Signe Linguistique
Signe Linguistique
Signe Linguistique
Exemple :
signifié = « arbre »
signifiant [arbr]
signifié = « arbre »
signifiant [arbr]
en anglais :
signifié = « arbre »
signifiant [tri]
M
O
N
D
E
-=============================================
zone de l’ arbitraire
L
A
N
signifié = « arbre » signifié = « arbre »
signifiant [arbr] signifiant [tri]
GUE
« Ce qui est arbitraire c’est que tel signe et non tel autre soit appliqué à
tel élément de la réalité et non à tel autre. » C’est cette relation entre les
deux qui constitue la zone de l’arbitraire. En d’autres termes, il n’y a rien
qui motive que le signe
signifié = « arbre »
signifiant [arbr]
2. Contestation
Qu’appelle-t-on racine ? Soit le paradigme 0 :
Les voyelles diffèrent (a, i, u) mais les trois consonnes demeurent, bien
évidentes dans toutes les formes. Personne ne peut donc nier que le verbe
apparaisse sous la forme d'un radical triconsonantique : katab, šarib,
kabur. Le radical est donc bien différent de la racine, en ce que, composé
de consonnes et de voyelles, il a une existence dans les représentations
phonétiques de la langue, ce que n’a pas le concept de racine.
m b f © ‡ t d s z š J ® ‹l ¼ ¥ l n r k g q G › ™ ‘ ’ h
[±consonantal] + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
[±sonorant] + - - - - - - - - - - - - - - + + + - - - - + + + + (+) (+)
[±approximant] - - - - - - - - - - - - - - - + - + - - - - + + + + + +
[±voiced] ( +) + - - + - + - + - + - + + - ( +) ( +) (+) - + - + - + - + - -
[±continuant] + - + + + - - + + + + - - + + + + + - - - - + + + + - +
[labial] + + +
[coronal] + + + + + + + + + + + + + + +
[dorsal] + + + + ( +) + + + + + +
[pharyngeal] + + + + ( +) + + + + + + + +
[±anterior] + + + + + + - - + + + + + + +
[±distributed] + + - - - - + + - - + - - - -
[±strident] ( -) ( -) (+) - - - - + + + + - - - + - - - ( -) ( -) ( -) ( -) (+) (+) + - (-) ( -)
[±lateral] - - - - - - - - - + - - + - -
[±nasal] + - - - - - - - - - - - - - - - + - - - - - - - - - (-) (-)
Tableau 11
1
Ce tableau a été réalisé par Ch. Zeroual et exposé à mon séminaire en 1998. Les parenthèses
indiquent que la spécification dépend de la définition adoptée pour le trait.
6
∈{b,¥}
¥abara : « Lier, attacher quelqu'un à quelque chose pour telle ou telle chose,
retenir, empêcher »
‘a¥aba : « Lier, serrer »
∈{b,‹}
‹abba : « Etre attaché, s'attacher, être, pour ainsi dire, collé au sol »
’aba‹a : « Attacher avec une corde les genoux pliés du chameau à quelque
partie supérieure du corps »
’ibâ‹un : « Corde (utilisée à cet effet) »
∈{b,®}
®unubun : « Longue corde avec laquelle on attache la tente aux pieux fichés
dans la terre »
raba®a « Lier, serrer les liens, attacher à quelque chose »
∈{b, }
abasa : « Retenir, contenir, arrêter ; envelopper et serrer une chose dans une
autre »
abala : « Serrer avec une corde »
ablun : « Corde, câble, lien »
∈{b,›}
›abala : « Lier, serrer avec des liens »
« Empêcher quelqu'un d'aller ou de se livrer à quelque chose »
∈{b,‘}
‘abala : « Lier, serrer, attacher »
∈{f,‹}
‹afrun : « Corde avec laquelle on attache un chameau »
‹afana : « Serrer avec la main les mamelles d’une femelle quand on se met à
la traire »
∈{f,®}
®affa : « Lier les pieds d'une chamelle avec quelque chose »
®afana : « Lier, serrer et retenir »
∈{f,¼}
¼affa : « Lier serrer (les pieds d'un chameau) »
∈{f,‘}
`affa : « S'abstenir »
`afasa : « Retenir, arrêter quelqu'un »
`afaka : « Empêcher quelqu'un de faire quelque chose »
Les étymons qui la composent comportent tous soit une labiale et une
gutturale, soit une labiale et une emphatique. Une analyse qui se limite
7
aux phonèmes ne peut pas en dire plus ; par contre, si l’on accepte
d’entrer dans la problématique développée ici, et de se servir des traits, on
peut constater dans le tableau I que les emphatiques et les gutturales ont
en commun le trait [pharyngal]. On peut alors poser la matrice suivante :
{[Labial], [pharyngal]}
[-sonant]
Organisation du champ notionnel à partir de : « lier »
spécifications :
modalité >1serrer
cause/effet >2attacher
factitif+métaphore>3retenir, empêcher
réflexivité >4s'abstenir
∈{b,‹}
‹abba : « Etre attaché, s'attacher, être, pour ainsi dire, collé au sol »
’aba‹a : « Attacher avec une corde les genoux pliés du chameau à quelque
partie supérieure du corps »
’ibâ‹un : « Corde (utilisée à cet effet) »
∈{b,®}
®unubun : « Longue corde avec laquelle on attache la tente aux pieux fichés
dans la terre »
raba®a : « Lier, serrer les liens, attacher à quelque chose »
∈{b,t}2
2
Pour cette notation, v. la suite du paragraphe.
8
A
9
µ { [+consonantique], [+consonantique]
[labial] [-voisé] }
[-nasal] [+continu]
On peut constater dans tous les cas la présence d'une consonne labiale
et d'une fricative non voisée, quel que soit son point d'articulation,
corrélée à la présence de l'invariant notionnel décrit plus haut. D’autre
part, ce paradigme fait apparaître une autre propriété : le caractère
3
Ce signe indique qu'il existe une relation sémantique, ici cause>conséquence.
10
µ {[labial], [dorsal]}
[ -son]
4
C’est à dessein qu’on se limite au Gaffiot que chacun peut consulter.
5
Pour une étude approfondie et anti-métaphorique, v. Nyckees (1998 : 148 et suiv.).
11
L’organisation sémantique
B.1. Forme ∩ : convexe
B.1.1 Parties du corps : seins, fesses, ventre, bosse, tête, talon
‘aqibun : « Talon »
ku‘bun : « Mamelle (de la femme) » (on reviendra sur cet exemple)
ka‘aba : « Avoir les deux mamelles déjà développées et arrondies
rukba : « Genou » (on reviendra sur cet exemple)
falaka : « Etre arrondi, rond (se dit des mamelles) ; avoir le sein déjà
arrondi, les deux mamelles développées (se dit d’une fille) »
mufallik : "Fille qui a des seins ronds"
kafalun : « Derrière, fesse, croupe »
qi fun : « Crâne »
6
Comme en français : faire un écart : dévier du droit chemin physiquement ou moralement.
15
4. Conclusion
7
Pinker (1994, traduction 1999 : 145) … « au signe arbitraire de Saussure, qui représente le premier
des deux principes du fonctionnement du langage. »
16
µ {[labial], [dorsal]}
[-son]
qu’ils véhiculent cette notion.
signifié ∩ « courbure »
qui fait le lien entre le signifiant, le signifié et le monde. Il n'est donc pas
arbitraire que tel signe et non tel autre soit appliqué à tel élément de la
réalité et non à tel autre, dirais-je pour paraphraser Benveniste à ma
manière, ayant montré que dans les cas étudiés ici, la forme du mot a un
rapport naturel avec son sens (à savoir son référent) pour paraphraser
Martinet à ma manière.
Il faut donc poser le débat dans la perspective tracée par Fonagy (1993) :
appartenant à un système, les signes linguistiques sont conventionnels,
mais ces signes peuvent être motivés ou arbitraires, selon les langues.
L'arabe est alors une langue où les signes sont maximalement motivés.
5. Ultime conséquence
J’insisterai, pour finir, sur une dernière conséquence de l’organisation que
je propose, concernant le débat sur l’origine des langues.
A partir du moment ou la motivation mimophonique se substitue, au
moins partiellement, à l’arbitraire postulé par De Saussure, un grand
nombre d’arguments en faveur d’une origine commune des langues
tombent. En effet, si la mimophonie motive le lien entre
µ {[labial], [dorsal]}
[-son]
et la courbure, elle ne motive pas ce lien en arabe seulement, mais dans
bien des langues, sans aucune parenté génétique. Donc, quand Ruhlen
(1994) donne BU(N)KA « genou ; courber », comme l’une des 27
racines mondiales qui étayent l’hypothèse de l’origine unique des langues
17
b k
comme dans comme rukba et ku‘b et kifl,et que cette mimophonie suffit
à justifier qu’elle revête dans toutes ces langues le sens de la courbure :
l’hypothèse d’une origine commune n’est alors nullement nécessaire, et si
elle n'est pas nécessaire, elle est inutile..
De même que l'être humain a probablement émergé en des lieux
différents, ainsi en va-t-il pour le langage. Nul besoin de postuler une
langue mère commune. Si la courbure du genou s'exprime par bk en
arabe, en mongol et en proto-australien, il n'y a pas à poser pour autant
que ces langues proviennent d'une langue mère commune. Simplement, la
mimophonie, au sens définie au début de cet exposé, suffit à rendre
compte de cette relation : simplement, l'articulation de k implique la
réalisation du schéma de la page 12 où la relation [dorsal]/courbure est
explicite. Certes, la théorie des matrices et des étymons, de par ses
objectifs et les conclusions qu'elle engendre, s’inscrit dans un débat vieux
comme le monde – le langage humain est-il conventionnel ou non ? Mais
nul « cratylisme » naïf dans cette démarche : seulement la découverte et
la description d’un système où un sémantisme constant et général est
articulé autour d’un jeu phonétique simple, tout en procédant sur des
données progressivement de plus en plus larges, dans un travail d’une
abstraction de plus en plus grande.
BIBLIOGRAPHIE
8
N.B. Voici quelques exemples donnés par lui :
language word meaning
Omotic boq knee
Sanskrit bhugnà bent
English bow, elbow
Old Uighur bük/bök To twist
Written Mongolian böken hump of a camel
Evenki buku bent, crooked
Tobelo buku knee
Proto-Algonquian *wâk bend
Warrao oboka elbow
Sapiboca embako elbow
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