La Pravda Americaine-Histoire Et Seconde Guerre Mondiale
La Pravda Americaine-Histoire Et Seconde Guerre Mondiale
La Pravda Americaine-Histoire Et Seconde Guerre Mondiale
Pravda américaine :
Histoire et seconde guerre mondiale
Ron UNZ
19 avril 2020
Version : 20200419
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International.
2
Table des matières
3
L’auteur et le concept de la
Pravda Américaine
4
TABLE DES MATIÈRES 5
6
A. COCKBURN ET LES ESPIONS BRITANNIQUES 7
mondiale avait fini par être perçue par le peuple américain avec le
recul comme une erreur désastreuse, et l’idée d’aller faire la guerre
en Europe une deuxième fois était extrêmement impopulaire. D’où
la nécessité d’une campagne secrète de subversion politique et de
manipulation des médias pour saper les personnalités publiques qui
s’opposaient à l’intervention et faire en sorte que l’Amérique entre
en guerre, même si très peu d’Américains le voulaient réellement.
Cette tâche a été rendue beau-
coup plus difficile par un autre fac-
teur que l’auteur n’a que peu abordé.
Au cours de la période en question,
un réseau d’agents communistes fi-
dèles à l’Union soviétique a exercé une
énorme influence politique, comme l’a
démontré de manière concluante de
nombreuses décennies plus tard la dé-
classification des décryptages Venona.
Cependant, Staline et Hitler étaient
devenus des alliés juste avant le dé-
but de la Seconde guerre mondiale,
et jusqu’à l’invasion allemande de la
Russie en juin 1941, les communistes
étaient généralement opposés à tout soutien américain à la Grande-
Bretagne ou à la France, et encore moins à toute intervention mili-
taire directe. Ainsi, pendant presque toute la période en question,
les espions et les agents d’influence britanniques qui ont poussé
l’Amérique à aller en guerre se sont parfois heurtés à la résistance
des espions et des agents d’influence communistes qui poussaient
dans la direction opposée.
L’audace du réseau d’espionnage britannique était vraiment re-
marquable et s’expliquait en partie par l’énorme degré de contrôle
qu’eux-mêmes et leurs alliés américains exerçaient sur la plupart
des principaux médias, ce qui les protégeait largement du risque de
divulgation publique dommageable. Dans le cadre de cette immu-
A. COCKBURN ET LES ESPIONS BRITANNIQUES 11
18
COMMENT HITLER A SAUVÉ LES ALLIÉS 19
vons pas être trop durs avec les dirigeants politiques et les stratèges
de l’époque. La technologie militaire était en constante évolution,
et les faits qui semblaient évidents en 1943 ou 1944 étaient beau-
coup moins clairs au début du conflit. D’après leur expérience de la
Première guerre mondiale, la plupart des analystes pensaient que
ni les Allemands ni les alliés n’avaient l’espoir de réaliser une percée
précoce sur le front occidental, tandis que les Soviétiques étaient
soupçonnés d’être une puissance militaire faible, constituant peut-
être le ventre mou de la machine de guerre allemande.
En outre, certaines des conséquences politiques les plus graves
d’une attaque alliée contre l’Union soviétique auraient été totale-
ment inconnues des dirigeants français et britanniques de l’époque.
Bien qu’ils étaient certainement conscients des puissants mouve-
ments communistes dans leur propre pays, tous étroitement liés
à l’URSS, ce n’est que bien des années plus tard qu’il est devenu
clair que la haute direction de l’administration Roosevelt était infil-
trée par de nombreux agents pleinement fidèles à Staline, la preuve
finale attendant la libération des décryptages de Venona dans les
années 1990. Ainsi, si les forces alliées étaient soudainement entrées
en guerre contre les Soviétiques, l’hostilité totale de ces personnes
influentes aurait considérablement réduit les perspectives futures
d’une aide militaire américaine substantielle, sans parler d’une in-
tervention éventuelle dans le conflit européen.
Ainsi, si les Allemands avaient pour quelque raison que ce soit
retardé de quelques semaines l’assaut de 1940 contre la France,
l’attaque alliée en attente aurait amené les Soviétiques à entrer en
guerre dans l’autre camp, assurant la défaite des alliés. Il semble
indéniable que l’action fortuite d’Hitler a sauvé par inadvertance
les alliés des conséquences désastreuses de leurs plans stupides.
Bien que l’exploration des implications dramatiques du déclen-
chement d’une guerre alliée-soviétique en 1940 puisse être un exemple
intrigant d’histoire alternative, en tant qu’exercice intellectuel, elle
n’a guère de pertinence pour notre monde d’aujourd’hui. Bien plus
important est ce que le récit révèle sur la fiabilité du récit historique
COMMENT HITLER A SAUVÉ LES ALLIÉS 24
à une phrase ou deux, voire même moins. Par exemple, malgré ses
succès militaires considérables, l’Allemagne a lancé un effort de
paix majeur à la fin de 1916 pour mettre fin à l’impasse de la
guerre par des négociations et éviter ainsi des océans de nouvelles
effusions de sang. Cependant, cette proposition a été farouchement
rejetée par les puissances alliées et leurs partisans dans les pages des
principaux périodiques du monde, car ils demeuraient fermement
attachés à une victoire militaire ultime.
La fièvre de la guerre était certainement encore très forte la
même année en Grande-Bretagne, première puissance alliée. Lorsque
d’éminents défenseurs de la paix tels que Bertrand Russell et Lord
Loreborn, fortement soutenus par le rédacteur en chef de l’influent
journal The Economist de Londres, ont insisté pour que les com-
bats cessent par la négociation, ils ont été sévèrement dénigrés et
ce dernier a dû démissionner de son poste. E.D. Morel, un autre
défenseur engagé de la paix, a été emprisonné pour son activisme
dans des conditions si dures qu’il a perdu la santé et est mort à
l’âge de 51 ans quelques années après sa libération.
Comme excellent antidote à notre compréhension gravement
déformée des sentiments de guerre et de la politique intérieure eu-
ropéenne à l’origine du conflit, je recommande vivement le texte
de Lothrop Stoddard, L’Europe d’aujourd’hui, l’un des intellectuels
publics américains les plus influents de l’époque. Écrit avant l’en-
trée de l’Amérique dans le conflit, l’ouvrage offre le genre de déta-
chement scientifique remarquable qui allait bientôt devenir presque
impossible.
49
QUAND STALINE A FAILLI CONQUÉRIR L’EUROPE 50
niront une copie à lire et à juger par vous-même. Mais pour ceux
qui désirent un simple résumé, la conférence en 2009 de Souvorov
au Forum Eurasie de l’Académie navale d’Annapolis est commodé-
ment disponible sur YouTube [Lien indisponible, un autre lien est
proposé, NdT], bien que légèrement entravée par son faible niveau
en anglais :
https://www.youtube.com/watch?v=vOSPvp8Kgeg
Et aussi ses conférences C-SPAN Book TV au Woodrow Wilson
Center :
https://youtu.be/Nj9Geqf3LB8
Les théories controversées, même
si elles sont soutenues par des preuves
apparemment solides, peuvent diffi-
cilement être évaluées correctement
tant qu’elles n’ont pas été mises en
balance avec les contre-arguments de
leurs détracteurs les plus sévères, et
cela devrait certainement être le cas
avec l’hypothèse de Souvorov. Mais
bien que les trois dernières décen-
nies aient vu le développement d’une
importante littérature secondaire, en
grande partie très critique, presque
tout ce débat international s’est dé-
roulé en russe, en allemand ou en hé-
breu, des langues que je ne lis pas.
Il y a quelques exceptions. Il y a plusieurs années, je suis tombé
sur un débat à ce sujet sur un site Web, et un grand critique a
affirmé que les théories de Souvorov avaient été totalement dé-
mystifiées par l’historien militaire américain David M. Glantz dans
Stumbling Colossus, publié en 1998. Mais quand j’ai commandé et
lu le livre, j’ai été très déçu. Bien qu’il prétendait réfuter Souvo-
rov, l’auteur semblait ignorer presque tous ses arguments centraux
et se contentait de résumer de façon plutôt ennuyeuse et pédante
QUAND STALINE A FAILLI CONQUÉRIR L’EUROPE 62
rations finales pour une attaque surprise les avaient rendus plus
vulnérables, et arrachant ainsi une victoire initiale majeure des
mâchoires d’une défaite certaine. D’énormes stocks de munitions et
d’armes soviétiques avaient été placés près de la frontière pour ap-
provisionner l’armée d’invasion de l’Allemagne, et ils tombèrent ra-
pidement entre les mains des Allemands, apportant un complément
important à leurs propres ressources terriblement insuffisantes.
Les ressources énormes et pleinement militarisées de l’État so-
viétique, complétées par les contributions de la Grande-Bretagne et
de l’Amérique, ont fini par renverser la vapeur et par mener à une
victoire soviétique, mais Staline s’est retrouvé avec seulement la
moitié de l’Europe plutôt que sa totalité. Souvorov soutient que la
faiblesse fatale du système soviétique était son incapacité totale à
concurrencer les États non soviétiques dans la production de biens
civils en temps de paix, et parce que ces États avaient encore sur-
vécu après la guerre, l’Union soviétique était vouée à l’effondrement
final.
Navrozov, le chroniqueur des Chronicles, est un slave russe et
donc peu favorable au dictateur allemand. Mais il termine sa cri-
tique par une déclaration remarquable :
Par conséquent, si l’un d’entre nous est libre d’écrire,
de publier et de lire ceci aujourd’hui, il s’ensuit que dans
une partie non négligeable, notre gratitude pour cela doit
aller à Hitler. Et si quelqu’un veut m’arrêter pour avoir
dit ce que je viens de dire, je ne fais aucun secret de
l’endroit où je vis.
Chapitre 4
Les secrets du
renseignement militaire
66
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 67
fois par jour, et je doute que Larry Summers soit la seule personne
au monde qui soupçonne que les hommes puissent être un peu
meilleurs en mathématiques que les femmes. Mais certains sont
tout à fait en désaccord avec cette évaluation et, à la suite de la
controverse de Summers, l’une de ses plus féroces opposantes acadé-
miques fut une certaine Janet Mertz, spécialisée dans la recherche
sur le cancer à l’Université du Wisconsin.
Afin de réfuter efficacement les spéculations odieuses de Sum-
mers, elle et ses coauteurs, ont décidé d’examiner attentivement
la liste complète des participants aux Olympiades internationales
de mathématiques pour les années 1988-2007. Ces quelque 3200
personnes représentent les élèves en mathématiques les plus per-
formants au monde dans les écoles secondaires de douzaines de
pays, et la répartition des sexes dans tant de cultures différentes et
d’années, constituerait certainement une preuve quantitative puis-
sante de la différence significative entre les aptitudes moyennes des
hommes et celles des femmes. Étant donné que la plupart de ces
milliers d’olympiens en mathématiques viennent de pays non oc-
cidentaux, la détermination du sexe de chacun d’entre eux n’est
pas une entreprise triviale, et nous devrions féliciter Mertz et ses
collègues pour les recherches diligentes qu’ils ont entreprises pour
accomplir cette tâche.
Ils ont publié leurs importants résultats dans un article de revue
académique de 10 000 mots, dont la conclusion « première et prin-
cipale », fournie en caractères gras italiques, était que « le mythe
selon lequel les femmes ne peuvent pas exceller en mathématiques
doit être mis de côté ». Et dans ses entrevues subséquentes, elle a
proclamé que ses recherches avaient démontré que les hommes et
les femmes possédaient des capacités innées égales en mathéma-
tiques, et que les différences actuelles de performance étaient dues
à la culture ou aux préjugés, un résultat que nos médias ont fait
valoir avec enthousiasme et éloquence.
Mais curieusement, lorsque j’ai pris la peine de lire le texte et les
tableaux de son étude académique d’une longueur particulièrement
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 70
ASIE :
Chine, 96% d’hommes
Inde, 97% d’hommes
Iran, 98% d’hommes
Israël, 98% d’hommes
Japon, 98% d’hommes
Kazakhstan, 99% d’hommes
Corée du Sud, 93% d’hommes
Taïwan, 95 % d’hommes
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 71
EUROPE :
Bélarus, 94% d’hommes
Bulgarie, 91% hommes
République tchèque, 96% d’hommes
Slovaquie, 88% d’hommes
France 97% hommes
Allemagne, 94% d’hommes
Hongrie, 94% d’hommes
Pologne, 99% d’hommes
Roumanie, 94% d’hommes
Russie/URSS, 88% d’hommes
Serbie-et-Monténégro, 80% d’hommes
Ukraine, 93% d’hommes
Royaume-Uni, 93% d’hommes
AUTRE :
Australie, 94% d’hommes
Brésil, 96% d’hommes
Canada, 90 % d’hommes
États-Unis, 96% d’hommes
MOYENNE INTERNATIONALE :
94,4 % hommes
années 1930 comme un des généraux les plus respectés des États-
Unis, ayant été considéré pour le commandement supérieur de nos
forces armées et servant également de mentor personnel à Dwight
D. Eisenhower, au futur secrétaire d’État George C. Marshall, et à
de nombreuses autres figures militaires importantes. Il semble avoir
été très apprécié au sein de notre establishment militaire et avait
une excellente réputation personnelle.
Moseley avait aussi des opinions très arrêtées sur les grands
enjeux publics de l’époque, et après sa retraite en 1938, il a com-
mencé à se libérer de la discipline militaire et à faire la promotion
de ses opinions de façon agressive en participant à une tournée na-
tionale de conférences. Il dénonça à plusieurs reprises la montée en
puissance militaire de Roosevelt et, dans un discours prononcé au
début de 1939, il déclara que « la guerre proposée aujourd’hui a
pour but d’établir l’hégémonie juive à travers le monde ». Il a dé-
claré que seuls les Juifs profiteraient de la guerre, et affirmé que les
principaux Juifs de Wall Street avaient financé la Révolution russe,
en avertissant les Américains de ne pas laisser l’histoire se répéter.
Bien que le franc-parler de Moseley lui ait rapidement valu une ré-
primande de la part de l’administration Roosevelt, il a également
reçu des lettres privées de soutien d’autres généraux de haut rang
et de l’ancien président Herbert Hoover.
Dans son témoignage au Congrès juste avant le déclenchement
de la Seconde Guerre mondiale, Moseley est devenu encore plus
franc. Il déclara que les « escouades d’assassins » des communistes
juifs avaient tué « des millions de chrétiens », mais que « heureu-
sement, le caractère du peuple allemand s’était éveillé » contre ces
traîtres en leur sein et que par conséquent « nous ne devrions pas
reprocher aux Allemands de régler le problème du Juif sur leur ter-
ritoire pour toujours ». Il a même exhorté nos dirigeants nationaux
à« tirer profit » de l’exemple allemand pour s’attaquer problème
national juif de l’Amérique qui s’envenimait.
Comme on pouvait s’y attendre, l’éloge que Moseley fit en 1939
de la politique juive de l’Allemagne devant le Congrès provoqua une
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 76
en Amérique.
Mais bien plus graves que les manquements de Bendersky dans
des domaines extérieurs à son expertise professionnelle sont les
omissions massives et flagrantes que l’on retrouve au cœur même de
sa thèse. Ses centaines de pages de texte démontrent certainement
que pendant des décennies, nos meilleurs professionnels militaires
ont été très préoccupés par les activités subversives des commu-
nistes juifs, mais il semble négligemment rejeter ces craintes comme
absurdes, presque illusoires. Pourtant, les faits réels sont très dif-
férents. Comme je l’ai brièvement noté l’année dernière après mon
examen superficiel de son livre :
Le livre compte plus de 500 pages, mais lorsque j’ai
consulté l’index, je n’ai trouvé aucune mention des Ro-
senberg, ni de Harry Dexter White, ni d’aucun des très
nombreux espions juifs révélés par les décryptages de
Venona, et le terme « Venona » lui-même est égale-
ment absent de l’index. Les rapports montrant que la
direction des bolcheviques russes était majoritairement
juive sont généralement traités comme sectaires et pa-
ranoïaques, tout comme les descriptions du même dés-
équilibre ethnique au sein du Parti communiste amé-
ricain, sans parler du soutien financier important ap-
porté aux bolcheviques par les banquiers internationaux
juifs. A un moment donné, il rejette le lien entre les
Juifs et le communisme en Allemagne en notant que
« moins de la moitié » de la direction du Parti commu-
niste était juive ; mais comme moins d’un Allemand sur
cent venait de cette origine ethnique, les Juifs étaient
manifestement surreprésentés parmi les dirigeants com-
munistes à hauteur de 5 000 %. Cela semble être le
genre de malhonnêteté et d’innombrables erreurs que
j’ai régulièrement rencontrées parmi les experts juifs de
l’Holocauste.
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 79
troisième main.
Nous devrions au moins reconnaître que le livre de Beaty four-
nit un excellent résumé des croyances des officiers du renseignement
militaire américain et de bon nombre de nos principaux généraux
au cours de la première moitié du XXe siècle. Le droit d’auteur
étant expiré depuis longtemps, je suis heureux de le rendre dispo-
nible en format HTML, permettant au lecteur intéressé de le lire
et de juger par lui-même :
des étrangers juifs qui avaient acquis un tel degré de contrôle sur le
pays. Les deux hommes finirent par se rencontrer et, selon Oliver,
ils semblaient tout à fait d’accord sur le sort de l’Amérique, dont
ils discutèrent en toute franchise.
Vers la fin de la même année, Welch décrit ses plans pour re-
prendre le contrôle du pays par la création d’une organisation natio-
nale semi-secrète d’individus patriotiques, principalement issus des
classes moyennes supérieures et des hommes d’affaires prospères,
qui devint par la suite la John Birch Society. Avec sa structure et
sa stratégie inspirées par le Parti communiste, il devait être étroi-
tement organisé en cellules locales individuelles, dont les membres
établiraient alors un réseau d’organisations de façade pour des pro-
jets politiques particuliers, toutes apparemment sans lien les unes
avec les autres mais en réalité sous leur influence dominante. Des
directives secrètes seraient transmises de bouche à oreille à chaque
cellule local par l’intermédiaire de coordinateurs envoyés du siège
central de Welch, un système également calqué sur la stricte disci-
pline hiérarchique des mouvements communistes.
Welch a dévoilé sa proposition en privé à un petit groupe de
cofondateurs potentiels, qui, à l’exception d’Oliver, étaient tous
de riches hommes d’affaires. Il a admis candidement son propre
athéisme et a expliqué que le christianisme n’aurait aucun rôle dans
le projet, ce qui lui coûta quelques soutiens potentiels ; mais une
douzaine d’entre eux s’engagèrent, notamment Fred Koch, le père
fondateur des Industries Koch. Un accent minimal devait être mis
sur les questions juives, en partie pour éviter d’attirer l’attention
des médias et en partie dans l’espoir qu’un schisme croissant entre
juifs sionistes et non sionistes pourrait affaiblir leur puissant adver-
saire, ou si le premier prenait le dessus, peut-être aider à assurer
le déplacement de tous les juifs au Moyen Orient.
Au fur et à mesure que le projet avançait, un magazine mensuel
appelé American Opinion a été lancé et Oliver a pris la responsa-
bilité d’une grande partie de chaque numéro. Compte tenu de son
importance universitaire et politique, il est également devenu l’un
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 106
des quelque cent officiers militaires importants qui ont fait l’objet
de son enquête n’a jamais abordé le sujet de l’Holocauste ou du
massacre des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais je
pense qu’il y a une autre possibilité.
Comme nous l’avons déjà mentionné, Beaty a passé ses années
de guerre à examiner attentivement chaque jour la somme totale de
toutes les informations reçues des services de renseignement, puis à
produire un résumé officiel qui sera distribué à la Maison-Blanche
et à nos autres hauts dirigeants. Et dans son livre de 1951, pu-
blié quelques années seulement après la fin des combats, il a rejeté
l’Holocauste présumé comme une concoction ridicule du temps de
guerre par des propagandistes juifs et communistes malhonnêtes,
sans fondement dans la réalité. Peu de temps après, le livre de
Beaty a été entièrement endossé et promu par plusieurs de nos
principaux généraux de la Seconde Guerre mondiale, y compris
ceux qui ont fait l’objet des recherches d’archive de Bendersky. Et
bien que l’ADL et diverses autres organisations juives aient violem-
ment dénoncé Beaty, rien n’indique qu’elles aient jamais contesté
son « négationnisme » absolument explicite.
Je soupçonne que Bendersky a progressivement découvert qu’un
tel « déni de l’Holocauste » était remarquablement courant dans les
journaux privés de bon nombre de ses officiers du renseignement
militaire et de ses généraux supérieurs, ce qui lui posait un grave
dilemme. Si seulement une ou deux de ces personnes avaient ex-
primé de tels sentiments, leurs déclarations choquantes pourraient
être citées comme preuve supplémentaire de leur antisémitisme dé-
lirant. Mais qu’en est-il si une grande majorité de ces officiers -
qui possédaient certainement la meilleure connaissance de la réa-
lité de la Seconde Guerre mondiale - avaient des convictions privées
très semblables à celles exprimées publiquement par leurs anciens
collègues Beaty et Oliver ? Dans une telle situation, Bendersky a
peut-être décidé que certaines portes fermées devaient rester dans
cet état et a entièrement éludé le sujet.
A l’âge de 89 ans, Richard Lynn est sûrement le « grand vieil
LES SECRETS DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 112
114
LE GÉNÉRAL PATTON S’EST-IL FAIT ASSASSINER ? 115
d’investir des années de son temps pour mener une recherche sur
cette théorie, afin d’en publier les résultats. Et il en a découvert
des vertes et des pas mûres.
Au cours des derniers mois de sa vie, Patton se montrait de plus
en plus critique envers le gouvernement étasunien, de sa conduite
de la Seconde guerre mondiale, et de sa politique à l’égard des
Soviétiques. Il projetait de démissionner après son retour aux États-
Unis, et de commencer une grande tournée publique pour dénoncer
la gouvernance politique étasunienne ; de la part d’un héros de
guerre de sa stature, ces dénonciations auraient sans doute eu un
impact très important. L’accident de voiture qui lui coûta la vie se
produisit la veille du jour où il devait revenir au pays, et il venait,
par deux fois, d’échapper de peu à la mort dans des circonstances
très suspectes.
Le livre comprend des interviews en personne avec l’assassin,
qui confesse de lui-même avoir été mandaté par le gouvernement –
il était à l’époque attaché aux services de renseignement de l’OSS,
l’ancêtre de la CIA de l’époque. Cet agent disposait déjà au mo-
ment des faits d’une longue carrière documentée, très précisément
dans ce type d’activité, tant pendant la guerre qu’au cours des dé-
cennies qui suivirent. On pense qu’il a travaillé comme indépendant
à l’international, et s’est occupé de nettoyer des cibles humaines
pour la CIA et pour divers autres employeurs. Arrivant à la fin de
sa vie, il développa une forme de rancœur envers les bureaucrates
du gouvernement étasunien, s’estimant maltraité par eux ; et la
culpabilité qu’il put également ressentir d’avoir été le responsable
de la mort d’un des plus grands héros militaires des USA contribua
également à sa décision de déballer ce qu’il savait, avec à l’appui
un journal personnel assez conséquent. De nombreuses interviews
avec des personnes liées aux circonstances de la mort de Patton
semblent avoir également étayé la théorie.
L’assassin reporte que William Donovan, dirigeant de l’OSS,
avait ordonné l’assassinat de Patton parce que ce dernier était parti
en vrille, et devenait une menace importante envers les intérêts na-
LE GÉNÉRAL PATTON S’EST-IL FAIT ASSASSINER ? 118
à ces disparitions.
Ces quelques modestes paragraphes vous exposent une toute
petite portion de l’imposant travail documentaire et de l’analyse
méticuleuse que Wilcox a menés pendant dix ans pour construire ce
livre impressionnant. Bien sûr, de nombreuses questions attendent
une réponse, et il est impossible d’apporter des preuves absolues
soixante-dix ans après les faits. Mais pour ce qui me concerne,
la probabilité d’un assassinat est écrasante, et implique presque
certainement des dirigeants américains de premier plan.
Je tiens également de source sûre que la communauté du rensei-
gnement des USA fait l’objet depuis plusieurs années d’une croyance
répandue, voulant que Patton ait été éliminé par le gouvernement
étasunien pour des raisons politiques, ce qui n’est pas du tout sur-
prenant dans ces cercles. L’assassin présumé avait fait confession
de sa culpabilité il y a plusieurs dizaines d’années déjà, devant des
journalistes, lors d’une réunion-repas de l’OSS à Washington DC,
assis à la même table que William Colby, son ami et collègue de
longue date et ancien directeur de la CIA. Malgré le fait que les
articles de presse locale qui s’en étaient suivis aient été totalement
ignorés des médias nationaux, il n’y a pas à s’étonner que l’infor-
mation ait infusé dans la communauté du renseignement.
Peut-être quelque chercheur expérimenté, sur la base d’une pers-
pective différente, pourrait-il investir du temps et du travail pour
réfuter le solide dossier établi par Wilcox, mais pour l’instant per-
sonne ne s’y est mis. Imaginons pour la forme que les preuves
de cette théorie ne soient finalement pas si éclatantes qu’elles le
semblent, et ne permettent d’estimer la possibilité que cette his-
toire soit vraie qu’à une possibilité raisonnable, disons 25%. J’es-
time pour ma part que s’il existe même une faible possibilité que
l’un des généraux les plus admirés des USA, opérant dans l’Europe
d’après guerre, ait pu être assassiné pour des raisons politiques
par le propre gouvernement des États-Unis, le scandale qui devrait
éclater serait l’un des plus grands de toute l’histoire moderne des
USA.
LE GÉNÉRAL PATTON S’EST-IL FAIT ASSASSINER ? 120
Le livre a été écrit par un auteur réputé, et publié par une mai-
son d’édition bien établie, quoique assez conservatrice. Malgré cela,
il n’a fait l’objet d’aucun relais de la part d’aucune publication na-
tionale importante aux USA, conservatrice ou libérale, et n’a donné
lieu à aucune enquête. Seul un journal britannique de premier plan
a repris les éléments ignorés par les journalistes américains.
Il est probable qu’un livre qui aurait traité en miroir des élé-
ments historiques solides expliquant le décès soudain de quelque
général russe ou chinois de premier plan, au tournant de la Seconde
guerre mondiale, aurait facilement fait son chemin jusqu’aux pre-
mières pages du New York Times, et sans doute jusqu’à la section
hebdomadaire des fiches de lectures proposées par le journal [weekly
Book Review, NdT]. On aurait peut-être même assisté à une cou-
verture médiatique considérable si la victime avait été un général de
premier plan de l’État du Guatemala, dont le nom aurait pourtant
jusque-là été totalement inconnu du grand public américain. Mais
ces mêmes allégations, sur la disparition de l’un des dirigeants mi-
litaires les plus célèbres et les plus admirés dans années 1940 n’ont
pas soulevé l’intérêt des grands journalistes américains.
À nouveau, il y a bien deux sujets à distinguer. Que j’aie raison
ou non de croire que l’assassinat de Patton est étayé de preuves
accablantes est sans aucun doute passible de débat. Mais il est
irréfutable que les médias étasuniens sont totalement passés à côté
de ces révélations.
Comme je le disais au début, j’étais tombé sur cette histoire
fascinante il y a quelques années, et je n’avais pas eu le temps
alors de publier un article. Mais quand j’ai décidé de revenir sur
le sujet, j’ai relu le livre pour me rafraîchir la mémoire, et l’ai
trouvé encore plus convaincant qu’en première lecture. Huit années
après sa première publication, je ne pus trouver aucune couverture
presse de la part de nos grands journaux craintifs, mais au vu de
la croissance immense du journalisme flottant sur internet, je me
demandai si les informations avaient pu être relayées ailleurs.
En faisant usage de mon moteur de recherche préféré, je n’ai pas
LE GÉNÉRAL PATTON S’EST-IL FAIT ASSASSINER ? 121
Après-guerre francaise,
après-guerre allemande
124
APRÈS-GUERRES FRANCAISE/ALLEMANDE 125
se multiplia par cent une fois que les Allemands furent partis et
qu’il n’y avait plus de risque à adopter cette position.
Et c’est à ce moment-là que d’énormes bains de sang commen-
cèrent sans attendre. Ce fut de loin la pire vague d’exécutions extra-
judiciaires de toute l’histoire de France. La plupart des historiens
s’accordent à dire qu’environ 20 000 personnes perdirent la vie pen-
dant la célèbre période de « Terreur » de la Révolution française,
et que peut-être 18 000 moururent pendant la répression brutale
de la Commune de Paris en 1870-1871. Mais selon Huddleston, les
dirigeants américains estimèrent qu’il y avait eu au moins 80 000
exécutions sommaires dans les premiers mois de la Libération. Le
député socialiste, qui était ministre de l’Intérieur en mars 1945 et
qui se trouvait le mieux informé 3 , affirma aux représentants de
De Gaulle que 105 000 assassinats avaient eu lieu d’août 1944 à
mars 1945, un chiffre largement repris dans le public à l’époque.
Étant donné qu’une grande partie de la population française avait
passé des années à se comporter d’une manière qui pourrait do-
rénavant être considérée comme « collaborationniste », un nombre
énorme de personnes étaient exposées, et même, risquaient la mort.
Elles cherchaient donc parfois à sauver leur propre vie en dénonçant
leurs connaissances ou voisins. Les communistes clandestins avaient
longtemps été un élément majeur de la Résistance, et beaucoup
d’entre eux s’empressèrent de porter le fer contre leurs « ennemis
de classe » détestés, tandis que de nombreuses personnes profi-
tèrent de l’occasion pour régler des comptes privés. Un autre fac-
teur était que beaucoup de communistes qui avaient combattu pen-
dant la guerre civile espagnole, y compris des milliers de membres
des Brigades internationales, avaient fui en France après leur dé-
faite militaire en 1938. À ce moment, ils prirent souvent l’initiative
de se venger contre les mêmes forces conservatrices qui les avaient
précédemment vaincus dans leur propre pays.
Bien que Huddleston lui-même fût un journaliste international
3. Il s’agissait d’Adrien Tixier, NdT
APRÈS-GUERRES FRANCAISE/ALLEMANDE 133
The High Cost of Vengeance Freda Utley • 1949 • 125 000 mots
Le sombre tableau que peint Freda Utley est fortement cor-
roboré par de nombreuses autres sources. En 1946, Victor Gol-
lancz, important éditeur socialiste britannique d’origine juive, fit
APRÈS-GUERRES FRANCAISE/ALLEMANDE 139
rue en 1997, Crimes and mercies 9 , qui est centrée sur une analyse
encore plus explosive. Elle est également devenue un best-seller in-
ternational.
Comme décrit précédemment, des
observateurs directs de l’Allemagne
de 1947 et 1948 comme Gollanz et Ut-
ley, apportèrent des témoignages di-
rects des conditions horribles qu’ils
avaient découvertes. Ils affirmèrent
que depuis des années, les rations
alimentaires officielles prévues pour
la population étaient comparables à
celle des détenus dans les camps
de concentration nazis. Elles étaient
même parfois beaucoup plus basses,
entraînant la malnutrition et les ma-
ladies courantes qu’ils pouvaient ob-
server. Ils notèrent également la des-
truction de la plupart des logements d’avant-guerre en Allemagne
et le terrible surpeuplement produit par l’afflux de millions de ré-
fugiés allemands dénués de tout, expulsés de certaines parties de
l’Europe centrale et orientale. Mais ces enquêteurs n’avaient pas
accès à des statistiques de population fiables, et ne pouvaient que
spéculer sur le nombre énorme de morts humaines que la faim et la
maladie avaient déjà infligées et qui continueraient sûrement sans
changement urgent de politique.
Bacque cumula des années de recherches sur les archives pour
tenter de répondre à cette question, et la conclusion qu’il fournit
n’est pas du genre agréable. En effet, tant le gouvernement mili-
taire allié que les autorités civiles allemandes ultérieures semblent
avoir concerté leurs efforts pour cacher ou obscurcir l’ampleur réelle
de la calamité qui frappa les civils allemands au cours des an-
9. Crimes et grâces, NdT
APRÈS-GUERRES FRANCAISE/ALLEMANDE 145
Comprendre la seconde
guerre mondiale
150
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 151
casse-tête.
Taylor n’était pas le seul à subir de telles représailles. En ef-
fet, comme je l’ai progressivement découvert au cours de la der-
nière décennie, son sort semble avoir été exceptionnellement doux,
sa grande stature existante l’isolant partiellement des contrecoups
de son analyse objective des faits historiques. Et ces conséquences
professionnelles extrêmement graves étaient particulièrement fré-
quentes de notre côté de l’Atlantique, où de nombreuses victimes
ont perdu leurs positions médiatiques ou académiques de longue
date et ont disparu définitivement des yeux du public pendant les
années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale.
J’avais passé une grande partie des années 2000 à produire des
archives numérisées massives contenant le contenu complet de cen-
taines de périodiques américains les plus influents des deux der-
niers siècles, une collection totalisant plusieurs millions d’articles.
Et au cours de ce processus, j’ai été surpris à maintes reprises de
rencontrer des individus dont la présence massive les positionnait
clairement comme les intellectuels grand public les plus importants
de leur époque, mais qui avaient ensuite disparu si complètement
que je n’avais presque jamais été au courant de leur existence. J’ai
peu à peu commencé à reconnaître que notre propre histoire avait
été marquée par une Grande Purge idéologique tout aussi impor-
tante, quoique moins sanguinaire, que son homologue soviétique.
Les parallèles semblaient étranges :
Je m’imaginais parfois un peu comme un jeune cher-
cheur soviétique sérieux des années 1970 qui aurait com-
mencé à fouiller dans les fichiers d’archives moisies du
Kremlin, oubliées depuis longtemps, et fait des décou-
vertes étonnantes. Trotski n’était apparemment pas le
célèbre espion nazi ni le traître décrit dans tous les
manuels, mais avait été le bras droit du saint Lénine
lui-même pendant les jours glorieux de la grande révo-
lution bolchevique, et était resté pendant quelques an-
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 159
Nous devrions reconnaître que les chefs de guerre qui passent une
grande partie de leur temps en état d’ivresse sont beaucoup moins
susceptibles de prendre des décisions optimales, surtout s’ils sont
extrêmement enclins à la micro-gestion militaire comme ce fut le
cas avec Churchill.
Au printemps 1940, les Allemands lancèrent leur soudaine pous-
sée de troupes blindées en France via la Belgique, et comme l’at-
taque commençait à réussir, Churchill ordonna au commandant
général britannique de fuir immédiatement avec ses forces vers
la côte, et ce sans informer ses homologues français ou belges de
l’énorme trou qu’il ouvrait ainsi sur le front allié, assurant ainsi
l’encerclement et la destruction de leurs armées. Après la défaite et
l’occupation de la France, le Premier ministre britannique ordonna
une attaque surprise soudaine contre la flotte française désarmée,
la détruisant complètement et tuant quelque 2 000 de ses anciens
alliés ; la cause immédiate fut sa mauvaise traduction d’un seul mot
en français, mais cet incident du type « Pearl Harbor » continua à
être mal digéré par les dirigeants Français pendant des décennies.
Hitler avait toujours voulu des relations amicales avec la Grande-
Bretagne et avait certainement cherché à éviter la guerre qui lui
avait été imposée. La France étant maintenant vaincue et les forces
britanniques chassées du continent, il offrit donc à la Grande-
Bretagne des conditions de paix très magnanimes et une nouvelle
alliance avec l’Allemagne. Le gouvernement britannique avait été
contraint d’entrer en guerre sans raison logique et contre ses propres
intérêts nationaux, de sorte que Chamberlain et la moitié du Cabi-
net étaient naturellement favorables à l’ouverture de négociations
de paix, et la proposition allemande aurait probablement reçu l’ap-
probation écrasante des élites publiques et politiques britanniques
si elles avaient été informées de ses termes.
Mais malgré quelques hésitations occasionnelles, Churchill est
demeuré absolument inflexible quant à la nécessité de poursuivre
la guerre, et Irving soutient de façon plausible que son motif était
très personnel. Tout au long de sa longue carrière, Churchill avait
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 185
catives qui ait jamais vécu » et a senti qu’« il avait en lui ce dont
les légendes sont faites ». Ces sentiments sont particulièrement re-
marquables parce qu’ils ont été exprimés juste après la fin d’une
guerre brutale contre l’Allemagne et malgré l’énorme volume de
propagande hostile qui l’avait accompagnée.
Les enthousiasmes politiques des intellectuels de la littérature,
des jeunes écrivains ou même des hommes d’affaires âgés ne sont
guère les sources les plus fiables pour évaluer un régime particu-
lier. Mais plus tôt cette année, j’ai fait état d’une évaluation assez
complète des origines et de la politique de l’Allemagne nationale-
socialiste par l’un des historiens les plus éminents de Grande-Bretagne :
Il n’y a pas si longtemps, je suis tombé sur un livre très
intéressant écrit par Sir Arthur Bryant, un historien in-
fluent dont la page Wikipedia le décrit comme le favori
personnel de Winston Churchill et de deux autres pre-
miers ministres britanniques. Il avait travaillé sur Un-
finished Victory à la fin des années 1930, puis l’avait
quelque peu modifié pour le publier au début de 1940,
quelques mois après que le début de la Seconde Guerre
mondiale eut considérablement modifié le paysage poli-
tique. Mais peu de temps après, la guerre est devenue
beaucoup plus amère et il y avait une dure répression
contre les voix discordantes dans la société britannique,
de sorte que Bryant s’est alarmé de ce qu’il avait écrit
et a essayé de retirer toutes les copies existantes de la
circulation. Par conséquent, les seuls copies disponibles
à la vente sur Amazon le sont à un prix exorbitant, mais
heureusement, l’œuvre est également disponible gratui-
tement sur Archive.org. Écrivant avant que la « ver-
sion officielle » des événements historiques n’ait été dé-
terminée de manière rigide, Bryant décrit la situation
intérieure très difficile de l’Allemagne entre les deux
guerres mondiales, ses relations problématiques avec sa
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 211
Victoire inachevée
Arthur Bryant - 1940 - 79 000 mots
Pour la plupart des Américains d’aujourd’hui, l’image primaire
associée à Hitler et à son régime allemand est l’ampleur horrible des
crimes de guerre qu’ils auraient commis pendant le conflit mondial
qu’ils auraient déclenché. Mais dans l’une de ses conférences, Ir-
ving a fait l’observation assez révélatrice que l’ampleur relative de
tels crimes pendant la Seconde Guerre mondiale et en particulier
leur base probante pourrait ne pas nécessairement pointer dans la
direction d’une implication des Allemands.
Bien qu’Hollywood et les personnes qui l’entourent aient sans
cesse cité les conclusions des tribunaux de Nuremberg comme le
dernier mot sur la barbarie nazie, même un examen superficiel de
ces procédures suscite un énorme scepticisme. Au fil du temps, les
historiens ont progressivement reconnu que certains des éléments de
preuve les plus choquants et les plus effrayants utilisés pour obtenir
la condamnation mondiale des accusés - les abat-jour et les pains de
savon humains, les têtes réduites - étaient entièrement frauduleux.
Les Soviétiques étaient déterminés à poursuivre les nazis pour le
massacre de la forêt de Katyn du corps des officiers polonais captu-
rés, même si les Alliés occidentaux étaient convaincus que Staline
en était effectivement responsable, une conviction confirmée par
Gorbatchev et par les archives soviétiques récemment ouvertes. Si
les Allemands avaient réellement fait tant de choses horribles, on
peut se demander pourquoi l’accusation aurait pris la peine d’in-
clure de telles accusations fabriquées de toutes pièces et fausses.
Et au fil des décennies, de nombreuses preuves se sont accumu-
lées que les chambres à gaz et l’Holocauste juif - les éléments cen-
traux de la « légende noire » nazie actuelle - étaient tout aussi fictifs
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 213
portunité.
Je pense que l’explication la plus plausible de la promotion générali-
sée d’une multitude de crimes de guerre allemands largement fictifs
à Nuremberg était peut-être le camouflage et l’obscurcissement des
crimes de guerre très réels vraiment commis par les Alliés.
D’autres indicateurs connexes peuvent être trouvés dans le ton
extrême de certaines publications américaines de l’époque, même
celles produites bien avant que notre pays n’entre en guerre. Par
exemple :
Mais dès 1940, un juif américain du nom de Theodore
Kaufman devint tellement enragé par ce qu’il considé-
rait comme les mauvais traitements d’Hitler envers les
Juifs allemands qu’il publia un court livre intitulé Ger-
many Must Perish !, [L’Allemagne doit périr !, NdT],
dans lequel il plaide explicitement pour l’extermination
totale du peuple allemand. Or ce livre reçut apparem-
ment un accueil favorable, et même tout à fait sérieux
dans bon nombre de nos plus prestigieux médias, y com-
pris le New York Times, le Washington Post, et Time
Magazine.
N’importe quel livre similaire publié dans l’Allemagne d’Hitler
qui préconisait l’extermination de tous les Juifs ou de tous les Slaves
aurait certainement été une pièce maîtresse à Nuremberg, et tous
les critiques de journaux qui l’auraient traité favorablement au-
raient probablement été sur le banc des accusés de « crimes contre
l’humanité ».
Pendant ce temps, la nature terrible de la guerre du Pacifique
qui a suivi Pearl Harbor est suggérée par un numéro de 1944 du
magazine Life qui portait la photo d’une jeune Américaine avec
le crâne d’un soldat japonais que son petit ami lui avait envoyé
comme souvenir de guerre. Si des magazines nazis avaient jamais
publié des images similaires, je doute que les Alliés aient eu besoin
de fabriquer des histoires ridicules d’abat-jour ou de savon humains.
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 217
la reddition, mais lorsque les Soviétiques ont vaincu les armées ja-
ponaises en 1945, ils n’ont eu aucune difficulté à capturer plus d’un
million de prisonniers. En effet, comme l’interrogatoire des prison-
niers était important à des fins de renseignement, les commandants
américains ont commencé, vers la fin de la guerre, à offrir des ré-
compenses comme de la crème glacée à leurs troupes pour avoir
ramené des Japonais qui se rendaient vivants plutôt que de les tuer
sur place. Les GIs américains ont aussi commis régulièrement des
atrocités remarquablement sauvages. Les Japonais morts ou blessés
avaient souvent leurs dents en or cassées et prises pour des butins
de guerre, et leurs oreilles étaient souvent coupées et gardées en
souvenir, comme c’était aussi parfois le cas avec leurs crânes. Pen-
dant ce temps, Dower note l’absence de toute preuve suggérant
un comportement similaire de l’autre côté. Les médias américains
ont généralement dépeint les Japonais comme de la vermine apte
COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 219
234
PROJET DE FRAPPE NUCLÉAIRE PRÉVENTIVE 235
geait la donne. La réussite d’une attaque menée par les USA aurait
garanti que bien peu, voire aucune bombe soviétique n’atteindrait
le sol américain, et l’utilité de ces fameux abris aurait donc été de
protéger les Américains pendant quelques semaines des retombées
radioactives mondiales (nuages de poussières radioactives) résul-
tant de la destruction nucléaire de l’Union soviétique, qui n’au-
raient atteint le continent américain que sous une forme fortement
diluée.
Nous devons également revoir notre lecture de la crise des mis-
siles de Cuba de 1962, qui constitua sans doute l’un des événe-
PROJET DE FRAPPE NUCLÉAIRE PRÉVENTIVE 239
Galbraith, dans une note de bas de page un peu plus loin, men-
tionne même qu’il a vu son interprétation confirmée en personne
par l’ancien conseiller en Sécurité nationale de Kennedy :
Lorsque j’interrogeai feu Walt Rostow pour établir s’il
avait eu connaissance de la réunion du 20 juillet 1961
(au cours de laquelle ce projet fut présenté), il me ré-
pondit sans hésiter : "Vous voulez parler de celle où ils
voulaient faire sauter la planète ?"
Dès lors que j’acceptai la vraisemblance de cette analyse, je me
voyais choqué du peu d’attention dont cet article remarquable avait
fait l’objet. En recherchant simplement sur Google le nom des au-
teurs « Galbraith Heather Purcell », ne remontèrent que de très
brèves mentions ici et là, le plus souvent dans des ouvrages spécia-
lisés ou des articles écrits par Galbraith lui-même ; rien du tout dans
les grands médias. Cette révision de notre histoire, figurant peut-
être parmi les plus importantes de toutes, concernant la Guerre
froide – et ses immenses conséquences pour la crise des missiles cu-
bains – semble n’avoir obtenu aucun écho significatif dans la sphère
publique.
Mais ce sujet a fait l’objet de suites. En 2001, le rédacteur en af-
faires militaires Fred Kaplan publiait un article d’importance dans
PROJET DE FRAPPE NUCLÉAIRE PRÉVENTIVE 242