Chantier Transport Maritime
Chantier Transport Maritime
Chantier Transport Maritime
Rapport présenté au :
Ministère de l’Énergie
Par :
2 décembre 2014
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances ii
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- tous droits réservés
Le présent rapport a été réalisé pour le compte du ministère de l’Énergie et des Ressources
naturelles dans le cadre de l'évaluation environnementale stratégique annoncée le 30 mai 2014.
Le contenu de ce document est celui des auteurs et n'engage pas le gouvernement du Québec.
2 Synthèse des principales études/analyses relatives au transport maritime des hydrocarbures ........... 15
2.1.2 Analyse de risque dans l’estuaire du Saint-Laurent et définition des zones sensibles ........ 16
2.2 Partie 2 : Évaluation sommaire des impacts potentiels liés au transport maritime des
hydrocarbures dans la portion québécoise du golfe et de la voie maritime du Saint-Laurent ................ 22
3.4 Les projets en développement et leurs incidences sur le trafic ................................................... 56
4 Données relatives aux incidents/accidents impliquant des navires citernes sur le Saint-Laurent ...... 61
Tableau 3 Déplacements annuels de navires marchands sur le Saint-Laurent (2004 à 2013) .................... 44
Tableau 4 Dimension moyenne des navires citernes fréquentant le Saint-Laurent (2004 à 2013) ............. 45
Tableau 5 Origine/destination des navires citernes - Nombre moyen de déplacements annuels (2004 à
2013) ........................................................................................................................................................... 47
Tableau 6 Pavillon et dimension moyenne des navires citernes (2004 à 2013) .......................................... 51
Tableau 8 Chargement/déchargement d’hydrocarbures dans les ports du Québec (en tonnes) .................. 54
Tableau 9 Expéditions de produits pétroliers à partir de Sorel (en tonnes) ................................................ 54
Tableau 12 Types d’incidents/accidents et gravité (1980 à 2013) sur le Saint-Laurent ............................. 62
Tableau 13 Nombre d’incidents/accidents maritimes par types de navire (1980 à 2013) .......................... 63
Tableau 14 Navires impliqués dans des incidents/accidents ayant causé des dommages importants (1980
à 2013) ........................................................................................................................................................ 64
Tableau 16 Pays d’origine des pétroliers ayant eu un incident/accident (1980 à 2013) ............................. 68
Graphique 4 Évolution des tonnages chargés et déchargés au Québec (2004 à 2011) ............................... 53
Carte 1 Indice de risque environnemental pour des déversements de pétrole brut (Côte de l’Atlantique) . 18
Carte 2 Indice de risque environnemental pour des produits pétroliers raffinés (Côte de l’Atlantique).... 19
Carte 3 Transport de carburants et des produits chimiques de base sur le Saint-Laurent (2006) ............... 48
Carte 6 Localisation des déversements de pétrole répertoriés par la FIPOL (1980 à 2014) ....................... 67
Les travaux relatifs à l’étude environnementale stratégique (EES) sur les hydrocarbures au Québec sont
initiés depuis quelques mois. La démarche prévoit la réalisation d’un bilan des connaissances sur les
différents thèmes à l’étude, notamment ceux en lien avec le transport maritime des hydrocarbures. Cette
première étape vise essentiellement à faire un portrait des connaissances actuelles, préciser les enjeux et
identifier les besoins supplémentaires d’informations (analyses/études). Elle doit être complétée au cours
de l’année 2014.
Le présent document vise à rassembler les principales connaissances et données relatives au transport
maritime d’hydrocarbures au Québec. La deuxième section du rapport cherche à faire une synthèse des
principales études et analyses réalisées au cours des dernières années relatives au transport maritime des
hydrocarbures. Cette section se divise en deux parties : une première porte sur des ouvrages généraux et
une seconde s’intéresse davantage aux publications touchant les impacts potentiels du transport maritime
des hydrocarbures.
La section 3 présente quant à elle des données sur le trafic maritime des hydrocarbures. On y retrouve des
statistiques sur un horizon de dix (10) ans. La section 4 s’intéresse aux statistiques relatives aux
incidents/accidents impliquant des navires citernes sur le Saint-Laurent.
La section 5 présente, sous forme de tableaux synthèses, des informations concernant l’encadrement légal
et réglementaire. On y mentionne les lois et règlements touchant le transport des hydrocarbures.
Le document est complété par une section (section 6) présentant sommairement les enjeux du transport
maritime d’hydrocarbures et aussi les besoins d’informations complémentaires. Une liste des références
est aussi présentée à la fin du document (section 7). On retrouve par ailleurs en annexe des résumés des
principaux ouvrages récents portant sur les sujets à l’étude.
Avant d’aborder de façon plus détaillée chacun des sujets, nous présentons ici-bas un bref aperçu du
transport maritime d’hydrocarbures au Québec.
1
Une (1) tonne de pétrole brut équivaut environ à 7,33 barils US.
8.1 Entre Québec et Montréal, la largeur entretenue est de 230 m. Sa profondeur minimale est
de 10,7 m, 11,0 m et 11,3 m, selon l’endroit. Il est à noter que le tronçon entre Québec et
Trois-Rivières est soumis à l’influence des marées, dont l’amplitude s’élève de 0,3 m à
Trois-Rivières et jusqu’à 6,0 m à Québec (endroit où le marnage est le plus important du
fleuve). Aussi, la profondeur de 10,7 m du chenal entre Québec et Deschaillons en est une
garantie à marée basse. Ainsi, en considérant une modulation des passages de navires en
fonction des marées, une cote de 11,3 m correspond au tirant d’eau jugé admissible pour
l’ensemble du tronçon entre Québec et Montréal.
8.2 En amont de Montréal, la largeur minimale entretenue du chenal est de 61 m, tandis que
sa profondeur minimale garantie est de 8,2 m. Dans les écluses de Saint-Lambert, la
largeur maximale des navires est de 24,3 m.
8.3 En aval de Québec, l’endroit le plus contraignant pour la navigation se situe au niveau de
la traverse du Nord, située entre les rives de l’Île d’Orléans et de Lévis/Beaumont. En
effet, sur 32 km, la largeur entretenue de la voie y est de 305 m alors que sa profondeur
minimale garantie est de 12,5 m. Le passage des navires de plus de 12 m de tirant d’eau
doit donc se faire à la faveur de la marée montante. Plus en aval, à partir de Sault-au-
Cochon (Île aux Oies), la profondeur minimale du chenal est maintenue à 15 m.
9. Un principe économique de base en marine marchande énonce que la rentabilité d’un navire exige
que celui-ci soit exploité à sa pleine charge ou aussi près que possible de sa pleine charge.
Considérant cela et le fait que les catégories de navires pouvant être utilisées dans une voie
navigable sont tributaires des caractéristiques de cette voie, des tirants d’eau des navires de ces
catégories et de leur dégagement minimal sécuritaire requis sous la quille (au moins 10 % du
tirant d’eau) ainsi que de la différence de capacité portante de l’eau salée par rapport à l’eau
douce, de même également que la largeur de ces bateaux par rapport à celle des autres navires
11.1 Les Suezmax se rendant à Québec présentent généralement une longueur de 275 m, une
largeur de 48 m et un tirant d’eau de 15,5 m. Leur capacité de port en lourd est
généralement de 150 000 t (ISEMAR 2007 (http://www.isemar.asso.fr/fr/pdf/note-de-
synthese-isemar-91.pdf); Jobidon 2014 (http://www.gillesjobidon.com/bateaux/super-
petroliers/)).
11.2 Les Panamax se rendant à Montréal ont, quant à eux, une longueur générale de 230 m,
une largeur de 32 m et un tirant d’eau de 10,3 m. Leur capacité de port en lourd est de
80 000 t, mais elle est volontairement limitée à 60 000 t, en raison notamment des
contraintes structurelles de la voie maritime et des quais utilisés par ces navires (Suncor
(Pétro-Canada) n.d.).
11.3 Depuis décembre 2013, et malgré les contraintes physiques évoquées plus haut, une
nouvelle catégorie de navires, en l’occurrence celle des Aframax, se rend à Montréal et
Sorel. Ces navires affichent généralement une longueur 250 m, une largeur de 44 m et un
tirant d’eau de 14 m. Leur capacité de port en lourd est de 120 000 t. Jusqu’à maintenant
(novembre 2014), trois Aframax ont navigué en amont de Québec, soit le NS Leader en
décembre 2013 (http://www.port-montreal.com/fr/annee-postpanamax-avril2014.html)
11.4 Pour le port à l’étude de Gros-Cacouna, la profondeur à quai visée, sans dragage, est de
20 m d’eau à marée basse. Il s’agissait d’un critère de sélection des variantes de sites le
long du fleuve Saint-Laurent. Dans l’évaluation environnementale de TransCanada
(Oléoduc Énergie-Est), il est mentionné que seul le port de Saint-John au Nouveau-
Brunswick pourrait accueillir des navires de la catégorie VLCC2. Ces derniers requièrent
une profondeur minimale à quai de 26,5 m. En comparaison, les Suezmax, ont une
capacité de 125 000 t à 200 000 t et les VLCC en ont une de 200 000 t à 350 000 t
(Stantec 2014, Volume d’application no 7 (http://www.oleoducenergieest.com/a-
propos/depot-reglementaire/). À titre indicatif, le pétrolier ayant la plus grande capacité
de port en lourd jamais construit est le Seawise Giant (dernier nom : Mont en 2009-2010)
avec une quantité totale transportable de 564 650 t. En attente de démolition, celui-ci
avait une longueur de 458,5 m, une largeur de 68,9 m et un tirant d’eau de 24,6 m. Sur les
37 pétroliers ULCC3 construits avec des capacités supérieures à 400 000 t, il n’en reste
que trois encore en service pour le transport de pétrole brut. De mêmes dimensions, le TI
Oceania et le TI Europe ont une capacité de 442 470 t, une longueur de 380 m, une
largeur de 68 m et un tirant d’eau de 24,5 m. Les navires citernes de fortes dimensions
sont souvent destinés à des marchés très spécifiques et peuvent être démolis aux termes
des activités auxquelles ils étaient destinés.
12. Outre le transport de pétrole brut par les pétroliers, chaque navire transporte avec lui la réserve de
carburant nécessaire pour lui assurer une autonomie de navigation sur de longues distances.
Ainsi, les réservoirs de ces navires peuvent contenir des types et quantités de carburant adaptés à
leurs fonctions et objectifs. Les plus gros navires, en l’occurrence les vraquiers de la catégorie
Chinamax, ont des réservoirs qui contiennent jusqu’à 10 000 t de carburant
2
Very Large Crude Carrier.
3
Ultra Large Crude Carrier.
La revue de littérature a été subdivisée en deux sections. La première dresse une synthèse de documents
généraux. Cette revue aborde notamment le cadre législatif, l’efficience des mécanismes d’intervention en
situation d’urgence, les risques de déversement, etc. Notons qu’on présente en annexe des résumés des
principaux ouvrages auxquels on fait référence dans cette partie de la revue de littérature.
Dans la seconde section, la revue de littérature aborde plus spécifiquement l’évaluation sommaire des
impacts potentiels liés au transport maritime des hydrocarbures dans la portion québécoise du golfe et de
la voie maritime du Saint-Laurent.
Le Bureau du vérificateur général du Canada (2010) a examiné comment le gouvernement fédéral a géré
les déversements de pétrole et de produits chimiques provenant de navires dans les eaux canadiennes de
l’Arctique, du Pacifique et de l’Atlantique et dans le golfe du Saint-Laurent. Plus précisément, le
Commissaire a tenté de déterminer si Transports Canada, la Garde côtière canadienne et Environnement
Canada étaient prêts à réagir à un déversement de ce genre. Le Commissaire a aussi examiné comment les
trois organismes assurent un suivi des interventions après un déversement et comment ils les évaluent. La
vérification a porté sur les déversements de pétrole et de produits chimiques provenant de navires, à
l’exclusion des autres sources terrestres et marines de pollution.
Par la suite, le Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles
(2012) a entrepris une étude sur la sécurité du transport en vrac des hydrocarbures par pipelines, par
navires pétroliers et par wagons-citernes au Canada. L’objectif était d’examiner l’état actuel des plans de
prévention et d’urgence en cas de déversements, ainsi que les régimes réglementaires encadrant la
préparation et les interventions en matière d’urgence relevant de la compétence fédérale, et de faire des
recommandations afin d’améliorer la sécurité du public et la protection de l’environnement. L’étude a
mené vers l’énoncé de cinq recommandations portant plus spécifiquement sur les déversements en milieu
marin, celles-ci touchant, entre autres, l’élargissement de la collecte des données sur les déversements, de
même que la modernisation du niveau de préparation et des capacités d’intervention en cas de
déversement.
En 2009, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a entrepris la réalisation d’un
Programme d’Évaluation environnementale stratégique (EES) sur la mise en valeur des hydrocarbures en
milieu marin. Deux EES étaient prévues dans le programme du Ministère couvrant, d’une part, le bassin
de l’estuaire maritime du Saint-Laurent, incluant la portion nord-ouest du golfe du Saint-Laurent (EES1)
et, d’autre part, les bassins regroupés d’Anticosti, de Madeleine et de la baie des Chaleurs (EES2).
Bien que l’ÉES ait porté sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures en milieu marin, et non pas
sur le transport d’hydrocarbures, l’étude dresse une synthèse intéressante des connaissances relatives à la
caractérisation des composantes physiques, biologiques et humaines dans l’axe de l’estuaire du Saint-
Plus récemment, en 2014, Transports Canada a fait réaliser une étude globale (WSP, 2014) visant
spécifiquement à évaluer les risques liés aux déversements d’hydrocarbures dans les eaux canadiennes au
sud du 60e parallèle. Transports Canada a entrepris cette analyse de risques à la suite des
recommandations formulées en 2010 par le commissaire à l’environnement et au développement durable
(CEDD). Cette étude pancanadienne avait pour objectif de fournir une analyse globale des risques, en
développant une approche méthodologique pouvant être appliquée et précisée davantage lors
d’évaluations futures. Les cartes 1 et 2 présentent une synthèse des indices de risque évalués pour la Côte
Atlantique, incluant l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Par ailleurs, différents auteurs se sont aussi intéressés aux risques de déversements de produits pétroliers
dans le Saint-Laurent au cours des dix ou quinze dernières années. Villeneuve (2001) a dressé, entre
autres, une synthèse des répercussions environnementales de la navigation commerciale sur le Saint-
Laurent. Bien que l’étude ne soit pas récente, elle présente tout de même certaines informations d’intérêt
qui demeurent pertinentes.
Plus récemment, Pelletier (n.d.) a cherché à dresser un état de situation des risques et des avantages du
transport pétrolier par voie maritime. L’exposé de monsieur Pelletier fait notamment ressortir le fait que
la croissance du trafic maritime à l’échelle mondiale s’est faite parallèlement à une diminution constante
du nombre de déversements (voir graphique 1).
Graphique 1
Évolution du trafic et des déversements
Plusieurs études d’impact sur l’environnement ont par ailleurs été effectuées dans le cadre des projets de
terminaux méthaniers à Lévis (projet Rabaska) et à Cacouna (2006). Dans le cas du dossier de Cacouna,
Énergie Cacouna (2005) a présenté en addenda une analyse complète des impacts potentiels imputables
au transport maritime. Toutefois, le Bureau d’audience publique (BAPE, 2006), faisait mention dans son
rapport que les risques que posent les méthaniers circulant sur le Saint-Laurent, notamment les collisions
et les échouements, n’avaient pas été traités dans l’étude d’impact, à l’exception de l’approche des
méthaniers vers le quai d’amarrage du terminal méthanier. Ces risques étaient toutefois analysés dans le
processus TERMPOL4.Dans le cas du projet Rabaska, Det Norske Veritas (2006) ont, pour leur part,
présenté une analyse de risque concernant le transport maritime de produits méthaniers sur le Saint-
Laurent.
De façon plus générale, différents ouvrages ou articles visant à approfondir les connaissances des
composantes environnementales sur l’estuaire du Saint-Laurent ont été diffusés au cours des années,
parmi ceux-ci, on peut mentionner le rapport présenté en 2010 par le Secrétariat canadien de consultation
scientifique concernant l’état et les tendances des écosystèmes de l’écozone de l’estuaire et du golfe du
Saint-Laurent. Il faut également citer les travaux effectués par Pêches et Océans Canada, dont ceux
présentés en 2007 (Zones d’importance écologique et biologique (ZIEB) de l’estuaire et du golfe du
Saint-Laurent : identification et caractérisation) et en 2010 (Rapport sur l’état et les tendances des
écosystèmes marins canadiens en 2010). En 2014, un essai présenté par Nicolas Gruyer via le Centre
d’expertise en analyse environnementale du Québec porte sur la résilience des écosystèmes après un
déversement d'hydrocarbures.
4
Transports Canada préside le processus d’examen TERMPOL, une initiative du gouvernement fédéral qui évalue la sécurité et
les risques associés aux mouvements de pétroliers et de navires citernes transportant des gaz liquéfiés à destination, en
provenance et à proximité des terminaux maritimes du Canada. TERMPOL est un processus d’examen complet et volontaire que
peuvent demander les promoteurs participant à la construction et à l’exploitation d’un terminal maritime de manutention en vrac
d’hydrocarbures, de produits chimiques et de gaz liquéfiés. Ce processus d’examen porte principalement sur le volet de transport
maritime d’un projet.
Research and Traffic Group (2013) ont pour leur part présenté une étude sur les impacts
environnementaux et sociaux du transport maritime dans la région des Grands Lacs et de la Voie
maritime. Cette étude fait notamment ressortir les avantages environnementaux offerts par le transport
maritime par rapport aux autres modes de transport (ferroviaire et routier).
La première partie présente les impacts potentiels généraux, tant négatifs que positifs, de la navigation
maritime. On présente ensuite les impacts potentiels plus directement liés au transport maritime
d’hydrocarbures. Une troisième partie traite des impacts potentiels liés aux déversements
d’hydrocarbures.
Impacts négatifs
Impacts positifs
Au-delà des impacts économiques positifs évidents qui justifient l’existence de ce mode de transport, la
navigation commerciale entraîne également des impacts positifs importants sur l’environnement. Parmi
ceux-ci, on peut relever les suivants :
Comme toute autre activité de marine marchande, le transport maritime des hydrocarbures peut entraîner
exactement les mêmes répercussions environnementales sur le milieu récepteur que celles décrites
antérieurement. En fait, ce qui le distingue des autres activités maritimes est essentiellement le risque lié à
sa cargaison transportée, qui est constituée de très importants volumes de pétrole brut. Dans le système
laurentien, ces volumes atteignent actuellement un maximum de 150 000 t à l’intérieur de navires de la
catégorie des Suezmax qui se rendent jusqu’aux installations de Valéro à Lévis. Or, cette catégorie peut
Bien qu’il s’agisse de navires compartimentés en quelques segments distincts munis de doubles coques et
opérés avec des équipements électroniques précis et des systèmes informatiques très sophistiqués, les
risques d’incidents/accidents maritimes, et donc de déversements accidentels, sont bien réels. Par contre,
il convient de souligner que les probabilités d’occurrence sont particulièrement faibles. En effet, à
l’échelle mondiale, le nombre de déversements pétroliers de grands volumes (plus de 7 tonnes) baisse
régulièrement depuis déjà quelques décennies alors que, parallèlement, le commerce maritime ne cesse de
croître (CSPEERN 2013). De plus, les déversements majeurs, c’est-à-dire de plus de 700 t, qui sont de
l’ordre de 1 à 3 par année depuis plus de 10 ans, sont souvent liés à d’autres types de navires que les
pétroliers.
Malgré ces améliorations générales constatées de la sécurité maritime dues aux mesures instaurées par
l’industrie mondiale du commerce pétrolier et par les gouvernements internationaux, le risque de
déversement pétrolier demeure néanmoins effectif. Ainsi, advenant qu’un pétrolier subisse des avaries
importantes dans le fleuve ou le golfe du Saint-Laurent, la quantité de pétrole impliquée pourrait être de
l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de tonnes (maximum 150 000 t)5. Or, la Société d’intervention
maritime de l’Est du Canada (SIMEC), qui est le seul organisme habilité à intervenir lors d’un
déversement maritime d’hydrocarbures dans le système laurentien, dispose d’une capacité totale
maximale d’intervention de 10 000 t, réparties dans trois centres de services, en l’occurrence Verchères,
Lévis et Sept-Îles. À celle-ci peut s’ajouter une capacité de 5 000 tonnes supplémentaires pouvant être
fournies par des organismes similaires des provinces canadiennes de la région Atlantique (GENIVAR
2013). Plusieurs intervenants régionaux et municipaux établis le long du Saint-Laurent estiment cette
capacité nettement insuffisante, difficile à mobiliser rapidement et déplorent l’absence de structures
organisées d’intervention impliquant davantage les communautés locales afin qu’elles puissent être prêtes
elles aussi à intervenir en appui. Les cadres législatifs et réglementaires sont existants et suffisamment
précis avec une structure d’alerte impliquant la GCC et une équipe régionale d’intervention composée de
5
Les incidents/accidents maritimes impliquant des pétroliers sont très rares. Toutefois, d’un point de vue théorique, nous
pourrions considérer que le pire des scénarios d’incident/accident, voire le scénario « catastrophe », serait celui impliquant un
navire-citerne de type Suezmax chargé de 150 000 tonnes de pétrole brut en déplacement vers Québec durant la saison hivernale.
Une collision impliquant un tel navire ou la déchirure de la coque serait un évènement extrême. Considérant les normes de
construction de ce type de navire (double coque, multi-caissons, etc.), il est cependant très improbable qu’un déversement
complet d’une cargaison d’hydrocarbures puisse se produire. Une fraction seulement du chargement pourrait de fait se retrouver
dans l’environnement.
La problématique quant à la capacité d’intervention a été remarquée par le Comité sénatorial permanent
de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles (CSPEERN 2013). Aussi, dans son rapport
d’août 2013, celui-ci recommandait que cette capacité de préparation et d’intervention en cas de
déversement de 10 000 tonnes s’accompagnant de délais fixes (entre 6 et 72 heures selon le cas) soit
relevée pour correspondre aux besoins établis pour chaque région.
Malgré cela, les meilleures mesures d’intervention demeurent les mesures de prévention permettant de
réduire le plus possible les risques d’accidents de déversements maritimes. Ces mesures comprennent
notamment un très bon balisage de la voie maritime, l’opération de tous les équipements requis d’aide à la
navigation, la mesure et la transmission régulière des niveaux d’eau tout le long de la voie maritime, le
dragage d’entretien régulier de la voie navigable, des opérations régulières de déglaçage de cette voie, une
assistance de pilotage dans tous les tronçons requis de cette voie (entre Les Escoumins et les écluses de
Saint-Lambert), le présence de remorqueurs d’escorte ainsi que des inspections des navires afin de
vérifier leur conformité.
GENIVAR a effectué un examen exhaustif des effets environnementaux possibles liés à un déversement
d’hydrocarbures accidentel pour le gouvernement du Québec, dans le contexte de l’Évaluation
environnementale stratégique sur la mise en valeur des hydrocarbures dans les bassins d’Anticosti, de
Madeleine et de la baie des Chaleurs (EES2), publiée en 2013. Même si le but de ce rapport était
d’examiner les effets de la mise en valeur des hydrocarbures dans la partie québécoise du golfe du
Saint-Laurent et dans la baie des Chaleurs, l’évaluation s’applique pour des déversements
d’hydrocarbures dans les eaux canadiennes. Pour une discussion approfondie des effets
environnementaux et socioéconomiques potentiels des déversements d’hydrocarbures, le lecteur est référé
à ce rapport.
Cette section décrit brièvement les impacts environnementaux, économiques et sociaux potentiels des
déversements d’hydrocarbures causés par des navires. Dans les sous-sections qui suivent, un bref aperçu
des impacts (ampleur, degré, etc.) est présenté, de même que les effets à court et à long termes d’un
éventuel déversement d’hydrocarbures.
Généralités
Avant de déterminer certains effets d’un déversement d’hydrocarbures accidentel, il est nécessaire de
comprendre les conditions particulières pouvant avoir une incidence sur l’ampleur, le degré, la nature et la
durée de ces effets.
L’ampleur des impacts causés par un déversement est étroitement liée aux caractéristiques du milieu
récepteur :
Les caractéristiques physiques propres au site (ex. : habitat riverain, type de sédiment,
topographie, courants, hydrologie);
Les ressources côtières dans la zone d’influence du déversement;
Les caractéristiques physiologiques et comportementales des ressources côtières (ex. :
comportement d’évitement);
Le type et l’intensité des activités humaines.
Le degré des impacts est aussi lié au type et au volume d’hydrocarbures déversés de même qu’à diverses
caractéristiques d’exposition :
De plus, le type et l’efficacité des mesures d’intervention de nettoyage joueront un rôle décisif tant sur la
nature des dommages environnementaux et socioéconomiques que sur l’intensité de ces dommages. Les
techniques de nettoyage (notamment des méthodes chimiques et physiques) peuvent parfois endommager
davantage le milieu naturel que les hydrocarbures en soi, à cause des effets indirects (particulièrement en
raison des interactions trophiques et de la perte de l’habitat biogénique) qui s’étendent au-delà des pertes
directes initiales et retardent le processus de rétablissement (Peterson et al., 2003; Vandermeulen and
Ross, 1995; Zhu et al., 2004).
Les déversements de grande taille peuvent donner lieu à des impacts directs (ex. : mortalité d’organismes
aquatiques, contamination des engins de pêche, etc.) et indirects (ex. : mortalité chronique en raison de
l’ingestion d’aliments pollués, bioaccumulation dans le réseau trophique, contamination des sites de prise
d’eau potable, etc.). Les impacts d’une exposition chronique et indirecte sur l’environnement naturel
persistent parfois pendant des décennies (Culbertsen et al., 2008a; 2008b; Peterson et al., 2003; Matkin et
al., 2008), ce qui peut aussi être le cas des effets socioéconomiques. En règle générale, l’ampleur des
impacts socioéconomiques dépend grandement de l’intensité de l’activité humaine dans le milieu
environnant le déversement d’hydrocarbures, les impacts les plus significatifs se produisant près des
centres urbains, des zones de pêche productives ainsi que des zones touristiques et récréatives.
Les impacts d’un déversement d’hydrocarbures sur les habitats naturels se produisant en eau douce sont
similaires à ceux de déversements en milieu marin (Steen et al., 1999). Toutefois, les déversements en eau
douce sont beaucoup plus susceptibles de contaminer les réservoirs d’eau (de surface ainsi que
souterraines), d’avoir une incidence sur les zones où se concentre la population, les structures artificielles
et les autres activités humaines (NOAA, 1994).
Les principaux impacts environnementaux potentiels associés aux déversements d’hydrocarbures sont la
contamination du milieu naturel, de même que des infrastructures côtières et littorales. La contamination
pourrait aussi modifier la qualité des produits de la pêche et de l’aquaculture et entraîner des impacts
socioéconomiques négatifs considérables, notamment pour les industries de la pêche commerciale et du
tourisme, qui représentent les principaux moteurs économiques de nombreuses collectivités côtières
canadiennes.
Les effets ont été classés dans deux catégories, soit celle des impacts à court terme et celle des impacts à
long terme. Le déversement d’hydrocarbures de l’Exxon Valdez s’est traduit par une augmentation des
ouvrages scientifiques disponibles sur le sujet. De nombreux effets à long terme énumérés sont tirés des
travaux de recherche entrepris après cet événement.
Au cours de la phase d’exposition aiguë, les hydrocarbures flottants et, dans une moindre mesure, les
hydrocarbures qui atteignent la côte sont les principales sources d’impact pour les ressources biologiques
qui sont en contact direct avec les hydrocarbures, dont les oiseaux, les mammifères marins et d’eau
douce, de même que la flore et la faune intertidales (Hartung, 1995). L’engluage de la fourrure et des
plumes entraîne la perte de la capacité isolante et peut entraîner la mort ainsi qu’une mortalité massive à
cause de l’hypothermie, d’une noyade ou de l’ingestion d’hydrocarbures (Peterson et al., 2003). Selon les
études récentes, même une petite quantité d’hydrocarbures dans l’environnement peut entraîner la mort
d’oiseaux aquatiques (GENIVAR, 2013).
Les effets liés aux déversements d’hydrocarbures sont souvent difficiles à évaluer : un à deux ans après le
déversement de Deepwater Horizon aux États-Unis, il n’y avait encore aucune description claire des
impacts à court terme (et à long terme) sur les habitats, les organismes marins et les pêches (Sumaila et
al., 2012; McCrea-Strub, 2011). D’autres facteurs d’incertitude ajoutent à cette difficulté. Selon l’étude de
Williams et al. (2011), il y a une sous-estimation significative de la mortalité des cétacés liée à la
pollution par les hydrocarbures, car en moyenne seulement 2 % des carcasses sont récupérées. En ce qui
concerne le milieu humain, les impacts mesurés sur le plan des pertes économiques varient grandement
selon la portée de l’évaluation. Par conséquent, les recherches sur les pertes économiques liées à
l’incident Deepwater Horizon ont indiqué des impacts sur les secteurs de la pêche, du tourisme et de la
restauration, de même que sur d’autres secteurs axés sur les services (GENIVAR, 2013).
Certains comportements spécifiques à une espèce pourraient exposer d’autres espèces aquatiques à un
risque particulier si elles devaient être soumises à une pollution par les hydrocarbures, comme c’est le cas
pour les tortues de mer en raison de leur alimentation non sélective et de l’inhalation de grands volumes
d’air avant qu’elles plongent (NOAA, 2010).
Les impacts à long terme sont liés à la persistance des hydrocarbures dans l’environnement. Pendant la
phase chronique, l’ingestion d’aliments contaminés, tels que les moules, représenterait la principale
exposition aux hydrocarbures pour la faune aquatique. L’exposition chronique à des sédiments
contaminés est aussi significative pour la faune ou la végétation.
Les impacts à long terme d’un déversement d’hydrocarbures comportent aussi des répercussions
secondaires sur les secteurs de marché connexes. De plus, les déversements d’hydrocarbures de grande
taille peuvent avoir des conséquences considérables à long terme sur la structure sociale et la santé
publique, ce qui interférerait avec les traditions et causerait des perturbations culturelles
(GENIVAR, 2013; Ngaio et Sumaila, 2012).
La durée des impacts dépend des délais de rétablissement du milieu naturel et du marché économique. Le
rétablissement du milieu naturel se mesure par la rapidité avec laquelle les individus et les populations
Les impacts à long terme sur la faune aquatique (principalement sur la faune mobile) sont
particulièrement difficiles à confirmer. Les invertébrés benthiques peuvent être plus à risque que les
espèces de poissons, car il s’agit d’organismes plus ou moins sessiles qui sont susceptibles d’être exposés
à des taux initiaux de mortalité plus élevés et d’afficher de longs délais de rétablissement à la suite d’une
exposition à des habitats saturés d’hydrocarbures (McCrea-Strub et al., 2011). Les poissons démersaux
des milieux littoraux peuvent aussi être touchés par une exposition chronique à long terme, comme
l’indiquent les biomarqueurs sur les hydrocarbures pour le sourcil masqué et la sigouine lunée dix ans
après le déversement de l’Exxon Valdez (Jewett et al., 2002). En raison de leur exposition chronique, des
canards et des tortues de mer sont morts plusieurs années après le déversement (Peterson et al., 2003;
Jewett et al., 2002) et d’autres résultats indiquent que les impacts sur les cétacés peuvent s’étendre
au-delà de 20 ans après la phase d’exposition aiguë (Matkin et al., 2008; EVOSTC, 2010).
Les estimations sur le redressement du marché reposent sur les délais nécessaires aux industries touchées
pour se rétablir complètement et pour profiter des conditions qui prévalaient avant le déversement
(Sumaila et al., 2010). Le délai nécessaire est influencé par la durée des fermetures de secteurs en mer
(p. ex. pêche commerciale, pêche sportive), par les perceptions publiques sur la salubrité des poissons et
des fruits de mer et par les effets perçus concernant la qualité esthétique de l’environnement. Même après
le rétablissement complet du milieu naturel et de ses ressources, les pêches peuvent ne pas être rétablies,
comme c’est encore le cas pour la pêche au hareng dans la zone de déversement de l’Exxon Valdez
(Sumaila et al., 2012; EVOSTC, 2010). Selon l’examen de GENIVAR (2013), les perceptions négatives
Impact potentiel
Composante
À court terme1 À long terme2
Environnementale
Contamination des sédiments côtiers par les hydrocarbures. Les sédiments peuvent, à long terme, agir à titre de réservoirs pour les
Qualité des sédiments hydrocarbures biodisponibles, ce qui suppose l’exposition chronique à des
composés toxiques dans le milieu aquatique (Peterson et al., 2003).
Détérioration de la qualité de l’eau. Détérioration de la qualité de l’eau.
Qualité de l’eau
Mortalité causée par le contact avec le déversement d’hydrocarbures Perte de l’habitat ou des espèces floristiques propices à la présence de plusieurs
ou des produits chimiques utilisés pour atténuer le déversement (Zhu espèces fauniques pour s’alimenter, s’abriter et se reproduire.
et al., 2004; Hatcher and Larkum, 1982). Contamination chronique des herbiers de zostère qui se forment dans les baies
Végétation riveraine et
Reproduction de la population ou taux de croissance ou croissance abritées (Zhu et al., 2004; Culbertsen et al., 2008a).
aquatique
anormale après l’incident initial (Zhu et al., 2004). Modification de la composition algale, ce qui favorise la présence d’espèces
Détérioration des habitats riverains en raison des activités de végétales opportunistes (EVOSTC, 1994).
nettoyage (Vandermeulen et Ross, 1995).
Mortalité aiguë des spécimens en contact avec le déversement Effets sublétaux sur le zooplancton, y compris des modifications dans
d’hydrocarbures (Almeda et al., 2013; GENIVAR, 2013). l’alimentation, le développement et la reproduction (Almeda et al., 2013).
Plancton
Diminution de l’abondance et de la diversité planctoniques (Almeda Bioaccumulation d’hydrocarbures dans le zooplancton, ce qui entraîne des
et al., 2013). interactions trophiques négatives (Peterson et al., 2003; Almeda et al., 2013).
Mortalité de spécimens en contact avec le déversement Mortalité chronique des mollusques qui habitent dans les sédiments contaminés.
d’hydrocarbures (bivalves, crabes, crevettes) (Sumaila et al., 2010). Diminution de l’abondance et de la diversité des invertébrés, de l’apport
Mortalité des œufs et des larves, ce qui entraîne la diminution du alimentaire et du taux de croissance (Culbertson et al., 2008a; 2008b).
recrutement. Absorption, ingestion et bioaccumulation d’hydrocarbures dans les organes et les
Taux de croissance réduit des larves d’invertébrés tissus, ce qui les rend impropres à la consommation.
(GENIVAR, 2013). Contamination des invertébrés, ce qui entraîne des interactions trophiques
Invertébrés Modification de la composition et de l’abondance de la faune négatives (transfert de composés toxiques à des niveaux trophiques plus élevés).
benthique. Modification de la composition structurale des communautés d’invertébrés
Mortalité des milieux intertidaux ou littoraux en raison des activités (espèces privilégiées ou ayant une plus grande tolérance).
de nettoyage, dont l’utilisation de l’eau chaude et la haute pression
Note : Les moules et les myes qui se nourrissent de particules en suspension
(EVOSTC, 1994).
concentrent et métabolisent lentement les hydrocarbures, ce qui entraîne une
contamination chronique élevée des tissus (Peterson et al., 2003).
Environnementale (suite)
Mortalité des spécimens en contact avec le déversement Mortalité chronique des espèces résidantes (fonctionnement anormal
d’hydrocarbures, particulièrement pour les poissons dans les milieux des branchies, augmentation des enzymes hépatiques, diminution de
littoraux (effets physiques directs comme le recouvrement des la croissance, détérioration des organes) (GENIVAR, 2013).
branchies et la suffocation). Ingestion et absorption d’hydrocarbures dans les organes et les tissus,
Diminution de l’abondance dans les zones fortement contaminées ce qui peut les rendre impropres à la consommation
(comportement d’évitement). (GENIVAR, 2013).
Réduction de la disponibilité des aliments en raison de la Diminution du recrutement, de l’apport alimentaire et du taux de
contamination possible des invertébrés, des poissons et du plancton. croissance.
Mortalité des œufs et des larves. Détérioration de la qualité des aires de reproduction, des aires
Comportements naturels modifiés liés à l’évitement par les d’alimentation et des abris en raison des habitats riverains
Poissons
prédateurs ou à l’alimentation. contaminés.
Réduction et modification du développement des embryons (Peterson
et al., 2003, Murakamia et al., 2008).
L’exposition à long terme des embryons de poissons aux
hydrocarbures persistants (HAP à 3, 4 ou 5 anneaux) a des
conséquences sur les populations à cause des impacts indirects sur la
croissance, les difformités et le comportement ayant des
conséquences à long terme sur la mortalité et la reproduction
(Peterson et al., 2003).
Voies migratoires modifiées (IPIECA, 2007).
Mortalité des spécimens en contact avec le déversement Augmentation des taux de mortalité à cause des expositions
d’hydrocarbures (principalement les jeunes individus et les chroniques des espèces résidantes (Peterson et al., 2003).
mammifères ayant de la fourrure, comme les loutres de mer, les Réduction de la taille des populations mammifères (Matkin et
Mammifères
phoques ou les ours polaires) (Williams et al., 2011). al., 2008).
Réduction de la disponibilité des aliments à cause de la Absorption des hydrocarbures dans certains tissus ou organes, ce qui
contamination possible des invertébrés, des poissons et du plancton. entraîne des effets sublétaux.
Environnementale (suite)
Diminution de l’abondance dans les zones fortement contaminées Incidences majeures à long terme associées aux interactions entre les
(comportement d’évitement). facteurs de stress environnementaux naturels et la santé compromise
Déplacement de la population à cause de l’augmentation du bruit des animaux, à une exposition toxique chronique en raison de
acoustique provenant des navires de nettoyage, de la diminution de la l’ingestion de proies contaminées ou de la quête de nourriture autour
disponibilité des aliments, etc. (Ackleh et al., 2012). de mares sédimentaires d’hydrocarbures et à la perturbation des
Irritation des yeux et des muqueuses des voies respiratoires fonctions sociales vitales (Peterson et al., 2003).
Mammifères (suite) (Hartung, 1995).
Réduction de la capacité de filtration (baleines à fanons).
Note : Les hydrocarbures recouvrent la fourrure des mammifères marins qui en
sont pourvus. Cela se traduit par une diminution de la capacité naturelle de la
fourrure à isoler le corps de l’animal, ce qui peut entraîner l’hypothermie et le
décès possible des animaux exposés.
Mortalité des nouveau-nés, des juvéniles et des adultes en contact Absorption, ingestion et bioaccumulation d’hydrocarbures dans les
avec le déversement d’hydrocarbures (Howard, 2012; NOAA, 2003). organes et les tissus.
Réduction de la disponibilité des aliments à cause de la Réduction des chances de réussite liées à la reproduction :
contamination possible ou de la réduction de l’abondance des augmentation de la mortalité des œufs et des difformités
invertébrés, des poissons et des algues. (Howard, 2012).
Réduction de la capacité de diffusion des poumons.
Détérioration des paupières et des tissus nasaux.
Détérioration de la peau, du sang, des systèmes digestif et Note : L’ingestion de boulettes de goudron par les tortues de mer est
immunitaire et des glandes à sel. bien connue. Toutefois, les conséquences de l’exposition chronique aux
Ingestion de boulettes de goudron, ce qui cause une privation de hydrocarbures sous la forme de boulettes de goudron ingérées ne sont
Reptiles nourriture en raison du blocage de l’intestin, d’une diminution de pas bien documentées (NOAA, 2003).
l’efficacité d’absorption, de l’absorption de toxines, des
conséquences du blocage intestinal général (comme une nécrose
locale ou une ulcération), une interférence avec le métabolisme des
lipides et des problèmes de flottabilité causés par la formation de gaz
de fermentation (NOAA, 2003).
Note : L’absence de la capacité d’évitement (Lutcavage et al., 1995),
l’alimentation non sélective dans des zones de convergence et les grandes
inhalations avant le plongeon augmentent la vulnérabilité des tortues de mer aux
déversements d’hydrocarbures (NOAA, 2003).
Environnementale (suite)
Mortalité des spécimens en contact avec le déversement Augmentation des taux de mortalité en raison des expositions
d’hydrocarbures (particulièrement les oiseaux plongeurs et les chroniques (Peterson et al., 2003).
oiseaux de rivage) à cause de la modification de la flottabilité (ce qui Ingestion d’aliments entraînant l’absorption d’hydrocarbures dans
entraîne la noyade) ou de la réduction de l’isolation thermique certains tissus et organes (Hartung, 1995).
entraînant l’hypothermie (Hartung, 1995). Les hydrocarbures ingérés peuvent causer des effets mortels et
Mortalité en raison d’une ingestion par lissage, ce qui entraîne sublétaux, y compris la détérioration du foie, une pneumonie ou des
l’ingestion d’hydrocarbures. dommages au cerveau (Hartung, 1995).
Privation de nourriture à cause de l’augmentation des demandes Réduction des aires de nidification et d’alimentation à cause de la
énergétiques (Hartung, 1995). contamination des habitats riverains et pélagiques.
Mortalité des poussins à cause de l’absence parentale (mortalité des Diminution du succès de reproduction (réduction de la fertilité, de la
adultes). ponte et de l’éclosion des œufs, abandon des nids et altération du
comportement parental).
Oiseaux
Contamination des œufs dans les nids qui entraîne la mort des
oisillons ou cause des anomalies.
Croissance réduite des oisillons.
Réduction de l’épaisseur moyenne et de la résistance de la coquille
des œufs (Stubblefield et al., 1995).
Incidences importantes à long terme associées aux interactions entre
les facteurs de stress environnementaux naturels et la santé
compromise des animaux, à une exposition toxique chronique en
raison de l’ingestion de proies contaminées ou de la quête de
nourriture autour de mares sédimentaires d’hydrocarbures et à la
perturbation des fonctions sociales vitales des espèces organisées
socialement (Peterson et al., 2003).
Économique
Prises de poissons réduites (valeur ou quantité). Altération et impacts économiques : perception négative associée à la
Altération de la qualité des crustacés, des mollusques, des poissons et qualité des produits de la mer, même en ce qui touche les pêches
des stocks d’élevage d’une façon qui les rend impropres à la régionales qui n’ont pas été contaminées (GENIVAR, 2013).
consommation (IPIECA, 2007). Diminution de la collecte des naissains de l’année en cours et perte
Souillure et contamination des engins de pêche, des navires et des de production à moyen terme (aquaculture).
installations d’aquaculture (jusqu’à la disparition complète des Diminution des retombées économiques dans certains secteurs
hydrocarbures dans la région) qui entraînent une hausse des coûts (transformation, commercialisation, transport, vente en gros et au
Pêcheries d’exploitation (coûts additionnels de nettoyage et d’entretien; détail des fruits de mer, etc.).
commerciales, GENIVAR, 2013). Coûts accrus associés aux navires pour les pêcheurs en raison de
aquaculture, chasse au Réduction des revenus attribuable à la suspension des activités de l’augmentation de la distance qui les sépare des ressources
phoque pêche et de chasse (zones polluées et présence d’activités de (déplacement des ressources et de la pêche) (IPIECA, 2007).
nettoyage; GENIVAR, 2013).
Diminution des revenus de la chasse au phoque en raison d’une perte
de valeur des fourrures tachées, s’il est toujours possible d’aller
chasser.
Réduction ou suspension des activités des usines de transformation
de fruits de mer et de poissons qui ont besoin d’eau pompée (non
contaminée) pour fonctionner.
Augmentation considérable de la circulation dans les voies
S.O.
navigables régionales maritimes et intérieures attribuable aux
activités de confinement, d’assainissement et de remise en état
réalisées par bateau.
Perturbation ou retard des activités portuaires en raison de la
Transport maritime
contamination des eaux ou des infrastructures.
Interruption ou retard du transport maritime en raison de la
contamination des eaux des voies navigables.
Interruption du transport maritime en cas de contamination de la
coque des navires (Stratford, 2010).
Économique (suite)
Perte considérable de revenus et d’emplois dans les collectivités dont Perte considérable de revenus et d’emplois dans les collectivités dont
l’économie est principalement axée sur la pêche et le tourisme. l’économie est principalement axée sur la pêche et le tourisme.
Coûts accrus associés à la pratique de certaines activités, telles que la Perte considérable de revenus dans tous les secteurs de retombées
Emplois et pêche. liés à la pêche et au tourisme (GENIVAR, 2013).
investissements Diminution des revenus des fournisseurs de services de traversier
(baisse du tourisme) ou augmentation des revenus attribuable au
trafic de traversiers généré par les équipes de nettoyage du
déversement.
Perturbation des activités touristiques et récréatives (excursion Diminution des retombées économiques dans le secteur.
d’observation des baleines, plongée sous-marine, voile, kayak de Déplacement des activités touristiques et récréatives dans les
mer, etc.). collectivités avoisinantes bordant des eaux côtières ou intérieures
Diminution de la pêche récréative (fermetures, peur de la (non contaminées) ou baisse possible du tourisme également dans ces
contamination, non-disponibilité des bateaux et congestion aux sites régions en raison de l’altération régionale (GENIVAR, 2013).
Tourisme et loisirs
à l’extérieur de la zone touchée) (EVOSTC, 1994). Baisse du tourisme de croisière.
Diminution des revenus des fournisseurs de services de traversier. Diminution de la pêche récréative : fermetures, peur de la
contamination, non-disponibilité des bateaux et congestion aux sites
à l’extérieur de la zone touchée (EVOSTC, 1994; Butler et
Sayre, 2010).
Sociale
Perturbations des activités maritimes des Autochtones. Diminution des retombées économiques associées à la pêche
commerciale.
Diminution de la pêche traditionnelle ayant une signification
spirituelle et culturelle (répercussions sur les avantages sociaux,
Utilisation par les
culturels et éducatifs, entre autres, de ces activités) (Ngaio et
Autochtones
Sumaila, 2012).
Bouleversement culturel, stress psychologique et perturbation de
l’infrastructure sociale (Ngail et Sumaila, 2012).
Santé de la population directement touchée.
Sociale (suite)
Amoindrissement de la qualité esthétique et activités Altération de l’intégrité des ressources archéologiques côtières et
perturbatrices des équipes de nettoyage. sous-marines et des sites patrimoniaux (répertoriés ou non)
Paysage Altération de la qualité du paysage. (GENIVAR, 2013).
Réservoirs persistants de pétrole sous la surface terminant leur course
sur les plages (GENIVAR, 2013).
Stress psychologique accru (attribuable au déversement Bouleversement culturel, stress psychologique et perturbation de
d’hydrocarbures) qui donne lieu à des impacts directs sur la santé, tels l’infrastructure sociale (Ngaio and Sumaila, 2012).
Santé et qualité de vie que des maux d’estomacs, des maux de tête et de l’insomnie Impacts directs sur la santé de la population (anxiété, état de stress post-
(GENIVAR, 2013). traumatique, dépression, etc.) (GENIVAR, 2013; Ngaio et
Sumaila, 2012).
1
On entend par impacts à court terme ceux qui sont observables immédiatement après un déversement ou qui se font sentir sur un horizon de quelques mois, voire une ou deux
années.
2
Les impacts à long terme sont ceux qui persistent dans le temps (au-delà d’une ou deux années). Leurs effets se feront sentir plus ou moins longtemps selon plusieurs facteurs,
dont l’importance du déversement, le lieu de l’incident/accident, etc.
La première partie de ce chapitre présente des données historiques (sur 10 ans) relatives au transport
maritime des hydrocarbures. La seconde partie fournit des informations sur les volumes d’hydrocarbures
transitant dans les différents ports du Québec. La section suivante donne quelques indications quant aux
coûts d’affrètement des navires. Enfin, la quatrième partie rassemble certaines informations relatives à
différents projets actuellement en analyse au Québec et qui pourraient avoir des impacts sur le trafic
maritime.
Dans le cadre de cette étude, le trafic maritime considéré est celui qui concerne les navires marchands
transportant des marchandises. La base de données INNAV est compilée à partir des informations
recueillies par les Services de communication et de trafic maritimes (SCTM) de la Garde côtière
canadienne. Afin de faciliter les analyses, les catégories de navires présentes dans INNAV ont été
regroupées tel que le montre le tableau suivant.
Tableau 2
Regroupement des catégories de navires6
6
Il existe un type de navire qui transporte à la fois du vrac solide est des produits pétroliers. Ce type de navire s’appelle Ore-
Bulk-Oil (OBO). Dans cette étude, ce type de navire est assumé être un vraquier puisqu’un seul navire est associé à ce type, soit
le Arctik qui transporte le minerai de mines de l’Arctique.
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 43
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Il est dès lors plus facile d’analyser les informations sur les mouvements de navires et de mettre en
exergue les navires citernes transportant soit du pétrole brut, des produits raffinés, du gaz liquéfié ou bien
des produits chimiques (les citernes transportant de la mélasse sont classés dans « autres navires »). Suite
à ces regroupements, le tableau suivant montre que les navires citernes représentent un peu plus de 25 %
des déplacements de navires marchands sur le Saint-Laurent pendant la période allant de 2004 à 2013.
Tableau 3
Déplacements annuels de navires marchands sur le Saint-Laurent (2004 à 2013)
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
OBO 54 53 88 42 82 51 58 36 47 31
Porte-conteneur 640 617 730 724 808 715 650 693 598 571
RORO 76 77 69 66 67 68 76 52 38 24
Vraquier 3 377 3 519 3 899 3 797 3 611 2 976 3 403 3 467 3 685 3 351
Cargo général 783 634 593 772 721 656 790 726 679 677
Autres navires 4 6 7 22 4 4 4 2
Autres navires 4 930 4 904 5 385 5 408 5 311 4 470 4 977 4 978 5 051 4 656
Pétrolier (raffiné) 743 951 980 937 839 655 673 862 910 697
Pétrolier (brut) 177 200 173 188 187 150 197 192 186 177
Chimiquier 558 645 632 791 722 766 812 907 867 827
Navire gazier 4 2 2
Navires citernes 1 482 1 796 1 785 1 916 1 748 1 573 1 682 1 961 1 965 1 701
% navires citernes 23% 27% 25% 26% 25% 26% 25% 28% 28% 27%
Total 6 412 6 700 7 170 7 324 7 059 6 043 6 659 6 939 7 016 6 357
Graphique 2
Nombre de déplacements de navires marchands (2004 à 2013)
Tableau 4
Dimension moyenne des navires citernes fréquentant le Saint-Laurent (2004 à 2013)
En effet, les pétroliers transportant du brut ont une capacité de transport (port en lourd) environ 6 fois
supérieure à celle des navires chimiquiers et pétroliers transportant des produits raffinés.
Sur une base mensuelle, il appert clairement que le trafic maritime marchand diminue en période
hivernale. Ceci est dû à la fermeture de la Voie maritime du Saint-Laurent. Le graphique suivant montre
également que le nombre de mouvements des navires citernes suit la même tendance que les autres types
de navires.
Les déplacements des navires citernes sont très variés. Ces derniers transportent des hydrocarbures autant
pour l’alimentation des raffineries, de la distribution de produits raffinés ou bien pour la desserte de
régions isolées. La matrice suivante montre les 10 principaux ports d’origine et de destination des navires
citernes. Il appert clairement que les ports de Montréal et de Québec (incluant le terminal de Lévis)
génèrent la très grande majorité du trafic. La présence de raffineries dans ces deux villes explique la
situation. Il faut mentionner que la base de données INNAV ne précise pas l’origine ou la destination des
navires en dehors des eaux canadiennes. De plus, la base de données actuelle identifie seulement les ports
situés au Québec. Les ports des Grands Lacs et de l’Atlantique sont donc présentement catégorisés
comme « Extérieurs » au même titre que les ports des autres pays. Il faudrait donc pousser plus loin les
recherches afin d’identifier le trafic de transit avec plus de détails.
Extérieur 16,6 246,3 17,1 2,3 248,0 0,1 30,1 30,7 16,0 1,4 608,6
Montréal / Contrecoeur 8,8 - 2,7 3,0 104,5 0,6 2,9 18,0 1,1 282,6 424,2
Québec 1,1 136,4 0,8 9,7 0,4 22,5 4,1 7,1 1,0 212,6 395,7
Ports d'origine
Sorel 14,5 0,3 1,1 8,4 - 0,7 0,4 0,2 30,1 55,7
Sept-Îles 4,3 0,2 0,7 4,7 - - 0,6 - 27,0 37,5
Bécancour 2,9 0,1 - 3,8 - - - 0,4 22,7 29,9
Rimouski 2,6 - 18,9 - - - - 1,6 23,1
Trois-Rivières 1,6 5,9 0,3 0,1 1,5 - - 0,4 - 12,6 22,4
Port Saguenay 1,8 5,0 - 4,0 - 0,1 0,5 3,7 7,0 22,1
Gaspé 0,5 0,1 1,3 1,4 - - - - 13,2 16,5
Total (10 premiers) 29,9 418,4 21,6 18,2 395,6 23,2 37,9 57,7 22,4 610,8
Selon le tableau, le trafic de transit, soit le passage d’un navire citerne des Grands Lacs à un autre port à
l’extérieur du Québec se limiterait à 1,4 passage en moyenne par année de 2004 à 2013. Considérant que
la production des raffineries et la consommation d’hydrocarbures ne sont pas saisonnières, il est normal
que le transport de ce type de produit sur la voie maritime ne soit pas très fréquent. La carte suivante
montre le flux de transport des carburants et des produits chimiques de base sur le Saint-Laurent en 2006.
Source : CPCS
D’autres ports régionaux sont utilisés pour la distribution de produits pétroliers au Québec. Le port de
Rimouski est un bon exemple. Le tableau montre clairement qu’en moyenne il y a une vingtaine de
voyages annuels entre Québec et Rimouski. Il est à noter que Baie-Comeau et Port Saguenay possédaient
autrefois leurs installations maritimes, mais la fermeture de ces dernières fait en sorte que les produits
raffinés sont dorénavant transportés par la route. La carte suivante, tirée de l’Étude multimodale du
transport de marchandises au Québec (CPCS, 2013), montre le flux des camions transportant du
carburant.
Source : CPCS
Les navires proviennent de différents pays. Les 10 principaux pays représentent 15 000 des 17 000
voyages de navires citernes qui ont eu lieu entre 2004 et 2013. Les navires canadiens sont en moyenne les
plus petits mais ce sont eux qui effectuent le plus de transits. Ces déplacements sont directement liés à la
distribution de produits pétroliers à partir des raffineries. Les navires canadiens représentent donc environ
45 % des déplacements de navires citernes au Québec.
Tableau 6
Pavillon et dimension moyenne des navires citernes (2004 à 2013)
Longueur Tirant Largeur
Nombre de Port en lourd
Pays moyenne d'eau moyenne
voyages moyen (tpl)
(m) moyen (m) (m)
Canada 7 870 14 249 133 8,5 20,2
Grèce 1 385 134 140 259 15,7 45,2
Liberia 1 135 43 734 179 11,4 29,1
Iles Marshall 1 017 41 791 173 11,2 28,2
Bahamas 841 30 213 153 10,2 25,3
Panama 832 27 855 158 10,3 25,4
Singapour 787 22 621 144 9,6 23,3
Inconnu 769 37 145 164 9,7 24,3
Norvège 512 32 695 169 10,3 25,9
Malte 502 30 462 156 10,1 25,4
Total (10 premiers) 15 650 33 038 156 9,9 23,8
Total 17 609 33 643 158 10,0 25,2
Sources : Innovation maritime, INNAV
En comparant cette donnée à celle du taux d’accident, il appert que les navires citernes canadiens
génèrent environ 55 % des incidents et des accidents pour ce type de navire (voir tableau 16). Donc, les
navires canadiens ou étrangers ont des taux d’incidents/accidents qui sont sensiblement équivalents au
niveau d’activités qu’ils représentent.
Les données sur les trafics portuaires sont classées par catégories de produits. Pour la majorité des
produits, il est possible de déduire, avec assez de certitude, s’ils sont transportés sous forme de vrac solide
ou liquide. Par exemple, il est évident que les minerais et concentrés sont majoritairement transportés en
vrac sec par des vraquiers. Il en va de même pour les hydrocarbures qui sont transportés majoritairement
par des navires citernes.
Toutefois, concernant les produits chimiques, ces derniers peuvent être transportés soit sous forme liquide
ou solide. Ainsi dans le cadre de ce projet, seuls les hydrocarbures seront analysés plus en détails, compte
tenu du type de navire utilisé pour les produits chimiques.
Depuis 2004, les ports du Québec manutentionnent plus de 100 millions de tonnes de marchandises
annuellement. Les trafics portuaires ont atteint presque 126 millions de tonnes en 20117. De ces tonnages,
les hydrocarbures de toutes natures représentent environ 20 %.
7
2011 est l’année la plus récentes des données des trafics maritimes produites par Statistiques Canada.
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 52
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Graphique 4
Évolution des tonnages chargés et déchargés au Québec (2004 à 2011)
Les ports de Québec et de Montréal manutentionnent près de 90 % des hydrocarbures de 2004 à 2011. La
présence de raffineries de pétrole et d’usines de produits chimiques dans chacune de ces villes explique
cette observation.
Pour les autres villes telles que Trois-Rivières, Baie-Comeau, Port-Cartier, Sept-Îles et Saguenay, les
besoins en produits pétroliers s’expliquent par la présence d’installations industrielles lourdes. Toutefois,
dans le cas de Rimouski, il n’y a pas d’installation industrielle lourde et les manutentions de carburants
s’inscrivent dans la logistique de distribution de produits raffinés en région. Il en fut autrefois de même au
Saguenay mais les installations ont été fermées avant 2004 et le carburant est depuis transporté par voie
terrestre. Dans le cas de Baie-Comeau, les installations de distribution de produits raffinés ont également
été fermées il y a quelques années. Cela peut expliquer la chute des manutentions depuis 2009 dans ce
port. Il est également observé que Sorel manutentionne de plus en plus de produits pétroliers à partir de
2009.
En analysant le trafic de Sorel de plus près, on observe que la majorité des tonnages d’hydrocarbures est
expédiée vers la Côte est américaine.
Tableau 9
Expéditions de produits pétroliers à partir de Sorel (en tonnes)
2005 2006 2007 2009 2010 2011
Côte est (États-Unis) 21 654 88 176 88 425 91 967
Grands Lacs (États-Unis) 6 537 35 800
Europe 22 019
Golfe du Mexique (États-Unis) 6 504
Total 6 537 35 800 43 673 88 176 88 425 98 471
Sources : Innovation maritime, Statistiques Canada
Tableau 10
Spécifications des terminaux pétroliers sur le Saint-Laurent
Toutefois, peu d’informations sont publiées sur les capacités de manutention ainsi que les capacités
d’entreposage pour les hydrocarbures seulement. Cela s’explique par le fait que, outre les quais, ces
infrastructures sont majoritairement privées et que peu d’informations techniques sont publiées. Pour en
savoir plus, il faudrait contacter directement les terminaux afin d’avoir de l’information exacte et à jour.
Comme pour différents types de navires, il existe des bourses de fret pour les pétroliers qui donnent un
ordre de grandeur du coût pour le transport de pétrole. Le tableau suivant montre des taux de fret
journalier pour un pétrolier Suezmax.
Le taux de fret journalier pour les contrats d’affrètement d’une année sont moins volatiles que les taux sur
le marché « spot ». Au cours de l’an dernier, les taux d’affrètement de ce type de navire était d’environ
20 000 $/jour. Dans le cas du marché « spot », les taux ont varié entre 7 500 $/jour à plus de
45 000 $/jour.
Notons que les normes du travail, l’environnement fiscal et la réglementation nationale font en sorte que
chaque pays a un marché qui lui est propre. Dans le cas du Canada, seules quelques entreprises font du
transport maritime de produits pétroliers et il est donc très difficile d’estimer les coûts pour le transport
d’hydrocarbures par navires avec un navire canadien. Des recherches supplémentaires seraient requises
pour fournir des informations plus précises.
Cette section vise à répertorier les projets faisant actuellement l’objet d’analyses ou de discussions et qui
pourraient avoir des impacts à court ou long terme sur le transport maritime des hydrocarbures au
Québec.
Il s’agit, dans tous les cas, de projets de nature privée pour lesquels des informations ont filtré dans les
médias québécois. Les informations présentées plus bas sont, de fait, tirées des principaux quotidiens du
Québec mais aussi de la compilation faite par le Groupe de travail sur le transport maritime des
hydrocarbures8.
8
Ce Groupe de travail agit dans le cadre du Comité de concertation de navigation (animé par Transports Canada et le ministère
des Transports du Québec). Le Groupe a produit en avril 2014 un document interne intitulé « Données concernant les nouveaux
mouvements maritimes de pétrole brut sur le Saint-Laurent ».
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 56
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Si, jusqu’à récemment, le pétrole importé et raffiné au Québec provenait pour beaucoup de l’Afrique et du
Nord de l’Europe, l’augmentation significative de la production d’hydrocarbures aux États-Unis couplée à
celle de l’Ouest canadien a induit une nouvelle dynamique sur les marchés. Les deux grandes raffineries
du Québec (Suncor et Valéro) y ont vu une opportunité de diversifier, voire de modifier significativement,
leurs sources d’approvisionnement. Ainsi, qu’elles voyagent par rail ou par navire, on note désormais que
des quantités plus importantes de pétrole brut provenant de l’Amérique du Nord alimentent désormais les
raffineries du Québec. Cette dynamique est susceptible de s’accentuer si les grands projets
d’infrastructure visant le transport d’hydrocarbures par pipelines en direction ouest/est se concrétisent.
Si ce projet allait de l’avant, Valéro recevrait par oléoduc dans ses installations de Montréal du
pétrole brut provenant de l’Ouest canadien. Le produit serait par la suite transporté sur le Saint-
Laurent entre Montréal et Lévis (raffinerie de Valéro). Une co-entreprise (Transports maritimes
St-Laurent) a été formée entre Valéro et le Groupe Desgagnés pour assurer le transport du pétrole
brut. Deux navires de classe Panamax doivent être mis en service pour faire la « navette » entre
les installations de Valéro de Montréal et de Lévis. On estime à 100 le nombre annuel de voyages
requis entre les deux villes afin de transporter, par la voie maritime, les volumes ciblés. En
contrepartie, le nombre de grands navires citernes provenant de l’étranger à destination de la
raffinerie de Lévis devrait diminuer de façon significative9. S’il se concrétise, le projet
d’Enbridge permettrait d’acheminer entre 240 000 et 300 000 barils de pétrole par jour en
provenance de l’Ouest canadien10.
Il s’agit d’un projet visant à acheminer du pétrole de l’Ouest canadien (Alberta) jusqu’au
Nouveau-Brunswick (raffinerie de St-John) en passant par le Québec. Le projet prévoit
notamment la construction d’un pipeline sur une distance de 1 500 km (capacité de 1,1 million de
barils par jour) au Québec et au Nouveau-Brunswick. Il prévoit aussi la construction dans le Bas-
Saint-Laurent d’un terminal dédié à l’exportation de pétrole. Le site visé est Gros-Cacouna.
9
Journal Le Soleil, édition du 21 mars 2014, « Transport de pétrole brut sur le Saint-Laurent : Valéro choisit le Groupe
Desgagnés ».
10
Journal La Presse, édition du 7 octobre 2014, « Le projet d’inversion de la ligne 9B d’Enbridge retardé ».
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 57
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Ce projet fait l’objet de beaucoup de débats. Une grande part, sinon la totalité du pétrole brut qui
transiterait par Gros-Cacouna serait destinée à l’exportation. On évoque que quelque 175
pétroliers par année pourraient passer par le terminal de Gros-Cacouna s’il devait voir le jour (38
pétroliers de type Aframax et 137 de type Suezmax)11.
Notons que les perspectives d’utiliser le fleuve Saint-Laurent comme une voie d’exportation du
pétrole brut de l’Alberta sont déjà bien réelles. L’entreprise Kildair, qui a racheté des installations
d’Hydro-Québec, dispose d’infrastructures à Sorel-Tracy lui permettant de stocker puis
d’expédier par navires du pétrole brut de l’Alberta reçu par la voie terrestre (train). Son terminal
accueille des navires de type Aframax12. Le schéma suivant montre les installations de Kildair à
Sorel-Tracy.
Carte 5
Localisation des principales infrastructures de Kildair à Sorel-Tracy
Le port de Québec a lui aussi fait savoir qu’il étudie la possibilité, dans ses projets d’agrandissement,
d’ajouter des infrastructures qui lui permettraient de devenir un point de sortie pour les exportations de
11
Journal La Presse, édition du 31 octobre 2014, « Oléoduc Énergie Est : 175 pétroliers à Cacouna ».
12
Journal Le Devoir, édition du 5 novembre 2014, « Une évaluation environnementale réclamée d’urgence à Sorel-Tracy ».
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 58
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
produits pétroliers canadiens. L’aménagement d’un quai en eau profonde de type duc-d’Albe est
envisagé13.
Somme toute, le développement de l’industrie pétrolière dans l’Ouest canadien, et plus généralement en
Amérique du Nord, est de nature à modifier sensiblement les flux des navires pétroliers sur le Saint-
Laurent (provenance/destination, types de navires, etc,). D’ores et déjà, une activité plus importante est
notable au terminal de Sorel-Tracy. Par ailleurs, des navires en provenance du Texas et de la Louisiane
approvisionneraient désormais les raffineries de Suncor et de Valéro14.
Il n’est pas possible, dans le cadre du présent mandat, de donner un portrait précis des changements
récents relatifs aux mouvements des navires. Une analyse plus fine du trafic, qui permettrait de retracer
les points d’origine et de destination des navires, serait utile pour mieux comprendre les changements qui
s’opèrent depuis quelques années. Une telle étude pourrait aussi permettre de voir la dynamique qui se
dessine au niveau de la région des Grands Lacs (mouvements de navires citernes vers l’aval du Saint-
Laurent). Des échanges avec les principales entreprises impliquées dans les opérations liées au transport
des hydrocarbures au Québec faciliteraient l’établissement d’un portrait clair de la situation actuelle et des
perspectives futures.
Au-delà des projets évoqués plus haut, notons que les travaux d’exploration initiés au Québec visant les
hydrocarbures pourraient, eux aussi, avoir des impacts sur le transport maritime. Deux entreprises
québécoises (Pétrolia et Junex) sont actives notamment en Gaspésie et à Anticosti. Si leurs résultats sont
probants, ces entreprises devront envisager le transport de leur produit par la voie fluviale. Pétrolia, dont
les travaux d’exploration sur le site Bourque sont bien avancés, vise l’horizon de 2017 pour démarrer une
éventuelle production. L’entreprise examine déjà les possibles options permettant de livrer par bateau du
gaz naturel liquéfié vers la Côte-Nord15.
Du côté de l’exploration en milieu marin, le projet visant le gisement Old Harry dans le Golfe Saint-
Laurent fait l’objet de discussions depuis plusieurs années. La mise en exploitation de ce gisement (non
prévue pour le moment) aurait assurément une incidence importante sur le trafic maritime des
hydrocarbures au Québec.
13
Journal Le Soleil, édition du 11 octobre 2014, « Du pétrole canadien exporté de Québec ? ».
14
Groupe de travail sur le transport maritime (avril 2014).
15
Journal Le Soleil, édition du 19 novembre 2014, « Gaz naturel liquéfié : Pétrolia veut fournir la Côte-Nord ».
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 59
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 60
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
4 DONNÉES RELATIVES AUX INCIDENTS/ACCIDENTS IMPLIQUANT DES
NAVIRES CITERNES SUR LE SAINT-LAURENT
Comme pour les autres modes de transport, différents types d’incidents/accidents arrivent aux navires
fréquentant le Saint-Laurent. Le graphique suivant montre l’évolution du nombre d’incidents/accidents
ainsi que la moyenne mobile sur 5 années. On observe une tendance à la baisse du nombre
d’incidents/accidents avec deux périodes où ils furent plus nombreux, soit celle de la fin des années 1980
au milieu 1990 et celle du milieu à la fin des années 2000.
Graphique 6
Évolution du nombre d’incidents/accidents de navires sur le Saint-Laurent
Source : MARSIS
La base de données MARSIS identifie un peu moins de 200 types différents d’incidents/accidents. Dans
le but de faciliter l’analyse, ces derniers ont été regroupés. Le tableau suivant décrit brièvement les
différents groupes d’incidents/accidents.
Regroupement Description
Le tableau suivant montre que depuis 1980, environ 6 500 incidents et accidents maritimes ont eu lieu.
Tableau 12
Types d’incidents/accidents et gravité (1980 à 2013) sur le Saint-Laurent
Gravité des dommages au navire
Regroupement
Aucun Mineur Important Perte totale Inconnu Total
Collision/contact 593 905 60 14 685 2257
Mécanique 231 270 26 1 665 1193
Accidents divers 186 211 16 11 450 874
Échouement/talonnage 374 265 47 22 164 872
Structure 26 297 15 2 70 410
Feu/explosion 42 146 40 80 51 359
Ancrage/amarrage 42 105 22 24 51 244
Stabilité 18 45 13 16 28 120
Coulé 10 15 8 49 33 115
Bris remorque 14 12 1 4 34 65
Cargaison 12 20 14 46
Abandonné en mer 1 1 2 1 5
Déversement pétrole 1 1 2 4
Total 1550 2292 249 225 2248 6564
Source : MARSIS
De ces évènements, environ 250 (3,7 %) sont réputés avoir causé des dommages importants au navire.
Concernant les pertes totales, la majorité des navires en cause sont des bateaux de pêche ou de plaisance.
Depuis 1980, les pétroliers et navires chimiquiers de différents types ont été impliqués dans environ 560
évènements, 16 d’entre eux ont causé des dommages importants aux navires et 3 des pertes totales.
Trois pétroliers furent réputés perte totale durant cette période. En 1981 c’est un feu qui se déclara dans
les accommodations du pétrolier Hudson Transport. Le feu ne s’est pas propagé aux réservoirs de la
marchandise ni aux soutes du navire.
Par la suite, le Rio Orinocco, pétrolier de 135 mètres de long s’est échouée en 1990 sur l’Île d’Anticosti.
Cet accident a été causé par une panne de moteur et, compte tenu de la mauvaise température, le navire a
chassé sur son ancre jusqu’à l’échouement. Cet accident occasionna un déversement de 185 tonnes16
d’hydrocarbure (FIPOL, 2014), majoritairement dans les soutes du navire. En effet, compte tenu qu’il
transportait de l’asphalte, la marchandise s’est refroidie et a figé dans les cales.
Toujours en 1990, l’Enerchem Fusion s’est échoué au large du Quai Maltais à Chicoutimi. Le navire s’est
échoué suite à une erreur de manœuvre qui a causé un déversement. La cargaison des réservoirs
endommagés a été transférée vers d’autres réservoirs afin de limiter les dégâts.
16
À titre de comparaison, l’Exxon Valdez a déversé 40 000 tonnes de pétrole brut.
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 63
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Le tableau suivant résume les accidents et les incidents ayant occasionné des dommages importants et qui
impliquaient un pétrolier dans le Saint-Laurent de 1980 à 2013. La base de données MARSIS ne
mentionne pas s’il y a eu des fuites de pétrole, soit de la marchandise, soit des soutes. Dans le tableau
suivant, les pétroliers ayant fait l’objet d’une perte totale sont identifiés en gris. Un déversement à
Hamilton a également été ajouté en italique. Bien que n’ayant pas eu lieu au Québec, un déversement sur
les Grands Lacs peut avoir un impact sur le Saint-Laurent.
Tableau 14
Navires impliqués dans des incidents/accidents ayant causé des dommages importants
(1980 à 2013)
Accident Collision Échouement/
Feu/explosion Mécanique
divers /contact talonnage
DARA DESGAGNES 2013
ENERCHEM FUSION 1990
ENERCHEM TRAVAILLEUR 1981
HUDSON TRANSPORT 1981
IRVING ESKIMO 1981 1983
JADE STAR 2000
LE CEDRE NO. 1 1981
LE CHENE NO. 1 1984
MARINOR 1997
MCASPHALT 401 1987
MOOR 2011
MORUY 1998
NANCY ORR GAUCHER 1989
RIO ORINOCO 1990
SICHEM HONG KONG 2009
SICHEM MUMBAI 2009
W.M. VACY ASH 1992
WELLINGTON KENT 1984
On présente, à la page suivante, les détails relatifs aux incidents/accidents impliquant des pétroliers. Les
informations sont tirées des rapports du Bureau de la sécurité des transports.
1.Le remorqueur arrière a exercé considérablement plus de poussée que celui à l’avant et le navire s’est abattu
vers bâbord durant l’approche.
2. L’embardée vers bâbord était telle qu’un des officiers et le capitaine ont manifesté leur inquiétude.
3. Au lieu de corriger cette embardée, l’ordre de recommencer à tirer est ensuite transmis au remorqueur à
Erreur de jugement l’arrière accentuant davantage l’embardée.
dans la manœuvre du Heurt du caisson no 4 au Quai Déversement de pétrole brut. 4. Il y a eu perte de communication radio entre le pilote et les remorqueurs et le remorqueur arrière n’a pas reçu
navire et interruption d'Ultramar par le Czantoria. Le Présence d'une nappe d'huile autour l’ordre d’arrêter de tirer.
Lévis (Installations 5. La panne du radiotéléphone VHF portatif du pilote a probablement été causée par une pile électrique à plat.
Czantoria 8 mai 1988 des communications bordé de la muraille du navire est des caissons et du navire et forte
portuaires d'Ultramar)
radio avec les rupturé et il y a fuite de la concentration en vapeur 6. Faute d’entendre une réplique d’arrêter de tirer de la part du remorqueur arrière, on n’a pas réagi
remorqueurs lors de cargaison en pétrole brut. d'hydrocarbures immédiatement sur la passerelle en utilisant l’équipement de radio du navire.
l'accostage. 7. Le mouvement avant du navire a écrasé et repoussé la défense flottante, la rendant inefficace et l’épaule de la
proue a été rupturée par la bordure supérieure du caisson no 4 laquelle n’offrait aucune protection.
8. Alors qu’il n’y avait pas des défenses sur la partie supérieure du caisson no 4, il y en avait sur les autres
caissons.
9. Le navire n’était pas équipé d’un propulseur d’étrave pour l’assister à accoster.
1. Le capitaine et les pilotes avaient préalablement discuté en détail de l'approche du quai Albert-Maltais, mais il
n'avait pas été établi qui aurait la conduite du navire au cours de la manoeuvre d'accostage.
2. Selon le capitaine, le navire se trouvait à proximité de la bouée S51 lorsqu'il a constaté que le navire avait abattu
au-delà du cap d'approche prévu. Par conséquent, il a repris la conduite du navire, ce qu'il a confirmé verbalement
Échouement et déversement mineur
au pilote.
d'hydrocarbures.Une barrière de
3. Selon le pilote, le navire n'était pas en difficulté et n'avait pas commencé à abattre lorsque le capitaine a repris
rétention a été installée autour du
la conduite du navire, et il n'y a eu aucune confirmation verbale de cette prise en charge.
pétrolier. Une partie de la cargaison
Le «ENERCHEM FUSION» s'est 4. Les éléments de preuve recueillis n'ont pas permis de déterminer si le navire était en difficulté lorsque le
a été transférée dans d'autres
échoué à la suite d'une erreur de capitaine en a repris la conduite.
citernes afin de limiter la
manoeuvre dans un courant de 5. Le pilote a supposé que le capitaine avait repris la conduite du navire lorsque celui-ci a entrepris de manœuvrer
Enerchem Fusion 20 juillet 1990 Chicoutimi is avec l'appareil à gouv contamination des divers produits
marée et dans une position où il avec les machines principales sans avoir recours aux conseils du pilote.
transportés.
était impossible de reprendre la 6. Le pilote a continué de fournir conseils et assistance au capitaine.
La Division des urgences maritimes
maîtrise de la situation. 7. Les mouvements des machines principales effectués au cours de l'approche du quai ont diminué l'erre du navire
de la Garde côtière canadienne
et ont gêné sa capacité de gouverner dans le courant.
(GCC) a jugé que la pollution avait
8. Sous l'effet du courant, le navire s'est échoué en bordure du bassin d'évitage.
été négligeable.
9. Le navire accusait une assiette prononcée sur le nez qui aurait dû le rendre plus difficile à gouverner.
10. Le navire s'est échoué sur un rocher par son milieu à marée descendante et s'est arqué. Les avaries ont été
telles que le navire a été déclaré perte virtuelle totale.
11. Le capitaine n'a pas soumis de rapport écrit indiquant les motifs de sa reprise de la conduite du navire, comme
l'exige la Loi sur le pilotage.
Carte 6
Localisation des déversements de pétrole répertoriés par la FIPOL (1980 à 2014)
Source : Fonds internationaux d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL)
En 1988, le Czantoria heurtait le quai au terminal de Saint-Romuald. Classé comme incident dans la base
de données MARSIS, il n’y a pas de dommage répertorié au navire et la quantité déversée n’est pas
documentée.
Bien que n’ayant pas eu lieu au Québec, d’autres déversements de pétrole auraient pu avoir des impacts
sur le Saint-Laurent. En 1989, le Nancy Orr Gaucher a déversé 250 tonnes d’hydrocarbures dans le port
d’Hamilton lors des opérations de déchargement (FIPOL 2014).
« Les premières opérations d’intervention ont été menées par le terminal pétrolier.
Elles ont notamment consisté à contenir le déversement dans la zone portuaire au
moyen de barrages flottants et de paille destinée à absorber les hydrocarbures. Le
propriétaire du King Darwin a engagé une entreprise privée pour mener les
opérations de nettoyage du littoral, des défenses contre les glaces, des revêtements
Le tableau suivant montre l’origine des pétroliers ayant eu un incident/accident depuis 1980.
Tableau 16
Pays d’origine des pétroliers ayant eu un incident/accident (1980 à 2013)
Pays Nombre
CANADA 310
LIBERIA 43
PANAMA 36
SINGAPOUR 23
NORVÈGE 21
BAHAMAS 20
MALTE 15
CHYPRE 13
GRÈCE 13
ILES MARSHALL 13
AUTRES PAYS 56
Total 563
Il appert que la majorité des incidents ou accidents provient de navires immatriculés au Canada. Par
contre, ces données ne donnent pas un taux d’incidents/accidents proportionnel au temps passé dans le
Saint-Laurent. Le tableau suivant montre le taux d’incidents/accidents en fonction du nombre de passages
de navires entre 2004 et 2013.
Tableau 17
Taux d’incidents/accidents par pays (2004 à 2013)
Nombre de Taux
Pays
voyages incidents/accidents
Canada 7870 0,025%
Grèce 1385 0,578%
Liberia 1135 1,145%
Iles Marshall 1017 0,295%
Bahamas 841 0,476%
Panama 832 1,923%
Singapour 787 1,779%
Norvège 512 0,977%
Malte 502 0,797%
Sources : MARSIS, Innovation maritime, INNAV
Présentés ainsi, les navires canadiens ont un taux d’incidents/accident de loin inférieur à tous les autres
navires provenant de pays étrangers. Les navires immatriculés au Panama ou à Singapour ont des taux
d’incidents/accidents supérieurs à la moyenne.
Une autre source de pollution par les hydrocarbures provenant des navires concerne les soutes.
Considérant la quantité de carburant que transportent les navires, plusieurs déversements mineurs
proviennent des soutes des différents navires, plus que de la marchandise des pétroliers. Toutefois, ces
évènements et les quantités déversées ne sont pas répertoriés dans la base de données MARSIS. Des
investigations supplémentaires devraient être faites auprès de Transports Canada et de la Société
d’intervention maritime de l’Est du Canada.
Ainsi, selon la base de données MARSIS, il appert que les risques d’incidents/accidents des pétroliers ne
sont pas supérieurs à ceux d’autres navires. Par ailleurs, compte tenu du manque d’information dans la
base de données, il n’est pas possible de mesurer les quantités d’hydrocarbures déversés dans le Saint-
Laurent et de les attribuer à un type de navire en particulier.
Cette section présente les grandes lignes du cadre réglementaire relatif au transport des hydrocarbures. On
présente tour à tour les conventions internationales, les lois et règlements spécifiques au Canada, ceux
spécifiques au Québec et, enfin, d’autres mesures d’intérêt pour le sujet à l’étude.
Le transport maritime étant une activité internationale, les États impliqués, sous l’égide des Nations
Unies, se sont dotés d’une organisation maritime internationale (OMI). Cette tribune permet le
développement de conventions, de codes et de guides destinés aux parties prenantes. Si ces outils n’ont
pas force de loi, chaque État étant souverain, ils sont cependant la base sur laquelle les pays signataires
vont bâtir leur propre législation. Les documents cités dans la section « Internationale » vont donc
grandement influencer l’environnement législatif encadrant le transport maritime au Canada.
Le transport maritime dans les eaux canadiennes est de juridiction fédérale. C’est ce qui explique le large
éventail de loi et de règlements identifiés dans la section « Canadienne ». Se servant des conventions qu’il
a ratifié, le Canada met en place l’encadrement législatif requis et y inclut les particularités propres à ses
eaux. Il importe de bien comprendre que les conventions internationales représentent le minimum entendu
entre les parties et que ces dernières peuvent excéder ces exigences, dans un cadre défini permettant de ne
pas affecter indument les échanges internationaux.
L’industrie du transport maritime en est une de services. C’est la qualité des services qui assure la
pérennité des opérations. Différents documents de références, émanant de sources variées, sont associés
aux différentes facettes du transport de produits pétroliers. Une section regroupe des documents
techniques de Transports Canada et des références reconnues ou exigées par l’industrie pétrolière.
INTERNATIONAL
Convention En force depuis Opération, En force, cette convention édicte les normes
internationale sur 1984, Dernier Équipage internationales de formation, de tenue de quart et de
les normes de amendement 2010 certification. Elle prévoit les formations spécialisées
formation des exigées pour les officiers travaillant à bord des
gens de mer, de pétroliers. Son impact est donc principalement sur les
délivrance des opérations de transbordements.
brevets et de veille
(STCW) incluant
les Amendements
de Manille
Convention visant En force depuis Opération En force, la convention vise à rendre les échanges
à faciliter le trafic 1967, Dernier commerciaux plus faciles en proposant une
maritime amendement 2006 standardisation de certains documents, entre autres.
international Bien que son impact soit limité dans le transport
(FAL), 1965 d'hydrocarbure, elle permet un échange d'information
plus efficace, rendant ce même transport plus
sécuritaire.
Convention En force depuis Opération En force, cadre de référence pour la préparation des
internationale de 1995, Dernier divers acteurs afin d'être proactif dans la protection de
1990 sur la amendement 2000 l'environnement, la réaction à un déversement et la
préparation, la collaboration entre les parties impliquées. Facilite la
lutte et la réponse internationale dans le cas d'un accident
coopération en impliquant plus d'un pays. La préparation est également
matière de exigée à bord des navires qui se doivent d'avoir un plan
pollution par les d'intervention, de mener des entraînements, des
hydrocarbures exercices et de maintenir à bord le matériel approprié.
(OPRC)
Convention En force depuis Navire, Cette convention assure qu'une compensation adéquate
internationale de 1996, Dernier Opération est prévue pour les personnes affectées par un
1969 sur la amendement 2003 déversement d'hydrocarbure résultant d'un accident
responsabilité maritime impliquant un pétrolier. Pour ce faire, chacun
civile pour les de ces navires visés par la convention, doit être assuré
dommages dus à ou se doter d'une sécurité financière correspondant aux
la pollution par les sommes prévues comme étant le montant total de
hydrocarbures responsabilité de l'armateur pour un incident. Elle
(CLC 1969) couvre les dommages causés par une pollution résultant
d'un déversement d'hydrocarbure persistant dans les
eaux d'un État signataire.
Convention de En force depuis Navire Cette convention fixe les limites de responsabilités pour
1996 sur la 2004, Dernier deux types de réclamations. Les limites sont spécifiées
limitation de la amendement 2012 pour des réclamations en cas de perte de vies ou de
responsabilité en (entrera en force en blessures corporelles et pour des dommages à la
matière de 2015) propriété (tel : autres navires, les ouvrages portuaires ou
créances autres propriétés).
maritimes
(LLMC)
Convention En force depuis Navire En force. La convention vise à assurer une
internationale de 2008 indemnisation rapide et efficiente des personnes ayant
2001 sur la subis des préjudices suite à une pollution causée par un
responsabilité déversement d'hydrocarbure utilisé comme combustible
civile pour les par le navire.
dommages dus à
la pollution par les
hydrocarbures de
soute
Autre convention de l'ONU
Convention des En force depuis Navire, En force. Cette convention encadre, entre autres, tous
Nations Unies sur 1994 Opération les aspects juridiques d'un état côtier. Par le fait même
le droit de la mer elle pose les balises concernant les droits et les limites
(UNCLOS) de l'état quant au passage des navires, la protection de
l'environnement, la prévention de la pollution et le
contrôle des navires par l'état du port (Port state
control). Elle énonce également les droits et les devoirs
de l'état du pavillon (Flag state), responsable de la
règlementation visant le navire.
CANADA
Titre Entrée en Portée Note
vigueur, dernière
modification
Loi de 2001 sur la Sanctionnée Navires, Loi concernant la marine marchande et la
marine marchande Novembre 2001, équipage, navigation. C'est par cette loi que les
dernière opérations conventions internationales concernant le
modification transport maritime, applicable au Canada,
Décembre 2013 sont intégrée dans la législation
canadienne. Encadre le transport maritime
au Canada.
Règlement sur la Dernière Opérations, C'est par ce règlement qu'est mis en œuvre
gestion de la sécurité modification Juillet équipage le code ISM de SOLAS pour les navires
de l'exploitation des 2007 canadiens soumis à la convention SOLAS
bâtiments
Règlement sur Dernière Navires Défini entre autres les tests et vérifications
l'inspection des modification Juillet des citernes, fixe les fréquences
coques 2007 d'inspections
Règlement sur les Dernière Opérations Encadre certains aspects des opérations:
mesures de sécurité modification Juillet entrée dans les citernes, travaux à chaud,
au travail 2007 équipements requis, surveillance.
Règlement sur les Dernière Opérations Ce règlement encadre les activités et les
organismes modification préparations en cas de déversements
d'intervention et les Décembre 2013 requises pour les organismes
installations de d'interventions et les installations de
manutention manutention qui font affaire avec les
d'hydrocarbure transporteurs maritimes opérant des
navires citernes.
Loi sur le Pilotage Sanctionnée en Opération Loi mettant en place les services de
1985, dernière pilotage au Canada
modification en
Octobre 2011
Règlement sur le Dernière Opération, Encadrement du transport par eau pour les
transport des modification Juillet équipage matières dangereuses en colis, Code
marchandises 2014 IMDG*, formations du personnel. *Dans
dangereuses les cas de polluants marins, certaines
dispositions du code IMDG s'appliquent
aux transports par navires citernes.
Loi sur les océans Sanctionnée Opération Encadrement législatif permettant entre
Décembre 1996, autres la mise en œuvre de la convention
dernière de Montégo Bay (UNCLOS) au Canada.
modification Avril La réglementation afférente détermine
2014 notamment les zones de protection
marines au Canada.
QUÉBEC
Titre Entrée en vigueur, Portée Note
dernière
modification
Loi affirmant le caractère Dernière mise à jour Navire, Permet la poursuite en cas de
collectif des ressources en Septembre 2012 Opération dommages au plan d'eau après
eau et visant à renforcer leur déversement. Approche du pollueur
protection payeur
Loi sur la qualité de Dernière mise à jour Opération Loi permettant au Ministre
l'environnement Septembre 2012 d'ordonner la mise en place de
mesures visant à diminuer les risques
de pollution ou les dommages d'un
déversement, par une matière
dangereuse. ''L'ordonnance peut
consister notamment à faire cesser,
temporairement ou définitivement,
l'exercice d'une activité relativement
à une matière dangereuse, susceptible
d'être une source de contamination.''
Guide à l'usage des états Opération 'La nouvelle publication ‘Guide à l’usage des États Membres’
membres des Fonds est désormais disponible et peut être téléchargée depuis la page
FIPOL (IOPC) ‘Publications’ du site Web. Ce Guide traite des mesures que les
États Membres pourront envisager s’ils sont victimes de
dommages dus à la pollution des suites d’un déversement
d’hydrocarbures ou pour se préparer à cette éventualité. Ces
mesures sont destinées à faciliter le processus de traitement des
demandes d’indemnisation à la suite d’un sinistre. Le texte a été
rédigé par le sixième Groupe de travail intersessions du Fonds
de 1992 et adopté par le Conseil d’administration du Fonds de
1992 en octobre 2013.'' Fonds FIPOL (IOPC)
TP743 Processus Opération Document de référence canadien destiné aux terminaux assurant
d'examen termpol 2001 le transbordement de produits pétroliers vers ou à partir de
navires pétroliers. Couvre l'opération, la préparation et les
échanges d'informations.
Cours de formation sur Navire, Opération Formations spécialisées répondant aux standards internationaux
la sécurité des navires de formation des officiers œuvrant à bord des navires citernes.
citernes, sur l'inertage et Couvre les rôles d'opérateurs et ceux de gestionnaires, axés
sur le lavage au pétrole principalement sur la sécurité dans les opérations.
brut et cours de
surveillant d'opérations
de transbordement - TP
8129 F (2009)
Directives en matière de Navire, Opération « Les présentes directives visent à prévenir les déversements
transfert d'hydrocarbures d'hydrocarbures de cargaison ou de combustible ainsi que les
dans les eaux de dommages écologiques qui en résultent lors des transferts entre
l'Arctique - TP 10783 F deux navires ou entre un navire et un terminal ou un dépôt de
stockage côtier, ou vice-versa. Elles appliquent à
l'environnement du Nord les principes généraux déjà en vigueur
au sud du 60e parallèle » Transports Canada.
TP 12401 Normes sur Opération « Les normes d'intervention furent élaborées à la suite
les organismes d'importantes consultations qui eurent lieu avec des groupes
d'intervention d'intérêt du secteur privé. Ces derniers furent composés de
représentants du domaine des interventions en cas de
déversement, diverses industries du pétrole et du transport
maritime, de groupes environnementaux, de gouvernements
provinciaux, de la Garde côtière canadienne et d'Environnement
Canada. Les normes seront utilisées à l'étape de la planification
de sorte à être préparé à intervenir en cas de déversement
d'hydrocarbures » Transports Canada.
Normes sur les Opération « La Loi sur la marine marchande du Canada (LMMC) dans sa
installations de forme modifiée par le chapitre 36, des Lois du Canada (1993),
manutention énonce le nouveau régime d’intervention du Canada et l’état de
d’hydrocarbures 1995 préparation en cas de déversement d’hydrocarbures en milieu
TP 12402 F marin. Le régime du secteur privé vise à assurer que le Canada
soit mieux préparé à intervenir en cas de pollution
d’hydrocarbures par les navires. Le régime reconnaît qu’en
général les déversements surviennent au cours du chargement et
du déchargement d’hydrocarbures des navires et des pétroliers.
Aux termes du chapitre 36, les exploitants d’installations de
manutention d’hydrocarbures sont tenus d’avoir conclu une
entente avec un organisme d’intervention agréé et d’avoir sur
les lieux un plan de mesures d’urgence » Transports Canada.
ISGOTT (Guide to the Guide destiné aux opérateurs et aux transbordeurs de produits
safe carriage and Opérations pétroliers, couvrant les différents aspects des opérations liées au
handling of crude oil transport par eau de ce type de produit. Rédigé et révisé par trois
and petroleum products associations internationales (Chambre Internationale du
on tankers and at transport (ICS), Forum maritime international des compagnies
terminal) pétrolières (OCIMF) et l'Association internationale des ports et
des hâvres (IAPH)) ce document est de façon générale
recommandé par l'industrie comme devant être à bord des
pétroliers pour consultations et références.
Ship to Ship transfert Guide destiné aux Capitaines et aux Surintendants, couvre la
guide for petroleum, Opérations planification des opérations, l'évaluation des risques, la gestion
chemicals and liquefied du travail et la compatibilité des navires. Destiné aux
gases transbordements navire-navire, ce guide est une exigence
vérifiée lors des visites de conformité du programme des
rapports d'inspection des navires (Ship Inspection Report
(SIRE) program) du Forum maritime international des
compagnies pétrolières (OCIMF).
Les enjeux relatifs au transport maritime des hydrocarbures au Québec sont multiples et touchent à
plusieurs aspects.
Enjeu économique
L’industrie pétrolière en est une à forte capitalisation. Son développement directement au Québec et/ou
une plus grande intégration du Québec dans le circuit nord-américain de la manutention, de la
transformation (raffinage) et du transport d’hydrocarbures sont susceptibles, si le tout est bien planifié, de
générer des retombées économiques significatives pour le Québec.
L’enjeu économique réside dans la capacité du Québec à profiter de ses atouts (position géographique,
porte continentale et corridor de commerce Saint-Laurent/Grands Lacs, infrastructures, entreprises
compétitives, expertise maritime, etc.) pour tirer avantage du développement de la filière nord-américaine
des hydrocarbures.
Enjeu environnemental
L’analyse de risque effectuée pour le compte de Transports Canada en 2014 (WSP) a fait ressortir la forte
sensibilité de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent dans l’éventualité de déversements de produits
pétroliers. Les perspectives entourant l’accroissement du trafic maritime de produits pétroliers,
l’accroissement de la taille des navires et ce, dans une zone de navigation (le Saint-Laurent) reconnue
comme relativement difficile, suggèrent d’être prudent quant aux initiatives de développement à adopter.
Au-delà d’une connaissance plus fine des risques potentiels associés à un déversement d’hydrocarbures
dans l’estuaire et le golfe Saint-Laurent, l’organisation des mesures d’urgence afin de faire face à toute
éventualité apparaît comme un enjeu important du point de vue environnemental.
Par ailleurs, considérant le caractère particulier du climat au Québec, les défis que poserait un éventuel
déversement d’hydrocarbures en saison hivernale méritent une attention particulière. Il faudrait
notamment développer des modèles de dispersion et des méthodes de récupération des hydrocarbures
lorsqu’il y a présence de glace.
Enjeu social
L’industrie maritime est relativement peu connue du public. Les perceptions quant aux retombées, aux
risques et aux impacts réels que représente le transport maritime sont parfois faussées et pas suffisamment
mises en relation avec celles liées aux autres modes de transport. Il y a un défi à faire accepter
socialement que le transport des hydrocarbures par la voie maritime peut se faire sécuritairement compte
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 83
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
tenu des mesures d’atténuation des risques touchant l’utilisation de navires citernes (double pilotage,
double coque, formation, etc.). L’enjeu est à la fois social et communicationnel.
Enjeu politique
Cet aspect est celui qui devrait faire les liens entre les enjeux précédents. Il réfère davantage à la
gouvernance et aux prises de positions publiques des partis politiques eu égard au développement de
l’industrie. Les positions parfois tranchées des leaders d’opinion, dans la joute politique, ont des
incidences sur le regard que porte la société sur le développement des activités entourant l’industrie
pétrolière, notamment le transport des hydrocarbures. Au Québec, cette industrie fait, dans une certaine
mesure, l’objet de stratégies politiques de la part des différents partis. Cela n’est pas toujours de nature à
favoriser un développement harmonieux.
Au-delà des enjeux généraux liés au transport maritime d’hydrocarbures, il faut noter que l’exercice
visant à faire un bilan des connaissances a permis d’identifier un certain nombre de lacunes au niveau des
informations et également des travaux supplémentaires à mener afin d’avoir un bilan plus complet de ce
secteur d’activité. Les prochaines pages font état des principales pistes de recherche suggérées.
Il faut constater que le transport maritime des hydrocarbures connait des changements depuis
quelques années. Une analyse plus fine des bases de données (non prévue dans le cadre du
présent mandat) et des échanges avec les administrations portuaires permettraient de dresser un
portrait plus détaillé de la situation actuelle. Il serait alors possible de documenter de bonne façon
les changements quant aux flux d’hydrocarbures entrant/sortant de la voie maritime (provenance,
volume, destination, type de navire, temps moyen de transit des navires citernes, âge des navires,
etc.). Une telle analyse permettrait de mieux juger, le cas échéant, des changements quant à
l’approvisionnement en pétrole brut au Québec et aussi de la place relative du Québec dans le
marché de l’exportation de pétrole brut via le Saint-Laurent.
Il serait utile, afin de donner une vision prospective des changements à venir, de pouvoir
rencontrer ou sonder les principaux joueurs impliqués dans le transport maritime des
hydrocarbures au Québec afin d’en connaître davantage sur le développement de leurs activités.
Cette démarche pourrait également permettre de rassembler des informations à jour notamment
sur les infrastructures (espace de quaiage, capacité de stockage, capacité de manutention,
équipements disponibles, etc.).
À partir des données sur le trafic portuaire, il serait possible d’exprimer la demande en transport
maritime en termes de tonne-kilomètre. Cette information permettrait de faire des comparaisons
Il serait également intéressant de faire un exercice similaire avec les ports canadiens des Grands
Lacs ou même le Pacifique et les provinces de l’Atlantique. Cet exercice permettrait de comparer
la situation sur le Saint-Laurent avec d’autres régions canadiennes qui manutentionnent des
hydrocarbures et qui opèrent dans le même régime réglementaire.
Pour s’en assurer, il serait intéressant de faire des analyses complémentaires. Par ailleurs, une
revue de littérature sur l’efficacité des mesures prises suite à des déversements majeurs, tels que
les navires double-coque, serait à propos. Cette revue permettrait de voir si les mesures prises au
niveau mondial ont eu des répercussions positives au Québec et au Canada.
Des études antérieures ont montré qu’il serait utile de réaliser des analyses de risques
complémentaires dans différentes régions du Canada, notamment l’Estuaire et le Golfe du Saint-
Laurent. Transports Canada a déjà lancé, le 6 novembre dernier, un appel d’offres pour la
réalisation d’une étude couvrant le secteur. Nous notons cependant que l’Évaluation
environnementale stratégique sur l’exploitation des hydrocarbures en milieu marin (GENIVAR,
2013) avait relevé différentes lacunes concernant l’état des connaissances concernant le milieu
récepteur et les effets environnementaux. Plusieurs de ces lacunes sont pertinentes à l’analyse des
risques de déversement lié au transport maritime et à l’établissement de mesures de prévention et
d’interventions en situation de déversement.
Milieu récepteur
Effets environnementaux
Les municipalités riveraines du Saint-Laurent disposent, pour certaines, de plans d’urgence en cas
de déversement d’hydrocarbures sur les côtes. Une analyse comparative des plans d’urgence
serait utile pour juger du degré de préparation générale tout le long du fleuve. Au-delà du niveau
municipal, il serait opportun de juger si les différentes instances impliquées disposent des
connaissances, de la vitesse d’action et du niveau de préparation requis en cas d’accident.
Les difficultés que poserait la récupération d’hydrocarbures suite à un déversement hivernal ont
été maintes fois évoquées. Des modèles théoriques de dispersion, en présence de glace, pourraient
être développés quoique cet exercice présente un haut degré de difficulté. Des efforts pourraient
aussi être faits afin de mettre au point et tester (par exemple en bassin) des méthodes de
récupération d’hydrocarbures en présence de glace.
b) ÉTUDES ENVIRONNEMENTALES
COHEN, M.A. 2010. A taxonomy of Oil Spill Costs: What are the likely Costs of the Deepwater Horizon
Spill. Ressources for the Future, juin 2010.
CORPORATION DE GESTION DE LA VOIE MARITIME DU SAINT-LAURENT. n.d. Les avantages
environnementaux du transport maritime. [En ligne] [http://greatlakes-seaway.com/fr/voie-
maritime/ecologie/index.html].
D’ARCY, P. et J.-F. BIBEAULT. 2004. Stratégie de navigation durable pour le Saint-Laurent. Rapport
du Comité de concertation navigation du Saint-Laurent Vision 2000. Ministère des Transports du
Québec (MTQ) et Pêches et Océans Canada (MPO). 96 pages et annexes. [En ligne]
[http://www.ec.gc.ca/Publications/8587E6A7-3AE2-493F-9F60-
26930B844CC3/SND_longue_f.pdf].
DUFOUR, R., H. BENOÎT, M. CASTONGUAY, J. CHASSÉ, L. DEVINE, P. GALBRAITH, M.
HARVEY, P. LAROUCHE, S. LESSARD, B. PETRIE, L. SAVARD, C. SAVENKOFF, L. ST-
AMAND ET M. STARR. 2010. Rapport sur l’état et les tendances des écosystèmes : écozone de
l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Secrétariat canadien de consultation scientifique. Document
de recherche 2010/030.
ENVIRONNEMENT CANADA (EC). 2013. Le réseau des aires protégées. [En ligne]
[http://www.ec.gc.ca/ap-pa/default.asp?lang=Fr&n=989C474A-1]
GENIVAR (Aujourd’hui devenue WSP). 2013. Évaluation environnementale stratégique sur la mise en
valeur des hydrocarbures dans les bassins d’Anticosti, de Madeleine et de la baie des Chaleurs. Bilan
de l’approche participative. Rapport de GENIVAR inc. au ministère des Ressources naturelles. 43 p.
et annexes.
GROUPE MIXTE D'EXPERTS CHARGÉ D'ÉTUDIER LES ASPECTS SCIENTIFIQUES DE LA
PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT MARIN (GESAMP). 1999. Impact of oil and related
chemicals and wastes on the marine environment. GESAMP Reports and Studies. N°50. London,
IMO. 180 p.
c) ANALYSES DE RISQUES
DET NORSKE VERITAS (DNV). 2011. Final Report Assessment of the Risk of Pollution from Marine
Oil Spills in Australian Ports and Waters. Report to Australian Maritime Safety Authority. Rapport
no PP002916, Rev. 5. 44 p. et annexes.
DET NORSKE VERITAS (DNV). 2001. Formal safety assessment of Tankers for Oils. Rapport interne
confidentiel, projet DNV 383184/4, juin 2001.
MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT (MENV). 2002. Guide : Analyse de risques d’accidents
technologiques majeurs. Document de travail, mai. Mis à jour en juin 2002.
d) ANALYSES DE TRAFIC
CPCS. 2013. Étude multimodale du transport des marchandises au Québec en appui aux plans territoriaux
de mobilité durable, Rapport final présenté par CPCS au MTQ, mars 2013.
LLOYD’S. 2013. Lloyd’s marine casualty database. Données extraites en août 2013. Lloyd’s List
Intelligence. Londres (Royaume-Uni).
LLOYD’S. 2013. Lloyd’s APEX commodity database. Données extraites en août 2013. Lloyd’s List
Intelligence. Londres (Royaume-Uni).
LLOYD’S. 2013. Lloyd’s commodity vessel movement database. Données extraites en août 2013.
Lloyd’s List Intelligence. Londres (Royaume-Uni).
NUKA. .2013. West coast oil spill response study, volume 2: vessel traffic analysis. Rapport au Ministère
de l’Environnement de la Colombie-Britannique. Nuka Research and Planning Group. Plymouth
(Massachusetts).
PÊCHES ET OCÉANS CANADA. 2014. Répercussions de la déviation du trafic maritime dans l’estuaire
du Saint-Laurent sur le béluga (Delphinapterus Leucas) : le secteur des sciences à l’appui de la
gestion du risque. Secrétariat canadien de consultation scientifique. Avis scientifique 2014/004, 9
pages.
Constatations
Transports Canada et la Garde côtière canadienne ont effectué des évaluations des risques liés aux
déversements de pétrole provenant de navires, mais ils n’ont pas appliqué d’approche uniforme
ou systématique, ni mis en place de processus pour faire en sorte que les risques soient réévalués
de façon continue. Il en résulte qu’au Canada, la connaissance des risques que posent les
déversements provenant de navires, qui est importante pour planifier des interventions judicieuses
en cas d’urgence, n’est ni complète, ni à jour. De plus, les plans de gestion des urgences de la
Garde côtière canadienne et d’Environnement Canada, deux intervenants de premier plan dans le
système fédéral d’intervention en cas de déversement de pétrole, ne sont pas tous à jour.
Transports Canada vérifie si les organismes d’intervention certifiés du secteur privé sont toujours
en mesure de réagir en cas de déversement. Pour ce faire, le Ministère doit notamment s’assurer
que ces organismes possèdent des plans de gestion des urgences à jour, offrent une formation et
des exercices adéquats et possèdent l’équipement nécessaire pour intervenir lors de déversements
de pétrole provenant de navires, qui peuvent atteindre 10 000 tonnes. Il n’existe pas de telles
procédures pour vérifier l’état de préparation de la Garde côtière canadienne. Autrement dit, il
n’existe actuellement aucun processus permettant d’obtenir l’assurance que la composante
fédérale du système d’intervention en cas de déversement de pétrole est en mesure d’intervenir
efficacement.
Le gouvernement du Canada a nommé en 2013 un Comité ayant pour mandat d’examiner l’actuel Régime
canadien de préparation et d’intervention en cas de déversements d’hydrocarbures par des navires et de
proposer de nouvelles façons de l’améliorer.
Dans une première phase, la structure, la fonctionnalité et l’efficacité globale du Régime actuel dans les
régions situées au sud du 60e parallèle de latitude nord ont été examinées. Il s’agissait d’évaluer si la
capacité actuelle de préparation réglementée de 10 000 tonnes était adéquate compte tenu des risques
réels, si le financement actuel et les structures tarifaires à la base du Régime sont appropriés et si les
structures de gouvernance du Régime offrent un niveau suffisant de surveillance et de souplesse dans le
contexte actuel. Par ailleurs, les liens entre le Régime de préparation et d’intervention et le régime
d’indemnisation et de responsabilité en matière maritime ont également été examinés.
Selon les conclusions du comité, les principes fondamentaux du Régime ont résisté à l’épreuve du temps,
mais un certain nombre d’aspects pourraient être améliorés pour renforcer la préparation et l’intervention
au Canada en cas de déversements d’hydrocarbures par des navires. Cinq hypothèses principales étayent
les recommandations formulées par le Comité sur l’amélioration du régime :
Ainsi, les principes fondateurs du Régime, comme le modèle de prestation public-privé et le concept de
pollueur-payeur, restent au cœur de la préparation et de l’intervention en cas de déversements
d’hydrocarbures causés par les navires du Canada. De nombreuses recommandations ont été formulées
visant à :
Transporter l’énergie en toute sécurité : Une étude sur la sécurité du transport des
hydrocarbures par pipelines, navires pétroliers et wagons-citernes au Canada (Comité
sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, 2013)
L’étude s’inscrivait dans un contexte de production croissante des hydrocarbures en Amérique du Nord et
tient compte de la nécessité de garantir et de diversifier l’accès aux marchés d’exportation. On s’attend
donc à ce que la capacité existante des pipelines et les routes de transport par navires pétroliers et par
trains augmentent en fonction de l’accroissement de la production d’hydrocarbures.
Le comité a fait 13 recommandations au total, notamment en matière de transport par chemin de fer. Cinq
recommandations concernent les déversements en milieu marin; elles portent plus particulièrement sur
l’élargissement de la collecte des données sur les déversements, la modernisation du niveau de
préparation et des capacités d’intervention en cas de déversement et l’immunité accordée aux intervenants
qui interviennent en milieu marin lors de déversements qui ne sont pas causés par des navires. Plus
précisément :
Que le Bureau de la sécurité des transports enrichisse et modernise sa base de données marine
afin de fournir de l’information détaillée sur les déversements provenant de navires, notamment le
type de navire et le volume et la nature du produit déversé.
Que la capacité actuelle de préparation et d’intervention en cas de déversement de 10 000 tonnes
s’accompagnant de délais fixes soit relevée pour correspondre aux besoins établis pour chaque
région comme en décidera Transports Canada.
Que le gouvernement fédéral accorde une immunité généralisée aux organismes d’intervention
maritime canadiens pour tous les déversements qui ne sont pas causés par un navire et,
notamment, les déversements de pipelines, de wagons-citernes ou de camions citernes en milieu
marin.
Que la capacité de préparation et d’intervention assignée à la Garde côtière canadienne fasse
l’objet d’un agrément périodique de la part de Transports Canada ou d’une agence indépendante.
Le comité est d’avis que, dans certaines régions et dans des circonstances bien définies, les
organismes d’intervention agréés devraient être préautorisés à utiliser des dispersants, à procéder
à une combustion contrôlée, ou bien à prendre d’autres contre-mesures appropriées lorsque cela
comporte un avantage environnemental net.
Dans la plupart des cas, le pétrole et le gaz sont transportés de manière sécuritaire au Canada. Les
pipelines y assurent le transport des liquides 99,9996 % du temps sans déversement, et le taux pour les
wagons-citernes transportant des matières dangereuses est de 99,9 %. On ne dispose pas de ce type de
statistiques pour les pétroliers mais les déversements sont rares dans leur cas, le dernier à se produire au
Canada remontant à plus de 30 ans.
Transport maritime d’hydrocarbures – Bilan des connaissances 98
Rapport – 2 décembre 2014
© Innovation maritime- Tous droits réservés
Les systèmes de transport évoluent dans un environnement très réglementé. Il existe d’ailleurs de
nombreux cadres réglementaires, systèmes de gestion, normes et pratiques qui visent tous à assurer la
sécurité. Il n’en demeure pas moins que chaque activité comporte des risques, que les déversements
d’hydrocarbures sont possibles et qu’il y a aussi parfois des tragédies. Chaque accident majeur est
soigneusement examiné pour en déterminer les causes et prendre les mesures correctives qui s’imposent.
Analyse de risques liés aux déversements dans les eaux canadiennes / Phase 1 :
Déversements d’hydrocarbures au sud du 60e parallèle (WSP – TransportS Canada, 2014)
Cette étude évalue les risques liés aux déversements d’hydrocarbures dans les eaux canadiennes au sud du
60e parallèle. Transports Canada a entrepris cette analyse de risques à la suite des recommandations
formulées en 2010 par le commissaire à l’environnement et au développement durable (CEDD). En créant
le Comité d’experts sur la sécurité des navires citernes, la ministre des Transports a également demandé
que l’analyse de risques soit utilisée pour orienter son examen des ententes canadiennes en matière de
préparation et d’intervention en cas de déversements d’hydrocarbures causés par les navires. Cette étude
pancanadienne avait pour objectif de fournir une analyse globale des risques, en développant une
approche méthodologique pouvant être appliquée et précisée davantage lors d’évaluations futures.
L’approche élaborée dans le contexte de l’étude comprenait les éléments clés suivants :
La côte canadienne a été divisée en quatre secteurs (côte du Pacifique, côte de l’Atlantique,
estuaire et golfe du Saint-Laurent ainsi que Grands Lacs et Voie maritime du Saint-Laurent).
Chacun des secteurs a été divisé en sous-secteurs, lesquels ont, à leur tour, été subdivisés en trois
zones correspondant aux milieux côtiers, intermédiaires et extracôtiers. Au total, une fréquence
de déversements et une sensibilité environnementale ont été attribuées à 77 zones, éléments qui
ont ensuite été utilisés pour produire une analyse de risques.
Les données annuelles moyennes du trafic canadien de navires ayant une jauge brute supérieure à
150 tonneaux ont été estimées à partir des données mondiales de trafic de 2011 et de 2012
obtenues de la Lloyd’s.
Les volumes annuels moyens d’hydrocarbures transportés au Canada ont été estimés à partir des
données APEX de la Lloyd’s (2002 à 2012) et des données de mouvement des marchandises de
Transports Canada, en tenant compte de deux catégories d’hydrocarbures, soit le pétrole brut et
les produits pétroliers raffinés.
La fréquence des déversements d’hydrocarbures a été obtenue pour le pétrole brut, les produits
pétroliers raffinés et le carburant, et ce, pour 4 tailles de déversement allant de 10 m3 à plus de 10
000 m3. Pour les déversements de grande taille, la fréquence des déversements a été calculée à
Les principaux constats qui résument cette analyse de risques sont les suivants :
Ces résultats démontrent qu’il est essentiel pour le Canada d’adapter ses efforts de préparation en cas de
déversement pour chaque secteur, car les risques sont significativement différents à l’échelle du pays.
La flotte mondiale
Environ 11 000 navires pour une capacité globale d’environ 475 millions de tonnes.
La vitesse moyenne d’un navire transportant 250 000 tonnes est d’environ 15 nœuds.
L'âge moyen de la flotte pétrolière mondiale est d’environ 15 ans.
Facteurs de protection
Conclusions
Bien que plusieurs mesures de prévention et de contrôle soient mises en œuvre, des événements
accidentels liés aux diverses activités de mise en valeur des hydrocarbures en milieu marin sont tout de
même susceptibles de se produire dans la zone d’étude. À cet égard, plusieurs autorités ou organisations
ont mis en place des plans d’urgence à la suite de l’entrée en vigueur de la LMMC, dans lesquels sont
décrites les techniques et les procédures d’intervention élaborées en prévision d’un déversement
accidentel d’hydrocarbures. Ces plans doivent être régulièrement mis à jour.
Selon la Loi sur la sécurité civile (LSC), le Plan national de sécurité civile (PNSC) a été élaboré par le
ministère de la Sécurité publique (MSP), en collaboration avec les autres ministères et organismes
gouvernementaux concernés (MSP, 1996-2012). Ce plan prévoit le partage des responsabilités des
autorités selon leurs compétences respectives, l’organisation des ressources gouvernementales pour
pouvoir réagir plus rapidement à différents types de sinistres ainsi que des modes simplifiés de prise de
décision. Essentiellement, le PNSC vise à prévenir les sinistres majeurs ou à tenter d’en atténuer les
conséquences, à être mieux préparé pour y faire face ainsi qu’à favoriser la concertation en cas
d’intervention et à accélérer le rétablissement (MSP, 1996-2012).
Avec ces documents, il existe un certain niveau de préparation à l’échelle du Québec. Pour faire face aux
risques liés à l’exploration et à l’exploitation des hydrocarbures en milieu marin, chaque projet éventuel
devrait toutefois faire l’objet d’une analyse de risques rigoureuse. Le niveau de préparation des
communautés touchées devrait également être revu de manière à assurer des interventions adéquates. La
réglementation devrait également prévoir un processus permettant de combler les lacunes identifiées en
termes de préparation et de planification, notamment pour les municipalités riveraines susceptibles d’être
touchées qui devront élaborer des plans spécifiques d’intervention adaptés aux risques identifiés. Ces
plans d’urgence devront être coordonnés à l’échelle municipale et régionale via le Plan régional de
sécurité civile (PRSC), mais également à l’échelle provinciale par le Plan national de sécurité civile
(PNSC).
Par ailleurs, la GCC a mis sur pied au début des années 2000, un Programme d’action communautaire
(PAC) qui visait à aider les communautés susceptibles d’être touchées par un éventuel déversement
accidentel d’hydrocarbures en mer, à se préparer et, plus spécifiquement, à développer un volet maritime
dans leur plan d’urgence. Le ministère de la Sécurité publique (MSP) et la Sécurité publique du Canada se
sont d’ailleurs associés à la GCC pour la mise en œuvre du PAC au Québec.
Ces plans d’urgence sont essentiels pour réagir rapidement et pour réduire les dommages si un tel
événement devait se produire. Ils doivent prévoir les différents scénarios susceptibles de survenir
impliquant des navires ou des plateformes, tels qu’un incendie, une explosion, une fuite de gaz ou un
déversement accidentel de pétrole.
Afin d’intervenir rapidement et efficacement, les personnes responsables doivent être au fait :
Ces données sont actuellement réunies dans le Système de gestion d’urgence environnementale (SGUE)
géré par Environnement Canada. Elles servent à produire des cartes des aires sensibles, qui indiquent,
entre autres, les composantes biologiques et humaines susceptibles d’être touchées par un déversement
accidentel d’hydrocarbures ainsi que les mesures à prendre et leur ordre de priorité.
Afin de supporter les ressources d’intervention, une Table d’expertise (nommée REET (Regional
Environmental Emergency Team) dans les autres provinces) a été créée dans chacune des régions
canadiennes. Au Québec, cette Table d’expertise est présidée par un représentant du Centre national des
urgences environnementales d’Environnement Canada et regroupe divers spécialistes provenant
d’organismes gouvernementaux, universitaires et privés. Le rôle de la Table d’expertise est de rassembler
toutes les données utiles à l’intervention, de fournir des conseils scientifiques et techniques sur les enjeux
environnementaux et les priorités d’action ainsi que de formuler des recommandations sur les meilleures
mesures à mettre en place dans le but de contrer ou de minimiser les effets.
Plusieurs documents, tels que des guides et des normes, ont été développés et peuvent servir de références
aux divers intervenants dans l’élaboration de leur programme de prévention, de planification et
d’intervention. Il s’agit notamment des documents suivants :
Le Guide d’implantation et de gestion d’un site d’entreposage temporaire des résidus et des débris
huileux lors d’un déversement marin;
Le Guide pratique d’intervention contre les déversements d’hydrocarbures (Institut canadien des
produits pétroliers et GCC, 1995);
Le Guide pratique de sécurité à l’intention des équipes de nettoyage de déversements pétroliers
sur le littoral (Institut canadien des produits pétroliers et GCC, 1995);
Les Normes sur les installations de manutention d’hydrocarbures (GCC, 1995);
Les Normes sur les organismes d’intervention, TP 12401 (GCC, 1995);
Les Principes fondamentaux du nettoyage des déversements d’hydrocarbures (Environnement
Canada, 1979);
La Technique d’évaluation et de restauration des rives (TERR), un outil de formation développé
par Environnement Canada et SIMEC.
Enfin, des plans de sûreté pour les infrastructures maritimes et pour les navires concernés devront
également être préparés et mis à jour régulièrement conformément aux exigences de Transports Canada.
Ces plans visent à protéger et à préserver l’efficacité du système de transport maritime du Canada pour
faire en sorte qu’il soit protégé contre les interventions illicites, les attentats terroristes et ne puisse être
utilisé comme moyen d’attaquer nos alliés (Transports Canada, non daté).
Ce rapport vise à fournir aux intervenants du milieu maritime, aux planificateurs des transports et aux
responsables des politiques gouvernementales une évaluation des incidences environnementales et
sociales potentielles dans l’hypothèse où des marchandises transportées par des navires dans le réseau
Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent seraient transportées plutôt par la route ou le rail.
L’étude examine les incidences externes permettant des comparaisons entre trains, camions et navires sur
les plans suivants :
L’étude n’aborde pas toutes les incidences externes possibles, mais plutôt les incidences principales qui
sont communes aux trois modes de transport de surface et permettent une comparaison. La section qui
suit présente une synthèse des deux incidences.
Efficacité énergétique
Une analyse comparative du carburant consommé et des moteurs utilisés en 2010 par chacun des modes a
démontré que les navires sont capables de transporter une tonne de marchandises sensiblement plus loin
avec un litre de carburant que le train ou le camion. L’analyse de l’efficacité énergétique de chaque
groupe de navires donne les résultats suivants par rapport au mode ferroviaire et au mode routier :
La flotte des navires aux dimensions de la Voie maritime peut transporter sa cargaison 24 % plus
loin que le train (rendement du carburant supérieur de 24 %), et 531 % plus loin que le camion
(rendement supérieur de 531 %).
La flotte américaine peut transporter sa cargaison 11 % plus loin que le train (rendement de
carburant supérieur de 11 %), et 592 % plus loin que le camion (rendement supérieur de 592 %).
La flotte combinée du réseau Grands Lacs-Voie maritime peut transporter sa cargaison 14 % plus
loin que le train (rendement de carburant supérieur de 14 %), et 594 % plus loin que le camion
(rendement supérieur de 594 %).
En plus des résultats de 2010, les données sur l’énergie et les émissions sont aussi calculées pour un
scénario post-renouvellement – après que chaque mode de transport aura satisfait aux nouvelles exigences
réglementaires le concernant et renouvelé sa flotte ou son parc (ou les machines de ses navires dans le cas
de la flotte américaine). Les résultats indiquent que le mode maritime pourrait sensiblement accroître son
avantage par rapport au train et au camion en matière de consommation de carburant.
Ces résultats confirment que les progrès de la technologie seront sensiblement plus importants dans le
mode maritime que dans les deux modes terrestres. Les navires intérieurs de la flotte du réseau Grands
Lacs-Voie maritime ont en moyenne plus de 30 ans, tandis que les locomotives utilisées sur les lignes
principales et les camions servant aux transports sur grandes distances ont en moyenne moins de 20 ans –
Une fois que l’efficacité énergétique a été déterminée, les émissions de GES ont été comparées en
fonction de l’équivalent de dioxyde de carbone émis par chaque mode en transportant la même cargaison
sur une même distance. Les résultats indiquent que le mode maritime produit moins d’émissions de GES
par tonne métrique-km (ou millier de tonnes courtes de marchandises par mille) que le mode ferroviaire
ou le mode routier. Le surcroît d’émissions de GES se présente comme suit :
En comparaison de la flotte des navires aux dimensions de la Voie maritime transportant 1 tonne
métrique de marchandises sur 1 km, le mode ferroviaire émettrait 22 % de GES de plus que le
mode maritime, et le mode routier, 450 % de plus.
En comparaison de la flotte américaine transportant 1 tonne courte de marchandises sur 1 mille, le
mode ferroviaire émettrait 15 % de GES de plus que le mode maritime, et le mode routier, 534 %
de plus.
En comparaison de la flotte combinée du réseau Grands Lacs-Voie maritime transportant 1 tonne
métrique de marchandises sur 1 km, le mode ferroviaire émettrait 19 % de GES de plus que le
mode maritime, et le mode routier, 533 % de plus.
Le camionnage est le seul mode auquel s’appliquent des normes réglementaires sur les émissions de GES
exigeant l’utilisation, par les fabricants de tracteurs routiers, de technologies réduisant la consommation
de carburant sur la période de 2014 à 2019. Le mode maritime améliorera sensiblement son rendement en
matière de GES par rapport au train et au camion. Encore une fois, il s’agit d’une conséquence du
renouvellement de la flotte et des programmes de remplacement des machines en cours dans les flottes
canadienne et américaine.
NGAIO, H ET U.R. SUMAILA. 2012. Potential economic impact of a tanker spill on ocean-
based industries in British Columbia. Fisheries Centre Research Report (FCRR), Vol 20,
no 7
L’étude donne un aperçu de l’impact économique potentiel d’un déversement pétrolier sur les industries
qui dépendent directement des ressources marines. L’étude est basée sur le modèle d’entrées-sorties de la
Colombie Britannique. L’étude est réalisée sur une base comparative avec les retombées économiques
estimée du projet Northern Gateway dont l’impact total (effets directs, indirects et induits) est estimé à
L’étude n’est pas récente mais elle présente certaines informations d’intérêt qui demeurent pertinentes. Il
y est indiqué que l’importance du trafic maritime sur le Saint-Laurent, les conditions climatiques difficiles
et la nature des marchandises font des déversements une des problématiques importantes de la navigation.
Au moment d’écrire l’article, près de 95 % des déversements accidentels d’hydrocarbures se produisaient
à l'intérieur d’un port ou d’une installation de manutention d’hydrocarbures plutôt que dans le chenal de
navigation. Les quantités déversées lors d’accidents survenus au cours d’activités de chargements ou de
déchargements étaient toutefois moindres qu’à la suite d’une collision entre navires. Les quais de la
compagnie Ultramar (aujourd’hui Valéro) constituaient le point névralgique où étaient concentrés les plus
importants volumes d’hydrocarbures au Québec. Entre 1975 et 1994, 968 déversements ont été recensés
dont 87,6 % étaient d’origine maritime. Les volumes déversés étaient inférieurs à 1 tonne dans plus de
80 % des accidents, mais 6 déversements entre 100 et 1 000 tonnes ont été recensés. L’importance des
impacts environnementaux d’un déversement de pétrole est tributaire d’un grand nombre de facteurs : la
quantité et la durée de l’exposition, le type de produit, la forme du produit (altérée, émulsionnée ou
intacte), le milieu (zone de mise bas ou de nidification, frayère, etc.), les stress environnementaux et les
paramètres météorologiques, la saison de l’année, le stade de développement des organismes (juvéniles,
adultes, etc.), la distribution dans la colonne d’eau, l’historique des déversements et les techniques de
nettoyage. Plusieurs mesures ont été prises pour réduire les risques d’accidents maritimes, notamment les