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Inventaire Critique Des Sols Gypseux en Tunisie

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IUlPUBLlQYB TUftISIBl'fNB OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

ET TECHNIQUE D'OUTRE - MER


MINI5TERE DE L'AGRICULTURE
MISSION TUNISIE
Direction des Ressources en Eau et en Sol

DIVISION DES SOLS

INVENTAIRE CRITIQUE DES SOLS GYPSEUX EN TUNISIE

ETUDE PRELIMINAIRE

E. S 98

J. VIEILLEFON Pédologue O.R.S.T.O.M.

Mars 1916
REPUBLIQUE TUNISIE~Œ OFFICE DE LA RECHERCHE
llINISTERE DE L'AGRICULTURE. SCIElITIFI~UE ET TECHNIQUE
DIRECTION DES RESSOURCES OUTRE-11ER
EN EAUX ET EN SOLS

MISSION TUNISIE
DIVISION DES SOLS

INVENTAIRE CRITIQUE
DES SOLS GYPSEUX EN TUNISIE

- Etude préliminaire -

J. VIEILLEFON, Pédologue ORSTOM

(W\RS 1976)
-) -
\
IN1.~NTAIRF. CRITIQUE DFB SOLP GYPSEUX DE ~lISIE

(Etude préliminaire)

Présentatation

On a tenté nans cette étude d'ens~ble de réaliser une synthèse des


connaissances acquises sur les sols gypseux de Tunisie, en faisant ressortir
.
leurs problèMes de définition, de èescrir-tion et de cartographie, leurs
principales caractéristiques, ainsi sue les problèmes posés ~ar leur déter-
mination, enfin leurs aptitudes et les problèmes posés par leur utilisation.

Les études de sols gypseux, exécutées à l'occasion de" prospections,


essentielle~ent à but agronomique, de régions très variées de Tunisie, ayant
donné lieu à des représentations cartographiques à différentes échelles, il a
été nécessaire, dans un premier te~9s, de recenser les unités cartogra~hiques

employées et d'en présenter un inventaire synthètique.

Grâce au regroupement de ces données, a~paraissent divers problèmes


liés à
- l'orifine du gypse, nécessitant l'inventaire succinct des roches~ères

- sa distribution dans le paysaç,c, dans des enSeMbles 8éomorphologi~ues

identifiés
sa localisation dans les profils et les séquences de sols, suivant des
formes è'accumulaticn variées.

La végétation fait l'objet de rlonnées généralenent somma1res dans la


plupart des notices ne cartes. Des études phytosociologiques les complètent
heureusement, et des relations très étroites peuvent être mises en évidence
avec les sols, en foncticn de leur type ~énétique et des formes j'accumulation
du gypse, ou plus simplement ~e leur richesse en i0n sulfate.
- 2 -
SO!JI!laire
-=-=-=-:=

1ère Partie : Inventaire carto~raphique et classification des sols gypseux p. 5

1. - Etude des cartes rénérales de synthèse p. 6


/1. Carte des roches~èrer des sols de Tunisie au 1/1.000.000
F. Carte des sols de Tunisie au 1/500.000.
1. Classement cartographique p. 6
2. Localisation des s0.ls gypseux p. 8
C. C8rte phyto-écologiqu8 de la Tunisie Centrale et Méridionale p. 8
1. Les unités phytoécologiques gypsicoles p. 9
2. Caractères des princi~ales unités p. 9
D. Conparaison des données p.11
1. Données d'ense~ble
2. Convergences et divergences p .12
E. Répartition globale des sols et substrats gypseux en Tunisie p.17

II. -Etude des cartes à moyenne échelle p •.20


A. Classification des sols Gypseux p.20
B. Recensement des unités cartographiées p.23
C. Profondeur des encroûtements p.28

Conclusions p.29

II~e Partie Rynthèse des observations sur l'origine et le mode de mise en place
des accu~u1ations gypseuses dans les sels et les paysages, leur
morpho1np.ie et leur r-ropriétés.

1. - Origine du gypse. Aperçu sur les roches-mères et les nappes p.31


A. Le gypse dans la couverture géologique
B. Le gypse dans les eaux souterraines p.35
II. - Géomorphologie des terrains gypseux p.37
A. Conception générale
1. Le site des croûtes gypseuses p.37
2. Les rapports avec le substratum p.38
3. La morpho10~ie des zones encroûtées p.38
B. Observations locales P.40
C. Place des accumu1atinns ~ypseuses par rapport aux accumulations
ca1caireB. p.42
- 3 -

III. - Végétation des terrains Rypseux p.42


A. Les observations nes pedologues
B. Les études botaniques et l'hyto-socio10giques p.43

IV. - r!orpho10gie et propriétés physiques des accumulations gypseuses 44


A. Macrcmorpho10gie p.45
1. Accumulation généralisée p.45
2. Accumulation localisée p.47
B. Propriétés physiques et structurales p.M3
C • H"
.. 1cromorr.10
l 1og1.e
• p.49
1. Sols à accumulation de surface
2. Sols à accumulation de nappe p.50

V. - Répartition du gypse dans les orofi1s p.50


A. Les données sur les teneurs en gypse p.51
1. Croûtes p,ypseuses de surface
2. Encroûtements gypseux de surface
3. Encroûtements l)rofonds
4. Fncroûternents et croûtes de nappe
F. Les variations conjointes du calcaire et du gypse p.52
c. Les variations du gypse et des sels solubles p.52
VI. - Fornaticn et évolution des accumulations gypseuses p.53
A. Les facteurs de la pédogénèse
1. Roche-mère
2. Géomorphologie
3. CliMat p.54
4. Facteurs biotiques p.55
5. Tenps p.55
~. Les facteurs de la cristallisation p.56
c. Les nécanisnes rle la ~ise en place
1. Hypothèse du transport éo1oien p.57
2. Hypothèse de ~igr~ticn per descens~~ p.58
3. Hynothèse ~e migration latérale p.59
4. Eypothèse de migration per ascensum

Conclusions p.60
- 4 -

IIIè~e Partie: Les problèMes de'1'ana1yse des sols gypseux

1. - Granulomètrie

II. - Teneur en eau et rF


III. - DOEage du gypse et dec autres fomes èe sulfates de calciun

IV. - Conp1exe atsorbant et bilan ionique


A. Sels solubles
B. Co~plexe absorbant
1. Caracité d'échange
2. BaS0~ échanf-eables
3. Alcalinité

Conc1usi.ons

IVè!'l1e Partie : Utilisation ot aptitudes des sols gypseux


1. - ProrlèMes ~rutilisation des sols liés au gypse
A. Cultures en sec
1. Teneur en gypse
2. Profonrleur des croûtes et encroûtenents
B. Cultures irrigu6es
1. Teneur en f,y?se
2. Profondeur et dureté de l'encroûtement
3. Profondeur et salure de la nappe
4. Qualité de l'eau d'irrigatiop
II. Oue1ques exe~ples de c1~3sc~ent des aptitudes des sols gypse~x

A. Fu sec
1. Cultures arbustives
2. Cultures annuell.3s
3. Pâturap,e et parcours
4. 1~ise en défe!ls
B. En irrigué
III. - Résultats de quelques essais d'irri~ation è-e sols gypseux
A. Oasis continentales
n. Oasis littorales
Conclusions

Conclusions ~8nérales

Bibliographie
'" .

- 5 -

1ère Partie INVENTAIBE C~JtTOGRAPRIQUE ET CLASSIFICATION DES SOLS GYPSEUX

Les premiers observateurs ont ~té frappés par l'abondance du gypse


de certaines accumulations dont les plus spectaculaires sont les croûtes et
encroûtements blancs de surface, et ont été tentés d'y voir plus des formations
géologiques que des formations pédo10gigues. On leur doit certaines théories
sur la mise en place de ces accumulations gypseuses, en relation avec des
formations lagunaires, par exemple.
Ultérieurement, si le caractère de véritables sols leur a été reconnu,
les auteurs ont insisté sur l'ancienneté probable de leur formation, attribuant
à des cli~Ets respectivement plus secs et plus humides que l'actuel, donc plus
anciens, les phases de leur mise en ~lace et de leur consolidation. Ce seraient
donc des paléosols (LE HOUEROU, 1960).
Avec la création, il y a une vingtaine d'années, d'un service pédo10gique,
la connaissance de l'ensemble des sols ~e la Tunisie a beaucoup progressé,
et avec elle celle des sols gypseux. Parallèlement des expériences de mise
en va1ecr par irrigation ont permis de préciser certaines de leurs aptitudes.

Les princi~aux documents utilisables comprennent donc : d'une part un


granà nombre d'études locales à différentes échelles, dont des synthèses ont
été réalisées, d'abord au 1/1 000 000 puis au 1/500 000, d'autre part des
données pédo10giques associées à des études botaniques ou phyto-éco10giqu~s.
Dans ce dernier cas, on nispose, à côté de son étude et de sa cartographie des
formations végétales ~e la Tunisie Centrale et Méridionale (1959,1969), d'une
étude des sols du sud-tunisien tlar LE ~OUEROU (1960), malheureusement sans
carte.

L'inventaire des sols gypseux prüsentê'ici a donc été entrepris à


deux niveaux :
- d'abord à partir des cartes d'ensemble à petite échelle (1/1 000 000" 1/500 000).
afin de reconnaître la répartition globale des sols gypseux au niveau du
territoire national.
- ensuite à partir de l'ensemble des études à m0yenne échelle du(I/200 000
au 1/25 000) afin d'embrasser toute la diversité des ~nifestations gypseuses
dans les sels, et recenser les types d'unité cartographiques uti1isév par
les différents auteurs pour en p~ésenter les catégories da~s le cadre de la
c1asGification p.énéra1e.
- 6 -

1. - ETUDE DES CARTES GENERALES DE SYNTHESE

A. Carte des roches~ères des sols du 1/1.000.000 (FAO-DIMANCHE 1971)

Cette carte 0istingue trois grands ensembles : les roches-Mères acides,


les roches-mères calcaires à accumulation peu 0éve10ppée de calcaire et les
roches-mères riches en calcaire, en gypse cu en sels. Carte synthètique
réalisée à partir des cartes ~éo10gique , pé~ologique et phy~oéco10gique

générales, elle insiste surtout sur la partie superficielle des sols, dont
les substrats ne sont pas prGcis8s. Comme elle n'apporte pas de renseignements
particuliers par ra~port aux cartes qui serent étudiées ci-après, nous ne
nous étendrons pas à son sujet.
On notera simplement que les sols gypseux au sens large semblent
Darticiper partie11e~ent à au ~oins 5 des principales unités de cette carte
- sur roche-mère calcaire sans accumulation
- alluvions 0e texture variable, peu évoluées
alluvions ou sables éoliens évolués en sols à caractère isohurnique
sans accumulation notable de calcaire
- sur roche~ère riche en
- calcaire : affleurements et encroûtements bien développés
- gypse : encroûtements gypseux
- sels ; alluvions, bourrelets ~e sebkha, sols salins et alcalins

B. Carte des sols de Tunisee au 1/500.000 (Bulletin N° 5 Division des Sols,1973)

Les sols gypseux ap?araissent dans 12 unités cartographiques, dont


seulement 9 sont clairement ~r€cisées dans la légende, les 3 autres appa-
raissant comme èes surcharges sur è"es uni tés non gypseuses'. Ce sont
- dans la classe des sols I!linéraux hruts, sous-classe ~es sols Hn'origine
climatique", des sols à des reg de croûte eypseuse, et dans la sous-
classe "non climatique", des,sols d'apport éolien gypseux (unité 1)
- dans la c1~sse des sols peu évolués, sous-classe climatique, des sols
n'a~port (sols gris subdésertiques) associés à des sols ca1co~agnési­
I!lorphes à croûte ou encroûtement gypSetŒ (unité 2), et dans la sous-classe
non climatique, des sols d'a~port modaux associés à des 1ithoso1s sur
croûte gy~seuse (unité 3)
- {~ans la classe èes sols ca1co ·1'l3p;'nési~o:::-phes. sous'-c1asse des sols à
accu~lation gypseuse, des sols à croûte ou enc~oûtG~1ept gy?seux de
surface (unités 4-5), éventue11ETIent associés à des régoso1s (unité 6),
à des s!"ls peu !-vo1ués d'apport (unit~ 7)
1-

~ 7 -
- ~ans la classe des sols isoh1nniques, sous-classe des sols isohumiques
suhtropicaux, des sols bruns gypseux associés à des ré~osols et 0.es litho-
sols (unité 8), des sols bruns jeunes et des sols peu évolués d'apport à
faciès isohumique, p:ypseux (unité 9), et des s0ls bruns arqosiés a des sols
calci-magnésimorrhes à croûte ou encroûtements ~ypseux (unité 10)
- dans la classe des sols hydromorphes, des sols è encroûteflent gypseux
. de nappe souvent à caractère de salure (unité Il)
- dans la classe des sols ha16morphes, des sols très salés ou salés à alcali
à encroûtement gypseux de nappe (unité 12) à quoi il faut ajouter deux
petites zones de sols salins à horizon superficiel friable comportant
la surchar~e gypse.

On observe donc 5 unités a~pare~ent si~ples (N° 4, 5, 10, Il, 12) et


7 associations (N° 1, 2,3, 6,7, 8, 9). En l'absence de la partie de la
notice concernant la feuille sud de. la carte, il est difficile de.se faire
une idée précise ne certaines unités, notamment la nature exacte de
ltunité 1 et les critères de séparation èes unités 2 et 6, 3 et 7, par exemple.
1

Une estimation des surfaces des différentes unités a été réalisée


d'après cette carte (tableau I)s en faisant apparaître les combinaisons
d'unités et les associations.

Tableau 1·
Composition des unités de sols gypseux et surfaces approximatives (hectares)

Sols Calco-mag. Hydrom. 1 Ralom. surchélrr.;e


gypseux à croûte Tà enc. à croûte de nappe Itgypse"
unités
pures
4 + 5
634.000
11
6.000 1 2~~.000
6
95.000
bruts + rél!osnls
-------------------I---------------~---~-_ .. 1
__~~2E2!! __ ~ _
-------_.----------.-1---------------------_.- -..-------- 250.000
pel! évol. 2
__~lim~_~E~2E! _
------_!§!~Q~Q-----~------~--------------- ----------
peu évol. 3 7
___g2g_f!~_~22~ _ 24.000 18.000
------------------- --------------_._------- ----------
isohumiC'ues 8
bruns et reg. 24.000
-------------~----- -------------------~----------------------
isohumiques 9
----------
__2EYg§ _
---_.._._-158.000
---------_._~------~-------._- ... -_.__ .. -- -.---------~

isohtL"'lic;,ues 1')
bruns jeunes 1 9.000

• les numéros d'unités de la carte p8dologique sont arbitraires


. l'
SU1vent ordre de la légende ~p.nêrale d2 -
cette carte. ,
,. r

- 8 -

Les sols à croûte ou encroûtement gypseux de surface ou de nappe


représentent environ 939.000 hectares (unités N° 4, 5~ 11,12). si l'on
y ajoute, ce qui est assez grossier mais pourra suffire pour une approxi-
mation, la moitié des surfaces des associations où ils participent (N° 2,
3, 6, 7, 9) on atteint environ 1.088.000 hectares, dont 783.000 pour les
sols à croûte ou encroûtement de surface.

Au nord de la noreale, on trouve les sols de l'unité 5 (sols calco-


magnésimorphes calcaires et gypseux), associés sur les massifs à des
régosols dans la région de Guam Falfaya, au sud-ouest du Kef.

Dans le Centre tunisien, il s'agit d'une part, de sols à croûte ou


e~cT.r.ût~~prtde surface au voisinage des grandes sebkhas, sur leurs bourrelets
notamment à l'est de la sebkha Kelbia, du sud-ouest à l'est de la sebkha
de sidi FI Bani, à l'ouest de la sebkha Ech Cherita, au sud de la sebkha
El Pherra, ainsi qu'au nord-ouest d'El Djeœ, d'autre part de l'association
des sols gypseux à des sols bruns steppiques à l'ouest d'El Djem et à l'est
de La Hencha.

Le Sud Tunisien est la région où les sols gypseux sont les plus abon-
dants, concuremment avec les lithosols et les sols halomorphes. Il s'agit
d'abord de sols à croûte ou encroûtement de surface et leurs associations
avec des sols peu évolués et squelettiques le long de la sebkha V,échiguig
au nord de Maknassy, autour de la febkret en NouaI, au nord et au nord/est
de Gafsa,dans la région de Tozeur Nefta, des deux côtés du chott Fedjedj,
sur les glacis du versant sud du Djebel Tebaga, dans la région de Ga~ès

et la Djerfara, et au sud de Tatahouine.


. '
On note également l'association à
des sols bruns steppiques à l'ouest de Sfax, dans la région Sebkret en NouaI
La Skhirra, et dans la Djeffara. Les sables gypseux et les regs de croûte
sont présents à l'est du Chott Djerid. Enfin les sols à croûte de nappe,
qui n'apparaissent que vers le parallèle 35 G nord, se rassemblent surtout
en bordure des grands chotts (Djerid, Rharsa, Fedjedj) et vers la frontière
lybienne aU,sud-est de Ben Gardane.

C. Carte phyto-écologique de la _!~nisie Centrale et Méridionale (LE HOUEROU,1969)

Dans la notice acccmpagnantcette carte, l'auteur fourLit un certain


nombre de caractéristiques des sols 0U des matériaux qui Sllp[Ortent ies
associations végétales, à partir èescuelles il est possible de se faire
une idée ~es ty~es de sols ccncern~s.
- 9 -

On relève ainsi oue 38 unités de la carte, correspondant à des associa-


tions, à des groupements, des sous-associations ou des variantes, sont
développées sur des sols plus ou moins gypseux. Compte tenu des indications
pédo10giques données par l'auteur, il est possible de distinguer en gros
deux catégories :
- l'une regroupant les unités correspondant à des sols gypseux typiques
(sols à croûte ou encroûtement gypseux de surface ou de profondeur, sols
a11uviaixgypseux), n dominance de plantes gypsophiles
- l'autre rassemblant au contraire des unités dont les sols présentent des
manifestations plus discrètes du gypse~ où les plantes gypsophiles ne font
qu'accompagner d'autres groupements.
La première catégorie compte 17 unités regroupées ci-dessous
1- sur s~ls squelettiques ou regoso1s sur roches gypseuses: N° 88, 110 et
45 a et b (pro parte)
2- sur sols peu évolués sur alluvions gypseuses plus ou moins salées
rio 128 (encroûtement gypseux de napre)
3- sur sols à croûte ou encroûtement de surface N° 60, 64, 67, 75, 90, 91,
110, 112
4- sur les mênes sols avec un recouvrement sableux gypseux : N° 104
5- .,,1:' des sols à encroûtement de profondeur (sans nappe) : N° 33, 63, 82,84
n quoi il faut ajouter l'unité 121 représentée seulement dans la
partie sud qui n'existe pas sur la carte pédo1ogique, correspondant à
un reg gypseux sur croûte.

La seconde catégorie comporte 21 unités :


1- sur des sols pen évolués légèrement gypseux N° 24, 61, 73, 74, 103, 113,
123
2- sur des sols bruns steppiques faiblement encroûtés N° 21, 36-a, 44,
45-a-b, 53, 59, 62, 66, 69, 72, 83, 127
3- sur des sols sableux gypseux ~ hydromorphes recouvrant un sol salé
N° 70, 114
à quoi il faut ajouter l'unité 113 de l'extrême sud sur sah1es gypseux
1é~èreMent encroûtés.

~ans entrer dans le détail des unités reprp.sentées, qui sont de recou-
vrement spatial très iné~a1 (de 96 ~ 5240 y~2)s il nous s6TIble ~on ~e citer
les plus importantes.
- 10 -
L'association la plus largement représentée est l'asscciaticn 3
Traganum nudatum, Raetema raetam et Suaeda mollis (N° 114), qui colonise les
sables gypseux mobiles des zones sud et sud-ouest du chott Djerid. C'est une
pseudosteppe à nanophanèrophytes dont le recouvrament ne dépasse pas 15 à 20%
de la·surface du sol.
Elle est suivie par l'association à ~~arrhinum brevifolium et Zygophyllum
album (N° 90) typique des sols à croûte ou encroûtement gypseux de surface.
C'est une steppe à chamêphytes dont le recouvrement n'excède pas également
15 3 20%.
Vient ensuite la variante à Moricandia arvensis (N° 75) de l'association
précédente, dont les caractéristiques édaphiques sent similaires, le climax
écologique étant toutefo~s plus continental.
Plus au sud fait suite l'association à Traganum nudatum et Anabasis articu-
lata (N° 112) qui colonise également des encroûtements et croûtes g}7seux,
développés sur des marnes du Crétacé à faciès wealdien de part et d'autre du
chott Fedjedj. C'est une steppe ouverte à chaméphytes qui couvre seulement
10 à 20% de la surface du sol.
Au sud de la précédente on trouve la sous-association à relianthemum lippii
var. intricatum (N° 110) de l'association à tnthylis scricea et Gymnocarpos
decander qui couvre des surfaces importantes à l'est de Tatahouine et entre
Douz et Oum Ech Chia. Il s'agit là de regosols sur roches gypseuses (argiles
ou marnes).
Enfin une dernière unité dont la surface dépasse le millier de km2 est la
sous-association à Lygeum spartum (N° 82) de l'association à Rhanthérium
suaveolens et Artemisia campestris qui colonise des sols bruns steppiques plus
ou moins encroûtés dans les régions de Zougrata-La Skhirra, à l'est de Graiba
et dans la région de Bir Ali Fen Khalifa.

Au total on peu ainsi recenser approximativement, d'après la carte phyto-


écologique :
- 92.000 hectares de regosols sur roches gypseuses (unité 6')
- 670.000 " de sols peu évolués d'apport éolien gypseux (unité 1')
- 659.000 " de sols à croûte cu encroûtement gypseux de surface (unité 4')
- 232.000 " de sols bruns steppi~ues gypseux (unité 8' - 10')
- 397.000 " de sols bruns steppiques et de sols peu évolués sur encroûte-r
ment gypseux (unité 9')
- 97.000 " de sols à croûte de nappe (unité lIt) non ou peu salé
- 338.000 " de sols salés et salés à alcali gypseux (unité 12')
- 1] -
Globalement on observe ainsi près de 1 million j'hectares de sols très
marqués par le gypse, dans lesquels ont eu lieu des redistributions liées
à la pédogenèse, et près de 1 million et demi d'hectares où les manifesta-
tions du gypse sont plus discrètes. Nous verrons plus lo~n que les unités
correspondantes peuvent être très utiles pour prévoir l'accentuation éventuel-
le d'une pédogenèse gypseuse.
D. Comparaison des données fournies par' la carte pédologique et la carte phyto-
écologi~ue

1. Données d'ensemble

Il nous a semblé intéressant de confronter les données de ces deux


cartes, non dans le but de les critiquer l'une .l'autre, mais pour en mettre
en évidence les convergences et tenter d'en expliquer les divergences
éventuelles.
Rappelons cependant que ces deux cartes ne sont pas de même nature.
La carte pédologique est formée, comme nous le remarquions ci-dessus (1.-),
soit d'unités "simples", au niveau des "groupes ll de la classification, le
plus souvent, soit d'associations dans lesquelles on ne connaît pas la répar-
tition des sols associôs. Par contre, la carte phytoécologique comprend peu
d'associations de sols au sens pédologique, chaque unité étant rapportée
à un type de sol particulier plus ou moins défini. Cependant, le manque de
preC1s10n de ces définitions, que l'on ne saurait reprocher au phytosociologue,
empêche de réaliser tout bonnement une carte pédologique conforme a partir
de la carte phytoécoloqieue.
Par aïlleurs, le nombre plus élevé d'unités concernant le gypse dans
la carte phytoéco10gique, par rapport à la carte pédo10gique (38 contre 12),
ne doit pas faire illusion. On sait bien, en effet, que sous l'influence du
climat les groupements végétaux réagissent plus vite que les sols, soit par
l'installation ou la disparition d'espèces caractéristiques, soit, très
souvent, par des modifications d'importance relative de telle ou telle
espèce dans les associations. La carte phytoécologique serait même relative-
ment simplificatrice ~uisque l'on ne recense que 7 grandes unités de sols
ou matériaux (voir plus haut).
Ce n'est donc qu'avec quelques réserves, que nous tenterons de dissiper
le moment venu, que cette confrontation a été tentée.
Après avoir procédé a quelques regroupements dans les deux cartes, on
distingue 6 grandes catégories de sols (Tableau II).
- 12 -

Tableau II

Répartition comparée des grandes unités de sols

Carte Pédo10gique Carte phytoeco10gique

Sols mLnéraux
- non climatiques 1/2(1+6+ 8) = 184.000 ha 6' = 96.000
d'érosion
----------------------- ~------------------------------------------------------
- d'apport éolien
gypseux
1/2 (1) = 125.000 1' = 670.000

Sols ca1co-mag.
croûte et encre
4 + 5 + 1/2 (2+3+6+7) = 4' .. 655.000
gypseux 783.000 -

Sols bruns gyps.


bruns jeunes et 1/2 (8) + 10 .. 21.000 8' + 10' .. 232.000
peu évo1. gypSe

• Sols bruns et peu


évo1. sur encre 9 + 1/2 (3 + 7) = 9' = 397.000
gypseux 179.000

Sols hydrom.
et ha1om. à cr. Il + 12 = 305.000 . Il' + 12' = 435.000
gyps. nappe.

Le bilan montre que face aux 1.597.000 hectares de la carte pédo10gique


existeraient 2.485.000. hectares relevés par la carte phytoéco10gique. La dif-
rérence de 892.000 hectares, correspondant à une extension sensible des sols
soumis à une pédogènèse gypseuse généralement discrète, concernerait notamment
des régoso1s dans le sud (région des affleurements de Trias a l'est et au
suè(est de Tatahouine), des sols minéraux bruts non climatiques d'apport
éolien gypseux (bords de sebkhas dans la région centrale, dans la région de
Nefta-Tozeur, sables gypseux sur sols salés de la bordure sud du Djerid), des
sols bruns isohumiques gypseux et des sols bruns sur encroûtement gypseux un
peu partout, de même que des sols salés ou salés a alcali.

La comparaison des deux cartes, de même que la 1pcture du tableau II,


permettent de constater qu'à côté de zones où existe un parfait recouvrement,

+ l'exanen des cartes de détail montre qu'il s'agit plus souvent de sols bruns
steppiques plus ou moins épais sur encroûtement gypseux plutôt que de l'asso-
ciation à sols bruns et sols ca1comagnésinorphes gypseux.
- - - - - t - - - - - - - + - - - - - + - - - - - - f - - - - - - - + - - - - - - + - - - - - - - - ---- -.---. - --- o. -- . --..•
-------f--------jf-.----+----+-----+------+-------- ~--- --7- f--.------ _o. --.
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.

_ r~Ceou"[er.1en t des cartes, p~dol08iq\ae.


111111/',' pt phytoêcol~ique , '

.
·
·
·:···....
.
' ..
··
- 13 -

il en existè d'autres où l'une des cartes seulement rend compte de l'existence


de sols plus ou moins gypseux. Nous examinerons successivement ces trois
possibilités (Figure 1).
a)~~~2~_2~~_E!~8~~_2g_~~_~~~!É~~~~_~~~_~~~~Eg~~~~_~~~E~_!~!_!~2~~~~!2~
2~_!~_~~!~~_E§22!28!g~~_~~_~~_!~_~~!~~_E~ï~2~~2!28!9~~.

Ces plages correspondent plus ou moins complètement d'une part à 7


des 12 unités de la carte pédologique (N° 2, 3, 4, 6,9, Il, 12), d'autre
part à 28 des 38 unités de la carte..phytoécologique. Notons que l'unité 5 de
la carte pédologique se trouve dans une zone externe à la carte phytoécologique.
Il yale plus souvent accord plus ou moins étroit entre les deux cartes, la
plupart des différences provenant d'appellations pas tout à faitconcordantas
entre les auteurs pour certains types de sols. D'autres, au contraire, méritent
un examen plus approfondi. (Tableau III)

TABLEAU III
Convergence des unités de sols

Carte pédologique Carte phytoécologique


nO d'unités N° d'unités grandes unités correspondantes

2 64 69 70 73 103 114 l' 4' 9' 12'


3 59 60 73 4' 8' 12'
- -
4 53 61 62 63 72 73 75 90 l' 4' 6' 8' 9' 12'
91 103104 110 112 127
6 64 68 69 90 110 4' 6' 8' 9'
8 82 88 6' 9'
9 36a 61 82 83 84 90 127 l' 9'
10 72 9'
11 36a 72 82 128 9' 12'
12 90 103 114 127 128 l' 4' 12'

N.B. Les unités phytoécclogiques soulignées correspondent aux cas où


existent de fortes divergences entre les dénominations de sols
des deux cartes.
- 14 -

. L'unité 73 correspond à des sols alluviaux plus ou moins gypseux et salés


qu'il peut être difficile d'assimiler à des sols gris subdésertiques et
encore moins à des sols calcomagnésnnorphes à croûtes gypseuses.
/

Les unités 53, 59, 62 et 68 de sols bruns steppiques gypseux semblent


correspondre plus à des sols peu évolués, parfois en couverture mince sur
des sols à croûte~

Enfin, les unités 90 et 127 montrent qu'il existe parfois une ambiguité
dans le classement des sols entre ceux qui comportent un encroûtement ou
une croûte gypseuse d'origine .ca1cimorphe, donc le plus souvent en surface,
et ceux dans lesquels l'accumulation du gypse est c~usée par une action de
nappe.
b) ~~~~_~~~_E!~g~~_~~_~:~~!~!~_g~~_!:!~~!S~!!~~_E~~Q!Qg!g~~_2~_g~E~~~

Etant donné que plus de la moitié des unités "gypseuses" de la carte


pédo10gique sont des associations de sols, on admettra que certains groupe-
ments végétaux non gypseux apparaissent comme dominants sur les termes non
gypseux de ces associations. Si on les élimine il reste ainsi des plages des
unités 4, 9 et 12, auxquelles on ajoutera l'unité 1.

Dans les zones couvertes par l'unité 1, la carte phytoéco10gique


signale des sols squelettiques conformes des unités phytoéco10giques
108 et 109 mais se pose le problème de l'unité 71 de sols bruns steppiques
sur sables grossiers selon Le Rouerou ; il semble que le gypse d'origine
co11uvia1e de ces sols n'ait que peu marqué la végétation.

Notons qu'il apparaît une contradiction entre la carte phytoéco10-


gique et la notice ~ui l'accompagne à propos de la région au Sud du Djebel
Tebaga. L'association 108 est portée sur la carte alors que la notice men-
,tionne l'association 110, plus typiquement gypseuse. Une erreur de dessin
pourrait en être la cause (?).
Dans l'unité 4, la carte phytoéco10gique mentionne fréquemment deux
ensembles de sols qui sont soit des sols bruns steppiques plus ou moins encroû-
tés en calcaire, soit des sols squelettiques sur croûte calcaire. Compte-
tenu des incertitudes sur la profondeur des encroûtements gypseux dans
certaines études de sols (voir plus loin), il est possible que celui-ci ne
marque pas dans la végétation, au moins dans les zones de bas de pente.
- 15 -

Dans l'unité 9 on trouve quelques plages de sols squelettiques sur


croate calcaire qui peuvent @tre parfois mêlés à l'association.
Enfin, l'unité 12 est souvent représentée, dans la carte phytoéco10-
gique, par des groupements de sols salés à Sa1icornia ; dans ce cas,
il est possible que le caractère salin soit suffisamment fort pour
masq~er, dans la végétation, la présence d'une croate gypseuse de nappe
en profondeur.

Ce cas est particulièrement intéressant_~ar il permet de mettre


en évidence la présence de gypse ou le l'ion S04 dans les solutions eaux,
en plus ou moins grande quantités dans le sol, mais d'une façon, ou à une
profondeur, telles, que les caractères morpho-pédo10giques ne s'en trou-
vent nullement marqués, d'autres différanciations étant beaucoup plus
évidentes. Ce seront donc de précieux repères pour l'estimation des zones
pouvant être éventuellement affectées d'une pédogénèse gypseuse mineure,
soit naturelle, soit induite par des aménagements (irrigation notamment).
, '
Une vingtaine d'unités de la carte photoéco10gique nous révèlent
ainsi l'existence du gypse sous forme de substrats géologiques (regs et
marnes gypseux), pédo10giques (croates) ou alluviaux, généralement recou-
verts de sols peu évolués parfois eux-m@mes gypseux et (ou) salés. Ces
unités recouvrent partiellement des plages de la carte pédo10gique appar-
tenant à 5 classes de sols :
1 - Classe des sols peu évolués
climatiques : sols gris subdésertiques (unité 114)
non climatiques: sols peu évolués d'apport modaux
ou vertiques.(unités : 21-33-44-61-64-72-73-74-75-123-127)
2 - Classe des sols ca1co-magnésimorphes : rendzines, sols bruns
calcaires, parfois m6mes de régoso1s (24-36a-44-45-64-67-83-
90-128)
3 - Classe des vertisols (24 - 61)
4 - Classe des sols isohumiques : sols bruns et brun-rouges, sols
bruns à encroatement calcaire, sols bruns jeunes et sierozems
(21-24-44-45-59-61-66-67-82-90-123-127)
5··- Classe des sols ha10morphes : sols salés à alcali (61-62-63-
83-123).
- 16 -

Dans la sous-classe des sols peu évolués climatiques, les sols gris
subdésertiques seraient constitués de sables gypseux parfois légèrement
encroGtés et reposant sur un substrat salé. Il s'agit de zones périsebkhaî-
ques, notamment au Sud et au Sud-Ouest du Chott Djerid.

Dans la sous-classe des sols peu évolués non c1imatigues, d'apports


alluviaux ou co11uviaux, le gypse ne semble pas marquer dans le profil, bien
qu'il puisse exister en profondeur, sous forme d'un encroGtement gypseux
de nappe ou de type ca1cimorphe. Les encroGtement de sur!ace sont ~énéra1emenc

de type ca1comagnesimarphe (ou ca1cimorphe) mais peuvent être enfouis sous


des recouvrements (voir 2ème partie). Notons que la classification pédo10gi-
que ne prévoit pas de rubrique spéciale à haut niveau pour les,sols peu évo-
lués gypseux qui n'apparaissent qu'au niveau de la famille, rarement repré-
sentée à l'échelle du 1/500.000. On pourrait prendre comme exemple les sols
de séguis, dont la flore à Moricandia arvensis indique la présence de gypse.

Dans la classe des sols ca1co-magnésimorphes, les rendzines et sols


bruns calcaires ont pu se développer à partir d'un substrat plus ou moins
gypseux, mais dans des positions topographiques bien drainantes, dans les
régions centrales de Tunisie, le gypse étant maintenu en profondeur, mais
,
influençant seulement la végétation.

Dans la classe des vertisols, le caractère vertique masque complètement


l'influence du gypse. Cependant il induit également un régime hydrique sai-
sonnièrement sec pour les végétaux, qui, étant obligés de rechercher l'humi-
dité en profondeur, mettent ainsi le gypse prodond en évidence.

Dans la classe des sols isohumigues, les sols bruns et brun-rouges se


trouvent aussi fréquemment sur des substrats gypseux comme d'anciene bourre-
lets de sebkhas. D'autre part, les sierozems mentionnés sur la carte pédo10-
gique, qui seraient peut-être plus étendus, présentent souvent du gypse dans
le profil sans que l'on y attache un caractère gypseux franc, sauf lorsque
apparatt un encroGtement net en profondeur.

Enfin dans la classe des sols halomorphes, des sols salés à alcali
semblent présenter de faibles accumulations gypseuses à différentes profon-
deurs. L'étude des groupements floristiques seule permet de les déceler alors
que la salure semble être le caractère pédologique dominant.
- 17 -

E. Répartition globale des sols gypseux en Tunisie

La carte pédologique nous permet d'estimer la surface couverte par des


sols gypseux purs ou en association à près de 1.600.000 hectares, dont
approximativement 783.000 de sols à croate ou encroatement gypseux de surface
plus ou moins recouverts, 305.000 de sols hydromorphes ou halomorphes à croa-
te de nappe, soit un total dépasbant le million d'hectares de· sols gypseux
"francs", auxquels s'ajoutent 509.000 hectares de sols moins fortement mar-
qués par le gypse.

La carte phytoécologique, de son cÔté, fait apparaître un peu moins de


sols à croate ou encroatement de surface (695.000 hectares) mais par contre
beaucoup de sols dits bruns steppiques sur encroatement parfois peu profond
(377.000). De m~me, elle signale de nombreux GoIs bruns steppiques gypseux
sans encroatement en profondeur (232.000). Par ailleurs, les surfaces de sols
peu évolués gypseux non salés et salés apparaissent très importantes (respec-
tivement 670.000 et 435.000), sur un total atteignant 2.485.000 hectares.

On a représenté sur un carte schématique (Planche hors texte) la


synthèse des données de ces deux cartes, sous la forme d'une carte des sols
et substrats gypseux, ce terme permettant de ne pas apporter trop de préci-
sion dans les cas litigieux.

La carte comporte 7 unités simples et 6 associations

- L'unité l regroupe essentiellewent des regosols sur roches très gypseuses


couverts principalement par l'unité 110 de la carte phytoécologique, au
Sud de Tatahouine.
- L'unité II correspond aux unités 113 et 114 de la carte phytoécologique
- L'unité III est celle des sols calciroorphes à croOte et encroatement gyp-
seux de surface et correspond aux unités 4 et :de la carte pédologique
auxquels s'ajoutenT les unités phytoécologiques 60 et 64 dans le centre,
75 et 90 dans le sud.
- L'unité IV concerne des sols bruns isohumiques, bruns jeunes ou peu évolués
à tendance isohumique. , tous gypseux, correspondant à l'unité 10 de la car-
te pédologique et aux unités 53 et 62 dans le centre, 59,66 et 68 dans le
sud, de la carte phytoécf)1.'.lgique.
- 18 -

- L'unité V regroupe les sols bruns isohumiques sur encroatement gypseux,


généralement cl~-œ~~ea non gypseux, de l'uuité 9 de la .carte pédologique
,
et des unités 21, 36a, 44 dans le centre, 67, 72, 82, 83 et 84 dans le sud,
de la carte phytoécologique.
- L'unité VI correspond ûux sols elluviaux gypseux, plus ou moins salés,
généralement peu différenciés, mais présentant des tendances à l'hydromor-
phie ou, plus souvent, à l'halomorphie, des unités 24, 123 dans le centre,
70, 73 et 74 dans le sud, de la carte phytoécologique.
- L'unité VII concerne les sols hydromorphes ou halomorphes à croate ou
encroatement gypseux de nappe, . donc les unités Il et 12 de la carte pédo-
logique, auxquelles on adjoint l'unité 33 dans le centre et les unités
127 et 128 dans le sud, de la carte phytoécologique.

Les associations sont respectivement formées de :


- Régosols et regs de croate associés à des sols minéraux bruts d'apport
éolien gypseux, largement repréoentés au sud du Djebel Tebaga (I-b)
- Sols calco-magnésimorphes à croate ou encroQtement associés à
des régosols (III-b)
des sols peu évolués climatiques d'apport éolien (III-c)
des sols peu évolués non climatiques d'apport (III-d)
.. .
~. .
- Sols bruns assoçiés à nes rép,osols (IV-b)
- Sols bruns steppique~ ~ur encroûtement gypseux associés à des régosols (V-b)

Une estimation globale à partir de cette carte de synthèse fait appa-


rattre un·total de sols marqués par la présence du gypse assez nettement
supérieur à celui que fournit la carte phytoécologique, qui fait elle-même
ressortir une superficie plus grande que la carte pédologique, respectivement
2.854.000 hectares pour la carte de synthèse, contre 1.597.000 à la carte
pédologique et 2.435.000 à la carte phytoécologique. Cette différence s'ex-
plique par le fait qu'il existe non seulement des plages où n'existe pas
l'indication phytoéco10gique du gypse, mais aussi d'autres où ne figure que
l'indication pédologique (voir ante I~3-b-2°). En employant un langage mathé-
matique, on peut ainsi dire, considérant les sols gypseux de la carte pédolo-
gique comme l'ensemble "A", ceux de la carte phytoécologique comme l'ensemble
"B", que les plages où se manifeste une convergence correspondent à l t1 inter-
section" de ces deux ensembles, tandis que la carte de synthèse correspond
à leur "union".
19

On a porté dans le tableau IV les superficies couvertes par les


unités'simples et les associations, en faisant ressortir pour chaque asso-
ciation les parts respectives d'unités simples les composant, ceci permettant
de fane un total estimatif des grands groupes de sols gypseux du territoire.

Tableau IV
Composition et superficie estimée des unités de la carte de synthèse
Unités l II III
Simples
IV V VI VII
"S" 31 428 798 88 371 277 364
Associations - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

I-b 242 121 121


III-b 104 52 52
III-c 171 85,5
III-d 43 21,5
IV-b 27 13,5 13,5
V-b 37 18,5 18,5

Total 236 549 937 101,5 389,5 277 364 (2.854)

(surfaces en milliers d'hectares)

Cette carte ne constitue qu'une première approche qu'il sera nécessai-


re d'affiner par l'étude des zones classées comme non gypseuses dans les
études pédologiques, une restructuration de la nomenclature des sols gypseux
en fonction des caractéristiques, à préciser, des différents types d'accumu-
lation et de pédogénèse, enfin par une corrélation à établir sur le terrain
même.

Elle a cependant le mérite, malgré ses imperfections, de prendre


conscience d'une extension possible des surfaces des sols gypseux au sens
large, qui pourrait concerner près d'un million d'hectares, ce qui semblera
sans doute une raison suffisante pour s'intéresser de prè's à la dynamique des
sols gypseux, de la migration et de l'accumulation du gypse, afin d'en mieux
connaître les possibilités d'utilisation et d'amélioration.
- 20 -

II. - ETUDE DES CAR'ŒS A 110YENNE ECHELLE CORRESPONDANT A DES ETUDES LOCALES
DU SERVICE PEDOLOGIQUE

Ces études s'étendent sur une vingtaine d'années, au cours desquel-


les les idées, comme d'ailleurs les classifications pédo1ogiques, ont large-
ment évolué. A propos des sols à croQte ou encroQtement gypseux de surf1ce,
par exemple, il ressort que des hésitations se sont parfois fait jour pour les
classer soit dans les 1ithoso1s et regoso1s, soit dans les sols ca1co-
magnésimorphes, ou d'autre part, pour les considérer comme des sols actuels
ou des paléosols. Ainsi LE HOUEROU (1960) estime que dans le sud, il n'existe
pas de sols véritablement évolués sur roche en place, mais seulement, compte
tenu du climat actuel, des sols minéraux bruts ou peu évolués, à cOté bien
entendu, des sols hydromorphes ou ha1omorphes.

A. Classification des sols gyPseux

Pour fixer les idées, les unités des différentes cartes ont été regrou-
pées dans le cadre de la classification pédo10gique française, CPCS 1967 et
AUBERT 1965,éventue11ement légèrement adaptée à la Tunisie. Pour ce faire,
il a 4té parfois nécessaire d'interpréter la légende fournie par les auteurs,
mais nous nous sommes efforcés d'y rester aussi fidèles que possible.
Les sols gypseux se répartissent ainsi dans 6 classes de la classifi-
cation française : .

- Classe des sols minéraux bruts


-------------------------------
On distingue ici deux groupes importants: Les sols d'érosion ou
d'ablation et les ~ols d'apport. Pour les premiers, il semble que les auteurs
se soient entendus pour ranger les croQtes gypseuses de surface dans les
1ithoso1s et les encroQtements de surface de préférence dans les régoso1s,
qui sont par ailleurs fréquents sur roches gypseuses. Cependant, il/s'agit là
le plus souvent, de croQtes dures recouvrant d'anciennes surfaces d'érosion
ou des glacis relativement anciens et élevés : En effet, la plupart des sols
à croQte ou encroQtement gypseux de surface ont été classés dans 1eo sols
ca1co-magnésimorphes.
Dans l'extrême-sud, LE HOUEROU (1960) signale deux types de
régoso1s : l'un sur "loess ll (limon à nodules) qui contient de faibles quanti-
tés homogènes de gypse (3 à 4 %) ce qui confèrerait au sol une certaine
compacité à sec et un aspect savonneux à l'état humide, l'autre sur matériau
calcaire ou gypseux pulvérulent.
- 21 -

Dans les sols d'apport se rassemblent les sols à recouvrement colluvial


ou éolien sur des croOtes ou des encroOtements, le matériau de recouvrement
pouvant être lui-même gypseux. La croOte n'est souvent aussi qu'un substrat
sans influence notable sur le sol sus-jacent.

Notons que dans la classification des sols gypseux proposée par


Roederer et Sourdat (ES 42, 1962) , les sols minéraux bruts gypseux ne
comprennent que les dunes gypseusse, ainsi sans doute que les bourrelets
de sebkhas, lorsqu'ils n'ont pas subi d'évolution notable.

- ~!~~~~-~~~-~~!~-~~~-~~~!~~~
Faisant abstraction des sols peu évolués climatiques, présents
dans l'extrême-sud nmis peu étudiés, ils comprennent surtout des sols
d'apport non climatiques.
De même que pour les sols minéraux bruts d'apport, le recouvrement
alluvial ou colluvial peut être lui-même gypseux. Mais on trouve toujours
à faible profondeur soit un encroOtement qui peut être une ancienne accumu-
lation de suu face ou une croOte de nappe, soit un limon à nodules encroOté.
Rappelons que dans la classification française, la limite avec le substrat
ne doit pas être brutale

- ~!~~~~_~~~_~~!~_~~!~~:~~~!~!~~EE~~~_
Dans la classification française, les sols gypseux,depuis 1960
(AUBERT,1965) ,se rangent dans une sous-classe spécifique. Cependant, les sols
gypseux de Tunisie ne trouvent pas toujours bien leur place, sauf pour ce qui
est des sols à croOte ou encroOtement de surface, qui font l'objet d'un
groupe dans la classification Aubert, mais pas dans celle du CPCS.
Les autres groupes, sols gypseux rendziniformes et sols bruns gyp-
seux ne conviennent qu'imparfaiteent aux sols tunisiens. Les sols appelés,
dans diverses études, sols bruns à encroOtement gypseux de profondeur,
souvent sans liaison génétique entre le sol brun et l'encroOtement, sont
plus so~vent classés dans les sols isohumiques, dans le groupe des sols
marrons, sous-groupe encroOté.

Au contraire, les sols peu différenciés présentant des amas gypseux


plus ou moins diffus, ou un gradient gypseux, avec ou non un encroOtement
en profondeur, s'y classent assez bien.
- 22 -

Dans le Nord, les profils de sols formés sur des colluvions gypseuses
se rapprochent des sols bruns calcaires.
Lorsqu'ils sont considérés comme des paléosols, ces sols calco-
magnésimorphes forment deux ordres (ou sous-classes) : les paléosols calci-
morphes à croOte calcaire, et les paléosols gypsomorphes à croate gypseuse.

Dans la sous-classe à climat frais pendant la saison pluvieuse, on


rencontre des sols marrons (plus souvent appelés "bruns") et des sierozems.
Les uns et les autres seraient aussi généralement formés à partir de recou-
vrements d'épaisseur variable sur des croOtes ou des encroatements gypseux,
parfois avec une couche intermédiaire de limons à nodules.
Au sein du groupe brun, une assez grande variété est encore de
règle, soit que les sols soient développés exclusivement dans le matériau
recouvrant la croOte ou l'encroOtement gypseux, soit que la base du sol
brun soit imprégnée de gypse, notamment lorsque le recouvrement est peu
épais. Par contre, dans le groupe des sierozens, sous-groupe encroOté, il
existe toujours une accumulation plus ou moins importante de ~ypse au sein
du profil, sous forme cristallisée ou diffuse,' mais l'encroOtement est
souvent plus calcaire que gypseux (Cf.320)
Notons que dans son étude, LE HOUEROU classe ces sols en ~eux grou-
pes principaux : les sols bruns subdésertiques (équivalents des sols bruns
steppiques des pédologues) et les sols gris subdésertiques (sierozems) en
définissant pour le premier groupe, deux sous-groupes, l'un à profil homo-
gène, l'autre à nodules, séparé au niveau de la famille en nodules calcaires
et nodules gypseux, et dans le second trois sous-groupes, à imprégnation,
calcaire, gypseuse, ou calcaro-gypseuse. Dans le dernier cas, l'auteur note
un encroOtement calcaire près de la surface, tandis que l'encroOtement
gypseux est plus profond.

Sont ici concernés les sols du groupe à redistribution du calcaire


ou du gypse. Cette redistribution peut se présenter sous forme diffuse ou
en nodules, amas, etc ... , ou sous la forme d'un encroOtement de nappe,
correspondant à un sous-groupe particulier.
Dans la zone saharienne de l'extrême-sud, LE HOUEROU cite, dans le
groupe des sols à encroOtement gypseux deux sous-groupes, l'un à gj~se
- 23 -
pulvérulent et accumulation en nodules (ras kelb) sur croOte gypseuse pro-
fonde, l'autre à intumescences de surface, auxquels il ajoute un groupe à
croOte gypseuse de transport (?), dans des formations alluviales enrichies
par lessivage du gypse des regs.

Qu'ils appartiennent aux sols salés ou aux sols à alcali, la princi-


pale caractéristique de ces sols est qu'ils présentent, au voisinagG de la
zone de battement de la nappe phréatique, un horizon encroOté, appelé
"terch", la partie supérieure du profil étant salée, ou des niveaux de cris-
tallisation du gypse (rose des sables) .Notons que cette c!ltégorie ne figure
pas dans la classification du CPCS, alors qu'elle existe au niveau du sous-
groupe dans la classification ~UBE~:, l'existence d'une nappe n'étant cepen-
dans pas précisée.
Dans son étude sur les encroOtements gypseux de nappe, POUGET (1968)
précise que ceux-ci peuvent se former aussi bien dans des horizons de sur-
face qu'en profondeur. Les premiers appartiendraient au sous-goupe à croQte
saline superficielle, les seconds au sous-groupe à encroOtement de profon-
deur.
Il existe également, dans des sols salés ou à alcali, des accumula-
tions de gypse sous forme diffuse, en amas friables, en nodules ou en macro-
cristaux IDac!..és, roses des sables.

B. Recensement des unités cartographiées

Le tableau V a été réalisé à partir des unités cartographiées dans


une quarantaine d'études à moyenne échelle (1/25.000 à 1/200.000) du
Service pédologique, couvrant l'essentiel des zones gypseuses du territoire
tunisien. A certains niveaux de la classification, groupe ou sous-groupe,
on a introduit une distinction entre les sols non gypseux reposant sur un
substrat gypseux, encroOté ou non (A),et les sols gypseux dès leurs hori-
zons supérieurs (n). Les numéros des études concernées sont indiqués entre
parenthèses.
Le recensement des unités cartographiées s'est appuyé essentiellement
sur les catégories de sols mentionnés dans la légende et décrits dans le
texte. Il est probable que certaines unités, caractérisées par une action
apparemwent secondaire du gypse, manifestée par de sioples surcharges sur
les cartes, ont pu nous échapper.
- 24 -

Tableau IV
Classification des unités de sols gypseux cartographiés à moyenne échelle

1. - Classe des sols minéraux bruts


Non climatiques
Groupe des sols d'érosion ou d'ablation
Sous-groupe des 1ithoso1s
- croOte gysseuse dure dénudée et (ou) encroOtement sur
glacis (160, 200, 215, 229, 308, 363, 414)
- croate gypseuse de bord de sebkha (172)
Sous-groupe des régosols
- encroOtement épais sur argiles et marnes gypseuses du
~~ald (257, 460)
- encroatement polygoné (246, 320)
- encroatement épais
pulvérulent (192, 294)
polygoné (172)
- limons à nodules tronqués sur encroOtement gypseux (460)

Groupe des sols d'apport


(A) Sous-groupe alluvial
- sur croate gypseuse de nappe (246)
Sous-groupe éolien
- sur encroOtement gypseux (414)
- sur croate de nappe (178, 281, 460)
(B) Sous-groupe colluvial
- sables et limons gypseux sur croOte gypseuse (172, 178)

II. - Classe des sols peu évolués


Non climatiques
Gro~7e 4ê~cso1iQue
.. . . -
':.-

- ools à faciès 8ypseux sous ar~iles ~ypseuses (320)


(A) Groupe d'apport alluvial
sous-groupe modal
sur sol à gypse microc sta11isé ou sol hydromorphe
gypseux (178)
- sur ancienne croate de nappe (229, 281, 307,414)
- 25 -

(A) groupe d'apport colluvial


- sur encroOtement gypseux (160~ l78~ 229~ 33l~ 346~

352~ 414)
(A) groupe d'apport éolien
- sur limons à nodules sur encroOtement (246)
(B) groupe d'app;"l":t alluvial
sous-groupe hydromorphe
- à remontées de gypse en pseudomycelium (160~ 246~ 281 ~
400)
(B) groupe d'apport colluvial
- pseudomycelium ou nodules (257~ 400)
- sables gypseux (308)

III. - Classe des sols calco-magnésimorphes


Sols carbonatés
Groupe brun calcaire
- sur colluvions gypseuses et encroOtement de nappe (412)

Sols gypseux
Groupe des sols bruns gypseux
Sous-groupe modal
- gypse diffus et gradient gypseux (178~ 324~ 363)
Sous-groupe à accumulation gypseuse (encroOtement) en profon-
deur
- amas gypseux sur encroOtement (431)

Groupe des sols à croOte ou encroOtement de surface


Sous-groupe des sols à croQte sur encroOtement
- sur argiles et marnes gypseuses variées (144~ l56~ 178,
2l6~ 246, 253, 257, 296~ 307~ 324~ 33l~ 346~ 363, 4oo~

460)
- sur sables gypseux (308)
- sur ancienne croOte gypseuse de nappe (173, 229, 257,
363, 414)
sur cailloutis (146)
So·:~ ::. . des sols à encroOtement gypseux seul
- encroOtement pulvérulent sur argiles et marnes gypseuses
(144, 229, 246, 412, 414, 460)
- sur bourrelets de sebkhas(253~ 28l~ 294, 308, 346~ 460)
- encroOtern~nt gypso-calcaire nodulaire (257, 294)
- Sable ou sable sur limon à nodules sur ~ncroatement (177,
352)
- 26 -

IV. - Classe des sols isohumiques


Sols isohumiques subtropicaux
Groupe des sols marrons (bruns steppiques)
Sous-groupe encroOté (défini"your croOte ca1caire,puis étendu)
(éventuellement llmodal" si pas de liaison avec l'encroOtement)
(A) - sable sur cr00te gypseuse (216)
- sable sur encroOtement gypseux (229, 246, 253, 308, 331)
- sable sur encroOtemcnt gypseux de nappe (229, 400)
- sable sur limon à nodules sur encroOtement (172, 216, 460)

(B) - sable gypseux sur encroOtement gypseux (156, 192, 200,


308, 324)
- gypse diffus (215, 257, 281, 308)

Groupe des sierozems


Sous-groupe modal
- gypse cristallisé ou diffus (215, 246, 320, 331)
Sous-groupe encroaté
- gypse cristallisé sur encroOtement (144, 331)

V. - Classe des sols hydromorphes


Minéraux
Groupe des sols à gley
Sous-groupe à gley salé
- à encroOter.lent de nappe (320)
Groupe à remise en mouvement du calcaire ou du gypse
Sous-groupe à nod"les ou amas gypseux
,
- gypse diffus et amas (257, 294, 308)
Sous-groupe à encroOtement gypseux (ou croate gypseuse de
nappe)
- encroOtement actuel (308, 400, 460)
- encroOtement fossile (156, 216)
- encroûtement de nappe sur ancien sol ca1cimorphe (257)
• 27 -

VI. - Classe des sols halomorphes


Sols salés
Groupe salin
Sous-groupe à horizon superficiel friable
- sols gypseux des oasis (246, 363)
- sols à gypse maclé sur encroQtement profond (400)
Sous-groupe à croQte saline
- sables gypseux (363)
Sous-groupe à encroQtement gypseux
- encroQtement sans nappe (144, 308, 363)
- encroQtement de nappe (160, 229, 246, 308, 320,
346)

Sols à alcali
Groupe des sols à alcali non lessivés
Sous-groupe salé à alcali
- sur limon gypseux (144, 346)
Sous-groupe très salé à alcali
- sur argile gypseuse (144, 216)
- ulcroQtement de nappe (281, 320)

Cet examen montre la diversité des appellations employées et la


difficulté d'insérer certaines des unités cartographiques employées dans le
cadre de cette ou de ces classifications. En outre, comme on l'a signalé
ci-dessus, ce n'est qu'à partir de 1960 que les sols à croQte et encroQte-
ment Ont été rangés dans une sous-classe particulière des sols calco-
magnésimorphes. Il est donc nécessaire de "réviser" le classement adopté
dans certaines études, notamment les plus anciennes.

Bien que ce problème aes dénominations des sols soit important, nous
avons jugé qu'il était préférable d'attendre d'avoir effectué une étude
sérieuse de la question avant de réviser celles qui ont été utilisées dans
les différentes études. C'est pourquoi la presque totalité des classements
originaux des auteurs a été conservée dans le tableau IV.

Si l'on fait abstraction des sols gypseux rangés dans les classes des
sols hydromorphes et halomorphes dont le classement pose peu de problèmes,
au moins dans les cas où l'hydromorphie ou l'halomorphie sont actuelles (le
cas
- 28 -

des anciennes croates de nappe étant parfois délicat à trancher), il


reste ties problèmes de classement pour les sols calco-magnésimorphes
gypseux et certains sols isohumiques, d'une par~ et pour certains sols
minéraux bruts ~t peu évolués d'autre part.

Ces problèmes se ramènent d'abord à l'identification du type d'accu-


mulation gypseuse :
- sous forme diffuse souvent non perceptible à l'oeil nu ;
- sous forme individunlisée en amas, pseudomycelium ou nodules
- sous forme généralisée en croOte ou encorOtement
Ensuite, notamment dans ce dernier cas, au choix ùe la profondeur à
partir d~ laquelle les sols passent de la classe des sols calco-magnési-
morphes à des unités inférieures d'autres classes (sous-groupes encroatés
par exemple). Mais là se pose également le problèue de savoir s'il existe
une liaison génétique entre l'encroQtement et les horizons qui le surmon-
tent.

1 •
C. Profondeur des encroQtements

Dans la plupart des études, les pédologues ont pris soin de faire
figurer sur les cartes la profondeur d'apparition de la croate ou de
l'encroOtement. Cela leur permettait en outre de mettre en évidence des
éléments éventuellement défavorables à la mise en culture.

Cependant, ~ucune doctrine stricte ne s'est dégagée, la question


ayant été traitée diversement selon les auteurs. On trouve ainsi, par
exemple, les classes de profondeur suivantes :
- 0-10 10-40 40-60 60-80 - 80-120 (2l6)x
0-10 10-40 40-80 80-120 (178)
0-20 20-40 40-80 80-150 150-200 (177)
0-20 20-50 50-110 ; 110-175 (257)
0-30 30-60 + 60 (400)
0-40 40-120 ; + 120 (246)

N.l.P. (x) référence aux numéros des études du Service Pédologique.


- 29 -

En outre, il n'y a pas non plus accord sur la profondeur prise comme
limite pour séparer les sols calco-magnésimorphes gypseux sensu stricto des
sols à croOtes ou encroOtements recouverts :
x .
- pour SABATHE (177), les sols sont classés da~s les calco-magnésimorphes
gypseux avec des recouvrements non gypseux allant de 10 à 80 cm.
- pour SOURDAT (178), au-dessus de 10 cm de recouvrement, on passe à un
autre type de sol.
- pour BUREAU (216), le recouvrement peut atteindre 120 cm.
- de même pour POUGET(246), ~aA(200), SOURDAT(257), LOYER(400), la profon-
deur limite se situe respectivement à 40, 55, 20 ou 30 cm.

Notons cependant que des divergences proviennent pour une grande part
de l'adoption successive de diverses normes de profondeur. Ainsi, dans la
légende des cartes pédologiques de Tunisie préconisée en 1960, le recouvre-
ment peut atteindre 80 cm, et dans celle de 1970, cette limite est fixée
à 30 cm.

Conclusion sur la classification des sols gypseux

Dans la classe des sols minéraux bruts, et plus particulièrement dans


les sols non climatiques d'érosion, il convient de. savoir si les croOtes ou
encroOtements gypseux de vieilles surfaces peuvent être considérés respecti-
vement comme des roches dures ou meubles. La sous-classe des sols des déserts
chauds semblerait convenir pour les sols gypseux inorganisés des dunes et
bourrelets de sebkhas. Pour les sols d'apport, deux cas existent, selon que
le dépôt est gypseux, ce caractère intervenant au niveau de la famille, ou
qu'un dépÔt non gypseux recouvre, sur une faible épaisseur, une croOte alors
considérée comme substrat.

Dans la classe des sols peu évolués, la sous-classe des sols xériques
ou sols gris subdésertiques semble convenir. Pour les sols non climatiques
d'érosion ou d'apport, on rencontre les mêmes cas que dans la classe
précédente.

(x) : Référence aux nUQéros des études du Service Pédologique.


- 30 -

Dans la classe des sols calco-magnésiciorphes, la sous-classe des sols


gypseux convient parfaitement, particulièrement le groupe des sols à
croQte ou encroQtement de surface qu'il conviendrait cependant de scinder
en deux sous-groupes séparant ces deux types d'accumulation. Cette distinc-
tion qui existait dans la classification de 1965 semble avoir été abandon-
née. Par contre, les sols gypseux rendziniformes ne semblent pas cités en
Tunisie, et le sous-groupe à encroQtement de profondeur du grou~e des sols
bruns gypseux n'est pas facile à séparer des sols du type brun isohumique
(brun steppiq~e) sur encroQtement.

Dans la classe des sols isohumigues, le terme de brun ou marron ne


devrait être mentionné que si le profil n'est pas gypseux au dessus d'une
croQte, d'un encroQtement ou d'un limon à nodules surmontant un encroQte-
ment gypseux. On a vu que ceux qui présentent des accumulations m~me dis-
crètes, sous forme de pseudomycelium, d'amas ou de nodules doivent de
préférence être classés dans les sols bruns gypseux. Le groupe des siero-
aeros est très intéressant pour les sols tunisiens, mais il demande une
définition plus précise. Notons que son introduction dans la légende pédo-
logique des sols de Tunisie est relativement récente (320).

Dans la classe des sols hydromorphes, le groupe à remise en mouvement


du calcaire ou du gypse convient parfaitement, mais il semble nécessaire
d'y prévoir les deux sous-groupes proposés par la classification du CPCS,
sous-groupe à nodules et sous-groupe à encroQtement. On a aussi parfois
utilisé 2 sous-groupes distincts pour les sols à croQte ou encroQtement
de nappe (380).

Dans la classe des sols halomorphes, si un seul sous-groupe concerne


nommément .les sols gypseux par la présence d'un encroQtement de nappe, on \
voit (tableau IV) que des sols gypseux ~paraissent aussi bien dans les
sols à alcali que dans les sols salés~Cependant, les auteurs ont bien
souvent noté que le caractère d'alcalisation, révélé par le rapport Na/T,
est atténué par la présence du gypse. Enfin, certains encroQtements se
surface sont très salés, alors que leur morphologie est typiquement calco-
magnésimorphe. Il serait donc peut~être utile de prévoir un sous-groupe
salé dans le groupe à encroQtement de surface, plutOt que les classer dans
les sols halomorphes comme le suggère POUGET (1968).

Nous n'avons envisagé ici que les classes où les sols marqués par
une pédogénèse gypseuse sont nettement représentés. Il va sans dire que des
manifestations gypseuses ont été parfois m~ntionnées pour des sols d'autres
classes ou groupes de sols : vertisols, sols chatains, sols bruns calcaires,
etc .. ;
- 31 -

lIè Partie SYNnlESE DES OBSERVATIONS SUR L'Œ.IGINE ET LES MODES DE


MISE EN PLACE DES ACCUMULATIONS GYPSEUSES DANS LES SOLS
TUNISIENS, LEUR MORPHOLOGIE ET LEURS PROPRIETES

1. - ORIGINE DU GYPSE. APERCU SUR LES RCCHES-MERES ET LES NAPPES

Les roches et sédiments gypseux, présents dans de nombreux étages


géologiques, du Trias au Quaternaire, sont une des sources possibles, soit·
pour les sols qu'ils supportent, soit pour ceux qui sont formés sur leurs
colluvions ou leurs alluvions, salt encore pour les sols situés en position
topographique plus basse.

Une' autre source tout aussi importante revient aux nappes souterrain-
--._--~------

~t artésiennes ou non, du Centre et du Sud tunisien, très souvent char-

-
gées en sulfates t et dont les résurgences dans les dépressions ou les
.

sebkhas favorisent des dépOts évaporitiques de gypse qui peut être repris
ultérieur~nt par la déflation éolienne pour l'édification de bourrelets
éoliens.

Enfin les accumulations pédologiques anciennes, croQtes et encroQte-


ments de surface ou ùe nappe, peuvent également concourir à l'alimentation
en gypse des circulations superficielles ou hypodermiques vers des sols
non gypseux, ainsi peut-être qué par remontée capillaire au sein des
recouvrements.

A. Le gypse dans la couverture géologique de Tunisie


On passera rapidement en revue les indic~tions fournies par la notice
de la carte géologique au 1/500.000 de Tunisie, de CAS~~~1Y (1951) (Fig.2).
Si elle est très renseignée sur les terrains anciens antéquaternaires, la
carte ne porte que des indications très vagues sur le Quaternaire,.et géné-
ralement sans précision sur la lithologie et la géochimie. Par ailleurs
pour de vastes zones marquées qt (Qusternaire.continents1,al1uvions ancien-
nes) on ne précise ni la nature ni la profondeur ùu substrat ou des assi-
ses anciennes sous-jacentes qui apparaissent cependant assez souvent ùans
les coupes, mêmes superficielles. Les véritables roches-mères de ces re-
couvrements quaternaires ne sont ùonc pas précisées, exception f~ite de
----.-... --" -~-~ --.," . __ ....
- _ . -.-.... ------+-._-----+---
- - - - - +..-----+-----i---:.,.--
----I-----t----+------r:7'
---+------- ..

TI Trias -tes d i ap i r s

~ Trias supêr ieur

ill Crfitacô' infErieur


~ Crt;tac~ moyen
H------t-------

ii~ t'il C{"êta~E supérieur'


--ifiJ~~+--~rl-7fhfr>---7rl~t====::::~::::::=
J
~ef2 Eocênc inférieut' ~~\_-----i-------

em 1Eocên-: moyen

~1J ~Ho-p .iocène

Vi J 1 <1 f.r"nrh i en
~ couch-a rouge.
et cr,")Gtee

Ouat e rnad re
ill ~onti nental
(al Iuv i ons
anciennes)
.........: - t _ - - - - - + - - - - . - - - -
~:;.__

-1----------
u-------+--·----+---------
l"'"-----t-------+-----
1\-------+--------- --+------

? \
\\
i
~
.......
"

d'après a carte
8éolo~i e de Tuni ie
au 1/50 .000

.... .
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-,
" .
(1/ .000.000)
" .... ..
...
'
"..
.....~:'.&-~--_-! .....---~---if_-----+-----_+-::_--...Llw;.f"W.I--+_--_+I;_-.......--....L.t_-~':":"'---+- 1

, ~ ......
- 32 -
la croQte calcaire villafranchienne (qV).
Les étages et groupements d'étages relativement riches en gypse
généralement attachés à des faciès lagunaires sont les suivants :

1. Trias
En couches régulières ou en diapirs, le trias affleure dans de
nombreuses régions de Tunisie; il s'agit notamment de :
- Trias supérieur du Sud tunisien, où les bancs de gypse attei-
gnent ju~~u'à 400 et 600 mètres d'épaisseur. La formation s'amincit
au Nord de Tatahouine et n'atteint pas le Djebel Tebaga de Medenine.
D'après BUSSON (1967) les terrains gypseux débordent le Trias et
pénètrent dans le Lins et une partie du Dogger (3YPses de la
Mestaoua).
- Trias des diapirs de l'Atlas tunisiens consistant en bancs de
gypse massif ou de grès ou d~argiles vertes ou lie-de-vin à gypse
alternant avec des cargneules, des dolomies ou des calcaires dolomi-

r tiques. L'aspect en chaos est fréquent. Il est évoqué dans des étu-
des GU Service Pédologique notamment au Sud dd l'Atlas (215,296) et
au Nord (412) . Mais ces affleurements du Trias sont inégalement
riches en gypse. Les plus gypseux se cantonnent au Sud-Ouest du Kef
et se poursuivent largement en Algérie.

2. ~~E~~~!9~~_~~~~~
qui comprend des marnes vertes à intercalations de gypse blanc
dans le Bathonien.

3. Crétacé
-------
Affleurant dans de nombreuses régions où il constitue la matière
des djebels (études, 177 ,178,296,363,412).
a) Crétacé ~n~érieur où trois étages nous intéressent :
- Néocomien, notamment le faciès "wealdien" du dOme du
Fedjedj, où l'on trouve environ 2.000 mètres d'argiles rouges
et vertes bourrées de gypse ou d'anhydrite (études 156,160,460),
et au Nord-ouest de G~fsa, dans ùes grès, des marnes ou des
dolomies.
- Aptien, près de Gafsa, marnes gypseuses et gypses massifs au
IJ.i1ieu des c'lV:8ire8 et des doJocies. PIus au sud, vers Tatahoui-
ne, y cOJ~J:"clf;:;)Qi.1.d le Contir;~mtal Inter~:)luire, à laernes sableuses
vertes et roses, gyps2uses.
- 33 -

- Albien, surtout caractérisé par le gypse en Tunisie


centrale (Djebels Kebar, Meloussi, Bou Hedma).
b) Crétacé moyen où le Cénomanien contient des marnes à interca-
lations gypseuses surtout dans la région de Gafsa et des Chotts,
et près ùes Matl..éltss et Dahars.
c) Crétacé supérieur, constitué de marnes à lits gypseux dans la
région des chotts et de marnes gypsifères dans le MBestrichtien
en bordure ùu Grand Erg. Le Danien, formé de calcaires, marnes
et gypses, recouvert des masses dunaires du Grand Erg Oriental,
réapparaît dans l'Extrême-sud (Rhadames).

4. Eocène
------
a> lacèAe luf~rleur, cocprenant des faciès lagunaires à gypse
notamment dans le flanc sud de la zone atlasique
b) Eocène moyen. marin, comportant des gypses massifs et èes mar-
nes gypseuses dans le Sud.

S. Q!!~~~~!!~
avec, dans le Nummulitique supérieur, des marnes brunes gypseuses
à lits sableux dans le faciès du Cherichera.

6. Miocène
-------
a) Miocène inférieur marin,où le Burdigalien comporte des mornes
riches en sels et en gypse
b) Miocène moyen, où le Vindobonien présente des argiles et des
marnes gypseuses, enrichies en sels soluble~dans le Nord.

7. ~!2:~E~~~~~
renferment souvent des marnes grises à bancs de gypse, et surtout,
dans son faciès continental, des argiles sableuses riches en gypse ..
L'ouvrage de COQUE (1962) en donne une description à la fois synthé-
tique et détaillée. Cet auteur distingue, en englobant le Mio-
pliocène et le début du Quaternaire sous le nom de cOmplexe cont~­

nental terminal, trois types principaux :


- Type Djerid : une coupe type présente successivement :
50 à 7S mètres de conglomérats lenticulaires de galets cal-
caires, à matrice de limons sableux cimentés par ~u gypse
et couronnés d'une ou deux croates gypseuses
- 34 -

500 mètres d'argiles rouges ou ocres, marno-sab1eusès, riches


en gypse, alternant à la base avec des sables ;
175 à 200 mètres de sables blancs ou jaunAtres, intercalés de
marnes gypseuses verdntres
. 10 à 15 mètres de grès grossiers, brun~rouge8.

La partie supérieure peut comporter un horizon lagunaire fossilifère


à CardiUIa.
- TyPe Ségui : Le terme de base sableux a disparu et l'épaisseur
des argiles est moindre, tDndis que la caractère gypseux s'affaiblit.
- Type Nefzaoua : Les bancs argileux sont flanqués au toit et au
mur de sables, surtout gypseux dans le terme supérieur; l'ensemble
est moins épais que dans les deux autres types, et le faciès conglo-
mératique a pratiquemment disparu.

Enfin, le Mio-pliocène existe vraisemblablement sous le Quater-


naire de la Djeffara.
De nombreuses études pédologiques se rapportent à des termes in-
différenciés du Mio-pliocène (N° 156, 178, 192~ 215, 253, 296, 331,
400, 412, 460) ; d'autres concernent plus précisément le Continental
du Nefzaoua (363) ou les niveaux à faciès lagunaires(178, 253, 257,
296).
Parfois, différents faciès du Mio-pliocène ont été différenciés
sous les encroQtements gypseux dont ils sont les roches-mères :
argiles sableuses ocres à gypse en cristaux lenticulaires, sables
fins beiges à gypse micro-cristallin en stratifications minces, argi-
les rouges à trame gypseuse. vacuolaire (460).

8. g~E=E~~~E~
Les deux unités les plus représentées dans cette période,qV et
qt, représentent respectivement :
- La croQte calcaire Villafranclienne recouvrant des limons à nodules
ou des argiles et marnes rouges, passant souvent sans discontinui-
té au Mio-pliocène ;
- Une série très compréhensive englobant des limons à nodules post-
Villafranchiens et surtout des épandages sableux et sablo-limoneux
qui sont les roches-mères de nombreux sols isohumiques steppiques.
- 35 -
Mais la couverture est loin d'être aussi homogène que le montre la
carte au 1/500.000, nombre de ces surfaces étant en effet couvertes
de croQtes et d'encroQtements gypseux dont la roche-mère est proba-
blement mio-pliocène.
Une étude exhaustive de la lithologié du Quaternaire reste donc à
entreprendre pour aboutir à une véritable carte des roches-mères
gypseuses.
Indépendamment de'la stratigraphie, ont été notés
- des glacis sur argiles rouges gypseuses (172)
- des limons gypseux noèulaires (146, 294)
- des bourrelets gypseux de sebkhas (253, 294, 331, 346, 460)
- des alluvions récentos de bord de sebkha (144, 172, 177)
- des alluvions et des colluvions anciennes avec gypse détritique
(144, 177, 294)
- enfin, d'anciennes croQtes gypseuses de nappe (terch) (216, 363).

Comee on peut le voir, le gypse apparatt ùans de nombreux affleure-


ments, peut-être même plus que ne le révèle la carte géologique dont les
unités rapportées au Quaternaire sont peu explicites. On comprend dès lors
l'extension considérable des terrains gypseux qui apparaît dans la première
partie de ce texte.

Le problème des croQtes gypseuses reposant sur des' substrats non


gypseux en position haute a particulièrement préoccupé les chercheurs. On
lui doit la théorie élaborée par COQUE, selon laquelle le gypse, continuel-
lement "fabriqué U dans le système évaporitique des gran~s chotts, aurait été
disséminé par le vent, et ensuite consolidé par des phases successives de
dissolution et de précipitation, induisant un cycle régional du gypse. Il
semble cependant que l'altération des roches-mères de ces croQtes d'altitude,
vraisemblablement mio-pliocène, puisse avoir été suffisamment poussée,
jusqu'à la disparition des moindres témoins, au-dessus des roches dures non
gypseuses.

B. Le gypse dans les eaux souterraines

Ce problème a été traité dans l'article de POUGET (1968) auquel nous


emprunterons les principaux faits, en les modifiant quelque peu à la lumière
de la récente étude des ressources en eau du Sahara Algéro-tllnisien lepten-
trional (ERES!1972), (Fig.3).
Ali. .ntation et !coul...nt de. nappe.

,
1
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Pisure 3
- 36-
c'est surtout dans le Sud tunisien que l'on trouve de très impor-
tantes nappes artésiennes, souvent riches en sulfates. Il s'agit notamment
de :
- la nappe du Continental Intercalaire, réservoir profond, qui est
ascendante ou à surface libre dans la zone qui nous intéresse. Elle serait
alimentée par des infiltrations provenant du Dahar, principalement, et
s'écoulerait en direction de la nappe cOtière de la Djeffara entre le
dOme de Médenine et l'Atlas, et ressortirait également par percolation
verticale dans le Fedjadj. Son débit global serait de 3,6 aB/s
- la nappe du Continental Tpr,,,inal (crétacé supérieur à tertiaire),
bien séparée de la précédente en Tunisie et moins profonde, qui serait en
charge dans les lim~tes d'extension des formations du Mïo-pliocène, et
s'écoulerait vers les Chotts avec un débit de 8,9 m3/s
- la nappe c8tière ou de la Djeffara, ùans des sédiments équiva-
lents à ceux de la nappe du Continental Terminal, qui serait artésienne
jusqu'à 10-20 km à l'intérieur des terres, ascendante ou libre près des
MBtmatas, peu profonde mais de salure plus élevée, et d'écoulement rayon-
nant du Nord-Est au Sud-Est, soit en mer, soit vers des sebkhas littorales.

Ces nappes plus ou moins artésiennes apparaissent à l'air libre Ou

~u niveau ùes nappes phréatiques qu'~lles alimentent, sous forme de sources


dans les oasis, sous forme d'émergences ou de débordements dans les dépres-
sions sebkh~tques.

Elles auraient connu des niveaux statiques plus élevés lors de


périodes humides du Quaternaire. L'existence de vastes surfaces de sols
halomorphes en serait un bon indice.

La composition chimique est variable. Dans la nappe du Continental


Intercalaire, le rapport chlorures/aulfates est inférieur à l, tandis
qu'il lui est supérieur dans le Miocène. Quand la salure augmente, le
rapport diminue, en direction des chotts.
Ces nappes influencent la ùynamique des nappes phréatiques de
nombreux sols, notamment dans les oasis, en les maintenant à des niveaux
à peu près constants, comme le fait le niveau marin en bordure du
littoral.
Ailleurs, les nappes phréatiques connaissent des variations de
niveau 'et de salure, étroitement liées à la pluviométrie et 3uX compo-
santes de l'évaporation, mais surtout de l'évapo-transpiration. On observe

1
- 37 -

que les augmentations de salure s'accompagnent de l'augmentation des


rapports chlorures/sulfates et magnésium/calcium.

POUGET classe ainsi les nappes artésiennes et phréatiques, suivant


leur degré de saturation en gypse et leur composition en :
- nappes non saturées en gypse
- artésiennes
phréatiques à salure élevée (teneur en NaC1 très supérieure à celle
des sulfates de Na et Mg)
- nappes saturées en gypse
- peu salées
- très salées à forte teneur en NaCl et sulfates de Na et Mg ou
en MaCl et MgC1
2

L'influence des nappes artésiennes peut expliquer la formation


actuelle des encroûtements au se~~ des sols hydromorphes et halomorphes
des dépressions. 11ais elle pourrait expliquer également la génèse de certaines
étendues de sols à croûte ou encroûtement de surface dans les zones où le
niveau artésien ou phréatique a baissé, les accumulations de nappe ayant servi
de roche-mères à ces sols de type calco-magnésimorphe, éventue11e~p.nt après
le décapage des horizons supérieurs peu gypseux et salins. Une sa1ure résiduelle
devrait être cependant conservée dans l'encroûtement (246).

II. - GEOMORPHOLOGIE DES TERRAINS GYPSEUX

A. Conceptions générales
L'important travail de COQUE ~ur la géomorpho10g~e de la Tunisie
présaharienne apporte de nombreux éléments sur la répartition des croûtes
et encroûtements gypseux (désignés par l'aut';ui indifféremment sous le nom
de croûtes), de type généralement ca1co-magnésimorphe, et sur leurs rapports
avec le substratum. Les explications fournies quant à leur génèse sont
toutefois controversées. Ses observations sur les croûtes gypseuses des
piedmonts peuvent être résumées comme suit.
1. Les sites des croûtes gypseuses
L'auteur écrit" dès le franchissement d'une ligne qui joint les
hauts massifs de Gafsa à l'îlot de Kneiss, sur la côte, elles (les croûtes
gypseuses) s'imposent sans cesse au regard jusqu'à proximité du Grand
- 38 -

Erg Oriental".
Elles montrent leur développement maximum sur les glacis de piedmonts,
s'allongeant en horizons contin~s, de teinte beige très clair à blanc,
parfois durcis en surface mais toujours pulvérulents au-dessous.
,
La surface
présente souvent une polygor.~tion qui serait la trace d'une structure
prismatique subsuperficielle, généralement observable en bordure d'oued
ou de griffes d'érosion. Ces croûtes seraient plus épaisses en bordure,
des chotts.

L'auteur situe les croûtes gypseuses sur t:~~is des quatre glacis
emboîtés qu'il définit dans le sud tunisien (fi.~l1re 4). Le plus élevé,
également le plus ancien, est très peu représenté, et le dernier n'est
pas encroûté. C'est donc sur les niveaux II et III qu'elles sont les plus
fréquentes, quel qu'en soit le substratum. Cependant les. croûtes I1remonte-
raient" un peu sur les versants des djebels à pente plus forte, jusqu'à
15 et même 22°, et à l'opposé la croûtes du glacis II s'enfoncerait sous
le glacis le plus récent.

Mais les croûtes gypseuses ne se limitent pas aux versants et aux


piedmonts des djebels ;·elles sont également présentes sur les reliefs
dunaires, en auréole autour du chott Djerid, not~~ent dans les ~c~teurs

est, sud-est et sud, ainsi que sur les microreliefs de nebkhas.

L'auteur considère que chaque glacis encr~:~:é a subi sa propre phase


d'enc.!',..::;:oI!lQnt qui l'a en quelque sorte fossilisé, avant l'emboîtement
avec le glacis suivant. Il y aurait donc trois croûtes d'âges différents
la plus récente étant naturellement la plus étendue.

2. Les rapports avec le substratum


L'auteur affirme que les croûtes gypseuses sont indépendantes du
substratum, puisqu'on les trouve soit sur des roches meu' les et des
couvertures alluviales, pas forcément gypseuse, soit sur des roches compac-
tes,souvent non gypseuses. Pour la mise en place du gypse, l'auteur envisage
soit un écoulement latéral provoquant l'enracinement des croûtes dans les
horizons sous-jacents, soit plus souvent un saupocdrage éolien (cf I-A).

3. La morphologie des zones encroûtées


a) ~_!~~!~2!28!~_~~E!2X~~

L'auteur réserve le terme de croûte à l'ensemble des accumulations

! gypseuses de surface, qu'elles soient, ou non, indurées, ce qui correspond


pour les pédologues soit à la croûte, soit à l'encroûtement gypseux
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- 39-
des sols ca1co-magnésinorphes gypseux, et le terme d'encroûtement aux
accUDu1ations, au sein de matériaux généralement non gypseux, liées à
l'action d'une nappe, correspondant alors aux croûtes et encroûteoents
de nappe des sols hydromorphes ou ha1omorphes, dans la conception des
pédologues (voir plus loin).

Dans un ouvrage plus récent, PERTHUISOT (1975) reprend l'acception


de COQUE pour désigner les encroûtements formés au sein d'un matériau
détritique sous l'action d'une nappe,mais applique le nouveau terme de
,
"revêtetilent" aux croûtes et encroûtements gypseux de surface des glacis,
ce qui suppose un~ option nette quand à leur génèse (voir plus loin).

Chaque systè~e de glacis se termine généralement en terrasse en bor-


dure des dépressions et des oueds. Quand on passe des plus anciens aux plus
récents, en même temps que l'altitude diminue relativement, et que la
-surface des témoins s'accroît, la pente diminue.

L'auteur les définit comme des glacis d'accumulation, ou, comme la


couverture est peu épaisse, comme des glacis d'érosion couverts. La couver-
ture alluviale est plus cong10mératique vers l'amont les glacis et au
contraire plus limoneuse vers l'aval. L'origine des matériaux, en provenance
des djebels, ne fait a1.nm doute. la couverture s'amincit d'autant plus que
l'on s'éloigne des djebels et que l'on passe aux glacis les plus récents.

Notons que si le dernier glacis n'est généralement pas encroûté (x),


il est formé sur des limons gypseux et recèle des quantités de gypse
équivalentes aux autres et des éléments clat ~:~~es apparentés à ceux que
l'on trouve, en moins grande quantité, il est vrai, dans les croûtes gypseuses.

L'auteur emploie alors le terme d'encroûtement avorté, l'absence de


développement étant pour lui due à la simple aridification du climat,
ne permettant plus les dissolutions et recrista11isations nécessaires à la
consolidation • Nous verrons que certains pédologues utilisent ce terme
dans un tout autre sens.

Dans l'extrême sud les glacis font place à des regs a110chtones
(LE HOUEROU , ]960), dont on relève trois niveaux dont les deux supérieurs
supportent :---'C· :'~,...~::'!s calcaires ou gypseuses, le plus bas, alluvial, étant
enrichi en gypse pulvérulent.

(x) Sauf à proximité de certaines sebkhas littorales (PERTHUISOT -1975-)


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- 40 -

Ces formations, d'aspect très voisin des croûtes de glacis, seraient


nettement fossiles, émergeant par place au milieu de dunes vives, mais
cependant pas très anciennes puisque l'on observe des encroûtements actuels
sur les nebkhas en bordure des chotts.

B. Observations locales

A côté de l'étude générale de la géomorphologie de la T~nisi~ :ésaharienne


dont il vient d'être question, de nombreuses notations géomorpho1ogiqu2s peuvent
être trouvées dans les études du Service Pédologique (voir en particulier ES 33,
ES 70, études n° 178, 257, 331, 363, 412, 460). Quelques coupes permettent: de
situer les croûtes et encroûtements gypseux dans le paysage et par rappor~ à leurs
substrats.
Pour la région de Gabès, BUREAU & ROEDERER (ES 33 -1961), ont défini les
grandes lignes de la répartition des croûtes ou encroûtements de surface. Selon
ces auteurs, ces formations apparaîtraient d'une façon localisée ou plus généralisée
en fonction de l'altitude et des formes du relief
sur les massifs du Crétacé n'existeraient que des placages minces
- sur les glacis emboîtés, installés généralement dans les argiles sableuses
du Mio-:~iocène, on trouverait succéssivement, une croûte calcaire dure
(villafranchienne) sur le r- ~is supérieur, une croûte calcaro-gypseuse rec Ivrant
un encroûtement calcaire à nodules, plus ou moins gypseux, sur le glacis mr ~n

ttensiftien), et enfin des croûtes et encroûtements gypseux généralisés sur le


glacis inférieur, parfois recouvert de limons à nodules.
- sur les terrasses raccordées aux glacis inférieur et moyen; l'encroûtement
apparaîtrait sur des limons argileux ou des sables.

On peu voir qu'au contraire de COQUE, ces auteurs ne distinguent que


trois glacis, dont un seul, le plus récent, serait véritablement le siège
d'encroûte~nts gypseux.

Dans l'étude de }lORI (331) dans la région de sidi }1chedeb-Sebkret en .''Jua1,


plusieurs coupes montrent l'étagement de la croûte calcaire ancienne et de la
croûte ou de l'encroûtement gypseux (figure 6-a). A~x rcptures de pente séparant
les glacis on n'observe pas d'encroûtement mais plutôt des accumulations localisées
sous formes de travées polygonales.

L'auteur souligne que la croûte gypeeu~e ent plvs fréquente sous deo pentes
. .
V01S1nes 4, . 100, et note surtout que
de 15/.pour '~J'
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développé, existe toujours là où le substratum est gypseux, ~3me si la surface
est recouv-;rte d'une croûte calcaire. Sur le plateau de la Skhirra, les croûtes
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(d'apr~. LOYER)
- 41 -

gypseuses entourent d'une auréole la croûte calcaire. Il note encore que


"la croûte gypseuse du glacis II est souvent érodée et partiellement remplacée
par des épandages de limons à nodules".

Enfin les zones où la croûte gypseuse est le plus largement représentée


correspondraient pour l'auteur à des zones à dissection active, à érosion forte,
car il considère comme nécessaire le démantelement ou l'ablation de couvertures
éventuelles, qu'il s'agisse de la croûte calcaire ou de revêtements alluviaux.

En résumé, les croûtes et encroûtements gypseux de surface sont toujours


dominés dans le paysage par la croûte calcaire, mais eux-mêmes peuvent se succèder
indifféremment dans un sens ou dans l'autre, suivant les situations locales (146,331).

Dans l'étude de la zone d'El Hamma Nord (460), PONTANIER fournit plusieurs
coupes géomorphologiques qui montrent la disposition des encroûtements gypseux.
Sur le Mio-pliocène, les croûtes se trouvent soit en amont, soit en aval des longs
glacis quandcr'ux.-ci sont. de longueur moyenne (figure 6-b). Par contre, sur les
argiles gypseuses du Weald, dans la combe du Fedjadj, elles sont généralisées,'
d'épaisseur c.roissante vers l'aval de chaque "marche d'escalier" formée par l' al-
ternance des argiles gypseuses et des marno-calcaires plus durs (figure 6-c).

Sur les plateaux et dans les dépressions (garaet), où se superposent les


dépôts sablo-1imoneux récents et les limons à nodules calcaires, au-dessus du
l~o-pliocène, les témoins de la croûte villafranchienne sont rares. Mais où la
couverture récente a disparu les croûtes et encroûtements gypseux sont fréquents.

Dans la zone de la sebkha de sidi Mansour, vers le km 90 de la route


Gabès-Gafsa, la croûte gypseuse formée sur le Mio- pliocène se termine en terrasse
au-dessus de la zone inondée mais son passage est souvent masqué par une lunette
de sebkha, elle-même très gypseuse. /

Enfin l'auteur note également que les croûtes et encroûtements gypseux


ne se développent que sur des surfaces non ou peu inclinées, et que l'on n'observe
que des polygones gypseux sur les pentes plus fortes, sur marnes gypseuses par exemple

Dans le nord du pays, au sud-ouest du Kef, (412), les encroûtements gypseux


sont formés soit directement sur le Trias des diapirs, soit sur et dans leurs
colluvions, mais moins nettement sur le Mio-pliocène (figure 6-d). L'intervention
de circulation latérale dans la formation des encroûtements gypseux situés sous
la croûte calcaire est ici illustrée.

Les encroûtements ou de plus simples accumulations gypseuses existent ainsi


souvent sous les croûtes ou encroûtements calcaires (figure 6-d) et sous les limons
à nodules calcaires. Leur ablation permet le durcissement de la croûte gypseuse
proprement dite.
- 42 -

Notons enfin que s'il est fréquent de trouver des cr8utes calcaires bien
conservées sous des recouvrements divers, ce n'est jamais le cas pour les croOtes
gypseuses, excepticn faite de minces voiles éoliens.

C. Place des accunRllations gypseuses par rapport aux accumulations calcaires

On a vu dans la partie géomorphologie que les croOtes gypseuses sont dans


leur ens8Db~e postérieures à la croOte calcaire généralisée du Villafranchien,
mais antérieures aux épandages de limons à nodules calcaires.
Ceci semble du moins vrai pour les assises sédimentaires qui leur servent
de roches-mères car leur formation propre peut aussi avoir été contemporaine ou
même postérieure à ces dépOts, par suite notamment de leur ablation.

En effet on retrouve des débris de la croOte calcaire cimentés par le


gypse (178,331), mais jamais de croOte gypseuse directement au-dessus des limons
(x)
à nodules

Par contre la base de ces limons à nodules surtout s'ils sont érodés montre
toujours des encroOtements plus ou moins développés lorsque le substratum est
gypseux. Et l'on n'a jamais pu déterminer à coup sOr, du moins par le seul examen
de la morphologie, si l'encroOtement pénètre au sein des limopi ou si, la pédogenèse
de ces derniers s'étant effectuée en place, ce qui n'est pas prouvé, ce ne sont
pas eux qui pénètrent dans les horizons profonds gypseux. (215,246).

Rappelons enfin l'existence d'encroOtements calcaires de profondeur au.dessus


des encroOtements gypseux sous certains sols "bruns steppiques". (331-364).

III. - VEGETATION DES TERRAINS GYPSEUX

A. Les observations des pédologues


Comme le remarque POUGET (246), la végétation des sols gypseux à surtout
une. valeur indicatrice de la présence du gypse, et à ce titre c'est un auxiliaire
précieux pour la cartographie, plutOt que celle d'un véritable facteur de la
pédogenèse, étant donnée la faiblesse de sa couverture.

Cependant, son étude est d'une ~tilité incontestable pour l'appréciation


de l'état de transformation ou de dégradation de ces sols, en particulier sous
l'influence des utilisations qui en sont faites par l'homme, même si l'on tient
compte du fait que la végétation réagit en général plus vite que le substrat à
ces "agressions" (FLORET et al 1975).

(x)
Sauf peut-être dans des zones restreintes en bordure des sebkhas littorales
(PERTHUIS0T 1975)
- 43 -

Cette valeur indicatrice pourrait rendre compte de plusieurs données c~.

la teneur en gypse du matériau, sa texture et sa compacité, la profondeur de


l'horizon durci, ou l'existence d'un recouvrement même peu épais (SOURDAT, 118).

Parmi les plantes le plus souvent citées comme étant associées aux sols
gypseux figurent
- sur croate et encroQtement gypseux pulvérulent
Anabasis aphylla (144)
Anabasis articulata (144)
Anarrhinum brevifolium (178,246)
Astragalus arma tus (246)
, Atractylis serratuloîdes (178, 246)
Echiochilon (256)
Gymnocarpos decander (178, 246)
Helianthemum Kahiricum (178, 246)
Reaumuria vermicula ta (246)
- sur recouvrement sablo-limoneux d'encroOtements gypseux
Anarrhinum brevifolium (144, 178, 296)
Astragalus armatus (178)
Erodium glaucophyllum (178)
Lygeum spartum (144, 178, 246)
Nitraria retusa (296) (si encroOtement de nappe)
Zygophyllum album (l78, 246)
sur sols gypseux plus ou moins salés
Traganum nudatum (144)
- sur marnes gypseuses érodées
Zygophyllum album (246, 296)

Parmi, ces plantes, s'il en est qui sont de véritables indicatrices du


gypse, d'autres sont simplement des plantes tolérantes mais qui indiquent en oùtre
d'autres caractères, comme le Lygeum pour le recouvrement sableux ou les Gymnecarpos
et Atractylis pour la croOte ou l'encroOtement profond.

B. Les études botaniques et phytosociglogigues


l
Les plantes présentes sur les terrains gypseux, dites gypsicoles, se divi-
sent en deux groupes (BOUI<R1SS, 1973) : ~

- les gypsophytes. plantes inféodées au gypse


soit absolues, apparaiss8nt sur le gypse dans toute région
soit locales. n'appar8issant que dans certaines stations (écotype)
- les gypsoclines, plantes tolérant le gypse, wais n'en ayant pas expressément
besoin pour crot tre. ..
- 44 -
La présence de telle ou telle plante gypsicole est donc liée non seulement
à la teneur en gypse du substrat l mais aussi, à travers son type d'enracinement,
à la texture et à la compacité du matériau. On peut distinguer par exemple l dans
les encroOtements gypseux l l'enracinement pivotant profond d'Anarrhinum brevifolium
et l'enracinement plus superficiel d'Echiochilon. Dans les sables des racines
latérales nombreuses sont développées par Erodium glaucophyllum l Astragalus armatus l
~aya africans. D'autres indiquent un encroQtement profond l comme Atractylis
serratulotdes l ou la présence d'une nappe riche en sulfates à moins de deux mètres
de profondeur comme Limoniastrum guyonianum.

Du point de vue phytosociologique l l~ HOUEROU (I959, 1969) cite 55 espèces


gypsicoles (gypsophytes l gypso-halophytes et gypsoclines), dans l'ensemble de la
Tunisie steppique et désertique, dont 16 dans les forêts et mattorals, 46 dans les
steppes l 8 dans les zones salées et 14 dans les zones cultivées. Parmi. celles qui
ont donné lieu à la formation d'associations typiques, on citera
- dans les forêts et mattorals et dans les steppes
Astragalus arma tus ssp tragacanthoîdes
Launea angustifolia
Lygeum spartum
Moricandia arvensis suffruticosum
- dans les steppes
Anabasis articulata
Anarrhinum brevifolium
Aristida ciliata
Erodium glaucophyll~l

Helianthemum lippii var. intricatum


Nitraria retusa
Traganum nudatum
Zygophyllum album
- dans les cultures
Hedysarum carnosum
Hordeum vulgare

IV. - MŒPHOLOGIE ET PROPRIETES PHYSIQUES DES ACCUMlJLATIONS GYPSEUSES

Pour la description des sols et des accumulations gypseuses l on assiste à


un "foisonnement" des termes. On rencontre en effet:
- pour la croOte gypseuse : croOte dure, patinée, zonée, rugueuse, feuilletée,
lamellaire, de nappe
- pour l'encroQtement : polygonal, pavimenteux, amorphe, pulvérulent, fnrineux,
poudreux, onctueux, bianc l beige
- pour les autres formes : coins gypseux, au~s durs ou farin~"x, nodules, gypse
lenticulaire, roses et micro-roses des sables l gypse mac~o- ou microcristallisé,
- 45 -

voire cryptocrista11in, gypse amorphe ou diffus, pseudomycelium, gaines


racinaires ou racines gypsifiées, sans oublier les termes vernaculaires
de terch , deb-deb ou ras-kelb.

Parmi ces termes un certain nombre ont véritablement trait à la morphologie


et, dans les descriptions de profils, peuvent désigner des horizons ou des [;roupes
d'horizons, d'autres concernent plutôt les types de cristallisation. Un effort
de débroussaillage de cette terminologie compliquée et confuse s'avère nécessaire
et l'on tentera de préciser quelques définitions au cours de l'exposé ci-après.

Nous étudierons donc successivement la m~croQorpho10gie des accumulations


gypseuses, soit au niveau du profil, quand apparaissent un ou plusieurs horizons
à dominance gypseuse, soit au niveau de l'horizon, quand elles sont plus localisée,
auxqua11es nous associerons les caractères physiques indissocia'-les, comme la
structure et la compacité, et ensuite la micromorphologie de ces accumulations,
notamment les formes de cristallisation et les particularités de la distribution
du gypse.

A. MACROMORPHOLOOm (figure 7)

1. Accumulation généralisée

Nous entendrons par là toute accumulation intéressant totalement un horizon


ou un groupe d'horizons, en constituant en quelque sorte la "matrice". Nous
préférons ce terme à celui de "concentration gypseuse localisée" proposé par
BUREAU & ROEDERER, que nous réserverons aux accumulations effectivement plus
localisées, dans la matrice non gypseuse de cert~ins horizons ou profils. Il
s'agit donc là uniquement des croOtes et encroOtement, d'origine calcimorphe
ou hydromorphe, de surface ou de profondeur.

Tous les observateurs s'accordent pour montrer que si les encroOtemmts


sont très souvent surmontés d'une croOte, il existe aussi de vastes encroQ-
mais
tements nus, jamais de croOte sans encroOteoent, au moins de faible épaisseur.
Génétiquement, la croOte procède toujOtc·. de l'encroOtement (ES 33).

La croOte, dont l'6paisseur moyenne varie entre 5 et 10 cm parfois


plus dans des cas très particuliers (146), est généralemënt morcelée en
polygones dont l'amorce est visible dans l'enr.=00temeDt sous-jacent. Les
faces supérieure et inférieure sont nettement individualisées ; la face
supérieure souvent patinée, montrant en coupe un liseré verd§tre (algues
microscopiques ?), peut être unie ou rugueuse ou même lapiazée (257).
rrofil de croate .ur encroGt...nt Profil d'un bourrelet gyp.eux de .ebkha
.ur Miopliodne
('HM 149) (PHM 171)

V~Üe foliera YoUe 'olien

CroGte
Horizon 1 "coin." gyp.eux

. !ncroGt"'Dt blaDC:
....if

- Ama. gyp.eux

v
v
v
y
J[, v
, , !ncroGtement
v
Gyp.. l.nticulair.
,v Jeuoltre l . . . dur.
1

... +
Profil de .01 peu 'volu' facia.,
ilohumique .ur encroûtement 'J'P.eux
' Profil d'un 801 .alin 1 remi •• en mouvement
du sypse (PHN 381)
(PRN 284)
Mebkha.
Gyp.eux petit• .ma.
Seblo-limoneuz:
l calcaire ~iffu.
v Gyp•• en ama., p.eudomycelium
• • petite. ro.e. de. .ab1e. et
racine. IYP.ifi'e•
..
,P.eudomycellUIII
... Ca
V V Y

CroGte syp.eu.. de neppe

(".,ra. POIftAJIID - 460)

,ilUre 7
- 46 -

On note parfois une structure lamellaire dans la partie supérieure, au-dessus


d'un matériau blanc plus homogène et moins dur (257). La surface peut
également inclure des sables grossiers.

La croOte repose sur l'encroOtement par une nette discontinuité soulignée


par la pellicule durcie de la face inférieure et un mince lit très pulvérulent
BU sommet de l'encroOtement.

L'épaisseur de la croOte ne semble pas liée à celle de l'encroOtement


(177, 253).

On observe classiquement dans les encroOtements de surface (ES 33) deux


parties distinct~s : la partie supérieure, ou encroOtem~lt blanc, générale-
ment pulvérulent, mais parfois lamellaire ou stratifié (257), et la partie
inférieure, ou encroOtement jaune, plus compact que le précédent, et
comportant des aInaS durcis dits "tête d'épingles" (178, 215, 363) mais la
distinction entr~ ces deux types d'encroOtements n'est pas toujours aisée
(460). S'y ajoute parfois un encroOtement bicolore (257), qui ne serait qu'un
hûrizon de transition avec la roche-mère altérée, ce qu'atteste i'accroisse-
ment, vers la base, du nombre et de la taille des "boules" d'argile sableuse
(178, 246).

La base de l'encroOtement présente encore parf~is un aspect nodulaire


(257) ou gréseux (160).

Lorsque l'encroOtement n'est pas surmonté d'une croate, il arrive qu'il


soit revêtu d'une mince pellicule (quelques millimètres) de lichens qui
semble lui assurer une certaine protection (246), ou d'une fine patine
saisonnière (LOYER).

Nous savons qu'il existe aussi des encroOtements gypseux sous des Bols
non ou peu gypseux (voir 1ère partie). ~~is la distinction entre les deux
parties de l'encroOtement est moins aisée (246, 253, 331).

La troncature des profils a été souvent invoquée, soit pour expliquer


le faible déve10pp~nt des encroOtements lorsque le matériau gypseux est
presque à l'affleurement (encroOtements avortés ou naissants), soit comme
phase préalable au recouvrement par un dépOt généralement d'origine éolien-
ne (encroetement tronqué). Cependant les explications fournies ne sont pas
toujDurs très claires et parfois contradictoires: l'évolution de l'encroOte-
ment est-elle contrariée ou marne stoppée à l'origine par le dépÔt d'un
- 47 -

. sédiuent après tronC4ture (331), ou bien l'ablation dd cette couverture


eupêche-t-e11e sa réalisation (257) ?

b) ~E~~E~_~E_~~~E~~E~~~E_g~_~~ee~(figure 8)
Ce. types d'accumulation ont été étudiés en détail par POUGET (ES 70). Ils
présentent des différences assez nettes avec les précéùents. En particulier,
l'encroQtement peut être absent, ou bien exister aussi bien a~ùessus qu'au-
ùessous ùe la croQte.

La croQte est généra1ecent très co~acte, mais présente parfois des aspects
feuilletés et des noyaux plus durs ou au contraire des amas pulvérulents. On
observe aussi des strates grises évoquant 1egley , et la salure est fréquente.

2. Accumulation localisée

Il s'agit ici des "polygones" et "coins" gypseux, particu1ièrer.rent visibles


soit sur d'anciennes surfaces érodées de faible pente (257), soit sur les talus
ùe raccordecent des glacis sous pente forte (331, 400, 414) cais aussi sur des
bourrelets éoliens ou lunettes (257, 460) (figure 7). On parle généralement
de "réseaux polygonaux", montrant en coupe des fentes larges "en coin" bourrées
de gypse, se débitant parfois en polyèdres (257, 331). Entre ces fentes il
n'existe généra1ecent pas d'encroQtement, bien que l'on puisse noter un léger
enrichissement par rapport au substratum (257).

Il convient ùe distinguer ces réseaux de ceux qui peuvent être obtenus, au


sein de croQte et d'encroQtement à structure prismatique large, par ablation
de la croQte. Chaque maille du réseau est alors double, les bords verticaux
encroQtés de prismes voisins se trouvant juxtaposés (voir plus loin).

Suivant la taille et le niveau de perception (oeil nu, loupe, binoculaire,


voire microscope, ou détermination analytique), et la consistance, on distinguera
- les nodules, légèrement co~acts; à limites nettes, mais sans cortex à la
différence des nodules ,calcaires
- les !9!!, plus friables, de taille identique ou plus faible que les nodules,
mais raoins denses, à l'exception des amas en "têtes d'épingles" appareIIli1ent
plus densément cristallisés
- les pseudooyce1iuQs, soulignés par des traînées blanches
- le gypse diffus, dans certains horizons, décelable seu1euent à l'analyse.

Ces types d'accumulation sont décrits aussi bien dans les sols de type
ca1ciuorphe que dans les sols où l'action d'une nappe est le principal agent
Profil de croGte ,.ur encroGt"'lIt br Profil d'encroGtemeat de .urface .ur
alluvion. ancienne croGte de nappe.
(NZ 253) (NZ 121)

o ~~~~~~":~:!!:: Voile folien 1 0 r-~~"""- Dfbrb de croGte


%. ; CroGte individua-
: -.........:.... . ..........-lbEe patinEe !ncroGtement compact
35.- -

--v.._. Cyp.e pulv'rulent

EncroGtftlent 85 .'-...----
pul.Erulent
EncroGt...nt de nappe
120 ... --~ .... _-
135.+-_-- X CroGte de nappe
EncroOtftleat
cGlDpact Petite. ro.e. de.
.able.

Bloc. dEtritiqueL
S1I».e macro- 1
crbtal1bf . 1
1
l' Profil d'un .01 halOllOrphe salin
Profil d'un .01 hydromorphe a eneroGtement
de nappe (P 70): i i eneroatenM!lIt &".eux .uperfieiel
1 (P 640)
1
1
Sable U1Mmeux 1
peu'syp·eux EneroGtE gypseux poreux
1
v V'
1
v
1 ~. gypseux

Cr~. de plage

!nèroGtement
,yp.eux
160

(d'aprA. Potn'ANIER !'"' 363 et POUGE1' - 320;.

Fisure 8
- 48 -

que.
d'accumulation, ~is plus souvent dans ces derniers. Par contre d'autres fo~s

leur sont plus souvent associées, qui sont


- les roses des sables
- les macro-cristaux du deb-deb
- les racines gypsifiées et ras-kelb

L'appelation de "gypse lenticulaire" ne sewble pas correspondre, à proprement


parler, à une redistribution ou à une accuuulation de gypse, wais plutOt à un
@8tériau originel parfois presque entièrecent gypseux, d'origine éolienne,
l'usure des cristaux au cours du transport pouvant conduire à cette forme
particulière. Ceci n'exclue cependant pas la possibilité de recristallisations
en son sein (TRICHET).

B. PROPRIETES PHYSIQUES ET STRUCTURALES DES ACCUMULATIONS

On dispose de peu d'indications sur la densité ou la coopacité des croates et


encroQtements gypseux. Par contre le durcissement de ces derniers après exposition
à l'air est souvent cité (ES 33). S'ils sont relativecent friables à l'état "frais",
ils se délitent rapider.1ent dans l'eau, à l'exception des aeas plus durs et colo~és

dits "têtes d'épingles".

La porosité serait faible cais relativeQent homogène. Bien que l'on n'ait pu y
uettre en évidence de l'eau libre, il est reearquable de constater que sous la croate
ou la pellicule de liche~s , les encroOtements sont généralecent frais, l'encroateuent
blanc apparaissant cependant plus sec que ceux qu'il surconte (ES 33).

C'est la structure qui a été le mieux étudiée. On doit notauuent à SOURDAT (257)
une étude sur la structure prismatique Brossière particulièrement apparente en bor-
dure d'oued ou de citerne. Cet auteur a montré que cette structure était égaleQent
perceptible à l'awont de ces fronts d'érosion et d'ébouleuent, et a distingué plusieur.
types en fonction de la compacitéeSe l'induration des accumulations latérales. Il
disting~e :
- des prismes à face non encroQtées, de section hexagonale, sans enrichisseuent"
particulier sur les faces, à simple discontinuité physique de cohésion
- des prismes à faces encroOtées zonées, dont les faces supérieure et latérale présen-
tent ur. enrichisseuent net et une grande compacité, et produisant, par ablation de
la croate supérieure, les réseaux cités ci-dessus (figure 8).

Si les plus gros polygones et priswes, dont le dia~tre Qoyen peut atteindre
ISO cms, se fragmentent parfois en ~riswes plus petits (15 à 20 co), on n'observe
jamais de structure plus fine ou coyenne. On pourrait donc parler d'une structure
massive à sur-structure prisca tique ; au moins pour les encroOtements Je surface.
- 49 -

LE HOUEROU (1960) a utilisé ces données structurales pour séparer, au sein des
paléosols gypsomorphes, un groupe à encroQtement pavimentaux, correspondant proba-
blement aux prismes à faces encroQtées zonées de SOURDAT, et un groupe à encroQte-
ment pulvérulent, ce dernier passant parfois à un encroQtement calcaLre en profon-
deur. Les preoiers seraient plus fréquents dans les zones continentales à forte
évaporation, les seconds dans les zones littorales.

C. MICROMŒPHOLOGIE

On ne dispose que de très peu de données sur cet aspect des études, qui devrait
être approfondi. L'observation à la loupe binoculaire a cepend~nt permis de faire
d'intéressantes observations sur la morphologie et les types de cristallisation.

Les formes macrocristallisées sont les mieux connues : roses des sables, amas
durcis ou nodules, gypse en pied d'alouette, etc ... Dans l'encroQtement pulvérulent
la microcrista11isation apparaît déjà à la loupe et montre l'augmentation de la
taille des cristaux vers la profondeur, mais ce n'est qu'à plus grande échelle et
en lames minces que l'on peut voir que le gypse existe sous des formes et des
orientations différentes suivant sa localisation, soit dans la matrice d'un sol
peu ou moyennement gypseux, soit au sein d'encroQtements très riches dont il
constitue alors le squelette, soit encore au voisinage et dans les vides et les pores.

1. Sols à accumulation en surface

Dans la croate -de surface le gypse est généralement microcrista11isé dans


l'ensemble, mais de gros cristaux automorphes maclés ne sont pas rares. Des grains
de quartz très fins, assez rares, so~t disséminés dans la matrice, mais plus
abondants quand cette dernière s'enrichit en calcite microcristal1ine (micrite).
Ailleurs les plus gros cristaux de gypse emprisonnent de petits grains de quartz.
Ces gros cristaux de gypse, plus abondants vers la base de l'encroOtement, sont
parfois striés.

Les cristallisations les plus nettes apparaissent dans et autour des vides.
Les cristaux sont le plus souvent orientés perpendiculairement aux parois, donnant
dans les vides les plus fins un aspect en llmarguerite".
En profondeur les vides sont également plus nombreux et plus grands ; ils sont
parfois entourés, dans les zones où la matrice devient à dominante calcaire (micritique)
d'un halo de déc~rbonatntion.

-Il semble donc que plutôt qu'une augm~nt~tion graduelle de la taille des
cristaux de gypse avec la profondeur, on assiste à une aug~entation du nombre et de
la taille des vides cont~nant des criet:)u:~ de plus grande taille.
, 1

- 50 -

Plus en profondeur, dans les horizons de transition avec la roche-mère les


gros cristaux sont pigmentés de brun et parfois bordés d'un liseré noir opaque en
lumière polarisée. Les cristallisations semblent alors se localiser dans des
fissures de la matrice argileuse carbonatée.
Le pseudomycelium apparatt comme un empilement de fins cristaux hexagonaux.
Si les types de cristallisation semblent en général caractéristiques des
différentes accumulations morphologiques, croates, encroatements ou amas, il semble
que le matériau originel lui-même puisse jouer un rôle. FOURNET (172) remarque en
effet que le gypse dit amorphe (pulvérulent) se développeratt préférentiellement
dans des matériaux de texture sablo-limoneuse, et les formesp.lu9 nettement
cristallisées dans les textures plus fines. La plupart des pédologues estiment
également que les appelations communes de gypse amorphe, diffus, masqu~, recouvrent
souvent des formes nettement, bien que très finement, cristallisées.

2. Sols à accumulation de nappe

Dans ces sols l'analyse micromorphologique ~ermet aussi de se rendre compte


de la localisation du gypse soit comme élément constitutif du squelette ou de la
matrice, soit comme concentration localisée (STEFAN, 1972). On assiste ainsi, du
sommet au bas des profils, à un remplacement progressif du calcaire par le gypse.
Mais à la différence du calcaire qui, d'élément prépondérant du squelette, avec le
quartz, devient progressivement un élément relique, le gypse se présente encore,
,
dans les horizons les plus riches, sous les deux formes de matrice finement
cristallisée et de concentration de gros cristaux.

v. REPARTITION DU GYPSE DANS LES' PROFILS

Certains auteurs pensent avoir remarqué une indépendance relative des teneurs
en gypse des croates et encroQtements par rapport à celles des horizons sous-jacents
et des roches-mères. Par contre l'enrichissement sur les faces des prismes semble-
rait lié à la richesse de la matrice (192, 253, 257). Nous examinerons tout d'abord
les teneurs en gypse mentionnées dans les différentes études, puis leurs variations
au sein des profils par rapport au calcaire et aux sels solubles.

A. LES DONNEES SUR LES TENEURS EN GYPSE

Les valeurs sont fournies en gypse minéral, sulfate de calcium dihydraté,


mais tirées essentiellement du simple dosage des sulfates solubilisés par attaque
préalable (voir I1Ième partie). Certains auteurs se sont d'ailleurs contenté de
fournir des teneurs en sulfates. La présence éventuelle de formes moins hydratées
n'est donc pas précisée.
- 51 -

1. Les teneurs dAns les croates

COQUE ~ite des teneurs atteignant 97% et BELKHODJA (346), 92%. Ce sont des
teneurs maximales. En général les teneurs dans la croate s.e sont pas nettement
supérieures à celles de l'encroatement blanc dont elles procéderait par simple
durcissement.

2. Les teneurs dans les encroOtements

LOYER (414) a mesuré 96% dans les encroOtements sur Trias, mais pas immédia-
tement en surface. SOURDAT (257), dans une étude comparative des teneurs
relevées dans les div~rs types d'encroOtement, fournit des limites précises
- au moins 70% de gypse dans l'encroOtement blanc
- de 50 à 70% dans l'encroOtement jaune
- moins de 50% dans l'encroOtement bicolore ou la zone de transition avec le
matériau originel.

Il s'agit là de valeurs mesurées sur des échantillons moyens. Une approche


plus fine montre que la répartition horizontale est, elle aussi, variable.
Que ce soit dans les encroOtemel1ts prismatiques ou les "coins gypseux", on
observe remarquablement une variation du si~w1e au double entre la partie
centrale et les bordures, ùe 16 à 32% (192), de 30 à 60% (253), de 35 à 70% (257).

3. Les teneurs dans les encroOtements profonds

Elles sont en général inférieures aux précédentes mais on note qu'elles


tendent à s'accrottre quand la couverture s'amincit. Ce "gradient gypseux",
mis en évidence au sein des encroOtements (257), est relativement uniforme,
(~igure 9), que ces encroOtements soient surmontés d'une croOte ou de dépOta
divers, mais il faut souligner qu'il intéresse des valeurs d'autant plus
élevées, dans un même matériau, que l'encroOtement est plus proche de la
surface. Cette indication sera reprise à propos de l'étude des mécanismes de
la mise en place du gypse.

Dans le second graphique (figure 10), on a porté l~s teneurs en gypse de la


limite supérieure des croOtes et encroOtements, en fonction de l'épaisseur du
recouvrement, ce qui illustre les variations de la richesse en gypsé en fonction
de la profondeur d'apparition de ce type d'accumulation.

On a. noté par ailleurs que la macrostructure ou surstructure prismatique


s'affirme, et que le gypse semble migrer de l'intérieur vers les bordures,
quand la couverture s'amincit.

4. Les teneurs dans les croOtes et encroOtements d~-!L~

Parfois très élevées, les teneurs ne semblent pas ùér-~~n~~ ~n ~ ~) ~; mais


un gradient vertical similaire peut être noté dans la croOte (ES 70). L'influence
%gyp.e
rofondeur 1

10 20 30 40 50 60 70 80 90

. ,
20
, ,,
..,
"

30

40

50

60

70

Gradient gypseux
de quelque. profil.

(d'.pra. SOURDAT - 257)


......

Il, .. ~ •.••• '10 ' .. ' ..

Plaure 9
Il

- 52 -
de la richesse initiale en gypse du matériau originel est ici très grande.
Cependant la teneur en gypse des horizons sus-jacents à la croate ou à l'en-·
croatement de nappe peuvent être modifiés par la mise en culture: dans les
sols dont la culture a été abandonnée, on observe que la teneur en gypse,
qui est forte en surface, diminue dans les horizons subsuperficiels, pour
remonter fortement ensuite dans l'encroatement ; tandis que dans les sols
cultivés, la croissance est régulière de haut en bas du profil (289).

B. LES VARIATIONS CONJOINTES DU GYPSE ET DU CALCAIRE

C'est aussi un fait d'observation courante que les variations du gypse et du


calcaire dans les profils ne semblent pas indépendnntes, sauf peut-être dans des
sols assez peu évolués comme les sierozems.

Le contraste le plus net concerne les sole à croQte ou encroQtements gypseux


de surface dans lesqueln le gypse augmente vers la surface, tandis que le
calcaire diminue (cf la presque totalité des études) (figure II).
1
i Au contraire, dans les sols à croate ou encroQtement de nappe l'évolution est
l
parallèle, mais avec un certain décalage (246, 331, ES 70). On note exception-
nellement une augmentation de la teneur en calcaire vers la surface dans certains
sols à alcali (246).

C. LES VARIATIQ.,NS DES TENEURS EN GYPSE ET EN SELS SOLUBI:iL

Ceci ne concerne évidemment que les sols à accumulation de nappe. L'étude


en a été faite par POUGET (ES 70), auquel nous emprunterons ses principales
conclusions :
"le profil de salure se caractérise très souvent par une salure moindre dans
l'encroQtement que dans la croate. il est difficile de définir un profil-type,
car plusieurs cas sont possibles suivant la saison, la hauteur de m nappe, le
niveau de formation de l'encroatement.

Dans le profil, la croate ou l'encroQtement se trouve en général à la limite,


ou dans le voisinage immédiat d'horizons de salure différente, ceci étant un effet
de la présence de la croate, en même temps qu'une des causes de sa formation".

L'auteur observe également qu'au sein de la croate, la teneur en sels solubles

ou la conductivité augmentent en même temps que la teneur en gypse. La teneur en


sels solubles joue également un rôle important dans les variations de solubilité
du gypse. (voir plus loin).
• • •
Figure 10
+
Variations de la teneur en gypse
100
+x .. de la limite supérieure des croûtes
et encroûtement. en fonction de la
)( profondeur.

-+ x
x

125 ,- ;.

.+
. '.: .. x
x

• • ft __
- 53 -

VI. FOB~êTIQN ET EVOLUTION DE~ ACCUM1~ATIONS GYPREUSES. REVUE DES HYPOTllliSES


PROPOSEES QUf~T A LEUR. GENESE

. Ce problème a alimenté et alimente encore à l'heure actuelle de nombreuses


discussions. En fait, très souvent, des explications valables pour des exemples
localisés ont été imprudement étendues à des sites différents. Il est vrai que
la grande diversité des formes, des structures et des localisations dans le
paysage de ces accumulations empêche de ramener à un type unique de processus la
totalité des accumulations observées.

Diverses théories anciennes, sans doute valables dans certains cas (sédimentation
lagunaire, écoulement en nappe, etc ••• ) ont été rejetées. Depuis une quinzaine
d'années, deux théories surtout restent en présence:
- celle du saupoudrage éolien de poussière gypseuses en provenance de la région
des chotts (COQUE - 1962)
celle de la formation in situ à partir de matériaux originels gypsifères (BUREAU
& ROEDERER - 1961), ceci pour les accumulations de surface de type calcomagnési-
morphes. Il faut y ajouter celle qui concerne les accumulations formées par
l'action d'une nappe plus ou moins salée (POUGET -1968).

Avant d'examiner les arguments présentés pour la défense de ces différentes


théories, il convient de préciser, à la lumière de nombreuses études du Service
Pédologique, le cadre général de ces accumulations, notamment leurs facteurs telp
qu'ils ont été relevés par les différents auteurs.

A. Les facteurs de mise en place et de diversification des accumulations


gypseuses

Nous retrouvons ici bien entendu l'ensemble des facteurs généralement pris
en compte pour expliquer tout phénomène de pédogenèse: roche-mères, relief, clünat,
environnement biotique, temps; et leurs principaux agents : composition géochimique
des roches et des eaux, dynamique hydrique, évolution des formes du relief, types
de végétation et d'utilisation par l'homme, etc •••

1. Roches-mères

Ce point a été étudié précédemment (cf 1).

2. Géomorphologie

Ceci a été également exposé, mais il convient de souligner l'influence de


deux faits d'observation sur les modalités de l'accumulation.
60'

50

40

30

.x
o fA ID

.,
o L-----r-----r----.-+-...L...-.....It--.-. ~ l ';<
10 20 30 40 50 Calcaire %

• 0' Relation. entre le. teneur. en gyp.e et en calcaire


. dan. le. profil. d. croûte. et encroGtement. gyp.eux de .urface.

Figure Il
- 54 -

De nombreuses études montrent que la pente joue un rôle important :


- si elle est forte, on n'observe ni croûte ni encroûtement, mais seulement des
réseaux de polygones.
- si elle est faible, les encroûtements ont tendance à se généraliser, jusqu'à
]5 ou même 20 0 d'après COQUE, aux environs de 15% d'après MORI (33]).

L'érosion joue un rôle non seulement sur les processus de mise en place,
ou de démantèlement, des accumulations gypseuses, mais aussi sur leur morphologie
et leur compacité. La couverture doit être enlevée pour que l'encroûtement
s'enrichisse (412). De même le durcissement de la croûte suppose le dégagement
et l'exposition à l'air libre de l'encroûtement blanc (ES 33, 253).

~fuis dans les zones fortement érodées, associées à des pentes fortes, ne
se présentent naturellement que des polygones gypseux (257,294).

3. Climat

Ce facteur tient une grande place dans l'argumentation de COQUE: l'aridification


croissante, au cours de certaines phases du Quaternaire, conduit à l'abaissement des
plans d'eau dans les lagunes qui recouvrent les chotts, et permet la déflation
éolienne, le vent disséminant dans toute la région avoisinante des poussières
gypseuses. La reprise conjointe ou ultérieure de"ces dépôts éoliens par l'eau favorise
la cimentation progressive grâce à des alternances de dissolution et de précipitation
du gypse.

La circulation des eaux provenant des précipitations semble en effet dans


certains cas, un facteur essentiel de redistribution du gypse. Les sels les moins
solub~es,calcaire et gypse, seraient en effet entraînés à des profondeurs différentes
dans les profils. A l'inverse, si l'évaporation conduit à une remontée supérieure au
lessivage, l'enrichissement en gypse vers la surface est plus net (172).

Cependant des circulations importantes ne semblent pas pouvoir être invoquées


à l'époque actuelle. Par contre l'intervention des condensations nocturnes, dont
on ne possède pas d'évaluation quantitative, semble devoir être prise en compte dans
certains milieux poreux comme les dunes gypseuses et les bourrelets éoliens (363).

Enfin SOURDAT (257) pense pouvoir avancer l'existence d'une discontinuité


- hygroscopique entre~'encroûtement blanc et l'encroûteoent jaune, malheureusement
non précisée. Il est en effet fréquent que l'encroûtement blanc soit plus sec que
l'autre (ES 33).

/
- 55 -

4 •. Facteurs biotiques
L'existence de certaines accumulations localisées t comme les gaines de racines
et les "ras-kelb"t indique un "pompage lf dessolutions chargées en gypse par les
racines (363).
POUGF.T (ES 70) a également montré l'action des matières organiques sur les
modifications des équilibres chimiques au sein des nappes t par la formation de
biocarbonates par exemple.
Si la végétation peut avoir joué un rôle, dans l'hypothèse du transport éolien,
pour le piègeage des poussières, son intervention n'est pas moins essentielle pour
la protection contre l'érosion. Sa dégradation entraîne l'ablation de la couverture
meuble et le durcissement en croûte des encroûtements exposés à l'air libre.
Certaines espèces sont liées à des formes d'accumulation particulière, comme
les sols à intumescences gypseuses (LE ROUEROU - 1960)t ou les micronebkhas encroû-
tées (COQUEt 1962). Par exemple le Limoniastrum guyanianum pourrait jouer ce rôle
de fixation et de précipitation du gypse 'dans le: sud du chott Djerid.
Notons également le rôle possihle des organismes inférieurs. De vastes zones
d'encroûtements gypseux sont couvertes d'un fin revêtement de lichens (246) ; de
mêoe une fine pellicule algaire (?) s'intègre à la patine dure des croûtes.
Enfin l'utilisation abusive par l'homme (céréaliculture, surpâturages) de
certains sols à substrat gypseux peu profond semble être un facteur décisif pour
l'enrichissement et l'induration de ces substrats vers des formes encroûtées t
notamment dans le nord (412).

5. Facteur temps

Les observations rapportées précédemment (II) ont montré que l'épaisseur et


l'extension des croûtes semble diminuer des surfaces les plus anciennes (à l'excep-
tion de celles qui ont pu être plus ou moins complétement détruites t comme le
glacis IV de COQUE) aux plus récentes, la dernière n'étant elle~ême pas encroûtée.
Des pulsations climatiques progressivement atténuées en seraient la Cause. Cependant,
si les datations relatives, par l'utilisation des restes archéologiques associés,
permet de situer les limites extrêmes des épisodes de formation des croûtes, on ne
possède pas de données sur les vitesses réelles.

Seules quelques mesures ponctuelles sur' le terrain (257) ou au leboratoire


(PLET-LAJOUX - 1969-1971), indiquent que les phénomènes de nigration et de mise
en place des encroûtements seraient rapides.
~ 56 -
/./
.,,'"

'B;{~S
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FACTEURS DE LA CRISTALLISATION

Comme l'a montré POUGET (ES 70), la précipitation du gypse et le grossisse-


ment des cristaux suivent les lois de la dynamique chimique. La précipitation néces-
site que les teneurs en ~ulfates et en calcium sous forme ionique dans les solutions
et les nappes permettent le dépassement du produit de solubilité régi par la compo-
sition de la solution, sa force ionique, la température, etc •••

Les formes de la cristallisation et la vitesse du phénomène dépendent du


degré de sursaturation en gypse. lfais l'auteur note que ces condition~ ne sont pas
toujours suffisantes, des équilibres métastables ayant été observés.

La teneur globale du sol en gypse semble influer sur la taille des cristaux
dans un sol très riche les cristaux sont fins, alors que dans un sol moins bien
pourVU, les cristaux seraient plus gros (ES 70).

La teneur en eau du sol aurait également une influence sur la taille des
cristaux, les sols subissant de longues périodes de sécheresse présentent des
cristallisations plus fines que les sols à humidité permanente (160).

Enfin, la vitesse du flux d'évaporation, conditionnant le transport des


solutions vers la surface, jouerait elle aussi un rôle, les régimes lents condui- .
sant à des cristallisations fines (246).
C. LES MECANISMES DE LA MISE EN PLACE ET DE·LA REDISTRIBUTION DU GYPSE

Si l'on met à part la déflation éolienne et le saupoudrage de surfaces plus


ou moins importantes que nous examinerons briévement, dont on a dit qu'elles étaient
des hypothèses controversées, ce phénomène étant par ailleurs admis pour l'édification
des bourrelets éoliens de sebkha (lunettes) et des champs de dunes gypseuses en
bordure sud et sud-est du chott Djerid, que PONTANIER (communication orale) considère
comme une vaste lunette, c'est la formation in situ, à partir d'une roche-mère ou
d'un matériau sédimentaire gypseux d'une part, ou d'une alimentation hydrique par
des nappes riches en sulfates, d'autre part, que les auteurs se sont attacnés à
définir.

Dans les deux cas ces mécanismes impliquent des mises en solution, des
transports plus ou moins longs, et des conditions semblables de précipitation.

Ces transports en solution se sont-ils réalisés verticalement, per ascensum


ou bien per descensum, ou obliquement ?

Dans tous les cas l'enrichissement en gy~se sera le résultat d'une ~ccumula­

tion absolue, la plupart des éléments, si l'on excepte les sels les plus solubles
- 57 -


comme les chlorures de sodium et de magnésium, étant nettement moins solubles
ou mobilisables. Il ne peut donc s'agir, à première vue, d'accumulations relatives
par départ d'autres éléments.

Cependant cette hypothèse mérite de ne pas être trop rapidement écartée car
on dispose d'observations sur des substrats riches en gypse à l'origine et où les
éléments non gypseux ont tendance à diminuer, sans que l'on puisse mettre claire-
ment en êvid~nce des apports gypseux de l'extérieur (cas' des dunes et lunettes
gypseuses). •

1. Hypothèse du transport éolien

COQUE apporte à l'appui de sa théorie différentes observations ~

- la grande rareté des é1éoents clastiques dans les encroûtements


l'existence de vastes sources inépuisables de gypse 'susceptible d'être repris
par la déflation éolienne dans la zone des chotts.

Pour la première il convient de remarquer que l'auteur ne dispose que d'une


seule analyse montrant la granulomètrie de type éolien des débris clastiques,
essentiellement quartzeux. Encore cette granu10mètrie a-t-elle été obtenue après
une attaque particulièrement aeressive de l'échantillon à l'acide chlorhydrique
bouillant concentré, dont on peut penser qu'elle n'a pas été sans effet sur la
dissolution des grains les plus fins et sur la pulvérisation des plus gros,
généralement diac1asés. De nouvelles a.na1yses seraient nécessaires. Notons par
ailleurs que cette rareté des éléments clastiques n'est observée que dans les par-
ties supérieures des encroûtements et dans les croûtes et disparaît progressivement
en profondeur, ce qui serait plutôt un argument favorable à l'hyptohèse'de l'accu-
mulation per ascensum.

Pour la seconde, si les chotts représentent en effet un réservoir de gypse


important, celui-ci proviendrait d'une part de la résurgence des .nappes profondes,
mais aussi, dans l'hypothèse de COQUE, du lessivage des formations géologiques
qui en sont riches. Aussi pourquoi vouloir faire accomplir un chemin compliqué
à ce gypse (lessivage et transport vers les sebkhas, déflation et saupoudrage
éolien, recLmentation sur les glacis), plutôt qu'un développement en place avec
de faibles déplacements latéraux ?

Quant aux mécanismes de stabilisation de ces dépôts éoliens sur' des substrats
divers, l'auteur envisage deux processus différents suiv~nt qu'il s'agit de croûte
calcaire ou gypseuse, tout en invoquant pour les deux le transport éolien pour leur
mise en place :
- 58 -

La croûte calcaire se serait formée par dissolution et transport en


profondeur au sein du matériau éolien, tandis que l'encroûtement
,
gypseux se
serait maintenu en surface. Le gypse étant beaucoup plus soluble, il y a là
une contradiction troublante.

Par ailleurs, PERTHUISOT (1975) propose une solution au problème de la


sélection des particules argileuses et gypseuses sur les zones de déflation
éolienne des chotts et des sebkhas. Mais cette explication, la sélection par
gravité, fait appel à une alimentation en gypse des bassins évaporitiques à
partir du ruissellement des bassins versants, alors qu'il est aujourd'hui admis
que cette alimentation se fait au contraire par résurgences des nappes souter-
raines plus cu moin~ artésiennes (ERES 1972).

Un autre argument de COQUE, repris par PERTHUISOT, semble pouvoir être faci-
lement infirmé. Ces auteurs pensent en effet que le dépôt des poussières éolien-
nes gypseuses aurait pu se faire à la faveur des écrans formés par une végéta-
tion relativement abondante établie sur des surfaces préalablement érodées, ce
qui est en contradiction formelle avec la plupart des observations, la végéta-
tion actuelle, qui n'a pas dû être très différente de la végétation des pério-
des antérieures, si ce n'est par sa densité se développant préférentiellement
dans le sols légers non érodés qui recouvrent certaines parties des glacis.

De même, l'apparition des croûtes et encroûtements gypseux dès que la


croûte calcaire villafranchienne recouvrant les argiles gypseuses du l1iopliocène
a été démentelée, milite plutôt pour un développement in situ que par un apport
éolien.

2. Hypothèse de la migration per descensum

Quoique rarement clairement affirmée, cette idée transparaît dans


plusieurs études. Pour certains auteurs (172, 294, 331), le lessivage des sels
dansun sol à faible teneur en gypse pourrait conduire à la formation d'un hori-
zon d'accumulation du gypse en profondeur, sous un sol "steppique". Cela rappro-
cherait les sols à encroûtement gypseux des sols à croûte ou encroûtement cal-
caire mais il est difficile nU premier abord de penser que toutes les croûtes
ou encroûtements gypseux sont d'anciens horizons d'accumulation de sols steppi-
ques. Seuls peuvent y faire penser les encroûtements gypseux plus ou moins
- 59 -

profonds situés au-dessous d'encroûtements calcaires, le gypse, plus soluble que


le calcaire, étant entraîné plus profondement (331).

Il faut également remarquer que certains profils de sols steppiques sur


encroûtements gypseux ne présentent que de très faibles variations de la granulo-
métrie entre le sol sus-jacent et l'encroûtement (246). Cependant les très
faibles teneurs en gypse des horizons supérieurs font penser qu'il s'agit plu-
tôt d'une imprégnation de la base des horizons profonds des sols steppiques par
le gypse (per ascensum ?).

3. Hypothèse de migration latérale

Cette idée a été avancée par plusieurs auteurs (178, 412), dans des
zones où des matériaux gypseux surplombent des colluvions diverses, au sein
desquels se différencient des encroûtements qui n'atteignent pas toujours la
surface et plus particulièrement dans le cas où l'encroûtement gypseux apparaît
sous la croûte calcaire (412), la remontée relative des encroûtements vers la
surface au bas des longs glacis semble attester de cette circulation latérale.
Certains exemples montrent également que les accumulations de gypse dans les
zones basses peuvent provenir de croûtes ou d'encroûtements situés plus haut
(100) •
Ce même phénomène pourrait intervenir dans les zones basses où se
manifestent des artésianismes ou des écoulements de nappes chargées en sulfates,
que l'évaporation amènerait à déposer du gypse (156, 178)

4. Hypothèse de migration per ascensum

Cette hypothèse a été particulièrement défendue par BUREAU & ROEDERER


(ES 33) et c'est une idée généralement admise par de nombreux pédologues. Un
essai expérimental à permis de préciser certains aspects du phénomène (PLET -
LAJOUX) •

L'envahissement progressif par le gypse, au cours de la pédogénèse, de


matériaux à l'origine peu ou non gypseux, expliquerait la diminution relative des
é12meilt9 clastiques originellement présents dans la roche-mère. La faiblesse
de leur pourcentage, dans de nombreux cas inférieur à 10 ou même 5 %, avait sem-
blé déterminant pour COQUE pour invoquer l'origine éolienne. f~is ~fORI (331)
- 60 -

fait justement remarquer que cette objection n'est pas formulée dans le cas
des croûtes calcaires dont l'origine par lessivage n'est plus maintenant dis-
cutée.

Cette migration per ascensum sous l'influence d'un "appel climatique" par
l'intermédiaire de l'évaporation et de l'évapo-transpiration semble se mani-
fester également dansun sens latéral sur de très courte~ distances, au sein
des prigmes et polygones gypseux (192, 253, 257).

Si cette dernière hypothèse reste donc dans bien des cas la plus séduisante,
il est nécessaire de l'étayer par des observations et des analyses plus fines
(micromorphologie , microscopie électronique, analyse des éléments clastiques
et des minéraux lourds) et des expérimentations plus diversifiées, ainsi que
par des tentatives de bilan.

Il n'est finalement pas interdit de penser que l'on puisse parvenir à la


conjugaison de plusieurs des hypothèses proposées.

Il serait également du plus haut intérêt d'étudier les relations qui peu-
vent exister entre la pédogénèse gypseuse et la pédogénèse calcaire. De nom-
breuses observations nous ont montré que les accumulations de l'un ou l'autre
type semblent s'organiser de manières variées dans l'ensemble, mais toujours
régulière dans un type d'environnement donné. Ainsi, en se .fondant uniquement
sur les différences de solubilité de ces deux sels, pourrait-on avancer des
hypothèses selon lesquelles la migration se serait faite per descensum, ver-
ticalementou latéralement, quand l'encroûtement calcaire surmonte l'encroû-
tement gypseux, et per ascensum dans le cas inverse ?

CONCLUSIONS

Comme le souligne plaisamment SOURDAT (178) : " Dans le Sud tunisien,


le gypse est partout ••• il complique les observations, brouille les profils,
fausse 1œ analyses ••• Il •
Le gypse est en effet présent dans de nombreux étages géologiques et pas
seulement dans le Sud. En affleurements étendus, il s'agit surtout du Trias,
du Crétacé Inférieur et du ~lio-Pliocène. Par ailleurs, les conditions de son.
dépôt sont souvent réalisées dans les zones d'artésianisme ou de pqmpage des
nappes profondes"
- 61 -

Les formations gypseuses, notamment les croûtes, sont, après les


croûtes calcaires, des éléments importants de conservation, sinon de fa-
çonnement, du paysage, non seulement des glacis d'érosion, mais aussi des
anciennes formations dunaires de diverses tailles.

Les caractères originaux de ce milieu édaphique particulier commandent


une sélection de la végétation dont le port et le mode d'implantation réa-
gissent à leur tour sur l'évolution des terrains gypseux.
La multiplicité des formes des accumulations gypseuses a contribué à
l'enrichissement de la terminologie pédo10gique. Les phénomènes de troncature
et de contamination des horizons rendent difficiles certaines interpréta-
tions génétiques.
Le comportement de ce sel, dont la solubilité se situe entre celle du
calcaire et celle des sels communs aux sols salés, est compliqué par la
variété des échanges ioniques possibles. En sus, l'ancienneté probable de
certaines de ces formations rend délicates les interprétations de la pédogé-
nèse gypseuse et de ses rapports avec les pédogénèses de type ca1cimorphe,
halomorphe ou même hydromorphe. Cette complexité est reflétée par l'éventail
des théories proposées pour sa mise en place.
Au point où en sont les études de sols gypseux, au moins en Tunisie,
un effort de réflexion est donc nécessaire pour entrepre~dre des recherches
plus approfondies. L'expérimentation, in situ comme in vitro, est certaine-
ment une voie indispensable à ces recherches.
- 62 -

lllè Partie LES PROBLEtlES DE L'ANALYSE DES SOLS GYPSEUX

L'étude analytique des sols gypseux par les méthodes classiques couram-
ment utilisées pour les autres types de sols se heurte à de nombreux obsta-
cles qui font que les rapports et notices de cartes concernant ces sols sont
généralement pauvres en données d'analyse. En effet, hormis les teneurs en
calcaire et en gypse, voire le pH et les sels solubles, on ne trouve généra-
lement pas d'autres indications comme la granulométrie, le complexe absorbant
ou les valeurs de pF.

l. - GF~Ol4ETRlE

Dans 1esméthodes classiques (méthode internationale) le problème est


généralement de se débarasser de tous les éléments susceptibles de gêner la
complète dispersion du matériau à analyser (matière organique, sels plus ou
moins solubles • La destruction de la matière organique par traitement à
l'eau oxygènée, celle du calcaire par l'acide chlorhydrique et le lavage des
sels solubles jusqu'à disparition des ions chlorures sont relativement aisés'.
s'il y a du gypse, c'est déjà plus délicat. Après 1e.traitement dispersant,
il faut extraire le gypse par ùn traitement à l'oxalate d'ammonium (COUTlNET,
1965), qui donnerait de bons résultats jusqu'à des teneurs de 25 % en gypse.
Au-delà, on pourrait utiliser une solution très chargée en chlorures dans
laquelle le gypse est plus soluble (7 g/l contre 2 g/l dans l'eau pure à la
température ordinaire), mais le: auteurs estiment qu'au-delà de teneurs en
typse de 65 %, il est impossible d'obtenir une bonne suspension.
Mais on notera que dans les cas précédents, le gyps~ est traité comme une
impureté et que l'on s'intéresse à la seule granulométrie du matériau siliceux
ou argileux. Or, dès des teneurs de 25 %, il est difficile de négliger le
gypse en tant qu'élément constitutif de la texture.
Deux procédures peuvent donc être utilisées suivant les objectifs fixés :
- roit réaliser une granulométrie du m~tériau total si l'on veut connaî-
\.

tre la texture d'ensemble et apprécier les propriétés physiques qui y sont


liées ; pour ce faire, on ne devra pas éliminer le gypse et seules alors
pourront être emp10Y2es des méthodes opérant à sec, comme le tamisage frac-
tionna tel qu'il est pratiqué dans l'industr.ie du plâtre;
- 63 -

- soit opérer l'élimination du gypse pour étudier la granulométrie des


seuls éléments clastiques, aux fins de comparaison entre des horizons de
teneurs en gypse variées dont on veut étudier la filiation.
Dans ce dernier cas, il semble que des méthodes basées sur l'échange
d'ions soient particulièrement adaptées (BODINE & FERNALLD, 1973).

II. - TENEUR EN EAU, pP

Le gypse est un composé relativement stable à la température ordinaire,


mais il peut se déshydrater plus ou moins facilement à des températures
nettement inférieures à celles qui sont communément employées pour la dé-
termination de l'humidité des sols. En effet, au cours d'un séchage à
l'étuve en capsules ouvertes, à 105 0 (température conventionnelle) la tota-
lité du gypse se transforme en sulfate de calcium anhydre. La mesure d'humi-
dité se trouve ainsi surestimée (POUGET, ES 63).
Il est donc nécessaire, soit d'apporter une correction à cette mesure
en fonction de la teneur en gypse, soit d'employer des méthodes où seule
l'humidité à liaison "mécanique" sera prise en compte.
Dans le premier cas, POUGET a proposé de retrancher de la mesure à
105 °un cinquième du taux de gypse dosé chimiquement. Uais ceci suppose que
tout le sulfate de calcium présent dans l'échantillon est sous la forme de
dihydrate S04Ca 2 UZO, sans semi-hydrate S04Ca l/Z B20 ni sulfate anhydre
(anydrite), sans quoi la mesure est encore erronée.
Dans le second cas, le même auteur propose de faire sécher l'échantillon
dans une étuve à vide à température plus bassè (30 0), mais pendant un
temps relativement long. Les spécialistes de l'industrie du plâtre pensent
néanmoins que la tension de vapeur reste trop ~levée, à moins de pouvoir
appliquer des vides poussés, et lui préfèrent le séchage à 45 ou 50°, pen-
dant 2heures selon les uns (méthode américaine), 24 heures selon les autres
(méthodes suisse et française), mais si dans ces cas le gypse ne se déshy-
drate pas, encore que les avis soient peu concordants sur ce point, il n'est
pas certain que toute l'eau mécaniquement liée aux autres composants du
sol (sables, argiles, matières organiques) soit extraite.

Notons que dans l'industrie du plâtre, on s'intéresse surtout à la


composition chi~ique des échanti~lons et l~ mesure conventionnelle d'hTh~i­

dité qui est faite sert uniquement à la détermination des différents compo-
sants plus ou moins hydratés (gypse, se~i-hydrate, plâtre anhydre à prise
lente. anhydrite soluble, anhydrite naturelle).
- 64 -

Finalement c'est par la combinaison de la méthode classique (séchage à


l'étuve à 105 0) et des méthodes des plâtriers (séchage à 50°, réhydratation
en atmosphère humide ou à l'eau distillée) que l'on peut espérer atteindre
une mesure correcte de l'humidité des échantillons gypseux (voir plus loin
le dosage des formes du sulfate de calcium).

Une dernière méthode, basée sur l'absorption de l'eau par l'alcool


isopropylique, et mesure de la variation de la conductivité électrique,
semble intéressante mais n'a pas été suffisamment mise au point (LELEY et
al, 1971).

Dans la mesure des pF, la présence de sulfates de calcium plus ou moins


hydratés peut intervenir dans les deux phases d'hydratation et de séchage.
En effet, s'il y a du semi-hydrate ou de l'anhydrite, une partie de l'eau
de saturation sert à les transformer en gypse, mais d'un autre côté cela
simplifie la correction à apporter si l'on connait la teneur en sulfate de
calcium total (voir plus loin). POUGET (ES 63) propose de retirer des va-
leurs mesurées un quart de la teneur en gypse total.
Dans l'étude des régimes et bilans hydriques, des procédés par diffé-
rences entre les périodes les plus sèches et les plus humides semblent
donner satisfaction, à condition de pouvoir contrôler la "tranche sèche"
du sol (BOURGES et al, ES 89, ES 93).

III. - DOSAGE DU GYPSE ET DES AUTRES FORMES DU SULFATE DE CALCIU}l

Cela se ramène dans les cas les plus simples au dosage des sulfates
dans une solution d'extraction solubilisant toutes les formes de sulfates.
Un simple calcul ramène à une teneur en gypse théorique.
Plusieurs méthodes sont utilisees pour l'extraction, depuis la dilution
dans l'eau pour les faibles teneurs (KOWALENKO, 1912 ;' ZOZUL, 1913) jusqu'à
l'attaque par l'acide chlorhydrique (PIECE, 1952 ; ASTM, 1954) le carbonate
d'ammonium ou le carbonate de sodium. Les ions sulfate sont ensuite déter-
minés par précipitation du sulfate de baryum.
D'autres méthodes sont basées soit sur l'extraction et. la précipitation
du gypse par l'acétone, suivie de la mesure de la conductivité du pr&cipîté
redisso~dans l'eau (BOWER et al, 1948), soit sur la différence entre les
,1 Il II

- 65 -

..... teneursen.ca1cium ·et-magnésium dans l'extrait à saturation et l'extrait


aqueux dilué (US Salinity Laboratory Staff, 1954) ou encore par les échan-
geurs d'ions (PIECE, 1959) ••• Cette dernière méthode est rapide mais l'in-
terférence des chlorures doit être étudiée.

Toutes ces méthodes dosent uniquement le sulfate de calcium S04Ca


total, quelles que soient la forme et l'intensité de l'hydratation. Pour
aller plus loin dans la connaissance des composés, il faut faire appel à
deux types de procédés :
- soit l'identification directe, souvent plus qualitative que quanti-
tative ;
soit la mesure par différence, après différents traitements de
séchage et de réhydratation.

Dans le premier cas figurent l'analyse aux rayons X, l'analyse thermi-


que différentielle et l'analyse thermogravimétrique, cette dernière ayant
une valeur quantitative plus nette. Mais elles ne sont pas facilement prati-
cables dans un laboratoire de routine.

Dans le second cas, employé notamment dans l'industrie du plâtre


(PIECE, 1952), les différentes "espèces" peuvent être dosées, mais la
méthode ayant été mise au point sur des minerais à très forte teneur, il
est nécessaire de l'expérimenter sur les sols avant de la développer dans
des analyses courantes.

IV. - ETUDE DU COMPLEXE ABSORBANT ET DU BILAN IONIQUE

A. Sels solubles

La salure globale et la composition ionique de la solution du sol


et de la nappe phréatique jouent un raIe sur la dissolution ou la précipi-
tation du gypse (POUGET, ES 70). Inversement, la salinité mesurée sur des
extraits aqueux après séchage est modifiée par la présence du gypse. Cela
rend difficile l'étude du bilan ionique des sols gypseux (POUGET, 246)

B. Complexe absorbant
l. ,Ç~R!f!~~_~~cha!!8e
Dans l~s études les.. plus anciennJs, à l'aide de la méthode.
, ,
.' ......
- 66

classique à l'acétate d'ammonium que l'on savait inadéquate en présence


de gypse, on a employé une correction de la mesure de T :
"
T corrl.ge = T + T
10

Une méthode a été mise au point, basée sur la saturation du complexe


par le calcium àl'aide de chlorure de calcium et calcul de la différence
entre le calcium et le chlore dosés dans l'extrait, à quoi il faut retran-
cher le calcium correspondant au sulfate résultant de la dissolution du
gypse (CaUTINET, 1965). Il est également proposé un dosage par saturation
du complexe par le baryum et échange avec le magnésium. Une double titra-
tion est nécessaire car le c~lcium provenant de la dissolution du gypse
doit être soustrait du magnésium déplacé (GlŒU'~ et al, 1975).

Comme pour les sols salés et calcaires, la méthode classique


est basée 8ur une double percolation, par le chlorure d'ammonium et l'eau
distillé~ pour K et Na, les ions échangeables étant obtenus par différence,
par le ch:orure de sodium normal sur l'échantillon saturé préalablement en
gypse, pOür le Ca et lfg ( COUTI~mT, 1965 ).

Dans les sols salés et gypseux de Tunisie, il est fréquent de


trouver des valeurs très élevées du rapport Na/T, traduisant théoriquement
une forte ~lcalinité; Très souvent les pédologues ont remarqué que les
autres ccractères du sol (morphologie, compacité,porosité ,perméabilité),
n'y corresfJndaient pas et ne l'ont pas prise en compte dans les sols
contenant d~ ~ypse en quantité suffisante et donc suscept~ble d'alimenter
le complexe en icns Ca+.
POUGET (246) préconise d'utiliser de préférence le rapport d'absorp-
tion du sodit!m (SAR), mais dans l'ensemble, on considère que les sols dits
"salés à alcalis" contenant du gypse ne posent pas de problèmes d'amendements
et peuvent même être éventuellement irrigués par des eaux salées. (USDA,
1954 ; C~UESI, 1970).
- 67 -
CONCLUSIONS
L'amé1iorati~n de l'étude analytique des sols gypseux est une
condition ùécessaire à l'approfondissement deI a connaissance tant de
leur pédogénèse et de leur évolution en conditions naturelles, que de
leurs aptitudes culturales et de leur a~é1ioration sous l'influence de
divers types d'aménagements.
Elle nécessite la recherche de méthodes nouvelles plus adaptées et
la sélection des critères lesptus caractéristiques.

,
- 68 -

lVè Partie UTILIs~tiON ET APTITUDES DES SOLS GYPSEUX

Dans~ cadre des études pédologiques réalisées en Tunisie, la plupart


des cartes de sols ont été completées de cartes d'aptitudes, soit aux
cultures en sec, soit aux cultures irriguées. La légende de ces dernières
a été mise au point une première fois en 1959 (ES 14), puis révisée en
1961 (ES 20) pour les deux types, et une dernière fois pour les seuls sols
des oasis en 1966 (ES 59).

1. - PROBLElŒS D'UTILISATION DES SOLS, LIES AU GYPSE

Très rarement considéré comme un facteur favorable d'aptitude, le


gypse présente au contraire des inconvénients variés suivant que l'on
envisage une mise en valeur en sec ou en irrigué.

A. Pour les cultures en sec


C'est là qu'interviennent d'une part la teneur en gypse du matériau
en fonction de sa texture, d'autre part la forme des accumulations et
leur position dans le profil, enfin l'origine de ces accumulations, accu-
mulation de type calcoma~7ésimorphe en surface ou accumulation de nappe.
1. !~g~~E_~g_&I2~~
Si le sol est gypseux jusqu'en surface, mais sans encroûtement
trop proche, sa valeur est limite pour les cultures annuelles (215) et
conviendrait surtout à des céréales secondaires (414).

2. Profondeur des croûtes et encroûtements


----------------------------------~--~--
Si l'encroûtement est très proche de la surface, mais reste
friable, les sols peuvent convenir seulement au parcours (215, 257, 281,
294, 324, 400) et s'il s'agit d'un recouvrement peu épais (20 à 30 cm) sur
un encroûtement, d'un sol de type peu évolue ou brun steppique (246, 257,
281, 296, 400, 412, 414), l'amélioration du pâturage peut être tentée, par
exemple par des arbustes fourragers (400). Mais cette possibilité semblerait
mieux convenir à des sols plus ou moins hydromorphes à croûte de nappe peu
profonde (246, 400). Si le sol est salé sur un encroûtement de nappe peu
profond, l'aptitude serait le parcours à cham~au (400).
Si le recouvrement .est plus épais et surtout non gypseux, les
sols peuvent convenir soit aux cultures annuelles soit mê~e à certaines cul-
tu~es aTbuctives.11~is alors le climat doit également intervenir pour le
- 69 -

c1ass'~-::~~nt. Pa:: exemple une profondeur de 40 à 60 cm pourrait convenir pour


l'olivier si la pluviométrie dépasse 180 mm (ES 81).
Les autres terrains gypseux, croûtes aff1eurantes, régoso1s et 1itho-
sols sur roches gypseuses, ne sont pas cultivables. Offrant des conditions
favorables au ruissellement, ils peuvent, suivant les besoins, soit être
aménagés en impluvium pour alimer:.ter des zones basses, soit être mis en
défens ou plantés en forêts de protection. La reconstitution du sol par des
plantations d'Atrip1ex a été proposée dans le Nord (412), de même que la mise
en défens po~r favoriser le développement du sparte (Lygeum spartum) s'il
existe au moins un voile sableux au-dessus de l'encroûtement, dans le
Centre-Sud (331).

B. Pour les cultures irriguées

Dans ce cas, plusieurs problèmes se posent, non seulement la teneur


en g)~se et la profondeur de l'encroûtement, mais également la profondeur
et la salure de la nappe et la salure de l'eau d'irrigation disponible.

1. !~~!!!_~!!_gn~~
De nombreuses plantes cultivées dans les oasis semblent bien
tolérer le gypse : le palmier Deg1et en Nour supporterait 40 à 60 % de
gypse, les asperges jusqu'à 30 % mais sans encroûtement, la luzerne ou le
henné un peu plus. La présence de gypse, combinée à une certaine salure peut

1 favoriser la formation d'une croûte de battance (380), probablement dans les


cas de sous-irrigation.

2. Profondeur et dureté ~e l'encroûtement


--.. _------------.._---~-----------------

Différentes classes d'aptitudes ont été choisies suivant les possi-


bilités de décroûtage ou de traversée par les racines. La profondeur de 70
à 80 cm au-dessus de l'encroûtement de nappe marque grossièrement la lImite
entre l'aptitude aux cultures arbustives et l'aptitude aux cultures maratchères
annuelles ou fourragères.

L'irrigation peut provoquer, dans le milieu peu drainant des sols


peu g}~seux (240), la remontée de la nappe et la formation d'encroûtement
soit à proximité de la zone racinaire, soit au-dessous de l'horizon de
labour (300). Le drainage est donc souvent nécessaire, mais il faut également
tenir compte de la comFos:t~on ionique de la nappe et connaître s~s variations
saisonnii5:-es.
- 70 -

Avec une eau titrant 3 à 4 g/l des amas gypseux peuvent se


former sousl'horizon de labour (301). Par ailleurs, avec une eau même non
sulfatée, il existe des dangers de redistribution du gypse et de formation
d'encroûtements dans les matériaux gypseux à l'origine, par exemple sur les
dépôts éoliens de l'Est au Chott Djerid (300).
L'aménagement des périmètres irrigués suppose donc, entre autre,
la connaissance de la nappe (salure et mouvements) de l'eau disponible
pour l'irrigation (salure, débits) et une surveillance régulière de ces
données.

II. - QUELQUES EXEMPLES DE CLASS~mNr D'APTITUDE DES SOLS GYPSEUX

Dans le classement des sols par aptitude culturale, les auteurs ont
pris en compte, à côtf des propriétés des sols, les caractéristiques clima-
tiques ainsi que géomorphologiques. Ceci explique que des sols de morpho-
logie et de propriétés identiques aient été rang€s dans des classes d'apti-
tude différentes suivant qu'ils se trouvaient dans des zones climatiques
ou dans es positions topographiques différentes.

A. Aptitudes en sec

1. ~E~!~~~~_~~_~~!~~!~~_~!~~~~!Y~~
Le classement en P-~_ (sols de bonne qualité) n'est mentionné,
et surtout dans le Centre, que si l'accumulation gypseuse ne remonte pas
au-dessus de 100 à 140 cm (215, 246, 253, 257) et si le sol sus-jacent est
de texture grossière (sableuse à sablo-limoneuse).
En P-3, l'encroûtement peut remonter jusqu'à 90-100 (246, 253, 257,
281) ou doit être plus profond s'il est recouvert d'un limon à nodules
(400, 414).
En P-4, sont classés des sols dans lesquels l'encroûtement apparaît
dès 100 (257), 70-90 (246), ou même 40-60 (172, 200, 300, 324).

2. ~E~!~~~~_~~~_~~!~~!~~_~~g~~!!~~
En C-2, ont été classés certains 30~S brl1ns steppiq~es tronqués
sur argile~ gypseuses apparaissant de 50 à 100 cm (253).
- 71 -

En C-3, on trouve de même des sols bruns steppiques sur encroûtement


ou argiles gypseuses à partir de 50 cm Cl.72, 215, 253, 257, 324).
En C-4, se groupent les sols comportant un encroûtement à moins de
50 cm de profondeur (172, 215, 246, 331). La classe C-5 a même parfois
été utilisée pour les zones où les encroûtements affleurent par places (172).

En Pat ont été classés des sols plutôt riches ,=n gypse sous
forme diffuse ou en amas, et à encroûtement proche de la surface, 20-30 cm
(246, 257", 281, 296, 400, 412, 414) s'il s'agit d'encroûtements de type
calcomagnésimorphe, 40-70 s'il s'agit de croûtes de nappe anciennes cu
récentes, éventuellement salées (246, 400).

En Pc (sols de parcours) se retrouvent les sols très peu profonds


et gypseux (215, 257, 29~), même parfois des croûtes (324, 400).
Des études récentes ont montré qu'il ne faudrait pas considérer
cette catégorie comme un fourre-tout, notamment dans le sud-tunisien, car
les activités pastorales jouent un rôle énorme dans l'économie de ces
pays, et la conservation èe leur potentiel déjà très faible est un besoin
prioritaire. (FLOFET et al, 1975). On dispose malheureusement de peu de
données sur l'apétabilité des principales espèces gypsieales.

4. ~!~~_~~_~§f~g~_~~_EE~~~~!!~~
,
Ces travauxsimposent dans les zones où l'érosion hydrique. ou
éolienn~ menace des zones aménagées, mais ils ne conduisent pas toujours
à une amélioration dans le cas des pâturages et des parcours.
Des recherches sont en cours sur les espèces forestières les plus
adaptées à ce milieu spécial (Parkinsonia, Eucalyptus).

B. Aptitudes en irrigué

Pour les sols des oasis du Sud-tunisien, certaines Lormes ont été
mises au point (ES 59). On met:
- En A-l, des sols peu évolués d'apport,de texture sableuse à sablo-
limoneuse, contenant de 0 à 60 % de gypse dans les oasis continentales,
ou de 0 à 30 % dans les oasis 1 ittorales.
- En A-2 (~)f lp~ ~~lq hyèromorp~es dan6 lesquels l'encroûtement peut
atteindre 80 cm
- 72 -

- En A-2 (M) les mêmes sols avec un encroûtement dès 60 cm ;


- En M-l, si l'encroûtement apparaît entre 40 et 60 si le sol est peu
salé, ou entre 60 et 80 s'il est salé;
- En M-2, si l'encroûtement est plus proche (30-60cm) ;
- Fn non-irriBabïe les sols dont l'épaisseur au-dessus de l'encroûte-
ment est inférieure à 30 cm, sauf si celui-ci est peu épais et peut être
partiellemen~ ou complètement enlevé (431).

Pour l'ensemble des sols irrigables, on peut constater les classements


suivants :

- En A-2, des sols d'une profondeur au moins é3ale à 120 cm au-dessus


de l'encroûtement (246) ;
- En A-2(B), des sols hydromorphes à croûte de nappe ~ au moins 80 cm
et nappe à plus de 1 mètre 50 (274, 300, 357) ;
- En A-2 (r-i), des sols à encroûtement moins profond (60-aO) et nappe
à au moins 1 mètre ·(274, 300, 357)
- En B-Z, des sols alluviaux sur encroûtement profond (257) ;
- Fn B-3, des sols à encroûtement peu profond (246, 257) ;
- En C-Z, des sols alluviaux sur encroûtement profond (257)
- En C-4, des sols bruns steppiques tronqués sur encroûtement (257)
- En li-l, des sols alluviaux sur encroûtement gypseux à plus de
80 cm (320~uca~~~ro-gypseux de 40-80 cm (246), avec une nappe entre
50 et 100 cm (274)
- En M-2, des sols à croûte entre 30 et 60 cm (357) ou même plus super-
ficielle ~i le décroûtage est possible (2~9)

- En M-2-B-3, de nombreux sols d'oasis gypseux sur encroûtement à 50 cm


(246) ;
- En M-3, des encroûtements de nappe peu profonds.

Le c.1assement FR (Fourrages d'Hiver) a été employé à Djerba pour des


sols sableux épais de 30 à 50 cm comportant un horizon profond enrichi en
gypse mais non encroûté (320).

Ont par ailleurs été généralement classés comme non irrigables, tous
les sols à croûte ou encroûtement de surface de type calcomagnésimorphe,
les régosols et lithosols sur roche~ gypseuses, les sols salés à alcali à
croûte de nappe proche de la surface.
- 73 -

III. - LES RESULTATS DES ESSAIS D'IRRIGATION SUR SOLS GYPSEUX

A. Oasis continentales: Parcelle d'essai f-uCRUESI à Tozeur

Dans le cadre de ses études sur l'utilisation de l'eau salée pour


l'irrigation, le CRUESI a effectué des essais sur une parcelle de l'oasis
de Tozeur. Ce~ essa~concernant surtout le d~ss~len~~t ont été réalisés
avec des doses d'irrigation importantes, et l'on n'y a pas étudié l'effet
d'une sous-irrigation sur les remontées du gypse et la formation éven-
tuelle d'un encroûtement.
Si les sels plus solubles sont entraînés préfèrentiellement,
comme le chlorure de sodium, le gypse est lui aussi solubilisé, sans
grandes variations semble t-i1 au cours du dessalage, et la conductivité
de l'extrait saturé du sol ne descend pas au-dessous de 5 à 6 mi1limhos,
ce qui serait une limite inférieure en présence d'un sol riche en gypse
et d'une eau titrant 2 g/l de sels (CRUESI, 1970). Le SAR de l'extrait
saturé, donc probablement le taux d'a1ca1isation, s'abaisse rapidement
même au-dessous de celui de l'eau d'irrigation (expérience de lessivage
en bac).
On ne dispose malheureusement pas de données sur l'évolution de
la teneur en gypse du sol, qui se situait à l'origine entre 54 et 66 %.

B. Oasis littorales : Parcelles d'essai d'Ain Zerig et de Bou Chemma

A Aïn Zerig (ES 67), ~e sol est de richesse moyenne en gypse,


mais légèrement encroûté en surface. Ce caractère ne semble pas avoir
gêné les cultures testées (coton, luzerne, mais, tomates). La salure
. a par ailleurs subi de fortes variations dues à la pluviométrie et à
l'espacement des irrigations.
Les essais effectués à Bou Chemma de 1960 à 1970 (EL ~lI et
al, 1967.ES 87) concernaient un sol formé de deux principaux horizons
un horizon supérieur sablo-gypseux friable (20 à 25 % de gypse), épais
de 70 à 130 cm, reposant sur un horizon d'encroûtement gypseux plus
compact et peu perméable (35 à 50 % de gypse).
De même qu'à Tozeur la salure n'a ;u être abaissée au-dessous
d'une conductivité de 5 à 6 mi11imhos~ en raison de la solubilisation èu
gypse. L'eau d·lrr~g~~icn titrait 3,3 g/l de selz.
74
Independemment de l'action des doses d'irrigation et des fumures,
ces essais ont montré que l'existence d'un encroûtement de nappe en
profondeur pouvait, ou non, être un facteur favorable à la culture. Ainsi
la luzerne et le blé mexicain semblent avoir bénéficié d'un effet de
rétention de l'eau quand l'encroûtement était voisin de 7~-90 cm, tandis
que l'asperge ne s'est bien r~veloppée que dans les zones ou l'encroûte-
ment était nettement plus profond.
Par ailleurs, tomates et melons ne semblent pas être des cultures
envisageables dans ce type d'oasis, mais pour des raisons indépendantes
de la présence de gypse.

CONCLUSIONS

Ce rapide tour d'horizon des aptitudes des sols gypseux nous


conduit à insiDter Eur deux ordres de faits.
Si dans l'ense~blc les sols gypseux sensu-stricto sont peu fertiles,
et cela estrotr-nment vrai pou= les sols à croûte et encroûtements de
surface, il existe pOUT d'autres de réelles possibilités, en particulier
sous irrigation, ffioycnn~nt de sérieuses précautions (figure 12).
Par contre do nonbreux sols qui ne sont pas gypseux dans la zone
de prospection habituelle des racines pourraient le devenir si leur
utilisation ne tient pas comptl~ <!es sou:-ces de gypse internes (encroûte-
ment ou matériau gypGeu~{ en profondeur) ou externes (nappe ou eau d' irri-
gation chargée €~ sulfatee).
En effet, ln cêréclicu~turc cu le surpâturage abusif sur des sols
légers reCOUV~2nt fes encroat.~ents gypseux peut entraîner leur décapage
par érosion éolienne o~ hydrique. De même l'irrigation mal conduite peut
provoquer, si elle est insuffis~'I1te une remonte8 de la salure globa~e et
du gypse vera la surface, et si elle est trop abondante et sans drainage
adéquat,amener l'enrichisscnent cn gypse à partir d'une croûte de nappe,
soit par stagnaticn d'une nappe pluG ou moins chargée en sulfates prove-
nant de l'eau d'irrigatio~. Les observations manquent néanmoins pour
apprécier l'importaùce de ces d~ngers.
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Zone. d. dEveloppement pot.ntie~ \ 1 /

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'(f)" 1/2.000.000

riBur. 12 - Locali••tion de. zone. de dEveloppement potentiel de.


·,Eri_t~. irrigu'. 1 partir de. re ••ources profonde••
..,.., 'f'· ...... ~ .~ .•.• - . . . . . ~~ ... - ......

(d·apr~. ERESS 1972)


- 75 -

CONCLUSIONS GENERALES

Le territoire tunisien comporte de vastes superficies de sols gypseux,


dont les plus remarquables sont constituées de sols calcomagnésimorphes à
croûte ou encroûtement gypseux de surface, qui recouvrent en abondance les
glacis du Centre-Sud et surtout du Sud Tunisien. A côté et souvent mélangés
à eux s'étendent soit des sols de type isohumique diversement évolu~, non

ou peu gypseux sur une certaine épaisseur mais présentant des encroûtements
plus ou moins développés en profondeur, soit des sols hydromorphes ou
halomorphes enrichis en gypse, cet enrichissement pouvant aller jusqu'à la
formation d'encroûtements de nappe plus ou moins profonds. Au total près
de deux millions et demi d'hectares pcurraient être concernés par ce type
de pédogénèse.

La répartition des uns et des autres est liée d'une part à la nature
des substrats sur lesquels ils se sont développés (les roches et sédiments
fypseux étant fort répandus dans la lithologie tunisienne), et à celle des
nappes phréatiques qui peuvent les affecter, d'autre part à la morphologie
ancienne ou récente qui commande :eur répartition dans le paysage.

La végétation qui leur est associée permet souvent d'en déceler


l'existence et peut constituer un guide pour leur reconnaissance et leur
. ~~~":ggraphie à petite et moyenne échelle.

Du point de vue pédologique, bien que ces sols présentent des carac-
téristiques comparables à celles des sols qui ont été groupés avec eux
dans les niveaux supérieurs de la classification (sols calco-magnésimorphes,
sols hydromorphes," sols halomorphes), ce sont des sols très originaux dont
les propriétés ne sont pas toujours faciles à appreC1er et à mesurer, car
ils requièrent des techniques spéciales d'analyse.

Par ailleurs, il est difficile de fixer dès à présent des limites pré-
cises de teneur en gypse pour les ranger dans telle ou telle catégorie de
la classification.
ép'alement
Le~r utilisation pose par ailleurs un certain nombre de problèmes, tant

en cultures sèches qu'en cultures irriguées, mais l'importance de leur sur-


fnce, ~ota'ffien~ dans le Sud tunisien, ~écessite que des efforts soient faits
pour préserver Ieurs potentialit(;o et les ar.J.éliorer, le cas échéant.
- 76 -

BIBLIOGRAPHIE

A. - REFERENCES GENERALES

Ces r€férences ont €té volontairement limitées aux publications inté-


ressant exclusivement le territoire tunisien, à l'exception de quelques
articles portant sur l'analyse ou les classifications des sols.

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- 78 -

B. - ETUDES DU SERVICE PEDOLOGIQUE DE TUNISIE

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N° 146 LANGLE P. , 1956. Etude pédo1ogique de la plaine du Segui
1/100.000
N° 156 SOGHETA,1959. !~énagement de l'Oued Gabès. 1/50.000
N° 160 ~~A M., 1969. Oar.is d'El Harnma-Bechima. 1/25.000
N° 172 FOURNET A., 1960. Périmètre de Henchir Boua (Sebkret en Noua1)
1/25.000
N° 177 SABATHE., 1960. Etude pédo1ogique de la plaine de Maknassy.
1/25.000
N° 178 SOURDAT M., 1961. Etude pédo10gique du périmètre de Bir Chenchou
Djebel Dissa. 1/25.000
N° 192 IUU1ZA M., 1961. Périmètre de l'Oued Cherichera. 1/50.000
N° 200 HA}ŒA M., 1962. Périmètre de Bled Hadj Gacem. 1/50.000
N° 215 FOURNET A., 1962. Périmètre de Ksar Rheriss. 1,~0.OOO
N° 216 BUREAU P. , 1963. Etude pédo1ogique de la zone Mareth-Adjim
11100.000
N° 229 BUREAU P. NOVIKÜFF G., 1962. Sols du bassin versant de l'Oued
Gabès. 1/50.COO
N° 240 Dll1ANCHE P., 1964. Etude pédo1ogique de l'Oasis de Nefta. 1/10.000
N° 246 POUGET M., 1965. Etude pédo1ogique de Gabès Nord. 1/100.000
N° 253 LE FLOCH J., 1965. Etude pédo1ogique du périmètre des Souassis
1/50.000
N° 257 SOURDAT M., 1964. Etude pédo1ogique de sidi Mehedeb Sud
1/100.000
N° 274 POUGET M. , 1964. Etude pédologique des oasis de Gabès. 1/50.000
N° 281 C~AUVEL A., 1963. Etude pédo1ogique du périmètre de l'Office de

Sidi Bou Zid 1/50.000


N° 289 EL FEKIH., 1965. Etude pédo1ogique des oasis continentales du
Djerid 1/50.000
N° 294 DONNAY J., 1966. Etude pédo1ogique de l'Office des Souassis
1/50.000
N° 296 LE FLOCn J., 1966. Zone focale II : Radjeb El Aioun. 1/50.000
N° 299 POUGET M., 1966. E~ude pédo1ogique de IfCasis de Kriz. 1/5.000
N° 300 POUGET M., lS66. Etude pédo1ogiquc des 0asis de la presqu'île
de Kebili du g::onp(~ F21l~Ol'"'7<:'. 1/5.000
.. 79 -
N° 307 POUGET M., 1966. Utilisation de la nappe du Continental Intercalaire
El Hamma. 1/100.000
N° 308 1966. Reconnaissance de là zone Medenine-Zatzis- ~n Gardane
1/200.000
N° 320 POUGET M., LE COCQ A., 1967. Etude pédologique de l'île de
Djerba, 1/50.000
N° 324 GADDAS R., 1967. Zone focale Gafsa-~fukna88Y. 1/50.000
N° 331 MORI A.: 1967. Etude p€do10gique de Sidi Mehedeb Nord 1/50.000
N° 346 BELKHODJA K. , 1968. Etude pédo10gique de Gafsa Sud-Ouest 1/7.000
N° 352 FOURNET A., 1968. UFn De Regueb. 1/50.000
N° 351 PONTANIER R., J. %8. Etude pédo10gique de l' oasis de Mare th l r . CCI;
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Légende des cartes pédo1ogiques utilisée en Tunisie. 1960-1970.
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