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Ventilation Naturelle

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Ventilation naturelle pour

lutter contre les infections


en milieu de soins

Éditeurs :
James Atkinson, Yves Chartier,
Carmen Lúcia Pessoa-Silva,
Paul Jensen, Yuguo Li
et Wing-Hong Seto
Catalogage à la source : Bibliothèque de l’OMS

Utilisation de la ventilation naturelle pour lutter contre les infections en milieu de soins.

1.Ventilation - méthodes. 2.Microbiologie air. 3.Lutte contre infection. 4.Equipement santé - normes.
5. Ligne directrice. I.Organisation mondiale de la Santé.

ISBN 978 92 4 254785 6 (NLM classification: WX 167)

© Organisation mondiale de la Santé 2010

Tous droits réservés. Il est possible de se procurer les publications de l’Organisation mondiale de la Santé
auprès des Editions de l'OMS, Organisation mondiale de la Santé, 20 avenue Appia, 1211 Genève 27
(Suisse) (téléphone : +41 22 791 3264 ; télécopie : +41 22 791 4857 ; adresse électronique :
bookorders@who.int). Les demandes relatives à la permission de reproduire ou de traduire des
publications de l’OMS – que ce soit pour la vente ou une diffusion non commerciale – doivent être
envoyées aux Editions de l'OMS, à l’adresse ci-dessus (télécopie : +41 22 791 4806 ; adresse
électronique : permissions@who.int).

Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de l’Organisation mondiale de la Santé aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou
limites. Les lignes en pointillé sur les cartes représentent des frontières approximatives dont le tracé peut
ne pas avoir fait l'objet d'un accord définitif.

La mention de firmes et de produits commerciaux ne signifie pas que ces firmes et ces produits
commerciaux sont agréés ou recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé, de préférence à
d’autres de nature analogue. Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu’il s’agit d’un nom
déposé.

L’Organisation mondiale de la Santé a pris toutes les précautions raisonnables pour vérifier les
informations contenues dans la présente publication. Toutefois, le matériel publié est diffusé sans aucune
garantie, expresse ou implicite. La responsabilité de l'interprétation et de l'utilisation dudit matériel
incombe au lecteur. En aucun cas, l'Organisation mondiale de la Santé ne saurait être tenue responsable
des préjudices subis du fait de son utilisation.

Les auteurs cités sont seuls responsables des points de vue exprimés dans cette publication.

Les photographies de couverture représentent des établissements de soins situés (de haut en bas) au
Myanmar, en Afrique du Sud, au Pérou, au Népal, dans la RAS de Hong Kong et au Népal.

Conception de la couverture : Design ONE, Canberra, Australie

Réalisation et conception : Biotext, Canberra


Ta b l e d e s m a t i è r e s

Avant-propos ....................................................................................................... ix

Remerciements ....................................................................................................... xi

Contributeurs ..................................................................................................... xiii

Conflits d’intérêts ................................................................................................ xvii

Résumé d’orientation ........................................................................................... xix

Abréviations et définitions ................................................................................. xxiii

1 Principes généraux de lutte contre l’infection ......................................... 3

1.1 La notion de précaution d’isolement et son évolution


dans le temps .................................................................... 3

1.2 Pratiques d’isolement dans la lutte contre l’infection ....... 4

1.3 Pratiques d’isolement dans le cas des infections à


transmission aérienne........................................................ 4

1.4 Lutte contre l’infection lors des procédures à haut risque 6

1.5 Résumé ............................................................................. 7

2 Concepts et types de ventilation ................................................................ 9


2.1 La ventilation .................................................................... 9
2.1.1 La ventilation naturelle ....................................... 9
2.1.2 La ventilation mécanique .................................... 9
2.1.3 La ventilation hybride ou mixte ........................ 10

2.2 Évaluation des performances de la ventilation ............... 10

2.3 Comparaison de la ventilation mécanique et de la


ventilation naturelle ........................................................ 11
2.3.1 La ventilation mécanique .................................. 11
2.3.2 La ventilation naturelle ..................................... 12

2.4 Ventilation mécanique ou ventilation naturelle dans la


lutte contre l’infection..................................................... 15

iii
2.5 Résumé ........................................................................... 17

3 Infection et ventilation ............................................................................. 19

3.1 Relations entre ventilation et infection ........................... 19

3.2 Exigences de ventilation applicables pour la lutte contre


les infections à transmission aérienne ............................. 21

3.3 Recommandations de l’Organisation mondiale de la


Santé relatives aux exigences en matière de ventilation . 23
3.3.1 Explication des recommandations de
l’Organisation mondiale de la Santé ................. 24
3.3.2 Révision et évaluation des recommandations ... 25

3.4 Résumé ........................................................................... 26

4 Comprendre la ventilation naturelle ...................................................... 28

4.1 Les forces motrices de la ventilation naturelle ............... 28


4.1.1 La pression du vent ........................................... 28
4.1.2 Le tirage ............................................................ 30

4.2 Débit de ventilation......................................................... 31

4.3 Résumé ........................................................................... 32

5 Conception et exploitation ....................................................................... 33

5.1 Modes de ventilation naturelle et de ventilation hybride 33


5.1.1 Systèmes de ventilation naturelle ...................... 33
5.1.2 Systèmes de ventilation hybride (mixte) ........... 33

5.2 Principes généraux de conception de la ventilation


naturelle .......................................................................... 34

5.3 Considérations climatiques et autres facteurs intervenant


dans la conception de la ventilation ................................ 35
5.3.1 Confort thermique ............................................. 36
5.3.2 Contraintes liées aux fortes chaleurs ................. 36
5.3.3 Contraintes liées au froid .................................. 38
5.3.4 Maintien de la qualité sanitaire de l’air intérieur38
5.3.5 Gestion des problèmes de pollution
atmosphérique ................................................... 38
5.3.6 Bruit extérieur ................................................... 39
5.3.7 Choix de matériaux de construction peu
polluants ............................................................ 39
5.3.8 Humidité et développement de moisissures ...... 39

iv Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


5.3.9 Sécurité et propagation de maladies à
transmission vectorielle..................................... 39
5.3.10 Bâtiments de grande hauteur ............................. 40
5.3.11 Sécurité incendie ............................................... 40

5.4 Démarche de conception des systèmes de ventilation


naturelle et de ventilation hybride .................................. 40
5.4.1 Dimensionnement des orifices de ventilation ... 41
5.4.2 Trois éléments majeurs dans la conception de la
ventilation naturelle........................................... 42

5.5 Types de systèmes de ventilation naturelle..................... 45


5.5.1 Couloir latéral ................................................... 46
5.5.2 Couloir central................................................... 47
5.5.3 Cour................................................................... 47
5.5.4 Tour à vent ........................................................ 49
5.5.5 Atrium, cheminée .............................................. 50
5.5.6 Ventilation hybride (mixte) ............................... 51

5.6 Applicabilité des systèmes de ventilation naturelle ........ 52

5.7 Mise en service, exploitation et maintenance ................. 53


5.7.1 Mise en service.................................................. 53
5.7.2 Exploitation et maintenance .............................. 54

5.8 Résumé ........................................................................... 55

Table des matières v


Références ...................................................................................................... 57

Annexe A Articles inclus dans la revue systématique sur les relations


entre ventilation et infection ...................................................... 65

Annexe B Classement des recommandations par la méthode GRADE ... 71

Annexe C Gouttelettes respiratoires ........................................................... 77

Annexe D La notion de débit de ventilation ............................................... 83

Annexe E Démarche de détermination des exigences en matière de


débit minimal de ventilation ...................................................... 87

Annexe F Ventilation naturelle, exemple I : hôpital Nacional Dos de


Mayo, Lima, Pérou ..................................................................... 89

Annexe G Ventilation naturelle, exemple II : hôpital Grantham,


RAS de Hong Kong, Chine......................................................... 95

Annexe H Ventilation naturelle, exemple III : Unité de lutte contre


la tuberculose, hôpital Tan Tock Seng, Singapour ................ 101

Annexe I Ventilation naturelle, exemple IV : Centre d’isolement de


Damak, Népal ............................................................................ 105

Tableaux
Tableau 2.1  Principaux avantages et inconvénients des différents types
de systèmes de ventilation en milieu hospitalier ................... 14 
Tableau 3.1  Champ et définition des trois modes de transmission
retenus pour la revue systématique ........................................ 20 
Tableau 4.1  Taux et débit de ventilation estimés pour une salle de
7 m × 6 m × 3 m .................................................................... 31 
Tableau 5.1  Applicabilité potentielle des systèmes de ventilation naturelle
en conditions idéales (consensus résultant d’une revue
systématique de l’OMS) ........................................................ 52 
Tableau E.1  Baisse de la concentration de noyaux de condensation dans
une chambre d’isolement en fonction du taux de ventilation
et de la durée.......................................................................... 87 
Tableau E.2  Risque d’infection pour une exposition de 15 minutes selon
le taux de ventilation et la génération de quanta lorsqu’un

vi Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


sujet infectant pénètre dans un espace clos de
6 m × 6,7 m × 2,7 m .............................................................. 88 
Tableau F.1  Caractéristiques de la salle et renouvellements d’air mesurés
par heure ................................................................................ 90 
Tableau G.1 Taux de ventilation mesurés dans les chambres pour patients
tuberculeux ............................................................................ 98 

Figures
Figure 4.1  Direction des flux d’air induits par le vent dans un
bâtiment ................................................................................. 28 
Figure 4.2  Ventilation unilatérale générée par les fluctuations de
pression .................................................................................. 29 
Figure 5.1  Différents systèmes de ventilation naturelle et hybride ......... 34 
Figure 5.2  Une conception semi-ouverte laissant place au rayonnement
thermique terrestre de grande longueur d’onde peut améliorer
notablement le confort thermique en été ............................... 37 
Figure 5.3  Règles empiriques relatives à la profondeur des chambres
pour trois stratégies de ventilation différentes. ...................... 45 
Figure 5.4  Ventilation due au vent dans un hôpital à couloir latéral où
l’air pénètre par les chambres ................................................ 46 
Figure 5.5  Ventilation naturelle due au vent dans un hôpital à couloir
latéral où l’air pénètre par le couloir...................................... 47 
Figure 5.6  Ventilation naturelle combinant la force du vent et le tirage
dans un hôpital avec cour et couloir intérieur ........................ 48 
Figure 5.7  Ventilation naturelle combinant la force du vent et le tirage
dans un hôpital avec cour et couloir extérieur ....................... 48 
Figure 5.8  Conception d’une tour à vent................................................. 49 
Figure 5.9  Ventilation naturelle due au vent dans un hôpital équipé
d’une tour à vent .................................................................... 50 
Figure 5.10  Ventilation naturelle due au tirage (créé notamment par une
cheminée solaire) dans un hôpital à cheminée solaire ........... 51 
Figure C.1  (A) Image strioscopique (visualisation utilisant la réfraction
de la lumière due aux différences de densité de l’air) de la
toux humaine, et (B) prise de vue d’un éternuement à la
lampe à éclairs ....................................................................... 78 
Figure C.2  Courbe d’évaporation et de chute des gouttelettes établie
par Wells................................................................................ 80 
Figure C.3  Schémas d’échanges d’air liés aux gestes quotidiens ............ 81 
Figure F.1  Hôpital Nacional Dos de Mayo ............................................. 89 

Table des matières vii


Figure F.2  Plan et photos de différentes salles/chambres de l’hôpital
Nacional Dos de Mayo .......................................................... 91 
Figure F.3  Amélioration de la ventilation naturelle dans la salle
d’attente des consultations externes à l’hôpital Nacional Dos
de Mayo ................................................................................. 93 
Figure F.4  Plan de la salle d’attente et des salles de consultation ........... 93 
Figure G.1  Chambres et fenêtres ouvertes dans le service des
tuberculeux de l’hôpital Grantham ........................................ 95 
Figure G.2  Ventilateur de plafond en été, radiateur en hiver ................... 96 
Figure G.3  Température ambiante, vitesse et direction du vent relevées
par l’observatoire de Hong Kong (station météorologique de
Wong Chuk Hang, proche de l’hôpital Grantham) ................ 99 
Figure H.1  Deux vues du service d’hospitalisation des patients
tuberculeux ; le périmètre du bâtiment à un seul niveau est
dégagé pour permettre une ventilation naturelle tout au long
de l’année ............................................................................ 101 
Figure H.2  Plan du service d’hospitalisation des patients tuberculeux .. 102 
Figure H.3  Salle d’hospitalisation des patients tuberculeux : vues de
l’intérieur ............................................................................. 103 
Figure I.1  Le centre de rétention de l’OIM à Damak ........................... 105 
Figure I.2  Unité d’isolement individuelle (à gauche) et espace libre
entre le haut du mur et le toit pour permettre la ventilation
naturelle (à droite) ............................................................... 106 

viii Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins
Av a n t - p r o p o s

En juin 2007, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié des recommandations de


prévention et de lutte contre l’infection sous le titre Prévenir et combattre les maladies
respiratoires aiguës à tendance épidémique ou pandémique dans le cadre des soins —
Recommandations provisoires de l’OMS (OMS, 2007). Pour la première fois dans ce
document, la ventilation naturelle est envisagée comme l’une des mesures efficaces de lutte
contre l’infection en milieu de soins. La formulation d’une telle recommandation par
l’OMS montre que le rôle de la ventilation et de la ventilation naturelle est de plus en plus
largement reconnu dans le domaine de la lutte contre l’infection.
Il ressortait de la publication de 2007 que des études complémentaires étaient nécessaires
dans des domaines tels que les exigences minimales applicables à la ventilation naturelle,
ainsi que la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance des systèmes de
ventilation naturelle, pour qu’ils puissent être utilisés efficacement dans la lutte contre
l’infection.
Ces deux dernières années, une équipe pluridisciplinaire d’ingénieurs, d’architectes, de
spécialistes de la lutte contre les infections et de microbiologistes a travaillé à la réalisation
du présent guide, pour donner aux concepteurs, ingénieurs et architectes des hôpitaux et
aux personnels chargés de la lutte contre les infections en milieu hospitalier un guide de
conception et d’exploitation. Les recommandations de ce guide OMS s’appuient sur une
revue systématique de la littérature consacrée aux relations entre ventilation et transmission
des affections, ainsi qu’aux solutions de ventilation naturelle efficaces pour lutter contre les
infections.
Ce guide OMS doit être utilisé conjointement à d’autres documents de référence en matière
de lutte contre les infections.
Il existe très peu d’études sur l’utilisation de la ventilation naturelle dans la lutte contre les
infections à l’hôpital. Les auteurs du présent guide ont tenté de faire le point des
connaissances actuelles. Tous commentaires des utilisateurs et des lecteurs seront mis à
profit lors des révisions de ce guide ; pour plus d’informations, consulter les pages
http://www.who.int/csr/natvent (suivre les liens « natvent »), ou
http://www.who.int/csr/bioriskreduction/natvent/en/.
Dr Maria Neira Dr Michael Ryan
Directrice Directeur
Département Santé publique et Département Alerte et action au niveau
environnement mondial
Sécurité sanitaire et environnement Sécurité sanitaire et environnement
Organisation mondiale de la Santé Organisation mondiale de la Santé

ix
R e m e r c i e m e n ts

Nous tenons à remercier le ministère français de la Santé, de la jeunesse et des sports, dont
la collaboration et le généreux soutien financier ont permis la conception et la réalisation de
ce guide.
Nous remercions également l’Agence des États-Unis pour le développement international
(United States Agency for International Development), pour sa contribution financière à la
conception et à la publication de ce document.
Nos remerciements s’adressent aussi au Fonds pour la lutte contre les maladies infectieuses
du Conseil de subvention de la recherche (Research Grants Council Fund for the Control of
Infectious Diseases) et à l’Administration des hôpitaux de la RAS de Hong Kong (Hospital
Authority of Hong Kong SAR), qui ont financé des travaux de recherche et des mesurages
sur le terrain en vue de l’élaboration de ce guide.
Nous remercions également la Société de lutte contre les infections de la région Asie -
Pacifique (Asia Pacific Society of Infection Control) pour son soutien à la première réunion
de consensus multidisciplinaire sur l’utilisation de la ventilation naturelle dans la lutte
contre l’infection, qui s’est tenue du 15 au 17 mai 2007.
Enfin, nous remercions pour leur soutien et leur contribution le personnel et la direction des
structures de soins présentées à titre d’exemples dans ce guide.

xi
Contributeurs

Groupe de conception technique du guide

Rédacteurs
OMS

James ATKINSON
Yves CHARTIER
Carmem Lúcia PESSOA-SILVA
Externes

Paul JENSEN, Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, Georgie, États-Unis
Yuguo LI, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Wing-Hong SETO, Queen Mary Hospital, RAS de Hong Kong

Auteurs
OMS

James ATKINSON
Yves CHARTIER
Fernando OTAIZA
Carmem Lúcia PESSOA-SILVA
Externes

Pat CHING, Queen Mary Hospital, RAS de Hong Kong


Derek CROOME, University of Reading, Royaume-Uni
Rod ESCOMBE, Imperial College, London, Royaume-Uni
Yuguo LI, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong (auteur principal)
Li LIU, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Zhiwen LUO, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Jianlei NIU, The Hong Kong Polytechnic University, RAS de Hong Kong
Marco PERINO, Politecnico di Torino, Italie
Hua QIAN, Southeast University, Chine
Matthew SALT, Salt.arq Architects, Porto, Portugal
Takao SAWACHI, National Institute for Land and Infrastructure Management, Japon
WH SETO, Queen Mary Hospital, RAS de Hong Kong
Julian Wei-Tze TANG, National University Hospital, Singapour
Xiaojian XIE, Nanjing Normal University, Chine

xiii
Groupe OMS de pilotage du guide

Présidence
Yves CHARTIER
Carmem Lúcia PESSOA-SILVA

Membres
Jamie BARTRAM
Yves CHARTIER
Andrei ISSAKOV
Carmem Lúcia PESSOA-SILVA
Rose PRAY
Cathy ROTH
Fabio SCANO
Susan WILBURN

Comité externe de pilotage du guide


Michael GARDAM, Ontario Agency for Health Protection and Promotion et University of
Toronto, Canada
Paul JENSEN, Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, Georgie, États-Unis
Hal LEVIN, Building Ecology Research Group, Santa Cruz, Californie, États-Unis
Jan SUNDELL, University of Texas at Tyler, États-Unis

xiv Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins
Équipe chargée de la revue systématique

Externe
James AXLEY, Yale University, Connecticut, États-Unis
Christopher Yh CHAO, Hong Kong University of Science and Technology, RAS de Hong
Kong
Benjamin COWLING, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Michael GARDAM, Ontario Agency for Health Protection and Promotion and University
of Toronto, Canada
Michael HODGSON, Veterans Health Administration, États-Unis
Paul JENSEN, Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, Georgia, États-Unis
Stephen LAU, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Michael LEUNG, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Hal LEVIN, Building Ecology Research Group, Santa Cruz, California, États-Unis
Yuguo LI, The University of Hong Kong, Hong Kong SAR (investigateur principal)
Chun-Ho LIU, The University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Arsen MELIKOV, Technical University of Denmark, Danemark
Peter V NIELSEN, Aalborg University, Danemark
Steven RILEY, University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Mats SANDBERG, KTH Research School, Suède
Wing-Hong SETO, Queen Mary Hospital, RAS de Hong Kong
Adrian SLEIGH, Australian National University, Australie
Jan SUNDELL, University of Texas at Tyler, États-Unis
Ignatius TS YU, Chinese University of Hong Kong, RAS de Hong Kong (investigateur
principal)
Shelly Lap Ah TSE, Chinese University of Hong Kong, RAS de Hong Kong
Kwok WAI THAM, National University of Singapore, Singapour

Contributeurs xv
OMS
James ATKINSON
Yves CHARTIER
Andrei ISSAKOV
Fernando OTAIZA
Carmem Lúcia PESSOA-SILVA
Fabio SCANO
Nahoko (Nikki) SHINDO
Susan WILBURN

xvi Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins
C o n f l i ts d ’ i n t é r ê ts

Tous les auteurs ayant contribué à ce document et les membres des tableaux d'experts
externe et interne ayant participé à la revue ont signé des déclarations de conflits d’intérêts.
Aucun conflit d’intérêts n’a été déclaré.

xvii
R é s u m é d ’ o r i e n ta t i o n

En juin 2007, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié des recommandations


sous le titre Prévenir et combattre les maladies respiratoires aiguës à tendance épidémique
ou pandémique dans le cadre des soins — Recommandations provisoires de l’OMS (OMS,
2007). Pour la première fois dans ces recommandations, la ventilation naturelle est
envisagée comme l’une des mesures environnementales efficaces pour réduire le risque de
propagation d’infections en milieu de soins.
Le présent guide répond à un double objectif :
• promouvoir le recours à la ventilation naturelle dans le cadre de la lutte contre
l’infection en milieu de soins (1re partie) ; et
• décrire les principes fondamentaux de conception, de construction, d’exploitation et de
maintenance d’un système de ventilation naturelle efficace pour la lutte contre
l’infection (2e partie).

Le présent guide s’adresse avant tout aux ingénieurs et aux architectes chargés de la
conception ou de la gestion des établissements de soins. Il s’adresse en outre aux soignants,
en particulier aux spécialistes de la lutte contre l’infection, travaillant dans les
établissements de soins. L’accent est mis sur l’importance d’une coopération de ces
différents acteurs — concepteurs, gestionnaires et personnels soignants des établissements
hospitaliers — pour lutter efficacement contre les infections.
Ce guide s’applique aux maladies transmissibles par de fines gouttelettes ou par des
noyaux de condensation. Il indique comment une chambre de précautions aériennes et les
zones voisines peuvent être conçues pour que la ventilation naturelle permette de lutter
contre l’infection. Cependant, il ne traite pas en détail des autres mesures de prévention des
infections et de lutte contre l’infection.
L’élaboration de ce guide a comporté les étapes suivantes :
• réunion de consensus multidisciplinaire de deux jours sur le domaine d’utilisation et
les principaux éléments de la ventilation naturelle dans le cadre de la lutte contre
l’infection (mai 2007) ;
• revue systématique de la littérature traitant des relations entre ventilation et infection,
et des techniques de ventilation naturelle (mars-décembre 2008) (voir l’annexe A pour
plus de précisions) ;
• revue et définition des principaux éléments des recommandations par un tableau
d'experts externe à l’OMS (novembre-décembre 2008) ; et
• revue par des pairs internes et externes à l’OMS (janvier-mai 2009).

xix
L’encadré ci-après reprend les principales recommandations.

Principales recommandations
1. Pour contribuer à prévenir les infections à transmission aérienne, une ventilation
adéquate est nécessaire dans toutes les zones de soins des établissements de soins.
Classement global : recommandation stricte
2. Pour la ventilation naturelle, les débits de ventilation minimaux suivants doivent être
assurés, en valeur moyenne sur une heure :
– 160 l/s/patient (débit de ventilation moyen sur une heure) pour les chambres de
précautions aériennes (avec un minimum de 80 l/s/patient) (attention : cette exigence
ne s’applique qu’aux installations neuves ou aux rénovations de grande ampleur) ;
– 60 l/s/patient pour les chambres à usage général et les services de consultation externe ;
– 2,5 l/s/m3 pour les couloirs et autres lieux de passages ne comportant pas un nombre
prédéterminé de patients ; toutefois, si des soins doivent être prodigués dans des
couloirs, en situation d’urgence par exemple, les débits de ventilation doivent être les
mêmes que ceux exigés pour les chambres de précautions aériennes ou les chambres à
usage général.
La conception doit tenir compte des variations du débit de ventilation.
Lorsque la ventilation naturelle ne permet pas seule de satisfaire aux exigences de
ventilation, il faut envisager d’autres systèmes de ventilation, comme les systèmes de
ventilation naturelle hybride (mixte) et, si cela ne suffit pas, avoir recours à la ventilation
mécanique.
Classement global : recommandation conditionnelle
3. Lors de la conception d’établissements de soins ventilés naturellement, il faut veiller à
ce que le flux d’air général amène l’air des sources d’agents vers des zones où la dilution
est suffisante, et de préférence vers l’extérieur.
Classement global : recommandation conditionnelle
4. Dans les espaces où sont réalisées des procédures générant des aérosols associées à la
transmission d’agents pathogènes, les exigences relatives à la ventilation naturelle doivent
correspondre au minimum à la recommandation 2. S’il s’agit d’agents aéroportés, les
recommandations 2 et 3 doivent être appliquées.
Classement global : recommandation conditionnelle

Ces quatre recommandations ont été élaborées par le tableau d'experts externe chargé de la
revue systématique, qui a utilisé la méthode d’évaluation GRADE lors de la réunion du
tableau à Genève en novembre 2008 (voir l’annexe B). Dans les zones d’endémie de
maladies vectorielles (dengue, malaria, par exemple), l’utilisation de la ventilation naturelle
ne doit pas affecter de quelque façon que ce soit les règles ou les pratiques d’utilisation de
moustiquaires.

xx Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Ce guide ne comporte que les règles fondamentales de conception, de construction,
d’exploitation et de maintenance, et les concepteurs sont invités à consulter les guides et
ouvrages d’ingénierie de conception pour tous détails techniques relatifs à la ventilation
naturelle. L’attention du lecteur est attirée sur les limites de la ventilation naturelle, lorsque
les forces naturelles telles que le vent ou la brise ne suffisent pas, en particulier, à fournir
les hauts débits de ventilation recommandés dans ce guide pour les chambres de
précautions aériennes. Il est rappelé aux utilisateurs de ne pas se référer uniquement au
présent guide pour la conception d’installations ventilées naturellement.
Les hôpitaux et chambres de précautions aériennes ventilés naturellement doivent être
conçus selon les règles, pour que la ventilation naturelle assure les débits de ventilation
recommandés ; dans le cas contraire, des facteurs tels que le manque de contrôle de la
direction du flux d’air peuvent se traduire par un risque de transmission accru. Les lecteurs
intéressés sont invités à se procurer ou à consulter la documentation technique de référence
lorsqu’ils envisagent une rénovation ou une construction comportant un système de
ventilation naturelle.
Ce guide sera révisé cinq ans après sa publication pour tenir compte des données nouvelles
sur les relations entre débits de ventilation naturelle et infection.

Plan de mise en œuvre


Ce guide portant sur un domaine nouveau, il n’existe pas de plan d’adaptation.
Un projet faisant suite à la présente publication et portant sur « la conception
d'établissements de soins à coût modéré intégrant des moyens de lutte contre l’infection par
la ventilation naturelle » est déjà en cours. Il vise à fournir une assistance à la conception
d'établissements de soins à coût modéré ventilées naturellement, dans des contextes où les
ressources disponibles sont faibles. On trouvera plus d’informations sur ce projet à
l’adresse suivante : http://www.who.int/csr/natvent.
L’OMS entend fournir des exemples de conceptions types, des plans et une assistance pour
la rénovation ou la construction d'établissements de soins, qui seront disponibles en ligne et
téléchargeables gratuitement. Cette démarche s’appuiera sur les recommandations du
présent guide pour inciter et aider à réaliser des établissements de soins à coût modéré
intégrant les techniques de lutte contre l’infection, dans les pays à faible niveau de revenu,
en utilisant des ressources accessibles et durables, et notamment (lorsque c’est possible) la
ventilation naturelle.

Résumé d’orientation xxi


Abréviations et définitions

Abréviations
RAH (nombre de) renouvellements d’air par heure
EPI équipements de protection individuelle
RAS Région administrative spéciale
SRAS syndrome respiratoire aigu sévère
TB tuberculose
OMS Organisation mondiale de la Santé

Definitions
Antichambre Petite pièce servant de passage entre un couloir et une autre pièce (souvent
une chambre d’isolement).
Chambre de précautions Chambre où le nombre de renouvellements d’air par heure (RAH) est ≥ 12 et
aériennes où la direction du flux d’air est contrôlée. La chambre peut être ventilée
naturellement ou mécaniquement. En plus de l’exigence d’un RAH ≥ 12,
dans une chambre de précautions aériennes ventilée mécaniquement, une
pression négative est créée pour contrôler la direction du flux d’air. Une telle
chambre équivaut aux « chambres d’isolement en cas d’infection à
transmission aérienne » décrites par les Centers for Disease Control and
Prevention des États-Unis. Dans les chambres de précautions aériennes
ventilées naturellement, le flux d’air doit être dirigé vers des zones exemptes
de passage, ou assurer une dilution rapide de l’air contaminé dans les zones
environnantes et à l’air libre (OMS, 2007).
Débit d’air recyclé Quantité d’air réintroduit dans le local (recyclé). Bien que l’air recyclé puisse
être filtré, il est souvent de moins bonne qualité que l’air extérieur, pour la
plupart des applications courantes. L’air filtré et recyclé ne peut donc pas
remplacer l’air extérieur pour la ventilation.
Exfiltration Déperdition d’air vers l’extérieur d’un bâtiment, par des fuites non désirées.

Gouttelettes Particules inhalables de plus de 5 m de diamètre qui peuvent se déposer


dans les voies respiratoires supérieures et sur les muqueuses.

Noyaux de condensation Résidus de gouttelettes desséchés < 5 m de diamètre.


Gouttelettes respiratoires Selon la taille des particules, les gouttelettes respiratoires peuvent être
subdivisées en grosses gouttelettes, aérosols inhalables et noyaux de
condensation (voir l’annexe C pour plus de précisions).
Infiltration Entrée d’air dans un bâtiment par des fuites non désirées.

xxiii
Mesures administratives Ensemble de mesures organisationnelles visant à garantir les conditions
nécessaires à l’application des principes de lutte contre l’infection en milieu
de soins. Elles comprennent la mise en place d’infrastructures et d’activités
pérennes de lutte contre l’infection, des politiques claires de dépistage
précoce des infections, la mise en œuvre de mesures appropriées de lutte
contre les infections, la mise à disposition de moyens et une organisation
appropriée des services (création d’un système de tri et de placement des
patients, notamment). La direction de l’établissement de soins doit en outre
faire en sorte que les plannings de travail assurent un ratio
patients/personnel adéquat, veiller à la formation des équipes et mettre en
place des programmes de protection de la santé des soignants (vaccination,
prophylaxie, notamment) afin d’améliorer l’état de santé général des
soignants (OMS, 2007).
Nombre de Pour une chambre en pression positive, rapport entre le volume d’air
renouvellements d’air par extérieur pénétrant en une heure dans un espace donné et le volume de cet
heure (RAH) espace.
Pour une chambre en pression négative, le RAH est calculé à partir du débit
d’air extrait.
Ouvertures de Ouvertures aménagées, dans un bâtiment, pour assurer la ventilation
l’enveloppe naturelle (fenêtres, portes, cheminées solaires, tours à vent, ventilateurs
passifs (prises d’air)).
Pièce en pression Fait référence à la différence de pression de l’air entre deux zones. Une
négative pièce est en pression négative lorsque sa pression est inférieure à celle des
zones voisines, ce qui prévient les fuites d’air vers les pièces ou zones
voisines.
Précautions contre la Ensemble de pratiques applicables dans le cas de patients hospitalisés
transmission présentant des infections spécifiques pour lesquelles des précautions allant
au-delà des précautions standard doivent être prises afin de lutter contre
l’infection dans la structure de soins.
Procédures générant des Procédures pouvant induire chez le patient la production de gouttelettes
aérosols respiratoires.
Procédures générant des Procédures à haut risque pouvant accroître le risque de formation de noyaux
aérosols associées à la de condensation en raison des forces mécaniques liées à ces procédures
transmission d’agents (intubation, réanimation, bronchoscopie, autopsie, geste chirurgical
pathogènes comportant l’utilisation de dispositifs à grande vitesse, par exemple) (OMS,
2007).
Quantum Quantité ou dose de particules.
Schéma de circulation de Schéma de circulation de l’air, dans une pièce ventilée, où l’air neuf
l’air comportant un court- contourne des zones d’air stagnant et ressort directement par les bouches
circuit de sortie.

Système de ventilation Système de ventilation mécanique utilisant un ventilateur d’extraction d’air.


mécanique à pression
négative
Système de ventilation Système de ventilation mécanique comportant un ventilateur d’admission par
mécanique à pression lequel l’air est introduit en force dans le local.
positive
Système de ventilation Système dans lequel les flux d’air insufflé et extrait ont été testés et ajustés
mécanique double flux pour répondre à certaines spécifications de conception.

xxiv Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins
Système de ventilation Système de ventilation naturelle assistée par ordinateur, qui peut être
naturelle assistée secondé par des systèmes de ventilation mécanique.
Système de ventilation de Modèle de déplacement de l’air idéal, où l’air introduit d’un côté du local est
type "piston" poussé jusqu’au côté opposé sans aucun recyclage et en se mélangeant
très peu à l’air du local. La ventilation de type piston est le mode de
renouvellement d’air le plus efficace.
Transmission aérienne Transmission de maladies causée par la dissémination de noyaux de
condensation, qui demeurent infectieux longtemps et sur de longues
distances lorsqu'ils sont en suspension dans l’air.
La transmission aérienne systématique concerne les agents pathogènes
transmis uniquement par dépôt de noyaux de condensation en conditions
naturelles (tuberculose pulmonaire, par exemple).
La transmission aérienne préférentielle concerne les agents pathogènes
dont la transmission peut emprunter de multiples voies mais qui sont
transmis principalement par des noyaux de condensation (rougeole,
varicelle, par exemple) (OMS 2007).
Transmission aérienne Transmission de noyaux de condensation à faible distance, dans des
opportuniste circonstances particulières telles que la réalisation de procédures générant
des aérosols associées à la transmission d’agents pathogènes.
Ventilation La ventilation fournit de l’air extérieur à un bâtiment ou à une pièce et
distribue l’air à l’intérieur du bâtiment. La ventilation des bâtiments a pour
objet d’assainir l’atmosphère en diluant avec de l’air propre les polluants
générés dans le bâtiment, et en assurant un débit d’air qui permet de
renouveler l’air à une fréquence donnée. La ventilation sert aussi à
combattre les odeurs, à assurer un confinement ou à réguler les paramètres
climatiques (température et humidité relative).
Ventilation hybride Combinaison de la ventilation mécanique et de la ventilation naturelle (autre
terme : ventilation mixte).
Ventilation mixte Voir Ventilation hybride

Ventilation naturelle Utilisation de forces naturelles pour introduire et distribuer l’air extérieur dans
un bâtiment, ou en extraire l’air. Ces forces naturelles peuvent être la
pression du vent ou la pression générée par la différence de densité entre
l’air intérieur et l’air extérieur.

Abréviations et définitions xxv


1re partie — Lutte contre l’infection et
ventilation

La première partie a pour objet de définir les recommandations applicables à la ventilation


naturelle dans le contexte de la lutte contre les infections. Le chapitre 1 expose les principes
généraux de lutte contre l’infection en relation avec la ventilation. Le chapitre 2 présente les
notions de base de la ventilation, ainsi que les éléments justifiant le recours à la ventilation
naturelle pour lutter contre les infections. Le chapitre 3 traite des relations entre ventilation
et infection à transmission aérienne et expose la démarche suivie et le consensus adopté par
l’Organisation mondiale de la Santé en ce qui concerne les exigences minimales applicables
à la conception de la ventilation naturelle dans le cadre de la lutte contre les infections.
1 Principes généraux de lutte
contre l’infection

1.1 La notion de précaution d’isolement et son évolution


dans le temps
La précaution d’isolement est une stratégie importante dans la pratique de la lutte contre les
infections. La propagation de certaines infections peut être empêchée si les patients infectés
sont séparés de ceux qui ne le sont pas. Bien qu’aucune étude ne montre l’efficacité de
l’isolement, il est souvent fait état de l’efficacité des différentes composantes de
l’isolement, en particulier du placement en chambres individuelles (Anderson et al., 1985)
et du port d’équipements de protection comme les masques, gants et blouses (Klein, Perloff
& Maki, 1989 ; Maki, 1994 ; Maloney et al., 1995).
On retrouve la notion d’isolement dès l’époque biblique, lorsque les lépreux étaient séparés
du reste de la population. Vers la fin du XIXe siècle, on a recommandé de placer les
patients atteints de maladies infectieuses dans des établissements séparés, et des hôpitaux
spécialisés dans les maladies infectieuses ont vu le jour (Lynch, 1949). Au début des
années 1950 cependant, bon nombre de ces hôpitaux ont fermé et les patients ont été
transférés dans des hôpitaux généraux. La nécessité de l’isolement prenait, dans ce
contexte, une acuité particulière. Depuis lors, différents systèmes d’isolement ont été
développés (NCDC, 1970 ; Lowbury et al., 1975 ; Garner & Simmons, 1983), les
précautions les plus couramment appliquées contre la transmission comprenant les
précautions standard (destinées à éviter un contact direct, non protégé, avec le sang et les
fluides corporels), les précautions « contact », les précautions « gouttelettes » et les
précautions aériennes (Gardner, 1996 ; Siegel et al, 2007).
La séparation spatiale est essentielle, dans les précautions d’isolement, car comme le notait
Florence Nightingale, un grand nombre de maladies infectieuses se propagent
principalement par contact direct entre patients. En règle générale, des mesures de
ventilation spéciales ne sont pas requises ; elles sont nécessaires pour les maladies qui
peuvent être transmises à distance par des noyaux de condensation (Gardner, 1996). La
plupart des maladies ne relèvent pas de cette catégorie. Toutefois, pour les maladies
infectieuses transmissibles sur de longues distances par des aérosols (maladies à
transmission aérienne), on peut observer la survenue de nombreux cas groupés sur de
courtes périodes. C’est pourquoi l’isolement des patients atteints de ces maladies est
crucial.
Le présent guide traite des recommandations spécifiques applicables à la ventilation
naturelle utilisée à des fins d’isolement en cas d’infections à transmission aérienne
(point 3.2).

3
1.2 Pratiques d’isolement dans la lutte contre l’infection
Ce guide ne comporte pas une description détaillée de l’ensemble des précautions
applicables contre la transmission des infections, mais traite uniquement des précautions
aériennes. On trouvera dans diverses sources une description des autres types de
précautions (Siegel et al., 2007 ; OMS, 2007).
Dans la mise en œuvre des précautions d’isolement, trois niveaux de mesures doivent être
envisagés (Gerberding, 1993).
Le premier niveau comporte des mesures administratives, destinées à assurer un
fonctionnement efficace de l’ensemble du système. Il s’agit notamment des mesures
suivantes :
• mise en œuvre de procédures appropriées pour le tri des patients
• dépistage précoce des infections
• séparation des patients infectés et non infectés
• transfert des patients
• éducation des patients et du personnel
• définition adéquate et claire des responsabilités
• communication avec tous les partenaires concernés.

Le second niveau comprend des mesures « environnementales et techniques » comme le


nettoyage, la séparation spatiale et la ventilation des espaces.
Le troisième niveau de mesures, destiné à réduire encore le risque de transmission, est la
protection individuelle, et donc la fourniture d’équipements de protection individuelle
(EPI) adaptés (masques, équipements de protection respiratoire, en particulier).
Lors de la mise en place d’un système d’isolement à l’hôpital, ces trois niveaux (mesures
administratives, mesures environnementales et techniques, protection individuelle) doivent
être convenablement pris en compte pour que le système fonctionne efficacement et que
ses différents niveaux se complètent.

1.3 Pratiques d’isolement dans le cas des infections à


transmission aérienne
La transmission par voie aérienne se fait par dissémination de noyaux de condensation sur
de longues distances à partir des patients infectés (pour plus de précisions sur les
gouttelettes respiratoires, voir l’annexe C). Pour que des agents pathogènes se propagent
par cette voie, il faut que certaines conditions soient réunies, et notamment :
• présence d’un agent pathogène viable à l’intérieur de la gouttelette source ;
• survie de l’agent pathogène à l’intérieur de la gouttelette après séparation de la source,
et conservation de son pouvoir infectieux après exposition à divers facteurs physiques
(évaporation, lumière, température, humidité relative, etc.) ;

4 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


• dose suffisante pour provoquer l’infection chez un hôte sensible ; et
• exposition d’un hôte sensible.

Les agents infectieux susceptibles d’être propagés par les courants d’air sur de longues
distances et d’infecter des personnes réceptives sont notamment Mycobacterium
tuberculosis (Riley et al., 1957, 1959), le virus de la rougeole (Bloch et al., 1985) et
Varicella-zoster virus (varicelle) (Gustafson et al., 1982). Pour prévenir la propagation des
infections à transmission aérienne, il faut mettre en œuvre des précautions aériennes,
comprenant les trois types de mesures citées au point 1.2 : mesures administratives ;
mesures environnementales et techniques — traitement de l’air et ventilation spécifiques
dans la chambre des patients ; EPI — port d’équipements de protection respiratoire
antiparticules par les soignants, dans la mesure du possible (OMS, 2007).
Les patients devant faire l’objet d’un isolement destiné à empêcher la transmission aérienne
doivent être placés dans une chambre de précautions aériennes (OMS, 2007). Il s’agit
d’une chambre où le nombre de renouvellements d’air par heure (RAH) est ≥ 12 (soit ≥ 80
l/s pour une chambre de 4×2×3 m3) et où la direction du flux d’air est contrôlée, ce qui
permet d’assurer le confinement des infections à transmission aérienne (AIA, 2001 ;
Wenzel, 2003 ; Mayhall, 2004 ; OMS, 2007). Une chambre à ventilation mécanique
équivaut aux chambres d’isolement en cas d’infection à transmission aérienne décrites par
les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis, où le traitement et
l’écoulement d’air doivent présenter des caractéristiques spécifiques telles que (CDC,
2003) :
• un gradient de pression négatif ≥ 2,5 Pa (0,01 pouce de colonne d’eau) ;
• une différence de débit d’air >125-cfm (56 l/s) entre l’extraction et l’alimentation ;
• un écoulement d’air de la zone propre vers la zone sale ;
• une isolation étanche de la pièce, laissant environ 0,5 pieds carrés (0,046 m2) de fuite ;
• un RAH > 12 pour un bâtiment neuf, et un RAH > 6 pour un bâtiment existant,
équivalant à 40 l/s pour une pièce de 4×2×3 m3 dans un bâtiment ancien; et
• une extraction d’air vers l’extérieur, ou un filtre HEPA si l’air est recyclé.

L’idée d’une ventilation naturelle des chambres de précautions aériennes était envisagée
dans les recommandations provisoires de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS,
2007). La ventilation naturelle peut être utilisée dans ce type de chambres. L’objet du
présent document est de fournir des principes élémentaires de conception en cas
d’utilisation de la ventilation naturelle dans la lutte contre les infections. Des « guides de
conception » plus détaillés suivront la publication de ce document.

Principes généraux de lutte contre les infections 5


1.4 Lutte contre l’infection lors des procédures à haut
risque
La mise en œuvre de précautions aériennes a été recommandée, après l’épidémie de
syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), pour les patients atteints de tuberculose
pulmonaire active, de rougeole, de variole et de varicelle. Cependant, on a également
observé que dans certaines situations, d’autres agents pathogènes non transmissibles par
voie aérienne pouvaient être transmis par des noyaux de condensation lors de certaines
procédures de soins.
Il n’existe pas, actuellement, de définition claire ou de liste précise des procédures de soins
à haut risque au cours desquelles certains agents pathogènes (le Coronavirus responsable
du SRAS, le virus de la grippe) peuvent se propager sur de courtes distances via les noyaux
de condensation. Le mécanisme de cette transmission est décrit comme une transmission
aérienne opportuniste (Roy & Milton, 2004), et les procédures à haut risque peuvent
accroître la formation de noyaux de condensation en raison des forces mécaniques liées à
ces procédures (Ip et al., 2007). Certaines de ces procédures ont été associées à une
augmentation significative du risque de transmission des infections, et ont été désignées par
le terme de procédures générant des aérosols associées à la transmission d’agents
pathogènes (OMS, 2007). Ces procédures sont notamment l’intubation, la réanimation, la
bronchoscopie, l’autopsie et les actes chirurgicaux faisant intervenir des dispositifs à
grande vitesse (OMS, 2007).
Comme dans tous les domaines de la lutte contre l’infection, les mesures administratives,
les mesures environnementales et techniques et le port d’EPI doivent être utilisés
conjointement pour combattre la propagation des infections lors des procédures à haut
risque.
Au titre des mesures administratives, il est primordial de limiter ces procédures aux
patients qui en ont besoin. Une formation adéquate du personnel et la fourniture
d’équipements sûrs peuvent également jouer un rôle important dans la réduction du risque.
Le port d’EPI adaptés, notamment d’équipements de protection respiratoire antiparticules,
d’une protection oculaire, de blouses et de gants, constitue une protection complémentaire
pour les soignants. Enfin, la réalisation de ces procédures dans un lieu bien ventilé, à
distance des autres patients et soignants, peut contribuer à prévenir la propagation de
l’infection. Bien qu’aucune étude n’ait évalué l’impact de la ventilation sur la réduction du
risque lié à des noyaux de condensation infectieux lors des procédures générant des
aérosols, il est préférable de réaliser ces procédures dans une pièce convenablement
ventilée, en particulier dans le cas de patients infectés par des agents pathogènes mettant la
vie en danger (SRAS, grippe aviaire, par exemple).
Cependant, il peut être difficile de mettre en œuvre les mesures mentionnées ci-dessus, en
particulier en situation d’urgence (réanimation d’un patient en consultation externe, par
exemple). Il importe donc de mettre en place des plans d’intervention pour ce type de
scénarios et de disposer d’un service d’urgences convenablement équipé et bien ventilé.
Les patients pourraient alors être transférés rapidement dans un lieu sûr, bien ventilé,
préalablement identifié pour ce type de situation. Il importe également de canaliser les flux
de personnes pour limiter les contacts avec les patients. Les soignants doivent porter des
EPI adaptés avant d’entamer une procédure à haut risque.

6 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


1.5 Résumé
En résumé, bien qu’il y ait peu de données documentées montrant une relation entre les
précautions d’isolement et la prévention des infections, divers rapports et études de cas
indiquent que des mesures d’isolement (chambres individuelles et EPI, notamment)
peuvent contribuer à prévenir la propagation des infections dans les établissements de
soins.
Tous les éléments d’un système d’isolement (mesures administratives, mesures
environnementales et techniques, protection individuelle) sont importants et doivent être
pris en compte dans la conception d’un système d’isolement à l’hôpital. Les systèmes
d’isolement doivent être conçus pour prévenir la propagation des maladies sur de longues
distances via les gouttelettes respiratoires, une attention particulière étant en outre accordée
à la prévention des transmissions lors des procédures à haut risque (intubation, réanimation,
bronchoscopie, autopsie, actes chirurgicaux faisant intervenir des dispositifs à grande
vitesse, notamment).

Principes généraux de lutte contre les infections 7


2 C o n c e p ts e t t y p e s d e v e n t i l a t i o n

2.1 La ventilation
La ventilation introduit de l’air extérieur dans un bâtiment ou une pièce et distribue l’air
dans ce bâtiment ou cette pièce. L’objet général de la ventilation des bâtiments est
d’assainir l’atmosphère en diluant les polluants formés dans le bâtiment et en évacuant ces
polluants (Etheridge & Sandberg, 1996 ; Awbi, 2003).
Trois éléments de base caractérisent la ventilation des bâtiments :
• le débit de ventilation — quantité d’air extérieur introduite dans l’espace, et qualité de
l’air extérieur (voir l’annexe D) ;
• la direction du flux d’air — direction générale du flux d’air dans un bâtiment, qui doit
aller des zones propres aux zones sales ; et
• le mode de distribution ou d’écoulement de l’air — l’air extérieur doit être distribué
efficacement, en tout point de l’espace ventilé, et tout point de l’espace ventilé doit être
débarrassé efficacement des polluants aéroportés qui y sont générés.

Trois méthodes peuvent être utilisées pour ventiler un bâtiment : la ventilation naturelle, la
ventilation mécanique et la ventilation hybride (mixte).

2.1.1 La ventilation naturelle


Des forces naturelles (vents et tirage thermique dû à la différence de densité entre l’air
intérieur et l’air extérieur, notamment) font pénétrer l’air extérieur dans le bâtiment à
travers des ouvertures pratiquées à cet effet dans l’enveloppe du bâtiment (fenêtres, portes,
cheminées solaires, tours à vent et ventilateurs passifs (prises d’air), notamment). Ce mode
de ventilation des bâtiments dépend du climat, de la conception des bâtiments et du
comportement des personnes.

2.1.2 La ventilation mécanique


Ce mode de ventilation fait appel à des ventilateurs mécaniques installés soit directement
dans les fenêtres ou les murs, soit dans des conduits d’air, pour alimenter un local en air ou
extraire l’air du local.
Le type de ventilation mécanique utilisé dépend du climat. Lorsque le climat est chaud et
humide, il peut être nécessaire de limiter ou de prévenir l’infiltration pour réduire la
condensation interstitielle (qui se produit lorsque l’air chaud et humide provenant de
l’intérieur d’un bâtiment pénètre dans un mur, un plafond ou un plancher et rencontre une
surface froide). En pareil cas, on utilise souvent un système de ventilation mécanique à
pression positive. À l’inverse, lorsque le climat est froid, c’est l’exfiltration qu’il faut éviter
pour réduire la condensation interstitielle, et l’on utilise une ventilation à pression négative.
Pour une pièce comportant des polluants générés localement, telle qu’une salle de bain, des
toilettes ou une cuisine, on utilise souvent un système à pression négative.

9
Dans un système à pression positive, la pièce est en pression positive et l’air de la pièce
s’échappe par les fuites de l’enveloppe ou d’autres ouvertures. Dans un système à pression
négative, la pièce est en pression négative et de l’air extérieur est « aspiré » dans la pièce.
Un système de ventilation mécanique double flux est un système où l’apport et l’extraction
d’air ont été testés et ajustés pour remplir certaines spécifications de conception. La
pression de la pièce peut être maintenue soit en légère surpression, soit en légère
dépression, en créant une légère différence entre les débits d’admission et d’extraction
d’air. Ainsi, une pression légèrement négative est obtenue par un débit d’air extrait de 10 %
supérieur au débit d’admission, sous les climats froids, pour réduire les risques de
condensation interstitielle. Dans une chambre de précautions aériennes conçue pour la lutte
contre les infections, on maintient souvent une pression négative de 2,5 Pa au minimum par
rapport au couloir (CDC, 2003).

2.1.3 La ventilation hybride ou mixte


Dans la ventilation hybride (mixte), des forces naturelles assurent le débit d’air souhaité
(valeur de consigne). La ventilation mécanique est utilisée lorsque le débit obtenu par
ventilation naturelle est trop faible (Heiselberg & Bjørn, 2002).
Lorsque la ventilation naturelle ne suffit pas, des ventilateurs d’extraction (dûment calculés
et testés au préalable) peuvent être installés pour accroître les débits de ventilation dans les
chambres recevant des patients atteints d’infections à transmission aérienne. Cependant, ce
type simple de ventilation hybride (mixte) doit être utilisé avec prudence. Les ventilateurs
doivent être installés à des emplacements où l’air de la pièce peut être rejeté directement
dans l’environnement extérieur, à travers un mur ou par le toit. La taille et le nombre de
ventilateurs d’extraction dépendent du débit de ventilation recherché, et doivent être
préalablement calculés et testés.
L’utilisation de ventilateurs d’extraction peut poser divers problèmes : difficultés
d’installation (notamment pour les grands ventilateurs), bruit (en particulier dans le cas de
ventilateurs très puissants), élévation ou baisse de température dans la pièce, et nécessité
d’une alimentation électrique permanente. Si l’ambiance thermique de la pièce est
inconfortable, des systèmes localisés de rafraîchissement ou de chauffage peuvent être
ajoutés, ainsi que des ventilateurs de plafond.
Une autre possibilité est l’installation d’extracteurs éoliens, qui ne requièrent pas
d’alimentation électrique et créent une extraction en toiture permettant d’accroître la
circulation d’air dans un bâtiment (voir la figure I.2 de l’annexe I).

2.2 Évaluation des performances de la ventilation


Les performances de la ventilation dans les bâtiments peuvent être évaluées à partir des
quatre aspects suivants, correspondant aux trois éléments de base de la ventilation cités
plus haut.
• Le système assure-t-il le débit de ventilation souhaité ?
• La direction générale d’écoulement de l’air dans le bâtiment est-elle orientée des zones
propres aux zones sales (chambres d’isolement ou zones de confinement —
laboratoires, par exemple) ?

10 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


• L’apport d’air extérieur par le système est-il efficacement assuré en tout point de la
pièce ?
• Les polluants sont-ils efficacement évacués par le système en tout point de la pièce ?

Deux indicateurs de performances globales sont souvent utilisés. L’efficacité du


renouvellement d’air indique l’efficacité de la distribution d’air frais dans la pièce, et
l’efficacité de la ventilation indique l’efficacité d’élimination des polluants atmosphériques
de la pièce. Les ingénieurs définissent l’âge moyen de l’air en un point comme le temps
moyen mis par l’air pour parvenir à ce point depuis son point d’entrée dans la pièce, et
l’âge moyen de l’air dans la pièce comme la moyenne des âges de l’air en tous points de la
pièce (Etheridge & Sandberg, 1996). L’âge de l’air peut être mesuré par la technique des
gaz traceurs (Etheridge & Sandberg, 1996).
L’efficacité du renouvellement d’air peut être calculée à partir du nombre de
renouvellements d’air par heure et de l’âge moyen de l’air dans la pièce (Etheridge &
Sandberg, 1996). Dans le cas de la ventilation en mode « piston », l’efficacité du
renouvellement d’air est de 100 %, contre 50 % dans le cas des systèmes de ventilation
assurant un mélange complet de l’air. Dans le cas de la ventilation par déplacement,
l’efficacité du renouvellement d’air se situe entre ces deux valeurs, mais en cas de court-
circuit, elle peut être inférieure à 50 %.
L’efficacité de la ventilation peut être évaluée soit par mesurage, soit par simulation
(Etheridge & Sandberg, 1996). En termes simples, le débit de ventilation peut être établi en
déterminant la vitesse à laquelle un gaz traceur injecté dans la pièce est éliminé, ou à partir
de la vitesse de l’air mesurée au niveau des orifices ou des conduits de ventilation et de la
section d’écoulement. La direction d’écoulement de l’air peut être visualisée au moyen de
fumée. Les études de dynamique des fluides par modélisation numérique et les techniques
de vélocimétrie par image de particules permettent de modéliser les performances de
distribution de l’air dans une pièce (Nielsen, 1974 ; Chen, 1996 ; Etheridge & Sandberg,
1996).

2.3 Comparaison de la ventilation mécanique et de la


ventilation naturelle

2.3.1 La ventilation mécanique


S’il est bien conçu, installé et entretenu, un système de ventilation mécanique présente
certains avantages.
• Les systèmes de ventilation mécaniques sont considérés comme fiables pour ce qui est
de la fourniture du débit d’air prévu à la conception, quelles que soient les variations
du vent et de la température ambiante. La ventilation mécanique étant facile à intégrer
à un système de conditionnement d’air, la température et l’humidité de l’air intérieur
peuvent aussi être régulées.
• Des systèmes de filtration peuvent être intégrés à la ventilation mécanique, pour
éliminer les micro-organismes, particules, gaz, odeurs et vapeurs nocifs.

Concepts et types de ventilation 11


• Le cheminement de l’air peut être guidé, dans les systèmes de ventilation mécanique,
de façon par exemple à faire s’écouler l’air des zones comportant une source (patient
présentant une infection à transmission aérienne, par exemple) vers des zones
exemptes de personnes réceptives.
• Un système de ventilation mécanique peut fonctionner en tout lieu disposant de
l’électricité.
Toutefois, les systèmes de ventilation mécanique peuvent poser divers problèmes.
• Il est fréquent que les systèmes de ventilation mécanique ne fonctionnent pas comme
prévu, et leur fonctionnement peut être interrompu pour de multiples raisons telles
qu’une défaillance des équipements, une interruption de l’alimentation en énergie, une
conception défectueuse, un défaut de maintenance ou une mauvaise gestion (Dragan,
2000). Si le système dessert un établissement à risque et qu’il importe qu’il fonctionne
en continu, il peut être nécessaire de prévoir des équipements de secours — ce qui peut
se révéler coûteux et impossible à assurer sur le long terme.
• Les coûts d’installation et, surtout, de maintenance d’un système de ventilation
mécanique peuvent être très élevés. Si un système mécanique ne peut pas être installé
ou entretenu correctement pour des raisons financières, ses performances seront
compromises.
Pour ces raisons, un système de ventilation mécanique peut favoriser la propagation de
maladies infectieuses dans un établissement de soins, au lieu de contribuer efficacement à
la lutte contre l’infection.

2.3.2 La ventilation naturelle


S’il est bien installé et entretenu, un système de ventilation naturelle présente plusieurs
avantages par rapport à un système de ventilation mécanique.
• La ventilation naturelle assure généralement un débit de ventilation élevé à moindre
coût, du fait de l’utilisation de forces naturelles et de grandes ouvertures.
• La ventilation naturelle peut avoir un meilleur rendement énergétique, en particulier si
un chauffage n’est pas nécessaire.
• Une ventilation naturelle bien conçue offre la possibilité d’assurer un meilleur niveau
d’éclairage naturel.
D’un point de vue technique, on peut distinguer les systèmes de ventilation naturelle simple
et les systèmes de ventilation naturelle assistée. Ces derniers sont commandés par
ordinateur et peuvent être complétés par des systèmes de ventilation mécanique (systèmes
hybrides ou mixtes). Les systèmes de ventilation naturelle assistée peuvent présenter les
mêmes inconvénients que les systèmes de ventilation mécanique, mais ils bénéficient aussi
des avantages des deux systèmes.

Si elle est bien conçue, la ventilation naturelle peut être fiable, notamment lorsqu’elle est
combinée à un système mécanique et utilise le principe de la ventilation hybride (mode
mixte), bien que certains systèmes modernes de ventilation naturelle puissent être plus
coûteux à construire et à concevoir que les systèmes mécaniques.

12 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


En général, l’avantage de la ventilation naturelle est sa capacité à assurer un taux de
renouvellement d’air très élevé à faible coût, par des moyens très simples. Bien que le taux
de renouvellement d’air puisse présenter des variations significatives, les bâtiments équipés
de systèmes modernes de ventilation naturelle (correctement conçus et exploités) peuvent
atteindre par le seul effet des forces naturelles des taux de renouvellement d’air très élevés,
dépassant parfois largement les exigences minimales de ventilation.

Les systèmes de ventilation naturelle présentent certains inconvénients.


• La ventilation naturelle est variable et dépend des conditions climatiques extérieures
par rapport à l’environnement intérieur. Les deux forces déterminant le débit d’air (le
vent et la différence de température) sont sujettes à des variations stochastiques. La
ventilation naturelle peut être difficile à réguler, avec des flux d’air excessifs et
inconfortables en certains points, et des zones d’air stagnant. Le taux de
renouvellement d’air peut être faible lorsque les conditions climatiques sont
défavorables.
• Il peut être difficile de maîtriser la direction du flux d’air du fait de l’absence d’une
pression négative suffisamment soutenue ; il en résulte un risque de contamination des
couloirs et des pièces voisines.
• La ventilation naturelle rend impossible l’usage de filtres à particules.
• Des considérations climatiques, culturelles ou de sécurité peuvent obliger à laisser les
fenêtres et les orifices d’aération fermés ; les débits de ventilation peuvent alors être
considérablement réduits.
• La ventilation naturelle ne fonctionne que lorsque les forces naturelles nécessaires sont
disponibles ; lorsque des débits d’air élevés sont requis, il faut que les forces naturelles
puissent assurer de tels débits.
• Il est fréquent que les systèmes de ventilation naturelle ne fonctionnent pas comme
prévu, et leur fonctionnement peut être interrompu pour de multiples raisons : portes
ou fenêtres non ouvertes, défaillances des équipements (dans le cas des systèmes
assistés), interruption de l’alimentation en énergie (dans le cas des systèmes assistés),
conception défectueuse, défaut de maintenance, mauvaise gestion, notamment.
• Bien que les coûts de maintenance des systèmes de ventilation naturelle simple
puissent être très bas, si un système de ventilation naturelle ne peut pas, pour des
raisons financières, être correctement installé ou entretenu, ses performances peuvent
être compromises, ce qui entraîne un risque accru de transmission d’agents pathogènes
aéroportés.
Il est possible de surmonter ces difficultés en optimisant la conception, par exemple, ou en
recourant à la ventilation hybride (mixte). D’autres inconvénients possibles, comme le
bruit, la pollution atmosphérique, la présence d’insectes vecteurs ou les problèmes de
sécurité, doivent également être pris en compte. Pour ces raisons, les systèmes de
ventilation naturelle peuvent favoriser la propagation de maladies infectieuses au sein des
établissements de soins, au lieu de contribuer efficacement à la lutte contre les infections.
Le tableau 2.1 récapitule les avantages et les inconvénients des différents systèmes de
ventilation en milieu hospitalier.

Concepts et types de ventilation 13


Tableau 2.1 Principaux avantages et inconvénients des différents types de systèmes de
ventilation en milieu hospitalier
Ventilation hybride
Ventilation mécanique Ventilation naturelle (mixte)
Avantages Convient à tous les Convient aux climats Convient à la plupart
climats et types de chauds et tempérés, des climats et types de
temps, associée au peu adaptée si la temps
conditionnement d’air si ventilation naturelle
le climat l’exige n’est possible qu’à 50 %
du temps
Environnement plus Coûts d’investissement, Économise l’énergie
contrôlé et confortable d’exploitation et de
maintenance faibles
pour la ventilation
naturelle simple
Faibles possibilités Peut fournir un débit de Plus flexible
d’action sur ventilation élevé
l’environnement pour Larges possibilités
les occupants d’action sur
l’environnement pour
les occupants
Inconvénients Installation et Facilement affectée par Peut être coûteuse
maintenance coûteuses le climat extérieur et/ou
le comportement des
occupants
Défaillances signalées Plus difficile à prévoir, Peut être plus difficile à
en ce qui concerne le analyser et concevoir concevoir
débit d’air frais requis
Risque de bruit lié aux Confort réduit lorsqu’il
équipements fait chaud, humide ou
froid
Ne permet pas d’établir
une pression négative
en zones d’isolement,
sauf par une conception
spécifique ; dépend de
la situation
Risque d’intrusion des
bruits extérieurs
La ventilation naturelle
assistée présente
certains des
inconvénients et limites
de la ventilation
mécanique

14 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


2.4 Ventilation mécanique ou ventilation naturelle dans la
lutte contre l’infection
La décision de recourir à la ventilation mécanique ou à la ventilation naturelle pour lutter
contre les infections doit être fondée sur les besoins, les ressources disponibles et le coût du
système offrant la meilleure efficacité en matière de prévention des risques.
Au Royaume-Uni, par exemple, la politique des services de santé (National Health Service,
NHS) tend à limiter la ventilation mécanique aux principales zones de traitement médical
comme les chambres d’isolement de patients atteints d’infection à transmission aérienne,
les salles d’opération et les locaux annexes. Il n’est généralement pas exigé que les
chambres des patients soient systématiquement équipées d’une ventilation mécanique, et la
ventilation naturelle par ouverture des fenêtres est la solution la plus courante (Mills,
2004). Mills (2004) souligne que « le traitement de l’air est l’un des principaux postes de
dépense énergétique dans les hôpitaux. L’étude d’un hôpital à bas profil énergétique a
identifié ce domaine comme l’un de ceux où il est possible de réaliser des économies en
utilisant la ventilation naturelle dans toutes les zones « non cliniques », et les directives
actuelles du NHS ont adopté cette conclusion ». À l’inverse, le guide de conception de
l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE,
2007a, 2007b) préconise de ventiler mécaniquement toutes les zones.
La ventilation mécanique des chambres d’isolement a un coût d’installation et de
maintenance élevé. De plus, il est fréquent qu’elle n’assure pas le débit de ventilation
recommandé et ne parvienne pas à maintenir une pression négative (les chambres sont
même parfois en pression positive). Ainsi, Pavelchak et al. (2000), qui ont évalué
140 chambres d’isolement en cas d’infection à transmission aérienne dans 38
établissements entre 1992 et 1998, ont constaté qu’un flux d’air sortant de la chambre des
patients était observé dans 38 % des établissements. Les principaux facteurs associés à un
fonctionnement incorrect des chambres d’isolement étaient les suivants :
• réglage défectueux des flux d’air entrant et sortant (54 % de chambres non conformes)
• antichambres partagées (14 %)
• régimes d’écoulement d’air turbulents (11 %)
• système de commande automatique imprécis (10 %).

De plus, une série de problèmes liés à l’utilisation de la ventilation mécanique peuvent


résulter de l’absence de concertation entre personnel médical et technique, ce qui peut aussi
se produire dans le cas de la ventilation naturelle. Exemples (ISIAQ, 2003) :
• l’absence de contrôle lors de travaux dans les bâtiments peut affecter les zones proches
soumises à des exigences de propreté particulières ;
• il n’est pas rare que des systèmes de ventilation complexes et coûteux ne soient pas
correctement intégrés à la conception des bâtiments, correctement entretenus, voire
correctement utilisés ;
• le personnel médical manque souvent de connaissances sur les performances
opérationnelles attendues des systèmes de ventilation, y compris en ce qui concerne
leurs fonctions de protection ; des systèmes bien conçus à l’origine peuvent être mal

Concepts et types de ventilation 15


utilisés, au point que leurs fonctionnalités soient réduites, ce qui se traduit par une
augmentation des risques.

Autres problèmes lies à la ventilation mécanique : la perte de différentiel de pression


négatif dans les chambres d’isolement, due à l’ouverture des portes ; le colmatage des
filtres ; ou encore la présence d’espaces voisins en dépression (Fraser et al., 1993 ; Dahl et
al., 1996 ; Sutton et al., 1998 ; Pavelchak et al., 2001 ; Rice, Streifel & Vesley, 2001).
En réponse à l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003, le
gouvernement de la RAS de Hong Kong a construit 558 chambres d’isolement dédiées au
SRAS, comportant plus de 1300 lits dans 14 hôpitaux. La pression négative, le
cheminement de l’air, le taux de renouvellement d’air et l’efficacité locale de la ventilation
ont été mesurés dans quelques chambres d’isolement de neuf grands hôpitaux (Li et al.,
2007). Sur les 38 chambres testées, 97 % présentaient la différence de pression négative
recommandée, à savoir 2,5 Pa, entre le couloir et l’antichambre ; et 89 % des 38 chambres
testées étaient conformes à cette même exigence à l’interface entre l’antichambre et les
boxes. Bien qu’il n’ait pas été constaté de fuite d’air vers le couloir, 60 % des
toilettes/cabinets de toilette étaient en pression positive. Plus de 90 % des portes couloir-
antichambre ou antichambre-box présentaient un flux bidirectionnel lorsque la porte était
ouverte. Sur les 35 boxes testés, 26 % avaient un taux de renouvellement d’air par heure
(RAH) inférieur à 12.
La plupart de ces problèmes peuvent survenir également dans le cas de la ventilation
naturelle.
Une analyse comparative des systèmes de ventilation mécanique et naturelle a été conduite
dans huit hôpitaux de Lima, au Pérou (Escombe et al., 2007). Cinq de ces hôpitaux avaient
une conception « à l’ancienne » (construction avant 1950) et trois d’entre eux, une
conception « moderne » (construction entre 1970 et 1990). Soixante-dix chambres à
ventilation naturelle recevant des patients infectieux ont été étudiées, et comparées à 12
chambres d’isolement respiratoire à pression négative ventilées mécaniquement,
construites après 2000. L’analyse a montré :
• que l’ouverture des fenêtres et des portes assurait une ventilation médiane de
28 RAH — plus du double des 12 RAH recommandés dans les locaux en pression
négative ventilés mécaniquement, mais que ce résultat dépendait de l’utilisation qui
était faite des portes et fenêtres ; aucune de ces salles n’était normalement utilisée
portes et fenêtres ouvertes ;
• que les établissements construits il y a plus de 50 ans, caractérisés par de grandes
fenêtres et de grandes hauteurs sous plafond (donc des volumes par patient
relativement élevés) étaient plus ventilés, lorsque les fenêtres et les portes étaient
ouvertes, que les chambres à ventilation naturelle actuelles (40 RAH contre 17 RAH).

Toutefois, ces résultats doivent être utilisés avec prudence. Les taux de ventilation étaient
indiqués sans précisions sur les conditions climatiques (vitesse et direction du vent,
notamment). La mesure du taux de ventilation était en outre affectée par le dispositif de
mesure du dioxyde de carbone, et par le fait que les mesures étaient réalisées dans des
bâtiments comportant de multiples espaces interconnectés, ce qui a dû affecter les
conditions de mélange dans l’espace intérieur faisant l’objet des mesures.

16 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


2.5 Résumé
L’utilisation de l’air extérieur pour la ventilation naturelle, combinée aux méthodes
naturelles de refroidissement, et l’utilisation de la lumière du jour, ont été des éléments
essentiels de l’architecture depuis les temps les plus anciens jusqu’à la première partie du
XXe siècle (ASHRAE, 2007b). L’architecture classique, avec ses niveaux en H, L, T ou U,
ses cours ouvertes, ses profondeurs de bâtiments limitées et ses grandes fenêtres, permettait
de tirer parti de la ventilation naturelle et de la lumière du jour. Dans les pays à niveau de
revenus élevé ou moyen, la ventilation naturelle a récemment été remplacée dans bien des
cas par une ventilation mécanique. Les systèmes de chauffage, ventilation et
conditionnement d’air entièrement mécanisés semblaient pouvoir résoudre tous les
problèmes pratiques liés à la ventilation naturelle et permettre de contrôler les conditions
climatiques dans les locaux tout au long de l’année.
Cependant, la ventilation mécanique requiert une conception soigneuse, une maintenance
stricte des équipements, l’adoption de normes rigoureuses et des directives de conception
intégrant tous les aspects liés à la qualité de l’environnement intérieur et à l’efficacité
énergétique (ASHRAE, 2007b). Il en va de même de la ventilation naturelle assistée. La
ventilation naturelle pose, elle aussi, des problèmes, particulièrement dans les pays où les
hivers sont froids. Une réflexion doit être menée sur la conception de systèmes de
ventilation fiables et peu coûteux favorisant plus qu’ils n’évitent la circulation de l’air tout
en permettant de contrôler la température intérieure.
En conséquence, les systèmes de ventilation naturelle et mécanique peuvent, en pratique,
être également efficaces pour lutter contre les infections. Cependant, la ventilation naturelle
ne fonctionne que lorsque des forces naturelles comme le vent ou la brise sont disponibles,
et lorsque les ouvertures d’admission et de sortie de l’air sont maintenues ouvertes. D’un
autre côté, les difficultés liées à l’installation et à la maintenance d’un système de
ventilation mécanique peuvent se traduire par une concentration élevée de noyaux de
condensation infectieux et, en définitive, par un risque accru de transmission de maladies.
Dans les établissements de soins existants ventilés naturellement, ce mode de ventilation
devrait être optimisé, lorsque c’est possible, avant d’envisager d’autres systèmes de
ventilation. Cela suppose toutefois que les conditions climatiques se prêtent à ce choix.

Concepts et types de ventilation 17


3 Infection et ventilation

3.1 Relations entre ventilation et infection


Il n’existe guère de données attestant que la ventilation réduise directement le risque de
transmission de maladies, mais de nombreuses études suggèrent qu’une ventilation
insuffisante accroît la transmission. Un grand nombre d’études ont porté sur les voies de
transmission possibles des maladies, mais peu d’études ont été consacrées à l’impact de la
ventilation sur la transmission.
Historiquement, la notion de propagation aérienne a été décrite pour la première fois par
Wells (1934, 1955), puis par Riley & O’Grady (1961). L’équation de Wells-Riley (Riley,
Murphy & Riley, 1978) a été utilisée pour évaluer l’effet de la ventilation, de la filtration et
d’autres processus physiques sur la transmission par des noyaux de condensation (Nardell
et al., 1991 ; Fennelly & Nardell, 1998).
La détection d’agents pathogènes dans l’air des locaux et dans les bâtiments peut évoquer
une relation indirecte entre ventilation et transmission (Artenstein et al., 1967 ; Sawyer et
al., 1994 ; Aintablian, Walpita & Sawyer, 1998 ; Mastorides et al., 1999 ; Suzuki et al.,
2002, 2003 ; Booth et al., 2005 ; Chen & Li, 2008 ; Huynh et al., 2008). Toutefois, d’autres
aspects (dose infectante, susceptibilité de l’hôte, infectiosité de l’agent pathogène, autres
facteurs environnementaux) sont importants pour déterminer la possibilité de transmission
d’un agent pathogène. C’est pourquoi des données sur la présence d’agents pathogènes
dans l’air ne suffisent pas à établir un risque de transmission de maladies, et doivent être
utilisées conjointement à d’autres données (épidémiologiques, notamment).
Pour l’élaboration de ce guide, une revue systématique de la littérature jusqu’en juin 2008 a
été réalisée (annexe A) ; elle avait pour objet de répondre à deux questions :
1. Le taux ou débit de ventilation (mesuré en renouvellements d’air par heure — RAH —
ou en m3/s) contribue-t-il à réduire (i) les taux d’infection ou (ii) les flambées de cas de
maladies infectieuses liés à des agents transmis par chacun des modes de transmission
du tableau 3.1, chez (a) les patients, (b) les soignants et/ou (c) d’autres aidants
(membres de la famille, par exemple) ? Si oui, quel taux de ventilation a-t-on associé à
chaque agent infectieux ?
2. Le flux d’air ou la direction de l’air contribuent-t-ils à réduire (i) les taux d’infection
ou (ii) les flambées de cas de maladies infectieuses liés à des agents transmis par
chacun des modes de transmission, chez (a) les patients, (b) les soignants et/ou (c)
d’autres aidants (membres de la famille, par exemple) ? Si oui, quelles caractéristiques
ou quelle direction du flux d’air a-t-on associées à ce résultat ?

19
Tableau 3.1 Champ et définition des trois modes de transmission retenus pour la revue
systématique
Mode de Exemples d’agents
transmission Définition pathogènes
Aérienne Transmission de maladies causée par la dissémination de Tuberculose
noyaux de condensation demeurant infectieux longtemps et pulmonaire, rougeole,
sur de longues distances (> 1 m), lorsqu’ils sont en varicelle
suspension dans l’air. On distingue la transmission aérienne
systématique et la transmission aérienne préférentielle.
La transmission aérienne systématique concerne les agents
pathogènes transmis uniquement par dépôt de noyaux de
condensation en conditions naturelles.
La transmission aérienne préférentielle concerne les agents
pathogènes dont la transmission peut emprunter de multiples
voies mais qui sont transmis principalement par des noyaux
de condensation.
Aérienne Transmission de noyaux de condensation à faible distance, Coronavirus du
opportuniste dans des circonstances particulières telles que la réalisation SRAS, grippe
de procédures générant des aérosols associées à la
transmission d’agents pathogènes.
Gouttelettes Les gouttelettes sont générées par une personne (source) Adénovirus, virus
infectée lorsqu’elle tousse, éternue ou parle. La transmission respiratoire syncytial,
survient lorsque ces gouttelettes contenant des micro- grippe, coronavirus du
organismes sont projetées à faible distance (généralement SRAS
< 1 m).
SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère

Les études finalement sélectionnées (n = 65) (voir leur liste à l’annexe A) ont été incluses
en raison d’une relation entre le taux de ventilation ou la direction du flux d’air et la
propagation de certaines maladies infectieuses. Les maladies pour lesquelles on observait
une relation possible entre la transmission chez l’homme et la ventilation étaient la
varicelle (Gustafson et al., 1982), la rougeole (Bloch et al., 1985), la variole (Wehrle et al.,
1970) et la tuberculose pulmonaire (TB) (Hutton et al., 1990 ; Calder et al., 1991 ; Menzies
et al., 2000). Dans le présent guide, le terme de maladies à transmission aérienne fait
référence à ces quatre maladies.
La revue systématique a fourni cinq résultats majeurs :
• L’absence de ventilation ou des taux de ventilation faibles sont associés à des taux
d’infection accrus ou à des flambées de maladies à transmission aérienne.
• Des taux de ventilation élevés pourraient réduire le risque d’infection. Dans le cas de
chambres non conçues pour l’isolement, les taux de ventilation inférieurs à 2 RAH
(soit 13 l/s pour une chambre de 4×2×3 m3) sont associés à des taux de conversion plus
élevés du test cutané à la tuberculine chez le personnel. Un taux de ventilation plus
élevé assure une meilleure dilution, et réduit en conséquence le risque d’infection à
transmission aérienne. C’est pourquoi les zones bien ventilées présentent un moindre
risque de transmission de la tuberculose et d’autres infections à transmission aérienne.
L’annexe D fournit plus de précisions sur la réduction de la transmission liée au taux
de ventilation.

20 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


• Il n’existe pas de données relatives à l’impact du taux de ventilation sur la transmission
des maladies transmises par des gouttelettes. Ce point concorde avec les données
physiques relatives à la transmission par gouttelettes, qui montrent que la ventilation
générale ne devrait pas affecter la transmission par des gouttelettes de grande taille.
• Un flux d’air provenant d’une source contaminée peut provoquer une infection à
distance de la source. Le taux d’infection (ou d’attaque) diminue lorsque la distance
physique par rapport à la source augmente. L’une des conditions essentielles, pour la
survenue d’infections induites par un flux d’air, est que la concentration d’agent
pathogène aéroporté soit suffisamment élevée à la source (du fait de l’intensité de la
source ou d’un faible taux de ventilation).
• Bien que les données soient insuffisantes pour l’établir, il semble qu’un flux d’air
provenant d’une source contaminée ne provoque pas d’infection si la dilution est
suffisante. Il n’existe pas d’indication précise sur la dilution minimale requise.

Après plus de 100 années d’étude des relations entre ventilation et infection, on ne dispose
que de données éparses et incomplètes. Elles permettent néanmoins d’estimer les exigences
minimales de ventilation applicables aux chambres d’isolement, ainsi qu’aux zones de
l’hôpital non conçues pour l’isolement, pour prévenir la propagation d’infections à
transmission aérienne. Les données disponibles sont également suffisantes pour estimer les
exigences minimales de ventilation applicables aux écoles, bureaux et autres bâtiments non
hospitaliers pour prévenir la propagation d’infections à transmission aérienne.

3.2 Exigences de ventilation applicables pour la lutte contre


les infections à transmission aérienne
L’une des principales difficultés, lors de l’établissement de directives de ventilation pour la
lutte contre l’infection, est l’absence de données suffisantes pour recommander un débit de
ventilation minimal permettant de lutter contre l'infection par des noyaux de condensation.
La ventilation permet de réduire la concentration d’agents pathogènes aéroportés en
évacuant ou en diluant les noyaux de condensation présents dans l’air. L’augmentation du
débit de ventilation permet d’accroître la capacité de dilution et, potentiellement, de réduire
en conséquence le risque d’infection transmise par voie aérienne. Conformément à cette
hypothèse, Menzies et al. (2000) ont observé que la conversion du test à la tuberculine était
significativement plus rapide et plus fréquente chez le personnel clinique travaillant dans
des zones où le taux moyen de ventilation était inférieur à 2 RAH. Un taux de ventilation
élevé permet de diluer l’air contaminé présent dans un espace donné plus rapidement qu’un
taux de ventilation faible, et peut également réduire le risque de transmission de noyaux de
condensation infectieux aux individus présents dans cet espace. Cependant, on ne connaît
pas le taux de ventilation maximal (au-delà duquel le risque d’infection ne diminue plus).
Le choix d’un débit de ventilation minimal peut être influencé par la nécessité de réduire la
consommation d’énergie (un débit de ventilation élevé correspondant à des dépenses
énergétiques accrues dans le cas de la ventilation mécanique).

Infection et ventilation 21
La démarche adoptée dans le présent guide pour déterminer le taux de ventilation minimal
requis repose principalement sur deux éléments (voir l’annexe E) :
• l’effet du taux de ventilation sur la décroissance de la concentration de noyaux de
condensation ; et
• la modélisation mathématique du risque par l’équation de Wells-Riley, permettant
d’estimer l’effet du débit de ventilation sur le risque de transmission d’infections
aéroportées connues.

Les principes sous-jacents sont que plus le taux de ventilation est élevé, plus les particules
(noyaux de condensation, notamment) sont éliminées rapidement de l’atmosphère. Ainsi,
selon l’équation de Wells-Riley, la probabilité d’infection par des noyaux de condensation
infectieux est inversement corrélée au débit de ventilation. Les paramètres utilisés dans
l’équation de Wells-Riley sont notamment le débit de ventilation, le débit de génération de
noyaux de condensation par la source (quanta/minute) et la durée d’exposition :

où :
P = probabilité d’infection pour les sujets sensibles
D = nombre de cas de maladie
S = nombre de sujets sensibles
I = nombre de sujets infectants
p = débit respiratoire par personne (m3/s)
q = débit de génération de quanta par une personne infectée (quanta/s)
t = durée totale d’exposition (s)
Q = débit d’admission d’air extérieur (m3/s).
Sur la base de ce modèle, dans des situations de forte production de quanta (procédures à
haut risque, générant des aérosols par exemple), la probabilité d’infection pour 15 minutes
d’exposition dans une pièce où le RAH est de 12 est estimée à moins de 5 % (voir l’annexe
E pour plus de précisions).
Lorsque les performances de la ventilation sont mesurées par le RAH, le volume de la zone
ventilée est naturellement un paramètre important. Un RAH donné correspond à un débit
d’air (m3/h ou l/s) plus élevé dans une pièce de grand volume que dans une pièce de petit
volume.
Certaines directives de conception des chambres d’isolement ventilées mécaniquement
(CDC, 2003) prévoient le maintien d’un niveau minimal de pression négative et d'un taux
minimal de ventilation ≥ 12 RAH. On a vu qu’un inconvénient majeur de la ventilation
naturelle est la difficulté à maintenir constante la direction du flux d’air, sujette à
d’importantes variations. Il est difficile d’assurer une pression négative par la ventilation
naturelle, mais si la dilution de l’air est suffisante, l’air rejeté à l’air libre présente un risque
minimal.

22 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Cependant, l’emplacement des zones de précautions aériennes et le placement des patients
au sein de ces zones doivent être optimisés, afin que le risque d’infection soit aussi réduit
que possible pour les personnes présentes dans les zones voisines.
Sur la base de ce qui précède, l’Organisation mondiale de la Santé formule les
recommandations du point 3.3 ci-après.

3.3 Recommandations de l’Organisation mondiale de la


Santé relatives aux exigences en matière de ventilation
Pour le classement global de chaque recommandation en recommandation stricte ou
recommandation conditionnelle, on se reportera aux explications des tableaux de
l’annexe B.
1. Pour contribuer à prévenir les infections à transmission aérienne, une ventilation
adéquate est nécessaire dans toutes les zones de soins des établissements de soins
(Gustafson et al., 1982 ; Bloch et al., 1985 ; Hutton et al., 1990 ; Calder et al., 1991).
Recommandation stricte

Commentaires : Il existe peu de données probantes indiquant qu’une ventilation


insuffisante soit associée à un risque d’infection accru et plaidant pour l’utilisation de la
ventilation dans la lutte contre les infections à transmission aérienne.

2. Pour la ventilation naturelle, les débits de ventilation minimaux suivants doivent être
assurés, en valeurs moyennes sur une heure :
– 160 l/s/patient (débit de ventilation moyen sur une heure) pour les chambres de
précautions aériennes (avec un minimum de 80 l/s/patient) (attention : cette
exigence ne s’applique qu’aux installations neuves ou aux rénovations de grande
ampleur) ;
– 60 l/s/patient pour les chambres à usage général et les services de consultation
externe ;
– 2,5 l/s/m3 pour les couloirs et autres lieux de passages ne comportant pas un
nombre prédéterminé de patients ; toutefois, si des soins doivent être prodigués
dans des couloirs, en situation d’urgence par exemple, les débits de ventilation
doivent être les mêmes que ceux exigés pour les chambres de précautions
aériennes ou les chambres à usage général.

La conception doit tenir compte des variations du débit de ventilation.


Lorsque la ventilation naturelle ne permet pas à elle seule de satisfaire aux exigences de
ventilation, il faut envisager d’autres systèmes de ventilation, comme les systèmes de
ventilation naturelle hybride (ou mixte) et, si cela ne suffit pas, avoir recours à la
ventilation mécanique.
Recommandation conditionnelle

Commentaires : Pour que la ventilation naturelle soit applicable, il faut que les conditions
climatiques soient favorables.

Infection et ventilation 23
3. Lors de la conception d’établissements de soins ventilés naturellement, il faut veiller à
ce que le flux d’air général amène l’air des sources d’agents vers des zones où la
dilution est suffisante, et de préférence vers l’extérieur (Gustafson et al., 1982 ; Bloch
et al., 1985 ; Hutton et al. 1990 ; Calder et al. 1991).
Recommandation conditionnelle

Commentaires : Bien que certaines données probantes indiquent une relation possible
entre la direction du flux d’air et la propagation d’infections à transmission aérienne, ce
phénomène a été observé pour des taux de ventilation extrêmement faibles (inférieurs à
4 RAH) (Bloch et al., 1985). On fait l’hypothèse que si le taux de ventilation est
suffisamment élevé dans les espaces voisins, le risque devrait être très faible, voire minimal
(le même qu’en plein air, par exemple). Cependant, le taux de ventilation requis dans les
espaces clos voisins des chambres de précautions aériennes pour réduire le risque de
propagation n’est pas connu avec précision. Pour que la ventilation naturelle soit
applicable, il faut que les conditions climatiques soient favorables.

4. Dans les espaces où sont réalisées des procédures générant des aérosols associées à la
transmission d’agents pathogènes, les exigences relatives à la ventilation naturelle
doivent correspondre au minimum à la recommandation 2. S’il s’agit d’agents
aéroportés, les recommandations 2 et 3 doivent être appliquées.
Recommandation conditionnelle

Commentaires : Des données indirectes montrent que certaines procédures générant des
aérosols sont associées à un risque d’infection accru. Il est possible que la ventilation joue
un rôle, mais les exigences minimales en matière de ventilation dans le cas des procédures
générant des aérosols doivent faire l’objet d’études complémentaires.

3.3.1 Explication des recommandations de l’Organisation mondiale de


la Santé
On reconnaît, dans ce guide, la faiblesse des données épidémiologiques disponibles sur la
relation entre débit de ventilation et infections à transmission aérienne, mais l’importance
de la ventilation est appréciée ici tant d’un point de vue théorique que sur la base des
pratiques actuelles en matière d’isolement.
Le guide prend également acte des trois inconvénients majeurs de la ventilation naturelle :
variation du débit de ventilation due à la variabilité des forces motrices, difficulté à assurer
une direction d’écoulement de l’air constante et une température intérieure confortable sous
les climats extrêmes.
Bien que des recherches restent nécessaires sur les effets du taux de ventilation sur le
risque infectieux, le taux de ventilation mécanique actuellement recommandé pour les
chambres d’isolement aérien, soit ≥ 12 RAH (CDC, 2003, 2005), est adopté comme
référence. Des démarches applicables (sans être étayées par des données probantes) pour
déterminer le débit de ventilation minimal requis sont exposées à l’annexe E. Nous
suggérons en outre que, si la ventilation naturelle est utilisée pour lutter contre l’infection,
le débit de ventilation doit être plus élevé qu’il n’est exigé dans le cas de la ventilation
mécanique, pour compenser les variations prévisibles du débit de ventilation et les
difficultés à contrôler la direction du flux d’air.

24 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Le guide suggère d’utiliser le volume de la pièce et le débit de ventilation (en litres par
seconde par patient, l/s/patient, ou l/s/p) de préférence au taux de renouvellement d’air
(RAH), bien que celui-ci soit communément utilisé dans d’autres directives. L’utilisation
du débit de ventilation (l/s/patient) repose sur le lien direct entre le niveau d’exposition et
le débit de ventilation, ainsi que sur la relation directe avec le nombre de patients que
l’espace est destiné à recevoir. Toutefois, pour les couloirs et autres espaces non conçus
pour un nombre donné de patients, le débit de ventilation est fondé sur le volume de
l’espace.
D’autres documents recommandent 12 RAH pour une chambre de précautions aériennes,
ce qui équivaut à 80 l/s/patient dans une chambre de 4×2×3 m3, par exemple. Le présent
guide recommande de doubler ce débit de ventilation pour les chambres de précautions
aériennes à ventilation naturelle. Pour une chambre du volume indiqué, par conséquent, un
débit de ventilation de 160 l/s/patient est recommandé, en moyenne horaire. De plus, le
guide recommande également un débit de ventilation minimal de 80 l/s/patient à chaque
instant.
L’annexe B indique les facteurs pris en compte dans le classement des différentes
recommandations.

3.3.2 Révision et évaluation des recommandations


Les exigences des recommandations pour la ventilation naturelle dans le cadre de la lutte
contre les infections devront être revues et actualisées lorsque de nouvelles données sur
l’impact de la ventilation seront disponibles.
Ces recommandations ont été élaborées par le tableau d'experts externe chargé de la revue
systématique, qui a utilisé le système d’évaluation GRADE lors de sa réunion de novembre
2008 à Genève (voir l’annexe B).
La recommandation 1 est fondée principalement sur les études de Gustafson et al. (1982)
(varicelle), Bloch et al. (1985) (rougeole), Hutton et al. (1990) (TB) et Calder et al. (1991)
(TB). Ces études fournissent des données établissant la preuve d’une relation entre
ventilation et propagation de certaines maladies infectieuses. L’absence de ventilation, ou
de faibles débits de ventilation, étaient associés à des taux d’infection accrus ou à des
flambées épidémiques, tant pour la transmission aérienne que pour la transmission aérienne
opportuniste.
La recommandation 2 est fondée principalement sur les études de Menzies et al. (2000) et
Bloch et al. (1985), qui fournissent des données établissant la preuve d’une relation entre
un faible taux de ventilation (inférieur à 2 RAH) et la propagation de la tuberculose
(Menzies et al., 2000) et de la rougeole (Bloch et al., 1985). Ces études suggèrent une
relation entre la direction du flux d’air et la propagation de maladies infectieuses
transmises par voie aérienne.
Pour la recommandation 4, aucune étude fournissant des données probantes sur une
relation entre les caractéristiques de la ventilation et les infections dues à des procédures
générant des aérosols n’a été trouvée. Cependant, il existe des données établissant
indirectement que certaines procédures générant des aérosols sont associées à un risque
d’infection accru.

Infection et ventilation 25
3.4 Résumé
Des systèmes de ventilation générale bien conçus peuvent jouer un rôle important dans la
prévention de la propagation d’infections. Les patients atteints de maladies infectieuses se
propageant facilement par voie aérienne (varicelle, rougeole, tuberculose, par exemple)
doivent être placés en chambres de précautions aériennes. Cependant, il y a souvent un
délai entre l’admission de ces patients dans l’établissement de soins et le diagnostic de la
pathologie infectieuse. La maladie peut se transmettre à d’autres patients ou au personnel
pendant que ces patients attendent dans des espaces communs (salle d’attente, service des
urgences, par exemple). Accorder plus d’attention aux exigences de ventilation dans ces
espaces communs non isolés pourrait se traduire par des progrès significatifs dans la lutte
contre l’infection.
En tout état de cause, les stratégies de prévention et de lutte contre les maladies passent par
l’évaluation des risques et des ressources, puis par le recours à des mesures administratives,
des mesures environnementales et techniques, et des EPI appropriés, parallèlement à la
mise en œuvre d’un système de ventilation adapté.

26 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


2e partie — Conception de la ventilation
naturelle

On trouvera dans cette deuxième partie une introduction aux principes fondamentaux de
conception de la ventilation naturelle dans le cadre de la lutte contre l’infection. Le présent
guide, qui se limite aux principes fondamentaux de conception, sera suivi d’un projet de
l’Organisation mondiale de la Santé destiné à développer ces principes.
Ce projet, qui s’appuiera sur la présente introduction, vise principalement à fournir les
éléments nécessaires à une adaptation des établissements de soins à la ventilation naturelle,
et à optimiser ainsi la préparation aux épidémies tout en réduisant les coûts et les émissions.
Il repose sur l’idée qu’un guide de conception claire et bien conçu peut être utile aux
autorités sanitaires, en particulier dans les pays à bas niveau de revenus. Ce guide sera
téléchargeable gratuitement. Grâce à cet outil d’assistance à la conception, un
investissement modéré en moyens financiers et en personnel peut permettre des avancées
considérables dans des domaines d’une importance cruciale.
Rappelons que la qualité de la conception est déterminante pour le bon fonctionnement des
établissements de soins ou des chambres de précautions aériennes ventilés naturellement.
4 Comprendre la ventilation
naturelle

4.1 Les forces motrices de la ventilation naturelle


Trois types de forces peuvent assurer le mouvement de l’air dans les bâtiments :
• la pression du vent
• l’effet dit « de cheminée » (tirage)
• des forces mécaniques.

On traitera ici des deux premiers types de forces. La ventilation naturelle a pour moteur des
forces naturelles, alors que la ventilation mécanique est assurée par des dispositifs
mécaniques de soufflage et d’extraction. Forces mécaniques et forces naturelles peuvent
être combinées dans un système de ventilation hybride, ou mixte.

4.1.1 La pression du vent


L’action du vent sur un bâtiment induit une pression positive sur la façade au vent et une
pression négative sur la façade sous le vent. Cette différence de pression fait circuler l’air
des ouvertures du bâtiment exposées au vent vers celles situées sous le vent (figure 4.1). Il
est possible d’estimer ces pressions dans le cas de bâtiments simples. La circulation de l’air
autour des bâtiments est complexe et fait l’objet de nombreux manuels (Aynsley,
Melbourne & Vickery (1977), Liu (1991), par exemple).

Figure 4.1 Direction des flux d’air induits par le vent dans un bâtiment

28
En cas de ventilation unilatérale de pièces hermétiquement closes par ailleurs, ce ne sont
pas les pressions moyennes du vent qui jouent, mais seulement les fluctuations de pression
(figure 4.2). Etheridge & Sandberg (1996) ont étudié ces fluctuations. Ce mode de
ventilation est courant ; avec le temps, cependant, il se crée des fuites significatives autour
des portes et des autres points d’accès à la pièce. On retiendra que le simple fait d’ouvrir
une fenêtre ne permet pas nécessairement d’assurer un taux de renouvellement d’air (RAH)
suffisant.

Figure 4.2 Ventilation unilatérale générée par les fluctuations de pression

Comprendre la ventilation naturelle 29


La pression exercée par le vent à la surface d’un bâtiment est exprimée comme la
différence entre la pression totale s’exerçant en un point et la pression atmosphérique
statique. Les données relatives à la pression du vent sont généralement obtenues en
soufflerie, en utilisant des maquettes des bâtiments. Pour une forme de bâtiment, des
conditions environnantes et une direction du vent données, la pression du vent varie
proportionnellement au carré de la vitesse du vent à l’extérieur du bâtiment. La pression du
vent est généralement normalisée, c’est-à-dire divisée par la pression dynamique de la
vitesse du vent. La pression de vent normalisée, appelée coefficient de pression du vent, a
pour symbole Cp. La vitesse du vent est généralement mesurée en soufflerie à la hauteur de
l’avant-toit du bâtiment :

PT  PAS
Cp 
1
VH2
2
où :
Cp = coefficient de pression du vent (–)
PT = pression totale (Pa)
PAS = pression atmosphérique statique en haut du bâtiment (Pa)
ρ = masse volumique de l’air (kg/m3)
VH = vitesse du vent, à distance des influences de l’environnement, en haut du bâtiment
(m/s).

4.1.2 Le tirage
Le tirage est généré par la différence de température ou d’humidité (parfois exprimée sous
forme de différence de densité) entre l’air intérieur et l’air extérieur. Cette différence crée
un déséquilibre dans les gradients de pression des colonnes d’air intérieure et extérieure,
entraînant une différence de pression verticale.
Lorsque l’air intérieur est plus chaud que l’air extérieur, l’air intérieur est moins dense et
s’élève. De l’air pénètre dans le bâtiment par ses ouvertures basses et s’échappe par ses
ouvertures hautes.
La direction du flux s’inverse, dans une certaine mesure, lorsque l’air intérieur est plus
froid que l’air extérieur ; l’air intérieur est plus dense que l’air extérieur. De l’air entre dans
le bâtiment par ses ouvertures hautes et s’échappe par ses ouvertures basses.
Les flux générés par le tirage, dans un bâtiment, sont fonction des températures intérieure
et extérieure. Le débit de ventilation à travers une cheminée est fonction du gradient de
pression entre les deux ouvertures de la cheminée.

30 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Le gradient de pression peut être calculé comme suit :

Ti  To
Ps   o   i gH   o gH
To
où :
Ps = pression de tirage (Pa)
ρo = masse volumique de l’air extérieur (kg/m3)
ρi = masse volumique de l’air intérieur (kg/m3)
g = accélération gravitationnelle (9,8 m/s2)
H = hauteur entre deux ouvertures (m)
Ti = température de l’air intérieur (oK)
To = température de l’air extérieur (oK).

4.2 Débit de ventilation


Selon une règle empirique, le taux et le débit de ventilation naturelle due au vent dans une
pièce présentant deux ouvertures opposées (une fenêtre et une porte, par exemple) peuvent
être calculés comme suit :

0.65 × vitesse du vent (m/s) × surface de la plus petite ouverture (m2) × 3600 s/h
RAH = volume de la pièce (m3)

Débit de ventilation (l/s) = 0,65 × vitesse du vent (m/s) × surface de la plus petite ouverture (m2) × 1000 l/m3

Le tableau 4.1 donne des valeurs estimées du taux RAH et du débit de ventilation dus à la
seule force du vent, pour une vitesse du vent de 1 m/s, dans l’hypothèse d’une salle de 7 m
(longueur) × 6 m (largeur) × 3 m (hauteur), avec une fenêtre de 1,5 × 2 m2 et une porte de
1 × 2 m2 (plus petite ouverture).

Tableau 4.1 Taux et débit de ventilation estimés pour une salle de


7m×6m×3m
Ouvertures RAH Débit de ventilation (l/s)
Fenêtre ouverte (100%) + porte ouverte 37 1300
Fenêtre ouverte (50%) + porte ouverte 28 975
Fenêtre ouverte (100%) + porte fermée 4,2 150

Comprendre la ventilation naturelle 31


La vitesse du vent est la valeur mesurée à la hauteur du sommet du bâtiment, en un lieu
suffisamment éloigné du bâtiment et non obstrué (sur un aéroport, par exemple).
Pour la ventilation naturelle par tirage, le taux RAH peut être calculé comme suit :
Renouvellements d' air par heure (RAH) 
0,15  surface de la plus petite ouverture (m 2
)  3600 s/h  (température intérieure – extérieure ( o K))  hauteur de tirage (m)
volume de la pièce (m 3 )

Débit de ventilation (l/s) 


0,15 x 1000 l/m 3  surface de la plus petite ouverture (m 2 )  (température intérieure – extérieure ( o K))  hauteur de tirage (m)

Il existe des outils de conception avancée pour l’analyse de la ventilation et le


dimensionnement des ouvertures (CIBSE, 2005).

4.3 Résumé
Pour concevoir un système de ventilation exclusivement naturelle, il faut comprendre les
principales forces motrices de la ventilation naturelle — la pression du vent et le tirage. Ces
forces commandent l’entrée de l’air et son déplacement dans un bâtiment, et peuvent être
combinées en fonction des besoins pour concevoir un système optimal de ventilation
naturelle.

32 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


5 C o n c e p t i o n e t e x p l o i ta t i o n

5.1 Modes de ventilation naturelle et de ventilation hybride


Ce chapitre décrit les principaux modes de ventilation naturelle et de ventilation hybride
(mixte).

5.1.1 Systèmes de ventilation naturelle


On a vu que la ventilation naturelle consiste à utiliser des forces naturelles pour introduire
et distribuer l’air extérieur dans un bâtiment et faire sortir l’air du bâtiment. Ces forces
naturelles sont la pression du vent ou la pression résultant de la différence de masse
volumique entre l’air intérieur et l’air extérieur.
Il existe quatre modes de conception des systèmes de ventilation naturelle :
• flux traversant (pas de couloir) — le système de ventilation naturelle le plus simple, ne
comportant aucun obstacle entre l’entrée et la sortie du vent dominant (avec des
fenêtres de taille et de géométrie similaires ouvertes sur des façades opposées du
bâtiment) ;
• tour à vent (système de captage/extraction) — le côté de la tour en pression positive a
une fonction de captage de l’air et le côté en pression négative une fonction
d’extraction ;
• cheminée (tirage), extraction simple— cheminée verticale partant de chaque pièce,
sans aucune interconnexion, et sortant en toiture ; ce système assure un mouvement de
l’air fondé sur les gradients de densité ; et
• cheminée (tirage), atrium solaire — large cheminée chauffée par le rayonnement
solaire, qui induit un mouvement d’air dû aux gradients de densité (de température) ;
en l’absence de rayonnement solaire, l’atrium n’assure qu’une ventilation minimale.

5.1.2 Systèmes de ventilation hybride (mixte)


La ventilation hybride (mixte) repose, comme on l’a vu, sur des forces motrices naturelles
pour assurer le débit d’air requis (valeur de consigne). Elle utilise la ventilation mécanique
lorsque le débit d’air est trop faible pour produire une ventilation naturelle.
Il existe trois modes de conception des systèmes de ventilation hybrides.
• Cheminée à tirage assisté — lorsque la cheminée ne bénéficie pas d’un rayonnement
solaire suffisant (le soir et les jours de mauvais temps), le débit de ventilation est
augmenté grâce à des extracteurs d’air. L’air entrant est réchauffé ou rafraîchi pour
maintenir le confort des occupants.
• Ventilation descendante (cheminée à tirage assisté plus tour à vent) — lorsque la
cheminée ne bénéficie pas d’un rayonnement solaire suffisant (le soir et les jours de
mauvais temps), le débit d’extraction est complété grâce à des extracteurs d’air, et le

33
débit d’admission est complété grâce à la tour à vent (dispositif de captage). L’air
entrant est réchauffé ou rafraîchi pour maintenir le confort des occupants.
• Conduits enterrés — lorsque le terrain est suffisamment grand, un réseau de conduits
de ventilation enterrés permet de réchauffer ou de rafraîchir l’air extérieur, qui doit y
séjourner suffisamment longtemps pour que sa température approche la température
d’équilibre du sous-sol. Ce système n’est pas idéal lorsqu’il faut assurer un haut débit
de ventilation.

La figure 5.1 illustre les différents systèmes de ventilation naturelle et hybride.

Source : avec l’aimable autorisation du professeur Martin Liddament, VEETECH, Coventry, Royaume-Uni.

Figure 5.1 Différents systèmes de ventilation naturelle et hybride

5.2 Principes généraux de conception de la ventilation


naturelle
La démarche de conception d’un bâtiment ventilé naturellement à des fins de lutte contre
les infections comprend trois grandes étapes, décrites en détails au point 5.4.
1. Etablissement du schéma de circulation d’air souhaité, des ouvertures d’entrée aux
ouvertures de sortie de l’air.
2. Identification des principales forces motrices disponibles pour obtenir la circulation
d’air recherchée.
3. Détermination des dimensions et de l’emplacement des ouvertures de telle sorte que les
débits de ventilation requis puissent être assurés quel que soit le régime d’exploitation.

34 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


La procédure adoptée pour la ventilation naturelle commence généralement par la
conception architecturale, l’agencement du système, le choix de ses composantes, le
dimensionnement des orifices de ventilation et la stratégie de régulation. Elle se conclut par
la réalisation d’un schéma détaillé du système.
L’adaptation d’un bâtiment existant ou la conception d’un bâtiment neuf dans l’optique de
la lutte contre les infections à transmission aérienne par la ventilation naturelle comprend,
en principe, l’implantation de chambres d’isolement individuelles équipées de fenêtres
ouvrables et de cabinets de toilette attenants. Cependant, lorsque les ressources sont
limitées, on peut être contraint de réduire le nombre de chambres d’isolement, et de prévoir
des solutions d’isolement collectives d’appoint en cas de besoin (tentes d’isolement
installées à l’extérieur, par exemple, et ouvertes au vent).
Le besoin se fait sentir de solutions techniques efficaces et adaptées et de conceptions
architecturales innovantes, pour que la ventilation naturelle puisse être utilisée plus
largement dans le monde, dans des contextes climatiques divers.
Lorsque la direction et la vitesse moyenne du vent dominant peuvent être mises à profit,
dans des bâtiments où la ventilation naturelle doit contribuer à la lutte contre les infections
(à la différence d’autres types de bâtiments), la conception doit prendre en compte le cas le
plus défavorable — à savoir l’absence de vent imposant éventuellement la mise en œuvre
d’une ventilation mécanique d’appoint.

5.3 Considérations climatiques et autres facteurs


intervenant dans la conception de la ventilation
Une série de facteurs doivent être pris en compte lors de la conception d’un bâtiment
utilisant la ventilation naturelle pour la lutte contre l’infection.
Des taux de renouvellement d’air élevés sont nécessaires lorsque la lutte contre l’infection
est l’objectif principal dans la conception du bâtiment. L’impact d’un taux de
renouvellement d’air élevé sur les conditions environnementales d’ensemble à l’intérieur
du bâtiment doit être pris en compte, en particulier pour ce qui est du confort thermique, de
la qualité de l’air à l’intérieur du bâtiment et de la sécurité incendie. D’autres facteurs
d’ambiance défavorables a priori, comme le bruit et la pollution de l’air, et leur impact sur
la qualité de l’environnement doivent être évalués en amont de la conception. Sous les
climats froids, les impératifs de chauffage peuvent être difficiles à concilier avec les taux
de ventilation élevés requis pour la lutte contre les infections. Sous les climats chauds et
humides, la condensation de l’humidité à l’intérieur des chambres lors des intersaisons peut
rendre les lits et les sols humides, provoquer un écoulement d’eau du plafond et favoriser le
développement de moisissures — créant ainsi des conditions inconfortables et malsaines.
Or l’aménagement de larges ouvertures dans l’enveloppe du bâtiment favorise l’entrée
d’insectes, d’animaux et d’autres intrus, et peut créer des problèmes de sécurité et de lutte
contre les affections à transmission vectorielle.

Conception et exploitation 35
5.3.1 Confort thermique
Sous les climats tempérés et chauds, lorsque la qualité de l’air ambiant est satisfaisante, un
taux de ventilation élevé est bénéfique à la fois pour le confort thermique et la qualité de
l’air intérieur. Ce n’est pas le cas sous les climats froids, où l’infiltration d’air extérieur doit
être réduite pour assurer le confort thermique. Lorsque la température de l’air ambiant reste
durablement supérieure à 30 °C, l’ambiance thermique peut devenir insupportable dans une
chambre ventilée naturellement. Dans un immeuble ventilé naturellement, il faut donc
accorder une plus grande attention à la conception de l’architecture et de l’enveloppe que
dans un immeuble ventilé mécaniquement, pour que le confort thermique soit acceptable à
l’intérieur du bâtiment. Le choix des fenêtres, la création d’ombrages extérieurs,
l’isolement de l’enveloppe et les propriétés d’absorption solaire et de rayonnement
thermique des matériaux de façade jouent un rôle important à cet égard. Le concepteur doit
comprendre que la conception finale est un compromis entre les contraintes contradictoires
des saisons chaudes et froides. Des outils de simulation des performances thermiques
peuvent être utilisés pour l’évaluation quantitative et la comparaison de différentes options
de conception. On trouvera des explications plus détaillées sur les options techniques et les
méthodes de simulation dans les documents de l’ASHRAE (2009).

5.3.2 Contraintes liées aux fortes chaleurs


Conception des bâtiments

Lorsque la surface du terrain est suffisante, l’utilisation active du rayonnement terrestre


ascendant permet de réduire notablement la température radiante effective. Une conception
architecturale semi-ouverte est préférable, pour laisser place au rayonnement terrestre
(ascendant) de grande longueur d’onde. La semi-ouverture doit être disposée du côté
ombragé du bâtiment, pour éviter l’exposition directe au rayonnement solaire — c’est le
principe du brise-soleil (figure 5.2).
L’apport de chaleur solaire doit être réduit à un minimum par l’utilisation de systèmes
d’ombrage extérieur adaptés ou de vitrages perfectionnés. Les effets de tirage liés à la
chaleur du soleil sur le flux d’air peuvent être mis à profit pour amener l’air chaud vers les
niveaux supérieurs du bâtiment, ce qui présente en outre l’avantage d’être conforme aux
schémas d’écoulement recherchés pour la lutte contre l’infection.

36 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Figure 5.2 Une conception semi-ouverte laissant place au rayonnement thermique
terrestre de grande longueur d’onde peut améliorer notablement le confort
thermique en été

Refroidissement mécanique à faible coût énergétique

Un taux de renouvellement d’air élevé peut être favorable pour le confort thermique par
temps frais, mais créer une ambiance inconfortable les jours de forte chaleur humide et
sans vent. Lorsque le vent est faible, le renouvellement d’air lié au tirage ne crée pas
toujours un mouvement d’air suffisant à l’intérieur des bâtiments.
Refroidissement par ventilateurs

Outre les systèmes de ventilation hybrides (mixtes), des ventilateurs électriques permettent
d’améliorer le mouvement de l’air — bien que la création d’une « brise » artificielle
n’augmente pas nécessairement le taux de renouvellement d’air.
L’ASHRAE (2009) a élaboré des guides de conception faisant appel au modèle largement
reconnu du vote moyen prédit (PMV, pour « predicted mean vote »), qui tient compte de la
température de l’air, de la température radiante, de la vitesse de l’air, du degré
d’habillement et du niveau d’activité des personnes. Les concepteurs peuvent utiliser le
modèle PMV pour estimer l’augmentation de la vitesse de l’air requise lorsqu’il fait chaud.
Si la température est inférieure à 30 °C, un confort thermique acceptable peut être obtenu
en augmentant la vitesse de l’air (Xia et al., 2000). Des températures supérieures à 30 °C
créent inévitablement un stress thermique chez les occupants d’un bâtiment.
Il faut utiliser des ventilateurs à vitesse réglable, et les occupants doivent pouvoir régler
eux-mêmes la vitesse. Ce mode de refroidissement réduit considérablement la
consommation d’énergie, par rapport au conditionnement d’air.
Les jours les plus chauds, lorsque la température de l’air dépasse 30 °C, l’utilisation de
ventilateurs ne rafraîchit pas suffisamment les bâtiments pour le confort des occupants. On
peut alors utiliser une méthode de refroidissement par évaporation, peu coûteuse et

Conception et exploitation 37
particulièrement adaptée si le taux de renouvellement d’air est élevé. Cette stratégie est
relativement peu coûteuse, comparée à un système de conditionnement d’air (Zhang et al.,
2000).

5.3.3 Contraintes liées au froid


Par temps froid, un taux de renouvellement d’air élevé n’est pas souhaitable, pour le
confort thermique, d’autant que les fenêtres sont généralement fermées pour garder la
chaleur. Même si un chauffage classique est mis en place, les effets en sont souvent
insignifiants si le taux de renouvellement d’air est élevé, et le rendement énergétique risque
d’être faible. Les stratégies de chauffage doivent donc être mûrement réfléchies.
L’enveloppe du bâtiment doit être conçue de façon à capter la chaleur du soleil et à réduire
les pertes par conduction à travers les murs. Une isolation appropriée des murs et
l’utilisation de double vitrage sont souhaitables. En conditions de froid extrême, une
évaluation rigoureuse faisant appel aux techniques de simulation doit être réalisée, afin que
le niveau de froid puisse être quantifié. Il est possible, sur ces bases, de déterminer si la
ventilation naturelle est la stratégie à adopter dans les conditions climatiques considérées.
Lorsqu’une stratégie de chauffage active est envisagée, les méthodes de chauffage radiant
ciblé ou de chauffage direct, près du corps, sont plus efficaces et sont préférées pour deux
raisons. Tout d’abord, du fait des effets de tirage, l’air chaud provenant des radiateurs à
convection classiques tend à s’accumuler en partie haute des locaux. Ensuite, lorsque le
taux de renouvellement d’air est élevé, la perte de chaleur est considérable. Il est facile de
se procurer des radiateurs électriques radiants modernes, qui constituent une meilleure
option que les autres types de radiateurs électriques courants.
Il existe aussi des matelas électriques chauffants, qui consomment généralement de 50 à
100 watts. Ils sont efficaces pour les patients alités, qui peuvent ainsi supporter des
températures beaucoup plus basses liées à un taux de renouvellement d’air élevé. Ils
permettent en outre d’éviter les consommations excessives d’énergie liées aux méthodes
classiques de chauffage des locaux.

5.3.4 Maintien de la qualité sanitaire de l’air intérieur


Du fait du taux de renouvellement d’air élevé, la qualité de l’air intérieur est proche de
celle de l’air extérieur. Elle risque donc moins d’être affectée par les sources de polluants
généralement présentes à l’intérieur des bâtiments, en particulier par les polluants émanant
des matériaux de construction courants.

5.3.5 Gestion des problèmes de pollution atmosphérique


Du fait d’un apport élevé d’air extérieur non traité, la qualité de l’air intérieur est plus
affectée par la pollution atmosphérique (Weschler & Shields, 2000 ; Ghiaus et al., 2005).
Dans les régions où la pollution atmosphérique est préoccupante, l’emplacement d’un
établissement recevant des patients atteints de maladies infectieuses doit être choisi avec
soin. Un système de ventilation hybride (mixte) est parfois la seule option possible, lorsque
l’ouverture des fenêtres exposerait les occupants à un haut niveau de pollution
atmosphérique.

38 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


5.3.6 Bruit extérieur
Selon le CIBSE (2005), la présence d’importantes sources de bruit est l’un des principaux
obstacles à l’utilisation de la ventilation naturelle. Ce guide préconise deux solutions : l’une
d’elles consiste à disposer les bouches d’admission d’air sur les côtés du bâtiment éloignés
des principales sources de bruit ; l’autre à intégrer aux bouches d’aération des dispositifs
d’amortissement acoustique. Cette seconde solution a toutefois pour effet de réduire le taux
de renouvellement d’air, et il est donc préférable de l’associer à une ventilation hybride
(mixte), afin qu’un ventilateur mécanique pallie la perte de charge liée à ce type de bouche
d’aération.

5.3.7 Choix de matériaux de construction peu polluants


Les polluants émis par les matériaux de construction à l’intérieur des bâtiments ont fait
l’objet de nombreuses études depuis quelques années (Levin, 1989 ; Li & Niu, 2007). Les
concepteurs et les prestataires doivent être informés des normes et règlements relatifs aux
matériaux utilisables dans les bâtiments. Les matériaux pouvant émettre des polluants
atmosphériques irritants pour les voies respiratoires, en particulier, doivent être évités.

5.3.8 Humidité et développement de moisissures


De nombreux facteurs peuvent donner lieu à de la condensation sur les plafonds, murs, sols
et lits des patients. Ainsi, dans les constructions lourdes ventilées naturellement, un
brusque changement de temps et l’apparition d’une atmosphère extérieure chaude et
humide peut induire des phénomènes de condensation si la température des surfaces est
plus basse que le point de rosée de l’air entrant, chargé d’humidité (Niu, 2001). Cela se
traduit par un inconfort et une gêne immédiats, et peut favoriser à terme le développement
de moisissures, qui constituent un risque pour la santé.
Au stade de la conception de bâtiments ventilés naturellement pour des climats chauds et
humides, il faut opter pour des murs en matériaux légers et isolés. La température de
surface d’une construction légère ou d’un mur à isolation intégrée réagit rapidement aux
changements de température de l’air, ce qui limite l’augmentation de l’humidité relative à
l’intérieur et à la surface du mur, lorsque de l’air soudainement chaud et humide entre en
contact avec le mur (lors d’un changement de temps survenant au printemps, par exemple).
Dans le cas des bâtiments existants, comportant des murs en béton massif ou en pierre,
diverses stratégies d’adaptation, d’exploitation et de maintenance peuvent être nécessaires
si un système de ventilation naturelle est envisagé. La première option consiste en un
traitement des surfaces intérieures, qui peut être une mesure à court ou long terme.

5.3.9 Sécurité et propagation de maladies à transmission vectorielle


De larges ouvertures non protégées dans les bâtiments ventilés naturellement augmentent
les risques d’intrusion et le risque de propagation de maladies à transmission vectorielle.
Des fenêtres à barreaux et des moustiquaires semi-transparentes réalisées sur mesure
permettent de prévenir ces risques.

Conception et exploitation 39
5.3.10 Bâtiments de grande hauteur
Il peut être souhaitable, dans les Bâtiments de grande hauteur, de placer les chambres
d’isolement respiratoire aux niveaux supérieurs, afin de réduire à un minimum le risque de
réintroduction de l’air extrait dans les étages voisins. Cette réintroduction résulte des
phénomènes de tirage, l’air extrait des chambres étant habituellement chaud et tendant à
s’évacuer vers le haut (Wehrle et al., 1970).

5.3.11 Sécurité incendie


La conception d’un bâtiment comportant des ouvertures communicantes peut aller à
l’encontre des impératifs de sécurité incendie et de protection contre les fumées. Les
immeubles ventilés naturellement peuvent faire l’objet d’un zonage, pour répondre aux
exigences de compartimentage liées à la lutte contre les fumées. Les ouvertures de
ventilation peuvent aussi être fermées en cas d’incendie. Les voies d’évacuation en cas
d’incendie doivent faire l’objet d’une attention particulière, car l’aménagement des locaux
pour la ventilation naturelle a également un impact sur le schéma d’écoulement des fumées.

5.4 Démarche de conception des systèmes de ventilation


naturelle et de ventilation hybride
La démarche de conception d’un bâtiment ventilé naturellement à des fins de lutte contre
l’infection comporte trois grandes étapes :
1. Spécification du schéma de circulation d’air souhaité, des orifices d’entrée aux orifices
de sortie d’air en passant par les chambres et les autres espaces de l’hôpital comme les
couloirs. Cette étape est liée à la forme du bâtiment (couloir latéral, couloir central,
cour, etc.) et à son organisation (emplacements respectifs des services infirmiers,
bureaux, stockages, etc.), qui dépend de l’usage auquel est destiné le bâtiment et des
conditions prévalant sur le site (vents dominants, notamment).
2. Identification des principales forces motrices disponibles pour réaliser le schéma de
circulation d’air souhaité. Les stratégies efficaces pour lutter contre les infections
tendent à reposer principalement sur la force du vent, bien que la stratégie fondée sur
l’effet cheminée puisse également être efficace lorsqu’elle est bien conçue.
L’utilisation conjointe des effets du vent et du tirage doit être envisagée si nécessaire,
et si cette option est réalisable. Dans certains cas, on pourra utiliser une ventilation
hybride (mixte) dans laquelle des ventilateurs complètent les forces naturelles. Dans un
projet bien conçu, les principales forces motrices disponibles sont en synergie avec le
schéma de circulation d’air recherché.
3. Détermination des dimensions et de l’emplacement des ouvertures de telle sorte que les
débits de ventilation requis puissent être assurés quels que soient les régimes de
fonctionnement. Ce processus comporte lui-même trois étapes. La première consiste à
déterminer les débits de ventilation en fonction des exigences de lutte contre l’infection
définies dans la première partie du présent document. La seconde, à déterminer la taille
et l’emplacement des ouvertures pour obtenir ces débits d’air dans les conditions
projetées. La troisième, à concevoir un système de régulation permettant de maintenir
les débits requis dans des conditions variables de temps et d’occupation des locaux.

40 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


La démarche générale de conception de la ventilation naturelle couvre les aspects suivants :
• Conception architecturale —architectes et ingénieurs doivent définir en amont la
géométrie d’ensemble du système (implantation du bâtiment et configuration du site,
forme générale du bâtiment et positions approximatives des entrées d’air neuf et des
sorties d’air vicié, notamment), compte tenu des vents dominants et du régime des
vents, ainsi que des variations journalières et saisonnières.
• Agencement du système et sélection de ses composantes — le concepteur trace ensuite
les cheminements d’air, des ouvertures d’admission aux ouvertures de sortie, qui
assureront la circulation d’air requise (pour la lutte contre l’infection et le confort
thermique, notamment) et choisit les types de composantes (fenêtres, portes, bouches
d’aération, cheminées solaires, etc.) qui permettront de réguler le flux d’air.
• Dimensionnement des ouvertures (portes, fenêtres, bouches d’aération, etc.) — le
concepteur fixe les dimensions des composantes choisies compte tenu des exigences de
ventilation et des conditions climatiques. Il doit intégrer les contraintes (ou critères) de
conception tant intérieures qu’extérieures.
• Stratégie de régulation — le concepteur doit ensuite élaborer une stratégie de
régulation permettant d’ajuster les flux de ventilation aux valeurs de consigne lorsque
les conditions de fonctionnement varient. À ce stade, il peut être nécessaire de recourir
à des solutions de régulation matérielles, mais aussi logicielles, si une stratégie de
ventilation naturelle assistée est utilisée.
• Plans de conception détaillée — enfin, le concepteur doit réaliser des plans détaillés
permettant de construire le système.

5.4.1 Dimensionnement des orifices de ventilation


Le dimensionnement des orifices de ventilation consiste à estimer la surface des ouvertures
permettant d’obtenir les débits d’air requis, à partir des données relatives à la géométrie, au
climat et à d’autres éléments de conception du bâtiment. Le dimensionnement des
ouvertures dépend notamment de leur répartition, qui relève de la stratégie de ventilation.
Deux types de méthodes permettent d’estimer la surface que doivent avoir les orifices.
• Les méthodes directes s’appliquent aux bâtiments simples où le débit de ventilation est
une fonction simple des paramètres du système. Allard (1998) présente cinq de ces
méthodes.
• Les méthodes indirectes recourent à la modélisation pour tester différentes
combinaisons d’ouvertures et identifier la meilleure. La méthode de conception basée
sur les équations de pression des « boucles » de ventilation, proposée par Axley
(1998), est prometteuse.

Après avoir estimé les débits de ventilation requis dans chaque zone d’un bâtiment, on peut
utiliser ces méthodes pour concevoir les principaux cheminements de l’air et dimensionner
les orifices de ventilation selon les exigences propres à chaque zone. Lors de la conception
de bâtiments de grandes dimensions, il peut être nécessaire d’étudier différentes options, en
comparant par exemple la ventilation naturelle et la ventilation mécanique, etc.

Conception et exploitation 41
Lorsqu’un bâtiment est conçu et exploité avec une configuration donnée d’ouvertures et de
circulation de l’air, le débit de ventilation sera déterminé principalement par les forces
motrices naturelles. Au stade de la conception, il est important de tirer parti des vents
dominants et d’optimiser et de réguler les forces de tirage (effets cheminée) s’exerçant dans
le bâtiment. Il faut pour cela définir avec soin l’emplacement et les dimensions des
ouvertures et adopter une démarche innovante dans l’utilisation des dispositifs permettant
d’accroître les forces naturelles, comme les tours à vent ou les cheminées solaires.
Augmentation transitoire du débit de ventilation

L’un des avantages de la ventilation naturelle est qu’elle permet de planifier un débit de
ventilation transitoirement beaucoup plus élevé que le minimum spécifié dans la première
partie du présent document. Lorsque la température extérieure est confortable et que l’air
est propre, il est bénéfique d’augmenter le débit d’air neuf. Selon les données climatiques
et la configuration des bâtiments, un débit d’air élevé peut aussi être utilisé pour rafraîchir
l’atmosphère en été. Une augmentation de débit transitoire peut également être nécessaire
lors de travaux de rénovation du bâtiment générant de grandes quantités de polluants
atmosphériques.

5.4.2 Trois éléments majeurs dans la conception de la ventilation


naturelle
Pour concevoir un système de ventilation naturelle, il ne suffit pas d’évaluer les dimensions
des orifices de ventilation et des fenêtres. Il faut aussi adopter une démarche innovante et
être attentif aux détails. On doit à Priolo (1998) un guide très complet de conception de la
ventilation naturelle. On donnera ici un bref aperçu des trois aspects essentiels intervenant
dans le processus de conception de la ventilation naturelle :
• conception du site — implantation du bâtiment, agencement du site, orientation du
bâtiment, aménagement paysager ;
• conception du bâtiment — type, fonction et forme du bâtiment, enveloppe, stratégie de
ventilation naturelle, distribution des espaces et des fonctions, masse thermique,
chauffage, ventilation et conditionnement d’air éventuel ; et
• conception des orifices de ventilation — position, types et dimensions des orifices,
stratégie de régulation.

Conception du site

La conception du site comprend l’intégration du bâtiment à la topographie et au bâti des


lieux. Dans certains cas, des changements mineurs peuvent être apportés au site, dans les
limites imposées par la protection de l’environnement et de la faune.
Pour la ventilation naturelle, il est préférable d’utiliser les flux d’air naturels du site, afin de
tirer le meilleur parti de ce type de ventilation.
• S’il faut prévoir un refroidissement en été et une ventilation minimale en hiver, étudier
la direction des vents dominants en été et en hiver et disposer le bâtiment de telle sorte
qu’il reçoive plus d’air en été et soit protégé du vent en hiver.
• Lorsque plusieurs bâtiments doivent être construits sur un même site, s’assurer que
chacun d’eux soit exposé au vent en été, mais pas en hiver, sous les climats froids.

42 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


On a vu au point 4.1 que le vent exerce une pression positive sur les ouvertures exposées au
vent et une pression négative sur les ouvertures sous le vent. La forme et l’orientation du
bâtiment doivent se traduire par une augmentation de la pression négative dans le sillage
des flux d’air. Aynsley, Melbourne & Vickery (1977) fournissent des explications utiles sur
le sillage sous le vent selon la forme des bâtiments.
La végétation affecte également le mouvement de l’air autour d’un bâtiment, en l’abritant
du vent ou en ayant un effet de déflection, de canalisation et d’accélération de l’air. La
qualité de l’air et son comportement sont également modifiés lorsqu’il traverse la
végétation (arbres, par exemple).
Conception des bâtiments

Pour les bâtiments simples, suivre les conseils de Priolo (1998) sur la conception du toit, le
rapport longueur/largeur et l’utilisation de surplombs, de murs anti-vent et d’espaces en
retrait. Pour les grands bâtiments de forme complexe, étudier la dynamique des fluides par
modélisation numérique (Fluent, 2003, par exemple) afin d’explorer les différentes options
de conception et d’améliorer les possibilités offertes par la ventilation naturelle, en évitant
les courants d’air froid. Veiller au confort des piétons à l’extérieur des bâtiments.
La distribution de l’espace intérieur est également importante. Ainsi, les espaces
relativement « sales » doivent être du côté sous le vent, pour éviter le reflux d’air pollué et
d’odeurs vers les autres parties du bâtiment. De grandes fenêtres dans les autres espaces de
vie du côté exposé au vent (chambres de patients, notamment) peuvent créer un appel d’air
favorisant le flux d’air entrant. Cloisons et meubles ne doivent pas faire obstacle au flux
d’air.
Pour la lutte contre l’infection, il est préférable que les chambres soient disposées sur un
seul côté plutôt qu’en deux rangées séparées par un couloir central, du point de vue de la
ventilation naturelle et de la lumière du jour. Les grands espaces ouverts doivent toujours
avoir de grandes fenêtres sur les murs opposés. Si les pièces sont disposées autour d’un
couloir central, la ventilation naturelle peut être améliorée en combinant la ventilation
traversante et l’effet cheminée (le tirage) par des orifices de ventilation disposés dans le
couloir, ou des gaines dans les immeubles à étages.
Dans les établissements comportant des étages, les cages d’escalier et autres gaines peuvent
jouer le rôle de systèmes d’extraction pour éviter que l’air chaud ne pénètre dans les
appartements ou bureaux des étages supérieurs. Les bouches de sortie d’air des gaines
doivent être disposées en façade sous le vent, au-dessus du dernier étage, et les bouches
d’admission en façade exposée au vent.
La profondeur de pénétration de la ventilation naturelle due au vent étant restreinte, la
largeur du bâtiment est limitée (CIBSE, 2005). Cependant, l’utilisation de tours à vent
permet de construire des immeubles plus larges.
Conception des orifices de ventilation

Quelle que soit la conception, c’est la surface de l’orifice le plus petit (goulot
d’étranglement) qui détermine le débit de la ventilation naturelle. Les dimensions des
orifices d’admission et de sortie doivent être aussi proches que possible les unes des autres
pour que le débit d’air soit le plus élevé possible.

Conception et exploitation 43
L’emplacement des ouvertures doit être étudié avec soin, en raison du conflit possible entre
ventilation traversante et ventilation par tirage (ou effet cheminée), rafraîchissement des
personnes et refroidissement de la masse thermique, etc.
Il est également important de bien choisir et concevoir les ouvertures (fenêtres, grillages,
grilles d’aération, cheminées solaires, cheminées passives, etc.). On peut faire appel, pour
leur dimensionnement, aux méthodes évoquées plus haut.
D’autres aspects doivent être pris en compte.
• Meubles et cloisons — les orifices de ventilation ne doivent pas être obstrués, et la
disposition des meubles et des cloisons ne doit pas faire obstacle au cheminement d’air
prévu, ni bloquer l’accès aux ouvertures.
• Profondeur des chambres — à la différence de la ventilation mécanique, la ventilation
naturelle exige des immeubles peu profonds, pour que les courants d’air naturels
pénètrent jusqu’au fond des bâtiments. On trouvera des règles empiriques pour la
détermination de la profondeur des chambres dans le guide CIBSE (2005) (figure 5.3).
• Création d’ombre — stores, surplombs et décrochements (fenêtres en retrait, avec de
profonds appuis de baie, notamment) peuvent être utilisés. L’ombre créée par le
bâtiment lui-même, ou par des éléments distants (autre bâtiment, arbres, par exemple)
peut aussi être efficace, si elle est bien prise en compte. On privilégiera les stores
extérieurs rétractables.
• Régulation de la lumière du jour et protection contre l’éblouissement — les fenêtres
peuvent être équipées d’écrans contre l’exposition directe aux rayons du soleil. La
forme et la position des ouvrants des fenêtres sont également importantes. Les couleurs
et les finitions des surfaces doivent en outre être choisies de façon à assurer un
éclairage confortable et à prévenir l’éblouissement.
• Chauffage et entrées d’air froid — lors d’hivers modérément froids, des chauffages
localisés peuvent être utilisés pour assurer le confort thermique. Cependant, si une
différence de température trop importante est ainsi créée entre l’air intérieur et l’air
extérieur, cela peut augmenter le tirage. La ventilation naturelle peut donc ne pas être
une solution adaptée par temps très froid.
• Rafraîchissement — par temps chaud et humide, des systèmes de rafraîchissement
localisés ou personnalisés peuvent être utilisés (ventilateurs de plafond ou de bureau,
par exemple).
• Bruit et acoustique — le bruit de l’extérieur peut être évité en disposant les fenêtres et
les autres orifices de ventilation à distance des principales sources de bruit. Des
cloisons absorbantes ou des plafonds isolants, etc., peuvent être utilisés pour absorber
le bruit.
• Sécurité incendie — la conception d’un bâtiment avec des ouvertures reliant les pièces
peut aller à l’encontre des exigences de sécurité incendie et de lutte contre les fumées.
Il peut être nécessaire de pouvoir fermer les orifices de ventilation en cas d’incendie.
Toutefois, les bâtiments ventilés naturellement peuvent être conçus de façon à être
conformes aux exigences de compartimentage anti-fumées. Les voies d’évacuation en
cas d’incendie méritent une attention particulière, la conception de la ventilation
naturelle ayant une incidence sur le schéma d’écoulement des fumées.

44 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


• Sécurité — l’ouverture des fenêtres peut comporter un risque en termes de protection
des personnes et des biens, en particulier au rez-de-chaussée.

(A) Ventilation traversante. (B) Ventilation unilatérale actionnée par les seules forces de tirage (ventilation de
type cheminée ou tirage, inefficace pour la lutte contre les infections à transmission aérienne). (C) Ventilation
unilatérale (inefficace pour la lutte contre les infections à transmission aérienne).

Figure 5.3 Règles empiriques relatives à la profondeur des chambres pour trois
stratégies de ventilation différentes.

5.5 Types de systèmes de ventilation naturelle


Les systèmes de ventilation naturelle sont classés d’après les principaux éléments de leur
conception architecturale (couloirs, cours, tours à vent, cheminées, etc.). Ces éléments
déterminent le cheminement du flux d’air et la stratégie de base de la ventilation naturelle.
On distingue six grands types de systèmes :
• couloir latéral
• couloir central
• cour
• tour à vent

Conception et exploitation 45
• atrium et cheminée
• ventilation hybride (mixte).

Ces différents systèmes sont décrits dans ce qui suit. Il est possible de combiner certains
d’entre eux pour adapter la configuration au climat ou aux besoins spécifiques de l’hôpital.
Les annexes F-I décrivent les systèmes de ventilation naturelle utilisés dans quatre hôpitaux
de différents pays.
Ne sont envisagés dans ce guide que les systèmes de ventilation naturelle simple, et les
concepteurs devront intégrer d’autres aspects (la régulation, notamment) pour la conception
de solutions de ventilation naturelle assistée.

5.5.1 Couloir latéral


Dans le système à couloir latéral, le couloir longe les chambres sur un côté du bâtiment
(figures 5.4 et 5.5). Le flux d’air est unidirectionnel, et dirigé soit des chambres vers le
couloir, soit du couloir vers les chambres, selon l’incidence du vent. Ce flux
unidirectionnel peut contribuer à prévenir les infections nosocomiales. La conception des
fenêtres est cruciale dans ce type de configuration : il est préférable que la fenêtre et la
porte de la chambre soient face à face, pour créer un flux d’air traversant (Allard, 1998).
On attribue à F. Beer la conception du premier hôpital à couloir dans lequel toutes les
chambres étaient disposées le long de circulations internes. Cet hôpital, construit à Berne
entre 1718 et 1724, était le premier de ce type.

Coupe verticale Plan d’un étage


Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.4 Ventilation due au vent dans un hôpital à couloir latéral où l’air pénètre par
les chambres

46 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Coupe verticale Plan d’un étage
Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.5 Ventilation naturelle due au vent dans un hôpital à couloir latéral où l’air
pénètre par le couloir

5.5.2 Couloir central


Le système à couloir central est dérivé du système à couloir latéral par l’adjonction d’une
rangée de chambres supplémentaire de l’autre côté du couloir. L’air peut s’écouler d’une
chambre au couloir, puis à la chambre opposée. Lorsque le vent est parallèle aux fenêtres,
l’adjonction d’un mur en aile contribue à orienter l’air extérieur pour qu’il pénètre d’abord
dans les chambres et sorte par le couloir central. Le modèle à couloir central peut se
traduire par le passage d’air potentiellement contaminé des chambres exposées au vent aux
chambres sous le vent. Ce type de conception n’est pas recommandé dans le présent guide.

5.5.3 Cour
Les cours sont traditionnellement des zones encloses qui peuvent contribuer à canaliser et à
diriger le flux général de l’air et à modifier ainsi le microclimat autour des bâtiments. Selon
la position relative des chambres et du couloir, on peut distinguer deux sous-types, le
couloir étant soit côté cour soit côté extérieur (figures 5.6 et 5.7 respectivement). Ce
système peut assurer une meilleure ventilation que les autres, à condition que la cour soit
suffisamment grande. La configuration avec couloir extérieur présente un avantage sur le
couloir intérieur, car elle permet d’éviter la transmission d’infections via le couloir, l’air
neuf passant dans le couloir avant d’entrer dans les chambres.
Le premier hôpital de ce type était l’Ospedale Maggiore, construit à Milan en 1456 et
conçu par Antonio Averulino (plus connu sous le nom de Filarete). C’est un bâtiment
symétrique avec une grande cour centrale des deux côtés de laquelle les ailes du bâtiment
délimitent quatre cours plus petites.

Conception et exploitation 47
Coupe verticale Plan d’un étage
Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.6 Ventilation naturelle combinant la force du vent et le tirage dans un hôpital
avec cour et couloir intérieur

Coupe verticale Plan d’un étage


Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.7 Ventilation naturelle combinant la force du vent et le tirage dans un hôpital
avec cour et couloir extérieur

48 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


5.5.4 Tour à vent
Un système de ventilation naturelle avec tour à vent permet de capter l’air au niveau du toit
et de le diriger de haut en bas vers le reste du bâtiment (figures 5.8 et 5.9). Des grilles
d’aération à l’épreuve des intempéries sont installées pour protéger l’intérieur du bâtiment,
et des registres de régulation du volume sont utilisés pour modérer le flux d’air. L’air vicié
est extrait du côté sous le vent. La tour à vent est normalement divisée en quatre quadrants
qui peuvent courir sur toute la longueur du bâtiment et assurer soit l’alimentation en air,
soit l’extraction d’air selon la direction du vent.

Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.8 Conception d’une tour à vent

Conception et exploitation 49
Coupe verticale Plan d’un étage

Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.9 Ventilation naturelle due au vent dans un hôpital équipé d’une tour à vent

5.5.5 Atrium, cheminée


Un atrium ou une cheminée peut contribuer à optimiser le potentiel d’utilisation de la
ventilation naturelle. Dans un système de ventilation naturelle à atrium ou cheminée,
l’atrium ou la cheminée peut être disposé latéralement ou centralement, selon la position
relative des chambres et de l’atrium ou de la cheminée (figure 5.10). L’air extérieur est
aspiré dans les chambres par les fenêtres, sous l’effet du tirage (effet cheminée). Après
dilution de l’air contaminé de la chambre, l’air chaud et pollué converge vers l’atrium ou la
cheminée et s’évacue par les ouvertures en partie haute. L’applicabilité de ce type de
conception dépend principalement de la hauteur de la cheminée, de la différence de
température entre l’intérieur et l’extérieur et de ses interactions avec les conditions
générales de vent. Ce mode de ventilation peut être combiné à des registres de régulation
actionnés par un moteur et des capteurs de pression qui permettent de réguler les flux d’air
et de pallier certaines des insuffisances de la ventilation naturelle.

50 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Coupe verticale Plan d’un étage

Attention : ce schéma de principe doit être utilisé avec prudence, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque cas.

Figure 5.10 Ventilation naturelle due au tirage (créé notamment par une cheminée
solaire) dans un hôpital à cheminée solaire

5.5.6 Ventilation hybride (mixte)


L’un des facteurs limitants de la ventilation naturelle est qu’elle est parfois trop dépendante
du climat extérieur. Ainsi, lorsque la vitesse du vent est trop faible ou la température
extérieure trop élevée, l’efficacité de la ventilation naturelle est limitée. Pour surmonter ces
carences, on peut recourir à la ventilation hybride (mixte). Dans un système simple de
ventilation hybride (mixte), forces mécaniques et naturelles sont combinées pour donner un
système fonctionnant selon deux modes, le mode de fonctionnement privilégié variant
selon la saison et selon le moment de la journée, pour tenir compte de l’environnement
extérieur et tirer à chaque instant le meilleur parti des conditions ambiantes.
On peut distinguer trois modes de fonctionnement de la ventilation hybride :
• alternance entre ventilation naturelle et ventilation mécanique
• ventilation naturelle assistée par des ventilateurs
• utilisation concomitante de la ventilation naturelle et de la ventilation mécanique.

Chacune des solutions de ventilation naturelle présentées plus haut (couloir latéral, couloir
central, cour, tour à vent, atrium et cheminée) peut être combinée à des ventilateurs
mécaniques pour créer un système hybride (mixte). Naturellement, comme pour tout
système de ventilation naturelle ou mécanique, la conception et la régulation sont
déterminantes.

Conception et exploitation 51
5.6 Applicabilité des systèmes de ventilation naturelle
Les systèmes de ventilation naturelle doivent être conçus en fonction du climat. Il existe
quatre grands types de climats : chaud et humide, chaud et sec, tempéré et froid.
La conception d’un système de ventilation naturelle peut répondre à l’un des trois objectifs
majeurs suivants : assurer le confort thermique, lutter contre les infections à transmission
aérienne ou améliorer la qualité de l’air, économiser l’énergie.
Pour évaluer un type de ventilation dans un contexte climatique donné, il convient de tenir
compte du confort thermique et de la lutte contre les infections, mais pas des performances
énergétiques.
Les performances sont évaluées comme suit :
★ Performances insuffisantes du point de vue du confort thermique ou de la
lutte contre les infections. Pour la lutte contre les infections, le critère est
la valeur du débit de ventilation.

★★ Performances passables.

★★★ Performances acceptables, mais pouvant nécessiter un compromis en


matière de confort thermique.
★★★★ Performances bonnes du point de vue du confort thermique et de la lutte
contre les infections.
★★★★★ Performances excellentes du point de vue du confort thermique et de la
lutte contre les infections.
Le tableau 5.1 offre une comparaison des performances de différents systèmes de
ventilation naturelle selon les quatre grands types de climats.

Tableau 5.1 Applicabilité potentielle des systèmes de ventilation naturelle en conditions


idéales (consensus résultant d’une revue systématique de l’OMS)
Ventilation naturelle Ventilation Ventilation
hybride mécanique
(mixte)
Couloir Cheminée/ Cour Tour à vent
latéral atrium
Couloir Couloir
Climat extérieur intérieur
Chaud et ★★ ★ ★★ ★★ ★ ★★★ ★★★★
humide
Chaud et sec ★★★ ★ ★★★ ★★★ ★★★ ★★★★ ★★★★
Tempéré ★★★ ★★★ ★★★ ★★★ ★★★ ★★★★ ★★★★
Froid ★ ★★ ★ ★ ★ ★★ ★★★★
Attention : la réalisation n’est pas toujours à la hauteur du potentiel théorique, et un soin tout particulier doit être accordé à la
conception de tout système de ventilation, dans le contexte difficile des établissements de soins présentant ou pouvant présenter
des risques liés à la présence d’agents infectieux aéroportés.

52 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


5.7 Mise en service, exploitation et maintenance
Les performances d’un système de ventilation dépendent pour une très large part de sa
conception, de son exploitation et de sa maintenance. Ces aspects déterminent les
performances et la fiabilité du système de ventilation, et ce quel que soit le degré de
technicité du système. Une construction et une mise en service adéquates sont nécessaires
pour que les performances de ventilation requises soient assurées dans diverses conditions
(climatiques), et une exploitation et une maintenance adaptées sont nécessaires pour que la
ventilation soit assurée conformément aux spécifications sur toute la durée de vie du
système.

5.7.1 Mise en service


Il importe que, même pour un système à très bas niveau de technicité, faisant appel à des
grilles et à des orifices de ventilation, par exemple, une documentation expliquant les
options de conception, le fonctionnement du système et la façon dont il faut en assurer la
maintenance soit remise au directeur ou au gestionnaire du bâtiment. L’exposé des raisons
pour lesquelles des orifices de ventilation d’une taille donnée ont été aménagés à des
emplacements donnés, par exemple, facilitera la compréhension du système et incitera à
assurer une maintenance de qualité.
Le concepteur doit remettre les documents suivants aux responsables du bâtiment et du
système de ventilation :
• informations sur la stratégie de conception et le fonctionnement du système de
ventilation naturelle ou hybride (mixte) ;
• informations sur l’exploitation du système de ventilation naturelle ou hybride (mixte)
le jour et la nuit, à différentes saisons, en cas de conditions climatiques extrêmes et,
éventuellement, en situation d’urgence ;
• explications destinées aux patients et aux soignants sur le fonctionnement et la gestion
du bâtiment, précisant par exemple qui a le droit d’ouvrir les fenêtres, etc. ;
• règles d’exploitation et de maintenance du système de ventilation, élaborées en
concertation avec le personnel chargé de la mise en service (manuel d’exploitation et
de maintenance) ; et
• explications relatives aux points précédents (c’est-à-dire à la documentation requise).

Il est souhaitable que les utilisateurs du système aient la possibilité de fournir des
informations en retour aux concepteurs, quelle que soit la simplicité du système. Ces
informations, et les ajustements auxquels elles donnent lieu, sont essentiels pour résoudre
d’éventuels problèmes, et doivent se poursuivre pendant la première année d’exploitation.

Conception et exploitation 53
Le processus de mise en service constitue une sorte de procédure de contrôle visant à
s’assurer que :
• le système de ventilation est installé et exploité comme prévu
• le système peut être utilisé correctement et sans risque
• le système peut être réglé de façon à satisfaire aux exigences de ventilation pour
différentes conditions climatiques
• les débits de ventilation sont appropriés pour différents types de temps.

Ce processus doit se poursuivre au minimum pendant la première année d’exploitation.

5.7.2 Exploitation et maintenance


Le personnel d’exploitation et de maintenance doit comprendre comment fonctionne le
système, et avoir quelques notions de lutte contre les infections. Une attention particulière
doit être accordée à la documentation et aux instructions données au personnel.
Le personnel d’exploitation doit être formé aux procédures à suivre en cas de conditions
météorologiques particulières comme de fortes pluies, des typhons ou de violentes
tempêtes.
Les patients ne sont généralement pas autorisés à agir sur le système, sauf instruction
contraire (cette règle s’applique également à l’ouverture des fenêtres).
La ventilation naturelle ou hybride (mixte) comporte généralement de nombreuses
composantes (fenêtres, ventilateurs) en de multiples points. L’identification des défauts de
ces composantes peut exiger beaucoup de temps.
Il est essentiel que tout hôpital conçu pour la lutte contre l’infection fasse l’objet d’un
réexamen pour ce qui est de la conception de la ventilation lorsque les modes d’occupation
changent.
Des enquêtes et des contrôles auprès des occupants aideront à identifier d’éventuels
problèmes d’exploitation et à traiter les réclamations.
Dans un hôpital ventilé naturellement, la satisfaction des patients et des soignants peut être
améliorée s’ils comprennent comment fonctionne le système.

54 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


5.8 Résumé
La conception d’un bâtiment ventilé naturellement pour la lutte contre l’infection comporte
trois étapes essentielles : définition des schémas de circulation d’air souhaités,
identification des principales forces motrices et détermination des dimensions et de
l’emplacement des ouvertures. Bien que ces étapes soient communes à toutes les
démarches de conception de ce type de bâtiment, les conditions locales, comme le climat
sur une année et son impact sur la lutte contre les infections, doivent aussi être prises en
compte.
A un niveau plus spécifique, les principaux éléments de conception d’un système de
ventilation naturelle ou hybride (mixte) sont dictés par les composantes utilisées. Des
éléments de différents systèmes de ventilation peuvent être sélectionnés et combinés selon
les besoins, pour adapter le système au climat local et aux exigences propres à chaque
établissement.

Conception et exploitation 55
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62 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Annexes
Annexe A Articles inclus dans la
revue systématique sur
les relations entre
ventilation et infection

Les questions posées dans le cadre de la revue systématique ont été définies par le Groupe
de conception du guide de l’Organisation mondiale de la Santé, et la méthodologie à
adopter a été élaborée par le Groupe de conception technique du guide puis validée par le
Comité de pilotage externe.
La revue systématique a été menée à bien par une équipe d’assistants de recherche (sous la
direction du Professeur Yuguo Li, Université de Hong Kong), avec le concours d’un
documentaliste de la bibliothèque de l’Université de Hong Kong. Les termes de recherche
comprenaient des mots clés et des termes du thésaurus Medical Subject Headings (MeSH)
relatifs à la ventilation, à l’infection et aux bâtiments. La recherche a porté sur des bases de
données comme MEDLINE, EBM Reviews, ISI Web of Science, ScienceDirect,
Engineering Village 2 et ISI ProceedingsSM. Google Scholar a également été interrogé.
Des critères préétablis d’inclusion et d’exclusion ont été utilisés, et un tableau d'experts
comprenant des experts en médecine, santé, ingénierie et architecture a contrôlé le
processus de revue de la littérature depuis l’élaboration de la stratégie de recherche jusqu’à
l’évaluation critique des études identifiées, l’extraction des données et leur présentation. Le
Comité de pilotage externe a validé les résultats définitifs et leur utilisation pour
l’élaboration du guide.
Sur un total de 13 661 articles correspondant aux mots clés définis dans le protocole de la
revue systématique, 388 articles ont été extraits, et 65 ont été retenus selon les critères
d’inclusion et d’exclusion, puis distribués à un tableau de seize experts d’Europe,
d’Amérique du Nord, d’Australie et d’Asie.
Ces 65 articles sont ceux de la liste ci-après.
1. Anderson JD et al. Lack of nosocomial spread of Varicella in a pediatric hospital with
negative pressure ventilated patient rooms. Infection Control, 1985, 6(3):120–121.
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68 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


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Annexe A : Articles inclus dans la revue systématique 69


Annexe B Classement des
r e c o m m a n d a t i o n s pa r l a
méthode GRADE

B.1 Explication de la méthode GRADE de détermination du


niveau des recommandations
Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour déterminer le caractère plus ou moins
strict des recommandations, en particulier les données probantes disponibles, le rapport
effets bénéfiques — effets indésirables et charges, la variabilité des valeurs, et le rapport
coûts — bénéfices nets.
Les données scientifiques ont été évaluées dans le cadre de la revue systématique menée
pour les besoins du présent guide (voir l’annexe A pour plus de précisions).
Pour le classement global des recommandations, chacun des facteurs cités intervenait de la
façon suivante.
• Plus les données sont probantes, plus une recommandation stricte est probable.
• Plus l’écart entre effets désirables et indésirables est grand, plus une recommandation
stricte est probable. Plus le bénéfice net est faible et plus la certitude de ce bénéfice est
faible, plus une recommandation modérée est probable.
• Plus la variabilité des valeurs et des préférences, ou l’incertitude des valeurs et des
préférences, est grande, plus une recommandation modérée est probable.
• Plus les coûts d’une intervention sont élevés, et donc plus les ressources nécessaires
sont importantes, moins une recommandation stricte est probable.

B.1.1 Recommandations strictes et recommandations conditionnelles


Les notions de recommandation stricte et de recommandation conditionnelle sont définies
comme suit :
• recommandation stricte — le tableau d'experts est certain que les effets désirables de
l’adoption de la recommandation sont supérieurs aux effets indésirables ; et
• recommandation conditionnelle — le tableau d'experts conclut que les effets
désirables de l’adoption de la recommandation sont probablement supérieurs aux effets
indésirables, mais n’en est pas certain.

71
B.1.2 Implications d’une recommandation stricte et d’une
recommandation conditionnelle
Les implications d’une recommandation stricte sont les suivantes :
• pour les patients — la plupart des personnes dans votre situation souhaiteraient que
cette recommandation soit suivie, seule une faible proportion ne le souhaiterait pas ;
demander des explications si l’intervention n’est pas proposée ;
• pour les médecins — la plupart des patients devraient bénéficier de cette mesure ; et
• pour les politiques — cette recommandation peut être adoptée comme principe
d’action dans la plupart des situations.
Les implications d’une recommandation conditionnelle sont les suivantes :
• pour les patients — la plupart des personnes dans votre situation souhaiteraient que
cette recommandation soit suivie, mais un bon nombre ne le souhaiteraient pas ;
• pour les médecins — vous devez reconnaître que des solutions différentes conviennent
selon les patients, et que vous devez aider chaque patient, pour parvenir à une décision
compatible avec ses valeurs et préférences ; et
• pour les politiques — la prise de décision nécessitera un débat de fond faisant
intervenir de nombreux acteurs.

72 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


B.2 Tableaux de classement des recommandations
Recommandation 1 :
Pour contribuer à prévenir les infections à transmission aérienne, une ventilation adéquate est nécessaire
dans toutes les zones de soins des établissements de soins.
Population : établissements de soins
Intervention : ventilation
Facteur Evaluation Explication
Qualité des Modérée Il existe peu de données probantes indiquant qu’une
données ventilation insuffisante soit associée à un risque d’infection
accru (Gustafson et al., 1982 ; Bloch et al., 1985 ; Hutton et
al., 1990 ; Calder et al., 1991).
Effets bénéfiques Importants (parfois Réduit l’exposition des patients et des soignants aux noyaux
ou souhaités supérieurs aux de condensation.
inconvénients) Qualité de l’air intérieur améliorée pour les patients et les
soignants.

Inconvénients ou Coûts liés à l’installation d’une ventilation appropriée dans un


effets indésirables établissement de soins.
Nécessité de suivre les procédures d’exploitation et de
maintenance.

Coûts De faibles à Les coûts peuvent être faibles si une ventilation naturelle
élevés. simple est utilisée, et que sa conception est bien adaptée aux
données climatiques.
Coût initial généralement élevé dans le cas d’une ventilation
entièrement mécanique, d’une ventilation naturelle assistée
ou d’une ventilation hybride (mixte).
Faisabilité Selon le climat. La ventilation mécanique et la ventilation hybride (mixte) sont
réalisables sous tous les climats, mais leur application peut
être limitée par les ressources disponibles.
La ventilation naturelle assistée est réalisable sous presque
tous les climats, la ventilation naturelle simple est réalisable y
compris dans les pays disposant de ressources limitées.
Classement global RECOMMANDATION STRICTE
Besoin de Nécessité de déterminer les débits d’air requis pour la lutte contre l’infection en
recherche milieu de soins.

Annexe B : Classement des recommandations par la méthode GRADE 73


Recommandation 2 :
Pour la ventilation naturelle, les débits de ventilation minimaux suivants doivent être assurés, en valeurs
moyennes sur une heure :
• 160 l/s/patient (débit de ventilation moyen sur une heure) pour les chambres de précautions
aériennes (avec un minimum de 80 l/s/patient) (attention : cette exigence ne s’applique qu’aux
installations neuves ou aux rénovations de grande ampleur) ;
• 60 l/s/patient pour les chambres à usage général et les services de consultation externe ;
• 2,5 l/s/m3 pour les couloirs et autres lieux de passages ne comportant pas un nombre prédéterminé
de patients ; toutefois, si des soins doivent être prodigués dans des couloirs, en situation d’urgence
par exemple, les débits de ventilation doivent être les mêmes que ceux exigés pour les chambres de
précautions aériennes ou les chambres à usage général.
La conception doit tenir compte des variations du débit de ventilation.
Lorsque la ventilation naturelle ne permet pas seule de satisfaire aux exigences de ventilation, il faut
envisager d’autres systèmes de ventilation, comme les systèmes de ventilation naturelle hybride (mixte)
et, si cela ne suffit pas, avoir recours à la ventilation mécanique.
Population : établissements de soins
Intervention : ventilation naturelle
Facteur Evaluation Explication
Qualité des Faible Il n’y a pas de données probantes directes suggérant que
données la ventilation naturelle ait un impact direct sur la
transmission de maladies, mais les données techniques
montrent clairement que la ventilation naturelle peut
assurer un débit de ventilation très élevé, et il est suggéré
qu’un débit de ventilation élevé permet de réduire la
transmission aérienne des infections (Menzies et al.,
2000).
Effets bénéfiques Modérés (parfois Convient aux climats doux à tempérés.
ou souhaités supérieurs aux Coûts d’investissement, d’exploitation et de maintenance
inconvénients) modérés.
Permet d’assurer un débit de ventilation très élevé.
Larges possibilités de contrôle de l’environnement par les
occupants..
Inconvénients ou Facilement affecté par le climat extérieur.
effets indésirables Etude prévisionnelle, analyse et conception plus difficile
pour ce qui est du contrôle de la direction du flux d’air.
Confort des occupants réduit par temps très chaud,
humide ou froid.
Inaptitude à établir une pression négative dans les zones
d’isolement, mais une conception adaptée peut permettre
d’y remédier ; dépend de la situation.
Coûts De faibles à élevés. Les coûts peuvent être faibles si une ventilation naturelle
simple est utilisée, qu’elle est bien conçue et que les
conditions climatiques sont favorables.
Ils peuvent être plus élevés si une ventilation hybride
(mixte) ou une ventilation naturelle assistée est utilisée.
Faisabilité Selon les pays La ventilation naturelle est moins facile à mettre en œuvre
en conditions extrêmes (froid, chaleur, bruit, pollution
extrêmes).

74 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Classement global RECOMMANDATION CONDITIONNELLE

Besoin de Nécessité de déterminer les exigences applicables à la ventilation naturelle dans


recherche le cadre de la lutte contre l’infection en milieu de soins, pour ce qui est de la
variabilité du débit d’air et de la variabilité de la direction d’écoulement de l’air.

Recommandation 3 :
Lors de la conception d’établissements de soins ventilés naturellement, il faut veiller à ce que le flux
d’air général amène l’air des sources d’agents vers des zones où la dilution est suffisante, et de
préférence vers l’extérieur.
Population : établissements de soins.
Intervention : contrôle du flux d’air dans la ventilation naturelle
Facteur Evaluation Explication
Qualité des Faible Il y a peu de données probantes attestant qu’une
données direction d’écoulement de l’air inadaptée soit associée à
un risque accru d’infection (Gustafson et al., 1982 ;
Bloch et al., 1985 ; Hutton et al., 1990 ; Calder et al.,
1991).
Effets bénéfiques Modérés (parfois Risques de transmission de chambre à chambre peut-
ou souhaités supérieurs aux être réduits.
inconvénients)
Inconvénients ou Difficultés au stade de la conception et de l’exploitation
effets indésirables des systèmes de ventilation naturelle.

Coûts De faibles à élevés Coûts faibles si une ventilation naturelle simple est
utilisée, qu’elle est bien conçue et que les conditions
climatiques sont favorables.
Peuvent être plus élevés si une ventilation hybride
(mixte) ou une ventilation naturelle assistée est utilisée,
ou si des mesures techniques complémentaires sont
nécessaires pour contrôler l’orientation du flux d’air.
Faisabilité Selon la conception La ventilation naturelle se prête moins bien au contrôle
et les possibilités du flux d’air et exige une conception technique et
de contrôle du flux architecturale bien étudiée.
d’air
Classement global RECOMMANDATION CONDITIONNELLE

Besoin de Nécessité d’étudier les méthodes techniques et architecturales de contrôle du


recherche flux d’air dans les bâtiments ventilés naturellement.

Annexe B : Classement des recommandations par la méthode GRADE 75


Recommandation 4 :
Dans les espaces où sont réalisées des procédures générant des aérosols associées à la transmission
d’agents pathogènes, les exigences relatives à la ventilation naturelle doivent correspondre au
minimum à la recommandation 2. S’il s’agit d’agents aéroportés, les recommandations 2 et 3 doivent
être appliquées.
Population : établissements de soins
Intervention : ventilation des espaces où sont réalisées des procédures générant des aérosols
Facteur Evaluation Explication
Qualité des Très faible Des données indirectes montrent que certaines
données procédures générant des aérosols sont associées à
un risque de transmission accru et que la ventilation
peut jouer un rôle.
Effets bénéfiques ou Modérés (parfois Risque infectieux éventuellement réduit.
souhaités supérieurs aux
inconvénients)

Inconvénients ou Confort des occupants réduit par temps très chaud,


effets non souhaités humide ou froid.

Coûts De faibles à élevés


Coûts faibles si une ventilation naturelle simple est
utilisée.
Peuvent être plus élevés si une ventilation hybride
(mixte) ou une ventilation naturelle assistée est
utilisée.
Faisabilité Selon les pays La ventilation naturelle est moins facile à mettre en
œuvre en conditions extrêmes (froid, chaleur, bruit,
pollution extrêmes).
Classement global RECOMMANDATION CONDITIONNELLE

Besoin de Nécessité de déterminer les exigences minimales applicables à la ventilation


recherche naturelle lors de procédures générant des aérosols, pour ce qui est de la
variabilité du débit d’air et du contrôle de la direction d’écoulement de l’air.

76 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Annexe C Gouttelettes respiratoires

Selon Wells (1995), ce sont les noyaux de condensation qui servent de véhicule dans la
transmission des affections respiratoires transmissibles par voie aérienne. Il s’agit de
résidus de gouttelettes séchés pouvant contenir des agents pathogènes infectieux.

C.1 Formation et taille des gouttelettes


Les « gouttelettes », dans ce contexte, sont constituées principalement d’eau et d’inclusions
diverses, selon leur mode de génération.
Les gouttelettes produites naturellement par les humains (lorsqu’ils respirent, parlent,
éternuent ou toussent) renferment divers types de cellules (cellules épithéliales et cellules
du système immunitaire, notamment), des électrolytes physiologiques contenus dans les
mucosités et la salive (Na+, K+, Cl-, par exemple) et, potentiellement, divers agents
infectieux (bactéries, champignons, virus, par exemple).
Dans le cas des gouttelettes générées artificiellement en milieu de soins (lors de l’aspiration
trachéo-bronchique, par exemple), les principaux constituants incluent également de l’eau
stérile contenant divers électrolytes (solution saline isotonique ou physiologique contenant
Na+ et Cl-, par exemple) et, dans bien des cas, des molécules de médicaments (salbutamol
pour les asthmatiques, par exemple).
Ces gouttelettes générées naturellement ou artificiellement peuvent varier tant par leur
taille que par leur contenu. Les gouttelettes > 5 μm tendent à rester piégées dans le tractus
respiratoire supérieur (oropharynx — régions du nez et de la gorge), alors que les
gouttelettes ≤5 μm sont susceptibles d’être inhalées dans le tractus respiratoire inférieur
(bronches et alvéoles pulmonaires).
Le terme de gouttelettes est souvent utilisé pour désigner les gouttelettes de diamètre
>5 μm qui tombent rapidement au sol par gravité et ne sont donc transmises que sur une
distance limitée (≤ 1 m, par exemple). En revanche, le terme de noyaux de condensation
s’applique aux gouttelettes de diamètre ≤ 5 μm qui peuvent rester en suspension dans l’air
sur une longue période de temps et sont ainsi susceptibles d’être transmises à des distances
> 1 m (Stetzenbach, Buttner & Cruz, 2004 ; Wong & Leung, 2004). D’autres études
suggèrent des définitions légèrement différentes, et distinguent les « grosses » gouttelettes,
les « petites » gouttelettes et les noyaux de condensation, de diamètre > 60 μm, ≤ 60 μm et
< 10 μm respectivement (Tang et al., 2006 ; Xie et al., 2007). L’idée est que les aérosols
produits naturellement et artificiellement contiennent des particules de tailles diverses dont
les déplacements dépendent pour une part significative de facteurs environnementaux
comme la gravité, la direction et la force des flux d’air présents, la température et
l’humidité relative (qui affectent à la fois la taille et la masse des gouttelettes, du fait de
l’évaporation).
Plusieurs études ont été menées sur le nombre et la taille des gouttelettes de salive et
d’autres sécrétions dues aux activités respiratoires (Jennison, 1942 ; Duguid, 1945 ;
Hamburger & Roberston, 1946 ; Loudon & Roberts, 1967 ; Papineni & Rosenthal, 1997 ;
Fennelly et al., 2004) et d’excellentes revues ont été publiées (Nicas, Nazaroff & Hubbard,

77
2005 ; Morawska, 2006). Ces études et revues indiquent que la taille des noyaux de
condensation dues aux éternuements, à la toux ou à la parole dépend probablement de leur
processus de génération et des conditions environnantes. La distribution granulométrique
réelle des gouttelettes dépend aussi de paramètres tels que la vitesse de l’air expiré, la
viscosité du fluide et la voie suivie par le flux d’air (le nez, la bouche ou les deux) (Barker,
Stevens & Bloomfield, 2001). On note en outre une grande variabilité individuelle
(Papineni & Rosenthal, 1997 ; Fennelly et al., 2004).
Les êtres humains produisent des aérosols (gouttelettes) respiratoires lors de processus
divers comme la respiration, la parole, la toux (figure C.1, A), lorsqu’ils éternuent (figure
C.1, B) et même en chantant (Wong, 2003 ; Toth et al., 2004).

(A) (B)
Source : photographies reproduites avec l’aimable autorisation de (A) Prof Gary S Settles, Department of Mechanical and Nuclear
Engineering, Pennsylvania State University, PA, USA; et (B) Prof Andrew Davidhazy, School of Photographic Arts and Sciences,
Rochester Institute of Technology, Rochester, NY, USA, respectivement.

Figure C.1 (A) Image strioscopique (visualisation utilisant la réfraction de la lumière due
aux différences de densité de l’air) de la toux humaine, et (B) prise de vue
d’un éternuement à la lampe à éclairs

Il y a une variation physiologique naturelle du volume et de la composition des aérosols


ainsi générés entre les individus et, chez un même individu, lors de l’une ou l’autre de ces
activités. Une infection peut accroître cette variabilité, qui peut elle-même varier lorsque le
système immunitaire de l’hôte commence à répondre à l’infection. Ainsi, un patient atteint
de varicelle n’a pas d’anticorps spécifiques du virus au début de l’infection, et la charge
virale est beaucoup plus élevée et donc potentiellement plus transmissible durant la phase
prodromique de l’infection, aiguë, fébrile, s’accompagnant de toux, que dans la phase
ultérieure, où les anticorps spécifiques commencent à se développer.
Relativement peu d’études ont caractérisé le nombre, la taille et le contenu des gouttelettes
générées naturellement ou artificiellement. En outre, en raison des variations individuelles,
des études sur les gouttelettes générées naturellement seraient peut-être d’un intérêt limité
et ne correspondraient pas nécessairement à ce que l’on appelle les « super-propagateurs » -
des individus infectés capables d’en infecter beaucoup d’autres et qui sont à l’origine d’un
nombre de cas secondaires beaucoup plus élevé que l’on en attendrait en moyenne. Cela
peut être dû à une série de raisons, en particulier à une faible réponse immunitaire de
l’hôte, à des affections ou à d’autres infections respiratoires concomitantes qui accroissent

78 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


le degré d’excrétion de l’agent infectieux, ou encore à des facteurs environnementaux
favorables à la survie de l’agent infectieux (Bassetti, Bischoff & Sherertz, 2005).
Des données publiées suggèrent que l’éternuement pourrait produire jusqu’à 40 000
gouttelettes de 0.5–12 μm de diamètre (Cole & Cook, 1998 ; Tang et al., 2006) qui peuvent
être expulsées à des vitesses atteignant 100 m/s (Wells, 1955 ; Cole & Cook, 1998) ; la
toux peut produire jusqu’à 3000 noyaux de condensation, soit à peu près le même nombre
que la parole pendant cinq minutes (Cole & Cook, 1998 ; Fitzgerald & Haas, 2005 ; Tang
et al., 2006). Si les gouttelettes ont des tailles très variables, les plus grosses représentent la
plus grande partie du volume total des gouttelettes respiratoires. Il serait souhaitable de
disposer de plus de données sur le comportement des gouttelettes et leur dispersion dans les
aérosols générés naturellement.
Les aérosols infectieux se forment par contact et mélange des gouttelettes avec l’air expiré,
qui peut être porteur d’agents infectieux provenant du tractus respiratoire des patients.
Diverses procédures médicales génèrent des aérosols, et certaines d’entre elles peuvent être
associées à un risque accru de transmission d’agents pathogènes. Cependant, un grand
nombre d’études parmi les plus récentes consacrées à ces procédures présentent des défauts
méthodologiques interdisant d’utiliser leurs conclusions pour formuler des
recommandations. Dans l’ensemble, le risque associé à de nombreuses procédures générant
des aérosols n’est pas encore bien défini, et la compréhension de l’aérobiologie des
procédures générant des aérosols pourrait évoluer à la lumière de prochaines études. Aux
fins du présent guide, le terme de procédure générant des aérosols associée à une
augmentation attestée du risque de transmission d’agents pathogènes renvoie aux gestes
suivants chez des patients atteints d’une affection respiratoire aiguë :
• intubation et procédures connexes (ventilation manuelle, aspiration, notamment)
• réanimation cardio-respiratoire
• bronchoscopie
• chirurgie et autopsie.

C.2 Evaporation des gouttelettes


Dans son étude classique de la transmission aérienne, Wells (1934) a pu identifier la
différence entre la transmission de maladies par de grosses gouttelettes et par voie aérienne.
Il a observé qu’en conditions atmosphériques normales, les gouttelettes de diamètre
inférieur à 100 μm se desséchaient complètement à environ 2 m du sol avant de tomber. Ce
constat a permis de formuler la théorie de la transmission par gouttelettes et noyaux de
condensation, selon la taille des gouttelettes infectées. La courbe d’évaporation et de chute
des gouttelettes établie par Wells (figure C.2) est importante pour comprendre la
transmission aérienne et la transmission par de grosses gouttelettes. L’étude de Wells a
démontré en outre que les gouttelettes peuvent se transformer en noyaux de condensation
par évaporation.

Annexe C : Gouttelettes respiratoires 79


Figure C.2 Courbe d’évaporation et de chute des gouttelettes établie par Wells

C.3 Mouvements de l’air


Les noyaux de condensation en suspension dans l’air peut être transportés par le
mouvement de l’air. De l’air peut être entraîné dans les espaces voisins au cours des gestes
les plus anodins, comme la marche, ou l’ouverture d’une porte entre une chambre et le
couloir ou l’espace voisin (Hayden et al., 1998 ; Edge, Paterson & Settles, 2005 ; Tang et
al., 2005, 2006). De plus, les différences de température (et donc de densité) de l’air de part
et d’autre d’une porte créent un échange d’air entre les deux zones, et donc un second
mécanisme d’afflux d’air dans les zones voisines (Tang et al., 2005, 2006) (figure C.3).

80 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


(A) (B)

(C)

(A) Démonstration de la façon dont une personne se déplaçant entraîne de l’air dans son sillage (Tang et al.,
2006). (B) Démonstration de la façon dont l’ouverture d’une porte peut faire passer de l’air de l’intérieur à
l’extérieur d’une chambre d’isolement du simple fait de l’ouverture de la porte (Tang et al., 2005). (C)
Démonstration de la façon dont une porte ouverte peut favoriser le mélange et l’échange de masses d’air
présentant des températures et des densités différentes (Tang et al., 2005).

Figure C.3 Schémas d’échanges d’air liés aux gestes quotidiens

Annexe C : Gouttelettes respiratoires 81


Même un patient s’asseyant simplement dans son lit ou à côté du lit crée des différences de
température de l’air, du fait de sa température corporelle. Une température de l’air plus
élevée directement au-dessus de la tête du patient (ou de son corps, s’il est allongé) créera
des courants d’air convectifs qui peuvent entraîner de l’air potentiellement infectieux
provenant des espaces voisins dans la colonne d’air chaud ascendant au-dessus du patient
(Craven & Settles, 2006). Un patient alité, en respirant ou en dormant, peut produire des
flux d’air expiré pouvant aller jusqu’à la zone respiratoire d’un patient dans le lit voisin, et
même au-delà en présence de certains systèmes de ventilation (voir plus loin) (Qian et al.,
2006). De la même façon, des dispositifs mécaniques tels qu’un ventilateur, une télévision
ou un équipement médical peuvent perturber les flux d’air proches et disséminer l’air
provenant des patients dans l’ensemble de la chambre ou de la salle.

82 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Annexe D La notion de débit de
ventilation

Un débit de ventilation peut s’exprimer sous forme soit de débit absolu, en l/s ou m3/s, soit
de taux de renouvellement d’air rapporté au volume de l’espace. Dans ce guide, le débit de
ventilation correspond au volume absolu d’air entrant par unité de temps (litre par seconde,
ou l/s, mètre cube par heure, ou m3/h), et le taux de renouvellement d’air est la quantité
relative d’air entrant par unité de temps. Ainsi, dans une chambre de précautions aériennes,
un taux de renouvellement d’air de 12 par heure (12 RAH) est requis (CDC, 2005), alors
que dans un bureau, le débit de ventilation exigé est de 10 l/s par personne.
La relation entre le débit de ventilation en l/s et le taux de renouvellement d’air est la
suivante :
Taux de renouvellement d’air =
[débit de ventilation (l/s) × 3600 (s/h)] × 0,001 (m3/s)]/[ volume de la pièce (m3)]
(C.1)
ou
Débit de ventilation (l/s) =
taux de renouvellement d’air × volume de la pièce (m3) × 1000 (l/m3)/3600 (s/h) (C.2)
L’effet du débit de ventilation sur la qualité de l’air intérieur est lié à son impact sur la
concentration de polluants atmosphériques, traduit par l’équation macroscopique simple
décrivant la ventilation dans une seule pièce.
On considère une pièce où l’air est complètement mélangé — c’est-à-dire que la
concentration de polluants est la même en tous points de la pièce. Lorsqu’il y a une source
de polluants dans la pièce, l’équation régissant la concentration peut s’écrire comme suit :

 qco  c   Vpol
dc
V (C.3)
dt

83
où :
V = volume de l’espace (m3)
c = concentration (% ou kg/m3)
q = débit de ventilation (m3/s)
co = concentration d’air neuf (% ou kg/m3)
dc = différence de concentration
dt = différence de temps
V pol = débit de génération des polluants dans la pièce (m3/s ou kg/s).
L’équation (C.3), appelée équation de ventilation, montre la relation de base entre la
concentration, le débit de ventilation, la concentration intérieure initiale, la concentration
extérieure et le débit de génération des polluants. La solution générale de l’équation (C3)
peut s’écrire

 
c  co  cG  1  e  nt  c I e  nt (C.4)

où :

Vpol
cG  = concentration à la source
q
cI = concentration initiale à l’instant t = 0
n = taux de renouvellement d’air.
Le membre droit de l’équation (C.4) comporte deux parties. La première montre comment
la concentration tend vers sa valeur d’équilibre, et la seconde, comment la concentration
initiale décroît avec le temps. Après un temps suffisamment long, la seconde partie va
diminuer tandis que la concentration de polluants tend vers la solution d’équilibre

Vpol
c  co  (C.5)
q
Les solutions (C.4) et (C.5) montrent bien la différence entre débit de ventilation et taux de
renouvellement d’air. Dans la solution (C.5), la concentration d’équilibre d’un polluant est
déterminée par le débit de génération du polluant et le débit de ventilation (valeur absolue
du flux de ventilation), mais pas par le taux de renouvellement d’air. Par conséquent, pour
lutter contre l’exposition à long terme aux polluants, il importe de spécifier le débit de
ventilation, et non le taux de ventilation. Dans la solution (C.4), si l’on se place dans la
situation où la concentration décroît en l’absence de source de polluants constante (premier
terme = 0), la vitesse de décroissance est fonction du taux de renouvellement d’air, et non
du débit de ventilation. Par conséquent, pour réduire la concentration de polluant en peu de
temps après une soudaine émission de polluant, c’est le taux de renouvellement d’air qui
est déterminant.

84 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


La solution (C.5) peut être réécrite sous forme de relation entre la concentration intérieure
et extérieure de polluants gazeux :
débit de génération de polluants (C.6)
Concentration intérieure  concentration extérieure 
débit de ventilation
Cette relation est intéressante. Elle montre bien que :
• plus la concentration extérieure est élevée, plus la concentration intérieure l’est
également
• plus le débit de ventilation est élevé, plus la concentration intérieure est faible
• plus le débit de génération de polluants est élevé, plus la concentration intérieure est
élevée.

L’équation (C.6) est dérivée d’une équation d’équilibre simplifiée qui ne tient pas compte
des différents processus d’élimination tels que la déposition sur des surfaces, la
transformation par collision avec d’autres particules, les processus chimiques et la
décomposition ou la perte de viabilité des organismes.
Les systèmes de ventilation peuvent être classés selon :
• leurs forces motrices — ventilation naturelle incluant l’infiltration, ventilation
mécanique et ventilation hybride (mixte) ;
• les modes d’apport et d’extraction d’air — ventilation mécanique simple flux où seule
l’alimentation ou l’extraction est mécanisée, ventilation mécanique double flux ;
• l’intégration à des systèmes de conditionnement d’air — systèmes à ventilo-convecteur
et à induction, systèmes à volume d’air constant, systèmes à volume d’air variable,
systèmes à simple conduit, systèmes à double conduit ; et
• les stratégies de distribution de l’air — ventilation par dilution et ventilation par
déplacement.

Annexe D : La notion de débit de ventilation 85


Annexe E Démarche de
détermination des
exigences en matière de
débit minimal de
ventilation

La démarche de détermination du débit minimal de ventilation repose sur deux aspects


principaux.
On considère tout d’abord l’effet du taux de renouvellement d’air sur la baisse de la
concentration de noyaux de condensation. Le tableau E.1 indique la baisse de concentration
établie par calcul pour différents taux de ventilation dans une chambre d’isolement où l’air
est entièrement mélangé, en supposant que la concentration de polluant dans l’air extérieur
est nulle et qu’il n’y a pas de source présente dans l’espace clos, selon l’équation simple de
diminution de la concentration. Le tableau montre une dilution de 7 fois en 10 minutes pour
un taux de renouvellement d’air (RAH) de 12, de 20 fois en 10 minutes pour un RAH de 18
et de 54 fois en 10 minutes pour un RAH de 24.

Tableau E.1 Baisse de la concentration de noyaux de condensation dans une chambre


d’isolement en fonction du taux de ventilation et de la durée
Taux de ventilation (RAH) (%)
Temps 6 12 18 24
(minutes)
0 100,00 100,00 100,00 100,00
10 37,00 13,50 4,98 1,83
20 13,50 1,83 0,25 0,03
50 0,67 0,00 0,00 0,00
60 0,25 0,00 0,00 0,00
RAH, renouvellements d’air par heure

On fait ensuite appel à une modélisation mathématique du risque d’infection en utilisant


l’équation de Wells-Riley pour estimer l’effet du taux de ventilation sur la probabilité
d’infection pour des affections connues transmises par voie aérienne. L’équation de Wells-
Riley a pour objet de prédire la probabilité de transmission des maladies par voie aérienne.
On peut calculer le risque d’infection dans un espace clos selon le taux de ventilation et la
génération de quanta. Le Tableau E.2 donne les résultats obtenus par calcul dans
l’hypothèse d’un sujet infectant pénétrant dans une chambre fermée de
6 m × 6,7 m × 2,7 m sur une durée d’une heure. Le risque de transmission aérienne d’une
infection d’un patient à un autre décroît lorsque le taux de ventilation augmente, en
particulier si le débit de génération de quanta est faible ; or le débit réel de génération de
quanta pour diverses infections à transmission aérienne est faible, en moyenne, d’après les
données disponibles.

87
Les bénéfices liés à des taux de ventilation élevés sont évidents. En milieu de soins, où les
noyaux de condensation sont un mode de transmission important, le débit moyen de
production de quanta est généralement < 1 quantum/minute chez des patients
symptomatiques non soumis à des procédures générant des aérosols, et de 4-6
quanta/minute lors d’une bronchoscopie. Pour un taux de production de 10 quanta/minute,
le risque d’infection estimé pour 15 minutes d’exposition dans une pièce où le RAH est de
12 est égal à 4 %, alors qu’il est de 2 % si le RAH est de 24, ce qui illustre l’importance
d’une ventilation adaptée.

Tableau E.2 Risque d’infection pour une exposition de 15 minutes selon le taux de
ventilation et la génération de quanta lorsqu’un sujet infectant pénètre dans
un espace clos de 6 m × 6,7 m × 2,7 m
Génération de Taux de ventilation (renouvellements d’air par heure) (%)
quanta 1 3 6 12 15 18 24 30
(quanta/min)
1 0,05 0,02 0,01 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
2 0,10 0,03 0,02 0,01 0,01 0,01 0,00 0,00
3 0,14 0,05 0,03 0,01 0,01 0,01 0,01 0,01
4 0,19 0,07 0,03 0,01 0,01 0,01 0,01 0,01
5 0,23 0,08 0,04 0,02 0,02 0,01 0,01 0,01
6 0,27 0,10 0,05 0,03 0,02 0,02 0,01 0,01
7 0,30 0,11 0,06 0,03 0,02 0,02 0,01 0,01
8 0,34 0,13 0,07 0,03 0,03 0,02 0,02 0,01
9 0,37 0,14 0,07 0,04 0,03 0,03 0,02 0,02
10 0,40 0,16 0,08 0,04 0,03 0,03 0,02 0,02
11 0,43 0,17 0,09 0,05 0,04 0,03 0,02 0,02
12 0,46 0,19 0,10 0,05 0,04 0,03 0,03 0,02
13 0,49 0,20 0,11 0,05 0,04 0,04 0,03 0,02
14 0,51 0,21 0,11 0,06 0,05 0,04 0,03 0,02
15 0,54 0,23 0,12 0,06 0,05 0,04 0,03 0,03
16 0,56 0,24 0,13 0,07 0,05 0,04 0,03 0,03
17 0,58 0,25 0,14 0,07 0,06 0,05 0,04 0,03
18 0,61 0,27 0,14 0,07 0,06 0,05 0,04 0,03
19 0,63 0,28 0,15 0,08 0,06 0,05 0,04 0,03
20 0,64 0,29 0,16 0,08 0,07 0,06 0,04 0,04

88 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Annexe F Ve n t i l a t i o n n a t u r e l l e ,
e x e m p l e I : h ô p i ta l
Nacional Dos de Mayo,
Lima, Pérou

Attention : La présentation des exemples des annexes F à I n’implique pas nécessairement


que la conception des établissements décrits dans ce guide soit considérée comme efficace.
Ces exemples ont été retenus parce que certains de leurs éléments architecturaux présentent
un intérêt sous l’angle de l’amélioration de la ventilation naturelle. Pour évaluer l’efficacité
d’une ventilation naturelle, les débits de ventilation doivent être mesurés sur une période
d’un an, dans des conditions de climat et de fonctionnement variables, ce qui n’a été fait
pour aucun des exemples présentés dans ces annexes.

F.1 Description et histoire de l’hôpital


L’hôpital Nacional Dos de Mayo, à Lima, est un hôpital public général. Fondé en 1538,
c’était le premier hôpital du Pérou. En 1875, il a été transféré à son emplacement actuel,
aux Barrios Altos, près du centre historique de Lima. Il compte 646 lits, et offre toutes les
grandes spécialités médicales et chirurgicales, ainsi que des services de pédiatrie et
d’obstétrique. Près de 14 500 patients y sont hospitalisés chaque année ; à cela s’ajoutent
240 000 consultations externes et 50 000 patients reçus aux urgences. L’hôpital emploie
248 médecins et 912 soignants non médecins. Il comporte un service renommé de
pathologie infectieuse et de médecine tropicale. Les chambres accueillant les patients du
service de pathologie respiratoire sont situées à l’étage, au-dessus de ce service, et
comportent des lits pour les cas de tuberculose multirésistante. Les bâtiments de pathologie
infectieuse et de médecine tropicale, construits dans les années 1950 à l’extrémité nord de
l’hôpital, ont été conçus pour l’isolement des patients tuberculeux, selon les principes de
conception des sanatoriums européens (figure F.1).

(A) L’hôpital Nacional Dos de Mayo (B) Vue du service de pathologie infectieuse

Figure F.1 Hôpital Nacional Dos de Mayo

89
F.2 Principaux styles architecturaux de l’hôpital
Un grand nombre de bâtiments de l’hôpital actuel datent de son inauguration en 1875 et
présentent les caractéristiques de l’architecture coloniale espagnole, avec de hauts plafonds
(généralement 4,2 m ou plus), de grandes fenêtres et des lanterneaux pour l’éclairage et la
ventilation. Les salles de médecine et de chirurgie — de grandes salles de type
« Nightingale » comportant 40 lits — sont disposées autour d’un jardin central où les
patients et le personnel peuvent se détendre. Le bâtiment hébergeant les salles réservées
aux pathologies infectieuses et aux affections respiratoires, nommé Santa Rosa d’après la
sainte patronne de Lima, est un immeuble de deux étages avec de hauts plafonds, de
grandes fenêtres et des balcons permettant aux patients tuberculeux de prendre l’air (figure
F.2). Une partie du rez-de-chaussée a été convertie en chambres d’isolement ventilées
mécaniquement, en pression négative, pour les porteurs du VIH atteints de tuberculose.
Une série de constructions modernes ont été ajoutées en 1971. Elles comprennent le service
des urgences, les services de pédiatrie et de chirurgie, les laboratoires et la radiologie. Ces
bâtiments ont généralement de petites fenêtres et une faible hauteur sous plafond (2,9 m
environ).

F.3 Ventilation naturelle dans les salles antérieures à 1950


La ventilation a été mesurée en utilisant le dioxyde de carbone comme gaz traceur. Les
taux de renouvellement d’air par heure (RAH) indiqués au tableau F.1 ont été mesurés
alors que toutes les fenêtres et les portes étaient ouvertes, sauf mention contraire.
Les chambres des patients atteints d’affections respiratoires sont situées au premier étage,
bien exposées aux vents dominants. Lima est une ville côtière, et les vents viennent du sud-
ouest (du Pacifique). La salle commune pour les affections respiratoires, de 166 m2,
compte 18 lits bien espacés. La ventilation traversante y est excellente, avec des fenêtres
sur les deux grands côtés, et quatre doubles portes.

Tableau F.1 Caractéristiques de la salle et renouvellements d’air mesurés par heure


Salle commune Salle TB Salle TB Chambre Salle de
affections répondant au MR d’isolement soins
Paramètres respiratoires traitement
Surface (m2) 166 51 35 11,7 23
Hauteur plafond 4,2 4,2 4,2 4,2 4,2
(m)
Surface totale 32,3 32,3 18,4 3,0 20,3
fenêtres (m2)
Surface ouvrable 12,5 22,0 12,3 3,0 19,6
fenêtres (m2)
Surface portes 16,6 (n = 4) 9,2 (n = 2) 3,8 (n = 1) 2,0 (n = 1) 3,7
(m2)
RAH moyen 25 (n = 26) 29 (n = 15) 33 (n = 42) 49 (n = 7) 51 (n = 7)
RAH, renouvellements d’air par heure ; TB, tuberculose ; MR, multirésistante
Note : les conditions climatiques lors de la mesure des taux de ventilation n’ont pas été communiquées ; les taux mesurés sont donc
indicatifs (valeurs « instantanées », sur une courte période). La précision des mesures de RAH n’est pas connue.

90 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


(A) Plan des salles de pathologie respiratoire

(B) Salle commune de pathologie respiratoire (C) Chambre TB répondant au traitement

(D) Chambre TB MR (E) Emplacement de la chambre TB MR

MR, multirésistante

Figure F.2 Plan et photos de différentes salles/chambres de l’hôpital Nacional Dos de


Mayo

Annexe F : Hôpital Nacional Dos de Mayo, Lima, Pérou 91


La chambre pour les cas de tuberculose répondant au traitement a quatre lits ; elles est bien
ventilée, la surface de la fenêtre et de la porte étant suffisamment importante par rapport au
volume de la pièce, et ce bien que la chambre se trouve du côté du bâtiment protégé des
vents dominants. On voit la façade de cette pièce au premier étage sur la figure F.1.
La chambre pour les cas de tuberculose multirésistante est voisine de la précédente. Bien
qu’elle soit également du côté sous le vent, elle est mieux exposée aux vents dominants.
Elle comporte trois lits. Les tests à la fumée ont démontré la permanence d’un flux d’air
entrant par la porte et sortant par la fenêtre.
La chambre d’isolement est située près de la salle commune pour les affections
respiratoires (figure F.2, A). La porte donne sur la salle commune, et trois fenêtres donnent
sur l’extérieur. Porte fermée, on a mesuré un RAH de 23 en moyenne lorsque les trois
fenêtres sont grandes ouvertes (n = 3). L’ouverture de la porte permettait d’assurer une
ventilation traversante, avec un RAH moyen de 49 (n = 7). Les tests à la fumée ont
démontré la permanence d’un flux d’air dirigé de la salle commune vers la chambre
d’isolement et sortant par les fenêtres.
La salle de soins (non représentée) n’est pas utilisée actuellement, cette aile du bâtiment
étant endommagée. De forme hexagonale, elle possède de grandes fenêtres sur cinq côtés,
et de grandes portes sur le sixième côté, ce qui assure un flux d’air traversant. Cette pièce
est située, elle aussi, du côté du bâtiment abrité du vent. La ventilation a fait l’objet de
nombreux mesurages avec un nombre croissant de fenêtres et/ou de portes ouvertes.

F.4 Améliorations de la ventilation naturelle obtenues par


des modifications simples
L’exemple d’amélioration de la ventilation naturelle présenté ici concerne la salle d’attente
des consultations externes (figure F.3). Pour évaluer l’impact des interventions, on a
mesuré le RAH tout d’abord dans la configuration d’origine (lanterneaux hermétiquement
fermés à l’aide de feuilles plastiques, vitrages retirés et remplacés par des feuilles
plastiques), puis on a retiré les éléments en matière plastique pour mesurer le RAH dans la
nouvelle configuration.

92 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


(A) (B)
(A) Photo de la salle d’attente des consultations externes. (B) Le taux de ventilation est passé de 6,5 RAH à
15 RAH en moyenne grâce à l’ouverture des lanterneaux dans la salle d’attente.

Figure F.3 Amélioration de la ventilation naturelle dans la salle d’attente des


consultations externes à l’hôpital Nacional Dos de Mayo

La salle d’attente des consultations externes générales (incluant la plupart des spécialités
médicales, la chirurgie et la psychiatrie) est située dans le grand hall représenté par la
photo. Les salles de consultation sont disposées de part et d’autre de ce hall. L’entrée
principale donne sur la rue et des portes du côté opposé de la salle conduisent à d’autres
parties de l’hôpital (figure F.4). Jusqu’à 300 patients partagent cette salle aux heures de
consultation du matin et de l’après-midi.

Figure F.4 Plan de la salle d’attente et des salles de consultation

Annexe F : Hôpital Nacional Dos de Mayo, Lima, Pérou 93


Le toit de la salle d’attente comportait à l’origine quatre sections vitrées hermétiquement
closes, dont deux de 14 m  2,4 m et deux de 5 m  2,4 m. Elles ont été rehaussées d’un
mètre pour ménager une entrée d’air par le toit. La ventilation a été considérablement
améliorée par cette mesure simple qui a coûté US $ 1000 environ. Le taux de ventilation
est passé de 5,5 RAH en moyenne lorsque les portes et les fenêtres étaient ouvertes à
15 RAH en moyenne avec l’ouverture des lanterneaux (n = 4).
Rappelons que ces exemples ont pour objet de présenter des études de cas d’hôpitaux
ventilés naturellement dans le cadre de la lutte contre l’infection. Compte tenu de certaines
caractéristiques (salles communes, absence de désinfection des mains par soluté hydro-
alcoolique sur les photos, etc.), ces exemples ne correspondent pas toujours à une situation
idéale.

94 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


A n n e x e G Ve n t i l a t i o n n a t u r e l l e ,
e x e m p l e I I : h ô p i ta l
Grantham, RAS de Hong
Kong, Chine

G.1 Description et histoire de l’hôpital


Les chambres accueillant les patients tuberculeux à l’hôpital Grantham sont situées au
septième étage. Elle sont ventilées naturellement depuis l’origine (construction de l’hôpital
en 1957), et il n’a pas été installé de système central de conditionnement d’air, mais des
ventilateurs de plafond sont utilisés en été (figures G.1 et G.2). Les fenêtres et les portes
sont maintenues ouvertes en permanence. On reprendra ici une description de 1957 :
Dans la conception d’un hôpital pour patients tuberculeux, des
locaux spacieux et aérés sont un impératif majeur, et c’est pourquoi
le bâtiment principal a la forme d’une étroite barre verticale bien
séparée du bâtiment de l’administration pour permettre un maximum
de ventilation traversante. Il est orienté de façon à bénéficier de la
brise d’été tout en étant abrité des vents froids en hiver. Exposé au
sud-est, il est protégé du soleil en été.

Figure G.1 Chambres et fenêtres ouvertes dans le service des tuberculeux de l’hôpital
Grantham

95
Figure G.2 Ventilateur de plafond en été, radiateur en hiver

G.2 Mesure des taux de ventilation naturelle


Deux campagnes de mesure des taux de ventilation naturelle ont été menées, les 9-
10 novembre 2005 et le 28 août 2006. Chaque fois, les patients de quatre chambres pour
tuberculeux étaient remplacés par des mannequins thermiques pour simuler les flux
thermiques liés à la présence de patients hospitalisés. Chacun de ces mannequins générait
un flux thermique de l’ordre de 76 watts (W), correspondant à un adulte au repos.
Pour mesurer le taux de renouvellement d’air, on a étudié la dissipation d’un gaz traceur
(l’hexafluorure de soufre, SF6) ; ce gaz était injecté dans la salle en continu jusqu’à ce que
sa concentration se stabilise ; l’injection était alors interrompue et on mesurait la baisse de
concentration du gaz. Deux ventilateurs électriques étaient utilisés pour mélanger l’air dans
la pièce au cours des mesures. L’injection de SF6 était contrôlée par un échantillonneur
doseur multigaz de type 1303 et la concentration de SF6 était mesurée à l’aide d’un
analyseur monogaz 3425. Pour tenir compte de la difficulté à assurer un mélange
homogène de l’air dans la pièce, la dissipation du gaz traceur était mesurée en deux points,
le taux de ventilation indiqué correspondant à la moyenne des deux valeurs ainsi obtenues.

G.3 Taux de ventilation mesurés


Les taux de ventilation étaient mesurés dans différentes situations : portes et fenêtres
ouvertes ou fermées, ventilateurs d’extraction en fonctionnement ou non. Au total, 20 tests
ont été réalisés (tableau G.1 ci-après).

96 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Le taux de ventilation augmentait lorsque le degré d’ouverture des fenêtres et des portes
augmentait. Le taux moyen mesuré atteignait sa valeur maximale lorsque toutes les
ouvertures étaient entièrement ouvertes. Lorsque toutes les ouvertures étaient fermées, le
taux de ventilation dû aux seules infiltrations ne dépassait pas 0,71 (test n° 15). Lorsque les
ouvertures donnant sur le couloir étaient entièrement ouvertes, les fenêtres donnant sur
l’extérieur fermées et les ventilateurs d’extraction arrêtés, le taux de ventilation était de
8,7 renouvellements d’air par heure (RAH) (test n° 14).
L’obtention d’un taux de ventilation élevé dépend de la direction du vent, de la vitesse du
vent et de l’alignement des deux orifices de ventilation avec la direction du vent dominant.
C’est ce qui explique la différence entre les taux mesurés par les tests 4 et 17 dans la même
pièce (figure G.3). La figure G.3 indique la température, la vitesse du vent et la direction du
vent mesurées par l’observatoire de Hong Kong lors des tests. Le test n° 4 a été réalisé
entre 15h19 et 15h30 le 9 novembre 2005, alors que la vitesse et la direction du vent étaient
respectivement de 3,6 m/s et 150 ° à 15h00 et de 2,4 m/s et 170 ° à 16h00. Le test n° 17 a
été réalisé entre 17h42 et 18h04 le 28 août 2006, alors que la vitesse et la direction du vent
étaient respectivement de 4,1 m/s et 100 ° à 17h00 et 4,8 m/s et 90 ° à 18h00. Bien que la
vitesse du vent soit nettement plus élevée lors du test n° 17 que lors du test n° 4, le taux de
ventilation obtenu pour le test 17 (18,5 RAH) est nettement plus bas que pour le test 4
(42,2 RAH), ce qui tient à la direction du vent. L’angle entre la direction du vent et les
portes et fenêtres pour le test n° 17 était inférieur à 10 °, alors qu’il atteignait presque 75 °
pour le test n° 4. Le flux efficace lié à la vitesse du vent entrant par les fenêtres était de
3,0 × sin(75°) = 2.9 m/s pour le test n° 4, alors qu’il était inférieur à 4,5 × sin(10°) =
0.78 m/s pour le test 17. Ces résultats montrent l’incidence de la vitesse et de la direction
du vent sur le taux de ventilation.

Annexe G : Hôpital Grantham, RAS de Hong Kong, Chine 97


Tableau G.1 Taux de ventilation mesurés dans les chambres pour patients tuberculeux
Fenêtres
/portes sur Porte donnant
l’extérieur sur le couloir Ventila- Type de
Test Date Chambre (% ouverture) (% ouverture) teur chambre RAH
1a 9 nov Boxe 7; 100 100 arrêt 2 lits 30,3
2 2005 6/F 100 fermée arrêt 2 lits 17,6
3 50 fermée arrêt 2 lits 14,6
4 Boxe 4; 100 100 arrêt 2 lits 42,2
5 6/F 100 fermée arrêt 2 lits 15,4
6 50 fermée arrêt 2 lits 10,7
7 100 fermée arrêt 2 lits 22,5
8b 10 nov Boxe 0; 100 100 arrêt 2 lits 60,2
9 2005 2/F 100 fermée arrêt 2 lits 16,0
10 50 fermée arrêt 2 lits 12,9
11 b Boxe 7; 100 100 arrêt 5 lits 69,0
12 2/F 100 fermée arrêt 5 lits 31,6
13 50 fermée arrêt 5 lits 23,5
14 fermées 100 arrêt 5 lits 8,70

15 28 août Boxe 4; fermées fermée arrêt 2 lits 0,71


16 2006 6/F 100 100 arrêt 2 lits 14,0
17 100 100 arrêt 2 lits 18,5
18 fermées fermée marche 2 lits 12,6
19 100 100 marche 2 lits 14,6
20 100 100 marche 2 lits 29,2
RAH, renouvellements d’air par heure.
a Conditionneur d’air en service au niveau de la fenêtre durant le test.
b Tests 8 et 11 : taux de ventilation trop élevés pour que les données recueillies soient fiables.

98 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins


Figure G.3 Température ambiante, vitesse et direction du vent relevées par
l’observatoire de Hong Kong (station météorologique de Wong Chuk Hang,
proche de l’hôpital Grantham)

Ces résultats montrent combien il est important de tenir compte de l’incidence de la


direction et de la vitesse du vent sur le taux de ventilation. Les concepteurs doivent
identifier les conditions dominantes ou moyennes, et concevoir les bâtiments en fonction
de ces données. Le présent guide est destiné à être utilisé dans des conditions climatiques
très diverses, dans des contextes économiques très différents, et sur des sites présentant une
infinité de caractéristiques topographiques et de variables de toutes sortes. Il importe que
les concepteurs des bâtiments, les responsables des établissements et les personnes
chargées de gérer les entrées et les sorties d’air dans les espaces critiques pouvant contenir
des agents infectieux tiennent compte de ces divers paramètres.

Annexe G : Hôpital Grantham, RAS de Hong Kong, Chine 99


A n n e x e H Ve n t i l a t i o n n a t u r e l l e ,
exemple III : Unité de
lutte contre la
t u b e r c u l o s e , h ô p i ta l Ta n
To c k S e n g , S i n g a p o u r

Les services de consultation externe de l’Unité de lutte contre la tuberculose comprennent


la clinique de diagnostic, où les patients atteints de tuberculose sont évalués et traités, et la
clinique de dépistage et de suivi des personnes en contact avec les tuberculeux. Le service
d’hospitalisation de l’Unité comprend 20 lits pour des patients généralement accueillis en
long séjour, ne bénéficiant pas d’un soutien social et familial satisfaisant, ou faisant l’objet
d’une obligation légale de traitement en milieu hospitalier. Le personnel du service compte
de deux à quatre infirmiers et un auxiliaire de soins ; l’activité est organisée sur trois postes
par 24 heures. Le personnel médical et infirmier ne porte généralement pas de masque dans
le service.

Figure H.1 Deux vues du service d’hospitalisation des patients tuberculeux ; le


périmètre du bâtiment à un seul niveau est dégagé pour permettre une
ventilation naturelle tout au long de l’année

Le bâtiment possède un long toit en pente surplombant les fenêtres sur chaque côté ; les
fenêtres à lames sont maintenues ouvertes. La ventilation naturelle due au vent peut être
assurée selon plusieurs axes d’écoulement de l’air. De nombreux ventilateurs de plafond
assurent en outre le rafraîchissement de l’air. Les salles pour hommes et femmes sont
séparées en deux zones entre lesquelles se trouvent les espaces de travail des soignants
(figure H.2).
Le taux d’occupation du service est généralement de l’ordre de 80 %. Les lits sont espacés
de 1,35 m environ, mais les patients sont libres de se déplacer dans le service et de
s’asseoir à l’extérieur, où une vaste zone couverte est aménagée à l’entrée du bâtiment. La
zone de bureau du personnel (non représentée), située à l’opposé de l’entrée principale, est
séparée du reste du service par des cloisons incomplètes, plutôt que par des portes. La porte
à l’arrière du bâtiment peut être ouverte pour favoriser l’écoulement de l’air d’une

101
extrémité à l’autre du service, et les fenêtres à lames assurent un flux traversant transversal
(figure H.3).

Figure H.2 Plan du service d’hospitalisation des patients tuberculeux

102 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins
(A) (B)
(A) Les cloisons latérales sont incomplètes, laissant une grande hauteur libre entre le haut de la cloison et le
toit. (B) La ventilation est améliorée par une grande hauteur sous plafond et de nombreux ventilateurs de
plafond.

Figure H.3 Salle d’hospitalisation des patients tuberculeux : vues de l’intérieur

La ventilation naturelle est utilisée depuis plus de 50 ans dans l’Unité de lutte contre la
tuberculose de Singapour. Bien que l’Unité soit proche du centre ville, dans une ville
moderne et très peuplée, c’est un espace ouvert, spacieux et agréable pour les patients. La
ventilation assurée par le vent, tant dans le service de consultation externe que dans le
service d’hospitalisation, permet — dans toutes les zones où peuvent se trouver des patients
potentiellement infectieux — un renouvellement d’air destiné à maintenir la qualité de l’air
ambiant, tant pour le personnel que pour les patients.
On ne dispose pas de données mesurées sur la ventilation de cet établissement.

Annexe H : Hôpital Tan Tock Seng, Singapour 103


Annexe I Ve n t i l a t i o n n a t u r e l l e ,
exemple IV : Centre
d’isolement de Damak,
N é pa l

L’organisation internationale pour les migrations (OIM) possède à Damak un centre de


rétention accueillant des migrants dont le dossier est en cours de traitement par l’OIM, et
qui font l’objet d’une surveillance sanitaire. Les unités d’isolement voisines du centre
permettent d’isoler toute personne testée positive pour une maladie infectieuse ou
présentant des symptômes de maladie infectieuse.
Le site (figure I.1) et les différents bâtiments (figure I.2) sont conçus pour assurer un
environnement sûr et protégé aux personnes isolées et à celles qui sont en contact avec des
personnes infectées, dans le cadre des soins ou pour d’autres raisons. La conception des
unités d’isolement doit garantir la sécurité des occupants vis-à-vis du risque de
transmission d’infection par voie aérienne, notamment dans le cas des migrants chez
lesquels une maladie infectieuse a été diagnostiquée.

Figure I.1 Le centre de rétention de l’OIM à Damak

105
Figure I.2 Unité d’isolement individuelle (à gauche) et espace libre entre le haut du mur
et le toit pour permettre la ventilation naturelle (à droite)

Les unités ont trois fenêtres, et une hauteur libre de 0,8 m est ménagée entre le haut du mur
et l’avant-toit. Un extracteur éolien est installé au sommet du toit pour accroître le taux de
ventilation et assurer l’ascension de l’air. Toutefois, ce dispositif ne s’est pas révélé
efficace.
Les unités sont conçues pour être occupées par une seule personne, et sont équipées d’une
douche. Des latrines communes sont installées sur le site.
La conception d’ensemble est destinée à optimiser la ventilation naturelle en assurant un
tirage constant, l’air neuf devant pénétrer par les fenêtres et sortir sous l’avant-toit et par
l’extracteur éolien.
Ce type d’unité est facile à construire et peut être réalisé n’importe où avec les matériaux
disponibles sur place. Si l’espace entre le haut du mur et le toit garantit une ventilation
efficace en toute saison, il peut aussi laisser entrer l’eau dans l’unité, en cas de fortes
pluies.
Le surplomb du toit devrait être augmenté (de 450 à 1000 mm) pour que les patients
puissent laisser les fenêtres ouvertes pendant la saison des pluies sans que l’eau pénètre
dans l’unité en cas de forte pluie.
Le responsable de la conception de ces unités à l’OIM prévoit de fixer sur le pourtour du
toit une jupe en polypropylène d’un mètre de large environ, qui assurera une protection en
cas de pluie battante sans affecter notablement la ventilation du bâtiment.
Compte tenu de la ventilation naturelle que permettraient de grandes fenêtres (les fenêtres
actuelles semblent trop petites), l’extracteur éolien et l’ouverture au sommet du toit ne sont
peut-être pas nécessaires.
La surface limitée du site implique que les neuf unités réalisées sont relativement proches
les unes des autres. Un espacement plus grand entre les unités (qui serait possible sur un
site légèrement plus spacieux) contribuerait à renforcer la circulation d’air et le
renouvellement d’air entre les unités, limitant ainsi le risque de transmission aérienne d’une
unité à l’autre.

106 Ventilation naturelle pour lutte contre les infections en milieu de soins
Ce document est le fruit d’une collaboration entre les Unités OMS Eau, assainissement et santé et
Réduction des biorisques et agents pathogènes dangereux ; adresses Internet :
http://www.who.int/water_sanitation_health/en/
http://www.who.int/csr/bioriskreduction/en/

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