Chimie Organique 18e Edition Ch27
Chimie Organique 18e Edition Ch27
Chimie Organique 18e Edition Ch27
LA CHIMIE ORGANIQUE 27
INDUSTRIELLE
• Charbon • Polycondensation
• Craquage • Polymères
MOTS-CLÉS
• Détergents • Polymérisation
• Éthylène • Propène
• Gaz naturel • Reformage
• Pétrochimie • Vapocraquage
• Pétrole
La chimie organique n’est pas seulement une science théorique et une science de
laboratoire. C’est aussi une science qui, par ses innombrables applications, concerne
très directement notre vie quotidienne dans des domaines aussi différents que la
santé, l’habillement, les loisirs, les transports, etc. De ce fait, c’est aussi la base d’une
industrie très diversifiée.
Figure 27.1
L’activité industrielle et économique en chimie.
Entre les sources naturelles de matières premières et les utilisations, l’activité industrielle proprement dite occupe
une position intermédiaire. La « Chimie de base » élabore les composés, non présents dans la nature mais sans
applications directes, à partir desquels la « Parachimie » et la « Pharmacie » préparent les produits commercialisés
à l’intention des utilisateurs.
• La parachimie qui élabore les « produits finis » fournis aux utilisateurs, tels que :
savons, détergents et lessives ; peintures vernis et encres ; produits d’entretien
divers ; parfums, cosmétiques et produits de beauté ; liants, colles et adhésifs ;
produits phytosanitaires (protection des végétaux) ; surfaces sensibles pour la
photographie ; explosifs ; colorants ; etc.
• La pharmacie pour l’homme et pour les animaux.
Production
0,07 20 524 2 918 2 969 4 450 3 603
(en millions de tonnes)
sans modifier la nature de leurs constituants, et les autres visent au contraire à modi-
fier leur composition de façon à mieux répondre aux besoins du marché, ou à
produire des « bases » pour l’industrie chimique non présentes dans le pétrole brut.
Le raffinage du pétrole constitue actuellement la branche maîtresse de l’industrie
chimique organique lourde ; une raffinerie française peut, selon son importance,
traiter annuellement de 4 à 17 millions de tonnes de pétrole brut et la quantité de
distillation des raffineries françaises a été de 85,6 millions de tonnes en 2005 (la
capacité mondiale de raffinage est estimée à 4,3 milliards de tonnes/an).
Les principales opérations de traitement du pétrole brut sont les suivantes.
© Distillation
Le pétrole brut qui parvient dans une raffinerie subit en premier lieu une série de
distillations destinées à le fractionner en un certain nombre de « coupes » correspon-
dant à l’ensemble des constituants dont les points d’ébullition sont compris entre
deux valeurs déterminées.
Gaz liquéfiables
C3-C4; de jusqu’à 20 °C
Ether de pétrole
C5-C6; de 20 °C à 60 °C
Naphta
C6-C7; de 60 °C à 100 °C
Essence Fioul
C6-C12; de 60 °C à 200 °C
Huiles de
graissage
Brut Kérozène Paraffines
C12-C18; de 175 °C à 275 °C
Gaz oil Bitume
> C18; plus de 275 °C
Figure 27.2
La distillation du pétrole brut.
En raison du très large intervalle de température couvert par les points d’ébullition des constituants du pétrole (de
0 °C à plusieurs centaines de degrés), il n’est pas possible d’effectuer en une seule opération tous les fractionne-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
ments nécessaires. Après un « dégrossissage » dans une première colonne, les fractions les plus légères sont
séparées dans une autre installation. Les plus lourdes sont redistillées sous pression réduite : ainsi leur point
d’ébullition est abaissé et on évite leur décomposition par la chaleur.
fractions lourdes, alors que les fractions légères (essence) ne sont pas assez abon-
dantes. Sous le nom de craquage, on fait subir à ces fractions lourdes (gas-oil) des
traitements conduisant à la rupture des chaînes carbonées et à la production d’une
quantité supplémentaire de carburant léger ; ce résultat peut être obtenu par l’action
de la chaleur ou par l’action conjuguée de la chaleur et d’un catalyseur (« craquage
Voir chap. 8,
§ 8.2.4 catalytique »).
© Reformage (« Reforming »)
Les moteurs modernes exigent des carburants de haute qualité (valeur élevée de
l’indice d’octane), et les essences obtenues au cours des opérations précédentes ne
répondent pas toujours aux spécifications exigées. Le reformage a pour objet
d’améliorer leur qualité en provoquant, sous l’action de la chaleur et de catalyseurs,
des isomérisations des chaînes linéaires en chaînes ramifiées, ainsi que des cyclisa-
Voir chap. 8,
§ 8.2.4 tions et des déshydrogénations conduisant à des hydrocarbures benzéniques.
© Vapocraquage (« Steam-cracking »)
L’opération du vapocraquage ne concerne plus le domaine des carburants, mais vise
à produire des alcènes (éthylène, propène, butènes, butadiène, isopropène ou 2-
méthylbuta-1,3-diène) et, en moindre quantité, des hydrocarbures benzéniques
(benzène, toluène, xylènes), pour des fabrications ultérieures. Ces types de molé-
cules ne sont en effet produits qu’en faible quantité au cours du craquage catalytique.
Figure 27.3
Une raffinerie, qui peut traiter de 4 à 17 millions de tonnes de pétrole brut par an, et qui représente des investis-
sements se chiffrant en milliards d’euros, donne par la dimension de la complexité de ses installations une idée de
l’importance de ce secteur industriel dans l’économie moderne.
Allemagne 2 618
France 2 000
Royaume-Uni 1 827
Italie 1 732
Espagne 1 600
Pays-Bas 1 024
Belgique 564
b) Le gaz naturel
La production mondiale en 2006 a été de 2 865 milliards de m 3 ; la France, pour sa
part, en a produit la même année, 1,14 milliards et en a importé 48,6 milliards
(provenance : Algérie 15 %, Russie 19 %, Norvège 29 %, Pays-Bas 19 %, autres
18 %).
Le gaz des gisements naturels (par exemple celui de Lacq, en France) contient
principalement du méthane accompagné d’éthane (3 %), de propane et de butane
(2 %), de gaz carbonique (10 %) et de sulfure d’hydrogène (15 %).
Le méthane, outre ses applications directes comme combustible (pouvoir calorifi-
Voir chap. 10,
que 37 500 kJ/m3) peut servir à la production d’acétylène et de dérivés halogénés § 10.3.2
divers ; il peut encore, par réaction avec la vapeur d’eau, donner des mélanges CO/H 2
utilisables pour la synthèse du méthanol, ensuite oxydé en méthanal, ou pour celle
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
R CH CH2 + CO + H2 R CH CH O
CH3
permettant d’obtenir des aldéhydes et, par hydrogénation ultérieure, des alcools
primaires.
ÉTHYLÈNE
Acide acétique Rayonne, insecticides, rhodoïd.
3 400 000 t/an(*)
PROPÈNE
solvant.
2 400 000 t/an(*)
➤ Préparation de l’acétaldéhyde :
antérieurement réalisée au départ de l’acétylène (par hydratation), cette fabrication
s’effectue actuellement de façon plus économique à partir de l’éthylène, par les réac-
tions suivantes :
Remarque
Le phénol est utilisé dans des fabrications très diverses : hauts polymères (résines
phénol-formaldéhyde, [§ 16.2.6], colorants (par réaction avec les sels de diazonium,
[§ 14.2.3.d]), insecticides, fongicides, explosifs (acide picrique [§ 16.2.6]), nylon,
médicaments, etc. La consommation mondiale annuelle est d’environ 4 millions de
tonnes et une seule unité de fabrication selon le procédé au cumène peut produire
200 000 tonnes par an, soit plus de 500 tonnes par jour.
L’acétone est un solvant et un intermédiaire dans des synthèses diverses.
10
11
12
27.4.1 Polymérisation
La polymérisation proprement dite, ou « polymérisation par addition » consiste en la
réunion les unes aux autres des molécules d’un composé simple, appelé le
« monomère » pour donner, sans aucune élimination, un composé de masse molécu-
laire plus élevée, multiple entier de celle du monomère. Le nombre de molécules de
monomère qui se soudent ainsi les unes aux autres peut être très grand (plusieurs
dizaines de milliers) et la masse moléculaire du polymère peut dépasser un million ;
mais on connaît et utilise aussi des polymères dont la masse moléculaire se limite à
vingt-cinq mille environ.
Les monomères sont toujours des composés non saturés et la polymérisation a du Voir chap. 9,
reste été déjà signalée parmi les réactions possibles des alcènes et des diènes conju- § 9.2.3
gués, les mécanismes mis en cause ont également été déjà évoqués, et seuls seront
Voir chapitre 20
donc rappelés ici les deux schémas correspondants :
Métharcrylate de
Polyméth/ Verres organiques (Plexiglas,
méthyle 176 000 t
acrylique Altuglas).
CH2 = C(CH3)CO2CH3
Revêtements thermo-résistants,
Tétrafluoro-éthylène Polytétrafluoro-
pièces mécaniques, matériel à
F2C = CF2 éthylène (Téflon)
haute résistance chimique
Butadiène Elastomères
H2C = CH—CH = CH2 divers
Pneumatiques, chambres à air,
Isoprène (souvent copoly-
tuyaux ; applications diverses du
H2C=C(CH3)—H=CH2 mères,
caoutchouc.
Chloroprène ex : butadiène-
H2C = CCl—CH = CH2 styrène)
13
nA CH CH2
CH
A
CH2
n
Exemples
Ethylène (A=H), propène, ou « propylène » (A=CH3), chlorure de vinyle (A=Cl),
styrène (A=Ph), acrylonitrile (A=CN), etc.
b) Diènes conjugués
n H2C C
A
CH CH2
CH 2 C
A
CH CH2
n
Exemples
Buta-1,3-diène (A=H), chloroprène (A=Cl).
Les polymères obtenus ainsi ont une chaîne principale linéaire. Ce sont soit des
produits thermoplastiques (éthylène et composés vinyliques), soit des élastomères
(diènes).
Du point de vue stéréochimique, ces polymères peuvent présenter plusieurs dispo-
sitions géométriques. On en distingue en fait trois, qui diffèrent par la disposition des
groupes A par rapport à la chaîne carbonée principale, supposée « allongée » dans
une conformation en zigzag :
➤ Polymères isotactiques, où les groupes A sont tous « du même côté » :
H A H A H A H A H A H A H A H A H A
H A A H H A A H H A A H H A A H H A
H A A H A H H A A H H A H A H A A H
14
Le produit obtenu est à la fois un éther et un alcool, et par cette dernière fonction
il peut se prêter à une nouvelle réaction identique avec une seconde molécule
d’oxyde d’éthylène pour donner R—O—CH2 —CH2 —O—CH2 —CH2OH. La
réaction peut ainsi se poursuivre pour conduire à des « polyéthers »
R(OCH2CH2)nOH, l’alcool initial ayant seulement servi d’amorce.
27.4.2 Polycondensation
Il s’agit d’une véritable réaction chimique entre molécules portant des groupements
fonctionnels différents (par exemple, une estérification entre fonction alcool et fonc-
tion acide) mais, les réactifs étant porteurs de deux (ou trois) groupements fonction-
nels, une réaction de proche en proche édifie progressivement de très longues
chaînes.
Les fonctions « antagonistes » (représentées ci-dessous par X et Y) peuvent être
portées par des molécules différentes :
X X + Y Y + X X + Y Y + etc.
X X Y (Y X XY )n Y
X Y + X Y + X Y + X Y + etc.
X YX (Y X YX )n Y
Les produits linéaires ainsi formés sont thermoplastiques mais, si l’un des réactifs
possède trois fonctions (ou trois sites réactionnels), il peut s’établir des chaînes trans-
versales formant des « ponts » entre les chaînes linéaires et il s’édifie alors un réseau
tridimensionnel, correspondant à un produit thermodurcissable :
15
Figure 27.4
Structure d’une résine
tridimensionnelle.
La réaction du réactif trifonctionnel
par ses deux fonctions terminales
forme d’abord des chaînes linéaires.
Celles-ci sont ensuite réunies par des
« ponts » qui s’établissent entre elles
grâce à la fonction centrale. Le
schéma ci-contre est bidimensionnel,
mais ces ponts peuvent aussi relier
des chaînes ne se trouvant pas toutes
dans un même plan (ici, celui du
papier), pour former un réseau en
trois dimensions.
COOH + HO CO O + H2O
Acide Alcool Ester
Exemples
• Condensation d’un dialcool et d’un diacide :
16
COOH
HOH2C CHOH CH2OH + Résines glycérophtaliques
COOH (peintures, vernis).
Glycérol Acide ortophtalique
Les matières utilisées dans ces deux exemples sont obtenues à partir de l’éthylène,
du propène, de l’ortho- et du para-xylène.
b) Polyamides
La réaction de base s’effectue entre fonctions acide et fonctions amine, et conduit à
des fonctions amide :
Exemples
• Condensation d’un diacide sur une diamine :
Remarque
6/6 signifie « formé à partir de deux réactifs comportant chacun six carbones ». 6
signifie « formé à partir d’un seul réactif comportant six carbones ».
17
Parmi les assez nombreuses méthodes industrielles permettant d’obtenir les molé-
cules nécessaires à ces condensations, seule sera mentionnée ici la « filière » qui
Voir chap. 20,
§ 20.1.4.c utilise le benzène comme matière de base.
N OH
N C (CH2)4 C N
Caprolactame Adiponitrile
18
Dans la synthèse des résines aminoplastes (176 000 tonnes en 2003) le composé à
hydrogène labile peut-être l’urée H2N—CO—NH2, dont les quatre atomes d’hydro-
gène sont susceptibles de réagir ; il se forme ainsi un réseau tridimensionnel aux
mailles particulièrement serrées :
O O O
C CH2 C CH2 C
N N N N N N
C H C CH2 C
O N O N N O
H CH2 CH2
N
Un autre composé azoté est également utilisé, la mélamine, qui possède six hydro-
gènes labiles (colles « à durcisseur », vaisselle en « plastique », etc.).
NH2
N N
Mélamine
H2N N NH2
d) Polyuréthanes
La synthèse des polyuréthanes repose sur la réaction entre une fonction alcool et une
fonction isocyanate, pour former un uréthane :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
R N C O + R’OH R NH C OR’
Isocyanate O
Uréthane
19
Exemple
Le toluène-2,4-diisocyanate et l’éthane-1,2-diol réagissent ainsi :
CH3 CH3
+ HOCH2 CH2OH + + HOCH2 CH2OH + ...
O C N N C O O C N N C O
CH3 CH3
27.5.1 Savons
Le savon est un produit connu et utilisé depuis fort longtemps ; les Romains, et les
Gaulois qui leur avaient appris à le préparer, l’utilisaient déjà. Il est constitué d’un
mélange de sels, de sodium ou de potassium, d’acides « gras », c’est-à-dire d’acides
carboxyliques acycliques linéaires comportant 16 à 18 carbones. Ces sels sont
Voir chap. 15,
§ 15.4.4 obtenus par la « saponification » (terme signifiant étymologiquement
« transformation en savon »), au moyen de soude ou de potasse de corps gras végé-
Voir chap. 24, taux ou animaux, qui sont des esters de ces acides et du glycérol. Jusqu’à une époque
§ 24.1.2 récente (milieu du 20e siècle), cette fabrication s’effectuait selon une technique
longue et complexe, mise au point progressivement, de façon empirique (entre
autres, « méthode marseillaise »). Elle est actuellement industrialisée, sur des bases
scientifiques.
20
schéma :
SO2, HCl NaOH
RH R SO2 Cl RSO3 Na
21
22