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Commentaire Préambule 1958

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PRÉAMBULE DE LA CHARTE DE 1814 – COMMENTAIRE.

« Notre premier devoir envers nos peuples était de conserver, pour leur propre
intérêt, les droits et les prérogatives de notre couronne. » : voici un extrait du Préambule de
la Charte de 1814, une charte visant à la restauration d’un type de régime antérieurement
connu mais également l’application de nouveaux droits acquis.
La Charte de 1814 sera rédigée et entrera en vigueur le 4 juin afin de réglementer la
monarchie, et son préambule vise à rassurer le peuple français en présentant ses motifs ainsi
que ses buts.
Les tentatives de rédaction et surtout de l’application des constitutions républicaines
instituées par les gouvernements à la fin de la monarchie en 1792 n’auront jamais beaucoup
de succès en raison de la situation instable dans laquelle se trouve le pays à l’époque. Les
divergences au sein du pays en matière de mentalités et de volonté de changer le pouvoir
vont amener à des transformations drastiques du fonctionnement gouvernemental, jusqu’à
percevoir à partir de 1814 un semblant d’émergence d’un régime parlementaire,
notamment par les textes qui entrent progressivement en vigueur mais surtout dans la
pratique ; en parfaite contradiction avec le régime monarchique absolu qui était en place 25
années plus tôt.
Le pouvoir au début du XIXe siècle est donc fortement affaibli, ce qui favorise un
retour vers un type de régime monarchique, que l’on qualifie de Restauration, une tentative
pour les royalistes de reprendre le pouvoir à la suite de la Révolution et du premier Empire.
Le choix des mots utilisés dans la Charte de 1814 et notamment dans son préambule
permet de comprendre que l’objectif premier était un retour en arrière en matière
constitutionnelle, vers un régime dirigé par un Monarque disposant des droits divins.
Cependant, bien qu’elle ait pour vocation la restauration de la monarchie, on peut tout de
même y retrouver certains droits acquis durant la période révolutionnaire. Ainsi, il convient
de se poser la question suivante : en quoi le Préambule de la Charte de 1814 est-il
annonciateur d’une forme de compromis entre l’Ancien Régime et les acquis
révolutionnaires ?
Pour répondre à cette question, il s’agit d’examiner dans un premier moment
comment le Préambule a pour but d’affirmer le retour de la monarchie et de l’harmonie (I)
avant de s’intéresser dans un second moment, à comment celui-ci accepte malgré cela les
nouvelles idées révolutionnaires (II).
I. L’AFFIRMATION DU RETOUR DE LA MONARCHIE ET DE L’HARMONIE.

A) UNE VOLONTÉ DE RESTAURER LA MONARCHIE.

D’abord, il est constatable que le roi lui-même affirme que son pouvoir a comme
provenance Dieu, puisque l’on qualifie à nouveau ce pouvoir de divin, par l’appellation
« divine Providence » (L.1) ; ce qui laisse penser à une affirmation du retour à une monarchie
de droit divin telle que le pouvoir antérieur. On estime que le pouvoir doit être donné par
Dieu au Monarque, car c’est ce qui rend celui-ci légitime. Cette importance que l’on donne à
la légitimité venant de Dieu est d’autant plus renforcée depuis la période révolutionnaire,
puisque la Révolution est bien un obstacle au régime monarchique. En effet, la Révolution
marqua la transmission de la souveraineté royale vers une souveraineté populaire. Ainsi, à
l’utilisation de « divine Providence » s’ajoute « en nous rappelant dans nos Etats après une
longue absence » (L.1), ce qui vient souligner l’écrasement de l’influence de l’Eglise sur le
pouvoir face à la Révolution, et donc une période d’utilisation d’un pouvoir non légitimé. Ce
pouvoir religieux confié en la personne du roi est aussi une affirmation du caractère
autoritaire de son exercice du pouvoir : d’abord, « la divine Providence […] nous a imposé de
grandes obligations » (L.1-2), c’est-à-dire que c’est le roi et seul le roi qui dispose du pouvoir
d’obliger ses sujets à ses convictions. Mais à cela s’ajoute encore l’affirmation concrète de
l’autorité du roi au sein du royaume : on peut premièrement constater un véritable éloge du
pouvoir royal et ce, puisque « l’autorité tout entière résidât en France dans la personne du
roi » (L.6). Finalement on retrouve un rappel de cette prérogative royale lorsque le texte
indique que « nous avons espéré qu’instruits par l’expérience, ils seraient convaincus que
l’autorité suprême peut seule donner aux institutions qu’elle établit, la force, la permanence
et la majesté dont elle est elle-même revêtue » (L. 23-25) ainsi qu’un rappel vers la « sagesse
des rois » (L.25) qui renforce les idées de volonté de restauration de monarchie. Enfin,
l’esprit même de la Charte renvoie à cette autorité royale, tant il « fait concession et octroi »
à ses sujets (L. 50) telle une faveur qu’il rend au peuple.

B) L’AMBITION DE MENER LE PAYS VERS LA PAIX.

Le Préambule de la Charte constitutionnelle de 1814 montre une forte inspiration à la


paix. En effet, on retrouve dans le préambule l’idée que « la paix était le premier besoin de
nos sujets : nous nous en sommes occupés sans relâche » (L.2-3) et ainsi que l’un des
objectifs fondamentaux et inévitables au bon fonctionnement du nouveau régime était d’en
assurer une situation de paix, loin de la période révolutionnaire instable. Si cette Charte vise
à organiser et maintenir la paix, cela se doit d’être exercé par des personnes légitimes
désignées « dignes » et « fières de commander » (L.17-18) mais aussi la rédaction doit être
confiée à des « hommes sages, pris dans les premiers corps de l’Etat » (L.18). C’est cette
responsabilité offre aux concernés d’éloigner le pays d’une situation douteuse et surtout
violence, en l’amenant vers la paix et l’harmonie. On entend aussi par harmonie la
supériorité hiérarchique de ce texte dans le nouveau régime, un texte jugé solennel et
durable : on considère même à l’époque que la charte pourra subsister à travers les
époques : « tant pour nous que pour nos successeurs, et à toujours […] » (L.51). Finalement,
si un texte d’une telle solennité s’impose, cela traduit en effet la volonté pour les membres
du gouvernement de réunir les français, au loin des dangers, afin de former à nouveau « une
grande famille » (L.40) et de former des « paroles de paix et de consolation » en réponse à
l’amour dont ils reçoivent (L.40-41) c’est-à-dire créer une proximité avec les citoyens en les
éloignant d’un contexte politique critique.

S’il résulte de la volonté des rédacteurs de la Charte de veiller à la protection de leurs


citoyens, cela est en effet une conséquence d’une période instable et violente à laquelle le
pays a fait face. Mais bien que le préambule de la Charte ne présente la période
révolutionnaire comme un évènement péjoratif, il est possible d’en tirer des avantages
notamment liés aux droits personnels pour fonder une forme de compromis entre les
attendus du roi et avec les attendus du peuple.

II. L’IDÉE DE LIER DES IDÉES NOUVELLES ET LE CONSERVATISME DANS UN MÊME


RÉGIME.

A) LA VOLONTÉ D’INSTAURER UNE NOUVELLE FORME DE RÉGIME.

Les conséquences de la Révolution ont été marquantes aussi bien sur la population que
sur le gouvernement lui-même, c’est pourquoi la restauration est un résultat de la nécessité
de mettre en place un nouveau régime pour stabiliser le pays, au vu de « l’état actuel du
royaume » (L. 4). Selon le texte, la situation en place durant la seconde moitié du XVIIIe
siècle est la cause de « graves altérations » (L. 15) d’où le besoin d’harmoniser le pouvoir.
Mais la mise en œuvre d’une conciliation entre différents régimes est aussi le fruit d’une
lutte contre une potentielle rébellion de la population, imprégnée des idées nouvelles
révolutionnaires, en les convaincant que « quand la violence arrache des concessions à la
faiblesse du gouvernement, la liberté publique est en danger » (L.27-28) d’où une réunion
des « temps anciens et des temps modernes » (L. 32). La transformation du régime s’opère
d’abord par « le remplacement des anciennes Assemblées des Champs de mars et de mai
par la Chambre des Députés » (L.34). Ainsi les personnes au pouvoir, ainsi que par l’exercice
de leur pouvoir, tentent de retourner les mentalités du peuple vers un retour à la monarchie
mais aussi vers « l’effacement de son souvenir, tous les maux qui ont affligé la patrie » (L. 38-
39). Le fait que cette Charte soit érigée en réponse à la période sanglante de la Révolution
montre un signe de forte solennité de celle-ci, dont « jamais aucun souvenir amer ne
trouble[ra] la sécurité qui doit suivre cet acte solennel » (L. 43), c’est-à-dire que cet écrit
s’oppose à tout forme de récidive d’une telle période en sécurisant la population.

B) LA COOPÉRATION AVEC LES IDÉES NOUVELLES.

Bien que la connotation soit péjorative, le texte ne laisse pas entendre que la Révolution
ne fut une période seulement négative pour le pays. En effet, on peut retrouver une forme
d’appui sur des idées nouvelles, révolutionnaires, acquises précédemment. D’abord, le texte
invoque beaucoup de reconnaissance à l’effet et aux apports des idées des lumières du
XVIIIe siècle envers la population qui, se traduit par l’emploi de l’expression d’une « Europe
éclairée » (L. 21). En effet, on considère ici que les effets des lumières ont été des « progrès
toujours croissants » qui créent des « rapports nouveaux dans la société » qui a « imprimé
une direction aux esprits depuis un demi-siècle » (L. 14) ce qui a permis l’expression d’une
volonté populaire de la rédaction d’une nouvelle Charte constitutionnelle au XIXe siècle,
volonté à laquelle le gouvernement exprime avoir répondu aussi bien que possible par le
biais de ce préambule. Ils expriment aussi leur désir pour la population de comprendre,
grâce à l’expérience les ayant instruits (L. 24), le retour à un régime monarchique, qui serait
une décision pleinement bénéfique et intéressante pour celle-ci (L. 23) mais aussi un régime
qui pourrait, comme dit le texte, « s’accorder librement avec [son] vœu » (L. 27). C’est de
cette volonté d’unir le retour monarchique avec les réelles attentes du peuple qu’émane ce
nouveau régime de compromis, qui pourra « lier tous les souvenirs à toutes les espérances
en réunissant les temps anciens et les temps modernes » (L. 33). Finalement, pour se
prévaloir de cette union des mentalités de la population mais aussi à la volonté du
gouvernement à régir d’une manière similaire à l’Ancien Régime, il est fondamental de
rester fidèle à cette Charte constitutionnelle (L. 47), qui selon ce préambule, est source de
paix, d’accord et de stabilité.

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