Livret Sortez Du Mode Automatique
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Table des matières
La visée
Haut les mains ! Je vous ai fait peur ? Ne craignez rien : il s’agit uniquement de viser correctement
avec son appareil photo, et je vous assure que c’est inoffensif. Avant de parler de cadrage et de
composition de l’image, il est nécessaire de comprendre pourquoi vous obtiendrez des photos
mieux cadrées avec votre reflex. C’est qu’à la différence d’un compact, ce que vous voyez dans
le viseur correspond très exactement à la lumière qui traverse votre objectif au même
moment. Comment est-ce possible alors que l’objectif et le viseur ne sont pas dans le même axe ?
On en revient au miroir mentionné plus haut dans la définition de Wikipédia. Mais c’est peut-être
plus clair avec un schéma :
Autofocus : système de
mise au point automatique
activé avant chaque cliché
en enfonçant le
déclencheur à mi-course.
1 – Objectif frontal (ici composé de 4 éléments)
2 – Miroir reflex à 45°
3 – Obturateur plan focal (rideau) Collimateur : dispositif
optique permettant
4 – Film ou capteur (CCD ou CMOS le plus souvent)
d’obtenir un faisceau de
5 – Verre de visée
lumières parallèles à partir
6 – Lentille convergente d’une source de lumière.
7 – Penta-prisme optique (ou penta miroir) L’autofocus utilise ces
8 – Viseur (ou oculaire) collimateurs pour réaliser
sa mise au point en divers
endroits de l’image.
Cette valeur est essentielle car elle permet à l’appareil de commander aux lentilles présentes dans
votre objectif de se placer de telle sorte qu’elles fassent converger les rayons lumineux venant
d’une distance correspondante à celle de votre sujet sur le plan du capteur. Ainsi, le sujet sera net.
Tout ce qui se trouve plus près ou plus loin que le sujet sera flou. Tout du moins dans l’idéal.
AF-C (pour AutoFocus Continuous) ou AI SERVO (chez Canon) : ce mode d’autofocus est
parfaitement adapté à la photographie de sujets en mouvement. Faites la mise au point et
demandez à votre sujet de se déplacer. Vous verrez, l’appareil adaptera automatiquement
sa mise au point pour que le sujet reste net.
Un exercice pour se rendre compte de l’utilité de ce mode est de viser un sujet proche et
d’enfoncer le déclencheur à mi-course. Sans relâcher le déclencheur, tournez-vous et visez
un sujet plus lointain. L’appareil adaptera sa mise au point à votre nouveau cadrage.
Le problème, c’est que l’appareil fait lui-même le choix du ou des collimateurs qu’il souhaite utiliser
avant chaque cliché. Un coup sur deux, la netteté sera donc obtenue ailleurs que là où vous la
vouliez. Prenons le cas du portrait : votre personnage est au centre de l’image, et l’arrière-plan est
assez lointain. Votre but est d’obtenir un personnage net devant un arrière-plan flou, et non
l’inverse. Or, comme il y a autant de collimateurs placés devant le personnage que devant le
paysage derrière lui, il y a autant de chances pour que l’appareil fasse la mise au point sur le
personnage que sur le paysage.
Pour obtenir la netteté à l’endroit de votre choix, je vous conseille de ne garder qu’un seul
collimateur : celui du centre. Ainsi, vous saurez très exactement où sera faite la mise au point de
toutes vos photos. Heureusement, il est possible d’utiliser ce collimateur sans être obligés de
placer le sujet au centre, et ce grâce au mode de Mise au Point Ponctuelle : AF-S ou ONE
SHOT.
Dans ce mode, si vous souhaitez décentrer votre sujet (ce qui est conseillé : voir le chapitre sur la
Composition de l’image), vous devrez simplement d’abord le placer au centre de votre photo,
presser le déclencheur à mi-course pour faire la mise au point sur lui puis, sans relâcher le
déclencheur, recadrer votre photo à votre convenance. La mise au point devrait être conservée
sur le sujet si vous avez maintenu le déclencheur comme il se doit. Enfoncez-le alors jusqu’au bout
pour déclencher la prise de vue : votre sujet sera net et décentré.
Mais attention, car cela ne marchera pas en mode de Mise au Point Continue (AF-C ou AI
SERVO) puisque l’appareil adaptera sa mise au point à votre nouveau cadrage. Si vous obtenez
un personnage flou sur un arrière-plan net, c’est donc soit que vous avez relâché le déclencheur
dans la manœuvre, soit que vous n’étiez pas dans la bon mode de mise au point !
La profondeur de champ
Définition
En voilà un terme explicite ! Enfin… cela mérite peut-être une petite introduction. Lorsque vous
réalisez une mise au point, vous demandez donc à l’appareil de faire en sorte que tout ce qui se
trouve à une distance donnée de votre objectif se projette de façon nette sur le capteur caché à
l’intérieur de votre boîtier. En effet, si le capteur voit nettement un élément, alors celui-ci sera net à
l’image une fois votre photo traitée.
La profondeur de champ correspond à cette distance qui sépare l’élément net de votre photo
qui est le plus près de vous de l’élément net le plus éloigné. Sur le schéma ci-dessus, votre
sujet se trouve au milieu d’une zone nette qui correspond à la distance de mise au point
paramétrée par votre boîtier lorsque vous avez enfoncé votre déclencheur à mi-course.
C’est là que la partie créative du travail du photographe commence. En jouant sur un paramètre de
son appareil, il est possible de déterminer la profondeur de champ, c’est-à-dire l’importance de
cette zone nette sur le schéma. On peut soit la limiter au maximum pour que seul le sujet soit net
et que tout ce qui se trouve immédiatement plus près ou plus loin soit flou, ou au contraire la
maximiser pour que certains éléments se trouvant plus près ou plus loin du sujet principal se
trouvent également nets sur la photo.
Ce paramètre magique, c’est l’ouverture du diaphragme !
Le diaphragme
Il s’avère en effet que plus la diaphragme sera fermé et plus il y aura d’éléments nets sur
votre cliché. A l’inverse, un diaphragme ouvert au maximum engendrera un cliché à la profondeur
de champ d’autant plus réduite que l’ouverture est importante. Pour obtenir de beaux effets de
nets/flous, il ne faut donc pas hésiter à investir dans un objectif à grande ouverture.
Du fait que ces objectifs laissent passer plus de lumière lorsqu’ils sont ouverts, on dit qu’ils sont
lumineux. La plupart des optiques vendues en pack avec les boîtiers numériques ont une
Aussi illogique que cela puisse paraître, il faut se rappeler que plus la valeur de l’ouverture (notée f
suivi d’un nombre) est élevée et plus le diaphragme sera fermé. On cherchera donc à s’équiper
d’optiques dont la valeur d’ouverture est la plus petite possible. Un objectif ouvrant à f/1.8 est déjà
très lumineux. f/1.4 est pour ainsi dire gigantesque !
Vérifier la profondeur de
champ avant de prendre une photo
Faites toutefois attention à un détail. Nous disions plus tôt que l’image apparaissant dans votre
viseur correspondait exactement à ce qui allait apparaître sur votre cliché une fois le déclencheur
pressé. Ce n’est pas tout à fait vrai en ce qui concerne la
profondeur de champ.
Le conseil du pro En effet, afin de laisser passer suffisamment de lumière
Si vous souhaitez vous exercer à pour que l’image du viseur ne soit pas trop sombre, le
l’utilisation d’un objectif à grande diaphragme est toujours ouvert à son maximum tant
ouverture sans dépenser une fortune, que vous ne prenez pas de photo. En dehors du
moment où vous exposez, la profondeur de champ
optez pour une optique à focale fixe
observée dans le viseur est donc toujours réduite au
50mm ouvrant à f/1.8. Vous devriez en maximum. Si vous changez la valeur de l’ouverture pour
trouver aux alentours de 100€. obtenir une profondeur de champ plus importante, il peut
être intéressant d’en apprécier le résultat avant d’appuyer
sur le déclencheur.
Mais comment se fait-il donc que malgré la faible quantité de lumière qui traverse l’objectif avec un
diaphragme ouvert au minimum, votre
cliché soit malgré tout correctement
exposé ? Comprenez par là qu’il n’est
pas aussi sombre que ce que vous
observiez dans le viseur avant de
presser le déclencheur. C’est tout
simplement que votre appareil ne
fonctionne pas comme votre œil : il
expose plus longtemps !
La durée
d’exposition (ou temps de pose ; ou
vitesse d’obturation)
Vous connaissez l’effet de persistance rétinienne. Cela provient du fait que l’œil « n’actualise » pas
les images qu’il reçoit assez vite pour capter le mouvement de certains sujets très rapides. On
peut ainsi voir un objet à un endroit où il ne se trouve déjà plus, et simultanément ce même objet à
l’endroit où il se trouve déjà, les deux se superposant dans la même image comme si l’objet s’était
dédoublé.
Imaginez maintenant que vous puissiez multiplier la durée de cette persistance rétinienne à l’infini.
C’est un peu ce que l’on fait en photographie avec un temps de pose long.
Exposition courte : le mouvement est figé Exposition plus longue : un filé apparaît
Pour comprendre ce schéma, il faut considérer l’objet que vous désirez photographier comme un
ensemble de points infiniment petits. Pour simplifier les choses, on n’étudiera l’effet que d’un seul
point.
Celui-ci fonctionne comme une source de lumière radiant dans toutes les directions. Bien qu’il
envoie des rayons lumineux à 360° (sur notre schéma en tout cas : dans la réalité, la propagation
se fait en 3D, sur une sphère), on ne prendra en compte que l’arc de cercle capté par l’objectif (ici
représenté en bleu). Après avoir traversé ce dernier, les rayons lumineux sont déviés selon une
direction inversement proportionnelle à l’angle d’incidence des rayons en provenance du point
objet.
Une conséquence de ce fait est que plus l’objet est près et plus on doit éloigner la lentille du
capteur.
L’infini
On dit qu’un objet est situé « à l’infini » s’il est situé plus loin qu'une vingtaine de fois la focale de
l’objectif. Dans ce cas, pour faire la mise au point, il nous faudra placer la lentille de telle sorte que
le capteur soit dans son plan focal, c’est-à-dire que la distance capteur-lentille soit égale à la focale.
On a alors fait une « mise au point à l’infini ». Tous les objets situés suffisamment loin de l’objectif
seront donc nets. On emploiera cette technique pour photographier des paysages, mais surtout
pas pour des portraits !
Cas 2
On éloigne un peu la lentille du capteur.
La projection reste limitée à un seul
pixel.
Cas 3
On éloigne encore plus la
lentille du capteur. La
projection du point objet
s’étend sur plusieurs pixels
en hauteur : une tache
apparaît à l’image.
Cette fois, la projection du point objet sur le capteur est trop étendue : elle ne recouvre plus un
mais trois pixels en hauteur. Votre appareil est désormais capable de détecter le problème. A
l’image, vous n’aurez plus un point mais une tache d’une hauteur équivalente à trois pixels. Le
même effet se répétant sur tous les autres points de l’objet, celui-ci apparaîtra donc flou sur votre
photo.
On comprend donc que l’on peut éloigner la lentille du capteur à condition de ne pas dépasser
certaines limites.
A l’inverse, il est également possible de rapprocher la lentille du capteur à partir de la position
idéale du Cas 1. Les rayons lumineux convergeront alors sur l’axe optique avant d’avoir touché le
capteur, comme sur la figure ci-après (Cas 4). La projection sur le capteur sera donc inversée,
mais cela ne pose pas problème. Votre appareil sait gérer la situation, mais vous éviterez de trop
rapprocher la lentille sous peine d’obtenir une photo floue comme précédemment.
Cas 4
On a rapproché la lentille du
capteur. L’image projetée est
inversée mais ne couvre
qu’un pixel : le boîtier « voit »
une photo nette.
Tant que vous restez dans certaines limites, la projection du point objet restera limitée à un seul
pixel. Votre boîtier ne voit pas la différence avec le Cas 2 : pour lui, un seul pixel est excité, et de la
Cas 5
On a trop approché la lentille
du capteur. La projection du
point objet couvre plusieurs
pixels en hauteur et est
inversée : l’image est floue.
On considère ici le cas d’un point sur lequel on n’aurait pas fait la mise au point. En ouvrant le
diaphragme au maximum, on laisse pénétrer dans l’objectif une gamme importante des rayons
lumineux en provenance du point objet. Parmi ces rayons, ceux dont l’incidence s’éloigne le plus
de l’axe optique (la ligne pointillée sur le schéma) vont se projeter sur des pixels autres que celui
correspondant à un point image net (ici le pixel central). L’appareil ne voit pas un point mais une
tache : l’image est donc floue.
En diminuant l’ouverture du diaphragme, on ne sélectionne que les rayons lumineux proches de
l’axe optique. Ils étaient déjà présents dans le cas précédent, mais l’image floue était due aux
rayons parasites à incidence trop importante. Ici, seuls les rayons convergent vers le pixel central
sont conservés : l’appareil voit bien un point image, et la photo est nette.
Ouverture minimale
Fermer le diaphragme permet
de ne laisser passer que des
rayons dont l’angle d’incidence
est moindre. Ceux-ci convergent
sur un seul pixel, permettant
d’obtenir un seul point image, et
dont une photo nette.
On remarquera que, même si l’on n’a considéré que le cas d’un point objet sur lequel on n’avait
pas fait de mise au point, tous les points proches de l’axe optique sont dans le même cas. En effet,
plus le diaphragme est fermé et moins l’appareil ne « verra » la différence de distance entre les
différents éléments de l’image, ces derniers lui envoyant tous des rayons lumineux dont l’angle
d’incidence est très proche. C’est ainsi que l’on parvient à obtenir une très grande profondeur de
champ.
Notez que, quelle que soit la mise au point effectuée, si l'on pouvait fermer le diaphragme autant
que l'on veut, on pourrait obtenir la netteté pour n'importe quel objet (comprenez par-là que l’on
pourrait allonger suffisamment la profondeur de champ pour qu'il s'y trouve englobé). En pratique,
les diaphragmes ne ferment cependant que très rarement au-delà de f/22.
Dans ces deux cas, les trois points sont nets à l’image. On remarque sur la figure de droite que la profondeur de champ
est plus importante quand les points sont plus éloignés de l’objectif. Là encore, les règles de construction géométriques
sont respectées : il n’y a pas de trucage.
En faisant une mise au point sur un objet plus éloigné, on rapproche en effet la lentille du capteur,
ce qui a pour effet de « relever » les rayons lumineux convergeant vers un même pixel. Plus
parallèles à l’axe optique, ils le coupent également plus loin de l’objectif (schéma de droite sur la
page précédente). On voit donc de manière nette des points situés d’autant plus loin que la lentille
est proche du capteur.
Faible distance de mise au point : on est près du sujet Grande distance de mise au point : on est plus loin du sujet
(la profondeur de champ est réduite) (la profondeur de champ est plus grande)
Si ces schémas sont très similaires à ceux qui cas précédent, c’est que l’explication est pour ainsi
dire la même. Ici, la lentille se rapproche du capteur non plus pour effectuer une mise au point plus
loin, mais pour diminuer la focale ou « dézoomer ». On
agrandit donc notre champ de vision. Ce
rapprochement s’accompagne d’une fermeture du
diaphragme pour conserver une exposition convenable
(la quantité de lumière pénétrant dans l’objectif à courte
focale étant plus importante que lorsque la focale est
plus longue, il faut compenser par une fermeture du
diaphragme) et donc d’un allongement de la profondeur
de champ.
En effet, si l’on agrandit la surface sur laquelle on accepte que l’image d’un objet soit projetée tout
en le considérant comme net, alors on peut accepter une gamme plus importante de distances à
l’objectif, et la profondeur de champ augmente ! Ainsi, un compact aura généralement une
profondeur de champ beaucoup plus courte qu'un réflex dont les pixels sont plus gros...
Attention enfin car les indications d'hyperfocale présentes sur les vieux objectifs sont bien souvent
faussées avec l'utilisation d'un capteur APS-C qui aura de plus petits pixels que le photosite
caractéristique d'un pellicule photo standard.
Ce qui diminue la
Ce qui augmente la
profondeur de champ
Méthodes pour influencer profondeur de champ
En pratique (pour faire ressortir un
la profondeur de champ (plus d’objets nets à
sujet sur un arrière-plan
l’image)
flou)
Augmentez l’ouverture du
En mode Priorité
Fermer le diaphragme diaphragme (diminuez la
Ouverture, faites tourner la
Ouverture du diaphragme (augmenter la valeur valeur d’ouverture après le
molette de réglage
d’ouverture après le f/) f/) ou achetez un objectif
principale
plus lumineux
Eloignez-vous de votre
Distance de mise au point Déplacez-vous Rapprochez-vous du sujet
sujet
Tournez la bague principale Allongez la focale
Réduisez la focale (en
de votre objectif pour (autrement dit : zoomez).
Focale d’autres termes :
« zoomer » ou L’objet sera plus gros mais
dézoomez)
« dézoomer » mieux découpé
Des pixels plus gros : Des pixels plus petits : un
Taille des pixels Changez d’appareil photo investissez dans un capteur compact devrait vous
plein format (24x36) combler.
Crédits illustrations :
Photos : Jean-Jacques Milan, Alexandre Rosa, Stéphane Hacquin, Laetitia Bachellez.
Certains schémas sont libres de droits ou disponibles sous license Creative Commons.