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Philosophie Politique

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Philosophie politique

E.Delruelle@uliege.be

Objectifs du cours
Avoir une culture philosophique de niveaux universitaires.
« Les philosophes ont seulement interprété différemment le monde, ce qui importe, c’est de la
transformer ».

• Karl Marx, thèses sur Feuerbach (XIe thèse).


Nouveaux Philosophes célébrités : Michel Onfray, Bernard-Henri Lévy.

• Philosophe jeune : Raphaël Enthoven et Raphaël Glucksmann.


Les livres de ces philosophes sont faits pour faire vendre, n’arrive pas à la cheville des grands
philosophes (Jean-Paul Sartre, Michel Foucault,…).
Etienne Balibar et Nancy Fraser : auteurs contemporain majeur.
Initiation aux grands courants, grands philosophes et aux auteurs majeurs d’aujourd’hui.
Initiation à la philosophie politique (Machiavel, Hobbes,…) : grand concept politique.
Comprendre le monde dans lequel nous vivons : la philo donne des outils d’analyse qui nous permet
de comprendre le monde, avoir un regard critique.
Les gens qui nous gouvernent sont paresseux intellectuellement, ils ne cherchent pas à comprendre
le monde dans lequel ils vivent.

• Exemple : URSS, les élites ne se sont pas remis en question.


Les Elites néo-libérales fonctionnent dans un systèmes auxquelles ils ne croient plus.
Avoir une bonne culture générale (capital culturel) : donne un avantage très grand dans la
compétition professionnelle et sociale. Manque de culture générale → échec universitaire.
Chapitre 1 : Définir la philosophie ?
Il n’est pas possible de définir la philo.
Une discipline scientifique ce défini par son objet, son domaine, un champ d’investigation. Chaque
domaine utilise des techniques avec une certaine objectivité

• La psychologie, c’est la science du comportement.

• Le droit est l’étude du système juridique


La philo n’a pas d’objet. Philosophie vient du grec ancien : philo = aimer ; sofia = sagesse.
La sagesse est une vertu morale.
Prendre les choses avec philosophie : prendre des choses avec une certaine distance.
La philosophie n’apprend pas à être sage. Le philosophe ne détient pas la sagesse, elle la désire.
Jusqu’au 18e siècles , le philosophe était celui qui s’intéressait à tous les savoirs et qui essayaient à
avoir une connaissance du monde.
Au 19e siècles : la philosophie existe à côté des sciences, elle permet d’interroger n’importe qu’elle
objet. On peut faire de la philosophie sur tout (droit, politique, art, sciences, Dieu, l’amour…)
Les grands courants philosophiques, ce sont des méthodes.
Les philosophes lisent les autres philosophes.

« Mais qu’est-ce que la philosophie aujourd’hui si elle n’est pas le travail critique de la pensée sur
elle-même ? et si elle ne consiste pas, au lieu de légitimer ce qu’on sait déjà̀, à entreprendre de sa-
voir comment et jusqu’où il serait possible de penser autrement ? »

• M. Foucault, l’usage des plaisirs, Gallimard, 1984, p. 14.

Chaque grand philosophe développe sa propre méthode, ils inventent des voix philosophiques.

Chapitre 2 : Sociétés premières & sociétés théologico-politiques


• On va utiliser l’histoire (décentrement temporel) et l’ethnologie (décentrement culturel).

• On va utiliser le comparatisme.

• Invariants anthropologique : traits culturels qu’on trouve dans toutes les sociétés. Il y a des
vérités qui nous semble naturel et qui ne sont pas des invariants anthropologique (état,
religion, marché,…).
Il y a 3 grands types d’organisation sociale et politique :

• Société première : microsociétés « sans Etat », « sans histoire », « sans écriture » (mauvais
qualificatif). Société préhistorique,… (exemple : Nambikwara).

• Société théologico-politique : Révolution néolithique 7000 ans AC, émergence de l’Etat qui
prennent la forme d’empire (très vaste espace politique et économique) (exemple :
Egypte,…)

• Société moderne : bifurcation européenne (XIVe – XVIe), Etats territoriaux – marché


international.
On pourrait penser que ce sont 3 stade historique. Ce n’est pas faux mais pas suffisant. Ces sociétés
sont des modes de sociétés qui ont perduré au cours du temps. Ces 3 types de sociétés sont des
modèles. C’est un idéal-type (Max Weber).
Cet effort de simplification aide à saisir la complexité des phénomènes sociaux et historiques. Voir
Emmanuel Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1924 à 1324 (1975) : Sociétés médiévales
avec un énorme poids de l’Eglise mais des marques de société première sont présentes.

Sociétés premières
On les définis comme des sociétés sans Etats ou sans écriture, comme si ils leurs manquaient
quelque chose. On les connait grâce au grand anthropologue et leurs qualités.
Il ne manque rien à ces sociétés, ces sociétés ont refusé le marché, l’Etat,… Ce sont des sociétés
contre l’Etat.
Aucun des éléments fondamentaux ne leurs manques :

• Système de parenté extrêmement complexe. Les individus s’échangent les leurs pour se lier
entre clans. Clan A se marie avec Clan B, etc…

• Le système technologique et économique très adapté au milieu. Ils n’ont presque pas de
technique parce qu’ils n’en ont pas besoin. Ces sociétés inventent des systèmes techniques
adapté à leur environnement. Incontestable qu’on a un système technologique plus
important mais pas forcément mieux adapté. Ces sociétés sont subsistantes : très
dépendantes à la famine,… donc, Ils produisent beaucoup de surplus ou il y a de l’abondance.

• On voit leur système de savoir très bas mais c’est faux : la pensé des sauvages est une pensé
extrêmement classificatrice avec une très grande connaissance du réel qui les entourent. Il
ne s’agit pas de dominer la nature mais de vivre avec, apprendre la nature.
La logique sociale qui régit les sociétés est la logique du don et du contre-don, pas de contrat mais
donc réciproque.

• Exemple : les groupes s’échangent des femmes sous forme de cadeau. Ils connaissent le
commerce mais il est marginal et seulement avec d’autre société : Etat, empire ou Etat
moderne.
A l’époque, pas de monnaie mais troque : C’est un mythe. Dans toutes les sociétés il y a de la
monnaie et elle a 2 fonctions :

• mesurer la valeur d’un bien,

• expression de la souveraineté du groupe ( la confiance que les groupes ont envers le groupe).
Ces sociétés premières ont des monnaies (or,…) mais cette monnaie se fait sous forme de cadeau.
Marcel Mauss (don >< contre-don) : Il s’est intéressé sur le paradoxe du don : à la fois gratuit et
volontaire mais en même temps il y a quelque chose d’obligatoire en lui. Pour avoir des relations
sociales fortes avec quelqu’un obligation de donné, de recevoir et de rendre (triple obligation). C’est
le rock humain des sociétés.

• Exemple : si on nous propose un cadeau, on ne refuse pas puis on essayera de rendre la


pareil.
Tout repose sur les dons et les contre-don dans les sociétés premières. Le don permet aussi la
compétition sociales : donné montre du prestige (généreux,…). Ne pas rendre entraine la honte.
Lutte pour la reconnaissance. Chacun va essayer de donner plus que l’autre personne. Dans les
sociétés primitives c’est omniprésents (potlatch = compétition pour essayer d’écraser son adversaire
de don).

• Exemple : offrir des tournées,…


Celui qui va devenir chef : le pouvoir politique se forme à partir du don et du contre-don. Le chef de
la communauté est celui qui donne plus que les autres :

• Donne de son corps (courageux, en première ligne),

• rend des services (déménager,…),

• si il y a une dispute entre deux famille, va réconcilier, doit être un bon orateur (redonner le
moral, raconter des histoires,…).
Avec ce système, le groupe maintient le chef en dette. Le chef ne peut pas s’enrichir puisque c’est lui
qui donne. Pas question que le chef prélève des impôts puisqu’il fait des cadeaux. Le chef ne peut pas
donner d’ordre, il ne peut diriger que grâce à son autorité naturel. Il est donc mécaniquement
impossible de se doter d’un appareil d’Etat (impôt et avoir une force de police).
Pierre Clastres : pas des sociétés sans Etat mais contre l’Etat.
Pourquoi être contre l’Etat alors qu’elles ne savent pas ce que c’est ?

• Sociétés parfois voisine d’Etat et donc voyait très bien comment fonctionnait un Etat et donc
l’ont refusé.

• Même celle assez isolé, le chef a essayé de transformer son pouvoir mais les individus ont
créés des systèmes contre ça.
Point essentielle de pourquoi elles sont contre l’Etat car c’est le chef qui est en dette contre le
groupe et l’Etat c’est l’inverse : renversement du sens de la dette. Dans nos sociétés, les ménages et
l’Etat sont en dettes des marchés. Rapport débiteur-créancier est un rapport de pouvoir.
Alors, pas de contrainte ?

• Si, il y a des systèmes de norme, de droit (invariant anthropologique). Il y a des procédure


juridique,…

• Il y a des normes mais pas de pouvoir législatif. Les normes s’imposent aux individus sous
forme d’habitude par les générations précédentes. C’est ce qu’on appelle la coutume.
Comparaison avec la langue : règle de prononciation, de grammaire : transmis de génération
en génération.

• Pas de pouvoir judiciaire : pas de juges, de procès ou de prison. Rituel de réconciliation assez
long (exemple : enterrer la hache de guerre, fumer le calumet de la paix). Epreuve Rituel
(ordalies) : combat où on en revient au dieu qui désignerons celui qui est dans son bon droit.
(Marcher sur des braises, duels,…)

• Si il y a consensus sur un fauteur de trouble : exclusion du groupe (Marginaliser quelqu’un,


bannissement). Le bannissement est pire que la mort (voir Socrate). Ces sociétés sont sans
système mais ont des composants : pression de menace de sanction (le groupe tout entier)
et procédure des règlements des litiges.
• Sociétés assez égalitaire, pas de groupe dominant, Pas de grande différence d’un point de
vue économique. Mais Hiérarchie de genre (les femmes ne peuvent pas participer aux
activités politique et religieuse + division du travail) et hiérarchie des générations (tout vient
des générations antérieures).
Le droit et la politique sont très fortement liés à la religion. Il y a un énorme débat qui a déchiré le
19e siècle : Quelle a été la première forme de religion ? Il y a deux grandes thèses :

• La religion première est l’animisme : besoin psychologique de mettre en scène les différences
entre le visible et l’invisible, les objets sont dotés d’une âme (exemple : une rivière à une
force vitale) ainsi que les êtres vivants (Edward Tylor). Tout ça vient du rêve et de
l’expérience de la mort (origine psychologique de la religion). Théorie évolutionniste :
Animisme → polythéisme → monothéisme → sciences.

• la religion première est le Totémisme : la religion est ce qui soude la société. Division entre
l’espace sacré et profane (Emile Durkheim). Chaque groupe (clan, tribu,…) se relie, s’identifie
à une entité animale, végétale ou à un ancêtre. Joue un rôle de protecteur du groupe.
o Exemple : si vous appartenez au clan des renards, le groupe s’identifient aux qualités
du renard, représente une qualité du groupe à travers un animal (bon chasseur,
rusé,…).
L’origine de la religion est pour lui sociologique et non psychologique. Tout groupe a besoin
d’une identité. A travers le totem, c’est lui-même que le groupe honore. La religion est une
façon de trouver son unité et sa cohésion.
o « Je ne vois dans la divinité que la société transfigurée et pensée symboliquement ».
La grande opposition dans la religion entre les choses sacrés et les choses profanes. Les
choses sacrés sont protégés par des interdits (pas toucher, voir, échanger,…). Et les choses
profanes (lieu, endroit où se passe la vie quotidienne).
Maurice Godelier, dans la lignée de Durkheim. Il a complété la théorie de Mauss. Il y a une 4e
obligation : vis-à-vis des dieux et des ancêtres, ne pas donner, échanger,… Dans toute société, il y a
deux sphères : les choses qui s’échangent et les choses sacrés qui ne s’échangent pas mais qui se
gardent et se transmettent de générations en générations.

• « Il ne peut y avoir société, il ne peut y avoir d’identité qui traverse le temps et serve de socle
aux individus comme aux groupes qui composent une société, s’il n’existe pas des points
fixes, des réalités soustraites aux échanges de dons ou aux échanges marchands »

• Ces choses sacrées renvoient à des choses imaginaires (dieu, mythes, ancêtres…). Ce sont des
sociétés de l’hétéronomie : société qui s’imagine transmise par l’autre. Cet autre n’est pas
transcendant : il n’y a pas de hiérarchie, il y a seulement deux mondes : pas de supériorité.

• Dans ces sociétés, il n’y a pas de prêtre : pas d’acteurs sociaux qui ont un rôle de
représentation du divin qui ont une sorte d’autorité sur le groupe. Ce qu’il y a ce sont des
technicien de l’invisible : sorcier, devin, marabout, druide, chamane.
o Ces chamanes ont des techniques par lesquelles ils rentrent en communication avec
le monde invisible (exemple : danse, magie, état de transe,…). Cela leur apporte des
fonctions de médecins, psychologue, conseillé,… Il a un grand pouvoir d’influence sur
le groupe mais pas d’autorité sur le groupe.
• L’intentionnalité sociologique du groupe dans ces sociétés est préservé l’ordre, l’harmonie et
la tradition. Ce ne sont pas des sociétés sans histoire, elles ont refusés l’histoire. Elle
considère que l’histoire est une menace. Tout en essayant de se préserver de l’histoire ont
quand même été historique et ont quand même dû évoluer.
o Exemple : peuple de Polynésie : coloniser toutes les îles. Pourquoi ? acte mystique :
se rapprocher le plus près du soleil.

Tuyau : « Je dirais que les sociétés qu’étudie l’ethnologue, comparées à nos grandes sociétés mo-
dernes, sont un peu comme des sociétés froides par rapport à des sociétés chaudes, comme des hor-
loges par rapport à des machines à vapeur.
Ce sont des sociétés qui produisent extrêmement peu de désordre, ce que les physiciens appellent «
entropie », et qui ont une tendance à se maintenir indéfiniment dans leur état initial, ce qui explique
d’ailleurs qu’elles nous apparaissent comme des sociétés sans histoire et sans progrès.

Tandis que nos sociétés ressemblent à des machines à vapeur, elles utilisent pour leur fonctionne-
ment une différence de potentiel, laquelle se trouve réalisée par différentes formes de hiérarchie so-
ciale, que cela s’appelle l’esclavage, le servage, ou qu’il s’agisse de division en classes ».

• G. Charbonnier, Entretiens avec Claude Lévi-Strauss, p. 37-38.

Sociétés théologico-politiques
Passage très rapide (quelques milliers d’années) des sociétés premières à des sociétés théologico-
politique (révolution néolithique) dû à plusieurs inventions pour la domestication des animaux, des
plantes,…
Il y a des peuples qui vont adopter ces inventions mais qui ne vont pas devenir des Empires ou Etats.
Apparition des premières villes, invention de l’écriture. Fonctions de l’écriture :

• Fonction économique : les premières tablettes servaient à la comptabilité.

• Puis une fonction politique : écrire des lois.

• Et puis une fonction littéraire : garder une trace écrite culturelle.


Emergence de l’Etat : 2 sens :

• Sens générique : appareil vertical de coercition sur la communauté (empires, royautés,…).

• Sens historique : entité politique souveraine et juridiquement indépendante de ceux qui


occupent le pouvoir. Etat, mot né aux alentours du XIIIe siècles. En latin, status : ce qui ce
maintien.
o Etat territorial, Etat-Nation >< Empire ou Cité-Etat.

« L’Etat (moderne) est une communauté́ humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé, re-
vendique avec succès le monopole de l’usage légitime de la violence physique »

• Max Weber, Le savant et le politique (1919), 10/18, 2005, p.124.


Comment expliquer l’émergence de l’Etat ?

• Fait matériel simple : la démographie. La culture provoque une croissance démographique,


donc impossible de se disperser pour certains individus.
o Exemple : Egypte, le long du Nile : entouré par le désert.

• Création des riches et des pauvres : Les riches entretiennent des rapports de dette avec les
pauvres qui devienne des rapports de clientèle.
o Pouvoir économique.

• Besoin de territoire pour l’agriculture donc création d’armée.


o pouvoir militaire.

• Pour maintenir la cohésion de grands groupes, il faut de grandes activités cérémonielles


spectaculaires. Sacrifice humains, lieux de cultes,…
o Le pouvoir religieux émergent : emprise psychologique sur le groupe.
Il y a un groupe humain qui se détache et se consacre à d’autres fonctions que produire (fonction
guerrière, fonction religieuse, fonction juridique). Ces dominants se placent au-dessus du groupe. Ils
contrôlent ceux qui produisent et s’en accaparent une partie de la production.
→ Création dominants-dominés.
Luc de Heusch : facteur G, passage de kinship (parenté) → kingship (royauté).
Tripartition fonctionnelle : paysan, guerrier, prêtre.
→ Renversement du sens de la dette.

• Du groupe vers le pouvoir politique,

• De la périphérie vers le centre économique.


Système économique basé sur la centralisation et la redistribution.
Création d’une classe marchande : développement du commerce national et international. Les
marchands deviennent une classe sociale. Les plus riches sont spécialisés dans l’échange entre deux
économies. Les marchands sont une menace (détienne du pouvoir car ils peuvent beaucoup
accumuler). Les chefs d’Etats vont contrôler les marchands pour ne pas qu’ils soient trop puissant.
Les marchands sont marginalisés et mal vu car réputé ne pas produire (paysan), ne met pas sa vie en
danger (guerrier) et n’a pas d’élévation intellectuelle (prêtre). Il y a du marché mais ce n’est pas un
marché, redistribution.
Le pouvoir politique essaye de correspondre à son espace économique. Ce qui explique que les
empires sont très étendus. Mais, il y a dans ces empires une très grande hétérogénéité culturelle.
3 types de système d’après Immanuel Wallerstein :

• Micro-systèmes-monde (sociétés premières)

• Empires-monde (sociétés théologico-politiques)

• Economies-mondes (capitalisme)
Tout premiers empires : Sumer et Egypte.
Il n’y a pas eu que des empires. Il y eu des petits royaumes, essayant de survivre entre deux géants
empires (exemple : Royaume d’Israël). Il y a aussi des Cités-Etats (exemple : Athènes).
Empire de Chine, Empire romain, Empire Omeyyade, Civilisations précolombiennes (Mayas,
Aztèques, Inca), Empires africains. Tous ces Empires perdurent pendant plusieurs siècles.
Le pouvoir politique tient maintenant son pouvoir de sa relation avec les dieux, c’est la sacralité du
pouvoir. Le pouvoir est séparé du peuple. Le pouvoir est sacré et le peuple est profane. Le sacré se
situe maintenant au-dessus du peuple (transcendance). Les dieux sont au-dessus des hommes.
L’Autre devient transcendant.
Création d’une classe sociale qui s’occupe du sacré, la classe sacerdotale (latin sacer : ce qui est
séparé). Porte-parole, représentant, intercesseur des dieux. Elle a également une fonction politique :
gardienne des normes (les normes viennent des dieux). Cette classe à une fonction juridique, elle
administre l’Etat.
Le pouvoir est à la fois politique et théologique.
Codes d’Hammourabi (dessin taillé dans la pierre) :

• Hammourabi (Roi) ;

• Shamash (Dieu-Soleil)
➔ Montre bien le lien entre le politique et le théologique.
Une Elite minuscule va faire l’histoire (5-10%).

• Les prêtres et la noblesse guerrière.


Grande masse d’anonymes :

• Les paysans et les femmes.


o Les femmes sont sous l’autorité juridique des hommes et elles sont excluent des
fonctions politiques et religieuses.
Le patriarcat se renforce sous l’ère néolithique : besoin de renforcement militaire et d’agriculture. Il
n’y a jamais eu de société matriarcale et jamais eu d’égalité homme/femme. Exceptions :

• Amazones : c’est un mythe et il est négatif (mythes créé pour que cela n’arrive jamais).

• Société Viking : Peuple de Marin, ils partaient pendant de très longue période donc les
femmes avaient une certaine liberté mais quand les vikings revenaient, patriarcat.
4 grands types de domination : Les différences anthropologiques :

• Différence sexuelle,

• Division du travail,

• Transmission du savoir,

• Exercice du pouvoir politique (pas confondre avec coercition).


Dans les sociétés Théologico-politique, ces discriminations sont valorisés.
➔ Société Holiste : ce sont des sociétés qui valorisent le tout qui prime sur les individus.
Société Holiste >< Société individualiste :
Dans ce type de société, l’individu n’a aucun droit du seul fait d’être un Homme. Il n’y a pas de droit
humain : droit en fonction de votre statut et de votre appartenance (homme ou femme, tel ou tel
métier,…). L’idée de droit de l’homme est inconnue.
Premier support d’existence de l’individu est l’appartenance à un groupe. Un individu libre est un
individu relié aux autres (beaucoup de frère ou beaucoup d’amis).

• En latin, liberi : bien-nés, de bonne souche.


Les Individus sans attaches sont sans droits. Pire des choses qui puissent arriver pour un individu
dans ces sociétés : être banni, exclu, marginalisé.
Homo Sacer (Rome) : Peut être tué sans homicide, ne peut être sacrifié aux dieux. Le mot sacer est la
pire des condamnations.

Chapitre 3 : L’homme, la société, le politique


Décentrement – comparatisme : chapitre précédent
Anthropologie : pas une simple représentation de notre opinion qu’on a sur la représentation de
l’homme. Difficile car chaque culture veut faire de sa conception une vérité générale.
→ Danger de l’ethnocentrisme.
Erreur de Naturaliser, d’essentialiser.

• Essence : ce qui est immuable, indépendant de l’espace et du temps.


➔ Individualisme anthropologique : ethnocentrisme.
Deux grands postulats :
- Individu-propriétaire (« mon corps m’appartient », propriétaire de nos idées, propriétaire de
nos biens). Un individu cherche ce qui lui est de plus utile personnellement. Nous pensons
que toutes êtres humains fonctionnent comme ça.
- Chaque individu porte en lui son être propre, chacun a sa propre singularité. Ce caractérise
par ce noyau, cette intériorité.
L’individu propriétaire commence au XVIIe siècles, existence d’un marché économique (John Locke).
Ce n’est pas le cas, voir société première. Ce qui est premier dans les sociétés premières c’est le fait
d’appartenir à un groupe.
Individu qui possède une singularité propre, conception monothéiste voir Chrétien (Saint-Augustin).
Idéologie occidentale. Ce n’est pas une vision fausse mais l’erreur est de dire que c’est universel.
Un être humain est défini par son corps qui a des désirs et des besoins. Ses besoins sont toujours à
travers des désirs (qui sont des activités psychiques).

• Exemple : nous avons besoin de nous déplacer mais nous désirons une voiture.

• Exemple : Un passionné de littérature se privera de chauffage pour s’acheter un livre


Le corps est ce qui nous relie au monde, aux choses et aux autres. A travers le geste, les paroles, les
pulsions. 95% de nos comportements sont des automatismes, nous sommes très peu créatifs dans
nos mouvements. Permet de réagir par rapport à notre environnement.
Différence Homme >< animal :

• Chez l’animal, automatisme = instinct, ils sont programmé. A la naissance, l’animal a presque
tout le bagage pour survivre.
L’homme n’est pas naturellement programmé, l’homme nait déficient, prématuré. Il n’est pas apte à
survivre, l’inné n’est pas suffisant. L’homme doit acquérir les automatisme pour survivre par le
langage, le comportement et la culture. L’homme ne peut satisfaire ses besoins et ses désirs que
socialement. En échangeant avec les autres. Un être humain ne peut pas survivre hors société, il
n’est pas complet.

• Pour penser, nous devons communiquer. Pour avoir des relations sexuelles, il faut sortir du
cocon familial. L’homme ne survit que si il est intégré socialement. L’homme est incapable de
marché sans l’aide des autres.
Enfant sauvage : manque toute une série d’apprentissage et de lien sociaux.

• Enfant sauvage de l’Aveyron recueilli par un médecin. Essaye d’éduquer l’enfant, va


l’analyser scientifiquement. L’enfant a des séquelles physiologique et un retard mental. Ne
pourra jamais parler, incapable de travailler, faire des gestes. Il n’a pas de désir sexuel et est
incapable de se reconnaitre dans un miroir. Il n’a pas de sentiment d’identité.
o Débat sur ce qu’est un être humain. Itard va en conclure qu’il n’y a pas de nature
humaine. L’homme est totalement façonné par la civilisation et les relations sociales.
L’enfant n’aura jamais une humanité aboutie. Néanmoins, il reste un être humain.
A chacun de ses besoins existentielles vient des institutions de parenté, économiques, culturelles. Ce
sont des invariants anthropologiques.
L’être humain est capable de se désautomatiser et d’apprendre des méthodes plus efficaces. Ce
qu’on appelle le bonheur, le plaisir est un bon équilibre entre désautomatisme et progrès.
Les deux grands postulats sont contre dits :

• Il n’y a pas de moi intérieur, il y a d’abord des relations et puis nous développons une
personnalité.

• L’être humain n’est pas propriétaire car il se définit par son désir et donc son inconscient.
C’est quoi l’inconscient ? Part de nous-mêmes sur laquelle nous n’avons pas de maîtrise.
Sexualité :
Freud : nous ne sommes pas maîtres dans notre propre maison. Ce désir inconscient est
particulièrement sexuel.

• Animaux : sexualité au service de la reproduction de l’espèce.

• Chez l’humain, sexualité sur base de pulsions. La sexualité est d’abord quelque chose qui se
passe dans la tête. Selon Freud, c’est quelque chose qui prend sa source dès la naissance.
o Premier acte sexuel : téter le sein de sa mère. Le petit enfant n’a aucune orientation
sexuelle, son désir se porte sur tout. Cet enfant qui est incestueux, homo, hétéro,
zoophile est polymorphe.
C’est le droit, la famille, l’école qui va orienter son désir. Notre sexualité est le résultat des
interactions avec notre milieu. Notre orientation sexuelle n’est pas déterminée par la nature et n’est
pas un choix. Se déroule dans notre inconscient. La sexualité est à la fois une conditions et une
menace. La sexualité répond bien à la reproduction de la société, pas de l’espèce.
La société va également orienté la libido : désir de création, de pouvoir, d’argent. La société utilise le
désir pour l’orienté vers plein de chose (économie, art, etc.).
La sexualité est une menace. Elle est rebelle et chaotique car elle nait dans l’inconscient et peut
bousculer les institutions. La sexualité est une « passion égoïste ». Ce qui est égoïste est l’inconscient.
L’inconscient n’agit que pour lui-même.
L’interdit de l’inceste est un invariant universel. L’inceste provoque de la consanguinité et amène à la
dégénérescence : c’est biologiquement faux, ce n’est vrai que dans des grands groupes. L’explication
est sociologique, c’est une règle positive. Si vous n’êtes pas autorisé à épouser vos proches, vous
devez sortir de votre cercle familial et de se lier à d’autres clans, familles, etc.

• Il faut que la sexualité serve à faire lien. La loi n’interdit pas les relations sexuelles entre
proche mais les mariages. Il y a une règle morale et culturelle, la loi n’a même pas besoin de
l’interdire.

• Selon les sociétés, les périmètres avec qui on ne peut pas se marier varie fort. Universel :
père, mère, frère, sœur.
o Il y a des sociétés vont interdire avec Cousins germains,… d’autres vont interdire
inceste du côté de la mère,…

• Exceptions : inceste royaux. Pharaon épouse leur sœur, plus rituel qu’autre chose. Facon de
mettre la société hors culture.

• Règle très particulière. Ne règle pas seulement notre comportement social mais structure
également notre psychisme. Nous intériorisons l’interdit de l’inceste.
Domination masculine :
Comment expliquer la quasi domination masculine ? Comment expliquer cette persistance de la
domination masculine et la normalité de l’hétérosexualité.
Il n’y a aucune société où les femmes dominent les hommes et où il y a une égalité homme/femme.
Société matrilinéaires (filiation) et matrilatérales (union).
Deux types d’explication à laisser de côté :

• Supériorité physique des hommes : ne joue pas de rôle dans la société humaine (exemple :
napoléon, Sarkozy,…). Le corps de la femme est bien plus adapté à la guerre (agilité,
résistance,…). La femme est supérieur génétiquement aux hommes pour la reproduction et
l’adaptation à l’écosystème. L’explication physique est à l’avantage des femmes.

• Les hommes et les femmes ont des natures psychologique différentes. Disposition
psychologique par rapport au travail. Le masculin, le féminin n’existe pas. « On ne nait pas
femme, on le devient ».
Le conditionnement préface le clivage masculin/féminin : A l’adolescence le changement du corps.
Cette domination est une construction historique, sociale pour répondre à un problème
anthropologique :

• Le corps de la femme est indispensable pour la reproduction de la société. Le corps de la


femme est un lieu d’emblée politique, social. Le groupe ne peut pas se reproduire sans les
femmes. Les sociétés ont inventés des institutions familiales pour assurer la reproduction de
la société et vont assurer le contrôle des hommes sur cette reproduction. L’espace
domestique permet aux hommes de contrôler le corps des femmes et de leurs assigner cette
tache exclusive.
Deux formes de dominations :

• Le patriarcat : le père est celui qui va donner un statut social à la femme. Ce qui fait de
l’enfant un être social est le fait qu’il est « fils de ». Dans certaines sociétés, l’homme est
réputé faire l’enfant et l’utérus n’est qu’un réceptacle. Le père est une construction
historique pour assurer le contrôle des naissances.

• Le travail de reproductions sociales (enfant, ménage,…) n’est pas considéré comme un travail
mais comme une activité naturelle. La société va valoriser la production sociale (produire,
construire, gagner de l’argent) alors que le travail de reproduction social est gratuit.
o Encore aujourd’hui, les tâches ménagères ne sont toujours pas comptabiliser dans le
produit intérieur brut.
o Dévalorisation de ces tâches : par opposition aux activités dévolues aux hommes
(guerre, travail, travail ouvrier). Tandis que les activités de reproduction sociale, au
services de (sujétion).
Le masculin est toujours un principe positif qui connote la souveraineté (lui peut être seul), tandis
que le féminin est le principe relatif (toujours avec quelqu’un, dépendante).
Différence entre l’invariant anthropologique (question du corps de la femme comme lieu de
reproduction de la société) et la construction historique (réponse : le patriarcat. La différence
sexuelle est construite comme une hiérarchie de genre).
Aujourd’hui est-ce qu’il y a une autre réponse égalitaire qui est possible ?

• Aujourd’hui que les femmes ont accès au travail mais double journée (ménage), travail axé
sur s’occuper des autres (infirmière, femme de ménage,…).

• La réponse de Françoise Héritier : ces différences sexuelles sont des invariant


anthropologique mais il faut dissoudre la hiérarchie. Elle demande la rémunération des
tâches ménagères.

• Judith Butler : il faut dissoudre la différence sexuelle. Il est dangereux de rémunérer le travail
de reproduction. Il ne faut pas maintenir les différences masculin/féminin.
Trois grands enjeux politiques :

• Enjeux du travails, l’organisation économique,…

• Enjeux du langage : forme de sacré, religion, forme culturelle

• Enjeux du désir, de la sexualité,…


→ Tous ceci portait sur les rapports horizontaux.
Rapports politiques :

• « Les rapports sociaux qui font d’un ensemble de groupes humains et d’individus une
« société » ne sont ni les rapports de parenté, ni les rapports économiques, mais ceux qu’en
Occident on qualifie de « politico-religieux » ».
o Maurice Godelier, Au fondement des sociétés humaines, Albin Michel, 2007, p. 35.

• « Les hommes ne se contentent pas de vivre en société et de la reproduire comme les autres
animaux, mais doivent produire de la société pour vivre ».
o Maurice Godelier, L’énigme du don, Flammarion, 1996, p. 141.
La sphère des choses qui s’échangent >< la sphère des choses qui ne s’échangent pas.
Godelier en tire deux conclusions :

• les sociétés ne produisent pas seulement des biens pour vivre. Les sociétés doivent aussi se
produire eux-mêmes la société dans lequel ils vivent. Ils inventent les institutions, les
cérémonies, les fêtes,… Importance fondamentale du symbolique.

• Les hommes et les sociétés masquent le fait que ce sont eux qui produisent les institutions.
Les êtres humains imaginent que la société vient d’ailleurs (ancêtre, esprit, dieu,…). Masque
les rapports de domination qui sont à l’origine de cette production.
o Si le gouverné doit obéir au gouvernant, c’est parce que dieu l’a voulu. Si l’homme
domine la femme, c’est parce que la nature la voulu, dieu,… La première fonction de
la religion est politique : la religion sert à la cohésion sociale, cela n’est possible que
si les pouvoirs masquent les rapports de domination (Voir Durkheim).
Godelier reprend le fétichisme : dans toutes les sociétés il y a du fétichisme (ce qui est fait main, ce
qui est fabriqué). C’est l’adoration d’un objet. Au départ, c’est un terme négatif que les chrétiens
appliquent aux sauvages, Les sauvages sont incapables de faire la différence entre dieu et sa
représentation (Dieu et sa statuette).

• Pour Godelier, le fétichisme est un invariant anthropologique. Il y en a et a eu dans toutes les


sociétés. Un billet de banque c’est un fétichisme, un drapeau,… pour se donner une identité
et masquer les rapports de domination réels.

« L’existence sociale de l’homme n’est possible que grâce à deux processus de refoulement qui cons-
tituent les deux sources de la formation de l’inconscient individuel et collectif. Le premier processus
concerne la sexualité́ et sa répression, le second le pouvoir (politique et économique) et ses exclu-
sions ».

• Maurice Godelier, l’énigme du don, Flammarion, p. 246.


• Les sociétés ont besoin de refouler la sexualité et la domination.

Dans toutes les sociétés le pouvoir est exercé au nom de quelque chose, qui a, pour le groupe, une
valeur morale supérieure. Le pouvoir est exercé au nom des dieux, des ancêtres,...

• Le pouvoir ne peut jamais reposer uniquement sur la force. Quand une société ne repose
plus que sur la force, ce régime est sur le point de disparaitre.

• Aujourd’hui, crise de croyance envers les institutions.


Et les sociétés modernes ? semble avoir évacué les croyances. Etat laïque, pas de sacré ? deux
réponses possibles :
Castoriadis : les sociétés modernes sont sorties de l’hétéronomie et sont devenu des sociétés de
l’autonomie. Nos sociétés ont inventés de nouvelles formes de sacré pour Godelier : droits de
l’homme, constitution. On voit que le droit est toujours produit au nom d’une valeur fondamentale.
Dans nos sociétés modernes, les droits de l’homme.
Charte des droits de l’homme et du citoyen : 2e article : conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’homme. Droits naturels ? bizarre, il y aurait des droits antérieurs à l’Etat et donc
supérieurs à l’Etat. On voit bien que la société se fondent sur une valeur morale qui ne se négocie
pas, imprescriptible.
Enorme querelle dans la théorie du droit :

• Il existe un droit naturel (naturalisme), le droit naturel fonde le droit positif

• Il n’y a de droits que institués dans des rapports de force, il y a droit dès qu’il y a pression par
menace de sanction. Le droit naturel n’est qu’une illusion (positivisme juridique).
Qu’est-ce qui distingue un ordre donné par la mafia et un ordre qui vient de l’Etat ?
Donne-moi de l’argent : Etat, administration fiscale >< Mafia : si pas d’argent, malheur.
➔ Dans les deux cas : pression par menace de sanction.
Les juristes naturalistes : différence de nature, du côté de la valeur morale, sur laquelle l’Etat se base.
L’Etat est légitime car il se base sur une valeur morale. Exemple : impôt pour la sécu,…
Les jus positiviste : pas de différence de nature, juste différence de degré. Etat, plus grosse
organisation qui a profité du monopole de la violence. Dans les deux cas pression par menace de
sanction. Daesh Etat ? Dictateur mafia (dirigeant corrompu) ?
La référence à un sacré est une nécessité anthropologique. Contrairement à une mafia sinon le
charisme du parrain. L’Etat a besoin d’une légitimité. Aujourd’hui, nos institutions sont dans une
grave crise de légitimité (gilet jaune).
Quand il y a un sacré, une valeur morale, une déclaration : a pour fonction de légitimé le pouvoir en
place et sert de ressort au dominé pour revendiquer et pour résister.

• Exemple : déclaration de 1789 : légitime la bourgeoisie mais a été récupérer par les femmes,
ouvriers,…
2e grand partage en théorie politique :

• Vision associative : l’essence du politique est la délibération commune et mise en commun.


Construction d’un ordre social pacifique.

• Vision dissociative : la politique est un espace de lutte, de conflit. Antagonisme entre


dominant et dominé.
La politique c’est toujours un peu des deux mais en philo, qu’est-ce que fondamentalement la
politique ? Qu’est-ce que la barbarie, la violence, la décivilisassions ?
2 visions possibles :

• C’est le chaos, la sauvagerie, le désordre. Ce qui fait civilisation c’est l’ordre. Arriver à un
consensus. Vision associative.

• C’est la domination du plus fort, la répression, l’exploitation. Ce qui fait civilisation :


construction d’une relative égalité, moindre domination. Vision dissociative.
Gilets jaunes : Voit-on fondamentalement le chaos, le désordre ? Comment rétablir l’ordre ? Ou voit-
on des luttes, résistances de la part des dominés contre les dominants ?
« De même que les individus en tant que personnes sont inaliénables, présentes à la fois dans et hors
de la sphère des échanges marchands, de même la Constitution est une réalité sociale, un bien
commun qui ne peut par essence être le produit de relations marchandes (…).
On voit par là comment la politique a pris dans nos sociétés la place des religions, et comment les
Constitutions sont en quelque sorte des équivalents des objets sacrés que les hommes croyaient avoir
reçu des dieux pour les aider à vivre ensemble et à vivre bien. Or si le politique a pris la place
qu’occupait autrefois la religion, elle court désormais, et en permanence, le risque de se sacraliser »

• Maurice Godelier, L’énigme du don, p. 290.


Chapitre 4 : L’invention des spiritualités
Dans quelle mesure peut-on étudier la religion de façon objective ?
Les religions monothéiste repose sur des vérités absolues. Le philosophe doit étudier ça comme une
opinion, une croyance. L’étude scientifique de la religion n’a été possible que très tard. Il faut avoir 3
principes méthodologiques :
1. Un athéisme méthodologique
L’historien doit se mettre dans une position d’incroyance. Il doit faire comme si les religions n’étaient
que des fictions. Si on veut étudier la naissance des religions monothéistes : Jésus fils de dieu entre
parenthèses.
Exemple : on sait maintenant que les juifs ne sont pas sortis d’Egypte ; Jésus avait des frères ;
Mahomet, le coran a été rédigé pendant plus d’un siècle par plusieurs rédacteurs. Coran fixé 1 siècle
après Mahomet.
2. Eviter le monothéocentrisme
Tendance des historiens, théologiens à considérer le monothéisme comme une forme de croyance
supérieure.

Les historiens monothéistes pensent que le fétichisme sont des formes dégradés, archaïques de
religions. Justification des historiens : ce sont des sauvages pas capable de faire la différence entre la
représentation et l’être que l’on adore. Les monothéistes savent faire la différence. Islam et juif :
interdise la représentation de dieu. Concurrence entre les monothéiste pour voir qui a le moins de
représentations (Voir trinité, Dieu-homme). Identifier la religion à une croyance personnelle, de foi
→ Pas vrai. C’est aussi des pratiques (prières, cérémonies, sacrifices,…). Les monothéistes montrent
que ce qui importe est la croyance. Les multithéistes disent que ce qui est important sont les
rituels,…
Le monothéisme a quand même gagné ?

• 2 réponses : Les croyants ont été forcé (croisade,…), La moitié de la population ne sont pas
monothéiste.
Il ne faut pas considéré l’athéisme comme supérieur. L’athéisme est aussi une forme de croyance. Ne
pas confondre athéisme et laïcité. On peut être croyant et laïque.
3. La religion = fait social total
La religion est partout dans la société. Le partage entre choses profanes et sacrés se retrouve dans
tous les secteurs de la société. La religion a une dimension juridique. On ne peut pas séparer la
religion du politique. Le pèlerinage : activité religieuse et économique. L’économie autour de la
religion provoque le protestantisme (voir commerce des indulgences).
Question de la religion primitive. Première forme de la religion :

• Animisme (visible et invisible) vs fonction sociologique (sacré et profane).


Historiens : il n’y a pas eu de forme primitive de religion. Réservoir d’attitude mentale permettant
d’organiser la vie sociale et de régir les relations → combinaisons Animisme, totémisme,
polythéisme, monothéisme.

• Exemple :
o Aborigènes d’Australie : Les 4 en même temps. Monothéiste car une chose
dominante (serpent-arc-en-ciel).
o Islam monothéiste strict mais les cultures arabo-musulmane croit aux esprits
(animisme).
o Christianisme : Anges, démon, diable + culte des saints.
Monothéisme inclusif : il y a plusieurs dieux mais il y en a un plus important. On peut aller jusqu’à
honorer qu’un seul dieu. Ne cesse pas de croire qu’il y a plusieurs dieux mais n’en vénère qu’un.
Première césure : Monothéisme exclusif (ou exclusion mosaïque), il n’y a qu’un seul Dieu. Il n’y a plus
qu’une seule religion vraie. Religion vraie >< religions fausses.
Polythéisme : système fonctionnel ouvert.

• Fonctionnel : Pourquoi plusieurs dieux ? Chaque dieu à une fonction qui reflète une structure
globale. 3 grandes fonctions : agraire, guerrière, sacerdotale.

• Ouvert : accepte les autres dieux, forme de curiosité. Essaye de traduire un dieu d’une autre
religion dans la sienne. Ils peuvent introduire un nouveau dieu si ça leur semble utile.
o Exemple : romain reprenne le culte d’un dieu guérisseur grec pendant une épidémie.
Dans les religions polythéistes, pas de persécutions religieuses.
Monothéiste : système fermé, un livre, un texte → religion absolue. Engendre deux choses :

• Intense activité d’interprétation pour démêler le vrai du faux.

• Exclusive vis-à-vis des autres dieux et des autres religions. Guerre de religion propre au
monothéisme. Cette hostilité est compensée par la tolérance. Pas de curiosité de la religion.
Tolérance : supporter quelque chose qu’on désapprouve, qu’on juge inférieur, faux. C’est un pur
produit du monothéisme.
Dimension politique : le monothéisme exclusif a chaque fois été inventé par des groupes
politiquement minoritaire, en situation de crise.

• Exemple :
o le culte de Yahvé → au moment de la chute de l’empire d’Israël. C’est une manière
de retrouver une identité contre le pouvoir central.
o Création du christianisme : Jésus réaffirme le monothéisme.
o Mahomet lance sa prédication lors du problème d’unification des arabes contre les
deux grands empires. C’est religion sont des religions de résistances.
➔ Mais ces religions vont être récupérée par le pouvoir en place.
Expression « Judéo-christianisme » : terme de mi-savant, expression formé au 19e siècles par des
philosophes chrétiens mais deux problèmes :

• Le judaïsme est lié au christianisme car c’est une préparation du christianisme. Judaïsme est
la chenille et le christianisme est le papillon. Expression ancien et nouveau testament.

• Solidarité entre le judaïsme et le christianisme et qui exclut l’islam. Raison idéologique et


géopolitique. Israël et occident vs monde arabe. Les judéo-chrétiens sont les premiers
chrétiens qui estimaient que ce que jésus disaient valait que pour les juifs.
Naissance des « Grandes spiritualités » (ou période axiale) (VIIIe et IIIe siècle AC) : très grands
empires multiculturels, des systèmes de pensé universels vont apparaitre. S’adresse à l’intériorité de
l’individu, a sa singularité. La sagesse s’acquière par une expérience personnel et individuel. Les
grandes spiritualités vont émergé très vite sur des territoires très lointains les uns des autres.
Toutes nos grandes spiritualités se sont créés très vites et sur des territoires très loin les uns des
autres. 2 grandes caractéristique :

• Personnage charismatiques : Ils sont sages : Confucius, Laozi, Pythagore, Socrate, Platon,
Aristote.

• Ou ils sont prophètes : Zoroastre (appelle à n’aimer qu’un dieu), Elie et Isaïe (prophète de la
méditation), Bouddha (révélation mais pas de dieu), Jésus, Mahomet.
Ces spiritualités sont en rupture avec les religions traditionnels qui sont fondées sur les rites
extérieures (cérémonies, sacrifice, spiritualité publique). Propose une tout autre voie, à travers une
intériorité. Le vrai monde n’est pas celui que nous vivons. Pour arriver à ce vrai monde, il faut faire
un travail sur soie.
Les spiritualités vont inventé des techniques spirituelles :

• Psychologiques : méditation, remémoration, confession,…

• Physiques : purification, gymnastique, diététique, érotique,…

• Sociales : retraite, vie « sectaire », pauvereté,…


Il y a une vérité au-dessus des cultes. Subversion par rapport aux religions.
Elles vont renforcer le théologico-politique. Instrument très efficace d’homogénéisation. Si pour
créer un grand empire unit, parole faite pour tous les individus intéressant.
Chapitre 5 : Athènes et la philosophie
L’histoire de la philosophie commence à Athènes : Socrate, Platon et Aristote. La philosophie
fonctionne en séquence fabuleuse assez courte. Athènes : premier grand moment fort.
Moment historique particulier : le moment Athéniens. Athènes et la Grèce antique : berceau de la
civilisation européenne ?

• Pas le cas, l’Europe n’existait pas. Les Grecs ont le regard tourné vers l’Egypte et la Perse.
Après la résistance aux empires, Alexandre le Grand conquiert un territoire énorme dont la
Grèce. La civilisation européenne se construit au moyen âge sur un socle qui est romain. On a
hérité de plein de choses de l’empire romain. Même les toutes grandes personnes
européennes ne pratiquaient pas le grec. L’Europe découvre très tard (13e) la philosophie
grec via des philosophes arabes de Cordoue. Averroès, en traduisant ses œuvres, vont
découvrir la philosophie grec. Saint Thomas d’Aquin, initie la philosophie grec. Donc, c’est un
mythe.
Le moment athénien n’est pas très représentatif de la civilisation grec. Démocratie athénienne n’a
duré qu’un siècle, des réformes de Clisthène 507 à la défaite contre Sparte en 404.
Les autres cités n’étaient pas des démocraties : Monarchie ou Aristocratie. Jusqu’au 19e siècles, le
mot démocratie est négatif sauf pendant cette petite période d’un siècle à Athènes. Socrates-Platon-
Aristote n’arrivent pas à l’apothéose de la démocratie athénienne mais au moment de la crise de la
démocratie. L’évènement le plus fort : procès de Socrate suivis de sa mort. Comment en est-on
arriveé à cette évènement tragique ?
En quoi cette démocratie n’est qu’une brèche qui va tout de suite se refermer dans l’histoire grec ?
Grèce archaïque (VIIIe – Ve) - Grèce classique (Ve - IIIe) - Grèce hellénistique (IIIe – IIe).
Grèce archaïque : société théologico-politique classique. Le pouvoir se trouve dans le palais qui est
une enceinte sacrée. Pas de pouvoir législatif, Les prêtres gardent les lois qui viennent des dieux. La
justice est une divinité Dikè = justice, Thémis = déesse de la justice.
Epreuve magico-religieuse pour savoir qui est coupable (marche sur les braises, devinette,…)

• Exemple : lliade d’Homère, irrégularité dans une course de char. On ne se demande pas ce
qu’il s’est passé. Celui léser met à l’épreuve l’autre, il doit jurer sur Zeus qu’il n’y a pas eu
tricherie.
Importance de la poésie comme source de moral, d’éducation. L’éducation se faisait à travers la
poésie. On apprenait le droit, la cosmologie,… Les poètes étaient considérés comme des devins. Ils
étaient en contact avec le sacré. D’où l’importance des devins. Ce sont des « Maîtres de Vérité » :
Rois de Justice, Aèdes (poète chanteur), Devins.
Ce qui se passe à Athènes c’est une crise. Au 6e siècles, Athènes est une ville fabuleusement riche
mais crise politique et sociale très grave. Stasis : guerre civile. Lutte des classes entre les riches
marchands du Pyrène et les cultivateurs appauvris. La classe aristocrate n’arrive pas à maintenir
l’ordre. Réforme pour ouvrir la participation politique pour tout le monde. Elargissement de la
participation politique à tous les Athéniens libres. Désacralisation du pouvoir : plus dans l’enceinte
sacré du palais. Descend physiquement sur la place publique (l’agora). L’acropole devient un simple
lieu de cultes. Les décisions se font sur un grand terrain vague : l’agora → toutes les administrations.
Maitre mot du système : autonomie. Les hommes font leurs propres lois. Dans un système où toutes
les lois sont faites par les hommes, la participation des citoyens est requise.
3 principes :

• Isonomia = égalité de droits ;

• Iségoria = égalité de parole ;

• Parrhésia = franchise (il ne faut pas se laisser corrompre). Peut aller jusqu’à des propos dur.
La démocratie athénienne n’a rien avoir avec la démocratie moderne. La démocratie athénienne est
militariste. Le citoyen est un homme d’arme. Les armées athéniennes étaient des phalange, les
athéniens sont frère d’arme, soudé. Les femmes sont exclues de la décision politique. Démocratie
esclavagiste, l’économie athénienne ne fonctionne pas sans l’esclavage. Démocratie xénophobe, les
athéniens accordent une très grande importance sur leur sang et leur terre. Sang athénien et né à
Athènes : citoyen athénien. La démocratie contient à peine 20% de la population.
C’est une démocratie direct. Législatif → ensemble des citoyens. Système d’élections pour certaines
compétences. Tirage au sort pour les tribunaux. Esclave public qui s’occupe de la fiscalité, de
l’administration.
La démocratie athénienne n’a aucune idée des droits qui sont attachés aux individus en tant
qu’individus. Le droit est toujours attaché à un statut (droit parce que je suis athénien). On ne peut
pas parler de liberté d’expression. Parrhésia, parler sur des sujets politiques. Autre sujet, pas critiqué
les dieux, ni la cité d’Athènes. Pas de distinction entre le religieux et le politique. La religion reste une
activité civile. Etre un bon citoyen = pratiqué les cultes publics. On reste dans un univers de
l’Hétéronomie (commandé par les dieux).
Importance de la parole. La parole du pouvoir est une parole sacré. La parole du pouvoir devient une
parole publique dans le nouveau système. Qui a le pouvoir ? celui qui arrive à convaincre,
argumenter. La parole, plus gros moyen de pouvoir. Les lois font l’objet de débat contradictoire, on
argumente. Chacun fait valoir son opinion, la Doxa. Le pouvoir appartient aux bons orateurs. D’où
l’importance du logos (Parole 1, argumentation 2, Raison 3).
De nouveaux orateurs apparaissent qui enseignent l’argumentation. Ce sont des sophistes (métèques
qui viennent de Turquie). Sophistès = technicien de la parole, intellectuel. Ils ouvrent des écoles
payantes et très cher. Sophos = Habile, savoir-faire et aussi Instruit, sage.
Lutte extrêmement féroce entre les conservateurs (éducation des jeunes élites par les poètes,
devins,…) et les progressistes (mode d’éducation citoyen, argumentation, démocratie).
Socrate (470-399) va arriver dans ce contexte de crise en créant un 3e courant entre les deux. Ils
essayent de créer une nouvelle forme d’intellectuelle. Il va se positionner dans aucun des deux
camps :

• Il n’est pas sophistes : ne cherchent pas le pouvoir et ne cherchent pas l’argent. Ne créer pas
d’école + enseignement oral. Son message est un message de spiritualité. Le vrai monde
n’est pas de ce monde. La justice n’est pas la justice des hommes.

• Ce n’est pas un conservateurs : il ne prétend pas détenir la sagesse, il est philosophe et il la


cherche, il la désir et veut communiquer ça à ses disciples. Ils utilisent grâce à ça la Parrhésia.
Il utilise la Parrahésia a des fins éthiques et morales à fin de déconstruire la parole du
pouvoir.
On connait la pensée de Socrate via Platon (disciple de Socrate) : conserve un dialogue entre Socrate
et Platon. Socrate existe-il ou est-ce la pensé de Platon dans la bouche de Platon. Et via Xénophane
(aussi disciple), on ne sait pas sa pensée mais celle de Socrate.
Quelle est la démarche de Socrate ?
Protagoras : Scène chez Callias, qu’est-ce que la justice ? la justice, c’est une technique, le droit c’est
un savoir-faire, un tribunal c’est un champs de bataille ou il faut faire triomphé un point de vue grâce
au droit. Le droit est purement politique. Protagoras est une sorte de Juspositiviste
Socrate va utiliser sa méthode de Maïeutique (accoucher) : Socrate fait une métaphore, de la même
manière que les sages-femmes accouche des bébés, il accouche des âmes. Il va utiliser la Parrhésia :
ironique, provoquant, utilise le courage. Face à Protagoras, il veut montrer les vides de la pensée de
Protagoras.

• Argument logique : si deux individus différents viennent avec des Doxa différentes, c’est pour
que ce ne soit plus un champ de bataille mais d’accéder à quelque chose qui soit supérieur à
l’opinion. Ils attendent du tribunal une science (épistémé = science, savoir). Ou sinon, guerre
sans fin et chaos. Cette épistémé, c’est la philosophie. Il y a une justice naturelle et objective
que l’on peut découvrir par la connaissance, il y a du bien et du mal dans la nature objective
des choses. Socrate est partisan du Jusnaturalisme. Il y a un droit naturel au-delà du droit
posé par les uns et les autres. Il y a une science de la justice.
Les témoins du dialogue lui demande quel est son savoir, son épistémé. Socrate se défile, ne sait pas,
il leur dit de chercher eux-mêmes. Dialogue de Socrate sont des dialogue aporétique (aporos = sans
issue). Lors de son procès, on reproche à Socrate ses discours aporétique. Reproche bien fondé, je
ne suis savant en rien dit-il. On sait surtout de Socrate des anecdotes. Il sait qu’il ne sait rien donc
c’est lui le plus sage. Socrate veut que chacun devienne son propre maître de vérité. Professeur
d’autodidactisme, il apprend à chacun à être son professeur. Jeu de Socrate : comment apprendre
aux autres sans position d’autorités ?
Phrase de Socrate : « Connais-toi toi-même ». Ce n’est pas un dicton de Socrate, c’est un discours
populaire qui se trouvait sur le fronton de certains temples. Ca veut dire, connait tes limites, ne sois
pas orgueilleux, ne te prend pas pour dieu, reste modeste. Pas du tout un appel philosophique. Ne
veut pas du tout dire connais ton moi intérieur.

• Double message :
o Connais tes limites, connais ta place dans l’ordre des choses, ce que tu peux et ce
que tu ne peux pas faire.
o Pense par toi-même, appel à l’autonomie de la pensée. Promesse de Bonheur : si
vous pensez par vous-même, vous serez très heureux, quitter la Doxa pour votre
pensé : harmonie intérieur.
« Nul ne fait le mal volontairement », QUESTION TUYAU, SAVOIR EXLIQUER LA CITATION : La volonté
de l’homme tant vers le bonheur. Le désir de l’homme c’est de chercher le bien et d’être heureux.
Ethique naturaliste de Socrate. Le bien est une chose naturelle. Association très forte entre le bien et
le beaux. L’harmonie, la mesure,… est bien → Ethique naturaliste.
>< Ethique impérative : la volonté de l’homme est mauvaise, et ce qui apporte le bien, c’est la loi.
Si l’homme désire naturellement le bien, pourquoi font-ils le mal (crime, mensonge, injustice) ? Si ils
font le mal, c’est parce qu’ils ignorent le bien, ils se trompent, ils ignorent leur but. Ils n’ont pas la
science, la connaissance. La faute c’est ne pas savoir.
3 grandes formes d’ignorance (faux bien, bien illusoire) :

• Croire que le bien c’est le pouvoir, que le pouvoir me rendra heureux ;

• L’argent : Le bien c’est l’argent ;

• Les honneurs : si je suis honoré, je fais le bien.


Socrate vise les 3 classes dominantes : Classe guerrière, pouvoir marchand, Clergé. Le message de
Socrate est un message contre le pouvoir en place.
Ce « vrai bien », Socrate ne le définit jamais, renvois à connais-toi toi-même. Socrate marche très
bien dans l’enseignement.
Socrate commence à exaspérer les notables d’Athènes, les poètes, les prêtres, les sophistes. Alliance
contre Socrate. Il est trainé en justice pour deux chefs d’accusation :

• corrompre la jeunesse,

• Ne pas honorer les dieux de la Cité.


On ne reproche pas de na pas y croire mais de ne pas pratiquer les cultes ou pas avec soins. On lui
reproche de ne pas être un bon citoyen. Voir Mystères d’Eleusis : comme si Socrate n’avait pas fait sa
communion dans une société très catholique.
Dans le procès, il ne cherche pas à se défendre, il fait un plaidoyer de la philosophie. Score très serré
mais la sanction est très lourde : la mort ou le bannissement. Ces amis tentent de le convaincre de
fuir mais il ne veut pas car le bannissement est pire que la mort. Il va boire du poison, la Ciguë dans le
Criton. Dans cette dernière nuit, il explique pourquoi il préfère la mort. N’oublie pas de sacrifier un
coq à escula (dieu de la santé), Socrate se voit comme un guérisseur de l’âme.
La mort de Socrate est un drame pour la communauté de philosophe. Que faire pour ces
philosophes ? Se retirer de la Cité pour laisser la Cité au démagogue ou rester pour combattre le
pouvoir en place ?

• Platon (427-347) décide qu’il faut créer une école, l’Académie (Academos). Platon fait de
l’Académie à la fois un lieu de retraite et un centre de formation pour dirigeant politique.
Grande différence avec Socrate.
o Pour Socrate, il y a une disjonction entre le savoir et le pouvoir. Celui qui possède un
savoir authentique ne peut pas avoir de pouvoir. Platon a comme idée de réconcilier
le savoir avec le pouvoir. Le philosophe doit investir la scène politique. Platon écrit
(acte de pouvoir).
Deux types d’enseignement de Platon :

• Exotérique (dialogues) ;

• Et Esotérique : ce qu’il disait au philosophe, pas de trace écrite à par livre : « La République
ou de la justice » → Résumé de la pensé de Platon.
Livre : Platon explique qu’on peut envisager la question sous deux angles :

• c’est quoi être juste ? la justice individuelle.

• Et Qu’est-ce qu’une Cité juste ? D’abord regardé ce qu’est une Cité juste, et après savoir
comment être juste.
Pour la Cité : il faut des hommes qui assurent la subsistance de la cité (producteur), il faut des
hommes qui protègent la Cité (classe de gardien), Il faut des intellectuels, des experts qui vont
réellement diriger.
➔ Division du travail politique et sociale. L’objectif de Platon c’est l’ordre, l’harmonie, la
hiérarchie. Même classe que celle des néolithiques.
Qu’est ce qui fait que cette tripartition est naturel et doit s’appliquer dans toute la société ?

• Fondée sur la division de l’âme :

La justice pour Platon, c’est une hiérarchie des choses. Parmi les gardiens, on sélectionne les plus
intelligents et vont être formé pour gouverner. Pour lui, il n’y a pas un noyau de l’âme, divisé en 3
parties. le tout prime sur les parties pour Platon, l’Harmonie de la Cité et de l’âme prime sur les
individus.
➔ Holisme.
Lié à la théorie des idées : le tout existe indépendamment des individus dont il est composé, hors ce
tout, je ne peux pas le toucher, le voir, ni le sentir. Platon va faire la différence entre :

• le sensible : ce que je peux connaitre avec mes 5 sens ;

• Et ce que je ne peux concevoir que par l’intelligence : le tout, les gens, les espèces, les
collectifs, l’intelligible,...
➔ La thèse fondamentale de Platon est paradoxale et contre intuitive, l’idée est une réalité plus
élevée que la réalité sensible et matérielle. L’idée est plus réelle que la chose concrète.
Idéalisme philosophique, primat de l’idée.
Ontologie (théorie de l’être) :
Exemple :
Qu’est-ce qu’une rose ?

• la rose n’est pas celle de chez le fleuriste, ni l’image graphique. La rose en soit c’est la forme
de la rose, c’est son idée qui va rassembler toute les caractéristiques de toutes les roses.

• L’idée est ce qui va s’intégrer de façon harmonieuse du tout. Si vous reconnaissez la Rose,
sensible, c’est parce que vous avez déjà dans votre âme une idée de la rose, qui s’intègre à
d’autres idées. Toute connaissance est en fait une mémoire. L’idée de quelque chose est plus
réel que la chose concrète.

• Pour Platon, c’est logique : la chaise concrète peut disparaitre et il y en a plein alors que
l’idée de la chaise est intemporel et universel. L’idée séparé du sensible n’est pas
transcendante, il n’y a aucune trace de religieux.
➔ Conséquence sur le plan du droit et de la politique : il y a un droit naturel, un droit
intelligible. Ce droit naturel se trouve dans un monde des idées séparés du monde sensible.
Les lois,… sont changeantes mais il y a du droit naturel que toute les Cités doivent respecter.
o Allégorie de la Caverne : Le philosophe qui est dans la caverne (Gardien « parfait » ;
noûs), on le force à sortir de la caverne pour diriger le sensible.
▪ Toutes les tentatives de Platon vont échouer au niveau politique (Denys de
Syracuse). Platon va essayer d’apporter ses idées à Syracuse mais échec.
Aristote (384-322) est né en Macédoine (métèque Athéniens). Patrie du Roi Philippe (père
d’Alexandre le Grand). Aristote et Alexandre le Grand ne s’entendent pas. Il est beaucoup plus positif
par rapport à la démocratie que Platon. Intègre l’académie de Platon et devient sont disciple. Suite à
des désaccords, il va fonder sa propre école. Il ne conçoit pas son lycée comme formation pour des
politiques. Il le conçoit plus comme un centre de recherche de tous les savoirs. Le matin, cours pour
tous les étudiants (philosophes), l’après-midi : ouvert à tous les citoyens pour débattre des sujets
politiques. Il est partisan d’un régime civique (enseignement ésotérique et exotérique). Chez
Aristote, on retrouve les traces ésotérique mais pas les traces exotériques. Vision incomplète des
auteurs. Il avait des ouvrages de Métaphysique, logique, poétique, rhétorique, physique,…
Tableau « l’école d’Athènes » de Raphaël, XVIe : Platon pointe son doigt vers le ciel et Aristote vers le
sol → Juste philosophiquement ? oui et non :

• Platon et Aristote partage un certaine réalisme des idées. Les idées sont plus réels que les
choses sensibles.

• Mais coupure ontologique entre l’être sensible et l’être intelligible (Platon). Platon était
fasciné par les mathématiques, construit le monde des idées sur les mathématiques.
Pour Aristote, il n’y a qu’un seul monde, il n’y a qu’une différence de degré entre les sens et
l’intellect. L’idée est la forme du sensible, l’idée est la fin du sensible.

• Exemple : le papillon est la forme de la chenille. L’âme est la forme du corps. Aristote était
fasciné par la biologie. Comment les choses se structurent, se forment. La philosophie ne
consiste pas à s’arracher au sensible, mais à mettre de l’ordre dans l’expérience. 1/3 des
œuvres d’Aristote sont sur la biologie.
Ethique à Nicomaque (non de son père et de son fils), mon père m’a appris ca et je le transmet à mon
fils ; Les politiques.
« L’homme est par nature un vivant politique (zôon politikon). Et celui qui est sans Cité (apolis) est soit
un être dégradé soit dessus de l’humanité »

• Les Politiques, I,2.


L’être humain est par nature politique. La politique est une condition vitale de l’humanité. Celui qui
est sans Cité est un sous-humain ou au-dessus de l’humanité (un animal ou un Dieu). Aristote est
fasciné par le civisme athénien. Il veut rapprocher la démocratie et la philosophie. Trouve que Platon
est beaucoup trop dur avec les sophistes. Dépassé l’opposition entre Sophiste et philosophe.

• La politique est une technique pour les sophistes,

• Pour Platon La politique est une science,

• Pour Aristote, de l’ordre de l’action, mais qu’il y a un savoir propre de l’action, un savoir qui
est intérieur à l’action. Ce savoir n’est ni une simple technique mais ce n’est pas une science.
Il y a une forme de savoir qui est propre à l’action, la Phronésis (traduit par « prudence »,
faire les choses avec justesse, avec tact).
Différence entre Platon et Aristote entre les choses morales :

• Pour Platon, faire le bien c’est une sorte d’élévation ;

• Pour Aristote, le bien c’est le juste milieu, faire les choses avec justesse. Ce sont les extrêmes
qui sont le mal : pas assez ou trop.
o Exemple : le courage serait un juste milieu entre un trop peu (lâcheté) et un trop
(téméraire). L’amabilité juste milieu entre grossier et lèche cul.
Il ne faut pas confondre la science philosophie, théorique et la science morale. Il compare Platon et
Périclès. Platon était un sage (Sophos) : connaissance en physique,... Périclès, il n’est pas philosophe
mais beaucoup plus Phronimos (politique). On peut être un très grand philosophe et un mauvais
politique et l’inverse.
Aristote a fait une typologie des régimes politiques (Platon envisageait la question du meilleur
régime par une théorie abstraite. Une Citée idéal tirée de l’âme). Aristote récolte des constitutions
partout en Grèce (156 constitutions). Il classe les constitutions en bon et mauvais régimes. Bon
régime, intérêt général et mauvaise constitutions, pense à eux-mêmes. Il n’y a pas de bon régimes en
soit, dépend de la situation, des conditions économiques et sociales et ça dépend du nombre de
gouvernant. Moins mauvais régime pour lui, la monarchie = une personne au pouvoir et non
héréditaires.

Bon régimes (+) Mauvais régimes (-)


Monarchie (++) Tyrannie (- -)

Aristocratie (+ +/-) Oligarchie (- +/-)

« République » (+ -) Démocratie (- +)
« Politeia »
Le meilleur des bons régimes :

• c’est la monarchie. Quand on a un seul dirigeant et qu’il est bon, pas d’autre acteurs qui
pourraient venir parasiter ;

• Aristocratie, Il y a toujours bien un dirigeant qui va équilibrer un autre ;

• Politéia, c’est le plus instable.


Les mauvais régimes :

• tyrannie, une seule personne qui ne pense qu’a lui ;

• Oligarchie, plusieurs personnes qui ne pense que pour eux mais toujours quelques-uns qui
pense aux autres ;

• Démocratie, tout le monde pense individuellement, mais le plus grand nombre va se


rapprocher de l’intérêt générale.
Quand il analyse une constitution : analyse sociologique, économique,…
La perspective d’Aristote : morale et rationaliste, Aristote est naturaliste, il y a une bonne nature de
la politique. La justice c’est la mesure et le mal c’est la démesure.
Vespasien et Domitien : Pendant la période romaine, la philosophie sera marginalisé, ils vont être
expulsé de Rome.
Justinien : fermeture de l’Académie en 529 sous la pression des chrétiens. Et on commence à ouvrir
des monastères.

Chapitre 6 : Jérusalem, Rome et le christianisme


Début du christianisme, petite secte Juive. Enorme crise d’identité. Se demande l’attitude à avoir par
rapport à leur foi et par rapport au romain.
Jésus est un prédicateur avec quelques dizaines de disciples. Incite à une réforme juive. Il dit ce qu’il
va se passer dans le futur. Il y aura un sauveur sous la forme d’un roi d’Israël. Jésus se présente lui-
même comme le messie. Ca n’est pas le plus atypique. Ce qu’il est c’est qu’on le présente comme le
fils de Dieu qui a été envoyé par Dieu pour racheter la dette des hommes envers dieu (les péchés des
hommes) pour permettre l’avènement du royaume de Dieu. Il accepte qu’on le présente comme le
fils de Dieu. Il appelle Dieu mon père. Incarnation, Dieu se fait homme. Il apporte la bonne nouvelle,
la fin du monde imminente et l’avènement du royaume de Dieu. Prône une politique de l’amour, de
la charité. Avec une vingtaine de personne, il expérimente ça.
« Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime a rempli la Loi.
En effet : tu ne seras pas adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tout
autre commandement se récapitule en cette parole : tu aimeras ton prochain comme toi-même. La
charité est donc la plénitude de la Loi »

• Paul, Epître aux Romains, XIII, 8-10


A la fois du pouvoir théologique et romain. Pourquoi ? Il énonce que la loi de Dieu (613
commandements) n’est pas le plus important. L’important c’est aimé son prochain et aimer dieu. Les
Pharisiens (gardien de la loi), celui qui aime rempli la loi. Les pharisiens n’aiment pas trop ce qu’il dit.
Il embête le pouvoir romain. D’un côté il dit, mon royaume n’est pas de ce monde. Je ne prétends
pas faire de la politique. Les pharisiens lui demandent si il faut payer les impôts à César. Si oui, les
juifs se soumettent. Et si non, veut faire la révolution. Il dit, il ne faut pas se révolter, il faut rendre à
César ce qui est à César et donner à Dieu ce qui est à Dieu. Mais d’un autre côté, Jésus quand il arrive
à Jérusalem est reçu comme les rituels d’entrée des rois d’Israël. Il est sur un âne (symbole
d’humilité), il a un manteau, on agite des rameaux d’Oliviers pour l’accueillir. Jésus laisse faire donc
c’est une provocation. On le traine devant le tribunal romain.
« Tu es donc roi ? » demande Pilate.
« Tu le dis, je suis roi. Voici pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la Vérité.
Quiconque est de la Vérité, écoute ma voix. »
Pilate lui dit : « qu’est-ce que la Vérité … ? »

• Jean, 18, 37-40.


➔ TUYAU D’EXAMEN.
Crucifixion : Pilate demande l’avis à la foule, mais il était tout à fait d’accord pour le gracier. Il sera
crucifié.
Résurrection : On aurait retrouvé le tombeau vide, Jésus serait apparu pendant plusieurs jours
auprès des apôtres. Résurrection de Jésus. Pas qu’un miracle, quelque chose de beaucoup plus
profond théologiquement parlant.
Jésus est un juif atypique qui voulait réformer sa religion. Celui qui va faire du message de Jésus une
religion, c’est Saint Paul, Paul de Tarse. Il n’a pas connu le christ, il n’est pas un des apôtres, il a
même participé à la persécution des chrétiens, il est citoyen romain. Conversion sur la route de
Damas où Jésus lui serait apparu. A partir de là, Saint Paul fait partie de la petite communauté
chrétienne. Paul de Tarse est un leader, il crée des petites communautés chrétiennes, il fait plein de
voyage, plein de discours qui seront transcris (les Epîtres, 13 lettres). Ce qui est le plus important
dans le message, c’est la croyance dans la fin du monde et l’avènement imminent du royaume de
Dieu. Ce message-là n’est pas propre aux chrétiens. Il y a des non juifs qui ont suivis ce message. Il va
devant les Athéniens, « l’Aéropage ». Les athéniens ne comprennent pas et se foutent de lui.
Querelle entre Paul (croyance dans le Messie et Pierre & Jacques (observance de la Torah) : Paul
gagne et sa vision devient celle de tous les chrétiens.
Paul de Tarse se retrouve en procès devant Jérusalem. Comme il est citoyen romain, il exige d’être
jugé par l’instance romaine. A Rome, il est en semi captivité. Grande incendie de 64, Néron aurait
accusé les chrétiens → Paul décapité. Pas forcément correcte.
La christianisation de l’Empire romain se fera très lentement. Persécution 1e et 2e siècle.
Conversion de Constantin 312 :

• 5% en 312 (1% en Gaule, 10% à Rome, 30% en Asie mineure) ;

• Villes (chrétiens) >< Campagnes (paganisme (« païens »)).


Devient la religion officiel en 380 sous Théodose.
3 grands livres :

• La Bible : VIIIe – IIe AC


o Ecrit en Hébreu, traduit en grec au IIIe AC, La Septante.

• Tanakh :
o Torah (loi = Moïse),
o Nevi’im (prophètes = Roi d’Israël),
o Ketouvim (Ecrit Hagiographiques).
o = Ancien Testament (appelé comme ça par les Chrétiens).

• Le « nouveau Testament » : Ier, en Grec :


o Evangiles (Ier = Jésus).
▪ Matthieu, Marc, Luc, Jean.
o Actes des Apôtres (1er = vie après la résurrection de Jésus, Eglise primitive).
▪ Luc
o Apocalypse de Jean (1er) : Texte prophétique.
o Epîtres (1er).
▪ 13 Paul, 7 Jacques, Pierre, etc…

• Le Coran : VIIe – VIIIe, en arabe :


o Influencé par les Judéo-chrétiens.
o Bible = inspirée par Dieu >< Coran = dictée par Dieu.
o Le 3e Calife Othman (Milieu VIIe), choisi une version du Coran.
o Calife Abd Al-Malik (685-705).
▪ Yûsûf (714).
o Sourates de La Mecque (= +théologie, prophétie) ;
o Sourates de Médine (= + morale, droit, politique).
o Hadiths (XVIIIe-Xe) : vie et paroles de Mahomet.
Point fondamental : La prédication de Jésus est profondément anti-juridique et anti-politique. Le
christianisme n’aime pas les articles de lois, les prescriptions. Le salut ne vient pas de l’observant de
la loi, vient d’un comportement individuel. Sentiment d’amour, de foi et d’espérance.
Ces deux univers vont rester dissocier jusqu’à ce que Saint thomas d’Aquin harmonise ces deux
courants au 13e siècles.
Germe d’individualisme : perception de la valeur de chaque individu en tant qu’individu. Chrétien,
dans le royaume de dieu, il n’y a plus de hiérarchie, plus de rapport de domination, plus de relations
entre les êtres humains. Message d’égalité et d’universalité.
➔ Compte beaucoup dans le succès de la chrétienté.
« Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-
Christ ».
▪ Epître aux Galates, 3.28.
Ce que dit saint Paul : il n’y a plus de nation, de hiérarchie sociale, il n’y a plus ni homme ni femme.
Quand Jésus ressuscite, son corps devient un corps mystique qui se ressoude chaque fois que des
croyants se mettent ensemble. Dans le corps du christ et le royaume de dieu et chaque fois qu’on
communie ensemble, il n’y a plus que des humains. Tous égaux, on ne forme plus qu’un → Jésus
christ.
MAIS, tout ça est dans le royaume de Dieu, pas question de réaliser cette égalité dans ce monde ci.
Les hiérarchie anthropologiques sont maintenues, même l’esclavage. Ce monde ici-bas est un monde
de péché ou Dieu nous met à l’épreuve. Beaucoup de mouvement vont vouloir faire du monde de
dieu ici-bas → condamné et réprimé par l’Eglise.
▪ Elle le condamne pour une raison théologique : dieu a créé le monde tel qu’il est et ce
monde est ordonné. Il ne faut surtout pas ajouter du chaos au chaos apparent sinon il n’y
aura jamais le royaume de dieu. Ce que les humains doivent faire dans ce monde ci, c’est de
respecter l’ordre du monde. C’est en respectant l’ordre du monde, qu’on favorisera la venue
définitive du christ et l’avènement prochaine du royaume de dieu. L’Eglise va même se
porter garante de cette ordre social.
2 messages de l’Eglise :
▪ un message révolutionnaire, appliqué tout de suite le royaume de Dieu.
▪ Ou un message conservateur, garder l’ordre social pour l’avènement du royaume de Dieu.
➔ l’Eglise va se doter d’un droit, d’un langage juridique.
Avec Athènes, citoyenneté sans universalité très forte (femme, esclave, métèque exclu).
Avec les chrétiens, message d’universalité sans citoyenneté.
➔ Il faudra attendre les droits de l’homme pour avoir une coïncidence entre universalité et
citoyenneté : égal liberté pour les hommes en tant qu’ils soient tous citoyens.
Le système théologico-politique chrétien est extrêmement instable. D’une part, Jésus ne prétend pas
devenir le roi d’Israël. Mais d’un autre côté, il se fait recevoir selon les rituels des Roi d’Israël, il
accepte et il se présente devant Pons Pilate comme au-dessus de tout.
« Tout pouvoir vient de Dieu », Saint Paul : Epîtres Romain.

• Très signifiant que ce soit la communauté romaine qui dit que Dieu est au-dessus du pouvoir
politique. Le pouvoir politique va dire qu’il est autonome et l’Eglise va dire qu’il est au-
dessus.
Gélase (Ve) à l’Empereur Anastase : « Il y a, auguste empereur, deux pouvoirs principaux pour régir le
monde : l’autorité sainte des pontifes et la puissance royale. Des deux, celle des prêtres est d’autant
plus importante qu’ils doivent, dans le jugement divin, rendre compte au Seigneur des rois eux-
mêmes ».

• Le pape se considère au-dessus de l’empereur. Il doit rendre compte au seigneur de ce qu’ils


font. Aucune décisions importantes ne peut être prise sans le lui demander.
Se met en place un système très instable.
Valorisation de l’individu comme ayant un moi singulier, préexistant à tout : c’est de la que vient que
l’individu est doté de droit du seul fait d’être un être humain. Va s’ancrer dans des dispositifs et
techniques sociales.
Monachisme : le moine est quelqu’un qui se retire du monde et qui dédie sa vie à Dieu.

• Moine vient du grec monos qui veut dire seul.

• Un monastère est une communauté d’homme seul → Valorisation de l’individu.

• Avant qu’il y ai des monastères, les premières formes monastique était les ermites qui se
retirent du monde.
o Le premier c’est Saint Antoine l’Hermite (IVe-Ve).
o Puis vient Saint Benoît (529) : il créé un ordre pour permettre à des hommes de vivre
seul avec Dieu. Idée de l’attente passive de Dieu, qui permet de garder l’ordre social.
Il faut respecter l’ordre du monde et attendre dieu grâce aux méditations et aux
prières.
▪ Création de l’ordre bénédictin.

• Plus il y aura de moines, plus il y aura de chance de l’avènement du royaume de Dieu. Les
autres religions connaissent le monachisme : très développé dans le bouddhisme, dans
l’islam très peu.

Création de tout une série d’ordre religieux : Ordre bénédictin, clunisien, cistercien, dominicain,
franciscain,…
Une activité principale des moines est le moine-copiste. La vie intellectuel va perdurer au moyen-âge
dans les monastères grâce aux moines-copistes. Les textes étaient écrit en Latin.
Deux moments importants dans le monothéisme chrétien :

• IVe-Ve siècles :
o Saint augustin : il va théoriser le fait que l’être humain à un moi propre.

• XIVe siècles :
o Ordre des Franciscains (franciscanisme) : querelle des universaux qui va donner lieu
au nominalisme de Guillaume d’Occam.
Saint Augustin (354-430) est originaire d’Algérie (Thagaste), les chrétiens y sont très minoritaires. Il
nait quand l’empire romain est en train de s’effondrer pour plusieurs raisons :

• il y a des migrations qui viennent du nord ;

• Rome proposait souvent des statuts de général à des chefs germains. Quand ils ne donnaient
pas les fonctions que voulaient les germains, ils descendaient vers l’Italie pour attaquer.
Il est Payen et se converti plus tard grâce à sa mère (Sainte Monique), il est très cultivé et fait une
très brillante carrière ecclésiastique. Il va écrire énormément pour contrer les courants culturels
dissidents car à l’époque il n’y avait pas un courant culturel fixe chez les chrétiens. Saint Augustin
essaye de cadrer tout ça.
Il écrit le livre « Confessions » : raconte sa vie et sa pensé sur les grandes questions du monde. Il
développe une vision extrêmement négative de l’homme :

• Sans l’aide de dieu l’homme n’est que péché, boue, perversité. Il en arrive à une
dévalorisation de la vie sociale, politique, juridique, économique. L’homme ne tient son
identité que de Dieu.
o Choque les romains.
Saint augustin va théoriser deux choses :

• le péché originel (incompréhensible pour les juifs et les musulmans) : Nous avons tous
hériter notre nature pécheresse d’Adam et Eve,
o Conséquence : seul Dieu peut nous sauver, peut décider qui sera sauver et qui sera
damné. Dieu l’a toujours déjà décidé, il sait tout ce qu’il va se passer dans l’infini du
temps. C’est déjà joué que vous êtes sauvé ou damner.
▪ Terriblement angoissant, à quoi bon, pourquoi faire le bien si c’est déjà
décidé ? Saint augustin dit : si vous faites le bien, que vous vivez dans
l’amour, l’espérance et la foi, c’est un signe que Dieu vous a choisi. Il énonce
la prédestination contre un certain Pélage qui disait qu’on pouvait se sauver
par ses actions.
Sur cette base, l’idée que seul Dieu peut nous sauver (Incompréhensible pour les juifs et les
musulmans), Augustin inaugure un nouveau mode de subjectivation : quel rapport est-ce que j’ai
avec moi-même ? Inaugure une nouvelle manière de voir sa subjectivité.
Comparaison entre Saint augustin et Platon :

• Saint Augustin dit qu’il s’inspire de Platon mais ce qu’ils disent est très différents. Il fait la
distinction entre l’âme et le corps (intelligible et sensible), sur ce point-là ils disent la même
chose.

• Mais chez Platon, l’intelligible (les idées) est ce qui me met en communication avec le monde
(cosmos) en tant que tel : l’idée de la Rose me met en communication avec un ordre objectif
des choses, l’idée de la rose est la même chez tout le monde. Alors que chez Saint Augustin,
l’intelligible est enfuit dans mon intériorité. « Connait-toi toi-même » ce n’est pas rechercher
dans l’âme les idées mais part à la recherche de toi-même, de ta propre individualité.
o J’ai un moi profond et je dois partir à la recherche de ce moi profond pour savoir si il
est à l’écoute de Dieu ou à l’écoute de lui-même, à l’écoute de l’égoïsme.
o C’est en fait une invention philosophique, idée d’avoir une conscience de soi par
l’analyse de mes rêves, de mes désirs de ce que je pense au plus profond de moi-
même. Descartes (je pense donc je suis) vient directement de Saint Augustin.
Il y a des tas de techniques spirituelles qui viennent de Saint Augustin : notamment l’aveu, la
confession (deviendra tellement important que c’est devenu un sacrement). Division entre le
mouvement monastique, pour certain chrétien et la confession pour le reste. On a pas ça dans le
judaïsme et dans l’islam (Une subjectivité a une intériorité). Chez Augustin, La subjectivité est une
intériorité.
2e livre, La cité de Dieu : pourquoi et comment Augustin écrit ce livre ? Epoque où les barbares
bousculent l’empire romain. Le livre commente ce qui est en train de se passer pendant 14 ans
(commentaires politiques). L’empire est très traumatiser par la mise à sac de Rome par un ancien
commandant germain qui avait été déchu et qui s’est vengé. Cette première mise à sac (il y en aura
d’autre) est un traumatisme (un peu comme le 11 Septembre aux USA). Le christianisme est la
religion officielle de l’empire mais ce n’est jamais que 10-15% de la population. Politique
antichrétienne, c’est à cause des chrétiens que l’empire faiblit : nous avons négligé nos Dieux, nous
n’avons pas pris soin de nos Dieux, l’éthique chrétienne est un éthique qui a ramollit l’âme romaine.
Saint Augustin dit le contraire, si Rome est affaiblit c’est car il ne croit pas assez en Dieu.
A partir de là, Augustin présente l’histoire comme une lutte invisible entre deux formes de cité qui
sont fait de deux amours différents :

• L’amour de soit jusqu’au mépris de dieu, cité du monde.

• L’amour de dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste.

• La cité terrestre qui est la cité visible tout autour de nous et la cité céleste invisible. Guerre
entre ces deux cités.
o Conséquence : dévalorisation de la cité terrestre, du droit romain,… Il explique que le
droit romain n’est que de la cité terrestre. Le droit n’est rien d’autre que la loi du
plus fort.
« Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l’amour
de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste.
L’une se glorifie en elle-même, l’autre dans le Seigneur ».

• Cité de Dieu, 14, 28.


« Sans la justice [...] les royaumes sont-ils autre chose que de grandes troupes de brigands ? Et qu'est-
ce qu'une troupe de brigands, sinon un petit royaume ? Car c'est une réunion d'hommes où un chef
commande, où un pacte social est reconnu, où certaines conventions règlent le partage du butin. Si
cette troupe funeste, en se recrutant de malfaiteurs, grossit au point d'occuper un pays, d'établir des
postes importants, d'emporter des villes, de subjuguer des peuples, alors elle s'arroge ouvertement le
titre de royaume, titre qui lui assure non pas le renoncement à la cupidité, mais la conquête de
l'impunité. C'est une spirituelle et juste réponse que fit à Alexandre le Grand ce pirate tombé en son
pouvoir. " A quoi penses-tu, lui dit le roi, d'infester la mer ? - A quoi penses-tu d'infester la terre ?
répond le pirate avec une audacieuse liberté. Mais parce que je n'ai qu'un frêle navire, on m'appelle
corsaire, et parce que tu as une grande flotte, on te nomme conquérant ».

• La Cité de Dieu, livre IV, chap. IX.


Fait de Saint Augustin un quasi juspositiviste (il n’y a de droit que posé par les hommes). Les Etats ne
sont que des grandes mafia et les grandes mafia ne sont que des petits Etats. La vie sociale ne
commence que par des mafias. Ce qui est à l’origine des Etats, ce sont des mafias. Grosse
dévalorisation des Etats. La justice est la justice de Dieu. Quand une cité se met au service de Dieu,
alors les Etats ne sont pas des mafias. Ce n’est pas un droit naturel mais un droit surnaturel. Un
pouvoir est légitime, non pas quand il est efficace, honnête,… Mais quand il se met au service de
dieu.
Que vont dire les papes ? Un pouvoir est légitime s’il se met à notre service, au service des papes, de
l’Eglise. Ce n’est pas ce que dit Saint Augustin. Coup de force des papes au Moyen-Age : L’empereur
doit être au service du pape.
➔ Système instable, on peut l’interpréter plutôt en faveur de l’empereur ou en faveur du pape.

Chapitre 7 : La Bifurcation européenne


Rappel : typologie des « systèmes-monde » de Wallerstein

• Micro-systèmes-monde ;

• Empires-monde ;

• Economie-monde.
La modernité a déjà commencé au Moyen-Age. L’ordre théologico-politique va perdurer jusqu’au
XIVe siècle. Une bifurcation a lieu et va faire émerger les sociétés occidentales. Société moderne
(économie monde). Elle est dominée par le marché (un marché) et par une pluralité d’Etats
territoriaux concurrents. Plus aucun empire n’est possible, toutes les tentatives de refaire un empire
ont échoué.
Comment est-ce qu’on est arrivé à ça ? Le passage du Holisme à l’individualisme. Passage d’un cadre
mental où on voit tout en terme de totalité à un cadre mental où on ne parle que des individus.
Passage des sociétés de l’hétéronomie à l’autonomie ? oui et non : On est dans une société sécularisé
mais on a inventé de nouveaux fétichisme (constitution, argent,…).
Aucune supériorité de la population occidentale. Civilisation occidentale : hégémonie de rapport de
force qui est issu d’une bifurcation européenne, cette bifurcation est contingente (pouvait se
produire ou non).
Delruelle n’aime pas le terme occident : ne fonctionne que par rapport à l’orient. Pose d’énorme
problème : choc des civilisations, voir une société par rapport à une autre. Historiquement, la
différence Orient-occident est une différence intra-chrétienne.
L’Europe est une anomalie parce que l’Europe ne s’est jamais impérialisé. Même les quelques
tentatives n’ont pas vraiment marché. C’était d’abord une faiblesse mais ça va devenir une force.
L’Europe va faire de ces divisions une force. Si on regarde le monde entre le XIe et le XIIIe siècles : on
voit d’immense Empire :

• Empire mongole (XIe-XIIIe siècles) : Chine, Russie, début de l’Europe et moyen Orient. Gengis
Khan et Kubilaï Khan.

• Empire de Chine (XIe-XIIIe siècles) : Dynastie Yuan.

• Empire musulman (XIe-XIIIe siècles) : califat de Cordoue : minorité musulmane.

• Empire Africain (XIe-XIIIe siècles) : Mali, Touareg,…


➔ Supériorité de l’envahisseur musulman (Califat de Cordoue). 50 000 habitants à Paris et 1
millions à Constantinople. L’Europe est un puzzle géant.
Le système théologico-politique va entrer en crise. Mauvaise collaboration entre le pouvoir religieux
et politique. Qui détient le pouvoir souverain ? Qui peut prétendre être l’empereur ? Le Pape
Grégoire VII au XIIIe siècle va essayer, d’un coup de force, de s’autoproclamer empereur. Il essaye
par le religion de se proclamer empereur car Il avait autorité sur les évêques qui étaient dans toute
l’Europe. Henri IV (qui se considèrent comme le successeur de César) n’est pas d’accord. Le Pape
excommunie Henri IV et il est obligé de faire pénitence à genou devant le pape. Le conflit reprend
tout de suite après.
Le troisième pouvoir (marchand) va en profiter pour prendre le pouvoir. Les marchands sont très
actifs et sont les plus importants. Cela commence en Italie car c’est là que les tensions sont les plus
fortes. Invention du proto-capitalisme : les marchands inventent des techniques financières et
bancaires (c’est de la que vient la bourse, les parts de propriété d’une entreprise).
Les marchands, c’est deux grands types de profils :

• les négociants (qui achètent peu cher en Orient et revende très cher)

• Et les banquiers qui prêtent.


On invente les assurances. Les marchands prennent le contrôle de nombreuses villes et surtout en
Italie (Venise, Gênes et Florence). Ce sont des Cités Etats où les marchands exercent directement le
pouvoir politique. Mais la Cité Etat ne marche pas bien, ne peuvent pas devenir souveraine car
besoin d’agriculture et donc de très vaste territoire. Pas autonome en nourriture, vêtement,… Les
Cités Etats ne sont pas capable d’avoir une grosse armée.
Autre solution qui va s’imposer, l’Etat territorial sous la forme monarchique caractérisé par une
entité politique souveraine (rien au-dessus de l’Etat), abstraction indépendante de ceux qui occupent
le pouvoir. L’Etat français est indépendant de tel ou tel Roi. Va très vite marché dans 3 pays en
particulier : Espagne, Angleterre et France.
Caractéristiques de l’Etat territorial :

• monisme juridique : l’Etat prétend avoir le monopole de la violence légitime :


o en opposition avec le pluralisme juridique : un même individu peut être soumis à
plusieurs autorité juridique : seigneur, Eglise, corporation. Tous ces pouvoirs sont
subordonné à celui de l’Etat.
o Rapport juridique directe entre l’Etat et les individus.

• Un pouvoir souverain absolu : ne veut pas dire un pouvoir illimité totalitaire ou arbitraire. Le
pouvoir souverain est lui-même détaché des lois. Le pouvoir n’est pas soumis aux lois qu’il
édicte. L’Etat peut changer le cadre juridique lui-même. Le pouvoir se donne la puissance de
décréter l’Etat d’exception (suspendre les lois si nécessaire → Etat d’urgence actuel). Lié avec
le pouvoir de déclarer la guerre. Il est délié des autorités religieuses. Le pouvoir de
l’empereur était fondé sur la tradition et la religion.

• Pluralisme Étatique : Même le plus petit Etat est un Etat souverain. Système inter-étatique
qui vient remplacer l’Empire. Ils oscillent entre le pur rapport de force (guerre, pression,…) et
le droit international. Un Etat est autonome et doit être reconnu par les autres.
La démocratie ne change pas les traits qu’il vient d’être décrit. L’appareil étatique n’est pas
démocratique en soi. L’Etat est une abstraction juridique qui est indépendante de ceux qui occupent
le pouvoir.
Jean Bodin : grand juriste qui va bien décrire ces 3 caractéristiques avec le livre « Les Six Livres de la
République » en 1568. Théorise ce nouvel Etat moderne.
Cet Etat monarchique est le fruit d’une alliance entre :

• Le pouvoir marchand

• Et un pouvoir politique : le roi entourer par des juristes pour l’épauler.


➔ Ils vont l’emporter sur les deux anciens pouvoirs (noblesse et clergé). La noblesse et le clergé
vont être marginaliser.
Les juristes, classe de bureaucrate, vont supplanter les Eglises et les militaires. Création d’universités
pour former des juristes (universités de Bologne au XIe siècles : première université d’Europe). On va
réétudier le droit romain, tombé en désuétude. Justinien (VIe siècles) : fait compiler tout le droit
romain qui va être retrouver et qui va s’imposer dans toute l’Europe. On restructure la société autour
du droit romain. Nouvelle classe dirigeante : juge, avocat, notaire,… Les juristes sont recrutés chez les
marchands.
Changement profond des rapports sociaux grâce au droit. Rapport de parenté et rapport
économique : sort de la logique de don et de contre don et logique d’allégeance. On remplace ça par
le contrat (contrat de mariage, contrat économique, etc.). Effet des enclosures : privatiser les terres
qui jusque-là étaient commune avec des actes de propriété. Les plus riches propriétaires vont
racheter sans cesse. Ils vont se lancer dans l’industrie de la laine. Le droit a favorisé le capitalisme.
Les Ordalies (épreuve magico-religieuse) réglaient les litiges jusque-là. Elles vont être remplacé par le
système de la preuve : on enquête, création d’un tribunal, du degré d’appel (favorise la
centralisation : cour d’appel, cour de cassation). Idée que la justice ne se trompe jamais car elle
provient du pouvoir souverain (Puisque le pouvoir est souverain, si la justice est souveraine, il faut
faire comme si la justice était infaillible). Contrôle et quadrillage la population grâce à l’instrument
juridique.
Le contrôle de la population favorise la persécution de certaines minorités réputées dangereuses
pour le corps social. Le pouvoir souverain est là pour garantir la sécurité dans le corps social et
persécuté les groupes dangereux (Exemple : Juif, hérétique, lépreux, homosexuel (« sodomite »),
vagabond). L’Etat moderne au XV, XVI et XVIIe siècles va exercer son pouvoir de persécution dans la
chasse aux sorcières. Ne vient pas du tout du Moyen-Age, sert à la persécution des minorités. C’est
une croyance imposée en haut. Serait liée aux juifs, lépreux,…

• Preuve que c’est l’Etat moderne qui instrumente ça : un des grands théoriciens de la chasse
au sorcière est Jean Bodin. Comment Jean Bodin pouvait y croire alors qu’il était si
rationnel ? C’est l’Etat souverain qui se donne pour rôle de quadriller la population et de
persécuter les menaces.

• Épisode connu « les sorcières de Salem » : Jeunes filles aux USA qui vont finir sur le bûché.
Plus tard, on se rendra compte de l’erreur judiciaire qui provoquera un scandale. Le soir, elles
ne faisaient que sortir pour aller s’amuser.
Si on compare le XVIe et le XXIe siècles :

• Sorcières – femmes

• Juifs – juifs

• Hérétiques – musulmans

• Lépreux – Sida

• Sodomites – homosexuels

• Vagabonds – migrants
Un peu près les grandes catégories discriminés. Notre société est organisé sur les mêmes
« matrices ».
Sens commun : l’Etat moderne = progrès par rapport au Moyen-Age. Sens Delruelle : Ce n’est ni un
progrès ni une décadence. Mais l’appareil bureaucratique est plus efficace, les individus tiennent
leurs droits du seul fait d’être des individus. Mais les inégalités augmentent, les enclosures vont faire
exploser les inégalités et il y a des persécutions.
Grande victoire de l’individualisme sur le holisme. Bataille entre philosophe dans les universités
(XIVe) → Réaliste >< nominaliste, vient de la querelle holiste >< individualiste.
Doctrine dominante au Moyen-Age :

• Augustinisme : dévalorisation de toutes les activités humaines. Ne convient plus du tout à


partir du XIVe : On redécouvre le droit, le commerce. On revalorise le pouvoir souverain.
Il faut une nouvelle théologie, 2 options :

• Holiste (Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)) : au XIIIe siècles, on redécouvre Aristote grâce
au penseur arabe. Il va décider de faire de la pensé d’Aristote une sorte de pensé officielle de
la théologie chrétienne. Il veut réconcilier les évangiles avec la philosophie grec. Il veut
intégrer le rationalisme grec dans la théologie chrétienne. Il veut articuler l’éthique
naturaliste et l’éthique impérative. L’homme vit dans deux dimensions : l’homme vit dans le
monde et dans ce cosmos, il cherche le bonheur.
o Les vertus qui lui permettent d’arriver au bonheur sont la justice (hiérarchie du tout),
la prudence (vertu intellectuelle), le courage (vertu des guerriers), la tempérance
(vertu sur le désir). Ce monde est créé par Dieu.
o Il y a la dimension du salut, qui n’est accessible qu’au Chrétien. Il doit être dans la
grâce de Dieu, selon trois vertus : la foi, l’espérance et la charité. Pour Saint
Augustin, il n’y avait que les vertus religieuses. Il faut les vertus cardinales et
théologales. Il donne plus d’importance à la vie de tous les jours.
o Cette théorie va l’emporter dans l’Eglise catholique mais sur le plan culturel, elle va
perdre.

• Individualiste (Franciscain) : va l’emporter. L’ordre des frères mineurs est fondé par Saint
François d’Assise (1181-1226) au XIIIe siècle. Il est issus d’un milieu marchand. Son intuition :
le nouveau terrain d’évangélisation, ce sont les villes. Les moines doivent investir dans les
villes. Ils doivent être au milieu de la vie active. Idée principale de Saint François : vœu
d’absolue pauvreté. Il faut consacrer sa vie à l’étude et à la prière. Ce sont des moines
mendiant. Il faut même se mettre en marge du droit (sans papier volontaire).
o Ils vont complètement bousculer le pouvoir religieux car c’est un discours
réactionnaire et très révolutionnaire en même temps.
▪ Réactionnaire car : le message des franciscains est un message contre saint
Thomas. Saint thomas est en train de dénaturé le message de l’évangile : pas
un message de rationalité mais un message de charité, de foi.
▪ Révolutionnaire car : le message des franciscain est un message de pauvreté,
un appel à l’humilité. Ils sont contre la puissance de l’Eglise, sa richesse.
o Dès le XIVe siècles, ce discours va mettre dans un double conflit avec la papauté :
▪ 1er conflit, vœu de pauvreté : un franciscain renonce à toute propriété, tout
privilège (vient du caractère anti-juridique de l’évangile). Mais l’ordre
franciscain connait une croissance énorme : don, don de terre,… Ils
deviennent riche. Ils vont passer un deal avec le Pape : le pape peut être
propriétaire de tout ça mais les franciscain en auront que l’usufruit, ils ne
sont pas propriétaire et reste pauvre. Le pape va accepter puis va finir par
rendre les propriétés aux franciscains. mais les franciscains vont dire que
l’ordre n’existe pas, il n’y a que des individus pauvres, sans droits. Le droit
n’est qu’une fiction pour eux. 1ère question : le droit ne serait-il qu’une
fiction ?
▪ 2ème conflit ,La querelle entre le pape et l’empereur : les franciscain sont du
côté de l’empereur car ils veulent que l’Eglise soit une Eglise de pauvreté.
Nous sommes à l’époque du grand schisme. 2ème question : Où doit se
trouver le pouvoir ? Au nom de la pauvreté de l’Eglise, un seul pouvoir
légitime : le pouvoir temporel de l’empereur.
Au début du XIVe siècle, un frère franciscain, Guillaume d’Occam, qui est un moine d’origine anglaise
(universitaire) va produire une thèse « le nominalisme ». Cette voix nominaliste sera appelé la « via
moderna », la voix individualiste. Guillaume d’Occam est connu dans le cinéma et la littérature. « Le
nom de la Rose » : pourquoi ce titre ? porte sur la statut des universaux ( = les concepts, les genres,
les classes, des collectifs). Est-ce que les universaux sont réels ? ou est-ce que ce ne sont que des
images mentales ?
• Doctrine réaliste : la rose existe indépendamment des roses singulières. Vient de la théorie
des idées. L’Homme existe indépendamment des hommes. Argument : comment est-ce que
je pourrais connaître l’Homme (ou autre chose) s’il n’existait qu’une somme désordonnée
d’individus. Il faut bien un unique pour ordonner cette somme. Egalement une conception
holiste.

• Doctrine nominaliste (Guillaume d’Occam) : seul les individus sont réels. Ils n’existes que
Pierre, Paul, Tel arbre, tel rose. Il n’y a de réalité que individuel. Donc, l’Homme n’existe pas,
la rose n’existe pas. Il n’existe que des individus. Explication du nominalisme : les genres, les
espèces, les concepts ne sont que des noms, des représentations qui n’existent pas en
dehors de mon esprit. Rapport direct avec la politique, le droit, etc. : 2 conséquences :
o La société n’est composée que d’individus. Dans l’idéologie holiste, le tout est plus
que la somme des individus.
▪ Selon le holisme, une société est toujours un ordre, une hiérarchie et donc
les individus font partie d’un tout. Il y a un droit objectif, un ensemble
d’obligation envers le tout.
▪ Selon les nominalistes, un tout n’est qu’une fiction, il n’y a que des individus.
Exemple : l’université n’existe pas dans la réalité. Alors, qu’est-ce qui fait un
individu ? Ce qui fait l’unité d’un individu c’est sa volonté. La base de toute
réalité social, c’est la volonté des individus. La base n’est plus le tout. Le droit
d’un individu vient de sa volonté de parler, travailler,…
o Le droit, l’Etat ne sont que des fictions. Ils n’ont plus rien de naturel. Si les universaux
ne sont que des constructions mentales, alors, tout savoir, toute morale, tout
système juridique ne sont que des constructions, des fictions.
▪ C’est le Constructivisme : un pays n’a rien de naturel, ce ne sont que des
constructions. Les Etats ne sont que des constructions contingentes qui
résulte de l’accord des volontés individuelles. Les franciscains vont justifier
ca religieusement : dieu a voulu que les Etats ne soient que des
constructions. Pourquoi cette théorie aide les franciscains ? Ils peuvent dire,
les franciscains n’existent pas, ce n’est qu’une fiction. Ce n’est qu’une
association d’individu qui l’ont voulu. Le pape ne peut donc pas imposé
quelque chose juridiquement au Franciscains. Puisque l’Etat n’est pas une
entité spirituelle, si l’Etat est une construction, l’empereur a raison contre le
pape.
Au départ, c’est une idéologie d’amour et de pauvreté mais elle sera à la base de la propriété privée,
des droits individuels,… La base du libéralisme. Retournement où une idéologie de l’individu pauvre
en individu qui assume ses propriétés. Victoire culturelle de la part des franciscains.
Chapitre 8 : Le prince & l’utopie
XVIe siècles, Naissance de la pensé politique moderne. En 1513, Machiavel écrit « Le Prince » et en
1516, More publie « l’utopie ». Ce sont deux ouvrages qui inaugurent deux manières diamétralement
opposées d’aborder la politique. Machiavel aborde la politique de manière réaliste, il essaye
d’étudier le politique tel qu’il est. Analyser objectivement le politique, les rapports de force, de
pouvoir. Et Thomas more aborde une approche utopique. Il aborde le politique tel qu’il devrait être.
Il essaye d’imaginer une autre forme d’organisation de la société. Il y a une dimension utopique chez
Machiavel et il y a une dimension très réaliste chez Thomas More. Tous les deux ont un même soucis
pratique, tous les deux propose un programme d’organisation.
Toute la pensé politique moderne oscille entre étudier le politique tel qu’il est et tel qu’il devrait
être. Sortie de l’univers morale monastique. La vie contemplative des moines n’est plus le model,
maintenant c’est la vie active qui prône (engagement citoyen, création artistique, commerce,
voyage,…). Le monde n’est plus vu du point de vue transcendant de Dieu mais d’un point de vue
humain. Comparaison : la perspective en peinture, c’est la représentation organiser autour d’un
point. Donc, le monde s’organise du point de vue d’un spectateur. La perspective, c’est adopter un
point de vue humain sur le monde. Vision déthéologiser du monde, par opposition à Saint Thomas.
La Réforme (XVe), grande angoisse par rapport au Salut, allons-nous être sauvé ? On se demande si
l’Eglise est capable de mener au Salut. On voit des Evêques et des papes qui ne correspondent pas au
message de l’Eglise et des prêtres ignorant, illettré,… Et les moines ne sont plus le modèle. Donc
Mouvement de réforme de l’Eglise. Deux grandes idées :

• Mettre fin à la corruption dans l’Eglise : on s’en prend aux indulgences de l’Eglise (Purgatoire
pour aller au paradis si péché mais il faut attendre avant de pouvoir y aller. Les indulgences
permettaient de réduire l’attente, devenu un vrai commerce qui a enrichit l’Eglise), Martin
Luther publie ses 95 thèses contre les indulgences → Conduit au protestantisme.

• Recherche d’un rapport plus direct avec Dieu : On cherche un rapport plus authentique à
Dieu. On commence à se poser des questions sur le texte. Est-ce que le texte en latin est
fidèle à la parole de Dieu ? On va chercher le texte original en grec et on voit qu’il y a
beaucoup d’erreur. Donc, grande angoisse : c’est quoi la parole de Dieu ? On apprend le grec
et l’hébreux pour comprendre la parole de Dieu. On prône une attente active de Dieu (pas de
prière ni de méditation), il faut que le chrétien devienne un militant de dieu. Il faut s’engager
dans la société pour accélérer le retour du Christ. Le profit devient un signe du Salut.
Certains vont rester fidèle à l’Eglise catholique et d’autres vont sortir de l’Eglise catholique pour
former leur propre religion → Protestantisme, calvinisme,…
Point commun entre la réforme et la renaissance : c’est la revalorisation de la vie active. Contexte :
Décollage de l’Europe grâce :

• Au protocapitalisme : le commerce, la finance, le commerce international.

• Aux Etats territoriaux.


➔ Les deux conjugués donnent les grandes découvertes dues à une volonté de commerce, de
matière première et de puissance des Etats territoriaux. On retrouve les 2 caractéristiques :
un capitalisme international et des politiques de puissances entre les Etats.
2 grandes interrogations :

• l’éclosion des classes marchandes et l’augmentation des inégalités de richesse.

• La légitimité du pouvoir souverain : plus théologique, alors qu’elle est le fondement du


pouvoir.
Thomas More et Machiavel vont aborder ces questions à bras le corps. Ils vont se poser ces deux
questions.
Thomas More (1478-1535) : fils de juriste, il est avocat de la Cité de Londres, puis magistrat, puis
entre au parlement comme député. Lorsque Henry VIII accède au pouvoir, il devient l’homme de
confiance d’henry VIII. Il devient ministre, ambassadeur et chancelier du royaume (ministre de la
justice, plus haut poste à l’époque). Les choses se dégradent, le roi divorce, conflit avec Rome au
sujet de ce mariage avec une autre, Henry VIII est excommunié et rompt avec l’Eglise de Rome. Il va
fonder l’Eglise anglicane, chef de l’Eglise c’est le Roi. L’Eglise anglicane oscillera entre l’Eglise
catholique et protestante. Thomas More s’oppose à ce mariage et s’oppose au divorce entre les deux
Eglises. Il est accusé de trahison et est exécuté.
Thomas More rédige « l’utopie » en latin lors d’une mission diplomatique à Bruges et à Anvers. Le
livre est publié en 1516 à Louvain où vit son ami Érasme. Érasme et More ont écrit ensemble leur
livre. Éloge de la folie de Erasme : critique au 2e degré de tous ceux qui incarne la raison (docteur,
universitaire, courtisan, Eglise, juriste). Ce livre aura une grande influence sur la réforme. Pour toutes
les bonnes vertus, il faut un peu de folie. Dans l’Utopie, More se met fictivement en scène en train de
commenter le récit d’un voyageur imaginaire (Hythlodée) et est l’accompagnateur d’Amerigo
Vespucci (celui qui a compris que l’Amérique était un nouveau continent). Ce certain voyageur lui
raconte son séjour de 5 ans dans une société nommée « Utopia ». More s’inspire des récits des
explorateurs de son époque. Deux grandes thématiques chez les humanistes : l’antiquité et les récits
des explorateurs.
Utopie est un néologisme, thomas more l’invente. Deux étymologies :

• u-topos : sans lieu, un endroit imaginaire ;

• Et eu-topos : ce qui est bien, ce qui est bon.


➔ Le terme va tout de suite se répandre dans toutes les langues.
Utopia n’est pas une cité parfaite, ni une cité égale. C’est une cité imaginaire qui pourrait exister.
Cette cité permet alors de critiquer la société anglaise existante de son époque et de s’interroger sur
ce que devrait être la société anglaise. Réflexion sur la société anglaise de son temps. Pas de
transporter dans ce qui devrait être mais s’installer dans le décalage. Procédé critique de la société
de son temps. A travers cette utopie, il utilise un procédé expérimental. C’est un lieu
d’expérimentation politique, imaginaire. C’est pourquoi il le présente comme salutaire (utile) et
plaisant (second degré).
Livre 1 : Se livre d’abord dans une critique très virulente.

• Critique d’abord les enclosures (industrie de laine des gros agriculteurs, vente des terrains à
très bas prix). Donc il y a plus de rendement industriel mais il y a une destruction des liens
traditionnels et des paysans qui deviennent des salariés et les chômeurs qui deviennent des
vagabonds. Critique de cette inégalité dû aux enclosures.

• Critique ensuite les guerres Étatiques qui commencent au XVe siècles et qui ne sont plus
médiéval, il s’agit de l’Etat souverain qui veut montrer sa souveraineté et de gagner du terrain
définitivement. Situation de guerre latente, où les relations internationales sont des Etats qui
se reconnaissent eux-mêmes.

• Critiques aussi les traités inter-étatique : si on fait un traité c’est pas méfiance ou pour
attaquer.
« La principale cause de la misère publique, c'est le nombre excessif des nobles, frelons oisifs qui se
nourrissent de la sueur et du travail d'autrui, et qui font cultiver leurs terres, en rasant leurs fermiers
jusqu'au vif, pour augmenter leurs revenus ; [...] Ce qui n'est pas moins funeste, c'est qu'ils traînent à
leur suite des troupeaux de valets fainéants, sans état et incapables de gagner leur vie » (p.13).
Livre 2 : Il décrit l’Ile Utopia qui est totalement un contre point de l’Angleterre.

• Caractéristique :
o Propriété collective des terres, des machines ;
o Réduction collective du temps de travail (contre enclosures), le reste du temps
consacré à la culture ;
o Absence de monnaie et absence de luxe (société sans croissance économique et
donc sans recherche de luxe).
Thomas More est considéré comme un précurseur du socialisme (un peu anachronique). Il décrit le
système social et politique :

• société très patriarcal : organisé en famille (la famille dirigé par le père et/ou le mari) ;

• système pyramidal qui finit par un conseil et un Prince élu à vie mais révocable si il ne
convient plus → légitimité du pouvoir tient quand même d’en bas.
Passage réaliste, détaillé : Si il n’y a pas d’argent, comment distribuer des bien ? Les Utopiens
prennent leur repas en commun, comment ces repas sont mis en place dans la pratique ? Il veut
décrire une société harmonieuse mais pas une société idéale. C’est plutôt une société expérimentale.
Il ne veut pas qu’on imite Utopia mais veut qu’on s’en inspire. Il veut introduire un christianisme
réformé, épuré dans Utopia. Les textes de l’antiquité et l’imprimerie. Ces 4 choses sont les plus
importantes à ses yeux. Si Utopia capable d’intégrer des technologies d’autres cultures, pourquoi
l’Angleterre ne ferait pas pareil avec Utopia. Appel à l’esprit critique du lecteur, qu’il soit curieux,
qu’il se pose des questions.
Thomas More ne veut pas un changement brutal de l’Angleterre. Dernière phrase, l’Angleterre sera-
t-elle un jour comme Utopia ? – Je le souhaite plus que je ne l’espère. More souhaite que la société
s’améliore et devienne plus proche que la société d’Utopia, mais il ne l’espère pas car l’Angleterre
passerait par des gros conflits. Grosse prudence et scepticisme. Prudence sur le plan politique, assez
typique des humanistes. Ce livre est un manifeste politique pour les jeunes souverains, Erasme :
Education du Prince chrétien (1515) à destination de Charles Quint.
Les philosophes plaçaient beaucoup d’espoir entre 3 monarques : Charles Quint, Henri VIII, François
Ier. Ils vont être très vite déçu car ils vont suivre le chemin de conquête et de creusement des
inégalités.
Nicolas Machiavel (1469-1527)
Manifeste politique pour les dirigeants aussi.
Paradoxe : pourquoi le nom de Machiavel est associé à Machiavélique (la fin justifie les moyens).
Cette expression ne se trouve nulle part chez Machiavel donc Pourquoi ?
Machiavel écrit le Prince en 1513, le livre n’est publié qu’après sa mort en 1532. Conseil moraux et
politique aux futurs princes. Le livre va devenir l’objet de rivalité entre catholique et protestant.
Chacun prenant prétexte du prince pour s’accuser mutuellement de cynisme. Le prince a été écrit
avec le doigt du diable, les catholiques accusent ce livre d’être protestant et les protestant accusent
ce livre d’être catholique. Machiavel est catholique. Les protestants : regarder Machiavel est
catholique. Les catholiques : le pouvoir et la religion tourne au protestantisme.
Nouveau courant littéraire : les Anti-Machiavel. Pratique extrêmement utilisé par les jésuites et les
réformés. Ouvrage le plus connu, Frédéric II de Prusse. Et le premier ouvrage : Innocent Gentillet.
C’est ça qui a fait la mauvaise réputation de machiavel.
Deux interprétations de Machiavel :

• machiavel est bien le premier théoricien de la politique réaliste et donc prône bien une sorte
de machiavélique. Il coupe la politique de toute conception morale. Alors, précurseur de la
science politique, le liquidateur des droits naturels et de la morale en politique. Machiavel
penseur du pouvoir.
o « Mais mon intention étant d'écrire des choses profitables à ceux qui les entendront,
il m'a semblé plus convenable de suivre la vérité effective de la chose que son
imagination. Plusieurs se sont imaginé des républiques et des principautés qui ne
furent jamais vues ni connues pour vraies. Mais il y a si loin de la sorte qu'on vit à
celle selon laquelle on devrait vivre, que celui qui laissera ce qui se fait pour cela qui
se devrait faire, il apprend plutôt à se perdre qu'à se conserver »
▪ Le Prince, chap. XV.

• Machiavel représentant d’un courant culturelle important, l’humanisme civique. Philosophie


dominante dans les cités italiennes, cité-Etat. Fondé sur la participation citoyenne. Le
politique n’est plus fondé sur les religieux.
François Guichardin (1483-1540) : meilleur ami de Machiavel et humaniste civique. Message de
l’émancipation citoyenne et donc un penseur de la liberté. Le prince ne serait qu’un tout petit
opuscule dans une production littéraire humaniste et assez importante (traité militaire, pièce de
théâtre, livre d’histoire, lettre,…).
➔ Le prince a simplement été l’objet d’un malentendu.
Les deux interprétations sont justes. Il est à la foi un penseur du pouvoir dans ce qu’il a de plus cru et
en même temps un penseur de la liberté.
Contexte de la renaissance italienne : sur le plan économique et culturel très en avance. Pays le plus
riche, le plus technologique et le plus économique. Mais sur le plan politique, complètement en
retard, encore Moyen Ageuse. Pas d’Etat territorial. A l’époque, on parle déjà d’une unification.
Donc, on trouve le pape et l’empereur qui sont au pouvoir → Les deux puissances médiévales.
L’Autriche-Hongrie estime que l’Italie est à eux + 2 cité-Etat (Florence et Venise). la France et
l’Espagne veulent aussi s’accaparer de l’Italie.
Question de Machiavel : comment est-ce que l’Italie pourrait devenir un Etat territorial comme
l’Angleterre, la France, l’Espagne,… ? Machiavel pose cette question dans un contexte très
particulier, la Cité de Florence (puissance financière mais république très pauvre) donc grande
fragilité politique avec d’énormes inégalités. 1381 : révolte des prolétaires de la laines et mettent à
sac Florence (Ciompi).
Les classes supérieures de Florence vont avoir peur et vont abandonner l’esprit civique (participation
citoyenne). Ils vont confier le pouvoir à une seule famille, les Médicis qui sont des banquiers très
riches.
Cosme 1er : dirige Florence entre 1434 et 1464. Puis Laurent le Magnifique (1469-1492) qui est un
très mauvais dirigeant et banquier mais très bon culturellement.
A la fin du règne de Laurent le Magnifique, situation extrêmement tendue : un personnage étrange
devient de plus en plus populaire : Jérôme Savonarole. C’est un moine dominicain un peu fou.
L’Eglise San Marco devient un lieu d’opposition politique. Savonarole lance des Sermons contre la
corruption des dirigeants et de l’Eglise. Il va très loin dans ces critiques.
1494 : descente de Charles VIII qui décide d’envahir l’Italie. Dans un premier temps, c’est un succès. Il
ne fait aucun quartier, ne respecte pas les règles de la guerre médiévale. Armée hyper moderne qui
font table rase de tous les endroits où elle passe. Dans l’esprit Italien, un avant et après 1494. Ils se
rendent compte qu’ils faut arrêter de vivre au Moyen-Age. L’échiquier européen et Italien changent
complètement. Charles VIII ne prend pas le pouvoir à Florence et laisse Savonarole le prendre.
Savonarole veut institué une république chrétienne.
Il y a des bons et des mauvais côtés dans sa politique :

• Bon : politique sociale : impôt plus juste, prend des mesures contre le surendettement,
système de secours pour les pauvres, abolit la torture, établi une cour d’appel.

• Mauvais : politique ultra conservatrice, intégriste : Interdiction des jeux, de la prostitution,


surveillance de la vie privé, sodomie passible de peine de mort. Met en place des milices
d’adolescent qui contrôle la population. Etat policier. Goutte qui fait déborder le vase : oblige
les florentins à collecter et donner les choses où on voit les parties intimes du corps
(peintures, vêtements osés,…).
➔ Le Pape excommunie Savonarole, il est interrogé, torturé et puis brûlé.
Machiavel a 28 ans à l’époque et est témoin de l’ascension et de la chute de Savonarole. Il est fasciné
par deux choses chez Savonarole :

• la puissance la parole : il a pris le pouvoir par la seule puissance de sa parole

• Et le fait que le petit peuple devient un acteur politique à part entière et incontournable.
Quelques jours après le bûché de Savonarole, il est engagé par les nouveaux dirigeants qui sont des
républicains qui veulent rétablir la participation citoyenne,…
Le dirigeant est Pier Soderini et est élu à vie. Machiavel a tout de suite un poste important, il est
secrétaire de la « deuxième chambre ». Il s’occupe de toutes les affaires intérieur. Machiavel est issu
d’une famille modeste, petite noblesse mais pas d’argent. Il n’a pas été à l’université (pas un légiste).
Sa nomination est assez mystérieuse. Explication : il fallait de nouvelles tête et il a été bon à
l’entretien d’embauche. Il va avoir des missions diplomatiques en France, en Allemagne,… C’est un
acteur incontournable de la politique à l’époque. Il est très important mais c’est un homme de
l’ombre. Machiavel méprise Soderini : il le trouve faible et pas très compétent.
Machiavel n’est pas du tout un cynique : Il ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir. Il a une vision
politique :

• La politique est une question de professionnalisme, il faut des professionnels. Il faut arracher
ce métier au prêtre, aristocrate,…qui ne sont pas des professionnels.

• La participation citoyenne : remplacer les armées de mercenaire (qui coutait très cher et pas
fiable) par des armées de citoyens. Provoque l’opposition des classes supérieures car on
donne les armes aux petits peuples. Machiavel leur tient tête et gagne contre Pise (1508)
avec une armée citoyenne. Mais en 1512, défaite contre les armées pontificales. Il est tenu
responsable et retour des Médicis.
Machiavel est obligé de s’exiler. Il le vit très mal mais est exilé à 15km de Florence et vit dans une
maison luxueuse de 1513 à 1520, il n’a juste plus son pouvoir. Il rêve de retrouver un poste. Il écrit au
Médicis et c’est à ce moment-là qu’il écrit deux livres :

• le Prince (titre en Latin, De Principatibus) : est renommé « Il Principe ». Machiavel retrouvera


un poste mais pas aussi important qu’avant.

• Discours sur la Première Décade de Tite-Live : il écrit sur l’histoire de la république de Rome
en dissimulant beaucoup de message fort pour florence.
Quand il écrit le prince, il veut retrouver un poste. Il veut démontrer qu’elle devrait être les vertus
des Princes (Vertus morales et politiques : sens de l’intérêt général,…). L’originalité de Machiavel : la
seule vertu du Prince c’est de conquérir le pouvoir et de le garder. Le prince doit transformer ses
possessions en Etat territorial durable. Machiavel joue sur le mot état (Stato) (avoir des terres) et
l’Etat, le pays. Donc, comment faire de l’Italie un Etat ? Machiavel change la signification habituel de
vertu. Il le change en virtuosité (savoir-faire, expertise). Se rapproche fort de la justesse chez
Aristote. Aristote : justesse est juste milieu. Chez Machiavel, le justesse c’est prendre le pouvoir et le
garder dans un contexte qui est tout le temps changeant. Chez Machiavel, les conditions de la
politique changent tous le temps. Il faut savoir constamment s’adapter.

• C’est ici qu’on a la mauvaise réputation de Machiavel. Il montre que toutes les bonnes vertus
ne sont pas des fins en soi. Ce sont des outils qu’on utilise ou pas, ce ne sont que des moyens
en vue d’une fin unique → conquérir le pouvoir et le garder. Le Prince doit se méfier de ce
genre de qualité. Machiavel plaide pour le fourberie, la dissimulation.
« Il n’est pas nécessaire à un Prince d’avoir toutes les qualités dessus nommées, mais il faut qu’il
paraisse les avoir » (chap. XVIII).
Métaphore du Prince-centaure : Un prince doit être à la fois homme (gouverner par les lois) et bête
(se faire animal, la politique est une question de force). Le prince doit être à la fois Lion et Renard :
prendre la force comme un Lion, et user de la ruse comme un renard.

Ou a-t-on besoin le plus de la ruse ? C’est dans la manipulation de l’opinion public. C’est dans le
rapport avec l’opinion public qu’il faut être le plus rusé. Il faut avoir une bonne image.

• A l’époque, l’idéologie dominante est la religion. Le prince doit donc paraître d’un Prince
chrétien. Il doit usé de la religion comme d’un outils. Utilisé la religion pour avoir une bonne
image. Chez Saint Augustin, c’est la politique qui est l’instrument de la religion. Chez
Machiavel, c’est l’inverse. La religion sert au Prince à garder le pouvoir. Machiavel n’est
absolument pas athée mais pense qu’en politique la religion est très importante pour le
pouvoir.
« Il est du devoir des princes et des chefs d’une République de maintenir sur ses fondements la
religion qu’on y professe ; car alors rien n’est plus facile que de conserver son peuple religieux, c’est-à-
dire bon et uni. Aussi tout ce qui tend à favoriser la religion doit être le bienvenu, quand bien même
on en reconnaîtrait la fausseté »

• Le Prince.
Objectif de Machiavel : fondé un Etat territorial, transformer l’Italie en un grand Etat indépendant. Il
faut faire cela dans des conditions totalement différente de la France et de l’Angleterre car il y a des
Cités-Etats. Ce qui caractérise les Cités-Etats c’est les riches contre les pauvres. Machiavel préfigure
la théorie de la lutte des classes de Marx. Machiavel considère que cette classe est quelque chose de
positif. Il voit dans la violence quelque chose de positif.
« En toute cité on trouve ces deux humeurs différentes, desquelles la source est que le peuple n’aime
pas être commandé ni opprimé des Grands. Et les Grands ont envie de commander et opprimer le
peuple ».

• Le Prince, Chap. IX.


Discours sur la première décade de Tite live : Ce sont les divisions qui ont fait la grandeur de la
république Romaine, divisions entre le Sénat et la Plèbe. Si le peuple subit une oppression ou
redoute une oppression, c’est normal qu’il y ai une révolte. Donc, besoin d’un changement de la part
du pouvoir, changer les lois, les institutions.
« Dans toute Cité, il y a deux partis, celui des Grands et celui du peuple, et toutes les lois favorables à
la liberté ne naissent que dans leur opposition ».
« Je soutiens à ceux qui condamnent les querelles du Sénat et du peuple qu’ils condamnent ce qui fut
le principe de la liberté ; ils sont beaucoup plus frappés des cris et du bruit qu’elles occasionnaient sur
la place publique que des bons effets qu’elles produisaient ».
« Quoi, entendre sans cesse les cris d’un peuple effréné contre le sénat ; voir courir la populace en
tumulte par les rues, fermer les boutiques, et même sortir de Rome en masse ! Toutes choses qui
épouvantent, rien qu’à les lire. Je dis que chaque Etat libre doit fournir au peuple un débouché normal
à son ambition et surtout les Républiques, qui, dans les occasions importantes, n’ont de force que par
ce même peuple ».
« Les soulèvements d’un peuple libre sont rarement pernicieux à la liberté. Ils lui sont inspirés
communément par l’oppression qu’il subit ou par celle qu’il redoute ».

• Discours, I, IV.
Quel doit être le rôle du prince ? il ne doit pas chercher l’ordre, l’équilibre car il va alors toujours
favoriser les grands. Il doit maintenir le conflit ouvert, il doit prendre le parti du peuple contre les
grands. Pourquoi ça ? Si il s’appuie sur les grands, il va devoir faire toute sorte de concession : donner
de l’argent, des possessions, mariages… Deux possibilités : compromis pas très solide ou conflit
sanglant entre les grands. Car les grands sont toujours dans une logique de l’avoir, de la possession.
Si le prince fait alliance avec le peuple, même si il est insoumis et capricieux, il n’est pas dans une
logique de l’avoir mais dans une logique d’être. Il ne veut pas être opprimé, il veut avoir une vie
digne. Avec le peuple, le prince peut envisager de construire un Etat territorial alors qu’avec les
grands il aura beaucoup plus de difficulté.

• C’est un argument politique et non moral, c’est dans l’intérêt du Prince.


Tradition philosophique : question politique sous la forme des bons régimes politiques. Pour
Machiavel, c’est quoi le bon régime ? Dans le prince, il fait l’éloge de la monarchie mais dans le
discours, il fait l’éloge de la république. Cette question n’intéresse pas Machiavel, ce qui l’intéresse
c’est quelles sont les forces sociales en présence ? il en identifie 3 : Le Prince, le peuple et les grands.

Ce qui l’intéresse c’est la combinaison, le rapport de force qui doit se créer avec l’alliance du peuple
et du prince. Machiavel est à la fois un penseur du pouvoir et un penseur de la liberté.
Dire que Machiavel est un machiavélique est une lecture au 1er degré. Ils montrent le cynisme au
Prince donc il l’est aussi. Image qui va perdurer jusqu’au XVIIIe siècles.
« Le Prince enseigne aux souverains à fouler aux pieds la religion, les règles de la justice, la sainteté
des pactes, et tout ce qu’il y a de sacré, lorsque l’intérêt l’exigera. On pourrait intituler le 15e et le 25e
chapitres : « Des circonstances où il convient au Prince d’être un scélérat » ».

• Encyclopédie, art. « Machiavélisme ».


Second degré de lecture : le vrai destinataire du prince, c’est le peuple, il dénonce le cynisme des
princes. C’est un vrai républicain. Sauf que quand il écrit le Prince, il veut retrouver un poste. Ces
deux lectures restent prisonnières d’un point de vue moral. La première lecture est moral, le prince
est immoral. La deuxième lecture est moral aussi, regardez comme Machiavel est moral.
« En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince de
Machiavel est le livre des Républicains ».

• J-J. Rousseau, Le Contrat social, III, 6.


Originalité de Machiavel : Machiavel a un point de vue pluralique sur la politique : Le point de vue du
Peuple et celui du Prince. Il dit ça dans la dédicace du livre le Prince. Il a un point de vue d’en bas et
d’en haut). Double discours de Machiavel fait au Prince (fait alliance avec le peuple) et au Peuple (si
vous voulez vous libérer, il vous faut un Prince).

• Machiavel est bien un penseur du pouvoir et de la liberté.


« Je ne voudrais pas qu’on me reproche, qu’étant de petit et basse condition, j’ose pourtant discourir
du gouvernement des Princes et en donner les règles ;car comme ceux qui dessinent les paysages se
tiennent dans la plaine pour contempler l’aspect des montagnes et des lieux hauts, et se juchent sur
celles-ci pour contempler les lieux bas, de même pour bien connaître la nature des peuples, il convient
d’être Prince, et pour celle des Princes, d’être du côté du peuple ».

• Le Prince, « Dédicace à Laurent de Médicis ».


Quel profil de Prince ? dimension utopique chez Machiavel. Ce ne peut pas être un noble traditionnel
qui est encore dans le vieux monde médiéval. Il faut un marginal, un outsider. Ce Prince (utopique),
Machiavel a cru l’avoir rencontré, c’est César Borgia (1475-1507).
Borgia est le fils du Pape Alexandre VI qui est complétement corrompu :Il a acheté les élections, il
était marié et avait des enfants, des maitresses, il pistonne ses enfants. César Borgia, à partir de ses
petites possession, conquière tout le nord de l’Italie. C’est un vrai leader, un vrai politique. En 1503,
la ville de Florence est menacé, les Médicis envoient Machiavel qui s’en sort de façon extraordinaire.
Coup de foudre avec César Borgia. Machiavel négocie très habilement pour que Borgia n’attaque pas
Florence. Le Pape meurt empoissonné et les ennemis de Borgia le font fuir.
« …Seules s’opposèrent à ses desseins la courte vie d’Alexandre et sa propre maladie. Qui donc veut,
en sa nouvelle principauté, se garder de ses ennemis, s’attacher à des amis, vaincre par force ou par
ruse, (…) se faire aimer ou craindre du peuple, être suivi et respecté des soldats, se maintenir en
amitié des rois et des princes, en sorte qu’ils soient portés à le servir et qu’ils regardent à lui nuire,
celui-là ne peut choisir plus bel exemple que la conduite du duc de Valentinois ».

• Le Prince, VII.
Il a manqué de la chance et de la légitimité à Borgia. C’est un bâtard du Pape, donc il n’a pas la
confiance du Peuple. Il lui manquait l’apparence des vertus chrétienne. Il n’a pas réussi à avoir une
bonne image. Comme ce qui manquait à Savonarole, le sens de l’Etat. Le Prince idéal serait un prince
hybride entre Savonarole et César Borgia. Parler comme Savonarole et l’intelligence stratégique de
Borgia. Ce prince n’existe pas → Vision utopiste. Ca lui permet de critiquer les Princes de son temps.
« Mais revenons aux Italiens qui, parce qu’ils n’ont pas eu des princes sages, sont la honte du monde.
Mais ce n’est pas la faute des peuples mais bien de leurs princes, qui ont été châtiés en perdant
ignominieusement leurs états, sans donner le moindre exemple de « virtù ». De là naquirent, en 1494,
les grandes épouvantes, les soudaines fuites et les miraculeuses défaites, les Etats d’Italie plusieurs
fois mis à sac et pillés ». L’art de la guerre.
Conclusion : l’utopie et le prince sont deux manifestes politiques. La philosophie politique change :
programme de la société ou de l’organisation politique, on pense le pouvoir autrement.
More et Machiavel s’attaque aux mêmes problèmes : i

• Inégalités (contexte de proto-capitalisme) : More a affaire aux grands propriétaires terriens


et Machiavel aux banquiers, marchands.

• Le pouvoir souverain et la question de l’Etat territorial : Thomas More écrit en Angleterre


que l’Etat territorial est déjà constitué mais cherche à savoir comment le faire le plus
rationnel possible. Machiavel réfléchit dans un milieu ou l’Etat territorial n’est pas encore là,
donc comment devenir un souverain, comment faire un Etat territorial.

• Même message à l’égard des gouvernants et des gouverner :


o pour les gouvernants : soyez professionnel, la politique devient un métier.
o Aux gouvernés : vigilance critique, intéressez-vous aux questions politiques et
essayer de bien voir comment la politique est organisé.
Machiavel est plutôt révolutionnaire et More plutôt prudent (réformiste). L’opposition entre le
réalisme de Machiavel et l’utopie de More est très relative.
Pourquoi Delruelle pense que le point de vue de Machiavel sur la politique est juste ? Exactement ce
qu’il faut faire ? s’intéresser au jeu du pouvoir entre les partis, aux dirigeants et en même temps
avoir le point de vue du peuple, grande tendance sociétale.

• Il faut combiner les deux analyses.

Chapitre 9 : les théories du contrat social (Hobbes-Locke-Rousseau)


L’Individualisme anthropologique s’est ancré en trois points :

• Période axiale : la vie spirituel ne passe plus par des rituels, sacrifices mais par des exercices
individuelles ;

• Moment augustinien : notion de mode subjectivation (société première : se mettre au


service de la société. Chez nous : devenir autonome) centré sur le moi ;

• Moment nominaliste : liquidation du Holisme, société composée que d’individus se


définissant par leur volonté, droit du seul fait d’être individus.
Ces penseurs humanistes sont critiques à l’égard des dirigeants et de la classe marchande. Le
républicanisme est très critique par rapport au nouvelle monarchie en alliance avec les marchands.
Au XVIIe siècle, ces classes marchandes deviennent la classe dominante. Ils ont besoin d’une
philosophie qui les définis, qui légitime le marché, la domination masculine, la colonisation et l’Etat
territorial. On cherche une philosophie politique qui ne soit plus théologico-politique mais qui ne soit
pas de l’humanisme non plus. Cette philosophie qui vont légitimer la classe marchande est la théorie
du contrat social. Aboutit au libéralisme, liberté individuelle fondamentale.
De quelle liberté parle-t-on ? le libéralisme fait l’éloge d’une certaine forme de liberté : la liberté de
choisir notre religion, profession, notre partenaire, respect de la vie privé, secret de la
correspondance, c’est la liberté négative.
liberté négative : Liberté définie comme la non-interférence de l’Etat ou d’autrui dans ma sphère
privée. Cette liberté se pose sur une conception particulière de l’individu : l’individu propriétaire de
son corps et de ses biens. La propriété est le point fondamental du libéralisme. Pour les libéraux,
l’Etat est conçu comme étant la défense de la liberté individuelle. C’est le rôle premier et essentiel
de l’Etat : la sécurité des propriétaires.
Thomas Hobbes : précurseur du libéralisme mais partisan de l’absolutisme royal. Pour défendre la
liberté individuelle, il faut un Etat absolu selon lui.
John Locke : fondateur du libéralisme.
Jean-Jacques Rousseau : dissident du libéralisme.
Thomas Hobbes (1588-1679) est Anglais. Il fait partie des Cavendish (royaliste) et est partisan de la
nouvelle science : Galilée et Harvey (découvre que le sang circule).
Contexte politique : guerre de religion entre catholiques (partisans de la monarchie absolue) et
protestants (partisans de la république). Les deux religions se battent pour le contrôle de l’Eglise
anglicane. Toutes ces œuvres sont marqués par ce contexte de guerre civil, d’instabilité. Hobbes est
témoin de l’exécution de Charles Ier (1649) et l’institution de la République par Cromwell (1653-
1658).
Jusnaturaliste >< juspositiviste ? Catholique >< athée ?
Hobbes écrit « Maitres des ténèbres » et « le Léviathan ». Il cible deux adversaires :

• La pensé théologico-politique, il veut une organisation laïcisée. Il ne veut pas de légitimation


religieuse du Roi. Il veut liquider ceux qui prônent la peur des enfers pour manipuler les
foules. Il y a quelque chose de bien plus important que le salut des âmes, c’est la sécurité des
hommes.

• L’humanisme civique qui fonde l’Etat sur le désir de liberté du peuple. Cette idéologie avait
été adopté par les protestants qui luttaient contre l’absolutisme catholique. Hobbes trouve
que ce n’est absolument pas sur la base des révolutions qu’il faut créer l’Etat.

• 2 causes de la guerre des religions : l’univers théologico-politique et l’humanisme civique qui


ont formé un cocktail explosif.
Analyse couverture du livre Léviathan : Géant humain formé d’habits qui sont des individus qui ont
déserté les champs et les villes en dessous. Cette individus gigantesque, il l’appelle le Léviathan. C’est
une métaphore pour parler de l’Etat. L’Etat est une réalité artificielle dont le but est de protéger les
individus. Plusieurs idées :

• L’Etat est un monstre artificiel qui protège les individus eux-mêmes (citation). Cet Etat est lui-
même un individu. L’Etat ne vient pas de Dieu, l’Etat n’est pas non plus une réalité naturel.
C’est une réalité artificielle.

• L’Etat tient dans sa main un glaive (symbole du pouvoir militaire) et une Croce (pouvoir
religieux). Montre que c’est l’Etat qui gère les deux. L’Etat englobe la dimension théologique
et la dimension politique.

• L’Etat est facteur de pacification et de sécurité. On passe d’un Etat de guerre à un Etat
d’ordre. On passe du désordre militaire, théologique à son ordre.
« C’est l’art qui crée ce grand Léviathan, République ou Etat – lequel n’est qu’un homme artificiel,
quoique plus grand et plus fort que l’homme naturel, pour la défense et protection duquel il a été
conçu ».

• Le Léviathan, Préface.
La démonstration de Hobbes va se faire à partir d’une double fiction : l’Etat de nature et le contrat
social.
Etat de nature : comment serait les hommes sans Etat ? Si on retire l’Etat, on tombe sur les droits
fondamentaux des hommes.
Contrat social : création de l’Etat.
Fiction de l’Etat de nature : l’homme n’aurait pas d’autre limite que son propre pouvoir, que sa
tendance à exister. Emploi le terme conatus = tendance d’exister, pulsion-désir-besoin, persévérance
à être.
« La compétition pour les richesses, l’honneur, le commandement ou pour d’autres puissances conduit
à la lutte, à l’hostilité et à la guerre ; il en est ainsi parce que, pour satisfaire son désir, le moyen dont
dispose un concurrent est de tuer, de soumettre , de supplanter ou d’éliminer l’autre ».

• Léviathan, XI.
Sans l’Etat, l’individu va jusqu’au bout de sa puissance d’être. Définition amorale de l’Homme,
puissance égoïste de l’Homme. C’est pourquoi l’Homme cherche naturellement l’argent, les
honneurs et le pouvoir. Cela créé une situation de guerre. Compétition permanente pour l’argent, les
honneurs et le pouvoir. Il est prêt à tuer, soumettre, élire pour ces trois critères. Guerre de tous
contre tous (pas une guerre entre des armées car elles supposent des Etats). Il veut plutôt décrire
l’Etat d’insécurité psychologique.
Le droit naturel : « c’est la liberté qu’à chacun d’user de sa propre puissance, comme il le veut lui-
même pour la préservation de sa propre nature, autrement dit de sa propre vie ». Léviathan, XIV.
Utiliser sa liberté, sa puissance comme il l’entend : droit de tuer, soumettre, voler, violer. Droit
naturel tout à fait amoral. C’est donc tout le contraire d’un jusnaturaliste. Cet Etat de nature est
insupportable, constamment sous la peur de la mort violente. Les Hommes doivent donc sortir de cet
Etat de nature.
« C’est aussi une conséquence de cette guerre de chacun contre chacun : que rien ne peut être injuste.
Les notions du bon et du mauvais, du juste et de l’injuste n’ont pas leur place ici. Là où n’existe
aucune puissance commune, il n’y a pas de loi ;là où il n’y a pas de loi, rien n’est injuste. En temps de
guerre, la force et la tromperie sont les deux vertus cardinales ».

• Léviathan, XIII.
Comment passer du désordre à l’ordre ? par la fiction du contrat social. Cette peur de l’état de
nature va être le fondement de l’Etat. Il se dit que le meilleur calcul, c’est de rechercher la paix.
Chacun doit renoncer à l’usage de la force par un contrat social où tous les individus s’engagent à
transférer leur puissance à une instance tiers, une entité artificielle qui va les représenter. Par le
contrat social, les individus créent l’Etat. L’Etat a le monopole de la violence. L’Etat définit cette
puissance absolue pour la sécurité de tous.
Caractéristiques de l’Etat de Hobbes :

• le but de l’Etat ce n’est pas le bonheur, le salut de l’âme mais la sécurité des individus.

• La souveraineté se caractérise par un maximum de puissance. Plus il y a d’individus dans le


contrat social, plus l’Etat sera puissant.
« Telle est la génération de ce Léviathan, ou plutôt (pour parler avec plus de déférence), de ce Dieu
mortel auquel nous devons, au-dessus du Dieu immortel, notre paix et notre défense ». Ce qui définit
le dieu de Hobbes, c’est sa toute puissance.

• Léviathan, XVII.
Dans le cadre de l’Etat, l’état de nature est suspendu. Il n’est pas supprimé, il est encadré. Le
Léviathan est un individu qui reste dans l’état de nature. Ce qui est à l’intérieur de lui n’est pas en
état de nature.
Il y aussi des individus qui ne veulent pas du contrat social ou qui par leurs actes le montre
(délinquants, terroriste,…). On a neutraliser la guerre mais elle est toujours là entre les Léviathans
eux-mêmes et les Léviathans et les rebelles. Si la guerre n’est pas finie, la peur non plus. on a plus
peur entre nous mais on a peur de l’Etat.

• Hobbes veut que les gens aient peur de l’Etat. Paradoxe de Hobbes : si vous voulez les droits
de l’Homme,… alors vous devez payer le prix de l’Etat absolu.
Point commun avec Machiavel : politique et morale sont scindé.
Opposition fondamentale dans le rôle du pouvoir : Machiavel défend le peuple contre les grands et
Hobbes garanti la sécurité des individus.
Grande différence sur la conception de la liberté : Libéraux, la liberté, c’est ne pas être le sujet d’un
tyran, c’est la non domination.

• Liberté positive : je suis maitre de mon destin, pas de tutelle au-dessus de moi.
Pour Hobbes : absence d’obstacle extérieur, je peux choisir ma religion, mon travail,… → Voilà
pourquoi considérer comme précepteur du libéralisme. Mais pour que ces libertés ne soit pas
bafouée, il faut un Etat sécuritaire. Il y a dans le fond du libéralisme un fond sécuritaire.

• C’est pourquoi les mouvements politiques libérales prônent des discours sécuritaires.
Qui veut la perte du Léviathan ?

• Les autres Léviathan. Il est en guerre avec les autres Léviathans. C’est pour ca que le
Léviathan doit être le plus fort possible. Les Etats doivent se reconnaitre comme entité
souveraine, mais il y a des tensions. Portugal, Pays-Bas, Danemark, Suède, France, Angleterre
sont les Léviathans de l’époque.

• Le Léviathan est en guerre contre tous les individus ne sont pas entré dans le contrat social
(Pirate, vagabond, hérétique,…).
Qu’en est-il des Juifs, lépreux, sodomite, sorcières,… que l’Etat rejetait ?

• Il n’y a pas d’antisémitisme d’Etat chez Hobbes.

• Il veut aussi arrêter la chasse aux sorcières car c’est une retombé de l’Etat dans les travers
théologico-politique.

• Par contre, les vagabonds et les hérétiques sont mauvais pour Hobbes.
La théorie de Hobbes est une théorie qui fait un coup de tonnerre à son époque. C’est un scandale
dans tous les camps :

• Chez les républicains, Hobbes critiqué car il est pour la monarchie absolue.

• Du coté des monarchistes, pas contents non plus car plus de fondation théologique.
On va maintenant avoir des théories qui vont tempérer Hobbes. John Locke : réfute Hobbes mais est
aussi dans sa continuité.
John Locke (1632-1704) : considéré comme l’un des premiers penseurs des lumières. Grand
précurseur des lumières au moins. C’est un protestant. Il est partisan comme Hobbes de la science
nouvelle (Galilée, Descartes à moitié). C’est un empiriste sur le plan philosophique (considère que
toute connaissance vient d’une expérience que nous faisons). Il est juriste, économiste et est
conseillé pour des grands propriétaires ou des grandes compagnies :

• Colonie de Caroline : est en train de développé l’industrie du coton, Il est un des conseillés de
la Caroline.

• Il est actionnaire de la Royal African Compagny (Traite des noirs en esclave). I

• l est très proche de la famille Shaftesbury qui est une grande famille protestante.
Il est du parti libéral (whig) contre le parti conservateur (tory). Il est tout à fait opposé au Roi. Il doit
s’exilé en France, puis en Hollande. En 1688, vient la « Glorieuse Révolution » à laquelle participe
Locke : les Anglais chasse le Roi absolutiste et mettent Guillaume III d’Orange sur le trône (prince
Hollandais) : C’est un Roi constitutionnel qui donne beaucoup de liberté. John Locke revient alors en
Angleterre. John Locke terminera sa carrière comme haut fonctionnaire et comme conseillé
commercial. Il connait très bien la question du précapitalisme et de la colonisation.
Livre de John Locke : « Traité du Gouvernement civil (1690) ». Il l’avait déjà écrit avant la « Glorieuse
révolution ». John Locke reprend le schéma contractualiste de Hobbes mais va complètement le
transformer. Donc, la même fiction Etat de nature/contrat social mais va concevoir ça différemment.

• Il va humaniser la théorie de Hobbes, c’est un jusnaturaliste.


A l’Etat de nature, les hommes sont libre et égaux. Ils ont naturellement la liberté de disposer d’eux-
mêmes : de leur corps, de leurs idées et de la liberté de ses biens. Locke fait un rapport étroit entre la
propriété et le travail. Droit naturel fondamental : droit de propriété. Je suis libre en tant que je suis
propriétaire (de mon corps, de mes idées, de mes biens). Le self (soi) est la même chose que le own
(posséder). Deux choses principales qui sont naturelles (qui existent en dehors de l’Etat) : le marché
économique et la vie religieuse (on peut ajouter les familles et les guerres/conquêtes). L’homme a un
sens moral naturel de la propriété, il y a une loi de nature qui m’oblige à respecter la propriété
d’autrui. A l’Etat de nature, l’homme respecte naturellement autrui. Puisque c’est un droit naturel
d’être propriétaire, on a le droit de se faire justice soit même à l’état de nature.
Pourquoi en sortir et pourquoi créer l’Etat ? 2 raisons :

• Parce que cette état de nature risque toujours de dégénéré en état de guerre. C’est ici ou
John Locke rejoint Hobbes. Il ne dit pas que l’état de nature est un état de guerre mais que
l’état de nature peut toujours dégénéré en état de guerre. Ce qu’il faut c’est un tiers qui
tranche les litiges et qui fassent respecter les propriétés. C’est le contrat social, créer un Etat
avec deux fonctions (donc pas absolu) : protéger les propriétés (au sens large) et régler les
litiges. Pouvoir d’Etat qui est limité.

• L’idée du gouvernement représentatif : Le pouvoir souverain, c’est le pouvoir législatif qui


est élu et qui représente le peuple (en gros, notre système actuel). On voit bien la relation du
peuple à l’égard du gouvernement → Relation de confiance. Le peuple confie le pouvoir à un
gouvernement via le pouvoir législatif. Très différents de Hobbes, le lien entre le peuple et le
gouvernement, c’est la peur chez Hobbes. La confiance est maintenue tant qu’il remplit les
deux fonctions.
Forme de gouvernement privilégiée par Locke ? deux réponses possibles :

• Peu importe du moment que le pouvoir protège les propriétés et reste dans ses limites.

• Il préfère quand même la monarchie modérée : pouvoir souverain est le législatif mais il faut
un exécutif fort.
John Locke n’est pas contre la démocratie mais considère comme beaucoup de son époque que la
démocratie ne marche que pour les petites entités (Cité-Etat ou au niveau local).
John Lock est contre la tyrannie : un pouvoir tyrannique ne doit pas voir le jour et le peuple à le droit
de résistance à l’oppression si le pouvoir le devient. Le droit de résistance à l’oppression n’est pas
une invention de Locke, ce n’est pas une nouveauté.
A partir de quand le peuple peut-il activer la résistance à l’oppression ? quand un pouvoir tyrannique
échoue à protéger les propriétés car il est trop faible pour les protéger ou car le pouvoir se fait lui-
même voleur des gens. A partir du moment où le pouvoir ne respecte plus les propriétés, l’Etat
retourne à l’état de nature. La guerre est réintroduite. Il ne dit pas que le pouvoir tyrannique est la
domination, c’est celui qui introduit le désordre, la guerre. Pour Locke, la barbarie c’est le désordre.
On peut résister à l’oppression lorsque le pouvoir rétabli le désordre. Cette résistance à
l’oppression est pour rétablir l’ordre social, elle n’a rien avoir avec les tumultes républicains
(résistances contre les grands,…).
Lecture critique de John Locke : son ambivalence :

• D’un côté, c’est une théorie des droits de l’Homme (les hommes sont libres et égaux). Ils ont
des droits du seul fait d’être propriétaire (au sens large). Grosse rupture avec le passé. Acquis
irréversible du libéralisme.

• De l’autre côté, on trouve aussi chez John Locke des nouvelles formes de domination basée
sur la propriété. Le contrat social n’est pas entre tous les individus. C’est un contrat qui exclu
les non-propriétaires (salariés, paysan,…), les femmes et les peuples colonisés.
C’est un contrat propriétaire, sexuel et colonial :

• Domination du propriétaire sur le travailleur : si je suis propriétaire d’une grande propriété,


j’emploi des paysans/ouvriers. A qui appartient les fruits du travail ? au propriétaire
exclusivement. Il n’y a que le propriétaire qui véritablement travail. Les ouvriers sont des
outils, ils ont vendu leur force de travail contre un salaire. Contrat social entre propriétaire
qui exclut les non-propriétaires.

• John Locke indique que la famille est une entité naturelle. Donc, le contrat de mariage n’est
pas un contrat social. Donc, par nature, le père a le pouvoir sur ses enfant et le mari a le
pouvoir sur sa femme. Pour John Locke, il justifie totalement le pouvoir patriarcal. Comme
c’est naturel, ca ne peut pas être changé par le contrat social. Donc, les femmes sont exclues
du contrat social. Très bien montré par Carole Pateman (« le contrat sexuel », 1988).

• A l’état de nature, il y a des guerres et des conquêtes. Il est légitime qu’il y ait des guerres et
des conquêtes pour se défendre. Entre les Etats, c’est l’état de nature. Il dit, oui il y aura
toujours des conquêtes pour se défendre contre l’agresseur ou pour coloniser des territoires
(faire fructifier des terres). Si dans un pays, les terres n’appartiennent à personne et que
personne ne les fait fructifier, on peut les prendre. Et si les populations locales s’y opposent,
on peut se battre contre elle et les réduire à l’esclavage. A l’état de nature, il a déjà justifié
l’entreprise coloniale. Le contrat social est un contrat entre Colomb.
Justification de l’esclavage chez John Locke : difficilement justifiable car il est pour les libertés
individuelles (contre les despotes, les privilèges,…). Il défend les droits de l’homme mais justifie
l’esclavage et la colonisation. Logique qu’il défende ca par rapport à sa propre vie (conseillé de gens
qui avaient des esclaves et il était actionnaire d’une entreprise d’esclavage). Faux de dire que c’était
dans les mentalités de l’époque et que Locke était un homme de son temps. Dans les milieux
intellectuels, on était contre l’esclavage depuis le XVIe siècles.

• Controverse de Valladolid (sur les indiens en 1550) : Grande controverse théologique entre
Sepulveda et las casas. Sepulveda considère que les indiens n’ont pas d’âme et donc qu’on
est autorisé à les réduire en esclavage et à les traiter comme des animaux. Las casas est le
défenseur des indiens, en disant qu’ils ont une âme, qu’ils sont pleinement humain et qu’on
ne peut pas les réduire à l’esclavage. Las casas gagne et sa position devient la position
officielle de l’Espagne et du Pape. Le roi d’Espagne interdira la mise en esclavage des indiens.
Las casas ne défend pas par contre le droit des noirs. C’est eux qui vont payé le prix du
sauvetage indien.
Les humanistes sont aussi contre l’esclavage : Montaigne s’y oppose totalement. Pareil chez les
juristes-consultes : Jean Bodin est contre l’esclavage. Donc la position de John Locke est une position
de régression de la part d’un libéral. C’est une conséquence logique de l’individualisme possessif.
Si l’humanité se définit par la propriété, que deviennent les non-propriétaires ? ceux qui n’ont pas de
comportement de la propriété sont des être inférieurs. En Afrique, ils n’ont pas de sentiment de la
propriété, ils ne font pas fructifier leurs terres. C’est une preuve de sous humanité pour John Locke.
Le titulaire du contrat social de John Locke, c’est le propriétaire mâle européen. Le contrat c’est
d’instituer un Etat fort pour protéger le droit naturel du propriétaire, protéger le droit naturel du
mari sur sa femme et pour protéger le droit naturel de l’européen sur la colonisé. C’est aussi pour
empêcher les révoltes des femmes, des colonisés, des paysans contre l’ordre social.
D’une part, le libéralisme va en partie corriger tout ca (il faudra attendre le XIXe siècles). Ces trois
questions ne sont pas réglées (question de la propriété privée, de la domination de genre et post-
colonial).
La théorie de John Locke a deux cibles : opposition au pouvoir tyrannique, théologique. Mais il veut
aussi un ordre social qui veut que les hommes européens propriétaire dominent.
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : dissident qui, sur une base d’individualisme anthropologique,
va essayer de faire une philosophie citoyenne. Il essaye de retrouver les intuitions de l’humanisme
civique sur la base de l’individualisme anthropologique. Rousseau est né à Genève dans un milieu
protestant et pauvre, il ne va pas à l’école. Un pasteur va remarquer son intelligence et va l’élever.
Mme de Warens va être celle qui va vraiment le découvrir et l’élever intellectuellement. Il a des
relations sexuelles avec et va vivre plusieurs années à ses côtés. Mme de Warens va le convertir au
catholicisme. Rousseau n’oubliera jamais qu’il vient d’un milieu modeste et se sentira comme un
paria dans la haute bourgeoisie qu’il fréquente. Il sera laquais, il est musicien, fonctionnaire en
Savoie, secrétaire de l’ambassade de France à Venise. Petit à petit il commence à écrire. Il fait des
séjours en Suisse, Italie et France.
Principaux ouvrages de Rousseau : « Discours sur l’origine des fondements de l’inégalité entre les
hommes » ; « La Nouvelle Héloïse » ; « L’Emile » ; « Le contrat social » ; « Confessions ». Le discours
est un préface du contrat social. Rousseau est novateur car il est le premier à avoir connu un
immense succès littéraire et pouvoir être riche grâce à ses œuvres. Quand il publie le contrat social,
le livre fait un flop. Donc ce livre n’a pas motivé la révolution française.
Rousseau est aux antipodes de Locke :

• le commerce, le profit, le progrès technique sont des facteurs d’arbitraire, d’inégalité et


d’inauthenticité. Ces choses sont génératrices de corruption morale. Il porte un regard moral
extrêmement négatif à l’égard de la richesse.

• Le rôle de l’Etat pour Rousseau n’est pas de protéger les propriétaires, en tout cas pas
fondamentalement, mais de transformer des individus égoïstes en citoyen solidaire. L’Etat a
un rôle moral qui doit changer la nature humaine.
Comment on est arrivé à une société inégalitaire selon Rousseau ? L’homme est bon au sens ou il est
simple mais l’homme est naïf. L’état de nature n’a jamais existé. Ce qui fait l’homme c’est son
indétermination : ils doivent apprendre les automatismes pour survivre d’où l’importance de
l’éducation. Les hommes doivent inventer le monde dans lequel ils vivent. L’homme est condamné à
se perfectionner. L’homme ne peut survivre que s’il s’adapte en permanence. Pas confondre
perfectibilité et progrès. L’humanité était là indéterminé au départ, il y avait une infinité de voie
possible pour l’histoire et accident de l’histoire, l’humanité a prit le chemin du malheur. A un
moment donné l’environnement a été plus hostile (plus froid, plus sec,…) et les hommes ont du
commencer à s’organiser autour du travail. Donc, ils ont pris à un moment donné la voie de la
propriété privée.
« Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez
simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de
meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les
pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous
êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne ! » »

• Les enclosures c’est une catastrophe, la propriété privée est à l’origine de l’amour propre,
l’envie, la jalousie,… l’exploitation, l’inégalité,… Il faut réformer la société, il est convaincu
qu’on ne pourra pas revenir en arrière.
Réponse de Voltaire : « J’ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain. On n’a jamais
employé tan d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on
lit votre ouvrage ».

• « Lettre à J-J. Rousseau », 30 août 1755.

• Critique Rousseau en l’accusant de vouloir revenir en arrière. Rousseau est très clair : « la
nature humaine ne rétrograde pas ». Il faut réformer, perfectionner les institutions → but du
contrat social.
Le contrat social : qu’est-ce que rousseau attend du contrat social ? ce n’est pas tellement un
système de protection des droits individuels mais une transformation morale de l’homme. Un peu
même un forçage. C’est créer un homme nouveau.
« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et
les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-
même et reste aussi libre qu’auparavant. Tel est le problème dont le contrat social donne la solution »
(I, 6).

• Rousseau dit si un peuple a l’opportunité de se libérer qu’il le fasse. Ne pousse pas à la


révolution. Mais il faut qu’il se donne des institutions sur base d’un contrat social. Si on veut
créer un Etat qui transforme moralement l’homme, il faut trouver une institution qui défend
et protège la personne et ses biens et que chacun s’unissent à tous mais n’obéisse qu’à lui-
même.
Comment faire une communauté mais être totalement libre ? Solution :

• Aliénation totale de l’individu avec tous ses droits à la communauté. On reste dans une
anthropologie individualiste.
« …l’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté » (I, 6).
« Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la
volonté général » (I,6).
Qu’est-ce que la volonté générale ? ce n’est rien d’autre que ma volonté unie à celle des autres. Et
donc ma volonté d’individu devient la volonté d’un moi commun que je forme avec les autres. Quand
je me soumet à la volonté général, je me soumet à moi-même.
Définition de l’autonomie au sens propre : j’obéis aux lois que je me suis donné.
Liberté positive : je suis maitre de moi-même.
➔ On a pas la solution car il y aura toujours un écart entre ma volonté personnelle et ma
volonté en tant que citoyen : Exemple très simple, les impôts.
Cependant, il faut toujours primer l’intérêt général. Ce contrat social n’est pas seulement un contrat
entre individus pour créer l’Etat, c’est aussi un contrat que je passe avec moi-même → différence
avec John Locke. Au moment du contrat social, je m’engage en tant qu’individu à obéir au loi que
j’aurais élaboré en tant que citoyen. Je m’engage à obéir à la volonté générale.
Quiconque refuse à obéir à la volonté générale y sera contraint par la toute la collectivité.
Contraindre quelqu’un à se soumettre à la volonté générale, c’est le forcer à être libre (comparaison
avec obliger quelqu’un à arrêter de fumer).
➔ Ces différences entre individus et citoyens vont se transférer au peuple. Rousseau a une
confiance totale au peuple au niveau moral. Mais Rousseau se méfie des individus qui
forment le peuple.
➔ Comment prendre le meilleur du peuple et pas le moins bon ? comment faire pour que
l’intérêt général gagne tout le temps ?
« Chaque individu peut comme homme avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la
volonté générale qu’il a comme Citoyen. Son intérêt particulier peut lui parler tout autrement que
l’intérêt commun » (I, 7).
« Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps » (I, 7).
« Ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre » (I,7).
Grandes originalités de Rousseau :

• refus du gouvernement représentatif. Marginal par rapport à la pensé politique classique.

• Rousseau n’est pas non plus partisan de la démocratie direct.

• Il a un rapport ambivalent au peuple : il a tout à fait confiance au peuple en tant qu’entité


morale mais se méfie du peuple en tant qu’entité concrète.
D’où la différence entre la volonté générale et la volonté de tous. La volonté générale n’est pas la
majorité, la volonté générale est indivisible, c’est l’expression de l’intérêt général. Alors que la
volonté de tous est une somme de volonté particulière ou chaque volonté poursuis sont intérêt
particulier. Même l’unanimité peut être une somme d’intérêt particulier.

• Exemple : l’instruction obligatoire au début du XXe siècles, voté à une très très large
majorité. Il y a de la volonté générale mais c’est le fruit d’une volonté de tous : le patronat
voulait des ouvriers plus qualifié, l’armée voyait une formation pour le sentiment national,
l’Etat voulait contrer l’Eglise, les catholiques voulaient leurs propres écoles.
Rousseau est donc opposé aux partis politiques car les partis ne font que diviser la volonté générale
en volonté particulière. Il ne veut pas qu’il y ait conflit vu qu’il ne veut pas division. Il va même
jusqu’à justifier la censure pour les opinions divisant.
➔ Il est contre la liberté d’expression.
Distinction entre la volonté de droite et la volonté éclairée. La volonté générale vient du fait que
l’Homme est bon. Mais la volonté générale n’est pas toujours éclairée (informée). Le peuple peut
être trompé. Rousseau a confiance dans le peuple car il a le sens de l’intérêt général mais il se méfie
du peuple car il a tendance à se laisser diviser et se laisser tromper.
➔ Rousseau n’accorde donc pas beaucoup de pouvoir au peuple.
Trois étapes :

• moment constituant,

• moment législatif,

• moment gouvernemental.
Le peuple n’intervient pas dans le moment constituant et gouvernemental, il intervient dans le
moment législatif.
Mouvement constituant : c’est quand il faut rédiger le contrat social, il faut lui donner une forme
concrète. Rousseau confie se moment à un législateur. Le peuple n’est pas assez éclairé donc il faut
confier cette tache à un homme extraordinaire qui sait interpréter la volonté du peuple, le peuple a
besoin d’un guide.

• Il donne deux exemples de législateur : Lycurgue qui aurait été le grand législateur Sparte. Et
Jean Calvin qui va diriger Genève.

• Exemples actuels : George Washington, Simon Bolivar, Gandhi, Mandela.


« Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir en état de changer, pour ainsi dire, la
nature humaine ; de transformer chaque individu, qui par lui-même est un tout parfait et solitaire, en
partie d’un plus grand tout dont cet individu reçoive en quelque sorte sa vie et son être » (II, 7).
Moment gouvernemental : l’exercice quotidien du pouvoir ne doit pas être donné au peuple. Le
peuple a une volonté mais ne doit pas disposer de la force, c’est la prérogative de l’Etat. Quel
régime ? aucun car un gouvernement à toujours une volonté particulière. La volonté particulière finit
toujours par aller contre la volonté générale. Donc, aucune forme de gouvernement n’est bon. Le
moins mauvais pour lui est l’aristocratie élective (un peu comme maintenant).
Moment législatif : il fait un éloge des assemblées populaires locales.
« ... On voit chez le plus heureux peuple du monde, des troupes de paysans régler les affaires de l’Etat
sous un chêne et se conduire toujours sagement » (VII, 1)
La Suisse est l’un des pays les plus démocratiques du monde. C’est la démocratie communale qui
l’emporte. Ces moments sont des moments de « fêtes », tout le monde se connait.
➔ Le peuple fraternel, assemblé est la clé chez Rousseau.
Deux grandes postérité de Rousseau :

• le nationalisme (1789) : la nation doit se représenté de façon fraternelle.

• Et le communisme : la volonté générale est celle du peuple qui ne peut être que bon, le
prolétariat.
➔ Rousseau a eu une grande influence sur les deux pôles politiques.
Le modèle du contrat social est totalement différent entre Rousseau et Hobbes-Locke :

• Le contrat social est une convention juridique chez Hobbes et Locke ;

• Le contrat social est plutôt pensé vers le serment morale entre un certain nombre de
personne chez Rousseau.
o Serment d’allégeance égalitaire.
Conclusion sur Locke et Rousseau : ils théorisent les deux conceptions opposées de la démocratie :

• Locke : Monarchie modérée ;


o protège les droits de l’homme et les droits propriétaires (au sens large), protéger la
liberté négative.
➔ C’est la tradition libérale.

• Rousseau : aristocratie élective.


o fondée sur la souveraineté populaire où le sens de gravité est mit sur le citoyen qui
est guidé par la volonté générale, garantir la liberté positive.
➔ c’est la tradition républicaine.
Faut il une propriété privée ou une propriété collective ? réponses de Rousseau :
« L’Etat à l’égard de ses membres est maître de tous leurs biens par le contrat social » (I, 9).

Chapitre 10 : les philosophes de l’histoire (Kant et Hegel)


Fin du 18e siècles, nouvelle phase d’accélération : l’ère des révolution (1789-1948). Une révolution
économique et une révolution politique. La révolution française fracture l’histoire en deux, l’Europe
va être complètement marqué par la révolution : triomphe de l’Etat-nation. L’Etat territorial français
était basé sur du théologico-politique (clergé, tiers-Etat, noble). En 1789, le roi convoque les Etats-
généraux qui convoquent des représentants des 3 classes sociales.
C’est quoi un Etat-nation ? c’est la superposition entre une entité juridiquo-politique : l’Etat et une
nation qui est une entité citoyenne et culturelle (langue religion).
Dès 1789, la nation est une idée progressiste, une idée de gauche. L’idée de nation, ce sont des
citoyens égaux. Mais il y a tout de suite des interprétations de droites (nationaux par opposition à
des étrangers). Les Etats-nation vont définitivement s’imposer. Il y a aussi l’accélération de la
colonisation.
Révolution industrielle : on entre dans la société capitaliste. Acteur du proto-capitalisme : banquiers
et commerçants donc pas propriétaire des moyens de production. Les seules sont les anglais
(enclosures). Au XIXe, les commerçants deviennent propriétaires des moyens de production dans un
contexte d’industrialisation (produire des objets en grande quantité et à bas prix). Grâce à un progrès
technique concrets : le charbon. On passe de l’artisanat au manufactures, fabriques, industries.
Effondrement de la société tripartite :

• Classe agraire → Classe ouvrière => salariés ;

• Classe aristocratique → Bourgeoisie ;

• Classe sacerdotale → « Intellectuels », « cadres ».


Lutte entre la classe ouvrière et la bourgeoisie.
➔ Les théories du contrat social sont incapables de penser les deux révolutions.
La révolution française montre que la société progresse paradoxalement à travers la violence, la
révolte du peuple contre le despotisme et les privilèges jusqu’à la Terreur. La révolution vient un peu
contredire la théorie de la main invisible (chaque individu recherche son intérêt général et serait
guidé par une main invisible à contribuer à l’intérêt général). Le marché fonctionne avec un
paupérisme de la population, des travailleurs.
« En dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, (l’acteur
économique) ne pense qu’à son propre gain ; en cela, il est conduit par une main invisible à remplir
une fin qui n’entre nullement dans ses intentions (…). Tout en ne cherchant que son intérêt personnel,
il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, qui s’il avait
réellement pour but d’y travailler ».
« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre
dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en
remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ».Adam Smith, la Richesse des Nations (1776).
➔ Les deux grandes idées du XVIIe siècles sont obsolètes.
Les philosophes qui vont penser la révolution ce sont les philosophes Allemands (Kant, Fichte et
Hegel). C’est ce qu’on appelle l’idéalisme Allemand. Pourquoi les Allemands ?

• Parce que l’Allemagne est moins touchée par les révolutions (politique et économique) donc
ils ont un peu de recul.

• Ensuite, l’Allemagne avait les universités les plus performantes de l’époque. La philosophie
devient une discipline universitaire.
Ils vont construire des systèmes philosophiques avec un vocabulaire technique. C’est pourquoi leurs
écrits sont parfois difficile à comprendre. Ces philosophes vont essayer de penser positivement la
révolution française. Au moment de la révolution, Kant était un vieux professeurs respectés. Hegel lui
a 18 ans et plante un arbre de la liberté.
Ils défendent la révolution française contre non pas des partisans du système théologique (ils sont
vaincus) mais contre les libéraux conservateurs qui sont philosophiquement des empiristes : le plus
connu, Edmund Burke, « Réflexions sur la révolution française » (1790) : ils dénoncent le fait que la
révolution française veut faire table rase du passé, des traditions, de l’ordre établi et il s’en prend à
Rousseau → Si vous continuez ce délire de table rase, vous allez devenir extrêmement violent. Burke
est un libéral avec un conservatisme politique. La raison c’est bien mais ce n’est qu’une mise en
forme de l’expérience historique, des coutumes,… Les deux philosophes allemands vont répondre
aux objections de Burke.
Deux concepts très importants : le Transcendantal de Kant et la Dialectique d’Hegel. Ils vont
complètement transformer la politique.
Kant (1724-1804) : professeur paisible, estimé, reconnu de l’université de Königsberg (Prusse
Oriental). Aujourd’hui en Russie (Kaliningrad). Il est très respectueux des pouvoirs établis mais très
engagé pour les lumières, la révolution française et également Rousseau.
Livres « système critique » :

• Critique de la raison pure (1781) ;

• Critique de la raison pratique (1788) ;

• Critique de la faculté de juger (1791).


Livres historico-politique :

• « Réponse à la question : qu’est-ce que les lumières ? » (1784) ;

• « Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique » (1784).


Livre « Réponse à la question : qu’est-ce que les lumières ? »
« La sortie de l’homme de sa minorité, dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire
incapacité à se servir de son entendement sans la directions d’autrui. Sapere aude ! Aie le courage de
te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des lumières ».
Les lumières, c’est la faculté de penser par soi-même. Les lumières, c’est une question de courage →
nous sommes responsables de notre Etat de minorité. C’est normal qui ait des pouvoirs mais ce qui
n’est pas normal c’est qu’il prétende de penser à notre place.
« S’il est difficile pour chaque individu séparément de sortir de la minorité, qu’une public s’éclaire lui-
même, c’est, pour peu qu’on lui en laisse a liberté, à peu près inévitable ».
Comment sortir de cette minorité ? Il n’a pas d’idée de révolution politique, il veut une émancipation
progressive et collective.
Dimension collective : les lumières, c’est une entreprise collective et c’est penser collectivement. La
liberté de penser n’est pas une liberté individuelle.
« L’usage public de la raison doit toujours être libre ».
Dimension progressive : l’émancipation se fera par l’interaction des consciences et forcément cela
prendra du temps. Il y aura une histoire de la raison.
« Vivons-nous actuellement dans un siècle éclairé ? Non, mais bien dans un siècle en marche vers les
lumières ».
Kant a une idée très précise des lumières : les lumières se passent dans les salons littéraires, les
sociétés savantes :
➔ Lieux de sociabilité de l’époque.
Loges maçonniques : l’idée est de reprendre un vieux rituel, c’est l’idée de la secrétisation de
l’initiation. Lieux où peuvent se parler tous le monde (anglais, allemand, français, cléricaux,
anticléricaux,…).
➔ Kant faisait partie des francs-maçons.
Deux idées fortes : la raison, c’est penser par soi-même et cette raison permet de faire progresser
l’humanité toute entière.
Critique de la raison pure : la philosophie est comme un champ de bataille où il faudrait un tribunal.
Dogmatique vs sceptique :

• « Dogmatiques » = « despotes »
o Platon – Augustin ;
o Réalistes.

• « Sceptiques » = « nomades »
o Nominalistes.
Dogmatique c’est quoi ? C’est quand le sujet se prétend capable de connaître la vérité absolument et
totalement. Se prétend capable de connaître l’être des choses (Platon par exemple). Connaître
l’essence des choses.

• Dogmatiques : le sujet est confronté à quelque chose au-dessus de lui.


Les sceptiques c’est quoi ? toute connaissance est relative car tout sujet n’obtient des résultats que
partiels par le biais de ses impressions, de ses expériences. Dans les deux cas, la pensé n’est pas
autonome, la raison n’est pas autonome. L’Homme ne pense pas par lui-même.

• Sceptiques : la pensée est subordonnée aux sensations, aux impressions.


Grand sceptique du temps de Kant : David Hume (1711-1776). Va poser un énorme défi à Kant. C’est
un philosophe empiriste radical. La connaissance est presque tout de suite de l’ordre de
l’imagination, de la croyance. Il n’y a de connaissance que tout à fait partiel, particulière. Dès qu’on
essaye de généralisé, cela devient de la croyance, de l’imagination.
« La raison est l’esclave des passions ».
« Il n’est pas contraire à la raison que je préfère la destruction du monde entier à l’égratignure de
mon doigt. Il n’est pas contraire à la raison que je choisisse ma ruine totale pour empêcher le moindre
déplaisir d’un Indien ou d’une personne qu’est m’est entièrement inconnue » (Traité de la nature
humaine, II, 3, III).

• Hume considère que c’est aussi rationnel mais autant égoïste ou altruiste.
Kant va essayer de relever ce défi, que répondre à Hume ? Comment trouver une philosophie
intermédiaire ?
Il accorde d’abord deux choses à l’empirisme :

• Toute connaissance commence toujours par une expérience. Il accord au empiriste que la
connaissance se limite à l’expérience. Nous ne pouvons pas connaitre totalement le réel,
l’essence des choses. Mais si tout commence avec l’expérience, il y a des connaissances qui
dérive d’autre chose que l’expérience.

• A quelle condition l’expérience est-elle possible, la connaissance qui suppose une


expérience ? A quelle condition les connaissances a posteriori sont-elles possibles ? Il y a des
connaissances a priori pour définir l’apostériori. Il faut des catégories logiques qui me
permettent de faire des causalités (A est cause de B). Capacité apriori.
o Exemple : le soleil se lève (expérience apostériori), cette connaissance est possible ?
il faut que le sujet soit situé dans l’espace et dans le temps. L’espace et le temps sont
des formes subjectives. Ce sont donc des formes a priori de notre sensibilité.
L’espace-temps est une forme apriori de la sensibilité.
2 conditions : la sensibilité et les catégories logiques. Ces connaissance a priori sont des
connaissances vide de tout contenu. Il y a donc dans le sujet des connaissances qui sont a priori et
antérieur à toute expériences et qui rendent possible les connaissances empiriques. Ces
connaissances a priori, Kant les appelle des connaissances transcendantale.
➔ Le transcendantale est ce qui rend possible l’expérience.
« J’appelle transcendantale toute connaissance qui ne porte pas en général sur les objets mais sur
notre manière de les connaître, en tant que cela est possible a priori » (Intro, §7).
Depuis Kant, la philosophie ne cherche plus un absolu mais cherche les conditions de possibilités des
expériences. Où se trouve ces conditions ? dans la subjectivité, dans l’être.
➔ Donc le siège de l’universel est dans le sujet, plus dans la nature ou en Dieu.
Deux contresens à éviter : transcendantale n’a rien avoir avec transcendant. Ce transcendantal n’est
pas extérieur au sujet mais bien dans le sujet (notre manière de connaitre).
Le sujet se dédouble : il y a dans toute subjectivité un moi empirique (le sujet de l’expérience) et le
sujet transcendantal aussi appelé la raison pur (le sujet avant expérience).
➔ Commun à tous (au sens large).
Critique de la Raison Pure : Le sujet trouve en lui-même tout pour devenir autonome. Caricature du
baron qui se tire des sables mouvements par les cheveux.
➔ Qu’est-ce que c’est que cette philosophie qui fait tout tenir sur lui-même, sur l’homme ?
Véritable révolution philosophique qui permet deux choses :

• D’expliquer le progrès des connaissances et justifier le progrès des connaissances. Si le sujet


transcendantal est vide, le progrès des connaissances suppose qu’on lui donne un contenu et
qu’il peut évoluer. Il peut acquérir toute les connaissances empiriques. Le sujet
transcendantal peut accueillir la connaissance. Le soleil se lève mais va être complété par le
scientifique : le soleil ne se lève pas, il tourne autour de terre…

• Kant établi les limites de la science : si il y a des conditions de possibilités de la


connaissances, il y a des choses qui sont impossibles à connaitre. Les limites de la
connaissance sont les limites du sujet (l’espace-temps et les catégories logiques).
➔ Le sujet ne peut pas connaitre les choses absolument et totalement (Rejoint les empiristes).
D’où la différence fondamentale entre :

• Phénomène : ce que je peux connaître par l’expérience ;

• Noumène : La chose en soi, l’être : inconnaissable.


Différence entre connaitre et penser :

• Morale : ce qui doit être ;


o Nous ne pourrons jamais connaitre ce qui doit être.

• Histoire-politique : ce qui sera.


o Nous ne pouvons pas savoir ce qui sera (excepté certaine chose : météo, étoile,…).
Relève de l’espoir, pas de l’ordre de la connaissance.
D’où les 3 grandes questions de philosophie selon Kant :

• « Que puis-je savoir ? » ;

• « Que dois-je faire ? » ;

• « Que m’est-il permis d’espérer ? » ;

• « Qu’est-ce que l’homme ? ».


Critique de la raison pratique (le devoir être)
Dans la morale, les morales sont des morales de l’hétéronomie. L’homme ne pense pas par lui-
même. Chez Saint augustin, la morale est une soumission à dieu. Chez Hume, la raison est l’esclave
des passions. Comment penser une morale de l’autonomie ?
Kant est fan de Rousseau. Kant fait la question de la morale une morale de courage. Il faut avoir le
courage de penser par soi-même.
Il faut faire l’expérience suivante en morale : lorsque nous sommes seul face à notre conscience
(quand on se regarde dans le miroir). A ce moment-là, lorsque la raison pratique se demande ce
qu’elle doit faire, il y a une évidence morale apriori, c’est que je ne dois pas me déterminer selon mes
petits intérêts personnels. Il y a une évidence qui prend la forme d’une loi morale et qui est a priori
(nous l’avons tous en tête). Est-ce que ce que je fais pourrais être une maxime universelle ? C’est une
approche transcendantal.
« Agis de telle sorte que la Maxime de ton action puisse valoir en même temps comme principe d’une
législation universelle ».
Exemple :

• Tuer : ne peut jamais être une action morale, car si tout le monde se mettait à tuer, plus
d’humanité.
o Légitime défense : motivé par un mobile empirique (j’ai envie de sauver ma peau)
donc pas une action morale.
o Tuer Hitler ? si tout le monde faisait pareil, problème → c’est un pur mobile
empirique.

• Mensonge : est-ce qu’il y a des cas où on peut mentir moralement ? pour Kant, non.
o Médecins qui mens à son patients qui va mourir. Le médecin le fait par mobile
empirique (compassion,…).
o Un résistent aux mains des nazis, doit-il dire la vérité ? il y a un mobile empirique.
Deux manières de voir la philosophie de Kant :

• Vision positive : c’est très bien d’être guidé par des mobiles empiriques mais Kant veut faire
appel à notre courage et notre honnêteté intellectuelle. Essayez de poursuivre la loi morale.

• Vision négative : impossible de faire une action droite. Risque qu’on ne fasse plus rien pour
avoir la raison pure. La morale de Kant a les mains tellement pur qu’elle n’a plus de mains.
Sa morale est vide de tout contenu : ne dit pas comment être heureux, comment atteindre le salut,…
La loi morale est la condition de possibilité d’une action morale. Je sais ce que je dois faire et dans la
réalité je fais ce que je peux et j’essaye de progresser.
Kant partisan de la liberté négative ou la liberté positive ? liberté positive est celle selon Kant, vivre
sans domination (par soi-même et par quelqu’un d’autre). Penser par soi-même abouti à des
conclusions presque inverse. Je dois prendre conscience que toute connaissance est située. Je dois
comprendre que je ne suis pas grand-chose dans l’univers. Dans la raison morale, je dois essayer de
me dépasser, de me projeter dans une sorte d’absolu.
« Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et
toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de
moi et la loi morale en moi ».
(Ces deux choses), « je les rattache immédiatement à la conscience de mon existence » - (l’une qui)
« anéanti pour ainsi dire mon importance, en tant que je suis un simple point dans l’univers » -
(l’autre qui) « rehausse infiniment ma valeur, par ma personnalité dans laquelle la loi morale me
révèle une vie indépendante de tout le monde sensible ».
La critique de la faculté de juger
Penser la révolution française ?
Si on prend la philosophie de Kant, la révolution française n’a rien avoir avec la loi morale. Kant
quand il en parle d’un point de vue de la morale : « Abîme qui engloutit tout, tel un suicide de l’Etat ».
Mais il écrit aussi que c’est « un signe de progrès dans l’histoire ».
Tout se joue sur le sentiment que Kant éprouve : l’enthousiasme. Kant va mobiliser une troisième
rationalité, dans l’ordre de ce que l’on ressens. L’enthousiasme est bien quelque chose que l’on
ressent. Il est en lien avec l’espérance. L’enthousiasme je l’éprouve face à quelque chose de nouveau
qui ne relève ni de la rationalité scientifique, ni de la raison morale. Il y a une faculté de jugé qui n’est
pas une faculté de jugé le vrai, le bien mais qui est une faculté de juger le beau, le sublime, le
prodigieux,…
C’est la critique de la faculté de juger. C’est ce que nous ressentons par rapport à un évènement
politique ou une œuvre d’art.
Distinction fondamentale entre le jugement déterminant et le jugement réfléchissant chez Kant :

• Jugement déterminant :
o La « loi » (= l’universel) est donnée → appliquer le cas.
▪ Loi scientifique ;
▪ Loi morale ;
▪ Loi juridique.
Le jugement déterminant est quand la loi est donné et qu’il faut appliquer le cas. La loi scientifique,
morale, juridique est universelle et on applique le cas.

• Jugement réfléchissant :
o Le cas est donné mais pas de « Loi » → chercher l’universel.
Le jugement réfléchissant : le cas est donné, mais comme il est nouveau, il n’y a pas de loi pour en
juger. Il n’y a pas d’universel pour juger, nous sommes dans l’ordre des sentiments. Le cas est donné
et on cherche l’universel. Le fait que l’on discute perpétuellement de culture, de politique est la
preuve qu’on cherche l’universel. Dans le cas du jugement réfléchissant, tout ce que je peux visé est
que mon sentiment soit communicable.
3e forme de transcendantal : le « sens commun ». C’est une communicabilité des sentiments. Quelle
est la maxime du sens commun ? se mettre à la place de l’autre.
Universalité sentimentale → progrès dans l’histoire.
➔ Nous pouvons sentir quelque chose en commun.
Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (1784)
Kant a assez peu écrit sur la politique en elle-même mais il écrit tout de même un livre dessus. Est-ce
que l’histoire a un sens ? le philosophe doit : « découvrir dans le cours absurde des choses humaines
un dessein de la nature ».
« Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est
leur antagonisme au sein de la société ».
D’où le concept « insociable sociabilité ». Ils veulent faire société mais n’aime pas la société.
L’homme est alors obligé de « sortir de son inertie » (faire l’histoire, faire des choses,…). Lorsqu’on
fait ça, on a un horizon. « Idée régulatrice » : « unification politique du monde ». Les hommes sont
toujours capables de réfléchir leur insociabilité. Même si nous avons des intérêts égoïstes, nous
sommes toujours capable de réfléchir ce que nous faisons, de partager et donc de nous unifier de
plus en plus.
Hegel (1770-1831) né à Stuttgart en 1770 (mort en 1831) d’un milieu modeste. C’est un théologien
protestant. Il étudie à Tübingen. Il a une véritable passion pour la révolution française. Il va faire une
carrière très difficile (journaliste, prof de secondaire, précepteur) et termine professeur d’université
à Berlin. A ce moment-là, il est reconnu internationalement. C’est un libéral et un progressiste. Or, à
l’époque, en Prusse, le pouvoir est très despotique et donc il commence à avoir des ennuis avec la
censure. Il voulait quitter Berlin pour l’université de Liège mais il s’est finalement rétracté.
Ouvrage les plus fondamentaux :

• La Phénoménologie de l’Esprit (1807) : ouvrage en 2 tomes sur l’esprit humain ;

• Principes de philosophie du Droit (1821) : ouvrage de philosophie politique ;

• La Raison dans l’Histoire (Cours 1822-1828) : sa philosophie de l’histoire.


Défi de Hegel : à partir de Kant, aller plus loin que lui pour penser l’histoire.

• Kant essaye de penser le progrès dans l’histoire dont l’instrument est l’usage de la raison. Ce
qui permet le progrès est l’usage public de la raison. Chez Kant, la violence fait l’objet d’un
rejet moral.

• Hegel va détecter la raison dans ce que l’histoire montre de plus violent, de plus négatif. La
raison n’avance pas malgré la violence mais par elle. La rationalité de l’histoire passe par la
violence. Ca suppose de faire une critique de tout point de vue moral sur l’histoire. L’histoire
progresse parce que les hommes sont irrationnels, parce que les hommes sont violents.
o Très différent de Kant.
Critique de Hegel sur Kant : Hegel considère que si les hommes étaient rationnel comme Kant le veut,
ils réfléchiraient tout le temps avant d’agir, ils ne feraient rien de risqué, rien d’important. Parce
qu’ils auraient trop peur de faire le mal. Et donc, il ne se passerait rien dans l’histoire. Les hommes
n’ont pas conscience de ce qu’ils font, c’est pour ca qu’il y a des conquêtes, des croisades, des
construction gigantesque,…
« Rien de grand ne s’accomplit dans le monde sans passion »

• Yvon, « Jules César maître du monde » (XIXe)

• Il ne faut pas y voir une conception romantique dans cette citation. La phrase veut dire, rien
de rationnel ne s’accomplit dans le monde sans irrationalité.
Hegel donne l’exemple de César : pourquoi César a fait plein de conquête et pourquoi l’est-il
devenu ? Car il voulait garder son pouvoir personnel. Il a fait tout ça pour son intérêt personnel.
➔ En pensant aveuglément, il a conquit le monde et donc créé de l’histoire.
« Cette masse immense de désirs, d’intérêts et d’activités constitue les instruments et les moyens
dont se sert l’Esprit du monde pour parvenir à sa fin, l’élever à la conscience et la réaliser. La Raison
gouverne et a gouverné l’histoire universelle – une Raison immanente à la réalité historique, qui
s’accomplit en et par celle-ci »

• La Raison dans l’histoire, p. 110.

• La raison pour Hegel est immanente à l’histoire. Chez Kant, la raison est immanente à
l’individu.
Hegel va voir comment la violence se converti en raison. Toute violence ne se converti pas en raison.
Quel est le schéma par lequel le négatif fait avancer la raison.
➔ Ce schéma c’est la dialectique.
L’histoire avance selon un loi de fonctionnement : la dialectique. La dialectique se résume en général
par « thèse-antithèse-synthèse ». Pas faux mais pas forcément juste philosophiquement. Chez Hegel,
thèse-antithèse-synthèse se passe dans l’histoire, dans la réalité, pas dans le discours. C’est plutôt
« position-contradiction-dépassement » : position de l’histoire puis une force qui la nie
(contradiction) et puis un dépassement de l’opposition qui donne une nouvelle position et ainsi de
suite.
Il y a une puissance du négatif, l’histoire n’avancerai pas sans le négatif, sans des luttes, conflits, sans
que des hommes s’opposent. Le rôle du philosophe c’est de dépasser le point de vue de la
conscience et de s’élever jusqu’à cette raison caché de l’histoire qu’est l’esprit universel. La
philosophie n’est pas jugé la politique, l’histoire d’un point de vue moral mais de comprendre ce qui
est, comprendre le réel, comprendre l’histoire dans sa dynamique (dialectique) et de comprendre
l’histoire dans sa globalité (vision synthétique).
➔ Quand le philosophe arrive à penser l’histoire, le réel, dans sa dynamique et dans sa
globalité, le philosophe détient alors le savoir absolu. Ce savoir absolu n’a rien de mystique
et ce que veut dire Hegel c’est que le rôle du philosophe est de comprendre le sens de
l’histoire. Le savoir absolu est accessible. Kant aurait récusé cette thèse : pour Kant, on ne
peut pas arriver au pouvoir absolu.
Quel est cette dynamique de l’histoire, comment la raison avance-t-elle dans l’histoire ?

• « L’histoire universelle va de l’Est vers l’Ouest, car l’Europe est véritablement le terme et
l’Asie, le commencement de cette histoire. Ici se lève le soleil extérieur, physique, et à l’Ouest
il se couche, mais à l’Ouest se lève le soleil intérieur de la conscience de soi » (p. 280).
Hegel distingue 3 mondes :

• Monde oriental (« âge infantile » de l’histoire).


o Patriarcat – despotisme – spiritualités.
➔ Moment de la position (thèse).
Un seul est libre, le despote. C’est l’enfance de l’histoire : c’est les premières lueurs de la raison dans
l’histoire. Tout gravite autour du despote. Le despote est comme un père par rapport à ses enfants.
La raison a besoin politiquement de gravité autour d’un père. Il décrit l’émergence des spiritualités.

• Monde grec et romain (âge adulte).


o Athènes : citoyenneté.
o Rome : personnalité juridique.
o « universel abstrait ».
➔ Moment de la contradiction (antithèse).
Quelques-uns sont libres. La Grèce est le moment de l’adolescence (démocratie, citoyen autonome)
et Rome de l’âge adulte (empire romain, droit romain : personnalité juridique, christianisme).
Pourquoi est-ce le moment de la négation ? C’est à Rome que se matérialise la différence entre le
public et le privé.

• Monde germanique (vieillesse).


o Réforme → révolution (Etat).
o « Universel concret ».
➔ Moment du dépassement (synthèse).
Commence au moyen-âge, tous sont libres et égaux. C’est le moment de la maturité parfaite.
réconciliation entre l’individu et l’Etat. L’Etat reconnait les individus et inversement.
Hegel fait un lien entre la réforme et la révolution française (et américaine). L’universalité devient
concret. L’Etat est un universel concret. Chaque époque de l’histoire est une figure de la raison qui
avance. Une figure dans le développement progressif de l’esprit.
➔ Référence à des choses historiques : Orient vaincu par l’occident, grec vaincu par les
romains,… La raison se sert des guerres, invasions,… pour avancer.
« J’ai vu l’Empereur – cette âme du monde – (…) sensation merveilleuse de voir un pareil individu qui,
concentré ici sur un point, assis sur un cheval, s’étend sur le monde et le domine ».
Est-ce que tout ça n’est pas ethnocentrique (Européocentriste) ? Oui et non :
La théorie d’Hegel est une théorie ethnocentrique et affirme une supériorité de l’occident sur les
autres civilisations. Que l’occident est plus rationnel, spirituel, conscient de soi. L’orient est le lieu de
l’enfance de l’esprit mais maintenant l’orient est archaïque, la raison n’est plus en Orient.
Evidemment, c’est une vision des choses qui justifie la colonisation de l’Orient par l’occident.
Moment qui a marqué l’Orient : Conquête d’Egypte de Napoléon. L’Orient doit être étudier comme
ancienne figure de la raison. L’orient devient un objet pour l’occident qui se prend pour le sujet de
l’histoire. L’intérêt pour l’Orient est un intérêt très paternaliste. Orientalisme : représentation très
fantasmé de l’Orient.
« Le continent du commencement (…). C’est là qu’est apparue la lumière de l’Esprit, la conscience
d’un élément universel » (p. 270).
Edward Said, L’orientalisme. L’orient créé par l’Occident (1978).
Critique de l’Orientalisme : l’Orient n’est pas une seule entité de la Chine au Maghreb. Et l’Orient est
une invention de l’Occident.
Propos de Hegel sur l’Afrique : Si la raison va d’Orient en Occident, elle ne passe pas par l’Afrique. Les
africains sont restés à l’état de nature, ils sont la représentation la plus barbare des hommes. Hegel
prend part à la pire abomination du XIXe siècles : la colonisation en Afrique. Ce que dit Hegel est
faux : l’Afrique a une histoire (grand empire, grand moment,…).
L’Afrique « n’a donc pas à proprement parler, une histoire (…). Ce que nous comprenons sous ce nom,
c’est un monde anhistorique non-développé, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la
place se trouve encore au seuil de l’histoire universelle » (p. 269).
« Lhomme africain représente l’homme naturel dans toute sa barbarie » (p. 251).
Pourquoi ces schémas sont toujours d’actualité ? Quand on dit la même chose que Hegel au XXIe
siècles, on est complètement dans la stupidité. Il y en a qui reprenne les mots de Hegel presque mot
pour mot à notre époque → complète stupidité.
Nicolas Sarkozy, « Discours de Dakar » (2007) : Il vient d’être élu et fait son premier voyage en dehors
de l’Europe. Discours surréaliste, ce texte sera écrit par son conseillé, Henri Guaino (avait fait des
études de philo). Sarkozy d’abord s’excuse, demande pardon pour la colonisation, etc... Puis Sarkozy
dit ca devant les chefs d’Etat africains, professeurs d’université, etc. :

• « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain, qui depuis des millénaires, vit avec les
saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel
recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes
paroles ».

• « Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure
humaine, ni pour l’idée de progrès. Le problème de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans
l’histoire. Le problème dans l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dan la nostalgie du
paradis perdu de l’enfance ».
➔ De la faute d’Hegel, car il a mit des mécanismes de pensé qui perdure jusqu’au XIXe siècles ;
➔ De la part d’un président de la république française et de son conseillé très bien payé pour
faire ses discours, d’en rester à l’état du savoir, des préjugés du XIXe, c’est une imbécilité
pur, c’est du racisme.
Le président du Sénégal a dit : Henri Guaino a été trahit par son nègre.
Autre manière de prendre Hegel, peut être que le message le plus important de Hegel est la pluralité
des figures culturelles et des figures de l’esprit. Il y a une raison dans l’histoire mais elle se marque
par plusieurs formes. Hegel introduit à la relativité historique en philosophie, à nous intéresser au
culture. Être Hégélien aujourd’hui, c’est s’intéresser aux cultures dans le sens où elles sont toutes
porteuse de rationalité.
Juste après Hegel, division :

• « Système » → « Hégéliens de Droite » : la Raison est occidental… ;

• « Méthode » → «Hégéliens de Gauche » : intérêt pour les luttes, conflit,...


o Le plus connu des Hégéliens de gauche : Marx.
Puissance du négatif → très important chez Hegel.
Hegel est conscient que le fait que l’histoire va d’est en ouest est une métaphore. Chacun est à l’est
et à l’ouest. La fin de l’histoire chez Hegel, c’est le cercle. Il n’y a pas vraiment de fin de l’histoire chez
Hegel.
Ce que Hegel dit de l’Amérique : c’est une extension de l’Europe. Monde occidental par excellence :
protestant libéral.

• Marx lui clos son livre « capital » avec : les prolétaires irlandais sont en train de migrer en
Amérique et l’Amérique est le pays où l’histoire du capitalisme et du socialisme va continuer
et franchir une nouvelle étape. Marx accordait une grande importance à l’Amérique.
Hegel a-t-il été influencé par Adam Smith ? Très discuté : d’une part, Hegel est un théoricien de la
doctrine libérale. D’autre part, c’est un mécanisme différent : ce qui fait le nœud de la pensé d’Hegel,
c’est pas la main invisible mais la dialectique (ne pars pas d’individu mais d’état culturel à un moment
donné qui fonctionne avec des guerres,…).
➔ Hegel critique beaucoup le schéma libéral.
Les lieux de l’histoire pour Marx sont l’usine, les prolétaires,… Alors que pour Hegel, ce sont les
champs de bataille,…
Mort de la Raison ? L’occident est aussi le lieu de la mort de l’esprit. Ce n’est pas le but de la pensé
d’Hegel. Le soleil de l’histoire se couche mais qu’avec les Etats-nation, le grand cycle de l’histoire
serait achevé. Que Napoléon est le début d’une fin de l’histoire. Mais, si le soleil se couche, il y a un
soleil intérieur qui se lève et une nouvelle histoire commence (qui serait plus philosophique). La
réponse est celle du cercle. Comme on ne peut savoir qu’au crépuscule, on ne peut jamais prédire ce
que va se passer dans le futur.
➔ Le philosophe ne peut comprendre que ce qui est et ce qui a été.
➔ Pensé de Delruelle : l’histoire fonctionne par des moments de bifurcation contingente et non
pas par cycle.
Il ne faut pas penser que l’histoire de l’Etat moderne est une fin définitive de l’histoire. La raison a eu
une première fin mais les choses vont nécessairement repartir. Car Hegel pense qu’il aura toujours
du conflit et toujours du négatif. Ce travail du négatif se trouve dans la structure de la subjectivité
même. Le négatif est psychologiquement inéliminable.
« Dialectique du Maître et de l’esclave » : comment est-ce que l’individu prend conscience de lui-
même (ce que Hegel appelle l’esprit subjectif) ? A travers le regard de l’autre, à travers le désir, nous
construisons notre conscience de nous-même. Ce que je désire, ce n’est pas de posséder une chose
ou une personne, ce qu’on désir, c’est le désir d’autrui : la base de la conscience de soi, c’est la
reconnaissance. Nous désirons même être reconnu comme supérieur. Lutte inéliminable pour la
reconnaissance.
Maitre et esclave ne sont pas des figures empiriques (pas d’esclavage de l’antiquité ou des temps
modernes). Maitre et esclave sont des figures de la conscience. Chacun d’entre nous peut être, à
certain moment, maitre ou esclave.

• Le maitre, c’est celui qui est prêt à mettre beaucoup en jeu pour être reconnu (jusqu’au
risque de sa vie) ;

• L’esclave, c’est celui qui va tenter de sauver sa peau.


Quel est le résultat de cette lutte pour la reconnaissance ?

• Tant qu’on en reste à un face à face entre deux individus → impasse : double servitude, les
individus ont une mentalité servile (lèche-cul) et l’identité servile débouche sur des attitudes
de suiveur, de servilité ou de jalousie envers ceux qui ont réussis.

• Le devenir maitre débouche sur l’arrogance et sur le fait que le maitre dépend de l’esclave, il
a besoin du regard de l’esclave.
Le grand intérêt de Hegel est de démontrer la dimension psychologique du conflit. Les conflits ne
sont pas forcement des conflits d’intérêts mais des conflits de reconnaissance, d’identité. Les conflits
identitaires sont plus violent que les conflits d’intérêts.

• Dans les conflits d’intérêts, toujours quelque chose à perdre donc négociation.

• Dans les conflits d’identité, les parties en présence sont prêt à mettre leur vie en jeu. Et donc
Ils sont prêt à aller contre leurs intérêts pour être reconnu.
o Conflit francophone et flamand deviennent des conflits d’identité.
La barbarie n’est pas dans l’égoïsme pour Hegel mais dans le rapport « nous-eux ». Le grand intérêt
de la concertation sociale est d’éviter que cela tombe en conflit identitaire. On a une identité que si
on est reconnu par d’autre. Chacun désir être reconnu plus que l’autre.
Si on laisse faire les conflits d’identités, on aboutit à :

• Une victimisation et une servilisassions de l’esclave ;

• Et une arrogance et une paresse de la part du maitre.


Exemple : à l’université, la reconnaissance ultime est la promotion de « chargé de cours » à
« professeurs d’université ». Que ce soit pour les recalés ou les promus.
Est-ce que la solution est la révolte de l’esclave ?

• Pas la solution : si l’esclave se révolte, il commence à avoir une conscience de maître. Il


risque sa vie pour accéder à la dignité. Si le maître est battu, il redevient esclave et les rôles
ce sont simplement inversé.

• La solution va quand même venir de l’esclave, elle va venir de la condition de l’esclave :


l’esclave travaille pour le maître et a donc un rapport aux objets, l’esclave transforme les
objets, la nature.
o Conséquences : en transformant la nature, il se transforme lui-même et accède à la
dignité. C’est lui qui produit, il s’approprie ces objets. Sentiment du travail bien fait
et sentiment de fierté de sa propre production. C’est l’esclave qui produit la
civilisation, le maitre ne fait qu’en profiter.
Entre le maitre et l’esclave, c’est la position d’un tiers qui va changer les choses : une civilisation, une
culture, des institutions, l’Etat,… va interrompre le face à face des subjectivités. Esclaves et maitres
ont des choses en commun, et donc ont des choses à négocier.

• Solution : passage de l’esprit subjectif (conscience de soi) à l’esprit objectif (civilisation,


Etat,…).
La « Sittlichkeit » (« vie éthique », « civilité »).

• Sitten : les mœurs, les habitudes.


Cette synthèse (civilité) se développe en 3 sphères qui sont 3 moments d’une dialectique :

• Famille :
o Amour ;
o Sociabilité.
➔ « Thèse ».

• Société civile :
o Riche/pauvre ;
o Plèbe = exclu.
➔ « Antithèse ».

• Etat :
o Citoyens égaux ;
o Esprit d’un peuple.
➔ « Synthèse ».
Hegel était très conscient qu’il y avait une scission entre riche et pauvre et que le marché créé des
inégalités → preuve qu’il est antilibéral. Hegel dit que c’est très dangereux de produire des exclus de
la société (la plèbe). La solution c’est la synthèse qui reconnait des citoyens égaux. L’Etat ce n’est pas
un simple organe administratif, il a un vrai rôle de rationalité.
➔ Les hommes ne peuvent devenir citoyen que si il s’arrache de la famille (éviter le
communautarisme) et de la société civile (éviter l’égoïsme économique).
Le but de l’Etat est de crée un « esprit d’un peuple » (volksgeist)
➔ C’est un universel concret.
Est-ce qu’Hegel était nationaliste ? Pour Hegel, la forme la plus rationnelle du politique est l’Etat-
nation. Mais, au début du XIXe siècles, le nationalisme est une idée progressiste, c’est un facteur
d’universalisme. Aujourd’hui, connoté négativement.
Stade supérieur, les Etats ensemble forment l’esprit du monde (Weltgeist). Pour Hegel, le vecteur
d’unification du monde sera la guerre. On retombe sur la puissance du négatif. La guerre est
purement politique à ce moment-là. La guerre est ce qui va trancher les litiges pour Hegel.
« Pas de tribunal pour trancher les différends entre les Etats (…) Il n’y a que la guerre qui puisse
décider entre eux » (Pr. Ph. Droit §334).
« La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz).
« L’histoire du monde est le tribunal du Monde ».

• L’histoire est toujours l’histoire du vainqueur.


« Saisir et comprendre ce qui est, telle est la tâche de la philosophie, car ce qui est, c’est la raison ».

• Le rôle de la philosophie est de comprendre l’histoire.


« La chouette de Minerve ne prend son vol qu’à la tombée de la nuit ».

• Mais le philosophe ne peut intervenir qu’à la fin de l’histoire.

Conclusion : Kant et Hegel ont essayé de penser l’histoire.

• Chez Kant, c’est le transcendantal : conditions de possibilité de l’expérience → Dans le sujet.

• Chez Hegel, ce qui permet de comprendre le mouvement de l’histoire, c’est la dialectique.

Chapitre 11 : Marx et Freud


Marx : continuation de Kant et Hegel. Il va lui aussi penser l’histoire.
Le nom de Marx est associé à deux choses : Le marxisme (paradigme intellectuel) et le communisme
(idéologie moderne).
Le communisme tel que nous l’entendons (URSS, Lénine, Deng Xiaoping en 1978) : forme politique,…
n’est pas l’idée de Marx mais l’invention de Lénine. C’est Lénine l’inventeur au sens politologique du
terme. On peut comparer Marx au Christ et Lénine à Saint Paul. Marx a initié le mouvement
communiste, il a crée la 1ère internationale mais Marx ne va pas fondé un parti ni théorisé ce que
devrait être un parti communiste. Comme Saint Paul a lui créé la religion chrétienne et le christ était
l’initiateur de la religion chrétienne. On va essayer de voir le Marxisme sans être influencé par le
Léninisme. Marx dira : « Ce que je sais, c’est que moi je ne suis pas marxiste » → Lettre à Paul
Lafargue.
Karl Marx (1818-1883) est né à Trèves (Rhénanie), une des provinces de la Prusse. Son père est un
avocat, il est juif puis s’est converti Luthérien. C’est un grand admirateur de la révolution française.
Le père veux que Karl fasse du droit. Il n’aimera pas trop, il préfère la philo. Il fera une thèse de
doctorat. C’est un étudiant qui sort beaucoup mais réussi quand même très bien. Il fréquente le
« Doktorklub » qui est un club d’Hegelien de gauche. Marx est un libéral à ce moment-là mais a une
fibre sociale. Il se lance dans le journalisme et attaque très durement le pouvoir prussien et fait déjà
des articles sur les inégalités sociales. Il est expulsé d’Allemagne en 1844. Il va à Paris de 1844 à 1848
et c’est là qu’il devient communiste. Il découvre 3 choses :

• Le socialisme de Proudhon (« La propriété, c’est le vol ») ;

• Friedrich Engels (1820-1895) :


o La situation de la classe laborieuse en Angleterre (1845) ;

• Economistes anglais :
o Adam Smith (XVIIIe) ;
o David Ricardo (XIXe).
Rencontre avec Friedrich Engels (1820 – 1895) qui est fils de patron d’une multinationale. Il est en
révolte de la condition faites aux ouvriers. Il va écrire un livre (« La situation de la classe laborieuse
en Angleterre en 1845 »). Ce livre va impressionner Marx. Engels convainc Marx qu’il faut s’intéresser
à l’économie politique. Marx était celui qui avait les idées géniales.
Marx et Engels adhère à la ligue des justes : organisation semi-secrète dans toute l’Europe qui veut
mettre fin au capitalisme et mettre une société collective sans classe. Ils convainquent la ligue des
juste de s’appeler la ligue communiste. Ils commencent à devenir important jusqu’en 1848 :
Printemps des peuples. Deux types de revendications : indépendance nationale et revendication
sociale. La bourgeoisie va accepter les revendications nationales mais va refuser toute revendication
sociale. Marx vit 1848 comme un échec. Il se dit qu’il faut structurer le mouvement ouvrier.
Il est expulsé de Paris et se rend à Bruxelles mais est à nouveau expulsé et va à Londres. Marx va se
battre sur deux choses :

• Le front de la résistance : L’association Internationale des Travailleurs (1864-1876) →


première internationale.

• Le front intellectuel : il veut analyser scientifiquement la société capitaliste, il écrit le livre


« Le Capital » Livre 1 (1867). Les livres II-III-IV seront posthumes. A la fin de sa vie, Marx sera
de plus en plus pessimiste surtout après la Commune de Paris (1871).
Le Manifeste communiste (1848)
comment faire triompher le communisme ?
Marx et Engels commence à combattre le leader de la ligue des justes (1838) : W. Weitling. Il voulait
faire un coup d’Etat, ce qui suppose que ca devait rester secret. Marx et Engels lui répondent que
l’Etat bourgeois est beaucoup trop solide pour se faire avoir par un coup d’Etat.
2e solutions de Weitling : les « Utopies » communistes : créer des coopérative communiste. Montrer
l’exemple pour dire qu’on vit beaucoup mieux dans le communisme et que cette contagion
communiste se rependrai dans toute la société.
➔ Ils le font réellement : Phalanstères (Fourier) et Colonies icariennes (Cabet) : usine de
production.
Les ouvriers sont au pouvoir, pas de patron. Ce sont aussi des lieux de vie. Il n’y en aura pas
énormément mais ca va plutôt fonctionner. Il y a encore aujourd’hui des entreprises sous le mode
coopératif. Seulement il n’y a pas contagion, deux reproche de Marx :

• en tant qu’entreprise, reste sur le marché donc ne change pas la nature du système ;

• Il ne lutte pas sur le plan politique.


➔ Donc pour lui, il n’y aura jamais contagion si pas de lutte politique. Il veut que les
communistes se manifestent et annoncent la révolution. Déclarer la guerre à la bourgeoisie
et rallier le plus d’ouvrier possible à la ligue communiste.
D’où la structure facile de manifeste :

• « Bourgeois et prolétaires » : « lutte des classe » ;

• « Prolétaires et communistes » : « dictature du prolétariat ».


Première phrase du Manifeste Communiste : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est
l’histoire de la lutte des classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître et
compagnon, en un mot : oppresseurs et opprimés, se sont trouvés en constante opposition ; ils ont
mené une lutte sans répit, tantôt déguisée, tantôt ouverte, qui chaque fois finissait soit par une
transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la ruine des diverses classes en
lutte ».
La lutte des classes n’est pas une idée nouvelle (Hegel et Machiavel).

• Première originalité : la lutte des classes vaut pour toutes les sociétés jusqu’à nos jours, c’est
une loi générale.

• Deuxième originalité : La lutte des classes finit toujours par des révolutions ou
l’effondrement de la civilisation.
Point commun avec Hegel : l’histoire avance par des luttes, c’est la dialectique. Grande différence
avec Hegel : Chez Hegel, la synthèse est l’Etat. Pour Marx, l’Etat n’est qu’un instrument de la
bourgeoisie. La synthèse c’est une société communiste : sans classe, Etat, marché, religion,…
« Les révolutions sont les locomotives de l’Histoire ».
➔ Il n’y a pas de compromis pour Marx, ce sera forcément une révolution ou un effondrement.
« Notre époque – l’époque de la société bourgeoise – se distingue des autres par un trait particulier :
elle a simplifié les antagonismes de classes. De plus en plus, la société se divise en deux grands camps
ennemis, en deux grandes classes qui s’affrontent directement : la bourgeoisie et le prolétariat ».

• Tuyau examen.
La lutte entre les bourgeois et les prolétaires est une lutte finale. Dans les sociétés précapitalistes,
l’exploitation est fondé sur un ordre social qui se reproduit et se préserve. La classe dominante a
intérêt à ce que la société reste toujours la même. Dans ces sociétés, les inégalités sont voilées par la
religion,… Domination qui se perpétue. La bourgeoisie organise le mode de production et les modes
de vie des gens. La bourgeoisie joue un rôle de transformation constante dans le capitalisme.
« La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle révolutionnaire ».
« Le capital a noyé tout cela dans l’eau glaciale du calcul égoïste. (…) A la place de l’exploitation
voilée par des illusions religieuses et politiques, elle a mis l’exploitation ouverte, éhontée, directe,
dans toute sa sécheresse ».
Avec la bourgeoisie, tout se vend et tout s’achète. La capitalisme dissous tout sacré, toute valeur,…
Situation de crise : le capitalisme aboutit inévitablement sur une situation de crise. D’un côté trop de
richesse, de l’autre côté, trop de pauvreté. La société capitaliste créé trop de richesse. Nouveau dans
l’histoire : crise de surproduction (avant pénurie). Créé de la misère chez ceux qui produisent la
richesse (les ouvriers au XIXe). Les prolétaires (qui ne possèdent que leur force de travail) sont
comme des marchandises : ils se vendent au plus offrant.
« Trop de richesses, trop de commerce ».
Prolétaire = marchandise « livrée à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations
du marché ».
La bourgeoisie se trouve comme un apprenti-sorcier qui ne contrôle plus la force qu’il a créé.
« Bourgeoisie = apprenti-sorcier « incapable d’exorciser les puissances infernales qu’il a invoquées ».
Il n’y a pas de compromis possible, les bourgeois ne peuvent pas se contrôler. La seule solution
viendra de la révolte du prolétariat. Aux yeux de Marx, la révolution est inévitable. Moment de
négation avec la monté provisoire du prolétariat comme une classe dominante. Marx est pour la
dictature du prolétariat. Supprimer la propriété privé des moyens de production.
« Attenter despotiquement au droit de propriété et aux rapports de production bourgeois ».
Grande différence entre la dictature du prolétariat de Lénine et de Marx : la dictature du prolétariat,
Lénine va en faire un concept structurel du communisme, la dictature doit durer dans le temps →
Grande différence entre la 2e et 3e internationale. Lénine concevait cette dictature comme un Etat-
parti. Toute l’économie est Etatisé. Il n’y a qu’une seule force politique. Parti organiser de façon
militaire.

• Aucun de ces éléments ne se trouvent en fait chez Marx : Chez Marx, la dictature du
prolétariat n’apparait que 5-6 fois dans des milliers de pages. Marx ne veut pas nationaliser
l’économie, il veut la collectiviser donc pas d’Etat et Marx n’a jamais théoriser l’idée d’un
parti unique. Marx a créé l’association internationale des travailleurs, il a été membre d’une
ligue mais il n’a jamais former de parti. Encore moi un parti militairement organisé.
➔ Les bolchéviques, c’est Lénine.
Sens du mot dictature au XIXe siècles : Le mot dictature aujourd’hui, régime arbitraire (Franco,
Pinochet, Junta,…). Au XIXe siècle, c’est l’Etat d’exception. Quand le pouvoir normalement constitué
confie le pouvoir à un homme ou a un groupe d’homme dans un laps de temps court pour sauver la
nation. Disposition juridique ou le pouvoir est confié momentanément à un seul homme ou groupe
d’homme qui va gouverner le pouvoir par décret, ordonnance, par diktat. On ne passe pas par la voix
législative car on a pas le temps. Vient du droit romain, c’est une sorte d’Etat d’urgence. Marx avait
des exemples de dictature sous les yeux :

• Le comité de salut public : la république est menacé par des guerres étrangères et des
guerres civils, donc l’assemblée nationales confie le pouvoir momentanément au comité de
salut public.

• La révolution belge : le gouvernement provisoire déclare l’indépendance de la Belgique, ils ne


sont mandatés par personne, pas d’élus. Au moment de la déclaration de la Belgique,
dictature passagère. C’est ce qu’on fait dans n’importe quelle révolution.
Marx n’a jamais prôné l’instauration d’un régime durablement non démocratique → idée de Lénine.
Principale mesure pendant ce diktat, abolition de la propriété privé des moyens de production.
Voila ce que le prolétariat va devoir prendre comme mesure urgente selon Marx :

• Suppression de la propriété et rente foncières ;

• Impôt fortement progressif ;

• Abolition de l'héritage ;

• Confiscation des biens des émigrés et des rebelles ;

• Création d’une banque nationale ;

• « Nationalisation » des moyens de transport ;

• « Grands travaux » (manufactures, défrichement des terrains incultes);

• Travail obligatoire pour tous, organisation d'armées industrielles (agriculture) ;


• Mettre fin à la distinction ville/campagne ;

• Education publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants.
Toutes ces mesures n’ont pas été forcément fait par les communistes, certaine chose pourrait
paraitre normal aujourd’hui. Mesures qui ne se trouvent pas dans cette liste : Parti unique, liberté
publique, censure de la presse, emprisonnement des opposants politiques, suppression des libertés.
Sur les colonisateurs, Marx avait une position ambigüe. Il est évidemment contre la colonisation,
mais dans la vision dialectique du monde, obligé de passer par la colonisation.
Schéma dialectique de Marx :

Objectif de la dictature du prolétariat : Suppression de l’Etat et des classes. Associer le Marxisme et


l’Etatisme est un contresens complet. Marx veut aussi une société sans religion et sans mariage.
Critique du programme de Gotha : Gotha est un parti socialiste. Il critique l’Etatisation que veut faire
Gotha. Il est contre le socialisme d’Etat. Les communistes sont pour la suppression de l’Etat.
On conserve le premier moment de la dialectique mais il est en même temps dépassé : on conserve
du capitalisme le progrès technique,… mais on a une propriété collective sans capital et sans Etat.
« La violence est l’accoucheuse de toute vieille société grosse d’une société nouvelle ».

• Phrase totalement dialectique.


Les communistes doivent provoquer la société nouvelle → « n’ont que ça à faire ».
A quoi ressemblera cette société communiste ? Marx n’en dit pas grand-chose, la démarche de Marx
n’est pas utopique. L’utopie serait de proposer un plan de société. Sa démarche est scientifique,
Marx veut montrer quel est le sens de l’histoire, il veut montrer pourquoi la chute du capitalisme et
la victoire du communisme est inévitable et que si elle n’advient pas cela va provoquer des violences
ou un effondrement de la société.
La seule chose que dit Marx : « A la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses
antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition
du libre développement de tous ». le communisme est « l’expression générale des conditions réelles
d’une lutte de classes existante, d’un mouvement historique qui s’opère sous nos yeux ».
Engels écrira un texte : « socialisme utopique vs socialisme scientifique (1880) ». Pour Engels, le
socialisme doit être scientifique. Et le communisme est l’expression de cette lutte.
La Capital. Livre I. Critique de l’économie politique (1867)
Le grand livre de Marx : c’est un ouvrage scientifique, 800 pages. Entre les deux livres, il y a plus de
20 ans de travail. Ce n’est pas un livre militant même si on sent toute la conviction de Marx. Le mot
communisme n’apparait pas une seule fois dans le livre. Il veut faire une analyse complète, très
technique du capitalisme. C’est un grand récit de l’exploitation ouvrière (comme les misérables de
Victor Hugo).
Le fil rouge du livre : l’industrie du textile. 2 raisons :

• c’est dans l’industrie du textile ou la révolution industrielle a été la plus rapide (de petit
artisan à d’immense usine) ;

• Le père de Engels était propriétaire d’industrie du textile.


3 grandes parties dans le capital :

• Procès de circulation du capital :


o Marchandisation – financiarisation – mondialisation ;
o Par quel mécanisme fait-on du profit ?

• Procès de production du capital :


o Exploitation ;
o Comment le capitaliste s’y prend-t-il pour exploiter le plus possible le travailleur ?
o Parti sociologique.

• Procès d’accumulation du capital :


o Crises – destruction ;
o Pourquoi la logique du capitalisme est une logique d’accumulation sans fin ?
o Capitaliste en concurrence les uns contre les autres, produire pour produire. Même
si il faut détruire la société.
Approche critique du capitalisme et de l’économie politique. Il veut montrer la fausseté des théories
classiques d’Adam Smith et de Ricardo (le marché est naturel,…). Pour Marx, le marché est une
invention historique. On peut très bien adhérer à l’analyse Marxiste de la société sans être
communiste.
Procès de circulation du capital : montrer la spécificité historique du capitalisme. Base du
raisonnement : différence entre la valeur d’usage et la valeur d’échange :

• La valeur d’usage d’un bien, c’est son utilité pour moi ou pour la société, correspond à des
besoins. Une maison à une valeur d’usage : j’ai besoin de X chambres, j’ai besoin d’un
jardin,…

• La valeur d’échange d’un bien, c’est le prix du bien. C’est le prix de ma maison si je la revend.
On pourrait quantifié la valeur d’échange de l’enseignement, de la valeur scientifique par
exemple.
Cela permet à Marx à faire la différence entre la logique du marché et le capitalisme :

• Le marché correspond à une logique « M A M » : M = marchandise, A = argent : quand je suis


sur le marché, je vais sur une marchandise dont je n’ai pas l’utilité vers une marchandise
dont j’ai besoin en passant par l’argent. Dans le marché, la valeur d’usage domine.
o Exemple : les romains ont besoin de temples donc ils vont utiliser des esclaves, des
gens,…

• Le capitalisme répond à une logique « A M A’ » : j’ai de l’argent (ou quelque chose qui vaut
de l’argent), Comment le faire fructifier ? On part d’un capital et on va de l’argent vers
l’argent. La circulation des marchandises est dominé par la valeur d’échange. Logique sans
fin, toujours plus d’argent.
Pour les libéraux, un système basé sur la valeur d’échange est le plus efficace. Chacun cherche son
profit et donc crée de la croissance, des échanges, de la richesse,… Les détenteurs de capitaux sont
nécessaire.
Pour les marxistes, ce système est un système absurde et destructeur. C’est une logique sans fin de
produire pour produire, accumuler pour accumuler. Il faut recentrer la production sur la valeur
d’usage, qu’est-ce qu’on veut créer ?
Marx montre comment la logique marchande s’est imposé en deux phases historiques :

• Le protocapitalisme (XVIe) avec le marchand Vénitien et le banquier florentin. Le marchand


vénitien a de l’argent et fait du commerce avec l’orient pour faire fructifier son argent. Il
s’enrichit grâce au différenciel des marchés. Le banquier n’a pas besoin de passer par « M »,
il prête de l’argent et retire un intérêt. Dans les deux cas, le profit se fait uniquement dans la
sphère de la circulation, c’est la financiarisation. Ils ne sont pas propriétaire des moyens de
production (propriétaire de marchandise ou d’argent). Ils ne produisent rien.

• Le capitalisme proprement dit fait apparaitre un nouveau personnage, l’industriel, le


bourgeois. L’industriel est maintenant propriétaire des moyens de production : des terres,
des machines, des hangars,… Donc, il va organiser la production de la façon la plus
rationnelle, la plus rentable, la plus productive. Ici, le profit est réalisé dans la sphère de la
production et non de la circulation.
Marchand :

• A – M – A’ (bénéfice).
Banquier :

• A – (M) – A’ (intérêt).
Industriel :

• A – M (= MP + FT) – A’ (profit).
Procès de production du capital :
« C’est pourquoi nous quitterons cette sphère bruyante, ce séjour en surface accessible à tous les
regards, en compagnie du possesseur d’argent et du possesseur de force de travail, pour les suivre
tous deux dans l’antre secret de la production, au seuil duquel on peut lire : no admittance except on
business » (chap. IV).
Comment le profit est-il réalisé ici ? Le capitaliste fait travailler le travailleur gratuitement pour lui le
capitaliste pendant une partie de sa journée de travail. C’est ce que Marx appelle le surtravail, c’est
ca l’exploitation. Et ce surtravail va générer de la surexploitation, un profit.

• Exemple : salaire de 1500 euros, mais je produis pour 2000 euros. Pendant un certain lapse
de temps, je produis pour l’équivalent de mon salaire. Et après je vais produire mais je ne
suis plus payé. 500 euros de survaleur.
o Imaginons que les actionnaires exigent plus d’argent : 750 euros. Comment s’y prend
le management pour satisfaire les actionnaires ?
▪ On augmente le surtravail ;
▪ Augmenter la productivité ;
▪ Baisser le salaire.
➔ Dans les trois cas, on passe à 250 euros de profit à 750 euros. Ces 3 cas sont au cœur des
questions politiques.
Deux solutions : le capitalisme peut se trouver en grosse difficulté : soit il augment le pouvoir d’achat
des ouvriers, soit il durcit l’exploitation.
Il y a dans le lieu de production, une lutte des classes pour la journée de travail normale : c’est-à-dire

• Pas 18h,

• Pas une cadence infernale,

• Et pour un salaire convenable.


➔ Temps de travail – conditions de travail – salaires.
Marx a beaucoup de respect pour la lutte syndicale mais ca ne fera jamais révolution.
➔ La solution ne peut pas se trouver dans le combat syndical.
Procès d’accumulation du capital :
Marx montre que le mode de production capitaliste est un mode d’accumulation sans fin qui ne
mobilise pas seulement les travailleurs mais la société tout entière. Même les sphères d’activités non
marchandes sont utilisé pour le profit et l’accumulation.
Grande sphère au service de la sphère marchande :

• Sphère domestique : la femme est l’esclave de l’esclave,

• Sphère environnementale : besoin d’une nature comme réserve sans fin. D’où le besoin de
s’accaparer dans les autres pays → colonisation,

• Sphère politique : l’Etat est au service du capital. Il faut un Etat pour faire respecter les
contrats, la propriété privée. Et il faut un Etat pour trouver des nouveaux marchés, défendre
les capitalistes nationaux,….
Le capitalisme est un mécanisme autodestructeur. Il détruit ce qui fait sa force : la nature et les
hommes. Donc, il est voué à un renversement inévitable.
Dans le manifeste, il y a révolution car le prolétariat va se révolter. Ici, le capitalisme est atteint d’une
contradiction systémique et donc sera forcément remplacé.
« La production capitaliste ne développe la technique et la combinaison du procès de production
social qu’en ruinant en même temps les sources vives de toute richesse : la terre et le travailleur ».
➔ Marx voulait prouvé scientifiquement le caractère contradictoire du capitalisme.
Il n’y a rien de naturel dans le capitalisme (très riche et très pauvre,…), il y a du avoir une
construction.
« Pillage des biens d’Eglise, aliénation frauduleuse des domaines de l’Etat, vol de la propriété
communale, transformation usurpatoire de la propriété féodale et de la propriété du clan en
propriété privée moderne, menée à son terme avec un terrorisme impitoyable: autant de méthodes
idylliques de l’accumulation initiale…».
• « accumulation primitive » (XVe-XVIIIe) : moment de violence politique par lequel on va voler
aux paysans leurs terres (enclosures par exemple). Pillage des biens de l’Eglise,
transformation de paysans libre en travailleurs salariés. Il y a du avoir un forçage politique
par les rois. Par l’exploitation dans les usines, il y a accumulation par dépossession. L’Europe
s’est auto-colonisé, colonisation interne de l’Europe qui a rendu possible le capitalisme.
L’accumulation primitive va permettre à Rosa Luxemburg (théoricienne marxiste) d’expliquer la
colonisation : ce sont des capitaux qui sont investis dans de nouvelles ressources et dans de
nouveaux travailleurs qui sont exploité. C’est un processus où on fait rentrer de force des sociétés
non capitalistes dans le capitalisme. Tout ça au nom du progrès, de la modernité,… Privatisation des
terres et abolitions des pratiques culturelles, des anciens modes de vies,…
David Harvey explique à partir de l’accumulation primitive la mondialisation : conversion plus ou
moins forcée de la planète entière à la logique capitaliste.

• Privatisation de l’eau, des services publiques, du pétrole, des aéroports, de la recherche, de


l’éducation,…
« S’accroît le poids de la misère, de l’oppression, de la servitude, (…) mais aussi la colère d’une classe
ouvrière en constante augmentation, formée, unifiée, et organisée par le mécanisme même du procès
de production capitaliste ».
Marx a bien une vision dialectique et est donc bien Hégélien (position, contradiction, dépassement).
Le capitalisme va inévitablement se renverser en société socialiste. Il ne faut surtout pas revenir en
arrière, il faut accompagner l’industrialisation et la colonisation (négatif nécessaire) pour qu’il y ai un
jour une société socialiste.

• Thèse : expropriation capitaliste ;

• Antithèse : expropriation des expropriateurs ;

• Synthèse : propriété individuelle collective (chacun sera propriétaire de ce qui est en


commun).
➔ Mais, depuis 150 ans le capitalisme ne s’est toujours pas écroulé.
Il y a un optimisme anthropologique : Marx pense que fondamentalement l’homme est bon et que la
révolution va débouché sur une société fraternelle. Une fois qu’on mettra fin à la société capitaliste,
on mettra fin à toute force de domination (patriarcale, politique,…). La société communiste serait
une société de transparence et de paix.
Impensé de Marx : l’imaginaire. Il croit que l’abolition de domination matériel va abolir la domination
culturelle. Le conflit est inéliminable car le conflit est imaginaire → lutte pour la reconnaissance. Que
fait-on de l’être humain en tant qu’être de désir ? Comment va-t-on maitriser les désirs ? Comment
vas-t-on réguler les conflit ? Même si on abolit le capitalisme, la question des genres, du racisme, du
meurtre, de l’inceste,… demeurent. Il est très bon dans la partie travail mais ne parle pas des parties
désir et langage.
➔ Freud a vu ce que Marx n’avait pas vu et Marx a vu ce que Freud n’avait pas vu.
Freud (1856-1939) : Croyance d’un grand récit d’émancipation universel des auteurs en général. Dès
le XIXe siècles, remise en cause du progrès matériel (ne débouche pas sur des individus plus heureux
et plus libre). L’histoire n’avance pas de façon dialectique mais (peut-être) de façon tragique.
Nietzsche : premier grand théoricien du drame de l’histoire.
Freud est né à Vienne dans l’Empire d’Autriche-Hongrie. Au départ, il est médecin (neurologie –
psychiatrie). Fin du XIXe siècle, les maladies mentales, les troubles mentaux, ne peuvent pas être
soigner de façon physiologique (par la chirurgie, par la chimie). Freud fait l’hypothèse qu’on peut
soigner le patient via le matériaux à travers lequel s’explique sa pathologie, c’est-à-dire le langage.
Freud va s’inspirer d’une technique très en vogue à l’époque : l’hypnose.
Charcot étudie l’hypnose : il met sous hypnose des femmes victime d’hystérie et pendant cet
hypnose, les femmes racontent leurs fantasmes,… et après elles se sentent mieux mais ça ne dure
qu’un temps. Mais, il y a bien un effet thérapeutique de l’hypnose.
➔ début de la psychanalyse.
Moins le psychanalyste parle, mieux c’est. Le patient donne libre court à son imaginaire pour
remonter aux scènes enfuient qui sont à l’origine de sa souffrance.
Livres et articles rédigé par Freud :

• L’interprétation des rêves (1898) ;

• Trois essais sur la théorie sexuelle (1905) ;

• Association psychanalytique internationale (1910) ;

• Métapsychologie (1915) ;

• Au-delà du principe de plaisir (1920) ;

• L’avenir d’une illusion (1927) ;

• Malaise dans la civilisation (1930).


Est-ce que Freud a découvert l’inconscient ?

• Non, car toutes les cultures ont su qu’il y avait dans notre âme une part cachée. C’est ce
qu’on a appelé jusqu’au XIXe siècles : les passions. On a pas attendu Freud pour essayer de
soigner les passions. Il y a toujours eu des maladies mentales et il y a toujours eu des choses
pour essayer de les contrôler, de les calmer (voir Chamane).

• Oui, car il a découvert « le refoulement ». Il y a un mécanisme qui fait barrage aux pulsions
(sexuelles) incompatibles avec la réalité (sociale).
o Point fondamental chez Freud.
Ce refoulement est un rapport de force qui créé un conflit entre deux forces psychiques opposées :
nos pulsions (toujours sexuelles pour Freud) et la morale (qui fait barrage aux pulsions).

• C’est la Ca – Surmoi – Moi.


Ca : les pulsions ;
Surmoi : intériorisé les règles de l’inconscient et de la morale. Fait barrage aux « Ca » ;
Moi : sièges de notre identité (à la fois conscient et inconscient). C’est le résultat de ce conflit et le
médiateur (essaye de négocier et de trouver des compromis).
L’inconscient est quelque chose de métapsychologique. Ce n’est pas physique mais psychologique. Il
n’y a pas une partie du cerveau où il y a l’inconscient.
Le psychisme selon Freud recherche le plaisir.

• Le principe de plaisir : le moi cherche l’équilibre, l’absence de tensions. L’instrument pour


arriver à cette absence de tensions, c’est le principe de réalité : c’est la capacité que nous
avons de différer nos désirs ou de le refouler ou de le détourner.
o Parfois, le principe de réalité entre en conflit avec le principe de plaisir car le principe
de réalité va imposer du désagrément.
➔ L’individu ne se stabilise jamais totalement à l’équilibre.
Compromis : résidu d’inconscient qui parvienne à remonter (rêves, lapsus, acte manqué, souvenir,…).
Notre inconscient n’est pas notre part bestiale, instinctive. C’est ce qu’on a longtemps cru.
L’inconscient répond à une raison cachée, une certaine logique. L’inconscient se structure (c’est un
langage). C’est la condition de possibilité de toute subjectivité, de tout moi.
Jacques Lacan (1901-1981) : « l’inconscient est structuré comme un langage » ; « ça parle ».
On peut essayer de rentrer en dialogue avec l’inconscient (là où le Ca est, le je doit advenir). Il faut
donc faire en sorte que je comprenne le ça.
« Complexe d’Œdipe » :

• Chez le petit garçon : le petit qui est enfant est en désir de sa mère. Le petit garçon va
d’abord se structurer sur le désir d’inceste de la mère et désir du meurtre du père. Vers 3-4
ans, vient l’interdit, le père lui interdit certain geste. Le petit va s’identifier au père grâce au
phallus (l’identité, la force). Désir d’être comme le père.

• Chez la petite fille : à un moment donné, le désir de la mère passe au désir du père. Car la
petite fille se rend compte qui lui manque et que son père a, un phallus. La petite fille veut,
recherche le phallus. L’interdit va intervenir et s’identifier à la mère et va commencer à
chercher le phallus chez les autres hommes. Pour se construire en tant que sujet, il doit sortir
du complexe d’Œdipe.
3 grandes critiques :

• Est-ce que c’est universel ? B. Malinowski : dans les société matrilinéaire, ca ne marche pas.
o Oui mais, il y a un père symbolique qui joue le rôle du père.

• Interprétation phallocentrique (patriarcal) : de la société humaine. Toute la société humaine


est centrée autour du phallus.

• Interprétation très Hétéronormé : pas d’homosexualité.


o Mais Freud est un des premiers à dire que l’homosexualité n’est pas une maladie.
Le sujet va se construire dans une tension permanente entre les deux pôles du surmoi et du ca. Une
tension qu’on ne peut jamais totalement résoudre. Le sujet va osciller entre le moi et le surmoi :

• Si le « Ca » prend tout le dessus : psychose (déficit du surmoi).


o Paranoïa, Schizophrénie, trouble bipolaire,… → Délires, hallucinations.

• Si il y a excès de surmoi : Névroses.


o Obsessions : les désirs sont complètement bloqué. Angoisse, Phobie, Trouble
obsessionnel et compulsif, Hystérie.
Conclusion : personne n’est tout à fait normal selon Freud, il n’y a jamais de point de stabilisation.
Quelle lecture politique peut-on faire de ça ? Quel est le principal problème collectif que nos sociétés
ont a traversé ? Est-ce que la politique doit laisser libre ou serrer les vices ?
2 interprétations politiques de Freud : selon l’équilibre entre le surmoi et le ca, on peut avoir deux
interprétations politiques :

• Interprétation libertaire : il y a trop de surmoi, il faut libérer le désir.


Herbert Marcuse (freudo-marxisme) : il a écrit « Eros et civilisation » en 1955. la civilisation
occidentale réprime beaucoup trop notre éros. Essaye d’identifier un surmoi social → Les structures
de domination capitaliste. La société capitaliste met une surrépresion. Ces excès de répression sont
les règles de la société bourgeoise (être un bon travailleur, famille traditionnelle capitaliste,…).
➔ Il prône une libération sexuelle et une révolution sociale.

• Interprétation conservatrice : il y a trop de Ca, il faut contrôler le désir.


Jacques Lacan (1901-1980) : donne une place fondamentale à la notion de « père symbolique » :
instance inconsciente qui interdit en imposant sa loi. Structure le psychisme, produit un ordre
symbolique. Il vient interdire une série de désir. On ne parle pas du père « biologique ». Le père est
une construction symbolique. Façon pour Lacan de dire que le théologique est inéliminable chez
l’Homme. Nous sommes tous fondé sur une hétéronomie. Critique de l’hyper narcissisme et de
l’hyper individualisme.
Qu’est-ce qu’il en est de Freud ?
Deux réflexions vont amené Freud à revoir sa théorie :

• Freud constate des comportements qui ne relève pas du principe de plaisir. IL constate des
comportements qui ne vont pas dans ce sens :
o Masochisme,
o compulsion de répétition : traumatisé de guerre et d’attentat qui revienne
constamment vers l’évènement de leur traumatisme.

• La guerre de 14-18 : jusque-là, la guerre était une sublimation du désir pour Freud. Mais la
guerre 14-18 ne peut pas être interprété comme tel (arme total, horreur,…). Freud catégorise
ces comportements comme impossible au principe de plaisir.
« Au-delà du principe de plaisir » (1920) : fais une hypothèse philosophique qu’il y a en l’homme une
pulsion de mort. Pas une volonté de tuer ou de suicide mais le désir de retourner au néant. Pulsion
de régression, d’involution, pulsion de répétitions. Elle n’est pas une pulsion d’agressivité mais de
retourner au néant d’où nous venons tous.

• Narcissisme : Narcisse n’a que du plaisir que pour lui-même. Il n’arrive pas à avoir du plaisir
pour les autres. Il admire son reflet. Il finit par mourir en se noyant dans sa propre image. Ici
le narcissique est la pulsion de mort.
Freud fait l’hypothèse que nous sommes tiraillé entre deux pulsions :

• une pulsion de vie (« Eros ») : accepté d’être affecté par les autres ;

• Et une pulsion de mort (« Thanatos ») : se couper du monde, se refermer sur soi.


Combinaison entre Eros et Thanatos :
« Il est toujours possible d’unir les uns aux autres par des liens d’amour une plus grande masse
d’hommes, à la seule condition qu’il en reste d’autres en dehors d’elle pour recevoir les coups ».
Comment Eros et Thanatos vont-ils se combiner ?

• Première combinaison : Eros au service de thanatos : nous cherchons la fusion, amour de la


nation,… mais le but de Eros est la destruction des autres.
o Explication Freudienne du racisme : angoisse face à l’étrangeté → exclusion du corps
étranger. Angoisse de notre identité.

• Deuxième combinaison : c’est thanatos qui se met au service d’Eros : on cultive la pulsion de
mort pour consolider le droit, la civilisation et l’autorité politique.
« On commet une erreur de calcul en négligeant le fait que le droit était à l’origine la force brutale et
qu’il ne peut encore se dispenser du concours de la force » ;
« L’on devrait s’employer, mieux qu’on ne l’a fait jusqu’ici, à former une catégorie supérieure de
penseurs indépendants, d’hommes inaccessibles à l’intimidation et adonnés à la recherche du vrai, qui
assumeraient la direction des masses dépourvues d’initiative ».

• Lettre à Einstein.
➔ Les hommes éclairés conduisent ceux qui ne le sont pas.
Quel est le sens de l’histoire ?

• Selon Marx (dialectique) : « l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle est
capable de résoudre ».
o Marx a un grand optimisme anthropologique et historique : le négatif se transforme
toujours en société supérieur.

• Selon Freud (tragique) : « nous découvrons avec surprise que le progrès à conclu un pacte
avec la barbarie ».
o Freud a une vision tragique de l’histoire : on n’éliminera jamais les rapports de
domination.
L’autre scène du politique :

• Chez Marx : « l’antre secret de la production ».

• Chez Freud : « Le sujet n’est pas maître dans sa propre maison ».


Holisme/individualisme ; Ontologie relationnelle ; le « transindividuel » :
Chez Marx : « L’essence humaine (…) est l’ensemble des rapports sociaux ». (6e Thèse sur Feuerbach).
Chez Freud : « L’inconscient est structuré comme un langage ». (Jacques Lacan).
➔ Freud et Marx essaye de dépasser l’opposition entre le holisme et l’individualisme. Marx et
Freud considère que ce qui est ontologiquement premier, ce sont les relations entre les
individus et l’individu et lui-même.

Chapitre 12 : Théorie critique de la société : La philosophie politique de Nancy


Fraser
Nancy Fraser & Rahel Jaeggi : Capitalism. A Conversation in Critical Theory, Polity Press, 2018.
« Behind Marx’s Hidden Abode. For an Expanded Conception of Capitalism ».

• New Left Review, March-April 2014, n°86.


« Derrière l’antre secret de Marx. Pour une conception élargie du capitalisme », trad. E. Delruelle et V.
Bada.

• Les Temps Modernes, juil.-sept. 2018, n°699


Nancy Fraser est né en 1947 à Baltimore. Elle va commencer comme théoricienne féministe et anti-
raciste. Elle enseigne à la New School for Social Research (NYC). Université de science social très
petite (+/- 8-9000 étudiant). Université qui est une dissidence de l’université de Columbia. Né d’un
désaccord entre professeur et direction sur le fait de ne pas critiqué le gouvernement en place.
Nature des luttes culturelles (les luttes féministes pour l’égalité femme/homme et les luttes
antiracistes pour l’égalité civique). Elle appelle ça la condition post-socialiste : s’intéresser aux luttes
qui ne sont pas des luttes sociales classiques (entre capital et travail). Elle s’interroge sur les relations
entre les luttes socio-économiques et les luttes culturelles.
Deux grandes périodes :
Années 1990 :
dialogue avec les féministes sur les rapports entre les politiques de classe et les politiques
d’identités. Elle s’attaque au Marxisme orthodoxe (un seul clivage : la lutte des classes et les autres
types de lutte (genre et race) sont des luttes secondaires). Elle dit que ce n’est pas le cas. Les luttes
culturelles ne sont pas réductibles à des luttes économiques.

• La domination masculine est aussi fondamentale que la domination capitaliste. Et la


domination masculine n’est pas seulement une distribution économique injuste mais aussi
des aliénations culturelles, des répressions symboliques et institutionnelles.
➔ Approche bidimensionnelle : il faut toujours regarder les deux dimensions dans une analyse
(dimensions économiques et dimensions culturelles).
Exemple de dimensions économiques : les femmes ne sont pas rémunérées pour le travail ménagé.
Exemple de dimensions culturelles : valence symbolique des sexes : le masculin manifeste le
supérieur et le féminin l’inférieur (Le masculin, la raison. Le féminin, l’affectivité).
Livre : Seyla Benhabib, Judith Butler, Drucilla Cornell & Nancy Fraser, Feminist Contentions : a
Philosophical Exchange, Routledge, 1995.
Années 2000 :
les dialogues vont évoluer. Quel rapport entre les politiques de reconnaissance & les politiques de
redistribution ? les choses s’inversent un peu : Nancy Fraser se fait la défenseur du Marxisme.
Axel Honneth : Il a tendance à réduire toute forme de lutte (même économique) à une lutte
subjective de reconnaissance. Il veut réactualiser la lutte pour la reconnaissance de Hegel. Les
conflits sociaux sont structurés par la lutte pour la reconnaissance.
« Lutte pour la reconnaissance » :

• Sphère de la famille – amour ;

• Sphère du travail – estime de soi ;

• Sphère du droit – dignité.


Selon Honneth, nous sommes dans une société du déni de la reconnaissance :

• Dans la sphère de la famille, la société de consommation aliène nos désirs ;

• Dans la sphère du travail, la structure capitaliste ne reconnait pas le travail ;

• Dans la sphère du droit, discrimination de genre, de race,…


Réponse de Nancy Fraser : toutes les luttes ne sont pas des luttes pour la reconnaissance. Les luttes
économiques ont leur spécificité, ce sont des luttes pour la redistribution. Critère qui doit faire la
synthèse entre la reconnaissance et la redistribution, c’est la « Parité de participation » : nous
pouvons tous participer de façon égal à la vie social.
Livre : Redistribution or recognition ? : a Political-Philosophical Exchange, Verso, London & New York,
2003.
Conséquences de la philosophie de Nancy Fraser :

• Sur la plan théorique : approche bidimensionnelle (à la fois les questions de classe et les
questions d’identité).

• Sur le plan politique : Convergence des luttes sociales et des luttes culturelles.
Années 2010 :
Nancy Fraser a évolué en essayant de dépasser un autre type de dualisme :

• Avant, s’intéressait aux éléments subjectifs des luttes, pourquoi est-ce que les gens sont en
conflit ? (la redistribution ou la reconnaissance), au forme des conflits, des luttes.

• Maintenant, de plus en plus intéressée par les dimensions plus objectives de l’analyse
politique. Non pas les conflits mais les contradictions objectives, systémiques de la société
dans laquelle nous vivons.
o La crise du capitalisme est une crise systémique, une crise du système. La crise
environnementale a poussé la théorie de Nancy Fraser : face à la crise
environnementale, le capitalisme fait face à une crise objective, des contradictions
objectives. L’épuisement de certaines ressources, c’est un problème objectif. Ce
n’est pas subjectif comme si les gens n’étaient juste pas d’accord. Le capitalisme voit
ses limites avec la crise environnementale.
o John Bellamy-Foster : grande influence de la critique écologique du capitalisme. Fait
converger la critique Marxiste et la critique écologique. On ne résoudra les
problèmes écologiques actuels que par la sortie du capitalisme.
▪ Thèse de Bellamy-Foster : la contradiction fondamentale du capitalisme c’est
qu’il détruit ses propres conditions vitales de possibilité.
▪ Ecology Against Capitalism (2002) ;
▪ Marx’s Ecology : Materialism and Nature (2000).
Anthropocène – « capitalocène »

• Anthropocène : Impact systémique des activités humaines sur l’écosystème terrestre.

• « Capitalocène » de Bellamy-Foster : impact des activités du capitalisme sur l’écosystème


terrestre.
Nancy Fraser a été fort influencé par tous ces auteurs, d’où son projet de regarder maintenant à la
fois dans notre société les contradictions réels (systémique) et l’explication de niveau social (les
luttes subjectives).
Explication de niveau systémique :

• System-level explanation ;

• Contradictions « objectives ».
Explication du niveau social

• Social-level explanation ;

• Luttes « subjectives ».
Ces formes de conflits sont des symptômes des contradictions et/ou des réponses à ces
contradictions. Est-ce qu’un mouvement social est un symptôme ou une réponse ?
Comment articuler les deux niveaux ? l’analyse de contradiction du système avec l’analyse des luttes
subjectives. Marx n’avait pas ce problème, il disposait de la dialectique et la dialectique lui assurait
une harmonisation des deux niveaux. Le moment de la contradiction correspond au moment de la
révolution. Mais nous n’avons plus ce postulat de l’auto-harmonisation de la dialectique.
Théorie de Nancy Fraser :
Qu’est-ce que le capitalisme ?

• La propriété privée des moyens de production ;


o Lutte des classes,…

• Le libre marché du travail ;


o Le travail est une marchandise, salariat,…

• La dynamique sans fin d’accumulation.


o Accumuler pour accumuler, produire pour produire,…
Nancy Fraser se fonde sur le chapitre 24 « Accumulation primitive » : Exploitation & expropriation.
L’exploitation capitaliste repose sur deux conditions historiques d’arrière fond qui est :

• L’expropriation violente des terres et des ressources naturelles et humaines. Moment de


privatisation avec le colonialisme, pillage des biens de l’Eglise,… pour constituer des
propriétaires capitalistes de l’un et des prolétaires de l’autre (propriétaire terrien et paysan
salarié).

• La destruction des modes de vie traditionnels, des modes de parentés, des modes de
religions, des modes de vie. Puisque la condition politique du capitalisme, c’est de séparé la
production économique de toute les conditions de reproduction communautaire (parenté,
religion, relation personnelle,…).
o Dans la société médiévale : pour vivre, il fallait faire partie d’une communauté.
o Dans la société capitaliste : pour vivre, il faut de l’argent. Et pour avoir de l’argent, il
faut du travail sauf si vous avez de la fortune.
➔ Changement fondamental.
Marx pensait que ce moment d’expropriation était une condition historique du capitalisme. Qu’il
précède chronologiquement le capitalisme. Tandis que ce que montre Nancy Fraser (qui a repris ce
que disait Rosa Luxemburg), c’est que cette expropriation est une condition systémique du
capitalisme. Le capitalisme a tout le temps besoin d’accumulation primitive.
Nancy Fraser dit qu’on doit redoubler le geste de Marx, on doit aller derrière l’antre secret. Et ce qui
conditionne l’antre secret, c’est toute les conditions de la reproduction de la société (les familles, la
nature, les relations politiques,…). On doit aller derrière l’antre secret, derrière les mécanisme
d’exploitation pour voir tout les mécanismes d’expropriation et de destruction. Le capitalisme
montre des effets de violences politiques et non économiques.
Il y a dans le capitalisme une « trame avant » et une « trame de fond ».

• La trame avant (front-story) de l’exploitation :


o Relations de production.

• La trame de fond (back-story) de l’expropriation :


o Relations sociales – culturelles – politiques.
Karl Polanyi (1886-1964) :
Deux grandes critiques du capitalisme : la critique de Marx et la critique de Polanyi. Polanyi considère
que le capitalisme ce n’est pas l’exploitation, pas tellement les individus mais qu’il détruit la nature,
la nature humaine,…
➔ Théorie de la destruction.
La Grande Transformation (1944) de Polanyi.
Comment le capitalisme a pu arriver à la crise de 29 et arriver au fascisme ?
« Pour comprendre le fascisme allemand, nous devons revenir à Ricardo ». (p. 71).
Il définit le capitalisme par le « mythe du marché auto-régulé » : L’économie s’est désencastré de la
société. Dans toutes les sociétés, les échanges économiques sont encastrés dans la société : à travers
la famille, la nature, la politique,…
Définit 3 grands types d’économies : les économies de la réciprocité, de redistribution, de marché.
➔ Dans toutes économies, il y a les 3.
Ces échanges sont encastrés dans la société quand il s’encre dans des conditions non-économiques
qui créé l’économie :

• Le travail : le travail n’est pas en soi économique ;

• La terre : pour qu’il y ai une économie, il faut de la terre, des ressources,… ;

• La monnaie : n’est pas en soi économique, symbole de la confiance que la société à en elle.
Avec la capitalisme, le marché devient dominant et prétend être auto-régulé. Le marché finit par
transformé les conditions non-économiques en marchandises (fictives : on fait comme si c’était des
marchandises).
➔ Désencastrement.
Face à ce désencastrement, le marché fonctionne sur lui-même, et la société réagit pour se protéger.
Elle peut réagir mal ou elle peut réagir bien.

• Réagir mal : donne le fascisme, populisme,…

• Réagir bien : réencastrement de l’économie dans la société → Socialisme qui va réguler et


réencastrer le marché.
Double mouvement : le mouvement de l’auto-régulation du marché et le contre-mouvement de la
société qui essaye de se protéger (puisque le marché la détruit). Ce double mouvement conduit à la
violence et aux conflits.
« L’idée d’un marché s’ajustant lui-même était purement utopique. Une telle institution ne pouvait
exister de façon suivie sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire
l’homme et sans transformer son milieu en désert. Inévitablement, la société prit des mesures pour se
protéger, mais toutes ces mesures, quelles qu’elles fussent, compromirent l’autorégulation du
marché, désorganisèrent la vie industrielle, et exposèrent ainsi la société à d’autres dangers. Ce fut ce
dilemme qui força le système du marché à emprunter dans son développement un sillon déterminé et
finit par briser l’organisation sociale qui se fondait sur lui ». (p. 38).

• Décrit la mauvaise réaction de la société qui a conduit à des catastrophes (nazisme,


bolchévisme).
La Grande Transformation, c’est : Le désencastrement suivi de la destruction de la société, de
l’Homme, de la nature et la destruction des institutions politiques.
Polanyi pense que, comme on a connu le pire, il n’existera plus de marché auto-régulé.

• « Nous avons vécu le pire, le système de marché ne sera plus autorégulateur ». (p. 339).
Le « néolibéralisme » = une « seconde grande transformation » ? Polanyi était persuadé que ca ne se
reproduirait jamais. Lorsqu’on pensait que Polanyi avait tort, le libéralisme revient. Donc Polanyi
avait raison : ce qu’il a dit sur le libéralisme dans les années 20-30 sert de grille de lecture pour le
néo-libéralisme d’aujourd’hui.
Nancy Fraser va croiser la théorie marxiste et Polanyienne mais crédite Polanyi d’un double avantage
sur Marx :

• Polanyi voit que la crise du capitalisme est une crise multidimensionnelle : pas seulement
économique mais aussi une crise sociale, écologique et politique.
o Mais il y a une « grammaire commune ».

• Il Montre que cette « grammaire commune » de la crise ne se formule pas en terme


d’exploitation mais de destruction.
➔ Marx ne pouvait pas dire ça car il avait la dialectique. Ne pouvait détruire que dans le but
d’amener le socialisme.
« Pour Polanyi, la crise capitaliste est moins à comprendre en termes d’effondrement de l’économie
au sens strict, que de désintégration des communautés, d’éclatement des solidarités et de pillage de
la nature. Ses racines se trouvent moins dans des contradictions internes à l’économie – comme la
baisse tendancielle du taux de profit – que dans un gigantesque repositionnement de l’économie par
rapport à la société ».

• N. Fraser, Le féminisme en mouvements. Des années 1960 à l’ère néolibérale, trad. E.


Ferrarese, La Découverte, 2012, p.310.
Thèse fondamentale de Nancy Fraser (très Polanyiènne) :
Avant plan : la production économique (economic foreground).
Arrière-plan : il y a des conditions de possibilités non économiques d’arrière fond (non-economic
background), 3 sphères qui conditionnent l’économie :

• Sphère de la reproduction sociale : reproduction de la force de travail.


o Il faut des travailleurs donc des naissances, des activités de soin, des relations
affectives. Puis le travailleur doit se reposer, se soigner,…
o Le travailleur a besoin d’activités de soin « qui produisent des sujets humains du
capitalisme ».

• Sphère de la nature : pas de production économique possible sans une prise sur la nature.
o Réservoir de ressource pour la production, en même temps que la déchetterie. En
soi, la nature n’est pas une marchandise.
o « réservoir « d’intrants » pour la production, en même temps que sa
« déchetterie » ».

• Sphère politique : besoin d’un « cadre juridique soutenant l’entreprise privée et les échanges
marchands ».
o Etat, administration, tribunaux, prison,…
o Il faut aussi un cadre économique global (mondialisation) avec un « système
international d’Etats territoriaux ».
Deux grands paradigmes Marxiste :

• Critique économique du capitalisme fondé sur l’exploitation.


o Nancy Fraser dit qu’il ne suffit pas de changer de mode de production pour sortir du
capitalisme.

• Critique culturelle du capitalisme totalisante : tout est capitaliste, tout est marchand.
o Le capitalisme = « forme réifiée de vie éthique qui se caractériserait par une
marchandisation et une rentabilisation généralisées ».
o Le capitalisme est une forme culturelle qui transforme tout en marchandise.
Transforme les sujet en objet. Même si nous ne sommes pas des marchands
capitalistes, nous sommes aliénés par le capitalisme.
o Nancy Fraser dit que ce n’est pas vrai totalement. Il y a beaucoup d’espaces non
marchand et d’activités qui ne sont pas marchands.
L’école de Francfort sont les premiers à critiquer la consommation.
Nancy Fraser propose une 3e critique : une critique politique du capitalisme. Le capitalisme n’est ni
un système économique (trop court) ni une grammaire culturelle totalisante mais est un ordre social
institutionnalisé : Ensemble différencié marqué par deux caractéristiques :

• désencastrement de l’économie.

• La production économique reste dépendante des sphères conditionnantes.


Elle cite Hegel, Principes de philosophie du droit :

• « La sphère des relations contractuelles n’est elle-même possible que sur base d’un arrière-
fond de relations sociales non-contractuelles ».
Nancy Fraser assume que son projet est un projet critique « hégélien de gauche ».
Le capitalisme est contradictoire car :

• D’un côté, le capitalisme est un ordre social et donc essaye de se reproduire et tente de se
reproduire à travers des divisions institutionnels qui nous paraissent finalement naturel.
o Division « privé -public » qui va séparer l’économie de la reproduction social qui est
du privé ; division « nature-culture » ; division « société civil-Etat » qui sépare
l’économie de la sphère publique.
o Sous cette angle, le capitalisme a besoin de stabilité. C’est pourquoi les agents du
capitalisme vont valoriser la famille, la nature, la démocratie.

• D’un autre côté, le capitalisme est une logique d’accumulation sans fin, d’auto-
développement. Il tend à parasiter les sphères conditionnantes avec cette reproduction sans
fin. Au point de menacer la viabilité du système.
o Sous cette angle, le capitalisme est révolutionnaire.
Les sphères conditionnantes sont instituées par le capitalisme :

• La sphère de la reproduction sociale est instituée comme une sphère privé.

• La sphère environnementale est aussi institutionnalisé qui est neutre,.. et qui est à la
disposition de l’homme.

• Et la sphère politique est institué comme séparé de la société civil et du marché.


Mais ces sphères conditionnantes sont quand même hétérogènes à la sphère marchande.

• « Chacun de ces antres secrets abrite une ontologie de pratiques sociales et d'idéaux
normatifs qui lui est propre ».
o Malgré tout, chacune de ses sphères a sa propre logique d’idéal normatif, elles ont
leurs propres valeurs fondamentales.

• « divergence par rapport aux valeurs d’avant-plan du capitalisme : croissance, efficacité,


égalité des échanges, choix individuel, liberté négative, promotion méritocratique ».
Nancy Fraser veut montrer qu’il y a des divergences entre les valeurs du capitalisme et les valeurs
des sphères conditionnantes.
Le schéma de Nancy Fraser permet de comprendre les conflits sociaux, la révolution néolibérale et sa
crise actuelle.
Distinguer deux types de luttes :

• Les luttes des classes (conflit sociaux classique) : lutter contre les mécanismes d’exploitation
→ mode de production.

• Les luttes-frontières (boundary-struggles) : lutte qu’on va mener contre les mécanismes de


destruction du capitalisme. Lutte contre la destruction de ses propres conditions de
possibilité :
o Mouvements féministes (sphère de la reproduction sociale) ;
o Ecologiques (sphère de la nature) ;
o Altermondialistes & décoloniaux (sphère politique).
Norman Ajari : jeune philosophe français, « La dignité ou la mort. Ethique et politique de la race », La
Découverte, 2019.

• Approche « afro-décoloniale » : le sort qui a été fait au africains est un racisme qui a
débouché sur la traite négriaire, l’apartheid et est le révélateur de notre société.
Comment articuler ces luttes entre elles (classe-race-genre) ? Chacune de ses luttes doit garder sa
spécificité mais comment les faire converger ?
Les luttes-frontière ne sont pas des luttes fonctionnelles (où elle ne ferait que restaurer les
institutions capitalistes), elles sont anticapitalistes. Il s’agit bien chaque fois de démarchandiser les
sphères sociales.

• Ces luttes frontières vont vouloir affirmer la spécificité de chaque sphère contre le marché.
Lutte qui affirme la frontière (le marché ne doit pas envahir les sphères).

• Ces luttes peuvent aussi changer la nature de la frontière entre le marchand et le non-
marchand
o Exemple : en contestant l’opposition privé-public, les questions privées sont des
questions politiques (les questions de violences conjugales sont des questions
politiques, la double journée de la femme est une question politique).

• Mais c’est impossible d’être en dehors de l’ordre social capitaliste. Y pas de dehors de la
société capitaliste.
o « Aucun des domaines non économiques n'offre un point de vue totalement extérieur
qui pourrait donner lieu à une forme de critique absolument pure et pleinement
radicale ».
Le capitalisme est le cadre, la civilisation dans laquelle nous vivons (le capitalisme englobe les 3
sphères qui nous conditionne) mais est aussi une logique d’accumulation qui part d’une sphère
marchande (complètement distingue des sphères conditionnantes).
Frontière « subjective » ou « objective » ? Il y a les deux, approche bidimensionnelle.
Explication de niveau systémique (objectif) :

• System-level explanation ;

• Contradictions systémiques ;

• Les luttes de ces individus sont des symptômes de ces frontières ;


• Exemple : Le dérèglement climatique a quand même lieu même si personne ne proteste.
Explication de niveau social (subjectif) :

• Social-level explanation ;

• Luttes sociales ;

• Les luttes de ces individus sont des causes de ces frontières ;

• La lutte part de la subjectivité de l’individu.


Marx ne se pose pas la question parce que la dialectique fait la convergence des deux. La
contradictions sera nécessairement dépassé.
Pour Nancy Fraser, la synthèse doit être politique :

• Théorie critique : les luttes subjectives et les contradictions systémiques sont une même
crise : organique, systémique, générale.

• Sur la plan pratique : il faut des organisations, des institutions (les corps intermédiaires).

• Passage du niveau subjective au niveau objectif : la crise est une crise que si elle est
éprouvée par les sujets.
La théorie de Nancy Fraser permet d’expliquer l’évolution du capitalisme :
Entre 1945-1979 :

• Le capitalisme est « sous pilotage étatique » (state-managed capitalisme) qui va


correspondre à une période social-démocrate avec une construction de l’Etat sociale.
Entre 1980-2015 :

• Le capitalisme « financiarisé » et l’Etat néolibéral.

• Margaret Thatcher (1979-1990) ; Ronald Reagan (1981-1989).


Qu’est-ce que l’Etat social ?
Compromis entre les propriétaires et le mouvement ouvrier avec la mise en place de l’Etat sociale.
On maintient le libre marché du travail, l’accumulation du capital,… mais régulé. Les ouvriers
bénéficient de protection.
L’Etat social repose sur 3 piliers :

• Services publics : Education, culture,… et satisfaction des besoins fondamentaux (énergie,


communication, transport).

• Sécurité sociale : Chômage, Santé et incapacité de travail,… retraites, allocation familiales.

• Droit du travail : donne des statuts aux travailleurs et conventions collectives. C’est au-
dessus du contrat de travail.
L’Etat social est activé par 3 leviers :

• Politiques de régulations : monnaie, Crédit, Investissement.


o Visent le plein emploi.

• Politique de redistribution : Cotisations sociales, impôt progressif sur le revenu.


o Visent la cohésion sociale.

• Politiques de concertation sociale : gestion paritaire de la sécurité sociale.


o Donnent une forme démocratique au conflit capital/travail.
L’objectif premier est la « démarchandisation » de toutes les activités et ressources qui permettent
une vie digne.

• 42% du PIB qui est socialisé et arraché à la pure logique marchande.


Comparé au système de soins de santé américain, notre système « continental » est moins cher et
offre une meilleure couverture.
Objectif du pacte social : la mise en place d’un dispositif de cohésion sociale, indispensable à la paix.
3 gros défauts de l’Etat social :

• Système assez patriarcal : femme au foyer et homme qui travail ;

• Système fondé sur beaucoup de croissance donc très peu d’attention sur les enjeux
climatiques ;

• Etat social qui existait dans les pays occidentaux mais pas dans les pays du sud. Donc, nous
les avons exploité.
La contre-révolution néolibérale :
Ces mouvements ont commencé à naitre dans les années 60 et fusion progressives des luttes (mai
68). A partir du début des années 70, le capitalisme a réagi avec une contre-révolution néolibérale.
Deux grandes phases du déploiement des politiques néo-libérales :
Décennies 1990-2000 :

• Compromis avec l’Etat social : on ne s’attaque pas à la sécurité sociale mais le néolibéralisme
s’est attaqué au services publics et le droit du travail qui a été flexibilisé. Ce qui permettait
aux sociaux-démocrates d’avoir une lutte historique avec la sécurité sociale.

• « Néolibéralisme progressiste » (Clinton-Obama).

• Attaque de 2 fondements :
o Privatisation des services publics (post, transport, banques,…) et flexibilisation du
droit du travail (logique de remarchandisassions forcée des individus).
Attaque des 3 leviers :

Crise de la dette privée (2008) et publique (Grèce) :

• Fuite en avant du néolibéralisme : les capitalistes veulent faire du gros profit (7-8%) alors que
la croissance est de 1-2%. Ils vont prendre la richesse autrement.

• Donc, le néolibéralisme s’attaque au cœur de l’Etat social : la sécurité social : chômage,


retraites, santé.
o Sociaux-démocrates déstabilisé : les gens votent pour d’autres partis politiques car ils
ne savent plus défendre la sécurité sociale.
➔ Populisme réactionnaire (Trump-Brexit).

• Etat social « actif » :


o Recul de l’âge de la retraite et affaiblissement du 1er pilier de pension ;
o Dégressivité des allocations de chômage ;
o « Privatisation » et économies dans les soins de santé.

• Le capitalisme financiarisé est en train de perdre sa légitimité.


Nancy Fraser, « The End of Progressive Neoliberalism », Dissent, January 2017.
Nancy Fraser pense que le populisme réactionnaire est un symptôme de la crise. Delruelle craint que
ce populisme réactionnaire est plutôt un type de réponse : si les forces néo-libérales veulent
continuer dans le système politique actuel, il faudra des modes de gouvernementalité de moins en
moins démocratique (de plus sécuritaire, de plus en plus identitaire).
➔ Réponse des classes dominantes à la crise.
Nancy Fraser veut changer le populisme réactionnaire en « populisme progressiste » :
Le populisme en anglais n’a pas le même sens que chez nous. En français, le populisme a une
connotation totalement négative (simpliste, nous >< eux,…) tandis qu’en anglais (et surtout dans le
contexte américain), le populisme a fondamentalement une acception positive (le bon sens du
peuple). Le peuple a finalement un bon sens et que même si il l’exprime mal, le peuple a un bon
fond. Ils n’ont pas vraiment connu le fascisme (Hitler, communisme,…).
Elle plaide pour une politique de protection, une politique de redistribution en faveur des classes
sociales oubliées et une politique d’émancipation pour les groupes discriminés.
➔ « Scénario émancipation-plus-protection »
Théorie des crises : on voit bien que ce qu’on ne peut plus reprendre à Marx, c’est une théorie
dialectique des crises. On doit voir la théorie des crises selon une théorie de bifurcation.
Crise « organique » :

• « L’ancien est en train de mourir alors que le nouveau n’arrive toujours pas à naître : dans cet
interregnum se manifestent toute une série de symptômes morbides ».
o Antonio Gramsci, Cahiers de prison (Gallimard, III, §34, p. 283).
o Gramsci avait encore une vision dialectique.
Deux voies pour l’histoire : la continuation dans le néolibéralisme aménagé avec l’appui du
nationalisme, de mode de gouvernementalité ultrasécuritaire (NVA ?) ou quelque chose comme une
nouveau pacte social.
Parenthèse sur la migration :

• Le problème n’est pas la migration d’Afrique du Nord, de Syrie,… mais la migration intra-
européenne (travailleur Roumain, Bulgare et Polonais), migration tout à fait légal mais
déstabilise totalement le marché du travail national car ils sont exploités,…
Féminisme libéral, néo-libéral : les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes chances dans la
compétition. Mais ca valide le fait de la compétition.
Nancy Fraser pense que c’est un mauvais féminisme, elle préconise un féminisme pour les 99% : le
féminisme doit absolument être solidaire des combats sociaux et des combats anti-raciste.
L’oppression de genre est enraciné dans le capitalisme pour Nancy Fraser.

• Féminisme anticapitaliste ;

• Féminisme antiraciste et anti-impérialiste ;

• Féminisme écologiste ;
o « Ecoféminisme ».

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