HCC 2021
HCC 2021
HCC 2021
ENGAGER L'ADAPTATION
JUIN 2021
02 - RAPPORT ANNUEL 2020
SOMMAIRE
RÉSUMÉ EXÉCUTIF 05
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES 10
3. ÉVOLUTIONS SECTORIELLES 76
3.1 TRANSPORTS 76
3.1.1 UN SECTEUR DONT LES ÉMISSIONS NE SONT PAS SOUS CONTRÔLE, NI EN EUROPE NI EN FRANCE 76
3.1.2 L’ACTION PUBLIQUE FAVORABLE AUX ORIENTATIONS DE LA SNBC POUR LE SECTEUR DES TRANSPORTS EST INSUFFISANTE 81
3.1.3 RETOUR SUR QUATRE THÉMATIQUES MOBILITÉ QUI ONT MARQUÉ LES DOUZE DERNIERS MOIS 82
3.1.4 LACUNES DES POLITIQUES PUBLIQUES 84
3.2 BÂTIMENTS 85
3.2.1 LA FRANCE ET L’EUROPE AU DÉFI DE DÉCARBONATION DE LEURS PARCS DE BÂTIMENTS 85
3.2.2 UNE ACTION PUBLIQUE NON ALIGNÉE AVEC LA SNBC ET SOUFFRANT DE CARENCES DANS SES OUTILS DE PILOTAGE 86
3.2.3 RETOUR SUR QUATRE THÉMATIQUES « BÂTIMENTS » DES DOUZE DERNIERS MOIS 87
3.3 INDUSTRIE 90
3.3.1 DES RÉDUCTIONS D’ÉMISSIONS À RENFORCER 90
Encadré 3.1 – Le secteur du ciment 94
3.3.2 POLITIQUES ET MESURES PRISES EN 2020 95
03
3.5 TRANSFORMATION D’ÉNERGIE 107
3.5.1 TENDANCES FRANÇAISES ET EUROPÉENNES 107
Encadré 3.3 – Transition juste et centrales au charbon 108
3.5.2 POLITIQUES ET MESURES PRISES EN 2020 111
Encadré 3.4 – Comment penser la sobriété comme levier de la transition bas-carbone ? 112
3.5.3 LACUNES DES POLITIQUES PUBLIQUES 113
Encadré 3.5 – L’hydrogène 113
4.2 ADAPTATION : RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ FACE AUX IMPACTS ACTUELS ET À VENIR DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
130
4.2.1 L’ADAPTATION : RÉDUIRE LES RISQUES ET LES IMPACTS POTENTIELS 130
Encadré 4.3 – Définitions des concepts liés à l’adaptation 130
4.2.2 L’ADAPTATION AU SERVICE DE LA RÉSILIENCE : DE L’AJUSTEMENT INCRÉMENTAL À LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE 133
Encadré 4.4 – Définitions des types d’adaptation 135
4.2.3 ADAPTATION ET ATTÉNUATION, SYNERGIES ET COMPROMIS 136
4.2.4 L’ADAPTATION AU PRISME DE LA TRANSITION JUSTE 138
A.1.2 ÉLÉMENTS MÉTHODOLOGIQUES DES BILANS D’ÉMISSIONS RÉGIONALES - FORMAT PCAET 150
A.2.2 ANALYSE DES ÉTUDES D’IMPACT DES LOIS AU REGARD DU CLIMAT 157
A.4.2 L’AUGMENTATION DE LA SINISTRALITÉ POUR LES RISQUES HYDRO-CLIMATIQUES À HORIZON 2050 166
A.4.4 LES RÉGIMES D’INDEMNISATION FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, UN RISQUE POUR LA TRANSITION JUSTE 167
A.4.5 LE BUILD BACK BETTER OU COMMENT TRANSFORMER LA CATASTROPHE EN OCCASION D’ADAPTATION TRANSFORMATIVE 168
A.4.6 LA NOUVELLE STRATÉGIE D’ADAPTATION DE L’UE 168
Les effets des politiques publiques climatiques se manifestent en 2019 par une accentuation de la baisse des émissions
au niveau national et dans la plupart des régions. La baisse observée en 2020 est quant à elle principalement attribuable
aux mesures liées à la Covid-19. Néanmoins les efforts actuels sont insuffisants pour garantir l’atteinte des objectifs de
2030, et ce d’autant plus dans le contexte de la nouvelle loi européenne sur le climat. Alors que les conditions clima-
tiques sortent des plages de variabilité climatique naturelle, avec des impacts croissants, les efforts d’adaptation doivent
être rapidement déployés et intégrés aux politiques climatiques dans leur ensemble.
La tendance à la baisse des émissions françaises de gaz à effet ment l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui ont enregistré
de serre s’est légèrement accentuée en 2019, avec une des gains récents dans le secteur énergétique. Les émissions
diminution de 1,9% sur un an, soit -8,6 Mt éqCO2, pour 436 territoriales par habitant restent plus faibles en France que la
Mt éqCO2 émis par la France sur son territoire. Des progrès moyenne européenne. Elles sont néanmoins supérieures dans
ont été réalisés, dont certains d’ordre structurel, dans les secteurs les secteurs des transports et de l’agriculture, reflétant les poids
des bâtiments, de l’industrie et de la transformation d’énergie, comparés de ces secteurs dans les pays. De fortes disparités
suivis de l’agriculture, alors que les transports voient leurs émissions sectorielles dans les réductions d’émissions existent en Europe,
stagner. Les transports demeurent le premier secteur émetteur et la France pourrait s’inspirer des meilleures pratiques, même
(31 % des émissions, dont plus de la moitié due à la voiture si aucun pays européen ne se détache par ses progrès dans le
individuelle), suivis de l’industrie et de l’agriculture (19 %) puis secteur crucial des transports. De plus, les émissions importées
des bâtiments (17 %), de la transformation d’énergie (10 %) (nettes des exportations) françaises en CO2 sont supérieures à
et des déchets (4 %). Aux émissions territoriales, il faut ajouter la moyenne européenne, pour une empreinte carbone finale
les émissions des transports internationaux, en légère hausse et qui se rapproche de la moyenne européenne.
tirées par l’aviation, ainsi que les échanges internationaux de
biens et services. Il en résulte une empreinte carbone qui pourrait En raison du retard accumulé par la France, le rythme
atteindre 663 Mt éqCO2 en 2019, dont environ la moitié actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler,
provient des importations. Par habitant, les émissions territo- pour atteindre au moins 3,0 % dès 2021 (-13 Mt éqCO2)
riales atteignent 6,5 t éqCO2 ; l’empreinte carbone, 9,9 t éqCO2. et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget
En 2020, année de pandémie au profil d’activité particulier, les carbone (2024-2028). Le premier budget carbone de la
émissions territoriales de la France pourraient avoir baissé de 9 %. France (2015-2018) a été dépassé de 62 Mt éqCO) cumu-
lées, principalement du fait des émissions des transports et
La plupart des régions de France ont vu leurs émissions des bâtiments. La révision de la SNBC2 a conduit à un
diminuer sur la période 2015-2018, parfois de manière manque d’ambition pour la période 2019-2023. La tranche
significative (Ile-de-France, Centre-Val-de-Loire, Auvergne- indicative des émissions pour 2019, qui ne visait que 0,3%
Rhône-Alpes). Les émissions des transports y sont globale- de baisse, a été respectée. . Cette transition bas-carbone fait
ment à la hausse (sauf en Île-de-France) et celles des bâtiments l’objet d’un suivi par les indicateurs du tableau de bord de
globalement à la baisse. la SNBC, qui permettent d’accroître la transparence de
l’action publique et de garantir sa redevabilité. Ce tableau
En Europe, depuis 1990, la France a légèrement moins de bord mériterait cependant d’être renforcé et mis à jour
réduit ses émissions que la moyenne européenne, notam- plus régulièrement pour faciliter le pilotage de la mise en
05
œuvre de la SNBC, ainsi que son utilisation dans la mise en temporaire des émissions reste sujette à des rebonds – une
œuvre des plans d’action des ministères demandés par le croissance de 5 % des émissions est attendue pour 2021 – car
Premier ministre. Il pourrait, dans la prochaine édition de la elle ne reflète pas de changements structurels durables. Par
SNBC, s’appuyer sur une typologie d’indicateurs complémen- ailleurs, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a continué
taires prenant en compte les transformations physiques, les de s’accroître. Les plans de relance des principales économies
politiques publiques et enfin les changements des structures mondiales ont insuffisamment intégré des mesures positives
collectives de notre société, indispensables à la réussite de la pour l’environnement et le climat (17 % pour les seuls pays de
trajectoire vers l’objectif de zéro émission nette. l’OCDE). Dans ce contexte, le plan de relance français est bien
positionné à l’échelle mondiale, avec un tiers de ses finance-
La pandémie de Covid-19 a eu un impact sans précédent, ments dédiés à l’atténuation (28 Mrd €), même si l’essentiel de
mais temporaire, sur les émissions mondiales, avec une ses dépenses s’inscrit dans la continuité de l’action actuelle, avec
réduction qui pourrait atteindre 5,9 % en 2020. Cette baisse une réduction insuffisante des émissions.
L’engagement du gouvernement pris début 2020 d’exi- proposées. Les grandes lois d’orientation du quinquennat n’ont
ger de chaque ministère une feuille de route climat se toujours pas bénéficié de l’évaluation prévue un an après leur
concrétise trop lentement. Cette avancée positive, déjà entrée en vigueur. Le projet de loi climat et résilience marque une
saluée par le HCC, permet une appropriation de la SNBC, amélioration de la qualité de l’étude d’impact, puisque l’ensemble
un meilleur pilotage et un renforcement de la cohérence des des articles a fait l’objet d’une étude environnementale, et que la
politiques publiques. Dix ministères ont été explicitement majorité de ses articles a été évaluée au regard de la SNBC.
mobilisés par le Premier Ministre, dont six récemment. Seuls Néanmoins, aucun impact climatique global n’a été détaillé, de
deux d’entre eux, Transition écologique et Économie, manière qualitative ou quantitative. L’étude d’impact devra être
finances et relance, ont publié leurs plans d’actions. Le HCC mise à jour en fin de phase parlementaire et servir pour mieux
sera particulièrement attentif à la mise en place de ce proces- guider la rédaction des décrets d’application.
sus opérationnel, qui devra faire l’objet d’un suivi régulier.
Onze des treize régions de métropole ont mis à jour un plan
Le suivi du plan de relance grâce à une série d’indicateurs de développement durable (SRADDET), une avancée qui
et de cartes régulièrement mis à jour est un effort de trans- doit progressivement converger avec la stratégie et le
parence notable. S’agissant des sujets propres au climat, seul calendrier nationaux. Ces plans devront être évalués six mois
un tiers des mesures significatives bénéficie de ce suivi. après la prise de fonction des nouveaux exécutifs régionaux.
Plusieurs mesures liées aux transports et à l’agriculture y L’élaboration des plans climat des établissements publics
échappent, en dépit de l’importance de ces secteurs et des intercommunaux rattrape son retard. Il est essentiel d’articuler
difficultés rencontrées pour réduire leurs émissions. l’action territoriale aux objectifs de la SNBC et de la programma-
L’ensemble des mesures significatives concernant les secteurs tion pluriannuelle de l’énergie, alors que des premières études
émetteurs devrait être suivi, tout comme les redéploiements montrent que les résultats des actions menées décrochent par
de crédits. Le comité indépendant chargé de l’évaluation rapport aux prévisions et à la trajectoire zéro émission nette. Il
doit prendre en compte les enjeux de la transition bas-car- existe un enjeu général d’alignement des documents de planifica-
bone dans ses travaux. L’analyse des conditionnalités des tion territoriale sur les documents qui leur sont supérieurs dans la
aides publiques liées au climat appelle à étendre leur applica- hiérarchie des normes. Il est nécessaire d’améliorer la concertation
tion, améliorer leur niveau d’ambition et de cohérence. entre les différents échelons territoriaux et de synchroniser les
documents avec la révision avec la SNBC. Les leviers juridiques
S’agissant plus largement de l’évaluation des lois au regard du doivent être utilisés plus systématiquement par les pouvoirs
climat, la situation a peu évolué depuis la publication du publics pour accélérer la transition bas-carbone, alors que la
dernier rapport du HCC sur le sujet. Les études d’impact restent préoccupation de la population française reste forte pour le climat
insuffisantes et ne prennent que marginalement en compte les et l’environnement, en dépit de la pandémie et de ses
conséquences environnementales et climatiques des dispositions conséquences socio-économiques.
Les politiques publiques sont encore insuffisamment être en phase avec le rythme prévu par la SNBC. L’inter-
alignées sur les 22 orientations sectorielles de la SNBC diction des chaudières au fioul, qui a été retardée, devra être
analysées. Une seule d’entre d’elles voit ses objectifs proba- consolidée pour faciliter une évolution vers une décarbona-
blement atteints, trois n’ont pu être évaluées, et six ne sont tion totale des modes de chauffage. La refonte du DPE,
pas mises en œuvre. Douze d’entre elles correspondent à nécessaire compte tenu de sa place centrale dans la politique
des politiques qui ne sont que partiellement alignées, avec de rénovation énergétique, est cependant insatisfaisante. La
des incertitudes non négligeables sur leur réalisation. notion de « Bâtiment basse consommation » et la portée de
la rénovation des passoires énergétiques y sont affaiblies.
Les transports restent la première source d’émissions de gaz à Les moyens prévus par le plan de relance doivent être
effet de serre en France, le seul secteur en hausse entre 1990 et accrus, consolidés à plus longue échéance et utilisés plus
2019. C’est le cas aussi dans l’ensemble de l’Europe. La efficacement, afin de contribuer à l’émergence d’une filière
croissance de la demande de transport et l’absence de report créatrice d’emplois. La mise en œuvre des orientations de
modal au bénéfice du rail sont les deux principaux facteurs la SNBC pour le secteur bâtiments est contrastée.
entravant la réduction des émissions. Les évolutions de la
réglementation européenne ou française (normes d’émissions de Les émissions du secteur de l’industrie ont diminué de
gaz à effet de serre des véhicules, poids) ne permettent pas 41 % depuis 1990, avec un rythme réduit sur la dernière
d’atteindre les objectifs de 2030. Les engagements pris en contre- décennie. Depuis 2010, la baisse provient en partie de
partie du plan de relance sont insuffisants et peu contraignants. l’amélioration des procédés de production à travers des
Les leviers des changements structurels identifiés ne sont pas gains d’efficacité énergétique dans les procédés de fabrica-
activés. Globalement, les politiques publiques de la mobilité tion et de la décarbonation de l’énergie. La décarbonation
ne sont pas assez alignées avec les orientations de la SNBC. du secteur et de ses multiples sous-secteurs est complexe et
ne saura éviter des émissions résiduelles. Plusieurs mesures
Dans le secteur des bâtiments, la baisse des émissions, en faveur du climat, principalement issues du plan de
continue depuis 2015, nécessite d’être accélérée pour relance, ont été mises en œuvre, mais c’est aussi le cas de
07
nouvelles mesures favorables aux combustibles fossiles, qui l’action climatique. En complément des politiques natio-
auront quant à elles un impact défavorable. L’ensemble nales, l’action européenne doit contribuer à pratiquer un
des politiques publiques de l’industrie n’est que partiel- stockage de carbone aussi élevé que possible dans les sols
lement aligné avec les orientations de la SNBC. agricoles, la biomasse et les forêts, à éviter la déforestation
importée, à accélérer la baisse des émissions de méthane
Dans le secteur agricole, les réductions d’émissions sont résultant de l’élevage et de protoxyde d’azote liées à l’usage
faibles par rapport aux autres secteurs émetteurs : 9 % des engrais. Les acteurs des filières doivent s’engager et être
depuis 1990. Les émissions de méthane représentent les accompagnés, tant pour l’atténuation que pour l’adapta-
deux-tiers des émissions nationales de ce gaz et diminuent à tion. Globalement, les politiques publiques ne sont pas
la suite de la réduction de la taille du cheptel et de l’utilisa- assez alignées avec les orientations de la SNBC.
tion des effluents d’élevage dans des fermenteurs. La France
a moins réduit ses émissions agricoles depuis 1990 que ses Les émissions liées à la transformation d’énergie ont diminué
principaux voisins européens. Le rythme de réduction reste de 46 % depuis 1990, en particulier sur la dernière décennie.
insuffisant à l’aune des objectifs de la SNBC. Par ailleurs, il La diminution s’est poursuivie avec une baisse de 5,6 % en 2019.
faut réduire l’écart entre l’évaluation des puits de carbone Environ la moitié des émissions sont liées à la production
actuellement comptabilisés par les inventaires nationaux et d’électricité et un cinquième au raffinage du pétrole. La baisse
ceux prévus par la SNBC (qui leurs sont supérieurs de 20 %). des émissions entre 1990 et 2019 s’est faite principalement grâce
La diminution de l’absorption de CO2 de la forêt française au développement du nucléaire, à une substitution progressive
et des prairies, la poursuite de l’artificialisation des sols sont du gaz au charbon et aux produits pétroliers, puis plus récem-
en cause. La déforestation importée ainsi que la dégradation ment des énergies renouvelables, et à l’amélioration de l’efficacité
des forêts mondiales sont également à l’origine d’un déstoc- énergétique. Les émissions françaises pour l’énergie restent, par
kage massif de carbone au niveau mondial. L’Union habitant, nettement inférieures à la moyenne de l’UE, mais le
européenne est le deuxième acteur mondial de cette rythme de baisse reste dans la moyenne européenne. Ces efforts
déforestation importée après la Chine, et la France y contri- de décarbonation doivent être renforcés par des politiques de
bue à travers ses importations de soja pour l’alimentation sobriété des usages et de la consommation, et une vision
animale et d’huile de palme pour le biodiesel. Du côté des stratégique capable d’orienter les investissements, notamment
politiques publiques, la réforme de la Politique agricole vers le déploiement des énergies renouvelables. Plusieurs
commune (PAC) est actuellement le sujet central. Plusieurs options existent pour décarboner le secteur au-delà de sa
pistes existent pour renforcer la contribution de la PAC à trajectoire indicative retenue par la SNBC.
Les deux-tiers de la population française sont déjà forte- Il est indispensable de se doter d’outils robustes et fiables
ment ou très fortement exposés au risque climatique. pour identifier et mesurer les impacts du changement clima-
L’adaptation au changement climatique ne peut plus se tique et permettre le développement de services climatiques
réduire à des réponses ponctuelles et réactives mais doit coordonnés. L’analyse des risques demande de regarder les
devenir transformationnelle et proactive, pour anticiper sur évolutions les plus notables dans la distribution des processus
la poursuite des conséquences du changement climatique hydro-climatiques. Elles doivent être mises en regard de l’occu-
qui sort des plages de variabilité naturelle et dont les effets pation des sols, notamment les littoraux, des vallées fluviales ou
sont déjà visibles. Le changement climatique se caractérise des montagnes. Le réchauffement climatique aura des impacts
par des modifications de l’intensité et de la fréquence des sur les conditions de vie et de travail, la santé, le niveau de vie ou
extrêmes météorologiques et climatiques, mais également le bien-être. Il se traduira pour les surfaces terrestres par une
de la récurrence d’événements d’intensité moyenne, de leur dégradation en quantité ou en qualité des ressources en eau et en
date d’apparition, de leur localisation et de leurs interac- biodiversité. Il affectera également les biens et les infrastructures.
tions. Ces tendances vont se poursuivre en fonction du Il pèsera enfin sur la stabilité financière avec la perte de valeur de
niveau de réchauffement. certains actifs, par exemple en agriculture.
09
1 RECOMMANDATIONS
GÉNÉRALES
Les impacts d’un climat qui change se font déjà sentir et vont s’accentuer, même si les
objectifs de l’accord de Paris sont atteints. Il faut donc se préparer, en identifiant les
impacts à l’échelle locale et en élaborant de manière interministérielle, avec les parties
prenantes et les territoires, une stratégie nationale d’adaptation cohérente avec la SNBC.
Celle-ci doit proposer des objectifs quantifiés précis, des jalons temporels et des indicateurs
de progression, en identifiant des secteurs prioritaires (par exemple eau, agriculture, forêt,
assurance-risque, tourisme).
11
1
ÉVOLUTION DES ÉMISSIONS EN FRANCE
ET DANS LE MONDE
Les dernières données de l’inventaire national1 remis à la n’intègre pas de données relatives à 2019 sur l’agriculture et
Convention cadre des Nations unies pour le changement les gaz fluorés, deux secteurs qui ont connu des baisses impor-
climatique (CCNUCC) permettent de revenir sur l’ana- tantes en 2019. D’autre part, la mise à jour et consolidation
lyse des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour l’an- des estimations portant sur les déchets et l’électricité a donné
née 2019. Un écart notable est observé entre les données lieu à des écarts non négligeables par rapport à ce qui avait
provisoires d’émissions 2019 utilisées dans le rapport annuel été anticipé. Pour ce rapport annuel et les suivants, l’ana-
2020 (baisse de -0,9 % par rapport à 2018) et les données lyse détaillée des émissions de la France portera doréna-
consolidées d’émissions 2019 analysées dans le présent rap- vant sur l’année n-2, pour laquelle des données d’émis-
port (baisse de -1,9 % par rapport à 2018). Il s’explique par sions consolidées sont à disposition. L’estimation de l’an-
certaines limites inhérentes à l’utilisation de données provi- née n-1 étant fondée sur des approximations partiellement
soires. D’une part, l’estimation préliminaire2 sur l’année n-1 disponibles, elle sera plus brièvement commentée.
LA TENDANCE À LA BAISSE
111 DES ÉMISSIONS TERRITORIALES SE POURSUIT
Sur la base du dernier inventaire national remis à la (UTCATF). Avec l’UTCATF, les émissions territoriales
CNUCC en avril 2021, pour l’année 2019 (cf. figure 1.1) : de la France sont estimées à 405 Mt éqCO2 en 2019, avec
une incertitude de 12,8 % équivalent à +/- 52 Mt éqCO2.
• Les émissions de gaz à effet de serre territoriales de
la France (hors UTCATF) sont estimées en 2019 à Des changements méthodologiques importants ont été appor-
436 Mt éqCO2. Cette estimation est associée à une tés dans la dernière édition de l’inventaire national pour le
incertitude (cf. annexe 1.1) de 11,5 % équivalent à rapprocher des données de consommation du bilan énergé-
+/- 50 Mt éqCO2. tique réalisé par le ministère de la Transition écologique.
Des émissions ont été transférées du secteur des bâtiments, qui
• Rapporté à la population, cela équivaut à 6,5 t éqCO2 apparaît donc moins émetteur, vers celui de l’industrie, concer-
par habitant. nant l’autoconsommation énergétique de certaines branches.
• Le secteur des transports reste le premier secteur Par rapport à 1990, les émissions territoriales de la France
émetteur, suivi de l’industrie, de l’agriculture et des (hors UTCATF) ont diminué de 19,9 % en 2019, (entre 17,9 %
bâtiments. Ces quatre secteurs représentent 87 % des et 21,9 %, avec l’incertitude) (cf. figure 1.2). La France pour-
émissions nationales. suit ainsi la baisse de ses émissions territoriales et atteint son
niveau historique. Après avoir globalement stagné entre 1990
• Les émissions territoriales sont composées à 75 % de et 2005, les émissions de la France ont régulièrement baissé
CO2, 13 % de CH4, 9 % de N2O et 3 % de gaz fluorés. depuis 2005, à l’exception de quelques irrégularités liées à une
variation des émissions à la baisse - hivers particulièrement doux
• Ces émissions sont en partie compensées par l’effet (2011, 2014), effet de la crise financière de 2008 - ou à la hausse -
puits de carbone net de l’utilisation des terres et des forêts moindre disponibilité du parc nucléaire (2017) (voir figure 1.3).
Les émissions territoriales de gaz à effet de serre de la France sont estimées à 436 Mt éqCO2 pour 2019.
31 % 53 % − Voitures
25 % − Poids lourds
15 % − Véhicules utilitaires
4 % − Avions (vols intérieurs)
3 % − Autres (maritime, deux roues, ferroviaire, fluvial)
Industrie = 84 Mt éqCO2
26 % − Chimie
23 % − Matériaux de construction
19% 23 % − Métallurgie
13 % − Agroalimentaire
15 % − Autres
Agriculture = 83 Mt éqCO2
48 % − Élevage
19 % 40 % − Culture
12 % − Engins agricoles et chauffage des serres
61 % − Logement
17% 39 % − Tertiaire
10 % 21 % − Raffinage du pétrole
9 % − Chauffage urbain
23 % − Autres
Déchets = 15 Mt éqCO2
4 %
17 % − Autres
83 % − Stockage des déchets
Les émissions territoriales sont en partie réduites par l'effet puits de carbone net lié à l'utilisation des terres et forêts (UTCATF).
En plus des émissions territoriales, la France est responsable d’une partie des émissions liées aux transports internationaux
et son empreinte carbone comporte les émissions liées aux importations. Ces émissions sont comparées au total des émissions
territoriales (436 Mt éqCO2).
13
Figure 1.2 – Émissions territoriales de gaz à effet de serre (hors UTCATF)
et empreinte carbone de la France entre 1990 et 2019
800
700
600
500
Mt éqCO2
400
300
200
100
Empreinte carbone Émissions territoriales (hors UTCATF)
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NB : Les données d'empreinte 2017-2019 correspondent à des émissions préliminaires résultant d'extrapolations
Source : Citepa (avril 2021 - Format SECTEN), SDES (2020)
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Émissions territoriales par habitant (CO2, CH4, N2O, gaz fluorés) Empreinte carbone par habitant (CO2, CH4, N2O)
NB : Les données d'empreinte 2017-2019 correspondent à des émissions préliminaires résultant d'extrapolations
Source : Traitements HCC d'après Citepa (avril 2021 - Format SECTEN), SDES (2020).
4%
Changement par rapport à l’année précédente (%)
2%
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-2 %
% annuel
-4 %
Moyenne sur 2010-2019
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Source : Traitements HCC d'après Citepa, avril 2021 - Format SECTEN.
La figure 1.4 montre l’évolution des trajectoires par secteur • Dans le secteur des bâtiments, les émissions ont baissé
émetteur et par gaz. Par gaz, les émissions de CO2 et de CH4 de 2,7 Mt éqCO2 ou 3,4 % en 2019 par rapport à 2018
ont globalement suivi la trajectoire des émissions totales de GES (cf. chapitre 3.2). La baisse est plus importante dans le
territoriales depuis 1990 (-18,0 % et -18,2 % respectivement), résidentiel (-1,6 Mt éqCO2) que dans le tertiaire (-1,0 Mt
quand celles de N2O ont davantage diminué (-40,9 %). Au sein éqCO2), mais ces deux sous-secteurs ont vu leurs émis-
des gaz fluorés, les HFC ont triplé (+221,5 %) et ont plus que sions baisser au même rythme par rapport à leur niveau
compensé la baisse des PFC (-88,1 %). de 2018 (-3,4 % respectivement). Après correction des
variations météorologiques, la baisse des émissions des
Sur la période du premier budget carbone (2015-2018), des bâtiments est plus importante, estimée à 3,0 Mt éqCO2
progrès ont été réalisés dans les secteurs des bâtiments, de l’in- ou 3,6 % par rapport à 2018. La baisse des émissions liées
dustrie et de l’énergie quand l’agriculture et les transports ont au chauffage des bâtiments résidentiels s’explique notam-
vu leurs émissions stagner. Des efforts ont été constatés dans le ment par une baisse des volumes de fioul domestique
secteur des bâtiments et de l’énergie avec une baisse moyenne consommés (-7 %) et dans une moindre mesure de gaz
respective de 2,2 % et 2,8 % par an des émissions sur la période naturel (-2 %)3, dans un contexte où les besoins en chauf-
2015-2018 par rapport à 2011-2014. Des améliorations sont fage liés à un hiver plus rigoureux étaient légèrement plus
aussi observées dans le secteur de l’industrie mais moins impor- élevés en 2019 qu’en 2018. Dans le tertiaire, la baisse s’ex-
tantes (-1,3 % par an en moyenne). Peu de progrès ont eu lieu plique principalement par une baisse des gaz fluorés.
dans le secteur de l’agriculture (-0,2 % par an en moyenne) et
des transports (0,0 % par an en moyenne). Les trajectoires sec- • Dans le secteur de l’industrie, les émissions ont baissé
torielles sont plus largement décrites dans le chapitre 3. de 2,6 Mt éqCO2 ou 3,0 % en 2019 par rapport à
2018 (cf. chapitre 3.3). Cette baisse s’explique pour
Par rapport à 2018, les émissions territoriales de la France plus de la moitié par la métallurgie des métaux ferreux
(hors UTCATF) ont diminué en 2019 de 8,6 Mt CO2, (-1,5 Mt éqCO2), suivi dans une moindre mesure de
soit -1,9 %, (incertitude : entre -4,1 % et +0,3 %). Cette baisse la chimie (-0,4 Mt éqCO2), ainsi que les biens d’équi-
est supérieure à la baisse moyenne de 1,1 % par an observée pements, l’agroalimentaire et la métallurgie des métaux
sur la période du premier budget carbone (2015-2018) par non ferreux (-0,2 Mt éqCO2 respectivement).
rapport à 2011-2014, et légèrement plus forte que la
moyenne de la tendance observée sur la décennie (cf. figure • Dans le secteur de la transformation d’énergie, les émis-
1.3). Cette baisse s’explique principalement par une baisse sions ont baissé de 2,5 Mt éqCO2 ou 5,6 % en 2019 par
des émissions dans les secteurs des bâtiments, de l’industrie rapport à 2018 (cf. chapitre 3.5). Cette baisse s’explique
et de la transformation d’énergie (voir figure 1.5). pour plus de la moitié par la production d’électricité (-1,3
15
Figure 1.5 – Évolution sectorielle des émissions de gaz à effet de serre
de la France depuis 1990 (hors UTCATF)
Par secteur
180
160
Transports
140
Industrie
Mt éqCO2
120
Bâtiments
100
80 Agriculture
60
Transformation d'énergie
40
Déchets
20
0
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Note : Les données d'émissions 2020 correspondent à des émissions préliminaires produites par le Citepa. Les données sur la période 1990-2019 sont consolidées.
Source : Citepa, avril 2021 - Format SECTEN
Mt éqCO2), suivi du raffinage du pétrole (-0,4 Mt hausse du gaz (+23,8 % de production, +2,8 Mt CO2)
éqCO2) et du chauffage urbain (-0,3 Mt éqCO2). Dans dans un contexte de hausse de la production d’électricité
la production d’électricité, l’année 2019 est marquée d’origine thermique à combustible fossile (+9,8 % de
par une moindre utilisation du charbon (-71,9 % de production)4. Le moindre recours au charbon est lié à
production, -4,1 Mt CO2) compensée en partie par une la forte baisse du cours du gaz en 2019 qui favorisa les
Figure 1.6 – Évolution par gaz des émissions de gaz à effet de serre
de la France depuis 1990 (hors UTCATF)
Par gaz
450
400
CO2
350
300
Mt éqCO2
250
200
150
100
CH4
50
Gaz fluorés N2O
0
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
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13
14
15
16
17
18
19
20
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
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20
20
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20
20
20
20
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20
20
20
20
20
20
Note : Les données d'émissions 2020 correspondent à des émissions préliminaires produites par le Citepa. Les données sur la période 1990-2019 sont consolidées.
Source : Citepa, avril 2021 - Format SECTEN.
600
500
Émissions territoriales
Budget carbone SNBC 2
400
Mt éqCO2
Trajectoire SNBC
300
200
100
0
90
94
96
00
04
06
08
10
12
14
18
20
24
26
30
2
9
3
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
17
Figure 1.8 – Évolution sectorielle des émissions de gaz à effet de serre
de la France en 2019 par rapport à 2018 (hors UTCATF)
1
0,2
0
0,0
-1
-1,0
-2
-3 -2,7 -2,6 -2,5
Mt éqCO2
-4
-5
Moyenne sur 2010-2019
-6
-7
-8
-9 -8,6
Transports Agriculture Bâtiments Industrie Transformation Déchets Total (hors UTCATF)
d'énergie
Source : Traitements HCC d'après Citepa, avril 2021 - format Secten.
Encadré Des émissions 2020 fortement marquées par l’effet des mesures de confinement
et l’hiver le plus chaud connu depuis le début du 20ème siècle
1.1
En 2020, les émissions territoriales sont provisoirement estimées à 396 Mt éqCO2. Elles auraient
diminué de 9 % par rapport à 2019 et de 27 % par rapport à 1990. Le baromètre mensuel5 du Citepa
précise que les émissions auraient diminué de manière homogène tout au long de l'année, avec un
écart plus marqué pendant les périodes de confinement - avril, mai et novembre - qui s’explique en
majeure partie par une baisse des émissions dans le secteurs des transports, suivi de l’industrie (cf.
figure 1.5). Si la majorité de cette baisse peut être attribuée aux mesures liées à la Covid-19, cela
rend plus délicat de discerner l’effet des politiques d’atténuation.
En comparaison avec 2019, les émissions sont globalement moins importantes sur l'ensemble des mois
de l'année 2020. Une baisse est observée dès janvier et février dans les secteurs de la transformation
d’énergie et des bâtiments, qui s’explique notamment par un hiver particulièrement douxa − le plus chaud
depuis 1900 d’après Météo-France6 − ainsi que dans l’industrie. Sans surprise, l’écart est plus marqué
pendant les périodes de confinement, en particulier sur la période avril (-27 %) et mai (-16 %). Un rappro-
chement progressif du niveau des émissions a lieu jusqu’octobre 2020, où elles atteignent un niveau
proche d’octobre 2019, suivie d’une nouvelle baisse lors du deuxième confinement en novembre 2020 (-15 %).
Le secteur des transports explique plus de la moitié de la baisse des émissions en 2020 par rapport à
2019, suivi du secteur de l’industrie. L’évolution mensuelle des émissions de ces deux secteurs est
fortement corrélée aux mesures de confinement. Un rebond des émissions de l’industrie apparait en
décembre 2020. Les émissions des transports, provenant principalement du transport routier,
affichent une baisse de 16 % en moyenne sur l’année 2020 avec un pic à 63 % en avril. Cette baisse
importante résulte directement des mesures de restriction des déplacements pendant les
périodes de confinement. L’industrie affiche une baisse de 9 % d’émissions en moyenne sur l’année
2020 avec un pic de 31 % en avril. Les émissions de l’industrie étaient inférieures à celles de 2019
dès janvier-février (-8 %), soit avant le premier confinement. À l’inverse, elles sont supérieures à
leur niveau 2019 en décembre, marquant ainsi un potentiel rebond d’activité (+4 %).
Les secteurs de la transformation de l’énergie et des bâtiments ont également connu des réductions d’émis-
sions importantes en 2020. Les émissions de la transformation d’énergie ont affiché une baisse de 11 % en
moyenne, qui n’est qu’en partie corrélée aux périodes de confinement. La production d’électricité en 2020,
45
1er confinement 2e confinement
40
Émissions territoriales 2019 (hors UTCATF)
35
30
25
20
15
10
0
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
a Ciais, Philippe & Bréon, François-Marie & Dellaert, Stijn & Wang, Yilong & Tanaka, Katsumasa & Gurriaran, Léna
& Françoise, Yann & Davis, Steven & Hong, Chaopeng & Penuelas, Josep & Janssens, Ivan & Obersteiner, Michael
& Deng, Zhu & Liu, Zhu. (2021). Impact of lockdowns and winter temperatures on natural gas consumption in
Europe. https://arxiv.org/abs/2104.14990
3%
Changement dans les émissions 2020 par rapport à 2019 (%)
Septembre
2%
Mars
Octobre Décembre
1%
Janvier Février Avril Mai Juin Juillet Août Novembre ANNÉE
0%
-1 %
-2 %
-3 %
-4 %
-5 %
-6 %
-7 %
Transports Bâtiments Industrie Transformation d'énergie
19
DES ÉMISSIONS LIÉES AUX ÉCHANGES INTERNATIONAUX
112 GLOBALEMENT STAGNANTES
Les émissions territoriales ne couvrent pas l’entière res- carbone de la France correspond aux émissions territoriales
ponsabilité de la France. Aux émissions territoriales auxquelles sont ajoutées les émissions associées aux impor-
s’ajoutent les émissions des transports internationaux et tations et retirées celles liées aux exportations.
des échanges commerciaux de biens et services.
• L’empreinte carbone de la France en 2016 est supé-
Les émissions des transports internationaux s’élèvent à rieure de 8 % à son niveau de 1995 - date de début
24,4 Mt éqCO2 en 2019. Elles sont en légère hausse par de la série historique - mais elle est à la baisse depuis
rapport à 2018 (+0,2 Mt éqCO2, soit +0,6 %). La pour- le début de la décennie (cf. figure 1.1). Elle a atteint
suite de l’augmentation des émissions de l’aviation interna- son pic en 2011 avec 755 Mt éqCO2 et a depuis cette
tionale (+0,9 Mt éqCO2) a été presque intégralement com- date réduit de 12 %, principalement du fait des émis-
pensée par la baisse des émissions du transport maritime sions associées aux importations.
international (-0,7 Mt éqCO2).
• L’empreinte carbone de la France suivrait une ten-
L’empreinte carbone de la France est estimée à 666 Mt dance stagnante sur les années récentes pour
éqCO2 en 2016 (données les plus récentes). Elle est 1,4 fois atteindre 663 Mt éqCO2 en 2019 (estimation à
plus élevée que ses émissions territoriales. L’empreinte confirmer). Dans le prolongement du rapport sur l’em-
Figure 1.10 – Émissions de l'empreinte carbone de la France depuis 1995 (tous GES)
450
400
350
300
250
Mt éqCO2
200
150
100
50
0
90
91
92
93
94
95
96
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99
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02
03
04
05
06
07
08
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11
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14
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19
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20
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20
20
20
20
20
NB : Les données d'empreinte 2017-2019 correspondent à des émissions préliminaires résultant d'extrapolations.
Source : SDES (2020).
20
18
16
14
12
Mt éqCO2
10
0
19
90
91
92
93
94
95
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99
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20
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20
20
20
20
20
20
21
DES PROFILS D’ÉMISSIONS VARIÉS
113 ENTRE LES RÉGIONS
Pratiquement toutes les régions ont mis en place des obser- • Le profil régional de la Corse est sensiblement dif-
vatoires régionaux de l’énergie et du climat qui fournissent férent des autres régions, avec des parts de l’agricul-
des bilans régionaux des émissions de gaz à effet de serre. ture et de l’industrie extrêmement faibles (1 %)
Les données sont consolidées à l’échelle régionale mais les reflétant sa réalité géographique spécifique d'île
méthodologies utilisées d'une région à l'autre ne sont pas entiè- montagneuse avec peu de surfaces agricoles, et comp-
rement homogènes entre elles (voir annexe 1.2). Dans le pro- tant très peu d’industries.
longement du rapport annuel 2020 du HCC, une dynamique
nationale de convergence méthodologique est en train de voir • Dans les régions d'outre-mer de Martinique,
le jour, associant notamment le RARE et Atmo France. Sur les Guyane et La Réunion, le mix énergétique spéci-
18 régions de France, seule Mayotte n’a pas pu être représentée fique (centrales thermiques, pas de nucléaire) se
faute d’observatoire dans cette région. Les données sont pré- reflète dans le profil régional qui marque une part
sentées au format PCAET qui est le format retenu par les d'émissions importantes du secteur de la branche éner-
régions pour leur exercice de planification régionale. gie (29 % à 54 %). Une autre spécificité des zones
d'outre-mer résulte de leur éloignement de la métro-
La répartition sectorielle des émissions de gaz à effet de serre pole : le secteur transports vers l'extérieur génère de
permet de faire ressortir certaines spécificités régionales. La fortes émissions. La Guadeloupe par exemple a choisi
figure 1.12 montre que l'importance relative de chaque sec- de rendre visibles ces émissions induites en les comp-
teur diffère entre les régions, en particulier : tabilisant selon l'approche Bilan Carbone©.
• L'industrialisation importante des régions Provence- • La répartition des émissions par gaz permet de repré-
Alpes-Côte d’Azur et Hauts-de-France se reflète dans senter l’importance relative des différents gaz à effet
leurs émissions régionales, avec une part de l’industrie de serre dans le pouvoir de réchauffement global. Ces
qui s’élève entre 38 % et 42 %. Les régions Grand-Est et gaz peuvent être des marqueurs de certaines activités.
Auvergne-Rhône-Alpes sont également des régions for- De fortes émissions de méthane (CH4) par exemple sont
tement industrialisées. La part du secteur industriel y est représentatives des régions agricoles principalement
cependant plus faible (respectivement 29 % et 17 %) du tournées vers l’élevage (Bretagne, Pays de la Loire). A
fait d’une contribution également importante des autres l’inverse, les faibles émissions de protoxyde d’azote
secteurs, notamment celui des transports. (N2O) en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Guadeloupe,
Martinique, Île-de-France et à la Réunion sont représen-
• En Île-de-France, le secteur des bâtiments repré- tatives des faibles surfaces agricoles de ces régions.
sente une part importante des émissions régionales
(47 %) du fait de la forte densité de population et d’ac- Certaines régions présentent une évolution spécifique
tivités tertiaires dans cette région. de leurs émissions sur la période du premier budget car-
bone (2015-2018). Les évolutions sectorielles les plus
• En Occitanie, la part du secteur des transports dans disparates se trouvent dans l’industrie, bien que pour
les émissions régionales apparaît proportionnelle- chacun des quatre principaux secteurs émetteurs
ment importante, ce qui s’explique principalement (transports, bâtiments, agriculture et industrie), des
par un poids moins important des émissions de gaz à régions se distinguent avec des profils d’évolution par-
effet de serre des secteurs industriel et agricole. ticuliers. Il serait ainsi possible de s’inspirer des régions
qui présentent les baisses les plus importantes pour
• La Bretagne est une région dont l’activité agricole chaque secteur. La figure 1.13 présente les rythmes
et agro-alimentaire est dédiée principalement à l’ex- annuels moyens de réduction des émissions de gaz à effet
port. La part du secteur agriculture y est notablement de serre par région sur la période 2015-2018 (premier
plus importante (40 %) que dans les autres régions. Elle budget carbone) par rapport à 2011-2014. Ces évolutions
s’appuie notamment sur une forte production de régionales peuvent être mises en perspective avec la situa-
viande, qui explique des émissions particulièrement tion nationale et ce qui avait été anticipé par le premier
importantes de méthane. budget carbone de la SNBC1.
HAUTS
-D
E-
FR
AN
CE
54,2
(2017)*
ANDIE
RM GRAND
ES
T
NO
31,5 Î
(2018) 44,3
LE
TAGN
BRE E
-D
(2018)
E-FRANCE
41,2
23,8 (2018)
(2018) S DE LA LO
AY I
-FRANC
P
RE
NE
G
H
28,6 E-VAL DE
BOURGO
E-C
(2018) TR
LO 22,8
OMTÉ
CEN
IRE (2018)
17,5
(2018)
DELO -RHÔNE-A
NE LP
GUA
G
UPE
R
ELLE-AQU IT
ES
VE
UV A
AU
4,5 O
N
IN
(2017)* 50,8
E
(2018)
48,9
(2018)
A
UY ES
-ALP -C T
NE
G
CE E
O
1 ,1
EN
CITANI
D'A
(2015)* OC
PROV
ZUR
36,6
(2018)
29
(2018)
IN
RT I
QU
MA
2,2 ORS
(2016)*
C
1,9
(2014)*
Secteur émetteur de gaz à effet de serre Émissions de gaz à effet de serre
en 2018* (au format PCAET) régionales en 2018* (en Mt éqCO2)
MAYOTTE 50
Déchets Transports
Nd
25
Branche Bâtiments
énergie 10
Industrie Agriculture 2
UN
RÉ I
ON
Au format PCAET, la branche énergie exclut les émissions liées à la production d'électricité, de chaleur et de froid.
Les émissions correspondantes sont comptabilisées dans les secteurs consommateurs.
4,6 Méthodologie PRG 5 sauf pour les régions Île-de-France, Guadeloupe, Martinique, Réunion qui sont en PRG 4.
Gaz fluorés non inclus dans les émissions totales des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Corse, Provence-Alpes-Côte d'Azur,
(2018) Martinique, Guyane, Guadeloupe. Normandie : les émissions du secteur transport couvrent le routier uniquement. Guadeloupe : le secteur transport prend
en compte les émissions complètes liées aux trajets (approche Bilan C(c)). En Nouvelle-Aquitaine, prise en compte des émissions indirectes du gaz naturel
et produits pétroliers. Martinique : données au format SECTEN.
50 km
Sources : ARE-RARE, AASQA-Atmo France, format PCAET N
23
Figure 1.13 – Évolutions régionales des émissions de gaz
à effet de serre 2015-2018 par rapport à 2011-2014
HAUTS-DE-
FRANCE
-0,1 %
GUADELOUPE NOUVELLE-
AQUITAINE AUVERGNE-
RHONE-ALPES
+4,0 %*
-0,7 %
-1,2 % PACA
GUYANE OCCITANIE
-1,0 %
-0,6 %
-0,8 %*
MARTINIQUE CORSE
Nd
LA RÉUNION
Tendance moyenne nationale (-1,1%) Décroissance forte (>1%) 50 km N
Trois pays de l’Union Européenne (Allemagne, Espagne, Dans la majorité des pays étudiés, les réductions
Italie) et le Royaume-Uni ont été sélectionnés pour leur d’émissions réalisées jusqu’à présent sont impor-
similarité avec la France en termes de PIB, de population tantes, mais portent principalement sur un secteur,
et plus largement de problématiques économiques. Après celui de la transformation d’énergie, et sur des actions
un bref rappel de leur trajectoire depuis 1990, les émissions d’efficacité énergétique dans l’industrie et les bâti-
européennes sont analysées au regard de leur performance ments. Les changements nécessaires pour assurer la
actuelle (niveau d’émissions par habitant en 2018) et de leur décarbonation sur les trois prochaines décennies des
tendance récente dans les différents secteurs émetteurs (évolu- transports, des bâtiments et de l’agriculture restent
tion moyenne sur 2015-2018 par rapport à 2011-2014). Elles insuffisamment enclenchés.
sont également comparées aux données d’empreinte carbone.
• En Europe, les émissions ont diminué de 23 % en
Les données d’émissions de gaz à effet de serre mobilisées 2018 par rapport à 1990 (cf. figure 1.5). Cette baisse
correspondent aux inventaires nationaux transmis à la moyenne cache une diversité de situations entre les
CCNUCC disponibles sur le site de l’Agence européenne États-membres (voir figure 1.6). Par exemple, les
de l’environnement. La répartition sectorielle ne corres- émissions de l’Allemagne ont baissé de 31 % depuis
pond pas exactement au format SECTEN utilisé par la 1990 quand celles de l’Espagne ont augmenté de 16 %.
SNBC et analysé dans le reste du rapport, mais a été La France se situe légèrement moins bien que la
construite de manière à s’en rapprocher le plus possible. Les moyenne européenne avec une réduction 19 % sur
chiffres présentés pour la France dans les comparaisons euro- cette période. La réduction de ses émissions est légère-
péennes (cette section et le chapitre 3) diffèrent ainsi légère- ment supérieure à celle de l’Italie (-17 %), mais infé-
ment de ceux présentés dans les analyses nationales. Les rieure à celles de l’Allemagne (-31 %) et du Royaume-
conclusions restent néanmoins les mêmes. Uni (-42 %).
25
• Depuis 2015, les progrès enregistrés chez nos voi- sions significatives sur la période 2015-2018 par rap-
sins européens portent en majorité sur la transfor- port à 2011-2014 à l’échelle européenne (-1,4 % par
mation d’énergie (voir tableau 1.1). Les réductions an). Des progrès récents sont en particulier notables
d’émissions les plus importantes sont observées dans le en France dans ce secteur (-2,4 % par an). Si les émis-
secteur de la transformation d’énergie à l’échelle euro- sions de l’industrie stagnent à l’échelle européenne
péenne (-2,4 % par an sur 2015-2018 par rapport à (-0,1 %), des progrès sont à noter dans certains pays,
2011-2014), et plus particulièrement au Royaume-Uni tels que l’Espagne (-2,4 % par an), le Royaume-Uni
(-10,4 % par an) suivi de l’Italie (-3,6 % par an) avec un (-2,1 % par an) et l’Italie (-1,8 % par an), qui réduisent
recul du charbon dans la production de leur électricité. leurs émissions plus vite que la France (-1,4 % par an).
Aucun pays n’affiche de progrès significatifs dans les
• Comme en France, des avancées sont également en transports et l’agriculture, dont les émissions conti-
cours parmi nos voisins européens dans le secteur nuent de croitre en Europe (+0,9 % par an et +0,4 %
des bâtiments, alors que les secteurs des transports respectivement). Une inflexion à la baisse peut néan-
et de l’agriculture ne réduisent pas leurs émissions. moins être notée dans les transports en Italie (-1,0 %),
Hormis les déchets, qui représentent peu d’émissions dont la tendance reste à confirmer. La France affiche
en valeur absolue, le secteur des bâtiments est le des émissions stagnantes dans ces deux secteurs
second secteur enregistrant des réductions d’émis- (cf. chapitre 3).
Figure 1.14 – Tendances des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990 pour la France,
l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne
1 200
1 000
-31,3 %
800
Mt éqCO2
600
-41,8 %
-18,9 %
400 -17,2 %
+15,5 %
200
0
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
France Italie
Allemagne Espagne
Royaume-Uni
Source : Traitements du HCC d'après Agence Européenne de l’Environnement (avril 2020, format CCNUCC)
470
779
Émissions de gaz à effet de serre sectorielles
en 2018 (en Mt éqCO2)
TOTAL UE-27
(hors UTCATF)
445
Déchets Transports
3 762
288 Bâtiments
Industrie Agriculture
27
Rapportées à la population, les émissions territoriales de ritoriales correspond aux émissions importées nettes des émis-
la France sont inférieures à la moyenne européenne, mais sions exportées. Cet écart est de 1,7 t CO2 par habitant pour
néanmoins supérieures dans les secteurs de l’agriculture la France contre 1,0 t CO2 par habitant en Europe. La France
et des transports8. a donc des émissions importées nettes supérieures à la
moyenne européenne. L’écart est encore plus important pour
• Rapportées à la population, la France a des émis- le Royaume-Uni (2,5 t) et l’Italie (1,9 t), mais inférieur pour
sions territoriales plus faibles que ses voisins euro- l’Allemagne (1,3 t) et très faible pour l’Espagne (0,4 t).
péens. Ses émissions territoriales par habitant sont esti-
mées à 6,6 t éqCO2 en 2018, soit un niveau inférieur À l’échelle mondiale, l’Europe est importatrice nette
à la moyenne européenne (8,4 t eqCO2), ce qui s’explique d’émissions de CO2 du fait des émissions incorporées dans
principalement par son électricité en grande partie ses échanges commerciaux internationaux, quand d’autres
décarbonée avec le nucléaire et l’hydroélectricité, ainsi grands blocs sont exportateurs nets d’émissions (voir figure
que par le poids modéré de son industrie intensive. 1.18). Tandis que l’Europe est importatrice nette de 1,0 t CO2
L’Allemagne se distingue par des émissions territoriales par habitant, la Chine et l’Inde sont exportatrices nettes de
par habitant largement supérieures (10,4 t eqCO2), du 0,7 et 0,2 t CO2 par habitant respectivement. Les États-Unis
fait de l’importance du charbon dans sa production importent, comme les Européens, 1,0 t CO2 par habitant.
d’électricité et du poids de son secteur industriel. L’Ita-
lie, l’Espagne et le Royaume-Uni ont des émissions par MESSAGES CLÉS
habitant proches et légèrement supérieures à la France • En 2019, les émissions de gaz à effet de serre en France
(respectivement de 7,1, 7,2 et 7,0 t eqCO2). diminuent de 1,9 %. Cette baisse est légèrement plus forte
que la tendance de la décennie.
• Dans les secteurs des transports, de l’agriculture et
des bâtiments, il existe des pays européens dont les • Les émissions des transports demeurent les plus importantes.
émissions territoriales par habitant sont plus faible- Elles ne diminuent pas.
set dont la France pourrait s’inspirer (voir figure
1.16). Sur les transports et l’agriculture, les émissions • En 2020, la réduction des émissions de 9 % (données
de la France par habitant sont supérieures à la moyenne provisoires) reflète surtout les réductions de déplacements et les
européenne et indiquent un poids plus fort de ces acti- modifications de décisions de production et de consommation
vités dans le pays. Dans les bâtiments, la France se situe imposées par le confinement. La part de ces réductions résultant
dans la moyenne européenne. D’autres pays non-re- de l'effet des politiques publiques portant sur les émissions de
présentés ici sont encore plus performants, telle la gaz à effet de serre ne peut pas actuellement être estimée.
Suède qui a quasiment décarboné ses bâtiments9.
• L’empreinte carbone de la France a diminué au début des années
Si la France a des émissions territoriales par habitant plutôt 2010, et stagne depuis 2016 d'après les estimations préliminaires.
faibles en Europe, ses émissions importées (nettes des
exportations) par habitant sont supérieures, si bien que son • Les succès sectoriels dans certaines régions devraient être
analysées pour évaluer leurs facteurs et leur réplicabilité.
empreinte carbone, bien qu’inférieure, se rapproche de la
moyenne européenne (voir figure 1.17). Les données d’em-
• Depuis 2015, au-delà du secteur de l’énergie, la France
preinte carbone les plus récentes à l’échelle mondiale portent
comme ses voisins, voit ses émissions baisser dans les secteurs
sur le CO2 seulement et prennent pas en compte le poids non
de bâtiments et de l’industrie. Aucun pays n’affiche de
CO2 important des importations. Leur analyse montre que la
progrès significatifs dans les transports et l’agriculture, dont
France a une empreinte de 6,6 t CO2 par habitant en 2018, les émissions continuent de croitre en Europe.
contre un niveau moyen de 7,8 t de CO2 par habitant en
Europe. L’écart entre l’empreinte carbone et les émissions ter-
Émissions de GES des transports par habitant en 2018 Émissions de GES des bâtiments par habitant en 2018
(en t éqCO2) (en t éqCO2)
1 1,5 2 1 1,5 2
1,84 1,32
1,98 1,40
1,86 1,03
1,97 1,07
1,72 1,24
1,93 0,61
Sources : Agence européenne pour l'environnement. 200 km N Sources : Agence européenne pour l'environnement. 200 km N
Émissions de GES de l’agriculture par habitant en 2018 Émissions de GES de l’industrie par habitant en 2018
(en t éqCO2) (en t éqCO2)
1 1,5 2 1 1,5 2
0,69 1,20
0,84 2,35
1,06 1,78
1,29 1,37
0,64 1,47
1,10 1,59
Sources : Agence européenne pour l'environnement. 200 km N Sources : Agence européenne pour l'environnement. 200 km N
Émissions de GES des déchets par habitant en 2018 Émissions de GES de l’énergie par habitant en 2018
(en t éqCO2) (en t éqCO2)
1 1,5 2 1 1,5 2
0,31 1,61
0,12 3,68
0,26 2,45
0,26 0,68
0,30 1,70
0,29 1,64
Sources : Agence européenne pour l'environnement. 200 km N Sources : Agence européenne pour l'environnement. 200 km N
29
Figure 1.17 – Émissions de CO2 territoriales et de l’empreinte CO2 rapportées
à la population en 2018 pour la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie,
l’Espagne et l’Europe
12,0
Émission territoriales de CO2 (à gauche)
10,4
Empreinte CO2 (à droite)
10,0
9,1
8,2
7,8 7,7
8,0
6,8 6,6
6,2
t CO2 / habitants
4,0
2,0
0
EU-27 France Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni
Source : Our World in Data based on Global Carbon Project; BP; Maddison; UNWPP
20,0
1,0
15,0
tCO2 / habitant
10,0
16,6
1,0
5,0
7,1 6,8
4,8
1,9
0,0
Chine -0,7 Inde -0,2 EU-27 États-Unis Monde
-5,0
Émissions territoriales de CO2 par habitant Flux net (import - export) de CO2 par habitant
Source : Our World in Data based on Global Carbon Project; BP; Maddison; UNWPP
Le premier budget carbone a été dépassé de 62 Mt éqCO2 • Les budgets sectoriels (indicatifs dans la SNBC1) ont
cumulés sur la période 2015-2018 (hors UTCATF) selon été dépassés de manière significative sur la période du
les données d’inventaire actualisées, ce qui confirme le bilan premier budget carbone pour le transport, les
publié dans le rapport annuel 2020 du HCC. bâtiments et l’industrie, qui constituent aussi trois
secteurs parmi les plus émetteurs en France (voir figure
• Le premier budget carbone de la SNBC1 adopté par 1.19). Ils ont été respectés pour la transformation d’éner-
décret10 en 2015 et révisé par décret11 en 2020 à la suite gie, et montrent un faible écart pour l’agriculture et les
d’ajustements techniques visait 441 Mt éqCO2 par an déchets. Les budgets par gaz (indicatifs) ont été dépassés
sur la période 2015-2018. Les données d’émissions de pour le CO2 et le CH4, qui représentent la majorité des
GES ont été actualisées dans l’inventaire annuel des émissions, et respectés pour le N2O et les gaz fluorés.
émissions GES en avril 2021. Le tableau 1.2 présente
la comparaison entre les émissions réalisées et le premier • Le bilan par secteur est ainsi légèrement modifié à la
budget carbone de la SNBC1 pour les émissions suite de l’actualisation des données en 2021, notam-
totales, par secteur et par gaz. ment pour l’industrie (écart passé de 4 à 33 Mt éqCO2)
et les bâtiments (écart passé de 34 à 11 Mt éqCO2).
• La comparaison des émissions réalisées avec le premier Cela résulte de changements méthodologiques appor-
budget carbone de la SNBC1 indique un dépassement tés dans la dernière édition de l’inventaire du Citepa
total de 62 Mt éqCO2 cumulé sur la période (cf. section 1.1.1). Ce changement d’attribution
2015-2018. Les émissions n’ont diminué que de 1,1 % n’ayant pas été reporté dans les budgets sectoriels de la
par an en moyenne sur 2015-2018 (par rapport à la période SNBC, la comparaison entre les émissions réalisées et
2011-2014), ce qui est très inférieur à la décroissance visée les plafonds sectoriels de la SNBC doit être interprétée
par la SNBC1 de -1,9 % par an. Ce résultat confirme le avec prudence pour les secteurs des bâtiments et de
bilan publié dans le rapport annuel 2020 du HCC. l’industrie.
Figure 1.19 – Écart au premier budget carbone pour les différents secteurs
40
10
11 Transformation
2 d'énergie 1
0
Transports Agriculture Bâtiments Industrie Déchets
-10
-25
-20
-30
NB : un écart positif indique que le budget indicatif a été dépassé. Par exemple, le secteur des transports a dépassé son budget carbone de 39 Mt éqCO2.
Source : Traitements du HCC d’après Citepa, avril 2021 format Secten et SNBC2
31
Tableau 1.2 – Comparaison des émissions réalisées
avec le premier budget carbone de la SNBC1
Par gaz
Totaux
La dynamique de réduction des émissions du • Les prochains budgets carbone ont été adoptés par décret12
deuxième budget carbone (2019-2023) est supérieure en 2020. Ils fixent les plafonds d’émissions territoriales
à celle fixée par la SNBC2. Pour les années 2019 et à ne pas dépasser sur les périodes 2019-2023, 2024-2028
2020 (données préliminaires), les émissions ont diminué et 2029-2033, C'est-à-dire des budgets par secteur et par
plus rapidement qu'attendu dans la SNBC2. Le relève- gaz pour chacune de ces périodes. Des tranches indica-
ment du plafond d’émissions du deuxième budget tives d’émissions annuelles avec et sans UTCATF sont
carbone décidé par le gouvernement lors de la révision également indiquées. Le budget proposé pour la période
de la SNBC2 et l’impact des mesures prises pour lutter 2019-2023 a été révisé à la hausse pour intégrer le déficit
contre la Covid-19 en sont les principaux facteurs expli- du précédent budget, contrairement à l’avis formulé en
catifs. Cette dynamique doit se poursuivre en parallèle 2019 par le HCC.
de la reprise économique et être accélérée pour au mini-
mum atteindre la cible 2030, qui pourrait être prochai- • Hors UTCATF, les émissions territoriales ont baissé
nement relevée suite au rehaussement de l’objectif de 1,9 % (ou 8,6 Mt éqCO2) en 2019 et de 9,2 %
européen (voir section 2.2). (ou 40,3 Mt éqCO2) en 2020 selon les données
Figure 1.20 – Écart aux tranches annuelles indicatives du deuxième budget carbone
(2019-2023) de la SNBC2
500
443 Réalisé Objectif SNBC2
436
450 423
410 397
400
350
Mt éqCO2
300
250
436
200 396
150
100
50
Émission 2019 Émission 2020 Émission 2021 Émission 2022 Émission 2023
33
Tableau 1.3 – Tranches indicatives des émissions et évolution annuelle
pour les budgets carbone 2, 3 et 4 de la SNBC2
BUDGET 2
BUDGET 3
BUDGET 4
1.2 Depuis la publication du cinquième rapport du GIEC, le concept de « budget carbone » permet d’éclai-
rer les décideurs dans l’élaboration de leur politique climatique. L’appellation budget carbone renvoie
néanmoins à différentes définitions.
Selon le GIEC, le budget carbone résiduel correspond à un stock d’émissions de GES à ne pas dépasser.
Dans son rapport spécial « 1,5°C », le GIEC définit le budget carbone résiduel comme « l’estimation
des émissions mondiales nettes cumulées anthropiques de CO2, depuis une date donnée jusqu’au
moment où ces émissions deviennent égales à zéro, qui permettraient, avec une certaine probabilité,
de limiter le réchauffement planétaire à un niveau déterminé, compte tenu des impacts des autres
émissions anthropiques. » Le budget carbone restant correspond plus précisément aux émissions
que nous pouvons encore émettre pour respecter nos objectifs climatiques. Il n’est néanmoins pas
unique car il dépend de l’objectif climatique choisi – 1,5°C ou 2°C– ainsi que de la probabilité
afférente à l’atteinte de cet objectif – 33 %, 50 % ou 67 %. Il dépend aussi de l'action sur les facteurs
non CO2. Le budget carbone n’est enfin pas un budget au sens comptable puisque, contrairement au
budget d’un État ou d’une entreprise, il se caractérise par l’absence d’arbitrage inter-temporel en
raison du caractère irréversible, à échelle humaine, des conséquences de ses dépassements.
Au 1er janvier 2018, avec une boucle de rétroaction positive comme par exemple celle liée au
permafrost, ces trois niveaux de probabilité (33, 50 et 67 %) correspondaient pour la limite des 1,5°C
à 840, 580 et 420 Gt CO2 ; et pour celle de 2°C à 2030, 1500 et 1170 Gt CO2. Pour mémoire, 43 Gt CO2
Les budgets carbone sont utilisés pour définir à court terme la trajectoire cible de réduction des émis-
sions de gaz à effet de serre de la France en cohérence avec ses engagements communautaires et
internationaux. Ils sont déclinés par grands secteurs d’émissions, par domaines d’activité, par GES et
en tranches annuelles à titre indicatif. On appelle BC1, BC2, BC3 et BC4, les plafonds d’émissions de la
SNBC2 pour les périodes respectives 2015-2018, 2019-2023, 2024-2028 et 2029-2033.
Le budget carbone restant de la France, tel que fixé par la SNBC2, s’élève à 10 143 Mt éqCO2 sur la
période 2015-2050, et à 5 729 Mt éqCO2 sur 2015-2028. Net des puits de carbone naturels et artificiels
considérés par la SNBC2, le budget carbone de la France s’élève à 8 261 Mt éqCO2 à l’horizon 2050 et
à 5 183 Mt éqCO2 à échéance 2028.
La révision de la SNBC a conduit à une baisse d'ambition, qui résulte en une augmentation du
budget des émissions de la France de +190 Mt éqCO2 sur la période 2015-2028. Lors de l’élaboration
de la SNBC2, il a été constaté que les plafonds d’émission du BC1 de la SNBC1 étaient dépassés. Le
gouvernement a décidé de relever le BC2 de la SNBC2 pour l’aligner sur la trajectoire des émissions
réalisées sur 2015-2018. Les BC3 sont conservés presque identiques entre les deux SNBC, car alignés sur
l’objectif que la France s’est fixée de réduire ses émissions de -40 % à l’horizon 2030 – qui devrait être
révisé à l’aune de la nouvelle ambition européenne (cf. section 2.2).
Ce réajustement de la trajectoire des émissions entre la SNBC2 et la SNBC1 à l’horizon 2030 intro-
duit deux conséquences notables sur la politique climatique de la France, qui devraient être
intégrées dans la préparation de la SNBC3 :
• Le total des émissions que la France peut émettre se répercute sur toute la période 2019-2028. Sur
la période 2015-2028, l’écart entre les deux SNBC s’élève à 190 Mt éqCO2 hors UTCATFb. Il n’est
à ce jour pas prévu de le rattraper en réduisant d’autant les prochains budgets carbone.
• La vitesse de réduction annuelle des émissions à atteindre sur la période du BC3 doit être
accélérée d’autant plus pour atteindre le même objectif en 2030. Le rythme annuel moyen de
réduction d’émissions du BC3 était de -2,2 % pour la SNBC1 et de -3,2 % pour la SNBC2. Ainsi,
si les émissions annuelles autorisées par la SNBC2 sont plus élevées que dans la SNBC1, le
rythme de changement à mettre en oeuvre devient plus important.
a Rogelj, J., D. Shindell, K. Jiang, S. Fifita, P. Forster, V. Ginzburg, C. Handa, H. Kheshgi, S. Kobayashi, E. Kriegler, L. Mundaca,
R. Séférian, and M.V. Vilariño, 2018: Mitigation Pathways Compatible with 1.5°C in the Context of Sustainable Develop-
ment. In: Global Warming of 1.5°C. An IPCC Special Report on the impacts of global warming of 1.5°C above pre-industrial
levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening the global response to the
threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate poverty [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, H.-O.
Pörtner, D. Roberts, J. Skea, P.R. Shukla, A. Pirani, W. Moufouma-Okia, C. Péan, R. Pidcock, S. Connors, J.B.R. Matthews, Y.
Chen, X. Zhou, M.I. Gomis, E. Lonnoy, T. Maycock, M. Tignor, and T. Waterfield (eds.)]. In Press. Voir également Rogelj J., P.
M. Forster, E. Kriegler, C. J. Smith et R. Séférian (2019),Estimating and tracking the remaining carbon budget for stringent
climate targets, Perspective, Nature, vol 571, pp. 335-342, https://doi.org/10.1038/s41586-019-1368-z.
b Pour calculer le budget carbone de la SNBC2, les émissions de l’inventaire Citepa sont prises en compte de 2015 à 2018.
35
MESSAGES CLÉS Il n’est à ce jour pas prévu de le compenser en réduisant
• Avec une réduction estimée à 1,9 % en 2019, la réduction d’autant les prochains budgets carbone.
des émissions s’accélère et correspond à la baisse attendue
par la stratégie nationale bas-carbone. Ce résultat positif est • Le rythme de baisse doit doubler par rapport à la période
pré-Covid-19 pour atteindre -13 Mt éqCO2 par an dès 2021
à nuancer car le plafond du second budget carbone
selon la SNBC2. Les orientations prises dans le cadre de la
(2019-2023) a été relevé par la SNBC2, ce qui en amoindrit
relance seront cruciales pour retrouver une trajectoire compa-
l’ambition en la reportant au troisième budget carbone.
tible avec l’objectif de neutralité carbone, tout en préservant
• Le respect du second budget sera en partie dû à des réduc- l’emploi et la compétitivité des entreprises.
tions résultant des changements de comportement imposés
• Les budgets carbone qui seront fixés pour l’empreinte carbone
par le confinement, et le budget fixé perd par conséquent
de la France et les transports internationaux lors de la
de sa capacité à mesurer et engager les transformations
prochaine révision de la SNBC devront permettre des réduc-
sectorielles nécessaires.
tions d’émissions en cohérence avec les objectifs de l’accord
de Paris.
• La France avait déjà pris du retard dans sa transition vers
une économie bas carbone sur la période du premier budget.
SUIVI
13 DE LA TRANSITION CLIMATIQUE
Pour mieux saisir la mise en œuvre de la transition structurels qui, à travers des indicateurs, informent de la
bas-carbone, le suivi des émissions de GES peut être conformité de l’action gouvernementale avec les objectifs
utilement complété par celui des transformations de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC).
physiques, de l’action publique et des changements
Le gouvernement réalise un suivi de la transition bas car- parties prenantes. Peu de politiques publiques font l’objet
bone à travers la mise à jour régulière d’un tableau de bord d’un suivi si détaillé. Issu d’un travail important des services de
de la SNBC. Défini en concertation avec les parties prenantes l’État, le tableau de bord de la SNBC marque une avancée
du Comité d’information et d’orientation de la SNBC, ce essentielle pour suivre l’avancement de la mise en œuvre de la
tableau de bord inclut un ensemble de 189 indicateurs répar- stratégie bas-carbone, telle qu’elle est fixée par le gouvernement,
tis en quatre groupes qui portent respectivement sur les résul- ainsi que pour rendre compte envers l’ensemble des parties pre-
tats, le contexte, des indicateurs pilotes et l’intégration des nantes ayant participé à l’élaboration de la SNBC et concernés
orientations de politique publique de la SNBC, ainsi qu’une par sa mise en œuvre effective. Des indicateurs de la SNBC
liste d’indicateurs environnementaux complémentaires pro- sont par ailleurs présents dans les plans d’action publiés par le
posés dans le cadre de l’évaluation environnementale straté- ministère de la Transition écologique (MTE) celui de l’Écono-
gique (voir tableau 1.4). La SNBC2 prévoit que le gouverne- mie, des finances et de la relance (MEFR), ce qui traduit leur
ment publie annuellement un rapport sur le suivi des indica- progressive appropriation par l’ensemble du gouvernement.
teurs de résultats et tous les deux ans un rapport sur le suivi
de la liste complète du tableau de bord. Néanmoins, la mise en œuvre de ce suivi présente un cer-
tain nombre de limites qui nécessitent d’être remédiées :
Le suivi de la SNBC constitue une innovation notable
dans le suivi de l’action gouvernementale vers plus de trans- • La fréquence de publication est irrégulière et
parence dans les débats publics et de redevabilité envers les moindre que celle requise par la SNBC 2, qui
Suivi du gouvernement
Indicateurs de la SNBC 2
Attendu Réalisé
Source : xxxxx
37
Le tableau de bord de la SNBC doit renseigner la trajec- décrypter l’évolution des émissions et juger du carac-
toire des émissions GES, mais aussi l’état d’avancement tère structurel ou conjoncturel des évolutions observées.
des transformations physiques, l’exécution des politiques
visant à réduire ces émissions, et les changements structu- • Suivi de l’action publique : Il s’agit de suivre la mise en
rels menant à la neutralité carbone. Il est nécessaire pour place des politiques et mesures agissant directement ou
cela de s’intéresser aux déterminants physiques des émissions, indirectement sur les émissions. Les indicateurs peuvent
aux moyens et aux réalisations des transformations en cours, porter sur des mesures sectorielles ou transversales. Ces indi-
ainsi qu’à leur dimension structurelle et leur cohérence avec cateurs sont utiles pour juger de l’effort d’atténuation du
les budgets carbone (cf. encadré 1.2). Dans cette perspective, gouvernement au regard des budgets carbone, ainsi que
un tableau de bord de la SNBC organisé autour des trois caté- pour anticiper les tendances, les politiques et mesures met-
gories d’indicateurs suivants devrait être réalisé : tant plusieurs années à se traduire en réduction d’émissions.
• Suivi des transformations physiques : Il s’agit de suivre • Suivi des changements structurels : Il s’agit de suivre
un ensemble d’indicateurs portant sur les déterminants les changements structurels qui permettent d'orienter
des émissions, et traduisant la façon dont le système les décisions publiques et privées dans un sens favorable
physique se transforme (les stocks et les usages). Réalisé à la transition bas carbone (cf. encadré 1.3) et dont les
au sein de chaque secteur émetteur, les indicateurs effets pourront être mesurés par des indicateurs phy-
suivis devraient être choisis en fonction de leur impor- siques. Ces indicateurs sont utiles pour juger de la com-
tance quantitative, et significatifs des évolutions atten- patibilité du cadre dans lequel les acteurs publics et
dues dans le secteur. Ces indicateurs sont utiles pour privés évoluent avec l’objectif de neutralité carbone.
1.3 Le besoin de « changements structurels » est régulièrement invoqué en matière de politique climatique,
puisqu’eux seuls permettent de transformer en profondeur et durablement les modes de production et de
consommation à la hauteur de l’objectif de neutralité carbone. Pour autant, le caractère « structurel »
des changements est rarement défini. Le GIEC parle de « changements évolutifs » (« changement qui
concerne un système entier et qui, outre l’évolution des techniques, requiert des facteurs économiques
et sociaux conjugués à la technologie pour induire un rapide changement d’échelle »)14, correspondant
à des transformations technologiques, économiques et sociales qui permettent de changer d’échelle
jusqu’à atteindre le système tout entier. On perçoit d’instinct la distinction entre d’un côté des actions
limitées dans le temps ou dans leur portée, sans conséquence sur les trajectoires de réduction des
émissions ou de renforcement de la résilience, et de l’autre des actions qui vont permettre d’infléchir
durablement et massivement notre influence sur le climat.
La notion de changement structurel ne doit pas être réduite à de simples changements d’échelle qui
résulteraient de l’agrégation d’actions locales, ponctuelles et individuelles. Il s’agit de changements
qui se manifestent au cœur des structures collectives, c’est-à-dire dans les arrangements maté-
riels, technologiques, politiques et institutionnels qui organisent nos sociétés. Ces structures
produisent des cadres relativement rigides et inertiels pour les actions des individus et des organi-
sations et peuvent être à l’origine des verrous qui bloquent les évolutions des modes de production
et de consommation attendus. Ces structures concernent par exemple les aménagements territo-
riaux et urbains, les modèles économiques et les indicateurs de performances, les normes tech-
niques de construction, les institutions politiques, les normes sociales autour de la consommation,
ou encore les normes professionnelles dans certains secteurs.
Ces structures collectives, issues de rapports de force complexes entre les différents intérêts en jeu
produisent des règles auxquelles les acteurs se conforment, verrouillant les choix et les décisions.
Produire des changements structurels nécessite par conséquent à la fois d’identifier les structures
collectives à l’origine des verrous empêchant la réduction des émissions et de produire des structures
collectives alternatives qui y seront au contraire favorables : transports en commun, pistes
cyclables et garages à vélo, dispositifs de covoiturage au niveau des communes et des entreprises,
voitures ou vélo électriques en libre-service dans les zones denses, politiques de lutte contre l’éta-
lement urbain, localisation des activités économiques etc.
Par conséquent, une mesure de politique publique à elle seule, surtout si elle vise les seuls comporte-
ments individuels, peut difficilement produire des changements structurels. En revanche, il est utile
de s’interroger sur les structures collectives dans lesquelles elle s’insère, afin d’identifier les arran-
gements collectifs qu’elle renforce ou fait évoluer. Plusieurs aspects peuvent être interrogés :
• S’assurer que les mesures ont, au-delà des seuls comportements visés, des effets sur les orga-
nisations collectives : par exemple des taxes sur le poids des véhicules, ou un étiquetage
carbone des produits de grande consommation n’ont pas seulement des effets sur les choix
des individus, mais aussi sur les décisions des entreprises qui fabriquent ou distribuent ces
produits et qui veulent éviter des effets de stigmatisation de leurs offres.
• Articuler les mesures entre elles pour engager des changements structurels : par exemple, le
développement de la culture des légumineuses permettant de lutter contre la déforestation
importée nécessite un continuum d’interventions depuis celles ciblant la recherche et les
structures du conseil agricole, jusqu’à celles ciblant les acteurs de la transformation ou
encore ceux de la restauration collective.
• Inscrire les interventions dans la longue durée pour construire de la dépendance de chemin :
par exemple, privilégier des aides publiques à des rénovations performantes sur dix ans
plutôt qu’un abattement fiscal sur des gestes isolés de rénovation pendant un ou deux ans.
En outre, une réflexion doit s’engager pour mieux identifier les verrous structurels et orienter les inter-
ventions. Les sciences sociales qui étudient la complexité des sociétés doivent être d’avantage
sollicitées (en complément des approches plus individuelles ou comportementales de l’économie
ou de la psychologie déjà mobilisées) afin de comprendre où sont les intérêts, les obstacles et les
leviers de la transition, au sein des organisation publiques et privées, dans la formation des
dirigeants, au sein des secteurs économiques, dans les normes professionnelles ou sociales. Mettre
en place ou évaluer une politique climatique porteuse de changements structurels, c’est créer des
leviers qui vont permettre de dépasser l’inertie ou le blocage des structures collectives tendant à
conserver et reproduire les modes d’organisation, de production et de consommation incompa-
tibles avec les limites de la planète.
39
Le tableau de bord de la SNBC propose des indicateurs tique du suivi de la transition juste illustre comment les indi-
appartenant à ces trois catégories qui doivent être mieux cateurs retenus au sein de la SNBC 2 pourraient être amé-
homogénéisées dans leur traitement. Par exemple, les liorés (voir encadré 1.4).
« indicateurs pilotes » de la SNBC portent parfois sur les
déterminants des émissions (par exemple, B1 IP2 « quantité Enfin, la SNBC propose un ensemble d’indicateurs portant
d’énergie produite par les différentes énergies renouvelables sur le niveau d’intégration des orientations SNBC dans les
liées aux bâtiments ») et d’autres fois sur des politiques et politiques publiques. Réalisé sous la forme d’une notation
mesures particulières pour les réduire (par exemple, B2 IP2 simplifiée par étoiles, ce suivi indique pour chaque orientation
« nombre de rénovations dans le parc privé et dans le tertiaire »). si les politiques en place sont cohérentes, se rapprochent ou
Il serait souhaitable de distinguer ces deux suivis. Il est éga- sont encore éloignées avec la recommandation et permettent
lement important de noter que les indicateurs pilotes, qui ou non d’engager la transition au rythme attendu. Il s’agit
accompagnent les orientations transversales et sectorielles d’une forme d’auto-évaluation par laquelle le gouvernement
par la SNBC, pâtissent du fait que les orientations sont indique le niveau de mise en œuvre de ses propres engagements.
elles-mêmes de différentes natures, portant tantôt sur des Cet effort de transparence est louable, mais mériterait
objectifs et d’autres fois sur des politiques. Une analyse cri- d’être clarifié par une précision sur les critères retenus.
SUIVRE
133 L’ACTION GOUVERNEMENTALE
Pour évaluer plus globalement la cohérence entre les 2033 (fin du 3ème budget carbone), avec l’objectif neu-
politiques et mesures prises par le gouvernement et le tralité carbone en 2050 en ligne de mire. Ce travail
cadre fixé par la SNBC, le HCC a réalisé une analyse des permet d’évaluer le niveau de mise en œuvre des orien-
écarts entre les mesures prises et les objectifs de la SNBC. tations de la SNBC, ainsi que pour chaque secteur
L’approche retenue est la suivante : émetteur, de caractériser les avancées et les manques
par rapport aux objectifs fixés par la SNBC.
• Conformité des mesures avec la SNBC : Il s’agit
d’analyser dans quelle mesure les politiques et mesures • Ce travail permet de mesurer l’effectivité et l’effi-
prises couvrent tout ou partie des orientations de la cacité de l’action gouvernementale par rapport aux
SNBC. Ce travail permet d’évaluer le taux de couver- objectifs de la SNBC. Suivre l’action gouvernemen-
ture de la SNBC et d’éclairer l’accent plus ou moins tale appelle néanmoins plus largement à questionner
important porté aux différents secteurs émetteurs et à la pertinence des orientations qui ont été retenues
chacune des orientations SNBC. dans la SNBC pour véritablement mener la France
sur la neutralité carbone. L’avis sur la prochaine révi-
• Contribution des mesures aux objectifs de la SNBC : sion de la SNBC sera l’occasion de porter une analyse
Il s’agit d’analyser si les politiques et mesures prises par critique du cadre fixé par la SNBC et progresser sur
le gouvernement visent bien à produire les transforma- les orientations de politiques publiques et les indica-
tions visées par la SNBC. L’horizon de l’analyse est teurs à suivre.
Une analyse des lacunes a été réalisée par le HCC pour évaluer la contribution des politiques et mesures prises
par le gouvernement depuis 2015 à la mise en oeuvre des orientations de politiques publiques fixées par la SNBC.
Cinq secteurs sont analysés : les transports, les bâtiments, l’agriculture, l’industrie et l’énergie. Les résultats sont
détaillés dans le chapitre 3 et l’annexe 3.
L’action gouvernementale va globalement dans le bon sens mais reste insuffisante à l’atteinte des objectifs fixés
par la SNBC. Certaines orientations ne sont actuellement pas couvertes et appellent à une vigilance particulière.
• Une unique orientation (Bâtiments 3) voit ses objectifs probablement atteints du fait des politiques et
mesures prises par le gouvernement.
• Plusieurs orientations (6 sur 22) comportent des risques importants de non atteinte, les politiques publiques
étant éloignées des objectifs fixés.
• Pour quelques orientations (3 sur 22), les éléments sources manquent pour juger de leur niveau de mise en œuvre.
I1 : Accompagner les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone
et le développement de nouvelles filières
INDUSTRIE
Les orientations SNBC sont classées dans les quatre catégories suivantes :
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
41
Encadré Analyse critique des indicateurs de la SNBC2 en matière de transition juste
1.4 La dimension sociale de la transition juste correspond à la prise en compte des inégalités et de
l’inclusion de l’ensemble de la société. Dans le suivi de la SNBC, elle fait l’objet d’un indicateur
pilote et de trois indicateurs de contexte :
• (ECO2 IP2) Taux d’effort énergétique des ménages (par catégorie de ménages). Cet indica-
teur s’avère ambigu car il dépend tout autant du revenu, du prix de l’énergie et des consom-
mations. Il est partiellement inclus dans l’indicateur de contexte (IC12) (cf. annexe 1.3 pour les
méthodes de calcul de ces deux indicateurs).
• (IC12) Population exposée à la précarité énergétique. Cet indicateur est essentiel pour suivre
la part des ménages pouvant avoir des difficultés à se chauffer ou se déplacer. Il pourrait être
complété par une approche multicritère15 incluant les aspects de santé, d’endettement des
habitants, d’équipement de l’habitation ainsi que la précarité alimentaire.
• (IC9) budget transports des ménages et (IC11) budget énergie des ménages : Ces indicateurs,
également sensibles aux prix, pourraient être remplacés par le suivi des consommations
d’énergie, dans tous les déciles de revenus, y compris les plus élevés.
Dans une approche sectorielle, d’autres indicateurs pourraient être suivis après avoir fait l’objet d’un
débat entre parties prenantes sur leur intérêt en termes de transition juste. La rénovation des
logements sociaux, l’accès à une offre satisfaisante de transports doux ou en commun, la restaura-
tion scolaire et/ou collective, publique et privée en bio, local, de saison, végétarienne etc. en sont des
exemples possibles.
Enfin, il serait souhaitable de suivre les effets sur la distribution des revenus des aides à la transition
climatique, et de les mettre en perspective avec un suivi des prélèvements, taxe carbone, prix du
carbone au sein de l’ETS notamment.
Le suivi de la participation de tous aux prises de décision concernant la transition ne fait actuelle-
ment l’objet d’aucune orientation et d’aucun indicateur. Or, cet aspect est central en termes de
participation juste pour assurer l’appropriation, l’adhésion et l’implication de la population dans la
La dimension économique de la transition juste vise les aspects emplois, formation et transforma-
tion de l’appareil productif.
• (IC8) Demandes et offres d’emplois pour les métiers verts et verdissants16 : Cet indicateur
pourrait être transformé en proportion afin d’en faciliter le suivi, la part des emplois verts et
verdissant dans l’économie faisant partie des données suivies par l’Onemev17. Il pourrait
également être intéressant de le décliner par secteur.
• (PRO 1 IP1) Nombre de contrats de transition énergétique comportant des items « emploi et
compétence » : Cet indicateur peu éclairant en valeur absolue le serait plus sous la forme
d’une proportion de territoires ou de la population active faisant l’objet de politiques visant
l’emploi dans la transition climatique.
Concernant les transitions industrielles et leurs conséquences sur l’emploi, il semble réaliste et oppor-
tun d’ajouter un suivi qualitatif des actions de reconversion et notamment l’accompagnement des
sous-traitants, des activités impactées en amont ou en aval pour les régions concernées, ainsi que les
dispositions prévues par les plans stratégiques sectoriels en la matière.
Les aspects formation sont pris en compte par la SNBC2 par un indicateur pilote :
• (PRO 1 IP2) Nombre de formations suivies par les salariés du secteur de la rénovation éner-
gétique des bâtiments : Cet indicateur pourrait être transformé pour suivre la part, et non le
nombre total, des salariés, artisans, auto entrepreneurs ayant reçu une formation. Il est égale-
ment nécessaire de le décliner sur les autres filières clés de la transition. Pour certains secteurs
comme les bâtiments, l’objectif, structurel, pourrait être à terme de 100 % des salariés.
Pour ce qui est de la transformation de l’appareil productif, la SNBC 2 dispose de nombreux indicateurs
relatifs aux investissement (ECO IR & ECO5 IP2) et aux différents prix du carbone en fonction des taxes,
des subventions et de l’ETS (ECO1 IP1/ IP2/ IP3 /IC7). De façon sectorielle, l’indicateur (T1 IP2) : Part des
externalités générées par le routier payé par celui-ci (transports) pourrait être étendu à d’autres activi-
tés que le transport routier : aviation, industrie, agriculture etc. Enfin, l’indicateur (ECO2 IP2) « Volume
d'utilisation par l'industrie des mesures de soutien à la transition bas-carbone (CEE, fonds chaleur,
etc.) » ne permet pas d’évaluer la part de non recours ou les effets d’aubaine. Un ratio des externalités
payées par le secteur rapportées aux aides publiques de transformation serait plus instructif.
43
MESSAGES CLÉS
• Le tableau de bord de la SNBC marque une avancée essen- d’atténuation, les dimensions de la transition juste et,
tielle pour suivre l’avancement de la mise en œuvre de la globalement, l’avancement des changements structurels.
stratégie bas-carbone.
• Les politiques et mesures prises par le gouvernement depuis
• Les indicateurs utilisés devront être améliorés dans le cadre 2015 ne permettent que partiellement de mettre en œuvre
de l’élaboration de la SNBC3, pour suivre les émissions, les les orientations de politiques publiques fixées par la SNBC2.
transformations physiques, l’exécution des politiques
ÉVOLUTIONS
14 MONDIALES
Pour mieux situer la dynamique des émissions françaises, il l’aune des évolutions structurelles des années passées.
est utile d’observer les tendances internationales actuelles à
1.5 Il est un argument souvent entendu qui voudrait que la France fasse assez d’efforts, voire trop, au
regard de sa part réduite des émissions mondiales. Outre qu’il est l’une des figures bien identifiées
des discours retardant l’action climatiquea - visant à détourner la responsabilité en la relativisant
– cet argument est fondé sur une mauvaise appréhension de la réalité :
45
transports internationaux, qui représenteraient entre 5 et 10 % des émissions nationales selon les
modes de calcul. On parvient à une part française annuelle dans le budget carbone mondial proche
du double de la part de sa population sur la planète.
La France a sa part de responsabilité historique dans le réchauffement. Elle est estimée en 2017
être à l’origine de 2,38 % du cumul des émissions mondiales de CO2, depuis le début de la Révolution
industrielle. C’est évidemment moins que les grands émetteurs (Chine, 12,65 %, États-Unis 25,29 %) et
que ses propres partenaires européens (Allemagne 5,73 %, Royaume-Uni 4,88 %) mais cela reste
encore supérieur à bien des pays émergents ou en développement à la population souvent plus
nombreuse (Afrique du sud 1,25 %, Brésil 0,90 %, Indonésie 0,78 %, etc. La part de l’Inde - 2,96 % - a
dépassé celle de la France en 2013 seulement). Il est donc juste que la France assume une part impor-
tante des efforts de réduction des émissions.
Enfin, pour avoir assumé un rôle de direction dans la négociation de l’accord de Paris, sa ratification
et sa mise en œuvre, notamment au sein de l’Union européenne, la France hérite d’un devoir
d’exemplarité dans l’action climatique. Elle a une capacité d’entraînement du reste de l’Union
européenne, de ses institutions et de ses acteurs économiques ou de la société civile, pesant positive-
ment sur l’action internationale. La mise en œuvre soutenue de l’ambition climatique française
contribue donc non seulement à l’influence de la France, mais aussi à l’exercice d’un effet de levier
sur le reste du monde pour répondre à ce qui constitue, selon les termes du Secrétaire général des
Nations unies, « la plus grande menace pour l’humanité du XXIème siècle ».
a Lamb WF et al. (2020). Discourses of climate delay. Global Sustainability 3, e17, 1–5.
https://doi.org/10.1017/sus.2020.13
b Ourworldindata.org, consulté en avril 2021, pour tous les chiffres de cet encadré.
c Haut conseil pour le climat (2020). Maîtriser l’empreinte carbone de la France.
https://www.hautconseilclimat.fr/publications/maitriser-lempreinte-carbone-de-la-france/
MESSAGES CLÉS
• Les actions de réponse à la pandémie ont entraîné une baisse • Au-delà des différences d’appréciation sur ce qui est « vert »
sans précédent des émissions mondiales de CO2 en 2020. dans les mesures de relance, les efforts de concertation de
la communauté internationale doivent porter dès cette
• Il sera néanmoins éphémère si les plans de relance des année sur l’élaboration de trajectoires non-verrouillées sur
grandes économies mondiales n’intègrent pas des mesures des modes de fonctionnement émissifs (énergies fossiles,
de décarbonation structurelles de leurs économies. transports, changements d’usage des terres, etc.).
Renforcer et pérenniser les réductions d’émissions observées dans les secteurs qui
progressent en focalisant les efforts sur les avancées structurelles, et débloquer les secteurs
1 qui ne voient aucun progrès significatif.
Les prochaines révisions de la SNBC doivent contribuer à rehausser les objectifs clima-
3 tiques et non à les réduire.
Dans une perspective européenne, la France doit tirer bénéfice d’une structure de ses
émissions globalement positives sur le secteur de la production d’énergie pour prendre
5 une position de leadership sur les secteurs des transports et de l’agriculture.
La France doit rehausser son objectif de réduction des émissions visé pour 2030, dans la
suite des rehaussements récents de l’Allemagne et du Royaume-Uni ainsi que des
États-Unis, et du fait d’une faisabilité renforcée par un appui européen élargi à de
6 nouveaux instruments.
47
•
ÉVOLUTION
21 DES POLITIQUES PUBLIQUES EN FRANCE
MISE EN ŒUVRE
211 DE FRANCE RELANCE
Dans son avis publié en décembre 2020 sur le plan de relance 2.1.1.1 - Un suivi de France relance transparent
présenté par le gouvernement35, le HCC a pointé un mais limité sur la dimension climatique.
ensemble de conditions pour que ce dernier contribue de Le suivi du déploiement du plan de relance est assuré par le
manière significative à la neutralité carbone. Il s’agit : Secrétariat général à la relance, à travers un ensemble d’in-
dicateurs simples. Mis à jour chaque mois, ce tableau de
• D’orienter les financements favorables au climat sur bord36 permet de suivre l’exécution d’une quinzaine de mesures
les mesures permettant d’enclencher les changements parmi les principales du plan. Des cartographies37 du déploie-
structurels de la transition climatique. Les deux tiers ment sont également disponibles par département et région.
du plan qui soutiennent l’activité dans la continuité des L’ensemble des données de suivi complété par des informations
pratiques actuelles doivent quant à eux être évalués au supplémentaires sur les projets financés est publié en accès libre
regard de leur contribution à la SNBC afin de limiter le sur data.gouv.fr et disponible sur les sites des préfectures régio-
risque de verrouillage dans des activités trop émettrices. nales et départementales. Ce suivi public et détaillé est un élé-
ment positif de la mise en œuvre du plan, dont la communi-
• De couvrir plus largement les orientations de la SNBC. cation auprès de la population française pourrait être renforcée.
La baisse des émissions et le renforcement des puits de car-
bone des secteurs de l'agriculture et forêt-bois doivent être Sur les 30 Mrd € du volet écologie, le suivi du tableau de
davantage soutenus. Les financements encourageant la bord porte sur six mesures représentant 9 Mrd € : la réno-
sobriété doivent être augmentés, l’accent étant actuelle- vation thermique des bâtiments privés (Ma Prime Rénov),
ment essentiellement porté sur la décarbonation et l’effi- la •rénovation thermique des bâtiments publics, le verdisse-
cacité énergétique. L’important soutien à l’emploi et la ment du parc automobile (bonus écologique, prime à la
formation, en termes de financements accordés par le plan conversion et parc de l’État) et la décarbonation de l’indus-
de relance, doit être orienté en priorité vers les secteurs ou trie. Les indicateurs suivis concernent les montants investis,
actions compatibles avec la transition climatique. le nombre de projets financés, l’énergie économisée ou
encore les émissions de GES évitées. Le tableau 2.1 ci-des-
• D’inscrire les mesures de transformation dans une pers- sous montre que la disponibilité des informations rela-
pective décennale et de sanctuariser les niveaux de dépense. tives au climat est néanmoins limitée et partielle :
• De compenser les éventuels effets régressifs des • L’information suivie porte avant tout sur le nombre
mesures climatiques par des mesures complémen- de projets et les montants d’investissements déclen-
taires prenant davantage en compte l’inclusivité et la chés. L’information énergie-climat est précisée sur les
réduction des inégalités. deux mesures relatives à la décarbonation de l’industrie
(en termes d’émissions de GES évitées) et la mesure de
Ces conditions restent pleinement valides aujourd’hui et doivent rénovation énergétique des bâtiments publics (en
orienter la poursuite de la mise en œuvre de France Relance. termes d’énergie économisée).
49
Certaines mesures aux enjeux climatiques importants possible de s’appuyer sur les études réalisées sur l’impact cli-
ne font pas l’objet d’un suivi, en particulier dans les matique de dispositifs existants et de les compléter, telle
transports et l’agriculture. Les mesures de soutien aux l’analyse du CGDD publiée en 2019 sur la prime à la conver-
secteurs ferroviaires, aéronautiques et automobiles, ainsi sion qui mériterait d’être actualisée.
que le soutien aux mobilités du quotidien représentent
des montants de financement importants. Aucune Une attention particulière doit être portée dès à présent aux
mesure n’est suivie dans le secteur de l’agriculture, alors redéploiements réalisés entre les mesures de France relance.
même que l’effet sur le climat de la mesure « Transfor- Malgré une sanctuarisation des 30 Mrd € du volet Ecologie de
mation du secteur agricole » a été qualifiée d’ambigüe par France Relance dans la loi de finances 2021, le gouvernement
le HCC dans son rapport « France Relance »38. Les projets a annoncé dans le PLFR 2021 du 2 juin 2021, une annulation
de recherche et développement (R&D) financés dans le d’autorisation d’engagements de 534 M € du volet Écologie,
cadre du quatrième Programme des investissements qui n’est pas entièrement compensée par un réabondement de
d’avenir (PIA) font quant à eux l’objet de financements MaPrimeRénov à hauteur de 200 M €. Le gouvernement a indi-
importants dont un tiers doit porter sur l’écologie, et qué que « des redéploiements pourront être opérés régulièrement
ayant un effet structurant pour les investissements à venir. entre les différentes mesures pour favoriser une gestion agile de la
relance au bénéfice des mesures les plus efficaces »40 au sein de
Il est nécessaire de systématiser le suivi du volet clima- chaque volet. Ces redéploiements ne doivent pas conduire à une
tique de France relance, d’intégrer au tableau de bord réduction des crédits de l'axe Ecologie de France Relance. Au
l’ensemble des mesures aux enjeux climat importants, et sein même du volet Ecologie, plusieurs mesures pourraient
d’évaluer l’effet attendu des mesures sur les émissions et avoir des conséquences ambiguës sur le climat, telles que la
leur contribution à la SNBC, par exemple en indiquant les prime à la conversion ou encore le renouvellement des agroé-
estimations de réduction d’émissions relativement aux bud- quipements (voir rapport du HCC sur France Relance41). Les
gets carbone ou encore leur contribution aux orientations mesures les plus efficientes (en euros par tonne de CO2 évitée)
de politiques publiques définies par la SNBC. Il est pour cela devront être favorisées au sein des différents secteurs émetteurs.
Bonus automobile
1,9 Oui
Prime à la conversion
Renouvellement du parc 0,2 Oui
automobile de l’État
La stratégie Hydrogène est dotée de 7,2 Mrd€ d’ici 2030, dont 5 Mrd€ hors plan de relance.
(a)
Code couleur : Information disponible dans le tableau de bord de France relance Information disponible sur un site tierce Information non disponible
Source : Ministère de l'économie, des finances et de la relance. Tableau de bord France Relance - Volet Écologie. - https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/tableau-de-bord/ecologie
51
Tableau 2.2 – Exemples de critères de sélection climat
de plusieurs appels à projet de l’axe Écologie de France Relance
DecarbIND OUI : Réduction des émissions de GES (en OUI : Cohérence avec la stratégie de
volume et pourcentage) ; efficacité de l’aide décarbonation du groupe industriel ; syner-
publique (€/tCO2 évitées) gies avec d’autres impacts environnemen-
taux ; intégration du projet dans les
démarches locales ; capacité du projet à
structurer la filière
Ecosystèmes territoriaux OUI : efficacité de l’aide publique (€/kg OUI : intégration du projet dans une « straté-
hydrogène d’hydrogène produits et €/tCO2 évitées) gie globale de transition écologique » ; effet
structurant pour la filière
Alimentation locale
et solidaire NON NON
Source : Ministère de l'Economie, des finances et de la relance - Agenda des appels à projets - https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/appels-projets
Tableau 2.3 – Description des six appels à projet de l’axe Ecologie de France Relance
faisant l’objet d’un conditionnement au versement de l'aide
PIA Hydrogène Modulation possible dans la limite de 75 % de l'aide totale en fonction de l'impact
environnemental réel du projet
2.1 À la suite du mouvement des gilets jaunes fin 2018, la hausse de la taxe carbone française (égale-
ment appelée contribution climat énergie - CCE) programmée pour 2019 a été reportée. Alors que
la LTECV (2015) fixe l’objectif de 100 €/ t éqCO2 en 2030, la trajectoire prévue n’a jamais été relancée
et son montant stagne depuis à 44,6 € /t éqCO2. Pourtant, la hausse de la taxe carbone constitue
une hypothèse centrale de la SNBC. Du fait de son gel, 35 % de la baisse des émissions prévue par la
SNBC ne serait dès lors couverte par aucune politique publiquea. Le gouvernement semble réticent à
revenir, au moins dans sa forme actuelle, sur cet instrument de la politique climatique qui fait l’objet
d’un faible soutien de la sociétéb. Il est néanmoins légitime de s’interroger sur les options possibles
pour pallier le vide dont pâtit actuellement la stratégie française de décarbonation.
Le Haut conseil pour le climat identifiait dans son rapport annuel 2019 un ensemble de prérequis
pour relancer une fiscalité carbone forte : expliquer ses finalités incitatives (et non budgétaires), être
transparent sur l’utilisation de ses recettes, redistribuer une partie de celles-ci aux ménages aux
53
revenus modestes pour contrer l’impact régressif de ce type de fiscalité, élargir le périmètre des
acteurs visés en retirant progressivement les exemptions, et investir massivement dans les infrastruc-
tures réduisant la dépendance aux pratiques fortement émettrices. Ces prérequis restent d’actualité.
Une première option est dès lors de satisfaire ces prérequis puis de reprendre la trajectoire d’aug-
mentation de la CCE.
Une deuxième option est offerte par l’élargissement du marché carbone européen aux secteurs des
transports et des bâtiments, actuellement en cours de discussion. Si cet élargissement a lieu et en
fonction des modalités qui seront retenues, il conviendra de veiller à l’articulation de la CCE et du prix
du carbone européen, tout en satisfaisant les prérequis rappelés ci-dessus, qui valent de la même
façon quand le prix du carbone est fixé par la politique nationale et quand il provient du marché
européen. Cette option a l’avantage de renforcer la politique climatique européenne et d’inscrire la
politique française dans ce cadre plus large. Son inconvénient est qu’elle ne va très probablement
pas délivrer un signal prix ambitieux avant plusieurs années.
Une troisième option enfin est de rehausser de manière significative le niveau des outils complé-
mentaires (règlementaires, subventions, investissements publics) pour offrir des solutions alterna-
tives et ainsi renforcer l’efficacité du signal prix. Le rapport Stern-Stiglitzc montre qu’un prix du
carbone est un outil nécessaire pour orienter les acteurs du marché vers la décarbonation, mais qu’il
doit être combiné à d’autres instruments (ex. normes, subventions, investissements publics, mesures
de formation et d’éducation, etc.) pour que la transition vers une économie bas carbone soit plus
efficiente. Ceci permet de prendre en compte de manière pragmatique les diverses problématiques
sectorielles de décarbonation, et bénéficie d’un bien meilleur support social. Les inconvénients de
cette option sont que les normes peuvent s’avérer tout aussi régressives que la fiscalité carbone et
que les subventions doivent bien être financées.
L’élaboration de la SNBC3 constituera une opportunité cruciale pour redéfinir la stratégie de décar-
bonation du gouvernement, qui devra trancher entre ces différentes options. Cela pose le double défi
de l’efficience de l’action publique, afin d’atteindre l’objectif de neutralité carbone à moindre coût pour
la société dans son ensemble, et de l’adhésion de la société à la politique climatique mise en place.
a Ademe, 2020
b Douenne et Fabre, Ecological Economics, 2020 ; Convention Citoyenne pour le Climat
Banque Mondiale. 2017. « Carbon Pricing Leadership Coalition, Report of the High-Level Commission on Carbon Prices,
c Banque mondiale ». https://static1.squarespace.com/static/54ff9c5ce4b0a53decccfb4c/t/59b7f2409f8dce5316811916/
1505227332748/CarbonPricing_FullReport.pdf.
55
de loi Climat et Résilience à 218 articles contre 62 articles ini- les conclusions de BCG rejoignent ses analyses, notam-
tialement étudiés sous l’angle climatique. Plus généralement, ment sur l’impact limité à ce stade par rapport à la SNBC
dans son rapport sur l’évaluation des lois au regard du climat des dispositions de la loi Climat et Résilience. Cette
(2019)49, le HCC a émis un ensemble de recommandations étude, qui vient compléter l’étude d’impact gouvernemen-
qui restent pleinement valides pour la suite du parcours du tale, précise que « le potentiel de réduction des émissions de gaz
projet de loi climat et résilience (voir figure 2.1). L’insertion à effet de serre visé par l’ensemble des mesures déjà prises au
d’un titre VII relatif à l’évaluation climatique et environne- cours du quinquennat et proposées dans le projet de loi "Climat
mentale est positive (dans son état à la clôture de ce rapport, et Résilience" est globalement à la hauteur de l’objectif de 2030,
début juin) : suivi annuel de la loi climat et résilience, feuille sous réserve de leur exécution intégrale et volontariste ». Ce rap-
de route pour les filières et les collectivités territoriales, avis port conclut ainsi que seul 18 % de l’objectif (21Mt éqCO2
du HCC. Ces dispositions ad hoc n’améliorent cependant pas sur 115) sera « probablement atteint » quand une réduction
les procédures habituelles d’évaluation du Parlement. Par ail- de 57Mt éqCO2 sera « possiblement atteinte » en cas de mobi-
leurs, la demande faite au gouvernement d’un rapport sur lisation de « moyens politiques, financiers et humains inédits »,
l’évaluation de l’impact climatique et environnemental des ce qui constitue un « défi ». De la même manière, le BCG
lois d’ici la fin de l’année semble redondante après le rapport pointe que les dispositions de la loi Climat et Résilience « ne
du HCC sur le même sujet publié il y a moins de deux ans. sont pas celles qui pèsent le plus lourd » et qu’il « serait a fortiori
Sur ce sujet aussi, les diagnostics sont connus et établis, ainsi difficile d’aller bien au-delà à horizon 2030, comme cela est
que les pistes d’amélioration. Gouvernement et Parlement discuté dans les scénarios européens » avec les mesures actuelles.
doivent donc passer à la mise en œuvre. Le HCC note enfin que si l’appel à des structures extérieures
peut être utile et informatif, une telle démarche ne dispense
Le gouvernement a commandé une étude sur l’impact du pas de renforcer les moyens consacrés à l’évaluation des lois
projet de loi ainsi que des mesures prises depuis 2017 au au regard du climat au sein même de l’État et des institutions
Boston Consulting Group (BCG). Le HCC constate que publiques.
• Réaliser une étude d’impact complète, avec des quantifications par rapport aux budgets carbones
et une qualification de l’apport du projet de loi par rapport aux orientations de la SNBC.
• Mettre à jour l’étude des impacts relatifs au climat en vue de guider la préparation des décrets
d'application.
• Inscrire le dispositif de suivi et d’évaluation ex post des politiques et mesures contenues dans la
loi et identifer les indicateurs pertinents à cet effet.
• Adopter un rapport annuel dressant le bilan, en regard de la SNBC, des lois évaluées
(ex ante et ex post) dans l'année au regard des tendances observées.
• Aucun impact climatique quantitatif ou qualitatif du projet • L’évaluation demeure un levier puissant de la confiance en
de loi « Climat et résilience » n’a été détaillé. La suite du l’action publique et peut contribuer à lever les obstacles et
parcours du projet de loi climat et résilience devra y remédier, à dissiper les attitudes de résignation ou d’impuissance face
en s’appuyant sur les recommandations formulées par le au changement climatique.
HCC dans son rapport spécial sur l’évaluation des lois :
PLANS D’ACTION
213 DES MINISTÈRES
Dans son rapport annuel 2019, le HCC a recommandé au élaborer un plan d’action visant à répondre aux orientations
gouvernement d’améliorer le pilotage de la stratégie natio- de la SNBC et du PNACC les concernant ; faire preuve
nale bas carbone, de renforcer les instruments de politique d’exemplarité dans l'intégration des enjeux climatiques dans
climatique et d’assurer la compatibilité des lois et grands le fonctionnement de leur ministère ; et conduire les évalua-
projets nationaux avec la stratégie nationale bas-carbone. tions climatiques ex ante des lois ainsi que des grandes lois
Le gouvernement s’était engagé en réponse à transmettre « à d'orientation sous l'angle de leur impact sur les gaz à effet
chaque ministre une lettre de mission lui attribuant les orienta- de serre un an après leur entrée en vigueur.
tions et budgets carbone de la SNBC qui le concernent, afin qu’il
élabore sa propre feuille de route climat »50. Les deux premiers plans d’action du ministère de la Tran-
sition écologique et du ministère de l’Économie, des
Les premières lettres de mission ont été transmises en finances et de la relance montrent un effort vers une meil-
novembre 2020 à quatre ministères et deux premiers leure mise en cohérence des politiques publiques. Les
plans d’action ont été publiés en avril 2021 : celui du deux documents publiés contribuent à une réflexion sur la
ministère de la Transition écologique (MTE), et celui du déclinaison de la SNBC à l’échelle des ministères et une
ministère de l’Économie, des finances et de la relance appropriation des enjeux d’atténuation et d’adaptation. Un
(MEFR), Agriculture et Cohésion des territoires n'ayant pas nombre important d’actions à mettre en œuvre émergent de
encore répondu. Six lettres supplémentaires ont été envoyées ces documents, qui devraient orienter et accompagner les
en avril 2021 aux ministères de l’Europe et des affaires étran- acteurs vers la trajectoire bas-carbone de la SNBC. Néan-
gères, de la Santé et des solidarités, de l’Enseignement supé- moins, les plans d’action ne permettent pas d’évaluer si les
rieur et de la recherche, de l’Éducation nationale, de la Mer efforts vont effectivement permettre d’atteindre les objectifs
et de l’outre-mer. Ces derniers avaient jusqu’au 15 mai 2021 climatiques actuels et en cours de négociation avec l’UE. Un
pour publier leur feuille de route, ce qui n’a pas été fait. suivi interministériel régulier doit être mis en place dès
maintenant.
Les quatre premiers ministères sollicités ont des compé-
tences directes dans les sept secteurs émetteurs de gaz à Cette avancée nécessaire à la mise en cohérence de l’en-
effet de serre. Dans sa lettre, le Premier ministre leur attribue semble des politiques publiques au regard des enjeux cli-
la responsabilité de réduire les émissions dans ces secteurs et matiques doit être poursuivie par la publication dès que
de respecter les budgets carbone sectoriels correspondants possible des feuilles de route des ministères restants. Sous
(cf. tableau 2.4). Il est fait une distinction entre une respon- la coordination du Premier ministre, l’action de l’ensemble
sabilité directe des réductions d’émissions et un appui à la des ministères est nécessaire pour mettre en place les diffé-
réalisation de ces réductions. Plus largement, les lettres rentes orientations sectorielles et transversales de politiques
envoyées à chacun des dix ministères ont un triple objectif : publiques définies par la SNBC.
57
Tableau 2.5 – Attribution aux ministères de la responsabilité du respect
des budgets carbones de la SNBC
Ministère
de l'Économie, Ministère Ministère Ministère
des finances de la Cohésion de l'Agriculture de la Transition
et de la relance des territoires et de l'alimentation écologique
Transports
Agriculture
Responsabilité directe Industrie Bâtiments
UTCATF
du respect des budgets Production
carbone d'énergie
Déchets
ACTION CLIMATIQUE
214 RÉGIONALE
L’adoption des plans climat territoriaux progresse et devra • Les EPCI de plus de 20 000 habitants doivent élaborer
permettre une meilleure intégration des enjeux climat au des PCAET (plan climat-air-énergie territorial) et ont
sein des politiques territoriales. Leur mise en œuvre, leur un rôle central dans l’opérationnalisation des actions
contenu et leur articulation avec les objectifs climatiques climatiques de par leurs compétences directes sur divers
nationaux restent néanmoins insuffisants. leviers de décarbonation. Au 1er janvier 2021, 194
PCAET ont été adoptés. Au total, 22 % des PCAET
La quasi-totalité des seize régions ont adopté leur SRAD- obligatoires ont été adoptés et 89 % des démarches lan-
DET, dont un bilan réalisé est attendu six mois après le cées sur les 754 EPCI de plus de 20 000 habitants
renouvellement des exécutifs régionaux. Quant aux EPCI soumis à l’obligation de réaliser un PCAET avant le
(établissement public de coopération intercommunale), 31/12/2018. De plus, 91 EPCI de moins de 20 000
le rythme d’adoption des plans climat territoriaux s’ac- habitants se sont engagés dans une démarche volon-
célère et devra se poursuivre grâce aux nombreuses taire. Un suivi centralisé des PCAET est assuré par le
démarches lancées. ministère de la Transition écologique et les données
sont rendues publiques sur la plateforme territoires et
• Cheffes de file sur le climat, les régions sont chargées climat52 administrée par l’Ademe.
d’élaborer les SRADDET qui fixent les objectifs en
matière de climat et permettent une réflexion sur les Un rapport sur la contribution des territoires aux objec-
moyens de concrétisation des orientations de la SNBC. tifs de la SNBC et de la PPE doit être publié à l’automne
Au 1er mai 2021, 14 SRADDET ont été adoptés. Il 2021 par le gouvernement. Requis par l’article 68 de la
n’existe pas de suivi centralisé des SRADDET. Un LEC (loi énergie climat), ce rapport s’appuiera notamment
bilan de la mise en œuvre des SRADDET doit être pré- sur les travaux réalisés par différentes institutions, dont ceux
senté dans les six mois suivant les élections régionales51 de NégaWatt et de l’Ademe.
par le président du conseil régional. Ce bilan doit per-
mettre de décider, au sein de chaque région, du main- • Dans le prolongement de ses précédents travaux53 sur
tien en vigueur de l’actuel SRADDET, de sa modifica- le volet énergie des SRADDET, NégaWatt réalise une
tion, de sa révision partielle ou totale ou encore de son analyse renforcée du volet climat des SRADDET54 afin
abrogation, ces changements restant facultatifs. d’évaluer la robustesse et l’homogénéité des méthodo-
2.2 Une étude commandée par le HCC (disponible sur son site internet) et portant sur la mobilisation des
outils juridiques pour la neutralité carbone accompagne la publication du présent rapport. Le HCC
en retient notamment que le changement climatique est source d’incertitude normative, en raison
des risques qu’il induit ou des effets des mesures d’atténuation ou d’adaptation. L’objectif de zéro
émission nette en 2050 est d’ordre législatif, mais les instruments pour le mettre en œuvre, au premier
lieu la SNBC et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), ne disposent pas d’une normativité
juridique forte ce qui atténue la contrainte juridique pesant sur l’État. Une exégèse des différents
outils juridiques pour atteindre la neutralité carbone peut être réalisée : législations dédiées, planifi-
cations stratégiques, et plus largement droit de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’eau,
des forêts, des risques naturels, etc. Ces outils s’inscrivent dans des stratégies de transversalité, de
gouvernance ou de sectorialisation. Ils entretiennent, ou pas, des rapports de conformité, de compa-
59
tibilité ou de simple prise en compte avec les lois et réglements, et la SNBC. L'effectivité des outils
juridiques territoriaux interroge aussi pour mieux territorialiser les objectifs de neutralité carbone et
l’articulation entre les politiques dédiées à l’environnement et celles se réclamant d’un cadre plus
général.
Du côté des outils de gouvernance, la SNBC est un document d’orientation de portée nationale
juridiquement prescriptive pour l’État, les collectivités territoriales et leurs établissements
publics. Elle s’articule avec de multiples autres documents de planification, de la PPE aux plans
locaux d’urbanisme, en passant par les schémas régionaux d’aménagement, de développement
durable et d’égalité des territoires (SRADDET), les SRADDET n'étant cependant pas soumis à une obligation
de compatibilité, mais de simple « prise en compte ». De fait, ces documents de planification peuvent
même s’avérer contraires à la mise en œuvre de la trajectoire vers le zéro émission nette. Leurs calen-
driers de révision ne sont pas coordonnés avec celui de la SNBC. Ils n’ont pas d’obligations d’ana-
lyses liées aux risques climatiques pour les populations ou les futurs investissements, à part dans le
domaine de l’eau pour les SRADDET. Le schéma régional de développement économique, d’innova-
tion et d’internationalisation, n’est pas articulé avec le SRADDET, alors même qu’il guide une partie
de la contractualisation de l’action publique. Les plans de protection de l’atmosphère n’ont pas non
plus d’obligation de compatibilité ni même de prise en compte de la SNBC. Une mise en cohérence
de ces outils avec les objectifs nationaux déclinés à travers la SNBC est donc indispensable.
S’agissant des outils transversaux, les études d’impact des projets intègrent mal les enjeux clima-
tiques et énergétiques : l’absence de réalisation d’un bilan carbone du projet n’est pas suffisant pour
contester les résultats d’une étude, alors que l’exposition, la vulnérabilité et le risque climatique
devraient guider une approche précautionneuse prenant en compte le changement climatique en
cours. Le droit pourrait évoluer vers une articulation des études d’impact avec les documents locaux de
planification climatique. La gestion du puits de carbone forestier est aussi un levier transversal qui
couvre par ailleurs plusieurs horizons temporels, de la gestion des forêts à l’utilisation du bois comme
matériau ou source d’énergie. Une quinzaine de normes différentes mobilisent les sujets forêts et bois et
soulignent de nouveau la problématique de leur articulation et de leur normativité. Là encore, la SNBC a
vocation à être mise en œuvre par des documents qui n’ont pas l’obligation d’être compatibles avec elle.
Autre levier potentiel des politiques climatiques, la lutte contre l’artificialisation des sols pourrait
bénéficier d’un cadre juridique renforcé. La notion de qualité des sols ne bénéficie d’aucune défini-
tion juridique et donc d’aucun cadre de protection des multiples fonctions essentielles des sols, de la
production de la biomasse au stockage du carbone et à la contribution des sols à l'adaptation au
changement climatique (eau, amortissement de vagues de chaleur, etc.) Une analyse des sols dont
l'artificialisation est envisagée, devrait compléter les autorisations d'urbanisme pour renforcer la
qualité de l'étude d'impact. Par ailleurs, la restauration écologique des sols reste exceptionnelle en
dépit des potentiels qu’elle offre. Elle pourrait être mieux encadrée par le droit.
La commande publique, qui représente près de 10 % du PIB, est un levier potentiel puissant pour
réorienter l’action de l’État. Le cadre normatif français prévoit la prise en compte des objectifs environ-
nementaux à travers des clauses qui peuvent être introduites lors des différentes étapes de la commande
publique. Néanmoins, seuls 13,6 % des marchés publics bénéficient de telles clauses, alors que l’objectif
pour la période 2015-2020 était de 30 %. Ces dispositions souffrent donc d’une ambition mesurée et d’une
mise en œuvre encore plus faible. Le renforcement de cette obligation est prévue par le projet de loi
climat-résilience qui inclut les contrats de concession, et à ce stade constitue donc une avancée positive.
Sectoriellement, les objectifs de la SNBC connaissent un second risque de dilution dans des docu-
ments de planification ou de programmation, contraints à une simple « prise en compte » au sein
De cette première approche des leviers juridiques permettant d’accélérer la mise en œuvre de
l’objectif de zéro émission nette, quelques pistes de travail peuvent déjà être formulées :
• Renforcer la cohérence des documents territoriaux par une meilleure intégration des risques
climatiques et des plans de prévention et soumettre les plans d’investissements locaux à une
lecture environnementale et climatique, sous l’angle de l’atténuation et de l’adaptation.
• Articuler les études d’impacts avec les documents de planification, en intégrant une obliga-
tion de bilan carbone et d’examen de risque et de vulnérabilité climatique.
• Doter les sols d’une définition juridique et intégrer la notion d’artificialisation des sols dans le
contenu des études d’impacts. Imposer l’analyse de la capacité de stockage de carbone d’un
sol lors de la délivrance des autorisations d’urbanisme, ainsi que le recours à la restauration
écologique des sols.
• À l’occasion des évolutions législatives et réglementaires, intégrer dans les normes sectorielles
des critères, indicateurs et obligations cohérents avec la trajectoire vers le zéro émissions nettes.
MESSAGES CLÉS • Les régions ne suivent pas les prévisions des SRADDET.
• Chaque nouvelle révision de la SNBC devra associer les Les élections régionales du printemps 2021 seront l’occa-
collectivités territoriales et renforcer l’articulation entre les sion de renouveler les politiques climatiques régionales en
échelles nationales et régionales, notamment en synchroni- cohérence avec l’objectif national de neutralité carbone et
sant ces révisions et en veillant à la compatibilité des les prochains budgets carbone.
documents territoriaux avec la SNBC.
• La contractualisation avec les territoires pouvant accélérer la
• Le suivi de l’avancement des SRADDET est disparate. mise en œuvre concrète des objectifs climatiques, les
L’État et les régions doivent consolider la remontée d’infor- synergies entre les dispositifs de planification territoriale
mations sur les objectifs, les bonnes pratiques et les progrès. (PCAET et SRADDET) et de contractualisation (CRTE et
CPER notamment) pourraient être renforcées dans le cadre
de la relance à travers la mise en place d’un suivi mutualisé.
61
Encadré Les attitudes pro-environnementales résistent à la pandémie
2.3 Après un an de pandémie, il est pertinent de regarder l’évolution des attitudes des citoyens face aux
enjeux de la transition climatique.
Les attitudes pro-environnementales éclairent les questions d’acceptation mais non d’acceptabilité
de la transition et des politiques climatiques. La notion d’acceptabilité en sciences humaines et
sociales concerne les conditions qui déterminent les attitudes et non les attitudes elles-mêmes.
L’acceptabilité renvoie à la fois aux caractéristiques propres d’une mesure de politique publique et
aux procédures de participation permettant aux acteurs de s’en emparer et d’influer son élaboration
et sa mise en œuvre. Dans les usages, la notion d’acceptabilité s’est peu à peu vue réduite à l’accepta-
tion, passive, des citoyens et donc à une question d’attitude. C’est non seulement un contre-sens mais
aussi une négation du potentiel d’action, de participation et d’intelligence collective des citoyens face
à la transition. Le suivi des attitudes et de l’acceptation des politiques climatiques est nécessaire mais
non suffisant pour œuvrer à l’acceptabilité de la transition. Celle-ci implique de travailler notamment
les dimensions politiques, économiques et sociales conformément à l’ambition d’une transition juste.
Au niveau français mais aussi international, le suivi de l’opinion montre que la préoccupation pour le
climat et les attentes en matière de politiques publiques restent fortes. Certes, 58 % des Européens,
67 % des américains du Nord et 79 % des Chinois se déclarent plus inquiets d’attraper la Covid-19 que
des effets à long terme du changement climatique fin 2020a. Toutefois, une grande majorité des
citoyens en Europe (75 %), aux États-Unis (72 %) ou en Chine (94 %) considère également que le chan-
gement climatique a des effets sur leur vie de tous les jours. Ces niveaux sont comparables à la
précédente édition de 2019 du baromètre « Climat » de l’EIB.
Le changement climatique comme la diffusion de maladies infectieuses sont considérés dans les
mêmes proportions comme des menaces majeures. L’étude barométrique internationale réalisée fin
2020 par le Pew Research Centerb sur 14 pays développés montre qu’une inquiétude nouvelle, celle
pour les maladies infectieuses n’a pas fait disparaître celle pour le climat même si cette dernière ne
progresse plus comme auparavant. En effet, le nombre de personnes pour qui le changement clima-
tique est une menace majeure a beaucoup augmenté entre 2013 et 2018 et s’est stabilisé entre 2018
et 2020. En France notamment, ils étaient 53 % en 2013 contre 83 % en 2020
Les attentes en matière de politiques à mettre en œuvre conjuguent climat et crise pandémique en
considérant que la relance de l’économie doit aussi lutter contre le changement climatique. Ainsi,
les chiffres de l’EIB montrent que 57 % des Européens dont 61 % en France (contre 73 % des chinois et
49 % des américains du Nord, plus partagés) plaident pour une relance qui prenne en compte la lutte
contre le changement climatique contre 43 % qui optent pour un retour le plus rapide possible et quel
qu’en soit le moyen à la croissance économique.
En France plus spécifiquement, les études du Crédocc ont montré que les préoccupations pour
l’environnement sont contracycliques par rapport aux évolutions économiques depuis le début des
années 1990 : les unes augmentent quand les autres décroissent. Pour autant, la priorisation de
l’environnement est en progression sur toute cette période. Ainsi, 31 % des Français plaçaient,
début 2020, la dégradation de l’environnement parmi leurs deux principaux sujets de préoccupations
(parmi une liste de onze thématiques). Un an plus tard, cet indicateur recule pour la première fois
depuis 2014 (-3 points) mais reste à un niveau historiquement très élevé.
Parmi les thèmes suivants, quels sont les deux qui vous préoccupent le plus (parmi une liste de 11 thèmes)
35 %
31
30 %
28
25 %
20 %
15 %
10 %
5%
0%
19 1
92
19 3
94
19 5
96
19 7
19 8
20 9
00
20 1
20 2
20 3
04
20 5
06
20 7
08
20 9
10
20 1
12
13
14
20 5
16
20 7
18
20 9
20
21
9
9
9
9
0
0
0
1
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Source : CREDOC, Enquêtes Conditions de vie et aspirations des Français
Chaque nouvelle génération est plus préoccupée par l’environnement que la précédente et ce sont les
individus nés après 1997 qui se distinguent le plus nettement de leurs aînés. Par ailleurs, la préoccupation
environnementale progresse tout au long du cycle de vie, quelles que soient les générations observées. Il
ne s’agit pas d’un idéalisme de la jeunesse qui passerait au second plan avec l’entrée dans la vie active.
Le niveau de préoccupation a donc une forte probabilité de progresser à l’avenir, rendant le risque
politique de l’inaction aussi problématique que parfois, le risque politique de l’action en faveur du climat.
40 %
35 %
30 %
25 %
20 %
15 %
10 %
5%
0%
18-22 23-27 28-32 33-37 38-42 43-47 48-52 53-57 58-62 63-67 68-72 73-77 78-82 83-87
ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans
Avant 1936 1937-1946 1947-1956 1957-1966
1967-1976 1977-1986 1987-1996 1997 et après
*Les courbes de couleur correspondent à une classe d’âge ou génération particulière. Les points de ces courbes à différentes dates de la même enquête condition
de vie et aspiration des Français. Les différences entre courbes montent les différences d’attitudes entre générations. La forme des courbes, les évolutions au cours
de la vie au sein de chaque classe d’âge.
Source : CREDOC, Enquêtes Conditions de vie et aspirations des Français
63
a European Investment Bank (2021).2020-2021 EIB climate survey. Enquête auprès d’un échantillon représentatif de
30 000 ressortissants du Royaume Uni, de la Chine, des États-Unis ou d’un des pays de l’union Européenne.
https://www.eib.org/en/surveys/climate-survey/3rd-climate-survey/index.htm
b Pew Research center (2020). Many globally are as concerned about climate change as about the spread of
infectious diseases. Enquête auprès d’un échantillon représentatif de 14,276 ressortissants de 14 pays développés :
Royaume-Unis, Etats-Unis, Canada, Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Suède,
Australie, Japon et Corée du Sud. https://www.pewresearch.org/fact-tank/2020/10/16/many-global-
ly-are-as-concerned-about-climate-change-as-about-the-spread-of-infectious-diseases/
c CREDOC pour le Haut Conseil pour le Climat (2020). « Note de synthèse sur l’évolution de la sensibilité environne-
mentale et des comportements associés, à partir de l’enquête Conditions de vie et aspirations ». Enquête auprès
d’un échantillon de 3000 personnes de 15 ans et plus en France métropolitaine et DROM-COM.
Encadré Bilan du respect des objectifs fixés par le paquet énergie-climat 2020
2.4 L’Europe a adopté en décembre 2008 le Paquet énergie-climat 2020. Traduit dans la législation en
2009, il définit 3 objectifs à horizon 2020, dit « 3x20 » :
• L'Europe est parvenue à atteindre les objectifs fixés dans le cadre du paquet énergie-climat
2020 concernant la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre hors SEQE. La France est
alignée sur son objectif (voir section 1.1). Les réductions du Royaume-Uni, de l'Espagne ou encore de
l’Italie dépassent de plus de 4 % les objectifs fixés pour 2020, dès 2018. L'Allemagne afficherait un
retard avec une réduction de ses émissions de -9 % en 2018 contre un objectif de -14 % pour 2020.
• Concernant l’efficacité énergétique, l’Europe est proche de son objectif global. Les disparités
sont importantes entre États-membres : l’Allemagne et le Royaume-Uni ont réduit leur consom-
mation d’énergie finale de plus de 10 % entre 2005 et 2018 et ce taux monte à 15 % pour l’Italie. Les
efforts de la France et de l’Allemagne ont été plus modestes, respectivement de -8,4 % et -2,0 %.
Figure 2.3 – Évolution des émissions de GES entre 2005 et 2018 des secteurs hors SEQE
-5 %
-10 %
-15 %
-20 %
-25 %
65
Figure 2.4 – Part des énergies renouvelables dans la consommation
(en % de la consommation finale brute d'énergie)
25 %
Réalisé 2018 Objectif 2020
% d'EnR dans la consommation
20 %
15 %
10 %
5%
0%
Europe à 27 France Allemagne Royaume-Uni Italie Espagne
Source : Eurostat
1800 1200
Réduction de la consommation d'énergie primaire
1600
1000
1400
1200 800
1000
600
800
600 400
400
200
200
0 0
Europe à 28 France Allemagne Royaume- Italie Espagne Europe à 28 France Allemagne Royaume- Italie Espagne
Uni Uni
Réalisé 2018 Objectif 2020 (en Mtep) Réalisé 2018 Objectif 2020 (en Mtep)
La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a en effet Au vu des nouveaux objectifs, les investissements desti-
poussé l’Europe et l’ensemble des États-membres à mobiliser nés au climat sont certes conséquents mais restent insuf-
massivement des financements publics afin de soutenir les fisants lorsqu’ils sont rapportés au nombre d’années sur
secteurs économiques les plus en difficulté. La Commission lesquels ils s’échelonnent – deux ans pour le plan français
européenne doit vouloir concilier les impératifs économiques et – et au nombre d’habitants qu’ils concernent. Ainsi, le flé-
ses nouveaux objectifs climatiques. Une part conséquente des chage des budgets permet d’entamer une dynamique, qui
dépenses doit ainsi être fléchée vers la mise en place d’une tran- doit cependant être étoffée et renforcée par les États-
sition bas carbone. Les aides européennes, sous forme de prêts membres, ce qui pose la question de leur capacité à investir
et de subventions, ne pourront être accordées que si au moins à travers le déficit budgétaire et la dette. Les investissements
37 % des investissements prévus dans le cadre des Plans natio- publics nécessaires à la décarbonation du continent euro-
naux de relance et de résilience (PNRR) sont consacrés à la tran- péen sont limités par les règles budgétaires de la zone euro,
sition écologique. La France propose d’y affecter près de la moitié qui posent un verrou structurel à la transition et devraient
des 40 Mrd € qu’elle devrait recevoir de l’Union européenne59. être reconsidérées.
2.5 Les pays de l’Union européenne sont tenus à des règles strictes en termes de dépenses publiques : le
déficit public ne doit pas excéder 3 % et la dette 60 % du PIB. Ces règles sont définies dans le Pacte de
stabilité et de croissance60 qui a pour but d’harmoniser et d’encadrer les politiques publiques des
États-membres. Néanmoins, ce manque de flexibilité limite les investissements publics de grande ampleur
nécessaires pour la décarbonation des appareils productifs. Sans investissements conséquents, les chan-
gements resteront marginaux et ne permettront pas la mise en place d’une transition bas carbone.
La remise en question de ces critères budgétaires se fait donc de plus en plus forte au sein de l’Union
européenne : le Comité budgétaire européen a questionné son efficacité et son équité61 et la présidente
de la Banque centrale européenne s’est dite favorable à une révision de la réglementation. Le gouverne-
ment dit vouloir en faire l’une de ses priorités dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne
au premier semestre 2022. Il serait intéressant d’orienter cette réforme sur plusieurs aspects :
• Prendre en compte la diversité des situations : il est aujourd’hui reconnu qu’appliquer des règles
communes à l’ensemble des États-membres sans prendre en compte l’hétérogénéité des situa-
tions économiques et sociales et environnementales ne permet pas une gouvernance saine de la
zone. À cet égard, la question de la soutenabilité de la dette doit être réglée au cas par cas.
• Utiliser une valeur tutélaire du carbone : l’orsqu’il n’existe pas de signal prix explicite
(absence de marché carbone, de subvention ou de taxe) s’adressant aux acteurs privés, il est
possible de recourir pour les investissements publics à un prix implicite, appelé « valeur de
l’action pour le climat », qui devrait servir de référence pour orienter les choix d’investisse-
ments publics. La mise en place d’une telle valeur à l’échelle européenne et son intégration
dans les évaluations de projets publics permettrait une sélection de projets cohérente avec
les objectifs
• Insérer des indicateurs de la décarbonation : les indicateurs budgétaires ne devraient pas être les
seuls critères préalables à la prise de décision concernant les investissements publics. De nouveaux
critères devraient être utilisés pour prendre en compte les différentes dimensions d’un projet et la
multiplicité de ces impacts. Ainsi, des indicateurs propres notamment à l’atténuation, l’adaptation, la
transition juste et la préservation de la biodiversité devraient être intégrés de manière systématique
pour évaluer la pertinence d’un projet mais également quantifier les coûts réels de sa mise en place.
De cette question sur les règles budgétaires découle également questions budgétaires pourraient être également utiles dans un
une réflexion plus large sur les compétences de l’Europe. Les effort de coordination. Dans l’attente de réformes structurelles
instruments normatifs et règlementaires font partie de la sur ces différents points, notamment un assouplissement des
politique climatique des États-membres et sont, pour partie, conditions d’endettement des États-membres, l’UE dispose
communs à la zone. D’autres leviers, tels que la fiscalité ou les d’autres outils pour atteindre ses objectifs climatiques.
67
DEUX OUTILS PRINCIPAUX
222 POUR APPUYER LA TRANSITION BAS CARBONE EUROPÉENNE
La politique climatique de l’Union européenne est consti- 1. Étendre le marché carbone européen
tuée de deux volets : à de nouveaux secteurs
Le mécanisme de marché carbone pourrait être étendu
• Le marché carbone ou Système européen d’échange de à de nouveaux secteurs :
quotas d’émissions (SEQE) :
• Transport routier et construction : ces secteurs pour-
• Créé en 2005, il s’applique aux émissions des plus
raient soit être intégrés au marché carbone actuel, soit
gros émetteurs européens.
relever d’un nouveau marché carbone parallèle au pre-
• Il couvre près de 40 % des émissions de GES de la
mier jusqu’à une éventuelle convergence. Cette
zone62, notamment celles des secteurs de l’industrie
seconde option permettrait de ne pas déstabiliser le
lourde, de l’électricité et du transport aérien intra-eu-
marché existant.
ropéen qui bénéfice de quotas gratuits.
• Prix plancher : on définit ainsi le niveau de prix mini- Le HCC invite le gouvernement à trouver un accord politique
mum qui peut être pratiqué sur le marché. Il doit permettre sur une solution ambitieuse lors de la présidence française de
de contrôler le degré de contrainte que fait peser le marché l’UE permettant de réviser le SEQE sur plusieurs aspects : la
sur les acteurs. En effet, un prix des quotas s’établissant baisse du plafond d’émissions, la mise en place d’un prix plan-
durablement au niveau du prix plancher indique en temps cher croissant dans le temps ou le renforcement de la réserve
réel que le plafond d’émissions n’est pas suffisamment de stabilité et la suppression des allocations gratuites.
contraignant. Ce prix plancher doit être croissant dans le
temps pour refléter l’augmentation du coût social du car- 3. Renforcer l’efficacité externe du SEQE
bone au fur et à mesure que le budget carbone s’épuise. Le SEQE pourrait gagner en efficacité s’il était associé à un
mécanisme de protection des entreprises européennes qui
• Réserve de stabilité : elle a été instituée en janvier 2019 font des efforts dans le sens d’une transition bas carbone.
pour retirer de la circulation les quotas jugés excédentaires Dans ce contexte, des discussions sont en cours concer-
au vu de la faiblesse du prix de marché. Une fois négocié nant la mise en place d’un mécanisme d’ajustement car-
et adopté, son fonctionnement n’est laissé à l’appréciation bone aux frontières (MACF). Le MACF n’est pas, en tant
ni de la Commission ni des États-membres66. Actuelle- que tel, un instrument pour lutter contre les émissions de GES
ment, les quotas prélevés du marché pour le stabiliser sont mais vise à rééquilibrer la compétitivité des entreprises euro-
mis de côté avant d’être remis en circulation ultérieure- péennes par rapport à celle de ses partenaires commerciaux
ment. La Commission européenne prévoit de renforcer la qui n’auraient pas de politique climatique ambitieuse. En cela,
réserve de stabilité : « à partir de 2023, le nombre de quotas il constitue un levier pour renforcer l’efficacité du SEQE en
détenus dans la réserve sera limité au volume de quotas de l’an- rendant acceptable et supportable la mise en place d’une stra-
née précédente destinés à être mis aux enchères. Les quotas déte- tégie bas carbone. Par ailleurs, il permettrait également de
nus au-delà de ce volume ne seront plus valables »67. Renfor- réduire les fuites de carbone dites « directes ». On désigne ainsi
cement de la réserve de stabilité et mise en place d’un prix les émissions issues des réallocations de production, vers les
plancher sont deux mécanismes alternatifs pour atteindre pays ou régions moins-disant, du fait d’une contrainte clima-
le même objectif : éviter un effondrement du prix de tique accrue causant la perte de parts de marché sur les mar-
marché en raison d’une sur-allocation de quotas. La Com- chés intérieur et tiers, au profit de producteurs étrangers béné-
mission privilégie le renforcement de la réserve de stabilité. ficiant de contraintes climatiques moins fortes.
Cependant, le prix plancher est un instrument plus direct,
plus facile à manier et moins bureaucratique, qui mériterait Si les effets d’une telle mesure restent ambigus en termes
d'être envisagé. d’émissions69, la mise en place d’un MACF présente deux
principaux avantages :
• Quotas gratuits. Au cours des deux premières phases
du SEQE, la très grande majorité des quotas était • Il pourrait avoir un effet d’entrainement sur les par-
allouée gratuitement. Depuis 2013, la norme est deve- tenaires commerciaux en termes de régulation envi-
nue leur mise aux enchères (sauf pour le transport ronnementale à l’international. Ne souhaitant pas
aérien où la réglementation prévoit le maintien de 85 % être soumises à cette contrainte commerciale, les pays
de quotas gratuits), mais elle est loin d’être mise en visés par le MACF seraient incités à accroître l’ambi-
œuvre en particulier pour l’industrie qui bénéficie tou- tion de leurs propres politiques climatiques.
jours d’une part importante (variable selon les secteurs)
de quotas gratuits. La gratuité des quotas était initiale- • Il devrait entraîner la suppression des quotas gra-
ment et reste aujourd’hui un facteur important d’ac- tuits : à ce jour, les allocations de quotas du SEQE
69
se font pour partie aux enchères. La deuxième part 2.2.2.2 - Renforcer les politiques complémentaires,
(environ 40 %70) consiste en une allocation gratuite. notamment dans le cadre du partage de l’effort
Elle est justifiée aujourd’hui pour des secteurs vulné- Les efforts visant à améliorer l’efficacité du SEQE sont
rables à la concurrence internationale et sujets à des importants à mettre en place pour améliorer l’efficacité de
risques de délocalisation de la production vers des pays l’outil existant. Les réflexions actuelles sur ses réformes sont
où la régulation environnementale est absente. Il s’agit donc positives. Néanmoins ;
notamment des secteurs de l’industrie, de l’aviation et,
pour certains États-membres, de l’électricité. Cette • Les mesures préconisées prendront du temps dans
pratique n’aurait plus lieu d’être dans le cadre du leur mise en œuvre : le SEQE ne couvrira par exemple,
MACF. Les entreprises bénéficiant de quotas gratuits le secteur de l’aviation qu’entre aéroports situés dans l’es-
seraient doublement protégées : du fait de l’allocation pace économique européen jusqu’en 202373. Autre
gratuite d’une part et au travers du MACF d’autre part. exemple, la suppression de quotas gratuits devrait débuter
à partir de 202674. La temporalité propre aux processus
Plusieurs points de vigilance doivent être soulignés européens – négociations, phases transitoires – lente au
concernant la construction du MACF : regard des enjeux du climat, illustre l’importance de poli-
tiques nationales complémentaires plus immédiates ;
• Pour que ce mécanisme ne soit pas attaqué et jugé
comme anti-concurrentiel dans le cadre du droit • Des mesures complémentaires seront toujours néces-
international du commerce, il doit être compatible saires pour pallier à plusieurs éléments que le SEQE
avec les règles de l’Organisation Mondiale du Com- n’intègre pas. Les principaux sont détaillés ci-après.
merce (OMC). Le MACF doit donc être non discrimi-
natoire – les produits européens doivent subir le même Aussi, pour ces deux raisons, il parait nécessaire de mettre en
traitement que les biens étrangers –, ou, à défaut, être place, dès à présent, des politiques complémentaires pour se
justifié sur la base des exceptions générales établies à l’ar- rapprocher rapidement de la neutralité carbone en prenant
ticle XX du GATT71. Ces mesures peuvent être adop- en compte notamment les dimensions sociales complexes.
tées par les Membres si elles sont motivées en matière
de santé ou de protection de l’environnement72. 1. Recourir à des leviers complémentaires pour combler
les limites du SEQE
• Dans un souci de transition juste, les États-membres • La prise en compte de la transition juste : l’intégra-
devront être vigilants sur la répartition des coûts tion de nouveaux secteurs au SEQE provoquera une
supplémentaires qu’engendrerait un tel mécanisme. hausse des coûts pour les acteurs ciblés. Se pose alors
Un durcissement du SEQE et la mise en place la question de la répercussion de ces coûts, entre les
conjointe du MACF vont avoir pour conséquence une acteurs de la filière et les consommateurs. La hausse
hausse du prix des biens et services plus ou moins réper- des prix TTC pour les ménages ou les entreprises
cutés sur les citoyens européens. Une réflexion de fond les plus fragiles pourrait être très complexe à soute-
doit être menée pour trouver des allègements en nir d’un point de vue social à structure fiscale inchan-
contrepartie, qui maintiennent la qualité de vie des gée par ailleurs. Cet argument est particulièrement
ménages sans par ailleurs saper les efforts conduits en crucial pour les secteurs du transport ou du bâtiment,
faveur de la réduction des émissions. qui sont structurants car ils assurent à tous la réalisa-
tion des besoins élémentaires. Or les recettes issues de
• La mise en place du MACF doit se faire en discutant ce mécanisme viendraient alimenter en partie le
avec l’ensemble des partenaires commerciaux de budget européen, et non plus le budget français
l’Union européenne, notamment les pays en développe- comme l’aurait fait une taxe carbone. Pourtant, c’est
ment, dont les efforts d’atténuation doivent être reconnus. bien au niveau national que seront portées les consé-
quences sociales d’une taxation, sans que les pouvoirs
• Une cohérence globale doit être assurée avec la mise publics puissent utiliser les revenus de la taxe pour
en place du MACF, concernant les produits ciblés. assurer une redistribution financière ou une aide aux
Ainsi, il faut veiller à ce que les produits soumis au acteurs en difficulté. Il existe en outre des situations
MACF le soit en tant que tel mais aussi en tant que dans lesquelles la demande est très peu élastique, une
composant d’autres produits dérivés. Cela est possible hausse des prix ne fait pas forcément diminuer la
en théorie, mais cela pourrait être complexe à implé- demande. Si aucune alternative n’existe, un automo-
menter dans les faits. biliste peut ne pas avoir d’autre choix que de payer son
71
des mesures pour assurer une articulation plus efficace • Secteur des terres : l’atteinte de la neutralité carbone ne
entre les voies ferroviaires et fluviales. Le HCC recom- peut se faire sans une réforme complète et systémique
mande que la présidence française de l’Union euro- de ces différents secteurs. La baisse des émissions est en
péenne prête une attention particulière à la mise en effet le principal levier d’action de l’UE pour parvenir à
œuvre et au suivi de cette revalorisation incontour- ces objectifs en termes de neutralité climatique. Néan-
nable du rail (cf. section 3.1 du rapport). moins, dans une bien moindre mesure (environ 2 % des
gaz à effet de serre en Europe), la séquestration du carbone
• Concernant le transport routier, l’Europe pour- peut également permettre d’atteindre les objectifs fixés.
rait revoir les limitations d’émissions autorisées Ainsi, le reboisement et la restauration des forêts dégradées
des véhicules neufs et souhaite également pousser les en Europe pourrait permettre d’accroître l’absorption de
investissements en faveur de bornes de recharge pour CO2. La Commission européenne doit élaborer une nou-
voitures électriques. Introduire une trajectoire d’allè- velle stratégie en ce sens afin d’accroître les puits de car-
gement des voitures serait une contrainte souhaitable bone qui permettent le stockage du carbone atmosphé-
pour des États-membres rétifs à l’idée de contraindre rique, y compris dans la matière organique des sols.
les constructeurs automobiles. Enfin, comme souli-
gné précédemment, des discussions sont en cours • De même, une attention doit être portée aux écosystèmes
concernant l’inclusion du transport maritime et de côtiers et marins, tels que les mangroves et prairies marines,
l’aviation au marché carbone européen. qui jouent également un rôle important dans la séquestra-
tion du carbone.
2.6 Le rehaussement des objectifs climatiques européens (réduction des émissions nettes de GES de
-55 % d’ici à 2030) pose particulièrement question pour la France. Le pays se positionne comme un
acteur majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique dans le cadre des négociations
européennes mais peine à atteindre ses propres objectifs nationaux, notamment la réduction de ses
émissions de GES de -40 % d’ici à 2030.
Dans le cadre des négociations européennes, la France pousse pour des engagements plus forts,
comme en atteste encore récemment le Plan d’action pour le climat du ministère de l’Économie, des
finances et de la relance, dont le chapitre 4 invite à la mobilisation sur les sujets climatiques (pacte
vert pour l’Europe, mécanisme d’ajustement aux frontières).
• L’analyse des lacunes des politiques publiques (cf. chapitre 3), souligne que la plupart des secteurs
sont peu engagés dans les orientations de la SNBC et que les plans d’actions restent à décliner ;
• La loi climat-résilience et les actions actuelles peinent à combler les manques. Une étude menée
en février dernier par le Boston Consulting Group souligne qu’environ 50 % de l’objectif de
réduction des émissions a déjà été réalisé mais il ne reste plus qu’une décennie pour parcourir le
reste du chemin. L’étude souligne que l’atteinte de cet objectif suppose « d’engager des moyens
inédits et une mobilisation massive et pérenne de l’ensemble des composantes de la Nation ».
Une hausse de l’ambition est néanmoins à la fois nécessaire - afin que la France puisse répondre
aux enjeux européens à venir, conserver sa crédibilité dans les négociations internationales - mais
également possible dans la conjoncture actuelle.
• Une règlementation qui sera plus cohérente avec des objectifs ambitieux, notamment à
travers la taxinomie de l’UE pour les investissements durables.
• Le renforcement d’un prix du carbone au sein du SEQE – avec les limites déjà signa-
lées plus haut.
• Au niveau national, les efforts peuvent être intensifiés ; il est probable qu’ils devront l’être, si
la nouvelle ambition européenne (et les effets du Brexit) n’est pas répercutée sur les seuls
mécanismes de marché et que la part de l’effort national augmente. Disposant de plusieurs
leviers, la France peut s’en donner les moyens :
• Les pouvoirs publics peuvent intensifier leurs efforts sur le secteur de l’énergie. Il existe des
marges d’action importantes dans ces secteurs qui ne sont pas exploitées (cf. section 3.5) ;
• Le plan de relance français, qui fait suite à la crise sanitaire de Covid-19, a permis de
débloquer 100 milliards d’euros. Le HCC a recommandé que ces financements soient
pérennisés sur 10 ans et complétés par des mesures de conditionnalité et par un accom-
pagnement, en particulier pour le secteur des transports.
Le gouvernement doit envoyer des signaux clairs à l’ensemble des acteurs économiques pour
inciter à la mise en œuvre d’une transformation plus rapide du secteur privé. Cela concerne notam-
ment le chauffage des bâtiments ou encore la date de fin de vente des véhicules thermiques qui
pourrait être avancée.
MESSAGES CLÉS
• Pour accélérer la transition bas-carbone, ; il faut dégager les • d’établir un prix plancher.
investissements publics de décarbonation des contraintes
budgétaires européennes. • Le signal-prix doit être renforcé sans attendre la mise en œuvre
de la réforme du SEQE.
• Dans le cadre de la réforme du SEQE, il serait souhaitable :
• La politique européenne en faveur du rail doit effectuer un
• d’anticiper l’impact sur les inégalités d’une extension du marché
saut qualitatif, alors qu’aucun pays européen ne progresse dans
du carbone aux secteurs des bâtiments et de la mobilité ;
le secteur des transports.
• de mettre fin aux quotas gratuits ;
73
1 RECOMMANDATIONS
CHAPITRE 2
Accélérer la mise en œuvre des feuilles de route des ministères pour l’atténuation et
2 l’adaptation, en intégrant notamment la formation professionnelle des agents.
Rendre les offres bas-carbone plus accessibles aux ménages et aux entreprises les plus
vulnérables dans la perspective d’une hausse durable du prix du carbone sur le marché
3 européen ou d’une relance éventuelle de la fiscalité carbone.
75
3
ÉVOLUTIONS
SECTORIELLES
Ce chapitre approfondit les progrès réalisés dans les cinq provenant des inventaires nationaux transmis à la
principaux secteurs émetteurs en France : transports, CCNUCC, la répartition sectorielle ne correspond pas
bâtiments, industrie, agriculture et transformation d’éner- exactement au format SECTEN utilisé par la SNBC et
gie. Pour chaque secteur, les tendances récentes des analysé dans le reste du rapport, mais a été construite de
émissions de gaz à effet de serre sont analysées au regard des manière à s’en rapprocher le plus possible.
budgets carbones sectoriels fixés pas la SNBC, en
s’appuyant sur les dernières données de l’inventaire natio- Ce chapitre revient ensuite sur l’action publique sectorielle
nal des émissions de gaz à effet de serre du Citepa (format marquante en 2020 et analyse son alignement avec la trajec-
SECTEN). toire de réduction prévue par la SNBC. Enfin, une analyse
des écarts entre les politiques et mesures prises par le
À des fins de parangonnage, les trajectoires des émissions gouvernement depuis 2015 et les orientations de politiques
sectorielles françaises sont comparées à celles de l’Union publiques fixées par la SNBC2 permet de juger le niveau de
européenne et des pays voisins. Les données mobilisées mise en œuvre des objectifs de la SNBC
31 TRANSPORTS
Le Haut conseil pour le climat prévoit de publier prochaine- décarbonation et leur adaptation au changement climatique.
ment un rapport consacré aux mobilités et aux flux de marchan- Cette section pose un certain nombre de constats et d’interroga-
dises, avec un ensemble de recommandations pour leur tions qui seront approfondis dans ce rapport spécial.
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Transports SNBC2 Budgets SNBC1 Plafonds annuels indicatifs SNBC2
Source : Citepa, format Secten ; SNBC2.
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Émissions de CO2 du transport de voyageurs Population Distance parcourue par habitant Effet de structure modale
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L’évolution des déterminants structurels des émissions stable et a donc un effet négligeable sur l’évolution des
ces dernières années s’inscrit dans les tendances histo- émissions, et ce depuis 2015 comme depuis 1990.
riques de plus long terme90 : les distances parcourues et
tonnes transportées augmentent, compensées par des • Pour le transport de marchandises, le principal facteur
gains en efficacité énergétique et une réduction du conte- poussant à la hausse les émissions entre 2015 et 2018 est
nu carbone de l’énergie, le report modal jouant un rôle l’augmentation de l’activité (+10 % de tonnes.km transpor-
négligeable (transport de voyageurs) ou défavorable tées), poursuivant la tendance historique (+39 % de
(transport de marchandises). tonnes.km transportées entre 1990 et 2018). À l’inverse,
l’efficacité énergétique continue de s’améliorer avec une
• Pour le transport de voyageurs, le principal facteur diminution de l’intensité énergétique de 7,9 % entre 2015
poussant à la hausse les émissions sur la période 2015-2018 et 2018, portée par un meilleur remplissage des poids lourds
est l’augmentation des distances parcourues par habitant, (hausse de 5,8 % du tonnage moyen) et une moindre
qui ont crû de 2,3 %. Après une hausse de 14 % entre consommation unitaire par poids lourd (-2,7 %). Le report
1990 et 2002, elles avaient pourtant entamé une décrois- modal, quant à lui, continue de s’effectuer en direction du
sance jusqu’en 2008, avant de se stabiliser sur la période transport routier (+2 points de part modale quand le
2008-2014. À l’inverse, l’amélioration de l’efficacité ferroviaire perd 1,6 points et le fluvial 0,4 points)91, donc
énergétique (diminution de l’intensité énergétique de 2,2 % dans un sens défavorable à la réduction des émissions.
sur la période) et la diminution du contenu carbone de
l’énergie (-1,2 % ; via notamment l’augmentation de la Depuis 2015, les émissions de gaz à effet de serre des
part des agrocarburants) contribuent à la diminution des transports européens ont augmenté pour se situer, en 2018,
émissions. La structure modale (répartition entre véhicules à 23 % au-dessus des niveaux de 199092. Après un pic atteint
particuliers, transports collectifs terrestres, et aérien) est pour l’UE en 2007, les émissions du secteur ont diminué lors
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Émissions de CO2 Activité (tonnes.km transportées) Intensité énergétique (hors effet de structure)
NB : Les émissions de CO2 sont égales, à un facteur 100 près, au produit des autres grandeurs représentées. L’effet de structure indique l’effet de la répartition entre les différents
modes de transport : routier, ferré, fluvial. Une évolution de cette répartition vers des modes de transports plus carbonés (transport routier) se traduit par une augmentation de la
variable « effet de structure ».
Source : Service des données et études statistiques – Commissariat général au développement durable – Ministère de la Transition écologique
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France Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni
de la crise économique et financière, et ce jusqu’en 2013. Elles en France et -2,6 % en Italie. Les vols intérieurs, s’ils
sont depuis reparties à la hausse, avec une progression pour représentent moins de 2% des émissions des transports
l’ensemble des 27 pays de l’UE de 4,3 % entre 2015 et 2018. domestiques de l’UE, ont vu leurs émissions augmenter de
Cette évolution est hétérogène au sein des pays européens : sur 12,7 % entre 2015 et 2018, allant de +7,1 % pour l’Italie à
cette période de quatre ans, l’Espagne voit ses émissions progres- +21,6 % pour l’Espagne (+10,6 % pour la France).
ser de 8,1 %, tandis que celles de l’Allemagne sont quasiment
stables (+0,6 %), quand les émissions des transports français et Les émissions des vols internationaux, quant à elles, sont à la fois
italiens diminuent légèrement (-1,3 % et -1,8 %). substantiellement plus importantes en niveau, et progressent
encore plus vite. Additionner les émissions du transport aérien
Si le transport routier constitue la plus grande part des international aux émissions du transport domestique européen fait
émissions du secteur, les émissions du transport aérien augmenter ces dernières de 15,7 % pour l’année 2018. De plus,
augmentaient rapidement avant la crise sanitaire. En entre 2015 et 2018, les émissions du transport aérien international
2018, le transport routier représentait 95 % des émissions des ont crû de 19,9 % pour l’UE, avec toutefois de fort contrastes :
transports de l’UE hors transports internationaux (maritime +26,2 % en Espagne contre +3,5 % en France, aboutissant in fine
et aérien). Entre 2015 et 2018, les émissions européennes du à un niveau d’émissions des transports aériens internationaux en
secteur routier ont cru de 4,0 %, avec toutefois des différences 2018 proches pour les deux pays (18,5 Mt éqCO2 pour l’Espagne,
entre pays : +5,5 % en Espagne, +0,5 % en Allemagne, -1,7 % 17,9 Mt éqCO2 pour la France).
79
restant à faire pour un marché automobile entièrement Haut conseil pour le climat avait sollicité l’Ademe pour
décarboné reste important. De plus, au-delà du marché des mettre en lumière l’écart à la trajectoire de décarbonation
véhicules neufs, il s’agit également d’accélérer le renouvelle- de la SNBC causé par le gel de la taxe carbone, et notam-
ment du parc existant (voir également la section 3.1.3.2). ment dans le secteur des transports100. Pallier le gel de la
En outre, la manière dont la réglementation tient compte taxe carbone constitue un défi pressant pour que la France
du poids des véhicules96 ou des émissions des véhicules atteigne ses objectifs climatiques (voir encadré 2.1).
hybrides rechargeables97 est source d’effets pervers (véhicules
lourds favorisés) et réduit son impact environnemental La crise sanitaire, en raison de son impact différencié sur
(décalage important entre émissions théoriques et émissions les modes de transport, affecte significativement l’action
réelles des véhicules électriques rechargeables). publique en faveur du report modal, qui reste un défi à
relever. État et collectivités se sont s’appuyés sur un
Les mécanismes de soutien à la décarbonation des flottes contexte favorable aux mobilités douces pour amplifier et
de véhicules sont largement mobilisés sans qu’il ne soit pérenniser leur dynamique (voir section 3.1.3.1). Le report
possible de juger de leur efficacité. Le secteur routier a modal vers le fret ferroviaire reste un défi majeur (voir
fortement bénéficié du plan de relance, avec notamment un section 3.1.3.4), et les actions mises en œuvre jusqu’à
renforcement et un élargissement du bonus automobile et présent ne semblent pas en mesure d’atteindre l’objectif de
de la prime à la conversion98. Ces instruments souffrent doublement de sa part modale101.
toutefois d’un déficit d’évaluation, rappelé à plusieurs
reprises par la Cour des comptes99. En conséquence, il n’est Enfin, la diminution importante des déplacements102, le
souvent pas possible de juger de leur efficacité environne- recours massif au télétravail103 ainsi que la croissance du
mentale, et plus généralement de l’ensemble de leurs effets. e-commerce104 pendant la crise sanitaire constituent des
Évaluer régulièrement les instruments de soutien à la transi- bouleversements dans les pratiques de mobilité que le
tion des flottes permettrait d’améliorer leur calibrage, et ainsi Haut conseil pour le climat prévoit d’analyser en
de maximiser leur contribution aux orientations de la SNBC. profondeur dans un prochain rapport spécialement
consacré aux mobilités. Toutefois, il est d’ores et déjà
L’absence de plan d’action en faveur d’une trajectoire de possible d’attirer l’attention sur les risques d’effets
prix du carbone croissant pour l’ensemble du secteur rebond liés en particulier au télétravail105. De plus,
des transports constitue un écart majeur par rapport à la l’essor du e-commerce invite à être toujours plus atten-
SNBC (orientation T1) et donc un point d’attention tif aux enjeux de décarbonation du secteur de la logis-
important. Dans le cadre de son rapport annuel 2020, le tique, et notamment la logistique urbaine.
81
Le plan « France relance » prévoit 4,7 milliards d’euros marchandises123. Concernant la qualité de service, le dévelop-
pour relancer et développer le fret ferroviaire en France121a. pement d’infrastructures interopérables et d’une offre de
Mais le fret ferroviaire ne bénéficie pour l’heure que d’envi- produits innovants, s’appuyant sur la digitalisation et la
ron 200 millions d’euros spécifiquement fléchés, le reste multimodalité, sont des pistes prometteuses124. Le développe-
allant à la modernisation et mise en sécurité du réseau ou au ment du fret ferroviaire mobilise les pouvoirs publics à
maintien de petites lignes121b. La filière, elle, estime à 15 milliards différentes échelles : nationale, territoriale, et également
d’euros l’effort nécessaire pour réussir à doubler la part européenne, la Commission européenne ayant pour objectif
modale du fret ferroviaire d’ici 2030122. Plus généralement, l’ouverture des marchés ferroviaires à la concurrence, l’intero-
une hausse de la part modale du rail nécessite une améliora- pérabilité des réseaux nationaux, et le développement des
tion de sa compétitivité en matière de coût et de qualité de réseaux ferrés125. La question se pose donc de la bonne
service. Pour la compétitivité coût, le fret ferroviaire pâtit de cohérence des actions aux différentes échelles, et de leur
la sous-tarification des coûts externes du transport routier de adéquation avec les objectifs climatiques.
LACUNES
314 DES POLITIQUES PUBLIQUES
T1 : donner au secteur des signaux prix incitatifs
LOREM IPSUM DOLOR SIT AMET, CONSECTETUER ADIPISCING ELIT, SED DIAM NONUMMY NIBH
T2 : fixer des objectifs clairs et cohérents avec les objectifs visés pour la transition énergétique des parcs
T4 : soutenir les collectivités locales et les entreprises dans la mise en place d’initiatives innovantes
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
MESSAGES CLÉS
• Le secteur des transports en France est le premier contribu- • Les mécanismes de soutien à la décarbonation des flottes de
teur aux émissions de gaz à effet de serre territoriales avec une véhicules sont largement mobilisés, notamment dans le cadre de
part de 31 % en 2019, soit 136 Mt éqCO2. Si le transport France Relance, sans qu’il soit possible de juger de leur efficacité.
routier constitue la plus grande part des émissions du secteur,
• La crise sanitaire, en raison de son impact différencié sur les
les émissions du transport aérien augmentaient rapidement
modes de transport, affecte significativement l’action publique
avant la crise sanitaire.
en faveur du report modal, qui reste un défi à relever. Les
• Le respect de la trajectoire SNBC pour le secteur nécessite coronapistes ont contribué à augmenter la pratique du vélo,
une forte accélération du rythme de réduction des émissions, dont le potentiel doit être pleinement exploité. Le report
qui doit être multiplié par cinq dès 2021 par rapport au rythme modal vers le fret ferroviaire reste un défi majeur au vu de
observé sur la période du premier budget carbone (2015-2018). l’objectif de doublement de sa part modale.
• Entre 2015 et 2018, les distances parcourues par les indivi- • L’action publique est encore insuffisante à la bonne réalisation
dus et les tonnes de marchandises transportées augmentent, des orientations de la SNBC pour le secteur des transports. Sur
tandis que les gains en efficacité énergétique et en réduction les cinq orientations sectorielles analysées par le HCC, deux ne
du contenu carbone de l’énergie se poursuivent, le report sont pas engagées de manière substantielle, et trois ne le sont que
modal jouant un rôle négligeable (transport de voyageurs) de manière partielle.
ou défavorable (transport de marchandises).
LA FRANCE ET L’EUROPE
321 AU DÉFI DE DÉCARBONATION DE LEURS PARCS DE BÂTIMENTS
Les émissions du secteur des bâtiments représentaient 23,5 Mt éqCO2 avec la nouvelle méthode. De même,
17 % des émissions territoriales de gaz à effet de serre de l’objectif indicatif annuel de la SNBC 2 pour l’année 2019,
la France en 2019, soit 75 Mt éqCO2. Les émissions du de 85 MtCO2, était déjà respecté en 2015 selon la nouvelle
secteur ont décru de 3,4 % entre 2018 et 2019. Elles sont méthode de calcul. Ces changements méthodologiques
en diminution continue depuis 2015, avec une baisse de empêchent de faire une analyse sur la compatibilité des
6,8 % entre 2015 et 2018. niveaux d’émissions avec les prochains budgets sectoriels
SNBC, ce qui devrait être rectifié dans la SNBC 3. Toute-
La trajectoire SNBC pour le secteur prévoit une fois, il est possible de s’intéresser au rythme de diminution
augmentation de la vitesse de réduction des émissions des émissions visé dans la SNBC 2. Celui-ci est de
par rapport à la période du premier budget carbone 3,5 Mt éqCO2 / an sur la période du deuxième budget
(2015-2018). La méthodologie de calcul des émissions carbone (2019-2023), soit un rythme significativement
utilisée par le Citepa pour le secteur a changé en 2021, avec plus élevé que celui réalisé pendant la période du premier
une partie des émissions qui sont maintenant affectées au budget carbone, qui était de 1,9 Mt éqCO2 / an.
secteur de l’industrie manufacturière et de la construction.
Cette évolution conduit à une correction annuelle à la L’évolution des déterminants structurels des émissions
baisse des émissions d’en moyenne 5,6 Mt éqCO2 sur la du chauffage résidentiel ces dernières années s’inscrit
période du premier budget carbone. En conséquence, le dans les tendances historiques de plus long terme126 :
dépassement du premier budget carbone, qui était de 45,8 Mt l’intensité carbone des énergies de chauffage utilisées
éqCO2 avec l’ancienne méthode de calcul, n’est plus que de diminue et l’efficacité thermique des bâtiments s’améliore,
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Bâtiments SNBC2 Budgets SNBC1 Plafonds annuels indicatifs SNBC2
Source : Citepa, format Secten ; SNBC2.
83
Figure 3.2.2 – Décomposition de l’évolution des émissions de CO2
liées au chauffage résidentiel en France (base 100 en 1990, données corrigées
des variations climatiques, émissions directes et indirectes)
120
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Logements par habitant Surface par logement Émission de CO2
Consommation d’énergie par surface Contenu carbone de l’énergie Population
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20
NB : Les émissions de CO2 sont égales, à un facteur 100 près, au produit des autres grandeurs représentées.
Source : Service des données et études statistiques – Commissariat général au développement durable – ministère de la Transition écologique
contribuant ainsi à réduire les émissions, malgré la majorité des émissions totales du secteur (55 % en 2019), le
hausse continue de la surface totale de logements. Le secteur résidentiel comptant pour environ 3/5 des émissions
chauffage, l’eau chaude sanitaire et la cuisson domestique des bâtiments. Les émissions liées spécifiquement au chauf-
représentent la plus grande part des émissions des fage peuvent être décomposées en considérant la popula-
bâtiments résidentiels (89 % des émissions en 2019), et une tion, le nombre de logements par habitant, la surface par
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20
85
couvrent cependant en partie d’autres aspects (mise aux réglementation environnementale 2020 (RE 2020), qui
normes de sécurité et d’accessibilité, confort, restructura- doit entrer en vigueur au 1er janvier 2022. Elle s’inscrit dans
tion de logements sociaux, etc.). L’atteinte des objectifs de l’orientation B3 de la SNBC qui vise à accroître les niveaux
la SNBC suppose un montant annuel d’investissements de performance « énergie et carbone » des bâtiments neufs
publics et privés dans la rénovation énergétique des seuls dans les futures réglementations environnementales. Son
logements de 24 Mrd € d’ici quelques années, contre 15 succès dépendra, entre autres, de sa bonne mise en œuvre,
aujourd’huivii, avec des retombées positives en matière ce qui nécessite un suivi et un contrôle rigoureux, d’autant
d’emploi et de développement économique127. L’apport du plus que le degré d’application de la précédente réglementa-
plan de relance sera d’abord jugé par sa capacité à : tion, la RT 2012, n’avait pu être évalué précisémentviii.
• optimiser l’efficience de la dépense publique en la Enfin, l’appareillage statistique ne permet toujours pas
ciblant sur les rénovations performantes, complètes et de suivre de manière fiable et précise l’évolution de la
compatibles BBC (seulement 3 % aujourd’hui) ; performance énergétique du parc de bâtiments français
en tenant compte des enjeux de transition juste. La
• développer les solutions financières globales associant première publication de l’Observatoire national de la
aides et prêts afin de permettre à tous les ménages rénovation énergétiqueix donne par exemple une estimation
d’accéder à la rénovation ; du nombre de passoires énergétiques très inférieure à celle
de la dernière étude sur le sujet. Si une analyse est faite de
• afficher dès à présent la prolongation durable des l’écart constaté entre les deux estimations, il n’est toutefois
cadres de soutien sur la décennie pour maximiser pas possible à ce stade de se prononcer avec confiance sur
l’impact de ces mesures sur le nécessaire développe- un chiffre fiable concernant cette catégorie de logements.
ment des filières professionnelles. Par ailleurs, la prise en compte des caractéristiques socio-
économiques des ménages est insuffisante pour apprécier
L’année 2021 doit également voir la publication de la les évolutions de la réglementation au regard des enjeux de
nouvelle réglementation pour les bâtiments neufs, la transition juste.
B1 : guider l’évolution du mix énergétique sur la phase d’usage des bâtiments existants et neufs vers une
consommation énergétique totalement décarbonée
B2 : inciter à une rénovation de l’ensemble du parc existant résidentiel et tertiaire afin d’atteindre un niveau
BBC équivalent en moyenne sur l’ensemble du parc
B3 : accroître les niveaux de performance énergie et carbone sur les bâtiments neufs dans les futures
réglementations environnementales
B4 : viser une meilleure efficacité énergétique des équipements et une sobriété des usages
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
87
réseaux de chaleur, tout en planifiant une reprise de la MESSAGES CLÉS
trajectoire de hausse de la taxe carbone en l’accompagnant • Les émissions du secteur des bâtiments représentaient 17 %
de mesures de justice sociale. des émissions territoriales de gaz à effet de serre de la France
en 2019, soit 75 Mt éqCO2.
3.2.3.4 - Au-delà de la rénovation :
la sobriété énergétique et la maitrise de l’effet rebond • La trajectoire SNBC pour le secteur prévoit une augmentation
La consommation énergétique des bâtiments, et les de la vitesse de réduction des émissions par rapport à la période
émissions de gaz à effet de serre associées, sont le produit du premier budget carbone (2015-2018).
de la performance énergétique intrinsèque des bâtiments
et de leurs équipements tels que les ménages et les entre- • L’évolution des déterminants structurels des émissions du
prises en font usage. La sobriété énergétique dans les chauffage résidentiel ces dernières années s’inscrit dans les
bâtiments du point de vue des usagers comporte plusieurs tendances historiques de plus long terme : l’intensité carbone
dimensions : bonne utilisation des équipements à disposi- des énergies de chauffage utilisées diminue et l’efficacité
tion, entretien régulier du bâtiment pour maintenir ses thermique des bâtiments s’améliore, contribuant ainsi à
performances énergétiques, sobriété dans la consommation réduire les émissions, malgré la hausse continue de la surface
de services énergétiques (exemple : températures de chauf- totale de logements.
fage ou de climatisation modérées).
• De fortes évolutions structurelles ont été mises en œuvre ces
Si l’information et la sensibilisation des occupants dernières années à travers des politiques publiques qui
sont essentielles à un usage sobre des bâtiments, elles affichent leur volonté d’intégrer plus fortement l’enjeu clima-
ne sont toutefois pas les seuls leviers à disposition des tique. Néanmoins certaines options retenues (nouveaux seuils
pouvoirs publics. Ainsi, le plan d’action climat du minis- du DPE notamment) pourraient fragiliser la mise en œuvre
tère de la Transition écologique comporte un axe en des objectifs de la SNBC sur le long terme.
faveur de l’écoconception des produits, qui s’appuie
notamment sur la réglementation européenne. Cette • Malgré l’attention portée au secteur par le plan de relance, la
dernière fixe des normes de performance énergétique pérennité et la montée en puissance des moyens financiers
minimale et impose un étiquetage énergétique obligatoire destinée à la rénovation énergétique restent à démontrer dans
pour plusieurs catégories d’équipements électriques. De les années à venir. En outre, les mesures de soutien public
même, le signal prix et la mise en lumière d’économies doivent davantage se concentrer sur les rénovations perfor-
d’énergie réalisées via des changements comportementaux mantes et complètes, en cohérence avec la SNBC.
sont des leviers d’action à mobiliser128.
33 INDUSTRIE
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20
Industrie manufacturière et construction (total) SNBC2 Budgets SNBC1 Plafonds annuels indicatifs SNBC2
89
Depuis 2010, la baisse des émissions de CO2 dans l’indus- relatives des sous-secteurs industriels a conduit à
trie se fait dans un contexte de légère augmentation de la augmenter les émissions du secteur dans son
valeur ajoutée du secteur et s’explique principalement par ensemble.
l’amélioration des procédés et par la diminution du conte-
nu carbone de l’énergie132 (voir figure 3.3.2) : Entre 1990 et 2018 la baisse des émissions du secteur
industriel français (-37 %) est supérieure à la moyenne
• L’amélioration des procédés se reflète par les gains de l’Union européenne (-33 %) (voir figure 3.3.3). L’Alle-
d’efficacité énergétique réalisés dans les procédés de magne, qui a des émissions de l’industrie supérieure à la
fabrication. France et ses voisins, montre une réduction de ses émissions
légèrement inférieure (-30 %). Le Royaume-Uni est le pays
• La diminution du contenu carbone de l’énergie se qui a le plus décarboné les émissions du secteur (-51 %). La
poursuit. La consommation de charbon diminue dans décarbonation de son industrie y est plus précoce à la suite
le secteur. La consommation finale d’énergies renou- des vagues de libéralisation des économies à la fin des
velables thermiques et déchets y augmente, bien que années 1990. L’Espagne fait figure d’exception dans ce
sa part dans le secteur reste très faible. La consomma- panorama. Le recyclage des excédents de la balance
tion de gaz naturel demeure stable dans ce secteur courante allemande en crédits en Espagne a dopé le secteur
depuis 2011. de la construction dans ce pays. La crise financière de 2008
a ensuite abouti à l’éclatement de la bulle immobilière
• Ces progrès ne sont que partiellement compensés espagnole, réduisant fortement les émissions provenant de
par une hausse de la part des sous-secteurs indus- la construction.
triels les plus émetteurs. L’effet de structure, qui
mesure le poids relatif des différents sous-secteurs La décarbonation du secteur de l’industrie est complexe
industriels, montre que l’évolution des parts du fait de la diversité des industries couvertes. La chimie
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20
France Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni
ne fait pas face aux mêmes défis de décarbonation que la La complexité du secteur de l’industrie appelle à des
sidérurgie, le textile ou l’agro-alimentaire, et chaque sous- efforts conséquents et des politiques nationales ambi-
secteur fait place à un large panel de sous-sous-secteurs. Au tieuses allant dans le détail de chaque sous-secteur voire
sein de la chimie, les émissions liées à la production à un niveau inférieur, pour compléter les incitations
d’engrais ne rencontrent pas des mêmes problématiques produites par le SEQE. En France, 84 % des émissions de
que celles générées par la chimie organique (pétrochimie, ce secteur sont assujetties au régime du SEQE. Les
plastique, etc.), la chimie fine ou encore la chimie de spécia- émissions non couvertes par le SEQE dans le secteur de
lité (peinture, colle, etc.)133. l’industrie le sont, pour certaines, par des taxes intérieures à
la consommation sur les hydrocarbures. Il existe néanmoins
Du fait d’émissions incompressibles, il n’est pas pour des exemptions. Ainsi, selon l’indicateur I3 IP2 de la
le moment envisagé une décarbonation totale à SNBC2 qui renseigne sur la « part des émissions industrielles
l’horizon 2050 dans la SNBC2. Seule la consommation soumises à des prix du carbone et niveaux de prix correspon-
d’énergie devrait être décarbonée d’ici 2050. La produc- dants »134, pour l’année 2019, 8 % des émissions du secteur
tion de produits minéraux, métallurgie, certains procé- de l’industrie sont totalement exonérées d’un signal-prix
dés chimiques et des gaz fluorés sont des sous-secteurs à carbone, 18 % sont soumises à la tarification du SEQE
émissions considérés comme étant incompressibles. uniquement (25 € en moyenne sur 2019), 72 % sont
Selon la SNBC2, les émissions résiduelles du secteur soumises à une tarification d’environ 33 €/tCO2 combinant
devront être captées à l’aide d’installations de capture et le prix sur le SEQE et/ou des taux réduits de taxes
stockage du carbone (CSC), une technique peu mature, intérieures de consommation et de leur composante
ou compensées par le rehaussement des puits de carbone carbone, et seules 2 % des émissions sont assujetties à une
(voir section 3.4). tarification supérieure à 58 €/tCO2.
91
Encadré Le secteur du ciment
3.1 La production de ciment génère 10 Mt éqCO2 par an et représente 12 % des émissions de GES de l’indus-
trie, 2 % des émissions françaises et 4 % de l’énergie thermique consommée par le secteur135. Ses
émissions sont concentrées sur la fabrication du clinker. Deux tiers des émissions sont émises par la décar-
bonation du calcaire lors de la calcination. Ces émissions de procédé ne peuvent que partiellement être
abattues par des technologies d’efficacité énergétique ou de changement de mix énergétique.
Entre la période pré-SNBC (2011-2014) et la période du premier budget carbone (2015-2018), les
émissions du secteur ont été réduites de 3 %. La réduction des émissions de ce secteur est large-
ment portée par le SEQE, bien qu’il ait bénéficié d’une sur-allocation de quotas jusqu’en 2018. L’orien-
tation I2 de la SNBC vise explicitement à la réduction des émissions du ciment par le développement
de technologies de rupture. Les émissions du secteur ciment en France sont néanmoins en très légère
hausse de 0,6 % entre 2018 et 2019, passant de 10,35 Mt éqCO2 à 10,42 Mt éqCO2136. Cette hausse des
émissions accompagne l’augmentation de la production métropolitaine de clinker de 1,2 %137.
Il existe 27 sites de production de clinker en métropole en 2020. La valeur économique produite est faible et
rentable uniquement sur de courtes distances : il est généralement considéré qu’au-delà de 200 kilomètres,
le coût de transport dépasse la valeur du produit. Le taux de rentabilité étant de 6 % contre 8 % pour le reste
de l’industrie, cette industrie intensive en énergie n’offre pas les conditions économiques propices à l’investis-
sement bas carbone, même si un tiers des cimenteries et 50 % de la production nationale de clinker
fonctionnent déjà sur le procédé le plus efficace à ce jour (la fabrication en voie sèche avec précalcinateur).
Compte tenu des spécificités économiques du secteur et des avancées en termes de procédé de
production, il n’est guère aisé de décarboner ce secteur. Des leviers spécifiques à celui-ci ont néan-
moins été identifiés notamment par l’ADEME :
Selon l’Ademe, l’ensemble des technologies disponibles à court terme ne permettrait de diminuer
les émissions du secteur du ciment que d’un tiers, chiffre s’élevant à 50 % avec le CSC. D’autres
mesures complémentaires doivent être réfléchies.
I1 : Accompagner les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone et
le développement de nouvelles filières
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
93
MESSAGES CLÉS
• Le secteur de l’industrie a fortement réduit ses émissions • Entre 1990 et 2008, la baisse des émissions du secteur indus-
nationales de gaz à effet de serre depuis 1990. Toutefois, le triel en France est supérieure à la moyenne européenne,
rythme de réduction des émissions s’est légèrement ralenti hormis le Royaume Uni.
depuis 2011 et s’élève à 1,6 % par an en moyenne, alors
que pour respecter les objectifs de le SNBC2, il serait néces- • France Relance intègre en partie mais insuffisamment les
saire de réduire les émissions de 2,6 % par an en moyenne enjeux de transition bas-carbone de l’industrie. Les besoins de
sur la période 2020-2025, puis d’atteindre une baisse de 4,2 % financement de la filière sont conséquents étant donné les
par an d’ici 2030. différences importantes au sein des filières.
• La baisse des émissions sur la dernière décennie est principa- • Les orientations de politiques publiques définies par la straté-
lement due à l’amélioration des procédés de production et gie nationale bas-carbone sont engagées pour le secteur de
à la diminution du contenu carbone de l’énergie dans un l’industrie, mais la plupart des actions sont récentes ou en
contexte de légère augmentation de la valeur ajoutée du cours de développement et restent à implémenter.
secteur.
AGRICULTURE,
34 SOLS ET FORÊTS
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Mt éqCO2, par gaz
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Agriculture (total) CO2 N20 CH4 SNBC2
émissions s’est établi à -0,5 % entre 2010 et 2019, démon- 2050, hors utilisation des terres, changement d’affectation
trant ainsi que l’ambition de décarbonation du secteur était des terres et foresterie (UTCATF).
jusqu’à présent faible. Le rythme de décarbonation devra
néanmoins augmenter à l’avenir : les rythmes de décarbona- En comparaison avec les pays voisins européens, mis à
tion pour les troisième et quatrième budgets carbone part l’Espagne, la France a réduit moins vite les émissions
s’établissent respectivement à -1,3 % et -1,6 % par an. La agricoles des différents GES depuis 1990. La situation est
SNBC2 vise une réduction de 17 % des émissions du inverse à partir de 2010 : la France réduit davantage ses
secteur en 2030 par rapport à 2015 et de 45 % à l’horizon émissions que ses voisins (voir figure 3.4.3).
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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Cheptel bovin Production de viande Production de lait Production de viande de boucherie
Source : Agreste, traitement des données HCC.
95
Figure 3.4.3 – Évolution des émissions du secteur agricole
dans différents pays européens depuis 1990
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20
France Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni
Source : Agence européenne de l’environnement, EU greenhouse gas inventory, https://www.eea.europa.eu/themes/climate/eu-greenhouse-gas-inventory, traitement des données HCC
• Depuis 1990, le rythme de réduction des émis- croître sur la période (+12 %), en partie à cause de
sions françaises du secteur est inférieur à celui de l’augmentation de son cheptel bovin et porcin143.
la moyenne de l’UE27 qui a été stimulé par les
baisses très fortes des pays d’Europe de l’Est • Sur la dernière décennie, les émissions du secteur
durant la décennie 1990 (jusqu’à -60 % en 2018 agricole français ont diminué, alors que les émissions
par rapport à 1990 pour la Lettonie et la Bulgarie). des pays de son voisinage stagnent voire sont en
Les émissions de ces pays tendent à augmenter légère hausse. À l’échelle européenne, les émissions du
depuis 2005. Tous GES confondus, la baisse des secteur sont en légère augmentation (+1,3 % en 2018
émissions pour la France est de 9 % en 2018 par par rapport à 2010) contre une baisse de près de 2,8 %
rapport à 1990 contre -22 % pour l’Allemagne et -12 % en 2018 par rapport à 2010 en France. Les Pays-Bas
pour l’Italie. Les Pays-Bas montrent des progrès voient à nouveau des réductions d’émissions impor-
importants en diminuant leurs émissions de 20 % tantes sur la période : entre 2010 et 2018, les émissions
sur la période. Seule l’Espagne a vu ses émissions de leur secteur agricole ont baissé de 8,2 %.
L’UTCATF constitue un élément essentiel pour atteindre au total de 40 % entre 1990 et 2019, ce chiffre masque
la neutralité carbone. Il comprend l’ensemble des sous- néanmoins une décroissance du puits net depuis 2006.
secteurs (forêt, usages et gestion des sols) pouvant capter du
carbone sous forme organique mais également en déstoc- Pour l’année 2019, les puits nets de carbone observés
ker. Les capacités de stockage de l’UTCATF ont augmenté dans le secteur UTCATF sont significativement plus
92
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-20
-25
UTCATF
-30
-35
SNBC2
-40
Puits carbone AMS
-45
-50
Lecture : une valeur négative indique un stockage net de carbone, soit un puits de carbone pour l’atmosphère.
Source : Citepa, format Secten, traitement des données HCC.
faibles que ceux qui avaient été retenus par le scénario Cet écart important s’explique principalement par un
de référence de la SNBC2. L’inventaire national des défaut d’observation de données récentes du secteur
émissions de gaz à effet de serre du Citepa estime UTCATF, qui se répercute sur l’ensemble de la trajec-
l’UTCATF à un puits net de 30,7 Mt éqCO2 contre 39 Mt toire fixée par la SNBC2. Il existe donc des enjeux
éqCO2 selon le scénario AMS de la SNBC2. Les puits de importants de mise en cohérence des inventaires d'émis-
l’inventaire représentent ainsi moins de 80 % de ceux sions et des trajectoires modélisées obligeant à redessiner
retenus par la SNBC2 (voir figure 3.4.4). la trajectoire vers la neutralité carbone144. L’UTCATF
20 5
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1
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40
Autres UTCATF
20 Terres cultivées
Zones artificialisées
0
Prairies
-20
Mt éqCO2
UTCATF
-40
Forêts
-60
-80
Lecture : trait plein indique le bilan net des déstockages (cultures, par exemple) et des stockages (forêt, prairies).
Source : Citepa, format Secten, traitement des données HCC.
97
suit une méthodologie particulière contrairement aux herbe (prairies permanentes), des haies, des prairies
autres secteurs de l’inventaire. Il n’est pas estimé sur la base arbustives et des bosquets, leur capacité nette de
de données d’activités, mais sur la base de surfaces d’utilisa- stockage n’atteint plus que la moitié de leur potentiel
tion des terres et les données consolidées du secteur des années 1990 (7,5 Mt éqCO2 en 2019 contre 13 Mt
UTCATF ne sont disponibles qu’après trois années. Des éqCO2 en 1990) suite à des conversions importantes
ajustements méthodologiques ont également régulièrement en terres cultivées. Ces terres cultivées, catégorie qui
lieu. Ces éléments expliquent l’importante différence pour comprend les prairies temporaires (prairies de cinq ans
l’UTCATF entre le scénario retenu dans les SNBC et ou moins), stockeraient au contraire davantage de
l’inventaire national. carbone du sol que par le passé.
Les sous-secteurs des forêts, des prairies et de l’artificia- • L’artificialisation des sols est une source croissante
lisation des sols sont responsables d’un stockage net de d’émission du secteur UTCATF : 11,7 Mt éqCO2
carbone plus faible qu’anticipé au moment de l’élabora- ont ainsi été libérées en 2019 en France contre 9,9 Mt
tion de la SNBC2 (voir figure 3.4.5) : éqCO2 en 1990153. Selon l’enquête Teruti, depuis
1982154, l’augmentation de la surface artificialisée en
• La diminution de la capacité de stockage de la forêt France est en moyenne de 57 600 hectares par an –
en est la cause première. Sa capacité de stockage soit un peu moins d’un millième du territoire. La
dépend à la fois de la surface couverte et de la croissance surface de sols artificialisés est passée de 2,9 millions
nette des peuplements, laquelle est déterminée par l’âge, d’hectares (Mha) à 5 Mha en France métropolitaine
les modes d’exploitation et les prélèvements de bois (+72 %) entre 1982 et 2018. Dans le même temps, la
effectués. Les récoltes de bois ont fortement augmenté population n’a crû que de 19 %155. En France, l’artifi-
depuis 2015 dans plusieurs pays européens comme la cialisation des sols représente 2,7 % des émissions
France145, à l’origine d’un déstockage de carbone146. Par nationales brutes en 2019. La poursuite des tendances
ailleurs le nombre et la fréquence des sécheresses, actuelles en matière d’artificialisation à l’horizon 2050
tempêtes voire incendies affectent directement les pourrait conduire à un déstockage cumulé équivalent à
conditions de vie des arbres ce qui est de ce fait 75 % des émissions annuelles de 2015156. L’artificialisa-
favorable au développement des insectes xylophages, tion n’est pas un phénomène équitablement réparti sur
notamment les scolytes147. En France métropolitaine, le territoire. La consommation des espaces naturels,
chaque année, le volume de bois mort s’élève à environ agricoles et forestiers – leur disparition – est plus forte
9 millions de mètres cubes (à comparer à 90 millions de dans les métropoles et aux abords des côtes. Enfin, la
m3 de bois produits chaque année)148. Les crises France apparaît proportionnellement plus artificialisée
sanitaires récentes liées aux conditions climatiques ont que ses voisins lorsque les surfaces artificialisées sont
aggravé cette mortalité forestière149. À titre illustratif, en rapportées aux populations des principaux États
2020, 3,3 millions de m3 de bois ont été déclassés dans membres de l’UE157.
la région Grand-Est150. Les dommages sont double-
ment pénalisants : pour les puits de carbone et pour À l’échelle mondiale, la déforestation importée ainsi que
l’usage du bois en bois d’œuvre. Cette tendance qui la dégradation des forêts mondiales sont à l’origine d’un
tend à expliquer une part de la dégradation des puits déstockage massif de carbone. L’Amazonie, le Cerrado, le
forestiers, reste encore peu visible dans les résultats bassin du Congo, la Malaisie et l’Indonésie sont les princi-
d’inventaire151. Or, elle est sans doute appelée à paux lieux de la déforestation.
augmenter (voir chapitre 4 sur l’adaptation et partie
3.4.3 ci-dessous) et peut remettre en cause une partie • L’Union européenne est le deuxième acteur mondial
des gains attendus d’un stockage de carbone dans de la déforestation importée. Elle contribue à 16 %
l’écosystème forestier national. En outre, la plus grande de la déforestation mondiale importée en 2017
forêt française, qui se situe en Guyane, est également (contre 10 % en 2004158). La Chine représente à elle
menacée. Elle est victime d’une dégradation (altéra- seule un quart de la déforestation mondiale importée,
tion des qualités de la forêt) et d’une déforestation l’Inde 9 % et les États-Unis 7 %. Les importations de
liée aux activités minières et à l’élevage. Elle subit aussi l’UE auraient conduit à déforester 9 millions d’hec-
les impacts dus à la sécheresse152. tares entre 1990 et 2008159 ou 3,5 Mha entre 2005 et
2017. Cela représente 1 807 millions de tonnes de
• Les prairies dont le potentiel de stockage a diminué CO2 sur cette période de 12 ans, soit 40 % des
jouent également un rôle. Composé des prairies en émissions annuelles de l’UE160. L’Allemagne, l’Italie,
99
Figure 3.4.6 – Rendements agricoles
en France du blé de 1961 à 2019 (en quintaux par hectare)
80
65
50
35
20
1961 1964 1967 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018
(comme le maïs) puisque le recours à l’irrigation est souvent aussi des risques plus élevés de rupture de la chaîne du froid
limité par des arrêtés préfectoraux visant à conserver les pour les produits alimentaires.
ressources en eau. De plus, les vagues de chaleur ont des
effets directs entraînant une baisse de production des De fait, la réalité de l’influence forte du changement
animaux d’élevage, voire une surmortalité en conditions de climatique sur l’agriculture est désormais reconnue par
canicule, particulièrement lorsque les bâtiments ne tous les acteurs176, et les nouvelles politiques publiques
permettent pas d’évacuer la chaleur, et lorsque la densité en cours d’élaboration tentent de proposer des outils
des animaux (volailles, porcins) et l’intensité de la produc- favorisant la diminution des émissions et/ou le stockage
tion (vaches laitières) s’accompagnent d’une chaleur de carbone, comme la gestion agronomique et écono-
métabolique importante. De fortes températures entraînent mique de l’adaptation de l'agriculture.
DE NOUVEAUX ÉLÉMENTS
344 DE POLITIQUES PUBLIQUES
La réforme de la Politique agricole commune à venir 3.4.4.1 - Une politique agricole commune 2023-2027,
(2023-2027) est le sujet phare de l’année en cours. À dont les déclinaisons nationales, en construction, doivent
l’échelle nationale, dans le cadre du Plan de relance prendre en compte les objectifs et les impacts climatiques
principalement mais pas uniquement, le gouvernement Aujourd’hui, la Politique agricole commune (PAC) repré-
français déploie des stratégies et des mesures visant à sente environ 40 % du budget européen, c’est donc l’une
transformer le modèle agricole. Les acteurs privés mobili- des plus importantes politiques communes de l’UE. La PAC
sés lors des États généraux de l’alimentation, et par la loi est divisée en deux piliers : le premier pilier, qui concentre plus
EGalim qui a suivi, ont élaboré des stratégies de filière des deux tiers du budget, concerne les aides directes aux agricul-
dont certaines commencent à prendre en compte le teurs ; le second pilier consacré au développement rural
changement climatique. comprend des aides spécifiques pour les zones à handicaps
101
Encadré Label bas-carbone
3.2 Le Label bas-carbone est opérationnel en France depuis septembre 2019. Il vise à guider des inves-
tissements vers des projets volontaires et locaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une fois labellisés, les projets génèrent des crédits carbone à hauteur du CO2 équivalent évité ou
séquestré. Ces crédits peuvent être vendus à des entreprises, des collectivités ou des citoyens volon-
taires. Ils rémunèrent les agriculteurs s’étant inscrits dans ces projets. Le label bas carbone fournit un
cadre de suivi compatible avec l’inventaire national, de notification et de vérification des réductions
d’émissions. Il apporte aussi une traçabilité des financements.
Des projets seront labellisés bas-carbone s’ils permettent d’aller au-delà de la réglementation et
des pratiques usuelles, soit au-delà de la situation de référence. Ils doivent se référer à une métho-
dologie approuvée au préalable par le ministère de la Transition écologique. Les réductions d’émis-
sions doivent faire l’objet d’une vérification par un tiers indépendant selon une méthodologie
approuvée par le MTE. À ce jour, 87 projets agricoles sont labellisés bas-carbone (dont ceux de l’asso-
ciation France Carbonagri qui porte une méthodologie pour les élevages), soit un nombre très faible
au regard du potentiel du label en termes de nombre d’exploitations agricoles susceptibles de
s’engager dans la transition bas carbone, de modèles économiques pour la valorisation des crédits
carbone générés et d’effets à long terme sur le bilan carbone des exploitations et des filières. La
réalisation de diagnostics carbone et la rédaction de plans d’actions pour des exploitants agricoles
nouvellement installés sont prévus de manière complémentaire par les « Bons Diagnostics Carbone »,
une mesure du plan de relance dont la méthodologie doit encore être précisée.
3.4.4.3 - Les nouvelles mesures gouvernementales 3. D’adopter des pratiques spécifiques dans l’élevage
Le rapport annuel 2020 du Haut conseil pour le climat pour réduire les émissions de CH4 tout en accompa-
formulait plusieurs propositions d’actions afin de gnant la valorisation énergétique.
mettre le secteur agricole sur la trajectoire de la neutrali-
té carbone. Il s’agissait : 4. D’intervenir par l’offre alimentaire et les contrats
de filières afin d’entraîner des changements de
1. De favoriser le stockage du carbone dans les sols consommation et de formulation des aliments dans
en ralentissant le retournement des prairies et le des objectifs environnementaux ou de santé publique.
drainage des zones humides, en favorisant l’agrofo- Le développement d’une filière française de protéines
resterie ainsi qu’en stockant le carbone dans les sols végétales répond à ces deux objectifs.
des grandes cultures grâce à l’adoption de pratiques
agroécologiques. Depuis la publication de ce rapport, plusieurs mesures ont
été prises ou sont en cours d’adoption par le gouverne-
2. De développer un plan protéines végétales ambi- ment même si les financements nationaux du secteur
tieux pour l’alimentation animale et humaine. Cette restent globalement faibles. En reprenant les quatre
proposition vise deux objectifs. D’une part, les propositions du rapport de 2020, il est possible de classer
cultures de légumineuses permettent de diminuer les les mesures gouvernementales :
apports en azote tout en augmentant le stockage du
carbone dans les sols. D’autres part, le développement • Dans le cadre de France Relance, le groupe de mesures
d’une filière française peut substituer par une produc- « Transition agricole » prévoit des aides à l’adaptation
tion nationale les importations de soja et ainsi contri- de la forêt au changement climatique. Ce groupe de
buer à la lutte contre la déforestation importée. mesures diverses est doté de 1,2 Mrd €. Cependant,
LACUNES
345 DES POLITIQUES PUBLIQUES
Les orientations de la SNBC recoupent les catégories de certaines sont formulées de manière différente. Cette
mesures gouvernementales analysées ci-dessus. Néanmoins évaluation est développée dans l’annexe 3.4.
103
Tableau 3.4 – Lacunes des politiques publiques
A1 : « Réduire les émissions directes et indirectes de N2O et CH4, en s’appuyant sur l'agroécologie
et l'agriculture de précision »
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
TENDANCES FRANÇAISES
351 ET EUROPÉENNES
Les émissions du secteur de la transformation d’énergie tifs 2019 et 2020 de la SNBC2 ont également été respectés,
représentent 42 Mt éqCO2 en 2019 et comptent pour 10 % avec des émissions inférieures de 8 et 13 Mt éqCO2 aux
des émissions totales de GES de la France. Ce secteur tranches indicatives sectorielles de la SNBC2. Les budgets
enregistre une baisse importante de ses émissions depuis carbone sectoriels de l’énergie sont néanmoins peu ambi-
1990 (-46 %), essentiellement concentrée sur la dernière tieux du fait d’une absence de discussion à propos du
décennie (voir figure 3.5.1). Le rythme de réduction annuel nucléaire et des renouvelables, la SNBC ne prenant pas
moyen des émissions s’élève à 4,9 % par an sur la période parti. À l’image des autres budgets carbone sectoriels qui
2011-2019, contre 0,6 % par an sur 1990-2010. Les traduisent la vision d’une transition, le secteur de l’énergie
émissions du secteur de la transformation d’énergie doit développer une stratégie de décarbonation claire lors
poursuivent leur baisse en 2019 (-5,6 %). Différents facteurs de la prochaine révision de la SNBC.
ont contribué à la baisse enregistrée sur la dernière décennie :
l’action des mesures d’efficacité énergétique, notamment En 2020, les émissions de GES du secteur électrique
liées à la réglementation thermique 2012, et le rôle accru des poursuivent leur tendance baissière et diminuent de
énergies renouvelables dans le mix énergétique. La chute près de 10 % par rapport à 2019, selon les estimations
exceptionnelle des émissions en 2014 s’explique par une année provisoires du Citepa. Cette diminution résulte en
parmi les plus chaudes enregistrées en France selon Météo partie de la baisse de la demande durant la crise du
France. Corrigée des variations météorologiques, la consom- COVID19, ainsi que par un moindre recours aux
mation électrique est néanmoins restée relativement stable. énergies fossiles (charbon, gaz, fioul). Si les diverses
mesures sanitaires ont entrainé une baisse des besoins en
La production d’électricité compte pour 47 % des électricité187, la diminution des émissions de gaz à effet de
émissions en 2019, ce qui en fait le principal contribu- serre de la production électrique a pour explication la
teur en termes d’émissions du secteur. Viennent ensuite réduction de la sollicitation des centrales à charbon, fioul et
le sous-secteur du raffinage du pétrole qui correspond à 21 % gaz dont la production est en retrait de 10,6 % sur une
des émissions de 2019, puis celui des réseaux de chaleur année. Selon le bilan électrique de RTE188, la génération
urbains (9 % des émissions). Les 23 % restantes sont d’électricité à partir du gaz, qui représente la grande majori-
majoritairement dues aux incinérateurs d’ordures ména- té de production thermique fossile, a diminué de 10,4 %
gères dont l’énergie finale est récupérée afin d’être transfor- sur 2020 par rapport à 2019 (-4 TWh). La production
mée en chaleur ou en l’électricité et, pour une part d’électricité à partir de charbon et de fioul a diminué
moindre, au procédé d’extraction et de distribution des respectivement de 12,7 % et de 13,3 % en 2020. En termes
combustibles fossiles. d’émissions, un quart de la baisse des émissions de la
production d’électricité en 2020 s’explique par la diminu-
Le secteur de la transformation d’énergie respecte les tion de la consommation de charbon. RTE n’anticipe pas
budgets carbone sectoriels assignés par la SNBC, princi- une baisse de la consommation de charbon en 2021, mais
palement du fait d’un manque d’ambition de celle-ci. Il cette activité a vocation à cesser en 2022 avec les fermetures
s’agit du seul secteur dont les émissions réalisées sont des dernières centrales fonctionnant au charbon (voir
significativement inférieures aux budgets carbone sectoriels encadre 3.3). Une exception a été néanmoins formulée par
(voir figure 3.5.1 et chapitre 1.2). Sur la période du premier le gouvernement en 2020 pour prolonger l’activité de la
budget carbone, les émissions cumulées sur 2015-2018 centrale de Cordemais, autorisée à produire de l’électricité à
sont inférieures à l’objectif fixé par la SNBC1 de 25 Mt partir de charbon à hauteur de 10 % de ses capacités
éqCO2. Sur la période du second budget carbone, les objec- originelles.
105
Figure 3.5.1 Évolution des émissions du secteur de l’énergie en France depuis 1990
et plafond d’émissions prévus par la SNBC
90
80
Industrie de l'énergie (total)
70
Budget SNBC1
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Mt éqCO2
50
Plafonds annuels indicatifs SNBC2
40
SNBC2
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20
20
20
20
20
Source : Citepa, format Secten
3.3 La loi énergie climat du 8 novembre 2019 prévoit l’arrêt de la production d’électricité à partir du
charbon d’ici 2022. Les cinq centrales à charbon françaises sont réparties sur quatre sites distincts
appartenant à deux groupes (EDF et Uniper). Leur usage est largement limité aux pics hivernaux. Elles
représentent 1,8 % de la production d’électricité mais 31 % des émissions du secteur, soit un peu
moins de 2 % des émissions nationales. La sortie du charbon pour la France n’est pas un enjeu central
mais reste important d’un point de vue symbolique, en particulier vis-à-vis des pays où l’usage du
charbon est bien plus important.
Afin d’assurer la reconversion des salariés dont l’emploi est détruit, le gouvernement a prévu des
mesures d’accompagnement détaillées dans l’ordonnance n°2020-921 publiée au Journal officiel
a (ADEME (2019). Carpène L., Martinez N., Weber-Haddad V., Marchés et emplois liés aux filières EnR&R dans les
territoires impactés par la fermeture d’une centrale à charbon https://www.ademe.fr/sites/default/files/as-
sets/documents/marches-emplois-enr-fermeture-centrales-charbon-2019-synthese.pdf et ADEME, IN NUMERI
(2018).Marchés et emplois dans le domaine des énergies renouvelables, Situation 2014-2016.
https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/marches-emplois-secteur-enr-recuperation-2019.pdf
b https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000042169426/
c Décret n° 2021-297 du 18 mars 2021 relatif aux conditions d’application de l’ordonnance n° 2020-921 du 29 juillet
2020 portant diverses mesures d’accompagnement des salariés dans le cadre de la fermeture des centrales à
charbon, NOR : TRAT2100611D, JORF n°0068 du 20 mars 2021,
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2021/3/18/TRAT2100611D/jo/texte
Le développement du nucléaire dans les années 1990 celui du charbon à 1 000 g éqCO2/kWh191, ce change-
puis celui des énergies renouvelables à partir de 2005 ment de vecteur a participé activement à la diminu-
ont contribué à la réduction du contenu carbone de tion des émissions territoriales de GES. Le recours au
l’énergie consommée189 (voir graphique 3.5.2). Au-delà gaz contribue au cumul des émissions de CO2. Il devra
de la sortie du charbon, la décarbonation du secteur de être substitué par des sources d’énergies bas carbone
l’énergie implique de substituer le gaz par les énergies pour respecter l’objectif de neutralité carbone que la
bas carbone. Le changement de vecteur énergétique ne France s’est fixé.
doit pas conduire à des investissements dans de
nouvelles centrales fossiles comme le remplacement des • À partir de 2005, les énergies renouvelables
centrales charbon par de nouvelles centrales gaz qui deviennent un moteur de la réduction du contenu
aboutiraient à des effets de verrouillage sociotechnique. carbone de l’énergie. Le retour du bois-énergie et
l’essor de nouvelles sources de production d’énergie,
• Jusqu’au milieu des années 2000, la baisse du avec principalement les biocarburants, les pompes à
contenu carbone des émissions du secteur énergie chaleur et l’éolien, sont les principaux facteurs
est principalement due à la hausse de la production expliquant la baisse observée du contenu carbone.
de nucléaire, avec plusieurs réacteurs additionnels
mis en service. Dans le secteur de l’énergie, la France a des émissions
par habitant nettement inférieures à la moyenne de
• Depuis 1990, le gaz s’est progressivement substitué l’UE, et la baisse de ses émissions depuis 1990 se situe
au charbon ou aux produits pétroliers utilisés dans au-dessus de la moyenne européenne (voir graphique
certains secteurs comme l’industrie, le résidentiel 3.5.3). À l’échelle européenne, le rebond suite à la crise de
ou la production d’électricité. De 29,4 TWh en 2008-2009 demeure une exception dans une tendance
1990, la production d’électricité à partir du charbon a globalement baissière des émissions des pays membres qui
tendanciellement baissé pour ne représenter que débute en 2006. Cette réduction est structurelle mais reste
1,4 TWh en 2020. Celle du gaz est passée de 2,8 TWh insuffisamment planifiée à l’échelle européenne pour
à 34,5 TWh sur la même période190. Le facteur permettre une décarbonation totale et se conformer au
d’émission du gaz étant estimé à 400 g éqCO2/kWh et rehaussement des objectifs de la Commission européenne
107
Figure 3.5.2 – Décomposition du contenu CO2
de l’énergie primaire en France depuis 1990
105
100
95
90
85
80
75
70
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
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06
07
08
09
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
19
19
19
19
19
19
19
19
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20
20
20
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20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Contenu carbone de l'énergie primaire fossile Contribution du nucléaire
Contenu carbone de l'énergie primaire totale Contribution des énergies renouvelables
(voir chapitre 2). La France a un niveau d’émissions par source d’énergie primaire et largement utilisé dans les
habitant nettement en-dessous de la moyenne européenne années 1980 y a presque disparu même si les centrales à
grâce à sa forte composante en énergie nucléaire. La baisse charbon servent, à ce jour, à stabiliser le réseau électrique.
de ses émissions depuis 1990 (-41 %) se situe au-dessus
dans la moyenne européenne (-32 %). Le Royaume-Uni est Depuis la déclaration conjointe entre MM. Trump et
le pays qui a le plus décarboné ce secteur (-60 %), du fait Juncker du 25 juillet 2018193, les importations de gaz sous
d’un large plan de déploiement d’énergie décarbonée, forme de gaz naturel liquéfié (GNL) par méthanier, dont
éolien offshore en tête, à la suite de politiques climatiques ceux issus des schistes d’Amérique du Nord, augmentent
complétant les effets du SEQE192. Le charbon comme en France comme en Europe, ce qui accroît l’empreinte
Figure 3.5.3 Émissions du secteur énergétique en Europe depuis 1990 (en Mt éqCO2)
600
500
400
300
200
100
0
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2016 2017 2018 2019
France UE
Source : BP Statistical Review of World Energy, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020.
carbone. La première importation européenne de gaz énergétique : la production indigène de gaz de l’Union a
naturel liquéfié des États-Unis s’est faite en 2016 avant de diminué significativement (39 % entre 2007 et 2017196) et
s’accélérer significativement à la suite de la déclaration l’élimination progressive des centrales au charbon dans l’UE
conjointe entre les États-Unis et l’Union européenne de s’accélère. Pour y faire face, elle cofinance ou s’est engagée à
juillet 2018194. Les importations de GNL en provenance cofinancer des projets d’infrastructure de GNL, d’une valeur
des États-Unis sont ainsi passées de 0,2 Mrd m3 en 2016 à globale supérieure à 638 millions d’euros197. Ainsi, selon
18,3 Mrd m3 en 2019 à l’échelle de l’Union européenne et l’Agence internationale de l’énergie, les importations de gaz
du Royaume-Uni, et de 0,5 Mrd m3 en 2018 à 3,1 Mrd m3 fossile vers l’Europe pourraient augmenter à mesure que la
en 2019 en France (voir figure 3.5.4)195. Ces importations production régionale diminuera, prolongeant la tendance
demeurent toutefois minoritaires. Elles représentent près de observée à partir de 2014198. Or si le gaz est moins polluant
14 % des importations de GNL en France et 17 % de ceux que les autres énergies fossiles, investir dans des terminaux
de l’UE et du Royaume-Uni en 2019. Rapportées à la pourrait ne pas inciter à suffisamment décarboner le secteur
consommation totale de gaz, elles ne correspondent plus voire conduire à des coûts échoués pour un montant de 87 Mrd €
qu’à 7 % pour la France et 4 % pour l’UE-28. dont 53 Mrd € rien que pour les gazoducs planifiés199. La
production de gaz de roche mère pourrait en outre contribuer
Le gaz fossile, liquéfié ou non, ne peut pas être considéré à la hausse des émissions, principalement à travers les
comme une solution bas carbone. De plus, le développe- émissions fugitives, aboutissant à une hausse de l’empreinte
ment de terminaux méthaniers peut conduire à des effets carbone de la France et réduisant significativement les
de verrouillage. Deuxième consommateur de gaz à l’échelle avantages attendus de la substitution du charbon par du gaz,
mondiale, l’Union européenne fait face au défi de sa sécurité ou du simple usage du gaz importé par gazoduc.
POLITIQUES
352 ET MESURES PRISES EN 2020
Le secteur de la transformation d’énergie fait d’une part • Les objectifs pour le secteur de la transformation
l’objet d’une politique dédiée, la Programmation plurian- d’énergie ont été fixés par la loi de transition énergé-
nuelle de l’énergie (PPE), et d’autre part est assujetti au tique pour la croissance verte, modifiée par la loi
marché carbone européen (SEQE) qui, par son signal-prix, énergie climat de 2019, et sont déclinés par décret
doit mener à la décarbonation du secteur. dans le cadre des PPE. Quatre grands objectifs sont
109
fixés dans la loi : une part de 23 % en énergies renouve- • La loi de finance 2020 augmente le soutien budgé-
lables dans la consommation finale brute d’énergie en taire aux énergies renouvelables201, passant de 4,5 Mrd €
2020 (laquelle correspond à la consommation des seuls en 2015 à 7 Mrd € en 2020. 7,4 Mrd € sont attendus
utilisateurs finals, en excluant la transformation, le en 2021202. Si le déploiement de moyens supplémen-
transport, la distribution et le stockage d’énergie) ; une taires est à saluer, ces montants restent inférieurs aux
part de 33 % au moins d’ici 2030, avec une déclinaison montants d’investissement nécessaires au respect de la
de cet objectif par vecteur énergétique (électricité, SNBC identifiés par I4CE. Le retard est évalué pour les
chaleur et froid, carburants) ; la multiplication par cinq énergies renouvelables électriques à 1,8 Mrd € pour
de la quantité de chaleur et de froid d’origine renouve- 2020 et 620 M € pour 2021203. En outre, ces montants
lable dans les réseaux de chaleur à l’horizon 2030 ; ne font réduire les émissions que s’ils viennent en substi-
l’atteinte en 2035 de 50 % de production électrique tution aux énergies fossiles via la production de chaleur
d’origine nucléaire (contre 67,1 % en 2020200). renouvelable, l’efficacité énergétique et la sobriété. Le
déploiement des énergies renouvelables permet aussi
• Ce secteur est également encadré à l’échelle d’augmenter la production d’électricité bas-carbone
européenne. L’Union européenne s’est fixé des objec- totale disponible pour alimenter les autres secteurs, sauf
tifs de développement des énergies renouvelables et lorsqu’il remplace la production nucléaire.
d’efficacité énergétique dans le cadre du Paquet
énergie-climat adopté en 2008. Les premiers sont • Dans le cadre du projet de loi climat et résilience, dans
déclinés au niveau des États membres (voir encadré 2.4 sa version déposée par le gouvernement en février 2021,
du chapitre 2). Concernant la réduction des émissions l’article 22 doit permettre la déclinaison de la PPE en
de gaz à effet de serre, l’Union européenne dispose fixant des objectifs régionaux de développement des
d'un marché carbone commun à toute la zone (SEQE), énergies renouvelable, après concertation avec les
couvrant notamment la production d’électricité. régions concernées. Les régions devront par la suite réviser
leur SRADDET pour les mettre en compatibilité avec les
Peu de mesures récentes se rapportent au secteur de la objectifs régionaux décidés. La production d’énergie
transformation d’énergie. Deux d’entre elles peuvent décentralisée a pour effet d’agir sur l’efficacité énergétique
néanmoins être citées : en limitant les pertes dues aux transports. Elle permet en
outre de structurer un bouquet d’options énergétiques
garantissant davantage de résilience aux territoires.
3.4 La SNBC définit la sobriété comme une « réduction de la consommation d’énergie par des change-
ments d’ordre comportemental ». Or la sobriété énergétique doit également viser à réduire les
consommations d’énergie par des changements d’organisation collective qui facilitent les change-
ments de comportement.
Une société engagée dans la sobriété énergétique modifie ses normes sociales, ses besoins indivi-
duels, et ses dispositifs collectifs au profit d’une réduction volontaire et organisée des consomma-
tions – et donc de la production – d’énergie204. Cette notion doit être déployée dans chacun des
secteurs. De plus, l’optimisation de la réduction des impacts implique de commencer par réduire les
besoins, avant même les questions d’efficacité ou de substitution des vecteurs énergétiques.
La sobriété permet de lutter contre des effets rebond. Par exemple, les progrès réalisés grâce à l’effica-
cité unitaire de nos appareils peuvent être annulés par une augmentation plus rapide des usages205.
Avant de penser à l’efficacité ou au déploiement des énergies renouvelables, il est nécessaire de réfléchir en
premier lieu aux besoins énergétiques, aux usages de l’énergie par la société. Puis, pour gagner en
efficacité, il faut « remonter » la chaîne de transformation énergétique et s’intéresser aux meilleurs
moyens de transformation de l’énergie afin de prévenir le maximum de pertes ou des émissions diffuses.
E3 : Préciser les options pour mieux éclairer les choix structurants de long terme, notamment le
devenir des réseaux de gaz et de chaleur
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
Encadré L’hydrogène
3.5 Le développement d’une filière hydrogène bas carbone est perçue par les décideurs publics et privés
comme une piste permettant d’atteindre la neutralité carbone. L’hydrogène est un vecteur énergétique
et non une source d’énergie. Comme l’électricité, il peut potentiellement permettre de décarboner les
usages s’il est produit avec peu d’émissions de gaz à effet de serre. Or sa production est à ce jour forte-
ment carbonée : dans le monde, elle est effectuée à 95 % à base de combustibles fossiles (reformage du
méthane, gazéification du charbon, etc.). Il présente néanmoins des caractéristiques différentes de
l’électricité : il est stockable et sa densité énergétique offre des caractéristiques intéressantes.
La France comme l’Union européenne mettent en place des plans pour faire émerger une filière hydro-
gène. La stratégie française pour le développement de l’hydrogène présentée en septembre 2020206,
pilotée par le Conseil national de l’hydrogène depuis 2021, s’inscrit dans la continuité du plan hydrogène
de 2018207. Elle mobilise 7,2 Mrd € pour déployer 6,5 GW de capacité de production d’hydrogène bas
carbone à 2030. Ces fonds doivent contribuer à décarboner l’industrie, à développer des mobilités lourdes
à l’hydrogène et à soutenir la recherche et la formation. Ils pourraient conduire à un gain d’environ 3 Mt
éqCO2 pour l’industrie à horizon 2030 selon une étude du BCG208. Le plan français de 2020 participe à une
dynamique européenne de développement de l’hydrogène. La Commission européenne a en effet publié
sa stratégie pour l’essor de la filière en juillet 2020209. Elle vise, d’ici 2024, à installer 6 GW d’électrolyseurs
pour produire un million de tonnes d’hydrogène par an. À 2030, il s’agira de produire 10 Mt d’hydrogène à
partir de deux fois 40 GW d’électrolyseurs installés respectivement au sein de l’UE et en-dehors de la zone.
La Commission européenne estime que les investissements cumulés dans les capacités de produc-
tion d’hydrogène renouvelable en Europe pourraient se situer entre 180 et 470 Mrd € d’ici 2050210.
D’autres États-membres élaborent ou disposent déjà d’une stratégie hydrogène. La France est le
pays qui attend le plus de production d’hydrogène par milliard d’euros dépensés. Il est pertinent de
111
s’interroger sur la correcte évaluation de l’ambition au regard des moyens envisagés. En outre, une
vigilance s’impose : si les électrolyseurs sont reliés au réseau électrique, l’hydrogène ne sera pas plus
décarboné que l’électricité du réseau. De plus, si les électrolyseurs sont uniquement connectés à des
énergies renouvelables, les capacités prévues pourraient être alors sous-dimensionnées.
Pays-Bas 3,5 - -
Allemagne 5 9 1,8
Italie 5 10 2,0
Autriche 1,5 - -
Lecture : les pays surlignés sont en cours d’élaboration de leur stratégie hydrogène.
Source : https://www.hydrogeneurope.eu/wp-content/uploads/2021/04/Clean-Hydrogen-Monitor-2020.pdf
• Les usages énergétiques directs de l’hydrogène comme les piles à combustible pour la mobilité
ou la production de chaleur.
Ces deux derniers usages peuvent être substitués avec d’autres vecteurs énergétiques décarbonés.
La filière hydrogène fait face à de nombreux défis. Ceux-ci sont d’ordre économique – compétitivité de
la filière par rapport aux énergies fossiles et aux autres solutions bas carbone, le prix de la tonne de CO2
étant déterminant211 –, de durabilité – adéquation de la filière avec les capacités d’un système énergé-
tique bas carbone et enjeux de standardisation –, techniques – planification et déploiement d’une
infrastructure de distribution et de stockage demandant un acier spécial pour éviter les fuites, évolutions
technologiques pour certains usages, mise à l’échelle, prise en compte des dépenses énergétiques spéci-
fiques pour le stockage et la distribution – ou politiques – contribution à l’indépendance énergétique de
la France ou, plus largement de l’UE, effet sur l’emploi, avantage coût/bénéfice du soutien public.
Les stratégies déployées demeurent des moyens pour soutenir la filière qui n’interrogent pas le rôle de
l’hydrogène dans un système décarboné en 2050. Il est important de développer la filière hydrogène en
même temps que la décarbonation de la production électrique afin que les infrastructures ne soient pas
rentables avec de l’hydrogène carboné. Pour atteindre le plein bénéfice sur la baisse des émissions, le
En outre, il faut être vigilant à ne pas développer les usages de l’hydrogène à un rythme supérieur à la
décarbonation des autres secteurs ou à la disponibilité en hydrogène décarboné. Le déploiement de
l’hydrogène à base d’électrolyse nécessite une infrastructure complexe optimisant l’adéquation offre/de-
mande et comprenant des capacités de production alimentées par des énergies décarbonée, un réseau
de transport et de distribution connectant les capacités de production aux sites d’utilisation et un ensemble
de moyens de stockage variées mis en réseau. À cet égard, il paraît judicieux de s’interroger sur la produc-
tion locale d’hydrogène intégrée à des circuits courts, plutôt que sur un mode de production centralisée.
L’angle infrastructure de la stratégie hydrogène paraît à ce jour insuffisamment pris en compte, notam-
ment la vitesse de construction de nouvelles capacités de génération électrique bas carbone.
Enfin, il paraît important d’évaluer, à partir d’analyses en cycle de vie, les émissions induites par :
MESSAGES CLÉS
• Le secteur de la transformation d’énergie a fortement réduit ses • Les budgets carbone ont jusqu’ici peu structuré la décarbona-
émissions nationales depuis 1990 et en particulier sur la dernière tion du secteur de la transformation d’énergie car ils
décennie, lui permettant de ne pas dépasser ses budgets carbone impliquent des rythmes de baisse inférieurs au rythme observé.
depuis 2015. La baisse en émissions provient d’une dynamique Plusieurs options sont disponibles pour décarboner le secteur
de substitution du charbon par l’énergie nucléaire, le gaz, et plus au-delà de sa trajectoire indicative SNBC.
récemment par les énergies renouvelables. Ce secteur manque
néanmoins d’une stratégie claire à l’horizon 2050. • Les orientations de la stratégie nationale bas-carbone sont
engagées mais ne permettent pas de garantir l’atteinte des
• La France se situe mieux que la moyenne européenne en objectifs climatiques, avec un manque d’ambition au niveau
matière de réduction des émissions de ce secteur, et ses du déploiement des énergies renouvelables et de vision straté-
émissions sont plus basses que celles de ses voisins européens. gique pouvant orienter les investissements.
• La sollicitation croissante de gaz importé sous forme de gaz • La sobriété n’est pas assez mobilisée par les pouvoirs publics
naturel liquéfié (GNL), en particulier ceux issus des schistes bien qu’elle permette d’éviter les effets rebond et diminue les
d’Amérique du Nord, pourrait annuler plus ou moins coûts des acteurs économiques.
largement la baisse en émissions engagée dans ce secteur.
113
1 RECOMMANDATIONS
CHAPITRE 3
INDUSTRIE
Pérenniser les aides de France relance à destination d’innovations sectorielles ou d’inno-
vations pouvant bénéficier à la plupart des sous-secteurs de l’industrie. Ces innovations
doivent toutefois faire l’objet d’analyse en cycle de vie pour correctement en percevoir
1 les gains et les en terme de bénéfice de réduction des gaz à effet de serre.
Finaliser les plans de transition des filières et les décliner au sein des secteurs avec l’engage-
2 ment des entreprises.
AGRICULTURE
Conserver et accroître les stocks de carbone dans les sols agricoles et forestiers, et dans
la biomasse. Pour cela, il faut inciter fortement à l’adoption de pratiques agroécologiques
stockant du carbone dans les exploitations de grandes cultures et au ralentissement du
1 retournement des prairies.
Accélérer la baisse des émissions de méthane (CH4) de l’élevage, par des pratiques de
4 gestion des troupeaux comme par la récupération des déjections animales.
Intégrer les enjeux climatiques dans les instruments des politiques alimentaires
(Programme national de l’alimentation et de la nutrition, approvisionnements en restau-
7 ration collective).
ÉNERGIE
Développer une vision d’ensemble pour la décarbonation complète du secteur, en
particulier concernant la sortie du gaz et la production de chaleur décarbonée permettant
1 d’informer les investissements publics et privés.
Assurer la sortie du charbon pour 2022 dans un contexte de transition juste, rehausser
les financements des énergies renouvelables pour atteindre les objectifs européens tout
2 en poursuivant les mesures de simplifications administratives.
Procéder à des évaluations des capacités et de l’opportunité des nouveaux vecteurs énergé-
tiques comme l’hydrogène décarboné en les inscrivant dans une vision plus globale du
5 système énergétique.
115
4
ADAPTATION : ANTICIPER ET RÉPONDRE
AUX IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Le climat change et cette évolution est très rapide. Les pour lesquelles au moins trois risques climatiques étaient
« événements rares » des années 1950 deviennent « normaux », identifiés, suivies par l’Île-de-France.
les « événements extrêmes » de cette époque rejoignent la
catégorie des « événements rares » et ce qui était impossible il Dans un climat qui change, la gestion des crises qui se
y a soixante-dix ans ne l’est plus. succèdent ne peut se réduire à des réponses ponctuelles,
essentiellement réactives. Il est nécessaire d’adopter une
Certes, les sociétés humaines ont déjà fait face par le passé à la logique préventive et d'utiliser les connaissances sur le change-
variabilité naturelle du climat, souvent au prix de lourdes pertes ment climatique attendu au cours des prochaines décennies
humaines et économiques. Toutefois, l'ampleur et la vitesse pour anticiper et se préparer. C’est le but de l’adaptation.
des évolutions actuelles sont inédites, en rupture par rapport
à ce qu’a connu la Terre au cours des derniers millénaires. Introduite dans le rapport du GIEC en 2001, l’adaptation
a d’abord été envisagée comme une réponse palliative à
En 2015, l’ONERC213 établissait que 62 % de la popula- l’échec de l’atténuation, en lien avec la vulnérabilité, et
tion française était déjà exposée de manière forte ou très largement réduite à une liste de mesures techniques. En
forte aux risques climatiques, tandis que la comparaison 2014215, le 5e rapport du GIEC introduit une approche
des indicateurs d’exposition214 entre 2006 et 2015 dynamique et systémique216. D’ajustement ponctuel à
montre une augmentation constante du nombre de finalité essentiellement protectrice, l’adaptation devient
communes fortement exposées. Les territoires ultramarins transformationnelle et proactive. Cette vision ouvre la
subissent une exposition forte sur plus de 90 % de leurs voie à des changements structurels à engager rapide-
communes. Dans l’Hexagone, les régions PACA et Bretagne ment217 pour répondre aux impacts en cours et futurs du
sont les plus exposées avec un nombre élevé de communes changement climatique d’origine anthropique.
LES IMPACTS
41 DU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN FRANCE
L’évolution des principales variables climatiques peut être évaluée Le changement climatique est déjà observable. La hausse
à la fois dans leur comportement moyen et dans leurs valeurs des températures moyennes en France atteint 1,7°C depuis
extrêmes. Les études sur la détection et l’attribution des changements 1900, avec une accentuation sensible du réchauffement au
climatiques, des événements extrêmes et de leurs conséquences, cours des trois dernières décennies.
permettent de déterminer si l’évolution statistique d’un type d’événe-
ment (probabilité d’observer des vagues de chaleurs, des épisodes de Selon les régions, l’évolution des variables climatiques est plus
froid, des pluies intenses, etc.) est liée à la seule variabilité naturelle du ou moins accentuée. Les études montrent également un lien
climat ou au changement d’origine anthropique. Il est également entre certains extrêmes et le changement d’origine anthropique.
possible de simuler les évolutions du climat à différents horizons Ainsi, dans le climat actuel, la vague de chaleur de septembre
temporels en fonction des scenarii d’émissions (cf. annexe 4.1 2020 a une durée de retour de l’ordre de 12 ans, alors que dans
Événements extrêmes et changement climatique). un climat non modifié, elle aurait été de l’ordre de 150 ans (soit
Encadré Les effets complexes du réchauffement climatique sur les précipitations en Francea
4.1 À l’échelle planétaire, les projections sur les prochaines décennies montrent une hausse des précipitations
dans les régions déjà humides, telles que la zone équatoriale ou l’Europe du Nord. Au contraire, les précipi-
tations diminuent dans les régions les plus arides, telles que les déserts tropicaux ou le bassin méditerra-
néen. D’importantes disparités peuvent toutefois apparaître, liées notamment à la présence de relief.
Sur l’Europe de l’Ouest, les projections montrent bien un contraste entre le Nord où les précipitations augmen-
tent et le Sud qui s’assèche. La localisation de la limite entre ces deux zones varie cependant d’un modèle à
l’autre, induisant de larges incertitudes dans la bande de latitudes où se situe la France. Même à l’horizon 2100,
et quel que soit le scénario d’émissions et donc le niveau de réchauffementconsidéré, les projections clima-
tiques ne s’accordent pas sur le signe du changement des précipitations moyennes annuelles en France.
À l’échelle des saisons, certains éléments semblent tout de même se dégager, avec d’importantes réper-
cussions sur l’ensemble du cycle de l’eau. En hiver, la plupart des projections suggèrent une augmentation
des précipitations, marquée notamment sur le Nord-Est du pays, et qui devrait conduire à une hausse des
débits hivernaux. À l’inverse, on s’attend à une baisse quasi systématique des précipitations en été. Cette
baisse s’ajoute à un autre phénomène qui, lui, fait consensus au sein des modèles : l’augmentation de
l’évapo-transpiration sous l’effet du réchauffement. Ainsi, il faudra dans tous les cas se préparer, d’une
part, à des périodes d’étiages marqués et, d’autre part, à une intensification des sécheresses. Celles-ci
pourraient être particulièrement sévères sur la moitié sud de la France. En montagne, les modifications de
la couverture neigeuse vont avoir des conséquences sur les cours d’eau. De décembre à mars, le réchauf-
fement se traduit par moins de neige et plus de pluie, menant à une augmentation des débits. De mars à
juin, la diminution du stock nival conduit à une baisse du pic de fonte. De juillet à octobre, comme sur le
reste du territoire, la baisse des précipitations cumulée au réchauffement entraîne une baisse des étiages.
Les projections soulignent aussi une accentuation des extrêmes. On constate déjà une augmentation
de l’intensité et de la fréquence des événements pluvieux extrêmes sur le pourtour méditerranéen au
cours des dernières décennies. Les projections confirment des tendances plutôt à la hausse, mais qui
sont entachées de larges incertitudes, que les chercheurs travaillent actuellement à réduire.
117
TEMPÉRATURES MOYENNES PAR SAISON
TEMPÉRATURES MOYENNES PAR SAISON
Le changement climatique est en marche. Le réchauffement des températures moyennes a progressé en toute saison, de façon
plus prononcée en été et dans certaines régions. Le phénomène se poursuivra à l’avenir avec une intensité qui dépendra du
réchauffement planétaire et donc des efforts d’atténuation. Les projections présentées correspondent à un scénario intermé-
diaire de réchauffement planétaire (2,6°C en fin de siècle) reflétant une action d’atténuation graduelle et impliquant des
besoins d’adaptation croissants.
-10°C -5°C 0°C 5°C 10°C 15°C 20°C 25°C 30°C +0,6°C Évolution moyenne de la température
globale par rapport à la période 1850 - 1900
Source : Météo-France, @Gaëlle Sutton : médiane d'un ensemble de 10 projections climatiques pour le scénario d’émissions RCP4.5 (10 combinaisons de projections globales CMIP5
et régionales) sélectionnés parmi l'ensemble Euro-Cordex et corrigées de leur biais par la méthode ADAMONT à partir de l'analyse de données d'observation SAFRAN sur la période
de référence 1976-2005.
Nombre de nuits
95 - 105
85 - 95
75 - 85
65 - 75
55 - 65
45 - 55
35 - 45
2041 - 2070 2071 - 2100
+2,2°C +2,6°C
25 - 35
15 - 25
5 - 15
0-5
+0,6°C
Source : Météo-France, @Gaëlle Sutton : médiane d'un ensemble de 10 projections climatiques pour le scénario d’émissions RCP4.5 (10 combinaisons de projections globales
CMIP5 et régionales) sélectionnés parmi l'ensemble Euro-Cordex et corrigées de leur biais par la méthode ADAMONT à partir de l'analyse de données d'observation SAFRAN sur
la période de référence 1976-2005.
119
Lorsque les émissions mondiales anthropiques de CO2 MESSAGES CLÉS
atteindront zéro net et que l’effet net des émissions • Les caractéristiques du climat actuel (tendances, événements
non-CO2 (autres gaz à effet de serre, aérosols) sera extrêmes ou à évolution lente) indiquent un changement par
diminué, le niveau de réchauffement se stabilisera, et rapport aux décennies passées, en rupture avec la plage de
avec lui, ses conséquences immédiates. D'ici là, c’est variabilité naturelle du climat.
l’augmentation du cumul des émissions anthropiques de
CO2 qui va piloter la poursuite de la hausse du niveau de • L'évolution future du climat, et donc des impacts, dépendra
de notre capacité à réduire les émissions de GES le plus rapide-
réchauffement et ses multiples conséquences directes.
ment possible.
LES IMPACTS
412 D’UN CLIMAT QUI CHANGE
L’analyse des risques climatiques demande de regarder les loppé dès les années 2000 pour rendre compte des interac-
évolutions dans la distribution des processus hydro-clima- tions systémiques entre santé humaine, santé animale et
tiques, qu’il s’agisse d’événements extrêmes à faible probabilité santé des écosystèmes.
d’occurrence, qui ont un potentiel de destruction majeur, ou
d’événements moyens ou faibles, mais dont la récurrence Au-delà des dimensions sanitaires, un climat qui change
entraîne, par cumul, des pertes massives. modifie les conditions de vie, les pratiques et les activités. En
2019, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) indiquait
Les évolutions climatiques doivent aussi être mises en que le réchauffement devrait se traduire par une augmentation
regard de l’occupation des sols. L’attractivité des littoraux du stress thermique au travail, nuisant à la productivité et cau-
ou de certaines vallées fluviales explique, par exemple, la sant des pertes économiques. Certains acteurs économiques,
forte exposition des habitations, infrastructures et entre- notamment les grands opérateurs de réseaux dits « critiques »
prises au risque de submersion et d’inondation. Ces (énergie, eau potable et assainissement, télécommunication,
implantations peuvent évoluer en quelques décennies, en transports) commencent à intégrer les impacts du climat qui
fonction des dynamiques démographiques ou économiques change à la fois sur leurs actifs et sur la continuité de leur activi-
(vieillissement de la population, mobilités résidentielles, té223. L’épisode caniculaire de 2019 a aussi entravé la tenue des
délocalisation/relocalisation/reconversion, etc.). examens et des concours, et la continuité de la scolarité. Le
risque d’inondation est également très préoccupant compte
Le réchauffement climatique aura des conséquences sur tenu du nombre d’établissements accueillant des enfants
les populations, par ses impacts sanitaires majeurs. (crèches, écoles, collèges) qui y sont exposés224. La pratique du
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’identifie sport, les loisirs, la consommation, etc. seront aussi affectés.
« comme le plus grand risque, et la plus grande opportunité
pour la santé publique du 21ème siècle »221. Extrêmes clima- Les conséquences d’un climat qui change se traduisent
tiques et stress thermiques ont des effets directs sur les orga- pour les surfaces terrestres par une dégradation en quan-
nismes vivants. La détérioration de la qualité de l’eau ou de tité et/ou en qualité des ressources en eau douce et en bio-
la valeur nutritionnelle d’un certain nombre de productions diversité. Les secteurs qui dépendent de ces ressources et,
agricoles auront potentiellement des impacts sur la santé. plus largement, des températures et des précipitations seront
Plus largement, un climat qui change agira sur les voies de particulièrement affectés : agriculture, élevage et sylviculture,
contaminations microbiennes, les maladies transmises par pêche et aquaculture, énergie, tourisme. Toutefois, c’est bien
les vecteurs ou les rongeurs, les allergies, les maladies infec- l’augmentation de la fréquence et/ou de l’intensité des
tieuses, la santé mentale222. Tous les êtres vivants sont extrêmes météorologiques et climatiques qui aura les consé-
concernés. Le concept « One health » a d’ailleurs été déve- quences les plus importantes sur ces mêmes activités225.
Lille
7 21
Cherbourg-en-
Cotentin
1 5
Amiens
7 22
Le Havre Rouen
3 11 5 17 Reims
Metz
8 25
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PARIS
in
S
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Brest Strasbourg
G
2 8 S ein
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S
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V
Rennes
5 18 Le Mans
6 23 Orléans Mulhouse
8 28 10 33
Angers
Loire 6 22 Tours Dijon Besançon
Nantes 7 25 9 32 11 32
5 20 Lo
ire
Poitiers
8 28 Saône
La Rochelle
5 19
OCÉ A N Limoges
re
10 33 Clermont-Ferrand Lyon L’I
sè
AT L A N T I QUE 11 34
P E S
10 36
Rhône
Grenoble
Bordeaux
10 37
A L
6 21
Rhône
Ga
ron
ne Nîmes
2 19 Avignon Var
Montpellier 3 24 Nice
P Y Toulouse 1 11 Aix-en- 0 5
R É Provence
N 6 24 Beziers CORSE
Pau É 3 23
8 23 E 1 11
S Marseille Toulon
1 14 1 9
Perpignan
0 7
MER
GUYANE Ajaccio
RÉUNION MÉDITERRANÉE 0 5
Cayenne
GUADELOUPE MARTINIQUE
Saint-Denis
Fort-de-France
Les Abymes
Cyclones
Feux de forêts
Cyclones : réduction de la saison cyclonique, augmentation des précipitations associées aux cyclones, ralentissement de la vitesse de déplace- Érosion côtière
ment des cyclones (plus d’impacts) pour les Antilles ; nombre de systèmes dépressionnaires intenses ou très intenses constants ou en hausse,
probable augmentation du maximum d’intensité cyclonique, augmentation des précipitations associées aux cyclones pour la Réunion. Submersions marine
Baisse de l’enneigement : baisse du nombre de jours où la neige est > 50cm. Baisse de l’enneigement
Jours de bas débit : Augmentation du nombre de jour de bas débit : utilisation de la chaîne de modélisation SIM2 sur les données de projec-
(nombre de jour > 50cm)
tions climatiques atmosphériques ci-dessus (avec l'ensemble de modèles DRIAS 2020, sur le RCP4.5). Cet indicateur correspond au « nombre
de jours de bas débit » calculé après avoir isolé une période d'un mois de bas débit et simulé l'évolution du nombre de jours par an où le débit Augmentation du nombre de jour
est en dessous de ce seuil dans le futur. Une augmentation de ce nombre de jours signifie un allongement de la période d'étiage.
de bas débit en ville
Vagues de chaleur : périodes où la température maximale est supérieure de plus 5° degrés à la normale (1976/2005) pendant 5 jours
consécutifs
Extension vers le nord
des conditions propices aux incendies
Source : Météo-France : médiane d'un ensemble de 10 projections climatiques pour le scénario d’émissions RCP4.5 (10 combinaisons de
projections globales CMIP5 et régionales) sélectionnés parmi l'ensemble Euro-Cordex et corrigées de leur biais par la méthode ADA- réf 1976 - 2005 2041 - 2070 h2
MONT à partir de l'analyse de données d'observation SAFRAN sur la période de référence 1976-2005.
Pour ce paramètre températures moyenne annuelles), les plages d'incertitudes sont (médiane, Q5, Q95): Vagues de chaleur (nombre de j. où
2041-2070 : 12,3 [7,79 - 23,32] la température max. est supérieure de 5°C
à la normale, pendant 5 j. consécutifs)
2071 - 2100 : 13,85 [9,25 - 26,63]
Données érosion côtière : GéoLittoral/ CEREMA 121
http://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/indicateur-national-de-l-erosion-cotiere-r473.html
CONDITIONS PROPICES AUX FEUX DE FORÊT
Le risque de feux de forêt dépend de nombreux facteurs météorologiques et humains. De façon certaine, le réchauffement clima-
tique assèche la végétation ce qui favorise les départs de feu et augmente le combustible disponible une fois l’incendie déclaré. À
l’avenir, le nombre de jours propices aux feux de forêts devrait augmenter, sur une période plus longue, et affecter des surfaces plus
larges, s’étendant vers le nord. Les dommages se comptent alors en biens matériels détruits, en pertes d’activité économiqueet de
loisirs mais aussi en pertes de biodiversité et, parfois, en vies humaines. Les nouvelles conditions climatiques questionnent également
la résilience des écosystèmes après des incendies majeurs et donc l’évolution du puit de carbone forestier.
Horizon de référence
(≈1970) (≈2035)
Indice > 20
Nombre de jours
160 - 200
120 - 160
80 - 120
40 - 80
1 - 40
(≈2055) (≈2085)
Source : Météo-France : scénario A1B, modèle CNRM ARPEGE-V4.6. L'indice feu météo (IFM) est calculé à partir des données météorologiques de température, humidité de
l'air, vitesse du vent et précipitations.
Attention, selon les données du GIEC, en comparant les valeurs des SPM du AR4 et du AR5 rapportées sur l’année 2085, le scénario A1B utilisé pour cet indice feu météo est environ
0.8 °C plus chaud en 2100 que le scénario RCP4.5, utilisé pour les précédentes projections de températures moyennes par saison et de nuits avec minimales supérieures à 20°C.
« Horizon proche (~2035) » correspond à un réchauffement planétaire autour des 1,5 °C, « Horizon moyen (~2055) » à un réchauffement planétaire de 2 °C et « Horizon lointain
(~2085) » à + 3 °C : https://archive.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg1/en/spmsspm-projections-of.html
Horizon de référence
(≈ 1970) (≈ 2035)
(≈ 2055) (≈ 2085)
123
Les extrêmes affecteront également les biens et les L’augmentation de la sinistralité pour les risques hydro-clima-
infrastructures. Le patrimoine226 culturel et historique ne sera tiques à horizon 2050).
pas non plus épargné. En plus des chocs brutaux (inondations,
cyclones, grêle, canicules, feux de forêt, etc.), à l’origine de Les incertitudes sont encore importantes, qu’il s’agisse des
nombreux dommages matériels et d’importantes pertes d’ex- scenarii locaux de changement climatique ou des trajectoires
ploitation, le stress thermique a des conséquences sur les socio-économiques des territoires. Par exemple, l’évolution de
infrastructures de transports (détérioration du revêtement des l’érosion et des risques de submersion côtière va dépendre à la fois
routes asphaltées, des caténaires, des pistes aéroportuaires) et de la montée du niveau moyen des mers et de facteurs propres
les bâtiments. Le phénomène de sécheresse géotechnique aux territoires et complexes à intégrer dans une prévision de
– retrait-gonflement des argiles (RGA) – concerne environ risques locaux229. L’adaptation demande des méthodes de prise
4,3 millions de maisons individuelles, construites dans des de décision intégrant les incertitudes relatives aux modes de déve-
zones moyennement ou fortement exposées (soit 23 % de l’ha- loppement territoriaux et aux évolutions des climats locaux.
bitat individuel)227. Les infrastructures portuaires sont forte- Étant donnés la densité et les modes d’occupation des zones à
ment menacées par la hausse du niveau de la mer et des tempé- risque, notre inadaptation est patente. Les inondations dans les
ratures, et les inondations. Les feux de forêts auront des vallées de la Tinée et la Roya en 2019 ou les cyclones Irma, Maria
impacts sur les couverts végétaux et les habitations, tout en et José en 2017 conduisant à envisager de possibles relocalisa-
mobilisant des forces de sécurité civile importantes. La simul- tions en interrogeant l’habitabilité (cf. annexe 4.3 : L’habitabilité
tanéité d’incendies majeurs sur le territoire national pourrait des territoires face au climat qui change) de certains territoires.
conduire à un dépassement des capacités de réponse.
MESSAGES CLÉS
Le changement climatique devrait enfin peser sur la stabilité • Le changement climatique actuel et futur affecte aussi bien les
financière228. Si les risques opérationnels semblent faibles dans individus que les entreprises, les secteurs économiques et les
le secteur bancaire ou assurantiel, le changement climatique filières productives, les actifs financiers les écosystèmes, etc. Ses
pourrait entraîner des pertes financières « qui se transmettraient impacts opèrent à différentes échelles de temps et d’espace.
à l’ensemble du secteur financier par la dépréciation de la valeur des
• Les politiques d’adaptation doivent se déployer sur l’ensemble des
placements financiers touchés (…) et pourraient déstabiliser le sec- secteurs et intégrer plusieurs horizons temporels et échelons
teur bancaire ». La perte de valeurs de certains actifs aurait aussi territoriaux.
des effets directs sur l’activité économique (cf. annexe 4.2
AMÉLIORER LA CONNAISSANCE
413 DES IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
La connaissance des impacts d’un climat qui change demande l’information et la formation de l’ensemble des acteurs aux
de se doter d’outils robustes et fiables pour les identifier et les conséquences du changement climatique. Il existe déjà des « ser-
mesurer à différentes échelles temporelles et territoriales, en vices climatiques », c’est-à-dire des données climatologiques mises
fonction des scenarii d’émissions. Il est nécessaire de développer à disposition du grand public, des communautés de recherche et
et de préciser l’estimation des impacts, directs et indirects, pour des décideurs politiques et économiques231.
mieux appréhender les effets sur l’emploi, les actifs financiers,
l’évolution des prix du foncier. En mars 2021, le CEREMA, sur Toutefois, le développement de services climatiques, quelle
sollicitation de la DGEC, a lancé l’élaboration d’une méthodolo- que soit l’échelle, implique de s’accorder sur un cadre commun
gie simple pour permettre aux collectivités en charge de l’élabora- mais aussi de co-construire les connaissances afin de fournir
tion des PCAET d’évaluer le coût actuel et futur de l’absence d’ac- une information adaptée aux utilisateurs finaux232. Par ailleurs,
tion face au changement climatique et orienter ainsi leurs stratégies les liens entre les événements climatiques et leurs impacts socio-éco-
d’adaptation. La caractérisation des impacts sociaux doit aussi être nomiques, d’une part, et ces impacts et les actions d’adaptation à
approfondie, les effets sur le bien-être mieux évalués. Enfin, les dia- mettre en œuvre, d’autre part, ne font pas l’object d’une communi-
gnostics doivent être territorialisés, pour alimenter la réflexion et cation suffisamment partagée et mobilisatrice. Le baromètre de
l’anticipation aux différents échelons territoriaux. La démarche des l’ADEME de 2020 indique d’ailleurs que près de 40 % des per-
hotspots pourrait être adaptée à la France230. sonnes interrogées « considérent qu’on ne parle pas assez du change-
ment climatique ». Depuis 10 ans, ce chiffre oscille entre 34 et 46
Une fois acquises et consolidées, les données doivent être %. Si entre 16 et 25 % des personnes selon les années trouvent que
ouvertes, accessibles et largement diffusées, pour permettre l’on parle trop du changement climatique, on observe que la
4.2 Le PNACC2 a permis la mise en place d’un centre de ressource sur l’adaptation qui fournit des infor-
mations sur la réalité du changement climatique, ses enjeux et les solutions existantes pour cinq
types d’utilisateurs : élu, technicien de collectivité, particulier, acteur économique, bureau d’études.
Les projections climatiques locales réalisées par les chercheurs français sont accessibles via :
• le portail DRIAS « les futurs du climat » : développé par Météo-France, il donne accès aux
données régionalisées des projections climatiques les plus récentes produites par les labora-
toires de recherche sur le climat en France (CERFACS, CNRM-GAME, IPSL),
• ClimatHD : une application grand public en ligne de Météo-France sur le changement clima-
tique (températures, vagues de chaleurs, tempêtes, etc. à l'échelle nationale et régionale).
Au niveau européen, le service Copernicus 3CS233 fournit également des données sur le climat passé
et futur de l’Europe et du monde.
60
48 47
50 46 45 45
44 +4
43
40 41 +2
43 37
40 41 41
34 40 40 40
36 36 38
30 25
20 -5
20 16 16 16
15 14
12 13 13
10
On parle trop de changement On en parle suffisamment On en parle pas assez
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : données ADEME (« Représentations sociales du changement climatique », OpinionWay pour l’ADEME, 2014-2015-2016-2017-2018-2019), traitement HCC.
125
IMPLICATIONS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
D’ORIGINE ANTHROPIQUE SUR PLUSIEURS ALÉAS CLIMATIQUES
EN RÉGION AUVERGNE - RHÔNE - ALPES
Le changement climatique se traduit par une augmentation des températures moyennes annuelles, qui peuvent atteindre dans le sud
17C° et dépassent 10°C sur une grande partie de la région. L’exposition des écosystèmes et des populations est forte. Certaines
agglomérations sont particulièrement touchées par les vagues de chaleur. Le retrait-gonflement des argiles est aggravé.
CENTRE-
VAL DE LOIRE
Moulins SUISSE
BOURGOGNE-
10 31 FRANCHE- c Léman
COMTÉ La
Allier Bourg-en-
Bresse
L’Al
lie
Massif du
r
Haute-
Saône Savoie Mont-Blanc
11 34
Rhône Ain Annecy -16
Clermont- Les Dombes -33
ALPES
Ferrand -26
Chaîne des Puys
Lyon Mont-Blanc
NOUVELLE- 10 41 4810m
La Loire
AQUITAINE Loire
10 36 Savoie -9 Haute-
11 34 Tarentaise
Saint-Étienne Rhône -26
Isère Haute-
-35 Maurienne
-22
13 42 Grenoble
Haute-Loire
Le Rhône
re
Monts du
è
’Is
L
Cantal
12 46 10 37
Cantal I TA L I E
Le Puy-en- Valence
Velay Vercors
Aurillac
12 43
Ardèche
10 37 7 33
Privas PROVENCE-
ALPES-CÔTE
OCCITANIE 7 34 D’AZUR
Drôme
climatiques
(RCP 4.5 - H2 - 2041-2070) 0 25 50 km
Températures moyennes
Aléas hydro-climatiques
15 - 17,1°C (RCP 4.5 - H2 - 2041-2070) Population
> 2 millions d’hab.
10 - 15°C Vagues de chaleur 100 000 - < 2 mil. hab.
5 - 10°C Nombre de jour par 50 000 - 100 000 hab.
vague de chaleur 20 000 - 50 000 hab.
2 - 5°C Période de Horizon < 20 000
référence moyen
0.4 - 2°C
1976 - 2005 2041 - 2070
Diminution de l’enneigement Source : Météo-France : pour les paramètres atmosphériques, médiane
Nombre de jours de neige d'un ensemble de 10 projections climatiques pour le scénario d’émis-
(> 50 cm de hauteur, massif entier) sions RCP4.5 (10 combinaisons de projections globales CMIP5 et
des argiles
régionales) sélectionnés parmi l'ensemble Euro-Cordex et corrigées de
-9
2100m alt. Augmentation des jours leur biais par la méthode ADAMONT à partir de l'analyse de données
-26 1500m alt. de bas débit d'observation SAFRAN sur la période de référence 1976-2005.
CENTRE-
VAL DE LOIRE
Moulins SUISSE
BOURGOGNE-
FRANCHE- c Léman
COMTÉ Volailles de
La
Saint- Bresse
Pourçain
Avoriaz
L’Allier
Bourg-en-
Bresse
Boeuf Reblochon de
de Charolles Savoie
Fourme Abondance
d’Ambert Beaujolais
Puy-de-Sancy
1885m Tignes
Super Besse
Beaufort
Noix de
Lentille verte
Grenoble Val Thorens
Le Rhône
du Puy
r
e
PROVENCE-
Privas
ALPES-CÔTE
Die
Entraygues OCCITANIE D’AZUR
Huile essentielle
de lavande de
Haute-Provence
Côtes-du-Rhône
Côtes-du-Vivarais Village
Olives et
huile de
Nyons
Exposition par type d’enjeux
Population
> 2 millions d’hab.
100 000 - < 2 mil. hab.
50 000 - 100 000 hab.
20 000 - 50 000 hab.
Aires géographiques
des AOP 0 25 50 km
< 20 000
Appellations
Côtes d’Auvergne Appellations
Activités agricoles viticoles
Production de viande Volailles de
Bresse AOP Températures moyennes
(RCP 4.5 - H2 - 2041-2070)
Bovins Volailles Activités industrielles
15 - 17,1°C 5 - 10°C
Porcs Sites sensibles
Sites Seveso 10 - 15°C 2 - 5°C 0.4 - 2°C
Lait Fromages
Centrales nucléaires
Fruits à Centrales électriques Source : Météo-France, @Gaëlle Sutton : pour les paramètres atmosphé-
coques Vignes
Vergers et
Domaines skiables riques, médiane d'un ensemble de 10 projections climatiques pour le scé-
légumes Blés les plus fréquentés nario d’émissions RCP4.5 (10 combinaisons de projections globales
Diminution de CMIP5 et régionales) sélectionnés parmi l'ensemble Euro-Cordex et cor-
Plantes à parfum l’enneigement rigées de leur biais par la méthode ADAMONT à partir de l'analyse de
données d'observation SAFRAN sur la période de référence 1976-2005.
127
ÉVOLUTION DES PARAMÈTRES HYDRO CLIMATIQUES
SUR L’ÎLE DE LA RÉUNION
Le changement climatique d’origine anthropique dans les territoires ultra-marins vient s’ajouter à des vulnérabilités existantes
déjà importantes.. L’exposition forte se conjugue avec le caractère insulaire et l’éloignement physique, qui posent problème en
cas de crise majeure. À la Réunion, comme en métropole, les températures moyennes se réchauffent. L’évolution concernant
les précipitations est plus incertaine. En revanche, l’île, comme dans les Antilles, est confrontée à des cyclones plus intenses.
Saint-Denis
25,5°C
+1,4°C
CÔ
66 71 TE
tio
na
le 1 +53 +46
Sainte-Suzanne Hou EX
na
ut
e le
PO
Le Port
Ro
26,8°C
cy
SÉ
+1,4°C
cl
E
on
Forêt de
AU
i qu
la Roche
73 74 Écrite
VE
e
-13 -3
NT
Saint-Paul
Saint-
Benoît
24,6°C 62 55
Forêt des Parc national +1,5°C +35 +50
Hauts-
sous-le- de la Réunion
vent Piton des
Neiges
OC
3070m
Forêt du
Piton de
ÉA
l’eau
N
La Plaine
des Cafres
IN
15,4°C
+1,6°C 0 0
D
Piton de
IE
+0 +0 la Fournaise
N
2632m
Réserves
de biosphères
Saint-Pierre
24,8°C
+1,4°C
65 68
+24 +56
Saint-Joseph
C ÔT E
SOUS LE VENT
climatiques
Évolution des températures moyennes
Température moyenne
24,6°C moyenne (2041-2070)
Évolution du nombre de jour
Évolution de la température +53 ou de nuit par rapport à la période
+1,5°C moyenne par rapport à la période de référence (1976-2005)
de référence (1976-2005)
CÔ
Saint-Denis TE
na
le 1 Sainte-Suzanne EX
a tio
n
e
PO
ut
Ro
Le Port
SÉ
E
A
Saint-Paul
Saint-
Voile de Benoît
Cirque la mariée
Saint-Gilles de Mafate
Piton des
Neiges
Cirque 3070m
de Cilaos
La Plaine
des Cafres
OC
Piton de
la Fournaise
ÉA
2632m
N
IN
IE
D
N Saint-Pierre
Saint-Joseph
C ÔT
0 5 10 km E SO
US LE VENT
129
MESSAGES CLÉS
• Les perturbations induites par le changement climatique et • Un effort collectif doit être mené par les autorités publiques
leurs impacts doivent être mieux identifiés et évalués à l’échelle et les acteurs privés (notamment dans les entreprises) pour
locale, y compris lorsqu’il s’agit d’événements composites. engager une dynamique d’appropriation des enjeux de l’adap-
tation par l’ensemble des parties prenantes.
• L’ensemble des leviers d’information et de communication
doivent être activés pour créer une culture partagée du
risque climatique.
En 2018, le rapport Dantec et Roux proposait de l’adapta- du GIEC, à savoir une « démarche d’ajustement au climat actuel
tion la définition suivante : « L’adaptation a pour objectif de ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Pour les systèmes humains, il
limiter les impacts négatifs du changement climatique sur la s’agit d’atténuer les effets préjudiciables et d’exploiter les effets béné-
société et la nature et de tirer le meilleur parti des quelques fiques. Pour les systèmes naturels, l’intervention humaine peut facili-
opportunités qu’il pourrait offrir ». Elle rejoint en partie celle ter l’adaptation au climat attendu, ainsi qu’à ses conséquences ».
L’ADAPTATION :
421 RÉDUIRE LES RISQUES ET LES IMPACTS POTENTIELS
L’évolution des menaces induites par le changement cli- tion est ainsi pensée en référence à un ensemble de termes,
matique dépend très directement de la réussite de l’atté- directement issus du lexique de la prévention des risques :
nuation. Toutefois, les impacts peuvent aussi être réduits par aléa, enjeu vulnérabilité, exposition et impact (cf. figure 4.2).
la diminution de l’exposition et de la vulnérabilité. L’adapta- L’augmentation des pertes, consécutive au changement cli-
4.3 • Aléa : événement brutal (choc) ou stress chronique, qui, lorsqu’il se produit, est susceptible
d’entraîner des pertes et des dommages ou des bénéfices pour les éléments exposés (enjeux).
• Exposition : localisation d’un enjeu dans un espace soumis directement ou indirectement à un aléa.
• Vulnérabilité : sensibilité à l’aléa, propension « à subir des dommages », à la fois liée à la fragili-
té biophysique intrinsèque à l’enjeu et/ou à l’incapacité à faire face.
• Impacts : conséquences avérées d’un aléa sur les enjeux exposés et vulnérables. Les impacts
peuvent être négatifs (coûts et pertes) ou positifs (bénéfices).
Figure 4.2 – Impacts - aléa, exposition, vulnérabilité - illustrés sur la question de l’eau
ALÉA CLIMAT
Variabilité naturelle Changement climatique
Raréfaction
Inondation, de la ressource,
forte sècheresse, dégradation et atteinte
étiage… aux nappes...
EXPOSITION
IMPACTS
SYSTÈMES SOCIÉTÉS
BIOPHYSIQUES Populations
Activités économiques :
agriculture,
industrie,
approvisionnement en eau
et en énergie, tourisme ...
VULNERABILITÉ
Facteurs de vulnérabilité :
• caractéristiques et propriétés des enjeux (âge, genre, résistance physique, type de cultures, nature de l’activité,
etc.) • ressources, capitaux et alternatives disponibles • contextes politiques, économiques et sociaux englobant
(stabilité de la démocratie et des institutions, faible corruption, etc.)
CONSÉQUENCES
Sanitaires :
déshydratations, Écologiques :
intoxications, érosion de la biodiversité,
zoonoses, maladies et pertes,
épizoties, etc. incendies de forêts, etc.
131
Si l’atténuation est indispensable pour agir sur l’intensité et Lorsque les réponses augmentent le risque, on parle de
la récurrence des aléas, l’adaptation ouvre un nouveau maladaption. Le Giec définit ainsi « toute mesure susceptible
champ de possibles pour en limiter les impacts. Il existe en d’aggraver le risque de conséquences néfastes associées au climat
effet un large éventail de réponses pour réduire l’exposition et (y compris par une hausse des émissions de gaz à effet de serre),
la vulnérabilité en amont et augmenter les capacités à faire face, d’accentuer la vulnérabilité face aux changements climatiques
à l’existant comme à l’avenir. Le risque climatique ne condamne ou de dégrader les conditions de vie actuelles ou futures, ce résul-
pas à être une victime passive. Les mesures d’adaptation, réac- tat étant rarement intentionnel ». Construire des digues
tives ou anticipatives, ponctuelles, graduelles ou systémiques, contribue à l’émission des GES (via la fabrique très émissive
vont permettre de faire face à l’existence d’une menace et, le cas de ciment), tout en créant potentiellement de nouveaux
échéant, de l’occurrence d’un événement dommageable. risques relatifs à l’écoulement des eaux fluviales et en retar-
dant d’autres actions d’adaptation plus soutenables : restau-
Le risque climatique est par conséquent dynamique. Aléa, ration des zones humides et relocalisation d’activités par
vulnérabilité et exposition sont en évolution permanente et exemple236.
interagissent de manière systémique avec les réponses mises
en œuvre pour y faire face (fig 4.9). Par exemple, les digues Les effets de maladaptation plaident pour des solutions
créent un sentiment de sécurité qui conduit souvent à une den- elles-mêmes adaptables, donc flexibles, grâce à une éva-
sification de l’occupation (augmentation de l’exposition) et un luation régulière de leur efficacité. Plus généralement, les dis-
oubli du danger (augmentation de la vulnérabilité). Dans un positifs doivent être révisés pour intégrer les dynamiques des
climat qui change, les extrêmes augmentent : la digue peut être paramètres qui définissent le risque, les innovations techno-
insuffisamment dimensionnée. En cas de surverse ou de rupture, logiques et sociales, les nouvelles connaissances et la réduc-
la réponse offerte par la digue crée un aléa (submersion rapide). tion des incertitudes.
Le risque est donc augmenté par la réponse elle-même.
Source : D’après Nicholas P. Simpson, Katharine J. Mach, Andrew Constable, Jeremy Hess, Ryan Hogarth, Mark Howden, Judy Lawrence, Robert J. Lempert, Veruska Muccione,
Brendan Mackey, Mark G. New, Brian O'Neill, Friederike Otto, Hans-O. Pörtner, Andy Reisinger, Debra Roberts, Daniela N. Schmidt, Sonia Seneviratne, Steven Strongin,
Maarten van Aalst, Edmond Totin, Christopher H. Trisos, A framework for complex climate change risk assessment, One Earth, Volume 4, Issue 4, 2021,
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590332221001792
Interactions,
synergies, points aveugles,
conditions, limites
Aléa
Exposition Vulnérabilité
on
AC Rép ses
IMP TS
ys u es
S
tè giq
me
s s o c i o - é c olo
... à différentes échelles : locales, régionales, nationales, européenne, mondiale, etc. Source : Haut Conseil pour le Climat. 133
Figure 4.5 – Différents types de réponses
exemples en cas de vague de chaleur et sècheresse extrême)
REPONSES
plus ou moins pérennes
et sources de co-bénéfices
ou de maladaptation
RESILIENCE
· Avec dégradation
· Avec retour au statu quo
· Avec amélioration : build back better
• Ajustement : réponse, le plus souvent réactive, sur la base d’une transformation ponctuelle
face à une perturbation donnée.
• Adaptation incrémentale : mesure qui préserve l’intégrité d’un système ou d’un processus à
une échelle donnée.
• Résilience : processus et résultat du processus qui permet à un système de faire face à une
perturbation (choc ou stress), de l’absorber, de maintenir tout ou partie de sa structure et de ses
fonctions, de se relever et de reconstruire, si possible en tirant des leçons de l’expérience vécue.
135
Figure 4.6 – La résilience aux impacts du changement climatique :
de l’ajustement à l’adaptation transformationnelle
ADAPTATION
AMPLEUR
DU CHANGEMENT
Actions
Changement sur les causes
structurels structurelles de
la vulnérabilité
Adaptation
transformationnelle
Adaptation
incrémentale Prévention,
Préparation,
RÉPONSE Réaménagement,
Build back better
Absorbtion
Protection, Réduction de
Indemnisation, la vlnérabilité
Gestion d’urgence
MESSAGES CLÉS
• L’adaptation repose sur une large gamme de réponses, allant échelons territoriaux, et en se projetant sur plusieurs décennies
de l’ajustement marginal aux changements structurels qui pour inclure les intérêts des jeunes générations d’aujourd’hui.
s’attaquent aux causes profondes de la vulnérabilité et de
l’exposition. • Les arbitrages doivent être effectués de la façon la plus éclairée,
anticipée, transparente et démocratique possible.
• L’adaptation implique d’établir des priorités, de hiérarchi-
ser les buts et donc d’opérer des choix collectifs, à tous les
ADAPTATION ET ATTÉNUATION,
423 SYNERGIES ET COMPROMIS
L’adaptation semble toujours être le parent pauvre243 Récemment et en raison des aspects sociaux relatifs aux
des politiques climatiques en France et en Europe. Elle inégalités de vulnérabilités au sein de la population, la
est relativement peu présente par rapport à l’atténuation dans thématique de l’adaptation commence à être reprise par les
les mobilisations politiques écologistes et plus largement, associations écologistes ou caritatives opérant en France.
les débats et les politiques publiques. Historiquement, l’accent
a été mis, et continue de l’être, sur l’atténuation, souvent au Atténuation et adaptation sont toutes deux indispensables
motif que l’adaptation signifierait l’échec de cette dernière244. et complémentaires. Les risques climatiques vont en effet
137
MESSAGES CLÉS • Les synergies entre atténuation et adaptation sont
• Il existe de nombreux bénéfices à une atténuation nombreuses, mais pas automatiques. Il est nécessaire de les
ambitieuse et une adaptation efficace pour un développe- planifier de manière systémique, en anticipant leurs interac-
ment durable. À l’inverse une action tardive conduirait à tions pour engager les changements de trajectoire nécessaires.
une escalade des coûts et des risques. Ceci suppose, notamment, de mieux intégrer l’adaptation
dans les prochaines versions de la SNBC.
L’ADAPTATION
424 AU PRISME DE LA TRANSITION JUSTE
La répartition des efforts en considérant l’inégale vulnéra- l’identique est contre-productive, l’exposition et la vulnéra-
bilité, mais aussi les inégales capacités d’adaptation, condi- bilité étant maintenu en l’état. Si l’on raisonne en termes de
tionne l’appropriation des enjeux climatiques et l’adhésion « Build back better » (voir annexe 4.6 Le build back better ou
aux politiques climatiques des différents acteurs. Ceux-ci comment transformer la catastrophe en occasion d’adapta-
seront davantage enclins à engager les transformations structu- tion transformative), il reste à définir en quoi consiste ce
relles nécessaires à partir du moment où les effets possiblement « mieux » et quelles ressources sont mises à dispositions
régressifs, mais aussi les bénéfices, seront explicités et discutés, des assurés pour réduire effectivement le risque. Le
et où des mesures d’accompagnement seront mises en œuvre. choix entre relocalisation ou maintien sur site est tout sauf
consensuel et appelle un débat démocratique, ne serait-ce
La grille d’analyse des différentes dimensions de la que pour éviter les contentieux juridiques, qui allongent
transition juste élaborée en 2020 par le HCC dans son les délais et alourdissent la facture.
rapport annuel s’applique autant à l’adaptation qu’à
l’atténuation. Il s’agit non seulement d’accompagner les • Le problème spécifique de la responsabilité morale et
mutations économiques, l’activité et l’emploi, mais aussi de juridique de ceux qui sont exposés au risque doit être
conduire une transition inclusive, qui n’accroisse pas les posé. Cette question, bien connue du monde de
inégalités socio-économiques, y compris trans-génération- l’assurance, concerne les asymétries d’information étudiées
nelles, et ne dégrade pas la situation des plus fragiles ou des par l’économie sous le terme d’« aléa moral » et « sélection
plus jeunes, sur lesquels pèserait la charge de l’adaptation et adverse ». L’aléa moral décrit une situation où un acteur
de l’atténuation255. Les politiques publiques doivent enfin adopte un comportement qui accroît son niveau d’exposi-
être les plus transparentes et démocratique possible, tous les tion, sans que cela puisse être connu et contrôlé par celui
citoyens devant pouvoir faire porter leur voix. qui couvre ce risque (assurance privée ou solidarité
nationale). La sélection adverse caractérise le fait que
Les enjeux de justice en matière l’adaptation sont parti- les acteurs qui se savent peu exposés, ne vont pas se couvrir,
culièrement forts dans les domaines suivants : contrairement à ceux qui se savent très exposés. Ce dernier
problème peut être levé en cas d’obligation de couverture,
• Les liens entre inégalités, cumul d’inégalités socioéco- permettant de fait, la mutualisation des risques et la fixation
nomiques et territoriales et vulnérabilités aux impacts des primes à un niveau moyen. Ce problème économique
du changement climatique. Si toute la population sera est aussi une question politique et morale, relative à la
confrontée aux changements climatiques, certaines solidarité entre personnes et territoires. Quels sont les
catégories (personnes âgées, malades, précaires, habitants dommages qui doivent ou non relever de la solidarité
du littoral, agriculteurs, etc. (voir 4.1.) seront particuliè- nationale dans un contexte de climat qui change ? Jusqu’où
rement exposés ou vulnérables. Les politiques publiques la connaissance des risques et/ou l’absence de mise en
doivent prendre en compte ces disparités. œuvre de mesures de prévention (voire l’exposition volon-
taire) justifient-ils la non-prise en charge collective, privée
• La ligne de partage entre l’indemnisation des dommages ou publique des dommages ? Peut-on moduler les primes
et leur non-indemnisation mais aussi entre la prise de d’assurance en fonction des efforts d’adaptation consentis
risque ou sa réduction. L’indemnisation pour un retour à par les assurés, dans l’agriculture notamment ?
OUTILS ET GOUVERNANCE
43 DE L’ADAPTATION
En 1992, la Convention Cadre des Nations Unies sur En 2015, l’article 7 de l’accord de Paris258 a fixé un objec-
les Changements Climatiques (CCNUCC) mention- tif mondial en matière d’adaptation : renforcer la capacité
nait conjointement l’atténuation et l’adaptation. Si les d’adaptation et la résilience, réduire les vulnérabilités au
deux approches sont vues comme complémentaires, elles changement climatique, « dans le contexte de l’objectif
ont toujours été traitées opérationnellement de façon de température énoncé à l’article 2 ». L’accord de Paris a
distincte257. en outre reconnu que l'adaptation était « un défi mondial qui
se pose à tous, comportant des dimensions locales, infranatio-
nales, nationales, régionales et internationales. »
LES INSTRUMENTS
431 DES POLITIQUES D’ADAPTATION
La stratégie européenne d’adaptation ment de résilience au changement climatique d’ici 2050. Elle
Le 24 février 2021, la Commission européenne a adopté fixe quatre objectifs généraux : rendre l’adaptation plus
sa nouvelle stratégie relative à l’adaptation au change- intelligente, plus rapide, plus systémique, et intensifier l’action
ment climatique : « Construire un avenir résilient face au internationale. Elle définit aussi trois priorités transversales :
changement climatique – une nouvelle stratégie de l’Union l’intégration de l’adaptation dans la politique macro-budgétaire,
européenne relative à l’adaptation au changement clima- les solutions d’adaptation fondées sur la nature et les mesures
tique »259. Elle remplace la stratégie de 2013 et constitue le locales. Le texte présente enfin un ensemble d’engagements sur le
volet adaptation du « Pacte Vert ». soutien, la contribution ou l’action de l’UE et de la Commission.
La nouvelle stratégie reconnaît les effets inévitables du change- La stratégie européenne 2021 ne définit pas de cibles,
ment climatique actuel et futur et fait de l’adaptation l’instru- pas de contraintes et il n’y pas d’évaluation prévue au
139
niveau européen (cf. annexe 4.5 : La nouvelle stratégie Le PNACC 2 vise à atteindre une adaptation effective en
d’adaptation de l’UE). C’est donc un document de politique métropole et dans les outre-mer à horizon 2050 pour une
publique essentiellement déclaratoire qui pose des principes plage de température moyenne à la surface de la Terre
d’action. La stratégie doit être révisée tous les cinq ans. entre 1,5°C et 2°C (en lien avec l’accord de Paris sur le
climat). Il est structuré en six domaines et 58 actions.
La stratégie européenne de 2021 insiste sur le fait que Celles-ci renvoient la plupart du temps à des objectifs,
différentes trajectoires d’adaptation sont possibles260. En souvent généraux, qui ne sont pas déclinés en trajectoire. La
pratique, elle concentre ses actions sur la prévention et la coordination est opérée par l’ONERC.
gestion des risques, au détriment d’une approche véritable-
ment transformative de l’adaptation. Cette dernière est limitée L’ONERC dispose d’un outil de suivi numérique et
à la présentation d’une Mission Recherche et Innovation, effectue des synthèses qu’il rend publiques, ce qui est un
devant se concrétiser par des démonstrateurs au niveau local. élément positif. Le PNACC2 est aussi suivi par une commis-
sion spéciale du CNTE. Représentant la société civile, elle se
Enfin, la notion d’« adaptation juste » émerge au niveau réunit quatre fois par an et publie ses avis. En 2020, le CNTE
européen, sur le modèle de celle de la transition juste, avec saluait la transparence et la mise en ligne du centre de ressource
l’appel à la mise en place d’un mécanisme d’adaptation sur l’adaptation mais insistait sur la nécessité d’accélérer et de
juste dédié. La même pluralité d’objectifs est mise en avant : mieux assurer l’articulation territoriale. Toutefois, l’ONERC
équité des efforts – notamment financiers, prise en compte des ne dispose pas de données suffisantes sur l’adaptation des
populations et territoires les plus vulnérables, inclusivité des acteurs non liés avec l’État, notamment les acteurs écono-
débats, respect des obligations morales inscrites dans différents miques privés. De plus, faute d’objectifs précis et de métrique
textes, assurance de l’adhésion des citoyens aux mesures clima- de l’adaptation, le suivi des actions déjà identifiées se limite trop
tiques. Partageant déjà cette ambition, certaines grandes villes souvent au décompte des actions en cours, sans évaluation de
européennes, dont Paris, ont rejoint le réseau mondial C40261, leur contribution relative à l’objectif lui-même.
dont le but est de construire des communautés sûres,
équitables et résilientes dans un monde à 1.5 °C. De façon générale, les politiques de l’adaptation font l’objet
d’une forte ouverture et collaboration avec les parties
À l’échelon national : le PNACC2 prenantes. Le PNACC 2 a été élaboré en co-construction via six
En Europe, la France s’est dotée relativement tôt d’outils de groupes de travail réunissant 300 personnes regroupant État,
planification de l’adaptation au changement climatique. La collectivités locales syndicats, entreprises et ONG pendant un
première stratégie nationale d’adaptation au changement an de travail. Dès lors, les différences de précision et d’ambition
climatique date de 2006. Elle fut suivie d’un plan national des actions proposées reflètent les différences de maturités des
d’adaptation au changement climatique (PNACC1) en acteurs sur chaque sujet. La posture facilitatrice de l’État
2011, révisé en 2018 pour aboutir au PNACC2 actuel. trouve ici ses limites. Son impulsion reste nécessaire pour
L’observatoire national sur les effets du réchauffement renforcer les ambitions et améliorer la qualité des plans, des
climatique (ONERC), créé par la loi du 19 février 2001, indicateurs et des méthodes des acteurs, même si les probléma-
compte aujourd’hui six permanents, au sein de la Direction tiques de métriques de l’adaptation, la spécificité locale et la
Énergie et Climat du ministère de la Transition écologique. complexité des enjeux ne facilitent pas une telle normalisation.
4.5 Pour les acteurs économiques, l’adaptation au changement climatique implique une réflexion sur
les risques et les opportunités pour leurs propres activités (dont les procédés et les équipements)
en incluant également les fournisseurs, sous-traitants, clients et financeurs ainsi que sur leurs
obligations en tant qu’employeur.
Des progrès importants ont été réalisés au niveau des acteurs financiers. La vulnérabilité et l’adap-
tation sont inclus dans les obligations de reporting extra financier des investisseurs institutionnels
prévues par l’article 173 de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015
Autres obligations légales, les entreprises sont, en tant qu’employeurs, responsables de la santé
de leurs salariés265, notamment en cas de forte chaleur. À cet égard, la loi ne fixe aucun seuil de
température mais le code du travail prévoit certaines dispositions dont un approvisionnement en
eau, un renouvellement suffisant de l’air et des pauses en local abrité. Par ailleurs, les horaires de
travail peuvent être aménagés si l’entreprise le souhaite. Les Comités sociaux et économiques (CSE)
ont un rôle important à jouer en la matière, qui est désormais renforcé par l’article 16 du projet de loi
portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets266.
Celui-ci inclut de nouvelles obligations d’information et de discussions au sein des (CSE) à la fois sur
les conséquences du changement climatique sur l’entreprise mais aussi sur les impacts climatiques
et environnementaux de ses activités.
Indépendamment des obligations légales, il s’agit, pour les acteurs économiques, comme pour les
territoires, de réaliser un diagnostic de vulnérabilité, d’élaborer une stratégie et de la décliner en
plan d’action. Afin de les accompagner dans cette tâche, les acteurs économiques disposent d’un
« parcours » spécifique au sein du centre de ressources en ligne267 où sont regroupés informations
générales et documents spécifiques268.
141
Rockefeller, la ville de Paris a ainsi adopté en 2017 une MESSAGES CLÉS
stratégie de résilience intégrant des problématiques d’adapta- • L’adaptation fait l’objet de stratégies et de plans, mais reste
tion aux changements climatiques. D’autres collectivités ont insuffisamment intégrée aux politiques publiques et aux outils
engagé des réflexions prospectives exemplaires sur les impacts réglementaires ou de planification.
et les vulnérabilités territoriales comme en Nouvelle Aquitaine
dans le cadre du projet AcclimaTerra, mais aussi en Provence- • Elle exige un portage politique national ambitieux, pour fixer
Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Hauts- les grandes orientations, définir les horizons temporels,
de-France, Bretagne. D’autres enfin ont déjà conduit des faciliter les arbitrages et mettre en place un suivi régulier des
projets d’envergure en matière d’adaptation. Par exemple, le actions engagées.
massif du Vercors s’est engagé dans une démarche de diversifi-
cation pour pallier l’enneigement insuffisant.
LES ACTIONS
432 D’ADAPTATION
L’adaptation relève d’abord de plusieurs champs • les actions dites « sans regret », qui restent pertinentes quels
d’action, qui font déjà l’objet de politiques publiques : que soient le scénario climatique, ou les dynamiques
sociales, économiques ou politiques. Certaines d’entre
• La gestion de crise et d’urgence, qui doit répondre à des elles permettent de conjuguer atténuation et adapta-
événements inédits par leur ampleur, leur durée, par leur tion, voire d’obtenir d’autres co-bénéfices (protection de
extension spatiale et/ou la simultanéité des perturbations. la biodiversité, création de valeurs, augmentation du bien-
être et réduction des inégalités, protection des plus
• la prévention, qui renvoie à l’ensemble des actions vulnérables dont les SDF, etc.). Les solutions fondées sur
qui réduisent en amont la vulnérabilité (information, la nature en sont des exemples (cf. encadré 4.5).
déplacement des personnes, activités, biens, renforce-
ment du bâti et des réseaux, etc.). • les ajustements ponctuels, pour limiter les pertes et
dommages immédiats et/ou étaler dans le temps le coût
• la protection, dans et hors temps de crise. des transformations structurelles. Toutefois, des ouvrages
de réduction des risques tels que des retenues d’eau peuvent
• la préparation, pour développer la capacité de permettre de maintenir un temps certaines activités, mais
réaction et la robustesse du système en cas de crise retardent d’autant les transformations ou les reconversions
(plans de secours, plans de continuité d’activité, nécessaires, entrainent des conséquences néfastes pour les
exercices, etc.). écosystèmes, le rechargement des nappes phréatiques et
accroissent les étiages272. Ces dispositifs doivent être tempo-
• l’anticipation du relèvement post-crise, qui repose raires et réversibles. Ils restent très onéreux et appellent des
notamment sur l’indemnisation et la planification de la études d’impacts précises pour évaluer leur rapport coût-bé-
reconstruction dans une logique de build back better (cf. néfice pour l’ensemble de la collectivité et des écosystèmes.
annexe 4 6 Le build back better ou comment transformer
la catastrophe en occasion d’adaptation transformative). L’adaptation, comme l’atténuation, s’appuie sur une multi-
plicité d’instruments ou de leviers (cf. figure 4.7), qui
• le développement de la capacité d’apprentissage doivent être mobilisés dans les projets de territoire et les
(retours d’expérience et évaluation ex post). stratégies d’aménagement. L’adaptation concerne en effet
toutes les dimensions du territoire : matérielles (infrastructures,
D’autres actions portent sur les transformations incré- bâti, etc.), organisationnelles (organisations sociales, organisa-
mentales et structurelles au sein des territoires. Elles tion des systèmes productifs, etc.), fonctionnelles (localisation et
peuvent être mises en œuvre aussi bien par les acteurs publics, type d’activités) et identitaires (récits, histoire et projection,
en particulier les collectivités territoriales, que par ceux des symboles). Aussi, les schémas directeurs, documents de planifi-
activités, filières, secteurs économiques (y compris les assureurs) cation et d’aménagement territoriaux sont-ils des instruments
ou les citoyens. On distingue ici deux types de mesures : particulièrement efficaces pour décliner localement l’adaptation.
4.6 Les solutions fondées sur la nature (SFN)273 correspondent à des « actions de protection, de
gestion durable et de restauration des écosystèmes naturels ou artificialisés afin de répondre
à des enjeux sociétaux de façon efficace et adaptative tout en produisant des bénéfices pour
le bien-être humain et la biodiversité ». Ces solutions s’appuient sur les services écosysté-
miques pour répondre aux impacts du changement climatique global mais aussi lutter contre
les risques naturels, et plus largement, garantir la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable,
la santé, la viabilité des systèmes productifs agricoles ou industriels, etc. Parce que des écosys-
tèmes résilients, fonctionnels et diversifiés fournissent de nombreux services écosystémiques, il
existe des co-bénéfices majeurs entre la protection d’une biodiversité fortement menacée par
le changement global et plus largement, par les activités humaines, et les défis de l’atténuation
et de l’adaptation.
La gestion durable et la restauration des écosystèmes menacés est donc un levier d’action essen-
tiel pour l’adaptation. Ainsi, en 2018, un rapport de l’UNESCO274 pour le compte de l’ONU-Eau a
démontré leur importance pour la gestion des eaux douces et potables. En outre, l’UICN275 rappelait
la même année que les écosystèmes « ont pour particularité de s’adapter à un environnement
lui-même en constante évolution », ce qui est en totale cohérence avec les préconisations du GIEC
sur les solutions sans regret.
Les SFN renvoient par exemple à une meilleure gestion des forêts, des zones humides, des sols et
des sous-sols, des corridors écologiques, etc. Une attention particulière doit être portée aux
espaces urbanisés : végétalisation, désimperméabilisation des surfaces, grand cycle de l’eau et
circulation des eaux de surfaces vont dans le sens des SFN. L’agriculture et l’élevage jouent aussi
un rôle majeur, à travers l’agro-écologie, l’agro-foresterie et la gestion des écosystèmes littoraux
et maritimes.
Dans un rapport très détaillé de 2019, l’ONERC276 décrit l’état des connaissances et des politiques
publiques, formulant une série de recommandations qui font écho aux préconisations du rapport des
sénateurs Dantec et Roux.
L'IPBES et le GIEC ont également récemment produit une série de recommandation pour mieux lier
biodiversité et atténuation et adaptation277.
143
Figure 4.7 – Les différents instruments de l’adaptation
Information
et sensibilisation
des différents acteurs,
incluant les populations
les entrepreneurs,
les décideurs publics
Développement et privés
des systèmes
d’observation Innovations
et, le cas échéant technologiques
d’alerte
Développement
des capacités Instruments financiers
préparation, apprentissage, Fiscalité, régimes
culture du risque d’indemnisation, etc.
et de la sécurité
Les leviers
d’adaptation
Source : D’après : Biagini, B., Bierbaum, R., Stults, M., Dobardzic, S., McNeeley, S.M. (2014). A typology of adaptation actions: A global look at climate adaptation actions financed
through the Global Environment Facility. Global Environmental Change, 25, 97–108
145
1 RECOMMANDATIONS
CHAPITRE 4
Élaborer de manière interministérielle avec les parties prenantes et les territoires une
stratégie nationale d’adaptation au changement climatique avec des objectifs précis, des
jalons temporels et des indicateurs de progression, en identifiant des secteurs prioritaires
1 (par exemple l’eau, agriculture, forêt, assurance-risque).
Les compétences de coordination des régions doivent être renforcées pour mettre
en cohérence les actions conduites par les acteurs infra-régionaux en matière
d’adaptation.
Faire évoluer régulièrement les politiques d’adaptation et les réorienter pour répondre
6 aux évolutions climatiques, mais aussi démographiques, sociales et économiques.
Privilégier les solutions « sans regret » et celles qui offrent le maximum de co-béné-
fices entre adaptation, atténuation et respect des objectifs de développement
durable, pour garantir la transition juste. Les politiques de planification et d’amé-
nagement du territoire ou les systèmes d’indemnisation doivent notamment être
attentifs aux mécanismes d’exclusion sociale et territoriale.
147
Intégrer un climat qui change, dans une perspective systémique et dynamique, dans les
7 politiques publiques existantes
Intégrer les impacts sanitaires du changement climatique dans les réformes des
régimes d’indemnisation et de la sécurité sociale.
Consolider les systèmes de gestion de crise la base d’une augmentation des besoins
humains, matériels et logistiques, qui doit être mieux anticipée et évaluée.
Intégrer le climat qui change dans les zonages réglementaires (Plans de prévention
des risques naturels (PPRN), Plans de submersion rapides (PSR)). Faire évoluer
les événements de référence et le zonage règlementaires en conséquence.
L’INCERTITUDE
A 1 1 DES INVENTAIRES D’ÉMISSIONS GES
Comme pour toutes données estimées, les inventaires d’émis- • L’incertitude sur l’évolution des émissions hors UTCATF
sions de GES peuvent être caractérisés par un niveau d’incer- entre 2018 et 2019 et de +/- 2,2 % des émissions de
titude, qui représente l’intervalle de confiance associé aux 2018, pour une évolution des émissions de -1,9 %,
estimations d’émissions des différentes activités émettrices. soit une fourchette d’incertitude de [-4,1% ; 0,3%].
Bien que complexe à réaliser, l’évaluation de cette incertitude
est une connaissance utile et nécessaire pour permettre une • L’incertitude sur l’évolution des émissions hors UTCATF
utilisation pertinente des données d’inventaire GES. Le entre 2018 et 2019 et de +/- 2,5 % des émissions de 2018,
Citepa rapporte lui-même que « compte tenu de la complexité pour une évolution des émissions de -2,1%, soit une
des phénomènes mis en jeu et des difficultés à les mesurer ou les fourchette d’incertitude de [-4,6% ; 0,4%].
modéliser, [ces estimations] doivent être accompagnées des
incertitudes associées »282. L’incertitude sur l’évolution des émissions dans le temps est
plus faible que l’incertitude portant sur le niveau d’émis-
L’évaluation de l’incertitude des inventaires GES porte sur sions d’une année donnée. Cela s’explique par les relations
deux niveaux d’information : le niveau des émissions - sur qui existent entre les inventaires des différentes années, qui
une année donnée - et la tendance des émissions - l’évolu- s’appuient sur les mêmes méthodes d’estimations d’une année
tion entre différentes années. Pour l’année 2019, les sur l’autre, et donc, conduisent aux mêmes erreurs systéma-
résultats d’incertitude sont les suivants : tiques ou approximations entre les années.
• L’incertitude sur les émissions totales hors UTCATF L’évolution des émissions entre deux années consécutives est
pour l’année 2019 est de +/- 11,5 % en niveau d’émis- généralement de faible amplitude si bien que l’incertitude sur
sion, soit 436 +/- 50 Mt éqCO2 hors UTCATF. l’évolution est le plus souvent supérieure à l’évolution elle-même.
Il est en conséquence difficile de conclure avec certitude sur la
• L’incertitude sur les émissions totales UTCATF inclus tendance des émissions observées, que ce soit son intensité, voir
pour l’année 2019 est de +/- 12,8 % en niveau d'émis- son sens à la baisse ou à la hausse. Par exemple, entre 2018 et
sion, soit 405 Mt CO2e +/- 52 Mt éqCO2 avec 2019, l’évolution des émissions se situe entre -4,1 % et +0,3 %,
UTCATF. mais avec une probabilité maximale à -1,9 %.
• L’incertitude sur l’évolution des émissions hors UTCATF Sur plusieurs années, l’évolution des émissions peut en
entre 1990 et 2019 est de +/- 2,0 % des émissions de général devenir plus grande que l’incertitude sur l’évolution,
1990, pour une évolution des émissions de -19,9 %, soit auquel cas on peut conclure avec une certaine certitude sur le
une fourchette d’incertitude de [-21,9% ; -17,9%]. sens de la tendance des émissions (à la baisse, stagnant ou à la
hausse) et fournir un ordre de grandeur sur l’intensité de cette
• L’incertitude sur l’évolution des émissions avec tendance. Par exemple, entre 1990 et 2019, on observe avec
UTCATF entre 1990 et 2019 est de +/- 2,3 % des certitude une réduction des émissions située entre -18 % et -22 %.
émissions de 1990, pour une évolution des émissions
de -20,4 %, soit une fourchette d’incertitude de [-22,7 % ; La prise en compte de l’incertitude a un impact sur notre
-18,1 %]. lecture des sources d’émissions. En dégageant de manière
149
robuste les facteurs expliquant les émissions de la France, cela qu’ils pourraient représenter davantage d’émissions qu’ac-
permet d’identifier les activités sur lesquelles les politiques tuellement estimé (par exemple le N2O des sols agricoles et
publiques doivent agir en priorité. C’est par exemple le cas des déchets solides) ou que leur potentiel de capture de
des secteurs des transports et des bâtiments, qui contribuent carbone reste très incertain (par exemple l’UTCATF). Les
de manière importante aux émissions de la France. Ce secteurs couplant des émissions importantes et une forte
résultat reste robuste à la prise en compte des incertitudes. incertitude ont ainsi un poids important sur l’incertitude
globale de l’inventaire. D’un point de vue méthodologique,
C’est également utile pour identifier les postes les plus à cela permet d’identifier les postes sur lesquels il est impor-
risques par rapport à nos objectifs climatiques, soit parce tant d’améliorer la méthodologie d’estimation en priorité.
ÉLÉMENTS MÉTHODOLOGIQUES
1
A 2 DES BILANS D’ÉMISSIONS RÉGIONALES – FORMAT PCAET
Le format de rapportage PCAET est décrit par l’arrêté du 4 Les bilans d’émissions de GES produits par les ARE ou par des
août 2016 relatif au plan climat-air-énergie territorial. La bureaux d’études mandatés ponctuellement à cet effet utilisent
spécificité de ce format de rapportage réside notamment des méthodologies variées, appliquant soit les préconisations du
dans le fait de ne pas comptabiliser les émissions directes de guide PCIT, soit d’autres outils ou méthodes. Ces différentes
GES (scope 1) de production d’électricité, de chaleur et de approches produisent des bilans globalement comparables, sauf
froid au sein du secteur « branche énergie », mais de comp- dans quelques cas particuliers où les périmètres de calcul
tabiliser à la place les émissions indirectes de GES (scope 2) peuvent différer. Les régions dont les bilans de GES régionaux
liées à la consommation d’électricité, de chaleur et de froid (format PCAET) présentent une approche différente de l’ap-
dans les secteurs consommateurs (résidentiel, tertiaire, etc.). proche territoriale de type PCIT sont les suivantes :
Le format PCAET est le format privilégié pour les exercices • Normandie : les données diffusées par l’ORECAN
de planification, y compris les exercices régionaux (SRAD- incluent une approche responsabilité pour le secteur des
DET), il correspond ainsi aux formats des données majori- transports, réalisée par Biomasse Normandie, basée sur
tairement diffusés par les Observatoires. les déplacements domicile-travail, domicile-loisir, la
mobilité exceptionnelle et le fret. Cette approche n’in-
Les méthodologies de calcul des émissions de GES disponibles en tègre donc pas le trafic de transit pris en compte dans une
région au format PCAET peuvent différer en fonction des choix approche territoriale classique basée sur les comptages
réalisés par les commanditaires et partenaires de la structure pro- routiers. Les données restantes s’appuient sur une
ductrice de ces données et des moyens qui lui sont alloués. approche territoriale pour les autres secteurs, dont les
résultats sont issus de l’IRS d’Atmo Normandie.
Les Inventaires Régionaux Spatialisés (IRS) des AASQA uti-
lisent une approche territoriale, en conformité avec les • Nouvelle-Aquitaine : les données diffusées par l’ORE-
méthodologies du Pôle de Coordination des Inventaires Ter- GES incluent : une estimation des émissions agricoles par
ritoriaux (PCIT). Les données d’émissions de GES et de l’AREC NA en appliquant l’outil Clim’Agri de
consommations d’énergie produites par les AASQA sont l’ADEME ; une estimation territoriale des émissions des
ainsi cohérentes avec les données d’émissions de polluants secteurs résidentiel, tertiaire et industrie par l’AREC NA
atmosphériques que les AASQA publient par ailleurs. De à partir de la base carbone de l’ADEME ; une estimation
plus, à format de rapportage identique, ces données régio- territoriale des émissions des transports, dont les résultats
nales sont cohérentes et comparables d’une région à une autre sont issus en partie de l’IRS d’Atmo Nouvelle Aquitaine ;
ainsi qu’avec l’inventaire national du CITEPA. Les régions une estimation complémentaire par l’AREC NA d’émis-
dont les bilans de GES régionaux sont issus directement des sions indirectes de CO2 liées à la consommation de pro-
IRS des AASQA sont les suivantes : Auvergne-Rhône-Alpes, duits pétroliers et de gaz naturel. Ces émissions amont
Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne (nouveauté 2021), liées à l’extraction et la transformation de ces énergies
Centre-Val-de-Loire, Grand-Est, Île-de-France, Pays de la sont affectées aux différents secteurs consommateurs à
Loire, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et la Martinique. l’image du scope 2 pour l’électricité et la chaleur.
Au sein de la SNBC 2, la « transition juste » fait l’objet due à la réduction des niches fiscales) liée à la transition
d’une orientation spécifique : l’ « Orientation ECO 2: assu- bas-carbone, par la mise en place de mesures ciblées d’ac-
rer une transition juste pour tous ». Celle-ci vise à : compagnement tenant compte des caractéristiques des
différentes filières concernées afin d’inciter les entreprises
• Prendre en compte les impacts socio-économiques des à réaliser les investissements nécessaires à la transition bas
mesures associées à la transition bas-carbone sur l’en- carbone tout en maintenant leurs activités en France.
semble des acteurs de la société. S’assurer de la soute-
nabilité de ces mesures. Cette orientation est accompagnée de plusieurs indicateurs
pilotes :
• Préserver le pouvoir d’achat des ménages en privilégiant,
• « Taux d’effort énergétique des ménages (par catégorie
dans la mesure du possible, les mesures socialement justes
de ménages)
et redistributives. Dans le cas contraire, à définir des
mesures d’accompagnement ciblées contribuant à com- • Volume d'utilisation par l'industrie des mesures de
penser les effets inégalitaires des mesures, tenant compte, soutien à la transition bas-carbone (CEE, fonds cha-
non seulement des revenus des ménages, mais également leur, etc.) » (vor calcul ci-dessous).
de la multiplicité des situations (accessibilité aux solutions
de mobilité, type de logement, type de chauffage...). • Un nouvel indicateur de suivi du niveau de sensibilisa-
tion des citoyens : « 4.2.v. Education, sensibilisation,
• Préserver la compétitivité des entreprises, en particulier appropriation des enjeux et des solutions par les
celles affectées par la hausse de la fiscalité (notamment citoyens/Enrichir et partager une culture du « bas-carbone »
151
CIT1 / Évolution des réponses à la question « je vais vous • Indicateur à construire voire analyse qualitative (IP)
citer des actions qui pourraient réduire les émissions de
gaz à effet de serre ; pour chacun, dites-moi si vous le • 4.2.vi. Emploi, compétences, formation et qualifica-
faites déjà ? » de l’enquête annuelle sur les représentations tion professionnelle : Demandes et offres d'emplois
sociales du changement climatique (IP3) » pour les métiers verts et verdissants (IC8)
• Par ailleurs, d’autres orientations de la SNBC 2 et • 4.3.ii. Bâtiments : Population exposée à la précarité
d’autres indicateurs pilotes ainsi que deux indicateurs énergétique (IC 12)
de contexte entrent dans le périmètre de la transition
juste tel que défini dans le RANC 2020 du HCC : Calcul du taux d’effort énergétique des ménages et de la
précarité énergétique
• 4.2.vi. Emploi, compétences, formation et qualifica-
tion professionnelle / Encourager une meilleure inté- • Le taux d’effort énergétique des ménages : mesure la part
gration des enjeux de la transition bas-carbone par les des dépenses totales d’énergie dans le logement sur le
branches, les entreprises et les territoires pour favoriser revenu disponible du ménage. La précarité énergétique
les transitions et reconversions professionnelles et le dans la SNBC correspond à un taux d’effort énergétique
développement des emplois de demain. supérieur à 8 % appliqué aux ménages des trois premiers
déciles de revenu disponible par unité de consommation
• Nombre de contrats de transition énergétique com-
(TEE_3D). Ce seuil au-delà duquel un ménage est consi-
portant des items « emploi et compétence » (IP1).
• Nombre de formations suivies par les salariés du sec- déré en précarité énergétique est de 8 % correspond à près
teur de la rénovation énergétique des bâtiments (IP2). de deux fois la médiane du taux d’effort de l’ensemble de
la population. Pour éviter de cibler des ménages dispo-
• 4.2.vi. Emploi, compétences, formation et qualifica- sant de ressources jugées confortables, le TEE_3D se
tion professionnelle / Adapter l’appareil de formation limite aux ménages des trois premiers déciles de revenu
initiale et continue pour accompagner la transforma- disponible par unité de consommation afin de pondérer
tion des activités et des territoires PRO 2. le revenu en fonction de la composition du ménage.
Cette annexe présente la méthodologie utilisée pour analyser les France Relance, ainsi que les tableaux de résultats détaillés. Elle
conditionnalités climat des appels à projet du volet Écologie de renvoie à la section 2.1.1 « Mise en œuvre de France Relance ».
LE PÉRIMÈTRE
A221 DES APPELS À PROJETS
L’analyse a porté sur l’ensemble des appels à projet (AAP) • l’industrie (5 appels à projet), la stratégie hydrogène
du volet Écologie de France Relance tels que listés par le (4 appels à projet), la forêt (3 appels à projet), et le renfor-
ministère de l’Économie à date de mars 2021283. cement de la biodiversité (3 appels à projet).
Hydrogène 2 Mrd € 4 2 0
Biodiversité sur les territoires, prévention
250 M € 3 3 2
des risques et renforcement de la résilience
Forêt 200 M € 3 3 2
Transition écologique et rénovation 200 M € 2 2 1
énergétique des TPE/PME
Pêche 50 M € 2 1 0
Plans de soutien aux secteurs de l'aéronautique
2,6 Mrd € 2 2 0
et de l'automobile
Nucléaire 200 M € 2 1 0
Friches 300 M € 1 1 1
Protéines végétales 100 M € 1 1 0
Déchets 274 M € 1 1 0
Rénovation thermique et réhabilitation lourde
500 M € 1 1 1
des logements sociaux
Renouvellement et développement
des agro-équipements nécessaires à la transition 250 M € 1 0 0
agro-écologique et à l’adaptation au changement
climatique
DÉFINITION
A222 DES CONDITIONNALITÉS CLIMAT
L’ampleur des sommes engagées par France Relance a Cette mission distingue aussi les conditionnalités intrin-
ouvert le débat autour de la pertinence de conditionner les sèques, qui correspondent aux conditionnalités qui « se
aides publiques à des critères environnementaux pour servir confondent avec l’objectif de l’aide », des conditionnali-
de levier à des politiques telles que la transition écologique. tés extrinsèques « que les entreprises doivent réaliser en sus
Une mission d’information commune de l’Assemblée de l’aide ». Les appels à projet ici considérés corres-
Nationale s’est penchée sur le sujet et distingue deux types pondent à des conditionnalités essentiellement intrin-
de conditionnalités que nous reprenons dans ce rapport sèques, du fait qu’ils visent explicitement à financer des
« en fonction de leur position dans le cycle d’attribution d’une actions de transition écologique, et souvent de décarbo-
aide publique »284. Les conditionnalités ex ante prennent la nation. Des conditionnalités extrinsèques pourraient
forme de critères d’éligibilité en amont de la phase de concerner les appels à projet des deux autres axes Com-
sélection. Les conditionnalités ex post se caractérisent quant pétitivité et Cohésion de France relance, par exemple en
à elles par le conditionnement du versement de l’aide à conditionnant le versement des aides à une action
l’accomplissement « d’un certain nombre d’engagements, extérieure aux projets financés en eux-mêmes, mais ils ne
d’obligations ou à la réalisation de projets définis ». sont pas étudiés ici.
153
Les appels à projet ont été analysés sous deux angles : Les appels à projet ont également été analysés sous un
• Un critère d’éligibilité, qui correspond à une norme ou un angle additionnel, celui des critères de sélection, qui
seuil fixé dans l’appel à projet obligeant les projets deman- correspondent une ou des caractéristiques (plan de
deurs à respecter des conditions prédéfinies (ex ante). financement, montage administratif, impacts attendus,
etc.) utilisées pour sélectionner les projets (ex ante). Un
• Un conditionnement de l’aide, qui correspond à critère de sélection climat indique en particulier que les
« l’accomplissement, postérieurement à la délivrance projets seront sélectionnés voire comparés au cours du
de l’aide, d’un certain nombre d’engagements, d’obli- processus de sélection en fonction de leurs impacts sur
gations ou à la réalisation de projets définis » (ex post). le climat.
TABLEAUX
A223 DE RÉSULTATS DÉTAILLÉS
Les cahiers des charges des appels à projet contiennent deux climatique mais que ces objectifs ne sont pas obliga-
sections détaillant quels projets peuvent être éligibles au toires et que des projets sans impact positif sur l’atténua-
versement de l’aide publique et quels critères seront utilisés tion ou l’adaptation au changement climatique pour-
pour départager les candidatures. ront candidater aux appels à projet. 7 appels à projet ne
font pas l’objet de critères d’éligibilité environnemen-
A. Critère d’éligibilité de l’aide taux et l’information est indisponible pour 6 autres.
Au sein des 36 appels à projets listés, 19 sont soumis à un Plusieurs exemples sont décrits dans le tableau ci-des-
critère d’éligibilité impératif et 3 sont soumis à un sous. Finalement, quatre appels à projet intègrent
critère d’éligibilité non impératif, signifiant que l’appel l’adaptation au changement climatique parmi leurs
à projet a un objectif d’atténuation ou d’adaptation critères d’éligibilité.
Tableau A.2 – Critères d’éligibilité climat de plusieurs appels à projet de France Relance
Présence d’un critère
Appels à projet Description des critères d'éligibilité climat
d'éligibilité climat
Soutien aux Atlas de la Biodiversité Projet doit vouloir réaliser un ABC (favorable à
Communale (Office français Non l’environnement mais pas à l’atténuation
de la biodiversité) ou adaptation climatique)
Tableau A.3 – Critères de sélection climat de plusieurs appels à projet de France Relance
Présence d'un
Appels à projet critère de Description des critères de sélection climat
sélection climat
DECARB IND Oui Réduction des GES (volume, %), efficacité de l'aide publique
Ambition et cohérence avec la stratégie de décarbonation
du groupe industriel
Impacts ou synergies possibles avec d'autres impacts environnementaux
Capacité d'intégration dans des démarches locales
Critère de cohérence et d'ambition industrielle (état d'avancement du projet,
enjeux pour le reste de l'activité productive du site, enjeux pour l'activité
sociale et économique)
Critère de structuration de la filière
« Ecosystèmes territoriaux Oui Dimension environnementale
hydrogène » pour projets Justification des usages
Qualité du consortium
Effet structurant pour la filière
Efficacité de l'aide publique (euro/kg hydrogène et /CO2 évité)
Appel à projet Combustibles Oui La nature, la solidité financière et l’intensité de l’aide demandée qui permettront
solides de récupération (CSR) de classer les bons dossiers -par ordre de priorité.
Énergie 2021 La nature de l’énergie substituée
La nature des CSR utilisés
La robustesse des plans d’approvisionnement,
La synergie régionale du projet ? Les performances des collectivités concernées
par le plan d’approvisionnement en CSR d’OMR et l’impact de l’utilisation
d’OMR sur le fonctionnement des UVE du territoire,
La pertinence des choix techniques,
L’optimisation de l’usage de la chaleur demandée
La qualité des éléments apportés pour l’évaluation économique des projets,
Efficacité de l'aide (euro/MWh)
155
Encourager le développement Caractère innovant et/ou valeur ajoutée du projet (pertinence par rapport
Non
de navires et bateaux à l’objectif de la mesure
pour une flotte Caractère innovant par rapport à l’état de l’art national ou local
Maturité technologique suffisante du projet
Pertinence de la durée du projet en cohérence avec l’ambition des travaux à mener
Capacité du porteur à assurer le fonctionnement du navire dans la durée
Source : XXXXXX Impact économique du projet
Alimentation locale et solidaire Non La pertinence du projet au regard des objectifs fixés :
impact pour les personnes précaires ou isolées, répercussion du projet
dans les structures du réseau du candidat ;
La faisabilité du projet : crédibilité du calendrier prévisionnel, adéquation
entre les ressources (humaines, matérielles, financières...) et les besoins du projet
PIA Hydrogène Modulation possible dans la limite de 75 % de l'aide totale en fonction de l'impact
environnemental réel du projet
Cette annexe présente la méthodologie utilisée pour analyser Le HCC dans son rapport « Évaluation des lois » a analysé la
les études d’impact des lois au regard du climat et les tableaux prise en compte de l’environnement dans les études
de résultats détaillés. Elle renvoie à ce titre à la section 2.1.1.2 d’impact des lois promulguées entre octobre 2018 et
« Suivi de l’évaluation des lois au regard du climat ». septembre 2019 (à l’exception des lois de ratification des
Loi énergie-climat 5 4
Loi de financement de la sécurité sociale 2020 5 3
Loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit 2 1
de l’Union européenne en matière économique et financière
Loi d’accélération et de simplification de l’action publique 1 0
Loi relative aux conditions de mise sur le marché de certains
produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire 1 0
pour les betteraves sucrières
Loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire et complétant 1 1
ses dispositions (mai 2020)
Loi relative à la modernisation de la distribution de la presse 1 1
Source : Dossier législatif des lois promulguées (Assemblée https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers et Sénat http://www.senat.fr/dossiers-legislatifs/textes-recents.html)
157
ANALYSES
A 31 DES LACUNES
T2 : fixer des objectifs clairs et cohérents avec les objectifs visés pour la transition énergétique des parcs
L’Europe s’est engagée sur une trajectoire de normes d’émissions pour les véhicules neufs dont les
premiers résultats pour l’année 2020 sont encourageants. Cependant, ces normes induisent des effets
pervers sur le poids des véhicules, ce qui réduit leur efficacité. De plus, les émissions réelles des véhicules
hybrides rechargeables semblent fortement sous-estimées par la réglementation. En outre, à l’échelle
nationale, la date de fin de vente de véhicules à énergies fossiles, fixée actuellement à 2040, semble bien
trop tardives au regard de la durée de vie d’un véhicule pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
T4 : soutenir les collectivités locales et les entreprises dans la mise en place d’initiatives innovantes
Le gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures couvrant l’ensemble des leviers
d’actions décrites dans l’orientation. Le Haut conseil pour le climat n’est pas encore en capacité de
juger si les mesures prises et leurs mises en œuvre permettent la bonne réalisation de l’orientation T4.
T5 : sencourager le report modal en soutenant les mobilités actives et les transports massifiés et collectifs
(fret et voyageurs) et en développant l’intermodalité
Le cabinet Carbone 4 estime que les mesures actuellement mises en place par l’Etat lui donnent une
chance d’atteindre son objectif de part modale pour le vélo en 2030. En revanche, le même cabinet
juge insuffisante l’action en faveur de la croissance du trafic ferré. Ce jugement est partagé par le
cabinet BCG, mandaté par le gouvernement, et qui émet de sérieuses réserves sur l’atteinte de l’objec-
tif de report modal en faveur du fret ferroviaire.
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
B1 : guider l’évolution du mix énergétique sur la phase d’usage des bâtiments existants et neufs vers une
consommation énergétique totalement décarbonée
L’interdiction d’installation de chaudières à fioul décidée par le gouvernement et entrant en vigueur à
partir du 1er janvier 2022 doit signer le début de la fin de ce mode de chauffage très carboné. Toutefois,
la conversion vers les modes de chauffage privilégiés par la SNBC (principalement réseaux de chaleur,
pompe à chaleur et biomasse) n’est pas garantie en l’état actuel des mesures prises et envisagées. Le
recours à des signaux prix incitatifs, identifiés comme levier d’action dans la SNBC pour l’orientation
B1, n’est actuellement pas considéré par le Gouvernement. En conséquence, les risques de verrouillage
dans des modes de chauffage carbonés, comme le gaz naturel, et de sous-développement des
infrastructures collectives de réseaux de chaleur, sont importants.
B1 : inciter à une rénovation de l’ensemble du parc existant résidentiel et tertiaire afin d’atteindre un niveau
BBC équivalent en moyenne sur l’ensemble du parc
Les nouveaux seuils énergétiques pour l’étiquette DPE, la définition retenue d’une rénovation perfor-
mante dans le projet de loi climat et résilience, ou encore la prédominance de la subvention des gestes
de rénovation font peser un danger majeur sur l’atteinte d’un parc de bâtiments BBC en moyenne. En
effet, les étiquettes A et B du nouveau DPE, couramment retenus pour faire référence au niveau BBC,
sont au-dessus du seuil réglementaire de 80 kWhEP/(m2.an) définissant un bâtiment BBC rénovation.
De plus, la définition de rénovation performante retenue lors de la première lecture du projet de loi
climat et résilience à l’Assemblé nationale s’éloigne encore plus de l’objectif BBC puisqu’elle inclut les
rénovations permettant l’atteinte de la classe C, dont le seuil est plus de deux fois celui du niveau BBC.
Enfin, la sortie de 600 000 logements chauffés à l’électricité de la catégorie « passoires énergétiques
» et des aides afférentes est source d’inquiétudes quant à l’aggravation de la précarité énergétique
dans un contexte économique dégradé. Par ailleurs, la subvention des gestes de rénovation, et non de
l’atteinte d’un niveau global de performance énergétique, fait peser le risque d’un parcours de rénova-
tion inefficace qui rend impossible l’atteinte du niveau BBC.
B3 : accroître les niveaux de performance énergie et carbone sur les bâtiments neufs dans les futures
réglementations environnementales
La RE 2020, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2022, est censée répondre à l’ensemble des points
mentionnés dans l’orientation B 3 de la SNBC. Toutefois, plusieurs points d’inquiétude demeurent
concernant l’efficacité de la RE 2020. En particulier, le degré d’application de la RT 2012 n’avait pu être
évalué précisément dans un rapport réalisé par le CGEDD et le CGE et publié en octobre 2018. La RE
2020 n’aura un impact que dans la mesure où elle est bien appliquée. En outre, la trajectoire d’émis-
sions sur la phase d’usage pour les logements collectifs fait craindre la poursuite à terme d’installa-
tion de chaudières fonctionnant au moins partiellement au gaz, alors que le potentiel du gaz renou-
velable est limité, et doit donc être réservé aux installations déjà existantes et pour lesquelles le gaz
est difficilement substituable.
B4 : Viser une meilleure efficacité énergétique des équipements et une sobriété des usages
Le Haut conseil pour le climat n’est pas encore en mesure de juger de l’action menée par les pouvoirs
publics au regard de cette orientation.
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
159
Tableau A.8 – Éléments d’appréciation de la mise en œuvre des orientations
de la SNBC pour le secteur de l’industrie
I1 : Accompagner les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone et
le développement de nouvelles filières
Les actions de cette orientation sont récentes ou en cours de développement. Dans le cadre du Pacte
productif, un groupe de travail a été mis en place avec le Comité national de l’industrie et les comités
stratégiques de filières les plus émettrices pour élaborer des feuilles de route sectorielles de décarbo-
nation. L’Ademe travaille également à l’établissement de plans de transition bas carbone pour neuf
secteurs d’industries grandes consommatrices d’énergie. De plus, selon la feuille de route du Ministère
de l’économie et des finances, sept filières ont une feuille de route préliminaire.
Les Plans de transitions sectoriels constituent l’une des actions du projet LIFE Finance ClimAct285,
lequel contribue à la mise en œuvre de la SNBC de la France et du Plan d’action finance durable de
l’Union Européenne. Une fois ces plans réalisés, il sera opportun de les approcher globalement afin de
bénéficier d’une vision d’ensemble de l’évolution du secteur. À titre illustratif, la recours à une techno-
logie non mature telle le capture et le stockage du carbone (CSC) est perçue comme la solution aux
émissions résiduelles par beaucoup d’acteurs. Même si son développement s’opère, les sollicitations
pourraient être telles qu’il ne serait pas possible de répondre à la demande, particulièrement en
déploiement de réseau.
Ces Plans de transitions sectoriels étant en cours d’élaboration, il est donc encore trop tôt pour évaluer
leur ambition cumulée. Par ailleurs, des efforts doivent se poursuivre du côté des pouvoirs publics pour
orienter, à travers ses commandes, les filières industrielles. De même, l’accompagnement des filières
en restructuration est encore à préciser même si des éléments se retrouvent dans le plan de relance.
Par ailleurs, cette orientation vise à engager la France dès aujourd’hui sur la voie du développe-
ment de technologies de rupture. L’hydrogène, grâce au plan de relance, s’est vu doter d’une
enveloppe financière confortable. Mais la CSC ne fait pas encore l’objet d’une véritable impul-
sion par les pouvoirs publics. L’UE, à travers son programme de recherche et d’innovation Hori-
zon 2020, a lancé à Dunkerque le premier projet français de CSC à échelle industrielle. Soutenu
entre autres par ArcelorMittal, Axens et Total, il bénéficie d’une subvention de 14,8 M€. Si cette
technologie fait l’objet de nombreuses mises en garde quant à son coût financier comme éner-
gétique – par exemple, les capacités de CSC paraissent aujourd’hui négligeables en France 287 –
elle est partie intégrante de la SNBC. Il est donc essentiel que les pouvoirs publics s’impliquent
largement afin d’accompagner la recherche et d’encadrer les risques potentiels liés à cette
technologie comme à d’autres.
Électricité, notamment avec l’augmentation de la part des EnR dans le mix énergétique, hydrogène
et CSC impliquent enfin de développer des réseaux spécifiques pour mettre en relation les sites de
production ou de capture et les sites de consommation ou de stockage289. L’enjeu est d’implanter
ou d’accompagner des unités industrielles entières, et pas seulement d’agir sur une partie de leurs
procédés, tout en accordant une attention particulière à la dimension internationale faite de
concurrence et de complémentarités. De plus, la volonté de relocaliser la production industrielle, à
supposer qu’elle se fasse en France plutôt qu’ailleurs en Europe, entrainerait des besoins énergé-
tiques supplémentaires. Un cadre réglementaire et des financements importants sont nécessaires
pour faire en sorte que ces nouvelles installations inscrites dans le temps long soient totalement
décarbonées.
I3 : donner un cadre incitant à la maîtrise de la demande en énergie et en matières, en privilégiant les énergies
décarbonées et l’économie circulaire
Que ce soit en incitant la maîtrise de la demande en énergie et en matière, en augmentant la sobriété
carbone des entreprises grâce aux bilans GES et audits énergétiques ou en développant l’économie
circulaire, la valorisation des déchets et de la chaleur fatale, des mesures vont dans le sens de la décar-
bonation du secteur. Elles sont néanmoins insuffisantes sans des obligations plus contraignantes,
comme sur la durabilité des produits ou la fin des usages plastiques à court terme.
En particulier, concernant l’efficacité et la sobriété matière, des bilans doivent être développés. En
effet, pour les seuls métaux, le contenu carbone de ces substances est très important290. Un MACF
pourrait internaliser leur externalité carbone et favoriser, avec un prix significatif, la sobriété et l’effica-
cité matière, tout en ne dispensant pas les pouvoirs publics d’un cadre réglementaire contraignant.
L’économie circulaire est un élément déterminant de la transition mais ne consiste qu’en un allonge-
ment de vie291 et peut ne pas suffire à compenser les besoins énergétiques croissants que certains
sous-secteurs connaissent comme l’acier292.
• La substitution des vecteurs fossiles par de l’électricité n’est probante que si le déploiement des
EnR se fait à un rythme soutenu.
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
161
Tableau A.9 – : Éléments d’appréciation de la mise en œuvre des orientations
de la SNBC pour le secteur de l’agriculture
Du côté du N2O, il a bien été intégré que le besoin de développer les légumineuses est essentiel pour
diminuer les apports d’engrais minéraux azotés et la déforestation importée résultant de la consom-
mation de soja. Car la production des engrais minéraux, très gourmande en énergie, s’accompagne
d’émissions importantes dans le secteur industriel. La France s’est fixée l’ambition de doubler sa
surface agricole en légumineuses pour atteindre 8 %294. Plusieurs dispositifs existent, allant de la PAC
au Plan de relance, mais le PSN comme la pérennisation des aides aux légumineuses du plan de
relance seront essentielles pour assurer l’atteinte de l’objectif de la SNBC. Ces mesures doivent être
suivies et accompagnées d’autres mesures plus structurelles conduisant à la réduction de l’usage des
engrais azotés (cf projet de loi climat et résilience).
A2 : Réduire les émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie fossile et développer l’usage des
énergies renouvelables
Cette orientation est moins importante pour la décarbonation du secteur étant donné ses faibles
émissions de CO2. Le plan de relance va dans le sens d’une transformation des méthodes de
production agricoles grâce au financement des diagnostics carbone et à la somme allouée au
remplacement des agroéquipements mais il faudra suivre l’effet de ces remplacements sur les
émissions du secteur.
La récente annonce du report de la hausse de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les
produits énergétiques) sur le gazole non routier ne va pas dans le sens d’une réduction des émissions
de CO2 dans le secteur de l’agriculture.
Pour autant, même si les projets actuels de méthanisation aboutissent, l’objectif de la SNBC ne serait
pas atteint : 10 TWh de capacités manqueraient295. Il faudra également agir plus globalement en consi-
dérant la méthanisation dans l’ensemble de la transformation des systèmes agricoles et alimentaires.
Le développement de la bioéconomie – utilisation du bois, des résidus, etc. – par la structuration des
filières tardent en France.
La France s’est saisie trop récemment de l’enjeu grâce à la mise en place de mesures dans France
relance. Elle consacre néanmoins 3,7 Mds € pour la préservation de la biodiversité, lutte contre artifi-
cialisation des sols, transition agro-écologique et la plantation linéaire de haies.
Il est trop tôt pour juger de l’efficacité de ces mesures. Mais il est à noter que les mesures européennes
n’ont pas permis de maintenir les prairies permanentes ou les surfaces en agroforesterie alors qu’elles
auraient dû augmenter296. De même, l’artificialisation progresse en France. Seul un ralentissement est
envisagé, oubliant des objectifs de renaturation.
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
E1 : Décarboner et diversifier le mix énergétique notamment via le développement des énergies renouvelables
(chaleur décarbonée, biomasse et électricité décarbonée)
Cette orientation couvre la totalité des enjeux de l’énergie à savoir le besoin de produire une énergie
décarbonée, de diversifier le mix énergétique et d’assurer une sécurité des approvisionnements. Les
indicateurs de suivi de cette orientation ne permettent pas d’observer la totalité des changements en
cours. Un indicateur d’empreinte de la production énergétique pourrait s’avérer pertinent d’autant
que les importations de gaz de roche mère via la GNL tendent à augmenter.
Le respect des objectifs de la PPE permettrait d’être en cohérence avec le budget carbone d’ici 2030298 et
plusieurs mesures vont dans le sens du respect des futurs budgets carbone : l’arrêt des centrales à
charbon pour 2022 bien que ralentit par la prolongation d’une partie de l’activité de la centrale de Corde-
mais autorisée en 2020, les différentes mesures de simplification administrative, et l’implication des SRAD-
DET dans le développement des EnR. Cependant, le secteur de l’énergie est le seul secteur à qui a été
assigné des plafonds supérieurs aux émissions constatées lors de l’élaboration de la SNBC, évitant un
débat autour du nucléaire et des énergies renouvelables aux dépens d’une stratégie de décarbonation.
163
La France fait état d’un retard concernant l’augmentation des EnR dans son mix énergétique. En
2019, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie est de
5,8 points de pourcentage inférieur à l’objectif de 23 % à atteindre en 2020. Surtout la trajectoire
de déploiement des énergies renouvelables s’éloigne, depuis 2010, de plus en plus du rythme à
tenir299. La France est ainsi, en 2020, le deuxième pays de l’UE le plus éloigné de ces objectifs en
termes d’augmentation de la part des EnR dans son mix300. Au-delà des freins techniques301 et
administratifs, le gel de la taxe carbone obère les dynamiques d’investissement dans les réseaux
de chaleur biomasse que ce soit en nouvel établissement ou en conversion gaz vers biomasse. En
outre, les financements ne sont pas en adéquation avec les objectifs même si un comblement du
retard s’opère. Les mesures accompagnent et facilitent la réalisation de l’orientation, mais cette
dernière appelle surtout à une augmentation des moyens financiers d’autant que la SNBC2
projette d’accélérer sur la période 2023-2028.
Il est essentiel d’aborder cette problématique énergétique dans sa globalité afin de rendre le système
résilient aux besoins et au changement climatique.
Cette orientation devrait en outre inviter à s’interroger sur la courbe de charge, laquelle définit les
besoins horaires et contraint les outils de production. À ce jour, il n’existe pas d’évaluation suffisante
sur la prise en compte de l’impact des politiques de substitution du côté de la demande sur la courbe
de charge. Par exemple, l’électrification du chauffage ou du parc automobile conduira à des besoins
en pointe élevés304. Or ceux-ci sont assurés aujourd’hui par les moyens les plus flexibles et ils sont
carbonés. Les réponses à apporter s’inscrivent à la fois du côté de la demande grâce à l’efficacité
énergétique du bâti qui permet un écrêtement de la pointe, grâce à un report de la demande et à
l’aide d’un mix de solutions allant des réseaux de chaleur à des sources de production variées en
passant par un système de stockage (de quotidien à saisonnier). Il est essentiel d’aborder cette problé-
matique énergétique dans sa globalité afin de rendre le système résilient aux besoins et au change-
ment climatique.
Politiques publiques : alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : éloignées de l’orientation SNBC.
Objectifs : probablement atteints. Objectifs : risques importants d’en dévier significativement.
Politiques publiques : partiellement alignées avec l’orientation SNBC. Politiques publiques : impossible de juger de leur contribution à SNBC.
Objectifs : incertitudes non négligeables sur leur réalisation. Objectifs : atteinte impossible à anticiper.
La notion d’« extrême » renvoie à plusieurs acceptions mènes météorologiques et climatiques extrêmes. Dans son
distinctes, quoique liées. En statistique, l’extrême désigne un rapport spécial de 2012, le GIEC établit un lien de causalité
écart significatif à la moyenne, parfois qualifiée de « normale »305. entre les extrêmes et le changement climatique d’origine
La notion d’extrême est donc relative aux valeurs communé- anthropique : « l’évolution du climat modifie la fréquence,
ment rencontrées. Dans les sciences du climat et en hydrolo- l’intensité, l’étendue, la durée et le moment d’apparition des
gie, on parle d’extrême lorsqu’une « variable météorologique phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, et peut
ou climatique prend une valeur située au-dessus (ou au-des- porter ces phénomènes à des niveaux sans précédent. La modifi-
sous) d’un seuil proche de la limite supérieure (ou inférieure) cation des extrêmes peut être liée à un changement de la
de la plage des valeurs observées pour cette variable »306. Un moyenne, la variance ou la forme de la distribution de probabi-
extrême climatique ou météorologique dépend donc de la lité, ou encore de ces trois paramètres à la fois ».
région du globe où l’on se situe : le seuil pour définir une
canicule n’est pas le même à Brest et à Toulouse. Enfin, en Dès 2012, le GIEC indique également que « le degré de
sciences sociales, un événement extrême se définit à partir des confiance dans la projection d’une variation du sens et de
dégâts mesurés et/ou de la perception que les individus en l’ampleur des extrêmes climatiques dépend de nombreux
ont. Un phénomène de faible intensité peut parfois avoir des facteurs, dont le type d’extrême, la région et la saison, la quanti-
conséquences catastrophiques parce que les populations té et la qualité des données d’observation, la compréhension des
exposées n’ont pas su ou pu l’anticiper s’y préparer ou réagir processus sous-jacents et la fiabilité avec laquelle ces derniers sont
de manière adéquate. Certains processus physiques peuvent simulés dans les modèles ». Le rapport ajoute que les impacts
aussi être perçus comme extrêmes, alors qu’ils sont d’intensité sur les sociétés résulteront de la combinaison de la variabilité
relativement modérée et de fréquence moyenne. naturelle du climat, du changement climatique d’origine
anthropique et des dynamiques socio-démographiques
On distingue aussi les événements météorologiques extrêmes propres à chaque territoire.
des événements climatiques extrêmes307. Les premiers se
déroulent sur une courte échelle de temps, allant d’une journée Depuis, des progrès considérables ont été accomplis dans
à quelques jours. Les vagues de chaleur en Europe en 2017 et l’attribution scientifique des événements extrêmes au change-
2018 en sont un bon exemple. Les seconds ont lieu sur une ment climatique. Par le passé, les scientifiques ont fait preuve
période plus longue et peuvent résulter de l’accumulation de d’une très grande prudence sur le lien de causalité entre des
plusieurs événements météorologiques (extrêmes ou non). événements précis et le changement global. Désormais, il est
L’accumulation de jours faiblement pluvieux tout au long de la possible d’évaluer de quelle manière le changement clima-
saison par exemple peut par exemple conduire à une sécheresse. tique dû aux activités humaines affecte la probabilité d’occur-
rence d’un évènement, ses caractéristiques (intensité, durée…)
Après examen de l’état des connaissances scientifiques, le et la possibilité même de sa survenue. La méthode utilisée est
Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du alors différente de l’attribution « statistique », à grande échelle
Climat (GIEC) constate des changements dans les phéno- sur des ensembles d’évènements.
Pour mettre en évidence ce lien de causalité, les scienti- est possible de recourir aux données d’observation, aux
fiques commencent par déterminer les probabilités liées aux distributions généralisées ou aux distributions statistiques
phénomènes extrêmes en période présente et en période ajustées. Les experts comparent ensuite les résultats obtenus
passée (avec une concentration de gaz à effet de serre avec les deux types de modélisation et identifient les écarts
beaucoup plus faible). Pour déterminer ces probabilités, il significatifs308.
165
L’analyse des phénomènes extrêmes depuis les années 2000 L’attribution des extrêmes météorologiques et clima-
montre que l’influence des activités humaines sur ces tiques peut être réalisée à différentes échelles territo-
phénomènes extrêmes est visible dans 79 % des cas309. riales : les grandes régions du monde telles que le pour-
tour méditerranéen ou l’Europe Centrale a ou à celle de
Le lien de causalité est particulièrement démontré pour les la France311.
événements liés à la chaleur (vagues de chaleur telles que celles
de 2003 et 2019 en France, stress thermique et températures Le lien de causalité est également observable pour certaines
chaudes extrêmes), risques hydrologiques (crues et inondations, sècheresses (65 % sont attribuables au changement clima-
les épisodes orageux, étiages, sécheresses). Le lien de causalité tique), pluies extrêmes et crues majeures (causalité identi-
n’a pas pu être mis en évidence seulement pour les cyclones310. fiée dans 58 % des cas312).
Source : https://www.carbonbrief.org/mapped-how-climate-change-affects-extreme-weather-around-the-world
L’AUGMENTATION DE LA SINISTRALITÉ
A 4 2 POUR LES RISQUES HYDRO-CLIMATIQUES À HORIZON 2050
En 2015313, l’étude réalisée par la Fédération de l’assu- À l’horizon 2050, la sinistralité (ratio sinistres à primes)
rance avec le scénario RCP 4.5 donnait une augmenta- augmenterait de 50 %. La fréquence et la sévérité des événe-
tion du coût cumulé des sinistres de plus de 90 % d’ici à ments contribueraient pour 35 % et la concentration dans les
2040. La hausse imputée au changement climatique était zones à risques pour 15 %. L’étude montre en outre de fortes
évaluée à 30 %, le reste étant dû à l’augmentation de la disparités territoriales. Sur la façade atlantique, les dommages
valeur du patrimoine couvert et de l’exposition en zone à augmenteraient de plus de 60 % à certains endroits (évolu-
risque. tion démographique et hausse du niveau marin). L’accroisse-
ment de la vulnérabilité en Île-de-France se traduirait par une
En 2018314, la Caisse centrale de réassurance (CCR) et hausse supérieure à 40 %. L’augmentation serait d’environ 30 %
Météo-France indiquaient que pour un scénario RCP 8.5, pour les départements du pourtour méditerranéen.
à enjeux assurés identiques, la perte annuelle moyenne
augmenterait de 30 %. Dans le détail, l’étude note un Même si le RCP 8.5 est souvent qualifié d’improbable, les deux
accroissement de 23 % pour les sécheresses, 38 % pour les études, dont celle avec le scénario RCP 4.5, montrent une
inondations (dont 50 % pour le ruissellement et 24 % pour augmentation de la sinistralité, qui sera prise en compte par les
le débordement) et 82 % pour les submersions marines et actuaires315. Elle se traduira par une augmentation des cotisations
l’élévation du niveau marin. d’assurance voire la non-assurabilité de certains risques.
L’habitabilité d’un territoire désigne au départ le fait qu’il dégradent les conditions de vie et le bien-être. Plus
offre des conditions bio-physiques qui permettent à des largement, la récurrence d’événements dommageables
humains de l’occuper de façon permanente ou temporaire. entraîne des pertes, mais aussi des coûts importants de
Les travaux de sciences humaines et sociales montrent reconstruction. Enfin, certains territoires sont menacés de
cependant que les sociétés humaines pouvaient habiter des submersion du fait de l’élévation du niveau de la mer.
milieux a priori extrêmement hostiles, au prix toutefois de
coûts sociaux, technologiques, financiers ou environne- Avec un climat qui change, la question se pose donc de
mentaux, majeurs. L’habitabilité d’un territoire dépend savoir quels territoires devront être absolument protégés,
aussi des rapports que les individus et les sociétés tissent quels espaces seront abandonnés ou occupés de façon
avec leur environnement. Le sentiment de sécurité, le temporaire, quelles populations et activités devront être
bien-être, l’aspiration à une vie digne, l’attachement au lieu, relocalisées et à quelle échéance. En cas de catastrophe,
expliquent le souhait d’habiter (ou non) tel ou tel lieu. faudra-t-il absolument reconstruire et, si oui, où et
À l’inverse, habiter certains lieux est parfois subi. comment ? Enfin, le changement climatique pourra
entraîner des relocalisations spontanées ou forcées,
En modifiant les conditions biophysiques, le changement temporaires ou définitives, avec des déplacements de
climatique menace l’habitabilité de certains territoires. populations à l’intérieur des territoires et entre l’hexa-
L’augmentation des températures ou de l’humidité, la gone et les régions ultra-marines mais aussi entre la
diminution de certaines ressources, les risques sanitaires, France et le reste du monde.
Le rapport de la mission d’information sénatoriale sur « la calamités agricoles et le régime assurantiel, peu utilisé par la
gestion des risques climatiques et l’évolution de nos régimes profession. Le manque de couverture qui en résulte fait
d’indemnisation » précise qu’une part de l’augmentation du peser des risques financiers importants et croissants sur tout
coût des catastrophes naturelles d’ici 2050 sera dû à l’accroisse- un secteur, qui doit par ailleurs faire des efforts importants
ment des valeurs assurées. Elle sera couverte par une augmen- d’évolution pour des raisons climatiques et environnemen-
tation des primes d’assurance. La part liée à l’augmentation des tales. Les petites exploitations agricoles non assurées seront
aléas et de la vulnérabilité pourrait en revanche nécessiter une particulièrement vulnérables aux pertes, sachant que le
augmentation de la prime additionnelle CAT-NAT, qui revenu disponible des agriculteurs est déjà très contraint316.
passerait de 12 à 18 %. Dans les deux cas, ces augmentations
se répercuteront sur le pouvoir d’achat des assurés. Autre exemple, les collectivités territoriales sont couvertes par la
garantie CAT-NAT pour les biens et les véhicules, mais une
Le régime CAT-NAT, fondé sur la solidarité nationale, est partie des bâtiments et des infrastructures n’est, en pratique,
unique au monde. Pour autant, il est loin de couvrir tous les pas assurables, à cause du montant potentiel des dommages. En
dommages associés aux aléas climatiques. Par exemple, cas de sinistre majeur, les collectivités territoriales bénéficient
l’agriculture, qui est pourtant le secteur le plus sensible à ces d’une dotation budgétaire de solidarité (L. 1613-6 du CGCT).
aléas, ne relève pas du régime CAT-NAT. La couverture
des risques pour les agriculteurs repose sur deux régimes Le poids des pertes, comme toute dépense financière,
complémentaires et exclusifs l’un de l’autre, le régime des s’évalue au regard d’un budget disponible. Plus la collectivité
167
sera petite et/ou peu dotée en ressources, plus le reste à en outre la question de l’accès aux habitants et aux entre-
charge non indemnisé pèsera lourd, et entrera en concur- prises à un ensemble de services élémentaires, avec un
rence avec d’autres dépenses classiques, qu’il s’agisse des risque de marginalisation accrue pour certains territoires
services publics, des dépenses sociales ou d’investisse- déjà isolés ou mal reliés, notamment dans les zones peu
ment. L’atteinte aux équipements et infrastructures pose denses ou/et défavorisées.
LA NOUVELLE STRATÉGIE
A45 D’ADAPTATION DE L’UE
Non prescriptive, la stratégie doit être révisée tous les 5 ans. désormais prises en compte dans les questions de
Elle comprend 38 actions (contre 8 en 2013,) réparties entre développement économique, de santé etc.
action interne à l’Europe et action internationale.
Elle insiste sur : • L’intégration de l’adaptation aux outils de gestion des
risques, qu’il s’agit d’uniformiser au niveau européen.
• l’acquisition, l’application et l’opérationnalisation des Ceci implique d’une part de renforcer le dialogue avec le
données et connaissances en matière de climat. La secteur de l’assurance et de mettre en place de nouveau
plateforme Climate-ADAPT317 doit être renforcée et outils de gestion de la ressource en eau douce, via
élargie avec, en particulier, la création d’un observatoire l’utilisation de « permis » et d’« allocation ».
de la santé318.
• La promotion des solutions fondées sur la nature (en
• le caractère systémique entre pays, mais aussi entre particulier les puits de carbone), en raison de leurs co-
programmes européens. L’adaptation (et le climat) bénéfices multiples. Grâce aux Eco-schemes de la PAC,
deviennent « prédominants » et ne sont plus limités aux la Commission souhaite par exemple soutenir l’agricul-
questions de biodiversité et d’énergie, mais sont ture de conservation des sols afin de régénérer les sols.
Le build back better (BBB), littéralement « reconstruire en la sécurité. Le BBB implique de s’attaquer aux causes
mieux », a été décrit officiellement pour la première fois profondes de la vulnérabilité. Il présuppose que la résilience
dans le Cadre de Sendai des Nations unies pour la réduc- s’opère au prix de transformations structurelles et que le
tion des risques de catastrophe (2015-2030). BBB signifie relèvement est un temps d’apprentissage, d’innovation et
mettre en œuvre une reconstruction préventive, avec de d’émergence, pour le bénéfice des populations et des activi-
nouveaux matériaux, de nouvelles normes, une nouvelle tés présentes sur le territoire. Le BBB permet en effet d’aug-
architecture, de nouvelles infrastructures de protections, en menter bien-être et la sécurité, dans le respect des objectifs
relocalisant parfois, mais aussi modifier l’aménagement du de développement durable. Le BBB demande de raisonner
territoire, développer les systèmes d’alerte et de prévention, à moyen et long terme, afin que les mesures prises dans
optimiser les ressources, améliorer la culture du risque et de l’immédiat après-crise n’accroissent pas les vulnérabilités.
• Définir, piloter et animer une véritable politique de Inscrire l’adaptation dans les pratiques professionnelles des
l’adaptation qui soit prise en compte dans les différentes parties prenantes implique donc que :
politiques sectorielles à tous les échelons (nationale,
régionale, locale). Cela implique de mettre en place • L’état et les collectivités locales320 doivent pouvoir
des interlocuteurs/référents adaptation, d’organiser le d’évaluer leur budget à l’aune de l’adaptation, en plus
rapportage et capitaliser les expériences. de l’atténuation.
En aval, du temps et des compétences dédiées sont aussi • L’adaptation figure dans le mandat des gestionnaires
cruciales pour : d’infrastructures de mobilité et des infrastructures
énergétiques, des gestionnaires et délégataires
• Disposer de capacités à faire face à des situations de crise d’infrastructures d’intérêt local (eau et assainisse-
pour les organismes en première ligne (hôpitaux, pompiers ment) des gestionnaires de parcs immobiliers publics
etc.). L’existence de marge de manœuvre suffisantes et des bailleurs publics, des opérateurs d’aménage-
implique de pouvoir disposer de réserves mais aussi que le ment et de grands programmes publics de moderni-
fonctionnement normal ne soit pas calibré au plus juste. sation (du réseau ferroviaire, de la ville ou du bâti)
Comme c’est le cas au Royaume-Uni depuis 2008
• La mise en œuvre d’actions sur le terrain et la transforma- pour environ 90 organisations assurant des missions
tion des pratiques existantes. En effet, l’adaptation de service public321.
nécessite souvent moins d’investissements additionnels
que de modifier les pratiques professionnelles existantes • Les acteurs doivent pouvoir avoir accès à l’ingénierie
pour qu’elles intègrent les enjeux d’un climat qui change. nécessaire au niveau national (ANCT ou la Banque
des territoires) ou local (agences locales d’urbanisme,
• Être en capacité d’expérimenter et d’innover. En effet, de développement économique) soit garantie.
parce que les enjeux et les solutions sont particulière-
ment contextualisés, l’adaptation se prête mal à la • Au final, c’est bien avant tout des moyens humains,
généralisation d’actions standards mais implique des compétences et des évolutions organisationnelles
d’expérimenter y compris en matière de financement. qui manquent aujourd’hui à l’adaptation en France.
Outre la diversité de financements publics possibles Ces premières analyses qualitatives sur les besoins de
qu’il faut parfois articuler, il peut être utile de tester fonctionnement restent encore à quantifier en termes
des modèles économiques innovants permettant de de volumes financiers.
mutualiser les sources de financement :
169
LES FRANÇAIS
A 4 8 EN ATTENTE D’ADAPTATION
Réponses "oui " à la question "Pensez-vous que votre territoire sera obligé de prendre des mesures importantes dans les décennies à venir pour s'adapter a
ux nouvelles conditions climatiques ?
100 %
97%
95 %
93% 95%
92%
91%
90%
92%
90 %
88% 89%
87%
85%
85 %
83% 86%
84% 84%
82%
81% 81% 83%
80 % 81% 80% 81%
78% 78%
75 %
2014 2014,5 2015 2015,5 2016 2016,5 2017 2017,5 2018 2018,5 2019
Source : données ADEME (« Représentations sociales du changement climatique », OpinionWay pour l’ADEME, 2014-2015-2016-2017-2018-2019), traitement HCC
La nécessité de l’adaptation est largement admise dans la popula- L’âge joue en faveur de la perception de la nécessité de
tion métropolitaine, ultramarine et les décideurs politiques et l’adaptation. Les moins de 30 ans325, priorisent plus facile-
économiques français. À la question « Pensez-vous que votre ment l’environnement par rapport à d’autres questions
territoire sera obligé de prendre des mesures importantes dans les socio-économiques. Ils se montrent plus sensibles aux
décennies à venir pour s’adapter aux nouvelles conditions enjeux climatiques que leurs aînés et répondent beaucoup
climatiques », les Françaises et les Français répondent à plus de plus « oui, certainement » (37 %) à la nécessité de l’adapta-
80 % « oui, certainement » ou « oui, probablement ». Ils sont tion que les 65 ans et plus (26 %).
même plus de 90 % à déclarer avoir déjà subi les « conséquences
de désordres climatiques sur leur lieu d’habitation ». Ce lien Le fait d’être en situation de pouvoir, et donc de respon-
entre exposition aux aléas climatiques et nécessité de l’adaptation sabilité, se traduit aussi par une conscience accrue des
avait déjà été mis en évidence en 2016 pour les populations nécessités de l’adaptation. Alors que la catégorie
ultramarines322 (85 % de oui contre 81 % pour la métropole). socio-professionnelle influe peu sur les réponses, 89 %
On peut également noter que la prise de conscience des agricul- des dirigeants d’entreprise de plus de 50 salariés326 en
teurs323, dont les activités sont particulièrement vulnérables aux 2018 (contre 82 % pour la population globale) et, plus
changements climatiques, a progressé. Ainsi, ils étaient 80% en encore, 97 % des élus locaux327 en 2019 (contre 84 % de
2016 et 88 % en 2017 à répondre « oui », avec un niveau de la population française), sont convaincus que leur
certitude encore plus marqué chez les exploitants en agriculture territoire devra prendre des mesures importantes dans
biologique. Le récent rapport de la FNSEA324 sur la question les prochaines décennies pour s’adapter aux nouvelles
climatique témoigne aussi de la prise en compte de l’atténuation conditions climatiques.
et de l’adaptation par l’ensemble de la profession.
171
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ministre au président ». https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/200421_lettre_de_mission_b._coeure.pdf
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https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2021-rapport-etape-coeure-avril_0.pdf
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47. Haut conseil pour le climat. (2019). Ibid.
48. Haut conseil pour le climat. (2021). « Avis portant sur le projet de loi climat et résilience ». https://www.hautconseilclimat.fr/publications/avis-por-
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https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_20_364
88. Commission européenne. (2020). « Pacte vert pour l’Europe - Proposition de révision de la directive sur la taxation de l’énergie ». https://ec.euro-
pa.eu/info/law/better-regulation/have-your-say/initiatives/12227-Pacte-vert-pour-l%E2%80%99Europe-Proposition-de-revision-de-la-directive
-sur-la-taxation-de-l%E2%80%99energie_fr
89. Commission européenne. (2019). « Annexe de la communication relative au pacte vert pour l’Europe ». Op. cit.
90. Service des données et études statistiques (SDES) - Les facteurs d'évolution des émissions de CO2 liées à l'énergie en France de 1990 à 2018
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/les-facteurs-devolution-des-emissions-de-co2-liees-lenergie-en-france-de-1990-2018?rubrique=25
91. Insee – Transport intérieur de marchandises par mode https://www.insee.fr/fr/statistiques/2016004
92. En tenant compte uniquement des émissions territoriales, hors transports internationaux (maritime et aérien). L’ensemble des chiffres des deux
paragraphes sont issues de l’Agence européenne de l’environnement.
173
1 4 2 . A g r e s t e ( 2 0 2 0 ) , G r a p h ’ A g r i 2 0 2 0 , h tt p s : / / a g r e s t e . a g r i c u l t u r e . g o u v . f r / a g r e s t e - w e b / d o w n l o a d / p u -
blication/publie/GraFra2020Chap3.3/Graf2012%20-%20Engrais,%20produits%20de%20protection%20des%20cultures.pdf
143. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAOSTAT.
144. Grassi, G., Stehfest, E., Rogelj, J. et al. (2021), Critical adjustment of land mitigation pathways for assessing countries’ climate progress. Nat. Clim.
Chang. 11, 425–434. https://doi.org/10.1038/s41558-021-01033-6
145. Ceccherini, G., Duveiller, G., Grassi, G., Lemoine, G., Avitabile, V., Pilli, R., & Cescatti, A. (2020). Abrupt increase in harvested forest area over
Europe after 2015. Nature, 583(7814), 72-77.
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INRA et IGN. https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/etude-forets-bois-et-changement-climatique-rapport-2.pdf
147. Roux A., Dhôte J.-F. (Coordinateurs), Achat D., Bastick C., Colin A., Bailly A., Bastien J.-C., Berthelot A., Bréda N., Caurla S., Carnus J.-M., Gardiner
B., Jactel H., Leban J.-M., Lobianco A., Loustau D., Meredieu C., Marçais B., Martel S., Moisy C., Pâques L., Picart-Deshors D., Rigolot E., Saint-André
L., Schmitt B. (2017). Quel rôle pour les forêts et la filière forêt-bois françaises dans l’atténuation du changement climatique? Une étude des freins et
leviers forestiers à l’horizon 2050. Rapport d’étude pour le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, INRA et IGN, 101 p. + 230 p. (annexes).
https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/etude-forets-bois-et-changement-climatique-rapport-2.pdf
148. La mortalité annuelle représente en moyenne 0,3 % du volume total de bois vivant sur pied. https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/memento_2020.pdf
et https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/memento_2019_web-2.pdf
149. https://www.onf.fr/onf/+/583::changement-climatique-quelles-pistes-pour-la-reconstruction-des-forets.html
150. https://www.onf.fr/onf/+/2e0::epidemie-de-scolytes-les-forestiers-de-lonf-sur-le-front.html
151. IGN (2020), Le Mémento, Inventaire forestier, édition 2020. https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/memento_2020.pdf
152. Qin, Y., Xiao, X., Wigneron, JP. et al., (2021) Carbon loss from forest degradation exceeds that from deforestation in the Brazilian Amazon. Nat.
Clim. Chang. https://doi.org/10.1038/s41558-021-01026-5
153. Agreste (2021), L’occupation du sol entre 1982 et 2018, Les dossiers n°3.
https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Dos2103/Dossiers%202021-3_TERUTI.pdf
154. Agreste (2021), ibid.
155. https://artificialisation.biodiversitetousvivants.fr/bases-donnees/teruti-lucas
156. THEMA/Efese, mars 2019 https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33141-etude.pdf
157. France Stratégie (2019). Objectif « Zéro artificialisation nette » : quels leviers pour protéger les sols ?, Rapport au ministre de la Transition écologique
et solidaire, au ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales et au ministre chargé de la Ville et du logement.
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-rapport-2019-artificialisation-juillet.pdf
158. Commission européenne, Technical Report - 2013 - 063EnvironmentThe impact of EU consumption on deforestation: Comprehensive analysis of
the impact of EU consumption on deforestation, Final report, 2019, https://ec.europa.eu/environment/forests/pdf/1.%20Report%20analysis%20of%20impact.pdf
159. Commission européenne. (2013). « The impact of EU consumption on deforestation: Comprehensive analysis of the impact of EU consumption on
deforestation », Technical Report 2013-63. https://ec.europa.eu/environment/forests/pdf/1.%20Report%20analysis%20of%20impact.pdf
160. WWF (2021), Quand les européens consomment, les forêts se consument.
https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2021-04/20210414_Rapport_Quand-les-europeens-consomment-les-forets-se-consument_WWF.pdf
161. Angerand S. et B. Patentreger (2020), Mettre fin aux importations de soja issu de la conversion d’écosystèmes naturels d’Amérique du SudPropo-
sition d’un mécanisme pour mettre en œuvre les engagements français, Canopée, AFD, CST forêt, MEAE.
https://www.canopee-asso.org/wp-content/uploads/2020/09/Rapport-SOJA_09-2020-1.pdf
162. WWF (2021), opt cit.
163. Pendrill, F., Persson, U. M., Godar, J., Kastner, T., Moran, D., Schmidt, S. and Wood, R. (2019). Agricultural and forestry trade drives large share of
tropical deforestation emissions. Global Environmental Change, 56. 1–10. https://doi.org/10.1016/j.gloenvcha.2019.03.002
164. Haut conseil pour le climat (2020). Maîtriser l’empreinte carbone de la France.
165. Escobar N. et al. (2020), Spatially-explicit footprints of agricultural commodities: Mapping carbon emissions embodied in Brazil's soy exports,
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https://reader.elsevier.com/reader/sd/pii/S0959378019308623?token=3CEAE847C930E85BD94FEDAFE850D3B6FB86C1862557FE2A93275F965E21B8A
34BC5928E61E0F19E09B3EE90A7EF57D7
166. Qin, Y., Xiao, X., Wigneron, JP. et al. (2021), opt. cit.
167. Brisson N. et F., Frédéric Levrault, éditeurs. 2010. Changement climatique, agriculture et forêt en France : simulations d’impacts sur les principales
espèces. Le Livre Vert du projet CLIMATOR (2007-2010). ADEME. 336 p.
168. Agreste Infos rapides (2020), Grandes cultures, octobre 2020 n°144. https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/pu-
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169. Ben-Ari, T., Boé, J., Ciais, P., Lecerf, R., Van der Velde, M., & Makowski, D. (2018). Causes and implications of the unforeseen 2016 extreme yield
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170. T. A. Brás, J. Seixas, N. Carvalhais et J. Jägermeyr (2021), Severity of drought and heatwave crop losses tripled over the last five decades in Europe,
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171. Ben-Ari, T. et alii. (2018), opt. cit.
172. Agreste Conjoncture (2021), En 2021, le gel historique d’avril ampute fortement la production d’abricots, n°2021-52.
https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/IraFru21052/2021_052inforapabricot.pdf
173. Agreste synthèses conjoncturelles (2020), Bilan conjoncturel 2020, n°365.
https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/BilanConj2020/detail/
174. Agreste conjoncture (2020), Faibles rendements des grandes cultures en 2020, n°2020-164.
https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/IraGcu20164/detail/
175. Ben-Ari, T. et alii. (2018), ibid.
176. Bies-Peré H., H. Lapie, J. Limouzin et O. Dauger (2020), Faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture, Rapport d’orientation 2020, FNSEA.
177. Par exemple : Guyomard, H., Bureau J.-C. et al. (2020), Research for AGRI Committee – The Green Deal and the CAP: policy implications to adapt
farming practices and to preserve the EU’s natural resources. European Parliament, Policy Department for Structural and Cohesion Policies? Brussels.
https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2020/629214/IPOL_STU(2020)629214_EN.pdf
178. Commission européenne (2021), List of potential AGRICULTURAL PRACTICES that ECO-SCHEMEScould support.
https://ec.europa.eu/info/news/commission-publishes-list-potential-eco-schemes-2021-jan-14_en
179. Aubert P.-M. et Paux X. (2021), La certification Haute Valeur Environnementale dans la PAC : enjeux pour une transition agroécologique réelle,
IDDRi, Sciences PO,Propositions n°4, mars 2021,
https://www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/Propositions/202103-PB0421_HVE_0.pdf
180. Fosse J., Faire de la politique agricole commune un levier de la transition agroécologique, France Stratégie, octobre 2019.
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-rapport-pac-octobre-2019.pdf
181. Les plan de filières sont consultables à https://agriculture.gouv.fr/egalim-les-plans-de-filieres.
182. Haut conseil pour le climat (2020), « France relance » : quelle contribution à la transition bas-carbone ?
183. Haut conseil pour le climat (2020), « France relance » : quelle contribution à la transition bas carbone, un avis du Haut conseil pour le climat,
décembre 2020.
184. M. Combe (2020), Qu’est-ce que l’agriculture à haute valeur environnementale ?, Natura Sciences.
https://www.natura-sciences.com/agriculture/agriculture-haute-valeur-environnementale.html
185. Haut conseil pour le climat (2020), « France relance » : quelle contribution à la transition bas carbone, un avis du Haut conseil pour le climat, décembre 2020.
186. https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/plan-de-relance/annexe-fiche-mesures.pdf
187. https://bilan-electrique-2020.rte-france.com/production-emissions-de-co2/#
188. https://bilan-electrique-2020.rte-france.com/production-thermique-fossile/#
189. Commissariat général au développement durable (2020), Les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie en France de 1990 à 2018, Datalab, avril 2020.
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/les-facteurs-devolution-des-emissions-de-co2-liees-lenergie-en-france-de-1990-2018?rubrique=28&dossier=1274
177
309. Carbon Brief. Attributing Extreme Weather to Climate Change.
https://www.carbonbrief.org/mapped-how-climate-change-affects-extreme-weather-around-the-world
310. World Weather Attribution. (2020). « Prolonged Siberian Heat of 2020 », juillet.
https://www.worldweatherattribution.org/siberian-heatwave-of-2020-almost-impossible-without-climate-change/
311. Hoegh-Guldberg, O., Jacob, D., Taylor, M., Bindi, M., Brown, S., Camilloni, I., Diedhiou, A., Djalante, R., Ebi, K.L., Engelbrecht, F., Guiot, J., Hijioka, Y., Mehrotra, S.,
Payne, A., Seneviratne, S.I., Thomas, A., Warren, R. et Zhou, G. (2018). « Impacts of 1.5ºC Global Warming on Natural and Human Systems », In GIEC. (2018). Op. cit.
312. IPSL. (2016). « EXTREMOSCOPE. Interprétation et attribution des événements météorologiques et climatiques extrêmes dans un cadre climatique
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313. Caisse centrale de réassurance. (2015). « Modélisation de l'impact du changement climatique sur les dommages assurés dans le cadre du régime
Catastrophes naturelles », service R&D modélisation, décembre.
https://www.ccr.fr/documents/35794/35836/Etude+climat.pdf/18d0afb3-0a2c-40a7-a5ca-8a10c570168e?t=1455202610000
314. CCR et Météo France. (2018). « Conséquences du changement climatique sur le coût des catastrophes naturelles en France à horizon 2050 ».
6a7b6120-7050-ff2e-4aa9-89e80c1e30f2 (https://www.ccr.fr)
315. Association actuarielle internationale. (2020). « IAA Paper: Importance of Climate-Related Risks for Actuaries, Climate Risk Task Force », Climate
Risk Task Force. September.
https://www.actuaries.org/IAA/Documents/Publications/Papers/CRTF_ImportanceClimateRelatedRisksActuaries_FINAL.pdf
316. La question de la couverture des risques en agriculture sera traitée plus amplement dans un prochain rapport du HCC dédié à l’agriculture.
317. Climate ADAPT. The European Climate Adaptation Platform. https://climate-adapt.eea.europa.eu/
318. European Climate and Health Observatory, and Climate ADAPT. Main topics and tools of the observatory.
https://climate-adapt.eea.europa.eu/observatory
319. Institute for Climate Economics, I4CE. (2019-2021) et Depoues, V., Dhenain, S. (2021). Op. cit.
320. Institute for Climate Economics, I4CE. (2020). « Évaluation climat des budgets des collectivités territoriales : synthèse », Fetet, (M.) et Nicol M., novembre.
https://www.i4ce.org/download/evaluation-climat-des-budgets-collectivites-territoriales/
321. Department of Environment, food and rural affairs. (2018). List of Organisations Reporting under Adaptation Reporting Power: Third Round, Policy
paper, décembre.
https://www.gov.uk/government/publications/climate-change-adaptation-reporting-third-round/list-of-organisations-reporting-under-adaptation-reporting-power-third-round
322. OpinionWay. (2016). « Représentations sociales du changement climatique ». Étude d’opinion pour l’Ademe. Échantillon de 504 ultramarins, représentatif de
la population des départements et collectivités d’Outre-Mer (Polynésie française, Réunion, Mayotte, Guyane, Guadeloupe, Martinique, Nouvelle-Calédonie) âgée
de 15 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socio-professionnelle et de collectivité de résidence.
323. OpinionWay. (2016 et 2017). « Représentations sociales du changement climatique ». Étude d’opinion pour l’Ademe. En 2016, échantillon de 491 agriculteurs
représentatif de la profession, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères d’âge, de type et de taille d’exploitation ; en 2017, échantillon de 789
agriculteurs représentatif de la profession, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères d’âge, de type et de taille d’exploitation et de région.
324. FNSEA. (2020). Op. cit.
325. OpinionWay. (2017). « Représentations sociales du changement climatique ». Étude d’opinion pour l’Ademe. Échantillon de 800 jeunes représen-
tatifs de la population française des jeunes âgés de 15 à 30 ans, constitué selon la méthode des quotas au regard des critères de sexe, d’âge, de
catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.
326. OpinionWay. (2018). « Représentations sociales du changement climatique ». Étude d’opinion pour l’Ademe. Échantillon représentatif de 505 diri-
geants d’entreprises de 50 salariés et plus, constitué selon la méthode des quotas au regard des critères de taille d’entreprise et de secteur d’activité.
327. OpinionWay. (2019). « Représentations sociales du changement climatique ». Étude d’opinion pour l’Ademe. Échantillon de 495 élus, dont 191
maires ou adjoints au maire, 205 membres d’exécutifs intercommunaux et 99 membres d’exécutifs régionaux ou départementaux. L’échantillon de
maires a été stratifié selon la taille de la commune.
i. Projet de décret relatif à l’interdiction d’installer des systèmes de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire consommant principalement
des combustibles à haut niveau d’émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments à usage d’habitation ou à usage professionnel
http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-de-decret-relatif-a-l-interdiction-d-a2287.html
et Batiactu - juin 2021 - L'interdiction des chaudières au fioul reportée de six mois
https://www.batiactu.com/edito/interdiction-chaudieres-au-fioul-neuf-reportee-six-62018.php
ii. Plan d’action climat du Ministère de la Transition écologique
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20194_bilan_Plan-Action-Climat-litteraire-5.pdf
iii. Les seuils de consommation énergétiques sont fixés réglementairement à 50 kWhEP/(m2.an) pour les bâtiments neufs et 80 kWhEP/(m2.an) pour
les bâtiments rénovés. Sources : arrêté du 3 mai 2007 relatif au contenu et aux conditions d'attribution du label « haute performance énergétique »
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000615939/ et arrêté du 29 septembre 2009 relatif au contenu et aux conditions d'attribution
du label « haute performance énergétique rénovation » https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000021089668/
vi. Estimation fournie par le service des études statistiques du Ministère de la Transition écologique
v. Insee – mai 2020 - Confinement : des conséquences économiques inégales selon les ménages https://www.insee.fr/fr/statistiques/4801313
vi. Plan de relance Volet écologie https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/tableau-de-bord/ecologie
vii. I4CE Edition 2020 du Panorama des financements climat
https://www.i4ce.org/go_project/panorama-financements-climat-domestiques/panorama-financements-climat-france/ [à mettre en gras et activer le lien]
viii. CGEDD et CGE – octobre 2018 - Évaluation de la réglementation thermique de 2012 dans les bâtiments neufs en vue de la prochaine réglementation
environnementale
https://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/Affaires-0009677/010888-01_rapport-1ere-etape_publie.pdf
xi. Service des données et études statistiques – septembre 2019 - Le parc de logements par classe de consommation énergétique
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/le-parc-de-logements-par-classe-de-consommation-energetique
x. ADEME, Dorémi, Enertech, 2020. La rénovation performante par étapes - Étude des conditions nécessaires pour atteindre la performance BBC
rénovation ou équivalent à terme en logement individuel. 196 pages.
Cet ouvrage est disponible en ligne https://www.ademe.fr/mediatheque
xi. Observatoire régionale de santé Ile de France – mai 2014 – Précarité énergétique et santé
https://www.ors-idf.org/nos-travaux/publications/precarite-energetique-et-sante/
xii. IEA (2020), Energy efficiency and economic stimulus, IEA, Paris https://www.iea.org/articles/energy-efficiency-and-economic-stimulus
xiii. Plan de relance – Rénovation énergétique des bâtiments publics
https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/profils/collectivites/renovation-energetique-batiments-publics
xiv. Direction de l’immobilier de l’État – France Relance : les projets de rénovation énergétique des bâtiments publics
https://immobilier-etat.gouv.fr/les-grands-dossiers/france-relance-projets-renovation-energetique-batiments-publics
xv. Programmation pluriannuelle de l’énergie p. 205
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf[àmettreengrasetactiverlelienhypertexte]
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf
xvi. Fedene et SNCU – Enquête des réseaux de chaleur et de froid édition 2020
https://www.fedene.fr/wp-content/uploads/sites/2/2020/12/SNCU_synth%C3%A8se-enquete-2020-final.pdf
xvii. Programmation pluriannuelle de l’énergie p. 205
xviii. Fedene et SNCU – Enquête des réseaux de chaleur et de froid édition 2020
https://www.fedene.fr/wp-content/uploads/sites/2/2020/12/SNCU_synth%C3%A8se-enquete-2020-final.pdf [à mettre en gras et activer le lien hypertexte]
xix. Amorce - Comparaison économique des modes de chauffage en 2017
https://amorce.asso.fr/publications/comparaison-economique-des-modes-de-chauffage-en-2017-rce32
PARLEMENT
SAISIT POUR AVIS
SÉNAT
RÉPOND SOUS 6 MOIS
ASSEMBLÉE NATIONALE
RAPPORT ANNUEL TRANSMIT
CESE
S’AUTOSAISIT
GOUVERNEMENT
HAUT CONSEIL RAPPORT ANNUEL REMIS
POUR LE CLIMAT AU PREMIER MINISTRE
MINISTÈRES
AVIS QUINQUÉNAL
Évaluer SUR LA STRATÉGIE
et recommande
de manière neutre EST ENTENDU
et indépendante UNE FOIS PAR AN CONSEIL DE DÉFENSE ÉCOLOGIQUE
Oriente, priorise et assure prise en compte et suivi
Le Haut conseil pour le climat est un organisme indépendant Il rend un avis tous les 5 ans sur les projets de stratégie
chargé d’émettre des avis et recommandations sur la mise en nationale bas-carbone et de budgets carbone et sur la tra-
œuvre des politiques et mesures publiques pour réduire les jectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre sur
émissions de gaz à effet de serre de la France. Il a vocation à laquelle s’engage la France. Il évalue la cohérence de la
apporter un éclairage indépendant sur la politique du gouver- stratégie bas-carbone vis-à-vis des politiques nationales et
nement en matière de climat. Le Haut conseil pour le climat des engagements européens et internationaux de la
a été créé par le décret du 14 mai 2019, après avoir été installé France, en particulier de l’accord de Paris et de l’atteinte
le 27 novembre 2018 par le Président de la République. Son de la neutralité carbone en 2050.
existence a été inscrite dans la loi du 8 novembre 2019 rela-
tive à l’énergie et au climat. Ses membres sont choisis pour Pour ces deux missions, le Haut conseil pour le climat prend
leur expertise dans les domaines de la science du climat, de en compte les impacts socio-économiques de la transition
l’économie, de l’agronomie et de la transition énergétique. pour les ménages et les entreprises, les enjeux de souveraineté
et les impacts environnementaux.
Aux termes du décret portant sa création, le Haut conseil
pour le climat a deux missions principales : Ses rapports, fondés sur des analyses, évaluent les politiques et
mesures en place et prévues et formulent des recommanda-
Il rend chaque année un rapport consultatif sur le respect tions et propositions pour aider la France à atteindre ses
de la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de objectifs. Il donne un éclairage indépendant, factuel et rigou-
serre et la bonne mise en œuvre et l’efficacité des politiques reux sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de la
et mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre France et sur ses politiques publiques. Il offre une perspective
et développer les puits de carbone, réduire l'empreinte car- à long-terme. Tous les avis et rapports du Haut conseil pour
bone et développer l'adaptation au changement climatique. le climat sont rendus publics.
179
REMERCIEMENTS
DU HAUT CONSEIL POUR LE CLIMAT
Ce rapport a été élaboré par :
• Olivier FONTAN (directeur exécutif),
• Audrey BERRY,
• Julien BUEB,
• Solange MARTIN,
• Paul-Hervé TAMOKOUÉ KAMGA,
• Élisa SGAMBATI étant chargée de la communication.
Des remerciements tous particuliers à nos deux stagiaires,
• Antoine VANDON et
• Inès PITAVY, pour leur engagement précieux et sans faille.
Le Haut conseil pour le climat souhaite remercier les organisations ayant bien voulu apporter des éclairages et des connais-
sances utiles à la réalisation de ce rapport (par ordre alphabétique) :
• L’ADEME,
• la Délégation aux affaires européennes et internationales (DAEI) (MTE)
• le Département de la Lutte Contre l’Effet de Serre (DLCES) (MTE),
• la Direction générale de l’Energie et du Climat (DGEC) (MTE),
• la Direction général du Trésor (DG Trésor) (MEFR),
• la Fédération Atmo France,
• Institute for Climate Economics (I4CE),
• l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI),
• l’Institut national de la recherche agronomique (INRA),
• Météo France
• négaWatt,
• l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC)
• Régions de France,
• le Réseau des Agences Régionales de l’Énergie et de l’Environnement (RARE),
• l'ambassadeur chargé des négociations pour le changement climatique, S. Exc. M. Stéphane CROUZAT.
Le Haut conseil pour le climat remercie les auteurs des contributions suivantes, qui ont été réalisées à sa demande :
• CREDOC, 2020 « Note de synthèse sur l’évolution de la sensibilité environnementale et des comportements
associés, à partir de l’enquête Conditions de vie et aspirations.
Michel Colombier est ingénieur et économiste. Il est directeur scientifique de IDDRI, di-
recteur du Club d’Ingénierie Prospective et professeur associé à Sciences Po Paris. Il a été
directeur général de l’ICE (International Consulting on Energy), conseiller auprès du ca-
binet du ministre de l’Energie, chef du département « stratégie et évaluation » de l’Ademe.
Il a été président du Comité d’Experts pour la Transition Energétique en France.
Michel COLOMBIER
Sophie Dubuisson-Quellier est docteur en sociologie de l’École des Mines de Paris, direc-
trice de recherche au CNRS et directrice adjointe du Centre de Sociologie des organisa-
tions (CSO), unité mixte de recherche de Sciences Po et du CNRS. Elle conduit un pro-
gramme de recherche en sociologie économique sur la fabrique sociale des comporte-
ments de consommation.
Sophie DUBUISSON-QUELLIER
Alain GRANDJEAN
Marion GUILLOU
Céline Guivarch est directrice de recherches à l’École des Ponts, économiste au CIRED
(Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement). Elle tra-
vaille à la fois sur les impacts économiques du changement climatique et sur les trajec-
toires de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle fait partie de l’équipe des au-
teurs du 6ème rapport d’évaluation du GIEC.
Céline GUIVARCH
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Jean-Marc Jancovici est diplômé de l’École polytechnique et de Télécom ParisTech. Il est
associé fondateur de Carbone 4, cabinet de conseil en stratégie climat, président fonda-
teur de l’association The Shift Project. Il est professeur à Mines ParisTech depuis 2008.
Ses spécialités sont la lecture physique de l’économie, la comptabilité carbone (il est l’au-
teur principal du Bilan Carbone), et l’approvisionnement énergétique.
Jean-Marc JANCOVICI
Benoît est le directeur général d’I4CE – Institut de l’économie pour le climat, une associa-
tion experte de l’économie et de la finance fondée par la Caisse des Dépôts et l’Agence Fran-
çaise de Développement, et dont la mission est de faire avancer l’action contre les changements
climatiques. Benoît est ingénieur de l’École polytechnique et de l’ENSTA ParisTech, et est ti-
tulaire d’un Master en économie de l’Université Paris X-AgroParisTech-Ecole polytechnique.
Benoît LEGUET
Valérie MASSON-DELMOTTE
Magali Reghezza-Zitt est une ancienne élève de l’Ecole normale supérieure (ENS), agré-
gée de géographie, docteur en géographie et aménagement. Elle est maître de conférences
habilitée à diriger des recherches à l’ENS, où elle dirige le centre de formation sur l’envi-
ronnement et la société (CERES). Membre du laboratoire de géographie physique de
Meudon, ses recherches portent sur la géographie politique et sociale de l’environnement.
Magali REGHEZZA-ZITT
Katheline SCHUBERT
Jean-Francois SOUSSANA
Laurence Tubiana est présidente de la Fondation européenne pour le climat (ECF). Elle
est également présidente du conseil d’administration de l’Agence française de développe-
ment (AFD) et professeur à Sciences Po Paris. Elle a été ambassadrice chargée des négo-
ciations sur le changement climatique et représentante spéciale pour la COP 21, et de ce
fait, elle a été nommée championne de haut niveau pour le climat.
Laurence TUBIANA
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@hc_climat