Appel A Communication Terrorisme
Appel A Communication Terrorisme
Appel A Communication Terrorisme
COMITE SCIENTIFIQUE
Appel à communication
Le Centre d’Excellence Africamultiple de l’Université Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou,
fruit de la Coopération avec l’Université de Bayreuth (Allemagne), dans le cadre des activités
scientifiques des enseignants-chercheurs membres, lance un appel à communication sur : « le
terrorisme au Burkina Faso : négocier ou pas ? ».
Au Burkina Faso, la question du terrorisme est pérenne aussi bien dans l’espace public, les
institutions qu’en famille. Alex. Schmidt et Berto Jongman en 1988 listaient 109 différentes
définitions du terrorisme (Mucchielli, 2010). L'usage de la violence (physique ou verbale), de
la peur, le niveau d'organisation et l'idéologie en sont des traits communs. Le terrorisme est
protéiforme dans ses motivations (religieuses, idéologiques, politiques, indépendantistes ou
purement criminelles) et dans ses espaces d’opération qui sont transnationaux (en tout cas au
Sahel). Les frontières entre le terrorisme religieux, le terrorisme politique et celui mafieux
restent indéterminées.
1
La Société des Nations, dans une convention du 16 novembre 1937, à Genève, définissait le
terrorisme comme « tout acte criminel dirigé contre un État et destiné à (ou calculé en vue
de) créer un état de terreur dans l’esprit d’individus singuliers, d’un groupe d’individus ou
de la population en général1». Il s’agit d’une définition à caractère politique.
Le gouvernement américain quant à lui, a élargi sa définition du terrorisme en partant du point
de vue des cibles et des fins politiques2.
Le terrorisme en tant que « violence d’État » apparaît, dans une autre approche politique
comme étant le fait des structures officielles (armée, police, services de renseignements…) ou
encore de structures parallèles à celles de l’État (escadrons de la mort), (Claisse E. et Co
2018). Le terrorisme met en évidence des rapports de force, des relations politiques de
domination et de dépendance qui constituent le contexte structurel de conflits locaux,
régionaux ou internationaux. Cette vision repose sur le paradigme des « risques réflexifs »
(illustré par Ulrich Beck et Anthony Giddens).
Depuis 2016, le pays compte de nos jours 18 provinces touchées et plus de 1019 incidents 3
répartis sur toute l’étendue du territoire avec une forte concentration dans les régions du
Sahel, du Nord, de l’Est, du Centre-Nord et la Boucle du Mouhoun. Le Conseil des Ministres
du gouvernement burkinabé a annoncé (jeudi 15 juillet 2021) que 1.312.000 personnes sont
des Déplacées Internes (PDI).
Le plus grand massacre de populations à eu lieu le 5 juin 2021 à Solhan avec 132 morts. Il a
jeté l’émoi dans tout le pays et a amené le Chef de l’État a effectué un remaniement
ministériel à travers lequel lui-même prend le poste de Ministre de la Défense.
La situation est telle que des voix s’élèvent de plus en plus pour soutenir l’idée de négociation
avec les acteurs de l’hydre terroriste au Burkina Faso. Des tentatives locales de négociations
seraient même déjà en cours tandis que l’État maintient sa posture de non négociation adoptée
depuis le début de la crise. Le président du parti au pouvoir à Ouahigouya 4 était sans
ambages : « le terrorisme trouvera son tombeau au Burkina Faso ». Ce ton guerrier montre le
schisme entre des partisans de la négociation avec les terroristes, en nombre croissant qui se
réfèrent à l’incapacité du pays à leur faire face depuis 6 ans et des ‘’anti-négociateurs’’ dont
le Gouvernement et certains soutiens célébrant l’esprit patriotique pendant que le tiers du pays
est désormais sous contrôle des terroristes.
En 2009, Washington brise un tabou en lançant un processus de contacts informels entre
Taliban et Américains qui aboutit en 2020 à la signature d’un accord à Doha 5, première étape
d’un cycle de négociations visant à déterminer les conditions du retrait américain
d’Afghanistan. A ce jour, négocier est moins un acte de puissance qu’une échappatoire aux
conflits insolubles, Boussel (2021).
Mais en fait, la voie de la négociation embarrasse le Burkina Faso qui l’a toujours
officiellement repoussée. Face aux attaques, les autorités burkinabés prônent la riposte
militaire. « Nous ne négocierons pas avec ceux qui ont pour projet de démanteler le Burkina
Faso et mettre à mal notre vivre-ensemble », avait martelé le Président KABORE pendant la
1
Ces diverses définitions sont accessibles sur le site www.undcp.org/terrorism_definitions.html
2
Cité par P. Boniface, Les guerres de demain, Paris, Seuil, 2001, p. 20-21.
3
Sawadogo Mamadou : conférence au Ministère de la Réconciliation Nationale et de la Cohésion Sociale, le 5
juin 2021
4
Discours du Président du parti au pouvoir (le MPP) à Ouahigouya : la capitale de l’une des régions les plus
touchées
5
Accord signé le 29 février 2020. Les négociations de Doha reprennent le 5 janvier 2021.
2
campagne électorale en 2020, alors que plusieurs candidats se disaient favorables à un
changement de méthode.
Malgré la fermeté affichée par le politique face aux terroristes, les signes d’une inflexion se
multiplient. Des sources évoquent même des « accords » passés localement, rendant ainsi de
moins en moins taboue l’option de négocier avec les terroristes.6
Ainsi, faut-il négocier ou pas avec les terroristes au Burkina Faso ? La question divise les
Burkinabés. Elle mérite d’être mise en perspective dans une posture scientifique pour analyser
l’état des lieux, analyser les discours et les pratiques, confronter la situation du Burkina Faso à
d’autres expériences du terrorisme.
Le présent appel concerne aussi bien l’expérience des praticiens, l’euristique des chercheurs,
que les logiques des militaires et des politiques. Le séminaire débutera par une conférence
inaugurale suivie de cinq (05) panels. Peuvent faire acte de candidature, les enseignants,
enseignants-chercheurs, doctorants, praticiens de la sécurité, responsables politiques,
administratifs, religieux, de projets, d’ONG, d’OING et de la société civile.
La conférence inaugurale :
Elle se déroulera sur 1h30mn et portera sur une thématique générale du séminaire : « Guerres
et négociations : pour le meilleur et pour le pire ».
Chaque panel durera trois (3) heures et comportera deux ou trois thématiques d’une durée
d’une (1) heure chacune.
Panel 1 : Enjeux et pratiques de la négociation en contexte de terrorisme : le point de vue des
diplomates et des politiques ;
Thématiques :
1. Approche et pratique diplomatique ;
2. Le point de vue des gouvernants ;
3. L’entendement de l’opposition politique.
3
3. L’animisme (les coutumiers) ;
Les projets de communication portant 400 mots situant clairement la problématique devront
être transmis au plus tard le 28 septembre 2021. Les communications se feront en présentielle
et en visioconférence à l’amphi PSUT de l’université Joseph KI-ZERBO.