14 La Machinerie Thermique de La Terre
14 La Machinerie Thermique de La Terre
14 La Machinerie Thermique de La Terre
14 – LA MACHINERIE THERMIQUE DE LA TERRE
En proposant sa théorie de la mobilité horizontale des continents, Wegener s'était heurté au problème de
la détermination des forces capables de déplacer de telles masses. Il est aujourd'hui établi que le moteur
des déplacements des plaques lithosphériques est la chaleur interne de la Terre.
Une partie de l'énergie mise en œuvre est libérée brutalement lors de séismes, une autre s'exprime sous
forme de chaleur au moment des éruptions volcaniques.
1Mise en évidence d'une source de chaleur interne
Dans les mines de charbon, par exemple, celles du Nord de la France, on constate que la température
augmente d'environ 1 °c lorsque l'on descend de 30 m, soit environ 30°c pour une descente de 1 Km dans
la croûte continentale. Cela défini le gradient géothermique.
La valeur de ce gradient géothermique est variable selon les régions, mais atteste de la perte de chaleur
par le globe.
2 Origine de la chaleur interne
Plusieurs sources de chaleur sont à l'origine de l'énergie interne du globe.
21 La chaleur initiale ou la chaleur d'accrétion.
Cette source de chaleur est liée à la constitution même de notre planète, il ya 4,5 milliards. Pendant les
premières dizaines ou centaines de millions d'années, la Terre est bombardée par des astéroïdes
colossaux dont la taille peut atteindre dans certains cas, une fraction de celle de la Lune, si ce n'est la
Taille de la Lune. La chaleur dégagée par les impacts est phénoménale et peut entrainer la fusion des
matériaux.
Au fur et à mesure que la Terre grossit, cette chaleur n'a plus la possibilité d'être évacuée et s'accumule.
L'énergie gravitationnelle (énergie cinétique et énergie potentielle) libérée par ces impacts à permis la
différenciation de la Terre en enveloppes concentriques. Les couches profondes conservent donc cette
chaleur d'accrétion.
Cette chaleur d'accrétion s'exprime aussi sous la forme d'une chaleur latente de cristallisation du noyau.
En effet la graine (noyau interne) cristallise (grossit) au détriment du noyau externe (liquide). Cette
cristallisation libère de la chaleur.
Le refroidissement se poursuit actuellement mais ne représente qu'une faible part de la chaleur produite
Une deuxième source de chaleur, bien plus importante doit nécessairement entrée en jeu.
22La désintégration des isotopes radioactifs
L'essentiel de la chaleur interne est lié à la présence d'éléments radioactifs dans les matériaux
constitutifs de la Terre. Ces matériaux présents dès la formation du globe se désintègrent par
radioactivité, mécanisme s'accompagnant d'une libération importante de chaleur.
L'étude de la composition chimique du globe permet d'accéder aux types d'éléments radioactifs présents
ainsi qu'à leur localisation. Les isotopes participant le plus au dégagement de chaleur sont l'uranium 238
(238U), le thorium 32 (32Th) et le potassium 40 (40K).
Chaque isotope se désintègre à son propre rythme caractérisé par sa période ou demi‐vie, définie comme
le temps nécessaire à la disparition de la moitié des éléments radioactifs. Ces éléments se sont
essentiellement répartis dans les couches superficielles du globe, croûte continentale notamment et
manteau. De par son volume, le manteau constitue la plus grande source d'éléments radioactifs, bien que
leur concentration y soit inférieure à celle de la croûte.
‐ Les processus tectoniques et les séismes engendrés par l'énergie interne, participent au
réchauffement de la partie superficielle du globe.
3Evacuation de la chaleur interne
31 Le flux géothermique
La température à la limite du noyau‐manteau est estimée à 3000‐3500°c alors qu'elle n'est que de 15 °c à
la surface du globe. Un transfert de chaleur s'effectue de l'intérieur chaud vers la surface terrestre froide :
c'est le flux géothermique.
Il est défini par la quantité de chaleur qui se dégage par unité de temps et par unité de surface du sol. Sa
valeur est égale au produit du gradient géothermique par la conductivité thermique des roches crustales.
Elle s'exprime en W.m‐2.
A la surface du globe, la valeur du flux géothermique est faible, elle s'exprime en mW.m‐2 et est en
moyenne de l'ordre de 50‐60 mW.m‐2.
Les valeurs mesurées de ce flux montre comme le gradient géothermique présente de fortes disparités
locales :
‐ En France le flux moyen est de 100 mW.m‐2, soit le double du flux mondial, les valeurs
maximales s'observent au niveau des fossés d'effondrement, Alsace, Limagnes
‐A l'échelle mondiale, les flux les plus élevés sont localisés aux grands fossés
d'effondrement continentaux (Rift Valley en Afrique) mais surtout le long des dorsales
océaniques et des chapelets d'îles (Hawaï, Polynésie), siègent de volcanisme intense.
Carte mondiale du flux géothermique
32 Transferts de chaleur dans le globe.
Dans le globe le transfert de chaleur se fait principalement sous deux formes :
La conduction : il s'agit d'un mouvement de chaleur à travers de la matière immobile par
agitation atomique. D'une manière générale, le flux moyen est l'expression de l'évacuation
de chaleur par conduction, c'est à dire par diffusion à travers la lithosphère rigide. La
conductibilité thermique des roches est très faible, ce mécanisme est efficace mais très lent.
La convection : Il s'agit d'un mouvement de chaleur associé à un mouvement de matière,
celle‐ci transporte sa chaleur. Le flux géothermique, très élevée aux dorsales océaniques,
traduit l'ascension importante de matière chaude à leur niveau. Le flux élevé sous les
chapelets d'îles est l'expression du volcanisme de point chaud.Le déficit de flux
géothermique observé au niveau des fosses de subduction traduit l'enfoncement de
lithosphère froide dans le manteau chaud.
Ascension de matière chaude, descente de matière froide, sont l'expression de grands mouvements de
convection dans le manteau.
Ils sont lents, 1 à 10 cm par an, mais ils constituent un moyen efficace de transfert de chaleur.
La convection est 20 à 200 fois plus efficace que la conduction.
4Les mouvements de convection dans le manteau terrestre
41Définition de la convection : modèle physique
La densité d'un corps dépend de sa température, tout corps chauffé se dilate et devient mois dense.
S'il y a dans un corps déformables (roches par exemple), à la fois un gradient de température et un
gradient de densité tel que la partie froide et dense soit en bas et la partie chaude et moins dense en haut,
l'ensemble est stable.
En revanche si ces gradients sont tels que la partie chaude, peu dense soit en bas et la partie froide, dense
soit en haut alors l'ensemble est instable. Le matériel froid descend, le matériel chaud monte
spontanément. L'ensemble s'anime. En arrivant en haut, le matériel chaud se refroidit, ce phénomène
évacue très bien la chaleur.
Si cet état est maintenu (par exemple un casserole d'eau sur le feu) le système fonctionne
continuellement. Si on arrête le feu (la source d'énergie), les mouvements s'arrêtent lorsque les
températures sont uniformisées en haut et en bas.
42 Application au modèle Terre.
Le globe terrestre est caractérisé par :
• Une production de chaleur au centre
• Un gradient géothermique qui se traduit en semi‐profondeur par un gradient de densité inverse
(d=3,30 en moyenne dans le manteau lithosphérique d= 3,25 pour la manteau asthénosphérique)
• La montée de matériel chaud, profond aux dorsales océaniques
• L'enfoncement de matériel froid, superficiel aux fosses océaniques
• Une translation de matière entre les dorsales et les fosses
• Une lithosphère océanique de plus en plus épaisse des dorsales aux fosses.
Le globe terrestre est identique au modèle physique, il est animé de mouvements de convections.
Une étude de tomographie sismique confirme l'existence de tels mécanismes à l'intérieur du mante
La tomographie sismique verticale permet de
mettre en évidence
‐ des zones où la vitesse des ondes en
inférieure à la vitesse du modèle. Ce
sont des zones chaudes, où la matière
est ascensionnelle
‐ des zones où la vitesse des ondes est
plus rapide par rapport au modèle. Ce
sont des zones froides de descente de
matière.
Les modèles de simulations numériques viennent confirmer ces mouvements de matières
Des incertitudes demeurent en ce qui concerne la dynamique de ces cellules à l'intérieur du manteau.
Les modèles récents de tomographie sismiques profonde présentent une convection à deux étages, l'une
situé dans l'asthénosphère, l'autre dans le manteau inférieur, avec de manière intermittente, le
franchissement de cette frontière.
Bilan :
Les conséquences de cette activité interne se manifestent en surface par :
La fabrication de lithosphère au niveau des remontées de matière dans les zones
d'accrétion océanique
La disparition de plaques lithosphériques couplées aux zones de descente de matière
Le couplage entre le mouvement des plaques et les mouvements du manteau sousjacent.
Le déplacement des plaques lithosphériques en surface est une manifestation des déplacements
de matières dans le manteau. Les mesures des déplacements absolus des plaques montrent que
les vitesses maximales sont atteintes par les plaques ayant une zone de subduction. La traction
exercée par ce matériel froid, plus dense, serait la force motrice principale des cellules de
convection.
5 Le volcanisme de points chaud
Le système de convection concerne tout le volume du manteau ne peut expliquer la magmatisme isolé
des îles volcaniques.
L'observation d'une carte de l'océan pacifique montre des alignements d'îles volcaniques dont seule la
plus récente est active.
L'analyse des rapports isotopiques en strotium (87Sr/86Sr) mesurés dans les basaltes des points chauds
et dans les basaltes des dorsales montre que l'origine de ces basaltes est différente.
Les points chauds correspondent à des remontées ponctuelles, brutales et massives de grandes quantités
de manteau profond (issu de la couche D'').
Ces matériaux chauds et moins denses montent rapidement sous la forme d'une colonne convective
transportant une énorme quantité de chaleur.
Arrivée en surface, vers ‐100 Km de profondeur, la décompression engendre une fusion partielle du
manteau et la production de magmas. Ces magmas vont périodiquement perforer la lithosphère et
entrainer des éruptions volcaniques, d'abord massives, puis moindres.
Les points chauds représentent une autre forme d'évacuation de la chaleur interne
Sur les 120 points chauds recensés, un peu plus de la moitié sont situés sous les continents, en particulier
l'Afrique. L'Etna , le Piton de la Fournaise(île de la réunion), les îles Hawaï et les volcans du Massif
Central appartiennent à ce type de volcanisme où la composition des laves est variables et les
manifestations sont effusives (Hawaï) à explosives (Yellowstone).
Lorsqu'une plaque lithosphérique passe au dessus d'un point chaud, elle s'imprègne d'une surcharge qui
peut laissée une large cicatrice (chaîne de l'Empereur) ou créer une épaisse couches de basaltes que l'on
nomme trapps.
Les données récentes permettent de penser que les ouvertures océaniques sont contemporaines au
fonctionnement d'un point chaud. L'étirement et le rifting qui s'en suit donne naissance à un nouvel
océan.
Pour conclure, le moteur principal de la tectonique des plaques semble donc être lié un refroidissement
lent de la planète Terre. Le déplacement des continents obéi à un cycle, dit cycle de Wilson, d'une durée
d'environ 200 millions d'années.
Les continents que nous connaissons actuellement vont continuer à se déplacer, des océans vont se créer,
d'autres se fermer, à l'image des espèces qui peuplent notre planète les continents et les océans sont en
évolution constante depuis leur mise en place il y a maintenant 4,2 milliards d'années.
Les documents suivants proposent une évolution de la position des continents d'aujourd'hui jusqu'à dans
250 millions d'années.