22 Douleurs Thoracique 09 08 2020
22 Douleurs Thoracique 09 08 2020
22 Douleurs Thoracique 09 08 2020
Cours De Résidanat
Sujet 22
Douleurs thoraciques aigues
Orientation diagnostique
Les objectifs
1. Réunir les données cliniques et paracliniques orientant vers l’étiologie d’une douleur
thoracique aiguë non traumatique.
2. Indiquer les examens complémentaires adéquats en fonction de l’orientation étiologique
d’une douleur thoracique aiguë.
3. Rechercher une détresse vitale chez un patient qui se présente pour une douleur thoracique
aiguë.
4. Réunir les arguments cliniques et paracliniques orientant vers les urgences cardiologiques :
dissection aortique, syndrome coronarien aigu, embolie pulmonaire et péricardite aiguë.
5. Réunir les arguments cliniques et paracliniques orientant vers une étiologie respiratoire d’une
douleur thoracique aiguë : pneumothorax, pneumonie et pleurésie.
6. Réunir les arguments cliniques et paracliniques orientant vers une étiologie non cardiaque et
non respiratoire des douleurs thoraciques (pariétale, œsophagienne, neurologique).
7. Identifier une cause extra-thoracique devant une douleur thoracique aiguë (douleur
abdominale projetée, douleur psychogène).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
N° Validation : 072220205
Introduction
La douleur thoracique est un motif fréquent de consultation. Elle représente 5% des
consultations urgentes d’un centre hospitalier. De nombreuses pathologies fonctionnelles et
organiques diverses sont susceptibles d’occasionner des douleurs thoraciques.
Ce symptôme ne permet pas de préjuger de la gravité de l'affection responsable car il n'y a pas
de parallélisme entre l'intensité des douleurs et la gravité de la pathologie en cause.
L’analyse sémiologique, les données de l’examen clinique permettent d’orienter le diagnostic,
le choix des investigations complémentaires et la prise en charge.
Ainsi c’est grâce à un interrogatoire précis, un examen clinique minutieux et un
électrocardiogramme (ECG) associé ou non à d’autres examens complémentaires (cliché
thoracique et biologie) que l’on pourra différencier une douleur thoracique organique
cardiovasculaire des autres causes de douleurs thoraciques.
Dans le cadre de l’urgence, la priorité est d’éliminer les douleurs liées aux pathologies à risque
vital : syndrome coronarien aigu (SCA), embolie pulmonaire (EP), tamponnade, dissection
aortique, pneumothorax (PNO) compressif et perforation oesophagienne.
Les signes de gravité immédiate devant une douleur thoracique sont respiratoires (signes de
détresse respiratoire), cardiovasculaires (état de choc) et neurologiques (syncope, lipothymie).
Objectif 1 : Réunir les données cliniques et paracliniques orientant vers l’étiologie d’une
douleur thoracique aiguë non traumatique.
L’interrogatoire doit relever les facteurs de risque cardiovasculaires, les antécédents médico-
chirurgicaux et surtout cardiaques ainsi que la prise d’un traitement au long cours.
C’est un temps essentiel qui permet assez souvent d’approcher le diagnostic.
Il permet tout d’abord de préciser :
• l’âge du patient ;
• ses facteurs de risque cardio-vasculaires ;
• ses antécédents, notamment cardiovasculaires et pulmonaires ;
• le contexte de survenue de la douleur;
On évoquera ainsi une origine coronarienne chez un patient poly-vasculaire ou ayant des
facteurs de risque cardiovasculaire ; un pneumothorax chez un sujet jeune longiligne
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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Il doit être précis, rapide, et non directif et doit faire préciser les caractéristiques de la douleur.
I. Analyse sémiologique de la douleur : INTERROGATOIRE
1. Description de la douleur
§ Type :
o Constrictive, évoquant une origine coronaire.
o En coup de poignard, (origine pulmonaire).
o Brûlures, évoquant un reflux gastro-œsophagien, mais une origine
coronarienne doit être aussi évoquée.
§ Siège :
o Rétro-sternale, médio-thoracique : douleur coronaire, péricardite, trachéale,
œsophagienne.
o Basi ou latérothoracique : douleur pleurale ou pleuro-parenchymateuse.
o Précordiale : peut correspondre à une origine coronarienne, à une péricardite
ou une myocardite mais surtout à des douleurs fonctionnelles
o Migratrice vers le dos : évoque une dissection aortique
§ Le mode d’installation : aigu ou rapidement progressif
§ Irradiation
o Vers le cou, la mâchoire et les bras (douleurs coronariennes).
o Vers le dos (douleur aortique et pancréatique).
o Descendant vers les lombes et les membres inférieurs : dissection de l’aorte
o Le long du bras et vers les doigts de la main (atteinte du plexus brachial).
o Intercostale en cas d’origine neurogène, d’une névralgie, d’un zona.
§ Facteur déclenchant ou circonstances d’apparition :
o Effort : origine coronaire.
o Douleur rythmée par les repas : origine œsophagienne ou gastrique.
o Position penchée en avant : pyrosis.
o Au repos d’installation brusque : infarctus du myocarde, dissection aortique,
embolie pulmonaire.
o Douleur rythmée par la respiration : péricardite aigue.
o Douleur se majorant à la palpation : douleur pariétale.
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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§ Soulagement de la douleur :
o Par la trinitrine en moins de 3 minutes : en principe origine coronaire
(diminution de la MVO2), mais les spasmes œsophagiens (relâchement du
muscle lisse de l’œsophage) et les douleurs d’origine péricardique
(diminution de la tension pariétale) peuvent s’améliorer mais avec un délai.
o La position penchée en avant : péricardite et pancréatite aigues.
o L’alimentation : ulcère gastroduodénal.
§ L’intensité : La douleur de la dissection aortique est atroce, d’emblée maximale. Les
douleurs pleurales sont parfois intenses ;
§ La variabilité : l’inspiration majore les douleurs d’origine pleurale ou péricardique.
L’antéflexion soulage la douleur de la péricardite et majore la douleur du reflux
gastro- œsophagien. La toux exacerbe les douleurs pleurales, vertébrales et
pariétales. L’ingestion alimentaire rythme les douleurs œsophagiennes ;
§ la durée et l’évolution de la douleur ;
2. Les signes associés : syndrome grippal, fièvre (pneumopathie, péricardite, retardée pour
l’IDM et embolie pulmonaire), altération de l’état général, respiratoires (cyanose,
dyspnée, toux, hémoptysie, expectorations), cardio-vasculaires (signes de choc,
douleurs des membres inférieurs, thrombophlébite, syncope, lipothymie) ;
neurologiques (déficit, troubles de la vigilance) ; digestifs (vomissements, dysphagie,
pyrosis).
3. Antécédents personnels et familiaux notamment coronariens, de maladie thrombo-
embolique veineuse, de maladies respiratoires ou de cancer, facteurs de risque
cardiovasculaires, traitements en cours en particulier la prise de pilule oestro-
progestative, la notion de traumatisme.
B. Radiographie de thorax :
Elle n’est pas d’indication systématique, et doit être demandée en fonction des données
cliniques.
Elle recherche la présence d’un foyer pulmonaire, d’un épanchement pleural, d’un
pneumothorax, d’un élargissement du médiastin supérieur (en faveur d’une dissection de
l’aorte), la surélévation d’une coupole diaphragmatique (en faveur d’une embolie
pulmonaire), une cardiomégalie symétrique en théière ou en carafe (en faveur d’un
épanchement péricardique).
C. Examens biologiques
Ils sont non systématiques et sont indiqués en fonction des données cliniques.
L’attente des résultats de ces examens ne doit pas retarder la recherche d’une situation
d’urgence et la prise en charge thérapeutique du patient.
C1. Marqueurs de nécrose myocardique : Essentiellement les Troponines ultrasensibles (US)
et les CPK :
Troponines ultrasensibles : c’est le marqueur le plus sensible et le plus spécifique de
l’ischémie myocardique. Son élévation est précoce (entre H0 et H3). (Figure 2)
CPK : Elles sont non spécifiques et elles sont élevées dans le cas des infarctus du myocarde
(rudimentaires ou transmuraux). Toutefois, elles ne s’élèvent qu’à partir de 6 heures après le
début de la douleur.
Du fait de sa sensibilité et de sa justesse diagnostique plus élevées pour la détection d’un SCA,
l’intervalle de temps avant la deuxième mesure de la troponinémie peut être raccourci lorsqu’on
utilise une technique ultrasensible de dosage. Cela peut réduire substantiellement le délai
diagnostique, donc la durée du séjour dans le service des urgences ainsi que son coût. Il est
recommandé d’utiliser l’algorithme 0 h/3 h (figure 2).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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Figure 2 : Algorithme d’exclusion 0 h/3 h d’un SCA sans sus-décalage persistant de ST avec
un dosage ultrasensible de la troponine.
Il est à noter :
- Un dosage des marqueurs de nécrose myocardique ne doit en aucun cas retarder le
diagnostic et la prise en charge du patient.
- En cas de forte suspicion clinique d’une origine coronaire de la douleur thoracique, des
troponines négatives n’éliminent pas le diagnostic d’un syndrome coronarien aigu sans
sus-décalage persistant de ST (dans ce cas on parle d’angor instable).
C2. D-Dimères : Elles sont demandées en cas de probabilité faible ou intermédiaire d’embolie
pulmonaire. Leur dosage permet également d’éliminer une dissection aortique si la probabilité
clinique est faible.
C3. Gazométrie du sang : la présence d’un effet shunt (hypoxémie- hypocapnie) associé à une
radiographie thoracique sensiblement normale oriente vers le diagnostic d’embolie pulmonaire.
C4. En fonction du contexte : NFS (anémie, hyperleucocytose), ionogramme sanguin, CRP,
bilan hépatique complet (cholécystite aigue), lipasémie (pancréatite aigüe)
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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D. Autres examens
a. Echocardiographie transthoracique : ETT ++++
Elle permet de rechercher un épanchement péricardique, une anomalie de la racine aortique
(dissection aortique), des troubles de la cinétique segmentaire (cardiopathie ischémique), ou
une dilatation des cavités droites avec HTAP et septum paradoxal (embolie pulmonaire grave).
En cas de doute sérieux sur une dissection aortique avec non disponibilité d’un angioscanner
aortique, l’échographie transoesophagienne (ETO) au bloc opératoire permet en général de
confirmer le diagnostic.
Objectif 3 : Rechercher une détresse vitale chez un patient qui se présente pour une
douleur thoracique aiguë.
Objectif 4 : Réunir les arguments cliniques et paracliniques orientant vers les urgences
cardiologiques : dissection aortique, syndrome coronarien aigu, embolie pulmonaire et
péricardite aiguë.
1) Données cliniques :
- Interrogatoire :
La douleur angineuse constitue l’élément essentiel qui permet d’orienter vers le diagnostic de
SCA. Une douleur angineuse typique a classiquement les caractéristiques suivantes:
Siège : souvent retrosternale, parfois précordiale ou épigastrique.
Type : brûlure, constriction, enserrement.
Irradiation : membre supérieur gauche, mâchoires.
Signes associés (inconstants) : sueurs, vomissements…
Cette douleur est rapportée à une origine coronaire surtout en présence de facteurs de risque
cardio-vasculaire+++ (HTA, diabète, hypercholestérolémie, hérédité coronaire, tabac,
antécédents de coronaropathie).
Par ailleurs, dans certains cas (sujet diabétique ou âgé ou de sexe féminin), la douleur thoracique
peut être atypique (épigastrique, bilio-pancréatique voire même absente). La pratique d’un ECG
chez cette catégorie de patients, même en l’absence de douleur angineuse typique, est
obligatoire.
Au terme de l’interrogatoire :
Un SCA avec sus-décalage persistant de ST est suspecté en cas de douleur angineuse de repos,
intense, de durée > 20 minutes et résistante à la trinitrine.
Un SCA sans sus-décalage persistant de ST est suspecté en cas douleur angineuse non intense,
de durée < 20 minutes, souvent sensible à la trinitrine et qui peut se manifester sous 5 formes
différentes : Angor de novo (< 1 mois), angor aggravé ou crescendo (pour des efforts de moins
en moins importants), angor de repos, angor spastique et angor résiduel (dans le mois post
IDM).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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- Examen physique :
Il est pauvre et souvent normal. Il a comme objectif de rechercher les autres localisations de
l’athérosclérose (souffle carotidien ou fémoral, abolition d’un pouls…) ainsi que certaines
complications.
2) Données électriques :
L’ECG doit être pratiqué dans les 10 minutes.
En cas de SCA avec sus-décalage persistant de ST : L’ECG montre un sus-décalage de ST
persistant dans au moins 2 dérivations contiguës avec ou sans image en miroir. Un BBGC récent
ou présumé récent, ainsi qu’un BBDC (selon les dernières recommandations ESC 2017) doivent
faire évoquer le diagnostic en cas de douleur angineuse > 20 minutes.
En cas de SCA sans sus-décalage persistant de ST : L’ECG peut montrer tous les aspects
électriques possibles sauf un sus-décalage persistant de ST++++. En effet, on peut voir des
troubles de la repolarisations (surtout en cas d’un ECG percritique), tels qu’un sous décalage
de ST, des ondes T plates, négatives ou biphasiques, tout en sachant q’un ECG intercritique
normal n’élimine pas le diagnostic d’un SCA sans sus-décalage persistant de ST.
3) Données biologiques :
Les biomarqueurs de nécrose myocardique (les troponines sont les plus recommandés)doivent
être dosés : troponines (à répéter 6 h plus tard si normales) ou troponines ultrasensibles (à
répéter 3 h plus tard si normales).
En cas de SCA avec sus-décalage persistant de ST : les troponines sont toujours positives, mais
leur dosage ne doit en aucun cas retarder son diagnostic ou sa prise en charge, autrement dit, il
ne faut jamais attendre le résultat des troponines pour confirmer le diagnostic d’un SCA avec
sus-décalage persistant de ST, dont le diagnostic est purement clinico-électrique++++++.
En cas de SCA sans sus-décalage persistant de ST, les troponines peuvent être négatives
(définissant ainsi l’angor instable) ou positives (définissant l’IDM sans onde Q).
B. Dissection aortique
La dissection aiguë de l'aorte thoracique est une urgence engageant le pronostic vital du patient
à court terme, avec 50% de décès dans les 48 heures si elle n'est pas reconnue.
Elle est définie par un clivage (ou fissuration) longitudinal de la paroi aortique à partir d'une
porte d'entrée (ou déchirure) intimale siégeant à un niveau variable de l'aorte thoracique,
entraînant la création d'un faux chenal circulant d'extension variable, source de complications
précoces ischémiques et hémorragiques.
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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La dissection aortique survient sur un terrain sous-jacent, le plus souvent chez un sujet
hypertendu, beaucoup plus rarement chez un patient atteint de maladie du tissu élastique
(syndrome de Marfan, syndrome d’Ehlers-Danlos) ou chez la femme enceinte (Figure 4).
1) Signes fonctionnels :
Douleur thoracique+++ : Maitre symptôme ++++
Il s’agit d’une douleur aiguë, prolongée, intense parfois syncopale, transfixiante, à type de
déchirement, irradiant dans le dos, migratrice, descendant vers les lombes. Elle peutsimuler
absolument celle de l’infarctus du myocarde.
2) Signes physiques :
Cette douleur thoracique est d'autant plus évocatrice qu'elle est associée à d'autres signes
physiques :
- Des chiffres tensionnels élevés (urgence hypertensive)
- Une asymétrie de poulset/ou de tension artérielle (anisotension ≥ 20 mmHg) entre les
membres supérieurs et/ou inférieurs.
- Une Complication parfois révélatrice :
• Une ischémie aigue de membre typiquement à bascule et d'intensité variable dans le
temps ;
• Un AIT ou AVC ou paraplégie par atteinte parenchymateuse cérébrale ou médullaire.
• Une oligo-anurie par atteinte des artères rénales ;
• Des douleurs abdominales dans le cadre d'une ischémie digestive ;
• Un souffle diastolique d’insuffisance aortique, quand non connu auparavant++++ ;
• Un tableau de tamponnade par extension de la dissection vers le péricarde ;
• Un SCA par extension de la dissection vers les coronaires ;
Tous ces signes surviennent sur un terrain particulier. L’interrogatoire et l'examen doivent
rechercher :
- Des antécédents d’HTA mal équilibrée+++
- Un traumatisme thoracique +++ : AVP (ceinture de sécurité++)
- Des stigmates de maladie de Marfan.
- Une histoire de dissection aortique dans la proche famille.
- La notion d'un anévrysme de l'aorte ascendante connu.
- Une bicuspidie aortique connue.
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NB : La survenue brutale d’une douleur thoracique aigue en post-partum doit faire évoquer
en premier lieu une dissection aortique (surtout si terrain d’HTA gravidique), une embolie
pulmonaire+++, ou plus rarement une myopéricardite du post partum.
3) Examens complémentaires:
ECG: il peut être normal ou montrer des signes d'ischémie myocardique voire de nécrose en
voie de constitution si les ostia coronaires sont atteints par le processus de dissection.
La radiographie de thorax :peutmontrer un élargissement médiastinal+++ ou une image en «
double contour » aortique.
Elle peut montrer aussi certaines complications :
- Un hémopéricarde (une cardiomégalie avec aspect du coeur en carafe).
- Un OAP suite à une insuffisance aortique aigue.
- Une pleurésie par rupture intra-pleurale de l’aorte thoracique descendante.
Figure 5 : Démarche diagnostique basée sur la probabilité prétest d’une dissection aortique
aigue
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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C. Embolie pulmonaire
Définition : L’embolie pulmonaire est définie par une oblitération brutale aigue totale ou
partielle de l’artère pulmonaire ou de l’une de ses branches par un embole, le plus souvent
fibrino-cruorique(il peut être septique [endocardite infectieuse], graisseux [fracture du fémur],
amniotique [accouchement]…), et ayant migré à partir d’une thrombose veineuse profonde, le
plus souvent au niveau des membres inférieurs.
C’est la cause la plus fréquente d’un cœur pulmonaire aigu.
Il s’agit d’une pathologie fréquente et grave, associée à une lourde mortalité (10% au premier
mois).
Son diagnostic est difficile nécessitant le recours à une démarche diagnostique basée sur des
données anamnestiques, cliniques et paracliniques.
1) Diagnostic positif :
Le diagnostic d’EP est :
- Suspecté par l’interrogatoire (signes fonctionnels sur un terrain prédisposé).
- Conforté par certaines données de l’examen physique et par certains examens
complémentaires.
- Confirmé par des examens complémentaires (essentiellement l’angioscanner thoracique).
a. Terrain prédisposé:
Il est défini par les facteurs de risque de maladie thromboembolique veineuse, qui sont
transitoires et/ou permanents et qui sont très important à relever (voir Objectif 51) :
b. Signes fonctionnels :
Essentiellement une dyspnée associée à une douleur thoracique aigue, avec ou sans autres
signes.
Dyspnée :
C’est le maitre symptôme et le signe fonctionnel le plus fréquent (80%). Elle est proportionnelle
à la sévérité de l’EP, souvent type polypnée superficielle, voire même des signes d’épuisement
respiratoire (bradypnée, pauses respiratoires…) en cas d’EP grave.
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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Douleur thoracique :
Douleur brutale spontanée en coup de poignard, classiquement d’allure pleurétique basi-
thoracique (rarement retro sternale ou au niveau de l’hypochondre droit), prolongée, sans
irradiation particulière.
Autres signes (inconstants): toux sèche, syncope (EP grave proximale), hémoptysie,
confusion, fébricule > 38°C.
c. Signes physiques :
Les signes physiques à rechercher sont :
- Une polypnée superficielle : signe le plus constant (70%) +++ ;
- Une tachycardie > 100 bpm (26%) +++ ;
- Une fébricule : fièvre modérée ~ 38°C non concordante avec le degré de la tachycardie, c’est
le « signe de pancarte » ;
- Auscultation pulmonaire : souvent normale, mais parfois des râles crépitants unilatéraux
(signe d’infarctus pulmonaire) ou silence auscultatoire unilatéral (pleurésie) ;
- Auscultation cardiaque : Eclat de B2 au foyer pulmonaire +++ (signe d’HTAP), souffle
systolique d’IT, bruit de galop droit ;
- Recherche de signes d’insuffisance cardiaque droite aigue, synonyme d’un «coeur pulmonaire
aigu (CPA) » : reflux hépato-jugulaire, hépatomégalie douloureuse, turgescence des jugulaires
avec ou sans hypotension artérielle, pouls paradoxal de Kussmaul+++ ;
- Recherche de signes de phlébite aux membres inférieurs+++ ;
PS : De façon générale, l’examen physique est souvent pauvre (se résumant en une légère
polypnée et/ou tachycardie) voire même strictement normal (dyspnée sine materia).
Une dyspnée brutale avec une auscultation pulmonaire normale est une embolie pulmonaire
jusqu’à preuve du contraire
L’examen physique doit différencier avant tout entre une EP à risque élevé ou à risque non
élevé, car il s’agit d’une étape fondamentale et cruciale dans la prise en charge diagnostique et
thérapeutique+++.
EP à risque élevé ou haut risque : c'est-à-dire à risque élevé de mortalité précoce (>15%).
La nouvelle définition regroupe trois situations cliniques
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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d. Examens complémentaires :
d.1. Examens de première intention permettant d’évoquer le diagnostic d’embolie
pulmonaire
d.1.1 : Radiographie de thorax : elle est souvent normale, surtout au début de l’EP. Sinon,
elle peut montrer des signes en faveur d’EP :
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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d.1.2 : ECG : il peut être normal (15%), mais il montre souvent des signes électriques en faveur
de l’EP :
- Une tachycardie sinusale : signe le plus fréquent +++
d1.3 : Gazométrie De Sang (GDS): elle est souvent pathologique avec la classique triade «
Hypoxie – Hypocapnie – alcalose respiratoire ».
Une GDS normale n’élimine pas le diagnostic d’EP.
Une acidose respiratoire (avec hypercapnie) est un signe de gravité gazométrique.
d.2 : Examens de deuxième intention permettant de confirmer ou d’infirmer le diagnostic
d’embolie pulmonaire
Les nouveaux scanners (multibarettes sont beaucoup plus performants que les anciens
scanners (unibarette) pour l’analyse de la perfusion parenchymateuse et permettent de
visualiser les emboles distaux (artères sous segmentaires)
Elle permet aussi d’évaluer le retentissement sur le ventricule gauche (débit et index cardiaque
effondrés en cas d’EDC cardiogénique).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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-Dosage des BNP (ou NT-pro-BNP) : leur élévation témoigne du retentissement de l’EP sur le
ventricule droit (dysfonction et/ou dilatation du VD) >>> signe de gravité
PS : Les BNP « Brain Natriuretic Peptide » sont des peptides libérés par les cellules élastiques
du myocarde en réponse à une distension et/ou une surcharge de ce dernier.
e. Démarche diagnostique :
Le diagnostic d’EP est difficile, nécessitant le recours à un faisceau d’arguments
anamnestiques, cliniques et paracliniques, d’où la notion de scores de probabilité (le plus
utilisé est le score de Wells simplifié) (Tableau n°3) qui permet de prédire la probabilité du
diagnostic d’embolie pulmonaire en 2 niveaux (EP probable ou peu probable). La démarche
diagnostique ultérieure dépend du score de probabilité :
♠ Si EP probable « Wells simplifié ≥ 2 » : il faut faire l’angioscanner thoracique d’emblée
pour confirmer le diagnostic d’EP. Dans ce cas précis, le dosage des D-Dimères n’a pas de
place +++ (car même si négatives elles n’éliminent pas le diagnostic d’EP en cas de forte
probabilité). Même un angioscanner thoracique normal n’élimine pas le diagnostic d’EP en cas
de forte probabilité (possibilité d’EP très distale non détectable par l’angioscanner).
♠ Si EP peu probable « Wells <2»:il faut commencer par le dosage des D-Dimères : si elles
sont négatives elles permettent d’éliminer le diagnostic, et si elles sont positives (ou > 10 fois
l’âge à partir de 50 ans), il faut compléter par un angioscanner thoracique qui permettra
d’infirmer ou confirmer le diagnostic
- Echographie cardiaque trans-thoracique : surtout en cas d’EP grave +++ où elle peut
fournir des données précieuses en faveur du diagnostic (cœur pulmonaire aigu+++).
PS : L’angiographie des artères pulmonaires n’est presque plus pratiquée actuellement sauf
dans 2 situations exceptionnelles :
- Le recours à une embolectomie percutanée de sauvetage par thrombo-aspiration (en cas
d’échec de thrombolyse).
- Une forte probabilité d’EP non confirmée par les examens cités ci-dessus.
b. Une dysfonction du ventricule droit : qui peut être mise en évidence grâce à :
D. Péricardite aiguë
a. Définition :
Inflammation aigue du péricarde avec (péricardite liquidienne) ou sans épanchement
péricardique (péricardite sèche).
Sa prévalence est de 2.5% de la population générale, et elle peut toucher toutes les tranches
d’âge, mais elle est plus fréquente chez l’adulte jeune de sexe masculin.
Ses étiologies sont fréquentes, dominées par l’étiologie virale (péricardite virale ou bénigne ou
idiopathique).
Son diagnostic est suspecté sur des faisceaux d’arguments anamnestiques et physiques, et
confirmé généralement par l’échographie cardiaque.
Son évolution, qui est souvent favorable sous traitement, fait toujours craindre la survenue de
trois complications : les rechutes, la tamponnade et la constriction.
Son traitement est essentiellement symptomatique mais également étiologique chaque fois
qu’une cause a été identifiée.
b. Rappel anatomopathologique :
Le péricarde est une enveloppe fibreuse qui couvre le coeur. Il est formé par deux feuillets :
interne (viscéral) et externe (pariétal). Le rôle essentiel du péricarde est de protéger le coeur
contre une agression externe (infection, néoplasie…).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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Une inflammation aigue du péricarde peut être responsable d’un épanchement intra-
péricardique qui peut être minime (< 300 cc, < 10 mm), modéré (300 à 500 cc, 10 à 20 mm) ou
important (>500 cc, > 20 mm). Ce liquide peut être, selon l’étiologie, clair, jaune citrin, purulent
ou hématique.
c. Diagnostic positif : (Tableau 4)
• Signes fonctionnels :
Essentiellement : douleur thoracique, dyspnée et fièvre +++ :
Douleur thoracique :
C’est le maitre symptôme ++ et représente le premier signe à apparaitre.
Siège souvent précordial++, mais peut être retro-sternal ou basi-thoracique gauche.
Intensité variable : de la simple gène et à une douleur intense.
Durée : variable, mais souvent prolongée permanente.
D’allure angineuse : type brûlure ou enserrement. Elle se différencie de la douleur angineuse
par sa résistance à la trinitrine.
Survient au repos, exagérée par l’inspiration profonde, la toux et le décubitus dorsal et soulagée
par la position penchée en avant.
Dyspnée : type polypnée superficielle, améliorée par la position penchée en avant.
Fièvre : présente d’emblée, souvent dans le cadre d’un syndrome grippal.
Toux : sèche exacerbant la douleur thoracique.
Autres signes rares :
- Dysphagie / Dysphonie : signe de compression oesophagienne ou d’irritation phrénique.
- Altération de l’état général.
• Signes physiques :
Auscultation cardiaque :
- Frottement péricardique :
Fréquent (50%), pathognomonique de la péricardite aigue, mais inconstant.
Bruit superficiel, ressemblant au crissement de cuir neuf ou de papier de soie.
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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-Radiographie de thorax :
Elle peut être normale (en cas de péricardite sèche ou de faible abondance). Sinon, en cas
d’épanchement important, elle montre :
- Une cardiomégalie médiane et symétrique avec aspect en théière ou en carafe.
- Rectitude des bords du cœur(Figure n°2)
- Biologie :
Syndrome inflammatoire ++
Elévation des biomarqueurs de nécrose cardiaque (troponines I ++) dans 50% des cas (même
en l’absence de myocardite associée).
Sérologies virales: elles sont rarement positives. Les virus les plus communs sont : coxakivirus
A et B, adénovirus, échovirus, parvovirus, EBV….
NB : Le scanner thoracique peut aussi confirmer le diagnostic d’une péricardite aigue, et ceci
de façon fortuite (quand il est réalisé à la recherche d’une autre pathologie), mais dans tous
les cas, en cas de suspicion de péricardite aigue, l’échographie cardiaque est l’examen de
référence pour la confirmation du diagnostic et l’estimation du retentissement cardiaque+++.
d. Complications :
Les principales complications de la péricardite peuvent être aigues ou chroniques.
Complications aigues : Tamponnade (plus fréquente en cas de péricardite néoplasique), péri-
myocardite, une fibrillation auriculaire.
Complications tardives : Rechute (plus fréquente en cas de péricardite virale) et constriction
(plus fréquente en cas de péricardite tuberculeuse).
Tamponnade péricardique :
Définition : compression aigue des cavités cardiaques droites par un épanchement péricardique
de grande abondance et/ou d’installation brutale+++.
C’est la complication la plus redoutable de la péricardite aigue et constitue une extrême urgence
diagnostique et thérapeutique+++.
Physiopathologie : « ADIASTOLIE AIGUE » :
Si l’épanchement péricardique est assez abondant et rapide, il sera à l’origine d’une
augmentation de la pression intra-péricardique (qui est négative à l’état normal). Quand cette
pression dépasse celle des cavités intra-cardiaques (oreillettes et ventricules, initialement droits
puis gauches), elle va être à l’origine d’une compression des cavités cardiaques (droites puis
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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gauches) avec égalisation des pressions entre ces cavités, et par la suite impossibilité de
remplissage cardiaque à cause de cette compression : c’est « L’ADIASTOLIE AIGUE ».
Tableau clinique :
- Signes fonctionnels :
Douleur thoracique aigue + dyspnée sévère type polypnée.
- Contexte :
Terrain de néoplasie+++, antécédents de péricardite, traumatisme thoracique, dissection
aortique type A, post dilatation mitrale percutanée…
- Signes physiques : associent :
Diagnostic positif :
L’échographie cardiaque trans-thoracique est l’examen primordial pour confirmer le
diagnostic. Elle doit être réalisée en urgence dès la suspicion du diagnostic, et elle montre dans
ce cas:
- Un épanchement péricardique circonférentiel important ;
- Un aspect du cœur en « swingingheart » : petit cœur qui danse en mouvement de rotation dans
l’épanchement péricardique ;
- Une compression des cavités cardiaques droites ;
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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L’ECG montre un microvoltage diffus, des troubles de la repolarisation diffus et une alternance
électrique.
La radiographie de thorax montre une cardiomégalie importante avec aspect du cœur en carafe.
Diagnostics différentiels : IDM inférieur étendu au ventricule droit, embolie pulmonaire
massive bilatérale, pneumothorax bilatéral compressif.
E. Myocardite
•atteinte inflammatoire du myocarde le plus souvent virale.
• Douleur de type péricarditique mais pouvant mimer un SCA, parfois avec insuffisance
cardiaque.
• Élévation prolongée de la troponinémie.
• Échocardiographie montrant un trouble de la cinétique du ventricule gauche segmentaire ou
diffus avec éventuel épanchement péricardique.
• Coronarographie normale.
• IRM est l’examen de choix pour objectiver l’atteinte myocardique (pouvant montrer des
plages de rehaussement tardif aux séquences sous gadolinium prédominant au sous-épicarde et
sans systématisation artérielle).
Objectif 5 : Réunir les arguments cliniques et paracliniques orientant vers une étiologie
respiratoire d’une douleur thoracique aiguë : pneumothorax, pneumonie et pleurésie.
VII. Les causes pulmonaires des douleurs thoraciques
A. PNEUMOTHORAX SPONTANE :
1) Définition
Irruption brutale et spontanée d'air dans une cavité pleurale, ce qui élimine les pneumothorax
traumatiques ou iatrogènes.
2) Etiologies :
Rupture par éclatement, ou perforation par destruction, d'une lésion pulmonaire corticale qui
entraîne une fuite d'air alvéolaire dans la plèvre. La lésion causale est le plus souvent un
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Hyperpression intra-thoracique (effort à glotte fermée): effort de toux, port de charge lourde,
éternuement…
Hyperpression extra-thoracique : variation de la pression atmosphérique : vol par avion,
plongée sous-marine.
Plus rarement :
Toute affection pulmonaire peut se compliquer de pneumothorax spontané, avec ou sans bulle
d'emphysème : Fibroses interstitielles (histiocytose X) ou radique, pneumoconioses, tumeurs
bronchiques avec emphysème obstructif, asthme au cours d'une crise ou d'un état de mal, DDB,
mucoviscidose au stade terminal, staphylococcie pulmonaire bulleuse de l'enfant.
4) Description clinique
Deux circonstances d'apparition bien distinctes :
- Pneumothorax idiopathique :
Pneumothorax secondaire:
Un pneumothorax même minime peut être très mal toléré. Cette situation est caractérisée par
des difficultés diagnostiques et radiologiques :
Difficultés diagnostiques : Aggravation rapide d'une dyspnée ancienne, orientant vers le
diagnostic d’une IRA/IRC.
La douleur angoissante ou la dyspnée avec détresse respiratoire peuvent orienter à tort vers une
cause cardiologique (angor, embolie pulmonaire).
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Difficultés radiologiques :
Un décollement pulmonaire minime peut être masqué par des lésions emphysémateuses
diffuses. Un pneumothorax partiel peut être confondu avec une bulle géante d'emphysème.
B. PLEURESIE :
Définition :
Epanchement liquidien dans la cavité pleurale.
Signes fonctionnels :
Douleur thoracique : maitre symptôme, le plus souvent d’apparition progressive, augmentée
par la toux ou l’inspiration profonde, type pesanteur à point de côté, siège fonction de la
localisation de l’épanchement (souvent basi ou latérothoracique), parfois reproductible par la
palpation ou parfois sous forme de hoquet douloureux (pleurésie diaphragmatique).
Dyspnée : intensité selon l’importance de l’épanchement du poumon sous-jacent.
Signes associés : selon l’étiologie : fièvre, altération de l’état général, signes d’insuffisance
cardiaque, signes abdominaux.
PS : Parfois la pleurésie est asymptomatique et découverte fortuitement par l’examen physique
et la radiographie de thorax.
Signes physiques : trépied pleurétique :
- Matité «de bois» (pleurésie de la grande cavité). - Baisse des vibrations vocales. - Baisse du
murmure vésiculaire.
Si pleurésie enkystée : les signes sont fonction de la localisation. Parfois frottement pleural au
début du processus. Certaines pleurésies de grande abondance sont mal tolérées, surtout si elles
sont d’installation rapide et brutale, donnant un tableau de détresse respiratoire aigüe sévère,
nécessitant un drainage pleural en urgence.
Examens complémentaires :
La radiographie de thorax suffit pour confirmer le diagnostic en montrant une opacité dense,
homogène, à limite supérieure nette (courbe de Damoiseau), déclive et à limite supérieure
concave en haut et en dedans, masquant le cul de sac, non systématisée, parfois localisée «
enkystée » (phrénique, axillaire, inter-lobaire, cloisonnée). La pleurésie peut être minime
(émoussement du cul de sac pleural), de moyenne ou de grande abondance (occupe tout le
champ pulmonaire).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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C) PNEUMONIE :
Définition : infection aigue du parenchyme pulmonaire.
Signes fonctionnels : fièvre + signes respiratoires (toux, expectoration, parfois dyspnée ou
hémoptysie) + douleur thoracique (d’allure pleurétique si effraction ou inflammation de la
plèvre).
Signes physiques : diminution des murmures vésiculaires, râles crépitants, parfois une matité,
souffle tubaire.
Signes de gravité : EDC septique, détresse respiratoire aigue :
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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Trouble de la conscience, fréquence respiratoire > 30 cycles/min, PAS < 90 mmHg, FC >120
bpm, T°< 35°C ou ≥ 40°C, signes associés : cyanose, tirage, marbrures.
Radiographie de thorax : opacité parenchymateuse systématisée, bien limitée, avec
bronchogramme aérien. Parfois pleurésie associée (pleuro-pneumopathie) (Figure 10).
Objectif 6 : Réunir les arguments cliniques et paracliniques orientant vers une étiologie
non cardiaque et non respiratoire des douleurs thoraciques (pariétale, oesophagienne,
neurologique).
Objectif 7: Identifier une cause extra-thoracique devant une douleur thoracique aiguë
(douleur abdominale projetée, douleur psychogène).
5. Syndrome de Mallory-Weiss :
Il correspond à une dilacération de la muqueuse du bas œsophage et du cardia et se traduit par
des efforts de vomissements suivis de douleurs et d’une hématémèse.
6. Autres causes digestives :
• Cholécystite aigue.
• Hépatalgies aigues liées à une insuffisance cardiaque droite.
Les schwannomes sont des tumeurs nerveuses extramédullaires, pouvant se manifester par des
douleurs rétrosternales irradiant vers le rachis.
Les neuropathies thoraciques sont rares ; leur cause quasi exclusive est le diabète. Elles se
manifestent par des sensations de brûlures permanentes, exacerbées par les contacts, et pouvant
toucher un ou plusieurs dermatomes adjacents.
Les névralgies intercostales débutent de façon brutale après un faux mouvement, et se
manifestent par des douleurs sourdes, parfois des brûlures. La toux et certains mouvements
peuvent entraîner des paroxysmes douloureux.
Les douleurs post-thoracotomie, fréquentes, surviennent dans un délai de quelques jours à
quelques semaines et sont classiquement attribuées à une lésion du nerf intercostal.
L’association à une hypoesthésie est possible. Si la topographie douloureuse est plus volontiers
confinée à la partie antérieure du métamère, en avant de la cicatrice, il arrive qu’elle s’étende à
tout l’hémithorax.
IX. Conclusion :
Les douleurs thoraciques, présentes dans de nombreuses situations pathologiques,
représentent un motif extrêmement fréquent de consultation. Un interrogatoire minutieux
est fondamental pour orienter le bilan. L’ECG et le bilan complètent l’examen clinique. La
recherche de signes de gravité est primordiale pour décider rapidement de l’orientation du
patient. Une hospitalisation s’impose si l’examen oriente vers une cause pulmonaire ou
cardiaque, en particulier en cas de syndrome coronarien aigu. Le risque de méconnaître une
pathologie organique à un stade précoce justifie le conseil de consulter à nouveau en cas de
persistance ou d’aggravation des douleurs.
- Ne pas se tromper du diagnostic, car ceci peut conduire à une erreur de la démarche
thérapeutique qui peut être fatale (par exemple, des cas dissection aortique ou de tamponnade
ont été diagnostiquées à tort pour des IDM, et en conséquent ont été thrombolysées, et vous
pouvez imaginer la suite….).
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Sujet 22 : Douleurs thoraciques aigues
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X. Références :
1. 2014 ESC Guidelines on the diagnosis and management of acute pulmonary
embolism
2. 2015 ESC Guidelines for the management of acute coronary syndromes in patients
presenting without persistent ST-segment elevation
3. 2017 ESC Guidelines for the management of acute myocardial infarction in
patientspresenting with ST-segment elevation
4. 2015 ESC Guidelines for the diagnosis and management of pericardial diseases
5. Fourth universal definition ofmyocardial infarction (2018)