Michael S. Sherwin, o.p.

automne 2019 Loi naturelle (I)

lundi 10h - 12h
mardi 11h - 12h

« Quand les païens, qui n'ont point la loi, font naturellement ce

que prescrit la loi, ils sont, eux qui n'ont point la loi, une loi
pour eux-mêmes; ils montrent que l'œuvre de la loi est écrite
dans leur cœur . . . » Rm 2,14-15
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La loi naturelle en tant que
participation de la loi éternelle
• La loi éternelle ordonne toute la création à sa fin
– Dieu (la loi éternelle) imprime son ordre dans la nature de tous les êtres
– Cette empreinte de la loi éternelle en eux leur donne des inclinations qui les poussent
aux actes et aux fins qui leur sont propres.
• La loi éternelle ordonne l’homme à sa fin d’une manière plus
excellente
– L’homme est soumis à la providence d’une manière qui le rend maître et gouverneur de
ses propres actes.
– L’empreinte de la loi éternelle dans l’homme l’incline à sa fin selon le libre arbitre et
par connaissance et amour.
– l’empreinte de la loi éternelle confère:
• La connaissance dans l’intelligence humaine
• Les inclinations dans la volonté humaine
• « La loi naturelle n’est rien d’autre qu’une participation de la loi éternelle
dans la créature raisonnable. » ST I-II 91 . 2
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La nature spirituelle de l’homme
• L’homme est fait à l’image de Dieu
selon les puissances spirituelles
de l’intelligence et de la volonté
• La soumission de l’homme à la providence divine se fait par une
participation déléguée de cette providence
– « L’homme est appelé à être comme sa propre providence, providence
de soi en délégation de la Providence divine. » Jean-Marie Aubert, o.p.
– « La créature rationnelle se gouverne elle-même par l’intelligence et la
volonté, lesquelles ont besoin d’être régies et perfectionnées par
l’intelligence et la volonté de Dieu. C’est pourquoi, au-dessus de ce
gouvernement par lequel la créature rationnelle se dirige elle-même,
comme ayant la maîtrise des ses actes, elle a besoin d’être gouvernée
par Dieu » ST I 103 . 5 ad 3
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 Syndérèse : l’habitus des premiers
principes de l’action pratique
• Le contenu de la loi naturelle est connu à travers la syndérèse.
(La tradition n’a pas trouvé une traduction adéquate pour ce terme.)
• Syndérèse est l’habitus des préceptes de la loi naturelle, qui sont les
premiers principes de l’agir humain. L’habitus de la syndérèse se
trouve dans la raison pratique (voir ST I-II 94.1 ad 2)
– « Les principes pratiques que nous possédons par nature ne relèvent pas
d’une puissance spéciale, mais d’un habitus naturel distinct, que nous
nommons syndérèse. » (ST I 79.12).
• Les premiers principes de la raison pratique sont appelés des
préceptes de la loi naturelle parce qu’ils ont le caractère de loi :
– ils sont des ordonnances de la raison pratique inscrites (promulguées) en
nous par celui qui a la charge de la communauté humaine (Dieu) en vue du
bien commun. 4
Syndérèse (un habitus) et Syneidesis (un jugment) :
• Syndérèse est l’habitus des préceptes généraux de la loi naturelle
dans la raison pratique. « On décrit la syndérèse comme la loi de
notre intelligence parce que elle contient les préceptes de la loi
naturelle, qui sont les premiers principes des actes humains »
(synderesis dicitur lex intellectus nostri, inquantum est habitus continens praecepta legis
naturalis, quae sunt prima principia operum humanorum) ST I-II 94.1 ad 2.
• Syneidesis est le mot grecque pour la conscience; la conscience « est
un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît
la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train
d’exécuter ou a accompli » (CEC 1778). La conscience applique les
préceptes de la loi naturelle aux cas concrets.
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La loi naturelle : une connaissance per se nota
• Qu’est-ce que per se nota veut dire?
– En logique, un prédicat est décrit comme « per se nota » (connu par soi) si sa
notion est contenu dans le sujet : dire qu’une truite est un poisson est une
affirmation per se nota parce que « poisson » est connu dans la définition
même d’une truite.
• Dans l’agir morale, les premiers préceptes de la loi naturelle sont
per se nota parce que elles sont connues dans chaque acte de
connaître une vérité morale :
• Quand je fais le jugement que je dois manger quelque chose, cet acte de la raison
pratique présuppose une connaissance simultanée qu’il faut faire le bien et éviter le
mal. Cette connaissance est contenue dans l’idée même du jugement que manger est
quelque chose que je dois faire.
• Mais, il faut souligner que c’est seulement en réfléchissant sur mes actions que je peux
articuler ce précepte de la loi naturelle: une certaine connaissance est présupposée
dans chaque acte, cette connaissance devient explicite seulement après une réflexion
sur mes expériences.
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La loi naturelle : une connaissance
habituelle qui ne devient actuelle que par
l’expérience et le jugement.
• Connaissance de premiers principes pratiques à l’état habituel. Pas encore active
pour un petit enfant. Pas utilisé quand on est endormi. Mal utilisé (ou nié) quand
on cherche activement un mal (un bien apparent).
• Expériences et les réflexes qui concernent le contenu les premiers principes (« Il
ne faut pas faire du mal » ; « Il faut faire le bien ») et les préceptes de la loi
naturelle ([en face d’une expérience--voler] « Cela n’est pas juste ! »)
• Développement de notre connaissance de la loi naturelle. Réflexion
(intellectuelle) active basée sur l’expérience nous donne une connaissance
consciente des premiers principes. Néanmoins, ils ne sont pas produits par notre
raisonnement. Nous saisissons les principes de la loi naturelle par simple
appréhension. Par expérience et mémoire, nous arrivons à comprendre ces
principes (préceptes). (In Metaphysic. IV 6.4). 7
La loi naturelle : une connaissance
habituelle qui ne devient actuelle que par
l’expérience et le jugement.
• Les préceptes de la loi naturelle
– Les préceptes deviennent « actuelles » (contus en acte) dans
chaque acte de la raison pratique de connaître quelque chose
– La connaissance des préceptes primaires est présupposée dans
chaque jugement moral
• Analogie avec le principe de non-contradiction et la raison spéculative
– La connaissance de quelque chose présuppose la connaissance qu’une chose ne
peut pas être et ne pas être en même temps, de la même façon, et sous le même
rapport.
– La connaissance morale présuppose que je connaît qu’il faut faire le bien et
éviter le mal.
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 Préceptes primaires et
secondaires
• En bref : les préceptes de la loi naturelle sont simplement les premiers
principes de la raison pratique, habituellement présents dans notre
intelligence grâce à l’habitus des premiers principes (syndérèse).
• Ils ont le caractère de loi en ce qu’ils sont des ordonnances
rationnelles “promulguées” par Dieu, dans notre esprit (c’est Dieu qui
a la charge de la communauté humaine) et ce sont eux qui ordonnent
nos actions au bien commun.
• Le premier principe de la loi naturelle consiste à “faire le bien et éviter
le mal.” Tous les autres préceptes de la loi naturelle en découlent.
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 Les préceptes primaires
de la loi naturelle
• Le premier précepte de la loi naturelle
– Il faut faire le bien et éviter le mal.
• Les autres préceptes qui sont primaires
– Tous les autres préceptes primaires de la loi naturelle se fondent
sur le premier précepte
• « tout ce que la raison pratique appréhende naturellement comme des
biens humains appartient aux préceptes de la loi naturelle comme des
choses qu’il faut faire ou éviter. » ST I-II 94 . 2
• Les biens humains naturels
– La raison pratique les appréhende naturellement
– la volonté y incline naturellement 10
 Une ordonnance de la raison pratique
• Analogie avec le syllogisme spéculatif
– Le syllogisme de la raison spéculative contient
• La prémisse majeure
– une proposition universelle :
Figure X
▪ la somme des angles d’une triangle est 180 degrés
• La prémisse mineure
– une proposition particulière :
▪ figure X est une triangle
• La conclusion
– une affirmation singulière tirée des prémisses :
▪ La somme des angles de figure X est 180 degrés

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 Une ordonnance de la raison pratique
• Analogie avec le syllogisme spéculatif
– Le syllogisme de la raison pratique contient
• La prémisse majeure (elle a le caractère d’une loi)
– une proposition universelle :
▪ « tu ne tueras pas un homme innocent »
• La prémisse mineure
– une proposition particulière :
▪ « c’est un homme innocent »
• La conclusion ( et l’action)
– une affirmation singulière :
un commandement qui avec la volonté exécute l’acte :
▪ « ne le tue pas ! »
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