moins épais et visqueux dans lequel se trou- l’intelligence)’ d’où ‘comprendre’ ; ‘recueillir,
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recevoir (les fruits d’un travail, les impôts GONADA ‘décharge, volée de plombs’ (sem-
etc.)’ et ‘s’emparer de, se saisir de’. Percipere blable à un envol de perdrix).
est formé avec per (à valeur intensive) et ca- PERDÓN, voir donar.
pere ‘prendre’. PERDONAR, voir donar.
Dérivés : DESAPERCIBIDO ‘au dépourvu’ ; PERECEDERO, voir perecer.
‘inaperçu’ (pasar desapercibido ‘passer ina- PERECER (‘périr, mourir’), est dérivé de l’ancien
perçu’). PERCEPCIÓN ‘perception’. PERCEP- verbe perir de même sens et issu du latin pe-
TIBLE ‘perceptible’. rire littéralement ‘s’en aller tout à fait, dispa-
PERCUSIÓN, voir percutir. raître’ d’où ‘perdre la vie’, ‘être anéanti’. Pe-
PERCUTIR (‘percuter’), est emprunté au latin rire est formé avec per ‘tout à fait, complète-
percutere ‘pénétrer en frappant, percer’, ‘frap- ment’ (valeur intensive) et ire ‘aller, marcher’.
per fortement’, formé avec per signifiant ‘à Dérivés : PERECEDERO ‘périssable’.
travers’ et ayant aussi dans ce cas une valeur PEREGRINACIÓN, voir peregrino.
intensive et -cutere (du verbe quatere ‘se- PEREGRINO (‘[adjectif] ‘de passage, migra-
couer, agiter, frapper’). teur’ ; ‘étrange, singulier’ ; [substantif] ‘pèle-
Dérivés : PERCUSIÓN ‘percussion’. PERCUTOR rin’), est issu du latin peregrinus ‘qui voyage à
‘percuteur’, emprunté au français percuteur l’étranger’ ou ‘qui vient de l’étranger’, dérivé
(armes à feu). REPERCUSIÓN ‘répercussion’, de peregri (variante peregre) ‘en pays éloi-
formé avec re- marquant le mouvement en ar- gné’, ‘à l’étranger’, ‘de l’étranger’. Peregri est
rière, en retour. formé de ager ‘champ, campagne’ puis ‘terri-
PERCUTOR, voir percutir. toire, pays’ et peut-être d’un adjectif indoeu-
PERCHA, voir pértiga. ropéen *pero- ‘lointain’. Avec le christia-
PERDER (‘perdre’), est issu du latin perdere nisme, peregrinus prendra le sens particulier
formé avec per à valeur intensive et perfective de ‘voyageur se rendant dans un lieu saint’.
(‘tout à fait, complètement’) et dare ‘donner’, Comme un étranger a toujours quelque chose
littéralement ‘tout donner’ d’où ‘faire une de particulier et d’original, l’espagnol a déve-
perte (irréparable, définitive)’, ‘causer la perte, loppé pour l’adjectif peregrino, a le sens de
la ruine, le malheur’ et ‘employer inutile- ‘curieux, étrange, drôle’.
ment’. Dérivés : PEREGRINACIÓN ‘pérégrination’ ;
Dérivés : DESPERDICIAR ‘gaspiller’, ‘gâcher’, ‘pèlerinage’.
‘ne pas profiter de’, formé avec des- à valeur PEREJIL, voir piedra.
intensive. DESPERDICIO ‘gaspillage’ ; ‘déchet, PERENNIDAD (‘pérennité’), est emprunté au
reste’. PERDICIÓN ‘perdition’, ‘dérèglement’ latin perennitas ‘durée, continuité’, ‘perpétui-
(antro de perdición ‘lieu de perdition’). PÉR- té’ dérivé de perennis ‘qui dure toute l’année’
DIDA ‘perte’. puis ‘perpétuel’, formé avec per ‘de bout en
PERDICIÓN, voir perder. bout’ et annus ‘année’.
PÉRDIDA, voir perder. PERENTORIO (‘péremptoire’), est emprunté au
PERDIGÓN, voir perdiz. latin peremptorius ‘meurtrier, mortel’ et, en
PERDIGONADA, voir perdiz. latin juridique, ‘définitif’, ‘décisif’, ‘qui met
PERDIZ (‘perdrix’), est issu du latin perdix, fin (à un débat)’. Peremptorius est dérivé de
perdicis lui-même pris au grec perdix proba- perimere ‘détruire’ (littéralement ‘prendre
blement dérivé du verbe perdesthai ‘péter’ par tout’), formé avec per ‘tout à fait, complète-
allusion au bruit que fait la perdrix lorsqu’elle ment’ et emere ‘prendre’.
s’envole. Cette étymologie remonte à PEREZA (‘paresse’), est issu du latin pigritia de
l’Antiquité. Elle n’est toujours pas infirmée. même sens, dérivé de piger ‘lent, indolent’,
Dérivés : DESPERDIGAR ‘disperser’ (comme ‘peu travailleur’ dont l’origine n’est pas éta-
les perdrix se dispersent à l’approche d’un blie.
chasseur). PERDIGÓN ‘perdreau’, avec un suf- Dérivés : DESPEREZARSE ‘s’étirer’ (littérale-
fixe -ón faussement augmentatif (voir à ce su- ment ‘s’enlever la paresse du corps’). PERE-
jet anadón, plumón, ratón, rabón), et ‘plomb ZOSO ‘paresseux’.
de chasse’ (rapport métonymique : la munition PEREZOSO, voir pereza.
prend aussi le nom du gibier chassé). PERDI- PERFECCIÓN, voir perfecto.
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PERFECTO (‘parfait’), est emprunté au latin quée par un rythme qui revient à intervalles
perfectus, participe passé adjectivé de perfi- réguliers).
cere ‘faire complètement, achever’, formé Dérivés : PERIÓDICO (adjectif) ‘périodique’ ;
avec per ‘tout à fait’ (valeur intensive) et fa- (substantif) ‘journal’, du latin periodicus lui-
cere ‘faire’. même pris au grec periodikos ‘qui revient à
Dérivés : PERFECCIÓN ‘perfection’. époques fixes, présente des alternances’.
PÉRFIDO, voir fe. L’adjectif a été substantivé à partir de prensa
PERFIL, voir hilo. periódica ‘presse périodique’ → un periódi-
PERFORAR, voir horadar. co ‘un périodique’, ‘un journal’ (qui peut être
PERFUMAR, voir humo. un ‘quotidien’). PERIODISTA ‘journaliste’.
PERFUME, voir humo. PERIPATÉTICA (‘péripatéticienne’), est emprun-
PERFUMERÍA, voir humo. té au latin peripateticus lui-même pris au grec
PERFUMISTA, voir humo. peripatetikos ‘qui aime se promener en discu-
PERFUSIÓN (‘perfusion’), est emprunté au latin tant’. Ce terme s’appliquait à Aristote qui en-
perfusio, perfusionis ‘action de baigner, de seignait la philosophie à ses disciples tout en
mouiller’, dérivé de perfusum supin de per- marchant. Peripatetikos est dérivé de peripa-
fundere ‘verser sur, répandre’ et ‘inonder’, tein ‘aller et venir’, ‘se promener en discu-
formé avec per ‘à travers’, ‘de bout en bout’ et tant’, formé avec peri ‘autour’ et patein ‘mar-
fundere ‘verser’. Le mot est passé dans le vo- cher sur’. Ce mot savant a été appliqué plai-
cabulaire de la médecine. Voir aussi suero. samment aux prostituées qui font le trottoir.
PERGAMINO (‘parchemin’), est issu du latin PERIPECIA (‘péripétie’), est emprunté au grec
*pergaminus, forme de masculin tirée du fé- peripeteia littéralement ‘passage subit d’un
minin pergamena lui-même pris au grec per- état à un état contraire’ d’où ‘événement im-
gamênê diphtera ‘peau apprêtée à Pergame’, prévu’ (heureux ou malheureux), terme em-
ville d’Asie Mineure où le parchemin aurait ployé en particulier au théâtre, formé avec peri
été inventé. ‘autour’ et peteia ‘action de tomber sur’ (tiré
PERICIA, voir perito. du verbe piptein ‘tomber’).
PERICIAL, voir perito. PERIPLO (‘périple’), est emprunté au latin peri-
PERICO, voir Perogrullo. plus ‘navigation d’exploration autour d’une
PERIFERIA (‘périphérie’), est emprunté au bas mer, d’un continent’, lui-même pris au grec
latin peripheria ‘circonférence, pourtour’ lui- periplous formé avec peri ‘autour’ et plous
même pris au grec periphereia de même sens, ‘navigation’ (plein ‘naviguer’).
formé avec peri ‘autour’ et phereia (tiré de PERISCOPIO (‘périscope’), est formé d’après le
pherein ‘porter’). modèle de telescopio ‘télescope’ sur le grec
Dérivés : PERIFÉRICO ‘périphérique’. periskopein ‘regarder autour’, formé avec peri
PERIFÉRICO, voir periferia. ‘autour’ et skopein ‘regarder, examiner’. Le
PERÍFRASIS, voir frase. terme est passé dans le vocabulaire de la ma-
PERIFRÁSTICO, voir frase. rine à partir du milieu du XIXe siècle,
PERÍMETRO, voir metro. l’appareil permettant à un sous-marin immer-
PERIÓDICO, voir período. gé de regarder en surface tout autour de lui.
PERIODISTA, voir período. PERITACIÓN, voir perito.
PERÍODO (‘période’), est emprunté au grec PERITAJE, voir perito.
periodos formé avec peri ‘autour’ et hodos PERITO ([adjectif] ‘compétent, expert’ ; [subs-
‘voie, chemin’. Periodos signifie donc littéra- tantif] ‘expert’), est issu du latin peritus, a, um
lement ‘chemin autour, circuit’ avec de nom- ‘qui sait par expérience, qui a la pratique’,
breuses acceptions particulières : ‘révolution ‘habile à’, participe passé d’un verbe *periri
des astres’, ‘tournée d’un médecin’, ‘ma- ‘éprouver, expérimenter’ seulement attesté
nœuvre stratégique (d’encerclement)’ et, sur le dans son composé experiri ‘faire l’essai de’.
plan temporel, ‘périodicité fixée par la nature’, Dérivés : PERICIA ‘compétence’, ‘habileté’.
‘retour régulier (des saisons)’ puis, par exten- PERICIAL ‘d’expert’ ou ‘relatif à l’expertise’
sion, ‘moment de la vie, âge, laps de temps’. (dictamen pericial ‘rapport d’expertise’). PE-
En rhétorique, periodos a aussi le sens de RITACIÓN ou PERITAJE ‘expertise’.
‘phrase oratoire cadencée’ (c’est-à-dire mar- PERJUDICAR, voir juez.
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PERJUICIO, voir juez. PERO (‘mais’), est issu du latin tardif per hoc
PERLA (‘perle’), est issu, sans doute par littéralement ‘pour cela’, ‘par conséquent’, ‘à
l’intermédiaire du français, du catalan ou de cause de cela’. Les contextes négatifs dans
l’italien, d’un latin vulgaire *pernula diminu- lesquels pero était employé ont fini par lui
tif de perna ‘jambe’, ‘cuisse de porc, jambon- imposer un contenu adversatif. C’est donc
neau’ (voir pierna). Ce terme s’est appliqué l’idée d’une cause contrariée, qui n’a pas
aussi par analogie de forme à un coquillage d’effet, qui est inopérante d’où le sens de
appelé aujourd’hui jambonneau ou pinne ma- ‘malgré cela’, ‘cependant’ : Era rico, a pesar
rine (de forme triangulaire comme un jambon de eso / sin embargo / pero no vivió feliz ‘il
entier). Par métonymie, le nom du coquillage était riche, malgré cela (mais) il ne vécut pas
a permis de désigner aussi ce que l’on peut heureux’. Après affaiblissement, pero devien-
trouver à l’intérieur c’est-à-dire une perle dra un simple équivalent de mas ‘mais’. Asso-
(rapport métonymique : l’hôte et son ‘para- cié à que, pero a donné en vieil espagnol la
site’). locution concessive (adversative) pero que
PERMANECER (‘rester’ ; ‘demeurer, rester, synonyme de aunque.
séjourner’), est emprunté au latin permanere PEROGRULLADA, voir Perogrullo.
littéralement ‘demeurer d’un bout à l’autre’, PEROGRULLO (‘monsieur de la Palice’), pro-
‘persister, persévérer’, formé avec per ‘de vient de Pero Grullo formé avec Pero (mis
bout en bout’ et manere ‘rester, demeurer’, pour Pedro) et Grullo probablement dérivé de
‘séjourner’, ‘habiter’. grulla ‘grue’, oiseau dont les mouvements
Dérivés : PERMANENCIA ‘permanence’ ; ‘sé- sont lents. Pero et Pedro sont employés avec
jour’, ‘durée’. PERMANENTE (adjectif) ‘per- une valeur générique (‘n’importe quel
manent’ ; (substantif) ‘une permanente’ (coif- homme’). Pero Grullo désigne donc un
fure). homme à l’esprit lent, un peu sot et qui dit des
PERMANENCIA, voir permanecer. évidences, des lapalissades. Il est à noter que
PERMANENTE, voir permanecer. le diminutif de Pero a donné Perico (français
PERMEABLE (‘perméable’), est emprunté au bas Pierrot) qui a désigné une variété de perro-
latin permeabilis ‘qui peut être traversé’ déri- quet, cet oiseau ayant la capacité d’imiter la
vé de permeare ‘aller jusqu’au bout’, ‘aller de voix humaine. Par ailleurs, perico désigne un
l’avant’ et ‘traverser’, formé avec per ‘de bout mammifère appelé ‘paresseux’ dans perico li-
en bout’, ‘à travers’ et meare ‘aller, passer, gero (voir Pero Grullo, ‘l’homme lent’). En
circuler’. Le participe passé de meare (mea- français, le diminutif hypocoristique de Pierre
tus) a donné meato ‘méat’, terme d’anatomie est Pierrot dont la variante ancienne Perrot est
signifiant ‘canal, conduit’ et ‘orifice’ (voies peut-être à l’origine de perroquet (voir pelu-
urinaires). ca).
Dérivés : IMPERMEABLE (adjectif et substan- Dérivés : PEROGRULLADA ‘lapalissade, vérité
tif) ‘imperméable’. de la Palice’.
PERMISO, voir meter. PERONÉ (‘péroné’), est emprunté au grec peronê
PERMITIR, voir meter. ‘pointe traversant un objet’, ‘broche’, ‘rivet’
PERMUTAR, voir mudar. (voir perno ‘boulon’). Ce mot a désigné aussi,
PERNADA, voir pierna. par analogie de forme, l’os long et mince de la
PERNICIOSO (‘pernicieux’), est emprunté au jambe (semblable à une longue pointe), le pé-
latin perniciosus ‘funeste, dangereux’, dérivé roné. Le grec peronê est dérivé du verbe pei-
de pernicies ‘perte, ruine’ et ‘fléau’, formé rein ‘percer, transpercer’, ‘embrocher’.
avec per à valeur intensive et nex, necis ‘mort PERORAR, voir orar.
violente, meurtre’ (la mort naturelle étant si- PERPENDICULAR, voir pender.
gnifiée par mors). PERPETRAR (‘perpétrer’), est emprunté au latin
PERNO (‘boulon’), est emprunté, par perpetrare ‘achever, mener à bonne fin, exé-
l’intermédiaire du catalan pern, au grec pero- cuter, conclure’, formé avec per à valeur in-
nê ‘pointe traversant un objet’, ‘broche’ et ‘ri- tensive (achèvement, perfection de l’action) et
vet’. Voir aussi peroné. patrare de même sens peut-être dérivé de pa-
PERNOCTACIÓN, voir noche. ter ‘père’. Patrare était sans doute un ancien
PERNOCTAR, voir noche. terme rituel signifiant à l’origine ‘agir ou pro-
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noncer un serment en qualité de pater’ avec le ‘petit chien’ et ‘chien (d’un fusil)’. Pour cette
sens de ‘patricien romain’ c’est-à-dire per- dernière acception voir gatillo à l’article gato.
sonne appartenant de par sa naissance à la PERSECUCIÓN, voir seguir.
classe sociale la plus élevée (patricius ‘de père PERSEGUIR, voir seguir.
libre ou noble’) et pouvant prétendre à la ma- PERSEVERAR, voir severo.
gistrature (être sénateur par exemple). PERSIANA (‘persienne’), est sans doute emprunté
Dérivés : IMPETRAR ‘obtenir’ (de l’autorité au français persienne, féminin substantivé de
compétente) : impetrar una gracia ‘obtenir l’ancien adjectif persien, ienne c’est-à-dire
une grâce’, du latin impetrare de même sens. ‘relatif à la Perse’, ‘de la Perse’. Cet adjectif a
PERPETUIDAD, voir perpetuo. été remplacé ensuite par persan. Il est possible
PERPETUO (‘perpétuel’), est emprunté au latin que les panneaux à claire-voie appelés jalou-
perpetuus ‘continu, sans interruption’ et ‘qui sies ou persiennes proviennent de Perse.
dure toujours, éternel’, dérivé avec le préfixe PERSISTENCIA, voir existir.
per à valeur intensive du verbe petere ‘cher- PERSISTIR, voir existir.
cher à atteindre, à obtenir’ (voir pedir). PERSONA (‘personne’), est issu du latin persona
Dérivés : PERPETUIDAD ‘perpétuité’. ‘masque de théâtre’, ‘rôle (attribué à un
PERPLEJIDAD, voir perplejo. masque)’ d’où ‘type de personnage’ puis, par
PERPLEJO (‘perplexe’), est emprunté au latin extension, ‘personnage’ et ‘personne, indivi-
perplexus ‘enlacé, enchevêtré, confondu’, au du’ (valeur déjà attestée chez Cicéron). Ce
figuré ‘embrouillé’, ‘embarrassé’, formé avec mot est emprunté au grec prosopôn qui serait
per à valeur intensive (‘tout à fait’, ‘complè- lui-même pris à l’étrusque phersu ‘masque’.
tement’) et plexus, participe passé de plectere En français, personne a aussi le statut de pro-
‘tresser, entrelacer’. nom indéfini (quelqu’un est-il venu ? : per-
Dérivés : PERPLEJIDAD ‘perplexité’. sonne). Ce mot a conservé sa valeur positive
PERQUISICIÓN, voir pesquisa. dans vous le savez mieux que personne (=
PERRA, voir perro. ‘quiconque, n’importe qui’). Associé à la né-
PERRADA, voir perro. gation ne à laquelle il sert d’auxiliaire, il prend
PERRERA, voir perro. un sens négatif : personne ne le sait (‘aucun
PERRILLO, voir perro. être humain’). La négation n’est pas obliga-
PERRO (‘chien’), est probablement un mot de toire car personne a fini par acquérir un sens
formation expressive fondé sur un radical négatif à force d’être au contact de la négation
onomatopéique pr- ou br- censé reproduire les (phénomène de contamination linguistique,
cris poussés par les bergers afin que leurs voir nadie à ce sujet) : avoir de l’esprit
chiens conduisent les troupeaux là où il faut. comme personne = ‘comme pas un’.
Pour désigner le chien, l’espagnol disposait Dérivés : PERSONAJE ‘personnage’. PERSONAL
déjà de can issu du latin canis, terme considé- (adjectif et substantif) ‘personnel’. PERSONA-
ré comme noble. Perro était au contraire jugé LIDAD ‘personnalité’. PERSONARSE ‘se présen-
vulgaire. On l’employait comme insulte. Per- ter’, ‘se rendre (en personne) sur les lieux’.
ro a fini par se substituer à can sans doute PERSONIFICAR ‘personnifier’.
parce qu’il possédait un féminin (perra) et un PERSONAJE, voir persona.
diminutif (perrito, a ; perrillo, a), can PERSONAL, voir persona.
n’offrant pas ces possibilités morphologiques. PERSONALIDAD, voir persona.
Dérivés : PERRA ‘chienne’ et ‘sou’ (tener PERSONARSE, voir persona.
perras ‘avoir des sous’). Cette dernière accep- PERSONIFICAR, voir persona.
tion vient du fait que les anciennes pièces de 5 PERSPECTIVA (‘perspective’), est emprunté au
et 10 centimes — appelées perra chica et latin médiéval perspectiva féminin substantivé
perra gorda — portaient un lion tellement de l’adjectif perspectivus ‘relatif à l’optique’,
mal gravé qu’il fut confondu avec un chien. dérivé de perspectum, supin de perspicere ‘re-
Ces pièces (monedas) furent donc baptisées garder à travers’, ‘regarder attentivement’,
familièrement perras. PERRADA ‘vacherie, sa- ‘voir clairement’. Perspicere est formé avec
leté, tour pendable’. PERRERA ‘chenil’, ‘four- per à valeur intensive et specere ‘regarder’.
gon qui ramasse les chiens errants’. PERRILLO
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‘qui va à pied’ et (substantif) ‘fantassin’, ‘pié- ‘pierre à feu’, d’abord sous la forme pedrenal
ton’. PEATONAL ‘piétonnier’ (calle peatonal dérivée du latin petrinus ‘de pierre’. PEDRE-
‘rue piétonnière’). PEDAL ‘pédale’, est em- GAL ‘terrain rocailleux’. PEDRISCO ‘grêle’.
prunté à l’italien pedale ‘pédale d’orgue’, issu PEREJIL ‘persil’, emprunté à l’occitan
du latin pedalis ‘de la taille d’un pied, adapté pe(i)ressil issu du latin petriselinum littérale-
au pied’. PEDALEAR ‘pédaler’. PEDESTAL ment ‘persil de pierre’, emprunté au grec pe-
‘piédestal’, est emprunté, par l’intermédiaire troselinon ‘persil de rocaille’ c’est-à-dire ‘per-
du français piédestal, à l’italien piedistallo ou sil sauvage’, formé avec petra ‘rocher’ et seli-
piedestallo ‘support servant de soubassement non ‘persil, ache’. PETRIFICAR ‘pétrifier’. PE-
à une colonne ou à une statue’, formé avec TRODÓLAR ‘pétrodollar’, mot créé en
piede ‘pied’ et stallo ‘support’ (littéralement 1973-1974 (1er choc pétrolier) lorsque les pays
‘séjour, demeure’). Le mot a pris un sens figu- de l’OPEP décidèrent d’augmenter considéra-
ré (mettre sur un piédestal ‘admirer’). PE- blement le prix du baril de pétrole. Voir
DESTRE ‘pédestre’, du latin pedester ‘qui est à petróleo ci-après. PETRÓLEO ‘pétrole’, est
pied’, ‘d’infanterie’, ‘qui est à terre’ (carrera emprunté au latin médiéval petroleum, littéra-
pedestre ‘course à pied’). PEDICURO, A ‘pédi- lement ‘huile de pierre’ c’est-à-dire ‘huile
cure’, est formé avec pedi- du latin pes et cu- d’origine minérale’, formé avec petra ‘roche’
ro, a du latin curare ‘soigner’ (espagnol cu- et oleum ‘huile’ (voir óleo). Cette huile de
rar). PEÓN ‘manœuvre’, ‘homme de peine’, roche appelée aussi naphte affleurait dans cer-
‘ouvrier agricole’ ; ‘pion’ (jeu de dames, taines régions (en particulier en Mésopota-
d’échecs), du latin pedo, pedonis ‘qui a de mie). On l’utilisait dans les lampes à huile
grands pieds’ et, en latin vulgaire, ‘qui va à pour l’éclairage. PETROLERO (adjectif et subs-
pied’, ‘piéton’, ‘fantassin’. Le fantassin ayant tantif) ‘pétrolier’. PETROLÍFERO ‘pétrolifère’
un rang inférieur à celui du cavalier, le mot (littéralement ‘qui porte du pétrole’).
peón a pris un sens péjoratif : ‘homme de PIEL (‘peau’), est issu du latin pellis ‘peau
peine’, ‘manœuvre’ etc. (en français piétaille d’animal’, ‘fourrure’ ‘cuir’ et ‘enveloppe exté-
et piètre ; au XVIe siècle, pion signifiait ‘clo- rieure’. Dans la langue populaire, pellis a
chard’, ‘pauvre hère’). PEZUÑA ‘sabot (d’un remplacé cutis qui désignait la peau de
animal)’, du latin pedis ungula littéralement l’homme.
‘ongle du pied’. SUPEDITAR ‘opprimer, assu- Dérivés : PELETERO ‘fourreur’. PELÍCULA
jettir’ ; ‘subordonner’, ‘dépendre de’, du latin ‘pellicule’ et ‘film’, du latin pellicula ‘petite
suppeditare ‘être en abondance’, ‘fournir à peau’, ‘pelure d’un fruit’, diminutif de pellis.
suffisance’ et, spécialement, ‘envoyer des A la fin du XIXe siècle, le terme est passé dans
troupes en renfort’. Suppeditare est un dérivé le vocabulaire de la photographie et du ciné-
de pedites (pluriel de pedes, peditis) ‘les fan- ma. L’espagnol a développé un rapport méto-
tassins’, ‘l’infanterie’ mais l’espagnol a inter- nymique entre película ‘pellicule’ (le support)
prété ce verbe comme étant formé avec sub et película au sens de ‘film’ c’est-à-dire
‘sous’ et pes, pedis, littéralement ‘mettre sous l’œuvre fixée sur le support. PELLEJO ‘peau’,
les pieds’ d’où le sens actuel ‘assujettir’, ‘su- ‘cuir’, ‘outre’. C’est ce terme qui est utilisé et
bordonner’. TRASPIÉ ‘faux pas’. non piel dans les expressions familières du
PIEDAD, voir pío. type dejar / defender el pellejo ‘laisser / dé-
PIEDRA (‘pierre’), est issu du latin petra ‘roche, fendre sa peau’ ; no tener más que el pellejo
roc’, ‘pierre de construction’, ‘pierre tombale’, ‘n’avoir que la peau sur les os’ etc.
‘pierre précieuse’ et ‘calcul’ (des reins), em- PIENSO, voir pensar.
prunté au grec petra ‘roche’ d’origine mal PIERNA (‘jambe’), est issu du latin perna
établie. Ce mot pourrait provenir de *skp-etra, ‘jambe’, ‘cuisse de porc, jambonneau’ et, par
la racine skep- signifiant — comme dans le analogie de forme, ‘variété de coquillage’ ap-
grec skeptesthai — ‘regarder, examiner’ d’où pelée aujourd’hui jambonneau ou pinne ma-
‘rocher guettant (les navigateurs)’ c’est-à-dire rine (voir perla).
‘écueil, récif’ puis ‘rocher servant à guetter’. Dérivés : PERNADA ‘cuissage’ dans derecho
Dérivés : EMPEDERNIDO ‘endurci’, ‘invétéré’, de pernada ‘droit de cuissage’.
‘impénitent’ ; ‘insensible’. EMPEDRADO ‘pa- PIEZA (‘pièce’), est issu d’un latin vulgaire
vage’, ‘empierrement’. PEDERNAL ‘silex’, *pettia ‘morceau’, forme postulée par le fran-
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leum ‘bonnet dont on coiffait les esclaves’ ‘lanciner, élancer’. Une autre hypothèse pro-
puis ‘morceau de chiffon’ d’où piller avec pose un étymon roman *pinctiare altération de
d’abord le sens de ‘traiter comme un chiffon’, *punctiare ‘piquer’ issu de punctum ‘piqûre’
‘mettre en chiffon’ c’est-à-dire ‘déchirer, et qui aurait donné l’italien pinzare ‘piquer’, le
malmener’ (dans le vocabulaire de la chasse français pincer et l’espagnol pinchar.
‘s’élancer sur le gibier’ en parlant des chiens). Dérivés : PINCHADISCOS ‘disc-jockey’, littéra-
De là on est passé au sens moderne de ‘mal- lement ‘celui qui pique les disques (avec la
mener en détroussant’, ‘attaquer pour dépouil- pointe en saphir du tourne-disques)’. PINCHA-
ler’. Quant à l’acception la plus courante c’est- ZO ‘crevaison’, ‘piqûre’. PINCHE ‘marmiton’,
à-dire ‘attraper, prendre sur le fait’, elle est ‘apprenti cuisinier’ (‘celui qui pique, em-
probablement emprunté à l’italien pigliare broche les volailles’, voir aussi pícaro).
‘prendre’ d’origine incertaine. PINCHAZO, voir pinchar.
Dérivés : PILLAJE ‘pillage’ (acception vivante PINCHE, voir pinchar.
aujourd’hui contrairement à pillar ‘piller’). PINGAJO, voir pender.
PILLO ‘coquin, canaille, scélérat’ est sans PINGÜE (‘gras, grasse’ ; ‘rentable’, ‘abondant,
doute un dérivé régressif de pillastre de même copieux’), est issu du latin pinguis ‘gras, bien
sens, altération de l’ancienne forme pillarte nourri’, ‘gras, fertile, riche’. Las pingües
empruntée au français pillard (dérivé de pil- praderas ‘les vertes prairies’.
ler). PILLUELO ‘garnement, galopin, polisson’. PINGÜINO (‘pingouin’), est emprunté au français
PILLASTRE, voir pillar. pingouin lui-même pris au néerlandais pinguin
PILLO, voir pillar. d’origine incertaine (latin pinguis ‘gras’ ; gal-
PILLUELO, voir pillar. lois pen gwyn ‘tête blanche’).
PIMIENTA (‘poivre’), est issu du latin pigmenta PINITOS, voir empinar.
neutre pluriel (interprété comme un féminin PINO (‘pin’), est issu du latin pinus ‘pin’ et objet
singulier) de pigmentum (‘matière colorante’) en bois de pin (‘navire’, ‘lance’, ‘rame, avi-
qui désignait des aromates, des épices ayant ron’).
des propriétés colorantes. En bas latin le mot a Dérivés : APIÑARSE ‘s’entasser, se presser,
pris le sens de ‘drogue, suc’ et ‘ingrédient, s’empiler’ par comparaison avec une pomme
condiment’. de pin (voir plus bas piña) dont l’écorce res-
Dérivés : PIMIENTO ‘piment’, ‘poivron’ (du semble à des écailles empilées les unes sur les
latin pigmentum). autres. PIMPOLLO ‘rejeton, rejet’, ‘arbrisseau’,
PIMIENTO, voir pimienta. ‘bouton de rose’ et familièrement ‘chérubin,
PIMPAMPUM (‘jeu de massacre’), est un mot de petit ange’, ‘beau garçon’, ‘jolie fille’. Pim-
formation évidemment expressive, d’origine pollo vient de pino pollo ‘jeune pin’, formé
onomatopéique. avec pollo du latin pullus, a, um ‘tout petit’
PIMPOLLO, voir pino. (pullus pris substantivement signifiait ‘petit
PINÁCULO (‘pinacle’), est emprunté au latin d’un animal’, ‘poulet’ et ‘jeune pousse, reje-
pinnaculum ‘faîte d’un édifice’, diminutif de ton’). PINAR ‘pinède’. PINAZA ‘pinasse’ (ba-
pinna au sens de ‘merlon, panneau plein entre teau fabriqué à l’origine avec du bois de pin).
deux créneaux’. Le français a emprunté pinaza à l’espagnol
PINAR, voir pino. par l’intermédiaire de l’ancien gascon pi-
PINAZA, voir pino. nasse : ce terme désigne l’embarcation tradi-
PINCEL (‘pinceau’), est issu, par l’intermédiaire tionnelle utilisée il y a encore quelques années
du catalan pinzell, du latin penicillus de même par les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon en
sens, dérivé de peniculus ‘petite queue termi- Gironde. PINOCHA ‘aiguille de pin’. PIÑA
née par une touffe de poils’ d’où ‘brosse’, ‘pomme de pin, pigne’, du latin pinea nux, lit-
‘plumeau’ diminutif de penis ‘queue des qua- téralement ‘noix, pomme de pin’ (substantiva-
drupèdes’, ‘brosse à peindre’ et ‘membre viril’ tion de l’adjectif féminin pinea par ellipse de
(voir pene ‘pénis’ et penicilina ‘pénicilline’). nux). PIÑATA dans domingo de piñata ‘pre-
PINCHADISCOS, voir pinchar. mier dimanche de carême’ où l’on brise un ré-
PINCHAR (‘piquer’ ; ‘crever’ [pneu]), est proba- cipient, semblable à une marmite, et rempli de
blement issu du croisement de picar ‘piquer’ friandises. Piñata est emprunté à l’italien pi-
et de punchar variante de punzar ‘piquer’,
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gnatta ‘marmite’ (par analogie de forme entre cer ne remonte à une forme de latin *pinctiare
le récipient et la pomme de pin). altération de *punctiare ‘piquer’. Voir pin-
PINOCHA, voir pino. char.
PINTA, voir pintar. PIÑA, voir pino.
PINTADA, voir pintar. PIÑATA, voir pino.
PINTAR (‘peindre’), est issu du latin vulgaire PIÑÓN (‘pignon’), est emprunté au français
*pinctare dérivé de *pinctus participe passé pignon dérivé de peigne, du latin pecten
(vulgaire) de pingere ‘couvrir de couleurs, ‘peigne à coiffer’, ‘carde’, ‘râteau’ (voir
teindre’, ‘décorer’, ‘représenter par le pinceau’ peine). Un pignon est une petite roue dentée
et, au figuré, ‘dépeindre par la parole’. dans un engrenage dont l’aspect pouvait faire
Dérivés : PICTOGRAMA ‘pictogramme’ (petit penser aux dents d’un peigne.
dessin figuratif utilisé à destination du public PÍO (‘pépiement’), voir piar.
par exemple dans les transports par train, par PÍO, A (‘pieux’, ‘charitable’ ; ‘pie’), est issu de
avion), est formé avec picto- tiré du latin pic- l’adjectif latin pius, a dont le sens originel est
tum supin de pingere et -grama du grec peut-être ‘pur’, ‘au cœur pur’ et qui dans la
gramma, -atos ‘lettre, écriture’ (pictograma = langue classique signifie ‘qui reconnaît et
‘écriture en forme de dessin’). PICTÓRICO remplit ses devoirs envers les dieux, les pa-
‘pictural’. PIGMENTO ‘pigment’, du latin pig- rents, la patrie’, ‘conforme au sentiment de
mentum (dérivé de pingere) ‘matière colo- piété’ (‘piété’ au sens de ‘sentiment du de-
rante’, ‘couleur pour peindre’, ‘fard’, ‘ce qui voir’). En langage poétique, pius signifiait
orne (le style)’. Pigmentum avait aussi le sens ‘tendre, bienveillant, affectueux’. L’origine
de ‘suc des plantes, drogue’ (voir à ce sujet première de ce terme n’est pas latine, il appar-
pimienta et pimiento). PINTA ‘tache, mouche- tient à une autre langue italique comme
ture’ et, au figuré, ‘allure, air, aspect’. PINTA- l’osque, l’ombrien, le volsque etc. (langues
DA ‘graffiti’ ; ‘pintade’, est emprunté dans indoeuropéennes parlées dans la partie cen-
cette dernière acception au portugais pintada, trale de l’Italie ancienne). Le mot s’est spécia-
littéralement ‘(oiseau) peint’ (taches du plu- lisé dans le vocabulaire religieux pour expri-
mage), participe passé substantivé au féminin mer la dévotion, la ferveur religieuse. En fran-
de pintar ‘peindre’. PINTOR ‘peintre’. PINTO- çais, le résultat direct de pia (féminin de pius)
RESCO ‘pittoresque’, de l’italien pittoresco est pie qui ne s’emploie plus que dans le déri-
d’abord utilisé dans l’expression alla pittores- vé impie et dans œuvre pie (espagnol obra
ca ‘à la manière des peintres’ (pittore pía) c’est-à-dire ‘action inspirée par la piété’.
‘peintre’) d’où ‘qui est digne d’être peint’ Dérivés : DESPIADADO ‘impitoyable’, ‘inhu-
(barrio pintoresco ‘quartier pittoresque’) puis main’. EXPIAR ‘expier’, du latin expiare ‘puri-
‘original, expressif, imagé, piquant’. PINTURA fier’, ‘réparer (une faute)’, formé avec ex (va-
‘peinture’. leur intensive) et piare ‘purifier’, ‘honorer
PINTOR, voir pintar. suivant le rite’, dérivé de pius dont on peut
PINTORESCO, voir pintar. penser d’après piare qu’il a signifié ‘pur’ à
PINTURA, voir pintar. l’origine. IMPÍO ‘impie’. PIADOSO ‘pieux’, dé-
PINUP (‘pin-up’), est emprunté à l’anglo- rivé de piadad variante de piedad. PIEDAD
américain pin-up abréviation de pin-up girl ‘piété’. PITANZA ‘pitance, ration’, est emprun-
(littéralement ‘jeune femme épinglée’), formé té au latin médiéval pietantia ‘nourriture don-
avec girl et le verbe to pin up ‘épingler, affi- née aux moines (par des fondations pieuses)’.
cher’ (pin ‘épingle’). Ce mot a été créé pen- Par extension, pitanza prendra le sens de ‘ra-
dant la guerre de 1939-1945 par les soldats tion’, ‘nourriture’.
américains qui désignaient ainsi les jolies PIOJO (‘pou’), est issu du latin vulgaire peducu-
filles plus ou moins déshabillées dont ils affi- lus altération du latin impérial pediculus dimi-
chaient la photo sur les murs de leurs bara- nutif de pedis ‘pou’.
quements. PIONERO (‘pionnier’), est emprunté au français
PINZA(S) (‘pince[s]’), est emprunté au français pionnier dérivé de pion, du latin pedo, pedonis
pince(s) dérivé du verbe pincer qui est peut- ‘qui a de grands pieds’ et ‘qui va à pied’, ‘pié-
être d’origine expressive (radical *pints- ex- ton’, ‘fantassin’. Voir peón à l’article pie. En
primant une saisie brusque) à moins que pin- français, pion a eu le sens de ‘soldat à pied’
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jusqu’au XVIIe siècle. Son dérivé — PIRO-, élément préfixal tiré du grec pur, puros
pionnier — a hérité du sens de ‘fantassin’, il ‘feu’, ‘flamme’, ‘fièvre’, et entrant dans la
désignait aussi plus spécialement un soldat formation d’un certain nombre de mots com-
chargé de travaux de terrassement. Au XIXe posés : PIROGRABADO ‘pyrogravure’ ; PIROLI-
siècle, le mot français a été influencé par SIS ‘pyrolyse’ ; PIRÓMANO ‘pyromane’ ; PI-
l’anglais pioneer ‘celui qui prépare la voie aux ROTECNIA ‘pyrotechnie’, littéralement ‘art
autres’ (dans les travaux de la mine). En Amé- d’employer le feu’, ‘emploi de feux d’artifice’.
rique du Nord, pioneer désignait les colons PIROLISIS, voir piro-.
s’installant sur de nouvelles terres, d’où le PIRÓMANO, voir piro-.
sens pris par le français pionnier : ‘personne PIROPO (‘compliment, galanterie’), est issu du
mettant en valeur des terres nouvelles’ puis, au latin pyropus ‘alliage de cuivre et d’or’ (rouge
figuré, ‘personne faisant progresser brillant) lui-même pris au grec pyrôpos ‘sem-
l’humanité’ ou ‘qui est la première dans son blable au feu’. Le mot piropo a d’abord dési-
domaine’. gné une pierre précieuse que l’on nomme aus-
PIPA (‘pipe’ ; ‘barrique, tonneau’), est issu d’un si carbúnculo ‘escarboucle’ (grenat rouge
latin vulgaire pipa ‘petite flûte’ dérivé de pi- foncé d’un vif éclat). Par métaphore, piropo
pare d’origine onomatopéique ‘glousser, piau- s’est appliqué à un compliment lancé à une jo-
ler’ et ‘gazouiller’, ‘jouer de la flûte’. Le sens lie femme.
originel de pipa était celui de ‘pipeau’, ‘petite PIROTECNIA, voir piro-.
flûte champêtre’ avant de désigner par analo- PIRUETA (‘pirouette’), est emprunté au français
gie de forme la pipe du fumeur constituée d’un pirouette qui est probablement l’altération de
fourneau et d’un tuyau que l’on porte à la pirouelle sous l’influence de girouette. Pi-
bouche. Le corps de la flûte et le tuyau de pipe rouelle (‘sorte de toupie’) est formé avec *pir-
suggérant l’idée d’un contenant creux, pipa a ‘cheville’ et rouelle ‘petite roue’. Le sens
pris aussi le sens de ‘tonneau, barrique’ aidé premier de pirouette est ‘dé à quatre faces que
en cela par le latin médiéval pipa qui signifiait l’on fait tourner sur une cheville le traversant’
alors ‘tuyau’ et ‘tonneau’. (toton ou toupie).
Dérivés : PIPETA ‘pipette’. PIS, voir pija.
PIQUE, voir picar. PISADA, voir pisar.
PIQUETE, voir picar. PISAR (‘marcher sur, fouler’), est issu du latin
PIRAGUA (‘pirogue’ ; ‘canoë’ ; ‘kayac’), est vulgaire pinsare variante du latin classique
emprunté au caraïbe piraugue. Hacer pi- pinsere ‘battre, frapper’ et ‘piler, broyer’.
ragüismo ‘faire du canoë-kayac’. Dérivés : APISONADORA ‘rouleau compres-
PIRÁMIDE (‘pyramide’), est emprunté au latin seur’. PISADA ‘pas, trace’, participe passé
pyramis, pyramidis lui-même pris au grec pu- substantivé au féminin de pisar. PISO ‘sol,
ramis, -idos ‘pyramide’ (monument égyptien), plancher’ (lieu où l’on marche) puis ‘étage’ et
‘pyramide’ (en géométrie) et ‘gâteau’ (en enfin ‘appartement’ (empilement d’étages =
forme de pyramide). L’origine de ce mot est empilement d’appartements, le plafond de l’un
incertaine. étant le plancher du suivant). PISOTEAR ‘piéti-
PIRATA (‘pirate’), est emprunté au latin pirata ner’.
lui-même pris au grec peiratês ‘bandit courant PISCICULTURA, voir pez.
les mers pour attaquer les navires’, dérivé de PISCINA, voir pez.
peirasthai ‘tenter de faire qqch’, ‘mettre qqn à PISCOLABIS, voir pellizcar.
l’épreuve’, ‘attaquer’ et ‘séduire’. Ce verbe est PISO, voir pisar.
lui-même dérivé de peira ‘tentative, essai’, PISOTEAR, voir pisar.
‘mise à l’épreuve’ et ‘tentative de séduction’. PISTA (‘piste’), est emprunté à l’italien pista
Espagnol moderne : Pirata aéreo ‘pirate de (aujourd’hui pesta) ‘traces laissées par les
l’air’. Pantalón pirata ‘pantalon corsaire’. chevaux dans un manège’, déverbal de pestare
Dérivés : PIRATEAR ‘pirater’. PIRATERÍA ‘pi- ‘fouler aux pieds’ (du bas latin pistare de
raterie’. même sens).
PIRATEAR, voir pirata. Dérivés : DESPISTAR ‘mettre sur une fausse
PIRATERÍA, voir pirata. piste’, ‘égarer’, ‘dérouter’ ; (pronominal) ‘dé-
raper, faire une embardée’ (quitter la piste, la
Michel Bénaben
Michel Bénaben 360
route). DESPISTE ‘dérapage, embardée’ ; ‘dis- Dérivés : PLAQUETA ‘plaquette’, est emprunté
traction, étourderie’ ; ‘perplexité, confusion’. tardivement (1939) au français plaquette di-
PISTOLA (‘pistolet’), est emprunté à l’allemand minutif de plaque (spécialisé en médecine :
Pistole lui-même pris au tchèque píšt’ala ‘sif- plaquette de sang plaqueta de sangre).
flet’, ‘flûte’ puis ‘arme à feu portative’ dont le PLÁCEME, voir placer.
canon rappelle le corps de la flûte. PLACENTA (‘placenta’), est emprunté au latin
PISTÓN (‘piston’), est emprunté à l’italien pis- placenta ‘galette, gâteau plat’ et, par analogie
tone ‘pilon’ dérivé de pistare ou pestare de forme, ‘enveloppe du foetus’. Le latin pla-
‘broyer, fouler’ issu du bas latin pistare obte- centa est lui-même pris au grec plakous,
nu à partir du supin (pistum) de pinsere ‘piler, -ountos ‘gâteau plat’ contraction de plakoeis
broyer’. Voir pisar. En mécanique automo- ‘plat’ et ‘plaine’, issu de plax, plakos ‘plaine’,
bile, les pistons compriment le mélange air- ‘plateau’, ‘mer’, ‘pierre plate’, ‘table’,
essence. ‘plaque’.
PITA, voir pito. PLACER ([verbe] ‘plaire’ ; [substantif] ‘plaisir’),
PITANZA, voir pío. est issu du latin placere de même sens et dont
PITAR, voir pito. l’origine est obscure. En espagnol, l’infinitif a
PITIDO, voir pito. été substantivé en discours puis est devenu
PITILLO, voir pito. très rapidement un substantif de langue (el
PITO (‘sifflet’ ; ‘cigarette’ ; ‘osselet’ [jeu]) ; ‘pic’ placer / los placeres).
[oiseau]), est d’origine onomatopéique (sif- Dérivés : APACIBLE ‘paisible, calme, tran-
flement). A partir du sens de ‘sifflet’, on est quille’, d’abord sous la forme aplacible, est
passé à de nombreuses acceptions métapho- dérivé de l’ancien verbe aplacer ‘plaire’. Le
riques (objets plus ou moins allongés rappe- sens primitif de apacible a donc été
lant la forme d’un sifflet) : ‘cigarette’, ‘pipe’ ‘agréable’. Sous l’influence de paz ‘paix’ et
et même ‘tique’ (garrapata) etc. de pacífico ‘pacifique’, apacible a pris le sens
Dérivés : PITA ‘sifflets, huées’ (au théâtre). de ‘doux, calme’. COMPLACENCIA ‘complai-
PITAR ‘siffler’ (salir pitando ‘partir en qua- sance’, ‘plaisir, satisfaction’. COMPLACER(SE)
trième vitesse’, littéralement ‘à la vitesse de ‘plaire, être agréable à’ ; ‘avoir plaisir à, se
l’air dans le sifflet’). PITIDO ‘sifflement’, plaire à’ ; ‘avoir le plaisir de, être heureux de’
‘coup de sifflet’. PITILLO ‘cigarette’. (dans les lettres commerciales : Me complaz-
PITÓN (‘python’), est emprunté au latin Python co en anunciarle que... ou Me complace
lui-même pris au grec Puthôn, nom d’un ser- anunciarle que... ‘J’ai le plaisir de vous an-
pent fabuleux tué par Apollon. Puthôn, qui si- noncer que...’). DISPLICENCIA ‘froideur, sé-
gnifiait ‘prophète inspiré par Apollon’, ‘de- cheresse’. PLÁCEME, littéralement ‘cela me
vin’, est dérivé de Puthô ancien nom de la plaît’ d’où ‘félicitations’ (dar el pláceme ‘fé-
ville de Delphes située au pied du Mont Par- liciter’). PLÁCIDO ‘placide, tranquille’,
nasse. Apollon s’y installa pour y rendre les ‘agréable’.
oracles d’où le nom d’ « Apollon Pythien ». PLAGA, voir llaga.
PIZARRA (‘ardoise’ ; ‘tableau’ [d’école]), est PLAGIAR, voir plagio.
probablement emprunté au basque lapitz-arri, PLAGIARIO, voir plagio.
littéralement ‘pierre d’ardoise’, formé avec ar- PLAGIO (‘plagiat’), est emprunté au latin pla-
ri ‘pierre’ et lapitz ‘ardoise’ (du latin lapideus gium ‘vol d’homme’, ‘vol d’esclaves’ et, au
‘en pierre’, ‘de pierre’, ‘pierreux’). Le résultat figuré, ‘fait d’emprunter illégalement l’œuvre
normal aurait dû être *lapizarra. Le la- de la- d’autrui’. Plagium est lui-même pris au grec
pitz ayant été interprété comme un article, il a plagion neutre de l’adjectif plagios ‘oblique’,
disparu afin d’éviter ce qui aurait paru être une ‘qui n’est pas en ligne droite’ d’où, au figuré,
redondance : *la lapizarra. ‘qui emploie des moyens équivoques’.
PIZCA, voir pellizcar. Dérivés : PLAGIAR ‘plagier’. PLAGIARIO ‘pla-
PIZCAR, voir pellizcar. giaire’, ‘pasticheur’, ‘imitateur’.
PLACA (‘plaque’), est emprunté au français PLAN, voir planta.
plaque déverbal de plaquer lui-même pris au PLANCHA (‘plaque’ ; ‘fer à repasser’ ; ‘planche’
moyen néerlandais placken ‘enduire, rapiécer, [natation et planche à voile]), est emprunté au
coller’ d’origine incertaine. français planche issu du bas latin planca, alté-
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Michel Bénaben 361
ration de palanca ‘rouleau de bois’. Une autre s’agit du dérivé du verbe plantar issu du latin
hypothèse suggère que planca est le féminin plantare ‘enfoncer ou tasser la terre autour
substantivé de l’adjectif d’origine populaire d’une plante avec la plante du pied’, lui-même
plancus ‘aux pieds plats’ (racine *pla- ‘ce qui dérivé de planta ‘plante du pied’. En français,
est plat, étendu’). En espagnol, plancha avec le verbe planter a produit l’ancien déverbal
le sens de ‘planche’ est un gallicisme, le terme plant puis plan dans la langue moderne. Plan,
usuel étant tabla. On trouve cependant hacer littéralement ‘ce qui est planté (dans le sol)’, a
la plancha (natation : ‘faire la planche’) à côté été confondu avec l’adjectif plan, plane (du
de hacer el muerto et plancha a vela latin planus ‘égal, uni, plat’) et a ensuite dési-
‘planche à voile’ à côté de tabla a vela ou ta- gné le dessin représentant la base et la disposi-
bla de surf. Dans l’imprimerie, plancha dé- tion générale d’un édifice. Un plan étant la
signe notre planche à billets. réalisation, la concrétisation d’un projet, le
Dérivés : PLANCHADO ‘repassage’. PLANCHAR terme a pris aussi le sens de ‘projet élaboré
‘repasser’. Mesa de planchar ‘table, planche comportant une suite ordonnée d’opérations
à repasser’. destinées à atteindre un but’. L’espagnol a
PLANCHADO, voir plancha. emprunté le mot plan et ses deux acceptions
PLANCHAR, voir plancha. au français : plano pour désigner le dessin, le
PLANEAR, voir planta plan d’une ville etc. et plan avec le sens de
PLANETA (‘planète’), est emprunté au latin ‘projet’.
planeta (pluriel planetes), lui-même pris au Dérivés : IMPLANTAR ‘implanter’, est emprun-
grec planêtes ‘astres (en mouvement)’ par op- té au français implanter. IMPLANTE ‘implant’
position aux astres apparemment fixes. Pla- (implante capilar / de silicona ‘implant capil-
nêtes est le pluriel de planês, planêtos ‘voya- laire / de silicone’). PLANEAR ‘projeter, avoir
geur’, ‘vagabond’ et ‘fièvre(s) intermit- en projet’, ‘préparer, organiser’. PLANIFICAR
tente(s)’, dérivé de planasthai ‘errer, s’écarter ‘planifier’. PLANTACIÓN ‘plantation’. PLAN-
du chemin’. TEAR ‘instaurer, établir’ ; ‘poser (une ques-
Dérivés : PLANETARIO (adjectif) ‘planétaire’ ; tion, un problème)’. PLANTILLA ‘personnel,
(substantif) ‘planétarium’. effectif’, est dérivé de planta avec le sens de
PLANETARIO, voir planeta. ‘plan, organisation’ et, spécialement, ‘distribu-
PLANICIE, voir llano. tion des taches à l’intérieur d’une entreprise’
PLANIFICAR, voir planta. (compresión de plantilla ‘dégraissage, réduc-
PLANO ([adjectif] ‘plat, plan’), voir llano. tion des effectifs’). TRASPLANTAR ‘transplan-
PLANO ([substantif] ‘plan, dessin’), voir planta. ter’, ‘greffer’. TRASPLANTE ‘transplantation’,
PLANTA (‘plante [du pied]’ ; ‘plan’ [d’une mai- ‘greffe’ (trasplante de corazón ‘greffe du
son], ‘étage’ ; ‘plante’ [végétal] ; ‘usine’ [an- cœur’).
glicisme]), est emprunté au latin planta ‘plante PLANTACIÓN, voir planta.
des pieds’ qui appartient à une famille de mots PLANTAR, voir planta.
remontant à une racine indoeuropéenne PLANTEAR, voir planta.
*plethe- ‘plat’ : en grec platus ‘large et plat’, PLANTILLA, voir planta.
platanos ‘arbre à larges feuilles, platane’, PLAQUETA, voir placa.
ômoplatê ‘os plat de l’épaule, omoplate’. En PLASMAR, voir plástico.
espagnol, planta a développé le sens d’ « es- PLÁSTICO ([adjectif et substantif] ‘plastique’),
pace occupé par la base d’un édifice » (par est emprunté au latin plasticus ‘relatif au mo-
comparaison avec le pied humain qui soutient delage’ (substantivé au féminin : plastica ‘la
le corps) d’où le sens de ‘plan (d’un édifice)’ plastique’). Plasticus est emprunté au grec
puis, par extension, ‘toute représentation gra- plastikos ‘malléable’, ‘qui sert à modeler’, ‘re-
phique d’un lieu’ et enfin ‘étage’ (planta baja latif au modelage’, dérivé de plassein (ou plat-
‘rez-de-chaussée’). Planta avec le sens de tein) ‘façonner de l’argile, de la cire’ et, au fi-
‘centrale’ ou ‘usine’ (planta eléctrica / si- guré, ‘former, éduquer qqn’. L’emploi mo-
derúrgica ‘centrale électrique / usine sidérur- derne de plástico (‘matière de synthèse mode-
gique’) est emprunté à l’anglais plant ‘plante’ lable à chaud’) apparaît surtout à la fin de la
(végétal) et ‘outillage, matériel, installation’. deuxième guerre mondiale. Quant au terme
Enfin, planta signifie ‘plante, végétal’. Il désignant l’explosif appelé plastic en français
Michel Bénaben
Michel Bénaben 362
(l’équivalent espagnol étant Goma 2), il est rapportée d’Afrique occidentale au Brésil par
emprunté à l’anglais plastic dans plastic ex- les Portugais.
plosive ‘explosif plastique’ c’est-à-dire ‘mal- PLATERÍA, voir plata.
léable à la main’ (semblable à l’espagnol go- PLATERO, voir plata.
ma ‘gomme’). PLATICAR, voir práctica.
Dérivés : CATAPLASMA ‘cataplasme’, du latin PLATILLO, voir plato.
cataplasma emprunté au grec kataplasma PLATINO, voir plata.
‘emplâtre’, formé avec kata ‘contre’, ‘sur’ et PLATO (‘assiette’), est issu du latin vulgaire
plasma ‘ce qui est façonné’ dérivé de plassein *plattus ‘plat, aplati’ emprunté au grec platus
‘façonner (de l’argile, de la cire)’. PLASMAR ‘étendu, large, plan’. L’adjectif a été substan-
‘former, façonner’ et ‘se concrétiser, prendre tivé avec le sens d’ « ustensile à fond plat ».
forme’, du latin plasmare ‘former, façonner, Dérivés : PLATILLO ‘petite assiette’, ‘sou-
créer’. PLASTIFICAR ‘plastifier’. coupe’. Platillos volantes ‘soucoupes vo-
PLATA (‘argent’), est issu d’un latin vulgaire lantes’ (voir OVNI).
*plattus, a, um ‘plat, aplati’ substantivé au PLATÓ (‘plateau [de cinéma, de TV]’), est em-
féminin et emprunté au grec platus ‘étendu, prunté avec adaptation orthographique au
large, plan’. Platta signifiait en bas latin français plateau (apparu au XVIIIe siècle), dé-
‘lame, plaque de métal’ et, dans la péninsule rivé de l’adjectif plat, plate et désignant dans
ibérique, ‘plaque d’argent’. la langue moderne la partie du studio de ciné-
Dérivés : PLATERÍA ‘orfèvrerie, bijouterie’. ma ou de télévision où se trouvent les acteurs
PLATERO ‘orfèvre’, ‘bijoutier’. PLATINO ‘pla- et les décors.
tine’, le genre masculin est dû au français où PLAUSIBLE (‘plausible’), est emprunté au latin
tous les noms de métaux sont (ou sont deve- plausibilis ‘digne d’être applaudi’ dérivé de
nus) masculins. Le français a emprunté platine plaudere ‘battre’ et ‘battre des mains’, ‘ap-
(d’abord au féminin) à l’ancienne forme espa- plaudir’ (voir aplauso). Le mot a été presque
gnole platina littéralement ‘petit argent’, déri- complètement démotivé ou du moins très af-
vé diminutif de plata. Espagnol moderne : faibli puisqu’il a pris le sens de ‘vraisem-
una rubia platino ‘une blonde platinée’. blable, qui semble pouvoir être admis, pro-
PLATAFORMA (‘plate-forme’), est emprunté au bable’.
français plate-forme qui désignait à l’origine PLAYA (‘plage’), est emprunté au latin tardif
un type de fortification. L’espagnol a déve- plagia de même sens lui-même pris au grec ta
loppé le sens figuré de ‘moyen utilisé pour ar- plagia ‘les côtés, les flancs’, neutre pluriel
river à ses fins’, ‘tremplin’. Quant à substantivé de l’adjectif plagios ‘oblique’,
l’acception ‘ensemble d’idées sur lesquelles ‘transversal’. Du sens de ‘flanc’, ‘côté’ on est
on s’appuie pour présenter une politique passé à celui de ‘versant, pente’ d’où ‘rivage
commune’ (plataforma electoral ‘plate- en pente’ et enfin, par extension, ‘rivage’, ‘en-
forme électorale’), elle est empruntée à droit plat et bas d’un rivage’, ‘plage’.
l’anglais platform dont le premier sens concret Dérivés : EXPLAYARSE ‘s’étendre’ (sur un su-
est ‘tribune, estrade où se font les discours jet etc. ; la plage est une zone étendue où les
électoraux’. L’anglais platform est lui-même vagues viennent déferler) ; ‘se confier,
emprunté au français plate-forme. s’ouvrir, s’épancher auprès de’. PLAYERO, A
PLÁTANO (‘platane’ ; ‘bananier’, ‘banane’), est ‘de plage’ (toalla playera ‘serviette de
emprunté au latin platanus ‘platane’ lui-même plage’).
pris au grec platanos dérivé de platus ‘large et PLAY-BACK (‘play-back’), est emprunté à
plat’ (comme les grandes feuilles plates du l’anglais play-back substantif correspondant
platane). En Afrique et en Amérique latine le au verbe to play back ‘rejouer (un enregistre-
terme plátano s’est appliqué au bananier et à ment)’, formé avec to play ‘jouer’ et back ‘en
son fruit probablement parce que les longues arrière’. Dans le vocabulaire du cinéma, ce
feuilles du bananier pouvaient rappeler celles mot désigne en fait la technique de
du platane en Europe. Quant au terme banana l’enregistrement de l’image sur une bande-son
utilisé en Amérique latine, il est sans doute déjà enregistrée. Dans l’usage courant, on
emprunté au portugais banana qui le tiendrait l’emploie pour dire d’un chanteur qu’il fait
d’un mot bantou de Guinée. La banane a été semblant de chanter sur une bande-son déjà
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Michel Bénaben 363
enregistrée. L’Académie espagnole propose PLEGAR (‘plier’), est issu du latin plicare ‘re-
comme termes de substitution sonido previo plier, plier, enrouler’ variante de plectere ‘en-
ou sonido pregrabado. trelacer’, ‘tresser’ (en français, plicare a donné
PLAYERO, A, voir playa. à la fois plier et ployer).
PLAZA (‘place’), est issu du latin platea ‘rue Dérivés : APLICAR(SE) ‘(s’) appliquer’, du la-
large’ et, en bas latin, ‘place publique’ (en la- tin applicare ‘aborder, aller vers’ (voir
tin vulgaire *plattea). Platea est emprunté au l’espagnol llegar), ‘appliquer, mettre contre’,
grec plateia (hodos) ‘(rue) large’, féminin ‘s’appuyer’ (littéralement ‘[se] plier vers’) et
substantivé de l’adjectif platus ‘large et plat’. enfin ‘appliquer, employer (plier) son esprit à’
En espagnol économique, plaza est employé d’où ‘s’appliquer’. Applicare est formé avec
dans plaza financiera / bursátil ‘place finan- ad ‘vers’ et plicare ‘plier’ intensif de plectere
cière / boursière’ (ville où se déroulent ‘tresser’. COMPLICAR ‘compliquer’, du latin
d’importantes opérations bancaires ou bour- complicare ‘rouler, enrouler’, ‘plier en rou-
sières) ainsi que dans le vocabulaire du tou- lant’, formé avec cum ‘avec, ensemble’ et pli-
risme (plazas hoteleras ‘places hôtelières’). care ‘plier’. CÓMPLICE ‘complice’, du bas la-
Dérivés : DESPLAZAR ‘déplacer’, emprunté au tin complex, complicis ‘uni, associé’, dérivé
français déplacer ‘changer de place’. REEM- du supin de complecti ‘enlacer étroitement’,
PLAZAR ‘remplacer’, emprunté au français formé avec cum ‘ensemble’ et plectere ‘entre-
remplacer dérivé de l’ancien verbe emplacer lacer’. L’adjectif complex était déjà substanti-
‘mettre à une place’. Remplacer est formé vé chez les auteurs chrétiens avec le sens que
avec le préfixe itératif re- (remplacer = nous lui connaissons aujourd’hui. DESPLEGAR
‘mettre une chose à la place d’une autre qui ‘déplier’. DESPLIEGUE ‘déploiement’. EXPLI-
avait déjà été placée’). CAR ‘expliquer’, littéralement ‘enlever les plis,
PLAZO (‘délai’, ‘échéance’), provient de déplier’, ‘dérouler’ d’où, au figuré, ‘mettre au
l’ancienne forme plazdo issue du bas latin clair’, ‘rendre intelligible’. EXPLÍCITO ‘expli-
placitus tiré de dies placitus, littéralement cite’, du latin explicitus ‘clair’, participe passé
‘jour qui plaît (aux autorités)’, ‘jour que veut de explicare (voir ci-dessus explicar). IMPLI-
bien accorder une autorité quelconque’ d’où CAR ‘impliquer’, du latin implicare ‘plier
‘délai (de faveur)’ puis simplement ‘délai, dans’, ‘envelopper’ d’où en espagnol et en
échéance’. Placitus est le participe passé de français ‘comporter, contenir’ et ‘entraîner’.
placere ‘plaire, être agréable’, ‘paraître bon à IMPLÍCITO ‘implicite’, du latin implicitus ‘en-
qqn’. veloppé’, ‘sous-entendu’, participe passé de
Dérivés : APLAZAR ‘ajourner, remettre, diffé- implicare. PLEGABLE ‘pliable’. PLIEGO ‘pli’,
rer’. ‘document’, ‘cahier’ (pliego de condiciones
PLEBE (‘plèbe’), est emprunté au latin plebs, ‘cahier des charges’). PLIEGUE ‘pli’. RÉPLICA
plebis ‘multitude, populace’ d’origine mal ‘réplique, répartie, riposte’. REPLICAR ‘répli-
établie, à rattacher peut-être au grec plêthos quer’, du latin replicare ‘plier en arrière, re-
‘foule d’hommes’ (voir plétora à l’article lle- plier, recourber’ ; ‘renvoyer, refléter’ (les
no). rayons du soleil) et, en latin juridique, ‘ré-
Dérivés : PLEBEYO ‘plébéien’. PLEBISCITO pondre vivement à une objection’. SUPLICAR
‘plébiscite’, est emprunté au latin plebiscitum ‘supplier’, du latin supplicare, littéralement
‘décret du peuple’ (loi votée par l’assemblée ‘plier sous’, ‘s’agenouiller’ dans l’attitude du
de la plèbe et s’opposant à senatusconsultum suppliant d’où ‘prier, supplier’, formé avec
‘décret du sénat’). Ce mot est formé avec ple- sub (position d’infériorité) et plicare. SUPLI-
bis génitif de plebs et scitum ‘décret’ dérivé du CIO ‘supplice’, du latin supplicium ‘supplica-
supin de sciscere ‘chercher à savoir’, ‘débattre tion adressée aux dieux’ d’où ‘acte par lequel
une question’ et ‘décider, arrêter’. Le sens on apaise la divinité’, ‘sacrifice offert à la
moderne apparaît au XIXe siècle (‘vote direct suite d’une faute’.
du corps électoral par oui ou par non sur la PLEITEAR, voir pleito.
confiance qu’il accorde à celui qui est au pou- PLEITO (‘procès’), est emprunté par
voir’). l’intermédiaire de l’aragonais au gallo roman
PLEBEYO, voir plebe. plait ou plaid ‘assemblée solennelle où se ren-
PLEBISCITO, voir plebe. dait la justice’ d’où ‘procès, jugement’, issu
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Michel Bénaben 364
du latin placitum participe passé neutre subs- partir de l’expression a plomo ‘à plomb, à la
tantivé de placere ‘plaire, agréer’. Placitum verticale’ (c’est-à-dire ‘qui tombe comme le
signifiait ‘ce qui est conforme à la volonté’, fil à plomb’, la plomada). DESPLOMAR(SE)
‘ce qui plaît, ce que l’on a en vue’ d’où ‘pro- ‘faire perdre l’aplomb, faire pencher, incli-
jet’ et ‘accord, pacte’. En latin médiéval, le ner’ ; ‘s’écrouler, s’effondrer’. PLOMADA ‘fil à
terme prendra une valeur juridique (jour fixé plomb’.
par le tribunal pour la comparution, l’audience PLUMA (‘plume’), est issu du latin pluma de
et le procès lui-même). Voir aussi plazo. même sens et dont l’origine n’est pas établie.
Dérivés : PLEITEAR ‘plaider’. Pluma a remplacé l’autre mot signifiant
PLENAMAR, voir lleno. ‘plume’ c’est-à-dire penna.
PLENILUNIO, voir lleno. Dérivés : PLUMAJE ‘plumage’. PLUMÓN ‘duvet
PLENIPOTENCIARIO, voir lleno. (des oiseaux)’ et ‘édredon’.
PLENITUD, voir lleno. PLUMAJE, voir pluma.
PLENO, voir lleno. PLUMÓN, voir pluma.
PLEONASMO (‘pléonasme’), est emprunté au bas PLURAL (‘pluriel’), est emprunté au latin plura-
latin pleonasmus lui-même pris au grec pleo- lis ‘composé de plusieurs’, dérivé de plus, plu-
nasmos ‘surabondance, excès’, ‘amplification, ris ‘plus, une plus grande quantité’.
exagération’ et, en grammaire, ‘terme super- Dérivés : PLURALIDAD ‘pluralité’. PLURALIS-
flu’. Pleonasmos est dérivé de pleonazein ‘être MO ‘pluralisme’. PLURALIZAR ‘pluraliser’.
surabondant, excessif, démesuré’, lui-même PLUS ‘prime, gratification’ (plus de peligrosi-
tiré de pleiône ‘plus nombreux, plus grand’. dad ‘prime de risque’ ; plus familiar ‘sup-
Pleiône est le comparatif de polus ‘nom- plément familial’). PLUSCUAMPERFECTO
breux’, ‘grand’ (racine indoeuropéenne *pele-, ‘plus-que-parfait’, est emprunté au latin des
*ple ‘être plein’). grammairiens plus quam perfectum (cantave-
PLÉTORA, voir lleno. ram ‘j’avais chanté’). PLUSMARCA ‘record’.
PLÉYADE (‘pléiade’), est emprunté au latin Voir marca à l’article marcar. PLUSMAR-
Pleiades ou Pliades qui désignait une constel- QUISTA ‘recordman’. PLUSVALÍA ‘plus-value’
lation de sept étoiles, celle du Taureau (les PLURALIDAD, voir plural.
sept filles d’Atlas et de Pléioné). Le mot latin PLURALISMO, voir plural.
est lui-même pris au grec Pleiades (Pleias au PLURALIZAR, voir plural.
singulier) qui s’appliquait à la même constel- PLURI-, élément tiré du latin plures, pluriel de
lation et qui désignait aussi le groupe des sept plus ‘plus nombreux’, ‘un plus grand nombre’,
grands poètes alexandrins (IIIe siècle av. ‘un trop grand nombre’, ‘plusieurs’ et entrant
J.-C.). L’origine de Pleiades n’est pas bien dans la formation d’un certain nombre de mots
établie. Il est possible que le verbe plein ‘na- composés : PLURIDISCIPLINAR ‘pluridiscipli-
viguer, voguer’ ait eu une influence, le naviga- naire’ ; PLURIEMPLEO ‘cumul d’emplois, em-
teur se repérant grâce à ces étoiles. En France, plois multiples’ ; PLURÍVOCO ‘plurivoque’,
le mot Pléiade s’est appliqué, comme pour les s’opposant à unívoco.
poètes alexandrins, au groupe de sept poètes PLURIDISCIPLINAR, voir pluri-.
du XVIe siècle, Ronsard et Du Bellay figurant PLURIEMPLEO, voir pluri-.
parmi les plus connus. En français et en espa- PLURÍVOCO, voir pluri-.
gnol, le terme désigne par extension un groupe PLUS, voir plural.
de personnes qui se distinguent par leurs ta- PLUSCUAMPERFECTO, voir plural.
lents. PLUSMARCA, voir plural.
PLIEGO, voir plegar. PLUSMARQUISTA, voir plural.
PLIEGUE, voir plegar. PLUSVALÍA, voir plural et valer.
PLOMADA, voir plomo. PLUTOCRACIA (‘ploutocratie’), est emprunté au
PLOMO (‘plomb’), est issu du latin plumbum grec ploutokratia ‘gouvernement ou domina-
‘plomb’ et ‘balle de plomb’ (fronde), ‘tuyau tion par les riches’, formé avec -kratia issu de
en plomb’ d’origine incertaine. kratos ‘force’, ‘domination’ et ploutos ‘abon-
Dérivés : APLOMO ‘aplomb’ (verticalité) ; (fi- dance, richesse’, dérivé de plein ‘flotter’ et ‘se
guré) ‘aplomb’, ‘assurance’, ‘sérieux, juge- répandre, inonder’.
ment’, est formé, comme le français aplomb, à PLUVIAL, voir llover.
Michel Bénaben
Michel Bénaben 365
PLUVIOMETRÍA, voir llover et metro. chef d’un groupe social (famille, clan, tribu).
POBLACIÓN, voir pueblo. Le participe présent potens a servi de base ain-
POBLAR, voir pueblo. si que les autres formes à radical pot- à la ré-
POBRE (‘pauvre’), est issu du latin pauper, pau- fection du classique posse en pot-ere nouvel
peris ‘nécessiteux’ sans doute issu de la forme infinitif à partir duquel on a dérivé potentia
reconstituée *pau-per-os, littéralement ‘qui ‘puissance’, omnipotens ‘omnipotent’ etc. En
produit peu’ (une terre pauvre), formé avec la espagnol, la substantivation de l’infinitif po-
racine *pau- ‘en petit nombre’ (latin paucus der a été immédiate (substantif de discours →
‘peu’) et per à rattacher à parere ‘enfanter’. substantif de langue : el poder / los poderes).
Dérivés : EMPOBRECER ‘appauvrir’. PAUPE- Dérivés : APODERADO ‘mandataire, fondé de
RISMO ‘paupérisme’, est emprunté à l’anglais pouvoir’ ; ‘manager’, ‘imprésario’. IMPOSIBI-
pauperism dérivé savant de pauper lui-même LITADO ‘impotent, invalide’, ‘perclus’. IMPO-
issu du latin pauper ‘pauvre’. PAUPERIZACIÓN SIBILITAR ‘rendre impossible’. IMPOSIBLE
‘paupérisation’. POBREZA ‘pauvreté’. ‘impossible’. IMPOTENTE ‘impuissant’, ‘impo-
POBREZA, voir pobre. tent’. PODEROSO ‘puissant’. POSIBILITAR ‘fa-
POCILGA, voir puerco. ciliter, permettre, rendre possible’. POSIBLE
PÓCIMA (‘potion’), d’abord sous la forme ‘possible’, est emprunté au latin impérial pos-
apócima, est emprunté au latin apozema lui- sibilis ‘dont l’existence n’est pas écartée par
même pris au grec apozema ‘décoction’. l’esprit’, dérivé de posse ‘pouvoir’. Possibilis
Pócima mágica ‘potion magique’. et son contraire impossibilis étaient employés
POCIÓN (‘potion’), est emprunté au latin potio comme équivalents du grec dunatos / aduna-
‘action de boire’ et ‘breuvage médicinal’ mais tos (dunasteia ‘puissance’). POTENCIA ‘puis-
aussi ‘breuvage empoisonné’ (d’où le français sance’. POTENCIAL ‘potentiel’. POTENTE
poison). ‘puissant’, de potens, potentis ‘qui peut, in-
POCO (‘peu’), est issu du latin paucus, a, um fluent, puissant’, participe présent de posse.
‘peu nombreux’, d’une racine *pau- ‘en petit POTESTAD ‘puissance, pouvoir’, du latin po-
nombre’, que l’on retrouve dans paulus et testas, potestatis ‘puissance’, ‘pouvoir (poli-
parvus ‘petit’ de même que dans pauper tique)’, dérivé de potis ‘maître de’, ‘puissant’
‘pauvre’, voir pobre. (la patria potestad ‘l’autorité parentale’, voir
Dérivés : PAULATINO ‘lent’, dérivé savant du padre).
latin paulatim ‘peu à peu, insensiblement’, tiré PODEROSO, voir poder.
de paulus ‘qui est en petite quantité’, ‘petit’, PODREDUMBRE, voir pudrir.
‘faible’. POEMA (‘poème’), est emprunté au latin poema,
PODA, voir podar. poematis ‘ouvrage de vers’, ‘poésie’ lui-même
PODAR (‘tailler’, ‘élaguer’ [au propre et au figu- pris au grec poiêma, littéralement ‘chose
ré]), est issu du latin putare ‘nettoyer’, ‘éla- faite’, ‘œuvre’, ‘ouvrage manuel’, ‘création de
guer un arbre’. Voir aussi apodar. l’esprit’, dérivé de poiein ‘faire’, ‘fabriquer,
Dérivés : AMPUTAR ‘amputer’, voir ce mot à produire, créer’ et ‘causer, agir’.
sa place alphabétique. PODA ‘taille, élagage’. Dérivés : POESÍA ‘poésie’, du latin poesis
PODER (‘pouvoir’ [verbe et substantif]), est issu ‘genre poétique’, ‘œuvre poétique, poème’,
du latin vulgaire *potere réfection du latin lui-même pris au grec poiêsis ‘création’, ‘fa-
classique posse qui signifiait ‘pouvoir’, ‘être brication’, ‘action de composer des œuvres
capable de’, ‘avoir de l’importance, de poétiques’ dérivé de poiein ‘faire’. POETA
l’influence’. La conjugaison du verbe posse ‘poète’, du latin poeta, pris au grec poiêtês
(possum, potes, potest ‘je peux, tu peux, il ‘créateur, auteur’, ‘fabricant, artisan’. POÉTI-
peut’) représente le croisement entre un ancien CO ‘poétique’.
verbe non attesté *poteo, *potere ‘diriger’, POESÍA, voir poema.
‘faire presser’ (qui a fourni le parfait potui et POETA, voir poema.
le participe présent potens) et la locution potis POÉTICO, voir poema.
sum (d’où possum) formée avec l’adjectif po- POGROM / POGROMO (‘pogrom’, ‘pogrome’),
tis signifiant ‘maître de, possesseur de’ d’où est emprunté au russe pogrom ‘bain de sang’,
‘puissant’ et ‘capable de’. Cet adjectif remonte ‘tuerie’, terme qui a désigné sous les tsars un
à un thème indoeuropéen *poti- désignant le mouvement populaire contre les Juifs, toléré et
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de ‘(parent) par alliance’ : padre político auteurs chrétiens, ‘profanation’. Ce mot est
‘beau-père’ ; hija política ‘belle-fille’. Joan dérivé de pollutum supin de polluere ‘salir,
Corominas pense que cette acception pourrait souiller’. En espagnol, polución désigne
avoir été développée à partir du sens de ‘qui l’émission de sperme (en français pollutions
appartient à la ville’ d’où ‘civilisé’, ‘bien édu- nocturnes) et plus rarement la ‘pollution (de
qué’, ‘qui a de belles manières’, ‘cérémo- l’environnement etc.)’ qui se dit contamina-
nieux’. On a tendance à se montrer ‘cérémo- ción.
nieux’ ou ‘flatteur’ avec les parents par al- POLVO (‘poussière’), est issu du latin vulgaire
liance alors que les relations entre parents de *pulvus, en latin classique pulvis, pulveris
même sang sont plus simples. On remarque ‘poussière du sol’, ‘matière poudreuse’, ‘pous-
également qu’en français on emploie des sière du champ de bataille’ et ‘lutte, effort’.
termes flatteurs dans les mêmes circons- Dérivés : PÓLVORA ‘poudre’ (explosif), est
tances : beau-père, beau-frère, belle-fille. emprunté au catalan pólvora ‘poussière’,
Dérivés : POLICÍA ‘police’, est emprunté au la- ‘poudre’, du latin pulvera pluriel de pulvis.
tin tardif politia ‘organisation politique, gou- POLVORIENTO ‘poussiéreux’. POLVORÍN
vernement’ lui-même pris au grec politeia ‘si- ‘poudrière’ (au propre et au figuré). PULVERI-
tuation de citoyen’, ‘ensemble des citoyens’ et ZAR ‘pulvériser’.
‘art de gouverner la cité’, ‘régime politique’. PÓLVORA, voir polvo.
Politeia est dérivé de polis ‘ville, cité’. En es- POLVORIENTO, voir polvo.
pagnol, policía a eu d’abord le sens de ‘poli- POLVORÍN, voir polvo.
tique, affaires de l’Etat’ puis celui de ‘bonne POLLO (‘poulet’), est issu du latin pullus ‘petit
éducation’ (en français, une société policée d’un animal’ et spécialement ‘petit d’une
c’est-à-dire ‘civilisée, raffinée’). Le sens mo- poule’ et ‘jeune coq’. Le latin pullus a donné
derne apparaît au début du XIXe siècle (po- en ancien français pouil d’où l’expression fier
licía de costumbres ‘police des mœurs’). PO- comme un pouil (‘comme un jeune coq’) de-
LICÍACO ou POLICIACO ‘policier’ (película / venue ensuite par confusion fier comme un
novela policíaca ‘film / roman policier’). PO- pou ( !) car pou se disait aussi pouil.
LICIAL ‘policier’ (servicios policiales ‘ser- Dérivés : EMPOLLAR ‘couver’ ; ‘potasser, bû-
vices de police’). POLÍTICA ‘politique’. POLI- cher’. EMPOLLÓN ‘bûcheur’, ‘fort en thème’.
TIQUERÍA ‘politique politicienne’. POLLUELO ‘poussin’. PULCHINELA (ou POLI-
POLITIQUERÍA, voir político. CHINELA) ‘polichinelle’, est emprunté à
POLIVALENTE, voir valer. l’italien Pulcinella, personnage de paysan ba-
PÓLIZA (‘police [d’assurances]’), est emprunté à lourd de la commedia dell’arte. Le mot est is-
l’italien polizza ‘certificat’, ‘contrat’, lui- su du bas latin pullicenus littéralement ‘jeune
même probablement issu du latin médiéval poulet’ et, au figuré, ‘homme timide, mala-
apodixa, emprunté au grec apodeixis ‘quit- droit’, diminutif de pullus ‘petit d’un animal’.
tance, reçu’, dérivé de apodeiknunai ‘faire POLLUELO, voir pollo.
voir’ d’où ‘produire au dehors, montrer’ (apo- POMADA (‘pommade’), est emprunté au français
‘au loin’, ‘hors de’ et deiknunai ‘montrer’). pommade lui-même pris à l’italien pomada ou
POLIZÓN (‘passager clandestin’), est emprunté pomata dérivé de pomo ‘fruit’ et ‘pomme’. A
au français polisson dérivé de l’ancienne l’origine, les pommades étaient parfumées à la
forme polisse ‘vol’ dérivée de polir au sens pomme.
argotique de ‘laver, nettoyer’ c’est-à-dire ‘la- POMELO (‘pamplemousse’), est emprunté à
ver puis écouler la marchandise volée’. Nous l’anglais pommelo (terme propre aux an-
disons aujourd’hui blanchir. L’idée de simple ciennes colonies anglaises en Inde). Pommelo
espièglerie ou de désobéissance contenue au- semble être l’altération du néerlandais pom-
jourd’hui dans le français polisson s’est consi- pelmoes formé avec pompel ‘gros, enflé’ et
dérablement amplifiée en espagnol au point de limoes ‘citron’ lui-même pris au portugais
désigner un acte parfaitement illégal. limões ‘citrons’.
POLO, voir polea. PÓMEZ (‘ponce’ dans piedra pómez ‘pierre
POLTRÓN, voir potro. ponce’), est issu du latin pumex, pumicis de
POLUCIÓN (‘pollution’), est emprunté au latin même sens.
pollutio, -onis ‘salissure, souillure’ et, chez les
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pondent bien aux parties lumineuses et où les affirme une chose’, ‘qui a un caractère de cer-
parties sombres représentent bien les parties titude’ (opposé à negativo). POSPONER ‘post-
sombres, ce qui est exactement l’inverse de ce poser’, ‘faire passer après’, ‘mettre en second
que l’on voit sur un négatif qui sert au tirage lieu’, ‘subordonner’. POSTAL ‘postal’, est dé-
des photos sur papier. DISPONER ‘disposer’, du rivé de posta ‘poste, relais de poste’, emprun-
latin disponere formé avec dis- marquant té à l’italien posta participe passé (substantivé
l’éloignement, la séparation et ponere, littéra- au féminin) de porre ‘placer, poser’ issu du la-
lement ‘placer en séparant distinctement’ d’où tin ponere de même sens. Posta a d’abord dé-
‘arranger, ordonner’. DISPONIBLE ‘disponible’. signé la place destinée à chaque cheval dans
DISPOSITIVO ‘dispositif’, a été formé à partir l’écurie avant de désigner un relais de chevaux
du latin dispositum supin de disponere (littéra- destiné à acheminer le courrier. POSTIZO ‘pos-
lement ‘qui est arrêté, réglé, disposé’) d’où le tiche’, d’abord sous la forme apostizo issue du
sens moderne ‘manière dont sont disposés les bas latin appositicius ‘placé à côté’, ‘ajouté’
pièces, les organes d’un appareil’ et, plus gé- d’où, au figuré, ‘feint, simulé, factice’, dérivé
néralement, ‘agencement’. EXPONENTE (adjec- de appositus, participe passé de apponere ‘po-
tif) ‘exposant’ ; (substantif) ‘exposant’ (ma- ser auprès’, d’où ‘ajouter’. POSTOR dans al
thématiques) ; ‘représentant’ ; ‘exemple, mejor postor ‘au plus offrant, au dernier en-
preuve’. EXPONER ‘exposer’. EXPÓSITO (ad- chérisseur’ (c’est-à-dire celui dont la mise
jectif et substantif) ‘enfant trouvé’, littérale- d’argent a été la plus importante). POSTURA
ment ‘qui a été exposé (à la charité publique)’. ‘posture, position’, ‘situation’ ; (au figuré) ‘at-
IMPONENTE (adjectif) ‘imposant’ ; (substantif) titude’, ‘position’ (endurecer su postura
‘déposant’, ‘épargnant’. IMPONER ‘imposer’ et ‘durcir sa position’). PREPOSICIÓN ‘préposi-
‘déposer (de l’argent sur un compte)’, du latin tion’, mot grammatical placé avant le com-
imponere ‘placer sur’, ‘poser sur’, ‘mettre plément introduit : venir [de Madrid]. Du la-
qqch sur les épaules de qqn, lui donner la tin praepositio. PRESUPONER ‘présupposer’.
charge de’, ‘rendre obligatoire (un impôt, une PRESUPUESTO ‘budget’, ‘devis’ (littéralement
loi)’, ‘en imposer à qqn, abuser qqn’. IMPO- ‘ce qui a été supposé, imaginé préalable-
NIBLE ‘imposable’. IMPOSICIÓN ‘imposition’ ment’), participe passé substantivé du verbe
(imposición de manos ‘imposition des presuponer. PROPONER ‘proposer’, du latin
mains’) ; ‘dépôt (d’argent)’ ; ‘imposition, con- proponere, littéralement ‘placer devant les
tribution, impôt’. IMPOSTOR ‘imposteur’, du yeux, présenter’, formé avec pro ‘devant’.
latin impérial impostor ‘trompeur’ dérivé de PROPÓSITO ‘intention, but’, ‘propos’. PRO-
imponere avec le sens d’ « abuser qqn ». IM- PUESTA ‘proposition’. PUESTA (participe passé
PUESTO ‘impôt’, participe passé substantivé de substantivé au féminin de poner[se]), ‘cou-
imponer (littéralement ‘ce qui est imposé’). cher (d’un astre)’ ; ‘mise’ (puesta al día ‘mise
OPONENTE ‘adversaire, rival’ ; (au cinéma) à jour’). PUESTO (participe passé adjectivé de
‘partenaire’ (celui qui donne la réplique). poner) ‘mis, habillé’ (bien puesto ‘bien habil-
OPONER ‘opposer’, du latin opponere ‘placer lé’ ; (participe passé substantivé au masculin)
devant’, ‘placer contre’, formé avec ob ‘de- ‘poste’, ‘place’ (puesto de socorro ‘poste de
vant’ et ponere. OPOSICIÓN ‘opposition’ et secours’ ; tener un buen puesto ‘avoir une
‘concours’ (les candidats s’opposent entre bonne situation’). Puesto entre également
eux). OPOSITOR ‘adversaire, opposant’ ; ‘can- dans la constitution de la locution puesto que
didat’, ‘concurrent’. PONENCIA ‘rapport, expo- qui a eu à l’origine le sens de ‘bien que’ avant
sé’. PONIENTE ‘ponant’, ‘couchant’, ‘ouest’, d’exprimer la cause, littéralement ‘étant posé
participe présent substantivé de poner (po- le fait que’ d’où ‘vu que, étant donné que’.
nerse ‘se coucher’ en parlant d’un astre, du RECOMPOSICIÓN ‘recomposition’ et ‘rema-
soleil). POSICIÓN ‘position’. POSITIVO ‘posi- niement’ (recomposición / remodelación mi-
tif’, du bas latin positivus qui se disait d’un ad- nisterial ‘remaniement ministériel’). REPOSI-
jectif ‘employé pour poser une qualité, sans la CIÓN ‘reprise’ (théâtre, cinéma) ; ‘renouvel-
comparer’ (opposé à comparatif et à superla- lement’ (stocks). REPUESTO (adjectif) ‘rétabli’
tif), dérivé de positum supin de ponere ‘placer, (en bonne santé) ; (substantif) ‘rechange’ (pie-
poser’. A partir du sens grammatical de ‘qui za de repuesto / de recambio ‘pièce de re-
pose une qualité’, on est passé à celui de ‘qui change’ ; rueda de repuesto ‘roue de se-
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des marchandises)’. Pornofilm ‘film porno’. ment matérielle et mercantile d’une chose : el
Pornodiva ‘star du porno’. libro importa 200 pesetas ‘le livre coûte 200
Dérivés : PORNOGRÁFICO ‘pornographique’. pesetas’. IMPORTE ‘montant, somme’, ‘coût,
PORNOGRÁFICO, voir pornografía. prix, valeur’ (voir ci-dessus importar au sens
PORO (‘pore’), est emprunté au bas latin porus de ‘coûter’). PORTAAVIONES ‘‘porte-avions’.
‘conduit, passage’ et ‘orifice à la surface de la PORTADOR ‘porteur’ (commerce) : pagar al
peau’, lui-même pris au grec poros ‘passage’ portador ‘payer au porteur’ (d’un chèque ou
(dérivé de peirein ‘traverser de part en part’). de tout autre effet de commerce, titre, valeur).
PORQUE, voir por. PORTÁTIL ‘portable’ (ORDENADOR / TELÉFO-
PORQUERÍA, voir puerco. NO PORTÁTIL ‘ordinateur / téléphone por-
PORRA (‘massue, matraque’), est d’origine très table’). PORTAVOZ ‘porte-voix’ ; ‘porte-
incertaine. parole’. PORTE ‘port, transport’ (franco de
PORTAAVIONES, voir portar. porte ‘franco de port’). REPORTAJE ‘repor-
PORTADA, voir puerta. tage’, est emprunté au français reportage déri-
PORTADOR, voir portar. vé de l’anglais reporter, littéralement ‘celui
PORTARSE (‘se conduire, se comporter’), est un qui rapporte, relate’. L’anglais reporter est lui-
emprunt à d’autres langues romanes telles que même un emprunt à l’ancien français repor-
le français, le catalan ou l’italien qui tiennent teur avec le sens de ‘rapporteur’. REPORTERO
ce mot du latin portare ‘faire passer, transpor- ‘reporter’, est dérivé de l’anglais reporter
ter, amener au port’. Ce mot appartient à la (voir reportaje ci-dessus). SOPORTAR ‘sup-
même famille que porta ‘ouverture’, ‘porte de porter’, du latin supportare ‘apporter de bas en
ville’ et portus ‘passage’, ‘entrée d’un port’ et haut, transporter en remontant’, ‘apporter,
le ‘port’ lui-même. Portare, dont la conjugai- amener’ et, en bas latin, ‘tolérer, souffrir’.
son était plus régulière que celle de ferre Supportare est formé avec sub (mouvement de
(‘porter’) a fini par se substituer à ce dernier. bas en haut) et portare. TRANSPORTAR ‘trans-
En espagnol, portar ne se trouve qu’à la porter’, du latin transportare ‘porter à travers’.
forme pronominale avec le sens de ‘se con- PORTÁTIL, voir portar.
duire, se comporter’, en revanche, ses dérivés PORTAVOZ, voir portar.
sont extrêmement nombreux. PORTE, voir portar.
Dérivés : APORTACIÓN ‘apport’ (aportación PORTENTO, voir tender.
de divisas ‘apport de devises’). COMPORTA- PORTERO, voir puerta.
MIENTO ‘comportement’. COMPORTAR(SE) PÓRTICO, voir puerta.
‘(se) comporter’, est emprunté au français (se) PORVENIR, voir venir.
comporter lui-même pris au latin comportare POSADA, voir posar.
‘réunir dans un lieu, amasser’, ‘porter, trans- POSADERAS, voir posar.
porter’, formé avec cum ‘avec, ensemble’ d’où POSAR(SE) (‘[se] poser’), est issu du latin vul-
le sens de ‘porter en soi, contenir, inclure’ et, gaire pausare ‘s’arrêter’, emprunté au grec
au pronominal, ‘se conduire avec les autres’. pauein de même sens. En gallo-roman (en-
EXPORTAR ‘exporter’. IMPORTANCIA ‘impor- semble des parlers en Gaule), pausare s’est
tance’, voir importar ci-après. IMPORTAR rapproché de ponere ‘placer, mettre’ et s’est
‘importer’ avec le sens d’ « importer (des substitué complètement à ce dernier (français
marchandises) » et celui d’ « avoir de poser). L’espagnol a conservé poner. Posar
l’importance, concerner, présenter de est employé au pronominal pour signifier ‘se
l’intérêt ». Emprunté au latin importare ‘por- percher, se poser’ (en parlant des oiseaux). Il
ter dans’, ‘introduire’ et ‘causer, entraîner’. A est parfois employé à la place de poner dans
partir du sens d’ « introduire », l’espagnol a quelques cas (posar la mirada, los ojos ‘po-
développé celui d’ « être touché, concerné, af- ser le regard’ ; posar la mano sobre ‘poser la
fecté » (précisément par ce qui est introduit) main sur’). Enfin, posar dans le sens de
d’où le sens de ‘concerner, présenter de ‘prendre la pose’ (en peinture, en photogra-
l’intérêt’, ‘avoir de l’importance’ (¿ Te im- phie) est emprunté au français poser.
porta lo que estamos diciendo ? ‘Ce que Dérivés : PAUSA ‘pause’, du latin pausa de
nous disons t’intéresse ?’). Importar peut en- même sens. POSADA ‘auberge’ POSADERAS
fin exprimer l’importance ou la valeur pure- ‘derrière, postérieur, fesses’. POSE ‘pose’ (en
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photo, en peinture ; attitude affectée), est em- issu de post ‘pilier, support’ emprunté au latin
prunté au français pose déverbal de poser. postis ‘jambage d’une porte’ (voir poste).
L’espagnol utilise aussi posturas ou posturi- POSTERGAR (‘laisser en arrière’, ‘mettre à
tas dans hacer posturas ‘prendre des poses’. l’écart, négliger’, ‘ajourner’), est emprunté au
POSO ‘lie (de vin etc.)’, ‘marc de café’ (littéra- bas latin postergare ‘laisser en arrière’, ‘né-
lement ‘ce qui se dépose’) : leer los posos del gliger’, ‘mépriser’ issu de la locution post ter-
café ‘lire dans le marc de café’. REPOSAR ‘se gum ‘par derrière, dans le dos’. Cette locution
reposer’ et ‘reposer’ (en parlant d’un mort : est formée avec post ‘en arrière’, ‘derrière’,
reposar en paz ‘reposer en paix’), du latin re- ‘depuis, puis, après’ et tergum ‘dos’.
pausare ‘calmer, apaiser’, formé avec re- à POSTERIDAD, voir postrimero.
valeur intensive. REPOSO ‘repos’ (avec aussi POSTERIOR, voir postrimero.
un emploi spécialisé en médecine où le ma- POSTIGO (‘volet’ ; ‘porte dérobée’), est issu du
lade doit absolument garder le lit : reposo ab- latin posticum ‘porte de derrière’ et ‘latrines’,
soluto ‘repos absolu’). dérivé de post ‘en arrière, derrière’.
POSE, voir posar. POSTÍN (‘pose, grands airs’, ‘chic’), est emprun-
POSEEDOR, voir poseer. té au gitan postín ‘peau’ lui-même pris à
POSEER (‘posséder’), est issu du latin possidere l’hindoustani postin ‘peau, fourrure’. De l’idée
‘occuper comme bien propre’, ‘jouir de la pos- de luxe évoquée par les peaux, les fourrures,
session de’ et ‘prendre possession de’, ‘occu- on est passé à celle d’ « élégance » et de ‘re-
per’, formé avec potis ‘maître, possesseur de’ nommée’ (un restaurante de postín ‘un res-
(voir poder) et sedere ‘être assis’, ‘siéger’. taurant chic’).
Dérivés : POSEEDOR ‘possesseur, détenteur’. POSTIZO, voir poner.
POSESIÓN ‘possession’. POSESIVO ‘possessif’, POSTOR, voir poner.
utilisé dans la terminologie grammaticale pour POSTRACIÓN, voir postrar.
désigner ce que l’on appelle aussi les adjectifs POSTRAR(SE) (‘abattre, accabler’ ; ‘abaisser,
personnels (mi, tu, su etc.). POSESIONARSE humilier’ ; ‘s’agenouiller, se prosterner’ ;
‘s’emparer’. POSESO ‘possédé’ (poseso del ‘s’affaiblir’, ‘être accablé’), est emprunté au
demonio ‘possédé du démon’). bas latin prostrare remplaçant du latin clas-
POSESIÓN, voir poseer. sique prosternere ‘coucher en avant, renver-
POSESIONARSE, voir poseer. ser, terrasser’ et, au figuré, ‘abattre, ruiner’ (au
POSESIVO, voir poseer. pronominal — se prosternere — ‘s’incliner
POSESO, voir poseer. très bas en signe de soumission’). Prosternere
POSIBILITAR, voir poder. est formé avec pro ‘en avant’ et sternere
POSIBLE, voir poder. ‘étendre’, ‘abattre’.
POSICIÓN, voir poder. Dérivés : POSTRACIÓN ‘prostration’ ; ‘proster-
POSITIVO, voir poder. nation’.
POSO, voir posar. POSTRE, voir postrimero.
POSOLOGÍA (‘posologie’), est formé avec les POSTRERO, voir postrimero.
éléments d’origine grecque logia ‘théorie, POSTRIMERO (‘dernier’), d’abord attesté sous la
étude’ et poso- de poson ‘en telle quantité’ forme postremero, est un dérivé de postremo
(neutre de l’adjectif et adverbe posos ‘de telle issu du latin postremus, a, um ‘le plus en ar-
quantité, de telle taille’). rière, le dernier’, superlatif de posterus ‘qui
POSPONER, voir poner. est après, suivant’ dérivé de post ‘après, puis,
POSTA, voir postal à l’article poner. depuis’. Sous l’influence de trasero ‘posté-
POSTAL, voir poner. rieur, situé derrière’ et des anciennes formes
POSTE (‘poteau’), est emprunté au latin postis cabero, derradero de même sens, postremo est
‘jambage d’une porte’ et ‘porte’ ; en bas latin devenu postremero. Enfin, un croisement avec
‘pieu’, ‘pilori’. primero donnera postrimero. Par ailleurs,
PÓSTER (‘poster’), est emprunté à l’anglais postremo a évolué en postrero probablement
poster ‘affiche administrative ou publicitaire’, par analogie avec primero. Les deux mots ap-
dérivé du verbe to post ‘afficher dans un lieu partiennent à la série des termes exprimant le
public, mettre en vue’. To post est lui-même rang, l’un ouvre la liste, l’autre la ferme (Pri-
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prière’, ‘donné par complaisance’ d’où ‘mal cessaire, indispensable’. L’espagnol a déve-
assuré’, ‘passager’ (qui dépend du bon vouloir loppé ce sens dans l’expression es preciso que
de qqn). Precarius est dérivé de precari ‘de- ‘il est nécessaire que, il faut que’.
mander en priant’. Dérivés : PRECISAR ‘préciser’ ; ‘avoir besoin
PRECAUCIÓN, voir cauto. de’, ‘demander, rechercher’. PRECISIÓN ‘pré-
PRECAVER(SE), voir cauto. cision’.
PRECEDER, voir ceder. PRECOCIDAD, voir precoz.
PRECEPTO (‘précepte’ ; ‘instructions, ordre’), PRECONIZAR, voir pregón.
est emprunté au latin praeceptum ‘leçon, PRECOZ (‘précoce’), est emprunté au latin prae-
règle’, ‘commandement, prescription’, dérivé cox, praecocis ‘hâtif, primeur’ (fruit, plante)
de praecipere ‘prendre le premier’ et ‘recom- et, au figuré, ‘qui vient avant le temps, préma-
mander, prescrire’, formé avec prae ‘avant’ et turé’. Praecox dérive de praecoquere ‘hâter la
capere ‘prendre’. maturité’, formé avec prae ‘avant’ et coquere
Dérivés : PRECEPTOR ‘précepteur’. ‘faire cuire’, ‘faire mûrir’.
PRECEPTOR, voir precepto. Dérivés : PRECOCIDAD ‘précocité’.
PRECES, voir imprecación. PRECURSOR, voir correr.
PRECIAR(SE), voir precio. PREDADOR (‘prédateur’), est emprunté au latin
PRECIO (‘prix’), est issu du latin pretium ‘valeur praedator ‘voleur, pilleur’ et ‘chasseur’, déri-
d’une chose’ et ‘somme versée contre une vé de praedari ‘se livrer au pillage’, tiré de
chose ou un service’, ‘récompense, salaire’ praeda ‘butin, dépouilles’.
(rapport métonymique : le même mot désigne PREDECESOR (‘prédécesseur’), est emprunté au
la valeur intrinsèque d’une chose et la somme bas latin praedecessor, formé avec prae ‘en
versée pour l’acquérir). L’origine de pretium avant’ et decessor ‘magistrat sortant’. Deces-
est incertaine. sor est dérivé de decessum, supin de decedere
Dérivés : APRECIAR ‘apprécier’. DESPRECIAR ‘s’en aller’, ‘s’éloigner’, ‘partir’ (vita dece-
‘mépriser’. PRECIAR(SE) ‘apprécier’ ; (prono- dere, littéralement ‘sortir de la vie’ d’où le
minal) ‘être content de soi, être vaniteux’, ‘se français décéder). Decedere est formé avec de
flatter de, se vanter de’. PRECIOSO ‘précieux’ ; (intensif) et cedere ‘s’en aller’.
‘ravissant, très joli’. PREDECIR, voir decir.
PRECIOSO, voir precio. PREDICACIÓN, voir predicar.
PRECIPICIO, voir precipitar(se). PREDICADO, voir predicar.
PRECIPITACIÓN, voir precipitar(se). PREDICAR (‘prêcher’ ; ‘sermonner’), est em-
PRECIPITAR(SE) (‘[se] précipiter’), est emprunté prunté au latin praedicare ‘proclamer, pu-
au latin praecipitare ‘jeter du haut d’un lieu blier’, ‘vanter’, ‘annoncer’ ; en bas latin ecclé-
élevé’, dérivé de l’adjectif praeceps, praecipi- siastique ‘enseigner une doctrine, annoncer
tis ‘la tête en avant, la tête la première’, formé l’évangile’. Praedicare est formé avec prae
avec prae ‘en avant’ et -ceps mis pour caput ‘en avant’ et dicare ‘proclamer solennelle-
‘tête’. ment’, ‘consacrer à une divinité’, verbe duratif
Dérivés : PRECIPICIO ‘précipice’, du latin correspondant à dicere.
praecipitium ‘chute d’un lieu élevé’ et Dérivés : PREDICACIÓN ‘prédication’. PREDI-
‘gouffre, abîme (dans lequel on chute)’. PRE- CADO ‘prédicat’, est emprunté au bas latin
CIPITACIÓN ‘précipitation’. praedicatum ‘chose déclarée avec force’, par-
PRECISAR, voir preciso. ticipe passé neutre substantivé de praedicare
PRECISIÓN, voir preciso. ‘proclamer, annoncer’. Praedicatum a été uti-
PRECISO (‘précis, net’ ; ‘nécessaire’), est em- lisé par les grammairiens avec le sens
prunté au latin praecisus ‘séparé de’, ‘coupé d’attribut. En linguistique, predicado désigne
de’, ‘abrupt, escarpé’ et, au figuré, ‘abrégé’. ce qui est affirmé à propos d’un autre terme.
Praecisus est tiré du participe passé de prae- Dans Juan escribió una carta al ministro,
cidere ‘couper par devant’, ‘tailler’ et, au figu- Juan est le thème de la phrase et le syntagme
ré, ‘retrancher, ôter’. Ce verbe est formé avec verbal escribió una carta al ministro est le
prae ‘devant’ et caedere ‘frapper, abattre’. prédicat (c’est-à-dire le commentaire du
Preciso signifie donc à l’origine ‘ce qui a été thème).
coupé, retranché’ : ce qui reste est donc ‘né- PREDILECTO, voir diligente.
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PREFACIO (‘préface’), est emprunté au latin prend ou que l’on reçoit avant les autres’,
praefatio, praefationis ‘action de parler ‘privilège’, ‘récompense’ et ‘prélèvement, bu-
d’abord de qqch, avant-propos, préambule’, tin’. Praemium est formé avec prae ‘avant’ et
dérivé de praefari ‘dire avant’, formé avec emere ‘prendre, recevoir’. Le mot latin prae-
prae ‘avant’ et fari ‘parler’. mium a été emprunté par l’anglais et a donné
PREFERENCIA, voir preferir. premium ‘récompense, prix’ et ‘somme payée
PREFERENTE, voir preferir. à échéance régulière par un assuré à son assu-
PREFERIR (‘préférer’), est emprunté au latin reur’. L’anglais premium est passé en français
praeferre ‘porter en avant’ et, au figuré, ‘con- sous la forme prime puis en espagnol sous la
sidérer comme meilleur, mettre en avant’, forme prima.
formé avec prae ‘avant’ et ferre ‘porter’. Dérivés : PREMIAR ‘récompenser’.
Dérivés : PREFERENCIA ‘préférence’. PREFE- PREMISA (‘prémisse’ [logique]), est emprunté au
RENTE ‘préférentiel’ (trato preferente ‘trai- latin praemissa participe passé de praemittere
tement préférentiel’ ; clase preferente ‘classe au neutre pluriel mais interprété comme un
affaire’ [avions]). féminin singulier dans praemissa sententia
PREFIGURAR, voir figura. ‘phrase, période placée devant’. Praemissa a
PREFIJO, voir fijo. été substantivé par ellipse de sententia. Prae-
PREGÓN (‘annonce publique’ ; ‘cri [des mar- mittere signifie ‘envoyer devant’, il est formé
chands]’ ; ‘ban’ [mariage]), est issu du latin avec prae ‘avant, devant’ et mittere ‘envoyer’
praeco, -onis ‘crieur public, héraut’ et (voir meter). Premisa est un terme de logique
‘chantre, panégyriste’. Praeco remonte peut- désignant chacune des deux premières propo-
être à une forme *prai-wokon avec la racine sitions d’un syllogisme.
*wek- de vocare ‘appeler’. PREMONICIÓN (‘prémonition’), est emprunté au
Dérivés : PRECONIZAR ‘préconiser’, est em- bas latin praemonitio ‘avertissement préa-
prunté au bas latin praeconizare ‘proclamer, lable’, formé avec prae ‘avant, à l’avance’ et
annoncer’ et ‘citer en justice’, dérivé de prae- monitio ‘avertissement, conseil’, lui-même dé-
co (voir plus haut). Du sens de ‘proclamer’, rivé de monitum, supin de monere ‘faire son-
‘rendre public’, on est passé à celui de ‘vanter, ger à’, ‘avertir’.
recommander chaleureusement’ puis simple- PRENDA (‘gage’), d’abord sous les formes peñ-
ment à celui de ‘recommander’. PREGONAR dra et péñora, provient du latin pignora neutre
‘crier, annoncer publiquement’, ‘crier sur tous pluriel (interprété comme un féminin singu-
les toits’, ‘claironner’ ; ‘prôner, vanter’. PRE- lier) de pignus ‘gage, garantie’.
GONERO (substantif et adjectif) ‘crieur pu- Dérivés : PIGNORAR ‘mettre en gage, enga-
blic’ ; ‘divulgateur, -trice’. ger’.
PREGONAR, voir pregón. PRENDER (‘saisir’ ; ‘arrêter, faire prisonnier’ ;
PREGONERO, voir pregón. ‘attacher, fixer’ ; ‘mettre [le feu]’), est issu du
PREGUNTA, voir preguntar. latin pr(a)ehendere syncopé en prendere en
PREGUNTAR (‘demander’), est issu du latin latin vulgaire et signifiant ‘saisir’, ‘surprendre
vulgaire *praecunctare, altération du latin sur le fait’, ‘se saisir de qqn’, ‘prendre posses-
classique percontari ‘interroger, questionner’, sion, occuper’. Pr(a)ehendere est formé avec
littéralement ‘sonder, chercher le fond de la prae ‘devant’ et d’un verbe *hendere seule-
mer ou d’un fleuve’, dérivé de contus ‘perche ment attesté en composition et signifiant ‘sai-
à ramer’ et ‘épieu, pique’. sir’. Dans l’expression prender fuego ‘mettre
Dérivés : PREGUNTA ‘question’. le feu’, le sujet primitif était fuego : prendió
PREHISTORIA, voir historia. fuego, littéralement ‘le feu a pris’, puis fuego
PREJUICIO, voir juez. est devenu complément d’objet direct.
PRELIMINAR, voir eliminar. Dérivés : APRENDER ‘apprendre’, du latin vul-
PRELUDIO, voir ilusión. gaire apprendere (classique apprehendere)
PREMATURO, voir maduro. ‘saisir par l’esprit’. APRENDIZ ‘apprenti’, est
PREMEDITAR, voir meditar. emprunté à l’ancien français aprentiz qui est
PREMIAR, voir premio. soit un dérivé de apprendre, soit une évolution
PREMIO (‘prix, récompense’), est emprunté au à partir du latin vulgaire apprenditicium mis
latin praemium, littéralement ‘ce que l’on pour apprenditum (du verbe apprendere).
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‘suspendue’). L’acception familière ‘bosser, PRO (‘profit’, ‘faveur’), est issu du bas latin
trimer’ vient du fait que le travail est assimilé *prode ‘utile’, tiré de prodest ‘il est utile’ ou
à une torture, celle qui consistait à faire couler de proficit de même sens, formes mal interpré-
des gouttes de résine ou de poix sur les plaies tées et découpées en prode est ou prode facit.
d’un supplicié. Prodest est la 3e personne du présent de
PRIORIDAD, voir primo. l’indicatif du verbe prodesse c’est-à-dire pro +
PRISA (‘hâte’), est issu du latin pressus, a, um, esse (prod- devant une voyelle) ‘être pour’,
participe passé substantivé au féminin de pre- ‘être en faveur de’, ‘être utile à’.
mere ‘presser, serrer’. En espagnol le sens Dérivés : PROEZA ‘prouesse’, est probable-
primitif a été ‘groupe de personnes serrées, ment emprunté à l’ancien français proece dé-
oppressées et en proie à l’agitation’ puis rivé de preux ‘vaillant’ issu du latin *prodis
‘alarme’ et enfin, dans la langue moderne, tiré de *prode ‘utile’. En vieux français,
‘hâte, promptitude’. l’adjectif preux qualifie quelque chose d’utile.
Dérivés : APRESURAR(SE) ‘(se) presser, (se) Sur le plan humain, il désigne un être de quali-
hâter’, est dérivé de l’ancienne forme presura té (un preux chevalier) dont le comportement
‘gêne, oppression, angoisse’, issue du latin (les prouesses) sert de modèle et qui est donc
pressura ‘action de presser’ (dérivé de pre- utile à la société dans laquelle il vit.
mere ‘presser, serrer’). PRESUROSO ‘pressé’, PROA (‘proue’), est issu du latin prora de même
est aussi un dérivé de presura (voir ci-dessus sens (prora > proda par dissimilation > proa).
apresurarse). A PRISA / DE PRISA ‘en hâte, Le mot latin est lui-même pris au grec prôira
vite’. de même sens. Mascarón de proa ‘figure de
PRISIÓN, voir prender. proue’ (au figuré).
PRISIONERO, voir prender. PROBABILIDAD, voir probar.
PRISMA (‘prisme’), est emprunté au bas latin PROBABLE, voir probar.
prisma lui-même pris au grec prisma, prisma- PROBAR (‘éprouver, mettre à l’épreuve’ ; ‘prou-
tos ‘sciure, morceau’, ‘débris de bois scié’ et, ver’ ; ‘essayer’ ; ‘goûter’), est issu du latin
en géométrie chez Euclide, ‘polyèdre à pans probare ‘trouver bon, approuver’, ‘mettre à
coupés réguliers’ (dérivé de priein ‘scier’ et l’épreuve, vérifier’ d’où ‘rendre croyable, dé-
‘trépaner’). Le mot est passé de la géométrie à montrer’, dérivé de probus ‘qui pousse bien
l’optique au XVIIe siècle (voir les choses à droit’, ‘de bonne qualité’ et, au figuré, ‘bon,
travers un prisme). honnête, probe’.
PRIVACIÓN, voir privar. Dérivés : APROBAR ‘approuver’. COMPROBAR
PRIVADO, voir privar. ‘vérifier’, ‘constater’, ‘contrôler’. PROBABILI-
PRIVAR (‘priver’), est emprunté au latin privare DAD ‘probabilité’, emprunté au latin probabili-
‘mettre à part, écarter de, ôter de’ et ‘dépouil- tas ‘chance qu’une chose a d’être vraie’
ler’, ‘empêcher’. Privare est dérivé de privus (cálculo de probabilidades ‘calcul des pro-
littéralement ‘qui est isolé en avant’ d’où ‘mis babilités’). PROBABLE ‘probable’ et ‘prou-
à part’ et ‘particulier, propre à chacun, spé- vable’. Contrairement à l’idée de possibilité,
cial’. Privus est formé à partir d’un radical l’idée de probabilité implique que les chances
pri- signifiant ‘en avant, d’avant’, ‘situation en d’être sont plus grandes que les chances de ne
avant’ (voir prioridad à l’article primo). pas être : il est probable qu’il viendra (littéra-
Dérivés : PRIVACIÓN ‘privation’. PRIVADO lement ‘il y a des preuves qui permettent de
(adjectif) ‘privé’ ; (substantif) ‘familier, favo- penser qu’il viendra’). En espagnol, le sub-
ri’ (du roi), du latin privatus ‘particulier, jonctif est de rigueur dans es probable que
propre, individuel’, dérivé de privus (voir pri- venga. En revanche, l’adverbe probable-
var). PRIVATIVO ‘privatif’, utilisé en gram- mente se comporte comme tal vez, quizás,
maire pour désigner les préfixes du type de- acaso : probablemente serán las doce / pro-
ou des- (deformar, deshacer). PRIVILEGIO bablemente sean las doce (voir à ce sujet, M.
‘privilège’, est emprunté au latin privilegium Molho, Sistemática del verbo español, Gredos,
‘loi exceptionnelle prise en faveur d’un parti- tome 2, p. 370). PROBETA ‘éprouvette’, dimi-
culier’, ‘avantage, faveur’, formé avec privus nutif de prueba ‘preuve, épreuve, essai’ (tube
‘particulier’ et lex ‘loi’. permettant d’éprouver la qualité d’une subs-
tance, ‘tube à essais’). Bebé probeta ‘bébé-
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PRÓRROGA, voir rogar. être formé avec pro ‘pour, en faveur de’ et
PRORRUMPIR, voir romper. sperare ‘attendre qqch de favorable’.
PROSA (‘prose’), est emprunté au latin impérial Dérivés : PROSPERIDAD ‘prospérité’.
prosa ‘forme de discours non régie par les lois PRÓSTATA, voir estático.
de la versification’. Prosa est la substantiva- PROSTERNARSE (‘se prosterner’), est emprunté,
tion au féminin de l’adjectif prosus, a, um ‘qui par l’intermédiaire du français se prosterner,
va en ligne droite’ (prosa oratio, littéralement au latin prosternere ‘coucher en avant, renver-
‘discours droit, linéaire’ c’est-à-dire ne prati- ser, terrasser’ et ‘abattre, ruiner’. La forme
quant pas les inversions caractéristiques du pronominale — se prosternere — signifiait
langage poétique). Prosus vient de l’altération ‘s’incliner très bas en signe de respect’. Pros-
de prorsus ‘tourné en ligne droite’ et ‘en ternere est formé avec pro ‘en avant’ et ster-
prose’ (formé avec pro ‘en avant’ et vorsus ou nere ‘étendre, abattre, terrasser’.
versus ‘tourné’, participe passé de vertere ‘se PROSTÍBULO (‘maison de tolérance’), est issu
diriger, tourner vers’. Voir verter). du latin prostibulum ‘prostitué(e)’ et ‘lieu de
Dérivés : PROSAICO ‘prosaïque’. prostitution’, dérivé de prostare ‘se tenir ex-
PROSAICO, voir prosa. posé aux regards du public, se mettre en vue’,
PROSECUCIÓN, voir seguir. formé avec pro ‘en avant’ et stare ‘être de-
PROSEGUIR, voir seguir. bout, se tenir’.
PROSELITISMO, voir prosélito. PROSTITUCIÓN, voir prostituir.
PROSÉLITO (‘prosélyte’), est emprunté au bas PROSTITUIR (‘prostituer’), est emprunté au latin
latin ecclésiastique proselytus ‘païen converti prostituere ‘placer devant, exposer aux yeux’
au judaïsme’ et ‘étranger’, lui-même pris au et ‘livrer à des activités sexuelles par intérêt’,
grec prosêlutos ‘nouveau venu’ et ‘étranger ‘dégrader, souiller’. Prostituere est formé avec
établi dans un pays’ (du verbe proserkhestai pro ‘devant’ et statuere ‘placer, poser’.
formé avec pros ‘vers’ et erkhestai ‘aller, ve- Dérivés : PROSTITUCIÓN ‘prostitution’. PROS-
nir’). TITUTA ‘prostituée’, du latin prostitutus, a, um
Dérivés : PROSELITISMO ‘prosélytisme’. Se dit de même sens, participe passé substantivé au
d’une personne convertie à une religion ou ac- féminin de prostituere.
quise à une opinion, une théorie et qui essaie PROSTITUTA, voir prostituir.
de faire des adeptes. PROTAGONISMO, voir protagonista.
PROSODIA, voir oda. PROTAGONISTA (‘protagoniste’ ; ‘personnage’,
PROSPECCIÓN (‘prospection’), est emprunté à ‘héros’, ‘acteur principal’), est emprunté au
l’anglais prospection de même sens, dérivé de grec prôtagônistês littéralement ‘celui qui
to prospect ‘prospecter’ lui-même issu du combat au premier rang’ et ‘acteur chargé du
substantif prospect ‘sondage minier’ (époque rôle principal’. Le mot grec est formé avec
de la ruée vers l’or en Amérique du Nord). prôto- ‘le premier’ et agônistês ‘athlète’ et
L’anglais prospect est lui-même issu du latin ‘homme qui lutte par la parole ou par l’action’
prospectus ‘action de regarder devant, au (dérivé de agônizesthai ‘lutter’, voir agonía).
loin’. Voir prospecto. Dérivés : PROTAGONISMO, néologisme relati-
PROSPECTO (‘prospectus’ ; ‘notice explica- vement récent utilisé par exemple dans prota-
tive’), est emprunté au latin prospectus ‘action gonismo estatal ‘intervention, rôle de l’État’.
de regarder devant, au loin’ et ‘vue, perspec- PROTAGONIZAR ‘jouer’ (théâtre, cinéma).
tive’, issu de prospicere ‘regarder au loin, en Dans la langue actuelle, ce verbe est très fré-
avant’, formé avec pro ‘devant’ et specere quemment utilisé en dehors de son aire
‘regarder’ (voir espejo et espectáculo). Pros- d’emploi d’origine : protagonizar un en-
pecto a pris le sens d’ « annonce publicitaire » cuentro / un incidente ‘participer à une ren-
donnant en quelque sorte une vue d’ensemble contre’ / ‘être l’auteur d’un incident’ (littéra-
sur tel ou tel produit, service etc. lement ‘jouer un rôle dans’).
PROSPERIDAD, voir próspero. PROTAGONIZAR, voir protagonista.
PRÓSPERO (‘prospère’), est issu du latin prospe- PROTEGER, voir techo.
rus ‘qui répond aux espérances’, ‘qui est pro- PROTEÍNA (‘protéine’), est dérivé du grec prô-
pice, favorable’, ‘fortuné, heureux’. L’origine teios ‘qui occupe le premier rang’, ‘de pre-
de prosperus est incertaine. Le mot est peut- mière qualité’, tiré de prôtos ‘premier’. Le
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terme a été créé par le chimiste suédois Berze- Dérivés : PROVINCIAL ‘provincial’ a des em-
lius en 1838. Les protéines sont ainsi nom- plois plus spécialisés que provinciano (dipu-
mées car ce sont des molécules qui occupent tación provincial ‘conseil général’). PROVIN-
une place essentielle dans la constitution des CIANO ‘provincial’, ‘habitant de la province’.
êtres vivants. PROVINCIAL, voir provincia.
PRÓTESIS, voir tesis. PROVINCIANO, voir provincia.
PROTESTAR, voir testigo. PROVISIÓN, voir ver.
PROTOCOLO (‘protocole’), est emprunté au latin PROVISIONAL, voir ver.
juridique protocollum ‘feuille collée (en pre- PROVOCAR, voir voz.
mier) sur les chartes et portant des indications PROXENETA, voir xenofobia.
qui les authentifient’, d’où ‘acte, document PRÓXIMO (‘proche’, ‘prochain’), est issu du
original’. Ce mot est emprunté au grec prôto- latin proximus ‘le plus proche’, superlatif cor-
kollon, littéralement ‘ce qui est collé en pre- respondant à prope ‘près’. En espagnol,
mier’, formé avec prôto- ‘premier’ et kolla proximus a donné aussi prójimo ‘prochain’
‘colle, gomme’. Protocolo a d’abord désigné dans amar al prójimo ‘aimer son prochain’.
le registre sur lequel un notaire consignait les Dérivés : APROXIMACIÓN ‘approximation’, du
minutes, le détail d’un acte puis il a pris le latin médiéval approximatio qui désignait le
sens de ‘recueil de formules prescrites pour la fait de rapprocher deux éléments disjoints et,
rédaction des actes officiels’. Dans la langue en particulier, deux os cassés. APROXIMAR(SE)
moderne, protocolo désigne un ensemble de ‘(s’) approcher’.
règles à observer en matière de préséance, PROYECTAR (‘projeter’ ; ‘projeter, envisager’),
d’étiquette dans les cérémonies officielles. est issu du latin projectare, fréquentatif (inten-
Plus récemment encore, ce mot s’applique à sif) de projicere ‘jeter en avant’, ‘jeter au-
un ensemble d’opérations scientifiques qu’il dehors, expulser’, formé avec pro ‘en avant’ et
convient d’effectuer dans un certain ordre etc. -jicere mis pour jacere ‘jeter’.
(protocole thérapeutique). Dérivés : PROYECTIL ‘projectile’. PROYECTO
PROTOTIPO, voir tipo. ‘projet’.
PROVECHO (‘profit’), est issu du latin profectus PROYECTIL, voir proyectar.
‘avancement, progrès’ et ‘succès’, dérivé de PROYECTO, voir proyectar.
proficere ‘avancer’, ‘pousser, croître’, ‘faire PRUDENCIA, voir prudente.
des progrès’, ‘obtenir des résultats ou des PRUDENTE (‘prudent’), est emprunté au latin
gains’. Proficere est formé avec pro ‘en avant’ prudens, prudentis ‘qui prévoit, qui sait
et -ficere c’est-à-dire facere ‘faire’. d’avance’ et ‘réfléchi, avisé’, dérivé de provi-
Dérivés : APROVECHAR(SE) ‘profiter de’, dens ‘prévoyant’, ‘sage, réfléchi, précaution-
‘mettre à profit’, ‘tirer parti’. neux’. Providens est le participe présent adjec-
PROVEEDOR, voir ver. tivé de providere ‘voir en avant, devant’, ‘pré-
PROVEER, voir ver. voir’, formé avec pro ‘en avant, devant’ et vi-
PROVENIR, voir venir. dere ‘voir’.
PROVERBIO, voir verbo. Dérivés : PRUDENCIA ‘prudence’.
PROVIDENCIA, voir ver. PRUEBA, voir probar.
PROVINCIA (‘province’) est emprunté au latin PSEUDO, voir seudo-.
provincia ‘charge confiée à un magistrat’ et PSICO-, premier élément entrant dans la forma-
‘domaine, lieu où s’exerce son activité’ d’où tion de mots composés et tiré du grec
‘circonscription territoriale gouvernée par un psukh(o)- issu de psukhê ‘souffle, respiration,
proconsul’ puis ‘administration d’un territoire haleine’ et ‘force vitale, vie’, ‘âme des êtres
conquis’. Par extension, provincia désignera vivants’ (voir aussi espíritu ‘souffle’ et ‘es-
un ‘territoire conquis’ puis simplement une prit’ dans l’article espirar). Psukhê est à ratta-
‘région’, un ‘pays’. L’origine de ce mot n’est cher à la racine indoeuropéenne *bhes- ‘souf-
pas bien établie. En français, provincia a don- fler’. De très nombreux mots du vocabulaire
né province mais aussi Provence qui fut l’une scientifique en rapport avec le psychisme, la
des premières circonscriptions territoriales psychologie sont construits avec cet élément
établies par les Romains en Gaule. préfixal qui est très souvent simplifié en S- :
PSICOANÁLISIS (ou sicoanálisis) ‘psychana-
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lyse’ ; PSICOLOGÍA ‘psychologie’ ; PSICÓPATA ‘dont on doit rougir, honteux, infamant’. PU-
‘psychopathe’ ; PSIQUISMO ‘psychisme’. DIBUNDO ‘pudibond’.
PSICOANÁLISIS / SICOANÁLISIS, voir psico-. PUDRIR / PODRIR (‘pourrir’), est issu d’un latin
PSICOLOGÍA, voir psico-. vulgaire *putrire altération du latin classique
PSICÓPATA, voir psico-. putrescere (ou putrere) ‘être corrompu’, ‘être
PSICOSOMÁTICO, voir somático. en ruine’, dérivé de puter, putris ‘qui se dé-
PSIQUISMO, voir psico-. compose, se gâte’, ‘délabré’.
PÚA (‘pointe’, ‘piquant’), n’est pas d’origine bien Dérivés : PODREDUMBRE ‘pourriture, putréfac-
établie. On postule une forme *puga com- tion’. PUTREFACCIÓN ‘putréfaction’.
mune au portugais, au catalan, à l’espagnol et PUEBLO (‘ville’, ‘village’ ; ‘peuple’), est issu du
à l’occitan et apparentée au latin pungere ‘pi- latin populus ‘ensemble des habitants d’un état
quer’. ou d’une ville’, mot dont l’origine n’est pas
PÚBER, A, voir pubis. bien établie.
PUBERTAD, voir pubis. Dérivés : DESPOBLACIÓN ‘dépeuplement, dé-
PUBIS (‘pubis’), est emprunté au latin pubis (latin population’ (despoblación del campo / éxodo
classique pubes) ‘poil qui caractérise la puber- rural ‘exode rural’, ‘dépeuplement des cam-
té’ et, par métonymie, ‘endroit du corps qui se pagnes’ ; despoblación forestal ‘déboise-
couvre de poil’. Ce mot désignait aussi collec- ment’). POBLACIÓN ‘ville, localité, aggloméra-
tivement la population mâle en âge de porter tion’, ‘population’ (población activa ‘popula-
les armes ou de prendre part aux décisions im- tion active’ ; población de riesgo ‘population
portantes, dans une assemblée. L’origine de à risque’) ; ‘peuplement’. POBLAR ‘peupler’.
pubis est incertaine (peut-être du sanskrit POPULAR ‘populaire’, du latin popularis ‘du
pumán ‘homme’). peuple’, ‘dévoué au peuple’, ‘aimé du peuple’,
Dérivés : PÚBER, A ‘pubère’. PUBERTAD ‘pu- dérivé de populus.
berté’. PUENTE (‘pont’), est issu du latin pons, pontis de
PUBLICAR, voir público. même sens d’origine celtique. Espagnol mo-
PUBLICIDAD, voir público. derne : crédito puente ‘crédit relais’.
PÚBLICO, A (‘public’), est emprunté au latin Dérivés : PONTÍFICE ‘pontife’ (sumo
publicus, a, um ‘qui concerne le peuple’, ‘qui pontífice ‘souverain pontife’), est emprunté au
appartient à l’État’, ‘de propriété ou d’usage latin pontifex ‘prêtre chargé de la jurispru-
commun’ d’où ‘commun à tous’. L’origine de dence religieuse’. Pontifex signifierait littéra-
publicus est incertaine. On évoque un croise- lement ‘faiseur de ponts’. L’apparition de ces
ment entre *pubicus (non attesté) dérivé de prêtres serait liée à la construction du pont Su-
pubes avec le sens collectif de ‘population blicius sur le Tibre. Il est fort possible que
mâle en âge de porter les armes et de prendre l’interprétation de pontifex en ‘faiseur de
part aux décisions importantes’ (voir pubis) et ponts’ ne soit qu’une étymologie populaire car
poplicus, adjectif tiré de populus ‘peuple’. on ne voit pas quel est le rapport exact avec la
Dérivés : PUBLICAR ‘publier’. PUBLICIDAD fonction de ces prêtres. Le mot pontífice est
‘publicité’, apparu vers 1570 avec le sens d’ passé dans la langue de l’église catholique où
« action de porter à la connaissance d’autrui ». il désigne aujourd’hui le pape.
Au XIXe siècle, le mot prendra la valeur que PUERCO (‘porc’), est emprunté au latin porcus
nous lui connaissons aujourd’hui (publicité à ‘porc domestique’ (au féminin porcus femina),
des fins commerciales). ‘marsouin’ (porcus marinus) et ‘parties
PUDENDO, A, voir pudor. sexuelles de la femme’ (voir aussi porcelana,
PUDIBUNDO, voir pudor. littéralement ‘coquillage en forme de vulve de
PUDOR (‘pudeur’), est emprunté au latin pudor, truie’). Le latin porcus était le correspondant
pudoris ‘sentiment de honte, de retenue, de du grec khoiros ‘cochon’ et ‘sexe de la
délicatesse’, ‘sentiment moral, honneur’, déri- femme’.
vé de pudere ‘avoir honte’, ‘causer de la Dérivés : POCILGA ‘porcherie’, est d’origine
honte’ dont l’origine n’est pas bien établie. incertaine (peut-être de *porcicula issu du
Dérivés : IMPUDENCIA ‘impudence’. PUDEN- croisement de porcile et de corticula de même
DO, A ‘honteux’ (dans partes pudendas ‘par- sens). PORCINO ‘porcin’. PORQUERÍA ‘co-
ties naturelles / honteuses’), du latin pudendus chonnerie, saleté’.
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PUERIL (‘puéril’), est emprunté au latin puerilis / ‘dès l’instant où’ → ‘étant donné que’ (du
‘enfantin’, ‘irréfléchi’, dérivé de puer ‘enfant’. sens temporel au sens causal).
Puer se situait entre infans ‘enfant qui ne parle Dérivés : DESPUÉS ‘après’, est probablement
pas encore’ et adolescens ‘homme jeune’ une altération, sous l’influence de desde ou de
(adolescent). Voir infancia et adolescente. desque, de l’ancienne forme depués issue du
Puer appartient à une famille de mots issus latin depost formé avec de renforçant le mot
d’une racine indoeuropéenne *peu- ‘petit post et marquant l’éloignement à partir d’un
d’animal’, ‘enfant’ (latin pullus ‘petit point d’origine (depost signifie littéralement ‘à
d’animal’, ‘poulet’ ; espagnol pollo). partir de et ensuite’). En portugais depois, en
PUERTA (‘porte’), est issu du latin porta ‘pas- français depuis.
sage’, ‘ouverture aménagée permettant le pas- PUESTA, voir poner.
sage’ et, en particulier, ‘porte d’une ville’. PUESTO, voir poner.
Voir aussi puerto issu de portus doublet mas- PUGNAR, voir puño.
culin de porta. PUJAR (‘surenchérir, faire monter les enchères’),
Dérivés : PORTADA ‘couverture’ (d’une revue, est emprunté au catalan pujar ‘monter’ issu du
d’un magazine). PORTERO ‘concierge’ ; ‘gar- latin vulgaire *podiare dérivé de podium
dien de but’. PÓRTICO ‘portique’ ; ‘porche’, ‘monticule, mamelon’.
du latin porticus ‘galerie couverte’. PULCRITUD, voir pulcro.
PUERTO (‘port’ ; ‘col’ [de montagne]), est em- PULCRO (‘propre, soigné’), est emprunté au latin
prunté au latin portus ‘passage’ d’où pulcher ‘beau’, ‘glorieux, noble’.
l’espagnol puerto ‘col, passage entre deux Dérivés : PULCRITUD ‘soin’ ; ‘propreté’.
montagnes’, le portugais porto de même sens PULCHINELA, voir pollo.
et le français port dans le nom de la ville de PULGA (‘puce’), est probablement issu d’une
Saint Jean-Pied-de-Port dans le pays basque forme de latin vulgaire *pulica variante du la-
(littéralement ‘au pied d’une route menant à tin classique pulex, pulicis de même sens. Une
un col’). Le latin portus désignait aussi une puce électronique se dit chip, voir ce mot.
porte de même que porta (voir puerta). Por- Dérivés : ESPULGAR ‘épouiller’.
tus s’est spécialisé pour désigner l’entrée d’un PULGAR (‘pouce’), est issu du latin pollicaris ‘de
abri aménagé pour les bateaux d’où ‘entrée la longueur d’un pouce’ (unité de mesure), dé-
d’un port’ et ‘le port’ lui-même. Portus appar- rivé de pollex ‘pouce’. J. Corominas pense que
tient à une famille de mots remontant à une le u de pulgar s’explique par l’influence de
racine indoeuropéenne *per- ‘traverser’. pulga ‘puce’, insecte que l’on écrase précisé-
Dérivés : OPORTUNIDAD ‘occasion’ ; ‘oppor- ment avec l’ongle du pouce.
tunité’. OPORTUNO ‘opportun’, du latin oppor- PULIR (‘polir’ ; ‘mettre la dernière touche à’), est
tunus, littéralement ‘qui pousse vers le port’ issu du latin polire ‘aplanir, égaliser (un ob-
(ob ‘vers’). Opportunus se disait du vent qui jet)’ et, plus spécialement, ‘mettre un enduit’,
permettait aux navires d’arriver plus vite au ‘fourbir les métaux’, ‘fouler le drap’ ; au figu-
port d’où le sens figuré de ‘qui tombe à point’, ré ‘perfectionner, orner’. Polire, dont le sens
‘qui vient à propos’. primitif serait ‘frapper la laine ou une étoffe
PUES (‘donc’ ; ‘eh bien !’ ; ‘car, puisque’), est pour l’apprêter’, se rattache peut-être à une ra-
issu du latin post ‘après, ensuite’, ‘depuis’. En cine germanique *felt (d’où feutre en fran-
espagnol, la particule pues a une valeur con- çais).
sécutive car elle exprime ce qui vient après : PULMÓN (‘poumon’), est emprunté au latin
no tengo ganas de comer, pues no comas ‘je pulmo ‘poumon’ et, par analogie de forme ou
n’ai pas envie de manger. Eh bien, ne mange d’aspect, ‘mollusque’, ‘méduse’ (pulmo mari-
pas !’ Elle permet aussi d’instituer un rapport nus), peut-être emprunté au grec pleumôn de
de cause à effet : no pude decirlo pues yo même sens.
mismo no lo sabía ‘je n’ai pas pu le dire car Dérivés : PULMONÍA ‘pneumonie’.
je ne le savais pas moi-même’. La conjonction PULMONÍA, voir pulmón.
française puisque — formée avec post + PULPA (‘pulpe’), est emprunté au latin pulpa
que — a suivi la même évolution sémantique : ‘partie maigre de la viande, chair’, ‘partie
‘après que’ / ‘depuis que’ → ‘du moment que’ tendre du bois’, ‘pulpe des fruits’ d’origine in-
connue.
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PULPO (‘poulpe, pieuvre’), est emprunté au latin une piqûre’, ‘ouverture dans une conduite
polypus ‘tumeur du nez’, ‘polype’ et ‘espèce d’eau’, ‘point’ (signe de ponctuation), ‘petite
de mollusque’. Polypus est pris au grec polu- tache, coupure’, ‘point mathématique’ (en
pous littéralement ‘à plusieurs pieds’ appliqué géométrie, la plus petite portion d’espace con-
à la pieuvre avec ses tentacules ou à une ex- cevable). Le français se sert de cette dernière
croissance de chair, un polype fixé aux tissus acception (espace infime) pour renforcer la
par des pieds. Polupous est formé avec polu négation ne : je ne dis point que... Le substan-
‘nombreux’ et pous ‘pied’. tif punctum est dérivé du supin (punctum) du
PULQUE (‘pulque’), est peut-être issu du nahualt verbe pungere ‘piquer’.
puliuhqui ‘décomposé’ car cette boisson al- Dérivés : PUNCIÓN ‘ponction’. PUNTILLO
coolisée fabriquée au Mexique avec le suc de ‘point d’honneur’ (littéralement ‘point de dé-
certains agaves (le maguey) fermente très vite. tail auquel s’attache celui qui est obsédé par
PULSAR, voir pulso. son honneur’). PUNTILLOSO ‘pointilleux’.
PULSERA, voir pulso. PUNTUACIÓN ‘ponctuation’. PUNTUAR ‘ponc-
PULSO (‘pouls’ ; ‘force’ [des poignets] ; ‘bras de tuer’, est emprunté au latin médiéval punc-
fer’), est emprunté au latin pulsus ‘impulsion’, tuare ‘mettre des signes de ponctuation’, déri-
‘choc’ utilisé en particulier dans le vocabulaire vé de punctum. PUNTUAL ‘ponctuel’, est em-
médical (pulsus arteriarum ‘battement des ar- prunté au latin médiéval punctualis ‘qui va à
tères’). Pulsus vient de pellere ‘pousser’. En un point’ (en géométrie) d’où ‘précis, exact’
espagnol moderne, pulso est employé au figu- (hombre puntual ‘homme ponctuel’, ‘qui ar-
ré avec le sens de ‘bras de fer’, ‘épreuve de rive exactement à l’heure’). PUNTUALIZAR
force’ (entre syndicats et patrons, avec le gou- ‘préciser’ ; ‘raconter en détail’ ; ‘mettre la
vernement etc.). dernière main à, mettre au point’. PUNZAR ‘pi-
Dérivés : PULSAR ‘appuyer sur’ (un bouton) ; quer’ ; ‘lanciner, élancer’, ‘tourmenter’, est is-
‘jouer (d’un instrument de musique)’ ; su d’un verbe *punctiare ‘piquer’, formé sur
‘prendre le pouls’ ; (figuré) ‘sonder, prendre le punctum , supin de pungere ‘piquer’ et ‘faire
pouls (de l’opinion publique)’. PULSERA ‘bra- souffrir’.
celet’. PUNTUACIÓN, voir punto.
PULVERIZAR, voir polvo. PUNTUAL, voir punto.
PUMA (‘puma’), est emprunté au quichua puma PUNTUALIZAR, voir punto.
de même sens. PUNTUAR, voir punto.
PUNCIÓN, voir punto. PUNZAR, voir punto.
PUNIR, voir impune. PUÑADO, voir puño.
PUNITIVO, voir impune. PUÑAL, voir puño.
PUNTA (‘pointe’), est issu du bas latin puncta PUÑO (‘poing’), est issu du latin pugnus ‘main
‘estocade’, féminin substantivé de punctus, fermée’ et, par métonymie, ‘contenu d’un
participe passé de pungere ‘piquer’ et ‘faire poing’ d’où ‘poignée’. Pugnus remonte pro-
souffrir’. bablement à une racine indoeuropéenne
Dérivés : APUNTAR ‘pointer, braquer, viser’ ; *peug- ‘frapper’ (le poing représente l’image
‘aiguiser, tailler (un crayon)’ ; ‘marquer, no- de la force).
ter’ (littéralement ‘pointer son crayon sur la Dérivés : EMPUÑAR ‘empoigner’. IMPUGNAR
page’). APUNTE ‘annotation, note’. DE PUN- ‘attaquer, combattre’ ; ‘contester, réfuter’.
TILLAS ‘sur la pointe des pieds’. PUNTAPIÉ Voir ci-après pugnar. PUGNAR ‘lutter, com-
(contraction de punta de pie) ‘coup de pied’. battre’, du latin pugnare ‘combattre à coups de
PUNTERÍA ‘pointage, visée’ (d’une arme) ; poing’ puis, par extension, ‘combattre’. PUÑA-
‘tir’ ; ‘adresse, précision’. DO ‘poignée’. PUÑAL ‘poignard’, d’un latin
PUNTAPIÉ, voir punta. vulgaire *pugnalis ‘que l’on manie avec le
PUNTERÍA, voir punta. poing’, dérivé de pugnus. En vieil espagnol,
PUNTILLAS (DE), voir punta. puñal a d’abord été un adjectif signifiant
PUNTILLO, voir punto. ‘grand comme le poing’ ou ‘que l’on manie
PUNTILLOSO, voir punto. avec le poing’ avant de devenir substantif par
PUNTO (‘point’), est issu du latin punctum ‘ac- ellipse de cuchillo dans cuchillo puñal. REPU-
tion de piquer, piqûre’ et ‘petit trou fait par GNAR ‘répugner’, du latin repugnare ‘résister’,
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‘lutter contre’, ‘être incompatible avec’, formé et donc ‘réduire en purée’. Purer est issu du
avec re- marquant le mouvement en arrière, bas latin purare ‘rendre pur’. PUREZA ‘pureté’.
l’opposition, le rejet. PURGATORIO ‘purgatoire’, est emprunté au la-
PUPILA (‘pupille’ [de l’œil] ; ‘pupille’ [orphe- tin ecclésiastique médiéval purgatorius, subs-
line]), est emprunté au latin pupilla ‘petite tantivation de l’adjectif purgatorius ‘qui
fille’, ‘petite poupée’ et ‘prunelle’ en raison purge’ et ‘qui purifie l’âme’, dérivé de purga-
des images en miniature qui se reflètent dans tor ‘celui qui nettoie, qui purifie’, lui-même
la pupille de l’œil. Pupilla est le diminutif de issu de purgare ‘nettoyer’. PURGAR ‘purger’,
pupa ou puppa ‘petite fille, poupée’. En espa- du latin purgare ‘nettoyer’, en médecine ‘dé-
gnol, pupila est le terme scientifique. Dans barrasser’ (le corps de ses impuretés) et en
l’emploi courant, on lui préfère la niña del droit ‘expier’ (purger une peine), dérivé de
ojo où l’on retrouve la même comparaison, lit- purus. PURIFICAR ‘purifier’. PURITANO ‘puri-
téralement ‘la petite fille de l’œil’. Par ail- tain’, est emprunté à l’anglais Puritan dérivé
leurs, le latin juridique pupillus / pupilla dési- de purity ‘pureté’ lui-même pris au latin puri-
gnait des enfants mineurs et plus spécialement tas de même sens. Puritan désigna à l’origine
des orphelins placés sous la garde d’un tuteur les calvinistes anglais attachés à la pureté du
(en espagnol pupilo et pupila ‘pupille’). dogme.
PUPILO, voir pupila. PÚRPURA (‘pourpre’), est emprunté au latin
PURÉ, voir puro. purpura ‘coquillage (murex)’ et, par métony-
PUREZA, voir puro. mies successives, ‘teinture rouge (tirée du co-
PURGAR, voir puro. quillage)’, ‘étoffe (teinte de cette couleur)’.
PURGATORIO, voir puro. Purpura est lui-même pris au grec porphura
PURIFICAR, voir puro. ‘coquillage’.
PURITANO, voir puro. PURULENTO, voir pus.
PURO (‘pur’), est issu du latin purus ‘sans tache, PUS (‘pus’), est emprunté au latin pus, puris de
sans souillure’ et ‘net, sans mélange, exempt même sens, employé comme terme d’injure et
de’, adjectif appartenant à la langue religieuse. se rattachant à une racine indoeuropéenne si-
Dérivés : APURAR ‘épurer’ ; ‘purifier’ ; ‘aller gnifiant ‘pourrir’.
jusqu’au bout’ d’où ‘épuiser, finir’ et ‘pousser Dérivés : PURULENTO ‘purulent’. SUPURAR
à bout, épuiser’, ‘harceler, presser’. L’idée de ‘suppurer’.
purifier implique une notion de perfection, PUSILÁNIME (‘pusillanime’), est emprunté au
d’achèvement, c’est ce qui explique le sens bas latin chrétien pusillanimis littéralement
pris par apurar (‘aller jusqu’au bout’) et les ‘faible en courage’, formé avec pusillus ‘tout
sens dérivés (apurar un vaso ‘finir son petit’ diminutif de pusus ‘petit garçon’ (dérivé
verre’ ; apurar la paciencia ‘épuiser la pa- de puer ‘enfant’) et animus ‘esprit, âme’,
tience’). APURO ‘gêne, embarras, mauvais ‘courage’.
pas’, ‘difficulté’ (estar en un apuro ‘être dans PÚSTULA (‘pustule’), est emprunté au latin
l’embarras’). DEPURACIÓN ‘épuration’. DEPU- pustula ‘ampoule, bouton purulent’, et ‘bulle,
RAR ‘épurer’ (au propre et au figuré), du latin bouillon’, dérivé de pus, puris ‘humeur, pus’.
depurare ‘rendre pur’, formé avec le préverbe PUTA (‘putain’), est issu — probablement par
de- à valeur intensive (depurar la adminis- l’intermédiaire de l’ancien provençal puta —
tración, un partido, c’est-à-dire éliminer les de l’adjectif latin putidus, a, um ‘pourri, gâté,
éléments jugés dangereux). Depurar signifie puant’, dérivé de putere ‘pourrir, se cor-
aussi ‘réhabiliter, rétablir qqn dans ses fonc- rompre’ (français puer). Puta, littéralement
tions’ c’est-à-dire restaurer son image, lui ‘puante’, s’est appliqué aux femmes de mau-
rendre en quelque sorte sa ‘pureté’ originelle, vaise vie. En Amérique latine, le masculin pu-
le laver de tout soupçon. EXPURGAR ‘expur- to signifie ‘pédé’.
ger’, voir plus bas purgar. PURÉ ‘purée’, est PUTATIVO, voir imputar.
emprunté au français purée, participe passé PUTO, voir puta.
substantivé au féminin de l’ancien verbe purer PUTREFACCIÓN ,voir pudrir.
‘purifier, nettoyer’ et ‘cribler’, en particulier, PYME(S), représente la siglaison de Pequeña(s) y
‘faire s’écouler l’eau des pois, des fèves mis à Mediana(s) Empresa(s), l’équivalent de nos
tremper’ d’où ‘presser pour faire sortir le jus’ PME.
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tê ousia formé avec pemptê ‘cinquième’ (de tative ¿ qui sabe ? (‘qui sait ?’) devenue qui-
pente ‘cinq’) et ousia ‘essence, substance’, çabe, quiçab et enfin quizá. Le -s dit adverbial
nom de l’éther (essence du ciel) qui, dans la est emprunté par analogie à d’autres adverbes
théorie d’Aristote, plane au-dessus des quatre ou conjonctions de temps : después, jamás,
autres éléments. En alchimie, le mot a désigné mientra[s], ante[s], entonce[s], cras (‘de-
le principe essentiel d’une substance obtenue main’ en vieil espagnol), a hurtadillas, a cie-
par distillation. Dans la langue moderne, il a gas etc.
pris le sens figuré de ‘condensé résumant QUÓRUM (‘quorum’), est emprunté à l’anglais
l’essentiel d’une chose’. quorum, attesté en 1455 dans cette langue
QUINTAL (‘quintal’), est emprunté, par avec le sens de ‘nombre minimum de per-
l’intermédiaire du latin médiéval quintale, à sonnes présentes à une assemblée pour qu’elle
l’arabe qintar ‘poids de cent’ pris au grec by- puisse délibérer’. L’anglais quorum est lui-
zantin kentênarion lui-même issu du latin cen- même emprunté au latin quorum, littéralement
tenarium ‘poids de cent livres’. Centenarium ‘desquels’, génitif pluriel à valeur partitive du
est le neutre substantivé de l’adjectif centena- pronom relatif qui. La formule latine utilisée
rius ‘au nombre de cent’. était quorum maxima pars, littéralement ‘la
QUINTO, voir cinco. plus grande partie desquels (membres) (étant
QUIOSCO, voir kiosco. là)’.
QUIRO-, premier élément entrant dans la forma-
tion de mots composés et tiré du grec kheir
‘main’ : QUIROMANCIA ‘chiromancie’, formé R
avec le grec mantia ‘divination, art de lire
l’avenir’ d’où ‘art de lire l’avenir dans les
lignes de la main’. RÁBANO (‘radis’), est issu du latin raphanus
QUIRÓFANO, voir cirugía. emprunté au grec rhaphanos ‘radis’ et ‘navet’.
QUIROMANCIA, voir quiro-. RABIA (‘rage’), est issu d’un latin vulgaire rabia,
QUIRÚRGICO, voir cirugía. altération du latin classique rabies ‘maladie du
QUISQUILLA (‘crevette’), est probablement une chien’ et, au figuré, ‘transport de fureur’. Ra-
altération due au basque du latin squilla ‘sorte bies provient de rabere ‘être enragé’.
de crustacé’. Dérivés : RABIAR ‘avoir la rage’ ; (figuré) ‘en-
QUISTO, voir bienquisto et malquisto à l’article rager, se mettre en rogne’. RABIETA ‘colère’,
querer. ‘cris’ (d’un enfant) ; (au pluriel) un rabietas
QUITAMANCHAS, voir quitar. ‘un grincheux’.
QUITAIPÓN (DE), voir quitar. RABIAR, voir rabia.
QUITAR (‘enlever, ôter’), est probablement RABIETA, voir rabia.
emprunté au latin médiéval juridique quitare, RABINO (‘rabbin’), est emprunté au latin ecclé-
altération du bas latin quietare ‘donner le re- siastique rabbinus issu de l’araméen rabbîn,
pos à’ issu de quietus ‘tranquille, en repos, pluriel de rabb ‘maître’, titre de respect donné
quiet’. Le latin juridique quitare signifiait depuis le premier siècle avant Jésus Christ aux
‘dispenser qqn du paiement d’une dette ou docteurs de la loi. L’araméen est un ensemble
d’une obligation’ (d’où la tranquillité pour la de parlers sémitiques que l’on trouvait en Sy-
personne couverte de dettes...). En espagnol rie, en Palestine et en Égypte. Le mot rabinus
ancien, quitar a eu ce sens puis celui de ‘libé- s’est appliqué ensuite aux docteurs de la loi
rer qqn des mains de son oppresseur’ (d’où chez les anciens juifs (aujourd’hui chef reli-
soulager sa peine et lui donner le repos) avant gieux d’une communauté juive).
de signifier ‘enlever qqn’ et enfin, par exten- RABO (‘queue’), est issu du latin rapum ‘rave,
sion, ‘enlever, ôter’ (qqch). navet’. Par métaphore, le mot a désigné aussi
Dérivés : DESQUITAR(SE) ‘(se) dédommager’ ; la ‘queue’ plus ou moins charnue et velue de
‘(se) rattraper’. DESQUITE ‘revanche’. QUI- certains animaux (chiens, chats etc.). Cola
TAIPÓN dans de quitaipón ‘amovible, mobile’ s’applique à d’autres appendices (oiseaux,
(quita y pon). QUITAMANCHAS ‘détachant’. poissons, lézards) et se prête aux emplois figu-
QUIZÁ(S) (‘peut-être’), provient de la réduction rés (‘queue, file de gens’, ‘queue d’une co-
de l’ancienne expression interrogative et dubi- mète’). Rabo désigne la partie charnue de la
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queue d’un cheval et cola la partie portant des RADIO- (élément préfixal), voir rayo.
touffes de poil. RAER (‘racler’, ‘râper, élimer’), est issu du latin
Dérivés : RABÓN ‘à queue très courte’, ‘sans radere ‘raser (la tête, les sourcils)’, ‘raboter,
queue’ avec un suffixe -ón faussement aug- polir’.
mentatif. Dérivés : ARRASAR ‘raser, détruire’, ‘ravager,
RABÓN, voir rabo. dévaster’ ; ‘remplir à ras bord’ ; ‘faire un mal-
RACIAL, voir raza. heur’ (dans le milieu du spectacle : ‘avoir
RACIMO (‘grappe’ [raisin] ; ‘régime’ [dattes, beaucoup de succès’) : J. Hallyday arrasó en
bananes]), est issu du latin racimus, variante Bercy ; arrasar en las listas ‘être au top-50’.
vulgaire de racemus ‘grappe de raisin, raisin’, Arrasar est dérivé de raso. Voir ci-après. RA-
‘grappe’ (en général). Espagnol moderne : SO ‘ras’, ‘plat’, ‘découvert, dégagé’, ‘simple
bomba (de) racimo ‘bombe à fragmentation’. (soldat)’, du latin rasus, participe passé de ra-
RACIOCINAR, voir razón. dere ‘raser’, ‘raboter’. Quant au ‘simple sol-
RACIÓN, voir razón. dat’ (soldado raso), il se trouve tout à fait au
RACIONAL, voir razón. bas de la hiérarchie militaire (être à ras de
RACIONAMIENTO, voir razón. terre). L’expression a ras de ‘à ras de’ est
RACISMO, voir raza. peut-être empruntée au français mais on peut
RACKET (‘racket’), est emprunté à l’anglais l’expliquer aussi à partir de a ras(o) de tierra.
racket sans doute d’origine onomatopéique. RÁFAGA (‘rafale’), n’est pas d’origine bien
Une autre hypothèse le rattache au gaélique établie. Peut-être de refriega ‘frottement vio-
racaid ‘tapage’ puis ‘escroquerie, trafic’. lent’, ‘rencontre brutale’, dérivé du verbe re-
L’espagnol emploie surtout le terme extorsión fregar ‘frotter’ et ‘jeter à la figure, reprocher’.
(la extorsión a un industrial ‘le racket d’un Le français rafale semble provenir du croise-
industriel). ment entre l’italien ráffica ‘brusque coup de
RACHA (‘rafale’ [vent] ; [figuré] ‘série, vague’), vent’ et le français affaler ‘être porté par le
n’est pas d’origine bien établie. Peut-être em- vent sur la côte sans pouvoir se relever’.
prunté à l’arabe rayya ‘agitation’, ‘tempête’, RAÍL, voir riel.
‘fracas’. RAÍZ (‘racine’), est issu du latin radix, radicis
RADA (‘rade’), est emprunté au français rade lui- ‘racine’ et ‘base, fondement’.
même pris au vieil anglais rad, rade ‘course’, Dérivés : ENRAIZAR ‘enraciner’. ERRADICAR
‘course à cheval’, ‘course en bateau’. Plus ‘éradiquer’, du latin eradicare ‘déraciner’,
tard, ce mot (devenu road) prendra le sens de formé avec ex (séparation) et radix. Le mot est
‘rade’ (lieu où les bateaux s’abritent) et celui passé dans le vocabulaire de la médecine avec
de ‘route’ (qui renvoie à l’idée primitive de le sens de ‘supprimer totalement une maladie’.
‘course’). La variante écossaise de rad est raid RADICAL ‘radical’, emprunté au bas latin radi-
emprunté par le français avec le sens d’ « opé- calis ‘de la racine’, ‘ce qui tient à la racine’
ration militaire rapide » (raids aériens incur- d’où ‘premier, fondamental’. Le mot est utilisé
siones aéreas). en grammaire pour désigner la partie première
RADAR (‘radar’), est emprunté à l’anglais radar, et essentielle d’un mot à partir de laquelle sont
acronyme de radio detecting and ranging (sys- obtenues d’autres formes : cant-o, cant-as etc.
tem), ‘détection et télémétrie par radio- L’acception politique (partido radical, ideas
électricité’. L’expression anglaise est formée radicales) est empruntée à l’anglais radical
avec radio- (du latin radius ‘rayon lumi- ‘qui remonte aux racines, aux principes fon-
neux’), detecting (gérondif de to detect ‘détec- damentaux et qui va jusqu’au bout de ses con-
ter’) et ranging (gérondif de to range ‘repé- séquences’ (sens attesté en 1650). RADICAR
rer’, emprunté à l’ancien français range ‘file ‘résider’ ; ‘se trouver à, dans’ (littéralement
d’objets’, ‘rang’, déverbal de ranger). ‘avoir des racines dans tel ou tel lieu’).
RADIACIÓN, voir rayo. RAJA, voir rajar.
RADIACTIVIDAD, voir rayo. RAJAR (‘couper en tranches’), n’est pas d’origine
RADIANTE, voir rayo. bien établie.
RADICAL, voir raíz. Dérivés : RAJA ‘tranche’.
RADICAR, voir raíz. RALEA (‘espèce, race’ ; ‘engeance’), est
RADIO, voir rayo. d’origine incertaine (peut-être arabe ou fran-
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çaise). Le sens premier a été ‘proie’ (celle RAMO (‘rameau’ ; ‘bouquet’, ‘gerbe’, ‘botte’ ;
d’un oiseau de proie) puis ‘proie spécifique à (figuré) ‘branche, secteur’), est issu du latin
un rapace utilisé pour la chasse’ d’où ‘espèce, ramus ‘branche’ et, au figuré, ‘ramification’
race’ en général. d’origine non établie. L’espagnol emploie
RALEAR, voir raro. ramo pour désigner un secteur économique ou
RALENTÍ (‘ralenti’ [cinéma ; moteur]), est em- professionnel, une branche d’activité.
prunté au français ralenti, participe passé Dérivés : RAMA ‘branche’, est issu d’un latin
substantivé de ralentir dérivé de lent. Le mot vulgaire rama ‘ramure, ensemble des
est passé dans le vocabulaire du cinéma et de branches’ et ‘branche’. L’espagnol oppose le
la mécanique automobile (al ralentí ‘au ralen- féminin rama ‘branche’ au masculin ramo
ti’). L’espagnol dispose aussi de l’expression ‘rameau, petite branche’ comme il oppose
en cámara lenta (pour le cinéma). huerta et huerto, cesta et cesto etc. RAMERA
RALO, voir raro. ‘prostituée’, désignait à l’origine une prosti-
RALLADOR, voir rallo. tuée exerçant son activité de manière clandes-
RALLAR, voir rallo. tine contrairement aux prostíbulas qui avaient
RALLO (‘râpe’), est issu du latin rallum ‘racloir’ pignon sur rue. Les rameras se signalaient
dérivé de radere ‘raser’ et ‘raboter, polir’ (voir plus discrètement en mettant un rameau sur la
raer). porte d’une maison. RAMILLETE ‘bouquet’.
Dérivés : RALLADOR ‘râpe’. RALLAR ‘râper’ ; RAMPA, voir ramplón.
(figuré et familier) ‘raser’. RAMPLÓN (‘vulgaire, de mauvais goût’, ‘pom-
RALLYE (‘rallye’), est emprunté à l’anglais pier’ [style]), est probablement emprunté à
rallye-paper qui désignait un jeu équestre ou l’italien rampone ‘crochet’ augmentatif de
pédestre dans lequel un concurrent partait rampa, rampo ‘griffe’ et ‘crochet’. A
avant les autres et laissait des papiers sur sa l’origine, ramplón désignait une pièce en fer
route, papiers qu’il fallait ensuite rassembler. qui servait à ferrer les chevaux. Le mot a dési-
Rallye-paper est formé avec paper ‘papier’ et gné ensuite des chaussures grossières avant de
rallye issu du verbe to rally ‘réunir, rassem- devenir adjectif signifiant ‘grossier, vulgaire’.
bler’ lui-même emprunté au français rallier. L’italien rampa, rampo est d’origine germa-
Sur le modèle de rallye-paper, on a forgé, vers nique (francique *hrampa ou *rampa ‘cro-
1910, rallye-auto d’où rallye par abréviation chet, courbure’).
et qui désigne une compétition automobile où Dérivés : RAMPA ‘rampe’, est emprunté au
les concurrents doivent rallier un point déter- français rampe ‘plan incliné’ déverbal de
miné. ramper avec le sens ancien de ‘grimper’. En
RAMA, voir ramo. effet, ramper est issu du francique *hrampon
RAMADÁN (‘ramadan’), est emprunté à l’arabe ou *rampon ‘grimper’ dérivé de *(h)rampa
ramadan, nom du 9e mois de l’année de ‘crochet, courbure’.
l’Hégire (fuite de Mahomet à Médine, 1re date RANA (‘grenouille’), est issu du latin rana ‘gre-
de la chronologie musulmane qui correspond à nouille’ et ‘baudroie’ sans doute d’origine
l’an 622 de l’ère chrétienne). Ramadan est dé- onomatopéique.
rivé de ramida ‘être chauffé par le soleil’ car, RANCIO (‘rance’), est emprunté au latin rancidus
à l’origine, le mois du ramadan correspondait ‘avarié, qui sent’, ‘putréfié, infect’ et, au figu-
aux fortes chaleurs de l’été. En arabe dialectal ré, ‘désagréable, insupportable’. Rancidus est
d’Algérie, ramadan a été prononcé ramdan et dérivé de rancere (rare) ‘mûrir’ et ‘pourrir’.
est passé en français avec le sens familier de Dérivés : RENCOR ‘rancune’, ‘rancœur’, est
‘tapage’ par allusion à l’agitation nocturne qui une altération de rancor issu du bas latin ran-
règne pendant le mois du ramadan. cor, rancoris ‘rancidité’ et, au figuré, ‘ran-
RAMBLA (‘ravin’, ‘lit naturel des eaux de pluie’ ; cune’ (rancor est tiré de rancere).
‘cours, promenade, avenue’ [Barcelone]), est RANCHO (‘rancho’, ‘ranch’ ; ‘soupe, rata’), est
issu de l’arabe ramla ‘étendue de sable, banc dérivé de l’ancien verbe rancharse ou ran-
de sable’. chearse ‘se loger’ (en parlant des soldats),
RAMERA, voir ramo. emprunté à l’ancien provençal rancharse ‘se
RAMILLETE, voir ramo. loger’, lui-même pris au français se ranger.
Rancho a donc pris le sens de ‘logement, car-
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ré d’équipage’ puis celui de ‘cercle que for- est dû au verbe rapiñar ‘rapiner’ qui le tient
ment les soldats pour manger’ d’où le sens de lui-même de verbes terminés par -iñar tels
‘soupe, rata’. En Amérique latine, rancho a que escudriñar, arrebatiñar, garfiñar etc.
désigné une ‘maison de berger ou d’ouvrier Ave de rapiña ‘oiseau de proie’.
agricole’ avant de s’appliquer à une exploita- Dérivés : RAPACIDAD ‘rapacité’. RAPAZ ‘ra-
tion consacrée à l’élevage. L’anglo-américain pace’, du latin rapax, rapacis ‘qui entraîne à
ranch est lui-même pris à l’espagnol rancho. soi’, ‘ravisseur’, ‘voleur, pilleur’ et ‘avide’,
RANGO (‘rang’), est emprunté au français rang dérivé de rapere ‘emporter violemment’.
issu du francique *hring ‘anneau, cercle’ et RAPIÑAR, voir rapiña.
‘assemblée judiciaire ou militaire’ (formant un RAPOSA (‘renard’), d’abord attesté sous la forme
cercle) d’où le sens de ‘disposition de per- rabosa, est probablement dérivé de rabo
sonnes assemblées’ et, en particulier, ‘disposi- ‘queue’, le renard ayant une queue très touf-
tion de personnes assemblées selon un ordre fue. Le -p- de raposa est dû probablement à
hiérarchique’ c’est-à-dire selon leur rang. rapiega, nom du renard dans les Asturies et à
RANKING (‘hit-parade’, ‘palmarès’, ‘classe- rapiña, le renard vivant de rapine.
ment’), est emprunté à l’anglais ranking ‘clas- Dérivés : RAPOSO ‘renard’.
sement’, gérondif substantivé du verbe to rank RAPSODIA, voir oda.
‘ranger, placer, classer’. Cet anglicisme est RAPTAR, voir rapto.
très employé en particulier dans les rubriques RAPTO (‘enlèvement, rapt’), est issu du latin
économiques des journaux où il se substitue à raptus ‘enlèvement’ et ‘vol, rapine’, dérivé de
clasificación ‘classement’ : el ranking de los rapere ‘emporter violemment’. Voir aussi ra-
mejores bancos españoles. to.
RANURA (‘rainure’ ; ‘fente’ [pour insérer des Dérivés : RAPTAR ‘enlever (une personne)’.
pièces]), est emprunté au français rainure dé- RAPTOR ‘ravisseur’.
rivé de l’ancien verbe roisnier ‘trépaner’ et RAPTOR, voir rapto.
‘entailler’ lui-même issu de roisne (moderne RAQUETA (‘raquette’), est emprunté au français
rouanne, outil servant à dégrossir et à creuser raquette lui-même pris au latin médiéval ras-
le bois). L’ancienne forme roisne est issue ceta (manus) ‘paume (de la main)’ qui le tient
d’un latin vulgaire de Gaule *rucina, altéra- de l’arabe dialectal rahet (arabe classique ra-
tion du latin classique runcina ‘rabot, var- hat) ‘paume de la main’. Le jeu de paume a
lope’. influencé l’évolution du mot : on a d’abord
RAPACIDAD, voir rapiña. frappé la balle avec la main nue (comme on le
RAPAR (‘raser’, ‘tondre, couper les cheveux fait encore au pays basque) puis avec un gant
ras’), est issu du gotique *hrapôn ‘arracher’, et enfin (au XVIe siècle) avec une ‘raquette’
‘arracher les cheveux’. Langue moderne : un dont la ‘technologie’ a évidemment beaucoup
cabeza rapada ‘un skin head’. évolué !
RAPAZ (1) (‘rapace’), voir rapiña et rapaz (2). RAQUIS (‘rachis’), nom scientifique de la co-
RAPAZ (2) (‘gamin, petit garçon’), d’abord attes- lonne vertébrale, est emprunté au grec rakhis
té avec le sens péjoratif de ‘valet, laquais’, est ‘épine dorsale, échine’, et par métaphore,
probablement dérivé du latin rapax, rapacis ‘crête d’une montagne’, ‘nervure de feuille’,
‘voleur, pilleur’, les valets ayant la réputation ‘arête du nez’.
de voler leur maître. Le mot a ensuite désigné Dérivés : RAQUÍTICO ‘rachitique’, est dérivé
les jeunes enfants souvent enclins à commettre — avec le suffixe -itis désignant les maladies
des espiègleries ou de menus larcins. inflammatoires — de raquitis ‘maladie de la
RAPIDEZ, voir rápido. colonne vertébrale’ entraînant un retard de
RÁPIDO (‘rapide’), est emprunté au latin rapidus croissance. Le mot a pris le sens plus large de
‘qui entraîne, qui emporte’, ‘dévorant’, ‘impé- ‘maigre, chétif, maladif’.
tueux’, dérivé de rapere ‘emporter violem- RAQUÍTICO, voir raquis.
ment’ (français ravir). RAREZA, voir raro.
Dérivés : RAPIDEZ ‘rapidité’. RARO (‘rare’ [très peu usité dans ce sens] ; ‘bi-
RAPIÑA (‘rapine’), est emprunté au latin rapina zarre, étrange’), est emprunté au latin rarus
‘action d’emporter’ et ‘vol, pillage’, dérivé de ‘peu serré, peu dense’, ‘espacé, clairsemé’,
rapere ‘emporter’ et ‘piller’. Le ñ de rapiña ‘épars, isolé’, ‘peu nombreux, rare’, ‘peu fré-
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appelé aussi infernáculo car la dernière case opérations que l’on fait avec qqn’ d’où ‘rela-
du dessin tracé au sol est appelé infierno). SU- tions commerciales, affaires’. Ratio possède
BRAYAR ‘souligner’, littéralement ‘tracer un de nombreux sens dérivés, les principaux
trait, une raie sous (un mot etc.)’. étant : ‘faculté de calculer, de raisonner, rai-
RAYA (2) (‘raie’ [poisson]), est emprunté au latin son, jugement’, ‘explication qui rend compte
raia de même sens. d’une chose’, ‘théorie, principes théoriques,
RAYAR, voir raya (1). doctrine, système scientifique’, ‘procédé, mé-
RAYO (‘rayon’ ; ‘foudre’), est issu du latin radius thode’. En espagnol, le doublet savant de
‘baguette pointue’, ‘rayon lumineux’ et ‘rayon razón est ración ‘ration, portion’. En bas la-
de roue’. L’origine de ce mot n’est pas bien tin, ratio avait développé à partir du sens de
établie. L’espagnol a développé un sens méta- ‘calcul’ des acceptions de type métonymique :
phorique : celui de ‘foudre’, phénomène qui se ‘biens acquis’ (grâce aux calculs) ; en droit
matérialise par un rayon de feu frappant le sol. ‘part, fraction’ (d’une propriété), et enfin
Le traitement savant de radius a donné radio ‘fourniture d’aliments’.
‘rayon’ par exemple dans radio de acción Dérivés : IRRACIONAL ‘irrationnel’. PRORRA-
‘rayon d’action’. TA (A) ‘au prorata’, emprunté au latin pro rata
Dérivés : IRRADIACIÓN ‘irradiation’, voir ci- (parte) ‘selon une proportion calculée, déter-
après radiación. RADIACIÓN ‘radiation’, est minée’, formé avec rata ablatif féminin singu-
emprunté au latin radiatio ‘rayonnement, éclat lier de ratus ‘compté, calculé’, participe passé
lumineux’ dérivé de radiatum supin de ra- adjectivé de reri ‘compter’ et pars, partis
diare ‘munir de rayons’ et ‘être rayonnant, ‘portion, proportion’. RACIOCINAR ‘raisonner,
étinceler’. RADIANTE ‘rayonnant, radieux’. ratiociner’, emprunt savant au latin ratiocinare
er
RADIO-, 1 élément entrant dans la composi- ‘calculer’ et ‘raisonner’, dérivé de ratio ‘cal-
tion de très nombreux termes scientifiques cul, compte’ et ‘raisonnement, jugement’. RA-
créés dès la fin du XIXe siècle et surtout au CIONAL ‘rationnel’. RACIONAMIENTO ‘ration-
XXe siècle, tiré du latin radius ‘rayon lumi- nement’, dérivé de ración ‘ration’, doublet de
neux’ : RADIOACTIVIDAD ou RADIACTIVIDAD razón (voir plus haut). RATIFICAR ‘ratifier’,
‘radioactivité’ ; RADIODIFUSIÓN ‘radiodiffu- du latin médiéval ratificare ‘rendre un acte
sion’ ; RADIORRECEPTOR (‘récepteur-radio’) pleinement valable’, formé avec ratus ‘comp-
et, après abréviation, la radio (escuchar una té’ et ‘valable’, participe passé de reri (‘comp-
noticia por radio ‘écouter une nouvelle à la ter’ et ‘penser, estimer’) et -ficare mis pour
radio’). facere ‘faire, rendre’. RATO dans matrimonio
RAYUELA, voir raya (1). rato ‘mariage non encore consommé’ mais
RAZA (‘race’), est probablement emprunté à des qui reste valable aux yeux de l’église. Du latin
langues méridionales telles que l’ancien pro- ratus ‘compté, calculé’ et ‘fixé, réglé, inva-
vençal rassa ‘bande d’individus qui se concer- riable, constant’ d’où ‘ratifié, valable’ (parti-
tent, complot’ ou l’italien razza ‘espèce de cipe passé de reri ‘compter’ et ‘penser’). RA-
gens’. Ces formes seraient à rattacher, avec ZONABLE ‘raisonnable’. SINRAZÓN ‘égare-
changement de terminaison, au latin ratio ment, aberration’, ‘non-sens, absurdité’.
‘calcul’ qui avait pris le sens de ‘catégorie, es- RAZONABLE, voir razón.
pèce (d’animaux, de fruits)’ en latin médiéval RAZZIA (‘razzia’), est emprunté au français
scientifique (l’idée de ‘calcul’ en botanique ou razzia lui-même pris à l’arabe algérien gazyat
en zoologie implique que l’on comptabilise, ‘expédition, incursion militaire’.
que l’on dresse la liste des espèces). Une autre RE-, préfixe tiré du préverbe latin re- ou red- et
hypothèse part du latin generatio ‘famille, qui exprimait les nuances suivantes. Le retour
descendance, engeance, espèce’ qui aurait en arrière : recedere ‘s’éloigner, se détacher’,
donné ratio après aphérèse (chute) de gene-. formé avec cedere ‘aller, marcher’ d’où reces-
Dérivés : RACIAL ‘racial’, est emprunté à sio ‘action de s’éloigner’ et l’espagnol rece-
l’anglais racial. RACISMO ‘racisme’. sión ‘récession’ (économique) ; le retour à un
RAZÓN (‘raison’), est issu du latin ratio, ratio- état antérieur : restituere ‘remettre à sa place
nem tiré de ratum supin de reri ‘compter’ et primitive, dans son état premier ou normal’,
‘penser’, ‘être d’avis, croire’. Ratio signifie espagnol restituir ‘restituer’ ; la répétition (le
‘compte, somme, calcul’ et le ‘compte des retour en arrière implique que l’on refait le
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même trajet mais en sens inverse) : repetere Dérivés : ARREBATAR ‘enlever, arracher’. AR-
‘chercher à atteindre’, ‘atteindre de nouveau’, REBATO ‘emportement, fureur’ ; ‘transport,
‘réclamer’ (espagnol repetir, voir pedir) ; extase’.
l’intensité (notion dérivée de la notion de ré- REBELARSE, voir rebelde.
pétition) : latin vulgaire *renegare, formé REBELDE (‘rebelle’), est emprunté au latin re-
avec negare ‘nier, refuser’ (espagnol renegar bellis ‘qui recommence la guerre’, ‘révolté’,
‘renier’) ; l’opposition, (le mouvement en ar- formé avec re- à valeur itérative et bellum
rière pouvant s’opposer à un autre mouvement ‘guerre’.
et l’annuler) : renuntiare, formé avec nuntiare Dérivés : REBELARSE ‘se rebeller’. REBELDÍA /
‘apporter (qqch)’ et re- indiquant le mouve- REBELIÓN ‘rébellion, révolte’.
ment inverse d’où ‘renvoyer’ et ‘renoncer (à REBOSAR (‘déborder’ [au propre et au figuré]),
qqch)’. Voir nuncio. n’est pas d’origine bien établie. Peut-être de
REACCIÓN, voir acto. l’ancienne forme revessar ‘répandre’, ‘vomir’,
REACCIONAR, voir acto. issue du latin reversare ‘retourner en sens
REACIO (‘rétif, récalcitrant’ ; ‘réticent’), n’est contraire’ lui-même dérivé de vertere ‘verser’.
pas d’origine bien établie. REBOTAR, voir botar.
REACTIVACIÓN, voir acto. REBUZNAR (‘braire’), est sans doute dérivé au
REACTOR, voir acto. moyen du préfixe re- du latin bucinare ‘son-
REAL (1) (‘réel’), est emprunté au bas latin realis ner de la trompette, sonner du cor’.
‘effectif’ (dans le vocabulaire philosophique Dérivés : REBUZNO ‘braiment’.
‘réaliste’, ‘qui existe par soi-même’). En droit, RECADO, voir recaudar.
realis signifiait ‘relatif aux choses, aux biens’. RECALCAR, voir calcar.
Ce mot est dérivé de res ‘chose’. RECALCITRANTE, voir coz.
Dérivés : REALIDAD ‘réalité’. REALISMO ‘réa- RECAMBIO, voir cambiar.
lisme’. REALIZAR ‘réaliser’, est emprunté au RECAPITULAR, voir capítulo.
français réaliser dérivé de réel d’après le latin RECARGO, voir cargar.
realis (qui avait d’ailleurs donné real en an- RECATADO (‘prudent, circonspect’ ; ‘réservé’),
cien et en moyen français). Réaliser signifie est le participe passé adjectivé du verbe reca-
donc ‘rendre réel, effectif’. tarse aujourd’hui sorti de l’usage et signifiant
REAL (2) (‘royal’), voir rey. ‘se méfier’, dérivé avec le préfixe re- à valeur
REALCE, voir alzar. intensive de catar au sens ancien de ‘regarder’
REALEZA, voir rey. d’où recatarse, littéralement ‘y regarder à
REALIDAD, voir real (1). deux fois (avant d’entreprendre qqch), se mé-
REALISMO, voir real (1). fier’. Voir catar.
REALIZAR, voir real (1). Dérivés : RECATO ‘réserve, circonspection’.
REANUDACIÓN, voir nudo. RECATO, voir recatado.
REANUDAR, voir nudo. RECAUDACIÓN, voir recaudar.
REBAJA, voir bajar. RECAUDADOR, voir recaudar.
REBANADA (‘tranche’, ‘tartine’), est probable- RECAUDAR (‘recouvrer, percevoir’ [impôts]),
ment une altération de rabanada de même vient du latin classique receptare devenu en
sens dérivé de rábano ‘radis’ que l’on croque bas latin recaptare ‘recevoir, accueillir’, fré-
d’où l’idée de ‘trancher’. quentatif de recipere ‘recevoir’. Recaptare —
REBAÑO (‘troupeau’), n’est pas d’origine bien sous l’influence de capitalis ‘biens, ri-
établie. chesses’ — a produit une variante vulgaire re-
REBASAR (‘dépasser, aller au-delà’), est proba- capitare d’où l’espagnol recabdar puis re-
blement une variante de rebalsar ‘se remplir caudar ‘recueillir des biens, des richesses’,
d’eau, déborder’ dérivé de balsa ‘mare’ ‘percevoir, recouvrer’. Voir capital et caudal
d’origine ibère. formés sur caput ‘tête’. L’ancien verbe recab-
REBATO (‘tocsin, alarme’ ; ‘attaque par sur- dar ne voulait pas dire seulement ‘recevoir’, il
prise’), est emprunté à l’arabe ribat ‘attaque signifiait aussi ‘mener à bien, mener jusqu’au
contre les infidèles’. bout’ et ‘disposer, arranger’ (afin d’obtenir un
résultat). Une variante abrégée de recabdar
(recadar) sera chargée en vieil espagnol
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RECLUTAR (‘recruter’), est emprunté au français RÉCORD (‘record’), est emprunté à l’anglais
recruter, dérivé de recrue, participe passé record ‘enregistrement’ lui-même pris à
substantivé au féminin du verbe recroître (re- l’ancienne forme française record ou recort au
crû / recrue). L’engagement de nouvelles re- sens de ‘rappel, témoignage’, dérivée de
crues permet à l’armée de se remettre à croître l’ancien verbe recorder ‘rapporter’ et ‘rappe-
(croître est issu du latin crescere ‘pousser’, ler’, ‘conserver le souvenir de qqch’ (voir
voir crecer). l’espagnol recordar). Record s’est spécialisé
Dérivés : RECLUTA ‘recrue’. pour désigner l’enregistrement d’une perfor-
RECOBRAR (‘recouvrer, retrouver’), est issu du mance sportive. L’espagnol possède aussi
latin recuperare ‘rentrer en possession de’ et marca et plusmarca.
‘regagner, ramener à soi’, formé avec re- indi- Dérivés : RECORDMAN ‘recordman’,
quant le retour à un état antérieur (voir re-) et l’espagnol dispose de plusmarquista, voir
cuperare dérivé de capere ‘prendre’. Reco- marca.
brar la salud / ánimo ‘recouvrer la santé’ / RECORDAR (‘rappeler’ ; ‘se souvenir de’), est
‘reprendre courage’. Le traitement savant de issu du latin recordari ‘se rappeler, se repré-
recuperare donnera recuperar ‘récupérer, re- senter par la pensée’, formé avec re- à valeur
prendre, rattraper’. En français, recouvrer et itérative et cor, cordis ‘cœur, esprit’. L’ancien
récupérer forment aussi un doublet. français a connu le même verbe se recorder et
Dérivés : COBRANZA ‘encaissement, recou- recorder (du latin recordari ou recordare)
vrement’. COBRAR ‘toucher, encaisser, perce- ainsi que le substantif record ‘souvenir, mé-
voir’ est le dérivé régressif de recobrar. RE- moire’ (voir récord). A partir de recordar,
CUPERACIÓN ‘récupération’ ; ‘recouvrement’ ; l’espagnol a dérivé acordarse de ‘se souvenir
‘rattrapage’ et ‘reprise’ dans recuperación de’. Recordar est une façon active de recréer
económica ‘reprise économique’. le passé, de se le représenter alors que dans
RECOCHINEARSE, voir cochino. acordarse la voix pronominale suggère que le
RECOGER, voir coger. sujet laisse plus ou moins consciemment le
RECOLECCIÓN, voir colección. passé remonter en lui.
RECOMENDAR, voir mandar. Dérivés : RECORDATORIO ‘rappel’ (carta re-
RECOMPENSA, voir compensar. cordatorio ‘lettre de rappel’). RECUERDO
RECOMPOSICIÓN, voir poner. ‘souvenir’.
RECÓNDITO, voir esconder. RECORDATORIO, voir recordar.
RECONOCER, voir conocer. RECORDMAN, voir récord.
RECONOCIMIENTO, voir conocer. RECORRER, voir correr.
RECONQUISTA, voir conquista. RECORTE, voir corto.
RECONTAR, voir contar. RECREAR(SE), voir criar.
RECONVENIR, voir venir. RECREO, voir criar.
RECOPILAR (‘compiler’), est dérivé avec le RECRUDECER, voir crudo.
préfixe re- du latin compilare ‘dépouiller, pil- RECRUDECIMIENTO / RECRUDESCENCIA,
ler’, ‘détourner, soustraire frauduleusement’. voir crudo.
Ce mot est formé avec cum ‘ensemble’ et pi- RECTÁNGULO, voir recto.
lare ‘piller qqch’, ‘dépouiller qqn’. En latin RECTIFICAR, voir recto.
médiéval, compilare prendra le sens d’ RECTO ([adjectif] ‘droit’ ; [substantif] ‘rectum’),
« écrire, composer ». La création littéraire est emprunté au latin rectus ‘droit’ au propre
n’était pas fondée, comme aujourd’hui, sur la et au figuré. Recto, terme d’anatomie, repré-
notion d’originalité. Les auteurs reprenaient sente l’abréviation de rectum intestinum en
une tradition à laquelle ils apportaient bas latin médical, littéralement ‘intestin droit’
quelques variations. Aujourd’hui, compilar c’est-à-dire la dernière partie du gros intestin,
signifie ‘mettre ensemble des documents, des le rectum.
extraits d’auteur afin de former un recueil’. Dérivés : RECTÁNGULO ‘rectangle’, est em-
Dérivés : RECOPILATORIO dans disco recopi- prunté au latin médiéval rectangulus (rectian-
latorio ‘compilation (des meilleurs titres)’. gulus en bas latin) ‘à angles droits’, formé
RECOPILATORIO, voir recopilar. avec rectus ‘droit’ et angulus ‘angle’. RECTI-
FICAR ‘rectifier’, est emprunté au bas latin
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rectificare ‘redresser’, formé avec -ficare mis Dérivés : REDACTAR ‘rédiger’, est formé sa-
pour facere ‘faire, rendre’, littéralement vamment sur le latin redactus, participe passé
‘rendre droit’. de redigere (voir plus haut l’évolution de ce
RECTOR, voir regir. verbe).
RECUA (‘troupe’, ‘troupeau’ [chevaux, mules]), REDACTAR, voir redacción.
est probablement issu de l’arabe rekba ‘caval- REDADA, voir red.
cade, défilé, chevauchée’, ‘caravane’, ‘cor- REDENCIÓN, voir redimir.
tège’, dérivé de rakab ‘monter à cheval’. REDENTOR, voir redimir.
RECUENTO, voir contar. REDHIBITORIO, voir exhibir.
RECUERDO, voir recordar. REDIL, voir red.
RECULAR, voir culo. REDIMIR (‘racheter’), est emprunté au latin
RECUPERACIÓN, voir recobrar. redimere de même sens, formé avec le préfixe
RECUPERAR, voir recobrar. re(d)- exprimant l’action en retour et emere
RECURRIR, voir correr. ‘prendre’, ‘prendre contre de l’argent, acheter’
RECURSO, voir correr. (français rédimer). En bas latin, redimere a
RECHAZAR (‘repousser’, ‘refouler’ ; ‘rejeter’, pris le sens religieux de ‘racheter le genre hu-
‘refuser’), est emprunté à l’ancien français re- main’ (en parlant du Christ).
chacier dérivé de chacier (aujourd’hui chas- Dérivés : REDENCIÓN ‘rédemption’, du latin
ser), issu du bas latin *captiare ‘chasser’. Voir redemptio dérivé de redemptum supin de re-
cazar. dimere (voir plus haut). REDENTOR ‘rédemp-
Dérivés : RECHAZO ‘refus, rejet’. teur’, du latin redemptor ‘celui qui rachète un
RECHAZO, voir rechazar. esclave de la servitude’, passé en latin chrétien
RECHINAR (‘grincer’), est d’origine onomato- pour désigner le Christ.
péique. REDOBLE, voir dos.
RECHONCHO (‘trapu’), est d’origine incertaine. REDOMADO, voir domar.
RED (‘filet’ ; ‘réseau’ ; ‘piège’), est issu du latin REDONDEZ, voir redondo.
rete, retis ‘filet’ d’origine non établie. En REDONDO (‘rond’), est issu d’un latin *retundus
français littéraire, rets ‘piège, embûche’, (latin classique rotundus) ‘qui a la forme
tendre des rets. d’une roue, arrondi’, dérivé de rota ‘roue’
Dérivés : ENREDAR ‘prendre dans un filet’ ; (voir rueda). On peut justifier aussi
‘embrouiller, emmêler’, ‘brouiller, semer la l’évolution au niveau roman : rotundus >
discorde’, ‘impliquer, mêler à’. ENREDO ‘en- *rodondo puis redondo par dissimilation de la
chevêtrement’ ; ‘confusion, imbroglio’, ‘in- 1re voyelle (le -o final, marque du genre, et le
trigue, manigances’ (comedia de enredo ‘co- o sous accent pouvaient être difficilement af-
médie d’intrigue’). REDADA ‘coup de filet, fectés par ce phénomène). Le traitement sa-
rafle’. REDIL ‘bercail’, car on enfermait le bé- vant de rotundus a donné rotundo ‘sonore,
tail pendant la nuit dans des enclos faits avec bien frappé’, ‘retentissant’ ; ‘à l’emporte-
des filets. RETINA ‘rétine’, est emprunté au la- pièce’, ‘catégorique’. Le cercle est une figure
tin médiéval retina de même sens, dérivé de parfaite à laquelle on peut associer des im-
rete ‘rets, filet’ car les vaisseaux sanguins qui pressions mélioratives, superlatives, ou qui
irriguent la rétine forment un réseau. permet d’évoquer quelque chose de définitif
REDACCIÓN (‘rédaction’), est emprunté au bas (una negativa rotunda ‘un refus catégo-
latin redactio ‘action de diminuer’, ‘réduc- rique’). Dans le même ordre d’idées, le fran-
tion’, dérivé de redactum supin de redigere çais a dérivé l’adverbe carrément du substantif
‘ramener, réduire’. Redigere est formé avec le carré avec des sens figurés (il me l’a dit car-
préfixe re(d)- indiquant l’action en retour et rément ‘sans détour’ ; c’est carrément réussi =
agere ‘pousser, conduire’. Ce verbe signifie ‘vraiment’).
‘pousser pour faire revenir’, ‘ramener’ et spé- Dérivés : REDONDEZ ‘rondeur’ ; ‘rotondité’.
cialement ‘ramener à un état inférieur’, ‘ré- REDUCIR (‘réduire’), est emprunté au latin redu-
duire à’. C’est de cette dernière acception que cere ‘ramener, reconduire’, formé avec re- ex-
naîtra la valeur moderne de ‘rédiger’ c’est-à- primant le mouvement en arrière et ducere
dire ‘réduire (un événement etc.) à une propo- ‘mener, conduire’. En espagnol et en français,
sition écrite brève’. ce verbe prendra par la suite le sens plus parti-
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rechigner dont Joan Corominas pense qu’il Dérivés : RECTOR ‘recteur’, du latin rector,
vient aussi du latin *reganniare proviendrait rectoris ‘celui qui régit, qui gouverne’, ‘gou-
plutôt d’un verbe (non attesté) *chigner ou verneur d’une province’, ‘précepteur, tuteur’,
*chignier issu du francique *kînan ‘tordre la dérivé de rectum supin de regere ‘gouverner’.
bouche’. REGENTE ‘régent’, est emprunté au latin re-
Dérivés : A REGAÑADIENTES ‘à contrecœur, en gens, regentis, participe présent de regere ‘di-
rechignant, en maugréant’. L’ancien français riger, gouverner’. RÉGIMEN ‘régime’, du latin
connaissait l’expression denz rechignier, litté- regimen ‘direction, gouvernement’, dérivé de
ralement ‘rechigner les dents’ c’est-à-dire regere ‘diriger, gouverner’. REGIÓN ‘région’,
‘montrer les dents en grimaçant’ et ‘montrer du latin regio, regionis ‘direction’, ‘lignes
sa mauvaise humeur, sa répugnance à faire droites tracées dans le ciel par les augures’
qqch’. d’où ‘limites, frontières’ et ‘territoire, pays’
REGAÑO, voir regañar. (dérivé de regere).
REGAR (‘arroser’), est issu du latin rigare ‘faire REGISTRAR, voir registro.
couler en dirigeant’, ‘arroser, baigner’, ‘im- REGISTRO (‘enregistrement, transcription’ ;
prégner’. ‘registre, fichier’ ; ‘registre’ [voix, instru-
Dérivés : IRRIGACIÓN ‘irrigation’, du latin ir- ment] ; ‘contrôle, inspection, fouille’), est em-
rigatio de même sens, formé sur irrigatum su- prunté au bas latin regesta, regestorum ‘réper-
pin de irrigare ‘conduire, amener l’eau dans’, toire(s), catalogue(s)’, neutre pluriel —
‘arroser’, formé avec ir- (mis pour in- ‘dans’) interprété comme un féminin singulier — de
et rigare (voir plus haut). REGADÍO ‘arrosage, regestus participe passé substantivé de rege-
irrigation’. Tierras de regadío ‘terres irri- rere ‘porter en arrière’, ‘porter ailleurs’, ‘re-
gables’. REGUERO ‘traînée’ ; ‘rigole’. RIEGO porter’ et ‘transcrire, consigner’. Regerere est
‘arrosage, irrigation’. formé avec re- (mouvement en arrière) et ge-
REGATA (‘régate’), est emprunté au vénitien rere ‘porter’. De l’idée de registre où l’on en-
regata ‘défi’ et ‘course de gondoles’ qui serait registre et consigne des événements, des ren-
le déverbal de regatar ‘se disputer, rivaliser’, seignements administratifs ou juridiques, on
peut-être dérivé de l’italien gatto ‘chat’ (tem- est passé à l’idée d’un contrôle que l’on peut
pérament agressif du chat ?). Il est possible exercer sur quelqu’un d’où le sens d’ « inspec-
aussi que regatar vienne d’un latin vulgaire tion, fouille » et de ‘perquisition’ dans regis-
*recaptare ‘chasser à nouveau’ d’où ‘lutter, tro domiciliario ‘perquisition à domicile’.
rivaliser’, dérivé de captare ‘chasser’ (en latin Dérivés : REGISTRAR ‘enregistrer, annoter’ ;
vulgaire *captiare > espagnol cazar ‘chas- ‘enregistrer, constater’ ; ‘fouiller’, ‘contrôler’.
ser’). REGLA (‘règle’), est emprunté au latin regula
REGATEAR (‘marchander’), est d’origine incer- ‘instrument servant à mettre d’équerre’, ‘éta-
taine. Peut-être d’un latin vulgaire *recaptare lon permettant de corriger’, ‘barre’, dérivé de
pris au sens de ‘racheter’ dérivé de accaptare regere ‘diriger, gouverner’. Regla a pris aussi
‘acheter’. le sens figuré de ‘prescription à laquelle on
REGAZO (‘giron’), est peut-être dérivé de rega- doit se plier’.
zar ‘relever ses jupes’ afin de former un creux Dérivés : ARREGLAR ‘régler’ ; ‘arranger, répa-
permettant de recevoir un enfant lorsqu’on est rer’ (remettre en règle) ; (pronominal)
en position assise. Regazar serait issu d’un la- ‘s’arranger, se débrouiller’ (c’est-à-dire trou-
tin vulgaire *recaptiare ‘ramasser’ dérivé de ver soi-même son propre chemin, ses propres
captare ‘prendre, chercher à prendre’. ‘règles’). ARREGLO ‘réparation’ ; ‘règlement
REGENTE, voir rey. (d’un problème)’ ; ‘accord, arrangement’. DE-
REGICIDA, voir rey. SREGULACIÓN ‘déréglementation’ (desregu-
REGICIDIO, voir rey. lación aérea ‘déréglementation aérienne’).
RÉGIMEN, voir regir. REGLAMENTO ‘règlement’. REGULAR (adjec-
REGIO, voir rey. tif) ‘régulier’, du latin regularis ‘en forme de
REGIÓN, voir regir. barre’ et, au figuré, ‘qui sert de règle’, dérivé
REGIR (‘régir’ ; ‘être en vigueur’), est emprunté de regula. Regular désigne donc d’abord ce
au latin regere ‘diriger, gouverner’, ‘exercer le qui est conforme à la règle. L’idée de régulari-
pouvoir’, dérivé de rex, regis ‘roi’. té vient du fait que ce qui s’ajuste à une règle
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voir plus bas). RENDICIÓN ‘reddition’. RENDI- (ici, la mise à l’écart) et pellere ‘remuer, pous-
MIENTO ‘soumission’, ‘respect, déférence’ ; ser’.
‘grande fatigue, épuisement’ ; ‘rendement’. Le REPENTE (DE) (‘soudain, tout à coup’), est
sens de ‘rendement’, c’est-à-dire le rapport emprunté au latin repente, ablatif de repens,
entre ce que produit (ce que ‘donne en retour’) repentis ‘subit, imprévu’.
une terre ou une affaire commerciale et les ca- Dérivés : REPENTINO ‘subit, soudain’.
pitaux investis, est rare avant le XIXe siècle. REPENTINO, voir repente.
RENTA ‘rente, revenu’ est emprunté, proba- REPERCUSIÓN, voir percutir.
blement par l’intermédiaire du français rente, REPERTORIO (‘répertoire’), est emprunté au bas
au latin vulgaire *rendita ‘ce que rend l’argent latin juridique repertorium ‘inventaire’, tiré du
placé’. Il s’agit du participe passé (*renditus), latin classique repertum supin de reperire ‘se
substantivé au féminin, de *rendere (reddere) procurer’ et ‘retrouver’, ‘découvrir’. Reperire
‘donner en retour’. Renta per cápita ‘revenu est formé avec re- exprimant l’itération et
par tête’, formé avec la préposition latine per l’intensité et parere ‘procurer’ ainsi que
‘par’ et capitia, forme vulgaire ayant remplacé ‘mettre au monde, enfanter’. Voir parir.
le classique caput ‘tête’. Voir cabeza. RENTA- REPETICIÓN, voir repetir.
BILIDAD ‘rentabilité’. RENTABILIZAR ‘rentabi- REPETIR (‘répéter’), est emprunté au latin repe-
liser’. tere ‘chercher à atteindre’, ‘atteindre de nou-
RENEGADO, voir negar et re-. veau’, ‘ramener’, ‘recommencer’, ‘raconter’,
RENEGAR, voir negar et re-. ‘reprendre par la pensée’ et ‘réclamer’. Ce
RENGLÓN (‘ligne’ [d’écriture]), d’abord attesté verbe est formé avec re- (à valeur intensive et
sous la forme reglón, est dérivé avec le suffixe itérative) et petere ‘chercher à atteindre’, ‘de-
-ón, de regla ‘règle pour tracer des lignes’ mander, réclamer’. Voir pedir.
puis, par métonymie, la ‘ligne’ elle-même. Dérivés : REPETICIÓN ‘répétition’.
Regla avait ce sens en espagnol ancien, sens REPICAR, voir picar.
ensuite dévolu à renglón. REPLETO (‘plein, rempli’ ; ‘replet’), est emprun-
RENOVAR, voir nuevo. té au latin repletus, participe passé de replere
RENTA, voir rendir. ‘remplir’, formé avec re- à valeur intensive et
RENTABILIDAD, voir rendir. itérative et plere ‘emplir’ (seulement attesté en
RENTABILIZAR, voir rendir. composition).
RENUNCIAR, voir nuncio. RÉPLICA, voir plegar.
REÑIR (‘se disputer, se quereller’), est issu du REPLICAR, voir plegar.
latin ringi ‘grogner en montrant les dents’ (en REPORTAJE, voir portar.
parlant des chiens) et, au figuré, ‘enrager, être REPORTERO, voir portar.
furieux’. Une variante de reñir (rencir) a don- REPOSAR, voir posar.
né par dérivation rencilla ‘ressentiment, ran- REPOSICIÓN, voir poner.
cune, rancœur’. REPOSO, voir posar.
Dérivés : RIÑA ‘dispute, bagarre’. REPOSTAR (‘s’approvisionner’, ‘se ravitailler’,
REO (‘inculpé, accusé’), est emprunté au latin ‘faire une escale technique’), est formé
reus ‘partie en cause dans un procès’, ‘accu- d’après repostero et repostería dont les sens
sé’, ‘celui qui doit une chose’ (res), ‘débiteur’. premiers sont ‘officier chargé des objets du
REOJO (DE), voir ojo. service domestique’ et ‘office, cuisine, lieu où
REPARACIÓN, voir parar. l’on range le service de table’. Repostero (au-
REPARAR, voir parar. jourd’hui ‘pâtissier’) est dérivé de repositum,
REPARO, voir parar. participe passé de reponere ‘replacer, dispo-
REPARTIR, voir parte. ser, remettre’. Dans la même famille de mots,
REPARTO, voir parte. on trouve aussi repositorio ‘magasin’ (inusi-
REPASAR, voir pasar. té) et, en aragonais, reposte ‘dépense, office,
REPATRIAR, voir padre. cuisine’.
REPELENTE (‘repoussant, répugnant’), est le REPOSTERÍA, voir repostar.
participe présent de repeler ‘repousser, reje- REPOSTERO, voir repostar.
ter’ issu du latin repellere de même sens, for- REPRENDER, voir represalia à l’article pren-
mé avec re- indiquant le mouvement en arrière der.
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RESBALADIZO, voir resbalar. ‘faire obstacle à’, formé avec re- exprimant à
RESBALAR (‘glisser’, ‘déraper’), est l’altération la fois l’intensité et l’opposition et sistere ‘(se)
de resvarar d’origine mal établie. Peut-être poser, (se) placer, tenir ferme’, forme redou-
dérivé du latin varus ‘qui a les genoux tournés blée de stare ‘se tenir debout’, ‘se tenir’.
en dedans et les pieds tournés en dehors, ca- Dérivés : RESISTENCIA ‘résistance’.
gneux’ et qui a donc tendance à tomber ou à RESOLUCIÓN, voir resolver.
glisser. RESOLVER (‘résoudre’), est issu du latin resol-
Dérivés : REBALADIZO ‘glissant’. RESBALÓN vere ‘dénouer, délier’, ‘dissoudre’ de même
‘glissade’. que ‘expliquer’ et ‘payer’. Ce verbe est formé
RESBALÓN, voir resbalar. avec re- à valeur intensive et solvere ‘délier,
RESCATAR (‘racheter’, ‘délivrer’ ; ‘repêcher’, détacher’ et, au figuré, ‘trouver une solution’,
‘sauver’), est dérivé du latin captare ‘chercher ‘acquitter’.
à prendre, à saisir’ probablement par Dérivés : RESOLUCIÓN ‘résolution’, est em-
l’intermédiaire du catalan rescatar ou de prunté au latin resolutio ‘action de dénouer’,
l’italien riscattare correspondant à accattare ‘réfutation’, ‘désagrégation, décomposition’,
‘emprunter’ et ‘acheter’. dérivé de resolutum supin de resolvere.
Dérivés : RESCATE ‘rachat’ ; ‘rançon’ ; ‘sau- RESOLLAR, voir soplar.
vetage’, ‘repêchage’. RESONAR, voir sonar.
RESCATE, voir rescatar. RESOPLAR, voir soplar.
RESCINDIR, voir escindir. RESORTE, voir surtir.
RESECAR, voir rasgar. RESPALDAR(SE), voir espalda.
RESEÑA, voir seña. RESPALDO, voir espalda.
RESERVA, voir reservar. RESPECTAR, voir respeto.
RESERVAR (‘réserver’), est emprunté au latin RESPECTO, voir respeto.
reservare ‘mettre de côté’, ‘réserver’, ‘sauver, RESPETAR, voir respeto.
conserver’, formé avec re- à valeur intensive RESPETO (‘respect’), est emprunté au latin res-
et servare ‘préserver, conserver, sauver’, ‘ré- pectus ‘action de regarder en arrière’, ‘possibi-
server’. lité de regarder vers qqn ou qqch’ c’est-à-dire
Dérivés : RESERVA ‘réserve’ ; ‘réservation’. ‘possibilité de compter sur qqn ou sur qqch,
RESFRIADO, voir frío. recours, refuge’ et enfin ‘considération, égard’
RESFRIAR, voir frío. (parce qu’on a daigné se retourner pour regar-
RESGUARDAR(SE), voir guardar. der). Respectus est formé avec re- (mouve-
RESIDENCIA, voir residir. ment en arrière) et spectus, participe passé de
RESIDIR (‘résider’), est emprunté au latin resi- specere ‘regarder, apercevoir’.
dere ‘rester assis’, ‘demeurer, séjourner’ et, au Dérivés : RESPECTAR ‘concerner’, ‘se rappor-
figuré, ‘subsister’. Residere est formé avec re- ter à’ (por lo que respecta a ‘en ce qui con-
à valeur intensive et sedere ‘être assis’, ‘se te- cerne’). RESPECTO, dans con respecto a, res-
nir, demeurer’. pecto a / de ‘à l’égard de, quant à, en ce qui
Dérivés : RESIDENCIA ‘résidence’ (segunda concerne’ (français au respect de, emploi au-
residencia ‘résidence secondaire’). RESIDUO jourd’hui vieilli). RESPETAR ‘respecter’. RES-
‘résidu’, est emprunté au latin residuum ‘reste, PETO ‘respect’. Respeto et respecto (forme
restant’, neutre substantivé de l’adjectif resi- savante) forment un doublet. La distinction
duus ‘qui reste en arrière’, ‘de reste’, ‘qui sub- sémantique entre les deux termes est tardive
siste’ et ‘inactif, oisif’ (dérivé de residere ‘res- (début du XVIIIe siècle).
ter, séjourner’). RESPIRAR, voir espirar.
RESIDUO, voir residir. RESPIRO, voir espirar.
RESIGNAR(SE), voir seña. RESPLANDECER, voir esplender.
RESINA (‘résine’), est issu du latin resina RESPLANDOR, voir esplender.
‘gomme’ probablement d’origine méditerra- RESPONDER (‘répondre’), est issu du latin res-
néenne. pondere ‘répondre à un engagement pris so-
RESISTENCIA, voir resistir. lennellement’ (d’où ‘se porter garant’) puis
RESISTIR (‘résister’), est emprunté au latin ‘répliquer (par oral ou par écrit)’, ‘se présenter
resistere ‘s’arrêter’, ‘se tenir en faisant face’, à un appel’, ‘être à la hauteur de, répondre à’,
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‘se refléter’ et ‘produire’ (en parlant des cul- personne d’Alfonso XII. RESTAURANTE ‘res-
tures, ‘répondre [aux attentes du paysan]’). taurant’, emprunté au français restaurant, par-
Respondere est formé avec re- (mouvement en ticipe présent substantivé du verbe restaurer
retour) et spondere ‘promettre, garantir’. ‘prendre des forces’. Au XVIIe siècle, restau-
Dérivés : CORRESPONDENCIA ‘correspon- rant signifiait ‘aliment reconstituant’ et, en
dance’. CORRESPONDER ‘correspondre’, du la- particulier, ‘bouillon fait de jus de viande’
tin correspondere ‘s’harmoniser, concorder’, avant de prendre le sens que nous lui connais-
‘payer de retour’, formé avec cum ‘ensemble, sons aujourd’hui.
avec’ et respondere. CORRESPONSAL ‘corres- RESTITUIR, voir constituir.
pondant’ (journaliste). RESPONSABLE ‘respon- RESTO, voir restar.
sable’, est dérivé du latin responsum supin de RESTREGAR, voir estregar.
respondere au sens de ‘se porter garant’. RES- RESTRICCIÓN, voir estreñir.
PUESTA ‘réponse’, est l’ancien participe passé RESTRINGIR, voir estreñir.
(respuesto) substantivé au féminin de respon- RESUCITAR, voir excitar.
der (aujourd’hui respondido). RESULTA(S), voir resultar.
RESPUESTA, voir responder. RESULTADO, voir resultar.
RESQUEBRAJAR, voir quebrar. RESULTAR (‘résulter, ressortir, s’ensuivre’ ;
RESTA, voir restar. ‘être’, ‘rester, demeurer’), est emprunté au la-
RESTAR (‘soustraire, ôter’), est emprunté au latin tin resultare ‘sauter en arrière’, ‘rebondir, re-
restare ‘s’arrêter’, ‘persister’, ‘subsister’ et jaillir’ et, en latin médiéval, ‘apparaître
‘être de reste’, formé avec re- (à valeur inten- comme l’effet de’. Ce verbe est formé avec re-
sive) et stare ‘se tenir debout’. A partir du (mouvement en arrière) et saltare ‘danser,
sens ‘être de reste’ (c’est-à-dire ce qui reste sauter’. Le sens figuré ‘apparaître comme une
après que l’on a ôté ou retranché qqch), conséquence de, s’ensuivre’ s’explique par
l’espagnol a développé le sens de ‘soustraire, l’idée concrète et première de ‘rebondir, rejail-
ôter, enlever’. Évolution de type métony- lir’.
mique : l’opération (la soustraction) et son ré- Dérivés : RESULTA ‘suite, conséquence, effet’.
sultat (le reste), la resta y el resto. De resultas de ‘à la suite de’. RESULTADO ‘ré-
Dérivés : ARRESTAR (vocabulaire militaire) sultat’.
‘mettre aux arrêts’. ARRESTO ‘arrêts’, ‘déten- RESUMEN, voir sumir.
tion, emprisonnement’ (arresto domiciliario / RESUMIR, voir sumir.
asignación de residencia ‘assignation à rési- RESURECCIÓN, voir surgir.
dence’). RESTA ‘soustraction’. RESTO ‘reste’. RETABLO, voir tabla.
RESTAURANTE, voir restaurar. RETAGUARDIA, voir guardar.
RESTAURAR (‘restaurer’), est emprunté au latin RETAHÍLA, voir hilo.
impérial restaurare ‘refaire, rebâtir, réparer’ RETAR (‘provoquer, défier’), d’abord attesté
et, en bas latin, ‘reprendre, renouveler’. Sur le sous la forme reptar ‘accuser’, est issu du latin
modèle instituere / restituere, le latin a créé reputare ‘calculer, compter’, ‘examiner, médi-
restaurare qui a remplacé instaurare ‘renou- ter, réfléchir’, puis, en bas latin, ‘reprocher
veler, recommencer’, ‘réparer’ dont le préfixe qqch à qqn’ (après avoir examiné son cas),
in- semblait mal adapté à la valeur itérative si- ‘accuser’, ‘lancer une accusation à qqn’ d’où
gnifiée par ce verbe. Instaurare a donc pris un ‘défier’. Reputare est formé avec re- (à valeur
autre sens ‘offrir pour la première fois’, puis, intensive) et putare ‘supputer, estimer’.
dans nos langues, ‘fonder, établir pour la pre- Dérivés : RETO ‘défi’.
mière fois’. Il est formé à partir de stare ‘se RETARDAR, voir tardar.
tenir debout’ sur une base -staur- à élargisse- RETARDADO, A, voir tardar.
ment vocalique en u. RETENCIÓN, voir tener.
Dérivés : INSTAURAR ‘instaurer’. Voir ci- RETICENCIA, voir tácito.
dessus le latin instaurare. RESTAURACIÓN RETINA, voir red.
‘restauration’, mot passé dans le vocabulaire RETIRADA, voir tirar.
de la politique (retour d’un souverain, d’une RETIRAR, voir tirar.
dynastie écartée du pouvoir) : en Espagne, la RETIRO, voir tirar.
Restauration des Bourbons, en 1875, en la RETO, voir retar.
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RETOÑAR (‘repousser, bourgeonner, faire des rhume), ‘fluxion’, ‘épanchement dans les arti-
rejets’), est dérivé avec le préfixe re- de toñar culations’. L’autre forme, plus savante, est
c’est-à-dire otoñar ‘repousser’ (en parlant de reumatismo de même origine (latin rheuma-
l’herbe à l’automne), formé sur otoño. Voir ce tismus, grec rheumatismos dérivé de rheuma-
mot. tizein ‘couler’ et ‘souffrir d’un épanchement
Dérivés : RETOÑO ‘rejeton, pousse, rejet’ ; d’humeurs’, rhume ou rhumatisme).
(familier) ‘rejeton’ (enfant). Dérivés : ROMADIZO ‘rhume de cerveau’, dé-
RETOÑO, voir retoñar. rivé de romadizarse ‘s’enrhumer’ (du latin
RETÓRICA (‘rhétorique’), est emprunté au latin rheumatizare de même sens).
rhetorica, du grec rhêtorikê (teknê) ‘art de REUMATISMO, voir reuma.
l’éloquence’. Rhêtorikê est le féminin substan- REUNIR, voir uno.
tivé de l’adjectif rhêtorikos ‘qui concerne les REVÁLIDA, voir valer.
orateurs, l’art oratoire’, dérivé de rhêtor ‘rhé- REVANCHA, voir vengar.
teur, orateur’. REVELAR, voir velo.
RETORNO, voir torno. REVENTAR (‘crever’, ‘éclater’ ; [familier] ‘mou-
RETOZAR (‘folâtrer, batifoler, s’ébattre’), est rir, crever’), est d’origine incertaine, peut-être
dérivé de l’ancienne forme tozo ‘moquerie’ d’un latin vulgaire *repentare ‘sortir brus-
dont l’origine est très incertaine. quement’, dérivé de repente ‘soudainement’
RETRASAR, voir tras. (voir repente).
RETRASO, voir tras. REVERBERAR (‘réverbérer’), est emprunté au
RETRATAR, voir traer. latin reverberare ‘repousser, refouler’, ‘faire
RETRATO, voir traer. rebondir’ et ‘réfléchir les rayons lumineux’.
RETRETA, voir traer. Ce verbe est formé avec re- (mouvement en
RETRETE, voir traer. arrière) et verberare ‘frapper, battre à coups
RETRO-, élément préfixal emprunté au latin retro de verge’ issu de verber, verberis ‘baguette,
‘en arrière, derrière’, ‘en retour’ et ‘en sens verge, fouet’ et ‘réprimande’.
contraire’, dérivé de re-. Voir ce préfixe ainsi REVERENCIA, voir vergüenza.
que alrededor. REVERENDO, voir vergüenza.
Dérivés : RETROACTIVIDAD ‘rétroactivité’. REVÉS, voir verter.
RETRODATAR ‘antidater’. REVISAR, voir ver.
RETROACTIVIDAD, voir retro-. REVISTA, voir ver.
RETROCEDER, voir ceder. REVOCAR, voir voz.
RETROCESO, voir ceder. REVOLCAR, voir volcar.
RETRODATAR, voir retro- et dar. REVOLCÓN, voir volcar.
RETROGRADAR, voir grado (1). REVOLOTEAR, voir volar.
RETRÓGRADO, voir grado (1). REVOLUCIÓN, voir volver.
RETROSPECTIVO, voir espectáculo. REVOLUCIONARIO, voir volver.
RETRUÉCANO (‘jeu de mots, calembour’), n’est REVOLVER, voir volver.
pas d’origine bien établie, peut-être de l’italien REVÓLVER, voir volver.
rintrónico, nom d’une composition poétique REVUELTA, voir volver.
puis ‘réplique désagréable’ dont l’étymon REY (‘roi’), est issu du latin rex, regis ‘celui qui
reste obscur. Il est possible que rintrónico ait dirige’, ‘roi’, d’une racine indoeuropéenne
subi l’influence de retrucar (très peu usité) *reg- ‘diriger en droite ligne’.
‘répliquer’ et de trocar ‘troquer, échanger’, Dérivés : REAL ‘royal’, du latin regalis de
‘changer’ et ‘mélanger, confondre’, le jeu de même sens. REALEZA ‘royauté’. REGICIDA
mots étant fondé sur une équivoque (ressem- ‘régicide’ (le meurtrier) et REGICIDIO ‘régi-
blance phonique mais sens différents). cide’ (le crime), formés avec le latin -cida /
RETUMBAR, voir tumbar. -cidium suffixes issus du verbe caedere ‘frap-
REUMA (‘rhumatisme’), est emprunté au bas per, tuer’. REGIO ‘royal’, du latin regius de
latin rheuma ‘flux de la mer’ et ‘catarrhe’, lui- même sens. Regio est savant par rapport à
même pris au grec rhêuma, rhêumatos ‘eau real. REINA ‘reine’. REINADO ‘règne’. REINAR
qui coule’ et, en médecine, ‘écoulement ‘régner’. REINETA ‘reinette’, diminutif de rei-
d’humeur’, ‘suppuration’, ‘catarrhe’ (français na. Manzana reineta ‘(pomme de) reinette’,
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très estimée pour sa chair parfumée, d’où la reille ‘barre’ issu du latin regula ‘règle, barre’.
comparaison avec une reine. En français, une Voir regla.
variété s’appelle reine des reinettes. Dans le RIENDA (‘rêne’), est issu d’un latin vulgaire
même ordre d’idées : reine-claude (prune de *retina de même sens, dérivé de retinere ‘ar-
la reine Claude, femme de François Ier) ; rêter, contenir’, formé avec re- (mouvement
reine-des-prés ; reine-marguerite. REINO en arrière) et tenere ‘tenir, maintenir’.
‘royaume’ (du latin regnum de même sens). RIESGO (‘risque’), n’est pas d’origine bien éta-
REZAGAR, voir zaga. blie. On suppose un latin vulgaire *resecum
REZAR (‘prier, dire sa prière’ ; ‘dire’, ‘réciter’), ‘ce qui coupe’ d’où ‘écueil, rocher découpé’
est issu du latin recitare ‘lire à haute voix’, puis ‘risque (en mer)’. *Resecum serait issu de
‘débiter, dire de mémoire’. Voir recitar. Re- resecare ‘enlever en coupant’. Voir rasgar et
zar s’est spécialisé dans le domaine religieux resecar.
(‘dire sa prière, prier’) mais le sens ancien Dérivés : ARRIESGAR(SE) ‘risquer’, ‘se risquer
(‘réciter, dire, prononcer à voix haute’) sub- à, se hasarder à’.
siste encore dans les expressions du type RIFLE (‘rifle, fusil [à canon rayé]’), est emprunté
según reza el refrán ‘comme dit le proverbe’. à l’anglais rifle ‘rainure d’un canon de fusil’
Dérivés : REZO ‘prière’. puis ‘fusil, carabine à canon rayé’, tiré de to
REZO, voir rezar. rifle ‘faire des rainures’, emprunté au vieux
REZONGAR (‘grogner, ronchonner, rouspéter’), français rifler ‘racler, égratigner’. Le mot sub-
est d’origine onomatopéique. siste en français dans (carabine, pistolet) 22
REZUMAR, voir zumo. long rifle (à long canon rayé, les rayures gui-
RÍA, voir río. dant mieux la balle plus longtemps, assurant
RIADA, voir río. ainsi une meilleure précision).
RIBERA (‘rive, rivage’, ‘berge’), est dérivé de RÍGIDO (‘rigide’, ‘raide’ ; ‘sévère, de fer’), est
l’ancienne forme riba ‘rive’ issue du latin ripa emprunté au latin rigidus ‘raide, dur, sévère’,
de même sens. dérivé de rigere ‘être raide, insensible’.
Dérivés : ARRIBAR ‘accoster, aborder’, littéra- RIGOR (‘rigueur’), est emprunté au latin rigor,
lement ‘aller vers la rive’ (en français rigoris ‘raideur, dureté, rigidité’, ‘raideur due
ar-rive-er d’où ‘arriver par bateau’ puis ‘arri- au froid’ et, au figuré, ‘sévérité’ (dérivé de ri-
ver’ en général). Voir aussi arriba. RIBEREÑO gere ‘être raide, insensible’).
‘riverain’. Dérivés : RIGUROSO ‘rigoureux’. Rigor → ri-
RIBEREÑO, voir ribera. guroso par analogie avec calor → caluroso
RICO (‘riche’), est issu du francique *rîki ‘puis- (le froid et le chaud).
sant’ appartenant à une racine germanique RIGUROSO, voir rigor.
(gotique reiks, allemand reich, anglais rich). RIMA (‘rime’), n’est pas d’origine bien établie.
Dérivés : ENRIQUECER(SE) ‘(s’)enrichir’. RI- On y a vu un emprunt au francique *rîm ‘sé-
QUEZA ‘richesse’. rie, nombre’. Ce terme pourrait avoir désigné
RIDÍCULO ([adjectif et substantif] ‘ridicule’), est une série de vers semblables et, en particulier,
emprunté au latin ridiculus dérivé de ridere des vers dont la terminaison est identique,
‘rire’ (voir reír). Ridiculus avait à la fois un d’où la notion de ‘rime’.
sens actif (‘qui cherche à provoquer le rire’ RIMEL (‘rimmel’), est un nom propre (Rimmel
d’où ‘drôle, plaisant’) et un sens passif (‘qui est une marque déposée) devenu un nom
suscite involontairement le rire’ d’où ‘extra- commun (Voir Rudolph Diesel → un diesel).
vagant’ et ‘absurde’). RINCÓN (‘coin’), est une altération des anciennes
RIEGO, voir regar. formes recón ou rencón issues de l’arabe dia-
RIEL (‘rail’), est emprunté au catalan riell ‘barre lectal rukún de même sens (arabe classique
de fer’ d’origine mal établie. Il s’agit peut-être rukn).
du diminutif de riu ‘ruisseau’ (par analogie RINITIS, voir rino-.
avec le métal en fusion que l’on coule dans RINO-, élément préfixal emprunté au grec rhino-
des moules). Au XIXe siècle, le mot riel a ser- issu de rhis, rhinos ‘nez’ et entrant dans la
vi à traduire l’anglais rail (‘rail de chemin de composition de mots savants du vocabulaire
fer’), emprunté à l’ancien français raille ou médical : RINITIS ‘rhinite’ (avec suffixe -itis
désignant les maladies inflammatoires) ; RI-
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sum). Robot est tiré du tchèque robota ‘travail’ sum supin de erodere ‘ronger’, ‘manger, brou-
et ‘corvée’ lui-même issu du vieux slave rabo- ter’, formé avec ex à valeur intensive et ro-
ta ‘esclavage’, ‘travail pénible de l’esclave’, dere. Le terme est passé du vocabulaire de la
‘activité laborieuse’ (d’une racine indoeuro- médecine à celui de la géologie au XVIIIe
péenne *orbho- représentée dans l’allemand siècle.
Arbeit ‘travail’). Retrato robot ‘portrait- ROGAR (‘prier’), est issu du latin rogare ‘inter-
robot’ (au pluriel retratos robot). roger, questionner’ et ‘chercher à obtenir en
ROBUSTO, voir roble. priant, solliciter, prier’.
ROCA (‘roche, roc’), est issu, probablement par Dérivés : ABROGAR ‘abroger’, du latin abro-
l’intermédiaire du catalan ou de l’occitan, du gare ‘enlever son crédit à qqn’, ‘supprimer par
latin médiéval rocca ‘roche, rocher’ d’origine une loi’, ‘demander la suppression de’, formé
incertaine, sans doute préromane. avec ab (à valeur privative) et rogare ‘deman-
Dérivés : DERROCAR ‘précipiter du haut d’un der, solliciter’. ARROGANCIA ‘arrogance’, du
rocher’ ; ‘démolir, abattre’ ; (figuré) ‘renver- latin arrogantia dérivé de arrogans ‘insolent,
ser’. ROCOCÓ ‘rococo’, est emprunté au fran- présomptueux’, participe présent de arrogare
çais rococo, formé d’après rocaille (style ro- (adrogare) ‘demander en plus’, ‘demander in-
caille du XVIIIe siècle caractérisé par la proli- dûment, réclamer’. DEROGAR ‘déroger’. IN-
fération d’ornements, de volutes en forme de TERROGANTE (masculin ou féminin) ‘point
coquillages). d’interrogation’ (chose incertaine), participe
ROCE, voir rozar. présent substantivé de interrogar ‘interroger’.
ROCIAR (‘asperger, arroser’ ; ‘se déposer, tom- INTERROGAR ‘interroger’, du latin interrogare
ber’ [la rosée]), est issu du latin vulgaire ‘demander les avis de plusieurs personnes’
*roscidare lui-même tiré de roscidus ‘couvert puis, en s’adressant à une seule personne, ‘in-
de rosée’, ‘humecté, mouillé, baigné’ (de ros, terroger’ (en droit ‘questionner’ et ‘poursuivre
roris ‘rosée’). en justice’). Ce verbe est formé avec inter- lit-
Dérivés : ROCÍO ‘rosée’. téralement ‘à l’intérieur de deux’, ‘dans, par-
ROCÍN (‘rosse’, ‘roussin’, ‘cheval de bât’), est mi’ (in- ‘dans’ et l’élément -ter- servant à op-
emprunté à l’ancien provençal rocin (au- poser deux parties). PRERROGATIVA ‘préroga-
jourd’hui roussin ou arroussin) dont l’origine tive’, emprunté au latin praerogativa, substan-
est discutée. P. Guiraud propose de rattacher tivation au féminin de l’adjectif praerogativus
le provençal roussin à rosse ou ros ‘mauvais ‘qui vote le premier’, formé avec prae ‘avant’
cheval’. Rosse pourrait être emprunté avec une et rogativus tiré de rogatum supin de rogare
valeur péjorative à l’allemand ross terme ‘interroger, consulter’. PRÓRROGA / PRORRO-
noble pour désigner un cheval, un coursier. GACIÓN ‘prorogation’, du latin prorogatio
Mais P. Guiraud préfère y voir un dérivé du ‘prolongation, ajournement, délai’, tiré de pro-
provençal roussa ‘fatiguer’ issu du latin vul- rogatum supin de prorogare ‘prolonger (des
gaire *ruptiare ‘rompre’. Une rosse serait pouvoirs, un délai)’, formé avec pro ‘devant’
donc un cheval qui a le dos rompu par le tra- et rogare ‘demander’. RUEGO ‘prière’.
vail. Le nom du cheval de don Quichotte, Ro- ROJO (‘rouge’), est issu du latin russeus ‘rouge
cinante ‘Rossinante’, est dérivé de rocín. foncé’.
ROCINANTE, voir rocín. Dérivés : ENROJECER ‘rougir’.
ROCÍO, voir rociar. ROL, voir rueda.
ROCOCÓ, voir roca. ROLLIZO, voir rueda.
RODAJA, voir rueda. ROLLO, voir rueda.
RODAJE, voir rueda. ROMADIZO, voir reuma.
RODAR, voir rueda. ROMANCE, voir romano.
RODEAR, voir rueda. ROMÁNICO, voir romano.
RODEO, voir rueda. ROMANO ([adjectif et substantif] ‘romain’), est
RODILLA, voir rueda. emprunté au latin romanus, a, um ‘de Rome’,
ROER (‘ronger’), est issu du latin rodere de substantivé pour désigner l’habitant de Rome
même sens, d’origine incertaine. et le peuple romain en général (Romani ‘les
Dérivés : EROSIÓN ‘érosion’, est emprunté au Romains’).
latin impérial erosio ‘ulcération’, tiré de ero-
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Dérivés : ROMANCE ‘langue espagnole, castil- donné par ailleurs l’espagnol rombo ‘lo-
lan’, est issu d’un latin vulgaire *romanice, sange’.
adverbe tiré de romanus ‘romain’ et signifiant ROMPECABEZAS, voir romper.
‘en langue romaine’ par opposition à la langue ROMPER (‘casser, briser’), est issu du latin
des Francs (les barbares). Ce mot s’est appli- rumpere ‘briser avec force’ et ‘couper court à
qué ensuite aux langues parlées par les qqch’.
peuples romanisés (langues néo-latines). Ro- Dérivés : ABRUPTO ‘abrupt’, est emprunté au
mance a alors pris le sens de ‘en langue vul- latin abruptus ‘escarpé’, participe passé de
gaire’ (par opposition à ‘en latin’) c’est-à-dire abrumpere ‘détacher en brisant’, formé avec
en langue romane parlée par le peuple, issue ab (éloignement) et rumpere. CORROMPER
de l’altération et de la transformation phoné- ‘corrompre’, du latin corrumpere ‘faire cre-
tique et morphologique du latin. D’où le sens ver’, ‘détruire’ et ‘détériorer, gâter’. L’ancien
pris par romance ‘langue espagnole’. Ro- participe passé de corromper — corrupto, du
mance s’est ensuite appliqué à des écrits en latin corruptus — est devenu un adjectif (los
langue vulgaire et en particulier à une compo- ministros corruptos ‘les ministres corrom-
sition poétique formée d’octosyllabes. En pus’). CORRUPCIÓN ‘corruption’. ERUPCIÓN
français, le mot roman (issu lui aussi du latin ‘éruption’, du latin eruptio ‘irruption’, ‘érup-
romanice) a d’abord désigné un récit en vers tion’ et ‘hémorragie’, dérivé de eruptum, supin
(français) avant de s’appliquer à la prose (ro- de erumpere ‘faire sortir en brisant’, formé
man courtois, roman de chevalerie). Le sens avec ex ‘hors de’ et rumpere. INTERRUMPIR
que nous lui connaissons aujourd’hui apparaît ‘interrompre’, du latin interrumpere ‘mettre en
au XVIe siècle. ROMÁNICO ‘roman’ (dans le morceaux, briser’ puis ‘interrompre un dis-
vocabulaire de l’art et de la linguistique : len- cours’, formé avec inter- (‘à l’intérieur de
guas románicas ‘langues romanes’). ROMAN- deux’) et rumpere. IRRUMPIR ‘faire irruption’,
TICISMO ‘romantisme’. Voir ci-après du latin irrumpere ‘se précipiter dans’, ‘enva-
romántico. ROMÁNTICO ‘romantique’, est hir’, formé avec ir- / in- ‘dans’ et rumpere.
emprunté au français romantique dont le sens PRORRUMPIR ‘jaillir’ ; (figuré) ‘éclater’ (rire,
originel est ‘romanesque’, lui-même pris à larmes), ‘fuser’ (critiques etc.). ROMPECABE-
l’anglais romantic ‘romanesque’ et ‘pitto- ZAS ‘casse-tête’, ‘puzzle’. ROTURA ‘rupture’,
resque’, dérivé de romant emprunté à l’ancien ‘cassure’, ‘fracture’, est emprunté au latin rup-
français romanz ‘récit romanesque en vers’. A tura ‘fracture, fait de casser’, dérivé de ruptum
leur tour, les Allemands ont emprunté ce supin de rumpere. Le traitement savant du la-
terme à l’anglais sous la forme romantisch tin ruptura a donné l’espagnol ruptura ‘rup-
(opposée à klassisch ‘classique’). En 1810, ture’ avec des sens figurés. ROTURAR ‘défri-
Mme de Staël introduira en France cher, défoncer’. En français, roture désignait
l’opposition entre classiques et romantiques, une terre nouvellement défrichée soumise à un
laquelle se propagera ensuite en Espagne. impôt et donc non noble d’où roturier. RUTA
ROMANTICISMO, voir romano. ‘route, itinéraire, parcours’, est emprunté au
ROMÁNTICO, voir romano. français route, issu d’un latin vulgaire *rupta
ROMBO, voir romo. mis pour *via rupta littéralement ‘voie ouver-
ROMERÍA, voir romero. te, frayée’. *Rupta est la substantivation au
ROMERO (‘pèlerin’), d’abord sous la forme féminin (par ellipse de via) du participe passé
romeo, est emprunté au bas latin romaeus lui- de rumpere ‘briser’. RUTINA ‘routine’, du
même pris au grec româios, littéralement ‘ro- français routine, dérivé de route (voir ruta ci-
main’. Ce mot s’est d’abord appliqué aux pè- dessus), celui qui est routinier prend toujours
lerins qui se rendaient particulièrement à Ro- la même ‘route’.
me avant de subir une extension sémantique. RON (‘rhum’), est emprunté à l’anglais rum de
Dérivés : ROMERÍA ‘pèlerinage’. même sens et d’origine incertaine. Il s’agit
ROMO (‘émoussé’ ; ‘camus, camard’), n’est pas peut-être de l’abréviation de rumbullion ou
d’origine bien établie. Peut-être du latin rumbustion qui, dans la langue des colons de
rhombus ‘losange’ à cause des deux angles la Barbade, signifiait ‘boisson forte qui cause
obtus de cette figure géométrique. Rhombus a souvent des bagarres’.
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RONCAR (‘ronfler’), est issu du latin rhonchare vire’, sens conservé dans l’espagnol rostro et
de même sens, dérivé de rhonchus ‘ronfle- le français rostre.
ment’ et ‘ricanement, moquerie’. ROTACIÓN, voir rueda.
Dérivés : ENRONQUECER(SE) ‘(s’)enrouer’. RÓTULA, voir rueda.
RONQUIDO ‘ronflement’. ROTULADOR, voir rueda.
RONCO (‘rauque’, ‘enroué’), est emprunté au RÓTULO, voir rueda.
latin raucus ‘enroué’ et ‘âpre, rude’ (en par- ROTUNDO, voir redondo.
lant d’un son). Raucus a donné ronco en es- ROTURA, voir romper.
pagnol sous l’influence de roncar ‘ronfler’. ROTURAR, voir romper.
RONDA (‘ronde’), d’abord attesté sous les formes ROYALTY (‘royalty’), est emprunté à l’anglais
arrobda ou robda, est issu de l’arabe rubt royalty lui-même pris à l’ancien français roial-
(pluriel de râbita ‘patrouille de guerriers à té (moderne royauté). Au pluriel, royalties si-
cheval’). gnifiait ‘droit régalien’ (c’est-à-dire ‘qui est
Dérivés : RONDAR ‘faire une ronde’ ; ‘tourner afférent au roi’), ‘prérogative accordée par le
autour’, ‘rôder, planer sur, guetter’ ; ‘friser’ souverain à un individu’ puis ‘redevance
(rondar los cuarenta ‘friser la quarantaine’). payée par un exploitant au propriétaire d’une
RONDAR, voir ronda. mine’ et enfin ‘droits d’auteur’.
RONQUIDO, voir roncar. ROZADURA, voir rozar.
ROÑA (‘gale’ ; ‘crasse’ ; ‘rouille’), est issu d’un ROZAR (‘frôler, effleurer’), d’abord attesté avec
latin vulgaire *ronea ‘gale’, altération du latin les sens de ‘défricher’ et de ‘racler’, ce mot a
classique aranea ‘araignée’, ‘toile d’araignée’, fini par prendre le sens très atténué de ‘frôler,
‘fil très fin’ et, en bas latin, ‘maladie de peau’ effleurer’. Rozar est issu d’un latin vulgaire
(l’herpès). L’altération est due au verbe rodere *ruptiare dérivé de rumpere ‘briser avec
‘ronger’. force’. Voir romper et, dans les dérivés, rotu-
ROPA, voir robar. ra / roturar.
RORRO (‘bébé’), est d’origine onomatopéique Dérivés : ROCE ‘frôlement, effleurement’. RO-
(ro-ro, pour bercer les enfants). ZADURA ‘éraflure’.
ROSA (‘rose’), est emprunté au latin rosa de RUBÉOLA, voir rubio.
même sens. RUBÍ, voir rubio.
Dérivés : ROSADO ‘rose’ (couleur). ROSAL ‘ro- RUBICUNDO, voir rubio.
sier’. ROSARIO ‘chapelet’, ‘rosaire’, est em- RUBIO (‘blond’), est issu du latin rubeus ‘roux,
prunté au latin ecclésiastique rosarium, littéra- roussâtre’, dérivé de rubere ‘être rouge’ (en
lement ‘champ de roses, roseraie’, neutre aragonais royo, en français rouge). Le roux
substantivé de l’adjectif rosarius ‘de rose’ dé- désigne une couleur orangée plus ou moins
rivé de rosa. Rosarium s’est appliqué à la vive qui va du brun-rouge (très foncé) au jau-
guirlande de roses dont on couronnait la ne orangé (très clair). Dans cette gamme de
Vierge puis a désigné un chapelet consacré à couleurs, l’espagnol a tiré rubio vers les
la Vierge. teintes les plus claires (on parle d’ailleurs de
ROSAL, voir rosa. blond roux). Rojo a désigné le rouge mais
ROSARIO, voir rosa. aussi la couleur rousse dans una (mujer) pe-
ROSCA (‘petit pain [en forme de couronne]’), lirroja ‘une (femme) rousse’ Rojizo s’est ap-
‘bourrelet de graisse’ [cou, poignets], ‘objet en pliqué à la couleur rousse à proprement parler
forme d’anneau, de couronne’), n’est pas et rubio a fini par désigner ce que le français
d’origine bien établie, sans doute préromane. et l’italien qualifient de blond / biondo.
Dérivés : ROSCÓN ‘couronne’ (roscón de Dérivés : RUBÉOLA ‘rubéole’, dérivé de ru-
Reyes ‘galette des Rois’). beus. RUBÍ ‘rubis’, est emprunté au catalan
ROSTRO (‘visage’), est emprunté au latin ros- robí lui-même pris au bas latin rubinus ‘pierre
trum dérivé de rodere ‘ronger’. Rostrum signi- précieuse rouge’ (du latin classique rubeus).
fie donc ‘ce qui sert à ronger’ d’où ‘museau’, RUBICUNDO ‘rubicond’, ‘rougeaud’, du latin
‘bec’ et, dans la langue familière, ‘bouche’, rubicundus ‘rouge, rougeaud’, dérivé de ru-
‘visage’ (en français familier clouer le bec à bere ‘être rouge’ (tiré de ruber ‘rouge’). RU-
qqn). Rostrum signifiait aussi ‘éperon de na- BOR ‘rougeur’ ; ‘honte’. RUBORIZARSE ‘rou-
gir, devenir rouge’ (au propre et au figuré).
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RÚBRICA ‘rubrique’ ; ‘paraphe’, emprunté au un écrit d’où le sens de ‘liste, registre’ (‘rôle
latin rubrica ‘terre rouge’, ‘craie rouge’ et d’équipage’, liste des marins embarqués). Par
‘couleur rouge’. Dans le vocabulaire juridique, la même évolution sémantique que papel en
rubrica désignait des textes de lois où les titres espagnol, le mot rôle a désigné aussi le texte
des chapitres étaient écrits en rouge. — écrit sur un rouleau ou sur une feuille rou-
RUBOR, voir rubio. lée — que doit apprendre un acteur. Juego de
RUBORIZARSE, voir rubio. rol ‘jeu de rôles’. ROLLIZO ‘potelé, dodu’.
RÚBRICA, voir rubio. ROLLO ‘rouleau’ (de papier, de pellicule) ;
RUDEZA, voir rudo. (familier) ‘barbant, rasoir, assommant’ (à pro-
RUDIMENTO, voir rudo. pos d’un roman, d’un film, d’une conversa-
RUDO (‘rude’ ; ‘grossier’), est emprunté au latin tion). Cette acception péjorative vient de ce
rudis ‘qui n’est pas travaillé, brut, grossier’ et, que l’orateur ou l’acteur déroulait un (long)
au figuré, ‘inculte, ignorant’, d’origine incer- rouleau de papier qui pouvait laisser présager
taine (peut-être apparenté à rudus ‘plâtras, dé- que la tirade ou le discours serait fort en-
combres, gravats’). nuyeux. Rollo est issu de rotulus (voir plus
Dérivés : ERUDITO ‘érudit’, est emprunté au haut rol). ROTACIÓN ‘rotation’, du latin rota-
latin eruditus ‘instruit, savant’, participe passé tio ‘action de mouvoir en rond’, dérivé de ro-
adjectivé de erudire ‘dégrossir’ d’où ‘ins- tatum supin de rotare ‘tourner’. RÓTULA ‘ro-
truire’, formé avec ex (privatif) et rudis ‘in- tule’, voir plus haut rodilla. ROTULADOR
culte’. RUDEZA ‘rudesse’. RUDIMENTO ‘rudi- ‘marqueur, crayon feutre’, de forme cylin-
ment’, est emprunté au latin rudimentum ‘ap- drique rappelant celle d’un rouleau. Rotula-
prentissage, premiers éléments’, dérivé de ru- dor est un dérivé de rotular ‘dessiner des
dis ‘qui n’est pas travaillé’ et ‘inculte’. lettres’, ‘mettre la légende (à un plan etc.)’.
RUEDA (‘roue’), est issu du latin rota ‘roue (d’un Rotulador signifie littéralement ‘instrument
char, du potier)’, ‘roue hydraulique’, ‘supplice qui sert à créer des écriteaux, des panonceaux’
de la roue’ et enfin ‘poisson rond’. (rótulos). Rapport de type métonymique :
Dérivés : ARRODILLARSE ‘s’agenouiller’, voir l’instrument et l’usage auquel il est destiné.
plus bas rodilla. ARROLLAR ‘enrouler, rou- Voir ci-après rótulo. RÓTULO ‘enseigne’,
ler’ ; ‘emporter, entraîner’, ‘renverser’. DE- ‘écriteau, panonceau’, du latin rotulus ‘rou-
SARROLLAR ‘dérouler’ et ‘développer’. RODA- leau de papier portant un écrit’. RUEDO
JA ‘rondelle, tranche’, ‘roulette, molette’. RO- ‘arène(s)’, synonyme de redondel. RULETA
DAJE ‘rouage(s)’ ; ‘rodage’ (c’est-à-dire ‘ac- ‘roulette’, est emprunté au français roulette,
tion de faire tourner un moteur pendant un cer- diminutif de rouelle ‘tranche ronde, rondelle’,
tain nombre de kilomètres’) ; ‘tournage (d’un issu du bas latin rotella ‘petite roue’ (variante
film)’. RODAR ‘rouler’, ‘dégringoler, dévaler’ ; de rotula), diminutif de rota ‘roue’.
‘roder (un moteur)’ ; ‘tourner (un film)’, du RUEDO, voir rueda.
latin rotare ‘faire tourner’ (dérivé de rota). RUEGO, voir rogar.
RODEAR ‘entourer’. RODEO ‘détour, crochet’ ; RUFIÁN (‘souteneur, maquereau’), est probable-
(figuré) ‘détour’ (hablar sin rodeos ‘parler ment emprunté à l’italien ruffiano ‘entremet-
sans détours’). RODILLA ‘genou’, est issu, teur’ dont l’origine n’est pas bien établie.
après changement de suffixe, du latin rotula, Peut-être de l’italien ancien roffia ‘saleté’ qui
littéralement ‘petite roue’, diminutif de rota. pourrait provenir de rufulus, diminutif du latin
Le traitement savant de rotula a produit rótula rufus ‘roux’ croisé avec la finale de puttana
‘rotule’. Rodilla a fini par se substituer à hino- ‘putain’ au masculin : ruffi-an-o. L’ensemble
jo(s) ancien nom désignant le genou en espa- forme une sorte de ‘champ sémantique’ lié au
gnol (du latin vulgaire genuculus, latin clas- souteneur : roffia ‘saleté’, idée d’un commerce
sique genu). En français, être sur les genoux / malpropre, illicite ; rufus, la couleur rousse
être sur les rotules. ROL ‘rôle, liste’ ; ‘rôle’ avait, depuis Judas, des connotations péjora-
(dans le vocabulaire de la psychanalyse et de tives (il est possible, comme le suggère Coro-
la sociologie à la place de papel), est emprun- minas, que les prostituées romaines aient utili-
té au français rôle issu du latin médiéval rotu- sé des perruques de cette couleur) et enfin put-
lus ‘petite roue’, diminutif de rota. Rotulus tana, la prostitution.
désigne un rouleau, une feuille roulée portant RUGIDO, voir ruido.
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maine et consacré au culte divin. Le nom latin goût, de la saveur’ et, au figuré, ‘sage, ver-
qui désignait le septième jour (Saturnus dies tueux’, ‘prudent circonspect’. RESABIO ‘ar-
‘le jour de Saturne’) n’a pas été conservé. rière-goût’, formé avec re- indiquant la répéti-
Dérivés : SABÁTICO ‘sabbatique’, est emprunté tion, la persistance d’une saveur (générale-
au latin sabbaticus ‘relatif au sabbat’. ment désagréable). sabiendas (a) ‘sciemment,
L’expression année sabbatique (attestée au en connaissance de cause’, adverbe formé à
XVIIe siècle en France) a désigné à l’origine partir du gérondif sabiendo (voir à ce sujet,
la 7e année pendant laquelle les juifs laissaient M. Bénaben, Manuel de linguistique espa-
la terre en repos. Plus tard, aux États-Unis gnole, Ophrys, 1994, p. 45. SABOR ‘saveur’,
sabbatical year (1886) a désigné l’année de du latin sapor ‘goût, saveur propre à une
congé accordée tous les 7 ans aux professeurs chose’, ‘odeur, parfum’, ‘action de goûter’
d’université. Aujourd’hui, cette expression est (dérivé de sapere ‘avoir du goût’). SABOREAR
complètement démotivée puisque la périodici- ‘savourer’.
té de 7 ans n’est plus observée. SABIDURÍA, voir saber.
SABANA (‘savane’), est emprunté au taïno zava- SABIENDAS (A), voir saber.
na ou zabana (le taïno était une langue in- SABIO, voir saber.
dienne d’Haïti). SABIR (‘sabir’), est une déformation de
SÁBANA (‘drap [de lit]’), est issu du latin sabana l’espagnol ou du provençal saber ‘savoir’ que
neutre pluriel, interprété comme un féminin l’on trouve par exemple chez Molière (Le
singulier, de sabanum ‘linge, serviette’, ‘pei- bourgeois gentilhomme) : si ti sabir, ti res-
gnoir’ (du grec sábanon de même sens). pondir (‘si toi savoir, toi répondre’), mots
SABAÑÓN (‘engelure’), est d’origine obscure. Ce prononcés par le muphti. Sabir a d’abord dé-
mot a peut-être désigné à l’origine un insecte signé un jargon fait d’arabe, de français,
ou un vers car l’on croyait que la plupart des d’espagnol ou d’italien utilisé en Afrique du
affections de la peau (engelures etc.) étaient Nord dans les relations commerciales. Le
causées par des vers. terme est passé dans le vocabulaire de la lin-
SABÁTICO, voir sábado. guistique : ‘(les sabirs) sont des langues com-
SABER (‘savoir’ ; ‘avoir le goût de’), est issu du posites nées du contact de deux ou plusieurs
latin sapere ‘avoir du goût, de la saveur’, ‘ex- communautés linguistiques différentes qui
haler une odeur’ puis ‘sentir par le sens du n’ont aucun moyen de se comprendre, no-
goût’ d’où ‘avoir la connaissance (concrète tamment dans les transactions commerciales.
puis intellectuelle) de qqch’, ‘avoir du discer- Les sabirs sont des langues d’appoint, ayant
nement, du jugement’. Sapere a éliminé le une structure grammaticale mal caractérisée et
classique scire ‘savoir’. Par ailleurs, saber est un lexique pauvre, limité aux besoins qui les
un verbe modal, puissanciel (le savoir condi- ont fait naître [...]. Ils se différencient des pid-
tionne l’exécution d’un acte) dont le signifiant gins qui sont des systèmes complets seconds
est affecté, dans la conjugaison, d’un certain et des créoles qui, nés comme sabirs ou pid-
nombre de traits caractéristiques. Voir à ce su- gins, sont devenus les langues maternelles de
jet, B. Pottier, B. Darbord, La langue espa- communautés culturelles’ (Dictionnaire de
gnole. Éléments de grammaire historique, Na- linguistique, Jean Dubois et alii, Larousse,
than, 1994 (pp. 161-163). 1973).
Dérivés : CONSABIDO ‘bien connu, tradition- SABLE (‘sabre’), est emprunté par l’intermédiaire
nel, inévitable, classique’. DESABRIDO ‘fade, du français sabre à l’allemand Sabel (ou Sä-
insipide’, représente la contraction de bel) ‘arme blanche à lame plus ou moins re-
des-saborido construit sur sabor ‘saveur’, voir courbée’ lui-même pris au hongrois száblya.
plus bas. INSÍPIDO ‘insipide’, du bas latin insi- SABOR, voir saber.
pidus ‘fade, sans goût’, formé avec in (priva- SABOREAR, voir saber.
tif) et sapidus ‘qui a du goût’. Sapidus est dé- SABOTAJE (‘sabotage’), est emprunté au français
rivé de sapere ‘avoir de la saveur’ et, au figu- sabotage avec d’abord le sens de ‘fabrication
ré, ‘avoir du goût, du discernement’, ‘être des sabots’ puis celui d’ « action de détruire ».
sage’. SABIDURÍA ‘sagesse’. SABIO ‘savant’ et Sabotage, comme saboteur et saboter, est dé-
‘sage’, d’un latin vulgaire *sapius ou *sabius, rivé de sabot dont l’origine est très mal éta-
altération du latin classique sapidus ‘qui a du blie : il pourrait s’agir du croisement entre sa-
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vate (voir zapato) et bot, forme masculine métonymique). Voir ce mot. SAQUE ‘service’
correspondant à botte employée dans le dia- (tennis, un saque-cañonazo ‘un service ca-
lecte poitevin. Or cette étymologie ne rend pas non’), ‘coup d’envoi’ (football).
compte du sens originel de sabot : ‘grosse SACERDOTE, voir sagrado.
toupie que l’on fait tourner avec une corde’. P. SACIAR (‘rassasier’ ; [figuré] ‘assouvir’), est issu
Guiraud propose donc de partir d’une forme du latin satiare ‘satisfaire, rassasier’, dérivé de
de normand-picard çabot ou chabot ‘toupie’ satis ‘assez, suffisamment’.
puis ‘chaussure’ et dérivée de bot ‘émoussé, SACO (1) (‘sac’), est issu du latin saccus ‘sac (à
contrefait’, adjectif employé aussi comme blé, à argent)’ et, en latin vulgaire, ‘vêtement
substantif avec le sens d’ « objet mal dégros- de crin grossier’ (en Amérique latine, saco dé-
si ». Bot est apparenté au germanique *butta signe une veste). Le mot latin est lui-même
‘émoussé’ (espagnol boto de même sens). Sa- pris au grec sakkos qui désignait la toile
bot ‘toupie’ et ‘chaussure de bois’ a donné sa- d’emballage.
boter qui a eu successivement les sens sui- SACO (2) (‘sac, pillage’), est emprunté à l’italien
vants : ‘heurter, secouer’ (sens probablement sacco (mettere a saco ‘mettre à sac’), abrévia-
tiré de sabot ‘toupie’), ‘piétiner bruyamment tion de saccomanno ‘pillard’ (en espagnol sa-
avec des sabots’ d’où ‘maltraiter’ puis, au comano ‘pillage’) lui-même pris au moyen al-
XIXe siècle, ‘faire qqch vite et mal’ et enfin lemand sakman ‘homme au sac’ (qui met dans
‘détruire volontairement (une machine, une le sac) d’où ‘brigand, pillard’. Sakman est
installation etc.)’. Les deux autres dérivés, sa- formé avec man (mann) ‘homme’ et sak (sack)
boteur et sabotage, ont suivi l’évolution sé- peut-être issu du latin saccus de même sens.
mantique du verbe : saboteur ‘qui joue à la Dérivés : SAQUEAR ‘mettre à sac’, est emprun-
toupie’, ‘qui fabrique des sabots’ (objets gros- té à l’italien saccheggiare, dérivé de sacche-
siers) d’où ‘qui fait mal / grossièrement son gio ‘pillage’, lui-même tiré de sacco de même
travail’ et enfin ‘qui détruit volontairement’. sens (français saccager). SAQUEO ‘pillage,
SABUESO (‘griffon’ ; ‘limier, fin limier’), est issu sac’.
du latin segusius qui serait dérivé du nom cel- SACRAMENTO, voir sagrado.
tique d’une région de la Gaule dont sont origi- SACRIFICAR, voir sagrado.
naires ces chiens de chasse (les griffons) : Se- SACRIFICIO, voir sagrado.
gusiavi ‘peuple de la Gaule lyonnaise’. Les SACRILEGIO, voir sagrado.
avions espions dits avions renifleurs avaient SACRISTÁN, voir sagrado.
eu comme correspondant espagnol aviones SACRO, A, voir sagrado.
sabueso(s). SACROSANTO, voir sagrado.
SACACORCHOS, voir sacar. SACUDIDA, voir sacudir.
SACAR (‘tirer, sortir, retirer’), n’est pas d’origine SACUDIR (‘secouer’), est issu du latin succutere
bien établie, peut-être du gotique sakan ‘plai- ‘secouer par dessous’, formé avec sub ‘sous’
der’ qui expliquerait les anciennes acceptions et quatere ‘secouer, agiter’, ‘frapper le sol’,
juridiques de sacar c’est-à-dire ‘obtenir qqch ‘bousculer’, au figuré ‘ébranler, émouvoir’.
par un procès’ et ‘exempter, libérer (qqn d’une Dérivés : SACUDIDA ‘secousse’.
charge etc.)’ d’où, par extension, ‘retirer, en- SADISMO (‘sadisme’), substantif formé sur le
lever, sortir’. nom du marquis de Sade (1740-1814) à la ré-
Dérivés : RESACA ‘ressac’ ; (familier) ‘gueule putation sulfureuse. C’est le médecin allemand
de bois’, vient de l’expression saca y resaca, Krafft-Ebing qui utilisa en 1892 ce terme pour
littéralement ‘action de prendre et de re- désigner une perversion sexuelle dans laquelle
prendre’ par allusion au mouvement de flux et la jouissance vient de la souffrance d’autrui.
de reflux de la mer qui emporte des objets sur Le mot a vu ensuite son emploi s’étendre en
le sable (saca), les rejette puis les emporte à dehors de la sphère sexuelle (‘méchanceté
nouveau (re-saca). Dans la langue familière, perverse’).
resaca signifie aussi ‘gueule de bois’, celui SAETA (‘flèche’), est issu du latin sagitta ‘flèche’
qui a trop bu étant dans un état comparable à et ‘objet en forme de flèche’.
un objet ballotté par les flots. SACACORCHOS Dérivés : SAGITARIO ‘archer’ ; ‘constellation
‘tire-bouchon’, formé avec corcho qui désigne du Sagittaire’, du latin sagittarius ‘archer’,
à la fois le liège et l’objet en liège (rapport
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‘fabricant de flèches’ et nom d’une constella- deur et consacré(e) au service des dieux’. Ce
tion, dérivé de sagitta. dépôt s’accompagnait d’une prestation de
SAFARI (‘safari’), est emprunté au swahili safari serment de sorte que sacramentum a pris aussi
‘bon voyage’, lui-même issu de l’arabe safara le sens de ‘serment solennel’ et, par évolution
‘voyager’. Le terme s’est spécialisé pour dési- phonétique, a produit serment. Sacrement et
gner une expédition de chasse. En espagnol, serment forment en français un doublet (sa-
safari est moins usuel que cacería. crement étant la forme savante). SACRIFICAR
SAGA (‘saga’), est emprunté à une langue germa- ‘sacrifier’, est issu du latin sacrum facere ‘ac-
nique du groupe nordique, le norrois saga complir une cérémonie sacrée’ (en offrant un
‘conte’ désignant un récit historique ou my- sacrifice à une divinité). SACRIFICIO ‘sacri-
thologique de la littérature médiévale scandi- fice’. SACRILEGIO ‘sacrilège’, du latin sacrile-
nave. C’est l’anglais saga ‘histoire d’une fa- gium ‘vol dans un temple’, ‘profanation’,
mille ayant un aspect légendaire’ qui a été vé- neutre substantivé de sacrilegus ‘qui dérobe
hiculé par les médias français en particulier et des objets sacrés’, ‘impie’, formé à partir de
qui l’emploient presque systématiquement à la sacrare et de -legus ‘qui recueille’ (de legere,
place du mot ‘histoire’ (la saga du pain [ !], voir leer). SACRISTÁN ‘sacristain’. SACRO, A
titre d’un reportage sur l’histoire du pain dans ‘sacré, saint’, du latin sacer, sacra, sacrum
nos civilisations). (voir plus haut sagrado) et uniquement utilisé
SAGACIDAD, voir sagaz. dans quelques expressions : historia sacra
SAGAZ (‘sagace’), est emprunté au latin sagax, ‘histoire sainte’ ; Sacra Faz ‘Sainte Face’ ;
sagacis ‘qui a l’odorat subtil’ et, au figuré, fuego sacro ‘feu sacré’. SACROSANTO ‘sacro-
‘habile à découvrir, à deviner’, dérivé de sa- saint’.
gire ‘quêter, flairer’ (en parlant d’un chien qui SAINETE (‘saynète’), est le diminutif de saín
cherche un gibier) et ‘avoir du flair, du nez’. ‘graisse’, issu du latin vulgaire saginem (latin
Dérivés : SAGACIDAD ‘sagacité’. classique sagina) de même sens (français
SAGITARIO, voir saeta. saindoux). Le mot sainete est d’abord un
SAGRADO (‘sacré’), est issu du latin sacratus terme de chasse désignant un ‘morceau de
‘consacré, sanctifié, sacré’, participe passé ad- graisse (donné aux faucons quand ils revien-
jectivé de sacrare ‘consacrer à une divinité’, nent)’, puis il a signifié ‘mets savoureux’,
dérivé de sacer, sacra, sacrum ‘consacré à une ‘sauce pour accompagner, assaisonnement’ et
divinité, sacré’, au figuré, ‘saint, vénéré’ mais enfin ‘petite pièce bouffonne’ (qui accompa-
aussi ‘voué aux dieux infernaux’ et ‘maudit’, gnait la pièce principale). Dans le même ordre
‘exécrable’. Le double sens de sacer vient de d’idées, voir farsa.
ce que ce mot désigne à la fois ce qui ne peut SAL (‘sel’), est issu du latin sal ‘sel’, au pluriel
être touché sans être souillé (‘sacré’) et ce qui (sales) ‘grains de sel, sel’ et en poésie, par mé-
ne peut être touché parce qu’il y a risque de taphore, ‘onde salée, la mer’. Au figuré, sal
souillure pour celui qui s’en approche (‘mau- signifiait aussi ‘sel, esprit piquant’, ‘finesse
dit’). d’esprit’ et, au pluriel, ‘plaisanteries, bons
Dérivés : CONSAGRAR(SE) ‘consacrer’ (sens mots’.
religieux) ; ‘(se) consacrer, (se) vouer’, du la- Dérivés : ASALARIAR ‘salarier’, voir plus bas
tin consecrare (consacrare à basse époque), salario. ENSALADA ‘salade’, est emprunté à
‘rendre sacré en dédiant aux dieux’. Mot repris l’italien insalata formé avec in- ‘dans’ sur le
par la langue chrétienne avec le sens de ‘dé- participe passé du verbe salare ‘saler’ dérivé
dier à dieu’ puis passé dans l’usage courant de sale ‘sel’ (latin sal). Ensalada désigne
(laïc) avec celui de ‘consacrer, vouer (sa vie, d’abord un plat composé de plantes potagères
son temps etc.) a qqch ou à qqn’. SACERDOTE et assaisonné d’huile, de vinaigre, de sel etc.
‘prêtre’, du latin sacerdos, sacerdotis ‘celui Par métonymie, le plat dans lequel se trouve la
qui accomplit les cérémonies sacrées’, salade désignera aussi la salade elle-même.
‘prêtre’. SACRAMENTO ‘sacrement’, du latin INSULSO ‘fade, insipide’, du latin insulsus de
ecclésiastique sacramentum (‘tout objet ou même sens, formé avec in- (privatif) et salsus
acte ayant un caractère sacré’). En latin clas- ‘salé’. SALAR ‘saler’. SALARIO ‘salaire’, em-
sique, sacramentum signifiait ‘dépôt, somme prunté au latin salarium ‘ration de sel’ puis
d’argent garantissant la bonne foi d’un plai- ‘somme donnée aux soldats pour acheter leur
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ries responsables de certaines infections banc’, formé avec saltare ‘danser’ puis ‘sau-
graves (septicémies). ter’, in- ‘dans, sur’ et banco ‘banc, estrade’.
SALMUERA, voir sal. SALTO ‘saut’ (salto elástico ‘saut à
SALÓN, voir sala. l’élastique’). SOBRESALTAR(SE) ‘effrayer’,
SALPICADERO, voir salpicar. ‘faire sursauter’ ; (pronominal) ‘sursauter’ ;
SALPICADURA, voir salpicar. ‘se troubler, perdre contenance’.
SALPICAR (‘éclabousser’ ; ‘tacheter, mouche- SALTEAR, voir saltar.
ter’ ; [figuré] ‘parsemer, émailler’), est SALTIMBANQUI, voir saltar.
d’origine mal établie. Peut-être du gotique SALTO, voir saltar.
salbôn ‘enduire’ influencé ensuite par picar SALUBRE, voir salud.
‘piquer’ et également ‘couper, hacher’ (en SALUD (‘santé’), est issu du latin salus, salutis
menus morceaux) d’où l’idée de ‘tacheter, ‘état de ce qui est entier’, ‘bon état physique’,
moucheter’ et ‘éclabousser’. Dans le vocabu- ‘salut, sauvegarde, conservation’ et ‘vie’. Sa-
laire culinaire, salpicón (français ‘salpicon’) lus dérive de salvus ‘entier, intact’ (français
désigne une préparation de volailles, champi- sauf). Voir salvo. Salus était employé comme
gnons etc. coupés en petits dés et servant de formule de salut qui consistait à souhaiter une
farce pour les bouchées etc. bonne santé à quelqu’un.
Dérivés : SALPICADERO ‘tableau de bord’ Dérivés : INSALUBRE ‘insalubre’, voir ci-après
(d’une voiture), cette partie de la voiture étant salubre. SALUBRE ‘salubre’, du latin saluber,
parsemée de divers cadrans, boutons, comp- salubris ‘utile à la santé, salutaire, sain’ et
teurs, jauges et autres thermomètres. SALPI- ‘bien portant’, dérivé de salus. SALUDAR ‘sa-
CADURA ‘éclaboussure’. luer’, du latin salutare, littéralement ‘donner
SALPICÓN, voir salpicar. le salut, sauver’ et surtout (sens affaibli) ‘dire
SALPIMENTAR, voir sal. bonjour à qqn’ (en lui souhaitant un ‘bon état
SALSA, voir sal. physique’). SALUDO ‘salut’ et ‘salutation’.
SALTAMONTES, voir saltar. SALUDAR, voir salud.
SALTAR (‘sauter’), est issu du latin saltare ‘dan- SALUDO, voir salud.
ser (avec gestes, avec pantomime)’, ‘exprimer, SALVA, voir salvo.
traduire par la danse’ et, en bas latin, ‘sauter’. SALVACIÓN, voir salvo.
Saltare est l’intensif de salire ‘sauter, bondir’, SALVADOR, voir salvo.
‘jaillir’ et ‘saillir’, voir salir. SALVAGUARDIA, voir salvo.
Dérivés : ASALTAR ‘assaillir, attaquer’, voir ci- SALVAJE, voir selva.
après asalto. ASALTO ‘assaut, attaque’, est SALVAJISMO, voir selva.
emprunté à l’italien assalto de même sens, dé- SALVAPANTALLA, voir pantalla.
rivé de assalire ‘assaillir’, issu du latin vul- SALVAR, voir salvo.
gaire assalire de même sens, réfection du latin SALVAVIDAS, voir salvo.
classique assilire ‘sauter sur’ d’après salire SALVEDAD, voir salvo.
‘bondir’. EXULTAR ‘exulter’, est emprunté au SALVO (‘sauf’), est issu du latin salvus ‘entier,
latin ex(s)ultare ‘bondir, sauter’ et ‘être trans- intact’ et ‘en bonne santé, bien conservé’, qui
porté de joie’, formé avec ex (à valeur inten- remonte à une racine indoeuropéenne *sal-, ou
sive) et saltare ‘sauter, bondir’. INSULTAR ‘in- *sol ‘entier, massif’. L’usage de salvo comme
sulter’, est emprunté au latin insultare ‘sauter préposition date du XIVe siècle : todos vinie-
sur, dans, contre’ et, au figuré, ‘braver’, formé ron salvo sus dos hermanos ‘tous sont venus
avec in ‘dans’. RESALTAR ‘ressortir, se déta- sauf ses deux frères’ (littéralement ‘si on ne
cher’, ‘se distinguer’. SALAZ ‘salace’, est em- les touche pas, si on ne leur porte pas atteinte’
prunté au latin salax ‘lubrique’ et ‘aphrodi- = ‘eux mis à part, eux exceptés’). En français,
siaque’, dérivé de salire ‘sauter, bondir’ et, en l’évolution de sauf vers le sens très affaibli d’
particulier, ‘sauter sur la femelle’ d’où ‘sail- « excepté » peut être suivie à travers des ex-
lir’. SALTAMONTES ‘sauterelle’. SALTEAR ‘vo- pressions telles que sauve votre grâce ‘sans
ler (à main armée)’ ; ‘espacer (des visites porter atteinte à votre grâce’ puis sauf votre
etc.)’ ; ‘prendre par surprise’, ‘assaillir’. SAL- honneur, sauf votre respect (le respect que je
TIMBANQUI ‘saltimbanque’, est emprunté à vous dois reste sauf, entier).
l’italien saltimbanco littéralement ‘saute sur le
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Dérivés : SALVA ‘essai des mets’ et ‘salve’ (ar- Dérivés : SANDEZ ‘sottise, bêtise’.
tillerie, applaudissements). Le premier sens SANEAMIENTO, voir sano.
vient du fait que l’on goûtait les aliments SANGRAR, voir sangre.
avant de les présenter à un roi, à un prince de SANGRE (‘sang’), est issu du latin sanguis, san-
façon à vérifier qu’ils étaient bien sains, dé- guinis ‘sang (qui coule)’ par opposition à
pourvus de tout poison. On sauvait ainsi le cruor ‘sang coagulé’ (voir crudo et cruel).
haut personnage de la mort (salva est dérivé Sanguis signifiait aussi ‘constituant de la pa-
de salvar ‘sauver’). Quant à la deuxième ac- renté ou de la descendance’ puisque l’on
ception (‘salve, tir de canon’), elle vient aussi croyait que le sang était porteur des caractères
du verbe salvar au sens ancien de ‘saluer’ héréditaires (d’où les expressions bon sang ne
(d’où ‘tirer une salve d’artillerie pour saluer peut mentir ; la voix du sang ; avoir dans le
qqn, en l’honneur de qqn’). salvar ‘saluer’ sang ; de sang noble etc.).
vient de Dios vos salve ‘que Dieu vous garde’ Dérivés : CONSANGUÍNEO ‘consanguin’. DE-
(littéralement ‘que Dieu vous sauve’), formule SANGRAR(SE) ‘saigner’ (au propre et au figu-
de salut. SALVACIÓN ‘salut’ (sens religieux). ré) ; ‘perdre beaucoup de sang’, formé avec de
SALVADOR (adjectif et substantif) ‘sauveur’ (el à valeur intensive et sangrar ‘saigner’.
Salvador ‘le Sauveur’, ‘Jésus-Christ’). SAL- EXANGÜE ‘exsangue’, du latin exsanguis ‘qui
VAR ‘sauver’, du bas latin salvare ‘rendre bien n’a pas de sang’, ‘pâle, livide’, ‘sans force’,
portant, guérir’, ‘conserver’, ‘délivrer’ (en la- formé avec ex privatif (‘en dehors de’). SAN-
tin ecclésiastique, ‘procurer le salut éternel’), GRAR ‘saigner’. SANGRÍA ‘saignée’ et ‘san-
dérivé de salvus ‘en bon état physique’. SAL- gria’. Ce mot est probablement calqué sur
VEDAD ‘réserve, exception’ (con la salvedad l’ancien français saignie, sainie ou sainée
de ‘sous réserve de’ ; ‘à l’exception de’). Voir (moderne saignée), dérivé de saigner (du latin
plus haut salvo dans son emploi préposition- sanguinare de même sens). Quant à la deu-
nel. SALVOCONDUCTO ‘sauf-conduit’. SALVA- xième acception (‘sangria’, boisson rafraîchis-
GUARDIA ‘sauvegarde’, probablement calqué sante à base de vin sucré et de fruits), elle est
sur le français sauvegarde. SALVAVIDAS probablement d’origine métaphorique, sa cou-
‘bouée de sauvetage’ ; ‘canot de sauvetage’ leur rouge rappelant celle du sang. J. Coromi-
(bote / lancha salvavidas). nas y voit une autre origine (sanskrit çarkara
SALVOCONDUCTO, voir salvar. ‘sucre’). SANGUIJUELA ‘sangsue’, d’abord
SAMBENITO, voir santo. sous les formes sangujuela et sanguisuela, est
SANAR, voir sano. issu du latin *sanguisugiola diminutif de san-
SANATORIO, voir sano. sisugia variante vulgaire de sanguisuga, litté-
SANCIONAR, voir santo. ralement ‘suce-sang’, formé avec sanguis et
SANCTASANCTÓRUM, voir santo. sugere ‘sucer’. SANGUÍNEO ‘sanguin’, du latin
SANDALIA (‘sandale’), est emprunté au latin sanguineus ‘ensanglanté’, ‘sanguinaire’ et
sandalia neutre pluriel, interprété comme un ‘couleur de sang’.
féminin singulier, de sandalium ‘sandale, SANGRÍA, voir sangre.
chaussure de femme’, lui-même pris au grec SANGUIJUELA, voir sangre.
sandalion, diminutif de sandalon (chaussure SANGUÍNEO, voir sangre.
en bois fixée par des sangles passant sur le SANIDAD, voir sano.
pied). La sandale a d’abord été réservée aux SANITARIO, voir sano.
rois, à l’aristocratie ainsi qu’aux prêtres. SANO (‘sain’), est issu du latin sanus ‘bien por-
SANDEZ, voir sandio. tant (de corps et d’esprit)’ d’origine inconnue.
SANDIO (‘niais, sot’), d’abord attesté sous la Dérivés : SANAR ‘guérir’, du latin sanare de
forme sandío, vient peut-être de l’expression même sens. SANATORIO ‘sanatorium’ ; ‘cli-
Sanctus Deus > San[to] Dio[s] ‘Seigneur’, nique, hôpital, maison de santé’. Ce mot est
‘Mon Dieu’, ‘Dieu tout puissant’ que l’on emprunté au bas latin sanatorius, a, um
prononçait avec un ton de miséricorde en ‘propre à guérir’, dérivé de sanatum supin de
voyant un simple d’esprit. Cette expression sanare ‘guérir’. En français, sanatorium s’est
aurait ensuite désigné l’individu lui-même. spécialisé pour désigner un établissement où
Pour une évolution sémantique semblable, l’on soignait la tuberculose pulmonaire. SA-
voir cretino. NEAMIENTO ‘assainissement’. SANIDAD ‘ser-
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vice sanitaire’, ‘santé publique’ (Ministerio formé avec sanctus et facere ‘faire, rendre’.
de Sanidad ‘Ministère de la Santé’) ; ‘hy- Le traitement semi-savant de sanctificare a
giène’. SANITARIO ‘sanitaire’. SUBSANAR ‘ré- produit santiguar surtout employé à la forme
parer, remédier à’, ‘corriger’, ‘résoudre’ ; ‘ex- pronominale ‘faire le signe de la croix, se si-
cuser’, formé avec sub ‘sous’, littéralement gner’. SANTUARIO ‘sanctuaire’, du latin sanc-
‘guérir par dessous’ c’est-à-dire ‘réparer, ré- tuarium ‘cabinet d’un roi’ (lieu secret) puis, en
soudre ce qui est à l’origine d’une difficulté, bas latin, ‘lieu sacré’.
d’un problème’. SANTUARIO, voir santo.
SANTIAMÉN, voir santo. SAÑA (‘fureur, rage’), est probablement un dérivé
SANTIDAD, voir santo. régressif du verbe ensañar ‘rendre furieux’
SANTIFICAR, voir santo. lui-même issu du latin vulgaire insaniare
SANTIGUAR(SE), voir santo. ‘avoir perdu la tête’ (tiré de insania ‘démence,
SANTO (‘saint’), est issu du latin sanctus ‘rendu déraison’, ‘extravagance, excès insensé’).
sacré et inviolable’. Sanctus marque un résul- Dérivés : SAÑUDO ‘furieux’, ‘acharné’.
tat (le caractère sacré est obtenu à la suite d’un SAÑUDO, voir saña.
rite religieux) alors que sacer ‘sacré’ désigne SAPO (‘crapaud’), est de provenance incertaine,
un état premier, inhérent. Sanctus est le parti- sans doute préromane. Il peut s’agir d’une ori-
cipe passé adjectivé de sancire ‘rendre sacré, gine onomatopéique reproduisant le bruit mou
inviolable’ puis ‘établir solennellement (par de l’animal retombant sur un sol mouillé. Voir
une loi)’ d’où ‘ratifier, sanctionner’. Ce verbe aussi zapato.
avait par ailleurs le sens de ‘proclamer comme SAQUE, voir sacar.
exécrable’, ‘interdire solennellement’, ‘punir’. SAQUEAR, voir saco (2).
Voir à ce sujet le double sens de sacer à SAQUEO, voir saco (2).
l’article sagrado. Pour l’apocope ou la non- SARAMPIÓN (‘rougeole’), est issu du latin
apocope de santo, voir M. Bénaben, Manuel d’Espagne sirimpio, sirimpionis ‘papule, bou-
de linguistique espagnole, Ophrys, 1994, p.60. ton (de la rougeole)’ qui pourrait être
Dérivés : SAMBENITO ‘san-benito’, désigne l’altération d’une forme *sinapionem dérivée
une casaque jaune que devaient revêtir ceux de sinapi (ou sinapis) ‘moutarde’ que l’on uti-
qui étaient condamnés au bûcher par lisait dans les sinapismes, cataplasmes à base
l’Inquisition. Le mot sambenito fait référence de moutarde destinés à décongestionner les
ironiquement à l’habit que portaient les bronches et qui provoquaient des rougeurs à
moines de l’ordre de San Benito ‘Saint Be- l’endroit de la peau où on les appliquait (d’où
noît’. SANCIONAR ‘sanctionner’, dérive de ‘papule de la rougeole’ puis la ‘rougeole’ elle-
sanción ‘sanction’ emprunté au latin sanctio même).
‘peine, punition’ puis, en bas latin, ‘édit, or- SARAO (‘soirée’ [réception]), est emprunté au
donnance’. Ce mot est tiré de sanctum supin galicien serao ‘tombée de la nuit’, issu de
de sancire (voir plus haut). SANCTA- l’adverbe latin sero ‘tard’. L’évolution séman-
SANTÓRUM ‘saint des saints’, formé avec tique est de type métonymique : la soirée, la
sancta qui désignait la partie antérieure du ta- tombée de la nuit puis la réception , la fête que
bernacle où était enfermée l’arche d’alliance l’on organise à ce moment-là.
dans le temple de Jérusalem, séparée par un SARCASMO (‘sarcasme’), est emprunté au bas
voile de la partie la plus sacrée, le ‘saint des latin sarcasmus lui-même pris au grec sar-
saints’ (sanctorum est le génitif pluriel de kasmos ‘rire amer’, dérivé de sarkazein ‘ou-
sanctus). SANTIAMÉN (EN UN) ‘en un clin vrir la bouche pour montrer les dents’ et
d’œil’, ‘en moins de rien’, ‘en un tour de ‘mordre la chair’ d’où ‘déchirer par des sar-
main’ c’est-à-dire en autant de temps qu’il casmes’ (sarkazein est tiré de sarx ‘chair’, voir
faut pour se signer et dire amen ou en autant sarco-).
de temps qu’il faut pour dire — en abrégeant SARCO-, élément préfixal tiré du grec sarx,
beaucoup — (gloria Patri et Filio et Spiritui) sarkos ‘chair’ entrant dans la composition
Sancto, amen. Sanctoamen > santiamén d’un certain nombre de mots savants :
comme bocaabierta > boquiabierta, o. SAN- SARCÓFAGO ‘sarcophage’, du latin impérial
TIDAD ‘sainteté’. SANTIFICAR ‘sanctifier’, du sarcophagus ‘tombeau’, substantivation de
latin ecclésiastique sanctificare ‘rendre saint’, l’adjectif sarcophagus, a, um, littéralement
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‘qui mange les chairs’. On croyait en effet que SARTÉN (‘poêle à frire’), est issu du latin sarta-
les pierres des tombeaux détruisaient, consu- go, sartaginis de même sens.
maient les cadavres qui n’étaient pas inciné- SASTRE (‘tailleur’), est issu, probablement par
rés ; SARCOMA ‘sarcome’, tumeur maligne de l’intermédiaire du catalan sastre, du latin sar-
la peau. tor, sartoris ‘celui qui raccommode’, dérivé de
SARCOMA, voir sarco-. sarcire ‘rapiécer, raccommoder’, ‘réparer’.
SARDINA (‘sardine’), est issu du latin sardina SATÉLITE (‘satellite’), est emprunté au latin
‘sardine’, littéralement ‘(poisson) de Sar- satelles, satellitis ‘garde du corps’, ‘soldat’,
daigne’, dérivé de sarda, substantivation au ‘serviteur’ et ‘complice’. L’origine de ce mot
féminin de l’adjectif sardus ‘Sarde, de Sar- n’est pas établie. C’est au XVIIe siècle que sa-
daigne’ (tiré de Sardinia ‘la Sardaigne’). telles prendra en latin scientifique (astrono-
SARDÓNICO (‘sardonique’), associé à l’origine mie) le sens de ‘corps céleste gravitant autour
avec le substantif risa sous la forme risa sar- d’une planète’. Par extension et par analogie,
donia, reprend le latin sardonicus risus ‘rire le mot désignera aussi un engin lancé dans
sardonique’ qui est lui-même un calque du l’espace et décrivant une orbite autour de la
grec sardonios gelôs ‘rire méchant’, littérale- Terre. Pendant la guerre froide, satélite a dé-
ment ‘rire de Sardaigne’ ou, plus exactement, signé les pays communistes qui étaient dans
‘rire provoqué par l’herbe de Sardaigne’, la l’étroite dépendance de l’Union Soviétique.
sardonia (herba), la ‘sardonie’, plante toxique SÁTIRA (‘satire’), est emprunté au latin impérial
qui provoque, si on l’ingère, la contraction des satira, latin classique satura ‘macédoine de
muscles de la face. légumes ou de fruits’ puis, en littérature,
SARGENTO, voir siervo. ‘pièce dramatique de portée morale et de
SARMIENTO (‘sarment’), est issu du latin sar- genres mélangés’ (vers, musique, danse) et
mentum ‘rameau de la vigne’ dérivé de sar- ‘poème critiquant les vices’ (Horace, Juvénal,
pere ‘tailler la vigne’. Perse). Satura est probablement dérivé de sa-
SARNA (‘gale’), est emprunté au bas latin sarna tur ‘rassasié’, de la même famille que satis
de même sens. ‘assez’ (ad satis > assez ; vieil espagnol asaz).
SARRIO (‘isard’). Cet animal est aux Pyrénées ce SÁTIRO (‘satyre’), est emprunté au latin Satyrus,
que le chamois est aux Alpes. L’origine du nom que l’on donnait aux compagnons de
mot n’est pas bien établie : le castillan sarrio Bacchus. Satyrus est lui-même pris au grec
est apparenté à l’aragonais chizardo et ixargo, Saturos ‘demi-dieu rustique, mi-homme mi-
au catalan isard. En France, on trouve à l’est chèvre’ qui accompagnait Dionysos.
des Pyrénées le mot isart et à l’Ouest sarri SATISFACCIÓN, voir satisfacer.
(sarride ‘troupe d’isards’). Une hypothèse rat- SATISFACER (‘satisfaire’), est emprunté au latin
tache toutes ces formes au basque izar ‘étoile’ satisfacere ‘s’acquitter de qqch’, ‘satisfaire
(tache blanche sur le front des jeunes isards). (un créancier)’, ‘faire des excuses à qqn’,
SARRO (‘dépôt’, ‘tartre’), est d’origine incer- ‘donner une explication, une justification’. Sa-
taine, probablement préromane. tisfacere est formé avec satis ‘assez’ et facere
SARTA (‘chapelet’ ; ‘file, ribambelle’), est issu ‘faire’.
du latin serta ‘guirlandes, tresses, couronnes’, Dérivés : SATISFACCIÓN ‘satisfaction’.
neutre pluriel de sertum interprété comme un SATURAR (‘saturer’), est emprunté au latin
féminin singulier et tiré du participe passé de saturare ‘rassasier, repaître’, dérivé de satur
serere ‘entrelacer, tresser’. En latin vulgaire, ‘rassasié’ et, au figuré, ‘riche, abondant’, mot
serta a été confondu avec sarta, participe pas- de la même famille que satis ‘assez’, renforcé
sé au féminin de sarcire ‘raccommoder, rapié- en latin vulgaire en *adsatis d’où le français
cer’, ‘réparer’. Comme le participe passé des assez et le vieil espagnol asaz.
verbes dérivés de serere coïncidait avec celui SATURNINO, voir Saturno.
des verbes dérivés de sarcire, il est probable SATURNISMO, voir Saturno.
que serta (de serere) a été également confon- SATURNO (‘Saturne’), est emprunté au latin
du avec sarta (de sarcire). Saturnus ‘Saturne’ dieu du temps, personnifi-
Dérivés : ENSARTAR ‘enfiler’ (perles, ai- cation du temps et nom d’une planète. Dans la
guilles) ; (figuré) ‘débiter’ (des lieux com- série des noms latins de la semaine, il dési-
muns etc.). gnait le septième jour (Saturnus dies ‘jour de
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Saturne, consacré à Saturne’), désignation qui sens d’ « époque » est aujourd’hui très litté-
n’a pas été conservée. Voir sábado. En astro- raire (a la sazón ‘à cette époque-là’). Enfin,
logie, Saturne était une planète froide. Ce mot l’acception ‘assaisonnement’ est en affinité
a désigné aussi le plomb en alchimie car on le avec celle de ‘maturité’, ‘état de perfection’
considérait comme un métal froid. Voir plus dans la mesure où l’assaisonnement relève le
bas saturnismo. goût des aliments et permet de les apprécier
Dérivés : SATURNINO ‘Saturnin’, littéralement dans la plénitude de leur saveur.
‘(personne) née sous le signe de Saturne’ et Dérivés : DESAZÓN ‘fadeur, insipidité’ ;
donc d’un tempérament mélancolique. SA- ‘peine, chagrin, contrariété’, ‘malaise’. SAZO-
TURNISMO ‘saturnisme’ (intoxication au NAR ‘assaisonner’ ; (figuré) ‘agrémenter, pi-
plomb). menter’ ; (pronominal) ‘arriver à maturité’.
SAUCE (‘saule’), est issu du latin salix, salicis de SAZONAR, voir sazón.
même sens. En français, saule est issu du fran- SCOUT (‘scout’), prononcé [eskáut], ce terme est
cique *salha. emprunté à l’anglais Boy Scout, littéralement
SAUNA (‘sauna’), est un mot d’origine finlan- ‘garçon-éclaireur’, formé avec boy et scout
daise. Le finnois ne marque pas la distinction ‘action d’observer, d’espionner’ emprunté à
des genres : en français un sauna, en espagnol l’ancien français escoute (moderne écoute). Le
una sauna. scoutisme fut créé en Angleterre en 1908 par
SAURIO (‘saurien’), est un dérivé savant du grec Robert Baden-Powell. En espagnol, le terme
saura, sauros ‘lézard’. de remplacement que proposent certains dic-
SAVIA (‘sève’), est sans doute emprunté au fran- tionnaires (explorador) est inusité.
çais sève par l’intermédiaire du galicien- Dérivés : ESCUTISMO ‘scoutisme’.
portugais seiva ou sálvia. Sève est issu du latin SE (‘se’ ; ‘lui, leur’ ; ‘on’), est issu du latin se,
sapa attesté seulement avec le sens de ‘vin accusatif du pronom réfléchi de 3e personne.
cuit’ mais probablement apparenté au latin SEBO (‘suif, graisse’ ; ‘sébum’), est issu du latin
impérial sapor ‘jus’. Le sens primitif de sapa sebum ‘suif’.
pourrait donc être ‘suc, sève’. SECADO, voir seco.
SAXOFÓN / SAXÓFONO (‘saxophone’), est SECANO, voir seco.
emprunté à l’anglais saxophone (1851) lui- SECANTE, voir seco.
même pris au français saxophone (1843) for- SECAR, voir seco.
mé à partir du nom des inventeurs de SECCIÓN, voir segar.
l’instrument, Charles Joseph et Adolphe Sax SECESIÓN (‘sécession’), est emprunté au latin
(Belges vivant à Paris) et de -phone (du grec secessio ‘action de se séparer, de s’éloigner’,
phônê ‘son de la voix’, ‘cri des animaux’, ‘séparation politique’, dérivé de secesum supin
‘son’ [en général]). de secedere ‘aller à part, s’éloigner’. Secedere
SAYA (‘jupe’ ; ‘jupon’), est issu du latin vulgaire est formé avec se- (séparation) et cedere ‘aller,
*sagia dérivé de sagum ‘sorte de manteau des marcher’.
Germains’, ‘vêtement des esclaves’, ‘casaque Dérivés : SECESIONISTA ‘sécessionniste’.
militaire (des Romains)’ et ‘gros drap, couver- SECESIONISTA, voir secesión.
ture’. SECO (‘sec’), est issu du latin siccus ‘sec, sans
SAZÓN (‘maturité’ ; ‘assaisonnement’ ; ‘occa- humidité’, ‘sec’ (en parlant du corps), ‘froid,
sion’), est issu du latin satio, sationis ‘action indifférent’, ‘sans émotion’ (style).
de semer, semailles’ et ‘saison pour planter’, Dérivés : SECADO ‘séchage’, participe passé
dérivé de satum supin de serere ‘semer’ et de secar. Contrairement à sa vocation primi-
‘planter’. Le latin satio a donné le français tive qui est d’indiquer le résultat d’une action,
saison. A partir de l’idée de ‘saison pour plan- le participe passé tend de plus en plus à ex-
ter, temps des semailles’, l’espagnol a déve- primer l’action elle-même (lavado ‘lavage’,
loppé le sens d’ « occasion » c’est-à-dire revelado de fotos ‘développement’ etc.). SE-
‘temps opportun pour faire qqch’ ainsi que ce- CANO ‘terrain, terre non irrigable’ (campo de
lui de ‘maturité’ (accession à un état de pléni- secano ‘champ de culture sèche’). SECANTE
tude, point de perfection, moment idéal) d’où ‘buvard, papier buvard’, participe présent
l’expression en sazón ‘à propos, au bon mo- substantivé de secar. SECAR ‘sécher’. SEQUE-
ment’ et ‘à point, mûr’ (fruta en sazón). Le DAD ‘sécheresse’ (au propre et au figuré). SE-
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‘secteur’, du latin sector ‘celui qui coupe, PERSECUCIÓN ‘poursuite’ (persecución au-
tranche’ d’où ‘faucheur’ et ‘assassin’. En bas tomovilística ‘poursuite automobile’). PERSE-
latin, le mot est passé dans le vocabulaire de la GUIR ‘poursuivre’, du latin persequi ‘suivre
géométrie (figure délimitée par deux rayons et obstinément, de bout en bout’, formé avec per
une partie de la circonférence d’un cercle). à valeur intensive (‘sur toute l’étendue de’
L’emploi moderne (‘division’, ‘zone’) est une d’où ‘complètement, tout à fait’). PROSECU-
extension de l’usage de ce mot en géométrie. CIÓN ‘poursuite, continuation’. PROSEGUIR
SEGMENTO ‘segment’ ; ‘créneau’ (marketing), ‘poursuivre, continuer’, du latin prosequi ‘ac-
du latin segmentum ‘coupure, entaille’, dérivé compagner, reconduire qqn en cortège’, ‘pour-
de secare. SIEGA ‘moisson’. suivre, continuer’. SECTA ‘secte’, du latin sec-
SEGLAR, voir siglo. ta ‘manière de vivre’, ‘ligne de conduite poli-
SEGMENTO, voir segar. tique’, ‘école philosophique ou religieuse’, dé-
SEGREGACIÓN (‘ségrégation’), est emprunté au rivé de sequi ‘suivre’. L’adepte d’une secte
bas latin segregatio ‘séparation’ tiré de segre- suit les préceptes qui lui sont enseignés. SE-
gatum supin de segregare, littéralement ‘sépa- CUELA ‘séquelle’, du latin impérial seque(l)la
rer du troupeau’ d’où ‘mettre à part, isoler’. ‘suite de gens’ et, au figuré, ‘suite, consé-
Segregare est formé avec se- (idée de sépara- quence’, dérivé de sequi ‘suivre’. En latin mé-
tion) et grex, gregis ‘troupeau’, ‘troupe dical, sequela désigne les suites et les compli-
(d’hommes), bande’. cations d’une maladie (anglais sequel). SE-
SEGUIDISMO, voir seguir. CUENCIA ‘séquence’, du latin sequentia ‘suite,
SEGUIDOR, voir seguir. succession’, dérivé de sequens ‘suivant, qui
SEGUIR (‘suivre’), est issu du latin sequi, verbe suit’, participe présent de sequi. SECUNDARIO
déponent dont l’infinitif a été refait en ‘secondaire’, du latin secundarius ‘secondaire,
*sequire d’où seguir. Sequi signifiait ‘suivre’, de seconde qualité’, ‘de second rang’, dérivé
‘accompagner qqn’, ‘poursuivre, chercher à de secundus ‘qui suit, suivant’ (mejor actor /
atteindre’, ‘venir après’, ‘suivre comme con- actriz secundario, a ‘meilleur second rôle
séquence, comme résultat (s’ensuivre logi- masculin / féminin’). L’adjectif secundario
quement)’, ‘obéir à une impulsion’ et ‘prati- désigne aussi ce qui constitue un second ordre
quer une doctrine après d’autres’. Ce verbe dans le temps (mais sans connotations péjora-
remonte à une racine indoeuropéenne *sekw tives) : sector secundario ‘secteur secon-
‘suivre, venir après’. daire’, l’industrie qui a succédé au secteur
Dérivés : ASEQUIBLE ‘accessible’, dérivé du primaire, l’agriculture. SEGUIDISMO ‘sui-
latin assequi ‘atteindre, attraper’, formé avec visme’ (en politique). SEGUIDOR ‘partisan,
ad (ass-, ads-) ‘vers’ et sequi. CONSECUENCIA adepte’, ‘supporter’. SEGUIMIENTO ‘suivi’
‘conséquence’, est emprunté au latin conse- (médical, scolaire). SEGÚN ‘selon, suivant’, du
quentia ‘suite, succession’ et, en bas latin, latin secundum (adverbe et préposition) ‘en
‘suite, conséquence logique’. Consequentia est suivant, derrière’ (secundum legem, littérale-
formé d’après consequens ‘qui suit’, ‘con- ment ‘en suivant la loi’ d’où ‘selon, d’après la
nexe’, participe présent de consequi ‘suivre, loi’). Secundum > segundo > segund (apocope
atteindre’, ‘s’ensuivre’. CONSEGUIR ‘arriver à, en vieil espagnol) > según. SEGUNDA ‘arrière-
réussir à’ ; ‘obtenir, trouver’, du latin consequi pensée’, ‘sous-entendu’ (hablar con segun-
‘suivre’, ‘poursuivre, rechercher’ et ‘atteindre, das ‘parler par sous-entendus’). SEGUNDO (ad-
rejoindre’ d’où ‘obtenir, acquérir’. CONSI- jectif et substantif) ‘second’ et ‘(une) se-
GUIENTE ‘résultant, consécutif’ (por consi- conde’, du latin secundus, a, um ‘qui suit, sui-
guiente ‘par conséquent’), du latin consequens vant’, ‘qui vient après (le premier)’ d’où ‘se-
‘qui suit’, participe présent de consequi (voir cond’. Segundo a été ensuite substantivé pour
conseguir). OBSEQUIO ‘cadeau’ ; ‘hommage’ ; désigner l’unité représentant la seconde divi-
‘prévenance, attention’, du latin obsequium sion de l’heure (après la minute). SÉQUITO
‘complaisance’, ‘déférence’, ‘obéissance’, ‘suite, cortège’, tiré de l’italien sèguito de
‘service’, dérivé de obsequi ‘céder aux volon- même sens, dérivé de seguitare ‘suivre’.
tés de’. Obsequi est formé avec ob ‘devant’, SEGÚN, voir seguir.
littéralement ‘suivre ce qui est devant’ d’où, SEGUNDA, voir seguir.
au figuré, ‘suivre les désirs de qqn’, ‘obéir’. SEGUNDO, voir seguir.
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(banco de semen ‘banque du sperme’). SEMI- senter exactement, copier, imiter’ d’où
NARIO ‘pépinière’ et ‘séminaire’, est emprunté ‘prendre l’apparence de’, ‘feindre’, dérivé de
au latin seminarium ‘pépinière’ et, au figuré, similis ‘semblable’.
‘source, origine, principe, cause’. Seminarium SEMEN, voir sembrar.
est la substantivation de l’adjectif seminarius SEMENTAL, voir semilla.
‘relatif aux semences’ (dérivé de semen). Du SEMESTRE, voir mes.
sens concret de ‘pépinière’, on est passé à ce- SEMI-, élément préfixal entrant dans la formation
lui d’ « établissement (religieux) où l’on de mots composés et tiré du latin semi ‘demi,
forme les jeunes gens à l’état ecclésiastique ». moitié’ remontant à une racine indoeuro-
L’enseignement est désigné sous forme de mé- péenne *sem- ‘un’, ‘qui n’a qu’un côté’. Semi-
taphore agricole : semer et faire germer des est l’équivalent exact du grec hêmi- : SEMIR-
graines. On dit d’ailleurs que tel ou tel endroit REMOLQUE ‘semi-remorque’ ; SEMIRRÍGIDO
est une pépinière (de jeunes auteurs etc.). Sous ‘semi-rigide’.
l’influence de l’allemand Seminar, seminario SEMILLA (‘graine, semence’), est issu, proba-
désigne aussi un groupe de personnes dirigées blement par l’intermédiaire du dialecte moza-
par un professeur et se consacrant à un do- rabe, du latin seminia, neutre pluriel —
maine particulier et enfin toute réunion de interprété comme un féminin singulier — de
spécialistes (où les idées germent). SIEMBRA seminium de même sens (seminia > semilla
‘semailles’. par dissimilation).
SEMEJANTE, voir semejar. Dérivés : SEMENTAL ‘étalon’. SEMILLERO
SEMEJANZA, voir semejar. ‘pépinière’.
SEMEJAR (‘ressembler’), est issu du bas latin SEMINARIO, voir sembrar.
similare ou *similiare ‘être semblable’, dérivé SEMIÓTICA, voir semántica.
de similis ‘semblable, ressemblant’. SEMIRREMOLQUE, voir semi-.
Dérivés : ASIMILAR ‘assimiler’, du latin assi- SEMIRRÍGIDO, voir semi-.
milare (variante de assimulare) ‘rendre sem- SEMPITERNO, voir siempre.
blable, reproduire par l’imitation’, ‘simuler, SENADO, voir senil.
feindre’, ‘comparer, assimiler’, formé avec ad SENCILLEZ, voir sencillo.
‘vers’ et simulare. Voir plus bas simular. DI- SENCILLO (‘simple’), est issu d’une forme de
SIMULAR ‘dissimuler’. SEMBLANTE ‘visage, latin vulgaire *singellus, diminutif de singulus
mine’, ‘aspect’, est emprunté au catalan sem- ‘isolé’ employé comme distributif surtout au
blant ‘visage’, participe présent de semblar pluriel (singuli, ae, a) avec le sens de ‘chacun
‘paraître’ (du bas latin similare). L’ancien un’ et ‘un à un, un seul, chacun en particulier’.
français a connu un mot assez proche — L’accusatif pluriel singulos / singulas a donné
semblance (dérivé de sembler) — qui signi- l’espagnol sendos, sendas ‘chacun un’ : los
fiait ‘apparence, forme extérieure’, ‘image’, tres hombres llevaban sendos sombreros
‘mine, visage’. L’espagnol semblante et ‘les trois hommes portaient chacun un cha-
l’ancien français semblance désignent surtout peau’.
l’expression du visage. Français moderne : un Dérivés : SENCILLEZ ‘simplicité’. SINGULAR
semblant de = ‘qui n’a que l’apparence de’. ‘singulier’, du latin singularis ‘unique, isolé,
SEMEJANTE ‘semblable, pareil’, littéralement solitaire’, ‘qui se rapporte à un seul’ (en
‘ressemblant’, participe présent adjectivé de grammaire ‘nombre singulier’) et ‘unique en
semejar. SEMEJANZA ‘ressemblance, simili- son genre, extraordinaire, rare’. Singularis dé-
tude’. SÍMIL ‘similitude’, ‘comparaison’, subs- rive de singuli (voir plus haut), pluriel de sin-
tantivation de l’adjectif latin similis ‘sem- gulus ‘isolé’.
blable’, ‘ressemblant’ se rattachant à une ra- SENDA (‘sentier’), est issu du latin semita ‘petit
cine indoeuropéenne *sem- ‘un’ (‘qui ne fait chemin de traverse, sentier’, ‘trottoir’, ‘ruelle’
qu’un’ d’où ‘semblable’). SIMULACRO ‘simu- (français sente).
lacre’, du latin simulacrum ‘représentation fi- Dérivés : SENDERISMO ‘randonnée pédestre’.
gurée de qqch’, ‘image, effigie, statue’ et ‘fan- SENDERO ‘sentier’.
tôme, ombre’, ‘apparence’. Simulacrum dérive SENDERISMO, voir senda.
de simulare ‘rendre semblable’ et ‘feindre’. SENDERO, voir senda.
SIMULAR ‘simuler’, du latin simulare ‘repré- SENDOS, AS, voir sencillo.
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SENIL (‘sénile’), est emprunté au latin senilis ‘de SENTIR (‘sentir’, ‘éprouver, ressentir’ ; ‘regret-
vieillard’, dérivé de senex ‘vieux’, ‘vieillard’. ter, être désolé’), est issu du latin sentire ‘per-
Voir señor. cevoir par les sens’, ‘percevoir les effets d’une
Dérivés : SENADO ‘sénat’, du latin senatus chose, être affecté par qqch, éprouver’, ‘per-
‘conseil des Anciens’, dérivé de senex. cevoir par l’intelligence’, ‘se rendre compte’,
SENO (‘sein’), est issu du latin sinus, littérale- ‘juger, penser, avoir telle opinion’ et ‘expri-
ment ‘courbure, sinuosité, pli’ et, en particu- mer un avis, voter’. L’origine de ce verbe
lier, ‘pli en demi cercle que les vêtements des n’est pas bien établie.
Anciens formaient sur la poitrine et dans le- Dérivés : ASENTIR ‘acquiescer’. CONSENSO
quel les mères portaient leur enfant’ d’où les ‘consensus’, est emprunté au latin consensus
sens de ‘sein, poitrine, giron’ et ‘asile, refuge’. ‘accord’, dérivé de consentire ‘être d’un
Sinus signifie par ailleurs ‘enflure d’une voile’ même sentiment, être d’accord’, formé avec
et ‘baie ou crique en demi cercle’. Voir dans cum ‘avec, ensemble’. CONSENTIDO ‘consen-
les dérivés ensenada. Enfin sinus signifiait ‘à tant’ ; ‘gâté, choyé’ (c’est-à-dire ‘à qui l’on
l’intérieur de, au sein de’ dans des expressions consent beaucoup de choses’). CONSENTIR
du type in sinu urbi ‘au cœur de la ville’. ‘consentir’, voir plus haut consenso. CONTRA-
Dérivés : ENSENADA ‘anse, crique’ (voir le la- SENTIDO ‘contresens’, est l’adaptation du
tin sinus). INSINUAR ‘insinuer’, du latin insi- français contresens. Voir plus bas sentido.
nuare ‘faire pénétrer à l’intérieur de’, formé DESENSIBILIZAR ‘désensibiliser’. DISENSIÓN
avec in- ‘dans’ et sinus ‘giron, sein, poitrine’. ‘dissension’, est emprunté au latin dissensio
SINUOSO ‘sinueux’. ‘divergence de sentiments’, ‘désaccord, dis-
SENSACIÓN, voir sentir. corde, division (politique)’, tiré de dissentum
SENSACIONALISTA, voir sentir. supin de dissentire ‘être en désaccord’, formé
SENSATEZ, voir sentir. avec dis- indiquant l’éloignement, la sépara-
SENSIBILIZAR, voir sentir. tion. PRESENTIMIENTO ‘pressentiment’, formé
SENSIBLE, voir sentir. avec pre- du latin prae ‘avant’. SENSACIÓN
SENSUAL, voir sentir. ‘sensation’, du bas latin sensatio ‘fait de com-
SENTADA, voir sentar. prendre’, tiré de sensum supin de sentire. SEN-
SENTAR(SE) (‘[s’]asseoir’), d’abord sous la SACIONALISTA ‘à sensation’ (prensa sensa-
forme asentar, est issu du latin vulgaire cionalista ‘presse à sensation’). SENSATO
*adsedentare dérivé de sedere ‘être assis’. ‘sensé’, du bas latin sensatus de même sens,
Dérivés : ASIENTO ‘siège’. SEDATIVO ‘sédatif’, dérivé de sensa ‘sentiments, pensées’, parti-
est emprunté au latin médiéval sedativus ‘cal- cipe passé de sentire substantivé au neutre
mant’, dérivé de sedatum supin de sedare pluriel. SENSIBILIZAR ‘sensibiliser’. SENSIBLE
‘faire asseoir’ d’où ‘calmer, apaiser’. Sedare ‘sensible’, du latin sensibilis ‘qui tombe sous
est le causatif de sedere (le causatif ou factitif les sens, tangible’ et, en latin médiéval, ‘qui
est une forme verbale exprimant que le sujet peut sentir’, dérivé de sentire. SENSUAL ‘sen-
fait faire l’action au lieu de la faire lui-même). suel’, est emprunté au latin ecclésiastique sen-
SEDE ‘siège’ (sede social ‘siège social ; Santa sualis ‘relatif aux sens’, ‘doué de sensation’,
Sede ‘Saint-Siège’), du latin sedes ‘siège dérivé de sensus ‘action de percevoir, de com-
(chaise, banc, trône)’, ‘séjour, habitation, do- prendre’. Sensus est tiré de sensum, supin de
micile, résidence’. En catalan, sedes a donné sentire. SENTENCIA ‘sentence, jugement, ar-
seu ‘siège épiscopal’ et ‘cathédrale’ d’où seo rêt’, du latin sententia ‘façon de sentir, de pen-
‘cathédrale’ en Aragon. SEDIMENTO ‘sédi- ser’, en droit ‘avis donné au sénat, vote’. Sen-
ment’, du latin sedimentum ‘tassement’ qui est tentia dérive de sentire ‘éprouver un senti-
un élargissement de sedimen ‘dépôt’ dérivé de ment, une sensation’ et ‘avoir un avis, juger’.
sedere. SENTADA ‘sit-in’. SESIÓN ‘séance’, du SENTIDO ‘sens’, participe passé substantivé de
latin sessio ‘action de s’asseoir’, ‘pause, halte’ sentir. Littéralement ‘ce qui est perçu par les
et ‘audience du préteur’, dérivé de sessum su- sens’ puis ‘ce qui permet de percevoir’ d’où el
pin de sedere. sentido del olfato ‘le sens de l’odorat’. Senti-
SENTENCIA, voir sentir. do signifie aussi ‘ce qui a été perçu, compris
SENTIDO, voir sentir. par l’intelligence’ et qui a donc un sens, une
SENTIMIENTO, voir sentir. signification. Sentido signifiera par ailleurs
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‘ce qui permet de percevoir (par l’esprit)’ d’où ‘illustre, insigne, éminent’. Voir ci-après insi-
buen sentido ‘bon sens’, sentido común gnia. INSIGNIA ‘insigne’, ‘enseigne’, ‘ban-
‘sens commun’. On peut penser qu’un esprit nière’, neutre pluriel — interprété comme un
qui raisonne bien va dans la bonne direction féminin singulier — du latin insignis ‘distin-
d’où l’acception ‘direction, sens’ que connaît gué par une marque particulière’ (en bonne ou
aussi sentido (en sentido opuesto ‘en sens in- en mauvaise part). L’espagnol emploie in-
verse’). SENTIMIENTO ‘sentiment’. signe essentiellement avec le sens laudatif de
SEÑA (‘signe’ ; [au pluriel] ‘adresse’ ; ‘signale- ‘notoire, illustre, éminent’. Mais ce terme peut
ment’), est issu du latin signa, neutre pluriel servir simplement de quantificateur qualifiant
— interprété comme un féminin singulier — des mots péjoratifs : torpeza insigne ‘mala-
de signum ‘marque distinctive, empreinte’, dresse insigne’ (de même, tontería / dispa-
‘enseigne, étendard d’une division’, ‘signal’, rate insigne). RESEÑA ‘signalement’ ; ‘notice
‘mot d’ordre’, ‘présage, symptôme’, ‘signe (bibliographique etc.)’ ; ‘compte rendu’ (rese-
(du zodiaque)’. Signum est peut-être apparenté ña histórica ‘[un] historique’). RESIGNARSE
à secare ‘couper’ (voir segar) : signum = mar- ‘se résigner’, du latin resignare ‘rompre le
que faite par incision. Señas particulares : sceau, ouvrir un document’ d’où ‘ôter toute
ninguna ‘signes particuliers : néant’. garantie, annuler’ et ‘faire un report d’un
Dérivés : ASIGNAR ‘assigner’, du latin adsi- compte sur un autre’, ‘rendre ce que l’on a re-
gnare, terme de droit public, ‘attribuer dans çu’. Resignare est formé avec re- indiquant le
une répartition’. ASIGNATURA ‘matière, disci- mouvement en arrière et signare ‘marquer
pline (scolaire, universitaire)’, littéralement d’un signe, d’un sceau’. SEÑAL ‘marque’, ‘si-
‘tâche assignée à un élève’. CONSIGNA ‘con- gnal’, ‘signe’, du bas latin signale ‘signe’,
signe’, ‘mot d’ordre’ ; ‘consigne’ (dans une neutre substantivé de l’adjectif signalis ‘qui
gare). Voir ci-après consignar. CONSIGNAR sert de signe’, dérivé de signum. SEÑALAR
‘consigner’, est emprunté au latin consignare ‘marquer’ ; ‘montrer, indiquer, signaler’, ‘faire
‘marquer d’un signe, d’un sceau’ et, plus par- remarquer’. SEÑUELO ‘leurre’, ‘appeau’ ;
ticulièrement, ‘rapporter dans un document a- ‘piège’. SIGNIFICADO ‘sens, signification’. SI-
vec les caractères (les signes) de GNIFICAR ‘signifier’, du latin significare ‘in-
l’authenticité’. Le déverbal de consignar — diquer par signe’, ‘faire connaître, com-
c’est-à-dire consigna — a pris le sens de ‘rè- prendre’, ‘donner à entendre’ ainsi que ‘présa-
glement consigné par écrit’ puis, plus généra- ger’ et ‘vouloir dire, avoir tel sens’. Signifi-
lement, ‘instruction donné (à un militaire, à un care est formé avec signum et facere ‘faire’
gardien etc.)’. Consigna a aussi le sens de (littéralement ‘faire signe’). SIGNO ‘signe’, du
‘service chargé de la garde d’objets’, objets latin signum (voir ses acceptions à seña) : si-
que l’on récupère grâce à un ticket, un jeton, gnos (ou señales) de vida ‘signes de vie’ ; si-
ou un code qui sont autant de signes permet- gno externo de riqueza ‘signe extérieur de
tant d’identifier le propriétaire. DESIGNAR ‘dé- richesse’. Signum a donné aussi sino ‘sort,
signer’, du latin designare ‘marquer d’un destin’ (littéralement ‘signe du destin’).
signe distinctif’ d’où ‘signaler à l’attention, SEÑAL, voir seña.
indiquer’, formé avec de à valeur intensive. SEÑALAR, voir seña.
DESIGNIO ‘dessein, projet’, du bas latin desi- SEÑOR (‘seigneur’, ‘maître’ ; ‘monsieur’), est
gnium de même sens (littéralement ‘manière issu du latin senior ‘plus vieux’, comparatif de
de manifester ses intentions par des signes’). senex, senecis (adjectif et substantif) ‘vieux’,
DISEÑADOR ‘styliste’. DISEÑAR ‘dessiner’, est et ‘vieillard’. Senior, substantivé, se disait des
emprunté à l’italien disegnare ‘tracer les con- personnes avec une nuance de respect et
tours de qqch’, lui-même pris au latin desi- s’opposait à juvenis alors que vetus (‘vieux,
gnare ‘marquer d’un signe distinctif’ et ‘re- détérioré par l’âge’) s’opposait à novus ‘neuf’.
présenter, dessiner’. DISEÑO ‘dessin’ et ‘de- Senior a remplacé dominus (‘chef, souverain’)
sign’. ENSEÑANZA ‘enseignement’. ENSEÑAR pour désigner des personnages de haut rang.
‘montrer, indiquer’, ‘apprendre (qqch à qqn)’, Après affaiblissement, señor est devenu un
‘enseigner’, du latin vulgaire *insignare, alté- terme de politesse courant. En français, sei-
ration de insignire ‘mettre une marque, signa- gneur vient de seniorem accusatif de senior.
ler, distinguer’, ‘désigner, montrer’. INSIGNE Sire vient d’un latin vulgaire *seiior, altéra-
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tin praesens, praesentis, participe présent de SERIE (‘série’), est emprunté au latin series
praeesse formé avec prae ‘avant, devant’ et ‘entrelacs’, ‘suite ininterrompue’ et, au figuré,
esse ‘être’, d’où ‘être en avant, être à la tête ‘descendance, lignée de descendants’, dérivé
de’, ‘commander, diriger’ et ‘être présent’. de serere ‘tresser, entrelacer’.
Praesens signifiait ‘qui est là avant, devant’ et Dérivés : SERIAL ‘feuilleton’, ‘série télévisée’.
donc ‘qui est bien là, qui est là personnelle- SERIEDAD, voir serio.
ment’, ‘sous les yeux’. Du point de vue tem- SERIO (‘sérieux’), est emprunté au latin serius
porel : ‘sous les yeux’ → ‘actuel’, ‘immédiat’ ‘sérieux’ qui se disait des choses (au neutre
et ‘qui agit immédiatement, efficace’. Enfin, pluriel, seria ‘les choses sérieuses’). L’adjectif
praesens signifiait (surtout avec animus) a ensuite qualifié les personnes.
‘maître de soi, ferme, imperturbable’. REPRE- Dérivés : SERIEDAD ‘sérieux’ (substantif).
SENTAR ‘représenter’, du latin repraesentare SERMÓN (‘sermon’), est emprunté au latin ser-
‘faire apparaître, rendre présent devant les mo, sermonis ‘conversation, entretien’ puis,
yeux’, ‘reproduire par la parole’, ‘livrer à la par extension, ‘manière de s’exprimer’,
justice’ et ‘remplacer qqn’, formé avec re- à ‘langue, langage’ (en latin d’église ‘discours
valeur intensive. prononcé en chaire’). Sermo se rattache pro-
SERENAR, voir sereno (1). bablement à serere ‘tresser, entrelacer, atta-
SERENATA, voir sereno (2). cher à la file’. Le sens primitif et littéral de
SERENIDAD, voir sereno (1). sermo serait donc ‘enfilade de mots’ d’où
SERENO (1) (‘serein, calme’), est issu du latin ‘discours’.
serenus ‘sans nuages’ et, au figuré, ‘calme, Dérivés : SERMONEAR ‘prêcher, faire un ser-
paisible’. mon’ ; ‘sermonner’.
Dérivés : SERENAR ‘calmer, apaiser’. SERENI- SERMONEAR, voir sermón.
DAD ‘sérénité’. SERPENTÍN, voir serpiente.
SERENO (2) (‘serein’ [humidité nocturne] ; SERPIENTE (‘serpent’), est issu du latin serpens,
‘veilleur de nuit’, ‘sereno’), est d’origine mal serpentis ‘serpent’, ‘ver (intestinal)’ et nom
établie. Le mot est peut-être apparenté au d’une constellation. Serpens est le participe
français serein ‘humidité qui tombe avec la présent substantivé de serpere ‘se glisser,
nuit’, issu du latin vulgaire *seranus dérivé de ramper’. Comme le serpent représente la ten-
serum ‘heure tardive’, substantivation au tation dans la Bible, sa désignation a été frap-
neutre de l’adjectif serus ‘tardif’ (d’où, en bas pée d’un tabou linguistique. Serpens bestia est
latin, sera ‘le soir’) : pasar la noche al sere- donc littéralement l’« animal rampant ». Cette
no, littéralement ‘passer la nuit exposé à expression était le substitut de anguis (qui
l’humidité’, ‘passer la nuit à la belle étoile’. donnera anguille). Pour les tabous linguis-
Quant à l’acception ‘veilleur de nuit’ (au- tiques, voir Pierre Guiraud, La sémantique,
jourd’hui vigilante nocturno), elle est proba- éditions Que sais-je ?
blement en relation avec les formes latines se- Dérivés : SERPENTÍN ‘serpentin’, du latin ser-
ranus, serum et serus vues plus haut et dési- pentinus ‘de serpent’ (qui a la forme d’un ser-
gnant l’heure tardive, le soir. Mais il est vrai pent). Le mot s’applique au tube en spirale
aussi que la fonction de surveillance du sere- servant à la distillation.
no assurait la sérénité des habitants d’un quar- SERRALLO (‘sérail’), est emprunté à l’italien
tier, ce qui fait dire à Joan Corominas que ce serraglio lui-même pris au turc qui le tient du
mot est sans doute en rapport avec l’adjectif persan saray ‘palais, résidence’ (palais du sul-
sereno, a ‘calme, paisible’. tan dans l’ancien Empire ottoman). En espa-
Dérivés : SERENATA ‘sérénade’, est emprunté gnol, serrallo a pris le sens de ‘harem’ et celui
à l’italien serenata lui-même issu du latin se- de ‘lieu de débauche, lupanar’, sens que le
renus ‘sans nuages’, ‘calme, paisible’. Serena- français a connus aussi mais qui sont sortis de
ta a d’abord signifié ‘temps serein’ puis ‘nuit l’usage.
sereine’ par influence de sera ‘soir’ et enfin SERRANO, voir sierra.
‘concert donné en début de soirée’ (car la nuit SERRÍN, voir sierra.
sereine se montre propice à ce genre de mani- SERVICIAL, voir siervo.
festation). SERVICIO, voir siervo.
SERIAL, voir serie. SERVIDOR, voir siervo.
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‘couper, diviser’, les espèces étant divisées en avec le sens de ‘c’est cela, oui’. Voir así et si
mâles et femelles. (3).
Dérivés : SEXI ‘sexy’, est emprunté à l’anglais SI (3) (‘si’ [conjonction]), est issu du latin si
sexy dérivé de sex lui-même pris au français ‘quand’, ‘toutes les fois que’, ‘au cas où’,
sexe. SEX-SHOP ‘sex-shop’, de genre féminin ‘même si’. La forme ancienne était sei : d’une
en espagnol, est emprunté à l’anglais sex-shop part, elle s’est réduite à si pour introduire une
mais probablement par l’intermédiaire des proposition conditionnelle ; d’autre part, sous
pays scandinaves très permissifs en ce qui la forme élargie sic (issue de *sei-ce), elle a
concerne la pornographie. Sex-shop y aurait pris le sens de ‘ainsi, de cette façon’. Voir sí
été forgé avec les mots anglais sex et shop (2). Sur les corrélations entre sí ‘oui’ et le si
‘boutique’ lui-même pris au vieux français de condition, voir l’article de J.C. Chevalier,
eschope (moderne échoppe). SEX-SYMBOL M. Molho et M. Launay, ‘Del morfema si
‘sex-symbol’, est emprunté à l’anglo- (hipótesis y afirmación en español y en fran-
américain. SEXUAL ‘sexuel’, du bas latin cés)’, in Philologica hispaniensa in honorem
sexualis ‘du sexe féminin’. Manuel Alvar, II, Lingüística, 1985, pp.
SEX-SHOP, voir sexo. 129-166, éditions Gredos.
SEX-SYMBOL, voir sexo. Dérivés : SINO ‘mais’ ; (en corrélation avec
SEXTANTE, voir seis. no) ‘ne...que’. Cette conjonction adversative
SEXTO, voir seis. ou restrictive provient de constructions ellip-
SEXUAL, voir sexo. tiques : que nadi non raste / sinon dos peones
SHORTS (‘short’), est emprunté à l’anglais shorts por la puerta guardar ‘que nul ne reste là / si-
qui est la substantivation de l’adjectif short non deux piétons seuls qui nous gardent la
‘court’ issu d’une racine indoeuropéenne porte’ (Cantar de Mio Cid, vers 685-686).
*sker(t)- ‘couper’ et donc apparenté au latin Nadi, sinon dos peones représente
curtus ‘écourté, tronqué’ et ‘châtré’, ‘circon- l’abréviation de nadi si non son dos peones
cis’. L’espagnol utilise plus souvent pantalón (personne si ce n’est, personne à l’exception
corto. Quant à l’anglicisme, il l’emploie au de). D’où l’emploi de sino dans les tournures
pluriel (unos shorts ‘un short’). restrictives : no hace sino molestarnos, litté-
SHOW (‘show’), est emprunté à l’anglais show ralement ‘il ne fait rien sauf (si ce n’est) nous
‘spectacle, parade’, déverbal de to show ‘mon- ennuyer’ = ‘il ne fait que nous ennuyer’. Sino
trer, exposer’. est devenu conjonction adversative permettant
SÍ (1) ([pronom personnel sous préposition] ‘lui, de poser un élément par exclusion, négation
elle’, ‘soi’), est issu du latin sibi, datif du pro- d’un autre élément déjà placé sous négation
nom personnel réfléchi de troisième personne (négation de négation, c’est-à-dire une affir-
(se à l’accusatif). Sibi est devenu sí par analo- mation) : no es un león sino una pantera, lit-
gie avec mihi > mí. téralement ‘ce n’est pas un lion, mais non,
Dérivés : CONSIGO ‘avec lui, avec elle(s), avec c’est une panthère’.
eux’, du latin secum ‘avec lui, avec elle’ (la SIBILINO (‘sibyllin’), est emprunté au latin
préposition cum était enclitique). Secum étant sibyllinus dérivé de Sibylla, du grec Sibulla,
devenu un morphème personnel unique (on ne nom d’une prophétesse à qui l’on reconnais-
percevait plus distinctement le sens de cum), sait une inspiration divine et le pouvoir de
le latin vulgaire a antéposé la préposition cum rendre des oracles. Sibyllinus caractérise les
d’où cum secum (littéralement ‘avec-lui-avec’) recueils de prophéties de la Sibylle de Cumes,
> *consego puis consigo par analogie avec mí, prêtresse d’Apollon, prophéties sont le sens
ti, sí, formes employées sous préposition (ha- était caché ou obscur.
cia mí, por ti, para sí). ENSIMISMARSE ‘ren- SICARIO (‘tueur à gages’), est emprunté au latin
trer en soi-même’, ‘se concentrer’, ‘réfléchir sicarius ‘assassin’, dérivé de sica ‘poignard’
profondément’. et ‘défense de sanglier’.
SÍ (2) (‘oui’ ; ‘si’), est issu du latin sic ‘ainsi, de SICO-, voir psico-.
cette manière’, ‘de même (que)’, ‘tellement SIDA (‘Sida’), est l’acronyme de síndrome de
(que)’, ‘comme cela, purement et simplement, inmunodeficiencia adquirida ‘syndrome
sans plus’. Dans la langue familière, sic était immunodéficitaire (ou d’immunodéficience)
parfois employé comme adverbe d’affirmation acquis’.
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Dérivés : SIDOSO ‘sidéen’ (comme tuberculo- Dérivés : SARGENTO ‘sergent’, est emprunté à
so, canceroso etc.). l’ancien français sergant ou serjant issu du la-
SIDERAL (‘sidéral’), est emprunté au latin side- tin juridique servientem ‘homme au service
ralis ‘qui concerne les astres’, dérivé de sidus, d’un seigneur’. Servientem est la substantiva-
sideris d’origine inconnue et signifiant ‘cons- tion de l’accusatif de serviens, participe pré-
tellation, groupe d’étoiles’ puis ‘étoile isolée, sent de servire ‘servir’, dérivé de servus. SER-
astre’. Par ailleurs, sidus désignait le ciel (les VICIAL ‘serviable’. SERVICIO ‘service’, du la-
astres), la nuit, une saison. tin servitium ‘condition d’esclave’, ‘escla-
SIDERURGIA (‘sidérurgie’), est dérivé du grec vage’ et ‘classe des esclaves’ ; en latin ecclé-
sidêrourgos ‘celui qui travaille le fer’, ‘serru- siastique ‘office’ (le prêtre étant siervo de
rier’, ‘forgeron’, formé avec sidêros ‘fer’, ‘ob- Dios ‘serviteur de Dieu’). SERVIDOR ‘servi-
jet en fer’ et ergon ‘action, ouvrage, travail’. teur’ et ‘servant’ (d’une machine) ; (substitut
SIDOSO, voir sida. de ‘Moi’) : un servidor ‘(Moi), votre servi-
SIDRA (‘cidre’), d’abord attesté sous la forme teur’. SERVIDUMBRE ‘servitude’ ; ‘domestici-
sizra, est issu du latin de la Vulgate sicera té’, ‘domestiques, gens de maison’. SERVIL-
‘boisson fermentée’ qui est la transcription de LETA ‘serviette’, du français serviette dérivé
l’hébreu sekar ‘liqueur forte’. Sekar dérive de du verbe servir (serviette = ‘dont on se sert à
sakar ‘boire en excès’. Par la suite, le terme se table ou pour la toilette’). SERVIR ‘servir’, du
spécialisera avec le sens de ‘boisson fermentée latin servire ‘être esclave’, ‘se mettre au ser-
faite à base de jus de pommes’. vice de’, ‘être dévoué à’, ‘être utile à’, dérivé
SIEGA, voir segar. de servus. SIRVIENTE, A ‘domestique’.
SIEMBRA, voir sembrar. SIESTA (‘sieste’), est issu du latin sexta (hora),
SIEMPRE (‘toujours’), est issu du latin semper ‘la sixième heure’ (après le lever du soleil),
‘une fois pour toutes’, ‘toujours’, à rattacher à c’est-à-dire le milieu de la journée, ‘midi’. Les
la racine indoeuropéenne *sem- ‘un’ (voir se- Romains divisaient en effet la journée en
mi-). douze heures (depuis le lever du soleil, vers
Dérivés : SEMPITERNO ‘sempiternel’, formé six heures, jusqu’à son coucher, vers dix-huit
avec semper et aeternus issu de la forme ar- heures).
chaïque aeviternus ‘qui dure toute la vie’ (tiré SIETE (‘sept’), est issu du latin septem de même
de aevus ‘temps’ [dans sa durée]). Sempiter- sens.
no est donc une forme redondante, elle con- Dérivés : SEMANA ‘semaine’, du latin septi-
tient deux fois l’idée d’éternité. mana ‘espace de sept jours’, féminin substan-
SIEN (‘tempe’),est d’origine mal établie. Peut- tivé de l’adjectif septimanus ‘relatif au nombre
être de l’ancienne forme sen ‘sens, esprit, ju- sept’, dérivé de septem. Septimana est le
gement’ puis ‘tempe’. Les tempes étant, selon calque du grec hebdomas ‘le nombre sept’ et
la croyance populaire, le siège de la pensée, de ‘semaine’ (hebdomos ‘septième’). SEMANARIO
l’intelligence. Sen provient du germanique ‘hebdomadaire’ (journal). SEPTENIO ‘septen-
sinn (ou sinno) ‘direction’ puis — par nat’. SEPTENTRIONAL ‘septentrional’, du latin
l’intermédiaire de ‘bonne direction’ — ‘rai- septentrionalis dérivé de septentriones, littéra-
son, intelligence’. Sen a probablement était in- lement ‘les sept bœufs de labour’, nom de la
terprété comme un dérivé de sentir d’où la constellation que l’on appellera ensuite la
diphtongue (sien) analogue à celle de siento, Grande Ourse et la Petite Ourse et qui se situe
sientes etc. près du pôle arctique (l’étoile polaire fait par-
SIERRA (‘scie’ ; ‘montagne’), est issu du latin tie de la Petite Ourse ; arktos ‘ours’ en grec).
serra de même sens. L’acception ‘chaîne de Septentrionalis désignera donc ce qui est situé
montagne’ est une métaphore (les pics des au nord. Ce mot est formé avec septem et trio,
montagnes sont en dents de scie). trionis ‘bœuf de labour’. SÉPTIMO ‘septième’.
Dérivés : ASERRAR ‘scier’. SERRANO ‘monta- SETECIENTOS ‘sept cents’. Le latin septingen-
gnard, de montagne’. SERRÍN ‘sciure’. tos n’a pas été conservé et a subi une réfection
SIERVO (‘serf’ ; ‘serviteur, servante’), est issu du analogique d’après siete et cientos (siete de-
latin servus ‘esclave’ dont l’origine est très vient sete- car, dans ce mot composé, l’accent
mal établie. Voir servo-. tonique est sur cientos). SETENTA ‘soixante-
dix’, du latin septuaginta. SETIEMBRE ‘sep-
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tembre’, du latin september, septième mois de formé avec sun ‘ensemble’ et lambanein
l’année romaine qui commençait en mars. ‘prendre, saisir’.
SÍFILIS (‘syphilis’), est emprunté au latin de la SILBAR (‘siffler’), est issu du latin sibilare de
Renaissance syphilis tiré de Syphilus (ou Sipy- même sens (> siblar puis silbar par interver-
lus), nom d’un berger des Métamorphoses sion en limite de syllabe : consonne ‘forte’ en
d’Ovide à propos duquel l’humaniste italien position explosive et consonne ‘faible’ en po-
Frascator de Vérone (XVIe siècle) a imaginé sition implosive). Sibilare est dérivé de sibilus
une légende. Syphilus, berger d’Amérique, ‘sifflets, huées’ d’origine expressive. Une va-
poussa le peuple de l’île d’Ophise à se révolter riante vulgaire sifilare a donné le français sif-
contre Apollon. En guise de punition, ce der- fler et l’espagnol chiflar ‘siffler’ et ‘siffler
nier le frappa d’une grave maladie vénérienne qqn’ d’où ‘se moquer’ (à la voix pronominale,
(la grosse vérole ou syphilis). Il fut guéri par chiflarse, ‘raffoler, aimer à la folie’).
la nymphe Ammerica qui lui donna un remède Dérivés : CHIFLADO ‘cinglé, piqué, toqué’.
(le gaïacol) tiré d’une plante de son pays (le CHIFLADURA ‘manie, toquade, dada’. SILBATO
gaïac). La fiction n’est pas tellement éloignée ‘sifflet’. SILBIDO ‘sifflement’ ; ‘coup de sif-
de la réalité puisque l’une des deux grandes flet’.
théories sur l’origine de la syphilis veut que SILBATO, voir silbar.
cette maladie ait été importée en Europe par SILBIDO, voir silbar.
les marins de C. Colomb. SILENCIAR, voir silencio.
SIGLA (‘sigle’), est emprunté au bas latin juri- SILENCIO (‘silence’), est emprunté au latin
dique sigla, neutre pluriel interprété comme silentium ‘absence de bruit’ et ‘repos, inac-
un féminin singulier et signifiant ‘signes abré- tion’, dérivé de silere ‘être silencieux’, ‘(se)
viatifs’. Sigla vient peut-être de singula (sin- taire’.
guli, ae, a ‘chacun un’, ‘un par un’ ; voir sin- Dérivés : SILENCIAR ‘étouffer’, ‘passer sous
gular à l’article sencillo). On désignait les silence’.
abréviations par l’expression singulae litterae SILEPSIS (‘syllepse’), est emprunté au latin
(une lettre pour un mot). syllepsis, du grec sullêpsis ‘action de prendre
SIGLO (‘siècle’), est issu du latin saeculum (ou ensemble’, ‘compréhension’ et, en grammaire,
seculum) ‘génération’, ‘race’, ‘durée d’une ‘accord grammatical selon le sens’. Sullêpsis
génération humaine’ (d’abord très courte, en- vient de sullambanein ‘prendre ensemble’.
viron 33 ans...) puis ‘âge, époque’ et enfin Voir sílaba. Exemples de syllepses : on est ar-
‘espace de cent ans’. En bas latin chrétien, rivés (c’est-à-dire ‘plusieurs personnes’) ; mi-
saeculum désigne la vie terrestre, la vie du nuit sonnèrent (‘les douze coups de minuit’).
monde par opposition à la vie spirituelle (in- SILO (‘silo’), est d’origine incertaine. Peut-être
temporelle). En vieil espagnol, sieglo (siglo) issu du celte silon ‘graine, semence’ et ‘dépôt
avait aussi ce sens. de grain’ ou emprunté — par l’intermédiaire
Dérivés : SECULAR ‘séculaire’ et ‘séculier’, est du latin sirus — au grec siros ‘excavation où
emprunté au latin saecularis ‘séculaire’ (‘qui a l’on conserve le grain’ et ‘trappe’, ‘cachot’.
cent ans’) et, en bas latin chrétien, ‘du siècle, SILOGISMO, voir lógica.
profane’ (el clero secular ‘le clergé séculier’ SILUETA (‘silhouette’), est emprunté au français
c’est-à-dire celui qui n’a pas fait de vœux mo- silhouette qui apparaît dans l’expression à la
nastiques et qui vit dans le siècle). Secular est silhouette tirée du nom d’Étienne de Sil-
le doublet savant de seglar ‘séculier’, ‘laïque’ houette, ministre des Finances de mars à no-
issu lui aussi du latin saecularis. vembre 1759. Homme politique impopulaire,
SIGNIFICADO, voir seña. il fut brocardé par les chansonniers à qui l’on
SIGNIFICAR, voir seña. doit probablement l’expression faire qqch à la
SIGNO, voir seña. Silhouette (puis à la silhouette) c’est-à-dire ‘à
SÍLABA (‘syllabe’), est emprunté au latin syllaba l’économie’, ‘rapidement’ par allusion à son
lui-même pris au grec sullabê ‘ce qui est mis, passage très rapide au Ministère des Finances.
ce qui tient ensemble’ d’où ‘assemblage de Silhouette, nom commun, prendra le sens de
lettres’, ‘groupement, combinaison’. Sullabê ‘dessin aux contours schématiques’.
dérive de sullambanein ‘rassembler, réunir’, SILVESTRE, voir selva.
SILVICULTURA, voir selva.
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SILLA (‘chaise’), est issu du latin sella ‘siège’, Dérivés : SIMPLEZA ‘naïveté, ingénuité’, ‘niai-
‘siège des artisans qui travaillent assis’, serie’. SIMPLICIDAD ‘simplicité’ ; ‘naïveté,
‘chaise à porteurs’ et ‘chaise percée’ (d’où le simplicité’.
français aller à la selle). Sella est dérivé de SIMPLEZA, voir simple.
sedere ‘être assis’. SIMPLICIDAD, voir simple.
Dérivés : SILLÓN ‘fauteuil’. SIMPOSIO / SIMPÓSIUM (‘symposium’), est un
SILLÓN, voir silla. emprunt savant au latin symposium ‘banquet’,
SIMA (‘précipice, gouffre’), est d’origine incon- lui-même pris au grec sumposion ‘ensemble
nue. des convives d’un festin’. Sumposion vient de
SIMBIOSIS (‘symbiose’), est emprunté au grec sumpotês ‘qui boit avec’, formé avec sun ‘en-
sumbiôsis ‘vie en commun, camaraderie’, dé- semble’ et potês ‘qui boit’, dérivé de pinein
rivé de sumbioun ‘vivre ensemble’, formé ‘boire’. Dans la langue moderne, le mot a pris
avec sun ‘ensemble’ et bioun ‘vivre’ (tiré de le sens beaucoup plus sérieux de ‘congrès
bios ‘vie’). scientifique, colloque, séminaire’.
SÍMBOLO (‘symbole’), est emprunté au latin SIMULACRO, voir semejar.
chrétien symbolum ‘symbole des Apôtres’, SIMULAR, voir semejar.
c’est-à-dire ‘résumé des principales vérités du SIMULTANEIDAD, voir simultáneo.
christianisme dont la récitation est le signe de SIMULTÁNEO (‘simultané’), est emprunté au
reconnaissance de ceux qui partagent cette latin médiéval simultaneus formé d’après le
foi’. Le latin chrétien reprend, en le spéciali- latin classique simultas ‘rivalité’ et ‘haine’,
sant, le latin classique symbolus ‘signe de re- dérivé de l’adverbe simul ‘ensemble, en même
connaissance’ et ‘pièce d’identité’, emprunté temps’. De l’idée de compétition (et
au grec sumbolon ‘signe de reconnaissance’ d’inimitié) entre plusieurs concurrents, on ne
(objet coupé en deux dont on rapprochait les retiendra que l’idée sous-jacente de simulta-
deux parties pour se reconnaître). Sumbolon néité puisqu’ils se dirigent tous ensemble en
dérive du verbe sumballein ‘joindre, unir’, même temps vers un même but.
formé avec sun ‘ensemble’ et ballein ‘jeter’. Dérivés : SIMULTANEIDAD ‘simultanéité’.
Símbolo prendra par la suite le sens que nous SIN (‘sans’), est issu du latin sine de même sens
lui connaissons c’est-à-dire ‘ce qui représente dont la forme originelle pourrait être *s-ni très
autre chose en vertu d’une correspondance proche de la négation indoeuropéenne *ne-.
analogique’ (la balance et le glaive sont les SINAGOGA (‘synagogue’), est emprunté au bas
symboles de la justice). latin ecclésiastique synagoga ‘lieu de réunion
SIMETRÍA, voir metro. de la communauté juive’, lui-même pris au
SIMIESCO, voir simio. grec sunagôgê ‘réunion’. Ce mot est dérivé de
SÍMIL, voir semejar. sunagein ‘conduire ensemble, rassembler’,
SIMIO (‘singe’), est emprunté au latin simius de formé avec sun ‘ensemble’ et agein ‘mener’.
même sens. SINALEFA (‘synalèphe’), est emprunté au bas
Dérivés : SIMIESCO ‘simiesque’. latin synaloephe ‘élision’, lui-même pris au
SIMONÍA (‘simonie’), est emprunté au latin grec sunaloiphê ‘fusion, union’, dérivé de su-
ecclésiastique simonia dérivé du nom propre naleiphein ‘aider à enduire, à huiler’ et ‘rendre
Simon désignant Simon le Magicien qui voulut cohérent’. Ce verbe est formé avec sun ‘en-
acheter les apôtres Pierre et Paul afin d’obtenir semble’ et aleiphein ‘oindre, enduire, frotter’.
le pouvoir de conférer le Saint-Esprit par Exemple de synalèphes chez le poète Espron-
l’imposition des mains (coupable de simonie). ceda : Un hombre entró embozado hasta los
SIMPATÍA, voir patético. ojos.
SIMPLE (‘simple’ ; ‘naïf, simple’), est emprunté SINAPISMO, voir sarampión.
au latin simplex, littéralement ‘plié une fois’ SINCERIDAD, voir sincero.
d’où ‘formé d’un seul élément’, ‘seul, isolé’, SINCERO (‘sincère’), est emprunté au latin since-
‘naturel, sans artifices’ et ‘sans détours, ingé- rus ‘pur, sans mélange’, ‘naturel’ et ‘honnête,
nu, naïf’. Simplex est formé avec sim- qui se probe’. Le premier élément (sin-) est à ratta-
rattache à une racine indoeuropéenne *sem- cher à la racine indoeuropéenne *sem- ‘un’
‘un’ (voir semi-) et -plex de la même famille (voir semi-). Le second élément est sans doute
que plectere ‘plier’. apparenté à crescere ‘pousser, croître’. Le
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sens primitif de sincerus aurait donc pu être tée par les copropriétaires d’un immeuble afin
‘d’un seul jet, d’une seule venue’. de faire exécuter les décisions prises lors de
Dérivés : SINCERIDAD ‘sincérité’. l’assemblée annuelle.
SÍNCOPA, voir síncope. Dérivés : SINDICATO ‘syndicat’.
SÍNCOPE (‘syncope’), est emprunté au bas latin SÍNDROME, voir dromedario.
syncope (ou syncopa) ‘défaillance, évanouis- SINECURA, voir cura.
sement’, en grammaire ‘chute d’une syllabe SINFÍN, voir fin.
ou d’une voyelle à l’intérieur d’un mot’. Le SINFONÍA, voir fonético.
mot latin est lui-même pris au grec sunkopê SINGLAR (‘cingler’), est emprunté à l’ancien
dérivé de sunkoptein ‘briser, frapper’ et, en français sigler (moderne cingler) ‘faire voile’,
grammaire, ‘réduire par syncope’. Sunkoptein lui-même pris à l’ancien norrois sigla ‘faire
est formé avec sun ‘ensemble’ et koptein voile vers’ dont l’origine est mal établie (peut-
‘frapper à coups redoublés’ et ‘couper’. En es- être de *seglom ‘voile’).
pagnol, síncopa est le terme grammatical et SINGULAR, voir sencillo.
síncope le terme médical. SINIESTRADO, voir siniestro.
Dérivés : APÓCOPE ‘apocope’, est emprunté au SINIESTRO (‘gauche’ ; ‘sinistre, funeste’ ; [subs-
latin apocope (ou apocopa) lui-même pris au tantif] ‘sinistre, catastrophe’), est issu du latin
grec apokopê, dérivé du verbe apokoptein vulgaire *sinexter, altération de sinister sous
‘couper’, formé avec apo- (idée l’influence de son opposé dexter ‘droit’. Sinis-
d’éloignement) et koptein ‘couper’. L’apocope ter signifiait ‘gauche, du côté gauche’ et ‘ma-
désigne la chute de la partie finale d’un mot : ladroit’, ‘malheureux, fâcheux’ ; dans la
*uno bueno hombre → un buen hombre ; langue des augures ‘qui vient du côté gauche’
*grande hombre → gran hombre. et donc ‘défavorable’. Dans le Cantar de Mio
SINCRETISMO (‘syncrétisme’), est emprunté au Cid, les corneilles que l’on voit à gauche sont
grec sunkrêtismos, littéralement ‘union de un mauvais présage (les habitants de Burgos
Crétois’, ‘alliance de deux parties opposées fermeront leur porte au Cid exilé) : a la exida
contre un ennemi commun’. Ce mot est formé de Bivar ovieron la corneja diestra / e entran-
avec sun ‘ensemble’ et krêtizein ‘agir en Cré- do a Burgos oviéronla siniestra.
tois’ c’est-à-dire ‘être fourbe’ ! (de Krês, Krê- Dérivés : SINIESTRADO ‘sinistré’.
tos ‘Crétois’). Sincretismo a pris le sens de SINO (‘sort’), voir signo à l’article seña.
‘mélange de doctrines, de systèmes’, ‘synthèse SINO (‘mais’), voir si (3).
d’éléments culturels divers’. SÍNODO (‘synode’), est emprunté au bas latin
SINCRONÍA (‘synchronie’), a été formé à partir synodus ‘collège de prêtres’, lui-même pris au
du latin synchronus ‘contemporain’, emprunté grec sunodos ‘réunion’ et ‘assemblée reli-
au grec sunkronos formé avec sun ‘avec, en- gieuse’. Sunodos est formé avec sun ‘avec, en-
semble’ et kronos ‘temps’. Sincronía désigne semble’ et hodos ‘route, chemin, voyage’.
en linguistique un ‘état de langue considéré SINÓNIMO, voir nombre.
dans son fonctionnement à un moment donné SINOPSIS, voir óptico.
du temps’ (J. Dubois et alii, Dictionnaire de SINRAZÓN, voir razón.
linguistique, éditions Larousse, 1973). Ce SINTAGMA, voir táctica.
terme s’oppose à diacronía ‘diachronie’ SINTAXIS, voir táctica.
(perspective évolutive, comparaison d’états de SÍNTESIS, voir tesis.
langue successifs). SINTÉTICO, voir tesis.
Dérivés : SINCRONIZAR ‘synchroniser’. SÍNTOMA (‘symptôme’), est emprunté au bas
SINCRONIZAR, voir sincronía. latin médical symptoma lui-même pris au grec
SINDICATO, voir síndico. sumptôma ‘affaissement’, ‘événement malheu-
SÍNDICO (‘syndic’), est emprunté au bas latin reux’, ‘coïncidence’ et ‘coïncidence de
syndicus ‘avocat et représentant d’une ville’, signes’. Sumptôma dérive de sumpiptein, litté-
lui-même pris au grec sundikos ‘celui qui as- ralement ‘tomber ensemble’ d’où ‘survenir en
siste qqn en justice’. Sundikos est formé avec même temps’, formé avec sun ‘ensemble’ et
sun ‘avec, ensemble’ et dikê ‘usage, règle, piptein ‘tomber, survenir’. En médecine, le
droit’, ‘justice’. Dans l’usage moderne, síndi- mot síntoma désigne toujours un trouble qui
co désigne en particulier une personne manda-
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coïncide avec telle ou telle maladie et qu’il tuare ‘situer’. Il est probable que asediar ‘as-
permet donc de déceler. siéger’ a exercé aussi une influence séman-
SINTONÍA, voir tono. tique sur sitiar. SITO, A ‘situé, e, sis, sise’, du
SINTONIZAR, voir tono. latin situs, a, um ‘placé, posé’, ‘situé’, parti-
SINUOSO, voir seno. cipe passé adjectivé de sinere ‘poser’. SITUAR
SINVERGÜENZA, voir vergüenza. ‘situer’, est emprunté au latin médiéval situare
SIQUIERA (‘même si’ ; ‘au moins’ ; ‘ne serait-ce de même sens, dérivé de situs ‘position, situa-
que’ ; ‘ne...même pas’), d’abord sous la forme tion’. SITUACIÓN ‘situation’.
ancienne siquier avec le sens de si se quiere SITO, A, voir sitio.
‘si l’on veut’ puis ‘ou bien’ et ‘même’. Siquier SITUACIÓN, voir sitio.
est un calque du latin vel (du verbe velle ‘vou- SITUAR, voir sitio.
loir’) qui signifiait ‘ou, si vous voulez’, ‘ou SIUX (‘sioux’), est l’altération du mot nadoweisiv
bien’, ‘ou plutôt’, ‘ou même’, ‘ou pour parler ‘petit serpent’ que les indiens Chippewa utili-
plus exactement’. Siquier est devenu siquiera saient pour désigner leurs ennemis.
par analogie avec la série cualquiera, doquie- SLALOM, voir eslalon / eslálom.
ra, comoquiera, quienquiera où quiera re- SLAM (‘chelem’), est emprunté à l’anglais slam
présente le subjonctif présent de querer (cual d’origine inconnue. Ce mot désigne un jeu de
libro se quiera ‘le livre que l’on voudra’, ‘ce- cartes et la réunion dans la même main de
lui qu’on voudra’, ‘n’importe lequel’ → cual- toutes les levées de certains jeux de cartes
quiera). Siquiera ne peut être qu’analogique (bridge, whist). Le terme est passé dans le vo-
car la conjonction si antériorisante n’introduit cabulaire du sport dans l’expression Grand
jamais un subjonctif présent (ou subjonctif Slam ‘Grand chelem’ où il désigne une suite
prospectif). de victoires dans la même saison dans les
SIRENA (‘sirène’), est emprunté au bas latin grands championnats internationaux.
sirena. La forme classique était siren elle- SLOGAN, voir eslogan.
même prise au grec seirên, nom de divinités SMOKING, voir esmoquin.
de la mer qui guettaient les navigateurs à SNOB, voir esnob.
l’entrée du détroit de Sicile. On ne connaît pas SO (‘espèce de’), est issu de la contraction du mot
l’origine de seirên. señor dans le langage familier : señor tonto >
SIRVIENTE, A, voir siervo. seor > sor > so tonto ‘espèce d’idiot’.
SISA (‘chapardage’), est emprunté au français SO (‘sous’), est issu du latin sub préposition et
assise ‘imposition, redevance’, participe passé préverbe signifiant ‘sous’, ‘au fond de’, ‘dans
substantivé au féminin de asseoir avec le sens le voisinage de’, ‘à l’approche de’. Sub- entre
d’ « établir » (latin vulgaire *assedere, latin dans la formation de nombreux composés.
classique adsedere ‘être assis auprès de’). En Quant à la préposition espagnole so, elle n’est
espagnol, sisa a désigné une manière de per- plus employée que dans les expressions so
cevoir des taxes sur les marchandises en frau- pretexto de ‘sous prétexte de’, so pena de
dant sur les poids et mesures d’où l’acception ‘sous peine de’, so capa de ‘sous le couvert
‘chapardage, carottage, gratte (profits illi- de’, so color de ‘sous couleur de’.
cites)’. SOBACO (‘aisselle’), est d’origine mal établie.
Dérivés : SISAR ‘carotter, chaparder, rabioter’. Peut-être s’agit-il du croisement entre subala
SISAR, voir sisa. et subhircus qui, en latin, avaient le même
SISTEMA, voir estático. sens.
SITIAR, voir sitio. SOBAR (‘pétrir’, ‘fouler’ ; ‘rosser’ ; ‘peloter,
SITIO (‘endroit, lieu’, ‘place’), est probablement tripoter’), est d’origine mal établie. Il s’agit
l’altération, sous l’influence de asedio ‘siège probablement d’une contraction du latin vul-
(d’une ville)’, du latin situs ‘position, situa- gaire subagere (latin classique subigere) ‘re-
tion’, ‘situation prolongée’ d’où ‘état tourner le sol, travailler, rendre meuble’ et
d’abandon’, ‘moisissure, rouille’ et ‘saleté ‘soumettre, assujettir’.
corporelle’, ‘oisiveté’. Situs vient de situm su- SOBERANÍA, voir sobre.
pin de sinere ‘poser’, ‘placer, laisser’. SOBERBIA (‘orgueil’), est emprunté au latin
Dérivés : SITIAR ‘assiéger’, est emprunté, par superbia de même sens, dérivé de superbus, a,
l’intermédiaire de l’occitan, au bas latin si- um ‘altier, hautain, orgueilleux’. Superbus est
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formé avec super ‘sur’ et l’élément -bus issu SOBRESALTAR, voir saltar et sobre.
de *-bhos ‘qui pousse’ (d’une racine indoeu- SOBRESUELDO, voir sueldo et sobre.
ropéenne *bheu ‘croître’) : *super-bhos, litté- SOBREVENIR, voir venir.
ralement ‘qui pousse au-dessus (des autres)’. SOBRIEDAD, voir sobrio.
Dérivés : SOBERBIO ‘orgueilleux, arrogant’, du SOBRINO (‘neveu’), est issu du latin sobrinus qui
latin superbus (voir plus haut). La terminaison signifiait ‘cousin’ (consobrinus et consobrinus
(-io) a été influencée par celle de soberbia. primus ‘cousin germain’). Le mot nepos ‘ne-
SOBERBIO, voir soberbia. veu’ ayant disparu très tôt dans la Péninsule
SOBORNAR, voir ornar. ibérique, il fut remplacé par sobrinus dont le
SOBORNO, voir ornar. sens originel (‘cousin’) avait été transféré sur
SOBRAR, voir sobre. primus dans consobrinus primus. Voir primo.
SOBRE ([préposition] ‘sur’ ; [substantif] ‘enve- Nepos ne subsiste plus qu’à travers son dérivé
loppe’), est issu du latin super ‘sur’, ‘au- nepotismo ‘népotisme’ (voir ce mot).
dessus’, ‘au-delà’ et, dans la langue familière, SOBRIO (‘sobre’), est emprunté au latin sobrius
‘au sujet de, à propos de’. Sobre, substantivé, de même sens, formé avec se- (so-) privatif et
a pris le sens d’ « enveloppe », littéralement ebrius ‘ivre’.
‘ce que l’on met sur la lettre’. Sobre, de même Dérivés : SOBRIEDAD ‘sobriété’.
que la forme savante sub-, sert de préverbe SOCARRÓN (‘narquois’), est un dérivé de socar-
entrant dans la formation de très nombreux rar ‘brûler légèrement, roussir’ et ‘se moquer
mots composés (sobreabundancia ‘surabon- (de qqn)’, issu du basque ancien sukarr(a)
dance’ ; sobrealimentar ‘suralimenter’ ; so- ‘flammes’ et ‘fièvre’, formé avec su ‘feu’ et
bredosis ‘surdose, overdose’). karr(a) ‘flamme’.
Dérivés : SOBERANO ‘souverain’, du latin vul- SOCAVAR, voir cavar.
gaire *superanus ‘supérieur’, ‘souverain’, dé- SOCIAL, voir socio.
rivé de super ‘sur’. SOBRAR ‘rester, être de SOCIALISMO, voir socio.
trop, avoir en trop’, du latin superare ‘s’élever SOCIEDAD, voir socio.
au-dessus’, ‘être supérieur’, ‘aller au-delà, dé- SOCIO (‘sociétaire, membre’ ; ‘associé’), est
passer’, ‘être en abondance, à profusion, sura- emprunté au latin socius ‘compagnon’, ‘asso-
bonder’ (dérivé de super). SOPRANO ‘sopra- cié’ (commerce) et ‘allié’.
no’, est emprunté à l’italien soprano ‘qui est Dérivés : ASOCIAR ‘associer’, du latin asso-
au-dessus’, issu — comme soberano — du la- ciare ‘joindre, unir’. DISOCIAR ‘dissocier’.
tin vulgaire *superanus (dérivé de super) à SOCIAL ‘social’. SOCIALISMO ‘socialisme’,
moins qu’il ne s’agisse du latin supranus déri- terme apparu vers 1830. SOCIEDAD ‘société’,
vé de supra ‘au-dessus’. Dans l’art lyrique, du latin societas ‘association, réunion’, ‘asso-
soprano désigne la voix la plus élevée chez ciation commerciale, compagnie’ et ‘union po-
les femmes. SUPERAR ‘dépasser’ ; ‘surmonter, litique, alliance’, dérivé de socius ‘compa-
résoudre’, traitement savant du latin superare, gnon’. SOCIOLOGÍA ‘sociologie’.
voir plus haut sobrar. SUPERÁVIT ‘excédent SOCIOLOGÍA, voir socio.
(commercial)’, substantivation de la 3e per- SOCORRER, voir correr.
sonne du parfait du verbe latin superare, litté- SOCORRISMO, voir correr.
ralement ‘il surabonda’. SUPERIOR ‘supérieur’, SOCORRO, voir correr.
du latin superior ‘plus au-dessus’, ‘le plus SODOMÍA (‘sodomie’), est emprunté au latin
haut de’, ‘plus puissant, plus fort’, comparatif médiéval sodomia, dérivé de Sodoma ‘So-
de superus ‘qui est au-dessus’ (tiré de super). dome’, ville de Palestine détruite — comme
SUPREMO ‘suprême’, du latin supremus ‘le Gomorrhe — par le feu du ciel (Genèse, XIX)
plus au-dessus’, superlatif de superus ‘qui est à cause des débauches et vices en tout genre
au-dessus’. auxquels se livraient ses habitants.
SOBRECOGER, voir coger. Dérivés : SODOMITA ‘sodomite’, du bas latin
SOBREDOSIS, voir dosis et sobre. ecclésiastique Sodomita ‘habitant de Sodome’.
SOBRENATURAL, voir nacer et sobre. SOEZ (‘grossier’), d’abord sous la forme sohez,
SOBREPASAR, voir pasar et sobre. est probablement une altération de rehez, va-
SOBREPONER, voir poner et sobre. riante de rahez en vieil espagnol et signifiant
SOBRESALIENTE, voir salir. ‘bon marché, qui a peu de valeur’, ‘vil, bas,
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méprisable’, issu de l’arabe rahis ‘bon mar- plate’ et qui a donné le portugais lapa ‘roche
ché’. Rahez fut sans doute interprété comme saillante, caverne, grotte’ et láparo ‘lapereau’
étant formé avec hez ‘lie, immondice’ (au plu- ainsi que le français lapin (rapport métony-
riel heces ‘excréments’) d’où le recours à so mique : le même mot désigne le terrier et
(latin sub ‘sous’) qui est un degré supplémen- l’animal qui le creuse).
taire dans l’avilissement, l’abjection : so hez > Dérivés : SOLAPA ‘revers (d’une veste)’ ; ‘ra-
sohez, littéralement ‘encore plus bas que la bat (d’un livre)’ ; ‘prétexte, apparence’. SOLA-
lie’. PADO ‘sournois, dissimulé’.
SOFÁ (‘canapé, sofa’), est emprunté au français SOLAR (‘solaire’), voir sol.
sofa lui-même pris à l’arabe suffah ‘ban- SOLAR (‘terrain à bâtir’), voir suelo.
quette’. SOLAZ (‘distraction, loisir’ ; ‘consolation, soula-
SOFISMA (‘sophisme’), est emprunté au latin gement’), est issu, par l’intermédiaire de
sophisma lui-même pris au grec sophisma ‘in- l’ancien occitan solatz de même sens, du latin
vention ingénieuse’, ‘habileté’, ‘raisonnement solacium ‘consolation’, ‘soulagement’, dérivé
faux’, dérivé de sophizesthai ‘agir ou parler de solari ‘réconforter, fortifier, consoler’.
habilement’ (tiré de sophos ‘habile’, ‘pru- Dérivés : SOLAZAR(SE) ‘(se) distraire’.
dent’). SOLAZAR(SE), voir solaz.
Dérivés : SOFISTICAR ‘sophistiquer’, du bas SOLDADO, voir sueldo.
latin sophisticari ‘déployer une habileté trom- SOLDAR, voir sueldo.
peuse’, dérivé de sophisticus lui-même pris au SOLECISMO (‘solécisme’), est emprunté au latin
grec sophistikos ‘propre aux sophistes’ d’où soloecismus ‘solécisme’ et ‘faute, péché’, lui-
‘fallacieux, spécieux’, ‘qui induit en erreur’. même pris au grec soloikismos dérivé de so-
SOFISTICAR, voir sofisma. loikos ‘barbare, étranger’, ‘qui parle de façon
SOFOCAR (‘suffoquer’ ; ‘faire rougir, faire barbare’ et ‘qui fait des fautes en parlant’. So-
honte’ ; ‘étouffer’ [une révolution etc.] ; loikos vient probablement de Soloi c’est-à-dire
‘éteindre, maîtriser’), est emprunté au latin la ville de Soles en Cilicie dont les habitants
suffocare ‘serrer la gorge, étouffer’, ‘étran- parlaient un grec incorrect.
gler’, formé avec sub- (position inférieure) et SOLEDAD, voir solo.
fauces ‘gorge, gosier’. Voir fauces. SOLEMNE (‘solennel’), est emprunté au latin
Dérivés : SOFOCO ‘étouffement, suffocation’ ; sollemnis d’origine mal établie et qui devait
‘gros ennui, contrariété, chagrin’. signifier primitivement ‘qui a lieu quand le
SOFTWARE, voir hardware. cours (le circuit) de l’année est entièrement
SOGA (‘corde’), est issu du bas latin soca de écoulé’. Ce mot s’appliquait à des cérémonies
même sens. célébrées avec faste à date fixe. Le premier
SOL (‘soleil’), est issu du latin sol, solis ‘soleil’, élément (soll-) vient de sollus ‘entier’, le se-
‘jour, journée’ (en poésie) et, au figuré, ‘plein cond est à rattacher probablement à l’osque
jour’, ‘vie publique’ et ‘grand homme’. amnúd ‘ce qui a fait le tour’ (*amno- ‘cir-
Dérivés : INSOLACIÓN ‘insolation’, du latin in- cuit’).
solatio ‘exposition au soleil’, formé d’après Dérivés : SOLEMNIDAD ‘solennité’.
insolatum supin de insolare ‘exposer au so- SOLEMNIDAD, voir solemne.
leil’, formé avec in ‘dans’ et sol. SOLAR ‘so- SOLER (‘avoir l’habitude de’), est issu du latin
laire’. SOLSTICIO ‘solstice’, du latin solstitium, solere de même sens (ancien français souloir
littéralement ‘arrêt du soleil’, formé avec sol utilisé jusqu’à l’époque classique).
et -stitium tiré de stare ‘être debout’, ‘être Dérivés : INSOLENCIA ‘insolence’, voir ci-
immobile’. Au moment des solstices, le soleil après insolente. INSOLENTE ‘insolent’, du la-
‘ne va pas plus loin’, c’est-à-dire qu’il a atteint tin insolens ‘inaccoutumé’ et ‘excessif, inso-
son plus grand éloignement par rapport à lent’ probablement sous l’influence de inso-
l’équateur. lescere ‘se gonfler d’orgueil’. Insolens est
SOLAPA, voir solapar. formé avec in (privatif) et solens, participe
SOLAPADO, voir solapar. présent de solere ‘avoir l’habitude de’.
SOLAPAR (‘mettre des revers [à un vêtement]’ ; INSÓLITO ‘insolite’, du latin insolitus ‘inhabi-
‘cacher, dissimuler, recouvrir’), est dérivé de tuel, inusité’, formé avec in (privatif) et soli-
*lappa mot ibéro-roman signifiant ‘pierre tus, participe passé adjectivé de solere.
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physicien allemand Kepler (1604) pour dési- participe passé substantivé au féminin de so-
gner une zone de la lune plongée dans la pé- nare ‘jouer d’un instrument’ (latin sonare).
nombre. Penumbra est formé avec paene Sonata signifiait littéralement ‘(pièce) sonnée’
‘presque’ et umbra. SOMBREAR ‘faire de c’est-à-dire jouée avec des instruments à vent
l’ombre’. SOMBRERO ‘chapeau’. SOMBRILLA par opposition à cantata ‘cantate’, ‘morceau
‘ombrelle’, adaptation d’après sombra du de musique chanté’ et à toccata ‘morceau tou-
français ombrelle lui-même emprunté à ché’ c’est-à-dire joué sur un instrument à cla-
l’italien ombrello / ombrella ‘petit parasol’. Le vier. SONETO ‘sonnet’, emprunté à l’italien
terme italien vient du latin médiéval umbrella sonnetto formé d’après l’ancien provençal so-
qui est une réfection du latin classique umbel- net ‘petite chanson’, lui-même pris à l’ancien
la ‘ombrelle’ (ombelle en botanique) sous français sonet dérivé de son ‘air de musique
l’influence de umbra. Umbella était le diminu- d’un chant’. SONIDO ‘son’, du latin sonitus ‘re-
tif de umbra, il était donc logique de refaire un tentissement’, ‘son, bruit’, ‘fracas’, dérivé de
diminutif (umbrella) ayant la même forme que sonare ‘retentir, résonner’. (pasar la barrera
le mot de base. SOMBRÍO ‘sombre’. del sonido ‘franchir le mur du son’). SONORO
SOMBRAR, voir sombra. ‘sonore’, du latin sonorus de même sens déri-
SOMBREAR, voir sombra. vé de sonor doublet poétique de sonus. SU-
SOMBRERO, voir sombra. PERSÓNICO ‘supersonique’. UNÍSONO ‘unis-
SOMBRILLA, voir sombra. son’, formé avec le latin unus ‘un’ et sonus
SOMBRÍO, voir sombra. ‘son’.
SOMERO, voir suma. SONATA, voir sonar.
SOMETER, voir meter. SONDA (‘sonde’), est emprunté au français sonde
SOMNÁMBULO, voir sueño. lui-même pris à l’ancien nordique sund ‘mer’
SOMNÍFERO, voir sueño. et ‘bras de mer’, ‘détroit’. En réalité, le sens
SOMNOLENCIA, voir sueño. de ‘sonde’ est présent dans les mots composés
SON, voir sonar. avec sund : sundrap ‘corde pour sonder (la
SONAR (‘sonner’ ; [pronominal] ‘se moucher’), mer)’, sundline ‘ligne de sonde’, sundgyrd
est issu du latin sonare ‘retentir, résonner’, ‘perche pour sonder’. Les marins français les
‘renvoyer un son’, ‘avoir tel accent’ (dans la ont mal interprétés croyant que sund signifiait
prononciation), ‘émettre par des sons’, ‘faire à lui seul ‘sonde’.
entendre’ et, dans le langage parlé, ‘signifier’ Dérivés : SONDAR / SONDEAR ‘sonder’. SON-
(d’où l’espagnol me suena este apellido ‘ce DEO ‘sondage’ (sondeo de escucha / de opi-
nom me dit [signifie] qqch’). Sonare dérive de nión ‘sondage d’écoute / d’opinion’).
sonus ‘son, bruit’, ‘accent de la voix’. SONDAR / SONDEAR, voir sonda.
Dérivés : CONSONANTE ‘consonne’, emprunté SONDEO, voir sonda.
au latin impérial des grammairiens consonans, SONETO, voir sonar.
consonantis, participe présent substantivé de SONIDO, voir sonar.
consonare ‘produire ensemble un son’, formé SONORO, voir sonar.
avec cum ‘avec, ensemble’ et sonus ‘son’ (une SONREÍR, voir reír.
consonne est prononcée avec une voyelle). SONRISA, voir reír.
RESONAR ‘résonner’. SON ‘son’, ‘ton’, est pro- SOÑAR, voir sueño.
bablement emprunté à l’occitan ancien son (du SOPA (‘soupe’), est issu du bas latin suppa pro-
latin sonus), terme employé à propos de la bablement d’origine germanique (gotique su-
poésie et de la musique des troubadours. En pôn ‘assaisonner’).
espagnol, son a de nombreux emplois le dis- SOPLAR (‘souffler’), est issu du latin vulgaire
tinguant de sonido qui désigne le son, le bruit *supplare, latin classique sufflare ‘souffler’,
à proprement parler : sin ton ni son ‘sans rime ‘souffler sur le feu’, ‘gonfler’, ‘se gonfler
ni raison’ ; en son de burla ‘sur le ton de la d’orgueil’. Sufflare est formé avec sub- (posi-
plaisanterie’ ; ¿ a son de qué ? ‘pour quelle tion en dessous) et flare ‘souffler’, ‘exhaler’,
raison ?’ ; ¿ a qué son viene esta pregunta ? ‘souffler dans un instrument’ et ‘faire fondre
‘à quoi rime cette question ?’ ; venir en son des métaux’.
de paz ‘venir avec des intentions pacifiques’. Dérivés : RESOLLAR ‘respirer bruyamment’ ;
SONATA ‘sonate’, emprunté à l’italien sonata, (figuré) ‘donner signe de vie’, est dérivé avec
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re- à valeur intensive de l’ancienne forme sol- SORDO (‘sourd’), est issu du latin surdus ‘qui
lar issue du latin classique sufflare. RESOPLAR n’entend pas’ et ‘qui ne veut pas entendre’,
‘souffler’ ; ‘s’ébrouer’. SOPLO ‘souffle’. ‘assourdi’, ‘peu perceptible’ (couleur, odeur).
SOPLÓN ‘mouchard’, ‘rapporteur’. Dérivés : ABSURDO ‘absurde’, du latin absur-
SOPLO, voir soplar. dus ‘qui a un son faux’, ‘qui détonne, qui
SOPLÓN, voir soplar. jure’, ‘choquant, désagréable’, ‘hors de pro-
SOPONCIO (‘évanouissement’), est d’origine mal pos, saugrenu, qui ne s’accorde pas avec la lo-
établie. gique’. Absurdus est formé avec ab et surdus
SOPOR (‘assoupissement, somnolence’), est ‘inaudible’. ENSORDECER ‘assourdir’. SORDE-
emprunté au latin sopor, soporis ‘sommeil’, RA ‘surdité’. SORDINA ‘sourdine’, emprunté à
‘torpeur, engourdissement’, ‘breuvage sopori- l’italien sordina dérivé de sordo ‘sourd’. Le
fique’ et ‘tempe’ (siège du sommeil selon la mot a d’abord désigné une sorte de trompette
croyance populaire). Sopor, employé en poé- bouchée. SORDOMUDO ‘sourd-muet’.
sie, était plus expressif que somnus ‘sommeil’. SORDOMUDO, voir sordo et mudo.
Dérivés : SOPORÍFICO ‘soporifique’, est formé SORNA (‘moquerie, goguenardise’), est d’origine
avec sopor et -ficus (de facere ‘faire’, ‘cau- mal établie. Peut-être de l’occitan ancien sorn
ser’). ‘sombre’, ‘mélancolique’. Sorna est d’abord
SOPORÍFICO, voir sopor. attesté avec le sens de ‘nuit, obscurité’ puis
SOPORTAR, voir portar. ‘dissimulation’ et enfin ‘moquerie, raillerie’.
SOPRANO, voir sobre. SOROCHE (‘mal des montagnes’), est emprunté
SOR (‘sœur’ [religieuse]), est emprunté au cata- au quechua surúchi qui désigne des minéraux
lan sor issu du latin soror, sororis ‘sœur’, à base de soufre et l’angoisse, l’oppression
‘cousine’, ‘amie, compagne’, ‘ressemblance ressentie en altitude et qui, selon la croyance
entre deux choses’ (par exemple la main populaire, était due à la présence de ces miné-
gauche par rapport à la main droite) ; en latin raux.
ecclésiastique, ‘sœur’ (religieuse), c’est le SORPRENDER, voir prender.
sens retenu par l’espagnol sor. Le latin soror SORPRESA, voir prender.
remonte à une racine indoeuropéenne *swe- SORTEAR, voir suerte.
ou *se- qui marque l’appartenance d’un indi- SORTEO, voir suerte.
vidu à un groupe social. En français, sororité, SORTIJA, voir suerte.
dérivé savant de soror, désigne les liens unis- SORTILEGIO, voir suerte.
sant les femmes et qui sont distincts de ceux SOSEGAR (‘calmer, apaiser’), d’abord attesté
qui unissent les hommes. sous la forme sessegar, est issu du latin vul-
SORBER (‘gober’, ‘absorber, boire’), est issu du gaire *sessicare ‘asseoir’, ‘faire asseoir’ d’où
latin sorbere ‘avaler’. ‘faire reposer’, ‘calmer’, dérivé de sedere ‘être
Dérivés : ABSORBER ‘absorber’. ABSORTO ‘ab- assis’.
sorbé’, du latin absortus, participe passé ad- Dérivés : SOSIEGO ‘calme, tranquillité’.
jectivé de absorbere. SORBO ‘gorgée’. SOSIEGO, voir sosegar.
SORBETE (‘sorbet’), est emprunté à l’italien SOSLAYAR, voir soslayo.
sorbetto lui-même pris à l’arabe dialectal sur- SOSLAYO (DE / AL) (‘en travers, de travers’ ; ‘de
ba ‘boisson’ (arabe classique šarab, d’où côté, du coin de l’œil’), d’abord attesté sous la
l’espagnol jarabe ‘sirop’). forme en deslayo, est probablement
SORBO, voir sorber. l’altération du vieux français et de l’occitan
SORDERA, voir sordo. ancien d’eslais ‘rapidement, de manière impé-
SÓRDIDO (‘sordide’), est emprunté au latin tueuse’, dérivé de s’eslaissier ‘se précipiter’
sordidus ‘sale’ et, au figuré, ‘bas, méprisable’, lui-même issu de laissier ‘laisser’ (latin laxare
‘ignoble’ et ‘avare’. Sordidus dérive de sordes ‘détendre, relâcher’). A l’origine, en deslayo
d’origine inconnue et signifiant ‘saleté, s’appliquait aux coups de lance donnés par un
crasse’, ‘cérumen des oreilles’, ‘habits négli- cavalier, ces coups pouvant rater leur cible en
gés (lors du deuil)’, ‘deuil’, ‘bassesse de con- étant déviés (de soslayo ‘de travers’).
dition ou d’âme’, ‘avarice’. Dérivés : SOSLAYAR ‘mettre en travers’ ; ‘évi-
SORDINA, voir sordo. ter, esquiver’.
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SOSO (‘fade’ ; ‘niais, bête’ ; ‘sans esprit, sans ‘message publicitaire court’. L’espagnol em-
humour, plat, fade’), est issu du latin insulsus ploie aussi le mot cuña.
(latin vulgaire insalsus) de même sens, formé SPRAY (‘spray’, ‘bombe aérosol’), est emprunté
avec in privatif et salsus ‘salé’, ‘piquant, spiri- à l’anglais spray ‘embruns’, ‘gouttelettes’ et
tuel’. ‘pulvérisation’, ‘pulvérisateur’ (to spray ‘as-
SOSPECHA, voir sospechar. perger’).
SOSPECHAR (‘soupçonner’), est issu du latin SPRINT, voir esprint.
impérial suspectare ‘regarder en haut, en l’air’ SPRINTER, voir esprínter. à l’article esprint.
et ‘suspecter, soupçonner’, en latin classique STAND (‘stand’), est emprunté à l’anglais stand
suspicari ‘soupçonner’, ‘conjecturer’. Suspi- déverbal de to stand ‘se tenir debout’, issu du
cari est dérivé de suspicere ‘regarder de bas germanique *standan. A partir du XVIIe
en haut’, ‘élever son regard vers’ d’où les siècle, stand prendra en anglais le sens de ‘tri-
deux sens figurés : ‘regarder avec admiration’ bune’ puis celui de ‘comptoir, emplacement’.
mais aussi ‘regarder avec défiance, soupçon- L’espagnol emploie aussi caseta et pabellón.
ner’. Suspicere est formé avec sub- (mouve- STANDAR, voir estándar.
ment de bas en haut) et specere ‘regarder’. STANDARDIZACIÓN, voir estandardización à
Dérivés : SOSPECHA ‘soupçon’. SOSPECHOSO l’article estándar.
‘soupçonneux’. SUSPICAZ ‘méfiant’, ‘suspi- STANDARIZAR, voir estandarizar à l’article
cieux’, du latin suspicax de même sens dérivé estándar.
de suspicari ‘soupçonner’. STANDING (‘standing’), est emprunté à l’anglais
SOSPECHOSO, voir sospechar. standing ‘station’, ‘situation’ puis ‘position
SOSTÉN, voir tener. économique et sociale élevée’, dérivé de to
SOSTENER, voir tener. stand ‘se tenir debout’, ‘se tenir ferme’ (du
SOTANA (‘soutane’), est emprunté à l’italien germanique standan qui se rattache à la même
sottana ‘sorte de jupe’, substantivation au fé- racine indoeuropéenne *sta- ‘être debout’ que
minin de l’adjectif sottano ‘de dessous’, déri- le latin stare). Alto standing ‘grand standing’.
vé de sotto ‘dessous’ (du latin subtus ‘en des- Máximo standing ‘très grand standing’.
sous, par-dessous’, dérivé de sub ‘sous’). Le STARLETTE (‘starlette’), est emprunté, par
mot s’est spécialisé pour désigner l’habit long l’intermédiaire du français starlette, à l’anglais
porté par les juges, les médecins et les ecclé- starlet ‘petite étoile’, diminutif de star ‘étoile’
siastiques. et ‘célébrité du monde du spectacle’ (en espa-
SÓTANO (‘sous-sol’, ‘cave’), d’abord sous la gnol, estrella ou diva).
forme sótalo, est issu du latin vulgaire SUAVE (‘doux’), est emprunté au latin suavis
*subtulum dérivé de subtus ‘en dessous, par- ‘doux, agréable’ (sensations, sentiments, ca-
dessous’ lui-même tiré de sub ‘sous’. ractère).
i
SOVIET (‘soviet’), est emprunté au russe sov ét Dérivés : SUAVIDAD ‘douceur’. SUAVIZAR
‘conseil, assemblée’, formé avec le préfixe so- ‘adoucir’.
(idée d’ensemble) et un élément viet à ratta- SUAVIDAD, voir suave.
cher à une racine indoeuropéene *weid- ‘voir’. SUAVIZAR, voir suave.
Ce mot désignait, dans l’ancienne Union So- SUB-, voir sobre.
viétique, un conseil de délégués formés de SUBALTERNO, voir otro.
paysans, d’ouvriers et de soldats. SUBASTA, voir subastar.
Dérivés : SOVIÉTICO ‘soviétique’. SUBASTAR (‘vendre aux enchères’), est emprun-
SOVIÉTICO, voir soviet. té au latin subhastare ‘vendre à la criée,
SPOT (‘spot’), est emprunté à l’anglais spot mettre à l’encan’, dérivé de l’expression sub
‘tache, éclaboussure’, ‘point’, ‘petit espace’, hasta (vendere) où hasta désigne une pique
issu du germanique *sput tiré de sputan ‘cra- enfoncée en terre et annonçant une vente pu-
cher’. D’abord terme de physique (point lumi- blique (littéralement ‘vendre sous l’autorité de
neux se déplaçant sur l’échelle graduée de cer- l’état, c’est-à-dire le fisc’, autorité symbolisée
tains instruments de mesure), spot a pris par la pique). En espagnol, hasta a donné asta
d’autres sens issus de l’anglais des USA : ‘lance, pique’, ‘hampe’, ‘bois du cerf’, ‘corne’
‘projecteur à faisceau lumineux étroit’ puis (du taureau).
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le froid sommeil’. Somnus remonte à une ra- quelque sorte d’amulette, de porte-bonheur
cine indoeuropéenne *swep- ou *sup- ‘dor- protégeant contre le mauvais sort. Sorticula
mir’. est en effet le diminutif de sors, sortis ‘sort,
Dérivés : ENSUEÑO ‘rêve, rêverie’, du latin in- destinée’. SORTILEGIO ‘sortilège’, est emprun-
somnium ‘songe, rêve’ et, au pluriel (insom- té au latin médiéval sortilegium ‘divination’ et
nia) ‘insomnie’, formé avec in- privatif et ‘sortilège’ (en latin classique sortilegus ‘de-
somnus ‘sommeil’. INSOMNIO ‘insomnie’ (voir vin’), formé avec sors et legere ‘recueillir’.
ci-dessus ensueño). SOMNOLENCIA (ou soño- SUFICIENCIA, voir suficiente.
lencia), du bas latin somnolentia dérivé de SUFICIENTE (‘suffisant’), est emprunté au latin
somnolentus ‘assoupi’. SOMNÍFERO ‘somni- sufficiens, sufficientis, participe présent adjec-
fère’, du latin somnifer ‘assoupissant, narco- tivé de sufficere ‘mettre sous’, ‘imprégner’,
tique’, formé avec somnus et ferre ‘porter, ap- ‘mettre à la disposition de’, ‘mettre après’,
porter’. SONÁMBULO ‘somnambule’, formé ‘élire à la place de, remplacer’ et ‘être suffi-
avec somnus et ambulare ‘aller et venir, mar- sant’. Sufficere est formé avec sub (position
cher’. SOÑAR ‘rêver, songer’. inférieure) et facere ‘faire’.
SUERO (‘sérum’), n’est pas d’origine bien éta- Dérivés : SUFICIENCIA ‘capacité, aptitude’ ;
blie. Le mot est peut-être issu d’une forme la- (figuré) ‘suffisance’.
tine *sorum variante de serum ‘petit lait’ et SUFIJO, voir fijo.
‘liquide séreux’ (d’une racine indoeuropéenne SUFRAGAR (‘aider’ ; ‘payer, supporter, finan-
*ser- ‘couler’). Ce mot de la langue rustique cer’), est emprunté au latin suffragari ‘voter
est passé dans le vocabulaire de la médecine pour’, ‘soutenir, favoriser, appuyer’ dont
(suero fisiológico ‘sérum physiologique’ ; con l’origine n’est pas bien établie. Ce verbe est
un suero puesto ‘sous perfusion’). peut-être formé avec -fragari de la même fa-
SUERTE (‘sort, destin’ ; ‘sorte, genre’), est issu mille que frangere ‘briser’ et a dû signifier à
du latin sors, sortis qui désignait un objet que l’origine ‘voter avec un tesson de poterie’.
l’on mettait dans une urne pour tirer au sort : Dérivés : SUFRAGIO ‘suffrage’, du latin suf-
caillou, tablette de bois portant des inscrip- fragium ‘tesson de poterie servant au vote’,
tions etc. D’où le sens de ‘tirage au sort’, ‘ré- ‘vote favorable’, ‘droit de vote’, ‘jugement,
sultat du tirage’, ‘oracle ou prophétie portés opinion’ et, en latin médiéval, ‘soutien, aide’.
sur les tablettes’ (tirées au sort par un enfant), Suffragium est dérivé de suffragari (voir plus
‘charge attribuée par le sort’ puis, plus généra- haut).
lement, ‘sort fixé à chacun, destinée’ d’où SUFRAGIO, voir sufragar.
‘rang, condition’, ‘catégorie’ ; en bas latin SUFRIMIENTO, voir sufrir.
‘manière, comportement propre à une catégo- SUFRIR (‘subir’, ‘éprouver, supporter’, ‘souf-
rie de gens’ (en espagnol et en français : de frir’), est issu d’un latin vulgaire *sufferire, al-
toda suerte ‘de toutes sortes’ ; de suerte que tération du latin classique sufferre ‘supporter’,
/ de modo que ‘de sorte que’). ‘se soutenir, se maintenir’ et, au figuré, ‘endu-
Dérivés : CONSORCIO ‘association’, ‘consor- rer’. Sufferre est formé avec sub (position in-
tium’, ‘union, entente’, du latin consortium, férieure) et ferre ‘porter, supporter’.
littéralement ‘partage du sort avec qqn’ d’où Dérivés : SUFRIMIENTO ‘souffrance’.
‘association’, ‘participation, communauté’, SUGERENCIA, voir sugerir.
‘communauté de biens’. CONSORTE ‘conjoint, SUGERIR (‘suggérer’), est emprunté au latin
compagnon, compagne’, du latin consors ‘qui suggerere ‘mettre sous’, ‘fournir’, ‘porter à la
partage le même sort’, formé avec cum ‘en- place, à la suite de’, ‘suppléer’ et, en bas latin,
semble’ et sors, sortis. SORTEAR ‘tirer au ‘signaler, faire savoir’, ‘prier (qqn)’. Sugge-
sort’. SORTEO ‘tirage au sort’. SORTIJA rere est formé avec sub (position inférieure) et
‘bague’, du latin vulgaire d’Espagne sorticula gerere ‘porter sur soi’ et ‘prendre sur soi’.
qui désignait un objet servant à tirer au sort Dérivés : SUGERENCIA ‘suggestion’, ‘proposi-
(en latin classique, sorticula ‘bulletin de tion’. SUGESTIÓN ‘suggestion’, du latin sug-
vote’). Le tirage au sort pouvait se faire avec gestio ‘action d’ajouter’ et ‘avis, inspiration’.
des tablettes, des cailloux, des dés ou des ob- SUGESTIÓN, voir sugerir.
jets en forme d’anneau, de bague. Par supersti- SUICIDARSE, voir suicidio.
tion, la bague que l’on met au doigt sert en
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SUICIDIO (‘suicide’), a été formé d’après homi Dérivés : SULFURARSE ‘se fâcher, s’emballer,
cidio avec sui ‘soi’, génitif du pronom person- monter sur ses grands chevaux’. Le soufre
nel réfléchi se et -cidio tiré de caedere ‘tuer’ ayant été associé au diable, la personne qui se
(suicidio, littéralement ‘la mort de soi- met en colère semble en quelque sorte possé-
même’). dée par le démon. En français, sulfureux signi-
Dérivés : SUICIDARSE ‘se suicider’. fie au figuré ‘qui est en rapport avec l’enfer’
SUITE (‘suite’ [appartement dans un hôtel]), est (qui sent le soufre), ‘qui évoque le mal’.
emprunté au français (ou à l’anglais) suite issu SULTÁN (‘sultan’), est emprunté à l’arabe sultan
d’un latin vulgaire *sequita ‘poursuite’, subs- ‘pouvoir royal’ et ‘souverain’.
tantivation au féminin de sequitus, a, um, va- SUMA (‘somme’, ‘addition’), est issu du latin
riante de secutus, participe passé de sequi summa, abréviation de summa linea, littérale-
‘suivre’. ment ‘la ligne la plus haute, la ligne d’en
SUJECIÓN, voir sujeto (1). haut’. Les Romains comptaient de bas en haut
SUJETAR, voir sujeto (1). d’où le sens de ‘somme’ c’est-à-dire la totalité
SUJETO (1) ([adjectif] ‘sujet’, ‘exposé, soumis, des éléments que l’on a dénombrés en partant
assujetti’), est emprunté au latin subjectus du bas pour arriver en haut (d’une page, d’un
‘soumis, assujetti, exposé’ et ‘voisin, proche’, compte etc.). Summa est la substantivation au
participe passé adjectivé de subjicere ‘placer féminin de summus ‘le plus haut’, superlatif
dessous’, ‘amener à proximité de’, ‘soumettre, (comme supremus) de super ‘sur’.
subordonner’. Subjicere est formé avec sub Dérivés : CONSUMADO ‘consommé’, ‘achevé,
(position inférieure) et jacere ‘jeter’. accompli’, ‘parfait dans son genre’, participe
Dérivés : SUJECIÓN ‘assujettissement’, ‘sujé- passé adjectivé de consumar (voir ci-après).
tion, contrainte’, obligation’. SUJETAR ‘fixer, CONSUMAR ‘consommer (un crime, un sacri-
attacher’, ‘retenir’ ; ‘soumettre’, ‘maîtriser’. fice, le mariage)’, du latin consummare, litté-
SUJETO (2) ([substantif] ‘sujet, individu’ ; ralement ‘faire le total de’ d’où ‘accomplir,
[grammaire et philosophie] ‘sujet’), est em- mener à son terme, à son achèvement’, formé
prunté au bas latin subjectum ‘sujet’, substan- avec cum ‘avec, ensemble’ et summa
tivation au neutre de l’adjectif subjectus, a, um ‘somme’. SOMERO ‘sommaire’ (adjectif), est
‘soumis, assujetti’. Subjectum signifie littéra- emprunté au latin impérial summarium ‘abré-
lement ‘ce qui est subordonné (à la pensée gé’, dérivé de summa ‘somme’ (summarium >
d’un individu)’ et s’oppose en philosophie à somayro > somero). Cette idée de brièveté
objectum ‘objet’ (‘ce qui est placé devant, ce (explicación somera ‘explication sommaire’)
qui se présente aux sens, qui a une existence se retrouve dans l’expression en suma (latin
autonome’). Sujeto a fini par désigner aussi in summa) ‘en somme, somme toute’ (c’est-à-
une personne considérée comme étant le sup- dire ‘sans entrer dans les détails, dans la glo-
port d’une action, d’un sentiment (l’action, le balité, pour résumer’). Voir sumario. SUMAR
sentiment étant subordonnés, ramenés à ‘additionner, totaliser’. SUMARIO (adjectif)
l’individu). Cette acception se retrouve dans ‘sommaire’ (justicia sumaria ‘justice som-
un mal sujeto / un sujeto peligroso ‘un mau- maire, expéditive’) ; (substantif) ‘sommaire’
vais sujet’ / ‘un individu dangereux’. Enfin, en (d’un livre) ; ‘instruction judiciaire’, est em-
grammaire, sujeto désigne le support obligé prunté au latin summarium ‘abrégé’. Sumario
d’une action, celui qui régit le verbe : on ne est le doublet savant de somero (voir plus
peut pas dire quelque chose (prédicat verbal) haut). Sumario s’est spécialisé en droit pour
avant d’avoir posé un support (le sujet). signifier la somme des éléments permettant de
Dérivés : SUBJETIVO ‘subjectif’, du latin sub- constituer un dossier d’instruction. Par ail-
jectivus ‘qui est placé ensuite’ et ‘qui se rap- leurs, il désigne un sommaire, un abrégé, un
porte au sujet’, dérivé de subjectus ‘soumis, résumé de ce qui est essentiel (voir plus haut
assujetti’ et ‘voisin, proche’. l’expression en suma). Employé comme ad-
SULFURARSE, voir sulfuro. jectif, il signifie ‘bref, rapide’ comme somero,
SULFURO (‘sulfure’), est un dérivé savant du a. SUMO ‘suprême, extrême’, du latin summus
latin sulfur, sulfuris ‘soufre’. En chimie, sul- ‘le plus élevé’. Voir suma.
furo désigne un composé du soufre avec un SUMAR, voir suma.
autre corps. SUMARIO, voir suma.
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à-dire ‘ce qui se tient dessous’) et ‘substance’ TÁBANO (‘taon’), est issu du latin tabanus de
(partie essentielle d’une chose). même sens (en français, taon est issu du bas
Dérivés : SUBSTANTIVO ‘substantif’, du bas la- latin tabo, tabonis, altération de tabanus).
tin grammatical (verbum) substantivum ‘mot TABAQUISMO, voir tabaco.
substantiel, porteur de la substance’ par oppo- TABERNA (‘café, bistrot’), est issu du latin ta-
sition à l’adjectif exprimant l’accident en berna ‘cabane’, ‘estrade’, ‘boutique, magasin’,
grammaire classique. ‘auberge’, d’origine inconnue.
SUSTANTIVO, voir sustancia. Dérivés : TABERNERO ‘patron de café’.
SUSTENTAR, voir tener. TABIQUE (‘cloison’), d’abord sous la forme
SUSTITUIR, voir constituir. taxbique, est issu de l’arabe tašbîk ‘action de
SUSTO (‘peur’), n’a pas d’origines connues, mot tresser’ et ‘mur en briques’.
probablement de formation expressive (ono- TABLA (‘planche’), est issu du latin tabula
matopéique). ‘planche’, ‘tablette à écrire’, ‘table de jeu’,
Dérivés : ASUSTAR ‘faire peur, effrayer’. ‘tableau d’affichage’, ‘tableau, peinture’, ‘car-
SUSURRAR (‘murmurer’, ‘chuchoter’, ‘susur- ré de terrain’. L’origine de tabula est incer-
rer’), est emprunté au latin susurrare ‘murmu- taine. En français, il s’est produit une méto-
rer’, ‘bourdonner’, ‘fredonner’, ‘chuchoter’, nymie : le matériau (tabula ‘la planche’) a
dérivé de susurrus ‘murmure’, ‘bourdonne- servi à désigner aussi l’objet fait avec des
ment’, ‘chuchotement’, d’origine expressive. planches, la table. Le mot latin désignant la
Dérivés : SUSURRO ‘murmure’. table (mensa) s’est conservé en espagnol (me-
SUSURRO, voir susurrar. sa) et en roumain (masa). Espagnol moderne :
SUTIL (‘subtil’), est issu du latin subtilis ‘fin, tabla a vela / tabla de surf ‘planche à voile’.
mince’, ‘ténu’ qui pourrait provenir de Dérivés : ENTABLAR, littéralement ‘assembler
*sub-tela, terme de tisserand signifiant littéra- des planches’ d’où ‘parqueter’ et ‘consolider
lement ‘(qui passe) sous les fils de la chaîne’, avec des planches’ ; au jeu de dames ou au jeu
formé avec sub ‘sous’ et tela ‘toile d’échecs ‘placer, disposer les pions’ (pour
d’araignée’, ‘chaîne (fils longitudinaux) de la pouvoir commencer le jeu) d’où, au figuré,
toile’, ‘trame, complot’. ‘commencer, entamer, amorcer’ (entablar ne-
Dérivés : SUTILEZA ‘subtilité’. gociaciones ‘entamer des négociations’). RE-
SUTURA, voir coser. TABLO ‘retable’, est issu, par l’intermédiaire
du catalan retaule, du latin médiéval retrota-
bulum, littéralement ‘planche de derrière’,
T formé avec retro ‘en arrière’, ‘derrière’ et ta-
bula ‘planche’ (retable : panneau vertical pla-
cé derrière un autel puis, par métonymie, œu-
TABACO (‘tabac’), est d’origine incertaine. Il vre peinte sur ce support). TABLADO ‘plan-
s’agit peut-être d’une déformation de tsibatl cher’, ‘tribune’, ‘estrade’, ‘scène, planches’
qui, dans la langue des indiens Arouaks (monter sur les planches, ‘faire du théâtre’).
d’Haïti, désignait un tuyau en roseau servant à TABLERO ‘tableau noir’, ‘panneau’, ‘tableau
aspirer la fumée. On ne pas voit bien comment (d’affichage)’, ‘tableau de bord’ (tablero de a
on serait passé de tsibatl à tabaco. Joan Co- bordo / tablero de mandos), ‘échiquier’,
rominas propose une autre hypothèse : le tabac ‘damier’. TABLETA ‘tablette (de chocolat
et le fait de le fumer nous viennent bien etc.)’, ‘comprimé’, diminutif de tabla.
d’Amérique mais il est possible que le nom TABLÓN, dans tablón de anuncios, ‘tableau
soit d’origine européenne. Corominas suggère d’affichage’.
alors les formes tabacco ou atabaca issues de TABLADO, voir tabla.
l’arabe tabbâq ou tubbâq, nom donné à des TABLERO, voir tabla.
plantes médicinales que l’on avait l’habitude TABLETA, voir tabla.
de fumer (certaines ayant des effets sopori- TABLOIDE / TABLOIDO (‘tabloïd / tabloïde’
fiques). [journal de petit format]), est emprunté à
Dérivés : TABAQUISMO ‘tabagisme’. l’anglais tabloid ‘comprimé, cachet’, nom
d’une marque déposée en Angleterre en 1884
et dérivé de tablet emprunté au français ta-
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blette, diminutif de table. Par analogie de autres, désigne aussi le bloc des calendriers
taille, tabloid a servi ensuite à désigner un que l’on effeuille. Dans la langue familière, le
journal de demi-format. Les journalistes fran- terme désigne alors les années qui passent :
çais utilisent ce mot pour désigner les quoti- tener cincuenta tacos ‘avoir cinquante berges
diens anglais friands de scandales et le terme, / balais’.
d’abord d’usage technique, s’est chargé de TACÓN, voir taco.
connotations péjoratives. TÁCTICA (‘tactique’), est emprunté au grec
TABLÓN, voir tabla. taktikê (teknê) ‘art de ranger ou de faire ma-
TABÚ (‘tabou’), est emprunté à l’anglais taboo nœuvrer des troupes’. Taktikê représente la
lui-même pris au polynésien tabu ou tapu (ar- substantivation de l’adjectif taktikos ‘qui con-
chipel de Tonga) désignant ce qui est interdit, cerne la disposition’, dérivé de tassein ‘placer,
sacré. Le mot est passé dans le vocabulaire de ordonner’.
l’ethnologie et de la sociologie à partir du mi- Dérivés : SINTAGMA ‘syntagme’, est emprunté
lieu du XIXe siècle. Il entre dans celui de la au grec suntagma ‘ensemble de choses ran-
psychanalyse avec Freud en 1912 (Totem und gées’, ‘corps d’armée’, ‘organisation poli-
Tabu). La linguistique utilise également ce tique’, dérivé de suntassein ‘ranger ensemble’,
concept (voir par exemple le nom du serpent à formé avec sun ‘ensemble’ et tassein ‘ranger’.
l’article serpiente). Le terme est utilisé en linguistique et désigne
TACAÑERÍA, voir tacaño. un groupe d’éléments formant une unité (un
TACAÑO (‘avare, ladre’), est d’origine incer- buen hombre est un syntagme nominal). SIN-
taine. Peut-être de l’hébreu taqanáh ‘règle- TAXIS ‘syntaxe’, est emprunté au bas latin
ment’, ‘accord financier’, mot utilisé dans les grammatical syntaxis ‘ordre, arrangement de
communautés juives d’Espagne au moyen âge. mots’, lui-même pris au grec suntaxis de
La xénophobie aidant, le mot aurait pris des même sens. Suntaxis dérive de suntassein
connotations péjoratives et aurait fini par si- ‘ranger ensemble’ (sun ‘ensemble, avec’ ; tas-
gnifier ‘personne méprisable, vile’ puis sein ‘ranger, placer’).
‘avare’. TACTO, voir tañer.
Dérivés : TACAÑERÍA ‘ladrerie, avarice’. TACHA (‘défaut, tache’, ‘tare’), est emprunté au
TÁCITO (‘tacite’), est emprunté au latin tacitus français tache provenant d’un latin vulgaire
‘dont on ne parle pas’ et ‘qui ne parle pas’, ‘si- *tacca ‘tache, signe’, lui-même probablement
lencieux, calme’, dérivé de tacere ‘garder le issu du gotique taikns de même sens. Une
silence’. autre hypothèse émise par P. Guiraud fait de
Dérivés : RETICENCIA ‘réticence’, du latin re- tache le déverbal de tacher issu d’un latin vul-
ticentia ‘action de garder le silence sur qqch’, gaire *tacticare formé sur tactum supin de
dérivé de reticere ‘garder une chose pour soi’, tangere ‘toucher’ (tache = marque faite en
‘garder le silence’, formé avec re à valeur in- touchant [du doigt]).
tensive et tacere. TACITURNO ‘taciturne’, du Dérivés : TACHAR ‘rayer, biffer’ ; ‘accuser,
latin taciturnus ‘silencieux’, dérivé de tacere reprocher’.
sous l’influence de nocturnus (la nuit étant as- TACHAR, voir tacha.
sociée au silence). TAHÚR (‘joueur’ ; ‘tricheur’), est d’origine mal
TACITURNO, voir tácito. établie.
TACO (‘cheville, tampon’ [et nombreuses accep- TAIMADO, voir tesis.
tions]), est d’origine très incertaine, peut-être TAJAR (‘trancher, couper, tailler’), est issu du
onomatopéique (tak = bruit de la cheville que bas latin taliare ‘élaguer’, ‘couper’, à rattacher
l’on enfonce dans le mur, bruit du talon frap- au latin classique talea ‘rejeton, bouture’ et
pant le sol d’où l’espagnol tacón ‘talon [de ‘piquet, pointe’.
chaussure]’). Dans la langue familière, taco Dérivés : ATAJAR ‘couper, prendre un rac-
désigne aussi un juron qui peut être assimilé à courci’. DESTAJO dans a destajo ‘à la pièce, à
un bruit (en français, éructer des injures). la tâche, à façon’, formé avec des- indiquant la
Dans l’ancienne langue argotique, taco signi- séparation, la division et tajo au sens de ‘tra-
fiait ‘rot’ (Juan Hidalgo, Vocabulario de ger- vail, tâche, chantier’ (a destajo = où l’on est
manía, 1609). Taco, qui a de très nombreuses payé pour une tâche bien déterminée). DETAL-
acceptions parfois éloignées les unes des LAR ‘détailler’, emprunté au français détailler,
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dérivé de tailler avec de à valeur intensive (in- rapeia ‘soin’, dérivé de therapeuein ‘prendre
sistant sur l’idée de séparation, de division). soin de’. Voir terapéutica.
Tailler est issu comme l’espagnol tajar du bas TALENTO (‘talent’), est emprunté au latin talen-
latin taliare. Détailler a d’abord signifié ‘cou- tum ‘talent’ (poids grec d’environ cinquante
per en morceaux’ puis ‘vendre par morceaux, livres) et ‘talent’ (somme d’argent), lui-même
par petites quantités’. DETALLE ‘détail’, em- pris au grec talanton ‘plateau de balance’ et,
prunté au français détail, déverbal de détailler par métonymie, ‘poids’, ‘somme pesée en or
apparu dans l’expression vendre à détail puis ou en argent’. Le sens moderne (‘don, apti-
en détail et enfin au détail (d’où l’espagnol al tude’) vient de la parabole évangélique (Mat-
detall et al detalle). DETALLISTA ‘détaillant’. thieu, XXV). Trois serviteurs reçoivent de leur
TAJADA ‘tranche’. TAJO ‘entaille, coupure’ ; maître des talents : deux font preuve
‘chantier’, ‘tâche’ (ir al tajo ‘aller sur le chan- d’aptitudes remarquables en faisant fructifier
tier’), littéralement ‘là où l’on taille’ (les leur argent alors que le troisième se contente
moissons [la siega] ; la mine [mina a tajo d’enfouir ses pièces dans le sol.
abierto ‘mine à ciel ouvert’] ; travail de bû- TALIÓN (‘talion’), est emprunté au latin talio,
cheron etc.). TALLA ‘sculpture (sur bois)’, talionis de même sens, peut-être apparenté à
‘taille de diamant’ ; ‘taille’, ‘stature’, ‘enver- des mots d’origine celtique (gallois talu
gure’ (dar la talla ‘être à la hauteur’), est em- ‘payer’). Par ailleurs, une influence du latin
prunté au catalan talla sauf en ce qui concerne talis n’est pas à exclure puisque la loi du ta-
l’acception ‘taille, stature’ qui est empruntée lion consiste à appliquer une peine identique
au français taille déverbal de tailler. TALLE au crime commis (tel crime, tel châtiment).
‘taille’, ‘tour de taille’, ‘silhouette, allure’, est Voir tal et la corrélation entre talis et qualis.
emprunté au français taille qui a d’abord dési- TALISMÁN (‘talisman’), est emprunté, par
gné la taille, la découpe d’un objet avant de l’intermédiaire du français talisman, à l’arabe
s’appliquer au corps humain dont la hauteur tilsman ou tilasman lui-même pris au grec te-
est déterminée, limitée. Par la suite, taille s’est lesma ‘rite religieux’ (et ‘impôt, contribu-
dit de manière plus restrictive de la partie du tion’). Telesma est dérivé de telein ‘accomplir,
corps la plus resserrée (taille de guêpe, en es- achever (une cérémonie d’initiation)’ et
pagnol talle de avispa). ‘s’acquitter de l’impôt’. Telein vient de telos
TAJO, voir tajar. ‘accomplissement, achèvement’.
TAL (‘tel’), est issu du latin talis, démonstratif de TALÓN (‘talon’), est issu d’un latin vulgaire talo,
qualité signifiant ‘de cette qualité, de ce genre, talonis, altération du latin classique talus ‘os-
de cette nature’. Talis contient la racine t- du selet à jouer’, ‘talon’ et ‘cheville’. Par analo-
démonstratif indoeuropéen à valeur anapho- gie de situation avec le talon (partie arrière du
rique représentée aussi en grec par l’article pied, extrémité), le mot a développé en fran-
neutre to et en latin par le démonstratif iste, is- çais et en espagnol d’autres acceptions : ‘talon
ta, istud. Talis était employé en corrélation (de la quille d’un navire)’ et, plus récemment,
avec qualis (talis est filius qualis pater ‘le fils ‘partie (extrémité) d’une feuille (de carnet)
est tel que le père’). restant attachée à une souche’ d’où ‘talon d’un
TALADRADORA, voir taladro. chèque’ (en espagnol, talonario de cheques
TALADRAR, voir taladro. ‘carnet de chèques, chéquier’). L’espagnol uti-
TALADRO (‘foret, mèche’), est emprunté au bas lise tacón pour désigner le talon d’une chaus-
latin taratrum ‘foret, vrille’ d’origine gauloise sure (voir taco).
(en français tarière et taraud d’où tarauder). TALONARIO, voir talón.
Dérivés : TALADRADORA ‘perceuse’. TALA- TALLA, voir tajar.
DRAR ‘percer, forer’. TALLE, voir tajar.
TÁLAMO (‘chambre [nuptiale]’, ‘lit’), est em- TALLER (‘atelier’), est emprunté au français
prunté au latin thalamus lui-même pris au grec atelier dérivé de attelle ‘petit morceau de
thalamos ‘chambre’, ‘couche nuptiale’, ‘lit’. bois’, lui-même pris au bas latin astella ‘plan-
TALANQUERA, voir tranca. chette’ et ‘copeau, éclat de bois’, du latin clas-
TALASOTERAPIA (‘thalassothérapie’), est formé sique assula ou astula diminutif de assis
avec les éléments grecs thalassa ‘mer’ et the- ‘planche’. Un atelier désigne à l’origine un
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endroit où l’on travaille le bois. Voir astilla et deux chevaux en flèche’ c’est-à-dire l’un der-
astillero. rière l’autre) avant de s’appliquer à une ‘bicy-
TALLO (‘tige’, ‘pousse’), est issu du latin thallus clette à deux sièges’ (tandem bicycle, littéra-
‘tige d’une plante garnie de ses feuilles’, lui- lement ‘longue bicyclette’).
même pris au grec thallos de même sens. TANGIBLE, voir tañer.
Dérivés : TALLUDO ‘grand’, ‘qui a vite gran- TANGO (‘tango’), est d’origine incertaine. Il
di’ ; ‘mûr’, ‘qui n’est plus de la première jeu- s’agit peut-être d’un mot désignant un rituel
nesse’. africain, le shango ou un mot de la langue ibo
TALLUDO, voir tallo. (tamgu ‘danser’). Les Arabes auraient intro-
TAMAÑO ([adjectif] ‘si gros, si grand’ ; [substan- duit ces mots d’origine africaine en Espagne
tif] ‘taille, grandeur, dimension’), est issu du au XVe siècle.
latin tam magnus ‘si grand’, sens encore con- TANQUE (‘réservoir, citerne’ ; ‘tank, char
servé en espagnol dans abría tamaños ojos ‘il d’assaut’), est emprunté à l’anglais tank ‘ci-
ouvrait de grands yeux / des yeux grands terne’ lui-même pris à un mot indien (tankh ou
comme ça’. Dans la deuxième acception (ta- tanken) issu du sanskrit tadaga ‘lac, étang’.
maño pris substantivement), l’idée compara- Quant à l’acception ‘char d’assaut’, on peut
tive ou superlative s’est estompée au profit de penser à une analogie de forme (aspect com-
celle, plus générale, de ‘grandeur, dimension, pact du réservoir et du véhicule blindé) mais
taille’. on considère généralement que le mot tank
TAMBALEAR (‘chanceler, tituber’), est issu du était un nom de code tout à fait arbitraire qui
croisement de bambalear (variante de bam- servait à désigner les premiers chars d’assaut
bolear) ‘chanceler, vaciller’ et temblar (ou fabriqués secrètement en Angleterre lors de la
temblequear) ‘trembler’, ‘trembloter’. Voir première guerre mondiale.
bambolear et temblar. TANTEAR, voir tanto.
TAMBIÉN, voir tanto. TANTEO, voir tanto.
TAMBOR (‘tambour’), est probablement emprun- TANTO (‘tant’, ‘tellement’), est issu du latin
té, par l’intermédiaire de l’arabe, au persan ta- tantus, a, um démonstratif de quantité signi-
bir de même sens. La nasale -m est peut-être fiant ‘de cette quantité, de cette grandeur, aus-
due à l’influence de at-tunbur, nom d’un ins- si grand’. Pris substantivement au neutre, tan-
trument à cordes. tum signifiait ‘cette quantité’ (tantum debes ‘la
Dérivés : TAMBORILEAR ‘tambouriner’. somme que tu dois’) d’où, en français tu me
TAMBORILEAR, voir tambor. dois tant / un tant pour cent et, en espagnol,
TAMIZ (‘tamis’), est emprunté au français tamis un tanto por ciento. Tantum remonte à une
d’origine très incertaine. P. Guiraud propose forme archaïque *tam-to-s contenant la racine
de rapprocher tamis de tamise ‘étoffe en laine’ t- du démonstratif indoeuropéen (voir aussi
et de l’ancien verbe tamiser au sens de ‘discu- tal). Tantum était employé en corrélation avec
ter minutieusement’, littéralement ‘filtrer avec quantum ‘autant...que’.
de l’étamine’, étoffe peu serrée dont on se ser- Dérivés : ENTRETANTO ‘pendant ce temps’.
vait pour tamiser, filtrer. Le tamis et l’étamine TAMBIÉN ‘aussi’, est issu d’une construction
auraient donc le même étymon latin stamen comparative qui s’est ensuite lexicalisée : él lo
‘chaîne de tissage’. hace tan bien como tú (jugement de valeur
Dérivés : TAMIZAR ‘tamiser’. positif) ‘il le fait aussi bien que toi’ d’où ‘il le
TAMIZAR, voir tamiz. fait bien et toi aussi (bien)’. C’est l’idée d’une
TAMPOCO, voir tanto. répétition positive. TAMPOCO ‘non plus’ pro-
TAN, voir tanto. cède d’un mécanisme analogue : él sabe tan
TÁNDEM (‘tandem’), est emprunté à l’anglais poco como tú ‘il sait aussi peu de choses que
tandem lui-même pris au latin tandem ‘enfin, à toi’ (jugement de valeur négatif) d’où ‘il ne
la fin’, ‘en fin de compte’. Par un jeu de mots sait pas grand chose et toi aussi peu = pas plus
d’origine étudiante, tandem a été traduit par at = non plus’ (idée d’une répétition négative).
length qui signifie à la fois ‘enfin’ et ‘en lon- TANTEAR ‘mesurer, compter, évaluer’ d’où
gueur’, ‘tout au long, en détail’. C’est d’après ‘examiner avec soin’, ‘reconnaître, tâter, son-
cette dernière acception que tandem a d’abord der’ (tantear el terreno ‘tâter le terrain’). Ce
désigné un attelage long (‘cabriolet attelé à verbe est le prolongement du latin tantum au
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du latin timidus ‘qui craint’, ‘circonspect’, dé- pérament’, du latin temperamentum ‘juste
rivé de timere. proportion des éléments d’un tout’, dérivé de
TEMERARIO (‘téméraire’), est emprunté au latin temperare. Le mot est passé dans le vocabu-
temerarius ‘accidentel, qui arrive par hasard’ laire de la médecine où il désignait le juste
d’où ‘irréfléchi, inconsidéré’, dérivé de temere équilibre entre les différentes humeurs qui
adverbe signifiant à l’origine ‘dans les té- étaient censées régir notre corps. Il a pris en-
nèbres’ d’où ‘au hasard’ (littéralement, ‘à suite par extension le sens d’ « ensemble des
l’aveuglette’) et ‘à la légère, sans réfléchir’. caractères qui déterminent le comportement
Dérivés : TEMERIDAD ‘témérité’. humain ». TEMPERATURA ‘température’, du
TEMERIDAD, voir temerario. latin temperatura ‘composition bien équilibrée
TEMEROSO, voir temer. d’un corps’ et ‘proportion, degré de chaleur ou
TEMOR, voir temer. de froid’ (en particulier temperatura caeli ‘de-
TÉMPANO (‘peau [de tambour]’ ; ‘chapeau, gré de chaleur ou de froid du ciel, de
couvercle [d’une ruche]’ ; ‘plaque de glace, l’atmosphère’). La température est constituée
glaçon’), est emprunté au latin tympanum d’un mélange plus ou moins équilibré de
‘tambour’, lui-même pris au grec tumpanon chaud et de froid. TEMPLANZA ‘tempérance’,
‘tambourin’ mais aussi ‘instrument de torture’ ‘modération’. TEMPLE ‘trempe (d’un métal)’ ;
et ‘roue à eau’. De ‘tambour’ on est passé à ‘force de caractère, trempe’, dérivé de tem-
‘peau recouvrant le tambour’ d’où, par analo- plar au sens technique de ‘tremper un métal’.
gie de forme, ‘toute surface plate’ : ‘chapeau TEMPLE, voir templar.
de ruche’, ‘couvercle de tonneau’, ‘plaque de TEMPLO (‘temple’ ; ‘église’), est emprunté au
glace’. Le traitement savant de tympanum a latin templum ‘espace tracé dans l’air par le
donné tímpano ‘tambourin’ et, par analogie bâton de l’augure à l’intérieur duquel il re-
de forme avec la peau du tambour, ‘tympan’ cueille et interprète les présages’ puis ‘espace
(membrane de l’oreille). Voir aussi timbre. consacré aux dieux’ d’où ‘temple’. Templum a
TEMPERAMENTO, voir templar. aussi le sens de ‘traverse, solive placée sur les
TEMPERAR, voir templar. chevrons’ probablement par allusion aux li-
TEMPERATURA, voir templar. gnes tracées dans l’air par l’augure pour déli-
TEMPESTAD, voir tiempo. miter son champ d’observation. Templum se
TEMPLANZA, voir templar. rattache peut-être au grec temenos ‘enclos sa-
TEMPLAR (‘tempérer, modérer’, ‘adoucir’ ; cré’.
‘tremper [un métal]’), est emprunté au latin TEMPORADA, voir tiempo.
temperare ‘disposer convenablement les élé- TEMPORAL, voir tiempo.
ments d’un tout’, ‘combiner dans de justes TEMPORARIO, voir tiempo.
proportions’, ‘régler, organiser’, ‘modérer’ et TEMPRANO, voir tiempo.
‘mélanger, mêler’. L’origine de temperare est TENAZ, voir tener.
mal établie. En espagnol, templar a pris aussi TENAZA(S), voir tener.
le sens technique de ‘tremper (un métal)’ TENDENCIA, voir tender.
c’est-à-dire ‘plonger un métal brûlant dans de TENDER (‘tendre, étendre’), est issu du latin
l’eau froide (littéralement ‘tempérer’ sa cha- tendere ‘rendre droit, déployer’, ‘être en érec-
leur) pour le durcir’. tion’ et, au figuré, ‘diriger vers’, ‘avoir ten-
Dérivés : DESTEMPLADO ‘emporté, irrité’. IN- dance à’, ‘faire effort’.
TEMPERIE ‘intempérie’, du latin intemperies, Dérivés : ATENCIÓN ‘attention’, du latin atten-
littéralement ‘état déréglé’ utilisé en particu- tio, dérivé de attentum supin de attendere
lier dans intemperies caeli ‘dérèglement du ‘porter attention à’. ATENDER ‘s’occuper de’,
ciel’, d’où ‘mauvais temps, orage, intempé- ‘recevoir, accueillir’, ‘faire attention à’, du la-
rie(s)’. Intemperies est formé avec in privatif tin attendere ‘tendre son esprit vers’, ‘porter
et temperies ‘juste proportion’, dérivé de tem- attention à’, formé avec ad ‘vers’ et tendere.
perare ‘modérer’. OBTEMPERAR ‘obtempérer’, CONTENDER ‘lutter, se battre’, ‘rivaliser’, du
du latin obtemperare ‘se modérer’, formé avec latin contendere ‘chercher à atteindre qqch’,
ob ‘devant’ et temperare, littéralement ‘se ‘tendre son énergie’, ‘se mesurer, lutter, rivali-
modérer, se soumettre (devant qqn)’ d’où ser’, formé avec cum ‘avec, ensemble’ et ten-
‘obéir sans discuter’. TEMPERAMENTO ‘tem- dere (littéralement ‘tendre ensemble vers un
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même point’ d’où ‘rivaliser’ et ‘lutter’). CON- tendon dérivé du verbe tendre avec influence
TIENDA ‘dispute, altercation’ ; ‘guerre, con- du grec tenôn, tenôntos ‘muscle allongé’ (tei-
flit’. DESENTENDERSE ‘se désintéresser de’. nein ‘tendre’). TENSIÓN ‘tension’. TESÓN
DISTENSIÓN ‘distension’, ‘claquage (d’un ‘fermeté, opiniâtreté, ténacité’ (volonté ten-
muscle)’ ; (au figuré, en politique) ‘détente’. due, qui s’applique avec effort à un but).
ENTENDER ‘comprendre, entendre’, du latin TIENDA ‘boutique, magasin’, est issu du latin
intendere ‘tendre vers’, ‘porter son attention médiéval tenda formé à partir de tensum supin
vers’, ‘comprendre’ et ‘ouïr’, formé avec in et de tendere. Tienda désigne d’abord un abri
tendere. ENTENDIMIENTO ‘entendement, intel- fait avec une toile tendue, une tente avant de
ligence’, ‘jugement, bon sens’. EXTENDER désigner un lieu couvert et spécialement un
‘étendre’, ‘dérouler, développer’ ; ‘dresser, ré- magasin. TIESO ‘raide’, du latin vulgaire tesus
diger’ (un acte) ; ‘libeller’ (un chèque etc.), du (latin classique tensus ‘tendu’), participe passé
latin extendere ‘étendre, élargir’, formé avec adjectivé de tendere. Tensus a donné tenso
ex à valeur intensive et tendere. EXTENSIÓN ‘tendu’.
‘étendue’, ‘longueur’, ‘extension’. INTENCIÓN TENDIDO, voir tender.
‘intention’, du latin intentio ‘action de tendre, TENDÓN, voir tender.
tension’, ‘attention’, ‘effort vers un but, volon- TENEBROSO, voir tiniebla(s).
té’ et ‘intensité’. Intentio dérive de intentum TENEDOR, voir tener.
supin de intendere ‘tendre vers’. INTENDENCIA TENENCIA, voir tener.
‘intendance’, dérivé de intendente ‘intendant’ TENER (‘avoir’), est issu du latin tenere dont le
emprunté au français intendant issu par aphé- sens de base est ‘avoir, tenir qqch en main’.
rèse de surintendant pris au latin médiéval su- De ce sens dérivent de nombreuses accep-
perintendens, participe présent de superinten- tions : ‘durer, persister’, ‘occuper, habiter’,
dere ‘surveiller’, formé avec super ‘sur, au- ‘posséder’, ‘garder immobile, arrêter, mainte-
dessus’ et intendere ‘tendre vers’, ‘diriger son nir’, ‘retarder’ ; ‘garder dans l’esprit’ d’où ‘se
esprit sur qqch’ d’où ‘surveiller’. INTENTAR souvenir’ et ‘comprendre, savoir’ (mente te-
‘tenter, essayer’ ; ‘intenter’, du latin intentare nere). En vieil espagnol, tener et haber ex-
‘diriger contre’ et, en droit, ‘entreprendre une primaient des nuances de l’idée de possession.
action en justice contre qqn’. Intentare est Haber (aver) était opératif, il disait l’accès à
formé avec in ‘vers’ et tentare, fréquentatif la possession, l’acquisition et exprimait
(intensif) de tendere. INTENTO ‘tentative’ ; l’inaliénable, l’inhérent : aver caballos
‘dessein, projet’. OSTENTAR ‘montrer’, ‘éta- (‘avoir, s’emparer des chevaux’) ; avía gra-
ler’, ‘arborer’, du latin ostentare ‘tendre, pré- çiosa voz ‘il avait une voix agréable’ ; avía
senter avec insistance’, ‘faire parade de’. Os- nomne Teófilo ‘il avait pour nom Théophile’.
tentare est le fréquentatif (intensif) de osten- Tener était résultatif, il disait l’acquis et ex-
dere ‘tendre devant’ formé avec ob ‘devant’ et primait l’accidentel, l’aliénable : si pudiesse
tendere. PRETENDER ‘prétendre’, du latin sanar desta dolencia que tiene (caractère acci-
praetendere ‘tendre en avant, devant’, ‘mettre dentel de la maladie) ; E las donzellas tenían
en avant’, ‘invoquer, alléguer un motif’, puis ya buena manera de fablar por cuanto aquel
en bas latin ‘réclamer (une dette)’ et au moyen donzel (Pero Niño) fablava con ellas cada día
âge ‘affirmer fermement’, formé avec prae (= une manière acquise, et non pas innée, de
‘avant’ et tendere. PORTENTO ‘prodige, mer- bien parler). Le droit distinguait le bien, la
veille’, du latin portentum ‘présage venant de possession inaliénable (aver una casa) et la
qqch de prodigieux’, ‘prodige’, ‘signe miracu- possession, la chose que l’on ne tient que par
leux’, ‘merveille’, ‘monstruosité’, dérivé de délégation (objet aliénable) : tener una casa.
portendere ‘présager, annoncer’, formé avec Dérivés : ABSTENERSE ‘s’abstenir’, du latin
pro marquant l’antériorité (‘en avant, devant’) abstinere, formé avec ab privatif et tenere, lit-
et tendere. TENDENCIA ‘tendance’. TENDIDO téralement ‘refuser de tenir’. CONTENER ‘con-
(substantif) ‘pose (d’un câble etc.)’ ; ‘ligne tenir’, ‘renfermer’ ; ‘retenir’, ‘contenir, répri-
(électrique, téléphonique)’ ; ‘gradins’. mer’, du latin continere, formé avec cum
TENDÓN ‘tendon’, emprunté au latin moderne ‘avec’ et tenere, littéralement ‘tenir, maintenir
tendo, tendonis (fin du XVIe siècle) qui est ensemble’ et ‘enfermer en soi’ d’où ‘réprimer,
probablement la forme latinisée du français réfréner’. CONTINENTE ‘continent’, du latin
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continens (terra), littéralement ‘terre ferme, (voir plus haut). TENEDOR ‘fourchette (ce qui
qui se tient’, participe présent substantivé (par sert à tenir les aliments). TENENCIA ‘posses-
ellipse de terra) de continere ‘maintenir en- sion’ et ‘port, détention’ (tenencia de armas
semble’. DETENCIÓN ‘arrêt’. DETENER ‘arrê- ‘port d’armes’). TENIENTE ‘lieutenant’, abré-
ter’, du latin detinere ‘tenir éloigné d’où ‘rete- viation de lugarteniente formé avec lugar
nir, arrêter, empêcher’, formé avec de indi- ‘lieu’ et teniente ‘qui tient’, participe présent
quant l’éloignement, la séparation et tenere. de tener, littéralement ‘celui qui tient lieu de’,
DETENTAR ‘détenir’, ‘posséder’, du latin de- ‘remplaçant’. A l’origine, lieutenant désigne
tentare ‘retenir, détenir’, fréquentatif (intensif) celui qui peut remplacer le chef dans certains
de detenere. ENTRETENER(SE) ‘(se) distraire, cas et qui le seconde. Le mot est passé dans le
(s’) amuser’ ; ‘se mettre en retard, perdre son vocabulaire de la hiérarchie militaire où il dé-
temps, s’attarder’, dérivé de tener avec la pré- signe un grade au-dessous du capitaine. TENIS
position entre ‘entre, à l’intérieur de deux’ ‘tennis’, est emprunté à l’anglais tennis lui-
c’est-à-dire ‘(se) tenir entre deux choses’, même pris au français tenez, impératif de tenir
‘s’arrêter au milieu’, ‘écarter, distraire (d’une (tenez, attrapez la balle). TENOR ‘teneur’ ;
chose)’ d’où ‘(se) distraire, (s’) amuser’ et ‘ténor’, du latin tenor ‘cours non interrompu,
‘s’attarder’. ENTRETENIMIENTO ‘amusement’. marche continue’ et, en bas latin juridique,
INCONTINENCIA ‘incontinence’, du latin in- ‘disposition, contenu d’une loi’. Par extension,
continentia, formé avec in privatif et continen- tenor a pris le sens de ‘contenu exact (d’un
tia ‘modération’, dérivé de continens, parti- écrit)’. Tenor au sens de ‘chanteur’ est un
cipe présent de continere (incapacité à retenir emprunt à l’italien tenore ‘concert, harmonie’
ses désirs et incapacité à retenir l’urine). OB- et ‘voix considérée comme la plus harmo-
TENER ‘obtenir’. PERTENECER ‘appartenir’, nieuse’. Tenore est lui-même pris au latin te-
dérivé avec le suffixe -ecer du latin pertinere nor ‘tenue, continuité’ et, en latin médiéval,
formé avec per à valeur intensive indiquant ‘note correspondant à la dominante’ d’où te-
l’achèvement et tenere. Pertinere signifie nor ‘voix d’homme capable de tenir cette
‘tendre jusqu’au bout’ et, au figuré, ‘aboutir note, voix la plus aiguë’ (comprise entre le
à’, ‘appartenir’, ‘concerner’, ‘viser à’. PERTE- premier ut de l’alto et le sol du violon) puis
NENCIA ‘possession, propriété’ ; ‘affaires per- ‘personne ayant cette voix’. TENTENPIÉ ‘ram-
sonnelles’ (objets, vêtements) ; ‘appartenance ponneau, poussah’ (jouet lesté de plomb qui
(à un parti etc.)’. PERTINACIA ‘obstination, té- revient toujours en position verticale), contrac-
nacité’, du latin pertinacia de même sens, dé- tion de tente en pie, littéralement ‘tiens-toi
rivé de pertinax ‘qui tient bon, ne lâche pas’ debout’.
(espagnol pertinaz), formé avec per intensif TENIENTE, voir tener.
et tenax, voir plus bas tenaz. PERTINENCIA TENIS, voir tener.
‘pertinence’, dérivé de pertinente lui-même TENOR, voir tener.
issu du latin pertinens ‘qui a du rapport à’, TENSIÓN, voir tender.
participe présent adjectivé de pertinere au sens TENSO, voir tieso à l’article tender.
de ‘toucher, concerner’. RETENCIÓN ‘réten- TENTACIÓN, voir tentar.
tion’, ‘retenue’ (retención en origen ‘retenue TENTÁCULO, voir tentar.
à la source’ [fiscalité]). SOSTÉN ‘soutien, ap- TENTAR (‘tâter’ ; ‘tenter, attirer’), est emprunté
pui’ ; ‘soutien-gorge’. SOSTENER ‘soutenir’, au latin temptare ‘toucher, tâter’, ‘faire
du latin sustinere ‘tenir, maintenir par- l’épreuve ou l’essai, essayer de’ et ‘attaquer,
dessous’, formé avec sub ‘sous’ et tenere. assaillir’.
SUSTENTAR ‘soutenir’, ‘nourrir’, ‘sustenter’, Dérivés : ATENTADO ‘attentat’, du latin at-
‘entretenir’, du latin sustentare ‘soutenir, sup- temptatum ou attentatum, participe passé subs-
porter’ et ‘maintenir en bon état’, ‘alimenter, tantivé au neutre de attemptare ‘entreprendre
nourrir’, fréquentatif (intensif) de sustinere qqch contre qqn’, formé avec ad ‘vers’,
(voir sostener). TENAZ ‘tenace’, du latin tenax ‘contre’ et temptare au sens d’ « attaquer ».
‘qui tient fortement’ et, au figuré, ‘obstiné, TENTACIÓN ‘tentation’, du latin temptatio ‘at-
opiniâtre’, dérivé de tenere. TENAZAS ‘te- taque (d’une maladie)’, ‘essai, expérience’ et,
nailles’, d’abord sous la forme las tenaces, en latin chrétien, ‘ce qui pousse l’homme à
substantivation au pluriel de l’adjectif tenaz faire l’expérience du mal’, ‘tentation’.
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guré, ‘faire frissonner’, ‘donner des émotions (tourisme). TEMPORAL (adjectif) ‘temporel’ ;
fortes’. Ce mot est à rattacher à une racine in- (substantif) ‘tempête’, du latin temporalis ‘qui
doeuropéenne *tr- signifiant ‘à travers’ (en la- ne dure qu’un temps’ ; en grammaire ‘qui dé-
tin, trans). signe le temps’ ; en latin ecclésiastique ‘du
TÍA, voir tío. monde, du domaine des choses qui passent’
TIBIA (‘tibia’), est emprunté au latin tibia ‘flûte’ (par opposition à eternalis). En latin de Gaule
et, par analogie de forme, ‘os de la jambe’ (en et d’Espagne, temporalis a été substantivé et a
français, le latin tibia a donné à la fois tibia et pris les sens d’ « époque » et de ‘tempête’ par
tige). un développement sémantique analogue à ce-
TIBIEZA, voir tibio. lui de tempestas (voir plus haut tempestad).
TIBIO (‘tiède’), est issu du latin tepidus ‘modé- TEMPORARIO ‘temporaire’. TEMPRANO (adjec-
rément chaud’ et, au figuré, ‘refroidi’, dérivé tif) ‘précoce’ ; (adverbe) ‘tôt, de bonne heure’,
de tepere ‘être chaud’, remplacé dans ce sens du latin vulgaire temporanus, variante de tem-
par calere, d’où ‘être modérément chaud’. poraneus, a, um ‘qui se fait à temps’. Pris
Dérivés : TIBIEZA ‘tiédeur’. substantivement au neutre, temporaneum si-
TIBURÓN (‘requin’), est d’origine incertaine. Ce gnifie ‘fruit mûr de bonne heure’.
mot est peut-être emprunté, par l’intermédiaire TIENDA, voir tender.
du portugais tubarão, au tupi t-uperú (‘le re- TIERNO (‘tendre’), est issu du latin tener, tenera,
quin’), langue des indiens guaranis du Para- tenerum de même sens.
guay. Dérivés : DESTERNILLARSE dans desternil-
TIC (‘tic’), est emprunté au français tic de forma- larse de risa ‘se tordre de rire, se tenir les
tion onomatopéique reproduisant par sa struc- côtes, mourir de rire’, formé avec des- privatif
ture consonantique t-k un bruit (tic-tac) ou des et ternilla ‘cartilage’ (desternillarse, littéra-
mouvements saccadés (tics du visage). lement ‘rompre les parties tendres du sque-
TICKET (‘ticket’), est emprunté à l’anglais ticket lette’). ENTERNECER ‘attendrir’. TERNERA, O
‘étiquette’ et ‘billet d’entrée’, lui-même pris à ‘génisse’, ‘veau’ (‘qui a la chair tendre’).
l’ancien français estiquet ‘petit écriteau’. Voir Rapport métonymique : la tendreté de la
etiqueta. viande de l’animal désigne l’animal lui-même.
TIEMPO (‘temps’), est issu du latin tempus, Voir aussi à ce sujet carnero. TERNURA ‘ten-
temporis d’origine inconnue et signifiant dresse’.
‘temps, fraction de temps, instant’, opposé à TIERRA (‘terre’), est issu du latin terra de même
aevum (le temps considéré dans la durée) : ad sens.
tempus ‘au moment voulu, à temps’ (espagnol Dérivés : ATERRAR ‘jeter à terre, renverser’ ;
a tiempo). Au pluriel, tempora ‘portions de ‘toucher terre, aborder’, ‘atterrir’ (aterrar
temps’ d’où ‘époques’, ‘saisons’. dans ce sens diphtongue comme tierra) ; ‘ter-
Dérivés : CONTEMPORÁNEO ‘contemporain’, roriser, atterrer, terrifier’, sens acquis sous
du bas latin contemporaneus ‘qui est du même l’influence de terror (aterrorizar). Dans ce
temps’, formé avec cum ‘ensemble’ et tempus. sens, aterrar ne diphtongue pas (comme ter-
CONTRATIEMPO ‘contretemps’. INTEMPESTI- ror). ATERRIZAJE ‘atterrissage’. ATERRIZAR
VO ‘intempestif’, du latin intempestivus ‘hors ‘atterrir’, emprunté au français atterrir dérivé
de saison’ et ‘déplacé, inopportun’, formé de terre. DESTERRAR ‘exiler, bannir’. ENTER-
avec in privatif et tempestivus ‘qui vient à RAR ‘enterrer’. TERRACOTA ‘terre cuite’, em-
temps’, ‘opportun’, dérivé de tempus ‘temps, prunté à l’italien terra cotta. Cotta est issu du
saison, époque de l’année’. TEMPESTAD ‘tem- latin cocta, participe passé adjectivé de co-
pête’, du latin tempestas, tempestatis ‘laps de quere ‘cuire’ (en vieil espagnol, cocho, cocha
temps, moment’, ‘temps qu’il fait’, ‘état de d’où bizcocho ‘biscuit’). TERRAPLÉN ‘terre-
l’atmosphère’, plus spécialement ‘mauvais plein’, est emprunté au français terre-plein lui-
temps, orage’ et enfin ‘malheur, calamité’. même pris à l’italien terrapieno ‘rempli, plein
Tempestas dérive de tempestus ‘qui vient à de terre’. Une confusion avec plain (c’est-à-
temps’ lui-même issu de tempus. TEMPORADA dire ‘plat’) a changé le sens de terre-plein en
‘saison’ (au propre et au figuré) : la buena ‘surface plane’. TERRÁQUEO ‘terrestre’, dans
temporada ‘la belle saison’ ; la temporada globo terráqueo ‘globe terrestre’, mot savant
alta / baja ‘la haute saison / la saison creuse’ issu du latin terraqueus formé avec terra et
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aqua rappelant que le globe terrestre est cons- tion d’un yod puis transfert de celui-ci dans la
titué de terre et d’eau (on trouve globe terra- syllabe précédente d’où fermeture du a en e).
qué chez Voltaire). TERRATENIENTE ‘proprié- La forme primitive (Cantar de Mio Cid) étant
taire foncier / terrien’. TERRAZA ‘terrasse’. tigeras, il faut supposer la chute du n, la sono-
TERREMOTO ‘tremblement de terre’, est em- risation du s devenu intervocalique et sa con-
prunté à l’italien terremoto lui-même issu du fusion avec la palatale sonore [ge] (comme
latin terrae motus, littéralement ‘mouvement dans visitar et vijitar ou quiso et quijo) et en-
de la terre’ (motus est dérivé de movere ‘re- fin la substitution de o par i probablement sous
muer, bouger’, voir mover ainsi que maremo- l’influence analogique de formes telles que le
to à l’article mar). TERRENAL ‘terrestre’ (dans français cisoires ou ciseaux, le catalan cisores,
le domaine religieux : vida / paraíso terrenal le portugais cisoiro (latin cisorium).
‘vie / paradis terrestre’). TERRENO ‘terrain’, TILDAR, voir título.
du latin terrenum, substantivation au neutre de TILDE, voir título.
l’adjectif terrenus ‘formé de terre’, ‘qui a rap- TIMAR (‘escroquer, flouer’), est d’origine très
port à la terre’. TERRESTRE ‘terrestre’, du latin incertaine, peut-être de l’ancienne forme ate-
terrestris ‘relatif au globe’ (globo terrestre), mar ou atimar ‘achever, accomplir’ issue de
‘relatif à la terre ferme’, ‘qui vit sur la terre’. l’arabe temm de même sens. Joan Corominas
TERRITORIAL ‘territorial’ (aguas territoriales pense que pour l’escroc, voler représente ef-
/ jurisdiccionales ‘eaux territoriales’). TERRI- fectivement une sorte d’accomplissement, une
TORIO ‘territoire’, du latin territorium de prouesse. Il cite en argot catalan treballar qui
même sens (une variante populaire, signifie ‘travailler’ et ...’voler’.
*terratorium, a donné le français terroir). Dérivés : TIMO ‘escroquerie’, ‘carottage’.
TERRÓN ‘motte (de terre)’, ‘morceau’ (de TIMBRE (‘sonnette’ ; ‘timbre [de voix etc.]’ ;
sucre). TERRUÑO ‘pays natal’, ‘terroir’. TIER- ‘timbre [fiscal]’), est emprunté au français
RUCA ‘terroir’. timbre lui-même pris au grec timbanon, altéra-
TIERRUCA, voir tierra. tion de tumpanon ‘tambourin’ et, dans la
TIESO, voir tender. langue technique, ‘roue à eau’. En français,
TIESTO (‘pot à fleurs’ ; ‘tesson de poterie’), est timbre a d’abord eu le sens de ‘tambourin’,
issu du latin testu (variante de testum et de tes- ‘tambour de basque’ puis a désigné une cloche
ta) ‘couvercle de pot en terre’ et ‘vase en sans battant que l’on frappait avec un petit
terre’. Voir testa et test. marteau d’où le sens moderne de ‘sonnette’.
TIFÓN (‘typhon’), est emprunté au grec tuphôn Par ailleurs, timbre s’est dit de la qualité d’un
‘tourbillon’, ‘orage violent’. Le mot est passé son (timbre de voix etc.). Au moyen âge,
en arabe sous la forme tufan, laquelle passa timbre a été utilisé pour désigner des orne-
dans le portugais (tufão) car les marins portu- ments, des marques d’armoiries (héraldique)
gais se servaient souvent de pilotes arabes en forme de cloche ou de tambour d’où le sens
pour les conduire dans les mers indiennes où de ‘marque imprimée sur le papier que l’État
soufflaient des vents tournants particulière- rend obligatoire pour la validité de certains
ment dangereux. actes’.
TIGRE (‘tigre’), est issu du latin tigris lui-même TÍMIDO, voir temer.
pris au grec tigris de même sens. L’origine TIMO, voir timar.
pourrait être l’avestique (iranien ancien) tigri- TIMÓN (‘gouvernail’), est issu du bas latin timo,
‘flèche’ (rapidité du tigre). timonis, altération du latin classique temo
TIJERAS (‘ciseaux’), est issu du latin forfices ‘flèche d’un char, d’une charrue’ et ‘chariot’,
tonsorias, littéralement ‘ciseaux à tondre, à ra- probablement d’origine gauloise. Ce terme a
ser’ (substantivation de tonsorias après ellipse été utilisé ensuite aussi bien en français (clas-
de forfices : unas tonsorias). Tonsorius, a, um sique) qu’en espagnol dans le vocabulaire de
est dérivé de tonsor ‘barbier’ et ‘élagueur’, la marine pour désigner la barre du gouvernail
lui-même issu de tondere ‘tondre, raser, cou- et le gouvernail lui-même.
per’. Tonsoria a subi une réfection analogique TÍMPANO, voir témpano.
de sa terminaison d’après le suffixe -ariu, TINA (‘jarre’), est issu du latin tina ‘bouteille de
-aria (comme primariu, solitariu) beaucoup vin’ (français tinette ‘petite cuve’, régiona-
plus répandu d’où tonsaria > tonsayra (forma- lisme).
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étymon latin. J. Corominas suggère plutôt de appliqué au texte proprement dit d’où ‘inscrip-
partir du latin tyrannus représenté dans toutes tion’, ‘épitaphe’, ‘intitulé (d’un ouvrage)’ et
les langues romanes et interprété comme le ‘désignation, titre honorifique (donné à qqn)’.
participe présent d’un verbe *tirer / *tirar Probablement par l’intermédiaire du catalan
‘torturer’ (‘tirer les membres d’un supplicié’ ou de l’occitan, titulus a donné aussi tilde en
puis, par extension, ‘tirer’). espagnol : marque, signe en forme de S cou-
Dérivés : ESTIRADO dans estirado de (la) piel ché que l’on place sur le n lorsqu’il est palata-
‘lifting’. ESTIRAR ‘étirer’. RETIRADA ‘retraite’ lisé (dueño) puis, par extension, ‘accent’
(départ d’une armée) ; ‘retrait’ (du permis de (écrit) et enfin, au figuré, ‘marque (accusa-
conduire, d’un projet de loi etc.). RETIRAR ‘re- trice)’ et ‘vétille’ (l’accent écrit, le signe gra-
tirer’. RETIRO ‘retraite’ (lieu de repos) ; ‘re- phique représente matériellement peu de
traite’ (cessation d’activité pour un militaire chose). Voir les sens de tildar dans les déri-
ou un policier) ; ‘retraite’ (pension que l’on vés.
touche) ; ‘retraite’ (pour la méditation spiri- Dérivés : TILDAR ‘mettre le tilde ou l’accent
tuelle, religieuse). TIRA ‘bande (de toile, de sur une lettre’ ; ‘biffer, effacer’ ; ‘accuser,
papier)’, ‘lanière’ ; (au pluriel) ‘bandes dessi- taxer de, reprocher’. TITULAR (adjectif) ‘titu-
nées’, est peut-être le déverbal de tirar mais laire, qui a le titre de’ ; (substantif) ‘gros
on pense plutôt à un emprunt au catalan tira titre’ ; (verbe) ‘intituler’.
de même sens issu du francique *teri (ancien TIZA (‘craie’), est emprunté au nahuatl tíçatl
français tire ‘rangée, file de gens’). TIRADA ‘sorte de terre blanche’.
‘tirage’ (imprimerie). TIRADOR ‘tireur’. TI- TIZNA, voir tizón.
RANTE(S) ‘bretelle(s)’. TIRANTEZ ‘tension, TIZÓN (‘tison’ ; ‘tache, souillure’), est issu du
raideur’ ; (au figuré) ‘tension, tiraillements’ latin titio ‘brandon’, ‘tison’.
(tirantez entre Londres y París). TIRITA Dérivés : ATIZAR ‘attiser’, du latin vulgaire
‘pansement adhésif’, diminutif de tira. TIRO *attitiare formé avec ad et titio. TIZNA ‘suie’.
‘tir’, ‘coup de feu’. TIRÓN dans robo al tirón TOALLA (‘serviette’), est emprunté au germa-
‘vol à l’arraché’ ; de un tirón ‘d’un trait, nique thwahljo de même sens, d’abord sous la
d’affilée’. TIROTEO ‘fusillade, coups de feu’. forme toaja devenue toalla sous l’influence de
TIRITA, voir tirar. l’italien ou du catalan.
TIRITAR (‘grelotter’), est d’origine onomato- TOBILLO (‘cheville’), est issu probablement
péique. d’un latin vulgaire *tubellum diminutif de tu-
TIRO, voir tirar. ber ‘nœud, excroissance du bois’ qui a désigné
TIRÓN, voir tirar. aussi l’os de la cheville.
TIROTEO, voir tirar. TOCA (‘coiffe’), est d’origine incertaine, peut-
TITÁN (‘titan’), est emprunté au latin Titan lui- être d’une forme préromane *tauca elle-même
même pris au grec Titan qui, dans la mytholo- issue du persan taq ‘voile’, ‘châle’.
gie, désignait les six enfants mâles d’Ouranos Dérivés : TOCADO ‘coiffure’. TOCADOR ‘table
et de Gaïa. L’origine de ce mot est incertaine. de toilette’, ‘coiffeuse’, ‘cabinet de toilette’.
Dérivés : TITÁNICO ‘titanesque’. TOCAR(SE) ‘(se) coiffer’, ‘(se) peigner’.
TÍTERE (‘marionnette, pantin’), n’est pas TOCADO (‘coiffure’), voir toca.
d’origine bien établie. TOCADO (‘toqué, timbré’), voir tocar (2).
TITUBEAR (‘tituber, chanceler’ ; ‘hésiter’), est TOCADOR, voir toca.
emprunté au latin titubare de même sens, TOCAR(SE) (1) (‘[se] peigner, [se] coiffer’), voir
d’origine expressive (mot à redoublement toca.
consonantique t...t). TOCAR (2) (‘toucher’ ; ‘jouer [d’un instru-
TITULAR, voir título. ment]’ ; ‘sonner, retentir’), est sans doute issu
TÍTULO (‘titre’), est emprunté au latin titulus d’un latin vulgaire *toccare de formation
peut-être d’origine étrusque et signifiant ‘af- onomatopéique plus expressive que le latin
fiche, écriteau’ porté au bout d’un bâton par classique tangere ‘toucher’.
les troupes victorieuses et où étaient écrits en Dérivés : TOCADO ‘toqué, timbré’ (littérale-
gros caractères les noms des villes prises à ment ‘devenu à moitié fou, fêlé à la suite d’un
l’ennemi ainsi que le nombre de prisonniers. coup’). TOCATA, voir sonata à l’article sonar.
Après avoir désigné le support, titulus s’est TOCANTE (adjectif) ‘touchant, contigu’ ; (lo-
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cution adverbiale dans tocante a) ‘pour ce qui TOLONDRO / TOLONDRÓN (‘bosse’), est une
touche à’, ‘quant à, en ce qui concerne’, parti- altération de l’ancienne forme torondo issue
cipe présent de tocar. TOQUE ‘sonnerie’ du bas latin turundus variante de turunda
(cloches) ; ‘avertissement, mise en garde’ ‘sorte de gâteau’, ‘beignet’ et ‘charpie’ (amas
(toque de atención) ; ‘touche’ (de couleur, de fils tirés de vieille toile servant autrefois à
coup de pinceau). faire des pansements). Le trait sémantique
TOCATA, voir sonata à l’article sonar. commun est l’idée de protubérance d’où to-
TOCINO (‘lard’), est probablement issu d’une londro ‘bosse’. Pour un développement sé-
forme de latin vulgaire d’Espagne *tuccinum mantique analogue, voir buñuelo.
(lardum) dérivée de tucca ‘jus graisseux’ peut- TOLONDRÓN, voir tolondro.
être d’origine celtique. TOMA, voir tomar.
TOCOLOGÍA (‘obstétrique’), est formé avec les TOMAR (‘prendre’), est d’origine incertaine,
éléments grecs tokos ‘accouchement’ et logos peut-être du latin autumare (*tumare en latin
‘traité, discours, théorie’. d’Espagne) ‘dire’, ‘affirmer’ et, en particulier,
Dérivés : TOCÓLOGO ‘médecin accoucheur’. ‘affirmer, proclamer (le droit de qqn à possé-
TOCÓLOGO, voir tocología. der qqch)’.
TODAVÍA, voir todo. Dérivés : TOMA ‘prise’, déverbal de tomar.
TODO (‘tout’), est issu du latin totus ‘tout entier’, TOMATE (‘tomate’), est emprunté à l’aztèque
‘intégral’. Au neutre substantivé, totum, ‘le tómatl de même sens.
tout’ d’où l’espagnol jugarse el todo por el TOMILLO (‘thym’), est le diminutif de
todo ‘jouer le tout pour le tout’. L’origine de l’ancienne forme tomo issue du latin vulgaire
totus n’est pas bien établie. tumun, latin classique thymun lui-même pris
Dérivés : TODAVÍA ‘encore’, ‘toujours’, littéra- au grec thumon ‘sorte de sarriette’ (mot de la
lement por todas las vías ‘par tous les che- famille de thuos ‘offrande que l’on brûle’ et
mins, par toutes les voies’, ‘partout’ puis, avec ‘parfum, aromate’).
une valeur temporelle, ‘tout le temps’ d’où TOMO (‘tome’), est emprunté au latin tomus lui-
‘avant et maintenant’ et enfin, par restriction, même pris au grec tomos ‘morceau, partie
‘encore (maintenant)’. En français, toujours a coupée, portion’. Tomus se disait en particulier
évolué de manière semblable : ‘tous les jours, d’un morceau de papyrus d’où le sens de ‘fas-
tout le temps’ et ‘encore (maintenant)’ : il cicule fait de feuillets’ opposé à volumen ‘rou-
pleut toujours = encore. TOTAL ‘total’, du la- leau d’un manuscrit’ (de volvere ‘tourner,
tin médiéval totalis de même sens, dérivé de faire tourner’).
totus. TOTALITARIO ‘totalitaire’ (se dit d’un TON, voir tono.
régime qui confisque la totalité des libertés). TONALIDAD, voir tono.
TOGA (‘toge’), est emprunté au latin toga ‘cou- TONEL (‘tonneau’), est emprunté à l’ancienne
verture’, ‘vêtement’ et ‘vêtement du citoyen forme française tonel (aujourd’hui tonneau),
romain, toge’, dérivé de tegere ‘couvrir’. diminutif de tonne issu du latin médiéval tun-
TOLDO (‘store’ ; ‘bâche’), est probablement na ‘grand tonneau’ lui-même pris au gaulois.
emprunté à une forme de germanique repré- De ‘grand tonneau’ on passera à l’idée de
sentée par exemple par l’ancien norrois tjald ‘grande capacité’ d’où l’on tirera l’unité de
‘tente dressée sur un navire’. L’emprunt a pu masse, la tonne. Voir ci-dessous tonelada.
se faire par l’intermédiaire du français taud. Dérivés : TONELADA ‘tonne’ et, dans le voca-
TOLERANCIA, voir tolerar. bulaire maritime, ‘tonneau’ (environ 3m3). Le
TOLERAR (‘tolérer’), est emprunté au latin sens primitif de tonelada était ‘espace néces-
tolerare ‘porter, supporter’ (un poids, une saire dans un navire pour entreposer deux
peine). Tolerare vient de la racine indoeuro- grand tonneaux’.
péenne *tel-, *tol- ‘soulever, supporter’. De TONELADA, voir tonel.
l’idée de ‘supporter en souffrant une peine’, TÓNICO, voir tono.
on est passé par atténuation sémantique (souf- TONO (‘ton’), est emprunté au latin tonus ‘ten-
france → patience) à celle de ‘supporter ce sion d’une corde’, ‘ton, son d’un instrument’,
que l’on n’approuve pas’. ‘accent d’une syllabe’ et ‘tonnerre’. Tonus est
Dérivés : TOLERANCIA ‘tolérance’. emprunté au grec tonos ‘ligaments tendus’,
‘corde’, ‘action de tendre, tension’. Le latin
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tonus avec le sens de ‘tension’ a été emprunté TOPO (‘taupe’), est issu du latin talpa (en latin
par l’anglais tonus ‘dynamisme’ passé ensuite d’Espagne, *talpus) de même sens, sans éty-
en français (avoir du tonus). Enfin, tonus a mologie connue.
produit en espagnol la forme abrégée ton sous TOPO-, élément préfixal tiré du grec topos ‘ré-
l’influence de son (sin ton ni son ‘sans rime gion, lieu’, ‘emplacement’, ‘partie du corps’
ni raison’). (spécialement ‘sexe de la femme’), ‘emplace-
Dérivés : ÁTONO ‘atone’, du grec atonos (vo- ment funéraire’. En rhétorique, topos désignait
cabulaire de la médecine) ‘non tendu’ d’où aussi le ‘sujet d’un discours’, le ‘point d’une
‘faible, sans force’ puis, en grammaire, ‘non démonstration’ et un ‘lieu commun’ (koinos
accentué’, formé avec a- privatif et tonos ‘ten- topos). Topo- entre dans la formation de nom-
sion’. ENTONACIÓN ‘intonation’. SINTONÍA (en breux composés : TOPOGRAFÍA ‘topographie’ ;
psychologie) ‘caractère de sujet syntone’ TOPONIMIA ‘toponymie’, formé avec le grec
c’est-à-dire ‘dont les sentiments, les tendances onoma ‘nom’ (ensemble des noms de lieux
sont en harmonie’ ; (en radioélectricité) ‘état d’une région ou d’une langue et partie de la
de deux circuits accordés sur la même lon- linguistique étudiant les noms de lieux).
gueur d’onde’ ; ‘indicatif (d’une émission)’. TOPOGRAFÍA, voir topo-.
Sintonía est formé avec le grec sun ‘avec, en- TOPONIMIA, voir topo-.
semble’. SINTONIZAR ‘être à l’écoute (d’une TOQUE, voir tocar (2).
radio)’, littéralement ‘être en accord avec la TÓRAX (‘thorax’), est emprunté au latin thorax
fréquence, se caler sur la fréquence exacte’. lui-même pris au grec thôrax, thôrakos ‘cui-
TONALIDAD ‘tonalité’. TÓNICO ‘tonique’, du rasse’, mot passé ensuite dans le vocabulaire
grec tonikos ‘qui concerne la tension’, ‘qui de la médecine.
tend’ ; en musique ou en métrique ‘qui con- TORBELLINO, voir turbar.
cerne le ton, l’intonation’ ; en grammaire TORCAZ (‘pigeon ramier’), d’abord sous la
‘voyelle ou syllabe qui porte le ton’. forme torcaza (paloma torcaza), est issu d’un
TONSURA, voir tundir. latin vulgaire *torquaceus dérivé de torques
TONTERÍA, voir tonto. ‘collier’ par allusion au cercle de couleur
TONTO (‘sot, idiot’), est sans doute de formation blanche qui entoure le cou de ces oiseaux.
expressive, le redoublement consonantique TORCEDURA, voir torcer.
t...t étant censé évoquer la répétition méca- TORCER (‘tordre’ ; ‘dévier’ ; ‘tourner, obli-
nique, obstinée de celui qui persiste sottement quer’), est issu d’un latin vulgaire *torcere (la-
dans son erreur. Voir aussi bobo et lelo. tin classique torquere) ‘tourner, faire tourner’,
Dérivés : TONTERÍA ‘sottise, bêtise’. ‘faire subir une torsion aux membres’ d’où
TOPAR(SE) (‘se heurter’ ; ‘rencontrer, tomber ‘torturer’. L’origine de torquere est incertaine.
[sur qqn]’), est de formation onomatopéique Dérivés : ATORMENTAR ‘tourmenter’. Voir
(top, imitation du bruit causé par un choc). Le plus bas tormenta et tormento. DISTORSIÓN
sens primitif est ‘heurter qqch ou qqn’ d’où ‘distorsion’, du latin distorsio ‘action de
‘tomber sur qqn’, ‘rencontrer qqn de manière tordre, déformation’, formé avec dis- à valeur
inopinée’. intensive indiquant la séparation,
Dérivés : TOPE ‘arrêt, butoir, tampon’ ; (figu- l’éloignement. EXTORSIÓN ‘extorsion’ ;
ré) ‘limite, frein’ ; ‘plafond, limite’. Precio ‘dommage, préjudice’, du bas latin extorsio
tope ‘prix plafond’ ; estar a tope ‘être plein à dérivé de extorquere ‘déboîter, disloquer’ et
craquer’. ‘obtenir par la force, arracher’, formé avec ex
TÓPICO (‘lieu commun, cliché’), est emprunté à (séparation, éloignement) et torquere. EXTOR-
l’adjectif latin topicus ‘local’ lui-même pris au SIONAR ‘extorquer’. TORCEDURA ‘torsion’ ;
grec topikos ‘relatif à un lieu’ et ‘installé dans ‘entorse’. TORMENTA ‘tempête’, du latin vul-
un lieu’. Topikos (dérivé de topos ‘lieu’), dé- gaire *tormenta pluriel neutre de tormentum
signait aussi en médecine un ‘remède local’ et, interprété comme un féminin singulier. Pen-
en rhétorique, s’appliquait aux lieux communs dant la tourmente, les vents tourbillonnent, les
(Ta topika, titre d’un ouvrage d’Aristote). Voir arbres se tordent. Voir ci-après tormento.
aussi topo-. TORMENTO ‘tourment’, ‘torture’, du latin tor-
mentum ‘machine de guerre à lancer des
traits’, ‘treuil’, ‘machine à refouler l’eau’,
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çant sous l’eau. Ce sens métaphorique a été sait les ténèbres dans les représentations du
emprunté par l’espagnol et le français. christianisme.
TORPEZA, voir torpe. TORTUOSO, voir torcer.
TORRE (‘tour’), est issu du latin turris de même TORTURA, voir torcer.
sens, lui-même pris au grec tursis. TOS (‘toux’), est issu du latin tussis de même
TORREFACTAR, voir torrente et tostar. sens (en médecine, sirop antitussif).
TORRENTE (‘torrent’), est emprunté au latin Dérivés : TOSER ‘tousser’, du latin tussire.
torrens, participe présent adjectivé de torrere TOSCO (‘grossier, rustre’), est probablement issu
‘faire sécher’, ‘brûler, griller’ (torrefactum > du latin vulgaire tuscus ‘aux mœurs dissolues,
torrefacto ‘torréfié’). Torrens signifie donc infâme, vil’ par allusion au Vicus Tuscus quar-
‘brûlant’, ‘desséché’. Après substantivation, tier étrusque de Rome, sorte de barrio chino à
ce mot a désigné un petit cours d’eau souvent l’ancienne (en latin classique, tuscus
à sec mais prompt à se remplir en cas d’orage. ‘étrusque’).
Il s’est alors produit un déplacement de sens : Dérivés : TOSQUEDAD ‘grossièreté, rusticité’.
torrens ‘cours d’eau asséché’ → torrens TOSER, voir tos.
‘cours d’eau impétueux, torrent’, ce dernier TOSQUEDAD, voir tosco.
sens étant opposé au sens étymologique origi- TOSTADA, voir tostar.
nel. TOSTAR (‘griller’, ‘torréfier’), est issu du latin
TÓRRIDO, voir tostar. vulgaire *tostare intensif de torrere ‘faire sé-
TORSIÓN, voir torcer. cher’, ‘brûler, griller’ (voir torrente).
TORSO (‘torse’), est emprunté à l’italien torso Dérivés : TORREFACTO ‘torréfié’, formé avec
‘buste’ signifiant primitivement ‘trognon de torre- (de torrere) et factum, participe passé
chou ou de fruit’ et ‘partie restant attachée au de facere ‘faire’ (‘fait, obtenu par brûlage’).
cou du poulet une fois dépecé’. Torso est issu TOSTADA ‘tranche de pain grillée’, participe
du bas latin tursus ‘tige (de chou)’, latin clas- passé substantivé au féminin de tostar (aspect
sique thyrsus ‘tige des plantes’ et thyrse ‘bâ- résultatif). TÓRRIDO ‘torride’, du latin torridus
ton couronné de feuilles de vigne’, attribut de ‘desséché, aride’, ‘brûlé’ et ‘brûlant’ ainsi que
Bacchus. ‘maigre’ (en français, être sec).
TORTA (‘galette’ ; ‘gifle, baffe’), est issu du bas TOTAL, voir todo.
latin torta ‘sorte de pain rond’ (torta panis), TOTALITARIO, voir todo.
participe passé substantivé au féminin de tor- TOTEM (‘totem’), est emprunté à l’anglais totem
quere ‘tordre’ (français tourte). Quant à lui-même pris à une langue indienne
l’espagnol tarta ‘gâteau’, il est emprunté au d’Amérique du Nord, l’ojibwa ototeman où
français tarte que l’on considère généralement otem est un possessif marquant l’appartenance
comme une variante de tourte sous l’influence à un clan.
du latin tartarum ‘tartre’ par analogie entre la TOUR-OPERADOR, voir torno.
croûte du gâteau et le dépôt laissé par le tartre TÓXICO (‘toxique’), est emprunté au latin toxi-
(voir tártaro). cum ‘poison pour les flèches’ et ‘poison’ en
Dérivés : TORTILLA ‘omelette’, littéralement général, lui-même pris au grec toxikon (phar-
‘petit gâteau’, diminutif démotivé de torta. makon) ‘(poison) dont on imprègne les
TORTICOLIS, voir torcer. flèches’. Toxikon est la substantivation de
TORTILLA, voir torta. toxikos ‘relatif aux flèches’, dérivé de toxon
TÓRTOLA (‘tourterelle’), est issu du latin turtur ‘arc’.
de même sens, de formation expressive. Le Dérivés : INTOXICAR ‘intoxiquer’. TOXICO-
roucoulement est traduit par un redoublement MANÍA ‘toxicomanie’. TOXINA ‘toxine’.
consonantique qui reproduit généralement un TOXICOMANÍA, voir tóxico.
bruit (comme dans murmur). TOXINA, voir tóxico.
TORTUGA (‘tortue’), d’abord sous la forme TRABA, voir trabar.
tartuga, est issu du bas latin tartaruca féminin TRABAJAR (‘travailler’), est issu d’un latin
substantivé de tartarucus ‘qui appartient au vulgaire *tripaliare ‘tourmenter, torturer’, dé-
Tartare’ c’est-à-dire les ténèbres, l’enfer : rivé de tripalium (ou trepalium) formé avec tri
*(bestia) tartaruca ‘(animal) du Tartare’. La ‘trois’ et palus ‘pal, pieu’ (instrument à trois
tortue, qui a l’habitude de s’enterrer, symboli- pieux servant à empaler le supplicié). Pour ex-
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pliquer le a de trabajar et celui de travail, P. TRAER (‘apporter’), est issu du latin trahere
Guiraud propose un croisement entre trepa- ‘tirer, traîner’ et, au figuré, ‘entraîner’, ‘atti-
lium (ou tripalium) et une forme romane rer’, ‘solliciter’, ‘extraire’ et ‘contracter’. En
*trabiculare issue de trabicula ‘petite poutre’ français, le mot s’est spécialisé pour désigner
(trabs ‘poutre’) et probablement ‘chevalet (de le fait de ‘tirer le lait’ c’est-à-dire traire.
torture)’ d’où *trabiculare ‘torturer’. Jusqu’au Dérivés : ABSTRACCIÓN ‘abstraction’, du bas
XVIe siècle, trabajar et travailler ont eu le latin abstractio ‘enlèvement (d’une personne)’
sens de ‘faire souffrir’. Puis l’on est passé à puis, en philosophie, ‘idée abstraite, concept’
l’idée de ‘se fatiguer, faire tous ses efforts (c’est-à-dire ‘qui est éloigné du concret, du
pour obtenir un résultat’ et enfin, par atténua- vécu’). ABSTRAER(SE) ‘(s’)abstraire’, du latin
tion sémantique, à celle de ‘s’adonner à une abstrahere ‘enlever en tirant, arracher’ et, au
activité’. En français, l’idée de souffrance per- figuré, ‘enlever, extraire d’un ensemble par la
siste dans femme en travail (en train pensée’, formé avec ab (idée de séparation,
d’accoucher) / salle de travail ; en espagnol d’origine) et trahere ‘tirer’. ATRACCIÓN ‘at-
pasar muchos trabajos ‘avoir les pires diffi- traction’ ; ‘attirance’. ATRACTIVO (adjectif)
cultés’. ‘attractif, attrayant’ ; (substantif) ‘attrait,
Dérivés : TRABAJO ‘travail’, déverbal de tra- charme’. ATRAER ‘attirer’. CONTRAER ‘con-
bajar. tracter’ (en physique, chimie ‘diminuer de vo-
TRABAJO, voir trabajar. lume’) ; ‘contracter (une maladie, un mariage,
TRABALENGUAS, voir trabar. des dettes)’ ; ‘contracter’ (en grammaire,
TRABAR (‘lier, assembler, joindre’ ; ‘entraver, ‘abréger’), du latin contrahere ‘tirer ensemble’
empêtrer’ ; [figuré] ‘lier, nouer, se lier de’), d’où ‘faire venir à soi’ (maladie, dettes) et ‘ré-
est probablement dérivé du latin trabs, trabis duire, resserrer’, également ‘avoir des liens
‘poutre’, ‘pièce de bois’, ‘madrier’ (français serrés avec qqn’. Contrahere est formé avec
entraver) : les bœufs de labour sont attachés cum ‘avec, ensemble’ et trahere ‘tirer’. CON-
avec une pièce de bois, le joug ; les voitures TRATACIÓN ‘engagement’, ‘embauche’, voir
étaient attelées aux chevaux également au contrato. CONTRATAR ‘passer un contrat
moyen de pièces de bois. avec’, ‘engager, embaucher’, voir contrato.
Dérivés : TRABA ‘lien, assemblage’ ; ‘entrave’ CONTRATO ‘contrat’, du latin contractus ‘res-
(chevaux) ; (figuré) ‘entrave, obstacle’. TRA- serrement’ et, en bas latin juridique, ‘accord,
BALENGUAS ‘mot ou phrase difficile à pronon- pacte, convention’ dérivé de contractus parti-
cer’. cipe passé de contrahere avec le sens d’
TRACCIÓN, voir traer. « avoir des liens serrés avec qqn » (voir con-
TRADICIÓN (‘tradition’), est emprunté au latin traer) d’où ‘prendre un engagement (avec
traditio ‘action de remettre, de transmettre’, qqn)’. DISTRACCIÓN ‘distraction’. DISTRAER
‘transmission, enseignement’, ‘héritage trans- ‘distraire’, du latin distrahere ‘tirer en divers
mis oralement ou par écrit’. Traditio est dérivé sens’, ‘séparer, détacher’, formé avec dis-
de traditum supin de tradere formé avec trans (éloignement, séparation) et trahere ‘tirer’.
‘au-delà, par-delà de’ et dare ‘donner’. Voir EXTRACTO ‘extrait’ (extracto de cuentas ‘re-
traición. levé de comptes’), du latin extractum supin de
Dérivés : TRADICIONAL ‘traditionnel’. extrahere ‘tirer de, retirer de’, formé avec ex
TRADICIONAL, voir tradición. indiquant l’éloignement. EXTRAER ‘extraire’,
TRADUCCIÓN, voir traducir. voir ci-dessus extracto. MALTRECHO ‘maltrai-
TRADUCIR (‘traduire’), est emprunté au latin té, en piteux état’, participe passé adjectivé de
traducere ‘conduire au-delà, faire passer, tra- l’ancien verbe maltraer ‘maltraiter’ (trecho,
verser’ et spécialement ‘faire passer d’une du latin tractus, a, um, participe passé de tra-
langue à une autre’. Traducere est formé avec here). RETRATAR ‘faire le portrait de’ ; ‘pho-
trans ‘au-delà, par-delà de’ et ducere ‘con- tographier’, est emprunté à l’italien ritrattare
duire’. dérivé de rittrato ‘portrait’. RETRATO ‘por-
Dérivés : TRADUCCIÓN ‘traduction’, du latin trait’, emprunté à l’italien rittrato de même
traductio ‘traversée’, ‘action de faire passer sens lui-même dérivé de ritrarre ‘rapporter’
d’un point à un autre’, ‘action de passer de et, spécialement, ‘rapporter les traits de qqn’
bout en bout’. d’où ‘faire le portrait’. Ritrarre est issu du la-
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tin retrahere ‘faire revenir en arrière’, ‘rame- même issu du latin vulgaire *transfaecare
ner (qqn)’, ‘ramener au jour, faire revivre’. ‘transvaser, transporter’ ou de *transfricare
RETRETA ‘retraite’ (tocar retreta ‘battre, son- ‘tripoter, faire passer de main en main’ (fri-
ner la retraite’), emprunté au français retraite, care ‘frotter’). Tráfico s’est appliqué au
substantivation au féminin du participe passé commerce (circulation des biens) puis a dési-
de l’ancien verbe retraire ‘abandonner un gné le mouvement des trains et enfin la circu-
lieu’ (du latin retrahere ‘tirer en arrière, rame- lation de tout véhicule.
ner’). RETRETE ‘cabinets, toilettes’, emprunté Dérivés : TRAFICANTE ‘trafiquant’.
au catalan retret, littéralement ‘retiré’ puis TRAGADERAS, voir tragar.
‘pièce retirée, intime’. SUBCONTRATACIÓN TRAGALUZ, voir tragar.
‘sous-traitance’, voir contratación et contra- TRAGAPERRAS, voir tragar.
to. SUSTRACCIÓN ‘soustraction’, du bas latin TRAGAR (‘avaler’), est d’origine incertaine. Il
subtractio ‘action de retirer’, dérivé de sub- s’agit peut-être d’un dérivé du latin draco,
tractum supin de subtrahere ‘soustraire, reti- draconis ‘dragon, serpent fabuleux’ d’où
rer’, voir ci-après sustraer. SUSTRAER ‘sous- ‘monstre dévorant’. La variante traco dési-
traire’ (mathématiques) ; ‘soustraire, subtili- gnait un gouffre qui engloutissait les cours
ser, voler’, du latin subtrahere ‘tirer, enlever d’eau.
par-dessous’ et, au figuré, ‘retirer, soustraire’, Dérivés : ATRAGANTAR(SE) ‘s’étrangler, ava-
formé avec sub (mouvement de bas en haut) et ler de travers’. TRAGADERAS ‘gosier’ (tener
trahere. TRACCIÓN ‘traction’, du bas latin buenas tragaderas ‘avoir une bonne des-
tractio ‘action de tirer’ et, en grammaire, ‘ac- cente’). TRAGALUZ ‘lucarne’, ‘soupirail’ (litté-
tion de dériver un mot’, dérivé de tractum su- ralement, ‘qui avale la lumière’). TRAGAPER-
pin de trahere. TRAÍLLA ‘laisse’, est issu du RAS dans máquina tragaperras ‘machine à
latin vulgaire *tragella, diminutif de tragula sous, bandit manchot’, voir perro, a. TRAGO
‘râteau, herse’, ‘filet’ puis ‘corde servant à ti- ‘gorgée, coup’ (echar un trago ‘boire un
rer, à traîner’, dérivé de trahere ‘tirer’. TRATA coup’).
‘traite’ (trata de negros ‘traite des Noirs’), TRAGEDIA (‘tragédie’), est emprunté au latin
déverbal de tratar, voir plus bas ce verbe. tragoedia lui-même pris au grec tragôidia, lit-
TRATADO ‘traité, accord’, participe passé téralement ‘chant accompagnant le sacrifice
substantivé de tratar ‘traiter (une affaire)’ : le du bouc’. Tragôidia est dérivé de tragôidos
participe passé exprime ce qui est acquis à ‘membre d’un chœur tragique’, ‘acteur de tra-
l’issue de la négociation (l’accord, la conven- gédie’, formé avec tragos ‘bouc’ et ôdê
tion). Tratado au sens de ‘traité (de mathéma- ‘chant’. On immolait un bouc aux fêtes de
tiques etc.)’ est issu du latin tractatus participe Dyonisos qui étaient l’occasion de représenta-
passé de tractare au sens de ‘développer, tions théâtrales. Il est possible que le sacrifice
examiner une question, un sujet’, voir tratar. du bouc et les sacrifices mis en scène dans la
TRATAMIENTO ‘traitement’ (médecine etc.) ; tragédie aient eu la même fonction : libérer la
‘titre, formule de politesse, mot interlocutif’ cité d’une souillure.
(littéralement, ‘manière de traiter qqn’). TRA- Dérivés : TRÁGICO ‘tragique’, du grec tragi-
TAR ‘traiter’ ; ‘essayer de, chercher à’, du latin kos dérivé de tragos ‘bouc’. TRAGICOMEDIA
tractare ‘traîner violemment’ et ‘toucher sou- ‘tragi-comédie’.
vent’, ‘manier’, ‘caresser’, ‘prendre soin de’, TRÁGICO, voir tragedia.
‘s’occuper de’, ‘se comporter avec qqn de telle TRAGICOMEDIA, voir tragedia.
ou telle manière’ ainsi que ‘développer une TRAGO, voir tragar.
question, un sujet’. Tractare est dérivé de TRAICIÓN (‘trahison’), est emprunté au latin
tractum supin de trahere. TRATO ‘traitement’ ; traditio ‘action de remettre, remise, transmis-
‘commerce, fréquentation, relations’. sion’, dérivé de traditum supin de tradere ‘li-
TRAFICANTE, voir tráfico. vrer, remettre’, formé avec trans ‘au-delà’ et
TRAFICAR, voir tráfico. dare ‘donner’. Voir aussi tradición. Traición
TRÁFICO (‘trafic’ ; ‘circulation, trafic’), est et tradición sont respectivement les versions
emprunté à l’italien traffico ‘commerce’, dé- négative et positive du fait de remettre, de li-
verbal de trafficare dont l’origine est mal éta- vrer (livrer qqn par ruse, le trahir / transmettre
blie. Peut-être adapté du catalan trafegar lui- la tradition).
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TRANSCENDENCIA, voir trans- et descender. clure, arranger’, formé avec trans ‘au-delà’ et
TRA(N)SCENDER, voir descender et trans-. agere ‘conduire’.
TRANSCURRIR, voir correr. Dérivés : INTRANSIGENTE ‘intransigeant’, dé-
TRANSEÚNTE, voir transido. rivé avec le préfixe privatif in- de transigente
TRANSEXUAL, voir trans-. ‘conciliant, arrangeant’, participe présent ad-
TRANSFERENCIA, voir transferir. jectivé de transigir. TRANSACCIÓN ‘transac-
TRANSFERIR (‘transférer’), est emprunté au tion’, du bas latin transactio ‘action
latin transferre ‘porter d’un lieu à un autre, d’achever’, dérivé de transactum supin de
transporter’, formé avec trans- ‘au-delà de’ et transigere.
ferre ‘porter’. TRANSITIVO, voir transido.
Dérivés : TRANSFERENCIA ‘transfert’ ; ‘vire- TRÁNSITO, voir transido.
ment (bancaire)’. TRASLADAR ‘déplacer’, TRANSMITIR, voir meter.
‘transférer’, voir ci-après traslado. TRASLADO TRANSPARENTE, voir parecer.
‘déplacement’ ; ‘mutation’ ; ‘transfert’ ; TRANSPIRAR, voir espirar.
‘transport’, du latin translatus ‘action de TRANSPONER, voir poner.
transporter’ dérivé de translatum supin de TRANSPORTAR, voir portar.
transferre. TRASLATICIO ‘figuré’, ‘métapho- TRANSVASAR, voir vaso.
rique’ (sentido traslaticio ‘sens figuré’, c’est- TRANSVERSAL, voir verter.
à-dire impliquant un déplacement séman- TRANVÍA (‘tramway’), est une adaptation de
tique). l’anglais tramway formé avec tram ‘wagonnet
TRANSFIGURAR, voir figura. à charbon’ (dans une mine) puis ‘rail plat’ et
TRANSFORMAR, voir forma. way ‘voie, chemin’. Le tramway est donc à
TRÁNSFUGA, voir huir. l’origine une voie ferrée dans une mine. En
TRANSFUSIÓN, voir fundir. français, tramway a désigné la voiture circu-
TRANSGREDIR (‘transgresser’), est emprunté au lant sur les rails (1873, premières lignes de
latin transgredi ‘passer de l’autre côté, traver- tramway). L’espagnol a alors emprunté ce
ser’, ‘dépasser’ d’où ‘enfreindre’, formé avec sens au français.
trans ‘au-delà de’ et gradi ‘marcher’. TRAPECIO (‘trapèze’), est emprunté au bas latin
Dérivés : TRANSGRESIÓN ‘transgression’. trapezium ‘quadrilatère à deux côtés paral-
TRANSGRESIÓN, voir transgredir. lèles’ lui-même pris au grec trapezion ‘petite
TRANSICIÓN, voir transido. table’, dérivé de trapeza ‘objet à quatre pieds’,
TRANSIDO (‘mourant [de faim, de peur etc.]’ ; ‘table’. Trapeza est formé à partir de tettares
transi’ ; ‘accablé’), participe passé adjectivé ‘quatre’ et pous, poudos ‘pied’. Par analogie
de l’ancien verbe transir ‘mourir’ emprunté au de forme, trapecio désigne aussi un appareil
latin transire, littéralement ‘aller au-delà’ et, de gymnastique ou de cirque formé d’une
en latin chrétien, ‘mourir’, formé avec trans barre horizontale suspendue à deux cordes.
‘au-delà, par-delà’ et ire ‘aller’. TRAPICHE (‘moulin [à huile, à sucre]’ ; ‘ma-
Dérivés : INTRANSITIVO ‘intransitif’, voir plus chine à pulvériser les minerais’), est issu par
loin transitivo. TRANSEÚNTE ‘passant’, du la- l’intermédiaire du dialecte mozarabe du latin
tin transiens, transeuntis, participe présent trapetus ‘moulin à huile’.
substantivé de transire. TRANSICIÓN ‘transi- Dérivés : TRAPICHEAR ‘trafiquer, fricoter, se
tion’, du latin transitio ‘action de passer, pas- livrer à de petits trafics’. TRAPICHEO ‘trafic,
sage’ et ‘contagion’ ainsi que ‘défection’ (pas- cuisine, manigance, intrigue’. Le rapport entre
sage à l’ennemi). TRANSITIVO ‘transitif’, du trapiche ‘moulin à huile’ et ‘petit trafic, in-
latin grammatical transitivus signifiant que trigue’ ne va pas de soi. Il est donc fort pro-
l’action exercée par le sujet passe du verbe bable que trapichear et trapicheo ont subi
vers le complément d’objet (transire ‘passer’). l’influence de formes telles que trapacear
TRÁNSITO ‘passage’, ‘transit’, ‘lieu de pas- ‘frauder, chicaner’, trapacería ‘fraude’ et
sage’, ‘étape’ ; (vocabulaire religieux) ‘dormi- trapacero ‘fourbe, roué’.
tion’ (mort de la Vierge). TRAPICHEAR, voir trapiche.
TRANSIGIR (‘transiger’), est emprunté au latin TRAPICHEO, voir trapiche.
transigere ‘passer à travers, enfoncer’ et, au TRAPO (‘chiffon’, ‘torchon’), est issu du bas
figuré, ‘mener (une affaire) à bonne fin, con- latin drappus ‘morceau d’étoffe, chiffon’ pro-
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trace’, ‘faire une trace’, dérivé de tractus ‘ac- Dérivés : TREPADOR ‘grimpant’ (plantas tre-
tion de tirer, de traîner’ (de trahere ‘tirer’, voir padoras ‘plantes grimpantes’).
traer). TREPIDAR (‘trembler, trépider’), est emprunté
Dérivés : TRAZA ‘plan’ ; (au figuré) ‘air, al- au latin trepidare ‘s’agiter, se démener’,
lure, aspect’. TRAZO ‘trait’, ‘coup de crayon’. ‘trembler’, dérivé de trepidus ‘agité, inquiet’,
TRAZO, voir trazar. ‘qui trépigne’ (d’une racine indoeuropéenne
TRÉBOL (‘trèfle’), est emprunté au catalan trèvol *trep-, *ter- ou *tre- exprimant un mouve-
lui-même pris au grec triphullon, substantiva- ment pressé, un tremblement, un piétinement).
tion de l’adjectif triphullos ‘à trois feuilles’, Dérivés : INTRÉPIDO ‘intrépide’, du latin in-
formé avec tri- ‘trois’ et phullon ‘feuille’. trepidus ‘qui ne tremble pas’, ‘courageux’,
TRECE, voir tres. formé avec in (privatif) et trepidus ‘qui
TRECHO (‘moment, laps de temps’ ; ‘intervalle, s’agite, inquiet’.
distance’ ; ‘passage, tronçon’), est issu du latin TRES (‘trois’), est issu du latin tres de même
tractus ‘action de tirer, de traîner’, ‘traînée’, sens.
‘étendue déterminée’, ‘idée d’une chose qui Dérivés : TERCERO ‘troisième’ ; (substantif)
s’étire, qui se traîne, acheminement lent’. ‘tierce personne, tiers’, est emprunté au latin
Tractus est le nom d’action correspondant à tertiarius ‘d’un tiers’, ‘de la contenance d’un
trahere ‘tirer, traîner’. tiers’, dérivé de tertius ‘troisième’ lui-même
TREGUA (‘trêve’), est issu du gotique triggwa issu de ter ‘trois fois’ et indiquant aussi la
‘convention’. Le français trêve remonte au simple répétition (‘à plusieurs reprises’). Voir
francique *treuwa ‘sécurité’ très proche de la aussi terciario. Tercero substantivé désigne
forme gotique. une 3e personne intervenant là où deux per-
TREINTA, voir tres. sonnes sont déjà en cause puis, plus générale-
TREMENDO, voir temblar. ment, une personne étrangère : causar daño a
TRÉMOLO, voir temblar. un tercero ‘porter tort à un tiers’. On retrouve
TREN, voir trajinar. l’opposition entre les deux personnes privilé-
TRENZA (‘tresse’), est, en partie, d’origine mal giées du dialogue (la 1re et la 2nde) et la 3e qui
établie. Joan Corominas propose un croise- est dite délocutée (à qui l’on n’adresse pas la
ment entre deux formes anciennes : trena et parole et qui n’a pas la parole). TERCIAR
treça. Trena est issu du latin trina ‘triple’ ‘s’interposer, intervenir’ (agir comme une
(trena en latin vulgaire, par analogie avec tierce personne) ; (pronominal) ‘se présenter’
tres). Treça serait emprunté au français tresse (une occasion) : si se tercia ‘à l’occasion, si
dérivé de tresser, du latin tertiare ‘répéter l’occasion se présente’. TERCIARIO ‘tertiaire’,
trois fois’, ‘multiplier par trois’, issu de tertius traitement savant du latin tertiarius. D’abord
‘troisième’ : une tresse est constituée par terme de géologie, terciario est passé ensuite
l’entrecroisement de trois longues mèches de au XXe siècle dans le vocabulaire de
cheveux. l’économie, sous l’influence de l’anglais ter-
Dérivés : TRENZAR ‘tresser’. tiary, pour désigner le secteur des services qui
TRENZAR, voir trenza. vient après le secteur primaire (l’agriculture)
TREPADOR, voir trepar. et le secteur secondaire (l’industrie). TERCIO
TREPANAR, voir trépano. ‘tiers’, du latin tertius ‘troisième’. TERCIOPE-
TRÉPANO (‘trépan’), est emprunté au latin mé- LO ‘velours’ ainsi nommé car ce tissu est for-
diéval trepanum lui-même pris au grec trupa- mé d’une trame et de deux chaînes (pelo ‘brin,
non ‘instrument pour percer’ et particulière- poil’). TERNARIO ‘ternaire’, du latin ternarius
ment ‘instrument de chirurgie’. Trupanon est ‘qui contient le nombre trois’, dérivé de terni
dérivé de trupan ‘trouer, percer’ (racine in- ‘chaque fois trois’. TRECE ‘treize’, du latin
doeuropéenne *ter- ‘user en frottant’). tredecim, littéralement ‘trois plus dix’, formé
Dérivés : TREPANAR ‘trépaner’. avec tres ‘trois’ et decem ‘dix’. TREINTA
TREPAR (‘monter, grimper’), est probablement ‘trente’, du latin triginta ‘trois fois dix’, dérivé
issu d’un francique *trippôn ‘sauter’ (ancien de tres ‘trois’. TRESCIENTOS ‘trois cents’, du
français treper ou triper dont on a dérivé tré- latin trecentos, as qui a d’abord donné trezien-
pigner). tos refait ensuite en trescientos par analogie
avec le numéral simple tres. Voir aussi ciento.
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TRINIDAD ‘trinité’, est emprunté au latin ec- fonctionnaires (par exemple, tribun de la
clésiastique trinitas de même sens, dérivé de plèbe c’est-à-dire magistrat chargé de dé-
trini ‘au nombre de trois’, lui-même issu de fendre les intérêts des plébéiens). Tribunus est
tres ‘trois’. TRÍO ‘trio’, emprunté à l’italien dérivé de tribus. Voir aussi atribuir et tribu-
trio ‘pièce de musique à trois instruments’, to.
‘formation de trois musiciens’, formé avec TRIBULACIÓN, voir trillo.
l’élément tri- tiré du grec ou du latin tri- TRIBUNA, voir tribu.
‘trois’ (représentant les noms de nombre treis TRIBUNAL, voir tribu.
en grec et tres en latin). Trío a pris ensuite par TRIBUNO, voir tribu.
extension le sens de ‘groupe de trois per- TRIBUTARIO, voir tributo.
sonnes’. TRIPLE ‘triple’, du latin triplus va- TRIBUTO (‘tribut’ ; ‘impôt’), est emprunté au
riante de triplex ‘qui se présente par trois, à latin tributum ‘taxe, impôt, contribution’,
trois’, formé avec l’élément tri- et -plex repré- neutre substantivé de l’adjectif tributus ‘qui
sentant le verbe plicare ‘plier’ (littéralement concerne les tribus’, dérivé de tribuere, littéra-
‘plié en trois’). TRIPLICAR ‘tripler’. lement ‘répartir entre les tribus’, voir atribuir.
TRESCIENTOS, voir tres. Dérivés : TRIBUTARIO ‘fiscal’ (sistema tribu-
TRETA (‘feinte’ [escrime] ; ‘artifice, ruse’), est tario ‘régime fiscal’).
emprunté, selon J. Corominas, au français TRICOLOR, voir tri- et color.
traite avec le sens de ‘coup (porté en es- TRIENAL, voir tri- et año.
crime)’. Cependant, ce sens n’apparaît pas TRIFÁSICO, voir tri- et fase.
clairement dans les dictionnaires étymolo- TRIGAL, voir trigo.
giques et historiques du français. On peut tout TRIGO (‘blé’), est issu du latin triticum ‘froment,
au plus le déduire du verbe traire (latin tra- blé’.
here) qui autrefois signifiait ‘tirer qqch, qqn Dérivés : TRIGAL ‘champ de blé’.
vers soi avec effort’, ‘se diriger quelque part’ TRILOGÍA, voir tri-.
et ‘lancer (une arme de trait)’. Traite est le TRILLA, voir trillo.
participe passé substantivé au féminin de TRILLADO, voir trillo.
traire. TRILLADORA, voir trillo.
TRI-, élément préfixal tiré du grec ou du latin tri- TRILLAR, voir trillo.
‘trois’ (grec treis, latin tres) et entrant dans la TRILLO (‘herse pour battre le blé’), est issu du
formation de nombreux composés : TRICOLOR latin tribulum de même sens, dérivé de terere
‘tricolore’ ; TRIENAL ‘triennal’, du latin trien- ‘frotter, user en frottant’ et ‘battre le grain’.
nalis ‘de trois ans’, formé avec annus ‘an- Dérivés : TRIBULACIÓN ‘tribulation(s)’, du la-
née’ ; TRIFÁSICO ‘triphasé’ ; TRILOGÍA ‘trilo- tin tribulatio ‘tourment, détresse’, dérivé de
gie’, du grec trilogia ‘ensemble de trois tragé- tribulatum supin de tribulare ‘battre avec une
dies’, formé avec -logia ‘traité, théorie’. herse’ puis, en latin ecclésiastique, ‘éprouver
TRIÁNGULO, voir ángulo. un tourment’ (dérivé de tribulum ‘herse’).
TRIBU (‘tribu’), est emprunté au latin tribus TRILLA ‘battage, dépiquage’, dérivé de trillo.
‘division du peuple romain’ dont l’origine TRILLADO ‘rebattu’ (asunto trillado ‘sujet re-
n’est pas connue. Le mot a désigné les trois battu’). TRILLADORA ‘batteuse’ (trilladora
tribus de Rome puis s’est appliqué au peuple segadora ‘moissonneuse-batteuse’). TRILLAR
hébreu (les douze tribus d’Israël). Il désignera, ‘battre, dépiquer’.
à la fin du XVIIIe siècle, un ‘groupe ethnique TRIMESTRE, voir mes.
primitif’. TRINAR (‘faire des roulades, faire des trilles’ ;
Dérivés : TRIBUNA ‘tribune’, du latin médiéval [figuré] ‘enrager’), est sans doute d’origine
tribuna issu par dérivation régressive du latin onomatopéique.
classique tribunal ‘estrade en demi cercle où Dérivés : TRINO ‘trille’.
siégeaient les tribuns puis divers magistrats TRINCAR (‘attacher’ ; [familier] ‘attraper’), est
pour rendre la justice’. TRIBUNAL ‘tribunal’ ; d’origine mal établie. Il s’agit peut-être d’une
‘jury (d’examen)’, voir ci-dessus tribuna. altération de l’ancien français tingler (mo-
TRIBUNO ‘tribun’, du latin tribunus ‘magistrat derne tringler) ‘garnir de lattes de bois en
de la tribu, chef de l’une des trois tribus de couvrant les joints entre les planches’ d’où, en
Rome’. Le mot s’appliquera ensuite à certains espagnol, ‘serrer, attacher’. Voir tinglado.
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phos est dérivé de tuphestai ‘fumer’, ‘être en- mône’ dont l’origine est mal établie, peut-être
fumé’ et ‘être réduit en cendres’. de l’expression Roi de Thunes (Tunis) qui était
TUFO (2) (‘patte [de lapin]’, ‘favoris’, ‘roufla- un des noms du roi des gueux. En arrivant à
quette’), est emprunté au français touffe sans Paris, le chef des gitans se faisait appeler aussi
doute d’origine germanique (francique *topf Duc de la basse Égypte). Pour P. Guiraud,
d’où le français toupet). tune viendrait de *tutina dérivé gallo-roman
TUGURIO (‘galetas, mansarde’ ; ‘taudis’ ; ‘ca- du latin tutari ‘protéger’ et ‘se protéger (de la
bane’), est emprunté au latin tugurium ‘ca- faim en demandant l’aumône)’ d’où tutina
bane, hutte’, ‘chaumière’ (de tegere ‘couvrir). ‘aumône’. La vie de bohème étant associée au
TULIPÁN, voir turbante. monde étudiant, tuna a désigné aussi un or-
TULLIDO (‘perclus, impotent, estropié’), d’abord chestre universitaire.
sous la forme tollido, participe passé de Dérivés : TUNO ‘étudiant membre d’une tuna’.
l’ancien verbe toller ‘enlever’ et spécialement TUNDA, voir tundir.
‘enlever la force’ d’où ‘paralyser’. Toller est TUNDIR (‘tondre’ ; [familier] ‘rosser, frapper’),
issu du latin tollere ‘lever, enlever’, ‘suppri- est issu du latin tondere ‘couper à ras (la laine,
mer, faire disparaître’. D’après polido / pulido le poil)’, ‘tailler, élaguer’ et ‘dépouiller’.
et podrido / pudrido, on a eu tollido / tullido Dérivés : ATUSAR ‘tondre’ ; ‘lisser (les che-
dont on a extrait secondairement un nouvel in- veux, la moustache)’ ; (pronominal) ‘se pom-
finitif : tullir ‘estropier, paralyser’. ponner, s’attifer’, dérivé de tuso, voir plus loin
TULLIR, voir tullido. ce mot. TONSURA ‘tonsure’, emprunté au latin
TUMBA (‘tombe, tombeau’), est issu du latin tonsura ‘action de tondre’, ‘action de couper
ecclésiastique tumba lui-même pris au grec les cheveux’ et ‘taille des arbres’, ‘branches
tumbos ‘tumulus funéraire’, ‘tombe’, coupées’, dérivé de tondere. TUNDA ‘raclée,
‘chambre funéraire’. Tumba appartient à la volée’, est probablement un dérivé de tundir
même famille que tumulus ‘monticule’ (espa- ‘tondre’ puis ‘frapper, cogner’ par
gnol túmulo) et tumere ‘gonfler’. l’intermédiaire de l’idée de ‘dépouiller, tondre
TUMBAR (‘renverser, faire tomber’ ; [pronomi- qqn’. Il est également possible que tunda soit
nal] ‘s’allonger, s’étendre’), est d’origine un dérivé d’un autre verbe latin tundere signi-
onomatopéique (d’un radical *tumb- reprodui- fiant ‘frapper, battre’. TUSO ‘tondu’, est
sant le bruit d’un objet qui chute). Par atténua- l’ancien participe passé de tundir (du latin
tion sémantique, ‘s’allonger, s’étendre’. tonsus, participe de tondere).
Dérivés : RETUMBAR ‘retentir, résonner’. TÚNEL (‘tunnel’), est emprunté à l’anglais tunnel
TUMBO ‘cahot’. TUMBONA ‘chaise longue, ‘filet en forme de tube (pour prendre les per-
transat’ (où l’on s’étend). drix, les alouettes)’ puis ‘tuyau, tube’ et enfin
TUMBO, voir tumbar. ‘tunnel (de chemin de fer etc.)’. Le mot an-
TUMBONA, voir tumbar. glais est emprunté au moyen français tonel
TUMOR (‘tumeur’), est emprunté au latin tumor, avec le sens de ‘tuyau’ (moderne tonneau).
tumoris ‘enflure, gonflement’, au figuré ‘agi- Voir aussi l’espagnol tonel.
tation, trouble de l’âme’, ‘vanité’ et, en rhéto- TÚNICA (‘tunique’), est emprunté au latin tunica
rique, ‘enflure’ (style pompeux). Tumor est ‘vêtement de dessous des Romains’ (pour
dérivé de tumere ‘gonfler’. hommes et femmes) et ‘enveloppe de toute
Dérivés : ENTUMECER ‘tuméfier’ ; ‘engourdir, espèce’ (cosse, gousse, coque, coquille, tu-
endormir’. nique de l’œil etc.). Tunica est probablement
TÚMULO, voir tumba. d’origine sémitique.
TUMULTO (‘tumulte’), est emprunté au latin TUNO, voir tuna.
tumultus ‘gonflement’, ‘agitation désordon- TUPÉ (‘toupet’ [touffe de cheveux]), est emprun-
née’, ‘trouble, vacarme’, d’origine mal établie, té au français toupet dérivé de l’ancienne
sans doute expressive. forme top ou toup ‘touffe de cheveux au
Dérivés : TUMULTUOSO ‘tumultueux’. sommet du crâne’, issue d’un francique *top
TUMULTUOSO, voir tumulto. ‘bout, pointe’.
TUNA (‘vagabondage, vie de bohème’ ; ‘or- TUPIDO (‘serré’, ‘dru’, ‘épais, dense’, ‘touffu’),
chestre d’étudiants, tuna’), est issu du français est le participe passé adjectivé du verbe tupir
argotique tune (ou thune) ‘argent reçu en au- peu usité, signifiant ‘serrer, resserrer’
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UNÁNIME (‘unanime’), est emprunté au latin sainte’ (l’onction). Ungere a donné le français
unanimus ‘qui a les mêmes sentiments’, ‘qui oindre et l’espagnol ungir.
vit en accord’, formé avec unus ‘un’ et animus Dérivés : UNCIÓN ‘onction’, du latin unctio
‘principe distinct du corps’, ‘âme, esprit’. ‘action d’oindre’, dérivé de unctum supin de
UNCIÓN, voir untar. ungere. UNGÜENTO ‘onguent’, emprunté au la-
UNGIR, voir untar. tin unguentum ‘parfum liquide’, ‘huile parfu-
UNGÜENTO, voir untar. mée’, ‘essence’, dérivé de ungere.
ÚNICO, voir uno. UÑA (‘ongle’), est issu du latin ungula ‘corne du
UNIDAD, voir uno. pied des animaux, sabot’, ‘ongle d’une per-
UNIFORME, voir forma. sonne’ et, en latin médiéval, ‘instrument de
UNIÓN, voir uno. torture’. Ungulus est dérivé de unguis ‘ongle’,
UNIR, voir uno. ‘sabot’, ‘griffe’, ‘serre’, ‘ergot’ et, plus géné-
UNÍSONO, voir sonar. ralement, ‘tout objet en forme d’ongle’. En
UNIVERSIDAD, voir verter. grec, onux (d’une même racine indoeuro-
UNIVERSO, voir verter. péenne que le latin unguis).
UNO, A ([numéral, article, pronom indéfini] ‘un, Dérivés : ÓNICE / ÓNIX ‘onyx’, du latin onyx
une’ ; ‘on’), est issu du latin unus ‘un’ (adjec- ‘sorte d’agate’, lui-même pris au grec onux
tif numéral), ‘une personne’ (unus substanti- ‘ongle’ et ‘onyx’ (analogie de couleurs entre
vé), ‘un seul’, ‘un quelconque, quelqu’un, l’ongle et la pierre).
n’importe qui’. L’espagnol et le français tire- URANIO (‘uranium’), est emprunté au latin scien-
ront du latin unus leur article particularisant tifique moderne uranium dérivé de l’allemand
(ou singularisant) un et un(o). Cet article per- Uran (français urane), nom donné en 1789 par
met en effet d’extraire un individu ou une le chimiste Klaproth à l’oxyde d’uranium en
chose d’un ensemble. Pour une étude plus hommage à l’astronome Herschel qui décou-
complète du système de l’article, on peut con- vrit la planète Uranus (du grec ouranos ‘ciel’).
sulter M. Bénaben, Manuel de linguistique es- Il s’agit donc d’une amabilité d’un scientifique
pagnole, éditions Ophrys, 1994. Par ailleurs, pour un autre scientifique mais l’uranium n’a
l’espagnol a fait de uno l’un des équivalents scientifiquement rien à voir avec la planète
de l’indéfini on du français : uno / una no Uranus !
puede seguir viviendo así ‘on [= ‘je’] ne peut URBANIDAD, voir urbe.
continuer à vivre ainsi’. Le sujet parlant extra- URBANISMO, voir urbe.
pole à partir de son propre cas et uno a le sens URBANIZACIÓN, voir urbe.
de ‘un représentant (moi en l’occurrence) URBANO, voir urbe.
d’une classe d’individus qui vaut pour toute la URBE (‘cité, grande ville’), est emprunté au latin
classe’ (Voir B. Pottier, B. Darbord, P. Cha- urbs ‘ville’ et spécialement la ‘ville de Rome’.
raudeau, Grammaire explicative de L’origine du mot est mal établie.
l’espagnol, Nathan, 1994, pp. 254-255). Dérivés : SUBURBIO ‘faubourg’, du latin su-
Dérivés : REUNIR ‘réunir’. ÚNICO ‘unique’, du burbium de même sens, formé avec sub indi-
latin unicus ‘seul, unique’, dérivé de unus. quant la position inférieure. URBANIDAD ‘poli-
UNIDAD ‘unité’, du latin unitas ‘unité, identi- tesse, courtoisie, urbanité’, du latin urbanitas
té’, dérivé de unus. UNIÓN ‘union’, emprunté ‘qualité de ce qui est de la ville’ et ‘politesse
au bas latin unio, unionis ‘unité, union’, dérivé des mœurs’, ‘bon ton’. URBANIZACIÓN ‘urba-
de unus. En latin classique, unio désignait une nisation’ ; ‘ensemble urbain’. URBANO ‘ur-
plante à bulbe unique d’où le français oignon bain’ ; ‘poli’, du latin urbanus ‘de la ville’ et
(traitement dit populaire du mot latin). UNIR ‘qui a les qualités de la ville’ d’où ‘poli’, déri-
‘unir’, du latin impérial unire, littéralement vé de urbs.
‘ne faire qu’un’ d’où ‘joindre, attacher’, dérivé URDIMBRE, voir urdir.
de unus. URDIR (‘ourdir’), est issu du latin vulgaire ordire
UNTAR (‘graisser’, ‘enduire’), est issu du latin (latin classique ordiri) ‘préparer les fils de la
vulgaire unctare dérivé de unguere (ou un- chaîne’, ‘commencer à tisser’ et ‘commencer,
gere) ‘enduire’, ‘parfumer’, ‘frotter avec de la entreprendre’. Cette extension de sens a peut-
graisse’ et, en latin chrétien, ‘enduire d’huile être été favorisée par le verbe oriri ‘s’élancer,
naître’. Ordiri appartient à la même famille
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que ordo, ordinis ‘ordre des fils dans la trame’ d’où ‘produit’ et spécialement ‘produit des
(voir orden) et ornare ‘préparer, arranger, arbres, fruits’. USURA ‘usure’, du latin juri-
garnir’ (voir ornar). Urdir a pris le sens figu- dique usura ‘profit retiré de l’argent prêté’,
ré de ‘tramer, comploter’. ‘intérêt’, dérivé de usum supin de uti ‘se servir
Dérivés : PRIMORDIAL ‘primordial’, du bas la- de’ (l’usure consiste à faire bon usage de
tin chrétien primordialis ‘primitif, originel’ l’argent prêté, à le faire fructifier par des inté-
dérivé du latin classique primordium (au plu- rêts). USURPAR ‘usurper’, du latin usurpare
riel primordia) ‘commencement, origine’, ‘prendre possession par l’usage’, ‘prendre sans
‘avènement’ et ‘éléments de base, principes’. droit’, formé avec usus et rapere ‘ravir, em-
Primordium est formé avec primus ‘premier’ porter violemment’. UTENSILIO ‘ustensile’,
et -ordi- tiré de ordiri ‘commencer’. Le mot a emprunté au latin utensilia, utensilium ‘tout ce
pris le sens de ‘de première importance, essen- qui est nécessaire à nos besoins’ (meubles,
tiel’. URDIMBRE ‘chaîne (d’un tissu)’ ; (figuré) provisions etc.). Utensilia est le pluriel neutre
‘machination’. substantivé de utensilis ‘dont on peut faire
URGENTE, voir urgir. usage’, dérivé de uti ‘se servir de’. Utensilia a
URGIR (‘être urgent, presser’), est emprunté au donné en français ustensile et, par voie popu-
latin urgere ‘pousser, presser’ d’origine incer- laire (orale), outil passé en espagnol sous la
taine. forme útil synonyme de herramienta. Voir
Dérivés : URGENTE ‘urgent’, du bas latin ur- plus loin utillaje. ÚTIL (adjectif) ‘utile’ ;
gens, urgentis ‘pressant, qui ne souffre pas de (substantif) ‘outil’, du latin utilis ‘qui sert’,
retard’, participe présent adjectivé de urgere. ‘avantageux’, dérivé de uti ‘se servir de’. Útil
URINARIO, voir orina. substantif vient du français outil. UTILIZAR
URNA (‘urne’), est emprunté au latin urna ‘grand ‘utiliser’. UTILLAJE ‘outillage’, du français ou-
récipient pour puiser de l’eau’, ‘urne ciné- tillage, dérivé de outil lui-même issu du latin
raire’, ‘urne de vote’ et ‘mesure de capacité’. *usitilium / *usitilia, altération du latin clas-
URRACA (‘pie’), est un ancien nom propre fémi- sique utensilia.
nin d’origine ibérique. Le mot s’est appliqué à USTED (‘vous’ [pronom de courtoisie]), est issu
un oiseau considéré comme aussi bavard de l’ancienne formule de politesse Vuestra
qu’une femme. La misogynie est inscrite dans Merced ‘Votre Grâce’ (sous-entendu ‘vous qui
les mots. pouvez me dispenser des grâces, des faveurs’).
URTICANTE, voir ortiga. Voir merced.
URTICARIA, voir ortiga. USUAL, voir uso.
USAR, voir uso. USUARIO, voir uso.
USO (‘usage, utilisation’), est issu du latin usus USUFRUCTO, voir uso.
‘usage, emploi’, ‘droit d’usage’, ‘pratique, ex- USURA, voir uso.
périence’, participe passé substantivé de uti USURPAR, voir uso.
‘faire usage de, se servir de’. Usus a donné us UTENSILIO, voir uso.
en français (les us et coutumes). UTERINO, voir útero.
Dérivés : ABUSAR ‘abuser’. ABUSO ‘abus’, du ÚTERO (‘utérus’), est emprunté au latin uterus
latin abusus de même sens, formé avec ab à ‘ventre’ et, en particulier, ‘partie du ventre où
valeur intensive et usus (abusos desonestos se trouve le fœtus’, peut-être apparenté à ven-
‘attentat aux bonnes mœurs’, ‘attentat à la pu- ter ‘ventre’ (d’une racine indoeuropéenne
deur’). DESUSADO ‘désuet, vieilli’, ‘inusité’. *ut-, *wet- ou *went-).
INUSITADO ‘inusité’. USAR ‘utiliser, employer, Dérivés : UTERINO ‘utérin’.
se servir de’, du bas latin usare dérivé de usum ÚTIL, voir uso.
supin de uti ‘se servir de’. USUAL ‘usuel’, du UTILIZAR, voir uso.
bas latin usualis ‘qui sert’ et ‘habituel, ordi- UTILLAJE, voir uso.
naire’, dérivé de usus. USUARIO ‘usager’. USU- UTOPÍA (‘utopie’), est emprunté au latin mo-
FRUCTO ‘usufruit’, du latin juridique usus derne utopia, nom d’un pays imaginaire in-
fructus ‘jouissance par l’usage’, ‘droit venté par l’écrivain anglais Thomas More
d’usage’ (d’un bien dont on n’est pas proprié- (XVIe siècle). Utopia signifie littéralement ‘en
taire), formé avec usus et fructus ‘droit de per- aucun lieu’, ‘le pays qui n’existe pas’, formé
cevoir et de garder le produit d’une propriété’
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tant’. VALÍA ‘valeur’. VALIDO (adjectif) ‘esti- VALLA (‘clôture’, ‘palissade’ ; [figuré] ‘barrière,
mé, apprécié’ ; (substantif en espagnol clas- obstacle’ ; [sports] ‘haie’), est issu du latin
sique) ‘favori’ (qui a de la valeur aux yeux valla pluriel neutre interprété comme un fémi-
d’un souverain). VÁLIDO ‘valide’ ; ‘valable’, nin singulier de vallum ‘palissade’, ‘levée de
du latin validus ‘fort’, ‘bien portant’, ‘effi- terre’, ‘rempart’. Une autre hypothèse fait du
cace’, dérivé de valere. VALIENTE ‘vaillant, latin valla l’ancien pluriel de vallus ‘pieu’
courageux’, ‘brave’ ; ‘fanfaron’, participe pré- (valla = ‘ensemble de pieux’ d’où ‘palissade’).
sent adjectivé et substantivé de valer (en fran- Dérivés : CIRCUNVALACIÓN ‘circonvallation’
çais, vaillant, ancien participe présent de va- (carretera de circunvalación ‘boulevard pé-
loir). VALIOSO ‘précieux’. VALOR ‘valeur’ ; riphérique’ ; tren de circunvalación ‘chemin
‘courage’, du latin valor, valoris ‘valeur’, dé- de fer de ceinture’), du latin circumvallatio
rivé de valere. VALORAR ‘évaluer, estimer’, ‘action d’entourer’, ‘action de bloquer’, nom
dérivé de valor. VALUAR ‘estimer, évaluer’, correspondant au verbe circumvallare, voir ci-
extrait secondairement de evaluar, voir ce après circunvalar. CIRCUNVALAR ‘entourer,
mot plus haut. ceindre’, du latin circumvallare ‘entourer d’un
VALEROSO, voir valer. retranchement’, ‘cerner, bloquer’, ‘faire des
VALETUDINARIO, voir valer. lignes de circonvallation’, formé avec circum
VALÍA, voir valer. ‘autour’ et vallare ‘entourer de palissade, de
VALIDO, voir valer. retranchements, fortifier’, dérivé de vallum
VÁLIDO, voir valer. ‘palissade’ ou de vallus ‘pieu’. INTERVALO
VALIENTE, voir valer. ‘intervalle’, du latin intervallum, littéralement
VALIJA (‘valise’), est emprunté à l’italien valigia ‘espace entre deux pieux d’une palissade’,
d’origine incertaine donnant lieu à plusieurs formé avec inter ‘entre’ et vallum ‘palissade’.
hypothèses (arabe waliha ‘sac de blé’ ; radical VALLE (‘vallée’), est issu du latin vallis ‘espace
gaulois *val- ‘entourer’ ; gallo-roman *vallitia allongé entre deux zones élevées, vallée’ et
d’après le latin classique vallare ‘protéger’). ‘creux, renfoncement’. Vallis se rattache pro-
Valija diplomática ‘valise diplomatique’. bablement à la racine indoeuropéenne *wel-
Dérivés : DESVALIJAR ‘dévaliser’. ‘rouler’ (vallis = espace ‘se déroulant’ entre
VALIOSO, voir valer. deux points élevés). Emploi moderne : horas
VALOR, voir valer. valle ‘heures creuses’ (par opposition à horas
VALORAR, voir valer. punta ‘heures de pointe’).
VALS (‘valse’), est emprunté à l’allemand Walzer VAMPIRESA, voir vampiro.
de même sens, dérivé de walzen ‘faire tourner’ VAMPIRO (‘vampire’), est emprunté à
(d’une racine indoeuropéenne *wel- ‘rouler’ ; l’allemand Vampir de même sens lui-même
latin volvere). pris à des langues slaves (serbe vàmpir, russe
VALUAR, voir valer. upyr’, tchèque upír) qui pourraient le tenir du
VALVA (‘valve’), est emprunté au latin valva turc uber ‘sorcière’. Vampiro désigne d’abord
(surtout au pluriel valvae) ‘porte ou volet avec un fantôme qui sort de son tombeau la nuit
battants articulés’, ‘battants d’une porte’ à rat- pour aller sucer le sang des vivants. Le mot
tacher à la racine indoeuropéenne *wel- ‘rou- s’est appliqué ensuite à une espèce de chauve-
ler’. Valva est passé en latin scientifique en souris qui suce le sang des animaux.
botanique et en zoologie (mollusques uni- Dérivés : VAMPIRESA ‘vamp, femme fatale’.
valves, bivalves). Le français vamp est emprunté à l’anglais
Dérivés : VÁLVULA ‘valvule’ ; ‘soupape’ vamp (apocope de vampire), surnom donné à
(válvula de seguridad ‘soupape de sécurité’), l’actrice Theda Bara (années 20) pour ses
du latin valvula diminutif de valva. Válvula a rôles de femme fatale dévoreuse d’hommes. Il
d’abord été un terme d’anatomie (‘valvule’) est possible que l’anglais vampire soit un em-
s’appliquant à certains replis de l’organisme prunt au français vampire (XVIIIe siècle).
faisant office de valve ou de soupape (cœur, VANAGLORIARSE, voir vano.
système veineux). Le terme est passé ensuite VANDALISMO (‘vandalisme’), est emprunté au
dans le vocabulaire technique (mécanique au- français vandalisme, mot créé en 1794 par
tomobile etc.). l’abbé Grégoire pour désigner le comporte-
VÁLVULA, voir valva. ment destructeur des révolutionnaires vis-à-vis
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(meubles, ustensiles, provisions etc.). Voir VEGA (‘plaine cultivée, vallée fertile’), est pro-
utensilio. bablement d’origine préromane (baika ‘terrain
VÁSTAGO (‘rejeton, rejet’ ; [figuré] ‘rejeton’), irrigable / inondable ; ibai ‘fleuve’).
d’abord sous la forme bástago, est probable- VEGETACIÓN, voir vegetal.
ment dérivé du bas latin bastum ‘morceau de VEGETAL (‘végétal’), est emprunté au latin
bois allongé’ qui a donné aussi bastón (voir ce médiéval vegetalis, dérivé du bas latin vege-
mot). tare ‘croître’ lui-même issu du latin classique
VASTO, voir gastar. vegetus ‘vif, vigoureux’, ‘animé’ (tiré du
VATICINAR (‘prédire’), est emprunté savamment verbe ancien vegere ‘animer, donner la
au latin vaticinare ‘prophétiser’ et ‘être en dé- force’).
lire, divaguer’. Ce verbe est formé avec vates Dérivés : VEGETAR ‘végéter’ avec une double
‘prophète’, ‘poète (rimant des prophéties)’ et acception : ‘pousser’ (accomplir les fonctions
canere ‘chanter’. propres au végétal, sens vieilli) ; ‘avoir une
Dérivés : VATICINIO ‘vaticination, prédiction’. activité réduite’, ‘rester dans une situation
VATICINIO, voir vaticinar. médiocre’ (par analogie avec l’inertie appa-
VATIO (‘watt’), unité de puissance électrique rente du monde végétal). Vegetar est emprun-
dérivée du nom de l’ingénieur écossais James té au latin vegetare ‘animer, vivifier’ et, en bas
Watt (1736-1819). latin, ‘croître’. VEGETARIANO ‘végétarien’,
Dérivés : KILOVATIO ‘kilowatt’. MEGAVATIO emprunté au français végétarien lui-même pris
‘mégawatt’. à l’anglais vegetarian, formé avec vege- tiré
VAUDEVILLE, voir vodevil. de vegetable ‘légume’ et le suffixe -arian. Ve-
VECINDAD, voir vecino. getable est lui-même emprunté à l’ancien
VECINO ([adjectif et substantif] ‘voisin’), est issu français végétable (les végétables = ‘les végé-
du latin vulgaire *vecinus, altération par dis- taux’), du latin vegetabilis ‘vivifiant’ dérivé de
similation du latin classique vicinus ‘qui est à vegetare.
proximité’ et, au figuré, ‘qui se rapproche de’, VEGETAR, voir vegetal.
‘qui est analogue à’, dérivé de vicus ‘quartier’, VEGETARIANO, voir vegetal.
‘bourg, village’ et ‘propriété à la campagne’. VEHEMENTE, voir mente.
Vicinus substantivé signifiait ‘voisin’. Ce mot VEHÍCULO (‘véhicule’), est emprunté au latin
est à rattacher à une racine indoeuropéenne vehiculum ‘moyen de transport’, ‘voiture, cha-
*weik- signifiant l’unité sociale immédiate- riot’, dérivé de vehere ‘transporter (par terre,
ment supérieure à la famille. par mer)’, ‘porter sur ses épaules’ et ‘se faire
Dérivés : AVECINARSE ‘(s’) approcher, se rap- transporter’ (d’une racine indoeuropéenne
procher’, ‘avoisiner’ ; ‘se domicilier, *wegh- ‘se déplacer’, voir vagón).
s’établir’. AVECINDARSE ‘élire domicile, Dérivés : INVECTIVA ‘invective’, emprunté au
s’établir’, dérivé de vecindad, voir ci-après. bas latin invectiva (oratio) ‘(propos) violent’,
VECINDAD ‘voisinage’ ; ‘population, habi- substantivation au féminin de l’adjectif invec-
tants’, ‘voisins’ ; (figuré) ‘similitude’, du latin tivus ‘outrageant’. Cet adjectif est dérivé de
vicinitas ‘voisinage, proximité’, ‘gens du voi- invehi ‘s’élancer contre’, ‘s’emporter contre’.
sinage’, ‘rapport, analogie, ressemblance’, dé- Invehi est une autre forme du verbe invehere
rivé de vicinus. ‘transporter dans’, formé avec in et vehere
VECTOR, voir vehículo. ‘porter, transporter’. VECTOR ‘vecteur’, du la-
VEDA, voir vedar. tin vector ‘celui qui transporte’ et ‘passager’,
VEDAR (‘défendre, interdire’), est issu du latin dérivé de vectum supin de vehere.
vetare de même sens, d’origine inconnue. VEINTE (‘vingt’), est issu du latin viginti formé
Dérivés : VEDA ‘défense, interdiction’ et spé- avec vi- variante de bi-, bis- (‘deux fois’) et
cialement ‘interdiction de chasser’ d’où ‘fer- -gint représentant la dizaine : ‘deux fois dix’
meture de la chasse’, déverbal de vedar. VE- (triginta ‘trente’, quadraginta ‘quarante’ etc.).
TAR ‘opposer, mettre son veto à’, traitement Dérivés : VEINTENA ‘vingtaine’.
savant du latin vetare. VETO ‘veto’, substanti- VEINTENA, voir veinte.
vation de la 1re personne du présent de VEJACIÓN, voir vejar.
l’indicatif du verbe vetare (littéralement VEJAMEN, voir vejar.
‘j’interdis’).
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VEJAR (‘vexer’, ‘brimer’), est emprunté au latin VELO (‘voile [de tissu, du palais etc.]’), est issu
vexare ‘agiter’, ‘inquiéter, tourmenter’, ‘atta- du latin velum ‘rideau’, ‘tenture’, ‘toile pour
quer’, à rattacher à une racine indoeuropéenne protéger du soleil’, ‘voile pour cacher à la
*wegh- ‘se déplacer’ et ‘secouer, ébranler’ vue’. Il existait aussi une forme velum (avec
(lors du déplacement). Voir vehículo. un e long) signifiant ‘voile de navire’ dont le
Dérivés : VEJACIÓN ‘vexation, brimade’. VE- pluriel vela a donné en espagnol le mot vela
JAMEN ‘vexation’, du latin vexamen ‘ébranle- signifiant d’abord ‘l’ensemble des voiles, la
ment, secousse’. voilure’ (féminin à valeur collective) puis,
VEJESTORIO, voir viejo. lorsque le trait sémantique de pluralité s’est
VEJEZ, voir viejo. effacé, ‘voile’. Pour signifier ‘voilure’,
VEJIGA (‘vessie’), est issu du latin vulgaire l’espagnol a eu recours à velamen. Voir plus
*vessica, altération du latin classique vesica bas.
‘vessie’, par métonymie, ‘objet en peau de Dérivés : REVELAR ‘révéler’, du latin revelare
vessie’ et, par métaphore, ‘ampoule, cloque’, ‘dévoiler, découvrir’, formé avec re- (mouve-
‘tumeur’ ainsi que ‘vulve de la femme’. ment en arrière : découvrir ce qui a déjà été
Dérivés : VESÍCULA ‘vésicule’, du latin vesicu- couvert) et velare ‘couvrir (d’un voile)’. VE-
la littéralement ‘petite vessie’ et ‘gousse LAMEN ‘voilure’, emprunté au catalan velam
(d’une plante)’, diminutif de vesica. d’où *velame puis velamen sans doute sous
VELA (1) (‘voile’), voir velo. l’influence du suffixe nominal -amen que l’on
VELA (2) (‘veille’), voir velar (2). retrouve dans maderamen ‘charpente’ et pe-
VELADA, voir velar (2). lamen ‘toison’. VELAR (1) ‘voiler’, du latin
VELAMEN, voir velo. velare de même sens. VELAR (3) ‘vélaire’, dé-
VELAR (1) (‘voiler’), voir velo. rivé savant du latin velum ‘voile (du palais)’,
VELAR (2) (‘veiller’ ; ‘veiller sur’), est issu du employé en phonétique pour caractériser une
latin vigilare ‘être éveillé’, ‘être sur ses consonne articulée avec le dos de la langue
gardes, être attentif’ et ‘entourer de veilles, de contre le voile du palais, par exemple /k/ et
soins’, dérivé de vigilia ‘veille’. Le traitement /g/. VELERO ‘voilier’. VELETA ‘girouette’ ;
savant de vigilare a donné vigilar ‘surveiller’. ‘bouchon, flotteur’ (canne à pêche), emprunté
Dérivés : DESVELAR ‘empêcher de dormir’, à l’italien veletta ‘petite voile flottant au
‘donner des insomnies’, du latin evigilare sommet d’un mât’. La girouette indique la di-
‘s’éveiller’, ‘veiller’, formé avec ex intensif et rection du vent, le bouchon indique quand il
vigilare ‘être éveillé’. L’espagnol a remplacé plonge que le poisson a mordu.
le préfixe ex par des- mieux adapté à l’idée VELOCIDAD, voir veloz.
négative d’empêcher de dormir. VELA VELOCISTA, voir veloz.
‘veille’ ; ‘bougie, chandelle’, déverbal de ve- VELÓDROMO, voir veloz.
lar ‘veiller’. L’acception ‘chandelle’ VELOZ (‘rapide’), est emprunté au latin velox,
s’explique par le fait que la lumière de la bou- velocis ‘rapide’, ‘vif, agile’ à rattacher à une
gie permet de veiller. VELADA ‘veillée, soirée’. racine indoeuropéenne *weg- signifiant ‘vi-
VELATORIO ‘veillée funèbre’. VIGÍA ‘vigie, gueur’ (velox de *weg-s-los ‘agile à la
sentinelle’, dérivé du verbe vigiar ‘faire le course’).
guet, guetter’, verbe très peu usité en espagnol Dérivés : VELOCIDAD ‘vitesse’. VELOCISTA
et issu du latin vigilare par l’intermédiaire du ‘sprinter’. VELÓDROMO ‘vélodrome’, emprun-
portugais vigiar. VIGILANTE (adjectif) ‘qui té au français vélodrome dont le 1er élément
surveille’, ‘vigilant’ ; (substantif) ‘surveillant, vélo représente l’abréviation de vélocipède
gardien’ (vigilante nocturno ‘gardien / veil- formé avec veloci- (tiré de véloce) et -pède (du
leur de nuit’), participe présent adjectivé et latin pes, pedis ‘pied’). Le vélocipède, ancêtre
substantivé de vigilar. de notre vélo, permettait donc déjà de faire de
VELAR (3) (‘vélaire’), voir velo. la vitesse avec la force des pieds. Le 2nd élé-
VELATORIO, voir velar (2). ment (-drome) est emprunté au grec dromos
VELEIDAD, voir voluntad. ‘course’. Voir dromedario.
VELERO, voir velo. VELLO (‘duvet’), est issu du latin villus ‘touffe
VELETA, voir velo. de poils’.
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mille que le mot Venus (racine indoeuro- état’ et ‘en venir à’. En espagnol, venir est
péenne *wen- ‘désirer’ ; venus, veneris ‘désir devenu un semi-auxiliaire au même titre que
sexuel’ personnifié en Venus ‘déesse de d’autres verbes tels que ir, andar signifiant un
l’amour’). Venerari aurait d’abord signifié mouvement peu spécialisé (‘aller’, ‘venir’).
‘prier Vénus’ puis, plus généralement, ‘adres- Leur extension sémantique assez large leur
ser (respectueusement) une demande aux permet d’accompagner, d’auxiliariser toute
dieux’ d’où ‘vénérer’. sorte de verbes.
VENÉREO, voir viernes. Dérivés : ADVENEDIZO ‘arriviste’. ADVENIR
VENERO, voir vena. ‘advenir’, traitement savant du latin advenire
VENGANZA, voir vengar. ‘arriver’, voir plus loin avenir. AVENIDA ‘ave-
VENGAR (‘venger’), est issu du latin juridique nue’, participe passé substantivé au féminin du
vindicare ‘réclamer en justice’, ‘réclamer à verbe avenir avec le sens d’ « arriver, se pro-
titre de propriété’ et ‘punir l’auteur d’un duire, advenir » (avenue = lieu par où l’on
dommage’. Vindicare dérive de vindex, vindi- vient). Voir ci-après avenir. avenir ‘advenir,
cis ‘caution fournie par le défendeur, qui se se produire, arriver’ ; (pronominal)
substitue à lui devant le tribunal’ d’où ‘protec- ‘s’accorder, se mettre d’accord’, du latin ad-
teur’ et ‘vengeur’. Vindex pourrait être formé venire ‘arriver’. L’espagnol a développé le
avec vis ‘force, violence’ (voir violento) et di- sens de ‘s’entendre, se mettre d’accord’ (idée
cere ‘dire, proclamer’ d’où littéralement ‘celui de convergence, ensemble de personnes qui
qui dit au juge la violence faite à son client’. vont vers la même chose). AVENTURA ‘aven-
Dérivés : DEVENGAR ‘gagner, toucher (un sa- ture’, emprunté au latin vulgaire *adventura,
laire)’ ; ‘rapporter (des intérêts)’, représente littéralement ‘les choses qui viendront’, pluriel
l’agglutination de la formule ancienne de ven- neutre substantivé du participe futur de adve-
gar avec le sens de con derecho a vindicar / nire ‘arriver’. A(d)ventura a été ensuite inter-
reclamar ‘en droit de réclamer’, formule il- prété comme un féminin singulier. CONVEN-
lustrant les privilèges des hidalgos (hijosdalgo CIÓN ‘convention’, du latin conventio ‘accord
notorios, de vengar quinientos sueldos). RE- de plusieurs parties sur un sujet précis’. CON-
VANCHA ‘revanche’, emprunté au français re- VENCIONAL ‘conventionnel’, du bas latin con-
vanche, déverbal de revancher (en vieux fran- ventionalis ‘qui résulte d’un accord réci-
çais, revanchier et revengier), formé avec re- proque’ (droit). Le mot a pris ensuite le sens
(intensif) et vengier ou venchier, anciennes de ‘ce qui est admis par l’usage en vertu de
formes du verbe venger (du latin vindicare). conventions’. L’expression armamento con-
VENGANZA ‘vengeance’. VINDICTA ‘vindicte’, vencional ‘armement conventionnel’ est un
du latin vindicta ‘baguette dont on se servait calque de l’anglais conventional qui, après la
pour affranchir un esclave’, ‘action de reven- seconde guerre mondiale, désignait les armes
diquer, de reconquérir’ (vindicta in libertatem classiques, non atomiques. CONVENIENTE
‘revendication en liberté’), ‘affranchissement, ‘convenable’, ‘décent’, ‘satisfaisant’, du latin
délivrance’ puis ‘vengeance, punition’, dérivé conveniens, convenientis, participe présent ad-
de vindicare. La baguette utilisée par jectivé de convenire. CONVENIO ‘convention’,
l’adsertor libertatis, le libérateur, était un ‘accord’, ‘traité, pacte’, d’un bas latin
symbole de la force permettant de défendre le *convenium de même sens, dérivé de conve-
droit. nire. CONVENIR ‘convenir’, du latin convenire
VENIAL (‘véniel’), est emprunté au bas latin ‘venir ensemble, se réunir’ et, au figuré,
venialis ‘pardonnable’, dérivé de venia ‘action ‘s’entendre avec, tomber d’accord sur’, formé
de bien vouloir’, ‘faveur accordée par les avec cum ‘ensemble’ et venire. CONVENTO
dieux’ et ‘pardon, indulgence’. Venia se rat- ‘couvent’, du latin conventus ‘assemblée, réu-
tache à la racine indoeuropéenne *wen- ‘dési- nion’, dérivé de convenire (‘venir ensemble,
rer’. Voir venerar. se réunir’) puis, par spécialisation en latin
VENIDA, voir venir. chrétien, ‘assemblée de moines’, ‘cloître’. DE-
VENIDERO, voir venir. SAVENENCIA ‘désaccord, mésentente’. DESA-
VENIR (‘venir’), est issu du latin venire ‘se dé- VENIRSE ‘se brouiller, se fâcher’. DESPREVE-
placer (pour aller dans un lieu)’, ‘arriver, se NIDO ‘au dépourvu, à l’improviste’ dans coger
montrer, se présenter’, ‘venir dans tel ou tel a une persona desprenida ‘prendre qqn au
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dépourvu’, voir plus loin prevenir. DESVEN- substantivé de venturus ‘à venir, futur’, parti-
TURA ‘malheur, mésaventure, infortune’, voir cipe futur de venire.
ventura plus bas. DEVENIR ‘devenir’, emprunt VENTA, voir vender.
savant au français devenir, du latin devenire VENTAJA, voir aventajar.
formé avec de indiquant l’origine et venire VENTANA, voir viento.
‘arriver’ d’où ‘venir (de quelque part) et arri- VENTANILLA, voir ventana à l’article viento.
ver à’, ‘aboutir à’ et, en bas latin, ‘passer d’un VENTILADOR, voir viento.
état antérieur à un état ultérieur’ c’est-à-dire VENTILAR, voir viento.
‘se transformer (en)’. EVENTUAL ‘éventuel’, VENTISCA, voir viento.
dérivé du latin eventus ‘événement’ issu de VENTOSA, voir viento.
eventum supin de evenire ‘sortir’ (préfixe ex VENTOSIDAD, voir viento.
‘hors de’), ‘se produire’, ‘avoir un résultat’. VENTRÍCULO, voir vientre.
Événement signifie au sens large ‘ce qui ar- VENTRÍLOCUO, voir vientre.
rive’ (en espagnol, evento, du latin eventus), VENTURA, voir venir.
la part de hasard, d’incertitude inhérente à VER (‘voir’), est issu du latin videre ‘percevoir
toute action en cours s’est cristallisée dans par la vue’, ‘être témoin de’, ‘remarquer, cons-
l’adjectif eventual d’où ‘qui peut se produire, tater’ ainsi que ‘imaginer’, ‘être clairvoyant’,
éventuel’. INTERVENIR ‘intervenir’. INTER- ‘juger’ et ‘prendre des mesures pour’ (d’une
VENTOR ‘contrôleur’, ‘vérificateur’, ‘commis- racine indoeuropéenne *weid- ‘connaître par
saire (aux comptes)’. INVENCIÓN ‘invention’, la vue’).
du latin inventio ‘action de trouver, de décou- Dérivés : DESPROVISTO ‘dépourvu, dénué’,
vrir’, ‘découverte’, ‘faculté d’invention’, déri- ‘démuni’, voir plus loin proveer. ENTREVISTA
vé de inventum supin de invenire ‘venir sur ‘entrevue, entretien’ ; ‘interview’, calqué sur
qqch ou qqn, trouver, rencontrer’ et ‘inventer’. le français entrevue, participe passé substanti-
INVENTAR ‘inventer’, tiré savamment du latin vé au féminin de s’entrevoir avec le sens sorti
inventum ‘découverte, invention’, dérivé de d’usage d’ « avoir une entrevue avec qqn »,
invenire. INVENTARIO ‘inventaire’, du latin in- dérivé de voir. ENTREVISTARSE ‘avoir une en-
ventarium, littéralement ‘liste de ce que l’on a trevue, un entretien avec’ ; ‘interviewer’. EVI-
trouvé’, dérivé de inventum supin de invenire DENTE ‘évident’, du latin evidens ‘qui se voit
‘trouver, rencontrer’ et ‘inventer’. INVENTIVA de loin’ et ‘manifeste, indéniable’, formé avec
‘esprit inventif, imagination’, forme de fémi- ex (‘hors de’, ici ‘de loin’) et videre. IMPRE-
nin substantivé tiré de l’adjectif inventivo ‘in- VISTO (adjectif) ‘imprévu’ ; (substantif, au
ventif’, formé d’après inventor ‘inventeur’ pluriel) ‘dépenses imprévues’, voir prever.
(latin inventor ‘personne qui trouve, qui dé- IMPROVISAR ‘improviser’, emprunté au fran-
couvre’, ‘auteur’). PORVENIR ‘avenir’, est un çais improviser lui-même pris à l’italien im-
calque du français avenir (les choses à venir). provvisare dérivé de improvviso ‘qui arrive de
Mais l’espagnol possédait déjà en propre des manière imprévue’, emprunté au latin impro-
expressions telles que las cosas por venir où, visus. Ce mot est formé avec im / in privatif et
par un phénomène courant de lexicalisation, provisus, participe passé de providere ‘pré-
por est venu s’agglutiner à venir. PROVENIR voir’ (voir proveer). IMPROVISO (DE) ‘à
‘provenir’. RECONVENIR ‘reprocher’, est for- l’improviste’, ‘au pied levé’, emprunté au latin
mé avec le préfixe re- indiquant le mouve- improviso de même sens, ablatif de manière de
ment en arrière (d’où ici l’idée d’opposition, l’adjectif improvisus ‘imprévu’ (voir pro-
voir les valeurs de re-) et convenir ‘être veer). La préposition de permet d’intégrer de
d’accord’. Reconvenir signifie donc littérale- improviso dans les locutions adverbiales du
ment ‘ne pas être d’accord avec qqn’ d’où type de repente, de veras, de golpe. INVI-
‘faire des reproches’. SOBREVENIR ‘survenir’. DENTE ‘non-voyant’, euphémisme se substi-
VENIDA ‘venue’, participe passé substantivé au tuant à ciego ‘aveugle’, dérivé de vidente
féminin de venir (résultat de l’action). VENI- (voir ce mot plus bas). PREVER ‘prévoir’, du
DERO ‘futur, à venir’. VENTURA ‘bonheur’ ; latin praevidere, littéralement ‘voir avant, voir
‘hasard’ ; ‘sort (bon ou mauvais)’ d’où d’avance’, formé avec prae ‘avant’ et videre.
‘chance’ et ‘malchance’, du latin ventura, lit- PREVISIÓN ‘prévision’. PROVEEDOR ‘pour-
téralement ‘les choses à venir’, pluriel neutre voyeur, fournisseur’. PROVEER ‘pourvoir’,
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‘approvisionner’, du latin providere ‘prévoir’, (adjectif) ‘visé, marqué d’un visa’ ; (substan-
‘être prévoyant’ et ‘procurer qqch à qqn (en tif) ‘visa’, voir ci-après visar. VISAR ‘marquer
prévoyance)’ d’où ‘pourvoir à’. PROVIDENCIA d’un visa’, ‘viser (un passeport)’, est emprunté
‘providence’, du latin providentia ‘prévision, au français viser (‘marquer d’un visa’) dérivé
prévoyance’ et ‘prévoyance divine’, dérivé de de visa lui-même pris au latin visa, littérale-
providens, providentis, participe présent de ment ‘choses vues’ (‘vérifiées’), neutre pluriel
providere (voir proveer). Providencia s’est substantivé de visus participe passé de videre
spécialisé dans le domaine religieux pour si- ‘voir’. Viser au sens de ‘pointer une arme’ est
gnifier que Dieu pourvoit à tout. PROVISIÓN un homonyme issu du latin vulgaire *visare
‘provision’, du latin provisio ‘action de pré- (latin classique visere ‘voir attentivement’, in-
voir et de pourvoir’, ‘prévoyance’, ‘précau- tensif de videre). L’espagnol emploie dans ce
tion’ et, en bas latin, ‘approvisionnement’ (en cas apuntar. VISERA ‘visière’. VISIBLE ‘vi-
prévoyance). Provisio est dérivé de provisum sible’, du latin visibilis ‘qui a la faculté de
supin de providere (voir proveer). PROVISIO- voir’ et, en bas latin, ‘qui peut être vu’, dérivé
NAL ‘provisoire’, c’est-à-dire ‘ce qui se fait en de visum supin de videre. VISIÓN ‘vision’. VI-
prévision d’autre chose, en attendant autre SITA ‘visite’, déverbal de visitar, voir plus
chose’, dérivé de provisión. REVISAR ‘révi- loin ce verbe. VISITADOR (adjectif et substan-
ser’, ‘revoir’ ; ‘contrôler’, emprunté avec tif) ‘visiteur’ (visitador médico ‘visiteur mé-
changement de conjugaison au latin revisere dical’). VISITANTE (substantif) ‘visiteur’, par-
‘revenir pour voir’, formé avec re- (mouve- ticipe présent substantivé de visitar. VISITAR
ment en arrière) et visere ‘examiner’, ‘venir ‘visiter’, du latin visitare ‘voir souvent’, ‘ins-
voir’, tiré de visum supin de videre ‘voir’. RE- pecter’, ‘venir voir qqn’, fréquentatif de visere
VISTA ‘inspection’ ; ‘revue, magazine’, parti- ‘voir attentivement, examiner’, ‘aller ou venir
cipe passé substantivé au féminin du verbe re- voir’, ‘rendre visite’. Visere est lui-même un
ver ‘revoir’ et ‘réviser (un procès)’. Revista a intensif de videre ‘voir’. VISTA ‘vue’, participe
d’abord eu le sens de ‘révision (d’un procès)’. passé substantivé au féminin du verbe ver. Le
Le sens ‘revue, magazine’ est emprunté au français vue est aussi le participe passé subs-
français revue. Une revue est ainsi nommée tantivé de voir. VISTOSO ‘voyant’. VISUALIZA-
parce qu’elle passe en revue l’actualité. De CIÓN ‘affichage’ (visualización numérica ‘af-
manière plus précise, le français revue au sens fichage numérique’).
de ‘magazine’ est emprunté à l’anglais review VERA (‘bord’), est probablement emprunté au
qui l’avait lui-même même emprunté à portugais beira de même sens sans doute
l’ancien français reveue au sens de ‘révision’. d’origine préromane.
Reveue (moderne revue) est le participe passé VERANEANTE, voir verano.
substantivé au féminin (d’après vue) du verbe VERANEAR, voir verano.
revoir. VIDENTE ‘voyant’, emprunt savant au VERANEO, voir verano.
latin videns, videntis, participe présent subs- VERANO (‘été’), est l’abréviation du latin vul-
tantivé de videre. VÍDEO ‘vidéo’ ; ‘magnétos- gaire veraneum tempus ‘époque printanière’,
cope’, emprunté à l’anglais video qui le tient dérivé de ver, veris ‘printemps’. Verano a dé-
lui-même du latin video, littéralement ‘je signé jusqu’au XVIIe siècle la fin du prin-
vois’, substantivation de la 1re personne du temps et le début de l’été. Estío s’appliquait
présent de l’indicatif de videre. Video- entre au reste de l’été. Ce mot est devenu littéraire
dans la formation de nombreux mots relatifs à et verano a gagné en extension pour désigner
l’audiovisuel : VIDEOCÁMARA ‘caméscope’ toute la période estivale. Le début du prin-
(voir cámara) ; VIDEOCASETE ‘vidéocassette’ temps puis le printemps en entier a été désigné
(voir casete) ; VIDEOCLIP ‘vidéo-clip’, em- par primavera issu du latin vulgaire prima
prunté à l’anglo-américain videoclip ‘extrait vera, littéralement ‘premier printemps’ (latin
de film’, formé avec clip ‘coupure, extrait’ classique primo vere ‘au début du printemps’,
(clip ‘ciseaux, cisailles’ ; to clip ‘couper, voir primo). En français, prima vera a donné
tondre la laine’ d’origine onomatopéique). Vi- primevère, fleur qui s’épanouit au début du
deoclip désigne donc un court film vidéo. printemps.
L’espagnol emploie aussi vídeo musical et Dérivés : VERANEANTE ‘estivant, vacancier’.
videocorto ; VIDEOJUEGO ‘jeu-vidéo’. VISADO VERANEAR ‘passer ses vacances d’été’, ‘être
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en villégiature’. VERANEO ‘vacances d’été, vrai et dit, participe passé de dire (‘la vérité
grandes vacances’. est dite’). L’anglo-normand était un parler
VERAS (DE), voir verdad. français constitué d’éléments dialectaux (nor-
VERAZ, voir verdad. mand, picard etc.) que l’on utilisait en Angle-
VERBAL, voir verbo. terre du XIe au XIVe siècle dans les classes
VERBO (‘verbe’), est emprunté au latin verbum élevées de la société. VERÍDICO ‘véridique’.
‘mot, expression’. En latin grammatical, ver- VERIFICAR ‘vérifier’ ; (pronominal) ‘avoir
bum désigne plus spécialement le verbe par lieu’, traitement savant du latin verificare
opposition au nom (vocabulum) reproduisant (voir plus haut averiguar). L’espagnol a déve-
ainsi le grec rhêma / onoma. En latin chrétien, loppé l’acception secondaire ‘se produire, se
verbum prendra le sens de ‘parole divine’ puis, réaliser’ : se verificó su predicción ‘sa pré-
par métonymie, celui de ‘Dieu’. Certains mots diction s’est réalisée, s’est vérifiée’ (on a eu
d’origine germanique sont à rapprocher du la- l’occasion de la vérifier c’est-à-dire de la re-
tin verbum (allemand wort, anglais word). connaître pour vraie). VEROSÍMIL ‘vraisem-
Verba, pluriel de verbum, a été altéré en blable’, du latin veri similis ‘proche du vrai,
*verva en latin vulgaire et a produit le français semblable au vrai’ d’où la forme verisímil de-
verve (verba, littéralement ‘beaucoup de pa- venue verosímil par analogie avec l’ancien
roles’). adjectif vero ‘vrai’ (du latin verus).
Dérivés : ADVERBIO ‘adverbe’, du latin adver- VERDADERO, voir verdad.
bium formé avec ad ‘à côté’ et verbum VERDE (‘vert’), est issu du latin viridis ‘vert,
‘verbe’, littéralement ‘qui s’ajoute au verbe’. verdoyant’ et, au figuré, ‘frais’, ‘vigoureux’,
Pour le fonctionnement de l’adverbe, on peut dérivé de virere d’origine inconnue et signi-
consulter G. Moignet, Systématique de la fiant ‘être vert’, ‘être vigoureux’.
langue française, éditions Klincsieck, 1981. Dérivés : REVERDECER ‘reverdir’. VERDEAR
PROVERBIO ‘proverbe’, du latin proverbium ‘verdir’, ‘verdoyer’. VERDUGO (tiré de verde)
‘dicton, adage’, dérivé de verbum. VERBAL ‘rejeton, rejet, branche nouvelle (et verte) d’un
‘verbal’. arbre’ ; ‘baguette flexible, verge, fouet’ et, par
VERDAD (‘vérité’), est emprunté au latin veritas, métonymie, ‘celui qui applique les coups de
veritatis ‘le vrai’, ‘vérité’, ‘réalité’ et ‘règles’, fouet’ d’où ‘bourreau’. VERDURA ‘vert, cou-
‘droiture’, dérivé de l’adjectif verus ‘vrai’, leur verte, verdure’ ; (employé surtout au plu-
‘véritable’, ‘réel’, ‘conforme à la vérité mo- riel) ‘légumes’, ‘légumes verts’. VERGEL ‘ver-
rale’ et ‘sincère’, ‘consciencieux’. Le pluriel ger’, emprunté à l’ancien occitan vergier issu
neutre de verus a donné le latin vulgaire *vera du latin viridiarum (ou viridarium) ‘lieu planté
interprété comme un adverbe et signifiant d’arbres’, ‘bosquet’ dérivé de viridis ‘vert’. Le
‘vraiment’. Vera a abouti au français voire mot s’est ensuite spécialisé (‘lieu planté
employé aujourd’hui pour renforcer une asser- d’arbres fruitiers’).
tion (‘et même’) : ce remède est inutile, voire VERDEAR, voir verde.
dangereux (= ‘il est même vraiment dange- VERDUGO, voir verde.
reux’). Enfin l’adjectif verus a abouti en espa- VERDURA, voir verde.
gnol ancien à la forme vero ‘vrai’ dont on a VEREDA (‘sentier’), est issu du bas latin vereda
dérivé veras ‘vérité’ qui ne subsiste plus que de même sens dérivé à la fois de veredus
dans l’expression de veras ‘vraiment’. ‘cheval de poste’ et de veredarius ‘courrier
Dérivés : AVERIGUAR ‘vérifier, examiner’, du (de l’État)’, ‘messager’ (le cheval et son cava-
bas latin verificare ‘présenter comme vrai’, lier empruntant des sentiers). Le latin veredus
formé avec verus ‘vrai’ et facere ‘faire’. VE- est lui-même issu d’un croisement entre le
RAZ ‘véridique’, du latin verax, veracis ‘véri- verbe vehere ‘transporter, porter’ et reda (ou
dique’, ‘qui dit la vérité’, dérivé de verus. raeda) ‘chariot à quatre roues’.
VERDADERO ‘véritable’, dérivé de verdad. VEREDICTO, voir verdad.
VEREDICTO ‘verdict’, adaptation sous VERGA (‘vergue’ ; ‘verge des mammifères’), est
l’influence du latin médiéval veredictum de issu du latin virga d’origine inconnue et signi-
l’anglais verdict lui-même pris à l’anglo- fiant ‘branche souple, baguette’ et ‘objet en
normand verdit ‘jugement d’un jury’. Verdit forme de baguette’ (‘rejet’, ‘pipeau’, ‘baguette
est formé avec ver (ou veir) ancienne forme de magique’, ‘branche de l’arbre généalogique’
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et, en bas latin, ‘membre viril’). Virga a donné d’une action : puesto ‘mis, habillé’ → peri-
verge en français, mot emprunté par puesto ‘pomponné, attifé, tiré à quatre
l’espagnol sous la forme verja ‘barreau d’une épingles’. Enfin, pericueto est devenu veri-
grille’ puis ‘grille’. Enfin, le français vergue cueto sans doute par analogie avec vereda
est une forme normande ou picarde de verge ‘sentier’.
‘baguette’. VERÍDICO, voir verdad.
Dérivés : ENVERGADURA ‘envergure’, dérivé VERIFICAR, voir verdad.
du verbe envergar ‘enverguer’ c’est-à-dire VERJA, voir verga.
‘attacher une voile aux vergues’. Envergadu- VERMÍFUGO, A (‘vermifuge’), est formé avec
ra signifie donc à l’origine ‘état d’une voile vermi- tiré du latin vermis ‘ver’ et l’élément
enverguée’ et ‘largeur de la voilure’. Par ex- -fugo, a issu de fugere ‘fuir’ (littéralement
tension, le terme s’appliquera à l’envergure ‘qui fait fuir les vers’).
d’un oiseau, d’un avion etc. et, au figuré, à VERNÁCULO (‘national’, ‘vernaculaire’), est
tout ce qui a une certaine ampleur. emprunté au latin vernaculus ‘relatif aux es-
VERGEL, voir verde. claves nés dans la maison’ et ‘indigène, qui est
VERGÜENZA (‘honte’), est issu du latin vere- du pays’, dérivé de verna ‘esclave né à la mai-
cundia ‘retenue, réserve’, ‘modestie’, ‘senti- son’ d’origine mal établie. Vernáculo, a est
ment de honte’ (en français vergogne), dérivé aujourd’hui employé pour désigner la langue
de verecundus ‘respectueux, réservé’ et ‘véné- ou le dialecte propre à un pays ou à une ré-
rable’. Verecundus vient de vereri ‘éprouver gion.
une crainte (religieuse ou respectueuse) pour’, VERÓNICA (‘véronique’ [tauromachie]), est
‘avoir scrupule à’ (d’une racine indoeuro- emprunté au latin des Évangiles Veronica, du
péenne *wer- ‘faire attention’). Verecundia > nom de celle qui essuya le visage de Jésus
vergundia > vergondya (formation d’un yod) couvert de sueur et de sang. Le mot a ensuite
> vergoinza (transfert du yod dans la syllabe désigné le morceau de linge lui-même. En es-
précédente) : la diphtongue oi étant peu repré- pagnol, verónica désigne une passe nommée
sentée en espagnol, elle a été remplacée par ainsi par analogie avec le geste de sainte Vé-
une diphtongue plus courante (ue) d’où ronique essuyant la face du Christ.
vergüenza (même chose pour risueño, cigüe- VEROSÍMIL, voir verdad.
ña, cuero, agüero). VERRACO (‘verrat, porc’), est dérivé du latin
Dérivés : AVERGONZAR ‘faire honte’ ; (pro- verres de même sens, sans étymologie connue.
nominal) ‘avoir honte’. DESVERGONZARSE Dérivés : VERRIONDO ‘en chaleur’ (en parlant
‘manquer de respect, être insolent’ ; ‘se déver- des porcs), voir aussi cachondo à l’article ca-
gonder’. REVERENCIA ‘révérence’, du latin re- chorro.
verentia ‘crainte respectueuse, respect, défé- VERRIONDO, voir verraco.
rence’, dérivé de revereri ‘craindre avec res- VERRUGA (‘verrue’), est issu du latin verruca
pect’ et ‘avoir de la déférence pour qqn’, for- ‘hauteur’ et, en particulier, ‘excroissance de la
mé avec re (intensif) et vereri ‘craindre, res- peau’.
pecter’. REVERENDO, A ‘respectable, véné- VERSAR, voir verter.
rable’ ; ‘révérend’ (titre réservé aux ecclésias- VERSÁTIL, voir verter.
tiques : el reverendo padre... ‘le révérend VERSIFICAR, voir verter.
père...’), du latin reverendus ‘vénérable’, ad- VERSIÓN, voir verter.
jectif verbal de revereri ‘craindre avec res- VERSO, voir verter.
pect’. SINVERGÜENZA (adjectif et substantif) VÉRTEBRA, voir verter.
‘voyou’, ‘canaille’, ‘culotté, effronté’. VERTEDERO, voir verter.
VERICUETO (‘chemin difficile’), d’abord sous la VERTER (‘verser, renverser’ ; ‘déverser’, ‘cou-
forme pericueto ‘colline d’accès difficile’, dé- ler’ ; ‘traduire’), est issu du latin vertere ‘tour-
rivé de cueto ‘coteau, colline, butte, tertre’, ner, retourner’, ‘renverser’, ‘se tourner, se di-
régionalisme d’origine obscure. Peri- est un riger’ et, au figuré, ‘avoir telle suite’, ‘chan-
préfixe d’origine populaire, à valeur intensive ger’ et ‘convertir, traduire’.
(semblable à celle de re- ou de requete-) et Dérivés : ADVERTENCIA ‘avertissement’, ‘re-
qui est probablement l’altération de per-, pré- marque’, ‘mise en garde’, dérivé de advertir,
verbe marquant l’achèvement, la perfection voir ce mot. ADVERSARIO ‘adversaire’, du la-
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tin adversarius ‘ennemi’, dérivé de adversus divorcio, voir ci-après. DIVORCIO ‘divorce’,
‘situé en face’, ‘qui s’oppose’, ‘tourné contre’, du latin divortium ‘séparation’, ‘séparation des
formé avec ad ‘vers’ et versus ‘tourné’, parti- époux’, dérivé de divortere variante de diver-
cipe passé de vertere. ADVERSATIVO ‘adversa- tere (voir divertir). ENVÉS ‘verso (dune
tif’, utilisé en grammaire pour signifier ‘qui page)’, ‘envers’, du latin inversus ‘retourné’,
s’oppose’. Les subordonnées concessives sont participe passé de invertere ‘retourner, renver-
appelées aussi adversatives car la subordonnée ser’, ‘donner une autre direction’, voir inver-
s’oppose à la principale : aunque llueve, sal- tir. INVERSIÓN ‘inversion’ ; ‘placement, inves-
go ‘bien qu’il pleuve, je sors’ (le fait de pleu- tissement’, voir invertir. INVERTIR ‘interver-
voir ‘s’oppose’ à l’idée de sortir, n’implique tir’ ; ‘inverser’ ; ‘investir’, du latin invertere
pas l’idée de sortir). ADVERSIDAD ‘adversité’. ‘retourner, renverser’, ‘transposer, changer’,
ADVERSO ‘adverse, contraire’, du latin adver- formé avec in- à valeur adversative et vertere
sus, voir adversario. ADVERTIR ‘remarquer, ‘tourner’. Par une nouvelle interprétation du
observer, se rendre compte’, ‘avertir, préve- préfixe in- (‘dans’), l’espagnol a développé le
nir’, du latin vulgaire *advertire, latin clas- sens d’ « investir » c’est-à-dire ‘verser de
sique advertere ‘tourner vers’ et ‘diriger son l’argent dans (une affaire)’. MALVERSACIÓN
attention vers’, formé avec ad ‘vers’ et vertere ‘malversation’, dérivé du verbe malversar
‘tourner’. ATRAVESAR ‘traverser’, du latin ‘détourner des fonds’ (autrefois malverser),
transversare ‘parcourir d’un bord à l’autre’, voir versar. PERVERSO ‘pervers’, du latin per-
dérivé de transversus (voir plus bas través). versus ‘sens dessus dessous’ et, au figuré, ‘vi-
AVERSIÓN ‘aversion’, du latin aversio ‘fait de cieux’, participe passé adjectivé de pervertere
s’égarer’ puis, en bas latin, ‘répulsion’, dérivé ‘mettre sens dessus dessous’, ‘faire mal tour-
de avertere ‘détourner’ formé avec ab mar- ner’ et, en latin chrétien, ‘falsifier (un texte)’,
quant l’éloignement, la séparation et vertere. ‘corrompre’. Pervertere est formé avec per à
CONTROVERSIA ‘controverse’, du latin contro- valeur intensive et vertere ‘tourner’. PERVER-
versia ‘discussion, débat’, ‘litige’, dérivé de TIR ‘pervertir’, du latin pervertere, voir per-
controversus littéralement ‘tourné contre’, verso. REVÉS ‘revers’, ‘envers’, du latin rever-
formé avec contra ‘contre’ et versus ‘tourné’, sus participe passé de revertere ‘retourner sur
participe passé de vertere. CONVERSAR ‘con- ses pas’, formé avec re (mouvement en ar-
verser’, du latin conversari ‘se tourner vers’, rière) et vertere ‘tourner’. Reveses de fortuna
‘vivre avec, fréquenter’, formé avec cum ‘revers de fortune’, événements malheureux
‘avec, ensemble’ et versari fréquentatif de qui viennent ‘s’opposer’ à l’individu (idée ori-
vertere ‘tourner’. L’idée de ‘vivre en compa- ginelle de retour en arrière). SUBVERSIÓN
gnie’ implique que l’on échange des propos ‘subversion’, du latin subversio ‘renverse-
d’où ‘converser, parler’. CONVERSIÓN ‘con- ment, destruction’, dérivé de subvertere
version’. CONVERTIR(SE) ‘(se) convertir’, (se) ‘mettre sens dessus dessous’, ‘détruire’, formé
transformer, (se) changer’ ; ‘devenir’, du latin avec sub (mouvement de bas en haut) et ver-
convertere ‘tourner, faire se tourner’, ‘changer tere. TRANSVERSAL ‘transversal’, du latin mé-
entièrement’ et, en latin chrétien, ‘remettre sur diéval transversalis dérivé de transversus
la bonne voie’. Convertere est formé avec ver- ‘oblique, transversal’, voir través. TRAVÉS
tere ‘tourner’ et cum ‘ensemble’ indiquant une ‘travers’, du latin transversus ‘oblique, trans-
idée de totalité (changer entièrement). DIVER- versal’, participe passé adjectivé de transver-
SO, A, S ‘divers, différent’ ; ‘plusieurs’, du la- tere ‘tourner vers’, ‘changer, transformer en’
tin diversus, littéralement ‘qui va dans des di- et ‘détourner’ (de la voie droite), formé avec
rections opposées’ d’où ‘éloigné, contraire’, trans- ‘au-delà de’, ‘de part en part’ et vertere
‘hésitant’ et, en bas latin, ‘plusieurs’. Diversus ‘tourner’. Transversus s’opposait à directus
est le participe passé adjectivé de divertere, ‘droit, direct’. Une rue transversale traverse
voir ci-après divertir. DIVERTIR ‘divertir, l’espace qui la sépare de deux autres rues (vers
amuser’ ; (pronominal) ‘se distraire, lesquelles elle est ‘tournée’). Aujourd’hui,
s’amuser’, du latin divertere ‘se détourner, se través indique le passage réel ou figuré à tra-
séparer de’, formé avec dis (idée de sépara- vers un lieu (mirar a través de una cortina
tion, d’éloignement) et vertere ‘tourner, se ‘regarder à travers un rideau’ ; lo supe a tra-
tourner’. DIVORCIARSE ‘divorcer’, dérivé de vés de un amigo ‘je l’ai appris par
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l’intermédiaire d’un ami’) et conserve le sens ‘vertèbre’, du latin vertebra ‘articulation, join-
de ‘qui ne va pas droit, oblique’ dans de tra- ture’, ‘vertèbre’, dérivé de vertere ‘tourner,
vés (mirar de través ‘regarder de travers’), faire tourner’. VERTEDERO ‘déversoir’ ; ‘dé-
voir aussi travieso. TRAVESÍA ‘traversée’ (au charge (d’ordures)’. VERTICAL ‘vertical’, du
figuré, travesía del desierto ‘traversée du dé- bas latin verticalis ‘perpendiculaire au plan de
sert’). TRAVIESO ‘espiègle, polisson, turbu- l’horizon’, dérivé de vertex ‘tourbillon d’eau’,
lent’, du latin transversus ‘oblique’ (voir tra- ‘sommet du crâne’, ‘sommet d’une mon-
vés) : l’enfant espiègle en espagnol est ‘celui tagne’, ‘point culminant du ciel, pôle’ (point
qui ne va pas droit’, ‘qui fait les choses de tra- que l’on atteint en tournant la tête du point le
vers’ ! UNIVERSIDAD ‘université’, du latin uni- plus bas vers le point le plus haut). Vertex est
versitas ‘totalité, ensemble’, ‘communauté dérivé de vertere ‘tourner’, ‘faire tourner’.
humaine’, dérivé de universus ‘général’, ‘inté- L’idée de verticalité naît de la projection du
gral’. Universus, littéralement ‘tourné de ma- point le plus élevé dans le ciel sur le plan hori-
nière à former un ensemble unique’, est formé zontal formé par la terre. VERTIENTE ‘ver-
avec unus ‘un’ et versus, participe passé de sant’, ‘pente’, participe présent substantivé de
vertere ‘tourner’. De l’idée générale de com- verter ‘verser, déverser’ (les eaux se déver-
munauté humaine, on est passé à celle de sent, coulent sur le versant d’une montagne).
‘corporation professionnelle’. Le mot a plus VÉRTIGO ‘vertige’, du latin vertigo ‘mouve-
spécialement désigné le corps des maîtres de ment de rotation’, ‘tournoiement’ d’où ‘étour-
l’enseignement secondaire et supérieur puis, dissement’, dérivé de vertere ‘tourner’.
par métonymie, l’université c’est-à-dire VERTICAL, voir verter.
l’enseignement supérieur. Le mot conserve VERTIENTE, voir verter.
encore aujourd’hui un sens assez large avec VÉRTIGO, voir verter.
les universités d’été des partis politiques VESÍCULA, voir vejiga.
(communautés d’opinions). UNIVERSO ‘uni- VESPERTINO, voir víspera.
vers’, du latin universum ‘ensemble des VESTÍBULO (‘vestibule’ ; ‘hall’), est emprunté
choses’, neutre substantivé de l’adjectif uni- au latin vestibulum d’origine mal établie et si-
versus, a, um ‘tout entier’, ‘considéré dans son gnifiant ‘pièce d’entrée d’un édifice’, ‘entrée’
ensemble, général, universel’, voir plus haut et, au figuré, ‘début’.
universidad. VERSAR ‘tourner autour’ ; (au fi- VESTIDO, voir vestir.
guré, versar sobre) ‘porter sur’, ‘traiter de’, VESTIGIO (‘vestige’), est emprunté au latin
du latin versari ‘se tourner souvent’, ‘se trou- vestigium ‘semelle ou plante du pied’ d’où
ver habituellement, vivre dans tel endroit’ et ‘trace de pas’ puis, plus généralement ‘trace,
‘s’occuper de, s’appliquer à’. Versari est le empreinte’ et ‘reste du passé’. Vestigium est
passif de versare ‘tourner souvent’ qui est lui- dérivé du verbe vestigare d’origine inconnue
même le fréquentatif de vertere (versado en et signifiant ‘suivre à la trace’.
literatura ‘versé dans la littérature’, ‘être sa- Dérivés : INVESTIGACIÓN ‘investigation, en-
vant en littérature’). VERSÁTIL ‘versatile’, du quête’ ; ‘recherche’ (investigación científica
latin versatilis ‘mobile, qui se tourne facile- ‘recherche scientifique’ ; investigación de la
ment’, ‘qui se plie à tout’, dérivé de versare. paternidad ‘recherche de paternité’). INVES-
Voir versar. VERSIFICAR ‘versifier, faire des TIGAR ‘faire des recherches’ ; ‘enquêter sur’.
vers’, voir verso. VERSIÓN ‘version’, ‘inter- VESTIR(SE) (‘[s’] habiller’), est issu du latin
prétation’, du latin médiéval versio dérivé de vestire ‘habiller’ et ‘recouvrir, garnir, entou-
versum supin de vertere ‘tourner’ et ‘traduire’. rer’, dérivé de vestis ‘vêtement’ mais aussi
De l’idée de ‘traduction (d’une langue à une ‘tapis’ (littéralement ‘vêtement qu’on étend’),
autre)’, on est passé à celle d’ « interprétatio- ‘voile de femme’ et ‘dépouille du serpent’.
n » (donner sa version des faits). VERSO Dérivés : INVESTIDURA ‘investiture’, du latin
‘vers’, du latin versus ‘action de tourner la médiéval investitura dérivé de investire ‘revê-
charrue au bout du sillon’, ‘sillon’ puis, par tir’, au figuré ‘entourer étroitement’ et, en la-
analogie de forme, ‘ligne d’écriture’ et enfin tin juridique du moyen âge, ‘mettre en posses-
‘vers’. Pour un développement sémantique sion d’un fief, d’une charge’, la prise de pos-
analogue, voir página. Versus est dérivé de session étant symbolisée par un vêtement. In-
versum supin de vertere ‘tourner’. VÉRTEBRA vestire (en espagnol, investir) est formé avec
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in ‘dans, sur’ et vestire ‘habiller’. INVESTIR ‘parvenir’, formé avec in ‘dans, sur’ et via
‘investir’, voir ci-dessus investidura. VESTI- ‘route, chemin’. Le verbe est devenu causatif
DO ‘habillement’ ; ‘vêtement(s) ; ‘robe’, du (ou factitif) : ‘faire aller qqn sur un chemin’
latin vestitus ‘habillement’, ‘vêtement’. d’où ‘envoyer’. ENVÍO ‘envoi’. EXTRA-
VETAR, voir vedar. VIAR(SE) ‘(s’) égarer’. EXTRAVÍO ‘égarement’.
VETERANO, voir viejo. OBVIO ‘évident’, du latin obvius, a, um (va-
VETERINARIO, voir viejo. riante, obviam), ‘qui se trouve sur le passage,
VETO, voir vedar. qui rencontre, qui va au devant’ et, au figuré,
VETUSTO, voir viejo. ‘qui se présente à proximité, sous la main’,
VEZ (‘fois’), est issu du latin vicis ‘tour, succes- ‘qui s’offre’ d’où ‘facile à saisir, évident’ (ob-
sion, roulement’, ‘retour, réciprocité’, ‘tour de vium est ‘il est facile de’). Obvius est formé
qqn ou de qqch dans un roulement’ d’où avec ob ‘devant’ et via. PREVIO ‘préalable’, du
‘place, rôle, fonction, office’ (espagnol : ha- latin praevius, a, um ‘qui précède, qui va de-
cer las veces de ‘tenir lieu de, faire fonction vant, guide’, formé avec prae ‘avant’ et via.
de’). L’ablatif (vice) signifiait ‘à la place de, TRIVIAL ‘banal’, du latin trivialis dérivé de
en guise de’. Voir plus bas vice-. trivium formé avec tri- ‘trois’ et via, littérale-
Dérivés : TAL VEZ ‘peut-être’, avec d’abord le ment ‘carrefour à trois voies’ puis ‘lieu public
sens de ‘telle ou telle fois’, ‘une fois, parfois’ et fréquenté’. L’espagnol en tirera l’idée de
puis, en développant l’idée d’espacement et de ‘banalité’ (ce qui est connu de tout le monde),
rareté (une fois de temps en temps, à le français en fera un synonyme de ‘grossier’
l’occasion), l’espagnol a abouti à une locution (ce qui est propre à la foule). Trivial a eu en
adverbiale de sens dubitatif (‘peut-être’). VI- français jusqu’à la fin du XVIIe siècle le sens
CARIO ‘vicaire’, du latin vicarius ‘remplaçant de ‘banal’. VIADUCTO ‘viaduc’, emprunté à
(d’une personne, d’une chose)’, dérivé de vicis l’anglais viaduct de même sens formé avec les
‘tour, succession, alternative’. Le mot est pas- mots latins via ‘voie, route’ et ductus ‘con-
sé dans le vocabulaire ecclésiastique. On duite’, participe passé substantivé de ducere
l’utilise parfois en linguistique (verbo vica- ‘mener, conduire’. VIAJANTE ‘voyageur de
rio) pour désigner un verbe qui peut se substi- commerce’, participe présent substantivé de
tuer facilement à toute sorte de verbes (hacer viajar. VIAJAR ‘voyager’, dérivé de viaje.
par exemple). VICE-, élément préfixal emprun- VIAJE ‘voyage’, emprunté au catalan viatge
té au latin vice ‘à la place de’, ablatif de vicis : lui-même issu du latin viaticum ‘ce qui sert à
VICEPRESIDENTE ‘vice-président’ ; VIRREY faire la route’, ‘provisions ou argent de
‘vice-roi’, contraction de vice rey (latin vice voyage’ et, en bas latin, ‘voyage’. Viaticum est
regis). VICEVERSA ‘vice versa’, de la substantivation au neutre de l’adjectif viati-
l’expression latine vice versa, littéralement ‘à cus, a, um ‘du voyage’ dérivé de via. En fran-
tour (vice) renversé (versa)’ d’où ‘récipro- çais, viaticum a donné à la fois voyage et, par
quement’, ‘inversement’. VICISITUD ‘vicissi- voie savante, viatique c’est-à-dire ‘sacrement
tude’, du latin vicissitudo ‘alternative’, donné à un malade à l’article de la mort’ et,
‘échange’, ‘passage d’un état à un autre’, déri- plus généralement, ‘soutien’. VIAJERO ‘voya-
vé de vicis ‘tour, succession’ et ‘alternatives geur’. VIAL ‘relatif à la voie publique’ (segu-
de la destinée’, ‘destinée’. ridad vial ‘sécurité routière’).
VÍA (‘voie’, ‘route’), est issu du latin via ‘voie, VIABLE, voir vivo.
route, rue, chemin’ ainsi que ‘chemin parcou- VIADUCTO, voir vía.
ru’, ‘marche, voyage’ et, au figuré, ‘chemin à VIAJANTE, voir vía.
suivre’ (d’une racine indoeuropéenne *wegh- VIAJAR, voir vía.
‘se déplacer’). Voir aussi ruta à l’article rom- VIAJE, voir vía.
per. VIAJERO, voir vía.
Dérivés : DESVIACIÓN ‘déviation’. DESVIAR VIAL, voir vía.
‘dévier’, ‘détourner, écarter’, ‘dérouter’. EN- VIANDA, voir vivo.
VIADO (substantif) ‘envoyé’, participe passé VÍBORA (‘vipère’), est issu du latin vipera ‘vi-
substantivé de enviar (enviado especial ‘en- père’ et, au figuré, ‘personne méchante’.
voyé spécial’). ENVIAR ‘envoyer’, du bas latin L’origine de ce mot est mal établie. Il s’agit
inviare ‘parcourir, marcher sur (un chemin)’, peut-être d’une contraction de vivipara, fémi-
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Michel Bénaben 507
nin de viviparus ‘vivipare’ (vivus ‘vivant’ et n’était pas transparent. Le latin vitrum a donné
-parus de parere ‘mettre au monde ; espagnol en français verre (anciennement voirre) et
parir). Vipera a d’abord donné *víbera pro- vitre.
bablement altéré en víbora sous l’influence de Dérivés : VITRINA ‘vitrine (d’objets d’art)’,
vivo (les petits de la vipère naissent vivants, emprunté au français vitrine issu de l’ancienne
déjà formés). forme verine (ou verrine) ‘vitrail’ dérivée de
VIBRACIÓN, voir vibrar. verre et refaite en vitrine par analogie avec
VIBRADOR, voir vibrar. vitre. VITRIOLO ‘vitriol’, est emprunté par
VIBRAR (‘vibrer’), est emprunté au latin vibrare l’intermédiaire du catalan au bas latin vitrio-
‘agiter rapidement, secouer’. lum, altération du latin classique vitreolus ‘de
Dérivés : VIBRACIÓN ‘vibration’. VIBRADOR verre’, dérivé de vitreus de même sens lui-
(adjectif) ‘qui vibre’ ; (substantif) ‘vibreur’ ; même issu de vitrum. Vitriolo désignait des
‘bandes rugueuses, ralentisseur’. sulfates d’aspect vitreux. Plus tard, l’acide sul-
VICARIO, voir vez. furique extrêmement corrosif a été désigné par
VICE-, voir vez. l’expression aceite de vitriolo ‘huile de vi-
VICEVERSA, voir vez. triol’ (en français, des articles[de presse] au
VICIO (‘vice’), est issu du latin vitium d’origine vitriol c’est-à-dire ‘très caustiques’). VITRO
inconnue et signifiant ‘défaut physique’, plus (IN) ‘in vitro’, littéralement ‘dans le verre’,
généralement ‘défaut’ et, au figuré, ‘faute’, formé avec in ‘dans’ et vitro, ablatif de vitrum.
‘violence, viol’. Voir aussi avezar ‘être habi- L’espagnol emploie aussi l’expression en
tué à un vice’ → ‘accoutumer à, endurcir’. probeta (‘dans l’éprouvette’).
VICISITUD, voir vez. VIEJO (‘vieux’), est issu du latin veclus pronon-
VÍCTIMA ‘victime’, est emprunté au latin victima ciation altérée de vetulus diminutif familier de
d’origine incertaine et signifiant ‘bête offerte vetus, veteris ‘vieux, ancien’ et ‘vétéran’ (dans
en sacrifice aux dieux’ puis, plus générale- l’armée). Au pluriel substantivé, veteres ‘les
ment, ‘ce qui est sacrifié’. anciens’. Vetus désignait ce qui est détérioré
VICTORIA, voir vencer. par l’âge alors que senex s’appliquait simple-
VID (‘vigne’ [plante]), est issu du latin vitis ment à une classe d’âge.
‘plante à vrilles’ et, plus spécialement, ‘cep de Dérivés : ENVEJECER ‘vieillir’. VEJESTORIO
vigne, vigne’ puis ‘raisin, vin’. Vitis est appa- ‘vieille baderne’. L’origine du second élément
renté à viere ‘courber’, ‘tresser’. (-torio) n’est pas clairement établie. On a pro-
Dérivés : VITÍCOLA (adjectif) ‘viticole’ ; posé de partir de esto es una vieja estoria,
(substantif) ‘viticulteur’, formé avec vitis et (forme ancienne de historia) littéralement
colere ‘cultiver’ d’après agrícola ‘agricole’. ‘ceci est une vieille histoire’ = ‘une vieille
L’acception ‘viticulteur’ (peu usitée) vient di- chose qui a une longue histoire’ d’où
rectement du latin viticola ‘vigneron’. VITI- *vejestoria par agglutination puis vejestorio
CULTOR ‘viticulteur’. VITICULTURA ‘viticul- appliqué aux personnes. VEJEZ ‘vieillesse’.
ture’. VETERANO (adjectif) ‘vieux’ ; (substantif) ‘vé-
VIDA, voir vivo. téran’, emprunt savant au latin classique vete-
VIDENTE, voir ver. ranus ‘vieux, ancien’ dérivé de vetus, veteris.
VÍDEO, voir ver. Veteranus s’appliquait aux soldats : veterani
VIDEOCÁMARA, voir vídeo (à l’article ver) et (milites) ‘les vétérans’. VETERINARIO ‘vétéri-
cámara. naire’, emprunté au latin veterinarius, a, um
VIDEOCASETE, voir vídeo (à l’article ver) et ‘relatif aux bêtes de somme’, dérivé de veteri-
casete. na ‘bêtes de somme’, neutre pluriel substanti-
VIDEOCLIP, voir vídeo (à l’article ver). vé de veterinus, a, um ‘propre à porter les far-
VIDEOJUEGO, voir vídeo (à l’article ver) et deaux’. Veterinus est probablement dérivé de
juego. vetus, veteris ‘vieux’ car les vieux animaux,
VIDRIO (‘verre’), est issu du latin vitreum ‘objet inaptes à la guerre, étaient utilisés pour le
en verre’, neutre substantivé de l’adjectif vi- transport. Leur âge avancé faisait qu’ils
treus, a, um ‘de verre, en verre’, dérivé de vi- avaient besoin plus que les autres qu’un vété-
trum ‘verre’ et ‘pastel ou guède’ (plante qui rinaire s’occupe d’eux. VETUSTO ‘vétuste’,
donne une couleur bleue) car le verre ancien emprunt savant au latin classique vetustus ‘qui
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a une longue durée’, ‘archaïque’, dérivé de ve- VIERNES (‘vendredi’), représente l’abréviation
tus. du latin veneris dies ‘jour de Vénus’ (consacré
VIENTO (‘vent’), est issu du latin ventus ‘air en à Vénus), formé avec venus, veneris et dies
mouvement’, ‘flatulence’ (d’où le vieux fran- ‘jour’. Voir le paradigme des jours de la se-
çais vent de cul), au pluriel ‘bonne ou mau- maine en espagnol, notamment lunes et miér-
vaise fortune’ (espagnol et français contra coles dont le -s final est analogique de martes,
viento y marea ‘contre vents et marées’), jueves et viernes.
‘tendances, influences, courants d’opinion’ Dérivés : VENÉREO ‘vénérien’, du latin vene-
(français être dans le vent), ‘soulèvement rius ‘de Vénus’ c’est-à-dire ‘relatif aux plai-
(contre qqn)’. sirs de l’amour’. L’adjectif est passé dans le
Dérivés : VENDAVAL ‘vent impétueux’, tiré du vocabulaire médical pour désigner les mala-
français vent d’aval (littéralement, ‘vent d’en dies contagieuses transmises lors des rapports
bas, de la vallée’) c’est-à-dire ‘qui vient des sexuels (enfermedades venéreas ‘maladies
plaines de l’Ouest, de la mer’ par opposition à vénériennes’). L’expression, aujourd’hui vieil-
vent d’amont, ‘celui qui vient de la montagne, lie, est remplacée par enfermedad de trans-
de l’Est’ (Alpes, Vosges, Jura). VENTANA ‘fe- misión sexual siglée en ETS ; en français,
nêtre’ ; ‘narine’, a d’abord eu le sens de ‘trou maladie sexuellement transmissible ou MST.
d’aération, évent’ puis celui de ‘narine’ (qui VIGA (‘poutre’), est d’origine mal établie, peut-
permet le passage de l’air). Ventana est donc être du latin biga ‘attelage de deux chevaux’,
un dérivé de viento. Le sens moderne de ‘fe- ‘char à deux chevaux’ dont le sens a pu évo-
nêtre’ a été acquis après la disparition de luer vers celui de ‘flèche d’attelage, timon’
l’ancien mot hiniestra (français fenêtre), issu d’où l’espagnol viga avec le sens de ‘poutre’.
du latin fenestra. VENTANILLA ‘fenêtre, glace’ Espagnol moderne (décoration d’une mai-
(trains, voitures), ‘hublot’, diminutif de ven- son) : vigas a la vista ‘poutres apparentes’.
tana. VENTILADOR ‘ventilateur’. VENTILAR VIGENCIA, voir vigor.
‘ventiler, aérer’, du latin ventilare ‘exposer au VIGENTE, voir vigor.
vent’ et, plus spécialement, ‘exposer le grain VIGÍA, voir velar (2).
au vent, vanner’ d’où ‘secouer’ et ‘attiser’, dé- VIGILANTE, voir velar (2).
rivé de ventus. VENTISCA ‘bourrasque de VIGILAR, voir velar (2).
neige’. VENTOSA ‘ventouse’, emprunté au bas VIGOR (‘vigueur’), est emprunté au latin vigor
latin ventosa qui représente l’abréviation du ‘force vitale’, ‘énergie’ et ‘vif éclat d’une
latin classique cucurbita ventosa, littéralement pierre précieuse’, dérivé de vigere ‘avoir de la
‘courge pleine de vent’, formé avec cucurbita force’, ‘être plein d’énergie’ et, en parlant des
‘courge’ et ventosus, a, um ‘où il y a du vent’ plantes, ‘pousser’. Vigere est à rapprocher de
et ‘vain, vide’, dérivé de ventus. Le mot a été vegere ‘animer’, ‘donner la force’, voir vege-
employé en bas latin médical pour désigner tal. L’expression moderne estar en vigor ‘être
une petite cloche de verre dans laquelle on fai- en vigueur’ désigne en droit une loi, un règle-
sait le vide partiellement en y brûlant un coton ment etc. qui, littéralement, ‘conserve toute sa
et que l’on appliquait sur la peau pour provo- vigueur’ c’est-à-dire son efficacité, son actua-
quer un afflux de sang censé décongestionner lité.
un organe malade (traitement ancien des bron- Dérivés : VIGENCIA ‘vigueur’ (entrar en vi-
chites). VENTOSIDAD ‘vent, flatulence’. gencia / en vigor ‘entrer en vigueur’), formé
VIENTRE (‘ventre’), est issu du latin venter, d’après le radical de vigente. VIGENTE ‘en vi-
ventris ‘ventre (de l’homme ou des animaux)’ gueur’ (la ley vigente ‘la loi en vigueur’ ; es-
et, par analogie de forme, tous les objets ayant tar vigente ‘être en vigueur’), du latin vigens,
cet aspect (‘ventre’ d’une bouteille etc.). vigentis, participe présent (adjectivé en espa-
Dérivés : VENTRÍCULO ‘ventricule’, emprunté gnol) de vigere. VIGOROSO ‘vigoureux’.
au latin ventriculus dans ventriculus cordis, VIGOROSO, voir vigor.
littéralement ‘petit ventre du cœur’. Ventricu- VIL (‘vil, bas’), est issu du latin vilis d’origine
lus est le dérivé diminutif de venter. inconnue et signifiant ‘bon marché’, ‘de peu
VENTRÍLOCUO ‘ventriloque’, du bas latin ven- de valeur’ et ‘commun’.
triloquus ‘qui parle du ventre’, formé avec lo- Dérivés : ENVILECER ‘avilir’. VILIPENDIAR
quus tiré du verbe loqui ‘parler’ (voir locuaz). ‘vilipender’, du bas latin vilipendere, littéra-
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lement ‘estimer comme vil’ d’où ‘traiter avec VINO (‘vin’), est issu du latin vinum ‘vin’, ‘rai-
mépris’, formé avec vilis et pendere ‘peser’ et sin, grappe’ et ‘boisson tirée d’autres fruits’
‘évaluer, estimer’. VILO (EN) ‘en l’air, suspen- (cidre etc.). Très répandu dans les langues
du’ ; ‘dans l’incertitude’, ‘en éveil’, ‘en sus- méditerranéennes, le mot est d’origine mal
pens, en haleine’, dérivé de vil. Le sens origi- établie.
nel de en vilo pourrait être ‘fragile, inconsis- Dérivés : VENDIMIA ‘vendange(s)’, du latin
tant, peu résistant’ (paredes en vilo ‘murs sur vindemia ‘vendange’ et ‘temps de la ven-
le point de s’écrouler, comme suspendus’). dange’. Vindemia, c’est-à-dire *vinodemia, est
VILIPENDIAR, voir vil. formé avec vinum et -demia tiré de demere
VILO (EN), voir vil. ‘enlever, retrancher’, lui-même issu de emere
VILLA (‘villa, maison de campagne’ ; ‘ville’), est ‘prendre’ et ‘prendre contre de l’argent, ache-
issu du latin villa ‘ferme’, ‘maison de cam- ter’. VINAGRE ‘vinaigre’, littéralement ‘vin ai-
pagne’, ‘groupe de maisons, village, bourg’ et gri, aigre’, est emprunté au catalan vinagre
enfin ‘agglomération urbaine, ville’. Ce mot se formé avec agre ‘aigre’ du latin acer, acris
rattache à la racine indoeuropéenne *weik- in- (voir agrio). Vinagre a remplacé la forme
diquant l’unité sociale immédiatement supé- proprement castillane à savoir acedo issue du
rieure à la famille (voir aussi vecino). En es- latin acetum ‘vinaigre’ (acetum > [ancien
pagnol, villa est entré en concurrence avec français] aisil éliminé lui aussi par vinaigre).
ciudad qui a fini par l’emporter. Villa dési- VINAGRETA ‘vinaigrette’, emprunté au catalan
gnait essentiellement des villes (grandes ou vinagreta, diminutif (aujourd’hui démotivé)
petites) qui jouissaient de certains privilèges. de vinagre. VINATERO ‘négociant en vins’.
Madrid est encore nommée aujourd’hui La VINÍCOLA ‘vinicole’, formé d’après agrícola,
Villa del Oso y del Madroño (l’ours et vitícola avec le latin colere ‘cultiver’. VINI-
l’arbousier figurent sur les armoiries de la CULTURA ‘viticulture’ (anciennement vinicul-
ville). ture), formé d’après agricultura. VIÑA ‘vigne’
Dérivés : VILLANCICO ‘chant de Noël’, abré- (le terrain), du latin vinea ‘plantation de vigne,
viation de copla de villancico ‘chant de pay- vigne’, ‘cep, pied de vigne’ et, dans le vocabu-
san’, ‘chant populaire’, villancico étant le di- laire militaire, ‘baraque d’approche pour les
minutif de villano ‘paysan’, voir ce mot ci- sièges’ ainsi nommée parce qu’elle rappelait
après. VILLANO ‘paysan, vilain’ ; ‘roturier’ ; par sa forme les tonnelles de vigne. Vinea est
‘rustre, grossier’, est issu du bas latin villanus la substantivation au féminin de l’adjectif vi-
‘habitant de la campagne’ dérivé de villa neus, a, um ‘de vin’, dérivé de vinum. VIÑEDO
‘ferme’. Les gens des villes ayant montré plus ‘vignoble’. VIÑETA ‘vignette’, du français vi-
de raffinement et d’urbanité que le monde gnette, diminutif aujourd’hui démotivé de
paysan qu’ils méprisaient, villano a fini par vigne. Le sens initial de vignette était ‘dessin,
devenir péjoratif (‘grossier, rustre’). En fran- ornement (de meuble, de vaisselle) en forme
çais : traiter qqn de paysan, de péquenot, de de feuilles de vigne’. Le français moderne n’a
plouc ; être vilain. gardé que le sens de ‘dessin, image, gravure’
VILLANCICO, voir villa. et ‘petit carré de papier portant un dessin, une
VILLANO, voir villa. inscription’.
VINAGRE, voir vino. VIÑA, voir vino.
VINAGRETA, voir vino. VIÑEDO, voir vino.
VINATERO, voir vino. VIÑETA, voir vino.
VINCULAR, voir vínculo. VIOLACIÓN, voir violento.
VÍNCULO ([figuré] ‘lien’), est emprunté au latin VIOLAR, voir violento.
vinculum ‘lien, attache’, ‘liens d’un prisonnier, VIOLENCIA, voir violento.
chaînes’ et, au figuré, ‘liens de parenté, liens VIOLENTO (‘violent’ ; ‘gêné, mal à l’aise’), est
du sang’. Vinculum est dérivé de vincire ‘lier, emprunté au latin violentus ‘emporté’ (en par-
attacher’. lant du caractère), ‘impétueux’ (à propos des
Dérivés : VINCULAR ‘lier, attacher’ (figuré). éléments naturels) et ‘tyrannique’, ‘impérieux’
VINDICTA, voir vengar. (ordre). Cet adjectif est dérivé de vis ‘force en
VINÍCOLA, voir vino. action’, ‘force, violence exercée contre qqn’
VINICULTURA, voir vino. d’où ‘viol’ et ‘assaut par les armes’. L’origine
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de vis n’est pas bien établie, on a parfois rap- (voir hombre). Vir signifiait aussi ‘mari,
proché ce mot de vir ‘homme’ (voir viril) époux’, ‘héros’, ‘soldat’ ainsi que ‘parties
d’autant plus que le pluriel de vis (vires) dési- sexuelles’. Vir désignait également des magis-
gnait les organes sexuels masculins. A partir trats : duumvir, triumvir ‘membre d’un groupe
du sens de ‘violent’, l’espagnol a développé de deux, trois magistrats’. A époque tardive,
après affaiblissement sémantique celui de ‘qui homo a recueilli les sens de vir qui ne subsiste
se fait violence à lui-même’ d’où ‘gêné, mal à que dans les dérivés (viril, virilidad, virago,
l’aise’. La même évolution existe en français virtud).
avec le mot gêne issu de géhenne c’est-à-dire Dérivés : TRIUMVIRATO ‘triumvirat’, du latin
‘torture’ triumviratus ‘commission de triumvirs’, déri-
Dérivés : VIOLACIÓN ‘violation’ ; ‘viol’, du vé de triumvir ‘membre d’une commission de
latin violatio ‘profanation’ et ‘violation de pa- trois personnes’. Triumvir est tiré du génitif
role’, dérivé de violatum supin de violare, voir pluriel trium virum ‘(groupe) de trois
ce mot ci-après. VIOLAR ‘violer’, du latin vio- hommes’, formé avec tres ‘trois’ et vir
lare ‘faire violence, traiter avec violence’, ‘homme’. Le triumvirat désignait l’association
‘violer (une femme)’ et ‘porter atteinte à’, ‘en- de trois personnes qui exerçaient le pouvoir
freindre’, dérivé de vis. VIOLENCIA ‘violence’. (par exemple, Pompée, César, Crassus). VIRA-
VIOLÍN (‘violon’), est emprunté à l’italien violi- GO ‘virago’, du latin virago ‘femme forte ou
no de même sens, diminutif de viola lui-même courageuse comme un homme’, dérivé de vir.
pris à l’ancien provençal viola, déverbal de En français et en espagnol, le mot s’est forte-
violar ‘jouer de la vielle’ d’origine onomato- ment déprécié. L’espagnol utilise aussi mari-
péique (bruit continu et aigu, sifflement etc.). macho. VIRILIDAD ‘virilité’. VIRTUAL ‘vir-
P. Guiraud préfère rattacher ce mot au latin vi- tuel’, emprunté au latin scolastique virtualis
vus ‘animé, vif’. ‘qui n’est qu’en puissance’, dérivé du latin
Dérivés : VIOLINISTA ‘violoniste’. classique virtus ‘courage’, voir ci-après vir-
VIOLINISTA, voir violín. tud. VIRTUD ‘vertu’, du latin virtus, virtutis
VIRAGO, voir viril. ‘courage’, ‘force d’âme’ c’est-à-dire des ‘qua-
VIRAJE, voir virar. lités viriles’. Par extension, le mot désignera
VIRAR (‘virer, tourner’), est d’origine discutée. ‘toute espèce de mérite ou de qualités’ (chez
Le mot est probablement issu du latin vulgaire les êtres animés et non animés). Virtus dérive
*virare, altération du latin classique vibrare de vir ‘homme’.
‘secouer’, ‘brandir’, ‘lancer’, ‘faire tournoyer’ VIRILIDAD, voir viril.
sous l’influence de gyrare ‘tourner’, ‘faire VIRREY, voir vez.
tourner’ et de librare ‘lancer une arme en la VIRTUAL, voir viril.
faisant tournoyer’. VIRTUD, voir viril.
Dérivés : VIRAJE ‘virage’ (au propre et au fi- VIRUELA(S) (‘variole’, ‘petite vérole’ [expres-
guré). sion inusitée aujourd’hui]), d’abord sous la
VIRGEN (‘vierge’), est emprunté au latin virgo, forme veruela, est emprunté au bas latin médi-
virginis ‘jeune femme dont l’hymen est intact’ cal variola, diminutif de varus ‘éruption sur la
et, en latin impérial, ‘qui n’a pas servi’ (en face, bouton’. Le i de variola est probable-
parlant d’objets). Le traitement savant du latin ment dû à l’influence de varius ‘tacheté, mou-
virgo a donné l’espagnol virgo avec le sens de cheté’ car la variole est caractérisée par
‘virginité’ ; en astrologie ‘(signe de la) l’apparition de taches rouges et de pustules.
Vierge’ (signe du zodiaque). Voir vario. La variante latine de variola était
Dérivés : DESVIRGAR ‘déflorer’. VIRGINIDAD vayrola qui a donné en français vérole. Ce mot
‘virginité’. a désigné la variole jusqu’à la fin du XVe
VIRGINIDAD, voir virgen. siècle. Puis vérole s’est appliqué à une mala-
VIRGO, voir virgen. die vénérienne grave, la syphilis. Pour dési-
VIRIL (‘viril’), est emprunté au latin virilis gner la variole, on a alors employé
‘mâle’, ‘masculin’, ‘de l’homme adulte’ et l’expression petite vérole.
‘vigoureux, courageux’, dérivé de vir Dérivés : VARICELA ‘varicelle’, a été formé
‘homme’ opposé à mulier ‘femme’ et à homo savamment d’après le latin variola auquel on a
qui désignait le genre humain, l’être humain adjoint le suffixe diminutif latin -cellus, -cella.
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de’, ‘être fou de’. VIABLE ‘viable’, emprunté rere ‘mettre bas’ (littéralement ‘qui met au
au français viable ‘apte à vivre’ puis ‘qui pré- monde des petits déjà formés, vivants’). Voir
sente les conditions nécessaires pour durer’, víbora. VIVIR ‘vivre’, du latin vivere de même
dérivé de vie (du latin vita, voir plus bas vida). sens.
VIANDA ‘nourriture’ ; (pluriel) ‘mets’, est em- VOCABLO, voir voz.
prunté au français viande issu du bas latin vi- VOCABULARIO, voir voz.
vanda ‘ce qui sert à vivre’ (littéralement VOCACIÓN, voir voz.
‘vivres, provisions’). Vivanda représente VOCAL, voir voz.
l’altération du latin vulgaire *vivenda neutre VOCÁLICO, voir voz.
pluriel substantivé de vivendus, adjectif verbal VOCATIVO, voir voz.
correspondant à vivere ‘vivre’. En français, VOCEAR, voir voz.
viande a d’abord désigné, comme en latin, la VOCERÍA, voir voz.
nourriture en général (sens également retenu VOCIFERAR, voir voz.
par l’espagnol). Au XVIe siècle, viande se s- VODEVIL (‘vaudeville’), adaptation du français
pécialisera pour désigner la chair des animaux vaudeville dont l’origine n’est pas entièrement
dont l’homme se nourrit (voir plus bas vivien- établie. Il s’agit probablement de l’altération
da). VIDA ‘vie’, du latin vita ‘existence, vie’, de vaudevire ‘chanson de circonstance’ formé
‘genre de vie’, ‘moyen d’existence’, ‘réalité’ avec vau et Vire c’est-à-dire Val de Vire, ré-
et ‘biographie’. Vita est dérivé par gion du Calvados dont les chansons eurent du
l’intermédiaire de la forme ancienne *vivita de succès du XVe au XVIIe siècle. L’étymologie
vivere ‘vivre’. VITAL ‘vital’, du latin vitalis populaire a transformé Vire (région peu con-
‘qui concerne la vie’, ‘qui entretient ou donne nue du ‘grand public’) en ville. Le mot a dési-
la vie’ et ‘digne d’être vécu’, dérivé de vita. gné une pièce de théâtre où se mêlent chan-
VITALICIO, A ‘viager, ère’ ; ‘à vie’, dérivé de sons et ballets puis, plus généralement, une
vital avec le suffixe -icio (comme dans aco- comédie légère.
modaticio, alimenticio) : renta vitalicia VODKA (‘vodka’), est emprunté au russe vodka
‘rente viagère’ (qui est versée tant que la per- de même sens, diminutif de voda ‘eau’, littéra-
sonne est vivante) ; senador vitalicio ‘séna- lement ‘petite eau’, désignation familière pour
teur à vie’. VITAMINA ‘vitamine’, est emprunté un alcool fort.
à l’anglais vitamine, mot créé en 1912 par C. VOLADURA, voir volar.
Funck avec le latin vit(a) ‘vie’ et l’anglais VOLANDAS (EN), voir volar.
amine (formé avec le radical de ammoniac) VOLANTE, voir volar.
car le chimiste pensait isoler un acide aminé VOLAR(SE) (‘voler’ ; ‘s’envoler’ ; ‘faire sauter,
dans les vitamines (l’amine est tiré de faire voler en éclats’), est issu du latin volare
l’ammoniac). VIVENCIA ‘fait vécu, expé- dont l’origine est mal établie et signifiant ‘se
rience’, ‘vécu’ (substantif), terme de psycho- déplacer dans l’air’ (en parlant des oiseaux) et,
logie désignant une expérience vécue par le au figuré, ‘venir, aller rapidement’.
sujet et contribuant à structurer sa personnalité Dérivés : REVOLOTEAR ‘voltiger’. VOLANDAS
(terme formé, comme convivencia, d’après (EN) ‘en l’air’ ; (figuré et familier) ‘en vi-
existencia). VÍVERES ‘vivres’, est emprunté tesse’, locution adverbiale formée à partir de
soit à l’italien vìveri soit au français vivres, volando gérondif de volar. Pour la formation
substantivation de l’infinitif vivre (le vivre et de ce type de locution, voir a sabiendas à
le couvert ; couper les vivres). VIVERO ‘vi- l’article saber. VOLADURA ‘explosion’, dérivé
vier’ ; ‘parc (à huîtres)’ ; ‘pépinière’ (au de volar au sens de ‘faire voler en éclats, faire
propre et au figuré), du latin vivarium ‘bassin sauter’. VOLANTE (adjectif) ‘volant, e’, ‘itiné-
où l’on conserve le poisson’, ‘parc à huîtres’ rant, e’ ; (substantif) ‘volant’, participe présent
et ‘parc à gibier’, dérivé de vivus ‘vivant’. VI- adjectivé et substantivé de volar. Dans la
VIDOR (substantif) ‘bon vivant’. VIVIENDA langue technique, volante désigne un pièce en
‘logement’, du latin vulgaire *vivenda ‘choses forme de roue munie de palettes et qui en
qui servent à vivre’, neutre pluriel substantivé tournant constitue une masse inerte servant à
de l’adjectif verbal vivendus tiré de vivere. régulariser un mécanisme en mouvement. Il
Voir plus haut vianda. VIVÍPARO ‘vivipare’, est possible que volante ait d’abord désigné,
formé à partir du latin vivus ‘vivant’ et de pa- comme en français, une aile de moulin à vent
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(latin volare ‘se déplacer dans l’air’). Par ana- VOLUMINOSO, voir volver.
logie de forme, certains objets en forme de VOLUNTAD (‘volonté’), est emprunté au latin
roue et entraînant un mécanisme ont été dési- voluntas ‘bonne volonté’, ‘bienveillance’,
gnés avec le même mot : ‘volant ‘zèle’, ‘volonté exprimée par testament’, ‘dis-
(d’automobile)’ etc. VOLÁTIL ‘volatil’, du la- positions, sentiments (vis-à-vis de qqn)’ et
tin volatilis ‘qui vole, ailé’ et, au figuré, ‘ra- ‘vœu, désir’. Voluntas est dérivé de velle ‘vou-
pide’, ‘éphémère’, dérivé de volare. VOLATI- loir’.
LIZAR ‘volatiliser’. VUELO ‘vol’, dérivé de vo- Dérivés : VELEIDAD ‘velléité’, est emprunté au
lar avec le suffixe nominalisateur -o (comme latin médiéval velleitas de même sens, dérivé
adelantar → adelanto et gastar → gasto). La de velle ‘vouloir’. Certains étymologistes
diphtongue -ue- du substantif rappelle celle du (Bloch et Von Wartburg) voient dans velleitas
verbe (vuelo, vuelas, vuela[n]). un dérivé du subjonctif imparfait de vellere
VOLÁTIL, voir volar. c’est-à-dire vellem ‘je voudrais’ qui représente
VOLATILIZAR, voir volar. une double virtualité (vellere est par lui-même
VOLCÁN (‘volcan’), est emprunté au portugais un verbe puissanciel et le subjonctif est le
volcão lui-même issu du latin Vulcanus (ou mode du virtuel) : velleitas = faible volonté.
volcanus) ‘Vulcain, dieu du feu’ et, par figure, VOLICIÓN ‘volition’, du latin scolastique voli-
‘feu, incendie’. tio, dérivé savant de velle qui s’emploie essen-
Dérivés : VOLCÁNICO ‘volcanique’. VULCANI- tiellement en grammaire (vouloir / querer
ZAR ‘vulcaniser’, emprunté à l’anglais to vul- sont des verbes de volition ou verbes volitifs).
canize dérivé de Vulcan ‘Vulcain’ (latin Vul- VOLUPTUOSIDAD, voir voluptuoso.
canus). La vulcanisation, mise au point par VOLUPTUOSO (‘voluptueux’), est emprunté au
l’anglais Hancock en 1843, consiste à ajouter latin voluptuosus ‘agréable, qui charme’, déri-
du soufre au caoutchouc pour améliorer sa ré- vé de voluptas ‘joie, satisfaction’ et, plus spé-
sistance et son élasticité. cialement’, ‘plaisir érotique’. Voluptas dérive
VOLCÁNICO, voir volcán. de l’adverbe volup ‘agréablement’, neutre de
VOLCAR (‘renverser’ ; ‘capoter, se renverser, l’adjectif *volupis appartenant à la famille de
verser’ [véhicule] ; ‘se retourner’ [bateau]), est velle ‘vouloir’ et uniquement attesté dans
probablement un dérivé régressif de revol- l’expression volupe est (mihi) ‘il m’est
car(se) ‘renverser’ ; ‘se rouler, se vautrer’, is- agréable (de)’.
su du latin vulgaire *revolvicare dérivé de re- Dérivés : VOLUPTUOSIDAD ‘volupté’.
volvere ‘rouler en arrière’, ‘refouler’, ‘dérou- VOLVER (‘tourner’ ; ‘revenir, retourner’ ;
ler un manuscrit, consulter un livre’ et, au fi- ‘rendre’ [+ adjectif] ; [pronominal] ‘se tour-
guré, ‘ramener’, ‘revenir (par la pensée)’. Re- ner’ ; ‘devenir’), est issu du latin volvere ‘rou-
volvere est formé avec re (indiquant le mou- ler’, ‘faire rouler’, ‘projeter en tourbillons’,
vement en arrière) et volvere ‘rouler’. Voir ‘faire aller et venir’ ; au figuré ‘remuer en soi’
volver. et, en rhétorique, ‘dérouler une période’
Dérivés : REVOLCÓN ‘action de renverser, de (d’une racine indoeuropéenne *wel- ‘rouler’).
rouler par terre, de piétiner’, ‘action de se rou- Volver a subi un développement sémantique
ler, de se vautrer par terre’ (un revolcón en la identique à celui de tornar. Il exprime l’idée
cama ‘une partie de jambes en l’air’). VUELCO de changement, de transformation (français
‘chute, culbute’, ‘renversement’, ‘retourne- ‘devenir’) : un tour complet = un changement
ment’, ‘chavirement’. radical, d’où se volvió loco ‘il devint fou’.
VOLICIÓN, voir voluntad. Voir aussi revolución.
VOLTAJE, voir voltio. Dérivés : DESENVOLVER ‘défaire’, ‘dérouler’ ;
VOLTEAR, voir volver. ‘développer’ ; (pronominal) ‘se développer’,
VOLTIO (‘volt’), est dérivé du nom du physicien ‘se dérouler’ ; ‘se tirer d’affaire’, voir envol-
italien A. Volta (1745-1827) qui inventa la ver. DEVOLUCIÓN ‘restitution, renvoi’, ‘rem-
première pile électrique. boursement’, voir devolver. DEVOLVER
Dérivés : VOLTAJE ‘voltage’ (désigne la diffé- ‘rendre, restituer’, ‘retourner, renvoyer’, ‘rem-
rence de potentiel entre les deux bornes d’une bourser’, du latin devolvere ‘faire rouler de
prise électrique : la phase et le neutre). haut en bas’, ‘entraîner en roulant’, ‘précipi-
VOLUMEN, voir volver. ter’, ‘dérouler, dévider’ et, au figuré, ‘entraî-
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ner’. A partir de l’idée de ‘dérouler, dévider’ ‘échanger, retourner’, issu de rivolto participe
(dérouler la laine qui a été préalablement rou- passé de rivolgere ‘retourner’ (du latin revol-
lée), l’espagnol a développé celle de ‘faire une vere ‘rouler en arrière’). VOLTEAR ‘faire tour-
action en sens inverse’ d’où ‘rendre, restituer’, ner / voltiger’, ‘sonner (les cloches) à toute
‘renvoyer’. Devolvere est formé avec de indi- volée’, ‘retourner (la terre)’, ‘renverser, culbu-
quant l’origine, l’éloignement et volvere ‘rou- ter, faire sauter’. VOLUMEN ‘volume’, est em-
ler’. ENVOLVER ‘envelopper’, du latin invol- prunté au latin volumen ‘repli’, ‘rouleau’ et, en
vere ‘faire rouler en bas, faire tomber en rou- particulier, ‘rouleau d’un manuscrit’ d’où
lant’ et ‘enrouler, envelopper’, littéralement ‘livre, manuscrit, volume’ et ‘partie d’un ou-
‘rouler dans’, formé avec in ‘dans’, ‘sur’ et vrage’. Volumen — dérivé de volvere ‘tourner,
volvere. EVOLUCIÓN ‘évolution’, du latin evo- faire tourner’ — désignait aussi les ‘enroule-
lutio ‘action de dérouler’, ‘action de parcou- ments d’un serpent’ et s’appliquait au ‘mou-
rir’, dérivé de evolutum supin de evolvere ‘dé- vement circulaire (des astres)’. En partant de
rouler’, ‘déployer’ et, au figuré, ‘expliquer’, l’idée d’ « espace occupé par des volumes, par
formé avec ex (éloignement, séparation) et des livres », l’espagnol et le français ont déve-
volvere. D’abord utilisé avec un sens spatial loppé le sens plus général d’ « espace occupé
(action de se déplacer), le mot a pris un sens par un objet » puis plus précisément, en géo-
temporel et a gagné en extension (idée de métrie, celui d’ « espace à trois dimensions ».
changement, de transformation dans le temps). Le mot a été ensuite appliqué aux sons qui, se-
EVOLUCIONAR ‘évoluer’. MONOVOLUMEN lon leur intensité, ‘envahissent’ plus ou moins
‘monospace’ (automobile), voir volumen. RE- l’espace. D’autres emplois figurés ont suivi :
VOLUCIÓN ‘révolution’, du bas latin revolutio volumen de contratación / volúmenes con-
‘retour’, ‘déroulement’, ‘retour des âmes par tratados ‘volume des échanges / des transac-
la métempsycose’ et, en latin médiéval, ‘retour tions’. VOLUMINOSO ‘volumineux’. VUELTA
périodique d’un astre à son point de départ’. ‘tour’ ; ‘retour’, participe passé substantivé au
Revolutio est dérivé de revolutum supin de re- féminin de volver (du latin volutus, a, um, de-
volvere ‘rouler en arrière, ramener’, voir re- venu *voltus en latin vulgaire, participe passé
volver. A partir du XVIIe siècle et sous de volvere ‘tourner’). La vuelta al mundo ‘le
l’influence de l’anglais revolution, le mot dé- tour du monde’.
signera en politique un changement de régime VOMITAR (‘vomir’), est emprunté au latin vomi-
complet et brutal. REVOLUCIONARIO ‘révolu- tare intensif de vomere ‘vomir’, ‘cracher’, ‘re-
tionnaire’, emprunté au français révolution- jeter’ au propre et au figuré.
naire, terme apparu en 1789 au moment de la Dérivés : VÓMITO ‘vomissement’.
Révolution française. REVOLVER ‘remuer’, VÓMITO, voir vomitar.
‘fouiller dans’, ‘mettre sens dessus dessous’ , VORÁGINE, voir voraz.
du latin revolvere ‘rouler en arrière’, ‘faire ré- VORAZ (‘vorace’), est emprunté au latin vorax,
trograder en roulant’, ‘dérouler un manuscrit’, voracis ‘qui est toujours disposé à dévorer’,
‘ramener’, ‘rappeler’ et ‘raconter’, formé avec ‘qui engloutit’, dérivé de vorare ‘manger avi-
re (mouvement en arrière) et volvere ‘rouler’. dement’ (d’une racine indoeuropéenne *gwer-
REVÓLVER ‘revolver’, est emprunté à l’anglais ou *gwre- ‘avaler’).
revolver tiré du verbe to revolve ‘tourner’ lui- Dérivés : DEVORAR ‘dévorer’, du latin devo-
même pris au latin revolvere ‘rouler en ar- rare ‘avaler, engloutir’, ‘avaler sans goûter’,
rière’. Le mot fut créé par S. Colt dont le nom formé avec de (à valeur intensive) et vorare.
est devenu un nom commun (un colt). Le re- VORÁGINE ‘tourbillon, remous’, du latin vora-
volver désigne l’arme de poing dont le maga- go, voraginis ‘gouffre’, ‘tourbillon’, littérale-
sin est constitué d’un barillet qui tourne ment ‘gouffre dévorant’, dérivé de vorare.
chaque fois qu’une balle est introduite dans le VOS (‘vous’), est issu du latin vos pronom per-
canon. REVUELTA ‘révolte’. Le mot a d’abord sonnel de 2e personne du pluriel. Employé
signifié ‘agitation’, ‘confusion, mélange’, ‘in- comme pluriel fictif pour s’adresser à une
trigue’. Il est possible que l’acception ‘révolte, seule personne (de forme plurielle mais de
sédition’ vienne du français révolte qui avait contenu singulier), vos est devenu en espagnol
pris ce sens dès 1500. Révolte est le déverbal un pronom de courtoisie : vos sois el Rey
de révolter emprunté à l’italien rivoltare ‘vous êtes le Roi’. Concurrencé par des for-
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mules de politesse plus cérémonieuses (Vues- compli et que l’on place dans une église ou
tra Merced, Vuestra Señoría), vos finira par une chapelle. VOTACIÓN ‘vote’, ‘tour de scru-
devenir un équivalent de tú et disparaîtra dans tin’ (votación secreta ‘vote à bulletins se-
cet usage de la Péninsule Ibérique (double crets’ ; votación a mano alzada ‘vote à mains
emploi). En revanche, il se maintiendra avec levées’). VOTAR ‘voter’ (votar a / por alguien
cette valeur à travers le voseo utilisé dans cer- ‘voter pour qqn’).
tains pays d’Amérique latine (Argentine etc.). VOZ (‘voix’ ; ‘mot, terme’), est issu du latin vox,
Pour de plus amples détails, consulter la thèse vocis ‘voix’, ‘son de la voix’, ‘accent’ ainsi
de N. Ly, La poétique de l’interlocution dans que ‘mot’, ‘sentence’ et, en poésie, ‘langue,
le théâtre de Lope de Vega, Université de langage’. L’espagnol a retenu l’acception
Bordeaux III, 1981. ‘mot, terme’ : una voz culta ‘un mot savant’.
Dérivés : VOSEAR ‘vouvoyer’ ; ‘tutoyer’ (utili- Il s’agit d’un rapport métonymique : le même
ser le voseo en Amérique latine). VOSOTROS terme désigne à la fois la voix et ce qu’elle
‘vous’. L’ancienne opposition entre vos et vo- produit, les sons formant des mots.
sotros reproduit celle qui existait entre nos et Dérivés : CONVOCAR ‘convoquer’, du latin
nosotros (voir à ce sujet nosotros). VUESTRO, convocare ‘appeler, réunir’, ‘faire venir à soi’,
A ‘votre’, du latin vulgaire voster (latin clas- formé avec cum ‘ensemble’, ‘avec’ et vocare
sique vester), par analogie avec noster, nos- ‘appeler’, ‘nommer’, dérivé de vox. CONVO-
trum > nuestro. CATORIA ‘convocation’ ; ‘session
VOSEAR, voir vos. (d’examen)’. EVOCAR ‘évoquer’, du latin evo-
VOSEO, voir vos. care ‘appeler à soi, attirer’ et, spécialement,
VOSOTROS, voir vos et nosotros. ‘appeler des troupes’. Evocare est formé avec
VOTACIÓN, voir voto. ex ‘dehors, hors de’ et vocare (littéralement
VOTAR, voir voto. ‘faire sortir en appelant’). Evocar a pris le
VOTO (‘vœu’, ‘souhait’ ; ‘vote’, ‘voix, suf- sens de ‘faire venir à l’esprit, rappeler à la
frage’), est emprunté au latin votum ‘promesse mémoire’ puis, plus généralement, ‘faire appa-
faite aux dieux’ (en échange d’une faveur de- raître à l’esprit de qqn’ (par le moyen
mandée), ‘objet votif, offrande’ et, en général, d’images, d’associations d’idées etc.). INVO-
‘vœu, souhait’ ; en latin impérial ‘vœux pro- CAR ‘invoquer’, du latin invocare ‘appeler,
noncés par les époux, mariage’. Votum est le prendre les dieux à témoin’, ‘appeler au se-
participe passé substantivé au neutre de vovere cours’ et ‘appeler, nommer’, formé avec in
‘faire une promesse (à une divinité)’, ‘vouer’ ‘dans, en, parmi’ et vocare. PROVOCAR ‘pro-
et ‘souhaiter, désirer’. Pour ce qui est de voquer’, du latin provocare ‘appeler dehors’,
l’acception ‘vote (émis lors d’une consultation ‘faire venir’ d’où ‘pousser à, défier’ et ‘faire
électorale)’, l’espagnol l’a développée sponta- naître qqch’. Provocare est formé avec pro
nément dès la fin du XVe siècle (voter c’est, ‘devant, avant’ et vocare. REVOCAR ‘révo-
en quelque sorte, exprimer un vœu). Le fran- quer’, du latin revocare ‘rappeler, faire reve-
çais a emprunté cette acception au début du nir’ et ‘ramener en arrière’, formé avec re in-
XVIIIe siècle à l’anglais vote lui-même issu du diquant le mouvement en arrière et vocare.
latin votum. Revocar a pris le sens de ‘rappeler qqn (pour
Dérivés : DEVOTO ‘dévot’, emprunté au latin lui signifier sa destitution)’. VOCABLO ‘mot,
devotus ‘dévoué, consacré’ et, en latin ecclé- vocable’, du latin vocabulum ‘dénomination,
siastique, ‘dévoué à Dieu’, participe passé ad- nom d’une chose’, ‘mot, terme’, dérivé de vo-
jectivé de devorere ‘vouer, consacrer, dédier’, care ‘appeler, nommer’. VOCABULARIO ‘vo-
formé avec de (intensif) et vorere ‘vouer’. EX- cabulaire’, du latin médiéval vocabularium
VOTO ‘ex-voto’, emprunté à la formule latine ‘ensemble de mots’, dérivé de vocabulum
ex voto (suscepto) ‘selon le vœu (accompli)’, ‘mot, terme’, voir ci-dessus vocablo. VOCA-
formé avec ex ‘à la suite de, selon’, voto abla- CIÓN ‘vocation’, du latin vocatio ‘action
tif de votum et suscepto participe passé adjec- d’appeler’, ‘assignation en justice’ et ‘invita-
tivé de suscipere avec le sens de ‘prendre tion’, dérivé de vocatum supin de vocare ‘ap-
l’engagement d’accomplir un vœu’. Un ex- peler’. VOCAL (adjectif) ‘vocal’ (cuerdas vo-
voto désigne un objet, une plaque portant une cales ‘cordes vocales’) ; (substantif) ‘voyelle’,
formule de reconnaissance pour un vœu ac- du latin vocalis ‘qui fait entendre un son de
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voix’ (en parlant d’animaux), ‘qui se sert de la vulgar ‘latin vulgaire / populaire’). VULGARI-
voix’ (à propos d’une personne), ‘sonore’ (en ZAR ‘vulgariser’.
parlant de choses). Pris substantivement, voca- VULNERABLE, voir vulnerar.
lis désignait au singulier une voyelle (vieux VULNERAR (‘blesser’ ; ‘porter atteinte à’ ; ‘en-
français une vocale ; espagnol moderne una freindre [la loi, etc.]’), est emprunté au latin
vocal) et, au pluriel (vocales), des ‘chanteurs’, vulnerare ‘blesser’ dérivé de vulnus, vulneris
des ‘musiciens’. En phonétique, les voyelles ‘blessure’, ‘coup porté’.
sont ainsi nommées car les ondes sonores pro- Dérivés : VULNERABLE ‘vulnérable’, du latin
viennent uniquement de la voix c’est-à-dire de vulnerabilis ‘qui blesse’ et ‘qui peut être bles-
la vibration des cordes vocales, l’air sé’, dérivé de vulnerare.
s’écoulant librement à l’intérieur de l’appareil
vocal. Les voyelles sont donc toujours des
phonèmes sonores (vibrations), ce sont des W
phonèmes dits voisés (dérivé de voix). A
l’inverse, les consonnes sont difficilement
prononçables toutes seules sans le soutien WALKIE TALKIE (‘talkie-walkie’), est emprunté
d’une voyelle contiguë (consonne = ‘qui sonne à l’anglais talkie-walkie issu du pidgin des
/ se prononce avec’) et leur articulation est Antilles telkee walkee. Le pidgin est un sys-
plus ou moins entravée en un ou plusieurs tème linguistique composite servant de langue
points du conduit vocal. VOCÁLICO ‘voca- d’appoint, formé à l’origine à partir de la
lique’. VOCATIVO ‘vocatif’, du latin vocativus langue anglaise — plus ou moins altérée — et
‘qui sert à appeler’ (dans les langues à décli- d’éléments locaux. Voir l’article sabir. Telkee
naison), dérivé de vocatum supin de vocare walkee signifie littéralement ‘bavardage en
‘appeler’. VOCEAR ‘crier’. VOCIFERAR ‘voci- marchant’. Formé avec telkee, altération de
férer’, du latin vociferare (ou vociferari) ‘faire talkee lui-même issu de l’anglais to talk ‘par-
entendre des clameurs’, ‘pousser de grands ler’ et walkee de l’anglais walk ‘promenade’
cris’, ‘retentir, résonner’, formé avec vox (to walk ‘marcher’ ; walkman ‘baladeur’).
‘voix’ et ferre ‘porter’ (faire porter sa voix). L’expression est passée dans la langue tech-
VOCERÍA ‘cris’, ‘clameurs’. nique militaire pour désigner un appareil de
VUELCO, voir volcar. transmission portatif (parler + se déplacer).
VUELO, voir volar. L’ordre adopté par l’espagnol (walkie talkie)
VUELTA, voir volver. représente en fait la forme usuelle en anglais
VUESTRO, voir vos. moderne.
VULCANIZAR, voir volcán. WALKMAN (‘Walkman’, ‘baladeur’), est le nom
VULGAR, voir vulgo. d’une marque déposée par le constructeur ja-
VULGARIZAR, voir vulgo. ponais Sony en 1978. Le mot, qui signifie lit-
VULGO (‘peuple’ ; ‘commun des mortels’), est téralement ‘marcheur’, est formé avec to walk
emprunté au latin vulgus d’origine inconnue et ‘marcher’ et man ‘homme’. L’espagnol rem-
signifiant ‘la foule’, ‘le commun des place parfois cet anglicisme par casco
hommes’. ‘casque’ ou auricular(es) ‘ce que l’on porte
Dérivés : DIVULGAR ‘divulguer’, du latin di- sur les oreilles’. Dans la langue familière, on
vulgare ‘rendre public’ et ‘répandre le bruit utilise aussi (unos) egoístas c’est-à-dire ce qui
que’, formé avec dis- indiquant l’éloignement, permet d’écouter de la musique tout seul (dans
la dispersion et vulgare ‘répandre dans le pu- la rue etc.) de manière égoïste.
blic, propager’, ‘offrir à tout le monde’ et WESTERN (‘western’), est emprunté dans les
‘prostituer’. Vulgare est dérivé de vulgus. années 20 à l’anglo-américain western adjectif
VULGAR ‘vulgaire’ ; ‘ordinaire, banal’, du la- signifiant littéralement ‘de l’Ouest’, dérivé de
tin vulgaris ‘qui concerne la foule’, ‘général’, west ‘Ouest’, voir oeste. L’adjectif a été subs-
‘ordinaire, commun, banal’, dérivé de vulgus. tantivé et a désigné le genre cinématogra-
Vulgar a pris un sens dépréciatif. En linguis- phique racontant la conquête de l’Ouest. En
tique, cet adjectif sert à caractériser sans con- espagnol, película del oeste a du mal à
notations péjoratives la langue parlée par le s’imposer face au terme anglais.
peuple par opposition à la langue écrite (latín
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WHISKY (‘whisky’), adapté sous la forme güis- dra une valeur péjorative : souteneur, entre-
qui comme beaucoup de mots d’origine ger- metteur entre un client et une prostituée.
manique commençant par W- (wisa > guisa ;
werra > guerra ; warjan > guarnecer ; widan
> guiar ; wardôn > guardar). Whisky est Y
emprunté à l’anglais whisky ou whiskey forme
abrégée de whiskybae elle-même empruntée
au gaélique (irlandais, écossais) uisge beatha, YA (‘déjà’ ; ‘maintenant’ ; ‘plus tard’), est issu du
littéralement ‘eau (uisge) de vie (beatha)’. latin jam qui pouvait se rapporter au présent
WINDSURF (‘planche à voile’), est emprunté à (‘dès maintenant’), à un passé récent (‘il y a
l’anglais windsurf de même sens, formé avec un instant’) ou à un futur proche (‘dans un ins-
wind ‘vent’ et surf abréviation de surf-board, tant’). Le français déjà est formé avec dès (la-
littéralement ‘planche (board) permettant de tin de ex, marquant le point de départ dans le
glisser sur le ressac’ (surf ‘ressac, brisants’). temps) et l’ancienne forme ja (du latin jam)
L’anglais surf a été très vite adopté dans ses conservée dans jadis et jamais. Déjà a signifié
emplois figurés : to surf the Net ‘surfer sur ‘dès à présent’ puis ‘dès ce moment-là (dans le
l’Internet’ / surfear por Internet. Par ailleurs, passé)’, ‘auparavant, à un moment donné du
l’espagnol remplace windsurf par des expres- passé’ : il est déjà arrivé = ‘il est ici depuis un
sions calquées sur le français planche à voile : moment’. L’espagnol ya a conservé les trois
plancha a vela et tabla a vela. Windsurfing positions temporelles offertes par le latin jam
désigne la pratique de la planche à voile. (passé / présent / futur) : llegó ya ‘il est déjà
Dérivés : WINDSURFISTA ‘véliplanchiste’. arrivé’ ; ya es rico ‘maintenant, il est riche’ ;
WINDSURFISTA, voir windsurf. ya hablaremos de eso ‘nous en parlerons plus
tard’.
Dérivés : JAMÁS ‘jamais’, est probablement
emprunté à l’ancien occitan (ou à l’ancien
X français) ja mais, du latin jam magis, littéra-
lement ‘maintenant et plus (tard)’ d’où ‘un de
ces jours’. En français et en espagnol, jamais
XENOFOBIA (‘xénophobie’), est formé avec le et jamás ont donc à l’origine un sens positif
grec xenos ‘hôte’ dont le sens est double : qui persiste d’ailleurs encore aujourd’hui : si
‘personne qui donne l’hospitalité’ et ‘personne jamás lo haces, te arrepentirás ‘si jamais (=
qui reçoit l’hospitalité’ d’où ‘étranger’. Le se- si un de ces jours à venir) tu le fais, tu t’en re-
cond élément (-fobia) est tiré du grec -phobia pentiras’. Employés au contact d’une néga-
issu du radical de phobos ‘fuite’, ‘effroi’, tion, ces deux mots ont fini par prendre, par
‘peur irraisonnée’. Xenofobia signifie donc à contamination linguistique, une valeur néga-
l’origine ‘peur de l’étranger’. La peur indui- tive : ¿ vendrás algún día ? Jamás. ‘Vien-
sant des comportements agressifs, le mot a dras-tu un de ces jours ? Jamais’ (= ‘je ne
pris ensuite le sens d’ « hostilité envers un viendrai jamais, ni maintenant, ni plus tard’).
étranger ». Voir aussi más et mas.
Dérivés : PROXENETA ‘proxénète’, est em- YACER (‘être étendu’ ; ‘gésir’), est issu du latin
prunté par l’intermédiaire du latin proxeneta jacere, littéralement ‘être dans l’état d’une
au grec proxenetês ‘courtier, celui qui chose jetée’ d’où ‘être couché, être étendu’.
s’entremet dans un marché’, dérivé de proxe- Ce verbe, qui avait un e long à l’infinitif et
nos ‘hôte public’. Ce titre honorifique était ré- dont la première personne du présent de
servé à celui qui avait rendu un service à une l’indicatif était jaceo, se comporte en quelque
cité ou à l’État : il était donc l’hôte (xenos) de sorte comme le résultatif de l’autre verbe ja-
l’État, l’hôte pour lequel (pro-) l’État offrait cere (avec un e bref ; jacio à la première per-
son hospitalité. Proxenein ‘être hôte de l’État’ sonne), verbe que l’on peut qualifier ici
et ‘offrir l’hospitalité au nom de l’État’, ‘être d’opératif et signifiant ‘jeter, lancer’.
patron, protecteur ou médiateur’. Proxeneta Dérivés : YACIMIENTO ‘gisement’ (mine, pé-
se spécialisera dans un certain milieu et pren- trole etc.) par analogie de disposition : les
couches de minéraux sont disposées de ma-
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nière horizontale (comme si elles étaient cou- ÑO ‘ermite’, forme issue de eremitanem, accu-
chées). satif de eremita.
YACIMIENTO, voir yacer. YERNO (‘gendre’), est issu du latin gener, generi
YANQUI (‘yankee’), est emprunté à l’anglais de même sens, de la même famille que gi-
yankee d’origine incertaine. On a évoqué le gnere ‘engendrer’.
néerlandais Jankee ‘petit Jean’, surnom donné YERRO, voir errar.
par les Hollandais aux Anglais installés à New YERTO (‘raide’, ‘rigide’), est l’ancien participe
Amsterdam, ville rebaptisée ensuite New passé adjectivé de erguir(se) ‘(se) lever, (se)
York. Il est possible aussi que yankee soit une dresser’ (*erctus en latin vulgaire ; erectus en
altération de English. latin classique). Voir erguir(se).
YATE (‘yacht’), est adapté de l’anglais yacht lui- YESO (‘gypse’ ; ‘plâtre’), est issu du latin gyp-
même probablement emprunté au néerlandais sum emprunté au grec gupsos ‘gypse, plâtre,
jaght (moderne jacht), abréviation de chaux vive’ (gypse ou pierre à plâtre).
jaghtship ‘bateau pour la chasse’. On peut YO (‘moi’, ‘je’), est issu du bas latin eo, contrac-
supposer qu’il s’agissait d’un bateau destiné à tion de ego ‘moi’, nominatif du pronom per-
la chasse à la baleine mais Corominas pense sonnel de première personne. Comme le verbe
plutôt à un bateau de corsaire qui ‘chassait’ les espagnol intègre un flexif personnel dans sa
autres navires. Quoi qu’il en soit, l’utilisation terminaison (canto, cantas etc.), yo ne sert
de ce type de navire a radicalement changé ! qu’à renforcer (te lo digo yo ‘moi, je te le dis ;
YAZ, voir jazz. ‘c’est moi qui te le dis’) ou à opposer deux ac-
YEGUA (‘jument’), est issu du latin equa de tions (yo en desvelo y él durmiendo ‘moi je
même sens, au masculin equus (d’une racine veille et lui, il dort’). Le français, dont la mor-
indoeuropéenne *ekwo- ‘cheval’ ; grec hip- phologie verbale ne porte pas toujours les
pos). marques de la personne, a dû utiliser systéma-
Dérivés : ECUESTRE ‘équestre’, du latin impé- tiquement les pronoms personnels dans ses
rial equester ‘de cheval’ et ‘de cavalier’, déri- conjugaisons : la personne est en quelque sorte
vé de equus ‘cheval’. EQUITACIÓN ‘équita- extériorisée (je-chante) alors qu’en espagnol
tion’, du latin impérial equitatio de même elle est intériorisée.
sens, dérivé de equitare ‘aller à cheval’ issu de Dérivés : EGOCÉNTRICO ‘égocentrique’, litté-
equus. ralement ‘qui est centré sur lui-même’.
YELMO (‘heaume’), est issu par l’intermédiaire EGOÍSMO ‘égoïsme’, emprunté au français
du latin helmus du francique *helm ‘casque’. égoïsme, dérivé savant du latin ego. EGOÍSTA
YEMA (‘bourgeon’ ; ‘jaune d’œuf’ ; ‘bout [du ‘égoïste’ et, au pluriel, dans la langue fami-
doigt]’), est issu du latin gemma ‘bourgeon’, lière, (unos egoístas) ‘Walkman, baladeur’ (ce
‘œil de la vigne’ et, par analogie de forme et qui permet d’écouter ‘égoïstement’ de la mu-
de couleur, ‘pierre précieuse’ (d’où gemme en sique). EGOTISMO ‘égotisme’, est emprunté à
français et gema en espagnol). Par analogie de l’anglais egotism mot créé en 1714 par Addi-
fonction, l’espagnol a appliqué yema au son pour traduire le français égoïsme mais
‘jaune d’œuf’ qui contient en germe le futur avec le sens de ‘disposition à parler de soi’.
rejeton de la poule. Par métaphore, le bout des Égotisme est devenu en littérature le corres-
doigts est aussi désigné par yema (similitude pondant de égocentrisme. En France, Stendhal
de forme). a été l’un des premiers à utiliser ce terme.
YERMO ([adjectif] ‘désert’, ‘inhabité’ ; [substan- YOD (‘yod’), terme de phonétique emprunté à
tif] ‘désert’), est issu du bas latin eremus ‘dé- l’hébreu où il désigne le i à valeur de con-
sert’, emprunté au grec erêmos de même sens sonne. Par exemple, dans l’espagnol tienda, le
et d’origine non établie. i plus fermé que le e tend à se fermer davan-
Dérivés : ERMITA ‘ermitage’, a d’abord dési- tage (loi du timbre) et aboutit à un yod c’est-à-
gné l’ermite avant de désigner le lieu où il ha- dire un i palatalisé qui n’est plus tout à fait une
bite. Emprunté au latin chrétien eremita ‘reli- voyelle (d’où l’appellation de semi-voyelle)
gieux retiré dans un lieu désert’ lui-même pris mais qui n’est pas tout à fait non plus une con-
au grec ecclésiastique erêmitês ‘qui vit dans la sonne (semi-consonne). Ce phonème est à
solitude’, dérivé de erêmos ‘désert’. ERMITA- l’origine de très nombreuses évolutions pho-
nétiques du latin à l’espagnol (voir B. Pottier,
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B. Darbord, La langue espagnole. Éléments de tème où tout se tient et où les formes sont dé-
grammaire historique, Nathan, 1994, pp. pendantes les unes des autres. CONYUGAL
62-65). ‘conjugal’, du latin conjugalis ‘relatif au ma-
YOGA (‘yoga’), est emprunté au sanskrit yoga, riage’, dérivé de conjux, conjugis ‘époux,
littéralement ‘jonction’, technique d’origine épouse’, tiré de conjungere ‘lier ensemble,
hindoue qui vise à la réalisation de l’unité de joindre, unir’. Conjungere est le doublet de
la personne par une maîtrise parfaite des fonc- conjugare. CÓNYUGE ‘conjoint’, du latin con-
tions vitales (jonction entre le corps et jux, conjugis ‘époux, épouse’, littéralement
l’esprit). ‘qui porte le même joug’. SUBYUGAR ‘subju-
YOGUR (‘yaourt’), est emprunté au bulgare guer, dominer’, du latin subjugare ‘faire pas-
yugúrt ou yaúrt lui-même pris au turc yogurt ser sous le joug’ et, au figuré, ‘soumettre’,
‘lait caillé fermenté’. formé avec sub (position inférieure) et jugare
YONQUI (‘junkie, junky’, ‘drogué, camé’), est ‘attacher ensemble’, dérivé de jugum.
adapté de l’anglais junkie (ou junky) ‘drogué’, YUNQUE (‘enclume’), est d’abord attesté sous la
‘accro’ (game-show junky ‘accro des jeux té- forme incue devenue par métathèse íunque
lévisés’). Junky est dérivé de junk ‘vieux cor- puis yunque. Incue vient probablement du la-
dages’, ‘ferraille’, ‘bric-à-brac’, ‘rossignols, tin vulgaire *incude, latin classique incus, in-
vieilleries’ et ‘camelote’ (junk-heap ‘dépo- cudis de même sens, dérivé de cudere ‘forger’,
toir’ ; junk-market ‘brocante, marché aux ‘battre (le grain)’, ‘battre (le métal)’.
puces’ ; junk-food ‘mauvaise bouffe’ ; yo junk YUNTA, voir junta à l’article junto.
‘mettre au rancart, jeter au rebut’). Autrement YUPPIE / YUPPI (‘yuppie’), est emprunté à
dit, le junky est une épave bonne à jeter. l’anglais yuppie abréviation de young upwar-
YUDO (‘judo’), est emprunté au japonais judo dly mobile professional, littéralement ‘jeune
formé avec ju ‘souple’ et do ‘voie’, littérale- professionnel qui s’élève dans l’échelle so-
ment ‘voie de la souplesse’ car le judo est une ciale’. Le mot désigne des jeunes gens très
pratique permettant de déséquilibrer carriéristes, qui ont la religion de l’argent et
l’adversaire en souplesse. dont l’idéologie est plutôt conservatrice. En
Dérivés : YUDOJA ‘judoka’. anglais, le terme est employé aussi comme ad-
JUDOKA, voir yudo. jectif : yuppie area / restaurant ‘quartier / res-
YUGO (‘joug’), est issu du latin jugum ‘pièce de taurant chic et branché’.
l’attelage emboîtant le cou de l’animal’ et, au YUXTAPONER, voir poner.
figuré, ‘servitude’ (on faisait passer les vain-
cus sous deux lances plantées en terre). Jugum
remonte à une racine indoeuropéenne *yug-
‘atteler’. Z
Dérivés : CONJUGACIÓN ‘conjugaison’, du la-
tin conjugatio ‘alliage, mélange’, ‘union’,
‘union charnelle’ et, en bas latin des grammai-
riens, ‘parenté, rapport étymologique des ZAFAR (‘dégager, débarrasser’ ; [pronominal] ‘se
mots’, ‘enchaînement des propositions’ et sauver, s’esquiver’ ; ‘se dégager, se libérer’),
‘conjugaison’. Conjugatio est dérivé de conju- est probablement emprunté à l’arabe zâh, litté-
gare, voir ci-après conjugar. CONJUGAR ‘con- ralement ‘il disparut’, ‘il s’éloigna’. Zafar a
juguer’, emprunté au latin conjugare ‘unir’, d’abord été un terme de marine signifiant ‘dé-
‘marier’, formé avec cum ‘avec, ensemble’ et barrasser (un navire) de tout ce qui peut gêner
jugare ‘unir, attacher (la vigne)’, dérivé de ju- (pendant la manœuvre ou pendant les com-
gum. Sous l’influence de conjugación, conju- bats)’.
gar a pris l’acception grammaticale de ‘conju- Dérivés : ZAFARRANCHO dans zafarrancho
guer (un verbe)’. La conjugaison est de combate ‘branle-bas de combat’, opération
l’ensemble des formes que prend un verbe. qui consiste à ‘dégager’ (zafar) l’espace libre
Ces formes constituent un paradigme, un sys- sur le pont (rancho) pour se préparer au com-
tème organisé selon la personne, le temps, le bat.
mode, la voix et l’aspect (cum + jugare = ZAFARRANCHO, voir zafar.
‘unir, mettre ensemble’) d’où l’idée de sys-
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ZAFIRO (‘saphir’), d’abord sous la forme çafir dienne’ (ou l’inverse) développée en Amé-
(ou çafil, çafí), est probablement emprunté à rique latine s’explique selon R. Lenz et J. Co-
l’arabe safîr influencé ensuite par le bas latin rominas ‘por el distinto desarrollo de las pier-
sapphirus pris au grec sappheiros lui-même nas del negro de pantorrillas más flacas’.
d’origine sémitique (hébreu sappîr). Dérivés : PATIZAMBO (adjectif) ‘cagneux, aux
ZAFRA (‘récolte de la canne à sucre’), est em- genoux cagneux’ ; (substantif) ‘pied-bot’, mot
prunté au portugais safra ‘récolte’ qui vient composé avec pata ‘patte’, ‘pied’.
probablement de l’arabe sáfra ou sáifa de ZAMBULLIDA, voir zambullir(se).
même sens. ZAMBULLIR(SE) (‘plonger’), est sans doute
ZAGA (‘arrière, derrière’), est issu de l’arabe l’altération de l’ancienne forme sobollir ou
sâqa ‘arrière-garde d’une armée’ (tiré de sâq sebellir ‘enterrer’ issue du latin sepelire altéré
‘troupeau’ et ‘conduire ou pousser un trou- en *sepullire sous l’influence du participe pas-
peau’). A la zaga / en zaga ‘en arrière’. sé sepultus. Sepelire signifiait ‘enterrer, faire
Dérivés : REZAGAR ‘laisser en arrière’, ‘retar- disparaître’ (français ensevelir), voir sepultar.
der’ ; (pronominal) ‘rester en arrière, traîner’. Zambullir signifie donc littéralement ‘être
ZAGUERO (adjectif) ‘qui est / qui reste en ar- enseveli sous l’eau’. La syllabe initiale Za- est
rière’ ; (substantif) ‘arrière’ (football). probablement analogique de zahondar ‘creu-
ZAGAL (‘garçon, jeune homme, gars’ ; ‘jeune ser’, ‘enfoncer’ et de zapuzar (peu usité)
berger, pâtre’), est issu de l’arabe vulgaire ‘plonger (dans un puits)’.
zagáll ‘courageux, fort’ et ‘jeune homme ro- Dérivés : ZAMBULLIDA ‘plongeon’.
buste’. ZANAHORIA (‘carotte’), est emprunté à l’arabe
ZAGUÁN (‘vestibule’), d’abord sous la forme vulgaire safunâriya de même sens peut-être
azaguán, est emprunté à l’arabe ostowân ‘por- lui-même pris au grec staphylíne agría ‘ca-
tique’, ‘porche’. rotte sauvage’ d’où *çafulnágria puis safunâ-
ZAGUERO, voir zaga. riya en arabe.
ZAHAREÑO (‘sauvage, farouche, intraitable’), ZANCA (‘longue patte [d’oiseau]’ ; [familier]
est probablement emprunté à l’arabe sahrî dé- ‘échasse, flûte’), est emprunté au bas latin
signant des oiseaux vivant à l’état sauvage et, zanca ou tzanga ‘sorte de chaussure’ (en
en particulier, dans des zones montagneuses forme de guêtre montant assez haut). Il est
(sahrî est dérivé de sáhra ‘roche’). possible que le latin zanca soit lui-même pris
ZAHERIR, voir herir. au persan zanga ‘jambe’.
ZALAMERÍA, voir zalema. Dérivés : ZANCADA ‘enjambée’. ZANCADILLA
ZALEMA (‘salamalec[s]’ ; ‘cajolerie, flatterie’), ‘croc-en-jambe, croche-pied’, le suffixe dimi-
est emprunté à l’arabe salêm ‘paix’ utilisé en nutif ayant ici une valeur péjorative (littérale-
particulier dans des formules de salutation : ment, ‘petit coup de pied en traître’). ZANCO
as-salam ‘alayk ‘paix sur toi’ d’où le français ‘échasse’. ZANCUDO (adjectif) ‘qui a de
salamalec ‘salut à la turque, grande révérence’ longues jambes’ ; (substantif) las (aves) zan-
puis ‘politesse exagérée’ (faire des salama- cudas ‘les échassiers’. ZANQUILARGO, A (ad-
lecs). jectif ; familier) ‘à longues jambes’ ; (substan-
Dérivés : ZALAMERÍA ‘cajolerie, flatterie, tif ; familier) ‘échalas, grande perche’.
mamour(s)’. ZANCADA, voir zanca.
ZAMBO (‘cagneux’ ; ‘fils / fille de Noir et ZANCADILLA, voir zanca.
d’Indienne’ [ou l’inverse]), est d’origine incer- ZANCO, voir zanca.
taine. Il s’agit peut-être de l’altération du latin ZANCUDO, voir zanca.
vulgaire strambus (strabus en latin classique) ZÁNGANO (‘bourdon’, ‘faux bourdon’ [mâle de
‘louche, aux yeux de travers’, emprunté au l’abeille] ; ‘fainéant, paresseux’), est proba-
grec strabos ‘tordu’ et ‘qui louche’ (grec stra- blement d’origine onomatopéique.
bismos ‘action de loucher’ d’où le français L’acception figurée ‘paresseux’ vient de ce
strabisme et l’espagnol estrabismo). Par ana- que l’insecte a un vol assez lourd. Par ailleurs,
logie de ‘déformation’, le mot s’est appliqué c’est la femelle, l’abeille, qui s’active le plus.
en espagnol à celui qui a les genoux tournés Dérivés : ZANGOLOTEAR(SE) ‘(s’) agiter’.
en dedans, qui a les jambes cagneuses. ZANGOLOTEAR(SE), voir zángano.
L’acception ‘métis né d’un Noir et d’une In-
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souvent localisées autour de la taille (zona raposa (‘la bête à la grande queue’ ; rabo),
‘ceinture’). Le mot est lui-même pris au grec zorra (‘la bête qui se glisse, se faufile’). Le
zônê ‘ceinture’, ‘objet qui entoure comme une nom du renard, animal à la fois craint et mé-
ceinture’, ‘maladie de la peau’ et, au figuré, prisé a servi en espagnol familier de méta-
‘domaine climatique’ (image d’une ‘ceinture’ phore pour désigner une prostituée. L’argot
délimitant une zone climatique sur la terre). toujours très misogyne affuble la femme de
Zônê est dérivé du verbe zônnunai ‘ceindre’. tous les noms d’animaux possibles : gallina,
Espagnol moderne : zona catastrófica ‘zone loro, foca, ballena, cacatúa, loba etc. Dans le
sinistrée’. même ordre d’idées, zorro sert aussi de méta-
ZOO-, premier élément tiré du grec zôon ‘être phore animale pour désigner le sexe féminin et
vivant’, dérivé du verbe zên ‘vivre’. L’aoriste sa fourrure. Enfin, l’acception argotique
de ce verbe (équivalent de notre passé simple) ‘cuite’ (coger una zorra ‘prendre une cuite’)
a donné biônai qui est à l’origine de bios ‘vie’ vient peut-être, selon Corominas, de
(voir antibiótico). Zoo- entre dans la compo- l’habitude d’enfumer le terrier du renard qui
sition de nombreux mots relatifs aux sciences en sort tout hébété comme s’il était ivre.
naturelles : ZOO ‘zoo’, abréviation de parque ZORRO, voir zorra.
zoológico ‘parc zoologique’ ; ZOOLOGÍA ‘zoo- ZOZOBRA (‘chavirement’, ‘naufrage’ ; ‘inquié-
logie’. tude, angoisse’), est emprunté au catalan sot-
ZOOLOGÍA, voir zoo-. sobre et à son dérivé sotsobrar ‘chavirer’, ‘se
ZOOM (‘zoom’), est emprunté à l’anglais zoom retourner’ et ‘renverser (qqn)’. Sotsobre, litté-
‘bourdonnement, vrombissement’ et, en pho- ralement ‘(mettre) sens dessus dessous’, est
tographie, ‘objectif à focale variable, zoom’. formé avec sots ‘dessous’ (du latin subtus) et
Zoom est le déverbal de to zoom ‘passer, tra- sobre ‘sur’ (latin super).
verser en trombe / comme une flèche’ (to Dérivés : ZOZOBRAR ‘chavirer’, ‘sombrer,
zoom off ‘déguerpir, partir en vitesse’). To couler’ (du catalan sotsobrar, voir plus haut).
zoom est également un terme de cinéma (to ZOZOBRAR, voir zozobra.
zoom in ‘faire un zoom avant’ ; to zoom out ZUECO (‘sabot’), est issu du latin soccus
‘faire un zoom arrière’). Zoom est d’origine ‘socque’, ‘espèce de pantoufle’ portée par les
onomatopéique (bourdonnement). Le verbe femmes et les acteurs de comédie par opposi-
s’est d’abord appliqué aux avions qui, pendant tion aux acteurs de la tragédie qui portaient
la Première Guerre, montaient en chandelle (to des cothurnes.
zoom up) ou qui descendaient en piqué pour Dérivés : ZÓCALO ‘soubassement’, ‘socle’ ;
mitrailler. Ce sens est sorti d’usage. Le mot a (Mexique) nom donné à la grand-place, em-
été réemprunté dans les années cinquante par prunté à l’italien zoccolo ‘sabot’ et ‘socle’, is-
les cinéastes et les photographes pour désigner su de socculus diminutif de soccus.
un objectif qui permet de se rapprocher ou de ZUMBAR (‘bourdonner’, ‘tinter’, ‘ronfler, vrom-
s’éloigner plus ou moins rapidement d’un ob- bir’ ; ‘se moquer de qqn’), est d’origine ono-
jet. matopéique. L’acception ‘se moquer de qqn’
ZORRA / ZORRO (‘renard, e’ ; ‘vieux renard, est obtenue à partir de celle de ‘huer, siffler’,
homme rusé’ ; prostituée’ ; ‘cuite’), est proba- ‘siffler qqn’.
blement dérivé de l’ancienne forme de portu- Dérivés : ZUMBIDO ‘bourdonnement’, ‘tinte-
gais zorrar ‘traîner’, ‘ramper’ d’origine ono- ment’, ‘vrombissement’, ‘ronflement’.
matopéique. Le renard est un animal qui se ZUMBIDO, voir zumbar.
glisse (dans les poulaillers) pour capturer ses ZUMO (‘jus’), est emprunté au grec zomos ‘jus’,
proies. Le nom du renard fait partie des tabous ‘sauce’ soit par l’intermédiaire de l’arabe vul-
linguistiques (voir serpiente). La crainte que gaire zûm de même sens, soit par
cet animal inspirait au paysan était telle que le l’intermédiaire d’un latin vulgaire d’Espagne
simple fait de prononcer son nom pouvait être *zumus (dont le u est analogique de celui de
de mauvais augure et provoquer même sucus ‘jus, sève’).
l’arrivée de l’animal. D’où les dénominations Dérivés : REZUMAR ‘suinter’, ‘perler’, ‘laisser
indirectes qui ont remplacé l’ancienne forme passer, s’écouler’ ; (figuré) ‘dégager, distiller’.
gulpeja (du latin vulpecula, diminutif de ZURCIDO, voir zurcir.
vulpes, volpes ‘renard’ ; en français goupil) :
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