2013PA030049 Version Diffusion Internet
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PARIS III
PARIS III
Jury :
Résumé
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et le
Développement de l’Expression Orale en Français sur Objectif Spécifique (FOS) dans le
contexte ougandais.
Notre étude relève du domaine de la didactique des langues et plus particulièrement sur
la focalisation sur l’utilisation des présentations PowerPoint pour les réalisations des
tâches. Ces dernières jouent un rôle important dans le déclenchement de processus
d’apprentissage. Lorsque les apprenants réalisent des tâches sur support PowerPoint,
interagissent ensemble pour construire du sens, ils sont dotés d’un statut d’acteurs sociaux.
Cette étude se donne alors comme objectif d’améliorer la pratique des apprenants en
classe et de résoudre certaines de leurs difficultés didactiques et pédagogiques à travers un
dispositif hybride. Celui-ci est fondé sur des macro-tâches réalisées majoritairement en
semi distance et mise en place majoritairement en présentiel à travers des exposés
techniques. Ces derniers ont été conçus pour encourager le développement de
performances langagières attendues en production orale des apprenants.
Elle se base sur une recherche-action qui a été menée en Ouganda pour des apprenants
anglophones qui apprennent le français comme langue étrangère à Makerere University
Business School (MUBS) à Kampala. Cette étude a porté sur un exposé technique oral par
les apprenants du Français sur Objectif Spécifique (FOS) à (MUBS) en Ouganda.
Abstract
The initial objective of this study, which lies within the field of language teaching and
especially on the role of information and Communication Technology (ICT), is to
investigate the potential of ICT in triggering oral language development in the learners of
French for Specific purposes (FSP) at Makerere University Business School. This study
adopts action research that focuses on the role of technologies deployed in oral technical
presentations of macro-tasks such as the use of MS Office. The aim is to enhance French
learners’ skills in French for Specific purposes. The social constructivist or cultural
hypotheses posit that social interaction plays an important role in L2 acquisition (French in
this case) in FSP classes through a hybrid environment based on macro-tasks performed in
distance and presented in class.
The current action research project involved identifying and putting into place a learning
system for learners of FSP who experienced several difficulties with their spoken French in
the learning process. It further posits that learners construct the new language through
socially mediated interaction. Subsequently, this involved establishing whether the use of
PowerPoint presentation (PPP) would engage learners of FSP in collective actions both in
the classroom and in the real world activities. In addition, there was an attempt to establish
if relevant web quest materials were likely to enhance oral language acquisition and
prompt learners to take responsibility for their own learning.
Keywords: language acquisition, oral production, tasks, learning systems ICT, action
research.
IV
Remerciements
Je tiens tout d'abord à exprimer mes sincères remerciement à mon directeur de thèse, Jean
Paul Narcy-Combes pour le soutien qu'il m'a apporté sans cesse pendant les années de mes
études doctorales.
Je remercie également vivement Nicolas Guichon pour son aide précieuse.
Je remercie ensuite tous les étudiants de MUBS qui ont sacrifié leur temps à participer à mes
expérimentations.
Je suis très reconnaissante envers l'ambassade de France qui m'a octroyé une bourse de trois
ans afin de mener à bien cette thèse.
Bien entendu j'exprime ma gratitude à l'administration de MUBS qui ma permise de
poursuivre les études doctorales.
Je remercie la famille de Monsieur l’Ambassadeur FORCEVILLE qui m’a hébergée pendant
mes deux dernières années d’étude doctorale.
J'adresse un grand merci aux relectrices qui m'ont apporté leur aide au moment de la phase
finale.
Je remercie infiniment ma famille pour son soutien infini, son encouragement sans cesse. Je
remercie d'une façon spéciale ma sœur défunte qui reste dans ma² mémoire. C'est grâce à ses
encouragements que je n'ai pas pu abandonner mes études doctorales, même après sa mort.
1
SOMMAIRE
RESUME II
REMERCIEMENTS IV
SOMMAIRE 1
ABREVIATION 8
PREMIÈRE PARTIE 25
1.1 Introduction 26
1.6 Synthèse 47
2.3 Recherche-Action 58
2.3.1 La recherche-action n’échappe pas à la critique 64
3.8 Synthèse 87
CHAPITRE 4 APPRENDRE LA L2 98
CONCLUSION 301
ANNEXE 1 318
ANNEXE 2 322
ANNEXE 3 326
ANNEXE 4 334
ANNEXE 5 337
ANNEXE 7 337
8
Abréviation
TIC: Les Technologies de l’Information et de la Communication
Figure 5 : Schéma global d'interactions entre apprenant, langue et contexte (Porquier & Py,
2004, p. 44)............................................................................................................................. 131
10
Tableau 7: PNCA et les exemplars relevés de l’expérimentation pilote de Flavia et son équipe
......................................................................................................................................... 189-190
Tableau 9: Les PNCA relevées dans les expérimentations pilotes classées par catégorie .... 197-
201
Tableau 10: recensant les programmes d’enseignement des étudiants de Loisirs et d’Accueil
......................................................................................................................................... 204-205
Tableau 12: PNCA et les exemplars relevés de l’expérimentation pilote de Keeya Rogers et
son équipe ........................................................................................................................ 217-220
Tableau 13: PNCA et les exemplars relevés de l’expérimentation pilote de Gloria et son
équipe. ............................................................................................................................. 222-224
Tableau 14: Les thèmes abordés pendant le premier semestre 2010/2011 ..................... 225-228
11
Tableau 20: Récapitulatif du résultat des expérimentations témoins non-pilotes ........... 251-262
Tableau 21: Les PNCA relevées aux expérimentations pilotes classés par catégorie..... 265-267
Vignette 3: 9.3.3 L’exposé du groupe de MUJA Joyce, Mbatsi Asami Ann et Sumbaie C
Stephanie ................................................................................................................................ 180
Vignette 12: 9.6.10 La présentation par le groupe de Société Oréale ............................. 243-244
Vignette 13: 9.6.12 La présentation par le groupe de Massie Designers ............................... 247
13
Selon nous, ces constats peuvent avoir de conséquences graves sur la performance et la
production langagière des apprenants et sur leur pratique dans la vie sociale. Des études
antérieures ont confirmé ce constat. Notamment un mémoire présenté par J. Vouillon en
2008/2009 pour son Master 2 à Paris 3, montre que l’enseignement du français au Kenya, tant
dans le secondaire que dans le supérieur, est actuellement très focalisé sur la production et la
réception écrites, aux dépens de l’oralité.
Pour Odhiambo (2006:49), cette pratique vient du fait que les matières traditionnelles mettent
l’accent sur la lecture et l’écrit. L’anglais et le kiswahili sont enseignés ainsi parce que l’on
suppose que l’oral est naturel et qu’il se pratique dans la vie de tous les jours. Cette pratique
permet à l’apprenant de réaliser tout seul son apprentissage. Cette étude a montré que dans la
mesure où le français n’est pas une langue de communication officielle au Kenya, les
possibilités de le pratiquer régulièrement sont réduites (J. Vouillon, 2008/2009). Il en va de
même en Ouganda, où le français n’est pas une langue officielle.
14
Les difficultés que nous évoquons ci-dessus ont toujours été un sujet de débat auprès des
enseignants de L2 lors de sessions de formations continues ou de sessions des examens oraux
en Ouganda. Ces formations sont organisées régulièrement par le Service de Coopération et
d’Action Culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France en Ouganda avec un grand intérêt
pour l’amélioration de la qualité d’enseignement/apprentissage du FLE d’une part comme
l’indique la citation ci-dessous :
D’autre part, les formations que nous avons évoquées ci-dessus sont animées par des experts
du Centre International d’Enseignement Pédagogique (CIEP) en vue d’améliorer la didactique
du FLE. Dans l’une des sessions de formation continue portant sur «Structurer une unité
pédagogique» et «L'évaluation des acquis» animées par un expert du CIEP en Ouganda (en
mai 2007), une des problématiques d’enseignement/apprentissage du français langue
étrangère (FLE) qui fut soulevée était liée aux résultats scolaires dans un système basé sur les
examens au détriment de l’apprentissage proprement dit (cf. le bulletin de liaison Décembre
2007-Mars 2008 de l’Association des Professeurs de Français en Ouganda (APFO). L’une des
préoccupations récurrentes des participants était centrée autour de la question suivante : les
apprenants de la langue française en Ouganda ne parlent pas suffisamment cette langue en
dehors des cours de langue et des examens oraux.
Les apprenants rencontrent donc d’énormes difficultés dans la pratique orale du français. Leur
expression orale reste souvent livresque. L’enseignement/apprentissage du français semble
actuellement très focalisé sur la production et la réception écrites, aux dépens de la production
et de la réception orale. Les professeurs, conscients de l’importance des performances
langagières attendues en production orale, ont cherché des moyens d’améliorer cette lacune
afin d’éviter que les apprenants abandonnent trop vite cette matière et qu’eux, les enseignants,
ne perdent leur emploi. Devant un tel constat, l’idée d’une recherche sur l’apprentissage de L2
en Ouganda a commencé alors à germer.
15
C’est d’ailleurs à cette époque que MUBS, ayant pour objectif d’innover l’enseignement
universitaire en 2007, a annoncé l’importance de l’application de « Case Study » (étude de
cas), dans tout enseignement universitaire. Cette étude de cas a été proposée et devrait
s’appliquer à un grand nombre de disciplines universitaires. Dans une discipline comme celle
de la Gestion et des Affaires (Bachelor of International Business, BIB), ce type de tâche
pourrait correspondre à une étude de terrain et à une étude sur des documents portant sur les
affaires.
Des pistes s’ouvrent alors. Face à cette demande pressante d’un renouveau pédagogique plus
centré sur les qualités de la personne qui apprend et, face à cette nouvelle politique
16
universitaire, nous avons réfléchi à la mise en place d’un dispositif d’apprentissage qui serait
déclencheur de processus d’apprentissage chez les apprenants de L2 et les encouragerait à
développer leurs compétences en production orale.
Étant doctorante en sciences du langage (FLE) cette année-là, nous avons été également
amenée à travailler sur ce type de communication scientifique sur diaporama PowerPoint
devant le groupe d’étudiants en Master 2 recherche, et de doctorants, et cela lors d’un
séminaire doctoral sur « Second Language Acquisition and Teaching Methodology Research
in the English Speaking World ». Nous avons trouvé cela très bénéfique car nous étions
capable de rendre opérationnelle notre connaissance linguistique, (J-P et M-F Narcy-Combes
2007). Le fait d’agir, Learning by doing (Dewey 1975), dans cette séance dans un
environnement non menaçant a contribué à nous donner confiance et nous avons pensé que
les apprenants de L2 à MUBS apprécieraient des telles séances.
Il nous semble qu’on pouvait logiquement postuler que les possibilités qu’offrent des séances
de présentations scientifiques, voire même techniques à partir d’un input donné sont énormes.
Ces possibilités peuvent répondre aux besoins des apprenants en classe de langue. Les tâches
qui leur sont proposées ont des objectifs pédagogiques pratiques qui leur permettent de
prendre une part active à leur propre apprentissage. Elles sont donc susceptibles de susciter
leur intérêt et implication. Ces tâches font également appel à l’usage de la langue et peuvent
déclencher des processus cognitifs. Une telle manière de procéder sera profitable pour les
apprenants de L2 à MUBS et répondra à la fois au souci caractéristique de nombreux
d’apprenants de filières techniques et à une demande institutionnelle locale.
Par ailleurs, les dits exposés seraient pertinents pour les apprenants de L2 à MUBS. C’est
cette expérience qui va influencer notre décision ultérieure d’étudier de près l’importance
d’un input authentique compréhensible et les TIC comme des éléments déclencheurs de la
production orale des apprenants de L2 à MUBS. C’est ainsi que nous avons commencé alors à
nous inspirer entre autres des ouvrages qui traitent la question de didactiques des langues et
TIC, notamment Narcy-Combes (2005), Guichon (2006), des revues comme Recherche et
Applications (2007) et nous avons commencé à consulter des synthèses de thèses pertinentes à
notre sujet de thèse, notamment Arthaud (2006), Grosbois (2006). Par ailleurs, nos
participations à divers séminaires doctoraux à Paris 3, depuis l’année de notre inscription à
l’université, ont contribué énormément et continuent à alimenter nos réflexions au fil des
années de la présente thèse.
18
La recherche entreprise et décrite dans cette thèse est une réponse à une série de réflexions
dans le cadre de notre activité d’enseignement/apprentissage de L2 au secondaire et à présent,
à l’université. Notre défi était de développer la production langagière orale en classe de L2 à
MUBS. La question était de savoir comment encourager le développement de performances
langagières attendues en production orale des apprenants. Pour tenter de répondre à cette
réflexion, nous avons recouru à l’utilisation de la Technologie de l’Information et de la
Communication (TIC) en lien avec des tâches réalistes pour l’apprentissage de L2. Les tâches
pour l’apprentissage de langues mettent l’accent sur la construction du sens (cf. Ellis, 2003).
La focalisation sur l’utilisation des TIC pour les réalisations des tâches joue un rôle important
dans le déclenchement de processus d’apprentissage de cette L2. De nombreuses études de
notre groupe de recherche ont montré cette importance au fil des années. (cf.
Brudermann 2010, Guichon 2007, 2008, 2011, Grosbois 2006, Arthaud 2007, Khalil 2011,
Fanou 2010, Narcy-Combes 2005, Bertin et al. 2010).
Cependant des questions se posent : quel type de dispositif peut-on mettre en place pour
favoriser la production langagière orale dans un environnement sans laboratoire des langues,
ni de centre de ressource pour la pratique apprenante individuelle. Un dispositif
d’apprentissage hybride (blended learning) comportant une partie majoritairement en
présentiel et un parcours à semi distance pourrait-il responsabiliser les apprenants à
développer leur production langagière orale ? Quel type d’input pourrait-on proposer pour les
tâches envisagées ? Quelle nature des tâches pourrait être proposée à l’apprentissage de L2 ?
Les tâches proposées, pourraient-elles modifier ou faire évoluer l’apprentissage de L2 ?
Pourraient-elles apporter un mini changement ?
Si nous nous sommes intéressée à ces questions, c’est pour interroger si les tâches peuvent
déclencher une acquisition. La pédagogie qui ne favorise pas l’oral ne répond ni aux
difficultés ni aux besoins de ces apprenants. Pour nous, il s’agira de créer à l’intention de ces
apprenants des tâches proches de la réalité qu’ils réaliseront sur diaporama PowerPoint. Les
tâches de synthèse de type B (cf. Bertin et al, 2010) seront proposées car ces tâches mettent la
priorité sur la construction et la co-construction du sens (cf. Ellis, 2003). Notre idée consiste à
faire profiter les apprenants de L2 du potentiel pédagogique de cet outil TIC. Notre objectif
est de réussir à mettre sur pied un dispositif pouvant permettre l’acquisition de L2 à MUBS.
19
La présente thèse examine donc cette prise de décision ainsi que les actes qui en découlent.
Cependant un premier souci s’annonce pour l’auteure, l’exposé oral, déclencherait-il de
l’acquisition? Cet exposé oral, va-t-il être apprécié par les apprenants comme aide à leur
besoin en classe de langue ?
Pour tenter d’apporter des réponses aux questions de recherche et aux hypothèses de cette
thèse, nous proposons dans un premier temps de décrire la situation sociolinguistique dans
laquelle se passe l’apprentissage du français. L’étude sociolinguistique nous permet d’établir
les bases pour une compréhension adéquate de la place de la langue dans la vie sociale des
ougandais (notre ajout) (Hymes 1974:125). Nous montrerons l’importance de cette étude
sociolinguistique du pays qui est ici l’Ouganda, car un regard vers ce pays montre
l’implication de l’acquisition de L2 au sein d’une multitude d’autres langues. Les notions de
diglossie et pluriglossie vont être évoquées ici aussi. En cela nous comptons examiner le rôle
social et communicatif que jouent les langues différentes en Ouganda et les conséquences qui
en découlent pour cette recherche. Nous déclinerons ensuite cette étude sociolinguistique sous
les enjeux culturels, politiques et linguistiques en décrivant la situation linguistique et la
politique linguistique, la culture éducative de l’Ouganda.
Ensuite en tant que praticienne, nous nous pencherons sur plusieurs théories différentes qu’ont
élaborées les chercheurs. A partir de ces théories, nous établirons une construction théorique
qui nous permettra de dégager les conditions nécessaires à l’apprentissage d’une L2 dans une
situation de diglossie. Nous adopterons une démarche dite « descendante », (cf. Narcy-
Combes, 2005). Selon cette démarche, nous cernerons d’abord les processus d’apprentissage
au sens large en nous basant sur les théories d’apprentissage. Cette étude de la construction
théorique s’inscrira à l’interface entre différentes sciences de fondements, entre autre la
psycholinguistique (construction du sens) la psychologie cognitive (qui étudie le
fonctionnement de l’activité intellectuelle). Elle s’inscrira dans une approche sociocognitive
(qui envisage l’apprentissage comme une construction progressive de savoirs procéduraux), et
constructiviste (Piaget 1970) et une position.interactionniste (Bertin et al. 2010).
Il nous semble également réaliste de nous interroger sur la nature des liens qu’entretiennent
ces théories d’apprentissage avec la didactique et la pédagogie, car ces deux phénomènes
jouent un grand rôle dans le cadre d’enseignement /apprentissage en général. La référence au
triangle pédagogique de Houssaye (1998) - (cf. 3.9.1) - nous paraît claire, car la relation
20
pédagogique dont parle cet auteur implique une relation entre l’apprenant et l’enseignant. Le
parcours de ce concept de triangle pédagogique nous conduira à revoir le rôle des apprenants
et des enseignants après la venue de la technologie de l'information et de la communication.
En portant un regard vers les théories d’acquisition (cf 4.3.1) et les théories socioculturelles,
(cf 4.3.1.9) l’objectif ensuite sera de parvenir à mieux comprendre ce qui régit l’apprentissage
d’une L2, ainsi que l’acquisition de L2. Nous allons d’abord préciser la manière dont nous
envisageons le terme « langue » (cf 4.1) et le terme de la communication (4.2). Le concept de
relation transductive proposé par Simondon (1989) paraît propice (cf 4.1). Dans ces relations,
chaque élément qui les compose est indissociable des deux autres et pourtant il est souvent
traité isolément.
Ces deux relations sont d’une part le langage, le discours - paroles et langue et d’autre part
langue, culture et contenu. (cf. Narcy-Combes, 2005). Ces notions peuvent difficilement être
dissociées les unes des autres. Nous tenterons donc de montrer comment le concept de
langage conduit vers celui de communication. L’activité de communication se différencie
elle-même de celle de transmission d’informations. Nous essaierons d’établir comment ces
concepts sont reliés les uns aux autres.
Par ailleurs, selon l’approche actionnelle qui sera étudiée ultérieurement, apprendre une L2
suppose accomplir des tâches en construisant du sens dans l’interaction avec autrui, c’est à-
dire une co-construction (cf. Ellis 2003). L’apprenant agit avec un partenaire en
communiquant avec lui. Nous partons du postulat que l’activité de co-construction implique
une coopération car c’est à travers la relation aux autres que l’on se construit. Toutes ces
théories nous fourniront une occasion de faire ressortir que communication, langage, langue et
discours sont, en grande partie, les produits des interactions qui s’établissent entre l’individu
et son environnement social et que l’apprenant de L2 apprendra cette L2 quand il est en
interaction avec le milieu social. A cet égard, Gauthier et Tardif, soulignent : l’apprentissage
doit être socialement et non individuellement significatif (2005:364). Vygotski, « Pensée et
langage », (1934, trad. 1985) énonce qu'au cours de la première année, l'apprenant construit
des schèmes représentatifs, et dans son interaction avec le milieu social, des schèmes
communicatifs.
21
Les théories de l’acquisition nous rappellent par ailleurs que l’acquisition ne se fait pas bien
s’il n’y a pas de traitement en profondeur (deep processing) et observation active, et s’il n’y a
pas de repérage (noticing) (Narcy-Combes, 2005:44). Il est important de noter que le repérage
(noticing) serait facilité par l’input (input enhancement) (Ellis, 1994:661) et par la
confrontation à une grande quantité d’input (flooding) (Robinson 2002 pages 7, 85, 131).
Ainsi, notre attention sera portée particulièrement au fait d’exposer les apprenants à une
grande quantité d’input car pour parvenir à produire, l’apprenant de L2 a besoin de traiter du
sens, de focaliser son attention et d’être conscient que toutes ses activités cognitives sont «
nativisées ».
Inspirée à la fois par des ouvrages et des revues diverses (J-P et M-F Narcy-Combes 2007), (J.
Fontenay et M. Vergues 2007), (Chapelle 2005), (Demaizière 1992), (Giardina 1999), nous
retenons que l’utilisation des TIC dans l’apprentissage de L2 est un phénomène
incontournable car elle apporte des valeurs ajoutées indéniables à l’acquisition de cet
apprentissage dans le cadre d’enseignement/ apprentissage. Nous avons évoqué ce phénomène
un peu plus haut. Par ailleurs nous comptons évoquer le maillage entre le PowerPoint et les
feuilles de papier en classe de langue. Ce maillage montre l’utilisation des présentations
PowerPoint comme une amélioration entre les prises de notes manuelles et l’utilisation
actuelle de PowerPoint (Fontenay et Vergues, 2007:59-71).
Pour confronter la théorie et la pratique dans un premier temps, cette exploration théorique
nous permettra de détailler la partie pratique de cette étude. Cette dernière rejoindra la théorie
pour montrer que la transmission d’un savoir n’est pas possible en soi, et qu’il est nécessaire
que les apprenants s’approprient les concepts nouveaux par un travail cognitif effectif. A ce
propos M.-F Narcy-Combes souligne : le savoir s’acquiert sur la durée, par la rencontre
répétée de l’expérience et de la réflexion. (2006:25). Et elle ajoute: c’est pourquoi nous
22
privilégions l’approche par tâche dans nos formations. Celle-ci, dit-elle, suppose en premier
lieu une analyse du public et de ses besoins.
En somme, pour que les apprenants s’approprient des concepts nouveaux par un travail
cognitif, une approche parait propice, l’approche par tâches (cf 4.4), car les tâches font
apparaître la dimension cognitive et sociale de l’enseignement /apprentissage. Donc dans cette
thèse, nous nous centrerons davantage sur la réalisation des tâches pour favoriser
l’apprentissage et l’acquisition de L2.
Les diverses expérimentations dont il sera question dans cette thèse se sont déroulées pendant
2 ans et nous exploiterons leurs détails dans des chapitres ultérieurs. Ces multiples
expérimentations que nous avons menées ont permis dans un premier temps de questionner
l’impact d’un exposé oral des tâches réelles collectivement élaborée et présentée sur support
PowerPoint sur la production orale de ces apprenants. À ce sujet, Swain souligne: collective
behavior may be transformed into individual mental resources (1995:97).
Donc, cette recherche porte plus spécifiquement sur le scénario que nous venons de décrire ci-
dessus. Nous nous attacherons précisément à analyser comment l’apprentissage médiatisé
sous-tendu par cette expérimentation est susceptible de déclencher de la pratique de la
production orale chez les étudiants de L2.
Nous nous attacherons dans un premier temps à décrire la situation sociolinguistique dans
laquelle se passe l’apprentissage du français (première partie). Nous aborderons d’abord
l’étude sociolinguistique ainsi que ses conséquences sur l’acquisition de L2 au sein d’une
multitude d’autres langues. Nous évoquerons ensuite les notions de diglossie et pluriglossie
aussi (chapitre 1). Nous nous intéresserons ensuite à décrire d’une part, la méthodologie
adoptée pour mener cette recherche qui est ici la recherche-action. D’autre part, nous
développerons le cadre théorique de cette thèse. Pour cela nous établirons d’abord une
réflexion épistémologique, qui nous permettra de dégager les conditions nécessaires à
l’apprentissage d’une L2. Par la suite, nous nous interrogerons sur la nature des liens
qu’entretiennent ces théories d’apprentissage avec la didactique (chapitre 2 et chapitre 3).
Nous procédérons ensuite à comprendre ce qui régit l’apprentissage d’une L2 ainsi que son
acquisition. Dans un premier temps, nous préciserons la manière dont nous envisageons le
terme « langue » et celui de « communication ». Le concept de relation transductive proposée
par Simondon (1989) paraît propice, (cf 4.1). Ces deux relations sont d’une part le langage, le
discours paroles et la langue, et d’autre part la langue, la culture et le contenu. Ces notions
peuvent difficilement être dissociées les unes des autres. Par conséquent, cette relation nous
incite, à ne pas oublier que les tâches que nous proposons aux apprenants gagnent à être
réalistes, à correspondre à ce qu’ils accomplissent dans la vie courante, et à avoir une
authentique validité discursive (chapitre 4). Plus loin, nous tenterons donc de montrer avec
plus de détails comment le concept de langage conduit à celui de communication. Nous
essaierons d’établir comment ces concepts sont reliés les uns aux autres. Donc, un regard vers
les théories d’acquisition et les théories socioculturelles alimenteront cette partie.Sera
également évoqué la contribution des TIC à l’acquisition de L2. Nous analyserons le lien
entre les TIC et les tâches proposées, à la lumière des critères retenus comme gage d’un
apprentissage efficace. Des réponses aux questions de recherche que nous avons posées
pourront ainsi être apportées grâce à cette mise en regard (chapitre 5).Ceci nous conduira à la
formulation de notre problématique et de nos hypothèses (chapitre 6).
24
PREMIÈRE PARTIE
Dans cette première partie, nous allons d’abord aborder le contexte sociolinguistique puis
nous nous attacherons à nous positionner, tout d’abord dans un cadre épistémologique et
méthodologique de recherche au sens large. Cette réflexion autour de références théoriques
sera construite à travers la technique de « l’entonnoir » que préconise Narcy-Combes,
(2005:8). Cette technique guidera notre recherche, ainsi que la construction du cadre
théorique tout au long de cette thèse. Puis nous rappellerons les grandes théories
d’apprentissage dont celles d’une L2 dans le domaine d’enseignement/apprentissage des
langues. Cela dans le but d’établir un état des lieux de la théorisation dans le domaine
enseignement/apprentissage. Cela nous permettra ensuite de prendre du recul sur notre
pratique de terrain, et à nous positionner pour mener à bien cette thèse.
26
1.1 Introduction
Le phénomène des réfugiés apporte au pays la construction d’une nouvelle culture. Celle-ci se
consolide lors des rencontres internationales, des interactions synchrones lors de la
manifestation de la francophonie en Ouganda (la francophonie est célébrée en Ouganda par la
communauté francophone et toutes les écoles et instituts qui offrent des cours de français tous
les ans au mois de mars). A titre d’exemple, la fête du « Beaujolais » réunit les hommes et les
femmes d’affaires francophones et ougandais, se déroule le 17 novembre. De façon générale,
ces manifestations offrent des possibilités à une pleine participation du citoyen à la vie sociale
et culturelle. Non seulement des communautés professionnelles francophones y participent,
mais également un nombre croissant de personnalités appartenant à des classes sociales
hétérogènes et différentes y participent aussi. Ce qui explique aujourd’hui l’importance
capitale de l’acquisition de la langue française pour les ougandais, afin de pouvoir s’intégrer
facilement à des telles rencontres sociales et culturelles.
La question qui se pose est la suivante: du côté des usagers, locuteurs non-natifs, comment
favoriser l’accès aux savoirs de la langue française? La transmission des connaissances de
cette langue revêt aujourd’hui une importance capitale pour l’Ouganda, afin de garantir une
27
Actuellement les universités et les centres de langues comme l’Alliance française de Kampala
(AFK) reçoivent beaucoup de demandes pour des cours spécifiques en français. L’AFK est
seule pour l’instant à répondre à la demande des entreprises et institutions, pour lesquelles la
maîtrise du français constitue une nécessité. Elle doit être capable de bâtir une offre sur
mesure, diverse, spécialisée, au service de ces besoins spécifiques en constante augmentation.
Sa capacité à le faire est une exigence qui passe par la mise en œuvre d’une démarche qualité
au rang de laquelle la formation des équipes de professeurs occupe une place centrale. De
nombreux clients d’entreprise, d’organismes internationaux, de cadres militaires, de cadres
ministériels (ministère des Affaires étrangères, ministère de l’Éducation, ministère de
l’Agriculture, ministère de la Santé etc.) y vont pour suivre le cours de FOS.
Ces instituts diffusent le FOS ou de français de spécialité (FS) en vue de satisfaire les besoins
langagiers de leurs clientèles. Quant aux universités et aux instituts de tourisme, d’hôtellerie
et de restauration, le Département des Études Supérieures « Higher Education Section » du
ministère de l’Éducation nationale ougandaise, recommande que l’enseignement et
l’apprentissage fonctionnels des langues étrangères (entre autre l’anglais, le swahili et le
français) y soient mis en place. Cela a pour but de préparer les futurs cadres à s’intégrer dans
la région des Grands lacs et de l’East African Community (désormais le Rwanda et le Burundi
- deux pays francophones – lesquels font partie de l’East African Community depuis 2007).
Cette décision des instances institutionnelles pour normaliser l’enseignement des langues des
Instituts Supérieurs donnent un appui fort à la politique linguistique. C’est ainsi que nous
assistons au rôle que joue ce ministère, par ses soutiens politiques et culturels, pour
l’apprentissage/enseignement des langues étrangères dans les instituts et universités
d’Ouganda.
28
Pour Durkheim : est considéré comme « fait social » toute manière de faire, fixée ou non,
susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est
« général » dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre,
indépendante de ses manifestations individuelles (1937:14).
A field that studies the relation between language and society, between the users of
language and the social structures in which the users of language live. It is a field that
assumes that human society is made up of many related patterns and behaviours, some
of which are linguistic (1998: 3).
Il ajoute: one of the principal uses of language is to communicate meaning, but it is also used
to establish and to maintain social relationships. (Ibid.)
Nous retenons que la sociolinguistique est un fait social qui décrit le comportement social des
individus dans une communauté donnée.
29
De ces définitions, nous retenons que la langue est d’une part un fait social, et que d’autre part
les comportements de la société humaine influencent l’emploi de la langue, selon les
structures sociales, donc une forme de comportement social pour chaque société. Il serait donc
intéressant de porter un regard spécial, sur l’implication d’un tel fait sur l’apprentissage du
Fos en milieu universitaire plurilingue. Considérer les apprenants du FOS à MUBS, comme
des sujets plurilingues et pluriculturels constitue un bon point de départ pour une étude de
plurilinguisme (Zárate Levy et Kramsch 2008:18).
La sociolinguistique s’inscrit dans plusieurs domaines, mais nous en emprunterons deux qui
sont pertinents et utiles, dans le cadre de cette recherche. Car ils nous permettront de voir dans
quel contexte une langue donnée est choisie, et privilégiée par une communauté donnée.
Le premier de ces domaines est celui sur la gestion des langues qui porte sur des typologies de
politique et d’aménagement linguistiques dans les différents pays. Le deuxième domaine est
celui basé sur les conflits diglossiques. Ce dernier prend en considération des emplois
situationnels, des langues en présence dans une société, des représentations, des attitudes qui
peuvent porter des jugements sur les usages et dans le cadre des situations conflictuelles, de
rapports de dominance entre les langues en présence.
30
Nous venons donc de voir dans cette section les définitions de la notion de sociolinguistique.
Nous avons évoqué aussi le domaine dans lequel nous nous limitons pour cette étude, puisque
nous en avons retenu deux pour l’étude sociolinguistique. Nous allons maintenant décrire la
situation sociolinguistique d’Ouganda.
L’Ouganda avec environ 31.8 millions d’habitants, présente une situation sociolinguistique
complexe. C’est un pays plurilingue et diglossique de par sa nature, son histoire et sa
géographie, comme nous allons le démontrer dans une brève description qui suit après. Nous
commençons par présenter la carte géographique de l’Ouganda pour se représenter la région
et l’importance que peut y avoir le français pour l’Ouganda.
31
D’après Nyeko (1996), les Ougandais appartiennent à deux grandes couches ethniques et
culturelles, dont le Bantou, qui comprend entre autre les Bagandas, les Banyakoles, les
Banyoros, et les Batoros, d’une part. Ceux–ci représentent les trois quarts de la population
ougandaise et occupent la moitié sud du pays. D’autre part, se trouve le Nilotique qui
comprend les Acholi, les Karamojongs et les Langis. Les groupes nilotiques sahariens sont
répartis en trois: soudanais de l’Est, soudanais central et kuoliak. Le tableau n°1, ci-dessous
illustre la répartition en pourcentage des ethnies, et le deuxième montre la répartition des
langues ougandaises. Chacune de ces deux souches linguistiques vit dans une région
correspondante, dont les frontières linguistiques sont restées à peu près inchangées depuis
plus de quarante ans, à savoir depuis l’indépendance du pays.
33
Ethnie % Ethnie %
Baganda 17 Acholi 4
Karamoja 12 Lugbara 4
Basoga 8 Banyoro 3
Iteso 8 Batoro 3
Langi 6 Arabes 1
Quand on observe le tableau ci-dessus on constate que l’Ouganda en tant que pays compte 14
groupes ethniques, il illustre la répartition en pourcentage des ethnies.
34
Kenyi 1.5
Konjo 1.4
Gwere 1.1
Luyia 0.9
Nyole 0.9
Rundi 0.4
Lorsqu'on observe le tableau ci-dessus, on constate que l’Ouganda est un pays multilingue.
On constate aussi une situation d'hétérogénéité linguistique, qu'on retrouve dans d’autres pays
du monde Ces constats pourraient signifier que les différentes ethnies ont leurs langues
locales d’origine, et qu’il y aurait une forte probabilité de conflit ethnique entre les uns et les
autres. Également, il existerait de possibles malentendus ou manque de compréhension, de
conflits entre les différentes ethnies en Ouganda. Statutairement devenue langue officielle du
35
pays, l’anglais, langue du colonisateur, servirait aux communications entre des groupes de
langues maternelles différentes. Comme déclaré dans l’article 6 de la constitution ougandaise
du 8 octobre 1995, cet article accorde une place importante à l’anglais comme langue
officielle. Article 6: Official Language.
Sous l’angle des langues locales, la constitution ougandaise souligne le rôle important que
joue any other language « toute autre langue ». Ces langues peuvent être employées pour
communiquer dans différentes situations en Ouganda. Les langues locales trouvent leur place
dans les écoles primaires où elles font l’objet d’un apprentissage oral et écrit. Une étude
menée par Majola (2006), démontre l’importance de l’enseignement en langues locales
Teaching in local languages good policy (Thursday, 6th March, 2008).
Les six langues locales actuellement privilégiées pour cet enseignement sont : l’ateso, le
luganda, le karimojong, le runyakore, le luo et le lugbara (Majola 2006). La raison du choix
de ces six langues, s’explique par le fait qu’elles ont mis en place un alphabet/une
orthographe des langues qui fonctionne presque comme l’alphabet anglais et que ces mêmes
langues sont utilisées par les média, par l’enseignement et aussi pour la traduction des bibles.
Pour éclairer cette idée de l’importance des langues locales en Ouganda, nous empruntons un
extrait dans le document officiel, The White Paper :
The language Policy states that both Ugandan languages and Kiswahili are to be
included in primary and secondary education and of particular interest are the
decisions about African languages as subjects and as media of instructions. Ugandan
36
languages should be taught as a subject throughout the primary school. The selected
Ugandan languages are so-called area languages Luo, Runyakitara, luganda,
Ateso/Akarimojong and Lugbara) and they pose as options in exams in Primary
Leaving Examinations » (1992:19).
A travers cet extrait, on constate que le kiswahili, langue véhiculaire - (une langue
véhiculaire, sert aux communications entre des groupes de langues maternelles différentes) -
de l’Afrique orientale, ne figure pas parmi les « Ugandan languages » qui sont « so-called
area languages », or c’est une langue africaine valorisée pour l’unification des peuples
africains. Nous expliquerons les raisons ultérieurement.
Ayant évoqué les différents ethnies et leurs langues respectives, et ayant sérié leurs
importances en Ouganda, nous allons maintenant évoquer brièvement le statut de l’anglais -
langue du colonisateur - par rapport à d’autres langues locales ougandaises.
Une brève définition du concept de « statut » nous conduira à décrire celui des langues en
Ouganda.
Selon Robillard :
Selon cette définition, le statut se distingue en deux grandes catégories : le statut de fait
(empirique, implicite) autrement dit statut informel, et le statut juridico-constitutionnel
(explicite, de jure) qui serait le statut formel. Les catégories qui emploient ce dernier semblent
37
pertinentes pour cette étude. Ce statut qui désigne les statuts de langues officielles et de la
langue nationale servira pour décrire celui de l’anglais et des autres langues en Ouganda.
Comme il a été observé dans la partie 1.3.1 ci-dessus, l’anglais est légalement la langue
officielle de l’Ouganda. Il est « la première langue seconde » privilégiée par la constitution
ougandaise et par le système éducatif ougandais pour l’usage exclusif de l’enseignement dans
toutes les écoles, ou autres établissements d’enseignement. Ainsi, l’utilisation de l’anglais
commence en 4ème année de l’enseignement de base (primaire) et se poursuit jusqu'à la fin de
l’université. Normalement pour les apprenants ougandais, on pourrait faire l’hypothèse que la
langue anglaise est un moyen complémentaire pour communiquer avec autrui, pour découvrir
d’autres cultures, en particulier la culture anglaise, pour accéder à l’information scientifique et
technique et finalement pour obtenir un travail. C’est aussi la langue institutionnelle de
l’administration, de la justice, du parlement, du commerce et de l’enseignement, comme celle
des médias. A l’instar du kiswahili, l’anglais serait une langue seconde en Ouganda mais c’est
aussi la langue privilégiée par l’élite.
Nous venons d’évoquer le statut légal de l’anglais en Ouganda - un pays multilingue. Notre
conclusion est que l’anglais est devenu langue d’unification pour éviter une possibilité de
malentendus qui émanerait du fait de l’existence d’une multitude des langues. Cette
observation nous mène à décrire la situation politique linguistique et éducative de l’Ouganda.
Le parcours ci-dessus nous pousse à définir la politique linguistique d’un pays. Le terme
politique linguistique sert à désigner toute planification délibérée, ou attitude implicite de
l’État à l’égard des langues se trouvant sur le territoire national. Il s’agit donc de divers
efforts officiels « visant à modifier le statut relatif et l’usage d’une ou de plusieurs langues »
(Historica Dominion Institute 2010).
L’intervention sur les langues et sur les relations entre les langues dans les cadres des
États, […] mieux un ensemble de choix conscients concernant les rapports entre
langue(s) et vie sociale. (1996:111).
38
Ce même auteur souligne par ailleurs que cette intervention effectuée ne concerne pas
uniquement les rapports entre langues et vie sociale, mais également les rapports « entre
langues et vie nationale ». (1987b:154-155). Plus loin, il distingue la politique linguistique de
la planification linguistique en observant que cette dernière est la « mise en pratique concrète
d’une politique linguistique, le passage en acte en quelque sorte » (Ibid.)
Nous montrerons ensuite dans quelle mesure les notions, retenues ci-dessus rejaillissent sur la
politique linguistique d’Ouganda. Entre temps, il importe de noter, au préalable, les fonctions
théoriques et donc universelles du concept de politique linguistique, car cela nous montre
comment cette politique linguistique a structuré la situation linguistique de’lOuganda.
Nous observons d’abord que la politique linguistique est un enjeu de pouvoir (Grand
Guillaume 2003). C’est une arme politique d’un gouvernement qui la choisit selon, entre
autres, ses buts, ses positions politiques et son programme socioéconomique. C’est ainsi qu’en
Ouganda, l’anglais a été adopté comme langue de communication officielle et administrative
comme nous l’avons déjà évoqué dans la partie (1.3.1). La politique linguistique est aussi un
élément de l’identité nationale, les politiques linguistiques pouvant traiter les langues, comme
des moyens d’unification et de compréhension nationale (Ibid.). C’est ainsi que dans les
lignes qui suivent, nous présentons les politiques éducatives qui structurent le système
éducatif Ougandais depuis son indépendance, car toute politique de planification porte une
certaine influence sur les pratiques et les représentations des langues.
1 .to investigate and evaluate the need for syllabus revision and curriculum reform at
primary, secondary, tertiary levels of education, in pre-school and post-school education and
in teacher education
2. to initiate new syllabuses, revise existing ones, carry out curriculum reform, research
testing and evaluation to bring up-to-date and improve syllabuses for school and college
courses;
3. to draft teaching schemes, text books, teacher’s manuals, and examination syllabuses, in
cooperation with teaching institutions and examining bodies;
5. to devise, test and evaluate examination questions and methods of examining students with
other appropriate teaching and examining bodies;
6. to organize and conduct in-service courses of instruction for the acquisition of knowledge
and professional skill by persons intending or required to teach new courses developed at the
centre;
7. to organize and conduct courses in the objectives and methods of curriculum development
for persons required to participate in curriculum development work;
9. to collect, compile, analyse and abstract statistical information on curriculum and matters
related to curriculum;
11. to disseminate and promote general and other better knowledge and understanding of
new curricula, teaching methods and teaching aids.
12. The centre may have such other functions as the Minister may from time to time specify
40
by statutory order.
Considérant le rapport ci-dessous sur l’apprentissage des langues locales en Ouganda, écrit
par un spécialiste dans ce domaine auprès de NCDC, on déduira que les Ougandais disposent
de plusieurs langues pour vivre, écrire et parler dans un même monde, comme illustré dans le
tableau ci-dessus (cf. The White Paper 1992). Ce rapport privilégie ces langues locales car
elles sont d’immenses sources d’apprentissage au point de vue social, cognitif, physique et
pédagogique.
“The idea of teaching in local languages in lower primary school classes followed
Recommendations from a number of researchers. The 2004 Tony Reed report on the review
of primary curriculum pointed out “generally children learn faster if early education is
conducted in a familiar language”.
[…], the 1989 Kajubi Report and the National Assessment of Progress in Education (NAPE)
had confirmed the low levels in acquisition of literacy by primary school goers.
Ce qui nous intéresse dans le rapport ci-dessus, qu’il faut commenter, c’est de montrer que
l’Ouganda attribue une importance primordiale à l’apprentissage/enseignement à l’école
primaire, dans les classes élémentaires en langue maternelle et en langues locales (cf.1.3.1).
Selon ce rapport, on peut dire que les langues maternelles et langues locales occupent une
place plus importante en primaire, car elles fournissent les moyens, pour chaque individu,
d'affirmer son identité, de développer sa philosophie personnelle, de comprendre son
entourage, son environnement, de perfectionner sa personnalité et de se socialiser avec les
autres. Grâce à cette connaissance élémentaire en langue maternelle, l’apprenant peut, former
son jugement personnel, accroître son sens moral, apprécier sa valeur pour la société dans
laquelle il vit. Les langues locales et maternelles constituent un pont entre l’école et
l’entourage immédiat de l’apprenant. Nous observons aussi la raison pour laquelle le kiswahili
ne figure pas dans la liste de langues locales, alors qu’il est une langue véhiculaire (cf. 1.3.1).
Comment peut-on expliquer l’absence du kiswahili sur la liste des langues locales ?
L’explication pourrait avoir deux raisons : d’abord, le kiswahili a très souvent été discrédité
dans le passé, soit par les missions chrétiennes qui l’ont associé aux valeurs islamiques, soit
par les forces armées auxquelles on a souvent associé des comportements brutaux. Nous
trouvons ici une situation de conflit diglossique, celui basé sur des représentations, des
attitudes qui peuvent porter des jugements sur les usages, et dans le cadre de situations
conflictuelles, de rapports de dominance entre les langues en présence (cf. 1.3.1).
A ce titre aussi, Majola (2006), (qui a mené une recherche dans cinq écoles à Kampala, la
capitale ougandaise) souligne que le kiswahili n’était pas enseigné, que seule une école sur
cinq enseignait la langue locale luganda. Les enseignants interviewés avaient indiqué qu’il n’y
avait pas de volonté politique pour promouvoir le kiswahili. De plus, les enseignants n’avaient
reçu que peu de formation dans ce cadre. Il n’y avait même pas de matériaux pour enseigner
le kiswahili et le luganda. Alors que selon White Paper, cette langue devrait être enseignée
avec l’anglais, comme matière obligatoire comme le laisse voir la citation suivante :
Kiswahili and English will be taught as compulsory subjects to all children throughout
the primary cycle, in both rural and urban areas. Emphasis in terms of allocation of
time and in the provision of instructional materials, facilities and teachers will,
however be gradually placed on Kiswahili as the language possessing greater
capacity for uniting Ugandans and for assisting rapid Social development (1992).
A travers cette citation, il semblerait donc qu’il y ait deux langues obligatoires
d’enseignement/apprentissage en primaire, l’anglais et le kiswahili. Mais comme nous venons
de le voir ci-dessus, (cf. le témoignage de Majoola 2006), il manque encore des ressources
adéquates pour réaliser l’enseignement du kiswahlili. Telle étant la situation, l’anglais et
d’autres langues locales relèguent le kiswhahili. (cf. notre conclusion).
Ainsi que nous venons de le voir, il n’y a pas de langue qui coexiste avec d’autres sans
conflit, par exemple le cas du kiswahili. L’anglais l’a emporté sur les autres langues, car c’est
une langue d’unification (nous l’avons mentionné dès le début). Nous aborderons
prochainement d’une part le phénomène du contact des langues et ses conséquences, et
d’autre part le conflit linguistique qui en résulte ; cela, à travers le concept de diglossie et de
pluriglossie.
L’Ouganda est un pays plurilingue où les individus peuvent parler, communiquer et agir dans
plusieurs langues suivant plusieurs contextes culturels (cf. Zarate et al 2008:18). C’est aussi
un pays au sein duquel il y a une langue officielle -l’anglais - et d’autres langues locales qui
sont privilégiées pour l’enseignement, White Paper (1992). Du point de vue sociolinguistique,
on peut tenter d’expliquer que l’Ouganda est un pays diglossique et pluriglossique.
43
Chaque situation diglossique contient des éléments d’inégalité et par conséquent des
éléments de conflit. Le potentiel conflictuel est lié inextricablement à l’inégalité des
emplois. Ces éléments conflictuels ne sont pas continuellement actualisés, mais ils
sont toujours présents, actualisables, pour ainsi dire (1991).
La diglossie peut être vue comme un contexte, où une communauté donnée se sert de deux
langues dont l’une est vernaculaire comme l’explique Bertin et al.
La diglossie définie de cette manière, permet de voir d’une part le statut dominant de l’anglais
sur les autres langues étrangères et locales en Ouganda, et d’autre part la supériorité du
français par rapport à d’autres L2 existant dans le pays (notre interprétation). Donc ce
parcours de concept de la diglossie, nous induit à observer qu’il s’agisse de la substitution
d’une langue à une autre, ou de l'usage concomitant de plusieurs langues, ou encore de
l’influence d’une langue de prestige ou d’une langue dominante sur des langues minoritaires.
On aura toujours affaire au phénomène du contact des langues et de ses conséquences d’une
part et d’autre part au conflit linguistique qui en résulte.
44
Le contact des langues a deux conséquences qui se manifestent sous deux formes. D’une part,
le mélange codique qui se caractérise principalement à travers deux aspects fondamentaux
(les interférences, et les emprunts);et d’autre part, l’alternance codique, nous ajouterons même
la nativisation. Selon Andersen (1983), la nativisation est le phénomène qui fait que
l’apprenant perçoit et analyse toute nouvelle donnée langagière en L2, selon des critères déjà
en place, qui lui sont personnels (ces critères varient évidemment au fur et à mesure qu’il
avance dans son apprentissage). Nous trancherons sur l’étude de la nativisation et de
l’alternance codique ultérieurement. Ces deux phénomènes permettront de montrer les
pratiques d’alternance codique (code-switching) et d’assimilation.
Kremintz (1981: 72) souligne que même l’individu qui a un potentiel bilingue, qui maîtrise à
la fois deux langues, en fait un usage diglossique dans presque tous les cas. Il rappelle que le
conflit linguistique est le phénomène le plus complexe qui englobe, entre autres, celui de la
diglossie. Pour en citer un exemple typique en Ouganda, une étude menée par Otaba
(2009:54) recense le fait que vers les années 70, il y a eu quelques tentatives visant à faire une
langue indigène ougandaise, à la fois une langue officielle et nationale. Le but étant de
revendiquer l’identité nationale par la mise en place d’une langue qui puisse remplacer
l’anglais pour achever le processus de « décolonisation ». Deux langues rivales ont été
proposées: le kiswahili et le luganda, mais les autorités ougandaises ont hésité sur le choix
entre ces deux langues étant donné la rivalité éminente entre le luganda et les autres langues
locales.
Il ajoute :
[…] le concept de conflit linguistique serait applicable, chaque fois que deux groupes
linguistiquement différenciés cohabitent dans une même organisation étatique, dès que
l’une des deux a sur l’autre un avantage, en droit ou en fait. (Ibid.)
Ces définitions ouvrent le débat sur le positionnement des apprenants en comparant leur
langue et culture respectives, avec l’apprentissage du FOS et comment leur façon d’agir varie-
t-elle selon les contextes sociaux dans lesquels ils se trouvent. Au delà, il serait intéressant
d’étudier dans quelle mesure les apprenants du FOS à MUBS sont capables d’imaginer les
perspectives professionnelles qui s’offrent à eux, à partir des ressources linguistiques et
culturelles à leur disposition? Ces questions trouveront des réponses dans un chapitre
ultérieur.
Ce parcours de définitions nous conduit à dénoter que le plurilinguisme est une source
importante de conflit linguistique. Un conflit peut arriver dû à l’inégalité du statut des langues
46
au sein d’un pays, nous en avons évoqué un exemple typique en Ouganda (cf. le point.1.3.1)
A cet égard, Otta souligne : […] Dans une telle situation, certaines langues sont dominantes,
d’autres sont dominées. (2009:92). Visiblement l’anglais est dominant par rapport aux
langues locales.
Il ajoute :
« Le statut inégal des langues est porteur de conflits, car le caractère dominant de
cette langue est lié aux rôles sociaux prestigieux et au pouvoir d’État, en
l’occurrence de l’administration, l’école, les médias, les institutions économiques.
De l’autre côté, les langues dominées sont reléguées aux rôles secondaires dans le
cadre de la communication en famille ou entre proches. Les langues dominées
peuvent être interdites, ignorées, tolérées, autorisées légalement ou reconnues
juridiquement comme langues nationales ».
Au terme des analyses qui précèdent, on constate que certaines langues sont dominantes et
que d’autres sont dominées, et que cela peut engendrer un conflit linguistique et une
concurrence dus à l’inégalité de leur statut. Nous verrons ultérieurement les conséquences
d’une telle analyse sur l’apprentissage de L2.
1.6 Synthèse
Après avoir décrit de l’aspect sociolinguistique du pays, nous avons voulu montrer que
l’Ouganda est un pays d’Afrique de l’Est, entouré par des pays francophones et
linguistiquement hétérogènes. On y trouve plusieurs ethnies et une multitude de langues
locales, issues des tribus différentes. L’anglais est la langue officielle du pays, reconnu par la
constitution ougandaise. Les langues étrangères sont enseignées dans des écoles secondaires
et tout comme dans les instituts supérieurs. Quelques écoles primaires se trouvant dans la
capitale et dans des régions reculées de la ville apprennent pareillement le FLE. Le français se
retrouve en position dominante, quant à ce qui concerne l'apprentissage des langues
étrangères en Ouganda, compte tenu de son importance au niveau mondial.
Nous souhaitons avoir donné un aperçu général sur la situation du français - au carrefour de
plusieurs langues autochtones et internationales - en Ouganda d’une part ; et d’autres, préciser
son importance dans ce pays pluriglossique et/ou diglossique. Les orientations privilégiées
dans ce chapitre relèvent de la sociolinguistique, de la culture éducative, de la politique
linguistique et de l’apprentissage des langues étrangères et locales en Ouganda. De ce fait, il
était important de souligner les phénomènes pluriglossique ou plurilingue et/ou diglossique,
car les deux concepts auraient des implications et des conséquences pour l’apprentissage de
L2 en Ouganda. Ces implications et ces conséquences émergeront lorsque les apprenants
seront amenés à exécuter les macro-tâches qui leurs seront proposées pendant le travail de
terrain.
Dans les paragraphes ultérieurs nous nous attarderons par conséquent, sur les observations
concernant l’apprentissage du FOS dans un pays pluriglossique et diglossique, et sur la variété
des contextes sociolinguistiques. Cela nous permettra d’avoir un regard très large de ces
situations sur la transmission du Français en général, et d’en mesurer les effets sur le
processus de son acquisition. Dans ce pays, en effet, le français a un statut de langue
étrangère, même s’il s’avère indispensable et incontournable aujourd’hui. Il est en contact et
parfois en concurrence avec d’autres langues internationales et/ou autochtones, et pour la
majorité de la population, ce n’est pas une langue première.
48
Ainsi que nous l’avons annoncé précédemment, nous nous attacherons dans ce chapitre à nous
positionner d’abord dans un cadre épistémologique et méthodologique de recherche au sens
large. Puis nous rappellerons les grandes théories d’apprentissage dont celle d’une L2. Nous
poursuivons une démarche dite descendante. Dans la mesure où elle a pour point de départ
des constats de dysfonctionnements dans les pratiques des classe sur le terrain, passe ensuite
par le filtre de nos questions de recherche, se retrouve confrontée à diverses théories, pour
permettre la construction d’une problématique et enfin, aboutit à un objet construit après une
prise de « position parmi des théories parfois divergentes » (Narcy-Combes 2005 p. 95).
Le mot épistémologie est bien entendu polysémique ; il englobe les méthodes propres
à chaque science ou domaine scientifique, mais également les démarches de la pensée
scientifique en général. Il peut se référer également au problème général de la vérité
scientifique. […], l’épistémologie serait la réflexion sur la construction et la gestion
49
du savoir dans un domaine donné, dans son rapport avec tous les autres domaines de
la réflexion scientifique (2000 : 27-30).
J.-P. et M.-F. Narcy-Combes soulignent : On relance une recherche dès que les limites
gênent.
Cette citation nous induit à observer que lorsqu’une limite gêne en classe de langues, il faudra
trouver une solution à ce problème. Il est important qu’un chercheur s’intéresse à la
recherche. La question qui se pose serait la suivante : la recherche pourrait-elle être une
source d’aide à un tel chercheur ? La réponse à cette interrogation amène, dans un premier
temps, à définir la méthodologie à mettre en œuvre ce qui pourrait être d’une quelconque aide.
Par ailleurs il serait intéressant de voir comment ce chercheur pourrait intégrer les apports de
sa recherche, pour trouver le remède à son problème. C’est le cas typique de l’auteure de cette
thèse. Confrontée par une problématique de classe, lors de sa pratique en face-à-face, elle
s’est lancée dans une recherche pour lui trouver une solution possible.
50
La pratique et la recherche en didactique des langues s’appuient sur des objets dont
l’existence «réelle» (la validité ontologique), n’est pas nécessairement remise en
cause en raison de la nature, parfois scientifique de la terminologie, ou parce que ces
objets ont une validité institutionnelle: compréhension orale, langue générale, FLE,
cours de conversation, niveau A1, correction des erreurs, etc. Pourtant, tout
enseignant rencontre des problèmes, au sens de questions à résoudre que Popper
(1999) donne à ce terme. Il sera souvent tenté de trouver des solutions en s’appuyant
sur son expérience : agir ainsi va à l’encontre de ce qui est avancé par Bachelard
(1938) ou Kelly (1955), par exemple, sur le plan épistémologique. Certes le praticien
n’est pas un chercheur, mais il importe qu’il prenne la mesure des conséquences de
ses pratiques, en particulier quand elles ne sont pas conformes aux théories du
moment.
En résumé, tout chercheur doit s’assurer que sa pratique de recherche se conforme aux
théories scientifiques, il ne devra pas se laisser emporter par ses expériences. Ainsi, notre
intention est de contribuer à montrer par un exemple concret, en quoi la praticienne peut
bénéficier de la recherche théorique. En œuvrant de la sorte, la praticienne se mue en
praticienne-chercheuse.
Pour Morin, par exemple il était important de réintégrer l’observateur dans son observation et
donc de mesurer les effets que son point de vue, et son conditionnement avaient sur sa
recherche (Narcy-Combes 1998a). Autrement dit, le chercheur devra s’auto-observer et
ensuite prendre du recul par rapport à son observation.
Elias, lui, distingue l’engagement du chercheur, son implication personnelle dans ce qu’il
entreprend, et sa distanciation, le recul que la méthodologie scientifique lui impose. (1973)
Il s’ensuit que dans la recherche en didactique des langues, chaque chercheur doit s’impliquer
dans sa recherche. Il lui revient de trouver ses paradigmes épistémologiques, de les définir,
de trouver une méthodologie pertinente à sa recherche, tout en prenant du recul et de la
distanciation. Notre tâche, en tant que praticienne-chercheuse, consiste alors à trouver
comment nous pouvons nous situer par rapport à ces débats. Nous faut-il prendre parti ? Oui
51
car nous faisons face à un problème de l’apprentissage, et nous souhaitons trouver une
solution. Ainsi, le point qui suit aborde la recherche dans le cadre de l’enseignement.
Les deux pôles jouent un rôle socialement important. P. Arthaud (2007 :12) montre qu’il
existe des liens entre l’enseignement et la recherche.
To publish they must satisfy their peers (i.e. other researcher), who function as
reviewers for the journals in which they should seek to be published. Their research
must demonstrate that it meets established criteria of reliability and validity (i.e. that
it is well designed and that the results warrant the conclusions made). Researchers are
not obliged to make their research accessible to teachers or to demonstrate that it is
relevant to them. Still less are they required to work with teachers to find ways in
which research can be converted into action. Indeed, it may well be that in the
department where the researchers work practical research receives less recognition
than pure research.
[…] teachers have very different agenda and operate from a different knowledge base.
Whereas researchers are concerned in establishing the truth, teachers are interested
in finding out what works. Teachers select tasks that they believe will contribute to
their students’ learning but they are rarely able to investigate whether their
predictions are borne out. They determine the success of the tasks in other ways (e.g.
by impressionistically evaluating whether the task stimulates active participation by
the learners). (Ibid.)
Nous retenons que les chercheurs ont pour tâche de construire des connaissances générales,
organisées, vérifiables et transmissibles. Quant aux enseignants, ils ont une autre vocation.
Faut-il, alors initier les enseignants dans la recherche ? Cela va de soi, les enseignants doivent
être instruits sur la construction des connaissances. Leur participation à une vraie recherche
les met en contact avec les zones les plus incertaines du savoir. Ainsi, il est primordial qu'ils
s’impliquent non seulement dans la communauté scientifique, mais qu’ils soient également
52
confrontés à la recherche des savoirs les plus actuels, et initiés aux méthodes et à
l'épistémologie de la recherche. C’est donc notre cas dans cette thèse. Pour évoquer plus loin
les vocations des enseignants, nous faisons recours à l’écrit de Bertin et al. Selon ces auteurs
(2010 :127), l’enseignant joue un nouveau rôle dans un environnement technologique :
Because of the constant need for innovation, teacher education is seen as a life-long
project that should be related to theory. Teachers have become mediators and they are
expected to be able to tackle the complexity of mediation at a distance. They need to
understand their new roles and acquire new skills. Monitoring learner activity is
shown to require technological support, but, even with technical support, knowing and
understanding the learners is no easy task at a distance. In order to be able to fulfill
this job more successfully the teacher will need to understand his or her posture as
well. Self-knowledge can help teachers.
Les mêmes auteurs recensent les nouveaux rôles des enseignants dans un environnement
technologique comme suit (ibid):
Tutors will be expected to: adjust their practice to distance language learning environments.
Provide ongoing support for learners in new and unfamiliar learning environments;
Respond to a new and different range of issues and affective states in relationships
with learners;
Support students at a distance and help them to become responsible for their learning;
Work as part of a team, with technology experts, learning support staff, etc.
Selecting learning experiences that enhance confidence and expand learning options
(discovery approaches, problem-solving activities, TBLT, collaborative work, etc.);
Facilitating group bonding, in order ‘to increase interaction and peer mediation;
Ensuring that learning is meaningful, socially based and coherent with the expected
Outcomes;
En bref, il a une large responsabilité sociale à jouer, et il doit prendre l’apprenant dans son
intégralité pour effectuer un travail en collaboration et en coopération avec lui.
Un enseignant joue parallèlement un rôle comme facilitateur, un tuteur comme le laisse voir
Narcy-Combes lorsqu’il souligne les rôles des enseignants comme étant :
Il ajoute :
Pour jouer son rôle de manière convaincante, un enseignant sera amené à prendre
conscience de sa responsabilité épistémologique face à son travail. Dans une optique
inspirée de Rogers 1996, cette responsabilité implique : du recul, un savoir
didactique, une expérience pédagogique, une capacité de médiation responsabilité.
(Ibid.)
Pour nous enseignants, cette recherche éveille en nous, notre responsabilité épistémologique
dans notre métier d’enseignement/apprentissage de tous les jours. Nous devons être des
accompagnateurs, facilitateurs, pourvoyeurs de savoirs. Nous devons prendre en compte les
besoins des apprenants et en fonction de cela organiser leur apprentissage en fonction des
problèmes qu’ils rencontrent. Nous devons prendre du recul et de la distanciation dans notre
métier d’enseignant, si nous souhaitons apporter des changements dans notre pratique
professionnelle.
Par ce descriptif des deux pôles mentionnés ci-dessus, nous retenons que chercheurs et
enseignants ont des activités de nature et de forme différentes. Les chercheurs, eux, doivent
chercher à comprendre, publier des travaux, tandis que les enseignants doivent effectuer leurs
obligations contractuelles vis-à-vis des apprenants. Les enseignants donnent rarement une
assise théorique à l’efficacité de leur travail pédagogique.
55
Selon Narcy-Combes :
Enseigner peut être conçu comme une activité sociale qui consiste à concevoir,
organiser, suivre et évaluer des systèmes d’apprentissage dans lesquels travaillent des
apprenants. (2005 : 142).
En examinant de plus près les débats qui précèdent, on peut vouloir dire que le rôle du
praticien-chercheur doit se reposer de plus en plus dans l’activité sociale.
Nous avons évoqué le rôle de ces deux concepts pour montrer, qu’enseignant ou chercheur,
chaque personne a une mission à accomplir. L’une consiste à approfondir et à accroître le
savoir, et l’autre à aider l’apprenant à appréhender ce savoir et à l’assimiler. Nous en
déduirons que tous ceux qui souhaitent que la pratique (enseignement) soit également une
recherche (chercheur) deviennent praticien-chercheur, ce qui est notre cas. Tout praticien
engagé dans un projet de conception entame également un processus de recherche. (Guichon,
2007 : 23).
Étant donné que notre problème relève de la didactique de L2, et que la recherche-action est la
méthodologie de la recherche qui s’impose en didactique de L2 (Narcy-Combes 2005 : 112)
pour résoudre les problèmes de terrain ; il est important de s’interroger sur la scientificité du
travail que nous allons entreprendre. Pour ce faire, le problème que nous soulevons est le
suivant si on l’accepte : comment peut-on justifier que ce positionnement soit utile pour la
communauté scientifique ? Pour trouver des réponses à cette interrogation, nous évoquerons
brièvement ce qu’est une communauté scientifique, ainsi que ses attentes. Un parcours sur la
notion de la communauté scientifique nous aidera à montrer que cette recherche sert plutôt à
apporter une solution à un problème de terrain existant depuis longtemps, mais non de
découvrir quelque chose de nouveau.
56
De ce point de vue, nous percevons que le rôle de la communauté scientifique se définit par
ses règles, mais aussi par un discours élaboré comme le souligne Arthaud (ibid.). Dans une
optique de formation en recherche, - et comme par ailleurs, d’autres auteurs assignent des
importances identiques à la nécessité d’acquérir un savoir scientifique - il est important de
prendre en compte ces règles, lors de la recherche en cours. Mettant davantage l’accent sur
l’importance des règles dans la recherche de savoir scientifique, d’autres auteurs sont plus
préoccupés par les étapes à suivre pour arriver à une solution. Concernant ce contexte, nous
nous situons également dans ce que préconise Narcy-Combes (2005 :115).
[…] la première étape relève du terrain un problème y est identifié. Pour le résoudre,
une réflexion débute : prise de recul, regards vers la(les) théorie(s) et/ou vers d’autres
pratiques afin de trouver de nouvelles solutions (2005 :115).
Arthaud argumente que le savoir praticien est un savoir qu’il faut mettre en œuvre très
rapidement afin de pouvoir, dans le cours de l’action, opérer les choix et prendre les décisions
qui s’imposent (Thèse 2007 : 26).
… l’apport des regards sur les théories et les pratiques d’autres contextes et la
réflexion […] conduiront […] à une redéfinition du problème, qui est ici une action.
[…] du côté de la recherche, cela permettra alors de déterminer les variables à
étudier. (200 :115).
Donc il semble clair que la tâche consistant à porter des regards sur les théories et les
pratiques revient à l’enseignante, et la recherche-action nous semble donner la solution. Elle
permet d’atteindre un autre objectif majeur, à savoir résoudre des problèmes concrets et
transformer la réalité. Elle s’inscrit dans la dynamique du changement et met en œuvre une
méthodologie spécifique qui se caractérise essentiellement par l’intervention.
57
Autrement dit, la recherche-action cherche, non seulement à apporter du changement dans nos
pratiques de classe, mais aussi à les améliorer. Elle peut de même avoir pour visée la
compréhension. (Jean-Pierre Astolfi, « Trois paradigmes pour les recherches en didactique »
dans la. Revue française de pédagogie, volume 103 ppp 5-18.
http/:www.persee.fr/web/revues/home/prescript/autor/auteus_rfp_215).
Un regard sur l’article de Demaizière et Narcy-Combes en 2007, nous fait comprendre que
dans une recherche–action, le chercheur est partie prenante de l’action et non « simple »
observateur extérieur. Il ne s'agit pas toujours de valider une hypothèse, mais plutôt de tenter
de répondre à certaines questions de recherche liées étroitement à une pratique pédagogique.
Le praticien-chercheur de la recherche-action met en place un certain type d’environnement
d’apprentissage, de tâches ou d’activités. Il définit précisément en quoi et pourquoi ses choix
devraient avoir un effet positif. Le positionnement épistémologique et le recours à une
problématique de recherche, restent impératifs - si l’on se place dans le cadre de la recherche-
action telle qu’elle est pratiquée en France - pour entrer dans les cadres institutionnels et
conceptuels de la recherche nationale. Le chercheur-acteur doit faire face aux aléas du terrain,
s'adapter et modifier éventuellement certaines de ses orientations. La publication de la
recherche est ici encore impérative, car seule la mise en forme et la structuration requises par
l'écrit permettront de mener à son terme la réflexion engagée.
Beillerot (1991) distingue ainsi « un travail réflexif » sur « l’expérience » lorsque le dit
« travail réflexif » est guidé ou accompagné, d’une « démarche d’investigation » plus
systématisée, entre autres, sur le plan méthodologique de recueil et d’analyse de données,
incluant « une production de connaissances nouvelles » et « une communication de
résultats ». Richardson (1994), quant à lui, distingue le « questionnement pratique » de
58
2.3 Recherche-Action
Par rapport à la méthodologie de la recherche considérée, nous avons situé notre travail dans
la « recherche-action ». Cette dernière vise à améliorer notre pratique. Pour cela, elle partira
d’un problème concret de salle de classe, que nos collègues et nous même avons remarqué à
MUBS, à savoir le manque d’expression orale en L2. Nous l’avons évoqué dans
l’introduction. Ainsi nous serons en mesure de montrer par cet exemple concret en quoi la
praticienne peut bénéficier de la recherche théorique. Ce processus devra fournir une occasion
de repenser la technologie concernée, de se l’approprier, et en retour, d’envisager autrement
l’apprentissage des langues à MUBS (Guichon 2006 :7).
Pour ce faire, nous allons dans un premier temps décrire le concept de recherche-action. Les
lectures exploratoires que nous avons faites, nous conduisent à utiliser les synthèses
d’ouvrages variés et de revues sur cette recherche-action. Leur lecture nous influence et nous
conduit à nous inscrire dans la recherche-action, car ils soulignent tout l’apport de cette
méthodologie qui implique un constant va-et-vient entre théorie et pratique. (Narcy-Combes
2005).
La question qui se pose maintenant est la suivante : pourquoi s’attache-t-on à une recherche-
action ? Cette dernière vise, entre autre, à provoquer le changement comme l’observe.
Dubost : Toute démarche de recherche-action pose comme centrale la résolution d’un
problème concret (1984 : 10). Nous nous situons dans l’approche préconisée par Dubost.
Nous partageons aussi celle de J-P Narcy-Combes (2005) qui va dans le même sens. Il
distingue la recherche-action comme une méthodologie pertinente pour la résolution d’une
59
Ici on note que l’auteur présente et clarifie l’éventuel but de la recherche-action. Pour cela il
distingue les finalités de la méthode. D’autres auteurs assignent à la recherche-action des
définitions identiques, notamment pour Denzin &Lincoln qui énoncent :
Ils ajoutent:
A travers cette définition, la recherche-action est vue comme une forme de collaboration et un
travail d’équipe entre les parties prenantes. Par ailleurs Resweber la définit en ces termes : La
recherche-action, est, quant à elle, dialectique et circulaire : elle propose des interprétations
provisoires, susceptibles d’être remaniées par leur investissement dans le tissu des pratiques
(1995 :16).
60
Rézeau mentionne :
F. Parisi cité par P-M. Mesnier et P. Missotte, définit la recherche-action en fonction de son
expérience :
Il ajoute :
Il souligne
La recherche–action est perçue et définie ici en fonction du rôle critique qu’elle joue dans le
domaine de la recherche. D’autres auteurs conçoivent la recherche-action comme suit.
Action research is more than isolated reflection, more than keeping an open mind and
more than having a feeling about what works. It needs to ask how and why it works.
Thus, like all research, research action necessitates the gathering of evidence.
61
Cette définition semble mettre l’accent sur la prise de recul et de distanciation sur sa propre
pratique professionnelle en vue de la rendre meilleure. Donc elle s’accorde avec certaines
définitions précédentes sur lesquelles, il importe de porter un regard critique et analytique sur
l’importance de sa pratique.
Quant à Denzin & Lincoln (2003), ils poursuivent leur définition de l’action research ainsi :
[…] action research is as a research in which the validity and value of research
results are tested through collaborative insider-professional research knowledge
generation and application processing projects of social change that aim to increase
fairness, wellness, and self-determination.[…]action research is the only form of
social research that enacts this agenda adequately.(op. cit)
Il ajoute :
Par ailleurs, la recherche-action est vue comme source d’intervention, comme souligné par
D. Montagne-Macaire :
Autrement dit la recherche-action est vue ici comme moyen de prendre une distanciation par
rapport à notre pratique de classe en vue d’en apporter de changement nécessaire ou de
trouver une solution au problème pédagogique de classe. Un autre auteur partage le même
avis, Catroux (2002), par exemple
Ces deux dernières définitions nous semblent bien correspondre au type de travail que nous
souhaitons entreprendre à MUBS, tel que nous l’avons décrit plus haut. Cette thèse va en
exploiter à la fois le fonctionnement et les résultats. En partant du problème qui nous (les
professeurs de FOS) préoccupe, à savoir celui du manque de prise de parole par les
apprenants, et de l’analyse des ressources disponibles à MUBS ; nous avons défini des
hypothèses à partir desquelles nous avons mis en place une première expérimentation de
sensibilisation. Cette phase a donné lieu à une deuxième et troisième expérimentations
similaires, dont les résultats vont également être analysés.
Un des problèmes de ce travail de recherche est que la chercheuse qui s’engage dans la
recherche-action est en même temps l’observatrice et l’actrice observée, dans le processus
d’enseignement/apprentissage en langue normal en recherche-action. L’auteure de cette thèse
est également l’enseignante qui élabore et met en place le dispositif pédagogique, pour tenter
d’apporter une amélioration dans le processus d’apprentissage. Le problème de distanciation
critique et d’éthique se pose alors. La crainte d’entrer dans un égocentrisme et une longue
période d’auto-observation risque d’entraver le travail de l’enseignante chercheuse. A ce
sujet, Macaire (2011 :66) dans « Recherches et applications » sur le thème « Vers une
conception compréhensive de la recherche-action en didactique des langues et des cultures »,
63
Le Français dans le monde, Recherche et Application n°48, juillet 2010, pp. 66-75, souligne :
La position du chercheur en recherche-action est inconfortable, voire ambiguë. Il se trouve en
effet pris en étau entre l’implication dans l’action et la distance critique vis-à-vis de son
objet.
En adéquation avec la citation précédente peut-on dire que le chercheur qui vise l’action et/ou
« l'action sur ... » est un chercheur neutre ? Son implication ne s’oppose-t-elle pas à la volonté
de prise de recul critique que le processus de distanciation a dégagé précédemment ?
Comment vivre une telle tension ? Est-ce au détriment de la recherche elle-même ?
Donc dans de tels cas, le chercheur doit inévitablement se dissocier de conflits entre
l’introspection et la distanciation critique dans sa recherche. De plus, Narcy-Combes nous met
en garde quant aux caractéristiques essentielles de la recherche-action à prendre en compte
lors de son exécution. Pour reprendre ses propres termes, la recherche-action est « exigeante »
et « doit être faisable ». Sa durée doit rester courte (au plus trois ans). Il précise que les
chercheurs qui s’engagent dans la recherche-action doivent faire preuve de « dynamisme » et
de « souplesse ». Il souligne l’importance de travailler en « collaboration » et en « équipe ».
Par ailleurs il évoque l’importance des enjeux de code éthique, de suivis et de comptes rendus.
Il insiste sur le fait, que selon le type de la recherche-action, le compte rendu sera local,
professionnel ou scientifique.
Dans le présent travail, une partie importante des pages consacrées à la recherche-action a été
rédigée en prenant appui sur ce qu’avait écrit le chercheur anglo-saxon, Rod Ellis, Narcy-
Combes (2005), montre que les caractéristiques de la recherche-action, s’inscrivent dans la
culture du pays dans lequel la recherche-action est menée. Ainsi la culture française de la
recherche-action serait différente de la culture anglo-américaine. Cette dernière étant
davantage marquée par l’importance accordée à l’idéologie et au savoir acquis par
l’expérience, plutôt qu’à la recherche de l’objectivité et à la vérification d’hypothèses
théoriques, lesquelles caractériseraient la recherche-action en France.
Narcy-Combes (2005), insiste sur le fait que toute recherche-action de type français nécessite
que soit défini un cadre théorique rigoureux. Or, dans le contexte de la didactique des langues,
un tel travail implique de faire appel à de nombreuses sciences de référence. L’auteure de la
recherche-action doit alors résoudre le problème que pose le temps nécessairement limité dont
64
elle dispose (une recherche-action a une durée limitée comme cela a été évoqué plus haut)
pour faire une synthèse des apports théoriques, qui lui seront indispensables pour mener une
expérimentation et en rendre compte.
Il faut ajouter à cela que l’auteure de cette thèse passe d’une culture, celle des enseignants de
terrain, à une autre, celle des chercheurs, et qu’elle transforme son savoir de praticienne en
savoir de théoricienne, acquérant en conséquence une maîtrise de ce discours propre aux
chercheurs, comme le mentionne Ellis. Entreprendre une recherche-action ne saurait se
considérer à la légère, selon les termes de Narcy-Combes (2005:114). Cependant, la
recherche-action ne va pas sans risque de confrontation à des critiques.
[…] the social scientist is trying to answer causal questions in more complex social
settings [than the physicist] where the entities being studied are clearly amenable to
change for reasons that have nothing to do with the experiment. (1979:102)
Macaire, quant à elle, recense les critiques contre la recherche-action comme suit :
mêmes s‘il existe des validations d’acquis par la recherche-action. Bref, la recherche-
action ne jouit pas d’une réputation de scientificité très solide dans notre pays. Elle
est victime d’un déficit de clarification.
Nunan, (cité par Ellis 1997: 25,) synthétise les difficultés que rencontrent les enseignants de
terrain, engagés dans une recherche-action. La plupart de ces difficultés sont dues à un
manque de pratique dans le domaine de la recherche : difficultés qu’éprouvent les enseignants
à s’auto-observer mutuellement, à évaluer leur pratique, à fixer des objectifs de recherche qui
puissent être atteints, à définir une problématique, difficultés aussi à trouver une forme
appropriée aux comptes rendus de leurs travaux.
Comme cela a été vu plus haut, la position des chercheurs français est beaucoup plus tranchée
en faveur du respect des critères universitaires stricts. Ainsi dans la recherche-action que nous
entreprenons, il conviendra d’évaluer la pertinence des pratiques et d’hypothèses théoriques à
la lumière de celles existantes, que nous allons évoquer dans les chapitres suivants. La
réflexion épistémologique nous conduira à appuyer ce travail sur deux bases, celle que
donnent les théories et celle que donnent nos observations de la réalité empirique. D’un côté
cette recherche-action est limitée dans le temps ; de l’autre les apports théoriques dont cette
thèse a besoin sont multiples, car la didactique s’enracine dans de nombreuses sciences. En
conséquence, prise dans cette recherche-action, nous sommes contrainte d’avoir recours à des
ouvrages de synthèse et d’utiliser des travaux universitaires précédents.
66
Pour tout objet de recherche, les chercheurs sont souvent confrontés à leur conception
hypothétique de l’objet, souvent conditionnée par leur milieu socioculturel comme le rappelle
Bachelard (1938 :12-22), synthétisé par JP. Narcy-Combes : La rupture épistémologique
correspond au passage de l’objet réel - c’est-à-dire, l’objet tel qu’il apparaît à travers nos
représentations façonnées par le milieu socioculturel dans lequel nous évoluons - à l’objet
construit. (2005 : 78).
Dans cette thèse, l’auteure va essayer d’adapter à son contexte les outils que les théoriciens
conseillent, tout en sachant qu’il ne sera pas facile pour elle de définir la recherche et son
objet. Elle va tenter de s’inscrire dans un champ théorique - tout en sachant que le problème
auquel se heurtent les chercheurs, c’est l’absence d’un tel champ déjà construit - selon les
termes de J.P. Narcy-Combes. (2005 : 78).
Il sera dès lors nécessaire de construire un champ théorique pour chaque étude abordée, ce qui
explique la présence de contextes théoriques dans la présente thèse. La question qui se pose
maintenant, c’est : quelle lecture de théories va-t-on privilégier ? Ainsi le positionnement
épistémologique de la recherche en cours se caractérise par les points qui suivent.
67
Notre recherche suit un positionnement qui se reconnaît polythéiste. En cela, elle fait appel à
diverses théories pour en sélectionner, celles les plus adaptées à notre contexte et à notre
positionnement épistémologique, comme le laisse voir Narcy-Combes en soulignant que « les
approches polythéistes voient la vérité plurielle, diverse, relative, telle qu’elle leur apparaît à
travers le kaléidoscope des théories, variant les angles de vision. Leur domaine est celui de la
complexité, elles prennent en compte les représentations et les effets de contexte. La
recherche ouvre des perspectives multiples, non exclusives les unes des autres, ce qui impose
qu’une forme de validation empirique se doit d’assurer que la recherche reste rigoureuse.
(2005 :79)
Contrairement au courant monothéiste qui favorise un paradigme unique, de telle sorte que la
recherche devienne « cumulative, c'est-à-dire que le nouveau savoir s’ajoute au savoir existant
en couches successives » (Ibid., p.79). Notre recherche invoque plutôt plusieurs théories, tire
des aspects de chacune d’elles, pour construire une problématique par la technique des
entonnoirs.
A signaler ici, est que Jordan (2004 :116) cité par Narcy-Combes (2005) admet une forme de
polythéisme : as many theories as possible should be encouraged. J.P. Narcy-Combes
(2005 :79) synthétise : […] des données empiriques doivent permettre de critiquer les théories
par des mesures scientifiques.
[…] Il en est de même du travail descendant (2), qui ne saurait être isolé d’un travail
ascendant. Néanmoins, pour le premier (1), il s’agit d’aller de l’objet de recherche à
un objet construit par le recueil de données observables et quantifiables, pour
déterminer des indicateurs qui permettront de construire des concepts isolés, puis
68
Ainsi, notre recherche est empreinte de plusieurs théories, elle extrait certains aspects de
chacune d’elles pour construire une problématique par la technique des entonnoirs.
Donc dans le chapitre à venir, nous essaierons de montrer comment les constructions de
théories se font par des emprunts aux différentes sciences de fondement, tout en sachant qu’il
existe plusieurs théories qui décrivent l’apprentissage de L2. Pour ce faire, nous allons
d’abord définir le fait d’apprendre en général.
Dans cette partie, nous aborderons les différents types d’apprentissage, afin de faire le choix
qui convient au contexte. Nous évoquerons également les différentes théories qui ont
influencé l’apprentissage en général. Comme nous sommes dans le domaine de la didactique
des langues, nous porterons un regard critique sur la nature des liens qu’entretiennent ces
théories d’apprentissage avec la didactique et la pédagogie, car ces deux phénomènes jouent
un rôle essentiel dans le cadre d’enseignement/apprentissage en général. Nous comptons
évoquer le concept de triangle pédagogique de Houssaye (cf. point 3.9) pour soulever ses
limites dans l’acquisition du FOS en Ouganda. Nous voudrions également démontrer
qu’actuellement l’enseignement/apprentissage du FOS en Ouganda se limite aux trois
composantes enseignant-élève-savoir.Notre réflexions nous conduira à souligner
l’importance fondamentale du contexte (4.4.3), (7.1), pour afin préciser en quoi il (le
contexte) contribue à affecter l’ensemble des interactions qui se jouent au sein de notre
dispositif de formation. Rézeau (2001) observe :
Dans le domaine de la pédagogie, le XXème siècle a été marqué par des courants, tels
que l’École active et l’Éducation nouvelle, qui proposent des pédagogies centrées
sur l’apprenant. Dans la tradition qui va de Rousseau à Neill en passant par
Cousinet, Decroly et Dewey, ces pédagogies mettent l’accent sur la liberté de
l’apprenant, ses besoins, ses centres d’intérêt. Dans le domaine de
69
Autrement dit dans les didactiques des langues, l’objet central n’est autre que l’apprenant.
Donc un survol des différentes définitions de l’apprentissage nous permettra de mieux
comprendre qu’apprendre est un processus d’intégration et d’adaptation de nouvelles
connaissances à des connaissances antérieures ; et qu’enseigner n’est plus seulement un
processus de transmission de savoirs, mais un processus d’orientation de l’apprenant vers des
moyens répondant à ses besoins qui vont l’aider à construire son savoir (cf. Barnier, 2002,
Cuq, 2003). L’apprenant est donc devenu un partenaire de l’enseignant dans le processus de
construction de nouvelles connaissances. Giordan (1998) considère que l’apprentissage est un
processus d’interaction dans lequel l’apprenant est non seulement acteur de son apprentissage,
mais également « auteur » de ce qu’il apprend.
Giordan rappelle, concernant l’apprentissage, les trois grandes traditions qui, selon lui,
s’imposent et s’opposent :
Ce même auteur explique son opinion au sujet de l’apprentissage qu’il ne voit désormais pas
comme une accumulation linéaire, ni comme une acquisition d’automatismes au moyen d’un
mécanisme de type “stimulus-réponse», ou des “essais-erreurs”, mais comme un processus de
construction de connaissances par l’individu :
D’autres auteurs assignent des définitions identiques à l’apprentissage, par exemple pour
Reboule l’apprentissage se définit comme.
Processus d’effet plus ou moins durable par lequel des comportements nouveaux sont
acquis, ou des comportements déjà présents sont modifiés en interaction avec le milieu
ou l’environnement (1999:40).
Nous retenons que l’apprentissage est donc l’acquisition d’un comportement utile dans une
communauté donnée, qu’apprendre est un processus, dont l’origine réside dans le désir de
savoir ou celui d’apprendre.L’apprentissage est aussi conçu comme une activité d’élaboration
du sens (cf. Giordan 1998:31-32). Ainsi nous retenons que l’apprentissage est une
construction des connaissances par le sujet et ceux avec qui il interagit et cela nous intéresse
pour notre étude.
71
Après avoir abordé les différents types d’apprentissage et afin de faire le choix qui convient
au contexte nous évoquons maintenant également les différentes théories qui ont influencé
l’apprentissage en général en commençant par le béhaviorisme. Les différentes théories
d'apprentissage qui seront développées dans ce chapitre renvoient à quelques courants
psychologiques qui sont à la base de la situation d'enseignement. Le béhaviorisme, le
constructivisme, le socio-constructivisme et le cognitivisme.
La théorie béhavioriste est attribuée à Edward Thorndike (1874-1949) qui se passionne pour
l’étude de l’apprentissage chez les animaux, lesquels, après essais et erreurs, adoptent le
comportement qui entraîne une récompense. Selon lui, l’apprentissage se résumerait à
l’établissement d’une relation entre un stimulus et une réponse comportementale innée, en
réaction. Puis John Watson transfère ce modèle à l’apprentissage humain, vu comme un
processus de modification des comportements observables, résultant uniquement de
l’acquisition d’automatismes.
Le représentant le plus connu est B. Skinner (1971). Pour cet auteur, l’organisme humain est
doté, comme tout organisme vivant, de capacités comportementales spécifiques, dont le
développement dépend de l’action des renforcements extérieurs : ces derniers se définissent
comme tout événement susceptible d’accroître la probabilité d’émission d’une réponse (la
modification du comportement par les stimulus qui le suivent, dont la récompense et sa
suppression) et la notion d’apprentissage désigne les conditions, ou lois, par lesquelles les
renforcements modèlent de nouveaux comportements. L’apprentissage serait donc déterminé
par l’environnement, source de stimuli et de renforcements sans la moindre activité mentale
de l’individu.
On a reproché aux tenants de ce courant les limites de leur perception. Notamment, Bailly a
remarqué : sans que tout soit à rejeter dans ce type de modèle théorique (personne ne met en
cause, par exemple, le fait qu’une langue doive s’apprendre par une pratique intensive,
mimétique dans un premier temps, ou entre une grande part de mémorisation et de recherche
d’automatisation des acquis), il faut bien constater qu’il s’est révélé en grande partie caduc.
Ce qu’a prouvé par exemple, dans les années 1970, l’échec des méthodes audiovisuelles et
audio-orales à assurer transfert et généralisation. On sait désormais que pour assimiler des
systèmes langagiers de façon non stéréotypée, créative, un apprenant doit aussi (re)construire
ces systèmes et se les approprier progressivement, à l’aide d’une compréhension rationnelle,
analytique. (1997 : 26).
Synthèse
La théorie béhavioriste établit que l’apprenant est une sorte de réceptacle dans lequel
l’enseignant doit déverser des informations. Que l’enseignant joue un rôle de
transmetteur. Ce courant rend compte de l’apprentissage en termes d’association
stimulus-réponse et de conditionnement néo-réflexe obtenus par répétition, tâtonnement
expérimental (essai-erreur), imitation ou application analogique de réussite ou d’échec.
Nous remarquons que les béhavioristes s’intéressent particulièrement aux
comportements observables des individus et ne se préoccupent pas des processus
mentaux internes qui interviennent dans l’apprentissage. Du point de vue de
l’enseignement, le béhavioriste considère l’apprentissage comme une modification
durable du comportement résultant d’un entraînement particulier. Pour provoquer un
apprentissage, on doit modifier le comportement de l’élève par un renforcement positif.
(Notre conclusion).
73
3.2.2.1 Le constructivisme
Les connaissances ne sont pas transmises par quelqu’un qui « sait » vers quelqu’un
qui « ne sait pas », elles ne viennent pas des sensations comme le prétendent les
associationnistes, elles sont construites par l’individu, par l’intermédiaire des actions
qu’il accomplit sur les objets. Ces actions sont intériorisées et constituent les schèmes
(1997 : 284).
L’apprenant va donc apprendre à connaître le monde qui l’entoure par les opérations qu’il
exerce sur son environnement. Il renvoie notamment aux travaux de Piaget qui portent sur la
construction des connaissances : “on ne connait un objet qu’en agissant sur lui et en le
transformant ” (Piaget Jean 1970) : L’apprenant va donc apprendre par l’intermédiaire de
ses représentations. Les conceptions initiales sont au cœur du processus d’apprentissage.
L’apprentissage est une activité de recherche du sens ; c’est grâce aux obstacles, source de
déséquilibres, que le sujet va construire des connaissances nouvelles. Donc les idées avancées
par ce courant nous conduisent à retenir que l’apprenant doit être actif dans son apprentissage,
qu’on ne peut pas lui transmettre de connaissance, puisqu’il est le constructeur de ses propres
savoirs, qu’il faut mettre cet apprenant devant des obstacles pour l’amener à s’interroger sur
ses représentations personnelles, etc.
Un apprentissage ne peut être significatif que dans la mesure où il revêt un sens pour
l’élève, lui permettant de trouver des réponses aux questions qu’il se pose. (2005 :346)
Le reproche fait à ce courant de recherche est qu’il n’a pas pris en considération « la boite
noire » contrairement aux cognitivistes.
En somme les perspectives constructivistes nous intéressent pour notre travail, car elles
donnent à l’apprenant une place centrale dans l’édification de ses propres savoirs ; et ce sont
ces perspectives qui attribuent aux interactions sociales un rôle prépondérant dans
l’acquisition de connaissances, notamment dans un contexte social.
75
Nous emprunterons ces idées, ensuite nous les intégrerons selon les contraintes et les
caractéristiques du domaine de la pratique pédagogique de nos visées particulières.
Née dans les années 60, la conception sociocognitiviste de l’Américain Albert Bandura
souligne l’importance de l’observation des autres pour apprendre, « il n’est pas nécessaire
d’expérimenter soi-même, l’observation d’autrui peut suffire » ; l’exemple, l’observation et
l’imitation sont aussi des modes d’accès aux savoirs et savoir-faire. Les théories de Lev
Vygotski, élaborées en Russie dans les années 20 (pour s’opposer à Pavlov, aux béhavioristes
et aussi à Piaget auquel il reproche de ne pas prendre suffisamment en compte la dimension
sociale et culturelle de l’apprentissage) atteignent l’Occident. Pour lui, l’apprentissage est un
processus social avant tout marqué par un contexte, le recours à des outils (matériels :
ordinateurs et symboliques, les langages …) qui sont des médiateurs et véhiculent les modes
de pensée de la société qui les produit. Les socioconstructivistes donnent beaucoup
d’importance aux contextes et aux interactions dans l’apprentissage. L’un des fondateurs de
ce courant de pensée est Vygotski, qui envisage l’apprentissage comme un processus socio-
interactif. Il met au cœur de l’apprentissage les interactions, et le contexte dans lequel elles
ont lieu.
Vygotski évoque également la zone de développement proximal (ZDP), c'est à dire l’écart
entre ce que peut faire l’enfant seul et ce qu’il peut faire quand il est guidé par un adulte ou
collabore avec des « pairs » plus avancés), zone sur laquelle l’enseignant peut effectivement
agir. Donc le seul enseignement efficace est celui qui devance le développement actuel, mais
76
à peine l’imitation n’est possible que dans la ZDP. L’enfant apprend avec les autres. Pour les
successeurs de Vygotski comme J. Bruner, on apprend surtout avec l’aide des autres, (cf.
3.2.2.2.1). L’apprentissage est une co-construction de sens partagés qui nécessite des
interactions avec d’autres, et s’inscrit dans un contexte historico-culturel particulier.
L’apprentissage est un processus non individuel mais collectif : apprendre, c’est acquérir les
codes et les représentations propres à un groupe et pouvoir ainsi revendiquer une place dans la
société qui les produit. Cette conception ajoute donc à l’approche psycho-cognitiviste un
ancrage social qui soude apprentissage et environnement.
Au socioconstructivisme est liée l’idée que l’apprenant apprend mieux dans l’interaction
sociale et qu’il faut faire davantage de place aux projets communs en travail d’équipe. Dans
son perspectif socioconstructiviste du développement de la pensée, Vygotski accorde un rôle
central à l’appropriation des outils sémiotiques, fournis par la culture. Cela le conduit à
aborder les processus d’apprentissage et d’enseignement dans leurs dimensions sociales et
culturelles. A cet égard, C. Gauthier et M. Tardif soulignent les limites de cette théorie en
observant : Bien que cette perspective mette l’accent sur l’influence déterminante de
l’éducation formelle sur le développement de la pensée, l’enseignement ne se limite pas à
fournir à l’élève des outils sous une forme déjà toute élaborée. (2005:345).
Selon les perspectives sociocognitives mentionnées ci-dessus, inspirées à la fois par le courant
Vygotskien et la recherche en sciences cognitives, l’apprentissage est envisagé comme une
construction progressive de savoirs procéduraux, mise en mouvement par les interactions
verbales.
Cette perspective nous amène à placer l’apprenant au centre de son apprentissage. C’est par
l’interaction avec autrui que les apprenants d’une langue étrangère accèdent à des savoirs et
savoir-faire. Ce courant de socialisation considère que l’apprenant apprend dans l’interaction,
qu’il apprend avec l’aide des autres, et que ce qui compte c’est le milieu social. Donc
indéniablement il y a une relation entre socialisation et acquisition. Les contextes participent
77
L’étayage parfois appelé « scaffolding » est une interaction pédagogique qui prend place au
sein d'une communauté d’apprenants. Cette interaction pédagogique consiste, pour le
partenaire le plus avancé (le tuteur ou un natif), à prendre en charge les parties délicates,
permettant à l’apprenant de se concentrer sur les parties de la tâche qui lui sont accessibles.
Ceci permet d’épauler un sujet dans la résolution d’un problème qu’il ne pourrait résoudre
seul.
- L’enrôlement correspond au fait que le tuteur s’efforce de soutenir l’intérêt du sujet par
rapport à la tâche.
- L’orientation consiste à s’assurer que l’apprenant ne s’écarte pas du but assigné par la
tâche.
- La réduction des degrés de liberté désigne les procédés par lesquels, le sujet plus avancé
simplifie la tâche pour aider l’apprenant à résoudre le problème qui lui est posé. Il peut, par
exemple, dans un premier temps, prendre en charge les parties de la tâche les plus complexes
et les rétrocéder ensuite à l’apprenant pour éviter une surcharge cognitive en début d’activité.
Bruner nous montre le rôle fondamental de l’expert qui dirige, oriente, structure l’échange,
afin que se mette en place le système de transmission des savoirs. Il désigne précisément par
étayage l’ensemble des interventions de ce partenaire compétent, qui ont pour effet de
permettre au partenaire moins compétent, de réaliser une performance qu’il n’aurait réussi
sans cette aide. Dans ces propos sur les relations de « tutelle » entre les deux partenaires,
Bruner accorde une importance capitale à la médiation de l’adulte dans l’apprentissage de
l’enfant. Il souligne :
Par un dispositif d’aide et de soutien approprié - l’étayage - mais aussi, par effet de
modélisation vicariante, le médiateur peut aider l’enfant à dépasser ses découvertes
spontanées et faire « un pas de plus » vers la prise de conscience, facteur décisif de
l’apprentissage.
[Scaffolding] refers to the steps taken to reduce the degrees of freedom in carrying out some
task so that the child can concentrate on the difficult skill she is in the process of acquiring
(Ibid.)
Mais Vygotski ( 1934) précise que la possibilité plus ou moins grande qu’a l’enfant de passer
de ce qu’il sait faire tout seul, à ce qu’il sait faire en collaboration avec quelqu’un, est
précisément le symptôme le plus notable qui caractérise la dynamique de son développement
et de la réussite de son activité intellectuelle ».
Nous retenons que la médiation joue un grand rôle dans la construction des
connaissances. Cette dernière se fait par l’interaction avec quelqu’un qui en sait plus
que l’autre sur un sujet donné. Celui qui est avancé dans un domaine quelconque
épaule celui qui est moins avancé. Ainsi la construction des connaissances se fait à l’aide
des connaissances déjà acquises. Ce point de vue nous intéresse pour notre
expérimentation en espérant que ces principes rejailliront dans la mise en place de
notre expérimentation (cf. chapitres 6, 7, 8, 9).Ce point nous conduit à définir le concept
« interagir » qui est aussi important dans l’acquisition de L2.
Interagir c’est d’abord construire ensemble du sens. M-T Vasseur, 1993:27 explique : que ce
soit dans la situation de communication endolingue ou exolingue, l’entrée en interaction de
deux locuteurs suppose qu’ils se mettent d’accord sur un objectif commun (1993:27).
Autrement dit pour accomplir des tâches, l’accord de deux personnes est important. D’autres
auteurs s’accordent pour postuler que l’interaction contribue d’une façon importante à la co-
construction du discours et que sans cette dernière, l’apprenant ne parviendrait peut être pas à
acquérir la langue étrangère (Cicurel et Véronique 2002 :09, Vion, 1992,1993:27 Schegloff,
1982 ; Gϋlich, 1986). Ce que nous pouvons retenir de cette analyse pour notre étude, c’est
que l’effort mutuel, tout comme le travail en binôme, est particulièrement indispensable dans
une situation d’interaction, car l’effort mutuel se concrétise dans des séquences de
négociation et de collaboration ; il permet aux interactants de pouvoir compenser
mutuellement leurs défaillances et les limites de leurs expressions.
Pour appuyer ce point, nous souscrivons aux idées qu’avancent Gauthier et Tardif pour qui
l’apprentissage doit être socialement et non individuellement significatif (2005 :364).Quant à
Bange (1992), il pense, lui aussi, que l’engagement dans l’apprentissage n’a rien de naturel,
ni de spontané chez un non-natif (1993:31). Il souligne que le non-natif a le choix de devenir
« candidat-apprenant » ou non. (Op.cit.)
80
L’apprentissage est un but que peut se donner (ou ne pas se donner) le locuteur non-natif, et
il insiste sur la nécessité de bien distinguer entre les deux rôles : celui de locuteur non-natif et
celui d’apprenant, même si ces deux rôles sont assumés par la même personne et, ajouterons-
nous, si la distinction n’est pas toujours claire et si elle est instable. En tout cas, ce choix
d’apprendre fait par le non-natif ne peut que laisser des traces dans l’interaction et le
discours collectif élaboré par les deux partenaires. Le travail d’assistance à l’apprentissage
pratiqué par le partenaire natif mérite qu’on s’y attarde. (Ibid.)
Nous déduirons que les cognitivistes, les constructivistes et les sociocognitivistes mettent
l’accent sur le centrage de l'enseignement/apprentissage sur le sujet apprenant, ses besoins et
ses motivations. Apprendre à analyser une situation et à construire une compétence de
communication en faisant acquérir la maîtrise des discours adaptés au contexte (se
positionner et construire des significations partagées) aux apprenants.
La théorie cognitiviste affirme que lorsque nous apprenons, notre comportement change parce
que notre compétence s’est modifiée, et s’il en est ainsi parce que notre représentation
mentale de la situation d’apprentissage s’est aussi modifiée. En plus de cela elle met donc les
représentations mentales de l’apprenant au centre du processus d’apprentissage. Ce sont elles
que l’enseignant doit évaluer et faire évoluer. Elle a aussi pour conséquence, que l’on ne peut
apprendre que par soi-même, personne ne peut apprendre à la place de l’apprenant.
Nous souscrivons à cette théorie qui nous permet de mieux comprendre comment la
pensée humaine se structure. Les sciences cognitives peuvent contribuer grandement à
améliorer l’acte d’enseigner et par conséquent, l’apprentissage des apprenants. Les
recherches effectuées en sciences cognitives, nous permettent maintenant de mieux
comprendre pourquoi l’enseignement explicite est supérieur à l’enseignement
traditionnel. Puisque, apprendre implique de faire des liens entre des connaissances
nouvelles, et des savoirs emmagasinés dans la mémoire à long terme des apprenants,
l’enseignant devra au départ, vérifier si ceux-ci possèdent ces savoirs et si cela est
nécessaire.
82
Les différentes formes d’apprentissage évoquées jusqu’ici nous amènent à synthétiser que les
savoir-faire ou l’apprendre sont centrés sur l’individu, qui est ici l’apprenant. Cet
apprentissage se déroule dans un environnement social, car cet individu vit dans une société,
et cet environnement social joue nécessairement un rôle dans son apprentissage.
Dans le cadre de notre recherche, nous adoptons l’apprentissage collaboratif car il est centré
sur l’apprenant. Ce dernier peut exprimer ses idées, articuler sa pensée, développer ses
propres représentations, élaborer ses structures cognitives et faire une validation sociale de ses
nouvelles connaissances (Henri & Lundgren-Cayrol 1998). Cette démarche donne aux
apprenants une opportunité de travailler individuellement et collectivement. Elle encourage
l’interaction et exploite les cognitions (cf. Hutchinson 2000, point 3.6), réparties au sein de
l’environnement. Ainsi les apprenants, en plus de leur responsabilisation, ont la liberté de
faire le choix des stratégies d’apprentissage qui leur conviennent et de réinvestir dans la tâche,
tout en jouant plusieurs rôles en même temps (Henri & Lundgren-Cayrol, 2001, p. 14 en
ligne). Ceci contrairement à l’apprentissage coopératif dans lequel les apprenants sont soumis
à l‘autorité de l’enseignant qui distribue les rôles aux membres du groupe en sous-tâches,
détermine les objectifs, les tâches ainsi que les ressources à utiliser, et supervise la répartition
83
du travail entre les différents membres ainsi que la réalisation finale (Retornaz, 2008, p. 7). La
définition d’Henri & Lundgren-Cayrol (2001), reprise par Aimard (2005), met l’accent sur
plusieurs éléments qui servent de fondements à l’apprentissage collaboratif.
Dans son article paru en ligne, Mrowa-Hopkins (2000) a démontré comment le travail
collaboratif autour de l’ordinateur avait un impact direct sur l’apprentissage d’une langue en
soulignant:
Dans la mesure où l’utilisation des technologies nouvelles est adaptée aux besoins
d’un apprentissage individualisé, les enseignants de langues sont contraints de
réévaluer leur propre savoir-faire pédagogique. Il convient de se demander dans
quelle mesure la dynamique sociale qui caractérise les échanges dans un climat de
travail en collaboration autour de l’ordinateur peut être plus enrichissante pour
l’apprentissage des langues. Plus particulièrement, […] dans quelle mesure cette
dynamique peut favoriser la performance orale par rapport à un travail de groupe
dans une classe traditionnelle. Le présent article offre une perspective nouvelle sur le
potentiel d’apprentissage que peut apporter l’utilisation des technologies de
l’information et de la communication (2000 :207-223).
Nous souscrivons également au point de vue de Dillenbourg (1999) pour qui la collaboration
implique chez les apprenants une intention commune et un effort mutuel et coordonné de
résolution de problème. La coopération fait, quant à elle, appel à une plus grande division du
travail.
les aider à faire le travail demandé (la production) et donc à apprendre. Ceci nous amène au
point suivant qui abordera les concepts de cognition distribuée, socialement partagée, dans
l‘apprentissage des langues.
La cognition distribuée /socialement partagée attire notre attention sur le rôle fondamental que
joue les artefacts dans le processus de travaux collectifs. Ces artefacts peuvent être
environnementaux et sociaux et ils constituent une étape indispensable dans toute démarche
des activités coopératives. Si cette position est largement acceptée, on pourra alors dire que
l’action distribuée implique que les acteurs partagent avec plusieurs autres acteurs dans
l’environnement matériel, social et culturel.
Des auteurs s’attachent pour dire que dans la cognition distribuée /socialement partagée,
l’action fait appel à d’autres ressources matérielles, sociales et culturelles en plus des
ressources linguistiques (cf Hutchinson, 2000, Conein, 2004).
Perkins (1995), parle « d'individu-plus » pour désigner l'ensemble des ressources mobilisées
pour traiter une situation, celles-ci incluant à la fois celles disponibles chez l'individu, et celles
fournies par l'environnement. Pour lui, l'individu et son environnement constituent un système
cognitif répondant à l'hypothèse d'accès équivalent entre les connaissances disponibles à partir
de la mémoire de l'individu et de l'environnement. Ce qui importe, c'est le type de
connaissance, la manière dont elle est représentée et ses modalités d'accès, mais non l'endroit
où elle se situe.
Salomon insiste beaucoup sur le rôle des contextes culturels et sociaux dans lesquels les
activités prennent place. En particulier, si on veut assurer une certaine généralisation aux
compétences acquises, à travers des dispositifs favorisant l'apprentissage distribué, il est
essentiel que ces compétences soient perçues, comme socialement et culturellement
importantes. Pour cela, il est essentiel que ces activités soient situées, c'est-à-dire qu'elles
soient placées dans des contextes significatifs pour les sujets qui apprennent.
85
On peut percevoir l’apprentissage comme une activité sociale donc contextualisée. Dans une
telle situation, l’apprenant doit à la fois interagir pour apprendre et apprendre pour interagir,
afin que son acquisition se mette en place. Cette théorie postule que l’on n’apprend bien que
dans un contexte qui ressemble le plus possible aux conditions dans lesquelles ce qui est
appris devra ensuite être mis en œuvre. Autrement dit, le contexte joue un rôle très important.
En résumé, l’accent est mis sur le contexte, sur l’authenticité des activités, sur le travail
collectif, comme le laissent voir les tenants de cette théorie (Brown, Collins & Duguid, 1989).
En somme, on peut dire que pour les tenants de cette approche, apprendre c'est participer aux
pratiques sociales d'une communauté (dite « communauté de pratique »). On passe d’une
vision essentiellement individuelle de la cognition à une vision beaucoup plus sociale et
culturelle (Legros & Crinon, 2002 : 57).
Giardina affirme:
[…] l’apprentissage « situé » peut être défini comme étant l’activité par laquelle la
connaissance est construite et déployée. L’apprenant bâtit une compréhension significative à
travers sa participation continue, et son implication accrue dans son propre processus
d’apprentissage, par l’utilisation et la compréhension d’informations et de fonctionnalités, lui
permettant de simuler et d’interagir avec des situations authentiques. Le concept
d’authenticité est central à plusieurs autres études définissant le processus d’apprentissage en
termes de continuum entre un état de compétences et connaissances et qualifie de novice un
état d’expert. (1999: 23).
86
Porquier et Py apportent l’éclairage suivant sur l’apprentissage situé, position que nous
adoptons :
Tout apprentissage peut ainsi être envisagé, soit comme une activité idéalement dégagée de
toute contrainte extérieure, autrement dit comme un ensemble d’opérations cognitives
indépendantes des contextes où elles s’effectuent ; soit comme une activité dont la nature
même, est de se développer dans un environnement, dont les spécificités vont lui confier sa
forme et son contenu, autrement dit comme un processus situé pragmatiquement,
historiquement, géographiquement et socialement. Ou plutôt comme les deux à la fois : on
apprend toujours dans des circonstances particulières mais on ne peut réellement parler
d’apprentissage, que si les savoirs acquis accèdent à une certaine autonomie par rapport à
ces circonstances, autonomie qui les rend à la fois disponibles et utiles pour d’autres usages.
Autonomie et dépendance des connaissances par rapport aux circonstances de leur
ontogenèse ne seraient alors pas dissociables. (2004 :6)
En somme, nous comprenons que lors de l’apprentissage contextuel ou situé, par exemple,
l'apprenant doit être rapproché le plus possible du monde réel, dans lequel il est plongé et
dans des contextes qui simulent le monde et qui de ce fait situent la cognition. Afin de
compléter notre réflexion sur les théories d’apprentissages, il nous paraît intéressant
d’évoquer le courant pragmatiste comme un prolongement du constructivisme.
Pour les fonctionnalistes, ou pragmatistes, (aux USA, William James, Stanley Hall et John
Dewey (1899), l’apprentissage est vu comme une activité de transformation comprenant
nécessairement deux niveaux : l’action (faire, expérimenter, vérifier…) et la réflexion sur
l’action (comprendre, raisonner, prédire…). Il ne peut y avoir apprentissage sans à la fois
l’action et la réflexion (le fameux « learning by doing » de Dewey).
87
Nous retenons que si l’on veut faire apprendre, il faut amener les élèves à faire, à agir, à
pratiquer et aussi à réfléchir sur ce qu’ils font (là sont les fondements théoriques des méthodes
dites « actives » et « directes »). Ainsi cette façon de procéder nous intéresse aussi dans notre
recherche, car elle nous fait penser à la pédagogie du projet qui correspond au Learning by
doing et du point de vue épistémologique, la connaissance se construit ici plus qu’elle ne se
transmet. Après ce panorama sur l’apprentissage en général, procédons à une synthèse qui
amène le lecteur à comprendre la raison du choix de chaque théorie évoquée dans cette thèse.
3.8 Synthèse
Ce parcours sur les théories d’apprentissage générales nous a conduite à évoquer un certain
nombre de théories d’apprentissage qui ont influencé notre choix de cadres théoriques,
notamment le béhaviorisme. Ce courant décrit l’apprenant comme une sorte de réceptacle
dans lequel l’enseignant doit déverser des informations, celui-ci jouant un rôle de
transmetteur. Ce courant rend compte de l’apprentissage en termes d’association stimulus-
réponse et de conditionnement néo-réflexe obtenu par répétition, tâtonnement expérimental
(essai-erreur), imitation ou application analogique de réussite ou d’échec. Nous remarquons
que les béhavioristes s’intéressent particulièrement aux comportements observables des
individus et ne se préoccupent pas des processus mentaux internes qui interviennent dans
l’apprentissage. Du point de vue de l’enseignement, le béhavioriste considère l’apprentissage
88
Quant aux constructivistes, nous retenons que l’apprenant va donc apprendre à connaître le
monde qui l’entoure par les opérations qu’il exerce sur son environnement. Il va donc
apprendre par l’intermédiaire de ses représentations. Les conceptions initiales sont au cœur
du processus d’apprentissage. L’apprentissage est une activité de recherche du sens, c’est
grâce aux obstacles, source de déséquilibres, que le sujet va construire des connaissances
nouvelles. L’apprenant va être actif dans son apprentissage, et il faut le mettre devant des
obstacles pour l’amener à s’interroger sur ses représentations personnelles. En ce sens, nous
voyons l’apprentissage transmissif, devenir constructif grâce à la participation active de
l’apprenant. Cette théorie nous intéresse pour ce travail de thèse.
Le socioconstructivisme nous intéresse, car c’est une théorie qui met l’accent sur la
dimension relationnelle de l’apprentissage.Issu en partie du constructivisme, le
socioconstructivisme ajoute la dimension du contact avec les autres, afin de construire ses
connaissances.Il remet également en cause certains principes du cognitivisme, centrés sur des
mécanismes individuels, et actualise des approches théoriques qui insistent davantage sur les
dimensions sociales dans la formation des compétences.Il attribue aux enseignants le rôle de
guide, d’accompagnateur et c’est cela qui se corrobore avec l’intérêt que porte la présente
étude.
Selon cette théorie, un apprentissage ne peut être significatif que dans la mesure où il revêt
un sens pour l’élève.
La construction d’un savoir, bien que personnelle, s’effectue dans un cadre social.
Les informations sont en lien avec le milieu social, le contexte culturel et proviennent à la
89
fois de ce que l’on pense et de ce que les autres apportent comme interaction.
• la dimension sociale qui fait référence aux partenaires en présence : les autres étudiants
et l’enseignant.
D’après la théorie cognitiviste, nous retenons que l’activité mentale est structurante.
L’individu possède un système cognitif et une organisation propre.
Il traite le matériel présenté d’après les stratégies construites préalablement, non selon les
caractéristiques relatives au sujet du matériel mais surtout, selon les stratégies cognitives
applicables à ce matériel.
La connaissance qu’un individu possède déjà détermine ce que cet individu peut apprendre
Chez les fonctionnalistes, nous retenons que si l’on veut faire apprendre, il faut amener les
élèves à faire, à agir, à pratiquer et aussi à réfléchir sur ce qu’ils font. Cette manière de faire
correspond à la pédagogie du projet qui correspond au Learning by doing de J Dewey. Du
point de vue épistémologique, la connaissance se construit ici plus qu’elle ne se transmet.
90
Donc pour mener à bien notre expérimentation (cf. chapitres 7, 8) nous adoptons une partie
de chaque courant théorique et nous rejetons les éléments qui ne nous conviennent pas. Nous
nous attachons tout particulièrement à la pédagogie de la construction et co-construction, dans
lesquelles l’apprenant construit et co-construit son savoir par l’action, à l’aide des macro-
tâches que les supports des TIC traditionnels ne favorisent pas.
Nous retenons par ailleurs que l’apprenant doit jouer un rôle actif pour construire ses
connaissances, et l’enseignant doit l’aider à bâtir cette construction et ne pas seulement se
contenter de les transmettre. Arrivée à ce stade, nous menons une réflexion sur les deux
concepts de pédagogie et de didactique. Le parcours de ces deux concepts nous conduit à
revoir les rôles des apprenants et des enseignants avant et après la venue de la Technologie.
Comme signalé ci-haut, à ce stade de notre réflexion, nous comptons évoquer brièvement le
concept de triangle pédagogique de Houssaye (1998). Nous évoquons ce concept, car la
relation dont il parle est un système de référence explicatif qui est fondé sur les relations entre
3 pôles. Concernant son application à l’enseignement, selon ce schéma, il y a toujours une
relation privilégiée qui s’opère au détriment de l’autre. On y distingue le processus
d’enseigner qui est la pédagogie de la transmission, ainsi l’apprenant est mis en situation de
passivité. Il y a aussi une rencontre entre le savoir et l’apprenant à laquelle correspond la
relation savoir-apprenant.
Le parcours du concept de triangle pédagogique nous conduit à revoir le rôle des apprenants
et des enseignants après la venue de la technologie de l'information et de la communication.
Cette dernière permet de créer une organisation des apprentissages dans laquelle les
apprenants ont à échanger, interagir et s’aider mutuellement, ce qui n'est pas le cas du concept
de J Houssaye. Mrowa-Hopkins, dans un article en ligne consulté le 27 avril 2011 souligne
Les rôles des étudiants et des professeurs dans la relation pédagogique n'étant plus les
mêmes depuis l'irruption des technologies de l'information et de la communication
dans les classes de langues. (2000).
91
Enseignant
Former Enseigner
Élève Savoir
Dans son modèle de compréhension pédagogique, Jean Houssaye (1989) nous montre que
l’enseignant est celui qui a quelques enjambées d’avance sur celui qui apprend, et à qui il
transmet ou fait apprendre le savoir. Quant à l’étudiant, il acquiert le savoir grâce à une
situation pédagogique, mais ce savoir peut aussi être du savoir-faire, du savoir-être, du savoir-
agir, du faire-savoir. Cette pédagogie de simple transfert de l’enseignement vers
l’apprentissage et que l’apprenant enregistre ce qui est communiqué, nous amène à souligner
que l’apprentissage ne peut être ni simple, ni linéaire, ni continu. L’apprenant est censé
apprendre en s’adaptant à un milieu ; c’est en agissant sur le monde qu’il apprend. Nous
reconnaissons que dans le domaine de l’apprentissage d’une L2, il existe de nombreux
modèles comme le triangle de Houssaye, le modèle de repérage (noticing), etc. (cf. J. P.
Narcy-Combes, 2005, p. 58-63),cf 4.3.1.5. Nous centrons notre propos sur le modèle de
repérage car il nous paraît le plus pertinent pour notre recherche-action.
Le triangle de Houssaye nous mène donc à nous interroger et à mieux situer notre travail, est-
ce la relation « former », la relation « apprendre » ou bien la relation « enseigner » ? Pour
répondre à ces interrogations il est important de préciser la différence entre la didactique et la
pédagogie. Il nous semble aussi pertinent d’adopter un point de vue sur les axes apprenants-
savoir ou enseignant-savoir du triangle pédagogique traditionnel de Houssaye. Nous
examinons également la situation d’enseignement/apprentissage de la L2, sous l’angle du
dispositif mis en place ou sous l’angle de l’environnement dans lequel se déroule cette L2.
Dans les lignes qui suivent, nous allons distinguer les deux concepts que sont la didactique et
la pédagogie.
La didactique d’une discipline est la science qui étudie, pour un domaine particulier, les
phénomènes d’enseignement, les conditions de la transmission de la culture propre à une
institution et les conditions de l’acquisition de connaissances par un apprenant. La relation
didactique est le rapport qu’entretient l’enseignant avec le savoir, et qui lui permet
d’enseigner comme démontré par la figure 1.2 ci-dessous. Cette didactique donne les moyens
de prendre le recul épistémique nécessaire et amène l’enseignant à appréhender des données -
celles que peut fournir l’observation d’une de ses classes par exemple - en évitant les écueils
d’une rationalisation trop hâtive.
Enseignant
Elève Savoir
« Toute activité déployée par une personne pour développer des apprentissages précis chez
autrui ». A cette définition s’ajoute la précision suivante : « pour Smith, philosophe
pragmatiste, la pédagogie est une action et cette action vise à provoquer des effets précis
d’apprentissage. (1997 : 263-265)
[...] la didactique étudie les interactions qui peuvent s’établir dans une situation
d’enseignement /apprentissage entre un savoir identifié, un maître dispensaire de ce
savoir et un élève récepteur de ce savoir. (Ibid.)
Son objet est de délimiter la nature du savoir en jeu, des relations entre le savoir, le professeur
et les élèves, de gérer l'évolution de ces savoirs au cours de l'enseignement.
Pothier (1998) constate que Le Petit Robert (2000) parle indifféremment de didactique ou de
pédagogie des langues, les renvoie l’une à l’autre. C’est pour montrer que malgré les
différences, en réalité dans la pratique de l'enseignement, pédagogie et didactique ont
beaucoup de points de convergences.
94
Elle énonce aussi que selon Cornu et Vergnioux (1992 : 10), la pédagogie, c’est « tout ce qui
concerne l’art de conduire et de faire la classe, ce qui relève de ce qu’on a pu autrefois appeler
la discipline, mais aussi l’organisation et la signification du travail. L’exercice de cet art et la
réflexion sur ses ressources et ses fins sont ici associées ».
Les didactiques concernent, quant à elles l’art ou la manière d’enseigner, les notions propres à
chaque discipline, et même certaines difficultés propres à un domaine dans une discipline.
La didactique fait l’hypothèse que la spécificité des contenus est déterminante dans
l’appropriation des connaissances, tandis que la pédagogie porte son attention sur les
relations entre l’enseignement et les élèves, et entre les élèves eux-mêmes.
(1998 :p.266).
Une définition améliorée ou moderne de la didactique est proposée par Bailly, pour qui ce
terme :
On pourra donc synthétiser en posant que la didactique serait le savoir scientifique lié à la
discipline de l’enseignant, et que la pédagogie serait son savoir-faire, selon les termes de
Narcy-Combes (2005 :130). Ainsi il semble pertinent de signaler qu’une synergie entre les
deux serait évidemment nécessaire pour prendre en compte tous les paramètres qui
interviennent dans l’acte d’apprendre et d’enseigner.
Pothier observe :
La didactique des langues fait objet de multiples définitions, mais nous allons opérer des
choix.
La didactique des langues se définit comme un va-et-vient entre les réalités du terrain
pédagogique (la classe des langues) et les aspects de la réflexion théorique dans les
domaines scientifiques concernés. (1998 : 31)
96
Pour Puren :
Quant à Narcy-Combes :
Pour cet auteur, la didactique des langues n’est pas isolée, elle subit les influences de
nombreuses sciences de référence.
Un autre auteur nous montre que la didactique des langues établit le lien entre l’enseignement
et l’apprentissage. Autrement dit, c’est une liaison entre le savoir dispensé et l’apprenant.
La didactique des langues a pour objet la relation entre les actions d’enseignement,
celles d’apprentissage et la transformation des premières en secondes. (1988 :175)
Ce même auteur souligne que la didactique des langues est la discipline qui s’efforce de
mieux comprendre, comment des actions d’enseignement peuvent engendrer des actions
d’apprentissage, afin de proposer des moyens favorisant le passage de l’un à l’autre.
(Richterich, 1996 : 57).
Dans toutes ces définitions, nous retenons que la didactique des langues est un lien entre
l’enseignement et l’apprentissage. C’est aussi une discipline d’observation, de réflexion et
d’intervention. Elle n’est pas du tout isolée, au contraire elle se trouve au carrefour de
nombreuses sciences de référence. Ainsi on pourrait déduire que ces paramètres délimitent le
rôle de l’enseignant dans ses œuvres et l’apprenant dans son effort de compréhension et
d’appropriation de la langue.
97
3.9.3 Synthèse
Ces définitions nous conduisent vers une série de réflexions. Elles démontrent que l’objet de
la didactique relève aussi bien de la description que de l’action, tout en restant dans le champ
de la praxéologie. Elles décrivent les apprentissages en milieu institutionnel, et c’est là que se
limite la didactique pour nous. Donc, examiner les deux concepts de pédagogie et de
didactique sous l’angle d’enseignement/apprentissage de la L2, basé sur le dispositif et
l’environnement, permet de déduire que l’apprentissage ne devrait pas être un simple transfert
de connaissance. L’apprentissage n’est ni simple, ni linéaire, ni continu. L’apprenant est censé
apprendre en s’adaptant à un milieu ; c’est en agissant sur le monde qu’il apprend. Par
ailleurs, une réflexion sur les deux concepts de la didactique et de la pédagogie ont conduit à
démontrer que l'objet de la didactique est une réflexion sur la pratique, une praxéologie
centrée sur le savoir, qu’elle prend ses distances avec l’immédiateté pédagogique. Ainsi, elle
permet à l’enseignant de prendre la distanciation par rapport à sa pratique de classe. Quant à
la pédagogie, elle serait l’environnement dans lequel se déroule le savoir-faire. Donc il
apparaît clair que la didactique est plus orientée vers le savoir, tandis que la pédagogie est
plus axée vers les conditions et l’environnement dans lesquels va se dérouler ce savoir.
Dans le chapitre suivant nous envisageons de préciser ce qu’est, apprendre une L2 en vue de
développer une réflexion épistémologique sur quelques concepts attachés à ce domaine.
98
CHAPITRE 4 APPRENDRE LA L2
Avant d’aborder cette question, il paraît pertinent de préciser le terme « langue » du point de
vue épistémologique, puisque sa précision aidera à montrer comment l’exposé technique oral
se conjugue avec le schéma de l’acquisition de Langue 2, (notre première question de
recherche). De plus, nous nous arrêterons sur la notion de langue afin de comprendre
comment le processus d’acquisition se réalise, pour arriver à la production. Nous ne pourrons
évidemment pas étudier tous les aspects de cette acquisition, puisqu’il s’agit d’un domaine
infiniment vaste, mais nous essaierons d’en dégager l’essentiel pour approfondir notre
réflexion et aider au développement de cette recherche.
Pour ce faire, à la suite de Narcy-Combes 2005, il est souhaitable d’évoquer le concept de
relation transductive, proposé par Simondon (1989). Dans ces relations, chaque élément qui le
compose est indissociable des deux autres, et pourtant, il est souvent traité isolément. Ces
deux relations sont d’une part les langages, discours-paroles, et d’autre part les langues,
cultures et contenus (cf. Narcy-Combes 2005). Ce concept présume une relation transductive
que représente le schéma suivant :
Humain Société
Technologie
Selon ce schéma, le langage serait une technologie comme le propose Auroux (2001):
dictionnaires, que l’on doit concevoir comme des outils technologiques capables de
concevoir et de réguler notre communication. (2001:175)
En d’autres termes, la technologie serait la parole, (le discours) qui est la réalisation physique
de ce langage, et la langue. Cette dernière est d’abord appréhendée comme système, puis
comme outil de communication qui reflète les différentes formes que les divers groupes
humains donnent à la parole, J.P. et M.F. Narcy-Combes (2007:74).
L’argument qui en découle serait que cette relation nous incite, à ne pas oublier que les tâches
que nous proposons aux apprenants gagnent à être réalistes, à correspondre à ce qu’ils
accomplissent dans la vie courante, et à avoir une authentique validité discursive. (Narcy-
Combes: 2006).
Une deuxième relation transductive serait la langue, la culture et le savoir, que représente le
schéma suivant :
Langue Culture
Savoir(s)
Selon Narcy-Combes (2006), cette relation impose d’inclure un contenu qui correspond à un
savoir ou à un domaine défini, et qui doit être présenté de façon culturellement authentique, si
l’on veut donner aux plus grand nombre d’apprenants un cadre qu’ils acceptent parce qu’il
leur paraît légitime.
Enfin, en sciences du langage, une troisième relation serait ce que représente le schéma ci-
dessous :
Langage Parole/discours
sssss
Langue
100
Un regard sur le concept d’énonciation nous conduit à avancer que cela correspond à la mise
en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation. Selon les termes de
Benveniste, (1970): l’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en
discours. L’acte individuel par lequel on utilise la langue, introduit d’abord le locuteur
comme paramètre dans les conditions nécessaires à l’énonciation. Avant l’énonciation, la
langue n’est que la possibilité de la langue. Après l’énonciation, la langue est effectuée en
une instance de discours, qui émane d’un locuteur […] et qui suscite une autre énonciation en
retour. Quant à Jacobson, (1969), l’énonciation est un acte individuel de production d’un
énoncé qui implique un procès (acte de discours) et des protagonistes (ceux qui parlent).
En résumé, on peut dire que les énonciativistes étudient la langue dans son utilisation en
considérant l’activité de l’énonciateur et du co-énonciateur, comme l’acte de construire et
reconstruire du sens (Grosbois 2007:38). Par ailleurs, Narcy-Combes souligne qu’apprendre
une L2 est un phénomène culturel autant que langagier. C’est une co-construction d’une
culture dans les interactions et sensibilisations des apprenants aux effets interculturels (2005).
On peut en déduire qu’apprendre une L2, se réalise avec les autres. C’est aussi le moment où
intervient la notion de zone proximale de développement. C’est avec l’aide de ses pairs, bien
plus que de l’enseignant qu’un apprenant apprend à faire, à utiliser. Ainsi à partir de ce que
nous venons d’évoquer ci-dessus, on est logiquement conduit à une position qui rejoint
l’approche actionnelle.
Apprendre une L2 suppose une construction dans l’interaction avec autrui, c’est à-dire une co-
construction. L’apprentissage de la L2 s’inscrit alors dans la théorie de l’action à caractère
social, car l’apprenant agit avec un partenaire en communiquant avec lui, ainsi que le rappelle
le Cadre européen, ainsi que le démontre la perspective actionnelle. L’intérêt de cette dernière
en didactique des langues, est de remettre au centre de la réflexion didactique les acteurs
sociaux que sont les enseignants, les apprenants et leurs coactions. Comme le relève C. Puren
(2006).
101
L’agir communicationnel est dorénavant l’un des aspects de l’agir ensemble, non le
type exclusif d’action à privilégier.
4.1.1 Synthèse
Apprendre une L2 suppose alors une construction dans l’interaction avec autrui, c’est-à-dire
une co-construction. L’apprenant ne peut pas se développer s’il ne se confronte pas à l’autre.
Dans son interaction avec l’autre, l’apprenant peut construire de l’extérieur et ensuite
l’intérioriser pour son propre développement. L’apprentissage de la L2 s’inscrit alors dans la
théorie de l’action à caractère social: l’apprenant agit avec un partenaire en communiquant
avec lui, comme le rappelle le Cadre Européen, qui va dans le sens des références
scientifiques sur lesquelles nous prenons appui.
La perspective privilégiée ici est [...] de type actionnel, en ce qu’elle considère avant tout
l’usager et l’apprenant d’une langue, comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches
(qui ne sont pas seulement langagières), dans des circonstances et un environnement donnés, à
l’intérieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de parole se réalisent dans des
activités langagières, celles-ci s’inscrivent elles-mêmes à l’intérieur d’actions en contexte
social, qui seules leur donnent leur pleine justification. (2001:15)
La langue étrangère sert aussi, au même titre que la langue maternelle, mais sous des
formes différentes, à transmettre des significations, des intentions, des désirs, des
opinions, des demandes d’information. Elle sert à agir et à faire agir ; c’est en
102
utilisant cette langue avec ses camarades que l’élève [nous ajoutons l’apprenant],
apprend à s’en servir comme d’un instrument. (1998 :4)
Ainsi, cela revient au didacticien de la classe de langue, de créer des conditions d’échange
pour les apprenants. Dans la lignée de « l’approche communicative », le CECR remet en
cause le centrage sur la forme dans l’apprentissage des langues, et propose un renouvellement
des activités en classe, en insistant sur la nécessité d’un apprentissage finalisé de la langue,
inscrit dans l’accomplissement de tâches, langagières ou non. On retrouve là, la pédagogie
chère à Dewey du « learning by doing », la « task-based learning »» de Nunan (1989) ou bien
encore ce que l’on connaît en France sous l’appellation de « pédagogie du projet » (cf.
Bordallo, Ginetstet 2006). Un autre point important est que l’acte de parole, unité
emblématique de l’approche communicative pour la conception de séquences didactiques, ne
joue plus un rôle aussi central. Les auteurs du Cadre précisent bien en effet que « si les actes
de paroles se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s’inscrivent à l’intérieur
d’actions en contexte social, lesquelles leur donnent leur pleine signification ». Conseil de
l’Europe. (2001a:15)
Ici, on constate que cette approche actionnelle dépasse alors « l’approche communicative »
dans la mesure où l’on va au-delà, d’une part du centrage sur l’apprenant, et d’autre part de la
communication comme une fin en soi. L’apprenant rencontre ainsi, dans l’interaction et la
médiation, des obstacles qui le déstabilisent, l’amènent à prendre du recul, ce qui lui permet
de progresser en déconstruisant, construisant et reconstruisant le sens dans un contexte de
communication. Cette observation fait ressortir, somme toute, l’importance et la pertinence de
la communication dans l’acquisition de L2. C’est beaucoup plus dans le cadre des interactions
et des échanges entre des individus en train de construire du sens. En adéquation avec la
notion de la communication, il est ainsi important de préciser dans cette perspective, le
concept de communication (cf. 4.2), avant d’examiner les principes qui régissent
l’apprentissage d’une L2. Cette dernière sera examinée en prenant appui sur les théories de
l’acquisition et l’approche socioculturelle. Ensuite nous cernerons l’impact de notre
positionnement théorique sur le plan didactique.
103
Ici, la communication est vue comme un échange d’information entre deux partenaires.
La définition que je viens de faire ne suffit pas pour proclamer que la communication
devrait être nécessairement la notion centrale de l’enseignement, mais dans
l’apprentissage (1983:196-197)
Une autre définition, qui complète la précédente, est donnée par Dawson :
La communication est vue comme un acte pour générer quelque chose, autrement dit elle joue
un rôle utilitaire dans un échange donné. Ainsi, mettant l’accent sur l’aspect utilitaire et
pratique de la communication. Pour les chercheurs de Palo Alto, la communication est un
système. Ce dernier est un ensemble d’éléments qui entretiennent des relations entre eux.
Dans une interaction, tout fait signe et est interprété (énoncé, milieu, situation, gestualité,
mimique, proxémique…) parfois différemment par les interactants. La communication n'est
pas une simple transmission d’informations, un individu participe à la communication en tant
qu’élément d’un groupe. Il n’existe pas de non-comportement (« on ne peut pas ne pas
communiquer »). Toute communication est à la fois négociation sur un contenu et une
relation. La nature des relations dépend de l’interprétation des séquences par les partenaires.
Tout échange s’organise par symétrie ou complémentarité.
Cette définition, qui met l’accent sur les connaissances préalables nécessaires à l’orateur pour
atteindre les buts communicatifs qu’il s’est fixés, paraissait importante à prendre en compte
dans le contexte de cette étude. En effet, les apprenants à qui nous allons faire faire une
présentation technique, n’auraient probablement pas les connaissances pragmatiques et
linguistiques du discours comme l’indique C. Raisanen (2002:91).
Une autre définition de la compétence de communication, donné par D. Nunan, indique qu’il
s’agit de :
The ability to use language effectively to communicate in particular contexts and for
particular purposes. Communicative competence is said to consist of four subsidiary
components: grammatical competence, sociolinguistic competence, discourse
competence, and strategic competence (1993:117).
105
De cet extrait, nous retenons que l’apprentissage - qui est le but que recherche l’apprenant - se
réalise dans le cadre des activités de communication et par le moyen de ces activités.
Autrement dit que l’acquisition des L2 se fait par le moyen de la communication. Ce point de
vue de Porquier et Py est complété par celui de Bange (2000).
Selon ce dernier, l’appropriation des langues se fait par le moyen de la communication. C’est
en communiquant qu’on apprend à utiliser peu à peu une langue, c’est-à-dire un système
linguistique et un ensemble de conventions pragmatiques ancrées dans un système
socioculturel de représentations, et de savoirs sur le monde. Il est évident que c’est dans
l’interaction avec des partenaires sociaux compétents que l’enfant construit peu à peu, pour
son propre compte, cet ensemble préexistant de savoirs conventionnels, qui marque son
accession progressive au statut de sujet cognitif et de partenaire social. (1992:54).
106
Ce qu’on peut observer avant tout chez Bange est que la réciprocité dans la communication
permet aux interactants de construire du sens communément. Ainsi, l’acquisition qui est le but
recherché dans cette thèse se réalise dans le cadre de la communication, en particulier par des
activités de production.
4.2.2 Synthèse
Dans les parcours ci-dessus, nous avons dû nous familiariser avec le concept de la
communication en clarifiant son importance dans l’apprentissage de L2. Le terme
communication peut être envisagé comme étant une activité sociale organisée, un échange
entre au moins deux individus situés socialement. Elle passe par une négociation du sens.
Cette observation nous conduit à nous interroger sur le rôle de l’interaction et de la
négociation du sens inhérents à l’activité de communication, en matière d’apprentissage
d’une L2. Il va de soi que la communication est centrale dans le processus d’apprentissage.
Ainsi, ce panorama sur le rôle de l’interaction et la négociation dans la communication nous
permet de faire un lien entre les activités communicatives en matière d’apprentissage, ainsi
que les théories qui partagent l’importance du rôle de l’interaction et de la négociation du
sens. L’objectif est d’arriver à l’appropriation de L2.
Pour examiner le fondement théorique de l’acquisition de L2, nous nous baserons sur les
théories d’acquisition et les théories socioculturelles, qui partagent toutes les deux
l’importance du rôle de l’interaction et de la négociation du sens.
En partant de son hypothèse initiale, Krashen (1981 et 1982) instaure une dichotomie entre ce
qu’il appelle l’acquisition des langues (language acquisition) et leur apprentissage (learning).
Selon lui, il existe deux processus distincts, et en partie exclusifs l’un de l’autre permettant
l’appropriation des langues par les enfants ou par les adultes en situation naturelle ou
107
institutionnelle. Ces deux processus ne peuvent pas coexister. Pour lui l’acquisition est un
processus subconscient, implicite, tandis que l’apprentissage est conscient et explicite. Pour
caractériser les deux concepts de l’apprentissage et de l’acquisition de Krashen, nous
empruntons son tableau relatif au sujet (basé sur Krashen 1982a:10 et Krashen 1994:45)
synthétisé par Pallotti (2002).
ACQUISITION APPRENTISSAGE
APPROPRIATION DE LA L2
Inconsciemment Consciemment
Implicitement Explicitement
Incidemment Intentionnellement
CONNAISSANCE DE LA L2
Inconsciente Consciente
Sans savoir sur les règles Avec savoir sur les règles de grammaires
Ce modèle a été contesté car il donne l’impression que les deux fonctionnements, conscients
et subconscients, sont dissociés. Krashen (1981), Zobl (1995), et Hulstijn (2002) adoptent une
position de non-interface, à savoir que la connaissance explicite ne traduit pas en une
connaissance implicite. Ils dissocient les deux fonctionnements dans l’acquisition de L2.
La relation entre la connaissance implicite et explicite a été contestée également. Selon Besse
et Porquier 1991 […]
Explicit knowledge refers to knowledge about language that speakers are aware of
and, if asked, can verbalize.
A travers le débat ci-dessus, nous avons voulu démontrer d’une part la distinction, entre la
dichotomie acquisition et apprentissage que préconise Krashen, pour ensuite comprendre la
différence entre connaissances implicites et connaissances explicites. Ainsi, les arguments ci-
dessus nous amènent à rejeter cette dichotomie que postule Krashen. L’acquisition et
l’apprentissage sont en fait deux processus inséparables, mais il existe toutefois des traits
généraux qui distinguent l’un de l’autre, nous les avons montrés dans le tableau 3 ci-dessus.
Nous adoptons au contraire la conception de l’apprentissage d’une L2 qui s’inscrit dans une
tradition constructiviste (cf. 3.2.2.1), où l’apprentissage se réalise par la résolution de
problèmes dans le cadre d’actions orientées vers des buts, et dans laquelle les processus
explicites et implicites, déclaratifs et procéduraux, s’articulent les uns aux autres. Griggs et al
(2002).
110
Nous adoptons également les deux définitions proposées par Pierre Bange :
Cet auteur apporte ici les précisions suivantes : l’apprentissage ne précède pas l’acquisition,
mais les processus interactionnels constituent la première étape des processus acquisitionnels.
Selon lui, deux facteurs externes déclenchent l’acquisition de L2 - les processus
intrapsychiques et le contexte. Nous pouvons donc conclure que le contexte de l’apprentissage
joue un rôle primordial dans le développement cognitif qui conduit à l’acquisition de L2. Les
études interactionnistes s’inspirant des travaux de Piaget valident cette position théorique.
Dans le point suivant, nous allons d’abord appréhender les théories d’acquisition pour
démontrer que tous les facteurs qui composent ces théories jouent un rôle très important dans
l’acquisition de L2. Ensuite, nous allons définir les trois phases principales qui accompagnent
le processus d‘acquisition d‘une langue : input – intake - output. Nous allons nous concentrer
plus particulièrement sur la gestion du sens et le repérage dans l’acquisition, car ces deux
derniers sont des concepts clés pour l’acquisition de L2. Puisque notre recherche vise à
comprendre, comment encourager le développement de performances langagières attendues
en production orale des apprenants (cf. 0.1), il nous paraît crucial d’évoquer le processus
d’acquisition pour arriver, par la suite à développer la production langagière orale en classe de
L2 à MUBS.
111
Tous les facteurs de l’acquisition jouent un rôle crucial dans l’acquisition de L2. Mais toutes
les entrées, même compréhensibles ne conduisent pas à la production. Cette dernière étant
l’objectif de l’apprentissage de L2. Les théories de l’acquisition nous rappellent par ailleurs
que l’acquisition ne se fait pas correctement s’il n’y a pas de traitement en profondeur (deep
processing), ni d’observation active, ni de repérage (noticing) (Narcy-Combes 2005:44). Il est
important de noter que le repérage (noticing) serait facilité par un traitement que l’on fait
subir à l’input (input enhancement) (Ellis 1994:661) et par la confrontation à une grande
quantité d’input (flooding) (Robinson 2002 pages 7, 85, 131).
Ainsi, notre attention sera portée particulièrement sur le fait d’exposer les apprenants à une
grande quantité d’input, car, pour parvenir à produire, l’apprenant de L2 a besoin de traiter du
sens, de focaliser son attention et d’être conscient que toutes les activités cognitives sont
« nativisées » (cf 4.3.1.8). Ainsi nous exploiterons le concept d’acquisition des langues et
ensuite, nous analyserons la contribution des TIC à cet apprentissage. En particulier, nous
allons nous baser sur le potentiel pédagogique des diaporamas PowerPoint, car les exposés
dont nous avons fait mention dans cette introduction vont être mis en œuvre par ce biais.
Par définition, l’input (apport en français), est « l’apport de données à partir duquel
l’apprenant va saisir celles qui l’intéressent, et qui constituent le matériau que traite
l’acquisition » (Cuq, 2003:99). Pour Gass & Selinker (1994), ce terme désigne « the language
that is available to learners, that is, exposure », (dans Faraco, 2002, en ligne). Autrement dit
l’input correspond ici à l’information produite dans la langue cible à laquelle l’apprenant est
exposé. L’input constitue donc les données auxquelles l’apprenant est exposé afin de les
traiter et en saisir ce qui lui convient pour parvenir à son output.
Pour Krashen (1982, 1985), l’exposition aux données - l’input - compréhensible serait très
importante dans le développement de L2. Par cela, il accorde une grande importance à la
quantité d’input, à laquelle est exposé l’apprenant. Autrement dit, l’apprentissage est favorisé
par un input dont la compréhensibilité, est juste au-delà du niveau actuel de l’apprenant. De
même, pour rappelle, Gass et Selinker (1994:333), désignent par le terme input « the language
that is available to learners, that is exposure. » contrairement à l’input hypothesis de Krashen,
112
cela signifie que la seule compréhension du sens d’un message ne suffit pas pour déclencher
le processus d’acquisition. Long (1983a, 1983b, 1996), en revanche, suggère que même si
l’exposition à l’input compréhensible, est certainement nécessaire, il n’est pas en soi suffisant
pour assurer l’acquisition, arguant que les apprenants peuvent non seulement être
bénéficiaires passifs, s’ils souhaitent acquérir la L2. Selon lui pour que l’input devienne
compréhensible, il faut une modification émanant de l’interaction « one way input is made
comprehensible is through ‘modification to learners’ input as a consequence of their having
signaled a lack of comprehension ». La noticing hypothesis de Schmidt (1990-2001) postule
que l’attention de l’apprenant doit être particulièrement focalisée sur la composante pertinente
de l’input (phonologique, lexicale, morphosyntaxique, discursive) pour qu’un apprentissage
puisse se produire. Swain (1985) avance qu’en plus d’être exposé à de l’input compréhensible
en grande quantité, les apprenants doivent s’entraîner pour développer les habiletés de
production.Une grande quantité de l’input devra ainsi constituer un point de départ pour
développer la production si l’apprenant doit parvenir à son output.
This modification and restructuring of interaction that occurs when learners and their
interlocutors anticipate, perceive or experience difficulties in message
comprehensibility has been referred to as negotiation ».
Elle ajoute:
A cet argument émis par Pica (1994), s’ajoute le propos de Combes-Joncheray (1999),
commenté par Narcy-Combes (2005:138): […] l’input n’a pas en fait de réalité concrète. Il
représente un encodage qui véhicule ce que l’interlocuteur a construit mentalement en
fonction de ses représentations, de son intention de communiquer et de l’image qu’il se fait de
l’autre personne dans la situation de référence.
113
Il est également clair que tout input auquel l’apprenant est exposé ne sera pas nécessairement
utilisé à des fins d’acquisition. Si tel était le cas, l’acquisition serait instantanée. Par
conséquent, l’input doit être traité, d’une façon ou d’une autre, par l’apprenant afin de pouvoir
intervenir dans le processus d’acquisition. Cette partie de l’input traitée par l’apprenant est
appelée intake (désormais saisie). Ainsi, comme ce sont les données saisies et non pas les
données de l’input, qui permettent la restructuration du système langagier en développement,
la saisie devrait recevoir autant d’attention que l’input dans la recherche en acquisition des
L2.
Pour qu’il y ait acquisition, il faut également « une gestion du sens » et un « repérage » qui
s’opèrent. Il en découle aussi que pour favoriser l’apprentissage de L2, il faut susciter l’intérêt
de l’apprenant, par une variété d‘inputs réalistes, et par la réalisation de tâches tangibles.
Ainsi nous prendrons en compte cette notion d’exposition de l’apprenant à une grande
quantité d’inputs pour favoriser l’apprentissage. Comme ce sont les données saisies et non pas
les données de l’input, qui permettent la restructuration du système langagier en
développement, la saisie ou l’intake devrait recevoir autant d’attention que l’input. Dans le
point suivant, le débat sur l’input nous mène à recenser les différents acceptions du concept de
l’intake pour ensuite apprécier son rôle dans l’acquisition de L2.
4.3.1.2 L’Intake
Pour aborder le concept de l’« intake » nous nous sommes inspirée de Wynne Wong et
Daphnée Simard (en ligne 2001). Nous sommes passée par la recension des écrits traitant des
différentes acceptions de la saisie dans les recherches en acquisition des L2. Il existe au moins
trois conceptions de la saisie : 1) la saisie comme produit, 2) la saisie comme processus et 3)
la saisie à la fois comme produit et comme processus d’acquisition. Quelques auteurs voient
également un rôle important pour la compréhension dans la saisie (VanPatten, 1996; Gass,
1997). Peu importe le point de vue adopté par les différents chercheurs, le but de notre thèse
et de notre positionnement est de montrer l’importance du rôle de la saisie dans l’acquisition
et dans l’enseignement des L2 et pour cela nous nous limitons au concept de la saisie comme
processus d’acquisition. Nous empruntons ainsi les définitions suivantes pour comprendre ce
concept.
114
La définition de Gass (1988, 1997) nous laisse comprendre qu’elle distingue 4 stades de
processus d’acquisition d’une L2 qui sont entre autres les stades suivants: 1) l’input perçu
(apperceived input), 2) l’input compris (comprehended input), 3) la saisie et 4) l’interaction.
Elle définit la saisie comme étant le processus d’assimilation des informations linguistiques
référant à une activité mentale qui gère l’input et les grammaires.
Intake is the process of assimilating linguistic material; it refers to the mental activity that
mediates input and grammars. I refer to this as selective processing. This of course suggests
that intake is not merely a subset of input. It is in the intake component that psycho-linguistic
processing takes place.
Bange (1992), pour sa part, conçoit la saisie comme un processus essentiel à l’apprentissage
auquel l’enseignant n’a pas accès et dont on ne connaît pas l’élément déclencheur.
Mais il n’y a d’apprentissage potentiel que si la réception donne lieu à intake. Et ce travail de
« saisie » est un travail purement interne de l’apprenant sur lequel l’enseignant n’a aucune
prise directe, car on ne peut actuellement rien dire sur ce qui le déclenche. (p. 78).
Selon Schmidt (1990), la saisie correspond à la partie de l’input que l’apprenant relève :«
Intake is that part of the input that the learner notices » (p. 139). Selon la définition de
Cuq :l‟intake désigne, dans un sens restreint, le traitement initial perceptif qu’effectue
l‟apprenant sur les données linguistiques auxquelles il est exposé, mais tout ce qui est saisi ne
devient pas connaissance.
Dans un sens plus large, la saisie comprend les processus d’analyse et d’intégration des
données dans le système de connaissances de l’apprenant. Elle est généralement considérée
comme la phase initiale du processus d’appropriation d’une langue étrangère (2003:218).
Il s‘agit de la « capacité d’intégrer ces informations à ses propres énoncés et, au-delà, à son
interlangue » (Py, 1994:146).
115
En somme, il existe différents point de vue sur le concept de l’intake jouant un rôle dans
l’acquisition de L2 mais notre objectif étant de montrer que c’est la saisie qui rend le
traitement ultérieur des informations possible et non pas l’input. Ainsi le rôle déterminant qui
est attribué au repérage et à la gestion du sens (traitement en profondeur), permet néanmoins
de postuler que l’intake doit se mettre en place par la création de liens, de réseaux, entre les
formes, les sens et les situations (Narcy-Combes, 2005). Dans la partie qui précède, nous
venons d’aborder la notion de l’intake, ou la saisie, en acquisition de L2 afin de comprendre
ce qui se passe entre l’input et l’output pour arriver à la production et approfondir notre
réflexion sur la façon de favoriser cet intake chez les apprenants de L2. Ceci nous mène à
définir ce que c’est qu’un output dans la partie qui suit et à évoquer son rôle dans l’acquisition
de L2.
L’output par définition serait la production langagière qui est le résultat de l’acquisition et non
pas la cause (Krashen). L’output joue un rôle important en matière d’acquisition d’une L2,
ainsi que nous le verrons dans les arguments qui suivent.
Swain (1995) parle de l’importance de l’output dans l’apprentissage de L2 en ces mots : […]
the importance of output to learning could be that output pushes learner to process language
more deeply with more mental effort - than does input. Selon cette auteure, l’output pousse les
apprenants à traiter le langage profondément.
A ce propos, elle ajoute: with output, the learner is in control. In speaking or writing, learners
can stretch their interlanguage to meet communicative goals. To produce, learners need to do
something. They need to create linguistic form and meaning, and in so doing, discover what
they can and cannot do.
116
Swain ajoute encore: output may stimulate learners to move from semantic, open-ended,
strategic processing prevalent in comprehension to the complete grammatical processing
needed for accurate production. Students’ meaningful production of language - output -
would thus seem to have a potentially significant role in language development (1995:128).
Swain et Lapkin soulignent: […] in producing the L2, a learner will on occasion become
aware of (i.e., notice) a linguistique problem (brought to his/her attention either by external
feedback (e.g., clarification requests) or internal feedback). Noticing a problem ‘pushes’ the
learner to modify his/her output. In doing so, the learner may sometimes be forced into a
more syntactic processing mode than might occur in comprehension (1995:373). Pica,
Holliday, Lewis et Morgenthaler (1989) défendent également l’idée que le "pushed output" a
des effets bénéfiques sur l’apprentissage [learners] test hypotheses about the second
language, experiment with new structures and forms, and expand and exploit their
interlanguage resources in creative ways. (1989:64)
Pour Gass et Selinker, l’output est comprehensible, comme ainsi souligné: comprehensible
output refers to the need for a learner to be “pushed toward the delivery of a message that is
not only conveyed, but that is conveyed precisely, coherently, and appropriately” (2008:327).
Nous retiendrons de toutes ces citations que l’output joue un rôle central dans l’acquisition de
L2, en ce sens qu’il révèle si l’apprenant a perçu l’input ou pas. Dans les lignes suivantes nous
évoquerons le rôle de l’input et de l’output dans l’acquisition de L2.
L’input et l’output jouent des rôles importants dans l’apprentissage de L2. Ils permettent une
interaction et une négociation du sens comme le soulignent les auteurs suivants. Gass et
Selinker:
Nous retiendrons que l’attention joue un rôle essentiel dans la négociation du sens, car elle
mène l’apprenant à reconstruire son interlangue. L’attention permet une négociation du sens,
à la fois, pour l’input et l’output dans l’acquisition de L2. Ce point de vue se corrobore avec
ce qu’avance Narcy- Combes. Pour lui :
Nous retiendrons de ces arguments que l’attention remplit des fonctions importantes en
matière d’acquisition d’une L2, en ce sens qu’elle permet à l’apprenant de focaliser son
attention sur un input quelconque. Nous retenons aussi que la nativisation s’impose lors de
cette phase d’acquisition et que la médiation est très cruciale à ce stade. Cette observation
nous conduit à évoquer le concept de gestion du sens et du repérage dans l’acquisition de L2.
Selon Narcy-Combes, (2005:138), ces deux concepts semblent les clés de l’acquisition de L2.
Les didacticiens s’accordent à dire que pour que l’acquisition de L2 se fasse, il doit y avoir un
traitement en profondeur (deep processing), c'est-à-dire la manipulation du sens et non
uniquement de formes, et d’observation active (noticing). Le repérage (noticing) serait facilité
par la mise en évidence de l’input (input enhancement) et la confrontation à une grande
quantité d’input (flooding). Pour que l’input soit efficace, il faut qu’il y ait l’intake « prise »
ou « saisie ». Il s’agit de la « capacité d’intégrer ces informations à ses propres énoncés et, au-
delà, à son interlangue » (Py, 1994:146). Et à ce stade, la nativisation est très forte. Ainsi, la
nativisation est un processus inévitable lors d’un apprentissage d’une L2 (cf. 4.3.1.8.). Ainsi,
dans la norme de L2, l’apprenant doit donc effectuer un traitement en profondeur de l’input
dans l’intake avec un repérage conscient pour arriver à une production langagière (un output).
Cette production est le fruit du succès de l’apprenant, de son évolution de l’apprentissage vers
l’acquisition.
118
Il est à noter aussi que Gass (1997:5) définit cette opération mentale d’assimilation de
données linguistiques en précisant « […] it refers to the mental activity that mediates input
and grammars. » Pour favoriser la saisie, il faut, selon Krashen (par exemple, 1985), que
l’input soit compréhensible.
Maintenant, il convient donc de se questionner sur les fonctions que remplit la production
dans l’acquisition de L2. Dans le point suivant, nous allons évoquer le concept du
fonctionnement de la production langagière.
Selon Narcy-Combes :
Autrement dit, la faculté de langage s’effectue par une production qui s’appuie soit,
sur des règles, soit sur des exemplars et elle se réalise physiquement sous forme de
paroles ou de discours. La figure ci-dessous représente le processus de production
langagière.
119
L’esprit humain est modélisé sous la forme d’un système de traitement de l’information.
Penser, c’est traiter l’information; traiter l’information, c’est calculer, c’est-à-dire manipuler
des symboles. À partir de ces éléments, certains aboutissent à la formule : «cognitivisme =
calculs + représentations».
La boîte noire
Comme déjà évoqué dans les points antérieurs, (cf 1.4.1.1 et 4.3.1.5), le phénomène de
nativisation conduit l’apprenant à percevoir, analyser et comprendre l’input - les données
langagières en entrée (cf. 4.3.1.1) selon des critères internes. Nous l’avons évoqué brièvement
sous l’angle des conséquences de contacts des langues qui était entre autre l’assimilation de
Piaget (1970) et le code-switching. Nous nous bornons plus au concept d’assimilation car
c’est elle qui nous intéresse pour l’étude en cours. Le concept d’assimilation est attribué au
psychologue Piaget (1970). Selon lui deux concepts donnent un ancrage biologique à sa
théorie. Les concepts d’assimilation et d’accommodation (cf. 3.2.2.1). Ces deux concepts
jouent un rôle fondamental dans l’acquisition d’une L2. Comme toute autre acquisition, celle
de L2 commence par une assimilation suivie d’une accomodation. (Piaget, 1970). Autrement
dit les deux concepts sont « nativisation », d’une part, et « dénativisation », de l’autre
(Andersen 1983). Narcy-Combes in Bertin et al (2010) rappelle ce que dit Piaget. On retrouve
dans Ledoux (2003) ou Randall (2007) des descriptions de processus qui correspondent à ces
phénomènes et leur donnent une validité neurophysiologique ou psycholinguistique (Narcy-
Combes 2011).
Comme déjà dit plus haut, l’assimilation ou la nativisation est un processus inévitable dans
l’acquisition d’une langue étrangère. D’autres chercheurs appellent ce phénomène de diverses
manières, comme un transfert. Par exemple Robinson ou Jordan (2004:168-172) ; mais dans
le transfert, on va de L1 à L2, alors que dans la nativisation, on va de L2 vers L1. La question
qui se pose à ce stade serait : comment mettre en place un processus de dénativisation ? Il est
122
La perception de caractéristiques nouvelles dans des langues non natives est une capacité qui
décline assez vite, même si l’exposition à des situations très marquées sera toujours perçue
(Randall 2007:43 ; notre traduction). Cette citation souligne que, si les capacités cognitives
déclinent lentement (Newport, 1990), il n’en va pas de même des capacités purement
perceptives. Quand les caractéristiques diffèrent entre la langue de départ et la langue cible, il
est nécessaire de passer par : une rééquilibration du système de détection des caractéristiques
pour la nouvelle langue. Ce système devra s’automatiser (c’est l’automatisation antérieure qui
cause la nativisation).
Tant que le traitement de L2 n’est pas automatique, l’apprenant devra être plus conscient de
ces caractéristiques, ce qui lui posera des problèmes de focalisation de l’attention lors de
l’interprétation du message. La dénativisation est le travail qui permet d’éliminer ces
problèmes.
Notre position socioculturelle se reflète dans le fait que l’exposé technique oral aura lieu
devant un public (les apprenants de L2), le travail a donc une validation sociale réaliste (cf.
Narcy-Combes 2010). Le reste du travail est moins directement interactionniste, mais
s’appuie sur une réflexion théorique cognitive et constructiviste (Bertin et al. 2010) qui
complète les effets de l’interaction. Les étudiants s’investissent quand les attentes sont
réalistes et l’environnement non-menaçant, et le fait d’avoir à présenter l’exposé devant leur
cible est un facteur déclenchant (interaction) (cf. 4.3.1.8). Cette façon de procéder est donc
préconisée par l’approche actionnelle car l’apprenant est considéré comme acteur social
(CECR 2001). Dans cette optique, le didacticien et l’enseignant doivent donc plutôt veiller à
concevoir des activités à caractère collectif et en binôme, en fonction des besoins des
124
apprenants, activités qui invitent ces derniers à traiter du sens dans l’interaction avec des
partenaires. C’est ainsi que dans les lignes qui suivent nous abordons l’importance de
l’approche actionnelle dans l’acquisition de L2.
L’apprentissage basé sur le projet et les tâches est plus intéressant pour l’apprenant parce qu’il
est plus centré sur lui, et permet plus de communication actuelle. Cet apprentissage véhiculé
par une approche actionnelle offre souvent la possibilité d’acquérir des compétences
communicatives langagières qui serviront par la suite dans le « monde réel ».
L’approche par tâche vise à impliquer l’apprenant dans une communication réelle, et il le
considère comme un « acteur social ». Cet apprentissage de L2, véhiculé par une approche
actionnelle, offre souvent la possibilité d’acquérir des compétences extralinguistiques
pratiques, qui serviront par la suite dans le « monde réel », ce qui est le but du cursus ciblé.
Arevalo signale que : la perspective actionnelle est considérée comme une suite logique de
l’approche communicative, mais avec quelques nuances : avant, on mettait les apprenants
125
Reprenons les définitions des tâches que donnent les différents chercheurs de ce domaine.
De cette définition, nous retiendrons que, l’acquisition de L2 est fortement liée aux activités
où il y a une gestion du sens. Narcy-Combes insiste également sur le fait que les objectifs de
la tâche doivent donc être clairs et précis pour l’apprenant avec un but défini. Ici, l’approche
par tâche suppose que l’apprenant réalise les activités de la réalité sociale, de la vie, afin de
déclencher le processus d’apprentissage et de permettre une évaluation ou une « information
critique personnalisée ».
Dans Recherches et Applications consacré au thème : langue et travail, J.-P. et M.-F. Narcy-
Combes (2007:75) rappellent que « une tâche selon Rod Ellis est un ensemble d’actions
réalistes qui donnent lieu à une production langagière « non scolaire » ou pour reprendre les
termes qu’il utilise de « real world activities » et de « real world processes of language use ».
En bref, nous retiendrons qu’une tâche est une réalisation qui aide les apprenants à générer
des productions de l’environnement non-scolaire.
126
A task is a piece of work undertaken for oneself or for others, freely or for some
reward. Thus examples of tasks include painting a fence, dressing a child ,filling out a
form, buying a pair of shoes, making an airline reservation, borrowing a library book
,taking a driving test, typing a letter ,weighting a patient, sorting letters ,taking a hotel
reservation, writing a check ,finding a street destination ,and helping someone to
across the road. In other words, by “task”, is meant the hundred and one things
people do in everyday life, at work, at play, and in between. “Tasks” are the things
people will tell you they do not if you ask them and they are not applied linguistics”
Contrairement à cette définition de Long qui ne fait pas appel à l’usage des langues, d’autres
auteurs s’accordent à définir les tâche à des fins d’apprentissage de la L2. Notamment Lee
(2000).Selon cette auteure, A task is (1) a classroom activity or exercise that has a) an
objective obtainable only by the interaction among participants, (b) a mechanism for
restructuring and sequencing interaction, and (c) a focus on meaning exchange ;(2) a
language learning endeavor that requires learners to comprehend, manipulate, and: or
produce the target language as they perform some set of workplans».
Il apparaît effectivement, au travers de ces définitions, que la tâche est dotée d’un objectif et
repose sur un ensemble d’actions réalistes qui font appel à l’usage de la langue (sans pour
autant que le résultat soit nécessairement d’ordre linguistique).
R. Ellis (2003 :4) et Branden (2006:8) citent plusieurs définition de ce terme tâche que nous
n’allons pas évoquée ici.
127
Ainsi, l’utilisation d’une approche de type actionnelle, ou Task-based learning (Nunan 2004),
selon laquelle on se trouverait dans le cadre d’ « un monde réel où il y des tâches
pédagogiques ciblées, serait privilégiée. Le CECR définit « tâche » ainsi :
"Est définie comme tâche toute visée actionnelle que l’acteur se représente comme
devant parvenir à un résultat donné en fonction d’un problème à résoudre, d’une
obligation à remplir, d’un but qu’on s’est fixé. Il peut s’agir tout aussi bien, suivant
cette définition, de déplacer une armoire, d’écrire un livre, d’emporter la décision
dans la négociation d’un contrat, de faire une partie de cartes, de commander un
repas dans un restaurant, de traduire un texte en langue étrangère ou de préparer en
groupe un journal de classe." (CECR:16)
A travers cette définition, nous retenons que toute tâche est supposée aider les apprenants à
aboutir à des résultats avec un but défini au préalable.
Les chercheurs (Skehan, 1998, Ellis, 2003, Narcy, 1997) s’accordent pour définir une tâche
comme une activité authentique (qui fait sens pour l’apprentissage) à réaliser
individuellement, en binôme ou en petit groupe en vue d’une production, le résultat de la
tâche, qui permet de mesurer dans quelle mesure il y a eu apprentissage. Une telle définition
pourrait nous aider à vérifier le progrès des apprenants et leur performance dans la réalisation
de la tâche. Les tâches sont donc la solution incontournable permettant un traitement en
profondeur du sens, du repérage, et donc arriver à un output (production langagière)
compréhensible analysé et compris selon les critères de L2.
Ainsi, à travers toutes les définitions précédentes, nous pouvons conclure que toutes les tâches
élaborées en vue d’une acquisition de L2 doivent être liées aux activités, où il y a une gestion
du sens. Elles doivent contenir des objectifs clairs et précis pour l’apprenant avec un but
pragmatique. Cela en vue de déclencher le processus d’apprentissage et ainsi développer une
production langagière «non scolaire» ou pour reprendre les termes qu’utilise Ellis « real
world activities » et de «real world processes of language use». Il nous semble réaliste
d’évoquer les étapes de conception des tâches. Cela en vue de montrer l’étape que nous
adoptons pour cette recherche en cours. Pour cela nous évoquerons dans un premier temps, les
types des tâches, leurs apports pour l’apprentissage de L2, et le rôle des TIC par rapport à la
128
conception de ces tâches. Nous définirons, ensuite, les paramètres que nous prendrons en
compte pour concevoir des tâches d’apprentissage (cf. chap. 7,8, 9).
En bref, les macro-tâches visent des orientations réalistes qui donnent lieu à des productions
de «real world activities» en étroite relation avec les intérêts des apprenants, ainsi que leur
monde réel ou professionnel. Elles sont susceptibles de déclencher des processus
d’apprentissages. A ce sujet, il nous semble important d’évoquer la proposition de Chapelle
qui permettrait aux étudiants d’expérimenter concrètement les principes qu’avancent les deux
didacticiens mentionnés précédemment :
Autrement dit, la tâche dont parle Chapelle consiste, pour les apprenants, à trouver de l’input
pertinent, à synthétiser cet input, et d’y répertorier ce qui leur paraît pertinent pour l’exposé
technique. Sur ce sujet, Kris Van den Branden souligne également: Language learners should
be offered the chance to develop and practice their language learning skills in real operating
conditions. (2006:132).
Certains exemples de macro-tâches tels que les MOO’s (Multi-user Domain/ Dimension-
Object Oriented), les simulations globales, les situations problèmes possèdent des dimensions
interactionnistes et ou socioconstructivistes. (Narcy-Combes, 2005; Guichon, 2007). On peut
envisager une division des macro-tâches en deux catégories. Les macro-tâches de type A
(sans production en L2) et les macro-tâches de type B (avec production en L2). Ces dernières
constituent des tâches complexes qui font généralement appel à une production langagière
individuelle ou en collaboration, et ce sont elles qui nous intéressent pour la partie pratique de
cette thèse.
Les micro-tâches incluent les gestions du sens et focalisation de l’attention sur des
phénomènes importants. Elles sont analytiques mais ne peuvent être déconnectées de toute
mise en œuvre dans une situation d’énonciation, si l’on veut que se déclenchent les processus
qui activent l’acquisition langagière (Demaizière et Narcy-Combes 2005:50). Les deux
auteurs postulent que si ces micro-tâches parviennent à faire vivre des mini-"SPA" aux
130
Au niveau de l’acquisition de L2, le contexte joue un rôle très essentiel. Porquier & Py (2004)
ont mis l'accent sur le rôle important joué par le contexte d’apprentissage pour l’apprenant de
la langue (cf. 3.6). Plus généralement, l’acquisition n’est pas uniquement soumise à un
développement cognitif, social et linguistique, mais crucialement à des conditions
socioculturelles de l’environnement des apprenants. Il semble bien alors que le contexte joue
un rôle important dans l’acquisition de L2
131
Apprenant
Contexte langue
Figure 5 : Schéma global d'interactions entre apprenant, langue et contexte (Porquier &
Py, 2004, p. 44).
Cette figure montre la relation entre l'apprenant, la langue et le contexte. Selon cette figure, la
relation dont elle parle est affectée par les contextes dans lesquels elle s'inscrit.
En conclusion, nous pouvons donc dire que le contexte de l’apprentissage joue un rôle crucial
dans l'apprentissage d'une L2. Après ce développement du concept du rôle du contexte dans
l’acquisition de L2, nous allons consacrer les paragraphes suivants à présenter la synthèse des
perspectives pour la didactique des langues.
Apprendre une L2 suppose une construction dans l’interaction avec autrui, c’est à-dire une
co-construction. L’apprentissage de la L2 s’inscrit alors dans la théorie de l’action à caractère
132
social car l’apprenant agit avec un partenaire en communiquant avec lui, comme le rappelle
le Cadre européen, qui va dans le sens des références scientifiques. L’acquisition d’une L2
relève aussi de la théorie de l’action sociale : l’apprenant agit avec des partenaires en
s’impliquant dans des activités qui favorisent son apprentissage dans la mesure où elles
induisent des situations d’interaction et de négociation du sens.
Par le parcours sur le concept de la communication, il apparaît que communiquer est une
activité sociale organisée, un échange interactionnel entre au moins deux individus situés
socialement. La communication passe par une négociation du sens. L’acte de communication
doit lui-même avoir un sens, et ce dernier doit être perçu par les sujets impliqués. Le rôle de
l’interaction et de la négociation du sens sont inhérents à l’activité de communication, en
matière d’apprentissage d’une L2. Il va de soi que la communication est centrale dans le
processus d’apprentissage. Ainsi, ce panorama sur le rôle de l’interaction et la négociation
dans la communication nous permet de faire un lien entre les activités communicatives en
matière d’apprentissage, ainsi que les théories qui partagent l’importance du rôle de
l’interaction et de la négociation du sens.
L’acquisition d’une L2 attribue une place importante à une grande quantité de l’input, parfois
appelé les données langagières à l’entrée, la place de l’interaction, de négociation du sens.
L’exposition à l’input compréhensible est certainement nécessaire, mais il n’est pas en soi
suffisant pour assurer l’acquisition (Long,1983a). Schmidt (1990-2001) postule que
l’attention de l’apprenant doit être particulièrement focalisé sur la composante pertinente de
l’input (phonologique, lexicale, morphosyntaxique, discursive) pour qu’un apprentissage
puisse se produire.
L’attention joue un rôle essentiel dans l’acquisition de L2 car elle conduit l’apprenant à
reconstruire son interlangue. L’attention permet une négociation du sens, à la fois, pour
l’input et l’output dans l’acquisition de L2.
La faculté de langage s’effectue par une production qui s’appuie soit sur des règles ou soit
sur des exemplars et qui se réalise physiquement sous forme de parole ou de discours.
Le dispositif que nous comptons mettre en place a comme objectif de conduire l’apprenant à
s’insérer dans une véritable situation de collaboration et production. Le but de ce travail
collaboratif étant d’engager l’apprenant dans la construction de ses savoirs et savoir-faire.
Tel est le message que nous retenons du principe constructiviste. En bref, l’apprentissage
collaboratif est donc une démarche en vue de la construction progressive des connaissances.
La mise en place des tâches sur dispositif TIC notamment ici sur diaporama sur support
Power Point semble à ce titre particulièrement intéressant. Mais précisons au préalable ce que
nous entendons par dispositif.
(Praya, 1999; Pothier, 2003; Brodin, 2004; Narcy-Combes, 2005; Guichon, 2006). En effet
Narcy-Combes (2005:128) souligne:
“Si [“ Le dispositif n’est pas simplement l’ensemble organisé des objets à prendre en
considération pour la réalisation des objectifs assignés à l’opérateur” (Altet 1994:99)], il ne
faudrait pas que dans un dispositif les ressources soient considérées comme le support des
activités exécutés (cf. Brodin 2004), d’autant que, d’un point de vue de praticien-chercheur,
ce dispositif est nécessairement plus qu’une simple organisation humaine et matérielle.
Puisque la responsabilité du praticien-chercheur est également engagée au niveau des
134
activités cognitives des apprenants, il doit regarder plus loin. Il serait sans doute plus juste de
considérer les ressources, non comme des supports matériels, mais comme des déclencheurs
des activités (cognitives, mais aussi langagières) organisées donc comme des déclencheurs de
processus qui permettront de réaliser des actes sociaux en interaction avec d’autres et
d’enclencher ainsi le passage d’une étape de l’acquisition langagière (de l’inter langue) à
une autre ”
Il ajoute: “Passer ainsi des paramètres organisationnels et matériels aux processus, amène à
décrire les dispositifs et les ressources d’une façon qui correspond à ce que fait R.Ellis, par
exemple, quand il s’intéresse aux tâches (tasks, cf. R. Ellis 2003), même s’il n’emploie pas les
termes "ressources" ou "dispositif ». Cela resitue la réflexion dans le champ spécifique de
l’acquisition des langues” (2003:128)
Critère d’évaluation
Dans ses formations Narcy-Combes (2005), évaluait les tâches en fonction du groupe (la
notion de norme dans le groupe) et de l’implication des apprenants de la façon suivante
Ces critères mettent l’accent sur l’analyse de performance des apprenants dans les macro-
tâches (cf point 4.4.2).
Les apprenants seront aussi évalués, parallèlement, sur la qualité de leur production en
mettant l’accent sur les différentes productions non-conformes aux attentes (PNCA) ou écarts
par rapport à la norme attendue (EPRN). Le but sera qu’après l’identification de ces PNCA
(ou EPRN), nous puissions proposer des micro-tâches de traitement de la dénativisation.
136
Dans la lignée de recherche menée en acquisition des L2 (Skehan, 1998 et Yuan & Ellis,
2003) synthétisée dans un article par Guichon, nous avons opté pour l’analyse des
productions orales des apprenants et l’observation de l’impact des caractéristiques de la tâche
proposée en utilisant des paramètres de fluidité, de correction linguistique et de complexité.
Selon Skehan (1996), la fluidité renvoie à la vitesse de la production en L2, sans pauses ni
hésitations excessives.
Nous avons choisi une évaluation par rapport à un référentiel explicite, celui du CECRL car
celui-ci nous aidera à évaluer les productions pragmatiques (cf 3.7) que les apprenants
émettrons selon leurs niveaux différents. Les apprenants de L2 à MUBS sont du niveau A1,
A2 et B1 du CECRL (cf chapitre 6) Naturellement, A1 est le niveau le plus élémentaire
d’utilisation personnelle de la langue. Dans ce cas-ci, l’apprenant est capable de :
poser des questions simples sur des personnes et des choses connues telles que lui-
même, son lieu d’habitation, son environnement, ses affaires personnelles etc.
Un niveau plus élevé et intermédiaire, A2, décrit les compétences concernant les rapports
sociaux par exemple :
converser d’une façon simple dans un magasin, une banque ou un bureau de poste,
demander des renseignements sur un voyage,
demander des informations sur des choses quotidiennes et nécessaires et utiliser les
transports publics.
Par ailleurs, Puren,(2002 :55 :71) souligne que plutôt que de concevoir son enseignement à
partir d'une liste de points grammaticaux, lexicaux, de fonctions du langage ou d'autres items
à apprendre, la pédagogie élabore une série de tâches cibles que les apprenants auront besoin
d'effectuer dans un "monde réel" à l'issue de leur formation (présentation professionnelle,
entretien d'embauche, et CV, conversation téléphonique, tournage de spots publicitaire,...).
Lors de l'exécution d'une tâche bien conçue, les apprenants s’approprient vocabulaire et
grammaire tout en se concentrant sur le fond et non la forme de la langue. L'objectif
prioritaire n'est plus tant linguistique que communicatif, voire social (actionnel) dans un
contexte authentique. C. Puren.
138
Comme nous l‘avons déjà évoqué, les TIC offrent de multiples potentialités techniques non
négligeables pour la conception des macro et des micro-tâches (cf. J. P. Narcy-Combes,
2005). Les technologies de l’information et de la communication (TIC) offrent de nouvelles
possibilités de créer un contexte favorable à une pédagogie efficace. Aujourd’hui, elles ont
tendance à susciter de nouvelles exigences et de nouveaux défis dans le domaine éducatif,
puisqu’elles offrent de nouveaux modes d’enseignement, de communication et, plus
généralement, elles offrent de nouveaux rôles aux enseignants et aux étudiants (Legros,
2002:25) A cette observation, s’ajoute le point de vue de Giardina :
Nous retiendrons de cette citation que l’auteur met en avant l’importance de l’implication de
l’apprenant dans son apprentissage dans un environnement technologique. Il paraît aussi que
la pleine participation de l’apprenant dans un environnement médiatisé favoriserait son
apprentissage comme avancé par le même auteur :
Selon Legros (2002:25), « ces nouveaux environnements ont un impact sur la communication
dans la classe, et ils offrent la possibilité d’établir des situations d’apprentissage dans
lesquelles plusieurs élèves collaborent et interagissent à distance à une même tâche. ». Cet
auteur s’accorde avec plusieurs autres pour souligner la contribution incontournable de la
technologie dans l’apprentissage en collaboration. Ce que nous avançons ci-dessus va rejaillir
dans la mise en place des expérimentations pilotes et non-pilotes (cf. chap. 7, 8, 9).
Pour Tardif, par exemple parmi les dix principes qui composent la dynamique de
« l'apprentissage signifiant, c'est-à-dire celui auquel les élèves donnent du sens » (année :43)
interviennent les trois suivants directement liés avec la part active de l’apprenant : une
construction personnelle ancrée sur des connaissances antérieures et influencée par le contexte
social (entre pairs, mais aussi avec l'enseignant et des experts extérieurs).
Narcy-Combes (2005:172-173) établit une liste des contributions générales du potentiel des
TIC qui sont ci-dessous :
Le travail sur support TIC peut s’inscrire dans l’instantané (mise en place
d’automatismes), mais il favorise aussi l’asynchronie et une gestion plus
individualisée du temps ;
Elles permettent la multi-canalité si utile dans notre domaine (son, image, texte) ;
Elles sont sources de multi-références, ce qui permet des croisements et une attitude de
relativisation face à l’information ;
C’est en plus dans des tâches où s’exprime sa créativité, que l’apprenant pourra évaluer
ses besoins langagiers réels ;
Elles ont le potentiel des techniques nouvelles qui favoriseront la mise en place des
micro-tâches en particulier : le sous-titrage, les commentaires en rétroaction
(feedback), l’accès à des concordanciers, les demandes d’aide, l’hyper-textualité, le
masquage de parties de texte, le suivi des opérations et des résultats (mise en
mémoire), la collaboration entre apprenants ,le drag and drop, le surlignage, la
répétition, la correction synchrone ou asynchrone, le traitement de texte avec tout ce
qui l’accompagne, etc.
Nous retiendrons que dans les théories d’apprentissage contemporaines les apprenants ne sont
plus considérés comme simples reproducteurs d’un savoir ou de comportement suite à une
présentation par un système d’enseignement, peu importe sa nature, mais ils sont davantage
perçus comme des acteurs impliqués et actifs de leur processus d’apprentissage. L’implication
de l’apprenant dans un apprentissage significatif dans un environnement des TIC, semble être
un concept clé dans la pédagogie d’aujourd’hui. (Dede, 1995; Duffy et Jonassen, 1991)
synthétisé par Giardina (1999:21).
De cette citation, il est clair que la pédagogie d’aujourd’hui met l’accent sur l’implication de
l’apprenant dans son propre apprentissage. Cet apprenant est supposé être responsable de son
propre apprentissage. Cette dimension implicative de l’apprenant dans un environnement des
TIC, nous mène vers le point suivant. Nous évoquons brièvement l’Historique de
l’enseignement assisté par l’ordinateur (EAO), afin de comprendre sa contribution au
processus d’apprentissage de L2.
141
Un parcours historique succinct de l’EAO nous donne un aperçu général sur l’évolution de la
terminologie de la Technologie depuis les années 60 jusqu’à présent. De son appellation
l’EAO, on passe ensuite à la Technologie Éducative. Les années 80 ont vu apparaître
Information Technology, puis New Information Technology (Demaizière 1992:11-12) avec
pour version française, les Nouvelles technologies de l’information. On est aujourd’hui à la
Nouvelle technologie de l’information et de communication (Ibid.).
Selon Demaizière : une situation d’EAO est caractérisée, avant tout, par la présence d’un
apprenant et celle d’au moins un ordinateur. Les supports matériels et logiciels ne peuvent
donc pas être négligés, car ils peuvent constituer un facteur déterminant pour le choix des
didacticiels. (1992:12). En bref, l’auteur met l’accent sur la nécessité de tenir compte des
supports matériels et logiciels dans l’EAO.
Par ailleurs, les études s’accordent pour établir le fait que l’ordinateur, utilisé comme
complément à un apprentissage traditionnel, entraîne une amélioration substantielle de la
performance (Giardina 1992:28).
Nous retenons de ce même auteur que l’utilisation de l’EAO en petits groupes est souhaitable
car la collaboration, le partage et l’échange générés à l’intérieur du groupe par la
communication avec l’ordinateur, augmentent le potentiel de la situation d’apprentissage.
(Ibid.)
Dans son article paru en ligne, Mrowa–Hopkins (2000) a montré comment le travail
collaboratif autour de l’ordinateur avait un impact direct sur l’apprentissage d’une langue en
soulignant :
Dans la mesure où l’utilisation des technologies nouvelles est adaptée aux besoins
d’un apprentissage individualisé, les enseignants de langues sont contraints de
réévaluer leur propre savoir-faire pédagogique. Il convient de se demander dans
quelle mesure la dynamique sociale qui caractérise les échanges dans un climat de
142
Dans le présent travail, nous allons restreindre cette étude sur la contribution des TIC et nous
concentrer sur les potentialités pédagogiques de PowerPoint dans l’apprentissage de L2.
Plusieurs raisons ont motivé notre choix de restreindre notre étude à l’utilisation de
PowerPoint pour réaliser les tâches pédagogiques. Premièrement PowerPoint est un outil
disponible et facile à manipuler. (cf.Fontenay et Vergues, Recherches et Applications n°42,
2007). C’est l’outil le plus populaire au monde pour présenter des informations et peu de
décisions d’affaires se prennent sans cet outil (ibid). Le choix de PowerPoint répond donc à
une de nos préoccupations majeur : le potentiel pédagogique que peut jouer le PowerPoint
pour déclencher la production de l’orale. Les apprenants de L2 à MUBS trouvent cette
compétence difficile alors qu’elle figure parmi les activités qu’ils aiment moins en classe (cf
introduction). Les TIC facilitent les échanges entre locuteurs natifs et non-natifs et la
participation à un projet collectif (collaboratif notre ajout) (Grosbois, 2007). PowerPoint
permet de transformer le texte en un plan très détaillé : série de titres, sous-titres, en-têtes de
paragraphes (cf. chapitre 8), autrement dit le passage de l’input à l’intake, (Bertin et al.,2010).
Comme nous avons signalé ci-dessus, la focalisation sur l’utilisation des présentations
PowerPoint pour les réalisations des tâches jouent un rôle important dans le déclenchement de
processus d’apprentissage. Lorsque les apprenants réalisent des tâches sur support
PowerPoint, ils sont alors dotés d’un statut d’acteurs sociaux (cf. 4.3.1.10). Ils interagissent
ensemble pour construire du sens (cf. 3.3). On se situe là dans une perspective constructiviste.
Les apprenants apprennent mieux dans l’interaction sociale et là on se situe dans une
perspective socioconstructiviste de l’apprentissage (cf. 3.2.3.1, 3.2.3.2) et dans l’apprentissage
collaboratif (cf. 3.5).
143
Comme évoqué dans le point (3.5) de nombreux auteurs accordent un rôle central à la
collaboration dans l’évolution des facultés cognitives et langagières. L’apprenant apprend
mieux dans l’interaction sociale et il faut faire davantage de place aux projets communs en
travail d’équipe (cf. 3.2.3.2, et 3.5). L’avantage apporté par l’ordinateur est, d’une part, qu’il
multiplie les interactions en jouant un rôle de relais par rapport aux tâches à accomplir,
d’autre part, il permet facilement aux apprenants de tester, de manipuler et de diffuser leurs
productions. Il allie donc, d’une certaine manière, les avantages du papier, de l’imprimerie, du
magnétophone et de la vidéo. Bordeleau (1994:26) cité par Henri et Lundgren-Cayrol (2001:
49) observe que l’utilisation du support PowerPoint dans l’apprentissage de L2 est
véritablement incontournable à l’ère actuelle.
Pour appuyer cette observation, nous citons Parker (2001), qui souligne :
Selon cet auteur, l’utilisation des PowerPoint est très répandue et arrive au premier rang dans
l’univers des universités. C’est le logiciel le plus utilisé en pédagogie universitaire. Cette
observation est confirmée par un autre auteur pour qui l’application Power Point, est utilisé
pour pousser l’exploitation pédagogique aussi loin que possible, et pour amener ainsi un
maillage technologique pédagogique plus harmonieux entre le présentiel et le enligne, entre la
salle de classe et la plateforme Web CT Vista. ( Fontenay et Vergues dans « Recherches et
applications » langue et travail, 2007:63-64).
144
Par ailleurs nous évoquons le maillage très important entre le PowerPoint et les feuilles de
papier en classe de langue. Ce maillage montre l’utilisation des PowerPoint comme une
amélioration entre les prises de notes manuelles, et l’utilisation actuelle de PowerPoint
comme le laisse voir la citation suivante :
Le fait de pouvoir écrire sur l’écran comme sur une feuille de papier constitue en
quelque sorte le maillon qui manquait aux applications, telles que Word ou
PowerPoint. (Ibid.)
Donc l’utilisation des PowerPoint comme potentiel pédagogique est très cruciale pour
déclencher de la production et développer la production de l’oral des apprenants de L2 à
MUBS. Cependant il est à noter que l’utilisation des PowerPoint ne devrait pas occuper la
place du professeur, au contraire le rôle du professeur change et il devient accompagnateur,
guide (Mangenot,1996). Les PowerPoint permettent le passage de l’input à l’intake-condition
nécessaire pour l’acquisition de L2.
Puisque le domaine qui concerne cette étude est celui de la didactique de langues, et plus
précisément de l’enseignement/apprentissage de L2, nous sommes partie de la distinction
entre le rôle d’un enseignant, et celui d’un chercheur. Il en ressort qu'à un enseignant revient
le rôle de facilitateur, concepteur, pourvoyeur et organisateur, tandis qu’à un chercheur
revient celui de chercher la vérité scientifique et de publier des travaux. (cf. Ellis, 1998,
Narcy-Combes, 2005, et Bertin et al, 2010).
En réfléchissant sur la scientificité de ce travail que nous avons entrepris, il en est ressorti que
cette recherche est utile pour la communauté scientifique, car elle sert plutôt à apporter une
solution à un problème de terrain existant depuis longtemps, mais non, de découvrir quelque
chose de nouveau. La recherche-action apparaît alors propice comme méthodologie
d’investigation, car elle permet à l’enseignante-chercheuse d’acquérir des savoirs théoriques
pour enrichir ainsi sa pratique d’un savoir qui correspond d’une part aux procédures
universitaires.
146
L’auteure de cette thèse est également l’enseignante qui avait élaboré et avait mis en place le
dispositif pédagogique pour tenter d’apporter une amélioration dans le processus
d’apprentissage. Le problème de distanciation critique et d’éthique se pose alors. La crainte
d’entrer dans un égocentrisme et une longue période d’auto-observation risque d’entraver le
travail de l’enseignante-chercheuse.
Pour que cette recherche-action ait une utilité sociale et scientifique quelconque, il importe
d’évaluer la pertinence de sa pratique et de ses hypothèses à la lumière des théories existantes.
La réflexion épistémologique que nous avons entreprise pour cette recherche nous a amenée à
considérer que ce travail de thèse peut s’appuyer sur deux bases, celle que donnent les
théories et celle que donnent les observations de la réalité sur terrain, lesquelles s’avèrent
empiriques.
Alors face au foisonnement d’apports scientifiques en rapport avec la présente thèse il a fallu
opérer un choix dans les théories pertinentes pouvant apporter des réponses aux questions
soulevées dans cette thèse. Les différentes théories qui ont influencé cette thèse sont plutôt
celles pertinentes à l’apprentissage en général, tout comme celle pertinentes à l’apprentissage
de L2 en particulier.
Le concept de constructivisme évoque l’idée que l’apprenant doit être actif dans son
apprentissage, qu’on ne peut pas lui transmettre de connaissances. Nous retenons cette idée
pour le travail du terrain.
La théorie cognitiviste affirme que lorsque nous apprenons, notre comportement change
147
parce que notre compétence s’est modifiée, parce que notre représentation mentale de la
situation d’apprentissage s’est également modifiée.
Cette théorie permet de mieux comprendre comment la pensée humaine se structure. Les
sciences cognitives peuvent contribuer grandement à améliorer l’acte d’enseigner et, par
conséquent, l’apprentissage des apprenants.
Pour la théorie sociocognitiviste, l’apprentissage est un processus non pas individuel mais
collectif : apprendre, c’est acquérir les codes et les représentations propres à un groupe, et
pouvoir ainsi revendiquer une place dans la société qui les produit.
Nous en déduirons que les cognitivistes, les constructivistes et les sociocognitivistes mettent
l’accent sur le centrage de l'enseignement/apprentissage sur le sujet apprenant, ses besoins et
ses motivations.
Au socioconstructivisme est liée l’idée que l’apprenant apprend mieux dans l’interaction
sociale, et qu’il faut faire davantage de place aux projets communs en travail d’équipe. Cette
idée paraît pertinente pour l’exécution des tâches, pour lesquelles les apprenants vont
travailler en collaboration avec leurs
Cette perspective nous amène à placer l’apprenant au centre de son apprentissage, lequel se
construit dans les activités de transformation et de présentation technique sur PowerPoint.
C’est par l’interaction avec autrui que les apprenants d’une langue étrangère accèdent à des
savoirs et savoir-faire.
Pour les fonctionnalistes, si l’enseignant veut faire apprendre, il doit amener les élèves à
faire, à agir, à pratiquer et aussi à réfléchir sur ce qu’ils font (là sont les fondements
théoriques des méthodes dites « actives » et « directes »). Cette manière de procéder nous
intéresse également dans notre recherche.
148
Par ailleurs il nous a semblé réaliste de nous interroger sur la nature des liens qu’entretiennent
les théories d’apprentissage avec la didactique et la pédagogie, car ces deux phénomènes
jouent un grand rôle dans le cadre d’enseignement/apprentissage en général. Cette pédagogie
postule l’idée de « simple transfert » entre l’enseignant et l’apprenant.
Ainsi la réflexion sur le concept de triangle pédagogique nous a amenée à revoir le rôle des
apprenants et des enseignants après la venue de la technologie de l'information et de la
communication. Cette dernière permet de créer une organisation des apprentissages où les
apprenants ont à échanger, interagir et s’aider mutuellement, ce qui n'était pas le cas du
concept de J Houssaye.
Une réflexion sur les concepts de la didactique et de la pédagogie ont permis d’avancer que
l'objet de la didactique relève aussi bien de la description, que de l'action, tout en restant dans
le champ de la praxéologie, que la didactique est une réflexion sur la pratique, une
praxéologie centrée sur le savoir, qu’elle prend ses distances avec l’immédiateté pédagogique.
Par ailleurs, apprendre une L2 suppose une construction dans l’interaction avec autrui, c’est à-
dire une co-construction. L’apprentissage de la L2 s’inscrit alors dans la théorie de l’action à
caractère social car l’apprenant agit avec un partenaire en communiquant avec lui, comme le
rappelle le Cadre européen (2001).
Le parcours sur le concept de la communication montre que la communiquer est une activité
sociale organisée, c’est un échange interactionnel entre au moins deux individus situés
socialement
Par ailleurs, un regard sur l’acquisition d’une L2 laisse voir que cette acquisition attribue une
place importante à l’input, parfois appelé les données langagières à l’entrée, la place de
l’interaction, de la négociation du sens. Cependant, il en découle que l’exposition à l’input
compréhensible est certainement nécessaire, mais il n’est pas en soi suffisant pour assurer
l’acquisition (Long, 1983a).
149
En résumé, l’attention joue un rôle essentiel dans l’acquisition de L2 car elle conduit
l’apprenant à reconstruire son interlangue. Elle permet une négociation du sens, à la fois, pour
l’input et l’output dans l’acquisition de L2.La faculté de langage s’effectue par une production
qui s’appuie soit sur des règles, soit sur des exemplars. Elle se réalise physiquement sous
forme de parole ou de discours.
Alors que le béhaviorisme résume l’apprentissage, comme l’établissement d’une relation entre
un stimulus et une réponse comportementale innée en réaction. Autrement dit l’apprentissage
déterminé par l’environnement, source de stimuli et de renforcements, sans la moindre
activité mentale de l’individu ; le constructivisme propose une activité de recherche du sens,
grâce aux obstacles, sources de déséquilibres, par lesquels le sujet va construire des
connaissances nouvelles. Le cognitivisme, quant à lui, préconise que l’activité mentale est
structurante et que l’individu possède un système cognitif et une organisation propre, qu’il
traite le matériel présenté d’après les stratégies construites préalablement, mais surtout selon
les stratégies cognitives applicables à ce matériel. Le socioconstructivisme postule que
l’apprenant apprend mieux dans l’interaction sociale et qu’il faut faire davantage de place aux
projets communs en travail d’équipe.
150
L’hypothèse qui en découle est que l’apprentissage ne peut qu’être effectif si l’apprenant
construit et co-construit en partenariat avec les autres. Concrètement parlant, il faut un
environnement social et un travail cognitif pour déclencher l’apprentissage de L2. On sait
désormais que pour assimiler des systèmes langagiers de façon non stéréotypée et créative, un
apprenant doit aussi (re)construire ces systèmes et se les approprier progressivement, à l’aide
d’une compréhension rationnelle et analytique.Ainsi nous comptons valider cette hypothèse
par des macros-tâches que les apprenants accompliront lors de la phase des expérimentations.
La deuxième question de recherche fut la suivante : Quels effets engendreront les tâches
proposées sur la production orale des apprenants, compétence dont ils auront le plus besoin
pour leur future profession ? Autrement dit les tâches proposées permettront-elles un
déclenchement des processus d’apprentissage, ou un repérage efficace, une gestion du sens
avec le monde réel de ces apprenants ?
Une hypothèse s’annonce alors : Quel input peut-on préconiser pour alimenter les activités
langagières en classe de Langue ? Quelles tâches favorisent le repérage conscient des données
émergeant de l’input ? Quelles tâches favorisent et déclenchent les processus d’apprentissage
et plus particulièrement en français sur objectif spécifique ?
En partant de ces questions, une deuxième hypothèse s’annonce, à savoir que l’input qui
focalise l’attention de l’apprenant sur le composant pertinent - lequel lui permet le repérage
des données - va permettre un déclenchement des processus d’apprentissage en encourageant
une gestion du sens, portant sur le contenu dont il a l’expertise contextuelle, qui attirera son
attention et lui demandera un effort cognitif pour le résoudre.Ainsi nous comptons mesurer
cette hypothèse par la conception de notre corpus de tâches.
Dans les chapitres suivants, nous développerons notre réflexion sur l’approche par tâches, sa
conception et son efficacité pour l’apprentissage de L2. Afin de voir la possibilité de profiter
de sa pertinence à mener des expériences d’apprentissage potentiellement favorables à
l’acquisition de L2 sur le terrain ougandais.
151
DEUXIÈME PARTIE
Comme nous l‘avons déjà indiqué, nous avons choisi la recherche-action comme la
méthodologie la plus appropriée pour mener notre travail de terrain. Elle est de type
expérimental analytique. Elle requiert donc « des entretiens et/ou une recherche-action, dans
une approche compréhensive » et « des questionnaires établis en fonction de théories et/ou
d’expériences en laboratoire, dans une approche explicative » (J. P. Narcy-Combes,
2005:104). Dans notre cadre expérimental, nous présenterons les résultats du travail de terrain
que nous avons mené en Ouganda. Nous commencerons d’abord par la méthodologie de
recherche et ensuite nous évoquerons le contexte dans lequel se sont déroulées les
expérimentations. Nous avions proposé des tâches afin de vérifier la progression des
apprenants, avant et après l’expérimentation, en donnant une analyse détaillée de leur
performance dans la réalisation des macro-tâches (cf. chapitre 8 et 9) ; sans oublier l’analyse
des séances de ces macro-tâches d’entraînement /approfondissement sur la langue (chapitre
10). Ensuite, nous procéderons à une évaluation des critères que nous avons évoqués dans le
point 4.6, afin d’examiner si ces tâches ont satisfait à nos attentes. Nous analyserons les
différentes tâches en fonction des critères retenus. Nous analyserons également les réponses
des apprenants aux questionnaires de satisfaction afin d’évaluer leur satisfaction de notre
dispositif proposé et la réussite de ce dernier à atteindre ses objectifs dans le contexte
ougandais (chapitre 11). Enfin, nous terminerons cette partie par une conclusion générale de
notre recherche avec des perspectives donnant des pistes de réflexion pour d’autres recherches
(chapitre 12)
152
Ces expérimentations se sont basées sur la mise en place de tâches, du support PowerPoint
pour l’apprentissage de L2, Ces tâches ont aidé à évaluer l’impact du dispositif proposé sur le
développement de performances langagières attendues en production orale des apprenants (cf.
0.1). Nous avons pu mettre en œuvre deux types d’expérimentation. La première dite
« pilote » s’est déroulée dans trois classes de langue (au cours de l’année 2009, entre mars,
septembre et octobre) comme démontré dans le tableau ci-dessous. La deuxième « non
pilote » s’est étendue d’avril à novembre 2010, et a été mise en place dans deux autres classes
de langue. Leurs détails se trouvent dans les chapitres suivants. Celles qualifiées de pilotes,
nous ont permis d’évaluer en amont, leurs apports sur le développement de performances
langagières attendues en production orale des apprenants, « les non pilote » ont agi de même
en aval, ce qui reflète les théories évoquées précédemment.
153
En portant un regard sur ce que disent ces théories, (cf. 4.3.1.1), nous avons pu imaginer et, de
ce fait, créer des tâches. Ensuite cette recherche-action que nous avons menée, nous a aidée, à
valider ou non, ces tâches. Par ailleurs, nous allons présenter, toutes les expérimentations
pilotes et non-pilotes, que nous avons réalisées sur le terrain à MUBS, avec une description
détaillée de leur déroulement, ainsi que des modalités de leur mise en place. Nous allons par
la suite faire les analyses de chacune, et conclure par une synthèse. C’est grâce à cette
méthodologie que nous avons pu concevoir les tâches, et enfin mettre en œuvre une
articulation entre elles et l’apprentissage d’une L2 à l’aide du support PowerPoint.
Pour mettre en pratique la recherche-action, nous avons avant tout pris contact avec les
étudiants de chaque filière - où les différentes expérimentations ont été menées - puis nous
leur avons présenté le projet sans pour autant le leur imposer. Les différents groupes y ont
répondu positivement et s’y sont rapidement intéressés. Les détails de cette démarche seront
développés ultérieurement. Le tableau ci-dessous résume brièvement cette démarche
entreprise dans les différentes filières étudiant le L2.
Modalité
En présentiel / Semi-distant
d’apprentissage
Dispositif Hybride
Les apprenants de français de spécialité ont leurs besoins spécifiques, ils veulent apprendre le
français pour agir dans une situation professionnelle. Par exemple, des hommes et des femmes
d’affaires ougandais souhaitent apprendre cette L2 pour pouvoir mener une conversation
téléphonique, ou présenter leurs commerces à leurs homologues francophones. D’où la
155
nécessité d’analyser les besoins spécifiques de ce public spécialisé pour pouvoir mieux
répondre à leurs besoins. Spanghero-Gaillard (2003) rappelle par ailleurs que dans le cadre du
FOS, les apprenants se distinguent avant tout par leurs besoins spécifiques. Elle ajoute en
citant (Lehmann, 1993): Ils ne veulent pas apprendre LE français mais plutôt DU français
pour réaliser des objectifs bien précis dans un domaine donné. Par ailleurs elle explique : En
suivant des formations de FOS, ils ne cherchent ni les fables de la Fontaine, ni les pièces de
théâtres de Molière. Ils veulent plutôt faire face en français à des situations de
communication déterminées. Ainsi, les apprenants ont un objectif précis, celui de pouvoir agir
dans la vie professionnelle.
Nombre
Année
PROGRAMME d’heures/ Niveau d’étude
d’étude
séance
Hôtellerie et
2ème 36 French 2 (équivalence d’A1 du CECRL)
restauration
Le tableau ci-dessus laisse voir les trois filières choisies pour la première expérimentation
pilote dès 2009. Nous pouvons en déduire que celle de l’Hôtellerie et de la Restauration met
en place une unité d’enseignement (UE), organisée en cours magistral, pouvant accueillir des
étudiants de niveaux hétérogènes, en séance de 1 à 2 heures, sur des semestres de 12
semaines. Cette UE comptabilise 36 heures. Pour les étudiants de Loisir et Accueil, l’UE se
déroule durant 36 heures, également sous la forme de cours magistraux. Quant aux étudiants
de Gestions et Affaires, leur UE compte 24 heures.
156
Nous retiendrons également que toutes ces séances s’organisent en cours magistraux et sont
centrées sur l’enseignement de FLE/FOS qui se focalise surtout sur la production et la
réception écrites, aux dépens des mêmes attentes orales (cf. 0.1). Ainsi l’expression et la
compréhension orale sont marginalisées. La langue est conçue comme un ensemble de
structures et de cultures. Dans le chapitre suivant, nous détaillons la mise en place de
l’expérimentation pilote dans quelques filières mentionnées dans le tableau ci-dessus.
157
.
158
L’intérêt de ce projet d’exposé technique oral, réside dans le fait que nous souhaitions faire
une mini production en sachant que cela amènerait à de l’apprentissage. (A l’issue de leurs
études, ces étudiants seraient amenés à faire une présentation orale devant plusieurs
personnes). Nous souhaitions aussi développer leur responsabilité épistémologique, [leur
conscience, leur implication et leur réinvestissement personnel pour leur apprentissage]
(Narcy Combes, 2005:15).
Cette expérimentation pilote a été réalisée de janvier à novembre 2009, par des apprenants de
L2 à MUBS dans un contexte d’apprentissage par ordinateur.1 Nous avons décidé de consacrer
une partie non négligeable de la première année du doctorat à l’utilisation de PowerPoint pour
réaliser des tâches pédagogiques ou à la mise en place de l’exposé technique de la phase
pilote du projet sur PowerPoint. Le but était d’évaluer son apport sur le développement de la
production orale des apprenants de L2, ainsi que sur leur engagement dans l’interaction. Pour
ce faire, nous devions proposer des macro-tâches réalistes de synthèse de type B (cf. 4.4.2 et
Bertin et al 2010:237) : il s’agissait pour les apprenants de transformer un texte en titre, sous-
titres et paragraphes, puis de présenter leur travail sous forme de diaporama avec PowerPoint.
(cf. 4.4.2). Le but était d’éviter la lecture linéaire de l’exposé, afin d’accroître leur confiance
en eux-mêmes et dans l’interaction en FOS (cf 9.2, 9.3, 9.4, 9.5, 9.6).
Cette phase de familiarisation avec la façon de recueillir des informations, de les transformer
et de les présenter par un exposé d’une part, et le fait de poser des questions d’autre part
supposait tout d’abord, que les apprenants travaillent sur les macros-tâches proposées en petits
groupes (Swain, 1995), (Taurisson, 2007), à partir de documents ou de dossiers pertinents à
1
: Plusieurs communications l’ont exploitée :
- En français lors de la 4e conférence sur le e-Learning à Dakar au mois de mai 2009 ;
- En anglais à MUBS en juillet 2009, pour la journée académique organisée par la faculté de Marketing and
Hospitality Management ;
- En anglais lors de la 5e conférence sur le e-Learning à Lusaka au mois de mai 2010 ;
- Et finalement d’une dernière en anglais, lors de la conférence sur le thème Information and
Communication Technology Development à Londres au mois de décembre 2010.
159
Ces documents constituaient donc un input écrit authentique compréhensible, à partir duquel
les tâches allaient être réalisées, Long (1983a, 1983b, 1996), (cf. 4.3.1.1). Cet input auquel les
apprenants allaient être exposés, devait donner lieu à l’intake (cf. 4.3.1.2). Vient ensuite la
production de l’apprenant.
Ces tâches sont censées générer de l’interaction, une focalisation de l’attention et une gestion
du sens auprès de ces étudiants. Les tâches proposées étaient susceptibles de les aider à
améliorer leur production orale, sachant qu’il s’agissait d’une compétence clé pour eux pour
leur future carrière.
L’utilisation d’outils variés tels que le rétroprojecteur, l’ordinateur portable, (cf. 5.2) ainsi que
l’analyse des points forts et des faiblesses par les biais de cet input authentique, avait donc
pour objectif primordial de sensibiliser les apprenants à cet aspect fondamental du langage,
qu’est la prise de parole et son importance pour leur futur.
Enfin, dans le but de renforcer encore davantage l’acquisition de cet input, que nous postulons
comme primordial, pour déclencher la parole, nous avons décidé que les apprenants, au cours
de cette phase d’essai auraient à simuler davantage un exposé technique de type
« Présentation dans le domaine spécialisé de l’hôtellerie du tourisme d’économie et des
gestions ».
Afin de rapprocher le plus possible cette tâche d’une situation réelle, (Chapelle 2003:68) cette
présentation technique sur PowerPoint, devait être suivie, d’un moment de questions-
réponses, assuré par les autres membres du groupe, transformés en auditoire et pouvant poser
des questions pertinentes à l’orateur (cf. 4.4.2). Ainsi, grâce à la macro-tâche de présentation
sur PowerPoint, l’apprenant travaille dans un dispositif qui met en œuvre des besoins
« réels » et concrets, qui font sens pour lui et qui suscitent des interactions langagières en
adéquation avec son environnement professionnel. (cf. 4.4.2)
Il faudrait créer des occasions de communication les plus réalistes et les plus ciblées pour
l’apprenant, lui permettant de prendre part dans son apprentissage. D’où l’intérêt pour la
tutrice de mettre en place un dispositif dans lequel s’articulent macro-tâches et micro-tâches
160
(cf. 4.4.2). Cependant le souci qui en découle réside dans le fait de parvenir à gérer le tout
dans le temps imparti, dans notre cas trente-six ou vingt-quatre-heures de cours en présentiel.
A noter que ces étudiants de L2 allaient pratiquer pour la première fois l’exercice de la
synthèse et celui de la présentation à l’aide du logiciel PowerPoint. Ces étudiants ont une
expérience de présentation dans d’autres modules obligatoires enseignés en anglais mais pas
en kiswahili, ni en français ni dans d’autres langues étrangères enseignées à MUBS.
Admettons que le potentiel pédagogique de Powerpoint était mal exploité dans le cadre de
l’enseignement et de l’apprentissage (Fontenay et Vergues, 2007). Le but de ces activités
pilotes proposées était donc à la fois de familiariser les apprenants, de leur donner confiance,
et de leur apporter un enrichissement sur les plans grammatical, lexical et phonétique, même
si les conditions n’étaient évidemment pas identiques à celles d’une « vraie » présentation
professionnelle. A ce sujet, Narcy-Combes (2005:196) avance que les activités sous formes de
tâches soient motivantes, car elles sont liées à une réalité professionnelle (cf. 4.4.2) et qu’elles
offrent un entraînement efficace. (ibid.)
Cette idée corrobore avec le projet d’exposé technique que nous avons mis en place, en ce
sens qu’il s’inscrit dans un cadre théorique qui met l’accent à la fois sur le rôle central de la
production orale - ou l’appropriation de L2 - à travers un jeu de transformation d’un document
écrit que les apprenants travaillent et transforment en titres, sous-titres et paragraphes. Nous
l’avons mentionné antérieurement. D’autre part il met l’accent sur l’importance de la
présentation de l’output par les apprenants devant leurs collègues en classe. (Narcy-Combes,
2005).
Il s’agit d’évaluer leur implication dans les tâches proposées, et le réinvestissement de leur
apprentissage dans le développement des facultés langagières. Ces dernières relevant d’un
processus qui se déploie dans l’activité sociale (que l’on se situe du côté des théories
d’acquisition, ou de l’approche socioculturelle). Cependant la question que nous nous posons
à partir de la synthèse de Narcy-Combes (2005:198) est la suivante : Comment parvient-on à
accompagner les apprenants de façon à ce qu’ils réussissent à rendre pertinent et utile ce
qu’ils s’approprient, sachant que le passage d’un input écrit à un output oral est problématique
au niveau de la phonologie ? Cette question met en lumière le rôle du tuteur (cf. 2.2) et
logiquement parlant, ce rôle est entre autres, celui du tuteur-accompagnateur, qui implique la
correction et le suivi des tâches, celui du facilitateur, concepteur, pourvoyeur et organisateur.
161
Par souci de clarté, nous présenterons de manière chronologique, les modalités de mise en
place du projet, puis le détail de chacune des séances de « l’expérimentation », terme que
nous utilisons avec précaution car, comme nous l’avons signalé dans l’introduction générale,
nous avons opté pour une recherche-action et non pour une quasi-expérimentation.
Enfin, nous présenterons l’évaluation à laquelle les apprenants ont été soumis en amont et en
aval de l’expérimentation, en nous basant sur les critères que propose Narcy-Combes (2005).
A noter que les mêmes critères vont servir pour évaluer les deux expérimentations différentes.
Pour rappel, selon Narcy-Combes (2005:119), les tâches étaient évaluées en fonction du
groupe (la notion de norme dans le groupe), et de l’implication des apprenants de la façon
suivante :
Les apprenants étaient aussi évalués parallèlement sur les fonctions pragmatiques que
remplissent leurs exposés et la qualité de leur production en mettant l’accent sur les
différentes Productions Non-Conformes aux Attentes (PNCA) ou Écarts par Rapport à la
Norme attendue (EPRN). Le but était qu’après l’identification de ces PNCA (ou EPRN), nous
puissions proposer des micro-tâches de traitement de la dénativisation.
Rappelons que, la tutrice est également l’auteure de la présente thèse. Ainsi dans le point
suivant, nous décrivons la mise en place de l’expérimentation pilote.
L’expérimentation pilote s’est déroulée à MUBS (cf. 0.1).Pour rappel, les étudiants de cette
université poursuivent leurs études dans leur domaine de spécialité en français, et s’appuient
sur une matière précise (la langue des affaires, du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration,
du secrétariat etc.), (cf. 6.1, 6.2, 6.3). Un tableau expliquant les différentes filières ainsi que
leurs programmes a été établi antérieurement (voir le point 1.8 du contexte sociolinguistique).
162
Dans un premier temps, nous avons opté pour une phase « d’essai » en choisissant trois
filières présentées dans le tableau ci-dessous.
Nombre
Programme Année d’étude Niveau d’étude
d’heures/séance
Hôtellerie et French 2 (équivalence
2ème 36
Restauration d’A1 du CECRL)
Loisirs et French 3 (équivalence
2ème 36
Accueil d’A2 du CECRL)
Gestion et French 2 (équivalence
2ème 24
Affaires d’A1 du CECRL)
Le tableau montre les trois filières choisies pour la première expérimentation pilote dès 2009,
ainsi que le détail des nombres d’heures d’apprentissage du Français pour chacune (cf. 7.3).
Le projet pilote a été établi pour le groupe d’Hôtellerie et de Restauration, deuxième année
(BCH2 French 2) dès février 2009. Ce groupe avait déjà suivi le cours de français durant un
semestre entier (à savoir 12 semaines). Il avait par conséquent acquis quelques notions de
base en français de l’hôtellerie et de la restauration, que l’on pourrait réactiver en les
plongeant dans une présentation technique orale. De plus le français étant obligatoire pour les
étudiants du BCH 2 French 2, il nous a paru intéressant de leur permettre de prendre une part
active à ce projet quelque soit leurs acquis antérieurs, et de les restituer le mieux possible. Cet
objectif fixé, nous avons donc procédé à la mise en place de ce projet au sein du BCH 2. Nous
noterons que MUBS n’est équipé, ni de laboratoires de langues, ni de centres de langues. Dans
de telles conditions, l’efficacité et l’individualisation du travail des étudiants sont limitées.
(Narcy-Combes, 2005)
163
Nous avons pris contact avec les étudiants de cette filière, puis nous leur avons présenté le
projet sans pour autant le leur imposer (cf. point 6). Le groupe y a répondu positivement et s’y
est rapidement intéressé. En effet, cela correspondait à l’un des projets régulièrement
demandés par les enseignants du programme de l’Hôtellerie et de la Restauration dans le
cadre de « Case studies », c’est à dire d’études de cas. (cf. Introduction)
Ce groupe comprenait 40 étudiants, dont une trentaine fréquentait les cours de L2. (cf. la liste
d’admission de MUBS 2008/2009). Initialement, ces apprenants étaient déjà organisés en
petits groupes de cinq personnes, mis en place par l’enseignant stagiaire (le stagiaire est un
français envoyé par le Crous pour effectuer 9 mois de stage à MUBS) en L2, et ce, afin de
procéder à des simulations fictives d’une situation d’accueil ou de réservation à l’hôtel. Par
définition, les simulations (tout comme les jeux de rôle) sont des scénarii ou des activités
imaginaires au cours desquels on actualise une situation de communication habituelle (se
renseigner, les transports, faire des courses, repas etc.). Généralement ils sont conçus pour un
travail de groupe qui doit produire des échanges oraux ou écrits (discussions, récits, ateliers
de création, etc.). (Voir exemple en annexe 5, 6, 7)
Après l’approbation des étudiants à notre projet, nous le leur avons envoyé par courriel, par le
biais du chef de groupe qui l’a diffusé à chacun des membres. (Il s’agit de 6 groupes de 5
personnes). Pour aboutir à la réalisation de ce projet par les deux autres filières, il a été
indispensable dans un premier temps, de prendre en compte les commentaires informels de
l’expérimentation du premier groupe. La mise en pratique du projet a enfin commencé. Dans
le chapitre suivant nous allons présenter la réalisation du projet par les programmes du groupe
pilote suivi ensuite par les groupes non-pilotes. Nous comptons ensuite parler de notre corpus
de tâches, pour connaître ses objectifs, ses caractéristiques et la façon dont nous avons suivi
l’organisation des tâches, avant de présenter un compte rendu des tâches effectuées par les
apprenants.
164
Comme évoqué dans le point 8, l’intérêt du projet d’exposé technique oral, résidait dans le fait
que nous souhaitions faire une mini production en sachant que cela amènerait à de
l’apprentissage cf. chapitre 8). (A l’issue de leurs études, ces étudiants seraient amenés à faire
une présentation orale devant plusieurs personnes. Nous ne nous attendions pas à une telle
amélioration car comme évoqué dans le point (7.1), l’université où nous travaillons ne
possède pas un centre de ressource convenablement conçu pour la pratique individuelle des
apprenants. Ainsi dans les paragraphes suivants seront présentées les consignes et les séances
différents du projet pilote (cf. 9.2, 9.3, 9.4) et ensuite du projet non-pilote (cf. 9.5, 9.6).
Comme nous l’avons précisé dans l’introduction de la deuxième partie (cf. chapitre 6), nous
présenterons dans un premier temps, le déroulement de ce projet au sein du groupe d’essai
BCH 2. Après quoi notre observation se poursuivra en nous conduisant à reproduire les deux
autres déroulements de l’expérimentation, au sein du BLHM 3 et BINB 3 ; toujours dans le
cadre de la phase pilote. L’objectif est d’observer leur implication et progressivement les
progrès transversaux dans la production langagière de ces étudiants.
Pour commencer, dans le cadre des activités collaboratives, nous avons demandé aux
apprenants de réaliser en petits groupes, des macros-tâches dans le monde de l’hôtellerie et de
la restauration, du tourisme et des affaires. Le tableau ci-dessous synthétise la tâche à
accomplir. A ce stade, il importe d’identifier les thèmes qui ont été abordés pendant ces
semestres de cours en 2009 et 2010. Ils seront synthétisés sous la forme d’un tableau et
ensuite les copies se trouveront en annexes (cf. annexes 1, 2, 3 et 4). Comme nous n’avons
plus d’échantillon des quelques situations enregistrées (BCH1 French2 et BIB3 French2),
nous avons décidé de les recréer dans des expérimentations ultérieures. Nous avons proposé
165
aux apprenants de les enregistrer avec une caméra vidéo ou une webcam. Ainsi nous
obtiendrons des séquences visuelles de correction phonologique collaborative.
Elle a établi la durée de chaque présentation, afin que les apprenants puissent focaliser
leur attention sur les paramètres essentiels qui allaient être observés pour chacune
d’elles.
Etape 1 :Trouver un texte/un document au choix, sur un sujet qui devait au moins
contenir quelques phrases abordées en amont, apprises lors du cours précédent de FOS.
Les apprenants avaient la liberté de choisir leur texte (à condition que celui-ci ait un
lien avec leur future carrière. Nous avons envisagé d’enregistrer les exposés de tous les
participants à ce projet. Mais les enregistrements ont été dérobés
Etape 2 :Transformer ce texte en un plan très détaillé : série de titres, sous-titres, en-
têtes de paragraphes (passage de l’input à l’intake, Bertin et al. 2010)
Etape 5 : Pour la présentation, ils ne devaient pas mémoriser leur texte, ne regarder ni
sur les côtés, ni la feuille de préparation, mais seulement l’ordinateur. Le but était
d’éviter la lecture linéaire de l’exposé, afin d’accroître leur confiance en eux-mêmes et
dans l’interaction en FOS.
Etape 6 : Donner avis personnel sur le document transformé, et répondre aux questions
de leurs camarades de classe.
Le feedback de la tutrice (elle devait donner un retour écrit sur le langage utilisé lors de
la présentation, ainsi que sur celui utilisé sur les diaporamas).
De surcroît, des activités individuelles ont été proposées en vue de développer certaines
compétences communicatives chez les apprenants. Celles-ci se distinguent par la
richesse de leurs interactions : apprenants/tuteur et apprenants/apprenants
A noter que la tutrice avait envisagé également de mener cette activité deux fois par mois :
tout en sachant qu’il y avait douze semaines de cours à l’université, et parfois la tutrice ne
rencontrait ce groupe qu’une fois dans la semaine. Elle pouvait aussi communiquer avec les
étudiants par courriels. Si cette activité se répétait, nous pensions que les besoins suscités par
les macro-tâches réalistes (cf. 4.4.2) - c’est à dire celles qui présentent des énoncés dans des
contextes et des situations qui correspondent à des pratiques sociales (Narcy-Combes, 2005) -
obligeraient les étudiants à créer du langage, ce qui donnerait lieu à des micro-tâches qui les
sensibiliseraient à la nativisation (cf. 4.3.1.8). Différemment dit, les tâches obligeraient les
étudiants à s’impliquer davantage, et les conduiraient à faire un effort plus grand que ce qu’on
attend d’eux, ainsi le processus d’apprentissage se déclencherait. Ainsi, nous donnons les
consignes de la première expérimentation dans le paragraphe suivant.
Aim: to give a business presentation with reference to marketing of Hotel and Restaurant
services (Bachelor of Catering and Hotel Management 2 (BCH2))
Level: Intermediate.
Interaction: Individual and whole class.
Technology: Presentation software and data projector.
Rational: For business people, giving presentations is a real-world task. Using a program
such as Power Point and a data projector, this can be simulated quite closely, especially in
front of an audience of their colleagues or peers.
PROCEDURE
Ressource: adaptée de Barney Barret and Peter Sharma Blended Learning Using technology
in and beyond the language classroom March 2007.
Cette expérimentation a exigé des apprenants qu’ils trouvent un texte/un document au choix,
sur un sujet qui doit au moins contenir quelques phrases abordées en amont, apprises lors du
cours précédent de FOS. Ces phrases doivent au moins apporter des précisions à la situation
de communication et un lexique varié bien que limité. L’exposé doit au moins contenir les
formules de politesse, d’accueil et de salutation (comme vous êtes le bienvenu, etc.). Les
apprenants doivent au moins informer les clients fictifs du service qui existe dans des hôtels
168
ougandais. Les apprenants ont la liberté de choisir leur texte (à condition que celui-ci ait un
lien avec leur future carrière). Nous avons envisagé d’enregistrer les exposés de tous les
participants à ce projet. Dans le paragraphe suivant nous présentons le premier exposé de
Moses Kazibwe, étudiant de BCH2 French 2 (équivalence d’A1).
HOTEL PROSPER
Notre hotel a pour but de vous apporter une vraie atmosphere personnel avec tout le confort
que vous attendez d’un hotel au niveau international.
C’est un hotel luxueur.
(Vous vous sentez commes chez vous)
NOUS AVONS ;
Café internet.
Notre Chambres a ;
Connections internet.
Un petit bar.
169
Location de voiture.
Nous relèverons ici que deux groupes ont pu présenter leur travail, alors que les quatre autres
se sont rétractés par peur, et n’ont finalement rien présenté. On peut dire que les quatre
apprenants se sont dévalorisés car ils avaient peur de commettre des fautes ainsi la peur pour
la faute et la dévalorisation pour la production du discours et de paroles ne font que les
bloquer. Nous avons retenu une seule présentation qui nous a semblé avoir suivi la consigne
du départ, et c’est celle-ci que nous allons analyser, comme plus au moins réussie. L’objectif
de cette phase « essai » était de proposer plusieurs tâches. Ces dernières nous semblent en
prise directe avec « le monde réel » (Puren C. 2000), professionnel, et elles font sens dans ce
contexte. De plus, elles sont communicatives et permettent les acquisitions linguistiques.
Dans le paragraphe suivant, nous analysons les résultats de l’exposé de Moses Kazibwe.
170
Nous allons analyser les données de l’expérimentation pilote, en prenant appui sur les critères
proposés par Narcy-Combes (2005:199), comme on peut les voir dans le point 4.4.5.
Comme évoqué dans le point 4 .6.3 et chapitre 8, nous allons parallèlement évaluer la qualité
de la production des apprenants, en mettant l’accent sur les différentes Productions Non-
Conformes aux Attentes (PNCA) ou Écarts Par Rapport à la Norme attendue (EPRN). Le but
était qu’après l’identification de ces PNCA (ou EPRN), nous puissions proposer des micro-
tâches de traitement de la dénativisation. Nous prenons appuis aussi sur une évaluation par
rapport à un référentiel explicite, celui du CECRL.
Cette phase du projet pilote avait pour macro-tâche une seule consigne (cf. vignette 1, point
9.1.2). Puisque nous n’avons retenu la présentation que d’un groupe, comme plus ou moins
aboutie, voici la performance du projet pilote de Kazibwe et son équipe.
Le tableau ci-dessous illustre des PNCA et les exemplars relevés dans la production de ce
groupe et la catégorie correspondante à chacune.
PNCA
relevées Catégorie Résultat selon le
Implication des
lors du corresponda contrôle : les Remarques
apprenants
projet nte exemplars
pilote
PNCA relatives
PNCA à la nativisation
Luxueur relative au (-) à L1 et à la
lexique nativisation
lexicale
Luzira la route de Cent cinquante
port Bello deaux (152)
En face le Marché chambres
de Luzira. Kampala confortable.
PNCA C’est un hotel cinq Une grand et belle
Commes relative à la etoiles. piscine et Sauna.
grammaire Vraiment un beau
Notre hotel a pour
but de vous jardin.
apporter une vraie Trois restaurants
atmosphere d’hotel avec une
personnel avec tout bonne cuisine.
171
Notre Chambres a ;
Le salle de bain ou
douche.
Connections
internet.
Un petit bar.
Television par
satellite.
PNCA Notre serveuse a
relative au votre service tout le
Deaux
lexique et à la monde.
grammaire Nous sommes ici et
vous aider.
Nous avons aussi ;
Location de voiture.
Parking de voiture
garde.
Paiement avec les
cartes de credit.
Television par
172
satellite en notre
bar et reataurants.
une navette jusqu’a
l’aeroport
L’hotel prosper a
bonne location
C’est a Luzira; une
heure a Entebbe
l’aeroport
PNCA international utilise
Trois le voiture.
relative au
restauran,
problème Un boite de nuit est
ts d’hôtels
syntaxique a proche, c’est cinq
minute a pied.
Vous etre les
bienvenu.
Vous sentez comme
chez vous
Deaux Problème
grands lexical
PNCA
Une
relative au
magnifique
genre
terrain
grammatical
Notre PNCA
chambres relative à L1
Notre
serveuse a PNCA
votre relative à L1
service
Nous
sommes ici PNCA
et vous relative à L1
aider
L’hotel
Prosper a PNCA
bonne relative à L1
location
C’est a PNCA
Luzira; une relative à L1
heure a
173
Entebbe
l’aeroport
internationa
l utilise le
voiture
Un boite de
PNCA
nuit est a
relative à L1
proche
Vous etre
PNCA
les
relative à L1
bienvenu
Vous
sentez PNCA
comme relative à L1
chez vous
Tableau 3: PNCA et exemplars relevés de l’expérimentation pilote de Kazibwe Moses et
son équipe
d’accueil. Ainsi dans le paragraphe suivant, nous présentons la synthèse de l’exposé de Moses
et son équipe.
9.2.3 synthèse
Suite à ce premier exposé, nous avons fait les observations suivantes, malgré le nombre élevé
de PNCA :
Nous remarquons que les deux groupes ont pu acquérir et/ou investir le
vocabulaire de l’accueil et de la réservation à l’hôtel, comme exigé dans la
consigne. (cf. 9.2.2)
Nous observons d’ailleurs que les deux groupes ont pu lister les services qu’offre
un hôtel en Ouganda.
Ils ont décrit d’une manière plus au moins précise et complexe, ce qu’ils avaient
retenu des cours de français, ou choisi de retenir de leurs cours en hôtellerie.
Nous nous sommes rendue compte de l’inhibition qu’ont les étudiants pour
prendre la parole, leur gêne à poser des questions devant l’auditoire.
Nous avons remarqué le courage des deux groupes de cette première séance d’essai, et ensuite
nous avons décidé de reproduire cette expérimentation avec les deux autres programmes, c’est
à dire celui du Loisir et Accueil (BLHM 2 French 2), et celui des Gestion et Affaires (BIB2
French2). La différence entre la première classe de langue (BCH2 French 2) et les suivantes,
réside au niveau du cursus de spécialisation et à celui du programme d’enseignement de
chaque filière, définis essentiellement dans les contenus pédagogiques (cf. annexe 1). Nous
comptons faire ressortir également que chaque filière apprend la L2 au niveau de French 2,
qui serait l’équivalence d’A1+, si on se situe du côté du Cadre Européen Commun de
Référence pour les langues. Ainsi les séquences didactiques choisies dans les trois
expérimentations se rejoignent, puisque toutes débutent par la même phase initiale. Cette
dernière consiste à identifier un input écrit, lequel doit contenir entre autre des contenus
introduits dans une séance précédente. (cf. annexe 1)
En conclusion, il nous semble que le travail de groupe et l’esprit de synthèse ont une grande
importance pédagogique dans l’apprentissage de L2. Le contexte joue un rôle déterminant
dans l’acquisition d’une langue étrangère aussi (cf. 4.4.3). Notre observation nous a poussée à
175
croire que les étudiants peuvent se débrouiller quand on les responsabilise avec des tâches à
accomplir et si l’enseignant varie ses méthodes d’apprentissage aussi. Mais souvent les
stratégies performantes de l’enseignant ne sont pas suffisamment mises en avant dans le
milieu universitaire. Après cette présentation de la performance du projet pilote de Kazibwe et
son équipe, voici la mise en place de la séance du 29 septembre 2009.
Nous noterons ici qu’avant de mener cette deuxième expérimentation, les apprenants avaient
été exposés aux divers contenus du programme d’enseignement (cf. annexe 3), dont l’un
consistait à « donner le programme de deux jours d’une conférence aux participants et aux
accompagnants ». Nous ne considérons que les travaux réalisés au préalable, ainsi que les
simulations de soutien. Ceux-ci répondraient aux préoccupations de ces apprenants et
susciteraient leur intérêt dans l’apprentissage. Seront présentées dans le paragraphe suivant les
consignes pour les exposés des 5 groupes de BLHM 2 French 2.
1. Prepare and present a program of two days’ conference to French speaking participants
who will attend an international conference in Kampala. Each presentation should be
(between fifteen and twenty minutes) and make use of the presentation phrases the class has
covered. Be ready to field questions at the end. The choice of the topic is up to you, although
176
it should be something that you would expect to present as part of your job or related to your
work in some way.
2. You are going to use Power Point (or similar presentation program) to create the slides
for your presentation. Ultimately, I will be assessing you on the basis of the accuracy and
appropriacy of the language you use, so you should spend the majority of your preparation
time thinking about what you are going to say and keep the presentation slides minimal.
3. This preparation could be homework or done within a self-study period in the day.
4. Each learner gives their presentation using a computer and data projector to provide the
visual support. The presentation can be recorded or videoed to create a permanent record
time to prepare. Other members of the class should be encouraged to ask questions.
5 I will provide written feedback on the language used by each presenter. I will also provide
feedback on the language used on the presentation slides.
Ressource adaptée de: Barney Barret and Peter Sharma Blended Learning Using technology
in and beyond the language classroom March 2007.
Tout comme pour la première expérimentation, cette deuxième expérimentation demande aux
apprenants de trouver un texte/un document au choix, sur un sujet qui doit au moins contenir
quelques phrases abordées en amont, apprises lors du cours précédent de FOS (cf. annexe 6).
Ces phrases doivent au moins apporter des précisions à la situation de communication et un
lexique varié bien que limité. L’exposé doit au moins contenir les formules de politesse,
d’accueil et de salutation (comme bienvenue à l’hôtel, bonjour, etc). Les apprenants doivent
au moins donner des informations sur le programme de deux jours aux participants et aux
accompagnants.Les apprenants ont la liberté de choisir leur texte à condition que celui-ci ait
un lien avec leur future carrière. Nous avons envisagé d’enregistrer les exposés de tous les
participants à ce projet. Dans le paragraphe suivant nous présentons les quatre exposés de
quatre groupes d’étudiants comme suit.Pour cela, nous commençons par l’éxposé du groupe
de Florence (cf.vignette 2) que nous analyserons ensuite (cf . 9.3.2).
177
Le groupe de Florence a présenté son exposé sur le thème d’Accueil à l’hôtel pour un
séminaire de deux jours .Le voici ci-dessous.
Accueillir
• Mesdames et messieurs, bonjoir et bienvenue á l’hotel Faso
• Je suis Florence, ell’est Prossy et ell’est priscilla
• Nous sommes salariées ici á l’hotel
• Je suis recéptionist et elles seront vos guides
• Vos chambres sont à droite, la premiere étage
• Nous vous souhaitons un excellent séjour a l’hotel.
Programme du touristes
• Dout d’abord nous serons cinq jours ici
• Au dessous sont vos activités pendant le cinq jours, du lundi jusqu`a vendredi.
• Premiere jour: vous visiterez kasubi tombs à 10 heures, vous aurez petit dejeuners
avant vos départ. À 1 heure, vous rentrerez pour déjeuner.
Deuxiéme jour•
Deuxieme jour : vous irez à Queen Elizabeth parc de nationale, vous passerez trois
jours là-bas. Vous passerez les nuits en Mweya safari loudge. Vous aurez une visite de le
parc, le lac George et Edward
• Quand vous rentrerez au quatriéme jour, vous reposerez.
Au cinquième
• Au cinquième jour, nous vous invitons à un cocktail et un dîner.
• Après là, pour nous stagerons une danse Africane
Au révoir
• En martin à 5 heures, vous réveillerez et vous aurez petit déjeuners avant le départ.
• Nous vous souhaiterons un bon voyage
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés dans la production de ce
groupe et la catégorie correspondante à chaque PNCA.
Catégorie Résultat
PNCA relevées lors Implication des
correspond selon le Remarques
du projet pilote apprenants
ante contrôle
Bonjoir PNCA (-) PNCA relative à
178
relative à la nativisation à
l’orthograph L1 et à la
e nativisation
lexicale
Mesdames et messieurs, bonjoir et
bienvenue á l’hotel Faso
Je suis Florence, ell’est Prossy et ell’est
priscilla
Nous sommes salariées ici á l’hotel
PNCA Je suis recéptionist et elles seront vos guide
Ell’est Prossy et relative à Vos chambres sont à droite, la premiere
ell’est Priscilla l’orthograph étage
e
Nous vous souhaitons un excellent séjour a
l’hotel.
Premiere jour: vous visiterez kasubi tombs à
10 heures, vous aurez petit dejeuners avant
vos départ. À 1 heure, vous rentrerez pour
déjeuner.
PNCA
relative au
La première étage
point
grammatical
Dout d’abord nous PNCA
serons cinq jours ici relative à L1
Au dessous sont vos
PNCA
activités pendant le
relative à L1
cinq jours
Vous aurez petit
PNCA
dejeuners avant vos
relative à L1
départ
Vous aurez une PNCA
visite de le parc relative à L1
En martin à 5 heures,
vous réveillerez et
PNCA
vous aurez petit
relative à L1
déjeuners avant le
départ
Tableau 4: PNCA et les exemplars relevés de l’expérimentation pilote de Florence et son
équipe.
Dans les lignes suivantes, nous présentons l’exposé d’un autre groupe. Celui de Muja Joyce,
Mbatsi Asami Ann et Sumbaie C Stephanie et ensuite nous présenterons son analyse ainsi que
sa synthèse.
180
Vignette 3: 9.3.3 L’exposé du groupe de MUJA Joyce, Mbatsi Asami Ann et Sumbaie C
Stephanie
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevées dans la production de
ce groupe, ainsi que la catégorie correspondante à chacune.
Résultat
PNCA relevées selon le
Catégorie Implication des
lors du projet contrôle : Remarques
correspondante apprenants
pilote les
exemplars
L’accucil Nativisation Trop de
phonologique PNCA au
niveau
(-) grammatical
Nativisation
phonologique
Vous acceillirez Nativisation et Vous Attendrez le groupe Ibrader ‘a
PNCA relative à la l’aeroport
grammaire Vous acceillirez le groupe ‘a 8hoo
du matin
Vous dirigerez le groupe ‘a l’hotel
Serena
Vous donerez le PNCA relative à Les repas
groupe le certains points de Le groupe aura le petit dejauner’a
programme des grammaire : les 10h45
deux jours prépositions au, à la,
etc. Le dejauner aura lieu de 13h00, ‘a
14h00
Le diner sera de 19h00 – 20h00
Le groupe regardera la nouvelle a la
T.V 5 au soir
Vous distriburez Nativisation
les chambres de phonologique
logement
Vous les PNCA relative à la
montrez les L1
salles qui ferent
utilise’es
pendant deux
jours
182
La performance du groupe de Joyce, était en dessous des normes attendues, toujours en les
comparants aux critères en vigueur sur le sujet. Là encore, une forte nativisation phonologique
a été constatée essentiellement dans le domaine du vocabulaire et de la grammaire.Nous
noterons que la L1 a été très influente ; et concernant la fluidité, il y a eu trop d’hésitations et
de pauses, lors de l’exposé orale techniqu (cf. l’enregistrement du groupe). Comme nous
l’avons signalé antérieurement, nous passons à la séance du 29 octobre 2009 dans le
paragraphe suivant.
183
Pour cette séance, nous avons procédé à la même préparation du groupe, en leur demandant
de « promouvoir la vente des produits ougandais à la communauté francophone, au cours
d’une foire internationale » (cf. annexe n°2). Nous considérons, que les travaux faits au
préalable, ainsi que les simulations organisées en appui répondent aux préoccupations de ces
apprenants et suscitent leur intérêt dans l’apprentissage.
PROCEDURE
1. Prepare and give a business presentation with reference to marketing Ugandan
products to the French speaking business men and women during an International
trade show organized either in Dakar, Paris or Kampala. Each presentation should
be (between fifteen and twenty minutes) and make use of the presentation phrases the
class has covered. Be ready to field questions at the end. The choice of the topic is up
to you, although it should be something that you would expect to present as part of
your job or related to your work in some way.
2. You are going to use Power Point (or similar presentation program) to create the
slides for your presentation. Ultimately, I will be assessing you on the basis of the
fluency, accuracy and appropriacy of the language you use, so you should spend the
majority of your preparation time thinking about what you are going to say and keep
the presentation slides minimal.
3. This preparation could be homework or done within a self-study period in the day.
4. Each learner gives their presentation using a computer and data projector to provide
the visual support. The presentation can be recorded or videoed to create a permanent
record time to prepare. Other members of the class should be encouraged to ask
questions.
5 I will provide written feedback on the language used by each presenter. I will also
provide feedback on the language used on the presentation slides.
184
Ressource: adaptée de Barney Barret and Peter Sharma Blended Learning Using technology
in and beyond the language classroom March 2007.
Tout comme les deux autres expérimentations précédentes (cf. 9.2.1, 9.3.1), la troisième
expérimentation pilote ci-dessus demande aux apprenants de trouver un texte/un document au
choix, sur un sujet qui devait au moins contenir quelques phrases apprises précédemment
(cf.annexe 6). Ces phrases doivent au moins apporter des précisions à la situation de
communication et un lexique varié bien que limité. L’exposé doit au moins contenir les
formules de prise de contact, de politesse, et de salutation (comme bonjour mesdames et
messieurs, etc.). Les apprenants doivent au moins, présenter leur entreprise, son évolution,
exprimer ses espoirs, parler de l’organigramme de son entreprise etc., aux clients fictifs. Les
apprenants avaient la liberté de choisir leur texte (à condition que celui-ci ait un lien avec leur
future carrière, dans ce cas le thème était « promouvoir la vente des produits ougandais à la
communauté francophone, au cours d’une foire internationale ». Dans le paragraphe suivant
nous présentons les deux exposés des groupes suivants. Nous commençons par l’exposé du
groupe de Nambasa Joyce (cf. vignette 4) que nous analyserons ensuite (cf. 9.4.1). Nous
finirons par la présentation et l’analyse du groupe de Flavia (cf. vignette 5).
185
Le groupe Mukwano
Historique
Établi au début des années 80, (u) Ltd d'industries de Mukwano a évolué pour
être un le fabricant entièrement intégré le plus à croissance rapide des produits de
FMCG en Afrique subdésertique avec une vision claire pour fournir les produits
superlatifs aux prix accessibles accompagnés des taux de disponibilité inégalés à
travers la région.
Actuellement, approximativement 90% des ménages de l'Ouganda emploient un
ou plusieurs de produits.
Endroit
Le Group' ; des sièges sociaux de s sont situés sur la route de Mukwano dans
Kampala, Uganda‘ Le groupe dispose des installations industrielles et des
capitaux dans la zone de Masindi, la Lire, et le Kampala en Ouganda, Mombasa
au Kenya et à Dar es Salaam en Tanzanie, entre d'autres endroits.
Le groupe emploie le personnel 6000+ comprenant les experts 100+ fonctionnels.
Cont….
Le groupe a été établi en 1986, bien qu'il n'ait pas commencé des opérations
jusqu'en 1989. Aujourd'hui, le groupe est impliqué dans quatre (4) domaines
principaux d'affaires
• Fabrication
• Investissements d'immobiliers
• Dégagement et expédition de cargaison
• Agriculture
Fabrication
Mukwano Industries Limited
Lira Oil Mill Limited
Mukwano AK Plastics
Riley Packaging Limited
Le goupe Fabrique le d'huiles de table ; graisses & de blanchisserie ; savons de
toilette, de poudre ; détergents liquides, de soin personnel ; produits d'hygiène, &
domestique plastiques commerciaux, boissons de nourriture d'énergie et eau
potable en Ouganda
Investissements d'immobiliers
Le groupe de Mukwano a des intérêts diversifiés substantiels dans la propriété
commerciale et résidentielle développementale en Ouganda. Une alliance en
participation récente avec une société réputée en Ouganda, Propriété Entretient
limité (Nationwide Properties) situé sur les rivages pittoresques du lac Victoria
dans la proximité étroite de la ville de Kampala.
186
Nambasa Joyce et son équipe sont des apprenants en gestion et affaires. Ils en étaient à leur
troisième année d’université, étudiant French 2, (l’équivalent d’A1 du CECRL). Nous
noterons que cette classe avait une UE de 24 heures au total au cours des deux semestres.
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA ainsi que les exemplars relevés dans la
production du groupe de Nambasa Joyce et son équipe et la catégorie correspondante à
chaque PNCA.
La performance de Joyce et son équipe était au dessus de la norme. Le groupe a employé des
phrases complexes et pertinentes dans son exposé. Le groupe de Nambasa Joyce a pu
acquérir et/ou investir le vocabulaire de la promotion de vente des produits ougandais à la
communauté francophone, au cours d’une foire internationale, comme exigé dans la
consigne. (cf. 9.4). La narratrice a été fluide dans sa présentation.Elle pouvait énoncer des
expressions utilisées sans d’hésitations. Elle était très fluide et la communication n’était pas
bloquée, son discours était bien suivi. En général, elle n’avait pas besoin de se reprendre /se
répéter.Sa présentation ne gênait pas. Par ailleurs nous avons remarqué peu de PNCA
relatives à L1. Ce groupe n’avait pas de difficulté au niveau lexical, mais plutôt sur la
grammaire, cela sur certains points comme l’emploi de l’article défini devant le nom des
villes, et celui du partitif. Les idées exprimées étaient claires. Les PNCA qui s’y trouvent ne
gênaient aucunement la compréhension de la production.
Flavia et son équipe sont eux aussi, des apprenants en gestion et affaires, en troisième année
d’université, concernant French 2, (l’équivalence d’A1 du CECRL). Cette classe avait une
UE de 24 heures sur les deux semestres.
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA ainsi que les exemplars relevées dans leur
production, et la catégorie correspondante.
PNCA
Implication
relevées lors Catégorie Résultat selon le
des Remarque
du projet correspondante contrôle : exemplar
apprenants
pilote
La performance de Flavia et son équipe était dans la norme. Le groupe a employé des phrases
simples, claires et pertinentes dans son exposé. Ce groupe peut comprendre et utiliser des
expressions familières et quotidiennes ainsi que des énoncés très simples qui visent à
satisfaire des besoins concrets (cf. CECRL 2001). Ce groupe pouvait communiquer de façon
simple, si l’interlocuteur parlait lentement et distinctement et se montrait coopératif (cf.
CECRL 2001). La présentatrice a été fluide dans son exposé. Nous n’avons remarqué aucune
hésitation, ni pause. Par contre nous avons relevé un nombre assez important de PNCA
relatives à L1 et à la grammaire.
191
L’analyse des résultats de l’expérimentation pilote des conduit à postuler que l’apport de
données, est indispensable pour ce travail de recherche. Par ces exposés techniques, nous
avons eu l’occasion de donner des tâches réalistes aux étudiants (cf. 4.4.2), qu’ils ont réalisées
sur support PowerPoint. Ces dernières sont motivantes puisqu’elles sont liées à la réalité
professionnelle qu’offre un entraînement efficace (cf. 4.4.2). Cela rejoint ce que nous avons
dit antérieurement (cf. 5.2) à propos du potentiel pédagogique que pouvait jouer le
PowerPoint pour déclencher la production de l’oral.
Cette expérimentation a contribué à valider notre hypothèse sur l’importance d’utiliser des
tâches, pour déclencher la production orale des apprenants, compétence dont ils auront besoin
pour leur future profession. D’autre part, ils ont concouru à valider les hypothèses qui
soutiennent le fonctionnement langagier sur des exemplars - que nous avons évoqués dans la
partie (4.3.1.6). Finalement, cette expérimentation confirme le postulat qu’exposer les
apprenants à une grande quantité d’input, favorise le processus d’apprentissage.
Le résultat de ces exposés souligne une implication des apprenants quand ils participent à la
présentation de l’exposé et leurs résultats sont globalement convaincants. En se basant sur nos
observations ci-dessus et en prenant en compte les questionnaires d’apprenants, nous
remarquons que leur satisfaction était élevée. Reconnaissons qu’au cours de ces exposés
techniques, il y a eu quelques retentissements au début qui relevaient largement de l’anxiété,
et de la peur d’affronter un projet d’exposé technique en français. Car les apprenants n’avaient
jamais été familiarisés avec les pratiques qui accompagnent les exposés oraux en français.
Nous l’avons évoqué tout au début (cf. 0.1).
Tout d’abord les apprenants se dévalorisent car ils ont peur de commettre des fautes. La peur
pour la faute et la dévalorisation pour la production du discours et de paroles ne font que
bloquer ces apprenants. Sur ce point, il s’agit plutôt de modifier la perception et le statut de ce
qu’on appelle “erreur ” tant chez l’apprenant que chez l’enseignant qui est le premier
responsable du mutisme dans ce cas précis. Par ailleurs, la production orale fait échouer un
192
Cette observation est vraie pour les apprenants du FLE/FOS, par exemple, selon les épreuves,
les tests ou les examens que ces apprenants ont passés dans les années précédentes, la
compréhension de l’écrit (CE) est souvent meilleure que la compréhension de l’oral (CO). Les
épreuves de CO baissent énormément les notes, alors que les étudiants sont plus intéressés par
la bonne performance scolaire (cf. les résultats chiffrés des années en question). D’autres part,
il est possible que ces apprenants ne se soient pas bien appropriés les cours précédents, peut
être que la compréhension de l’oral n’est pas assez traitée pour pouvoir les équiper avec les
outils nécessaires pour leur pratique de classe, ou même peut être l’interlangue de ces
apprenants bloque les passages de l’intake grammatical et lexical vers l’output
compréhensible.
A noter que ces apprenants viennent de milieux plurilingues (cf. 1.0) et que par conséquent ils
se trouvent devant un risque double ou même triple de nativisation qui appelle une médiation.
Les apprenants se sentent gênés, parfois ils sont timides dès la phase de sensibilisation .Ces
complexes impulsifs et émotionnels ne font qu’empêcher l’apprentissage (Narcy-Combes,
2005). Cet argument explique pourquoi il y a eu généralement un grand nombre d’évitements
de la part de plusieurs d’entre-eux, lors de la phase de questionnement. Seuls quelques
apprenants un peu avancés en L2 ont pu oser. Comme le rappelle Narcy-Combes :
initialement, les étudiants sont parfois déroutés par la nouveauté du dispositif (2005:210).
Nous pensons qu’en les introduisant à plusieurs reprises à ces tâches d’exposé technique et à
une grande quantité d’input, ils finiront par progresser. A ce sujet, Narcy-Combes rappelle :
[…] l’exposé est un entraînement, pas un examen (2005:209). Donc un entraînement est très
utile à ce stade de l’apprentissage.
Par ailleurs, aucun apprenant ne nous a envoyé son travail enregistré pour l’écoute avant le
passage en classe de langue, cela était dû à l’absence d’un centre de ressources pour les
langues à l’université où nous travaillons ; bien que cette université ait un département
193
d’informatique. Nous avons plutôt noté une réaction négative de leur part, lorsque nous leur
avons conseillé d’enregistrer leur travail dans un cyber café. Ceci est une contrainte qui exige
l’attention de l’institut. Nous pouvons aussi émettre l’hypothèse que les apprenants n’ont pas
soumis leurs enregistrements avant la passation, car le système d’évaluation formative
n’existe pas à MUBS et qu’il n’y a pas de façon intermédiaire d’aider ces apprenants. Cela
nous mène à postuler que ces apprenants ont pu obtenir de l’aide de leurs pairs qui sont plus
avancés en L2 (cf. 3.2.2.2.1).
En termes d’implication, il est impressionnant de noter que les apprenants qui ont pu oser, et
que nous avons pu observés et évalués, étaient globalement convaincants. Les apprenants ont
participé activement dans la recherche des informations en ligne, et ensuite ils les ont
synthétisées en titre, en sous-titre avant de les présenter à l’aide de PowerPoint. Quelques
exemplaires des diaporamas PowerPoint sont sur CD. Les observations ci-dessous ont été
menées lors de la séquence de présentation technique des tâches à l’aide de PowerPoint. Ces
observations nous ont amenée à constater qu’il y a un très net changement d’ambiance dans la
classe de langue, ainsi qu’un regain de motivation. On pourrait imaginer les raisons précises
de ces changements comme suit : que certains facteurs ont leur importance, par exemple le
fait de transformer notre rôle d’enseignante (circuler entre les apprenants, jouer un rôle de
personne ressource, accompagnatrice et guide, plus que détentrice du savoir absolu).
Un travail sur les compétences sociales des étudiants valorisant l’échange, le travail de
groupe, l’esprit de synthèse, nous semble d’une grande importance pédagogique. Notre
expérience dans ces trois exposés, nous pousse à croire que les étudiants peuvent accomplir
des tâches, si elles sont intéressantes et réalistes, ou pour reprendre les termes qu’utilise Ellis
194
« real world activities » d’une part, et d’autre part si on leur donne l’occasion d’agir, au terme
de Dewey, le « learning by doing ». Ils peuvent s’investir dans le dispositif si l’environnement
n’est pas menaçant (J.P. et M.F. Narcy-Combes , 2007).
Nous pouvons postuler à ce stade que cet outil PowerPoint, peut produire les habitudes
mentionnées dans la partie (cf. 5.2), d’autant que les tâches pratiquées, c’est à dire une
présentation technique à partir d’un input compréhensible écrit sont trop pratiques, trop
réalistes.
Un engagement et une ré-implication des groupes ont été notés (cf. les diaporamas et les
PowerPoint sur CD) ;
L’investissement du groupe dans la recherche et la mise en commun de leur travail ont été
observés ;
Scaffolding ou entraide dans la prononciation. Les plus forts en français ont pu aider les
faibles lors de leur présentation (ils les ont encouragé à prendre le devant pour faire
l’exposé, bien qu’ils chuchotaient derrière, la bonne prononciation, lorsque les exposants
avaient des difficultés sur ce point). Comme c’était un travail de groupe, tous les membres
se mettaient devant, à côté du/de la présentateur/présentatrice. A plusieurs reprises, ils
chuchotaient les prononciations lorsque leurs collègues étaient bloqués, nous pourrions
définir ce type de correction de prononciation, comme correction phonologique en
collaboration. Il s’agit de correction spontanée entre étudiants, lorsqu’ils présentaient leurs
tâches orales individuelles ou en groupe devant leurs collègues.
En guise de conclusion, cet exposé pilote aura été une phase de sensibilisation et une pratique
apprenante réussie. Les apprenants de la phase pilote sont capables de comprendre des
instructions qui leur sont adresser et avec soin et suivre des directives simples et brèves de
l’exposé. Ces apprenants étaient capables de décrire les services dans un hôtel, accueillir des
participants et des accompagnants pour deux jours de conférences, de promouvoir les produits
ougandais dans une foire international dans un pays francophone. En bref toutes ces
productions émises par les apprenants lors de leurs exposés oraux reflètent un ensemble
195
Donc il revient à la tutrice de multiplier des telles occasions où les apprenants peuvent
s’impliquer dans leurs apprentissages et ensuite développer leurs performances langagières en
production orale. J.P. et M.F. Narcy-Combes soulignent (2007:77) : Impliquer les apprenants
dans leur apprentissage ne peut que développer leur responsabilité épistémologique (Narcy-
Combes 2005:). Narcy-Combes rappelle […] c’est en mettant en place des pratiques
apprenantes pour effectuer des tâches déterminées par des besoins sociaux (universitaires,
socioculturels ou socioprofessionnels), que les enseignants amèneront les apprenants à
s’interroger sur l’efficacité de leur façon de faire. Ces réflexions indispensables serviront plus
tard pour l’analyse de la performance des apprenants dans les exposés non-pilotes.
Donc en résumé, le tableau ci-dessous démontre les résultats des apprenants de la phase
pilote.
Résultats des
Noms des expérimentatio
Implication
participants aux ns pilotes selon
des Les exemplars
expérimentation le contrôle : - 0
apprenants
s pilotes + (évaluation
qualitative)
Trois groupes d’apprenants ont obtenu « en dessous de la norme » même s’ils se sont
impliqués dans leur exposé technique.
Un groupe a obtenu « dans la norme » et il s’est impliqué aussi dans son exposé
technique.
En nous basant sur les critères d’évaluation retenus pour ces exposés techniques, on peut dire
que ces résultats montrent l’engagement des apprenants dans leur apprentissage et dans
l’acquisition de L2. Ces exposés reflètent un ensemble d’actions réalistes conduisant à une
production langagière « non-scolaire » (« real-world activities », cf. R. Ellis 2003, et « real
world processes of language use ». Cependant ces PNCA illustrent largement les phénomènes
de la nativisation que nous avons catégorisés comme relatives à la L1, à la grammaire, au
lexique et à la phonologie. Nous déduisons que ces apprenants ont atteint un certain niveau de
performance, nécessaire pour produire efficacement en L2 (Voir CECRL). A rappeler aussi
qu’ils sont normalement du niveau A1 ou A1+ du CECRL. Qu’avec une pratique
d’entraînement répétée de l’exposé technique, et une exposition à une grande quantité d’input,
il est fort probable que ces apprenants atteignent les critères de L2 (A2).
Le tableau ci-dessous résume toutes les PNCA dans l’ordre de leur apparition ainsi que
les productions qui remplissent leurs fonctions pragmatiques.
Nous sommes ici et vous PNCA relatives à la Luzira la route de port Bello
aider, nativisation En face le Marché de Luzira.
L’hotel prosper a bonne phonologique à L1 et à Kampala
location, la nativisation lexicale
C’est a Luzira une heure a C’est un hotel cinq etoiles.
Entebbe l’aeroport
international utilise le Notre hotel a pour but de vous
voiture, apporter une vraie atmosphere
Une boite de nuit est a personnel avec tout le confort que
proche, vous attendez d’un hotel au niveau
198
14h00
Le diner sera de 19h00 – 20h00
Le groupe regardera la nouvelle a
la T.V 5 au soir
Des telephones connect PNCA relative à
l’emploi des
prépositions
Une magnifique terrain, PNCA relatives à Établi au début des années 80, (u)
La première étage, l’emploi des articles : Ltd d'industries de
Pour être un le fabricant defini, indéfini et MukwanoActuellement,
entièrement intégré, partitif approximativement 90% des
Le groupe dispose des ménages de l'Ouganda emploient
installations industrielles un ou plusieurs de produits.
et des capitaux dans la Le groupe dispose des installations
zone de Masindi,la Lira et industrielles et des capitaux dans
le Kampala en Ouganda ; la zone de Masindi, la Lire, et le
le d’huile de table Kampala en Ouganda, Mombasa
Ouganda au Kenya et à Dar es Salaam en
Tanzanie, entre d'autres endroits.
Le groupe de Mukwano de
compagnies a une partie de ses
opérations dans l'extraction de
l'huile de tournesol avec une usine
en lira,Uganda. Elle a été installée
en octobre 2007 et avait
fonctionné profitablement.
Actuellement l'usine a un résultat
de 24.500 tonnes par an
Ces différentes PNCA ont attiré notre attention sur le besoin de ces apprenants de dénativiser,
et sur l’importance de créer des micro-tâches d’entraînement, afin de les amener de manière
progressive à la production, selon les normes de L2. Nous notons aussi que malgré ces PNCA,
les apprenants ont pu émettre les productions qui remplissent leurs fonctions pragamatiques
comme le montre la colonne de droite ci-dessus. Les apprenants ont été capables d’utiliser des
structures simples – le sens restait clair malgré la présence systématique de PNCA. Quant à la
fluidité, la majorité d’entre-eux pouvait énoncer des expressions sans trop d’hésitations, de
manière assez fluide. Ils ont utilisé quelques phrases abordées en amont, apprises lors du
cours précédent de FOS. Ils étaient capable d’utiliser des expressions appropriées à la
situation de communication et un lexique varié bien que limité.
Les macro-tâches proposées à partir d’un document écrit et présentées sur support PPT
ont fait ressortir quelques éléments intéressants pour cette étude.
Les apprenants ont été capables d’utiliser des structures simples – le sens restait clair
malgré la présence systématique de PNCA
Les apprenants ont pu énoncer des expressions sans trop d’hésitations, de manière
assez fluide
Ils ont pu émettre quelques phrases abordées en amont, apprises lors du cours
précédent de FOS
.Les groupes ont été capables d’utiliser des expressions appropriées à la situation de
communication et un lexique varié bien que limité
.Les groupes ont apporté des précisions sur certains thèmes comme les services
qu’offrent l’hôtel, accueillir des accompagnants et des participants durant deux jours
de conférence, etc.
C’est lui qui devra finalement évaluer les productions élèves/machine, car ni l’un ni
l’autre n’ont une compétence suffisante (surtout pas la machine, en tout cas) ;
Le schéma de la classe aura donc été profondément modifié, les élèves étant tous actifs
devant leur écran, occupés à résoudre des problèmes, tandis que l’enseignant
n’intervient qu’à la demande et a le temps de s’attarder un peu plus auprès des élèves
les plus faibles.
Ainsi, les résultats des premières expérimentations pilotes ont permis de reconduire d’autres
expérimentations dans les deux autres filières, qui sont présentées dans les pages qui suivent,
et cela toujours dans l’optique d’améliorer la pratique apprenants/enseignante.
Une dernière expérimentation a été mise en place dans la classe de Loisir et d’Accueil BLHM
3 French 4 (cette division de langue a une UE de 134 heures pendant 4 semestres) ; ainsi que
dans la classe de Gestion et des Affaires BIB 3 French 2 (celle-ci a une UE en L2 de 48
heures pendant deux semestres). Quant à ce dernier projet, les apprenants, par groupe de deux,
ont eu pour macro-tâche d’élaborer un dossier autour d’une thématique proposée par la
tutrice. De surcroît, cette dernière a proposé des activités individuelles. Cette fois, les
apprenants ont eu la liberté de télécharger les informations nécessaires sur les sites qu’ils ont
trouvé eux-mêmes.
Il est à noter ici que toutes les séances de travaux de préparation, devront être suivies dès la
première étape – laquelle demandait aux étudiants de trouver eux-mêmes des documentations
sur leurs projets de présentation, puis de les transformer en série de titres, sous titres et en-
têtes de paragraphes. Cette manière de procéder ainsi que ses avantages sur l’apprentissage,
voire sur l’acquisition d’une L2, a été évoquée par J.P. et M.F. Narcy Combes (2007:77-78).
Nous souhaitons que cette expérience sur les supports TIC, puisse constituer une valeur
204
ajoutée pour développer la production orale et que, dans la mesure du possible, cela soit un
levier pour la prise de parole de ces étudiants.
La quatrième expérimentation a été menée dans la filière des Loisirs et de l’Accueil (Bachelor
of Leisure and Hospitality Management) troisième année. Les thèmes qui ont été abordés
pendant le deuxième semestre du cours en 2010, se trouvent synthétisés sous la forme d’un
tableau ci-dessous. Ils comprenaient entre autre : accueillir des participants dans une
conférence, renseigner sur des manifestations, vendre les produits touristiques, répondre à
l’insatisfaction d’un client, évaluer une insatisfaction, annuler une réservation oralement,
annuler une réservation par écrit.
TOPICS
• Advising participants about the available possible means of transport, the costs
involved
• Handling complaints
• Directing and coordinating the activities of the front office (kitchen, dining room,
housekeeping, accounting, purchasing, publicity and maintenance)
• Designing brochures
• Designing flyers
Customer care
Avant de mettre en place la quatrième expérimentation, nous avons dû donner aux apprenants
un dossier en français téléchargé sur un site web, http://www.planet-
206
Ce dossier énonçait assez de données pour déclencher leur intérêt. Nous l’avons traité en
classe de lange ensemble. Tout comme pour les précédentes, cette quatrième expérimentation
demande aux apprenants de trouver un texte/un document au choix sur un site identifié que
nous avons repéré pour eux. Le thème abordé doit au moins contenir quelques notions
abordées en amont, apprises lors du cours précédent de FOS. Le sujet doit au moins apporter
des précisions à la situation de communication avec un lexique varié. Les apprenants doivent
au minimum expliquer comment faire quand on est touriste en donnant des instructions
détaillées. Ils doivent aussi discuter de ce qu’il faut faire, où il faut aller, ce qu’il faut choisir.
http://voyageafrique.blogtact.com/2009/06/27/visites-au-burundi/
http://www.globeholidays.net/Africa/Burundi/Bujumbura/Index2.htm/
http://www.congonline.com/Tourisme/tourisme.htm/
http://www.tripadvisor.fr/Tourism-g294186-Democratic_Republic_of_the_Congo-u/
207
Ils ont été amenés à synthétiser ces documents en présentation PowerPoint, tout en suivant les
consignes résumées dans la fiche ci-dessous. Ces dernières sont synthétisées en anglais dans
la fiche de consignes de travail du point 9.5.1.
le mode de transport et les coûts inhérents, etc. durant leur séjour dans ces pays
Ce travail est fait sous forme de diaporamas et présenté en binôme oralement à l’auditoire
fictif francophone.
Quant aux modalités, nous ne changeons rien par rapport à l’expérimentation pilote. En
revanche nous évaluons les échanges et la prise de parole en nous basant sur les critères déjà
mentionnés dans le chapitre 4. Ils ont déjà servi pour l’évaluation de l’expérimentation non-
pilote (cf. 4.4.5). Ainsi dans les lignes suivantes nous présentons d’abord la consigne de
l’expérimentation non-pilote (cf. 9.5.1) et ensuite nous présentons les trois exposés de trois
groupes d’étudiants comme suit. Pour cela, nous commençons par l’exposé du groupe de
Specioza (cf. vignette 6) que nous analyserons ensuite (cf. 9.5.2).
EXPERIMENT 1
Business presentation
Aim: to give a presentation on “Providing Touristic information to Francophone tourists”
Level: Intermediary
Interaction: Pairs and whole class
208
1 You work as the marketing officer for either Burundi tourist board or Senegal tourist
board or DRC tourist board. In order to market the existing touristic services to the
francophone tourists prepare and present an attractive touristic package about the
existing touristic products or services, provide information about the possible events,
the must see attractions ,the hotel services ,the possible tourist destinations and the
costs involved, the mode of transport that can help tourists get to their destinations,
etc.
2 Choose one Country and download the required information from the selected website.
Each presentation should be between eight to ten minutes, questions and responses for
5 minutes and make use of the presentation phrases the class has covered. Be ready to
field questions at the end. The choice of the country is up to you, although your
preparation should be something that you would expect to present as part of your job
or related to your work in some way.
3 You are going to use Power Point (or similar presentation program) to create the
slides for your presentation. Ultimately, I will be assessing you on the basis of the
fluency and accuracy of the language you use, so you should spend the majority of
your preparation time thinking about what you are going to say and keep the
presentation slides minimal.
4 This preparation could be homework or done within a self-study period in the day.
5 Each learner gives their presentation using a computer and data projector to provide
the visual support. The presentation can be recorded or videoed to create a permanent
record time to prepare. Other members of the class should be encouraged to ask
questions.
6 I will provide written feedback on the language used by each presenter. I will also
provide feedback on the language used on the presentation slides.
209
Ressource: adaptée de Barney Barret and Peter Sharma Blended Learning Using technology
in and beyond the language classroom March 2007.
210
INTRODUCTIONS.
PRESENTATIONS PARS
TOURISME DU RDC
Le Congo constitue la terre du tourisme par excellence, compte tenu aussi bien de la diversité
de ses climats, de la beauté et de la richesse de son paysage que de la pluralité des
possibilités qu’il offre.
L’hotels et restaurants
Beaucoup d’hotels et restaurant et pension ont grandi au cours des annees derniers pour offrir
le bon equipment de lodgement aux touristes.
PARCS NATIONAUX
FORÊTS
LIEUX TOURISTIQUES
L’HOTELS
Forets inclut
La forêt du Mayumbe, elle est la plus impressionnante. Elle s’étend sur près de la moitié
septentrionale du pays, au sud du lac Tumba jusqu’aux contrefort du Ruwenzori, où elle a
poussé sur l’emplacement d’un immense lac préhistorique dont il ne reste, de nos jours, que
les lacs Maï-Ndombe et Tumba
Néanmoins, la forêt équatoriale demeure encore impénétrable pour les voyageurs, à cause de
sa masse végétale dès que l’on quitte la trouée des villages.
L’Institut congolais de la Conservation de la Nature gère sept parcs nationaux, dont celui de
la Salonga, sur l’Equateur, considéré comme la plus grande réserve forestière de la planète.
C’est là que le touriste pourra rencontrer le gorille, ce grand primate au tempérament doux et
timide malgré son impressionnante carrure.
Le Parc National des Kundelungu, avec ses 210.000 hectares de superficie totalement
protégée et une zone annexe de 750.000 hectares, inclut les plus hautes chutes du continent
africain
Le Parc de la Rwindi
Le Parc de la Rwindi, quant à lui, se situe à trois heures de voiture de Goma. C’est une vaste
plaine de savanes traversée par les rivières Rutshuru et Rwindi, où vivent des milliers
d’hippopotames. Au bord de ces rivières se rencontrent divers genres d’animaux : lions,
léopards, éléphants, buffles, antilopes, hyènes, etc. L’hôtel de la Rwindi est aussi très connu
tant pour la finesse de sa cuisine que pour son confort et son accueil tout court.
LIEUX TOURISTIQUES
Kinshasa et sa région
Le Kivu
Le Haut-Congo
Le Katanga
212
Le Bandundu
L'Equateur
Le Bas-Congo
Le modes du transport
Mais les pauvres system de transporte du RDC est une cause de principals derriere l’industrie
de tourisme.
FINALLEMENT.
Nous vous invitons à une petite visite, région par région, afin de découvrir quelques lieux
surprenants.
MERCI BEAUCOPE.
Kawarach Specioza et son équipe sont des apprenants en Loisir et Accueil. Ils étaient en
troisième année d’étude du French 4 à l’université (l’équivalence de B1 du CECRL). A noter
que cette classe avait une UE de 36 heures au total pendant le semestre en cours.
Le tableau ci-dessous illustre des PNCA ainsi que les exempar relevées dans la
production du groupe de Kawarach Specioza et son équipe
PNCA
Résultat selon
relevées lors Catégorie Implication des
le contrôle :les Remarques
du projet correspondante apprenants
exemplars
non pilote
Merci PNCA relative NOUS VOUS SOUHAITONS UNE BON SEJOURS ICI
beaucope au lexique A’ REBULIQUE DEMOCRATIQUE DUCONGO
TOURISME DU RDC
Le Congo constitue la terre du tourisme par excellence,
compte tenu aussi bien de la diversité de ses climats, de la
beauté et de la richesse de son paysage que de la pluralité
des possibilités qu’il offre.
L’hotels et restaurants
Beaucoup d’hotels et restaurant et pension ont grandi au
cours des annees derniers pour offrir le bon equipment de
lodgement aux touristes.
Les attractions inclut:-
PARCS NATIONAUX
FORÊTS
LIEUX TOURISTIQUES
L’HOTELS
Forets inclut
La forêt du Mayumbe, elle est la plus impressionnante. Elle
s’étend sur près de la moitié septentrionale du pays, au sud
du lac Tumba jusqu’aux contrefort du Ruwenzori, où elle a
poussé sur l’emplacement d’un immense lac préhistorique
dont il ne reste, de nos jours, que les lacs Maï-Ndombe et
Tumba
Néanmoins, la forêt équatoriale demeure encore
impénétrable pour les voyageurs, à cause de sa masse
végétale dès que l’on quitte la trouée des villages.
Les PARCS NATIONAUX inclut :-
L’Institut congolais de la Conservation de la Nature gère
sept parcs nationaux, dont celui de la Salonga, sur
l’Equateur, considéré comme la plus grande réserve
forestière de la planète.
Le Parc National de Kahuzi-Biega
C’est là que le touriste pourra rencontrer le gorille, ce
grand primate au tempérament doux et timide malgré son
impressionnante carrure.
Le Parc National des Kundelungu
Le Parc National des Kundelungu, avec ses 210.000
hectares de superficie totalement protégée et une zone
annexe de 750.000 hectares, inclut les plus hautes chutes
du continent africain
214
Le Kivu
Le Haut-Congo
Tableau 11: PNCA et exemplars relevés de l’expérimentation non-pilote de Kawarach
Specioza et son équipe
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés dans la production du
groupe de Keeya Rogers et son équipe
Catégorie
PNCA relevées lors Résultat selon le Implication des
correspondant Remarques
du projet non pilote contrôle apprenants
e
articles défini et
indefini)
La performance de Keeya Rogers et son équipe est dans la norme. Le groupe s’est investi
largement dans des phrases complexes et pertinentes. Le groupe a fait preuve de notions
abordées en amont, apprises lors du cours précédent de FOS. Il a apporte des précisions à la
situation de communication et a utilisé un lexique très varié. Le groupe a au moins expliqué
comment faire quand on est touriste en donnant des instructions détaillées. Il a ausi discuté de
ce qu’il faut faire, où il faut aller, ce qu’il faut choisir. L’exposé n'a pas contenu les formules
de politesse, d’accueil, de salutation, de remerciement et de prise de congé (comme bienvenue
au Cameroun, bonjour, à très bientôt, je vous remercie etc.). Le groupe a donné énormement
d'informations sur les attractions touristiques ainsi que les activités touristiques du pays choisi
pour l’exposé.
Par ailleurs, le présentateur a été fluide dans son exposé. Nous n’avons remarqué ni hésitation,
ni pause. Par contre nous avons remarqué un nombre élevé de PNCA relatives à la grammaire,
comme les prépositions et la conjugaison des verbes au passé. Également, nous avons relevé
l’influence de la L1 dans cet exposé, puisqu’il est caractérisé par l’emploi d’éléments de
nativisations phonologiques. Ce groupe n’avait pas de difficultés au niveau lexical. Les idées
exprimées étaient claires. Les PNCA qui s’y trouvent ne gênaient pas tout à fait la
compréhension de la production.
A noter que Keeya Rogers et son équipe sont des apprenants en Loisir et Accueil. Ils en
étaient à leur troisième année d’université faisant French 4 (l’équivalence d’A2+ ou B1 du
CECRL). Nous préciserons que cette classe avait une UE de 36 heures au total pendant le
semestre en cours.
LE MODE DE TRANSPORT
On peut utiliser l'avion
On peut voyager en bus ou taxi
Il y a la gare
LE LEGEMENT
Il y a camping sauvage
La restauration et le logement sont possibles a
LES COUTS DE VISITE
Il y a beaucoup de bureau d’éxchange
On peut trouver le devis étrangers
LES ANIMAUX A VOIR
On peut voir D'antilope
il y Des buffles
Vous pouvez voir Le végétation savanes et plantations
Vous trouve Des crocodiles
Il y a Foule d'oiseaux
On y Hippopotames
On y trouve de petits animaux nocturnes qu'on trouve rarement dans les autres
parcs est africains
LES SOUVENIRS
Il y a curiosités touristiques
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés dans la production du
groupe de Gloria et son équipe la catégorie correspondante à chaque PNCA.
La performance de Gloria et son équipe est dans la norme.Le groupe s’est investi largement
dans des phrases simples et pertinentes dans son exposé. Le groupe a fait preuve de notions
abordées en amont, apprises lors du cours précédent de FOS. Il a apporté des précisions à la
situation de communication et a utilisé un lexique très varié. Le groupe a au moins expliqué
comment faire quand on est touriste en donnant des instructions détaillées. Il a aussi discuté
de ce qu’il faut faire, où il faut aller, ce qu’il faut choisir. L’exposé a contenu les formules de
politesse comme « vous » » mais pas celui d’accueil ni de salutations, ni de remerciement et
ni de prise de congé (comme bienvenue, bonjour, à très bientôt, je vous remercie, etc.). Le
groupe a donné énormement d'informations sur les attractions touristiques ainsi que les
activités touristiques du pays choisi pour l’exposé.
La présentatrice n’a pas été fluide dans son récit, comme le laisse voir l’enregistrement. Nous
avons remarqué trop d’hésitations et de pauses. Par contre nous avons compté un nombre plus
faible de PNCA relatives à la grammaire, comme l’usage des prépositions et la conjugaison
des verbes au passé. Egalement, nous avons remarqué l’influence de la L1 dans l’exposé,
puisque ce dernier est caractérisé par l’emploi des éléments de nativisation phonologique. Ce
groupe n’avait pas de difficultés au niveau lexical. Les idées exprimées étaient claires. Les
PNCA qui s’y trouvent ne gênaient pas vraiment la compréhension de la production.
Gloria et son équipe sont des apprenants en Loisir et Accueil. Ils en étaient à leur troisième
année de l’université étudiant French 4 (équivalence de B1 du CECRL). Cette classe avait
une UE de 36 heures au total pendant le semestre en cours. Ainsi dans les lignes suivantes,
nous présentons les cinq derniers exposés des apprenants de BIB 3 French 2 et ensuite nous
présenterons les analyses ainsi que les synthèses de ces exposés.
225
La dernière expérimentation par le groupe pilote a été menée dans la filière d’Affaires et
Gestion (Bachelor of International Business BIB3 French 2). Les thèmes qui ont été abordés
pendant le premier semestre de cours en 2010/2011, sont synthétisés dans le tableau ci-
dessous.
Semestre 1 :
Séance 7 -enrichir ses -comprendre des gens, -l'entreprise a été créée, -organiser son
Mardi connaissances parler de leur entreprise elle a rejoint le groupe..., discours à
19/10/2010 à propos du -présenter son entreprise : elle se trouve, est située l'oral et à
monde de parler de l'historique, la dans/à/en..., nous l'écrit :
l'industrie en situer géographiquement, produisons, fabriquons, réaliser un
France parler de son activité, employons,... dialogue
-à la banque : donner des chiffres clé
découvrir un (nombre d'employés,
nouveau lieu chiffre d'affaires,...)
>document feuilles d'activités, dialogues divers
Séance 8 -renforcer ses -comprendre/formuler un -compte
Mardi connaissances problème à la banque : débiteur/créditeur/
26/10/2010 dans le milieu s'exprimer en situation agios/découvert/virement/
de la banque chéquier
>document dialogue, feuille d'activités
-ouvrir un compte (1) : se
renseigner et comprendre
-enrichir ses -RIB, quittance de loyer,
les informations/les
connaissances justificatif de domicile,
documents nécessaires à
Séance 9 sur le monde boîte vocale,
l'ouverture
Mardi de la banque : téléconseiller, carnet de
-demander des
02/11/2010 la conversation chèques
informations
téléphonique et -renseigner
complémentaires
la boîte vocale -le conditionnel (1)
lorsqu'on ne comprend
pas
>document dialogue + feuille d'activités
Séance 10 Préparation au 2nd coursework : l'examen oral.
Mardi Dans le cadre des recherches pour la thèse de Mme Milburga Atcero, séance
09/11/2010 consacrée à la réalisation d'une présentation Power Point par groupe de 2 ou 3.
« En binôme, vous êtes la /le responsable de marketing d'une entreprise. Vous
participez à une foire internationale à Paris. Vous faites la présentation de votre
entreprise aux participants francophones. Vous préparez un Power Point de 8
diapositives sur les points suivants :
-historique de votre entreprise/structure de l'entreprise/siège social/chiffre
d'affaires/nombre de salariés/produits de fabrication, de vente, et introduction des
nouveaux produits.
Mercredi
2nd coursework : Oral exam (préparation 10 min.; passation 7 min.)
17/11/2010
Samedi
04/12/2010 Final EXAM : teste de fin de semetre
14h à 17h
Tableau 14: Les thèmes abordés pendant le premier semestre 2010/2011
228
Le tableau ci-dessus synthétise les différents thèmes qui étaient abordés pendant le semestre
en cours. Il détaille la quantité d’input à laquelle allait être exposés les apprenants de BIB3
French 2. Les thèmes à questions contiennent des données pertinentes aux différents aspects
du langage de spécialité, qui sont appropriés au français des affaires. L’exposition des
apprenants à une quantité d’input favoriserait l’apprentissage et leur donnerait un moyen de
s’entraîner pour développer les habiletés de production (cf. point 4.3.1.1). Il est à noter que
dans ce tableau, nous avons décidé de montrer comment en travaillant en équipe (la stagiaire
de FLE et moi-même), nous avions décidé de développer les contenus à enseigner, afin
d’exposer et d’équiper les apprenants en amont, pour ensuite évaluer leur implications grâce
aux acquis antérieurs.
Ainsi, les étudiants de BIB sont en troisième année à l’université, en deuxième année de
français. Cette classe est divisée en deux, le groupe du matin et celui du soir. Le nombre total
des étudiants est de 108. Après une évaluation de diagnostic pour vérifier les acquis antérieurs
(French 1) de cette classe, il s’est rapidement avéré que la plupart d’entre-eux n’avait pas bien
retenu les concepts de base développés dans le « courseoutline », (programme
d’enseignement) de leur premier semestre. C’est ainsi que nous avons décidé de tout
reprendre depuis le début : salutations, se présenter, présenter ses collègues, tutoiement,
vouvoiement.
Comme c’était un effectif lourd (40 à 50 étudiants à chaque séance), nous avons décidé de
faire principalement du travail en petits groupes (2, 3 ou 4 étudiants), selon les disponibilités
du matériel, du type d’exercice, et des possibilités avec les tables de la salle qui ne
favorisaient pas toujours un travail de groupe. La médiation en grand groupe n’étant pas
simple, et au fil des séances, nous faisions ponctuellement des points au tableau, lorsque nous
avions observé une PNCA récurrente chez les différents groupes. Cela pouvait être un
éclaircissement, une précision de vocabulaire, un point de grammaire et/ou de conjugaison,
une information socioculturelle, ...
Au cours de cette phase, le professeur passait continuellement dans les rangs de la classe et
regardait le travail produit par les étudiants. S’il repérait une production non-conforme, il
attirait l’attention des étudiants et les encourageait à se corriger. Tout l’avantage était que les
étudiants ne travaillaient pas seuls : ils s’entraidaient, partageaient, échangeaient leurs
connaissances jusqu’à arriver à un consensus. Cela les encourageait à débattre, à défendre
229
leurs idées, à expliquer un point qu’ils avaient compris à leurs collègues. Le professeur était
une aide, une personne ressource pour les étudiants qui se sentaient libres de lui demander du
vocabulaire ou un éclaircissement. Cela permettait, malgré un effectif chargé, de
« personnaliser » l’aide apportée. De plus, lorsqu’un étudiant posait une question, la réponse
profitait en général à tous les étudiants présents aux alentours. Ces rôles du tuteur ont été
évoqués dans le point 2.2.
Une fois l’exercice terminé, le professeur répondait aux questions des étudiants en grand
groupe, ou éclaircissait des points qui n’étaient pas clairs devant la classe entière. Certains
points de grammaire ou conjugaison étaient programmés, d’autres se faisaient ressentir selon
les besoins des élèves, au fil des cours. Les jeux de rôle apparaissaient à la fin d’un exercice,
et permettaient de manipuler les nouvelles structures vues. Cela encourageait les étudiants à
pratiquer entre-eux et à réutiliser les expressions. Il s’agissait de mettre d’abord par écrit le
dialogue, puis de le pratiquer par 2 ou 3.
Il est intéressant de noter que la mise en œuvre des activités d’apprentissage en classe de
langues de BIB3 French 3, a été très bénéfique, malgré certains manques d’environnement
propice et idéal pour l’acquisition des langues. Le nombre d’apprenants était extrêmement
lourd, l’organisation des chaises et des tables ne permettaient pas de circuler facilement entre
les apprenants. Table et chaises sont fixes. Néanmoins les heures de cours magistraux pendant
ce semestre ont été consacrées à une phase de mise en œuvre autour des tâches proposées (J-P
et M-F Narcy Combes 2007).
Nous synthétisons sous la forme d’un tableau les documents que nous avons utilisés pour
l’apprentissage de L2 et aussi pour cette expérimentation.
Pour la réalisation de la dernière expérimentation, par groupe de deux, les apprenants ont pour
macro-tâche d’élaborer un dossier autour de la thématique résumée dans le tableau 9.6.1.
Donner des renseignements aux participants dans une foire internationale à Paris, à
Bruxelles ou à Douala au sujet de votre entreprise.
En binôme, vous êtes la /le responsable de marketing d'une entreprise.
Vous participez à une foire internationale à Paris, à Bruxelles ou à Douala.
Vous faites la présentation de votre entreprise aux participants francophones.
Vous préparez un Power Point de 8 diapositives sur les points suivants :
- historique de votre entreprise
- structure de l'entreprise
- siège social
- chiffre d'affaires
- nombre de salariés
- produits de fabrication de vente
- introduction des nouveaux produits
- l’ouverture d’une succursale de l’entreprise à l’étranger.
231
Pour ce faire, les apprenants téléchargent des informations nécessaires sur les sites de leur
choix. Ils sont amenés à synthétiser les documents sous forme de diaporama sur support
PowerPoint, en donnant des informations proposées dans la consigne. Ce travail est à faire
sous forme de diaporama et à présenter en binôme oralement à l’auditoire fictif francophone.
Quant à la modalité, rien n’a changé par rapport à l’expérimentation pilote, par contre nous
évaluons les échanges et la prise de parole en nous basant sur les critères que nous avons
évoqués dans les chapitres 4 et 8.
Dernière expérimentation
Séances de novembre 2010
Business presentation
Aim:to give a presentation on “The providing business information to Francophone business
men and women”
Level : Intermediary
Interaction: Pairs and whole class
Technology : presentation software and data projector
Rational: For business people, giving presentations is a real-world task. Using a program
such as Power Point and a data projector, this can be simulated quite closely, especially in
front of an audience of their colleagues or peers
PROCEDURE
1. You work as the marketing manager of a given company. Your company is
shortlisted to participate in an international trade show in either Paris or Brussels or Douala
In order to market your company to the francophony community,
2.Prepare and present the following attractive information about:
the historical background of your company,
the company structure,
talk about the location of its head office
the annual business turnover
the number of personnel in the company
the current products
the future products
the prospects of opening a new branch overseas
3. Each presentation should be between eight to ten minutes, questions and responses
for 5 minutes and make use of the presentation phrases the class has covered. Be ready to
field questions at the end. The choice of the city for the trade show is up to you, although
your preparation should be something that you would expect to present as part of your job or
related to your work in some way.
232
4. You are going to use Power Point (or similar presentation program) to create the
slides for your presentation. Ultimately, i will be assessing you on the basis of the fluency
and accuracy of the language you use, so you should spend the majority of your preparation
time thinking about what you are going to say and keep the presentation slides minimal.
5. This preparation could be homework or done within a self-study period in the day.
6. Each learner gives their presentation using a computer and data projector to
provide the visual support. The presentation can be recorded or videoed to create a
permanent record. Other members of the class should be encouraged to ask questions.
7. I will provide written feedback on the language used by each presenter. I will also
provide feedback on the language used on the presentation slides.
Ressource: adaptée de Barney Barret and Peter Sharma Blended Learning Using technology
in and beyond the language classroom March 2007
Nous avons retenu 5 exposés qui nous semblaient représentatifs, et sur lesquels nous nous
basons pour l’évaluation et l’analyse.
Il nous paraît impératif de souligner ici encore que dans cette classe de langue, 20 binômes
d’étudiants enthousiasmés par notre projet ont pris part volontairement à cet exposé technique
que nous allons analyser. Toutes les présentations étaient acceptables, mais nous n’en
sélectionnons que 5 pour être pertinente. Nous mettons les autres sur CD.
Les étudiants de BIB3 French 2 sont des apprenants en Gestion et Affaires. Ils en étaient à
leur troisième année d’université faisant French 2 (l’équivalence d’A1 du CECRL). Cette
classe avait une UE de 24 heures au total pendant le semestre en cours. Dans le paragraphe
suivant nous présentons les exposés de cinq groupes d’étudiants. Pour cela, nous commençons
par l’exposé du groupe de Sleek Fashion (cf. vignette 9) que nous analyserons juste après (cf.
9.6.5).
Le Siege social
Aux états unis
En ville a Californie
Les bureaux sont située 4th rue, Bell avenue a Paris
La structure de l’entreprise
Le président Directeur General
Directeur financier
Directeur de ressources humaines
Directeur de marketing
Directeur de clientèles
Le chiffre d’affaires
Élevé à 1.4 milliard d’euros
Des parfums représentent 20%
Les produits de beauté représentent 10%
Des sacs représentent 20%
Des chaussures représentent 10%
Des vêtements représentent 40%
Les nombre de salaries : 10,000 pensionnes
Les produits de fabrication et des ventes : des parfums, les produits de
beauté, des sacs, des chaussures, des ventements comme des blousses des
jupes des robes.
Les Nouveaux produits
Notre intention est de fabriquer
Des voiles
Des bannettes
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés et leur catégorie dans la
production du binôme « Sleek Fashion ».
officielle : 2000
En ville a PNCA relative Historique de notre entreprise
Californie à la grammaire • Nom de l’entreprise est Sleek fashion entreprise
(préposition
• La société existe depuis 1 ans
• Date de création ; 2000
• Date d’en régistration officielle : 2002
• Le Siege social
• Aux états unis
• En ville a Californie
• Les bureaux sont située 4th rue, Bell avenue a Paris
• La structure de l’entreprise
• Le président Directeur General
• Directeur financier
• Directeur de ressources humaines
• Directeur de marketing
• Directeur de clientèles
• Le chiffre d’affaires
• Élevé à 1.4 milliard d’euros
• Des parfums représentent 20%
• Les produits de beauté représentent 10%
• Des sacs représentent 20%
• Des chaussures représentent 10%
• Des vêtements représentent 40%
• Les nombre de salaries : 10,000 pensionnes
• Les produits de fabrication et des ventes : des
parfums, les produits de beauté, des sacs, des
chaussures, des ventements comme des blousses des
jupes des robes.
• Les Nouveaux produits
•Notre intention est de fabriquer
• Des voiles
• Des bannettes
Les bureaux sont PNCA relative
situee 4th rue, à al grammaire
Bell avenue a (conjugaison
Paris des verbes)
235
Nous avons aussi tant des nouveaux produits qui sont encore en fabrication.
Des souliers (chaussures) dames et hommes
Des Bijoux, chainettes, bracelets
De chouchous etc
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés dans la production du
binôme « ESPERANCE » et la catégorie correspondante à chaque PNCA.
devenir Global.
• LA STRUCTURE DE L’ENTREPRISE
• nbnnnb
• LE SIEGE SOCIAL
• Notre Siege social se trouve a Kampala Uganda
Jinja road, Rue nomero Six(6)
• LE CHIFFRE D’AFFAIRES
• LE NOMBRE DE SALARIES
• 1 President Directeur General (PDG)
• 7 Directeurs des differentes Departements
• 22 Superviseurs des Operations dans des
differentes pays
• 300 employe’s.
• Total de 330 salarie’s.
• LES PRODUITS DE FABRICATION ET DE
VENTE
• Des voiles, • Des vestes,• Robes, • Chemises
• Pantalons,• Tricots, • Jupes, • Blouses, • Chapeaux
• Écharpes, • Singlais, • Vêtement de sports
• DES NOUVEAUX PRODUITS
Nous avons aussi tant des nouveaux produits qui
sont encore en fabrication.
• Des souliers (chaussures) dames et hommes
• Des Bijoux, chainettes, bracelets
• De chouchous etc.
En 2005 PNCA relative à la
l’entreprise s’est grammaire
epanouis (conjugaison au
passé avec accord)
En 2008 elle a PNCA relative à la
capture les grammaire
marches de (conjugaison au
l’afrique en passé)
entierete
En fevrier 2010, PNCA relative à la
l’enreprise a pue grammaire
etablir deux (conjugaison au
stores à Paris passé) et au lexique
239
France
Notre siege PNCA relative à la
social se trouve a grammaire
Kampala (préposition)
7 directeurs des PNCA relative à la
differentes grammaire (genre
departments masculin/féminin)
22 superviseurs PNCA relative à la
des Operations grammaire (genre
dans des masculin/féminin)
differentes pays
Tableau 16: PNCA et les exemplars relevés de l’expérimentation pilote du binôme :
« ESPERANCE ».
La performance du binôme «Espérance» est dans la norme. Ce binôme a mené une recherche
remarquable d’informations complexes pour son exposé. L’emploi de phrases complexes
caractérise cet exposé. Il est intéressant de noter l’implication large de ce binôme dans son
travail. Leur exposé montre que ce groupe a très bien évoqué l’historique de son entreprise, la
structure de l'entreprise, le siège social, le chiffre d'affaires, le nombre de salariés, les produits
de fabrication de vente, l’introduction des nouveaux produits et l’ouverture d’une succursale
de l’entreprise à l’étranger.
La présentatrice a été fluide selon l’enregistrement, mais son collègue ne l’était pas Elle
n’hésitait aucunement contrairement à son collègue, qui faisait des pauses à tout moment. Par
ailleurs, l’exposé de ce binôme était caractérisé par quelques nombres de PNCA relatives à la
grammaire. Notamment avec l’emploi de certains aspects de la grammaire comme les
prépositions et la conjugaison des verbes. Nous avons remarqué peu de difficultés dans le
domaine lexical aussi. Les PNCA qui s’y trouvent ne gênaient pas du tout la compréhension
de la production. Dans les lignes suivantes nous présentons l’exposé du groupe de Doma (cf.
vignette 11) que nous analyserons ensuite (cf. 9.6.8 et 9.6.9) la présentation par le groupe de
Doma.
240
DOMA FURNITURE
La historique de notre entreprise
“Doma furniture” est une entreprise du meubles qui a été creee en 2001 mais il
a débute ses operations en 2002.
A l’origine c'était une petite entreprise qui a commence avec un capital de base
faible, mais au fil des ans, il a enregistre beaucoup de succes et maintenant c’est
une tres grande entreprise.
En 2005, l’entreprise est devenue le leader des produits du meubles dans le
monde entier
La structure de Doma Furniture
Le siege social
Le siege social de notre compagnie se trouve a Kampala en Ouganda
Les produits de notre entreprise
Nous produisons des produits du meubles et nous avons une gamme de 100
produits que nous vendons dans le monde entier. Nos produits sont les suivant ;
Les chaises
Les armoires
Les placards
Les tables
Les lits
Les nouveaux produits de notre entreprise
Nous avons aussi les nouveaux produits qui nous avons commence a produire
l’an dernier
Chaises de salle d’attente
Tables de bureau
Tables de reception
Les produits de fabrications et les produits de vendes
Nous fabriquons des produits en bois et nous vendons ces different produits
dans beaucoup de pays. Ces produits sont ;
Les portes
Les lits
Les armoires
Les placards et
Les chaises
Le chiffre d’affaire de notre entreprise
Nous avons un chiffre d’affaires annuel de 10 millions de shillings et tous les
produits contribuent un pourcentage different
241
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés dans la production du
binôme « DOMA » et la catégorie correspondante à chaque PNCA.
Résultat
Implication
PNCA relevées lors Catégorie selon le
des Remarques
du projet non pilote correspondante contrôle : les
apprenants
exemplars
La historique de PNCA relative à la (+)
notre entreprise grammaire (article
défini)
« Doma furnitre » PNCA relative à la DOMA FURNITURE
est une petite grammaire La historique de notre entreprise
entreprise du meuble (conjugaison de
qui a été creee en verbes au passé, “Doma furniture” est une entreprise du
2001 mais il a meubles qui a été creee en 2001 mais il a
debute ses débute ses operations en 2002.
operations en 2002 A l’origine c'était une petite entreprise
qui a commence avec un capital de base
faible, mais au fil des ans, il a enregistre
beaucoup de succes et maintenant c’est une
tres grande entreprise.
En 2005, l’entreprise est devenue le
leader des produits du meubles dans le monde
entier
La structure de Doma Furniture
Le siege social
Le siege social de notre compagnie se
trouve a Kampala en Ouganda
Les produits de notre entreprise
Nous produisons des produits du
meubles et nous avons une gamme de 100
produits que nous vendons dans le monde
entier. Nos produits sont les suivant ;
Les chaises
Les armoires
Les placards
242
Les tables
Les lits
Les nouveaux produits de notre
entreprise
Nous avons aussi les nouveaux produits
qui nous avons commence a produire l’an
dernier
Chaises de salle d’attente
Tables de bureau
Tables de reception
Les produits de fabrications et les
produits de vendes
Nous fabriquons des produits en bois et
nous vendons ces different produits dans
beaucoup de pays. Ces produits sont ;
Les portes
Les lits
Les armoires
Les placards et
Les chaises
Le chiffre d’affaire de notre entreprise
Nous avons un chiffre d’affaires annuel
de 10 millions de shillings et tous les produits
contribuent un pourcentage different
La nombre de salaire de Doma furniture
Nous employons 6000 personnes dans
nos différents points de vente partout dans le
monde
A l’origine, c’était PNCA relative à la
une petite entreprise grammaire
qui a commence
avec un capital de
base faible, mais au
fil des ans,il a
enregistre beaucoup
de success et
maintenant c’est une
grande entreprisei
Le siege social de PNCA relative à la
notr compagnie se grammaire
trouve a kampala (préposition de
lieu)
243
Tableau 17: Les PNCA et les exemplars relevées de l’expérimentation pilote du binôme :
« DOMA ».
La performance du binôme «Doma» est aussi dans la norme. Il s’est impliqué dans la
recherche remarquable d’informations simples et complexes pour son exposé. Ce groupe a pu
parlé de l’historique de son entreprise, la structure de l'entreprise, le siège social, le chiffre
d'affaires, le nombre de salariés, les produits de fabrication de vente et l’introduction des
nouveaux produits - bref il a pu réinvestir dans les acquis antérieurs. Les PNCA relevées dans
cet exposé concernent majoritairement la grammaire et en particulier au niveau de la
conjugaison au passé. L’emploi de prépositions et d’articles définis, fait partie de ces PNCA.
Ces derniers ne gênaient pas du tout la compréhension de la production. Dans les lignes
suivantes, nous présentons l’exposé du groupe de Société Oréale (cf. vignette 12) que nous
analyserons ensuite (cf. 9.6.11).
• SOCIÉTÉ ORÉAL
• Elle a été fondée en 1909 par Sherry. Elle a son siège social à Kinshasa, au
Congo. Elle fait le commerce des prosduits de beauté.
• Nos produits
• Elle a commencé avec des produits de couleur de cheveux mais elle a changé
pour la fabrication des produits de beauté. Nos produits comprennent des
brillants à lèvres, des rouges à lèvres, des produits de visage comme des
démaquillants, des lotions astringentes, de la poudre pour le visage.
• L’organigramme
• Employés
• Nous avons au moins 14.000 employés. Ils sont pour la majorité des
244
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA et les exemplars relevés dans la production du
binôme « Société Oréal » et la catégorie correspondante à chaque PNCA.
Résultat
Implication
PNCA relevées lors du Catégorie selon le
des Remarques
projet non pilote correspondante contrôle : les
apprenants
exemplars
La performance du binôme : Société Oréal est au dessus de la norme. Ce binôme a mené une
recherche très remarquable d’informations complexes et claires pour son exposé. Il a bien
investi dans le lexique de l'entreprise (historique, structure de l'entreprise, siège social,
dirigeants, produits de fabrication de vente, introduction des nouveaux produits chiffre
d'affaire, bas/haut de gamme...). Il est intéressant de noter sa large implication dans son
travail, tout comme l’absence d’autres PNCA, mise à part celle relative à L1. Les PNCA qui
s’y trouvent ne gênaient pas du tout la compréhension de la production. Finalement, dans les
lignes suivantes nous présentons l’exposé du groupe de Massie Designers (cf. vignette 13)
que nous analyserons ensuite (cf.9.6.13).
MASSIE DESIGNERS
l’histoire de la societe
a ete cree le 20 novembre 2001 par deux marie partenaires et esssie. It a commence
conme une petite entreprise avec un seul magasin mais en 2008 il a ouvert huit magasins
dans d’autres pays comme le cameroun,le senegal et france. Il est devenu I’nu des plus
grands de la mode maisons dans le monde.
La structure de l’entreprise
Siege de la societe
Siege social est situe au Rwanda Kigali
Nombre d’employés/nombre de salairés
Employes de l’entreprise de 5000 personnes.
Chiffre d’affaires annuel
Total de nos ventes annuelles s’elevent a cinq cents millions de dollars
Product de l’entreprise
Chaussures
Sacs
vetements
Nouveaux produits
Lunettes de soleil
bijoux
Les produit de frabrications et les produits de vende
Chaussures
Sacs
Vetements
Lunettes de soleil
bijoux
Je vous remercie beaucoup pour votre temps
248
Le tableau ci-dessous illustre les PNCA ainsi que les exemplars relevés dans la
production du binôme « Massie Designers » et la catégorie correspondante à chacune.
Résultat
selon le Implication
PNCA relevées lors du Catégorie
contrôle : des Remarques
projet non pilote correspondante
les apprenants
exemplars
l’ histoire de la societe PNCA relative à la
nativisation (-)
phonologique
a ete cree le 20 PNCA relative à MASSIE DESIGNERS
novembre 2001 par deux L1, l’histoire de la societe
marie partenaires et esssie. PNCA relative à la a ete cree le 20 novembre 2001 par
It a commence comme une grammaire deux marie partenaires et esssie. It a
petite entreprise avec un (difficultés au commence conme une petite entreprise
seul magasin mais en niveau de avec un seul magasin mais en 2008 il a
2008 il a ouvert huit conjugaison au ouvert huit magasins dans d’autres pays
magasins dans d’autres passé comme le cameroun,le senegal et france.
pays comme le cameroun, Il est devenu I’nu des plus grands de la
le senegal et france. Il est mode maisons dans le monde.
devenu I’nu des plus La structure de l’entreprise
grands de la mode Siege de la societe
maisons dans le monde. Siege social est situe au Rwanda Kigali
Nombre d’employés/nombre de salairés
Employes de l’entreprise de 5000
personnes.
Chiffre d’affaires annuel
Total de nos ventes annuelles s’elevent a
cinq cents millions de dollars
Product de l’entreprise
Chaussures,Sacs, vetements,
Nouveaux produits
Lunettes de soleil, bijoux
Les produit de frabrications et les
produits de vende
Chaussures, Sacs, Vetements, Lunettes
de soleil, bijoux
Je vous remercie beaucoup pour votre
temps.
Siege de la societe PNCA relative à la
nativisation
249
phonologique
Siege social est situe au PNCA relative à la
Rwanda Kigali nativisation
grammaticale
(difficulté au niveau
de la conjugaison
au passé)
Nombre PNCA relative à L1
d’employes/nombre de
salaire
Employes de l’entreprise PNCA relative au
de 5000 personnes. vocabulaire
Total de nos ventes PNCA relative à la
annuelles s’elevent a cinq grammaire
cents millions de dollars (difficulté au niveau
de la préposition)
Product de l’entreprise PNCA relative à L1
Les produit de PNCA relative au
frabrications et les vocabulaire
produits de vende
Vetements PNCA relative au
vocabulaire
Tableau 19: PNCA relevées de l’expérimentation pilote du binôme : « Massie
designers ».
L’analyse des résultats des dernières expérimentations des apprenants nous ont conduits à
évaluer l’apport de données obtenues pour cette thèse. Les différents exposés techniques,
nous ont donné l’occasion de proposer des tâches réalistes aux étudiants. Ces tâches étaient
motivantes parce qu’elles étaient liées à la réalité professionnelle qu’offre un entraînement
efficace (Narcy-Combes, 2005). Nous l’avons évoqué dans la partie (4.4).
Pour rappel, il est important de signaler ici que les tâches de l’expérimentation non-pilote ont
été évaluées en fonction du groupe (notion de norme dans le groupe ) et de l’implication des
apprenants, d’où j’ai repéré et adapté les paramètres suivants pour la présente étude: en
dessous de la norme, (-), dans la norme (0) et au dessus de la norme (+) et une flèche
pour indiquer l’implication de l’étudiant. (cf. Narcy-Combes, 2005:198, 199, 217). Ces
mêmes critères étaient utilisés pour évaluer les expérimentations pilotes. Nous avons aussi
évoqué les critères de l’évaluation de la production orale que préconise le CECRL pour le
niveau A1, A2 et A2+ ou B1.
Cette expérimentation a contribué à valider d’une part nos hypothèses sur l’importance des
tâches pour déclencher la production orale des apprenants, et sur l’importance de l’exposé
technique oral pour l’acquisition de L2. D’autre part, elle a pareillement contribué à valider
celles qui soutiennent le fonctionnement langagier sur des exemplars - nous les avons
mentionnés dans la partie (4.3.1.6).
Le résultat de ces exposés souligne une implication importante des apprenants et leurs
résultats globalement convaincants. Contrairement à l’évitement que nous avons observé
pendant les exposés de l'expérimentation pilote, les apprenants de BIB3 ont particulièrement
montré de l'enthousiasme, pendant qu’ils présentaient leurs tâches sur support PPT. Les 20
binômes étudiants sont tous venus avec chacun un portable. En nous basant sur les critères
d’évaluation retenus pour ces exposés techniques, on peut dire que ces résultats montrent
l’engagement des apprenants, malgré le nombre de PNCA relevées. Les 5 groupes se sont
bien investis dans les éléments suivants, qui pour nous sont pivots pour les 5 derniers
exposés : l’historique de l’entreprise, la structure de l'entreprise, le siège social, le chiffre
d'affaires, le nombre de salariés, les produits de fabrication de vente, l’introduction des
251
A rappeler aussi qu’ils sont normalement du niveau A1+ ou A2 ou B1- du CECRL. Avec une
pratique d’entraînement répétée de l’exposé technique, il est fort probable que ces apprenants
atteignent les critères de L2. Il est aussi important de noter que dans la classe de langue de
BLHM 3, le niveau des apprenants est hétérogène, par exemple, le groupe de Kawarach est
d’un niveau B1 alors qu’en BIB3, le binôme « Société Oréal » est plus avancé.
Ainsi, comme nous l’avons signalé dans la partie (4.4), il est très important d’impliquer les
apprenants dans leur apprentissage, cat le fait d’agir (learning by doing) facilitera le passage à
des procédures implicites (J. Dewey 1988). Les apprenants s’investiront dans le dispositif, si
l’environnement est non-menaçant (Narcy-Combes, 2005). Non seulement cela encourage
leur implication et leur investissement personnel dans la phase d’appropriation, mais cela
encourage aussi la co-construction des connaissances par le sujet donné, et autour des
personnes avec qui ils interagissent dans le cadre d’actions à caractère situé, que nous avons
évoqué dans la partie (3.2.3).
Donc en résumé, le tableau ci-dessous montre les résultats des apprenants de la phase
non-pilote et les productions qui remplissent leurs fonctions pragamatiques
Kawarach LA TOURISTIQUE
Specioza et son ATTRACTIONS DU R.D.C
équipe INTRODUCTIONS.
(+) PRESENTATIONS PARS
KAWARACH SPECIOZA
07/U/8912/EVE
NALUBEGA GIDER 07/U/
252
Le Haut-Congo
Le Katanga
Les deux Kasaï
Le Bandundu
L'Equateur
Le Bas-Congo
Le modes du transport
Le modes inclut l’avion a l’interiuer
du pays,
Mais les pauvres system de
transporte du RDC est une cause de
principals derriere l’industrie de
tourisme.
Les autre toutiste utilise les taxis.
FINALLEMENT.
Nous vous invitons à une petite
visite, région par région, afin de
découvrir quelques lieux
surprenants.
MERCI BEAUCOPE.
Keeya Rogers et
son équipe ATTRACTION
TOURISTIQUE DES RDC
Ou est-ce que vous partez en
vacances?, Republique
Democratique du Congo (RDC), est
a beau site pour touriste, c’est
merveilleux et un bel endroit pour
tourisme.
RDC est interessant pour
(+)
oiseaux, visite de naturelle, bien
logement, terrain de camping,
ornithologigue et animaux
Le liste de attraction
touristique comprendre
Le foret dans RDC
• Le foret de la crete congo-Nil
Fored de montagnes comme
les forets de Nyongwe
(prolongement de la kibira
255
burundaise
• La forets des birunga ont
presque la meme faune et flore
A la place des gorilles qu’on
trouve ailleurs, ici elles sont
remplacees par des chimpanzes.
Conti.
La foret de kibira appartient a
l’ensemble des forets afro-
montagnardes
On y trouve des especes
doiseaux endemiques comme la tres
rare timalie a colier
La foret de Bururi y est
marquee par l’aniennete de son
isolement par rapport a l’esemble
des autres forets de la crete congo-
Nil. Le climate y est sec avec une
saison seche plus longue qu’au Nord
de la crete. On y trouve le touraco
de Livingstone qui remplace le
touraco a bec noir qu’on trouve dans
la kibira. Au niveau de la vegetation
on trouve des especes endemiques
dans la vallee de la riviere
Siguvyaye.
Les reserves forestieres dans
RDC
Kigwena-Rumonge, elles
s’etirent sur le plemont occidental
de la crete Congo-Nil. C’est le
dernier echantillon d’une foret
periguineenne a l’instar de celle
qu’on trouve sur le rebord de la
cuvette en RDC
Les reserves s’etirent en
bordure de la route nationale No 3
(RN3) qui longe le littoral du lac
Tanganyika de Bujumbura a
Nyanza-Lac sur une longueur de
125 km.
On y trouve de grands caiaos,
divers singes et vegetations
luxuriants uniques
Plus join sur la crete, on
256
pays.
LE MODE DE TRANSPORT
On peut utiliser l'avion
On peut voyager en bus ou
taxi
Il y a la gare
LE LEGEMENT
Il y a camping sauvage
La restauration et le logement
sont possibles a
LES COUTS DE VISITE
Il y a beaucoup de bureau
d’éxchange
On peut trouver le devis
étrangers
LES ANIMAUX A VOIR
On peut voir D'antilope
il y Des buffles
Vous pouvez voir Le
végétation savanes et plantations
Vous trouve Des crocodiles
Il y a Foule d'oiseaux
On y Hippopotames
On y trouve de petits animaux
nocturnes qu'on trouve rarement
dans les autres parcs est africains
LES SOUVENIRS
Il y a curiosités touristiques
• 22 Superviseurs des
Operations dans des differentes pays
• 300 employe’s.
• Total de 330 salarie’s.
• LES PRODUITS DE
FABRICATION ET DE VENTE
• Des voiles
• Des vestes
• Robes
• Chemises
• Pantalons
• Tricots
• Jupes
• Blouses
• Chapeaux
• Écharpes
• Singlais
• Vêtement de sports
• DES NOUVEAUX
PRODUITS
Nous avons aussi tant des nouveaux
produits qui sont encore en
fabrication.
• Des souliers (chaussures)
dames et hommes
• Des Bijoux, chainettes,
bracelets
• De chouchous etc
Binôme «Doma» DOMA FURNITURE
La historique de notre
entreprise
“Doma furniture” est une
entreprise du meubles qui a été
creee en 2001 mais il a débute ses
(+) operations en 2002.
A l’origine c'était une petite
entreprise qui a commence avec un
capital de base faible, mais au fil des
ans, il a enregistre beaucoup de
succes et maintenant c’est une tres
grande entreprise.
261
Chaussures
Sacs
vetements
Nouveaux produits
Lunettes de soleil
bijoux
Les produit de frabrications et les
produits de vende
Chaussures
Sacs
Vetements
Lunettes de soleil
bijoux
Je vous remercie beaucoup pour
votre temps
Tableau 20: Récapitulatif du résultat des dernières expérimentations
amont, apprises lors du cours précédent de FOS. Ils ont apporté des précisions à la
situation de communication et ont utilisé un lexique très varié. Leurs exposés ont
contenu les formules de politesse, d’accueil, de salutation, de remerciement etc. Ces
groupes ont donné énormément d'informations sur les attractions touristiques, à propos
de leurs entreprises, etc.
A travers les productions qui remplissent les fonctions pragmatiques, les performances
ainsi que les investissements des apprenants dans les exposés différents attirent notre
attention sur le besoin d’exposer ces apprenants à de grandes quantités d’input qui les
responsabilisera dans leur apprentissage. Compte tenu des productions émises par les
différents groupes d’apprenants des expérimentations non-pilotes, il devient clair
qu’en tant que leur tutrice, nous devons leur multiplier des occasions, dans lesquelles
ils peuvent s’impliquer dans leur apprentissage en leur proposant des macro-tâches
d’entraînement de type B sur des situations réelles de la vie.
Donc en résumé, le tableau ci-dessous résume toutes les PNCA dans l’ordre de leur
apparition.
A travers les recensements de ces différentes PNCA, les effets de la nativisation se font sentir
et attirent notre attention sur le besoin de ces apprenants d’avoir recours à des micro-tâches
pour ainsi dénativiser. Compte tenu des PNCA révélées dans la production des apprenants des
expérimentations non-pilotes, et de notre responsabilité épistémologique comme tutrice, nous
devons leur proposer des micro-tâches d’entraînement sur la grammaire, les vocabulaires et la
phonologie en fonction des difficultés détectées.
En conclusion, nous pouvons mettre en évidence l’intérêt de mettre les étudiants en situation
de travail collaboratif, au cours duquel ils peuvent confronter leurs opinions. Ces
expérimentations non pilotes nous donnent des informations sur la pertinence du travail
collaboratif pour assurer aux apprenants un espace d’expression de leur opinion, ainsi que sur
l’attention à porter à la composition des binômes (contrastées ou homogènes) selon que l’on
souhaite (ou non) que les étudiants aient le sentiment que leur avis individuel soit conforté (ou
pas) dans le cadre d’une contribution commune.
Nous observons à partir des différents exposés que le fait de donner le pouvoir aux
apprenants d’intervenir, semble être un facteur qui les implique beaucoup. Il est intéressant
de noter le nombre accru d’étudiants arrivés avec leur portable en tout confiance, et qui, à
tour de rôle sont passés pour faire leur exposé.
Nous remarquons aussi les caractéristiques qui ont le plus d’impacts positifs sur les étudiants,
sont la possibilité d’explorer eux-mêmes des données personnelles réalistes. La preuve en est
que beaucoup d’exposés ont démontré une documentation assez conséquente de la part des
étudiants (cf. les points 9.6.3, 9.6.4, 9.6.5, 9.6.7). Toutes les tâches présentées touchaient à
269
leur domaine de spécialisation respectif. Ce point se corrobore avec ce qui souligne les
tenants de la théorie de situated learning. Plus particulièrement, Collins, Brown & Newman,
(1989) que nous avons évoqués dans le point 3.6.1. Ils rapellent: Situated learning represents
the opportunity for students to learn to carry out tasks and solve problems in an environment
that reflects the multiple purposes to which their knowledge will be put in the future
(1989:487). Autrement dit, situated learning qui se traduirait comme apprentissage situé
intervient dès que l’apprenant se trouve face à une situation réelle non-scolaire. (cf. point
3.6.1)
L’utilisation du support technologique (le soutien PowerPoint, notre ajout) en petits groupes
est souhaitable car la collaboration, le partage et l’échange générés à l’intérieur du groupe par
la communication avec l’ordinateur, augmentent le potentiel de la situation d’apprentissage.
Giardina (1992).
Cette expérimentation sur l’articulation des tâches et le support PPT est en adéquation avec
le cadre théorique que nous avons retenu pour l’acquisition d’une L2. L’acquisition de L2
relève de la théorie de l’action sociale : l’apprenant agit avec des partenaires en s’impliquant
dans des activités qui confèrent un but à son apprentissage et le favorisent dans la mesure où
elles induisent des situations d’interaction et de négociation du sens.
En nous appuyant sur le principe de l’apprentissage collaboratif, les tâches proposées ont
permis aux apprenants d’exprimer leurs idées, d’articuler leur pensée, de développer leurs
propres représentations, d’élaborer leurs structures cognitives et de faire une validation
sociale de leurs nouvelles connaissances. La démarche de construction des connaissances a
combiné l’effort individuel, avec le travail en groupe. L’effort mutuel ou le travail en binôme
a été particulièrement indispensable dans une situation d’interaction, car l’effort mutuel se
concrétise dans des séquences de négociation et de collaboration. Il permet aux interactants
de pouvoir compenser mutuellement leurs défaillances, comme les limites de leurs
expressions. A ce sujet, Gass et Selinker soulignent: Conversational interaction in a second
language forms the basis for the development of language, rather than being only a forum
for practice of specific language features (2001:294). Quant à Long, (1996), interaction
fosters acquisition when a communication problem arises and learners are engaged in
negotiating for meaning.
270
Dans l’acquisition de L2, l’interaction avec autrui, autrement dit la co-construction engendre
une négociation du sens et ainsi facilite l’apprentissage de L2.
Dans le cadre de l’évaluation d’un dispositif de formation en L2, il est nécessaire pour
l’enseignant d’analyser les différentes tâches proposées, afin d’examiner si elles contribuent
aux objectifs fixés, en fonction des principes d’apprentissage retenus (Grosbois 2007). A cet
effet, la référence que nous avions adoptée était les critères d’évaluation des tâches proposés
par Chapelle et Ellis, synthétisés ainsi par Demaizière et Narcy-Combes.
Dans toutes les expérimentations menées, les tâches que nous avons proposées avaient comme
objectif de permettre la construction de savoirs et de savoir-faire, autour des différents thèmes
donnés. L’analyse que nous allons faire dans ce chapitre porte sur les expérimentations (cf. les
parties 9.2., 9.3, 9.4, 9.5., 9.6). Ces tâches ont consisté à préparer un exposé sur des thèmes
272
différents, mais dans ce cas particulier, les étudiants avaient pour macro-tâche d’élaborer un
dossier autour d’une thématique différente.
Nous avons pris pour référence les critères définis par Chapelle et Ellis, synthétisés par
Demaizière et Narcy-Combes (2005). Nous mesurons les tâches de diverses expérimentations
en fonction des critères retenus, à savoir le but, l’input, les conditions et les résultats ; pour en
dégager les points forts et les points faibles par rapport à l’objectif d’acquisition de la L2.
Nous n’avons ainsi analysé que les macro-tâches. Elles sont les 5 suivantes : 9.2, 9.3, 9.4, 9.5
et 9.6.1.
Les cinq (5) tâches ci-dessus s’inscrivent dans un cadre théorique qui met l’accent à la fois sur
le rôle central du fonctionnement langagier par des exemplars, de la production orale à travers
un jeu de transformation d’un document écrit que les apprenants impriment, et ensuite
transforment en titres, sous-titres et paragraphes, et sur l’importance d’exposer les apprenants
à une grande quantité d’input qui favoriseraient leur output devant leurs collègues en classe de
langue. Chaque apprenant part ainsi à la recherche d’un input authentique et individuel.
Nous avons constaté que l’engagement et l’implication convaincante des étudiants dans la
recherche des documents authentiques écrits, et ensuite dans la transformation et la
présentation de ces documents engendrent de la motivation chez ces étudiants pour les raisons
suivantes. Tout d’abord, ces tâches correspondent à une situation de communication que l’on
pourrait qualifier de « réaliste », à caractère situé professionnellement. De plus, elles
responsabilisent les étudiants dans leur quête d’informations. Elles les impliquent dans leur
apprentissage. Comme l’exprime l’un des étudiants dans son questionnaire de satisfaction,.
« Microsoft PowerPoint presentation is a more exciting and innovative way to teach and as
such has been vital to my learning of french ». Notre traduction est la suivante : PowerPoint
est un moyen très intéressant et innovant pour l’apprentissage du FOS.
analysant une à une dans le chapitre 8. Elles fournissent aussi l’occasion d’effectuer des
micro-tâches, notamment un travail de réflexion sur la L2, comme celui d’ordre
phonologique, gramatical, lexical, orthographique - que nous n’avons pas pu proposer faute
de temps -.et ensuite parce que ce n’était pas l’objectif essentiel de cette thèse.
D’un point de vue cognitif, ces tâches placent les étudiants en situation de pushed output (voir
point 4.3.1.3). Ils doivent alors traiter du sens, mais également prêter attention à la forme (afin
de limiter autant que faire se peut les risques d’incompréhension). A ce sujet, Chapelle
précise: Technology-mediated tasks afford a wide variety of opportunities for producing
comprehensible output or co-constructing meaning. [...] First, from a cognitive perspective,
the benefits of producing language may be enhanced when learners have the opportunity to
plan before speaking or writing. Second, the cognitive view also emphasizes the importance of
opportunities to correct linguistic output, which can be prompted by feedback from others or
from self-evaluation (2003:62).
Il est donc possible de considérer, selon les théories auxquelles on se réfère, que cette macro-
tâche est susceptible d’avoir contribué au développement de l’acquisition linguistique des
apprenants. Ainsi dans le chapitre qui suit, nous allons présenter les réponses aux
questionnaires d’attitudes que nous avons fait remplir pas les apprenants de BIB2.
274
Dans ce chapitre, consacré aux résultats des expérimentations mises en place à MUBS, dans le
cadre du projet « Présentation technique orale à base de PowerPoint » en français, seront
détaillés les résultats obtenus par le biais des questionnaires de satisfaction. Nous ne nous
attarderons pas sur la première expérimentation qui s’est déroulée entre janvier 2009 et mai
2010, car c’était une phase « essai » ou « pilote » et nous l’avons expliquée dans l’introduction
de cette thèse (cf. chapitre 9). En effet, il était important de consacrer cette première année à
une pratique assez rigoureuse d’entraînement sur l’exercice métalinguistique - dont les
apprenants auraient besoin pour construire leur discours/paroles - à la compréhension de l’oral
et à la simulation des situations fictives spécialisées. Il était également nécessaire d’entraîner
les apprenants au recueil de documents, à la transformation et la présentation de ces documents
sur support Power Point. L’objectif était de favoriser l’acquisition. Néanmoins, nous pouvons
signaler que cette phase d’essai a été bien appréciée dans les classes de l’expérimentation
pilote, et cela nous a conduite à les reproduire dans les autres classes de langue.
En revanche, nous nous centrerons sur la dernière expérimentation et tout particulièrement sur
la classe de BIB3. Celle-ci avait était menée dans la classe de Gestion et Affaires qui comptait
entre 40 et 50 apprenants. Cette classe s’était déclarée intéressée par l’expérimentation, ainsi
cette dernière fut lancée en novembre 2010. Nous nous basons particulièrement sur cette classe
pour analyser les questionnaires, car les étudiants avaient travaillé en binôme contrairement à
leurs collègues d’autres classes qui avaient laissé la présentation de l’exposé à une seule
personne du groupe.
Il est intéressant de noter que les 20 binômes de BIB3 French 2 avaient apporté chacun leur
portable, pour la présentation de la tâche que nous leur avions proposée, le jour de la
présentation technique de leur exposé. Cette classe de langue avait suivi la consigne du début,
c’est-à-dire que les apprenants avaient travaillé en binôme, et cela nous avait donné une bonne
275
occasion pour évaluer efficacement le lien entre le PowerPoint et les tâches réalisées. Vu que la
consigne a été respectée par la classe de BIB3 French 2, nous avons pu lui distribuer les
questionnaires de satisfaction, dans le but d’obtenir des bilans fiables. Ces questionnaires, (voir
en annexe 7) furent en effet distribués à tous ceux qui avaient participé à la dernière
expérimentation.
A l’issue de cette dernière expérimentation en Novembre 2010, dans la classe de BIB3 french
2, 37 étudiants sur 40 ont rempli les questionnaires d’attitude. Nous ne sommes pas en mesure
d’expliquer l’absence de 3 d’entre-eux, bien qu’ils aient réellement participé à cette activité de
façon volontaire.
Les questionnaires avaient 9 paramètres à évaluer. Ils n’ont pas été construits spécifiquement,
mais ils ont été adaptés à partir des questionnaires préexistants de Narcy-Combes (2005:200).
Nous les avons légèrement modifiés pour évaluer l’importance de chaque paramètre, afin
d’obtenir une vraie image de l’utilisation du dispositif TIC pour présenter les tâches. Le rôle de
ces questionnaires a été déterminant pour la réussite de la recherche-action. Narcy-Combes
(2005:200 ). Les chiffres se réfèrent aux notes données (entre 0 et 5). Les paramètres à évaluer
se trouvent synthétisés dans le tableau ci-dessous. Ainsi dans le point suivant, nous allons
parler des données recueillies.
- A quel point les apprenants apprécient-ils notre travail (leur degré de satisfaction)?
Nous analyserons donc chaque questionnaire, selon son objectif et les réponses des apprenants,
afin de faire le point sur l’efficacité de notre dispositif pour les apprenants ougandais qui
apprennent le français comme deuxième langue étrangère. Nous analyserons également les
commentaires des apprenants que nous avons pu recueillir. Nous leur avons donc demandé de
donner leur opinion, afin de nous aider à améliorer l’apprentissage de L2 à MUBS.
276
En nous appuyant sur les données recueillies, les chiffres se réfèrent aux notes données (entre 0
et 5). Les paramètres à évaluer se trouvent synthétisés dans le tableau ci-dessous.
Présentation du travail ;
Accessibilité de l’enseignant ;
Ouverture de l’enseignant ;
Soutien pédagogique ;
• Satisfaction globale.
• Commentaires :
277
NOMBRE
PARAMÈTRES TOTAL
SATISFACTION DE 0 A 5 → DE
À ÉVALUER ↓ RÉPONSE
S↓
Pe 0 1 2 3 4 5 N/A
Présentation du
travail 0 0 0 4 20 12 36
(Pe1)
Accessibilité de
l’enseignant 0 0 4 11 8 13 36
(Pe2)
Ouverture de
l’enseignant 1 0 1 3 13 18 36
(Pe3)
Mode de travail
0 1 2 7 14 13 37
(Pe4)
Soutien
0 0 1 3 16 16 36
pédagogique (Pe5)
Charge de travail
7 0 0 7 1 21 36
(Pe6)
Efficacité pour
votre
compréhension du 0 0 3 13 9 7 32
thème du module
(Pe7)
La façon dont vous
êtes évalué(e) 0 1 1 11 10 9 32
(Pe8)
Satisfaction
0 0 0 7 14 12 33
globale (Pe9)
Tableau 22: Satisfaction des étudiants en fin de semestre
Nous noterons qu’une question était subdivisée en deux, pour chacune d’entre-elles nous avons
demandé aux apprenants de nous donner leur avis sur ce qui convenait dans la façon de
travailler. D’autre part, à la fin de ces questionnaires, les apprenants étaient invités à nous
transmettre les commentaires (en répondant à des questions ouvertes) qu’ils jugeaient utiles,
pour que nous puissions adopter et mettre en place l’utilisation du PowerPoint pour présenter
les tâches réelles, et ainsi développer l’expression orale chez les apprenants du FOS.
278
Concernant les réponses apportées aux questionnaires, les étudiants semblent en grande
majorité, avoir été satisfaits de l’expérimentation, comme l’indiquent les chiffres que nous
allons détailler, et qui sont exprimés dans le tableau ci-dessous intitulé « Synthèse de toutes les
réponses ».
Nous rappelons, que la graphie est à interpréter en fonctions des notes données (de 0 à 5).
Si les apprenants choisissent le chiffre 0, cela signifie qu’ils avaient jugé le paramètre à
évaluer « fortement insatisfait »
Cette représentation graphique a comme objectif de montrer aux lecteurs, les totaux des valeurs
obtenues pour chacun des paramètres proposés. Elle démontre également l’évaluation globale
apportée par les apprenants à l’ensemble des activités proposées. Nous expliquerons plus loin,
d’une part le manque des trois apprenants, alors qu’ils avaient participé à la présentation des
tâches sur PowerPoint, Par ailleurs, nous expliquerons aussi l’irrégularité dans les résultats.
On peut remarquer que les chiffres 4 et 5 correspondent plutôt à une évaluation globalement
satisfaisante et très satisfaisante (de l’utilisation du PowerPoint), alors que le chiffre 3
représente spécifiquement une satisfaction plutôt faible envers ce dispositif.
Les chiffres correspondent à la somme des évaluations faites par les apprenants pour la totalité
des 8 paramètres, comme on peut le remarquer si l’on consulte les questionnaires en annexe 7.
Le chiffre total pour chaque paramètre est de 37 car 37 apprenants les ont complétés.
En outre on peut constater que sur la totalité des questionnaires proposés sur les huit
paramètres de satisfaction, seuls deux paramètres furent jugés « insatisfaits » par deux
étudiants, et un paramètre fut jugé « fortement insatisfait » par un étudiant. Finalement 7
apprenants ont trouvé un des paramètres trop lourd. L’examen de ces chiffres bruts obtenus par
le biais des questionnaires de satisfaction et portant sur le total des paramètres à évaluer,
semble indiquer une évaluation positive par les étudiants de l’input et le dispositif qui leur
étaient proposé.
Du point de vue des détails des satisfactions exprimés, nous comptons présenter l’évaluation de
tous les paramètres, y compris ceux qui sont ont le moins été appréciés par les apprenants.
- Chiffre 5 : valeur 12
- Chiffre 4 : valeur 20
- Chiffre 3 : valeur 4
- Chiffre 2 : valeur 0
- Chiffre 1 : valeur 0
- Chiffre 0 : valeur 0
281
- Chiffre 5 : valeur 13
- Chiffre 4 : valeur 8
- Chiffre 3 : valeur 11
- Chiffre 2 : valeur 4
- Chiffre 1 : valeur 0
- Chiffre 0 : valeur 0
282
- Chiffre 5 : valeur 18
- Chiffre 4 : valeur 13
- Chiffre 3 : valeur 13
- Chiffre 2 : valeur 3
- Chiffre 1 : valeur 0
- Chiffre 0 : valeur 1
283
- Chiffre 5 : valeur 13
- Chiffre 4 : valeur 14
- Chiffre 3 : valeur 7
- Chiffre 2 : valeur 2
- Chiffre 1 : valeur 1
- Chiffre 0 : valeur 0
284
Le Soutien pédagogique :
- chiffre 5 : valeur 16
- chiffre 4 : valeur 16
- chiffre 3 : valeur 3
- chiffre 2 : valeur 1
- chiffre 1 : valeur 0
- chiffre 0 : valeur 0
285
Charge de travail :
- chiffre 5 : valeur 21
- chiffre 4 : valeur 1
- chiffre 3 : valeur 7
- chiffre 2 : valeur 0
- chiffre 1 : valeur 0
- chiffre 0 : valeur 7
286
- chiffre 5 : valeur 7
- chiffre 4 : valeur 9
- chiffre 3 : valeur 13
- chiffre 2 : valeur 3
- chiffre 1 : valeur 0
- chiffre 0 : valeur 0
287
- chiffre 5 : valeur 9
- chiffre 4 : valeur 10
- chiffre 3 : valeur 11
- chiffre 2 : valeur 1
- chiffre 1 : valeur 1
- chiffre 0 : valeur 0
288
Satisfaction globale :
- chiffre 5 : valeur 12
- chiffre 4 : valeur 14
- chiffre 3 : valeur 7
- chiffre 2 : valeur 0
- chiffre 1 : valeur 0
- chiffre 0 : valeur 0
289
Les résultats obtenus en novembre 2010, par le biais des questionnaires de satisfaction sont les
suivants.
Pour le point sur la présentation du travail, 36 apprenants sur 37 y ont répondu. Un apprenant
qui n’avait pas suivi la consigne a dû être éliminé. 32 apprenants sur 36 ont évalué
positivement ce point. Pour le chiffre 5, le résultat obtenu est 12 apprenants sur 36, pour le
chiffre 4 le résultat obtenu est 20 sur 36. Par conséquent une évaluation très positive de la part
des étudiants.
Quant au point sur l’accessibilité de l’enseignant, 21 étudiants sur 36 ont montré leur grande
satisfaction.
Pour la question sur l’ouverture de l’enseignant, 31 étudiants sur 36 ont été très favorables à ce
paramètre, comme on a pû le constater dans le tableau relatif au Pe3.
D’autre part, le point portant sur le mode de travail a obtenu un résultat de 27 apprenant sur 37,
déclarants leur satisfaction, alors que 7 d’entre-eux l’ont trouvé faiblement satisfaisant. Les
commentaires recueillis vont être analysés dans une page à suivre.
Quant au soutien pédagogique, 32 étudiants sur 36 ont montré leur satisfaction positive sur ce
point.
Au sujet de la charge du travail, 22 étudiants sur 36 ont trouvé la charge pas lourde, alors que 7
autres l’ont trouvé très lourde.
Quant au point sur l’efficacité pour la compréhension du thème du module, 16 étudiants sur 32
ont été satisfaits et très satisfaits. Néanmoins, 13 étudiants sur 32 n’ont été que faiblement
satisfaits.
Pour la satisfaction globale, les résultats ont été très satisfaisants, 26 étudiants sur 33 ont été
globalement très satisfaits et satisfaits, alors que les 7 derniers ont été faiblement satisfaits.
Sur tous les points, sauf en ce qui concerne la charge de travail pour laquelle 7 étudiants ont
souligné qu’elle était trop lourde.
290
Le paramètre sur le mode de travail avait obtenu un résultat majoritairement appréciable. Les
résultats ont montré que les apprenants en grand majorité (27 sur 37) ont été satisfaits dans leur
évaluation. Cette satisfaction ressort clairement dans leurs commentaires recueillis à partir des
questions sur «Quel aspect vous convient particulièrement »
Nous avons regroupé les aspects qui convenaient le mieux aux apprenants sous forme du
tableau ci-dessous.
Commentaires
Malga should add on more Multipliez les oraux au lieu des écrits
presentation as they help students
practice practically the language
Multipliez les explications et les
élaborations lors du cours de L2
En partant du tableau ci-dessus, les commentaires des apprenants soulignent une appréciation
apprenante très élevée pour cette méthode de travail. A travers ces commentaires, un des
thèmes très récurrent, c’est le besoin d’augmenter la pratique de l’oral en classe de Langue. Ce
besoin se ressent, à travers les commentaries tels que « More orals should be put in place
rather than written »; « I think students should do more of oral tests than written tests ». La
question sur l’importance du document audiovisuel, notamment la vidéo en classe de langues
est évoquée par les apprenants aussi. La tutrice doit en tenir compte. De tels supports peuvent
appuyer l’entraînement à la production orale à tout niveau même au niveau A1.
En adéquation avec le thème précédent, les commentaires montrent qu’au premier lieu, les
apprenants apprécient la nouvelle méthode de travailler avec ce nouveau dispositif. Ils ont
apprécié les activités langagières proposées qui ont encouragé un travail collaboratif. Cela est
ressorti dans notre échange avec les apprenants, lors des séances en présentiel et évidemment
dans leurs commentaires ci-dessus. D’autres facteurs importants sont également évoqués par
les apprenants : le besoin de traduire pendant les cours ; la présence de l'enseignant est
cruciale ; le besoins de donner des explications et des élaborations en classe; la présence d'un
natif ou d'une native ; le besoin de vérifier les acquis précédents avant d'entamer le cours
suivant; l'amour pour le français. Au terme de nos analyses, notons que c’est dans une
expression libre que les apprenants expriment leur satisfaction et leurs suggestions. Ces
apprenants ne manquent pas d’initiatives. Il suffit de leur demander de développer un thème
déclencheur passionnant pour qu’ils vous inventent tout un monde. Après l’analyse du contenu
et le groupement par thèmes des commentaires plus haut, nous allons aborder la discussion (cf.
point 12.).
295
Chapitre 12 Discussion
En termes de résultats de cette expérience, nous pouvons constater que les opinions des
apprenants prises globalement, nous indiquent de manière positive que chacun pense avoir
bénéficié du travail collaboratif à base de PowerPoint. Comme nous venons de le montrer, les
résultats de cette expérience soulignent une satisfaction apprenante élevée. Les commentaires
dans le tableau ci-dessus viennent appuyer notre observation. Quelques réticences ont
néanmoins été perçues au début, surtout avec l’exposé technique du groupe pilote. C’était
plutôt lié à l’anxiété et à la peur d’affronter l’exposé oral en français pour la première fois (cf.
point 6). Dans ces circonstances, le rôle de la tutrice était important surtout dans le cadre de ses
conseils linguistiques, animatrice de débats et médiatrice.
Le dispositif que nous avons mis en place avait déstabilisé les apprenants tout au début de leurs
expérimentations, mais petit à petit, ils ont découvert que cette approche encourage le
développement de performances langagières attendues en production orale des apprenants. Les
apprenants de L2 sont bénéficiaires de cette approche dans laquelle il trouve des tâches qui leur
permettent de prendre une part active à leur apprentissage. On peut alors conclure que les
macro-tâches donnent des orientations réalistes qui conduisent à des productions de «real
world activities» en étroite relation avec les intérêts de l’apprenant, ainsi qu’avec son monde
réel ou professionnel. C’est aussi à travers l’exécution des tâches que les apprenants peuvent
répertorier leurs difficultés et leurs besoins langagiers qu’ils rencontrent pendant
l’apprentissage. On peut alors dire que l’approche par tâches est une tentative d’allier contenu
et langue sous forme de macro-tâches. (cf. J. P. Narcy-Combes, dans Bertin et al. 2010).
296
Nous avons noté aussi que certains étudiants se sont impliqués d’une façon remarquable dans
la réalisation de leurs tâches. Leur implication était largement convaincante au niveau global.
Un grand nombre d’apprenants a exprimé sa satisfaction et son appréciation au sujet de ce
nouveau mode d’apprentissage (cf. point 11.1), le soutien de PowerPoint pour la présentation
technique des tâches proposées. Les analyses et les évaluations menées (cf. chapitre 9) sur la
réalisation des tâches et sur le résultat pragmatique obtenu, ont montré une implication
rigoureuse des apprenants et un impact satisfaisant sur la performance langagière. Ces analyses
et ces évaluations ont contribué à valider les hypothèses sur l’importance de favoriser le
fonctionnement langagier qui s’appuie sur des exemplars. 9.2.2, 9.3.2, 9.3.4, 9.4.2, 9.4.4, 9.5.3,
9.5.5, 9.5.7, et 9.6.5). Pour appuyer le point qui précède, nous évoquons quelques
commentaires des apprenants tels que « Microsoft Powerpoint presentation is a more exciting
and innovative way to teach and as such has been vital to my learning of french », « There is
need to adjustments in some of the ways in which the language is passed on to
learners”,”Malga should add on more presentation as they help students practice practically
the language”. A travers ces commentaires, on peut émettre les hypothèses que les apprenants
ressentent une éminente richesse dans l'utilisation des Power Point. Ce dernier recentre
l'apprentissage sur l'apprenant car il met l'accent sur un travail individuel et en collectif.
Donc en termes de rentabilité, cette expérience de réalisation des tâches sur PowerPoint a été
fortement appréciée, selon l’évaluation et les suggestions des apprenants. Dans cette
perspective, sur le plan pédagogique, la collaboration entre pairs, grâce au conflit socio-
cognitif, est considérée comme une étape vers l’autonomisation du développement au terme de
Germain (2007). Autrement dit, l’implication de l’apprenant est plus grande lorsqu’une
discussion a lieu entre apprenants, plutôt qu’entre un apprenant et un expert ou un tuteur.
En ce qui concerne les tâches réalisées, il est très important de noter que ces tâches sont issues
d’actions réalistes et qu’elles conduisent les apprenants à une production langagière non limitée
à l’univers scolaire (Demaizière et Narcy-Combes 2005:50) donc à l’acquisition de L2 qui est
le but recherché de cette thèse. Dans cette optique que nous venons de soulever, il s’avère très
297
nécessaire de tenir compte du contenu de l’apprentissage et du contexte (cf 4.4.3) dans lequel
ces contenus vont être deployés. Autrement dit, le contexte et le contenu jouent des rôles
décisifs (Porquier & Py (2004), car ils n’intègrent pas les apprenants seulement dans leurs
domaines d’intérêt mais aussi ils favorisent le développement cognitif, social et linguistique
mais crucialement ils intègrent les apprenants dans des conditions socio-culturelles de
l’environnement- et ainsi facilitent l’apprentissage de L2 lorsque ces apprenants y sont à l’aise.
Toutes les tâches réalisées ont été issues du domaine de spécialisation de chaque apprenant,
ainsi, grâce à cela ils ont pu acquérir et/ou investir les vocabulaires de spécialisation. Ils ont pu
procéder par chunks ou exemplar, comme le laisse voir les présentations. (cf. 9.2.2, 9.3.2, 9.3.4,
9.4.2, 9.4.4, 9.5.3, 9.5.5, 9.5.7, 9.6.5). Cette expérience en particulier a ouvert nos yeux sur le
fait, qu’il importe de prendre en compte et le contenu et le contexte, dans notre pratique
d’enseignement/apprentissage et de les ajuster à la réalité de la vie. D’autant plus que les
apprenants sont capables de lier le contenu au contexte, lors de l’exécution de tâche, si on leur
en donne la chance.
Au cours des différents exposés techniques, nous avons noté chez les apprenants une tendance
à emprunter des mots de l’anglais (L1), pour compenser leur manque. Par exemple le mot
« registration » au lieu de « enregistrer ». Une équipe a carrément employé la phrase suivante :
« Our products include, lip gloss, lip liner, lipstick. Face products include concealer,
foundation, face powder, rouge, cleanser, toner ». Donc en référence avec le point 1.4.1, ces
apprenants se trouvant dans une situation plurilingue feront toujours recourt à la langue la plus
proche typologiquement qui leur sert comme de ressource pour compenser leurs faiblesses
langagières. Ils ont même suggéré à plusieurs reprises le besoin d’une traduction de L2 vers L1
pour faciliter leur compréhension, comme le laisse voir les commentaires suivants: «Not
everyone can speak or understand French so in everything you do put that in mind so that you
don’t teach in French alone but also translate », « May be we need some translations during
the lecture ». Ces deux commentaires suggèrent le besoin d’une traduction lors de cours de
français. Il faut donc rappeler qu’A1, le niveau requis des apprenants reste encore faible, et
qu’il faudra leur donner des conseils en L1 ou L2 suivant ce qui paraît efficace, en fonction des
problèmes d’apprentissage qui sont repérés, et non en fonction des PNCA relevées pour les
accompagner dans leur apprentissage. Cela signifie aussi que la langue la plus proche des
298
Il est intéressant de noter que la mise en œuvre des activités d’apprentissage en classe de
langues de BIB3 French 3 (niveau A1 de CECR), a été bénéfique malgré un environnement
peu propice et idéal pour l’acquisition des langues. Le nombre d’apprenants était extrêmement
lourd, de part la nature du mobilier indissociable (cf. 9.6), ne permettant pas de circuler entre
les apprenants. Néanmoins le fait d’exposer les apprenants à une grande quantité d’input en
amont de leurs exposés techniques, a favorisé leur implication lors de la présentation actuelle.
Il faut dire que les diverses aides qui leurs ont été proposées lors des heures de cours
magistraux, leur ont offert la possibilité de s’impliquer ultérieurement (cf. le point 8.6). Les
simulations globales qui étaient mises en œuvre venaient renforcer le travail proposé qui visait
à intégrer les différentes capacités autour du projet de présentation de leur entreprise.
Au cours de cette phase, le professeur passait continuellement dans les rangs de la classe, et
regardait le travail produit par les étudiants. S’il repérait une production qui n’était pas
conforme, il attirait l’attention des étudiants et les encourageait à se corriger. Tout l’avantage
était que les étudiants ne travaillaient pas seuls : ils s’entraidaient, partageaient, échangeaient
leurs connaissances jusqu’à arriver à un consensus. Cela les encourageait à débattre, à défendre
leurs idées, à expliquer un point qu’ils avaient compris à leur collègue. Nous voyons là
l’importance de laisser la liberté de travail aux apprenants et de les exposer à une grande
quantité d’input, et par conséquent son impact sur le processus d’apprentissage.
A travers notre expérience, nous avons observé qu’aucun apprenant ne nous a envoyé son
enregistrement pour que nous puissions relever les problèmes à résoudre. On peut en déduire
que soit au sein de chaque groupe, il se peut que des apprenants avancés en L2, aient apporté
volontairement de l’aide à leurs collègues, lors de travaux de préparation collaborative. Une
possibilité d’entraide, d’échange aurait eu lieu, ainsi il n’y avait pas besoin de consulter la
tutrice pour résoudre leur problème. Dans ce cas, on peut postuler qu’apprendre L2, c’est
apprendre avec les autres. C’est aussi le moment où intervient la notion de zone proximale de
développement. C’est avec l’aide des pairs, bien plus que celle de l’enseignant qu’un apprenant
299
apprend à faire, à utiliser. Donc organiser des tâches dans lesquelles les apprenants travaillent
en petits groupes hétérogènes pour atteindre une performance donnée, offre des possibilités
multiples de médiation.
Notre pratique en amont et en aval des exposés techniques nous révèle que les apprenants ont
une représentation de l’enseignant comme une personne ressource. Ce dernier leur apporte les
aides nécessaires dans leur apprentissage de L2. Ils l’ont confirmé par des commentaires
positifs, ainsi que par l’évaluation satisfaisante de leur appréciation (cf. point 11.1.2-Pe.4,
Pe.5). On peut donc déduire que cette ingéniosité à vouloir s’impliquer dans leur apprentissage
devrait être conçue, comme un avantage pour les accompagner dans leur processus
d’acquisition. Nous postulons aussi que le nouveau rôle du tuteur dans un environnement
technologique n’est pas moins complexe. Il est tantôt médiateur, tantôt conseiller. Nous l’avons
signalé dans le point 2.2. C’est lui qui détermine le niveau de compréhension de l’apprenant ;
qui compense ses faiblesses ; qui gère l’efficacité de l’apprenant ; qui évalue sa performance et
lui donne un retour sur cela. En bref, il a une large responsabilité sociale à jouer, et il doit
prendre l’apprenant dans son intégralité pour effectuer un travail en collaboration et en
coopération avec lui. Un enseignant joue parallèlement un rôle comme facilitateur, le tuteur,
C’était donc là un point fort pour notre recherche-action.
Nous avons remarqué aussi que les caractéristiques qui ont eu le plus d’impact positif sur les
étudiants, étaient la possibilité d’explorer eux-mêmes des données personnelles réalistes. La
preuve en était que beaucoup d’exposés avaient démontré une documentation assez assidue de
la part des étudiants (cf. les points 9.6.3, 9.6.4, 9.6.5, 9.6.7). Toutes les tâches présentées
touchaient aux domaines de spécialisation de ces étudiants. Ce point se corrobore avec ce qui
souligne les tenants de la théorie de situated learning. Plus particulièrement, Collins, Brown &
Newman (1989) que nous avons évoqués dans le point 3.6.1. Ils ont rappelé que situated
learning qui se traduirait comme « apprentissage situé », se passe dès que l’apprenant se trouve
face à une situation réelle non-scolaire. (cf. point 3.6.1).
300
12.11 L’EAO
L’utilisation de l’EAO (avec le soutien de PowerPoint, notre ajout) en petits groupes serait
souhaitable car la collaboration, le partage et l’échange générés à l’intérieur du groupe par la
communication avec l’ordinateur, augmentent le potentiel de la situation d’apprentissage
Giardina (1992). Cette expérimentation sur l’articulation des tâches et le support PowerPoint
est en adéquation avec le cadre théorique que nous avons retenu pour l’acquisition d’une L2.
Sur le plan méthodologique, la thèse que nous avons entreprise nous a été une initiation à la
recherche autrement dit, une source de formation à la recherche car elle s'est appuyée
prioritairement sur une initiation à la recherche scientifique ou à l'écriture scientifique. Ensuite
elle s’est appuyée sur les pratiques des enseignants. Notamment, notre engagement dans la
recherche-action (méthodologie de recherche) émane de cette formation.Cette dernière a
contribué à nous équiper avec les techniques des recherches en didactique. Elle nous a aidée à
développer notre méthodologie de recherche (cf chapitre 7.7.1) ainsi que notre cadre théorique
(cf chapitre 3.3.1).Grâce à cette recherche – formation, nous avons pu formuler notre
problématique proprement dite ainsi que notre hypothèse (chapitre 6.0) que nous essayons de
valider par le biais de la recherche – action menée sur le terrain en Ouganda (cf. deuxième
partie).
Sur le plan pédagogique, grâce à cette initiation à la recherche nous avons pu concevoir les
tâches réalistes pour les expérimentations (cf. chapitre 9.).Les expérimentations pilotes et non
pilotes réalisées dès janvier à novembre 2009, par des apprenants de L2 à MUBS dans un
contexte d’apprentissage par ordinateur avaient comme objectif d’évaluer son apport sur le
développement de la production orale des apprenants de L2. Nous avons voulu aussi évaluer
l'engagement des apprenants dans l’interaction. Pour ce faire, nous avions proposé des macro-
tâches réalistes de synthèse de type B (cf. 4.4.2) et (Bertin et al 2010:237) : il s’agissait pour les
apprenants de transformer un texte en titre, sous-titres et paragraphes, puis de présenter leur
travail sous forme de diaporama avec PowerPoint. (cf. 4.4.2). Le but était d’éviter la lecture
linéaire de l’exposé, afin d’accroître leur confiance en eux-mêmes et dans l’interaction en FOS.
301
Dans notre ambition de vouloir aller plus loin, nous avions opté de mesurer la fluidité, la
correction linguistique et la complexité de l’exposé des apprenants avec le logiciel Prat ou sur
ANOVA, mais malheureusement nos enregistrements étaient de mauvaise qualité sonore, ainsi
nous ne pouvons pas prétendre de faire autrement. Dans l’avenir, il nous faudra nous équiper
correctement.
Des leçons pratiques apprises de cette recherche-action, nous auraient orientée dans notre quête
de savoir sur le problème qui touche l’apprentissage de L2 à MUBS. Cette méthodologie nous a
aidée à mettre en place un certain type d'environnement d'apprentissage avec des tâches
réalisées sur le support TIC. Grâce à la recherche-action, nous avons pu définir précisément en
quoi et pourquoi les choix de nos tâches, de nos activités devraient avoir un effet positif sur
notre public cible. Nous avons ensuite pu nous inscrire dans des champs théoriques pertinents,
et identifier notre problématique grâce au recours à la recherche-action. Finalement cette
méthodologie nous a aidée à faire le compte rendu de notre expérimentation. Nous sommes
convaincue que la présente recherche-action, nous a aidée à identifier les vrais problèmes de
manque de production orale en classe de langue à MUBS et en Ouganda en général, et que
grâce aux apports de la présente recherche du changement positif pourrait être mis en place.
En réfléchissant sur la scientificité de ce travail que nous avons entrepris, il en est ressorti que
cette recherche est utile pour la communauté scientifique, mais elle sert plutôt à apporter une
solution à un problème de terrain existant depuis longtemps, qu’à découvrir quelque chose de
nouveau.
Nous notons au moins que notre cadre théorique n’a pas été mis en contradiction dans notre
contexte, et que comme Fanou (2009) d’une part et Khreim (2008) d’autre part, cette thèse
montre que l’on peut adapter des recherches qui ont été menées dans des contextes plus
favorisés sur le plan technologique.
Enfin, grâce à cette recherche-action, nous avons pris conscience, qu’en tant que praticienne-
chercheuse, il faudra nous ouvrir à la recherche, si l’on souhaite apporter du changement dans
la vie sociale.
Nous conclouons que l’hypothèse du départ que nous nous sommes proposée de confirmer a
semblé judicieuse et a été atteinte (Les différentes expérimentations ont été susceptibles de
déclencher de la pratique de la production orale chez les étudiants de L2).
Que cette thèse doit être une démonstration pour améliorer la performance en production
orale des apprenants ougandais en français langue étrangère et en français sur objectif
spécifique. Elle doit aussi être repliquable pour d’autres enseignants d’autres langues
étrangères comme l’allemand, le chinois ainsi que pour le kiswahili.
304
Pour valoriser la collaboration entre les étudiants de FOS dans des universités ougandaises
nous pensons à la création d’un reseautage qui doit relever uniquement de l’initiative des
étudiants de tourisme, d’affaires, d’hôtellerie qui en prennent la décision. Les membres du
reseau doivent être mis au courant de toutes les démarches de mise à jour des activités du
reseau : la composition des responsables administratifs, la localisation du siège et les objectifs
fondamentaux du reseau. Ils sont également informés du calendrier des activités et leurs lieux.
Ces activités peuvent porter sur l’amélioration de la situation économique, gastronomique
/culinaire et artistique dans la région East African Community. Les étudiants peuvent aussi
télécharger les informations à propos de la situation culinaire et artistique de France ou
situation économique en France et synthétisés ces informations sur diaporama PowerPoint et
les partager ensuite avec des collègues. Cette façon de procéder ne peut que créer et renforcer
les partenariats entre les partenaires différents.
culturelles entre les participants. Des nouvelles cultures se mettront en place aussi.Les étudiants
se formeront également aux procédures et à l’art de prendre la parole et de débattre.
Inspirée par le travail de Brudermann 2010, nous pouvons créer un centre de ressources en
ligne qui pourrait héberger des ressources pédagogiques variées identifiés par les étudiants et
classées par compétences linguistiques à travailler. Ce projet consistera à impliquer les
apprenants dans le travail de recherche de documents en ligne, Ils peuvent trouver de
ressources sur You Tube, de vidéo, des aides grammaticales, des exercices
d’approfondissement. Les étudiants pourront sélectionner les ressources en fonction de leur
potentiel à apporter des aides pour des compétences langagières de nature linguistique
(expression écrite, expression orale, production écrite et expression orale), méthodologique et
culturelle. ou encore ils pourront chercher des informations interculturelles ayant trait à la
sphère francophone.
306
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Interaction, Collaboration, and Cooperation: Learning Languages and Preparing
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ANNEXE 1
MAKERERE UNIVERSITY
PROGRAMME BCHM II
YEAR 2008/2009
SEMESTER TWO
FACILITATORS
COURSE OBJECTIVES
Aims
This module aims to extend learners ability to write, speak, and understand written and
spoken French and to promote an understanding of French restaurant and catering cultures
a) Main Objective
• To provide learners with a good knowledge of the norms and conventions of everyday
skills in French for Catering and Hotel Management both for local, regional and International
level.
b) Specific Objectives
MODE OF TEACHING
• Group work
• Role plays
• Debates
• Discussions
• Situational conversations
MODE OF ASSESSEMENT
Total 100%
Unit 1:
Presenting the menu and advising the clients on what to take as starters, main meal,
dessert, drink, etc.
REFERENCES
ANNEXE 2
MAKERERE UNIVERSITY
MAKERERE UNIVERSITY BUSINESS SCHOOL
PROGRAMME BINB II
YEAR 2009/2010
SEMESTER ONE
FACILITATORS
COURSE OBJECTIVES
a) Main Objective.
• To provide students with communication skills required at elementary level and to equip
them with the necessary skills to communicate in a given business environment both at local,
regional and international level
b) Specific Objectives.
• To enable students to communicate in simple and routine tasks requiring a simple and
direct exchange of information
MODE OF TEACHING
• Group work
• Role plays
• Debates
• Discussions
• Situational conversations
MODE OF ASSESSEMENT
Total 100%
CONTENT
Unit 1: Review of previous work (how to introduce one self and others, how to establish
business contacts,)
Making appointments with business contacts in time and space (knowing of telephone
numbers, dates, time is required)
Unit 4: TRANSPORT
• Booking/cancelling flights
REFERENCES
7. http://www.fle.hachette-livre fr.
326
ANNEXE 3
MAKERERE UNIVERSITY
PROGRAMME BLHM II
YEAR 2009/2010
SEMESTER TWO
FACILITATORS :
COURSE OBJECTIVES
a) Main Objective.
b) Specific Objectives.
• To enable students communicate in simple and routine tasks requiring a simple and
direct exchange of information.
MODE OF TEACHING
327
• Group work
• Role plays
• Debates
• Discussions
MODE OF ASSESSEMENT
Total : 100%
CONTENT
Documentation of check-list
REFERENCES
329
ANNEXE 4
MAKERERE UNIVERSITY
YEAR 2009/2010
SEMESTER TWO
FACILITATORS
COURSE OBJECTIVES
a) Main Objective
To consolidate the communication and pragmatic skills acquired at both elementary and
intermediate levels.
b) Specific Objectives.
• To enable students produce clear and detailed texts on leisure and hospitality and
explain a point of view on a wide range of leisure and hospitality aspects.
MODE OF TEACHING
• Simulations.
• Discussions
MODE OF ASSESSEMENT
Total 100%
CONTENT
• Advising participants about the available possible means of transport, the costs involved
• Handling complaints
• Directing and coordinating the activities of the front office (kitchen, dining-room,
housekeeping, accounting, purchasing, publicity and maintenance
332
• Designing brochures
• Designing flyers
Unit 5
Customer care
REFERENCES
ANNEXE 5
MAKERERE UNIVERSITY
COURSE CODES
YEAR 2010/2011
SEMESTER TWO
FACILITATORS
COURSE OBJECTIVES
a) Main Objective.
To consolidate the communication and pragmatic skills acquired at both elementary and
intermediate levels.
b) Specific Objectives.
• To enable students produce clear and detailed texts on leisure and hospitality and
explain a point of view on a wide range of leisure and hospitality aspects.
MODE OF TEACHING
• Simulations.
335
• Discussions
MODE OF ASSESSEMENT
Total : 100%
CONTENT
• visiting forests
• service delivery
• expressing regrets
• evaluating services
Unit 4 : Etiquette
• how to interview
REFERENCES
ANNEXE 6
ANNEXE 7