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Les risques hydrologiques dans la ville de Skikda (Algérie nord- orientale) : de


l'aléa à la protection

Conference Paper · November 2012

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Nouar Boulghobra
Centre de Recherche Scientifique et Technique sur les Régions Arides (CRSTRA)
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Les risques hydrologiques dans la ville de Skikda (Algérie nord-
orientale) : de l’aléa à la protection
Boulghobra Nouar
Faculté des Sciences de la Terre, Géographie et Aménagement du Territoire, Université Mentouri,
25000 Constantine
Email : boulghobra.n@gmail.com

Résumé
Du à sa situation, la ville de Skikda est fréquemment sujette aux risques d’inondation fluviale, à
l’image d’écoulements extrêmes qui se génèrent en amont d’un bassin étendu, actif et de grandes
capacités à la mobilisation hydraulique. Toutefois, ces crues se propagent en aval sur des espaces
urbains mal gérés et de haute inondabilité. Le retour d’expérience hydrologique a servi d’outil à la
délimitation des zones inondables en dévoilant que des larges étendues comportant d’importantes
activités socioéconomiques sont industrieusement exposées au risque. Le plan de protection contre
les inondations à Skikda apporte des moyens et recommandations visant la réduction des
dommages, grâce à un projet d’aménagement intégré, en vue surtout de la maitrise des écoulements
extrêmes et la gestion efficiente et durable de la plaine inondable.

Mots clé
Saf-Saf, Skikda, Débit, Aléa, Protection.

Introduction
Faisant partie des bassins versants Côtiers Constantinois au nord est algérien, le bassin exoréique
du Saf-Saf s’étend sur plus de 1150 km² de superficie, dont le cours d’eau principale est Oued Saf-
Saf qui est d’une longueur de 55 km. Étant un pôle national de l’industrie pétrochimique, elle
englobe d'importantes infrastructures techniques, la ville de Skikda se situe en extrême aval du
bassin du Saf-Saf au voisinage de son exutoire et coïncide avec son plaine inondable, elle est
traversée par deux importants cours d’eau : Oued Saf-Saf dans sa partie est ainsi que la zone
industrielle, et Oued Zéramna qui traverse l’agglomération urbaine à l’ouest, d’où sa vulnérabilité
aux inondations.

Figure 1. Situation de la ville de Skikda à l’ambouchure du bassin du Saf-Saf. (Google Earth, 2012)

1. Vulnérabilité de Skikda aux risques d’inondations fluviales


L’archive hydrologique de Skikda permet de constater une ville particulièrement vulnérable aux
événements hydrologiques extrêmes. Ces inondations se produisent souvent suite à des pluies
diluviennes qui se transforment en grande partie en écoulement de surface (tableau 1).
La crue exceptionnelle et généralisée de décembre 1984 et récemment de février 2011, se sont
produites suite à de forts événements pluviométriques, le surplus hydrologique déborde les cours
d’eau, submerge les aires avoisinantes et engendre de lourds dégâts : Pertes humaines, destruction
d’infrastructures, inondation de la zone industrielle…etc.

Tableau 1. Les crues exceptionnelles au bassin du Saf-Saf durant la période 1974-1998


Pmens (mm) Pj (mm) B/A Ecj (mm) Coefficient d’écoulement
Crues record
.A. .B. % .C. C/B %
17 fév. 1975 120,8 69,5 57,53 6,31 9,08
03 fév. 1984 271,7 103,7 38,17 75,99 73,28
30 déc. 1984 452,5 137,0 30,28 108,4 79,12
21 déc. 1989 204,8 48,0 23,44 10,22 21,29
24 déc. 1991 169,5 51,5 30,38 12,82 24,89

2. Identification de l’aléa hydrologique


L’aléa hydrologique dans la ville de Skikda est de double origine : naturelle due aux
caractéristiques du bassin versant qui encouragent l’écoulement de pointe, et aussi humaine liée à
la mauvaise gestion de l’espace. En amont, le bassin versant dispose d’importantes capacités à la
genèse des crues : son relief accidenté, sa lithologie à faible perméabilité, son faible taux de
couverture végétale pérenne, tout cela le qualifie d’une zone d’approvisionnement en écoulement
de surface. Cependant, la plaine inondable fournie un environnement propice à la submersion, à
l’image des faibles pentes et perméabilité : C’est une zone de réception de l’écoulement, d’où la
submersion des zones adjacentes des oueds. Par ailleurs, suite à la création de la zone
pétrochimique en 1972, Skikda est devenue un pôle d’attraction. Par conséquent, elle a connu une
remarquable évolution démographique due à l’exode rural, la consommation de l’espace urbain
s’est augmentée au détriment des terrains inondables, ainsi que les autorités ont toléré la
construction sur les lits majeurs des oueds.

Figure 2. Phases d’évolution du tissu urbain de la ville de Skikda

3. Quantification de l’aléa et cartographie du risque


En raison du manque en stations hydrométriques, la prédétermination des débits de crues probables
à Skikda nécessitait l’application d’une méthode empirique (Turraza). Cette méthode a donné un
débit centennal de 277 m3/s pour oued Zéramna et 1425 m3/s à oued Saf-Saf, certes, des valeurs
importantes, mais, l’objectif est de passer d’une information ponctuelle (débit) à une information
spatiale (zone inondable). Pour se faire, on a mise en application la méthode de Manning-Chézy, où
à partir des débits passants par l’oued, la pente topographique du site et la largeur du lit, on obtient
la section mouillée, selon l’approche suivante :
 Réalisation de levers topographiques sur des sites homogènes (Pente et type d’obstacle).
 Détermination de la côte d’eau maximale et la section réellement inondée lors de la crue de
décembre 1984, pour obtenir les sections réelles d’inondations correspondantes aux débits
fréquentiels (Logiciel Canal-P).
 Calcul des sections inondables probables.
 Délimitation des zones inondables en connaissant la relation entre le débit de pointe, la
section inondée et la côte d’eau maximale (tableau 3).

Tableau 2. Plaine et ville de Skikda : Estimation des surfaces inondables aux différentes périodes
de retour
Crue de 12/84 Coefficient Crue F0.9 Crue F0.99
S.réelle S.théorique de S.théorique S.réelle S.théorique S.réelle
Lever
(m²) (m²) Correction (m²) (m²) (m²) (m²)
topo.
[3]= [5]=
[1] [2] [4] [6] [7]=[3]*[6]
[1]/[2] [3]*[4]
1 182 205 0.89 24 21 65 58
2 324 273 1.2 73 88 117 141
3 500 460 1.09 85 93 298 325

La zone qualifiée de très exposée au risque est déterminée par la limite de la crue centennale, une
bande d’environ 60 mètres des rives d’oueds Saf-Saf et Zéramna. Tandis que la zone qualifiée
d’exposée au risque est démarquée par la limite de la crue de 1984, cette zone comporte les cités de
Merdj Ed Dib, 20 août 1955, Salah Boulkeroua, les frères Saker, les allées du 20 août 1955…, aussi
bien qu’une grande partie de la zone industrielle et plusieurs routes et ponts (Fig. 3).

Figure 3. Délimitation des zones inondables dans la plaine inondable de Skikda

4. Plan de protection contre les inondations

4.1. À l’échelle du bassin versant


La réalisation des travaux de Défense et de Restauration des Sols à l’image des banquettes
d’épandage de crues, et la correction torrentielle contribue à la régularisation de l’écoulement et
l’écrêtement des crues, grâce à l’amélioration des capacités d’infiltration des sols. Par ailleurs, la
construction d’une retenue d’écrêtements aux sous bassin d’oued Zéramna conjointement au
reboisement des versants, peuvent contribuer respectivement à la protection de la partie ouest de la
ville et la régularisation des crues.

4.2. À l’échelle de la plaine inondable


Il est recommandé de construire deux digues de protection, la première sur oued Zéramna pour
empêcher l’inondation de la partie ouest de Skikda, et une autre sur oued Saf-Saf au niveau de la
zone industrielle (tableau 4). En fin, la gestion efficace de la plaine inondable par la réglementation
de l'occupation des sols en zones inondables, la prévision des crues, l’adoption de systèmes d’alerte
et la sensibilisation des citoyens et la réglementation juridique et assurance sont des mesures
indispensables à toute démarche de lutte contre les inondations.

Tableau 3. Ville de Skikda et La zone industrielle : détermination des hauteurs des digues de
protection contre l’inondation
Côte d’eau
Surface
Avant la Après la Hauteur de
Site de la digue Crue inondée
construction construction la digue (m)
(m²)
de digue (m) de digue (m)
Centennale 36 4 4,6
Ville de Skikda 10
Déc.1984 74 4,8 9,5
Centennale 173 6,5 7,5
Zone industrielle 5,5
Déc. 1984 650 9,7 14,7

Conclusion
L’aléa hydrologique dans le bassin du Saf-Saf et la ville de Skikda est une résultante de la
combinaison des facteurs physiogéographiques et météorologiques, mais la vulnérabilité au risque
s’est augmentée suite aux interventions humaines souvent irrationnelles. La maitrise du risque
d’inondation à Skikda doit s’inscrire dans le cadre d’un plan de gestion global de la plaine
inondable.
Dans cet esprit, un essai de plan d’aménagement multi-scalaire est préconisé :
 À une Macro-échelle, il est nécessaire de réaliser des travaux de défense et de restauration
des sols, réseau de banquettes, correction torrentielle et reboisement afin de stabiliser les
versants, et surtout régulariser l’écoulement de pointe pour atténuer l’intensité des crues, au
moment où la réalisation d’une retenue d’écrêtement sur oued Zéramna pourra protéger la
partie ouest de la ville en limitant le débordement.
 À une Micro-échelle, les travaux d’entretien des cours d’eau d’un coté, et la construction des
digues d’un autre, pourront faciliter l’écoulement et limiter la submersion.
 L’instauration d’un système de prévision des crues, en faisant appel aux autorités locales, les
services de météorologie, les medias et les citoyens est bien requis.

Bibliographie
1. BOULGHOBRA N., 2006. Protection de la ville de Skikda contre l’inondation – Essai
de P.P.R.I, Mémoire de Magister, Université de Batna, Algérie.
2. BRAVARD J.P., 2000. Les extrêmes hydrologiques : handicaps ou composantes
patrimoniales à conserver ?, in BRAVARD J.P., Les régions françaises face aux
extrêmes hydrologiques, gestion des excès et de la pénurie, SEDES, coll. Mobilité
spatiale, pp. 5-14.
3. DUBREUIL P., 1974. Initiation à l’analyse hydrologique. (O.R.S.T.O.M), MASSON &
CIE, EDITEURS.
4. GRECO J., 1966. L’érosion, la défense et la restauration des sols, le reboisement en
Algérie. Publications du ministère de l’agriculture et de la reforme agraire. Alger.
5. KHERFOUCHI M.S., 1984. Le bassin du Saf-Saf (Algérie orientale) : Irrigation et
aménagement des ressources en eau. Volume IV. Travaux du laboratoire de Géographie
Physique. Université de Nancy II.
6. P.N.U.D/O.P.E., 1987. Ressources en eau dans les pays de l’Afrique du nord (projet
RAB/80/011), guide maghrébin pour l’exécution des études et des travaux de retenues
collinaires. Pp 30-32.

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