Kala Kala
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N'étant pas le premier à aborder un thème relatif à la protection des droits de l’enfant en
situation de crise, nous avons parcouru quelques ouvrages et des documents de certains
auteursqui ont traité des sujets similaires. « La guerre n’épargne pas les enfants, qui sont les
plus jeunes victimes et celles aussi qui ont besoin de protection le plus grand 1 » les conflits armés
et les crises socio politiques entrainent la violation des droits fondamentaux de la personne
humaine. Les enfants et les femmes qui sont les plus touchées. Parlant des enfants en ces périodes
sensibles, un arsenal juridique au niveau international,vise à leur apporter une protection
particulièreafin qu’ils ne fassent pas l’objet des exploitations diverses. A ce titre la question de la
protection des droits de l’enfant dans les situations de crises internes est une préoccupation qui
appelle, non seulement à la participation des acteurs institutionnels tant sur le plan national
qu’international, mais également à la prise de conscience et à l’implication des belligérants et de
tous les acteurs sociaux. Cette épineuse question demeure d’actualité, particulièrement, en Afrique
où les crises socio politique et les conflits armés internes continuent d’enregistrer la participation
des enfants dans les combats.Hormis cet aspect, les enfants sont également victimes de
plusieursformes d’exploitations et de déplacement forcés vers d’autres régions du pays, voire au-
delà des frontières.
Le conflit en République Centrafricaine entre 2013 et 2019 servira de contexte global à notre
étude, car elle est d’actualité et continue de se tenir.
1-Contexte de l’étude
La République Centrafricaine est un pays enclavé sans littoral, situé au cœur du continent africain,
de 623 000 km² avec 5,2 millions d’habitants selon les dernières estimations de 2018. Elle présente
une faible densité de population en Afrique subsaharienne avec 8,3 habitants au km² et sa
population est composée de plus de 80 communautés ethniques et de 3 grandes religions
(chrétienne, musulmane et animisme).
La RCA possède une abondance de ressources hydriques, agricoles et minérales, y compris des
réserves d'uranium, de pétrole, d'or et de diamants, en plus de terres arables considérables. Malgré
cela, la RCA est considérée comme l'un des pays les moins avancés du monde, arrivant à la 188 ème
place sur 189 pays selon l'indice de développement humain de 2018.
La mauvaise gestion des fonds et la corruption ont été largement responsables de la stagnation et de
la faiblesse de l'économie du pays qui s'est avéré incapable de fournir des services de base à la
population. L'instabilité régionale dans toute l'Afrique centrale, conjuguée à la faiblesse interne des
institutions gouvernementales et à un héritage de contrôle militaire, a perpétué le cycle de la
violence en RCA.
1
A- Contexte Historique
1
Rapport « la protection des populations civiles en période de conflit arméXXVIe conférence internationale de la croix rouge et
croisant ; 15/09/1995 ( http :www.icrc.org/web/sitefre0.nsf/html/5FZGAJ), consulté le 15/05/2020.
Depuis son indépendance en 1960, l'histoire de la RCA se caractérise par des coups d'État répétés et
des régimes autocratiques. Les élections multipartistes tenues en 1993 ont mis fin à une période de
près de 30 ans de turbulences. Ces élections ont été remportées par Ange Félix Patassé, une
personnalité politique civile ancien premier ministre de l’empereur Bokassa 1er.
Suite à une première tentative de médiation du Gabon, du Burkina Faso, du Mali et du Tchad, la
Mission Interafricaine de Surveillance des Accords de Bangui (MISAB) a été déployée en février
1997 avant d'être remplacée en 1998 par la MINURCA et après 2000 par le BONUCA
Le 15 mars 2003, le général François Bozizé a renversé Patassé lors d'un coup d'État soutenu de
l'extérieur, dissolvant le Parlement et mettant en place un gouvernement de transition. La capitale,
Bangui, est tombée dans le chaos alors que les forces tchadiennes et soudanaises s’adonnaient au
pillage et à l’extorsion généralisée des civils. Au cours de cette période, la Garde présidentielle a
commis d'importants actes de brutalité dans le nord-ouest du pays, entraînant le déplacement de
plus de 100 000 personnes. Ces actes sont généralement restés impunis, cimentant une culture de
l'impunité alors que l'usage légitime de la force disparaissait.
Après les élections de 2005, qui ont vu la réélection de Bozizé, la violence interne s'est intensifiée et
s'est répandue dans toute la RCA, s’ajoutant à l'instabilité régionale de l’Afrique centrale, et incitant
la communauté internationale à intervenir de manière plus agressive. En 2010, plusieurs accords de
paix ont été signés entre le gouvernement et trois des principaux groupes rebelles, soulignant la
nécessité d'un dialogue politique inclusif et d’un processus de DDR. La RCA a également accueilli
son premier séminaire national sur la RSS. Si ces développements ont suscité un nouvel optimisme
à l'égard de la sécurité et de la réforme institutionnelle, aucun effort sérieux n'a été fait en ce qui
concerne leur mise en œuvre par toutes les parties.
En 2012, plusieurs groupes rebelles, originaires principalement du nord-est du pays avec l’appui des
mercenaires Tchadiens et soudanais, ont formé une coalition appelée Seleka, lançant une campagne
militaire, et renversant Bozizé le 23 mars 2013. Michel Djotodia, ancien chef rebelle de l'UFDR,
s'est déclaré Président. La plupart des éléments des FACA ont alors fuit, déclenchant l'effondrement
institutionnel complet du secteur de la sécurité et laissant place à des attaques généralisées sur la
population civile, notamment viols, pillages, meurtres et destruction de villages entiers.
Malgré la dissolution de la coalition Seleka, Djotodia n'a pas été en mesure de contrôler les
combattants. Les attaques étaient fréquentes, en particulier dans le nord-ouest du pays, perçu
comme le bastion de Bozizé. De son côté, une milice connue sous le nom d'anti-balakas, a émergé,
ajoutant ainsi une dimension intercommunautaire au conflit et intensifiant encore la violence. Très
critiqué pour son incapacité à pacifier le pays, Djotodia a été contraint de démissionner en janvier
2014 et a été remplacé par Catherine Samba-Panza.
Pour faire face à la situation, le BINUCA a vu son mandat actualisé pour inclure la mise en œuvre
du processus de transition, le soutien à la prévention des conflits et l'aide humanitaire ; la
stabilisation de la situation sécuritaire et la protection des droits de l'homme, entre autres et en
décembre 2013, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d'une Mission internationale de
soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), intégrée en avril2014 dans la Mission
multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA).
Malgré les efforts continus des autorités nationales et des partenaires internationaux, la situation
sécuritaire en RCA reste instable. Si l'intensité du conflit a globalement diminué, des pics de
violence sont encore observés, résultant en des affrontements entre groupes armés, des attaques
contre les civils et des tensions entre communautés. En conséquence, en juin 2019, quelque 605 000
civils avaient fui vers les pays voisins et plus de 610 000 étaient toujours déplacés. On estime à 2,9
millions le nombre de personnes ayant besoin d'aide humanitaire.
Afin de répondre aux griefs de longue date et aux facteurs de fragilité à l'origine du conflit, un
processus de consultation nationale a été lancé et s'est achevé par un forum en 2015 s'appuyant sur
les résultats du Forum de Brazzaville 2014, ce qui a abouti sur l'adoption d'un pacte républicain
pour la paix, la réconciliation nationale et la reconstruction. Les principaux aspects de l'accord
étaient les suivants :
• L'adoption d'une nouvelle constitution qui inclurait l'interdiction de l'amnistie pour les
crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et les crimes de génocide, la création
d'institutions de surveillance pour garantir la transparence de la gestion des ressources et la
bonne gouvernance, entre autres choses.
• La décentralisation de l'Etat et le redéploiement de l'administration et des services publics
sur l'ensemble du territoire national.
• La création d'une Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation (CVJRR) et la
mise en place de mécanismes de justice transitionnelle.
• La mise en œuvre immédiate de l'accord de DDR et l'engagement en faveur d'un processus
de RSS inclusif incluant les forces armées, la police, la gendarmerie et la justice.
Le 13 décembre 2015, un referendum a été organisé en vue de l'adoption d'une nouvelle
Constitution, ouvrant la voie aux élections présidentielles et législatives.
La nouvelle constitution adoptée en 2016 réaffirme la souveraineté et l'unité de l'État (Titre II). Elle
établit la répartition des pouvoirs entre l'exécutif (titre III), le législatif (titre IV) et le judiciaire
(titre VII), et institue une Haute Autorité chargée de la bonne gouvernance (titre XIV).
Après presque deux ans de transition et l'adoption de la nouvelle constitution, la RCA a tenu des
élections présidentielles et législatives entre décembre 2015 et mars 2016. Malgré les retards
initiaux, l'insécurité persistante sur le terrain, la crainte du risque de violence électorale et les
irrégularités généralisées, les élections ont été relativement pacifiques
En 2017, un autre accord politique a été signé entre le gouvernement et les principaux groupes
armés. L’accord de Saint’ Egido2 visait à jeter les bases des processus de DDRR et de RSS et à
créer une Commission Vérité, Justice et Réconciliation.
Le 6 février 2019, un nouvel accord de paix a été signé à Bangui entre le gouvernement de la
République centrafricaine et les représentants des 14 groupes armés. Présenté comme un tournant
pour le pays, ce nouvel accord fait suite à plusieurs accords de paix négociés entre le gouvernement
et les groupes armés depuis 2007.
2
Communauté de saint Egido est une association de fidèle catholique engagée dans la lutte contre la pauvreté et le
travail forcé ; wikipédia consulté le 30 Juin 2020.
Ce nouvel accord de paix, formellement appelé « Accord politique pour la paix et la réconciliation
en République Centrafricaine ». Cet accord est le résultat d'une initiative de l'UA, soutenue par la
Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et la Conférence internationale
sur la région des Grands Lacs (CIRGL), qui s'appuie sur la feuille de route pour la paix et la
réconciliation nationale adoptée en juillet 2017. Entre autres objectifs et principes clés, la Feuille de
route insiste sur le fait que l'impunité pour les violations graves des droits de l'homme et des
principes humanitaires irait à l'encontre d'un processus de paix durable, fermant ainsi la porte à
toute demande d'amnistie comme condition de la paix.
Cependant, les groupes armés s'opposent à la mise en place de mécanismes de justice "durs",
notamment l'emprisonnement, favorisant les mécanismes de justice transitionnelle.
Début mars 2019, un premier "gouvernement inclusif " a été formé. 6 des 14 groupes armés
signataires étaient représentés dans ce nouveau gouvernement. Toutefois, aucun des principaux
ministères ne leur était attribué. Très rapidement, 5 des groupes armés ont dénoncé ce nouveau
gouvernement, dont 3 des acteurs clés du paysage sécuritaire centrafricain : l'UPC, le MPC et le
FPRC.
En outre, les tensions entre les groupes armés restent vives. Malgré l'inclusion dans l'Accord de
l'engagement des groupes à "renoncer au recours aux armes et à la violence comme moyen de
revendication" et à "participer pleinement au processus de désarmement, démobilisation,
réintégration et rapatriement", les affrontements entre les groupes se poursuivent, causant des morts
et des déplacements au sein de la population civile4.
3
Action de sonder un milieu quelconque, une cavité, une eau, un sol. Enquête statisque dont le but est de connaître, à
un moment donné la manière de se répartissent les opions individuelles à propos d’une question donnée.www.
larousse.fr.
4
Ocha 17/09/2019 :https://reliefweb.int/report/central-africa-republic/office-humanitarian-coordinator-central-
african-republic-press,iss,07/10/2019 :https://issafrica.org/iss-today/can-the-central-african-republic-peace-deal-be-
2- Délimitation
3- Cadre conceptuel
Cette partie est consacrée à la définition des concepts clés qui structurent l'intitulé de ce
travail de recherche que sont : protection, droits, enfant, situation de crise en Centrafrique.
A- UNICEF
Le Fond des Nations Unies pour l’enfance est une organisation spécialisé des Nations unies qui
œuvre en faveur de l’éducation universelle en tant que moyen d’éviter le travail préjudiciable des
enfants. Pour aider les enfants qui travaillent déjà ou qui ont manqué l’école en raison deleur travail,
l’unicef appuie une scolarisation souple, correspondant aux besoins et aux aptitudes des élèves
auxquels elle donne une deuxième chance de terminer leurs études.
- Mobiliser la volonté politique et les ressources matérielles pour aider les pays à formuler
les politiques voulus et à dispenser des services aux enfants et aux familles
- Veiller à ce que les enfants les plus défavorisés du monde bénéficient d’une protection
spéciale
- Promouvoir légalité des droits des petites filles et des femmes et appuyer leur
participation à part entière au développement de leur communauté
B - Protection
C- droit
Le droit se définit dans ce cadre, selon le Lexique des termes juridiques, comme l'ensemble des
règles juridiques destinées à organiser les rapports humains dans un contexte donné et dont le non-
respect entraîne une sanction.
Au regard des définitions énoncées au sujet de la protection et des droits, nous constatons, qu'en
dépit de quelques différences sur la forme, que le fond reste le même à savoir garantir, dans le
contexte centrafricain, la pleine application des normes de protection des enfants dans le conflit
armé. En d'autres termes, garantir le bon épanouissement et le bien-être de la personne humaine. Ce
qui reviendrait à considérer la protection, dans ce cadre, comme l'ensemble de mesures destinées à
assurer quelqu'un contre un risque, un danger, un mal et visant au finish un bien-être.
D - enfant
Selon le lexique des termes juridiques et, dans le domaine du droit civil, « enfant » se définit au
sens large comme : « Toute personne mineure protégée par la loi »et, au sens étroit, comme
« Descendant au premier degré ». Toujours, selon le lexique des termes juridiques et dans le
domaine du droit du travail, « enfant » se définit comme étant un «adolescent qui n'a pas dépassé
l'âge de la fréquentation scolaire ». Le dictionnaire du vocabulaire juridique 10 donne deux
définitions au concept de « enfant », dont la première concerne toute « Personne mineure» ; et, pour
la deuxième, il se définit comme un « Descendant au premier degré quelque soit son âge » Dans le
cadre de la convention relative aux droits de l'enfant et, conformément aux dispositions de son
article premier, enfant se définit comme « Tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la
majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable »11
C'est dans cette optique, d'ailleurs, que les Etats du monde avaient reconnu la nécessité d'assurer
une protection efficace aux enfants. Le 11 décembre 1946 l'organisation universelle avait procédé à
la création d'un organisme spécialisé devant se charger de la protection des enfants, l'UNICEF.
Mais, c'est en grande partie grâce à une anglaise, Eglantyne JEBB, que les droits de l'enfant
bénéficient d'une reconnaissance juridique internationale. Elle crée en 1919 l'association Save the
ChildrenFund pour remédier à la misère que connaissent des milliers d'enfants européens au
lendemain de la première guerre mondiale. Ses ambitions dépassent le simple apport de secours
immédiats, et en 1920, elle va vivre à Genève pour y former l'Union Internationale de secours aux
Enfants (qui deviendra par la suite l'Union internationale de Protection de l'Enfance). En 1924, la
Société des nations adopte la Déclaration de Genève des droits de l'enfant, dont l'avant-projet a été
rédigé par l'Union Internationale de protection de l'enfance. La déclaration énonce le droit des
enfants à un développement matériel, moral et spirituel ; à recevoir de l'aide lorsqu'ils ont faim, sont
malades, handicapés ou orphelins ; à être les premiers à recevoir des secours en cas de difficultés ; à
être protégés contre l'exploitation économique ; et à recevoir une éducation qui leur inculque un
sentiment de responsabilité vis-à-vis des autres. De même, il fut reconnu l'obligation de protéger
l'enfant dans les statuts des autres institutions spécialisées de l'O.N.U. et ceux des organisations
internationales qui militent pour le bien-être de l'enfant dans le monde ainsi que dans la Déclaration
10
Dictionnaire du vocabulaire juridique
11
La convention internationale relative aux de l’enfant de 1989
Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 dont l'article 25 stipule : « La maternité et
l'enfance ont droit à une protection, à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils
soient nés dans ouhors mariage jouissent d'une protection de la même manière. Il faut lutter contre
les maladies chez l'enfant car il est un être vulnérable et défavorisé ».
Par ailleurs, le préambule de la Déclaration des droits de l'enfant adoptée et proclamée par
l'Assemblée Générale de l'O.N.U. le 20 novembre 1959 affirme que l'enfant, en raison de son
manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection juridique appropriée avant
comme après la naissance. L'article 42 de la convention relative aux droits de l'enfant du 20
novembre 1989 invite les gouvernements des Etats à faire connaitre les droits de l'enfant et d'en
assurer le respect par des mesures législatives et autres adaptées progressivement à l'application des
principes contenus dans ladite convention. En 1990, le Sommet mondial pour les enfants a lieu à
New York. Il réunit 71 chefs d'Etat et de gouvernement. Les dirigeants signent la Déclaration
mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l'enfant, ainsi qu'un plan
d'action pour l'application de la Déclaration, dans lequel sont énoncés des objectifs à atteindre au
plus tard en l'an 2000.
En 1994, l'Année internationale de la famille réaffirme que les programmes devraient soutenir les
familles dans leurs fonctions d'encadrement et de protection des enfants, au lieu de fournir des
substituts à ces fonctions. En 1999, la Convention concernant l'interdiction des pires formes de
travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination (Convention n°182 de l'O.I.T.)
est adoptée.
En 2000, les Objectifs du Millénaire pour le développement (O.N.U.) comprennent des objectifs
précis relatifs aux enfants, visant notamment à réduire de deux tiers le taux mondial de mortalité des
enfants de moins de cinq ans et à parvenir à l'enseignement primaire universel pendant la période
allant de 1990 à 2015. L'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations-Unies adopte deux
protocoles facultatifs à la convention relative aux droits de l'enfant, l'un concernant l'implication
d'enfants dans les conflits armés et l'autre la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la
pornographie mettant en scène les enfants. En 2002, l'Assemblée Générale des Nations-Unies tient
une Session extraordinaire consacrée aux enfants, au cours de laquelle elle examine spécifiquement,
pour la première fois de son histoire, les questions concernant les enfants.
Convaincu que la situation des enfants ne fait que s'aggraver au pays, le gouvernement de la RCA a
initié l'organisation régulière des enquêtes nationales sur la situation des enfants et des femmes.
D'une manière globale, ces enquêtes visent à améliorer le respect des droits de l'enfant ; améliorer la
pertinence des politiques et programmes en faveur des enfantset des femmes ; augmenter les
allocations des ressources et des financements en faveur des enfants et des femmes ; mieux faire
connaitre la situation des enfants et des femmes en R.CA.; suivre les indicateurs sociaux relatifs au
bien-être des enfants et des femmes en R.C.A ; renforcer les capacités individuelles et
institutionnelles en matière de recherche socio-économique concernant les enfants et les femmes. Il
a aussi publié, en 2009, une loi visant à renforcer les mesures de protection des droits de l'enfant sur
toute l'étendue du territoire national. Soutenant les initiatives gouvernementales dans ce domaine,
l'UNICEF a aussi initié une multitude d'actions en faveur des enfants congolais. Il publie en outre,
chaque année, des rapports sur la situation des enfants dans le monde en vue de jeter un coup d'œil
sur l'état des enfants et de proposer des pistes de solution pour améliorer leur situation.
Au niveau régional, les instruments comme la convention européenne sur l'exercice des droits des
enfants, considère en son article premier, tous les êtres humains de moins de 18 ans comme les
enfants devant bénéficier d'une protection juridique. Aussi, la Charte Africaine des droits et du bien-
être de l'enfant du 11 juillet 1990, définit l'enfant en son article 2 comme « Tout être humain âgé de
moins de 18 ans ». La loi centrafricaine fixe à 18 ans l'âge du recrutement de gré ou par la force des
enfants dans les forces armées étatiques ou non étatiques.
Au regard de ce qui précède, la conception d'un enfant dans le contexte Centrafricainnediffère de
celle de la communauté internationale de par la limite d'âge, cela veut dire que la RCA
n’autorisepas l’enrôlement des enfants dans les conflits armés. Ainsi, la RCA et la communauté
internationale ont au moins un point commun à ce sujet : celui de considérer tous les êtres humains
en dessous de 18 ans comme des enfants. Dans le contexte Centrafricain la plupart des enfants
impliqués dans les conflits armés sont en dessous de 13 ans. Dans le cadre de cette étude et, malgré
la considération d'un enfant comme un être de moins de 18 ans par les normes Centrafricain, enfant
désigne ici tout être humain en dessous de 18 ans conformément aux normes internationales.
La faiblesse de l’Etat en RCA résulte de ce que son histoire politique semble pouvoir se résumer a
une illustration de « la politique de ventre » (Bayart 1989) Chaque Camp politique cherche à
accéder par tous les moyens au pouvoir assimilé à un « butin deguerre » On assiste dès lors à une
luttepour le pouvoir entre un nombre limité de leaders
historique(Dacko,Bokassa,Kolingla,Patassé,Bozizé)mobilisent des communautés segmentées pour
parvenir au pouvoir et se réfugient dans l’opposition armée quand le pouvoir leur
échappe.L’Exercice du pouvoir sert avant tout les intérêts de la « classe » dirigeante. Le parti exclu
ne reconnait pas sa défaite mais cherche à la reconquérir. Le pouvoir effectif est faible. Cette
« politique de ventre» a crée une faible effectivité du pouvoir et une faible légitimité démocratique
et nationale provoquant des crises et des conflits de différente nature.
Les trois types de crises majeurs ; une crise de distribution, une crise d’identité, une crise de
légitimité.
La crise d’identité ou crise du capital social provient de l’échec à créer au sein des
populations un sens profond de l’identité nationale et d’appartenance à une collectivité surpassant la
communauté de naissance. Elle a pour conséquence principal dominer le sentiment national et de
justifier la participation à des actions « oppositionnelles » légitimée par la référence à des principes
d’appartenance ethnique ou régionale.
3 Revue de la littérature
Dans le cadre de cette recherche, quelques travaux scientifiques ont retenu notre attention sur les
questions de protection des droits de l'enfant. De ce fait, cette étude s'est intéressée aux ouvrages
abordant la problématique de la protection de l'enfant en Afrique.
Innocent BIRUKA dans son ouvrage intitulé La protection de la femme et de l'enfant dans les
conflits armés en Afrique, met un accent sur le fait qu'en dépit des avancées juridiques réalisées, au
plan normatif, depuis un demi-siècle, en matière de protection de l'être humain face à la guerre, les
femmes et les enfants continuent d'être instrumentalisés dans les conflits armés en Afrique. Il met
également en exergue la chosification de l'humanité, enfance, féminité et maternité devenant de vils
outils aux mains des tortionnaires impénitents qui, de surcroît, se confortent dans l'impunité et la
toute-puissance. A cet effet, Innocent appelle à une mobilisation générale de tous les acteurs, dans
une approche pluridisciplinaire, pour une action concertée tendant à la prévention concrète des
conflits armés et à une meilleure gestion, juridictionnelle et non juridictionnelle, de leurs effets
dévastateurs sur les femmes et les enfants. Selon lui, c'est en ce sens que tout Etat africains devrait
assumer avec détermination les obligations légales qui lui incombent. Entre autres actions, les Etats
africain devraient donner effet au droit national et international, en adoptant des mesures de
réception au droit positif des normes portant droits humains fondamentaux. En ce qui concerne les
acteurs de la communauté humanitaire, ils devraient tendre à plus de professionnalisme, en revenant
au strict respect des principes fondateurs de l'aide humanitaire.
L'auteur cherche ici à mieux nous renseigner sur les réalités dans les conflits armés en Afrique et
notamment au Rwanda, tant pour le professionnel, le leader communautaire, tous chargés de la
protection des personnes vulnérables que pour les enfants qui en sont les principaux victimes.
L'Afrique en temps de conflit armé, donne l'impression d'être un lieu où il faut constamment se
battre pour survivre. Cet ouvrage a donc le mérite de nous renseigner sur les mécanismes
juridictionnels et non juridictionnels de la protection des droits de l'enfant en période de conflit
armé.
Il reste limité dans le développement de la protection physique de l'enfant. Le travail que nous
abordons s'inspire des analyses de l'auteur et de l'expérience vécue par celui-ci, afin de comprendre
la problématique de la protection des droits de l'enfant en temps de conflit armé en Afrique. La
protection des droits de l'enfant en période de conflit armé étant une question de protection
physique et morale, notre étude va au-delà de la dimension physique pour embrasser aussi la
dimension morale.
Herve CHEUZEVILLE « Kadogo,12 », montre en réalité comment les massacres de masse, dont
l'ampleur pourrait dépasser le décompte des morts du génocide rwandais de 1994, se déroulent
discrètement en Afrique Centrale depuis des années. Ceci sous des prétextes tels que : l'existence
des " rébellions " et des contre-rébellions ou les " luttes tribales ". Et pourtant, en fait, ce sont les
conséquences d'un combat féroce entre chefs pour s'approprier le pouvoir exclusif sur les ressources
locales. Il montre ensuite comment les groupes armés des milices ethniques impliquées sont
composésen majorité de jeunes et d'enfants presque toujours recrutés de force : les KADOGO
('petite chose, sans importance', néologisme local). Hervé CHEUZEVILLE, travaillant pour les
organismes humanitaires œuvrant depuis une quinzaine d'années dans la Région, a côtoyé un grand
nombre des gamins traumatisés, mutilés. Il a également fait ressorti leurs récits de vie dramatiques
qui leur permet de rompre avec le silence qui couvre les guerres devenues chroniques au (Sud)
Soudan, en Ouganda, en R-D Congo. L'auteur fait également ressortir le fait qu'en juin 2003,
l'intervention ponctuelle d'une force internationale sollicitée par la France et mandatée par l'ONU à
12
Herve CHEUZEVILLE dans son ouvrage « Kadogo, Enfant des guerres d'Afrique centrale » » massacre de masse
qui dépasse le génocide Rwandais en 1994 sud, soudan, Ouganda, RDC
Bunia, en Ituri au nord-Est de la R-D Congo, portera peut-être un temps d'arrêt à toute une série
d'abominations déjà qualifiées de « crimes de guerre et crimes contre l'humanité ».
Nous constatons que l'auteur fait un récit assez réaliste qui nous conduit tout droit dans cette
horrible réalité des grands lacs. Il essaye de nous édifier sur l'implication des superpuissances du
XXIe siècle dans la guerre de l'Irak. Où les américains et les britanniques y ont combattu, alors que
les enfants étaient abandonnés à leur sort ou alors chosifiés et utilisés comme instruments de guerre.
Un ouvrage encore édifiant qui nous permettra de mieux cerner la problématique de l'enfant soldat
dans l'analyse que nous nous proposons d'effectuer en ce qui concerne la protection des droits de
l'enfant en temps de conflit armé en Afrique. Et surtout il nous permet de montrer comment
l'utilisation des enfants dans les combats heurtent leur intégrité physique et morale, et pose par
ailleurs le problème de leur réinsertion sociale en période post-conflit.
Delphine EVMOON13, quant à elle, nous amène à nous interroger sur le comportement et les
agissements des «criminels de guerre» considérés pour la plupart comme étant des analphabètes,
toute chose qui pourrait justifier l'usage ou le recours à l'enrôlement des enfants. Cependant, selon
l'auteur, ce sont des intellectuels qui sont conscients et informés sur les règles régissant les conflits
armés, qui sont des véritables « criminels de guerre ». En effet, l'auteur montre que de 1991 à 1995,
en ex-Yougoslavie, une guerre civile a fait rage, et durant cette période, viols, meurtres, massacres,
passages à tabac, détention, sabotage, torture, humiliations physique et morale, épuration ethnique,
assassinats, exécutions et massacre de masse, ont été le lot quotidien des habitants de Bosnie-
Herzégovine. L'auteur fait également ressortir le fait qu'avant le conflit, les « criminels de guerre »
ont été des professeurs, des médecins, des chauffeurs de taxi, des serveurs, des ingénieurs, des
mécaniciens, des hommes d'affaires, des politiciens ou des militaires, des mariés, des pères de
famille ou des célibataires, de tous âges. Du jour au lendemain, ils sont devenus gardiens de camps,
chefs militaires ou tueurs. Delphine montre aussi qu'ils ont décidé parfois sur ordre, mais dans la
plupart du temps, il s'agit des actes volontaires. Selon l'auteur, rien n'a cependant préparé ces
hommes à devenir ce qu'ils sont devenus, à commettre les actes qu'ils ont commis. Pourtant, un
jour, tout a basculé. Ils sont passés de l'autre côté. C'est notamment les cas de Goran Jelisic, Zoran
Kupreskic, Mario Cerkez, Milojica Kos, DragoljubPrcac et MladjoRadic que Delphine EVMOON
met en exergue dans son livre. Mais, selon elle, la question demeure : ne restent-ils pas néanmoins
des hommes ordinaires ?
Nous constatons que cet ouvrage de Delphine EVMOON se démarque des autres car l'auteur
ne décrit pas seulement la situation factuelle pendant le conflit armé, mais il s'interroge grandement
sur le changement subit de comportement des hommes intellectuels, des hommes sensés posés des
actes réfléchis, pour devenir des hommes guerre. Cet ouvrage a le mérite de nous édifier
suffisamment et clairement sur la compréhension des actes inhumains posés pendant les conflits
armés en Afrique, notamment la chosification etl'utilisation des enfants au front. En outre notre
étude s'inspirera de l'étude de Delphine EVMOON pour justifier nos hypothèses.
Pour Luc NDJODO14, qui a fait une étude sur la protection sociale de l'enfant en période de
transition culturelle, énonce non seulement les différents instruments internationaux pris en faveur
des enfants, mais également démontre l'importance d'une mère dans l'encadrement et l'éducation de
l'enfant, donc de sa protection. L'auteur insiste sur le fait que la transition culturelle qui a remis en
13
Delphine EVMOON : comportement et agissement des criminelles de guerre en 1991 à 1995 en ex Yougoslavie
(atrocités).
14
Luc NDJODO étude sur la protection social de l’enfant en période de transition culturelle
cause les valeurs spécifiques à l'éducation traditionnelle africaine a constitué un danger pour la
protection des enfants. Il est, certes, vrai que Luc NDJODO relève dans son livre les différents
instruments en rapport avec les droits des enfants, mais il s'est abstenu de faire un commentaire au
sujet de ces instruments. Il semble important de démontrer que, bien qu'il soit considéré au plan
social comme un danger pour les enfants, cette phase de transition culturelle n'est pas aussi
dangereuse que l'implication des enfants dans les conflits armés au vue des conséquences qui en
découlent. Il est bon de signaler qu'une protection juridique de l'enfant demeure la meilleure
solution pour lutter contre les violations des droits de l'homme. Une protection sociale des enfants
n'est pas aussi négligeable et mérite une attention particulière.
Bien que cette analyse ne concerne pas directement ce travail qui porte sur la situation de protection
des enfants en période de conflit armé interne en RCA, il demeure intéressant du point de vue
analytique. Cette étude de Luc NDJODO nous permet de plancher sur le volet de la protection non
juridictionnelle de l'enfant en période de conflit en Afrique. Un ouvrage toujours aussi important et
pertinent qui sera d'un grand apport dans notre étude, surtout lorsqu'il faut développer les
insuffisances des instruments en rapport avec la protection des enfants en période de conflit armé ou
en crise.
Enfin Ismaël BEAH15décrit la situation des enfants victimes des conflits armés en Sierra-
Léone. Cet auteur souligne l'importance de l' existence des instruments internationaux de
protection des droits de l' enfant, notamment la Convention relative aux droits de l' enfant
du 20 novembre 1989. Il aboutit aux résultats selon lesquels la C.D.E. contribue à l'
amélioration positive du sort des enfants dans le monde, mais ces efforts restent encore
insuffisants.
3 Intérêt de l’étude
Le choix de ce sujet s’inscrit dans l’analyse des sujets des relations internationales et les
interactions entre les acteurs sur la scène internationale. Dans le cas d'espèce, nous avons
voulu étudier les interactions entre la RCA et l'UNICEF quisont des acteurs desR.I. Ce travail
comporte un double intérêt : il s'agit d'un intérêt scientifique (A) et d'un intérêt social (B).*
Du point de vue scientifique, d'abord, notre travail s'inscrit dans la logique d'une recherche
appliquée. D'une part, elle constitue un effort deconfrontation des théories et paradigmes dans la
résolution des problèmes pratiques vécus par une population. Cela nous permet, dans lecas
d'espèce, de contribuer objectivement à la résolution des problèmes liés à la protection des
enfants dans la République centrafricaine. D'autre part, nous avons envisagé, à travers ce travail,
constituer une banque de données pour ceux qui désirent s'aventurer sur le terrain derecherche.La
particularité de notre étude se justifie par le fait que la question de la protection des droits de
l'enfant dans un contexte de crise est traitée à la lumière du cas de la RCA, un cas qui, jusqu'à ce
jour, demeure d'actualité, du fait de l’instabilité de ce pays. Dans un second temps, la formulation
de nos hypothèses orientées vers la recherche du bien-être de l'enfant, nous a permis, en s'inscrivant
dans la suite des autres auteurs sur la question, de compléter et d'enrichir les bases de données déjà
15
Ismaël BEAH, « Le chemin parcouru : Mémoires d'un enfant soldat », La situation des enfants dans le monde,
UNICEF , 2006.
existantes qui traitent des questions de protection et de promotion des droits des enfants dans ce
pays.
Au niveau personnel et social, ensuite, ce thème a attiré notre intellect du fait que nous
avons été interpellé par les conditions demarginalité et d'abandon dans lesquelles vivent
nombreux enfants dans la société Centrafricaine qui, pourtant constituent une couchesociale
vulnérable, à l'instar des femmes, des vieillards, etc. A travers cette étude, nous avons voulu
apporter notre contribution à la compréhension des mesures tendant à atténuer les
souffrances dont sont victimes les enfants. Cela passe par l’évaluation des actions entreprises par
l'UNICEF, organe spécialisé du système des NationsUnies, qui, grâce à la coopération
internationale, vient en aide aux Etats dans la protection des droits des enfants. Par leur
pertinence, lesrecommandations qui découlent des analyses faites dans le cadre de ce travail,
pourraient inciter tous les intervenants à prendre desdispositions utiles à l' amélioration des
conditions des enfants dans la République Centrafricaine.
Cette étude traite de la question de la protection des droits de l'enfant et tente de définir des
approches de solution à leur violation pendant les conflits armés en Centrafrique. Ces approches
susciteront, non seulement la prise de conscience du peuple centrafricain pour ce qui est de la
protection des enfants en périodes de conflits, mais également interpelle la communauté
internationale quant au danger qui menace les enfants des pays pauvres et en voie de
développement. Bien que la loi centrafricaine fixe à 18 ans l'âge du recrutement volontaire ou
involontaire des enfants dans les armées, les données recueillies sur le terrain font ressortir que l'âge
de recrutement des enfants varie, plutôt, entre 9 et 13 ans. Et jusqu'ici les responsables de ces crimes
de guerre demeurent impunies alors que laCentrafriquearatifié également au statut de Rome portant
création de la Cour Pénale Internationale (CPI).
A travers cette étude, nous avons vouluapporter une contribution à la compréhension des mesures
tendant à atténuer les souffrances dont sont victimes les enfants. Cela passe par l’évaluation des
actions entreprises par l’unicef, organe spécialisés de l’ONU qui grâce à la coopération
internationale, viennent en aide aux Etats dans la protection des droits des enfants. Par leur
pertinence, les recommandations qui découlent des analyses faites dans le cadre de ce travail,
pourraient inciter tous les intervenants à prendre des dispositionsutiles à l’amélioration effective des
conditions des enfants dans Bangui en particulier et dans Toute la RCA en général. Cette étude est
d’actualité en RDC, Burundi, Cameroun, Noso et Boko-haram ).
c- Problématique
La question relative à la protection des enfants constitue un des goulots d’étranglement pour
la République Centrafricaine, l’accroissement en nombre des enfants orphelins abandonné, séparé,
affecté, les enfants de la rue et des délinquants pose des graves problèmes quant à la gestion de leur
situation par le gouvernement.
Cependant, il est important de souligner que la CDE et la CADBE ont des mécanismes de contrôle
censés garantir l’application effective de ces droits. Malheureusement, le respect de ces droits de
l’enfant sur le continent Africain et en particulier en République Centrafricaine reste une utopie.
L’UNICEF16 condamne fermement cet acte car trouve quel’enfant est plus une victime qu’auteur
de sa situation alors qu’en réalité, il a besoin d’une protection spéciale et des soins appropriés. C’est
avec les deux grandes guerres mondiales, qui ont fait d’énormes dégâts tant matériels qu’humains
avec les femmes, les vieillards et surtout les enfants qui sont les plus vulnérables que le soucis de
leur protection va naître.Malgré tous les efforts fournis par les différents acteurs, le constat demeure amer.
La situation des enfants demeure catastrophique dans Bangui comme sur presque tout le territoire national
Centrafricain.
Aussi, en raison de la complexité des conflits armés non internationaux et de l’implication évidente
des groupes armés dans les violations des droits de l’enfant de plus en plus, l’ONU convient que la
responsabilité de protéger ne devrait plus relever de l’autorité étatique seule. A cet effet, on peut
s’interroger sur le respect et l’application des normes par les groupes armés. Dans quelle mesure
l’UNICEF est impliqué dans le respect des règles de protection ?au regard des nombreux groupes
armés cette protection est- elle efficace ?
En guise d'hypothèses, la réponse suivante peut être formulée à la question principale posée : nous
estimons que l'UNICEF dans la protection des enfants use des mécanismes divers tant normatifs,
qu’institutionnels. Mais certaines difficultés subsistent et tendent à freiner l’action de cette
institution.Etàvoir le nombre accrue des cas d’enfants en périls dans Bangui et ses environs, une
aggravation se remarquerait, par exemple, par l'augmentation des cas d'enfants dans la rue, d'enfants
en conflit avec la loi, d'enfants en situation particulièrement difficile, etc., ce qui remettrait en cause
l'efficacité de l'intervention de l'UNICEF dans la protection des enfants.
Par rapport à la deuxième question, nous estimons que une évaluation des actions menées par
l'UNICEF en faveur des enfants, le respect des droitsde l'enfant, la prise par l'Etat de ses
responsabilités au regard des enfants, la révision des activités jugées prioritaires pour ces enfants en
fonction des moments et des circonstances sont autant d'éléments qui permettraient une effective
efficacitédeprotection des enfants en Centrafrique mais qui semble relative .
Pour valider l'hypothèse susmentionnée, il convient d'adopter une démarche adéquate. Car c'est la
méthode qui élucide l'hypothèse et conditionne la recherche. C'est, d'ailleurs, pour cela que
KONTCHOUKOUEMEGNI17affirme que « La méthode éclaire l'hypothèse et détermine la
méthode de recherche ». Nous avons adopté, dans le cadre méthodologique de ce travail de
recherche, deux approches: une approche institutionnaliste historique et une approche structuro
fonctionnaliste.
A- Méthode d'analyse
Cette méthode met en exergue deux approches, à savoir : une approche historique et une
approche fonctionnaliste relative visant, successivement, à analyser les droits en rapport avec les
enfants et à mettre en exergue le rôle, l'intérêt et la position des acteurs en présence dans le cadre de
la protection des droits de l'enfant en Centrafrique.
1- approches historique
16
« United Nations International children Emergency Found,la situation des enfants dans le monde, l’enfance en
péril Newyork 2005 P2 ».
17
Augustin KONTCHOU « méthode de recherche et nouveaux domaines en relation internationale »
revuCamerounaise des relations internationales, n° 16-17 décembre 1992.
S'appuyant donc du travail sur le terrain, l'approche historiquenous permet de mettre en
exergue le rôle,l’histoire, l'intérêt et la position des acteurs en présence dans le cadre de la
protection des droits de l'enfant en Centrafrique à l’instar de l’entité UNICEF .
2- Approche fonctionnalismerelativisé
Le recours à cette méthode nous a conduit à considérer l'UNICEF comme étant un cadre
qui stabilise et équilibre la société humaine àtravers ses différentes actions qui ont pour
objectif de contribuer au respect et à la promotion des droits de l' enfant à travers le
monde, àconstater dans le fonctionnement de l'UNICEF ses fonctions manifestes constituées
des missions officielles reconnues par les statuts decelui-ci. Il s'agit de toutes les activités
officiellement réalisées par l'UNICEF et mis à la disposition du grand public pour la
protection et lapromotion des droits de l'enfant.Cependant, d'autres fonctions de l'UNICEF
passent inaperçues en RCA Leur latence fait qu'elles sont ni vues niconnues par les
membres de la société, chose que la présente étude s'attèle d'ailleurs à démontrer dans les
analyses. L 'usage de cetteméthode nous a conduit enfin à voir dans quelle mesure combler
le vide que pourrait orchestrer l'inefficacité des actions et mécanismemis en œuvre par
l'UNICEF dans la résolution des problèmes des enfants du Sud-Kivu en réfléchissant sur les
substituts fonctionnels àtravers les organismes similaires. La compréhension de la relation de
causalité ne sera pas mise à l' écart dans l'usage de cette méthodetout au long du travail.
Comme technique de recherche, ce travail s'appuie sur la recherche documentaire (1) et la technique
d'entretien (2), qui consistent d'abord, parlant de la recherche documentaire, à faire un inventaire,
d'un point de vue normatif et doctrinal, des documents en rapport avec la protection des droits de
l'enfant. Ensuite, s'agissant de l'entretien, il consiste à administrer un guide d'entretien et un
questionnaire aux différents acteurs de la vie sociale et aux enfants.
1- Recherche documentaire
La recherche documentaire vise à faire un inventaire, du point de vue normatif et doctrinal, des
documents en rapport avec le droit des enfants. Cette recherche nous a permis de rassembler les
informations, notamment les données statistiques sur les cas des enfants dans le conflit armé
Centrafricain. Nous avons eu recours à plusieurs documents officiels et rapports écrits, tels que : les
résolutions du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies, les rapports et revues de
l'UNICEF, le HCR, les ONG humanitaires, les professionnels du droit, la webologie, en particulier
des professeurs de droit.
18
King Mertonsocialtheory and social structur 1949
L'analyse documentaire a permis d'évaluer l'effectivité des normes et les mécanismes de protection
des enfants. La défaillance de ces normes nous a permis de dégager les insuffisances juridiques tant
sur le plan national qu'international et l'inadéquation d'un cadre politique et socioéconomique.
2 - Entretien
Le guide d'entretien a été administré aux leaders communautaires, aux parents ou substituts
parentaux et aux recruteurs ou intermédiaires selon les grands axes suivants : Identification,
implication des enfants dans le conflit armé, activités et secteurs d'activités, prise en charge des
enfants victimes, processus de réinsertion, proposition d'action. Quant au questionnaire, il s'est
adressé aux enfants victimes du conflit armé et a été axé sur les grandes lignes suivantes :
Identification, environnement social et cadre de vie de l'enfant, protection et prise en charge,
aspiration des enfants.
- Articulation du plan
Dans le cadre de cette étude, le plan comprend deux parties composées chacune de deux
chapitres, une introduction générale et une conclusion générale. La première partie permet de
présenter les mécanismes de l’action de protection des droits de l’enfant par L’Unicef dans un
contexte de crise, notamment, en mettant un accent sur la protection juridique ou normative
(Chapitre I) et, en second lieu, sur les moyens stratégiques (Chapitre II).
La deuxième partie, quant à elle, statue sur l’efficacité relative des garanties des droits de
l’enfant. Elle met un accent particulier sur l’évaluation de l’action entreprise par l’Unicef et les
organisme spécialisés des droits de l’enfant en RCA (Chapitre I), et fait ressortir les résultats de
cette évaluation en vue d’un model de protection de droits de l’enfant dans un contexte de crise
(chapitre II) .
Plan du travail
Iere partie : Les Mécanismes D’interventions De L’unicef Pour La Protection Des Enfants En
Rca.
Chapitre 1 :l’ UNICEF une organisation internationale spécialisée dans la garantie juridique
de la protection des droits de l’enfant
section 1 : Présentation des missions et compétence de l’UNICEF
section2 : Instruments légaux de la Protection
Chapitre 2 : IMPACT ETLES LIMITES D’APPLICABILITE
Section 1 : impacts
Section2 : limites
D'autant plus que notre travail porte sur une Organisation Internationale, il importe de
chercher à comprendre à travers ce chapitre,quelques notions essentielles et la typologie des
Organisations Internationales (paragraphe I) ; la présentation des missions et compétencesde l'
UNICEF ainsi que les instruments qui assurent la garantie des droits de l'enfant (paragraphe II).
Il convient de souligner que de nos jours, l'Organisation Internationale est une réalité
évidente qui confirme l' existence du DroitInternational Public ; elle est une expression de la
volonté politique des acteurs unitaristes du pouvoir.L’existence des O.I. témoigne à lafois de
l'intensification des R.I. et de l'incapacité des Etats à assurer par les moyens classiques, le
règlement de nombreux problèmesinternationaux19.
La création d'O .I. traduit le désir des Etats de coopérer dans un but défini et de s'intégrer aux
niveaux régional et mondial.
Très souvent, les O.I. sont le résultat d'accords individuels conclus par les Etats souverains
pour trouver des solutions communes auxdiverses questions qui dépassent leurs moyens
politiques ou financiers20. Ainsi, ce paragraphe se propose de tenter de définir ce que c’estune
O .I. et ses compétences (§1) avant d'en donner par la suite, une typologie (§2).
Les auteurs ne sont pas unanimes sur la définition de ce qu'est une organisation
internationale. Toutefois, il y a lieu d'appréhender leconcept « O.I. » de deux manières :
d'abord au sens large et ensuite au sens strict. Pris dans son sens large, le concept « O.I. »
recouvredeux réalités différentes. Selon la première réalité, l'O .I. est synonyme d'organisation de la
société internationale. En ce sens, elle désigne lamanière dont est organisée la société
internationale. Selon la seconde réalité, le concept d'O .I. vise les méthodes et modalités de
lacoopération internationale.
Au sens strict, la définition d'une O.I. se réfère à des considérations d'ordre juridique et
sociologique. En effet, du point de vue sociologique,les organisations présentent toutes un trait
commun :
elles sont fondées et constituées par les Etats, et animées en général par les
représentants des gouvernements qui ont qualité pour agir au nom de leurs Etats. Ce sont
des organisations internationales. Quantaupoint de vue juridique, les O.I. peuvent être
définies comme des associationsd'Etats établies par des accords entre leurs membres et
dotées d'un appareil permanent d'organes chargés de poursuivre la réalisation d'objectifs
d'intérêt commun par voie de simples mesuresde coopération ou d'intégration.
Plusieurs missions et compétences sont assignées aux O.I. Parmi ces missions, la poursuite
de la réalisation de l'intérêt commun aux Etats-membres demeure la principale. Disons que
cette mission n ' est pas facile à réaliser du fait que chaque Etat définit ses
prioritésconformément à son intérêt national. D'autres missions sont déterminées par les
statuts, les actes constitutifs de l' organisation, et cela dans plusieurs domaines : politique,
économique, sanitaire, etc. Les O.I. tirent leurs compétences des Etats-membres qui sont
lesdestinatairesordinaires des mesures qu'elles adoptent24. Les compétences ici font référence
aux fondements, aux bases juridiques sur lesquelles sefondent les O.I. pour accomplir leurs
tâches : les chartes, les traités, etc25. En effet, les O.I. sont conçues pour remplir des tâches
donnéeset ne sauraient s'en écarter. Pour la nature, on opposera les compétences normatives
aux compétences opérationnelles. Les premièresentraînent l' aptitude à adopter des textes dont
la mise en œuvre incombe aux seuls Etats sous leur responsabilité. Les secondescomportent
une action exécutive et matérielle conduite par l’organisation elle-même. Il existe des actes à
caractère réglementaire (actede nomination par exemple) ; des actes à caractère législatif
(création d'un organe subsidiaire par exemple) ; des actes à caractèrejudiciaire (un avis de la
cour par exemple), etc. Ces actes sont en principe exprimés sous forme de vœux, recommandations,
résolutions etdécisions. Parmi ces actes, certains s'imposent aux Etats-membres (résolutions et
décisions), d'autres non (voeux et recommandations).
Plusieurs typologies d'O .I. ont été proposés par différents auteurs. Certains auteurs
distinguent les organisations temporaires ou ad hocdes organisations permanentes26. Cette
classification se révèle moins scientifique du fait que les conférences ad hoc qui ont précédé
lesO.I. actuelles ne sont pas réellement des O.I. si l' on considère les définitions ci-dessus.
D'autres ont distingué les organisationsgouvernementales (créées sous l'initiative des Etats) des
organisations non gouvernementales (créées sous l'initiative des particuliers).
21
L ;LASAY’ABAR, les relations internationales : présentation panoramique et approches théorique
22
Sur, op.cit, p, 291
23
H.A SCHRAEPLER, op.cit p. VI
24
Ibidem,p20
25
S.sur, op.cit p, 301
26
Ibidem,pp320 et 221
plus nombreuses (institutions spécialisées des Nations - Unies, organisationséconomiques,
militaires, etc.). Suivant leurs pouvoirs, on différenciera les organisations ou les organes à
pouvoirs forts - l'UnionEuropéenne, le Conseil de Sécurité de l'O .N.U. - et ceux à pouvoirs
faibles, qui sont la quasi-totalité27. Il faut toutefois noter que malgré leurdiversité, les O.I. ont
toutes plusieurs caractères en commun : base juridique (statut, convention), vocation, objectif
(politique, militaire,économique, scientifique, humanitaire ou social, culturel,
idéologique),principes, Etats-membres, structures (assemblée, conseil exécutif, comités,secrétariat),
ressources, activités, information, etc. Ces éléments facilitent leur classification et leur
fonctionnement28.
Par ailleurs, une O.I. peut conclure des accords avec un Etat non membre, comme elle peut
assister à une conférence. Ce qui est plusimportant dans les rapports entre les Etats non
membres et les O .I. est que, dans la pratique internationale actuelle, il est difficile qu'un Etatnon
membre s'oppose aux décisions prises par une O.I. comme l'O .N.U 29. Plusieurs décisions de cette
dernière entrent maintenant dans lecadre des principes généraux du Droit International Public, et les
Etats, voulant le plus souvent se conduire selon les normes posées par ceDroit essaient, dans la
mesure du possible, de se conformer aux décisions de l'O .N.U., ne fut-ce que passivement.
Les O.I. peuventaussiavoir des compétences sur les individus. Elles constituent un monde à
part souvent déconcertant pour le citoyen qui n ' a, sur elles, ni droitd'intervention, ni
influence, sauf par le biais de son gouvernement30.
UNICEF (United Nations International Children Emergency Found) signifie en français, « Fonds
des Nations-Unies pour l'Enfance ». Il est laseule organisation de l'O .N.U. à se consacrer
exclusivement aux enfants en travaillant pour la protection, la survie et le développement desenfants
dans le cadre de la C.D.E. Il a été créé le 11 décembre 1946 par l' Assemblée Générale
des Nations-Unies pour répondre auxbesoins urgents des enfants dans l'Europe de l' après-
guerre et jouissait d'une certaine autonomie au sein de la famille des Nations-Unies.
Au début en 1946, le but de l'UNICEF était de secourir les enfants et les mères victimes
de la deuxième guerre mondiale. En 1953, elledevient un organisme permanent des Nations-
Unies. Dès lors, son but devient la protection maternelle et infantile dans les pays
endéveloppement. Le prix Nobel de la paix lui a été décerné en 1965.
27
S.SUR, op. p290
28
HA. SCHRAEPLER,op.cit,pV
29
ibidem
30
HA. SCHRAEPLER,op.cit,pVà
L’UNICEF est dirigé par un Conseil administratif composé de 36 membres. Il établit les politiques,
examine les programmes et approuve les budgets. Il relève de l' A.G. de l'O.N.U. par le biais du
Conseil économique et social. Il se réunit une fois l'an pour définir la ligne de conduite à suivre,
procède à un examen et rend compte de ses activités au conseil économique et social ainsi qu'à
l’assemblée générale de l'O .N.U. Il est géré par un directeur général selon les directives
données par son conseil d'administration composé des représentants des pays -membres de
l'O .N.U. et ceux de ses institutions spécialisées.
Pour la réalisation de ses différentes activités, l'UNICEF dispose d'une coopération qui revêt
trois formes : l' assistance en matière des services destinés aux enfants et la planification de ces
services ; la fourniture de la matière nécessaire et de l' équipement de ces services ;l' octroi des
crédits pour assurer la formation du personnel (les enseignants, les nutritionnistes, les travailleurs
sociaux...) appelé à travailleravec et pour les enfants.
Dansson fonctionnement, il collabore avec les gouvernements des Etats, les organisations
nongouvernementales et plusieurs autres organisations internationales et ce, dans différents
domaines. Ses principaux collaborateurssont :
l'UNESCO (Organisation des Nations - Unies pour l' éducation, la science et la culture.), l'O .M.S.
(Organisation Mondiale de la Santé), laFAO(Organisation des Nations-Unies pour l'
Alimentation et l' Agriculture) et l'O .I.T (Organisation Internationale du Travail). Il convient
de noter que d'autres O.N.G jouent auprès de l'UNICEF un rôle de consultant. C'est le cas
du C.I.C.R, la Croix rouge, des groupes religieux, des organisations professionnelles, des
infirmiers, des nutritionnistes, des assistants sociaux, des enseignants, etc. Les activités de
contribution bénévole aident et financent l'UNICEF . Environ trois-quarts de ses services
proviennent des contributions bénévoles desgouvernements et du reste du grand public. Disons
en somme que l'UNICEF est aujourd'hui une grande organisation au sein des NationsUnies
et constitue actuellement le plus grand organisme protecteur des droits de l'enfant au monde.
A. Présentation
En RCA., le bureau de l'UNICEF fut installé à Bangui depuis 1989 qui est le bureau
National, avec pour Directrice Marie Pierre Poirier. Plus tard, a ouvert un sous bureau à
Bossangoa au centre ouest de la République Centrafricaine et d'autres bureaux ont été installés
dans les préfectures. Sa mission s’est vu étendre peu à peu dans tout le Pays afin de se rapprocher
des bénéficiaires et d’avoir des staffs terrain en vue du suivi et l’évaluation des projets mis en
œuvre par ses partenaires d’une part mais de participer au forum sous régionaux mis en place par la
coordination des humanitaires.
A ce jour l'UNICEF Centrafrique compte un bureau central à Bangui etl’on dénombre quatre
bureaux dits « bureaux de zones » qui ont vocation à couvrir les Seize (16) préfectures en dehors
de Bangui la Capitale. Elle compte également cent quarante (140) staffs dont les 25% sont des
expatriés. Pour la préfecture de Bambari est représenté …. Le bureau de l'UNICEF à
Bambari a à sa tête un chef de bureau qui coordonne les activités du bureau, et cinq
sections (ou programmes)gérées chacune par un chargé de section (ou de programme). Les
programmes sont :
Secondaire et professionnel ;
A côté de tous ces programmes, il y a une section des opérations renfermant deux services :
- L’administration et finance
- La logistique.
B. Missions et stratégies
- vaccination ;
- revitalisation ;
- nutrition ;
- P .T .M.E (·Protection, Transmission du VIH/SIDA de la Mère à l'Enfant) ; - Programme
participation communautaire etcommunication :
- La mise sur pied des programmes de survie communautaire ; - Programme des urgences :
répondre aux exigences etimprévus qui peuvent survenir en cours d'exécution des programmes avec
qui il agit en inter secondarité. – Programmeprotection :
- La protection générale des droits de l'enfant surtout celle des enfants en situation particulièrement
difficile.
- Protection de l'enfant dans les situations d'urgence et de post conflit (enfants affectés par des
conflits armés) ;
- Violences sexuelles (pour l'accompagnement des enfants et des femmes victimes d'abus sexuels).
Au regard de l’évolution du statut social de l’enfant à travers les époques, la nécessité de prendre en
compte les besoins de l’enfant, de lui reconnaitre des droits et d’assurer sa protection en tout temps
n’est pas du tout apparue comme une évidence.
En effet, face à son état de vulnérabilité et pour se mettre à l’abri des maux, tout enfant à droit
d’être protégé en toutes circonstances c’est à dire en temps de paix et aussi en période de conflit
armé.
L'enfant est étudié plus spécifiquement par certaines disciplines comme la pédiatrie en médecine, et
de nombreuses spécialités médicales pédiatriques comme la pédopsychiatrie, la chirurgie pédiatrique
l'oncologie pédiatrique, etc. Dans le domaine des sciences humaines, elle est étudiée par la
psychologie du développement, la psychologie de l'enfant et la psychologie de l'adolescent, les
sciences de l'éducation.
C’est véritablement à partir du XVIII ème siècle que commence à s’opérer la prise de conscience de
l'existence de l'enfance à la faveur des révolutions américaine (1776) et française (1789), qui ont
conduit pour la première fois, non seulement à accorder aux droits de l’homme une importance
significative, mais ont également permis d’attirer l’attention sur la situation des enfants, exploités
dans de mauvaises conditions de travail du fait de la révolution industrielle et du capitalisme32.
La première prise de conscience s’est donc tout naturellement manifestée dans le domaine du travail
et a favorisé, vers le milieu du XIXème siècle, l’adoption de législations nationales de protection de
l’enfant au travail33.
Référée donc d’abord dans des textes nationaux, la notion de « droits de l’enfant » a commencé à
apparaître dans les textes internationaux, premièrement la déclaration des droits de l’enfant dite de
Genève, adoptée en 1924 par la SDN. Elle énonce les principes fondamentaux relatifs à l’enfant et
définit les devoirs des adultes envers eux36, devenant ainsi la première véritable manifestation
internationale et formelle de la protection sociale que bien des sociétés nationales avaient déjà
commencé à accorder à l’enfant. Mais elle ne présente l’enfant que comme un récipiendaire de
mesures sociales et d’actions qui doivent être entreprises en sa faveur, et non comme titulaire de
droits37.
31
https//www.humanium.org/fr/les-droits-de-l’enfant/
32
Michel FREEMAN et Philip VEERMAN(dir), the ideologies of children’srigths, dordrecth,kluxeracademicpublishers
1992,p 53-58
33
Emile ZOLA, les rougon-macquart,T,1, Tijon,Bibliothèque de la pléiade,1964,p.1132- 1938
34
Patricia BUIRETTE, « reflexion sur la convention relative aux droits de l’enfant »,(990), revue belge de droit
international,54-59
35
Alain RENAULT, la libérationdes enfants : contribution philosophique à une histoirede l’enfant, paris, hachette
littérature 2003, p 367
36
Philip VERMAN, the rigths of the child and the changing image of chilhood, norwel, kluweracademicpublishers, 1992
p,155 A. Renault, préc.note 47
37
Mamoud ZANI, la convention internationale des droits de l’enfant : portée et limite, paris, publisud, 1996, p.1
Rietjens dira à ce propos que « la Déclaration de Genève réfère davantage aux obligations
del’adultevis-à-vis de l’enfant qu’aux droits proprement dits de ce dernier 38». Il s’agissait d’abord
et avant tout dedéfendre l’idée d’une certaine protection physique et morale à accorder aux enfants.
La notion des « droits de l’enfant » trouve ensuite son assise dans la DUDH de 1948 adoptée aux
lendemains de la seconde guerre mondiale (1939-1945) dont les conséquences ont suscité un
sursaut collectif général quant à l’absolue nécessité de protéger ces droits. La DUDH s’applique à
l’ensemble des êtres humains en tant que personnes, tel qu’il apparait au paragraphe 1 er de son
Préambule39 et pose en son article 6, la reconnaissance de la personnalité juridique à tout être
humain et surtout, à l’art. 25.2, l’idée d’un traitement spécial au profit de l’enfant. Ainsi, « dans le
parcours qui mène versl’établissementdes droitsde l’enfant, laDéclarationuniverselle est également
une étape importante pour une raison essentielle : elle consacre le caractère universel et
permanent du respect de la dignité de la personne humaine »40
C’est sur cette base que la seconde Déclaration des droits de l'enfant (ci-après, Déclaration de
1959), fut adoptée par l’ONU et énonce dix (10) principes au profit de l’enfant : le droit à l'égalité,
sans distinction de race, de religion, de nationalité ou de sexe, le droit aux moyens de se développer
d'une manière normale et équilibrée, le droit à un nom et à une nationalité, le droit
à une alimentation saine, à un logement et à des soins médicaux, le droit à des soins spéciaux en cas
d'invalidité, le droit à l'amour, à la compréhension et à la protection, le droit à une éducation
gratuite et à des loisirs, le droit au secours immédiat en cas de catastrophes, le droit
à la protection contre toute forme de cruauté et d'exploitation, le droit à la protection contre toute
discrimination dans un esprit de paix et d'amitié entre les peuples41.
Tout comme dans la Déclaration de Genève, il apparaît aussi dans la Déclaration de 1959 que c’est
avant tout en tant qu’objet de droit que l’enfant est devenu lui-même sujet de droit 42, sauf que cette
dernière transforme les principes affirmés dans la première en « droits de l’enfant », et met l’accent,
dès sa première disposition, sur la reconnaissance et la jouissance desdits droits sur la base des
principes contenus dans la DUDH.
Toutefois, pas plus que la première, elle n’a aucune valeur contraignante, et « à l'inconvénient de
neposséder qu'une faible garantie normative et de ne contenir aucune réelle garantie juridique »43.
Elledemeurera quand même pendant longtemps, le seul texte de portée internationale dédié aux
enfants en matière de DIDH et servira de base, trente (30) ans plus tard, à la communauté
38
Paul RIETJENS, la convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant , textes et documents, Bruxelles,
Ministère des Affaires Etrangères, du commerce extérieur et de la coopération au développement, 1992 dans Jean-
francois NOEL, la protection de l’enfant et de la jeunesse en droit québécois au lendemain de la convention relative
aux droits de l’enfant,
39
« …considérant que la reconnaissance de la dignité inhérent à tous les membres de la famille humaine et de leurs
droits égaux et inaliénable… » O. de SHUTTER,F. TULKENS et S. VAN DROOGHENBROECK, préc. Note 9, 2000 p.7
40
Joaquin RUIS-GIMENEZ, « the humanRights of the child », 50 international Commission of jurists 81,82 dans S
DERKALOUSTIAN, préc, note 3,12.
41
M. ZANI, préc, note 50 p 2
42
Cathérine ROLLET, les enfants au XIXe siècle, paris, Hachette, 2001, p.224 ; Robert FOSSIER, « Quelque
réflèxions sur l’enfance ». Actes des 16èmes journées internationales d’histoire de l’Abbaye de Flaron, Toulouse, Presses
Universitaires du Mirail, 1997, p.228-229.
43
Guillemette MEUNIER, L’application de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant dans le droit
interne des Etats parties, Paris, l’Harmattan, coll. «Logique juridique», 2002 p. 23.
internationale pour l’adoption d’un texte de portée plus juridique et plus contraignante qui est la
CDE.
Mais il est important de mentionner au préalable que, si l’après seconde guerre a permis de jeter les
fondations de ce qui va constituer le DIDH en faveur des enfants, c’est également après ce conflit
que la protection de l’enfant va trouver toute sa place dans le DIH.
1. Au plan international
Si les lourdes conséquences de la seconde guerre sur la population civile, en général, ont conduit à
l’adoption de la Charte de l’ONU et de la DUDH lesquelles établissent désormais le respect de la
dignité humaine comme garantie de la paix et de la sécurité internationales, elles ont aussi permis,
en particulier, de prendre conscience de l’importance de mettre en place un dispositif juridique
destiné à protéger ladite population en temps de guerre.
Face à cette nécessité, les efforts du CICR ont permis l'adoption à Genève en 1949, juste aux
lendemains de la DUDH, de quatre (04) Conventions (nommées Conventions de Genève de 1949)44,
dont la quatrième est exclusivement relative à la protection des personnes civiles en période de
conflit armé. Plus que toute personne civile pouvant subir les effets des conflits, les enfants entrent
dans la catégorie des personnes protégées par la CG IV et bénéficient des dispositions relatives au
traitement des personnes protégées, notamment le respect de la vie et de l’intégrité physique et
morale et des droits fondamentaux.
Après la seconde guerre mondiale, la CG IV a donc été le premier instrument international portant
expressément sur la protection des enfants en période de conflit armé. Il convient cependant de
noter que ses dispositions concernant la protection des enfants ne s’appliquentqu’en cas de conflit
international conformément à son article 2.
Toutefois, le DIH a aussi établi le cadre normatif sensé régir les conflits armés lorsque ceux- ci ne
présentent pas un caractère international. L’article 3 commun aux 4 CG porte expressément sur ce
genre de conflits armés non internationaux, en établissant un ensemble de règles minimales
fondamentales qui doivent être respectées en toutes circonstances tout en garantissant un traitement
humain à chacun. Mais les conflits intervenus après la grande guerre ont mis à nu les faiblesses de
l’article 3 en tant que règlementation minimale 45 n’offrant finalement qu’une protection tout aussi
minimale. Pour pallier cette insuffisance, une conférence diplomatique a eu lieu en vue de
compléter et de développer le DIH pour tenir compte de cette évolution et surtout pour offrir une
meilleure garantie de protection aux enfants. Elle a débouché sur l’adoption en 1977 des deux
Protocoles additionnels qui marquent ainsi un progrès important dans la protection de l'enfant en
temps de conflit armé international et non international, à travers :
• L’article 77 du PA I, lequel, en stipulant que « les enfants doivent faire l'objet d'un
respectparticulier et doivent être protégés contre toute forme d'attentat à la pudeur »,
44
Depuis le milieu du XIXe siècle, le Comité international de la Croix-Rouge a réuni des conférences diplomatiques afin
de rédiger des traités protégeant les soldats et marins blessés dans les conflits armés, les prisonniers de guerre, et les
civils en temps de guerre. Ces traités constituent le cœur du droit humanitaire, qui est destiné à assurer le respect de
principes généraux d'humanité en période de conflit armé international ou non- international. Voir D. PLATTNER, préc.,
note 25.
Jean-Marc HENCKAERTS, Louise DOSWALD-BECK, Droit International coutumier, Bruxelles, Bruylant, 2006, Préface de Jakob
45
Kellenberger
consacre la basemême de la protection spéciale accordée à l’enfant en période de conflit
armé international ;
• L’article 4 du PA II qui donne la pleine mesure de l’importance que le DIH accorde à la
protection de l’enfant lorsqu’il s’agit d’un CANI.
Mais la complexité de la nature des CANI rend insuffisante cette protection des droits de l’enfant
par le DIH conventionnel, parce que le droit international humanitaire applicable aux conflits armés
non internationaux est loin de répondre pleinement aux besoins de protection que suscitent ces
conflits, car ne représentant qu’une réglementation minimale 19. Pour garantir une plus grande
protection des droits de l’enfant en période de conflit armé, la pratique fait revenir aux règles
coutumières relatives à la conduite des hostilités et qui s’appliquent à tous les conflits armés,
internationaux ou non internationaux.
En effet, alors que le DIH conventionnel ne lie que les Etats parties aux différents traités qui le
composent, le DIH coutumier lie tous les Etats et au-delà, toutes les parties à un conflit, même non
international. En cela, les règles coutumières complètent et renforcent les dispositions
conventionnelles de protection spéciale reconnue à l’enfant. Ainsi, la règle 135, applicable aussi
bien au conflit international qu’au CANI, énonce que « les enfants touchés par les conflits armés
ont droit à un respect et à une protection particulière ». Ce faisant, les règles coutumières
apparaissentcomme une autre avenue pour l’application effective du DIH.
C’est cette protection reconnue à l’enfant par le DIH conventionnel et coutumier en période de
conflit armé international ou non, qui a été réaffirmée dans la Convention relative aux Droits de
l'Enfant, premier véritable traité de DIDH à valeur contraignante pour les Etats parties46qui donne à
l’enfant « sa reconnaissance comme sujet à l’échelle planétaire »47.
Pour la première fois donc, une norme de droit international juridiquement contraignante reconnaît
à l’enfant des droits subjectifs, c’est-à-dire « des prérogatives attribuées à un individu dansson
intérêt lui permettant de jouir d’une chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une prestation »48.
L’enfant passe définitivement d’individu sans statut à personne titulaire de droit, « sujet et citoyen
à part entière, porteur de tous les droits de l’homme et ayant vocation à les faire valoir »49, ce qui
fait dire
à ALSTON que « l’innovation la plus importante de cette convention est simplement la
reconnaissance du fait queles enfants peuvent prétendre jouir des droits de l’homme eux-mêmes et
non par l’intermédiaire de leurs parents ou représentants légaux »50.
Pour sa part, dira qu’avec la CDE, « c’est notre façon même de voirl’enfant qui est changée, et pas
seulement du point de vue juridique »51. En effet, contrairement aux deux déclarations
quil’ontprécédée, la Convention donne pour la première fois, une définition juridique de l’enfant et
la pleine mesure de la notion. Ainsi, aux termes de son article 1 er, « un enfant s’entend de tout
êtrehumain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la
législation qui lui est applicable »52.Autrement dit, n’est pas adulte, toute personne dont l’âge se
46
J-F NOEL, préc., note 51, p.1
47
Institut de l’enfance et de la famille, au service d’une dynamique du respect des enfants : 73 idées pour l’application
en France de la convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, paris, IDEF, 1990, p3
48
Raymond GUILIEN, Jean VINCENT,(dir), lexique des termes juridiques, paris, Dalloz, 18 e éd ;2010
49
G. MEUNIER, préc, note 56, p.16
50
Philippe ALSTON cité par G. MEUNIER préc, note 56
51
Hugues FULCHIRON, « les droits de l’enfant à la mesure de l’intérêt de l’enfant », (2000), Gaz pal, N°342,15
52
Convention relative aux droits de l’enfant (1989),Rés.A. 44/25 reproduit dans O. de SHUTTER, F. TULKENS et S.VAN
DROOGHENBROECK, préc, note 9 p. 170
situe en dessous dece seuil. La CDE vient ainsi consacrer définitivement l’existence d’une période
de l’enfance tout en fixant la ligne qui sépare cette période de l’âge adulte.
La Convention établit de ce fait une conception de l’enfant plus largement étendue que celle du
terme étymologique (infans, celui qui ne parle pas). Cela implique de ne plus considérer l'enfant
uniquement comme la propriété de ses parents ou le bénéficiaire sans défense de la charité
publique, mais comme une personne ayant des droits et pouvant les revendiquer, « comme
unalterago de l’homme adulte, porteur de droits »53. Ce qui rompt définitivement avec toute autre
perceptionantérieure.
En définitive, la particularité de la CDE tient du fait qu’elle est non seulement l’instrument
juridique le plus internationalement ratifié et le premier instrument qui incorpore un large éventail
des droits de l’homme, droits civils et politiques, économiques et socio culturels pour les enfants,
mais elle est surtout le seul traité de DIDH qui reprend certains aspects du DIH, en l’occurrence la
protection due à l’enfant en période de conflit armé.
L’article 38 stipule en effet « qu’en cas de conflit armé, l'état s'engage à respecter et à faire
respecter lesrègles du droit humanitaire international qui lui sont applicables et dont la protection
s'étend aux enfants »,telles qu’établies par les PA I et II. L’article 38 consacre le droit de l’enfant
d’être protégé ainsi que ses droits fondamentaux, lorsqu’il y a conflit armé. En instituant l’approche
légale de l’enfant et les responsabilités qu’elle impose aux gouvernements en ce qui concerne les
dispositions que ces derniers doivent désormais prendre pour œuvrer au respect des droits
énoncés54, la CDE a également mis en place un Comité des droits de l’enfant afin de garantir
effectivement le respect des desdits droits par les Etats.
Les sociétés africaines garantissaient une certaine protection sociale à travers la reconnaissance
d’une certaine période de l’enfance. Ainsi que le mentionne l’auteur africain Amadou Hampâté Ba 57
dans la biographie racontant son enfance : « quandj’eusatteintl’âgede sept ans, un soir, après le
dîner, mon père m’appela. Il me dit : Cette nuit va être celle de la mort de ta petite enfance.
Jusqu’ici ta petite enfance t’offrait une liberté totale. Elle t’accordait des droits sans ne t’imposer
aucun développements en faveur des droits de l’enfant, n’étaient pas de nature à assurer
l’épanouissement de l’enfant.
53
A. RENAUT, préc, note 47, p. 47, p.370
54
Article 2 de la CDE
55
Pierre ERNY, Les premiers pas dans la vie de l’enfant d’Afrique noire : Naissance et première enfance, Paris, L
’Harmattan, 1988, p.12-13.
56
Pierre ERNY, L’enfant dans la pensée traditionnelle de l’Afrique noire, Paris, l’ Harmattan, 1990, p.19.
57
Amadou HAMPATE BA, Amkoullel, l’enfant peulh, Mémoires, Paris, Actes sud, 1991
Par pratiques traditionnelles, il faut entendre toutes les pratiques humaines, physiques ou
psychologiques accomplies à des fins culturelles ou coutumières et qui ont des conséquences
fâcheuses sur la santé et les droits fondamentaux de l’enfant. Des pratiques comme les mutilations
génitales féminines et les mariages précoces forcés ne sont pas spécifiques à l’Afrique, bien qu’on
les retrouve dans toutes les régions du continent et sont parmi les plus nuisibles aux enfants. Une
autre pratique qui n’est pas elle non plus particulière à l’Afrique, est la préférence et la sublimation
de l’enfant de sexe masculin de même que certaines formes d’exploitation des enfants comme la
mendicité dans les écoles coraniques ou l’exploitation des filles en tant que domestiques58.
En dehors de ces pratiques plus répandues, d’autres sont propres à chaque région de l’Afrique qu’on
ne trouve pas forcément ailleurs. Il s’agit par exemple de l’infanticide rituel, pratique liée à des
croyances sur la délivrance et la santé du nouveau-né59, le « gavage » des fillettes pré pubères ou
encore le « repassage des seins » pour en freiner le développement, que l’on observe dans les
régions occidentales et centrale60. En Afrique australe et de l’Est, on observe d’autres pratiques,
comme le port de disques labiaux ou le port des spirales en bronze pour allonger le cou, d’autres
comme la vérification de virginité sur des fillettes61. A cela il faut ajouter toute une gamme de
pratiques telles que les tatouages au moyen d’incision, les scarifications faciales, les rites
initiatiques douloureux et la liste est loin d’être exhaustive62.
C’est fort conscient que de telles pratiques persistent dans le contexte africain et constituent un
handicap sérieux susceptible d’hypothéquer les actions menées en faveur de la protection de
l’enfant en vue de son épanouissement que les gouvernants africains ont adopté la Charte Africaine
des Droits et Bien-être de l’Enfant 63. La Charte exige que les États parties prennent toutes les
mesures appropriées pour abolir les coutumes et les pratiques culturelles et sociales qui subsistent
au détriment du Bien- être, de la dignité, de la croissance et du développement normal de l’enfant, y
compris; les coutumes et pratiques qui constituent une discrimination à l’égard de certains enfants,
pour des raisons de genre ou autres raisons (article 21.1), tout en faisant aussi en sorte que la
discipline imposée par les parents et les écoles respecte la dignité humaine de l’enfant (art.11 et 20).
58
La rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d’esclavage, GulnaraShahinian, avait declaré à l’occasion de
la journée mondiale contre le travail des enfants le 12 juin 2011 que « Poverty, conflict and harmfultraditionalpratices
are some of the mains causes of the childrenworking (…). Children are particularlyvulnerable to domestic servitude,
especially if they live withtheiremployers. Consulté en ligne le 26 mai 2020 sur www.childrenandarmedconflict.org.
59
Behaviourscommonlyassociatedwith accusations of witchcraftinclude violence, mistreatment, abuse, infanticide and theabandonment of
children. Such practices are violations of the rights of children. Aleksandra CIMPRIC « Childrenaccused of whichcraft: an
anthropologicalstudy of contemporary practices in Africa» Dakar, UNICEF WCARO, 2010, p.5.
60
Claudia NAPOLI, L’Organisation des Nations Unies face aux pratiques traditionnelles néfastes à l’égard de l’enfant africain, Paris,
l’Harmattan, 2003, p. 35
61
Claudia NAPOLI, L’Organisation des Nations Unies face aux pratiques traditionnelles néfastes à l’égard de l’enfant africain, Paris,
l’Harmattan, 2003, p. 35
62
Ces pratiques sont considérées comme des violences à l’égard de l’enfant et ont fait l’objet d’observations générales
du Comité des Droits de l’enfant. CRC/C/GC/3 (2001) : le droit de l’enfant d’être protégé contre toutes les formes de
violence. Par.29 : ces pratiques comprennent, entre autres: a) Les châtiments corporels et les autres peines cruelles ou
dégradantes; b) Les mutilations génitales féminines; c) Les amputations, le bandage, la scarification, les brûlures et le
marquage; d) Les rites initiatiques violents et dégradants, le gavage des filles, l’engraissage, la vérification de la virginité
(inspection des parties génitales des filles); e) Le mariage forcé et le mariage précoce; f) Les crimes «d’honneur», les
actes de violence commis à titre de représailles (lorsque les conflits entre deux groupes sont reportés sur les enfants
des parties en conflit), les violences et les décès liés à la dot; g) Les accusations de sorcellerie et les pratiques
préjudiciables y relatives, comme l’exorcisme; h) L’ablation de la luette et l’extraction de dents. Voir C. NAPOLI, préc.,
note 88, p. 39.
Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'Enfant, OAU Doc. CAB/LEG/24.9/49 (1990), consultée en ligne les 26 mai 2020,
63
sur https://www1.umn.edu/humanrts/africa/f-afchild.html
La persistance de pratiques qui sont préjudiciables à l’enfant et d’autres considérations d’ordre
politico-historique, constituent des particularités qui justifient l’adoption de la Charte qui consacre
l’idée d’une protection spéciale de l’enfant africain.
Ainsi, son préambule, tout en insistant sur ces valeurs, reconnaît que 1'enfant occupe une place
unique et privilégiée dans la société africaine, et que, compte tenu des besoins liés à son
développement physique et mental, il a besoin de soins particuliers et d'une protection 1égale en
toutes circonstances. Pour ce faire, la charte s’inspire de la déclaration sur les droits et le bien-être
de l'enfant africain adoptée en 197964, et surtout de la convention onusienne en s’appuyant sur les
mêmes principes fondamentaux tels que la notion d’intérêt de l’enfant, le principe de non-
discrimination et le droit d’exprimer son opinion.
L’approche régionale adoptée à côté de l’approche globale de la CDE n’occulte cependant pas le
fait que la définition de l’enfant est pratiquement la même dans les deux instruments. En fait, la
Charte définit elle-même l’enfant en son article 2 comme « tout être humain âgé de moins de dix-
huit ans ».
De part et d’autre, l’enfant est vu comme physiquement et mentalement immature. Il nécessite pour
cette raison, d’une attention particulière qui implique une certaine protection et un certain suivi dans
les engagements. Tout comme la CDE, la CADBE ne se contente pas de mettre l’accent sur les
droits de l’enfant ; elle instaure aussi un mécanisme de contrôle.
Dans l’antiquité et au début du XXe siècle, la protection de l’enfant se met en place avec
notamment une protection médicale, sociale et judiciaire. Cette protection des enfants se développe
d’abord en France, puis s’établit dans d’autres pays d’Europe.
Afin de favoriser une prise de conscience collective et d’inciter les États à agir pour la protection et
la garantie des droits des enfants, l’Organisation des Nations Unies déclare 1979 «
Annéeinternationale de l’enfant ».
Déclaration AHG/ST.4 (XVI) Rev. 1 adoptée par l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de I'Unité
64
Anne Lanchon, Les droits des enfants, Flammarion, Père Castor, 2004.
Au printemps 1979, la Commission des Droits de l’Homme décide de créer un groupe de travail
chargé de rédiger cette future Convention relative aux Droits de l’Enfant. La particularité de ce
groupe de travail est d’être composée d’un nombre non limité de membres, associant à la fois
l’UNICEF, différentes ONG et les 48 États membres de la Commission des Droits de l’Homme.
Toutefois, aucun enfant n’a participé à l’élaboration de la Convention. Le groupe de travail s’est
réuni une fois par an, à Genève, en Suisse. La logique d’élaboration du texte a été celle du
consensus, du compromis politique, afin d’élaborer une Convention qui ferait l’unanimité.
Si cette logique a permis de satisfaire au mieux chaque gouvernement, elle a pourtant retiré bon
nombre de précisions au texte et les juristes pourraient lui reprocher de ne pas avoir suivi une
logique juridique pure.
En 1988, le bureau juridique des Nations Unies effectue une révision technique du projet de
Convention, afin de soumettre des observations au groupe de travail, pour que le texte soit
compatible avec les autres instruments internationaux de garantie et de protection des Droits de
l’Homme.66
Le 20 novembre 1989, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopte la Convention relative
auxDroits de l’Enfant dans sa résolution 44/25. L’adoption de la Convention met fin à un processus
d’élaboration qui a duré près de 10 ans. Aujourd’hui, le cadre théorique et contraignant est quasi
universellement admis.
La CDE est entrée en vigueur le 7 septembre 1990, lorsque 20 pays membres de l’Organisation des
Nations Unies l’ont ratifiée. Aucun autre traité international relatif aux Droits de l’Homme n’a
suscité un tel consensus de la part des États. Actuellement, seuls les États-Unis qui ont signé la
convention le 16 février 1995 sans pour autant ratifier, malgré le soutien de plusieurs présidents
américains à la Convention. Si les États-Unis n’ont pas ratifié la Convention, cela serait dû au fait
que certains États américains souhaitent pouvoir emprisonner des mineurs. La Cour suprême
américaine acceptait que des États américains condamnent à mort des enfants jusqu’en 2005. La
Somalie, le Soudan du Sud et la Palestine sont les derniers signataires en date. Cela signifie que sur
les 197 États signataires de la Convention, 196 ont ratifié, soit la quasi-totalité des Etats signataires
La Convention est le premier texte international juridiquement contraignant de protection des Droits
de l’Enfant. Cela signifie qu’elle consacre une force obligatoire à l’ensemble des droits qu’elle
énonce. Cette Convention représente le texte international le plus complet qui existe en matière de
protection des droits de l’enfant. Bien que d’autres instruments internationaux, tels que les Pactes
Internationaux, les Conventions de l’OIT, la Convention relative à l’adoption internationale,
garantissent les droits des enfants, la Convention est le seul texte à aborder tous les aspects des
droits des enfants.68
La Convention contient 54 articles qui consacrent l’ensemble des droits civils et politiques des
enfants, ainsi que tous leurs droits économiques, sociaux et culturels. Elle prévoit également la
66
67
https://www.humanium.org/fr/etats-signataires-et-parties/, consulte le 29 mai 2020
68
The Rights of ChildrenwithDisabilities, Comité des droits de l’enfant, 43e session, sept. 2006
protection et la promotion des droits des enfants handicapés, des enfants issus de minorités et des
enfants réfugiés.
Cette Convention s’applique à tous les enfants et en toutes circonstances, y compris pendant une
situation d’urgence. Aucun des droits qu’elle énonce n’est susceptible de dérogation.
Son article 38 revêt une importance particulière en cas de situation d’urgence car il demande aux
États de respecter les règles du droit international humanitaire « Les États parties s'engagent à
respecteret à faire respecter les règles du droit international humanitaire qui leur sont applicables
en cas de conflit armé et dont la protection s'étend aux enfants » et de faire bénéficier d’une
protection et de soins les enfants qui sonttouchés par un conflit armé « Conformément à l'obligation
qui leur incombe en vertu du droit internationalhumanitaire de protéger la population civile en cas
de conflit armé, les États parties prennent toutesles mesures possibles dans la pratique pour que les
enfants qui sont touchés par un conflit armé bénéficient d'une protection et de soins ».
Son article 19 reconnaît à l’enfant le droit d’être protégé contre la maltraitance et le délaissement,
sans discrimination : « Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives,
sociales etéducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d'atteinte
ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou
d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de
l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié. » .
En d’autres termes, il incombe aux gouvernements de protéger les enfants contre la maltraitance et
le délaissement, y compris contre les mauvais traitements infligés dans leur foyer, ainsi que dans
d’autres cadres de prise en charge, tels que les familles d’accueil, les garderies, les écoles et les
institutions. Cette obligation revêt une importance supplémentaire lorsqu’elle n’est pas respectée,
car son non-respect prive souvent l’enfant d’un accès à une protection, et les mauvais traitements
peuvent alors continuer de lui être infligés pendant longtemps sans pouvoir être détectés.69
Les cinquante-quatre articles de la CDE précisent la mise en œuvre de ces principes par l’énoncé
des droits et des modalités de leur application. La CDE attache une importance égale à tous les
droits des enfants. Il n’y a pas de droits « mineurs » ou de hiérarchie des droits. Ces droits sont
indivisibles et liés entre eux, et recouvrent tous les aspects de la vie de l’enfant. Parmi eux :
69
ARC : Abuse and Exploitation, 2001.
• Le droit à la participation : liberté d’expression, d’accès à l’information, de pensée, de
conscience et de religion, liberté d’association et de réunion, protection de la vie privée, ce
droit est décliné dans les articles 12 à 17, assorti des restrictions nécessaires.
D’une manière générale, les 54 articles de la convention peuvent être regroupés en quatre :
a) Non-discrimination
« Les États parties s'engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et
à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment
de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou
autre de l'enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou
sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre
situation. » Article 2-1 de la CDE.
Cet article énonce l’obligation d’offrir l’égalité des chances aux enfants : tous les enfants doivent
jouir des mêmes droits et nul enfant ne doit faire l’objet d’une discrimination quelle qu’elle soit.
Cela veut dire que les droits reconnus par la Convention sont également applicables aux enfants
définis comme “étrangers”, réfugiés et personnes déplacées, et même aux enfants vivant en
situation irrégulière sur le territoire de l’État considéré.
d) Participation
« Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer
librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises
en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. » Article 12-1 de la CDE.
Cet article implique que les enfants ont le droit d’influencer les décisions qui concernent leur vie.
Ils doivent non seulement se voir garantir le droit d’exprimer librement leur opinion, mais aussi
pouvoir se faire entendre, et leurs vues doivent être « dûment prises en considération ».
Les responsables de l’action de sensibilisation doivent être bien conscients que l’intervention en
faveur des enfants touchés par une situation d’urgence ne peut atteindre son but si les enfants ne
sont considérés que comme les bénéficiaires d’une aide au lieu d’être appréhendés comme des
membres actifs de leur communauté.
Le Comité des droits de l’enfant est l'organe de contrôle de la Convention. C’est le principal
mécanisme mis en place par la CDE le 27 février 1991 en vue de surveiller l’application de la
Convention par les États selon l’article 43 qui prévoit sa composition et son fonctionnement :
Le Comité joue donc le rôle de garant de la convention, rôle qui consiste notamment à assister les
États dans la mise en œuvre des dispositions de la Convention, principalement par le truchement de
rapports périodiques70 et tient chaque année 3 sessions à Genève, d’une durée de trois semaines
(Janvier, Mai et Septembre).
En effet, les Etats parties à la Convention doivent lui soumettre un rapport périodique sur les
mesures mises en place pour l’appliquer au plan interne, et ce, deux ans après l’avoir ratifiée, puis
tous les cinq ans71. Le Comité examine chaque rapport et fait part de ses préoccupations et de ses
recommandations à l'État partie sous forme d’observations finales qui se référent aux domaines
dans lesquels l'Etat a mis en œuvre la Convention et ceux dans lesquels le Comité recommande que
des actions plus approfondies soient prises, en application de l’article 44.2.
Pour bien remplir sa mission d’aider les Etats parties à s’acquitter de leurs obligations, le Comité
interprète les dispositions relatives aux droits de l'enfant qu’il publie sous forme d’observations
générales, sur des thématiques à destination de tous les Etats, lorsqu’il souhaite attirer leur attention
sur un point particulier. Ce faisant, il a réparti l’ensemble des articles de la CDE en huit thématiques
principales : les mesures d’application générales (art. 4, 42, 44§6), la définition de l’enfant (art.1),
70
Kathia MARTIN-CHENUT, « La protection des enfants en temps de conflit armé », dans Corneliu-Liviu POPESCU et
Jean-Marc SOREL (dir), La protection des personnes vulnérables en temps de conflit armé, Bruxelles, Bruylant, 2010,
p.218.
71
Article 44.1 de la CDE.
les principes généraux (art. 2, 3, 6, 12), les libertés et droits civils (art.7, 8, 13, 14, 15, 16, 17, 37a),
le milieu familial et la protection de remplacement (art.5, 9, 10, 11, 18, 19, 20, 21, 25, 27§4, 39), la
santé et le bien-être (art.6, 23, 24, 26, 27§1-§3), l’éducation, les loisirs et activités culturelles
(art.28, 29, 31), les mesures spéciales de protection de l’enfance, y compris en période de conflit
armé (art.22, 30, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40).
A titre d’exemple, l’observation générale N°5 du Comité porte sur la thématique 1, les mesures
d’application générales. Dans ce document, il fournit des conseils sur les mesures que les États
parties doivent prendre afin de remplir leurs obligations en vertu de la Convention. Ces mesures
concernent entre autres, la mise en place d’une législation nationale conforme à la Convention et si
nécessaire, la révision rigoureuse et continue des lois nationales, un plan d’action ou une stratégie
nationale d’application de la Convention, la mise sur pied d’une structure permanente au sein du
gouvernement qui aura la responsabilité de promouvoir cette application et de coordonner l’action
des différentes parties prenantes.
Le Comité s’appuie dans son travail, sur la coopération avec des institutions spécialisées telles que
l’UNICEF pour promouvoir et protéger les droits des enfants, conformément à l'article 45 de la
CDE, de même que sur d’autres organes de l’ONU en ce qui concerne par exemple la question des
droits de l’enfant en période de conflit armé.
En effet, depuis le Rapport Machel dont l’une des recommandations a abouti à la nomination d’un
Représentant spécial du SGNU pour les enfants et les conflits armés, ce dernier rend compte de la
situation à l’AGNU, au CDH et au CS47. C’est ainsi qu’à côté du Comité, le CDH est aussi devenu
un organe de contrôle des droits de l’enfant, qui fait des droits de l’enfant, l’objet régulier de ses
débats48.
Notons que les prérogatives du Comité des Droits de l’enfant ainsi que des autres organes de
contrôle, s’étendent aussi aux protocoles facultatifs à la CDE49 qui renforcent la protection des
enfants et constituent un bloc avec la CDE. Le Comité dispose donc à l’égard de ces protocoles, des
mêmes compétences que dans l'interprétation et l'application que la CDE elle- même.
Cependant, les compétences de ce comité restent limitées.72Et ne permettent pas toujours une
application effective de la Convention. Ces actions sont freinées en raison de collaborations trop
limitées avec les autres institutions spécialisées dans le domaine des droits de l’enfant car ces
institutions ne participent pas aux travaux du Comité et ne peuvent donc pas apporter leur
contribution. De même, le Comité collabore très peu avec l’UNICEF, et les autres organes des
Nations Unies. L’ensemble des échanges se font par l’intermédiaire du Conseil Économique et
Social des Nations Unies. Cette absence d’échange directe a pour conséquence de freiner les
possibilités de coopération, d’actions communes qui permettraient d’obtenir des résultats plus
efficaces.
Le Comité ne dispose pas de pouvoir contraignant qui permettraient d’assurer une protection
effective des droits de l’enfant. Il n’a pas la possibilité de prendre des décisions contraignantes,
ainsi que des sanctions en cas de violations des droits. Dans le cadre de l’examen des rapports
périodiques, les États ont pour seule obligation de transmettre des rapports périodiques au Comité.
Les décisions du Comité n’ont pas de valeur contraignante pour les États qui ne sont donc pas tenus
de les mettre en œuvre. De ce fait, l’examen des rapports ne permet pas de garantir une progression
concrète du respect des droits de l’enfant dans les États.
72
https://www.humanium.org/fr/limites-comite-droits-enfant/,consultéen lige le 29 mai2020
Par ailleurs, lorsque le Comité examine les allégations de violations des droits de l’enfant d’un État
partie à l’encontre d’un autre États partie, si les violations sont avérées, le Comité n’est pas
compétent pour prendre des mesures de sanction qui mettrait fin à la violation. La seule arme du
Comité, face aux États qui ne respectent pas leurs engagements, est la publication de rapports
dénonçant publiquement les violations commises par les États.
Le pouvoir du Comité dépend donc en grande partie de la bonne volonté des États, tant à travers
leur coopération que leur bonne foi dans l’application de la Convention. Il n’a aucun moyen de
contraindre les États au respect de ses décisions.
Selon, l’UNICEF, chaque année plus de 1 million d’enfants, et plus particulièrement des filles, sont
impliqués dans l’industrie du sexe (prostitution, pornographie, etc.). Certains enfants voient en cette
activité, une chance d’échapper à la pauvreté.
En réalité, ils s’engagent sur un terrain dangereux qui aura des conséquences dramatiques, tant sur
leur santé physique que mentale. D’autres sont entraînés dans ce monde contre leur gré, enlevés,
vendus ou adoptés pour nourrir les réseaux de prostitution et de pornographie.
Il est souvent très difficile pour ces enfants d’obtenir de l’aide en raison de leur invisibilité. Sans
documents officiels, ils sont inconnus des autorités et leur disparition passe inaperçue. Ce problème
touche autant les pays développés que les pays en développement et a attiré, depuis quelques
années, l’attention des organisations internationales.
Ainsi, l’OIT est la première à traiter cette problématique en définissant, dans la Convention 182,
l’utilisation, le recrutement et l’offre d’enfants à des fins sexuelles comme une des pires formes de
travail des enfants que les États doivent s’empresser d’éradiquer.
Mais, face à l’ampleur de ce phénomène qui ne cesse de s’aggraver dans le monde entier, les
Nations Unis ont décidé d’adopter un protocole à la Convention internationale relative aux droits de
l’enfant, qui soit spécifiquement dédié à l’implication des enfants dans les activités à des fins
sexuelles.
Ce Protocole a été adopté le 25 mai 2000 et rentre en vigueur le 18 janvier 2002. C’est le tout
premier instrument juridiquement contraignant pour définir et interdire l’implication des enfants
dans la prostitution et la pornographie. Le protocole apporte des définitions claires Article 2 Aux
fins du présent Protocole :
a) On entend par vente d’enfants tout acte ou toute transaction en vertu desquels un enfant est
remis par toute personne ou de tout groupe de personnes à une autre personne ou un autre groupe
contre rémunération ou tout autre avantage ;
b) On entend par prostitution des enfants le fait d’utiliser un enfant aux fins d’activités sexuelles
contre rémunération ou toute autre forme d’avantage ;
https://www.humanium.org/fr/normes/protocole-facultatif-cide-vente-prostitution-pornographie-enfants/, consulte le 29
73
mai 2020
c) On entend par pornographie mettant en scène des enfants toute représentation, par quelque
moyen que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées,
ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement sexuelles. »
Ce protocole impose aux États de prendre des mesures d’actions radicales et immédiates pour lutter
contre ce fléau.
• Les États doivent qualifier de crimes les définitions de l’article 2. Cela signifie qu’ils
doivent établir dans leur droit interne des peines lourdes à l’encontre des auteurs (minimum
10 ans de prison ferme, etc.) ;
• Les États sont tenus de poursuivre les auteurs de tels crimes ;
• Les États ont un devoir d’assistance. Ils doivent venir en aide aux enfants victimes et les
soutenir jusqu’à ce qu’ils retrouvent une vie normale Si les enfants sont seuls, les États
doivent retrouver leur famille ou les placer dans une famille de remplacement.
Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication
d’enfants dans les conflits armés.74
Les conflits civils des années 90, notamment dans la région de l’Afrique subsaharienne (Liberia,
Sierra Leone, Rwanda, Burundi, Somalie, etc.) ont été marqués par l’utilisation massive d’enfants
au combat par les forces et groupes armés.
C’est une nouvelle catégorie de combattants qui apparaît : les enfants soldats. À travers le monde,
les images de ces enfants avec des armes de guerre, ont été à l’origine d’une prise de conscience et
ont entraîné une indignation de la communauté internationale qui va alors s’empresser de réagir. Si
les enfants font l’objet d’une protection spéciale dans la Convention de Genève de 1949, le cas des
enfants soldats n’était pas traité, laissant un vide juridique dans ce domaine.
C’est l’OIT qui sera la première organisation à réagir, dans la Convention 182 sur les Pires
Formesde Travail des Enfants, en définissant le recrutement d’enfants dans les conflits armés
comme l’une des pires formes d’exploitation. Par la suite, le Conseil de Sécurité des Nations Unies
va adopter plusieurs résolutions dénonçant l’emploi d’enfants dans les conflits armés et
caractérisant ces actes de violations graves des droits de l’homme.
« 2. Les États parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour veiller à ce que
les personnes n’ayant pas atteint âge de 15 ans ne participent pas directement aux hostilités.
3.Les États parties s’abstiennent d’enrôler dans leurs forces armées toute personne n’ayant pas
atteint âge de 15 ans. Lorsqu’ils incorporent des personnes de plus de 15 ans mais de moins de 18
ans, les États parties s’efforcent d’enrôler en priorité les plus âgées. »
Aussi, pour pallier à cette lacune et rectifier cette disposition, les Nations Unies décident d’adopter
le 25 mai 2000, prohibant formellement le recrutement d’enfants dans des forces armées.
https://www.humanium.org/fr/normes/protocole-facultatif-cide-enfants-dans-conflits-armes/,consulte,consulte le 29 mai
74
2020
Désormais, les États ont l’obligation et la responsabilité publique d’interdire l’enrôlement d’une
personne de moins de 18 ans dans la guerre.
Ce protocole rappelle aussi que les enfants n’ont ni la maturité, ni le développement physique et
mental nécessaire pour comprendre la gravité et les conséquences de leur enrôlement dans des
forces armées. Le protocole condamne le phénomène des enfants soldats et donne une définition
très large de ce terme afin de pouvoir protéger le plus grand nombre d’enfants impliqués dans des
conflits armés. Selon le protocole, un enfant associé aux forces et groupes armés peut être un
esclave sexuel ou domestique, un cuisinier, une sentinelle, un mineur ou démineur… recruté par la
force ou volontairement.
Grâce à la coalition de quatre-vingts ONG œuvrant pour le respect des Droits de l’Enfant dans le
monde, un troisième protocole a été adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 19
décembre 2011. Il fut d’abord accepté à l’unanimité le 17 juin 2011 par le Conseil des Droits de
l’Homme des Nations Unies.
Le nouveau Protocole permet à tout enfant de déposer une communication individuelle devant le
Comité des Droits de l’Enfant. Initialement, et tel que formulé par la Convention, il n’existe pas de
mécanisme de dépôt de plainte individuelle ; les États Parties à la Convention doivent adresser des
rapports au Comité des Droits de l’Enfant sur la situation des enfants. Cette nouvelle étape vient
ainsi renforcer le mécanisme préexistant. Avec ce nouveau Protocole, si un enfant estime qu’un de
ses droits fondamentaux a été violé, il peut alors déposer une plainte devant le Comité.
Cependant, plusieurs conditions doivent être respectées pour que la plainte soit considérée comme
recevable :
•
L’enfant ou ses représentants doivent déjà avoir porté plainte devant une juridiction
nationale. Si elle n’a pas abouti, l’enfant pourra alors se tourner vers le Comité ;
• La plainte doit alors être déposée devant le Comité dans l’année qui suit la fin de la
procédure devant la juridiction nationale ;
• La plainte ne doit pas être anonyme, ni infondée et ne doit pas constituer un abus de
droit ;
• La plainte doit être formulée par écrit.
Ces conditions limitent ainsi l’utilisation de ce recours, notamment celle relative aux délais pour
introduire la plainte devant le Comité.
2. La procédure d’enquête
La procédure d’enquête permet au Comité d’entrer en action dès qu’il reçoit des informations
sérieuses sur des violations graves de la Convention ou de ses Protocoles additionnels. Il n’y a donc
pas besoin de déposer une communication interétatique ou individuelle : cette procédure est
75
https://www.humanium.org/fr/convention/protocole-3/, consulte le 29 mai 2020
indépendante. Le Comité peut ainsi envoyer sur place des observateurs qui devront vérifier
l’exactitude de ces informations. Cette procédure est confidentielle.
Pour que cette procédure puisse être mise en place, le comité doit recueillir le consentement de
l’Etat pour ouvrir une enquête. Cependant, comme les Etats craignaient une procédure
systématique, elle est devenue facultative. Libre à chacun de la reconnaître ou non.
Le Protocole prévoit aussi qu’un Etat partie peut porter plainte contre un autre Etat, lui aussi partie
au Protocole. Ainsi, l’Etat accusateur doit adresser une plainte devant le Comité des Droits de
l’Enfant.
La possibilité d’introduire une plainte collective n’a pas été retenue dans le Projet Final du 3 ème
Protocole. Cette procédure aurait conféré aux institutions indépendantes dans le domaine des Droits
Humains, aux ONG ou aux institutions de médiation reconnues par le comité des droits de l’enfant,
le droit de déposer plainte en cas de violation des Droits d’un enfant.
La charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant a été adoptée lors de la 26 e conférence des
chefs d'État et de gouvernement de l'Organisation de l'unité africaine en juillet 1990. Elle est entrée
en vigueur le 29 novembre 1999, après avoir reçu la ratification de 15 États, conformément à son
article 47.
Elle s’inspire de la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant et sur la Déclaration
surles droits et le bien-être de l'enfant africain, adopté par l’OUA en juillet 1979, ainsi que de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Charte africaine des droits de l'homme et
despeuples et de la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine. Si certains de droits déclinés dans
cette charte sont identiques à ceux de la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, la
plupart sont interprétés dans le contexte africain.
Cette convention s’applique à tout enfant de moins de 18 ans et lui garantit des droits, «
sansdistinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de religion,
d'appartenance politique ou autre opinion, d'origine nationale et sociale, de fortune, de naissance
ou autre statut, et sans distinction du même ordre pour ses parents ou son tuteur légal » (Article 3).
La charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant garantit à tout enfant le droit
imprescriptible; droit à la vie (article 5), droit à l’éducation (article 11), aux loisirs et à la culture
(article 12), à la protection contre l’exploitation et les mauvais traitements (travail desenfants,
exploitation sexuelle… articles15, 26, 27, 29), à la santé (article 14).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_africaine_des_droits_et_du_bien-%C3%AAtre_de_l%27enfant#:~:text=(Article
76
%203).-,La%20charte%20africaine%20des%20droits%20et%20du%20bien%2D%C3%AAtre%20de,travail%20des
%20enfants%2C%20exploitation%20sexuelle, consulte le 1 juillet 2020
Elle protège les enfants en cas de conflits armés. Elle interdit leur enrôlement dans l’armée (article
22) et les protège s’ils sont réfugiés (article23).
Plusieurs articles sont consacrés aux droits et aux responsabilités de la famille, considérée comme
« la cellule de base naturelle de la société » (article 18).
Dans son article 21, cette charte appelle les États à prendre « toutes les mesures appropriées pour
abolir lescoutumes et les pratiques négatives, culturelles et sociales qui sont au détriment du Bien-
être, de la dignité, de la croissance et du développement normal de l'enfant, en particulier les
coutumes et pratiques préjudiciables à la santé, voire à la vie de l'enfant.»Si le terme n’est pas
employé, cet article fait référence notamment à l’excision.La charte interdit également le mariage
des mineurs de 18 ans.
L’article 31 énonce les « responsabilités de l’enfant envers sa famille, la société, l'État et toute
autre communautéreconnue l'également ainsi qu'envers la communauté internationale ». Ceci est
une innovation par rapport à la plupart des textes internationaux sur les droits de l'homme en
général, et les droits de l'enfant en particulier, où il n'y a que des droits et pas d'obligations (ou alors
des obligations implicites). Cet article montre également la particularité de la société africaine où
les enfants sont conçus, non pas en tant qu'individu isolé, mais comme appartenant à une
communauté.
Le deuxième chapitre créé un Comité africain d'experts sur les droits et le bien-être de l'enfant
auprès de l'Organisation de l'Unité Africaine et défini sa composition. Son mandat et ses procédures
de fonctionnement sont décrits dans le chapitre 3. Dans le quatrième chapitre sont décrites
notamment les procédures de ratifications et de modification de cette charte.
On peut dire que la Charte ne remplace pas la CDE au plan régional, mais le complet tout en ayant
une longueur d’avance sur elle en ce qui concerne les prérogatives du Comité africain. En effet,
l’article 32 de la CADBE a créé le Comité d’experts comme son mécanisme de suivi et
d’application mais aussi comme un organe quasi juridictionnel dont le mandat est précisé à l’article
42. Ce Comité mis en place en 2001, a pour mission de promouvoir et de protéger les droits
consacrés par la CADBE, d’en suivre l’application et de veiller à leur respect.
Tout comme le Comité international, le Comité africain peut aussi interpréter les dispositions de la
Charte à la demande des Etats parties, de l’Union Africaine (l’UA) ou de toute autre institution et
est compétent, en vertu de l’article 43, pour recevoir et examiner les rapports des Etats sur les
mesures qu’ils ont adoptées afin de rendre effectives les dispositions de la Charte et le cas échéant,
de mesurer les progrès réalisés.
Jusqu’à l’adoption du troisième protocole facultatif à la CDE qui instaure ce système de plaintes et
communications individuelles, le Comité africain était le seul organe chargé du suivi des droits de
l’enfant habileté à recevoir des communications contre les Etats. Le Comité a développé des
directives pour examiner confidentiellement lesdites communications et pour organiser la conduite
des enquêtes, conformément aux articles 44 et 45 de la Charte et à l’article 74 de son règlement
intérieur.
Dans le cadre de l’application des articles 44 et 45 relatifs aux plaintes et aux investigations, le
Comité a reçu deux communications présentées par des ONG, l’une sur les enfants nubiens au
Kenya, victimes d’apatridie et l’autre sur les enfants soudanais, victimes de guerre. Sur le plan
jurisprudentiel, il a rendu le 22 mars 2011, sa première décision sur la communication 002/2009,
IHRDA77 et OSJI78 (au nom des enfantsd’originenubienne au Kenya) contre le Kenya, dans laquelle
il a déclaré le Kenya coupable de violation des droits des enfants nubiens à la non-discrimination, à
la nationalité et à la protection contre l’apatridie79. La deuxième est en processus d’examen.
Cette première décision jamais prise jusque-là par un organe de surveillance des dispositions sur les
droits de l’enfant qui déclare un Etat coupable de violation, est une décision historique qui constitue
un résultat concret en matière de protection des droits fondamentaux de l’enfant, surtout en Afrique.
Même si la question de la mise en œuvre effective de la décision par l’Etat mis en cause demeure, il
est déjà important de constater que l’organe de contrôle établi par la CADBE veille au respect des
droits fondamentaux reconnus aux enfants aussi bien au niveau régional que dans la Convention
internationale qui recouvrent tous les aspects de la vie de l’enfant. Et l’Unicef également dans sa
mission pour la protection des droits de l’enfant connait des difficultés sur plusieurs domaines dans
la mise en œuvre.
77
Institute for HumanRights and Development in Africa (IHRDA) est une ONG panafricaine créée en 1998 et établi à
Banjul, en Gambie. Elle collabore avec la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuple en vue
d’améliorer l’effectivité des mécanismes de protection des droits humains au sein de l’UA et en favoriser l’accessibilité.
Open Society Justice Initiative (OSJI) est une ONG de promotion et de défense des droits humains dont le siège est à
78
78
IHRDA et Open Society Justice Initiative (OSJI) (au nom d’enfants d’ascendance nubienne au Kenya) c
79
Kenya,https://citizenshiprightsafrica.org/acerwc-kenyan-nubian-minors-decision/?lang=fr
CHAPITRE II- LES DIFFICULTS IHNERENTS A LA PROTECTION DES DROITS DE
L’ENFANT EN RCA
L’application des règles du DIH n’est point tributaire uniquement d’un aménagement juridique. Il
existe un grand nombre de facteurs sans lesquels celles-là ne sauront être mises en application (cf.
supra).
Au-delà des obstacles ou écueils d’ordre juridique qui seront développés tout au long de cette
dissertation, il existe des limites diverses d’ordre politiques, économique et idéologique mais avant
tous il est judicieux de lever un pan de voile les impacts de la crise centrafricaine sur la protection
des enfants en RCA.
DE L’ENFANT
80
Global protection cluster (sous cluster protection de l’enfant) République Centrafricaine
•1 million d’enfants en besoin d’assistance humanitaire en RCA
•Nombreuses problématiques lies àla protection nouvellement créesou aggravésuite àla crise
•Recrutement des enfants
•Déplacements
•Détresse psychosociale
•Violences a l’encontre des enfants et/ou familles
•Violences basées sur le genre
•Exploitation
•Enfants de la rue
•Non-enregistrementdes naissances
§2-Impact de la crise sur les enfants: Enfants associés aux groupes armés81
81
Global protection cluster (sous cluster protection de l’enfant) République Centrafricaine
82
Global protection cluster (sous cluster protection de l’enfant) République Centrafricaine
§3-Impact de la crise sur les enfants :Déplacements des enfants et leurs familles
Déplacements considérables:
430,000 personnes déplacées en RCA, 424,000
Déplacements forcés ont entraine des séparations familiales;enfants non-accompagnés ou séparés
•De nombreux enfants sans ou avec leurs familles sont estimés de se trouver encore dans la
brousse, suite aux fuites des violences et exactions des groupes armés;
•Manque d'accès aux services; détresse psychosociale, rupture des mécanismes communautaires de
protection
•Abandons ‘volontaires’, dans l’espoir d’une vie meilleure pour les enfants
Enclaves:
16 400 personnes enclavées; violations multiples.
« La politique dirige tout ! » dit-on. Il n’est point un secret que les budgets des Etats en proie à des
conflits armés accordent un grand intérêt aux secteurs de défense et de sécurité nationale 83. Une
telle mesure qui relève de la politique nationale d’un Etat ne veut pas nécessairement pas refléter les
intérêts du peuple. « Souvent les forces armées sont, de fait, l’ « assurance vie » du pouvoir en place
»84. D’où l’intérêt du pouvoir de leur accorder attention. Il arrive donc que les autorités étatiques,
surtout celles des Etats en guerre civile ou en conflit armé international, prennent des options ou
stratégies non dans le sens d’assurer la protection de la population civile mais simplement pour
protéger ou conserver leurs pouvoirs. Lesquels pouvoirs sont souvent acquis par des voies
antidémocratiques.
Il va sans dire que des mesures prises pour protéger ou conserver le pouvoir politique face aux
rebelles, opposants armés ou autres parties au conflit n’iront pas prioritairement dans le sens de
répondre aux attentes du peuple en termes du DIH. Il arrive donc que les Etats utilisent tous les
moyens possibles pour atteindre leurs objectifs même ceux les plus illicites ou indicibles. L’on ne
cesse d’apprendre que les armées nationales participent aux viols et massacres de population civile,
aux violations des droits fondamentaux, au pillage des ressources naturelles et des biens appartenant
aux populations civiles qu’elles sont censées protéger.
En conclusion, la politique qui influe sur la mise en application des règles du DIH dans la mesure
où elle constitue des options fondamentales que prennent les Etats relativement au DIH, est
également un facteur de déstabilisation. Ceci reste fort remarqué notamment dans la conservation
du pouvoir où les Etats (Gouvernements) ne voient que leurs intérêts au détriment de l’intérêt du
peuple. Tout de même, le DIH demeurerait « un mot dans le livre », « un slogan creux ».
Il ressort de ce qui précède que la mise en œuvre des règles du DIH nécessite également l’institution
des mécanismes appropriés. Et la concrétisation de ces mécanismes engage pour leur part des
moyens humains, matériels et surtout financiers conséquents.
S’il est certes vrai que la plupart des Etats notamment ceux en proie à des conflits armés allouent
des budgets conséquents aux secteurs de la défense et de la sécurité nationale, il est aussi
83
L’Afrique est très peu équipée militairement et y consacre trèspeu de moyens financiers par rapport à d’autres régionsgéographiques ou
Etats étrangers (par exemple : Etats Unis d’Amérique, France, Inde, etc.). (Voy. BOUTEMEUR, Famila, et al., « L’Afrique demain
développement et sécurité », in Association des auditeurs et cadres des hautes études de l’armement, Géostratégie et armement au XXI e
siècle, La Documentation française, Paris, 2014, pp. 89-90) Mais les moyens financiers alloués à ce secteur comparativement à d’autres
au plan interne de chaque Etat africain n’est pas moindre. Il n’existe tout de même pas de lien entre ces dépenses et la force militaire.
Certaines armes, par exemple, peuvent être d’efficacité nulle sur le terrain (FONTANEL, Jacques, Les dépenses militaires et le
désarmement, Publisud, Paris, 1995, p. 23.)
84
BOUTEMEUR, Famila, « L’Afrique demain développement et sécurité », « art. cit. », p. 80.
paradoxalement vrai que cela ne concerne pas nécessairement la mise en application des règles du
DIH.
En clair, la concrétisation de différentes structures analysées ci-dessus qui doivent rentrer dans le
cadre des mécanismes de prévention, de contrôle et de sanction veut que les moyens financiers
conséquents leur soient également alloués.
En effet, différentes mesures devant être prises par l’Etat en temps de paix pour mieux assurer la
mise en œuvre des règles de DIH en temps de conflit armé obligent les Etats à engager des moyens
conséquents. A titre exemplatif, la traduction des traités de DIH dans les langues nationales ;
l’adoption des dispositions législatives ou réglementaires (législation pénale réprimant les crimes de
guerre et les autres violations du DIH) ; la protection des emblèmes de la croix rouge, du Croissant
rouge et du cristal rouge ; l’élaboration des programmes d’éducation ; le recrutement et la formation
du personnel, l’identification et la signalisation des personnes, des lieux et des biens protégés ; la
nomination des conseillers juridiques auprès des forces armées ; etc. (cf. supra) ne peuvent être
valablement assurés qu’avec des moyens financiers importants sans lesquels rien ne sera fait.
Par ailleurs, mener une guerre nécessite des moyens financiers énormes et mener une bonne guerre,
respectueuse des règles de DIH, contraint les parties aux conflits armés 85 à engager plus que des
moyens en termes notamment de prises en charge des combattants capturés, blessés ou tués ; de
recrutement et de la formation du personnel ; de l’identification et de la signalisation des personnes
vulnérables ; de l’institutions des puissances protectrices, de mesures relatives aux restrictions des
méthodes ou moyens de combat ; etc. L’on pourra peut- être se demander, par exemple, comment
un Etat peut répondre aux attentes des prisonniers de guerres alors qu’il ne sait pas assurer
habituellement les droits de ses propres prisonniers ordinaires. Ces derniers y traversent des
situations plus que pénibles. Bref, les Etats faibles économiquement sont généralement ceux lesplus
confrontés à des situations des conflits armés135. Et ils n’arrivent généralement pas à allouer des
moyens conséquents au respect du DIH suite à leurs différentes difficultés d’ordre économique. Ou
ils ne sont simplement guère intéressés à fournir d’énormes efforts pour une mise en œuvre efficace
et efficiente des règles du DIH.
Mais aussi au niveau national, vouloir que les juridictions nationales compétentes en matière des
crimes internationaux puissent réellement remplir leurs missions et aboutir à des enquêtes sérieuses
nécessite absolument des moyens sérieux tant au plan humain, matériel que financier. Déjà on le
sait, les magistrats, juges et avocats nationaux, surtout ceux des pays en voie de développement,
sont dans la plupart de cas mieux outillés pour affronter les branches dites classiques du droit dans
la mesure où c’est là où naissent quotidiennement des litiges. Cependant, ils manifestent peu
d’engouement à l’égard des branches dites spécialisées du droit telles que le DIH ou droit
international pénal où des litiges ne sont toujours pas réguliers. Bien plus, ces branches qui traitent
spécialement des questions des crimes internationaux nécessitent aussi un intérêt et une formation
particuliers de la part des Etats. Or, la plupart d’Etats notamment africains se trouvent au départ en
butte à de sérieuses difficultés notamment un sérieux problème de formation des magistrats dont le
recyclage est quasi inexistant, laissant ainsi place à une certaine routine. Les bibliothèques des
cours et tribunaux accusent de carences en termes d’ouvrages (cf. le cas de la RCA). La justice reste
éloignée des justiciables. Les infrastructures de justice demeurent délabrées autant que les
85
Banque Mondiale, Briser la spirale des conflits. Guerre civile et politique de développement, Editions De Boeck Université,Bruxelles
2005, p. 74.
opérateurs judiciaires sont dans des situations peu confortables au plan financier. Le tout influe sur
le climat de travail et pèse sérieusement sur l’indépendance de la justice86.Ainsi, l’on se demandera
également si ces magistrats qui ne sont au départ pas indépendant pourront mieux se comporter face
aux procès qui concernent généralement de gros poissons et qui sont souvent hautement politisés.
Lire MUMBALA ABELUNGU, Junior « La question de l’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC », in YAV
86
Katshung, Joseph (dir.), La justice congolaise au banc des accusés ? Presses Universitaires de Lubumbashi,
Lubumbashi , juin 2010, pp. 91-113.
SCHMITZ, Marc, « Les enfants-soldats, un phénomène universel de plus en plus préoccupant », in SCHMITZ, Marc, La guerre
87
Par conséquent, il ressort que la protection de l' enfance en R.C.A relève du ministère des
affaires sociales aussi bien au niveau national que préfectoral. La division préfectoral des
affaires sociales en constitue l' organe technique. C'est cette division qui conçoit les activités
àréaliser en matière de protection des enfants sur le plan provincial.
Les programmes et projets conçus sont approuvés par la division du plan qui transmet les
rapports au ministère de tutelle. Une fois validées, les activités sont réalisées par les différents
services du gouvernement en fonction des domaines d'intervention (l'inspection provinciale de l'
enseignement primaire, secondaire et professionnel en matière d'éducation ; l'inspection
provinciale de la santé en matièrede santé ; la division provinciale des affaires sociales ;
l'inspection provinciale de la police, etc.). C'est au stade de la mise en œuvre desprojets que
s'observe l'intervention de l’UNICEF. Ainsi, cette section tente de passer en revue certaines
activités réalisées par les différentsservices techniques du gouvernement avec l' appui de
l'UNICEF/bureau de liaison de Bambari en matière de protection des enfants , d'abord sur les
plans social et sanitaire (§1) et, ensuite, sur les plans juridique et éducatif (§2).
§1. Du point de vue socio-sanitaire la Stratégie et prise en charge des enfants dans les crises
humanitaires en RCA
Analyse de situation :
Les enfants séparés de leurs parents et de leurs familles par suite d’un conflit, naturelle ou d’un
déplacement de populations ou encore pour des raisons économiques et sociales courent un risque
plus élevé d’être victimes d’actes de violences, abus, exploitation et de négligence durant une
situation d’urgence. Ces enfants sont souvent privés des soins et de la protection de leurs familles
durant une période où ils en ont particulièrement besoin. Parmi ces enfants, ceux en situation de
handicap sont tout particulièrement vulnérables, en ce qu’ils sont souvent victimes de maltraitance
et d’abus et bénéficient d’un accès moindre aux rares services présents dans ces zones.
Actions menées
Résultat stratégique : Les Filles et les Garçons sont protégés contre la violence sexuelle et celle
basée sur le Genre et les survivants de violences bénéficient d’information adaptes à leurs âges,
d’une prise en charge sécurisée, responsable et holistique.
Analyse de situation :
Les situations d’urgence exacerbent les violences sexuelles perpétrées contre les filles et les garçons
et souvent considérées comme une question taboue entrainent des conséquences aux niveaux social,
physique, émotionnel, spirituel et psychosocial. Elle exige, par conséquent, une intervention
plurisectorielle.
Actions menées :
• Mise en place des « Safe spaces » pour les filles dans tous les sites de déplacés et retournés ;
• Identification/mise en place des mécanismes communautaires pour assurer la prévention, la
prise en charge et le suivi psychosocial des enfants affectés ;
• sensibilisations et débats autour des thèmes sur le mariage force, les MFG et les abus sexuels
;
• Prise en charge multi sectorielle des survivants avec les secteurs de la santé, justice,
éducation.
Priorité stratégique 3 : Enfants Associés aux Forces et Groupes Armés
Résultat stratégique : Les Filles et Garçons sont protégés contre le recrutement et bénéficient de la
libération et vérification, prise en charge provisoire et réinsertion efficace dans la communauté.
Analyser de la situation :
Actions menées :
Résultat stratégique : Les garçons et filles en contact avec le système judiciaire en tant que victimes,
auteurs, témoins reçoivent un traitement conforme aux normes et standards internationales.
Analyser de la situation :
Il existe déjà plusieurs textes instaurant des services et procédures spécialisés pour les enfants en
contact avec la loi en RCA. Cependant, le dispositif en vigueur révèle des dysfonctionnements et
les normes relatives à la justice pour enfants ne sont pas systématiquement appliquées.
Les enfants en contact avec la loi ne sont pas suffisamment protégés et il n’existe aucun mécanisme
de collecte de données. Les enfants en conflit avec la loi sont quant à eux déférés devant la chambre
pour enfant territorialement compétente.
Actions menées :
• Renforcement des capacités du personnel judiciaire, les acteurs des forces de l’ordre, les
chefs traditionnelles, les ONG d’aide légale sur les textes législatifs et règlementaires aux droits de
l’enfant et les normes internationales (ex : CRC, Code de Protection de l’Enfance)
• Production et dissémination du code de la protection de l’enfance aux autorités judiciaires et
autres acteurs impliqués dans la protection de l’enfant
• Sensibilisation de la population sur les textes relatifs aux droits de l’enfant ;
• Documentation des violations et analyse des tendances des droits des enfants survenant dans
le système de justice.
Priorité stratégique 5 : Détresse psychosociale et santé mentale.
Résultat stratégique : Les mécanismes d’adaptation et de résilience des Filles et Garçons sont
renforcés et les enfants gravement touchés bénéficient d’un soutien approprié.
Analyser de la situation :
Les crises humanitaires causent toute une série de problèmes auxquels sont confrontés les individus,
les familles, les communautés et la société. Ces situations fragilisent ou déstabilisent des dispositifs
de protection efficaces en temps normal et aggravent les problèmes préexistants. Une situation
d’urgence met en péril le sentiment de bien-être des enfants ; ils sont exposés à perdre brutalement
des êtres chers, à la perturbation de leurs habitudes, à des expériences terrifiantes.
Ainsi parmi les approches utilisées, celle des Espaces Amis des Enfants, est plus courante en RCA,
ou plusieurs espaces sont créées dans les sites pour accueillir les enfants et leur permettre de
bénéficier d’activités récréatives, de moments de socialisation et souvent d’opportunité pour
améliorer les connaissances.
Ces espaces permettent aussi d’identifier et référer les cas nécessitant les services des experts en
santé mentale.
Actions menées :
• Identification des filles et les garçons ayant besoin d'un soutien psychosocial par les
mécanismes communautaires ;
• appui psychosociaux et prise en charge psychologique aux enfants victimes à travers un
système de référence et une provision de services ;
• Les activités de PSS sont coordonnées et intégré dans les autres secteurs d'intervention
humanitaire pour garantir une approche holistique ;
• Formation et création des RECOPE (Relais Communautaires de Protection d'Enfance) à
monitorer les cas de violations et abus des enfants et de déstresse psychosociale ;
• Formation des acteurs gouvernementaux, les animateurs incluant les enseignants et le staff
médical et paramédical sur les lignes directrices du CPI concernant la santé mentale et le
soutien psychosocial dans les situations d’urgence et les directives sur les espaces amis des
enfants ;
Analyser de la situation :
Actions menées :
Résultat stratégique : Les filles et les garçons sont protégés contre les dangers, les blessures, et les
risques contre les menaces physiques dans leur environnement. Les besoins physiques et
psychosociaux des enfants blessés sont couverts.
Analyser de la situation :
La RCA a été marqué par de multiples conflits armés générant une pollution par des engins non
explosés (ENE) qui peuvent être des mines, des restes explosifs de guerre (REG) et des engins
explosifs improvisés (EEI).
Depuis le démarrage de la crise en RCA, plusieurs incidents majeurs ont été rapportés impliquant
l’utilisation de mines (probablement artisanales) par les différents groupes armes occasionnant
plusieurs morts dont certains sont des enfants.
Cette menace représente un risque réel pour les populations, en particulier les enfants, et tout
spécialement ceux qui peuvent être amenés à passer du temps à l’extérieur sans ou avec peu de
surveillance et être incités à adopter des comportements à risque en présence d’objets abandonnés
et potentiellement piégés.
Actions menées :
• Sensibilisation communautaire sur les risques liés aux mines, REG et EEI
• Formation des points focaux à la sensibilisation et à l'identification des zones à risque ;
• Sensibilisation des enseignants et des enfants afin de leur permettre de reconnaitre les ENE
et d’adopter des comportements surs ;
• Cartographie des zones à risques ;
• Renforcement des capacités des acteurs impliqués dans le déminage, appui au déminage et à
l’assurance qualité ;
• Prise en charge des enfants et familles impliquées dans des accidents liés aux mines, REG
ou EEI.
Priorité stratégique 8 : Le Travail des Enfants
Résultats Stratégiques : Les Filles et les garçons sont protégés contre les pires formes de travail en
particulier celles liées à la situation d’urgence ou aggravées par celle-ci.
Analyser de la situation :
Dans les situations d’urgence lorsque les moyens de subsistance disparaissent en même que les
soutiens familiaux, que les écoles ferment et que les familles sont séparées et déplacées, les enfants
risquent particulièrement d’être impliqués dans le travail des enfants surtout dans les pires formes
de travail.
Actions menées :
• Organisation des sessions de formation sur les pires formes de travail des enfants destinés
aux acteurs humanitaires, aux communautés et aux enfants
• Plaidoyer pour que les programmes de prévention, protection et réinsertion des enfants
impliqués dans les pires formes de travail soient intégrés dans les secteurs de l’Education, la
protection sociale et les solutions durables.
Sur le plan socio-sanitaire, l'UNICEF/bureau de liaison de Bambari réalisé plusieurs activités en
matière de protection des enfants. Celles-ci concernent essentiellement la période de trois ans :
2013, 2014 et 2015. Elles ont concerné successivement l'identification des enfants souvent
accusés de sorcellerie dans la société, la récolte des informations relatives aux violences
sexuellesfaites aux enfants, la formation sur la participation et le développement des adolescents, le
recensement des OEV ainsi que leur soutien, le recensement des enfants en situation
particulièrement difficile, le renforcement des compétences du personnel d'encadrement
d'enfants,l' apprentissage des métiers aux enfants, l' exécution du projet développement intégral
du jeune enfant, l' assistance psychosociale, lescampagnes de supplémentation en vitamine A
et de déparasitage, la lutte contre le SIDA, la vaccination des enfants, le suivi de
lacroissance des enfants, la prise en charge des enfants malnutris, etc.
A travers la province, l'UNICEF a appuyé les activités d'identification des enfants accusés de
sorcellerie en vue de leur protection. En 2007par exemple, ces activités ont fait état d'un total
de 21 personnes accusées de sorcellerie. Le constat est que sur ces 21 personnes, 20sont
des enfants de 0 à 19 ans ; et le taux le plus élevé concerne les enfants de10 à 14 ans (12 sur 21, soit
57,14%). Le tableau n°1 en annexe de ce travail corrobore cette affirmation.
B. La récolte des informations relatives aux violences sexuelles faites aux enfants
Dans un contexte socio-politique instable, les enfants ont souvent été victimes des violences
sexuelles à Bangui et dans les préfectures. Lepremier travail à ce sujet a consisté à identifier
les victimes d'actes de violences sexuelles. Ainsi, en 2007, il a été remarqué que
lestranches les plus victimes des violences sexuelles au Sud-Kivu sont celles de 10 à 14
ans représentant 39,6 % des cas et de 15 à 19 ansreprésentant 33,1% des cas (voir tableau
n°2 en annexe). Après l'identification des victimes, le deuxième travail était celui d'identifier
lesauteurs des violences sexuelles faites aux enfants. Pour ce faire, l'UNICEF a appuyé les
activités d'identification des auteurs des violencessexuelles faites aux enfants en vue de les déférer
devant les instances judiciaires. Nous référant au tableau n°3 en annexe de ce travail, lesstatistiques
réalisées par les enquêtes en 2007 nous font remarquer que les hommes dont la tranche
d'âge varie entre 20 et 24 ans sontplus auteurs des violences sexuelles faites aux enfants avec un
pourcentage de 32,1.
En outre, certaines autres actions d' encadrement des victimes ont été menées en 2008 (voir
le tableau n°4 en annexe). Celles-ci sontreprises dans les traits qui suivent :
- Deux centres d'encadrement des jeunes et enfants ont été dotés de 300 lapins, 150 chèvres, kits
scolaires et des semences maraichères.
- Octroi des outils aratoires dont 39 arrosoirs à Walungu et 39 à Kabare ; 92 ficelles ; 25 houes ; 10
bèches.
- Distribution des friperies dont 5 ballots et des chaussures aux enfants et jeunes.
Enfin, les sensibilisations sur la lutte contre les violences sexuelles : différentes actions ont été
menées dans le cadre de la sensibilisation
contre les violences sexuelles. A ce sujet, 1388 enfants ont bénéficié des jeux publics ; 500
enfants ont bénéficié des actions « briser lesilence » ; 992 ont bénéficié des théâtres de la
rue ; et 50 enfants enfin, ont bénéficié des activités de renforcement des capacités
entechnique de communication et plaidoyer (voir le tableau n°5 en annexe. Il se remarque à ce
niveau que les jeux publics ontconstitué le moyen privilégié de sensibilisation sur la lutte contre les
violences sexuelles faites aux enfants.