3 Les Grandes Étapes Historiques de La Protection Sociale
3 Les Grandes Étapes Historiques de La Protection Sociale
3 Les Grandes Étapes Historiques de La Protection Sociale
Auteurs :
- Marion Del Sol et
- Sylvie Moisdon-Chataigner
Leçon n° 3 : Organisation générale et contentieux de la sécurité sociale
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2. Intégration dans l'ordre juridictionnel civil................................................................................................................................................................. p. 17
3. Des règles de procédure adaptées...........................................................................................................................................................................p. 17
a) Une procédure amiable préalable obligatoire..........................................................................................................................................................p. 17
b) La phase contentieuse............................................................................................................................................................................................ p. 18
B. Le contentieux technique stricto sensu........................................................................................................................................p. 19
1. En matière d'invalidité, d'incapacité et d'inaptitude...................................................................................................................................................p. 20
a) Compétence d'attribution......................................................................................................................................................................................... p. 20
b) Juridictions compétentes......................................................................................................................................................................................... p. 20
2. En matière de tarification Accidents du travail......................................................................................................................................................... p. 21
C. Les contentieux relatifs aux professionnels de santé..................................................................................................................p. 22
1. Le contentieux du contrôle médical.......................................................................................................................................................................... p. 22
2. Le contentieux disciplinaire....................................................................................................................................................................................... p. 22
a) Compétence d'attribution......................................................................................................................................................................................... p. 23
b) Juridictions compétentes......................................................................................................................................................................................... p. 23
D. Les autres contentieux.................................................................................................................................................................p. 23
1. Contentieux d'ordre administratif...............................................................................................................................................................................p. 23
2. Contentieux d'ordre pénal......................................................................................................................................................................................... p. 23
3. Contentieux d'ordre civil............................................................................................................................................................................................ p. 24
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Tout au long de la leçon n° 3, c'est la notion organique de Sécurité sociale qui sera retenue (voir
leçon n° 1).
La section 2 portera quant à elle sur le contentieux de Sécurité sociale qui, quoique intégré dans
l'ordre juridictionnel civil, n'en présente pas moins de nombreuses spécificités.
D'ailleurs, la loi du 22 mai 1946 portait généralisation de la Sécurité sociale : perspective unitaire
prévoyant une intégration des professions indépendantes dans le cadre du régime général. Mais
cette réforme n'a pas atteint l'objectif qu'elle s'était fixée d'instaurer un régime social unique, en raison
notamment des réticences des travailleurs indépendants mais également de la survie de régimes
préexistants.
Le système français de protection sociale est une sorte de mosaïque de différents régimes (plus
d'une centaine).
Ainsi, J.-J. Dupeyroux souligne fort justement que " si la Sécurité sociale n'a cessé d'évoluer depuis
40 ans jusqu'à couvrir toute la population française, elle l'a fait par stratifications successives au gré
des revendications spécifiques ou corporatistes des différents groupes sociaux... ".
Cette mosaïque manque singulièrement de cohérence et se révèle fort complexe (pas d'unité de
fonctionnement, de financement...).
La classification des régimes peut se réaliser de deux façons : en fonction des catégories
professionnelles auxquelles ils s'adressent ou en fonction de la couverture sociale proposée. En
réalité, les deux critères seront croisés.
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Les différents régimes de Sécurité sociale
Bénéficiaires Risques couverts
Cependant, il existe un certain nombre de régimes spéciaux auxquels sont assujettis des travailleurs
salariés. Le plus souvent, il s'agit là de survivances historiques (dispositifs de protection sociale qui
existaient dans certaines branches avant l'apparition des assurances sociales).
Le législateur les a laissé subsister en 1945 à titre temporaire. Mais les salariés se sont montrés
très attachés au maintien de ces régimes en raison des avantages particuliers qu'ils leur procurent
(mais également par souci corporatiste).
On peut classer ces régimes spéciaux en deux catégories (en fonction des risques pris en charge).
Ainsi, les agents en activité relèvent du service médical de la SNCF : la compagnie rémunère les
médecins et les agents reçoivent gratuitement les soins médicaux. Il existe également une caisse de
prévoyance qui assure le remboursement des prestations en nature pour le conjoint et les enfants
des agents ainsi que des frais pharmaceutiques et d'hospitalisation de l'assuré.
De plus, les cheminots bénéficient d'un régime particulier de retraite. Ainsi, les conducteurs de train
ont droit à la retraite à 50 ans, retraite dont le montant est calculé à partir des 3 meilleures années de
conduite (sur le traitement de base et les primes de traction) et qui représente 75% de la moyenne
des 6 derniers mois de salaires.
Ainsi, on est passé de 1,5 million de bénéficiaires en 1945 à 500 000 en 1990 (dont seulement 10%
cotisent).
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La caisse règle le praticien (sur une base forfaitaire). Par conséquent, le mineur ou ses ayants droit
font appel à des praticiens agréés et n'ont pas à les rémunérer. Un régime particulier de retraite
existe également.
A noter qu'à compter du 1er janvier 2014, le régime minier sera adossé au régime général
(notamment pour la gestion des activités) mais sans que soient remises en cause les spécificités du
régime minier (notamment conditions de remboursement des soins).
• On peut encore citer le régime des militaires de carrière, le régime de la RATP.
Il en va ainsi notamment des fonctionnaires (de l'Etat, des collectivités territoriales et des
hôpitaux) qui relèvent du régime général pour les prestations en nature au titre de l'assurance
maladie et d'un régime spécial pour les prestations en espèces (indemnités journalières). Ils
bénéficient également d'un régime spécial en matière de retraite.
De façon plus générale, en matière de retraite, il existe nombre de régimes spéciaux pour les salariés
selon le secteur (ou l'entreprise) dans lequel ils travaillent.
Exemple
On peut citer les agents de la RATP, d'EDF, de la Banque de France, de l'Opéra de Paris.
S'agissant de l'assurance maladie des exploitants agricoles, il existe un système assez complexe
qui fonctionne mal.
Depuis 1961, les exploitants bénéficient d'un régime d'assurance maladie obligatoire. Comme
certains étaient déjà assurés auprès de mutuelles privées ou de sociétés d'assurance, la loi de 1961
a laissé aux exploitants le choix de l'organisme assureur : MSA - mutuelles privées 1909 (ex : ancien
groupe Groupama) - sociétés d'assurances habilitées par arrêté ministériel.
Toutefois, les cotisations et les prestations sont identiques quel que soit l'organisme assureur auquel
l'exploitant s'est adressé et ce, d'autant plus que la MSA joue un rôle de coordination.
Remarque
Notons également que, depuis 2002, les exploitants agricoles bénéficient d'un régime obligatoire
concernant les risques professionnels.
En 1964, les travailleurs indépendants ont refusé d'intégrer le régime général de la Sécurité sociale.
Mais ils ont très vite ressenti la nécessité d'une couverture sociale.
• En matière de retraite.
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Les non-salariés ont tout d'abord ressenti un besoin de protection sociale en matière de retraite.
En effet, en raison de la dépréciation monétaire, la constitution d'économies stables en vue de
la retraite était difficile. Ils souhaitaient une assurance vieillesse qui soit détachée du régime
général. Ainsi, ont été créées trois organisations autonomes chargées de gérer le risque
vieillesse des non-salariés :
Depuis 1966, il existe un régime obligatoire d'assurance maladie pour les non-salariés (géré par des
caisses mutuelles régionales à caractère interprofessionnel).
Mais ce n'est qu'à compter de 1970 qu'ont été améliorées les bases d'un régime autonome
d'assurance maladie pour les " non-non ".
Depuis le 1er janvier 2006, est créé un régime social des travailleurs indépendants (RSI) qui
se substitue aux régimes d'assurance vieillesse et invalidité-décès des professions artisanales
(CANCAVA), commerciales et industrielles (ORGANIC) et au régime d'assurance maladie et
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maternité des travailleurs non salariés des professions non agricoles (CANAM, régime qui est
commun aux artisans, professions industrielles et commerciales et aux professions libérales). En
revanche, n'est pas concerné le régime d'assurance vieillesse des professions libérales.
Ce nouveau régime exerce également les missions d'interlocuteur social unique pour
le recouvrement des cotisations et contributions sociales et personnelles des travailleurs
indépendants ; mais il a délégué temporairement aux URSSAF une partie des fonctions de
recouvrement Une troisième ordonnance (celle n° 2005-1529 du 8 décembre 2005) envisage la
mise en place de l'interlocuteur social unique. Le décret n° 2007-703 du 4 mai 2007 et le décret
n° 2007-878 du 14 mai 2007 la réalisent concrètement en permettant la prise en charge du
recouvrement des cotisations sociales obligatoires des indépendants. Depuis le 1er janvier 2008, le
recouvrement est effectué par le RSI.
Il s'agit ainsi de répondre à la volonté de simplifier les démarches administratives des indépendants
en adoptant une démarche globale en matière de cotisations sociales. Mais d'autres finalités
sont envisagées pour cette nouvelle organisation, notamment l'aide aux entrepreneurs en cas de
difficultés financières.
Dans cette logique d'aide aux entreprises et afin de leur permettre une gestion simple des cotisations
sociales, l'article 53 de la loi n°2007-290 du 5 mars 2007 instituant le droit au logement opposable
et portant diverses mesures en faveur de la cohésion sociale et le décret n°2007-966 du 15 mai
2007 mettent en œuvre le régime micro social pour la micro entreprise. Les cotisations ne seront
plus minimales mais proportionnelles au chiffre d'affaires. Par ailleurs, le mode de déclaration et de
paiement est simplifié. Ces dernières dispositions sont entrées en vigueur en 2008.
A noter : par une circulaire ACOSS n° 2009-055 du 26 juin 2009, le rescrit social (procédure
er
d’interrogation) est ouvert aux travailleurs indépendants. Elle est entrée en vigueur à compter du 1
juillet 2009. Lorsqu’il est interrogé, l’organisme dispose d’un délai de réponse de 3 mois.
Remarque
Th. TAURAN, Commentaire de la loi du 5 mars 2007, JCP S 2007, 1289.
Il y a donc désormais une seule caisse nationale pour gérer ce RSI et un réseau unique de caisses
régionales (regroupement des 3 réseaux actuels).
En 1945, le régime général fut conçu pour être le seul régime regroupant tous les individus contre
l'ensemble des risques sociaux. Cet objectif ne fut jamais atteint ; mais, depuis 1945, le pourcentage
de personnes protégées par ce régime n'a cessé de croître. Aujourd’hui, le régime général couvre
environ 80% de la population.
En effet, le secteur agricole fournissait du travail à de très nombreuses personnes (soit exploitants,
soit ouvriers). Il existait également un tissu assez dense de petits commerçants et d'artisans. Enfin,
la France comptait des régimes spéciaux anciens et structurés.
Puis, progressivement, le contexte a changé : la part de l'agriculture dans l'emploi a reculé très
nettement - les mises en société se sont multipliées - l'importance de certains régimes spéciaux a
diminué (ex : régime des mines).
Par conséquent, la structure des emplois a été assez profondément modifiée. Cette évolution s'est
traduite par une salarisation de la population active, une augmentation quantitative de la masse des
salariés (selon un rapport de l'INSEE, les salariés non agricoles représentaient au début du XXème
siècle 37% de l'emploi total contre 83,2% en 1996) et donc une croissance en nombre des cotisants
(et bénéficiaires) du régime général.
Dans le même temps, et corrélativement, le nombre de cotisants aux autres régimes n'a cessé
de diminuer. Ces régimes ont donc commencé à être confrontés à des problèmes financiers
(appauvrissement), d'où l'idée d'une compensation financière entre régimes.
En effet, en plus de son champ d'application d'origine, certains régimes ou certaines personnes
dépourvues jusqu'alors de couverture sociale sont venus se greffer sur le régime général - soit
totalement, soit partiellement - (ex : étudiants - Voir leçon n° 4).
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Trois éléments conditionnent donc l'assujettissement obligatoire au régime général :
• Le lien de subordination juridique : confrontés à cette définition assez imprécise, les
tribunaux ont mis en avant le critère du lien de subordination eu égard au terme employeur
utilisé dans l'article L.311-2 du Code de sécurité sociale . En effet, le lien de subordination
est le critère distinctif du contrat de travail, du salariat. Dans un premier temps, la notion
de subordination n'était pas appréciée de la même façon par le droit du travail et le droit de la
Sécurité sociale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
On retient la notion de subordination juridique (et non de dépendance économique) dont les éléments
sont les suivants : activité profitable à l'employeur - activité s'exerçant à partir de directives imposées
par l'employeur - activité rémunérée.
Il importe de souligner que la jurisprudence avait tendance à interpréter de façon extensive la notion
de subordination. C'est ainsi qu'était considéré comme travailleur dépendant celui dont l'activité
s'inscrivait dans le cadre d'un service ou d'une structure organisée (notion de maîtrise par l'employeur
de l'organisation générale du travail... alors même que le travailleur peut disposer d'une certaine
indépendance technique dans l'exercice de ses fonctions).
Sont donc considérés comme travailleurs dépendants devant être affiliés au régime général de la
Sécurité sociale les professeurs dispensant des cours dans un établissement d'enseignement, les
médecins travaillant au service de cliniques...
Toutefois, une décision de principe (Soc. 13/11/1996) procède à un " recentrage de la notion de
salarié sur le critère de la subordination ", seul critère d'identification du salarié.
Jurisprudence
Selon la Cour de cassation, " le lien de subordination est caractérisé par l'exécution d'un travail
sous l'autorité d'un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d'en
contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné ; le travail au sein d'un
service organisé peut constituer un indice du lien de subordination lorsque l'employeur détermine
unilatéralement les conditions d'exécution du travail (Soc. 13/11/1996 - JCP 1997, éd. E, II, 911,
note J. Barthélémy) ".
Il est à noter que le juge fait application d’un principe de réalité et s’attache à l’examen des données
factuelles et à l’analyse des conditions réelles d’exercice de l’activité afin de vérifier l’existence ou
non d’un lien de subordination juridique. Voir Tauran T. L'assujettissement au régime général de la
Sécurité sociale et le critère du lien de subordination : évolutions récentes, Dr. soc. 2009, p. 195.
Quant à la jurisprudence, elle a délimité ce qu'il fallait entendre par rémunération au sens de l'article
L.311-2. Il doit s'agir d'une rétribution fixe, régulière et effective.
A noter que la perception d'une rémunération présentant ces caractéristiques laisse présumer
l'existence d'un lien de subordination. C'est un élément essentiel de la qualité de salarié, mais non
suffisant (présomption simple).
• L'existence d'une convention : l'article L. 311-2 du Code de sécurité sociale évoque cette
condition. Toutefois, aucune exigence particulière ne figure dans ce texte : " quelle que soit la
forme, la nature ou la validité du contrat ".
La dénomination que les parties ont entendu donner à leur convention n'importe pas. Le régime
social applicable dépend des conditions d'exercice de l'activité : pour le régime général, il faut se
demander si existe un lien de subordination entre le travailleur et le donneur d'ordre
Ainsi, le code de la Sécurité sociale assimile à des travailleurs dépendants certaines catégories
professionnelles " particulières " (CSS, art. L. 311-3).
On peut citer les travailleurs à domicile, les VRP, les journalistes, les gérants de stations-service, les
artistes de spectacle, les mannequins, certains dirigeants de société.
Remarque
Dans les sociétés anonymes, il s'agit du président du conseil d'administration, du directeur
général et des membres du directoire. Dans les SARL, ce sont les gérants minoritaires ou
égalitaires), certains conjoints d'un travailleur non salarié (à condition qu'ils participent effectivement
à l'entreprise ou à l'activité de leur époux, à titre professionnel et habituel, et qu'ils perçoivent un
salaire correspondant au salaire normal de la catégorie professionnelle. Il faut donc qu'ils aient opté
pour le statut de salarié, et non de collaborateur ou d'associé).
La loi du 27 juillet 1999 portant création de la CMU supprime ce dispositif et lui substitue une
obligation d'affiliation pour toutes les personnes qui ne sont pas rattachées à l'un des régimes
existants du fait d'une activité professionnelle ou d'un lien familial (en qualité d'ayant droit).
L'affiliation s'effectue auprès du régime général à condition d'avoir une résidence régulière et stable
en France et sous réserve d'un rattachement ultérieur à un autre régime.
Peuvent notamment utiliser ce système les personnes qui cessent de remplir les conditions de
l'assurance obligatoire alors qu'elles ont été affiliées pendant 6 mois et qu'elles ne peuvent intégrer
un autre régime obligatoire.
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Champ d'application du régime général
Population couverte Risques pris en charge
Cela légitime donc la tutelle de l’État qui s'exerce sur eux et explique que les règles de droit privé mais
aussi de droit public trouvent à s'appliquer. Mais il convient également de faire état d'une évolution
découlant de la réforme Juppé qui tend à définir autrement certains rapports entre l’État et les caisses
de Sécurité sociale dans le sens de la contractualisation.
A. La tutelle de l'État
1. Les raisons de la tutelle
Bien que les caisses disposent d'une autonomie légale de gestion, elles se situent sous la tutelle de
l’État dans la mesure où elles sont investies d'une mission de service public.
On peut parler à cet effet d'une délégation de gestion de la part des Pouvoirs publics qui ont en
charge le contrôle de la gestion effectuée par les partenaires sociaux.
De plus, les enjeux socio-économiques sont tels (sécurité du revenu, santé, redistribution...) que la
tutelle de l’État s'en trouve légitimée.
Il convient également de noter qu'au plan financier, la Sécurité sociale se trouve sous la tutelle
du Ministère de l’Économie et des Finances (gestion comptable des organismes), ce qui peut
amener les inspecteurs du Trésor public ou de l'inspection générale des finances à opérer des
contrôles et des vérifications.
Remarque
A noter que, depuis la réforme Juppé, le directeur de l'organisme national propose au conseil
d'administration de la caisse de base une liste de trois noms pour le poste de directeur. Le conseil
choisit sur cette liste un nom que le directeur de l'organisme national nomme. La personne, pour
être nommée par le conseil d'administration, doit être inscrite sur une liste nationale d'aptitude
(après instruction par les DRASS et l'IGAS). Le contrôle est assuré par la MNC Les conditions de
nomination sont envisagées aux articles R. 123-45 à R. 12-47-10 du Code de sécurité sociale. Il
est à remarquer l’importance de l’arrêté du ministre chargé de la sécurité sociale pour la définition
des emplois ainsi que le rôle du comité des carrières.
Pour l'assurance maladie, la réforme du 13 août 2004 prévoit que le directeur de la Caisse Nationale
de l'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) nomme désormais les directeurs et
agents comptables des organismes locaux et régionaux d'assurance maladie.
• Cette tutelle s'exerce d'autre part sur les membres du conseil d'administration des
caisses puisque l'autorité de tutelle a la possibilité de suspendre ou de dissoudre le conseil,
révoquer certains administrateurs en cas d'irrégularités graves ou de mauvaise gestion (arrêté
ministériel).
Pour l'essentiel, on est passé d'une tutelle a priori (même si un agrément ministériel doit être obtenu
pour les actes à portée générale : statuts et règlements intérieurs, convention collective) à une
tutelle a posteriori, ce qui induit de nouvelles relations entre les organismes nationaux et locaux
(approbation des budgets) et entre les caisses et l’État (logique de contractualisation depuis la
réforme Juppé avec l'instauration des Contrats d'Objectifs et de Gestion).
Les autorités de tutelles disposent d'un pouvoir d'annulation des décisions prises par les conseils
d'administration des caisses de Sécurité sociale. A noter que les tribunaux administratifs peuvent
connaître des recours pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités de tutelle.
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surtout dans le suivi de l'exécution du budget. Par ailleurs, des contrôles a posteriori existent
également. Ils sont opérés par les comptables publics du Trésor, par les Chambres régionales
des comptes et par la Cour des comptes qui, dans son rapport annuel, relève les anomalies
constatées dans la gestion de certains organismes de Sécurité sociale.
En savoir plus : La tutelle sur les actes
La réforme du 13 août 2004 octroie désormais au directeur de la CNAMTS le pouvoir de suspendre
ou d'annuler toute délibération ou décision prise par une caisse qui méconnaîtrait les dispositions
de la COG (Convention d'Objectifs et de Gestion). Pour cette catégorie de décisions, et uniquement
dans le cadre de l'assurance maladie, on assiste donc a priori à un effacement partiel de la tutelle
étatique locale pour une tutelle administrative en interne exercée par un directeur dont la nomination
relève de l’État.
Des relations contractuelles sont instaurées entre l’État et les caisses nationales par la mise en place
des Conventions d'Objectifs et de Gestion (COG) dans un souci de cohérence, de coordination
et d'amélioration de la gestion et des résultats des caisses. Il s'agit bien d'instituer un autre type de
relation entre l’État et les caisses.
Elles présentent un caractère pluriannuel (3 ans) et sont révisables par le biais d'avenants annuels
afin que soient prises en compte les priorités du Parlement inscrites dans la loi de financement de
la Sécurité sociale, ainsi que les évolutions législatives et réglementaires.
Enfin, elles prévoient un processus d'évaluation des résultats obtenus au regard des objectifs fixés.
Remarque
Pour la branche Maladie, existe une spécificité puisque la COG doit également comprendre les
orientations pluriannuelles du Gouvernement dans le domaine de la santé publique (démographie
médicale, médicament), un avenant annuel fixant l'objectif prévisionnel des dépenses de soins de
ville et les conditions de mise en œuvre dans le cadre conventionnel (en fonction de l'objectif national
d'évolution des dépenses voté par le Parlement).
La situation juridique créée est donc hybride : organismes de droit privé - mission de service public.
La question se pose donc inévitablement de la nature des règles juridiques à appliquer à l'activité
de ces organismes : droit privé ou droit public ?
La réponse n'est pas uniforme, les solutions mises en œuvre conduisant à une application distributive
des règles du droit privé et de règles exorbitantes du droit privé empruntées au droit public.
A noter cependant que les conventions collectives conclues entre l'UCANSS (Union des Caisses
Nationales de Sécurité sociale) et les syndicats représentatifs doivent faire l'objet d'un agrément
ministériel et que les salariés peuvent exercer le droit de grève mais dans le respect de certaines
règles relatives au service public (notamment, respect d'un préavis).
Les organismes de Sécurité sociale peuvent avoir la qualité de contractant et ce, pour les besoins
de fonctionnement (ex : bail, fournitures...).
Les relations ainsi nouées avec les tiers sont régies en principe par le droit privé, même si certaines
règles relatives aux marchés publics trouvent à s'appliquer.
On peut citer l'affiliation d'office ou encore les règles exorbitantes du droit commun accordées aux
URSSAF dans le cadre du recouvrement forcé des cotisations professionnelles (ex : possibilité de
recourir au dispositif de la contrainte qui permet aux URSSAF de se délivrer à elles-mêmes un titre
exécutoire).
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Le Conseil d’État a jugé que les décisions des organismes sociaux (de droit privé) avaient
la nature d'acte administratif dès lors que ces décisions sont prises dans l'exercice de leur
mission de service public et mettent en œuvre des prérogatives exorbitantes du droit privé.
En conséquence, il est fait application de la théorie (publiciste) de la chose décidée dont l'un des
objectifs est d'asseoir une certaine forme de sécurité juridique en évitant la remise en cause des
décisions prises par un organisme.
À l'instar des administrations, les caisses de Sécurité sociale sont tenues par diverses obligations
dans leurs relations avec les usagers :
• obligation de motiver toute décision de refus (loi du 11 juillet 1979).
• obligation d'information à l'égard des usagers. Son non respect peut conduire à la mise en
jeu de la responsabilité extracontractuelle de l'organisme (ex : renseignements erronés ayant
empêché un assuré de faire valoir des droits) qui, depuis 1995, est paradoxalement (?) une
responsabilité délictuelle de nature civile. De façon plus spécifique, la loi Kouchner du 4 mars
2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé confie aux organismes
gestionnaires des régimes obligatoires de base de l'assurance maladie " une mission générale
d'information des assurés sociaux ".
• respect du principe du contradictoire : la loi du 12 avril 2000 relative aux droits des
citoyens dans leur relation avec l'administration étend le champ d'application du principe du
contradictoire aux organismes de Sécurité sociale. Ainsi, les caisses doivent indiquer les voies
et délais de recours ouverts à l'assuré.
Compte tenu de l'ensemble de ces particularités, les caisses gérant la protection sociale ne sont
pas considérées comme des entreprises au sens du droit de l'Union européenne, ce qui fut encore
rappelé par la Cour de cassation (cf. Cass. civ. 2, 25 avril 2007, JCP S 2007 1475 note J.-Ph.
LHERNOULD).
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Section 2. Le contentieux de la Sécurité sociale
Les spécificités juridiques ci-dessus évoquées ont conduit à se poser la question de la compétence
juridictionnelle pour connaître des actes et décisions pris par les organismes de base de droit privé.
Il sera également dressé un panorama des différents contentieux induits par le droit de la Sécurité
sociale.
La nature de l'acte litigieux étant celle d'un acte administratif, il serait logique de confier à l'ordre
administratif le contentieux en découlant.
Quant aux autres litiges, ils devraient normalement relever des tribunaux judiciaires car opposant
des personnes privées entre elles (organisme/salarié - organisme/cocontractant privé).
Il est donc affirmé une compétence de principe des juridictions de l'ordre judiciaire (et non
administratif), y compris en cas de contentieux relatif à des décisions mettant en œuvre des
prérogatives de puissance publique.
" il est institué une organisation du contentieux général de la sécurité sociale. Cette organisation
règle les différends auxquels donne lieu l'application des législations et réglementations de sécurité
sociale et de mutualité sociale agricole, et qui ne relèvent pas, par leur nature, d'un autre contentieux
".
Autrement dit :
• le principe est que les litiges mettant en jeu une décision d'un organisme de base relèvent du
contentieux dit général qui est un contentieux, certes adapté, mais rattaché à l'ordre judiciaire
(juridictions civiles).
• des compétences juridictionnelles autres subsistent en raison de la nature particulière de
certains différends... ce qui justifie que l'on parle des contentieux et non du contentieux de la
Sécurité sociale.
A. Le contentieux général
1. Compétence d'attribution
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Le contentieux général concerne le droit proprement dit de la Sécurité sociale (régime général,
régime agricole, régimes spéciaux). Cela vise les litiges relatifs à l'application du droit de la Sécurité
sociale.
Il s'agit de régler " les différends auxquels donne lieu l'application des législations de Sécurité
sociale... et qui ne relèvent pas, par leur nature, d'un autre contentieux ".
Autrement dit, il s'agit là d'une compétence générale, à l'exclusion des contestations régies par
l'article L.143-1 du Code de la sécurité sociale (invalidité, incapacité, inaptitude), du contrôle
technique à l'encontre des professionnels de santé, des recours contre les décisions des autorités
administratives et des poursuites pénales.
Exemple
Affiliation des travailleurs - litiges relatifs aux cotisations (assiette) ou au versement des prestations
(conditions d'ouverture des droits aux prestations, montant des prestations) ...
Il s'agit du Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale (TASS) qui est présidé par le président du TGI
(ou un juge honoraire), lequel est assisté de 2 assesseurs (1 représentant des travailleurs salariés/1
représentant des employeurs et travailleurs indépendants disposant d'un mandat de 3 ans).
Autrement dit, le choix a été fait de recourir à l'échevinage (composition mixte comprenant des
magistrats professionnels et non professionnels). Son ressort territorial correspond à celui de la
CPAM (le département).
Cette juridiction appartient à la catégorie des juridictions civiles d'exception (ou spécialisées) qui
existent à côté de la juridiction civile de droit commun qu'est le TGI (au 1er degré) : conseil de
prud'hommes, tribunal paritaire des baux ruraux, tribunal de commerce et, à un degré moindre,
tribunal d'instance. C'est la technicité et la spécificité même des règles applicables qui justifient la
création de ces juridictions particulières.
Toutefois, elles sont intégrées à l'ordre civil et donc soumises, sauf aménagements particuliers, aux
règles du Code de procédure civile.
De plus, en appel, le contentieux revient devant les juridictions de droit commun du second degré, à
savoir les cours d'appel ; la Cour de cassation est compétente pour connaître d'éventuels pourvois
(compétence de la 2ème chambre civile).
C'est seulement en cas d'échec de cette procédure préalable que la phase contentieuse peut être
déclenchée (décision motivée négative ou absence de réponse dans le délai d'un mois).
Cette procédure amiable présente un caractère d'ordre public (à quelques exceptions près, comme
en cas de décision relative à l'incapacité permanente).
Dès lors, en cas de saisine directe du TASS, celui-ci déclarera le recours irrecevable et l'intéressé
devra être renvoyé devant la CRA.
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Sur la notion de décision prise par un organisme de sécurité sociale (au sens de l’article R. 1421-1
CSS), voir le cas d’une lettre d'observations remise par l'URSSAF à un employeur concernant
l'affiliation obligatoire (Cass. civ. 2, 22 février 2007, JCP S 2007, 1325, note T. Tauran).
b) La phase contentieuse
• Les étapes procédurales. Le TASS doit être saisi dans les 2 mois qui suivent la notification de
la décision de la commission de recours amiable (ou, en cas de silence gardé par celle-ci, dans
le délai de 2 mois à compter de l'expiration du délai d'un mois au-delà duquel le silence vaut
rejet). Selon les dispositions de l'article R. 142-25 du Code de la sécurité sociale, le jugement
du TASS peut faire l'objet d'un appel devant la cour d'appel dans un délai d'un mois dès lors
que la valeur du litige excède 4000 € ou qu'elle est indéterminée (ex : affiliation) . L'affaire est
portée devant la chambre sociale de la Cour d'appel (magistrats spécialisés dans les questions
de Sécurité sociale) .Un pourvoi en cassation demeure possible (dans les deux mois) contre
les décisions rendues en appel ou les jugements rendus en premier et dernier ressort par le
TASS (c'est-à-dire pour les litiges inférieurs à 4000 €).
• Quelques particularités procédurales.
La procédure devant le TASS débute par une nécessaire tentative de conciliation. A défaut
de conciliation, la phase de jugement est essentiellement orale (pas d'obligation de dépôt de
conclusions) et contradictoire. La procédure est assez peu formaliste :
• mode de saisine peu formaliste : une assignation n'est pas nécessaire (acte d'huissier).
Le TASS peut être saisi par simple requête déposée au greffe ou adressée par lettre
recommandée à la juridiction. Cependant, il faut être vigilant. Les caisses peuvent être
convoquées par lettre simple, les autres parties le seront par lettre recommandée. Lorsque
cette lettre est retournée à la juridiction, cette dernière doit effectuer un nouvel envoi
par recommandé et, en cas de mention « n'habite pas à l'adresse indiquée », elle doit
procéder à une nouvelle convocation par acte d'huissier de justice par application des
dispositions de l'article R. 142-19 du Code de sécurité sociale (cf. sur ce point, Cass. civ
2, 13 septembre 2007, JCP Social, 1820, note T. Tauran).
• règles souples d'assistance et de représentation : comparution personnelle possible,
possibilité de se faire assister ou représenter par le conjoint, un ascendant ou descendant
en ligne directe, un avocat, un travailleur salarié ou un employeur ou un travailleur
indépendant exerçant la même profession, un représentant qualifié des organisations
syndicales de salariés ou d'employeurs, un administrateur ou un employé de l'organisme
partie à l'instance ou un employé d'un autre organisme de sécurité sociale, un délégué des
associations de mutilés et invalides du travail les plus représentatives. Un actuel projet de
décret introduirait la dispense de comparution à titre facultatif et l’oralité de la procédure
serait aussi expressément visée aux futurs articles R. 142-20-1 et R. 142-20-2 CSS, cf. sur
ce point : M. PIERCHON, « à propos du projet de réforme de l’oralité dans le contentieux
de la sécurité sociale : modernisation ou régression ? », JCP S, n°24, 15 juin 2010,
act. 308).Mais il apparaît que la convocation des parties par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception est envoyée quinze jours au moins avant la date d'audience,
le jour de la notification qui fait courir ce délai ne comptant pas (cf. Cass. civ 2, 28 avril
2011, JCP S, 2011, n°1306).
• possibilité de déposer des conclusions sur papier libre.
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Contentieux général de la sécurité sociale
La frontière est parfois difficile entre le contentieux général et le contentieux technique ou encore
avec d'autres juridictions compétentes en matière sociale (cf. sur ce point, M. Pierchon, Invalidité,
inaptitude et reclassement ou l'autonomie du juge du travail vis-à-vis du juge du contentieux de
l'incapacité, JCP S 2007, 1073).
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1. En matière d'invalidité, d'incapacité et d'inaptitude
a) Compétence d'attribution
Les litiges relevant du contentieux technique sont ceux relatifs à l'état et au degré d'invalidité ou
d'incapacité permanente au travail.
Il s'agit également des contestations sur l'inaptitude au travail en matière d'assurance vieillesse. Pour
l'essentiel, il s'agit là d'un contentieux d'ordre médical davantage que juridique.
b) Juridictions compétentes
En première et seconde instance, le législateur a fait le choix d'instituer des juridictions spécialisées.
• En 1ère instance, il s'agit des tribunaux du contentieux de l'incapacité (TCI) institués dans le
ressort de chaque direction régionale des affaires sanitaires et sociales. Ils doivent être saisis
dans les 2 mois qui suivent la décision contestée.
Depuis une loi du 18 janvier 1994, ils se sont substitués aux commissions régionales d'invalidité
et d'incapacité permanente. Différentes décisions ont critiqué la composition de cette juridiction
(cf. sur ce point Cass. Ass. Plénière 22 décembre 2000, D. 2001, p. 1652, faisant référence à
l'article 6§1 de la Convention européenne des droits de l'homme). Le législateur a donc modifié
la composition des tribunaux de ce contentieux technique par deux textes : la loi n° 2002-73 su
17 janvier 2002 de modernisation sociale et l'ordonnance n° 2005-656 du 8 juin 2005 relative
aux règles de fonctionnement des juridictions d'incapacité. Ils sont désormais présidés par
des magistrats et composés uniquement d'assesseurs représentant, d'une part, les salariés
et, d'autre part, les employeurs et les travailleurs indépendants (voir M. Del Sol, Contentieux
technique de la sécurité sociale et article 6§1 de la CEDH : dernières évolutions, BSFL n° 01/04,
p.5).
A noter qu’il est parfois difficile de déterminer la juridiction compétente entre le TASS et le TCI.
Récemment, les juges ont précisé que les litiges relatifs aux indemnités journalières et à la cause
de l’arrêt de travail relevaient de la compétence du TASS, les juridictions du contentieux technique
n’étant compétentes qu’au regard de l’état d’inaptitude du salarié (cf. Cass. civ. 2, 11 juin 2009, n°
08-10.028 ; Cass. civ. 2, 2 avril 2009, n° 08-11.811).
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Contentieux technique de l'incapacité
Les entreprises peuvent en effet contester le taux de cotisation notifié par la CARSAT (Caisse
d’assurance retraite et de la santé au travail, ex-CRAM) ainsi que les décisions relatives aux
ristournes ou majorations. Ici, la juridiction compétente en premier et dernier ressort est la CNITAAT.
Il n'y donc pas de possibilité d'appel.
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En revanche, un pourvoi en cassation demeure possible devant la Cour de cassation.
Il doit notamment évaluer et contrôler l'activité des professionnels de santé (ex : constater les abus
en matière de soins, de prescription d'arrêt de travail et d'application de la tarification des actes).
Le Service Médical peut saisir un comité médical régional qui est composé de médecins représentant
les caisses (2 médecins-conseils de la sécurité sociale) et les professionnels (2 représentants de
l'union régionale des médecins libéraux) et qui est présidé par le médecin inspecteur régional de
la santé.
2. Le contentieux disciplinaire
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Il s'agit d'un contentieux disciplinaire spécial qui est assez largement institué en marge de
l'organisation juridictionnelle de droit commun (même si un pourvoi en cassation est possible devant
le Conseil d'Etat). On l'appelle également contentieux du contrôle technique.
a) Compétence d'attribution
Elle est déterminée à l'article L.145-1 du Code de la sécurité sociale :
" fautes, abus, fraudes et tous faits intéressant l'exercice de la profession, relevés à l'encontre des
médecins, chirurgiens-dentistes ou sages-femmes à l'occasion de soins dispensés aux assurés
sociaux... ".
Les peines susceptibles d'être prononcées sont de nature diverse : avertissement, blâme, interdiction
temporaire ou permanente de donner des soins aux assurés sociaux, remboursement du trop-perçu
en cas d'abus d'honoraires.
b) Juridictions compétentes
• En première instance.
Ce sont les juridictions des Ordres professionnels qui sont compétentes. Il s'agit de la section
des assurances sociales des conseils régionaux de discipline qui est présidée par le président
du tribunal administratif et composée de deux représentants de la profession concernée et
de deux représentants des organismes de Sécurité sociale (un administrateur ou un agent de
direction et un médecin-conseil).
• En appel.
L'appel est porté devant la section des assurances sociales du conseil national de l'ordre
professionnel concerné qui est présidée par un conseiller d’État et composée de deux
représentants de la profession concernée et de deux représentants des organismes de sécurité
sociale (dont un médecin désigné par le ministre). Le délai d'appel est de 30 jours.
Par conséquent, les décisions prises par les autorités de tutelle peuvent faire l'objet d'un recours
pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif. Il en va de même du contentieux relatif aux
conventions médicales lorsque l'une des parties au litige est une caisse nationale (établissement
public à caractère administratif).
Il faut aussi préciser que le recours de caisses en tant que tiers-payeurs est porté devant le juge
administratif lorsque le recours concerne une faute réalisée par l'Administration, par exemple recours
contre un centre hospitalier régional. En ce cas, l'appel de la CPAM peut être intentée à tout moment
(cf. CE, 5ème et 4ème ss-section, 16 mai 2007, JCP S 2007, 1500, note T. Tauran).
Par conséquent, ce droit pénal spécial relève des juridictions répressives de droit commun : tribunal
de police pour les contraventions et tribunal correctionnel pour les délits.
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