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11 - Aider Les Parents À Ameliorer La Santé

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Aider les parents à améliorer

la santé de l'adolescent dans


les pays en développement
Aider les parents à améliorer
la santé de l'adolescent dans les
pays en développement
Remerciements :
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) remercie Rae Simpson, au Massachusetts Institute
of Technology, qui a rédigé la première version de ce document à partir d'éléments issus de
textes de fond, de publications en rapport, et des débats tenus lors de la consultation OMS
d'octobre 2006. La reconnaissance de l'Organisation va également aux contributions majeures
apportées par Brian Barber, University of Tennessee, Kristin Mmari, Jen Bernstein et Christina
Fontecchio, de la Bloomberg School of Public Health (Johns Hopkins University). Les personnes
dont les noms suivent ont elles aussi fourni des observations et éléments aux différentes parties
du document : Swati Bhave, Robert Blum, Doortje Braeken, Giovanna Campello, Matthews
Chavunya, Shanti Conly, Mahua Mandal, Lucy Njoroge, Bame Nsamenang, Pauline Russel
Brown, et Danny Wight. La version définitive a été établie par Jane Ferguson, OMS. L'édition et
la maquette ont été assurées par Inís Documentation (www.inis.ie), et la traduction par la
section française de traduction de l'OMS.

Catalogage à la source: Bibliothèque de l’OMS:

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement.

1.Service santé adolescent. 2.Développement de l'adolescent. 3.Hygiène de vie. 4.Relations parent-enfant. 5.Métier de parent.
6.Parents. 7.Pays en développement.
I.Organisation mondiale de la Santé.

ISBN 978 92 4 259584 0 (NLM classification: WA 330)

© Organisation mondiale de la Santé 2008


Tous droits réservés. Il est possible de se procurer les publications de l’Organisation mondiale de la Santé auprès des Edi-
tions de l'OMS, Organisation mondiale de la Santé, 20 avenue Appia, 1211 Genève 27 (Suisse) (téléphone : +41 22 791
3264 ; télécopie : +41 22 791 4857 ; adresse électronique : bookorders@who.int). Les demandes relatives à la permission
de reproduire ou de traduire des publications de l’OMS – que ce soit pour la vente ou une diffusion non commerciale – doi-
vent être envoyées aux Editions de l'OMS, à l’adresse ci-dessus (télécopie : +41 22 791 4806 ; adresse électronique :
permissions@who.int).
Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part
de l’Organisation mondiale de la Santé aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zo-
nes, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les lignes en pointillé sur les cartes représentent
des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l'objet d'un accord définitif.
La mention de firmes et de produits commerciaux ne signifie pas que ces firmes et ces produits commerciaux sont agréés ou
recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé, de préférence à d’autres de nature analogue. Sauf erreur ou omis-
sion, une majuscule initiale indique qu’il s’agit d’un nom déposé.
L’Organisation mondiale de la Santé a pris toutes les précautions raisonnables pour vérifier les informations contenues dans
la présente publication. Toutefois, le matériel publié est diffusé sans aucune garantie, expresse ou implicite. La responsabili-
té de l'interprétation et de l'utilisation dudit matériel incombe au lecteur. En aucun cas, l'Organisation mondiale de la Santé
ne saurait être tenue responsable des préjudices subis du fait de son utilisation.

Crédits photographiques :
Couverture : Tamari (Nomsa Mlambo) avec sa mère Ketiwe (Peligia Viaji). Arrêt sur image d'après “Everyone’s Child”, film vidéo sur
les enfants orphelins (© 1992 Media for Development International, par autorisation de Photoshare).
Page 9: Thandi consolée par sa mère après une longue discussion concernant les adolescents et le préservatif, dans le film “More
Time”, qui se déroule au Zimbabwe et met en scène les amours adolescentes, leur sexualité, et les dangers du sida.. Dans cette
scène, la mère de Thandi lui parle après avoir découvert des préservatifs dans son tiroir de chevet. (© 1993 Media for Development
International, par autorisation de Photoshare).
Page 13: Jeune adolescente Kikuyu à Nairobi, Kenya (© 2001 Sammy Ndwiga, par autorisation de Photoshare).
Page 24, 28: Source: ’Good Parenting Calendar’ produit par JA-STYLE, Jamaica’s Solution to Youth Lifestyle and Empowerment
(Contrat USAID No. 532-C-00-05-00029-00), confié à University Research Co., LLC (URC) avec la collaboration de Advocates for
Youth.
Imprimé en France.
Table des matières
Contents

Avant-propos 4

Introduction 5
L'adolescent et la santé 5
Évolution de la conception des programmes concernant la santé
de l'adolescents 6
Le rôle des parents dans l'évolution de l'état de santé des adolescents 6
Aspects du rôle des parents 7
Fondre recherche et programmation 8
Le voie à suivre 32
Recommandations générales 32
Recommandations à l'intention des programmes 33
Recommandations concernant la recherche 34

Références 35
Annexe 1 : Liste des participants 38
Avant-propos
Dans l'ensemble du monde en développement, les adolescents voient leur vie compromise, voire
interrompue, par un mauvais état de santé caractérisé par le VIH/sida, la dépression et l'abus de
substances psychoactives. Le passage à l'âge adulte dans de bonnes conditions de santé
dépend du milieu social dans lequel les adolescents vivent, apprennent et subsistent. Les
parents et les familles forment une part essentielle de ce milieu social. Les projets se multiplient
pour entraîner les parents dans une action visant à prévenir les comportements adolescents à
risque, et à promouvoir un développement personnel favorable à la santé. Cependant, les
responsables chargés de préparer ce type de projets sont confrontés à de délicates questions.
En quoi les parents contribuent-ils à la santé et au développement de l'adolescent ? Quelles sont
les interventions auprès des parents qui permettent d'améliorer réellement l'évolution de l'état de
santé des adolescents ?

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rassemblé et analysé une quantité importante


d'informations issues de la recherche et des programmes couvrant ce domaine, afin de répon-
dre à ces questions. Le présent document en reprend les principaux éléments, et notamment les
suivants :
• formulation des rôles essentiels que jouent les parents dans la santé et le développement
des adolescents, selon les recherches les plus récentes, afin de créer un cadre pour l'ac-
tion de programmation;
• implications vis-à-vis des programmes, et exemples pour les illustrer;
• recommandations à l'intention des planificateurs et chercheurs en vue de l'action future.

Prises dans leur ensemble, ces conclusions confirment qu'il est fondamental d'intégrer les
parents aux programmes globaux visant à préserver la santé des adolescents des comporte-
ments à risque, tout en ouvrant des perspectives pour capitaliser sur l'influence des parents afin
d'améliorer la santé et le développement des adolescents dans le monde en développement.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 4
Introduction
L'adolescent et la santé
Les adolescents constituent un cinquième de la population mondiale, soit 1,2 milliards de
personnes, et 85% d'entre eux vivent dans les pays en développement. Le temps de l'adoles-
cence présente de nouvelles promesses dans la vie, et tout autant de périls. Dans le deuxième
décennie de leur existence, les jeunes peuvent se mesurer à un monde d'occasions dont le
champ s'élargit rapidement tandis qu'ils gagnent en âge et que se développent leurs caractères
adultes en termes de taille, de sexualité, d'aptitudes intellectuelles, d'identité, et de rôles
économiques et sociaux.
Mais trop souvent, ce nouvel univers de découverte expose les adolescents à des risques
graves avant qu'ils ne disposent de l'information, des connaissances et de l'expérience néces-
saires pour les éviter ou les affronter. Ni leur degré de maturité ni leur statut social ne sont à la
hauteur de certains enjeux de vie, à moins de leur apporter un appui, des informations, et un
accès aux ressources nécessaires.
Sans aide, les comportements à risque des adolescents peuvent entraîner de graves consé-
quences pour leur santé, mettant en danger leur vie ou en compromettant le cours. Près des
deux tiers des décès prématurés et un tiers de la charge pathologique totale chez l'adulte
1
peuvent être associés à des affections ou comportements qui débutent dans la jeunesse .
Pour protéger et préserver les générations futures, aucun investissement dans les pays en
développement ne sera égal à celui consistant à promouvoir le développement des adolescents
et la prévention de ceux de leurs comportements qui revêtent des risques pour la santé.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 5
Évolution de la conception des programmes concernant la santé de
l'adolescent
En 1997, un Groupe d'étude technique sur la programmation de la santé de l'adolescent, réuni
en commun par l'OMS, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fondes
des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a publié un rapport technique Programming for
2
adolescent health and development qui proposait un cadre comportant cinq principaux
domaines d'intervention visant à favoriser un développement en bonne santé, et à prévenir et
dominer les problèmes de santé :
• créer un environnement sans danger et favorable
• donner des informations
• développer les compétences;
• procurer écoute et conseil
• améliorer les services de santé.

Ce cadre désigne le “foyer” comme premier lieu d'intervention et la “famille” comme acteur
principal de l'intervention. L'importance du cadre familial est clairement établie comme cruciale
pour le développement de l'adolescent en bonne santé, et pour la prévention et le traitement des
problèmes de santé. Le rapport souligne les aspects suivants de la famille :
• apporter soutien et affection ;
• promouvoir le développement moral et le sens des responsabilités;
• assumer des rôles modèles et une éducation en matière de culture;
• définir des attentes;
• servir d'intermédiaires dans l'accès aux services et aux projets de vie;
• filtrer ou bloquer les influences néfastes ou incompatibles émanant du milieu social.

Le rôle des parents dans l'évolution de l'état de santé des adolescents


Divers travaux ont été engagés afin de définir les aspects du milieu social des adolescents qui
les protègent contre une évolution néfaste de leur état de santé, ou au contraire les y exposent
davantage. On les désigne selon les cas comme facteurs protecteurs, ou comme facteurs de
risque : ceux qui sont à la base d'un comportement favorable à l'état de santé ou qui limitent les
conséquences d'un comportement défavorable, sont dits protecteurs; tandis que ceux liés à une
probabilité accrue d'évolution négative sont dits à risque. L'accent mis sur les facteurs protec-
teurs est important, dans la mesure où il détermine les influences positives dans le milieu qui
peuvent être appuyées par des actions programmées.

En 2001, l'OMS a entrepris d'analyser les données provenant de six études transversales
couvrant 53 pays et régions du monde, en vue d'établir les effets des facteurs de risque sur trois
comportements et affections des adolescents : l'initiation sexuelle, l'utilisation de substances
psychoactives, et la dépression. Il en a été démontré que les pairs, la famille et l'école jouent
des rôles primordiaux dans l'évolution de l'état de santé des adolescents, et notamment celui
des parents vis-à-vis des trois questions de santé envisagées. Comme s'intitule le rapport,
3
“Families matter”, les familles ont leur rôle .

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 6
Aspects du rôle des parents
Une examen de la littérature a été lancée en 2005 afin de synthétiser les recherches les plus
récentes sur les relations entre parents et adolescents∗ dans les pays en développement, et en
particulier d'examiner les éléments concernant les rôles précis des parents que certains
programmes pourraient chercher à promouvoir et à améliorer. Compte tenu de l'importance des
parents dans l'univers des adolescents, quelle est la nature de l'influence qu'ils exercent sur la
santé de ces derniers ? Et ensuite, comment faire passer ces connaissances dans les actes ?

L'étude s'est axée sur trois rôles des parents qui ont fait l'objet de recherches transculturelles et
peuvent se traduire en interventions programmées : 1) l'action pour obtenir les ressources
nécessaires; 2) la surveillance des comportements; 3) le respect mutuel entre parents et
adolescents. Plus de 100 études ont été recensées, dont une grande partie transculturelles ou
transnationales. Si la plupart des projets de recherche ont pour origine les pays développés, un
certain nombre ont rassemblé des échantillons significatifs dans les pays en développement.
Intitulée "Knowing the ABCs about parenting: How parents influence adolescent health across
cultures", l'étude a mis en évidence la force de ces trois rôles quels que soient les cultures ou
pays, avec des variations dans les manières de les assumer. Les auteurs indiquent ainsi que la
façon dont les parents expriment leur affection, surveillent les comportements et assurent les
4
ressources nécessaires est variable, alors que le point central est qu'ils le font .

Parallèlement, on a entrepris de recenser, de décrire


et d'analyser les projets en cours dans les pays en
développement qui aident les parents d'adolescents à
promouvoir leur évolution dans de bonnes conditions
de santé tout en prévenant les risques pour la santé.
En fin de compte, on a ainsi distingué 34 projets dans
le monde, par des recherches sur les bases de
données informatisées, sur l'Internet, dans des textes
tels que des bulletins, rapports, documents gouverne-
mentaux, procès-verbaux de conférences, et entre-
tiens avec de nombreuses personnes et organisations
dans les pays développés et en développement,
actives dans le domaine liés à la santé de l'adoles-
cent. Les descriptions de ces projets ont été rédigées
Couverture : Synthèses de projets menés sur la base d'entretiens avec les personnels des
dans des pays en développement pour aider les projets, ainsi que des documents disponibles, et
parents d'adolescents


Définitions : On entend par parents tous ceux qui s'occupent de manière significative d'adolescents et/ou assurent leurs soins primaires pendant une
période prolongée de leur vie, sans percevoir de rémunération - la notion s'étendant aux parents biologiques, aux parents nourriciers, aux parents
adoptifs, aux grands-parents, à d'autres proches ou à des personnes sans lien de sang comme les parrains ou marraines. Il arrive souvent qu'en cas
de pandémie, de guerre, de génocide et/ou de catastrophe naturelle, un enfant survivant devienne le chef de famille.
On entend par adolescence l'âge situé entre 10 et 19 ans, bien que dans certains parties du monde des interventions particulières de santé de
l'adolescent puissent concerner des enfants âgés de moins de 10 ans, afin d'éviter chez eux tout sentiment d'exclusion. Le présent document
s'intéresse surtout au début de l'adolescence ; on cherche à atteindre les adolescents et leurs parents avant qu'il ne soit trop tard pour prévenir une
activité sexuelle précoce, la consommation de substances psycoactives ou d'autres comportements susceptibles de compromettre la santé et le bien-
être.
Les rôles parentaux s'étendent aux attributs ainsi qu'aux fonctions.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 7
présentées sous la forme d'un document intitulé "Summaries of projects in developing countries
5
assisting the parents of adolescents" .

Quelques-uns des projets sont en cours depuis plusieurs années, mais on a constaté que leur
nombre allait croissant, et que le rôle critique des parents faisait l'objet d'une attention de plus
en plus soutenue. Ces projets fonctionnent de façon largement isolée, et n'entretiennent pas de
liens, ni entre eux ni avec l'action mondiale en faveur de la santé de l'adolescent.

Parmi les 34 projets identifiés, 13 se déroulaient dans la Région africaine de l'OMS, 5 dans la
Région des Amériques, 5 dans la Région de l'Asie du Sud-Est, 2 dans la Région européenne
(Europe orientale), 1 dans la Région de la Méditerranée orientale, et 8 dans la Région du
Pacifique occidental. Au total, au moment de l'étude, 15 de ces projets étaient clos, les autres
étant toujours actifs. Les questions de durabilité envisagées portaient sur le financement, la
capacité institutionnelle, et l'appui du gouvernement.

Il en ressort un tableau de grande diversité entre les projets dans toutes les régions du monde
en développement, du Kenya à la Colombie, du Bhoutan à la Lituanie, ou du Viet Nam à la
Jamaïque. Tous mettent en avant le poids du rôle des p-arents, et font du soutien aux parents
une composante importante des plans visant à réduire les comportements à risque des adoles-
cents.

Fondre recherche et programmation


L'OMS a organisé une réunion rassemblant des chercheurs et des représentants de certains
projets afin de se pencher sur cet examen de la littérature et sur le sommaire des projets. Les
débats de cette conférence ont permis de pointer deux autres des rôles parentaux : le respect
de la personalité, et le modèle de comportement. La conférence a en outre apporté des
compléments aux résumés de projets, ainsi que des recommandations et une formulation des
défis couramment rencontrés par ces projets.

On trouvera ci-après une synthèse des débats, soulignant l'importance des parents dans la
prévention des comportements à risque chez l'adolescent, les manières dont les parents
influencent ces comportements, et leur implication dans les programmes visant à protéger la
santé de l'adolescent.

Les rôles parentaux peuvent se répartir autour de cinq pôles, dont chacun exerce
une influence spécifique sur la santé de l'enfant et son évolution :
1. liens familiaux : affection
2. surveillance des comportements : limites
3. respect de la personnalité : respect
4. modèle de comportement : modèle
5. vie quotidienne et protection : assurer

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 8
Ces rôles parentaux, qui capitalisent sur ceux joués plus tôt dans l'enfance, se jouent au
quotidien dans les rapports avec les adolescents. Les parents n'ont en général pas conscience
de chacun des rôles, ni de leurs conséquences possibles sur la santé et le développement.

Ces cinq différents rôles sont décrits ci-dessous, avec leur contribution à la santé de l'adoles-
cent et les bases de connaissances correspondantes. Dans la mesure des données disponibles,
figurent ici également les implications pour les programmes, et notamment les activités en
direction des parents afin de renforcer chacun des rôles, ainsi que des exemples de projets
actuellement consacrés à ces derniers.

Liens familiaux____________________________________________________
Description: une relation émotionnelle positive et stable entre parents et adolescents constitue
un facteur de protection important pour la santé et le développement de l'adolescent. Ces liens
sont formés de comportements qui font sentir aux adolescents qu'ils sont aimés et entourés. Il
s'agit d'une dimension de la relation parents-adolescents que l'on peut aussi désigner sous les
termes de chaleur, affection, intérêt, consolation, attention, protection, soutien ou amour. Il est
tout aussi important de prendre en considération la contribution de l'adolescent lui-même à ce
lien.
Éléments connus : Les liens entre parents et enfants ne se créent pas à l'adolescence. Il est
probable que les plus fortes des relations parents-adolescents s'enracinent dans la première
enfance. De récentes données, issues des neurosciences, semblent indiquer que le lien établi
entre le nourrisson et la personne qui en a la charge affecte, dès la première année de la vie, non
seulement le bien-être psychologique à long terme de l'enfant, mais aussi la manière dont se
6
développe physiquement le cerveau du nourrisson .
Quelles que soient les cultures, par exemple en Afrique, en Asie, dans les Balkans, dans les
Caraïbes, au Moyen-Orient, en Europe, et en Amérique du Nord, centrale et latine, les adoles-
cents qui se perçoivent comme acceptés par leurs plus proches sont moins susceptibles de
s'engager dans de très divers comportements à risque, ou de passer par des dépressions et
troubles de l'humeur. Le tableau se présente de façon très différente chez les adolescents qui
se trouvent rejetés par ces proches, ou qui subissent des comportements aux conséquences
psychologiques douloureuses, comme la froideur, l'absence d'affection, l'hostilité et l'agressivité,
ou l'indifférence et le dédain. On observe chez les adolescents une atténuation de ce lien en
parallèle avec l'hostilité et l'agressivité, l'accroissement de la dépendance, la baisse de l'estime
de soi et de l'autonomie, et l'augmentation de l'instabilité émotionnelle. Par ailleurs, la présence

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 9
d'un lien stable avec les parents est corrélée à des degrés de compétence sociale plus élevés
7, 8, 9, 10
dans l'adolescence .
De façon plus spécifique, les éléments empiriques recueillis dans chaque culture étudiée
montrent bien que ce sens du lien avec le "parent" le plus proche est fondamental pour le bon
développement de l'adolescent. Aux États-Unis d'Amérique, les adolescents qui se déclarent
comme liés à leurs parents présentent une moins forte probabilité d'envisager ou de tenter le
suicide, de se livrer à des violences interpersonnelles, de fumer des cigarettes, de boire de
l'alcool, ou d'avoir des rapports sexuels à un jeune âge. Les mêmes observations se retrouvent
dans les Caraïbes, où les adolescents de 13 à 15 ans liés à un parent présentent une plus faible
probabilité de se livrer à des rapports sexuels, à des colères, ou à des violences contre les
personnes. Jusqu'à l'âge de 18 ans, ceux liés à leurs parents présentent moins de risques de
8
dépression et une moindre fréquence de tentatives de suicide .

Le sentiment qu'ont les adolescents d'être aimés et appuyés revêt une grande importance.
Fréquemment qualifié de "chaleur", ce lien affectif entre parents et enfants recouvre une
certaine qualité mise par les parents dans les comportements qu'ils utilisent pour exprimer leurs
sentiments physiques, verbaux et symboliques envers leurs enfants. L'une des extrémités de la
chaîne de la "chaleur" se caractérise par l'acceptation parentale; l'autre est marquée par le rejet
des parents, qui peut avoir trait à l'absence, ou à une insuffisance lourde, de ces sentiments ou
comportements. Le rejet parental peut revêtir les traits suivants : 1) froideur, manque d'affection;
2) hostilité, agressivité; 3) indifférence, négligence; 4) rejet non spécifié, dans lequel l'adolescent
a le sentiment que les parents n'ont pas d'intérêt réel envers lui, sans qu'il y ait d'indications
précises à cet effet. Ces éléments du lien ont été étudiés aux États-Unis d'Amérique depuis les
11
années 30, et sont bien étayés par une récente bibliographie .

Cette souplesse dans la définition du lien autorise sa traduction entre les diverses cultures. On a
longuement examiné la théorie de l'acceptation-rejet des parents (PAR), dans le cadre de la
socialisation. L'une de ces recherches était une méta-analyse de 43 études menées au sein de
4 populations ethniques des États-Unis d'Amérique et dans 10 autres pays, visant à vérifier si la
PAR était liée à un ajustement psychologique chez les enfants et adolescents. Les résultats ont
conclu à une forte corrélation entre l'ajustement psychologique et la relation aux parents. Il y a
12
dans ces conclusions un fort indice d'universalité concernant la force du lien .

Autres recherches nécessaires : un autre aspect du lien est celui de la disponibilité physique
des parents. On a souvent tenté de l'aborder sous l'angle de l'absence du père, sans résultats
concluants. Ainsi, une étude menée au Kenya montre que la présence du père réduit de façon
importante la probabilité que les jeunes filles entretiennent des relations sexuelles entraînant
13
une grossesse indésirée . Toutefois, d'autres recherches indiquent que la qualité de la relation
14
père-adolescent importe beaucoup plus que sa durée . Il est nécessaire de prolonger ces
recherches afin de déterminer en quoi la disponibilité physique des parents affecte leur capacité
à nouer et entretenir le lien avec les adolescents.

Il convient en outre de mener des recherches transculturelles afin de mieux comprendre


comment se manifeste la relation au sein de chaque culture. Ici encore, on sait qu'en fin de

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 10
compte c'est à travers des perceptions de l'adolescent qu'existe le lien, mais certains parents
peuvent ne pas comprendre comment établir ce lien. Il s'agit là d'un angle fondamental pour la
programmation, en vue d'aider les parents dans la recherche de la relation.

Implications pour les programmes : Si sous bien des aspects la vie des adolescents bénéficie
d'une relation émotionnelle positive et stable avec les parents, il semble que ce soient leur
estime de soi et leur intégration sociale qui soient conditionnées au premier chef par cette
relation. La communication entre parents et adolescents constitue un élément essentiel de la
relation comme du respect de la personnalité. Par conséquent, les programmes destinés à
protéger ou améliorer la santé mentale des adolescents, ou à favoriser leur intégration sociale,
devront prêter une attention spéciale à ce lien.

Exemple de projet : Expressions (Inde)


Le Child Development and Adolescent Health Centre (CDAHC)
de New Delhi( Inde) a mis au point un programme scolaire
dénommé Expressions: The Comprehensive Life Skills and
School Mental Health Programme (Programme global de
compétences de vie et de santé mentale scolaire), qui vise à
améliorer la communication entre parents et adolescents afin de
promouvoir des relations plus favorables à la santé et plus
Livre : Expressions: The Compre-
solidaires. hensive Life Skills and School
Mental Health Programme (Inde)

L'intervention auprès des parents comporte des ateliers distincts, les aidant à comprendre divers
types de schémas de communication avec leurs adolescents. Il leur est notamment proposé des
solutions concrètes et des conseils pour améliorer cette communication, par exemple dans la
gestion du discours oppositionnel et de la provocation propres aux adolescents. En se concen-
trant sur les capacités de communication des parents et le respect de la personnalité, ce
programme a déjà obtenu des résultats positifs. Les parents ont ainsi déclaré se sentir désor-
mais mieux armés pour déceler les troubles mentaux chez leurs enfants adolescents, et faire
face efficacement à leurs problèmes de comportement.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 11
Surveillance des comportements_________________________________________
Description : La surveillance des comportements, également dénommée réglementation, suivi,
structures, fixation de limites, recouvre les actes parentaux destinés à former ou à contenir les
comportements des adolescents. Ces actes comprennent la supervision et le contrôle des
activités des adolescents, l'établissement de règles et de sanctions pour leur non respect, et la
claire communication d'attentes en matière de comportements.

Si la surveillance des comportements revêt une grande importance dans toutes les cultures,
nombre de facteurs propres à diverses circonstances déterminent le degré de surveillance
optimal. C'est ainsi par exemple que si l'adolescent vit dans un cadre de forte violence, créé par
la guerre, le génocide, les actions de bandes, le crime organisé ou autres, les parents devront
être particulièrement vigilants quant aux comportements de l'adolescent, afin d'amener au mieux
ses chances de sécurité et de survie. De plus, aux différents stades de l'adolescence, le degré de
maîtrise et la capacité de négociation des règles et sanctions de la jeune personne sont très
variables.

Éléments d'appréciation : Ce domaine a été étudié en profondeur au sein des cultures


industrialisées, mais aussi plus récemment dans le cadre d'explorations transculturelles (par
exemple en Afrique, en Asie, dans les Balkans, en Europe; ou au Moyen-Orient, et aux Améri-
ques du Nord, centrale et du Sud). Tout au long de ces travaux, on a observé une nette
corrélation entre la surveillance des comportements et les résultats sur les adolescents. On a
par exemple très longuement étudié la surveillance et le suivi des parents sur les lieux de
rencontre et les activités des enfants. Ce suivi par les parents, et leur connaissance des
situations, sont corrélés à une réduction du risque d'usage de stupéfiants et d'alcool, à une
baisse de l'activité sexuelle, à un retard de l'âge de la première grossesse, et à une baisse des
dépressions, des difficultés scolaires, des harcèlements, de la délinquance, et des influences
7, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21
négatives des pairs .
Dans une étude menée sur 11 cultures (en Afrique du Sud, en Allemagne, au Bangladesh, en
Bosnie-Herzégovine, en Chine, Colombie, Inde et Palestine) cette surveillance (mesurée par
l'étendue des connaissances qu'ont les parents des activités de leurs jeunes hors du domicile,
par exemple à quoi ils passent leur temps, comment ils dépensent leur argent, qui sont leurs
amis, etc.) est significativement et inversement corrélée aux comportements antisociaux
7
primaires quel que soit le groupe culturel . La mesure du degré de surveillance a été approfon-

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 12
die dans une autre étude portant sur de multiples cultures, en intégrant à quel point les parents
cherchent et parviennent à connaître les activités de leurs jeunes hors du domicile. Dans cette
étude menée sur les jeunes du Costa Rica, de trois ethnies d'Afrique du Sud et en Thaïlande,
l'étroite surveillance des parents était systématiquement liée à un moindre degré de comporte-
ment antisocial (violences contre les personnes, usage de l'alcool, etc.) et particulièrement de
33
sexualité (rapports sexuels, partenaires multiples, etc.) . Ces conclusions concernant les
comportements sexuels concordent avec celles d'études menées sur des jeunes en Europe
17
orientale et occidentale . Une de ces études, portant sur 5 000 adolescents écossais, a mis en
œuvre un système de mesure du comportement parental incluant la surveillance et l'autolimita-
tion, les mettant en relation avec les activités sexuelles précoces, le nombre des partenaires,
18
l'utilisation du préservatif et la contraception .

La détermination et l'administration des sanctions sont des entreprises complexes. Elles


peuvent prendre la forme d'une perte de privilèges, de tâches imposées pour prix d'avoir enfreint
les règles, ou de châtiments physiques. Une étude a été conduite dans six pays (Chine, Inde,
Italie, Kenya, Philippines et Thaïlande) concernant les effets des châtiments physiques sur le
comportement des adolescents. Les résultats en ont montré que la forte intensité des châti-
ments physiques est universellement associée à une augmentation des agressions et de
l'anxiété. Dans une autre enquête (aux États-Unis d'Amérique), on a constaté que si les
châtiments physiques pouvaient favoriser une conformité à court terme, ils étaient fortement
19
corrélés à des déviances comportementales à long terme .

Autres recherches nécessaires : La surveillance des comportements est constituée de


diverses composantes : la connaissance qu'ont les parents des comportements et attitudes des
adolescents, le suivi permanent et la surveillance de leurs activités, et en cas de déviance,
l'application des mesures ou sanctions prévues. Il n'existe pourtant que peu d'études consa-
crées à l'ensemble des trois aspects de ce rôle. D'autres recherches seront nécessaires pour
mieux comprendre les effets interactifs de ces fonctions, les réalités de leur diversité culturelle,
et les moyens par lesquels il serait possible de les traiter de façon globale et programmée pour
obtenir des résultats favorables à l'état de santé des adolescents.

En outre, compte tenu du caractère polyvalent du processus de suivi et de contrôle parental des
comportements, notamment en fonction des cultures, il y a place pour des recherches complémen-
taires afin d'expliquer les mécanismes par lesquels la surveillance parentale se traduit dans les
comportements concrets des adolescents.

Implications pour les programmes : Les programmes visant à réduire les comportements
sexuels à risque, l'abus de substances psychoactives et la délinquance pourraient bénéficier
d'une attention accrue accordée à l'assistance aux parents en vue de renforcer leur capacité à
jouer leur rôle de surveillance des comportements. Ces programmes sont de nature à aider les
parents à poser des règles, à communiquer leurs attentes, et à apprendre à exercer une
surveillance constante et efficace sur les comportements des adolescents.

Exemple de projet : Aimer et limiter (El Salvador)


Il s'agit là d'un projet d'orientation des familles tendant à prévenir les comportements à risques

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 13
chez les jeunes de 10 à 14 ans en Amérique latine et dans les Caraïbes (y compris El Salvador).
En œuvrant auprès des parents, l'objectif consiste à prévenir les comportements à risque en
renforçant la capacité des parents à communiquer leur affection à leurs enfants adolescents, et
à leur fixer des limites définies. Le projet aide également les parents à apprendre comment
établir une discipline régulière, et apporter un appui à leurs enfants. Il se fonde sur l'idée que le
cadre familial permet de tenter des expériences, d'établir des attentes et limites vis-à-vis des
comportements, et de proposer des guides. La positivité et la stabilité des rapports émotionnels
font évoluer favorablement l'intégration sociale. La constance des règles et valeurs favorise
l'ajustement de l'adolescent au monde extérieur.

L'évaluation de ce projet a mis en évidence ses effets sur les parents et adolescents. Les
parents appartenant au groupe d'intervention apprennent à communiquer clairement leurs
attentes et les limites qu'ils posent, à exprimer leur affection, et à établir de claires règles de
comportement, tout en contrôlant leurs colères dans leurs relations avec les adolescents. Quant
aux adolescents, ils apprennent à résoudre leurs propres problèmes et à s'organiser en tenant
compte des conséquences éventuelles, à résister à la pression de leurs pairs, et à adopter un
meilleur comportement scolaire.

Respect de la personnalité__________________________________________
Description : Par respect de la personnalité, on entend le fait de permettre à l'adolescent
d'acquérir une saine perception de sa propre personne, indépendamment de ses parents.
Reconnaître et autoriser ce sens de la valeur personnelle et de l'identité est important pour tous
les adolescents, quelles que soient les perspectives culturelles finales en matière d'apparte-
nance collective, comme dans certaines parties de l'Asie, de l'Afrique ou d'Amérique latine, ou
20, 21, 22
d'établissement de l'autonomie individuelle, comme en Europe ou en Amérique du Nord .
On retrouve cette notion dans la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant, qui
reconnaît explicitement la capacité d'évolution des enfants.

Les recherches transculturelles démontrent que les adolescents dont à leurs yeux les parents
ont régulièrement violé leur personnalité par des comportements de mépris, de répression, de
manipulation ou d'intrusion (que les documents de recherche désignent comme "pressions
7
psychologiques") présentent des problèmes de comportement nettement plus fréquents . A la
différence d'autres rôles parentaux qui exigent, pour être remplis, une action de la part des
parents, c'est ici leur abstention qui est essentielle pour éviter que les adolescents ne subissent
des comportements trop contraignants, manipulateurs ou intrusifs dans le développement

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 14
23
naturel de leur autonomie et de leur identité . Les parents doivent en particulier éviter de se
montrer excessivement critiques à l'égard des adolescents, en niant leurs sentiments, en
restreignant leur expression d'eux-mêmes, et en employant la culpabilisation ou le désamour
24
afin de forcer à l'obéissance . Le Tableau 1 en présente d'autres exemples.

Les parents peuvent favoriser le sens qu'ont les adolescents de leur propre valeur et de leur
individualité en respectant ce qu'ils ont à dire, en leur demandant leur avis sur les questions
familiales importantes, en leur faisant confiance pour s'acquitter de leurs tâches, et en les
incitant à nourrir des rêves et des objectifs.

Éléments d'appréciation : Abondantes et concordantes, les données issues de la recherche


montrent que les adolescents (et les enfants d'un plus jeune âge) qui perçoivent leurs parents
comme exerçant des pressions psychologiques (c'est-à-dire ne respectant pas leur personnali-
té) présentent plus fréquemment des troubles internalisés (dépression, défaut d'appétit, etc.) ou
externalisés (comportements sexuels à risque, abus de substances psychoactives, etc.). Ces
données ont été établies grâce à des études menées parmi des adolescents de cultures
25 26, 27, 28 29 30
spécifiques (entre autres Chine , divers pays européens , Grèce , Inde et Rouma-
31 32
nie ) ou de composantes ethniques d'un pays donné (comme les États-Unis d'Amérique ).
Elles proviennent en outre d'études transnationales importantes conduites en Asie (Bangladesh,
Chine, Inde et Thaïlande), dans les Balkans, au Moyen-Orient, en Europe, et en Amérique du
7, 36
Nord, centrale et du Sud .
Autres recherches nécessaires : Les besoins en matière de recherche concernent le dévelop-
pement d'interventions qui aideraient les parents à comprendre l'importance qu'il y a à respecter
la personnalité des adolescents et à éviter les comportements parentaux intrusifs.
Implications pour les programmes : Les actions de programmation, de formation et d'intervention
en matière de santé mentale devraient se concentrer sur le respect par les parents de l'a
personnalité individuelle de leurs enfants adolescents. Il paraît également fondamental d'éviter
les comportements intrusifs de la pression psychologique parentale, dans le cadre de l'action
consacrée aux comportements antisociaux.

Exemple de projet : Santé de l'adolescent à Guria (Géorgie)


Ce projet, qui se déroule dans la région de Guria (Géorgie), vise à une communication et à une
collaboration réelles entre parents et adolescents, afin de concevoir et de mettre en œuvre un
programme de santé sexuelle et génésique des adolescents. Le projet œuvre auprès des
parents, en traitant des moyens d'établir et de maintenir des liens de respect mutuel, et par là-
même de reconnaître les aptitudes des adolescents.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 15
Liens familiaux Contrôle psychologique
Mon père/ma mère : Mon père/ma mère :
1. me soutient et m’encourage 1. me ridiculise ou m’humilie (p. ex. dit que je suis bête
2. m’accorde son attention et ou bon à rien, etc.)
m’écoute 2. me gêne en public (p. ex. devant mes amis)
3. me témoigne de l’affection 3. ne me respecte pas (p. ex. ne me laisse pas parler,
4. me félicite donne la priorité à d’autres personnes, etc.)
5. me réconforte 4. ne respecte pas mon intimité (p. ex. entre dans ma
6. respecte mon envie de liberté chambre, fouille dans mes affaires)
7. me comprend 5. essaie de me culpabiliser à propos que choses que j’ai
8. me fait confiance faites ou qu’il/elle pense que je devrais faire
9. me donne des conseils 6. m’en demande trop (p. ex. veut que je sois meilleur à
10. subvient à mes besoins l’école, que je me comporte mieux, etc)
11. me donne de l’argent 7. me compare souvent injustement à quelqu’un d’autre
12. m’achète des choses (par ex. : à mon frère, à lui/elle)
13. communique facilement avec 8. fait souvent comme si je n’existais pas (par ex. :
moi m’évite ou m’ignore).
14. passe du temps avec moi
15. s’intéresse à mon travail
scolaire.

Contrôle des comportements


Mon père/ma mère essaie de
savoir/sait :
1. qui sont mes amis
2. où je sors la nuit
3. comment je dépense mon
argent
4. ce que je fais de mon temps
libre
5. où je passe la plupart des après-
midi après l’école.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 16
Le modèle de comportement________________________________________

Description : Dans les théories du comportement et de l'épidémiologie sociale, il est beaucoup


question des "normes sociales", ensemble idéalisé d'attitudes et comportements considérés
comme acceptables au sein d'une société ou d'une culture. Il existe en fonction du domaine
social divers jeux de normes qui influencent le comportement des adolescents. On peut ainsi
discerner un jeu de normes scolaires, un autre lié aux affiliations religieuses, et un autre encore
établi entre amis. Mais les normes les plus importantes sont celles liées au milieu familial. En
tant que personnes exerçant une énorme influence sur tous les aspects du développement, les
parents fixent ces normes au sein du ménage par leurs propres comportements et attitudes,
autant que par leur interprétation des normes de la société dans son ensemble.

Dès leur plus jeune âge, les enfants s'identifient à leurs parents, et notamment à celui du même
sexe. Ils en viennent à partager la perception du monde de leurs parents, à s'imprégner de leurs
valeurs, et à tenter de reproduire leurs comportements. Cette situation se poursuit dans
l'adolescence, alors que les parents ne se rendent souvent pas compte de ce que leurs
discours, leurs réactions, et avant tout leurs actes, ont d'effets sur l'adolescent. Consciemment
ou inconsciemment, celui-ci va se conformer ou s'adapter aux comportements et attitudes
définies par les parents au sein du ménage. Les parents se transforment en rôles modèles :
leurs comportements et leurs attitudes deviennent des exemples de la façon de se comporter
dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, y compris celui de la santé.

Éléments d'appréciation : À ce jour, l'essentiel de la recherche concernant des modèles de


comportements provient du cadre des pays industrialisés. Aux États-Unis d'Amérique, divers
travaux démontrent sans conteste que le fait d'avoir des parents qui font eux-mêmes des choix
favorables à la santé est corrélé à des aptitudes et comportements plus favorables aux résultats
universitaires, à l'emploi, aux habitudes de santé, aux relations, à la communication, à l'adapta-
34, 35, 36, 37
tion et à la résolution des conflits . Il est démontré que les attitudes des parents
influencent celles de leurs enfants adolescents envers les mêmes sujets. On dispose de
preuves particulièrement convaincantes pour affirmer que, à propos de questions majeures
telles que la moralité, les adolescents ont de fortes probabilités d'adopter des opinions et
34, 38
attitudes semblables à celles de leurs parents .

Nombre de recherches concernant l'influence des attitudes et comportements des parents sur
les comportements qu'auront plus tard les adolescents ont été consacrées à l'abus de substan-

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 17
ces psychoactives. On observe de façon répétée une forte corrélation entre l'usage entre cet
abus de la part des parents, et celui des adolescents. Il est démontré que la consommation
d'alcool s'accroît chez les adolescents en proportion du nombre de leurs proches, parents
compris, qui font de même. Les recherches montrent par ailleurs que les parents non usagers
atténuent l'influence des pairs au point, pratiquement, de la supprimer, ce qui montre à quel
point les attentes et attitudes des parents envers la consommation d'alcool des adolescents
influencent celle-ci au-delà de tout autre facteur pris en compte dans l'étude, et notamment
39, 40
l'influence des pairs . On retrouve des conclusions similaires dans des études menées aux
41, 42
États-Unis d'Amérique et aux Pays-Bas, dont les résultats sont probants .
La principale limite de ces études tient au fait qu'elles ne disent pas directement si c'est le
comportement des parents qui est imité par l'adolescent, ou si c'est l'usage d'alcool ou de tabac
par les parents qui facilite son accès à ces produits, accroissant ainsi la probabilité de leur
usage. D'autres recherches seront donc nécessaires pour éclaircir ce point et déterminer la
véritable part du comportement parental.

On peut également lire de nombreux articles concernant les violences cycliques faites aux
personnes et la probabilité, pour l'adolescent élevé dans la violence, de se lancer ou s'inscrire
dans le même registre de violence que les adultes. Les questions liées au sexe sont prédomi-
nantes en cette matière, car les violences envers les personnes surviennent fréquemment en
conséquence du déséquilibre des pouvoirs entre hommes et femmes, ou garçons et filles, ainsi
43
que de la socialisation différente des garçons et des filles . En revanche, quel que soit le sexe,
vivre dans une famille où les violences sont courantes conduit à en perdre le sens, et à la
44
considérer comme un comportement normal ou acceptable .

En outre, tant pour les garçons que pour les filles, des données provenant pour l'essentiel
d'Amérique latine et des États-Unis d'Amérique montrent incontestablement que l'augmentation
du degré de violence au sein du ménage entraîne une hausse de la probabilité, chez l'enfant de
18 mois à 18 ans, de problèmes comportementaux comprenant la destruction de ses propres
biens, les conflits physiques, l'absentéisme scolaire, ainsi que des problèmes liés aux drogues
45, 46, 47, 48
et à l'alcool, à la dépression, et à l'agression en général .
Autres recherches nécessaires : En dépit des recherches déjà menées, de vastes lacunes
subsistent dans le corps des connaissances disponibles sur ce rôle parental. Il faudra lancer
d'autres enquêtes afin de mieux comprendre les divers effets du comportement parental (par
comparaison avec les attitudes parentales) sur celui des adolescents. De plus, on ne perçoit pas
clairement si le modèle parental exerce une plus forte influence sur certains comportements que
sur d'autres, et il existe peu de recherches transculturelles pour expliquer les divers moyens par
lesquels peuvent s'établir les modèles. Enfin, concernant certains comportements moins
déviants et plus normés tels que la grossesse précoce en Afrique subsaharienne, on ne connaît
que peu ou pas du tout le potentiel des comportements et attitudes des parents pour s'opposer
aux pressions ou normes de la société.

Implications pour les programmes : L'influence des normes sociales sur les attitudes et
comportements des parents est une notion essentielle afin d'aider ces derniers à comprendre.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 18
Les effets subséquents de leurs attitudes et comportements sur les adolescents en découleront.
Certains programmes peuvent viser à encourager chez les parents des comportements
favorables à la santé (ne pas fumer par exemple), tout en respectant les normes sociales en
vigueur. Il est beaucoup plus difficile de tenter de modifier les comportements par des moyens
opposés aux normes sociales dominantes.

Exemple de projet : Entre Amigas [Entre amies] (Nicaragua)


Ce projet entend promouvoir la santé génésique des adolescentes âgées de 10 à 14 ans. Les
mères de ces jeunes filles sont sollicitées pour apporter leur appui à leurs filles et renforcer les
interventions qui leur sont destinées. Pour obtenir la participation des mères, un aspect essentiel
du programme consiste à en appeler à leur rôle de femmes. Dans le cadre des activités visant
les mères, le personnel œuvre auprès du groupe en développant l'idée que les femmes adultes
jouent un rôle modèle aux yeux des jeunes filles. Il s'agit là d'apporter aux mères les compéten-
ces, la connaissance de soi et la confiance nécessaires pour devenir vis-à-vis de leurs filles des
sources fiables et directes d'information concernant leur santé génésique et leur développe-
ment. Les mères qui participent au projet sont incitées à assurer un office de promotion, afin
d'aider leurs sœurs, grands-mères, tantes et voisines à définir des rôles modèles positifs pour
les jeunes filles. Il en résulte la création d'un réseau de communication parallèle en faveur de
leurs filles.

Ce message se double d'une stratégie de communication dans les médias. Le personnel du


projet travaille dans le cadre d'une série télévisée hebdomadaire, un soap opera intitulé Sexto
Sentido, pour mettre en scène un personnage de 13 ans prénommé Claudia, ainsi que sa
famille. Les principaux thèmes du projet ont été traités dans trente épisodes de la série.
L'écriture des textes du scénario a comporté des rencontres avec les jeunes filles et les
animateurs, afin de débattre d'un certain sujet ou d'une situation entrant dans le cadre du projet.
La série présente des rôles modèles pour différents types de relations mère-fille, et fait prendre
conscience aux mères impliquées dans le projet et aux autres adultes des difficultés que
rencontrent les jeunes filles.

Vie quotidienne et protection________________________________________

Les parents ne peuvent répondre à tous les besoins d'un adolescent en pleine croissance.
Parfois, et surtout dans le monde en développement, ils ne parviennent pas même à assurer
leurs besoins élémentaires d'alimentation, d'habitat, de vêtement, d'éducation et de santé, ou
bien il s'agira d'un pari difficile à tenir. Quelle que soit leur condition, les parents sont dans

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 19
l'incapacité de fournir la totalité du tutorat, des conseils, des possibilités d'éducation, d'emploi,
de l'expérience de la vie qui conduisent à l'entière maturité. Les parents jouent en revanche un
rôle important pour aider les adolescents à accéder à d'autres ressources de la communauté,
hors de la cellule familiale.

Ce rôle d'hébergement et de protection dans la fonction parentale consiste pour les parents à
assurer les ressources qu'ils peuvent se procurer, et à rechercher à l'extérieur celles dont ils
manquent. Il implique, de la part des parents toujours, la quête de relations et possibilités au
sein de la communauté de nature à compléter ce que la famille est en mesure d'apporter seule.
De récentes recherches indiquent que dans les pays en développement, les adolescents
49
associent ce rôle parental à l'affection qui leur est portée . On en voit des exemples dans la
participation aux fonctions scolaires, ou le discernement de possibilités pour l'adolescent
d'acquérir les aptitudes nécessaires à la vie adulte, susceptibles de contribuer à l'accès au
revenu ou à des fonctions civiles. Ce rôle s'assimile parfois à celui de la création de "capital
social"50, 51, 52 , avec l'aide d'autres adultes comprenant les enseignants, les membres de la
famille étendue, les anciens du village et les éducateurs, qui peuvent venir compléter ce que les
parents apportent en termes d'appui, de conseil, d'information et d'occasions à saisir dont les
adolescents ont besoin pour parvenir à assumer leur rôle d'adultes.

C'est peut-être là le rôle parental le plus fondamental et le plus difficile à remplir, puisqu'il repose
sur les ressources matérielles. Les parents doivent eux-mêmes disposer de ressources pour
subsister et ainsi de moyens pour peser sur les voies et manières du développement de
l'adolescent.

Éléments d'appréciation : Les recherches qui relient ce rôle parental au comportement des
adolescents ou à l'évolution de leur état de santé sont peu nombreuses. Une exception est celle
de l'implication des parents dans l'enseignement, par exemple dans l'aide aux devoirs ou la
participation aux activités scolaires : aux États-Unis d'Amérique, on a démontré que ces actes
élèvent les ambitions académiques des adolescents et, dans les familles aisées, leur réus-
53, 54
site . D'autres travaux ont montré que les parents de familles pauvres s'impliquaient moins
souvent dans le parcours scolaire de leurs enfants, en raison du coût des transports et de la
55
difficulté d'adapter les horaires de travail .

Un autre aspect du rôle de protection et de gestion de la vie quotidienne est celui de l'étroitesse
des liens entretenus par la famille avec les institutions extérieures. Du fait que nombre de pays
se trouvent en voie d'urbanisation rapide, les liens traditionnels qui unissaient les sociétés
56
rurales sont en train de se déliter .

Autres recherches nécessaires : On ne recense aucun document de recherche concernant


les effets de l'action des parents dans les pays en développement visant à aider leurs enfants
adolescents à saisir leurs chances, à acquérir les aptitudes ou à accéder aux ressources qui
contribueraient à leur évolution. On a déjà vu que les adolescents assimilent les soins que leur
prodiguent leurs parents à une affection reçue, mais on connaît mal les mécanismes par
lesquels les adolescents interprètent comme affection les biens et la protection dont ils bénéfi-
49
cien . En outre, compte tenu des faiblesses que ce rôle présente dans bien des cas, de

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 20
nouvelles recherches seront nécessaires pour établir comment il pourrait être mieux rempli dans
les lieux où les ressources sont limitées.

Implications pour les programmes : Du point de vue des politiques, soutenir que le parent en
situation de pauvreté devrait pouvoir vaquer aux besoins de son enfant et le protéger implique
de fournir aux parents les moyens d'assumer ce rôle. La Convention des Nations Unies relative
aux droits de l'enfant stipule que la responsabilité ultime des soins et de la protection de tous les
enfants est du ressort de l'État, ce qui implique de mettre en œuvre des programmes de
réduction de la pauvreté et de sécurité du revenu afin d'aider les parents à se procurer les
ressources nécessaires à l'entretien adéquat de leurs enfants. Les programmes à base
communautaire sont de nature à aider les parents à déterminer les besoins de leurs enfants
adolescents à trouver les ressources extrafamiliales qui pourraient contribuer à y satisfaire.

Exemple de projet : Modern Senga (Ouganda)


Dans les zones rurales de l'Ouganda, les parents ne communiquent traditionnellement pas
d'informations à leurs enfants adolescents concernant les questions sexuelles, certains individus
appelés sengas étant autrefois chargés de ce rôle aujourd'hui disparu. Le projet Modern Senga
s'efforce d'améliorer la santé génésique et sexuelle chez les jeunes, en redonnant vie au rôle
traditionnel du senga et en encourageant les personnes à rechercher l'éducation sexuelle et le
conseil.

Dans les deux villages du projet, les jeunes filles et les femmes choisissent des volontaires de
sexe féminin pour tenir le rôle des sengas. Les groupes proposent les noms de personnes
résidant de façon permanente au village, dignes de foi, et "qui pourraient tenir avec efficacité le
rôle de conseil sexuel". Cette démarche facilite la participation des femmes et des jeunes filles,
en leur donnant le sentiment d'une prise en main et en améliorant l'acceptabilité du message.
Les sengas fournissent des informations sur les infections sexuellement transmissibles (IST),
assurent le transfert et le suivi des jeunes en cas de recherche ou de suivi d'un traitement, et
repèrent ou analysent les risques pris par les adolescents, leurs motifs pour cela et les moyens
de les éviter; fournissent des préservatifs, complètent les connaissances en matière de sexuali-
té, par rapport à celles offertes à l'école, et proposent d'autres possibilités pour parler de
sexualité.

Celles des jeunes filles qui participent aux interventions du projet Modern Senga connaissent
mieux le VIH, font part d'un usage plus régulier du préservatif, et d'un recours plus fréquent aux
services de planification familiale. La proportion des jeunes filles qui présentent des symptômes
d'IST a baissé, et les jeunes filles sexuellement actives manifestent des attitudes plus ouvertes
à la discussion des questions de sexualité. Certains membres de la communauté signalent que
les hommes de la communauté auraient eux aussi besoin de conseillers masculins en mesure
de leur apporter les informations nécessaires. Les sengas déclarent qu'il convient de prêter
davantage attention aux rôles et responsabilités des hommes, en vue de promouvoir efficace-
ment la santé génésique.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 21
Les cinq rôles parentaux présentent des caractères communs importants pour
la planification des programmes
Il est clair que pour l'efficacité et l'efficience des programmes, la teneur des interventions visant
les parents, et notamment la place accordée à leurs divers rôles, sera variable selon les
résultats attendus vis-à-vis des adolescents. Si l'on vise par exemple un développement social
positif, on mettra l'accent sur la relation; pour la prévention des comportements à risque, sur la
surveillance des comportements; pour la prévention de la dépression et de ses symptômes,
le respect de la personnalité sera fondamental.

Ces rôles parentaux sont tous liés entre eux, puisque les parents les remplissent simultanément
à un degré ou un autre. Cependant, compte tenu des contraintes relatives au temps, aux
financements, au désir ou à la capacité des parents de participer aux programmes, il serait
logique de se concentrer sur les rôles essentiels mis en évidence par la recherche, dans leurs
relations avec des domaines précis de la santé et du développement de l'adolescent. Du fait que
les comportements parentaux tendent à concorder, que ce soit dans un sens positif ou négatif, il
est probable que le fait de se concentrer sur un des rôles au sein d'un programme se propagera
à d'autres rôles positifs des parents.

Les limites de la programmation


Nombre de facteurs contextuels affectent la capacité des parents à assumer ces divers rôles,
ainsi que la façon dont ils les tiennent. Par exemple :
• les traits propres aux parents, tels que les abus et négligences qu'ils ont eux mêmes subi
jadis envers leurs enfants, leur 'âge, l'utilisation de substances psychoactives, la maladie
mentale, ou l'isolement social;
• les traits propres aux familles, comme les conflits ou violences entre adultes au domicile;
• les traits propres aux adolescents, notamment la sexualité et l'âge, la personnalité, les
besoins spéciaux et la santé;
• les événements familiaux traumatisants, tels que déplacements forcés, décès, blessures
graves, et maladies mentales ou physiques sévères ou chroniques;
• les traditions et normes culturelles, et notamment les rôles parentaux attendus, et les
étapes de l'initiation à une pleine vie adulte.

Tous ces facteurs reposent sur la disponibilité ou non de ressources essentielles : alimentation,
logement, école, soins de santé, protection contre les violences, possibilités économiques, et
relations avec d'autres adultes en mesure d'aider à l'éducation, à l'emploi, et autres. Confron-

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 22
tées à la malnutrition ou à la famine, à l'absence d'abri, au déplacement forcé, à l'insuffisance
d'accès aux soins, à la carence financière ou à l'isolement social, on ne peut attendre de
familles luttant pour leur survie qu'elles soient en mesure d'assumer leurs autres rôles paren-
taux.

Les projets en cours dans les pays en développement ne visent pas toujours
explicitement à améliorer la tenue de ces rôles, mais leurs interventions
montrent bien qu'ils mesurent l'importance de ces derniers pour leurs résul-
tats sur l'adolescent.
Les projets sont sensiblement différents pour ce qui est de la mesure dans laquelle leur action
auprès des parents vise à des résultats auprès des parents eux-mêmes, et donc indirectement
auprès des adolescents, ou bien cherche avant tout à obtenir par l'intervention auprès des
parents des résultats directs chez les adolescents.

Les projets centrés sur les parents sont conçus pour répondre aux besoins des parents qui les
empêchent d'accomplir leurs rôles parentaux. C'est ainsi que le programme Egban, basé à
Baguio City (Nord des Philippines) s'efforce de prêter assistance à des femmes qui sont mères
et victimes ou survivantes de violences domestiques, afin qu'elles puissent remplir ces rôles. Il
leur est fourni un conseil individuel, ainsi que la possibilité d'un transfert vers d'autres types
d'assistance tels que le logement ou les soins de santé pour les mères. Une fois ces femmes
stabilisées, le projet Egban leur propose divers ateliers et formations comportant des séances
sur le comportement parental.

Les projets centrés sur les adolescents sont destinés à permettre aux parents de répondre aux
besoins des adolescents, comme en matière d'éducation sexuelle, de limites aux comporte-
ments, ou de services de santé. On peut mentionner l'exemple de l'approche participative aux
programmes de santé reproductive des adolescents au Népal, où les parents ont fait l'objet
d'interventions basées sur le constat que les jeunes Népalais sont intégrés à une culture dont la
hiérarchie forte fondée sur l'âge, et que l'approbation et le changement de comportement des
adultes sont essentiels pour obtenir la participation et le changement de comportement des
jeunes en matière de santé génésique.

Dans leur majorité, les activités recensées par l'examen des projets d'assistance aux parents
5
d'adolescents dans les pays en développement visent plutôt les adolescents que les parents.
Quelle que soit leur cible directe, elles tendent à incorporer indirectement les rôles parentaux,
mais ignorent largement les relations entre les rôles parentaux spécifiques et leurs effets sur les
adolescents. Tous les projets ou presque reconnaissent implicitement l'importance de la vie
quotidienne et de la protection, la plupart (26 sur 34) s'intéressent aux questions de affection, un
quart environ (8 sur 34) aux aptitudes pour le modèle de comportement, quelques-uns (3) font
état spécifiquement de l'influence des modèles de comportements, et 3 autres encore incluent
explicitement le respect de la personnalité parmi leurs activités.

Qu'ils soient centrés sur les parents ou sur les adolescents, la plupart des projets ont pour
objectif général de réduire l'un des risques particuliers pour la santé de l'adolescent. Les
domaines le plus souvent couverts sont les suivants :

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 23
• Santé sexuelle et génésique, y compris le VIH : Dans leur plus grand nombre, les projets
visent à réduire les risques liés à la sexualité précoce ou non protégée. Parmi les 34 projets
recensés, 28 en font un domaine d'élection. Ainsi, le volet parental du Programme d'interven-
tion jeunesse dans la province rurale de Nyanza (Kenya) a été élaboré dans l'objectif de
retarder le début des rapports sexuels et de réduire les comportements sexuels à risque chez
les préadolescents et adolescents de la région, en particulier pour prévenir la transmission du
VIH.
• Utilisation de substances psychoactives : Divers programmes adoptent pour objectifs
premiers de réduire la consommation d'alcool et l'utilisation de substances psychoactives
parmi les adolescents. Sur les 34 projets, 13 font mention de ces utilisation parmi leurs priori-
tés. Par exemple, Mentor Colombia propose aux parents un programme à cette fin, dans le
cadre d'une intervention visant à prévenir, à différents niveaux, l'utilisation de substances
psychoactives licites et illicites, et de promouvoir la santé et le bien-être des jeunes.

Réunion de parents de la Society for the Care of Adolescents (SCAN) (Inde)

• Santé mentale : La promotion de la santé dans le développement de l'adolescent et la


réduction des risques de dépression ou de suicide sont l'objet principal d'un projet, mais
quatre autres s'y intéressent également. La Society for the Care of Adolescents (SCAN), en
Inde, s'efforce d'aider les parents à améliorer l'état de santé physique et mentale de leurs
enfants adolescents. Ses agents animent des séminaires de parents, au cours desquels sont
traitées les étapes du développement de l'adolescent et les difficultés qui lui sont associées
(par exemple, est-il normal de se sentir morose, de rêver éveillé, d'avoir des troubles du
sommeil et des habitudes alimentaires, de vouloir demeurer auprès de ses amis ?). Les
soucis des parents ("il y a quelque chose qui ne va pas bien") s'en trouvent allégés, mais des
renseignements sont aussi fournis à propos de troubles psychologiques assez rares qu'il
convient néanmoins de surveiller.

• Comportements violents : Ces comportements sont l'objet principal de 9 projets, parfois


avec un accent sur les violences sexuelles ou familiales, ou sur les agressions sexuelles et le
viol, ou encore sur les capacités générales de résolution des conflits. En Jamaïque par
exemple, le cours à l'intention des parents dispensé par le Jamaica Adolescent Reproductive

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 24
Health Project [Projet de santé génésique adolescente] comprend des parties consacrées
aux fantasmes et aux réalités concernant les violences familiales, les violences sexuelles, le
viol et les abus sexuels.

• Autres : On recense 6 projets centrés sur l'éducation de l'adolescent, les aptitudes écono-
miques de ces jeunes faisant l'objet de trois autres projets. Par exemple en Égypte, le pro-
gramme Ishraq compte des groupes de parents parmi ses cibles d'intervention, en vue
d'aboutir à améliorer l'éducation des jeunes adolescentes dans les villages des zones rurales.
En Inde, la Development Initiative on Supporting Healthy Adolescents (DISHA) [Initiative de
développement pour la santé des adolescents], au Bihar et au Jharkhand, vise à proposer
aux jeunes des alternatives au mariage précoce en renforçant leurs compétences et options
de subsistance, y compris au travers de manifestations et réunions avec les parents.

Les projets en cours couvrent une grande variété d'interventions auprès des
parents5
Les projets conçoivent et mettent en œuvre des diverses interventions dans le domaine
parental, correspondant à leurs objectifs, à leurs ressources, aux caractéristiques de la popula-
tion, et à la culture de la communauté. Très variées, leurs activités comprennent les suivantes :
• Cours ou séminaires : La plupart des projets organisent des réunions de groupe à l'inten-
tion des parents, avec la présence d'un animateur qualifié.
• Manifestations : De nombreux projets ont recours à des concerts de musique, au théâtre
de rue, à des interventions de célébrités locales, à des projections vidéo et autres activités de
loisirs éducatifs, afin d'impliquer les parents tout en faisant passer les contenus du projet.
• Groupes de soutien : Quelques-uns des projets s'attachent à organiser des réunions de
parents en présence d'un animateur qualifié, où l'accent est mis sur le soutien du groupe
plutôt que sur l'apport d'informations particulières.
• Visites à domicile : Plusieurs projets vont rendre visite aux parents à domicile, que ce soit
pour recueillir des données de planification, pour fournir des informations, ou les deux à la
fois.
• Clubs de parents et d'enfants : Certains projets proposent des activités parentales structu-
rées en clubs réunissant les parents et les adolescents (ou spécifiquement les mères et filles,
ou les pères et fils), qui tiennent des réunions périodiques et mènent des activités liées aux
objectifs des projets en faveur de l'éducation des parents et/ou du dialogue entre parents et
enfants.
• Campagnes de médias : Parfois, les projets se concentrent exclusivement sur la diffusion
massive d'informations dans les médias les plus courants, tels que la radio, la télévision, les
journaux et les bulletins.

La moitié des projets environ consacrent aux parents et aux adolescents des activités séparées.
D'autres organisent simultanément des activités séparées et conjointes.

Les conditions dans lesquelles se déroulent ces activités varient fortement, et font appel à
l'inventivité des planificateurs pour afficher des objectifs et attribuer des ressources en fonction
de la vie communautaire du lieu. Un certain nombre de projets mènent des activités dans les

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 25
écoles, en collaboration avec l'institution scolaire; d'autres ont recours aux installations du projet,
aux bâtiments appartenant aux organisations à base communautaire ou religieuse, voire aux
domiciles des familles.

Tous les projets considèrent les parents comme une composante d'un ensem-
ble plus large comportant divers volets d'intervention
On rencontre ici généralement des activités en
direction des adolescents eux-mêmes, ou
parfois des personnels scolaires, des leaders
communautaires, des agents de santé, et des
groupes de médias. Tous les projets donnent
une priorité à l'implication des communautés
locales dans leurs interventions sur les rôles
parentaux. Certains organisent des réunions
communautaires ou de groupes ciblés, ou
œuvrent auprès des collectivités locales ou
comités techniques. D'autres introduisent un
programme parental dans des groupes
préexistants, ou encore constituent des
groupes spécifiques et leur offrent leurs
services dans des locaux communautaires.
Certains projets mobilisent des leaders
communautaires en tant qu'enseignants ou
parrains. Au Kenya par exemple, le projet
Good Parenting Calendar (Jamaïque)
Friends of Youth [Amis de la jeunesse]
fonctionne dans le cadre du système tradition-
nel Kikuyu, l'Atiri, qui désigne certains
membres de la communauté comme tuteurs,
qui seront formés pour communiquer des
informations aux parents comme aux jeunes
en matière de santé sexuelle et génésique.
Pour désigner les leaders ou conseillers des groupes, certains projets font appel à des profes-
sionnels issus de leur propre organisation ou recrutés sur place, par exemple des pédiatres ou
des enseignants, alors que d'autres ont recours à des parents pairs ou à des responsables de la
communauté. Qu'ils soient professionnels ou pairs, les conseiller ou leaders de groupes
reçoivent une formation spécifique pour mener leurs activités en direction des parents.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 26
Contenus proposés aux parents :
• Information: Les projets apportent le plus souvent aux parents des informations relatives
aux objectifs globaux du projet, concernant par exemple la santé sexuelle et génésique, les
signes d'usage de substances psychoactives, ou les ressources présentes au niveau de la
communauté. Certains fournissent en outre des renseignements généraux sur le développe-
ment de l'adolescent, afin d'aider les parents à se fixer des limites raisonnables dans leurs
attentes envers les adolescents. Certains se montrent souples dans la définition des thèmes,
pour répondre aux questions d'intérêt immédiat pour les parents. Ainsi en Inde, le projet
SCAN déjà mentionné, ayant observé que les dépressions et pensées suicidaires chez les
jeunes se multipliaient après la période des examens nationaux, a-t-il ajouté ce sujet à ses
activités visant les parents.

• Aptitudes : Le renforcement des aptitudes est presque aussi courant, en particulier dans le
domaine de la communication, par exemple comment évoquer la sexualité avec les jeunes,
écouter leurs préoccupations, ou s'exprimer avec calme.
• Soutien : Plusieurs projets sur les rôles parentaux mettent en avant le besoin des parents
en matière de soutien émotionnel et/ou logistique, que ce soit en le leur apportant directe-
ment ou en les adressant pour cela à des organisations ou personnes au sein de la commu-
nauté.

Communication parents-enfants et comportements sexuels


Les éléments d'appréciation concernant les relations entre la communication parents-enfants et le
comportement sexuel des adolescents montrent qu'elles sont complexes et contradictoires 57. Il y
a là, au moins en partie, le résultat de difficultés méthodologiques dans les recherches. Il est
cependant manifeste que les parents transmettent, consciemment ou non, des valeurs et attentes
importantes dans le domaine de la sexualité. Aux États-Unis d'Amérique, une recension des projets
58
visant à améliorer la communication parents-enfants en matière de sexualité n'a fait apparaître
aucune influence sur les comportements sexuels des adolescents. Cependant les objectifs de ces
projets demeurent légitimes : renforcer les connaissances des parents, concernant par exemple
les comportements sexuels, leurs conséquences, etc.; aider les parents à mettre au clair les
valeurs qu'ils désirent transmettre; accroître leurs aptitudes à la communication; améliorer leur
facilité à parler de questions de sexualité; ou offrir aux parents des lieux structurés pour évoquer
ces questions.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 27
Suivi et évaluation
Le suivi et l'évaluation de ces projets sont généralement faibles. La plupart d'entre eux ne sont
pas conçus en définissant de façon explicite les résultats attendus des activités, vis-à-vis des
parents et de leurs enfants adolescents. Les cadres logiques sont peu apparents dans les
discussions avec les personnels des projets; projets qui rencontrent en outre des difficultés pour
accéder à l'expertise nécessaire à une évaluation adéquate, les coûts d'une telle évaluation
n'étant parfois pas prévus dans le financement des projets. Les méthodes d'évaluation varient
fortement, et ne donnent généralement pas de résultats séparés pour la composante parentale
et les autres interventions. Quelles que soient ces faiblesses, certains projets ont produit des
résultats prometteurs, et on a pu observer des résultats chez les parents dans les six domaines
suivants :

• Renforcement des aptitudes, notam-


ment en matière de communication. Au
Sénégal ainsi (Parents partenaires), les
parents sont moins nombreux après l'interven-
tion à déclarer ne pas souhaiter discuter de
santé génésique avec leurs enfants adoles-
cents. En El Salvador, l'évaluation de Strong
Families [Solidification des familles] a mesuré
la fréquence à laquelle les parents fixent des
règles aux adolescents et les rappellent à
l'ordre sans les critiquer, et a permis de Parents as Partners (Sénégal)
constater des évolutions dans cette fréquence.

• Connaissance des questions concernant les adolescents, comme leur développe-


ment ou leur santé génésique. L'évaluation du Projet de santé génésique des adolescents
au Kenya a montré que les parents participants des deux sexes connaissaient mieux les
moyens d'échapper au VIH et autres IST que ceux visitant les sites de projets sans interven-
tions en direction des parents. Au Bhoutan, des données qualitatives montrent que les pa-
rents ayant participé à un projet d'éducation et de conscientisation des parents dans le cadre
scolaire comprenaient mieux les problèmes de développement et autres que rencontrent les
adolescents. Il semblerait que cette meilleure conscience et cette aptitude accrue à com-
prendre leurs enfants les aient aidés à devenir de meilleurs parents.

• Attitudes envers les questions qui touchent aux adolescents, par exemple en accep-
tant leur accès aux programmes. Au Sénégal, le soutien des parents aux activités d'infor-
mation en matière de santé génésique s'est sensiblement accru après leur implication dans le
projet Parents partenaires.

• Soutien aux activités communautaires en faveur des adolescents. Les parents qui, en
Mongolie, ont participé au projet d'amélioration de l'avenir des adolescents se sont impliqués
dans l'appui aux groupes et clubs extrascolaires d'adolescents, et dans leur développement.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 28
• Santé personnelle émotionnelle et mentale, par exemple estime de soi et gestion du
stress parental. En Lituanie, les parents d'adolescents connaissant des problèmes d'abus
de substances psychoactives ont assisté au groupe "aide-toi toi-même" dans le cadre du
projet Parents en partenariat, et ont entrepris de rechercher aide et avis auprès d'autres
professionnels sur une base cohérente.

• Liaison avec les autres parents et accès aux réseaux et services. Au Bhoutan, les
parents impliqués dans le projet d’éducation et de sensibilisation en milieu scolaire (SPEA)
ont été surpris de la facilité avec laquelle ils pouvaient discuter de leurs problèmes avec leurs
enfants, de pouvoir partager leurs préoccupations et de trouver des solutions avec eux. Les
relations des parents avec l’établissement où leurs enfants sont scolarisés se sont amélio-
rées. Grâce à l’instauration de liens plus réguliers avec les enseignants dans le cadre du
SPEA, de nombreux parents ont davantage participé à la vie de l’établissement et ont ainsi
pu suivre de plus près les résultats scolaires et le comportement de leurs enfants.
L’évaluation du projet mené en Lituanie a montré que les parents s’engageaient davantage,
portaient un oeil plus critique et participaient plus à la vie de la collectivité en demandant de
meilleurs soins de santé primaires pour leurs enfants et de meilleurs services de santé men-
tale pour les adolescents consommateurs de substances psychoactives et leurs famille.

On a parfois constaté, en particulier, une amélioration de la communication entre adolescents et


parents. Ainsi, au Burkina Faso, les adolescents parlaient plus facilement de sexualité avec
leurs parents lorsque ceux-ci participaient au projet. Au Malawi, la plupart des adolescents dont
les parents avaient consulté le Cool Parents Guide ont indiqué avoir remarqué que ces derniers
ne s’adressaient plus à eux de la même façon. En effet, ils criaient moins et semblaient plus
compréhensifs.

On a également noté d’autres résultats pour les adolescents participants à ces projets, par
exemple une amélioration des connaissances et un changement d’attitude face à certains sujets
tels que la santé génésique ou la consommation de substances psychoactives. Toutefois,
comme les adolescents participaient souvent à d’autres activités, ces résultats ne peuvent être
attribués exclusivement aux activités destinées aux parents.

En raison de problèmes financiers, logistiques et environnementaux, la mise


en oeuvre des projets a généralement été difficile.

Dans les pays en développement, les projets concernant le rôle des parents se heurtent
évidemment tous à plusieurs obstacles.

• Attentes culturelles : le rôle des parents est souvent déterminé par des traditions profon-
dément ancrées, notamment en ce qui concerne la place des garçons et des filles et les
sujets qu’il est considéré comme convenable d’aborder avec les adolescents. Aux Philippi-
nes, le projet Ebgan, qui vise à s’attaquer aux tabous domestiques, est mené en collabora-
tion avec d’autres organisations, ce qui permet une démarche commune. Afin de surmonter
les tabous entourant la sexualité, on organise parfois des ateliers sur le développement des
adolescents en général où la sexualité est abordée progressivement.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 29
• Recrutement des parents : dans bien des cas, il est très difficile d’amener les parents à
participer aux projets. Il faut consentir des efforts particuliers pour les parents difficilement
accessibles, par exemple ceux incarcérés ou dont les adolescents ont des besoins spéciaux.
Près de la moitié des projets communiquent leurs principaux messages et font la publicité de
leurs activités auprès des parents grâce aux médias (radio, télévision et journaux). Les pro-
jets peuvent aussi faire appel à d’autres stratégies, par exemple la participation des respon-
sables communautaires et/ou scolaires, l’organisation d’événements culturels tels que des
concerts ou la présence de célébrités locales, l’offre de coupons, de semences ou de tee-
shirts, la remise de certificats de participation et/ou une aide pour les soins aux enfants, les
transports ou dans d’autres domaines. Il semble important de faire preuve de souplesse dans
la fixation des horaires et le choix des lieux et de s’adapter aux souhaits des parents en
réorganisant les séances auxquelles ils n’auraient pas pu assister.

• Participation des pères : Pour de nombreux projets, il est particulièrement difficile de


recruter des hommes. Les réseaux sociaux de femmes sont plus facilement accessibles et
bien souvent la tradition ne met pas en valeur le rôle des pères. Certains projets y parvien-
nent en contactant des organisations où l’on trouve habituellement des hommes, par exemple
les organisations confessionnelles ou les clubs de football. On a aussi suggéré de recruter
les pères sur leur lieu de travail. Pour certains projets, on a découvert qu’il était préférable de
proposer des programmes différents aux pères et aux mères ainsi qu’aux garçons et aux
filles. Par exemple, pour le projet mené au Viet Nam (Initiative en faveur de la santé génési-
que des jeunes en Asie), alors qu’il était initialement prévu de créer des clubs de parents, on
a finalement décidé de mettre en place des clubs distincts pour les pères et leurs fils et pour
les mères et leurs filles, car il s’est avéré difficile d’aborder la sexualité dans des groupes
mixtes.

• Application de connaissances théoriques et de travaux de recherche : Les travaux de


recherche et les connaissances théoriques relèvent de disciplines et émanent de cultures
très diverses, dans lesquelles le vocabulaire et les approches employés ne sont pas les
mêmes. Il est difficile de localiser les connaissances, de trouver des points communs entre
des résultats disparates et de définir des applications appropriées. Les projets se sont inspi-
rés d’un certain nombre de modèles conceptuels, de théories et de travaux de recherche.
Cependant, de nombreux projets ignorent la notion de rôles des parents et l’importance de
mettre en valeur certains rôles pour obtenir certains résultats. Plus surprenant, certains pro-
grammes visant à obtenir des résultats précis, notamment à éliminer les pratiques sexuelles
à risque, n’ont généralement pas axé leurs interventions auprès des parents sur le contrôle
des comportements.

• Conception des programmes : Bien souvent, les programmes existants ne sont adaptés
ni à la population à laquelle le projet s’adresse ni au contexte culturel dans lequel celui-ci doit
être mis en oeuvre et la conception d’un nouveau programme prend du temps. L’illettrisme de
certains parents représente également une difficulté. La solution consiste parfois à adapter
deux ou trois programmes existants pour n’en faire qu’un seul. Au Kenya, le Youth Interven-
tion Programme, qui concerne la santé sexuelle et génésique des adolescents, est né de
l’adaptation de trois programmes des États-Unis : le programme « Parents Matter! », pour les
aspects concernant les parents, et les programmes « Making a Difference » et « Making

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 30
Proud Choices »), pour les aspects concernant les adolescents. Sur les 34 projets recensés
en 2006, 21 étaient dotés de leur propre programme ou guide et 6 s’appuyaient sur un pro-
gramme conçu à partir de documents élaborés aux États-Unis ou dans des pays en dévelop-
pement.

• Pauvreté, famine, absence de logement, violence domestique et guerre : Dans des condi-
tions dramatiques, les parents doivent avant tout veiller à la survie de leur famille et ils ne
peuvent se préoccuper du comportement de leurs enfants adolescents. En outre, les séquel-
les psychologiques des traumatismes et des conditions de vie difficiles se transmettent de
génération en génération. Par exemple, lorsque les parents n’ont pas tissé de liens familiaux
et n’ont jamais vécu en sécurité pendant leur enfance, les activités ponctuelles menées dans
le cadre de projets peuvent difficilement créer ces liens et instaurer un climat de sécurité.

• Pérennité et généralisation : La plupart des projets étant financés par des donateurs, ils
tendent à favoriser la prévention de facteurs négatifs à court terme plutôt qu’à favoriser des
mesures protectrices à long terme. Le manque de ressources, notamment financières, et de
connaissances techniques empêchent les programmes de mener les évaluations dont ils
auraient besoin pour s’inscrire dans la durée.

Good Parenting Calendar

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 31
La voie à suivre
Le plus urgent pour les parents et les familles est finalement de s’affranchir des obstacles qui les
empêchent de soutenir leurs enfants adolescents : pauvreté, conflits, discrimination ethnique et
raciale ou encore difficultés d’accès à l’éducation et aux soins de santé. Ces situations, intrinsè-
quement sources d’instabilité et d’appauvrissement, compromettent le rôle des parents ainsi que
la santé et le développement des enfants et des adolescents. Dans la plupart des pays en
développement et des pays développés, c’est la volonté politique de soutenir les familles, en
particulier celles des adolescents, qui fait le plus cruellement défaut.

Recommandations générales
• Les programmes en faveur de la santé des adolescents doivent absolument inclure
des activités de soutien pour les parents. Les travaux de recherche et l’expérience tirée
des programmes montrent clairement que les parents jouent un rôle décisif dans la promotion
de la santé des adolescents. Il est possible d’aider les parents à assumer leur rôle et cela
permet d’obtenir des résultats dans les pays en développement.

• Il faut financer des travaux de recherche permettant de déterminer quelles sont les
interventions permettant de collaborer efficacement avec les parents, notamment des
études qui précisent quels rôles les parents doivent jouer pour lutter contre certains problè-
mes de santé et quelles sont les activités susceptibles de permettre aux parents chacun de
ces rôles.

• Il faut favoriser et soutenir une évaluation des projets soigneusement conçue et


s’appuyant sur la recherche, sur des connaissances théoriques, sur une évaluation des
besoins locaux et sur le savoir-faire technique.

• Il faut favoriser la pérennité en soutenant des activités culturellement pertinentes,


conformes aux traditions et acceptées par les organisations communautaires, par exemple
religieuses, et solliciter le parrainage d’organisations bien établies.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 32
• Il faut diffuser, aux niveaux régional et local, les principaux résultats de la recherche
et de la mise en oeuvre des programmes présentés dans ce document, qui doit servir
d’instrument de travail et permettre l’échange d’idées, le recensement des ressources locales
et l’application des informations à la culture et la situation régionales.

Recommandations à l’intention des programmes


• Il faut s’intéresser autant aux problèmes des parents qu’à ceux des adolescents.
Pendant la période charnière de l’adolescence, les parents ont besoin, pour être efficaces, de
soutien, d’informations ainsi que de compétences et de ressources. Ils doivent notamment
connaître le développement normal de l’adolescent et avoir des informations sur des sujets
particuliers tels que l’infection à VIH ou la consommation de substances psychoactives. Ils
doivent apprendre à communiquer, être informés des ressources disponibles au niveau local
et bénéficier d’une aide alimentaire et au logement afin de pouvoir subvenir à leurs besoins
fondamentaux. Il faut cibler des parents se trouvant dans une situation particulièrement diffi-
cile, par exemple ceux devant répondre à des besoins spéciaux ou confrontés à la violence
domestique ou d’un autre type, aux drogues, aux trafics, ou encore ceux qui sont incarcérés.

• Il faut préciser les hypothèses sur lesquelles repose la collaboration avec les pa-
rents destinée à influer sur la santé des adolescents, envisager comment ces activités per-
mettront d’obtenir des résultats tant pour les parents que pour les adolescents et tenir compte
des cinq rôles parentaux et de leurs interactions.

• Il faut planifier et concevoir soigneusement les interventions en se fondant sur des


connaissances théoriques et des travaux de recherche appropriés, sur la connaissance de la
culture et des coutumes locales et sur des données concernant les besoins au niveau local. Il
convient d’adapter les connaissances théoriques et issues de la recherche, ainsi que les
programmes existants, à la situation et à la démographie locales, notamment aux traditions
culturelles et à l’âge des parents et des adolescents. Il faut effectuer des tests préalables et
une évaluation afin de définir des orientations pour la suite.

• Pour s’adresser aux parents, il faut exploiter les connaissances des organisations
et des réseaux locaux, ainsi que celles issues des traditions, Il faut utiliser plusieurs moyens
de communication, envisager d’effectuer des visites à domicile, collaborer avec des institu-
tions existantes telles que les écoles et les organisations confessionnelles, et s’efforcer de
s’adresser aux hommes. Il faut proposer des mesures incitatives originales et stratégiques,
par exemple une exonération des frais de scolarité, des loisirs gratuits ou l’achat de semen-
ces pour les agriculteurs.

• Il faut offrir à la fois des informations, des compétences, un soutien et des ressour-
ces. Les parents ont généralement besoin d’informations sur le développement normal des
adolescents et souvent de renseignements sur des questions spécifiques telles que la santé
sexuelle et génésique mais ils doivent aussi savoir comment utiliser ces informations, à qui
s’adresser pour obtenir de l’aide et comment concilier leur rôle de parents et leurs autres
obligations.

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 33
• Il faut mener une évaluation et échanger les résultats d’expériences entre projets
afin de constituer une base de connaissances, d’éviter les démarches superflues et de
s’acheminer vers un langage commun. Enfin, il faut déterminer les pratiques à éviter et tirer
les leçons des projets existants dans les pays développés et dans les pays en développe-
ment.

Recommandations concernant la recherche


• Il faut préciser quelles sont les interventions efficaces, et les circonstances dans
lesquelles elles le sont. Le plus important est de savoir quelles interventions choisir pour
chaque rôle, en fonction des résultats recherchés tant chez les parents que chez les adoles-
cents.

• Il faut obtenir des résultats de la recherche et les rassembler pour combler les lacu-
nes en matière de modélisation des comportements, de prestation de services et de
protection. Les travaux de recherche, en particulier ceux émanant des pays en développe-
ment ou concernant les pays en développement, restent limités.

• Il faut établir des documents rassemblant et permettant de diffuser les résultats de


la recherche de manière claire et pratique ainsi que des documents faisant ressortir les
points communs des différents sites et différentes disciplines concernés par les travaux de
recherche, et proposer des idées pour appliquer ces résultats dans le cadre des program-
mes.

• Il convient d’élargir et de diffuser les connaissances relatives aux compétences et


aux informations que les parents doivent posséder, par exemple sur les principaux stades
du développement de l’adolescent, les techniques de communication et la fixation de limites.
Il faut, en particulier, souligner davantage les rôles respectifs de la mère et du père, les atten-
tes des adolescents à différents âges et les rapports entre ces rôles et ces attentes.

• Il faut définir des principes directeurs pour suivre et évaluer les interventions et
aider les projets à choisir et à adapter les documents d’appui publiés dans le cadre des pro-
grammes existants afin de répondre aux besoins des parents, en tenant compte de divers
objectifs, de la situation démographique, des traditions culturelles, des circonstances et des
ressources disponibles.

Atelier exploratoire de deux jours au Viet Nam

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 34
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Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 37
Annexe 1
Consultation technique pour l’examen des interventions visant à soutenir les parents et les
adolescents
16–19 octobre 2006, Chavannes de Bogis, Genève

Liste des participants


Gracy Andrew Swati Y Bhave
Pediatrician & Adolescent specialist
Sanagth Centre, 841/1 CII/44 Shahjahan Road
Behind electricity dept. New Delhi 110 003
Inde
Alto-Porvorim, Goa 403521
sybhave@yahoo.com
Inde
gracean@sancharnet.in
Robert W Blum
Tran Anh Vinh William H Gates Sr Professor and Chair
Vice Director of RaFH Department of Population and
The Center for Reproductive and Family Health Sciences
Family Health (RaFH) Johns Hopkins Bloomberg School of
No 63, Lane 35, Cat Linh , Dong Da, Hanoi Public Health
Viet Nam 615 N Wolfe Street, Suite E4527
rafh@hn.vnn.vn Baltimore MD 21205-2179
États-Unis d’Amérique
Carey Francis Ayuka rblum@jhsph.edu
Program Officer
Population Council Dorjte Braeken
General Accident House, International Planned Parenthood Federation
Ralph Bunche Road 4 Newhams Row
PO Box 17643, 00500 Enterprise Road London SE1 3UZ
Nairobi Royaume-Uni
Kenya dbraeken@ippf.org
fayuka@pcnairobi.org
Giovanna Campello
Brian Barber UNODC Prevention, Treatment & Rehabilitation
Department of Child and Family Studies United Nations Office on Drugs and Crime
115 JHB Vienna International Centre
The University of Tennessee Wagramer Strasse 5
Knoxville, TN 37996-1900 A-1400 Vienna
États-Unis d’Amérique Autriche
bkbarber@utk.edu giovanna.campello@unodc.org

Jenny Bernstein Mathews Hotstix Chavunya


Johns Hopkins Bloomberg School of HIV/AIDS Officer
Public Health School Health and Nutrition
Department of Population and Save the Children – US
Family Health Sciences PO Box 609
615 N Wolfe Street, Room 4620 Mangochi
Baltimore, MD 21205-2179 Malawi
États-Unis d’Amérique mchavunya@mw.savechildren.org
jbernste@jhsph.edu

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 38
Diana Cerón Otoya Washington, DC 20523
Executive Director États-Unis d’Amérique
Mentor Colombia mmandal@usaid.gov
Carrera 13 no 50, 78 Piso 2
Bogotá Colombia Kristin N Mmari
dianaceron@mentorcolombia.org Johns Hopkins University
Bloomberg School of Public Health
Shanti R Conly
Department of Population and Family Health Sciences
Senior Technical Advisor
615 N Wolfe Street
Office of HIV/AIDS
Baltimore, MD 21205-2179
Global Health Bureau
États-Unis d’Amérique
U.S. Agency for International Development
kmmari@jhsph.edu
Rm . 5.10.72
1300 Pennsylvania Avenue, NW Shirley Miller
Washington DC 20523 6 Calumet Court
États-Unis d’Amérique Dix Hills
sconly@usaid.gov New York 11746
États-Unis d’Amérique
Carol Ann Cortese
shirlmiler@aol.com
Project Manager
People in Partnership
Lucy Njoroge
Gaustadveien 8C
Senior Trainer in HIV & AIDS
0372 Oslo Norvège
World Relief Africa
pipcon@online.no
PO Box 3-00502
Alioune Diagne Karen, Nairobi, Kenya
Program Officer lnjoroge@wr.org
Population Council
A Bame Nsamenang
143 Sotrac Mermoz
Director, Human Development
Dakar Fann, Sénégal
Resource Centre (HDRC)
aldiagne@pcdakar.org
& Associate Professor of Psychology & Learning Sciences
Cate Lane Université de Yaoundé
Sr Advisor, Youth Health Bamenda, NW Province
Extending Service Delivery Projet Cameroun
1201 Connecticut Avenue 501 bame51@yahoo.com
Washington, DC 20036
Tonya Nyagiro
États-Unis d’Amérique
Director, YouthNet
Clane@esdproj.org
Family Health International
Lynn B Madalang Institute for Family Health
Executive Director 2101 Wilson Blvd, Suite 700
Ebgan Inc. Arlington, VA 22201
Room 314 Laperal Building, Session Road États-Unis d’Amérique
2600 Baguio City, Philippines tnyagiro@fhi.org
048ebgan@mozcom.com
Rick Olson
Mahua Mandal Team Leader
Reproductive Health Technical Advisor HIV Prevention with and for Adolescents
USAID UNICEF HQ
Office of Population & Reproductive Health 3 UN Plaza, H-10B
Bureau for Global Health NY, NY, 10017
1300 Pennsylvania Avenue NW États-Unis d’Amérique
rolson@unicef.org

Aider les parents à améliorer la santé de l'adolescent dans les pays en développement 39
Pauline A Russell-Brown Daniel Wight
Director MRC Social and Public Health
Youth Incorporated Sciences Unit
2A Mannings Hill Road 4 Lilybank Gardens
Kingston 8 Glasgow G12 8RZ
Jamaïque United Kingdom
Tel: 876-926-1641 danny@msoc.mrc.gla.ac.uk
paulinerb@jamweb.net

Jerome M Shongwe Membres du personnel de l’OMS


Family Life Association of Swaziland
Krishna Bose
Mbhabha Street, Manzini
Département Santé et développement de l’enfant et de
PO BOX 1051
l’adolescent
Manzini
Organisation mondiale de la Santé
Swaziland
Genève
Jshongwe@flas.org.sz
Suisse
A Rae Simpson bose@who.int

Program Director, Parenting Education and Research


Paul Bloem
Center for Work, Family & Personal Life
Département Santé et développement de l’enfant et de
Massachusetts Institute of Technology
l’adolescent
77 Massachusetts Avenue, Room 16-151
Organisation mondiale de la Santé
Cambridge, MA 02139
Genève
États-Unis d’Amérique
Suisse
rsimpson@mit.edu
bloemp@who.int
Mario Ernesto Soriano Lima
Meena Cabral
Medical Doctor
Département Santé et développement de l’enfant et de
Adolescent Health Department
l’adolescent
Ministry of Health and Welfare
Organisation mondiale de la Santé
Calle Arce 827, San Salvador
Genève
El Salvador
Suisse
netosoriano@yahoo.com
cabralm@who.int
Nguyen Thi Hoai Duc
Jane Ferguson
Director
Département Santé et développement de l’enfant et de
The Center for Reproductive and Family Health (RaFH)
l’adolescent
No 63, Lane 35, Cat Linh, Dong Da, Hanoi
Organisation mondiale de la Santé
Viet Nam
Genève
rafh@hn.vnn.vn
Suisse
Hilde Vandenhoudt fergusonj@who.int
IInstitute of Tropical Medicine
Matilde Maddaleno
Clinical Research Center,
Conseiller régional
KEMRI/CDC Research Station
Santé et développement de l’adolescent
PO.Box 3345
Organisation mondiale de la Santé
40100 Kisumu
Bureau régional des Amériques
Kenya
Bureau sanitaire panaméricain
HVandenhoudt@ke.cdc.gov
525, 23rd Street, NW
Washington DC 20037
États-Unis d’Amérique
maddalem@paho.org

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