TROIS Théories Du CONTRAT SOCIAL
TROIS Théories Du CONTRAT SOCIAL
TROIS Théories Du CONTRAT SOCIAL
La politique
La société et l'Etat
Le contrat d’association est le contrat des hommes entre eux quand ils décident de
s’unir pour conférer à une seule personne ou à une assemblée la tâche de prendre des
décisions concernant la sécurité et l’utilité commune de telle sorte que ces décisions
soient considérées comme la volonté de tous en général et de chacun en particulier.
• Le contrat de gouvernement ou « contrat de soumission »
Le contrat de soumission est l’abandon volontaire et complet de la souveraineté
individuelle aux mains des gouvernants qui s’engagent de leur côté à veiller sur la
sécurité et l’utilité commune. C’est un contrat des hommes avec un maître.
Les théories du contrat social se différencient selon leur conception de l’état de nature et
leur analyse des deux contrats.
Nous présenterons trois théories représentatives des différentes tendances : celles de
Hobbes, Locke et Rousseau
A- La théorie de Hobbes (XVIIème siècle)
Hobbes expose sa conception du contrat social dans son ouvrage Le Léviathan (1650).
Le Léviathan est un monstre biblique dont il est dit qu’aucune puissance sur terre ne lui
est comparable. Ce monstre, créature quasi surnaturelle, figure pour Hobbes l’État, cette
puissance artificielle, toute puissante, créée par l’homme pour sa propre défense.
• L’état de nature selon Hobbes
L’état de nature pour Hobbes, c’est « l’horrible état de guerre » car l’homme est un loup
pour l’homme .
L’état de Guerre se définit ainsi :
"Il est manifeste que tant que les hommes vivent sans une puissance commune qui les
maintienne tous en crainte, ils sont dans cette condition que l’on appelle guerre et qui est
la guerre de chacun contre chacun. La guerre ne consiste pas seulement dans la bataille ou
dans le fait d’en venir aux mains, mais elle existe tout le temps que la volonté de se battre
est suffisamment avérée; car de même que la nature du mauvais temps ne réside pas
seulement dans une ou deux averses mais dans une tendance à la pluie pendant plusieurs
jours consécutifs, de même la nature de la guerre ne consiste pas seulement dans le fait
actuel de se battre, mais dans une disposition reconnue à se battre pendant tout le temps
qu’il n’y a pas assurance du contraire. Tout autre temps que la guerre est la PAIX. "
(Thomas Hobbes, Le Léviathan, I, XIII)
recours entraînerait le retour à la lutte de chacun contre chacun. L’Etat c’est « l’homme
Dieu pour l’homme ».
Ce qui préserve l’État, c’est l’autorité. En effet, dit Hobbes
« sans le glaive (sword), les pactes ne sont que des mots (words) ».
Ce qui dissout l’État, c’est la discussion du pouvoir, le fait que les hommes jugent de ce
qui est permis et de ce qui ne l’est pas non par la loi, mais par leur propre conscience. En
s’érigeant juges du bien et du mal, les hommes retournent à l’état de nature.
La seule chose que Hobbes exige des citoyens, c’est l’obéissance. Mais en contrepartie,
les citoyens gagnent la sécurité et le respect de leurs biens.
Hobbes est le penseur de l’absolutisme.
Précisions : Il faut essayer de distinguer, la loi naturelle (lex naturalis : c’est cette
première loi qui commande à chacun l’amour de soi, la conservation de soi) et le droit
naturel (jus naturale : le droit de pouvoir se conserver à tout prix qui n’est donc pas un
droit juridique ni moral, car il ne peut fonder aucun ordre, tout au contraire). La loi
naturelle fonde le droit naturel, mais ils ne se confondent pas : la loi naturelle commande
à l’homme de se conserver, le droit naturel se définit par la liberté de chacun de tout
faire pour se conserver suivant « son jugement et sa raison propres » (Hobbes,
Léviathan). Ce droit naturel à la sécurité et à la conservation de soi que le passage à
l’état social est censé préserver reste cependant ce qui met aussi le plus en péril
l’ordre social et le respect des lois, car nul ne sera censé se soumettre à des lois
qui le mettraient en péril ! Droit donc de résistance : conflit entre la loi naturelle et la
loi juridique, conflit sous-jacent à la loi elle-même. L’individu reste un ennemi potentiel
de la loi, et sa liberté est avant tout la liberté naturelle. De ce droit naturel à la sécurité,
Hobbes fait donc avant l’heure un premier droit de l’homme en quelque sorte. D’une
certaine manière encore ce droit semble inaliénable et donc si Hobbes est comme on va
le voir peut être vu comme le théoricien de l’absolutisme, c’est-à-dire de ce pouvoir fort
(de ce tiers, qui est le roi, le prince, l’assemblée, … peu importe) qui nous soumet aux lois
sans y être lui-même soumis, mais il est aussi un des premiers penseurs de l’État de
droit, car ce pouvoir puissant et terrible auquel les citoyens se sont soumis par un acte
volontaire et raisonnable, c’est celui qu’exerce l’État, tandis que chaque individu reste
son seul maître eu égard à ce droit naturel dont il dispose et qui fait qu’il est libre et doit
pouvoir disposer de son corps (Cf. Habeat Corpus, 1679), et n’est donc pas « un esclave »
et que nul ne peut en disposer de façon arbitraire (emprisonnement…).
B- La théorie de Locke
Locke (XVIIème siècle), au contraire, est un des premiers penseurs du libéralisme.
Dans ses trois Essais sur le gouvernement civil, il expose une version nouvelle de la
doctrine contractuelle de l’Etat.
Mais Locke partage avec Hobbes deux soucis : garantir la sécurité et préserver la
propriété (permettre à l’individu de jouir tranquillement de ses biens).
• L’état de nature selon Locke
Pour Locke, l’état de nature est un état d’harmonie et de liberté raisonnable. L’homme à
l’état de nature jouit de deux pouvoirs et d’un droit fondamental :
Le pouvoir d’assurer sa propre conservation.
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L’état de nature de Rousseau n’est donc ni le produit d’une recherche des origines
historiques de l’humanité (l’état originaire) ni le produit de l’imagination (le mythe du
bon sauvage) mais un modèle théorique.TS2
Ce modèle théorique est obtenu par analyse de l’état présent. Il s’agit de dégager par
analyse ce qui, dans les hommes tels qu’ils sont, revient à leur nature et ce qui revient à
leur vie sociale. Autrement dit, l’état de nature est le naturel en chacun d’entre nous.
C'est pourquoi Lévi-Strauss voit dans Rousseau le précurseur des sciences sociales.
Mais quand on fait abstraction de la dimension sociale, ce qu’on obtient n’est pas un être
réel mais justement une abstraction qui fait figure de norme, c’est-à-dire de point de
référence, un étalon (mais pas nécessairement un idéal).
L’état de nature est simplement cet état neutre dans lequel l’homme sans être encore
perfectionné, n’est pas encore perverti : tout est encore possible pour le meilleur ou
pour le pire. L’homme à l’état de nature est perfectible mais aussi dégradable. L’avantage
de cet état par rapport à l’état social actuel, c’est que l’homme à l’état de nature n’a pas
encore été dégradé ; le désavantage par rapport à l’état social idéal (celui du contrat) est
que l’homme à l’état de nature ne s’est pas encore perfectionné. Seule une bonne
socialisation devrait permettre à l’être humain d’épanouir ses dons potentiels.
Ainsi, comprendre à la fois ce qu’est l’état de nature et ce qu’est l’état social pour
Rousseau, c’est comprendre cette remarque de Rousseau lui-même que « tout tient
radicalement à la politique ». Il dispute à son illustre prédécesseur Hobbes l'honneur d'être
le premier à ouvrir le chemin de la « science politique », tout en se revendiquant
philosophe. Sa philosophie politique est d'abord une réflexion sur les « institutions
politiques » propres à l'Etat du Contrat, elle évolue vers l'idéalité pure de la normativité
politique.
• Les deux approches du problème politique chez Rousseau
Toute l’œuvre de Rousseau est une réflexion sur les conditions de possibilité de la vie
morale.
Le thème fondamental en est la liberté. L’intuition profonde de Rousseau est que le
problème de la liberté se pose d’abord et avant tout en terme de liberté sociale et
politique.
Dans sa réflexion sur le problème politique, Rousseau a emprunté deux voies, celle du
Discours sur l’origine et les fondement de l’inégalité et celle du Contrat social..
1) L’approche du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité
Le problème central du Discours... est celui de l’inégalité et de la propriété, cette
dernière étant la source de la première.
Le point de départ de l'analyse est l’homme tel qu’il aurait pu être. C’est un état
conjectural, « état de nature », caractérisé par le bonheur, l’isolement et l’amoralité
(absence de morale, puisque l'homme à l'état de nature n'a pas de semblable).
Le point d’arrivée est la société et les lois telles quelles sont, caractérisées par le
malheur, la guerre et l’immoralité (l'irrespect des principes moraux les plus
fondamentaux). Cf. aussi texte 9 du corpus sur la liberté : Rousseau, Fragments sur
l’état de guerre