Les Murs Respirants 2
Les Murs Respirants 2
Les Murs Respirants 2
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Partie 2 Les parois respirantes
1. PRÉSENTATION
1.1. Préambule (pourquoi le mur respirant ?)
Un bâtiment est conçu pour protéger les personnes et les biens à l’intérieur de celui-ci des
agressions extérieures. Ainsi, un bâtiment doit permettre :
- la réduction des pertes énergétiques lorsque le chauffage ou la climatisation des
locaux est nécessaire,
- l’atténuation des variations de température extérieure.
Les parois qui composent l’enveloppe des bâtiments, doivent posséder des qualités
thermiques qui les feront réagir d’une façon satisfaisante aux différentes sollicitations. Ces
forces varient constamment en intensité et en durée, elles entraînent des échanges d’énergie
entre l’extérieur et l’intérieur des bâtiments.
Pour le thermique, ils peuvent prendre plusieurs formes :
- le rayonnement (énergie traversant une matière solide transparente à ce rayonnement
ou traversant un gaz inerte),
- la convection (dissipation par un mouvement de gaz),
- la conduction (dissipation par la matière solide ou par un gaz inerte).
Pour répondre à ce besoin d’isoler thermiquement les bâtiments, notamment après la crise
pétrolière de 1973, les industriels ont développé des produits isolants qui empêchent la
chaleur produite dans la maison de s’échapper. Les travaux de recherche sur des matériaux
de plus en plus sophistiqués se sont focalisés sur les performances thermiques en créant des
isolants à base de matières plastiques alvéolaires et autres produits synthétiques de revêtement
ce qui a aboutit à la réalisation d’habitats étanches.
Néanmoins dans un souci d’économie et d’amélioration de qualité de vie, les pays nordiques
et germaniques ont cherché à améliorer l’ambiance intérieure de la maison en minimisant les
pertes de chaleur en hiver, la condensation, l’air pollué et la fraîcheur en été. C’est ainsi que
nous avons vu naître les premières constructions respirantes (figure 1).
1.2. Définition
Une paroi respirante fonctionne grâce à un différentiel de pression intérieur-extérieur qui
permet de faire migrer l’air lentement dans les murs, de l’ambiance présentant la pression la
plus élevée à l’ambiance dont la pression est la moins élevée avec lesquels il échange peu à
peu ses calories et son eau excédentaire.
Pour respecter ce principe, la mise en oeuvre de parois respirantes nécessite le respect de
conditions suivantes :
- la paroi sera la plus homogène possible, donc sans ponts thermiques pour éviter les
concentrations d’humidité,
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Partie 2 Les parois respirantes
- les matériaux de construction devront être des matériaux perméants ayant tous une
capacité hygroscopique moyenne à élevée, tels : bois, laine de bois, laine végétale ou
animale, terre cuite, chaux, plâtre, etc,
- les matériaux seront disposés de telle sorte que leur résistance à la vapeur d’eau
ou leur valeur Sd soit en dégressivité de l’intérieur vers l’extérieur.
Les normes en vigueur dans le bâtiment ont pour objet notamment d'éliminer tout risque de
point de rosée dans l'isolant. Le point de rosée est le moment où, en fonction de la pression et
de la température, la vapeur se transforme en eau. Pour atteindre cet objectif et compte tenu
du fait que dans la grande majorité, pour ne pas dire la totalité, les isolants sont non
hygroscopiques et que les matériaux composants les murs et les couvertures sont peu ou pas
respirants, les normes imposent des pare-vapeurs ou frein vapeur. Nous définirons le pare-
vapeur comme étant une couche imperméable à la vapeur qui résiste à la diffusion de la
vapeur d'eau par suite d'une variation de pression de cette dernière. Alors que le frein vapeur
n’est pas une barrière à la diffusion mais un ralentisseur qui limite les entrées d'air extérieur
tout en permettant les transferts de vapeur d'eau. Le tableau suivant montre les SD de
différents matériaux perméants et non poreux.
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Partie 2 Les parois respirantes
Par contre l'approche écologique de l'isolation respirante prend en compte les qualités
hygroscopiques de la plupart des isolants naturels. Le plus spectaculaire étant la laine de
mouton qui peut absorber 30 % de son poids de vapeur d'eau sans perdre ses propriétés
physiques et isolantes. Dans cette optique il ne s'agit plus de placer une barrière de vapeur
pour en interdire le transfert mais d'adapter la perméance du pare-vapeur (qui se place côté
chaud du local à isoler) aux qualités de respiration de la paroi extérieure. Dans certains cas,
comme l'isolation sur combles perdus où la masse d'air sous la toiture, elles constituent une
paroi très respirante qui excluent le pare-vapeur. Ainsi le volant hygrométrique de l'isolant
peut être utilisé au maximum pour participer à la régulation de l'humidité à l'intérieur du
bâtiment.
Figure 6 : Débit d'air requis pour évacuer les divers contaminants produits par une personne assise.
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Partie 2 Les parois respirantes
Le tableau suivant récapitule les mécanismes et les causes des différents phénomènes associés
que Künzel a expliqué dans une de ses thèses sur le transport de chaleur et d’humidité [33] :
Certains phénomènes restent anecdotiques et ne seront pas étudiés. A ces rôles il faut rajouter
que la paroi doit assurer les fonctions mécaniques et acoustiques. Mais ces phénomènes ne
sont pas directement pris en compte car ce n’est pas le but prioritaire que l’on recherche, seul
les performances hygrothermiques seront étudiées. C’est la deuxième partie de nos
recherches.
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Partie 2 Les parois respirantes
Il concluait de ses expériences que l’air vicié d’une maison pouvait quitter le logement avec la
condition d’avoir les cloisons sèches.
Plus proche de notre ère, des expériences menées en Ecosse [5] ont démontré que, en plus de
réduire la perte de chaleur grâce à l’isolation dynamique, la paroi du bâtiment peut agir en tant
que filtre à air avec un rendement élevé dans les bâtiments naturellement aérés, de ce fait
fournissant une alternative viable et attrayante à la climatisation mécanique dans les
environnements urbains encombrés.
Il a également mené avec Peacock [12] une étude sur le mur respirant pour les bâtiments et les
bureaux dans les environnements urbains pollués. Le projet avait une technologie permettant
une circulation d'air frais vers l'intérieur dans la direction opposée de la chaleur afin de
permettre un échange thermique entre le mur et l'air entrant par ventilation comme représenté
sur les figures 4a et 4b ci-dessous :
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Partie 2 Les parois respirantes
(a) (b)
Figure 4 : Chaleur et écoulements de la masse dans (a) le bâtiment de respiration, et (b) le mur de respiration.
Les expériences montrent également qu’en fonction du pouvoir de filtration des matériaux,
l’efficacité du mur respirant peut être réduit et se répercuter sur une baisse de pression.
(Figure 6)
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Partie 2 Les parois respirantes
L’étude fournit des réponses préliminaires aux questions cruciales de l'efficacité de filtration
sur une période plus ou moins longue. En fait, elle permet de montrer qu’avec le temps de
fines particules de pollution obstruent les matériaux poreux. L'évolution de la chute de
pression sur une période de 60 ans est montrée sur la figure 7 :
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Partie 2 Les parois respirantes
Extérieur Intérieur
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Partie 2 Les parois respirantes
Toutefois si le parement extérieur est un système à base d’enduit appliqué sur l’isolant, il faut
selon le CSTB respecter un rapport entre la perméance de l’enduit et la perméabilité de
l’isolant en fonction du coefficient de transmission thermique (U ou K)et de la température
extérieure [30].
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Partie 2 Les parois respirantes
De plus, l’institut "Canadian Mortgage and Housing Corporation" a commandité en 1998 des
recherches sur l’humidité et le transfert dans des maisons en bottes de paille (figure 12). Neuf
maisons ont été construites aux différents endroits d’Amérique du Nord afin d’avoir un plus
grand champ de tests et mesures sous différents climats. Les résultats montrent la bonne tenue
générale des maisons au transfert de vapeur et à l’humidité qui ne stagnent pas dans la texture
des parois [17].
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Partie 2 Les parois respirantes
Plusieurs maisons dites à murs dynamiques ont été construites au Canada (Timusk 1987) et en
Suède (Levon 1986) dans le but de suivre l’évolution de la déperdition conductrice et
d'exfiltration d'énergies (qu'elles peuvent réaliser). Elles n'améliorent pas nécessairement la
qualité d’air intérieur, mais assurent une bonne ventilation (Taylor 1997) [11]. Par contre J.F.
Straube ingénieur en recherche affirme que de telles maisons ont employé des moyens
mécaniques afin de fournir le niveau exigé de renouvellement de ventilation. Ce qui est à
l’encontre du concept "maison respirante".
En Nouvelle Zélande des maisons conçues à base de terre compacte vantent l’intérêt des murs
qui agissent en tant que filtre, tout en permettant à l'oxygène d'imprégner la maison (figure
13) [6].
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Partie 2 Les parois respirantes
Durisol est un matériau en bois-ciment collé ayant des propriétés similaires à la conception
vue précédemment. Mais ils incorporent en plus un isolant minéral résistant à l'humidité placé
coté extérieur du mur pour augmenter l'efficacité énergétique additionnelle qui n'est pas
possible avec un isolant disposé sur le bord intérieur de l’agglo (figure 15 et 16).
Au Pays de galles à Rhymney, l’entreprise "Excel Industries Limited" a mis au point une
structure respirante qui peut être appliquée à différents éléments du bâtiment, tels que les
murs, planchers, toits, ou l'enveloppe complète de bâtiment.
Ils utilisent des composants fournissant l'équilibre parfait à la résistivité et à la perméabilité à
la vapeur pour réaliser le mur respirant parfait. Cette structure est conçu autour d’un isolant
dynamique fabriqué à base de rebut de papier journal réutilisable à 100% et qui a la capacité
de favoriser la migration de l'humidité grâce à sa texture poreuse. Cette ossature assure une
diffusion maximale afin de rendre la structure aussi libre que possible au passage de la vapeur
d'eau (figure 17).
Il en résulte que les matériaux respirants sont principalement naturels comme le bois, la laine
de bois,l’argile, la paille, le liège, avec de bonnes capacités hygroscopiques, absorbant
l'humidité excessive et la re-libérant quand les conditions environnementales le permettent.
Ces systèmes permettent la diffusion d’air et de vapeur tout en évitant la condensation. Mais il
ne faut pas oublier que la prolifération de moisissures peut se produire dans des circonstances
externes au système respirant des maisons dues à certains problèmes de conception et de
réalisation comme une fuite de tuyauterie ou un écoulement dans le toit.
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Partie 2 Les parois respirantes
La Norme NF EN ISO 13788 [20] précise que pour éviter la prolifération de moisissures, il
convient que l'humidité relative à la surface ne dépasse pas 80% pendant plusieurs jours.
Cette règle est assez simpliste car elle traite seulement l'humidité superficielle critique et la
condensation dans la masse, mais ne couvre pas les autres aspects de l'humidité (par exemple,
l'eau du sol, les précipitations, l'humidité de constitution et la convection d'humidité) qui
peuvent être considérés dans la conception d'un composant de bâtiment. De plus le point
réglementaire de la norme P10-202-2 d’avril 1994 extraite du DTU 20.1 concernant
l'hygrométrie des locaux nous stipule que les exigences relatives à cette fonction dépendent
également de la destination du bâtiment; elles ont pour objet de définir les conditions
auxquelles doivent satisfaire ces murs pour se prémunir contre les risques de condensation
dans l'épaisseur du mur. (cf. Annexe 2).
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Partie 2 Les parois respirantes
Selon Jean-Pierre OLIVA, pour éviter toute condensation dans un mur la réglementation
britannique dite « 5/1 » (norme BS5250 : 1989) semble la plus simple à appliquer. [21]
Mais cette norme est remplacée en 2003 par une loi internationale plus aboutie en rapport
avec les parois respirantes : l’ EN ISO 13788 de 2002 [20] qui fait partie d'une série de règles
prescrivant des méthodes de calculs relatives aux propriétés thermiques et hydriques des
matériaux et produits du bâtiment. Elle a depuis reçu le statut de norme nationale.
En Allemagne la norme DIN 4108-3 définit les exigences, méthodes de calcul et indications
pour la planification et la mise en œuvre des performances hygrothermiques des murs [22].
Au Pays-bas une norme publiée en 2004, indique une méthode pour calculer le transfert non
régulier de la chaleur et de l'humidité par les fondations. Les équations sont définies et un
exemple de repère est donné. Les modèles de simulation couverts par cette norme tiennent
compte des phénomènes de stockage et de transport dans une seule dimension.
Cette norme appelée NEN EN 15026 :2004, aura son équivalence en France en décembre
2006.
En Suisse pour contrôler les débits d'air en dehors des ouvertures telles que le système de
ventilation et les ouvertures aménagées dans une enveloppe, ont instauré une norme SIA 180
permettant de donner des valeurs limites maximales pour la perméabilité à l'air des
enveloppes des bâtiments [36].
Pour finir la norme internationale ISO 13786 définit les caractéristiques relatives à l’inertie
thermique d’éléments du bâtiment [37]. Cette règle s’approche de la méthode de calcul du
transfert thermique utilisée pour les murs respirants. En France cette règle est appliquée pour
le calcul TH-I de la RT 2000 afin de déterminer la classe d’inertie du bâtiment.
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Partie 2 Les parois respirantes
L'air traverse le mur, conduit par une différence de pression entre l'intérieur et l’extérieur, créé
par des ventilateurs ou par effet cheminée. Naturellement l'air entrant dans le mur est
réchauffé par la chaleur qui est conduite à l'extérieur. Cette chaleur perdue à l'extérieur peut
être réduite pratiquement à zéro par des circulations d'air tout à fait petites [5]
Le système d’isolation peut être couplé à une ventilation offrant de ce fait une manière
efficace de préchauffer l'air frais. Il faut préciser que le coefficient de transmission thermique
(U) d’une construction dynamique sera très variable en fonction de la vitesse d’écoulement de
l’air.
Trajet de l’air
Trajet de l’air
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Partie 2 Les parois respirantes
Extérieur Intérieur
Figure 20 : mouvement d’air sur une paroi composée d’une isolation diffusive.
Ces systèmes ont déjà été largement diffusés et leur efficacité prouvée. Taylor [19] a montré
que pour des petites maisons individuelles, une économie d’énergie de l’ordre de 5 à 10%
peut être obtenue en utilisant seulement une isolation dynamique.
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Partie 2 Les parois respirantes
6. FORMULES ET ÉQUATIONS
Afin de confirmer la véracité des maisons respirantes, il est utile de connaître les formules et
équations nécessaires aux calculs de transfert de chaleur, transfert d’humidité, transport d’eau
liquide et diffusion d’air à travers la paroi. Le professeur Hens de l’université de Leuven en
Belgique a étudié en 1996 et publié en 2002 un rapport technique sur les phénomènes
physiques d’intérieurs et les conséquences du transfert de chaleur, d'air et d'humidité à travers
les parois isolées [24] [25].
A⋅(t1−t2 )
Φcond = A⋅λ ⋅(t1−t2 ) = en W
e Rλ
avec
Φcond [W] flux thermique
A [m²] surface
λ [W/m.K] conductivité thermique
e [m] épaisseur de matériau
t1 [°C] température de la face la plus chaude
t2 [°C] température de la face la plus froide
Rλ [m².K/W] résistance thermique d’une épaisseur de matériau
Elle est régie par la loi de Newton qui stipule que le flux de chaleur transmis est proportionnel
à l’écart entre la température t1 du corps solide qui reçoit ou transmet de la chaleur et la
température t2 du liquide ou du gaz qui transmet ou reçoit cette chaleur :
avec
hc [W/m².K] coefficient de transmission thermique par convection
t1 [°C] température la plus chaude
t2 [°C] température la plus froide
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Partie 2 Les parois respirantes
C’est la quantité d’énergie thermique cédée par un corps rayonnant par l’intermédiaire
d’ondes électromagnétiques de longueur d’onde comprise entre 0,04 et 800 µm. Il existe
plusieurs lois pour quantifier le flux : la loi de Stefan-Boltzmann qui n’est théoriquement
valable que pour les corps noirs absolu qui absorbent les rayonnements et la loi de Kirchhoff
qui utilise dans sa formule les pouvoirs émissif et absorbant. Mais elle n’est valable que pour
des plages de longueurs d’onde bien précises. Malgré tout, la chaleur transmise par
rayonnement se laisse quantifier par une formule identique à celle de la transmission par
convection ; on introduit pour ce faire le coefficient de transmission thermique par
rayonnement hr :
Φ ray =hr ⋅ A⋅(t1−t2 )
avec
hr [W/m².K] coefficient de transmission thermique par rayonnement
t1 [°C] température du corps le plus chaud
t2 [°C] température du corps le plus froid
Il est à noter que l'effet du rayonnement solaire peut être pris en considération et l'écoulement
de la chaleur du rayonnement sur la surface peut être calculé comme suit [33] :
q =as×l
avec
q [W/m²] flux de chaleur du rayonnement solaire à onde courte
as [-] absorption des radiations d'ondes courtes
l [W/m²] rayonnement solaire verticale sur la surface du composant
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Partie 2 Les parois respirantes
avec
K [W/m².K] coefficient de transmission thermique globale
1 [m².K/W] résistance thermique superficielle interne
hi
1 [m².K/W] résistance thermique superficielle externe
he
e j [m².K/W]
∑λ j
résistance thermique des différentes couches de matériaux
Les formules sont empruntées du manuel "Le Recknagel" [29], et pour les calculs, on se
réfère à la réglementation thermique 2000 pour les caractéristiques thermiques à prendre en
compte.
le signe – indiquant que le courant de diffusion est dirigé vers les pressions décroissantes.
Il conviendra pour faciliter les calculs de noter l’équation sous la forme suivante :
gv =π v ⋅ ∆P
e
avec
∆P [Pa] différentiel de pression partiel de vapeur d’eau
gv [g/m².h] densité du courant de diffusion ou quantité de vapeur d’eau diffusée
e [m] épaisseur du matériau
πv [g/m.h.mmHg] perméabilité à la vapeur d’eau
L’ingénieur Berthier du CSTB a analysé puis développé des règles de qualité concernant la
diffusion de vapeur au travers d’une paroi [30].
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Partie 2 Les parois respirantes
Figure 23 : Phénomènes de transport d'humidité dans les pores d'un mur massif extérieur en hiver, pour
différents niveaux de contenu d'humidité.
La norme Européenne EN 12524 [18] donne sous forme tabulée des valeurs utiles pour les
calculs de transfert de chaleur et d'humidité, pour des matériaux et produits thermiquement
homogènes d'usage courant dans la construction de bâtiments.
avec
Q [m/s] débit du fluide
µ [poises] viscosité dynamique du fluide (pour l’air à 20°C = 18.10-6 Pa.s)
k [m²] perméabilité apparente du matériau
∆P [Pa] différence de pression à travers le matériau
e [m] épaisseur du matériau
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Partie 2 Les parois respirantes
La loi de Darcy, et donc la perméabilité, est définie pour des conditions d’écoulement
laminaire dans un milieu homogène, isotrope et continu. Néanmoins la description de
l’écoulement s’avère plus complexe par rapport au cas du liquide. Le gaz est sujet à plusieurs
types d’écoulement. Lorsqu’un gaz saturant un milieu poreux est à faible pression, le libre
parcours moyen des molécules de gaz peut devenir du même ordre de grandeur que la taille
des pores. En conséquence, la condition aux limites d’adhérence du fluide sur la paroi du
solide n’est plus valable à l’échelle du pore et la loi de Darcy n’est donc plus vérifiée à l’
échelle macroscopique. En effet, les molécules de gaz “glissent” sur la paroi, ce qui donne
lieu à un flux de gaz plus important que celui prédit par la loi de Darcy. Ce phénomène
s’appelle l’effet Klinkenberg. Pour le décrire, Klinkenberg proposa en 1941 le concept de
perméabilité au gaz.
Une thèse sur le lien entre la perméabilité et l’endommagement dans les bétons à haute
température explique plus en détails la description de la perméabilité à la phase gazeuse dans
un milieu poreux [34]. Un autre rapport présente également les équations et démonstrations
sur l’écoulement et diffusion des gaz en milieux poreux [35].
Nous venons de voir ce que tous les fabricants de matériaux du bâtiment emploient,
malheureusement nous étudions plutôt la théorie de la diffusion de l’air. De la même manière
que le transfert d’humidité utilise la loi de Fick, la diffusion de n'importe quel contaminant en
air peut être décrite par :
J =−D⋅∂C = − D⋅∇C
∂x
avec
J [g/m².s] flux spécifique du gaz perméant
D [m²/s] coefficient de diffusion du gaz (ou diffusivité) dans le matériau
C [g/m³] concentration massique de gaz
Cette formule n’est valable que pour un gaz pur, dans le cas d’un mélange de gaz l’équation
reprendra d’autres termes dont un facteur de séparation. L’ADEME a publié ces démarches
portant sur le principe de séparation par perméation gazeuse [42].
xxxx xxxx
P2 Vide partiel
Il est à noter que lorsqu'une différence de pression partielle existe entre les deux côtés
opposés d'un élément de construction, le gaz diffusera à travers les matériaux jusqu'à ce que
l'égalisation des pressions partielles de ce gaz soit réalisée. La vitesse de la diffusion dépendra
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Partie 2 Les parois respirantes
avec
gw [kg/m².s] densité de flux de transport liquide
Dw [m²/s] coefficient de transport d’eau liquide
w [kg/m³] teneur en eau
Figure 26 : teneur en eau par rapport aux coefficients de transport d’eau pour l'aspiration et le
séchage.
On sait également que pour une humidité relative inférieure à 50%, les molécules d'eau sont
tellement liées aux pores des murs que le transport liquide peut être exclu. Par contre au-
dessus de 50%, la condensation capillaire se produit bien dans les micro-pores.
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Partie 2 Les parois respirantes
De plus la quantité d’eau admissible dans la couche isolante dépend de la nature de l’isolant et
des effets que cette peau peut avoir sur ses caractéristiques. Pour la mesurer, le CSTB a
considéré que la conductivité thermique utile des isolants sera peu influencée tant que le taux
d’humidité de l’isolant ne dépasse pas 2% en volume.
6.5. Modélisation
Pour prévoir et suivre les mouvements hygrothermiques dans l’enveloppe d’un bâtiment, de
nombreux outils de simulation sont développés et validés dans le monde au cours des
dernières années afin de faciliter et réduire la complexité des mesures en laboratoire et
expériences sur le terrain. Un des deux modèles développé par Künzel [27] sous le nom de
WUFI est disponible commercialement et largement utilisé en Allemagne, Europe de l’Est et
Etats-Unis. Ce logiciel est assez complet mais certains phénomènes ne sont pas pris en
considération : la circulation d'air par différence totale de pression n'est pas incluse,
l'influence du givrage sur l'enthalpie et le transport liquide sont pour faciliter le calcul, sans
effet sur la conductivité thermique. Le programme quand à lui, fonctionne autour de deux
équations :
avec
dH [J/m³.K] capacité d’accumulation de chaleur du matériau humide
dT
dw [kg/m³] capacité de stockage d'humidité du matériau
dΦ
DΦ [kg/m.s] coefficient de conduction de l’eau liquide
H [J/m³] enthalpie totale
hv [J/kg] chaleur latente de changement d’état
λ [W/m.K] conductivité thermique
psat [Pa] pression de vapeur saturante
t [s] temps
T [°C] température
w [kg/m³] teneur en humidité
δp [kg/m.s.Pa] coefficient de diffusion de vapeur d’eau (perméabilité à la vapeur)
Φ [-] humidité relative
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Partie 2 Les parois respirantes
6.6. Bilan
Ce chapitre a permis de présenter brièvement un système général d’équations pour la
description d’un milieu poreux et le développement du processus hygrothermique. De même
pour rendre plus facile les calculs, des logiciels sont développés afin d’obtenir des résultats
fiables et sont une aide précieuse pour comprendre les processus hygrothermiques afin de
pouvoir corriger les erreurs dès la conception. Cependant, l’interprétation de ces résultats
exige une expérience pratique importante et ces applications ne sont qu’un outil simplifié qui
ne permette pas de modéliser tous les phénomènes liés à une paroi respirante. En effet pour
quantifier les effets de diffusion de gaz (air ou O2), tels que le transport des polluants de
l’intérieur vers l’extérieur, ou inversement le renouvellement de l’oxygène nécessaire au bien
être des personnes, aucune étude n’est effectuée sur la diffusion d’air à travers une paroi. Il est
vrai que la notion de transfert d’air à travers un système respirant est récente et que des essais
et des pré-études sont en cours, mais ces rapports ou thèses ne sont établis qu’a titre de
supposition. D’autre part les fabricants intègrent dans leurs catalogues un coefficient de
résistance à la diffusion de vapeur d’eau (µ) qui vantent soi-disant les capacités respiratoires
de leur produit. Mais aucun organisme officiel que ce soit en France ou dans le monde n’a
établi de normes ou de lois pour définir les règles à respecter. Néanmoins plusieurs
chercheurs et ingénieurs dont le précurseur Imbabi démontrent aujourd’hui que le phénomène
existe bien et qu’en suivant quelques directives et formules, on peut obtenir un pouvoir
respirant des parois.
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