Diabétologie
Diabétologie
Diabétologie
Diabétologie
Questions d’internat
1999 - 2000
Pr. A. Grimaldi
7 1.1 Epidémiologie
8 1.2 Définition du diabète
8 1.2.1 Définition
8 1.2.2 Place de l’HGPO
9 1.2.3 Intolérance aux hydrates de carbone et hyperglycémie à jeun non diabétique
9 1.2.4 Conclusion
10 1.3 Classification, étiologies
10 1.3.1 Classification
12 1.3.2 Etiologies du diabète
13 1.4 Bibliographie
19 3.1 L’insulinorésistance
19 3.1.1 Mécanisme de l’insulinorésistance
20 3.1.2 Facteurs cliniques d’insulinorésistance
21 3.1.3 L’insulino-résistance
21 3.2 Insulinodéficience
21 3.3 Remarque
22 3.4 Erreurs conceptuelles et pratiques en matière de diabète de type 2
25 4.1.3 Prise en charge de la grossesse chez une femme diabétique (diabète de type 1
et 2)
27 4.2 Diabète gestationnel
27 4.2.1 Définition
28 4.2.2 Complications du diabète gestationnel
28 4.2.3 Diagnostic et dépistage du diabète gestationnel
29 4.2.4 Surveillance de la grossesse
31 5.1 Diagnostic
32 5.2 Education du patient
32 5.3 Suivi glycémique
33 5.4 Suivi des facteurs de risque vasculaire
35 5.5 Dépistage des complications oculaires
36 5.6 Dépistage des complications rénales
37 5.7 Dépistage des complications neurologiques et prévention de la plaie du pied
37 5.8 Dépistage des complications cardio-vasculaires
38 5.9 Divers
38 5.10 Rythme des consultations
41 5.11 Force des recommandations
71 8.1 Physiopathologie
71 8.1.1 Rôle de la carence en insuline
74 8.1.2 Rôle des hormones de « contre-régulation »
75 8.2 Etiologie
76 8.3 Diagnostic
76 8.3.1 Phase dite de pré-coma diabétique
76 8.3.2 Phase d’acidocétose sévère
77 8.3.3 Examens complémentaires
78 8.4 Diagnostic différentiel
78 8.4.1 Si le diabète n’est pas connu
78 8.4.2 Si le diabète est connu
79 8.5 Traitement
79 8.5.1 Le traitement de la cétose
80 8.5.2 La réanimation hydro-électrolytique
80 8.5.3 Les soins non spécifiques du coma
80 8.5.4 Traitement des causes déclenchantes
81 8.5.5 Complications secondaires
83 8.6 Prévention
85 9.1 Physiopathologie
86 9.2 Circonstances étiologiques
87 9.3 Diagnostic
87 9.3.1 Clinique
88 9.3.2 Examens complémentaires
88 9.4 Evolution - complications
90 9.5 Traitement
91 10.1 Physiopathologie
92 10.2 Diagnostic
92 10.3 Evolution
94 10.4 Traitements
109 14.2.5 La séparation ancienne entre sucres lents et sucres rapides a été
complètement révisée
109 14.2.6 En résumé
110 14.2.7 Quelques notions diététiques
114 14.3 Exercice physique et diabète non insulino-dépendant
114 14.3.1 Arguments physiopathologiques
115 14.3.2 Arguments cliniques
116 14.3.3 Apprendre à prescrire l’activité physique
117 14.4 Les hypoglycémiants oraux
117 14.4.1 Les Sulfamides Hypoglycémiants
121 14.4.2 Les Biguanides
123 14.4.3 Les Inhibiteurs des Alpha-glucosidases
125 14.5 Quand recourir à l’insulinothérapie chez le diabétique non insulino-
dépendant ?
127 14.6 Rythme des consultations
129 14.7 Force des recommandations
Chapitre 1
Diabète : épidémiologie,
diagnostic, étiologie
Questions d’internat n° 330 et 331
1.1 Epidémiologie
On compte en France 2 000 000 diabétiques : 15 % sont diabétiques insulino-dépendants, 85 %
non insulino-dépendants. Le diabète est un problème de santé publique aussi bien en France, où
l’on dénombre environ 3,5 % de diabétiques (soit 1 600 000 diabétiques connus et 400 000 diabé-
tiques qui s’ignorent), mais aussi en Europe où le nombre de diabétiques est évalué à 30 millions,
et aux Etats-Unis où il y a 15 millions de diabétiques pour moitié méconnus. Dans le monde entier,
on dénombre 100 millions de diabétiques.
Le terme de diabète recouvre en fait deux maladies différentes :
— le diabète insulino-dépendant (type 1), qui survient le plus souvent avant l’âge de 20 ans et
représente 10 à 15 % des diabètes
— le diabète non insulino-dépendant (type 2), qui survient le plus souvent après l’âge de 50 ans
et représente 85 à 90 % des diabètes.
C’est le diabète non insulino-dépendant qui pose un problème de santé publique. Sa prévalence
augmente parallèlement au vieillissement, à l’urbanisation, à la sédentarisation et au développe-
ment de l’obésité dans les populations des pays industrialisés. Cette maladie n’épargne pourtant
pas les pays sous développés où le diabète non insulino-dépendant atteint parfois une prévalence
de 20 à 30 %, en raison d’une prédisposition génétique couplée à une modification rapide du mode
de vie : urbanisation brutale, sédentarisation et alcoolisation des populations.
Le diabète représente un coût financier important en raison du taux élevé de complications dégé-
nératives. Treize pour cent des dialysés en France sont diabétiques tandis que ce taux dépasse 30 %
aux Etats Unis. Il en est de même dans les pays scandinaves et dans l’Ile de la Réunion. De fait, 50
à 75 % des diabétiques dialysés sont des diabétiques non insulino-dépendants. Le diabète reste la
première cause médicale de cécité avant 50 ans dans les pays développés.
Cinq à 10 % des diabétiques subiront un jour une amputation d’orteil, de pied ou de jambe, 4/5
d’entre eux sont des diabétiques non insulino-dépendants. En France, on compte environ 3 à 5 000
amputés par an chez les diabétiques. Le quart des journées d’hospitalisation pour le diabète est dû
à des problèmes podologiques. Le coût du diabète est estimé à 35 milliards de francs. Pour lutter
contre ce coût, la déclaration de Saint Vincent adoptée en 1989 par les représentants de l’Organi-
sation Mondiale de la Santé (OMS), les gouvernements européens et des organisations de malades,
a rappelé les bonnes pratiques médicales en diabétologie. Elle a fixé pour objectif, dans les 5 ans,
une réduction d’un tiers à la moitié des complications du diabète. Plusieurs études ont en effet mon-
tré que la modification de l’organisation des soins visant à obtenir une formation des patients eux-
mêmes permet de réduire de 50 % le taux des amputations.
1.2.1 Définition
La définition du diabète est fondée sur le seuil glycémique à risque de microangiopathie en parti-
culier de rétinopathie. Le diabète se définit par une hyperglycémie chronique, soit une glycé-
mie à jeun supérieure à 1,26 g/l (7 mmol/l) à deux reprises. Cette définition repose en fait sur
plusieurs études épidémiologiques prospectives qui ont montré de façon convergente que lorsque
la glycémie à la deuxième heure de l’hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) est supé-
rieure ou égale à 2 g/l, il existe un risque de survenue, dans les 10 à 15 ans suivants, d’une rétino-
pathie diabétique. Dans la mesure où une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/l correspond
à une glycémie à la 2ème heure de l’HGPO supérieure ou égale à 2 g/l, on n’a plus besoin de recou-
rir à « l’étalon or » de l’HGPO.
Pour porter le diagnostic de diabète, il n’est pas utile de doser l’insulinémie ou le peptide C ou les
anticorps anti-îlots, ni même de demander une échographie ou un scanner du pancréas. Ces exa-
mens sont parfois utiles pour l’enquête étiologique.
Le plus souvent, l’hyperglycémie modérée est asymptomatique. On peut constater parfois une dis-
crète perte de poids (1 à 3 kg) et une asthénie, mais le malade peut se sentir parfaitement bien. Le
syndrome cardinal diabétique, qui comporte polyuropolydipsie, amaigrissement, hyperphagie,
n’existe que pour des glycémies supérieures à 3 g/l. Il existe alors une glycosurie importante, res-
ponsable de polyurie osmotique, entraînant à son tour une polydipsie.
nelle. Elle est inutile chaque fois que la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 1,26 g/l puisqu’il
s’agit d’un authentique diabète. Elle est inutile chez les personnes de plus de 70 ans car l’attitude
thérapeutique ne dépendra pas des résultats. Elle ne présente pas d’intérêt devant une hyperglycé-
mie à jeun non diabétique comprise entre 1,10 et 1,26 g/l associée à l’un des éléments du syndrome
d’insulino-résistance métabolique (obésité, répartition androïde des graisses, hérédité diabétique,
HTA, hyperlipidémie). Le traitement hygiénodiététique (activité physique, équilibre alimentaire)
doit être prescrit d’emblée compte tenu des facteurs de risque vasculaire.
L’HGPO garde finalement une place très limitée dans les situations difficiles à interpréter :
• élévation de la glycémie au dessus de la normale tout en restant inférieure à 1,26 g/l en l’ab-
sence de contexte d’insulino-résistance métabolique
• glycémie à jeun normale mais glycémie post prandiale, c’est-à-dire 90 minutes à 2 heures
après le début du repas, élevée comprise entre 1,40 et 2 g/l
• l’HGPO permet alors de poser le diagnostic de diabète : glycémie à la 2ème heure supérieure
ou égale à 2 g/l.
1.2.4 Conclusion
On distingue donc désormais, dans un « dégradé » métabolique :
1.3.1 Classification
Les données essentielles pour le diagnostic étiologique sont cliniques : âge, poids, existence
d’une cétonurie, hérédité familiale de diabète.
a. Diabète de type 1
Il est remarquable par son début brutal : syndrome cardinal associant polyuropolydipsie,
polyphagie, amaigrissement et asthénie chez un sujet jeune, mince, avec cétonurie associée
à la glycosurie. On ne retrouve d’antécédent familial que dans 1 cas sur 10. Il survient essen-
tiellement avant 20 ans, mais connaît 2 pics d’incidence vers 12 et 40 ans. Il peut être associé
à d’autres maladies auto-immunes (vitiligo, maladie de Basedow, thyroïdites, maladie de
Biermer).
b. Diabète de type 2
A l’opposé, il se caractérise typiquement par la découverte fortuite d’une hyperglycémie
chez un sujet de plus de 40 ans avec un surpoids ou ayant été obèse, avec surcharge pondé-
rale de prédominance abdominale (rapport taille / hanche supérieur à 0,8 chez la femme, su-
périeur à 0,95 chez l’homme). Le plus souvent, on retrouve une hérédité familiale de diabète
non insulino-dépendant. Le diabète de type 2 est souvent associé à une hypertension arté-
rielle essentielle et/ou à une hypertriglycéridémie. Le diagnostic se fait le plus souvent lors
d’un examen systématique. En effet, le diabète de type 2 est asymptomatique. Le retard au
diagnostic est d’environ 5 ans. Ainsi, dans 20 % des cas, il existe une complication du diabète
au moment du diagnostic.
— sympathicomimétiques (Salbutamol)
— antiprotéases (traitement du SIDA)
d. Les autres étiologies du diabète
Elles ne sont pas à rechercher systématiquement. En cas de doute diagnostic uniquement (dia-
bète n’ayant pas les caractères habituels du type 1 ou du type 2) on évoquera une autre étio-
logie en fonction du contexte clinique :
— pancréatite chronique calcifiante
La découverte d’un diabète chez un homme de plus de 40 ans, dénutri, avec des anté-
cédents d’alcoolisme doit la faire suspecter. La pancréatite chronique calcifiante associe
au déficit endocrine, une insuffisance pancréatique externe avec stéatorrhée et parfois
malabsorption dont le traitement relève des extraits pancréatiques. Le traitement de ces
malades par insulinothérapie comporte un risque majeur d’hypoglycémies sévères en
raison d’une carence associée en Glucagon. Des calcifications pancréatiques peuvent
être mises en évidence sur le cliché d’abdomen sans préparation, voire le scanner ab-
dominal. On observe également des pancréatites chroniques calcifiantes familiales ou
pancréatites calcifiantes nutritionnelles, chez les immigrés africains en particulier.
— hémochromatose
Elle peut également s’accompagner d’un diabète. Le dosage du fer sérique et du coef-
ficient de saturation de la transferrine permet le diagnostic confirmé par la mise en
évidence de la mutation HFE. Le seul traitement efficace de la surcharge ferrique
consiste en des saignées initialement hebdomadaires mais le diabète est irréversible.
— diabètes endocriniens
Ils sont associés à l’hyperthyroïdie, au phéochromocytome, au syndrome de Cushing, à
l’acromégalie, à la maladie de Conn, au glucagonome, au somatostatinome. Seuls les
signes cliniques évocateurs de ces différentes pathologies doivent amener à pratiquer des
dosages hormonaux nécessaires au diagnostic.
— cancer du pancréas
L’échographie et le scanner du pancréas ne doivent pas être systématiques lors de la dé-
couverte d’un diabète non insulino-dépendant. Si le tableau clinique est évocateur (amai-
grissement, vitesse de sédimentation accélérée, fièvre, ictère...) chez un sujet de plus de
40 ans sans antécédent familial de diabète, on pourra demander des examens d’imagerie
pancréatique ou des marqueurs biologiques à la recherche d’un cancer du pancréas.
— diabète de type 3
Il doit être suspecté chez les africains et les indiens. Ce diabète apparaît entre 30 et
40 ans. Son début est aigu, généralement avec cétose. L’évolution se fait secondairement
vers un mode non insulino-dépendant. Il n’y a pas de marqueur d’auto-immunité, pas
d’insuffisance pancréatique externe. Ce diabète associe carence insulinique et insulino-
résistance.
— diabète MODY (Maturity Onset Diabetes of the Young)
C’est un diabète d’hérédité autosomale dominante. Il s’agit d’un diabète non insulino-
dépendant, survenant avant l’âge de 25 ans, parfois même dans l’enfance. Le diabète
MODY II réalise une hyperglycémie bénigne familiale due à une mutation de la gluco-
kinase, enzyme dont le métabolisme régule la sécrétion d’insuline. Tout se passe comme
1.4 Bibliographie
1. ALBERTI KG
Quelques problèmes posés par la définition et l’épidémiologie du diabète de type 2 (non in-
sulino-dépendant) dans le monde
Diabete Metab. 1994 ; 20 : 315 — 324
2. GRIMALDI A. ; CORNET P. ; MASSEBOEUF N. ; POPELIER M. ; SACHON C.
Guide pratique du diabète. Paris 1997. Collection Médiguide du Généraliste
3. GRIMALDI A. ; HEURTIER A.
Les critères de diagnostic du diabète de type 2
Rev. Prat. 1999 ; 49 : 16 — 21
4. LAVILLE M.
Diabète, dialyse, dépenses de santé
Néphrologie 1996 ; 17 : 319 — 320
5. MAC CANCE D.R. ; HANSON R.L. ; PETTITT D.J. ; BENNETTE P.H. ; HADDEN D.R. ;
KNOWLER W.C.
Diagnosing diabetes mellitus. Do we need new criteria ?
Diabetologia 1997 ; 40 : 247 — 255
6. PAPOZ L. ; WILLIAMS R. FULLER J.
Le diabète en Europe
Paris ; INSERM. John LIBBEY, 1994
Chapitre 2
Physiopathologie du diabète
de type 1
Question d’internat n° 330
Le diabète de type 1 est dû à une destruction auto-immune des cellules insulino-sécrétrices dites
cellules B. L’hyperglycémie apparaît lorsqu’il ne reste plus que 10 à 20 % de cellules B fonction-
nelles. Le processus auto-immun responsable d’une « insulite » pancréatique se déroule sur de
nombreuses années (5 à 10 ans voire plus, avant l’apparition du diabète). Cette réaction auto-im-
mune survient sur un terrain de susceptibilité génétique à la suite de facteurs déclenchants et peut
être dépistée avant l’apparition de l’hyperglycémie par des dosages sanguins d’auto-anticorps.
— Le 1er et le principal se situe sur le chromosome 6 au niveau des gènes ou du système HLA
de classe II avec un risque relatif de 3 à 5, lorsqu’il existe un antigène HLA DR3 ou DR4. Le
risque relatif atteint 20 à 40 lorsque les deux antigènes DR3 et DR4 sont associés, ce qui veut
dire que l’association DR3-DR4 est fréquente dans la population diabétique alors qu’elle est
exceptionnelle dans la population non-diabétique. Ainsi, le risque pour des frères et sœurs
peut être précisé en fonction de l’identité HLA avec le diabétique. Le risque est de 15 %
lorsque les frères ou sœurs présentent les deux haplotypes HLA en commun avec le diabé-
tique. Il n’est que de 7 % lorsqu’ils n’ont qu’un seul haplotype en commun et il est inférieur
à 1 % lorsque les deux haplotypes sont différents.
— Le 2ème gène repéré se situe dans la région du gène de l’insuline mais d’autres régions du gé-
nome sont impliquées. Leur étude permettra peut-être d’améliorer le dépistage du risque gé-
nétique. Mais elle devrait surtout permettre de mieux comprendre la physiopathologie de la
maladie.
Il est important de connaître le risque de survenue d’un diabète insulino-dépendant dans la fratrie
d’un enfant diabétique ou lorsque l’un des deux parents est diabétique pour pouvoir répondre aux
questions des patients. Le risque pour une mère diabétique insulino-dépendante d’avoir un enfant
diabétique est environ 2 % alors que le risque est de 4 à 5 % lorsque c’est le père qui est diabétique
insulino-dépendant. Les différents risques sont résumés dans le tableau ci-dessous :
— Le dépistage des sujets en train de développer une insulite auto-immune à bas bruit, soit dans
la fratrie d’un enfant diabétique, soit chez les enfants d’un parent diabétique. Plus l’on re-
trouve d’auto-anticorps différents, plus le risque de développer un diabète de type 1 est im-
portant. Ce dépistage a un intérêt soit pour rassurer l’entourage s’il est négatif, soit pour
démarrer le plus tôt possible une insulinothérapie a minima qui pourrait retarder la destruction
des cellules B. Certaines équipes proposent des traitements préventifs du diabète mais ceci
reste dans le cadre de la recherche.
— Dans le cas d’un diabète qui ne présente pas toutes les caractéristiques du diabète de type 1
ou de type 2, on peut parfois être amené à rechercher la présence d’un ou plusieurs auto-anti-
corps qui est un argument pour un diabète d’origine auto-immune.
Chapitre 3
Physiopathologie du diabète
de type 2
Question d’internat n° 331
3.1 L’insulinorésistance
— Cette insulinorésistance survient sur un terrain génétique puisqu’on la retrouve chez les en-
fants ayant une tolérance glucidique strictement normale mais ayant deux parents diabétiques
non insulino-dépendants. Toutefois, on ne connaît pas encore les gènes impliqués.
— Sur le plan métabolique, l’insulinorésistance est secondaire à l’excès de graisses au niveau
des muscles et du tissu adipeux viscéral. Le tissu adipeux viscéral libère une grande quantité
d’acides gras libres. Le flux portal des acides gras libres favorise la synthèse hépatique des
triglycérides et stimule la néoglucogénèse hépatique. Au niveau musculaire, il existe une vé-
ritable compétition entre les acides gras libres et le glucose pour être oxydé : les acides gras
libres sont oxydés en priorité, entraînant une production accrue d’acetyl CoA qui inhibe en
retour les enzymes de la glycolyse. L’énergie musculaire est donc fournie en priorité par
l’oxydation des acides gras libres et le stock de glycogène musculaire reste intact, ce qui ré-
prime en retour la glycogène synthase.
— L’obésité, appréciée par l’index de poids corporel (poids en kilos sur carré de la taille en
mètre). L’obésité est définie par un index supérieur à 30.
— La répartition abdominale, sous-cutanée et plus encore viscérale des graisses. On dis-
tingue trois types de tissus adipeux de topographie différente : le tissu adipeux gynoïde (de
type féminin) qui prédomine à la partie inférieure du corps au niveau des cuisses et des fesses,
le tissu adipeux androïde sous-cutané et viscéral. Ce tissu adipeux androïde (de type masculin)
se localise au contraire à la partie supérieure du corps. Il est caractérisé par une hypertrophie
adipocytaire et une sensibilité lipolytique importante. Cette topographie androïde avec sur-
charge adipeuse viscérale serait favorisée entre autre par une augmentation du tonus sympa-
thique et par l’hyperinsulinisme. La répartition abdominale des graisses est appréciée
grossièrement par le rapport du périmètre de la ceinture mesurée au niveau de l’ombilic sur le
périmètre des hanches, mesurée au niveau des trochanters. C’est ce que l’on appelle le rapport
taille sur hanche. Une répartition androïde des graisses est définie par un rapport taille sur
hanche supérieur à 0.8 chez la femme et supérieur à 1 chez l’homme. Cette répartition an-
droïde des graisses comporte un risque d’apparition de diabète multiplié par 3 à 6 en compa-
raison à une population de poids identique avec une répartition des graisses différentes.
— La sédentarité, multiplie le risque de diabète par 2.
— Un facteur génétique : l’insulinorésistance pourrait s’expliquer par une augmentation des
fibres musculaires à contraction rapide plus insulino-résistantes que les fibres à contraction
lente. En effet, les fibres à contraction lente dites de type 1 sont richement vascularisées à mé-
tabolisme oxydatif, et sont très sensibles à l’insuline. Elles sont sollicitées par les efforts d’en-
durance et leur nombre est accru chez les sportifs entraînés. Au contraire, les fibres à
contraction rapide dites de type 2 sont insulino-résistantes.
La répartition topographique du tissus adipeux et la variation typologique du tissu musculaire
dépendrait de facteurs hormonaux et environnementaux : le stress, l’alcool, le tabagisme, fa-
vorisent la topographie androïde des graisses alors que la sédentarité et le vieillissement en-
traînent une élévation des fibres musculaires de type 2 par rapport aux fibres musculaires de
type 1.
— L’âge : le sujet âgé cumule plusieurs facteurs d’insulinorésistance.
— L’hypertension artérielle essentielle, l’augmentation des triglycérides et la baisse du
HDL cholestérol, apparaissent comme des conséquences de l’insulinorésistance, ce qui ren-
drait compte de la fréquence de leur association avec le diabète de type 2.
3.1.3 L’insulino-résistance
• précède le diabète de type 2
• survient sur un terrain génétique de susceptibilité
• diminue l’utilisation musculaire du glucose
• augmente la production hépatique de glucose
• se traduit par une obésité androïde
• s’accompagne souvent d’HTA, d’hypertriglycéridémie, et d’hypo HDLémie.
3.2 Insulinodéficience
L’insulinorésistance décrite précédemment entraîne pendant 10 à 20 ans un hyperinsulinisme per-
mettant pendant des années de maintenir la glycémie à jeun inférieure à 1.20 g/l. Puis l’insulinémie
décroît progressivement en même temps que la glycémie à jeun dépasse 1.20 g/l. Cette insulinodé-
ficience est d’abord relative puis devient absolue lorsque la glycémie à jeun dépasse 2 g/l. A ce
stade, la carence insulinique et l’excès de sécrétion de GLUCAGON sont responsables d’une aug-
mentation du débit hépatique de glucose avec augmentation de la néoglucogénèse hépatique res-
ponsable de l’hyperglycémie à jeun.
3.3 Remarque
On ne connaît toujours pas l’anomalie primitive à l’origine du développement de l’insulinorésis-
tance puis du diabète non insulinodépendant. Nombre d’auteurs pensent que le trouble primitif
siège au niveau du tissu musculaire. L’insulinorésistance musculaire serait responsable d’un hy-
perinsulinisme qui favoriserait l’obésité androïde. Mais d’autres pensent que le trouble primitif
siège au niveau du tissu adipeux avec une hypersensibilité à l’insuline responsable du dévelop-
pement de l’obésité androïde, le muscle étant secondairement victime de l’excès de production
d’acides gras libres.
D’autres encore estiment que le trouble primitif se situe au niveau de la cellule bêta du pancréas
avec une hypersensibilité au stimulus insulinosécréteur.
Quoi qu’il en soit, la prédisposition héréditaire est importante dans le diabète de type 2 :
lorsque l’un des parents est diabétique, le risque pour les enfants est de 30 %, lorsque les deux pa-
rents sont diabétiques, le risque est d’environ 50 %. Ceci a des implications en terme de santé pu-
blique, mais aussi pour le médecin traitant qui doit se préoccuper de la prévention de la maladie
chez les enfants et les petits enfants des diabétiques en leur prodiguant des conseils diététiques vi-
sant à réduire ou prévenir la surcharge pondérale, et surtout en les encourageant à avoir une activité
physique.
1. Ne prendre en compte que le rôle du tissus adipeux hypertrophié et oublier que le tissu mus-
culaire est le siège principal de l’insulinorésistance.
2. En conséquence, sous-estimer la place de l’activité physique dans la prévention et le traite-
ment du DNID.
3. Prescrire un régime hypoglucidique au lieu de prescrire une diététique normoglucidique hy-
polipidique limitant les graisses saturées.
4. Restreindre le DNID à la glycémie en oubliant l’importance de l’hyperlipidémie et de l’hy-
pertension artérielle, le plus souvent associées.
Chapitre 4
Diabète et grossesse (y
compris diabète
gestationnel) : Diagnostic,
Complications, Principes du
traitement
Question d’internat n° 165
Traitement :
Objectifs : diminution progressive de la pression artérielle en évitant de descendre en-dessous de
13/8.
— repos
— contre-indication des régimes désodés, des diurétiques et des inhibiteurs de l’enzyme de
conversion
— anti-hypertenseurs centraux (ALDOMET*, CATAPRESSAN*)
— vasodilatateurs (NEPRESSOL*, MINIPRESS*, ALPRESS*) et bêtabloquants
— si microangiopathie diabétique et/ou anomalie de signal au doppler utérin lors de la 2ème écho-
graphie, traitement par ASPIRINE 100 mg/j (à discuter avec l’obstétricien), interruption de
l’ASPIRINE à 34 SA (en prévision de l’accouchement).
— Grossesse programmée (ce qui sous-entend une contraception orale fiable avant la gros-
sesse)
— arrêt des sulfamides (risque tératogène) et des biguanides
— insulinothérapie avec pour objectif la normoglycémie : HbA1c normale, glycémie à jeun in-
férieure ou égale à 0,9 et post prandiale inférieure ou égale à 1,20 g/l pour le diabète de type 2,
et pour le type 1 moyenne glycémique entre 0,6 et 1,60 g/l. Ces objectifs seront les mêmes
pendant toute la grossesse. Schéma d’insuline « type » : semi-lente matin et soir (NPH) et in-
suline rapide aux 3 repas. Pour le diabète de type 1, ce schéma peut être aussi remplacé par
une semi-lente le matin et au coucher et 3 rapide aux repas, ou 3 rapide aux repas et 1 insuline
lente au coucher. Pour le diabète de type 2, ce schéma peut être remplacé par 3 rapide matin,
midi et soir et 1 semi-lente le soir ou un mélange matin et soir + insuline rapide le midi.
l n’y a donc pas de schéma « tout fait » mais le bon schéma est celui qui permet d’obtenir les
objectifs glycémiques.
— nécessité afin d’obtenir ces objectifs d’un auto-contrôle glycémique avant et 90 minutes après
le repas et au coucher, afin de pouvoir faire un correctif thérapeutique immédiat (collation si
inférieure à 0,60 g/l, ajout d’insuline rapide si supérieure à 1,60 g/l).
— consultation diabétologique tous les 15 jours (cf. tableau « Surveillance d’une femme diabé-
tique lors d’une grossesse (diabète type 1 et 2) »).
Diabétologue Obstétricien
Déroulement de la grossesse
Début de la grossesse
Consultation tous les 15 jours : — Echographie 20-22 SA → morpholo-
gie
— Poids, TA — Echographie 32 SA → paramètres
— Bandelette urinaire analysés à l’échographie :
— Fructosamine / 15 jours
— biométrie
— HbA1c, uricémie / 2 mois
— FO vers 26-28 SA (1x/mois si rétino- — structure placentaire
pathie) — liquide amniotique
— ASPEGIC 100 mg : 11ème à 34ème — Doppler artère utérine si microangio-
SA si rétinopathie et si HTA. pathie, HTA ou retard de croissance
intra-utérin
Avant la grossesse
— Recherche de foyer infectieux (sto- — Sérodiagnostic toxoplasmose,
mato++) rubéole, syphilis, VIH
— Bilan complet du diabète, — groupe Rh, RAI
notamment :
— FO voire angiographie
— créatinine, μalbuminurie
— HbA1C : HbA1C < 7 % →
grossesse possible
— Mise à l’insuline si diabète de type 2
et arrêt des anti-diabétiques oraux
Diabétologue Obstétricien
Déroulement de la grossesse
Accouchement
— Insulinothérapie I.V. + G10 %, sur- — Césarienne non systématique ; césa-
veillance glycémique/1h, objectifs rienne si :
glycémiques 0,6 à 1 g/l — bassin étroit
— Prévention hypoglycémie et hypocal-
— utérus pluricicatriciel
cémie néonatales avec surveillance
glycémie capillaire pendant 48 h — grossesse gémellaire
— macrosomie
Après accouchement : — souffrance fœtale
4.2.1 Définition
Le diabète gestationnel est défini comme une intolérance au glucose de sévérité variable survenant
ou diagnostiquée pour la première fois pendant la grossesse, quelque soit le terme de cette gros-
sesse, quelque soit le traitement nécessaire et l’évolution après l’accouchement.
Le diagnostic est généralement fait entre la 24 et 28ème SA (6ème mois).
La fréquence du diabète gestationnel est très variable à travers le monde et est estimée en France
4 à 6 % des grossesses.
Les facteurs de risque de diabète gestationnel sont : l’âge maternel (> 30 ou 35 ans), le surpoids
maternel avant la grossesse (BMI > 25 kg/m2), la prise de poids excessive pendant la grossesse,
l’origine ethnique (origine indienne et asiatique, notamment chinoise ; le risque chez les races
noires et hispaniques est plus controversé), les antécédents familiaux de diabète, les antécédents de
diabète gestationnel ou de macrosomie, les antécédents d’hypertension artérielle.
Chapitre 5
Recommandations de
l’ANAES : suivi du patient
diabétique de type 2 à
l’exclusion du suivi des
complications
Ces recommandations concernent le « suivi du patient diabétique de type 2 à l’exclusion du suivi
des complications ». Sont exclus du cadre de ces recommandations :
— Le dépistage du diabète
— Les modalités thérapeutiques du diabète et des facteurs de risque vasculaire qui lui sont sou-
vent associés
— Le suivi et le traitement des différentes complications
— La grossesse chez la diabétique et les mesures particulières à proposer chez la femme diabé-
tique souhaitant un enfant
— Le diabète gestationnel
— La contraception ou le traitement hormonal substitutif de la ménopause chez la femme diabé-
tique
— L’intolérance au glucose
5.1 Diagnostic
— Le diabète sucré est défini par une glycémie à jeun (au moins 8 h de jeûne) ≥ 1,26 g/l
(7 mmol/l) vérifiée à 2 reprises (grade B). Ce critère de diagnostic n’est pas un seuil d’inter-
vention pharmacologique.
— Il n’est pas recommandé de doser l’hémoglobine glyquée ni de réaliser une hyperglycémie par
voie orale pour poser le diagnostic de diabète sucré (accord professionnel).
— Les arguments en faveur du diabète de type 2 sont des arguments cliniques de probabilité :
âge supérieur à 40 ans, index de masse corporelle supérieur à 27 (kg/m2), absence de cétonu-
rie (ou faible), antécédents familiaux de diabète de type 2 (accord professionnel).
— La découverte d’une complication, en dehors de sa prise en charge spécifique, ne modifie pas
les règles de suivi vis-à-vis du dépistage et de la prévention des autres complications. Elle les
renforce (accord professionnel) dans la mesure où la présence d’une complication majore le
risque de survenue des autres complications de la maladie.
• lorsque l’HbA1c est ≤ 6,5 %, il n’y a pas lieu de modifier le traitement (sauf effets se-
condaires, par exemple un risque d’accident hypoglycémique sous sulfamides ou insuli-
nothérapie)
• lorsque l’HbA1c se situe entre 6,6 % et 8 % sur deux contrôles successifs, une modifi-
cation du traitement peut être envisagée en fonction de l’appréciation par le clinicien du
rapport avantages / inconvénients du changement de traitement envisagé
• lorsque la valeur de l’HbA1c est > 8 % sur deux contrôles successifs, une modification
du traitement est recommandée (accord professionnel).
— L’auto-surveillance glycémique ne doit pas être recommandée de principe pour le suivi du
diabète de type 2 traité par le régime et/ou les hypoglycémiants oraux car son intérêt dans
cette indication n’est pas actuellement démontré (grade B).
— L’auto-surveillance glycémique est cependant utile, a priori à titre temporaire, pour les
3 indications suivantes (accord professionnel) :
• sensibiliser le patient à l’intérêt de la diététique et d’un exercice physique régulier. Elle
constitue souvent un outil précieux d’éducation
• déterminer la posologie d’un sulfamide en début ou lors d’un changement de traitement
oral (notamment pour prévenir les hypoglycémies asymptomatiques)
• en cas de maladie intercurrente ou de prescription d’une médication diabétogène.
— Une surveillance glycémique régulière est nécessaire chez le diabétique de type 2 traité par
insuline (grade B).
— La mesure de la glycémie au laboratoire n’est pas indispensable pour le suivi du diabète de
type 2
La mesure de la glycémie au laboratoire garde un intérêt dans les cas particuliers suivants (ac-
cord professionnel) :
• pour contrôler la précision des mesures de glycémie capillaire chez un patient qui pra-
tique l’auto-surveillance glycémique
• en cas de changement du traitement, en particulier prescription de sulfamides, ou encore
affection intercurrente ou prescription d’une médication diabétogène, chez un patient qui
ne pratique pas l’autosurveillance glycémique. Il est alors utile d’avoir des résultats gly-
cémiques sans attendre 3 mois la valeur de l’HbA1c
• lorsque les techniques disponibles du dosage de l’hémoglobine glyquée ne répondent pas
aux exigences de qualité définies plus haut. Il est sans doute alors préférable de disposer
d’une mesure fiable de la glycémie.
Les mesures de la glycosurie et de la fructosamine ne sont pas recommandées pour le suivi du dia-
bétique de type 2 (accord professionnel).
1. Mise en œuvre des mesures diététiques et/ou des mesures médicamenteuses visant
à améliorer le contrôle glycémique.
2. Facteurs de risque de maladie coronaire, à prendre en compte chez les sujets ayant
une élévation du LDL cholestérol :
• âge : homme de 45 ans ou plus, femme de 55 ans ou plus, ou femme ayant
une ménopause précoce sans œstrogénothérapie substitutive
• antécédents familiaux de maladies coronaires précoces (infarctus du myo-
carde ou mort subite avant l’âge de 55 ans chez le père ou chez un parent du
premier degré de sexe masculin, ou avant 65 ans chez la mère ou chez un
parent féminin du premier degré), ou d’artériopathie quel que soit le siège
• tabagisme en cours
• hypertension artérielle (PA ≥ 140/90 mmHg ou traitement antihypertenseur
en cours)
• HDL cholestérol < à 0,35 g/l (0,9 mmol/l)
• taux des triglycérides > 2 g/l
• présence d’une microalbuminurie.
3. Facteur protecteur :
• HDL cholestérol ≥ 0,60 g/l ; soustraire alors « un risque » au score de niveau
de risque.
Valeurs du LDL cholestérol calculées (si triglycérides < 4,5 g/l) ou mieux directement
mesurés.
— Il convient de mesurer une fois par an la créatininémie à jeun. Il est recommandé de calculer
à partir de la créatininémie la clairance de la créatine par la formule de Cockcroft :
140 – âge (année) × poids (kg) × K
C (ml/min) = -----------------------------------------------------------------------------------
Créatininémie (μmol/l)
K = 1,25 pour l’homme et 1 pour la femme.
Si la créatine est exprimée en mg/l, il faut en multiplier le chiffre par 8,8 pour l’obtenir en
μmol/l.
— Des explorations complémentaires, à commencer par la mesure de la clairance de la créatine
endogène, doivent être envisagées impérativement dans les cas suivants (accord
professionnel) : présence d’une albuminurie, d’une hématurie ou d’une infection urinaire ;
créatininémie > 105 μmol/l (11,8 mg/l) chez la femme et > 135 μmol/l (15,2 mg/l) chez
l’homme ; clairance calculée (Cockcroft) ≤ 60 ml/min.
— La présence d’une microalbuminurie chez un diabétique de type 2 est un marqueur de gravité
générale (notamment vis-à-vis du risque cardio-vasculaire) de la maladie, plus qu’un mar-
queur spécifiquement néphrologique. Elle incitera à renforcer la prise en charge dans tous les
domaines. La présence d’une microalbuminurie est aussi un facteur prédictif du risque de dé-
velopper une protéinurie mais n’est pas un facteur prédictif direct validé du risque de déve-
lopper une insuffisance rénale chronique chez le diabétique de type 2.
— Il convient de pratiquer une fois par an chez le diabétique de type 2, la recherche d’une pro-
téinurie par la bandelette urinaire standard. Ce test a aussi pour but de rechercher une héma-
turie et/ou une infection urinaire qui demandent des explorations spécifiques et qui peuvent
fausser l’interprétation de l’albuminurie.
— Il convient de mesurer une fois par an la microalbuminurie, si le test par la bandelette urinaire
standard est négatif. Cette mesure de la microalbuminurie peut se faire sur un échantillon uri-
naire au hasard (exprimé en rapport de concentration albumine / créatine) ou sur les urines de
la nuit et/ou des 24 h. Le résultat sera considéré comme pathologique s’il est confirmé à
2 reprises (un dépistage, deux confirmations).
— Une microalbuminurie et/ou une protéinurie confirmées devront être quantifiées sur les urines
des 24 heures.
— Un examen cytobactériologique des urines systématique annuel n’est pas recommandé.
5.9 Divers
— L’examen annuel du diabétique de type 2 doit comporter la recherche clinique d’une éven-
tuelle infection cutanée ou génito-urinaire, de même qu’un examen de la bouche et des dents
(accord professionnel).
— Il convient chez le sujet âgé (en moyenne âge > 70 ans, définition à moduler par les comorbi-
dités) être vigilant vis-à-vis du risque d’hypoglycémie liée au traitement et vis-à-vis du risque
d’insuffisance rénale. Les polymédications doivent être réduites au mieux (accord profession-
nel).
— Si le diabète du sujet âgé est connu et bien équilibré depuis plusieurs années, il n’y a pas lieu
de modifier les objectifs ni le traitement. Si le diabète est diagnostiqué chez un patient âgé, un
objectif d’HbA1c comprise entre 6,5 et 8,5 % peut servir de références mais il est essentiel
d’individualiser cet objectif en fonction du contexte médical et social (accord professionnel).
— Chez le diabétique âgé, la survenue d’une somnolence, d’une déshydratation, d’une altération
de l’état général doit faire aussitôt mesurer la glycémie (accord professionnel).
Interrogatoire
• Education (autonomie, règles • Education (autonomie, règles
hygiéno-diététiques...) hygiéno-diététiques...
• Observance du traitement • Observance du traitement
• Autosurveillance glycémique (si • Autosurveillance glycémique (si
prescrite) prescrite)
• Problèmes psychosociaux • Problèmes psychosociaux
• Tabagisme ?
• Evaluation complémentaire de la
prise en charge de sa maladie par le
patient : « savez-vous quels sont les
résultats du dépistage des
complications ? », « quand devez-
vous être dépisté de nouveau ? »
• Symptômes de complications cardio-
vasculaires ou neurologiques
• Pour les femmes en âge de procréer :
contraception ou désir d’enfant ?
Examen clinique
• Poids Examen clinique complet en particulier :
• Tension artérielle
• Examen des pieds • Examen des pieds : état cutané, neu-
ropathie sensitive (monofilament
Nylon ± diapason)
• Réflexes ostéotendineux
• Palpation des pouls
• Recherche de souffles abdominaux,
fémoraux et carotidiens
• Recherche d’une hypotension orthos-
tatique
• Examen de la bouche, de la sphère
ORL, de la peau
Examens paracliniques
— pour les patients dont le diabète est déjà connu : anamnèse du diabète, traitement
actuel et résultats des bilans précédents ;
— diabète nouvellement diagnostiqué : recherche de signes en rapport avec un dia-
bète secondaire ;
— pour tous : antécédents médicaux, traitements en cours, antécédents familiaux
coronariens, d’hypertension artérielle et de dyslipidémie, habitudes alimentaires et
activité physique, statut socio-économique ;
— diagnostic éducatif : « que sait-il ? Quelles sont ses possibilités ? »
a. pour un patient équilibré
Chapitre 6
Complications du diabète
(type 1 et 2)
Questions d’internat n° 330 et 331
— l’âge, la majorité des neuropathies diabétiques survenant après l’âge de 50 ans. Il est possible
que le vieillissement « physiologique » axonal crée une susceptibilité à l’hyperglycémie.
— le sexe masculin
— la grande taille (peut être en raison de la longueur des fibres nerveuses)
— un alcoolisme associé (parfois d’ailleurs responsable d’une pancréatite chronique calcifiante
et de troubles nutritionnels)
— des facteurs nutritionnels (carences vitaminiques, dénutrition)
— une ischémie par artérite des membres inférieurs pouvant expliquer l’asymétrie de l’explora-
tion fonctionnelle neurophysiologique d’une polyneuropathie diabétique
— enfin des variations rapides de l’équilibre glycémique, en particulier une amélioration sou-
tuellement distale, le plus souvent en chaussettes, plus rarement en gants, exceptionnellement tho-
raco-abdominale.
la conduite thérapeutique.
3. Des manifestations digestives
• La gastroparésie avec achlorydrie gastrique. L’achlorydrie peut favoriser la pullulation
microbienne responsable d’une déconjugaison des sels biliaires, participant à la patho-
génie de la diarrhée diabétique. La gastroparésie peut se traduire par des troubles diges-
tifs post prandiaux immédiats (sensation de satiété, pesanteur épigastrique, nausées,
éructations malodorantes). Ralentissant le transit gastrique, elle est un facteur d’instabi-
lité du diabète avec notamment des hypoglycémies postprandiales d’horaires inhabi-
tuels. En retour, le déséquilibre du diabète et les troubles ioniques qui l’accompagnent,
favorisent la gastroplégie diabétique allant jusqu’à l’intolérance digestive avec vomisse-
ments ramenant des aliments absorbés plus de 12 heures auparavant.
• La diarrhée
Bien sûr, toutes les causes de diarrhée des non diabétiques peuvent être retrouvées chez
les diabétiques, mais il faut systématiquement éliminer une diarrhée provoquée par la
prise de Biguanides (GLUCOPHAGE, STAGID, GLUCINAN), une diarrhée avec stéa-
torrhée due à une pancréatite chronique, une diarrhée secondaire à une hyperthyroïdie as-
sociée au diabète ou encore une diarrhée due à une maladie cœliaque à laquelle ferait
penser un syndrome de malabsorption. La diarrhée diabétique elle-même est une diar-
rhée hydrique, fécale, non sanglante, indolore, présentant deux caractéristiques cliniques
essentielles :
— la fréquence des selles allant de 10 à 30 selles par jour, impérieuses, survenant sou-
vent après les repas et parfois la nuit ou à l’occasion d’une hypoglycémie. Elle s’ac-
compagne dans 50 % des cas, d’une incontinence anale.
— l’évolution par poussées de quelques jours à quelques semaines, suivies d’un retour
du transit à la normale ou même assez fréquemment d’une constipation. Cette ryth-
micité est donc bien différente de celle de la fausse diarrhée des constipés.
Fait particulier, cette diarrhée s’accompagne dans 50 % des cas d’une stéatorrhée modé-
rée, sans déficit pancréatique externe ou atrophie villositaire et sans syndrome de malab-
sorption majeure ni amaigrissement.
4. La dysautonomie diabétique peut encore être responsable de :
• troubles pupillaires fréquents, mais un signe d’Argyll Robertson avec son myosis serré
est exceptionnel.
• troubles trophiques dominés par les maux perforants plantaires et par l’ostéoarthropathie
diabétique.
• déficits endocriniens, notamment d’un hypo-réninisme hypo-aldostéronisme parfois res-
ponsable d’une hyperkaliémie avec acidose tubulaire.
6.2.1 La glomérulopathie
Données épidémiologiques
— Prévalence d’une albuminurie supérieure à 30 mg/24 heures : 20 à 30 % chez les
DID et les DNID.
— Risque cardiovasculaire × 10 chez les DID et × par 3 chez les DNID
— Décès en insuffisance rénale terminale : 25 à 30 % des DID, 5 % des DNID
— Plus de 13 % des dialysés en France sont diabétiques
— 30 % des dialysés aux USA, dans les pays scandinaves et à la Réunion sont diabé-
tiques.
— 50 à 80 % des diabétiques dialysés sont des diabétiques non insulino-dépendants.
— obstructions glomérulaires
— filtration glomérulaire < 10 ml/min
— HTA volodépendante
Au stade de « néphropathie incipiens », la clairance glomérulaire n’est pas normale, mais augmen-
tée pouvant atteindre 150 à 200 ml/min. Elle commence à décroître lorsque la microalbuminurie
dépasse 70 mg/24 heures et est encore normale lorsqu’apparaît la néphropathie patente (albuminu-
rie > 300 mg/24 heures).
La nécrose papillaire
C’est la séquestration ischémique ou dégénérative de l’ensemble ou d’une partie des pa-
pilles rénales en aval de la jonction cortico-médullaire. Le traitement des infections uri-
naires et des uropathies obstructives ont rendu cette complication beaucoup plus rare chez
le diabétique aujourd’hui.
La pyélonéphrite chronique
La pyélonéphrite chronique secondaire aux infections aiguës répétées du haut appareil ou
aux infections urinaires chroniques favorisées par la stase et le reflux restent longtemps
asymptomatiques. Elle est souvent découverte à un stade tardif de l’évolution de l’insuffi-
sance rénale. Elle est en règle associée à la glomérulosclérose. Il est en fait rare que son
expression domine : leucocyturie - bactériurie, hypertension artérielle inconstante, protéi-
nurie minime type tubulaire, absence de syndrome œdémateux, fuites sodées importante et
parfois acidose tubulaire, anémie marquée, reins atrophiques asymétriques bosselés aux ca-
vités atones et aux corticales amincies.
Créatinine Incidence
< 135 μmol/l ≅0%
entre 135 et 180 μmol/l 50 %
Créatinine Incidence
entre 180 et 360 μmol/l 75 %
> 360 μmol/l 95 %
Les examens en cause sont non seulement l’urographie intraveineuse mais aussi les angiographies,
la cholécystographie, la cholangiographie, la tomodensitométrie avec injection (attention l’angio-
graphie rétinienne à la fluorescéine ne comporte pas de produit de contraste iodé et ne justifie
donc pas les mêmes précautions).
En réalité, les lésions anatomiques telles qu’on peut les diagnostiquer par l’imagerie vasculaire non
invasive (ou lors d’études autopsiques) sont encore plus fréquentes chez le diabétique : environ
5 fois pour l’insuffisance coronaire, 8 fois pour l’atteinte cervico-cérébrale, 14 fois pour l’artérite
des membres inférieurs.
Une microalbuminurie supérieure à 30 mg/24 heures à plusieurs reprises, en l’absence d’autre pa-
thologie uro-néphrologique et de déséquilibre aigu du diabète, comporte un risque de mortalité co-
ronarienne multiplié par 3 dans les 10 ans suivants. Elle est d’ailleurs souvent associée à une
hypertrophie ventriculaire gauche.
1. Les accidents vasculaires cérébraux sont plus rarement hémorragiques chez le diabétique en
dépit de l’augmentation de la fréquence de l’hypertension artérielle. Par contre, les micro-in-
farctus responsables de lacunes semblent plus fréquents chez le diabétique en particulier en
cas d’association diabète et hypertension artérielle.
2. L’ischémie myocardique est deux à trois fois plus souvent indolore chez le diabétique que
chez le non diabétique. Cette absence de douleur ne semble pas expliquée par une neuropathie
végétative avec dénervation sympathique cardiaque. L’infarctus du myocarde est ainsi très
souvent indolore, bien que plus rarement asymptomatique. Il faut donc y penser systématique-
ment devant la survenue soudaine de symptômes par ailleurs inexpliqués :
• troubles digestifs et parfois douleurs épigastriques
• asthénie en particulier à l’effort
• troubles du rythme cardiaque, embolie
• et parfois simple déséquilibre inexpliqué du diabète
• ou baisse de la pression artérielle
Dans tous ces cas, il importe de faire un ECG qui permettra le diagnostic. Le traitement de
l’infarctus du myocarde ne diffère pas de celui des non diabétiques, mais il impose l’arrêt des
hypoglycémiants oraux et le recours à une insulinothérapie au moins transitoire avec pour ob-
jectif une glycémie entre 1,60 g/l et 2 g/l. Le séjour en unité de soins intensifs est souvent pro-
longé en raison du risque de mort subite retardée en particulier en cas de dénervation
cardiaque avec allongement de QT (> 0,44 ms). Finalement la mortalité est double à 1 mois,
à 1 an et à 5 ans par rapport aux non diabétiques. Cette surmortalité tient essentiellement à la
fréquence de l’insuffisance cardiaque séquellaire en particulier chez la femme diabétique
obèse.
En dehors de l’infarctus, le traitement de l’ischémie coronarienne ne diffère pas chez le dia-
bétique et le non diabétique. Dérivés nitrés, inhibiteurs calciques, IEC, β bloquants, anti-pla-
quettaires ont les mêmes indications. De même en ce qui concerne les pontages coronaires et
les angioplasties avec toutefois une mortalité péri-opératoire environ double (5 % vs 2,5 %)
et un risque de resténose après angioplastie plus élevé. Mais les résultats à moyen et long
terme semblent comparables.
3. L’artérite des membres inférieurs : outre l’association fréquente à une neuropathie respon-
sable du caractère indolore de l’ischémie, l’artérite des membres inférieurs du diabétique est
caractérisée par sa topographie : 1 fois sur 3 elle est proximale, bien corrélée aux facteurs de
risque classiques (HTA, hyperlipidémie, tabagisme), 1 fois sur 3 elle est distale, siégeant en
dessous du genou bien corrélée à l’équilibre glycémique et à la durée du diabète, et 1 fois sur 3
globale, proximale et distale. Par chance, même lorsqu’elle est distale, une artère au-dessous
de la cheville reste le plus souvent perméable. La palpation d’un pouls pédieux n’élimine donc
en rien l’existence d’une artérite sévère des axes jambiers sus jacents, mais il est sûrement un
des meilleurs arguments pronostiques de l’artérite diabétique. En effet, cette persistance per-
met de réaliser des pontages distaux (utilisant la veine saphène interne dévalvulée in situ ou
inversée) dans le cadre d’un sauvetage de membre nécessité par une gangrène du pied. En ef-
fet, la gangrène, même limitée, n’est jamais secondaire à une microangiopathie diabétique ;
elle témoigne toujours d’une atteinte des artères musculaires, même s’il s’agit d’artères de pe-
tit calibre et elle doit donc bénéficier à chaque fois que cela est possible, d’une revascularisa-
tion. Un geste d’amputation « à minima » fait sans exploration vasculaire, risque de ne jamais
cicatriser et d’entraîner une aggravation secondaire de l’ischémie avec amputation majeure.
1. l’obtention d’un bon équilibre glycémique mais l’objectif glycémique n’est pas ici claire-
ment défini, contrairement à la microangiopathie. Peut être faut-il exiger des valeurs glycé-
miques plus strictes (moins de 1,20 g/l avant les repas, moins de 1,40 g/l 90 à 120 minutes
après le repas)
2. la diminution de l’insulino-résistance en particulier au cours du diabète de type II grâce à
la réduction de la surcharge pondérale, à l’accroissement de l’activité physique et à la pres-
cription de Biguanides
3. notons ici que la réduction des boissons alcoolisées (à 1 à 2 verres de vin par repas) a l’avan-
tage de réduire la surcharge pondérale, de corriger la répartition androïde des graisses, de di-
minuer l’hypertriglycéridémie, d’améliorer l’hypertension artérielle. C’est donc un des points
essentiels de l’équilibre diététique.
4. l’arrêt de l’intoxication tabagique.
5. le traitement d’une dyslipidémie.
6. le traitement de l’hypertension artérielle
L’hypertension artérielle est environ 2 fois plus fréquente chez le diabétique que chez le non
diabétique.
1. Chez le diabétique insulino-dépendant, elle est essentiellement secondaire à la gloméru-
lopathie diabétique. En réalité, la pression artérielle s’élève progressivement vers les va-
leurs hautes de la normale, parallèlement à l’apparition de la microalbuminurie, avant de
franchir la barre des 140/90 mmHg. Un traitement est indispensable dès ce stade pour
ralentir l’évolution de la néphropathie vers la glomérulopathie patente (on a ainsi parlé
de micro-hypertension artérielle). L’objectif est alors une pression artérielle inférieure à
130/85 mmHg. Les IEC qui diminuent la pression hydrostatique transcapillaire, ont un
rôle spécifique de protection néphronique et sont donc devenus des anti-hypertenseurs
de première intention dans cette indication. On prescrit d’abord de faibles doses, puis on
augmente progressivement les posologies. En cas d’action insuffisante, on associe un
diurétique thiazidique fortement potentialisateur.
Au stade de néphropathie patente avec chute de la clairance glomérulaire et hypertension
artérielle parfois sévère, on est souvent contraint d’associer 3 voire 4 anti-hypertenseurs
comprenant toujours un diurétique de l’anse (LASILIX) à posologies augmentées et si
possible un IEC à posologies réduites. L’objectif est alors une pression artérielle infé-
rieure à 125/75 mmHg. Le traitement peut être gêné par la survenue d’une hypotension
orthostatique nécessitant une répartition des prises dans le nychtémère et si besoin une
diminution des diurétiques lorsque le malade se plaint de symptômes orthostatiques.
L’objectif est alors une pression artérielle en position assise inférieure à 130/85 mmHg
sans malaise orthostatique.
2. chez le diabétique non insulino-dépendant, l’hypertension est au contraire dans l’im-
mense majorité des cas une hypertension artérielle essentielle qui précède même le dia-
bète une fois sur deux. Habituellement, elle complique un syndrome d’insulino-
résistance métabolique avec obésité androïde. La prise de la pression artérielle doit être
adaptée à l’obésité avec un brassard spécial dont la poche gonflable a une longueur égale
à 80 % et une largeur égale à 40 % de la circonférence brachiale.
L’association HTA et diabète est particulièrement délétère pour les tissus cibles de l’hy-
pertension. Elle rendrait compte de la fréquence d’une cardiomyopathie infra-clinique
avec hypertrophie ventriculaire gauche, d’accidents cérébraux ischémiques lacunaires et
d’une glomérulopathie vasculaire non spécifique susceptible d’évoluer vers l’insuffi-
sance rénale terminale.
Les objectifs sont une tension artérielle inférieure à 140/90 mmHg.
Il n’y a pas de traitement préférentiel de cette HTA en sachant qu’il faut tenir compte des
effets des anti-hypertenseurs chez les diabétiques (cf. encadré).
La gangrène des extrémités est 40 fois plus fréquente chez le diabétique que le non-dia-
bétique.
Ces durillons finissent par former l’équivalent d’une pierre, dure, blessant le tissu sous cutané,
provoquant la formation d’une petite poche hydrique. Le liquide sous tension lors de l’appui
dissèque les tissus, formant une véritable chambre de décollement. L’hyperkératose sèche, se
fendille, ouvrant la voie à la surinfection avec constitution d’un véritable abcès sous cutané
qui peut fuser vers l’os ou les parties molles ou s’ouvrir à la peau, formant le classique mal
perforant entouré de sa couronne d’hyperkératose. Le mal perforant n’est donc ni plus ni
moins qu’un « durillon qui a mal tourné ». Il siège électivement au niveau des points d’appuis,
en particulier sous les têtes des métatarsiens (voir encadré).
3. la neuropathie végétative, responsable d’une sécheresse cutanée anormale et d’une hyperké-
ratose favorisant le développement des durillons et callosités. Les fissures de la kératose ta-
lonnière peuvent être l’origine de surinfection susceptible d’entraîner une nécrose talonnière
brutale en cas d’ischémie associée.
4. enfin, la neuropathie végétative peut être à l’origine de shunts artério-veineux avec perte du
réflexe veino-artériel physiologique à l’origine d’œdèmes neurotrophiques associés à une
maldistribution sanguine fragilisant les os du pied. Ainsi se constituent des ostéonécroses et
des fractures indolores responsables de l’ostéoarthropathie nerveuse. Cette ostéonécrose et
ces fractures apparaissent au niveau des zones de contrainte maximale, en particulier au som-
met de l’arche interne du pied, au niveau du premier cunéiforme et du scaphoïde. Leur frac-
ture-nécrose-luxation entraîne l’effondrement de l’arche interne du pied : c’est le classique
pied de Charcot diabétique avec constitution d’un pied plat élargi, source de troubles statiques
à l’origine de durillons et de maux perforants.
une froideur relative du pied, parfois une amyotrophie, souvent une asymétrie lésionnelle.
Au contraire, le pied neurologique se caractérise par une chaleur relative, des pouls parfois bon-
dissants, une peau épaisse et sèche, une hyperkératose au niveau des points d’appui (c’est-à-dire
sous la tête des métatarsiens, au niveau de la styloïde du 5ème métatarsien et sous le talon). Les ré-
flexes sont abolis, comparativement aux réflexes des membres supérieurs. On note une diminution
de la perception vibratoire (avec un indice inférieur à 4 au diapason gradué) de valeur au-dessous
de 65 ans, des troubles du sens de position segmentaire des orteils, une diminution de la perception
du chaud et du froid difficile à quantifier, et un défaut de perception de la douleur également de
quantification mal aisée. La perception douloureuse s’apprécie à l’aide d’une aiguille en dehors des
zones d’hyperkératose, en particulier au niveau de la pulpe des orteils et de la cambrure de la
plante, de façon comparative à la sensibilité au niveau de la jambe. La perception du tact et de la
pression peut être quantifiée à l’aide de monofilaments de Nylon de différents calibres. En effet, il
est très utile de disposer de moyens simples et fiables permettant de diagnostiquer le seuil de dimi-
nution de la perception de la douleur et de la pression comportant un risque de mal perforant et
justifiant donc une prise en charge spécialisée.
Un antécédent de blessure du pied non perçue par le malade doit être systématiquement recherché.
Elle permet d’affirmer le risque podologique et d’en faire prendre conscience au malade.
Tout diabétique à risque podologique (et si nécessaire un tiers de l’entourage) doit être adressé à
une consultation spécialisée de podo-diabétologie pour recevoir une éducation spécifique pour la
prévention des plaies du pied.
téite
— on réalisera une détersion variable selon la nature des lésions, extensive en cas de neuropathie
isolée, très limitée et peu agressive en cas d’ischémie afin de permettre la limitation spontanée
d’une nécrose sèche
— on demandera des clichés osseux à la recherche d’une ostéite, un écho-doppler et une mesure
de la pression transcutanée en oxygène pour apprécier la vascularisation
— on adaptera l’antibiothérapie en fonction de l’évolution locale et en fonction des résultats de
l’antibiogramme (en choisissant à chaque fois que possible, les antibiotiques à spectre plus
étroit type Oxacilline (BRISTOPEN) pour éviter une sélection de germes résistants
— s’il existe une artérite, une artériographie sera demandée en vue d’un geste de revascularisa-
tion chirurgicale et/ou endoluminale.
Chez le diabétique, il faut conserver la veine saphène et utiliser, lorsqu’il existe une
insuffisance saphénienne, toutes les techniques de cure de cette insuffisance veineuse
superficielle permettant de conserver le tronc veineux. Ceci a été dit chez le coronarien,
mais est encore plus vrai pour le diabétique artéritique.
L’artérite diabétique se caractérise par sa topographie distale en dessous du genou avec obs-
truction d’un ou plusieurs axes jambiers (artère tibiale antérieure, tibiale postérieure, péro-
nière). Mais la pédieuse est souvent perméable. Cette particularité anatomique explique à la
fois que la perception d’un pouls pédieux (affaibli) ne suffise pas à éliminer une artérite et que
malgré la topographie distale de l’artérite diabétique, un pontage reste le plus souvent pos-
sible.
— en l’absence d’ischémie et s’il existe une ostéite, un geste d’orthopédie podologique conser-
vatrice (type résection d’une tête de métatarsien ou résection limitée d’une phalange) sans am-
putation pourra être réalisé pour raccourcir le délai de cicatrisation. L’antibiothérapie sera
poursuivie au moins 15 jours après le geste chirurgical.
Prévention primaire sans ≥ 1,60 (4,1) ≥ 1,90 (4,9) < 1,60 (4,1)
autre facteur de risque que
le diabète
Prévention primaire des ≥ 1,30 (3,4) ≥ 1,60 (4,1) < 1,30 (3,4)
sujets ayant au moins un
autre facteur de risque que
le diabète
Prévention secondaire des ≥ 1,30 (3,4) ≥ 1,30 (3,4) < 1,00 (2,6)
sujets ayant une maladie malgré une diététique
coronaire patente ou au suivie pendant 3 mois
moins deux autres facteurs
de risque que le diabète
Chapitre 7
Acidose lactique :
physiopathologie, étiologie,
diagnostic
Question d’internat n° 332
génèse rénale, mais celle ci est probablement réduite en cas de tubulopathie aiguë secon-
daire au choc.
7.3 Traitement
L’évolution de l’acidose lactique était autrefois pratiquement toujours mortelle. Le traitement ac-
tuel comprend :
1. des mesures de réanimation générale : assurer une bonne ventilation, restaurer l’hémodyna-
mique sans recourir aux drogues vaso-constrictrices aggravant l’hypoxie tissulaire, assurer
une diurèse suffisante par de fortes doses de LASILIX, surveiller de près la kaliémie
2. une alcalinisation par le bicarbonate iso-osmotique (14 ‰) 1 à 2 litres en 1 à 2 heures, afin de
relever le pH au dessus du seuil critique de 7,20 (correspondant à un taux de bicarbonates de
10 mmol/l)
3. une épuration extra-rénale par hémodialyse ou dialyse péritonéale permettant une alcalinisa-
tion puissante sans surcharge volémique, une élimination de lactates, et une épuration par-
tielle des biguanides
4. une insulinothérapie modérée associée à l’administration de glucose.
Chapitre 8
Acidocétose diabétique :
physiopathologie, étiologie,
diagnostic, traitement
Question d’internat n° 332
8.1 Physiopathologie
1. La chute de l’insulinémie lors du jeûne, entraîne la mise en route de la voie catabolique, per-
mettant à l’organisme de puiser dans ses réserves : le muscle, cardiaque en particulier, utilise
les acides gras provenant du tissu adipeux et les corps cétoniques produits par leur métabo-
lisme hépatique. Le système nerveux, le cerveau principalement, a besoin de glucose. Mais,
les réserves hépatiques en glycogène ne pouvant satisfaire que la moitié de la consommation
quotidienne de glucose par le cerveau, l’essentiel des besoins est assuré par la néoglucogénèse
hépatique.
Chez une personne normale, le catabolisme est contrôlé par la persistance d’une insulino-sé-
crétion basale, car les corps cétoniques entraînent une insulino-sécrétion freinant en retour la
lipolyse selon la « boucle » suivante : ↓ insulino-sécrétion → ↑ lipolyse → ↑ cétogénèse
→ ↑ insulinémie → ↓ lipolyse → ↓ cétogénèse...
Le catabolisme du diabétique insulinoprive échappe à ce rétrocontrôle, si bien que le taux
d’acides gras libres est de 2 à 4 fois plus élevé durant l’acidocétose que durant le jeûne.
La décompensation du diabète entraîne donc hyperglycémie et cétose.
2. L’hyperglycémie est due :
— à l’absence de transport insulino-sensible du glucose dans le tissu adipeux et le muscle
— à la glycogénolyse hépatique
— et surtout à la néoglucogénèse. Elle produit quelques centaines de grammes de glucose
par jour, essentiellement à partir des acides aminés (alanine).
Conséquences de l’hyperglycémie
L’hyperglycémie induit une hyper-osmolarité extra-cellulaire qui entraîne un passage de
l’eau et du potassium intra-cellulaires vers le compartiment extra-cellulaire. L’hypervo-
lémie provoque une augmentation du flux et du filtrat glomérulaires. La non réabsorption du
glucose par le tubule rénal au-delà de sa capacité maximale de réabsorption, entraîne une gly-
cosurie avec diurèse osmotique. Cette diurèse osmotique insuffisamment compensée par les
boissons, a pour conséquence un déficit hydrique important avec hypovolémie responsable
secondairement d’une chute du flux et du filtrat glomérulaires. Cette insuffisance rénale fonc-
tionnelle, élevant le seuil rénal du glucose, majore l’hyperglycémie.
3. La céto-acidose
L’insuline qui inhibe la lipase adipocytaire est la seule hormone anti-lipolytique. La ca-
rence en insuline provoque donc un accroissement de la lipolyse. Cet accroissement de la
lipolyse entraîne une libération des acides gras libres, qui au niveau du foie sont oxydés en
acétyl-coenzyme A. De toutes les voies de réutilisation de l’acétyl-coenzyme A, la synthèse
des corps cétoniques est la voie préférentielle d’autant que la « machinerie enzymatique »
des hépatocytes est orientée vers l’oxydation intramitochondriale où a lieu la cétogénèse. En
particulier, l’acyl-carnitine-transférase (ACT), enzyme qui permet la pénétration intramito-
chondriale de l’acyl-CoA formé dans le cytoplasme à partir des acides gras à longue chaîne,
est augmentée.
L’activité de cet enzyme dépend du taux de malonyl CoA, reflet de l’orientation métabolique
du foie : déprimé dans les situations anaboliques, l’acyl-carnitine-transférase (ACT) est au
contraire stimulé dans les situations cataboliques.
L’augmentation de la cétonémie et l’apparition d’une cétonurie résultent donc essentiellement
de l’hypercétogénèse. En outre, l’utilisation des corps cétoniques par les tissus est diminuée
en l’absence d’insuline.
Les deux acides cétoniques sont l’acide acéto-acétique et l’acide béta-hydroxybutyrique.
L’acétone se forme spontanément par décarboxylation de l’acide acéto-acétique.
Conséquences de l’hypercétonémie :
— les acides cétoniques sont des acides forts, totalement ionisés au pH du plasma. Cet ap-
port d’ions H+ plasmatiques provoque une acidose métabolique, lorsque les mécanismes
de compensation sont débordés.
— l’élimination rénale des corps cétoniques sous forme de sel de sodium et de sel de potas-
sium est responsable d’une perte importante de ces deux cations. Parallèlement,
l’anion chlore est réabsorbé. Cette élimination est diminuée en cas d’insuffisance rénale
fonctionnelle secondaire à l’hypovolémie.
— l’élimination pulmonaire grâce au système tampon bicarbonate - acide carbonique per-
met de transformer un acide fort en acide faible volatile. L’hyperventilation n’atteint son
5. dans quelques cas, le plasma des malades en coma acidocétosique est lactescent. Cette hyper-
triglycéridémie peut procéder de deux mécanismes isolés ou associés :
— défaut d’épuration des lipoprotéines riches en triglycérides
— accroissement de la production hépatique de triglycérides (dans la phase précédant le co-
ma)
Cette hyperlipidémie induit parfois des éruptions xanthomateuses et même des poussées
de pancréatite.
6. L’hypo-phosphatémie a été mise en cause dans la déficit en 2-3 diphosphoglycérate (2-3
DPG). Présent dans les hématies, le 2-3 DPG favorise la dissociation de l’oxyhémoglobine au
niveau des tissus. Ce déficit en 2-3 DPG peut donc être responsable d’une hypoxie tissulaire
avec ses propres conséquences.
8.2 Etiologie
Le coma acidocétosique se voit à tout âge. Il faut néanmoins en souligner la gravité particulière
chez le vieillard.
Le coma acidocétosique peut survenir quelle que soit l’ancienneté du diabète, qu’il révèle parfois
(20 % des comas acidocétosiques sont révélateurs).
Dans 85 % des cas, le coma acidocétosique complique un diabète de type 1. Mais dans 15 % des
cas, il complique un diabète non traité par l’insuline. Le plus souvent, il s’agit alors d’un diabète
de type 2 en état d’agression, par exemple, à l’occasion d’une infection sévère ou d’un infarctus du
myocarde. Il peut s’agir aussi de diabètes de type 1 lents devenant insulino-dépendants après des
années de traitement par des hypoglycémiants oraux.
Parmi les étiologies retrouvées, l’infection arrive en tête avec 35 % des cas. Une lésion organique
est retrouvée dans 15 % des cas, dont une fois sur deux une complication due au diabète, en parti-
culier vasculaire. L’arrêt de l’insulinothérapie est retrouvée dans 10 % des cas, en particulier
chez les patients traités par pompe à insuline sous cutanée. Dans ses débuts, le traitement par
pompe s’est accompagné d’une augmentation importante de fréquence des comas acidocétosiques
secondaires à des pannes diverses. Depuis que les patients traités par pompe bénéficient d’une édu-
cation particulière pour la prévention de l’acidocétose, la fréquence n’est plus différente de celle
observée lors des traitements conventionnels. Une grossesse non ou mal suivie est retrouvée dans
5 % des cas (les besoins en insuline augmentent dès le 2ème trimestre de la grossesse). L’acidocé-
tose est redoutable au cours de la grossesse, puisqu’elle peut entraîner la mort in utéro du fœtus.
8.3 Diagnostic
par la recherche de sucre et des corps cétoniques dans les urines fraîches recueillies si pos-
sible sans sondage.
8.5 Traitement
Le traitement doit être entrepris sans attendre le résultat des examens complémentaires. Il vise à un
retour progressif à la normale en 8 à 12 heures. Le traitement doit associer quatre éléments :
— un traitement de la cétose
— une réanimation hydro-électrolytique
— les soins non spécifiques du coma
— le traitement des causes déclenchantes.
8.6 Prévention
La fréquence des comas acido-cétosiques a diminué en raison de l’amélioration de l’éducation des
diabétiques. On peut dire qu’un diabétique bien éduqué ne doit pas faire de coma acidocétosique.
Les éléments essentiels de cette éducation sont résumés dans le tableau :
Chapitre 9
Coma hyper-osmolaire :
physiopathologie, étiologie,
diagnostic, traitement
Question internat n° 332
9.1 Physiopathologie
Le coma hyper-osmolaire est l’aboutissement d’un processus auto-entretenu : l’hyperglycémie ini-
tiale est responsable d’une polyurie dite « osmotique ». Cette polyurie non ou insuffisamment
compensée par les apports hydriques, entraine une hypovolémie. Cette hypovolémie induit une in-
suffisance rénale fonctionnelle provoquant une rétention sodée, et une élévation importante du
seuil rénal du glucose. La glycémie s’élève fortement. La polyurie n’est plus alors « vraiment
osmotique ». Elle persiste jusqu’à ce que la chute de la perfusion rénale entraîne une oligo-anurie.
Comment expliquer l’absence de cétose ? Elle est corrélée à l’absence d’élévation importante des
acides gras libres. Cette inhibition de la lipolyse s’expliquerait par la persistance au début du pro-
cessus d’une insulinémie périphérique insuffisante pour permettre la pénétration intra-cellulaire du
glucose, mais suffisante pour inhiber la lipolyse.
Si la cétonurie est faible ou nulle, on constate une fois sur deux une acidose métabolique avec une
réserve alcaline inférieure à 20 mEq. Cette acidose avec trou anionique s’explique par la rétention
de phosphates et de sulfates due à l’insuffisance rénale, par la production accrue de lactates, voire
par l’augmentation du 3 β hydroxybutyrate non dépisté par les réactifs au nitroprussiate de soude
(Acétest ®, Ketodiastix ®).
Les hormones de la contre-régulation en particulier le Glucagon, sont augmentées. C’est pourquoi
Le terrain d’élection du coma hyper-osmolaire est donc plus banalement la personne âgée ayant
une hypertension artérielle traitée par les diurétiques, faisant un accident vasculaire cérébral, le
vieillard traité par corticoïdes pour une maladie de Horton, ou la vieille dame institutionnalisée
pour démence victime d’une infection broncho-pulmonaire.
On retrouve en effet en général deux ou trois causes favorisantes associées et dans tous les cas,
un défaut de surveillance du bilan hydrique. A l’opposé, on peut voir des comas hyper-osmo-
laires chez de jeunes antillais consommant de grandes quantités de boissons sucrées.
— de la diurèse
— du bilan hydrique
— de la glycémie capillaire au bout du doigt
— du ionogramme sanguin
9.3 Diagnostic
9.3.1 Clinique
Le début est insidieux, progressif, durant plusieurs jours voire 1 à 3 semaines, marqué par une po-
lyurie, une adynamie, et les premiers signes de deshydratation. Une forte glycosurie peut être mise
en évidence. La simple surveillance de la diurèse devrait permettre de dépister l’hyperglycé-
mie et la deshydratation avant le stade du coma hyperosmolaire. Hélas, l’attention est souvent
détournée par l’affection aiguë déclenchante.
Le coma hyper-osmolaire associe :
La réanimation est alors entreprise sans attendre les résultats des examens complémentaires de-
mandés en urgence.
1. le collapsus peut être initial, nécessitant un remplissage massif par les grosses molécules et
le sérum physiologique isotonique sous contrôle de la pression veineuse centrale. Mais il peut
être secondaire si le traitement a entraîné une baisse rapide de la glycémie, sans apport hy-
C’est dire que le pronostic dépend non seulement d’une réhydratation bien conduite, mais aussi de
la minutie de ces « petits soins infirmiers préventifs ». Ce faisant, le pronostic autrefois redoutable
avec 50 % de décès s’est maintenant amélioré, se situant autour de 20 %, dépendant certes du degré
d’hyper-osmolarité, c’est-à-dire de la précocité du traitement, mais surtout de l’âge et des tares as-
sociées.
9.5 Traitement
Surveillance
Chapitre 10
La rétinopathie diabétique :
physiopathologie, diagnostic,
évolution, principes du
traitement
question d’internat n° 219
Dans les pays développés, la rétinopathie diabétique reste la première cause de cécité chez les
sujets de 20 à 60 ans. 2 % des diabétiques deviennent aveugles et 10 % deviennent mal voyants.
Le traitement de la rétinopathie diabétique a été radicalement transformé par la photocoagulation
au laser dont les indications sont aujourd’hui précisées.
10.1 Physiopathologie
La rétinopathie est la conséquence d’une hyperglycémie chronique. Elle fait partie des complica-
tions microangiopathiques du diabète. Sa survenue est corrélée à la durée du diabète et au degré
d’équilibre glycémique. La rétinopathie menace donc les patients diabétiques après quelques an-
nées d’hyperglycémie mal maîtrisée. Inversement, plusieurs articles ont prouvé qu’un excellent
contrôle glycémique prévient ou retarde la rétinopathie. Il est donc prouvé que maintenir à long
terme un taux correct d’HbA1C (inférieure à 150 % de la normale) met à l’abri des complications
micro-vasculaires dont fait partie la rétinopathie.
Quel que soit le taux initial d’HbA1C, obtenir un abaissement de 2 % diminue le risque d’appari-
tion ou d’aggravation de la rétinopathie diabétique de 60 %.
L’hyperglycémie chronique est en effet responsable de perturbations précoces de la micro-circula-
tion avec sur le plan fonctionnel :
10.2 Diagnostic
La rétinopathie diabétique se développe à bas bruit sans que le malade ne perçoive pendant long-
temps aucun symptôme. La baisse de l’acuité visuelle témoigne donc de lésions très avancées qu’il
ne saurait être question d’attendre. Il est donc essentiel que tout patient diabétique reçoive une édu-
cation sur la nécessité d’effectuer un dépistage des lésions rétiniennes par un examen systéma-
tique annuel du fond d’œil.
Dans le cas du diabète non insulino-dépendant, le diagnostic étant fréquemment fait avec plusieurs
années de retard, l’examen du fond d’œil permet de découvrir dans environ 20 % des cas, des lé-
sions préexistantes justifiant une angiographie rétinienne.
Dans le cas du diabète insulino-dépendant de début brutal, on peut se contenter pendant les pre-
mières années d’un contrôle annuel du fond d’œil, la première angiographie rétinienne étant réali-
sée après 5 ans d’évolution de la maladie.
Lorsque le fond d’œil est normal, l’angiographie rétinienne n’est plus répétée systématique-
ment.
10.3 Evolution
Le fond d’œil annuel complété si nécessaire par l’angiographie rétinienne permet le dépistage et la
classification de la rétinopathie. Celle-ci se développe sur deux modes évolutifs, fréquemment
associés : d’une part, l’ischémie, d’autre part, l’œdème.
L’ischémie
elle se traduit par la présence d’hémorragies intra-rétiniennes, de territoires non perfu-
sés vus à l’angiographie, de nodules cotonneux témoignant d’une obstruction artériolaire,
d’anomalies du calibre veineux, de néovaisseaux intrarétiniens puis prérétiniens, et notam-
ment prépapillaires, responsables d’hémorragies intravitréennes provoquant le dévelop-
pement d’une fibrose tirant sur la rétine et finissant par la décoller.
L’œdème
il peut être responsable d’exsudats durs prédominants au pôle postérieur. La maculopa-
thie œdémateuse est une des causes de perte de l’acuité visuelle du diabétique. Son déve-
loppement est corrélé à l’équilibre glycémique jugé sur HbA1C et à la pression artérielle
diastolique.
1. Pas de rétinopathie
2. Rétinopathie diabétique non proliférante :
• minime (micro-anévrismes)
• hémorragie punctiformes
[ signes d’hyperperméabilité (œdème maculaire) ]
3. Rétinopathie pré-proliférante :
• anomalie micro-vasculaire intrarétinienne (AMIR)
• nodule cotonneux
4. Rétinopathie proliférante
• néovascularisation prépapillaire, prérétinienne, irienne
• hémorragies intravitréennes
• traction rétinienne, décollement rétinien
5. Maculopathie
• ischémique
• œdémateuse focale
• œdémateuse diffuse ou cystoïde
Les complications de la rétinopathie diabétique sont les suivantes :
— l’œdème maculaire
— l’hémorragie intra-vitréenne
— le décollement de rétine
— la rubéose irienne qui peut se compliquer secondairement d’un glaucome néovasculaire (par
fermeture de l’angle).
Cas particulier de la rétinopathie au cours d’une grossesse : le risque évolutif d’une rétinopathie
est fonction de l’état rétinien de départ. Lorsqu’il n’existe pas de rétinopathie au début de la gros-
sesse, le risque de détérioration de l’état rétinien est faible. Par contre, lorsqu’une rétinopathie pré-
proliférative est présente au début de la grossesse, elle s’aggrave toujours et ce de façon très
importante. Un bilan complet ophtalmologique est donc souhaitable avec si besoin traitement par
laser avant le début de la grossesse. Pendant la grossesse, un fond d’œil trimestriel est souhaitable
en l’absence de rétinopathie.
En cas de rétinopathie, le fond d’œil sera mensuel avec une angiographie à la 28ème semaine, à la
35ème semaine et après l’accouchement.
10.4 Traitements
Le traitement d’équilibration du diabète et le traitement de l’hypertension artérielle avec pour ob-
jectif une pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg, sont les meilleurs traitements préventifs
de la rétinopathie diabétique. Lorsqu’il existe une rétinopathie évolutive, ils sont indiqués en com-
plément du traitement ophtalmologique. Cependant, l’amélioration rapide de l’équilibre métabo-
lique peut initialement être responsable d’une aggravation transitoire de la rétinopathie. Cette
aggravation semble se faire sur le mode ischémique avec apparition au niveau de la rétine de no-
dules cotonneux secondaires à une obstruction artériolaire. Il convient donc d’améliorer l’équilibre
glycémique de manière progressive (sur au moins deux mois), en cas de suspicion de rétinopathie.
Le traitement par laser a deux indications :
1ère indication
La photocoagulation pan rétinienne est indiquée lorsqu’il existe une rétinopathie prolifé-
rante débutante, avant la survenue d’une prolifération prérétinienne responsable d’hémor-
ragies.
La rétinopathie proliférante touche environ 50 à 60 % des diabétiques insulino-dépendants
et 25 à 30 % des diabétiques non insulino-dépendants après 20 ans d’évolution du diabète.
Le stade pré-prolifératif comporte un risque d’évolution vers la rétinopathie proliférante
dans 33 à 50 % des cas en un an.
La plupart des équipes françaises considèrent que la pan photocoagulation au laser doit être
commencée à ce stade en traitant un œil et en surveillant l’autre. En effet, la pan photocoa-
gulation rétinienne n’est pas dénuée d’inconvénients : diminution du champ visuel, altéra-
tion de la vision nocturne, mais surtout œdème maculaire responsable d’une baisse de
l’acuité visuelle parfois irréversible.
Il faut donc prévenir le malade que le traitement par photocoagulation au laser a pour but
de sauvegarder la vision menacée, mais qu’il ne constitue pas une guérison de la rétine ma-
lade. Pour diminuer le risque d’œdème maculaire, on conseille à chaque fois que cela est
possible, d’espacer les séances de 8 à 21 jours, en réalisant 4 à 6 séances comportant cha-
cune 400 à 600 impacts.
Traitement des complications de la rétinopathie : voir en ophtalmologie le traitement des
différentes complications citées ci-dessus.
2ème indication
La maculopathie œdémateuse. Il peut s’agir d’une photocoagulation des exsudats en cou-
ronne siégeant au pôle postérieur. Le traitement est alors peu dangereux. Par contre,
l’œdème maculaire cystoïde nécessite un traitement de la macula en respectant la zone
avasculaire. Quant à l’ischémie maculaire, il n’en existe pas de traitement efficace.
Chapitre 11
Objectifs
Montrer la possibilité de diminuer la fréquence des complications microangiopathiques et
neurologiques du diabète de type 1 en maintenant la glycémie à un niveau proche de la nor-
male.
Plan expérimental
Etude prospective randomisée sur 6 ans, incluant 1 441 patients.
Patients
1 441 patients sur 29 centres aux Etats-Unis, recrutés pendant 6 ans avec un suivi moyen
de 6.5 ans, présentant les critères classiques majeurs de diabète de type 1, diabétiques de-
puis au moins un an, ayant une moyenne d’âge de 26 ans. Deux cohortes sont définies par-
mi ces patients : une cohorte est indemne de toute complication, donc suivie en prévention
primaire ; une cohorte avec présence de complications débutante suivie en prévention se-
condaire d’aggravation.
Intervention
Un groupe traité par insulinothérapie dite « conventionnelle », consistant en 1 ou
2 injections quotidiennes d’insuline sans adaptation des doses. Un groupe traité par insuli-
nothérapie dite intensive, consistant en 3 à 4 injections quotidiennes ou la mise en place
d’une pompe à insuline, avec autocontrôle glycémique quatre fois par jour et adaptation des
doses d’insuline visant à obtenir une glycémie inférieure à 1.20 g/l à jeun et inférieure à
1.80 g/l en post prandial.
Critères du jugement
Fond d’œil tous les 6 mois avec cotation de la rétinopathie sur une échelle de 25 points. Mi-
croalbuminurie annuelle, recherche clinique d’une neuropathie, évaluation clinique de la
macroangiopathie, incidence des hypoglycémies sévères.
Principaux résultats
— 99 % des patients sont restés jusqu’au bout dans l’étude. La différence d’équilibre gly-
cémique entre les 2 groupes est significative et stable pendant toute la durée de
l’étude : 2 % d’HbA1C de différence, P < 0.001. L’insulinothérapie « intensive » ré-
Chapitre 12
Objectifs
Comparer l’effet d’un traitement hypoglycémiant intensif (ayant pour objectif une glycé-
mie à jeun inférieure à 6 mmol/l) et l’effet d’un traitement conventionnel (ayant pour ob-
jectif une glycémie à jeun inférieure à 15 mmol/l) sur le risque de complications
microangiopathiques et macroangiopathiques dans le diabète de type 2.
Plan expérimental
Etude prospective randomisée incluant 3 867 patients, avec 10 ans de suivi moyen.
Patients
3 867 patients inclus sur 23 centres en Grande Bretagne, présentant les caractéristiques du
diabète de type 2, sans complications microangiopathiques ou macroangiopathiques (sé-
vères), avec une glycémie à jeun entre 6 et 15 mmol/l après 3 mois de mesures diététiques,
ne présentant pas un surpoids majeur. Les patients présentant un surpoids ont été traités
dans une partie annexe de l’étude.
Intervention
Randomisation en deux groupes : un groupe traité par insuline ou sulfamides hypoglycé-
miants avec un objectif de glycémie à jeun inférieure à 6 mmol/l ; un groupe traité par dié-
tétique puis éventuellement sulfamides ou insuline, avec un objectif de glycémie à jeun
inférieure à 15 mmol/l.
Critères de jugement
Les critères majeurs de jugement étaient la survenue d’une complication sévère liée au dia-
bète (mort, infarctus du myocarde, AVC, défaillance cardiaque, insuffisance rénale sévère,
rétinopathie laserisée...). Les critères mineurs de jugement étaient la survenue de compli-
cations à un degré moins sévère.
Principaux résultats
La durée moyenne de cette étude a été de 10 ans. Les deux groupes de patients ont présenté
une différence significative d’équilibre glycémique tout au long de l’étude (0.9 %
d’HbA1C moyenne de différence). Cette différence est à l’origine d’une diminution du
Chapitre 13
Traitement du diabète
insulino-dépendant ou diabète
de type I
Question d’internat n° 330
Il est maintenant bien démontré qu’un bon équilibre glycémique (HbA1C < 7 % pour une
normale de 4 à 5,6, soit une glycémie moyenne inférieure à 1,50 g/l) permet de prévenir l’ap-
parition des complications sévères de microangiopathie (rétinopathie, glomérulopathie et
neuropathie). Pour ce faire, les schémas d’insulinothérapie actuellement proposés visent à repro-
duire l’insulino-sécrétion physiologique. En effet, le sujet normal présente une insulino-sécrétion
basale continue, persistant y compris après plusieurs jours de jeûne, à laquelle viennent s’ajouter
des pics insulino-secrétoires adaptés lors des repas. La plupart des diabétologues ont donc adopté
un schéma dit « basal bolus » réalisé :
— soit par l’association de bolus d’insuline rapide injectés avant chaque repas (au moins 3 par
jour) à une insulinothérapie de base réalisée de façon variable selon les malades et selon les
équipes : injection d’insuline semi-retard ou d’insuline retard matin et soir ou seulement le
soir.
— soit par l’utilisation d’une pompe portable perfusant par voie sous cutanée de l’insuline rapide
avec un débit de base continu éventuellement modulé pour couvrir les besoins nocturnes et
des bolus à la demande avant les repas.
Insulines rapides
Rapide - Insuman 15 à 30 minutes 4 à 6 heures
Actrapid Humaine (HM)
Ordinaire (Orgasuline,
Umuline, Insuman)
Analogue rapide (Huma- 5 minutes 3 heures
log)
Insulines semi-retard
NPH 1 heure 30 minutes 12 à 16 heures
Umuline
Insulatard
Insuman
Monotard humaine 1 heure 30 minutes 14 à 18 heures
Semi-Lente amorphe 1 heure 10 à 12 heures
Insulines retard
Umuline Zinc Composée 1 heure 30 minutes 20 à 24 heures
Durasuline 1 heure 24 heures
IPZ 3 heures 24 heures
Ultratard Humaine 2 heures 24 à 28 heures
Umuline Zinc 2 heures 24 à 28 heures
Mélange de différentes
insulines
Insuman intermédiaire 15 à 30 minutes 12 à 16 heures
25 % Rapide
75 % NPH
Mixtard 50 15 à 30 minutes 12 à 16 heures
50 % Actrapid
50 % Insulatard
Mixtard 10-20-30-40 15 à 30 minutes 12 à 16 heures
Profil 10-20-30-40 15 à 30 minutes 12 à 16 heures
(Umuline)
Orgasuline 30 -70 15 à 30 minutes 12 à 16 heures
La conservation de l’insuline
L’insuline est stable à 25° pendant 24 - 36 mois. Il n’est donc pas nécessaire de garder
le flacon que l’on utilise au réfrigérateur, contrairement aux notions admises. En
revanche, les réserves d’insuline doivent être conservées entre 2° et 15° mais elles ne
doivent pas être congelées.
Le coton et l’alcool ne sont pas indispensables à la technique d’injection. Une peau
propre suffit.
3ème règle : garder le même territoire d’injection pour un moment donné de la journée
mais en variant de quelques centimètres le point d’injection afin d’éviter la constitution de
lipohypertrophies perturbant de façon anarchique la résorption de l’insuline. On conseille
en général d’injecter l’insuline retard du soir dans les cuisses, si besoin en réalisant une in-
jection oblique à 45° afin d’assurer une résorption lente de l’insuline injectée strictement
en sous cutané. L’insuline du matin et du midi peut être injectée selon le choix du malade
dans le ventre ou dans le bras. L’injection se fait perpendiculairement à la peau, avec des
aiguilles de 8 mm ou 12 mm ou 15 mm selon l’épaisseur du panicule adipeux. Donc à
chaque injection (matin, midi, soir) son territoire !
4ème règle : apprendre au malade à prévenir et à traiter l’hypoglycémie.
En effet, équilibrer un diabète insulino-dépendant, c’est-à-dire obtenir une glycémie
moyenne autour de 1,50 g/l n’est pas possible, sans provoquer des hypoglycémies (infé-
rieures à 0,50 g/l) répétées.
Encore faut-il que ces hypoglycémies ne soient ni trop sévères ni trop fréquentes, entravant
la vie sociale ou professionnelle du malade. Force est en général d’accepter 2 à
3 hypoglycémies modérées par semaine (le malade assurera lui-même le resucrage).
• adapter les doses d’insuline rapide, non seulement en fonction de la glycémie instantanée mais
aussi en fonction de l’alimentation et de l’activité prévues
• connaître les apports glucidiques des différents aliments
• ne pas retarder un repas ou prendre une collation glucidique (biscottes) en attendant le repas
• diminuer les doses d’insuline non seulement avant l’effort physique, mais aussi après l’effort
car le muscle continue à « pomper le glucose »
• prendre une collation au milieu de la matinée s’il existe une tendance hypoglycémique en fin
de matinée
• prendre une collation au coucher si la glycémie au coucher est inférieure à 1,60 g/l (yaourt aux
fruits, chocolat, pain - fromage, pomme)
• faire l’injection d’insuline rapide du midi après le repas et non avant, s’il existe un risque
d’hypoglycémie au cours du trajet ou de la file d’attente à la cantine ou au self
• avoir toujours sur soi 3 sucres dans la poche
• contrôler sa glycémie au bout du doigt avant de conduire un véhicule
• en cas de malaise hypoglycémique, prendre immédiatement sans délai 3 morceaux de sucre
ou un jus de fruit ou 3 cuillerées à café de confiture. On conseillera au diabétique de ne me-
surer sa glycémie au bout du doigt qu’après ce premier resucrage. Si la glycémie est inférieure
à 0,40 g/l, il prendra une deuxième dose de resucrage identique à la première, puis il recontrô-
lera sa glycémie au bout du doigt 10 à 15 minutes après le second resucrage.
• analyser après correction du malaise, les causes de l’hypoglycémie et éventuellement adapter
les doses d’insuline correspondantes pour éviter la récidive de l’hypoglycémie le lendemain
à la même heure
• avoir chez soi, sur son lieu de travail, sur son lieu de résidence secondaire ou de loisirs, du
Glucagon gardé au frais au bas du réfrigérateur, non périmé
• former une tierce personne à l’injection de Glucagon à faire immédiatement en cas de coma
ou d’impossibilité de resucrage per os
• pour les personnes seules la nuit, s’assurer qu’un tiers s’enquerra de leur réveil (et pourra, si
nécessaire, intervenir).
Le risque des hypoglycémies répétées est moins une altération discutée des fonctions cognitives,
qu’une désensibilisation hypothalamo-hypophysaire avec abaissement du seuil de contre-régula-
tion hormonale et précession des signes neuroglycopéniques (ralentissement intellectuel, somno-
lence, incapacité de l’action, troubles du langage, ataxie, confusion...) sur les signes neuro-
végétatifs d’alerte (tremblements, palpitations, sueurs, fringales, anxiété). Très souvent alors le
malade (25 % des diabétiques insulino-dépendants) ne perçoit plus les symptômes d’alerte et/ou
est incapable de se resucrer seul. Il existe alors un risque important de neuroglycopénies sévères
répétées (comas, convulsions...). Néanmoins le risque de séquelles cérébrales provoquées par des
hypoglycémies sévères répétées est faible chez un adulte jeune diabétique insulino-dépendant, en
dehors d’un alcoolisme associé ou d’un état de mal convulsif déclenché par l’hypoglycémie. Le
principal risque est en fait celui de traumatismes pouvant être très graves (chute avec fracture, ac-
cident de voiture...). Par contre, il existe un risque important de séquelles cérébrales chez le petit
enfant de moins de 7 ans et chez la personne âgée de plus de 70 ans.
Il est donc essentiel que le malade diabétique insulino-dépendant ait une parfaite éducation pour la
prévention et le traitement des hypoglycémies.
Chapitre 14
Traitement du diabète de
type 2
Question d’internat n° 331
mique doit être révisé afin d’éviter tout risque d’hypoglycémie. Il s’agit alors souvent
d’obtenir un simple confort métabolique évitant à la fois l’hypoglycémie et l’hyperglycémie
trop importante, favorisant les infections à répétition (cystites, mycose, tuberculose, fu-
roncles, abcès dentaires...). Des glycémies préprandiales autour de 2 g/l paraissent alors ac-
ceptables.
Par contre, s’il existe une rétinopathie, quel que soit l’âge, il faut rechercher un « équilibre
glycémique correct », c’est-à-dire un équilibre glycémique limitant le risque d’aggravation.
On fixera par exemple une glycémie préprandiale inférieure à 1,60 g/l, quitte à recourir à une
insulinothérapie.
2. Prévention de la macroangiopathie
Prévenir la macroangiopathie suppose de normaliser les facteurs de risques vasculaires.
— La pression artérielle doit être inférieure à 140/90 mmHg. Si des chiffres de pression
artérielle sont retrouvés à plusieurs reprises au-dessus de ces valeurs, au besoin après en-
registrement tensionnel au repos ou ambulatoire, il convient d’entreprendre un traite-
ment anti-hypertenseur.
— Les triglycérides doivent être inférieurs à un taux de 1,50 g/l, celui de HDL choles-
térol supérieur à 0,35 g/l chez l’homme - 0,40 g/l chez la femme. Le seuil d’interven-
tion thérapeutique de l’hypertriglycéridémie est plus bas chez le diabétique que chez les
personnes ayant une hypertriglycéridémie sans autre facteur de risque vasculaire associé
pour lesquels la plupart des conférences de consensus conseillent une intervention hypo-
lipémiante à partir de 2 g/l. Les objectifs de taux de LDL tiennent compte des autres
facteurs de risque cardio-vasculaires.
— L’arrêt d’une intoxication tabagique est d’autant plus justifié que 65 % des accidents
cardio-vasculaires des diabétiques surviennent chez des patients tabagiques. Mais l’in-
formation ne doit pas déboucher sur une culpabilisation souvent inefficace. Une aide doit
être proposée (consultation antitabac, patch de nicotine chez les patients présentant une
dépendance à la nicotine, consultation diététique, si besoin prescription d’anxiolytiques
ou d’antidépresseurs...).
— Lutte contre la sédentarité, l’obésité, la répartition androïde des graisses (voir section
« Exercice physique et diabète non insulino-dépendant » page 116)
— Si une contraception œstro-progestative classique est contre-indiquée par le diabète non
insulino-dépendant, il n’en va pas de même du traitement hormonal substitutif compor-
tant des œstrogènes naturels par voie percutanée, qui est même plutôt recommandé.
1. OBJECTIFS GLYCEMIQUES
• prévention de la microangiopathie
glycémie < 1,20 g/l à jeun
< 1,80 g/l 90 minutes à 120 minutes après le repas
HbA1C ≤ 6,5 % (Nle 4 - 5,6 %)
• prévention de la macroangiopathie en cas de syndrome d’insulino-résis-
tance
glycémie < 1,10 g/l avant les repas
< 1,40 g/l 90 minutes à 120 minutes après les repas
HbA1C < 6 %
• prévention du risque de macrosomie fœtale lors de la grossesse
glycémie maternelle < 0,90 g/l avant les repas
< 1,20 g/l 90 à 120 minutes après les repas
HbA1C normale
• prévention du risque infectieux (sujets âgés)
glycémie avant les repas < 2 g/l
HbA1C ≤ 9 %
2. OBJECTIFS TENSIONNELS
• prévention d’une aggravation d’une microangiopathie débutante
(rétinopathie ou glomérulopathie « incipiens »)
pression artérielle < 130/80 mmHg
• prévention de la macroangiopathie
pression artérielle < 140/90 mmHg
3. OBJECTIFS LIPIDIQUES
• prévention de la macroangiopathie
triglycérides < 1,50 g/l
HDL cholestérol > 0,35 g/l chez l’homme
> 0,40 g/l chez la femme
LDL cholestérol en fonction des autres facteurs de risques
• prévention de l’aggravation d’une insuffisance coronaire
LDL cholestérol < 1 g/l (prévention secondaire)
et la prise des médicaments, mais ses principes ont évolué. Il ne s’agit plus d’un régime hypoglu-
cidique, mais d’un régime normoglucidique, modérément hypocalorique, grâce à une réduction
des boissons alcoolisées et des graisses. Finalement la composition du régime diabétique corres-
pond à celle que les nutritionnistes conseillent pour l’ensemble de la population.
— le pain, la pomme de terre, la semoule, les carottes qui ont comme le glucose un index gly-
cémique élevé (70-100), c’est-à-dire qui sont fortement hyperglycémiants
— les fruits, les pâtes alimentaires, le riz, le sucre (saccharose) qui ont un index glycémique
moyen (40-60), c’est-à-dire qui sont modérément hyperglycémiants
— le fructose, les laitages, les légumineuses (haricots, lentilles) qui ont un index glycémique
bas (20-40) qui sont donc peu hyperglycémiants.
14.2.6 En résumé
Il importe au moins de ne pas commettre un certain nombre d’erreurs :
1. Fixer un objectif irréaliste, type retour au poids idéal, alors que le plus souvent une perte de
quelques kilos permet d’obtenir un bénéfice métabolique appréciable. Le plus difficile est sû-
rement de maintenir la réduction pondérale initialement obtenue grâce à la poursuite de
l’équilibre alimentaire. Il est exceptionnel en pratique diabétologique, que l’on doive prescrire
au long cours un régime comportant moins de 1 500 calories par jour.
2. Remettre une feuille de régime au lieu de pratiquer une enquête alimentaire, qui permet d’éva-
luer non seulement les apports alimentaires quantitativement et qualitativement mais aussi et
peut être surtout d’analyser la façon dont le (la) patient(e) s’alimente. La conduite alimentaire
révèle en effet le rapport psychologique de chacun à la nourriture, dont les aménagements pro-
posés devront tenir compte. La tenue d’un carnet alimentaire pendant quelques semaines peut
être utile pour faire prendre conscience au malade à la fois de ses erreurs diététiques (régime
souvent trop lipidique) mais aussi de ses comportements alimentaires qu’il pourra ainsi es-
sayer de modifier.
3. Interdire des aliments en général, les glucides en particulier. Les ennemis du diabétique sont
plutôt les graisses et particulièrement les graisses saturées. Mais là encore, s’il faut réduire, il
ne faut pas interdire.
4. Prescrire sans enseigner, et notamment sans corriger un certain nombre de croyances
diététiques :
• l’immense majorité des diabétiques ignorent que le pain contient 50 % de glucides, c’est-
à-dire que 50 grammes de pain (soit un petit pain) correspondent à 5 morceaux de sucre
n°4. Il n’y a aucun avantage à consommer du pain au gluten ou du pain complet ou des
biscottes : 100 grammes de pain sont l’équivalent de 8 biscottes.
• contrairement à ce que croient les patients, toutes les huiles sont aussi caloriques, même
si les huiles mono et poly-insaturées sont bénéfiques en matière d’athérome. Seule
l’huile de paraffine est acalorique, constituant un bon laxatif.
• le gruyère n’est pas un fromage de régime. Il est recommandé chez les personnes âgées
et les enfants en raison de sa richesse en calcium, mais il est un des fromages les plus
riches en lipides. Le pourcentage des lipides des fromages est calculé sur leur poids sec
et non sur leur poids hydraté (exemple : 100 g de fromage blanc à 40 % de matière grasse
= 8 g de lipides alors que 100 g de camembert à 45 % de matière grasse = 22 g de li-
pides).
• les alcools en général, et le vin en particulier, ne contiennent pas de sucre, mais apportent
des calories. Seuls les vins doux, les vins cuits, la bière, le cidre, contiennent des glucides
en plus de l’alcool. Ceci dit, les travailleurs de force n’ont pas plus besoin d’alcool que
les autres...
• les viandes et les féculents ont un haut pouvoir satiétogène, contrairement aux aliments
fortement glucido-lipidiques tels que les gâteaux, les amuse-gueules, l’association pain-
charcuterie ou pain-fromage.
• un régime équilibré n’entraîne pas de carence en vitamines ou en oligo-éléments.
5. Enfin la dernière erreur et peut être la plus grave, consiste à céder à l’obsession calorique pu-
nitive et culpabilisante. Il faut au contraire proposer au malade une politique plus globale
d’entretien et de préservation de la santé grâce à une hygiène de vie comportant notamment
une activité physique régulière et peut être des séances de relaxation... On peut notamment
proposer au patient un contrat d’ensemble, un excès alimentaire pouvant être compensé par
une activité plus importante dans les heures suivantes.
Choisir en quantité
Crème allégée
Du moins gras
Pâte à tartiner à 25 %
Crème fraîche
au « Beurre » allégé à 41 %
Mayonnaise allégée
Beurre allégé à 65 %
Beurre
Margarines ordinaires (papier aluminium)
Plus gras Margarine végétale (en barquettes)
Végétaline
Toutes les huiles
Mayonnaise
Choisir en qualité
beurre, crème fraîche, sain- tournesol, maïs, noix, soja, olive, arachide, colza,
doux, margarines ordi- pépin de raisin mélange de 4 huiles
naires, végétaline (Isio 4)
Rappels
100 g de pommes de terre = 2 pommes de terre de la taille d’un œuf
100 g de cerises = 15 cerises
1 belle pomme = 150 g
1 pain parisien = 400 g
1 baguette = 250 g
1 petit pain = 50 g
150 g de féculents = 6 cuillerées à soupe
1 portion de fromage type camembert = 30 g
1 portion de fromage blanc = 100 g
1 cuillère à soupe = 20 cm3
1 cuillère à café = 5 cm3
Teneur en glucides des aliments
Soir
— Bouillon ou salade verte + vinaigrette
— Viande ou équivalent
— Légumes verts
— Fromage ou laitage SANS SUCRE
— 1 fruit
— 50 g de pain ou 4 biscottes ou 150 g féculents
4. Restauration rapide
1. l’activité physique a une action hypoglycémiante nette et donc évaluable par le malade lui-
même grâce à la mesure de la glycémie capillaire au bout du doigt avant effort et 1 à 2 heures
après effort, pour un effort soutenu d’au moins 30 minutes.
2. la prescription de l’activité physique permet de « rompre » avec l’obsession calorique en
orientant le malade vers une prise en charge plus globale de la santé. Mais cela suppose une
réappropriation du corps obèse et/ou vieilli, souvent rejeté par le malade.
3. l’activité physique a un bénéfice psychologique. Elle peut être le moyen de retrouver un plai-
sir corporel oublié ou négligé. Elle peut être l’occasion de sortir d’un processus d’isolement
et de résignation grâce au développement d’activités collectives plus ou moins ludiques. Glo-
balement, l’activité physique a un effet antidépresseur.
4. les activités d’endurance ont de plus une action bénéfique sur l’ensemble des paramètres du
syndrome d’insulino-résistance en particulier ses conséquences cardio-vasculaires (hyperten-
sion artérielle) et métaboliques (abaissement des triglycérides et augmentation du HDL cho-
lestérol).
La plupart des sulfamides hypoglycémiants ont une durée d’action suffisamment prolongée pour
permettre leur administration en deux prises voire en une seule prise, ce qui évite la prise du midi
souvent oubliée par les malades.
Un certain nombre de règles doivent impérativement être respectées pour limiter le risque
hypoglycémique :
En réalité, le risque d’hypoglycémie est nettement majoré chez trois types de malades :
Enfin, les sulfamides hypoglycémiants peuvent de façon exceptionnelle provoquer comme tout
sulfamide :
Enfin dernière règle rappelée par les R.M.O. : il ne sert à rien d’associer deux sulfamides hypogly-
cémiants comme on le voit faire trop souvent. La posologie maximale est donc 3 cp de DAONIL 5
par jour. Prescrire 3 cp de DAONIL + 3 cp DIAMICRON ® n’augmente pas l’action hypoglycé-
miante mais peut majorer les effets toxiques. Il s’agit moins des effets secondaires classiques que
de la possible inhibition des canaux potassiques cardio-vasculaires qui n’est peut être pas anodine
notamment sur un myocarde ischémique.
Dénomi Demi-
Nom de Puissanc Prix
nation vie Durée Posologi
spécialit e 1999
commun plasmati d’action e
é d’action (Francs)
e que
Dénomi Demi-
Nom de Puissanc Prix
nation vie Durée Posologi
spécialit e 1999
commun plasmati d’action e
é d’action (Francs)
e que
Daonil Glibencla- 5 à 10 h ≥ 24 h + 1 à 3 cp/j 22,40 (60
faible mide (cp à 1,25 cp)
1,25 mg mg)
Dénomi Demi-
Nom de Puissanc Prix
nation vie Durée Posologi
spécialit e 1999
commun plasmati d’action e
é d’action (Francs)
e que
Amarel Glimépi- 5à8h = 24 h en ++ 1 à 2 cp/j
1 mg ride mono- en une 52,20
prise seule (30 cp)
Nouveau 2 mg prise 79,50
sulfamide
(30 cp)
hypogly-
3 mg 100,70
cémiant
(30 cp)
4 mg 114,50
(30 cp)
Quantité
Dénomination Prix 1999
Nom de spécialité de principe Posologie
commune francs
actif
Ils sont utilisés depuis les années 50. Depuis le retrait de la Phenformine (INSORAL) responsable
d’acidose lactique, seule la Métformine est aujourd’hui commercialisée en France avec 4 produits :
le GLUCOPHAGE 500, le GLUCOPHAGE 850 (ex GLUCOPHAGE RETARD) le GLUCINAN
et le STAGID. Le plus puissant est le GLUCOPHAGE 850 mais c’est aussi le moins bien toléré
sur le plan digestif.
Contrairement aux sulfamides hypoglycémiants, les biguanides n’ont aucune action insulino-se-
crétrice mais ont une action d’épargne insulinique et in vivo, ils n’ont une action hypoglycé-
miante qu’en présence d’insuline. Si in vitro ils agissent aussi bien sur la cellule adipeuse que sur
la fibre musculaire et l’hépatocyte, in vivo leur action essentielle se situe au niveau du foie et du
tissu musculaire dont ils augmentent l’insulino-sensibilité.
Leur mécanisme d’action reste toutefois obscur et une durée de quelques jours est nécessaire avant
d’observer la plénitude de leur action. Ce délai peut s’expliquer soit par la nécessaire accumulation
intracellulaire du médicament, soit par la mise en route de boucles d’autorégulation cellulaire.
Les Biguanides apparaissent donc actuellement comme le médicament de première intention
dans le traitement du diabète non insulino-dépendant avec insulino-résistance, que l’insuli-
no-résistance soit secondaire à une obésité diffuse ou à une simple répartition androïde des
graisses.
Leur inconvénient le plus fréquent est la mauvaise tolérance digestive (nausées, crampes épigas-
triques, inconfort abdominal, diarrhée motrice) que l’on peut minimiser par les règles de prescrip-
tion suivantes :
Leur risque principal est l’acidose lactique. Il s’agit en fait d’un risque exceptionnel, mais d’une
particulière gravité puisque l’acidose lactique est mortelle une fois sur deux. L’acidose lactique est
à redouter dans deux situations :
— d’une part lorsque le Biguanide s’accumule en raison d’une insuffisance rénale, entraînant
alors un blocage de la néoglucogénèse hépatique
— d’autre part lorsque la production de lactates est pathologiquement augmentée.
De même, ils doivent être arrêtés deux jours avant toute anesthésie générale ou deux jours avant
toute radio comportant une injection de produit iodé (urographie intraveineuse, angiographie, an-
gio-scanner...). En effet, en cas d’insuffisance rénale aiguë provoquée par l’injection iodée, le Bi-
guanide pourrait en s’accumulant, provoquer une acidose lactique mais les Biguanides ne sont pas
par eux-mêmes néphrotoxiques. (Il n’y a pas lieu d’arrêter les Biguanides avant une angiographie
rétinienne à la fluorescéine).
La posologie maximale des Biguanides est de 3 cp de GLUCOPHAGE 850 par jour.
Les biguanides
• traitement de première intention du DNID avec répartition androïde des graisses
• augmentent la sensibilité à l’insuline
• effet secondaire = mauvaise tolérance digestive
• risque principal mais rare = acidose lactique
• respecter les contre-indications
Quantité
Dénomination Prix 1999
Nom de spécialité de principe Posologie
commune (francs)
actif
1. équilibre alimentaire : suppression des sodas ; restriction alcool et graisses saturées ; limita-
tion pain (150 g par jour) ; fragmentation des apports
2. augmentation de l’activité physique
3. Metformine en l’absence de contre-indication, quel que soit le poids, avec une posologie pro-
gressive jusqu’à 3 comprimés par jour à prendre au milieu du repas
4. si nécessaire, association des sulfamides hypoglycémiants (ou d’emblée si contre-indication
des Biguanides) : sulfamides de 2ème génération à posologie progressive compte tenu du
risque hypoglycémique
5. place des inhibiteurs des alpha-glucosidases, à posologie progressive ; à prendre au début du
repas ; indiqué surtout lorsque la métformine est contre-indiquée ou mal tolérée, le plus sou-
vent en association à un sulfamide hypoglycémiant
6. traitement d’une dyslipidémie
7. traitement de l’HTA (PA > 140/90 mmHg)
8. arrêt de l’intoxication tabagique
Interrogatoire
• Education (autonomie, règles • Education (autonomie, règles
hygiéno-diététiques...) hygiéno-diététiques...
• Observance du traitement • Observance du traitement
• Autosurveillance glycémique (si • Autosurveillance glycémique (si
prescrite) prescrite)
• Problèmes psychosociaux • Problèmes psychosociaux
• Tabagisme ?
• Evaluation complémentaire de la
prise en charge de sa maladie par le
patient : « savez-vous quels sont les
résultats du dépistage des
complications ? », « quand devez-
vous être dépisté de nouveau ? »
• Symptômes de complications cardio-
vasculaires ou neurologiques
• Pour les femmes en âge de procréer :
contraception ou désir d’enfant ?
Examen clinique
• Poids Examen clinique complet en particulier :
• Tension artérielle
• Examen des pieds • Examen des pieds : état cutané, neu-
ropathie sensitive (monofilament
Nylon ± diapason)
• Réflexes ostéotendineux
• Palpation des pouls
• Recherche de souffles abdominaux,
fémoraux et carotidiens
• Recherche d’une hypotension orthos-
tatique
• Examen de la bouche, de la sphère
ORL, de la peau
Examens paracliniques
• HbA1c (si dosage fiable) • Examen par un ophtalmologiste
• Glycémie (si contributive à la déci- • ECG de repos
sion thérapeutique) • Bilan lipidique à jeun : LDL, HDL,
triglycérides et cholestérol total
• Créatininémie et calcul de la clai-
rance par la formule de Cockcroft
• Protéinurie et hématurie, recherche
d’infection par bandelettes urinaires
• Si pas de protéinurie, recherche de
microalbuminurie
Lors de la première visite d’un patient diabétique :
— pour les patients dont le diabète est déjà connu : anamnèse du diabète, traitement
actuel et résultats des bilans précédents ;
— diabète nouvellement diagnostiqué : recherche de signes en rapport avec un dia-
bète secondaire ;
— pour tous : antécédents médicaux, traitements en cours, antécédents familiaux
coronariens, d’hypertension artérielle et de dyslipidémie, habitudes alimentaires et
activité physique, statut socio-économique ;
— diagnostic éducatif : « que sait-il ? Quelles sont ses possibilités ? »
a. pour un patient équilibré
Chapitre 15
Hypoglycémie : Orientation
diagnostique et conduite à
tenir en situation d’urgence
avec la posologie
médicamenteuse
Question d’internat n° 59
Il s’agit de tumeurs dans 45 % des cas mésenchymateuses rarement bénignes (fibromes, neu-
rofibromes, mésothéliomes), plus souvent malignes (sarcomes), soit intrathoraciques, soit ab-
dominales.
Le diagnostic repose le plus souvent sur la découverte d’une tumeur volumineuse, parlante
cliniquement, associée à des malaises fréquents et graves. L’hypoglycémie est causée par la
production par la tumeur d’une forme anormale d’IGF-II (Insulin-like growth factor II).
d. Hypoglycémies multifactorielles
Les patients hospitalisés pour une maladie chronique grave ou une atteinte aiguë multisysté-
mique cumulent souvent plusieurs causes d’hypoglycémies : cachexie, médicaments, insuffi-
sance rénale ou hépatique, inhibition de la néoglucogénèse hépatique lors d’un état de choc
ou d’un syndrome septique aigu...
15.1.1.3 L’insulinome
En dehors des causes évidentes d’hypoglycémies organiques, il faut rechercher un insulinome,
c’est à dire une tumeur endocrine responsable d’une sécrétion inappopriée d’insuline.
Lorsque l’interrogatoire, l’examen clinique et les examens biologiques simples font suspecter une
hypoglycémie organique mais ne permettent pas d’en préciser la cause, la recherche d’un insuli-
nome devient impérative, bien que son incidence soit extrêmement faible (un à deux par million
d’habitants). C’est la plus fréquente des tumeurs endocrines du pancréas. Elle survient de façon
identique dans les deux sexes et le diagnostic est le plus souvent porté vers l’âge de 50 ans.
Dans un premier temps, il faut démontrer l’existence d’une sécrétion inappropriée d’insuline lors
d’une hypoglycémie. C’est l’épreuve de jeûne qui permet d’y parvenir, en même temps qu’elle
fournit les éléments du diagnostic différentiel (hypoglycémies auto-immunes et hypoglycémies
factices).
L’épreuve de jeûne doit se dérouler en milieu hospitalier dans des conditions standardisées :
En fait, en cas d’insulinome, elle est le plus souvent interrompue prématurément. Les dosages ef-
fectués permettent de conclure à la présence d’un insulinome en cas de sécrétion d’insuline et de
peptide C non adaptée à l’hypoglycémie (élevée au lieu d’être effondrée).
Si l’épreuve de jeûne est positive, il faut localiser l’insulinome avant de confier le patient au chirur-
gien. La tumeur est le plus souvent unique et bénigne, rarement multiple ou maligne. Mais elle est
de petite taille de 1 à 2 cm et peut se situer n’importe où dans le pancréas.
L’examen de choix actuellement pour localiser la tumeur est l’écho-endoscopie pré-opératoire.
Sa sensibilité et sa spécificité sont supérieures à 80 %. L’angioscanner hélicoïdal a aussi montré
son intérêt dans la localisation de la tumeur. En cas de négativité de ces examens, on aura recours
dans un second temps au cathétérisme portal.
Diagnostic différentiel :
En cas de positivité de l’épreuve de jeûne, on peut évoquer deux diagnostics différentiels de
l’insulinome : les hypoglycémies auto-immunes qui surviennent sur un terrain le plus souvent déjà
connu d’auto-immunité. Mais l’hypoglycémie est associée à des taux bas de peptide C et l’insuli-
némie est le plus souvent effondrée. L’hypoglycémie survient en raison de la présence d’auto-an-
ticorps antirécepteurs de l’insuline qui stimulent ce récepteur. L’hypoglycémie par auto-anticorps
anti-insuline est exceptionnelle. Elle a été rapportée chez les femmes ayant reçu des anti thyroï-
diens de synthèse pour une maladie de Basedow et de la D penicillamine pour une connectivite.
L’autre diagnostic différentiel est l’hypoglycémie factice : due à l’injection d’insuline exogène ou
à la prise inavouée de sulfamides hypoglycémiants. Quand c’est le cas, les personnes concernées
travaillent souvent dans le milieu médical ou bien vivent dans l’entourage d’un diabétique. L’in-
jection d’insuline exogène sera évoquée si lors de l’épreuve de jeûne, une concentration anorma-
lement élevée d’insuline est observée en même temps qu’une hypoglycémie avec un taux effondré
de peptide C, démontrant l’absence de sécrétion endogène d’insuline. En revanche, la prise de sul-
famides hypoglycémiants peut mimer en tout point un insulinome et la recherche de sulfamides
dans le plasma est extrêmement difficile à effectuer.
tuellement à regrouper tous ces symptômes sous l’appellation de « syndrome idiopathique post
prandial ».
15.1.2.1 L’interrogatoire
Les symptômes rapportés par les patients sont des symptômes neurovégétatifs (voir ci-dessus) ra-
rement neuroglycopéniques peu sévères. La présence de symptômes à type de troubles psychia-
triques ou de troubles neurologiques déficitaires graves doit faire récuser le diagnostic
d’hypoglycémie réactive (ou syndrome idiopathique post prandial) et faire évoquer une hypogly-
cémie organique.
Contrairement à l’hypoglycémie organique, les symptômes et leur mode de survenue sont facile-
ment décrits par les patients. Les circonstances de survenue des symptômes sont différentes de
celles de l’hypoglycémie organique : ils surviennent deux à trois heures après un repas, très rare-
ment à jeun et ne sont pas forcément calmés par la prise de sucre.
L’interrogatoire doit éliminer les causes d’hypoglycémies organiques : insuffisance surrénale, in-
suffisance antéhypophysaire, hypothyroïdie, médicaments hypoglycémiants, alcool, maladie chro-
nique grave.
15.1.2.4 Traitement
Celui-ci repose avant tout sur une prise en compte par le médecin de la pénibilité des symptômes
rapportés par le patient. Ces symptômes étant réels, et en tout cas, réellement responsables d’un
mal-être, des solutions thérapeutiques doivent être proposées au patient même en l’absence d’hy-
poglycémie constatée sur les prélèvements. Ces mesures thérapeutiques peuvent associer :
— Des mesures diététiques : fractionnement des repas, diminution de l’apport en aliments d’in-
dex glycémique élevé, augmentation de l’apport en aliments d’index glycémique bas et en
fibres. Suppression de l’alcool.
— Une prise en charge psychologique avec recours éventuel à un traitement anxiolytique.
— Un traitement par bêtabloquants qui pourrait diminuer l’intensité des symptômes neurovégé-
tatifs.
— Un traitement par acarbose (GLUCOR) diminuant l’hyperglycémie post prandiale pourrait
être efficace.
PAS DE BILAN
Suivi de l’évolution :
diminution de la fréquence, et
modification de la symptoma-
tologie des malaises
15.2.1 Traitements
a. Chez un patient conscient et capable de déglutir
L’hypoglycémie doit être corrigée par l’apport de 15 g de sucre, soient 3 ou 4 morceaux de
sucre, ou 12.5 cl de jus de fruit. Cet apport glucidique doit être répété si la glycémie est infé-
rieure à 0.40 g/l.
Si le patient est traité par sulfamides hypoglycémiants, il faudra arrêter ou diminuer la poso-
logie de ce médicament et rechercher l’association à un médicament potentialisant l’effet des
sulfamides hypoglycémiants qui sont :
les salicylés, la phénylbutazone et apparentés, les sulfamides diurétiques et antibactériens
(BACTRIM), les anticoagulants coumariniques, et les AVK, l’allopurinol (ZYLORIC), le
clofibrate (LIPAVLON), la cimétidine (TAGAMET), le miconazole (DAKTARIN)...
La survenue d’un malaise hypoglycémique chez un patient traité par sulfamides hypoglycé-
miants n’entraîne pas l’hospitalisation à la condition :
1. qu’il n’y ait ni trouble de conscience ni trouble cognitif
2. que la cause du malaise hypoglycémique ait été identifiée
3. que la posologie du sulfamide hypoglycémiant ait été adaptée
4. que le patient ou son entourage soit apte à un auto-contrôle
5. qu’il existe un suivi médical régulier.
b. Chez un patient non conscient et/ou incapable de déglutir
Au domicile du malade et pendant le transport, on peut effectuer une injection intraveineuse
de 2 à 4 ampoules de glucosé hypertonique à 30 % avec installation secondaire de perfusion
de glucosé à 5 ou 10 %.
L’injection de GLUCAGON peut être réalisée chez le diabétique insulino-traité par voie intra-
musculaire ou sous-cutanée et au besoin être répétée dix minutes après une 1ère injection. Elle
est, par contre, contre indiquée chez le diabétique non insulino-dépendant traité par sulfa-
mides hypoglycémiants, car elle risque de stimuler la sécrétion endogène d’insuline.