M 99 Paso
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D'AIX-MARSEILLE
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FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE
D'AIX-MARSEILLE
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ACCONIER ET STEVEDORE
ACCONIER ET STEVEDORE
On distingue traditionnellement en France, deux catégories
d'entrepreneurs de manutention portuaire. Ils diffèrent par la
nature des opérations qu'ils accomplissent et par leur
localisation géographique. Les entrepreneurs des ports de
l'Atlantique, de la Mer du Nord et de la Manche sont appelés
"stevedores" et leurs fonctions se limitent à l'accomplissement
d'opérations matérielles de chargement et de déchargement
des navires de commerce. Les entrepreneurs des ports
méditerranéens, appelés "acconiers", accomplissent outre ces
opérations matérielles, les opérations de réception,
reconnaissance, garde et livraison à terre des marchandises.
REMERCIEMENTS
2
Je tiens à remercier vivement toutes les personnes qui m’ont aidé dans mes
recherches et plus spécialement les professionnels qui m’ont consacré un peu
de leur temps et apporté de précieuses informations :
SOMMAIRE
INTRODUCTION………………………………………………………………………p.4
3
Chapitre 1 : La distinction traditionnelle………………………………………….p.9
Section 1 : Origine des termes et fonctions…………………………………….p.10
Section 2 : Prise en considération des particularismes
dans la loi du 18 juin 1966………………………………………….p.20
Chapitre 2 : Le contexte d’évolution des fonctions de l’entrepreneur de
de manutention…………………………………………………………p.29
Section 1 : Le cadre structurel……………………………………………………p.29
Section 2 : Le contexte économique et social……..…………………………...p.36
Conclusion………………………………………………………………………………...p.76
Bibliographie………………………………………………………………………………p.77
Table des annexes………………………………………………………………………..p.80
Table des matières………………………………………………………………………..p.82
INTRODUCTION
4
Les phases terrestres entourant la phase purement maritime du transport de
marchandises par mer ont de tous temps nécessité l'accomplissement de
nombreuses opérations. La multiplicité d'opérateurs indépendants gravitant autour
du transporteur maritime aujourd'hui confirme l'importance de ces opérations.
D'autre part, "la nécessaire exactitude dans la rotation des navires et, la
multiplication de lots à laquelle donna naissance le transport sous connaissement
eurent pour effet d'imposer dans les ports, entre le transporteur et les destinataires,
la présence d'un intermédiaire se chargeant de garder les marchandises à terre et
parfois même de représenter leur ayant droit" . 4
5
Mais cette fonction ne fut pas organisée de la même façon dans les ports français:
Ainsi, certains transporteurs créèrent leurs agences dans les ports où leurs navires
faisaient escale, pour se charger des opérations en question, d'autres ne voulant
pas installer une organisation propre, eurent recours à des agences d'autres
transporteurs. Enfin, dans certains cas, les transporteurs reportèrent directement sur
les chargeurs ou les destinataires le soin de se charger de ces opérations à terre.
Cependant, la pratique révéla que dans certains ports, ces deux types d'opérations
étaient confiées à une même entreprise.
La grande distinction que l'on signale encore aujourd'hui est celle concernant les
6
acconiers et les stevedores qui se différencient par la nature des opérations qu'ils
accomplissent et par leur localisation géographique.
5 Ainsi a-t-on trouvé au fil du temps, les Gabariers à Bordeaux, les brouettiers du Grand corps au
Havre, les portefaix, les acconiers à Marseille, les wharfs et sociétés de batelage en Afrique et à
Madagascar.
6 RODIERE(R) et DUPONTAVICE (E), Droit Maritime, Précis Dalloz, 12 ème Ed., N°277, p.252-253;
BONASSIES (P), Droit Maritime, Cours de D.E.S.S Aix.; LE LOUER (F), L'acconier, Thèse Aix, 1979,
et Annales de l'I.M.T.M. 1985, Vol.2, p.5; TASSEL (Y), Les auxiliaires du transport maritime, D.M.F
hors série mars 1999:" 1949-1999 - cinquante ans de Droit positif", N°1.
6
des tâches matérielles : ils chargent et déchargent les marchandises des navires, les
7
Les acconiers des ports méditerranéens effectuent aussi ces opérations; mais leur
particularité tient au fait qu'il prennent en charge juridiquement la marchandise pour
une durée variable avant l'embarquement ou après le débarquement, ce qui les
distingue des stevedores qui n'ont à aucun moment la garde de la marchandise . 8
Or ce "rôle juridique de l'acconier" qui fit couler beaucoup d'encre à une époque , 10
compte tenu de la difficulté de lui appliquer un régime juridique précis, ne lui semble
plus exclusivement réservé de nos jours.
plus en plus notamment en raison de la prise en charge très répandue par les
stevedores des opérations juridiques de la manutention . 12
7RODIERE (R), Traité de Droit Maritime - Affrètements et transports, Tome III, Dalloz, 1970, N°811,
p.14.
8LAFAGE (G.H), L'acconage, D.M.F 1965, p.451.
9 Loi N°66-420.
10PRODROMIDES (M), De l'action directe du destinataire contre l'acconier, D.M.F 1953, p.671.
11Lamy Transports, tome 2, N°611, p.409.
12 BENAMAR (M), Les auxiliaires du transport maritime, Thèse Aix-en-Provence, 1994, p.17
7
Et l'analyse du contenu des contrats de manutention ainsi que d'une jurisprudence
récente sur les manutentionnaires portuaires, nous démontrerons que la distinction
traditionnelle ne trouve plus réellement de justification en pratique.
8
CHAPITRE 1 LA DISTINCTION TRADITIONNELLE
Il n'est pas un auteur du Droit Maritime qui n'ait au moins une fois souligné la
différence de terminologie et de fonctions applicable aux entrepreneurs de
manutention des ports de l'Atlantique, de la Mer du Nord et de la Manche et des
ports méditerranéens . Il ne semble pas exister de raison précise à cette distinction
14
bien que diverses théories aient été avancées , il semble qu'une multitude de
15
9
statut juridique des entrepreneurs de manutention et plus précisément de celui des
acconiers, dans le cadre général du transport maritime.
La différence de pratiques dans les ports français trouve certainement son origine
dans les usages propres à chaque "région portuaire". Ainsi est-il indispensable de
traiter des aspects historiques expliquant que les acconiers et les stevedores se
distinguent par les fonctions qu'ils occupent.
§1 Aspects historiques
A/ Les acconiers
Le mot acconier provient du terme accon, désignant un petit bateau à fond plat qui
selon certain avait été imaginé par Patrice Walton vers 1235; ce marin irlandais
16
utilisé comme un véritable quai mobile de chaque côtés des navires mouillant en
18
rade, à une époque où les ports étaient trop exigus pour recevoir à quai tous les
navires arrivant au port. Pour éviter les temps d'attente, on procédait au chargement
16 THOMAS (A), Les acconiers, Thèse, L.G.D.J, 1923, N°7, p.7.
17 " L'accon est un bateau plat, simple pièce de bois longue de deux mètres ou deux mètres
cinquante, large de cinquante à soixante centimètres, légèrement recourbée à ses extrémités et
recouverte sur le flanc d'un minuscule bordage", JOUSSET, France géographique illustrée, Tome 1,
p.816, dans THOMAS (A), Ibid.
18Selon l’expression de M. Antoine THOMAS.
10
et au déchargement à l'aide de ces barques qui venaient chercher les marchandises
à bord pour les amener à quai et inversement. Leurs propriétaires prient donc le
nom "d'acconiers".
Ce moyen fut également reprit, jusqu'à une époque récente dans certains ports
africains où les wharfs et sociétés de batelage utilisaient et utilise peut-être encore
20
des petites embarcations comme des allèges, des chalands, ou des mahonnes , 21
pour le déchargement et le chargement des navires en rade foraine c'est à dire au-
delà de la barrière naturelle présente sur les côtes de l'Afrique de l'ouest et de
Madagascar.
L'historique des acconiers est sans nul doute lié à celui du port de Marseille ; les 22
portefaix de Marseille 25
regroupait des travailleurs du port qui s'employaient au
chargement et au déchargement des navires 26
lorsque la cargaison était trop
11
importante à manutentionner par rapport au nombre de matelots . Les portefaix 27
avaient, en fait, le monopole de la manutention qui n'était pas effectuée par les
équipages. A cette époque, le portefaix n'était donc qu'un simple manutentionnaire,
exerçant les mêmes fonctions que le stevedore.
Selon certains , la corporation des portefaix fut épargnée par le décret d'Allarde et
28 29
Quoiqu'il en soit, durant la première moitié du XIX ème siècle, la corporation était
très puissante et ne tolérait pas sur les quais de Marseille, les travailleurs
indépendants appelés aussi les robeirols . On y travaillait de père en fils et l'absence
32
De plus, partir de cette période, elle commence à prendre en charge, outre les
opérations de manutention pure, la réception et la garde des marchandises.
Cependant, les choses changèrent vers 1860: avec l 'augmentation du tonnage des
navires, l'évolution des trafics et des techniques visant à opérer les navires en quête
de gain de productivité, et l'extension du port de Marseille, la société des Portefaix
de Marseille ne répondait plus aux critères de modernité et de rapidité exigés par les
acteurs du transport maritime.
Elle fut donc supplantée par des entreprises portuaires modernes et notamment par
la Compagnie des docks et entrepôts de Marseille , qui, pour mettre en pratique le
33
12
magasins aux abords des bassins, exécuta à ses frais les travaux d'infrastructure
des bassins, construisit des entrepôts frigorifiques, se dota d'importants silos à
céréales pour faciliter plus encore le passage des grains à Marseille. De plus, elle
installa sur les quais des grues hydrauliques, de nouveaux engins de levage à
portée variable qui provoquèrent "par la hardiesse de leur conception un sentiment
d'admiration dans tous les milieux concernés" . 34
Finalement, vers la fin du siècle dernier, les portefaix disparurent, les entreprises
modernes prenant le relais dans leurs fonctions juridiques.
désignant en fait, l'ensemble des opérations à caractère juridique effectuées par les
manutentionnaires des ports méditerranéens.
13
B/ Les stevedores
Dans la doctrine, les références aux stevedores ne sont présentes que pour en
limiter leur étude; ainsi est-il peu aisé de trouver des informations sur la profession,
"l'activité ne soulevant aucun problème spécial" . L'historique des stevedores ne se
43
38 RODIERE (R), Traité Général de Droit Maritime, Affrètements et transports, Tome III, Librairie
Dalloz, 1970, p.14.
39 Lord CHORLEY, Shipping Law, Londres 1947, p.222.
40 BERARD (G), Thèse op.cit. Introduction.
41 Recueil Dalloz
42RIPERT (G), Droit Maritime, Tome 1, 4ème ED, 1950, p.753, N°876 bis et s.
43LAFAGE (G.H), L'acconage, D.M.F 1965, p.452.
14
britannique, une plus large acception que dans les ports du nord de la France où le
terme équivaut uniquement à celui de manutentionnaire .44
44Ibid.
15
Ainsi selon le Doyen Rodière, les stevedores sont, sur les côtes de la Mer du Nord,
de la Manche et de l'Atlantique, "les entrepreneurs qui vont coltiner les cargaisons"
et qui " se renferment bien dans cette tâche matérielle " tandis que les acconiers, en
Méditerranée, "outre ces tâches, accomplissent des actes juridiques; ainsi ils
prennent livraison pour le compte des destinataires ou assurent la garde des
marchandises une fois débarquées" . 45
Pour le Doyen Chauveau, dans le sens étroit du terme, l'acconier est chargé
d'accomplir un certain nombre d'opérations matérielles de manutention de la
cargaison, mais il assume aussi d'autres obligations comme celles de dépositaire,
de consignataire de la marchandise ou de transitaire . 46
Pour G.H Lafage, le terme acconier, a pris un sens plus général que celui qu'on a pu
lui attribuer étymologiquement et s'applique à l'entrepreneur qui avant
l'embarquement ou après le débarquement, prend pour une durée variable la
marchandise en charge, ce qui le distingue du simple manutentionnaire, appelé
habituellement stevedore, lequel n'a à aucun moment la garde des cargaisons
manipulées. Le stevedore ne prend pas la marchandise en charge, il n'a donc pas à
la compter, et les opérations d'allotissement et de pointage ne lui incombent pas. S'il
y a pointage, c'est uniquement par rapport au rendement des dockers et au calcul
de leurs primes . 47
Beaucoup d'auteurs ont donc souligné la différence de pratiques, mais très peu ont
tenté de l'expliquer.
16
Il convient de rappeler tout d'abord que l'organisation moderne des entreprises de
manutention s'inscrit dans un contexte de développement du transport de ligne,
imposant une nouvelle structure maritime . Le développement des échanges et
49
On sait que l'acconier tient ses fonctions juridiques de la pratique des portefaix qui,
dépourvus de leurs fonctions initiales de "simples manutentionnaires" se chargèrent
de prendre soin des marchandises avant leur chargement et après leur
déchargement . 50
Les magistrats de la Cour de Cassation ayant pris soin de relever que précisément
l'entrepreneur de manutention en cause (un acconier) avait reçu des usages une
autre mission que celle d'un simple manutentionnaire . 51
17
les "nations" , qui sont spécialisées dans les opérations préalables au chargement
54
La distinction de fonctions accomplies par les acconiers et les stevedores est bien
réelle mais n'a jamais été absolue, les deux catégories de manutentionnaires
pouvant contractuellement restreindre ou élargir l'étendue de leurs obligations.
Yves Tassel avança dans sa thèse deux motifs pouvant expliquer cette distinction:
55
Il souligne tout d'abord le fait que la division des tâches favorise l'accélération des
opérations et essentiellement celles de la manutention. Pour lui, ceci expliquerait
que les ports de l'Atlantique, de la Mer du Nord et de la Manche, soumis au
phénomène de marées, qui peut exiger que les opérations matérielles et juridiques
se déroulent en un temps plus limité et plus court, l'aient adopté, à la différence des
ports méditerranéens.
54PINTO (P), L'entrepreneur de manutention à Marseille et à Anvers, Mémoire D.E.S.S. AIX, 1996.
55Lestatut juridique de l'entrepreneur de manutention dans la loi du 18 juin 1966 et le décret du 31
décembre 1966, Nantes, 1973, p.9.
18
Ensuite, la différence tiendrait à la nature même des ports. Citant le géographe Alain
Vigarié , Yves Tassel reprend la classification des ports en deux groupes:
56
ceux dont l'impulsion vient par l'horizon marin et ceux dont les centres de pulsion
sont placés à l'arrière pays. Or au moment du développement des grandes
compagnies d'armement, cette différence entre les ports est réelle.
Ainsi Yves Tassel précise-t-il, sans pour autant vouloir exagérer la distinction que:
"la façade Atlantique reflète une dépendance continentale alors que la façade
méditerranéenne est d'une dépendance océanique. Mais là où l'intérieur n'est pas
un centre de pulsion intense, l'organisation portuaire doit être plus développée. Tel
est le cas des ports méditerranéens, où une même entreprise assume non
seulement la manutention, mais aussi la consignation. Au contraire, lorsque le port
vit au rythme de l'intérieur, l'organisation de la consignation se fait sans doute moins
sentir. De toute façon, elle n'est pas aussi intimement liée à la manutention. On
comprend dés lors quelle soit organisée par un autre que par l'entrepreneur de
manutention".
56 La circulation maritime, M.Th. Génin, Paris 1968, p.86 et s. dans TASSEL (Y) Thèse, op.cit., p.8.
19
§1 Le Régime juridique avant la Loi de 1966 - Aspects jurisprudentiels
qu'une clause claire énonça que la prise en charge et la livraison avaient lieu sous
palan . Les opérations précédant ou suivant le transport par mer étaient considérées
59
Ainsi la Cour de Cassation déclarait: "si en dehors du transport par mer, il y a eu des
opérations qui en ont été le préalable ou devaient en être la suite, il n'y a qu'un seul
contrat, constaté par le connaissement" . L'entrepreneur de manutention était alors
60
La loi du 2 avril 1936 opéra donc ce que l'on a appelé le "sectionnement du contrat
de transport maritime" . En ce sens, l'article premier de la loi, en établissant un
63
57 "Ce vieux principe raisonnable", selon Pierre BOULOY, Le contrat d'acconage, mythe ou
réalité ?,D.M.F 1964, p.707.
58De GRANDMAISON (J), Le contrat de transport maritime, D.M.F 1951, p.55.
59 Dans ce cas le destinataire ne pouvait plus agir sur le base du contrat de transport mais sur la base
d'un nouveau contrat le liant à l'entrepreneur de manutention, il pouvait également agir sur le terrain
délictuel.
60 Cass.civ. 16 juillet 1912, Recueil Sirey 1912, vol.1, p.579.
61 C.A BORDEAUX, 6 février 1889, dans CHAO (A), Acconiers et destinataires, Thèse Paris,
Librairies Techniques, 1971, p.17, note 6.
62 Article 7 de la Convention pour l'Unification de certaines règles relatives aux connaissements,
signée à Bruxelles le 25 août 1924.
63 Combattu par beaucoup d'auteurs tels: Ad CHOTEAU, dans Les marchandises à quai en quête
d'un statut légal, D.M.F 1950, p.317;
20
Ce texte suscita bien des controverses parmi lesquelles celle de déterminer le sens
exact des expressions "prise en charge sous palan" et livraison sous palan", celle de
savoir à quel régime juridique devaient être soumises les opérations dites "ante" et
"post palan" .
64
Les opérations de manutention pure et les opérations d'acconage (c'est à dire les
opérations juridiques accomplies par l'acconier) devaient-elles êtres soumises à la
loi maritime de 1936, au code de commerce sur le transport et les affrètements ou
sur le transport terrestre, ou bien au code civil en matière de contrat de dépôt, de
mandat ou de gestion d'affaires?
Les difficultés ont été en fait accentuées par le fait que d'une part, le transporteur,
impérativement responsable de la marchandise de palan à palan, tentait de se
libérer pour les phases ante et post palan en insérant des clauses dans ses
64 Ad.CHOTEAU, Les marchandises à quai en quête d'un statut légal, D.M.F ?, p.315.
65 A ce propos Emile Jauffret déclara: "les conflits nés du transport de marchandises par mer seraient
relativement simples si les acconiers n'existaient pas" dans: L'intervention de l'acconier lors de la
réception des marchandises, D.M.F 1951, p.367.
66RODIERE (R), Préface de la thèse de Mme CHAO (A), Acconiers et destinataires, Paris, Librairies
techniques, 1971.
21
connaissements , et d'autre part, à l'époque, le contrat de manutention ne se
67
Pour ce qui concerne les opérations de manutention pure, c'est à dire les opérations
de chargement et de déchargement de palan à palan , elles entraient dans le cadre
69
endroit . 71
22
Ainsi en considérant leur tâches matérielles durant cette période, il a été soutenu
que le contrat de manutention relevait du contrat de transport . Ainsi Francis
Sauvage , par exemple développa l'idée que la manipulation des marchandises à
73
terre constituait une opération terrestre devant être soumise aux dispositions
applicables aux transports terrestres à savoir l'article 103 du Code de Commerce et
ce, dans le but d'écarter les clauses de non responsabilité invoquées par les
manutentionnaires. Cette théorie ne retint pas l'attention même si un arrêt de la
74
Avant cela, on développa l'idée selon laquelle, l'acconier effectuant des opérations
de manutention du navire au quai sur des allèges, devait être considéré comme un
transporteur maritime . Cette conception fut rejetée par une grande partie de la
76
doctrine ainsi que par la jurisprudence même si encore une fois elle reçu l'aval de
77 78
certaines juridictions 79
.
l'ensemble des opérations accomplies par l'acconier. Elle fut donc amplement
72"Ainsi, pour les opérations de manutention pure, la nature de l'obligation pesant sur l'entrepreneur
de manutention n'était pas très nette. Même si l'idée d'une simple obligation de diligence avait été
avancé, la jurisprudence semblait de temps en temps faire peser sur l'acconier l'obligation de prouver
une cause étrangère pour se libérer" CALAIS-AULOY (J), Armateurs et acconiers, bénéficiaires de la
loi du 18 juin 1966, Recueil Dalloz Sirey 1966, Chronique XXIII, p.25.
73La condition juridique des marchandises à terre avant embarquement ou après déchargement,
D.M.F 1949, p.135.
74Cass.com. 17 mai 1960, D.M.F 1960, p.472.
7523 février 1948, Gazette du Palais 1948, 1, 243 dans, SAUVAGE (F), op.cit.
76THOMAS (A), Thèse, op.cit.
77LAFAGE (G.H), L'acconage, D.M.F 1965, p.451. FRAIKIN (G), le régime juridique de la
manutention, D.M.F 1955, p.451. WOLFF (L), Le contrat d'acconage et le principe de l'unité du
contrat de transport maritime, D.M.F 1951, p.315.
78C.A. Aix, 19 novembre 1924.
79T.C Marseille, 29 janvier 1951, D.M.F 1951, p.301, reconnaissant à l'acconier le droit de se prévaloir
des article 433 et 435 du Code de Commerce.
80Notamment: C.A Aix 4 octobre 1948, D.M.F 1950, p.70; T.C Marseille 11 février 1949, D.M.F 1950,
p.247.;T.C Marseille 22 février 1958.
23
critiquée par la doctrine soulevant l'impossibilité d'assimilation de ces deux types de
contrats .
81
Cette qualification fut retenue en considération des clauses insérées dans les
connaissements par les transporteurs et notamment la clause de déchargement
d'office, le chargeur donnant mandat au transporteur de choisir une entreprise de
débarquement et en vertu d'une "stipulation pour autrui tacite du transporteur" , un 84
En fait toutes ces constructions juridiques avaient pour objectif de pouvoir justifier un
lien de droit entre l'acconier, dont les services étaient le plus souvent requis par le
transporteur, et le destinataire, dépourvu d'action à son encontre à faute de lien
contractuel.
Finalement, pour mettre fin aux incertitudes, la Cour de cassation posa le principe
que le contrat de transport maritime impliquait par sa nature le droit pour le
destinataire de se prévaloir de la convention intervenue entre le transporteur et
l'acconier . Cette décision ne fit pas l'unanimité certains considérant que le
86
24
Mais cet arrêt ne mettait pas fin à toutes les incertitudes concernant notamment
l'étendue de la responsabilité de l'entrepreneur de manutention. C'est la raison pour
laquelle intervînt la réforme de 1966 qui dota l'entrepreneur de manutention du statut
juridique légal qui lui manquait.
Selon René Rodière et Emmanuel Dupontavice, la loi du 18 juin 1966 a tenu compte
des nombreuses difficultés survenues pour régler le statut des entrepreneurs de
manutention. Ces difficultés étaient en partie nées de la diversité de pratiques dans
les ports français.
25
du fait que la loi doit être une pour tous, celles dont la convention ou les usages ne
chargent en fait la plus part du temps que les entrepreneurs de la Méditerranée . 91
Le texte n'a pas effacé la distinction mais il n'était pas souhaitable d'une part
promouvoir des règles différentes pour les ports français de la Méditerranée et les
autres ports français et d'autre part qu'un usage de certains ports devienne une
contrainte. Il fut donc question de souplesse des dispositions sur les entreprises de
manutention et on parla de régime juridique "à deux vitesses" . 92
La loi 93
consacre huit articles aux entrepreneurs de manutention se regroupant
autour de deux grandes divisions à savoir d'une part le régime juridique de
l'intervention de l'entrepreneur de manutention et d'autre part le régime juridique de
l'action en responsabilité contre l'entrepreneur de manutention.
Elle est complétée par le décret du 31 décembre 1966, dont les dispositions
prennent également en considération les différents types d'opérations accomplies
par les entreprises de manutention.
Cet article s'applique autant aux stevedores qu'aux acconiers. Il comporte à la fois
une obligation de moyens pour les opérations de chargement et de déchargement
mais aussi pour les opération de mise et reprise sous hangar ou sur terre-plein.
91RODIERE (R), DUPONTAVICE (E), Précis de Droit Maritime, DALLOZ, 12ème Ed., p.253 et s.
92VEAUX-FOURNERIE (P) et VEAUX (D), Les auxiliaires terrestres du transport maritime,
Jurisclasseur commercial, Fascicule 1190, Editions du Juris-classeur 1998, p.4.
93En application de l'article 59 de la loi, les nouvelles dispositions ont pris effet le 1er avril 1967 et
régissent les contrats conclus postérieurement à cette date.
94Article 50: "L'entrepreneur de manutention est chargé de toutes les opérations qui réalisent la mise
à bord et le débarquement des marchandises, y compris les opérations de mise et de reprise sous
hangar et sur terre-plein, qui en sont la préalable ou la suite nécessaire".
95TASSEL (Y), Le statut de l'entrepreneur de manutention dans la loi du 18 juin 1966 et le décret du
31 décembre 1966, Thèse Nantes, 1973, p.19.
26
L'article 51 de la loi va préciser le régime des opérations juridiques accomplies
éventuellement par l'entrepreneur de manutention . 96
Cet article est complété par l'article 80 du décret du 31 décembre 1966 énumérant
précisément ces opérations juridiques . 97
27
Après avoir décrit les éléments de distinction traditionnelle entre les deux catégories
d'entrepreneurs, il faut s'attacher maintenant à relater ceux qui ont contribué
récemment à entraîner un affaiblissement de cette distinction ou qui permettent de
constater que les entreprises de manutention ont connu une évolution semblable
autant au niveau de leur cadre structurel que de leur contexte économique et social.
Apparu dans les années vingt, ce n'est que dans les années cinquante qu'il connaît
un véritable essor en assurant le "porte à porte" ; le conteneur a en fait été conçu
98
98WAROT (J), L'avènement du container dans le trafic maritime, D.M.F 1951, p.263.
28
Encore aujourd’hui on remarque le transfert de certaines catégories de
marchandises habituellement transportées en conventionnel vers la technique de la
conteneurisation .
99
"A notre époque, les stevedores et les acconiers, tels qu'on les connaissait autrefois
se transforment "en terminal operator", dans les grands ports tout au moins,
employant des engins de levage fort coûteux et gérant des parcs à conteneurs de
plusieurs hectares" . 102
99 Le BARS (F), Réflexions sur les mutations dans le monde maritime dues à la conteneurisation,
Annales de l’I.M.T.M 1987, Vol.4, p.41.
100Voir les contrats en annexe. Le détail de ces nouvelles obligations sera étudié dans la deuxième
partie.
101D.M.F 1992 p.561.
102NICOLAS (P.Y), Note sous un arrêt de la Cour de Cassation du 3 février 1998, D.M.F 1998, p.383.
29
On a alors parlé de mutation fonctionnelle, laquelle a par exemple entraîné la
signature d'une convention internationale à Vienne le 19 avril 1991, sur la
responsabilité des exploitants de terminaux de transports dans le commerce
international.
Même si cette convention n'est pas encore entrée en vigueur , elle a pour objet de
103
§2 Modernisation de l'outillage
Vers les années 1950, les entreprises de manutention ont contribué à donner aux
ports leur aspect moderne en les dotant de puissantes installations, engins de
lavage, silos, parc de stockage, voies ferrées, tracteurs... 105
30
Si l’on a souligné l’importance de la conteneurisation dans la mutation fonctionnelle
des entrepreneurs de manutention des ports de la Mer du Nord, de la Manche et de
l’Atlantique, l'apparition du conteneur sonna le glas des élingues, plateaux, filets et
autres .
107
Normalement, l’outillage portuaire comme les grues ou les portiques, est loué par le
port ou la chambre de commerce et est sous la responsabilité de l’entrepreneur.
31
§3 Les infrastructures de stockage
111 RODIERE (R), Traité Général de Droit Maritime, Affrètements et Transports, Tome III, Librairies
Dalloz, 1970, p.23.
32
Pour cela, les entrepreneurs disposent de surfaces sur les quais ou dans l’hinterland
et de hangars. Ces surfaces ou hangars sont le plus souvent loués par le port mais
peuvent également appartenir à l’entreprise.
On observe aujourd’hui le fait que de plus en plus d’entrepreneurs désirent disposer
de leurs propres lieux de stockage et de quais privés 112
.
Il est un fait bien établi qu’une grande partie des pertes occasionnées aux
marchandises lors des phases terrestres provient des vols, qu’il s’agisse de simple
« chapardage » ou de véritable vol organisé, ce problème a toujours été l’un des soucis
majeurs des entrepreneurs de manutention.
Malgré la prise en charge de la sécurité des sites portuaires par les autorités du port, il
n’avait pas vraiment été constaté d’amélioration dans les chiffres concernant la
disparition des marchandises durant les phases de manutention.
112 C’est le cas notamment au Havre, pour la société des Terminaux de Normandie.
33
Le système de surveillance consiste généralement en un contrôle accru des sorties de
marchandises, en un contrôle informatisé de l’emplacement de celles-ci dans l’enceinte
portuaire, en une mise en place d’équipes de surveillances de jour et de nuit effectuant
des rondes régulières . 113
Ce phénomène s’observe tant au niveau des ports méditerranéens que des ports
de la Mer du Nord, de la Manche ou de l’Atlantique, qui comme nous allons le
constater, se chargent des opérations de garde des marchandises et peuvent
donc être tenus pour responsable des pertes . 114
Il s’agirait ici d’un autre élément ayant sans doute contribué à faire évoluer les
entreprises de manutention :
Selon Guy Fraikin, l'acconier pouvait être aussi transporteur maritime et avoir une
branche d'acconage nettement distincte . 116
En fait, pendant longtemps, les transporteurs ont possédé leurs propres entreprises
de manutention. Que ce soit en prise de participation dans le capital ou pleine
propriété, ils étaient directement liés que ce soit aux stevedores ou aux acconiers . 117
113 KARAVOKYROS (A), Le terminal à conteneurs portuaire, Mémoire de D.E.S.S Aix 1997-1998,
Les modalités du gardiennage, p.61.
114 Sur la fonction de garde des entrepreneurs, voir la deuxième partie du mémoire.
115BONNECASE (J), Traité de Droit Commercial Maritime, Librairie de la Société du Recueil Sirey,
1923, N°373, p.392.
116FRAIKIN, Traité de la responsabilité du transporteur maritime, L.G.D.J, 1957, p.90.
117 Ainsi par exemple, la Compagnie Générale Maritime opéra avec la Générale de manutention
portuaire au Havre, la S.N.C.M et la C.M.N avec la SOCOMA à Marseille..
34
Ils ont par là même favorisé leur développement technique en apportant une partie
des capitaux nécessaires.
Jusqu’au début du XXème siècle, les dockers étaient principalement des travailleurs
manuels et les marchandises étaient alors conditionnées en unités correspondant à
la force humaine.
Le travail étaient irrégulier sur les quais, du fait des arrivées aléatoires des navires
dans les ports mais le besoin de main-d’œuvre était important.
118 Il en existe cependant toujours, par exemple au terminal de Fos, la société SEAYARD est
notamment contrôlée par l’armement chinois COSCO.
35
devait être adaptée aux fluctuations de trafic et les dockers devaient bénéficier
d’une protection sociale suffisante pour leur permettre de faire de cette activité leur
métier à l’exclusion de tout autre .
119
C’est dans ce cadre que fut modifiée la loi du 28 juin 1941 120
par la loi du 6
septembre 1947 121
posant les bases d’un statut de docker dérogatoire au droit
commun, fondé sur l’idée de monopole et de priorité d’embauche des dockers
professionnels pour le chargement et le déchargement des navires. Ce statut
organisa la « permanence de la main-d’œuvre dans l’intermittence du travail » . 122
Or, après les années cinquante, les mutations technologiques modifièrent les
conditions de travail. La conteneurisation , le développement des navires à
123
La réduction de main d’œuvre engendra des luttes syndicales. Alors que certains
pays européens réagirent rapidement à cette évolution, d’autres, comme la France
ou l’Italie se laissèrent submerger.
Jusqu’en 1992 aucun projet de réforme du statut des dockers n’aboutit. Face à la
concurrence des ports européens comme Anvers ou Rotterdam, les problèmes des
entrepreneurs de manutention en France, dus au manque de fiabilité causé par la
main d’œuvre docker, ne leur permettent pas d’être compétitifs.
119 PERI (H), Les opérateurs portuaires français dans la Communauté Européenne, Annales de
l’I.M.T.M 1992, Vol.9, p.155.
120 J.O 1er juillet 1941, p.2758.Après 1936, les dockers bénéficièrent de certains acquis sociaux.
121 Loi N°47-1746, J.O 7 septembre 1947.
122 Grâce à la mise en place du versement d’une indemnité de garantie pour inemploi financée
solidairement dans les ports : TASSEL (Y) et MORINIERE (J.M), Manutention Portuaire,
Jurisclasseur commercial, Fascicule 1192, Editions du Jurisclasseur 1996, p.1.
123 PADIS (P), Le docker et le conteneur, Gazette du Palais 1972, p.611.
124 Dans certains port, le taux d’inemploi atteignait les 40%.
36
Finalement la réorganisation de la manutention portuaire est lancée au cours de
l’année 1991 et une Loi est votée le 9 juin 1992 . Elle organise la réforme autour de
125
En fait, d’un point du vue économique, la réforme a coûté cher, aux autorités
portuaires ainsi qu’aux entrepreneurs de manutention : les départs des ouvriers
dockers peu qualifiés ont entraîné de lourdes charges financières pour les
entrepreneurs . 126
Mais, selon eux, cette réforme, bien que n’étant encore pas achevée, leur a permis
de réorganiser leur activité dans le sens d’une meilleure compétitivité.
37
DEUXIEME PARTIE L'UNIFORMISATION DES CONTRAT DE
MANUTENTION DANS LES PORTS DE LA MER DU NORD, DE LA
MANCHE ET DE L'ATLANTIQUE ET DES PORTS MEDITERRANEENS
Si l'on a affirmé que les entreprises de manutention des ports de la Mer du Nord, de
l'Atlantique et de la Manche avaient subi une mutation fonctionnelle compte tenu du
contexte d'évolution générale du transport maritime, l'étude du contenu des contrats
de manutention permet d'appuyer cette observation.
Le contrat de manutention est un contrat consensuel qui se forme dés l'échange des
consentements . C'est un contrat commercial dont la preuve se fait par tout
127
moyen 128
. Aucun écrit n'est exigé pour sa validité.
Cependant, dans la plupart des cas, le contrat de manutention est matérialisé par
un écrit. Il s'agit généralement d'un accord cadre avec un transporteur maritime
conclu pour une certaine durée généralement minimum d'un an . 129
Ceci permet aux deux parties d'assurer une certaine sécurité, pour le transporteur
de ligne, au niveau de la rotation de ses navires et pour le manutentionnaire, au
niveau de son organisation en personnel et matériel et de ses prévisions
d'investissements. Chaque escale donnera alors lieu à un sous-contrat, pouvant se
conclure par courrier, téléphone ou télécopie . 130
38
Au delà de la prestation caractéristique accomplie par l'entrepreneur de
manutention, l'analyse des différents contrats, notamment de ceux concernant des
entreprises des ports du Havre, et de Dunkerque révèlent un élargissement de leur
champs d'activité, à des opérations juridiques traditionnellement accomplies par les
acconiers . 131
Ces opérations rentrent dans le champs d'application de la loi de 1966 mais l'on
remarquera également de nouvelles opérations convenues dans les contrats
accomplies tant par les acconiers et les stevedores, et qui ne sont pas prévues dans
les dispositions de la loi de 1966.
39
Il s'agit donc ici des opérations de chargement déchargement , de mise et reprise
sous hangar ou sur terre-plein prévues dans la loi du 18 juin 1966.
L'entreprise doit faire en sorte qu'un poste à quai soit disponible à l'arrivée du
navire . En cas de retard à l'accostage , il est souvent prévu dans le contrat que les
132 133
Elle doit ensuite mettre à disposition les moyens adaptés et les surfaces suffisantes
pour la manutention et le stationnement des marchandises . 134
132Clause 2.1.1 du contrat du Havre en annexe 2; clause 3.1.1 du contrat du Havre en annexe 3,
clause 2.1.1 du contrat de Marseille en annexe 5 etc…
133Seulement si ce retard est dû à une décision de l'entrepreneur: clause 2.4 du contrat du Havre en
annexe 2.
134 Clause 2.1.3 et 2.1.4 du contrat du Havre en annexe 2, clause 3.1.3 et 3.1.4 du contrat du Havre
en annexe 3, clause 2.1.3 du contrat de Marseille en annexe 5
135 Clause 2.1.6 du contrat du Havre en annexe 2, clause 2.1.6 du contrat de Marseille en annexe 5.
136 Clause 2.1.7 du contrat du Havre en annexe 2, clause 2.1.7 du contrat de Marseille en annexe 5.
40
S'agissant des opérations à proprement parler, à l’embarquement, pour les navires à
manutention verticale, elles comprennent une partie « terre » consistant à prendre la
marchandises sous hangar ou sur terre plein pour les amener à l’aplomb du navire,
et une partie « bord » consistant à la mise à bord proprement dite des
marchandises.
Pour les navires rouliers, la manutention à terre consiste à disposer sur le terre-plein
près du navire l’ensemble des remorques « esclaves » et autres ensembles routiers
afin de procéder rapidement à l’embarquement.
137 Clause 3.2.1.2 du contrat du Havre en annexe 2, clause 3.2.1.2 du contrat de Marseille en annexe
5, clause 4.2.1.b du contrat de Sète en annexe 10
138 Voir pour les marchandises diverses, conteneurs et matériels roulant : la clause 3.2.1.2 du contrat
du Havre en annexe 2 ; clause 4.1.2.7 du contrat du Havre en annexe 3 ; clause 4.01.H du contrat de
Marseille-Fos en annexe 4, clause 4.2.1.B du contrat de Dunkerque en annexe 5. Pour les véhicules,
la clause 4 du contrat du Havre en annexe 8 et pour les produits primeurs, la clause IV.1 du contrat
en annexe 9.
41
navire et sous le contrôle des officiers du bord, le transporteur étant responsable de
l’arrimage des marchandises . 139
Elles sont ensuite reprises pour être « alloties » sous hangar ou sur terre-plein. Les
matériels roulants sont généralement délivrées directement à leur réceptionnaire sur
le quais.
souvent le cas en matière de conteneurs ; ceux-ci étant amenés dans les ports par
des navires « feeders » pour être rechargés sur des navires plus important
effectuant des voyages sur de longues distances.
139 Article 38 du décret du 31 décembre 1966 sur les contrats d’affrètement et de transports
maritimes. Les dommages aux marchandises provenant d’un mauvais arrimage constitue une faute
commerciale du transporteur maritime. Cependant certains contrats prévoient que l’entrepreneur
engagerait sa responsabilité en cas de mauvais arrimage, tel le contrat de Sète en annexe 10 « le
manutentionnaire engagerait sa pleine responsabilité pour les faits résultant d’un saisissage incomplet
et/ou ne respectant pas les consignes reçues », article 2.p.
140 Clause 3.3 du contrat du Havre en annexe 2, clause 4 .1.4 du contrat du Havre en annexe 3,
clause 3.3 du contrat de Marseille en annexe 5.
141 Clause 3.4 du contrat du Havre en annexe 2, clause 4.1.6 du contrat du Havre en annexe 3,
clause 4.02 du contrat de Marseille-Fos en annexe 4, clause 3.4 du contrat de Marseille en annexe 5,
clause 4.2.i du contrat de Dunkerque en annexe 7, clause 4.2.3 du contrat de Sète en annexe 10.
42
Ces opérations consistent à manutentionner les marchandises qui sont déjà sur le
navire, soit sur le navire lui-même (« bord-bord »), soit du navire au quai et
inversement (« quai-bord/bord-quai »), et ce, afin d’organiser au mieux le
chargement des marchandises en attente et d’assurer une disposition de celles-ci à
bord dans un soucis de sécurité.
Dans tous les contrats référencés en annexe, qu'il s'agisse d'une entreprise située
au Havre, à Dunkerque, à Marseille ou à Sète, que ce soit en matière de
manutention de conteneurs, marchandises non conteneurisées, matériel roulant, ou
de vrac, la clause définissant l'objet du contrat fera état de l'obligation pour
l'entrepreneur de s'acquitter de tâches à caractère juridique:
Ainsi dans la clause 1.1.2 du contrat d'une entreprise du Havre manutentionnant les
conteneurs, marchandises non-conteneurisées et matériel roulant en annexe 2:
"Le présent contrat a pour objet l'ensemble des opérations suivantes" notamment :
"La réception et la reconnaissance à terre des marchandises à embarquer ou
débarquer ainsi que leur garde et leur délivrance jusqu'à ce que l'Entreprise en soit
régulièrement dessaisie.".
142 Clause 1.
143 Article III.
43
Le contrat de manutention de vrac en annexe 6 a quant à lui pour objet:
" 1/les opérations de déchargement des navires de minerais de fer sur le quai du
Q.P.O du Port de Dunkerque, 2/ les opérations de mise en stock desdits minerais
sur les parcs du Q.P.O, 3/ les opérations de rechargement de ce même minerai,
après pesage en continu sur bande et pointage approprié des wagons ".
Comme le précise l'article 51 de la loi de 66, les opérations juridiques effectuées par
l'entrepreneur de manutention comprennent, la réception, la reconnaissance, la
garde et la délivrance des marchandises.
A/ La réception et la reconnaissance
Sète .
147
44
Une fois les marchandises déchargées à terre, l’entrepreneur doit procéder à leur
reconnaissance. Il doit procéder à la vérification des documents accompagnant la
marchandise . L’entrepreneur de manutention désignera une personne habilitée à
148
Pour les conteneurs, il s’agit de faire, le cas échéant un rapport rapide des
dommages au conteneur lui-même, et à la marchandise s’il s’agit de conteneurs
« flat » ou « open-top ». L’entrepreneur doit également vérifier les plaques CSC
(comportant les numéros d’identification des conteneurs) et surtout l’état des scellés
et la conformité de leur numéros avec les documents. Si ces numéros ne
correspondent pas ou que les scellés dont endommagés, le manutentionnaire est
tenu de reporter l’incident sur les documents et/ou de placer de nouveaux scellés .
151 152
Pour les conteneurs reefers, il doit relever d’abord les températures affichées et
vérifier qu’ils ont bien été branchés .
153
148 Il s’agit notamment de la note de chargement qui est un document fondamental et obligatoire,
institué par une décision de la Direction Générale des Douanes en 1970 dans le cadre d’une
harmonisation des imprimés commerciaux et douaniers utilisés à l’exportation. Ce document sert à la
fois de note de chargement et de déclaration de douane.
149 Clause 2.1.15 du contrat du Havre en annexe 2, clause 2.1.15 du contrat de Marseille en annexe
5.
150 Clause 3.1.3 du contrat du Havre en annexe 2 ; clause 4.3.1.1 du contrat du Havre en annexe 3,
clause 3.1.2.1 et 3.1.2.2 du contrat de Marseille en annexe 5 ; clause 4 du contrat en annexe 8.
151 Notamment sur un document appelé E.I.R, « equipment interchange receipt ».
152 Clause 3.2.1 du contrat du Havre en annexe 2 ; clause 4.1.1.1 et 4.1.1.2 du contrat du Havre en
annexe 3 ; clause 4.01.E et F du contrat de Fos en annexe 4. Etc.…
153 Clause 3.1.1.8 du contrat du Havre en annexe 2 ; clause 4.1.1.6 du contrat du Havre en annexe
3 ; etc.…
154 Clause 3.1.1.7 du contrat du Havre en annexe 2 ; Clause 4.1.1.5 du contrat du Havre en annexe
3 ; etc.…
45
Une fois les marchandises pointées et reconnues, le manutentionnaire prend en
charge juridiquement la marchandise.
S’il y a des dommages apparents il est tenu d’émettre des réserves précises et
circonstanciées contre le transporteur terrestre ou le déposant. Ces réserves doivent
être transmises au transporteur maritime . 155
Les marchandises sont ensuite disposées sous hangar ou sur terre-plein dans un
ordre précis de façon à les appréhender et les reconnaître rapidement à l’arrivée du
navire. Elles sont classées en fonction de leur destination et de leur type . 156
A l’importation, les opérations en sens inverse sont accomplies. Une fois les
marchandises débarquées, le manutentionnaire s’assure du pointage et de la
reconnaissance des marchandises lors de leur prise en charge ; il le fait en fonction
du manifeste de déchargement et selon les mêmes critères que pour l’exportation
des marchandises.
155 Clause 3.1.1.2 et 3.1.1.3. du contrat du Havre en annexe 2, clause 4.1.1.2, 4.2.1.2, et 4.3.1.1 du
contrat du Havre en annexe 3, clause 4.01.L du contrat de Marseille-Fos en annexe 4, Etc…
156 cette phase constitue l’allotissement des marchandises pour les acconiers.
157 Article 6 du contrat de Dunkerque en annexe 6.
158 Article IV et V du contrat-type en annexe 9.
159 Voir le chapitre 2, Section 2.
160 Voir par exemple l’article IV du contrat en annexe 9.
46
Ensuite les marchandises sont généralement conduites sur l’aire de stockage, sous
hangar ou sur terre plein pour y être gardées jusqu’à leur délivrance au
réceptionnaire.
B/ La garde
Ces tâches sont précisées dans les différents contrats qu’il s’agisse des contrats de
manutention des ports du Havre et de Dunkerque que de Marseille, Fos ou Sète. On
remarquera qu’elles sont généralement plus détaillées à propos des conteneurs
« reefers », des marchandises diverses et matériels roulants et des véhicules,
compte tenu des risques inhérents à ces marchandises.
Ainsi, pour les conteneurs « reefers » est-il prévu que l’entrepreneur doit procéder
au branchement et débranchement du conteneur au moment du stockage , il doit 163
161 Clause 3.7« stationnement » dans le contrat du Havre en annexe 2, clause 4.1.5 du contrat du
Havre en annexe 3, clause 3.7 du contrat de Marseille en annexe 5, clause 4.5 du contrat de Sète en
annexe 10.
162 Comme par exemple la conservation des produits primeurs en entrepôts réfrigérés : voir l’article XI
du contrat-type en annexe 9.
163 Par exemple, voir la clause 4.1.8.1 du contrat du Havre en annexe 3, ou la clause 4.2.4 du contrat
de Sète en annexe 10.
47
en outre vérifier le bon fonctionnement du groupe frigorifique , surveiller et relever
164
164 Clause 3.5.3 du contrat du Havre en annexe 2, clause 4.3.7.b du contrat de Dunkerque en annexe
7.etc…
165 Clause 4.03.c du contrat de Marseille –Fos en annexe 4, ou clause 4.1.8.3 du contrat du Havre en
annexe 3 etc…
166 Clause 3.5.9 du contrat du Havre en annexe 2, clause 3.5.10 du contrat de Marseille en annexe 5
etc…
167 Clause 4.03.d du contrat de Marseille-Fos en annexe 4 , clause 4.3.7.b du contrat de Dunkerque
en annexe 7 etc…
168 Voir par exemple le clause 3.1.3.3. du contrat du Havre en annexe 2.
169 Par exemple en matière de minerais, l’article 4 du contrat de Dunkerque en annexe 6 prévoie que
l’entrepreneur « lorsque les conditions climatiques le rendront nécessaire, pratiquera l’arrosage des
tas au moyen d’eau douce ».
48
C/ La délivrance
Cette opération est généralement désignée dans les différents contrats sous le
terme de « livraison » bien que la loi du 18 juin 1966 prévoie le terme de "délivrance"
des marchandises, le terme « livraison » ne s’appliquant qu’au transporteur.
La délivrance est sans doute l’une des phases les plus importante puisqu’elle met fin
à l’intervention de l’entrepreneur et donc à sa responsabilité.
Dans tous les cas, le transporteur ou son agent donneront les instructions à
l’entrepreneur de délivrer la marchandise soit à l’ayant droit en apposant une
mention sur l’exemplaire du connaissement original soit à un transporteur terrestre.
170Ainsi les clauses 3.1 du contrat du Havre en annexe 2, 3.1.6 ; 4.1.1 ; 4.2.1 et 4.3.1 du contrat du
Havre en annexe 3, 4.01 du contrat de Marseille-Fos en annexe 4, 3 .1.1 du contrat de Marseille en
annexe 5, article 5 du contrat de Dunkerque en annexe 6, 4.2.a du contrat de Dunkerque en annexe
7 Etc…
49
Celui-ci se présente ensuite à un pointeur de l’entrepreneur qui effectue la livraison
matérielle de la marchandise et émet un bulletin de livraison dont un exemplaire est
remis au réceptionnaire.
En ce qui concerne les opérations matérielles, il s’agit d’une part des mouvements
sur les parcs ou terre-plein qui ne sont pas en relation avec le chargement ou le
déchargement d’un navire . Ces opérations ne sont pas systématiques et doivent
172
171 notamment avec la procédure de l’ « equipment interchange receipt » :clause 3.1.1.1 du contrat du
Havre en annexe 2, clause 4.1.1.1 du contrat du Havre en annexe 3, 4, clause 3.1.1.1 du contrat de
Marseille en annexe 5, article 5 du contrat de Dunkerque en annexe 6.
172 clause 3.8 du contrat du Havre en annexe 2, clause 3.8 du contrat de Marseille en annexe 5,
clause 4.3.6 du contrat de Dunkerque en annexe 7, clause 4.6 du contrat de Sète en annexe 10.
173 Article IV.1 du contrat type en annexe 9.
50
Enfin, il peut arriver que les prestations du manutentionnaire comprennent
également des opérations de nettoyage des cales ; c’est généralement le cas dans
la manutention des vracs . 174
§1 L'obligation d'information
51
Pour que l'entrepreneur de manutention puisse effectuer les opérations dont il a la
charge, le transporteur maritime doit quant à lui, lui fournir des informations.
Ces informations portent tout d'abord sur les dates et heures d'arrivée des navires
afin que le manutentionnaire puisse le cas échéant réserver un poste à quai du port
soit, s'il s'agit d'un quai privé, s'organiser dans les meilleures conditions en tenant
compte de ses autres clients. Généralement, le transporteur fournira des dates
indicatives un mois à l'avance, et les derniers changement devront être notifiés à
l'entrepreneur au moins dans les vingt-quatre heures précédant l'arrivée du navire . 179
Si les marchandises sont destinées à être renfermées dans des contenants, la ligne
doit fournir suffisamment à l'avance les conteneurs, mafis, remorques et autres. Le
transporteur devra également informer l’entrepreneur des éventuelles opérations
d’empotage et de dépotage des conteneurs, ainsi que la quantité et la nature des
marchandises à opérer.
Lorsque la marchandise est destinée à être stockée, le transporteur doit indiquer les
conditions de stockage, notamment les températures pour les marchandises
périssables, ou si le stockage doit être effectué sous abris.
179 Clause 2.1 du contrat du Havre en annexe 2, clause 3.1 du contrat du Havre en annexe 3, clause
2.1 du contrat de Marseille en annexe 5, clause 3 du contrat de Dunkerque en annexe 7, article 3.a, b
et c du contrat de Sète en annexe 10.
52
En outre, le transporteur s'engage généralement à ne pas occuper le quai plus de
temps que nécessaire aux opérations de manutention.
§2 Le paiement du prix
Tous les contrats ont, dans une annexe faisant partie intégrante dudit contrat, le
détails des tarifications. On remarque généralement plusieurs rubriques dans les
tarifs distinguant :
En fait, tous les tarifs des prestations sont détaillés de manière extrêmement
précise .
180
En France, ces tarifs ne sont libres que depuis le 1er janvier 1990 et font l'objet de
181
53
fonction des volumes annuels manutentionnés, des types de navires et de leur
fréquence. Ces tarifs sont généralement revus tous les ans.
182 C.A Aix 23 septembre 1993, B.T.L 1993, p.741 et D.M.F 1994, p.134.
54
Cependant, certaines opérations, non prévues par la loi du 18 juin 1966 suscitent
encore des interrogations quant à leur régime juridique.
§1 La Faute prouvée
Pour les opérations de manutention pures, telles que définies dans l'article 50 de la
loi de 66, l'entrepreneur de manutention est tenu d'une obligation de moyens.
Constitue les opérations de manutention pures, les opérations de chargement et de
déchargement du navire ainsi que les opérations de mise et reprise sous terre-plein
ou sous hangar.
Le statut spécial de la loi du 18 juin 1966 ne s'applique pas cependant à toutes les
opérations de manutention effectuées dans un port; il faut qu'elles constituent le
préalable ou la suite nécessaire d'un transport maritime. Ainsi, n'entrent pas dans le
domaine de la manutention maritime, le chargement ou le déchargement de
camions ou de tout autres moyens terrestres, constituant le dernier ou le premier
élément du transport terrestre . 183
n’importe pas ici, la preuve de toute faute, même légère engage la responsabilité de
l’entrepreneur.
55
navire . Par contre, la faute du manutentionnaire ne saurait résulter d’un mauvais
187
187 Sur le mauvais arrimage en cale de tubes d’acier, C.A Aix 15 juillet 1987, Revue Scapel 1987, p.3.
188 C.A Aix 28 mai 1991, Revue Scapel 1992, p.5.
189 C.A Paris 26 juin 1979.
190 A propos de l’utilisation d’un tuyau de diamètre insuffisant pour décharger un liquide en vrac :T.C
Paris 26 juin 1974, D.M.F 1975, p.738.
191 C.A Paris 21 mars 1975, D.M.F 1975, p.467.
192C.A Paris 18 octobre 1995, D.M.F 1996, p.1002.
193C.A Rouen 3 mars 1994, D.M.F 1995, p.223.
56
C'est à l'entrepreneur de manutention qu'il appartient de démontrer qu'il n'est pas
responsable. Ainsi le stevedore qui autrefois ne se voyait tenu responsable que
lorsque sa faute était démontrée, il est aujourd'hui présumé responsable lorsqu'il
effectue des opérations juridiques.
transporteur qu'il détient des marchandises destinées à être embarquées , s'il ne 199
ci, c'est à dire au moment où le réceptionnaire était en mesure d'en vérifier l'état . 202
57
Cette question, d'une importance majeure car permettant de savoir à quel moment,
la responsabilité de l'entrepreneur cessait, fut tranchée par la Cour de Cassation,
après de nombreuses divergences jurisprudentielles, dans le sens de la livraison
matérielle des marchandises . Tant que le réceptionnaire n'est pas en mesure
203
Il ressort de l’étude des différents contrats que les entrepreneurs sont tenus
d’accomplir d’autres opérations non prévues par la loi du 18 juin 1966 et qui ne
semble pas être le préalable ou la suite nécessaire du transport maritime, critère
essentiel pour faire application de la loi.
58
Les opérations confiées à l'entreprise ne se situaient pas dans le contexte du contrat
de transport. Il semble que dans ce cas, l'entrepreneur devait plutôt être considéré
comme un simple dépositaire salarié, sur lequel le contrat faisait peser une
présomption de faute sanctionnée par une obligation de résultat; l'entrepreneur étant
tenu de restituer les conteneurs dans l'état où il les avait reçus .
206
Si l'on interprète restrictivement les dispositions de la loi, il faut considérer que ces
opérations sont distinctes de celles énoncées dans les article 50 et 51. En ce sens,
en cas de dommages causés aux marchandises dans l'attente de l'empotage ou du
dépotage, la responsabilité de l'entreprise de manutention sera engagée sur le
fondement du droit commun. Il sera donc responsable de ses fautes prouvées mais
pourra s'exonérer en prouvant soit une faute du chargeur soit un cas de force
majeure; dans le cas contraire il devra réparer intégralement les dommages.
59
considérer, d'une part, la phase d'empotage des marchandises comme faisant partie
de la prise en charge de celles-ci par l'entrepreneur, et d'autre part, considérer la
phase de dépotage comme faisant partie de la délivrance des marchandises à des
destinataires multiples .
207
Les tribunaux ne s'étant pas prononcés sur ce point , le régime applicable à ces
opérations reste incertain.
§1 L’exonération de l’entrepreneur
60
sont produits alors que les marchandises n’étaient pas sous sa garde c’est à dire en
démontrant qu’il a pris des réserves . 209
En premier lieu ces réserves porteront sur les dommages apparents, c’est à dire les
dommages éventuels au contenant de la marchandise. Ainsi par exemple,
l’entrepreneur prendra des réserves sur l’état extérieur d’un conteneur et sur
l’intégrité de son scellé. Mais il a été jugé qu’il devait prendre aussi des réserves sur
les dommages non apparents , ce qui semble a priori difficile en pratique.
211
209 La loi de 1966 ne prévoie rien en ce qui concerne les réserves prises par le manutentionnaire, on
s’en référera donc à l’article 57 de la loi , voir en annexe.
210 C.A Aix 28 mai 1991, B.T.L 1992, p.311.
211 C.A Aix 17 février 1994, D.M.F 1994, p.785.
212 T.C Marseille 3 février 1998, Revue Scapel 1998, p.66 et 10 septembre 1993, Revue Scapel,
p.146.
213 C.A Aix 28 mai 1991, Revue Scapel 1992, p.5.
214 C.A Paris 18 octobre 1995, D.M.F 1996, p.1002.
215 TASSEL (Y), note sous l’arrêt ci-dessus.
61
Pour qu’elles ne soient pas contestées par la suite, les réserves de l’entrepreneur
doivent être écrites, précises et motivées : elles doivent notamment faire état de la
nature et l’importance des dommages . Elles doivent en plus être contradictoires
216
Ensuite, les cas de grève, lock-out ou entraves apportés au travail pour quelque
cause que ce soit, partiellement ou complètement sont interprétés restrictivement
par la jurisprudence. L’entrepreneur qui invoque la grève par exemple, doit d’abord
prouver que la grève touche son entreprise et que celle-ci est bien la cause du
dommage : ne peut s’exonérer le manutentionnaire qui ne démontre pas le lien de
62
causalité entre la grève des agents de surveillance et la disparition de la
marchandise sous sa garde . 221
§2 La limitation de réparation
même décret et d'autre part une application différente n'aurait pas été conforme à
l'idée d'alignement de leurs régimes de responsabilité 225
.
63
Quoiqu'il en soit, des difficultés sont apparues s'agissant de déterminer sur quelle
bases, le colis ou le kilo, devait être calculé le montant de la limitation de réparation
de l'entrepreneur.
Dans une affaire soumise à une juridiction provençale , un transporteur avait été
227
"il résulte du premier de ces textes que, pour les pertes subies par les
marchandises, les limites de responsabilité de l'entrepreneur de manutention sont
celles applicables au transporteur maritime; que pour le calcul de la limitation par
colis ou unité, il y a lieu, aux termes du second, de considérer comme un colis ou
une unité tout colis ou unité énumérés au connaissement comme étant inclus dans
un conteneur utilisé pour grouper des marchandises; que dés lors, les mentions du
connaissement constituent les éléments objectif du calcul de la limitation légale de
responsabilité du transporteur maritime et, par conséquent, de l'entrepreneur de
manutention qui ne bénéficie pas d'autre limitation, peu important que cet
227T.C Marseille 10 septembre 1993, B.T.L 1993, p.648 : « la limitation de responsabilité accordée
respectivement au transporteur et à l’acconier n’est pas automatiquement similaire et dépend des
engagements de chacun ». Voir aussi T.C Marseille 23 août 1994, B.T.L jurisprudence, janvier 1995.
228C.A Aix, 13 février 1997, D.M.F 1997, p.482.
229 Ibid : « La responsabilité de l’entreprise de manutention est engagée envers le transporteur
maritime dans la limite de la déclaration de marchandise effectuée par ce dernier qui ne peut lui
opposer les mentions du connaissement auquel il est étranger ».
230 Notamment par BONASSIES (P), D.M.F 1994, p.97.
231Cass.com. 13 avril 1999.
232Décret N°67-268.
64
entrepreneur n'ait pas été informé, par un document contractuel à son égard, des
mentions portées au connaissement."
Le même principe a été dégagé par la Cour de cassation à propos d'une entreprise
de manutention du Havre en 1998 . 233
La première est posée par l'article 54 de la loi du 18 juin 66 qui énonce que la
responsabilité du manutentionnaire ne peut en aucun cas dépasser les montants
fixés à l'article 28 "à moins qu'une déclaration de valeur ne lui ait été notifiée" . Une 234
simple indication de valeur portée sur des documents , n'est donc pas susceptible
235
d'augmenter la réparation.
65
SECTION 3 L'ACTION EN RESPONSABILITE
"L'entreprise de manutention opère pour le compte de celui qui a requis ses services
et sa responsabilité n'est engagée qu'envers celui-ci qui seul a une action contre
lui" .241
Bien que quelques décisions se soit prononcées en sens contraire , la Cour de 242
66
Or ce mandat doit être prouvé et pour cela, il figure parfois dans une clause du
connaissement. Mais cela n'est pas toujours le cas, et souvent, il appartient au juge
de rechercher si le mandat a réellement été donné au transporteur par le chargeur
de choisir un entrepreneur pour son compte.
Mais pour une partie de la doctrine, il parait douteux que de telles stipulations, à
elles seules, vaillent mandat, lequel devant être selon elle, explicite . La 250
Quoiqu'il en soit, dans tous les cas, l’article 81 du décret du 31 décembre 1966 , 252
Seulement, le décret ne donne aucune précision sur la manière dont doit être donné
à l'entrepreneur l'avis qu'il prévoit. Il faut en fait s'en remettre à l'appréciation des
juges du fond. Mais cette appréciation a varié selon les juridictions, certaines
énonçant par exemple que du fait que l'entrepreneur de manutention déchargeait
habituellement les navires du transporteur en question, il ne pouvait ignorer les
clauses de son connaissement . 253
67
A l'opposé, il a été jugé que l'avis ne pouvait résulter d'une lettre du transporteur à
l'entrepreneur, envoyée à l'avance sous une formulation générale pour dire qu'il
devait se considérer comme agissant pour le compte des ayants droits . 254
Enfin, le problème le plus délicat que pose l'article 81 du décret est celui de sa
sanction car il ne prévoient pas les conséquences de l'absence d'avis.
Or si l'on considère que l'absence d'avis prive l'ayant droit d'une action contractuelle
à l'encontre de l'entrepreneur, on aboutie à un déni de justice, l'ayant droit ne
disposant pas non plus d'action à l'encontre du transporteur qui s'est dégagé sa
responsabilité après le déchargement. C'est pourquoi certaines décisions ont admis
que l'ayant droit conservait son action contractuelle contre l'entrepreneur même en
l'absence d'avis donné à l'entrepreneur . 255
B/ L'action extra-contractuelle
non les actions en responsabilité délictuelle engagées par les véritables tiers au
contrat de transport. Aussi, lorsqu'un tiers a subi un dommage par le fait d'une
entreprise de manutention, sans avoir contracté avec elle, il dispose d'une action sur
le fondement des article 1382 ou 1384 alinéa 1 du code civil.
C'est donc une responsabilité délictuelle que supportera l'entrepreneur qui expédie
une marchandise appartenant à un chargeur n'ayant pas traité avec lui 257
ou qui, par
un défaut de surveillance laisse un feu se propager dans des hangars voisins
détruisant ainsi les marchandises appartenant à des tiers . Dans le même sens, une
258
68
occasionne des dommages à une autre entreprise de manutention 259
ou à son
cocontractant s'il s'agit par exemple de dommages causés au navire lors des
opérations de déchargement . 260
En ce qui concerne l'ayant droit à la marchandise, cette action lui a été refusée. D'un
point de vue légal cela se justifie par l'interprétation de l'article 52 selon laquelle en
énonçant que seul celui qui a requis les services de l'entreprise a une action contre
lui, la volonté du législateur de 1966 a été d'exclure toute action contractuelle du
destinataire à l'encontre de l'entrepreneur, mais aussi toute action extra
contractuelle. Cette solution a bien été reprise par la jurisprudence . 261
§2 La prescription de l'action
69
"Quel qu'en soit le fondement, toute action principale de responsabilité pour pertes
ou dommages aux marchandises exercée à l'encontre d'un entrepreneur de
manutention se prescrit dans le délai d'un an" .263
70
CONCLUSION
71
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
72
- KARAVOKYROS (A), Le terminal à conteneurs portuaire, Mémoire Aix-en-
Provence 1998.
- LE LOUER (F), L’acconier, Aix-en-Provence, 1979.
- PINTO (P), L’entrepreneur de manutention à Marseille et à Anvers, mémoire Aix-
en-Provence, 1996.
- TASSEL(Y), Le statut juridique de l’entrepreneur de manutention dans la loi du
18 juin 1966 et le décret du 31 décembre 1966, Nantes, 1973.
- THOMAS (A), Les acconiers, Aix-en-Provence, L.G.D.J, 1923.
ARTICLES
73
- JAUFFRET (E), L’intervention de l’acconier lors de la réception des
marchandises, D.M.F 1951, p.367.
- JAUFFRET (E), Les accidents de palanquée, D.M.F 1958, p.67.
- LAFAGE (G.H), L’acconage, D.M.F 1965, p.451.
- LE BARS (F), Réflexions sur les mutations dans le monde maritime dues à la
conteneurisation, Annales de l’I.M.T.M 1987, Vol.4, p.41. Edisud.
- LE LOUER (F), L'acconier, Annales de l'I.M.T.M 1985, Vol 2, p.7. Edisud.
- PERI (H), Les opérateurs portuaires français dans le Communauté Européenne,
Annales de l’I.M.T.M 1992, Vol.9, p.155. Edisud.
- POTIER (J), L'action directe du destinataire contre l'acconier depuis la loi du 18
juin 1966, Annuaire de Droit Maritime et Aérien, Tome VI, 1982, p.197, Centre de Droit
Maritime et Aérien de la Faculté de Droit et de Sciences Politiques de l'Université de
Nantes.
- PRODROMIDES (M), De l’action directe du destinataire contre l’acconier, D.M.F
1953, p.671.
- RODIERE (R), La fin du sectionnement juridique du contrat de transport, D.M.F
1966, p.579.
- SAUVAGE (F), La condition des marchandises à terre avant embarquement et
après déchargement, D.M.F 1949, p.135.
- TASSEL (Y), Les auxiliaires du transport maritime, D.M.F hors série, mars 1999 :
« 1949-1999 - cinquante ans de droit positif ».
- TASSEL (Y) et MORINIERE (J.M), Manutention portuaire, Jurisclasseur
commercial, Fascicule 1192, Editions du Jurisclasseur 1996, p.1.
- VEAUX-FOURNERIE (P) et VEAUX (D), Les auxiliaires terrestres du transport
maritime, Jurisclasseur commercial, Fascicule 1190, Editions du Jurisclasseur 1998,
p.4.
- WAROT (J), L’avènement du container dans le trafic maritime, D.M.F 1951,
p.263.
- WOLFF (L), Le contrat d’acconage et le principe de l’unité du contrat de transport
maritime, D.M.F 1951, p.315.
- WOLFF (L), L'acconier n'est pas un transporteur, D.M.F 1952, p.171.
74
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1
Loi N°66-420 du 18 juin 1966 et Décret N°66-1078 du 31 décembre 1966.sur
les contrats d’affrètement et de transport maritimes.
ANNEXE 2
Contrat de manutention, entreprise 1 au port du Havre :
Manutention de conteneurs, marchandises diverses et matériel roulant.
ANNEXE 3
Contrat de manutention, entreprise 2 au port du Havre :
Manutention de conteneurs, marchandises diverses et matériel roulant.
ANNEXE 4
Contrat de manutention, Terminal à conteneurs de Marseille-Fos.
ANNEXE 5
Contrat de manutention, entreprise au port de Marseille.
Manutention de conteneurs, marchandises diverses, matériel roulant.
ANNEXE 6
Contrat de manutention, entreprise au port de Dunkerque :
Manutention de minerai en vrac.
ANNEXE 7
Contrat de manutention, entreprise au port de Dunkerque :
Manutention de conteneurs, marchandises diverses, matériel roulant.
ANNEXE 8
Contrat de manutention, entreprise au port du Havre :
Manutention de véhicules.
ANNEXE 9
75
Contrat type de manutention de produits primeurs.
ANNEXE 10
Contrat de manutention, entreprise au port de Sète :
Manutention de conteneurs, marchandises diverses.
RESUME……………………………………………………………………………….p.2
76
SOMMAIRE……………………………………………………………………………p.4
INTRODUCTION………………………………………………………………………p.5
§1 Aspects historiques……………………………………………………p.11
A/ Les acconiers…………………………………………………..p.11
B/ Les stevedores…………………………………………………p.15
§2 Modernisation de l'outillage……………………..………………….…p.33
77
Chapitre 1 : Extension des obligations de l’entrepreneur de
manutention………………………………………………………….…p.42
A/ La réception et la reconnaissance……………………………p.48
B/ La garde …………………………………………………………p.51
C/ La délivrance…………………………………………………….p.53
§1 L’obligation d’information………………………………………………p.56
§2 Le paiement du prix…………………………………………………….p.57
§1 La faute prouvée……………………………………………………….p.59
§1 L’exonération de l’entrepreneur……………………………………p.65
§2 La limitation de réparation…………………………………………..p.68
78
A/ L’action contractuelle du donneur d’ordres………………..p.71
B/ L’action extracontractuelle…………………………………..p.74
§2 La prescription de l’action…………………………………………..p.75
Conclusion……………………………………………………………………………….p.77
Bibliographie……………………………………………………………………………..p.78
79
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81
Des recettes
à petit prix
RechercherCodes Code des ports maritimes
• Partie réglementaire - décrets en conseil d'etat
o Livre III : police des ports maritimes.
Titre IV : clôture des quais et terre-pleins dans les ports maritimes et
police des surfaces encloses. (Modifié)
Le présent chapitre s'applique aux navires vraquiers faisant escale à un terminal pour charger
ou décharger des cargaisons solides en vrac, à l'exclusion des grains, en utilisant des moyens
de chargement ou déchargement autres que les seuls équipements de bord.
- les navires vraquiers sont les navires comptant un seul pont, des citernes supérieures et des
citernes latérales en trémies dans ses espaces à cargaison, et qui sont destinés essentiellement
à transporter des cargaisons sèches en vrac, ou les minéraliers, c'est-à-dire des navires de mer
à un seul pont comportant deux cloisons longitudinales et un double fond sous toute la
tranche à cargaison, qui sont destinés au transport de minerais dans les cales centrales
uniquement, ou des transporteurs mixtes tels que définis dans la règle II-2/3.27 de la
convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer faite à Londres le 1er
novembre 1974 (SOLAS), quel que soit leur pavillon ;
- un terminal est une installation fixe, flottante ou mobile, équipée et habituellement utilisée
pour le chargement ou le déchargement de navires vraquiers ;
82
Article R342-3
Le capitaine du navire vraquier s'assure en permanence que les opérations de chargement ou
de déchargement se déroulent dans des conditions satisfaisantes de sécurité, conformément au
plan mentionné à l'article L. 344-1.
Article R342-4
Le plan et ses modifications éventuelles sont conservés pendant six mois à bord du navire et
au terminal, afin de permettre aux autorités compétentes de procéder aux vérifications
nécessaires.
Article R342-5
Le certificat de conformité est délivré par l'organisme certificateur au plus tard le 5 février
2006. Toutefois, un nouveau terminal peut être ouvert à l'exploitation pour une période
maximale de douze mois si l'entreprise responsable à terre de l'opération de chargement ou de
déchargement exploitant ce terminal établit avoir engagé les démarches nécessaires à la mise
en oeuvre du système de contrôle de qualité mentionné à l'alinéa précédent, et sous réserve de
l'obtention dans ce délai du certificat de conformité.
Article R342-6
En liaison, le cas échéant, avec l'autorité maritime chargée du contrôle pour l'Etat du port,
l'autorité investie du pouvoir de police portuaire intervient en cas de désaccord entre le
capitaine et le responsable à terre des opérations lorsque ce désaccord peut constituer un
danger pour la sécurité ou pour l'environnement.
Article R342-7
83
Les dispositions du présent chapitre peuvent être précisées par un arrêté du ministre chargé
des ports maritimes, notamment en ce qui concerne les rôles et obligations respectifs du
capitaine du navire vraquier et du responsable à terre des opérations.
84
o Marques
o Annonceurs
• Glossaire
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z 0-9
85