Extrait 42231210
Extrait 42231210
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Constructions mixtes -
Constructions souples
III
Cet ouvrage fait par tie de
Les superstructures du bâtiment
(Réf. Internet ti253)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Les superstructures du bâtiment
(Réf. Internet ti253)
Jean-Pierre MUZEAU
Professeur des universités, ancien responsable du département Génie Civil de
Polytech' Clermont-Ferrand
Frédéric RAGUENEAU
Directeur du Laboratoire de Mécanique et Technologie de l'ENS Cachan
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Jean-Marie ARIBERT
Pour les articles : C2560 – C2561 – C2568 – C2562 – C2563 – C2564
Daniel BITAR
Pour l’article : C2645
Laurence CARAMARO
Pour l’article : AM5119
Michel CRISINEL
Pour l’article : C2567
Joël KRUPPA
Pour l’article : C2507
Christian LYONNET
Pour l’article : C2470
Marc MALINOWSKY
Pour l’article : C2470
René MOTRO
Pour les articles : C2471 – C2472
Guy NEMOZ
Pour l’article : AM5119
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VI
Constructions mixtes - Constructions souples
(Réf. Internet 42231)
SOMMAIRE
Construction mixte acier-béton - Calcul des poutres mixtes de bâtiments. Partie 1 : C2561 17
poutres en T à âme pleine
Calcul des poutres mixtes de bâtiments. Partie 2 : poutres en T à enrobage partiel ou à C2568 25
âmes ajourées
Construction mixte acier-béton - Calcul des poteaux mixtes C2562 29
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VII
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Constructions mixtes - Constructions souples
(Réf. Internet 42231)
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1– Les constructions mixtes acier-béton Réf. Internet page
Construction mixte acier-béton - Calcul des poutres mixtes de bâtiments. Partie 1 : C2561 17
poutres en T à âme pleine
Calcul des poutres mixtes de bâtiments. Partie 2 : poutres en T à enrobage partiel ou à C2568 25
âmes ajourées
Construction mixte acier-béton - Calcul des poteaux mixtes C2562 29
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type « bipoutres » a permis, dès les années 1980, un essor remarquable des
ponts routiers, puis ensuite des ponts rails, le secteur du bâtiment en revanche
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acier et béton, par l’intermédiaire d’une connexion située à l’inter-
face des matériaux, qui va accroı̂tre à la fois la rigidité et la résis-
tance de l’élément. Des modèles de calcul sont donnés ultérieure-
ment pour une évaluation précise de cette rigidité et de cette
résistance [C 2 561].
Mais on peut illustrer simplement l’effet d’une connexion en consi-
dérant l’exemple de la flexion élastique de deux poutres, de même
section rectangulaire et d’un même matériau pour simplifier, dont
l’une est supportée par l’autre ; dans un cas, on suppose qu’il n’y a
pas de liaison à l’interface des poutres, dans l’autre que la solidarisa-
tion est parfaite (figure 2).
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Butées soudées en T est la plus classique (figure 1a), comme le résultat direct de
On peut envisager également, mais cela est assez rare en bâti- l’association, par des connecteurs, de la dalle et d’un profilé en
ment, l’utilisation de butées soudées, en forme de tasseau ou de acier (laminé ou reconstitué soudé). La présence d’un renformis
tronçons découpés dans des profilés en cornière (figures 3c (figure 1b), bien qu’assez rare en bâtiment, va se traduire par une
et 3d), également dans des fers en T. plus grande excentricité de la dalle par rapport à l’axe du profilé
métallique, d’où une plus grande inertie en flexion et un plus
Rôle principal des connecteurs grand moment résistant de la section mixte (comme cela est expli-
Le rôle principal des connecteurs est d’empêcher, ou au moins cité plus loin en [C 2 561]). On peut trouver des réalisations avec
de limiter, le glissement pouvant se produire entre l’acier et le des poutres métalliques en caisson, éventuellement constituées
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connecteurs logés dans les encoches ou traverser les fenêtres des d’utiliser la solution de connecteurs en cornières clouées, notam-
dalles, la rigole entre deux dalles et les fenêtres devant être rem- ment dans les cas de connexion partielle (relativement fréquents
plies de béton coulé en place. Mais une dalle pleine sera coulée le en bâtiment) ; en fonction de la dimension du creux d’onde et de
plus souvent sur des prédalles en béton de faible épaisseur, venant la présence ou non d’un raidisseur dans ce creux, le nombre et la
s’appuyer sur les ailes des profilés de part et d’autre de la ligne des position des cornières dans un creux d’onde seront variables, mais
connecteurs. la configuration d’ensemble (par exemple disposition en quinconce
dans la direction longitudinale de la poutre) devra assurer un fonc-
Un autre système de dalle consiste à utiliser un bac en tôle tionnement global symétrique de la connexion par rapport au plan
mince profilée à froid (figure 6) qui, dans un premier temps, sert moyen de la poutre mixte. Ce principe de fonctionnement symé-
Q
de coffrage pour couler la dalle, puis, après durcissement du trique de la connexion s’applique également aux goujons.
béton, joue le rôle d’une armature inférieure pour la dalle,
l’ensemble justifiant la dénomination de « dalle mixte ». L’adhé- Durant le bétonnage de la dalle, il conviendra de se prémunir
rence du béton avec le bac est obtenue par liaison mécanique due du risque de déversement des poutres supports en acier et, si
à la présence de bossages ou d’embossages sur les parois des nécessaire, de prendre des mesures pour les maintenir latérale-
ondes de la tôle ou éventuellement de trous poinçonnés dans ces ment au niveau des semelles comprimées. Les bacs en tôle mince
parois (figure 7a), également par liaison de frottement en utilisant profilée, correctement fixés (même simplement cloués), peuvent
des ondes de formes rentrantes (figure 7b) ; cette adhérence se suffire à assurer ce maintien [1].
trouve renforcée par l’ancrage d’extrémité assuré par la présence Un étaiement des tôles ou des prédalles est nécessaire lorsqu’el-
de goujons soudés ou autres connecteurs (figure 7c), ou assuré les ne peuvent supporter le poids de béton frais et la surcharge due
par une déformation à l’écrasement partiel des ondes lorsque aux opérations de mise en œuvre sur la distance séparant les pou-
celles-ci sont de formes rentrantes (figure 7d). trelles (portée de dalle), en général au-delà de 2,5 à 3 m. Par ail-
Les techniques actuelles de soudage permettent de fixer des gou- leurs, le poids de béton additionnel nécessaire pour compenser la
jons en sécurité à travers la tôle jusqu’à des épaisseurs de tôle gal- déformation des tôles ou des prédalles et de leurs supports pen-
vanisée de 1,5 mm, donc autorisant éventuellement un recouvre- dant le coulage (effet de mare) peut ne pas être négligeable.
ment de tôles d’épaisseur 0,75 mm (le soudage effectué, comme Enfin, sous réserve d’une protection à l’incendie convenable, le
déjà mentionné, au pistolet à arc électrique, est de type fusion- mode de fonctionnement d’une dalle mixte permet, en général,
forgeage). d’éviter la pose d’armatures en travée ; des armatures en chapeaux
Dans des conditions de site difficiles, notamment en présence sur appuis sont toutefois nécessaires, comme dans tout plancher
d’un taux d’humidité élevé, une solution consiste à poinçonner des en béton armé. Également un treillis soudé, dit « anti-retrait »,
trous dans la tôle et à souder directement les goujons sur l’aile du donc correspondant à un faible pourcentage d’armature (de l’ordre
profilé, ces opérations étant effectuées en atelier avant transport de 0,5 cm2/ml (mètre-linéaire) dans chaque direction), est à placer à
des éléments sur le site. Cette technique, qui exige évidemment l’intérieur de la dalle afin de limiter le phénomène de fissuration
des tolérances précises de fabrication et implique une bonne coor- sur toute sa surface (dans les planchers courants, ce treillis se
dination de l’exécution sur chantier, semble avoir été assez bien situe à mi-distance des sommets des ondes et de la face supérieure
de la dalle).
optimisée dans certains pays d’Europe, notamment en Allemagne.
Le calcul des dalles mixtes à température ordinaire est explicité
Lorsque les connecteurs sont mis en place sur le site et que
dans la section 9 de l’EN 1994-1-1 (voir également
l’on souhaite éviter l’opération de soudage de goujons (qui néces-
l’article [C 2 567]).
site le recours à une puissance électrique suffisante), il est possible
En l’absence de protection ou d’armatures additionnelles, on
considère que la résistance au feu des dalles mixtes avec tôle pro-
filée en acier est d’au moins 30 min. Pour une durée de tenue au
feu supérieure, on dispose de toutes les spécifications utiles au
dimensionnement des dalles mixtes non protégées dans
l’EN 1994-1-2 (avec une méthode de calcul simplifié à la clause 4.3.2
et à l’Annexe D).
Par ailleurs, l’association de dalles mixtes avec des poutres
métalliques à âmes ajourées, dites parfois « poutres alvéolaires »,
avec des hauteurs d’ouverture rectangulaire ou circulaire de 40 à
50 cm (figures 8 et 9) permettant le passage des gaines techniques
Figure 6 – Profilé connecté à une dalle mixte (climatisation, désenfumage, etc.) sans avoir à accroı̂tre la hauteur
libre du plénum (et donc à réduire la distance entre plancher et faux
plafond), est une solution de plus en plus mise en œuvre, en
France comme en Europe.
Figure 7 – Modes d’adhérence des dalles mixtes Figure 8 – Dalle mixte connectée à une poutrelle à âme ajourée
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d’art, très souvent supportées par des calculs élastiques, on a grand intérêt
pour les poutres mixtes de bâtiment à faire appel au calcul plastique des sec-
tions, voire des poutres elles-mêmes, chaque fois que cela est possible, quitte à
choisir des sections métalliques suffisamment compactes ou à modifier certains
pourcentages d’armatures de manière appropriée. Non seulement le calcul
plastique est plus simple en général, permettant de négliger certains des phé-
nomènes à prendre en compte dans le calcul élastique. Mais, il permet aussi de
mieux appréhender les états limites ultimes des poutres en conférant au dimen-
sionnement un niveau de sécurité homogène. Évidemment, les états limites de
service des poutres de bâtiment restent du ressort du calcul élastique. C’est
dans cette optique que se placent les développements qui suivent, accordant
une part majeure au calcul plastique.
Parmi les différents états limites ultimes des poutres de bâtiment, on ne doit
pas négliger d’inclure celui de la connexion acier-béton dont le dimensionnement
peut être traité de manière simple, également par le calcul plastique, sous réserve
que l’on utilise des connecteurs ductiles dont la définition précise est donnée
plus loin dans l’article. En général, les goujons à tête soudés, en dalle pleine ou
dalle mixte, constituent de tels connecteurs, contrairement aux butées et corniè-
res en dalle pleine qui sont des connecteurs non ductiles, exigeant un dimension-
nement de connexion de type élastique. Par ailleurs, l’utilisation de connecteurs
ductiles est une des conditions nécessaires pour pouvoir bénéficier, par l’inter-
médiaire du calcul plastique, des concepts de connexion complète et de conne-
xion partielle, concepts qui n’ont aucun sens en calcul élastique de connexion.
Dans le dimensionnement des poutres mixtes de bâtiments, il n’est pas rare
que les états limites de service prévalent sur les états limites ultimes, par exem-
ple en raison de la limitation imposée aux flèches. Dans ce cas, l’emploi d’une
connexion partielle trouve alors pleinement sa justification, sous réserve toute-
fois que cette connexion ne soit pas trop réduite au risque d’entraı̂ner à l’interface
acier-béton des glissements trop élevés et la rupture de connecteurs.
Dans la pratique actuelle des bâtiments avec éléments mixtes, notamment en
France, on doit constater une certaine réticence à introduire dans les projets des
poutres mixtes continues, avec une préférence pour les poutres simplement
appuyées avec ou sans consoles. Indépendamment d’un calcul plus complexe,
on peut trouver une explication à cela dans la présence d’une fissuration de la
dalle dans les zones relativement locales de moments négatifs, cette fissuration
étant souvent l’objet d’une appréhension qui, en fait, n’est pas vraiment justi-
fiée. Au moins à l’intérieur d’un bâtiment, la durabilité des poutres n’est guère
affectée par la fissuration et l’aspect d’esthétique des planchers peut trouver
une réponse simple dans l’emploi de revêtements souples. En outre, le choix
de ne pas projeter des poutres continues, lorsque celles-ci s’imposent logique-
ment d’un point de vue structural, conduit inévitablement à pénaliser le dimen-
sionnement de ces poutres. En particulier, il pénalise le dimensionnement aux
états limites ultimes, favorisé par une redistribution des moments de flexion qui
peut être importante pour des poutres avec profils métalliques compacts, bien
plus importante que dans les poutres en béton armé, et qui est parfaitement
quantifiée dans l’EN en fonction du type d’analyse globale utilisée. Le dimen-
sionnement aux états limites de service se trouve également pénalisé, en négli-
geant une réduction des flèches par rapport aux poutres simplement appuyées
(même en présence de la fissuration) et une moins grande sensibilité aux vibra-
tions pour de grandes portées. La contrepartie de l’emploi de poutres continues
se situe toutefois au niveau d’un risque d’instabilité par déversement du fait de
la compression de la semelle métallique inférieure dans les zones de moments
négatifs. Le phénomène de déversement est ici complexe, bien plus complexe
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d’âmes. Les articles [C 2 561] et [C 2 568] constituent donc un tout à eux deux.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les expressions de calcul de la partie 2
sont numérotées en continuité de celles de la partie 1.
Charge répartie
Couvre-joint d’âme
Figure 1 – Zones concernées par les vérifications aux états limites ultimes
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& Résistance de l’âme au voilement par cisaillement Dès lors, on comprend pourquoi, dans le domaine du bâtiment,
Dans les zones à effort tranchant élevé, à proximité des sections la plupart des codes de dimensionnement se contentent de propo-
critiques II-II et III-III, et éventuellement résistance de l’âme à ser des formules simples pour beff qui placent assez largement en
l’enfoncement local sous une charge concentrée (par exemple, la sécurité. Pour sa part, l’EN 1994-1-1 adopte l’expression suivante à
réaction au droit d’un appui intermédiaire, notamment en l’absence mi-portée ou au niveau d’un appui intermédiaire (figure 2) :
d’un raidisseur transversal). En fait, ces résistances relèvent typique-
ment des poutres en acier, et ne sont pas traitées dans le présent beff = be1 + be2 (1)
article (on trouvera toutes spécifications utiles dans l’EN 1993-1-5,
avec :
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en se reportant aux clauses 5 et 6 de cette norme concernant respec-
tivement les deux types de résistance évoqués précédemment).
⎛ L0 ⎞
Avant d’entrer dans le détail des calculs de résistance des sec- bei = min ⎜ , b i ⎟ (2)
tions mixtes, il est indispensable d’introduire le concept de largeur ⎝ 8 ⎠
efficace de dalle, également appelée en France « largeur partici-
pante de dalle » ; en construction mixte acier-béton, ce concept se avec L0 qui est fonction de la portée de la poutre.
distingue en effet de celui, semblable, utilisé pour les poutres de
béton armé en T (cf. 5.3.2.1 de l’EN 1992-1-1). Dans le cas d’une poutre isostatique sur deux appuis simples, la
longueur L 0 est prise égale à la portée L de la poutre.
Dans le cas d’une poutre continue, L 0 est choisie conformément
1.2 Largeur participante de dalle aux indications données sur la figure 3.
Dans un plancher mixte considéré en flexion générale (cf. 1.2.1 On distingue de la sorte une largeur participante de dalle sous
dans [C 2 560]), le transfert des efforts de la poutre métallique à la moments de flexion positifs, basée sur une longueur L 0 égale
dalle, par le biais des efforts de cisaillement longitudinal concentrés approximativement à la distance entre sections de moment nul
au niveau des connecteurs, ne mobilise pleinement la dalle que si dans une même travée et une largeur participante sous moments
l’espacement 2bi entre les poutres métalliques n’est pas trop grand de flexion négatifs (au voisinage des appuis intermédiaires ou le
(figure 2). En particulier, cela signifie que les contraintes normales long d’un porte-à-faux). Cette dernière est basée, en revanche, sur
dans la section de dalle, au niveau d’une fibre quelconque (horizon- une longueur L 0 plus importante que la dimension de la zone des
tale sur la figure), ne vont pas être distribuées uniformément ; elles moments négatifs, en raison d’une diffusion plus importante par
seront manifestement plus élevées au droit des poutres métalliques traı̂nage par cisaillement dans une nappe d’armatures tendues
et plus faibles à mi-distance entre ces poutres. On parle parfois que dans du béton comprimé, comme le confirme l’expérience.
d’effet de « traı̂nage par cisaillement », en rapport avec le rôle des
contraintes de cisaillement permettant une diffusion des contraintes En fait, dans la relation (1), il serait possible d’augmenter le
normales de part et d’autre de chaque poutre métallique. terme à droite de l’entraxe b0 des connecteurs en saillie ; si cette
possibilité peut trouver une justification dans le cas de larges
Aussi, afin de pouvoir étudier le plancher comme un ensemble de semelles en acier rencontrées dans les ouvrages d’art mixtes, elle
poutres en T indépendantes (pour les poutres de rive comme pour ne présente pas d’intérêt véritable en bâtiment, et d’ailleurs
les poutres intermédiaires et les solives), il est pratique d’introduire l’EN 1994-1-1 autorise, dans ce cas, à prendre b0 = 0 (cf. clause
le concept de largeur participante beff de dalle. Cela revient à fixer, 5.4.1.2 (9)).
pour chaque poutre métallique, la largeur de dalle qui contribue à la
flexion générale du plancher, en supposant une distribution uniforme Également au niveau d’un appui d’extrémité, chaque terme bei de
des contraintes normales sur cette largeur au niveau d’une fibre. la relation (1) doit en principe être réduit par un facteur multiplica-
La définition de beff est assez délicate, en particulier si cette lar- tif βi ≤ 1. Mais, là encore pour le bâtiment, l’EN 1994-1-1 permet de
geur est choisie identique pour le calcul de la rigidité et de la résis- laisser de côté cette réduction puisqu’il permet de supposer la lar-
tance en flexion d’une section de poutre, conformément à l’option geur participante constante dans toute la zone de flexion positive
simplificatrice prise dans l’EN 1994-1-1 (cf. clauses 6.1.2 et 7.2.1(2) dans chaque travée, en adoptant la valeur beff à mi-portée. Le
se référant à la même clause 5.4.1.2), option qui est également même type de simplification est aussi applicable dans toute la
prise pour les structures en béton (cf. clause 5.3.2.1 de l’EN 1992- zone de flexion négative de part et d’autre d’un appui intermé-
1-1). On conçoit facilement que beff dépende du rapport de l’espace- diaire, en adoptant dans cette zone la valeur de beff au droit de
ment 2bi à la portée L de la poutre mais aussi du signe du moment l’appui intermédiaire (cf. clause 6.1.2(2) de l’EN).
fléchissant (un moment fléchissant positif comprime la dalle, au Bien que l’EN 1994-1-1 ne fournisse pas d’autre figure que la
moins sur une certaine épaisseur, alors qu’un moment négatif sol- figure 3, il est certain que cette dernière n’est pas transposable
licite le béton en traction et l’amène en général à fissurer). En outre, immédiatement à toutes les situations rencontrées en structures
l’expérience montre que beff dépend, de manière complexe, du type mixtes.
de chargement appliqué à la poutre, de la nature de ses liaisons
(appuis et assemblages), du type de comportement élastique ou
plastique et de bien d’autres facteurs (par exemple relatifs au 1,5 L4
mode de fabrication des poutres). mais
L0 = 0,25 (L1 +L2) 0,25 (L2 +L3) ≤ L4 + 0,5 L3
beff
be1 be2
b1 b1 b2 L1 L2 L3 L4
Figure 2 – Largeur participante de dalle pour une poutre de plancher Figure 3 – Valeurs de L 0 pour une poutre mixte continue
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ment le paragraphe 2.2 de l’article [C 2 553]).
rigides, il peut même y avoir un renversement du signe des
moments sous des actions latérales pouvant intervenir dans des Toutefois, la présence d’un enrobage partiel de béton entre les
sens opposés (vent, action sismique) ; les valeurs de largeur partici- semelles en acier a un effet favorable, permettant (cf. 5.5.3 de
pante à utiliser en pratique peuvent être alors foncièrement différen- l’EN 1994-1-1) de :
tes de celles mentionnées plus haut (voir le chapitre 7 de l’EN 1998-1 – relever les limites c/t de la semelle, de 10 e à 14 e en classe 2 et
dans le cas du dimensionnement sismique). de 14 e à 20 e en classe 3 (où pour mémoire ε = 235/fy traduit
l’influence de la nuance de l’acier) ;
– reclasser en classe 2, avec la même section, une âme de
1.3 Classification des sections mixtes classe 3 enrobée d’un béton armé correctement connecté au profilé
(vis-à-vis du voilement local) en acier.
Le concept de classe de section peut s’appliquer, en principe, aux Par ailleurs, lorsque la section est sollicitée par un moment de
divers éléments de barre. En construction mixte, il concerne essen- flexion positif, la présence de la dalle influence la classification de
tiellement les poutres, permettant d’évaluer sur la base de critères la manière suivante :
simples la limitation des capacités de rotation de leurs sections. – toute semelle comprimée en acier, si elle est attachée à la dalle
Comme en construction métallique (cf. 5.5.2 de l’EN 1993-1-1), on de béton par des connecteurs avec un espacement suffisamment
définit de manière pratique quatre classes de section : rapproché dans la direction longitudinale de la poutre (à savoir,
– classe 1 : la poutre est capable de développer le moment de conformément à 6.6.5.5(2) de l’EN 1994-1-1, un espacement infé-
résistance plastique, noté Mpl + − rieur à 22 tfe pour une dalle pleine et à 15 tfe pour une dalle mixte
,Rd sous flexion positive et Mpl,Rd
avec nervures perpendiculaires à la poutre, tf étant l’épaisseur de la
sous flexion négative, avec une capacité de rotation suffisante pour
semelle), peut être considérée d’emblée comme relevant de la
permettre l’utilisation d’une analyse globale plastique, basée sur un
classe 1 ;
mécanisme par rotules plastiques formé au sein de la structure ;
– lorsque l’axe neutre plastique se situe dans la dalle ou dans la
– classe 2 : la poutre est également capable de développer le
semelle, supposée de classe 1 et attachée à cette dalle, la section
moment de résistance plastique, mais avec une capacité de rota-
mixte peut être considérée de classe 1 puisque l’âme est totale-
tion limitée ;
ment tendue, même si cette âme présente un grand élancement ;
– classes 3 et 4 : en raison du phénomène de voilement local
toutefois, si l’axe neutre coupe l’âme et/ou se trouve relativement
intervenant dans une zone comprimée de la poutre métallique
éloigné de la face supérieure de la dalle, la section mixte peut rele-
(âme ou semelle), les fibres en acier les plus sollicitées en
ver de la classe 2 en raison du risque accru d’écrasement du béton
contrainte normale ne peuvent dépasser la limite d’élasticité de cal-
de la dalle en compression venant limiter la capacité de rotation de
cul fyd = fy/g M lorsque les sections de la poutre mixte sont de
la section.
classe 3, ou une valeur inférieure à cette limite lorsque les sections
sont de classe 4. Autrement dit, les sections de classe 4 sont celles Des études paramétriques ont montré que le risque ne se posait
régies par le phénomène de voilement local en comportement élas- vraisemblablement qu’avec les nuances d’acier S420 ou S460 pour
tique, la résistance réduite de ces sections, liée aux effets du voile- la poutre métallique et qu’avec une distance xpl entre l’axe neutre
ment, devant être déterminée en pratique à l’aide du concept de lar- plastique (ANP) et la face supérieure de la dalle supérieure à 15 %
geur efficace des parois, âme et semelle comprimée (cf. 4.3 de de la hauteur totale h de la section mixte ; dans ce cas, il convient
l’EN 1993-1-5). Les poutres de classe 4 sont surtout utilisées dans alors de réduire le moment de résistance plastique à la valeur
les ouvrages d’art, rarement en bâtiment, et elles ne seront pas trai- +
tées dans le présent article.
βMpl ,Rd où le coefficient b est donné à la figure 4 (au-delà de
xpl/h = 0,40, la détermination du moment résistant de la section
Les sections de classe 3 doivent donc être traitées à l’aide d’un par le calcul plastique n’est plus valable ; on notera toutefois que
calcul élastique, alors que celles de classes 1 et 2 peuvent l’être à l’on a toujours la possibilité d’entreprendre un calcul élastique ;
l’aide d’un calcul plastique (en signalant d’ailleurs que certains cf. 6.2.1.2(2) de l’EN 1994-1-1).
beff β
0,85 fcd
1,00
xpl 0,85
ANP
h fyd Mpl,Rd
xpl
h
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1.4 Résistance élastique en flexion & L’axe neutre se situe en dehors de la dalle (figure 5).
des sections mixtes La position de l’axe neutre, caractérisée par la distance z entre
cet axe et la face supérieure de la dalle, est donnée par l’égalité
Les développements donnés dans ce paragraphe concernent des moments statiques :
essentiellement les sections de classe 3 où le calcul élastique est
obligatoire (ils pourraient être utiles également à la classe 4, sous ⎛h ⎞ b + h2
réserve d’introduire un concept de largeur efficace d’âme et/ou de A h z = Aa ⎜ a + hp + hc ⎟ + eff c (3)
⎝ 2 ⎠ 2n
semelle comprimée, comme déjà indiqué plus haut). Ces calculs
Q
peuvent être également appliqués aux sections de classe 1 ou 2 si avec Aa aire de la section de la poutre en acier,
l’on ne cherche pas à tirer profit de la réserve de résistance appor-
tée par l’adaptation plastique en section mixte (qui peut être Ah aire de la section mixte homogénéisée, donnée
importante). par :
L’étude en flexion élastique est basée sur les hypothèses
suivantes. + h
beff
Ah = A a + c (4)
& L’hypothèse de Bernoulli est valable pour la section mixte dans n
son ensemble ; autrement dit, toute section droite de poutre est
supposée demeurer plane après déformation, ce qui implique que On désigne par za la distance entre le centre de gravité de la sec-
le glissement puisse être négligé à l’interface acier-béton (il en est tion de la poutre en acier et la face supérieure de la dalle, soit :
ainsi lorsque la connexion est normalement dimensionnée, avec un
nombre et une position des connecteurs appropriés permettant un ha
za = + hp + hc (5)
transfert régulier de l’effort de cisaillement longitudinal distribué à 2
l’interface acier-béton de la poutre).
L’hypothèse faite au départ sur la position de l’axe neutre est réa-
Il résulte également de cette hypothèse que la déformation
lisée lorsque z > hc, c’est-à-dire, en utilisant (3) et (4), lorsque :
linéique de l’armature (admise avec une bonne adhérence au
béton), aussi bien en traction qu’en compression, est la même que + h2
beff
la déformation linéique moyenne du béton qui enrobe l’armature. Aa (z a − hc ) > c (6)
2n
& La résistance en traction du béton est négligée.
Le moment d’inertie géométrique de la section mixte homogé-
& Les matériaux acier et béton ont un comportement élastique néisée par rapport à l’axe neutre est donné par l’expression :
linéaire, caractérisé par le module d’élasticité Ea pour l’acier et par
le coefficient d’équivalence n, défini par les relations (7) ou (8) de + h
beff ⎡ h2 ⎛ h ⎞ ⎤
2
Ih = Ia + Aa (z a − z ) +
2 c
l’article [C 2 560]) pour le béton. De la sorte, la section mixte peut ⎢ c + ⎜z − c ⎟ ⎥ (7)
n ⎢⎣ 12 ⎝ 2 ⎠ ⎥⎦
être transformée en une section équivalente et homogène en acier,
l’aire de béton comprimé Ac étant remplacée par une aire équiva-
lente d’acier Ac/n, de même centre de gravité. avec Ia moment d’inertie géométrique de la section en
acier (par rapport à son axe central d’inertie).
On se place dans la situation, fréquente en bâtiment, où la dalle
est de type mixte, avec les ondes de la tôle profilée perpendiculai-
res à l’axe de la poutre en acier. La hauteur maximale possible de & L’axe neutre coupe la dalle (au-dessus des sommets d’onde ;
béton comprimé sous flexion positive est alors l’épaisseur hc de la
dalle au-dessus des sommets d’ondes, la hauteur des ondes étant figure 6).
par ailleurs définie par hp. Les formules données ci-après restent Il en est ainsi lorsque la condition (6) n’est pas satisfaite (z < hc).
valables dans le cas d’une dalle pleine, en faisant hp = 0. Pour sim- La distance z de l’axe neutre à la face supérieure de la dalle est
plifier la présentation, on suppose également que le profilé en acier maintenant donnée par l’équation des moments statiques :
est doublement symétrique ; le principe des calculs resterait le
même avec d’autres situations, par exemple : profilé en acier à + z2
beff
semelles inégales, dalle pleine avec renformis ou dalle mixte avec A hz = Aaz a + (8)
2n
onde parallèle à l’axe de la poutre en acier.
avec :
1.4.1 Cas d’une section sous moment positif
+ z
beff
On néglige en général la contribution de l’armature en compres- A h = Aa + (9)
sion dans la dalle, et on distingue deux cas, selon la position de n
l’axe neutre élastique dans la section.
beff beff
σc σc
hc hc z
hp z (sup) hp σa(sup)
σa
ha ha
(inf)
σa Traction σa(inf) Traction
Figure 5 – Distribution élastique des contraintes avec axe neutre Figure 6 – Distribution élastique des contraintes avec axe neutre
dans le profilé en acier (flexion positive) dans la dalle (flexion positive)
RR
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cRUVQ
Soit l’équation du 2e degré en z : et la distance z de l’axe neutre élastique (ANE) au centre de gravité
Ga de la section du profilé en acier est donnée par la relation :
z2
+
beff − n Aa (z a − z ) = 0
2
( )
⎛h ⎞
z Aa + A s = ⎜ a + hs ⎟ A s
⎝ 2 ⎠
(13)
Q
beff ⎜⎝ n Aa ⎟⎠ Ih = Ia + Aa z 2 + A s ⎜ a + hs − z ⎟ (14)
⎝ 2 ⎠
Avec la valeur de z ainsi trouvée, le moment d’inertie géomé- Sous le moment de flexion négative MEd, on a les contraintes
trique de la section mixte homogénéisée a maintenant pour normales suivantes en section :
expression : – la contrainte de traction dans l’armature :
b+ z 3 MEd (ha / 2 + hs − z )
Ih = Ia + Aa (z a − z )
2 (11)
+ eff σs =
3n Ih
À ce stade, utilisant les valeurs appropriées de Ih et de z (selon la – la contrainte de compression dans la semelle inférieure du
position de l’axe neutre élastique), les contraintes normales de fle- profilé :
xion dues à un moment sollicitant de calcul MEd s’obtiennent sans
difficulté ; par exemple : (inf ) M (h / 2 + z )
σa = − Ed a
– la contrainte de compression en face supérieure de la dalle : Ih
σc = −
MEd z 1.4.3 Définition d’un moment de résistance
n Ih élastique
Le plus souvent, le calcul des contraintes s a, s c et s s (telles
– la contrainte, de traction ou de compression, dans la semelle
qu’exprimées précédemment aux paragraphes 1.4.1 et 1.4.2) est
supérieure de la poutre en acier : suffisant pour effectuer le dimensionnement élastique d’une sec-
σa(
sup)
=
(
MEd hc + hp − z ) tion mixte. Toutefois, il sera pratique, par la suite, de pouvoir dispo-
ser de la notion de moment de résistance élastique Mel,Rd, aussi
Ih bien sous flexion positive que négative, même si cette notion de
moment résistant ne peut avoir qu’un caractère relativement
– et la contrainte de traction dans la semelle inférieure de la pou- conventionnel (par opposition au moment de résistance plastique
tre en acier : traité au § 1.5). En effet, la définition de cette notion va dépendre
de la combinaison d’actions particulière envisagée lors du dimen-
σa( ) =
inf (
MEd hc + hp + ha − z ) sionnement, mais également du fait que la poutre ait été étayée
ou non en phase de construction.
Ih
Lorsque la poutre a été étayée, Mel,Rd est défini simplement
1.4.2 Cas d’une section sous moment négatif comme étant égal au moment de flexion sollicitant MEd, supposé
croissant, pour lequel est atteinte l’une des contraintes limites
Une section mixte sous moment de flexion négatif résiste au suivantes :
niveau du profilé en acier et des barres d’armature comprises à – fcd = fck/g c dans le béton comprimé ;
− de dalle (figure 7). On
l’intérieur de la largeur participante beff – fyd = fy/g M dans l’acier du profilé, en traction ou en
désigne par As l’aire totale des armatures participantes et par hs la compression ;
cote de la nappe d’armatures par rapport à la face supérieure de la – fsd = fsk/g s dans l’armature tendue ou comprimée (selon le
semelle du profilé (dans le cas d’une double nappe d’armatures, on signe du moment).
peut adopter pour hs la cote du centre de gravité des nappes).
Lorsque la poutre n’a pas été étayée, les contraintes dues aux
L’aire de la section mixte homogénéisée est alors simplement : actions appliquées au profilé métallique seul en phase de construc-
tion, doivent être ajoutées à celles dues aux actions ultérieurement
A h = Aa + A s (12) appliquées à la poutre fonctionnant en élément mixte. Pour une
section particulière de la poutre et pour une combinaison donnée
d’actions en phase mixte (en plus des actions en phase de cons-
truction), il est logique d’adopter comme définition du moment de
beff résistance élastique l’expression suivante (cf. 6.2.1.4(6) de
σs Traction
l’EN 1994-1-1) :
hc hs
hp Mel,Rd = Ma,Ed + k Mc,Ed (15)
A.N.E
ha Ga
z avec Ma,Ed moment de flexion de calcul, repris par le pro-
ha /2 σa(inf)
filé métallique seul (en phase de construction),
Mc,Ed moment de flexion de calcul, repris par la sec-
Compression tion mixte,
k plus faible facteur pour lequel la contrainte
Figure 7 – Distribution élastique des contraintes sous flexion totale de flexion atteint l’une des contraintes
négative limites précitées, à savoir fcd, fyd ou fsd.
RS
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cRUVQ
Q
& La connexion de la travée (où se situe la section étudiée) est ha/2
dimensionnée de manière à ce que le profilé métallique, ou la
dalle de béton, ou encore l’armature, puisse atteindre sa résistance
plastique maximale, selon le cas. On dit alors qu’il y a « interaction fyd
complète » entre deux des composants précédents de la poutre Traction
(pour précision, le cas d’interaction incomplète amenant à un
moment plastique réduit est examiné plus loin, au § 2.5, avec la Figure 8 – Distribution plastique des contraintes avec axe neutre
notion de connexion partielle). dans la dalle (flexion positive)
& La résistance en traction du béton est négligée.
homogénéisée ici avec le coefficient d’équiva-
& Toutes les fibres de la poutre en acier, y compris celles situées lence n0 ; cf. [C 2 560], relation (6)) ; quant au
au voisinage immédiat de l’axe neutre plastique, sont plastifiées coefficient 0,3, mis en évidence délibérément
en traction ou en compression ; les contraintes exercées sur ces dans la relation (18), il tient compte, en fait,
fibres sont donc égales à ± fyd = ± fy/g M. des effets du retrait.
& La distribution des contraintes normales dans le béton com-
primé est uniforme et égale à 0,85 fcd = 0,85 fck/g c. Le coefficient & Enfin, comme pour le calcul élastique au § 1.4, la contribution de
0,85 ne doit pas être interprété ici comme un facteur de réduction l’armature peut être négligée lorsque la dalle est comprimée. En
de la résistance du béton en compression par suite d’effets à long présence d’une dalle mixte, la tôle profilée comprimée doit impéra-
terme (autrement dit, il ne s’apparente pas au facteur acc de la tivement être négligée.
clause 3.1.6 (1) P de l’EN 1992-1-1). C’est en fait un facteur de cali-
brage qui s’est avéré, à l’usage, le plus approprié pour le calcul Les hypothèses qui précèdent (la première mise à part) condui-
plastique de la résistance en flexion des sections mixtes, permet- sent à une configuration par « blocs rectangulaires » des distribu-
tant l’utilisation d’emblée d’une distribution uniforme des contrain- tions de contraintes normales en section, comme cela est détaillé
tes du béton comprimé. ci-après en distinguant encore les cas sous flexion positive et ceux
sous flexion négative.
& Les barres d’armature de la dalle, lorsqu’elles sont sollicitées en
traction, sont plastifiées à la valeur de la contrainte de calcul
fsd = fsk/g s. Comme cela a déjà été souligné dans le § 3.2 de [C 2 560], 1.5.1 Cas d’une section sous moment positif
le calcul plastique en section impose à ces barres d’avoir une duc- Trois cas de la position de l’axe neutre plastique sont à envisa-
tilité suffisante, c’est-à-dire d’appartenir à la classe B ou C de ducti- +
lité. Mais, en raison de l’effet de rigidité apporté par le béton tendu ger, conduisant à des expressions différentes de Mpl,Rd.
entre fissures, qui tend à concentrer les déformations plastiques
des barres d’armature au droit de ces fissures, on doit s’assurer & L’axe neutre est situé dans la dalle (figure 8).
également que la section d’armature As est suffisante pour éviter
Le cas considéré se produit lorsque :
une rupture ; plus précisément, on doit avoir (cf. 5.5.1(5) de
l’EN 1994-1-1) : Fc > Fa (19)
− h
A s ⭓ ρsbeff (16)
c
avec Fa et Fc résistances plastiques respectivement du pro-
filé en traction et de la dalle en compression :
avec :
fy fctm Fa = Aa fyd (20)
ρs = δ kc (17)
235 fsk
c( cd )
Dans cette relation (17), on désigne par : + h 0,85 f
Fc = beff (21)
fctm la résistance moyenne en traction du béton
(cf. [C 2 560], tableau 2) ; La cote z de l’axe neutre plastique par rapport à la face supé-
rieure de la dalle est donnée par :
d un facteur égal à 1,0 si la section mixte est en
classe 2, et égal à 1,1 si la section est en
classe 1 ;
(+ × 0,85 f
z = Fa / beff cd ⭐ hc ) (22)
kc un coefficient tenant compte de la distribution En considérant le bras de levier entre Fa et la résultante Fc1 du
des contraintes dans la dalle avant fissuration, béton comprimé, le moment de résistance plastique est donné par :
donné par :
+
Mpl (
,Rd = Fa ha / 2 + hp + hc − z / 2 ) (23)
1
kc = + 0,3 ⭐ 1,0 (18) & L’axe neutre est situé dans la semelle supérieure en acier
1 + hc / (2 z 0 )
(figure 9).
avec z0 distance entre le centre de gravité de la dalle Ce cas se produit lorsque Fc < Fa, cette condition amenant la cote
supposée non fissurée et celui de la section z de l’axe neutre plastique à être supérieure à l’épaisseur totale de
mixte également supposée non fissurée (et dalle (hc + hp). Mais, pour que l’axe neutre se situe bien dans la
RT
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cRUVX
1. Cas des poutres mixtes avec enrobage partiel de béton ........ C 2 568 – 2
1.1 Domaine d’application ....................................................................... — 2
1.2 Résistance en flexion ......................................................................... — 3
1.3 Résistance à l’effort tranchant et interaction moment résistant /
effort tranchant ................................................................................... — 4
1.4 Analyses globales des poutres mixtes avec enrobage partiel ......... — 4
1.5 Résistance au déversement ............................................................... — 5
1.6 Contrôle de la fissuration de l’enrobage ........................................... — 5
2. Guide succinct de dimensionnement des poutres mixtes
en T avec larges ouvertures dans l’âme ..................................... — 5
2.1 Généralités et domaine d’application ............................................... — 5
2.2 Classification d’une section avec âme ajourée ................................. — 6
2.3 Vérification de la résistance en flexion au droit de l’âme ajourée ... — 7
2.4 Vérification de la résistance à l’effort tranchant au droit de l’âme
ajourée ................................................................................................ — 8
2.4.1 Résistance offerte par la section en acier ............................... — 8
2.4.2 Résistance offerte par la dalle ................................................. — 8
2.4.3 Vérification de la résistance à l’effort tranchant ..................... — 8
2.5 Vérification de la résistance en flexion locale de type Vierendeel ... — 8
2.5.1 Résistance apportée par les tronçons en T en acier ............... — 8
2.5.2 Résistance apportée par la connexion de la dalle .................. — 9
2.5.3 Vérification de la résistance en flexion locale Vierendeel ...... — 10
2.6 Vérification complémentaire aux états limites de service ................ — 10
3. Exemples simples d’application numérique .............................. — 10
3.1 Remarque préliminaire ...................................................................... — 10
3.2 Exemple N 4 ...................................................................................... — 10
3.2.1 Combinaison des actions aux ELU ......................................... — 10
3.2.2 Vérification de la résistance en fléxion ................................... — 10
3.2.3 Vérification de la résistance à l’effort tranchant ..................... — 11
3.2.4 Dimensionnement de la connexion et armature transversale — 12
3.3 Exemple N 5 ...................................................................................... — 12
3.3.1 Vérification de la résistance en flexion au droit de l’âme
ajourée ..................................................................................... — 12
3.3.2 Vérification de la résistance à l’effort tranchant au droit
de l’âme ajourée ...................................................................... — 13
3.3.3 Vérification de la résistance en flexion locale de type
Vierendeel ................................................................................ — 13
3.3.4 Vérification de la flèche aux ELS ............................................. — 13
4. Conclusion........................................................................................ — 14
5. Glossaire – Définitions................................................................... — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 2 568
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQV
RU
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cRUVX
Q Le plus souvent, les poutres à enrobage partiel concernent des solives sim-
plement appuyées à leurs extrémités pour lesquelles la détermination du
moment de flexion et de l’effort tranchant ne présente pas de difficultés parti-
culières. Il n’est toutefois pas exclu d’avoir à traiter des cas de poutres conti-
nues à enrobage partiel, par exemple des poutres de rive de planchers. Pour
ces cas, les analyses globales applicables nécessitent alors d’introduire quel-
ques conditions restrictives par rapport aux mêmes analyses utilisées avec les
poutres en T courantes. Évidemment lorsqu’une poutre continue est réalisée
avec un enrobage partiel, le risque d’instabilité par déversement peut être for-
tement réduit du fait d’un certain maintien latéral de la semelle inférieure.
En revanche, pour les poutres en T avec de larges ouvertures d’âme, le risque
de déversement serait théoriquement accru du fait d’une plus grande flexibilité
latérale de l’âme métallique ; mais à notre connaissance, il ne semble pas exis-
ter à l’heure actuelle de réalisations avec des poutres continues comportant de
larges ouvertures d’âme rapprochées en zone de moments négatifs de flexion.
C’est la raison pour laquelle on suppose ici connues les valeurs du moment
fléchissant positif et de l’effort tranchant dans ce type de poutre, en particulier
au droit d’une section d’âme ajourée. L’espacement entre deux ouvertures adja-
centes est choisi suffisant pour éviter toute ruine prématurée du montant de
l’âme entre ces ouvertures. Il convient de signaler également que les expres-
sions théoriques sont développées pour des poutres en acier mono-symétri-
ques, la tendance actuelle étant de fabriquer des poutres à âmes ajourées
avec une semelle inférieure nettement plus forte que la semelle supérieure.
On notera que, dans un souci de clarté, les exemples traités ici se placent
dans la continuité des exemples de la première partie de ce texte, c’est-à-dire
l’article [C 2 561], ce qui explique leur numérotation.
Le lecteur trouvera au dernier chapitre un glossaire de l’ensemble du vocabu-
laire technique utilisé dans cet article.
Une dalle pleine ou une dalle mixte peut également faire partie
1. Cas des poutres mixtes de la section efficace de la poutre mixte (figure 1), sous réserve
d’être connectée à la section en acier conformément aux principes
avec enrobage partiel et règles d’application précisées au § 2 de l’article [C 2 561].
de béton Alors que l’ENV 1994-1-1 ne donnait aucune spécification pour le
calcul des résistances de ce type de poutre, l’EN 1994-1-1 comble
fort heureusement cette lacune, en se limitant toutefois aux sec-
tions de classe 1 et 2 (cf. § 1.3 de l’article [C 2 561]), avec un élance-
ment d’âme hw / t w ≤ 124 ε (cf. relation (42)) pour éviter tout risque
1.1 Domaine d’application de voilement par cisaillement avant l’atteinte de la résistance plas-
tique à l’effort tranchant de la section.
Les poutres mixtes avec enrobage partiel de béton entre les ailes
ont été présentées d’une manière générale au § 1.2.1 de l’arti- Des dispositions constructives précises sont exigées dans la
cle [C 2 560], en soulignant l’avantage qu’elles offrent de résistan- clause 5.5.3(2) de l’EN 1994-1-1 pour assurer un fonctionnement
ces améliorées en flexion et à l’effort tranchant comparativement à mécanique effectif de l’enrobage. Ces dispositions sont les
celles d’une poutre en T, et surtout l’augmentation considérable de suivantes :
la durée de tenue à l’incendie qu’elles procurent sans avoir à utili- – le béton d’enrobage est armé par des barres longitudinales et
ser une protection particulière (cf. Annexe F de l’EN 1994-1-2 et arti- par des étriers transversaux à ces barres, l’ensemble se présentant
cles [C 2 506] et [C 2 507]). éventuellement sous la forme d’un treillis soudé ;
RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUVX
tw
Q
bc
0,8 ≤ ≤ 1,0
bf
hw
bc
bf bf
– le rapport bc /bf est tel que défini sur la figure 1 ; « blocs rectangulaires », comme pour les poutres mixtes en T (cf.
– le béton entre les semelles est solidarisé à l’âme par soudage § 1.5 de l’article [C 2 561]) et comme l’illustre la figure 3. Dans le
des étriers sur celle-ci, ou au moyen de barres d’armature traver- cas a) sans dalle et dans le cas c) avec dalle et sous flexion néga-
santes d’un diamètre d’au moins 6 mm, ou encore par des goujons tive, l’axe neutre plastique (ANP) se situe dans l’enrobage pour les
soudés sur l’âme et d’un diamètre d’au moins 10 mm (figure 2) ; deux cas, avec nécessairement une partie du béton de celui-ci fis-
– l’espacement longitudinal des goujons soudés sur chaque face surée, donc négligée dans le calcul du moment résistant. Dans le
de l’âme, ou celui des barres d’armature traversantes ne dépasse cas b) avec dalle sous flexion positive, l’axe neutre plastique est
pas 400 mm. La distance entre la face intérieure de chaque semelle souvent au-dessus de l’enrobage, avec la totalité du béton de
et la file la plus proche des fixations sur l’âme ne dépasse pas celui-ci fissurée et négligée dans le calcul du moment résistant.
200 mm ; L’armature comprimée dans l’enrobage de béton peut être négli-
– dans le cas où la hauteur du profilé en acier dépasse 400 mm, gée dans le calcul du moment résistant (au même titre que l’arma-
les fixations des différentes files peuvent être disposées en ture comprimée dans la dalle). La connexion entre l’âme en acier et
quinconce. l’enrobage de béton doit être complète au sens du concept déve-
loppé au § 2.4 de l’article [C 2 561], mais ici pour assurer le transfert
des efforts axiaux entre ces deux parties acier et béton.
1.2 Résistance en flexion
En revanche, une connexion partielle peut très bien être utilisée
Les moments résistants de calcul, sous flexion positive ou néga- entre la semelle supérieure en acier et la dalle pleine ou mixte. Les
tive, peuvent être déterminés au moyen de l’approche plastique, connecteurs étant supposés ductiles (goujons soudés par exem-
avec des distributions de contraintes normales en section par ple), le calcul du moment résistant en valeur réduite en zone de
RW
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cRUVX
fyd
0,85 ∙ fcd
ANP – –
+ +
Mpl,Rd Cas a sans dalle
+ fsd
Q
beff
0,85 ∙ fcd
ANP –
+
Mpl,Rd Cas b avec dalle sous
+ flexion positive
fsd
fyd
–
beff
fsd
moments de flexion positifs s’opère comme au § 2.5 de l’arti- déterminée par le modèle de bielle-tirant (de chaque côté de
cle [C 2 561], l’effort de compression exercé dans la dalle pleine l’âme) de l’EN 1992-1-1 (clause 6.2.3). VRd,c est alors pris comme la
ou mixte étant alors réduit à une valeur égale à l’effort de cisaille- plus faible valeur entre la résistance du tirant VRd,s et la résistance
ment donné à la relation (64) de l’article [C 2 561] et repris sur la de la bielle de béton VRd,max (cf. également les relations (9) et (10)
longueur critique concernée. de l’article [C 2 331]).
Dans le cas où Va,Ed est supérieur à 0,5 Vpl,a,Rd, on considère qu’il
1.3 Résistance à l’effort tranchant y a une interaction de l’effort tranchant sur le moment de résistance
plastique M*pl,Rd (cf. clause 6.3.4(1) de l’EN 1994-1-1). La réduction
et interaction moment résistant / du moment résistant s’opère sur le même principe que pour une
effort tranchant poutre mixte sans enrobage, le coefficient de réduction r de la
limite d’élasticité pour l’âme en acier étant calculé par la même
La contribution de l’enrobage peut être prise en compte pour la expression (cf. relation (46) de l’article [C 2 561]), mais toutefois
détermination de la résistance à l’effort tranchant de la section avec le rapport VEd/VRd dans cette expression remplacé par Va,Ed/
mixte, sous réserve d’avoir satisfait aux exigences constructives Vpl,a,Rd.
précisées au § 1.1 assurant une bonne solidarisation entre l’enro-
bage et l’âme. Pour cela, l’effort tranchant VEd doit être réparti en
deux parties, Va,Ed et Vc,Ed, agissant respectivement sur la section
en acier et sur l’enrobage en béton. Il serait théoriquement possible
1.4 Analyses globales des poutres mixtes
d’effectuer cette répartition au prorata des rigidités en cisaillement avec enrobage partiel
de ces deux composants, ce qui nécessiterait pour l’enrobage l’uti-
lisation d’une technique d’homogénéisation dans l’espace entre Sont concernées ici les poutres mixtes continues avec enrobage
deux étriers, basée par exemple sur une équivalence des énergies partiel, le cas isostatique des poutres simplement appuyées, avec
de déformation. éventuellement une partie en console à l’extérieur des appuis, ne
soulevant pas de problème particulier de détermination des sollici-
Toutefois, l’EN 1994-1-1 (clause 6.3.3(3)) permet d’éviter une tations de flexion et d’effort tranchant.
méthode de calcul complexe en proposant une répartition de
l’effort VEd au prorata des contributions de la section en acier et Pour les vérifications aux états limites ultimes, l’analyse rigide-
de l’enrobage dans la valeur du moment de résistance plastique plastique reste applicable, sous réserve de respecter les conditions
M*pl,Rd avec la contribution de l’enrobage. Autrement dit, si Mpl,Rd déjà énoncées au § 1.7.1 de l’article [C 2 561] (en particulier la néces-
est le moment de résistance plastique de la seule section mixte en sité d’avoir des sections de classe 1 là où se forment les rotules
T, ce calcul simplifié conduit à adopter : plastiques), conditions auxquelles il y a lieu d’ajouter la nécessité
de négliger la contribution du béton comprimé de l’enrobage dans
( )
Vc,Ed = 1 − Mpl,Rd / M *pl,Rd VEd et Va,Ed = VEd − Vc,Ed (1) l’évaluation des moments de résistance plastique M*pl,Rd sous fle-
xions positive et négative (cf. 5.4.5 (4) b) dans l’EN 1994-1-1). Cette
La résistance de la section en acier, notée ici Vpl,a,Rd est évidem- dernière condition pourrait être évitée si l’on était capable d’établir
ment la résistance Vpl,Rd de la relation (38) de l’article [C 2 561]. que la capacité de déformation du béton en compression dans
Celle VRd,c de l’enrobage de l’âme, tenant compte des armatures l’enrobage est suffisante au stade où se forme le mécanisme plas-
d’effort tranchant verticales constituées par les étriers, peut être tique de la poutre continue.
RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUVR
RY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cRUVR
Comme les poteaux en acier, les poteaux mixtes présentent les avantages
suivants :
– une capacité portante élevée pour des dimensions de section relativement
réduites ;
– une facilité d’assemblage aux autres éléments, les poutres en particulier,
en raison de la présence de la partie acier des poteaux (cf. § 1.2.4 de l’article
[C 2560]) ;
Q – une aptitude à se déformer dans le domaine plastique et à présenter un
comportement ductile.
De par la collaboration du béton avec l’acier, la solution d’un poteau mixte
peut permettre une réduction appréciable de la section du profilé acier, par com-
paraison à la solution du poteau en acier seul, pour une capacité portante fixée.
La protection apportée par le béton, dans le cas de profilés partiellement
enrobés (et à plus forte raison de profilés totalement enrobés), peut permettre
de conférer à ces éléments une résistance élevée à l’incendie (cf. clause 4.3.5. et
Annexe G de l’EN 1994-1-2). Même pour des profilés creux remplis de béton non
protégés, la partie intérieure en béton armé compense largement la perte de
résistance de l’acier rapidement échauffé, et permet d’obtenir des durées au feu
appréciables sous réserve d’un dimensionnement approprié (cf. Annexe PCRB
de la NF EN 1994-1-2/NA et [1], [2] ; voir également les articles [C 2506] et
[C 2507]).
Les premières études sur la capacité portante des poteaux mixtes à tempéra-
ture ordinaire furent entreprises vers les années 1960, avec de nombreux essais
réalisés aux USA, au Japon et en Europe, débouchant sur des codes nationaux
spécifiques à chaque pays. La Section 4.8 de la prénorme européenne ENV 1994-
1-1, publiée en 1994, a été basée ainsi sur la méthode de dimensionnement alle-
mande, combinée à des apports venant des méthodes belge et anglaise. Les
méthodes de dimensionnement de l’EN 1994-1-1 publié en 2005 se veulent
d’application plus générale que l’ENV, comme cela est expliqué au § 1.
C’est pourquoi la rédaction du présent article est basé sur les principes et
règles d’application de l’EN, Section 6.7, mis à part le § 5 abordant des modèles
possibles de calcul dans des cas particuliers non couverts par ce code.
Dans cet article, l’accent est mis au § 2 sur la méthode dite « simplifiée »
pour le calcul des poteaux comprimés et fléchis, même si ce choix de présen-
tation avant une méthode générale peut ne pas paraître totalement logique. En
fait, la méthode simplifiée permet de couvrir la plupart des cas pratiques du
bâtiment en utilisant seulement le calcul manuel, comme le montrent les
exemples traités au § 4.
SP
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cRUVR
Q
– des effets du retrait et du fluage du béton (s’ils sont suscep- Comme déjà expliqué au § 1, le domaine d’application de cette
tibles d’affecter la stabilité) ; méthode est limité aux éléments avec section doublement symé-
– des effets des contraintes résiduelles et des imperfections géo- trique et uniforme sur leur longueur (voir les exemples de la
métriques du poteau en acier ; figure 1, où sont également indiquées les notations utiles pour la
– de la fissuration du béton en zone tendue (réduisant la rigidité suite).
en flexion) ;
– de la plastification de l’acier structural et de l’armature, etc. La section en acier peut être constituée par :
Tenir compte rigoureusement de ces effets est seulement envi- – un profilé laminé ;
sageable au moyen d’une modélisation numérique élaborée inté- – un profilé formé à froid ou ;
grant les non linéarités géométriques et matérielles et nécessitant – un profilé reconstitué soudé.
une résolution incrémentale. Si cette section en acier est composée de deux ou plusieurs sec-
C’est la raison pour laquelle l’EN 1994-1-1 est conduit à distin- tions non solidarisées, la méthode n’est pas applicable.
guer deux méthodes possibles : D’autres limitations sont à considérer, à savoir :
– l’une générale en 6.7.2, explicitée de manière plus détaillée au – l’élancement réduit du poteau, défini à la relation (21), ne
§ 5.2 de cet article, pouvant s’appliquer aux poteaux de section doit pas dépasser la valeur 2 ;
non symétrique ou non uniforme sur leur longueur ;
– le rapport de contribution de l’acier, défini à la relation (6),
– l’autre dite « simplifiée » en 6.7.3 et présentée ici au § 2, beau- doit se situer dans l’intervalle : ;
coup plus pratique et souvent utilisée parce qu’elle s’applique aux
– dans le cas d’un profilé en acier totalement enrobé, les épais-
poteaux de section doublement symétrique et uniforme sur leur
seurs maximales d’enrobage du béton à considérer dans les
longueur.
calculs ne doivent pas dépasser les valeurs suivantes, même si ces
Cette méthode a un domaine d’application bien défini (cf. § 2.1) épaisseurs sont supérieures : cy = 0,4 b et cz = 0,3 h ;
lui permettant d’éviter des formulations complexes pour intégrer – l’aire de la section d’armature longitudinale à considérer dans
les différents effets précités. les calculs ne doit pas être prise supérieure à 6 % de l’aire de la
■ Ce qu’il faut retenir de la méthode simplifiée section de béton ;
– enfin, il convient que le rapport entre la hauteur h de la section
La méthode simplifiée existait déjà dans l’ENV/DAN 1994-1-1, et sa largeur b se situe entre 0,2 et 5.
Section 4.8.3, mais elle ne pouvait s’appliquer qu’à des poteaux
considérés isolément au sein d’ossatures dites « rigides », c’est-à-
dire d’ossatures où les effets globaux du second ordre géomé-
trique étaient négligeables (on utilisait alors le terme d’ossatures 2.2 Voilement local des parois en acier
« à nœuds non déplaçables », les ossatures contreventées ren-
trant en particulier dans cette catégorie). Le risque de voilement local des parois en acier d’un poteau
mixte doit être parfaitement contrôlé avant d’entreprendre toute
Dans la version EN, il convient de signaler une évolution impor- vérification relative à l’instabilité de forme de ce poteau.
tante du domaine d’application de la méthode simplifiée. Tout
d’abord, la méthode a été modifiée en prenant en compte ■ Dans le cas d’un profilé totalement enrobé, ce risque ne se pré-
l’influence des imperfections géométriques et structurales (essen- sente pas, pour autant que l’épaisseur d’enrobage de béton soit
tiellement les contraintes résiduelles dans l’acier) au moyen suffisante (cf. § 3.4 sur les dispositions constructives).
d’imperfections géométriques équivalentes en arc dont les ampli-
tudes ont été calibrées par rapport à des essais pour chaque type ■ Pour les autres types de poteaux mixtes, poteaux partiellement
de section mixte et chaque plan de flambement. Utilisant alors enrobés (figures 1b & 1c) et profilés creux remplis de béton
une analyse élastique au 2e ordre géométrique (simplement au (figures 1d, 1e et 1f), les élancements des parois de la section en
niveau local du poteau si l’ossature est rigide, ou au niveau local acier ne doivent pas dépasser les valeurs suivantes :
du poteau et global de l’ossature si celle-ci est souple), il devient • Pour les profilés creux circulaires (figure 1e) :
possible de déterminer l’amplification de la déformée du poteau,
et ensuite sa résistance ultime au flambement. (1)
• Pour les profilés creux rectangulaires (figure 1d) :
Remarque (2)
Désormais, la stabilité de forme des poteaux mixtes peut
donc être vérifiée lorsque ceux-ci appartiennent à des ossa- • Pour les profilés en I partiellement enrobés (figure 1b) :
tures souples.
(3)
Pour mémoire :
Enfin, dans la version EN, la méthode simplifiée a été adaptée
de manière à pouvoir s’appliquer à des profilés de nuances d’acier
S420 et S460 qui ne figuraient pas dans la version ENV (cf. inves-
tigation expérimentale en [3]). avec fy valeur nominale de la limite d’élasticité de l’acier.
SQ
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cRUVR
bc bc
cy cy b = bc
tw tw tw
cz
h = hc
h = hc
hc
tf
cz
tf
tf
Figure 1 – Sections doublement symétriques de poteaux mixtes et notations
SR
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cRUVR
(8)
(9)
(10)
Figure 3 – Distributions de contraintes correspondant aux points A, Cette expression ne tient pas compte de la présence éventuelle
B, C et D de la courbe d’interaction de barres d’armature dans la zone de hauteur 2hn, comme repré-
senté à la figure 3.
Dans le cas où des barres de section totale Asn, symétriquement
conduit en effet à une valeur maximale du moment résistant, réparties par rapport à l’axe médian de la section, existeraient
Mmax,Rd, les résultantes des blocs de contraintes s’ajoutant toutes dans cette zone, la relation (10) se généraliserait sous la forme :
pour produire un moment maximal autour de cet axe médian.
D’où la valeur : (11)
SS
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cRUVR
avec Wpan, Wpcn et Wpsn respectivement les modules Une analyse plus fine consiste à répartir VEd entre Va,Ed agis-
plastiques du profilé, du béton et sant sur le profilé et Vc,Ed agissant sur le reste de la section en
éventuellement des barres d’armature, béton armé. Dans cette optique, l’EN 1994-1-1 (clause 6.7.3.2(4))
compris dans la zone en question. permet d’adopter la répartition suivante :
On peut soustraire à la distribution des contraintes du cas D
celle de flexion de la zone de hauteur 2hn, envisagée précédem- (20)
ment.
Q
On observe alors que les blocs de contraintes obtenus avec moment de résistance plastique du profilé en
conduisent au même moment que ceux du cas B. D’où l’expres- acier seul, égal en toute rigueur à
sion :
moment de résistance plastique de la section
(13)
mixte (cf. relation (13)).
La ligne polygonale ACDB de la courbe d’interaction de la Mais, dans cette hypothèse, s’il convient de s’assurer que
figure est donc maintenant définie. ne dépasse pas , il est logique de s’assurer également que
Quant au point E, il est recommandé de le situer à un niveau ne dépasse pas la résistance à l’effort tranchant de la partie
d’effort à mi-distance de A et de C, autrement dit, de prendre : en béton armé conformément à l’EN 1992-1-1, Section 6.2.
ST
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cRUVS
SU
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cRUVS
SV
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cRUVS
Armature
Dalle mixte longitudinale
Connecteur
VEd, 2
VEd,1
Boulon MEd, 1
MEd, 2
Poutre
Platine d’about
Poteau soudée
Figure 1 – Transfert des efforts dans les assemblages mixtes de chaque côté d’un poteau intérieur
SW
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cRUVS
Q
Rd : résistance de calcul,
l’Eurocode définit également une rigidité sécante, Sj, pour le
Cd : capacité de calcul, besoin d’une analyse globale simplifiée.
t : traction, À l’atteinte de Mj,Rd, cette rigidité sécante prend une valeur
c : compression ou béton, minimale, donnée par :
s : armature,
(1)
fc : semelle de poteau,
wc : âme de poteau, où le coefficient η dépend du type d’assemblage mixte.
wp : panneau d’âme de poteau, Selon l’EN 1994-1-1 en 8.2.2(1), il convient d’adopter η = 1,5
ep : platine d’extrémité de poutre métallique. pour un assemblage avec plaque de contact au niveau de la
semelle inférieure en acier (cf. figure 5). En l’absence de spécifica-
tions complémentaires de l’EN 1994-1-1, les valeurs de η pour
d’autres types d’assemblage doivent être considérées les mêmes
1.2 Caractérisation du comportement que celles données pour les assemblages en acier dans l’EN 1993-
moment-rotation d’un assemblage 1-8 au Tableau 5.2.
En particulier, il convient d’adopter η = 2,0 pour un assemblage
Considérant un assemblage poutre-poteau susceptible d’une
mixte à platine d’about non débordante (tel que représenté figure 2).
certaine déformation en rotation (figure 2) sous l’action d’un
moment Mj,Ed sollicitant l’assemblage, la rotation Φj de l’assem- Enfin, la troisième partie de courbe idéalisée est constituée
blage est définie généralement comme la variation de l’angle par un plateau de résistance plastique parfaite dont l’extrémité
(droit sur la figure 2) formé par la ligne moyenne du poteau et caractérise la capacité de rotation, Φj,Cd, de l’assemblage (à
la ligne moyenne de la poutre en acier (conventionnellement, Φj l’intersection du plateau avec la courbe moment-rotation expéri-
et Mj,Ed sont comptés négatifs lorsque l’armature de dalle est mentale).
tendue). Les trois caractéristiques qui viennent d’être définies, à savoir
Dans le cas où le poteau est sollicité en flexion de manière dis- Sj,ini, Mj,Rd et Φj,Cd, sont utiles à la classification des assemblages
symétrique de chaque côté ou sollicité d’un seul côté, la déforma- par rigidité et résistance, et à l’identification du modèle de com-
tion angulaire par cisaillement ou « distorsion » du panneau portement des assemblages en association avec le type d’analyse
d’âme peut contribuer de manière significative à la rotation Φj, globale utilisée pour l’ossature (cf. § 2.3).
que le panneau d’âme soit bordé ou non de raidisseurs.
Sur la base de données expérimentales (interprétées de
Une remarque peut encore être faite, concernant les figures 2 et 3.
manière statistique pour tenir compte d’une certaine dispersion
inévitable de ces données), il est possible d’établir une certaine Implicitement, le moment exercé Mj,Ed a été considéré en
courbe continue de calcul (|Mj,Ed|, |Φj|), dite courbe « moment- flexion négative, amenant l’armature à être tendue, comme
rotation », telle que celle représentée en trait plein suivi de poin- c’est le cas le plus fréquent dans les ossatures (semi-continues
tillés sur la figure 3. et même continues).
On peut toutefois trouver des situations où Mj,Ed correspond
à une flexion positive.
Mj, Ed
|Mj, Ed|
Courbe expérimentale
Mj, Rd
Courbe idéalisée
2/3 Mj, Rd
ϕj
Sj, ini
Sj
Φ j, Cd |Φ j|
SX
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cRUVS
Par exemple, une ossature continue non contreventée, avec inver- 1994-1-1, peut être considérée comme « simplifiée » pour le cas
sion du signe du moment dû aux charges gravitaires en raison des assemblages mixtes de poteaux intérieurs, en utilisant des
d’actions horizontales importantes, comme les actions sismiques). ressorts à différents niveaux :
Dans ce cas, il existe également une courbe (Mj,Ed ; Φj), différente – un ressort seul représentant l’armature tendue de la dalle,
de celle de la figure 3 puisqu’elle correspond à un fonctionnement caractérisé par l’indice « s » (comme dans l’Eurocode 4) ;
plus proche d’un assemblage en acier que d’un assemblage mixte. – quatre ressorts en série au niveau de chaque rangée de bou-
La caractérisation en flexion positive relève alors d’une approche lons tendus, représentant l’âme de poteau tendue transversale-
Q
tout à fait classique, similaire à celle de l’EN 1993-1-8. ment, la semelle fléchie du poteau, la platine d’about fléchie et les
boulons tendus, avec les indices respectifs 3, 4, 5 et 10 (comme
On notera toutefois que le centre de compression de l’assemblage ceux de l’EN 1993-1-8, tableau 6.11) ;
(qui n’est évidemment pas défini sur les figures du Tableau 6.15 de
– deux ressorts en série au niveau inférieur, représentant le pan-
l’EN 1993-1-8)) se situe alors vers la mi-épaisseur de la zone résis-
neau d’âme cisaillé du poteau et l’âme du poteau comprimée
tante de la dalle (pour la partie de dalle au-dessus des ondes de la tôle
transversalement, avec les indices respectifs 1 et 2 (identiques à
profilée dans le cas de la figure 2), comme des recherches expéri-
ceux de l’EN 1993-1-8).
mentales l’ont confirmé [1].
A priori, on pourrait être surpris par la représentation du panneau
Revenant au cas de la flexion négative, qui importe essentielle- d’âme cisaillé au moyen d’un ressort en translation d’indice 1.
ment dans le présent article, le § 1.3 ci-après montre comment il Bien que cet aspect relève typiquement des assemblages en
est possible de déterminer les caractéristiques de l’assemblage, acier, on peut rappeler ici que l’effet du panneau d’âme cisaillé est
en particulier Sj,ini et Mj,Rd, par un calcul analytique basé sur la répercuté sur la flexion de l’assemblage (rotation et moment
méthode des composants. résistant) au moyen du paramètre de transformation β (cf. l’EN
1993-1-8 en 5.3 (7),(8) et (9)). Ce paramètre β dépend, en priorité,
des deux moments exercés sur les assemblages de part et d’autre
1.3 Notions sur la méthode du poteau, de sorte qu’on peut le calculer avec une bonne préci-
des composants sion par les formules suivantes.
• Pour l’assemblage de droite, (figure 4b)
La démarche analytique de la méthode s’effectue en trois
étapes : (2)
– l’identification des composants significatifs pour le type
d’assemblage étudié ; • Pour l’assemblage de gauche (figure 4a les moments étant
– la détermination des propriétés mécaniques de ces compo- comptés en valeur algébrique).
sants ;
– l’opération d’association des composants pour en déduire les (3)
caractéristiques Sj,ini et Mj,Rd (et Φcd éventuellement).
Lorsque les valeurs des moments exercés ne sont pas connues,
des valeurs pratiques sont données au Tableau 5.4 de l’EN 1993-1-
1.3.1 Identification des composants 8 (également au tableau 2 de [C 2 554]).
L’EN 1993-1-8 définit en 1.4(1) un composant de base comme ■ Commentaires sur des simplifications de la modélisation précé-
« la partie d’un assemblage qui apporte une contribution identi- dente
fiée à une ou plusieurs de ses propriétés structurales ».
Comparativement à des modèles plus sophistiqués d’assem-
En identifiant les composants de base d’un assemblage, il blages mixtes développés dans la littérature (par exemple, [2],[3]),
convient de distinguer ceux qui sont sollicités en traction, de ceux le modèle de l’Eurocode 4, présenté ici, comporte plusieurs sim-
qui sont en compression, en flexion et en cisaillement. En fait, plifications, indiquées ci-après.
tous ces composants vont être modélisés mécaniquement par des
ressorts en translation. • La barre rigide, d’indices « cp,bwf », dans le prolongement du
ressort d’indice 2, ne rentre pas dans le modèle d’assemblage
■ Modélisation adoptée à proprement parler.
Des modélisations plus ou moins élaborées sont possibles ; Elle signifie simplement une limitation de l’effort de compres-
celle représentée figure 4 b, adoptée implicitement dans l’EN sion transmis à l’assemblage localement par la semelle et par une
partie de l’âme de la poutre en acier (indice « bwf » ; cf. l’EN 1993-
1-8 en 6.2.6.7, sans distinction des contributions respectives de
l’âme et de la semelle) et, en l’absence de platine d’about, égale-
ment par l’intermédiaire d’une plaque de contact (indice « cp » ;
cf. § 1.4.2).
• La présence éventuelle d’un enrobage partiel de béton entre
S
les semelles du poteau ne se traduit pas par des composants
3,4 5,10 de base supplémentaires. On renforce simplement la rigidité
et la résistance des ressorts 1 et 2 déjà mentionnés.
3,4 5,10
En ce qui concerne la rigidité, le béton d’enrobage est trans-
1
formé en acier équivalent à l’aide du coefficient d’équivalence n0,
2 défini à la relation (6) de [C 2 560]. Ce choix de coefficient d’équi-
valence est conforme à l’EN 1994-1-1 qui permet en 8.2.3(3) de
cp, bwf négliger le phénomène de fluage dans le calcul des assemblages.
• La déformation et la résistance de la dalle au contact de l’une
a b des ailes du poteau (en dehors du cas plutôt rare où le
poteau est sollicité symétriquement par des moments rigou-
Figure 4 – Modèle simplifié de composants pour les assemblages reusement égaux Mj,Ed,1 et Mj,Ed,2) ne rentre pas ici dans le
mixtes modèle d’assemblage.
SY
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cRUVS
Là encore, une résistance limite doit être prise en compte pour On donne au § 1.4 des expressions analytiques de ki et Fi,Rd uni-
le transfert des efforts de la dalle au poteau, par exemple sur la quement pour les composants spécifiques des assemblages
base d’un modèle de bielle-tirant, classique en béton armé, et exi- mixtes, les composants en acier pouvant être trouvés dans l’EN
geant la présence d’une armature transversale adéquate pour le 1993-1-8 et dans l’article [C 2 554].
bon fonctionnement des bielles de béton (cet aspect est traité
dans le dossier [C 2 564]).
1.3.3 Assemblage des composants
• Le glissement de la connexion acier-béton au voisinage
Q
immédiat de chaque assemblage n’est pas représenté à la Le passage des courbes force-déformation des composants
figure 4 par un composant spécifique. Toutefois, ce glisse- individuels à la courbe moment-rotation d’un assemblage
ment peut influencer la rigidité de l’armature, et donc la rigi- s’obtient en satisfaisant la compatibilité cinématique entre les
dité en rotation de l’assemblage, a fortiori lorsque la poutre déformations individuelles et la rotation de l’assemblage (cf. l’élé-
mixte présente une connexion partielle. ment rigide de couplage vertical, évoqué au § 1.3.1), tout en expri-
L’EN 1994-1-1 en annexe A3 fournit un coefficient de réduction mant l’équilibre entre les efforts individuels et le moment de
de la rigidité de l’armature, basé sur une théorie d’interaction l’assemblage.
élastique confirmée par des simulations numériques [4]. Ce coeffi- En outre, des limitations relatives à l’atteinte de la résistance en
cient de réduction est précisé au § 1.4.1. fonction de la capacité de déformation des composants doivent
Par ailleurs, en phase de comportement inélastique, la rotation être considérées avec la plus grande attention.
due au glissement peut être ajoutée à celle due à l’allongement de
l’armature, conduisant par conséquent à un effet favorable pour la 1.3.3.1 Détermination du moment résistant de calcul
capacité de rotation de l’assemblage [5].
On considère divers cas d’assemblage, de complexité croissante.
• L’élément rigide « coudé » faisant la liaison verticalement à la
figure 4 entre l’extrémité de gauche du ressort d’armature ■ Cas de l’assemblage mixte avec plaque de contact
« s », les extrémités de gauche des ressorts « 3 » des rangées
de boulons et l’extrémité de droite du ressort « 2 », se veut Dans un tel assemblage, la partie en acier n’apporte aucune
une simplification, de toute évidence, du couplage cinéma- résistance de traction pour reprendre la flexion (ici obligatoire-
tique entre les composants retenus par l’Eurocode 4. ment négative).
Cet élément de couplage, lié au mouvement d’ensemble de Comme le montre la figure 5, l’effort de compression est sup-
l’aile du poteau (et de la platine d’about lorsqu’elle est présente) posé aligné avec la fibre médiane de la semelle comprimée de la
pourrait ne pas être « coudé » et lier les rangées de boulons entre poutre, alors que l’effort de traction se situe au centre de gravité
les ressorts 4 et 5 sans rejoindre obligatoirement l’armature, cette des barres d’armature.
dernière n’étant par ailleurs plus interrompue comme dans le La valeur FRd correspond à la plus faible des résistances des
modèle de la figure 4 (mais continue, comme dans la réalité). composants concernés par ce type d’assemblage, à savoir :
Toutefois, avec ces modifications, le couplage des composants – Fs,Rd pour l’armature tendue ;
verticalement serait plus complexe, nécessitant des calculs itéra- – F2,Rd pour l’âme du poteau en compression transversale ;
tifs pour caractériser l’assemblage. – F1,Rd pour le panneau d’âme du poteau en cisaillement ;
– Fcp,Rd pour la résistance en compression de la plaque de
Pour en terminer avec le modèle de composants de l’Euro- contact en acier ;
code 4, même s’il peut apparaître simplifié à certains égards, – Fbwf,Rd pour la résistance en compression de la semelle et de
on peut dire qu’il constitue déjà un outil parfaitement opéra- la partie d’âme comprimée de la poutre.
tionnel pour caractériser la plupart des assemblages mixtes Pour davantage de précisions, se reporter au chapitre précédent
de type poutre-poteau. traitant de l’identification des composants (cf. § 1.3.1).
Les assemblages mixtes de type poutre-poutre peuvent éga- On en déduit :
lement être caractérisés par ce modèle (il suffit de supprimer
les composants 1, 2, 3 et 4 propres au poteau) et évidemment (5)
les assemblages en acier (en supprimant le composant « s »
de l’armature de dalle). avec
z bras de levier entre l’effort de compression et
1.3.2 Propriétés mécaniques des composants l’effort de traction mentionnés.
Dans les Eurocodes 3 et 4, le comportement de chaque compo-
sant de base i est supposé implicitement de type élastique-plas- Pour que le résultat (5) soit correct, il convient encore de s’assu-
tique parfait.
rer que le déséquilibre d’effort dans la dalle (représenté par FRd
Si wi est l’allongement (ou le raccourcissement) du ressort, Fi dans le cas particulier de la figure 5) ne crée pas de ruine préma-
l’effort sollicitant le ressort, les Eurocodes précités donnent systé- turée par écrasement du béton au contact de l’aile du poteau (cf.
matiquement pour le composant : 3e point des simplifications mentionnées au § 1.3.1).
– sa résistance de calcul (assimilée à une résistance plastique
parfaite) : Fi,Rd ; ■ Cas de l’assemblage mixte avec platine d’about
– sa rigidité initiale en translation ki définie par : Un assemblage mixte poutre-poteau dont la partie métallique
est boulonnée par platine d’about est représenté figure 6. Les
(4) efforts de traction résultant de la flexion négative sont repris à la
fois par l’armature, Ft1,Rd, et par la rangée supérieure de boulons,
(toujours ramenée au module d’élasticité de l’acier Ea, même si
le composant est renforcé par du béton, comme déjà expliqué § Ft2,Rd.
1.3.1 (cf. coefficient n0)) ; L’armature étant ductile (classe B ou C ; cf. § 3.2 de [C 2 560]),
– et parfois, mais plutôt à titre indicatif, un critère garantissant une fois atteinte sa résistance plastique de calcul (Ft1,Rd = Fs,Rd
une capacité de déformation de calcul wi,Cd. jugée suffisante. définie au § 1.4.1), elle est capable de se déformer de manière à
TP
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TQ
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TR
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cRUVT
1. Ossatures articulées
et contreventées
La figure 1 représente le type d’ossature plane concernée où la
stabilité vis-à-vis des actions horizontales et des actions gravi-
taires dissymétriques est assurée, soit par une palée triangulée
(figure 1-a), soit par un portique suffisamment rigide (figure 1-b).
La partie articulée de l’ossature peut être également appuyée
sur une structure rigide en béton armé (mur de refend, cage
a assemblage avec interruption
de dalle
b assemblage avec interruption
de dalle
Q
d’escalier, etc.).
■ Assemblages poutres-poteaux « nominalement articulés »
Ces assemblages peuvent permettre de conserver la continuité
des poteaux, ce qui est pratiquement toujours le cas lorsque ceux-
ci sont en acier.
Lorsque les poteaux sont mixtes, en particulier pour les poteaux
à profils creux, il n’est pas rare que ceux-ci soient interrompus au
passage des planchers pour une raison de facilité constructive c assemblage avec continuité de dalle
(cf. § 3.3 de [C 2562]).
D’un point de vue structural, les assemblages « nominalement Figure 2 – Assemblages articulés par gousset d’âme boulonné
articulés » présentent toujours une certaine rigidité (au plus égale
à 0,5 Ea I1/Lb ; cf. relation (50) de [C 2563]) et une certaine résis-
• Si la dalle est continue, une armature, du type treillis soudé
tance (au plus égale à 0,25 fois le moment exigé pour un assem-
(figure 2-c), est à placer pour s’opposer au retrait et limiter
blage qui serait à résistance complète ; cf. § 2.1 de [C 2563]).
l’ouverture des fissures dans la dalle si la durabilité de la
Le fait de les considérer comme des articulations parfaites place structure est en cause (cf. § 3.2 de [C 2561]).
généralement l’analyse des sollicitations et les vérifications des
Au stade des combinaisons d’actions aux ELU, cette armature
éléments aux ELU (États limites ultimes) assez nettement en sécu-
est supposée se rompre et donc ne pas assurer la continuité de la
rité. On peut toutefois rencontrer quelques rares situations où
cette simplification ne se placerait pas tout à fait en sécurité ; par dalle. L’assemblage assure alors essentiellement le transfert de
exemple celle de poteaux assez élancés et fortement chargés à un l’effort tranchant de la poutre au poteau, et c’est seulement la par-
niveau proche de l’instabilité par flambement [1]. tie métallique de l’assemblage qu’il convient de dimensionner vis-
à-vis de cet effort.
■ Dispositions constructives des assemblages • Une solution avec gousset, soudé sur l’aile du poteau et bou-
Il est possible d’interrompre la dalle (pleine ou mixte) au pas- lonné à l’âme de la poutre, est tout à fait adaptée à la situa-
sage du poteau, en ménageant un interstice ou en plaçant un tion (figure 2), avec des règles bien établies pour évaluer la
joint de dilatation (figures 2-a et 2-b). résistance au cisaillement de bloc du gousset et de l’âme
(cf. § 3.10.2 de l’EN 1993-1-1).
Remarque
Il est à noter qu’avec cette solution, un certain jeu horizontal
g doit être prévu entre la semelle comprimée de la poutre et
celle du poteau afin d’éviter un contact précoce à partir duquel
l’assemblage cesserait de se comporter comme une articula-
tion (par suite d’une augmentation brusque du moment repris
par l’assemblage).
En pratique, g peut varier de 10 à 20 mm, et des essais ont
montré (par exemple, [1]) que g pouvait être évalué approxi-
mativement par la relation :
TS
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cRUVT
• Pour conférer à ce type d’assemblage une capacité de rota- En alternative, ces raidisseurs peuvent être remplacés efficace-
tion importante, la platine doit être mince (avec une épais- ment par un enrobage de béton entre les semelles du poteau
seur souvent inférieure ou égale à 10 mm ; cf. relation (42) de (cf. § 1.4.3 et 3.1.1.2 de [C 2563]) qui peut également contribuer à
[C 2563]) et ne pas comporter plus de deux rangées de bou- accroître la rigidité et la résistance du poteau lui-même.
lons.
Dans le cas d’une plaque d’about de hauteur limitée, située en
partie inférieure de la poutre en acier, les bras de levier des ran- 2.1 Analyse globale élastique
Q
gées de boulons par rapport à la mi-épaisseur de la semelle com-
primée sont faibles et le moment résistant de l’assemblage est Si l’on considère maintenant une ossature semi-continue et contre-
donc également faible (puisque le treillis soudé est censé n’appor- ventée du type de celle représentée figure 3, la détermination des sol-
ter aucune contribution). licitations dans les éléments (poutres et poteaux) aux ELU peut très
bien s’effectuer à l’aide d’une analyse globale élastique (comme men-
• Bien que la capacité de rotation des assemblages soit une tionné au tableau 1 de [C 2563]) où les assemblages semi-rigides sont
caractéristique essentielle pour les constructions articulées, il représentés par des ressorts ponctuels (figure 4).
est rare que les calculateurs de projets déterminent les rota-
Rien n’interdit a priori d’entreprendre une analyse élastique non
tions exigées (qui ne sont jamais que celles des extrémités de
linéaire avec une rigidité sécante variable des assemblages
simples poutres isostatiques), ni d’ailleurs les capacités de
(cf. courbe de la figure 3 du [C 2563]).
rotation. L’utilisation de dispositions empiriques en la matière
est de mise la plupart du temps. En général, on se contente d’une analyse élastique linéaire pla-
çant en sécurité en adoptant pour chaque assemblage sa rigidité
Exemple sécante minimale en rotation Sj,ini/η ; (cf. relation (1) et para-
graphe 1.2 de [C 2563] pour les valeurs du coefficient η). Il
Par suite du glissement au droit des boulons avec l’ovalisation des
convient alors de s’assurer que le moment de calcul |Mj,Ed| dans
trous de boulons dans le cas d’un assemblage par gousset, ou par
les assemblages ne dépasse par leur moment résistant sous
suite de la plastification locale d’une platine d’about mince avec un
flexion négative .
écartement relativement important des deux rangées de boulons
(situation qui exclut la rupture des boulons en traction), il est courant En outre, l’analyse élastique est couramment de type « non fis-
d’obtenir des valeurs élevées de , par exemple de 80 à 120 mrad suré », la seule redistribution de moments étant celle due aux
pour fixer les idées [1]. rotations limitées des assemblages, comme déjà mentionné dans
un commentaire du § 2.3 de [C 2563] (pour mémoire, l’EN 1994-1-1
ne fournit d’évaluation du pourcentage de redistribution des
moments par fissuration que dans le cas de poutres assemblées
aux poteaux par des assemblages rigides et à pleine résistance,
2. Ossatures semi-continues avec éventuellement un assemblage nominalement articulé à une
et contreventées extrémité de poutre ; cf. 5.4.4(4) de l’EN).
Toutefois, avec un calcul des sollicitations basé sur une analyse
globale non fissurée, il peut être prudent de tenir compte de
La figure 19 de l’article [C 2560] a déjà montré la grande variété
possible des assemblages mixtes (comportant une armature duc-
tile) pour les ossatures semi-continues. Pour les cas (b), (d) et (e)
de cette figure, l’assemblage de la partie métallique n’est guère
fondamentalement différent de celui d’une ossature articulée en
acier de sorte que, dans la phase de construction, l’assemblage
mixte s’apparente à un assemblage nominalement articulé. Ce
n’est que dans la phase mixte définitive, où l’action de l’armature
se combine à celle de l’assemblage métallique, que l’assemblage
acquiert une rigidité et une résistance significatives.
En revanche, le cas (c) d’assemblage, en l’absence de toute
attache boulonnée, n’offre une capacité de résistance en flexion
que dans la phase de fonctionnement mixte, apportée par la seule
armature en traction, l’équilibre en compression étant assuré au Palée de
moyen d’une cale de contact entre la semelle de la poutre et la Ossature semi-continue stabilité
semelle du poteau.
La présence du tasseau soudé à la semelle du poteau est néces- Assemblage semi-rigide et/ou partiellement résistant
saire en phase de montage, mais également pour la reprise de Articulation ou rotule
l’effort tranchant amené par la poutre. L’exemple numérique traité
au § 3.1 de l’article [C 2563] a permis de vérifier le caractère semi-
rigide et partiellement résistant d’un assemblage du type de la Figure 3 – Ossature semi-continue et contreventée
figure 19-c, et l’exemple traité au § 3.2 du même article de vérifier
le même caractère pour un assemblage du type de la figure 19-b.
Les principaux avantages de l’utilisation d’assemblages semi-
rigides et partiellement résistants se situent dans la réduction des
hauteurs des sections des poutres mixtes (résultant des vérifica-
tions aux ELU), ainsi que dans l’amélioration des conditions de
service (réduction de flèches, contrôle de la fissuration).
Un inconvénient éventuel provient de la nécessité de renforcer
le poteau en acier dans la zone de compression locale, par
exemple en soudant, de part et d’autre de l’âme, des raidisseurs
transversaux dans le prolongement de la semelle de la poutre en
acier. Figure 4 – Ressorts en rotation pour l’analyse globale élastique
TT
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cRUVT
l’éventualité d’une fissuration lors de la vérification de certains les rotules se forment dans les assemblages partiellement résis-
éléments. C’est en particulier le cas des poteaux mixtes dans une tants aux extrémités de la poutre et en travée, là où le moment de
ossature semi-continue contreventée où la longueur de flambe- flexion positif est maximal. En effet, il n’est pas réaliste d’envisa-
ment ᐍ (cf. § 2.6 de [C 2562]) peut tenir compte des rigidités en ger la formation de rotules plastiques dans les poteaux, les méca-
rotation apportées par les liaisons d’extrémité avec les poutres (cf. nismes de type panneau ou portique mis en œuvre par ces rotules
Annexe E de l’ENV/DAN 1993-1-1). ne pouvant se développer en raison du blocage des déplacements
Ainsi, en supposant les poutres mixtes de part et d’autre du horizontaux par les systèmes de contreventement.
Q
poteau, de portée Lb et fléchies en simple courbure avec des rota- L’analyse des poutres de l’ossature par mécanismes plastiques
tions égales et opposées à leurs extrémités (d’où la sous-structure ne dispense évidemment pas de vérifier le dimensionnement des
de la figure 5), la rigidité en rotation apportée par une poutre à poteaux dont les efforts normaux peuvent s’obtenir en tenant
l’extrémité du poteau, compte tenu de la présence d’un assem- compte de la descente de charges.
blage semi-rigide, peut être évaluée par la relation :
À l’effort normal dans un poteau, il convient d’ajouter des
(2) moments d’extrémité dus au déséquilibre éventuel des moments
résistants des assemblages situés de part et d’autre du poteau. À
avec :
défaut d’une méthode de calcul plus élaborée, ce déséquilibre de
(3) moments peut être réparti entre les deux poteaux, au-dessus et
au-dessous de l’extrémité considérée, au prorata de leurs rigidités
lorsque l’on évalue la longueur de flambement du poteau. Ic/Lc respectives (cf. les notations de la figure 5).
La prudence incite à calculer l’inertie de la poutre, Ib,eff, en Des analyses détaillées des efforts exercés sur les poteaux, en dis-
tenant compte d’une certaine longueur fissurée de dalle, Lcr, tinguant les cas des poutres étayées et non étayées en phase de
adjacente à chaque assemblage d’extrémité de poutre. construction, avec des modes d’action différents des charges perma-
Par exemple, on peut adopter une valeur pondérée des inerties nentes de poids propre et des charges d’exploitation, peuvent être
de flexion I1 et I2 (cf. § 1.7.2 de [C 2561]) selon la relation : trouvées dans la littérature anglaise (par exemple, cf. § 3.2.2 de [2]).
Les figures 6 illustrent les types de mécanisme de poutre à
(4) considérer dans les différentes travées sous combinaison des
actions aux ELU, respectivement dans le cas d’une charge unifor-
mément répartie pd par unité de longueur (cas a)), et dans le cas
avec
de deux charges ponctuelles Pd situées au tiers et aux deux tiers
Une relation de type (4) peut évidemment être utilisée pour de la portée de la poutre (cas b)).
caractériser la rigidité des poutres dans l’analyse globale élastique
d’une ossature semi-continue. Elle sera également envisagée plus La vérification par l’analyse globale plastique consiste à s’assu-
loin pour les ossatures continues (cf. relation (16)). rer simplement que :
(5)
(6)
dans le cas de charge b) où l’on a supposé
avec moment de résistance plastique de la
poutre mixte sous flexion positive,
et moments résistants des assemblages
sous flexion négative aux extrémités A et
B de la poutre concernée.
L’inégalité (5) a été établie en supposant les deux assemblages
(A) et (B) de moments résistants sensiblement équivalents (dans le
cas contraire, il conviendrait de déterminer la position de la rotule
plastique sous moment positif qui ne serait plus à mi-travée).
Remarque
Figure 5 – Sous-structure poteau-poutres Des inégalités similaires à (5) et (6) peuvent être établies
pour des cas de chargement différents, par application du
théorème cinématique de l’Analyse Limite et en précisant la
2.2 Analyse globale rigide-plastique position de la rotule plastique en travée par minimisation de la
charge limite plastique.
Un autre type d’analyse globale mérite attention pour le cas des On peut noter également que l’approche précédente n’est pas
ossatures semi-continues contreventées, à savoir l’analyse rigide- remise en cause par l’utilisation de poutres mixtes de classe 3
plastique. sous flexion négative dans la mesure où le moment de résis-
D’une part, les caractéristiques clés des assemblages à utiliser tance élastique de la poutre, , tel que défini au § 1.4.3 de
sont le moment résistant et la capacité de rotation, ce qui évite [C 2561]), reste supérieur à celui de l’assemblage Mj,Rd.
d’avoir à évaluer la rigidité Sj,ini. Enfin, il convient de rappeler ici que les mécanismes plas-
D’autre part, les mécanismes plastiques à considérer sont tiques de poutre envisagés ne peuvent être valables que si le
nécessairement simples, se limitant à des mécanismes de poutre : risque de déversement est exclu (cf. § 1.7.1 et 1.8 de [C 2561]).
TU
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cRUVT
2.3 Analyse globale quasi-plastique serait plus élevée dans le cas d’une charge concentrée
unique à mi-portée.
• La limite d’élasticité fy de la poutre en acier influence directe-
Remarque ment la rotation exigée des assemblages, du fait que les
Une question importante subsiste pour que les inégalités déformations nécessaires à la formation du mécanisme plas-
telles que (5) et (6) ne soient pas remises en cause, qui est de tique augmentent avec la déformation limite élastique :
connaître les rotations à exiger des assemblages A et B pour
Q
permettre la formation de la troisième rotule plastique en tra-
vée, étant entendu que ces rotations doivent rester inférieures En pratique, la rotation exigée peut être considérée proportion-
à la capacité de rotation de chaque assemblage. nelle à fy.
• L’étayage de la poutre métallique en phase de construction
L’analyse rigide-plastique ne permet pas de répondre à cette est favorable à la rotation exigée des assemblages. Lorsque
question ; seule une analyse élasto-plastique des poutres, tenant la poutre n’est pas étayée, une grande partie des charges per-
compte de l’extension de la zone plastique en travée, peut per- manentes est supportée par la poutre métallique seule, géné-
rant dans celle-ci de plus grandes déformations et courbures
mettre une détermination précise des rotations exigées des
qu’avec une poutre mixte, d’où, au final, des rotations exi-
assemblages.
gées plus élevées.
On trouve dans la littérature anglaise de nombreux travaux
• Il y a tout avantage à ne pas chercher à atteindre rigoureuse-
pour apporter une réponse, aussi pragmatique que possible, à la
ment en travée le plein moment de résistance plastique de la
question soulevée ; par exemple les références [2] [3] [4] [6].
poutre , qui exige une extension non négligeable de la
■ Conclusions principales zone plastifiée.
Bien que les paramètres qui influencent la valeur de la rotation Si l’on adopte une valeur du moment à atteindre légère-
exigée des assemblages soient nombreux, on peut résumer les ment inférieure à , la rotation exigée de l’assemblage peut
conclusions de ces travaux comme suit. être considérablement réduite. À titre indicatif, cette réduction
peut être de 70 % dans des cas courants lorsque l’on adopte
• La rotation exigée n’est pratiquement pas influencée par la de l’ordre de . Dans cette optique, les auteurs de [5] [6]
rigidité de l’assemblage. semblent avoir été les premiers à introduire le concept d’analyse
• En revanche, cette rotation dépend clairement du rapport du « quasi plastique », en soulignant quantitativement les avantages
moment de l’assemblage au moment positif de résistance d’une telle analyse par rapport à l’analyse rigide-plastique clas-
plastique en travée, . Lorsque ce rapport aug- sique.
mente, toutes choses égales par ailleurs, la rotation diminue Avec ce type d’analyse, il convient de noter que les membres de
quasi linéairement. droite des inégalités telles que (5) et (6) sont uniquement modifiés
• La rotation exigée dépend également du rapport entre la por- en remplaçant par , en tant que simple application du
tée de la poutre et la hauteur totale D de la section de théorème des travaux virtuels (et non plus du théorème cinéma-
poutre, soit Lb/D, et augmente quasi linéairement avec ce tique de l’Analyse Limite).
rapport lorsqu’il varie de 15 à 30. ■ Formulation pratique pour des applications
• À même charge totale appliquée à la travée, le cas des D’un point de vue pragmatique, en opérant une synthèse des
charges concentrées au tiers et aux deux tiers de la portée différents travaux de la littérature anglaise et lorsque les condi-
(cas de la figure 6b) est celui qui exige la plus grande rota- tions suivantes sont satisfaites :
tion, alors que le cas d’une seule charge concentrée à mi-por-
tée serait celui conduisant à la plus petite rotation. Le cas de
(7)
la charge uniformément répartie (cas de la figure 6a) exige
une rotation intermédiaire entre les deux précédentes.
• Lorsque l’une des extrémités est articulée (par exemple en on peut proposer de se baser sur les valeurs suivantes pour un
présence d’un poteau de façade), la rotation exigée de l’assem- dimensionnement, conformément à [4] [7] :
blage à l’autre extrémité est plus faible qu’en présence de • Pour le cas de poutres étayées :
deux assemblages partiellement résistants, dans le cas de la
poutre sollicitée par les deux charges concentrées. Cette rota- (8)
tion est quasi-inchangée dans le cas de la charge répartie. Elle exigeant :
ϕj,Cd ≥ 22 mrad pour une charge uniformément répartie ;
ϕj,Cd ≥ 33 mrad pour deux charges concentrées.
Lb Lb / 3 Lb / 3
• Pour le cas de poutres non étayées (où les rotations exigées
sont celles en fonctionnement mixte sous les charges
d’exploitation essentiellement), les mêmes exigences sur ϕj,Cd
sont utilisables à condition d’adopter :
(9)
A B A B
(B) (A) ■ Formulations plus élaborées
Mj,Rd > Mj,Rd On peut trouver dans [6] des formules beaucoup plus précises
de la rotation exigée des assemblages. Ces formules ont été
a charge uniformément répartie b charges concentrées déduites par lissage (avec un coefficient de corrélation de 0,99)
des résultats numériques d’une vaste étude paramétrique de cas,
conduite à l’aide de la méthode théorique exposée en [5].
Figure 6 – Mécanismes plastiques de poutre dans les ossatures On donne ci-après les formules correspondant aux charges de
semi-continues et contreventées la figure 6 dans deux situations d’assemblages.
TV
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On désigne par ϕj,req la rotation exigée (en radians), par R le tures fsk à 460 N/mm2. Mais ces choix de valeurs ne constituent pas
rapport , par Ih le moment d’inertie de la section mixte de vraies restrictions pour l’application des expressions (10) à (13)
homogénéisée sous flexion positive, et par le moment de lorsque l’on utilise des aciers dont les caractéristiques mécaniques se
résistance élastique sous flexion positive de la poutre mixte. situent dans les intervalles suivants : 235 N/mm2 ≤ fy ≤ 355 N/mm2 et
On précise qu’ici le moment de résistance élastique doit être 400 N/mm2 ≤ fsk ≤ 600 N/mm2.
seulement défini par l’atteinte de la limite d’élasticité dans la Ces expressions montrent en effet que la rotation exigée ϕj,req
semelle inférieure en acier (et non en considérant le cas général varie pratiquement de manière proportionnelle à fy (comme
Q
des trois conditions de contraintes limites, comme défini en 1.4.3 constaté par d’autres auteurs [3]) et n’est nullement influencée par
de [C 2561]). la rigidité en flexion de la poutre mixte sous moment négatif.
Évidemment, a une valeur différente selon que la poutre
mixte a été construite étayée ou non étayée.
2.4 Exemple numérique d’analyse globale
• Cas de la figure 6a dans l’hypothèse quasi-plastique
TW
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cRUVT
Assemblages semi-rigides
et partiellement résistants
Contreventement
(1) (2)
latéral
Pd Pd
Q
A Articulation B C
Poutre mixte
Lb = 10 m Lb = 10 m
–
beff
hc = 100 c = 40
IPE 400
S235
L’espacement régulier entre les portiques est donc ici de 5 m • poids des finitions et cloisons :
(figure 9).
• Les actions permanentes sur le plancher sont le poids
propre de celui-ci (matériaux acier et béton) et le poids des • soit, au total :
finitions et cloisons estimé à Gfi = 2 kN/m2. La valeur
caractéristique de l’action variable est prise égale ici à
Qk = 2 kN/m2. – pour l’action variable :
TX
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Conception et calcul
des dalles mixtes acier-béton
Q
4.5 — 17
4.6 État limite de service, vérification de l’ouverture des fissures du béton .. — 18
4.7 État limite de service, vérification des vibrations...................................... — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 2 567
TY
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cRUVW
Chape et revêtement
Dalle de béton
Armature (treillis)
Tôle nervurée
Hauteur de plancher
Faux-plafond
Poutre
Conduites (eau, climatisation,
électricité, etc.)
Support de faux-plafond
UP
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Treillis d’armature
Connecteur soudé
Bossage
Sommier Tôle nervurée
Solive
UQ
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cRUVW
Q
de façon adéquate. Le béton sert à la création du plan horizontal et
à la reprise des efforts de compression se développant dans
l’élément mixte.
55 + 4 × 150 + 95 = 750
40
51 73
112 38 137
115 87 40
a profils « rentrants »
53 73
90 60 61,5 84 20 47
55 77
85 91 45 122 68 45
59 80
112 88 50
94 89 40
b profils « trapézoïdaux »
UR
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Planchers de bâtiments
en construction métallique et mixte
Q
par Daniel BITAR
Docteur Ingénieur Génie Civil - INSA
Chef de projets de Recherche et Développement au Centre technique industriel
de la construction métallique (CTICM)
Enseignant à l’École nationale des ponts et chaussées
1. Planchers.................................................................................................... C 2 645 - 2
1.1 Trames. Charges .......................................................................................... — 2
1.2 Planchers. Guide de conception................................................................. — 4
2. Vibration et fréquence propre des planchers mixtes .................... — 16
2.1 Déformée modale du plancher................................................................... — 16
2.2 Application des charges. Calcul des flèches.
Fréquence fondamentale du plancher ....................................................... — 16
2.3 Planchers de basse fréquence .................................................................... — 19
2.4 Calcul de la rigidité modale ........................................................................ — 19
2.5 Calcul de l’accélération maximale.............................................................. — 19
2.6 Critères d’acceptation.................................................................................. — 19
Références bibliographiques ......................................................................... — 20
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 645 − 1
US
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Aa Aire de la section du profilé métallique Im, ajourée Moment d’inertie de la section ajourée mixte
au centre de l’ouverture
As Aire de la section de la membrure inférieure
Q
d’une poutrelle à treillis I1 Moment d’inertie de la dalle par mètre de largeur
a max Accélération maximale k Rigidité modale
B Largeur participante L Portée
D Hauteur d’une poutrelle à treillis ᐉ Longueur d’ancrage
d diamètre d’un goujon N Nombre de connecteurs par mètre linéaire
E Écartement P Poids ; charge concentrée
F Effort PRd Résistance d’un connecteur
f0 Fréquence fondamentale du plancher Qk Charge caractéristique concentrée
fi Fréquence fondamentale de chaque éléments qk Charge caractéristique uniformément répartie
g Accélération due à la pesanteur r Rayon de pliage
H Hauteur d’un goujon soudé ou d’une cornière clouée S Largeur du plancher
HT Épaisseur ou hauteur du plancher W Largeur de la dalle
hc Épaisseur de la dalle αA Coefficient de réduction
Ia Moment d’inertie de la section du profilé de base αn Coefficient de Fourier du n- ième composant
Iajourée Moment d’inertie de la section ajourée au centre de δ Flèche maximale
l’ouverture sans participation de la dalle
φ Diamètre d’une barre d’armature
Ib Moment d’inertie de la section de la poutre
secondaire ζ Amortissement
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C 2 645 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
UT
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Q
— fer forgé .......................................................... 76
— fonte ................................................................ 71 à 72,5 45° 45°
— aluminium ...................................................... 27 Poutre A
Béton (1) :
Surface du Surface du
— béton normal .................................................. 24 (2) (25 béton chargement chargement
non durci) de la poutre B de la poutre A
— béton normal armé – béton précontraint
(taux normal d’armature) .............................. 25 a trames rectangulaires
— béton léger : ................................................... 9 à 20
• béton léger classe de masse volumique Surface du
LC 1,8............................................................ 16 à 18 chargement de la poutre B
• béton léger classe de masse volumique
LC 2,0............................................................ 18 à 20
Bois : Poutre B
— Contreplaqué :
• résineux........................................................ 5 45°
• bouleau ........................................................ 7
• panneaux lamellés et panneaux lattés ...... 4,5
b trame triangulaire
— Lamellé collé :
• lamellé homogène GL24h .......................... 3,7 Dalle pleine : distribution des charges à 45° ou selon la bissectrice
• lamellé homogène GL36h .......................... 4,4
— Panneaux agglomérés : Figure 2 – Distribution des charges uniformes sur les poutres
• panneaux de particules............................... 7,0 à 8,0
• panneaux de fibragglo................................ 12,0
— Panneaux de fibres : Les charges d’exploitation des bâtiments sont celles issues de
• panneaux durs............................................. 10 l’occupation des locaux. Les valeurs à considérer dans le calcul
• panneaux tendres........................................ 4,0 doivent tenir compte :
— chêne............................................................... 7,8 à 8,5 — de l’usage normal que les personnes font des locaux ;
— hêtre ................................................................ 6,8 à 7,5 — des meubles et objets mobiles (cloisons mobiles, range-
— pin ................................................................... 5,9 à 6,5 ments, marchandises en conteneur, par exemple) ;
— des véhicules ;
Mortier : — des événements rares prévus tels que concentrations de
— mortier de ciment .......................................... 19 à 23 personnes ou de mobilier, déplacement ou empilage d’objets
— mortier de plâtre ou mortier de chaux ......... 12 à 18 susceptibles de se produire à l’occasion d’une réorganisation
— mortier de chaux et de ciment ...................... 18 à 20 ou d’un aménagement des locaux (ces charges sont à préciser
contractuellement).
Maçonneries : Pour déterminer les charges d’exploitation, il convient de classer
— éléments pleins en terre cuite....................... 21 les planchers en catégories en fonction de leur utilisation. Les sur-
— briques pleines ............................................... 15,7 à 16 faces des bâtiments résidentiels, sociaux, commerciaux ou admi-
— briques creuses .............................................. 11,8 à 12 nistratifs seront classées selon leur usage spécifique, comme
indiqué dans le tableau 3 [2].
Granulats : (0)
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UU
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(0)
A Habitation, résidentiel Pièces des bâtiments résidentiels et des maisons ; chambres et salles des
hôpitaux ; chambres d’hôtels et de foyers ; cuisines et sanitaires.
Q B Bureaux
Circulation et stationnement pour véhicules de Voies d’accès, zones de livraison, zones accessibles aux véhicules de lutte
G poids moyen (30 kN ⭐ PTAC ⭐ 160 kN et à deux incendie (PTAC ⭐ 160 kN).
essieux)
PTAC : poids total autorisé en charge.
Les charges d’exploitation sur les planchers sont modélisées par 1.2 Planchers. Guide de conception
des charges uniformément réparties, par des charges linéiques
(charge sur les garde-corps) ou des charges concentrées (véhi-
cules). Le tableau 4, tiré de l’annexe nationale pour application en 1.2.1 Plancher à poutrelles métalliques
France de la norme NF EN 1991-1-1 [1], donne les valeurs des char- et dalle en béton armé non participante
ges d’exploitation à prendre en compte dans le calcul des plan-
chers. En outre, un coefficient de réduction est à appliquer à ces
1.2.1.1 Présentation et aide au choix
charges en fonction de la surface qui intéresse l’élément du plan-
cher à étudier. Cette solution convient pour un écartement entre les poutres de
Pour une application en France, le coefficient de réduction αA l’ordre de 3 à 7 m et des portées de poutres de l’ordre de 3 à 5 m.
n’est utilisé que pour les catégories d’usage A, B, C3, D1, et F La dalle seule a une hauteur totale de l’ordre de 20 à 25 cm afin
(tableau 3) à partir d’une surface A supérieure à 15 m2. Il faut noter d’assurer un confort acoustique convenable dans le cas de bâti-
qu’il n’y a pas de réduction à appliquer pour les autres catégories ments de logement ou de 12 à 15 cm pour les bâtiments de
d’usage. Ce coefficient est donné par l’expression : bureaux. La poutrelle métallique choisie, le plus couramment, dans
la série des IPE a une hauteur de 200 à 360 mm. Pour franchir des
A0 portées supérieures à 5 m, on est rapidement confronté aux pro-
α A = 0,77 + -------- ⭐ 1,0 blèmes liés à l’épaisseur ou hauteur du plancher, notée HT sur la
A
figure 4, lequel doit satisfaire les conditions de flèches et ainsi
avec A 0 = 3,5 m2. conduire à une hauteur de plancher préjudiciable vis-à-vis de l’éco-
La dégressivité devient particulièrement intéressante pour des nomie du projet. La figure 5 et le tableau 5 donnent les valeurs de
solutions hyperstatiques, comme les poutres continues. En effet, flèches admissibles pour les planchers selon l’Eurocode 3 [3].
la surface A du chargement des poutres continues peut atteindre La hauteur du plancher HT est donc d’une importance majeure.
100 à 120 m2 ce qui va permettre l’utilisation d’un coefficient de En effet, pour des bâtiments courants à hauteur imposée de l’ordre
réduction αA égal à 0,8. de 35 à 40 m, on constate qu’un gain de 20 cm sur l’épaisseur du
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C 2 645 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
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Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article [C 2 507] intitulé « Sécurité incendie des
ouvrages en structures métalliques – Partie 2 » paru en 2004 et rédigé par le même auteur
UW
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, × 10−2
Δl / l = 11 Figure 1 – Facteurs de réduction pour diverses caractéristiques
de l’acier à températures élevées
– pour 860 °C < θa ≤ 1 200 °C :
UX
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La variation de la dilatation thermique relative avec la tempé- Les propriétés mécaniques des aciers laminés à chaud pour
rature est montrée sur la figure 2. parois minces et formés à froid [5] sont données dans le tableau 2.
Q
Les propriétés mécaniques des boulons à haute résistance et de
1.1.2 Acier pour sections de classe 4 cordons de soudure [2] sont données dans le tableau 3, avec kb,q
coefficient de réduction pour la résistance au cisaillement des bou-
La définition des classes de section est donnée dans la partie 1.1 lons et kw,q coefficient de réduction de la résistance au cisaillement
de l’Eurocode 3 (NF EN 1993-1.1). Il est considéré que ces classes de des soudures.
section sont indépendantes de la température.
1.1.4 Acier inoxydable
Dilatation Dl/l [x 10-3]
& Les lois contrainte/déformation de l’acier inoxydable ([2], [63])
dépendent de la nuance.
20
Les tableaux 4 et 5 donnent, pour deux nuances d’acier inoxyda-
16 bles, les coefficients de réduction suivants, par rapport à la valeur
appropriée à 20 C :
12 – pente du domaine élastique linéaire Ea,q :
8 k E,θ = Ea,θ / Ea ;
4
– résistance d’épreuve f0,2p,q :
Tableau 2 – Facteur de réduction pour l’acier au carbone pour le calcul des sections de classe 4 aux
températures élevées
Facteur de réduction pour les sections à parois minces Facteurs de réduction pour les sections à parois minces
Température de
laminées à chaud et soudées formées à froid
l’acier
(qa)
kE,q = Ea,q / Ea kp0,2,q = fp0,2,q / fy kE,q = Ea,q / Ea kp0,2,q = fp0,2,q / fyb
UY
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Q 20 C
100 C
1,000
0,968
1,000
1,000 avec l
(
longueur à 20 C,
)
Δl / l = 16 + 4,79 × 10−3 θa − 1,243 × 10−6 θa2 × (θa − 20)10−6
VP
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Q
20 1,00 1,00 1,00 0,24
Dilatation Dl/l [x 10-3] Tableau 6 – Valeurs des trois principaux paramètres (Es,q ;
fsp,q ; fsmax,q) des relations contrainte/déformation
25 pour les aciers d’armature formés à froid
20
Température de
15 l’acier E s,θ fsp,θ fsy ,θ
(qs) Es fsy fsy
10
20 C 1,00 1,00 1,00
5
100 C 1,00 0,96 1,00
0 200 400 600 800 1 000 1 200
200 C 0,87 0,92 1,00
Température [en °C]
300 C 0,72 0,81 1,00
Figure 3 – Dilatation thermique des aciers inoxydables en fonction
de la température 400 C 0,56 0,63 0,94
& Les courbes représentées sur la figure 4 correspondent aux coef- 500 C
0,40 0,44 0,67
ficients de réduction donnés dans le tableau 7.
600 C 0,24 0,26 0,40
1.2 Modélisation de la structure 700 C 0,08 0,08 0,12
& Dans les principes de base des parties « feu » des Eurocodes,
800 C 0,06 0,06 0,11
sont mentionnés 3 niveaux possibles de schématisation des struc-
tures pour vérifier leur comportement au feu. Ce sont :
900 C 0,05 0,05 0,08
– l’analyse globale de la structure en cas d’incendie généralisé ou
localisé, permettant de prendre en compte les interactions entre 1 000 C 0,03 0,03 0,05
éléments constitutifs de la structure (figure 5) ;
– l’analyse d’une partie de la structure (portique, assemblage 1 100 C
0,02 0,02 0,03
d’éléments), nécessitant de déterminer les conditions aux limites
de la sous-structure ainsi étudiée, elles sont ensuite considérées 1 200 C
0,00 0,00 0,00
comme constantes pendant toute la durée de l’incendie (figure 6) ;
VQ
Q
VR
Constructions mixtes - Constructions souples
(Réf. Internet 42231)
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VS
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Professeur Émérite, Président de l’International Association for Shell and Spatial
Structures (IASS)
Laboratoire de Mécanique et Génie Civil, UMR CNRS 5508, université de Montpellier
(France)
VU
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Exemple
La composition de la figure 1 comporte deux composants compri-
més, chacun de ceux-ci étant obtenu par l’assemblage de quatre élé-
ments rectilignes. Ces deux composants sont associés par un réseau
continu d’éléments tendus (on peut compter dans ce cas seize élé-
ments). Ce système répond à la définition proposée en référence [1].
Cette définition est celle d’un état, elle peut être applicable à des
systèmes autres que les systèmes construits ; par la suite seule la
dénomination « systèmes de tenségrité » sera conservée en lieu et Figure 1 – Système de tenségrité (Crédit Motro)
VV
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controverses associées aux essais de définition : il est toujours diffi- l’état d’autocontrainte, mais elles sont peu reproductibles et liées
cile de dessiner des limites nettes pour justifier de l’appartenance de à l’expertise du concepteur.
systèmes à telle ou telle classe. Mais les définitions ne sont pas
garantes de quelconques qualités, on peut leur préférer une étude Le vocabulaire polyédrique a permis à David Georges Emme-
des caractéristiques de comportement mécanique. rich de proposer des solutions pour des cellules élémentaires,
mais il n’est pas toujours possible de mettre en place un état
d’autocontrainte dans la géométrie source en insérant des butons
1.2 Couplage morphologico-mécanique entre les sommets des polyèdres dont les arêtes sont réalisées
avec des câbles tendus [3].
La conception des systèmes de tenségrité repose sur la prise en
compte d’un couplage fort entre « formes » et « forces » : les géo- Des modèles numériques ont permis de privilégier le contrôle
métries doivent être telles qu’un état d’autocontrainte puisse être préférentiel de la géométrie, ou des états d’autocontrainte. Ce sont
mis en œuvre. Ce n’est pas possible pour toute configuration mor- respectivement la méthode des densités de forces [4] et la méthode
phologique ; c’est pourquoi il est nécessaire de procéder à une de relaxation dynamique [5]. Ces méthodes sont désormais classi-
R
recherche de forme. ques dans le domaine de la recherche de forme des systèmes réti-
culés spatiaux et on peut trouver des logiciels libres d’accès dont
celui réalisé au Laboratoire de Mécanique et Génie Civil [6] dédié
La recherche de forme est une méthode qui a pour objet la aux systèmes de tenségrité.
définition d’une géométrie compatible avec des conditions
mécaniques spécifiées selon les types structuraux concernés. La définition d’un concept d’assemblage offrant la possibilité
de constitution d’un système de tenségrité.
& Pour les systèmes de tenségrité, de nombreuses méthodes sont
utilisables. Exemple : c’est le cas du principe de l’écarteur mis à profit pour
élaborer une grille plane à double nappe de plus de 80 m2 – figure 2
Les procédures expérimentales ont la faveur des sculpteurs. connue sous le nom de Tensarch ([7] et § 1.4).
Elles permettent un contrôle simultané de la morphologie et de
a Écarteur
b Maillage
c Tissage
Figure 2 – Tensarch – Réalisation et schémas de principe (Crédit Laboratoire Mécanique et Génie Civil)
VW
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1.
2.
Dénomination ..................................................................................
Typologie des structures légères .................................................
C 2 472 – 2
— 3
R
2.1 Pionniers, projets et choix techniques .............................................. — 3
2.2 Voiles minces ..................................................................................... — 3
2.3 Systèmes réticulés ............................................................................. — 4
2.4 Réseaux de câbles .............................................................................. — 5
2.5 Membranes en textiles techniques .................................................... — 5
2.6 Systèmes en état de tenségrité ......................................................... — 6
2.7 Dômes-câbles ..................................................................................... — 7
2.8 Formes « libres » ................................................................................ — 7
2.9 Les structures légères sources de progrès........................................ — 8
3. Recherche de forme........................................................................ — 8
3.1 Double courbure................................................................................. — 8
3.2 Le bi-câble .......................................................................................... — 9
3.3 Modèles numériques de recherche de forme .................................... — 10
3.4 Funiculaires inversés.......................................................................... — 10
3.5 Systèmes réticulés ............................................................................. — 11
4. Conclusion........................................................................................ — 11
5. Glossaire ........................................................................................... — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 2 472
es structures légères, caractérisées par leur faible poids propre mais aussi
L par leur composition structurale et de multiples aspects innovants dans leur
conception et leur réalisation, ont connu un développement sans précédent
depuis une cinquantaine d’années. Elles offrent des solutions architecturales
répondant à la nécessité de construire des espaces de grandes dimensions
avec un nombre réduit de points porteurs.
Leur technologie a d’abord fait appel à des matériaux classiques comme le
béton dans le cas des voiles minces, puis à des matériaux innovants comme
les textiles techniques pour les membranes architecturales. Plusieurs solutions
nécessitent la mise en œuvre d’un état de contraintes initiales qui concourt à
leur rigidité sous les actions externes, impliquant une combinaison quelquefois
complexe des effets associés.
Il ne fait pas de doute que l’essor de l’informatique au sens large a
accompagné le développement des structures légères et ce, à plusieurs
niveaux :
– élaboration de modèles numériques prédictifs prenant en compte des com-
portements non linéaires tant sur le plan géométrique que matériel ;
– prise en compte de couplages entre paramètres mécaniques et géométri-
ques ;
– aide à la génération de données ;
– ouverture à une fabrication assistée par ordinateur.
Le présent article donne un aperçu des différentes typologies associables aux
structures légères et propose quelques modèles élémentaires aidant à la com-
préhension des problématiques de recherche de forme, de non linéarité
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQU
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2. Typologie des structures façon uniforme, en évitant des zones sur-contraintes et des zones
sous-contraintes, eu égard aux capacités des matériaux. En
légères d’autres termes, l’ingénieur doit rechercher des sollicitations sim-
ples : traction et compression. Bannie la flexion, bannie la torsion
et, si possible, le cisaillement.
Poser le problème, définir un objectif, ce n’est pas le résoudre,
2.1 Pionniers, projets et choix techniques mais c’est se mettre sur une voie de recherche fructueuse. En par-
& Quelques pionniers et leurs projets courant cette voie, de nouvelles problématiques apparaissent,
induisant de facto un progrès de l’art de l’ingénieur qui aura su
La deuxième partie du 20e siècle a été marquée par la réalisation les solutionner. Et c’est sur ces bases que l’on a vu naı̂tre plusieurs
de projets dont la légèreté peut être soulignée. Des noms d’ingé- classes de structures légères. Les principales sont évoquées dans
nieurs leur sont associés, ils ont fait œuvre de pionniers dans ce cette deuxième partie de l’article. Cette présentation ne prétend
domaine. Une exposition réalisée en 1997 au Centre Pompidou à
pas à l’exhaustivité.
Paris avait pour titre « L’art de l’ingénieur, constructeur, entrepre-
neur, inventeur ». Elle avait fait une part importante aux structures
légères en leur consacrant un quart de son programme [3].
Le présent article n’est pas consacré à l’histoire des structures
2.2 Voiles minces R
légères, et c’est volontairement que l’action des pionniers n’est Les voiles minces en béton ont été parmi les premières structu-
pas explicitement décrite. Seules quatre réalisations emblémati- res légères popularisées dès avant la seconde guerre mondiale. Ils
ques introduisent ce propos : ont une épaisseur de quelques centimètres. Leur morphologie est
– un hangar à Heathrow (figure 2) ; au cœur de la conception dont l’objectif est d’atteindre un état de
– le CNIT à Paris (figure 3) ; sollicitation de membrane pour lequel la matière est entièrement
– le stade olympique de Munich (figure 4) ; comprimée. La question de la recherche de forme des surfaces
– la Biosphère de Montréal (figure 5). associées est au cœur de cette classe de structures.
Les quatre concepteurs mentionnés ont joué un véritable rôle de
pionniers dans le développement des structures légères. L’état de membrane correspond à une sollicitation simple de
compression.
& Choix techniques
Comment concevoir des structures légères ? Pour réduire le Les surfaces funiculaires d’un système d’actions (généralement
poids propre des constructions, il est nécessaire de tirer le meilleur le poids propre) constituent un ensemble de solutions adaptées.
profit des matériaux utilisés. Mais il en est d’autres, et qu’elles soient le résultat d’un processus
De façon assez surprenante, la réponse est simple : il faut avoir analytique ou expérimental, leur complexité géométrique prend
un objectif essentiel, faire en sorte que la matière soit sollicitée de toute son ampleur lorsqu’il faut les construire.
Figure 2 – Heathrow, Londres – Hangar pour Boeing, ingénieur Z. S. Makowski, 1966 (Crédit SSCR Guildford)
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Structures textiles
par Marc MALINOWSKY
Consultant Structure. Groupe ALTO
Président du Club de la Structure Textile
et Christian LYONNET
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Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB)
structures à câbles qui se sont développées vers les années 50 dans les milieux
universitaires, par exemple en Allemagne.
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 470 − 1
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1. Développement Les tempêtes de l’année 1975 ont abattu une cinquantaine de ces
dernières et ont nui à leur réputation. Par ailleurs, le premier choc
des structures textiles pétrolier a nettement augmenté leur coût d’exploitation, ce qui a
freiné leur développement.
Les années 70 ont vu le développement en Europe des structures
1.1 Origine textiles portées (figure 4). La prétension des toiles est générale-
ment obtenue dans ce type de construction par des arcs métalli-
Il est d’usage de faire remonter les premiers emplois des toiles ques. Ces constructions permettent, par rapport aux structures
tendues, pour se protéger, des intempéries, à des origines lointaines gonflables, une liberté de forme d’un niveau supérieur. Elles auto-
(historiques, voire préhistoriques). risent surtout de grandes dimensions qui sont particulièrement
Les tentes de nomades, les constructions militaires de campagne intéressantes pour les bâtiments de stockage ou d’aires sportives.
ou les abris de loisir ou de réception paraissent, en effet, présenter Durant les mêmes années 70, des études approfondies ont été
R
un caractère de parenté avec les bâtiments textiles contemporains. entreprises (tant formelles que de calculs, dérivés de ceux des
Ces constructions semblent toutes avoir été caractérisées par leur structures à câbles). Elles ont débouché sur le développement des
non-permanence et leur démontabilité. structures textiles tendues à prétension ponctuelle (figure 5). D’une
Les arènes romaines fournissent à cet égard un exemple remar- géométrie encore plus complexe que celles des structures à pré-
quable puisque, avec plusieurs siècles d’intervalle, on constate que tension linéaire, les structures à prétension ponctuelle empruntent
les romains ont couvert (figure 1) les arènes de voile de coton afin à l’architecture navale ses composants (mâts, wishbones, accas-
de se protéger du soleil ; les Nîmois aujourd’hui (figure 2) disposent tillage). Ces emprunts et l’esthétique qui en découle motivent
une lentille à parois textiles sur leurs arènes durant la saison d’hiver. aujourd’hui les emplois fréquents de cette dernière technique.
Les constructions textiles des 40 dernières années conservent, Les trois types de structures (détaillés dans le paragraphe 4
pour certaines d’entre elles, le caractère de démontabilité (ou quant au principe de leur fonctionnement) sont utilisés de façon
d’ouverture). Mais de nombreux emplois de ce type de bâtiments concomitante, les deux derniers types représentent cependant les
se sont développés dans les constructions fixes à vocation durable. ouvrages de surface importante réalisés actuellement.
Dans ce dernier cas, les constructions textiles se présentent Ces réalisations ont justifié l’application de la procédure d’ATEx
comme une alternative aux types de constructions traditionnelles. du CSTB pour certaines d’entre elles. On relève d’ailleurs que des
structures récentes combinent parfois la prétension linéaire et la
prétension ponctuelle.
1.2 Évolution au cours des 40
dernières années
Les premiers emplois significatifs des structures tendues, sous la
forme de structures gonflables, apparaissent aux États-Unis dans
les années 50, puis se développent et deviennent courantes en
Europe durant les années 60 (figure 3).
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Figure 2 – Couverture en lentille textile des arènes de Nîmes Figure 5 – Structure à prétension ponctuelle (Architectes B + FL)
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actions qui lui sont appliquées en œuvre. L’optimisation du plan de
découpe et l’adaptation des caractéristiques de la membrane
découlent des considérations précédentes. On conçoit, dans ces
conditions, que la conception et l’étude des structures textiles
entraînent des calculs longs, et que le traitement informatique de
ceux-ci se trouve pleinement justifié.
Les premiers bâtiments complexes et de grande surface, en struc-
ture à câbles ou membranes, furent traités par maquette d’étude
(exemple : bâtiments des jeux Olympiques de Münich en 1972).
En 1974, une étude théorique fut lancée pour vérifier les études
maquettes (méthode dite des splines doux surfaciques).
Vers 1978, M. Majowiecki a procédé à une étude visant à
déterminer l’équilibre d’un filet de câbles en convergeant pas à pas
sur chaque nœud pris isolément.
Vers 1980, l’étude de relaxation dynamique a été développée en
Grande-Bretagne. Elle vise la recherche de forme et les efforts
correspondants dans un filet de câbles.
Ces recherches ont débouché, en 1984, sur les deux voies de solu-
tion actuellement appliquées et constituées par les algorithmes de
filets de câbles et le calcul par éléments finis.
Cette courte présentation n’a pour but que de situer la contribution
des recherches ayant abouti à des logiciels d’étude des membranes
textiles utilisées en architecture. La liste suivante (non exhaustive)
est due à l’obligeance de M.R. Motro de l’université de Montpellier II :
— Archimède [Laboratoire de Mécanique et de Génie civil de
Montpellier (France)] ;
— Fastnet /Easycut [M. Gründig, Berlin (République fédérale
d’Allemagne)] ;
— Force [M. Mollaert, Bruxelles (Belgique)] ;
— MEFTX /Architex [M. Trompette, Grenoble (France] ;
— PAM-LISA [M. Haug/Muttin, Paris (France)] ;
— RETE /Pneus [M. Majowiecki, Bologne (Italie)] ;
— Tensyl [M. Wakefield (Grande-Bretagne)].
Pour plus de détails, on se reportera au paragraphe 5.
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Figure 7 – Piscine découvrable à Paris Figure 8 – Réfrigérant du Bouchain
(d’après Technique et Architecture no 3. 1971)
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mement lié au développement des fibres synthétiques. Ces textiles
Le choix des fibres synthétiques s’opère en fonction des critères
sont des composites caractérisés par une dissociation des fonctions :
suivants :
résistance mécanique, et paroi étanche et protectrice.
— module d’élasticité ;
Les textiles à usages techniques (TUT) possèdent des applications — résistance à la rupture ;
diversifiées (géotextile, médical, aéronautique ou spatial, protection, — masse volumique (assortie de la densité relative par référence
etc.). L’architecture textile constitue un des secteurs de développe- au polyester qui est le plus utilisé) ;
ment des TUT, avec des spécificités de caractéristiques qui ont — compatibilité avec la matrice dans laquelle elles sont
conduit certains producteurs à se spécialiser dans ce domaine. (Un enrobées ;
tisseur-enducteur français réalise 70 % de son chiffre d’affaires de — prix.
TUT dans le domaine de l’architecture textile.)
Le tableau 1 récapitule les caractéristiques des fibres les plus
Le principe de constitution des textiles enduits est illustré sur la couramment utilisées.
figure 10. On y distingue :
Ces fibres présentent une absence de palier plastique et un
— le tissu lui-même, constitué par l’association, par tissage (ou
comportement élastique quasi linéaire jusqu’à rupture.
autre mode de liaison), de fils de chaîne et de trame ;
— la couche de fond ou « d’adhérisation » qui permet la liaison Les plus couramment utilisées en architecture textile sont le
entre le tissu et les couches protectrices ; polyester-PVC (polychlorure de vinyle) à 95 % et le tissu de verre
— les couches de protection, sur chacune des faces du tissu, enduit PTFE [polytétrafluoroéthylène (Téflon )] à 5 %, du moins en
obtenues par enduction ou calandrage ; Europe. (0)
— les protections superficielles éventuelles destinées à éviter ou
retarder les salissures des couches d’enduction et à protéger
celles-ci des agents de dégradation. Tableau 1 – Caractéristiques des fibres de renfort
Ce principe de constitution est, à quelques détails près, toujours
le même. La diversité des textiles enduits résulte de celle des Densité Module
Masse Résistance
composants (renfort et matrice) qui le constituent. Nature relative d’élasticité
volumique à la rupture
des fibres par rapport E
Les critères de sélection des matériaux associés sont au polyester
principalement : (kg/dm3) (MPa) (MPa)
— les propriétés mécaniques des fibres de renfort ; Polyester 1,2 1 6 000 750
— la durabilité et la plasticité des matrices d’enrobage du
renfort ; Verre 2,54 2,12 78 000 2 200
— la compatibilité fibres-matrice ; Carbone 1,74 1,45 200 000 2 100
— les procédés de fabrication ;
— l’aptitude à permettre la réalisation des assemblages classiques Kevlar 1,45 1,2 130 000 2 900
(soudure) ; Acier 7,85 6,5 210 000 1 800
— et, bien évidemment, le prix des divers constituants.
2.2.1.2 Tissu
Les fibres, liées entre elles sous forme de fils, sont généralement
assemblées par tissage, afin de constituer une nappe continue
résultant de l’entrecroisement à angle droit des fils.
Les fils positionnés dans le sens des lisières (longueur du tissu)
forment la chaîne, les fils dans le sens perpendiculaire (largeur du
tissu) forment la trame. Le mode d’entrecroisement des fils de
chaîne et des fils de trame constitue l’armure.
Les armures sont différenciées par le nombre variable des fils de
trame et des fils de chaîne qui se croisent.
On distingue selon le type d’armure, la toile, le panama, la serge,
etc. (figure 11). La serge est caractérisée par un effet oblique résul-
tant du tissage décalé à chaque rang, et confère une très haute
résistance à la déchirure amorcée.
Le panama et la serge sont les tissages les plus utilisés pour les
structures textiles.
Le principe de tissage classique présente l’inconvénient de créer
une anisotropie de comportement du tissu à la traction dans le
sens chaîne et trame.
Figure 10 – Principe de constitution d’un textile enduit
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Pour palier cet inconvénient, il est possible d’avoir recours à des 2.2.2 Enduction
techniques qui permettent d’obtenir une tension initiale équiva-
lente des fils de chaîne et de trame. Le tissu doit être rendu imperméable et durable. Ces fonctions
Ces techniques sont : sont réalisées par une protection continue : l’enduction double
face.
— le tricot chaîne à trame insérée (même principe que le métier
à tisser le velours) ou Raschel Tramer (du nom du métier à tisser) L’enduction ne modifie pas sensiblement les caractéristiques
(figure 12). Cette technique, très répandue aux États-Unis, mécaniques principales de la toile, sauf à renforcer sa tenue dans
commence à se développer en France ; le biais.
— la précontrainte d’un tissu classique (figure 13) avant et Les enductions sont généralement appliquées en épaisseurs
durant la phase d’enduction, cette technique a été développée en dissymétriques (0,5 à 0,8 mm) sur chaque face du tissu, la plus
France ces dernières années par la société Serge Ferrari. importante se trouvant en face extérieure.
R
2.2.1.3 Couche de fond ou « d’adhérisation »
2.2.2.1 Méthodes d’enduction
Elle est destinée à favoriser la liaison entre le tissu et l’enduction
qui le recouvre sur chacune de ses faces. Son épaisseur est ■ Enduction à chaud
d’environ 20 µm. C’est le procédé le plus utilisé pour les textiles à usage de bâtiment.
Elle est de nature voisine des enductions externes, mais dopée Le revêtement liquide est déposé par une trémie sur chaque face
en plastifiant, de manière à permettre un meilleur glissement des du tissu. Cette opération est suivie d’un glaçage au four et d’un
fils du tissu entre eux. roulage destiné à lisser le complexe ainsi réalisé.
Le rapport ENKA [28], souvent apporté en justification de ■ Calandrage
l’aspect durabilité des toiles (et détaillé dans le paragraphe 2.3.3.2), Un film plastique réchauffé est déroulé sur chaque face du tissu.
met en évidence l’importance jouée par cette couche intermédiaire L’ensemble est placé dans une presse chauffante destinée à réaliser
à l’interface tissu-enduction. la liaison des constituants assemblés. Cette technique est surtout
utilisée aux États-Unis.
■ Mouillage répété
Cette technique particulière est utilisée pour les enductions PTFE
(Téflon ) sur tissu de verre. Le tissu est trempé dans un bain puis
séché à plusieurs reprises. Cette technique est également utilisée
aux États-Unis.
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R mission lumineuse.
Les premiers revêtements employés furent des résines acryliques
qui sont de m oins en m oins utilisées. Ensuite, les protections de
Caractéristiques
Polyester/PVC
Fil de polyester
Fibre de verre
PTFE
Fil de fibre
surface des toiles PVC-polyester ont été réalisées à partir de PVF de verre
(polyfluorure de vinyle) ou PVDF (polyfluorure de vinylidène).
Ces revêtements se présentent : Nombre de fils au cm ................ 12/12 10/10
Finesse (1)................................... 1 100 dtex 800 dtex
— soit sous la forme d’un film collé sur l’enduction (≈ 100 µm) ;
Armure........................................ Panama Toile
— soit sous la forme de vernis ou d’enduction plus ou moins
Masse surfacique du support ... 270 g/m2 600 g/m2
épaisse (5 à 15 µm).
Nature de l’enduction ................ PVC PTFE (Téflon )
Le second type est le plus souvent utilisé en France. Rapport d’épaisseur ext./int. ..... 2/3-1/3 1-1
Les protections par film, dont la régularité d’épaisseur constitue Finition ........................................ Laque PVDF Téflon
l’un des avantages, présentent un risque de fissuration lors de la Masse surfacique totale ............ 800 g/m2 1 200 g/m2
mise en tension des toiles, car leur souplesse est limitée. Largeur de lé .............................. 210 cm 300 cm
La qualité des revêtements du type vernis ou enduction dépend Résistance maximale
essentiellement de leur épaisseur (et de la régularité de celle-ci) et à la rupture ................................. 400 daN/5 cm 460 daN/5 cm
de leur principe d’accrochage à l’enduction de base. Résistance à la déchirure
Qu’il s’agisse des films ou des vernis, les revêtements protecteurs amorcée ...................................... 12 daN/cm 15 daN/cm
posent un problème lors de la réalisation des soudures pour Allongement à la rupture .......... 15 % 4%
assemblage des lés. Les moyens de contourner cette difficulté seront Allongement résiduel instan-
abordés dans le paragraphe 6.1.2. tané sous 100 N/5 cm ................ 0,6 % 0,3 %
Résistance soudure/rupture ...... 80 % 100 %
Réaction au feu .......................... M2 M1
Translucidité............................... 8% 12 %
2.3 Propriétés Autolavabilité ............................. Médiocre Satisfaisante
Espérance de vieillissement...... 15/18 ans 25/30 ans
Pour leur emploi en architecture textile, les membranes doivent
présenter des propriétés et caractéristiques particulières, lesquelles (1) 1 tex = – 10–6 kg/m.
justifient d’être définies de façon spécifique à l’emploi considéré.
La définition de ces données semble encore très incomplète. On En effet, le tissu est sollicité simultanément dans deux directions
relève toutefois une tentative du Club de la Structure Textile de perpendiculaires de son plan. Les constructeurs ont donc parfois
dresser un tableau visant à préciser, de façon harmonisée, la besoin d’être renseignés sur le comportement sous sollicitation
présentation des caractéristiques des tissus enduits à usage de biaxiale des tissus, surtout pour les faibles valeurs de charge à
constructions textiles tendues. Des exemples de caractéristiques de mettre en œuvre lors de la prétension.
composites souples à usage de membrane autoportante sont donnés
Les investigations expérimentales dans le domaine des
dans le tableau 2.
contraintes biaxiales sont anciennes. Plus récemment, des essais de
traction biaxiale ont été développées en Allemagne par l’Institut für
Bautechnik de Berlin ou, plus récemment encore, par l’ITF-Lyon en
2.3.1 Propriétés mécaniques collaboration avec le laboratoire de mécanique des matériaux de
l’université de Lyon I.
Les propriétés mécaniques des membranes sont dues à la pré-
sence des fibres de renfort, assemblées en tissu. Les essais de traction bidirectionnelle permettent de mettre en
évidence la symétrie de comportement d’allongement en traction
On définit un tissu par : des tissus précontraints (§ 2.2.1) selon les sens chaîne et trame.
— la nature des fibres ;
Par un programme d’essais cycliques adaptés, les tests biaxiaux
— le nombre de fils par unité de longueur (objet de la norme
permettent d’appréhender les phénomènes de fluage des tissus
NF G 07-155) ;
dans les conditions d’emploi, qu’il s’agisse :
— le grammage de l’armature (selon la norme NF G 07-150) ;
— la masse du tissu enduit définie, quant à elle, par la norme — du fluage géométrique ou « embuvage » lié aux premières
NF G 37-102 ; sollicitations de traction appliquées au tissu ;
— le type de tissage. — ou du fluage sous charge maintenue, résultant de la préten-
sion imposée à la mise en œuvre ou de l’action des charges
climatiques.
2.3.1.1 Résistance en traction
Les essais de traction biaxiale paraissent particulièrement perti-
La résistance en traction du tissu est déterminée dans chaque nents pour les structures gonflables.
sens (trame et chaîne) afin de préciser, pour chacun de ces sens :
L’intérêt de tels essais est surtout l’étude du comportement sous
— la courbe d’allongement en fonction de l’effort de traction ; faibles sollicitations.
— la valeur de résistance maximale (rupture) ;
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Responsable R&D, société Fibroline
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1. Architectures textiles On distingue les principaux types de tissus 2D dans le cas d’appli-
cations techniques :
— les tissus grande largeur de fils organiques haute ténacité
principalement en polyester ou polyamide, destinés essentiellement
Il existe différentes technologies permettant de produire des à des traitements de finition par enduction (fines ou lourdes) ;
architectures textiles, dont les propriétés dépendent essentielle-
— les tissus grande largeur à base de fils inorganiques ou organi-
ment de l’orientation des fils ou des fibres de constitution. On parle
ques hautes performances destinés à des marchés hautes perfor-
de surfaces textiles ou d’étoffes lorsque les fils constitutifs sont dis-
mances (électronique, balistique, protection, composite...) ;
posés dans un plan ou de textiles 3D (volumiques) lorsque les fils
sont disposés dans les trois directions de l’espace. Dans chacune de — les tissus étroits destinés aux domaines de la sangle (rubans,
ces catégories (surfaces textiles et textiles 3D), la direction des fils ceintures...) pour différentes applications (industrie, transport, sport
dans un plan peut être axiale, biaxiale ou multiaxiale. et loisirs...) ;
— les tissus spécialisés pour différents secteurs spécifiques (fil-
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tres, grilles...).
Les technologies de fabrication des surfaces textiles sont basées Le tricot est obtenu par l’entrelacement curviligne de fils dont
sur quatre grandes familles de procédés de transformation des fils : l’élément de base est la maille [12] [13]. Dans la filière textile, on
parle souvent indifféremment de tricotage ou de bonneterie. Sui-
— le tissage (§ 1.1.1) ; vant le sens d’alimentation des fils, on distingue, par analogie aux
— le tricotage (§ 1.1.2) ; éléments chaîne et trame du tissage, le tricotage trame, ou maille
— la technique de fabrication des non-tissés (§ 1.1.3) ; cueillie, du tricotage chaîne, ou maille jetée.
— le tressage (§ 1.1.4). ■ Tricotage trame ou maille cueillie (figure 2a) : un seul fil issu
d’une bobine forme des boucles (mailles) cueillies par les mailles de
la rangée inférieure. Ces tricots sont fabriqués sur métier rectiligne
1.1.1 Tissage ou métier circulaire. Ils possèdent une grande élasticité mais sont
démaillables. Afin de limiter l’élasticité, il est possible d’insérer dans
le sens chaîne et/ou trame des fils longitudinaux de renforcement.
Le tissage classique [11] consiste à croiser à angle droit un ensem-
ble de fils parallèles (dénommé chaîne) et préalablement montés un ■ Tricotage chaîne ou maille jetée (figure 2b) : plusieurs fils dispo-
à un sur le métier à tisser (opération dite d’ourdissage) avec un sés sur une ensouple, comme pour les fils de chaîne d’un tissu, ali-
ensemble de fils parallèles appelé trame. Chaque fil de trame, ou mentent chacun une aiguille et sont entrelacés avec leur voisin de
duite, est inséré dans la chaîne puis tassé contre les précédents, droite ou de gauche. Ces tricots sont relativement peu déformables
grâce à une commande de chaque fil de chaîne, qui permet (schéma- et difficilement démaillables. Comme dans le cas du tricot trame, il
tiquement) de l’élever ou de l’abaisser alternativement par rapport est possible d’insérer des fils de renforcement longitudinaux capa-
au plan moyen du tissu réalisé. bles de renforcer ce type de structure. Ce tricot est plus largement
utilisé que le tricot trame dans les applications techniques.
Le mode d’entrecroisement des fils de chaîne et de trame consti-
tue l’armure du tissu ; l’aspect du tissu et ses caractéristiques Ces tricots sont cependant moins utilisés que les tissus dans les
dépendent fortement de l’armure choisie, mais aussi d’autres para- applications techniques. On trouve différentes utilisations telles
mètres tels que la grosseur (titre) et la torsion des fils utilisés, la den- que :
sité des fils par centimètre, tant dans le sens chaîne que dans le sens — supports d’enduction pour bâches ;
trame. — grilles de renforcement pour géotextiles ;
On distingue trois familles d’armures fondamentales : les armu- — agrotextiles (filets de protection, brise-vent, paillage...) ;
res toiles, sergés et satins. L’armure toile est la plus simple puisque — renforts pour casques ;
chaque fil de trame passe successivement au-dessus et au-dessous — médical, contention ;
d’un fil de chaîne, mais c’est aussi la moins déformable, du fait d’un — vêtements, cagoules et gants de protection.
nombre important d’entrecroisements (figure 1).
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a fibres synthétiques liées b fibres synthétiques et naturelles liées
thermiquement par aiguilletage Figure 3 – Surfaces textiles de non-tissés
(doc. IFTH)
Les non-tissés sont des architectures textiles dont les fibres (ou
filaments) sont orientées d’une manière quasi aléatoire et isotrope
(figure 3) et liées entre elles par différentes techniques de consolida-
tion (chimiques, mécaniques ou thermiques). Il existe plusieurs pro-
cédés distincts pour produire des nappes de non-tissés.
■ Procédé voie sèche : cette méthode est la plus répandue car la
plus « simple » à mettre en œuvre. Les nappes de fibres disconti-
nues sont obtenues par cardage/nappage ou à partir d’un procédé
aérodynamique. Cette technique permet facilement d’associer diffé-
rentes fibres entre elles, en mélange ou par superposition de nap-
pes.
■ Procédé voie fondue : le stade initial du procédé est similaire à
celui de la production des fibres chimiques. Les filaments sont
extrudés à travers des filières, étirés et refroidis par voie pneumati-
que et réceptionnés sur un tapis mobile avant consolidation.
Figure 4 – Voile de nanofibres obtenues par electrospinning
Ce procédé, dit spun, est utilisé en particulier à partir de polyester déposées sur un non-tissé spunbond (d’après [14])
et de polypropylène. Le procédé Unifilo de production de mats à fils
continus en verre s’apparente également à ce procédé.
Il existe d’autres procédés dérivés : — le liage chimique par imprégnation, enduction ou
— le procédé meltblow, permettant de produire par voie fondue pulvérisation ;
des nappes de microfibres ou microfilaments, pouvant être utilisées — le liage mécanique par aiguilletage ou par jets d’eau
en combinaison avec des nappes de spun (procédé S/M/S : spun/ (spunlace) ;
meltblown/spun) et présentant l’avantage d’une grande surface spé- — le liage thermique par chauffage en four ou calandrage (utilisa-
cifique (adsorption, drainage) ; tion possible de fibres thermoliantes à bas de point de ramollisse-
— le procédé flash spinning, procédé direct à partir de solutions, ment).
utilisé pour le polyéthylène pour produire le Tyvek. On peut citer les domaines d’application suivants :
— les agro- et géotextiles ;
■ Procédé voie humide : ce procédé, moins utilisé que les deux pré-
— les renforts pour composites en mats et feutres aiguilletés
cédents, dérive de la fabrication du papier et est utilisé générale-
(verre, fibres naturelles) ;
ment à partir de fibres courtes. Certains voiles de non-tissés fins
— le médical et l’hygiène ;
destinés à des applications techniques sont réalisés à partir de cette
— les lingettes (cosmétique, nettoyage domestique) ;
technologie papetière.
— la filtration...
■ Procédé electrospinning (figure 4) : il existe un nouveau procédé
appelé electrospinning, ou filage électrostatique, développé initiale-
ment aux États-Unis, qui permet de produire des nappes de fila- 1.1.4 Tressage
ments nanométriques à partir de solutions diluées de polymères ou
de polymères fondus à très faible viscosité. Cette technologie a pour Dans son sens le plus large, le terme de « tresse textile » désigne
intérêt en particulier de produire des nappes avec une très faible un type de produit obtenu par l’entrecroisement réciproque des fils
porosité (membranes de protection, filtres...). disposés en diagonale par rapport an bord du produit [15].
La consolidation des nappes a un rôle essentiel dans la fabrica- Chaque bobine ou canette portant les fils est installée sur un dis-
tion des non-tissés et conditionne les caractéristiques des nappes positif appelé fuseau, réalisant le guidage de la bobine et permet-
obtenues (cohésion, résistance, densité, porosité...). On peut citer tant d’assurer le déroulement du fil tout en maintenant une tension
parmi les différentes techniques de consolidation : à peu près constante.
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hercules) et il est possible d’introduire des fils longitudinaux per-
mettant de renforcer les caractéristiques mécaniques dans cet axe ■ Tricots : au lieu du taux d’embuvage, on parle de longueur de fil
(tresses triaxiales). absorbé (LFA) par maille caractérisant l’élasticité de la structure tri-
cotée.
Un avantage important de la technique de tressage est la possibi-
lité de réaliser des pièces directement en forme. Le tressage est réa- Les autres caractéristiques sont :
lisé sur un mandrin qui a la forme de la pièce à réaliser. Des pièces — le nombre de mailles par centimètre (qui remplace le nombre
non axisymétriques peuvent être façonnées au moyen d’un auto- de fils de trame par centimètre) ;
mate qui programme le déplacement du mandrin pendant l’opéra- — le nombre de colonnes par centimètre (qui remplace le nombre
tion de tressage. Suivant ce principe, la société japonaise Murata de fils de chaîne par centimètre).
Machinery a développé un automate permettant de fabriquer des À partir de la LFA et du nombre de mailles par centimètre, on peut
pièces de connexion à plusieurs branches (figure 5). calculer aussi un taux d’embuvage qui sera évidemment beaucoup
Les domaines d’application des tresses sont liés principalement plus important que celui d’un tissu.
au domaine du textile traditionnel et en particulier de la
■ Tresse : il est important de connaître, en dehors du titre des fils,
passementerie ; cependant, on peut citer de nombreuses applica-
de l’angle de tressage, du type d’armure et de sa construction
tions techniques :
utilisée :
— cordage, haubanage ;
— sa masse linéique (g/m) qui dépend de l’angle de tressage ;
— sport et loisirs : cadre de vélo, cross de hockey, pagaie de
— son maillage, correspondant au nombre de croisements de fils
canoë, suspente de parachute, fil de pêche, club de golf, cadre de
par unité de longueur.
raquette de tennis ;
— industrie : conduite de fluide, gainage électrique et thermique ; ■ Non-tissés : le mode de fabrication conditionne fortement sa
— aéronautique : ailerons, pâles de turbine, pâles d’hélice ; construction. En fonction de ce mode de fabrication, il peut être
— médical : prothèses orthopédiques, fils de suture... important de connaître la direction de production et la direction
transversale dont dépendent les caractéristiques mécaniques.
Soulignons aussi qu’indépendamment de la nature des surfaces
1.2 Caractéristiques des surfaces textiles textiles, les caractéristiques basiques élémentaires suivantes sont
souvent précisées :
— nature, titre des fibres ou filaments ;
Les différentes surfaces textiles sont caractérisées en fonction de — épaisseur ;
leurs usages : performances mécaniques, thermiques, chimiques, — grammage correspondant à la masse par mètre carré de sur-
électriques... face textile.
Il existe pour la plupart de ces essais une grande diversité de nor-
mes spécifiques qui ont été développées à l’échelle nationale, euro-
péenne et internationale.
1.3 Textiles 3D
Nous dirons quelques mots sur les caractéristiques basiques des
surfaces textiles et en particulier des tissus et des tricots, qui per-
mettent en premier lieu de les définir. Afin de répondre à des sollicitations complexes, les fabricants de
surfaces textiles ont développé des architectures 3D qui permettent
de mieux satisfaire les besoins et les cahiers des charges requis
pour l’application, ou le procédé de transformation des préformes
souvent utilisées comme renfort de matériaux composites.
Ces préformes 3D permettent en particulier d’obtenir de bonnes
résistances en compression et au délaminage.
Ces technologies 3D ont été développées pour chacune des diffé-
rentes technologies de fabrication des textiles et font l’objet du dos-
sier Textures textiles tridimensionnelles [AM 5 122]. Elles ne sont
abordées que sommairement ici.
1.3.1 Tissage
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