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Evaluation Du Risque Systémique-1

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Evaluation du risque

Systémique

Réalisé par : Encadré par :


AGHZER Oussama Pr. KRAMI Rachid
BOUJNANE Achraf
CHAFAI Fatima
El HAZIBI Zaineb
KACHAR Leila
OUTGOUGUA Mustapha

Master Spécialisé : Management des


organisations financières et bancaires

Année universitaire : 2020/2021


Introduction

Au cours des siècles, plusieurs évènements non anticipés ont causé la détérioration du bien-être,
qu’il s’agisse de catastrophe naturelle, de guerres, de crises financières voir économique. Ceci dit
il se voit fort probable que ces évènements se reproduisent au cours du temps, quand la réalisation
de ces événements est probable dans le futur, c’est à ce moment qu’on parle de risque. Il se voit
donc impératif d’anticiper les possibilités de survenance de tels phénomènes, afin d’en limiter les
impacts humains, environnementaux et économiques.
Le risque constitue l’une des notions fondamentales en finance, et a été une source de débat lors
de ces dernières décennies. Les théoriciens et les praticiens de la finance cherchent toujours à
trouver des nouvelles règles pour gérer et évaluer ses risques et leurs potentiels, pour faire face à
ces derniers

Dans les années récentes la préoccupation du risque systémique est devenue incontournable.
Certes, depuis la fin du système de Bretton Woods en 1971, les crises de change, les crises
bancaires, les crises de dette souveraine se sont succédé. Mais dans les années 1990 les marchés
de capitaux se sont énormément développés. Les défaillances de marché ont pris le pas sur les
ruées bancaires. Cependant les banques ne sont pas protégées des perturbations financières. Car
elles sont elles-mêmes des intermédiaires de marché. Mais elles conservent aussi leur rôle spécial
qui est d’offrir les services de paiements à l’ensemble des agents économiques. Il s’ensuit que le
risque de système va bien au-delà de la conception traditionnelle de la vulnérabilité des banques
aux fuites de leurs déposants. Les systèmes de règlement des transactions sur les produits
financiers et les grandes fluctuations des prix des actifs sont des canaux puissants de propagation
de l’instabilité dans les systèmes financiers.

Dans ce travail nous allons présenter, d’une part, le risque systémique dont ses Origine et
propagation. D’une autre part nous allons aborder les différentes méthodes d’évaluation et de
mesures de risque systémique du risque systémique.
Section 1 : Cadre Conceptuel du Risque systémique
Pour cerner l’idée de risque systémique, il est utile de définir d’abord ce qu’est un événement
systémique. Il en existe de deux types 1. Le premier est conforme à l’intuition de « l’effet domino
». Un choc néfaste ou une mauvaise nouvelle concernant une ou plusieurs institutions financières,
ou un marché financier, se répercute en chaîne sur d’autres institutions ou d’autres marchés. Le
second mobilise l’intuition d’une « catastrophe ». Un choc macro-économique affecte
simultanément les conditions financières d’un grand nombre d’institutions et de marchés et induit
une réaction négative commune. Dans les deux cas, la contagion est le processus par lequel un
événement systémique peut provoquer une crise financière. Les modalités peuvent en être
diverses : panique bancaire, étranglement du crédit, baisse générale et profonde des prix des actifs
financiers, sinistres ou blocages dans les systèmes de paiements de gros montants.
Le risque de système est alors défini comme le risque que se produise un événement systémique
suffisamment violent pour déclencher des répercussions entraînant une crise financière. Le risque
de système est donc une menace dont la réalisation a des incidences macro-économiques. C’est
pourquoi on peut le définir comme la probabilité que l’économie passe d’un état d’équilibre «
normal » à un état « anormal », caractérisé par des pertes sociales sévères 2.

Concernant le système financier, le risque systémique exprime l’idée que des perturbations
usuelles, telles qu’on les rencontre dans le cycle économique, peuvent donner des effets néfastes
disproportionnés si elles se produisent dans des systèmes fragiles 3. La fragilité financière est le
terrain sur lequel les chocs deviennent des événements systémiques. Elle entraîne des externalités
dans la transmission des chocs qui provoquent des non-linéarités dans les mouvements :
renforcements cumulatifs et discontinuités 4. Il s’ensuit qu’une théorie du risque de système a pour
point de départ là (ou les) hypothèse (s) concernant la nature des relations financières qui rend
leur agencement fragile. Les modèles représentatifs du risque de système se distinguent donc par
l’hypothèse de fragilité retenue, sachant que leur apport vient de leur description de la propagation
des chocs.

1
De Bandt et Hartmann, 2000
2
Aglietta et Moutot, 1993
3
Davis, 1995
4
Hellwig, 1998
Section 2 : La propagation du risque systémique :
La propagation du risque systémique peut être alimentée ou aggravée par les facteurs suivants 5 :
L'interaction entre la solvabilité et le risque de refinancement. Il est plus difficile pour
les banques de se refinancer car d'autres établissements le considèrent comme risqué (risque de
contrepartie). Par ailleurs, Pierret [2014] 6a montré que le niveau de fonds propres réglementaires
requis par les banques augmente avec l'augmentation de leur exposition au risque de
refinancement. A l'instar de la situation après la faillite de Lehman Brothers 7, en cas de défaillance
d'une contrepartie du système, cette situation peut conduire à une crise de liquidité.
Concentration des entités du marché. Si l'exposition au risque est concentrée entre les
mains de quelques entités, la défaillance d'une entité est susceptible d'avoir un impact significatif
sur l'ensemble du marché. C'est par exemple le cas sur le marché très concentré des CDS 8après
la défaillance de Lehman Brothers
Effet panique. Après une crise de confiance, les acteurs du marché peuvent réagir de
manière irrationnelle aux risques pris par leurs contreparties. Cela peut conduire à un grand
nombre de liquidations, augmenter la volatilité et épuiser la liquidité du marché.
Le caractère procyclique de la règlementation prudentielle et comptable. Par
exemple, la règle de comptabilisation des actifs en fonction de la valeur de marché entraînera une
baisse soudaine des capitaux propres lorsque la valeur de l'actif baisse. Pour répondre aux
exigences de fonds propres réglementaires, les établissements doivent vendre les actifs les plus
risqués, réduisant ainsi les prix de marché.
L’impact du défaut d’une institution financière peut être aggravé par la présence de
risques créés de manière artificielle. Dans le cadre de produits de refinancement de type REPO
9
la possibilité d’utiliser le collatéral de manière illimitée constitue un facteur d’aggravation du

5
Areski Cousin , Commentaire sur l'article « La mesure du risque systémique après la crise financière »

6 Christian Pierret, né le 12 mars 1946 à Bar-le-Duc (Meuse), est un homme politique français.

7
Lehman Brothers était une banque d'investissement multinationale créée en 1850, proposant des services
financiers diversifiés et ayant spectaculairement fait faillite le 15 septembre 2008, sa chute précipitant la crise
économique mondiale de 2008.
8
Credit default swap
9
« Sale and repurchase Agrement ».Une opération financière par laquelle deux parties s'entendent pour vendre des
titres au comptant et à les racheter à terme à une date et à un prix convenus à l'avance).
risque systémique.
10
Les capacités de résolution de crise des pouvoirs publics ont une influence sur le risque
systémique. Dès lors que les difficultés d’une institution financière d’importance systémique au
sens des critères internationaux (grande, interconnectée et peu substituable) ne peuvent être
maîtrisées et contenues, ces difficultés se propagent à d’autres institutions et amplifient la crise
systémique. C’est la problématique du « too big to fail » : faute de savoir gérer les conséquences
de la faillite d’une institution financière d’importance systémique, celle-ci devient « too big to
fail » et les pouvoirs publics sont contraints de la soutenir.

10
La résolution de crise rassemble les moyens de gestion des défaillances sous toutes leurs formes d’institutions
financières afin d’assurer la stabilité financière, la continuité des services et la revitalisation du secteur financier
(voir consultation publique sur un cadre européen pour la gestion de crise transfrontalière dans le secteur
bancaire d’octobre 2009).
Section 4 : Mesures de risque systémique utilisées11

Plusieurs mesures ont ainsi déjà été proposées pour quantifier le risque systémique des institutions
financières, chacune insiste de fait sur tel ou tel aspect particulièrement évident du risque
systémique systémique12
La recherche de Bisias et al. (2012) fournit une large revue de littérature des mesures de risque
systémique qui sont utilisées dans la recherche de manière générale. Parmi celles-ci, nous avons
choisi de prendre deux mesures de marché transversales et complémentaires (Adrian et
Brunnermeier, 2011, p. 5) : la mesure du Marginal Expected Shortfall (MES) d'Acharya et
al. (2010) et celle de la Conditional Value-at-Risk (CoVaR) d'Adrian et Brunnermeier
(2011).
Ces mesures prennent en compte la dépendance dans les queues de la distribution entre les
rendements de l'institution financière et du marché et font appel à la régression quantile (Pierret,
2013, p. 5).
Alors la MES se définit comme les pertes attendues d'une firme dans les queues de la distribution
lors d'un choc de marché agrégé (lorsque le système est « en crise »), la CoVaR peut être obtenue
en renversant cette condition et se définit comme la Value-at-Risk du marché financier
conditionnelle à la « détresse » d’une (des) institution(s), c’est-à-dire lorsque l’institution en
question atteint son niveau de VaR (Pierret, 2013, p. 5), ou autrement dit son niveau de perte
extrême
La ΔCoVaR, elle, permet de mesurer la contribution d’une entreprise à la crise du système en
faisant la différence entre la VaR du système quand une entreprise est en « détresse » et celle du
système quand la même entreprise est dans un état « normal » 13

11
Jérôme Wery 2014-2015 « thèse de doctorat Étude de deux mesures de risque systémique (MES et ΔCoVaR)
appliquées aux entreprises participant au marché de l'énergie en Belgique »page 17

12
Jean-Charles Garibal « Du MEDAF avec risque systémique à la détermination des institutions financières
d’importance systémique »2018

13
(Bernal et al., 2014, p. 5).
1. La méthode VaR conditionnel14 :

Avant d’étudier la ΔCoVaR, il est utile de rappeler la définition de la régression quantile,


régression analogue à la méthode des moindres carrés plus générale. De manière précise, la
régression quantile fournit par approximation le quantile demandé (généralement la médiane –
50% – ou une extrémité – 1% – pour la variable réponse (Koenker et Bassett, 1978). La ΔCoVaR
est une mesure de risque systémique introduite par Adrian et Brunnermeier en 2011. Cette
approche utilise les régressions quantiles traditionnelles pour estimer les modèles conditionnels
permettant d'estimer le lien entre un ensemble de variables indépendantes et des quantiles
spécifiques de la variable dépendante ; les auteurs prennent comme variable dépendante les
valeurs boursières des indices des secteurs financiers cités cidessus qu'ils transforment afin
d’obtenir les rendements hebdomadaires (Bernal et al., 2014, p. 3, 5), alors que les variables
indépendantes sont des variables d’état (Koenker et Bassett, 1978), Le but initial de cette mesure
est d'analyser la transmission du risque d'une institution financière individuelle à une autre ou au
système financier en entier.

Sur la base de données de marché, la littérature économique propose des indicateurs de valeurs
extrêmes depuis les travaux de Hartmann et al. [2005]. Plus récemment se sont multipliées les
statistiques fondées sur des Value-atRisk (var) conditionnelles, avec une distinction entre les
indicateurs de fragilité systémique qui mesurent l’impact d’un choc systémique sur une institution
donnée et les indicateurs d’importance systémique, qui évaluent l’impact d’une institution sur le
reste du système financier. 15
Ce concept est basé sur celui de la Value-at-Risk, notée VaR(α), qui est la mesure de risque la
plus utilisée par les professionnels pour évaluer le risque de marché d’une institution isolée
(Adrian et Brunnermeier, 2011, p. 1). Intuitivement, la VaR(α) représente la pire perte possible
sur un horizon fixé qui ne sera pas excédée pour un certain niveau de confiance (1-α) ;
statistiquement, la VaR(α), définie pour un niveau de confiance (1-α), correspond au quantile α
de la distribution projetée des gains et des pertes sur un horizon fixé (Bernal et al., 2014, p. 4). Il
est utile de rappeler la définition mathématique de la , implicitement définie pour le q ème quantile
de l’instituion i (Adrian et Brunnermeier, 2011, p. 7) :

15
Olivier de Bandt 2015 « LA MESURE DU RISQUE SYSTÉMIQUE APRÈS LA CRISE FINANCIÈRE » P483
(6) où est le rendement de l'institution i pour laquelle la est définie.

L'utilisation de la ΔCoVaR dans cette étude est double : premièrement, la mesure repose sur une
grande fréquence de données boursières et est donc une mesure de risque systémique très réactive
; deuxièmement, cette mesure permet de bien analyser jusqu'où une détresse dans un secteur
financier est transmise à l'économie réelle de la zone Euro et des États-Unis (Bernal et al. 2014,
p. 3). L'approche de la CoVaR permet une flexibilité élargie pour décrire le risque d'externalités
entre les institutions individuelles ou un groupe d'institutions et apparait être particulièrement
adaptée pour identifier les facteurs qui contribuent au risque systémique (Bernal et al., 2014, p.
4).
De manière mathématique, la est définie par Adrian et Brunnermeier (2011, p. 7) comme la d'une
institution j (ou le système financier) conditionnelle à un évènement C(X i ) affectant l'institution
i. Cet évènement est matérialisé par le rendement de cette institution (X i ), lui-même égal à son
niveau de VaR pour le q ème quantile ( .). La est donc définie par le qème quantile de la
distribution de probabilité conditionnelle aux rendements de j :

, la ΔCoVaR est définie 23. par Adrian et Brunnermeier (2011, p. 7) comme la différence entre
la CoVaR du système financier j lorsqu’une institution financière i est en « détresse » – quand
elle atteint un niveau critique de VaR, comme 1% par exemple (voir formule (9) ci-dessous) – et
la CoVaR du même système financier conditionnel à la même institution i dans un état « normal
» cette fois-ci – sans détresse, quand elle atteint un niveau de VaR de 50% par exemple, appelé
la médiane (voir supra, Paragraphe 1) –
2. Marginal Expected Shortfall (MES)

La MES se définit comme les pertes attendues d'une firme dans les queues de la distribution lors
d'un choc de marché agrégé (lorsque le système est « en crise »).
Afin de définir le SRISK de manière plus formelle, il faut retourner à la recherche d'Acharya et
al. (2012), dérivée de celle de Brownlees et Engle (2011). Tout d'abord, il faut définir l'expected
capital shortfall qui est une mesure du déficit de capital attendu conditionnelle à une crise : elle
reprend de nombreuses caractéristiques importantes pour le risque systémique comme la taille, le
niveau de dettes et l'interconnection entre les entreprises. Ces dernières caractéristiques tendent à
augmenter le déficit du capital d'une firme lorsqu’il y a de larges pertes dans le marché financier.
De plus, l'expected capital shortfall d'une entreprise fournit également les comouvements des
actifs de la firme financière avec le secteur financier agrégé lors d'une crise. Dès lors, pour
calculer le SRISK, les auteurs utilisent la formule suivante :

Les mesures MES et EnSysRISK de Pierret (2013) – cette dernière découlant du SRISK de
Brownlees et Engle (2011) (voir infra) – sont basées sur le marché : elles peuvent être vues comme
des mesures ascendantes (top-down) car leur but est de déterminer l'impact d'une détresse au
niveau du système financier sur une institution financière individuelle.
CONCLUSION
L’adoption de mesures visant à faciliter la résolution des crises systémiques figure parmi les
priorités internationales en matière de traitement du risque systémique.

Ces mesures ont vocation à s’appliquer à l’ensemble des institutions financières. Il convient
toutefois de souligner que les travaux internationaux et européens menés jusqu’à présent se sont
essentiellement concentrés sur les mesures de résolution des défaillances bancaires.
Bibliographie
Ouvrage

1. AGLIETTA M. ET MOUTOT P., 1993, Le risque de système et sa prévention, Cahiers


Economiques et monétaires de la Banque de France, n° 41

2. GALE D., 2000, Understanding Financial Crises, CSGG et FMG Conference on Financial
Crises and Global Governance, LSE, octobre, mimeo

3. Jean-Charles Garibal « Du MEDAF avec risque systémique à la détermination des


institutions financières d’importance systémique »2018

4. Olivier de Bandt 2015 « LA MESURE DU RISQUE SYSTÉMIQUE APRÈS LA CRISE


FINANCIÈRE » P483

5. Jérôme Wery 2014-2015 « thèse de doctorat Étude de deux mesures de risque systémique
(MES et ΔCoVaR) appliquées aux entreprises participant au marché de l'énergie en
Belgique »page 17

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