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ThEv2006-2-Pour Pratique Lucide Priere

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ThEv vol. 5.

2, 2006
p. 103-116
Étienne Lhermenault

Au cœur du mystère :
pour une pratique lucide
de la prière1

Un collègue, que j’avais invité pour parler du témoignage au groupe de

THÉOLOGIE PRATIQUE
jeunes adultes dont j’avais la charge pendant mon stage, avait posé en introduc-
tion cette question : « Avez-vous vécu quelque chose d’extraordinaire cette
semaine ? » J’avoue que cette question nous a pris au dépourvu et, penauds,
nous avions dû constater que non, vraiment, nos vies n’avaient rien d’extraor-
dinaire, pas de conversions vécues, d’exaucements significatifs reçus ou de
miracles accomplis sous nos yeux. Alors ce collègue de dire avec une paisible
assurance qui reste dans ma mémoire seize ans après : « Moi j’ai vécu quelque
chose d’extraordinaire, ce matin-même j’ai parlé librement au Dieu Tout-
Puissant ! »
Parler librement au Dieu Tout-Puissant, voilà l’extraordinaire privilège qui
est nôtre et qui fait résolument partie du mystère de la prière. Mystère à la fois
profond et lumineux. Profond parce qu’au libre accès au Père, mystère de
l’amour, il convient d’ajouter l’étonnante intégration de nos demandes à la
réalisation de la volonté souveraine de Dieu, mystère du service, ainsi que le
secours de l’Esprit qui traduit pour le Seigneur nos balbutiements, mystère de
la grâce. Lumineux, le mystère de la prière l’est dans ses effets puisque, selon ce
que nous dit l’Écriture, nous avons la bienheureuse certitude d’être entendus de
Dieu : nos cris l’émeuvent, notre reconnaissance le réjouit et même notre inter-
cession peut l’amener à « regretter le malheur dont il avait dit qu’il frapperait
son peuple. » (Ex 32.14). Cette expression concentre à elle seule la profondeur
et la lumière du mystère qui nous occupe : la prière fait « changer » le Dieu

1. Conférence donnée au Centre évangélique d’information et d’action, Lognes, 21 novembre 2005.

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souverain − voilà pour la profondeur − et met en œuvre sa miséricorde sans


laquelle aucun de nous ne pourrait subsister − voilà pour la lumière.
Rien d’étonnant donc à ce que la prière fascine notre milieu et soit l’objet
d’une littérature (sur)abondante dans nos librairies. Si j’ai choisi d’aborder ce
thème sous l’aspect de la pratique lucide de la prière, c’est que je ne suis pas
toujours convaincu par les enseignements lus ou entendus et par les façons de
vivre cet aspect important de la piété. L’enracinement biblique, l’équilibre prati-
que et l’usage effectif de ce privilège dans notre relation à Dieu ne me semble
pas toujours au rendez-vous dans nos vies et dans nos Églises. Je voudrais plaider
ici pour une vision plus saine et une pratique plus équilibrée de la prière en
faisant six propositions qui constitueront autant de parties de mon exposé :
1. Écouter avant de parler
2. Aller vers plus d’authenticité
3. Renoncer aux attitudes « païennes »
4. Ne pas se tromper de combat
5. Agir et ne pas seulement parler
6. Prier en ouvrant les yeux sur le monde
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais préciser trois choses :
− mon exposé s’arrêtera davantage sur l’aspect public de la prière, plus facile
à appréhender, mais qui trahit quelque chose de notre pratique privée, sans
distinguer entre les formes d’invocation de Dieu : chants et paroles, prières
spontanées et liturgiques, etc. ;
− en responsable d’une fédération d’Églises où charismatiques et non-
charismatiques se côtoient, je n’éviterai pas de toucher l’une et l’autre spiritua-
lité par mes propos. J’apprécie autant leurs forces jugées complémentaires que
je regrette leurs faiblesses trop peu reconnues par leurs leaders respectifs ;
− les remarques que je ferai sont celles d’un observateur, assez bien placé par
sa fonction, d’une bonne partie du monde évangélique et aussi d’un pratiquant
médiocre qui lutte avec son agenda et son inclination à l’activisme pour garder
le contact avec son Seigneur et maître !

1. Écouter avant de parler


Dieu parle par la parole et par l’Esprit, c’est notre conviction. Ou, pour être
plus exact, c’est ce que nous confessons, car je crois observer un fossé grandis-
sant entre ce que nous proclamons et ce que nous pratiquons. Notre piété est

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marquée par une abondance de paroles qui n’a d’égale que la pauvreté de notre
écoute.
L’exemple le plus frappant, c’est le nombre croissant d’Églises où l’expres-
sion de la louange repousse l’écoute de ce que Dieu dit en fin de culte de sorte
qu’avec le temps se produit un décalage entre une louange qui s’appauvrit et une
Parole dont la richesse est trop peu mise en valeur. On retrouve cette tentation
du monologue dans bon nombre de réunions de prières où le partage a pris la
place − parfois toute la place − du dialogue avec Dieu. Centrés sur nous-mêmes,
nous nous retrouvons pour exposer nos préoccupations et nous ne faisons que
peu ou pas de place à celles de Dieu. Et ce travers rejaillit sur la qualité de nos
temps de prières publiques où nous nous révélons trop souvent incapables
d’unir nos cœurs et nos pensées pour nous adresser d’une même voix au
Seigneur ; les prières peuvent fuser, mais bien souvent dans toutes les directions,
et l’on se demande si l’on s’écoute mutuellement en disant « Notre Père » au
Dieu de Jésus-Christ.
Deux objections peuvent être faites à ce jugement sévère :
1) D’abord que l’Écriture n’est pas absente des temps de louange puisque la
louange utilise bien souvent des passages bibliques pour s’exprimer. Ce n’est pas
faux, mais ça me semble loin d’être suffisant d’une part parce que notre hymno-
logie même toute récente est loin de se réduire à la reprise des textes de l’Écriture
et d’autre part parce que répéter, en chantant dimanche après dimanche,
quelques rares versets d’une Écriture aussi variée et aussi riche, ce n’est pas
vraiment écouter Dieu parler.
2) Ensuite que les milieux charismatiques peuvent à bon droit faire valoir
l’exercice du don de prophétie au cours des temps de prière communautaire pour
dire qu’il y a là une forme d’écoute de ce que l’Esprit a à dire à l’Église. J’aimerais
le croire, car je me sens en phase avec cette compréhension du don de prophétie,
mais je dois admettre que la réalité est moins belle qu’il n’y paraît. Entre les
prophéties insignifiantes qui témoignent plus du besoin irrépressible de parler du
prophète que de l’Esprit de Dieu et les délires parfois écrits qui ne font malheu-
reusement l’objet d’aucun correctif, il y a finalement trop peu de moments qui
s’apparentent à une écoute attentive de Dieu. L’un des problèmes tient d’ailleurs
au manque fréquent d’enracinement biblique de ceux qui exercent ce don.
Je crains que nous ne fassions fausse route au moins en partie quand,
exaltant la prière, nous oublions qu’une pratique lucide de la prière passe
d’abord par l’écoute patiente, attentive, je dirais même craintive, de la Parole de

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Dieu et donc de sa volonté. J’y trouve pour ma part l’explication de la pauvreté


affligeante de la vie de prière de nos Églises. Trop peu conscients de l’horizon
éternel de la volonté de Dieu à la réalisation de laquelle nous participons mysté-
rieusement par notre intercession, notre vie de prière ressemble aux demandes
d’un enfant gâté qui n’a que lui pour centre : meilleure santé, épanouissement
personnel, succès dans nos petites entreprises… On se lasse vite d’une vie qui
tourne en rond !
Ne serait-il pas temps que nous entendions les avertissements du prophète
Ésaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est très éloigné de moi.
C’est en vain qu’ils me rendent un culte en enseignant des doctrines qui ne sont
que préceptes humains (29.13, cité en Mt 15.8ss) » ?
Ne serait-il pas urgent que nous laissions place à la Parole et à l’Esprit pour
qu’ils jugent nos égocentrismes pécheurs et renouvellent profondément nos
façons de prier ? Ici le silence permettrait certainement à Dieu d’en placer une
et là le courage d’une prière simple et dépouillée pourrait sonner le début d’une
nouvelle relation. « Être prompt à écouter et lent à parler » (Jc 1.19) me semble
être aussi un principe de sagesse qui s’applique à la prière.

2. Aller vers plus d’authenticité


Le libre accès auprès du Père ne s’accompagne pas seulement d’une écoute
attentive de la Parole et de l’Esprit, mais aussi d’une expression ouverte de tous
nos besoins : attentes, frustrations, soucis, joie et reconnaissance. Paul ne dit-il
pas aux Philippiens : « Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses, par la
prière et la supplication avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu vos
demandes. » (Ph 4.6). L’invitation à ne s’inquiéter de rien à laquelle est attachée
la promesse d’une paix surnaturelle est reliée très précisément au fait de tout
remettre au Seigneur dans la prière. Et l’Écriture témoigne amplement de ce
« toutes choses » confiées à Dieu par ceux qui la traversent : Abraham intercède
pour Sodome, Moïse et Myriam disent par le chant et la danse leur joie de la
délivrance des Égyptiens, Élie confie ses envies suicidaires au Seigneur, David
demande vengeance à l’Éternel sur ses ennemis, Jésus fait part à Gethsemané de
son angoisse dramatique au Père... Y aurait-il façon plus saisissante et plus
convaincante d’enseigner la pleine liberté à laquelle nous sommes appelés dans
notre vie de prière ?
Or, à de rares exceptions près, cette capacité de dire à Dieu le fond de notre
pensée et la variété de nos sentiments me paraît assez peu caractériser la spiri-

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tualité de nos Églises. Dans son livre Bouleversement intérieur, le psychologue


Larry Crabb dénonce le faux espoir du christianisme moderne qui « promet de
soulager la souffrance inhérente à l’existence d’un monde déchu ». Ce qui a
pour corollaire, selon lui, d’affecter la spiritualité des Églises qui, je cite, « ont
tendance à honorer les membres qui se montrent les plus persuasifs pour créer
l’illusion de chrétiens non déchirés intérieurement, et les présentent souvent
comme modèles de ce que tout enfant de Dieu devrait être2 ».
Cela se ressent dans la vie de prière de nos communautés trop souvent lisse
et monotone. Et ceci n’a rien à voir avec l’exubérance ou l’intériorité de l’expres-
sion cultuelle : les décibels et l’agitation peuvent aussi être monotones par leur
répétition. La louange utilement remise à l’honneur sous l’influence du renou-
veau charismatique peut, par sa répétition, tourner à l’obsession, à la focalisa-
tion sur un seul type d’expression de la foi qui ne rend pas justice à la richesse
de la relation avec Dieu. La spontanéité, si souvent encouragée dans nos Églises
évangéliques comme gage d’une spiritualité authentique, nivelle par le bas
l’expression de notre dévotion. Est-il nécessaire de rappeler qu’elle doit
d’ailleurs plus au romantisme qu’à l’Écriture ? La liturgie, souvent décriée dans
nos milieux comme cache-misère d’une piété factice, peut effectivement se
payer de mots généreux ou creux, mais aussi nourrir utilement la prière person-
nelle et communautaire. Après tout, la lecture des psaumes et la récitation du
« Notre Père » ont aussi leur place dans nos cultes.
Comprenez- moi bien : toutes ces choses sont nécessaires, mais elles ne sont
pas suffisantes. La question n’est pas de savoir s’il faut prier spontanément ou
de façon préparée ou si la louange a sa place dans nos cultes − ce qui est évident
− mais bien si nos lèvres et notre cœur sont en accord ; « Dieu est Esprit », dit
Jésus à la Samaritaine, « et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et
en vérité » (Jn 4.24).
Une pratique lucide de la prière consistera donc à aller vers plus
d’authenticité :
− il s’agit d’abord de conquérir la liberté d’être devant Dieu tel qu’il nous
voit et nous connaît et non tel que nous aimerions paraître ;
− il s’agit de renoncer ensuite aux subterfuges d’une communication super-
ficielle qui adopte le sourire de circonstances, le « Tout va toujours bien avec le

2. Larry CRABB, Bouleversement intérieur, traduit de l’anglais par Antoine Doriath, Marne-la-Vallée, Farel, 1993, p. 5

et 6. Le titre complet en couverture de l’édition française est Le changement véritable est possible si nous sommes prêts à
passer par un bouleversement intérieur.

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Seigneur » alors que le cœur est angoissé ou que le chagrin étreint notre
existence ;
− il s’agit aussi dans nos vies et nos Églises de créer les conditions de sécurité
et d’amour qui nous permettront d’exprimer une plus grande variété de senti-
ments et de préoccupations sans craindre le jugement de Dieu et… d’autrui.
L’arrivée d’un nouveau converti vient souvent à cet égard apporter un souffle de
fraîcheur dans nos assemblées par la candeur de ses prières… jusqu’à ce que de
bons esprits l’invitent à ne pas s’emballer et à laisser à la porte la flamme de son
premier amour ! L’histoire des missions nous rapporte une anecdote significa-
tive à ce propos : William Carey, considéré comme le « père des missions
modernes », s’est fait sèchement rabrouer par un certain John Ryland à ses
débuts : « Asseyez-vous, asseyez-vous jeune homme. Vous êtes un enthousiaste.
Quand il plaira à Dieu de convertir les païens, il le fera sans votre avis et sans le
mien. Il faudrait d’abord qu’il se produise un nouveau don de langues, comme
à la Pentecôte3. »
− Il s’agit enfin de renoncer à toute velléité de paraître qui pousse certains
chrétiens à prier longuement c’est-à-dire bien souvent à exhorter autrui et à se
justifier publiquement ; et qui en conduit d’autres à se taire par peur de ne pas
être à la hauteur. C’est Charles H. Spurgeon, dans un sermon sur la prière
intitulé Le trône de la grâce, qui dit avec raison : « Si dans la prière, je me présente
devant un trône de grâce, alors les défauts de ma prière ne sont pas pris en compte4. »
Une pratique lucide de la prière devrait permettre aux Psaumes, à la variété
des sentiments qu’ils expriment, de trouver leur place d’une façon ou d’une autre
dans nos Églises sans qu’immédiatement ils soient réprimés comme gênants ou
pire comme non bibliques ! En effet, il n’est pas sûr que nous communautés
accepteraient l’expression de déceptions, de colère, de souhaits de vengeance…
que l’on y trouve si elle ne prenait la forme bien repérée de citations bibliques ou
d’expressions liturgiques permettant d’en émousser l’intensité émotionnelle.

3. Rapportée par Jacques BLANDENIER, L’Essor des missions protestantes, Du XIXe siècle au milieu du XXe siècle (vol. II,
Précis d’histoire des missions), Nogent-sur-Marne/Saint Légier, Institut Biblique de Nogent/Emmaüs, 2003, p. 51.
4. Charles H. SPURGEON, Sermons sur la prière, traduit de l’anglais par Lydie Benquet-Mallet, Deerfield (Ill.), Vida,

1996, p. 81 (les italiques sont présents dans l’édition française).

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3. Renoncer aux attitudes païennes


Ce troisième principe d’une pratique lucide de la prière n’est pas le moins
sensible de mon exposé et pourrait me valoir quelques incompréhensions, mais
j’accepte de courir ce risque tant le sujet me paraît important.
Petit-fils d’un pasteur baptiste et fils de parents engagés dans les Églises
évangéliques, j’ai baigné toute ma vie dans un environnement évangélique en
matière de foi. J’ai reçu beaucoup en terme d’enseignement biblique, d’encou-
ragement au témoignage, d’exemples de foi… mais il y a un domaine où j’ai
toujours ressenti un certain malaise, c’est celui de la prière. J’ai lu et entendu
beaucoup d’études qui mettaient en exergue la nécessité de la prière en sacrifiant
souvent au discours culpabilisateur, d’autres qui faisaient briller la puissance de
la prière sans toujours éviter le simplisme et le sensationnalisme, sans parler des
nombreuses biographies missionnaires qui laissent penser, parce qu’elles
tendent à l’hagiographie − mais je ne l’ai découvert que beaucoup plus tard −
que prier est aussi facile que respirer ! Inutile de préciser que cela ne correspon-
dait pas − et ne correspond toujours pas à mon expérience de la prière.
J’ai fini par mettre un nom sur cette façon d’aborder la prière, il s’agit d’une
instrumentalisation de cet aspect de la piété. La prière est devenue le moyen par
excellence de progresser, obtenir, vaincre, mériter ! Le mot est lâché : mériter !
Oui, notre milieu évangélique, s’il n’y prend pas garde, fait de la prière une
façon de mériter la faveur divine ou, dans la dimension pentecôtiste et charis-
matique, d’obtenir sa puissance. Ce qui revient à peu près au même car dans
l’un et l’autre cas la prière connaît un glissement dangereux : d’un mode de
relation privilégié à Dieu, elle devient moyen d’obtenir et d’être ce que je veux.
Le langage témoigne de ce glissement. On parle de « la puissance de la
prière » sans même la qualifier ou « Des lois de la prière percutante » ou encore
du « secret d’une vie victorieuse », etc. La prière devient alors une fin en soi. À
entendre certains, il suffirait de plus prier − au passage je note que le nom du
destinataire de la prière n’est généralement pas précisé − pour être béni, pour
obtenir davantage, pour voir nos Églises grandir… Je m’élève en faux contre
cette attitude que je crois païenne, car elle n’est pas du registre du dialogue et
de l’amour, mais de la séduction et de la manipulation. Quand un mari utilise
les mots de l’amour pour obtenir de sa femme ce qu’il désire, il ne l’aime pas
mais la séduit pour satisfaire ses besoins. Et je tremble de penser qu’inconsciem-
ment il nous arrive d’agir ainsi avec le Dieu vivant. Je note avec intérêt
qu’aucune des sept Églises de l’Apocalypse n’est reprise pour son manque de

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prières − et c’est compréhensible car la prière peut s’apparenter au contenant −


mais bien plutôt pour l’abandon du premier amour, pour la compromission
avec les ennemis de Dieu, pour la tiédeur de la foi… De même, aucune des sept
Églises n’est explicitement félicitée pour l’intensité de sa vie de prière, mais pour
sa fidélité, son courage, sa persévérance…
À mon sens, une pratique lucide de la prière ne consiste pas à multiplier les
recettes sur le moyen, la prière, mais à renforcer l’intérêt pour la fin, le Seigneur
que nous prions. Ce dont nos Églises ont besoin, ce n’est pas de plus de réunions
de prières, mais de plus d’amour, ce n’est pas de plus beaux discours, mais de
plus de vérité.
J’observe que, quand notre Sauveur apprend aux siens à prier ou quand il
prie lui-même le Père, il fait preuve de sobriété et il précise tout exprès dans le
Sermon sur la montagne que ce n’est pas dans la répétition mécanique des
demandes (ou de son nom, ai-je envie d’ajouter, tant les prières dans nos Églises
sont souvent truffées de « Seigneur ») que se trouve l’exaucement, mais bien
dans la recherche prioritaire du Royaume de Dieu et de sa justice.
J’en conclus que ce n’est pas en appliquant des recettes ou en faisant miroi-
ter quelque expérience alléchante que nous conduirons nos Églises à vivre le
mystère de la Prière. Non, c’est en leur apprenant à mieux connaître la bonté
du Seigneur, la profondeur de sa grâce, l’immense plaisir qu’il a à entendre, lui
qui sait tout de nous, la voix de ses enfants bien-aimés.

4. Ne pas se tromper de combat


L’Écriture parle en Éphésiens 6 d’une lutte, d’un combat qui est devenu un
thème spirituel majeur dans bien des Églises charismatiques ou non. Voici ce
que dit l’apôtre Paul : « Revêtez vous de toutes les armes de Dieu, afin de
pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable. Car nous n’avons pas à
lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs,
contre les dominateurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits du mal dans les
lieux célestes. C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir
résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté. »
S’ensuit la liste des armes de Dieu qui s’achève sur « Priez en tout temps par
l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une
entière persévérance… » (Ép 6.11-13,18).
À partir de ce texte et d’autres de l’Écriture, notre génération a vu se
développer tout un enseignement sur le combat spirituel généralement sur fond

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d’une démonologie excessivement détaillée. Je pense par exemple à la notion


d’esprits territoriaux et à la nécessité de les combattre par la prière pour libérer
tel quartier ou telle ville. Ou encore à l’habitude qui se développe dans certains
milieux, sous l’influence du pentecôtisme sud-américain, de s’adresser, au cours
de la louange à Dieu, à Satan et aux esprits pour les menacer et leur rappeler la
victoire de Jésus. Il existe indéniablement un risque à se focaliser ainsi sur une
forme de combat spirituel, c’est de passer à côté de bien d’autres aspects du
combat de la foi dont parle l’Écriture. Je voudrais argumenter ici mon propos :
1) À trop développer la démonologie, nous faisons œuvre dangereuse car nous
nous laissons entraîner sur le terrain du père du mensonge. Or il est extrême-
ment difficile de ne pas errer quand il s’agit de parler du Malin et de ses illusions
funestes. C’est pourquoi il me semble indispensable de rester sobre et de ne pas
s’aventurer au-delà, ni en deçà, de ce que dit la Parole de Dieu qui, elle, est
parfaitement sûre. J’ai eu, dès les débuts de mon ministère, indirectement
affaire avec les résultats désastreux d’une piété de cet ordre. L’Église dont j’avais
la charge s’était laissée entraîner vingt ans auparavant dans un enseignement
excessif sur les esprits mauvais et la lutte à leur encontre. Cela avait culminé dans
une séance de délivrance d’une femme possédée qui a duré 18 heures en
présence d’une vingtaine de personnes de la communauté. Les manifestations
avaient été, aux dires des témoins, impressionnantes. Les démons s’étaient mis
à accuser nommément les membres de la communauté de tel et tel péché. Mal
inspiré, le pasteur s’était alors mis à faire de la cure d’âme sur la base des accusa-
tions entendues ce jour-là. Autant que j’ai pu le vérifier au cours de mon minis-
tère, les péchés dénoncés par les démons avaient bien été commis mais ils
avaient aussi été confessés par les personnes en question. À son insu, le pasteur
avait donc fait le jeu de l’accusateur des frères et l’Église qui avait grandi specta-
culairement jusque là s’est transformée en lieu de règlements de compte : les
excommunications se sont succédées, l’Église s’est divisée, les membres des
familles qui étaient de bords différents ne se sont plus fréquentés et changeaient
même de trottoir pour ne pas se croiser en ville… Autant dire un véritable désas-
tre qui fit la une des comptoirs dans cette petite ville. Un seul avait gagné : notre
adversaire, le diable.
2) L’autre risque d’une insistance trop forte sur cet aspect du combat spiri-
tuel, c’est de décentrer la foi des croyants, de donner trop de poids à l’œuvre de
destruction du diable et des démons au détriment de l’œuvre d’amour du

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Christ. C’est exactement ce que j’ai trouvé dans une autre Église dont j’avais
aussi la charge. Marqués par le même enseignement dénoncé plus haut, une
bonne partie des membres avaient développé une foi qui ressemblait à un
négatif photographique : ils avaient plus peur du diable qu’ils n’avaient
confiance en Jésus et mettaient plus d’énergie à se protéger des ruses du diable
qu’à servir leur prochain. Cela « colorait » toute leur vie de prière plutôt angois-
sée où de façon quasi obsessionnelle ils se mettaient à l’abri des influences du
Malin en invoquant le sang de Jésus et ne sortaient de cette attitude que pour
juger durement ceux qui ne partageaient pas leur façon de voir.
3) Enfin cette hypertrophie d’une forme de combat spirituel détourne de ce qui,
selon ma compréhension de l’Écriture, en fait l’essentiel, à savoir la sanctification.
Nous savons tous comment cette référence constante au diable et à la puissance
des démons déresponsabilise dans la foi puisque les difficultés rencontrées ont
toujours des causes extérieures qui sont perçues comme très spirituelles puisque
par définition invisibles. J’ai même vu le phénomène – pathologique − de
« chrétiens » qui trouvaient dans cette forme de spiritualité une façon d’attirer
l’attention sur eux puisqu’ils étaient la proie d’influences démoniaques si
« prisées » dans l’Église qu’ils fréquentaient.
Or j’observe que, globalement, cette préoccupation, si elle n’est pas absente
chez Paul, est loin d’être majeure. L’apôtre me semble bien plus préoccupé par
le « sale caractère » des chrétiens, leur propension à la division, leur indulgence
à l’égard du péché… Je note que le texte d’Éphésiens 6 sur les armes de Dieu
s’inscrit d’ailleurs dans un contexte de résistance après la conquête et non
d’offensive pour la victoire dont nous savons qu’elle est déjà remportée par le
Seigneur. Et cela correspond bien au « Notre Père » où la demande que nous
sommes invités à formuler est celle de ne pas tomber en tentation, non de
chasser diable et démons de nos vies.
Ma responsabilité nationale ne fait que confirmer une observation locale, le
combat majeur que nous avons à livrer en tant qu’enfants de Dieu est bien celui
de la sanctification, celui contre les soubresauts de notre vieille nature. J’ai
l’intime conviction que ce qui handicape nos Églises locales, c’est moins
l’oppression spirituelle extérieure que le manque d’amour à l’intérieur. Et là,
oui, nous donnons prise au diable quand nous cultivons complaisamment
amertume, refus du pardon, jugements intransigeants…

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Au cœur du mystère : pour une pratique lucide de la prière

Pratiquer une prière lucide, c’est selon moi ne pas se tromper de combat et
faire de la sanctification, la formation du caractère de Jésus en nous, l’éclosion
du fruit de l’Esprit, une affaire prioritaire et quotidienne.

5. Agir et ne pas seulement parler


Et le combat ne se limite pas à la prière, il combine, il doit combiner action
et prière ; ou sinon la prière peut se transformer en fuite, fuite que nous parons
des atours de la spiritualité mais qui n’est que refus de la réalité.
« Ne dépendez pas uniquement de la prière sans faire le moindre effort »
disait Spurgeon dans un sermon intitulé « La clé d’or de la prière5 ». Et il y
ajoutait cette illustration : « Dans une certaine école une élève connaissait le
Seigneur. C’était un enfant très gentil, confiant, simple de cœur. Tout naturel-
lement, la grâce se développait chez elle selon les tendances de sa nature. C’était
elle qui savait toujours le mieux ses leçons. Une autre élève lui dit un jour :
“Comment se fait-il que tu récites toujours si bien tes leçons ?” “Je prie Dieu de
m’aider à les apprendre”, répondit-elle. “Bien”, fit l’autre, “alors je vais en faire
autant”. Le lendemain matin, lorsqu’elle se leva en classe, elle ne savait rien, et
se voyant humiliée, elle se plaignit à l’autre : “J’ai demandé à Dieu de m’aider à
apprendre ma leçon et je ne la sais pas, pourquoi ? À quoi sert de prier ?” “Mais
as-tu vraiment essayé de l’apprendre ?” “Oh, non” fut la réponse, “je n’ai pas
ouvert le livre.” “Ah”, répliqua l’élève, “j’ai demandé à Dieu de m’aider à
apprendre la mienne, mais j’ai pris la peine de l’étudier et j’ai persévéré jusqu’à
bien la savoir. Je l’ai facilement apprise parce que mon ardent désir, exprimé à
Dieu était : ‘Aide moi à m’appliquer à essayer de faire mon devoir.’” »
Et Spurgeon de conclure : « Il en va de même pour certaines personnes qui
viennent aux réunions de prière, qui prient mais qui croisent les bras et repar-
tent avec l’espoir que Dieu va continuer à travailler. »
J’approuve pleinement cette façon de voir et crois discerner une telle invita-
tion du Seigneur quand il dit aux disciples : « La moisson est grande, mais il y
a peu d’ouvriers. Priez donc le Seigneur de la moisson d’envoyer des ouvriers
dans sa moisson. » (Mt 9.37s.). Vous souvenez-vous seulement par quoi cet
encouragement à la prière est immédiatement suivi ? Par l’appel des douze disci-
ples qu’Il équipe et envoie vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Prier est
donc terriblement risqué, parce que Dieu prend au sérieux le désir exprimé et

5. Charles H. SPURGEON, op. cit., p. 16.

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n’hésite pas à envoyer celui-là même qui a prié. William Carey, père des
missions modernes, avait intégré cette réalité en assenant cette formule devenue
célèbre : « Attendez de grandes choses de Dieu » − voilà pour la prière de la foi
− « entreprenez de grandes choses pour Dieu » − voilà pour la foi mise en action
− et l’on sait l’œuvre décisive qu’il accomplit avec détermination aux Indes.
Je m’inquiète de constater que nous sommes à cet égard des chrétiens
souvent inconséquents. Je pense en particulier à deux situations précises. La
première est celle du changement pastoral en Église : combien de pasteurs et
d’Églises ont prié pour cette étape importante de leur existence, ont proclamé
leur confiance dans la providence divine… et le moment venu n’ont pas su
mettre leur foi en action. Leur besoin de sécurité a été si prédominant (« je ne
partirai pas tant que je n’aurai pas trouvé “le” remplaçant indispensable », « nous
ne pouvons pas laisser partir notre pasteur, nous avons trop besoin de lui »,
« nous ne trouverons jamais le berger dont nous avons besoin ») qu’il en a été
paralysant. Je me demande comment Dieu peut bénir un tel décalage entre nos
proclamations et nos actions effectives. La deuxième situation est liée au vécu du
pardon au sein de nos communautés. J’ai l’impression pénible − mais j’espère être
détrompé − que le pardon est une dimension bien peu expérimentée dans nos
relations mutuelles. Nous sommes nés à la vie nouvelle par le pardon de Dieu
expérimenté et reçu en Jésus-Christ ; nous nous savons graciés mais toujours
marqués par le péché et pourtant… il semble que nous puissions vivre et servir
ensemble sans avoir besoin d’exercer le pardon, l’offrir et le recevoir, au sein de
nos communautés.
Est-ce à dire que nous sommes à ce point sanctifiés que nos relations sont
en tout point sereines et harmonieuses ? Je n’en crois rien.
Peut-être est-ce alors la superficialité des relations au sein de nos Églises où
la moyenne hebdomadaire des rencontres entre membres doit varier entre deux
heures et trentes minutes en Région parisienne et quatre heures en Province qui
ne permet pas réellement d’exercer le pardon puisqu’on n’a même pas le temps
de se blesser ? J’y crois à peine car je sais que le manque de communication en
soi peut faire bien des torts aux relations et qu’en tous les cas se croiser seule-
ment ce n’est pas vraiment s’aimer.
Alors nos Églises seraient-elles des lieux où l’on a tellement appris à se
cacher la réalité, à enfouir dans nos mémoires personnelles et collectives les
blessures reçues et infligées, les divisions vécues ou subies, que nous ne savons
pas parler des choses qui fâchent ? J’y crois sans peine tant je découvre d’histoi-
res non réglées, d’amertumes ressassées et parfois de haines entretenues dans

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Au cœur du mystère : pour une pratique lucide de la prière

mon travail pastoral. Et pourtant nous prions ce « Pardonne-nous nos offenses


comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé » du « Notre Père » sans
ciller, sans frémir alors qu’il doit bien souvent résonner aux oreilles du Seigneur
comme une provocation. Prier et ne pas agir, demander pardon sans offrir le
sien, intercéder pour l’envoi d’ouvriers sans être prêt à partir, supplier pour que
l’œuvre de Dieu progresse sans ouvrir son porte-monnaie… c’est être aveugle,
jouer au disciple du Christ sans l’être vraiment.
J’aime cet adage qui dit : « Prier, c’est joindre les mains sans se croiser les
bras ».

6. Prier les yeux ouverts sur le monde


Une pratique lucide de la prière telle que le Seigneur l’enseigne consiste à
garder les yeux ouverts sur le monde dans lequel nous vivons. Notre milieu
évangélique a longtemps souffert de myopie dans ce domaine avec son incapa-
cité à voir plus loin que la porte de l’Église. Ce ne sont pourtant pas les appuis
bibliques qui manquent. Le prophète Jérémie encourageait les déportés à
Babylone à rechercher la paix de cette ville en ces termes : « intercédez auprès de
l’Éternel en sa faveur parce que votre paix dépendra de la sienne. » (Jr 29.7)
Paul lui fait écho d’une autre manière dans sa première lettre à Timothée
en exhortant à prier pour tous les hommes, « pour les rois et tous ceux qui
occupent une position supérieure afin que nous menions une vie paisible et
tranquille, en toute piété et dignité » (1 Tm 2.1s.).
La prière lucide doit donc faire place à l’intercession pour le monde, et pas
seulement par intérêt bien compris − pour vivre dans la paix − mais aussi par
imitation et expression de l’amour de Dieu qui veut que tous les hommes soient
sauvés. À ce titre, je me réjouis de l’implication grandissante de nos Églises dans
des actions en faveur de la justice et du secours des démunis. Nous ne pouvons
pas ou plutôt nous ne devons pas croire en Dieu, l’aimer, et superbement
ignorer le drame du Sida dans les pays du Sud, la résurgence de l’esclavage sous
la forme du commerce sexuel des femmes et des enfants jusque dans nos rues,
l’indécente richesse de nos sociétés qui accaparent, pire, qui gaspillent des
quantités faramineuses de ressources au détriment de populations tenues dans
la pauvreté, la nudité et la faim. Le Défi Michée a toute sa place dans le minis-
tère de nos communautés, le ministère prophétique qu’elles sont appelées à
exercer avec courage et détermination. Et parce que nous sommes peuple de
Dieu, nous croyons que la prière d’intercession tient une place déterminante

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théologie évangélique vol. 5, n° 2, 2006

dans son plan pour le monde. Mais pas n’importe quelle prière, une prière
informée, une prière persévérante, une prière aimante pour les oubliés de la
terre ! Pouvons-nous, par exemple, nous satisfaire de ce qui a été dit et des
mesures prévues dans l’urgence pour les banlieues qui viennent de brûler ? Ne
devons-nous pas, maintenant que l’émotion retombe et que les médias passent
à autre chose, prendre le relais dans la prière et déjà réfléchir aux actions que
nous pouvions mener pour la « racaille » que Dieu aime et aussi pour tous ceux,
apeurés, à qui un bon coup de karcher suffirait ?
Et si, au lieu d’être les spectateurs désarmés et prêts à hurler avec la foule,
nous devenions par la prière et l’action des témoins du Christ en bénédiction
pour ces cités à la dérive ?
Je rêve ? Peut-être ! J’ai peur ? Sûrement, car je redoute d’y être envoyé
selon ce que j’ai dit plus haut. Mais une chose est certaine, je ne peux pas fermer
les yeux et prier le Seigneur comme si rien ne s’était passé.
Une pratique lucide de la prière ne peut consister à fermer les yeux sur les
drames de ce monde et les besoins de nos contemporains.

Conclusion
Écouter avant de parler, aller vers plus d’authenticité, renoncer aux attitu-
des païennes, ne pas négliger le combat pour la sanctification, ajouter l’action à
la prière et ouvrir les yeux sur le monde et ces besoins sont nécessaires à une vie
de prière personnelle et collective lucide. J’aurais pu ajouter (certains penseront
« dû ajouter ») la dimension de l’adoration, l’intercession pour Israël et les
nations… mais j’ai fait des choix selon les besoins les plus évidents et les plus
pressants de nos Églises évangéliques à mes yeux. J’aimerais conclure cet exposé
par une dernière proposition qui ne s’ajoute pas aux six développées, mais qui
gagnerait à les accompagner toutes : mesurer l’immense privilège de parler à
Dieu, le Tout Puissant ! Il y a, dans la prière non pas d’abord une obligation
pesante, ni une puissance attirante, mais une invitation aimante, celle d’un
Dieu qui, en Jésus-Christ, a comblé la fossé, toute la distance entre son ciel de
gloire et notre terre de misères et de corruption et qui nous presse de nous
confier à lui par la prière. Puissions-nous communiquer à nos familles, à nos
amis et à nos communautés l’envie d’user du beau privilège d’être enfants de
Dieu : parler au Père céleste librement au nom de Jésus-Christ !

Étienne LHERMENAULT
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