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Etat Comme Sujet de Reflexion

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L’Etat comme sujet de réflexion

VOLONTARISME, INSTITUTIONNALISME,
CONTRACTUALISME , MARXISME
Volontarisme

 un Etat perçu comme la résultante d’une volonté.


(soit en réponse à un instinct naturel de l’homme
d’organiser sa vie collective, soit en application des
lois divines)
D’abord Aristote l’organiciste

 « La communauté née de plusieurs villages est la cité


parfaite, atteignant désormais, le niveau de l’autarcie
complète.»
 L’homme est un animal politique : social et
raisonnable d’autant que « la cité est une réalité
naturelle et que l’homme est par nature destiné à
vivre en cité.» L’homme et la cité forment par
conséquent un ensemble homogène.
 L’homme se distingue par son appartenance à une
polis (cité).
16 siècles après : Saint Thomas

 Le philosophe Italien Saint Thomas D’Aquin


(1225- 1274): christianisme et pensée aristotélicienne
(justice et meilleur gouvernement.)
 une distinction entre la loi divine et la loi naturelle
qui ont une réalité transcendante et la loi positive qui
est humaine.
 Pour lui, dans la mesure où la nature est inscrite
dans l’essence divine la loi naturelle « n’est pas
distincte de Dieu dont elle provient ». (conformité
avec les principes universels du droit naturel pour
arriver à la justice et à l’application de la vertu)

 « Le pouvoir spirituel et le pouvoir séculier
proviennent- dit-il – l’un et l’autre du pouvoir
divin »
Huit siècles avant : Saint Augustin

 la conception religieuse on peut citer Saint Augustin (354- 430) dont les
œuvres les plus célèbres sont : « confessions » (400) et « la cité de Dieu »
(420-429) où l’apport politique demeure incontestable.

 La théologie politique d’Augustin repose sur la distinction des deux cités
qui se partagent l’humanité. « Deux amours, écrit Augustin, ont bâti deux
cités, l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu : la cité de la terre ; l’amour de
Dieu poussé jusqu’au mépris de soi : la cité de Dieu. »

 La cité pour Augustin est une donnée de la nature et l’homme a une
tendance naturelle à se réunir en communauté : « le peuple est l’association
d’une multitude raisonnable qui s’unit pour jouir en commun et d’un même
cœur les choses qu’elle aime.»

 . Berrada , Penser…, déjà cité, pp.151-156
Deux traits:

 - La cité terrestre est nécessairement corrompue


parce qu’elle est humaine tandis que la cité de Dieu
demeure intemporelle étant donné que c’est la
providence divine qui gouverne l’histoire.

 Si l’Etat de la cité terrestre peut tolérer que se
développent en son sein des controverses
philosophiques dont la solution est inaccessible, il ne
saurait toutefois, selon Augustin, en être de même
pour la cité de Dieu.
L’origine du pouvoir :

 Tout pouvoir vient de Dieu tout en soulignant qu’il


faut se soumettre à l’autorité terrestre du moment
que tout pouvoir vient de Dieu sachant que la justice
est une notion éternelle et universelle.
Puis: L’institutionnalisme

 Point focal: la notion du pouvoir politique (les


rapports de domination au sein d’une société)

 La dimension institutionnelle équivaut à une volonté


d’institutionnalisation. Tantôt on est devant un Etat
qui devrait avoir la main haute même au détriment
de la société tantôt c’est l’équilibre qui a le dessus.
Machiavel d’abord 1469-1527 ( pouvoir fort)

 L’Italien Niccolo Machiavelli (ou Nicolas


Machiavel) pose les fondements de cette approche: la
cité n’existe pas en tant que telle, mais plutôt parce
qu’elle a été voulue.

 Dans Le prince: deux postulats ( L’homme n’est pas


naturellement vertueux et la violence est justifiée
quand elle est constructive. )
Légitimation machiavélique

 « Le prince –dit-il – qui veut se faire craindre doit


s’y prendre de telle manière que, s’il ne gagne point
l’affection, il ne s’attire pas non plus la haine ; ce qui,
du reste, n’est point impossible. »
 « ce qui est absolument nécessaire, c’est de savoir bien
déguiser cette nature de renard, et de posséder
parfaitement l’art de simuler et de dissimuler. Les
hommes sont si aveuglés, si entraînés par le besoin du
moment, qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui
se laisse tromper » ?
 « seules bonnes armes, seules bonnes troupes, celles qui
sont propres au prince, composées de ses citoyens, de ses
sujets » - dit-il avant de mettre en exergue la nécessité
d’un prince rusé dont les caractéristiques sont la crainte
éprouvée par ses sujets, la non fidélité à ses engagements
si besoin est ainsi que le recours au paraître sur les
décombres de l’être.
La fin justifie les moyens :

 Avec ce penseur c’est la légitimation de la


stabilité qui est mise au devant avec un
pouvoir fortement centralisé incarné dans un
prince – gouvernant dont tous les moyens
d’action restent justifiés en vue d’asseoir sa
domination et se maintenir au pouvoir autant
que possible.
Jean Bodin ( absolutisme monarchique)

 Le Français Jean Bodin (in « Les Six Livres de la


République », 1571): l’institutionnalisation sans
équivoque .
 Pour lui:
 - L’absolutisme monarchique s’impose comme frein
aux luttes d’influence ;
 - L’organisation étatique doit reposer sur un pouvoir
royal dont la force permet de réduire les divisions;
 Ce pouvoir se doit toutefois d’être respectueux du
parlement et des états généraux.
De Montesquieu: La loi

 Avec le politologue franco-suisse Charles de


Montesquieu (1689- 1755) théoricien de la loi:
L’esprit des lois (1748), les considérations sur les
causes de la grandeur et de la décadence des
Romains (1734).
 La loi ( dans ses dimensions normatives et
anthropologiques), la liberté politique et la
taxinomie des régimes politiques.
 Méthodologie empirique
 L’Esprit des lois: « Les lois … sont des rapports
nécessaires qui dérivent de la nature des choses. »
 « la loi, en général, est la raison humaine en tant
qu’elle gouverne tous les peuples de la terre ; et les
lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent
être que les cas particuliers où s’applique cette
raison humaine. »

 Contexte et histoire :
 « Plusieurs choses –dit-il- gouvernent les hommes :
le climat, la religion, les lois, les maximes du
gouvernement, les exemples des choses passées, les
mœurs, les manières, d’où il se forme un esprit
général qui en résulte. »
La loi et la démocratie : corrélation


 La démocratie s’effiloche si l’Etat n’a plus de signification qu’à travers le
prisme des avantages qu’il procure et les lois se font bafouées.

 « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition


des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »

Le contractualisme ou l’Etat contrat

 ) Face à un certain naturalisme, puisant notamment


de la philosophie grecque, ou encore à
l’institutionnalisme, faisant des institutions le
postulat dogmatique, les contractualistes sont
montés au créneau pour battre en brèche l’approche
institutionnelle de l’Etat.
Signification:

 La conception contractuelle de l'Etat résulte d’une


culture qui définit l’être humain comme un être
rationnel (idéologie individualiste et utilitariste de
la nature humaine) :
 Les individus préexistent à la société qu’ils fondent
d’un commun accord. (Conception « artificialiste » de la
société).
 Les individus sont naturellement égaux et compétitifs
tout comme leur tendance à rechercher la sécurité.
 Les individus sont naturellement calculateurs.
 Selon les définitions classiques fournies par le juriste et
philosophe allemand du droit naturel Samuel von
Pufendorf (1632- 1694) dans son ouvrage De jure
naturae et gentium (Du droit naturel et des gens, 1672) :
 • L’état de nature(chacun étant libre et égal à tous);
 • Le contrat de société ou « contrat
d’association » (s’unir pour conférer à une seule
personne ou à une assemblée la mission de décider);
 • Le contrat de gouvernement ou « contrat de
soumission » (l’abandon volontaire et complet de la
souveraineté individuelle aux mains des gouvernants).
 A ce stade l’on retient les explications de Locke, de
Hobbes et de Rousseau, porteurs de l’étendard du
contractualisme, tout en se distanciant dans le
paramétrage de la société et les manifestations
institutionnelles.
Hobbes (1588-1679) : L’Etat avant tout

Thomas Hobbes souligne dans son Leviathan 


(1651) que: « La renonciation par l’homme à sa
puissance naturelle au profit de l’Etat s’impose
comme une nécessité de la vie en société ; L’autorité
publique doit cependant accepter les limites
qu’impose le respect du droit de la personne. »
 Etat omniprésent et intensément interventionniste (
en réaction à la vulnérabilité de son pays :
L’Angleterre
 The Leviathan a évoqué la nature humaine, la
formation et la nature de l’Etat sans occulter
d’établir la place escomptée à la religion et le rôle que
devrait jouer le souverain pour asseoir son autorité et
consolider son pouvoir.
 « Les hommes sont égaux par nature »;
 « le droit de nature … est la liberté que chacun a
d’user de sa puissance propre, comme il l’entend,
pour la préservation de sa propre nature, c’est-à-
dire de sa propre vie . »
 L’état de nature est considéré donc sous le prisme de
la guerre. «Aussi longtemps que les hommes vivent
sans un pouvoir commun qui les tienne tous en
respect, ils sont dans une condition –dit-il- qui se
nomme guerre. »
 Hobbes était le théoricien de l’absolutisme puisque,
selon lui, le contrat social qui fonde l’état de société
demeure un contrat de soumission ayant
comme caractéristiques d’une part la soumission
totale et d’autre part le fait que le maître lui-même
ne soit pas lié par ce contrat.
 Ce qui préserve l’État, selon cette logique, c’est
l’autorité. « Sans le glaive, dit-il, (sword), les
pactes ne sont que des mots (words) ».
 La seule chose que Hobbes exige des citoyens, c’est
l’obéissance .En contrepartie, ils gagnent la
sécurité et le respect de leurs biens.
Locke: La pondération

 John Locke (1632 – 1704), « la guerre de tous


contre tous » n’a plus de place mais plutôt une
liberté et des actions s’inscrivant dans la logique du
droit naturel.
 « c’est un état de parfaite liberté, où ils règlent leurs
actions et disposent de leurs biens et personnes
comme ils l’entendent, dans les limites de la loi
naturelle, sans demander d’autorisation, ni
dépendre d’aucune autre volonté humaine. »
 Dans « Lettres sur la Tolérance », 1689 et « Le
Second Traité du Gouvernement Civil », 1690) il
annonce sans ambages que la mission de l’Etat est
d’assurer le respect des droits naturels du
citoyen avec comme limite la possibilité
d’insurrection du citoyen contre lui en cas de
dépassement.
 Pour Locke, le passage de l’état de nature à l’état de
société se fait par consentement mutuel sauf que nul
gouvernement légitime (c’est-à-dire librement
consenti) ne saurait être un gouvernement absolu.
 L’idée de Locke est que, dans l’état civil, la règle est
celle de la majorité et non de l'autorité absolue
d'une quelque instance.
Rousseau : le contractualiste du peuple


 Avec Jean jacques Rousseau (1712- 1778) la
dimension contractuelle trouvera toute sa
traduction.
 « l’homme est né libre… Renoncer à sa
liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme,
aux droits de l’humanité, même à ses
devoirs. » JJR

 La solution: Le contrat social qui sauvegarderait la
liberté de l’homme et ses droits inaliénables
 « Chacun de nous, aux dires de Rousseau, met en
commun sa personne et toute sa puissance sous la
suprême direction de la volonté générale, et nous
recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout. Chaque associé s’unit à tous et ne
s’unit à personne en particulier ; il n’obéit ainsi qu’à
lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. »
 Rousseau s'opposait également avec véhémence au
principe de la démocratie représentative lui
préférant une forme de démocratie directe, calquée
sur le modèle antique.».
 « La souveraineté, dit-il, ne peut être représentée,
par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle
consiste essentiellement dans la volonté générale, et
la volonté ne se représente point : elle est la même,
ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les
députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être
ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ;
ils ne peuvent rien conclure définitivement »,
concluant que « Toute loi que le peuple en personne
n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi
L’origine conflictuelle :


 La dimension conflictuelle sera la pierre
angulaire de l’école marxiste dès la deuxième
moitié du 19 ème siècle (y compris le
marxisme- léninisme et le maoïsme qui ont donné
d’autres dimensions pratiques aux idées jalonnées
par le philosophe allemand Marx (1818-1883) et
l’économiste anglais Frédéric Engels -1850-1895-).
 Marx et Engels, qui ont voulu se démarquer
méthodologiquement du socialisme utopique, ont
fondé les explications de l’histoire sur la notion du
matérialisme historique: « ce n’est pas la conscience
des hommes qui détermine leur être, c’est au
contraire leur être social qui détermine leur
conscience. »
 On est donc face à une conception purement
matérialiste de l’histoire qui part de la thèse que « la
production, et après la production, l’échange de ses
produits, constituent le fondement de tout régime
social… En conséquence, ce n’est pas dans la tête des
hommes, dans leur compréhension croissante de la
vérité et de la justice éternelles, mais dans les
modifications du mode de production et d’échange
qu’il faut chercher les causes dernières de toutes les
modifications sociales et de tous les
bouleversements politiques. »
 Cela étant, la classe ouvrière ou le prolétariat finirait, selon la
thèse marxiste, par avoir le dessus en profitant des
contradictions du système capitaliste et de l’exploitation
exorbitante pour instaurer leur propre dictature ayant comme
conséquence inéluctable la disparition de l’Etat puisqu’il n’est
que la transposition des antagonismes de classes.
 « L’ensemble de ces rapports de production constitue –selon
Marx- la structure économique de la société, la base concrète
(l’infrastructure) sur laquelle s’élève une superstructure
juridique et politique et à laquelle correspondent des formes
de conscience sociale déterminées… Le changement dans la
base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute
l’énorme superstructure. »
 A partir donc de l’infrastructure de la société (forces
productives et rapports de production) qui regroupe
les bases technico-économiques d’une société –
poursuit l’analyse marxiste- que l’on peut expliquer
la superstructure qui incarne les institutions
politiques, sociales, juridiques ainsi que ses bases
phares philosophiques, culturelles, morales et
religieuses.
Infra – supra ( Interaction dialectique)

 L'infrastructure désigne ce qui est relatif à la production :


 Les conditions de production (climat, ressources naturelles) ;
 Les forces productives (outils, machines) ;
 Les rapports de production (classes
sociales, domination, aliénation, salariat...).
 C'est de l'infrastructure, que selon Marx et Engels, découle la
superstructure.
 La superstructure désigne l'ensemble des idées d'une société, c'est-à-dire
ses productions non matérielles :
 Les institutions politiques ;
 Les lois ;
 La religion ;
 La philosophie et la pensée ;
 La morale ;
 L'art ;
 La conscience de soi.

 « … Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur
existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine
leur conscience. A un certain degré de leur développement, les
forces productives matérielles de la société entrent en collision avec
les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues
jusqu'alors, et qui n'en sont que l'expression juridique…
 On ne juge pas une époque de révolution d'après la conscience
qu'elle a d'elle-même. Cette conscience s'expliquera plutôt par les
contrariétés de la vie matérielle, par le conflit qui oppose les forces
productives sociales et les rapports de production. »
 Karl Marx Avant-Propos à la Contribution à la critique de
l'économie politique, 1859, édition La Pléiade, Karl Marx Œuvres
Economie I.
 « Est-il besoin d'une grande perspicacité pour
comprendre que les idées, les conceptions et les notions
des hommes, en un mot leur conscience change avec tout
changement survenu dans leurs conditions de vie, leurs
relations sociales, leur existence sociale ? Que démontre
l'histoire des idées, si ce n'est que la production
intellectuelle se transforme avec la production
matérielle ? Les idées dominantes d'une époque n'ont
jamais été que les idées de la classe dominante. »
 Karl Marx & Friedrich Engels, Manifeste du parti
communiste, 1848

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