L'amour Chez Vian
L'amour Chez Vian
L'amour Chez Vian
PAR
M. ATICOM CHITKASEMSUK
PAR
M. ATICOM CHITKASEMSUK
BY
M. ATICOM CHITKASEMSUK
RÉSUMÉ
Notre travail met l’accent sur l’étude du thème de l’amour en basant sur
l’analyse textuelle. Dans le premier chapitre, nous abordons la naissance de l’amour
chez les personnages qui les pousse ultérieurement à la quête de l’amour. Nous
analysons également la relation de l’amour compliqué des protagonistes. Dans le
deuxième chapitre, il s’agit d’étudier le développement de l’amour dans chaque
couple de personnages. Nous tenons à suivre leur chemin vers les diverses fins de leur
relation amoureuse et ainsi à expliquer ce qui s’y cache.
ABSTRACT
This research aims to study two novels of Boris Vian : L’Écume des jours
and L’Automne à Pékin. In general, these two novels are well known for the usage of
the fantastic elements created from the fabulous imagination of the writer himself.
However, the novels contain a theme in common: love. This theme was developed in
various aspects throughout the relation among the main characters.
We study mainly the theme of love with the help of the textual analysis. In
the first chapter, we analyze the beginning of love in the characters’ heart which
pushes them toward the quest for love. We also take the differences phases of love
into account. In the second chapter, we concentrate on the development of love
among the protagonists which eventually leads to various aspects of relationship
ending and on seeking it out.
REMERCIEMENTS
Je tiens également à exprimer mes remerciements les plus vifs et les plus
sincères à Madame Kanittha JARUPINTUSOPHON et à Mademoiselle Warunee
UDOMSILPA pour les précieux conseils et leur sympathie. Elles ont bien voulu
consacrer leur temps à lire complètement mon mémoire. Je remercie de la même
façon Monsieur Nicolas REVIRE pour la relecture et la correction linguistique.
Aticom CHITKASEMSUK
SOMMAIRE
RÉSUMÉ (1)
ABSTRACT (2)
REMERCIEMENTS (3)
SOMMAIRE (4)
INTRODUCTION 1
CONCLUSION 62
BIBLIOGRAPHIE 65
BIOGRAPHIE 68
INTRODUCTION
L’amour est un des sentiments les plus violents qui pousse les êtres
humains à s’exprimer à travers les formes diverses, de l’amitié à l’affection du couple.
L’amour est un des besoins fondamentaux comme a expliqué la pyramide de
Maslow1, reflète bien la forte émotion qu’a un individu pour un(e) autre. Ce thème
universel a été différemment exploré par les littéraires de chaque époque, qui ont
cherché à trouver leur propre façon à exprimer leur sentiment amoureux.
- L’amour est une activité physique aussi négligée que les autres, dit Wolf.
- Possible, répondit Monsieur Brul, mais on lui consacre en général un
chapitre spécial.3
Parmi ses romans d’amour, nous allons en analyser deux : L’Écume des
jours et L’Automne à Pékin. Ces romans ont vu le jour en 1946 avec l’écart de trois
mois. Toutefois, le critère de notre corpus ne porte pas sur la date de parution, mais
sur ce qui est en commun entre ces deux ouvrages : la focalisation sur l’amour. Dans
L’Écume des jours, l’histoire d’amour de Colin est indéniablement la seule intrigue
1
Cf. « La pyramide des besoins Maslow »,
http://www.psychologuedutravail.com/psychologie-du-travail/la-pyramide-des-
besoins-de-maslow.
2
Boris Vian, L’Arrache-Cœur, (Paris : Livre de Poche, 2009), 25.
3
Boris Vian, L’Herbe Rouge, (Paris : Livre de Poche, 2013), 108-109.
principale du roman comme a dit Vian : « Je voudrais écrire un roman dont le sujet
puisse tenir en une seule ligne : un homme aime une femme, elle tombe malade, elle
meurt. »4 L’Automne à Pékin se compose véritablement de petites intrigues : la quête
alchimique, la construction de chemin de fer, l’expérimentation scientifique du
professeur Mangemanche et l’amour. Malgré la complexité du récit, la trame de
l’amour se distingue parmi les autres. Les personnages principaux des deux romans
ont significativement la même résolution d’entamer la relation amoureuse et ce fait
justifie ainsi notre choix.
Parmi les recherches sur les œuvres littéraires de Boris Vian, le travail de
Madame Surachanee Khattiyasuwong nous donne spécialement un aperçu sur
L’Écume des jours, un de nos corpus. Son mémoire de maîtrise a été soutenu en 1989,
sous le titre La mort au cœur de la vie chez Boris Vian dans L’Écume des jours. Elle
consacre un chapitre entier au thème de l’amour. Selon elle, l’amour dans ce roman
est « comme une fatalité contre laquelle la bonne volonté de l’homme est
impuissante »5 et c’est une force qui met en évidence « la souveraineté de la mort »6
dans la vie des personnages. La manière dont elle a évoqué le thème de l’amour n’est
pas loin de ce que nous avons découvert dans les premières lectures. Son exploration
nous fournit ainsi un outil à mieux comprendre l’intention de l’auteur et un point de
repère lorsque nous élargissons le champ de recherche à un autre corpus pour arriver à
constituer notre propre version de l’interprétation des œuvres vianesques.
4
Jacques Bens, Boris Vian, (Paris : Bordas : Paris), 30.
5
Surachanee Khattiyasuwong, La mort au cœur de la vie chez Boris Vian dans
L’Écume des jours, 4.
6
Ibid.
CHAPITRE 1
LES PERSONNAGES EN QUÊTE D’AMOUR
Dans la vie, (…) est de porter sur tout des jugements a priori. Il
apparaît en effet que les masses ont tort, et les individus ont toujours raison. Il
faut se garder d’en déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir
besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses :
c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la
Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington (…)3
Pour Vian, l’amour lui paraît important et fait donc partie des valeurs qu’il
chérit le plus. Souvent, ces notions se transmettent à ses personnages et certains
d’entre eux en font l’objet de leur quête. Nous allons étudier dans ce chapitre
comment le sentiment amoureux prend forme chez les personnages de L’Écume des
jours et de L’Automne à Pékin et comment il les pousse à mener une véritable quête.
1.1 Les amours dans L’Écume des jours : Chick, Alise et Colin
L’histoire de L’Écume des jours est fondée sur une simple intrigue de la
quête de l’amour du protagoniste Colin. Au fil du roman, il s’avère qu’il désire la
même jeune femme que son camarade Chick. La situation, pour Colin, n’est rien
1
Cf. « Stendhal et l’amour »,
https://www.armance.com/Stendhal%20et%20l%27amour.pdf.
2
Cité dans Xavier Bourdenet, De l’amour (Paris : Flammarion, 2014), 9.
3
Boris Vian, L’Écume des jours (Paris : Livre de poche, 2012), 19.
d’autre qu’une impasse lorsque le triangle est formé. Nous allons étudier comment est
né son amour et comment il se débrouille dans cette situation difficile.
- Bonjour, Nicolas, répondit Chick. Est-ce que vous n’avez pas une
nièce qui s’appelle Alise ?
- Si, Monsieur, dit Nicolas. Une jolie jeune fille, d’ailleurs, si j’ose
introduire ce commentaire.7
4
Ibid., 22.
5
Ibid., 24.
6
Ibid., 22.
7
Ibid., 30.
8
Ibid., 36.
9
Ibid., 38.
possédait des bras et des mollets ronds, une taille fine et un buste si bien
dessiné que l’on eût dit une photographie. 10
Le parfum des cheveux d’Alise fait partie de ses charmes que Colin
apprécie. À la patinoire, Colin a, pour la première fois, une expérience olfactive des
cheveux d’Alise : « Un parfum délicieux montait des clairs cheveux d’Alise. Colin
s’écarta un peu. »11 En rentrant chez lui, il sent le même parfum émanant d’une
orchidée qu’il trouve sur le chemin : « Il baissa pour cueillir une orchidée bleue et
rose que le gel avait fait sortir de terre. Elle sentait le parfum des cheveux d’Alise. »12
Soit l’odeur d’une fleur lui rappelle Alise. Soit la pensée de Colin s’accroche toujours
à Alise et l’associe automatiquement à la fleur. Toutes les deux interprétations nous
permettent de voir l’emploi du parfum pour mettre au clair l’intensité du sentiment
qu’a Colin pour Alise. Michel Rybalka a remarqué également l’importance de l’odeur
pour les personnages de Vian : « Pour lui [Vian], les odeurs ont quelque chose de
vital et contribue à rendre plus vivant ce à quoi elles sont associées (…). »13
Finalement, Colin se rend compte de son désir pour Alise lorsqu’il se dit:
« Je verrai Alise demain ! »14 Mais son désir n’est guère possible tant que Chick est
toujours là. La rivalité entre les deux amis se déclenche.
10
Ibid., 43.
11
Ibid., 44.
12
Ibid., 50.
13
Michel Rybalka, Boris Vian : essai d’interprétation et de documentation (Paris :
Minard, 1984), 153.
14
Boris Vian, L’Écume des jours (Paris : Livre de poche, 2012), 50.
15
Ibid., 24.
D’abord, il n’y a qu’un petit effort à faire de la part de Chick pour aborder
Alise pendant une conférence de Jean-Sol Partre :
16
Contrepèterie de Jean-Paul Sartre (1905-1980), l’une des plus grandes personnalités
du XXe siècle.
17
Boris Vian, L’Écume des jours (Paris : Livre de poche, 2012), 30.
18
Ibid., 37.
19
Ibid.
20
Ibid.
21
Ibid.
bien lui, qui prend l’initiative et entame Alise, pour mieux la connaître : « J’ai dit :
moi, aussi !... et j’ai été partout où elle a été… ».22 Il court après la nièce de Nicolas :
« Je vais à la patinoire avec elle demain. » 23
Cependant, les efforts de Chick ne traduisent pas assez son vrai sentiment
envers Alise. Apparemment, Chick ne s’intéresse pas trop à l’apparence physique de
la jeune fille. Peut-être, ce n’est pas l’apparence physique qui l’attire vers Alise. Cela
se voit assez bien quand Colin lui exige de la décrire. Chick dit tout simplement : « Je
ne sais pas décrire, (…)…elle…elle est jolie. »24 Ce qui attire vraiment Chick vers
Alise, c’est leur intérêt partagé pour Partre. Chick et Alise se rencontrent pour la
première fois dans une conférence à laquelle Jean-Sol Partre préside. Celui-ci est en
effet le déclenchement pour leur relation et les enchaîne l’un à l’autre :
22
Ibid.
23
Ibid., 38.
24
Ibid., 36.
25
Ibid., 38.
26
Ibid., 95.
27
Ibid., 78.
financier : « Tu [Alise] es gentille, dit Chick. Je ne te mérite pas. Mais c’est mon vice,
collectionneur de Partre, et malheureusement un ingénieur ne peut pas se permettre
d’avoir tout. »28 En toute évidence, Chick se consacre à Partre. Il verse sa fortune dans
la collection des livres de ce dernier et non pour se marier avec Alise. Ce qui montre
qu’il aime plus Partre qu’Alise. Venant à l’aide, Colin propose à son ami une somme
d’argent mais l’attitude de Chick ne change pas. Ainsi, il n’envisage que des
obstacles :
Les paroles de Chick sont marquées par la tournure négative. Au fond Chick
est vraiment contre le mariage. Même si Colin lui offre de l’argent, Chick n’a pas l’air
de croire que le problème sera résolu. Et quand il mentionne « les parents d’Alise »
comme un autre obstacle de leur mariage, il s’agit plutôt d’un autre prétexte de Chick
pour s’échapper à la vie conjugale.
Il est à remarquer que la naissance du sentiment amoureux chez Chick est
marquée par le goût pour la lecture partagée avec Alise ; ils ont la même idole. Tout
va bien jusqu’à ce qu’Alise laisse tomber Partre. Pour elle, Chick est la personne la
plus chère. Chick s’aperçoit que l’attachement d’Alise à Partre est ébranlé et il se le
reproche en déclarant : « C’est ma faute ! (…) Alise ne dépense plus rien pour Partre.
Elle ne s’en occupe presque plus depuis qu’elle vit avec moi. »30 C’est pour cela qu’il
s’attarde à épouser la jeune fille. L’histoire d’amour entre eux reste donc en suspens.
28
Ibid., 95.
29
Ibid., 97.
30
Ibid., 95.
Il est intéressant de voir comment ces deux jeunes gens, avec Colin, et plus tard
Partre, arrivent à obtenir ce qu’ils désirent.
-Très bien, dit Chick, mais si tu crois que je vais accepter une
proposition comme ça, tu te forges une fausse conception de l’univers. Il faut
que tu te trouves une quatrième. Je ne vais pas laisser Alise aller chez toi, tu
la séduirais avec les harmonies de ton pianocktail et je ne veux pas de ça.32
Colin veut revoir Alise. L’invitation au dîner ne serait qu’un prétexte pour
mieux séduire Alise avec ses manigances. Mais Chick devine la ruse de son ami.
D’une part, il témoigne déjà le charme de l’invention de Colin, le pianocktail, et il
31
Ibid., 42.
32
Ibid., 45.
croit qu’elle plaira sûrement à Alise. D’autre part, Chick est obsédé par l’idée de
possession ; c’était comme si Alise lui appartenait déjà. L’idée de la perdre le rend à
la fois douloureux et jaloux de Colin. Il s’oppose donc au désir de son ami. Notons
que Colin et Chick sont financièrement différents. Colin « possédait une fortune
suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres »33 tandis que
Chick est dans un état beaucoup plus inférieur. Qu’Alise soit au courant de ce fait ne
serait qu’un faux pas pour Chick.
Après avoir fait connaissance avec Alise, Colin est découragé par le fait
que son affection pour elle n’est pas réalisable. Ses pensées vont dans tous les sens. Il
ne peut cesser de penser à Alise même au moment où il rentre chez lui, bien que cette
jolie fille soit à son ami Chick. Colin songe désespérément, non sans une pointe de
jalousie, à Chick et à Alise qui, paraît-il, semblent inséparables :
33
Ibid., 24.
34
Ibid., 50.
35
Ibid., 62.
- Nicolas, pourquoi Chick ne veut-il pas venir ici déjeuner avec votre
nièce à moins que je n’invite une autre jeune fille ?
- Monsieur m’excusera, dit Nicolas, mais j’en ferais autant. Monsieur
est certainement assez beau garçon.
- Nicolas, dit Colin, si ce soir je ne suis pas amoureux pour de vrai,
je…je collectionnerai les œuvres de la duchesse de Bovouard, pour faire
pièce à mon ami Chick.36
Colin, déçu par Alise, est en chemin vers la fête chez Isis avec un espoir
de trouver une jeune femme. Il rencontre Chloé. Ce n’est pas la première fois que
Colin entende mentionner le nom de Chloé. Nicolas lui en a déjà parlé, non en tant
que personne, mais comme le titre d’une chanson : « Je conseille à Monsieur un
tempo d’atmosphère, dans le style de Chloé, arrangé par Duke Ellington… ».37
Comme la chanson lui plaît bien, il n’est donc pas étonnant que Colin se sent attiré
par la jeune femme qui porte le même nom. Grâce à ce jeu de mot, l’amour de Colin
pour la musique de Duke Ellington se transfère sans difficulté en amour pour Chloé.
Et finalement, le jeune homme se décide de se faire présenter à Chloé :
Colin vient de dire une bêtise devant celle qui l’intéresse : il confond le
nom de la jeune fille avec le nom de la chanson de Duke Ellington. Il en est
embarrassé. Alise comprend tout de suite que Colin s’intéresse à Chloé. Elle
l’encourage en mettant l’accent sur la beauté de Chloé.
36
Boris Vian, L’Écume des jours (Paris : Livre de poche, 2012), 62.
37
Ibid., 55.
38
Ibid., 72
- Zut ! Zut et Bran, Peste diable boufre. Vous voyez la fille là…
- Chloé ?...
- Vous la connaissez !...dit Colin. Je lui ai dit une stupidité. Et c’est
pour ça que je m’en allais.
Il n’ajoute pas qu’à l’intérieur du thorax, ça lui faisait comme une
musique militaire allemande, où on n’entend que la grosse caisse.
- N’est-ce pas qu’elle est jolie ? demanda Alise.
Chloé avait les lèvres rouges, les cheveux bruns, l’air heureux et sa
robe n’y était pour rien.
- J’oserai pas ! dit Colin.
Et puis il lâcha Alise et alla inviter Chloé.39
Dans une seule phrase, Colin « lâcha » Alise et « alla inviter » Chloé. Le
verbe « lâcher » ici dénote l’acte de quitter une personne qu’on est en train
d’entretenir. Mais, figurativement, il peut dire également « laisser tomber », comme si
Colin ne voulait plus d’Alise et qu’il avait trouvé une autre jeune fille qu’il
« inviterait » dans sa vie, Chloé. Et enfin, c’est celle-ci qu’il choisit et qui devient sa
raison de vivre et sa ruine également.
39
Ibid., 73.
Anne est jeune. Même si son âge n’est pas précisé, nous devinons
facilement qu’il a une vingtaine d’années car il connaît Angel depuis cinq ans et qu’ils
faisaient les études dans « la même école. »40 Anne est du type « remarquable. »41 Il
est intelligent : il « réussissait sans difficulté aucune. »42 Il exerce le pouvoir séduisant
sur les filles, comme Angel l’avoue lui-même : « Eh bien oui. Il a toujours eu du
succès avec les filles. »43 Son charme est irrésistible même pour Rochelle. Anne et
Rochelle se connaissent pendant une période assez brève. Ils se rencontrent dans une
occasion spéciale :
40
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 37.
41
Ibid., 43.
42
Ibid.
43
Ibid., 41.
44
Ibid., 43.
45
Ibid., 44.
46
Ibid., 43.
47
Ibid.
sueur, sa veste gisait déjà au-dessus de sa place et Rochelle admira ses biceps à
travers la popeline rayée de sa chemise de laine. »48
L’appréciation qu’a Rochelle pour Anne est tellement forte qu’elle est
prête à suivre un mode de vie quelconque, même si cela peut gâcher son avenir.
Voyons comment Anne ne danse jamais selon la musique. Il danse « à
contretemps.»49 Cela peut impliquer sa nature désinvolte, non-conformiste et il
n’hésite pas à inviter Rochelle à se comporter ainsi, celle-ci le suivant « sans se
troubler »50 comme elle l’avoue elle-même : « J’aime la façon dont il danse. »51 On
dirait qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.
En plus, Anne est suffisamment séduisant pour que Rochelle accepte et
ferme l’œil sur son défaut :
48
Ibid., 87.
49
Ibid., 41.
50
Ibid., 42.
51
Ibid., 43.
52
Ibid.
53
Ibid.
Angel ose dire ce qu’Anne, lui-même, n’ose pas accepter même quand
Angel le dit ; il insiste toujours sur son indifférence envers Rochelle : « Vraiment, je
n’y songeais pas. » Il fait comme si la jeune fille n’était rien pour lui. Mais c’est plus
fort que lui, parce qu’à la fin, Anne ne peut s’empêcher de demander à Angel si
Rochelle lui en voudra. À ce point, il est assez certain que, malgré l’apparence, Anne
s’attache toujours à sa copine. C’est vraiment elle, la véritable raison de la réticence
d’Anne de partir. Quant à Angel, il semble qu’il est en train de sonder le sentiment de
son ami pour un certain but indicible. Et c’est ce que nous allons analyser dans la
partie suivante.
Angel mène une vie simple et peu énergétique. Il sort de la même école
que son ami Anne mais n’obtient qu’un rang inférieur au travail car « il n’aimait pas
55
travailler. » Au début de L’Automne à Pékin, Angel passe un très long moment à
attendre Anne et Rochelle mais ses pensées ne restent pas sur eux : elles se dirigent de
temps à autre vers les travaux « des récupérateurs cylindriques »56 qui lui font penser
à la mousse de la mer, vers la sensualité d’ « une de ces filles qui tenait les pigeons à
54
Ibid., 48.
55
Ibid., 37.
56
Ibid.
tondre »57, vers les femmes « qui cousaient des musettes en toile cirées. »58
Cependant, elles ne cessent de revenir constamment à Anne et Rochelle, qui tardent à
arriver. L’attente le fatigue et finalement il y renonce. Quand il va traverser la rue, une
idée étrange vient stupéfaire Angel : « l’idée qu’il ne connaissait pas encore la couleur
des yeux de Rochelle le retint au moment de traverser (…). »59 Il est frappant que
maintenant il ne reste plus que Rochelle dans sa pensée. Anne est supprimé de son
esprit. La question le perturbe. Peut-être, Angel se rend compte tout à coup qu’il ne
sait même pas la couleur des yeux de la jeune fille. Il semble qu’il ne la connaît pas
vraiment. Il ignore même les petits détails que, normalement, on peut donner
spontanément après la rencontre. C’est ainsi qu’Angel est étonné en se surprenant à
accorder soudainement l’attention au physique de Rochelle :
57
Ibid.
58
Ibid., 38.
59
Ibid.
60
Ibid., 39. C’est nous qui soulignons.
aurait été embarrassé d’expliquer pourquoi. »61 Certes, il s’intéresse à Rochelle, mais
ce n’est pas encore l’amour. Tout va dans ce sens jusqu’au soir où Angel et Rochelle
ont l’occasion de se converser au club de danse. Là, il trouve que certains traits de la
fille lui plaisent, en particulier ses cheveux et sa voix. Mais il arrête tout de suite ses
pensées en se rappelant, en se répétant que Rochelle appartient à Anne : « Il ne voulait
surtout pas ennuyer Anne. C’est Anne qui connaissait Rochelle et ça le regardait (…)
pas une de ces filles ne l’intéressait. Sauf Rochelle. Mais Anne avait la priorité. »62 Il
semble ainsi qu’Angel essaie de supprimer, voire de refouler son émotion au nom de
son ami Anne. Malheureusement, il n’y arrive pas et cela mène à la compétition entre
les deux amis.
La concurrence entre les deux amis, Angel et Anne, est explicitée dès le
début du roman. Pour être plus précis, c’est à partir de la présentation des deux
personnages :
61
Ibid., 43.
62
Ibid., 44.
63
Ibid., 37.
travailler » à l’école, s’occupe ironiquement des « cailloux » tandis que son ami
travaille avec des « verres ». Ces deux objets suggèrent deux natures contrastées des
deux personnages. Angel, c’est un homme fragile et sensible, contrairement à Anne
qui est de nature plus dure, plus aventureuse. Or, selon Rybalka, le nom de Rochelle
peut cacher quelque chose de significatif, car il s’agit peut-être de la combinaison de
64
« roc » et de « Michelle ».65 Il n’est donc pas étonnant que Rochelle se lie à Anne
plutôt qu’à Angel. Par conséquence, Angel est laissé à côté. Plus tard, Rochelle
montre que sa préférence est absolument accordée à Anne :
64
Michelle Léglise est la première épouse de Boris Vian.
65
Michel Rybalka, Boris Vian : essai d’interprétation et de documentation (Paris :
Minard, 1984), 142.
66
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 88.
seule. »67 Rochelle ne se laisse pas contrôler. Elle résiste à l’effort d’Angel de la faire
danser comme lui. Il est donc facile à comprendre pourquoi elle va mieux avec Anne
qu’avec Angel. Quand elle dit à Angel : « Vous êtes le type dont on a envie d’être
sœur. »68, elle ne veut pas que le jeune homme pense autrement. Pour elle, il ne peut
être que comme son frère et c’est à ce moment qu’Angel apprend que son rêve ne
serait pas réalisé.
Malgré cela, Angel garde toujours l’espoir de conquérir la copine de son
ami. Sa persévérance est remarquable. Le jeune homme cherche à profiter de
l’absence d’Anne, lorsque ce dernier doit se déplacer en Exopotamie à la place de
Cornélius Onte. Le commentaire du narrateur pourrait montrer l’idée sinistre
d’Angel : « il pensait que, si elle restait, il pourrait la voir de temps en temps. Ses
yeux étaient bleus. Anne serait parti. »69 Malheureusement, le dessein d’Angel est
supprimé à cause de la clairvoyance d’Anne. Il est au courant de l’intention de son
ami et il pose donc la bonne question : « Ce n’est pas Rochelle qui te retient tout de
même ? »70 Angel persiste et se lance à la poursuite de l’amour. Il accompagne Anne
et Rochelle et attend le moment propice.
Conclusion
67
Ibid., 43.
68
Ibid., 44.
69
Ibid., 48.
70
Ibid., 49.
mais comme toute chose, l’amour doit passer par maintes étapes. Après la naissance
de l’amour, nous allons aborder, dans le chapitre suivant, à la fois, son développement
et son déclin.
CHAPITRE 2
LES DIVERSES FACETTES DE L’AMOUR VIANESQUE
Il semble que l’amour entre ces deux personnages se termine mal à cause
de l’intervention de la malchance. Certes, l’amour entre Colin et Chloé est l’amour le
plus heureux des quatre groupes mais le destin leur joue de mauvais tours. Leur union
promet un beau futur parce qu’elle commence avec l’amour fou des deux jeunes
optimistes. Mais un seul élément important et imprévisible, le destin, vient tout
détruire.
La relation entre Colin et Chloé devient de plus en plus mûre après leur
première rencontre chez Isis. L’idée de revoir Chloé préoccupe Colin mais son
incapacité d’en trouver le moyen reste un obstacle majeur. Le jeune homme est obligé
de demander respectivement l’aide de Chick et de Nicolas. À travers la conversation
avec le premier, Colin se rend compte combien il aime Chloé. Il avoue qu’il la désire
énormément et étrangement :
1
Boris Vian, L’Écume des jours (Paris : Livre de poche, 2012), 79.
2
Ibid., 91.
- Chloé, vos lèvres sont douces. Vous avez un teint de fruit. Vos yeux
voient comme il faut voir et votre corps me fait chaud (…)
- Il me faudra des mois, des mois, pour que je me rassasie des baisers à
vous donner. Il faudra des ans de mois pour épuiser les baisers que je veux
poser sur vous, sur vos mains, sur vos cheveux, sur vos yeux, sur votre
cou…(…).
- Chloé, je voudrais sentir vos seins nus sur ma poitrine, mes deux
mains croisées sur vous, vos bras autour de mon cou, votre tête parfumée
dans le creux de mon épaule, et votre peau palpitante, et l’odeur qui vient de
vous.5
3
Ibid., 94.
4
Ibid., 96.
5
Ibid., 100-101.
Colin, lui-même, fait une remarque que « c’est anormal »7. La cravate qui
ne se laisse pas nouer, c’est la préfiguration. Cette technique est souvent utilisée pour
suggérer les événements qui auront lieu ultérieurement et pour préparer les lecteurs à
la suite du roman. Ici, la préfiguration aide également à engendrer le suspense qui
suscitera le doute ou la curiosité chez les lecteurs, et les invite à suivre le cours de
l’histoire. Dans ce cas, la cravate qui brise peut être considérée comme négative. Cela
peut être interprété comme un mauvais signe pour l’avenir du couple. Comme c’est le
jour du mariage et que quelque chose se casse, les lecteurs ont droit d’anticiper que la
vie conjugale des personnages concernés se terminera par une malchance, voire une
tragédie.
6
Ibid., 113.
7
Ibid.
8
Ibid.
Bien que Chick arrive enfin à la nouer, la cravate trouve un autre moyen
de lui faire du mal. Elle écrase son doigt. Voilà ce qui apporte du malheur.
9
Ibid., 126.
10
Ibid., 128.
11
Ibid., 132.
12
Ibid., 132. C’est nous qui soulignons.
13
Ibid., 133.
14
Ibid., 133.
Ensuite, Chloé voit « une bête écailleuse »15, qui est une pâle allusion aux
animaux sournois comme des reptiles. Nicolas révèle après que c’est l’homme
entretenant les lignes du poteau télégraphique. Il est à remarquer que Colin et Chloé
n’ont jamais su que ce métier existait. Cela suggère peut-être qu’ils sont vraiment hors
du contact avec le monde qui les entoure, avec les hommes que Chloé trouve
« très laids. »16 Le voyage de noce donne donc un aperçu de la réalité de la vie aux
protagonistes.
Les jeunes amoureux se logent dans un hôtel au bord de la route. Là,
Chloé joue avec un petit tas de neige malgré l’avertissement de son mari et elle se
remet à tousser :
15
Ibid., 134.
16
Ibid.
17
Ibid., 143.
18
Ibid.
figure de Nicolas qui se baissa pour gratter une petite tache à son pantalon, et se
releva au bruit du verre cassé. »19 Le lendemain, Chloé a mal dormi et sa poitrine est
remplie de neige. Sa conversation avec Nicolas paraît tout dire :
Comme Chloé insiste à Colin de la prendre dans ses bras, il est possible
que quelque chose aille mal dans son corps. Elle a tellement froid que même la
chaleur du soleil ne peut la chauffer :
- (…) Prends-moi dans tes bras, j’ai froid, c’est cette neige.
Le soleil entrait en vagues dorées dans la pièce.
- Il ne fait pas froid, ici, dit Colin.
- Non, dit Chloé en se serrant contre lui ; mais j’ai froid. Après,
j’écrirai à Alise.21
19
Ibid.
20
Ibid., 145.
21
Ibid., 146.
j’ai peur de ma Chloé, je la verrai malgré vous, mais non, Colin, n’entre pas.
Elle est peut-être blessée, seulement, alors, il n’y aura rien du tout, demain,
nous irons ensemble au Bois, pour revoir le banc, j’avais sa main dans la
mienne et ses cheveux près des miens, son parfum sur l’oreiller. Je prends
toujours son oreiller, nous nous battrons encore le soir, le mien elle le trouve
bourré, il reste tout rond sous sa tête et moi je le reprends après, il sent
l’odeur de ses cheveux. Jamais plus je ne sentirai la douce odeur de ses
cheveux.22
Chloé sentait une force opaque dans son corps, dans son thorax, une
présence opposée, elle ne savait comment lutter, elle toussait de temps en
temps pour déplacer l’adversaire, accroché à sa chair profonde. Il lui
paraissait qu’en respirant à fond, elle se fût livrée vive à la rage terne de
l’ennemi, à sa malignité insidieuse.24
22
Ibid., 172.
23
Ibid.
24
Ibid., 173.
25
Ibid., 200.
de paralysie : « Je ne peux plus tenir debout. »26 L’examen chez le médecin révèle
l’existence du nénuphar dans le poumon droit de Chloé.
Comme mari et femme, le devoir de l’un envers l’autre est extrêmement
important pour la survie du couple. Colin est prêt à payer n’importe quel prix pour
l’autre moitié de sa vie. Une sorte de dégradation se voit déjà très bien auprès de la
richesse du jeune protagoniste.
Or, Colin est bien au courant de son état financier et essaie de contrôler
rigoureusement ses dépenses. Le jeune homme juge que cela vaut la peine de payer
pour Chloé : « Il resta debout pendant quelques instants, s’étonnant de l’énormité des
sommes qu’il avait dû engager pour donner à Chloé ce qu’il jugeait digne d’elle
(…)».27 Disons que le bonheur du couple dépend véritablement de cet argent.
Posséder moins d’argent dans cet univers romanesque met la vie conjugale des
personnages dans un état précaire. L’exemple le plus évident : la guérison de Chloé.
La dégradation physique de Chloé entraîne directement la faillite de
Colin. Pour sauver sa femme, Colin consacre tout son argent au traitement et aux
achats de fleurs en grande quantité, si bien qu’Alise en fait des blagues à Chloé :
« Quelles jolies fleurs ! (…) Colin est en train de se ruiner (…) »28 En réponse à la
plaisanterie d’Alise, Chloé dit « oui » pour montrer qu’elle se rend compte de la
difficulté de son mari, du fait qu’il n’a plus d’argent : « Il faut qu’il travaille, mon
pauvre Colin. Il n’a plus de doublezons. »29 Chloé part à la montagne tandis que Colin
reste pour chercher un emploi. Ce qui est important pour Colin, c’est de gagner de
l’argent et la vente du pianocktail pourrait nous dire que pour lui, c’est le moyen le
plus facile et il va continuer à le faire jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à vendre :
« (…) si mes frais cessaient de croître, j’aurais assez, en vendant mes choses pour
vivre sans travailler. »30 La dégradation financière de Colin est contagieuse. Elle
affecte non seulement sa façon de vivre, mais aussi la vie de Nicolas. Elle le vieillit
26
Ibid.
27
Ibid., 161.
28
Ibid., 217.
29
Ibid, 218.
30
Ibid., 242.
« de sept ans. »31 Colin décide de mettre Nicolas à la porte pour de bon mais ce
dernier persiste et tente de raisonner avec son patron :
Colin traite Nicolas comme si celui-ci était une propriété, dont la valeur
baisse, comme une chose ayant été affectée par l’usure. Colin ne peut pas supporter
cela. Il dit à son cuisinier que maintenant il y a déjà Chloé dans sa vie. Il devra
s’occuper d’elle. De ce fait, il n’est plus capable de le prendre en charge. La situation
du couple semble s’améliorer lorsque Chloé retourne. Elle « a meilleure mine » et
« elle n’a plus mal.»33 Malgré tout, l’autre poumon de Chloé attrapera la maladie du
nénuphar.
Pour sauver Chloé, Colin n’a pas d’autre choix que travailler. Son premier
travail est à l’usine des armes. Là, Colin rencontre un homme, qui paraît plus âgé que
son vrai âge. Il n’a que vingt-neuf ans. Il emmène Colin à son poste.
Colin est chargé de faire pousser les canons de fusils de la terre avec la
chaleur humaine. Il faut s’étendre, déshabillé, sur le sol vingt-quatre heures sur vingt-
quatre sans se déplacer. Après, Colin doit se couvrir pour remonter la température afin
que les canons grandissent. Le travail est pénible comme l’homme a prévenu
Colin : « C’est un travail assez dur (…). » et « cela vous use (…). »34 Malgré la
condition misérable de son travail, Colin persiste, et tout cela pour un seul but : sauver
Chloé.
31
Ibid., 233.
32
Ibid., 250.
33
Ibid., 252.
34
Ibid., 274.
35
Ibid., 275.
36
Ibid., 281.
37
Ibid., 282.
38
Ibid., 314.
39
Ibid., 315.
40
Ibid.
Tout cela entraîne encore un échec lorsque Colin, affaibli, laisse les hommes passer
pendant sa garde : « (…) il n’a plus de travail. Les hommes étaient passés trop
tôt… »41 Le protagoniste a fait son mieux pour combattre la crise mais son effort ne
suffit jamais à sauver sa bien-aimée, dont la santé s’affaiblit d’heure en heure :
41
Ibid., 317.
42
Ibid., 318.
43
Ibid., 320.
Nous ne saurons jamais ce qui arrive à Colin. Mais son état d’âme paraît
tout dire. Cette scène rappelle une scène dans l’histoire de Narcisse, où il se penche
sur l’eau pour regarder sa propre image. Mais le cas de Colin est différent. Il est au
bord de l’eau pour attendre l’arrivée de « quelque chose ». En utilisant ce mot, la
souris veut dire peut-être le nénuphar. Et Colin est là pour venger sa femme, non pour
admirer son image dans l’eau comme Narcisse. Ce qui est certain, c’est qu’il ne peut
pas se libérer de la perte de son amour. Il vit dans le désespoir et perd sa raison de
vivre.
Nous pouvons très bien constater que la fin de cette histoire amoureuse est
tragique et douloureuse. Les jeunes amoureux vivent une courte période de rose avant
que le ton ne prenne une tournure plus sombre. La maladie du nénuphar pèse
beaucoup sur leur vie conjugale et entraîne toutes les sortes de la dégradation. Malgré
leurs efforts, les jeunes amoureux ne sont pas capables d’échapper à l’ennemi à
l’instar des jeunes premiers de la tragédie classique : le coup du destin.
L’amour de Chick et celui d’Alise sont nourris par la passion que l’un a
pour l’autre. Alise aime Chick mais ce dernier a également le cœur pour Partre. La
flamme de leur passion va tout incinérer, même l’amour.
44
Ibid., 334.
Le sentiment entre Chick et Alise semble d’abord être partagé. Chick aime
Alise qui s’intéresse aussi à Partre. Alise, elle, s’ouvre totalement à son copain. Mais,
Chick reste attaché à son idole, à son admiration pour Partre plutôt qu’à Alise. Il
refuse de se marier avec elle. Par contre, cette dernière abandonne Partre pour tout
donner à son copain. Leur besoin est ainsi au conflit. Leurs buts ne se correspondent
pas. Leur relation est suspendue. Avant d’annoncer son mariage avec Chloé, Colin les
aide à se réconcilier. Il est heureux d’offrir le quart de sa fortune à Chick pour que ce
dernier puisse épouser Alise. Au début, Chick hésite en donnant toutes sortes de
prétextes mais à la fin, il accepte la générosité de son ami :
45
Ibid., 97.
46
Ibid., 116.
47
Ibid.
par la passion qu’ils avaient tous les deux pour Alise. Grâce à cette amitié, Chick peut
avancer vers ses rêves.
48
Ibid., 152.
49
Ibid.
50
Ibid.
51
Ibid., 191.
Le titre du livre est significatif si on pense qu’Alise n’a fait qu’à donner
les fleurs à Chick comme les signes de son amour, Chick est prêt à les lui renvoyer. Il
ne les veut pas.
Le fait que Chick répond à Colin sans difficulté et qu’il appelle ce livre
« une merveille » nous donne à voir que déjà il a fait son choix de vie. Le
commentaire de Colin va très bien dans la même direction pour justifier le point du
vue de Chick. Il ne pense qu’à lui-même. Selon Colin, Chick n’est même pas
conscient de la tristesse de sa petite amie. L’égoïsme de Chick est évident dans la
question qu’il pose en retour à Colin : « Pourquoi me demandes-tu ça ? (…) Ça lui est
égal, Alise, que je l’épouse. Elle est heureuse comme ça. Je l’aime beaucoup, tu sais.
Et puis elle aime énormément Partre aussi. »53 Son intérêt pour Alise dépend de la
passion de celle-ci pour Partre. Chick aime celle qui partage le même goût que lui. Il
présume ainsi qu’il est encore bon de mener une relation libre sans se marier et
qu’Alise serait d’accord.
52
Ibid., 192.
53
Ibid., 193.
54
Ibid., 223.
55
Ibid., 224.
56
Ibid., 225.
57
Ibid., 229.
58
Ibid., 230.
59
Ibid, 259.
- Il m’a simplement dit qu’il n’avait plus que juste assez de doublezons pour
faire relier son dernier livre en peau de néant, dit Alise, et qu’il ne pouvait
plus supporter de me garder avec lui parce qu’il ne pouvait rien me donner,
et je deviendrais laide, avec les mains abîmées.60
60
Ibid., 285.
61
Ibid.
62
Ibid., 286.
63
Ibid., 284.
- Non, dit Alise, on ne peut plus entrer chez lui, c’est toujours fermé à
clé.64
Chick soupira. Alise l’avait quitté le matin, il était forcé de lui dire de
partir, il lui restait un doublezon et un morceau de fromage et ses robes le
gênaient dans l’armoire pour accrocher les vieux habits de Partre que le
libraire lui procurait par miracle. Il ne se rappelait pas quel jour il
l’embrassait la dernière fois, il ne pouvait plus perdre son temps à
l’embrasser.65
64
Ibid., 287.
65
Ibid., 289.
66
Ibid., 306.
quelque chose pour Chick tout de même. »67 C’est la passion qui conduit ces deux
personnages à trouver leur destin : Chick pour Alise et Partre pour Chick.
En prenant congé de Colin, Alise tient compte du fait que Chick va mourir
parce qu’il vit trop passionnément et en fonction de Partre. Elle ne peut donc pas
laisser publier Encyclopédie de Partre, car Chick sera capable de tout faire pour la
posséder : il peut aller jusqu’à voler. Il peut même tuer pour l’avoir. Cela mènera
Chick à son trépas. Alise se rend au débit pour rencontrer Partre en personne.
D’abord, elle demande à l’écrivain de retarder la publication pour que Chick puisse
économiser assez d’argent. Le refus de Partre avec un raisonnement philosophique
exige à Alise de prendre une mesure ultime : tuer Partre avec l’arrache-cœur :
67
Ibid., 286.
68
Ibid., 300.
69
Ibid., 302.
prendre son argent, ils profitaient de sa passion pour Partre, ils lui vendaient
de vieux habits sans valeur, et des pipes avec des empreintes, ils méritaient le
sort qui les attendait.70
C’est ainsi qu’Alise répond pour ses actions. Elle disparaît dans l’incendie
de la cinquième librairie. Seuls ses cheveux restent au milieu des cendres :
Il restait au milieu des cendres sales une brillante lueur, plus brillante
que les flammes.
(…)
Il n’y avait plus, près du sol, que cette lueur. Souillé de cendres, les
cheveux noircis (…) il [Nicolas] aperçut l’éblouissante toison blonde ; les
flammes n’avaient pu la dévorer car elle était plus éclatante qu’elles…
(…)
Nicolas suivait le trottoir, sa main droite, sur sa poitrine, caressait les
cheveux d’Alise… 72
70
Ibid., 302-303.
71
Jean-Paul Sartre, L’Être et le Néant (Paris : Gallimard), 613.
72
Boris Vian, L’Écume des jours (Paris : Livre de poche, 2012), 312-313.
Chick choisit de ne pas payer d’impôts et emploie les doublezons que lui
a procurés Alise pour un exemplaire du Trou de Sainte Colombe de Partre. En
conséquence, les agents d’armes et le sénéchal lui rendent visite pour le
recouvrement. Chick n’a peut-être pas l’intention de les régler. Son approche du tiroir,
dans lequel ses armes de nature fantaisiste tels qu’ « un arrache-cœur » et « un tue-
fliques »73 sont gardés, exprime sa décision de se battre. Le sénéchal suit
rigoureusement l’ordre en ordonnant à ses hommes de violer le domicile de Chick et
de particulièrement endommager les livres que Chick chérit. Malheureusement, Chick
ne peut rien faire contre les agents d’armes. Il est gravement blessé. Le jeune homme
s’efforce jusqu’à ses dernières haleines de protéger ses biens précieux avant de
mourir : « La figure de Chick était toute noire. Sous son corps, la flaque de sang se
coagulait en étoile. »74
Alise et Chick meurent de leur passion pour un être aimé. L’amour qu’ils
portent a un caractère « destructeur » : Alise fait un acte de martyre, sacrifie même sa
vie dans le but de sauver sa moitié. Sa bienveillance prend le contrôle de sa volonté et
la conduit à aimer sans espoir. Chick a l’amour fou pour Partre. Il ne peut pas s’en
passer. Le jeune homme est prêt à éliminer tous les obstacles à sa vocation à
n’importe quel prix. Il se contente de vivre avec Partre jusqu’aux derniers moments de
sa vie. Dans les deux cas, l’amour leur coûte la vie.
L’amour entre ces deux personnages est plus ou moins usant. Il cause des
dégâts, mais pas autant que celui entre Chick et Alise, surtout quand ces dégâts
apparaissent seulement sur le corps de la partie féminine. Ici, c’est Anne qui bénéficie
de la beauté corporelle de Rochelle plutôt que dans le sens contraire. Une fois que le
corps a perdu sa fraîcheur, Anne n’a plus besoin de Rochelle. Celle-ci est
physiquement usée. Et cela va dans le même sens avec leur amour qui est en déclin.
73
Ibid., 307.
74
Ibid., 310.
75
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 101.
76
Ibid., 136.
- Pourquoi ?
- Pour qu’elle ne t’aime plus.
- Je ne suis pas comme toi, dit Angel.
- Elles n’ont pas d’imagination, dit Anne, et elles croient qu’il suffit
d’elles pour remplir une vie. Mais, il y a tellement d’autres choses.
- Non, dit Angel. Je disais ça aussi avant de connaître Rochelle.78
La critique des femmes ne va pas de ton léger. Anne accuse les femmes
d’être trop étroites dans leur vie, incapable de voir le monde comme il faut. Selon
Anne, la phrase « il y a tellement d’autre choses » reflète son idéologie de ne pas se
77
Ibid., 149.
78
Ibid., 150.
borner trop à une femme et en même temps son accusation des femmes d’avoir limité
le monde des hommes à elles-mêmes. Cette formule revient de temps en temps dans
leur conversation : « Elles ne sont pas comme ça, dit Anne. Elles ne savent pas qu’il y
a autre chose. Du moins très peu le savent. Ce n’est pas leur faute. Elles n’osent pas.
Elles ne se rendent pas compte de ce qu’il y a à faire. »79 Enfin, Anne arrive à une
telle conclusion misogyne :
- Tu n’y peux rien, dit Anne. On est tous comme ça. En fait, on n’a
besoin d’aucune femme, spécialement.
- Physiquement, dit Angel, peut-être.
-Non, dit Anne. Pas seulement physiquement ; même
intellectuellement, aucune femme n’est indispensable. Elles sont trop
carrées.80
Le portrait d’Anne correspond aux traits des misogynes établis par Berit
Brogaard, philosophe américaine spécialisée en cognitive. Selon elle, les misogynes
sont grandioses, vaniteux, égocentriques et cherchent à contrôler les femmes. Les
misogynes ont le pouvoir total de dominer la relation sexuelle et, afin de défouler leur
haine des femmes, ils profitent de ce pouvoir pour abîmer les plus des femmes
possibles d’où leur promiscuité. À la fin de ces relations, la plupart des misogynes
disparaissent sans mot dire.81 Et c’est exactement ce qui arrive entre Anne et
Rochelle.
Michel Rybalka a constaté dans son étude : « Dans les romans de Vian,
les femmes sont toujours des obstacles et leur rôle est négatif ; elles ne comprennent
jamais les problèmes de l’homme et ne lui sont d’aucun secours pour résoudre ses
difficultés. »82 Malgré les défauts, pour Anne, ce sont la beauté féminine et la
fraîcheur du corps qui sont les plus importants. Malheureusement, c’est le corps qui
79
Ibid., 151.
80
Ibid., 149
81
Cf. « 12 Ways to spot a Misogynist », http://www.psychologytoday.com/blog/the-
mysteries-love/201502/12-ways-spot-misogynist.
82
Michel Rybalka, Boris Vian : essai d’interprétation et de documentation (Paris :
Minard, 1984), 143.
s’use au service de l’amour. Angel accuse son ami d’avoir usé Rochelle par leur acte
sexuel mais Anne se défend en évoquant la volonté de Rochelle :
- Je l’aime, dit Anne. Mais je ne peux pas faire plus, ni que le reste
n’existe pas. Je te la laisse, si tu veux. Elle ne veut pas. Elle veut que je pense
tout le temps à elle, et que je vive en fonction d’elle.
- Encore, dit Angel. Dis-moi ce qu’elle veut.
- Elle veut que le reste du monde soit mort et desséché. Elle veut que
tout s’écroule et que nous restions seuls tous les deux. Elle veut que je
prenne la place d’Amadis Dudu. Alors, elle sera ma secrétaire.86
83
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 151.
84
Ibid., 182.
85
Michel Rybalka, Boris Vian : essai d’interprétation et de documentation (Paris :
Minard, 1984), 142.
86
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 150.
Rochelle était une sale garce. De quelque façon qu’on la prenne. Et ses
seins…De plus en plus bas. Anne va la bousiller complètement. La distendre.
L’amollir. La presser. Une demi-peau de citron. Elle a toujours de belles
jambes. La première chose qu’on…
(…) Mais, sortie des mains d’Anne, il ne restera plus rien à faire. Déjà
tant abîmée, tant flétrie, cernes marbrures, muscles mous, rodée, salie,
relâchée.87
- (…) ses bras ont pris la forme du corps de mon ami, et ses yeux ne
disent plus rien, et son menton s’en va, et ses cheveux sont gras. Elle est
molle, c’est vrai, elle est molle comme un fruit un peu pourri, et elle a la
même odeur de chair chaude qu’un fruit pourri, et elle attire autant.88
Le mot « pourri » est répété deux fois dans une phrase. L’auteur semble
vouloir renforcer par cette répétition l’image de la transformation d’un objet désirable
comme un « fruit » en quelque chose dont on n’a plus besoin. Ainsi à l’égard d’Anne,
Rochelle n’a plus de valeur et est propre à abandonner.
87
Ibid., 187.
88
Ibid., 204.
Anne attend de son côté le jour où son sentiment pour Rochelle s’épuise.
Il se sent de moins en moins attaché à sa petite amie. Son entretien avec Amadis Dudu
au sujet du travail nous permet de voir son arrière-pensée. Le sentiment amoureux
qu’il a pour Rochelle est en déclin, remplacé par son envie de voir une autre femme :
89
Ibid., 232.
90
Ibid., 225.
91
Ibid., 243.
La déclaration d’Anne est faite d’un seul côté, sans consensus même de
Rochelle. Selon la remarque de l’abbé, Rochelle ne veut pas se passer d’Anne et le
remplacer par Angel : « Et, au fait, peut-être qu’elle n’a pas du tout envie de vous
remplacer par lui. »92 Cette idée est auparavant désapprouvée par Rochelle elle-
même. À travers sa conversation avec Amadis Dudu, il y a un changement dans le
sentiment de Rochelle :
Rochelle se rend compte qu’Anne lui échappe petit à petit. De ce fait, elle
avoue à Amadis Dudu qu’elle considère Angel comme un autre choix. La substitution
d’Anne est possible :
92
Ibid., 246.
93
Ibid., 249-250.
94
Ibid.
95
Ibid., 118.
96
Ibid.
97
Jacques Bens, Boris Vian, (Paris : Bordas : Paris), 47.
98
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 119.
99
Ibid., 150.
100
Ibid., 151.
101
Ibid., 152.
102
Ibid., 203.
103
Ibid., 196.
- Il me dégoûte.104
Dans une conversation récente avec Rochelle, Angel fait quand même
l’effort de sonder la profondeur du sentiment que Rochelle a pour Anne. Angel pose
donc des questions pièges :
104
Ibid., 183.
105
Ibid.
106
Ibid., 184.
107
Ibid.
Il s'arrêta.
- Que je quoi ?
- Rien…Si Anne s’en allait, est-ce que vous iriez avec lui ?
- Pourquoi voulez-vous qu’Anne s’en aille ? Les travaux sont loin
d’être terminés.
- Oh, dit Angel, je ne veux pas qu’Anne s’en aille. Mais s’il ne vous
aimait plus ? 108
Les questions hypothétiques : « Si Anne s’en allait, est-ce que vous iriez
avec lui ? » et « Mais s’il ne vous aimait plus ? » nous donnent à croire qu’Angel est
déjà au courant que son ami va quitter Rochelle dans très peu de temps. Il est prévenu
que la situation tournera en sa faveur. Il ne lui reste qu’à attendre. Pourtant, l’usure
corporelle de Rochelle devient la raison la plus forte pour Angel de réagir
éventuellement. L’inquiétude d’Angel se voit dans son entretien avec l’abbé
Petitjean :
- Anne est en train d’aller jusqu’au bout, dit Angel. Il ne s’arrêtera pas.
Il ne restera rien. Si on le laisse faire.
- Si on ne le laisse pas faire, dit l’abbé, est-ce qu’il en restera assez ?109
108
Ibid., 184.
109
Ibid., 225.
- Comme dans les romans, dit Angel. Mourir ensemble. L’un après
l’autre
(…)
- Ce serait comme un film que j’ai vu, dit Rochelle. Ils mouraient
d’amour l’un à côté de l’autre. Est-ce que vous pourriez mourir d’amour pour
moi ?114
110
Ibid., 254-255.
111
Ibid., 265.
112
Ibid., 266.
113
Ibid.
114
Ibid., 268.
j’aurais pu (…) »115 On considère que l’éternel sommeil de Rochelle est une
métaphore de sa mort: « Il se dégagea avec effort et l’allongea sur le lit. Les yeux de
Rochelle étaient fermés. »116 Finalement, Angel réussit à laisser tomber Rochelle.
Cependant, il lui reste toujours l’idée de dormir parce que pour lui, c’est une évasion à
la réalité abominable et honteuse. Il tient à boire du flacon. L’abbé Petitjean vient à
l’aide, élucide l’esprit d’Angel :
115
Ibid.
116
Ibid., 270.
117
Ibid., 271.
118
Ibid., 273.
119
Akiko Fukagawa, « Les jeux dans L’Automne à Pékin ». 2002,
http://www.let.osaka-u.ac.jp/france/gallia/texte/43/43fukagawa.pdf.
sa vie en commençant par l’acte de voir : « Je vois des tas de choses (…) Il y a
tellement de choses à voir… ».120
L’amour obsessionnel domine le parcours d’Angel. Il est comme une
force le poussant à persister au milieu des conditions misérables que sont la présence
d’Anne et l’indifférence de Rochelle. Au nom de l’amour, Angel tue Anne en croyant
sauver la femme aimée. Sur ce point, il a tort parce que Rochelle n’a pas besoin de
son aide ; elle est trop enfoncée dans son rêve. Il ne peut rien pour elle. Pourtant, il
reçoit une très bonne leçon : il se réveille et réussit à choisir le chemin qui lui
convient le plus. Et c’est ainsi qu’il survit l’Exopotamie.
Conclusion
120
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 275.
CONCLUSION
Et le message de Vian ?
3
Boris Vian, L’Automne à Pékin (Paris : Éditions de Minuit, 1980), 282.
BIBLIOGRAPHIE
Corpus étudié
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Love, 2015,
http://psychologytoday.com/blog/the-mysteries-love/201502-12-ways-spot-
misogynist. (Consulté le 15 avril 2017).
Fukagawa, Akiko. “Les jeux dans l’Automne à Pékin” dans Section de Littérature
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BIOGRAPHIE