Httpstel - Archives Ouvertes - Frtel 02485193document
Httpstel - Archives Ouvertes - Frtel 02485193document
Httpstel - Archives Ouvertes - Frtel 02485193document
couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et
marocain
Dyaâ SFENDLA
JURY
APIE
AJ. fam. Actualité juridique famille
al. Alinéa
A.N. Assemblée nationale
Arch. philo. dr. Archives de philosophie du droit
art. Article
Bull. Bulletin des arrêts de la Cour de cassation
Bull. civ. Bulletin des arrêts des chambres civiles de la Cour de cassation
CA
C.E.
C.G.I. Code général des impôts
CPC Code de procédure civile
Cass. plén. Cour de cassation, assemblée plénière
ch. mixte Cour de cassation, chambre mixte
ch. réunies Cour de cassation, chambres réunies
chr. Chronique
circ. Circulaire
C. civ. Code civil
C. com. Code du commerce
CEDH
CJCE Cour de justice des communautés européennes
CJUE Cour de just
Civ. Chambre civile de la Cour de cassation
Civ. 1ère Cour de cassation, première chambre civile
Civ. 2ème Cour de cassation, deuxième chambre civile
Civ. 3ème Cour de cassation, troisième chambre civile
CMF Code marocain de la famille
Com. Cour de cassation, chambre commerciale
Comm. EDH
coll. Collection
concl. Conclusions
Cour EDH
C. cass. maroc. Cour de cassation marocaine (après 2010)
C. cass. tun. Cour de cassation tunisienne
C. pén. Code pénal
Cour supr. Cour suprême (marocaine, avant 2010)
Comp. comparez
Cons. constit. Conseil constitutionnel
contra solution contraire
Crim. Cour de cassation, chambre criminelle
CSP Code du statut personnel
CSS Code de la sécurité sociale
D. Décret
D. Recueil Dalloz
DCC Dahir sur la condition civile des français et étrangers au Maroc
Defrénois Répertoire du Notariat Defrénois
Doc. A.N. Document parlementaire Assemblée nationale
Doc. Sénat Document parlementaire Sénat
GACEDH Les grands arrêts de la Cour européenne des
ibid ibidem
infra voir ci-dessous
JAF Juge des affaires familiales
J.-Cl. civ. Jurisclasseur de droit civil
JCP, éd. E Jurisclasseur périodique - édition entreprise
JCP, éd. G Jurisclasseur périodique - édition générale
JCP, éd. N Jurisclasseur périodique - édition notariale
JDI Journal de droit international (Clunet)
J.O Journal officiel
NCPC Nouveau Code de procédure civile
n° numéro
op. cit. opere citato
p. page
pan. panorama
LPA Les petites affiches
précit. précité
PUF Éditions des Presses universitaires de France
Rapp. Cass Rapport annuel de la Cour de cassation
RCADIP
international privé La Haye
Rev. crit. DIP Revue critique de droit international privé
Rép. civ. Dalloz Dalloz (encyclopédie) civil
Rép. min. Réponse ministérielle
Rap. Rapport
Rev. dr. fam Revue droit de la famille
Rev. dr. éco.
Rev. dr. soc. Revue de droit social
Rev. tun. dr. Revue tunisienne de droit
RIDC Revue internationale de droit comparé
RJPF Revue juridique Personnes et Famille
Rev. Lamy dr. civ. Revue Lamy droit civil
RRJ Revue de la recherche juridique
RTD civ. Revue trimestrielle de droit civil
RTD eur. Revue trimestrielle de droit européen
RTDH
Rev. dr. sanit. soc. Revue trimestrielle de droit sanitaire et social
saw Salutations et paix sur lui
s. Et pages suivantes
S. Recueil Sirey
Soc. Cour de cassation, chambre sociale
spéc. spécialement
supra voir ci-dessus
t. Tome
TGI Tribunal de grande instance
TI
TPI Tribunal de première instance
V. voir
V° verbo au mot
GLOSSAIRE
Charia
sources scripturaires sacrées auxquelles adhèrent les
musulmans : le Coran et la sunna. La charia désigne aussi
le corpus de textes juridiques élaborés par la doctrine
islamique et sur lequel se fonde le juriste musulman.
Fatwa
précis par un savant du droit musulman de rang élevé, soit
du même pays soit du rite auquel il se rattache.
Firach
littéralement « le lit conjugal ».
Hadana
Ouléma Ou imam
Tatliq
Ne peut avoir lieu que devant un tribunal et dans des cas
bien définis et limités.
Introduction
PREMIERE PARTIE
SECONDE PARTIE
Conclusion générale
INTRODUCTION
« Le droit de la famille est un droit original car il se nourrit de données humaines (il
régit les comportements humains les plus intimes), de données scientifiques
e (le
droit de la famille est construit sur de valeurs : valeurs morales hier, étroitement
universelles
droits et libertés fondamentaux). Il est également original par sa dimension
symbolique
1
P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille, Paris, LGDJ, coll. « Droit civil », 5ème éd., 2016, p. 42, spec.
n° 54, et p. 66, n° 97.
2
Il semblerait que la première utilisation du mot « couple
vers les années 1150. Cf. A. WALCH, Histoire du couple en France, Rennes, éd. Ouest-France, 2003.
3
A. WALCH, Histoire du couple en France, op. cit., p. 10.
4
Ibid., p.10.
1
Introduction
même dictionnaire de référence décline sous diverses occurrences ce terme, selon le temps
et le lieu. I de « l ensemble des personnes (enfants, serviteurs, esclaves, parents)
vivant sous le même toit, sous la puissance du pater familias », comme il peut également
personnes « unies par le sang » par « le mariage, la filiation ou,
excep adoption ». Enfin, la famille peut désigner la « succession des
individus qui descendent les uns des autres, de génération en génération ». Le terme est
pluriel, mais il renvoie ée de groupe (plus de deux
personnes) dont les individus semblent être liés entre eux de façon pérenne.
3. Couple et famille, des notions pluridisciplinaires. intuitives, les notions
de couple et de de nombreuses études scientifiques et se
retrouvent au carrefour de plusieurs disciplines dont les objectifs varient. Les historiens5
2
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
cette cellule comme unité de production pour peremttre la mise en place de politiques
familiales adaptées1. La psychologie le rôle
2
de la famille . Si la sociologie observe la
3
,
à sa source, tandis que le droit, dans la vocation de
réglementation des rapports sociaux qui lui est dévolue, se propose établir un lien
juridique entre les membres . En dehors de ce lien que lui seul peut
instituer, point de famille ni de couple au sens juridique du terme et, par conséquent, point
bligations. Neurobiologistes4, sociologues5, anthropologues6, démographes7
et juristes se sont également intéressés au phénomène familial de la manière la plus large
qui soit.
Après quelques précisions liminaires nécessaires au cadre général de cette recherche (I), il
II). Le recours au
droit comparé permettra de révéler les différences et points communs de deux traditions
juridiques différentes et constituera la méthode de recherche privilégiée dans cette étude
(III).
1
En ce sens, V. le dossier dans la Revue droit de la famille « Analyse économique du droit de la famille », 2015,
n° 10.
2
C. HALPERN, J.-C. RUANO-BORBALAN, Identité(s). , éd. Sciences humaines,
2004.
3
F. DE SINGLY, , éd. Arman Colin, 2003 ; P.-Y.
CUSSET, Le lien social, Armand Colin, 2007.
4
J.-D. VINCENT, La biologie du couple, éd. Robert Laffont, 2015.
5
C. CICCHELLI-PUGEAULT, V. CICCHELLI, Les théories sociologiques de la famille, éd. La Découverte, 1998.
6
C. LEVI-STRAUSS, Les structures élémentaires de la parenté, PUF, 1949.
7
L. ROUSSEL, La Famille incertaine, éd. Odile Jacob, 1989.
8
petit » Maghreb, en opposition au « grand Maghreb arabe » lequel inclut la
Libye et la Mauritanie.
3
Introduction
comparé « le système islamique »1 que tout semble éloigner du droit français, force est de
constater que la structure du système juridique frança est pas totalement étrangère aux
2
pays du Maghreb . Les trois pays ont été, au début du siècle dernier, soit sous protectorat
français (le Maroc et la Tunisie), soit purement et simplement un département français
Surtout, au lendemain des indépendances, les structures juridiques françaises
mises en place y ont, pour la plupart, été conservées3 malgré quelques réticences dues au
sentiment nationaliste4. Il est vrai que le domaine des relations
1
A. GAMBARO, R. SACCO, L. VOGEL, Paris, LGDJ-Lextenso, 2011 ;
G. CUNIBERTI, Grands systèmes de droit contemporains, Paris, LGDJ, 2ème
également de « droit musulman » : R. DAVID, C. JAUFFRET-SPINOSI, Les grands systèmes de droit
contemporains, Paris, Dalloz, 11ème éd., 2002.
2
Pour tout ce qui concerne le droit des obligations notamment, le fond du droit y est similaire, et la
lumière des décisions de la Cour de cassation
française. R. LEGEAIS, Grands systèmes de droit contemporain, Approche comparative, Litec LexisNexis, 2ème
éd., 2008, p. 244.
3
V. M.J. ESSAID, , Rabat, Fondation M.J. ESSAID pour la Réforme du droit et le
développement Socio-Économique, avec le concours de la Fondation Éducation et Culture du Groupe Banque
Populaire, 4ème éd., 2010.
4
5
V. infra, n° 90.
4
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
disproportion car la puissance analytique est un trait accentué de la pensée juridique qui
divise, subtilise, distingue sans fin »1.
6. Un intitulé au singulier. L Couple et
Famille indifférent
dans toute leur factualité2 Couples et des
3
Familles ». Pourtant, face à la pluralité des formes de vie en couple et de familles, le souci
conception qui y a cours. Or, le couple maghrébin ne saurait être autre chose que marié, la
famille étant légitime ou n pas. Le singulier ou le pluriel prend alors
important.
7. du sujet
« Couple et Famille » pourrait paraître indéterminée pas accompagnée de
« ». Il ressort de la littérature juridique relative aux études
portant sur une « » que, très souvent, «
inutile qui ne recèle aucune orientation vers la recherche conceptuelle annoncée »4. Couple
et famille ne sont pas que notionnels. La véracité scientifique supposait le
intitulé ouvert sur
comparative.
8. Un contenu substantiel déterminé. Si la plupart des branches du droit privé font
référence à la notion de couple5, étude est cependant
restreint au droit civil, particulièrement aux relations personnelles du couple. La
démonstration proposée concerne essentiellement le droit extrapatrimonial de la famille
1
D. ALLAND, S. RIALS (dir. de), Entrée « linguistique juridique », in Dictionnaire de la culture juridique, sous
Les rapports des mots et du droit, Lamy-Puf, 2003, p. 954.
2
J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux, Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris, éd. Panthéon-
Assas, 2012.
3
J.-J. LEMOULAND, « Le pluralisme et le droit de la famille, post-modernité ou pré-déclin ? », D., 1997, chr.
133 ; « Le couple en droit civil », Rev. dr. fam., 2003, chr. n° 22, pp. 11-16 ; F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « À
propos du pluralisme des couples et des familles », LPA., 28 avril 1999, n° 84, p. 29.
4
C. JARROSSON, , Paris, 1987, LGDJ, p. 25.
5
A.-M. GILLES, Le couple en droit social, Paris, Economica, 1997.
5
Introduction
1
. Le droit patrimonial, notamment le domaine des
successions ou encore des régimes matrimoniaux ne sera abordé q
. Par exemple, évoquer le régime primaire des
époux sans aborder la question des charges du ménage ou celle touchant à la solidarité du
pècherait par son incomplétude. De même, prétendre expliquer
contemporaine du droit marocain sans revenir sur les raisons
du droit successoral présenterait le même écueil. Bien que cette seconde dimension ne
, un recours ponctuel aux éléments du droit
patrimonial a été nécessaire par souci de pertinence et de clarté du propos.
9. Une approche simultanée du couple et de la famille. Traiter en droit du couple
2
et de la famille ce que cette dernière est de
-, conjuguée aux spécificités qui y sont attachées selon
les traditions juridiques en font devant être mis en contemplation de
xuel par la loi
du 17 mai 2013 en France illustre ce face à face nécessaire du couple et de la famille. Cet
épiphénomène rend compte de toute une (r)évolution familiale.
10. Un jeu de miroirs entre les deux rives de la méditerranée. L
3
françai révèle les contradictions autant
que les atouts des conceptions renouvelées du couple et de la famille. La comparaison avec
les pays européens voisins slation
française, de connaissance du droit étranger, voire de rapprochement des législations
construire un pont pour favoriser une communicabilité4 entre deux systèmes juridiques5
différents. Inhabituelles, les raisons comparée sont nombreuses. Dans
un premier temps, les études privilégiant une approche comparée droit occidental/droit
musulman de la famille sont encore peu nombreuses. L
u droit international privé,
1
A.-M. LEROYER, « Les nouveaux liens de famille : entre idéalisme et réalisme », in Les nouveaux rapports de
droit, E. JEULAND, S. MESSAÏ-BAHRI, Paris, RJS éd., t. 39, pp. 129-142.
2
P. MURAT (dir. de), Droit de la famille, Dalloz Action, Paris, 7ème éd., 2016-2017, n° 01.12, p. 3.
3
J.-J. LEMOULAND, « Quel apport du droit comparé au droit français des personnes et de la famille ? », in
Jean HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, p. 329-349.
4
V. en ce sens : La communicabilité entre les systèmes juridiques, Liber amicorum, Jean-Claude ESCARRAS,
Bruxelles, Bruylant, 2005.
5
En ce sens, V. les actes du colloque « La réception réciproque des institutions familiales Europe-Maghreb »
dans la Revue de droit de la famille, 2015, sept., n° 38, spec. B. AZZEMOU, « Difficultés de connaissance des
institutions familiales étrangères : les difficultés liées à la diversité des sources du droit algérien ».
6
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
« installer un jeu de
s, où les rapports entre les acteurs du transplant
les porteurs des modèles juridiques occidentaux- et les acteurs du retour -ceux qui
revendiquent leurs différences culturelles- se contaminent »5.
professeur Jean HAUSER, « quand deux pays veulent se pencher sur la réception réciproque
-
1
V. en ce sens : R. EL HUSSEINI-BEGDACHE, Le droit international privé et la répudiation islamique, Paris,
LGDJ, 2002 ; H. BOUCHAREB-CASSAR, Conséquences des ruptures conjugales entre Nord et Sud de la
Méditerranée ZAHER, qui a envisagé tant la
réception des institutions islamiques dans les pays non-musulmans, que la situation des non-musulmans dans les
pays de tradition islamique. Cf. K. ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé, Paris,
2
W. CAPELLER, « Droits infligés et chantiers de survivances : de quel lieu parle ton ? », in Une introduction
aux cultures juridiques non occidentales : Autour de Masaji CHIBA, W. CAPELLER, T. KITAMURA (dir. de),
Bruxelles, Bruylant, 1998, p. 15.
3
: A.-C. REGLIER, , Thèse, Aix-Marseille, 2013 ;
L. LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, Paris, LGDJ, 2013 ; L. MONTILLET
DE SAINT PERN, La notion de filiation en droit comparé, Thèse, Paris II, 2013.
4
Entre autres : F. TOBICH, Les statuts personnels dans les pays arabes : d ,
Marseille, PUAM, 2008 ; S. PAPI, ;
M. MONJID, : Maroc,
Algérie, Tunisie CHAFI, Les
rapports juridiques entre époux. Étude comparative du droit français et du droit marocain, Thèse, Paris II, 1989.
5
W. CAPELLER, « Droits infligés et chantiers de survivances : de quel lieu parle ton ? », art. precit., p. 17.
7
Introduction
»1.
12. La perspective comparatiste apporte une
celle-ci doit être comprise non comme une théorie générale du droit national mais
la civilisation humaine,
fournirait les éléments communs à différents droits, pour mettre en évidence
comparé de la diversité des institutions et servir de base à une
compréhension mutuelle.
1
J. HAUSER, « La réception réciproque des institutions familiales Europe-Maghreb », Rev. dr., fam., 2015, sept.,
n° 51.
2
G. DEL VECCHIO, « « Les bases du droit comparé et les principes généraux du droit », in Humanité et Unité du
droit. Essais de philosophie juridique, par G. DEL VECCHIO, Paris, LGDJ, 1963, p. 16.
3
M. CHAFI, Les rapports juridiques entre époux. Étude comparative du droit français et du droit marocain, op.
cit.
4
Ibid., p. 14.
8
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
la famille mérite une attention globale qui ne se limite pas à ces institutions. Les mutations
en question sont au demeurant perceptibles en droit français (1) et en droit marocain (2).
1. En droit français
1
C. BRUNETTI-PONS, La notion juridique de couple, Paris, Economica, 1998 ; H. LECUYER, « La notion
juridique de couple », Rev. dr. et patrim., 1997, n° 53, p. 62-65; J.-J. LEMOULAND, « Le couple en droit civil »,
Rev. dr. fam., 2003, chron. 22.
2
V. néanmoins : Le droit non civil de la famille, Préf. J. CARBONNIER, PUF, Publications de la Faculté de droit
et des sciences sociales de Poitiers, 1993.
3
Sur cet aspect, V. D. FENOUILLET, « De la vertu familiale naturelle du mariage », in Le discours et le Code,
Portalis, deux siècles après le Code Napoléon, Paris, LexisNexis Litec, 2004, pp. 127-137 ; V. aussi J. HAUSER,
« Une république familiale », in Le discours et le Code, op. cit., pp. 139-149.
4
L. n° 99-944 du 15 novembre 1999 relative au Pacte civil de solidarité, J.O, 16 nov. 1999, p. 16959.
5
C. BRUNETTI-PONS Rev. dr. fam., 2003, n° 5, chr.
n° 15, pp. 10-17 ; 2ème partie, même revue, n° 6, chron. n° 17, pp. 4-8.
6
J. RUBBELIN-DEVICHI (dir. de), Des concubinages dans le monde, Paris, éd. du C.N.R.S., 1990.
9
Introduction
1
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille. Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux
aspirations de notre temps, Rapport au Garde des Sceaux, ministre de la justice, La Documentation française,
Paris, 1999.
2
Cass. soc., 11 juillet 1989, J.C.P., G, 1990, II, 21553, note M. MEUNIER; Cass. civ. 3ème, 17 décembre 1997,
J.C.P., 1998, G, 10093, note A. DJIGO.
3
CARBONNIER dans Droit et passion du droit sous la Vème République,
Paris, éd. Flammarion, 1996, p. 44.
4
J. POUSSON-PETIT, « Couples conjugaux et pluralismes culturels et juridiques en Europe », in Mélanges en
NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 385-410.
5
M.-T. MEULDERS-KLEIN, « Famille et justice », in Familles et justice,
Justice civile et évolution du contentieux familial en droit comparé, M.-T. MEULDERS-KLEIN (dir. de), Bruxelles-
Paris, éd. Bruylant-LGDJ, 1997, p. 603, spec. p. 606.
6
D. FENOUILLET, « », in Le droit privé
français à la fin du XXème siècle. Études offertes à Pierre CATALA, Paris, éd. Litec, 2000, p. 487-528.
7
S. BENISTY, La norme sociale de conduite saisie par le droit, Paris, Institut universitaire Varenne, « coll. Des
Thèses », 2014.
8
M. PICHARD, « Droit et morale en droit extrapatrimonial », in Droit et morale, D. BUREAU, F. DRUMMOND,
D. FENOUILLET (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes et commentaires », 2011, p. 135-153.
9
Sur les tensions générées par cette mutation, V. P. DEUMIER, « Le droit de la famille vu par ses sources », in
NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 229-243.
10
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
A. LEBORGNE, « Réflexion sur la diversité des modes de conjugalité », in La diversité du droit. Mélanges en
SAINTE-ROSE, Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 675-697 ; Y. LEQUETTE, « Quelques remarques
sur le pluralisme en droit de la famille »,
amicorum, Paris, Defrénois, 2012, pp. 523-550.
2
En ce sens : X. LABBEE, Le droit commun du couple, Presses universitaires du Septentrion, 3ème éd., 2012 ;
M. SAULIER, Le droit commun des couples. Essai critique et prospectif, Thèse, Paris 2, 2014.
3
V. C. BRUNETTI-PONS, « », in
Regards civilistes sur la loi du 15 novembre 1999 relative au concubinage et au pacte civil de solidarité, LGDJ,
2002, pp. 37-47.
4
J. HAUSER, « La concurrence des formes juridiques de la vie en couple », Rev. dr. fam., 2000, n° 12, pp. 20-24.
5
Y. LEQUETTE, « Quelques remarques sur le pluralisme en droit de la famille », art. precit., spec. n° 16 et s.,
p. 538. V. aussi, D. FENOUILLET, Droit de la famille, Paris, Dalloz, 3ème éd., 2013, pp. 28-29.
6
Particulièrement depuis la réforme du Pacs en 2006.
7
J.-J. LEMOULAND, « La diversité du droit contemporain de la famille : un trompe- in La diversité du
droit SAINTE-ROSE, Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 729-750.
8
Interrogée sur la question de savoir si la notion de vie maritale pouvait être élargie aux concubins pour le
mode de conjugalité, une cohérence des notions soit assurée selon le domaine du droit, cette exigence ne doit pas
conduire nécessairement à une harmonisation totale des règles applicables à ces différents modes de
conjugalité ». En effet, «
oniale
différentes ». Rép. min. n° 13605, J.O, Sénat, Q° 24 déc. 2015.
9
A. LEBORGNE, « Réflexion sur la diversité des modes de conjugalité », art. precit., p. 675.
11
Introduction
deux. Dans cette entreprise, le droit commun du couple qui semble se dessiner est de
nature protectrice5 gisse de la dimension patrimoniale du couple6 ou de sa
dimension personnelle7, le juge est appelé à jouer un rôle premier dans la protection des
intérêts de ses membres que ce soit pendant la vie de couple, ou lors de la rupture. Comme
e professeur LEMOULAND, le contrôle du juge8 «
des domaines qui lui échappaient auparavant, celui des couples non mariés en particulier.
impose aux partenaires des devoirs qui sont considérés comme participant du régime
primaire des gens mariés : communauté de vie, secours, assistance, solidarité vis-à-vis des
tiers »9. donc et une telle protection
jurisprudentielle invite à réfléchir à impératif conjugal
1
A. MIRKOVIC, « Le mariage, un service public à redécouvrir », Rev. Lamy dr. civ., 2012, n° 94, pp. 55-58.
2
H. FULCHIRON, « Le partenariat est-il soluble dans le mariage (et réciproquement) ? », in Mélanges en
HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, p. 128.
3 ème
S. FULLI-LEMAIRE, « siècle », in Les piliers du droit civil,
Famille, Propriété, Contrat, -Assas (Paris II), les 6 et 7 juin 2013,
N. LAUENT-BONNE, N. POSE, V. SIMON (dir. de), éd. Mare&Martin, 2014, pp. 61-76.
4
H. FULCHIRON, « Le partenariat est-il soluble dans le mariage (et réciproquement) ? », art. precit.
5
Sur la force normative de la nouvelle éthique familiale, cf. R. OUEDRAOGO, La notion de devoir en droit de la
famille, Bruylant, Bruxelles, 2014.
6
A.-S. BRUN, Contributi , Thèse, Grenoble, 2003 : W. BABY,
Les effets patrimoniaux du Pacs, Defrénois, coll. « Doctorat&Notariat », 2013.
7
L. PIZARRO, un droit commun de
la rupture du couple, Thèse, Aix-Marseille, 2014.
8
V. en ce sens : V. ÉGEA, , Defrénois, coll.
« Doctorat&Notariat », 2010.
9
J. LEMOULAND, « La diversité du droit contemporain de la famille : un trompe- art. precit., p. 748.
12
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
structuration du droit contemporain de la famille, lequel pèche par « une absence totale de
réflexion et de cohérence »1 de privilégier les
exigences de
interventions jurisprudentielles ponctuelles. Dans la mesure où , le
2
retour témoigne que son contenu déplacé «
1
J. HAUSER, « Amour et liberté : la devise contemporaine du couple ? », Arch. philo. dr., 2014, t. 57, p. 78.
2
la famille a incontestablement subi
un net recul face à la contractualisation des relations familiales. V. en ce sens : D. FENOUILLET, B. DE
VAREILLES-SOMMIERES (dir. de), La contractualisation de la famille, Paris, éd. Economica, 2001.
3
J. LEMOULAND, « La diversité du droit contemporain de la famille : un trompe- art. precit., pp. 747-748.
V. aussi : D. FENOUILLET, Droit de la famille, op. cit., pp. 29-30.
4
M. PICHARD, « Droit et morale en droit extra patrimonial », in Droit et morale, op. cit. pp. 146-147.
5
Ibid., p. 153.
6
Y. LEQUETTE, « Quelques remarques sur le pluralisme en droit de la famille », art. precit., p. 542, spec. n° 20.
7
Ibid., n° 19. Dans le même sens, V. P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille, Paris, LGDJ, 5ème éd.,
2016, n° 45, p. 39. Ceux- -ci « exerce
dans le droit familial des fonctions essentielles. Même inefficace, elle crée un sentiment de sécurité et de
responsabilité. Elle accomplit un rôle éducatif et exemplaire : elle dit ce qui est mal et ce qui est bien. Surtout, si
innocente ».
8
Selon les termes mêmes de Monsieur le professeur HAUSER et de Madame le professeur HUET-WEILLER, « la
13
Introduction
professeur MURAT pour qui « il faut renoncer à une définition simpliste et unique de la
famille » qui « consiste à (la) définir de manière générale comme un groupe de
» lesquels ne permettent
«p
communauté de vie »1. Si la complexité et la diversité de la notion de famille empêchent
2
, il est des constantes qui soulignent la permanence de cette
institution
onsieur le professeur FULCHIRON ne manque pas de le souligner : « que
puisse aller plus loin sans discussion ». Cf. La famille : Fondation et vie de la famille, Traité de droit civil, 2ème
éd., n° 1.
1
P. MURAT (dir. de), Droit de la famille, Dalloz Action, Paris, Dalloz, 7ème éd., 2016-2017, n° 01.12, p. 3.
2
V., a contrario, la thèse de Mme REGLIER
les objectifs poursuivis par les différents auteurs qui ont la maîtrise
14
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
précisément, «
de la parenté »1. Encore faut-
18. Ce mouvement perceptible dans tion du
droit de la famille a été rendu
MALAURIE et
FULCHIRON, « fait famille »2.
Le même constat a été souligné il y déjà : « Il est
-à- travers le
3
statut de la filiation naturelle » . Le droit contemporain de la famille serait donc centré sur
4
, mythe fondateur5 du droit contemporain de la famille.
et avec lui la procréation6. S
depuis quelques années maintenant un mouvement de mutation de la sexualité7 dans le
couple, qui ne remplirait plus sa fonction procréative mais se voit valorisée dans sa
dimension récréative8. Face à ce mouvement de « contraction »9 du couple sur lui-même,
nément admise que la famille existe ,
indépendamment du statut conjugal des parents. Or, dans les couples de même sexe, la
potentialité d enfant à deux est, par procréation charnelle, nulle.
19. Procréation et couples de même sexe. Les revendications homoparentales
initiales privilégiaient la dimension éducative afin de faire aboutir les demandes
tendant à établir du (de la) partenaire du (de la) père (mère).
Le débat portait donc sur la capacité du couple homosexuel à élever et éduquer un enfant
ensemble. D sonnes de même sexe, la
tendance de recourir, par les couples de même sexe, aux techniques
sfaire leur
1
J.-J. LEMOULAND, Droit de la famille, éd. Ellipses, 2014, p. 49.
2
P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille, op. cit., pp. 24-25, n° 17.
3
A.-S. BRUN, , Thèse, Grenoble, 2003.
4
J.-J. LEMOULAND, Droit de la famille, op. cit., p. 62, spec. n° 76.
5
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Réflexion sur les mythes fondateurs du droit contemporain de la famille », RTD
civ., 1995, p. 249-270.
6
M. MESNIL, Repenser le droit de la reproduction au prisme du projet parental, Thèse, Paris IV, 2015.
7
C. ADAM, « La sexualité comme puissance de démesure et de dérèglement du droit », in Droit des familles,
genre et sexualité, N. GALLUS (dir. de), Paris, LGDJ, Centre de droit privé-Unité de droit familial, 2012, pp. 25-
33 ; X. LABBEE, « Le pacte civil de solidarité et la sexualité », in Du Pacs aux nouvelles conjugalités, où en est
?, J. FLAUS-DIEM, G. FAURE (dir. de), Paris, PUF, 2005, pp. 11-19.
8
J. HAUSER, « Le choix de ne pas donner la vie : un droit de ne pas donner la vie ? », ,
P. JACQUES (dir. de), Dalloz, coll. « Thèmes&commentaires », 2010, pp. 9-25.
9
FULCHIRON : « Mariage, conjugalité ; parenté,
parentalité : métamorphose ou rupture ? », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, H. FULCHIRON
(dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2009, p. XI.
15
Introduction
2. En droit marocain
1
F. BELLIVIER, «
droit », , op. cit., 2010, pp. 39-47.
2
D. FENOUILLET, «
-puissance du sujet », Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 37-71, spec. n° 49.
3
C. BRUNETTI-PONS, « Après la loi du 17 mai 2013, quel état des lieux et quelles perspectives pour le droit de la
famille ? », , Institut Famille&République, 2016, pp. 25-44.
4
J.-J. LEMOULAND, Droit de la famille, éd. Ellipses, 2014, p. 73.
5
Ibid., n° 82, pp. 72-73.
6
M. DOURIS, « : une évolution contenue en droit français de la
famille ? », : étude pluridisciplinaire,
P. BOUCAUD (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2009, 13-58.
16
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
zawjane, désigne les deux époux pris dans leur individualité en insistant sur leur dualisme.
Par conséquent, la racine zawj peut désigner tant la paire de et le
féminin zawja
famille, celle-ci est, en langue arabe, appréhendée soit sous le vocable oussra, ou encore
, à cette différence près que la prem
nucléaire, formée par le couple conjugal et ses enfants, tandis que la seconde englobe le
cercle plus large de la parenté par les mâles en y incluant les grands-parents, oncles, tantes,
petits- Face à ce dualisme linguistique, sera
retenu dans le cadre de cette étude le vocable oussra, car il correspond davantage
de la famille occidentale nucléarisée ayant fait disparaître la famille lignage 1. La famille,
bie e encore aux grands-parents2, ne sera étudiée ici
restreint du couple et de ses enfants. Un tel parti pris de raffermir la
démonstration, en . Les rapports juridiques impliquant les
grands-parents re traditionnelle de la
3
famille -dont la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 sur le vieillissement marque
- amiliaux et de leur
appréhension par le droit.
22. Enjeux du « droit de la famille » au Maroc.
pays musulmans, de droit de la famille au sens occidental. Celui-ci fait partie de ce qui est
communément appelé le « statut personnel »4 englobant tant le droit des personnes, le droit
de la famille et
droit musulman, car leur réglementation provient de la source première constituée par le
Coran. On compre à modifier ou compléter la loi,
celle- , en tout temps et en tous
lieux. L est de
1
Le recul, voire la disparition de cette dernière depuis le XVIII ème
des fonctions qui
nelles, en réinterprétant
la modernité occidentale conformément aux valeurs locales. Cf. J. COMMAILLE, F. DE SINGLY (dir. de), La
question familiale en Europe Logiques sociales », 1997, pp. 144-146 ; M. SEGALEN,
Sociologie de la famille, Paris, Armand Colin, 4ème éd., 1996, p. 283.
2
V. notamment : M. BOURASSIN, C. COUTANT-LAPALUS (dir. de), Les droits des grands-parents, une autre
dépendance, Paris, Dalloz, 2012.
3
L. n° 2015- la société au vieillissement, J.O, 16 janv.
2016, p. 24268.
4
V. en ce sens : M. AOUN (dir. de), Les statuts personnels en droit comparé, évolutions récentes et implications
pratiques, Leuven-Paris-Dudley, Peeters, 2009, particulièrement M. AOUN, « Origines et fondements historiques
des statuts personnels », pp. 11-22.
17
Introduction
est devenue un
modèle juridique de la famille, en revenant aux richesses premières, à savoir la Charia ». A. MOULAY HID,
« Le droit de la famille entre la politique et le changement social », art. precit., p. 238.
4
infra, n° 91-92.
5
BOURQIA :
Les valeurs : changements et perspectives, réalisée dans le cadre du rapport 50 ans de développement humain,
Perspectives 2025.
6
Y. BEN ACHOUR, « Mutations culturelles et juridiques, vers un seuil minimum de modernité ? », Rev. tun. dr.,
1990, pp. 55-73.
7
Pour une approche prospective de cette question, V. le Rapport préparé par Madame M. BENRADI pour le Haut-
Commissariat au Plan, Dynamique sociale et évolution des statuts des femmes au Maroc. « Prospective Maroc
2030 », Royaume du Maroc, 2006, disponible en ligne.
8
A. ADAM, Une enquête auprès de la jeunesse musulmane du Maroc, Aix-en-provence, éd. La pensée
universitaire, 1963.
18
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
F. BELKNANI, « Le mari chef de famille », Rev. tun. dr., 2000, pp. 49-93.
2
M. MONJID « Les apports de la réforme du droit marocain de la famille », in Les droits maghrébins des
, J. POUSSON-PETIT
p. 49.
3
V. infra, nos développements n° 99 et s.
4
Contrairement aux Codes algérien et tunisien.
5
Art. 4 Code marocain de la famille (çi-après CMF).
6
MOUNIR in Le nouveau droit de la famille au Maroc. Essai
, éd. Cheminements, 2005, p. 22.
7
19
Introduction
statut dans la famille »1. Cette adaptation du droit aux faits sociaux, bien connue du
législateur français, a donc permis à la règle de droit musulman de montrer sa capacité à
nouer avec la modernité tout en servant de matériau incontournable dans cette évolution.
Pour preuve, chaque nouveauté introduite au sein du code a été appuyée du verset
coranique correspondant herchée dans le donné
religieux
précautions prises dans la modification de la loi en vue de sa légitimation et son
appropriation par la société civile. En faisant évoluer la législation familiale vers davantage
mais surtout à inculquer les valeurs égalitaires aux individus. La doctrine en France
manqué de le souligner a observé que « (...) le législateur marocain
entre homme et femme entend, au-delà du symbole faire évoluer les comportements par le
modèle désormais proposé (...) »2. Ce nouveau modèle de la famille moderne et égalitaire,
fait suite à une longue tradition patriarcale, constitue un défi car il doit
imprégner les mentalités individuelles, particulièrement masculines qui se voient détrônées
de leur place de « chefs de famille » au avec
la réussite de la réforme ne saurait être complète sans un profond
changement de mentalités auquel il ne peut être parvenu que sur le temps long. Le débat
doctrinal au Maroc porte do des nouvelles dispositions tant par les
3
acteurs judiciaires que par la société civile, mais aussi sur la nécessité (ou pas ?) de revoir
certaines dispositions dont les lacunes ont été révélées (plus de dix ans maintenant) après
entrée en vigueur du Code.
25. .
de la loi ne peut faire abstraction des dispositions culturelles en vigueur dans un État
1
M. MONJID « Les apports de la réforme du droit marocain de la famille », art. precit., p. 54.
2
P. MALAURIE, H. FULCHIRON (dir. de), Droit de la famille, op. cit., n° 53, p. 42.
3
M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, Le mariage, t. 1, Casablanca, 3ème éd., Ma
Al jadida, 2015, p. 154 (en langue arabe).
4
M. MOUAQIT, « Dispositions culturelles/axiologique du juge et interprétation du nouveau code de la famille »,
in Le code de la famille. Perceptions et pratique judiciaire, M. BENRADI, H. ALAMI CHICHI, A. OUNNIR et
aliii (dir. de), Fès, éd. Friedrich Ebert Stiftung, p. 147.
5
Ibidem., p. 148.
20
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
un ensemble de
convictions sociales dont « le trait principal est la patriarcalité (...) système de valeurs
fondé sur un modèle général de relation autoritaire et vertical, dont la manifestation
et hybride
2
dans lequel le rôle du juge ne saurait être surdimensionné . En outre, dans la conception
est en
désaccord avec son contenu substantiel, que le juge applique la loi conformément à ce que
lui dicterait son système de valeurs. Une telle attitude - par
son imprécision et ses lacunes- empêcherait la concrétisation du changement voulu par le
elle exprime pas directement mais se trouve enrobée « dans la
it »3. Autant de
déterminants sont à même de renseigner sur les orientations possibles de la jurisprudence.
1
Cette réalité est parfaitement bien exprimée par Monsieur le professeur MOUAQIT qui insiste sur
21
Introduction
1
Pour preuve, cf. G. KADIGE, D. DEROUSSIN, S. JAHEL et alii (dir. de) Le Code civil français et le dialogue des
cultures juridiques
Faculté de droit et des sciences politiques de versité Saint-Joseph, Bruxelles, Bruylant, 2007.
2
G. DEL VECCHIO, Humanité et unité du droit, Paris, LGDJ, 1963.
3
G. DEL VECCHIO, « Les bases du droit comparé et les principes généraux du droit », in Humanité et Unité du
droit. Essais de philosophie juridique, Paris, LGDJ, 1963, pp. 11-19.
4
Ibidem, p. 13.
5
Ibid., p. 14.
6
DEL VECCHIO.
22
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
I néanmoins pas rare de lire au sein des traités de droit comparé que la comparaison
suppose dérisoire de renoncer à
comparer le droit français de la famille au droit marocain sous prétexte que le premier
is que le second est lié par
une source supra humaine. Outre que ce raisonnement aboutirait à limiter de façon
inadmissible le domaine du droit comparé en présentant le droit musulman tel un droit
s sociales, il présenterait également
-scientifique. Nombre de sociétés dépourvues de similarités
t de la greffe. le
danger contre lequel le comparatiste doit être vigilant est celui du décalage entre la règle
Cette vigilance a tout au
pements
couple et de la famille est étroitement liée au système politique et juridique de chacune des
. Toute règle de droit potentiellement exportable devait être passée au crible
de sa compatibilité tant .
28. Le recours à la méthode comparative. a structure du
système juridique marocain, il est remarquable de constater que celui-ci
de la structure du système français1 car le premier a suivi, après le protectorat, le modèle
français2 dans nombre de domaines. Pour autant, ceci ne signifie pas que les mécanismes
juridiques qui y ont cours
que du point de vue culturel. En effet, la pratique du droit y est faite par des hommes dont
la mentalité est déterminée par les conditions culturelles de leur propre pays. La mentalité
arabo-musulmane est formée p
différente de celle de
européenne, il reste da arabo-musulman la mentalité originaire
qui détermine, en fin de compte, la manière de penser Monsieur le professeur
Rodolfo SACCO désigne par formants implicites ou « cryptotypes » qui sont des facteurs
non formulés et qui modèlent le droit. Cet auteur explique que toute communauté juridique
obéit à des formants non écrits sans en être consciente ou sans re de les
3
exprimer de la mentalité. P juriste comparatiste
lui-même appartenant à un système juridique donné aura autant de mal à se libérer de
ervissement de ces cryptotypes dont la permanence permettra de retrouver le contenu
des règles intemporelles un système juridique donné4. À cette fin, le domaine du droit
1
Bien entendu, le système politique joue un rôle. Il rend inconcevable, dans certains pays, des expériences qui
ont été faites dan
2
En ce sens, V. La circulation du modèle juridique français CAPITANT, Paris,
Litec, 1993.
3
R. SACCO, La comparaison juridique au service de la connaissance du droit, Paris, Economica, 1991, p. 105.
4
Ibid., p. 107.
23
Introduction
pur doit être dépassé afin de privilégier une approche portant sur l
sociaux la démonstration. À cet égard,
de mieux saisir
création et la transformation du droit. Elle élargit sensiblement les perspectives de la
llement le fait juridique de son
environnement social et culturel. Elle est également le gage que les résultats récoltés
é scientifique, en appréhendant utilement le
fonctionnement du système juridique étranger. différentes sources
du droit constituent des données fondamentales dont il convient de tenir
compte.
Bien que la tâche du comparatiste
r, le choix a été fait, en vue de rendre utile et fécond le
travail de comparaison, de privilégier
ayant définitivement permis de consacrer la
contrariété des deux systèmes. Le droit comparé « ainsi entendu devient une meilleure
-
2. La dualité de la recherche
1
M. ANCEL, « Situation et problèmes actuels du droit comparé », in Livre du centenaire de la société de
législation comparée. Évolution internationale et problèmes actuels du droit comparé, Paris, 1971, p. 13.
24
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
qui sont, dans une large mesure, similaires- et les réponses qui leur
comme une nécessité pratique du fait de la multiplication des rapports entre les États que
2
. Ainsi que le
souligne un auteur, «
ne souhaite pas -en dehors de tout jugement de valeur- tout en lui offrant un état des lieux
dont les récentes évolutions
ont radicalement bouleversé les structures familiales
rs à la méthode comparative
permettant de contribuer à la connaissance scientifique afin de mesurer les différences
entre modèles juridiques4
voulons aussi bien que ce dont nous ne voulons pas. Au surplus, un des buts recherchés par
cette étude a été de projeter un éclairage sur la portée éducative du droit comparé, dont
consiste à connaître la manière dont les hommes, ici et là, ordonnent leurs rapports
et conçoivent la justice afin de mieux se connaître, pour mieux se comprendre. Ainsi, le
droit comparé se mue en instrument privilégié de coopération humaine dans la vocation
universaliste qui lui revient.
30. But de la perspective positive. La présente étude se veut également positive et
prospective. La perspective positive de rationalisation du droit des couples (et du droit de
5
la famille globalement)
1
En ce sens : H.P. GLENN, « Vers un droit comparé intégré », RIDC, 1999, pp. 841-852.
2
Surtout, les problèmes ici et là sont, dans une très large mesure, les mêmes.
3
V. CADERE, « Quelques réflexions sur les études de science juridique comparative », RIDC, 1971, p. 849.
4
P. LEGRAND, « », RIDC, 1993, p. 879.
5
En ce sens : P. MURAT, « Pour une vraie réflexion prospective en droit de la famille », in Mélanges en
LE GUIDEC, LexisNexis, 2014, pp. 777-794. V. aussi, du même auteur :
25
Introduction
légal qui en fixe les principes élémentaires tels que reconnus par le législateur en faveur
des partenaires pacsés, ou par la jurisprudence ponctuellement, au profit des concubins. À
cette fin, un régime impératif conjugal (RIP) « qui se réduirait au strict minimum »2,
i aux couples,
indépendamment de leur statut. Cette démarche permettrait de fusionner les règles
élémentaires du Pacs et du mariage, dont la quasi-similitude de régime juridique brouille
les frontières. Maintenant que le mariage est admis au profit des couples de
même sexe, il semble inutile dans les mots de la loi de distinguer là où celle-ci a renoncé à
le faire. La vigilance est pourtant de mise, car la spécificité de chaque type de
conjugalité doit être maintenue : le mariage demeure incontestablement le mode de
est la durée. Cette inscription dans le temps fait naître une
solidarité incontournable qui
Pour autant de raisons, sa spécificité doit être mise en avant.
Cette démarche conduit donc à inventorier les droits et obligations liés à la notion de
couple, en distinguant les éléments juridiques et leur commune
évolution. Selon Monsieur le professeur Jean HAUSER, « la société a le droit de trier ce
commun, jugé comme socialement utile parce que
à : un statut de
base de la vie en commun, des régimes tilité sociale du couple
3
considéré » . Mais pour cela, une esquisse doit impérativement être brossée des grandes
4
. Sans cela, « le résultat sera médiocre, car il
té interprétative des juristes), ni la force
26
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
»1.
doctrinal amorcé doit être poursuivi. Dans ce cadre, la
impératif conjugal permettrait de fournir de sérieuses pistes de réflexion pour une tentative
qui pouvait fonder une communauté de valeurs entre les deux systèmes juridiques étudiés.
Leur évolution simultanée offre néanmoins une grille de lecture inédite sur le point de non
retour consommé, et permet cier les raisons ayant poussé chacun des systèmes à
opter pour telle ou telle conception de la famille. À cet égard, la présente recherche entend
apporter une contribution à la détermination du couple et de la famille contemporains en
droit comparé. Les divers visages du couple en droit français attestent
nouvelle du droit de la famille,
processus toujours en cours- de dématrimonialisation. Cette libéralisation contraste
fortement, tant par ses objectifs que par ses fondements, avec modernisation
raisonnée du droit de la famille dans les pays du Maghreb, à tout le moins du Maroc.
Il faut bien reconnaître que, depuis les réformes engagées par le doyen CARBONNIER et
ème
siècle, le mouvement de privatisation, point de départ de notre
analyse (Partie I), ns leur sphère
familiale
individuel. La nouvelle famille contractualisée2 ou plutôt « le droit de la personne unie par
un lien familial »3 répondait, semble-t-il, à une aspiration sociale privilégiant les désirs
. Cette approche individualiste du droit
favorise
essentiellement sur la satisfaction des revendications de certains4. Comme cela a
parfaitement pu être affirmé, « »5. Alors
de la famille se dé
1
Ibid., p. 785.
2
Sur ce processus, V. X. LABBEE, « La contractualisation du droit de la famille : et après ? », in Mélanges en
NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 261-277.
3
ÉGEA, La fonction de juge
contemporain de la famille, op. cit., p. 25.
4
A.-C. AUNE, Le phénomène de multiplication des droits subjectifs en droit des personnes et de la famille,
Marseille, PUAM, 2007.
5
A. GARAPON, « Rapport français », tion récente du droit de la famille, Paris, Economica,
CAPITANT, t. XXXIX, 1988, p. 707, spec. p. 713.
27
Introduction
contraire, ces constantes du droit maghrébin témoignent de leur capacité à dapter aux
aussi
Afin de mener à bien cette démonstration, les fondements mêmes du lien familial doivent
être revisités au sein des deux systèmes afin de saisir avec justesse les raisons ayant poussé
à son évolution ici et là
question portant sur la manière dont a été résolu le paradoxe entre deux aspirations
foncièrement contradictoires : le couple porteur et de liberté1
part la famille, structure en quête de stabilité. Il apparaîtra très rapidement que les liens
complexes entretenus entre couple et famille dépendront largement des représentations
ude, poursuivis par
: stabilité et organisa al selon des valeurs objectives ou
des aspirations individuelles. En somme, comment le
droit peut assurer la permanence du lien familial entre individus déliés2.
1
J. HAUSER, « Amour et liberté : la devise contemporaine du couple ? », Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 73-80.
2
F. DE SINGLY, , éd. Armand Colin, 2003. V. aussi,
P. PEDROT, « Lier, délier, relier », in Identités, filiations, appartenances, P. PEDROT, M. DELAGE (dir. de),
Grenoble, PUG, 2005, pp. 71-83.
28
Première partie
Dans ce contexte, la liberté est de mise afin que chacun puisse atteindre le présupposé
cette morale. Or, la permission légale accélère la liberté des
tif.
domino
4
, incompatible avec la fonction
dévolue à la règle de droit.
33. Privatisation des liens et contractualisation. En toile de fond à ce mouvement,
la famille. L
1
Sur le : V. LARRIBAU-TERNEYRE, « La réception des
: un tableau impressionniste », in Le
droit privé français à la fin du XXème siècle. Études offertes à Pierre CATALA, Litec, 2001, pp. 83-107.
2
P. ROBERT, Le Grand Robert de la langue française, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française, Paris, 2ème éd., entièrement revue et enrichie par A. REY, t. III, 1992, V° Privatiser.
3
J. CARBONNIER, Flexible droit (Pour une sociologie du droit sans rigueur), Paris, LGDJ, 10ème éd., 2014, spec.
pp. 9-103.
4
MURAT, «
rôles prescrits et des statuts traditionnels ; ils privilégient des liens affinitaires et égalitaires qui sont négociés et
valorisent leur expérience personnelle ». P. MURAT (dir. de), Droit de la famille, Paris, Dalloz Action, 7ème éd.,
2016-2017, n° 01.21, p. 5.
29
» cède la place à
une action négative en vue de promouvoir un nouveau type de famille : la famille
« consensuelle »1 nt ceux de liberté et
véritables principes directeurs du droit de la famille. La triade liberté-égalité-
contractualisation
émerger une nouvelle famille démocratisée
familiales fondées sur le lien du mariage (Titre I) est davantage perçue comme une
contrainte incompa , si bien que la venue du premier enfant se
fait en dehors de ce cadre factuelle de la famille qui en découle place celle-ci
davantage comme une structure par le couple, et non plus
-ci. La logique matrimoniale, renversée, cède la
place à une appréhension parentale du couple (Titre II).
1
ÉGEA dans son travail de thèse.
30
Titre premier. Le lien matrimonial
fondement du lien familial
34. social à un autre. Au lendemain de la Révolution
française, le mariage est un lien civil que permet la rencontre de deux volontés libres. La
rupture dans la conception du lien matrimonial ayant cours en Occident jusque
là est conséquente. Selon la nouvelle philosophie, ommes de
la volonté
libre et toute puissante prévaut sur le groupe social. Le nouvel idéal qui en
ressort fait la part l
cosmos dans lequel le mariage constituait une réalité
objective indépendante de la volonté. Tout ne procè
et harmonieux qui dépasse les individus, mais cet ordre place
sa philosophie. Si ces nouvelles règles les domaines politique et
économique, elles ne tarderont pas à imprégner la sphère sociale et juridique.
35. Une approche non exclusivement juridique de la famille. Une des spécificités
de la famille1 dans les
individus, la mission du législateur étant de réglementer et diriger les rapports familiaux en
vue À cette fin, il tient nécessairement compte «
1
Étymologiquement, la « famille » est la familia romaine, constituée par toutes les personnes vivant dans la
même maison (domus paterfamilias, également maître (dominus). Se
trouvent inclus dans cette famille toute personne ne présentant pas nécessairement un lien de parenté direct avec
le paterfamilias, tel que les serviteurs et les esclaves. Est donc privilégiée la dimension domestique de la famille
Dans un second sens, la famille constitue un groupe très large,
us
conjugale -
à-dire composée du couple qui la constitue et ses enfants. Ayant profondément évolué, celle-ci ne repose plus
nécessairement sur les liens du sang.
2
G. RIPERT, J. BOULANGER, , Paris, t. 1 « Introduction générale,
les personnes », Paris, LGDJ, 1956, p. 206.
3
Ibid., p. 207.
31
36. Le temps du renouveau en France. Fondé sur le préalable du mariage dans la
quasi-totalité des sociétés, ce pilier du droit selon les mots du Doyen CARBONNIER1
reposait entièrement sur une construction législative et jurisprudentielle dont le but était
en trouvant le juste équilibre entre les intérêts individuels de ses
membres. Cet « intérêt familial »2 inégalité entre époux et enfants, leurs
natures respectives justifiant la promotion de ce seul modèle familial. Pourtant, le XXème
siècle en Occident sera le théâtre de nouveaux principes modifiant
sensiblement les rapports entre les membres de la famille. Après la famille traditionnelle et
patriarcale, remplacée par le modèle3 de la famille moderne,
famille post-moderne4 , mais procède de la
5
volonté individuelle elle-même .
37. Le renouveau au Maghreb. Parallèlement à évolution occidentale, les rapports
familiaux dans les pays du Maghreb semblent suivre la même trajectoire toutes
proportions gardées-
devient une revendication de la société civile. Il correspond à un engagement de ces pays
au respect des principes universel
ont acceptés de ratifier. Pourtant, une réserve est permise teneur de
dans ces pays. Le droit des pays du Maghreb, particulièrement la matière du
« statut personnel »6, trouve sa source dans les prescriptions religieuses issues du Coran.
Droit révélé, celui- car il suppose
immuable la part de donné Répondre aux
revendicat , sans contrevenir à la part du
« révélé »
38. Méthodologie adoptée.
7
de référence. Pour cela, il sera
8
nécessaire de tenir compte des « éléments déterminants » -à-dire des facteurs extra-
1
J. CARBONNIER, « Les trois piliers du droit », in Flexible droit, Paris, LGDJ, 2001.
2
S. GAUDEMET, « a famille »,
professeur Gérard CHAMPENOIS, Paris, Defrénois, 2012, pp. 287-302.
3
A. TERRASSON DE FOUGERES, Le modèle dans le droit de la famille : Notion et fonction (essai de droit
comparé interne), Thèse, Paris II, 1994.
4
G. SALAME, Le devenir de la famille en droit international privé, une perspective post-moderne, Marseille,
PUAM, 2006.
5
D. FENOUILLET, P. VAREILLES-SOMMIERES (dir. de), La contractualisation de la famille, Paris, Economica,
2001.
6
M. AOUN (dir. de), Les statuts personnels en droit comparé, Évolutions récentes et implications pratiques,
Leuven-Paris, Peeters, coll. « Law and religion studies », 2009.
7
E. BULYGIN, « Système juridique et ordre juridique »,
Michel TROPER, Paris, Economica, 2006, pp. 223-229.
8
L.-J. CONSTANTINESCO, « La comparabilité des ordres juridiques ayant une idéologie et une structure politico-
économique différente et la théorie des éléments déterminants », RIDC, 1973, pp. 5-16.
32
juridiques ayant pu avoir une influe
prise en compte des différences fondamentales inhérentes à chaque système juridique
conclusions erronées et hâtives qui seront uniquement fondées
sur des ressemblances formelles. Élément essentiel de la comparaison, cette première
phase donnera la matière première nécessaire au travail même de comparaison. Cela
amènera, ensuite,
NIBOYET : « Il y a deux étapes : une première étape, étape descriptive dans laquelle il faut
»1.
À une conception commune de la famille fondée sur le seul mariage sur les deux rives de
la méditerranée (Chapitre 1) se substituera une conception marquée par les
transformations notables de la famille opérant distinctement sur les deux rives
méditerranéennes (Chapitre 2).
1
NIBOYET, Montesquieu et le droit comparé. La pensée politique et constitutionnelle de Montesquieu.
-1948, Paris, 1952, p. 256.
33
Chapitre premier. Une conception de la famille
commune aux deux rives de la Méditerranée
39. .
1
précise dans le Code civil français, le mariage a toujours été perçu on qui
2
permet . ouvrir
naturellement sur Cette spécificité
mérite donc que le droit y accorde la plus haute importance, et voulu la favoriser
Outre les liens étroits que le mariage
entretient avec la morale, il est au-delà un lien sacré empreint d symbolisme profond
1
THERY «
», in Le droit au respect de la vie familiale au sens de la Convention
, F. SUDRE (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2002, pp. 61-105.
entre la définition usuelle
e une dimension normative) pour enfin dégager la
définition hypothétique
2
Dans ses travaux préparatoires du Code civil, -PORTALIS (Jean Étienne Marie PORTALIS, (1745-1807),
rédacteurs du Code civil aux côtés de TRONCHET, MALEVILLE et BIGOT DE PREAMENEU - y voyait « la société de
le poids de la vie et pour partager leur commune destinée ». Cf. Y. BUFFELAN-LANORE, V. LARRIBAU-
TERNEYRE, Droit civil, Introduction, Biens, Personnes, Famille, Paris, Dalloz Sirey, 18ème éd., 2013, p. 599.
3
Sur cette notion de comparabilité, voir L.-J. CONSTANTINESCO, Traité de droit comparé, la méthode
comparative, Paris, LGDJ, t. 2, 1974.
4
C. LE TERTRE, La religion et le droit civil du mariage, Paris, Defrénois, coll. « Doctorat&Notariat», 2004.
34
1
. Une lumière plus vive éclairera la
2
façon de concevoir le droit , ainsi que le système de valeurs qui y préside, ce qui permettra
une meilleure ordres
juridiques.
1
I. FADLALLAH, « Lien conjugal et rencontre de civilisations », in Le statut personnel des musulmans, Droit
comparé et Droit international privé, J.-Y. CARLIER, M. VERWILGHEN (dir. de), Bruxelles Bruylant, 1992,
p. 344.
2
,
35
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
1
J. GAUDEMET, Le mariage en Occident, Paris, éd. du Cerf, 1987.
2
B. BASDEVANT-GAUDEMET, , Limoges,
PUL, coll. « », n° 14, 2006.
3
Dit « par étapes », car la phase finale du mariage de ce type de mariage est la consommation à proprement dite.
Rapprocher avec la conception musulmane du mariage, cf. infra, n° 37, note n° 2.
4
« Que la femme ne se sépare pas de son mari, -en cas
réconcilie avec son mari et que le mari ne répudie pas sa femme », Première épître aux Corinthiens (7, 10).
5
-Marc : « » (10, 9). Saint-
: « Tout homme qui répudie sa femme hormis le cas de fornication la
» (5, 32 et 19, 9-10).
6
J.-P. BRAS (dir. de), , , Actes du colloque organisé le 22
7
Y. SASSIER, « Réflexion autour du sens instituere, institutio, instituta »,
, op. cit., p. 27.
36
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
consiste donc à émettre une règle et imposer un cadre servant de modèle. Imprégné de
ce sens , puis repris au
Moyen âge par les théologiens dans le domaine de la divinité, perçue comme institutor de
toutes choses. La théori de Maurice HAURIOU reprend cette même idée de
fondation -acte éminemment objectif-
ance -
ne communauté ne saurait être efficacement gouvernée que via un pouvoir
représentant. Maurice HAURIOU apporta un troisième élémen
communion ». Celle- , de dégager une certaine unité
dans la collaboration du pouvoir central avec les organes collaborateurs. Cette unité doit
43. Méthode de travail. Afin de percevoir avec justesse la nature et la portée des
évolutions ayant affecté le groupe familial, il convient avant toute chose de resituer ces
évolutions dans leur contexte historique, en les mettant en rapport avec les transformations
44. Valeur de la loi morale et/ou religieuse par rapport à la loi civile. « Par-
dessus le lien juridique, il y a un autre lien, religieux ou moral selon les cas, plus solide,
plus étroit, plus exigeant Un droit matrimonial ne tient pas seulement son importance
ais aussi des normes de conflits par lesquelles
»2.
Ces propos du doyen CARBONNIER renvoient à la morale et/ou à la religion jugées
« supérieures » à la règle de droit, et
1
E. MILLARD, « », Rev. droit et société, n° 30-31, 1995.
2
J. CARBONNIER, « Terre et ciel dans le droit français du mariage », in Le droit privé français au milieu du XXème
siècle. Études offertes à Georges RIPERT, Paris, LGDJ, t. I, 1950, p. 337.
37
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
fondements »1 2
t
pas sans avoir une incidence sur les règles présidant au mariage occidental. Son caractère
A) que de la sphère
religieuse qui t approprié le monopole législatif (B). Nul besoin cependant de
lution de la conception du mariage au
3
cours des siècles. Cette . Plus
modestement, sera mis sur les principaux courants doctrinaux ayant conduit à la
doctrine du mariage, objet de transformation progressive.
1
A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit, le lien conjugal dans la pensée juridique moderne (XVIème-
XXIème), Paris, LGDJ, 2011, p. 1.
2
A. LEFEBVRE-TEILLARD, Introduction historique au droit des personnes et de la famille, Paris, PUF, 1ère éd.,
1996 ; J. CHELINI, , Paris, éd. Hachette Littératures, 1991 ; J.-
L. HALPERIN, Histoire du droit privé français depuis 1804, Paris, PUF, 2ème éd., 2012 ; J.-P. LEVY,
A. CASTALDO, Histoire du droit civil, Paris, Dalloz, 1ère éd., 2002. Cf. aussi J.-P. DURAND, « Code civil et droit
canonique », Rev. Pouvoirs, 2003, n° 107, pp. 59-79.
3
J. BASDEVANT,
Code civil, Paris, 1900 ; O. MARTIN, La crise du mariage dans la législation intermédiaire (1789-1804), Paris,
éd. Arthur Rousseau, 1901 ; G. DUMAS, , Paris II, éd.
Arthur Rousseau, 1902 ; E. STOCQUARD, Aperç , Bruxelles, éd.
O. Lamberty, 1905 ; P. BERNARD ALVES PEREIRA, La doctrine du mariage selon Saint augustin, Paris, éd.
Gabriel Beauchesne, 1930 ; P. FONTEZ, Les diverses étapes de la laïcisation du mariage en France, Perpignan,
Pontifica universitas gregoriana, 1972. Plus récemment, v. A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit : le
lien conjugal dans la pensée juridique moderne (XVIème-XXIème), op. cit.
4
La réflexion philosophique, notamment sur la nature humaine, ne peut occulter la question du rapport au divin
38
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Faisant la distinction entre la loi positive humaine et la loi positive divine, le docteur
angélique dégage
1
se : la loi naturelle. En effet, la combinaison entre
philosophie et théologie enrichit la réflexion relative à la loi naturelle. Celle-ci, selon le
jugements
normatifs évidents tels que « » ou encore « être juste, ne pas
généraux demandent à être précisés dans leur contenu, leurs limites, les modalités de leur
1
Pour une approche philosophique de la personne, cf. infra, n° 19.
2
G. KALINOWSKI, « Somme théologique »,
Arch. philo dr., 1973, t. 18, p. 69.
3
Ibidem., p. 69.
4
Pour saint Thomas D QUIN ou ARISTOTE, le juste est le but auquel tend le travail du juriste, qui est « le prêtre
de la justice dikaion et du jus qui est « harmonie, équilibre, bonne proportion
arithmétique ou géométrique entre les choses ou les personnes », dont le but est « le juste rapport objectif, la
droit désignera la part qui lui revient dans ce juste partage, puisque la justice a pour
». V. M. VILLEY, « »,
Arch. philo droit, 1964, t. 9, p. 103.
39
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
8
juridique est une réalité naturelle afin de « répondre à des critères
ndividu à la fois moral et politique,
9
du vrai et du bien » . Cette vision objective du lien
conjugal correspond à une harmonie du monde dont la finalité est qui
1
La Somme théologique, II a, II æ, q. 57, art. 2.
2
« », , Écrits de Pierre
KAYSER parus de 1981 à 2001, Marseille, PUAM, 2003, pp. 145-161. ARISTOTE et PLATON
objectiver le lien conjugal, o
Platon - en soi », qui est immuable et à
privilégie le mouvement, ce qui est en vie.
Pour Aristote, st être en acte. Or, pour Platon, les choses soumises au changement ne peuvent « être », et
ayant de démontrer que les
choses ne sont que « nécessité », leur associe une finalité, ce qui le pousse à observer la nature des choses, et le
conju
3
4
G. AMBROSETTI, « Y a-t-il un Droit naturel chrétien ? », Arch. philo. dr., 1973, t. 18, p. 77.
5
Sur l cf. infra, n° 19.
6
Cf. infra, n° 20.
7
M. HALBECQ, « Le Divin et les conceptions du droit naturel », Arch. philo. dr., 1973, t. 18, p. 171.
8
-
repris ensuite par le christianisme.
9
A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit, le lien conjugal dans la pensée juridique moderne (XVI ème-
XXIème), op. cit., p. 14.
40
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
vrai, en lui permettant
« tout harmonieux » dérive directement de la notion de cosmos propre à la civilisation
1
C. DESPOTOPOULOS, « Arch. philo. dr., 1975, t. 20, pp. 71-87.
2
J.-M. TRIGEAUD, « Sur les origines juridiques et mythiques gréco-romaines du concept occidental de personne.
Une histoire de la liberté », in Personne, Droit, Existence, éd. Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie
comparée », 2009, p. 23.
3
M. THOMANN, « Christian Wolff et le droit subjectif », Arch. philo. dr., Dossier « Le droit subjectif en
question », 1964, t. 9, p. 153.
4
Pour le doyen CARBONNIER, les tenants de ce coura
transmissible de notions et de sentiments, de mythes et de complexes, patrimoine très ancien, ancien au point de
se retrouver dans un très grand nombre de peuples, de telle sorte que nous avons en sa pr
41
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
1
Le droit canon est un droit confessionnel chrétien qui est né près de deux millénaires avant le Code napoléon.
Par opposition au
part coutumier, car composé de décisions ponctuelles de nature différentes : conciliaires, épiscopales, abbatiales
textes juridico-religieux. La compilation du droit canonique ne date que du début du 20ème siècle avec le premier
Codex iuris canonici promulgué par BENOIT
canonique catholique romain dont la refonte fut ordonnée par le pape JEAN XXIII le 25 janvier 1959. Bi
existait déjà en 1804 un Corpus iuris canonici GRATIEN, ce droit
chrétiennes. Le nouveau Codex Juris Canonici a été promulgué par le pape Jean Paul II le 25 janvier 1983 et a
substantielles -notamment en matière de mariage- afin de lui conférer plus de
spiritualité et moins de technicité.
2
Occident est perçue comme un mystère chrétien ne
couple, les deux grandes vertus que sont la fidélité et la solidarité -qui régissent également les rapports avec le
Seigneur- gouvernent également la vie conjugale. dans le mariage, le couple ayant
pour rôle de transmettre la morale et la foi. (le nouvel apport du Codex est ici capital
puisque dans la nouvelle conception, on ne se marie plus uniquement pour se donner mutuellement le droit
le fait que ce sont les époux eux-mêmes qui se le confèrent. Les Églises protestantes ont des vues très
divergentes sur ce point car les anglicans y vo
3
B. ALVES PEREIRA, La doctrine du mariage selon Saint augustin, Paris, éd. Gabriel Beauchesne, 1930, pp. 66-
67.
42
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
M.-C. BARBAZZA, « stes espagnols des XVIème et XVIIème siècles », Mélanges
de la CASA DE VELAZQUEZ, t. 24, 1988. pp. 99-137.
2
CHENON, , Paris, 1921.
3
Cette compétence exclusive remonte au Xème siècle.
4
où le mariage catholique, et plus généralement religieux a été intégré à
côté du mariage laïc dans le Code civil italien : article 82.
5
Sur cette remise en cause, v. infra, n° 53.
6
P. DAUDET, , I. Les origines carolingiennes de la
, Thèse, Paris, 1933 ; II.
matière de divorce et de consanguinité, Paris, 1941.
7
La doctrine canonique du mariage chrétien est fixée, dans ses débuts, sous le règne des Carolingiens qui y
a pratique
-
notamment sans bénédiction- ne pouvait être valable. Cf. J. CHELINI,
Paris, éd. Hachette littératures, 2002, pp. 196-200.
8
Le domaine des prohibitions à mariage étant très libéral dans le droit romain. Celui-ci ne sera pas repris par le
incidence sur la validité du lien. De façon similaire, le statut social des époux est sans incidence sur sa validité,
contrairement à ce qui avait cours à Rome.
9 ème
siècle, en 1184 que le mariage prend place parmi les sept sacrements : « ce que Dieu a
», Cf. Évangile selon Saint Matthieu, XIX, 6. Le deuxième Concile de Lyon
ra, puis le Concile de Florence en 1439.
10
E. ROGUIN, Traité de droit civil comparé. Le mariage, Paris, éd. Picho&Successeur, 1904, spec. n° 124 et s.
43
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
1
Le terme sacramentum est employé par Saint AUGUSTIN de façon très large et lui donne même plusieurs
significations littérales, notamment celle de symbole, de signe ou encore de lien indissoluble. Or, un sens
2
Saint AUGUSTIN sera le premier à établir une relation logiq
en formulant précisément et harmonieusement la doctrine des biens du mariage.
3
G. SERRIER, De quelques recherches concernant le mariage contrat-sacrement, et plus particulièrement de la
doctrine augustinienne des biens du mariage, Thèse Nancy, Paris, éd. De Boccard, 1928.
4
Néanmoins, si on laissait la possibilité à un époux de dissoudre le lien et de se remarier, ce dernier pourrait
atteindre un des grands biens du mariage. Pour autant, la doctrine du mariage ne le lui permet pas, car « si le lien
sacramentum
ne comprend pas comment il puisse établir une union si strictement indissoluble ». Cf. P. BERNARD ALVES
PEREIRA, La doctrine du mariage selon Saint Augustin, Paris, éd. Gabriel Beauchesne, 1930, p.183.
5
-ci considèrent
bien le mariage comme une chose sain
ministres, celui-
leurs mariages par le juge à leur domicile.
44
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Du fait que le mariage constitue le premier contrat de droit naturel valable par le consentement des deux parties
COSTE-FLORETO, La nature juridique du maria
devrait être, Paris, Librairie du recueil Sirey, 1935, p. 14.
2
Cité par G. SERRIER, De quelques recherches concernant le mariage contrat-sacrement, et plus particulièrement
de la doctrine augustinienne des biens du mariage, Thèse, Nancy, Paris, éd. De Boccard, 1928, p. 218.
3
A. COSTE-FLORETO,
op. cit., 1935, p. 15.
4
e façon claire par PIE Acerbissium
vobiscum du 27 septembre 1852 : « Entre fidèles, il ne peut y avoir de mariage qui ne soit en même temps
».
5
A. COSTE-FLORETO,
op.cit., p. 27.
45
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
-sacrement formulera le
mariage ainsi : « le mariage est un contrat élevé par Notre-Seigneur-Jésus-Christ à la
dignité de sacrement »2. Pendant longtemps, les canonistes n en une forme
spéciale la doctrine émise par le Concile de Trente. Il faudra attendre le XVIIIème
siècle pour la voir traduite en une formule consacrée.
51. Les difficultés posées par la fixation de la législation canonique du mariage.
1
Cité par G. SERRIER, op. cit., p. 220.
2
Ibidem., p. 221. Cf. le catéchisme du Diocèse de Toul, 1788 : « Dieu a institué le mariage dès le
-Seigneur-Jésus-Christ ».
«
». Cité par G. SERRIER, op. cit., p. 242.
3
R. VANHEMS, e contrat,
Paris, éd. Arthur Rousseau, 1904, p. 8.
46
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Il est désormais acquis que celui-ci est un sacrement, source de grâces spirituelles, et le Concile de Trente ne
2
R. VANHEMS,
cit., p. 13.
3
Dans son développement historique, la doctrine du droit naturel revient aux jurisconsultes du Digeste puis aux
théologiens du Moyen Âge, dont Saint Thomas D QUIN est le plus représentatif. Dans nos développements, la
olution. Cette école est née vers les XVII ème et XVIIIème
PUFENDORF (1632-1694), traduit en
français par Huguenot Jean BARBEYRAC, et le hollandais GROTIUS (1583-1645).
4
Ainsi en est-il de la thèse de MELCHIOR CANO (XVIème
théologiens, fera du contrat-sacrement, ce tout indivisible, deux éléments distincts et séparables. LERIDANT
(XVIIIème siècle) relève une expression malad
« contrat élevé par Jésus-Christ à la dignité de sacrement
modifier les institutions existantes, mais seulement ajouter la bénédiction nuptiale destinée à répandre la grâce
47
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
A)
sortes de contrat dans le mariage, un contrat civil, relevant du pouvoir temporel, et un contrat naturel.
TABARAUD (XVIIIème siècle), défenseur du pouvoir civil, relève que le contrat de droit naturel qui ressortit de la
1
LERIDANT, Traité sur le mariage, Paris, 1753, p. 4.
2
Notamment St Ignace, St Polycarpe, Tertullien, Sirice
48
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
effectuaient, sans jamais en détenir la propriété. La papauté avis était autre quant à
la valeur à accorder à la pauvreté- a à démontrer que cette
fondée, notamment du fait pain » dont on a
assurément la propriété en le mangeant. Il reviendra particulièrement à JEAN XXII de
condamner cette thèse1, notamment en obligeant les franciscains à « devenir
propriétaires DE CESENE et Guillaume d OCCAM
réfuter. Ceux-ci démontreront, selon une philosophie dont le fondement
2
ont
savoir que Monsieur le professeur TRIGEAUD qualifie de « mythique (
»3
conduit à mettre entre parenthèses les exigences de sémantique
et de droit, une telle philosophie procède à la dénaturation de la réflexion du philosophe du
droit. Particulièrement, l en ressort entièrement dépendante du rapport établi
entre les personnes et les biens (ou les choses plus largement), et entre la nature de
Une telle distinction remonte à ARISTOTE, grâce à
laquelle il procède à la distinction entre une « justice générale » liée au droit extra-
patrimonial et une « justice particulière » attachée au droit patrimonial. Or, dans cette
controverse, OCCAM s juriste mais dialecticien. Il excelle dans la
science de distinguer le sens des mots et leur définition
conventionnel, que les sens des mots son connotent des réalités diverses,
4
» , qui facilitera le glissement du sens du mot « droit »,
vers le sens de « pouvoir ». Par ailleurs, OCCAM sert une cause, celle des
franciscains, pour qui la vie la plus sainte est la vie exclusive de droit. Ceci explique il
que ceux-ci de fait et non un droit sur les biens.
Selon la conception romaine du droit pourtant, les franciscains ne pouvaient valablement
affirmer ne pas en disposer. il était nécessaire, pour la cause, de modifier
cette conception romaine trop générale du sens du mot « droit » pour en adopter une plus
restreinte, correspondant à leur théorie. Or, tout concept est signifié par un mot. Dans le
langage juridique5
1
Particulièrement en raison de la distorsion entre la théorie qui considère les franciscains comme non
propriétaires et la pratique qui - - a révélé le contraire
(possession de nombreux biens : églises, couvents, livres et provisions). Bien que quelque peu fictif, un
compromis -trouvé par la papauté- a permis de conserver les biens des communautés franciscaines à leur
disposition, en leur permettant un simple usage dessus, la propriété en revenant au Saint-
JEAN XXII qui le dénoncera.
2
M. VILLEY, « m », Arch. philo. droit, 1964, t. 9, p. 116.
3
J.-M. TRIGEAUD, « Sur les origines juridiques et mythiques gréco-romaines du concept occidental de personne.
Une histoire de la liberté », in Personne, Droit, Existence, éd. Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie
comparée », 2009, p. 19.
4
Ibid. p. 116-117.
5
R. PERROT, , Thèse, Paris, Sirey, 1947.
49
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
sens que le concept exprime, en rapport inévitable avec un élément auquel il renvoie 1. Si la
règle juridique ne peut être portée que par des mots, elle représente aussi
fait concret en termes de droit. « référent sémantique » ou
2
« référent ontologique » , dont le sens va permettre de désigner une chose que le mot
traduit ur Jean-Marc TRIGEAUD
er le sens recherché ».
55. Le renversement sémantique de la définition de la « personne ». Facilité par
le désordre du Haut Moyen Âge -
3
-, la pensée de Guillaume D CCAM élèvera au niveau de science
un mode de pensée qui était informel. apporte
un éclairage supplémentaire à notre propos et nécessite de mobiliser la notion de
« personne ». La perspective philosophique, dans sa dimension ontologique,
déterminer
1
M. DOUCHY-OUDOT, « La notion de non-droit », RRJ, 1992, p. 434.
2
J.-M. TRIGEAUD, « Sur les origines juridiques et mythiques gréco-romaines du concept occidental de personne.
Une histoire de la liberté », in Personne, Droit, Existence, éd. Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie
comparée », 2009, p. 17.
3
Ceux-ci pensent spontanément à parti
4
Le mot « personne » chez les grecs est prosopon, persona en latin. Il désigne « un rôle joué dont la trame est
bien dont on se dispute la
propriété ». Cf. J.-M. TRIGUEAUD, « Sur les origines juridiques et mythiques gréco-romaines du concept
occidental de personne. Une histoire de la liberté », art. precit., p. 20.
5
Le mot personne en grec signifie prosopon, persona en latin. Dans ce contexte de spéculation, ce mot sera
hypostasis » et « substantia » dont le trait commun est de
-social.
50
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
BERNARD, « Vers des droits de
», , Institut Famille&République, 2016,
pp. 101-109.
2
T. REVET, « », in Mélanges Christian Mouly, Paris, Litec, 1998, pp. 141-154.
3
J.-M. TRIGEAUD, « Sur les origines juridiques et mythiques gréco-romaines du concept occidental de personne.
Une histoire de la liberté », art. precit., p. 21.
4
Ibid., p. 21.
5
Ibidem., p. 22.
6
Ibidem., p. 38.
7
M. VILLEY, « », art. precit., p. 122.
8
Ibidem., p. 122.
51
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
contenu à tel concept, indépendamment de toute réalité car celle-ci est niée en soi »3.
57. La redéfinition du rapport à la transcendance. Dans ce contexte, mieux situer
dans sa dimension extérieure de « personne » conduit à considérer au plan
théologique4
extérieur abstrait et transcendant. Le postulat de la singularité, étendu à la transcendance,
conduit à lui nier sa toute-puissance. Au-dessus de la raison humaine, il y a désormais la
Raison divine, -et non plus la Raison immuable- dont dépend tice. Le
fondement de celle-ci changeant, le sens du mot droit suit le mouvement. Il se décline
ou
1
Ibidem. p. 122-123.
2
M. VILLEY explique très justement que « du personn OCCAM)
individualistes du mystique. Et la merveilleuse notion chrétienne de la liberté, valable pour le moine détaché du
monde, mais peut être moins pour les hommes enfoncés dans le temporel, propriétaires, négociants, escrocs et
voleurs auxquels les juristes ont affaire il la transpose précisément dans le monde du droit ». Cf. M. VILLEY,
« La », art. precit., p. 123.
3
M. DOUCHY-OUDOT, « Propos im »,
Jean HAUSER, Paris, Dalloz, LGDJ, 2012, pp. 82-94.
4
Si la personne au sens gréco-
conduit à considérer la personne en vertu de ce seul aspect extérieur, en la personnalisant dans son être et
a « personne » -transmise notamment par
CICERON-a donc conduit les Pères grecs entre le II ème et le IVème siècle à substituer le point de vue du sujet à
celui de « bien propre patrimonial st considéré
« personne
est une
« Personne trois personnes -à-
Dieu unique, avec trois rôles distincts et ontologiquement autonomes. Cf. J.-M. TRIGEAUD, « Sur les origines
juridiques et mythiques gréco-romaines du concept occidental de personne. Une histoire de la liberté », art.
precit., p. 35-36.
52
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
va pas seulement de con ; les principes de la science, les postulats de la géométrie, les
; le droit, lui, a pour objet propre de nous fournir des
». Cf. R. NERSON, « Progrès scientifiques et droit familial », in Le droit
privé français au milieu du XXème siècle. Études offertes à Georges RIPERT, Paris, LGDJ, 1950, pp. 405-406.
3
P. MAYER, « Existe-t-il des normes individuelles ? », , Mé
Michel TROPER, Paris, Economica, 2006, pp. 679-691.
4
A.-J. ARNAUD, « », in Internationalisation des Droits
Actes des Journées
53
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
1
P. MOREAU, « Penser le droit de la famille avec Michel Villey », Arch. philo. dr., 2006, p. 335.
2
A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit : le lien conjugal dans la pensée juridique moderne (XVI ème-
XXIème), op. cit., p. 35.
3
M. VILLEY, La formation de la pensée juridique moderne, Paris, PUF, « coll. Léviathan », 2003, p. 278.
4
A.-J. ARNAUD, « », in Internationalisation des Droits
, op.cit., p. 5.
5
Voir en ce sens : J.-P. AGRESTI, « Le mariage et le contrat à la fin : éléments de réflexion
», in Lien familial, lien obligationnel, lien social. Livre I « Lien familial et lien
obligationnel », E. PUTMAN, J.-P. AGRESTI, C. SIFFREIN-BLANC (dir. de), Marseille, PUAM, coll. « Inter-
normes », 2013, pp. 53-92.
6
J. JIANG, « Droit et amour, variations sur la moralité », ARNAUD-
MAZERES, Paris, Litec, 2009, pp. 395-414 ;V. aussi J.-M. TRIGEAUD, « Le politique et le droit entre amitié et
amour. Une redéfinition de la personne », in Personne, Droit, Existence, op. cit., pp. 57-66.
7
A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit : le lien conjugal dans la pensée juridique moderne, op. cit.,
p. 129.
54
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Une fois ce nouveau cadre philosophique étendu à tous les domaines1, le processus voit
son couronnement achevé par un inversement total de la fonction du droit, qui « un
2 3
rapport supra, interindividuel » , se retrouve exclusivement relié au sujet dont il procède.
Révélation, mais « il devient possible
u, des droits universels inscrits dans la
4
raison humaine » . Le lien conjugal appréhendé comme une réalité qui dépasse
5
le couple , mais rationalisable car se rapportant à chacun de ses membres. À cet égard, la
que tirer les conséquences de la nouvelle conception du droit.
1
Monsieur le professeur Hugues FULCHIRON relève que la liberté individuelle constitue désormais une valeur
». Cf.
J. CARBONNIER, « Terre et ciel dans le droit français du mariage », in Le droit privé français au milieu du
XXème siècle, Études offerts à Georges RIPERT, op. cit., p. 345.
4
A.-J. ARNAUD, « Homme et droit de la famille », art. precit., p. 4.
5
Le doyen CARBONNIER soulignait de façon profonde que « Le mariage français est une union perpétuelle.
55
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
contractuelle »1.
indispensable au pouvoir royal, les corps intermédiaires sont affaiblis2 voire anéantis car
«
56
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
enfants naturels et des enfants légitimes. La capacité de la femme mariée est reconnue et la
puissance maritale est re ont incontestablement affaibli la
famille en tant que corps intermédiaire.
62. Le mariage, un contrat civil. En raison une conception bourgeoise du
mariage, la réforme de s. La
ime4.
1
Cf. notamment J.-P. DURAND, « Code civil et droit canonique », Rev. Pouvoirs, 2003, n° 107, p. 59-79.
2
mière
droit du modèle. Cf. I. THERY, Le démariage, Paris, Éd. O. Jacob, 1993, p. 23.
3
Lors de la promulgation du Code civil en 1804, PORTALIS
civil, ni un acte religieux. Il est un acte naturel, commun à toutes les personnes humaines et donc un acte devant
être organisé par la loi civile.
4
Y. BRULEY, « Mariage et famille sous Napoléon : le droit entre religion et laïcité », Napoleonica. La revue,
2012, n° 2, pp. 111-126.
5
A. DESRAYAUD, « Le père dans le Code civil, un magistrat domestique », Napoleonica. La Revue, n° 2, 2012,
pp. 3-24.
6
S. BLOQUET, « Le mariage, un », Napoleonica. La Revue, n° 2,
2012, pp. 74-110.
57
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
1
C. PHILIPPE, « Maupassant, précurseur du mariage moderne », in Mélanges à la mémoire de Danièle Huet-
Weiller, Liber amicorum, Strasbourg, PUS, LGDJ, 1994, pp. 367-377.
2
S. MELCHIOR-BONNET, C. SALLES (dir. de), Histoire du mariage, Paris, 2009, p. 604-605.
3
MONTESQUIEU, Lettres persanes, lettre III.
4
A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit : le lien conjugal dans la pensée juridique moderne, op. cit.,
p. 182.
5
ROUSSEAU, Le contrat social, Paris, GF Flammarion, 1992.
58
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
: mais il
»1.
Sans doute est-ce cette idée sur laquelle repose la liberté du consentement au mariage.
Enfin, ROUSSEAU distingue le pouvoir gouvernemental du pouvoir paternel, en mettant
ce dernier, qui seul justifie
64. orce. Cette question a donné lieu à de virulents débats au
XVIII siècle entre canonistes et jurisconsultes2. En admettant le divorce de façon très
ème
large3, la Révolution a généré nombre excès4. SEDILLEZ proposait une théorie très
proche de la nature, laissant au juge en toute conscience, les faits
pèce qui lui seraient soumis. Le mariage étant un pur contrat civil, il est désormais
possible de le rompre de la , sans que la société ne dispose
elle semble
très proche de notre conception du divorce. Pour PORTALIS, « le véritable
motif qui oblige les lois civiles à tes je
rendis tout indépendant de la religion
aucune religion. Je ne voulais accorder aux prêtres aucune influence et aucun pouvoir sur
les affaires civiles »5. Le divorce résulte ainsi directement de la Déclaration des droits de
1
ROUSSEAU, , Paris, GF Flammarion, 1992, p. 246.
2
Pour les premiers, le mariage était un contrat-sacrement relevant exclusivement du pouvoir spirituel, alors que
pour les seconds (notamment les gallicans) le contrat-civil relevait du pouvoir temporel, donc des prérogatives
-
« accessoire » du
premier.
3
considérations sentimentales et juridiques sans jamais évoquer son utilité sociale ni le principe même de son
admission. Les assemblées délibérantes maintenaient un contact avec le peuple duquel elles étaient issues, en
59
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
65. Les abus générés par une pratique excessive du divorce. Le principe de liberté
Trois types
de divorce ont été retenus par le Comité de législation : le divorce par consentement
mutuel, le divorce pour motifs déterminés et le divorce sur allégation unilatérale
1
. -
-ci qui justifie les deux premières formes de divorce. Un délai de
deux mois était nécessaire pour dissoudre le mariage en cas de consentement mutuel, sans
condition de délai et sans connaissance de cause un motif, enfin un délai
intervention de
était limitée à de la volonté des parties. Or, les
pétitions s s nouvelles règles du divorce,
particulièrement du divorce se sont
avérées désastreuses. Un mouvement de réaction face aux abus perpétrés p
du divorce poussa les rédacteurs du Code2 à en modifier la physionomie3. Les causes
sont finalement restreintes et déterminées4, les conditions de sa mise en
5
durcies, voire rendues impossibles. Tout en rappelant que le mariage devait être
contracté dans un esprit de perpétuité, le principe de la liberté de conscience commandait
« la
6
» . Ainsi
consacré, le divorce subsista yant aboli, en
même temps que le catholicisme fut Il ne réapparaîtra
loi du 27 juillet 1884.
66. Le recours modéré a La cellule familiale est un lieu où le
doit être harmonieusement combiné avec celui de différenciation des
places et des rôles de chacun. té de la femme mariée, perçu comme
assujettissement de celle-ci , permettait paradoxalement de maintenir la
1
§1er de la loi, art. 2 et 3.
2
La commission chargée de rédiger un projet de Code civil était composée de TRONCHET, de BIGOT-
PREAMENEU, de MALLEVILLE et de PORTALIS
Divorce ».
3
La loi votée par le Corps législatif fut promulguée le 10 germinal an XI.
4
profit du divorce par consentement mutuel dans
: le mari doit avoir plus de 25 ans, la femme entre
21 et 45 ans (articles 275, 277 du code de 1804) ; des conditions de durée du mariage : plus de deux ans et moins
de 20 ans (art. 276 et 277). Les époux devaient également obtenir le consentement de tous leurs ascendants
alimentaire qui lui sera versée si elle est dans le besoin (art. 280), enfin donner immédiatement la moitié de leurs
trois ans (art. 297), cf. J.-Ch. LAURENT, « Quelques réflexions sur les causes du divorce », D. 1949, 13ème Cahier,
pp. 61-64.
5
La procédure était longue car il y avait pas moins de quatre tentatives de conciliation (art. 285 et 286).
6
G. DUMAS, français, Thèse, Paris II, éd. Arthur Rousseau,
1902, pp. 77-78.
60
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
cohésion de la cellule familiale dans le respect des différences entre homme et la femme.
ture de la femme commanderait une quelconque soumission,
1
V. infra, n° 140.
2
J. BOUVERESSE, « », art. précit.,
p. 55.
3
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Droit des personnes et de la famille : de 1804 au PACS (et au- »,
Rev. Pouvoirs, 2003, n° 107, p. 37-52.
61
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
3
consacrées , loin de ,
4
un ensemble .
ordre juridique, dont il fait partie intégrante, que la structure et le rôle du mariage seront
mieux appréhendés.
68. Un mariage en apparence religieux. Parce que nombre de règles relatives au
mariage sont puisées dans le Coran, celui-ci est, dit-on, religieux. Il est sans doute encore
ainsi perçu en raison de la forte prégnance religieuse de la communauté dans laquelle il
dans laquelle le religieux se confond le plus souvent avec les pratiques sociales5.
Pourtant, celui-ci est profondément consensuel et ne devient valide que par le
consentement des époux6. au VIIème siècle de notre ère est, à cet
(§2). Cependant, des transformations apportées par
cette religion ne peut être appréhendée sans un examen des grands traits de
1
L.-J. CONSTANTINESCO, Traité de droit comparé, la méthode comparative, Paris, LGDJ, t. 2, 1974, p. 26.
2
Hervé BLEUCHOT affirme que « -isl
». H. BLEUCHOT, Droit musulman, t. I :
Histoire, Marseille, PUAM, 2000, p. 41.
3
V. en ce sens : M.-M. SALAMA, Le mariage en droit musulman, Thèse, Montpellier,
Imprim. Firmin&Montaine, 1923.
4
S. A. ALDEEB ABU-SAHLIEH, Introduction à la société musulmane. Fondements, sources et principes, Paris, éd.
Eyrolles, 2006. Pour des développements plus poussés, v. la thèse de I. TOUALBI, Le droit musulman : de
« » aux tentatives de réforme, Thèse, Paris I, 2011, spec. p. 191. Dans son
étude, M. TOUALBI explique que la compréhension réelle du droit musulman ne peut être complète en se référant
uniquement au contenu du récit coranique. En effet, sur les six mille versets que compte le Coran, seuls cent
cinquante traitent du droit stricto sensu. Afin de réellement saisir la portée de ces versets normatifs, aussi
convient- xes permettant de connaître précisément les
circonstances historiques et linguistiques de leur apparition, ce qui exige bien évidemment un savoir théologique
eur se propose
5
I. FADLALLAH, « Lien conjugal et rencontre de civilisations », in Le statut personnel des musulmans, Droit
comparé et Droit international privé, J.-Y. CARLIER, M. VERWILGHEN (dir. de), Bruxelles Bruylant, 1992,
p. 344. Si dans l
sacramentel et ne constituent pas un élément du contrat de mariage.
6
N. GAFSIA, : le cas tunisien, Paris, LGDJ, coll. « Droit et
Société », 2008.
62
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
laïcisé.
1
L.-J. CONSTANTINESCO, Traité de droit comparé, la méthode comparative, Paris, LGDJ, t. 2, 1974, p. 186.
2
V. en ce sens : J.-P. CHARNAY, Esprit du droit musulman, Paris, Dalloz, 2008.
3
M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, Le mariage, t. 1, Casablanca, 3ème
Al jadida, 2015, pp. 1176-182 (en langue arabe).
4
Le dogme musulman se caractérise par une grande simplicité : les musulmans sont appelés à croire en un Dieu
unique, Allah, à ses anges, à son apôtre, au Livre, aux Écritures révélées avant lui et au jugement dernier.
5
religion » dominante le
ieu mais un
ROMMIER,
« Religion », in Encyclopaedia Universalis
pp. 710-730.
6
Le souc
mariage dans ses débuts, cf. supra, n°.
63
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
conception islamique. Avant son arrivée, la pratique de union libre1 rendait incertaine la
frontière entre mariage et prostitution. Parmi les unions prohibées figuraient notamment :
le mariage « à durée limitée » , dans lequel la femme était louée pour un prix
et pour un laps de temps déterminés. En guise de don de mariage, la femme offrait à
une lance et une tente. Une autre sorte de mariage, proche de nikah
al istibdaâ -mais dont le but était procréatif-
homme connu pour son courage, son intelligence ou tout autre qualité. Le mari ne touchait
plus sa f
cohabitation avec cet homme. Le mariage « hérité » appelé aussi mariage « détestable »
nikah al makt permettait au fils aîné du défunt Achetée
avec les biens du mari, la femme
Nikah al-seby permettait aux guerriers de se
partager les femmes de la tribu vaincue, les enfant nant
esclaves. Enfin, le mariage « compensatoire » (nikah al chighar) permet à deux hommes de
leur
compensation, sans dot aucune. empêchait la fondation
hui, le mariage variant
une autre.
71. Une polygamie illimitée. la pratique de la
polygamie mais surtout illimitée, cette institution y
jouait un rôle social important en épargnant à la femme non mariée de tomber dans la
ayant réduite à quatre femmes, un statut juridique
garantissant les droits .
2
72. e personnalité juridique de la femme. était une
e au monde était
3
pénalisante pour la productivité du groupe . Une telle pratique humiliante envers les
femmes a été condamnée avec rigueur.
1
I. KHILLO, « Conjugalité et concubinage dans le monde musulman : de la loi religieuse à la réalité sociale »,
Annuaire Droit et religions, PUAM, 2010-2011, vol. 5, p. 277.
2
Al-Nahl
; il suffoque ; il se tint à
qui lui a été annoncé. Va-t- -t-il dans la poussière ?
-il pas détestable ».
3
jahiliya (période pré-islamique), l
capacités productives mais surtout physiques, afin de participer aux guerres. La femme, sexe faible, était de ce
té bédouine. Objet de
64
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
-trois années, ce laps de temps était insuffisant pour
remettre radicalement en question les coutumes socio-culturelles.
2
I. TOUALBI, Le droit musulman : de « » aux tentatives de réforme, Thèse,
Paris I, 2011, p. 100.
3
La langue arabe est en ef
, pluriel de insân, ensuite le vocable rijal, lequel désigne les hommes par opposition aux femmes, ibad
désigne la masse des serviteurs de Dieu sans précision de sexe, et bachar
4
A. BOUHDIBA, « Existe-t-il un Islam des Lumières ? »,
, B. FEUILLET-LIGER, P. PORTIER (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 160.
5
Du radical ins découle également ce que recouvre en langue française le terme « humanisme », insania, « lien
65
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
4
. Cette supériorité5 que
se situe directement après . Il a pour tâche de
monde pour lequel il a été créé et, «
-puiser (puiser en lui- uguer les atouts de sa liberté, les
1
Ibidem., p. 160.
2
Ibid., p. 160.
3
(sourate Al-insân, et sourate
Al-nâs) : dans sourate Al-nâs,
e est évoqué pas moins de cinq reprises dans ses relations avec son créateur
Rabb, dans ses relations avec lui en tant que Maître Mâlik, enfin dans sa relation à Dieu, Ilâh. Pas moins de
cinquante- insân ins est opposé au djin ou
chaytane, tandis que trente-deux évoquent le genre humain bachar.
4
A. BOUHDIBA, « Existe-t-il un Islam des Lumières ? », art. precit., pp. 157-185.
5
Dieu ayant créé Adam, il demande aux anges de reconnaître son éminente dignité en se prosternant devant lui,
intronisation » est
pourtant contestée par IBLIS, essence du mal en Islam. Celui-ci argue du fait que lui, plus puissant, est fait de feu,
66
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
»1.
comprendre a été abusivement limité aux seules élites religieuses2, à tel point que le sens
même de la prophétie semble avoir été altéré par « les conséquences des inévitables
blocages historiques, culturels, économiques ou politiques dont toute société fait
»3. Madame Asma LAMRABET
déplore à cet égard « la fragmentation
ale
afin de comprendre la teneur des véhicule.
centré sur le dogme de la servitude
« la hauteur de son texte sacré »4. Une telle approche globale est pratiquement inexistante
dans la pensé musulmane contemporaine et dans la réalité des musulmans et leur
conception pratique du religieux5. L consistant à tirer des
solutions éphémères pour les problèmes de la société actuelle génère une « confusion
6
idéologique ce q . Une telle approche conduit à
occulter les fi
coraniques et les normes sociales7. -ci
contribuerait lui-même à se prendre en
profond du message divin.
1
Ibid., p. 172.
2
Ibid., p. 158.
3
Ibid., p. 159.
4
A. BIDAR, , éd. Albin Michel, 2ème éd., 2012, p. 17.
5
Ibid., p. 187.
6
A. LMARABET, « Une autre approche du Coran », in Femmes et Hommes dans le Coran, quelle égalité, éd.
Albouraq, 2012, p. 29 et s.
7
M. EL SHAKANKIRI, « Loi divine, loi », RIDC, 1981, pp.
767-786.
8
Le mot umma vient de la racine umm, qui signifie « mère ». Au sens strict, la umma symbolise la mère patrie,
indépendamment de leur lieu de naissance. Elle symbolise la fraternité universelle de tous les adeptes de la
67
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
qui ait surgi parmi les hommes : vous commandez le bien, vous interdisez le mal, vous
croyez en Dieu »1. La notion de bien est centrale dans la pensée islamique. Elle constitue
un devoir collectif où chaque citoyen est appelé à prendre partie. Un hadith rapporté
dispose que « quiconque pour vous voit quelque chose de répréhensible doit le changer
avec la main
».
Cette obligation collective relève de la responsabilité de chaque musulman dans la
Communauté, dont il lui en sera demandé de rendre compte devant Dieu2.
79. importance accordée à la
3
collectivité explique que en tant que sujet dans les pays de
tradition musulmane présente une relative pauvreté, car la umma fonctionne comme un
corps opaque et contraignant. La réponse apportée lam lui-même à la problématique
tion est la suivante : pourquoi faudrait-il des sujets, lorsque la communauté
4
? L se
5
trouve déclassé par rapport à la collectivité et, si ce dernier arrive à se percevoir en tant
-même,
mais se conçoit uniquement dans le cadre de cette umma
tacite -même au profit de la collectivité -
saisiss à la
6
réflexion sur la personne dans la tradition chrétienne être
même religion, vénérer un même Dieu et communier dans une même langue. La force de cette structure supra-
ethnique réside dans son aspect englobant. Sur la umma
V. S. PAPI, -Lybie- Maroc-Mauritanie-Tunisie, Paris,
Harmattan, 2009, p. 261 et s.
1
Sourate 3, , verset 110.
2
R. SANTUCCI, « Le regard de », , M. AGI (dir. de), éd. Des idées&Des
hommes, 2007, p. 158.
3
du croyant. Cf. en ce sens : Y. BEN ACHOUR, « Les droits
»,
Mélanges Petros J. PARARAS, Bruxelles, Bruylant, 2009, pp. 1-16.
4
Ibidem, p. 16.
5
M. CHEBEL, Le sujet en Islam, Paris, éd. du Seuil, 2002, p. 148.
6
Cf. supra n° 19.
7
M. CHEBEL, Le sujet en Islam, op. cit., p. 149.
68
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
physique pour le cantonner dans une préoccupation céleste ou, dans le pire des cas, dans un
ôté, ce même musulman est appelé à embrasser
le monde, à le pratiquer, le sillonner, le maîtriser. La sunna propose des fins concordantes,
t nombreux : chaque profil peut disposer de tel ou tel hadith,
qui lui permettra de ne jamais se contredire lui-même, sans contredire le projet
»4. Le musulman constituerait donc à la fois cet individu-en-relation-avec-Dieu
-dans-le-monde raisonnement de Monsieur HUNTINGTON,
5
pour qui la umma est une masse virtuelle condamnan est
contestable. Un tel raisonnement méconnaît
complément indissociable à la compréhension de la religion musulmane. Surtout, la
négation qui en découle des diversités nationales et culturelles propres aux pays
1
Sur cette notion, V. infra, n° 399. Pour un essai de théorisation, cf. S. BENISTY, La norme sociale de conduite
saisie par le droit, Paris, Institut universitaire Varenne, « coll. Des Thèses », 2014.
2
E. TROELTSCH, Les doctrines sociales des Églises et des groupes chrétiens, 1912, Camille FROIDEVAUX (trad.),
Paris, PUF, coll. « Sociologie », 1999.
3
L. DUMONT, Essais sur , Paris, éd.
du Seuil, 1983.
4
M. CHEBEL, Le sujet en Islam, op. cit., p. 154.
5
S. HUNTINGTON, Le choc des civilisations, trad. française, Paris, éd. O. Jacob, 2000.
69
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
1
K. ZAHER, Conflits de civilisations et droit international privé
2
Ibidem., p. 18.
3
K. ZAHER, Conflits de civilisations et droit international privé, op. cit., spec. n° 8, p. 19.
4
En atteste l privilège de religion dans les litiges internationaux en matière
de statut personnel, V. infra, n° 425 et s.
5
Monsieur HUNTINGTON les musulmans
70
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
. Un tel processus prendrait forme
« -à- ».
BIDAR, le philosophe utilise le concept de self
islam2 -construction
elle éloigné de «
mise à
distance de la religion comme fait social pour se la réapproprier librement et par ses
propres moyens3. -à-vis
-même et ne semble pas « avoir pris une réelle conscience de soi, à la mesure de son
évolution retard entre
tation des actes (déjà en cours) et leur représentation (encore liée à un islam du
ence au
4
discours de la religiosité ambiante » . Se gardant de promouvoir un islam individualiste
ou « à la carte », Monsieur BIDARD
autonomie et de responsabilité personnel
umma
, -
merger une culture de la
5
liberté, éloignée de toute idée de jugement et de censure .
83. La perception du sujet par le droit et le politique6. La vie sociale du sujet telle
par le droit et le politique pose la question liée à la justice comme valeur. Si la
1
Un tel processus constitue le mode de vie majoritaire des musulmans européens selon les études sociologiques.
Cf. J. CESARI, « » ,
P. DEWITTE (dir. de), Paris, La Découverte, 1999, pp. 229-231.
2
self islam
personnelle de pensée et de conscience, pour soi et pour autrui ». A. BIDAR, , Pour un
existentialisme musulman, op. cit., p. 18.
3
Ibid., p. 17.
4
Ibid., p. 20.
5
Ibid., p. 21.
6
Dans son acception juridico-
Considérant le second cas, il peut être considéré comme b
social
6
référence à u
TRIGEAUD lors souligne que « si je suis socialement, -t-il, tantôt je tombe sous le contrôle
; tantôt je me soustrait totalement à
71
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
décider de tout »5. Ce phénomène est particulièrement présent dans le cadre de la sphère
culturelle ou religieuse. T impose à la
société un invariant religieux et politique en méconnaissance de la distinction entre droit et
me, le droit régit la vie sociale des individus en la soustrayant de
existentielle qui en montre ses limites ». Dans le premier cas, le système le plus représentatif de cette situation
rice à la conduite
-M.
TRIGEAUD, « Le dédoublement du sujet : entre sujet juridique et sujet social », in Personne, Droit, Existence, éd.
Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie comparée », 2009, p. 159.
1
J.-M. TRIGEAUD, « Le dédoublement du sujet : entre sujet juridique et sujet social », art. precit., p. 161.
2
Ibidem., p. 162.
3
En ce sens, v. la thèse du professeur D. LASZLO-FENOUILLET, La conscience, Paris, LGDJ, 1993, spec. n° 21,
p.
système juridique prescrit une interdiction ou une obligation, « il impose catégoriquement sa norme, et celle-ci
est indépendante des commandements du for interne -à-dire la conscience.
4
CHEBEL
parfois le combat, est en effet la seule à pouvoir conduire le sujet vers son autonomie et son identification
». Cf. Le sujet en
Islam, op. cit., p. 166.
5
Ibidem. p. 163.
72
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Ibid. p. 170.
2
Ibid. p. 164.
3
Ibid., p. 166.
4
V. aussi : R. CHENNOUFI, « Sujet ou citoyen », Rev. tun. dr., 2000, pp. 205-220.
5
M. CHEBEL, Le sujet en Islam, op. cit., p. 167.
6
C. FAURE, Ce que déclarer des droits veut dire : histoires, Paris, PUF, 1ère éd., 1997.
7
Nombre de tentatives, du vivant même du prophète, se sont employées à asseoir une conception du sujet dans la
M. CHEBEL : « les laïcs musulmans, les non-pratiquants, les infidèles et les athées continuent à subir le sarcasme
dont dispose encore le corps des théologiens, à travers ses différentes chapelles: juridique, légale, politique,
liturgique et morale, notamment à travers la vocation à contrôler la vertu que ceux-ci se sont arrogés ». Le sujet
en Islam, op. cit., p. 168.
73
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
s fut répercutée
par une armée
et donner à la pensée des grands maîtres un relais social qui a manqué à leurs confrères
musulmans »3. Si la lecture critique des textes sacrés en les
rationalisant- tel . IBN RUSHD4
parfaitement soulign «
»5.
87. Le mariage est un pacte. La portée symbolique et la signification profonde de la
relation conjugale parfaite en Islam sont exprimées par le verset suivant : «
comment oseriez-
1
M. CHEBEL, Le sujet en Islam, op. cit., p. 152.
2
Rémi BRAGUE est professeur de philosophie arabe et médiévale à Paris I, et de philosophie des religions à
3
R. BRAGUE, « Penser en Islam », Le point, Hors-série n° 5, nov.-déc., 2005, p. 11.
4
Connu .
5
AVERROES, Discours décisif, traduction inédite de Marc Geoffroy, Paris, GF-Flammarion, 1996, pp. 115-116.
74
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Dans son exégèse, IBN KATHIR explique que ce mithaq ; « il
n » dit-il. Il signale aussi que ce
première clause est définie par un autre verset coranique : « vivre en bonne entente ou se séparer décemment
avec bienveillance » (Sourate 4, verset 19).
2
Sourate 7, verset 33.
3
Sourate 2, versets 232-233.
4
Sourate 2, verset 233.
5
Sourate 7, verset 189 ; Sourate 30, verset 21.
6
Sourate 2, verset 187.
7
Sourate 2, verset 237 : « ».
75
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
comportement ou la séparation.
conjugale de la société arabe pré-islamique1. De cette éthique découle une conception du
mariage orientée vers la recherche du bien commun.
89. : le bien commun. En Islam, le mariage est un
contrat synallagmatique des droits et des devoirs
2
réciproques . Cette union demeure profondément liée à la conduite que doit adopter le
mu en assurant la procréation dans la moralité et la pureté.
L ridiques relatives à la famille car
que se confondent en Islam dans la charia (loi de Dieu), code
3
. Le regard
coranique porté sur la femme est tout à fait autre que celui ancré dans la tradition judéo-
chrétienne galité y étant assurée dans le livre sacré de manière inconditionnelle4. Le
les hadiths5 quant aux responsabilités incombant aux époux : « Chacun de vous est comme
un émir (le prince) est responsable de sa
communauté ; e est responsable de sa famille ; la femme est responsable de son
»6.
Un autre hadith i est pas une institution établie en Islam, qui soit plus
Allah que le mariage », celui-ci y est perçu comme «
admirable de Dieu qui a imposé à ses créatures un désir sexuel qui les oblige par là, malgré
leur volonté, à assurer la continuité de leur descendance ; il est un auxiliaire de la
religion »7. Se marier est un acte de foi en Islam, le célibat étant perçu comme contre
nature8. Un hadith du prophète en atteste : « qui se marie a préservé la moitié de sa
1
Une des caractéristiques majeures de la péninsule arabique au cours des VI ème et VIIème
onc, entre autres buts, de mettre fin à une vie sociale
libertine et désordonnée.
2
Y. LINANT DE BELLEFONDS, Traité de droit musulman comparé, Paris-La Haye, éd. Mouton, 1965, p. 23.
3
S. JAHEL, « », in La place de la Cha
pays arabes, Paris, LGDJ, éd. Panthéon Assas, 2012, p. 155.
4
Cf. Sourate 33, verset 35 : « Les musulmans et musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes,
loyaux et loyales, endurants et endurantes, cra
: Allah a
préparé pour eux un pardon et une énorme récompense », et la sourate 2, verset 228, de corroborer cette égalité :
« Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance ». Le message
5
Les hadiths reposent sur la sunna du prophète, qui constitue un modèle de conduite pour tout musulman, bien
que les textes de référence en la matière diffèrent selon les sunnites et les chiites.
6
Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim.
7
GHAZALI, Le livre des bons usages en matière de mariage, traduction de L. BERCHER et G.-H. BOUSQUET,
(par le mariage) pour permettre aux croyants de satisfaire leur sensualité dans des conditions approuvées par la
volonté divine. V. en ce sens : G.-H. BOUSQUET, , Paris, éd. Maisonneuve et Larose,
1966 ; B. ALAYLI, La réglementation des rapports sexuels en droit musulman comparé, Thèse, Paris II, 1980.
Cette
76
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
à un sacrement, afin de lui conférer une dimension spirituelle, tout en estimant que le mariage pourrait être
Saint AUGUSTIN, de la plus haute perfection que puisse atteindre les chrétiens. Cf. POTHIER, Traité du contrat de
mariage, Paris, Thomine et fortic, 1821, p. 3 : le mariage est une « union dans laquelle les parties, par le contrat
». Cité par
G. SERRIER, De quelques recherches concernant le mariage contrat-sacrement, et plus particulièrement de la
doctrine augustinienne des biens du mariage, Thèse Nancy, Paris, éd. De Boccard, 1928, p. 83.
1
Sourate 30, verset 20 « il vous a créés des épouses formées de vous-mêmes, pour que vous habitiez avec
», in La Bible et le Coran, de Moïse à Jésus et
Mahomet, les plus grands textes, Paris, Le nouvel Observateur, CNRS éditions, 2010, p. 731.
2
aux relations
Entretenez avec vos épouses des rapports qui soient fondés sur le bien
commun ».
3
A. LAMRABET, Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ?, Paris, éd. Dar Al Bouraq, coll. « La croisée
des chemins », 2012, p. 76.
77
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
modification des institutions). Ainsi, toute acculturation du droit se traduit, dans les
institutions et dans les individus par des phénomènes multiples de psychologie sociale, qui
sont des phénomènes juridiques1
partout dans
1
J. CARBONNIER, Sociologie juridique, Paris, PUF, 1994, p. 240.
2
Ibidem., p. 236 et 240.
3
Le domaine du « statut personnel le droit des personnes et de
la famille », à cette différence près que les statuts personnels concernent également le droit des successions et
demeurent régis par le principe de la personnalité des lois. V. M. AOUN (dir.), Les statuts personnels en droit
comparé, évolutions récentes et implications pratiques, Leuven-Paris-Dudley, Peeters, 2009, particulièrement
M. AOUN, « Origines et fondements historiques des statuts personnels », pp. 11-22.
4
V. néanmoins la thèse de N. GAFSIA, , Paris, LGDJ,
coll. « Droit et Société », 2008. Reprenant la grille de lecture proposée par C. BONTEMS et J. GAUDEMET -selon
laquelle il existerait deux manières de concevoir socialement et juridiquement la formation du lien matrimonial-
par étapes » (par opposition au mariage occidental dit « ponctuel ») a
nouvel ordre étatique issu de la colonisation, les autres demeurant liées aux pratiques juridiques et sociétales
el de
contrat de mariage. La prévalence des tribunaux français dans le cadre des mariages mixtes dans lesquels le
conjoint tunisien a été naturalisé dépossède en conséquent le juge musulman (cadi) de ses attributions habituelles
musulmans en interprétant la « loi musulmane ». À cette occasion, ce dernier met en avant les représentations
juridiques de la formation ponctuelle du lien matrimonial, entraînant des conséquences au niveau de la
redéfinition des pratiques sociales mais aussi du fiqh (droit musulman). Ainsi, les modes de lecture du fiqh
modèle ponctuel et du mariage par étapes dans le champ juridique tunisien. Cette situation « travestit » le modèle
musulman et conduit à des « enchevêtrements » théoriques et pratiques. V. spec. p. 121.
5
Le choix même de cette appellation était symbolique, car il reprend le titre de la compilation par laquelle
SUHNUN avait codifié les dires et sentences de Malik IBN ANAS, fondateu
un code pénal de type moderne, rédigé sur le modèle du code pénal français de 1810. En 1850 fut introduit un
Code du commerce totalement calqué sur le code du commerce français. Dans le domaine judiciaire et
Moustapha Kémal ATATÜRK imposera par décret à la Turquie le code civil suisse, le code pénal italien et le code
de procédure du canton de Neuchâtel.
78
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
ensembles formés par le « droit musulman »4. Le mouvement de codification des règles du
1
Tel est le cas du droit public, administratif, fiscal, droit commercial, droit pénal, procédure pénale, et de
l .
2
Notamment dans certaines régions berbères du Maroc ou de la Kabylie.
3
Notamment le dahir berbère de 1930 au Maroc qui avait soustrait une partie de la population marocaine au rite
malékite.
4
H. DE WAEL, Le droit musulman, nature et évolution, Paris, 2ème éd., 1993, pp. 56-57. Le second ensemble étant
constitué par le droit des contrats et des obligations, puis le troisième représenté par les différentes règles qui
intéressent le domaine public et administratif.
5
Le 13 août 1956, quelques mois seulement après son indépendance. V. S. BEN HALIMA, « Religion et statut
personnel en Tunisie », Rev. tun. dr., 2000, pp. 107-138.
6
V. en ce sens, pour une approche du lien matrimonial, particulièrement pendant, et après le protectorat en
Tunisie : M. LESCURE, Le lien matrimonial en Tunisie, Thèse, Paris, 1958.
7
La moudawana marocaine a été promulguée entre 1957 et 1958 par cinq dahirs (décret royal) successifs, puis
modifiée en 1993 par la loi n° 1-93-347 du 10 septembre 1993, B.O, 1er déc. 1993, p. 664.
8
Loi n° 84- : L. HAMDAN,
« Les difficultés de codification du droit de la famille algérien », RIDC, 1985, pp. 1001-1015. Sur sa réforme en
2005 : W. LTAIEF, « La réforme du Code algérien de la famille », in Les statuts personnels en droit comparé,
évolutions récentes et implications pratiques, M. AOUN (dir. de), Leuven-Paris, Peeters, coll. « Law and religion
studies », 2009, pp. 83-101 ; K. SAÏDI, « La réforme du droit algérien de la famille : pérennité et rénovation »,
RIDC, 2006, pp. 119-152.
9
G. BENMELHA, Éléments du droit algérien de la famille, le mariage et sa dissolution, t. 1, Paris, éd. Publisud,
1985.
10
V. en ce sens la thèse de M. CHAFI, Les rapports juridiques entre époux. Étude comparative du droit français
et du droit marocain, Thèse, Paris II, 1987.
11
Le fiqh est à distinguer de la charia la voie » à suivre, qui correspond à la loi
MOHAMED
des musulmans : le Coran. Le fiqh lui correspond à la science juridique qui suppose la connaissance du donné
79
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
notamment aux divergences qui peuvent exister entre les différents auteurs, fut-ce à
juridique. Pourtant, cette « trans »1
dénature le système originel car « la codification, en soi, par soi, réalise déjà, la
modification ; disons, sans jeu de mots aucun, que
musulman est, par nature, un droit oral2 et non un droit écrit ; il est un droit traditionnel et
jurisprudentiel »3.
Cette même opinion est également partagée par Monsieur le professeur G. TIMSIT, pour qui
« touche à la norme, et
-même des
occasions de transgression ». Cette transgression est manifeste lorsque la norme est en
contradiction avec le code culturel en vigueur du fait du non-
des valeurs et croyances du système en vigueur4.
92. Les enjeux de la codification. Le mouvement de codification revêt une
importance cruciale5 estion du statut personnel est
6
soulevée dans les pays du Maghreb. Elle fait notamment suite au mouvement idéologique
de Renaissance Nahda qui émergea au XIXème siècle afin de « redonner naissance » à
ijtihad (effort jurisprudentiel) au XIIème siècle ayant
définitivement acté son déclin. Cette pensée autour de
deux courants principaux : le premier, rigoriste, rejette
multiplicité des innovations -qui seraient la cause de la déchéance du monde musulman-.
révélé, mais dont le domaine est beaucoup plus restreint que celui de la charia qui déborde le simple domaine
DE WAEL, Le droit musulman, nature et
évolution, Paris, 2ème éd., 1993, p. 56.
1
R. MAUNIER, Loi française et coutume indigène en Algérie, Paris, Montchrestien, 1912, pp. 65-76.
2
M. TOUALBI dans sa thèse de doctorat met en évidence que les premiers jurisconsultes musulmans répugnaient
à voir leurs avis juridiques transcrits. La raison, de leur point de vue, résidait dans la suprématie des sources
principales constituées par le Coran et la Sunna, qui elles méritaient une compilation. Cette position se justifiait
également par la crainte de voir leurs avis élevés par leurs disciples au rang de textes sacrés. Durant la période
abbasside (750-900), les nouveaux cadis (magistrats) eurent rapidement besoin de manuels mettant en évidence
charia. Un certain nombre de traités juridiques voient alors le jour, et leur
rédaction donna naissance à une nouvelle terminologie juridique. Corrélativement, la fonction des juristes
it des multiples interprétations
auxquelles les Saintes Écritures pouvaient donner lieu, ceux-ci se contentaient désormais des manuels juridiques
exposant le patrimoine jurisprudentiel élaboré par les anciens jurisconsultes. Cf. I. TOUALBI, Le droit
musulman : de « » aux tentatives de réforme, Thèse, Paris I, 2011, p. 289-290.
3
R. MAUNIER, Loi française et coutume indigène en Algérie, op. cit., p. 65-76.
4
G. TIMSIT, Archipel de la norme, Paris, PUF, coll. « Les voies du droit », 1ère éd., 1997, p. 151-152.
supprimé la polygamie et interdit la répudiation dans une société encore largement « islamisée ».
5
Sur cette rencontre des textes juridiques islamiques avec les textes français, cf. L. BUSKENS, « Commentaires
islamiques et Codes français. Confrontation et accommodation de deux formes de rédaction du droit de la famille
au Maroc », in Droits et sociétés dans le monde arabe. Perspectives socio-anthropologiques, G. BOËTSCH,
B. DUPRET, J.-N. FERRIE (dir. de), Marseille, PUAM, 1997, pp. 61-86.
6
a participation féminine dans le processus de libération avaient été soulevées par certains
nationalistes, indépendamment de la question de leurs droits dans le cadre des lois relevant du statut personnel.
80
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Le second courant1 est favorable à une relecture des institutions en tenant compte des
transformations conjoncturelles, mettant en avant la nécessité de promouvoir le statut
juridique de la femme musulmane2. Il est regrettable que it
pas eu la portée effective escomptée sur le plan juridique. Il aura tout au plus, selon
Monsieur J. SCHACHT3, apporté une pensée originale
islamique.
93.
traditionnelles4. Celles-ci variaient, pouvant aller des choix les plus traditionnels -tels que
moudawana marocaine et le Code du statut personnel algérien- aux options
les plus modernistes dont la Tunisie est représentative 5. Les droits positifs des pays
musulmans diffèrent sensiblement,
L autant de causes de
leurs différences. Ces différences sont encore plus marquées lorsque les États
appartiennent à des écoles juridiques différentes6 -
sein de la même école juridique, des divergences d
7
Désormais doté slam ,
le droit musulman appliqué dans les pays maghrébins représente purement et simplement
le droit positif, ou fait partie de ce même droit, de manière explicite ou implicite. Les
-à-
représentent le droit positif. pour la majorité des États, de mettre un fond
8
traditionnel dans une enveloppe moderne
entre ce qui était religieusement souhaitable et ce qui était légalement prescrit, « la force
1
Parmi ces réformistes, il convient de citer les noms des égyptiens Qasim AMIN (1865-1908), Mohammed
ABDOU (1849-1905), Rachid RIDHA (1865-1935), le tunisien Tahar HADDAD (1899-1935) qui ont marqué dans
le monde arabo- à
2
HADDAD, Notre femme dans la loi et la société, Dar al-Gharb al-Islami, 1985.
3
J. SCHACHT, Paris, Maisonneuve&Larose, 1999, spec. pp. 64-65.
4
les courants
réformistes anciens, et son président, H. BOURGUIBA, était un fervent défenseur des droits des femmes.
81
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien familial
inhérente à la parole de Dieu ayant bien souvent été revendiquée au bénéfice de celle de
ses interprètes »1. Les codifications musulmanes ne reflètent pas2, dans la majorité des cas,
3
. À la veille de sa révision en 1993, la
moudawana marocaine pouvait être présentée comme un simple code de conduite morale
faute de disposition. La prééminence de
1
H. DE WAEL, Le droit musulman, nature et évolution, op. cit., 1993, p. 55.
2
En 1923 déjà, M.-M. SALAMA : « Nous
les
législation musulmane, si elle était sagement interprétée et équitablement appliquée, pourrait, sans innovation,
donner satisfaction à toutes les exigences modernes. Il suffirait pour cela que nos législateurs aient le courage
craindre.
6
(wali). La poursuite des études pour les jeunes filles, leur indépendance
financière et leur implication grandissante dans le choix de leurs futurs conjoints sont autant de facteurs
-même. Certains se
82
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
83
Conclusion du chapitre premier
94.
Occident que dans les pays de tradition islamique une
conception unitaire commune du mariage et de la
rives méditerranéennes, le lien familial repose exclusivement sur le préalable du mariage.
Point de famille en dehors de celui-ci. dans un premier temps de démontrer la
commune conception du lien matrimonial, considéré comme le cadre naturel le plus à
es membres du groupe familial.
étude, révélées indiscutables tant la
naturalité du modèle proposé emportait une adhésion massive. Tant le paramètre religieux
que la volonté politique ent dans le cadre de la promotion de ce modèle. Il a
donc semblé important de mettre en lumière les raisons ayant conduit à cette concordance
dans la conception du mariage. La communauté de valeurs religieuses présidant à la
conception du mariage dans les deux droits a incontestablement constitué un véritable trait
pourquoi la prise en compte de ce
donné a constitué un élément clé incontournable dans étude. Une telle
ayant permis de
en Occident, -et
corrélativement - extraction sans
précédent du mariage de son ancrage religieux le fondement du lien
familial, toujours assuré par le préalable du mariage. Désormais simple lien civil reposant
sur le contrat et la libre rencontre des volontés, la sécularisation du mariage assurait
toujours au lien familial son fondement matrimonial. La précision est de la plus haute
importance pour les développements à suivre.
Une telle tradition
islamique où le législateur a fait le choix de maintenir un lien étroit entre religion et
mariage. A sociale et
religieuse. à proprement parler de conception religieuse du mariage
isation de la conscience religieuse de cette communauté aboutit
à une conception du mariage profondément liée à la conduite que doit adopter le croyant à
La nature du mariage dans chacune des législations permet ainsi de
déterminer le degré de religiosité des règles qui y préside. à
la conception unitaire du mariage
ici et là repose, en définitive, sur deux visions du monde
religieuse. Ne convient-il pas alors de rechercher le juste milieu
84
englobant celui- ? on de mariage est sans
doute dans cette difficile équation.
85
Chapitre second. Une conception de la famille
renouvelée sur les deux rives de la Méditerranée
1
J. FOYER, « Le Code civil de 1945 à nos jours », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir, Paris,
Dalloz, 2004, pp. 275-296.
2
Cf. M. BONINCHI, , Paris, PUF, 1ère éd., 2005.
3
J.-L. RENCHON, «
personne et de la famille », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, H. FULCHIRON (dir. de), Paris, Dalloz,
2009, pp. 209-236 ; P. JESTAZ, « », in Autour du droit civil, Écrits
dispersés, Idées convergentes, Paris, Dalloz, 2005, pp. 289-304.
4
Sur ces transformations, V. M. SEGALEN, Sociologie de la famille, Paris, éd. Armand Colin, 1996 ;
E. SULLEROT, La crise de la famille, Paris, éd. Fayard, 2000.
5
Le doyen CARBONNIER
: pour se lier comme pour
-même ». Cf. J. CARBONNIER, « Terre
et ciel dans le droit français du mariage », in Le droit privé français au milieu du XX ème siècle. Études offertes à
Georges RIPERT, Paris, LGDJ, t. 1, 1950, p. 328.
6
En ce sens, V. : J. CARBONNIER, Sociologie juridique, Paris, PUF, 1994 ; plus récemment cf. :
sociologique en droit. Pluriel et singularité, D. FENOUILLET (dir. de), Paris, Dalloz, coll.
« Thèmes&Commentaires », 2015.
86
conséquence pris acte de ce qui constituait la « maladie du mariage et de la famille »1 et a
évolutions. La transformation de la conception juridique
du mariage qui en découle (Section 1) repose
aspirations, vers lesquelles le droit tend à se rapprocher.
97. En droit comparé. Les mêmes évolutions socio-économiques peuvent être
constatées dans les pays du Maghreb. La transformation des
toutefois pas conduit à des évolutions aussi spectaculaires en matière conjugale. En effet,
ommune
face à la règle de droit. Son adaptation doit
contrevenir frontalement ou de la remplac ijtihad (effort de
jurisprudence). De cet effort découle la pratique qui consiste à « tourner la loi », trouver
2
des hiyal astuces . le
échappe pas au mouvement de modernisation (Section 2) de la législation
familiale. Les rapports entre conjoints sont désormais rééquilibrés
garantis.
1
J. BOUVERESSE, « », in Le droit
entre tradition et modernité. Mélanges à la mémoire de Patrick COURBE, Paris, Dalloz, 2012, p. 56.
2
En Occident, cette technique serait perçue comme une fraude à la loi, et peut être sanctionné. Ce qui est bien
Ceci contribue à la pérennité de la norme religieuse en remédiant à son inadaptation éventuelle. V. en ce sens
L. MILLIOT, « », Travaux de la semaine internationale de droit musulman, Paris, 2-
7 juillet 1951, Recueil Sirey, 1953, pp. 17-33.
87
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
telle
1
Selon Madame le professeur Mélina DOUCHY-OUDOT, la recherche de cette égalité entre les époux repose sur
une « conception déviante du début du XXème
88
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
acquit une
liberté q n consacrant sa liberté professionnelle et son
autonomie bancaire, la nouvelle loi organise une association plus étroite des conjoints dans
la gestion des intérêts pécuniaires du ménage 7. À ce dessein, la mise en place du régime de
la communauté légale réduite aux acquêts est organisée en li
de la communauté de meubles et acquêts.
102. Les modifications ultérieures. Le droit des régimes matrimoniaux atteindra
une cohérence avec la loi du 23 décembre 19858. Celle-ci parachève évolution
amorcée en mettant en place le principe de gestion concurrente de la communauté 9 qui
une égalité parfaite. Sont ainsi balayées les dernières inégalités
dont étaient victimes les épouses dans la gestion des biens de la famille. Si la loi de 1965
10
avait abandonné l , la loi
1
V. P. SPITERI, , Paris,
LGDJ, 1965.
2
Cf. à ce sujet les actes du Colloque organisé par le Centre Pierre KAYSER Aix-en-
provence : E. PUTMANN, J.-P. AGRESTI, C. SIFFREIN-BLANC (dir.), Le droit patrimonial, miroir des mutations
familiales, Marseille, PUAM, coll. « Inter-normes », 2012.
3
P. CATALA, « La métamorphose du droit de la famille », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir,
Paris, Dalloz, 2004, pp. 341-358.
4
L. n° 65-570 du 13 juil. 1965, J.O, 14 juil. 1965, p. 6044.
5
R. CABRILLAC, « Genre et droit patrimonial de la famille », in Bioéthique et genre, A.-F. ZATTARA-GROS (dir.
de), Paris, LGDJ, 2013, pp. 265-273.
6
H. MAZEAUD, « Une famille sans chef », D., 1951, chron. p. 141.
7
J. PATARIN, « Rapport France », in Le régime matrimonial légal dans les législations contemporaines,
J. PATARIN, I. ZAJATY (dir. de), Paris, éd. A. Pedone, 1974, p. 441-4475.
8
L. n° 85-1372 d égalité des époux dans les régimes matrimoniaux et des parents
dans la gestion des biens des enfants mineurs, J.O, 26 déc. 1985, p. 15111.
9
A. COLOMER, « des époux dans les régimes matrimoniaux »,
Defrénois, 1986, art. 33711.
10
M. GOBERT, « Mutabilité ou immutabilité des régimes matrimoniaux », JCP, G, 1969, I, 2281.
89
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
1
L. n° 2006-728 du 23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités, J.O, 24 juin 2006, p. 9513.
2
R. CABRILLAC, Droit des régimes matrimoniaux, Paris, LGDJ, coll. « Domat droit privé », 2013, p. 95.
3
V. ÉGEA, « Les régimes matrimoniaux », in Les contentieux familiaux. Droit interne, international et européen,
I. BARRIERE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT (dir. de), Paris, éd. Lextenso, pp. 218-228, spec. n° 535.
4
Art. 1397 C. civ.
5
était un étranger dans la dévolution de la succession, le souci de conservation des biens dans la famille étant
son statut de « successeur irrégulier ». Une loi du 3 décembre 1930 lui permettra de recueillir des droits en pleine
branches. La loi du 26 mai 1957 lui permettra de recueillir la totalité de la succession par préférence aux
nfant adultérin.
6
G. RIPERT, J. BOULANGER, Traité élémentaire de droit civil de Planiol, Paris, LGDJ, 4ème éd., t. III, 1951,
p. 474-475.
7
s
familiales et la diversité des liens, n° et s.
8
A. SERIAUX, Successions et libéralités, Paris, Ellipses, 2013, p. 38.
9
L. n° 2001-1135 du 3 déc. 2001 « relative aux droits du conjoint survivant », cf. pour les commentaires de cette
loi : B. BEIGNIER, « La loi du 3 décembre 2001 : achèvement du statut du logement familial », Rev. dr. fam.,
2002, chron. 5, p. 4, et « La loi du 3 décembre 2001 : le conjoint héritier », Rev. dr. fam., 2002, chron. 8 ;
J. CASEY, « Droit des successions : commentaire de la loi du 3 décembre 2001 », RJPF, 2002, nov., n° 11 ;
G. GRILLON, « Les nouveaux droits successoraux du conjoint survivant », JCP, G, 2002, I, 133 ; M. MATTHIEU,
« », JCP, N, 2002, n° 1163,
p. 353 ; A.-D. MERVILLE, « La réforme du statut du conjoint survivant par la loi n° 2001-1135 du 3 décembre
2001. Le conjoint est-il un membre à part entière de la famille ? », JCP, G, 2002, I, 185.
10
P. MALAURIE, C. BRENNER, Les successions, les libéralités, Paris, LGDJ, coll. « Droit civil », 6ème éd., 2015,
n° 89, spec. p. 64.
90
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
1
J. HAUSER, « Amour et liberté : la devise contemporaine du couple ? », Arch. philo. dr., t. 57, 2014, p. 80.
2
F. VAUVILLE, « Les droits au logement du conjoint survivant », Defrénois, 2002, art. 37608.
3
Art. 763 al. 1 code civil.
4
Article 764 code civil.
5
L. n° 2006-728 du 23 juin 2006 « réformant le droit des successions et des libéralités », cf. pour les
commentaires de cette loi : N. PETERKA, « Les retouches à la dévolution successorale, à propos de la loi du 23
juin 2006 », Rev. dr. fam., 2007, étude 52 ; P. CATALA, « Le droit successoral, entre son passé et son avenir », in
Le monde du droit. Jacques FOYER, Paris, Economica, 2008, p. 229-240.
6
Sur cet aspect, V. infra, n° 278.
7
C. JUBAULT, Droit civil, les successions, les libéralités, Paris, Montchrestien, coll. « Domat droit privé », 2ème
éd., 2010, p. 11.
8
Sur ces divers instruments, cf. infra, n° 166 et s.
9
Art. 738-2 du code civil.
10
V. le dossier « Divorce AJ fam., 2015, n° 3, pp. 128-160.
91
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
moment à une attente sociale que le législateur a satisfaite. Son étude est donc
particulièrement révélatrice du processus de valorisation de la volonté libre, et permet de
saisir le mouvement de contractualisation du mariage1. La consécration contemporaine du
droit au divorce (B) fait directement suite à une première phase de libéralisation (A).
conjoints sans les mettre en péril. En accroissant la liberté des époux, on limite
; lorsque la volonté part en
5
conquête, la contrainte bat nécessairement en retraite » . des
devoirs conjugaux dépend du degré d autonomie reconnu aux époux. Plus celle-ci est
grande, moins raffermis sont les effets du mariage. à effets
6
limités » a pourtant été suggérée
ses effets personnels (fidélité, sec
1
V. en ce sens : C. NEIRINCK, « Le couple et la contractualisation de la rupture », RRJ, 2009, pp. 107-119.
2
Sur le devoir de fidélité, V. par ex M.-T. MEULDERS-KLEIN, « évolution du mariage
contrat, et au-delà », in La personne, La famille et le droit 1968-1998, Trois décennies de mutations en Occident,
Bruxelles-Paris, Bruylant-LGDJ, 1999, spec. pp. 41-47.
3
J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux. Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris, LGDJ, éd.
Panthéon-Assas, 2012, spec. n° 415, p. 345.
4
V. sur les accords de volonté en droit du divorce, notamment : C. LESBATS, Les accord de volontés entre époux
dans le divorce, Thèse, Nantes, 1999.
5
J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux. Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, op. cit., n° 415.
6
M.T. CALAIS-AULOY, « Pour un mariage aux effets limités », RTD. civ., 1988, p. 255 et s.
92
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
la vie commune permet de mettre fin au mariage par décision unilatérale. Cette
1
Lesquels étaient simulés par les couples souhaitant commun accord mettre un terme à leur union mais ne
le pouvant pas.
2
Loi n° 75-617 du 11 juil. 1975 portant réforme du divorce, J.O, 12 juil. 1975, p. 7171. F. TERRE, « Terre à terre
dans le droit du divorce », in Droit des personnes et de la famille. Mélanges à la mémoire de Danièle HUET-
WEILLER, Strasbourg, PUS-LGDJ, 1994, p. 495; A. BENABENT, « Plaidoyer pour quelques réformes du
divorce », D., 1999, 27ème Cahier, p. 225; V. DEMARS-SION, « Libéralisation du divorce
loi du 11 juillet 1975 à la lumière de celle du 20 septembre 1792 », RTD civ., 1980, pp. 232.
3
P. RAYNAUD, « Les divers visages du divorce 1976 », D., 1976, chron. XXVII, p. 141.
4
BENABENT, « La liberté individuelle et le mariage », RTD civ., 1973, 440.
5
ROUSSEL, O. BOURGUIGNON, « Générations nouvelles et mariage traditionnel »,
Population, 1979, p. 141 et s.
6
L. n° 64-1230 du 14 déc. 1964, J.O du 15 déc. 1964, p. 11140.
7
L. n° 65-570 du 13 juil. 1965, J.O du 14 juil. 1965, p. 6044.
8
L. n° 66-500 du 11 juil. 1966, J.O du 12 juil. 1966, p. 5966.
9
L. n° 68-5 du 3 janv. 1968, J.O du 4 janv. 1968, p. 114.
10
L. n° 70-459 du 4 juin 1970, J.O du 5 juin 1970, p. 5227.
11
Loi n° 72-3 du 3 janvier 1972, J.O du 5 janv. 1972, p. 145.
12
En ce sens : M.-T. MEULDERS-KLEIN, «
occidentale », in La personne, La famille et le Droit 1968-1998, Trois décennies de mutations en Occident, op.
cit., p. 53 et s. ; Plus récemment, F. FERRAND, H. FULCHIRON (dir. de), La rupture du mariage en droit comparé,
Rapport final pour la mission de recherche Droit et Justice, Centre de Droit de la Famille et Institut de droit
comparé Edouard Lambert (IDCEL), oct. 2013.
13
J.-J. LEMOULAND, « Le pluralisme et le droit de la famille, postmodernité ou pré-déclin », D., 1997, chron.
p. 134.
14
V. en ce sens : F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Divorce et contrat », in La contractualisation de la famille,
D. FENOUILLET, P. DE VAREILLES-SOMMIERES (dir. de), Paris, Economica, 2001, pp. 67-79.
93
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
contrôle judiciaire qui justifie, ensuite, la soumission du divorce sur requête conjointe à un
n ou presque de contractuel »8.
La liberté de demander le divorce pour rupture de la vie commune non plus,
absolue, car elle répond à certaines conditions. Conscient des conséquences extrêmement
it9 a pas hésité à
doit donc « payer le prix fort », tant psychologiquement que financièrement. Si une durée
six ans est exigée, ce long délai
désireux de refaire sa vie . époux à
1
G. CORNU, Droit civil, La famille, Paris, Montchrestien, coll. « Domat Droit privé », 9ème éd., 2006, n° 356,
p. 542.
2
Ancien article 237 du Code civil.
3
G. CORNU, Droit civil, La famille, op. cit., n° 312, p. 490.
4
S. CHASSAGNARD-PINET, D. HIEZ, Approche renouvelée de la contractualisation, Marseille, PUAM, 2007,
p. 11.
5
G. CORNU, Droit civil, La famille, op. cit., p. 449.
6
M.-T. MEULDERS-KLEIN, « »,
art. precit., p. 87.
7
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Divorce et contrat », in La contractualisation de la famille, op. cit., p. 75.
8
Ibidem., p. 75.
9
H. MAZEAUD, « Le divorce par consentement forcé », D., 1963, chron. XXIII.
94
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
1
Le devoir de secours est maintenu
torts partagés pouvait constituer une réelle victoire, pour celui qui cherchait avant tout à échapper à toute
condamnation. Il y avait en tout cas un intérêt véritable à gagner
avoir des répercussions sociologiques ». Cf. X. LABBEE (dir. de), Les rapports juridiques dans le couple sont-ils
contractuels ?, Paris, Presses Universitaires du Septentrion, 1996, pp. 103-104.
95
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
amène le législateur à faire une place de plus en plus importante à la volonté des époux en
vue de parvenir à un règlement pacifié et amiable de leur différend, cet objectif répondant
1
lui-même à une préoccupation majeure .
couple conjugal est précaire, ommune
volonté, et aucune rais a décision de rompre.
111. Le divorce, une affaire privée. « la société
-même de décider de sa réussite ou de
2
son échec » , le divorce continue de présenter un caractère dérogatoire, un accident de
parcours, une charte de prudence3. La loi du 26 mai 20044 consacre tout naturellement en
faveur des individus un réel droit au divorce, en offrant dans la continuité de la loi de 1975
aux couples un choix de divorce à la carte5, simplifiant et réaménageant les règles
existantes6. La société se borne désormais à prendre acte de la volonté des époux de
de dissuasion7. Le
1
Sur cette notion, V. infra, n° 195 et s.
2
I. THERY, ,
La Documentation
française, Paris, juin 1998, p. 31.
3
G. CORNU, « Le phénomène du divorce », in Sociologie judiciaire du divorce, J. HAUSER (dir. de), Paris,
Economica, coll. « Études juridiques », 1999, p. 10.
4
L. n° 2004-439 du 26 mai 2004 relative au divorce, J.O, 27 mai 2004, p. 9319 ; V. LARRIBAU-TERNEYRE, J.-J.
LEMOULAND (coord.), La réforme du divorce, entre rupture et continuité, Litec, coll. « Carré droit », 2005 ;
H. FULCHIRON, « Les métamorphoses des cas de divorce », Defrénois, 2004, p. 1103 ; T. GARE, « La réforme du
divorce, entre innovations et droit constant (1ère partie) », RJPF, 2004, juin, n° 6, p. 6 ; 2ème partie, même revue,
« Les moyens du changement », 2004, n° 7-8, p. 6 ; J.-J. LEMOULAND, « La loi du 26 mai 2004 relative au
divorce », D., 2004, p. 1825 ; J. RUBELLIN-DEVICHI, « Le nouveau droit du divorce, Loi n° 2004-439 du 26 mai
2004 », JCP, G, act. 251.
5
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « La réforme du divorce atteindra t-elle ses objectifs ? », 1ère partie, « Variations sur
les intentions du législateur », Rev. dr. fam., juin, 2004, pp. 5-7 ; 2ème partie, juil.-août 2004, p. 6-11 ; 3ème partie,
sept., 2004, p. 7-11 ; J.-J. LEMOULAND, S. DEL ARCO, « Séparation et divorce dans la loi du 26 mai 2004 », Rev.
dr. fam., mars, 2005, étude n° 5, p. 7 ; J. RUBELLIN-DEVICHI, « Le nouveau droit du divorce, aperçu rapide »,
JCP, G, 2004, act. 251.
6
LIENHARD, « La nouvelle procédure de divorce cédurale des ententes », AJ fam., 2004, p. 208 ;
H. POIVEY-LECLERCQ, « Pratique de la nouvelle procédure de divorce », RJPF, 2004, n° 12, p. 6 ; L. MINIATO,
« La réforme des procédures de divorce par la loi du 26 mai 2004 et le décret du 29 octobre 2004 : le
changement dans la continuité », Rev. dr. fam., 2004, p. 13.
7
F. FERRAND, H. FULCHIRON (dir. de), La rupture du mariage en droit comparé, Rapport final pour la mission
de recherche Droit et Justice, Centre de Droit de la Famille et Institut de droit comparé Edouard Lambert
(IDCEL), oct. 2013, p. 39.
8
causes
le divorce à aucun des conjoints. V. J.M. JAQUET, « Le rôle de la cause dans le nouveau droit français du
divorce », RTD civ., 1984, pp. 616 et s.
96
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
demande acceptée se transforme en divorce pour acceptation du principe de la rupture, et le divorce pour rupture
de la vie commune devient divorce pour altération définitive du lien conjugal.
2
Bien que cette forme de divorce décline, et ce partout en Europe fin de favoriser une rupture pacifique et un
dialogue entre les époux, afin de trouver u
particulier la médiation familiale, infra n° 91 et s.
3
Cependant, aussi louable puisse être la volonté de pacifier les divorces, un rapport sur la justice familiale
faisant état de la proportion des divorces par consentement mutuel revenant devant le juge démontre bien que cet
juge ». Cf. « La réforme du divorce atteindra-t-elle ses objectifs ? », 2ème partie, « Les moyens du changement »,
art. precit., p. 7.
97
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
ine »7.
114. La transformation de la fonction du juge. La faveur pour les accords
librement négociés entre les époux divorçant conduit à transformer la place du juge dans le
contentieux du divorce. Après avoir été homme-orchestre du divorce »8, ses décisions
2
En ce sens, cf. Cass. civ. 1 ère, 15 avr. 2015, n° 13-27.898, Rev. dr. fam., n° 6, 2015, comm. 114, J.-R. BINET ;
même revue, n° 9, 2015, chron. V. ÉGEA.
3
F. NIBOYET, , Paris, LGDJ, 2008, spec. n° 301, p. 166.
4
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « La réforme du divorce atteindra t-elle ses objectifs ? », Rev. dr. fam., 1ère partie,
juin, 2004, p. 5.
5
J.-J. LEMOULAND, « La loi du 26 mai 2004 relative au divorce », D., 2004, p. 1825.
6
B. BEIGNIER, « », Repère, Dossier spécial « Réforme du divorce », Rev. dr. fam.,
2005, p. 1.
7
X. LABBEE, Les rapports juridiques dans le couple sont-ils contractuels ?, Presses universitaires du
Septentrion, 1ère éd., 1996, p. 108.
8
J.C. GROSLIERE, « -orchestre du divorce », D., 1976, chron. 73.
98
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
privée1. De plus en plus, sa fonction se limite à valider ou refuser les accords négociés en
vue de leur homologation. Cette nouvelle mission fait la part belle au consensualisme, en
associant plus fréquemment le justiciable à la prise de décision2 défendue est que la
décision négociée et comprise par les justiciables est b
émane des parties elles-mêmes. Elle apaisement du conflit familial et la
responsabilisation de ses acteurs. Certains ont pu voir dans cette transformation de la
fonction de juger un appauvrissement du rôle joué par le juge, « la fonction arbitrale qui lui
était traditionnellement dévolu »3.
115. La déjudiciarisation discutée du divorce par consentement mutuel. Bien
que la liberté individuelle ne soit pas absolue, les débats4
déjudiciarisation du divorce pourraient y conduire. Dans
pacification des ruptures5, une « résolution thérapeutique des contentieux familiaux »6 a été
mise en place à la suite de la proposition n° 47 des travaux de la commission de Monsieur
le professeur GUINCHARD. La convention de procédure participative7 permettrait
objectif visé car un tel instrument offre non seulement un « cadre structuré et
sécurisé de négociations des conditions futures du divorce »8 en renforçant la mission
1
F. FERRAND, H. FULCHIRON (dir. de), La rupture du mariage en droit comparé, rapp. precit., p. 40.
2
V. ÉGEA, , Paris, Defrénois, coll.
« Lextenso éditions », 2010.
3
F. FERRAND, H. FULCHIRON (dir. de), La rupture du mariage en droit comparé, rapp. precit., p. 41.
4
C. PHILIPPE, « Pour une réforme du divorce ? (1) », AJ fam., 2013, p. 408.
5
infra, n° 165 et s.
6
N. FRICERO, « Le décret du 20 janvier 2012 : vers une résolution thérapeutique des contentieux familiaux par la
procédure participative assistée par avocat », AJ fam., 2012, p. 66.
M. HERZOG-EVANS, « », D., 2011,
n° 44.
7
La loi n° 2010-1609 du 22 déc. 2010 exécution des décisio exercice
de certaines professions réglementées et aux experts judiciaires (dite loi « Béteille ») introduit dans le Code civil
un nouveau titre relatif à la convention de procédure participative assistée par avocat aux articles 2062 à 2067.
En ce sens : S. AMRANI-MEKKI, « La convention de procédure participative », D., 2011, p. 3007. V. infra, sur
de résolution des conflits avec le processus de médiation notamment,
n° 184.
8
N. FRICERO, « Le décret du 20 janvier 2012 : vers une résolution thérapeutique des contentieux familiaux par la
procédure participative assistée par avocat », art. precit., pp. 66-67.
9
P. DELMAS-GOYON, « Le juge du XXIème siècle », Un citoyen acteur, une équipe de justice, La Documentation
française, 2013.
10
D. MARSHALL, Les juridictions du XXIème siècle : une institution qui, en améliorant qualité et proximité,
tente des citoyens, et aux métiers de la justice, La Documentation française, 2013.
99
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
1
délocalisant ainsi le traitement de la rupture en présence o .
Dans un contexte de difficultés fonctionnelles de la justice, la
judiciaire commande une modernisation selon les besoins du XXIème siècle. Cela passerait
par la déjudiciarisation du divorce par consentement mutuel, les données statistiques2
dimension sociale inégalée7. Admettre un divorce sans le juge signerait « la vraie mort du
mariage » car cela signifierait que « contre-fiche du mariage, homosexuel ou
8
hétérosexuel » , et que la société renonce à organiser les rapports familiaux entre individus.
Dans un tel contexte, les droits de la partie la plus faible seront assurément mis à mal par
protecteur par lui assumé9
1
H. FULCHIRON, « Vers un divorce sans juge ? », D., 2008, p. 365.
2
Site du Ministère de la Justice, Évolution statistique des mariages et des divorces.
3
Rap. precit., DELMAS-GOYON, p. 33.
4
M. DOUCHY-OUDOT, « Le divorce ne serait- ? », Arch. philo. dr., n° 57, 2014, pp. 81-
93.
5
J.-R. BINET, « Divorce sans juge : nouvelle tentative, nouveau débat », Rev. dr. fam., n° 2, 2013, repère 2.
6
Mais aus
compensatoire, V. J. HAUSER, « Amour et liberté : la devise contemporaine du couple ? », Arch. philo. dr., t. 57,
2014, p. 79.
7
C. BRENNER, « Table ronde, Les débats sur la réforme »,
sexe, Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de), Paris, éd. Panthéon-Assas, 2014, p. 114, spec. n° 16.
8
J. HAUSER, « Table ronde, Les débats sur la réforme », art. precit., p. 116, spec. n° 22.
9
100
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
CERDEIRA BRAVO
DE MANSILLA, « Le projet de divorce notarial en Espagne », Rev. dr. fam., n° 2, fév. 2015, étude 8.
7
Pour une approche comparée des droits européens, cf. F. FERRAND, H. FULCHIRON (dir. de), La rupture du
mariage en droit comparé, rapp. precit., spec. p. 44 et s., 69 et s.
101
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
1
Décret royal (dahir) portant loi n° 1-93-347 du 1er déc. 1993. Cette réforme a légèrement modifié le
n. Depuis
cette date là, une ordonnance relative au mariage sera adoptée n° 59-274 (J.O.R.F du 11 fév. 1959, p. 1860) en
prévoyant que « hors le cas de décès, le mariage ne peut être dissous que par décision de justice ». Ce ne sera
05-
02 du 27 fév. 2005 (J.O n°15 du 27 fév. 2005, p. 17), voir en ce sens : F. LALAMI, « Les amendements au Code
algérien de la famill », Confluences Méditerranée, 2006, n° 59, pp. 23-30;
K. SAÏDI, « La réforme du droit algérien de la famille : pérennité et innovation », RIDC, 2006, n° 1, p. 140.
4
V. M. BENJEMIA, S. BEN ACHOUR, M. BELLAMINE, « Le droit tunisien de la famille entre modernité et
tradition », in Ordre public et droit musulman de la famille en Europe et en Afrique du Nord, N. BERNARD-
MAUGIRON, B. DUPRET (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 162-196.
5
Si la Tunisie a été le premier pays musulman à avoir partiellement sécularisé son droit de la famille, la
102
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
limites posées par les textes sacrés. Les réformes intervenues au Maroc et en Algérie
permettent donc une sorte de « mise à niveau » de leur législation avec celle de leur voisin.
117. poursuivi Si le législateur français a été guidé lors des
réformes
les législateurs maghrébins. Les modifications réclamées pas la société civile et portées par
le législateur sont nourries par le souci de rééquilibrer les relations familiales au profit de
la femme1 tout en protégeant . urquoi le choix du législateur
naturellement porté non pas sur la sphère des relations patrimoniales,
législateur français, mais a privilégié le domaine des droits personnels (§1). Les droits
patrimoniaux (§2) ont également été revisités par le législateur marocain, mais ils
été le fer de lance de la modernisation du Code inédite, cette initiative témoigne
de la volonté du législateur marocain une nouvelle architecture des liens
familiaux, équitable et moderne.
A)
en droit musulman.
Seul le droit successoral demeure inspiré du droit musulman classique.
1
M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, Le mariage, t. 1, Casablanca, 3ème
Al jadida, 2015, p. 153 (en langue arabe).
2
103
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
dérogations, 3603 ont été autorisées, et 127 rejetées seulement. Dans une conférence tenue
occasion des dix ans du nouveau Code, Monsieur le ministre de la justice Mustapha
RAMID en 2004, seules 7,75% des mineurs étaient mariées, ce chiffre étant
en 2013 passé à 11,47% soit une hausse de 18.341 cas en 2004 à 35.152 en 20136. Le
nombre de mariage des mineures a donc doublé en une décennie.
1
M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, Le mariage, op. cit., pp. 262-265.
2
Art. 19 CMF.
3
Art. 20 CMF.
4
retien du
juge avec le (ou les) mineur(s), voire tout autre enquête sociale. Au titre des éléments pouvant être pris en
104
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
Le certificat de célibat2
contractés durant la minorité des époux. Selon la présidente de cette association, cette
situation a permis à nombre d et à des mineurs de contracter
mariage sans autorisation,
mariage. Selon le représentant du ministère3, les enquêtes menées ne révèleraient pas de
tels cas de mariage, tandis que le récent rapport 4
(CNDH) portant sur relève expressément
« dispositions sur la période transitoire de
1
V. infra, n° 395-396.
2
Rapp. de TGI Lille, 16 déc. 2014, n° 13/00575, note X. LABBEE, AJ fam., 2015 n° 3, p. 174.
3
Le matin du 5 fév. 2015, S. BENCHERKI
16 du Code de la famille ».
4
CNDH, État parité au Maroc. Préserver et rendre effectifs les finalités et objectifs
constitutionnels, 2015, disponible sur www.cndh.ma.
5
V. infra, n° 396.
6
M. MONJID, « Le mariage du mineur en droit marocain », art. precit.
7
Rapp. avec le mariage par étapes, cf. N. GAFSIA, : le cas tunisien,
Paris, LGDJ, coll. « Droit&Société », 2008.
8
M. MONJID, « Le mariage du mineur en droit marocain », art. precit., p. 215.
105
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
sse du
mariage du mineur dans lequel
u mariage que seules des raisons impérieuses doivent avoir
empêché de célébrer, le juge doit faire preuve de la plus grande prudence en privilégiant
1
La représentation de la future épouse par le waliy ne trouve pas de fondement scripturaire mais constitue un
concept juridique élaboré par le fiqh.
ijtihad. Loin de se résumer à une
waliy symbolise un soutien moral et familial
-ci, généralement par un
proche familial lequel a et la soutiendra dans son choix.
assigné et combattu par les mouvements féministes laïques considère la présence du waliy à la conclusion du
22
Art. 33 CAF : « waliy ».
3
Art. 24 CMF.
4
Sur la wilaya, cf. M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, Le mariage, op. cit., pp. 341-353.
5
La Tunisie a purement et simplement aboli cette pratique dès la codification du statut personnel en 1956.
6
CEDAW notamment.
106
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
B)
1
En Islam, le divorce est « Allah ».
2
107
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
instruits et les esprits les plus rationnels, les dispositions nouvelles sont là pour servir le
justiciable qui saura , les anciennes dispositions étant toujours en vigueur pour
les autres. Par cette technique, le législateur essaie de satisfaire toutes les franges de la
société en recourant à une sorte de compromis, quitte à scinder la société en deux en créant
un fossé entre les classes sociales. Le maintien de la présence du waliy lors de la
conclusion du mariage en atteste. Malgré les différentes options, le changement est réel, et
4
se traduit par la consécration en faveur de l .
126. : le chiqaq ou divorce pour
discorde. Le droit marocain admet, à côté du talaq, divorce « sous contrôle judiciaire »,
du tatliq, divorce judiciaire. Celui-ci existait déjà sou moudawana,
mais son usage était e pour certains motifs, dès lors que
disposition dans la présente loi, il est fait référence aux dispositions de la charia ». Rien de tel dans la législation
tunisienne, qui ne fait référence au droit musulman ni pour interpréter, ni pour combler les lacunes de la loi. Pour
autant, la question de savoir si le droit musulman constitue une source du droit tunisien fait toujours débat.
2
A. MOULAY CHID, « e changement social », in Droit et
environnement social au Maghreb, éd. du CNRS, Paris, 1989, p. 243.
3
En matière de polygamie par exemp
convoler en secondes noces, celles-
ssort des statistiques relatives à la
polygamie que si celle-ci est passée de 0,34% entre 2004 et 2011 à 0,26% entre 2012 et 2013 acceptation des
demandes par les juges a néanmoins augmenté de 25%.
4
Le divorce judiciaire constitue une nouveauté introduite dans les droits positifs des pays arabes lors du
108
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
1
Le Code marocain consacre tout un chapitre IV - Titre premier (art. 94 à 97) - à cette nouvelle forme de divorce
épouse. Si les deux arbitres veulent vraiment les réconcilier, Allah les aidera dans
leur tâche et fera aboutir leurs tentatives. Allah est Tout-savant et parfaitement informé ».
3
4
CA Laâyoune, 21 mars 2006, dossier n° 02/2006, in Morceaux choisis de la jurisprudence en matière
d'application du Code de la famille, Ministère d
information juridique et judiciaire, série relative aux explications et preuves, n° 10,éd. ath Elite, Rabat,
2009, vol. I, p. 119 ; Trib. 1ère inst. Semara, sect. just. fam, 23 janvier 2007, dossier n° 129/2006, in Morceaux
choisis d application du Code de la famille, op. cit., p. 128.
5
Contra, V. X. LABBEE, note ss CA Douai, 7ème chb., sect. 1, 19 janv. 2012, n° 11/00923, Rev. dr. fam., 2012,
n° 7, pp. 40-
109
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
1
Trib. 1ère inst. Nador, sect. just. fam., 8 février 2006, jugement n° 187, dossier n° 719/2005 ; Trib. 1 ère inst.
Marrakech, sect. just. fam, 25 novembre 2004, jugement n° 3475, dossier n° 2114/8/2004, inédit.
2
Trib. 1ère inst. Oujda, sect. just. fam., 15 mars 2005, jugement n° 974, dossier n° 1362/04.
3
Il a ainsi été jugé que le défaut de preuve du préjudice ne rend pas irrecevable la demande de divorce car « sans
fondement légal, un tel argument est de nature à vider le nouveau Code de la famille de sa substance et de sa
p accès à la dissolution du lien conjugal incapacité de
prouver le pr intimité de leurs vies privées devant les
institutions judiciaires ». Trib. 1ère inst. Marrakech, sect. just. fam., 3 mars 2005, jugement n° 418, dossier
n° 04/8/2005; Trib. 1ère inst. Larache, sect. just. fam., 9 janvier 2007, dossier n° 90/06/5.
4
Cour supr., 24 sept. 2008, dossier n° 198/2/1/2007, n° 440 ; Cour supr., 4 oct. 2011, dossier n° 285/2/1/2010,
n° 534.
5
En 2008, le chiqaq représente un pourcentage de 74,68% des cas de divorce judiciaire, contre 56% en 2007.
6
Statistiques fournies par le ministère de la justice.
7
8
M. BENRADI, H. ALAOUI CHICHI, A. OUNNIR et alii, Le Code de la famille, perceptions et pratique judiciaire,
Fès, Friedrich Ebert Stiftung, 2007.
9
R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le référentiel et le conventionnel en
Harmonie, t. 3, De la Réforme de la Moudawana à la concrétisation de son âme, Rabat, 3ème éd., Bouregreg,
2009, p. 72.
110
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
considèrent que le chiqaq est « une situation de fait qui empêche la continuité de la relation
conjugale, chaque époux étant autre du fait hostilité,
de telle affection en sont devenus distendus, empêchant les époux
accomplir leurs droits et obligations réciproques »1. La doctrine a également définit cette
notion ensemble des querelles et malentendus qui élo
autre rendant impossible le maintien de la vie conjugale 2. Le caractère intolérable de la
vie commune entre les époux, peu important sa cause, permet donc de faire prononcer le
divorce. Une étude Code de la famille3 a permis de dégager la tendance des
magistrats à retenir une conception assez large de la discorde, permettant aux couples
souhaitant mettre un terme à leur union de le faire4. De la même manière, toutes les fois où
fondements -
conjugale5- celle-ci peut engager une demande de divorce pour chiqaq6.
129. Le Code
marocain de la famille innove également en matière procédurale. Outre la création de
sections spécialisées dans la « justice familiale » au sein des tribunaux de première
instance, des règles de procédure et de délais7 sont prévues pour le prononcé du divorce.
Les nouvelles dispositions viennent en réaction à la lenteur de la procédure, dont les
victimes premières sont les épouses qui souhaitent mettre fin à leur union8. Le législateur a
9
donc exigé la comparution de avant la tentative de réconciliation, le jugement de
1
Trib. 1ère inst. Marrakech, sect. just. fam., dossier n° 3269/8/2004, 13 janvier 2005, inédit.
2
M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, la dissolution du lien conjugal ath al-najah
al-jadida, Casablanca, 2006, p. 102.
3
M. BENRADI, H. ALAOUI CHICHI, A. OUNNIR et alii, Le Code de la famille, perceptions et pratique judiciaire,
op. cit.
4
En ce sens : TPI Rabat, 17 fév. 2005, dossier n° 32/277/04 ; TPI Rabat, 31 mars 2005, dossier n° 32/422/04 ;
TPI Rabat, 24 janv. 2005, dossier 32/433/04.
5
Pendant la période de continence en cas de divorce sous contrôle judiciaire révocable : article 124 CMF.
6
discorde représentait 56,25% des affaires en cours devant les tribunaux et 46,09% des affaires jugées.
Cf. Ministère de la justice, « Application des dispositions du code de la famille, les mesures prises, difficultés
», 2006.
7
Le délai afin que le juge statue ne doit pas dépasser six mois et cette nouvelle mesure est applicable à tous les
cas de divorce. Cf. art. 113 CMF : «
refaire leur vie, entravent le cours de la procédure en ne comparaissant pas lors de la tentative de réconciliation,
en interjetant appel ou un pourvoi en cassation.
9
Art. 81 CMF.
111
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
divorce1 devenant définitif en premier ressort2 et tout recours contre celui-ci est
irrecevable. protection des droits
moudawana se contentait d
réforme de 2004 lui en détaille les prérogatives et lui indique la procédure judiciaire à
suivre. Il paraissait contr oncer
avait expressément consenti, en son absence. À défaut de comparution, le
ministère public met en demeure l sera statué sur le dossier. Le juge occupe
désormais la place de partie principale dans toutes les affaires familiales3. Il est chargé de
coercitives prévues par la loi, et peut procéder à toute
enquête jugée utile à la demande du tribunal, notamment
nouveau domicile de son épouse en vue de faire échec à sa comparution4.
5
130. Le juge conciliateur.
. Avant de statuer, celui-ci
pourra entendre tout témoin , désigner deux arbitres hakam et un conseil de famille7. Tout
6
.
Dans ce dernier cas, le juge doit entreprendre une deuxième tentative de réconciliation,
trente jours après la première.
8
131. pendant le
délai de viduité (de trois mois) est une nouveauté introduite dans les législations marocaine
et algérienne
pour la bénéficiaire du droit de garde des enfants (prioritairement la mère) la
majorité des enfants. La crise du logement, combinée au manque de ressources des classes
les plus défavorisées ne permet pas toujours à la famille de loger une autre famille éclatée.
Dans ces situations, un nombre important de femmes subissent violences et sévices. Les
1
Article 128 CMF : les décisions de divorce « ne sont susceptibles urs dans leur partie mettant fin
aux liens conjugaux ».
2
CA Marrakech, 1er février 2005, dossier n° 3955/8/2004, inédit : « appel
interjeté contre le jugement ayant prononcé le divorce pour discorde ».
3
Y. SALHI, Le rôl , Publications de la revue Menara
pour les études juridiques et administratives, coll. « Études universitaires », 2015, n° 8 (en langue arabe).
4
Article 81 CMF. voit également des sanctions pénales en cas de fausse
déclaration du mari.
5
Le Coran mentionne la conciliation (ssolh) dans sept passages, dont le verset 130 de la sourate 128 : « Quand
112
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
1
dahir n° 191.10.1 du
bis de la loi de finances n° 09-48 pour
une
auprès du président du tribunal de première instance (art. 4) qui statue dans les huit jours (art. 7), sans jamais
dépasser le plafond fixé (350 dhs par personne sans jamais aller au-delà de 1050 dhs par famille). Sur la mise en
LACHKAR, « », in Approche plurielle des
problématiques familiales, Z. ELAMARI (réun. et coord. par), Rabat, Publications de la revue de la justice civile,
t. 2, 2015, pp. 142-168 (en langue arabe).
2
Sur 48829 affaires en 2008, le nombre de jugement non exécutées était de 14287 contre 17600 en 2011 (sur
43903 affaires en cause). Cf. Statistiques du Ministère d
3
Sur cet aspect, V. Y. SALHI, , op. cit., pp. 53-
56.
4
référentiel sur lequel ce
malékite
pays du Maghreb et à laquelle ils se réfèrent en cas de silence de la loi, la réforme marocaine de 2004, par le
ijtihad -
malékite -, afin de concrétiser «
vie commune ». Le juge pourra donc puiser dans les autres rites en cas de situation non prévue par la loi, mais il
113
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
le montant de la pension al -
1
.
suivisme » législatif occidental, celui-
douter avec une législation marocaine qui « »
considérable de protection incombant au juge. Ceci se vérifie aussi dans le domaine des
droits patrimoniaux.
contrat dans la gestion des biens acquis durant le mariage (A), le domaine successoral
continue de constituer une fidèle représentation du droit musulman classique (B).
A)
dhs au titre de la pension alimentaire due à la fille du couple, 400 dhs au profit du garçon et 150 dhs au titre du
loyer. Cf. TPI Salé, 18 juil. 2012, n° 1947, dossier n° 2262/11/1607.
1
Cour supr. maroc., 18 juil. 2007, dossier n° 667/2/1/2006, n° 411.
2
H. DANNOUNI, « Le régime des biens entre époux en droit algérien », Rev. tun. dr., 1986, pp. 157-177.
3
AHMED, Étude
comparative du mandat en droit romain et en droit musulman, Thèse, Paris II, 1981, p. 160.
4
Y. LINANT DE BELLEFONDS, Traité de droit musulman comparé, Paris, La Haye, t. 2, 1965, n° 790.
114
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
1
Art. 49 CMF. La loi tunisienne n° 98-91 du 9 novembre 1998 avait également introduit un régime de
communauté de premier de la un régime facultatif pour
lequel les époux peuvent opter (...) ». Le régime légal demeure ainsi celui de la séparation de biens, la loi
propose seulement un régime de communauté minimale réglementé dans ses différents aspects. Les époux
peuvent opter pour ce régime au moment de la conclusion du mariage ou à une date ultérieure, ce qui ouvre la
opter pour ce régime aux époux mariés avant la promulg un commun
accord, changer de régime matrimonial, en optant pour un régime de com inverse y mettre fin
écoulement de deux ans au moins à partir de
son institution, et celle-ci doit être constaté par un acte authentique. V. en ce sens : S. BOUZIR, Le régime de la
communauté des biens entre époux : étude comparative du droit français et du droit tunisien, Thèse, Paris I,
la nature diffèrent sensiblement de la communauté de biens à la française. Si la première ressemble plus à une
«
particuliers.
2
M. CHAFI relevait déjà, dans sa thèse de doctorat, que les époux en droit marocain pouvaient constituer une
115
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
à cette mesure, le Code impose aux adouls en informer les époux lors de la conclusion
du mariage1. Cependant 2
, par
les femmes de leurs droits conduisent bien souvent à passer sous silence cet important
aspect de leur future vie conjugale. La deuxième mesure concerne le partage des biens
acquis pendant le mariage. ont pas fait de contrat sur les biens, le
Code prévoit le recours « aux règles générales de preuve, en prenant en considération le
travail de chacun des conjoints, les efforts fournis et les charges assumées pour fructifier
les biens de la famille »3. Cette dernière mesure a cependant été diversement appréciée par
les tribunaux. Les premières applications ont conduit les juges à épouse une
un pourcentage sur la valeur des biens acquis pendant le
mariage. Certains juges ont même exclu le travail domestique .
Or, la raison de équité au profit des
4
femmes au foyer . Persister dans une pratique judiciaire conforme à la lettre de
moudouwana contrevient le privant des effets
p
logement familial, composante de la nafaqa
appréhendé i5 ou à
CHAFI, il est
déplorable que « ouisse
1
Art. 49-3° CMF.
contrat de mariage. En 2007, 900 contrats ont été conclus pour 270 660 actes de mariage.
2
Madame le professeur NAJI EL MEKKAOUI explique ainsi la situation : « La conclusion du pacte matrimonial et
majestueuses, e
librement et sereinement leurs points de vue sur les détails et de prévenir les éventuels désaccords dans le
futur ! ». Cf. R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le référentiel et le
conventionnel en Harmonie. De la Réforme de la Moudawana à la concrétisation de son âme, t. 3, Rabat, 3ème
éd., Bouregreg, 2009, p. 66.
3
Art. 49 dernier alinéa.
4
article 49 par les tribunaux, V. Le Code de la famille, perception et
pratique judiciaire, op. cit., p. 260 s.
5
cile conjugal le délai de viduité prévue de quatre mois et dix jours.
6
M. CHAFI, Les rapports juridiques entre époux, Étude comparative du droit français et du droit marocain, op.
cit., p. 430.
116
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
des époux est enfin érigé en logement familial, et sa disposition relève du pouvoir de
cogestion du couple. Une meilleure protection est assurée par la qualification de
logement familial du bien. Elle est renforcée par l intervention du ministère public1 dans
la réintégration au
époux expulsé sans raison valable et prend les mesures garantissant
sa protection.
B) t successoral
1
Article 53 CMF.
2
Pour une présentation, V. F. SAREHANE, « Successions et contrats au Maroc », in Les successions, Travaux de
-388.
3
La principale justification est que la dévolution héréditaire est fixée par la loi coranique, donc ainsi voulue par
Dieu. Par conséquent la volonté humaine ne peut en modifier le régime.
4
117
Couple et famille
Étude des systèmes juridiques français et marocain
1
Le principe agnatique est la base du système successoral musulman.
2
M.J. ESSAID, , Rabat, Fondation M.J. ESSAID pour la Réforme du droit et le
développement Socio-Économique, avec le concours de la Fondation Éducation et Culture du Groupe Banque
Populaire, 4ème éd., 2010, pp. 120-122.
3
Le « legs obligatoire » est une technique basée sur le verset 180 de la sourate 2. Pour la plupart des écoles, cette
zahirite qui en a toujours
tout en restant fidèle au droit musulman, adopteront cette technique juridique. V. en ce sens M. CHAFI, Les
rapports juridiques entre époux, Étude comparative du droit français et du droit marocain, op. cit., p. 353 et s.
4
F. SAREHANE, Jurisclasseur dr. comparé, fasc. 2, Maroc, n° 154.
5
est ce qui explique sans doute sa place parmi les règles de la dévolution successorale, du moins en
droit marocain.
6
une fille prédécédé ou décédé en même temps que le de cujus sont exclus de la
succession par leur oncle.
7
F. SAREHANE, Jurisclasseur dr. comparé, fasc. 2, Maroc, n° 155.
8
De même que pour y prétendre, le descendant ne doit pas participer à la succession du défunt (art. -à-
. Le de cujus ne doit pas non plus avoir gratifié le prétendant du
legs obligatoire d'une donation entre vifs ou d'un legs. le montant de la libéralité ne
il aurait reçue au titre du legs obligatoire. Si le montant est inférieur, il doit être
complété il excédent est soumis au consentement des héritiers. explique par le
souci de ne pas léser les héritiers.
118
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial, fondement du lien
familial
1
enfants . La même disposition intitulée « héritage par substitution » se
retrouve dans les Code algérien et tunisien2. Le second limite néanmoins les bénéficiaires
du legs obligatoire à la première souche des descendants3 est-à-dire aux petits-enfants
du de cujus, alors que infini et sans limitation de degré en droit
marocain.
1
Si le de - à la moitié de la part de son auteur.
2
Art. 191 et 192.
3
Le legs obligatoire ne joue pas au profit des collatéraux.
119
Conclusion du chapitre second
140.
dans la conception occidentale et musulmane du lien matrimonial, il convenait de vérifier
apparu
que l familial son harmonie et sa pérennité a été
rompu en Occident à partir des années 1960. La construction législative sur laquelle
reposait le mariage depuis des siècles est remise en cause au nom des nouvelles exigences
les
désormais nouvelle qui consiste à gommer toute trace
1
À ce sujet, M. TOUALBI
1
charia à évoluer p . Son caractère flexible
permet sans conteste « son aptitude naturelle à épouser les variations du temps historique »1 administrant ainsi la
preuve de son caractère pluriculturel et proprement universaliste tant au temps de la Révélation comme en celui
-ci conteste l
CEDH le 31 juillet 2001, dans un arrêté rendu public en réponse à une requête qui lui était adressée par le parti
turc Refah invariance normative sous
du
progrès. Comme le souligne A. GRESH, il semble désormais évident que « la situation de la femme musulmane
ne découle pas du Coran, mais son oppression peut trouver alibi dans tel ou tel verset, ou dans la manière dont la
». V. I. TOUALBI, Le droit
musulman : de « » aux tentatives de réforme, Thèse, Paris I, 2011, pp. 636-37.
120
fondamentaux1.
MOHAMMED (saw),
ainsi que la grande liberté accordée aux Califes qui lui succédèrent et premiers jurisconsultes afin de légiférer
121
Conclusion du titre premier
141. Ce premier titre a permis de mettre en relief que le relâchement du lien familial
constitue la conséquence directe d du mariage comme simple lien civil entre
les conjoints. Le raisonnement du législateur a permis
de souligner en premier lieu que le droit contemporain exprime une faveur de principe pour
nial de la famille,
la tendance égalitaire se développe ociation patrimoniale conjugale, qui
contamine assez rapidement la dimension personnelle, particulièrement le droit du divorce.
1
C. LABRUSSE-RIOU, « ens familiaux : une relation explosive ou
pervertie ? », in La famille, le lien et la norme
2
M. DOUCHY-OUDOT (dir. de), La réforme du mariage. Approche critique sur les mutations familiales, Poitiers,
DMM, 2013, p. 16.
122
droit substantiel que le droit processuel1 de la famille, et la volonté individuelle décide
désormais seule du maintien et de la dissolution du lien matrimonial au nom du droit au
bonheur2
nécessité de maintenir le lien matrimonial en vue de pérenniser le lien familial, mais
Ce
changement de philosophie sur lequel repose désormais le droit de la famille a, sans
conteste, contribué à fragiliser le lien familial.
Au Maghreb, la nécessité de modifi
société a été pensée par .
Une telle orientation permet une meilleure appropriation des nouvelles dispositions par la
la tradition juridique islamique.
L dans les relations familiales doit donc être
approuvée.
familial. Néanmoins, la place large qui a été faite en pratique au principe de libre rupture
fragilise le lien matrimonial. à tout-va »,
1
V. ÉGEA, , Paris, Defrénois, coll.
« Doctorat&Notariat », 2010.
2
E. DU PONTAVICE, « Droit de la famille et droit au bonheur », VOIRIN, Paris,
LGDJ, 1967, pp. 678-709.
123
Titre second. Le lien familial détaché du
lien matrimonial
142. a coparentalité post divorce.
famille depuis la loi du 4 mars 2002 est celle de coparentalité 1
exprimée dans le vocabulaire juridique CORNU
parentale fondée sur le respect, en chacun des parents, de sa vocation parentale et la faveur
»2 suit un
objectif louable, semble trouver une limite dans la fréquence des séparations conjugales.
Or, pour être exercée en commun, l rentale commande
accommode mal de la stabilité
requise pour exion entre mariage et famille
1
C. NEIRINCK, « Parenté et parentalités, aspects juridiques », in Lien familial, lien social, M. DELAGE,
P. PEDROT (dir. de), Grenoble, PUG, 2003, pp. 59-74.
2
G. CORNU (dir. de), Vocabulaire juridique, Association Henri CAPITANT, Paris, 10ème éd., Quadrige, 2014,
p. 273.
3
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Réflexion sur les mythes fondateurs du droit contemporain de la famille », RTD
civ., 1995, pp. 249-270.
4
De même que les sanctions qui y étaient liées se sont déplacées de la sphère conjugale pour recouvrir leur
pleine effectivité sur le terrain parental, notamment dans les relations familiales verticales. En ce sens :
G. RUFFIEUX, Les sanctions des obligations familiales, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque des thèses »,
2014, spec. la deuxième partie du travail de thèse.
5
THERY qualifie comme étant « une contrepartie très forte à la liberté accrue du couple ation
124
sera appelé à participer, même occasionnellement, à sa prise en charge quotidienne et à son
éducation. Ces nouvelles configurations alimentent la diversité des situations familiales et
justifi Chapitre 2
famille. Bien plus que cela, le lien de parenté qui découle en principe du
est, de plus en plus, valorisé dans sa dimension
éducative. Cette nouvelle dimension du lien de parenté traduit libre et
volontaire d un adulte de prendre en char mais avec lequel il
est amené à vivre du fait de leur vie commune. À la pla
125
Chapitre premier. Du lien familial au lien parental
1
V. en ce sens le dossier Coparentalité à , 2009, n° 4, pp. 148-169.
126
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
D. FENOUILLET, « La parentalité, nouveau paradigme de la famille contemporaine », Arch. philo. dr., Dossier
« La famille en mutation », t. 57, 2014, pp. 95-122. Sur la dimension sociologique de cette notion et les dangers
de son usage en droit, cf. : F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « parentalité », in
HAUSER, Dalloz-LexisNexis, 2012, pp. 41-58.
2
S. BALIAN, « Néologismes législatifs pour la forme ? », in Droit civil, procédure, linguistique juridique, Écrits
en hommage à Gérard CORNU, Paris, PUF, 1994, pp. 1-7.
3
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, Paris, Quadrige, 2014, p. 733.
4
I. THERY, Couple, filiation, parenté, rapp. precit., p. 195.
5
Cette situation contraste avec la définition plus riche et plus large adoptée par le comité national de soutien à la
parentalité lors de sa séance du 20 novembre 2011. La parentalité est ainsi définie
est un processus qui conjugue les différentes dimensions de la
fonction parentale, matérielle, psychologique, morale, culturelle, sociale. Elle qualifie le lien entre un adulte et
un enfant, quelle que soit la structure familiale dans laq inscrit, da
le dévelo éducation de l'enfant. Cette relation adulte/enfant suppose un ensemble de fonctions, de
obligations (morales, matérielles, juridiques, éducatives, culturelles) exercés da
un lien prévu par le droit (autorité environnement
géographique, social et éducatif où vivent la ».
6
Ibidem., p. 733.
7
Madame le professeur FENOUILLET do
FENOUILLET, « La
parentalité, nouveau paradigme de la famille contemporaine », art. precit., pp. 112-113, spec. n° 34.
8
M.-L. CICILE-DELFOSSE, « Le beau-parent, serpent de mer du droit civil de la
famille », , Paris, LGDJ, 2012.
9
pression utilisée par le professeur FENOUILLET, art. precit., p. 98, spec. n° 7.
127
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
le premier étant
parentalité est
contestable, car il conduit à emprunter un raccourci en court-
telle que juridiquement construite, as
statut. Cette de la parenté aboutit à une sorte de parentalité remontante
1
qui à terme, favorise la revendication .
Perturbant le droit de la famille dans sa dimension relative aux rapports parentaux, elle se
décline désormais sous toutes les occurrences : pluriparentalité, monoparentalité,
homoparentalité et coparentalité.
147. Le maintien du lien parental au-delà de la séparation. Le prononcé du
divorce est sans incidence sur la relation parentale2. Au couple conjugal, le législateur
décide de substituer le couple parental comme assise de sa politique familiale.
louable, la La
est pas vécue de la même
3
manière couple vivant un état de conflit grave . Dans cette dernière situation,
u juge est nécessaire pour faire respecter la coparentalité. Tout en
le juge veille
à sa réalisation matérielle (§1). celui-ci pourra favoriser post
conjugale à trouver lui-même la meilleure solution pour son
enfant. Dès 1993, le législateur offre les moyens favorisant un traitement pacifié du conflit
familial. Il instaure un cadre juridique à la médiation judiciaire en général, familiale en
particulier (§2). Dans ce cas de figure, la coparentalité fait
1
Ibidem., p. 107, spec. n° 25.
2
-2 al. 1 dispose que : « La séparation des parents est sans incidence sur les règles de dévolution
autorité parentale ».
3
128
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
enfants. Il ne peut être restreint ou exclu que pour de sérieuses raisons intérêt
enfant le commande. En encourageant les États à adopter des principes communs en
matière de droits parentaux (A), les textes leur proposent un modèle de coparentalité
commun la charge de promouvoir (B).
1
A. GOUTTENOIRE-CORNUT, « La consécration de la coparentalité par la loi du 4 mars 2002 », Rev. dr. fam.,
2002, étude 11 ; F. VAUVILLE, « Du principe de coparentalité », LPA, 18 oct. 2002, n° 209, pp. 4-11.
2
G. MEUNIER,
interne des États parties
3
Art. 9 de la CIDE.
4
Art. 18 de la convention.
5
A. KIMMEL-ALCOVER, « », in La convention
, C. NEIRINCK, M. BRUGGEMAN (dir. de), Paris,
Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2014, pp. 43-54.
6
Cf. arrêt Lejeune, cass. civ. 1ère, 10 mars 1993 ; M.-CL. RONDEAU-RIVIER, « La Convention des Nations Unies
devant la Cour de cassation : un traité mis hors jeu », D., 1993, chron. LIV, p. 203 et s.
7
W. MASTOR, « À propos de son caractère self executing », in La convention internationale relative aux droits
, Paris, Dalloz, coll. « Thèmes &Commentaires », 2014, pp. 7-13.
8
Cass. civ. 1ère, 18 mai 2005, n° 02-20.613, Rev. dr. fam., 2005, comm. 156, obs. A. GOUTTENOIRE ; RJPF,
2005, n° 9, 31, note F. EUDIER.
129
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
dispositions
considération primordiale dans toute décision le concernant (article 3-1 CIDE) ; le second
qui le concerne (art. 12-
2 CIDE). Malgré la reconnaissance de nombreux droits au profit des enfants, cette
Convention semble toujours insuffisante1
des
droits proclamés que procéduraux.
151. 7
de la CEDH énonce que les époux jouissent entre eux
responsabilités de caractère civil. égalité est de mise dans leurs
relations avec leurs enfants au regard du mariage et à sa dissolution. Dans ce contexte, la
coparentalité en cas de séparation ou de divorce du couple ne suscite que peu de
controverse dans les législations des États membres, qui ne distinguent ni selon le sexe des
1
V. C. NEIRINCK, M. BRUGGEMAN (dir. de),
convention particulière, Paris, Dalloz, coll. « Thèmes &Commentaires », 2014, spec. la seconde partie.
2
Comm. eur. dr. h., 15 mars 1984, B.R. et J. c/ Allemagne ; Comm. eur. dr. h., 9 oct. 1989, N. c/ Danemark.
3
V. COUSSIRAT-COUSTERE, « La notion de famille dans les jurisprudences de la Commission et de la Cour
»,
famille, Paris, LGDJ, 1996, pp. 45-74.
4
CEDH, 8 juil. 2003, Sommerfeld c/ Allemagne ; CEDH, 8 juil. 2003, Sahi c/ Allemagne.
5
Sur ce
130
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
la naissance hors mariage. La lourde charge probatoire imposée au père naturel révélait,
selon la Cour, une présomption qui lui était défavorable. Surtout, elle conférait à
Le revirement est notable
2
qui
3
implique le droit de maintenir les liens en cas de séparation . Plus controversées sont les
4
. Si la Cour reconnaît de
5
manière souple et évolutive le droit au respect de la vie familiale, particulièrement à
des tiers entretenant fant6 -et ceux qui ont tissé une
relation familiale de fait7 avec lui- la Cour veille spéc
lien familial entre les enfants et leurs parents. Une obligation positive de moyens8- du
respect effectif de la vie familiale9 est mise à la charge des États. Une jurisprudence
constante permet la sanction du non-respect de cette obligation10.
2
CEDH, 24 mars 1988, Olssen c/ Suède, Les grands arrêts de la Cour europé Paris,
PUF, coll. « Thémis Droit », 2005, n° 43; JDI, 1989, 789, obs. P. TAVERNIER.
3
une séparation des membres de la famille, porte atteinte au droit au respect à la vie familiale tel que prévu à
: CEDH, 31 janv. 2006, Rodriguez
Da Silva et Hoogkamer; CEDH, 28 janv. 2011, Nunez c/ Norvège, Rev. dr. fam., 2012, étude n° 10, obs.
A. GOUTTENOIRE.
4
En ce sens : S. GRATALOUP, , Paris, LGDJ, 1998.
5
H, 26 mai
1994, Keegan c/ Irlande
législation relative aux droits des étrangers : CEDH, 28 mars 1985, Abdulaziz, Cabales et Balkandali c/
Royaume-Uni.
6
-parents : CEDH, 13 juil. 2004, Pla et Puncernau c/ Andorre
frères : CEDH, 24 avr. 1996, Boughanemi c/ France ; CEDH, 21 oct. 2004, I. et U. c/
Norvège. : CEDH, 8 fév. 1994, Boyle c/ Royaume-Uni.
7
X, Y et Z c. Royaume-Uni du 22 avril 1997, n° 21830/93, JCP, G, I, 107, obs. F. SUDRE.
Plus récemment, cf. CEDH, 15 mars 2012, Gas et Dubois c/ France :
CEDH, 27 avr. 2010, Moretti et Benedetti c/ Italie.
8
CEDH, 15 avr. 2014, Krasicki c/ Pologne, n° 17254/11; AJ fam., 2014, p. 373, E. VIGANOTTI.
9
CEDH, Zhou c/ Italie, 21 janv. 2014, n° 33773/11.
10
CEDH, 30 juin 2005, Bove c/ Italie ; CEDH, 22 nov. 2005, Reigado Ramos; CEDH, 29 juin 2004, Volesky c/
République tchèque ; CEDH, 26 avr. 2007, Patera c/ République tchèque ; CEDH, 22 juil. 2006, Lafargue c/
Roumanie ; CEDH, 18 janv. 2007, Zavrel c/ République tchèque. :
CEDH, 28 sept. 2005, Fourchon c/ France. Plus récemment : CEDH, 17 déc. 2013, aff. 51930/10, Nicolò
131
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
Ribic1. Le défaut
droit de visite. Une telle recommandation est considérée comme insuffisante à offrir au
accélérer la procédure relative à son droit de visite3. De telles obligations positives, mises à
la charge des États, favorisent la convergence des législations européennes et permettent de
dessiner un modèle parental européen.
153. La Convention sur les relations personnelles et la notion de liens
de famille. Dans le cadre de sa politique sociale et familiale, le Conseil de
développe des conventions et des
Parlementaire ou du Comité des Ministres. Ces recommandations incitent, elles aussi, les
États membres à adopter des principes communs. Parmi les travaux touchant
spécifiquement aux relations familiales, deux sont sig portée à la
4
protection des liens personnels de et des nouvelles formes de parentalité. La
Convention sur les relations personnelles concernant les enfants5 (de moins de 18 ans)
Santilli c/ Italie, Rev. Lamy dr. civ., 2014, n° 3. Pour la Cour, « méconnaît le droit au respect de la vie familiale
six ans » ; CEDH, 4ème sect., 17 nov. 2015, n° 35532/12 ; AJ fam., 2016, E. VIGANOTTI, p. 50. Concernant le
». La seconde
encourager les parents à remplir leurs tâches en harmonie tout en
consultant leurs enfants chaque fois que cela semble indiqué ».
5
Convention sur les relations personnelles concernant les enfants, 15 mai 2003, STE n° 192. Le Comité
-
a crée en 1996 le groupe de travail sur la garde et le droit de visite (CJ-FA- s
coopération internationale
Conférence européenne sur le droit de la famille, tenue à Cadix du 20-22 avril 1995, celle-ci recommande au
de la question. Approuvée successivement par le
Ministres lors de sa 110ème session, la Convention élaborée par le groupe de travail est ouverte à signature le 15
ème
132
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
que les droits des parents sont respectés. Le souci de garantir un équilibre entre les droits
des parents et des tiers conduit la Convention à reconnaître un « droit de demander à
entretenir des relations personnelles » et non des
relations personnelles ».
ses opinions5. Le rapport explicatif joint à la Convention précise que « les législations
nationales pourraient envisager que les relations personnelles avec une personne ayant des
liens de famille doivent être subordonnées au consentement
discernement suffisant ». Dans ir des relations
personnelles, il est préconisé de prendre en considération ses souhaits6. Le
rapport encourage les États à inscrire ces dispositions dans leur législation nationale,
particulièrement les États dont les tribunaux ne peuvent prononcer ou exécuter une
décision se rapportant aux relations personnelles d de plus de 16 ans ou, étant
plus jeune, celui-ci rait.
1
Préambule de la Convention, disponible sur
2
Art. 5, 2°.
3
de ce texte : «
entretenir des relations personnelles non seulement avec leurs deux parents, mais aussi avec certaines autres
les parents et ces autres personnes de
rester en contact avec les enfan intérêt supérieur des enfants ».
4
Art. 2, a.
5
Art. 6.
6
Non seulement au moment du prononcé de la décision relative au maintien des liens personnels, mais aussi
133
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
Art. 7, b de la Convention.
2
Au cours des travaux préparatoires de la sur le droit de la famille (CJ-FA) et
son Groupe de travail sur la garde et le droit de visite (CJ-FA-GT1) ont souligné à quel point il est important de
favoriser les accords entre les parties, notamment sur les questions qui concernent les enfants. À cet effet, ils
ont encouragé les États à recourir davantage à la médiation familiale, conformément aux dispositions de la
Recommandation (98) 1 du Comité des Ministres aux États membres sur la médiation familiale. Les accords
conclus sont donc inclus dans la
notion de « décision relative aux relations personnelles ».
3
Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Portugal, la
République Tchèque, la Roumanie, la Turquie, Saint Marin États sur 46
É
4
Art. 20, 3°.
5
Art. 20, 1°.
6
Conférence des ministres européens chargés des affaires familiales, Évolution de la parentalité : enfants
, Communiqué final et déclaration politique, 28ème session, 16-17 mai 2006,
134
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Lisbonne. Selon cette déclaration, « Rappelons le rôle crucial de la famille pour le maintien de la cohésion
sociale, soutien des familles sous leurs
; Suggérons que les gouvernements répondent à leurs propres changements
sociodémographiques en adaptant la législation afin de tenir compte des différents modes de vie familiaux.
Malgré le fait que plusieurs mesures concrètes ont été prises dans les Etats membres, il semble encore exister un
vide politique et juridique, particulièrement en raison de la progression des nouvelles formes familiales
(par exemple pour ce qui est des familles monoparentales ou des obligations envers les enfants dans les familles
recomposées considérée
comme un domaine relevant aussi de politiques publiques et que toutes les mesures nécessaires devraient être
adoptées pour soutenir la parentalité et créer les
positive/épanouie. Cette dernière est définie comme un comportement parental qui élève, renforce et fournit une
structure ou un ) ; Soulignons le fait
que ces mesures devraient se fonder sur la Convention des droits de l´enfant ainsi que sur les instruments
juridiques du Conseil de l'Europe, reconnaître et respecter les parents, ou toute personne dépositaire de
r lieu la garde et la charge de
supérieur de ce dernier, et refléter la diversité de dispositions reconnaissant que les parents, les enfants et les
familles sont hétérogènes. Les mesures visant une ensemble de
mesures intégrées; Considérons que ces mesures devraient avoir comme finalité des conditions de vie
adéquates, notammen
positive ».
1
Ce comite a été établit en 2004 avec pour mission de soutenir les parents dans l supérieur de l enfant.
2
La parentalité positiv : une approche positive, éd. du
3
Le rapport la définit comme suit : ensembles actuels de relations et activités dans lesquelles les
parents sont impliqués pour soigner et éduquer les enfants. La parentalité implique alors un ensemble de
réaménagements psychiques et affectifs qui permettent à des adultes de jouer leur rôle de parents, c est-a-dire
de répondre aux besoins de leurs enfants sur les plans physique, affectif, intellectuel et social ». Celle-ci est
qualifiée de positive car « », une parentalité « qui respecte et
soutient les droits de l enfant tels qu énoncés dans la CNUDE. A ce titre, elle est fidèle aux principes de la non-
discrimination, de la primauté de l intérêt supérieur de l enfant dans toutes les actions le concernant, du droit de
l enfant à la survie et au développement dans toute la mesure du possible et du respect des opinions de l enfant ».
Cf. La parentalité positiv : une approche positive, op. cit., pp. 9-11.
4
, op. cit.
135
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
B)
156. La convergence des deux systèmes vers une coparentalité renforcée durant
Si le modèle français de coparentalité impose aux parents de remplir leur fonction
parentale conjointement et à égalité durant la vie du couple comme à sa dissolution (1), la
étroit entre coparentalité et
état de mariage. Bien que la coparentalité soit encouragée durant la vie commune, les
droits maghrébins
(2).
1
: REC 751 (1975) relative à la situation et aux
responsabilités des parents dans la famille moderne et au rôle de la société à cet égard ; REC 1074 (1988)
relative à la politique de la famille ; REC 1121 (1990) relative aux droits des enfants ; REC 1443 (2000) pour un
internationale ; REC 1501 (2001) sur la responsabilité des parents
REC 1551 (2002) Construire au XXIème siècle une société avec
et pour les enfants, (suivi de la Stratégie européenne pour les enfants (Recommandation 1286 (1996))) ; REC
REC 1666 (2004) Interdire le châtiment
corporel des enfants en Europe ; REC 1698 (2005) relative aux droits des enfants en institution (suivi à la
Recommandation 1601 (2003)) .
2
Cf. le Varsovie, en
mai 2005, nvention des
« Construire une Europe pour et avec les enfants », lancé à Monaco, les 4 et 5 avril 2006.
3
La Recommandation définit en ces termes la parentalité positive : « celle-ci se réfère à un comportement
onsabiliser, qui est non violent et
lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein
développement ».
4
Recommandation REC (2006) 19 du Comité des Ministres au États membres relative aux politiques visant à
soutenir une parentalité positive, adoptée par le Comité des Ministres le 13 décembre 2006 lors de la 983 ème
réunion des Délégués des Ministres.
136
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1- En droit français
157. L Le
beso établir un lien stable et sécurisant a été démontré par
plusieurs études au cours des dernières décennies. Cette stabilité et le sentiment de sécurité
se retrouvent au premier chef auprès de la mère, mais cette place peut être tenue par le père
ou un membre de la famille. La recherche en sciences humaines nous apprend que «
sociales de qualité, d
personnes dans sa propre histoire »1
construire de nouveaux liens que par un travail psychique préalable auprès de ses parents.
Les liens de
remaniement, de nouer des liens nouveaux2. Les chercheurs en sciences humaines insistent
celle-ci se trouve diminuée après les années pré-scolaires. Ces premiers liens sont donc
déterminants dans la construction de la personnalité tout au long de la vie, mais aussi dans
les relations avec autrui -maladroitement ?- juridiquement par
« coparentalité
le professeur DEKEUWER-DEFOSSEZ évoque « la force symbolique des structures
juridiques », la « fonction symbolique et structurante » du droit civil de la famille ou « la
force expressive du Code civil
exprimer en termes juridiques.
158. La coparentalité, symbole ou réalité ? Le principe de coparentalité « innerve
»3. Présente dans le rapport remis par Madame
le professeur Irène THERY en 19984, la coparentalité constituait également un des fils
conducteurs du rapport remis par Madame le professeur Françoise DEKEUWER-DEFOSSEZ.
Celle-ci définit la coparentalité comme «
1
D. VERSINI, artagé
, Rapport annuel de la défenseure des enfants, la
Documentation française, 2006, p. 14.
2
B. CYRULNIK, « », in Lien familial, lien social, M. DELAGE,
P. PEDROT (dir. de), Grenoble, PUG, 2003, pp. 51-58.
3
F. VAUVILLE, « Du principe de coparentalité », LPA, 18 oct. 2002, n° 209, p. 4.
4
I. THERY, : le droit face aux mutations de la famille et de la vie privée,
rapp. precit.
5
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille. Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux
aspirations de notre temps, Rapport au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Paris, La Documentation
française, Coll. des « rapports officiels », 1999, p. 71.
137
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
C. BRIERE, « La coparentalité : mythe ou réalité ? », Rev. dr. san. soc., 2002, p. 567 ; V. aussi : F. BOULANGER,
« Modernisation ou utopie », D., 2002, p. 1571.
2
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Réflexions sur les mythes fondateurs du droit contemporain de la famille », Rev.
trim. dr. civ., 1995, p. 249. Sur la loi pédagogue, cf. J. CARBONNIER, Flexible droit, Pour une sociologie du droit
sans rigueur, Paris, 10ème éd., LGDJ, 2001, spec. p. 155 et s.
3
Entre autres propositions, «
», p. de
leurs droits et devoirs, à
4
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille. Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux
aspirations de notre temps, rapp. precit., p. 13-15.
5
Ibidem., p. 13.
6
Ibidem., p. 12.
7
Ibidem., p. 15.
8
G. DE GEOUFFRE DE LA PRADELLE, « », , Mélanges
TROPER, Paris, Economica, 2006, pp. 441-451.
9
Proposition de loi n° 1856
pas été adoptée, en raison tant de la multiplication des projets en matière familiale
que de leur inaboutissement. La proposition de loi APIE prendra néanmoins une place significative dans les
développements à suivre.
138
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
161. Légiférer « à mots ouverts ». Les normes juridiques « ont une fonction
normative (« orienter les comportements humains ») sur une fonction
4
expressive (« dire les choses bonnes » . À cet égard, Gérard CORNU
considérait le langage du législateur comme déterminant du choix de la législation. Ce
choix permet ression de la règle de droit et correspond à un « parti législatif fondé sur
un parti linguistique »5 pour lequel le législateur manifeste sa préférence. Favoriser
en privilégiant les « paraît essentiel (afin) de ne pas figer
uant par avance une évolution que le législateur
2
: « Les père et
mère exercent Les parents prennent donc ensemble les décisions concernant
décisions importantes relatives à sa santé, sa scolarité, son éducation religieuse et
culturelle et son changement de résidence, informent une indispensable
communication entre orga ».
3
V. ÉGEA, « ? », Rev. dr. fam., 2014, n° 5, alerte 20.
4
D. FENOUILLET, « La parentalité, nouveau paradigme du droit de la famille », art. precit., p. 113, spec. n° 35.
5
G. CORNU, « Le langage du législateur », in , Paris, 1ère éd., PUF, coll.
« Doctrine juridique », 1998, p. 290.
6
Ibidem., p. 290.
139
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
V. infra 212 et s.
2
G. CORNU, « Le langage du législateur », art. precit., p. 291.
3
V. notamment : P. PEDROT, « Les jeux de mots en droit des personnes et de la famille », in Mélanges en
NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 15-21. V. aussi C. LABRUSSE-RIOU, qui
considère les termes de « direction et signification » liés en droit, bien que la prétention positiviste à la neutralité
LABRUSSE-RIOU, « Propos conclusifs. Les procréations médicalement
», Arch. philo. dr., 2014, t. 57, p. 489.
4
Cf. O. DUFOUR, « », LPA, 22 mars 2006, p. 4.
5
P. MALAURIE, « », in Droit civil, procédure, linguistique juridique, Écrits en hommage
à Gérard CORNU, Paris, PUF, 1994, pp. 309-316.
6
L. LEVENEUR, « Le choix des mots en droit des personnes et de la famille », in Les mots de la loi,
N. MOLFESSIS (dir. de), Paris, Economica, coll. « Études juridiques », 1999, pp. 11-29.
7
Selon Gérard CORNU, «
source sublime. Du point où est le législateur, sa voix porte haut et vient de loin », art. precit., pp. 284-285.
8
LEQUETTE, « Observations sur le nominalisme législatif en
matière de filiation », in Études offertes à Geneviève VINEY, Liber amicorum, Paris, LGDJ, 2008, p. 647,
spec. n° 1.
9
développement
».
10
Y. LEQUETTE, « Observations sur le nominalisme législatif en matière de filiation », art. precit., pp. 647-668.
11
Ibidem., p. 648.
12
G. CORNU, art. precit., p. 292.
140
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
141
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
2- En droit maghrébin
1
I. CORPART, « Les dysfonctionnements de la coparentalité », AJ fam., 2009, p. 155.
2
Cass. civ. 1ère, 25 sept. 2013, n° 12-21.118. Cet arrêt réitère la condition de motifs graves
5
:
«e
u à sa mère.
relèvent que le père ne se désintéresse pas de sa fille », Cass. civ. 1ère, 4 déc. 2013, n° 13-10.618.
142
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Pour de plus amples développements, V. infra, n° 481 et s.
2
Selon Madame Danièle GANANCIA, juge aux affaires familiales et vice-présidente du TGI de Paris, « le
litige plus profond, du conflit, tissé de
blessures et de non-dits. Une décision de justice imposée ne suffit pas forcément à ramener la paix entre les
parties. La médiation familiale propose une autre logique, celle du dialogue, de la co-construction, plus
appropriée à un grand nombre de situations familiales ». Cf. C. TASCA, M. MERCIER,
au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et
, enregistré à la présidence du Sénat le 24 février 2014.
3
En ce sens : V. ÉGEA, , Paris, Defrénois,
coll. « Droit&Notariat », 2010.
4
A. LEBORGNE, « La médiation familiale liaux », Rev. Lamy dr. civ.,
2015, supp. n° 132.
5
L. GENET, Conflit conjugal et médiation, Transformer le conflit conjugal de la justice à la médiation, Liège,
éd. Jeunesse et droit, 1998, p. 60.
143
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
lien social rompu par un individualisme effréné »1. Plusieurs rapports officiels relatifs à la
procédure ont été remis au gouvernement et la médiation y est présentée comme un modèle
à promouvoir2. Le groupe de travail présidé par Monsieur le recteur Serge GUINCHARD3
propose de généraliser la médiation familiale à travers la pratique de la « double
convocation ». On compte également le groupe de travail présidé par Monsieur le président
MAGENDIE4. Le 26 février 2014, Madame la sénatrice Catherine TASCA et Monsieur le
sénateur Michel MERCIER
Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement
. Il a été suivi en avril de la même année
par le rapport présenté par Monsieur le président Marc JUSTON intitulé Médiation familiale
et contrats de co-parentalité. Selon le rapport Magendie III, «
t désormais
devienne un mode habituel de règlement des conflits »5. Cette incitation à la médiation
« désengorgement » judiciaire6 et de faveur pour le
dialogue afin de généraliser le processus et en faire un mode « thérapeutique »7 de
règlement des différends. Sa promotion dans les textes connaît une amplification sans
précédent. Pour répondre à ces objectifs, la proposition de loi (APIE) déposée le 1er avril
LE ROUX comporte des dispositions
relatives à la médiation familiale. pourtant, la médiation
nécessiterait une réflexion en soi pour en améliorer ectivité (B). Outre que celle-ci
« ne dépend pas uniquement de », elle demeure intimement liée à
«
professionnelle de chacun de ces acteurs. La médiation est plus un esprit que des textes.
1
J.-C. MAGENDIE, « Loyauté, dialogue, célérité. Trois pri
de justice », Mélanges en
GUINCHARD, Paris, Dalloz, 2010, p. 336.
2
Le système français de médiation est très largement inspiré du système canadien pionnier en la matière. Dès
1974, Monsieur O. J. COOGLER, avocat et conseiller matrimonial met en place le premier centre de médiation
une loi obligeant les parents à rencontrer un
ice de médiation à la
famille est crée le 1er
justice en matière civile et familiale, Ottawa, Canada, rendu public en octobre 2013.
3
S. GUINCHARD, , la Documentation française, 2008.
4
J.-C. MAGENDIE, Célérité et qualité de la justice, La médiation : une autre voie, Rapport issu du groupe de
travail sur la médiation, 2008.
5
Ibid., p. 4.
6
L. CADIET, J. NORMAND, S. AMRANI MEKKI, Théorie générale du procès, PUF, coll. Thémis, 2010, n° 50.
7
FRICERO. Cf. « Le décret du 20 janvier 2012 : vers
une résolution thérapeutique des contentieux familiaux par la procédure participative assistée par avocat »,
AJ fam., 2012, n° 2, p. 66.
144
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
J.-C. MAGENDIE, Célérité et qualité de la justice, La médiation : une autre voie, rapp. precit., p. 23.
2
B. MELIN-SOUCRAMANIEN, « », r du
professeur Jean HAUSER, Paris, Dalloz, pp. 373-383.
3
V. ÉGEA, La fonction de juger dans le droit contemporain de la famille, op. cit., p. 442, spec. n° 691.
4
Juris-Data n° 2004-263748) a
accord des parties s autorité parentale à la mère
et accord, sans
prendre en co Cf. P. MURAT, « La méfiance des juges face aux accords attribuant
», Rev. dr. fam., 2005, n° 5, comm. 101.
5
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille : proposition pour un droit adapté aux réalités et aux
aspirations de notre temps, La Documentation française, 1999.
145
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
M. DOUCHY-OUDOT, Procédure civile, Gualino, 6ème éd., 2014, p. 78, spec. n° 105.
2
Article 373-2-10 du Code civil introduit par la loi du 4 mars 2002.
3
: CA Paris, 2° ch. D., 30 sept. 2004,
JurisData n° 2004-263714. Les juges peuvent aussi enjoindre au couple de procéder à un tel processus avec
obligation de lui en rendre compte : CA Nîmes, ch. civ. 2ème C, 2 mars 2005, JurisData n° 2005-278555.
4
146
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
tenter l
possibilité, de vive voix, au moins de commenter le contenu de leurs lettres respectives »1.
Chaque parent est donc érigé en «
»2. De telles incitations
judiciaires peuvent répandre la culture du dialogue afin de modifier la nature contentieuse
de la conception de la justice. Par ricochet, les parents privil
en abandonnant, au moment de la saisine du juge, vainqueur
parent « perdant ».
170. La CEDH et la médiation. La Cour e
aussi au mouvement de promotion de la médiation. Dans un arrêt du 6 décembre 20113,
elle fait expressément référence à la recommandation du Comité des ministres du Conseil
amiliale. La Cour préconise le recours à ce
améliorer la communication entre les membres de la
assurer la continuité des liens personnels entre les parents et les enfants, réduire les coûts
financiers et sociaux de la séparation et du divorce pour les parties elles-mêmes et pour
les États ». Lombardo c/ Italie -sur une
longue période- d accordant le droit de visite à un des parents est condamnée
par la Cour européenne. Les juges strasbourgeois estiment, compte tenu des circonstances
que, « face à de pareilles situations, les autorités auraient du prendre des mesures plus
directes et plus spécifiques visant à établir du contact entre le requérant et sa fille. En
particulier, la médiation des services sociaux aurait du être utilisée pour encourager les
parties à coopérer et celle-ci aurait dû, conformément aux décisions du tribunal, organiser
toutes les rencontres entre le requérant et sa fille, y compris celles qui auraient dû se
1
CA Bordeaux, 17 déc. 2004, 3ème ch. correc., JurisData n° 2004-281844.
2
V. ÉGEA, La ., p. 95, spec. n° 137.
3
CEDH, 6 déc. 2011, CengizKilic c/ Turquie.
4
CEDH, 29 janv. 2013, Lombardo c/ Italie, § 93.
147
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
refusent la médiation, leur droit à une telle aide peut être refusé. Les juges peuvent
condamner aux dépens la partie -même gagnante- qui a refusé « de manière
déraisonnable » de recourir à la médiation. Aux Pays-Bas, une véritable procédure de
médiation exi
médiation dans le ressort de la Cour, en assurant des déplacements auprès des TGI. Une
véritable structure est mise en place, avec des médiateurs formés et des fonctionnaires
attitrés à la médiation. La loi canadienne oblige les avocats à informer leurs clients sur la
possibilité du recours à la médiation. Le rapport relatif à
civile et familiale1 e de personnes (50%) qui
tente de régler ses problèmes sans représentation juridique. Cette situation constitue un réel
justice. Selon le rapport, il convient de mettre en place une feuille de route en vue
particulièrement « les immigrants, les autochtones, les populations rurales et les autres
raison pour laquelle le système existe ».
1- En droit français
des personnes concernées par des situations de rupture ou de séparation, dans lesquelles un
tiers impartial, indépendant, qualifié et sans pouvoir de décision -le médiateur familial-
de leur conflit dans le domaine familial entendu dans sa diversité et dans son évolution »2.
1
familiale,
et familiale. Une feuille de route pour le changement, Ottawa, Canada, oct. 2013.
2
Travaux et Recommandations du Conseil consultatif national de la médiation familiale, déc. 2004, p. 7.
148
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
exécutoire »2.
174. Définition retenue en droit français. Le législateur se réfère à la définition
plus complète du Conseil national consultatif. La médiation est un « processus structuré,
la dénomination, par lequel deux ou plusieurs parties tentent de parvenir à
un accord en vue de la résolution amiable de leurs différends, ave
médiateur, choisi par elles ou désigné avec leur accord par le juge saisi du litige ». La
proposition de loi (APIE) projette de modifier cette définition, et l
proposition est ainsi libellé : « La médiation familial apaiser le
conflit et de préserver les relations au sein de la famille, est un processus structuré et
confidentiel de résolution amiable d aide du médiateur
familial, tiers qualifié, impartial et indépendant, les personnes tentent de parvenir à une
1
La direct
149
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
175. Transposition de la
directive communautaire en droit interne.
2
transpose la directive européenne du 21 mai 2008
(2008/52) sur la médiation en matière civile et commerciale3,
le 20 janvier 2012 institue un livre 5 au Titre I du Code de procédure civile. La mise en
4
en matière civile et
commerciale voir une culture du dialogue, de la pacification
des conflits, et du renforcement d processus5.
176. Détermination du cadre juridique de la médiation.
transposant la directive communautaire, la loi du 8 février 1995 réglementait la seule
médiation judiciaire6. 1
, la loi
1
A. LEBORGNE, « Le rapport Médiation familiale et contrat de coparentalité et après ? », Rev. dr. fam., 2014,
n° 9, dossier n° 9.
2
Ord. n° 2011-1540 du 16 novembre 2011, J.O, 17 nov. 2011, p. 19286.
3
conciliations menée
de 2011 reprend cette même conception européenne.
4
Plus récemment ont été adoptées la directive UE n° 2013/11 du 21 mai 2013 relative au règlement
extrajudiciaire des litiges de la consommation et le règlement UE n° 524/2013 du 21 mai 2013 relatif au
2015-1033 du 20 août 2015 puis le décret du
30 octobre 2015, pris en application de cette même ordonnance, transposent la directive du 21 mai 2013. Cf.
D. n° 2015-1378, 30 oct. 2015, J.O, 31 octobre 2015, p. 20399.
5
V. ÉGEA, « La médiation familiale : un modèle pour les modes alternatifs de règlement des conflits ? », Rev.
Lamy dr. civ., 2011, p. 4476. C
Droit des Procédures (C.E.R.D.P.) à la faculté de droit de Nice, le 5 avril 2013, La résolution amiable des
différends dans le contentieux familial, L. ANTONINI-COCHIN (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2014.
6
Loi n° 95-
chambre civile de la Cour de cassation qui avait jugé que la médiation avait « pour objet de procéder à la
confrontation respective des parties en vue de parvenir à un accord proposé par le médiateur », ce qui constituait
« ticle 21 du Code de procédure civile ». Cass. civ. 2ème, 16 juin 1993, Bull.
civ., II, n° 211. En raison de son caractère indisponible, le droit de la famille avait été exclu du champ de la
médiation prévue par cette loi. Néanmoins, des mesures de médiation familiale étaient proposées par certaines
2002 atténuera largement cette indisponibilité en permettant au juge de proposer, voire enjoindre, la rencontre
150
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
comme préalable à une modification des dispositions contenues dans une convention
homologuée. Le juge pourra souleve
de reco satisfaite. Cette loi donc directement
dans la politique de développement des modes alternatifs de règlement des conflits
familiaux, en particulier de la médiation familiale.
177. Le renforcement législatif de la spécificité de la médiation familiale. La
médiation familiale représente un aspect
particulier de la médiation fixée pour tous les modes de règlement amiable des différends
. L attention qui est s
volonté législative de lui imprimer une spécificité propre. Lorsque
liale peut prendre deux formes. Si le juge la propose
et que les parties acceptent, un médiateur4 peut être désigné. pas
spécifique à la médiation familiale mais elle est prévue de manière générale par la loi du 8
février 19955. Si les parties n , le juge peut leur enjoindre de rencontrer un
médiateur à titre informatif. Le décret n° 2010-1395 du 12 novembre 2010 précise à titre
expérimental6
entretien de . Les
dispositions contenues dans la convention homologuée sont également précisées sur le
modèle de la double convocation. Cette expérimentation découle directement du rapport
1
Art. 198 de la loi.
2
Les textes antérieurs ne concernaient que la médiation judiciaire. Désormais, un certain nombre de règles
3
Sur cette expérience, cf. L. WEILLER, « La médiation familiale », in Les transformations du contentieux
familial, L. WEILLER (dir. de), Marseille, PUAM, 2012, pp. 59-71 ; V. aussi : M. JUSTON, « Une médiation
familiale peut-elle être imposée au titre du principe de précaution ? », Gaz. Pal., 27 et 28 juil. 2007. Le rapport
dit « Magendie III il
serait contraire à la nature même de la médiation fondée sur la liberté et responsabilisation de ses acteurs, de
».
4
Art. 1071 CPC.
5
Art. 2.
6
151
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
GUINCHARD qui
parentale précédemment fixées par une décision de justice 1. Cette modalité permet aux
parties être informées d u processus de médiation. Lorsque
des parties ou tranche le litige à défaut. L
de la loi n° 2011-1862 du 13 décembre 20112 de allégement
de certaines procédures prévoit, irrecevabilité et à titre expérimental3, que « la
saisine du juge par le ou les une tentative de médiation
familiale ». Cette tentative aurait lieu dans le cadre des décisions « fixant les modalités de
exercice autorité p enfant
ainsi que les dispositions contenues dans la convention homologuée » pouvant être
modifiées ou complétées à tout moment par le juge, à la demande du (des) parent(s) voire
du ministère public. Passer outre cette tentative interdirait le dépôt de la requête et
constituerait une véritable fin de non recevoir 4 e dispositif pourrait
devenir obligatoire avant toute saisine du juge aux affaires familiales aux fins de
e spécificité propre à la
médiation familiale a également été a rapport de Madame la sénatrice TASCA et
Monsieur le sénateur MERCIER qui préconisent une voie médiane à celle adoptée par le
recteur GUINCHARD. Lorsque le magistrat propose la médiation aux parties, une
convocation la médiation pourrait avoir lieu avant
1
S. GUINCHARD, , Paris, La Documentation française, 2008, p. 167.
2
L. MAUGER-VIELPAU, « Aspects familiaux de la loi du 13 décembre 2011 », Rev. dr. fam., 2012, étude 7.
3
ÉGEA, « Médiation
familiale préalable : désignation des juridictions expérimentales », Rev. dr. fam, 2013, n° 7, alerte 42.
4
152
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
plus que jamais des modes de règlement amiable des différends » 8 car leur « véritable
ef »9. Or, la
du litige ».
1
Art. 17 de la proposition de loi.
2
3
D. n° 2015-282 du 11 mars 2015, J.O, 14 mars 2015, p. 4851. V. les commentaires : S. THOURET, « Résolution
amiable des différends : entrée dans une nouvelle ère », AJ fam., 2015, p. 212 ; Y. STRICKLER, « Le décret
n° 2015-282 du 11 mars 2015 relatif à la simplification de la procédure civile à la communication électronique et
à la résolution amiable des différends », Rev. Procédures, 2015, étude 6 ; V. ÉGEA, « Un semestre de droit
procédural de la famille (janvier 2015/juin 2015), Rev. dr. fam., 2015, n° 9, chron. 3.
4
Circ. 20 mars 2015 de présentation du décret n° 2015-282 du 11 mars 2015 relatif à la simplification de la
procédure civile, à la communication électronique et à la résolution amiable des différends
NOR : JUSC1505620C.
5
Art. 56 et 58 du CPC.
6
Pour Monsieur le professeur ÉGEA, la circulaire de présentation du ministère de la justice procède à une
véritable neutralisation de la portée du décret. Dès lors, son succès dépendra tant de la capacité des praticiens du
tentative amiable de résolution du conflit. V. ÉGEA, « Un semestre de droit procédural de la famille (janvier
2015/juin 2015), Rev. dr. fam., 2015, n° 9, chron. 3, spec. n° 4.
7
V. ÉGEA, « Un semestre de droit procédural de la famille (janvier 2015/juin 2015), art. precit, spec. n° 2 et 3.
8
S. THOURET, « Résolution amiable des différends : entrée dans une nouvelle ère », AJ fam., 2015, p. 212.
9
V. ÉGEA, « Un semestre de droit procédural de la famille (janvier 2015/juin 2015), art. precit., spec. n° 4.
153
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
les juges parisiens affirment que « si le recours aux modes alternatifs de résolution des
litiges est favorisé, en particulier en obligeant acte de saisine
de la juridiction, les démarches de résolution amiable précédemment effectuées, le
ayant prévu obligation de préciser les
diligences entreprises en ce sens, aucune nulli éventuelle
absence de démarche a elle soit démontrée au vu des faits
1 2
espèce » .
faculté pour le
guère surprenante. Elle atteste cependant de la principale difficulté de la médiation, tirée de
juges,
1
TGI Paris, 5 fév. 2016, n° 15/38132, AJ fam., 2016 p. 156.
2
i instance et conformément aux
dispositions des art. 56 et 58, des diligences entreprises en vue de parvenir à une résolution amiable de leur
litige, le juge peut proposer aux parties une mesure de conciliation ou de médiation ».
3
Le développement des modes amiables de
règlement des différends, avr. 2015, n° 22, spec. pp. 18-
e
mesuré ». En effet, au TGI de Bordeaux «
-
la faible part des accords de médiation au regard
du volume du contentieux ».
4
Ibidem, p. 44.
154
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
si elles souhaitent bén elle aide, doivent accepter la médiation comme mode
de règlement de leur conflit. ne règle pas toute les dimensions du problème -
ant des ressources des parties- cette alternative incite à
réfléchir à la question d du dispositif.
180. Disponibilité des droits et médiation familiale.
lui permet de prendre place parmi les modes de
résolution amiables des conflits. Malgré la généralité de ce cadre, elle ne semble pas y
trouver une spécificité propre. Largement tributaire de la , la
médiation ne porte pas atteinte aux droits dont
onnance le rappelle bien3. Aussi, les deux textes
ayant introduit la médiation familiale au sein du Code civil4 délimitent de façon impérative
son domai .
181. La possible extension du domaine de la médiation familiale. À la lecture de
21-
dérogé au cadre impératif imposé « sans préjudice des règles complémentaires applicables
à certains types de médiation pe
de médiation pourraient constituer des règles complémentaires au cadre général posé. Ces
règles pourraient être dégagées en abordant la question de la spécificité de la médiation
familiale de façon « inversée -à- -value apportée par le
1
Ibid., p. 44.
2
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « Nouvel essor pour les modes alternatifs et collaboratifs de règlement des litiges en
matière familiale ? (À propos de la médiation obligatoire et de la convention de procédure participative), Rev. dr.
fam., n° 5, mai, 2012, étude 12.
3
Art. 21-
4
Article 373-2-
155
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
homologation. Bienvenue serait une telle mesure dans le règlement des intérêts
patrimoniaux des partenaires notamment. La seule limite à un tel développement de la
médiation porterait sur un accord de soustraire au juge une question qui
5
relève directement de son office du
divorce ou de La spécificité de la
médiation familiale tiendrait davantage à sa pratique cadre juridique la garantissant.
De surcroit, l lui est
le Comité
national consultatif de la médiation familiale et la profession de médiateur familial7. Sur le
6
7
Dont
familial, en structurant la profession et en donnant les garanties de formation.
8
M. DOUCHY-OUDOT, « Le lien familial en dehors du droit civil de la famille la procédure civile », in Le lien
familial hors du droit civil de la famille, I. MARIA, M. FARGE (dir. de), Institut Universitaire Varenne, coll.
« Colloques&Essais », 2014, pp. 131-147.
156
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
mé e
rapport de Monsieur le président JUSTON privilégie la mise en place
par séance et par partie, tout en prévoyant une majoration de vocat.
La dimension financière relative à la prise en charge
dispositif. Pour preuve, le rapport canadien p
la justice en matière civile et familiale rendu public en octobre 2013 fait état du bon
fonctionnement de son système de justice, mais déplore le fossé existant « entre le coût des
services juridiques et ce que la grande majorité des canadiens peuvent se permettre »,
ide juridictionnelle ne concernant que ceux dont les moyens sont extrêmement
modestes. analyse en termes de prise en charge menée
de concert avec le coût engendré par la fréquence des retours devant le juge. C est bien la
preuve que les parties parviennent difficilement à une solution globale et apaisée du conflit
sans la médiation. Le rapport de la Direction générale des politiques internes du Parlement
européen, particulièrement « Droits des citoyens et affaires constitutionnelles » relatif à la
qualification du coût de situations conflictuelles mal réglées révèle que le coût moyen
1
Cf. les articles 1137 et suivants du décret n° 2004-1158.
2
V. ÉGEA ? », art. precit., 4476.
3
N. FRICERO, C. BUTRUILLE- CARDEW, L. BENRAÏS et alii, Le guide des modes amiables de résolution des
différends (MARD), Paris, Dalloz, 2014-2015, p. 214, spec. 233-25.
4
Ibidem., p. 215, spec. 233.31.
157
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
meilleure qualité du système de justice. Toute la mesure du problème de prise en charge est
à sérieusement considérer pour un meilleur développement du dispositif.
Malgré ces données et un engouement certain pour le processus, la médiation ne constitue
de la résolution des conflits considérer à la lumière
mécanismes de règlement amiable des différends familiaux.
1
L. n° 2010-1609 du 22 décembre 2010 relative à «
». Sur ce nouveau mode de résolution
des différends, V. : N. FRICERO, « Qui a peur de la procédure participative ? Pour une justice,
autrement... », in Justices et droit du proc humanisme processuel, Mélanges en
Serge GUINCHARD, 2010, Dalloz, pp. 145-154 ; F. SELL-MACREZ, « Vers la justice
participati ombre du droit », D., 2010. Chron. 2450 ; S. AMRANI-MEKKI, « La
convention de procédure participative », D., 2011. chron., 3007; C. BUTRUILLE-CARDEW, « La place du droit
collaboratif dans les MARC », Rev. Lamy dr. civ., 2011, n° 12, n° 69 ; M. DOUCHY-OUDOT, « La convention de
procédure participative, commentaire de la loi du 20 décembre 2010 », Rev. procédures, 2011, n° 3, mars,
comm. 99; V. LARRIBAU-TERNEYRE, « Nouvel essor pour les modes alternatifs et collaboratifs de règlement des
litiges en matière familiale ? (À propos de la médiation obligatoire et de la convention de procédure
participative), art. precit.
2
S. GUINCHARD, rapp. precit., p. 22.
3
Cett
».
4
M. DOUCHY-OUDOT, Pan. contentieux familial, D., 2013, 798.
5
Art. 2062 du NCPC.
158
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
y est perçu en termes de gain de temps, de moyens
2
et de prévisibilité . du justiciable au processus
judiciaire, cette justice alternative permet « de rechercher une véritable justice de proximité
(qui) passe légitimement par une plus grande participation des intéressés à la solution de
leur litige »3. Réservée aux matières mettant en cause les droits disponibles4 ,
5
elle a été étendue au divorce et à la séparation de corps , la phase contractuelle cédant
ensuite la place à une procédure « formée et jugée suivant les règles du titre VI du livre 1 er
du Code civil »6. , la procédure de droit commun reprend son
cours devant le juge - a été prévu- sans que les
parties soient soumises au préalable de conciliation ou de médiation judiciaires7.
184.
participative. La convention de procédure participative se démarque de manière
significative exclut pas. verse de la seconde, la convention
de procédure participative repose sur un processus structuré établit sur le mode judiciaire -
que le Code de procédure civile distingue nettement8. Sécurisant par la présence
lors de la phase contra accord des parties est rendu
exécutoire par le juge en fin de processus. Alors que la médiation9 est le plus souvent
abandonnée à la volonté des parties et ne constitue pas toujours le tremplin efficace à la
le recours nécessaire aux serv une
convention de procédure participative
de trouver un accord à leur conflit. les parties
une telle convention, devraient pouvoir soumettre un point de leur conflit au processus de
médiation. Elles pourraient notamment décider y avoir recours concernant les modalités
, une fois le conflit conjugal désamorcé grâce à la
convention de procédure participative. La distinction entre le conflit conjugal et le
désaccord parental favoris à la médiation en fin de processus.
Une telle combinaison serait même encouragée, ssant pas les mêmes
fonct médiateur. Formé à une f
1
Cf. L. n° 2009-526 du 12 mai 2009, J.O, 13 mai 2009, p. 7920.
2
Madame le professeur FRICERO exprime ainsi cette prévisibilité, « qui suppose la définition de principes de
159
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
Avant 2004, le juge du divorce statuait sur les éventu
attribution préférentielle et ordonnait la liquidation et le partage des intérêts patrimoniaux des époux (C. civ.,
art. 264-1 dans sa version antérieure à la loi n° 2004- avait aucune compétence sur la
détermination du régime matrimonial ni pour sa liquidation. Au mieux, celui-ci désignait un notaire pour
procéder aux opérations de liquidation et de partage. En cas de désaccord, ce dernier établissait un procès-verbal
des difficultés au tribunal de grande instance, seul compétent pour trancher ces difficultés.
2
seur Pierre MURAT. Cf. la chronique droit de la famille,
J. RUBELLIN-DEVICHI (dir. de), JCP, G, 2016, n° 1-2, 35, spec. n° 4.
3
divorce en 2004, b
des torts. Cf. article 267-1 du Code civil, issu de la loi n° 2004-439 du 26 mai 2004 lequel désignait « le
tribunal » chargé de procéder au partage. article 1115 du Code de procédure civile issu du décret n° 2004-1158
du 29 octobre 2004 prévoit que la proposition de règlement des intérêts pécuniaires et patrimoniaux des époux au
- assignation en divorce, ne « constitue pas une
prétention au sens de l'article 4 ».
4
En vertu de ce texte, « si le projet de liquidation du régime matrimonial établi par le notaire désigné sur le
fondement de l'article 255, 10° contient les informations suffisantes, le juge, à l autre des
époux, statue sur les désaccords persistants entre eux ».
5
Art. 267-1 C. civ.
6
L. n° 2009-526 du 12 mai 2009, precitée.
7
213- organisation judiciaire dispose que « le juge aux affaires familiales (...) connaît
de la liquidation et du partage des intérêts patrimoniaux des époux (...) sauf en cas de décès ou de déclaration
absence ».
8
article 267-1 du Code civil.
160
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
qui souhaitait mettre en place un continuum entre le prononcé du divorce et les opérations
de partage et de liquidation.
Dans ce contexte, une partie de la doctrine a légitimement pu croire à une
nouvelle conception instance en divorce par laquelle le
2
compétences élargi , regroupant les compétences jusque-là dévolues au juge des tutelles,
3
. Or, une circulaire du ministère de
4 5
la Justice maintient la conception duali . B
6
confusions en pratique , aux parties de trouver un accord
amiable avant toute saisine du juge. À défaut, une nouvelle assignation leur permettait de
demander le partage judiciaire de leurs intérêts patrimoniaux. Or, l ambigüité des textes7
conduira la Cour de cassation8 à considérer que le juge
du divorce peut désigner le notaire chargé de la liquidation et du partage des intérêts
patrimoniaux.
186. La mise en péril corrélative de la convention de procédure participative.
la Cour de cassation9 censure par trois arrêts
rendus le même jour la Cour appel toulousaine dans un attendu de principe : « en
refusant ainsi de désigner un notaire, ce qui rendait impossible la mise en oeuvre des
opérations de liquidation et de partage des intérêts patrimoniaux du couple, la cour
1 er
du Code civil affirmait toujours que « le juge, en prononçant le divorce, ordonne la
liquidation et le partage ».
2
En ce sens : V. LARRIBAU-TERNEYRE, « La centralisation des contentieux : le nouveau bloc de compétence du
JAF », in Les transformations du contentieux familial, L. WEILLER (dir. de), Marseille, PUAM, 2012, pp. 19-34.
3
C. BRENNER, D., 2012, 2011. auteur, les difficultés actuelles état des différents
textes, mal coordonnés les uns par rapport aux autres.
4
Circ. CIV10/10, 16 juin 2010 de présentatio article 14 de la loi n° 2009-526 du 12 mai 2009.
5
a pas, au stade du prononcé du divorce, la
faculté « de désigner un notaire aux fins de procéder aux opérations de liquidation et de partage des intérêts
patrimoniaux ou de commettre un juge ».
6
J. COMBRET, N. BAILLON-WIRITZ, « Liquidation et partage après divorce impose »,
Rev. dr. fam., 2013, étude 6; C. BRENNER, D., 2012, 2011, contra, E. BUAT-MENARD, AJ fam., 2012, p 607.
7
spécifique au divorce, cf. J. COMBRET, N. BAILLON-WIRITZ, « Rupture du couple : partage amiable et partage
judiciaire des intérêts patrimoniaux », JCP, N, 2013, n° 17, 1105, spec. n° 60-62.
8
Cass. civ. 1ère, 12 avr. 2012, 11-20.195 ; D., 2012, 2011, note C. BRENNER ; AJ fam., 2012, 403, obs. S. DAVID;
RTD civ., 2012, 519, obs. J. HAUSER.
9
Cass. civ. 1ère, 7 nov. 2012, n° 12-17.394, n° 11-17.377 et n° 11-10.449.
161
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
Spec. n° 11-10.449.
2
Particulièrement, n° 11-17.377.
3
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « La fronde à la circulaire confirmée concernant les pouvoirs liquidatifs du JAF »,
Rev. dr. fam., 2012, comm. 179.
4
L. JUNOD-FANGET, « La convention de procédure participative mise en danger par la Cour de cassation ? »,
AJ fam., 2013, 105; E. BUAT-MENARD, AJ fam., 2012, 607; même revue, 2013, 55, obs. P. HILT; D., 2013, 798,
pan. M. DOUCHY-OUDOT ; du même auteur, Procédures, 2013, comm. 19 ; V. ÉGEA, « Un an de droit procédural
de la famille », Rev. dr. fam., 2013, n° 11, n° 1.
5
V. ÉGEA, , Paris, Defrénois, 2010 ;
Particulièrement, « Un an de droit procédural de la famille », art. precit.
6
E. BUAT-MENARD, AJ fam., 2012, p. 607.
162
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
divorce, ce qui a été fait depuis 1975 pour les causes de divorce en aménageant des
passerell habitude par confettis, on a créé un imbroglio
dont la Cour de cassation cherche heureusement et courageusement à sortir. A est,
globalement, le rôle du juge en matière fami ordre public du
1
ofts hui » . Réitérant la solution
2
consacrée en 2012, la Cour de cassation
sa conc tout-en-un ».
187. : le compromis trouvé. Une nette
dissociation des deux procédures de divorce et de partage devait en conséquence être
opérée afin de permettre une meilleure articulation des deux procédures entre elles, et
permettre à la convention de procédure participative de trouver à Pourtant,
3 4
-la loi du 16 février 2015 ayant habilité le
5
gouvernement à légiférer - tion. Loin de faire
ordonnance
prévoit également un net accroissement des pouvoirs du juge. Ce dernier, en prononçant le
divorce et à défaut de règlement conventionnel par les époux, statue -comme avant- sur les
avance sur part de
6
communauté ou de biens indivis . Il peut également statuer sur les demandes de liquidation
et de partage des intérêts patrimoniaux dans les conditions fixées aux articles 1361 à 1378
du Code de procédure civile7, et le faire office la détermination du
8
régime matrimonial entre époux . Si autrefois le juge était exceptionnellement compétent
1
J. HAUSER, RTD civ., 2013, p. 96.
2
Cass. civ. 1ère, 11 sept. 2013, n° 12-18.512; Bull. civ., I, 2013, n° 164 ; AJ fam., 2013, obs. P. HILT, p. 585; D.,
2014, obs. M. DOUCHY-OUDOT, p. 689. Après la publication de la loi du 16 février 2015: Cass. civ. 1ère, 4 mars
2015, n° 13-19.847.
3
Ordonnance n° 2015-1288 du 15 oct. 2015, portant simplification et modernisation du droit de la famille, J.O,
16 octobre 2015, p. 19304. Pour les commentaires, V. : M. DOUCHY-OUDOT, « La simplification et la
-1288 du 15 octobre 2015 », Rev. procédures, 2016, n° 1,
étude 2 ; S. THOURET, « Réforme du droit de la famille : le juge du divorce et la liquidation », AJ fam., 2015, pp.
598-600 ; E. BUAT-MENARD, « Réforme du droit de la famille : Accords et désaccords », AJ fam., 2015, pp. 600-
601 ; N. BAILLON-WIRITZ, « Liquidation et partage après-divorce -t-il été
entendu ? », Rev. dr. fam., 2016, n° 1, dossier 2 ; Y. PUYO, « Le nouvel article 267 du Code civil : un compromis
entre tradition et innovation », Rev. dr. fam., 2016, n° 1, dossier 3.
4
L. n° 2015-177 du 16 février 2015 relative à la modernisation et à la simplification du droit et des procédures
dans les domaines de la justice et des affaires intérieures, J.O, 17 février 2016, p.
: D. n° 2016-185, 23 févr. 2016, J.O, 25 févr.
2016.
5
Sur le recours aux ordonnances en droit de la famille, cf. P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille,
Paris, LGDJ, 5ème éd., 2016, n° 938, pp. 423-424. Pour les auteurs, un tel recours est contestable,
particulièrement en droit de la famille. Il fait fi du débat de société, « », et met
à mal la représentation populaire.
6
Nouvel art. 267 al. 1er du Code civil.
7
Nouvel art. 267 alinéa 2.
8
: Cass. civ. 1ère, 20 mars
2013, n° 11-27.845; D., 2013, note S. LE GAC-PECH, p. 1451; AJ fam., 2013, p. 388, obs. A. BOICHE.
163
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
pour trancher les désaccords entre les ex-époux au sujet de la liquidation et du partage,
1
lequel peut
désormais procéder à la liquidation Celui-ci se voit donc
2
investi de pouvoirs liquidatifs largement étendus . Cependant, cette compétence est
tributaire du désaccord subsistant entre les parties, par
tous moyens, notamment en produisant un
partage judiciaire indiquant les poin état liquidatif et de
partage établi par un notair 255, 10° du Code civil3.
1
Y. PUYO, « Le nouvel article 267 du Code civil : un compromis entre tradition et innovation », art. precit.,
spec. n° 17.
2 ère
Cf. réce , 25 sept. 2015, n° 14-21.525 ;
Rev. dr. fam., 2015, n° 12, Y. PUYO, comm. 21. La Cour de cassation procède à une stricte application de
pertise judiciaire peut fonder la compétence du juge du divorce pour
trancher le contentieux de la liquidation et du partage. Or, cette solution « appartient peut- histoire du
contentieux familial : cf. V. ÉGEA, « Un semestre de droit procédural de la
famille », Rev. dr. fam., 2016, n° 2, chron. 1, spec. n°
: Cass. civ. 1ère, 10 fév. 2016, n° 15-
14.757; D., 2016, p. 424.
3
Nouvel art. 267, al. 2.
4
THOURET, « Réforme du droit de la famille : le juge du divorce et la liquidation », AJ fam., 2015, pp. 598-600.
5
D. FILOSA, P. SALVAGE-GEREST, V. AVENA-ROBARDET, « Réforme du droit de la famille », AJ fam., 2016,
p. 126.
164
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
2- En droit maghrébin
188.
réel cadre structuré en faveur de la médiation familiale au Maroc ( ). Pourtant, les
189. cadre juridique propre. Bien que le Maroc dispose depuis 2004
un nouveau Code de la famille, celui-ci ne traite pas expressément de la médiation
familiale comme mode indépendant de résolution des conflits familiaux1. Madame le
professeur NAJI EL MEKKAOUI
nouvea de conceptualisation portant sur ce mode de
2
règlement des conflits . xtes à rappeler que « le recours
entraîne la dislocation de la famille et porte préjudice aux enfants »3, mais sans que ne
4
. Il est vrai que le Code prévoit lors de la procédure
1
- publiée au
Journal Officiel n° 5584 du jeudi 6 décembre 2007. Celle-ci abroge les dispositions du Code de procédure civile
. Le texte
Si la conciliation entre les époux aboutit, un procès-verbal est établi à cet effet et la conciliation est constatée par
le tribunal
incombe au tribunal de procéder à la conciliation.
2
R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le référentiel et le conventionnel en
Harmonie, t. 3, De la Réforme de la Moudawana à la concrétisation de son âme, Rabat, 3ème éd., Bouregreg,
2009, p. 70.
3
Ibidem., p. 70.
4
Dans le même sens : K. ALLAOUI, « », in Approche
plurielle des problématiques familiales, Z. ELAMARI (réun. et coord. par), Rabat, Publications de la revue de la
justice civile, t. 2, 2015, pp. 169-175 (en langue arabe).
165
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
Le professeur NAJI EL MEKAOUI souligne que la médiation « a toujours eu place dans la société Islamique à
travers les âges. Au demeurant, le douar, le quartier, la famille étendue, les amis, les Imams, les prédicateurs, les
personn
habilités à faire appel aux arbitres ou se positionner eux-mêmes en tant que médiateur et prévenir la discorde et
es coutumes est confirmé par le taux insignifiant du divorce dans
les sociétés ancestrales ». Cf. R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le
référentiel et le conventionnel en Harmonie, op. cit., p. 324.
2
R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le référentiel et le conventionnel en
Harmonie, op. cit., p. 329.
166
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
avec le justiciable1. En droit maghrébin, le droit de la famille plus que tout autre domaine
-
religieuse . À ce titre, la fonction du juge laisse une place très minime au consensus 3 car
2
ne
r la durabilité de
la relation conjugale. Le référent islamique lui-même préconise le
ssolh nitiatrice. Permettre au
couple de recourir à des séances de médiation aurait pour vertu de le responsabiliser, en lui
1
V. ÉGEA, , Paris, Defrénois,
coll. « Droit&Notariat », 2010.
2
V. infra, n° 421 et s.
3
GANNAGE, « Aperçu comparatif : les pays du pourtour méditerranéen », in
La contractualisation de la famille, D. FENOUILLET, P. DE VAREILLES-SOMMIERES (dir. de), Paris, Economica,
2001, pp. 247-
a un
domaine plus restreint dans les droits religieux internes et peu
des liens
familiaux ». Cf. spec. p. 249.
4
Cf. R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le référentiel et le conventionnel en
Harmonie, op. cit., p. ecourir aux
arbitres ou médiateurs toutes les fois où la discorde entre les époux est à craindre » en vertu du verset coranique
35 de la sourate Les Femmes : « Si vous craignez le désaccord entre les deux (époux), envoyez alors un arbitre
de sa famille à l
entre eux. Allah est certes, Omniscient et parfaitement Connaisseur ». Le même appel divin se retrouve dans un
autre verset (234) de la sourate La Vache : «
décider ».
167
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
parvenir à accord, la rupture est inévitable. La médiation est question de culture judiciaire1,
et tout le défi dans les pays du Maghreb est de promouvoir cette culture de la pacification
dans des sociétés caractérisées par «
surnombre des litiges judiciaires »2. La médiation familiale élément
incontournable saine, efficace et apaisée. Les expériences
étrangères, notamment canadienne, peuvent à ce titre être une véritable source
e en place bute sur les moyens matériels -
modernisation du système judiciaire- et humains formation et réglementation du métier de
médiateur-. Madame le professeur NAJI EL MEKKAOUI suggère de confier la médiation aux
institutions déjà existantes ayant prouvé leur utilité par le passé, telles « le Conseil de la
famille3, les arbitres, la mosquée avec ses différentes composantes, les Conseils des
personnes jouissa
»4. il ne
autorisa
1
V. en ce sens la thèse de A. KERMOUCHE, La nouvelle pratique judiciaire dans le Code marocain de la famille,
Rabat, Publications Al-
2
R. NAJI EL MEKKAOUI, La Moudawana (Code marocain de la famille), Le référentiel et le conventionnel en
Harmonie, op. cit., p. 324.
3
Cette dernière instance, créée par le décret n° 2-94-
moudawana a jamais fonctionné, notamment pour des raisons organisationnelles. Relancée par le
décret n° 2-04-88 du 6 octobre 2005 relatif à la composition et aux attributions du Conseil de famille, cette
ster la Justice dans les affaires familiales (art. 25 al.
2 du CMF) ne connaît que très peu de succès. Selon le professeur NAJI E L MEKKAOUI, celle-
4
Ibidem., p. 330.
168
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Art. 32 du CSP modifié par la loi n° 2010-50 du 1er novembre 2010.
2
D. n° 88.04.2 du 14 juin 2004.
169
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
-ci désigne
conformément au décret. Or, désigner des proches en vue de parvenir à un accord conjugal
r un rôle
déterminant dans le processus de conciliation. Une partie de la doctrine a même argué de la
nécessité pour le juge de motiver le non recours aux services de ce Conseil 2
e Conseil, ou encore les
ineffectivité. Une régénération de ce Conseil dans les missions qui lui ont été dévolues
promotion de la médiation
familiale. Cette régénération passerait par le caractère obligatoire de sa convocation par le
professionnels neutres capables de recueillir la parole des époux dans un espace dédié à cet
effet.
194.
familiale. -Unies pour la femme et en
collaboration étroite avec le ministère de
au Maroc. Le
plan des Nations-Unies (2007-2011), dont un des
significatifs »3
écanisme de médiation et de conciliation opérationnel.
À cette fin, les sections de la famille pilotes du projet ont été les tribunaux de Benslimane,
1
A. KECHBOUR, La nouvelle pratique judiciaire dans le Code marocain de la famille, Rabat, Publications Al-
47 (en langue arabe).
2
Ibidem., p.47.
3
Mais aussi réduire la vulnérabilité des femmes et des enfants, lutter contre la discrimination et renforcer les
capacités des femmes.
170
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Casablanca, Inzegane et Tanger, où des cellules de médiation ont été mises en place afin
ser un cadre de proximité adapté au traitement des conflits conjugaux 1.
ce soient les juges et
procureurs eux-mêmes qui ont assuré la fonction de médiateur, créant une confusion tant
chez les acteurs eux- quant à la réelle signification du
nt été mobilisées les enquêtes socia
acteurs supplémentaires pour alléger le travail du magistrat, celui-ci ne saurait être ce tiers
impartial à rétablir la communication, ni apaiser le conflit existant. Le risque
les juges réduisent ces séances de médiation à une simple
phase de réconciliation, assurent déjà dans le cadre de la procédure de divorce.
D doigt, particulièrement
plan des ressources humaines, de coût engendré par le processus de médiation et
infrastructures. En effet, l un processus de médiation mené au sein même
des sections de la famille -rattachées aux tribunaux de première instance- est patente.
autonome, exclusivement dédié à la justice familiale et a fortiori à
avortement prématuré de
conjugal poursuivi par un tel processus. Pour autant de raisons sans doute, le ministère de
la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a procédé à une visite
sociations familiales (UNAF) (du 28 au 30
-outre
pays- est de permettre une meilleure connaissance de la médiation en France, tant du point
de vue de son dispositif institu associatif. À la fin de la même année (les 7 et 8
décembre 2015) a été organisé à Skhirate un Congrès international sur la médiation
hange sur les bonnes pratiques à partir
était Gageons que le Maroc
puisse adopter, dans les années à venir, une loi promouvant la médiation familiale comme
processus autonome de résolution des conflits familiaux en phase avec les valeurs et
spécificités de la société. Une telle entreprise ne pourra néanmoins se concrétiser que par
u e la culture de la pacification,
réforme du système judiciaire déjà en cours2.
1
En ce sens : K. ALLAOUI, « Vers la mise en place de la médiation familiale au Maroc », in Approche plurielle
des problématiques familiales, Z. ELAMARI (réun. et coord. par), Rabat, Publications de la revue de la justice
civile, t. 2, 2015, pp. 169-174 (en langue arabe).
2
En ce sens, une charte présentant six recommandations a été présentée par la Haute instance du dialogue
national en juillet 2013, disponible en ligne en langue arabe sur le site du ministère de la justice et des libertés.
Disponible en langue française sur le portail juridique et judiciaire du ministère adala.justice.gov.ma
171
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
2
français que par le droit marocain (§1 fonde la coparentalité en
mariage, celle-ci devrait pouvoir se poursuivre même après la séparation du couple. Le
droit français se distingue sur ce point du droit marocain qui promeut une coparentalité liée
à celle-ci se poursuive apr
exclusivement liée à la situation matrimoniale
§2).
BRUNETTI-PONS, « : une
définition possible ? », Rev. Lamy dr. civ., 2011, n° 87, dossier supplément «
».
3
M. DOUCHY-OUDOT, « Les enfants et la séparation des parents », RIDC, 2010, pp. 623-651.
172
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
avec celle du droit musulman, qui privilégie une approche davantage orientée vers ses
droits (2).
1- »
.
doit, sans être imprécise, être large pour être valable quel que soit le domaine concerné et
pour tenir compte de toutes les situations susceptibles de se présenter »6
«l
familial et un entourage sereins et matériellement convenables, de ne pas voir sa santé, son
1
S. RIALS, Le juge administratif français et la technique du standard juridique, Paris, LGDJ, 1980.
2
A. PAPAUX, « Prolégomènes : paradigme pour une appréhension dynamique du droit », in Notions-cadre,
concepts indéterminés et standards juridiques en droits interne, international et comparé, E. CASHIN RITAINE,
E. MAITRE ARNAUD (dir. de), Genève-Zurich, Bruylant, 2008, pp. 3-4.
3
Cité par P. DELEBECQUE, « Standards in civil law systems », RRJ, 1988, p. 872.
4
J. CARBONNIER, « Les notions à contenu variable dans le droit français de la famille », in Les notions à contenu
variable, C. PERELMAN, R. VANDER ELST (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 1984, p. 99. V. aussi, S. FREMEAUX,
« Les notions indéterminées du droit de la famille », R.R.J., 1998, p. 865.
5
C. SANDRAS, , Thèse Paris II, 2000.
6
Ibidem., p. 433.
7
Ibid., p. 434.
173
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
enfant peut avoir à -en fournissant une ligne de conduite au juge lors de son
appréciation-, cette tentative de définition négligerait pourtant le critère de non-
exclusivité. Déjà de mise dans certains domaines1
pourtant pas inutile de le rappeler dans un contexte où est largement répandue
enfant-roi.
200. « » et « nt ». La question portant sur les
droits et son intérêt pourrait maladroitement conduire à considérer que tout ce
qui est de son intérêt devrait être traduisible pour lui en termes de droits à. Or, tout droit
question portant sur la nature de cet intérêt, Monsieur le professeur OST2 relève quatre
caractéristiques pouvant lui être imprimées :
potentialité subversive. Madame TRIBES y ajoute volontiers la neutralité3. Ce dernier trait
de caractère confèrerait « intérêt » une permanence au regard de la diversité des
situations et des époques. La notion résisterait également à la classification, la
systématisation et la définition. Protéiforme, informe mais déforme aussi les
secteurs les plus divers du système juridique par son intense variabilité4. Pour Monsieur le
professeur DABIN constitue une valeur économique ou morale appartenant à son
titula
que la possession du droit5. Pour Monsieur le professeur HAUSER,
élément objectif6. Un début de réponse sur la question semble pouvoir être trouvé dans la
pensée d IHERING qui a clairement distingué intérêt et le droit dans son étude du droit
romain7 principe de droit : «
substantiel
formel, qui se rapporte à ce but uniquement comme moyen, à
savoir la protection du droit, n en justice. Celui-là est le fruit dont celui-ci est
8
» . À partir de cette distinction, IHERING pose la définition selon
laquelle « les droits sont des intérêts juridiquement protégés ». Préalable à ses droits
la finalité des droits subjectifs qui lui sont
1
prénom, de droit de visite,
2
P. GERARD, F. OST, M. VAN DE KERCHOVE (dir. de), Droit et intérêt, Entre droit et non-droit
, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis,
1990, p. 185.
3
A. TRIBES, , Thèse, Paris II, 1975, p. X.
4
P. GERARD, F. OST, M. VAN DE KERCHOVE (dir. de), Droit et intérêt, Entre droit et non-droit
sur , op. cit., p. 185.
5
V. DABIN, Le droit subjectif, Paris, 1952, p. 80.
6
J. HAUSER, , Thèse, Paris, LGDJ, 1971, spec. pp. 61-65.
7
R. VON IHERING, , t. IV, A. Marescq,
1878.
8
Ibidem., p. 326.
174
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
L. MONTILLET DE SAINT-PERN, La notion de filiation en droit comparé, droit français et droit anglais, Thèse,
Paris II, 2013, pp. 265-266, spec. n° 467.
2
C. SANDRAS, , op. cit., pp. 351-365.
3
Chb. réunies, 8 mars 1939, D., 1941, p. 37, note L. JULLIOT DE LA MORANDIERE.
4
M.-P. ROSADO, «
Convention de New York », Rev. Lamy dr. civ., 2006, nov., p. 35, spec. p. 37.
175
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
2- « »
prophète insistant sur la responsabilité incombant aux conjoints dans le choix du partenaire
de vie4. La première phase de la protection
naissance. S pendant le développem de
se développer et de ettre
.
particulièrement faire preuve de tendresse à et le choyer.
socialisation et son éducation, pour lui inculquer les règles morales de conduite et les
valeurs de la société islamique. La sourate coranique qui concentre le plus de versets
Loukmane, dans laquelle est rapporté
spensait à son fils. Après le culte voué à Dieu et la
reconnaissa parents, cette sourate insiste sur le bon
Loukmane y incite son fils à observer la nature autour de lui -car elle constitue « autant de
bienfaits de la part de Dieu »- et à avoir une attitude scientifique, en se fiant à ses propres
observations sans
pas6. Pendant cette période aussi, l
7
. Il est préparé à accomplir ses
pratiques religieuses (prière et jeûne). La dernière étape court de la puberté à la majorité de
1
M. NOKKARI, « »,
Moyen-Orient), L. KHAÏAT, C. MARCHAL (dir. de), Paris, Société de législation comparée, 2008, pp. 33-44 ;
Y. KASSEM, « Rapport égyptien », CAPITANT, Paris,
Economica, 1981, pp. 91-100.
2
M. NOKKARI, « Le statu », art. precit., p. 36.
3
Sourate , verset 2.
4
Le futur conjoint est choisi pour ses qualités morales et physiques. Il est idéalement exempt de toute maladie
5
Sourate La Vache, verset 232.
6
M. NOKKARI, « », art. precit., p. 42.
7
Ibid., p. 41.
176
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
-ci est responsable de ses actes, il accomplit ses devoirs religieux, poursuit
ses études et agit de la meilleure façon avec ses parents. La législation islamique pose
également le principe général de préservation des s faire accroître et
fructifier j Cependant, les droits de
pas seuls considérés, mais une importance capitale est accordée aux
trées autour du respect que doivent les enfants à leurs parents
et dont le Coran rend largement compte1.
204. .
2
Bien que le Maroc ait souscrit aux conventions internationales protégea , les
3
règles juridiques internes crivent indiscutablement dans le cadre islamique. En effet,
ème
le Maroc a adopté, lors du 7 sommet de Conférence islamique tenue
à Casablanca du 13 au 15 décembre 1994, la Déclaration sur les droits et la protection de
dans le monde islamique. Celle-
Suite logique de cette Déclaration, la 32ème Conférence des ministres des affaires
étrangères réunies du 28 au 30 juin 2005 au Yémen adopte le Covenant des droits de
4
1
Sourate 17 Al Israe, verset 23-24. Sourate 31 Loukmane, verset 14.
2
V. A. MOULAY CHID, « Les d
dans les pays arabo-musulmans », in Rec. Cours acad. dr. inter., 1997, t. 268, pp. 1-290.
3
Z. ALHORR, « », in L -
Orient), op. cit., pp. 229-251.
4
Cf. à propos de ce Covenant, M. A. AL-MIDANI
de la Conférence Islamique », flexions, Cahier spécial, Institut de Droits
-135.
5
12
juin 1993, B.O, 19 décembre 1996, n°4440, p. 2847.
6
177
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
205. .
voit reconnaître une autonomie croissante en droit français. La reconnaissance de ses droits
et son association aux décisions qui le concernent selon son âge et son degré de maturité
1-
1
sur la kafala
et sur les enfants abandonnés modifiée par la loi du 13 juin 2002, le Code de la nationalité modifié par la loi du
23 mars 2007 et le Code du statut personnel modifié le 2 avril 2004.
2
M. DOUCHY-OUDOT, « Les enfants et la séparation des parents », art. precit., p. 634.
3
BONFILS, « », in Les transformations
du contentieux familial, L. WEILLER (dir. de), Marseille, PUAM, 2012, pp. 35-40.
4
V. en ce sens : P. MURAT, « : bref
regard critique sur la diversité des situations », Rev. dr. fam., 2006, n° 7, étude 31. Pour Monsieur le professeur
MURAT, «
- -deux manquant de
soudre à en adopter
une nouvelle ».
5
A. GOUTTENOIRE, « », in Le statut
, D. GADBIN, F. KERNALEGUEN (dir. de), Bruxelles, Bruylant,
2004, p. 322 ; M. BRUGGEMAN, « », in La Convention internationale des droits de
, Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2014, pp. 107-120.
6
J. DHOMMEAUX, « rnational »,
, op. cit., pp. 5-30.
7
n° 90-548 du 2 juillet 1990, J.O, 5 juillet 1990, p. 7856. Pour les commentaires de cette loi, V. notamment :
G. RAYMOND, « La Convention des Nations-
178
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
domaines : civil, économique, social ou juridique, à travers le droit qui lui est accordé
« ssant
12 de cette Convention prévoit que « qui est capable de
; les
1
de maturité
mai 20052, la C 3
. À côté de la
CIDE4
5
. Émanant intégrée au droit interne par la
er
loi n° 2007-1155 du 1
dans les procédures6 intéressant enfant7. Lui son
exprimer son opinion8 être assisté par une personne appropriée de son
9
choix dans les pr intéressant .
personnelles concernant les enfants consacre « é
(Convention du 20 novembre 1989), JCP, G, I, 1990, 3451 ; M.-C. RIVIER, « Éléments de droit de la famille
», in
droit de la famille
Lille II, LGDJ, 1996, p. 77 ; C. MEININGER BOTHOREL, « Les apports de la Convention internationale des droits
», Gaz. Pal., 18-20 novembre 2007, n° 322, p. 4.
1
appliquait
non pas aux particuliers mais aux États signataires (Arrêt Le Jeune
facultatif additionnel à cette convention lequel organise une « procédure de présentation de communication ».
de la Convention.
4
LEBORGNE, E. PUTMAN, V. ÉGEA (dir. de), La Convention
de New , Actes du Colloque du 15
janvier 2010 organisé par le Centre de Recherches en Droit Privé Kayser, PUAM, 2012 ; plus récemment :
C. NEIRINCK, M. BRUGGEMAN (dir. de),
particulière, Colloque Institut de droit privé de Toulouse I Capitole, le 22 avr. 2011, Paris, Dalloz,
coll. « Thèmes&Commentaires », 2014.
5
La Convention a été adoptée à Strasbourg le 25 janvier 1996 et signée par la France le 4 juin 1996. La loi
n° 2007-1155 a approuvé la Convention européenne sur l : J.O, 2 août 2007,
p. 12986 ; Rev. dr. fam., 2007, n° 9, alerte n° 73. Cf. le décret portant publication de cette Convention n° 2008-
36 du 10 janvier, J.O, 12 janvier 2008, p. 674 ; Rev. dr. fam., 2008, n° 2, alerte n° 19. Pour une présentation de la
convention, V. : Y. BENHAMOU, «
des enfants », Gaz. Pal., 1995, II, p. 880 ; L. PETTITI, «
droits des enfants », LPA, 3 mai 1995, n° 53, p. 31 ; N. FRICERO, « Ratification de la Convention européenne sur
: une promotion des droits procéduraux des moins de 18 ans ! », RJPF, janv.,
2008, p. 8.
6
C. MARCHAL, « La place », AJ fam., 2009, p. 472.
7
Art. 8.
8
F. ALT-MAES, « Le discernement et la parole du mineur en justice », JCP, G, I, 1996, n° 3913.
9
Art. 2, 3 et 5.
179
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
opinion pour les sujets le concernant en fonction de son âge et de son maturité4. Plus
contraignant, le règlement Bruxelles II bis5 -devenu le droit commun des états membres de
Union européenne- dispose que les décisions sur la responsabilité parentale ne peuvent
être entendu6, le juge étant le garant de
7
enfant est donc une condition même
8
de la c Union européenne .
207. Consacré en droit positif par
la loi du 8 janvier 1993 et généralisé par la loi du 5 mars 200710, le droit à la parole11
9
12
constitue un véritable droit subjectif de . Alors que le juge pouvait,
nfant qui le souhaitait en motivant son
la demande. Cette
possibilité a été généralisée à l -1 alinéa 2 du Code civil : « Cette audition est de
droit lorsque le mineur en fait la demande ». On est bien loin de la simple faculté laissée
aux juges telle que consacrée par la loi du 8 janvier 1993. Néanmoins, la portée de ce droit
1
Convention sur les relations personnelles concernant les enfants, 15 mai 2003, STE n° 192. Convention non
ratifiée par la France.
2
3
JOCE, 18 déc. 2000.
4
Art. 24 de la Charte.
5
Regl. (CE) n° 2201/2003 du 23 nov
décisions en matière matrimoniale et en matière de responsabilité parentale. En ce sens : S. DJEMNI-WAGNER,
« bis
parentale », , D. GADBIN, F. KERNALEGUEN (dir. de),
Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 191-201.
6
Art. 23, b, du règlement.
7
M. DOUCHY-OUDOT, « en droit positif »,
CIDE, Colloque Lille 3 et 4 déc. 2009, LPA, 2010, n° 10, pp. 12-15.
8
Pour une étude, voir : A. RICHEZ-PONS, «
Europe », Rev. dr. fam., 2006, n° 7, étude 32.
9
-
ALT-MAES, « Le discernement et la parole du mineur en justice », JCP,
G, I, 1996, 3913.
10
L. n° 2007-293 du 5 mars 2007 J.O, 6 mars 2007, p. 4215.
11
V. Le dossier consacré à « AJ fam., 2014, n° 1.
12
P. BONFILS, A. GOUTTENOIRE, Droit des mineurs, Paris, Dalloz, coll. « Précis », 2014, n° 1152, p. 692.
180
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
-
2
1 du Code civil. Le décret n° 2009-572 du 20 mai 2009 fixe les modalités procédurales
article 388-1 du Code civil. Le régime du recueil de
la -1 à 338-13 du CPC. Pour la première fois3
Dorénavant, le mineur capable de discernement est informé de son droit à être entendu et
4 5
.
6
. Cette audition doit donner lieu à un compte
7
audition , les propos tenus par
tenu de motiver sa décision sur leur fondement. Le décret clarifie également les demandes
parents. En effet, le juge peut rejeter la
»8.
208. . -1 alinéa 3 du
Code civil, «
son degré de maturité
ce droit . Cependant, la loi du 5 mars
388- la formule selon
1
-297 du 14 mars 2016
J.O plémentaire et
dispose que « le mineur capable de discernement est entendu par le tribunal ou, lorsque son intérêt le commande,
par la personne désignée par le tribunal à cet effet. Il doit être entendu selon des modalités adaptées à son âge et
à son degré de matur être entendu, le juge apprécie le bien-fondé de ce refus. Le
mineur peut être entendu seul ou avec un avocat ou une perso
intérêt du mineur, le juge peut proc une autre personne ».
2
D. n° 2009-572, 20 mai 2009, J.O, 24 mai 2009, p. 8649. V. : M. DOUCHY-OUDOT, «
justice », Procédures, 2009, n° 8, étude 7, pp. 6-9.
3
P. BONFILS, A. GOUTTENOIRE, Droit des mineurs, op.cit., n° 1150, p. 691.
4
La Cour de cassation a précisé que cette information incombait à ses parents : Cass. civ. 1ère, 28 sept. 2011,
n° 10-23.502, comm. M. DOUCHY-OUDOT, Procédures, 2012, n° 1 est pas obligé de
convoquer systématiquement tout mineu
été informé. En ce sens : Cass. civ. 1ère, 26 juin 2013, n° 12-17.275, comm. C. NEIRINCK, Rev. dr. fam., 2013,
n° 9, comm. 118.
5
Cass. civ. 1ère, 24 oct. 2012, n° 11.18-849, comm. M. DOUCHY-OUDOT, Procédures, 2012, n° 12, comm. 358;
C. NEIRINCK, Rev. dr. fam., 2013, n° 1, comm. 9. Est censurée yon qui refuse de faire droit à
-
Au- idiction
-
procédural absolu au
6
Cass. civ. 1ère, 28 janv. 2015, n° 13-27.603.
7
Cass. civ. 1ère, 22 oct. 2014, n° 13-24.945.
8
Art. 338-4 al. 2 CPC. En ce sens : CA Rennes, 18 déc. 2012, RG n° 11/05482.
181
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
laquelle « -fondé de ce
1
refus »
de la décision qui le concerne
que cette affirmation « »2.
Utilisé à outrance, le droit à la parole peut conduire à diluer les prérogatives parentales, ce
donc à la
jurisprudence de faire preuve de prudence afin de ne pas systématiquement convoquer un
enfant pour le faire parler3, car ce sont moins les sentiments qui intéressent le
juge que ses conditions de vie, et la manière dont elles pourraient être modifiées par sa
-notamment au
moment de la séparation-
raison de la faiblesse et la vulnérabilité inhérente à sa personne. Un tel pouvoir donné à
- -
sation4
adultes qui en font leur arme de combat.
concerné voulait entendre. Cette situation justifie que les parents puissent taire
. Le décret du 20
5
mai 2009 précise à cet égard que le compte rendu doit être fait « dans le respect de
lieu de faire une restitution intégrale des propos du mineur. Le juge peut se contenter de
faire une synthèse de ce qui lui paraît utile pour la décision finale et passer sous silence ce
qui pourrait
-
souverainement apprécié p dégradation de la situation, la
au regard de la
xpert A..., la mère étant dans une quête maladive
fille commune »
et de la personnalité paranoïaque de la mère. Ces éléments, selon la CA de Lyon, expliquent par conséquent le
ère
audition, mais au civ., 5 mars 2014, n° 13-
13.530.
5
D. n° 2009-572 du 20 mai 2009 enfant en justice, precit.
182
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
. Le couple,
ces conditions, et bien que le juge soit conscient de la pression familiale et du manque de
2
. Le rapport sur
3
en justice, déposé par le Défenseur des droits au Président de la république regrette une
certaine forme de sacralisation
fonction du développement du mineur et de son cadre de vie 4
raison que la proposition dudit rapport -à laquelle se rallie le rapport de Monsieur
ROSENCZVEIG5 pour qui « doit pouvoir donner son avis »- de reconnaître une
présomption de discernement à tout enfant qui demanderait à être entendu7 devrait être
6
nuancée,
8
.
209. Si la notion de
discernement - enfant ait
acquis suffisamment de maturité pour comprendre une situation, penser par lui-même et
exprimer ses propres désirs. Centrale, cette condition relève du pouvoir souverain
appréciation des juges du fond 9. En pratique pourtant, il leur es apprécier si
10 11
elle est satisfaite . aucun secours , les juges ne sont au
1
M. JUSTON, « Les enfants peuvent ils faire la loi ou dire leurs besoins ? », AJ fam., 2009, p. 320 ; M. JUSTON,
« : enfant-roi, enfant-proie ? », Gaz. Pal., 16 mars
2013, n° 75, p. 11.
2
J. BIGOT, « ffaires familiales », AJ fam., 2009, p. 324.
3
F. EUDIER, « et sa parole en justice dans le rapport 2013 du Défenseur des droits », RJPF, 2014, n° 1.
4
Rapport du Défenseur des droits, précit., p. 18 et s.
5
J.-P. ROSENCZVEIG, De nouveaux droits pour les enfants, rapport du groupe de travail remis à madame
Dominique BERTINOTTI le 29 janvier 2014, p. 126.
6
Cette présomption de discernement remédierait ainsi aux « déceptions et inégalités de traitement chez les
enfants qui demandent à être entendus ». Cf. Rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles,
1856, p. 123.
7
Proposition n° 1, rapp. precit., p. 7.
8
La proposition de loi envisage de supprimer -par souci de clarté allégué- la condition actuelle tenant à sa
-1 «
degré de maturité ».
9
Cass. civ. 1ère, 12 avr. 2012, n° 11-20.357 ; D., 2012, obs. A. GOUTTENOIRE, P. BONFILS, p. 2267.
10
P. BONFILS, A. GOUTTENOIRE, Droit des mineurs, op. cit., n° 1178, p. 705 ; F. ALT-MAES, « Le discernement
et la parole du mineur en justice », JCP, G, I, 1996, 3913.
11
En ce sens : Cass. civ. 1ère, 18 mars 2015, n° 14-11.392. La Cour de cassation censure la décision des juges du
183
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
manuscrite. Pour la Haute juridiction, « en se bornant à se référer à l âge du mineur, sans expliquer en quoi celui-
était pas capable de discernement, et par un motif appel a
privé sa décision de base légale ». AJ fam., 2015, note S. THOURET, p. 282; Rev. dr. fam., 2015, n° 6, comm. 123,
A.-C. REGLIER; même revue, 2015, n° 9, chron. V. ÉGEA ; D., 2015, obs. P. BONFILS, A. GOUTTENOIRE, p. 1919;
RTD civ., 2015, obs. J. HAUSER, p. 352.
1
Décision du Défenseur des droits, 12 nov. 2012, n° 2012-158, RJPF, 2012, obs. F. EUDIER, p. 37.
2
V. AVENA-ROBARDET, « : un casse tête pour les juges », AJ fam., 2007, p. 371.
3
L. BRIAND, « », AJ fam., 2014, p. 22.
4
P. BONFILS, A. GOUTTENOIRE, Droit des mineurs, op. cit., n° 1180, p. 707.
5
Cass. civ. 1ère, 22 nov. 2005, n° 03-17.912, D., 2006, note F. BOULANGER, p. 554 ; D., 2006, obs. DOUCHY-
OUDOT, pan. p. 2436 ; D., 2005, IR, 3036, obs. GALLMEISTER ; Rev. dr. sanit. soc., 2006, obs. BRUGGEMAN,
p. 349 ; RTD civ., 2006, obs. J. HAUSER, p. 101.
6
Art. 338-9, al. 2 du C. proc. civ.
7
Cf. J.-C. MAGENDIE, Célérité et qualité de la justice, La médiation : une autre voie, Rapport issu du groupe de
travail sur la médiation, 2008.
8
V. cependant CEDH, 3 sept. 2015, M. et M. c/ Croatie, n° 10161/13 ; JCP, G, I, 2016, n° 3, 65, F. SUDRE. Dans
cette affaire, il semblerait que la Cour européenne étend -jusque-là reconnu aux parents-
être partie au processus décisionnel débouchant sur le litige entre les parents.
personnelle des adultes, dont le droit de « choisir comment mener sa propre vie
loppement de sa
(§ 171). La Cour
-ci ayant une maturité suffisante
pour exprimer son opinion, sans avoir pu faire connaître avec lequel de ses parents elle souhaitait vivre. La Cour
184
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
deux parents, censés offrir la garantie inconditionnelle de leur soutien et présence, sont
démissionnaires. Ce « déni du réel »1
pour le
recourir2
3
, la question de l lité de la
mesure et son opportunité ne manquent de se poser. La plupart des juges reconnaissent que
à cette fin, on
donnera notamment
-
comme le droit pour le mineur de solliciter une audition, et
4 5
. Le Comité des dro a
ème
a 51 session organisée du 25 mai au 12 juin 2009 à Genève, une
observation générale6 relative à
Celle-ci précise que «
intègre ensuite article 12 de la CIDE (§§ 171, 181) garanti enfant « capable de discernement le droit
exprimer librement son opinion sur intéressant » (§ 1), notamment « être
entendu dans toute procédure intéressant » (§ 2), aux exigences procédurales de
.
1
de Monsieur le professeur J.-L. RENCHON, «
», HAUSER, Paris,
Dalloz, 2012, p. 616.
2
En ce sens, un juge a très justement r
éléments suffisants pour statuer âgée de
seulement 7 ans, devait être le plus possible préservée du conflit parental. Cass. civ. 1ère, 16 déc. 2015,
n° 15-10.442 ; AJ fam., 2016, S. THOURET, p. 102.
3
Cf. Cass. civ. 1ère, 24 oct. 2012, n° 11.18-849, comm. C. NEIRINCK, precit., n° 103.
4
Art. 338-5 al. 1 CPC.
5
iller à la bonne application de la CIDE.
6
nt, Observation générale n° 12, 2009, , 51ème
session, 25 mai-12 juin 2009, Genève, disponible en ligne.
185
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
situations, la meilleure des réponses pour lui. Faire du « sur mesure » paraît être
préférable2. Un enfant a besoin de parents adultes responsables, capables de réaménager
leurs rôles respectifs quand ils se séparent,
enfant aux décisions à prendre.
211. La
3
reconnais favorise
permettant son association au processus judiciaire. Ce qui est recherché actuellement pour
il de
2- en droit français
1
Observation générale n° 12, 2009, precit., p. 8.
2
Cf. Cass. civ. 1ère, 5 mars 2014, n° 13-13.530, precit., n° 105.
3
A. GOUTTENOIRE, « : un statut en devenir », AJ fam., 2003, p. 368.
4
M. JUSTON, « », Rev. dr. fam., 2008, n° 3, étude 10.
5
D. GANANCIA, «
de la médiation familiale », AJ fam., 2009, p. 333.
6
CA Paris, 10 fév. 2000, n° RG 98/25682 ; CA Rennes, 29 janv. 2001, n° RG 99/06856.
186
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
du père ayant multiplié les démarches et procédures pour voir son enfant, prospérer pour
faire échec au maintien du lien entre le père et son enfant 1. La Cour de cassation opère un
contrôle rigoureux sur les décisions des juges du fond qui ne caractériseraient pas
2
rait .
Surtout, la Haute juridiction les juges du fond qui ne répondent pas
autorité parentale3
Montpellier a pu
considérer que «
. Exceptionnelle, une telle mesure est réservée par les juges dans les cas les
5
plus graves . Pour autant, le p
1
TGI Bordeaux, 15 sept. 2009, cité par A. GOUTTENOIRE, « Autorité parentale : exercice », in Droit de la
famille, P. MURAT (dir. de), Paris, Dalloz-Action, 7ème éd., 2016-2017, n° 234.63, spec. p. 984 ; Rapp. de CA
Douai, pour qui l -
ci : CA Douai, 24 mars 2011, n° RG 10/05424. V. néanmoins, dans le cadre de violences conjugales allant
re : CA Paris, 26 sept. 2013, n° RG12/02389, RJPF, 2013,
n° 12, p. 38.
2
Cass. civ. 1ère, 4 juil. 2006, n° 05-17.883, Bull. civ., I, n° 339; Rev. dr. fam., 2006, comm. 188, P. MURAT; Cass.
civ. 1ère, 8 juil. 2015, n° 14-22.101. Dans cette espèce, le père ayant incidemment appris le déménagement de la
décision ayant accueilli sa demande. Censurant les juges du fond, la Cour de cassation rappelle que le non
laquelle la mère
pas avoir répondu « aux conclusion de Mme X.
» : Cass. civ. 1ère, 23 sept. 2015, n° 14-25.027.
3
Cass. civ. 1ère, 8 juil. 2015 précité ; Cass. civ. 1ère, 23 sept. 2015 précité.
4
CA Montpellier, 24 juin 2008, n° RG 07/06728.
5
A. GOUTTENOIRE, « Autorité parentale : exercice », in Droit de la famille, op. cit., n° 234.72, spec. p. 987.
187
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
relations personnelles avec lui, sauf motifs graves 1. Lorsque les juges considèrent que le
ant avec le parent constitue pour lui une menace
suspendre leurs relations personnelles notamment
sa fillette de neuf ans. Celui-ci
faisai rtement agressif et injurieux et manifestait un désintérêt total
envers son enfant. Les juges du fond ont donc limité, dans de telles conditions, le droit de
nt de tout danger2,
susceptible de nuire à son intérêt. Le désintérêt du père permet également de confier
3
principe de codécision pour diverses démarches importantes de peut justifier une
limitation de la coparentalité.
4
7
le cas du père qui, de . Il
relative à la question que les juges sont tenus à une
1
P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille, Paris, LGDJ, coll. « Droit civil », 5ème éd., 2016, n° 1604,
p. 711.
2
CA Grenoble, 16 juil. 2014, n° RG 13/04267, RJPF, 2014, n° 10, p. 28.
3
CA Paris, 2 avr. 2015, n° RG 13/13891, RJPF, 2015, n° 4, p. 28.
4
CA Rouen, 19 oct. 2006, n° RG 05/03247.
5
CA Bordeaux, 21 mars 2001, n° RG 99/02805, JCP, G, I, obs. H. BOSSE-PLATIERE, p. 332. V. récemment, sur
stafaris, sur
13/06647.
6
CA Bourges, 16 janv. 2014, n° RG 13/00287.
7
CA Poitiers, 21 nov. 2010, n° RG 9902692.
8
oit marocain, infra, n°
9
CA Grenoble, 31 janv. 1996, JCP, G, IV, p. 2221.
10
CA Limoges, 13 juin 1991, JCP, G, IV, 1992, p. 1113.
188
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
214.
toujours susceptibl
parents. En tête de liste des éléments que le JAF doit notamment prendre en compte en
-2-11 du Code civil, figure la pratique antérieurement suivie par le
couple o
-2-11 du Code civil dont le juge doit tenir compte dans les
-1- me le
droit à la parole du mineur en incitant le juge à « aller au- pour connaître
1
ses sentiments » -
manière indirecte2
3
.
De la même manière, le juge ne peut soumettr
4
.
3-
215.
Code de la famille insiste sur la prise en compte de
102 ancien du même Code, après avoir mené une enquête sociale a à bon droit rejeté la
demande du père. La Cour
juridictions du fond apprécient selon leur p
étant mieux satisfait avec sa mère, son beau-père et sa demi
1
A. GOUTTENOIRE, « Audition du mineur », in Droit de la famille, op. cit., n° 236.51, spec. p. 1046.
2
nquête sociale notamment : Cass. civ. 2ème, 14 janv. 1998, n° 96-15.327.
3
Cass. civ. 1ère, 7 oct. 1987, Bull. civ., II, n° 190; Cass. civ. 1ère, 6 mars 2013, n° 11-22.770; Rev. dr. fam., 2013,
comm. 70, obs. C. NEIRINCK; Cass. civ. 1 ère, 28 mai 2015, n° 14-16.511; Cass. civ. 1ère, 10 juin 2015, n° 14-
12.592, RTD civ., 2015, obs. J. HAUSER, p. 600.
4
Cass. civ. 1ère, 28 mai 2015, n° 14-16.511; D., 2015, 1207; AJ fam., 2015, obs. S. THOURET, p. 399; RTD civ.,
2015, obs. J. HAUSER, p. 600.
5
Cour supr. maroc., 9 mai 2007, n° 254, dossier n° 181/2/1/2005.
189
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
harmonieuse auprès de son père depuis quatre ans, tandis que la mère, remariée à un non
scolarité. Le père remarié, ayant eu deux enfants de sa nouvelle épouse ne leur a jamais
rendu visite, -ci ne reconnu3.
216. Le droit marocain ne consacre
comme un droit de ce dernier dans les
procédures le concernant en cas
choisir lequel de son père ou de sa mère assumera sa garde ». Le choix est donc laissé,
cien du
la Haute juridiction affirme avec vigueur que la mère ne saurait être déchue de son droit de
».
1
Cour supr. maroc., 9 mai 2007, n° 263, dossier n° 299/2/1/2006.
2
Cour supr. maroc., 22 fév. 2006, n° 115, dossier n° 386/2/2/2005.
3
Cour supr. maroc., 29 nov. 2006, n° 679, dossier n° 326/2/1/2005.
4
Cour supr. maroc., 31 mai 2006, n° 348, dossier n° 627/2/1/2004.
5
Cour supr. maroc., 7 nov. 2007, n° 566, dossier n° 362/2/1/2007.
190
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
217. es critères de « »1
de la mère.
2
, la jurisprudence marocaine déchoit la mère de son
-
173 du Code de la famille. Parmi celles-
enfant à la mère, pour la
confier par ordre de priorité au père ou aux grands-parents maternels3
défendue est que le mauvais comportement de la mère constitue un motif grave pouvant
te juridiction offre régulièrement
4
, et ne manque de rappeler que la
5
.
§2)
pas (A). Malgré les nombreuses incitations du droit français et européen en sa faveur, la
coparentalité montre rapidement les limites inhérentes à la séparation (B).
internationaux dûment ratifiés par le Royaume, et ce, dans le respect des dispositions de la
1
Article 173 2°, CMF.
2
V. supra, n° 213.
3
Art. 171 CMF.
4
Cour supr. maroc., 20 janv. 2008, n° 34, dossier n° 20/2/2/2007 ; Cour supr. maroc., 20 fév. 2008, n° 94,
dossier n° 519/2/1/2007 ; Cour supr. maroc., 8 oct. 2008, n° 460, dossier n°509/2/2/2007. Pour un cas de
prostitution : Cour supr. maroc., 12 juil. 2006, n°456, dossier n° 99/2/2/2006 réitéré par Cour supr. maroc., 18
avr. 2007, n° 216, dossier n° : Cour supr. maroc., 4 janv. 2006, n° 18,
dossier n° 485/2/12005, réitéré par Cour supr. maroc., 26 sept. 2007, n° 475, dossier n° 215/2/1/2007. Pour un
cas de vol : Cour supr. maroc., 4 oct. 2006, n° 561, dossier n° 142/2/1/2006.
5
Cour supr. maroc., 1er nov. 2006, n° 602, dossier n° 124/2/1/2006.
191
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
220. La
1
M. NOKKARI, « »,
Moyen-Orient), Actes du colloque du 14 janvier 2008 à la Cour de cassation, Paris, société de législation
comparée, 2008, pp. 33-44.
2
F.-Z. ABDELLAOUI, « »,
musulman (Afrique, Moyen-Orient), Actes du colloque du 14 janvier 2008 à la Cour de cassation, Paris, Société
de législation comparée, 2008, pp. 345-358.
3
Article 164 CMF.
4
La garde est confiée en premier lieu à la mère, puis au père, puis à la grand- .À
défaut, le tribunal décid « un des proches parents les plus
». La Tunisie a progressivement transformé le schéma classique de la garde par trois lois
successives. La loi n° 66-42 du 3 juin 1966 fait
maternelle. La loi n° 81-7 du 18 février 1981 permettra à la mère gardienne de saisir le juge afin de se voir
93-
74 du 12 juillet 1993 fait de la mère une quasi tutrice légale en lui permettant la gestion des comptes financiers
de ses enfants, leurs voyages ou encore leurs études.
5
Article 166 CMF.
6
Art. 231 et 238 CMF. La mère titulaire du droit de garde ne peut se charger des intérêts patrimoniaux de
absence du père et, « en cas de nécessité, s e
compromis », cf. art. 163.
192
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
parent sont, à ce titre, significatives de la limite du principe de coparentalité dans toutes les
situations (1
bstacles à un exercice effectif de la coparentalité (2).
1
en cas
de quinze ans révolus, choisir lequel de son
père ou de sa mère assurera sa garde ».
2
F. BOULANGER, «
», in Mé CHAMPENOIS,
Paris, Defrénois, 2012, p. 70.
193
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1- Coparentalité et incarcération
ressent, au risque d ner son identité paternelle. Cette double identité ne favorise
pas le maintien du lien parental qui se trouve ) et qui peine
à se reconstruire lors de la libération ( ).
223. L -2 alinéa 1 du
Code civil, disposant que « la séparation des parents est sans incidence sur les règles de
autorité parentale aussi aux relations familiales du détenu.
2
.
-après CEDH) opte pour la même solution et
parentale3
carcérale4 du fait de la séparation phys bien que
1
DOURIS,
P. ROMAN, Liens familiaux et détention, Comment être parent en prison. Un défi aux institutions, Journée
V. aussi : M. HERZOG-
EVANS, Droit pénitentiaire, Paris, Dalloz Action, 2012-2013, spec. Vie privée et familiale, n° 411-462.38 ;
V. aussi , Dalloz, 2010.
2
légitime. En ce sens : CEDH, 28 sept. 2004, Sabou et Pircalab c/ Roumanie, req. n° 46572/99.
3
CEDH, 24 fév. 1995, Mc Michael c/ Royaume-Uni, req. 16424/90.
4
194
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
bien loti que la personne condamnée pour ce qui touche au droit de correspondance. Une
personne condamnée jouit de la faveur des dispositions légales qui lui permettent de
maintenir un contact avec les membres de sa famille, y compris est sanctionnée
4 5
disciplinairement ou placée en isolement . Une telle différence de traitement vient du fait
que en termes généraux à
toute correspondance du prévenu y compris avec ses proches, sans que cette interdiction
ait le moindre lien avec les besoins de , et sans non plus que le moindre
6
recours soit aménagé . Il peut ainsi être interdit au prévenu de communiquer durant dix
jours renouvelables avec un des membres de sa famille. Prévue de façon extrêmement
large, cette interdiction le prive de toute correspondance reçue ou envoyée7. À cet égard, le
1
Circ. -1436 du 24 nov. 2009 pénitentiaire,
relatifs à la correspondance téléphonique et à la correspondance écrite des personnes détenues, NOR :
JUSK1140028C.
2
».
3
Cf. D. FENOUILLET, « La coparentalité, nouveau paradigme de la famille contemporaine », Arch. philo. dr.,
Dossier « La famille en mutation », t. 57, 2014, pp. 95-122.
4
Art. R. 57-7-45 al. 2 C. pr. pén.
5
Art. R. 57-7-62 al. 3 C. pr. pén.
6
Art. R. 57-8-16 du C. pr. pén.
7
Art. 145-4 C. pr. pén.
195
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
téléphone2 -à ses frais- le prévenu ne bénéficie de cette faculté que depuis la loi
pénitentiaire n° 2009-1436 du 24 novembre 2009. En dépit de la possibilité pour le
prévenu de maintenir un lien familial téléphoniquement, cette faculté est soumise à
puisse pour
des motifs liés au maintien du bon ordre et de la sécurité ou à la prévention des infractions
». Par ailleurs, l
à internet est formellement interdit par une circulaire du 13 octobre 20093.
225. Prééminence du droit pénitentiaire sur le droit de la famille. Une autre
illustration topique du traitement moins favorable du prévenu découle de la restriction de
absolu » aux visites4, les dispositions
légales sont largement favorables au condamné, à moins que ne soient en cause des
considérations tenant au « maintien du bon ordre et de la sécurité ou à la prévention des
infractions »5. L rappelle qu evient à
délivrant le permis de visite à un membre de la famille un mois
durant, sans aucune explication. utorité judiciaire
6
est
famille. Ceux-ci , dont
l est insusceptible de recours. Lacunaire, le texte ne précise pas quelles
la Cour de
sur la question. n arrêt remarqué,
la première chambre civile a considéré appartient au JAF « lui-même de définir les
1
, precit., spec. pp. 141-142.
2
L. n° 2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, J.O, 7 mars 2007, p. 4297.
3
Circ.
NOR : JUSK0940021C.
4
Comm. EDH, 21 mai 1975, X. c/ Royaume-Uni. La limitation du droit de visite peut concerner la femme du
détenu lorsque cette limitation est nécessaire à la sécurité publique.
5
Art. 35 de la loi pénitentiaire.
6
Art. 145-4 C. pr. pén.
196
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
éta . Pour la Cour de cassation, il revient donc au
déterminer la
2
périodicité . Quoi eut aucun effet sur les autorités pénitentiaires.
Le droit de visite du parent détenu, bien que fixé par décision de justice du
demeure pas moins soumis dans ses modalités aux contraintes et réalités du milieu
carcéral.
226. Une alternative envisageable ? Madame le professeur HERZOG-EVANS3
, rrait se rendre seul au parloir
ou, à tout le moins, disposer de son propre permis de visite. Si une vieille circulaire du 6
7
de 16 ans
m - -épouse de passer des heures dans
un établissement pénitentiaire chaque semaine lorsque celle-ci a refait sa vie ou ne réside
8
plus dans la même ville . Certains juges
1
Cass. civ. 1ère, 6 déc. 2005, n° 04-19.180, Bull. civ., I, n° 464 ; RTD civ., 2006, obs. J. HAUSER, p. 105;
Defrénois, 2006, obs. J. MASSIP, 1066; D., 2006, note M. HERZOG-EVANS, p. 2149; Rev. dr. fam., 2006, n° 27,
note P. MURAT.
2
Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, n° 06-11.674, Rev. dr. fam., 2007, n° 5, comm. 105, note P. MURAT.
3
M. HERZOG-EVANS, « La stabilité de la relation parentale en cas de séparation forcée. Le cas du droit
pénitentiaire », in La complémentarité des sexes en droit de la famille, C. BRUNETTI-PONS (dir. de), éd.
Mare&Martin, 2014, p. 281.
4
Circ. AP, 20 fév. 2012, relative au maintien des liens extérieurs des pe
: JUSK1140029C.
5
3°-2-1 de la circulaire. Il nous semble néanmoins que cette disposition relève plus du symbole que de
6
Néanmoins, la circulaire précise (3°-2-
personne majeure aux parloirs sous trois conditions strictes et cumulatives : le mineur doit être au moins âgé de
7
V. en ce sens : CA Rennes, 2 juin 2015, n° 14/00317
eil mensuel arrêt un
membr enfant qui lui voue « une véritable un
une association est rejeté par la cour qui suspend le droit de visite du père en raison de sa « fragilité ».
AJ fam., 2015, note M. SAULIER, p. 401.
8
(entre une demi journée et une journée), le coût financier du déplacement peut aussi être un paramètre
déterminant (transport, restauration voire hébergement).
197
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
du fond ont parfois statué en ce sens1, mais la question demeure entière. Des associations,
notamment des Relais enfants-parents (REP)
bénévole des enfants au parloir, une alternative ponctuelle lorsque le
2
.
227. L
1
CA Paris, 12 juin 1987, Gaz. Pal., 1988, somm., p. 355.
2
Sur ces REP, V. le de liberté, precit.,
pp. 194-195.
3
CEDH, Golder c/ Royaume-Uni, 21 fév. 2008, Req. n° 4451/70 ; M. HERZOG-EVANS, Rép. dr. pén. et de proc.
pén., n° 461. Le droit au respect de la vie familiale du détenu a été posé pour la première fois en 2000 : CEDH,
28 sept. 2000, Messina c/ Italie, req. n° 25498/94, JCP, G, 2001, I, 291, obs. F. SUDRE.
4
La Cour européenne ne met pas à la charge des États une obligation positive, mais leur laisse une large marge
: CEDH, 29 avr. 2003, Aliev c/ Ukraine, n° 41220/98.
5
CEDH, 26 avr. 1979, Sunday Times c/ Royaume-Uni, Req. n° 6538/74.
internes non publiées et non accessibles au public : CEDH, 29 avr. 2003, Dankevich c/ Ukraine, req.
n° 40679/98.
6
M. HERZOG-EVANS, Rép. dr. pén. et proc. pén., spec. n° 464.
7
Ibidem., n° 464.
8
CEDH, 25 mars 1992, Campbell c/ Royaume-Uni, req. n° 13590/88.
9
En ce sens : CEDH, 9 juil. 2013, Varnas c/ Lituanie n° 42615/06. Ne repose sur aucune justification objective
voir les visites de sa femme pendant toute la durée (plus de
deux ans) de sa détention provisoire, alors même que les détenus condamnés étaient autorisés à recevoir de telles
visites. Cf. JCP, G, 2014, n° 3, chron. 78, F. SUDRE.
198
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
traitement moins favorable que les autres. Ayant déjà reconnu ien
4
des liens familiaux des personnes détenues
« avoir toute latitude pour introduire des restrictions générales sans prévoir une dose de
flexibilité permettant de déterminer si les limitations apportées dans chaque cas particulier
sont opportunes ou réellement nécessaires »5. Relevant que le régime des restrictions en
Russie est fondé sur la sévérité de la peine, celui-ci est disproportionné et par suite non
conforme avec les «
durée »6 « tendance générale des politiques pénales en Europe
à accorde objectif de réinsertion de la détention »7.
ne visite mensuelle est la fréquence minimale commune8 aux
États membres, un tel consensus9 implique un « rétrécissement de la marge
» État partie10.
228. Le lien parental, tributaire de la durée de la peine. Une dernière question
relative à la durée des parloirs permet en dernier lieu de saisir tant les limites du principe
de coparentalité que du traitement différencié
loi pénitentiaire énonce que « les prévenus peuvent être visités par les membres de leur
au moins trois fois par semaine, et les condamnés au moins
une fois par semaine ». Une lecture rapide pourrait laisser penser que les prévenus sont
cette fois privilégi s
1
CEDH, 28 sept. 2000, Messina c/ Italie, req. n° 25498/94, JCP, G, 2001, I, 291, obs. F. SUDRE; CEDH, 28 nov.
2002, Lavents c/ Lettonie, JCP, G, 2003, I, 109, chron. F. SUDRE; CEDH, 3 déc. 2002, Nowicka c/ Pologne.
2
CEDH, 18 sept. 2001, Kalachnikov c/ Russie, Req. n° 47095/99.
3
CEDH, 30 juin 2015, Khoroshenko c/ Russie, n° 41418/04 ; JCP, G, I, 2016, n° 3, 65, F. SUDRE.
4
CEDH, 28 juin 2001, Selmani c/ Suisse, n° 70258/01.
5
§ 126.
6
§ 148.
7
§ 121.
8
§ 135.
9
Sur cette notion de consensus, cf. F. SUDRE, « La mystification du consensus européen », JCP,G, 2015,
n° 50, 1369.
10
§ 136.
199
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
1
, établissements où en effet, ces normes sont en vigueur. En revanche, tous ceux qui
purgent des peines supérieures à deux ans sont par conséquent affectés à des
établissements pour peine, où il leur est possible de bénéficier de parloir plus
2
important . Dans leur malheur, ceux- privilège
dire, lorsque leur peine est supérieure à deux ans, alors que les plus chanceux dont la peine
est inférieure à cette durée sont moins bien lotis. Tout autre est la situation des condamnés
placés en maison centrale3. individus condamnés aux
peines les plus longues, certains ne bénéficiant pas de permis de sortie4. Pour eux, le droit
pénitentiaire a mis en place des Unités de Vie Familiales (UVF)5, véritables petits
le maintien du lien
. Madame la députée Sylvie ANDRIEUX, à
6
, souligne «
»,
particulièrement lorsque le détenu est incarcéré dans une prison géographiquement
éloignée de son lieu de résidence. Celle-ci attire également la
réinsertion des détenus est très souvent liée au maintien des liens avec leur famille », mais
que les structures pénitentiaires « ne se prêtent pas à un échange humain et efficace », du
moins lorsque la famille parvient à se déplacer7. La réponse du Garde des Sceaux ministre
de la justice rappelle que « le développement de liens familiaux étant un vecteur
personnes détenues », conclut à un bilan très positif de
1
Cf. recit., p. 164.
2
Selon ledit rapport, «
jugée insuffisante par les détenus et leurs proches » tandis que «
détenus ne peuvent recevoir des visites que pendant le week-end ». Tel est notamment le cas au centre de
détention de Tarascon où « une seule visite est autorisée chaque week-end pendant une heure ».
3
Il semblerait que seulement 16% des personnes en centre de détention et 6% des personnes en maison centrale
pour les accueillir. Cf. O. MILHAUD, Séparer et punir. Les prisons françaises : mise à distance et punition par
, Thèse en géographie, Bordeaux, 2009. Selon le rapport du contrôleur général, seuls quatre
établissements accueillent des femmes condamnées à de moyennes et longues peines : le centre pénitentiaire de
Rennes, les centres de détention de Roanne, Bapaume et Joux-la-Ville. Ainsi, le sud de la France et la région
parisienne ne disposent pas de tels établissements pour accueillir les femmes souhaitant demeurer à proximité de
leurs familles.
4
5
Ces unités de visite familiale ont été créées en 2003 à titre expérimental dans trois établissements pilotes :
maison centrale de Poissy, de Saint-Martin-de-Ré et Rennes. Elles offrent la possibilité aux personnes détenues
de recevoir les membres de le
6
Question écrite n° 75616, Ass. Nat., 11 oct. 2005, J.O, Ass. nat., 17 oct. 2006.
7
200
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
oi
envisagée dès septembre 2006 à quatre autres
établissements : Toulon-La Farlède, Avignon-Le Pontet, Meaux-Chauconin et Liancourt.
Enfin, il est prévu que tout nouvel établissement pé
intégrée
contrôleur général des lieux de privation de liberté fait état de difficultés des détenus dans
privé. Or, il ne nous semble pas judicieux de privilégier le premier au détriment du second,
ce dernier participant i
particulière lui est portée4.
1
Le rapport de visite du contrôleur général à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré conclut à un réel succès
tant du côté des détenus et de leurs familles que des personnels, lesquels y voient un véritable outil de réinsertion
». Cf.
., p. 188.
2
Circ. DAP du 26 mars 2009, relative aux Unités de Vie Familiale (UVF), NOR : JUSK0940004C.
3
M. HERZOG-EVANS, « La stabilité de la relation parentale en cas de séparation forcée. Le cas du droit
pénitentiaire », art. precit., p. 284.
4
Madame le professeur HERZOG-EVANS qui impute à la stricte
distinction du champ pénal et du droit civil les causes profondes du désintérêt du premier aux règles présidant au
second. Cf. M. HERZOG-EVANS, « Les enfants de détenus », Rev. Lamy dr. civ., 2011, n° 87, Dossier « Le statut
», pp. 32-35. Pour une perspective
comparée, V. aussi du même auteur : , Paris,
coll. « Logiques juridiques », 2000.
201
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
en pratique, alors
tiers2 ses
ilégiés des tiers. Le
3
principe de c -il pas prioritairement de prendre toutes les mesures
concept juridique ; il doit être rapporté à des enjeux psychologiques et éthiques et, dans le
contexte pénal, à des enjeux criminologiques »7. Plusieurs études étrangères ont démontré
les conséquences à court, moyen et long terme de telles séparations8, dont les effets sont
délinquant, déviant ainsi que sur les troubles mentaux ou du comportement est indéniable
»9.
230. La
10
recommandation R (94) 14 « recommande aux gouvernements des États membres de
1
La réflexion semble fleurir notamment aux États-
après sa libération, ce que les américains appellent le
« reentry
2
V. infra, notre Titre 2 de cette partie, Chapitre 2, section 2.
3
La recommandation R (94) 14 relative aux politiques familiales cohérentes et intégrées, adoptée par le Comité
ème
réunion précise que « les parents sont prioritairement
».
4
V. supra riable, n° 198.
5
J. POUSSON-PETIT, , Paris, éd. du CNRS, 1990.
6
HERZOG-EVANS, in « Les enfants de détenus : The
orphans of justice », art. precit., p. 32.
7
Ibidem.
8
ticle précité de Madame le professeur HERZOG-EVANS.
9
Ibidem.
10
REC R (94) 14 relative aux politiques familiales cohérentes et intégrées, adoptée par le Comité des ministres
ème
réunion.
202
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
», en incitant les
pouvoirs publics à « créer les conditions propices autonomie des
familles, en fourn accueil médicaux, sociaux, éducatifs et
culturels appropriés ». Le concept inhérent à cette recommandation met en avant
« une politique familiale préventive » devant être accentuée
famille a besoin « de recevoir des être dirigée à différentes
étapes de sa vie, par des moyens qui permettent de pallier sa fragilité ». Ceci « implique
que le rôle des pouvoirs publics est de créer les conditions nécessaires pour le
épanouir
spécifiques des différents types de familles, selon les différentes étapes de cycles de vie
familiale, doivent y être pris en compte ». Plus spécifique, la recommandation REC (2006)
21 la vie en prison est
prison », étant précisé que « chaque détention est gérée de manière à faciliter la
réintégration dans la société libre des personnes privées de liberté »2. L
dispositions semble toutefois douteuse au sein de notre système.
231. Pour une meilleure prise en compte du lien parental. Le sentiment
dû à la sortie cède rapidement la place à la difficulté de reprendre ses marques
dans la société et dans sa famille. Le parent réintégrant le quotidien familial doit retrouver
sa place auprès de son enfant, qui sera habitué à ne vivre et à ne
détenu. La prise en compte de la spécificité du lien familial des personnes détenues a incité
B. CORSTON à remettre au gouvernement anglais et gallois le rapport dit « Corston » dans
lequel sont étudiés les besoins en termes de fragilité des mères détenues. Ce rapport a
ensuite donné lieu à «
politique de g
cause »3 la prégnance
4
culturel qui en limite le développement . Aucune mesure de soutien à la
1
REC (2006) 2 relative aux r
de la 952ème réunion des Délégués des Ministres.
2
Recommandation précit., 5°.
3
M. HERZOG-EVANS, « Les enfants de détenus : The orphans of justice », art. precit., p. 34.
4
203
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
204
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
D. n° 2011-1572 du 18 novembre 2011, J.O, 20 novembre 2011, p. 19503.
2
Abrogé par le Règlement (UE) n° 650/2012 du Parlement européen, adopté en droit interne par le D. n° 2015-
1395 du 2 novembre 2015, Union européenne en matière
de successions transfrontalières, J.O, 4 novembre 2015, p. 20592.
3
Ne peut dès lors se prévaloir du caractère illicite du déplacement le père naturel élevant ses
enfants : CJUE, 3ème ch., 5 oct. 2010, aff. C-400/10, J. McB, Rev.
Procédures, 2010, comm. 405, obs. C. NOURISSAT ; AJ fam., 2010, A. BOICHE, p. 482 ; D., 2010, p. 2516, obs.
I. GALLMEISTER ; JCP, G, 2010, note F. BOULANGER, 1327; RTD civ., 2010, P. RÉMY-CORLAY, p. 748, Rev. dr.
fam., 2011, n° 3, comm. 50, M. FARGE. Sur le caractère autonome de la notion de droit de garde, cf. Cass. civ.
1ère, 24 juin 2015, n° 14-14.909 ; D., 2015, obs. I. GALLMEISTER, p. 1437. Au sens de la Convention, le droit de
enfant, mais de la question portant sur la titula autorité
parentale.
4
Cass. civ. 1ère, 26 oct. 2011, n° 10-19.905.
5
Cass. civ. 1ère, 29 févr. 2012, n° 11-15.613 et Cass. civ. 1ère, 14 mars 2012, n° 11-17.011.
205
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
L
internes
1
234. .
constitue un véritable labeur pour les ju
2
.
3
-1 de la Convention de New York semble poursuivre le même
-2 du Code civil -qui exhorte le juge à
autorité parentale
des parents séparés, alors
Convention semble devoir être appréciée indépendamment de la spécificité de chaque
litige. Appréciation in concreto dans un cas, in abstracto
combinaison entre les deux textes peut aboutir à des résultats contradictoires,
mise en
5
, est
rement topique de
cette crainte peut être exprimée à propos -1 de la Convention
de New York dans le cadre de la mise en oeuvre de la Convention de La Haye de 1980 sur
enfants. Dans ce cas de figure, la piqûre de rappel précisant que
une considération primordiale et supérieure aux intérêts
être au
1
E. GALLANT, Responsabilité parentale et protection des enfants en droit international privé, Paris, Defrénois,
coll. « Doctorat&Notariat », 2004.
2
G. VIAL, « : entre intérêt concret et
intérêt général », in Lien familial, lien obligationnel, lien social, Livre II « Lien familial et lien social »,
E. PUTMAN, J.-P. AGRESTI, C. SIFFREIN-BLANC (dir. de), Marseille, PUAM, pp. 124-131.
3
Cet article dispose que dans toutes les décisions enfant doit être une
considération primordiale.
4
E. GALLANT, note sous Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Enfant Laetitia, Rev. crit. DIP, 2006, p. 603.
5
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Réflexion sur les mythes fondateurs du droit contemporain de la famille », RTD
civ., 1995, 249, spec. p. 266.
206
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
coeur de toute décision prise, et aux adjectifs « supérieur » et « primordial » de remplir tout
leur office.
235. Appréciation judiciaire du retour déplacé. Si la Convention de
1
La Haye du 25 octobre 1980 organise une coopération
exigeant un retour immédiat2 aussi une exception3 à ce
-1 b4. y oppose établit «
à un danger physique ou psychique, ou de tout
autre manière ne le place dans une situation intolérable », le juge peut ne pas ordonner le
5
retour . Les juges du fond apprécient
risque grave. Cependant, ils doivent caractériser le danger
en cas de retour immédiat, ou la situation intolérable que le retour
6
créerait . À défaut, ils risquent de voir leur décision cassée pour manque de base légale.
1
Art. 7 de la convention.
2
L de la convention de La Haye, dans un du retour immédiat, paralyse le pouvoir
rendue par une juridiction compétente en vertu du présent règlement est exécutoire conformément au chapitre
».
3
Voir en ce BOULANGER : « Les cas de non-
déplacement illicite de mineurs dans un cadre international », Rev. dr. fam., 2015, n° 11, étude 16.
4
Cet article indique que «
intolérable ».
5
Sur cette notion, cf. Cass. Civ. 1ère, 4 mars 2015, n° 14-19.015. Dans cette décision, la Cour de cassation
iles précisions sur la définition de la notion de « résidence habituelle ». Pour la Cour, la résidence
-au sens du droit européen- ne repose pas tant sur des considérations quantitatives que
qualitatives. Celle-ci est le lieu qui tra
207
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
Rev. Lamy dr. civ., 2010, n° 68; Rev. Procédures, 2010, comm. 73, note C. NOURISSAT ; D., 2010, note C.
BRIERE, p. 1055; même revue, obs. P. COURBE et F. JAULT-SESEKE, p. 1585; AJF, 2010, note A. BOICHE, p. 131.
1
V. note Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2005, n° 02-17.411, RJPF, 2005, n° 4, 36, note M.-C. MEYZEAUD-GARAUD ;
Cass. civ. 1ère, 14 juin 2005, n 04-16.942, RJPF, 2005, n° 10, 40, obs. F. EUDIER. Après une période où le risque
de danger grav enfant a été caractérisé par les juridictions françaises : Cass. civ.
1ère, 12 juillet 1994, Rev. crit. DIP, 1995, 96, note H. MUIR WATT ; Defrénois, 1995, art. 36024, obs. J. MASSIP ;
JCP, G, I, 1995, 3903, obs. H. BOSSE-PLATIERE ; Cass. civ. 1ère, 21 novembre 1995, D., 1996, 468, note
J. MASSIP ; Cass. civ. 1ère, 22 juin 1999, RJPF, 1999, 20, note C. DESLANCES et S. VALORY ; Cass. civ. 1ère, 18
avril 2000, Rev. crit. DIP, 2001, 341, note E. GALLANT. V. plus récemment Cass. civ. 1ère, 19 nov. 2014, n° 14-
17.493, Rev. dr. fam., 2015, n° 2, comm. 31, C. NEIRINCK.
2
CEDH, Ignacollo-Zénide c/ Roumanie, 25 juin 2000, Rev. dr. fam., 2000, chron. n° 26, obs. H. FULCHIRON,
A. GOUTTENOIRE.
3
Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Enfant Laetitia, D., 2007, obs. A. GOUTTENOIRE et L. BRUNET, p. 2192;
RTD. civ., 2007, obs. J. HAUSER, p. 330; Rev. crit. DIP, 2007, note E. GALLANT, p. 603.
208
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
sectaires et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des
mineurs4. Il convient néanmoins de prendre garde aux un contrôle
excessivement formel de la motivation des juges du f une
5
caractérisation trop laxiste du danger, ou au contraire trop sévère .
Dans la lignée de ses précédents arrêts, la première chambre civile6 emploie la même
méthode de contrôle combinatoire , en affranchissant cette
fois de la référence à la Convention de New York
coparentalité tel que consacré par la loi du 4 mars 2002. La C appel ayant validé la
décis installer avec son enfant en Nouvelle-Calédonie, la
Haute juridiction reproche aux juges du fond de ne pas avoir vérifié si le comportement de
la mère ne traduisait pas un refus de respecter le droit de à entretenir des relations
régulières avec son père. Pour formuler sa s enfant à être
entretenir des relations eux, la
Cour de cassation insiste sur la réciprocité du lien parental devant être respecté par chacun
.
Dans un arrêt du 8 novembre 20057, la Cour de cassation a censuré les juges du fond de
pas fait du critèr enfant de leur motivation. Le
conflit qui opposait les parents portait sur la langue dans laquelle la scolarité des enfants
devait avoir lieu. Les juges du fond avaient décidé que les enfants, résidant au Luxembourg
avec leur mère et scolarisés dans une école de langue allemande, devraient désormais
intégrer une école francophone afin que le père, uniquement francophone, puisse assurer
1
Cass. civ. 1ère, 12 déc. 2006, n° 05-22.119, RJPF, 2007, n° 3, note F. EUDIER.
2
Cf. aussi Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2006, Enfant Lorenzo, D., 2005, p. 2790, note F. BOULANGER ; Rev. crit. DIP,
2006, P. 127, note E. GALLANT.
3
E. GALLANT, déc. precit.
4
Rapp. Ass. nat. n° 3507, 2006-2007.
5
E. GALLANT, note sous Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2005, Rev. crit. DIP, 2006, p. 127.
6
Cass. Civ. 1ère, 4 juil. 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 10, p. 25, obs. P. MURAT.
7
Cass. civ. 1ère, 8 nov. 2005, RTD civ., 2006, note J. HAUSER, p. 101.
209
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
une appréciation équilibrée et raisonnable des intérêts respectifs de chacun avec le souci
constant de déterminer quelle était la », à savoir son
retour aux États-Unis auprès de son père. Surtout, le critère de « réintégration immédiate
» a constitué décisions en
la matière, car il semble caractériser une appréciation g eu
égard à la situation familiale prise dans son ensemble.
237. Les incertitudes de la jurisprudence européenne. Depuis quelques années, la
CE
le retour forcé de ce dernier constitue une ingérence dans son droit au respect de sa vie
familiale3. Par l 4
permettre
1
Cf. néanmoins la récente condamnation de la France par la CEDH, 5 nov. 2015, Henrioud c/ France,
n° 21444/11, JCP, G, I, 2015, n° 49, 1333, obs. A. GOUTTENOIRE
général près la CA Bordeaux contre une décision de non-retour, fondée sur l article 979 du Code de procédure
civile imposant a acte de significat appel attaquée,
empêchait la recevabilité du pourvoi incident du requérant. À raison de ce particularisme, jugé dans ses
conséquences « très graves et délicates pour les personnes concernées
ceptions au non-retour immédiat de
2 ère
, 14 juin 2005, n° 04-16.942, Bull. civ., I, n° 245 ; Rev. dr. fam.,
2006, comm. n° 157, obs. A. GOUTTENOIRE ; cette même revue, comm. 42, note M. FARGE ; D., 2005, 2790,
note F. BOULANGER ; JCP, G, II, 2005, 10115, note C. CHABERT ; Rev. dr. sanit. soc., 2005, étude C. NEIRINCK,
p. 814; Rev. crit. DIP, 2005, note D. BUREAU, p. 679; RTD civ., 2005, obs. R. ENCINAS DE MUNAGORRI, p. 556;
même revue, obs. P. REMY-CORLAY, p. 750; RJPF, 2005, n° 10, 40, note EUDIER, p. 24.
3
CEDH, 6 déc. 2007, Maumousseau et Washington c/ France, req. n° 39388/05, AJ fam., 2008, obs.
A. BOICHE, p. 83; GAJCEDH, comm. 52. CEDH, 6 juin 2010, Neulinger et Shuruk c/ Suisse, JCP, G, 2011, obs.
F. SUDRE, p. 94.
4
210
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
celui-ci de ne
pas retourner dans le pays de sa résidence habituelle.
fondamentaux concrètement entendu, semble être de
nature à perturber le principe du retour immédiat d en le
neutralisant au profit de son intérêt supérieur. Les réponses apportées par la Cour à cette
problématique rendent peu cohérente sa jurisprudence en la matière et se révèlent peu
compatibles avec les exigences , notamment saisie par le parent
A
les mesures nécessaires pour organiser le retour1, elle admet que le retour puisse être
2
. Cette « dérive interprétative » a même pu rejaillir sur les décisions de
3
.
D ffaire Neulinger et Churuck c/ Suisse4 e la
Convention européenne que la Cour procède à la vérification des conditions dans
lesquelles le retour sera effectué. Elle conclut à la violation dudit article si la décision de
retour était exécutée5. Or, la Cour prend pu décider à
Maumousseau et Washington c/ France, à savoir que
« réintégration immédiate dans
son milieu de vie habituel ». Ce « »6 imposait en réalité aux États
de se livrer à un examen de la situation au fond, en exigeant
1
V. CEDH, 7 mars 2013, Raw c/ France, req. n° 10131/11, RJPF, 2013, n° 5, note M. DOUCET.
2
CEDH, 10 juil. 2012, B. c/ Belgique, Rev. dr. fam., 2013, étude n° 3, obs. A. GOUTTENOIRE ; AJ fam., 2012,
obs. E. VIGANOTTI, p. 562.
3
CA Grenoble, 24 août 2011, cassée par la Haute juridiction : Cass. civ. 1ère, 13 fév. 2013, n° 11-28.424, AJ
fam., 2013, note A. BOICHE, p. 185; D., 2013, note I. GALLMEISTER, p. 498. ce, les juges grenoblois
motiv en France, âgé de trois ans et vivant sur le
territoire français depuis seulement quatre mois et demi. Ce raisonnement, directement inspiré de la
jurisprudence Neulinger est censuré par la Cour de cassation. E
-1 de la Convention de New York du 20 novembre 1989, la Haute juridiction rappelle aux
juges au regard des objectifs de la Convention
de La Haye en cas de retour, elles doivent mettre un terme à la
voie de fait que constitue le déplacement illicite
4
CEDH, Neulinger et Churuck c/ Suisse, 6 juil. 2010, n° 41615/07, RJPF, 2011, n° 1, obs. F. EUDIER, p. 25;
RTD eur., 2010, p. 927, chron. M. DOUCHY-OUDOT et E. GUINCHARD; D., 2011, pan. p. 1374, obs. F. JAULT-
SESEKE; RTD civ., 2010, obs. J.-P. MARGUENAUD, p. 735.
5
Pour la Cour, le retour
respect de la vie privée et familiale de la mère, au regard des risques de poursuites pénales engagées à son
encontre. Elle en déduit ainsi que « le refus de la mère
injustifié ». Cette position de la Cour, qui retient les conditions dans lesquelles le retour sera effectué tout en
du dispositif de lutte contre les enlèvements. Cette position se vérifie également en droit interne lors de la mise
-marocaine ou franco-algérienne.
En ce sens : Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007, n° 06-12687, Bull. civ. I, n° 199 ; Rev. dr. fam., 2007, comm. 155, note
M. FARGE ; RJPF, 2007, n° 10, 26, note M.-C. MEYZAUD-GARAUD.
6
ar un auteur, RJPF, 2014, n° 10, note S. GODECHOT-PATRIS.
211
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
soient réellement pris en compte par le juge. Ce dernier doit dès lors rendre une décision
1
CEDH, 12 juil. 2011, Sneersone et Kampanella c/ Italie, n° 14737/09. CEDH, 10 juil. 2012, B. c/ Belgique,
n°
évaluer le risque
CEDH, grde chb., X. c/ Lettonie, 26 nov.
2013, n° 27853/09, AJ fam., 2014, note A. BOICHÉ, p. 58. La Cour a estimé que la Convention européenne des
dération.
2
A. GOUTTENOIRE, obs. sous CEDH, 12 juil. 2011, Sneersone et Kampanella c/ Italie, in « La famille dans la
», Rev. dr. fam., 2012, études n° 6, n° 19.
212
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
E. GALLANT, note ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Enfant Laetitia, Rev. crit. DIP, 2007, p. 603.
2
Cf. V. ÉGEA, « : menace ou chance pour le droit civil ? », in La convention de
tiques, V. ÉGEA, A. LEBORGNE,
E. PUTMAN (dir. de), Marseille, PUAM, 2012.
3
CEDH, 22 juill. 2014, Rouiller c/ Suisse, aff. 3592/08, RJPF, 2014, n° 10, note S. GODECHOT-PATRIS.
4
CEDH, 7 mars 2013, Raw c/ France, req. n° 10131/11, RJPF, 2013/5, note M. DOUCET.
213
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
enfant
valeur de ce compte rendu qui manquait de précision et sur la nécessité de procéder à une nouvelle audition des
enfants. Le tribunal fédéral, estimant que le compte rendu était suffisamment détaillé (§ 18). Ordonner une
nouvelle audition plus de dix-huit moi pu que conduire à conforter le déplacement
illicite et
214
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
en matière de déplac
1
expresses déterminant son champ , les règles visant le déplacement illicite ne
semblent reposer sur aucune condition de nationalité des parties au litige. Il suffit que le
déplacement d tre les deux États contractants et implique les
autorités marocaines. De la même manière, la notion de « déplacement illicite
définie la localisation
des enfants déplacés dont le droit de garde est contesté ou méconnu ». Malgré cette
est de faire respecter le droit de garde des
parents, conformément à la philosophie de la Convention de La Haye. À y regarder de plus
près2, les lacunes de ce texte peuvent être expliquées p
Convention. Élaborée
onvention internationale
mis en place quelques mois auparavant. Dès lors, tout silence de cet instrument pourra être
3
compl
lic marocain. Or, cette question sou
le texte de la conventi
de la Convention de La Haye
semble être un compromis satisfaisant.
240. Une conception différente Les difficultés tenant à la
mécanisme du retour,
ain. Celles-ci ne correspondent
pas en tous points à la conception retenue par le législateur français et européen plus
10 août 1981 relative au statut des personnes et de la famille et à la coopération judiciaire », Rev. crit. DIP, 1984,
pp. 2-69.
1
-algérienne du 21 juin 1988 relative à la garde des enfants de couples
mixtes franco-algériens -
algériens. Cf. P. MONIN HERSANT, B. STURLESE, « -algérienne du 21
juin 1988 : un nouvel espoir pour des enfants déchirés », Gaz. Pal., 1988, doct. 523.
2
Pour une présentation complète de cette Convention, cf. F. MONEGER, « La Convention franco-marocaine du
10 août 1981 relative au statut des personnes et de la famille et à la coopération judiciaire », art. precit.; même
revue pp. 267-288 ; P. DECROUX, « La Convention franco-marocaine du 10 août 1981 relative au statut des
personnes et de la famille et à la coopération judiciaire », JDI, 1985, pp. 49-99.
3 er
juin 2010.
215
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
-elle ou patrimoniales. De la
1
même manière, la conception r amène le plus souvent le juge
marocain à retirer la hadana à la mère non musulmane, considérée comme inapte à assurer
quoi il est à craindre, lorsqu est saisi, que le
2
juge français procède à une neutralis au profit des règles
3
découlant du droit international privé communautaire , plus en phase avec le principe de
coparentalité e
réfuter cette affirmation.
241. . Afin de faire
respecter le droit de garde des parents, l on franco-marocaine
organise un mécanisme conventionnel de illicitement
déplacé, inspiré de celui instauré par la Convention de La Haye. L
est déplacé doit donc ordonner, à titre conservatoire, la remise immédiate de celui-
ci. Seules deux exceptions peuvent être invoquées pour faire obstacle au retour de
ou de mauvaise foi de la garde ou le risque grave pour la
la Convention franco-marocaine
ajoute que
ne peut être refusée
celui de la résidence du parent avec l vit habituellement.
cet article édicte des règles de compétence indirectes4, que la Cour cassation pas
manqué de rappeler5.
1
F. CADET, , Paris,
2
A. MEZGHANI, « Le juge français et les institutions du droit musulman », JDI, 2003, n° 3, doct. 100022.
3
A. DEVERS, « on des règlements européens (Bruxelles II bis et Rome III) et des conventions franco-
marocaines (de 1957 et 1981) », Rev. dr. fam., 2012, n° 1, étude 1.
4
vérifier
demande. V. P. MAYER, V. HEUZE, Droit international privé, Paris, LGDJ, coll. « Domat droit privé », 11ème
éd., 2014, pp. 25-26, spec. n° 17, 18.
5
Cass. civ. 1ère, 20 mai 2003, n° 01-02. 959, RJPF, 2003, n° 9, 39, obs. A.-M. BLANC ; Gaz. Pal., 18 nov. 2003,
note M.-L. NIBOYET, p. 20; LPA, 15 mars 2004, note J. MASSIP, p. 17. Mais aussi, Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007,
n° 06-12.687, RJPF, 2007, n° 10, 10, note M.-C. MEYZEAUD-GARAUD ; Rev. dr. fam., 2007, n° 10, comm. 188,
V. LARRIBAU-TERNEYRE ; même revue, 2007, n° 7, comm. 155, M. FARGE.
:
Cass. civ. 1ère, 28 mars 2006, n° 04-20.362, RJPF, 2006, n° 6, 19, note T. GARE, JCP, G, II, 2006, 10133, note
A. DEVERS; Rev. dr. fam., 2006, n° 6, comm. 133, V. LARRIBAU-TERNEYRE.
216
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
internationale.
242. L appréciation du contenu
du droit marocain. L
a été déplacé doivent se prononcer sur
avant de pouvoir trancher la question relative au droit de garde2. Or, il
3
semblerait que cette rigueur ne soit pas toujours de mise.
été rétablie par acte adoulaire5 et par conséquent, le tribunal compétent pour statuer sur le
1
Cass. civ. 1ère, 9 juil. 2002, n° 01-13.336 et 01-15.423 ; Rev. crit. DIP, 2002, note E. GALLANT, p. 466-471;
RJPF, 2002, n° 12, 38, note A.-M. BLANC, Rev. dr. patr., 2002, 109, note F. MONEGER, p. 113.
2
Cass. civ. 1ère, 7 oct. 2003, n° 02-16.665, RJPF, 2004, n° 2, 39, obs. F. EUDIER ; LPA, 23 févr. 2005, n° 38, note
C. BRIERE, p. 5; Defr., 2004, note J. MASSIP, p. 159; Rev. Lamy dr. civ., 2004, janv., n° 30, obs. G. MARRAUD
DES GROTTES.
3
Cass. civ. 1ère, 15 mai 2002, n° 00-11.087, RJPF, 2002, n° 10, 35, obs. A.-M. BLANC.
4
A.-M. BLANC, dec. precit.
5
217
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
n
révocable qui
décida de
rejoindre la France car il y est acquis que la réintégration forcée du domicile conjugal
constitue une atteinte intolérable aux droits fondamentaux de la personne. Ce souci de
aussi
exequatur de la décision du tribunal marocain ayant déchu la mère de son droit de garde
était sollicitée en France, et la Cour de Versailles y fait droit. Censurés pour avoir procédé
à exequatur, les juges versaillais ne pouvaient valablement y procéder sans rechercher si
le 16 de la C
ugée sur le territoire français si elle
décision judiciaire prononcée en France, même ultérieurement. Au-delà de son aspect
procédural, la décision retenue témoigne
fois où une conception inégalitaire des relations parentales . Le
1
Cass. civ. 1ère, 27 avr. 2004, n° 02-14.082.
2
Cass. civ. 1ère, 27 avr. 2004, n° 02-13.490.
218
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
feuilleton épisodique -
marocains par répudiation prononcée au Maroc offre à cet égard une illustration parfaite du
durcissement , dont l tirée de l
1
proximité ne semble plus à même d atténuer .
t sur la même ligne de conduite et devant se prononcer sur le caractère illicite du
déplacement, la Cour de cassation2 a ensuite décidé que « qui
impose de veiller à ce que celui-ci entretienne des relations personnelles avec chacun de
-3 de la Convention de New York sur les droits de
en France que par
totale et non préparée des liens entre la mère et une enfant de sept ans, rupture constitutive
d - »3.
personnelles avec chacun de ses parents est invoqué par la Cour afin de consolider un
enlèvement illicite, alors que le principe de coparentalité a pour objet, , le
-delà de cette affirmation,
t illicitement
déplacé doit être traitée indépendamment des questions
du droit de visite. Or, considérée compétente pour se prononcer
sur la question. Ensuite, la motivation des juges du fond ne semble pas à même de
au sens
onvention bilatérale. , approuvée par la Cour de
cassation, se borne à démontrer par des éléments pas
en rien la gravité du risque auquel il serait exposé. Selon la Cour, le danger pris en
considération pouvait résulter de la s
De manière tout aussi contestable, elle
1
SINDRES, « ? », JDI, 2012, n° 3, doct.
10.
2
Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007, n° 06-12.687, Rev. dr. fam., 2007, n° 7, comm. 155, M. FARGE.
3
Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007, n° 06-12.687.
4
M. FARGE, precit.
219
La privatisation des liens familiaux Le lien familial détaché du lien matrimonial
coopération des autorités tant marocaine que française, afin de sauvegarder au mieux
1
M.-C. NAJM, Principes directeurs du droit international privé et conflits de civilisations, Paris, Dalloz, coll.
« Nouvelle Bibliothèque de thèses », 2005.
2
-ci ne serait pas, selon la juridiction marocaine, en
mesure de lui procurer. V. P. MUZNY, « Pour que garde des enfants et pratique religieuse fassent bon ménage »,
HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 427-441.
3
En 2006 déjà : A. DEVERS, « -marocains. Les conventions franco-
marocaines face aux droits européen et communautaire », Rev. dr. fam., 2006, n° 3, étude 15, pp. 8-13. Puis en
2012, du même auteur : «
Conventions franco-marocaines (de 1957 et 1981) », 2012, n° 1, étude 1.
4
Outre la convention de 1981, la Convention franco-
J.O, 14 janv. 1960;
D., 1960, p. 57; Rev. crit. DIP, 1960, p. 99.
5
Y. LEQUETTE, « », in
LOUSSOUARN, Paris, Dalloz, 1994,
p. 246, spec. n° 3.
6
H. BOSSE-PLATIERE, « », in Le statut
, Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 67-95.
7
Entre autres règlements : R. (CE) n° 2210/2003, 27 nov. 2003, dit « Bruxelles II bis » relatif à la compétence,
la reconnaissance et exécution des décisions en matière matrimoniale et en matière de responsabilité parentale,
remplaçant le R. (CE) n° 1347/2000, 29 mai 2000 dit « Bruxelles II », J.O.U.E, 23 déc. 2003, n° L 338, p. 1. Plus
de la loi applicable au divorce et à la séparation de corps, applicable à compter du 21 juin 2012, J.O.U.E, 29 déc.
2010, n° L 343, p. 10.
220
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
dont leur statut matrimonial, le règlement (CE) n° 664/2009 du Conseil prévoit une
s entre les États membres de
nion et des États tiers pour ce qui concerne la compétence, la reconnaissance et
1
. Ce texte est applicable à une éventuelle révision
desdites conventions. Particulièrement lourde, la procédure de révision est soumise à une
autorisation de la Commission européenne -
auxquelles elle prend part- une notification à la
Commission du proje préconise des négociations à
droits des femmes par les différents opérateurs du système (y inclus aides sociales aux
au travail décent) »2. Dans un tel contexte de coopération politique, pourquoi ne pas penser
à envisager une coopération judiciaire dans le domaine civil ?
1
Cons. UE, R. (CE), n° 664/2009, 7 juil. 2009, J.O.U.E, 31 juil. 2009, n° L 200, p. 46.
2
Mid-Term Review of the Country Strategy Paper Morocco 2007-2013 and National indicative Program 2011-
2013. Sur le plan culturel, il est prévu comme objectif ce qui suit : « face aux résistances des attitudes, normes et
valeurs de la société, connaissance, compréhension et intériorisation du concept de droits (universels) des
femmes dans ses diverses expressions (civiles, politiques, sociales, économiques et culturelles) par la diffusion
égalité », p. 25.
221
Conclusion du chapitre premier
244. A été mis en perspective dans ce chapitre affaiblissement du lien familial dans
sa conception traditionnelle, marqué par le recul du lien matrimonial et la prépondérance
une philosophie reposant sur le bonheur individuel. Afin de trouver un nouveau
fondement à la famille, susceptible de lui garantir la stabilité requise, le couple parental
parut être une solution. Il marque un déplacement de qui, du lien conjugal
se déporte vers la relation parentale. Les analyses menées ont permis de révé
de deux notions clairement identifiées : le couple conjugal dissoluble au gré des volontés
individuelles et le couple parental indissoluble. Il y a fracture entre le lien matrimonial et le
lien familial. Les deux notions tendent à former deux entités distinctes et autonomes.
modifié. Désormais, au sein des ouvrages de droit de la famille1 ainsi que des chroniques
de jurisprudence2, le droit du couple est identifié et étudié distinctement du lien parental et
, qui indépendants. Le droit du couple
1
BATTEUR, Droit des personnes, des familles et des
majeurs protégés, Paris, LGDJ, 8ème éd., 2015, celui de Madame I. DAURIAC, Droit des régimes matrimoniaux et
du Pacs, Paris, LGDJ, 4ème éd., 2015, ou encore les actes du colloque : N. GALLUS (dir. de), Droit des familles,
genre et sexualité, Paris, LGDJ, Anthémis, 2012. Comp. avec H. et L. MAZEAUD, J. MAZEAUD, F. CHABAS,
Leçons de droit civil, La famille, t. 1, 3ème vol., 7ème éd. revue par L. LEVENEUR, Montchrestien, 1995.
2
Cf. notamment la chronique « Contentieux familial » de Madame le professeur Mélina DOUCHY-OUDOT dans
la revue Dalloz, ou celle de Messieurs les professeurs J.-J. LEMOULAND et B. BEIGNIER.
3
F. MONEGER, « Religion au regard du statut personnel et familial », RIDC, n° 3, pp. 697-706.
222
France, le droit ne pense plus au singulier mais raisonne en termes de
reconnaissance de la pluralité des liens familiaux, probablement en raison de la place
1
, qui justifierait la prise en compte de
nouveaux liens de proximité.
1
J. POUSSON-PETIT, , Paris, éd. du CNRS, 1990.
223
Chapitre second. Du lien familial aux liens familiaux
-mêmes essaient
de trouver des instruments juridiques qui leur permettent de consacrer juridiquement la
au quotidien (Section 1). À nourrie
2
sur les parentalités -menée déjà depuis quelques années - la proposition de loi n° 1856
, sans mettre en place un statut du
beau-parent, semble assouplir les règles de droit déjà existantes. En procédant au
réaménagement des règles afin de protéger juridiquement les familles recomposées
(Section 2), se pose pourtant la question de savoir si le cadre juridique proposé permet une
meilleure prise en charge des enfants et si elle ne contrevient pas aux droits des parents
biologiques. Le droit marocain, attaché à la préservation des
prend pas en compte le phénomèn
revient de droit à la mère après la rupture. Le remariage de celle-ci peut, dans certains, lui
faire perdre le bénéfice de ce droit3.
1
L. LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et anglais, Paris, LGDJ, 2013.
2
En 2006 déjà, plusieurs rapports voient le jour : Assemblée nationale, Rapport n° 2838 fait au nom de la
Président M. Patrick BLOCHE, Rapporteure Mme
Valérie PECRESSE, enregistré le 25 janvier 2006 ; -2006
au nom de la délégation aux droits des femmes sur les familles monoparentales et les familles recomposées, par
Mme Gisèle GAUTIER, déposé le 13 juin 2006 ; it au nom de la
commission des lois, sur les nouvelles formes de parentalité et le droit, par M. Jean-Jacques HYEST, n° 392,
déposé le 14 juin 2006. La réflexion a été poursuivie depuis, V. en ce sens les quatre rapports commandés à
BERTINOTTI
THERY, Rapporteure Mme A.-M. LEROYER,
Filiation, origines, parentalité. Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité générationnelle. Puis le
rapport présidé par Madame A. GOUTTENOIRE, Quarante propositions pour adapter
. Le rapport de M. JUSTON, Rapporteure Mme S. GARAGOULLAUD,
Médiation familiale et contrats de coparentalité. Enfin, le rapport présidé par M. J.-P. ROZENCZVEIG, De
3
de son enfant après la rupture. Dès lors, la
-parent buterait sur le veto du père de partager ses prérogatives avec
utefois, une mère
224
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
246. -parent-enfant.
La relation beau-parentale a ces dernières années d un ont
a été la dimension personnelle. Plus précisément, le débat a
porté -parent de prérogatives
parentales §1 order en droit
la question sous le seul aspect personnel est à bien des égards, réducteur. La relation beau-
parentale nécessite une approche juridique , et Madame le professeur
Dominique FENOUILLET mettait déjà en garde de voir la question personnelle
« surinvestie » au détriment des questions patrimoniales1. De façon similaire, lorsque
Madame LESTIENNE-SAUVE analyse la question en droit anglais, elle relève que la question
du droit successoral2 et corrob que
toute réflexion sur les familles recomposées doit être menée tant du point de vue des effets
personnels que patrimoniaux . Or, la question patrimoniale semble être
reléguée en droit français au second plan, alors même que la dissolution de la famille
recomposée -par décès ou séparation- posera inévitablement la question du sort des biens
du couple.
247. La relation beau-parentale dans Actuellement, la place
qui doit revenir au beau-parent est largement tributaire
Cependant, la question de la transmission des biens nécessite une approche non plus axée
, devenu majeur, mais bien sur une approche conciliant une
Là se situe une des premières difficultés
beau-
de la famille recomposée -celle-
3
travaux - mais à
225
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
ces familles afin de gérer leur patrimoine (§2). Dans la positive, leur efficacité sera vérifiée.
1
249. Une longue période de . La
2
autrefois la méfiance . Des considérations
et patrimonial justifiaient cette attitude. La doctrine chrétienne de
ainsi que le souci de conservation des biens dans la famille
3
. La mère qui
se remariait pouvait être privée de la tutelle sur son enfant mineur, de son droit de
correction ainsi que de la jouissance légale sur les revenus de son enfant. Avant son décès,
en cas de remariage de son épouse, un tuteur
désignerait t dire que le beau-parent autrefois
représentait de « serpent de mer »4 du droit de la
1
Pour Madame RUBELLIN-DEVICHI famille recomposée » fait appel aux notions de
obligeaient la veuve à rendre à la famille de son premier mari une partie de la dot reçue de ce dernier. Pour de
plus amples développements, cf. J.-P. LEVY, A. CASTALDO, Histoire du droit civil, Paris, 1ère éd., Dalloz, coll.
« Précis », 2001, n° 96.
4
M.-L. CICILE-DELFOSSE, « Le beau-parent, serpent de mer du droit civil de la famille », in Mélanges en
CHAMPENOIS, Paris, LGDJ, 2012, p. 189.
226
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
unie, dans laquelle la famille traditionnelle représentait la norme, alors que les différences
étaient « systématiquement interprétées comme des déviances »1
auteur, «
sourc »2. -parent
ème
menaçant perdurera j siècle. Elle changera tout
1
I. THERY, « Introduction générale : le temps des recompositions familiales », in Les recompositions familiales
, Paris, éd. Nathan, coll. « Essai et recherches », 1993, p. 257.
2
F. LUCET, « Famille éclatée, famille reconstituée. Les aspects patrimoniaux », Defrénois, 1991, art. 35028,
spec. n° 5.
3
J. CARBONNIER, Droit civil , Paris, 21ème éd., t. II, PUF, coll. « Thémis », 2002,
p. 11.
4
I. CORPART, « Famille recomposée : Les familles recomposées décomposées », AJ fam., 2007, p. 299.
5
H. FULCHIRON, « Mariage, conjugalité, parenté, parentalité : métaphore ou rupture ? », Paris, Dalloz, coll.
« Thèmes&Commentaires », 2009, p. XIV.
6
Pour Aude MIRKOVIC, « pour désigner le c un enfant, les termes adéquats sont
ceux de parâtre et de marâtre. La personne q est désignée par aucun terme
enf utilisation abusive du terme de beau-
paren être source de confusion ». Cf. « Avant-
tiers », AJ fam., 2008, p. 428. Or, le changement terminologique reflète un changement de perce
de la seconde famille.
7
Le rapport
, présenté par P. BLOCHE et V. PECRESSE le 25
janvier 2006 -parent vis-
à- :« ou non avec le parent légal, du même sexe que lui
exe, diffère significativement selon que les deux parents de
exercer leurs responsabilités, de manière plus ou un des parents
est lètement disparu de son horizon après la séparation du couple. Les
le beau-parent sont aussi très variables selon nfant, le temps passé
avec lui, -parent, la place que lui accorde le parent ».
227
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
J. RUBELLIN DEVICHI, « », LPA, 8 oct. 1997, n° 121. V. la thèse
de Madame L. MARSTAL, , Thèse, Paris II, 2013.
2
J. HAUSER, obs. RTD civ., 1996, p. 371, qui soul
sont « superposés ».
3
V. en ce sens : E. DU PONTAVICE, « Droit de la famille et droit au bonheur », in Mélanges offerts à M. le
professeur Pierre VOIRIN, Paris, LGDJ, 1967.
4
I. THERY, « Introduction générale : les constellations familiales recomposées et le rapport au temps : une
question de culture et de société », in Quels repères pour les familles recomposées, op. cit., p. 13-34, spec. p. 26.
5
-six variantes de familles recomposées, cité par L.
LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, op.cit., p. 8, spec. n° 8.
6
Ne seront donc pas traitées dans cette partie les questions liées aux familles homoparentales au sein desquelles
un membre du couple a eu recours à la procréation médicalement assistée avec tiers donneur, à la maternité pour
228
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
2
En ce sens : L. LEVENEUR, Situations de fait et droit privé, Paris, LGDJ, 1990.
3
V. en ce sens déjà : CA Paris, 30 avril 1959, D., 1960, p. 673 : Cass. civ. 1ère,
20 mars 1979, D., 1979, IR, p. 431 ; Cass. civ. 1 , 4 juillet 1978, Bull. Civ., I, n° 249 ; Cass. civ. 1ère, 11
ère
mai 1976, Bull. civ., I, n° 162, D., 1976, p. 521. De reconnaissances de paternité annulées : CA Rennes, 11 mai
2000, Juris-Data n° 120016 ; CA Reims, 8 juin 2000, Juris-Data n° 124379 ; CA Paris, 18 septembre 2003, Juris-
Data n° 2003-222869.
4 CA Riom, 7 mai 2002, Juris-Data n° 182363.
5
CA Reims, 8 juin 2000, Juris-Data n° 124382.
6
CA Pau, 5 juillet 2000, Juris-Data n° 122459. En cas de décès de la mère
lit, le beau-père peut se voir attribuer un droit décédée puissent
périodiquement entretenir des relations avec leurs demi-frères et soeurs et lui-même
combinée des articles 371-4 et 371-5 du Code civil.
7
CA Nîmes, 13 septembre 2000, Juris-Data n° 126870.
229
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
230
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
parents, parfois sont beaux-parents, parfois sont des tiers ?... »1.
existantes permettent tantôt de créer un lien de parenté entre le beau- 1),
tantôt de fournir les outils juridiques nécessaires en vue le quotidien de la
famille recomposée (2).
1
Cf. les débats relatifs à cette proposition de loi : Rapport fait au nom de la commission des lois
3
Art. 333 al. 2 du Code civil.
4
P. BLOCHE, , Rapport
fait au n
n° 2832, déposé le 25 janvier 2006, la Documentation française, 2006.
5
Le rapport de Mme THERY Filiation, origines, parentalité ein des familles
231
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
pourtant,
parents parents. Il ne semble
pas opportun de double
filiation légale existe. Cela est contraire tant au principe de coparentalité porté par les
réformes des dernières années .
ouverture au profit des couples de même sexe non mariés 1. Cette situation leur permettrait
procréation médicalement assistée en favorisant
2
. La situation
est toutefois différente lorsque
permettrait nt une double appartenance, pouvant être source de stabilité et
de richesse. Plus réservée, Madame MILLET difficulté tenant à la
multiplication des liens de filiation dans le temps. Au gré des ruptures conjugales, toute
personne do
conduirait à une « multiplication incontrôlable des liens de filiation
ainsi être « de
3
chaque parent » contrevient à du droit de la
filiation, le nombre de parents sociaux qui viendraien
, qui serait légalement issu de deux hommes ou de deux
femmes.
soulève la question de son renouvellement mais aussi ses multiples détournements. Si
celle- ivi
, en
Pour l
ageuse4. Dans ce contexte, le flou
entourant ses finalités selon les intérêts de chacun invite à repenser ses fondements et
suppose un choix clair lui donner.
232
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
256. En
1
possible que lorsque tous ses liens . Cependant, une
adaptation de ses conditions est prévue, notamment
totalement
laissé endants au premier degré ou que ceux-ci se sont manifestement désintéressés de
La seule possibilité ouverte par le droit pour un beau-parent puisse adopter un
enfant est donc le mariage du couple. L
le mariage aux couples de même sexe a conduit à ajouter un 1° bis, disposant que
st encore possible «
». Le
conjoint de même sexe peut donc procéder,
dopté par le conjoint de même sexe2
détournement manifeste de la loi par le recours à une procréation médicalement assistée à
est irrévocable. Le recours par un couple de même sexe à une telle adoption, en dehors de
1
Art. 345-1 du Code civil.
2
Première illustration : TGI Lille, 14 oct. 2013, Rev. dr. fam., 2014, note C. NEIRINCK.
3
TGI Versailles, 30 avr. 2014, Dalloz actualité, 2014, obs. COUSTET, V. contra : CA Toulouse, 10 fév. 2015,
n° 14/02830, AJ fam., 2015, p. 220, obs. P. SALVAGE-GEREST ;CA Limoges, ch. civ., 2 mars 2015, n° RG
enfant « obligation ou nécessité de rechercher
les conditions de la conception de l'enfant, il est néanmoins du devoir de la juridiction de assurer une seule
filiation ici maternelle étant établie que le pr adoption plénière ne fera pas obstacle aux effets de
autre filiation ici paternelle si celle- ». La Cour poursuit ainsi : « À supposer non
conforme à la réalité la conception p établi une filiation
pa adoption plénière ». CA Aix-en-provence, 14 avr.
2015, n° 1413/137, AJ fam., 2015, obs. F. BERDEAUX-GACOGNE, enfin CA Versailles, 16 avr. 2015,
n° 14/04253, 14/07327, 14/04245, 14/04244, 14/04243, 14/05356, 14/05360.
4
Article 356 du Code civil.
233
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
Rapport P. BLOCHE, V. PECRESSE, droit de
la famille, 2006, p. 256.
2
Aussi, les législations anglaise et néerlandaise apparaissent comme les plus favorables aux beaux-parents. La
première permet de partager l'autorité parentale avec les parents biologiques quels que soient le statut juridique
et l'orientation sexuelle du couple recomposé, alors que la seconde créé le concept d' « autorité commune », pour
désigner l'autorité conjointe exercée sur un enfant par l'un des parents biologiques et la personne avec laquelle ce
parent élève l'enfant, qui peut leur être accordé par un juge quel que soit leur statut juridique et leur orientation
sexuelle. Cf. « Statut du beau-parent : étude de législation comparée », JCP, G, n° 20, 13 mai 2009, act. 254.
3
V. en ce sens : J. SOSSON, Beaux-parents, beaux-enfants, étude de droit comparée, Thèse, Louvain, 1995.
4
Sénat, « Le statut du beau-parent », Étude de législation comparée, 2009, n° 196, disponible sur www.senat.fr.
5
De nombreuses propositions de lois ont néanmoins été déposées depuis 2001, dont la proposition de loi du 9
234
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
parentale est exercée par un seul parent1. En Suède2, la loi reconnaît le beau-parent dans les
enfants nés au sein de couples homosexuels. Depuis 1985 au Danemark, la loi
rela autorité parentale prévoit que celle-ci peut être partagée entre un parent et un
3
beau-parent . En Finlande,
le beau-parent marié ou non, peut acquérir la responsabilité parentale grâce à une
ordonnance judiciaire. Au Royaume-Uni -depuis le Children Act de 1989- les beaux-
au une décision judiciaire4, nommée
« ordonnance de résidence », établissant que leur domicile est la résidence des enfants.
autorité parentale peut donc être partagée par trois personnes.
258. Absence de statut en droit français. Le droit positif est toujours marqué par
absence de règles juridiques particulières enfant et son beau-
5
parent . Le législateur a montré sa réticence à créer des règles particulières à son profit, et
considère cette reconnaissance comme « une perturbation dans les représentations que
nous avons de la famille, notamment en raison des incertitudes sur la répartition entre les
détenteurs de la parenté biologique et ceux de la parenté sociale »6. Cette réticence
trouve aussi sa source dans la nature même du droit français de la famille. Celui-ci a
toujours perçu la famille comme une institution, entité qui prévaut au-delà même des
individus qui la composent. Par conséquent, il ne revient pas aux individus de décider de
le pouvoir de la réglementer
en déterminant la politique familiale la plus à même de garantir la pérennité de cette
structure. Bien que le législateur ait renoncé à imposer un modèle unique de famille, les
1
En Suisse, l
.L
sa naissance, ne peut selon la lettre du Code civil obtenir
établir les relations personnelles ainsi que leur participation à la prise en charge et
a al. 1 et 2).
2
Loi du 1er fév. 2003.
3
; par extension, les couples
En 1999, le législateur ouvre la voie de
parent de pa
également aux couples de même sexe pour lesquels le partenariat enregistré est réservé.
5
amélioration de la condition du beau-parent ; V. par. ex. D. VERSINI,
enfant et ont des liens affectifs forts avec lui, La Documentation française, -projet de réforme sur
autorité parentale et les droits des tiers porté par la Nadine MORANO en 2008,
auquel fait suite le rapport de J. LEONETTI, , La
documentation française, 2009.
6
J. COMMAILLE, « Les aspects sociologiques », , Colloque des 7
et 8 février organisé pa CHATIN, LPA, 1er oct. 1997, n° 118, p. 9.
235
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
2-
1
F. NIBOYET, , Paris, LGDJ, 2008.
2
J. COMMAILLE, art. precit., p. 9.
3
L. LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, Paris, LGDJ, 2013, p. 11.
4
Ibidem., p. 11.
236
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
nts
avoir égard aux pactes que les père et mère ont pu librement conclure entre eux à ce sujet,
consentement
avantages2. Pour autant, la conception domi
décision du Tribunal de
3
grande instance de Riom pour qui «
de visite ne peut, en consé
».
parentale était de mise, cette rigueur jurisprudentielle conduisant les juges à refuser de tels
, dans certains cas,
ces difficultés, la loi du 4 mars 2002 assouplit le régime juridique de la délégation
volontaire et atténue ur autorité
parentale. Désormais perçue comme un droit-fonction
.
261. La délégation assouplie. Si les circonstances doivent exiger la délégation, sa
par la loi du 4 mars 2002. Ainsi en est-il de la
4
au-delà de laquelle il ne peut être procédé à une
délégation. Celle-ci est désormais permise . La remise
figurant autrefois au nombre des conditions5,
1
: F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Les chemins de
», NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 483-502.
2
Notamment une meil
rupture moins conflictuel.
3
TGI Riom, 27 sept. 1967.
4
La loi n° 74- cle 377
du Code civil et permet la délégation pour les enfants âgés de seize ans au plus.
5
237
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
Comme celui de garde et de surveillance.
2
Article 377-3 du Code civil.
3
V. infra, n° 456.
4
-1 sera le premier article (377) issu du paragraphe 2 relatif au « partage
». Si la proposition de loi est adoptée, le partage de tout ou partie de
238
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
cette mesure et en quoi les circonstances alléguées exigent cette ouverture. Toujours est-il
que utilisé, sans
doute en raison de la lourdeur de la procédure, voire de sa méconnaissance.
263. la délégation-partage au profit des familles
homoparentales. Bien que ce cas de figure ne concerne pas le beau-parent stricto sensu, le
contentieux relatif à la question homoparentale a largement contribué à façonner la
délégation-partage, ce qui ne peut être sans conséquences pour le beau-parent. Ce
mécanisme a large
rôle parental fondamental, ayant débouché sur une meilleure acceptation en droit de
Ainsi, plusieurs demandes ont été formulées par des couples
homosexuels pour permet
parentale2. Un premier jugement du TGI de Paris3 a permis à un couple de femmes, dont
1
Art. 373-2-11 C. civ.
2
Pour une approche comparative, V. H. BOSSE-PLATIERE, « PACS et autorité parentale », in Des concubinages :
droit interne, droit international, droit comparé, Études offertes à Jacqueline RUBBELIN-DEVICHI, Paris, Litec,
2002, pp. 193-211.
3
TGI Paris, 2 juil. 2004, AJ fam., 2004, p. 361, obs. F. CHÉNÉDÉ ; RTD civ., 2005, p. 116, obs. J. HAUSER, Rev.
dr. fam., 2005, n° 4, obs. P. MURAT. V. avant : TGI Paris, 27 juin 2001, D., 2003, somm. p. 655, obs.
C. DESNOYER, et p. 1941, obs. J.-J. LEMOULAND ; RTD civ., 2002, 84, obs. J. HAUSER ; Rev. dr. fam., 2001,
n° 116, obs. P. MURAT.
239
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
recomposition de la famille
»2.
La Cour de cassation a donc décidé que «
nt ». -partage
les juges du fond ayant relevé que «
femmes était stable et continue, que les enfants étaient décrites comme étant épanouies,
1
Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, n° 04-17.090, Bull. civ., I, n° 101 ; D., 2006, juris. 897, note D. VIGNEAU; ibid.
pan. 1148, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS, et 1421, obs. J.-J. LEMOULAND et D. VIGNEAU ; ibid. IR. 670, obs.
GALLMEISTER ; ibid., Point de vue, 876, H. FULCHIRON ; RTD civ., 2006, 297, obs. J. HAUSER ; AJ fam., 2006,
159, obs. F. CHENEDE, Rev. dr. fam., 2006, n° 89, note P. MURAT ; RJPF, 2006, n° 4, 32, obs. MULON ; Rev. dr.
sanit. soc., 2006, 578, note C. NEIRINCK ; JCP, G, 2006, I, 199, obs. REBOURG.
2
Bull. civ., I, 2006, n° 101.
240
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
, elle a depuis été reprise de façon largement favorable par les juges
1
du fond .
recompositions2, se insisté sur cette exigence3. Ce manque
homogénéité -
partage dans les familles recomposées et ne permet pas une lisibilité des solutions. Une
lecture trop rig et constitue une limitation importante pour
1
V. par ex. TGI Lille, ord. JAF, 11 déc. 2007, D., 2008, AJ. fam., 292.
2
Cf. C. MECARY, « Délégation- : évolution
jurisprudentielle », AJ fam.,
circonstances exceptionnelles. TGI Paris, 28 mars 2008, AJ fam., 2008, 249, obs. F. CHENEDE ; TGI Grenoble,
28 janv. 2008, AJ fam., 2008, 476, obs. F. CHENEDE ; D., 2009, 773, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS
de filiation paternelle a également permis de caractériser ces circonstances : TGI Paris, 23 sept. 2011, RG
n° 11/35995 et n° 11/35997 ; TGI Paris, 20 oct. 2011, RG n°
: TGI Paris, 21 sept. 2012, RG n° 11/44249.
3
Un tel partage pour les actes usuels entre
« -dépendant nécessitant parfois des hospitalisation longues » : CA Lyon, 2ème chb.
civ., 24 janv. 2006, JCP, G, IV, 2006, 2655, Y. REINHARD et R. BESNARD GOUDET. Il a en revanche été refusé
: Cass. civ. 1ère, 8 juil. 2010, n° 09-12.623.
4
Art. 373-3 al. 3, C. civ.
241
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
qui a longtemps vécu avec le tiers beau-parent peut commander de le confier à ce dernier
résidence habituelle de deux enfants chez leur ancienne belle-mère3. Dans cette décision,
ce sont les « liens profonds » et non « les circonstances exceptionnelles » qui justifient de
confier les enfants à leur belle-mère. Un arrêt de la Cour de cassation du 25 février 2009 4
semble aller dans le même sens. ambivalence de la juri
erver son cadre de vie habituel s
exceptionnelles ne permettait pas, au demeurant, de savoir dans quelles situations le beau-
parent pouvait . Il revenait au juge, selon les circonstances de
tait ou non à son beau-
parent.
267. -3 du Code civil.
pourrait faire ication issue de la proposition de loi APIE alinéa 2 de
cet article prévoit « à titre exceptionnel, et si , notamment
» que le juge confie
« tiers, choisi de préférence dans sa parenté ». Or, la proposition de loi prévoit
de remplacer « dans sa parenté » par « parent ou non »
1
T. civ. Fontainebleau, 17 fév. 1933, RTD civ., 1933, 456, G. LAGARDE ; CA Paris, 15 mai 1991, Juris-Data
n° 022067 ; CA Nancy, 30 sept. 1991, Juris-Data n° 052441 ; Cass. civ. 1ère, 9 juil. 1975, Bull. civ., I, n° 231.
2
CA Bordeaux, 8 mars 2005, Juris-Data n° 2005-270231, JCP, IV, 2005, 3038.
3
À la séparation de la famille recomposée, la mère des enfants demande que la résidence des enfants soit fixée
chez elle. Cependant, celle-ci vivait au sein de la communauté des frères de Plymouth, la belle-mère et le père
de continuer à
vivre auprès de leur ex-belle mère et leurs demi-
4
Cass. civ. 1ère, 25 fév. 2009, n° 07-14.849, AJ fam., 171, note I. GALLMEISTER: le principe du maintien des liens
242
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
promoteurs du rapport Filiation, Origines, Parentalité1. Il sera donc plus aisé pour les
juges -parent. Après la
séparation des parents, le juge pourrait décider du vivant que , au lieu
-selon -1 du Code civil- est
confié à un tiers. La proposition de loi élargit donc le cercle des personnes auxquelles
, en associant des tiers choisis en dehors de sa parenté si son intérêt
2
le commande .
3
introduit un article L. 221-2-
des familles
le président du conseil
départeme enfant et après évaluation de la situation,
de le conf un accueil durable et bénévole ». Cette nouvelle
1
Rapp. precit., p. 299.
2
Art. 11 de la proposition de loi.
3
L. n° 2016- J.O, 15 mars 2016.
4
Art. 223-
5
Art. 403 al. 2 du Code civil.
6
Art. 402 ancien du Code.
7
automatique du tuteur
défunt, la Cour de cassation dans une décision du 17 janvier 1995 a annulé une décision qui partageait la
grand-père pour la tutelle aux biens et la compagne de son père (qui était le
243
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
doit
également se prononcer sur le retrait de celle- s autres enfants mineurs déjà nés au moment du
jugement (art. 379 al. 1).
244
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Art. 378-1 al. 1 du Code civil.
2
Art. 378-1 al. 2 du Code civil.
3
Cf. Cass. civ. 1ère, 23 sept. 2015, n° 14-16.425. Dans cet arrêt, un enfant victime de violences de la part de ses
-mère maternelle forme un recours en annulation de
son pourvoi en cassation ont été rejetées. Pour la Cour de cassation, la qualité de grand-mère maternelle, en
de
DOUCHY-OUDOT, chron. contentieux fam., D., 2016, p. 674.
4
L. n° 2016- J.O, 15 mars 2016.
5
Article 381 du Code civil.
245
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
A. GOUTTENOIRE, Quarante pro
. ; V. aussi A. GOUTTENOIRE, «
placés », NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 514-522.
2
Art. 375-2 du Code civil.
3
Art. 375-3, 2° du Code civil. Voir les récentes recommandations du Défenseur des droits en faveur du tiers
digne de confiance, Lettre du Défenseur des Droits, décision MDE 2014-134 du 29 septembre 2014, n° 12, nov.
déc., pp. 13-
que la décision de confier celui-ci à un tiers digne de confiance -
famille-
devraient être aidées, dès que nécessaire, dans les responsabilités éducatives qui leur sont confiées ». Ne faisant
».
4
En ce sens, cf. la proposition de loi n° 2016-297 du 14 mars 2016, relati J.O, 15
mars 2016.
5
Art. 375 du Code civil.
246
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
A) La
273. Insuffisance des règles issues du droit successoral. En droit positif, le bel-
enfant ne constitue ni un héritier réservataire ni un héritier
civil3
parents, vise expressément les enfants du défunt et non ses beaux-enfants. Pour qu -
enfant puisse prétendre à la succession de son beau-parent, un lien de sang entre eux est
1
Loi n° 2006-728 du 23 juin 2006, entrée en vigueur le 1er janvier 2007, J.O, 26 juin 2006. Pour les
commentaires relatifs à cette loi, V. N. PETERKA, « Les retouches à la dévolution successorale, à propos de la loi
du 23 juin 2006 », Rev. dr. fam., 2007, étude 52 ; P. CATALA, « Le droit successoral, entre son passé et son
avenir », in Le monde du droit. FOYER, Paris, Economica, 2008, p. 229-
240.
2
u-
base du critère affectif alors que le lien horizontal unissant le beau-parent au parent est de plus en plus précaire et
sa dissolution facilitée par le législateur. Selon les statistiques, cette précarité touche encore plus les familles
3
les enfants ou leurs descendants succèdent à leur père et mère ou autres ascendants, sans
distinction de sexe, ni de primog ».
247
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
nécessaire.
1
A. HOUIS, « ? En le faisant sien ? », JCP, N,
1997, Prat. n° 4089, p. 919.
pour la perception des droits de mutation à
-1° de ce
même Code p
mutations à titre gratuit en ligne directe (celui-ci peut varier de 5 à 45% en ligne directe). Cette situation exclut
-
mutation est celui prévu entre étrangers -3° perme
régime.
2
ou à des tiers.
3
S. FERRE-ANDRE, « La communauté universelle et les enfants des époux », Defrénois, 1993, I, art. 35455,
p. 193.
248
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
exemple en a été donné lors du Congrès des notaires de France 1 : deux époux veufs et
remariés sous le régime légal avaient des enfants communs et un enfant non commun issu
-ce qui
- ituée que du logement
1
Le statut matrimonial du Français, 75ème Congrès des Notaires de France, du 7 au 10 mai 1978, Paris,
Librairies techniques, 1978.
2
Sauf si le beau-
non -1 du Code civil. En vertu de cet article, « sauf stipulation contraire du
disposant, le conjoint survivant peut cantonner son émolument sur une partie des biens dont il a disposé en sa
faveur. Cette limitation ne peut être considérée comme une libéralité faite aux autres successibles ». Cette
beau-parent.
3
La part réservée à l
249
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
276. Les libéralités-partage avant 2006. Avant la loi du 23 juin 2006, les libéralités
partage permettaient aux parents de partager leurs biens de leur vivant entre les enfants.
4
ne visant que les « héritiers présomptifs », la disposition ne
x familles recomposées. Les donations-partages conjonctives permettaient
aux parents de donner par acte unique leurs biens communs et leurs biens propres à leurs
Dans le contexte des
recompositions familiales, la question se posait de savoir si commun pouvait
1
Loi TEPA n° 2007-1223 du 21 août 2007, J.O, 22 août 2007, p. 13945.
2
Art. 796-0 bis du Code général des impôts pour la transmission par décès, 777 et 790 F pour les donations entre
vifs.
3
V. en ce sens : M. NICOD, « », JCP, N, 2006, n° 12, 1136 ; N. PETERKA, « Les
libéralités graduelles et résiduelles, entre rupture et continuité », D., 2006, 2580 ; S. OLIVIER, « La transmission
anticipée du patrimoine : aspects civils et fiscaux », JCP, N, 6 juil. 2012, n° 27, act. 691 ; F. LUZU, N. LE GALL,
« », JCP, N, 29 juin 2012, n° 26, 1280 ;
V. ZALEWSKI-SICARD, « Familles recomposées et transmission », JCP, N, 10 mai 2013, n° 19, 1130.
4
« Toute personne peut faire, entre ses héritiers présomptifs, la distribution et le partage de ses biens et de ses
droits ».
250
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
« en cas de donation-partage
auteur en biens propres de celui-ci ou en biens communs, sans que le conjoint puisse
toutefois être co-donateur des biens communs ».
pour procéder à une donation-partage conjonctive : chaque enfant doit être alloti du chef de
son auteur, et celui-ci son auteur ou en biens
1
Cass. civ. 1ère, 14 oct. 1981, Juris-Data n° 1981-0003018; Bull. civ., I, 1981, n° 292; D., 1982, IR., 236, obs.
D. MARTIN; Defrénois, 1982, art. 32582, obs. G. CHAMPENOIS ; RTD civ., 1982, p. 646, obs. J. PATARIN; JCP, N,
II, 1983, p. 54, note P. RÉMY.
2
rt. 1076-1 du Code civil, la donation-partage conjonctive est un acte aux termes duquel les
donateurs confondent tout ou partie de leurs biens respectifs en une masse unique pour les partager entre leurs
proportion de la contribution de chacun d'eux dans la masse des biens partagés. Néanmoins, cette forme de
donation
aux deux époux ne peuvent recevoir que des
biens communs ou propres de leur auteur. V. sur ces donations : M. KLAA, « Donation-partage conjonctive de
biens communs et enfants de lits différents », JCP, N, n° 6, 8 fév. 2008, 1068 ; M. GRIMALDI, « Des donations-
partages et des testaments partages au lendemain de la loi du 23 juin 2006 », JCP, N, 2006, I, 179 ;
R. LE GUIDEC, « Les libéralités-partages », D., 2006, 2584.
251
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
oser entre vifs, à titre
gratuit, des biens de la communauté ».
2
Cass. civ. 1ère 8 fév. 2005 : Avec cet arrêt, la Cour de cassation a modifié la répartition de la charge de la
preuve du profit retiré par la communauté. Auparavant, une double condition te
3
le parent recomposant qui souhaite donner un bien commun à son enfant non commun doit en
prendre conscience ière définitive le
-parent de faire une libéralité à son bel-
: au mieux, elle a ouvert une simple commodité
ent ». L. LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, op. cit., p. 585,
spec. 974.
4
Art. 929 du Code civil.
5
Article 1048 du Code civil.
6
condes familles lorsque, à
-ci les transmette à ses enfants. En ce
sens : J.-P. LEVY, A. CASTALDO, Histoire du droit civil, op. cit., §928-935.
252
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
des pouvoirs accordés au survivant. Lorsqu elle est graduelle, le premier bénéficiaire -dit
« grevé »- doit conserver le bien afin de le transmettre à son décès au second bénéficiaire
appelé »-. ation de conservation qui pèse sur le grevé lui impose de conserver le
bien en nature et pas seulement en valeur. Cette exigence permet au principe de
conservation des biens dans la famille en favorisant à la fois le beau-parent et
1
ses propres enfants .
ne peut produire son effet que sur
des biens ou des droits identifiables à la date de la transmission et subsistant en nature au
décès du grevé
lorsque la libéralité porte sur des valeurs mobilières. Afin de ne pas nuire à la gestion du
portefeuille de titres, le texte prévoit que « la libéralité produit son effet, en cas
». Bienvenue au sein des
familles recomposées, cette technique assure au décès du beau-parent des biens au profit
des enfants non communs, lorsque dans le même temps les enfants communs peuvent avoir
Il peut donc être parvenu à une certaine égalité grâce à
cet instrument.
résiduelle2, la libéralité bénéficie successivement à deux bénéficiaires
désignés. Le premier a pour seule obligation de transmettre à son décès le reliquat des
profit du second bénéficiaire. Il peut donc librement disposer du bien
et n ni en nature, ni en valeur3. Le second bénéficiaire désigné ne
reçoit que le residuum. Néanmoins, ses droits rétroagissent au jour où le disposant a
consenti la donation pour les tenir directement de ce dernier4. Lorsque le bien objet de la
libéralité a été vendu, les droits du second bénéficiaire ne se reportent ni sur le produit de
cette vente, ni sur le bien qui y serait subrogé 5. Le premier bénéficiaire dispose ainsi
liberté accrue dans la gestion des biens reçus. Cette liberté est en réalité le coroll
confiance que le parent met en la personne du beau-parent. érêt de
peut gérer les biens reçus en bon père de famille afin de les faire
fructifier bénéficient lors de son décès. Ces techniques permettent de
conférer des droits au nouveau conjoint, partenaire ou concubin tout en ménageant un
retour des bi
conserver un bien dans la famille, la donation pourra être graduelle.
conserver le maximum de souplesse et de droits pour le conjoint tout en préservant les
1
Article 1055 du Code civil : «
tant que celui- ».
2
Art. 1057 du Code civil : « Il peut être prévu dans une libéralit
subsistera du don ou legs fait à un premier gratifié à la mort de celui-ci ».
3
253
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
reliquat lors du décès. Le premier bénéficiaire demeure tenu des droits de mutation à titre
ien à payer. En revanche, au décès du premier
1
n° 2012-958 du 16 août 2012 : « pour la perception des droits de mutation à
titre gratuit entre vifs, il est effectué un abattement de
777 prévoit un faible taux de taxation pour les droits applicables en ligne directe (5 à 45 %).
2
Au lieu des 60% applicables entre non parents.
254
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Sur la notion, V. P. BERTHET, Les obligations alimentaires et les transformations de la famille
coll. « Logiques juridiques, 2000.
2
En ce sens : CA Grenoble, 10 fév. 1903, Rev. dr. patrim., 1904, 2, 469 ; CA Paris, 31 juil. 1915, Rev. dr.
patrim., 1920, 2, 148 ; Cass. civ. 2ème, 16 nov. 1978, D., 1979, I.R., p. 148 ; CA Paris, 19 mai 1992, D., 1993,
somm. 47, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS.
3
-
permet de créer un lien de parenté et produ
4
G. RIPERT, La règle morale dans les obligations civiles, Paris, LDGJ, 1994, p. 375.
255
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
3
. Dans le cadre du concubinage, le critère tiré
préciation in abstracto du
devoir moral, il ne serait pas inconcevable de reconnaître une telle obligation naturelle
4
. Pour certains auteurs, le devoir moral
qui la fonde doit être de ceux « qui sont jugés, à un moment donné, par le législateur ou par
1
S. HOCQUET-BERG, « »,
(note sous cass. civ. 1ère, 10 oct. 1995), LPA, 23 août 1996, n° 102, p. 9.
2
M.-C. RONDEAU-RIVIER, « it des obligations alimentaires », LPA, 1995,
n° 53, p. 12.
3
Cf. loi du 5 juil. 1955 qui ouvre au profit des enfants adultérins une action alimentaire.
4
M. REBOURG turelle »,
in Obligation alimentaire et solidarités familiales, entre droit civil, protection sociale et réalités familiales, L.-
H. CHOQUET, I. SAYN (dir. de), Paris, LGDJ, coll. « Droit et société », 2000, p. 41.
5
M. PLANIOL, G. RIPERT, Traité pratique de droit civil français, t. 7, Obligations, 2ème éd., Paris, LGDJ, 1954,
n° 982, p. 317.
6
D. LASZLO-FENOUILLET, La conscience, Paris, LGDJ, 1993, n° 172, p. 112.
7
P. MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK, Droit civil. Les obligations, Paris, LGDJ, 7ème éd., 2015,
n° 1130.
256
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
-parent, le devoir
alimentaire constitue bel et bien un devoir moral. Il reviendrait donc au beau-parent de
age,
2
le rapport objectif découlant du ssan -parent semble
déjà favoriser une telle reconnaissance.
283. s indirecte du fait de la vie commune. Les
règles du régime primaire des conjoints imposent indirectement au beau-parent marié une
contribution3 à enfant non commun. Sous cet angle, la résidence du beau-
te .
4
Entendue largement, la notion de charges du mariage -
5 6
-commun lorsque le couple est marié sous le régime légal .
Au plan de la contribution à la dette, cet entretien est inclu dans les charges du mariage7.
paragraphe 1360 du BGB, la contribution des époux aux charges de la famille comprend « ce qui est nécessaire
pour subvenir aux dépenses du ménage et satisfaire les besoins personnels des époux, ainsi que les besoins
courants de leurs enfants communs ayant droit à des aliments
général. CA Paris, 25 sept. 1986, D., 1987, 134, note D. MAYER et P. CALE. Sur cet arrêt, V. L. ESTIENNE-
SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, op. cit., p. 221-222. V. aussi M.-C. RONDEAU-
RIVIER, « La contribution spontanée dans les familles recomposées », , Actes
6
-parent conduit à imprimer à la dette son caractère
-parent la supporte définitivement sur le plan de
- parler de dette
-
où ce critère de résidence conduit à une différence de traitement injustifiée entre les enfants au sein du régime
légal, celle-ci existe dans le régime de séparation des biens. Pour aller plus loin, cf. L. LESTIENNE-SAUVE, Le
beau-parent en droit français et en droit anglais, op. cit., p. 294-295, spec. §485.
7
C.-M. AUBRY, C.-F. RAU, Droit civil français, par A. Ponsard, 7ème éd., LGDJ, tome 8, 1973, §508 ; COLOMER,
Rép. civ., V° Régimes matrimoniaux, p. 6 ; F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les régimes matrimoniaux, Paris,
Dalloz, coll. « Précis », 7ème éd., 2015, p. 44, spec. n° 53.
257
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
non des deux conjoints »4. Ainsi, les dépenses non alimentaires générées par la vie
-parent sont supportées à titre définitif par la
5
communauté. Aucune récompense au profit de celle-ci .R
LOYSEL « qui épouse le corps épouse les dettes », une partie de la doctrine approuve cette
solution. Pour Monsieur le professeur CHAMPENOIS, «
s étranger à
6
» . Gérard CORNU considérait que « pas les
solidarités familiales « naturel que les charges alimentaires
respectives des époux pèsent, en toute réciprocité, sur le budget du ménage »7. Pour
par la mère. Cf. CA Paris, 25 sept. 1986, D., 1987, note D. MAYER et P. CALE.
2
proposée : «
issus du mariage ». Si elle
3
L. LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, op. cit., p. 232, spec. n° 383.
4
M. GRIMALDI (dir. de) Droit patrimonial de la famille, Paris, Dalloz, coll. « Dalloz Action », 5ème éd., 2014,
p. 12, spec. n° 111.71-111.73.
5
Alo : « Récompense est due à la communauté qui a acquitté la
». Cependant, les aliments dus par les époux sont définitivement supportées par la
communauté. En ce sens : Cass. civ. 1ère, 8 nov. 2005, n° 03-14.831, Bull. civ., I, n° 403 ; D., 2005, IR, 2897 ;
Rev. dr. fam., 2005, n° 274, note B. BEIGNIER ; RJPF, 2006, n° 3, 53, note VALORY.
6
J. FLOUR, G. CHAMPENOIS, Les régimes matrimoniaux, Paris, Dalloz, coll. « Armand Colin », 2ème éd., 2001,
p. 455, spec. n° 484-485.
7
G. CORNU, Les régimes matrimoniaux, Paris, PUF, 9ème éd., coll. « Thémis », 1997, p. 312.
258
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
relatives à la contribution aux charges du mariage. Il serait dès lors tout à fait imaginable
que le juge puisse un jour
1
J. REVEL, « Les revenus des époux communs en biens et les tiers : mariage ou célibat », D., 1987, chron.
131, n° 18.
2
Un avant projet de loi datant de 1979 semblait vouloir mettre en place une telle récompense lorsque la
bien que certains, notamment le ministère des Droits de la femme, souhaitait que cette possibilité soit consacrée.
Sur ce texte, cf. M. REBOURG, -parent, op. cit., §280.
3
L. ESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en droit anglais, op. cit., p. 293.
4
G. CORNU, Les régimes matrimoniaux, op. cit., p. 315 ; A. COLOMER, Droit civil. Régimes matrimoniaux, Paris,
Litec, 12ème éd., 2004, p. 364, spec. n° 797 ; M. GRIMALDI (dir. de), Droit patrimonial de la famille, op. cit.,
n° 142.41 ; F. TERRE, P. SIMLER, Les régimes matrimoniaux, op. cit., p. 312, n° 408.
259
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
relatifs Pour
les couples pacsés peuvent convenir de fixer dans leur
-
parent, ainsi que son étendue.
286. Une obligation naturelle pour le concubin.
ssues du régime matrimonial des époux est inapplicable au beau-
parent.
vie commune1 entre concubins, et a fortiori de solidarité ménagère2 entre eux. Par
conséquent, la participation - enfant de son concubin
relève de son bon vouloir. La jurisprudence, bien que relativement pauvre en la matière,
offre néanmoins quelques -parent concubin
3
pourrait . Les juridictions du fond ont pu considérer que
celui qui entretient les enfants du premier lit
4
. Dans un autre
5
arrêt, la Cour de cassation semblait implicitement
concubin les ayant hébergés
gratuitement pendant un moment, celui-ci a demandé leur expulsion. Les pare -
de leur fille serait tenu de leur verser. Déboutés de leur demande, leur pourvoi est rejeté.
Néanmoins, l les la
possibilité
retenue -les parents - la Cour semblait
reconnaître implicitement son existence à des parents
égard ceux-ci le justifiait6. Il semblerait donc
1
Cass. civ. 1ère, 19 avr. 2005, Rev. dr. fam., 2005, comm. 217; Cass. civ. 1ère, 31 janv. 2006, Rev. dr. fam., 2006,
comm. 83, note V. LARRIBAU-TERNEYRE.
2
Cass. civ. 1ère, 7 nov. 2012, n° 11-25.430.
3
CA Paris, 23 avr. 1986, 1ère chb., sect., Juris-Data, n° 23210.
4
Cf. Paris, 20 avr. 1944 ; Colmar, 20 déc. 1960, D., 1961, p. 207 ; Cass. civ. 1ère, 21 juil. 1987, cités par
M. REBOURG »,
art. precit.
5
Cass. civ. 1ère, 18 juil. 1995, LPA, n° 87, p. 13, note HAUKSSON-TRESCH.
6
Pour plus de développements sur cet arrêt, cf. L. LESTIENNE-SAUVE, Le beau-parent en droit français et en
droit anglais, op. cit., n° 494.
260
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
-
parents, les grands-parents et grands-beaux-parents, ainsi que les demi-frèr
riage peut en succéder un autre et
-parent en cacherait un autre . En 1998, le rapport4 de Madame le
3
1
V. DEPADT-SEBAG, « La reconnaissance juridique des tiers beaux-parents : entre adoption simple et délégation
partage », D., 2011, p. 2494.
2
Cf. la thèse de M. REBOURG, -parent, Paris, Defrénois, 2003.
3
A. GOUTTENOIRE, « Un beau-parent peut en cacher un autre », Rev. dr. fam., 2006, n° 2, alerte 10.
4
I. THERY, Couple, filiation et parenté au : le droit face aux mutations de la famille et de la vie privée,
261
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
A) -parent
1
Pour prendre juridiquement en compte la relation beau-parentale, Madame le professeur DEKEUWER-DEFOSSEZ
Le lien juridique découlerait naturellement du mariage et non pas des autres formes de conjugalité, dans
lesquell -à-
-ci semble être indifférent à la nature des relations que pourrait
2
I. THERY, Filiation, origines, parentalité, Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité générationnelle,
rapp. precit.
3
Rapp. precit., p. 285.
4
Cf. le rapport, p. 286, 3°.
262
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
H. FULCHIRON, « Autorité parentale et famille recomposée » in Droit des personnes et de la famille, Liber
amicorum. Mélanges à la Mémoire de Danièle HUET-WEILLER, LGDJ, Presses universitaires de Strasbourg,
1994, pp. 141-164.
2
D. FENOUILLET, « La parentalité en question : la parenté éprouvée », Dossier « Faut-il réformer le rôle des tiers
en droit de la famille ? », LPA, n° 59, 24 mars 2010, p. 9.
3
L. LEVENEUR, « Dans les familles recomposées », Dossier « Faut-il réformer le rôle des tiers en droit de la
famille ? », LPA, 24 fév. 2010, n° 39, p. 14.
4
D. FENOUILLET, « La parentalité en question : la parenté éprouvée », art. precit., p. 10.
5
Cf. en ce sens P. BLOCHE, V. PECRESSE,
droit de la famille et les droits des enfants, Ass.
nat. n° 2832, déposé le 25 janvier 2006, La Documentation française, 2006.
263
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
B)
-projet illustre bien les difficultés liées à la prise en compte par le droit des
situations de fait. Le Gouvernement a par la suite confié au député Jean LEONETTI une
rapport a été remis au premier Ministre le 7
4
octobre 2009 , guère emporté les suffrages5. Plus récemment, le rapport de
Mesdames les professeurs THERY et LEROYER6 abordait cette même problématique en
prenant en compte les critiques adressées au projet de loi de 2009. La proposition de loi
-parents, prévoit à
tiers7.
consistait à donner aux beaux-parents leur juste place au sein de la nouvelle famille
constituée de tiers à proprement parler. Or,
1
avant-projet, V. A. MIRKOVIC, « autorité parentale et
les droits des tiers », AJ fam., 2008, nov., p. 428 ; F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Du statut du beau-parent aux
droits des tiers : réflexions critiques sur un texte controversé », Rev. Lamy dr. civ., 2009, n° 60.
projet, P. MALAURIE, « Autorité et droit des tiers : un projet patchwork », JCP, G, 1er avr. 2009, p. 167;
A. MIRKOVIC, « Statut du beau-parent », Rev. dr. fam., 2009,
n° 28.
2
Très précisément comme le relève M. BRUGGEMAN, « on ne peut désigner du
fait de élément qui le caractérise. En droit de la famille, il est celui qui, dépourvu de lien juridique
enfant, e catégorie donc sur un critère de
enfant et le exceptionnellement en compte. Relevant du
domaine des faits, son intervention ne lui confère aucun statut et il demeure un « tiers » ; ni parent, ni tuteur de
a en principe ni droit ni devoir à son égard ». Cf. « Les familles recomposées »,
AJ fam., 2007, p. 294.
3
A. MIRKOVIC, « Statut du beau-parent », art. precit.
4
J. LEONETTI, rité parentale et droits des tiers, remis au premier ministre le 7 octobre
2009.
5
A. MIRKOVIC, « », JCP, G,
2009, 345 ; Dossier « Faut-il réformer le rôle des tiers en droit de la famille ? », LPA, 24 fév. et 24 mars 2010.
6
I. THERY, A.-M. LEROYER, Filiation, origines, parentalité, le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité
générationnelle, rapp. precit.
7
actes usuels
264
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
sur aurait-il
une volonté implicite de reconnaître des droits à tous les tiers, ou serait-ce le beau-parent
qui peine à trouver sa juste place ? Ce dernier est clairement assimilé à un tiers dans la
proposition de loi, alors que le rapport de Mesdames les professeurs THERY et LEROYER
délicat, symboliquement, de faire entrer les beaux-parents dans une
catégorie générique de tiers car précisément, ils ne sont plus vraiment des tiers compte
»1.
294. . Compte tenu de la promotion inédite
du principe de coparentalité, la situation familiale dans laquelle interviendrait un tiers
t demeurer exceptionnelle. Instituer
conduit pas moins à inverser les termes du problème, en intégrant un tiers au lieu et place
de celui ou celle à qui incombe la fonction parentale. Une telle situation méconnaît le droit
2
, le tiers ne pouvant jouer un
rôle comparable à celui des parents
3
et de
-parent ne semble au demeurant servir que les intérêts
des adultes. Monsieur le professeur BEIGNIER
considère « Il ne faut jamais confo
ordre du nécessaire quotidien et du relatif, peut être délégué sans peine.
Le principal ne peut être partagé, sauf en acquitter ; dans ce
us une filiation déficiente. Un tiers peut
être un auxiliaire précieux, utile et souvent généreux, des deux parents que la vie a séparés.
Il ne peut être un captateur de ce qui unit essentiellement l enfant à celui qui lui a donné la
vie. La ligne de partage des eaux se situe là. À chacun sa place juste mais aussi sa juste
place ; et au centre enfant »4.
295. , réponse à la variété des recompositions.
5
statut du beau-parent est séduisante enfant6.
1
Rapp. precit., p. 285, 1°.
2
C. EOCHE-DUVAL, « tenu et élevé par sa mère et par son père est-il un
principe à valeur constitutionnel ? », D., 2013, 786.
3
À cet égard, Madame Aude MIRKOVIC exprime très justement la situation en ces termes : « Il est vrai que
multi enfant aurait le droit de maintenir des liens deviendrait impraticable, mais cela
ne fait que manifester les limites de une accumulation des droits à ceci ou à cela,
compe enfant soumis aux aléas des relations des adultes. Il est illusoire de penser
que la précarité affective dans laquelle les décompositions et recomp enfant puisse
être totalement compensée par le droit de maintenir les liens noués, qui ne peut certainement pas suffire à
r enfant est privé ». Cf. A. MIRKOVIC, « Avant-
les droits des tiers », AJ fam., 2008, n° 11, p. 428.
4
B. BEIGNIER, « Beau-parent ou tiers ? », Rev. dr. fam. n° 6, 2009, repère 6.
5
tiers, car
celle-
THERY insistait sur
6
», voir supra, n° 103.
265
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
Rapp. precit., p. 285.
2
Ibid., p. 289.
266
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
CE, 8 février 1999, n° 173126.
2
CA Versailles, 11 sept. 2003, n° 02/03372.
3
Cass. civ. 1ère, 24 oct. 2000, n° 98-14.386.
4
Cass. civ. 1ère, 3 mars 2009, n° 05-17.163.
5
I. THERY, Couple, f
R
française, Paris, juin 1998.
6
P. BLOCHE, V. PECRESSE,
famille, Ra
n° 2832, déposé le 25 janvier 2006, La documentation française, 2006.
7
Demain la famille, 95° Congrès des Notaires de France, Marseille, 9-12 mai 1999.
8
Établis en la forme authentique, ils seraient immédiatement exécutoires sans validation judiciaire et seraient
unilatéralement révocables.
9
Madame le professeur GOUTTENOIRE juge indispensable à la fois
juge. Mme MILLET le recours lui semble inéluctable car
in concreto et
naîtraient immanquablement entre les différents adultes, une fois mis en position de revendiquer des droits sur
Cf. le rapport P. BLOCHE, V. PECRESSE, rapp. precit.
267
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
usu
. Or, cet accord affiché dans les mots de la
ni nécessaire, ni sanctionné en cas de non
respect alinéa premier du nouvel article 372-1 précise que « cet accord est exprès pour
les actes importants ». À contrario, il serait implicite pour les actes usuels
tiers comme entre les parents.
300. Le L idée de recourir à un mandat pour
permettre aux beaux- accomplir les actes u est pas
non plus, nouvelle. En 2002, elle a été proposée par le Sénat lors de la discussion du texte,
sans être retenue2. Le mandat tel qu de la simple déclaration par acte
sous seing privé enregis instance, voire aux services de
3
acte notarié. L
mesure tenait sans aucun doute à , non requis pour la conclusion
du insérer dans le Code civil un
1
Ce qui, là en
2
- «
mandat à un tiers pour accomplir certains actes usuels relatifs à l ». Cf. proposition de loi
§ 3 bis de la loi.
3
Proposition du professeur DEKEUWER-DEFOSSEZ, V. Sénat, Familles monoparentales, familles recomposées :
un défi pour la société française rmation n° 388 (2005-2006), G. GAUTIER, au nom de la
délégation aux droits des femmes, 13 juin 2006, p. 150.
268
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
contrevient à son intérêt ou, à tout le moins, révèle que la coparentalité est difficilement
conciliable avec les situations de recomposition familiale 5. Au cours des débats6 relatifs à
cette proposition de loi, Monsieur Jacques BOMPARD souligne la « parenté distributive » et
1
Rapp. precit., p. 292.
2
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Coparentalité et famille recomposée : une conciliation impossible ? », Rev. Lamy
dr. civ., 2014, n° 116.
3
Article 14 de la proposition de loi.
4
Rapp. precit., p. 291.
5
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Coparentalité et famille recomposée : une conciliation impossible ? », art. precit.
pe de coparentalité et préférer le beau-
parent au parent. Pour Madame le professeur Fenouillet, « le droit se perd entre tous les intérêts en cause, ceux
- ».
Cf. Droit de la famille, Paris, Dalloz, 3ème éd., 2013, p. 36.
6
269
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
sociale qui est de mise, comme substitut à la parenté biologique. Pour celui-ci, « cette
», et
en tout état de cause, «
B)
1
Article 12 de la proposition de loi.
2
lui-même. En ce sens, rapprocher par exemple Civ 1ère, 8 juil. 2010, n° 09-12.623, avec TGI Bayonne, 26 oct.
2011, n°11/00950 La décision du JAF de Bayonne reposait uniquement sur
des qualités éducatives et affectives » du couple
égard des deux enfants, faisant ainsi abstraction des circonstances exceptionnelles. Cette décision était en
totale opposition avec la jurisprudence de la Cour de cassation. Plus récemment, le TGI de Paris, dans une
décision du 22 fév. 2013, n° 12/35092, a
profit de la mère et sa compagne, et ce dans le cadre d'un projet parental à trois, t
depuis sa naissance avec sa mère et la compagne de celle-ci, et voyant son père un week-end sur deux et pendant
les vacances.
4
Rapp. precit., pp. 294-298.
270
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
que « le juge y fait droit, sauf circonstances exceptionnelles ». Il est permis de se demander
quelles pourraient être les raisons qui pousseraient le juge de ne pas y faire droit. Lien par
-parent est
rés
271
La privatisation des liens de famille Le lien matrimonial détaché du lien familial
1
Article 15 de la proposition de loi.
2
Cass. civ. 1ère, 5 avril 2005, Bull. civ., I, n° 162.
3
CA Lyon, 7 mai 2002, JurisData n° 197869.
4
CA Rennes, 29 mai 2000, n° 98/03537.
272
Conclusion du chapitre second
307. Le recours à la parenté comme assise du lien familial a marqué la fin du XXème
siècle. la consécration
une approche renouvelée de la parenté re
plus usuelle en France, la parenté est une réalité naturelle, appréhendée par le droit,
permettant .
le cas particulier de
. La dissociation entre le fait de donner la vie
filiation. Dans les faits, un enfant peut être successivement élevé par les multiples
partenaires de son parent
Mieux, ces configurations familiales inédites viennent se greffer au lien parental initial,
lequel est toujours juridiquement protégé. Elles reçoivent par conséquent un accueil
favorable du droit qui fait la place large aux nouveaux liens de proximité. Comment peut-
on valablement encourager et protéger la coparentalité des parents tout en y associant les
1
La multiparentalité vers laquelle se dirige le droit a pu être qualifiée par Madame T HERY de parentalité
domestique, dont le droit serait le vecteur principal de reconnaissance. Celle-ci, à raison, suggérait déjà en 1995
que, « pour penser une figure familiale aussi inédite, aussi diverse (que le beau-parent), pour énoncer les repères
juridiq
confronter à la plus déroutante des responsabilités : inventer ». Cf. M.-T. MEULDERS-KLEIN, I. THERY (dir. de),
Quels repères pour les familles recomposées ?, Paris, LGDJ, coll. « Droit et société », 1995, p. 34.
2
A. DECOCQ, « Le désordre juridique français », in Jean Foyer, auteur et législateur, Écrits en hommage à Jean
FOYER, Paris, PUF, 1997, pp. 147-163.
3
Cf. infra, notre Partie 2, Titre 2, Chapitre 2.
273
Conclusion du titre second
romain « le père est celui que les noces désignent ». Le doyen CARBONNIER, reprenant la
même idée, considérait à juste raison que «
la présomption de paternité ». Si cette présomption ne se réduit pas au donné biologique,
elle est la jonction d un fait naturel (avoir donné naissance à un enfant rattachable au mari
de la mère) et d e vérité sociologique (prendre ),
intérêt famille unie. Or, le détachement
consommé du lien matrimonial et du lien fam
conduit à une approche renouvelée de la parenté. Lien matrimonial et lien familial sont
conçoit de façon exclusive.
cette fracture, il apparaît que seul l est encore
Si
est le nouveau fondement sur lequel le droit français articule les
rapports familiaux, sans référence a son
intérêt transcende le lien pouvant unir les parents entre eux. La protection est
une considération tout aussi importante en droit marocain - ermis de
274
tent deux volontés libres et autonomes en vue de satisfaire une
.
La valorisation
Dans ce contexte, la
tâche qui incombe au législateur
consiste davantage en une mission de régulation des comportements familiaux qui passe
ation des individus et celle consistant à
reconnaître au lien familial la juste place qui lui revient.
275
Conclusion de la première partie
Ainsi que
démarier, qui était autrefois une obligation sociale i
relations sexuées, est devenu une question de conscience personnelle »1.
plus la capacité
prédéfinie. Elle est le droit de se donner et de se reprendre au gré de sa conscience.
1
I. THERY, « Postface. Engendrement et filiation au temps du démariage », in Parenté, Filiation, Origines, Le
, H. FULCHIRON, J. SOSSON, Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 346.
2
N. MOLFESSIS, « La langue et le droit », in Langue et droit, E. JAYME (dir. de), XVème Congrès International de
droit Comparé, Académie Internationale de droit Comparé, Bruxelles, Bruylant, 2000, pp. 177-198.
276
1
question centrale de savoir
dernière ?
-il de son nouveau fondement, et celui-ci garantira-t-il réellement la stabilité du
? À ces questions, le
droit positif a apporté -t-il des
2
comportements. du juge ne consistant plus à juste « dire » le
droit , mais à réaliser effectivement les droits participe de ce mouvement. Mais le XXIème
3
siècle marque un tournant radical par rapport à son aîné. Il apparaît que la
dématrimonialisation des liens de famille entre dans la politique juridique menée en
simplement suivisme législatif, mais bien une marche en avant de la
législation réformant à tout va une famille qui de naturelle, devient délibérément
construite.
1
A.-C. REGLIER, , Thèse, Aix-en-provence, 2013.
2
V. ÉGEA, , Paris, Defrénois, coll.
« Doctorat&Notariat », 2010.
3
H. CROZE, « Le juge doit-il dire le droit ?», in Justices et droit du procès, Du légalisme procédural à
rocessuel GUINCHARD, Paris, Dalloz, 2010, pp. 225-232.
277
Seconde partie
Particulièrement silencieux
mais extrêmement rapide, le phénomène de dématrimonialisation trouve sa genèse dans la
consécration juridique des nouvelles conjugalités (Titre 1), ayant
puis détaché celui-ci de la
Ce
1
P. CATALA, « La métamorphose du droit de la famille », 1804-2004, Le Code civil, Un passé, un présent, un
avenir, Dalloz, 2004, p. 342 et s.
2
P. ROBERT, Le Grand Robert de la langue française, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française, Paris, 2ème éd., entièrement revue et enrichie par A. REY, t. III, 1992, V° -dé.
3
P. MURAT (dir. de), Droit de la famille, Paris, Dalloz Action, 7ème éd., 2016-2017, n° 01.43, p. 18.
279
bouleversement de la logique matrimoniale
une définition de la parenté, dont la refondation est pensée à la lumière de la
dématrimonialisation des liens de famille (Titre 2).
280
Titre premier. La consécration
juridique de nouvelles conjugalités
311. Le détachement progressif du
lien matrimonial et du comme mode de
. Dans le même temps émerge
,
vers la filiation. Telle que décrite dans notre première partie, la privatisation du lien de
famille relègue la question du mariage à une affaire de conscience sur laquelle la société
Ce démariage a été favorisé tant
la baisse de la nuptialité, que par le suivisme législatif. L
trouvée affaiblie, et le lien institutionnel qui reliait autrefois horizontalement le couple
engagement,
mais que le droit reconnaît (Chapitre 1). Le mariage ne fonde donc plus rien. Il est
désormais question de la conjugalité ayant mariage, en en faisant
un mode de conjugalité parmi les autres formes de vie à deux. Appréhendée dans toute sa
factualité est la notion juridique de couple qui émerge1
professeur Hugues FULCHIRON, « on assiste à un double mouvement de dilatation et de
contraction. Dilatation du mariage qui se dilue dans une conjugalité ouverte à toutes les
formes de vie en couple ; contraction de la conjugalité qui se referme sur le couple et sur
lui seul »2. Or, la démarche est critiquable
car elle consiste, à commune aux couples de toute nature, de
3
leur ouvrir des droits individuels qui entraîne
le modèle institutionnel dans son sillage en lui faisant perdre de sa substance.
tinent européen et bien au-
4
libéralisme par désengagement de la norme . est de
savoir si le modèle de familles telle que
pourrait séduire outre-méditer
des pays du Maghreb (Chapitre 2).
1
V. en ce sens : C. BRUNETTI-PONS (dir. de), La notion juridique du couple, Paris, Economica, coll. « Études
juridiques », 1998.
2
H. FULCHIRON, « Mariage, conjugalité ; parenté, parentalité : métamorphose ou rupture ? », in Mariage-
Conjugalité, Parenté-Parentalité, H. FULCHIRON (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2009,
p. XI.
3
Ibid., p. XII.
4
MURAT. Cf. P. MURAT, « Individualisme, libéralisme,
légistique », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, op. cit., p. 241.
281
Chapitre premier. L -
mariage dans le Code civil
r
famille est consommé par la loi du 15 à chacun sa famille,
à chacun son droit » chère au doyen CARBONNIER avait permis à ce dernier introduire le
phénomène pluraliste en droit contemporain de la famille. Au nom de ce pluralisme et de la
liberté individuelle1, le législateur offre au couple trois modes de conjugalité correspondant
différents des conjoints fonde le
mariage, tandis que la liberté gouverne les rapports des partenaires et des concubins. Pour
autant, les trois formes de couples se retrouvent autour de leur volonté de mener une vie
commune. Si le concubinage se révèle dénué de tout devoir ou obligation réciproque, il
Calqué sur le mariage, le pacte civil de
solidarité (ci après Pacs) offre des droits et des devoirs comparables (voire équivalents ?) à
ceux du mariage tout au long de la vie commune. Or, si le but du législateur en 1999 était
-distinct du mariage- afi
leur vie commune,
du mariage affaiblit corrélativement ce dernier2 qui se trouve désormais concurrencé
(Section 1). dynamique de concurrence, les revendications
et à la famille par les couples de même sexe finissent par
trouver un écho favorable auprès du législateur qui procède en 2013 à la dénaturation
même du modèle entre les couples de même sexe
(Section 2).
1
Sur ces notions, V. J.-L. RENCHON, «
réformes du droit de la personne et de la famille », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, op. cit.,
pp. 209-236 ; V. aussi, P. MURAT, « Individualisme, libéralisme, légistique », in Mariage-Conjugalité, Parenté-
Parentalité, op. cit., pp. 237-243.
2
Sur cette idée, V. J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux, Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris,
éd. Panthéon-Assas, 2012.
282
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
313. Une idée nouvelle : le droit au bonheur pour tous. À la suite des Travaux des
1
, François RIGAUX constate une généralisation
de l au sein des systèmes juridiques
2
occidentaux . Justifiée par une prétendue poursuite du bonheur, cette tendance appelle un
arrêt sur la réelle teneur
vie de couple. Défini comme «
personne », le bonheur fai et au sentiment de bien-être.
3
Appliqué à la sphère familiale, le bonheur suppose, en amont, de saisir le sens réel de sa
propre existence afin de parvenir à une traction.
À cet égard, le mariage implique « ; un don total de
4 5 6
soi » constitue une expérience de . Nous
avons pu démontrer que si les individus ont une singularité ontologiqu
constituent doivent réaliser que chaque élément de leur existence est en connexion avec les
autres dans un tout harmonieux7. Or, le bonheur tel qu dans les sociétés
occidentales se détache en tous points du bonheur dont la notion de Bien commun serait la
finalité, son objet étant la Il se
8
cantonne à la recherche du bien-être de soi, au détriment du « Soi éthique » du couple.
Madame le professeur DOUCHY-OUDOT exprime en ces termes la base sur laquelle se font
: «
9
».
1
F. RIGAUX (préface de), Famille, Droit et changement social dans les sociétés contemporaines, Travaux des
VIIIème DABIN organisées par le Centre de Droit de la Famille les 25-26 mars
1976 à Woluwe-St-Lambert (Bruxelles), Paris, LGDJ, 1978.
2
M. A. GLENDON, «
des Etats-Unis », in Famille, Droit et changement social dans les sociétés contemporaines, op. cit., p. 14.
3
J. CARBONNIER, « Terre et ciel dans le droit du mariage », in Le droit privé français au milieu du XX ème siècle.
Études offertes à Georges RIPERT, t. 1, Paris, LGDJ, 1950, p. 335.
4
E. DU PONTAVICE, « Droit de la famille et droit au bonheur » in Mélanges offerts à Monsieur le professeur
Pierre VOIRIN, Paris, LGDJ, 1967, p. 688.
5
P. SOUAL, Le drame de la liberté, Introduction aux Principes de la philosophie du droit de Hegel, Paris,
Hermann éd., 2011, p. 82.
6
En ce sens : M. DOUCHY-OUDOT, « »,
professeur Jean Hauser, Paris, LexisNexis Dalloz, 2012, pp. 81-94.
7
V. supra, n° 55 à 58.
8
Sur cette notion du « Soi éthique du couple de P. SOUAL, op. cit. entrer
-pour-
».
9
M. DOUCHY-OUDOT, « »,
Jean HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, p. 81.
283
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
-droit de son compagnon
assuré social (Art. L. 161-14 du C. sécu. soc.). Avant cette date toutefois, la loi du 16 novembre 1912 introduit
-4 au sein du Code civil ainsi libellé : « La paternité hors mariage peut être judiciairement déclarée
», et le 4° de cet article poursuit ainsi : « Dans le cas où le père prétendu et la mère ont vécu en état de
concubinage notoire pendant la période légale de la conception ».
2
284
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
, voire la possible mise
mpératif conjugal (§3).
produit. Cf. J.-J. LEMOULAND, Droit de la famille, éd. Ellipses, 2014, p. 370.
5
J. RUBELLIN-DEVICHI, « », RTD civ., 1983,
389 et s.
6
Cf. Rép. min. n° 25678 du 24 mars 1980, JCP, G, IV, 1980, 408 : «
cadre rigide une situation qui repose par définition sur le liberté des intéressés » ;V. aussi, A. SERIAUX, « De
», in Regards civilistes sur la loi du 15 novembre 1999 relative au
concubinage et au pacte civil de solidarité udes des 4 et 5 mai 2000, organisées par le
Université Lille II, Paris, LGDJ, pp.
29-36.
7
Sur la genèse du PACS, cf. H. BOSSE-PLATIERE, « Nature juridique et évolution du Pacs », in Droit de la
famille, P. MURAT (dir. de), Paris, Dalloz Action, 7ème éd., 2016-2017, pp. 559-574.
8
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Modèles et normes en droit contemporain de la famille », in Mélanges Christian
MOULY, Paris, Litec, 1998, p. 281. Sur la notion de modèle, V. TERRASSON DE FOUGERES, Le modèle dans le
droit de la famille. Notion et fonction, Thèse, Paris II, 1994.
9
Pour RUBELLIN-DEVICHI, in Les concubinages,
Approche socio-juridique, Paris, éd. du CNRS, 1986, p. 18.
285
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
diverses »1, qui plus est dans des domaines différents (civil, social et fiscal). Pour Madame
le professeur Françoise DEKEUWER-DEFOSSEZ, le décloisonnement des disciplines conduit
nécessairement le droit civil, à partir de la notion de vie maritale, à tenir « compte des
formes de vie familiale auxquelles le droit social accorderait une reconnaissance seulement
pécuniaire »2
européen et de ses répercussions sur le droit interne. La diversité des objectifs et des
méthodes e
qualifié de « dévoiement des modèles familiaux ». Si a la définition du
concubinage se trouve en porte-à- engendre très précisément en
raison des effets non négligeables et qui conduisent parfois à assimiler les
concubins aux personnes mariées. De la même manière, la rupture du concubinage génère
un important contentieux -entre les concubins eux- ers-
qui conduit Monsieur le professeur Jean-Jacques LEMOULAND à douter que «
situation (ne peut être) soit tenable indéfiniment »3. L la
matière permet de « tracer un cadre permet parfois aux
Il ne serait pas inconcevable, dans ce
contexte, de mener
primaires au profit des couples de concubins.
316. Un changement profond du droit de la famille. La place occupée par le
mariage durant des siècles a conduit le législateur, dès la promulgation du Code civil, à
ignorer les concubins. Union « de seconde zone », le concubinage était inférieur état de
mariage et le législateur lui déniait tout effet juridique. Or, l des divorces et
la désaffection des plus jeunes vis-à-vis du mariage dans la seconde moitié du XXème siècle
ont conduit à une -
mise en évidence par la sociologie (notamment juridique) et l - a mis
aux réalités de notre temps, et des propositions
4
ont été faites en ce sens . Bien que le concubinage produisait déjà des effets -
-, sa reconnaissance par le
législateur en 1999 a emporté nombre de conséquences.
consécration léga ou de la simple adaptation du droit à la
bouleversé le
paysage du droit français de la famille. En premier lieu, la perception même du couple en
1
Ibid., p. 18.
2
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Modèles et normes en droit contemporain de la famille », art. precit., p. 281.
3
J.-J. LEMOULAND, Droit de la famille, Paris, éd. Ellipses, 2014, p. 373, spec. 458.
4
V. en ce sens le rapport de Madame le professeur F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille.
Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux aspirations de notre temps, Rapport au Garde des Sceaux,
ministre de la Justice, Paris, La Documentation française, Coll. des « rapports officiels », 1999 ; I. THERY,
: le droit face aux mutations de la famille et de la vie privée, Rapport à
aris, éd. Odile
Jacob&La Documentation française, 1998.
286
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
Peuvent désormais coexister à ses côtés, au sein du Code civil, des unions qui recouvrent
2
, caractérisées par la volonté de vivre ensemble et sans nécessairement
Il y a là un retrait du rôle « positif » du législateur, qui déterminait
autrefois ce qui était bon pour la société et le consacrait légalement. Avec cette loi, il fait
en renonçant à alors
3
même serait plus profitable pour la société . En troisième lieu la
agement privé des individus qui se passe de la société pour exister. À
cet égard, Madame Clotilde BRUNETTI-PONS considère que «
; la loi doit rester neutre et
4
tenir compte de la diversité des situations » . Au demeurant, le législateur « refuse de
», car « rien ne vient plus
justifier que le mariage conserve sa place traditionnelle de modèle »5. Enfin, cette loi
parachève la dissociation de la vie commune du couple conjugal, « envisagée sous son
1
Cass. soc., 11 juil. 1989, D., 1990, p. 582 ; Civ. 3ème, 17 déc. 1997, D., 1998, p. 111.
2
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « À propos du pluralisme des couples et des familles », art. precit., pp. 29-36.
3
Su LEQUETTE, cf. supra, n° 83.
4
C. BRUNETTI-PONS, « ? », in
Regards civilistes sur la loi du 15 novembre 1999 relative au concubinage et au pacte civil de solidarité, Actes
287
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
sont séparés de corps ou divorcés, etc... La différence vient de ce que les situations de fait
1
ne sont pas établies conformément . Pourtant, il arrive que le
droit prenne en compte ces situations. Ce sont alors des situations irrégulières « auxquelles
sont attachées certains des effets des situations de droit correspondantes » 2. Cette analyse
se vérifie pleinement concubinage, pris en compte du fait de la vie commune
qui le révèle.
318. Une situation fondée sur la vie commune. Les articles 515-8 et 515-1 du Code
civil, issus de la loi du 15 novembre 1999 portant reconnaissance du concubinage et
création du Pacte civil de solidarité (ci-après Pacs) visent tous deux la vie commune
comme critère de reconnaissance des relations non fondées sur le mariage. Si la notion de
, le Conseil constitutionnel, issant du
3 4
PACS . Celui-ci a eu
« la notion de vie commune ne couvre pas seulement une
n entre
deux personnes ; la vie commune mentionnée par la loi suppose, outre une résidence
commune, une vie de couple qui seule justifie que le législateur ait prévu des causes de
nullité du pacte qui, soit reprennent les empêchements à mariage visant à prévenir
288
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
concubins semble toujours être calquée sur celle des époux ou des partenaires1. Révélateur
ffectivité de la vie de couple, ce critère constitue le dénominateur
commun aux trois formes de conjugalité. Purement factuel, il contribue également à leur
confusion2 du fait que le législateur en fait le critère exclusif permettant aux conjugalités
de produire leurs effets.
319. Appréciation jurisprudentielle de la durée de la vie commune. Pour produire
dans la durée et la stabilité3. Le temps4 est à cet
Si en mariage la communauté de vie a déjà
quelque chose de présumé, en concubinage elle reste à prouver. ne découle
la communauté de vie en
dehors de toute vie commune matérielle. Il revient
5
par cas la
la preuve du concubinage est libre Il leur
est par conséquent loisible de se retrancher derrière leur pouvoir souverain afin de refuser à
-8 du Code civil,
1
une hiérarchisation des nouvelles formes de conjugalité,
: M. LAMARCHE, Les degrés du mariage, Marseille, PUAM, 1999.
2
Cette confusion se
de couple, plus large que la simple cohabitation initialement retenue par le législateur dans le Pacs. Conseil
constit., DC n° 99-419 du 9 nov. 1999, J.O, 16 nov. 1999, p. 16962.
3
Ces deux critères figuraient déjà dans la jurisprudence antérieure à la loi de 1999, et ont été consacrés par elle :
CA Bordeaux, 25 mars 1997, Rev. dr. fam., 1997, comm. 132, note H. LECUYER ; CA Toulouse, 6 mars 2000,
Rev. dr. fam., comm. 106, note H. LECUYER.
4
La jurisprudence examine au cas par cas la réalité de la stabilité du couple « de fait ». Ainsi, une simple
aventure, dénuée du caractère de stabilité, ne permet pas de retenir la qualification de concubinage au sens de
le 515-8, cf. CA Toulouse, 23 janvier 2001, JurisData, n° 2001-137248.
5
R.-M. ROLAND, -conjugalités : mariages fictifs, concubinages, pacs, Lyon,
éd. , 2000, p. 362.
6
Cass. crim. 5 oct. 2010, n° 10-81.743, Rev. dr. fam., 2011, obs. V. LARRIBAU-TERNEYRE, comm. 1.
7
CA Paris, 19 janv. 1989, D., 1989, p. 42 ; CA Bordeaux, 25 mars 1997, Rev. dr. fam., 1997, comm. 132,
H. LECUYER ; CA Douai, 12 déc. 2002, n° 01/03255, Rev. dr. fam., 2003, comm. 86, H. LECUYER. V. plus
récemment : CA Lyon, 2ème ch. A, 2 juill. 2013, n° 13/03189, Rev. dr. fam., n° 10, oct. 2013, comm. 132, J.-R.
BINET.
8
R.-M. ROLAND, , op. cit., p. 358.
289
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
deux personnes vivant ensemble, ce qui exclut le concubinage à plusieurs »3. Or, certains
auteurs ont pu du
couple réduit à deux personnes, dès lors que les individus le composant
entière liberté pour de la relation est davantage pris en
4
compte , la vie commune en Pacs et en concubinage suppose des relations intimes.
Pourtant, « juridique attachée à cet élément dit constitutif du
Pacs, ni fidélité pour les partenaires, ni lien avec des enfants potentiels. Rien
-2 du Code civil,
communautaire ,
5
simplement fraternelle » . Il est donc évident que seule une volonté de rapprocher le Pacs
vocation à recouvrir les mêmes notions dès lors que les sanctions ne sont pas les mêmes 6.
1
C. BRUNETTI-PONS (dir.), La notion juridique de couple, op. cit.
2
eurs, les propositions de loi de Messieurs Jean-Pierre MICHEL et Jean-Marc HAYRAULT prévoyaient
Pacs, excepté aux conséquences relatives aux droits successoraux et aux donations, ceux-là étant jugés plus
favorables sur le plan fiscal au profit des collatéraux.
3
F. CABALLERO, Droit du sexe, Paris, LGDJ, Lextenso éd., 2010, p. 248, spec. n° 287.
4
C. ADAM, « La sexualité comme puissance de démesure et de dérèglement du droit », in Droit des familles,
genre et sexualité, Paris, LGDJ, coll. « Anthémis », 2012, pp. 25-33.
5
I. BARRIERE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT, Les contentieux familiaux. Droit interne, international et
européen, Paris, Lextenso éd., 2013, p. 50.
6
J. HAUSER, J.-L. RENCHON (dir. de), Le statut juridique du couple marié et du couple non marié en droit belge
et français, Les statuts légaux des couples, Vol. 1, Bruxelles, éd. Larcier, 2012, p. 514.
290
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
»1.
1
C. BRUNETTI-PONS, « Couple, concubinage ? », art.
precit., p. 40, note 17.
2
J.-J. LEMOULAND, « La diversité du droit contemporain de la famille », in Mélanges en
SAINTE-ROSE, C. PUIGELIER (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 729-750.
3
RUFFIEUX in Les sanctions des obligations familiales,
Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque des thèses », 2014.
291
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Pour Monsieur le professeur Xavier LABBEE différentes manières de mener une vie commune
définition unique de la vie de
couple », car les articles 215, 515-1 et 515-8 du Code civil disent au fond la même chose. En ce sens :
X. LABBEE, Le droit commun du couple, PUS, Septentrion, 2ème éd., 2012, pp. 99-100.
2
Cf. ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de
la preuve des obligations, J.O, 11 fév. 2016.
3
AJ fam., 2013, n° 5, « Enfant et conflit conjugal ».
4
L. n° 2004- 2004-1158 du 29
octobre 2004 portant réforme de la procédure en matière familiale.
5
L. n° 2006-399 du 4 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou
commises contre les mineurs, J.O, 5 avril 2006 p. 5097.
6
Article 212 du Code civil.
7
P. LAMBERT, « La violence conjugale », in Le droit de la
, F. KRENC, M. PUECHAVY (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2008, pp. 47-53. V.
s fait défaut : CEDH, 12 juin
2008, n° 71127/01, Bevacqua c/ Bulgarie ; CEDH, 15 sept. 2009, n° 8227/04, E.S. c/ Slovaquie ; CEDH, 30 nov.
2010, n° 2660/03, Hajduovà c/ Slovaquie ; CEDH, 24 avr. 2012, n° 57693/10, Kalucza c/ Hongrie ; CEDH, 26
292
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants constitue la
traduction . Ainsi, la victime des
violences conjugales peut être la personne vivant en couple, peu importe le lien actuel ou
alité de la protection mise en place
de protection au profit de
tous les couples conjugaux.
325. -9
dispose que « lorsque les violences exercées au sein du couple ou par un ancien conjoint,
un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un ancien concubin mettant en
danger la personne qui en est victime, un ou plusieurs enfants, le juge aux affaires
familiales (JAF) peut délivrer en urgence à cette dernière une ordonnance de protection ».
Outre cette ordonnance de protection délivrée par le JAF, dont la durée de vie ne peut être
supérieure à 6 mois2 sauf pour le conjoint qui peut demander la prorogation de ces
mesures si une requête en divorce est introduite-, les mesures civiles de protection
3
mars 2013, n° 33234/07, Valiuliené c/ Lituanie ; CEDH, 28 mai 2013, n° 3564/11, Eremia et a. c/ République de
Moldavie.
1
M. DOUCHY-OUDOT, « Quelle protection contre les violences au sein du couple ? », Rev. Procédures, 2010,
n° 10, 37 ; I. CORPART, « Intensification de la lutte contre les violences conjugales. Commentaire de la loi n°
2010-769 du 9 juillet 2010 », Rev. dr. fam., n° 11, nov. 2010, étude 28.
2
Art. 515-12 C. civ.
3
Art. 515-11, 3° C. civ.
4
Art. 515-11, 4° C. civ.
5
Art. 515-11, 5° C. civ.
6
Art. 375-2, 375-3, 375-5 C. civ.
7
Art. 25 de la L. n° 2016-297 du 14 mars 2016 relat J.O, 15 mars 2016, modifiant
-1 du Code civil.
8
Proposition de loi n° 2686 visant à déchoir de leur bail les locataires sociaux auteurs de violences conjugales,
293
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
.
La faiblesse du dispositif réside en outre dans le fait que la saisine du juge
demande de la victime ou du ministère public. Or, le plus souvent, les victimes en état de
choc ne saisissent pas elles mêmes le JAF mais passent par l ermédiaire du ministère
public
«
a
minima
»2
que dans le
domaine de la protection privée des personnes.
326. Une protection renforcée par des mesures de répression pénale. Le lien de
3
répressive, une circonstance aggravant . Les violences4,
5
, ainsi que les tortures et actes de
barbarie6
partenaire ou concubin7. Quant au viol, il a déjà été reconnu par la jurisprudence pénale
entre époux et figure, , -24, 11° du Code8. De façon générale, les
mesures pénales relatives à la répression des violences au sein du couple entérinent et
renforcent les mesures existantes. la téléprotection9, le
1
Un article L. 442-3- : « Le droit au
t lorsque le titulaire du bail est auteur de violences conjugales,
294
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
Cette mesure résulte de la loi n° 2005-1549 du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des
295
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
relatives à la protection des majeurs désignent en priorité, en cas de placement sous tutelle
ou sous curatelle, le conjoint comme tuteur ou curateur8. Eu égard aux exigences modernes
de rapidité, de manque de temps, ce devoir aura de plus en
plus tendance à être exécuté
devoir de secours et la contribution aux charges du mariage 9. De plus, très peu de
1
I. BARRIERE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT (dir.), Les contentieux familiaux. Droit interne, international et
européen, op. cit., 2013, p. 40.
2
A. BENABENT, « La liberté individuelle et le mariage », RTD civ., 1973, p. 440.
3
J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux, Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris, éd. Panthéon-
Assas, 2012, p. 61, spec. n° 69 et s.
4
C. PHILIPPE, , Paris, LGDJ,
1981; C. LEFRANC-HAMONIAUX, « », Rev. dr. fam. 1999, chron.
p. 13.
5
M. CULIOLI, « tre idéalisme et réalisme en droit matrimonial français », RTD civ.,
1968, p. 253.
6
Madame PHILIPPE souligne que «
-à-dire
apportée par une personne déterminée, choisie (...) ». Cf. C. PHILIPPE,
, Paris, LGDJ, 1981, p. 37.
7
Il suffit à ce titre de p
296
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
V. néanmoins CA Metz, ch. famille, 17 avr. 2007, K. Z. c/ Z., JurisData n° 2007-340692; Rev. dr. fam., n° 10,
oct. 2007, V. LARRIBAU-TERNEYRE e mari
qui prend le parti de leur fille commune, contre son épouse, dans le conflit qui oppose ces deux dernières,
c une faute cause de divorce.
2
: H. FULCHIRON, « Le nouveau PACS est arrivé ! », Defrénois, 2006,
p. 1621; V. LARRIBAU-TERNEYRE, « », Rev. dr. fam.,
2007, étude 1; P. SIMLER, « Le nouveau visage du PACS : un quasi-mariage », JCP, G, I, 2006, p. 161 ;
J. ROCHEFELD, « Réforme du PACS », RTD civ., 2006, p. 624.
3
Art. 515-4 c. civ.
4
ension aux partenaires
extrapatr
devaient aller au -delà de la simple contribution aux charges de la vie courante et revêtir un caractère à la fois
plus large sur le plan pécuniaire et extrapatrimonial.
5
constit.,
21 oct. 2015, n° 2015-9 LOM, Rev. dr. fam., 2015, n° 12, comm. 213, J.-R. BINET.
6
CA Montpellier, 1ère ch., 4 janv. 2011, n° 10/00781; Rev. dr. fam., 2011, n° 6, comm. 89, LARRIBAU-
TERNEYRE.
297
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
cette obligation.
) Un devoir de fidélité ?
théorie, les devoirs et obligations nées du mariage perdurent tant que celui-ci
dissous. La jurispru -systématiquement que « troduction
immunité destituant de leurs effets normaux les offenses dont ils peuvent se rendre
»3. Pour autant, on constate une réelle atténuation de
ir pendant la procédure de divorce4
5
. Ensuite, les juges du
fond prennent de plus en plus en considération la date à laquelle
Ainsi, certaines juridictions ont estimé que «
conciliation ne peut généralement être considéré comme une cause de divorce, la fidélité
ne pouvant être imposée au-delà de ladite ordonnance »6, ou encore «
séparément et alors que le devoir de fidélité est nécessairement moins contraignant du fait
7
de la longueur de la procédure » .
1
CA Paris, 13 fév. 1986, Gaz. Pal., 1986, p. 216, note JGM.
2
Cass. civ. 2ème, 23 avr. 1980, Gaz. Pal., 1981, 1, 89, note MASSIP ; CA Chambéry, 29 mai 1984, JCP, G, II,
1985, p. 347, note R.L ; CA Aix-en-provence, 7 nov. 2006, JCP, G, IV, 2007, p. 1494.
3
Cass. civ. 2ème, 14 déc. 1983, Bull. civ., II, n° 200, Gaz. Pal., 1984, 1, obs. M. GRIMALDI, pan. 201; Cass. civ.
2 , 12 juin 1987, D., 1987, IR, 160 ; Cass. civ. 2ème, 27 oct. 1993, JCP, G, II, 1994, note P. LEMASSON-
ème
BERNARD p. 22260 ; Cass. civ. 2ème, 29 avr. 1994, RTD civ., 1994, p. 571, obs. J. HAUSER ; Cass. civ. 2ème, 3 mai
1995, Bull. civ., II, n° 130 ; Cass. civ. 2ème, 6 mars 1996, Bull. civ., II, n° 60 ; Cass. civ. 2ème, 4 juin 1997, n° 95-
19401 (inédit), Rev. dr. fam., 1998, comm. 176, obs. H. LECUYER; Cass. civ. 2ème, 15 juin 2000, Rev. dr. fam.,
2000, comm. 111, obs. H. LECUYER; CA Paris, 4 oct. 2000, Rev. dr. fam., 2001, comm. 28, obs. H. LECUYER.
4
V. BALESTRIERO, « Le devoir de fidélité pendant la procédure de divorce », LPA, 8 nov. 1995, p. 18;
C. CHABAULT, « », Rev. dr. fam., 1998, chron. 11;
A. MIGNON-COLOMBET, « Que reste t-il du devoir de fidélité entre époux ? », LPA, 31 janv. 2005, p. 6.
5
Art. 245 al. 1er du c. civ.
6
CA Toulouse, 18 nov. 1991, RTD civ., 1993, obs. J. HAUSER, p. 104, contra Cass. civ. 1ère, 8 mars 2005, n° 03-
20.235; Cass. civ. 1ère, 9 juill. 2008. La Cour considère que « introduction de la demande en divorce ne confère
pas aux époux une immunité destituant de leurs effets normaux les offenses dont ils peuvent se rendre coupable
autre ». Plus récemment : CA Pau, 2ème ch., 21ème sect., 29 mai 2012, n° 12/2366; Rev. dr. fam.,
2013, n° 3, comm. 36, V. LARRIBAU-TERNEYRE.
7
Cass. civ. 2ème, 29 avr. 1994, Bull. civ., II, n° 123, RTD civ., 1994, obs. J. HAUSER, p. 571; LPA, 1995, n° 134,
note V. BALESTRIERO, p. 17; Gaz. Pal., 25-29 août 1995, obs. H. VRAY, p. 14 ; LPA, 1996, n° 2, obs. J. MASSIP,
p. 7. V. plus récemment CA Douai, 14 mars 2013, n° 11/06457, pour une
-conciliation. Dans une autre affaire, la courte durée entre
298
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
Plus récemment,
un enfant avec un autre homme que son époux ne saurait être regardé comme fautif, dès
1
lors que le mari a reconnu avoi , sans
. Une telle souplesse dans le
2
traitement des infidélités conjugales pose la question, pour les époux, de la possibilité de
conventionnellement de ce devoir - exprès ou tacite-3.
L
temporaire que ceux-ci ont présentée, les dispensant du devoir de fidélité4. Plus audacieuse
est toutefois la décision qui reconnaît que
5
. Dans le même ordre
6
a été censurée la décision qui augmente
conçu
de fidélité entre époux et dont les droits ne sauraient préjudicier à ceux des enfants
légitimes ». Au titre du préjudice moral, la Cour de cassation considère que épouse
appréciera in concreto le bien
fondé de la demande au regard de l ode civil, et lui allouer
dommages-intérêts. Plus récemment, a affirmé que « le fait pour
un avoir un enfant avec un autre homme ne saurait être regardé comme fautif »,
dès lors que le mari reconnaît avoir avoir un enfant avec sa femme, sans
un choix commun du couple7.
fidélité en mariage semble avoir trouvé son épilogue avec une décision de la Cour de
cassation, dans laquelle elle a considéré que «
conceptions morales ne permet une infidélité
conjugale serait à elle seule honneur ou à la
de la part de son épouse infidèle, et intervenu à une date nettement postérieure à la séparation du couple et à
ordonnance de non-conciliation, ne présente pas le car en faire une cause de
épouse : CA Rouen, ch. fam., 22 oct. 2015,
n° 14/04627 ; Rev. dr. fam., 2016, n° 2, comm. 21, A.-C. REGLIER.
2
G. RUFFIEUX, Les sanctions des obligations familiales, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque des
thèses », 2014.
3
M.-T. CALAIS-AULOY, « Pour un mariage à effets conventionnellement limités », RTD civ., 1988, p. 255.
4
TGI Lille, 26 nov. 1999, D., 2000, note X. LABBÉE, p. 254.
5
M. LAMARCHE, « », Rev. Lamy dr. civ., 2004, p. 33. Cf. la jurisprudence :
Cass. ass. plén., 29 oct. 2004, n° 03-11238; D., 2004, note D. VIGNEAU, p. 3175 ; RTD civ., 2005, obs.
J. HAUSER, p. 104 ; JCP, G, II, 2005, note F. CHABAS, p. 10011 ; Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2005, n° 96-19878,
Bull. civ., I, n° 35 ; Cass. civ. 1ère, 3 fev. 1999, n° 96-11946, Bull. civ., I, n° 43.
6
Cass. civ. 1ère, 16 avr. 2008, n° 07-17652, Bull. civ., I, n° 111.
7
CA Douai, 19 déc. 2013, n° 13/00009; Rev. dr. fam., n° 2, fév. 2014, J.-R. BINET, comm. 22.
299
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
rappelons le, constitue le régime primaire impératif des personnes mariées et relève, dès
3
. Cette décision
mariage sous prétexte très contestable- ».
prafaitement Madame le professeur DOUCHY-OUDOT, «
que le droit défend difficilement ce devoir entre époux et ne lui donne aucune assise
solide »4. Un véritable processus de privatisation dans les rapports au
sein du couple, et le juge ne saurait en être le garant. Il peut tout au plus suggérer et
avaliser des aménagements conventionnels.
332. Un devoir de fidélité5 . mariage
on, il est saisissant de constater que les
6
aires
est de demeurer libre, la possibilité de le rompre de façon
unilatérale en témoigne. Les partenaires peuvent cependant
respecter ce devoir dans leur convention initiale, mais rien dans la loi ne les y astreint. En
dépit de cette liberté, certains juges ont pu laisser
tel devoir. Une première décision retentissante du tribunal de grande instance de Lille 7
ommettre un huissier de justice en vue
1
Cass. civ. 1ère, 17 déc. 2015, n° 14-29549 ; AJ fam., 2016, B. DE BOYSSON, p. 109.
2
B. BEIGNIER, , Paris, LGDJ, 1995, spec. pp. 433- droit
» dans les rapports
3
P. MURAT (dir. de), Droit de la famille, Paris, Dalloz Action, 7ème éd., 2016-2017, n° 116.95, p. 197.
4
I. BARRIERE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT, Les contentieux familiaux. Droit interne, international et
européen, op. cit., p. 39, spec. n° 67.
5
Sur cette notion, voir la thèse de Madame S. BEN HADJ YAHIA, La fidélité et le droit, Paris, LGDJ, 2013.
6
L. ANTONINI-COLIN, « Le paradoxe de la fidélité », D., 2005, p. 23.
7
TGI Lille, 5 juin 2002, D., 2003, note X. LABBEE, p. 514 ; RTD civ., 2003, obs. J. HAUSER, p. 270 ; Rev. dr.
fam., 2003, B. BEIGNIER, comm. 57.
300
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
de fidélité.
1
Cons. constit. 9 nov. 1999, n° 99-419 DC, J.O, 16 nov. 1999, p. 16962.
2
CA Montpellier, 1ère ch., 4 janv. 2011, déc. precit., Rev. dr. fam., 2011, n° 6, juin 2011, V. LARRIBAU-
TERNEYRE, comm. 89.
3
CA Rennes, 5 mai 2015, n° 211, 14/01737, Rev. dr. fam., n° 7-8, comm. 140, note J.-R. BINET.
4
X. LABBEE, Le droit commun du couple, op. cit., p. 101. V. aussi : T. REVET, « La loi n° 99-944 du 15
novembre 1999, relative au pacte civil de solidarité », RTD civ., 2000, p. 173.
5
L. AYNES, « », Arch. philo. dr., 2000, t. 44, p. 195.
6
B. BEIGNIER, « », Rev. dr.
fam., 1997, chron. p. 5.
7
X. LABBEE, op. cit., p. 102.
301
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Néanmoins, il est admis que la rupture abusive du concubinage peut ouvrir droit à
réparation sur le fondement de la responsabilité délictuelle. S
stable, la -en-provence1 a pu relever
concubine par son concubin, ce dernier vivant à leur domicile avec une autre femme2
334. La vie de couple suppose le partage. La vie à deux génère nécessairement une
intérêts patrimoniaux. La contribution aux charges de la vie commune5 ( ) et
) constituent les assises matérielles primaires de la vie du
couple qui permettent de suggérer un rapprochement des devoirs patrimoniaux dans les
nouvelles formes de conjugalité6.
e la vie commune
1
CA Aix-en-provence, 22 juin 1978, D., 1978, p. 192, note PREVAULT.
2
Rapp. avec Cass. civ. 1ère, 17 déc. 2015 precit., où la Cour de cassation considère, dans le cadre du mariage,
3
X. LABBÉE, op. cit., p. 102-103.
4
Ibidem., p. 103.
5
V. en ce AJ famille 2015 « Charges du ménage », pp. 316-336.
6
J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux, Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris, éd. Panthéon-
Assas, 2012, p. 95, n° 119 et s.
7
CEDH, 3 avr. 2012, Van der Heijden c/ Pays-Bas, n° 42857/05.
8
La solution est fermement rappelée par la Cour de cassation : chacun des concubins supporte les dépenses de la
vie commune issues de son fait. Cass. civ. 1ère, 19 mars 1991, Bull. civ., I, 1991, n° 92 ; Defrénois, 1991, obs.
J. MASSIP, p. 942 ; Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, Rev. dr. fam., 2000, comm. 139, note B. BEIGNIER; D., 2001,
note R. CABRILLAC, p. 497, et D., 2002, p. 612, obs. J.-J. LEMOULAND ; JCP, N, 2001, note T. GARE, p. 1822;
302
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
pourtant rien car le législateur a tenu à y attacher certains effets impératifs. Si lors de sa
création
en une aide mutuelle et matérielle5, semant le trouble sur la nature même du contrat de
Pacs. En 2006, « toute pudeur législative a disparu »6 si bien que « les partenaires liés par
Defrénois, 2001, obs. J. MASSIP, p. 93; RTD civ., 2001, obs. J. HAUSER, p. 565. V. aussi, Cass. civ. 1ère, 19 avr.
2005, Rev. dr. fam., comm. 127, note V. LARRIBAU-TERNEYRE
: CA Amiens, 2 fév. 1976, JCP, G, IV, 1978,
p. 324.
1
CA Bordeaux, 17 juin 1998, Rev. dr. fam., 1999, obs. H. LECUYER, n° 1 ; CA Pau, 4 avr. 2005, Rev. dr. fam.,
2005, comm. 152, note V. LARRIBAU-TERNEYRE; CA Aix-en-Provence, 28 juin 2005 et 27 sept. 2005, Rev. dr.
fam., 2006, comm. 24, note V. LARRIBAU-TERNEYRE; mais surtout CA Montpellier, 11 oct. 2004, Rev. dr. fam.,
2005, comm. 49, note V. LARRIBAU-TERNEYRE
engagement unilatéral, librement consenti par celui-ci, de subvenir au coût du placement de sa concubine dans
une maison de retraite, après quarante ans de vie commune.
2
Contrairement à certains droits positifs (le droit marocain notamment) dans lesquels le mari doit entretenir son
épouse.
3
Cass. civ. 1ère, 18 janv. 2012, n° 10-23267.
4
I. BARRIERE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT, Les contentieux familiaux, droit interne, international et
européen, op. cit., 2013, p. 53.
5
-
Cons. constit., 9 nov. 1999, n° 99-419 DC, J.O, 16 nov. 1999, p. 16962, considérant n° 31. Cf. pour les
commentaires : J. HAUSER, « », RJPF, 1999, nov.-déc., p. 6 ; H. LECUYER, « Le
PACS désormais sous toutes ses coutures », Rev. dr. fam., 2000, chron. p. 1; J. RUBELLIN-DEVICHI,
« Présentation de la loi adoptée le 13 octobre 1999 », JCP, G, 1999, actu. p. 1909.
6
I. BARRIÈRE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT, op. cit., p. 50.
7
Art. 515-4 c. civ.
303
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
renvoyer à celle issue des textes applicables aux époux, bien q elle ne soit pas expresse.
contribution aux charges du
6
, celle-ci
trouve son prolongement dans le devoir de secours qui en constitue le pendant, mais
rité qui doit exister entre les personnes
laquelle
à PACS qui ne porte
pas en son germe cette vocation familiale. L des partenaires se
7
referme par effet de « contraction » sur les seule vie de
couple.
1
Rapport remis au Garde des Sceaux le 30 nov. 2004, Le pacte civil de solidarité : réflexions et propositions de
réforme. Pour une présentation de ces propositions ; cf. également F. GRANET-LAMBRECHTS, « Trente deux
propositions pour une révision de la loi du 15 novembre 1999 », Rev. dr. fam., 2005, étude 9.
2
X. LABBEE, « -t-elle un caractère alimentaire ? », JCP, G, I, n° 42, 15 oct. 2008, 197.
3
L. n° 2009- J.O, 13 mai 2009,
p. 7920.
4
de la
contribution aux charges du pacte, au même titre que la contribution aux charges du mariage.
5
J. HAUSER, J.-L. RENCHON (dir. de), Le statut juridique du couple marié et du couple non marié, Les statuts
légaux des couples, Vol. 1, Bruxelles, éd. Larcier, 2012, p. 531.
6
Sur son c
examen » : CA Nancy, 3ème ch. civ., 29 mai 2015, n° 15/01173 et n° 14/01854; Rev. dr. fam., 2015, n° 10, comm.
182, A.-C. REGLIER.
7
H. FULCHIRON, « Mariage, conjugalité ; parenté, parentalité : métamorphose ou rupture ? », in Mariage-
Conjugalité, Parenté-Parentalité, H. FULCHIRON (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2009,
p. XI.
304
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
. Le principe est donc que toute dette née pendant la durée du mariage,
ucation des enfants, obligera le
conjoint solidairement. Pour le professeur MIGNOT, cette solidarité a pour base « un
de cette solidarité, ce qui a pu pousser certains juges du fond à raisonner par analogie. Il a
par exemple été jugé que «
rapprochent cette situation du statut du mariage, il convient alors de faire application aux
concubins des mêmes obligations que celles des époux quant »4.
La même attitude avait été adoptée afin de condamner un concubin au remboursement de
la moitié des dépenses effectuées par sa compagne sur son bien immeuble au titre du
paiement des loyers, des charges et des achats de mobilier5. Le sentiment de justice a sans
Néanmoins,
hodoxie juridique a conduit la Cour de cassation à censurer un tel raisonnement,
ribution des concubins aux charges
6
de la vie commune . E
7
aux couples de
8
concubins est donc sanctionnée par la Cour de cassation . Un concubin qui effectue un
Elle le rappelle ce faisant dans un arrêt inédit de cass. civ. 1ère, 26 sept. 2007, n° 05-17.076.
2
M. MIGNOT, Les obligations solidaires et les obligations in solidum en droit privé français, Paris, Dalloz, coll.
« Nouvelle bibliothèque des thèses », 2002, spec. n° 405.
3
I. DAURIAC, « », Gaz. Pal., 11 déc. 2008, p. 18.
4
CA Bourges, 8 déc. 1997, JurisData n° 046157, Rev. dr. fam., 1998, n° 6, n° 89, note B. BEIGNIER
5
CA Dijon, 20 mai 1998, cassé par Civ. 1ère, 17 oct. 2000, D. 2001, note R. CABRILLAC, p. 497.
6
Civ. 1ère, 17 oct. 2000, Bull. civ., I, n° 244; D., 2001, note R. CABRILLAC, p. 497; JCP, G, II, 2001, 10568, note
T. GARÉ.
7
A. GOGOS-GINTRAND, « : les résistances à la
solidarité ménagère entre concubins », Rev. dr. fam., 2012, n° 4, étude 10 ; V. aussi : G. CORNU, « Le règne
analogie », in Mélanges offerts à André COLOMER, Litec, LexisNexis, 1993, p. 129.
8
Cass. civ. 1ère, 11 janv. 1984, Gaz. Pal., 1985, 1, note J. M., p. 133; Defrénois, 1984, p. 933, obs.
G. CHAMPENOIS et p. 1003, obs. J. MASSIP ; RTD civ., 1985, obs. J. MESTRE, p. 171. Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000,
JurisData n° 2000-006289; Cass. civ. 1ère, 2 mai 2001, Rev. dr. fam., 2001, comm. 79, note L. PERROUIN; D.,
305
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
achat est donc présumé le faire seul. Cette situation ne saurait pour autant signifier que
toute solidarité est à exclure en matière de dettes ménagères entre concubins.
338. Une absence de solidarité pouvant être tempérée par la jurisprudence. La
ans certaines situations, permis d étendre aux concubins
la solidarité ménagère b expressément, aux fins notamment
de protéger les tiers qui auraient en toute bonne foi cru contracter avec un couple marié1.
de ne pas hâtivement conclure à une absence totale
qui le
souhaitent, en dehors de toute intervention législative, en optant pour les
mécanismes conventionnels qui leur permettront de mettre en place des contrats de
concubinage2 relatifs à leurs obligations alimentaires et, plus largement, leur vie
patrimoniale. À défaut, la jurisprudence peut,
remédier à cette absence de règles en protégeant la partie la plus faible. La protection
2002, obs. J.-J. LEMOULAND, p. 612; Defrénois, 2001, obs. J. MASSIP, p. 1003; RTD civ., 2001, obs. J. HAUSER,
p. 565, et p. 556, obs. B. VAREILLE; Cass. civ. 1ère, 27 janv. 2004, n° 02-16.291, Bull. civ., I, n° 113; Cass. civ.
1ère, 27 avr. 2004, JurisData n° 2004-023427, Bull. civ., I, 2004, n° 113; Rev. dr. fam., 2004, comm. 140, note
V. LARRIBAU-TERNEYRE; D., 2004, p. 268, obs. D. VIGNEAU ; Defrénois, 2004, p. 1232, obs. J. MASSIP. Pour un
rappel plus récent : Cass. civ. 1ère, 23 mars 2011, inédit. V. aussi, M.-C. RIVIER, « La solidarité entre
concubins », in Des concubinages, Droit interne. Droit international. Droit comparé, Études offertes à
J. RUBELLIN-DEVICHI, Litec, p. 97.
1
F. DAHAN, « », Gaz. Pal., 21 nov. 2000, p. 7.
2
Sur ces contrats de concubinage, cf. notamment : J. CHARLIN, « Le contrat de concubinage : formule », JCP, N,
I, 1991, p. 459.
3
Pour une étude comparée, cf. A. SOULEAU-TRAVERS, «
PACS », Defrénois, 15 mai 2002, art. 37533.
4
306
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
conjoint survivant un droit à réversion. Pour autant, que ce soit en matière de pacte ou de
-4
disposent que cette solidarité
5
vie du quant aux
1
Loi n° 2014-344 relative à la consommation, 17 mars 2014, J.O, 18 mars 2014, art. 50.
2
M. LAMARCHE, « Couples, consommation, crédits : le ménage un peu (préservé) du surendettement. La loi
Hamon et la solidarité des dettes ménagères », Rev. dr. fam., 2014, n° 5, alerte 19.
3
Cass. civ. 1ère, 29 juin 2011, n° 10-16.925; JCP, G, II, 2011, n° 39, p. 1017.
4
Cass. civ. 1ère, 17 nov. 2010, n° 09-11.979, Rev. dr. fam., 2011, comm. 2, obs. V. LARRIBAU-TERNEYRE,. Voir
déjà, Cass. civ. 1ère, 4 juin 2009, n° 07-13.122, D., 2009, obs. J.-J. LEMOULAND, D. VIGNEAU, p. 1610 ; AJ fam.,
2009, obs. F. CHENEDE, p. 303 ; RTD civ., 2010, obs. B. VAREILLE, p. 800
5
Les juges du fond pourront apprécier ces dépenses « eu égard au train de vie du ménage,
opération, à la bonne ou mauvaise foi du tiers contractant ».
307
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
concernant
en effet été jugé que, «
est versée à tort, les concubins ou les pacsés qui en ont bénéficié sont solidairement tenus
»2.
) Le logement du couple
par la situation de cette disposition au sein du régime primaire impératif des époux. Elle ne
appliquer aux simples concubins.
342. Pourtant, la vie
2
CE 9 juil. 2003, n° 255110; D., 2004, somm. 2967, obs. J.-J. LEMOULAND; RTD civ., 2004, obs. J. HAUSER,
p. 69.
3
J. RUBBELIN-DEVICHI, « La famille et le droit au logement », RTD civ., 1991, p. 246.
4
V. J. LEPROVAUX, La protection du patrimoine familial, Paris, Defrénois, coll. « Doctorat&Notariat », 2008.
5
TGI Lille, 21 fév. 2006, D., 2006, 1350, note X. LABBEE ; Rev. dr. fam., 2006, comm. 141, note I. CORPART.
6
En ce sens : J.-M BRIGANT, « ? », Rev. dr. fam., 2011, n° 1, étude 3.
7
P. SIMLER, P. HILT, « Le nouveau visage du pacte civil de solidarité : un quasi-mariage », JCP, G, 2006, n° 30.
308
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
C. COUTANT-LAPALUS, « Pacs et logement, dix ans après », Rev. dr. fam., 2010, étude 9, spec. n° 21.
2
V. supra, n° 325.
3
Loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové, J.O, 26 mars 2014.
4
CA Versailles, 29 mai 1998, Gaz. Pal., 1998, 2, somm. p. 626 ; CA Versailles, 22 juin 2001, D., 2002, somm.
p. 1720 ; CA Besançon, 14 janv. 2003, Rev. Loyers et copr., 2003, comm. 124, obs. B. VIAL-PEDROLETTI ; CA
Paris, 5 janv. 2006, Rev. Loyers et copr., 2006, comm. 49, obs. B. VIAL-PEDROLETTI ; CA Toulouse, 3 juin 2008,
Rev. Loyers et copr., 2008, comm. 179, obs. B. VIAL-PEDROLETTI ; CA Aix-en-Provence, 9 avr. 2009, Rev.
Loyers et copr., 2009, comm. 231, obs. B. VIAL-PEDROLETTI ; Cass. civ. 3ème, 28 avr. 2009, n° 08-12.424, inédit.
5
Cass. civ. 3ème, 1er avr. 2009, n° 08-15.929, JurisData n° 2009-047671, Rev. dr. fam., 2009, comm. 70, obs.
V. LARRIBAU-TERNEYRE.
6
Cass. civ. 3ème, 1er avr. 2009, n° 08-15.929, Rev. Loyers et copro., 2009, comm. 140, obs. B. VIAL-PEDROLETTI;
D., 2009, p. 1090, obs. G. FOREST.
7
CA Paris, 20 mars 1996, Rev. dr. fam., 1996, comm. 1.
8
C. COUTANT-LAPALUS, « Pacs et logement, dix ans après », art. precit., spec. n° 22.
9
-6 du Code civil en ressort grandement influencée, notamment par les dispositions des
articles 831, 831-2, 832-3, 832-
309
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
par étapes, voire par des lois de circonstance1. Le plus souvent, les dispositions du Code de
2
. Il
3
.
Néan
4
.
ant-
droit à la personne (de même sexe ou de sexe différent) qui partage
social regard de la protection sociale5, la situation des concubins est
quasiment6 identique à celle des époux, mais sans que celle-ci relève du même texte. En
1
En 2004 par exemple, le législateur a élargi, suite à une explosion survenue dans une entreprise chimique, la
liste des ayants-
permettre aux personnes vivant en couple avec les victimes décédées de bénéficier de rentes de survivants.
2
Art. L. 434-8 et R. 434-10 (rente viagère en cas , L. 815-4, L. 815-9, L. 815-13, R. 815-18
et R. 815-28 (allocation solidarité personnes âgées), L. 815-5 (avantages de vieillesse), L. 821-3 (allocation
3
Art. L. 232- L. 232-
4
Y. FAVIER, « Les concubins et leurs droits sociaux », in Des concubinages, droit interne, droit international,
droit comparé. Mélanges J. RUBELLIN-DEVICHI, Litec, 2002, p. 241; G.VACHET, « Concubinage et vie maritale
dans le droit de la sécurité sociale », in Les concubinages, approche socio-juridique, t. II, CNRS, 1986, p. 185.
G. BUCHET, « Concubinage, vie maritale, vie commune », Rev. dr. soc., 1997, p. 288 ; A. BENOIT, « Protection
sociale et concubinage », Rev. dr. fam., 1997, chron. n° 8 ; X. PRETOT, « Quelle famille est prise en compte dans
notre système de protection sociale », Rev. dr. sanit. soc., 1991, n° 3 ; Y. SAINT-JOURS, « Le statut social
du concubinage », JCP, N, I, 1993, 138.
5
J.-F. LUSSEAU, « Vie maritale et droit de la Sécurité sociale », Rev. dr. soc., 1980, p. 203.
6
assimilation entre le mariage et le concubinage est pas absolue. Le versement de certaines
prestations r un lien de droit. Il en est ainsi en matière de rentes versées en cas
accidents du travail (CSS, art. L. 434- assurance invalidité de veuf ou de veuve (CSS, art. L.
310
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
L. 161-14 du Code de la sécurité sociale. Ensuite, toute personne qui vit en couple avec un
assuré social depuis 12 mois et se trouve à sa charge effective, totale et permanente, est
-droit de cet assuré1
maladie- -à-dire au remboursement des frais médicaux2. Tout récemment, la
Cour de cassation a jugé que « une
maladie professionnelle a droit à une rente viagère égale à une fraction du salaire annuel de
cette dernière, lorsque le décès de la victime est survenu à compter du 1er septembre
2001 »3. Pour les décès survenus avant cette date, la théorie du mariage posthume permet
de faire remonter les effets du mariage à la date du jou époux4 afin
er au concubin le statut de conjoint survivant, et lui ouvrir le bénéfice de certains
droits réservés aux seuls époux pour le droit à indemnisation du
5
préjudice prévu par les articles L. 437-7 et L. 434-8 du Code de la sécurité sociale dans
leur rédaction antérieure à la loi du 21 décembre 2001. Il en est de même du capital décès6
7
prévu à l'article L. 362-1 du Code de la sécurité social .
8
Un décret est récemment intervenu afin de tirer les conséquences réglementaires en
de la sécurité sociale. Désormais, les droits des concubins et des partenaires pacsés sont
alignés sur ceux du conjoint pour ce qui est des condi
ayant-droit9
bénéficier des assurances invalidité et décès, fermées aux concubins. Il bénéficie
10
, dont le versement est
effectué suivant un ordre de priorité qui place le partenaire après le conjoint survivant,
mais avant les descendants et ascendants. La législatio
342-1 et s.), de pension de retraite ou de réversion (CSS, art. L. 353-1 et assurance veuvage
(CSS, art. L. 356-1 et s.).
1
Art. L. 161-14, al. 2, cf. aussi: Cass. soc., 22 févr. 1978, Bull. civ., V, n° 142, p. 106.
2
Art. L. 161-14 CSS.
3
Cass. civ. 2ème, 4 avr. 2013, n° 10-19.233, AJ fam. 2013, note G. RAOUL-CORMEIL p. 300.
4
Art. 171 al. 2 C. civ.
5
Cass. civ. 2ème , 10 juill. 2008, n° 07-15.390; Rev. dr. fam., 2008, n° 10, comm. 137, V. LARRIBAU-TERNEYRE.
6
Cass. civ. 2ème, 22 mai 2007, n° 05-18.582; Rev. dr. fam., 2007, comm. 160, note A. DEVERS ; JCP, S, 2007,
1524, G. VACHET.
7
Cass. soc., 15 févr. 2001, n° 99-17.199 ; D., 2001, somm. 2449, obs. X. PRETOT; D., 2002, somm. p. 535,
obs. J.-J. LEMOULAND; RTD civ., 2001, obs. J. HAUSER, p. 563; Rev. dr. soc., 2001, note B. GAURIAU, p. 463.
8
D. n° 2015-653, du 10 juin 2015, J.O, 13 juin 2015, p. 9973.
9
Art. L. 161-14, al. 1er CSS.
10
Art. L. 361-4 CSS.
311
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
procréation, si elle exigeait auparavant une vie commune de deux ans afin de caractériser
1
J. HAUSER, J.-L. RENCHON (dir. de), Le statut juridique du couple marié et du couple non marié en droit belge
et français, Les statuts légaux des couples, op. cit., p. 561.
2
CE, 6 déc. 2006, n° 262096, D., 2007, p. 155 ; AJ fam., 2007, obs. F. CHENEDE, p. 34 ; RTD civ., 2007, obs.
J. HAUSER, p. 86 ; JCP, G, II, 2007, note A. DEVERS, p. 10096.
3
CE 18 juin 2010, n° 315076, AJDA, 2010, p. 1237 ; RTD civ., 2010, obs. J. HAUSER, p. 764 ; Rev. dr. fam.,
2010, obs. V. LARRIBAU-TERNEYRE, comm. 123.
4
QPC n° 2011-155 du 29 juil. 2011, Rev. dr. fam., 2011, note V. LARRIBAU-TERNEYRE, comm. 143.
5
Cass. civ. 2ème, 23 janv. 2014, n° 13-11.362 ; Rev. dr. fam., 2014, n° 4, comm. 63 ; L. ANDREU, « Vers un
alignement du régime du Pacs sur celui du mariage ? À propos d un arrêt étonnant relatif à la pension de
réversion », D., 2014, p. 968 ; T. TAURAN, Rev. dr. sanit. et soc., 2014, p. 392.
312
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
CJUE, 1er avr. 2008, Tadao Maruko c/ Versorgungswerk der deutschen Bühnen, affaire C 267-
313
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1- La rupture du concubinage
1
Le principe étant que la rupture du concubinage ne saurait, en elle-même, ouvrir droit à une quelconque
indemnisation. V. en ce sens R. SAVATIER, « », note sous Cass. civ. 1ère, 7 oct.
1957, D., 1958, 493.
2
V. ÉGEA, « Les régimes patrimoniaux », in Les contentieux familiaux. Droit interne, européen et international,
I. BARRIERE-BROUSSE, M. DOUCHY-OUDOT (dir. de), Paris, éd. Lextenso, 2013, p. 244, spec. n° 602.
3
V. récemment : CA Metz, 1ère ch., 8 janv. 2015, n° 13/01099 et n° 15/00007 ; Rev. dr. fam., 2015, n° 4, comm.
70, A.-C. REGLIER.
4
V. ÉGEA, « Les régimes patrimoniaux », in Les contentieux familiaux. Droit interne, européen et international,
op. cit., n° 603.
5
En ce sens : CA Metz, 8 janv. 2015, n° 13/01099, D., 2015, pan., J.-J. LEMOULAND, D. VIGNEAU, p. 1408.
6
V. notamment A. GOUTTENOIRE, « Collaboration familiale et enrichissement sans cause », Rev. dr. fam., 1999,
chron. n° 19.
7
Cass. civ. 1ère, 2 oct. 1974, Bull. civ., I, n° 249; Cass. civ. 1 ère, 20 mars 1989, Bull. civ., I, n° 130; JCP, IV,
1989, 193; Gaz. pal., 1989, 2, 765, note J. MASSIP; Cass. civ. 1ère, 11 fév. 1997, Bull. civ., I, n° 46; JCP, II, 1997,
22820, note T. GARÉ; JCP, 1997, I, obs. M. FARGE, p. 4045; même revue, 4074, n° 1, obs. VIANDIER et
CAUSSAIN ; Rev. dr. fam., 1997, n° 56, note H. LECUYER; Defrénois, 1997, 923 (2ème esp.), note MILHAC ; LPA,
7 juil. 1997, note GIBRILA ; Cass. civ. 1ère, 26 juin 2001, n° 98-16490, Rev. dr. fam., 2002, n° 28, note
H. LECUYER.
314
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
obligations, il ne nous semble pas inconcevable niser, ne serait ce que par souci de
cohérence, certains effets inhérents à la vie de couple. Une sorte de socle, de SMIC (statut
minimum inter-conjugal) tel que le suggérait un auteur5.
1
Cass. com., 30 juin 1970, Bull. civ., IV, n° 222.
2
Cass. com., 25 juil. 1949, n° 49-39306, Bull. com., n° 307; D., 1949, somm., p. 41; JCP, 1950, II, 5798; Cass.
civ. 1ère, 4 nov. 1976, Bull. civ., I, n° 328; Cass. com., 9 nov. 1981, n° 80-12477, Bull. civ., IV, n° 385; Cass. civ.
1ère, 5 mars 1985, Bull. civ., I, n° 85; Cass. civ. 1ère, 23 juin 1987, Bull. civ., I, n° 205; Cass. civ. 1ère, 18 juil.
1995, Bull. civ., I, n° 320; RTD civ., 1996, 133, obs. J. HAUSER; Cass. civ. 1ère, 15 oct. 1996, Bull. civ., I, n° 357;
D., 1997, somm., 177, obs. R. LIBCHABER; RTD civ., 1997, obs. J. HAUSER, p. 102; Defrénois, 1997, (1ère esp.),
note MILHAC, p. 923; LPA, 5 sept. 1997, note ENAMA ; Cass. civ. 1ère, 1er juil. 1997, Rev. dr. fam., 1997, n° 153,
note H. LÉCUYER ; Cass. com., 9 oct. 2001, Bull. civ., IV, n° 165 ; Defrénois, 2002, obs. J. HONORAT, p. 620;
Rev. dr. fam., 2002, n° 18 et 55, note H. LECUYER ; RTD civ., 2002, obs. J. HAUSER, p. 489; Cass. civ. 1ère, 12
mai 2004, n° 01-03909, Bull. civ., I, n° 131; D., 2004, obs. E. LAMAZEROLLES, p. 2928; meme revue, obs.
D. VIGNEAU, p. 2969; JCP, E, 2004, n° 8, obs. CAUSSAIN, DEBOISSY et WICKER, p. 1510; RTD civ., 2004, obs.
J. HAUSER, p. 487; Rev. dr. fam., 2004, n° 168, note V. LARRIBAU-TERNEYRE; RTD com., 2004, 743, obs.
C. CHAMPAUD et D. DANET ; Rev. sociétés, 2005, note F.-X. LUCAS, p. 131; Cass. com., 23 juin 2004, Bull. civ.,
IV, n° 135; D., 2004, obs. D. VIGNEAU, p. 2969; AJ fam., 2004, obs. F. BICHERON, p. 324; JCP, 2005, I, n° 3,
116, obs. Y. FAVIER ; JCP, E, 2004, n° 9, obs. CAUSSAIN, DEBOISSY et WICKER, p. 1510; Rev. dr. fam., 2004,
n° 168, note V. LARRIBAU-TERNEYRE ; RJPF, 2004, n° 10, p. 22, note F. VAUVILLE; Rev. dr. et patrim., 2004,
n° 12, p. 96, obs. D. PORACCHIA; RTD civ., 2004, 487, obs. J. HAUSER ; RTD com., 2004, 740, obs. C.-L.
CHAMPAUD et D. DANET ; Cass. civ. 1 ère, 4 juin 2007, n° 06-15.249 ; D., 2008, pan., obs. J.-J. LEMOULAND et D.
VIGNEAU, p. 1793; JCP, 2008, I, 102, n° 2, obs. C. COUTANT-LAPALUS ; Rev. dr. fam., 2007, n° 185, note
V. LARRIBAU-TERNEYRE.
3
M. BRUGGEMAN, « La solidarité familiale », in Les États généraux du mariage volution de la conjugalité
C. NEIRINCK (dir. de), Marseille, PUAM, 2008, pp. 171-187.
4
dettes. Cf. civ. 1ère, 2 mai 2001, Bull. civ., I, n° 111; D., 2002, somm. 612, obs. J.-J. LEMOULAND ; RTD civ.,
2001, 565, obs. J. HAUSER ; mais aussi civ. 1ère, 27 avr. 2004, Bull. civ., I, n°113 ; D., 2004, 2968, obs.
D. VIGNEAU ; RTD civ., 2004, 487, obs. J. HAUSER; Rev. dr. fam., 2004, n° 140, obs. V. LARRIBAU-TERNEYRE.
-ci condamne solidairement les
concubins à restituer le trop perçu : CE, 9 juil. 2003, D., 2004, 2967, obs. J.-J. LEMOULAND ; RTD civ., 2004, 69,
obs. J. HAUSER.
5
X. LABBEE, Le droit commun du couple, PUS, Septentrion, 2ème éd., 2012.
315
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Cass. civ. 1ère, 12 nov. 1998, Rev. dr. fam., 1999, n° 12, obs. H. LÉCUYER.
2
Cass. civ. 1ère, 24 sept. 2008, n° 06. 11924, Bull. civ., I, n° 212 ; D., 2008, A.J, 2430, obs. I. GALLMEISTER ;
LPA, 24 nov. 2008, note BOUSSARD; AJ fam., 2008, 431, obs. F. CHÉNEDÉ; RJPF, 2008-12/19, obs.
F. VAUVILLÉ; Defrénois, 2008, 2516, obs. E. SAVAUX; Rev. Lamy dr. civ., 2008/54, n° 3198, obs. JEANNE; RTD
civ., 2008, 660, obs. J. HAUSER; JCP, 2008, art. 597, obs. H. BOSSE-PLATIERE.
3
CA Aix-en-provence, 20 juin 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 202, note V. LARRIBAU-TERNEYRE. Plus
récemment : Cass. civ. 1ère, 2 avr. 2014, n° 13-11.025, D., 2015, pan. p.1408, J.-J. LEMOULAND, D. VIGNEAU.
4
Cass. civ. 1ère, 20 janv. 2010
316
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
2- La rupture du Pacs
violence sociale »4. Le partenaire, tout comme le concubin, est soumis au bon vouloir de
à ce tout
droit
e Pacs -dans sa dimension factuelle- un simple
concubinage aucun avantage à sa dissolution. Il peut être résilié « du jour au
lendemain, sur simple caprice »5, de la même manière que, du jour au lendemain, le
partenaire abandonné peut se retrouver sans rien. La liberté constitutive du Pacs se paie
fort cher à la rupture, et cette situation a pu être qualifiée par la doctrine comme une
hypocrisie de la loi qui consacre des inégalités là où le droit est censé les supprimer ou, à
tout le moins, les atténuer «
trouve, du fait de la loi, automatiquement destitué. Je peux donc avoir dans le même temps
une fiancée et une (ou un) partenaire de service, qui disparaîtra du fait du mariage » car
«
»6. Qualifié comme étant une « défaite de la raison juridique »7, le Pacs est loin de
constituer ce pacte civil de solidarité car il est tout, sauf solidarité entre les partenaires. Il
la loi du plus fort. P la
1
En 2007, 101992 PACS ont été conclus contre 173728 en 2014, dont 96% le sont entre personnes de sexe
différent. Cf. Statistiques du Ministère de la justice.
2
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « À propos du pluralisme des couples et des familles », LPA, 1999, n° 84, pp. 29-36 ;
X. LABBEE, « dissolution conventionnelle », JCP, G, 2012, n° 1-2, pp. 6-7.
3
Cf. TI Lille, 7 sept. 2009, D., 2010, n° 1, pp. 6970, note, A. KOUMDADJI.
4
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « À propos du pluralisme des couples et des familles », art. precit, p. 35.
5
X. LABBEE, « PAC », art. precit.
6
Ibid., p. 7.
7
P. MURAT, « », in Mélanges Pierre CATALA, Paris, Litec, 2001,
pp. 109-116.
317
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
témoigne bie
352. Vers une confusion du Pacs avec le mariage. Si le Pacs a initialement été créé
us à se « matrimonialiser ». D
1
Ibidem.
2
M-T. MEULDERS-KLEIN, « Réflexions sur l », in Droit civil, procédure,
linguistique juridique. Écrits en hommage à Gérard CORNU, Paris, PUF, 1994, p. 317.
3
X. LABBEE, « Le PACS et le rapport GUINCHARD », D., 2008, Point de vue, pp. 2354-2355.
4
L. n° 2009-526, 12 mai 2009, J.O, 13 mai 2009, p. 7920.
5
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « Le juge aux affaires familiales devient le juge des intérêts patrimoniaux des
concubine et des partenaires », Rev. dr. fam., 2009, n° 6, pp. 20-21 ; X. LABBEE, « PACS, la dernière longueur »,
AJ. fam., 2009, n° 9, pp. 345-346 ; Dossier AJ. fam., mars, 2010, « Judiciarisation du PACS et du concubinage »,
pp. 106-125.
318
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
- , en en
renforçant la dimension personnelle. Dans le même mouvement, la loi du 17 mai 20112 a
complété 79 du Code civil3 en faisant figurer nom et
4
prénom du partenaire. Il en découle une confusion, voire une uniformisation des effets
personnels et patrimoniaux du Pacs et du mariage. Le groupe de travail chargé de présenter
des propositions de réforme avait conclu à la « nécessité de renforcer le régime primaire
» 5. Cette volonté
affirmée du groupe de travail reposait sur la nécessité « de définir précisément les relations
pécuniaires entre partenaires ». «
dispositions applicables aux époux ne modifiait pas, en cette matière, la nature
contractuelle du Pacs et ne portait pas atteinte à la spécificité du mariage ». Si la nature
contractuelle du Pacs a bel et bien été soulignée et renforcée, la promesse tenant à la
préservation de la spécificité du mariage ne semble pas avoir été tenue,
auteur a pu inviter à en redécouvrir les avantages en tant que service public6
autre évoquait « le symbolisme » des sanctions et des obligations qui lui sont attachées7.
Il semblerait y avoir une réelle ambivalence entre la volonté législative de maintenir une
hiérarchisation entre les formes de conjugalité
ensemble du droit de la famille.
1
Art. 515-3-1 du Code civil issu de la loi du 23 décembre 2006, en vertu duquel il est désormais fait mention en
2
L. n° 2011-525 du 17 mai 2011 amélioration de la qualité du droit, J.O, 18 mai
2011, p. 8537.
3
Dans un alinéa 4° bis.
4
A. LEBORGNE, « Réflexion sur la diversité des modes de conjugalité », JERRY
Sainte-Rose, C. PUIGELIER (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 676.
5
Le pacte civil de solidarité, Réflexions et propositions de réforme, Rapport remis à Monsieur Dominique
PERBEN, Garde des Sceaux, Ministre de la justice, le 30 novembre 2004, p. 14.
6
A. MIRKOVIC, « Le mariage, un service public à redécouvrir », Rev. Lamy dr. civ., 2012, n° 94, pp. 55-58.
7
G. RUFFIEUX, Les sanctions des obligations familiales, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque des
thèses », 2014, n° 337, p. 327
8
G. RUFFIEUX, op. cit., n° 337, p. 327.
9
Cf. J. GARRIGUE, Les devoirs conjugaux, Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris, éd. Panthéon-
Assas, 2012.
319
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
la Cour
2
de justice de portant sur la
question de savoir si les avantages sociaux conventionnels ouverts aux seuls couples
hors mariage explique, pour partie, la faiblesse des sanctions. Thèse precit., n° 244.
8
L. PIZARRO,
la rupture du couple, Thèse, Aix-Marseille, 2014.
320
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
dans les autres situations. Toujours est-il que la méthode employée par le législateur -dont
le raisonnement en termes de statuts spécifiques est abandonné 1 au profit d
factuelle du couple-
confusion des statuts
? Autrement dit un changement de perspective du droit de la
famille serait- ? Nous ne le pensons pas. Le droit de la famille
tire aujo évolution2
accélérée à partir de 1999, et dont le cap a été franchi avec la loi du 17 mai 2013. Une
3
.
354. Un socle commun de règles minimales pendant la vie commune. La doctrine
ces dernières années à dégager un SMIC (statut minimum inter-conjugal)4.
Tel que décrites5, certaines exigences morales s par le
législateur, ont semblé suffisamment importantes à tel point que ni le statut du couple, ni le
privilège
notamment
particulièrement dans le cadre conjugal, mais aussi de porter assistance à
son partenaire de vie lorsque ce dernier se porte mal et que la vie commune les a un temps
rassemblés. humanité du législateur commandait, sous cet angle, de ne pas réserver un
traitement différencié aux couples selon leur
commande de ne pas tromper celui avec lequel nous lie le contrat de Pacs, le législateur
ayant insisté sur l
-vivre ensemble,
indépendamment de la notion de fidélité. Il ne serait pas inconcevable un seul
et même article - - réunir ces devoirs
6
communs à toute vie en couple . Une éventuelle éviction du devoir de secours ne
1
Cf. A. GOGOS-GINTRAND, Les statuts des personnes, étude de la différenciation des personnes en droit, Paris,
- André TUNC, 2011, p. 429.
2
V. supra, notre Partie I, Titre I, Chapitre 1.
3
Notamment en cas de rapprochement des modes de conjugalité, Madame Gaëlle RUFFIEUX
travail de thèse sur la question de savoir si « les sanctions suivent le même courant que les obligations ». En
raient-elles étendues au pacs et au
concubinage ? Et en cas de réponse affirmative, celle- ? G. RUFFIEUX,
Les sanctions des obligations familiales, thèse precit., spec. n° 171, p. 185.
4
Puisque la vie de couple ne se vit pas différemment selon les statuts, et se résume globalement à une
communauté de toit et de lit, pourquoi distinguer là où le fait est identique ? Tel est la résultante du raisonnement
en termes de prise en compte des situations de fait. Monsieur le professeur LEVENEUR
irrégulières » et « perturbatrices » de
LEVENEUR, Situations de fait et droit privé, Paris, LGDJ, 1990.
5
V. supra, n° 324-342.
6
Contra, cf. C. BRUNETTI-PONS, «
mai 2013 », , Institut Famille&République, 2016, pp. 281-298, spec.
321
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
relatives
le relais1.
355. La nécessaire restructuration du Code civil2.
neutralité du législateur mais aussi la finalité de protection du plus faible, il conviendrait
pourtant de raisonner en termes de spécificité des statuts3
qui les distingue. Cette idée satisfait à la diversité initialement établie des modes de
conjugalité, en offrant aux couples différents statuts juridi
engagement. Cette hiérarchisation préserverait aussi
durable que constitue le mariage, et permettrait une meilleure structuration du
au régime impératif c
vie de couple, tant dans sa dimension personnelle que patrimoniale ?
pp. 283- la
». Le Pacs, « sorte de contrat de
fiançailles », serait exclusivement réservé aux couples de sexe différent, le renforcement des obligations et
avantages qui en découlent serait exclu, exception faite du volet patrimonial.
1
Cf. G. RUFFIEUX, Les sanctions des obligations familiales, op. cit. e, à
juste titre, que la sanction du contenu obligationnel des devoirs statutaires du mariage devient « politiquement
incorrect ». Si les devoirs conjugaux subsistent toujours, leur sanction est, pour partie, reléguée à la sphère
individuelle. La contrainte a perdu de sa légitimité et la pression exercée sur les comportements conjugaux relève
davantage du non-
2
L. JULLIOT DE LA MORANDIERE, « La réforme du Code civil », D., 1948, chron. XXVIII, pp. 117-124.
3
Contra, V. E. MATUTANO, « Légalité et conjugalité : le législateur doit épuiser sa compétence », Rev. Lamy dr.
civ., 2016, n° 133. Pour l , « il ne paraît pas concevable, en effet, de laisser perdurer un régime législatif
incohérent et préférentiel, à l heure où tombent les barrières, en ce domaine, à propos de la parentalité. Il
n est pas séant de conserver deux ou trois gradations, installant une hiérarchie entre les personnes, qui n mane
ni de leurs mérites ni de leurs talents respectifs et qui forge des distinctions mal comprises et donc sources de
conflits et de contentieux ».
vaille serait « es » du droit non civil de la famille, sans affecter la définition de chaque
régime dans le Code civil.
4
B. FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, Paris, La Documentation
française, Ministère de la Justice, 2006, p. 51. V. aussi, R. CABRILLAC, « Recodifier », RTD civ., 2001, p. 833-
846.
322
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
Code civil »1
la IIIème République2, et contre laquelle le doyen CARBONNIER avait déjà mis en garde.
1 ème
partie du rapport precité, FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le
Code civil face à son destin, rap. precit.
2
Ibidem., p. 94.
3
En ce sens : J.-P. DUNAND, « Entre tradition et innovation. Analyse historique du concept de code », in Le Code
civil français dans le droit européen, J.-P. DUNAND, B. WINIGER (dir. de), Actes du colloque sur le bicentenaire
du Code civil français organisé à Genève les 26-28 février 2004, Bruxelles, Bruylant, 2005, pp. 3-43.
4
FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, rapp. precit., p. 93 et s.
5
P. REMY, « La recodification civile », Droits, 1997, n° 26, p. 3 et s.
6
En effet, entre autres exem
7
-thèse peu probable et peu souhaitée-
Code européen, cf. M.-A. LATOURNERIE, « Regards croisés : le Code civil est-
société et du droit ? », Le rayonnement du droit
codifié, Journée du 26 novembre 2004, vol. 2, éd. JO, p. 323, p. 337.
8
FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, rap. precit., p. 112.
9
V. J.-P. DUNAND, B. WINIGER (dir. de), Le Code civil français dans le droit européen, Actes du colloque sur le
bicentenaire du Code civil français organisé à Genève les 26-28 février 2004, Bruxelles, Bruylant, 2005.
10
Ibidem., p. 112.
323
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
appelé à adopter une « conception plus rigoureuse du droit, sans courir derrière les
moeurs »1.
357. Une restructuration globale ou partielle ? Au sein de la doctrine, les avis sont
l est vrai que
les exemples étrangers de refonte glo e a pu, parfois, être menée
à bien (notamment au Québec), les résultats demeurent nuancés. Le cas de la recodification
en Louisiane permet de constater que le législateur, ayant préféré conserver «
rogressive »2 a abouti à un résultat dénué de
toute logique . Parmi les partisans
français, Monsieur le professeur Denis TALLON la re
temps pour faire peau neuve.
L le chemin vers un patchwork
3
juridique . Dans le même ordre idée
4
et le caractère vieillissant d , Monsieur le professeur Jean-Luc AUBERT
préconise également une refonte globale. Plus modestes5, refonte
partielle du Code civil arguent du préalable de deux conditions devant être de mise dans
toute tentative de restructuration. L en premier lieu
forte , déterminante de toute entreprise de codification7. À cet égard, Monsieur Le
6
1
Ibidem., p. 112.
2
Ibidem., p. 113.
3
D. TALLON, « », in 1804-
2004, Le Code civil un passé, un présent, un avenir, Livre du Bicentenaire, Paris, Dalloz-Litec, 2004, p. 997,
spec. 1003.
4
J.-L. AUBERT, « », in Livre du Bicentenaire, op.
cit.., p. 123 et s.
5
Et pour les
directive du 25 mai 1999 sur certains aspects de la vente et de la garantie des biens de consommation. La refonte
dans les années 70 du droit des personnes et de la famille est également citée car elle constitue un bel exemple de
refonte partielle réussie. En ce sens : J. FOYER, « Le Code civil est vivant. Il doit le demeurer ! », JCP, G, I,
2004, p. 120.
6
FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, rapp. precit., p. 114.
7
Aussi convient- ière, en 1904,
avait été demandée par le ministre de la justice à une commission extraparlementaire, afin de réfléchir à une
révision du Code, laquelle ne déboucha sur aucun projet concret (un des arguments avancés pour justifier cela
avait été le décès de SALEILLES en 1912, membre phare de la Commission). La seconde tentative intervient au
lendemain de la seconde Guerre mondiale. Le gouvernement provisoire de la République institue alors par décret
auprès du ministre de la justice une commission extraparlementaire présidée par le doyen JULLIOT DE LA
MORANDIERE, laquelle fut également un échec. Plusieurs raisons avaient été avancées : instabilité
volonté politique. V. en ce sens : L. JULLIOT DE LA MORANDIERE, « La réforme du Code civil », D, 1948, p. 117.
324
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
du Code civil »1. Rien de tel actuellement. Pour Monsieur le professeur Jean FOYER, « la
r
»2. En second lieu, la dimension symbolique3
du Code4 « tionale, le
1
J.-L. HALPERIN, Le Code civil, Paris, Dalloz, 1996, spec. p. 16.
2
J. FOYER, « Le Code civil après le Code : la réforme du Code civil sous la Vème République », in La
codification, B. BEIGNIER (dir. de), Paris, Dalloz, 1996, p. 63, spec. p. 67.
3
FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, rap. precit., p. 115.
4
R. CABRILLAC, « Le symbolisme des Codes », , Mélanges en hommage à François TERRE,
Paris, Dalloz, 1999, p. 211 et s. V., pour une étude complète : F. EWALD (extraits choisis et présentés par)
Naissance du Code civil, travaux préparatoires du Code civil, Paris, éd. Flammarion, 2004.
5
G. CANIVET, à in JCP, G, 2995, p 69.
6
Pour reprendre une expression : FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin,
rap. precit., p. 105.
7
FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, rap. precit., p. 115.
8
Sur ces mutations, V. particulièrement : J.-L. RENCHON, « », Rev.
dr. fam., 2015, n° 9, 46.
9
G. LEBRETON, « Critique républicaine des droits fondamentaux de la personne humaine », in Le droit entre
tradition et modernité, Mélanges à la mémoire de Patrick COURBE, Paris, Dalloz, 2012, p.
texte
-à-dire en réaction au totalitarisme nazi. Par conséquent, ceux-ci reposent sur
« LOCKE.
propriété de soi . La
volontairement surévaluée ». Or, le contexte historique français étant différent de son homologue allemand, les
10
J. HAUSER, « Rapport français » CAPITANT des amis de la
culture juridique, Journées libanaises, 1998, LGDJ, 2001, p. 477.
11
V. en ce sens, J. FOYER, « -il toujours français ? », in Justices et droit du
GUINCHARD, Paris,
Dalloz, 2010, pp. 267-280.
325
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
a famille- -
famille »2
ma
1
B. FAUVARQUE-COSSON, « », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir (1804-2004),
Paris, Dalloz, 2004, p. 475.
2
J. HAUSER, « Rapport français », art. precit., p. 478.
326
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
360. La diversité des revendications. Face au refus réitéré des juridictions internes
familiale (B).
A) L accès à la conjugalité
1
Cons. const., 28 janv. 2011, n° 2010-92 QPC, D., 2011, 297, édito F. ROME, 1040, obs. J.-J. LEMOULAND et
D. VIGNEAU, et 1713, obs. V. BERNAUD ; D., Actualité, 7 février 2011, obs. C. SIFFREIN-BLANC ; D., 2011,
1793, obs. V. BERNAUD ; AJ fam., 2011, 157, obs. F. CHENEDE ; D., 2012, 1033, obs. M. DOUCHY-OUDOT; RTD
civ., 2011, obs. J. HAUSER, p. 326; AJ fam., 2011, obs. F. CHENEDE, p. 157; JCP, G, 2011, n° 29, obs.
A. GOUTTENOIRE, et n° 6, 250, Libres propos, obs. A. MIRKOVIC ; Voir aussi : A. LEBORGNE, « Les dispositions
du ont conformes à la
Constitution », RJPF, 2011, n° 3, pp. 20-23 ; Rev. dr. fam, 2011, comm. n° 32, note GUEDRAOGO.
2
judiciaire la protection de la liberté individuelle, dont
la liberté du mariage constitue une composante (Cons. constit., 13 août 1993, n° 93-325 DC, § 107). Toutefois,
en 2003, le Conseil constitutionnel fait de la liberté du mariage une composante de la liberté personnelle,
protégée par les articles 2 et 4 de la Déclaration de 1789, et non plus uniquement une composante de la liberté
327
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
362. Le mariage des personnes de même sexe : un abus de langage. En tant que
liberté, le mariage est ouvert au profit de tous. Le droit ne nie cette liberté ni aux personnes
homosexuelles ni aux personnes hétérosexuelles, car celui-ci ne distingue pas les individus
selon leur orientation sexuelle dans le bénéfice des droits. Dès lors, la polémique autour
pas Aude MIRKOVIC nous livre
à le débat portant
mariage au profit des couples de même sexe comme un « abus de langage » et de
« confusion »3. Dans le même sens, la philosophe Sylviane AGACINSKI4 souligne que « la
s hétérosexuels
328
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
Y. LEQUETTE, « sme législatif » , in Études offertes à
Geneviève VINEY, Paris, LGDJ, 2008, p. 647.
2
Les études relatives au gender
329
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Selon M. LAMARCHE, « cette indifférenciation sexuelle a son école en Suède (École Egalia à Stockolm) qui a
supprimé toute référence à la distinction garçon/fille tant dans le langage que dans les activités devenues
asexuées, l'objectif étant de supprimer toute influence biologique mais surtout sociale sur la construction du
genre des enfants (âgés de un à six ans) ».
2
J.-R. BINET, « gender ? », in La Loi&Le Mariage, Protéger
, Institut Famille&République, 2016, pp. 97-100.
3
J.-L. RENCHON, « Une filiation monosexuée ? », art. precit., p. 250, spec. n° 24.
4
M. PEETERS, « La théorie du gender, une norme politique mondiale », in « La théorie du Gender ». Vers une
nouvelle identité sexuelle ?, op. cit., p. 27.
5
Particulièrement celle de Jean-Paul SARTRE ou de Simone DE BEAUVOIR.
6
Ibid., p. 27.
7
M. DOUCHY-OUDOT, « Les expressions visibles de la théorie du gender en droit », art. precit., pp. 34-35.
8
Sur le transsexualisme, V. D. SALAS, Sujet de chair et sujet de droit : la justice face au transsexualisme, Paris,
PUF, 1994. V. aussi : C. KUHN, « Droit et transse », in Bioéthique
et genre, A.-F. ZATTARA-GROS (dir. de), Paris, LGDJ, 2013, pp. 201-212.
9
Après la proposition de loi n° 4127 portant simplification de la procédure de changement de la mention du sexe
330
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
transsexualisme est particulièrement représentative car elle consiste, pour les intéressés, à
revendiquer un statut juridique en accord avec leur personnalité sexuelle 1. Considérée en
droit comme étant une entrave à leur vie privée sexuelle, de telles revendications
2
dont le
rt objectif. Accéder à de telles revendications permet donc de
rquoi la question se pose de savoir
3
? La proposition de loi actuelle
une nouvelle section dans le Code civil facilitant « dans son principe comme dans sa mise
4
en oeuvre » la modification de la me . Il ne pèserait ainsi sur le
son état biologique grâce à de simples attestations ou témoignages » attestant que son
comportement social est bien en adéquation avec le sexe revendiqué. Le procureur de la
république saisi de la demande de changement de sexe (éventuellement de prénom) ne
doute réel et sérieux sur la
bonne foi des éléments » produits existe. Il en résulte en tant que donnée biologique
objective que le sexe de la personne devient interchangeable au gré des volontés
5
dans la
règle de droit nuit pourtant grandement aux droits familiaux.
été abandonnée depuis. S. PARICARD, « Le transsexualisme, à quand la loi ? », Rev. dr. fam., 2012, étude 2,
n° 22.
1
Selon le rapport présenté par le docteur KUSS
le «
rapport avec le sexe chromosomique, et besoin intense et constant de chang ». Cf . Bull.
Acad. Nat. Méd., 1982, n° 6, p. 819.
2
perçue par la société peut en demander la rectification ». Ass. nat., prop. de loi n° 3084, 29 sept. 2015.
5
En ce sens Monsieur le professeur P. MURAT distingue le libéralisme par désengagement de la norme juridique
et un libéralisme par concurrence de la norme juridique. Au premier, correspondent les réformes des années
soixante, diligentées par le doyen CARBONNIER : moins de droit, afin de renvoyer certains comportements
331
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
332
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
un simple traitement hormonal. La résistance des juges du fond se poursuit 1, malgré une
2
.
fine les critères exigés en
matière de transsexualisme afin de donner une issue favorable aux demandes de
-ci relève que « M. X ne rapportait pas la preuve, de nature
intrinsèque à sa personne, du caractère irréversible du processus de changement de sexe,
qui ne pouvait résulter du
»3. Elle précise en outre, que doit être recherché « (...) un juste équilibre entre les
uniquemen
6
irréversible
co -, la Cour considère le refus de
procéder au changement demandé comme contraire au droit au respect de la vie privée et
familiale7 du requérant. Il ressort ainsi implicitement de la décision de la Cour une volonté
1
CA Paris, 25 mars 2014, pôle 1, ch 1, n° 13/17984.
2
CA Nîmes, 19 février 2014, ch. 2C, RG 13/03142.
3
Cass. civ. 1ère, 13 fév. 2013 (2 espèces) ; Ph. REIGNE, « état civil des personnes
transidentitaires injuste équilibre », JCP, G, 2013, 227.
4
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « Transsexualisme et couple », Rev. dr. fam., 2013, n° 5, dossier 14, spec. n° 36 ;
Pour une approche de droit européen, cf. F. LYN, P. ROMUALD, J.-B. WALTER, « Transsexualisme et droit
européen », in Sexe, sexualité et droits européens : enjeux politiques et scientifiques des libertés individuelles,
O. DUBOS, J.-P. MARGUENAUD (dir. de), Paris, éd. A. Pedone, coll. « Droits européens », 2007, pp. 55-67.
5
CEDH, 11 juil. 2002, aff. 28957/95, Goodwin c/ Royaume Uni, RTD civ., 2002, note J.-P. MARGUENAUD,
p. 862.
6
CEDH, 10 mars 2015, aff. 14793/08, Y.Y. c/ Turquie, Rev. Lamy dr. civ., 2015, n° 129, comm. C. BERNARD-
XÉMARD ; Rev. dr. fam, 2015, 113, obs. F. MARCHADIER ; RJPF, 2015, mai, 13, obs. E. PUTMAN.
7
B. MORON-PUECH, « Conditions du changement de sexe à l tat civil : le droit français à l preuve de l arrêt Y.
Y c/ Turquie du 10 mars 2015 », Rev. dr. homme, 2015, n° 3.
333
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
». La position de la
2
, à abandonner
pour davantage
3
.
1
Sur la notion de tendance, substituée au consensus dans certains cas par la Cour,
SUDRE : « La mystification du consensus européen », JCP, G, 2015, n° 50, 1369.
2
B. MORON-PUECH, « Conditions du changement de sexe à l tat civil : le droit français à l preuve de l arrêt Y.
Y c/ Turquie du 10 mars 2015 », art. precit., spec. n° 113.
3
334
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
tionale rejette le 14 juin 2011, - par 293 voix contre 222 -, une proposition de loi portée par le
socialiste Monsieur Patrick BLOCHE (un des initiateurs du PACS) visant à introduire dans le Code civil la
possibilité de contracter mariage entre personnes de même sexe (proposition de loi AN n° 586, 2007-2008,
le mariage peut être contracté
par deux personnes de sexe différents ou de même sexe ».
2
Cons. const., 29 juillet 2011, QPC n° 2011-155 ; D., 2012, 971, spec. 983, obs. J.-J. LEMOULAND,
D. VIGNEAU, même revue, 1033, obs. M. DOUCHY-OUDOT ; AJ fam., 2011, 436, obs. W. JEAN-BAPTISTE; RTD
civ., 2011, 748, obs. J. HAUSER; JCP, S., 2011, 1458, n° 41, note A. DEVERS; Rev. dr. fam., 2011, comm. 143,
note V. LARRIBAU-TERNEYRE; JCP, G, 2012, n° 1, obs. Y. FAVIER.
3
Une autre QPC a également été transmise au Conseil constitutionnel le 16 sept. 2011 : cf. Cons. Const., 16 sept.
2011, n° 2011-163 QPC, D., 2011, 2823, obs. G. ROUJOU DE BOUBEE ; AJ pén., 2011, 588, obs. C. PORTERON ;
RTD civ., 2011, 752, obs. J. HAUSER; JCP, G, 2012, n° 1, obs. A. GOUTTENOIRE
prioritaire de constitutionnalité est le suivant : « ne définissant pas les liens familiaux qui conduisent à ce que
des atteintes sexuelles soient
des délits et des peines ». Le 17 février 2012 le Conseil relève que : «
Constitution, ainsi que du principe de légalité des délits et des peines
-
pénale et de définir les crimes et délits en termes suffisamment clairs et précis ».
335
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
B) L on
1
Voir notamment la thèse de C. NEIRINCK, , Paris,
LGDJ, coll. « Bibliothèque de droit privé », t. 182, 1984.
2
Un enfant, pour construire son identité, a besoin de se situer dans une lignée généalogique, dont le reflet
généalogie non sexuée reviendrait à effacer soit cette partie masculine - iennes -
soit féminine de son identité - si le couple est homosexuel -.
3
V. supra, n° 252 et s.
4
I. CORPART, « Les revendications parentales des couples homosexuels... », art. precit., p. 11.
5
A. LAMBOLEY, « », in Mélanges Christian MOULY, Litec, 1998,
pp. 313-334.
6
V. infra, n° 377 et s.
7
Sur cette notion, v. supra, n° 145.
8
V. notamment à ce sujet : H. FULCHIRON, « Parenté, parentalité, homoparentalité », D., 2006, « Point de vue »,
p. 876-877; C. NEIRINCK, « Homoparentalité et adoption », in Le droit privé français à la fin du XXème siècle.
336
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
professeur Philippe MALAURIE fait remarquer à juste titre que la construction juridique
remplace la nature, et laisse libre cours à la fiction, « car quand on parle de mariage et de
conjugalité, de filiation et de parentalité,
comportements parentaux, de rapports entre les sexes et entre les générations, on touche
8
.
337
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
véritable labeur pour les couples de même sexe. Sur le plan international, les États qui
consentent à de telles adoptions le font en général
de sexe différents
confrontés à de multiples demandes de couples de même sexe, exigent désormais de
non-homosexualité
veuillent se tourner vers les pays de droit musulman, ceux-
mais la kafala, simple recueil légal. Et il es que celle-ci ne
pourra être transformée en adoption une fois de retour en France. La CEDH a été saisie de
la question et en a refusé toute assimilation 4 sur le fondement du respect du pluralisme
culturel.
372. . Selon
ticle 365 du Code civil, l
très fréquemment, la mère biologique
-ci perde toute aptitude à exercer son autorité.
Dans ce cas de figure, l ni justifiée ni
pourquoi la Cour de cassation refuse de se prononcer en faveur de telles adoptions, car
elles privent la mère biologique de son autorité parentale au pr
solution est maintenant acquise depuis deux arrêts en date du 20 février 2007 5. La Cour de
1
S. PARICARD, « Mariage homosexuel et filiation. Quelques éléments de droit comparé », Rev. dr. fam., 2013,
n° 1, dossier 8.
2
Arrêt X. et autres c/ Autriche, CEDH gr. Chambre, req. n° 19010/07, D., 2013 p. 502, note I. GALLMEISTER ;
JCP, G, 2013, n° 11, 316, note H. SURREL; Rev. dr. fam., 2013, n° 4, comm. 53, note C. NEIRINCK.
3
Cour de cassation italienne, 11 janv. 2013, n° 601, D., 2013, note F. LAFAILLE, p. 177.
4
CEDH, 4 oct. 2012, n° 43631/09, Harroudj c/ France, D., 2012, p. 2947, note P. HAMMJE; AJ fam., 2012,
p. 546, obs. A. BOICHE; RTD civ., 2012, p. 705, J.-P. MARGUENAUD.
5
Cass. civ. 1ère , 20 fév. 2007, n° 04-15.676 et 04-15.647, D., 2007, obs. C. DELAPORTE-CARRE, p. 721; D.,
2007, note D. VIGNEAU, p. 1047; D., 2007, obs. P. CHAUVIN, p. 891; D., 2007, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS
338
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
p. 1460; D., 2007, obs. J.-J. LEMOULAND et D. VIGNEAU, p. 1561; AJ fam., 2007, obs. F. CHENEDE, p. 182; RTD
civ., 2007, obs. J. HAUSER, p. 325; Rev. dr. fam., 2007, n° 80, note P. MURAT; GAJC, 12ème éd., 2007, n° 53-55;
RJPF, 2007, n° 7, obs. C. MECARY; JCP, G, 2007, II, 10068, obs. C. NEIRINCK.
1
Le « détournement » selon le Vocabulaire CORNU a trois sens
légit
-
à-dire le procédé qui consiste
: « les intéressés font un usage correct
des possibilités légales (...) qui leur sont ouvertes. Mais pour parvenir à des fins accessoires ou tout à fait
». Cf.
F. BOULANGER, « ? », JCP, G, 1993,
I, 3665.
2
FENOUILLET, « Le
détournement d », in Liber Amicorum, Mélanges Philippe MALAURIE, Defrénois, 2005, pp. 237-282 ;
cf. également J. HAUSER, « Le droit de travers », in Mélanges E. ALFANDARI, 1993, pp. 83-95.
3
simple : TGI Paris, ord. JAF, 2 juil. 2004, AJ fam., 2004, p. 361; RTD civ., 2005, p. 116, obs. J. HAUSER.
: dans un
-ci de
4
C. NEIRINCK, « », Rev. dr. sanit.et soc., n° 1, 2011,
pp. 142-150.
5
CA Lyon, 28 juin 2010, n° RG : 10/03083, RTD civ., 2011, p. 118, note J. HAUSER ; AJ fam., 2010, obs. C.
SIFFREIN-BLANC, p. 490.
6
A. MIRKOVIK, « La revendication des personnes de même sexe en matière familiale », art. precit., p. 46.
339
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Cons. const., 6 oct. 2010, QPC n° 2010-39; M. DOURIS, « Homosexualité, couples non mariés, accès au
», LPA,
2011, n° 11, n° 4-6. V. aussi dans le même sens : P. KIPIANI, « Mariage homosexuel et adoption par un couple
homosexuel ation en droit français à une reconnaissance en droit belge », Rev. dr. fam., 2012,
n° 1, pp. 18-24.
2
CEDH, Gas et Dubois c/ France, 15 mars 2012, n° 25951/07, D., 2012, 814, obs. I. GALLMEISTER; AJ fam.,
2012, p. 220, C. SIFFREIN-BLANC ; même revue, 163, point de vue F. CHENEDE ; RTD civ., 2011, obs. J. HAUSER,
p. 114; D., 2011, 1585, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS ; même revue, 1713, obs. V. BERNAUD; RJPF, 2010/12,
note C. LE BOURISCOT.
3
J. HAUSER, « Table ronde, Les débats sur la réforme », u mariage aux personnes de même
sexe, Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de), Paris, éd. Panthéon-Assas, 2014, p. 107.
4
HAUSER conception instantanéiste du
phénomène familial nvestissement symbolique exagéré du droit de la famille. En ce sens :
J. HAUSER, « Retour sur le sens du temps en droit de la famille », in Parenté, filiation, origines. Le droit et
, H. FULCHIRON, J. SOSSON (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 321 et s.
340
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
des racines très profondes, et qui est déjà largement entamé. Ce changement est
i
instauré après la Révolution française. Autant dire que la rupture ne se produit pas
années
soixante-dix, quand on a commencé
matrimonial fondamentalement enraciné dans la hiérarchie des sexes-
Code Napoléon en 1804 »4. Si une part de vrai ressort de cette affirmation, on ne peut que
1
HAUSER, art. precit., p. 107. Ainsi que le souligne
Monsieur le professeur Rémy CABRILLAC, « les controverses idéologiques sont souvent dépourvues de la
sérénité néce
celui de la machine à
calculer, de la sérénité des études notariales, du sort des achats en commun ou des dettes ménagères », en
comparaison avec « le droit extrapatrimonial, celui du symbole, du strass, des paillettes, des débats télévisés
avant de conclure que cette analyse ne peut être que confortée par les débats récents sur le « mariage pour
tous ». R. CABRILLAC, « Genre et droit patrimonial de la famille », in Bioéthique et genre, A.-F. ZATTARA-GROS
(dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 270.
2
J. HAUSER, art. precit., p. 107.
3
J. HAUSER, « Retour sur le sens du temps en droit de la famille », in Parenté, filiation, origines. Le droit et
., p. 326.
4
I. THERY, « Mariage et filiation de même sexe : une approche sociologique »,
personnes de même sexe, Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de), Paris, éd. Panthéon-Assas, 2014, p. 91.
341
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
constater le fossé qui sépare désormais la vague de réformes conduites par le doyen
CARBONNIER et les révisions plus récentes du Code civil. Innovantes quant au fond, les
premières « portaient en elles le renouvellement substantiel du droit français de la famille,
sans pour autant sombrer dans une certaine démagogie »1. Elles présentaient surtout
2
. Le modèle familial
fondé sur le mariage demeurait affiché et la famille était toujours la clef de voûte du
système. Si « la sociologie se voulait informative
1
B. FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT, Le Code civil face à son destin, Paris, La Documentation
française, Ministère de la Justice, 2006, p. 103.
2
Pour Gérard CORNU : «
». Cf. G. CORNU, « La refonte
dans le Code civil français du droit des personnes et de la famille », , Paris,
PUF, 1998, p. 372.
3
Y. LEQUETTE, « », in Le discours et le Code Portalis deux siècles après le
Code Napoléon, Litec, 2004, p. 391 et s., spec. p. 395, cité par B. FAUVARQUE-COSSON, S. PATRIS-GODECHOT,
Le Code civil face à son destin, Paris, La Documentation française, Ministère de la Justice, 2006, p. 110.
4
C. EOCHE-DUVAL, D. MARCILHACY, « Pour une véritable gouvernance familiale », in Le Mariage&La Loi,
Proté , Institut Famille&République, 2016, pp. 451-461.
5
C. BRUNETTI-PONS, « Après la loi du 17 mai 2013, quel état des lieux et quelles perspectives pour le droit de la
famille ? », , op. cit., p. 33.
6
Qui p
342
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
alliance civile au profit des personnes de même sexe, exclusive de la dimension parentale
(ni filiation, parenté ou autorité parentale)1
personnes de même sexe. Envisageant un autre cadre légal, favorisant « la contribution de
tous les foyers à la solidarité et à la stabilité sociale »2, Madame MIRKOVIC préconise la
partenariat de vie commune contrat spécial relevant du droit commun des
obligations-, dont les ressorts
chère à Madame le professeur Jacqueline POUSSON-PETIT. Pour Madame MIRKOVIC, la vie
seul critère uteur, une catégorie particulière parmi les diverses situations
3
-ci
reposerait, en définitive, sur ce qui demeurerait « -là : la
vie commune » et le consentement libre des personnes « de prendre soin les unes des autres
et, à cet effet, à mettre en commun des moyens »4 bien évidemment,
déterminante, mais en tant que « ». Pour
une telle approche nce jouée par la théorie du
gender, en sauvegardant le champ de compétence du législateur. Naturellement, le contrat
compterait plus que le mariage civil hétérosexuel et le partenariat de vie commune. Bien
mariage homosexuel
5
. Surtout, elle ne semble
pas être en phase avec les orientations contemporaines du législateur, qui a résolument
son intervention législative.
1
C. BRUNETTI-PONS, «
2013 », nfant, op. cit., spec. pp. 285-289.
2
J. THOMAS, A. MIRKOVIC, « Une proposition juste : le partenariat de vie commune », in Le Mariage&La Loi,
, op. cit., p. 349.
3
Ibidem., p. 348.
4
Ibidem., p. 349.
5
Pour les avantages et les inadapta -360.
343
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Sur cette question, V. : O. DUBOS, J.-P. MARGUENAUD (dir. de), Sexe, sexualités et droits européens : enjeux
politiques et scientifiques des libertés individuelles, Paris, éd. A. Pedone, coll. « Droits européens », 2007.
2
J. POUSSON-PETIT, « Le droit de vivre en commun en dehors du couple sexuel conjugal », in Mélanges en
. HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 563-588.
3
C. ADAM, « La sexualité comme puissance de démesure et de dérèglement du droit », in Droit des familles,
genre et sexualité, Paris, LGDJ, coll. « Anthémis », 2012, pp. 25-33.
344
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
plusieurs textes. Afin de lui assurer une effectivité optimale, le principe de non-
discrimination - -
différence de traitement lorsque celle- justifiée par un but légitime.
379. La protection du droit au respect de la vie privée. Protégé en droit interne à
1
l , le droit au respect de la vie privée permet de sanctionner, de manière
2
autonome , les atteintes illicites et les immixtions arbitraires dans la vie privée des
individus3 prescrire toutes
e la vie privée ».
Le texte permet également au juge
la vie privée des
individus, qui comprend outre leur vie familiale au premier plan, leur vie affective et
sentimentale4, patrimoniale5, leur domiciliation6 7
mais aussi leur
8
intimité corporelle privée, indépendamment de
9
. Ainsi que le souligne la Cour européenne en 1998, la sphère de la
vie privée couvre « ; la garantie offerte
sans ingérences extérieures, de la personnalité de chaque individu dans les relations avec
1
Introduit dans le Code civil par la loi du n° 70-643 du 17 juillet 1970.
2
Cass. civ. 1ère, 5 nov. 1996, Bull. Civ., I, n° 378; GAJC, 12ème éd., n° 20; JCP, G, I, 1997, obs. VINEY, p. 4025;
RTD civ., 1997, obs. J. HAUSER, p. 632.
3
Cass. civ. 2ème, 3 juin, 2004, Bull. civ., II, n° 273 ; D., 2004, note RAVANAS, p. 2069 ; Rev. dr. fam., 2004, note
V. LARRIBAU-TERNEYRE, n° 172 ; RTD civ., 2004, obs. J. HAUSER, p. 489.
4
TGI Paris, 2 juin 1976, D., 1977, note LINDON, p. 364 (2ème espèce); CA Paris, 26 mars 1987, JCP, G, II, 1987,
note AGOSTINI, p. 20904; Cass. civ. 1 ère, 6 oct. 1998, Bull. civ., I, n° 274; D., 1999, obs. J.-J. LEMOULAND,
somm. 376.
5
Sur la question des informations patrimoniales, la jurisprudence a dans un premier temps, admis que « le
345
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
arbitraires dans sa vie privé », elle prévoit expressément que « toute personne a droit à la
protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes »2. La Cour
Convention.
380. La liberté sexuelle, une composante de la vie privée. Il convient en tout
premier lieu de souligner que la notion de « liberté sexuelle
telle
3
. Abordée sous
droit à la vie privée et familiale. Dans une première affaire qui remonte aux années 1970,
la Commission européenne a éclairci la portée de ce principe. Elle a considéré que le droit
4
. La Commission affirme donc de manière explicite que
les relations et activités sexuelles relèvent du domaine de la vie privée. La Cour
européenne reconnaît, dès 1999, « un aspect
5
des plus intimes de la vie privée » . Usant de son dynamisme interprétatif, elle va même
1
CEDH, 24 fév. 1998, Botta c/ Italie, §32.
2
Art. 12.
3
O. DUBOS, « Sexe, sexualité et droits européens », in Sexe, sexualités et droits européens : enjeux politiques et
scientifiques des libertés individuelles, op. cit., p. 6.
4
Brüggeman et Scheuten c/ Allemagne.
5
CEDH, 27 sept. 1999, Smith et Grady c/ Royaume-Uni, §89.
6
CEDH, 17 fév. 2005, K. A. et A. D. c/ Belgique, §82-83. Cf. F. SUDRE, JCP, G, 2005, I, 159, n° 12 ; J.-P.
MARGUENAUD, RTD civ., 2005, p. 341 ; M. LEVINET, Rev. dr. patrim., 2006, p. 806 ; P. MALAURIE, LPA, 1er
août 2006, p. 7.
7
M. C. c/ Bulgarie du 4 décembre 2003
346
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
visuels sadomasochistes »1
« »2, et la vie sexuelle constitue
3
. On est là, déjà, très loin de l
permis une réelle attitude compassionnelle à leur égard7. Toute une sé leur ont
ouvert la voie à une reconnaissance progressive à des droits divers et variés 8.
382. La garantie par la Cour EDH du principe de non-discrimination à raison
.
proscrit toute distinction fondée sur le sexe, la naissance ou tout autre situation relevant de
nd
sexuelle.
plusieurs situations repose sur une justification objective et raisonnable.
1
G. GONZALEZ, « La liberté sexuelle », in Le droit au respect de la vie privée au sens de la Convention
me, F. SUDRE (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit et justice », 2005,
p. 157.
2
CEDH, 29 avr. 2002, Pretty c/ Royaume-Uni, §62.
3
D. ROMAN, « Le corps a-t-il des droits que le droit ne connaît pas ? La liberté sexuelle et les juges : étude de
droit français et comparé », D., 2005, p. 1508.
4
Sur cette question : F. LEROY-FORGEOT, , Paris, PUF, 1997.
5
des
-190 du 8 février 1945 maintient cette incrimination au titre des
attentats à la pudeur.
6
7
Y. ATTAL-GALY, , Paris, LGDJ, 2003.
8
M. LAMARCHE, « », in Sexe, sexualité et
droits européens : enjeux politiques et scientifiques des libertés individuelles, O. DUBOS, J.-P. MARGUENAUD
(dir. de), Paris, éd. A. Pedone, coll. « Droits européens », 2007, pp. 45-54.
9
CEDH, 22 oct. 1981, Dudgeon c/ Royaume-Uni, Série A, n° 45, §60 ; GACEDH, n° 37. Dans le même sens :
CEDH, 26 oct. 1988, Norris c/ Irlande, Série A, n° 152 et CEDH, 31 juillet 2000, A.D.T. c/ Royaume-Uni.
347
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
immorale, mais cela seul ne saurait autoriser le recours à des sanctions pénales quand les
partenaires sont des adultes consentants ». Une fois acquis le retrait du droit pénal en la
condamner les discriminations motivées par
. Outre les discriminations directes, la Cour condamne les
discriminations indirectes qui se cachent derrière des dispositions en apparence neutres,
mais qui lors de leur application, désavantagent leurs titulaires1. Que ce soit dans le cadre
du travail2, ou pour bénéficier du transfert du droit au bail 3 ou encore
relations parentales4, la Cour européenne procède à une véritable protection des personnes
contre les discriminations liées à leur orientation sexuelle. Salguiero, elle
de traitement
homosexuels5
personne homosexuelle seule, mais bien le couple homosexuel dans sa dimension familiale
en élargissant , combiné
6
À Fretté , alors même
que celui- t pas expressément protégé par le texte de la Convention. Qualifiée
« intime
7
.
s,
la Cour européenne contribue à traiter de façon égalitaire toutes les sexualités en imposant
aux États
Autant de libéralisme trouve pourtant sa limite lorsque la question touche la vie familiale
hétérosexuelle.
383. conjugalité non-procréatrice. Si les débats précédant
permis à une partie de la doctrine de considérer que celui-ci
communauté de toit et de lit », le
Conseil constitutionnel donna au Pacs une orientation résolument sexuelle 8. Il y affirme
1
CEDH, 20 juin 2006, Zarb Adami c/ Malte, Rev. dr. patrim., 2007, obs. SURREL, p. 871.
2
: CEDH, 27 nov. 1999, Lusting-
Prean c/ Royaume-Uni et Smith et Grady c/ Royaume-Uni, Série A, 1999-IX ; RTD civ., 1999, chron. J.-P.
MARGUENAUD, p. 917.
3
CEDH, 24 juillet 2003, Karner c/ Autriche.
4
un père ne peut valablement constituer un motif de retrait de son droit de
garde : CEDH, 21 déc. 1999, Salgueiro Da Silva Mouta c/ Portugal; RTD civ., 2000, note J.-P. MARGUENAUD,
p. 433.
5
CEDH, 9 janv. 2003, L. et V. c/ Autriche, JCP, G, I, 2003, chron. F. SUDRE, p. 160.
6
CEDH, 26 fév. 2002, Fretté c/ France, JCP, G, 2002, I, note A. GOUTTENOIRE et F. SUDRE, p. 10074.
7
J.-M. LARRALDE, « Libre disposition de son corps et préférences sexuelles », in La libre disposition de son
corps, J.-M. LARRALDE (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit et justice », 2009, pp. 263-290.
8
M. GRIMALDI, « Réflexions sur le pacte civil de solidarité du droit français », Defrénois, 2003, 813.
348
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
que «
pas à une cohabitation entre deux personnes », mais celle-ci suppose « outre une résidence
commune, une vie de couple »1. Appliqué aux couples homosexuels, la décision du Conseil
consacre une forme de « devoir pacsal »2 à connotation sexuelle, détaché de toute idée de
procréation. La sexualité devenant « récréative »3, toute pudeur législative est abandonnée
au profit non procréatrice.
1
Cons. const. 29 nov. 1999, déc. précit., cons. n° 26.
2
CABALLERO, Le droit du sexe, Paris, Lextenso éd.,
2010, p. 285.
3
DJERASSI, un des pères fondateurs de la pilule. Pour ce
dernier, disparu en janvier 2015, la pilule sera très certainement obsolète en 2050 au profit de la « stérilisation
pour tous », car la technologie reproductive sera pour le chimiste suffisamment pointue, banale et peu coûteuse.
procréation sans sexe et sexe sans procréation ».
4
L. AYNES, « Le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe : trop ou trop peu »,
D., 2012, p. 2750.
5
TGI Tours, 20 août 2015, AJ fam., 2015, pp. 613-15, note S. LE GAC-PECH ; J. HAUSER, « Le mystère du
», JCP, G, 2015, n° 44, 1157.
6
A. MIRKOVIC, « Le coût juridique. Les conséquences de la théorie du gender sur la filiation », in « La théorie
du gender », vers une nouvelle identité sexuée ?, op. cit., pp. 53-68.
349
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
- aboutit à nier le lien entre la
1
Cf. infra, spec. n° 535.
2
V. en ce sens : S. HENNETTE-VAUCHEZ, M. PICHARD, D. ROMAN (dir. de), La Loi&Le Genre, Études critiques
de droit français, Paris, CNRS éd., 2014.
3
D. BORILLO, « Pour une théorie du droit des personnes et de la famille émancipée du genre », in Droit des
familles, genre et sexualité, Paris, LGDJ, coll. « Anthémis », 2012, pp. 7-24.
4
L. n° 2012-1404 du 17 décembre 2012 de financement de la sécurité sociale pour 2013.
5
A. MIRKOVIC, « Congé de paternité », D., 2012, p. 2600.
6 ème
Cass. civ. 2 , 11 mars 2010, n° 09-65.853, D., 2010, note A. MIRKOVIC, juris. 1394; D., 2011. obs. J.-J.
LEMOULAND et D. VIGNEAU, pan. 1040; D., 2011, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS, pan. 1585; AJ fam., 2010, obs.
F. CHÉNEDÉ, p. 184; RDSS, 2010, note M. BADEL, p. 534; RTD civ., 2010, obs. J. HAUSER, p. 315.
7
M. DROUCET, « Vers un nouveau statut parental ? », AJ fam., 2012, p. 542.
8
C. NEIRINCK, « Faut-il tenir compte du sexe des êtres humains ? », Rev. dr. fam., 2012, n° 12, repère 10 ; du
même auteur, « Homoparentalité et désexualisation », Rev. dr. fam., 2012, n° 7, repère 6.
350
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
altérité sexuelle en lien direct avec la procréation. Pour assurer une égalité dans
l'indifférenciation sexuée, la désexualisation du vocabulaire de la famille a été
programmée1. Toutes les références sexuées sont remplacées par une terminologie neutre :
mari et femme par époux ou conjoints, père et mère par parents, terme générique qui
désigne tous ceux qui sont dans un rapport de parenté. À la parenté est substituée la
parentalité, qui conduit à distinguer les deux parents par un chiffre. Or, la filiation sociale
1
M. DOUCHY-OUDOT, « Les expressions visibles de la théorie du gender en droit » in « La théorie du gender »,
vers une nouvelle identité sexuée ?, op. cit., pp. 33-50.
2
V. nos développements, infra, n° 387.
3
J.-L. RENCHON, « Une filiation monosexuée ? », art. precit., pp. 249-250, spec. n° 22.
4
J. ROCHE-DAHAN, « La différenciation sexuelle au sein du couple, approche de droit comparé : droit canonique,
droit hébraïque, évolution du droit français », in Les sexualités : répression, tolérance, indifférence,
M. BAUDREZ, T. DI MANNO (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 75-108.
5
J. ROCHE-DAHAN, « La différenciation sexuelle au sein du couple, approche de droit comparé : droit canonique,
droit hébraïque, évolution du droit français », art. precit., p. 103.
6
I. THERY, Des humains comme les autres, Bioéthique, anonymat et genre du don, éd. EHESS, 2010, p. 253.
7
M.-T. MEULDERS-KLEIN, « la famille : un
voyage sans destination », ,
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ (dir. de), Paris, LGDJ, 1996, pp. 179-213.
351
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
F. NIBOYET, , LGDJ, coll. « Bibliothèque de droit privé », 2008.
352
Conclusion du chapitre premier
389. e
ème
être le tournant de la fin du XX siècle, lequel a ouvert la voie à ce que Monsieur le
professeur Pierre MURAT a désigné comme le « libéralisme par concurrence entre les
normes juridiques »1
parfaitement le phénomène de « contagion par imitation législative »2.
FULCHIRON
3
la loi du libéralisme maximum qui tend
discrimination, la question du mariage homosexuel supposait au préalable de découpler le
mariage -institution sexuée- de la procréation. En désexualisant celui- ement
de la force de la présomption de paternité
anage des
couples hétérosexuels, l droits étant atteinte au
profit des couples de même sexe. Dans ce processus de déconstruction4, ence
sexuelle dans le couple est le maître mot, et le mariage « perd une partie de sa substance : il
personnes qui forment un couple »5. Abaissé au niveau des nouvelles conjugalités, un
,
lesquels constituent le nouveau droit du couple, totalement autonome du droit de la famille.
Dans ce contexte paraît irrémédiablement consommé »6, et
le rapprochement entre les trois formes de conjugalité est in
pourquoi la sagesse commanderait désormais
trois formes de conjugalité que connaît
droit de la famille. Le pluralisme institué répond à une attente sociale, et
tout retour en arrière est impossible7.
maintenant doit connaître une pause8, afin de procéder à une restructuration des règles
1
P. MURAT, « Individualisme, libéralisme, légistique », in Mariage Conjugalité, Parenté-Parentalité,
H. FULCHIRON (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2009, p. 242.
2
Ibid., p. 242.
3
H. FULCHIRON, « Existe t-il un modèle familial européen ? », Defrénois, 2005, art. 38239.
4
M. DOUCHY-OUDOT, « Les étapes juridiques de la déconstruction familiale », in La réforme du mariage,
Approche critique sur les mutations familiales, Poitiers, DMM, 2013, pp. 11-31.
5
H. FULCHIRON, « Mariage, conjugalité ; parenté, parentalité : métamorphose ou rupture ? », in Mariage
Conjugalité, Parenté-Parentalité, op. cit., p. XII.
6
J.-J. LEMOULAND, « », in Mariage Conjugalité, Parenté-
Parentalité, op. cit., p. 43.
7
V. contra : Institut Famille&République, Le , Nancy, IFR, 2016.
8
P. MURAT, « Pour une vraie réflexion prospective en droit de la famille »,
professeur Raymond LE GUIDEC, LexisNexis, 2014, p. 787 ; P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille,
Paris, LGDJ, 5ème éd., 2016, n° 89, p. 62.
353
présidant à la vie de couple que la doctrine appelle de ses . Cette restructuration
»1.
Dans ces conditions, et au vu de la complexité de la vie affective et de la plasticité du
psychisme humain, la question se pose de savoir si ce modèle de familles tel que consacré
par le législateur français a des chances de prospérer outre-méditerranée
on que la société se
?
1
J. HAUSER, « Rapport français », CAPITANT des amis de la
culture juridique, Journées libanaises, 1998, LGDJ, 2001, p. 484.
354
Chapitre second. exportation du modèle familial
français outre-méditerranée
355
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Section 1. L
exportation indirecte
1
B. BOURDELOIS, « La famille du XXIème siècle et problématiques de conflits de lois », in Mélanges en
MAYER, Paris, LGDJ, 2015, pp. 77-89.
2
Le couple binational est ici entendu comme disposant de la double nationalité, la nationalité française et celle
de son pays natal (ou, étant né sur le sol français, il bénéficie de la double nationalité à raison de la naissance de
ses parents dans un des pays du Maghreb).
3
On entend ici par couple mixte le
356
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
»1.
du formalisme, le mariage musulman écrit pour sa validité.
394. Les formalités imposées : la fin du mariage traditionnel. Depuis la
promulgation des trois Codes du statut personnel au Maghreb, les législateurs de ces pays
apporter la preuve du mariage,
6
. La législation tunisienne, particulièrement sévère, sanctionne de nullité toute union
qui ne serait pas conclue conformément au formalisme requis, et prévoit même une
sanction pénale doubler si le couple en cause
persiste dans la vie commu
1
M. MONJID, : Maroc,
Algérie, Tunisie , p. 62.
2
Au Maroc, la célébration des mariages ressortit uniquement de la compétence des adouls -notaires traditionnels
(art. 13 CMF). En Tunisie, la loi n° 57-3 du 1er août 1957 institue une dualité des autorités compétentes en vue
de la célébration des mariages : au choix des futurs conjoints, le mariage peut être conclu soit devant deux
357
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
du mariage lorsque celui- , être formalisé par un
acte authentique.
395. La régularisation encadrée des mariages non authentifiés.
authentique soit exigé algérien comme preuve de la conclusion
mis en place un système de sanction civile ou pénale lorsque celui-ci fait défaut.
16 alinéa 2 du Code marocain de la famille prévoit la possibilité
reconnaissance du mariage2, dans laquelle tous les moyens de preuve sont admis3. La règle
concerne le cas de mariages ayant été conclus en la forme traditionnelle en dehors du
formalisme requis. La reconnaissance par un jugement de la réalité de la vie conjugale 4
permet une période transitoire de cinq
ans ur de la moudawana. Cette période a été prolongée pour
une durée de cinq années supplémentaires par dahir du 16 juillet 20105
peu, prorogée pour la même durée6. Transparaît alors la volonté de régularisation des
par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». Par conséquent, la
reconnaissance du mariage p
1
Sur le caractère exceptionnel de cette reconnaissance, cf. M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille,
Le mariage, t. 1, Casablanca, 3ème 453-465.
2
WAHCHI, «
reconnaissance de mariage entre cadre juridique et pratique judiciaire », in Approche plurielle des
problématiques familiales, Z. ELAMARI (réun. et coord. par), Rabat, Publications de la revue de la justice civile,
t. 2, 2015, pp. 188-202 (en langue arabe).
3
considérée comme un mariage au sens de la loi saoudienne. Cf. Cour suprême, 3 sept. 2008, arrêt n° 415, dossier
n° 233/2/1/200.
4
Sur laquelle le couple doit expliquer quelles sont les raisons
moudawana de manière
exceptionnelle (anc. art. 5 al. 4), le législateur gardait le silence quant aux raisons qui empêchaient le couple de
358
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
-ci
étaient constituées lorsque le décès du adoul
reporté, a empêché ceux- TI Larache, 20 oct. 2006, n° 458/06. A également pu être
considérée comme ossibilité pour une ressortissante marocaine vivant de manière illégale aux
Pays-Bas de formaliser son union avec un ressortissant marocain engagé dans un mariage non encore dissout.
er mariage non encore dissout, a pu être
marié : CA Rabat, 12 juin 2006, n° 171. Comme en écho à ce cas de figure, les articles 65 à 69 du Code de la
potentiels enfants qui en sont nés et qui sont considérés, au regard du droit maghrébin, comme des enfants hors
359
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
2
. Le
primat donné à la tradition juridique islamique ne se trouve ici pas justifié du fait de
Dans un système étranger à plus forte raison, le mariage ne saurait exister sans sa
1
M. LAFROUJI, Code de la Famille, Rabat, 4ème éd., 2015, p. 19.
2
Dans le même sens, cf. A. WAHCHI, «
judiciaire », art. precit., spec. pp. 200-201 (en langue arabe) ; contra A. SALIM « Le traitement judiciaire de
ce de mariage », art. precit., spec. p. 212 (en langue arabe).
3
invocation à Dieu.
4
Lesquels sont au nombre de 5 : la capacité au mariage, la dot, le waliy, la présence des deux témoins et
360
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
B) L
1
Outre le défaut de protection de la femme si le couple venait à se dissoudre, les potentiels enfants qui en sont
preuve du mariage, la volonté de protection de la femme et des enfants qui préside à une telle authentification du
mariage.
2
Avec tous les avantages sociaux qui lui sont attachés.
3
: M.-C. FOBLETS, « e. Questions particulières
», , J.-L.
RENCHON (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Famille&Droit », 2003, pp. 235-263.
4
: celui-ci repose sur une double dimension. La première,
diachronique, « se définit comme le sentiment de la personne de demeurer la même à travers le temps ». La
au sentiment de rester le même à travers la
pluralité des situations de confrontation avec autrui ». Cf. D. GUTMANN, , Étude de droit
des personnes et de la famille, Paris, LGDJ, 2000, p. 24.
361
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
D. GUTMANN, , op. cit., p. 23. Cette idée trouve son prolongement dans les analyses
menées par Monsieur David MARTEL. définit comme un lien de droit
é », et peut constituer un « puissant
perturbateur lorsque des
it ne saurait
étranger », toute communauté de personnes
constituant un ordre juridique particulier. Particulièrement au sein du groupe familial, le lien extrêmement intime
qui unit ses membres ré nécessaire de
relever les liens existants entre les », sans
quoi le juge ignorerait la nature humaine elle-même alors que son rôle est décisif dans tous les actes de la vie.
souvent sous la forme de règles informulées, serait déjà opérée par les juges qui « ne se limitent pas aux règles
celui-ci relève une simple concurrence de façade, les impératifs moraux relevant davantage de la liberté
individuelle. CARBONNIER que le Droit à réellement été
362
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
«
»1.
400. umma islamique. Cette analyse, combinée au
2
concept de umma islamique -delà des frontières.
Rappelons que la umma fonctionne comme un corps opaque et contraignant, dans lequel
chacun se confond nécessairement avec toutes les autres
individualités, c -même au
profit de la collectivité. Il en résulte que la umma, instance de référence, dispose de la
norme sociale et de sa validation. Aussi, «
oser mécaniquement à la désapprobation de tous ceux qui les ont intériorisés, et qui
BENISTY
souligne que le conformisme est de mise, car les membres du groupe qui ont permis
isation de la norme disposent également de sa sanction3. La place même de
de son groupe de référence est tributaire de son action, car le défaut de
. un cadre relationnel parfait pour les
jugements individuels. Cette attitude, dénoncée par Madame le professeur Jacqueline
POUSSON-PETIT, présente un risque permanent de voir des maghrébins ou des Français
vivre totalement ou partiellement
religieuses et culturelles relevant de la communauté musulmane 4 plutôt que sous les
normes juridiques. L application des normes religieuses et
principes européens de liberté, laïcité et égalité est
révélatrice de « ormes socio-
religieuses -mêmes
constate en
France que certains «
», car «
5
».
401. ieuse ignorée du droit français.
français peut
6
, celui-ci ne reconnaît pas
1
Ibidem., p. 156.
2
Cf. supra, spec. n° 57.
3
Monsieur BENISTY en se pliant aux règles sociales, chacun
5
Ibid., pp. 358-359.
6
363
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
des individus1 qui ressortit à leur vie privée. En effet, la loi du 9 décembre 1905 sur la
ssance négative des cultes,
qui
2
. Cette neutralisation de la
religion celle-ci relève exclusivement du ressort
de la liberté individuelle et ne saurait en aucun cas interférer avec la conception citoyenne
3
. Cette idée traduit une conception de « la modernité politique (qui) consiste
2- Le concubinage « halalisé »
402. en France.
L du binational -notamment de
son statut personnel- et les exigences de la société française peut parfois, être délicate à
trouver7. L e une permanente redéfinition
1
Sur cette question, V. F. FREGOSI, « Droit français et norme religieuse ou les
dans un État laïque »,
juridique, P. KAHN (dir. de), Paris, Mission de recherche « Droit et Justice », La Documentation française, 2001,
pp. 183-200.
2
plus récemment le retrait ordonné de la statue de Saint JEAN PAUL II dans la commune de Ploërmel (dans le
Morbihan) par le tribunal administratif, jugée ostentatoire sur la place publique : TA Rennes, 30 avr. 2015,
3
D. GUTMANN, op. cit., p. 403. La nation, a-t-on écrit, se définit par son ambition de transcender par la
économiques, sociales, religieuses ou culturelles, de définir le citoyen comme un individu abstrait, sans
identification et sans qualification particulières, en deça et au-delà de toutes ses déterminations concrètes »,
D. SCHNAPPER, La communauté des citoyens, p. 49, cité par D. GUTMANN.
4
Ibidem., p. 416.
5
F. FREGOSI, « se en compte dans un État laïque : le
», art. precit., p. 185.
6
D. GUTMANN, op. cit., p. 405.
7
M. SIMONET, «
judiciaire et juridique français », ,
op. cit., pp. 115-146.
364
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
de soi-même, que le contact entre des modèles familiaux différents peut renforcer. Cet
exercice de redéfinition en rend le sentim .
avec Monsieur GUTMANN, « il faut se garder de se laisser porter par la vague qui accentue
-
chrétiennes
le temporel et le spirituel semble ai
doctrine musulmane, que par la vaste adhésion des musulmans vivant en France au
principe de la laïcité »1 une anthropologue2 a
pu relever, à partir des enquêtes menées -particulièrement auprès de la population
féminine- que lorsque celle-ci ne pouvait -ou ne voulait-
profonde des valeurs de la société islamo-maghrébine empêchait nombre de femmes de
vivre ouvertement en relation concubinaire. L
qui ne saurait être dépassée s
à la sanction d et à son jugement.
3 4
première sourate du Coran (la fatiha ) en présence de la famille
permet de « cérémonialiser
groupe. I
concubinage au regard du droit français, et tombe sous le coup de la loi pénale au Maroc et
ne crée pas de
mais les -à-dire à
habil
».
403. Malgré une forte volonté des États maghrébins à identité
nationale de leurs ressortissants. En droit international privé, la règle de conflit de lois
applicable au statut personnel des binationaux 5 a une incidence directe sur leur sentiment
une règle de droit
1
D. GUTMANN, , op. cit., p. 372.
2
S. RADI, « Mariage religieux et concubinage chez les musulmans de Marseille », Anthropologie de
, G. BOËTSCH, J.-N. FERRIE (dir. de)
arabe et musulman, coll. « », 1992, pp. 43-47.
3
RADI, à « connecter le mode de vie
française aux obligations de la société arabo-musulmane, et permet aux femmes de mon enquête de vivre selon
le mode de vie qui leur plait sans perdre leur appartenance identitaire. Il exprime circonstanciellement leur statut
de musulmane
ersonnel de chacune des
femmes », en inscrivant, en douceur l
tradition pour sortir de la tradition ».
4
Cf. P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille, Paris, LGDJ, 5 ème éd., 2016, n° 236, p. 160. Les auteurs
soulignent que de telles unions sont célébrées en violation du droit français et ne constituent pas des mariages.
Néanmoins, si une promesse de mariage y est jointe, la rupture entraîne la condamnation à des dommages-
intérêts.
5
V. en ce sens : M. CHARFI, ligion dans le droit international privé des pays musulmans,
Rec. Cours La Haye, 1987, t. 203, p. 329 et s. ; J. DEPREZ, Droit international privé et conflits de civilisation,
Rec. Cours La Haye, 1988, IV, 19.
365
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
u
moins à la fantaisie des partenaires, admise de nos jours dans le monde occidental, où le
terme concubins a presque disparu, remplacé par la formule personnes vivant
maritalement -à-dire comme des époux »5 il faille conserver aux
au
-mêmes, des îlots étrangers de même
6
» . La fonction intégrative de la loi cède alors au
profit de sa fonction recognitive, davantage réceptive à la personnalité des statuts et aux
éléments de rattachement qui en découlent tels que la nationalité et, à plus forte raison, la
lui reconnaît . Le
procédé est ensuite con
1
D. GUTMANN, op. cit., p. 373 et s.
2
V. infra, n° 411.
3
Dans le cas du Maroc, la volonté de feu sa Majesté le roi HASSAN
366
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
reflètent pas son vécu1. Ainsi que le souligne Madame Georgette SALAME, « le droit à la
différence se transforme alors en obligation à la différence »2.
Force est de du droit international privé de la famille
favorise de plus en plus la fonction intégrative de la loi et le principe de territorialité, qui
fait la place large au critère de rattachement a
mariage au profit des personnes de même sexe accentue cette dimension intégrative, et
constitue un exemple topique de rattachement forcé de conflit de
lois qui
1
Monsieur GUTMANN préconise al
de conflit de loi à vocation « pluraliste », dépassant ainsi «
recognitive » qui se révèle être une situation impossible pour le migrant, tantôt amené à renoncer à sa loi
367
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
368
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
trouver application en dehors des frontières de son État. Une fois mises en balance les
intentions des uns et des autres, quel était ? La
préservation de la liberté au mariage, et à plus forte raison la diffusion du mariage
homosexuel au-delà des frontières françaises constitue-t-elle un objectif légitime
rvation aux nationaux les
principes fondamentaux de leur identité nationale » ?
407. -
1
marocain. ,
2
confirme le jugement rendu par le Tribunal de grande instance . Les premiers juges ont
« en modifiant simultanément le droit matériel applicable au
mariage (C. civ., art. 143 nouveau) et la règle de conflit de lois applicable au mariage
comportant un élément d'extranéité (C. civ., art. 202-1, al. 2), la loi du 17 mai 2013 a
implicitemen ordre public international français (...) ».
Arguant de la supériorité des conventions bilatérales sur la loi, le pourvoi formé par
avocat général est rejeté par la Cour de cassation3. Procédant par substitution de motifs, la
Haute juridiction considère article 5 de la convention franco-marocaine
du 10 août 1981 relative au statut des personnes et de la famille et à la coopération
judiciaire, les conditions de fond du mariage telles que les empêchements sont régies pour
chacun des futurs époux par la loi de celui des deux États dont il a la nationalité, son
article un des deux États désignés par la convention peut être
éc autre État si elle est manifestement incompatible avec
ordre public ; tel est le cas de la oppose au mariage de
personnes de même sexe dès lors que, pour au moins l elles, soit la loi personnelle,
État sur le territoire duquel elle a son domicile ou sa résidence le permet ».
affirme donc que la loi ma ordre public international
français car elle interdit à une personne qui devrait pouvoir se marier, de le faire, selon la
règle française de conflit. -marocaine
prévoie incompatibilité manifeste de
4
la l ordre public du for , la Cour de cassation adopte une
interprétation fort stricte de cette disposition. Pour Monsieur le professeur Pascal PUIG, le
1
CA Chambéry, 22 oct. 2013, n° 13/02258, D., 2013, 2464; même revue, 2576, entretien H. FULCHIRON; ibid.,
2014, 1059, obs. H. GAUDEMET-TALLON et F. JAULT-SESEKE; même revue, 1342, obs. J.-J. LEMOULAND et D.
VIGNEAU; AJ fam., 2013, obs. A. BOICHE, p. 720; RTD civ., 2014, 89, obs. J. HAUSER; JCP, G, 2013, 1159, obs.
A. DEVERS; même revue, 1233, obs. F. BOULANGER; Rev. dr. fam., 2013, comm. 158, obs. J.-R. BINET.
2
TGI Chambéry, ch. civ., 11 oct. 2013, n° 13/01631.
3
Cass. civ. 1ère, 28 janv. 2015, n° 13-50.059, Dalloz Actu., 2015, obs. R. MESA; D., 2015, 464, obs. I.
GALLMEISTER ; AJ fam., 2015, point de vue B. HAFTEL, p. 71; Gaz. pal., 5 févr. 2015, n° 36, avis J.-D.
SARCELET, p. 11. Depuis, la position de la Cour de cassation a été reprise -serbe qui
au mariage entre personnes de même sexe : CA Reims, ch. civ., 2ème sect., 29 janv. 2016, n° 15/00088,
JCP, G, 2016, n° 9-10, J.-M. DESPAQUIS, 268.
4
369
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
achement à cette réforme sociétale soit tellement fort que la Cour de cassation elle-
rappeler avec fermeté sa conception du mariage, afin de tirer toutes les conséquences que
le législateur français a attachées à la liberté du mariage en tant que droit fondamental.
Enfin
-ci, « la Cour de cassation rappelle
que le mariage est États.
Dès lors, elle considère que la loi du pays étrange une des
conditions suivantes est remplie : il existe un rattachement du futur époux étranger à la
France (dans cette affaire, le ressortissant marocain État
avec lequel autorise pas le mariage entre personnes de
même sexe, mais ne le rejette pas de façon universelle. La solution de la Cour respecte
égalité entre les personnes de nationalité marocaine et les autres ressortissants
auxquels le code civil permet de se marier en France, avec un époux de même sexe ».
Censé éclairer, le communiqué3 jette davantage le trouble sur ce que la communauté
scientifique a pu considérer comme « un communiqué relatif à une autre décision ».
1
P. PUIG, « », RTD civ., 2015, p. 91.
2
Circulaire de présentation de la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe,
n° JUSC1312445C, du 29 mai 2013, BOMJ n° 2013-05, 31 mai 2013, p. 4. V. sur cette circulaire : C. BIDAUD-
GARON, « Mariage pour tous : la circulaire ! », JCP, G, 2013, aperçu rapide, 729; H. FULCHIRON, « Le mariage
pour tous ou presque », D., 2013, p. 1969 ; JCP, G, 2013, act. 729.
3
P. DEUMIER, « Les communiq une sour
interprétation », RTD civ., 2006, 510.
370
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
408. , instrument de défense ne politique législative. À
»2, et traduit « la
énéral sur les intérêts particuliers »3
4
, textuel soit-il ou virtuel5.
Ceci dit, aussi louable puisse être sa fonction, la mise en oeuvre
public6 est perturbatrice du jeu normal de la règle de conflit. Notion à contenu variable7,
son usage devrait être strictement limité à la préservation des droits fondamentaux de la
personne8, car la notion porte en son germe un risque de totalitarisme1. elle repose
1
V. sur cette notion le rapport annuel de la Cour de cassation, , 2013, La Documentation
française. V. aussi : M.-C. VINCENT-LEGOUX, , Paris, PUF, 2001.
2
P. CATALA, « », in Le juge entre deux millénaires, Mélanges offerts à Pierre DRAI,
Paris, Dalloz, 2000, p. 511, spec. n° 1.
3
P. MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK, Les obligations, Paris, Defrénois, 7ème éd., 2015, p. 325, spec. n°
646 ; F. TERRE, P. SIMLER, Y. LEQUETTE, Droit civil, Les obligations, Paris, Dalloz, 11ème éd., 2013, p. 418-419,
spec. n° 372-373.
4
H. BATIFFOL, P. LAGARDE, Droit international privé, Paris, LGDJ, 6ème éd., 1974, t. 1, p. 448; V. aussi
P. MAYER, V. HEUZE, Droit international privé, Paris, LGDJ, coll. « Domat droit privé », 11ème éd., 2014,
p. 152, spec. n° 205-206.
5
Monsieur le professeur CATALA
public virtuel qui procède du juge. P. CATALA, « », art. precit., p. 518-519, spec.
n° 12.
6
Sur cette question, V. J. FOYER, « ordre public international depuis
la thèse de Paul Lagarde », honneur de Paul Lagarde, Paris, Dalloz, 2005, p. 285, spéc.
pp. 292-294.
7
J. GHESTIN, « », in Les notions à contenu
variable, C. PERELMAN, R. VANDER ELST (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 1984, p. 77-97.
8
idée d homme, bien que critiquée, peut paraître une alternative
qui serait propre au droit international
amentaux, afin de
et de communication des systèmes entre eux. Le contenu très hétérogène
371
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
B. FAUVARQUE-COSSON, « e public », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir (1804-2004),
Paris, Dalloz, 2004, p. 474.
2
3
Cass. civ. 1ère, 10 févr. 1993, n° 89-21.997, D., 1994. 66, note J. MASSIP; même revue, 32, obs. E. KERCKHOVE;
Rev. crit. DIP, 1993, 620, note J. FOYER; JDI, 1994, 124, note I. BARRIERE-BROUSSE. Plus récemment, la
décision est toujours de mise : Cass. civ. 1ère, 10 mai 2006, n° 05-10.299 ; Bull. civ., I, 2006, n° 226; JCP, G, II,
2006, 10165, note T. AZZI.
4
En ce sens, V. J. GUILLAUME, « Ordre public plein, ordre public atténué, ordre public de proximité : quelle
rationalité dans le choix du juge ? », in Le droit entre tradition et modernité. Mélanges à la mémoire de
Patrick COURBE, Paris, Dalloz, 2012, pp. 295-310.
5
R. EL HUSSEINI-BEGDACHE, Le droit international privé français et la répudiation de droit islamique, Paris,
LGDJ, 2002.
6
Cass. civ. 1ère, 17 févr. 2004, n° 02-11.618; Bull. civ., 2004, I, n° 48; JCP, G, 2004, II, 10128, note
H. FULCHIRON.
7
accommoder de telles variations ». Pour Monsieur ZAHER, « un principe est fondamental aux yeux du for ou ne
». Cf. p. 272, spec. n° 390 et 391.
8
J. GUILLAUME, « Ordre public plein, ordre public atténué, ordre public de proximité : quelle rationalité dans le
choix du juge ? », art. precit., p. 298.
9
M.-C. NAJM, Principes directeurs du droit international privé et conflit de civilisations, Relations entre
systèmes laïques et systèmes religieux, Paris, Dalloz, 2005, pp. 99-100, spec. n° 104.
372
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
L. GANNAGE, « : le mariage pour tous face aux systèmes de tradition musulmane »,
JCP, G, 2015, mars, n° 12, p. 318.
2
R. LIBCHABER, « Le complexe de la Castafiore », D., 2015, p.
ainsi : « -t-il pas une certaine déraison à exemplarité de notre
droit ? Comment la solu au 17 mai 2013 nous serait-elle devenue odieuse, alors
elle une partie de la population ? Et puis, en sommes-nous si fiers que nous
appliquer de vive force contre les conceptions des autres, une
mission sa occurrence, fallait-il vraiment imposer notre loi à un pays avec lequel
nous avions signé une convention bilatérale, qui exprime un respect mutuel que nous bafouons aussitôt ? »,
tandis que pour Monsieur le professeur Pascal PUIG,
la France en cause sur la scène internationale. P. PUIG, « », RTD civ., 2015,
p. 91.
3
P. MAYER, V. HEUZE, Droit international privé, op. cit., spec. n° 205.
4
GANNAGE in « : le mariage
pour tous face aux systèmes de tradition musulmane », art. precit.
5
Cass. civ. 1ère, 7 juin 2012, n° 11-30.261; Bull. civ., I, 2012, n° 125; JCP, G, 2012, act. 728, obs. A. DEVERS;
JCP, G, 2012, 857, F. CHENEDE; Rev. crit. DIP, 2013, note L. GANNAGE, p. 587 et s..
6
Madame GUILLAUME explique que « la prise en compte de la nature des intérêts soulève immanquablement la
» et leur hiérarchisation (outre les difficultés liées à leur identification), ce
373
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Rép. min. n° 07310, J.O, Sénat, 17 juill. 2014, p. 1719; Rép. min. n° 12372, J.O, Sénat, 31 juil. 2014, p. 1813.
2
Cf. lemonde.fr, 31 janv. 2015, « La France et le Maroc rétablissent leur coopération judiciaire ».
3
Il a pu être relevé que « le
ation - - une loi qui le rendrait pratiquement inopérant. Il doit leur interdire pareillement
user de mécanismes correcteurs quand ceux-ci sont susceptibl ». Cf. M.-L.
NIBOYET-HOEGY, « La mise en oeuvre du droit international privé conventionnel », in Nouveaux juges,
nouveaux pouvoirs ? honneur de Roger PERROT, Dalloz, 1996, p. 313.
4
Cf. supra 170 et s.
5
on telle que réformée en 2011 dispose que : « Le Royaume du Maroc
oeuvre à la protection des droits et des intérêts légitimes des citoyennes et des citoyens marocains résidant à
les
maintien et au développement de leurs liens humains, notamment culturels, avec le Royaume et à la préservation
de leur identité nationale. Il veille au renforcement de leur contribution au développement de leur patrie, le
gouvernements et les sociétés des pays où
ils résident ou dont ils sont aussi citoyens ».
6
Cf. G. SALAME, Le devenir de la famille en droit international privé, une perspective post-moderne, Marseille,
PUAM, 2006, spec. pp. 380-385.
7
SALAME, Le devenir de la famille en droit international
privé, une perspective post-moderne, op. cit., p. 381, spec. n° 611.
8
Monsieur le professeur Bernard AUDIT évoque à cet égard de « la loi du moment », forme nouvelle et dégradée
de la loi personnelle : B. AUDIT, « Les avatars de la loi personnelle en droit international privé contemporain »,
374
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
411.
lois ? Dans ce contexte, il conviendrait de réfléchir à un modèle de règlement du conflit de
lois
compte . Recognitive soit-elle ou intégrative, la
vocation de la règle de conflit ne semble pas donner satisfaction. Une double vocation de
in Le monde du droit cques FOYER, Paris, Economica, 2008, p. 70. Cf. L. RASS,
Les fondements du droit international privé européen de la famille, Thèse, Paris 2, 2015.
1
V. dans le même sens, la position de Madame J. POUSSON-PETIT (dir. de), Les droits maghrébins des personnes
« honorabilité
ansformant et diversifiant le paysage familial
interne « sans pour autant juxtaposer définitivement des modèles parfois antagonistes ». Cf. G. SALAME, Le
devenir de la famille en droit international privé, une perspective post-moderne, op. cit., p. 393, spec. n° 637.
Madame Marie-Claude NAJM
la situation juridique. Une telle adaptation conduirait nécessairement à privilégier la loi du for
absorbante », au détriment de la lex fori
Madame SALAME laisse la possibilité -même temporairement- à la lex fori
-C. NAJM, Principes directeurs du droit international privé et conflit de
civilisations. Relations entre systèmes laïques et systèmes religieux, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque
de thèses », 2005, p. 347, spec. 355 et s.
375
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
par lui-
d »1. acculturation attendue nécessite néanmoins une
certaine «
Si la double vocation de la règle de conflit de lois semble plébiscitée par les deux auteurs,
Monsieur GUTMANN est davantage attaché à un multiculturel dont
la volonté individuelle déciderait, tandis que Madame SALAME propose une combinaison
obligatoire des deux vocations dans le temps. Cette combinaison ne pourrait cependant se
réaliser que « dans une formule dont la malléabilité et la souplesse exprimeraient la
»6,
7
et qui suppose une attention particulière à la psycho- . La mise en
place le critère de rattachement serait la
nationalité, domicile séduit -
ationniste expressément
affiché. S néanmoins tributaire des interventions
international lequel, intempestivement utilisé, constitue
1
G. SALAME, Le devenir de la famille en droit international privé, une perspective post-moderne, op. cit.,
p. 380, spec. n° 609.
2
Il va sans dire que, « pas possible de troquer sans cesse son identité pour
376
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
SALAME, la première ayant montré ses limites. P en tous cas, il semblerait bien
que
de manifester une tolérance quelconque au droit étranger incompatible avec les nouvelles
valeurs françaises.
412. La résurgence du conflit de civilisations1 ? La doctrine la plus optimiste
autrefois semble être résignée à accepter la réalité du fossé irréductible qui sépare les
systèmes européens de ceux de tradition islamique dans la
mariage et la famille. Pour Madame le professeur Léna GANNAGE, « en décidant,
immense majorité des législations de la planète, relatives au mariage,
hui potentiellement contraires aux principes essentiels du droit français, la
Cour de cassation aura eu au moins le mérite de ne pas céder à la tentation du relativisme
culturel »2. S une source de tensions
3
nouvelles et insurmontables » nce « édifiante » entre les
systèmes occidentaux et ceux de tradition musulmane. Pessimiste mais profondément
empreinte de réalisme, cette affirmation profile derrière elle le risque de cloisonnement des
ordres juridiques et de multiplication de situations boiteuses 4. me de penser
que les réformes entreprises dans les droits de la famille des pays du Maghreb pouvaient
conduire à fonder une communauté de valeurs5 et contribuer à favoriser un certain
rapprochement des systèmes au-delà des différences culturelles, cette décision creuse le
fossé qui sépare le système de tradition islamique et le système européen
défensive du système de valeurs nationales pour adopter une attitude offensive, elle met en
les mêmes valeurs, et contre laquelle un auteur avait déjà pu mettre en garde6. Si ce
1
Sur la notion même de conflit, V. notamment : K. ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé,
Logiques juridiques », 2009. HUNTINGTON
relative au choc des civilisations. Cf. S. P HUNTINGTON, Le choc des civilisations, trad. Française, Paris, éd. O.
Jacob, 2000. Pour Monsieur ZAHER, la thèse de Monsieur HUNTINGTON
« massification » laquelle «
intellectuelle » en réduisant « : . Comme si
serait impossible ». Spec. n° 13, p. 21. J. DEPREZ, « Droit international privé et conflit de civilisations », Rec.
Cours Acad. La Haye, 1988, IV, 19.
2
L. GANNAGE, « : le mariage pour tous face aux systèmes de tradition musulmane »,
JCP, G, 2015, mars, n° 12, p. 318 ; V. aussi, même auteur : « Le
méditerranéen », RIDC, 2006, n° 1, pp. 101-116.
3
L. GANNAGE, « : le mariage pour tous face aux systèmes de tradition musulmane », art.
precit.
4
Sur les mariages boiteux, cf. I. FADLALLAH, La famille légitime en droit international privé (Le domaine de la
loi applicable aux effets du mariage), Paris, Dalloz, 1977, pp. 27-47.
5
ZAHER, « Plaidoyer pour la reconnaissance des divorces marocains »,
Rev. crit. DIP, 2010, p. 313 et s.
6
B. FAUVARQUE-COSSON, « », art. precit., p. 474. Monsieur le professeur A. MEZGHANI parle lui
que Madame Georgette SALAME évoque une « intégration oppressive » qui conduit à retenir la loi du domicile.
377
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
déséquilibre de traitement entre la loi nationale et les lois étrangères ne semble pas
nouveau, Monsieur le professeur Bernard AUDIT souligne que celui-ci est «
part, à la situation particulière de chaque État au regard des migrations de population,
ulière des questions
droits
1
fondamentaux » .
A. MEZGHANI, « Détermination de la loi applicable et conflit des civilisations en droit international privé de la
famille », in Le débat juridique
MAHIOU, Y. BENACHOUR, J.-R. HENRY, R. MEHDI (réun. par), Paris, éd. Publisud-IREMAM, 2009, p. 26 ;
V. aussi G. SALAME, Le devenir de la famille en droit international privé, une perspective post-moderne, op. cit.,
p. 384, spec. n° 618.
1
B. AUDIT, « Les avatars de la loi personnelle en droit international privé contemporain », in Le monde du droit,
FOYER, Paris, Economica, 2008, p. 70.
378
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
415. droit des obligations. Les liens tissés par la France - de gré ou
de force- tres États ont permis
parcellaire du
droit français a permis de transférer une partie seulement du système de droit français3. La
matière du statut personnel relevant exclusivement de la charia islamique au moment des
protectorats marocain et tunisien, cette partie du droit demeur
1
V. supra, n° 91-92.
2
J.-P. DUNAND, « Entre tradition et innovation. Analyse historique du concept de code », in Le Code civil
français dans le droit européen, J.-P. DUNAND, B. WINIGER (dir. de), Bruxelles, Bruyant, 2005, p. 23.
3
amment en droit international privé. Monsieur le professeur Ali
MEZGHANI explique que pendant la période coloniale, les droits religieux étaient maintenus selon le principe de
t de lois «
». Selon nous, le contact entre
per
-
sur la scène internationale, permettant la prise en charge des relations internationales de droit privé. V. en ce
sens : A. MEZGHANI, « Détermination de la loi applicable et conflit des civilisations en droit international privé
de la famille », in Le débat juridique au Maghreb, de , op.cit., pp. 23-38.
379
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
faut des juristes »3. La rédaction du Code des obligations et des contrats en Tunisie4
. Fin connaisseur du droit musulman classique et
des droits continentaux européens, David SANTILLANA adopte une véritable démarche
comparative -des deux systèmes italien et tunisien- conjuguée à une approche consultative
des destinataires de la norme. Tout au long du processus, le rédacteur du code
la conformité des textes dont il a la charge aux principes du droit musulman classique
auquel il reprend certaines institutions, « tout en écrivant selon les modes français les
articles dont le contenu est a-islamique »5
« faire appel au code allemand et au droit italien chaque fois que la norme paraît plus
moderne et plus adaptée »6. Extraordinaire aventure juridique7 de réappropriation, elle a su
allier «
».
Cette démarche de réappropriation du droit européen trouvera un écho particulier après
8
. Bien que le Code civil français y perdurera une dizaine
il sera remplacé signe de rupture avec le passé juridique
de la période coloniale- par le Code des obligations et des contrats en 1975. Or,
9
l que les fondements et les méthodes du nouveau Code
1
Comme le souligne Monsieur le professeur MONEGER, les français « ne sont cependant pas aveugles, ni
ignorants. Ils savent que la maîtrise des lieux ne peut se faire sans le respect des institutions locales
fondamentales ». Cf. J. MONEGER, « Les codes des obligations et contrats du Maghreb ou de la symbiose des
droits civils musulman et européens des obligations », in Le Code civil français et le dialogue des cultures
juridiques, Colloque de Beyrouth, 3, 4
-Joseph, Bruxelles, Bruylant, 2007, p. 177.
2
J. MONEGER, « Les codes des obligations et contrats du Maghreb ou de la symbiose des droits civils musulman
et européens des obligations », in Le Code civil français et le dialogue des cultures juridiques, op. cit., pp. 173-
184.
3
Ibid., p. 176.
4
S. DEROUICHE-BEN ACHOUR, « Rapport Tunisie », in La circulation du modèle juridique français, Travaux de
CAPITANT, Litec, 1993, pp. 283-300.
5
J. MONEGER, « Les codes des obligations et contrats du Maghreb ou de la symbiose des droits civils musulman
et européens des obligations », art. precit., p. 178.
6
Ibidem., p.178.
7
Pour r MONEGER, « Les codes des obligations et contrats du Maghreb ou de
la symbiose des droits civils musulman et européens des obligations », art. precit., p. 178.
8
M. ISSAD, N. SAADI, « Rapport Algérie », in La circulation du modèle juridique français, op. cit., pp. 221-234.
9
380
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
exogène sur le corpus juridique endogène, les États du Maghreb se sont comportés comme
le prophète MUHAMMAD (saw) le recommande aux croyants. Garder ce qui est reçu
1
A. KETTANI, « Rapport Maroc », in La circulation du modèle juridique français, op. cit., pp. 263-273.
2
créer un nouveau système juridique en parallèle du droit musulman malékite pour permettre aux investisseurs
Français et étrangers au
3
BERGE, à être appelé près du général LYAUTEY au Maroc -membre de la Commission SANTILLANA en Tunisie-
étrangers au Maroc.
4
Celui-ci était, pour les marocains, un Code fait pour les non-musulmans, alors que pour les étrangers et français
vivant au Maroc, celui-ci était une copie conforme au COC tunisien, et donc considéré comme étant fait pour les
ressortissants musulmans.
5
Ibidem., p. 183.
381
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
grande ouverte bab el ijtihad , sans présomption positive ou négative. Il faut relire IBN
RUSCHD dans la fermeture de la pensée. Cela est
vrai dans les pays du Maghreb comme dans les pays du nord de la méditerranée face aux
mutations du temps »1. Si cette phrase trouve une constante pertinence, elle relance le
débat récurrent dans le monde musulman, p la
nécessité de valoriser ijtihad.
2
418. L ijtihad . Pour Monsieur Bensallem HIMMICH,
ijtihad est «
l
religieuse des rapports socio-juridiques des musulmans », afin de « tempérer ou actualiser
»3. Si p rence humaine
dans la loi divine, il convient de rappeler que ,
4
a été appelé à user de son effort personnel . Défini généralement comme nel
- charia- ijtihad subit, lui aussi,
uence des mouvements rigoristes ou progressistes .
5
armi les sources du droit en Islam, que la dernière place ijtihad confère
pourtant à la règle de droit une extraordinaire plasticité qui la maintient ouverte à
ajustabilité »6 pourrai
imitée néanmoins par le souci de conformité à la
finalité islamique. Dans ce contexte, le pouv
ais bien de créer du droit là où la norme religieuse ne
7
clôture de la prophétie constitue un élément important. En ce sens : A. BOUHDIBA, « Existe-t-il un Islam des
Lumières ? », ique, B. FEUILLET-LIGER,
P. PORTIER (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 170.
5
Après le Coran, la sunna (tradition du prophète), le qiyas ijmaâ (le
consensus).
6
. BOUHDIBA, « Existe-t-il un Islam des Lumières ? », in Droit,
Éthique et Religion, , B. FEUILLET-LIGER, P. PORTIER (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2012, p. 180.
7
Sur la question de la diversité des Codes du statut personnel dans le monde arabe, cf. La thèse de Madame
F. TOBICH, Les statuts personnels dans les Pays Arabes , Marseille, PUAM,
2008.
382
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
animent »1 la prescription
our conclure au cas
ll
». Dans ce contexte, le débat relatif à la fermeture des
2
ijtihad
lequel est par nature adaptation et créativité. Le réduire à un mimétisme répétitif et fermé
sur lui-même ne conduit pas moins à en ignorer les finalités et le sens profond, dont le but
est « s optimales pour le plein
B) juridique propre
1
A. BOUHDIBA, art. precit., p. 182.
2
t) justifiant cette fermeture, cf. B. HIMMICH, Ijtihad, la
, op. cit., spec. p. 75 et s.
3
Ibid., p. 183.
4
S. JAHEL « », in La
place de la Char , S. JAHEL, Paris, éd. Panthéon-Assas, 2012,
p. 181.
5
N. ZARZAR, « Le statut des femmes, un éternel recommencement », Confluences méditerranées, Hors-série,
78.
383
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
même crainte a tout au long de la réforme, opposé les conservateurs -fervents défenseurs
de la traditionnelle famille arabo-musulmane- aux progressistes. Tout le défi était donc
er harmonieusement tradition et modernité, en imprimant à la réforme son « label
»1 dans la modernité. Les nombreux commentaires2 de la réforme témoignent de
dans un pays où les dispositions relatives au statut personnel
se réduisaient à une simple compilation (moudawana) des règles issues du droit musulman
ijtihad en matière familiale revêtait
moudawana en acceptant de
3
. Le succès de la réforme dans le monde musulman a
également été significatif, à tel enseigne que le Prix de la per 2015, de
la cohésion familiale et du soutien social a été décerné, le 19 avril 2015 Organisation
arabe de la famille au roi Mohamed VI, en signe de reconnaissance des efforts déployés
dans le domaine familial.
cadre régional du monde musulman5. Pour autant, les pays de tradition juridique islamique
se retrouvent incontestablement unis autour de la conception particulière des droits
fondamentaux, qui découle tant de ue de la
Déclarati égide de la
Conférence islamique. Entre autres éléments caractéristiques de ce système
y constitue une invariante commune (A) dont les contours religieux constituent autant
1
ssion de Madame le professeur Mariam MONJID,
la famille au Maghreb, Étude comparative : Maroc, Algérie, Tunisie
2
Entre autres commentaires : F. SAREHANE, « Le Code marocain de la famille », Gaz. Pal., sept.-oct. 2004, pp.
2792-2805 ; F. MONEGER, « Le Code de la famille marocain de 2004 devant la Cour de cassation », Rev. crit.
DIP, 2004, p. 249 ; A. ROUSSILLON, « Réforme de la Moudawana : statut et citoyenneté des marocaines », rev.
Maghreb-Machrek, n° 179; L. BUSKENS, « Le droit de la famille au Maroc », in Ordre public et droit musulman
de la famille en Europe et en Afrique du Nord, N. BERNARD-MAUGIRON, B. DUPRET (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2012, pp. 97-125 ; F. LAROCHE-GISEROT, « Le nouveau Code marocain de la famille : innovation ou
archaïsme ? », Rev. dr. inter. et dr. comparé, 2005, vol. 82, n° 4, pp. 335-
du nouveau Code sur les relations privées internationales, cf. : M.-C. FOBLETS, J.-Y. CARLIER, Le Code
marocain de la famille, incidences au regard du droit international privé en Europe, Bruxelles, Bruylant, 2005.
3
Ainsi que le souligne Madame TOBICH, «
publiquement dans le domaine réservé au statut personnel ». Cf. F. TOBICH, Les statuts personnels dans les Pays
Arabes , Marseille, PUAM, 2008, p. 66.
4
CAPITANT des amis de la culture juridique, Journées
libanaises, 1998, LGDJ, 2001 ; F. CADIET,
France/Espagne Logiques juridiques », 2005.
5
Pour de plus amples développements, cf. F. TOBICH, op. cit., pp. 215-235.
384
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
A)
1
421.
, combinées au permettent de limiter -
selon la finalité du droit- reconnaît aux individus2. Outre
les systèmes juridiques occidental et islamique
veillent à
épanouissement, avec cette différence près que le second ne détache pas cette exigence de
la co préalable à la connaissance de Dieu. Dans ce
contexte, la détermination du contenu des fait
3
hiérarchique de la norme. ,
celles-ci permettent encore, dans les pays du Maghreb et dans le monde musulman, de
dessiner les contours d ordre public en accord avec les finalités de la charia. II est vrai
que le substantif « » renvoie à un comportement social bonnes », qui
lui est accolé, modèle de vie en société qui est proposé à tous, mais son
r sens varie selon
»4, qui fait
dire à Monsieur le professeur GHESTIN que «
ciables »5. L du
6
concept de norme sociale de conduite , encore très prégnant, se traduit
conduite jugée conforme par le groupe,
public ne sanctionne pas expressément le défaut mais le fait
en général via que la désapprobation du groupe
constitue une sanction bien plus grave que la sanction juridique.
1
V. sur cette notion : J. FOYER, « », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir (1804-
2004), Paris, Dalloz, coll. « Université Panthéon-Assas, 2004, pp. 495-513. Cf. aussi E. FRAGU, Des bonnes
nnelle. Essai critique sur le rôle de la dignité humaine, Thèse, Paris 2, 2015.
2
X. DIJON, La raison du corps, Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit et Religion », 2012, p. 31.
3
D. FENOUILLET, « ique », in Le droit privé
français à la fin du XXème siècle. Études offertes à Pierre CATALA, Paris, éd. Litec, 2000, p. 487-528.
4
J. FOYER, « », art. precit., pp. 495-496.
5
J. GHESTIN, « oit privé français », in Les notions à contenu
variable, C. PERELMAN, R. VANDER ELST (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 1984, p. 85.
6
Cf. supra, n° 257 et s.
385
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1-
public tout c
incompatibles avec les principes ou les lois impératives du statut personnel musulman.
-à-dire au
sens »4. Pour
incrimine les relations hors mariage. Une décision demeurée isolée de la chambre
administrative de la Cour suprême, mettant en cause un italien ayant effectué un legs au
profit de sa concubine au Maroc, avait permis aux juges de valider le legs en application du
droit italien, rendu applicable par la règle de conflit de lois. Perçue comme étant une
1
M. LOUKILI, « », Rev. dr. fam., 2015, sept., n° 38.
2
V. infra, n° 425 et 426.
3
Cf. art. 62 du DOC : «
».
4
M. LOUKILI, art. precit., p. 147.
5
Cour suprême, chambre civile, 14 sept. 1977, arrêt n° 512.
386
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
marocaine1.
423. La place du roi dans le système de justice. Au Maroc2, la justice est rendue au
nom du roi, Commandeur des croyants. Son pouvoir repose sur une légitimité religieuse,
qui trouve dans la descendance prophétique de la famille alaouite son fondement. En tant
que descendant du prophète, une certaine obéissance -présentée comme une sorte de
bénédiction- lui est due3. justice.
Un arrêt célèbre rendu le 20 mars 1970 par la chambre administrative de la Cour suprême a
précisé que « la fonction judiciaire
en premier lieu du chef des croyants » « le Roi exerce ses pouvoirs
comme une simple autorité administrative »4. Par conséquent le juge « doit tenir compte
dans ses décisions de certains principes et commandements de la loi religieuse (charia) qui
gouverne la vie de chaque Marocain musulman sur le plan du statut personnel et familial,
même quand il vit sur une terre étrangère ou quand il noue des relations avec un étranger
non musulman »5. La jurisprudence est parfois allée le juge prononçant
également musulman, et
6
applique les règles de droit marocain découlant de la charia . Le nouveau Code de la
exequatur des décisions étrangères dont
sement, abandonné ce « dérapage
7
judiciaire » .
424. la personnalité des lois et
celui de territorialité. La jurisprudence rendue pendant le protectorat français répondait
aux exigences et au contexte propres à cette période. Pourtant, certains mécanismes issus
de cette période semblent être toujours ignorés par les juges ou, à tout le moins, leur
maîtrise ferait défaut8.
se montrer hésitants9 quant au rattachement à la loi
1
M. LOUKILI, art. precit., p. 149.
2
A. BENJELLOUN, « La monarchie au Maroc : un régime entre tradition et modernité », in les nouvelles
constitutions africaines : la transition démocratique, H. ROUSSILLON
125-143.
3
S. PAPI, , op. cit., p. 307.
4
Cité par M. LOUKILI, « rocain de la famille », in Ordre public et
droit musulman de la famille en Europe et en Afrique du Nord, N. BERNARD-MAUGIRON, B. DUPRET (dir. de),
Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 127.
5
Ibid., p. 127.
6
Cour suprême, 24 janv. 2001, arrêt n° 90, cité par M. LOUKILI, art. precit., p. 141.
7
LOUKILI, art. precit., p. 152.
8
M. LOUKILI, « Le droit international privé marocain de la famille », art. precit., p. 130.
9
Malgré des indices qui laissaient à croire un éventuel abandon du système de la personnalité des lois. Statuant
(écrit conformément à la règle de conflit de loi locale relative aux conditions de
forme des actes juridiques (art. 10 DCC)) laissé par un anglais résidant au Maroc, les juges ont pu retenir que « si
387
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
coloniale, ont jugé le procédé du renvoi inapplicable pour le système marocain de 1913, en
lex fori locale en
matière de droit familial du fait de la pluralité des statuts personnels et de leur nature
religieuse »3. Cette situation persiste encore lorsque les juges se
bornent à appliquer le droit étranger sans même se soucier du système de conflit des lois,
alors même oblige à y procéder4.
une condition de fond pour sa validité, il faut appliquer la règle de rattachement énoncée par l
relatif aux conditions du fond du testament », par conséquent sa loi personnelle. Cour suprême, chambre civile,
rattaché à la catégorie « conditions de forme » dont le consentement est une composante (afin de permettre le
rattachement à la loi du for (art. 13 DCC)), mais p
capacité des personnes permettant le rattachement à la loi personnelle (art. 3 DCC). Cour suprême, 20 janv.
1982, cité par M. LOUKILI, p. 132.
1
Cour suprême, chambre civile, arrêt n° 251, 5 juil. 1967, JDI, 1971, note P. DECROUX, p. 184.
2
M. LOUKILI, art. precit., p. 132.
3
Ibid., p. 132.
4
Cf. art. 3 de la convention franco-marocaine de 1981 relative au statut des personnes et de la famille et à la
coopération judiciaire.
5
Dahir du 12 sept. 1913, B.O, 12 sep. 1913, n° 46, p. 77. Celui-ci a connu plusieurs réformes dont la plus
importante est celle du 28 septembre 1974.
6
Cf. sur ce dahir P. DECROUX, « Le mariage des Français et des étrangers au Maroc », D., 1956, chron. XXI, pp.
109-116.
7
Cour suprême du Maroc, 7 fév. 1972, Rec. arrêts Cour suprême, nov. 1972, p. 46.
388
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
M.-C. NAJM, Principes directeurs du droit international privé et conflit de civilisations, Relations entre
sysèmes laïques et systèmes religieux, op. cit., p. 190, spec. n° 203.
2
Cour suprême du Maroc, 5 juil. 1974, JDI, 1978, p. 681.
3
-à-dire que le souci de préserver la loi étrangère conduisait fréquemment à retenir cette
personnalisme excessif qui justifie sans doute, que la situation ait été ensuite inversée afin de favoriser une
application plus
4
Contrairement à la moudawanna de 1958 qui ne se prononçait pas sur la question.
5
statut
personnel. Cette situation révèle une inégalité car les personnes de confession juive, bien que marocaines, ne
-
la loi marocaine au profit de la loi tunisienne : Cour suprême, 24 janv. 2007, arrêt n° 69, cité par M. LOUKILI,
art. precit., p. 141.
6
Monsieur le professeur LOUKILI -
pensée des rédacteurs de la nouvelle moudawana cer les règles normales de conflits de lois en ce qui
la loi des deux parties au procès. Cité par M. LOUKILI, art. precit., p. 140.
9
Cour suprême, 7 fév. 1972, arrêt n° 57, JDI, 1978, note P. DECROUX, p. 674.
389
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
applicable. Les magistrats siégeant dans ces tribunaux étant les cadis
appliquent est exclusivement la loi musulmane.
international privé leur étant méconnue, ceux-ci artir de la qualité de
musulman ou de personne convertie . Le système de justice marocain ayant depuis
6
été unifié par la loi du 26 janvier 1965 et les tribunaux charaïques supprimés, il aurait été
1
M. CHARFI, « », Rec. cours
Acad. La Haye, 1987, III, 329.
2
-musulmans dans les pays de tradition
islamique, V. spec. le Titre 2 de la Partie 2 de la thèse de Monsieur K. ZAHER, op. cit., p. 343 et s.
3
J. DEPREZ, « Environnement social et droit international privé. Le droit international privé marocain entre la
», in Droit et environnement social au
Maghreb, Paris-Casablanca, éd. CNRS&Fondation du roi Abd-El-Aziz pour les études islamiques et les sciences
humaines, pp. 281-330 ; A. MOULAY HID, « Les grandes lignes du droit international privé en matière de
statut personnel », Rev. dr. et éco., 1991, n° 7, pp. 7-42.
4
Cour suprême, 5 juil. 1974, arrêt n° 250.
5
Pour un aperçu avant, pendant et après le protectorat, cf. M.J. ESSAID, , Rabat,
Fondation M.J. ESSAID pour la Réforme du droit et le développement Socio-Économique, avec le concours de la
Fondation Éducation et Culture du Groupe Banque Populaire, 4ème éd., 2010, pp. 326-370.
6
B.O, 3 fév. 1965,
p. 105.
390
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
: « Sont garanties les libertés de pensée,
». V. les développements de Monsieur le professeur
S. ALDEEB ABU SAHLIEH sur cette question : Religion et droit dans les pays arabes, Bordeaux, PUB, 2008,
p. 159 et s., V. aussi : B. PONT-CHELINI, Quelle politique religieuse en Europe et en méditerranée. Enjeux et
perspectives, Marseille, PUAM, 2004.
2
:«
cultes ».
3
Seule la jurisprudence a eu à statuer sur la question relative à la nécessité de publier le texte conventionnel dans
391
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent Titre et dans les autres
dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le
Maroc et ce, dans le respect des dispositions de la Co ».
2
NAJM. Cf. Principes directeurs du droit international privé et conflit
de civilisations, op. cit., p. 551.
3
M. LOUKILI, art. precit., p. 146.
4
V. en ce sens M. LOUKILI, J. SAGOT-DUVAUROUX, « La neutralisation des obstacles à la réception des
institutions familiales », Rev. dr. fam., 2015, n° 9, 38.
5
H. ALAMI CHICHI, Genre et politique au Maroc, op. cit., p. 144.
6
M. LOUKILI, art. precit., p. 158.
392
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
-
sphère du religieux au strict domaine personnel en faisant abstraction, dans les rapports qui
se nouent quotidiennement entre les hommes, de leur nationalité et de leur religion »1.
429. Une approche genre limitée à la déconstruction des inégalités sociales. Dans
fesseur ALAMI HICHI
repose profondément affecté par des relations transcendant les
frontières des États et qui affectent les structures internes »2
projection de la politique interne ternational3 ne saurait être faite.
genre afin de
déconstruire les distorsions existantes dans les représentations sociales vécues par les
femmes4. Relevant rapports socialement et historiquement construits autour
publique
femmes est affirmée, pourtant immédiatement contredite par les inégalités au sein de la
sphère privée. Sel a complexité des interactions entre ces deux sphères
empêche et nuit à fectivité de leur
contribution dans la redéfinition du politique, dans lequel elles sont pourtant déjà actrices.
pourquoi une reconsidération des inégalités les plus flagrantes contenues dans le
Code de la famille ne doit pas être, en soi, perçue un simple
tremplin à « -définition complète de la politique »5.
de
réconcilier sphère privée et sphère publique en faisant la démonstration que tout ce qui est
personnel est politique »6. Cela passerait en premier lieu par la recher
sein de la famille7
famille ne devait pas en être le lieu privilégié. Tendre à une égalité où les spécificités de
seraient respectées est, bien entendu, bienvenu. La théorie du
gender pourrait, en contexte arabo-musulman8, contribuer à la déconstruction des
1
Ibidem., p. 159.
2
H. ALAMI HICHI, Genre et politique au Maroc, op. cit., p. 144.
3
Pour reprendre une expression de Madame ALAMI CHICHI, op. cit., p. 144.
4
BENRADI, « Nouvelle approche de la question féminine en sciences
sociales », in Les sciences humaines sociales au Maroc, Rabat, IURS, 1998, pp. 91-102. Plus récemment, V.
B. DUPRET, Z. RHANI, A. BOUTALEB et alii,
mutation, Casablanca, Publications du Centre Jacques BERQUE et de la fondation du roi Abdulaziz AL-SAOUD,
coll. « Dialogue des deux rives », 2016.
5
H. ALAMI HICHI, Genre et politique au Maroc, op. cit., pp. 146-147.
6
Ibid., p. 146.
7
Ibidem., p. 146.
8
Simple effet de mode ou idéologie déjà à gender
déteindre sur la règle de droit, celle- à la remise en cause des inégalités les plus
393
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
stéréotypes et inégalités les plus flagrantes. Or, les dynamique qui sous-tendent cette
1
idéologie vont bien plus loin et portent atteinte .
entièrement telle que proposée car elle
. Pour
est
inévitable du fait
pourquoi er autrement de cette évolution et
surtout, de la méthode à privilégier si une telle évolution était inévitable ?
manière que son travail peut être paré de la vertu de loyauté intellectuelle. Concernant le
système juridique islamique, les diverses interprétations discriminatoires auquel il donne
du législateur que dans la jurisprudence génère un
ogramme mis en
place au Maroc - -Unies au Maroc (2007-2011)-
fonds de développement des Nations-Unies pour la femme, en collaboration étroite avec le ministère de la justice
et des libertés dont
Code, de répondre aux résultats D du plan initié. Entre autre résultats de ce point D, établir que des progrès
significatifs ont été égalité de genre, de protection des droits de la femme et des filles et de
participation à la vie publique, politique, économique, sociale et culturelle.
1
En ce sens, M. DOUCHY-OUDOT, « Les expressions visibles de la théorie du gender en droit », in « La théorie
du Gender ». Vers une nouvelle identité sexuelle ?, Lethiellieux, 2012, pp. 33-50.
2
V. supra, n° 93.
3
Ce regain de religiosité est davantage vécu «
». A. LAMRABET, Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ?,
éd. Albouraq, 2012, p. 196.
4
V. en ce sens : F. FREGOSI (dir. de), Lectures contemporaines du droit islamique (Europe et monde arabe),
PUS, 2004.
394
La dématrimonialisation des liens de famille La consécration juridique de nouvelles
conjugalités
1
A. LAMRABET, op. cit., p. 35.
2
Cette ré
ducation nationale Monsieur BELMOKHTAR a annoncé la révision projetée des contenus des programmes
. Cf. « »,
panorapost.com du 17 mars 2016.
3
4
A. LAMRABET, op. cit., p. 194.
5
PAPI, , op. cit., p. 367.
395
Conclusion du chapitre second
432.
y étant toujours considéré on
sexuée fondatrice du lien familial.
concubinages est purement et simplement ignorée. Tant le fondement religieux du droit
ux concubins
une visibilité qui les hisserait hors de leur zone de non-loi qui
ne connaît plus en France, de limites, est freinée au Maroc grâce aux valeurs religieuses de
la société. Le droit de la famille demeure fidèle à ses sources, formées par la religion et par
Ceci étant, le droit musulman a démontré sa capacité à évoluer au gré des
besoins de la société, bien que cette évolution ne soit pas sans limites. En effet, les sociétés
islamiques sont plus que tout attachées au seul modèle légal du mariage entre personnes de
sexe opposé.
L , la
islamique et le système juridique français est porteuse de cet antagonisme. Alors que la
diffusion du modèle libéral de familles françaises -
méditerranée, mais indirectem au mode de vie des
(bi)nationaux résidant en France, une telle propagation est rendue possible du fait de la
vocation « intégrative » de la règle de droit. Cette contamination est le reflet du degré
Est-
islamique au-delà des frontières ? Nous ne le pensons pas.
citoyens aux valeurs de résidence est une préoccupation majeure et légitime des
deux systèmes qui se retrouve dualité de
on des désirs
individuels dans une démarche générale tendant à assurer à tout citoyen les conditions
optimales garantissant son bonheur sur le fondement des droits fondamentaux. Une telle
entreprise traduit plus simplement et
objectif, à première vue, semble utre côté, le système islamique poursuit le
même objectif
396
alors l
droits fondamentaux pour le premier, charia islamique pour le
second- en ce monde. Par
conséquent, le conflit tel que posé constitue un abus de langage, car celui-ci ne porte pas
tant sur la finalité de la loi applicable que sur la méthode utilisée pour parvenir à cet
objectif.
397
Conclusion du titre premier
monde musulman, «
plus fortement explicitée et revendiquée »5. Par conséquent,
1
DOUCHY-OUDOT appelle le « mariage triste ». Cf. M. DOUCHY-OUDOT (dir.
de), La réforme du mariage. Approche critique sur les mutations familiales, Poitiers, DMM, 2013, p. 142.
2
H. FULCHIRON, « Le partenariat est il soluble dans le mariage (et réciproquement) ? », in Mélanges en
, Paris, Dalloz, 2012, p. 128.
3
P. MURAT, « Individualisme, libéralisme, légistique », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, op. cit.,
p. 241.
4
L. MILLIOT, « », in Travaux de la semaine internationale de droit musulman,
L. MILLIOT (dir. de), Paris, Recueil Sirey, Institut de droit comparé, 1953, p. 29.
5
H. ALAMI CHICHI, -femmes entre islamisme et
modernisme , 2002, p. 63.
398
ment une
au sein de ce système.
religion. Plaçant ainsi chacun sous sa propre responsabilité, il a ouvert entre toutes les
familles une sorte de libre concurrence -pensée étant que
longueur les autres, en réussite sociale, celles qui se seront évertuées à être sinon les plus
vertueuses, du moins les plus sobres, les plus dures envers elles-mêmes »4. Or, en réalité, il
semblerait que le législateur lui-même ait surestimé la capacité des individus à se passer du
pouvaient prendre le relais de la norme juridique5. Bien que non expressément garanti par
au bonheur qui sous-tend cette conception du droit, « philosophie
du bonheur qui a traversé la société des années 1960 »6. Si celle-ci a réussi à chasser le lien
matrimonial de la sphère familiale, la question relative à la parenté ne saurait, en
conséque À la
dématrimonialisation actée de la conjugalité fait suite un processus de
dématrimonialisation de la parenté.
1
P. MURAT, « Individualisme, libéralisme, légistique », art. precit., p. 241.
2
J. CARBONNIER, « Terre et ciel dans le droit du mariage », in Le droit privé français au milieu du XX ème siècle,
Études offertes à Georges RIPERT, Paris, LGDJ, t. 1, 1950, p. 335.
3
P. MALAURIE, Cours de droit civil, La famille, 6ème éd., Cujas, 1998, n° 23, p. 32, cité par P. MURAT, art.
precit., p. 241.
4
J. CARBONNIR, Droit civil, La famille, Paris, PUF, 16ème éd., 1993, n° 6, p. 24, cité par P. MURAT, art. precit.,
p. 241.
5
« -il pas t
normes familiales
», J. CARBONNIER, Droit civil, La famille, op. cit., cité par
P. MURAT, art. precit., p. 242.
6
P. MURAT, art. precit., p. 242.
399
Titre second. La métamorphose
juridique de la parenté
434. Mutation de la parenté. it jamais été exclusivement
1
biologique, la parenté
« parentalité »2 qui oriente davantage le débat vers la fonction éducative qui échoit aux
parents. Alors que dilué dans la conjugalité
débattue so parentalité.
3
organisateurs du colloque fins observateurs du virage conceptuel
vers lequel se dirigeait désormais le droit de la famille. Il serait tentant de croire à une
hasardeuse coï évolution ne correspondait pas précisément à en
vigueur du mariage entre personnes de même sexe
conçu à deux est nulle.
Bien plus fonctionnelle que la parenté, la parentalité permet de faire abstraction des
ont désiré et éduqué. Pourrait donc être parent
enfant occupée de lui, voire toute
it
familial
traditionnelles et les bouleversements du C
5
.
1
En ce sens : C. SIFFREIN-BLANC, La parenté en droit civil français. Étude critique, Marseille, PUAM, 2009.
2
H. FULCHIRON, « Parenté, parentalité, homoparentalité », D., 2006, p. 876.
3
H. FULCHIRON (dir. de), Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, Paris, Dalloz, 2008.
4
V. supra, notre Partie 1, Titre 2, Chapitre 2.
5
P. MURAT (dir. de), Droit de la famille, Paris, Dalloz Action, 7ème éd., 2016-2017, n° 01.43, spec. pp. 18-19.
400
Cette parenté intentionnelle émergeante e par le progrès de la
science biomédicale, que le droit encourage. reposant
sur la procréation (Chapitre 1) se substitue la pluriparentalité. Dans un souci de cohérence
juridique, la parenté devrait -dans un contexte de bouleversement culturel et social- être
repensée à la lumière de son interaction avec la nouvelle vision de la conjugalité.
401
Chapitre premier. L inhérente à
la procréation
1
, le concept désigne, s , un ensemble de devoirs
incombe aux adultes auxquels est
Au delà de son aspect fonctionnel, c
intellectuelles, des places... »2 qui font prendre à tout individu une place t dans
une généalogie indiquant son origine. P cet univers de
une sorte de «
fondement sans le réduire à une réalité de fait »3. Toute la construction du droit de la
filiation, les pays du Maghreb (Section 2), repose sur
tructure le droit de la famille. Le droit de la filiation, en
France non plus, t guère en reste de ce mythe davantage dans une
passe en premier lieu par la recherche de l
enfants en mariage et les enfants hors-mariage (Section 1). Or, c
évolution que le droit maghrébin de la famille refuse de procéder afin de préserver la place
du mariage dans son système.
1
P. MURAT, « Passer la filiation ou dépasser la filiation », in Parenté, Filiation, Origines, Le droit et
, H. FULCHIRON, J. SOSSON (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 260.
2
P. MURAT, art. precit., p. 265.
3
Ibid., p. 266.
402
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
Section 1. L en droit
français
du statu d
437.
ème 1
XX était un des principes directeurs du droit de
bien-être2 a permis de faire que
3
. Sous
mondialisation des droits et des instruments internationaux 4 de
protection, les différents systèmes juridiques entendent donc promouvoir le statut de
producteur açon
considérable sur les acquis de la Révolution, assimilant les enfants nés hors mariages à des « bâtards ». Au même
entière et ne jouissaient pas de la personnalité juridique. Cf. H.-L. BRIN, Les innovations de décret-loi du 30
octobre 1935 en matière de droit de correction, Paris, Recueil Sirey, 1938 ; F. BOULANGER, Les rapports
juridiques entre parents et enfants, Perspectives comparatistes et internationales, Economica, Paris, 1998, pp. 4-
13.
2
Surtout que ce dernier «
qualité se substitue à la valeur quantité », cf. I. THERY, Couple, filiation et parenté a i. Le droit face aux
mutations de la famille et de la vie privée, op. cit.
tes et
inégalitaires, et la protection du patrimoine qui pouvait lui échoir lors des transmissions successorales ». Cf.
F. BOULANGER, Les rapports juridiques entre parents et enfants, Perspectives comparatistes et internationales,
Economica, Paris, 1998, p. 1.
3
J. RUBBELIN-DEVICHI, « », JCP, G,
1994, I, 3739, n° 13 ; M. DONNIER, « », D., 1959, chron. p. 180. V. notamment les thèses de
Y. LEGUY, , Rennes, 1973 ; R. LEGUIDEC, La notion
, Nantes, 1973 ; J.-P. SERVEL,
rentales, Aix-Marseille, 1978.
4
J. HAUSER, « : mythe ou réalité ? », LPA, 1995, n° 53, p. 36-37.
403
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
statuts1. Par humanité, le législateur a lors de ses réformes, veillé à établir une parfaite
égalité entre les enfants (A). T
du Code Napoléon, la construction du droit de la filiation a nécessité une refonte radicale
pour refléter les nouvelles bases égalitaires au fondement du droit de la filiation (B).
A) L
1
P. RAYNAUD, « Les deux familles. Réflexions comparatives sur la famille légitime et la famille naturelle », in
Aspects du droit privé en fin du XXème siècle. Michel DE JUGLART, Paris, LGDJ,
1986, pp. 63-79.
2
V. en ce sens : V. VOITTO SAARIO, Étude des mesures discriminatoires contre les personnes nées hors
mariage, Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités,
publication des Nations Unies, 1968.
3
an II (2 novembre 1793) leur accorda des droits successoraux identiques à ceux des enfants légitimes, à
reviendra pourtant sur cet acquis, en leur concédant des droits
e exclu de la succession et ne
P. MALAURIE, L. AYNES, Les successions et les libéralités, Paris,
Defrénois, 6ème éd., 2014, p. 52, n° 60 ; C. PLESSIX-BUISSET, Ordre et désordre dans les familles, Études
droit, Rennes, PUR, 2002 ; A. LEFEBVRE-TEILLARD, «
français », Recueils de la société Jean Bodin, Bruxelles, T. XXXVI, 1976, pp. 256-269 ; J. POUMAREDE, « La
et la pratique »,
Révolution au Code civil, Paris, 1989, pp. 167-182 ; Y. FLOUR, « », in Les
enjeux de la transmission entre générations, LERADP, éd. Septentrion, 2005, p. 100.
4
Art. 1er DDHC : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
5
V. en ce sens : M. FABRE,
famille et la société, Avignon, éd. François Seguin, 1900.
6
D. FENOUILLET, Droit de la famille, Paris, Dalloz, 3ème éd., 2013, p. 343, spec. n° 383.
404
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
, sans que la preuve
contraire ne puisse être rapportée. Sur ce même raisonnement reposait un arrêt de la Cour
de cassation2 ayant autorisé un enfant à fixer sa date de conception pendant le mariage de
permettait
preuve de la paternité de fait étant ensuite possible par tous les moyens, tandis que la
p toute idée de
1
Affaire Brousson, Cass. civ., 23 sept. 1940, Sirey, 1941, 161, note ESMEIN. Pour la Cour, la présomption de
durée de grossesse doit être entendue dans un sens favorabl
cent quatre-vingtième et le trois centième jour qui suivent une ordonnance en résidence séparée entre la mère et
pater is est. Il peut néanmoins prétendre à
légitimé du second mari de la mère, en soutenant que sa conception se situe après cette ordonnance.
2
Cass. civ., 29 juin 1965, D., 1966, 2-120, note ESMEIN.
3
Au nom « de la garantie essentielle de la pureté du foyer domestique et du bon ordre des familles », il fallait
que « », C. SCALPEL, « Que reste t-
il de la paix des familles après la réforme du droit de la filiation ? », JCP, G, I, 1976, 2757.
4
I. THERY, « Mariage et filiation de même sexe : une approche sociologique »,
personnes de même sexe, Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de), Paris, éd. Panthéon-Assas, 2014, p. 94, spec. n°
9-10. Madame THERY exprime ainsi la situation : «
mais il divisait fortement les femmes selon
filles-mères, et on pourrait multiplier les
».
405
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
fondamental de vérité1 es
maladresses techniques2 lors de s es
3
le législateur introduisit à
4
des conceptions nouvelles
5
filiation des enfants . Une règle en particulier permettait aux juges de privilégier la filiation
de conflit que ces derniers tranchaient selon la
filiation la plus vraisemblable. Subsidiairement, la possession ne constituait plus
pour les juges un élément permettant une meilleure appréciation à défaut
éléments de conviction.
large au critère
6
tiré de la vérité biologique , inversa les données du problème en instaurant une législation
chaotique et contradictoire7. Une fois atteint, le critère de vérité biologique ne laissait place
trouvé
en faisant un choix ou, à tout le moins, en privilégiant
approche a eu pour conséquence de faire perdre aux présomptions relatives à la grossesse
leur caractère irréfragable, la preuve contraire pouvant désormais être administrée. Les
interventions législatives ultérieures, notamment la loi du 8 janvier 1993 8
1
A. CHEYNET DE BEAUPRE, « Les liens du sang (filiation et vérité biologique) »,
professeur Claire NEIRINCK, Paris, LGDJ, 2015, pp. 443-459.
2
Cf. C. COLOMBET, J. FOYER, D. HUET-WEILLER et alii, La filiation légitime et naturelle. Étude de la loi du 3
janvier 1972, Paris, Dalloz, 1977, p. 324-344.
3
G. CHAMPENOIS, , Paris, LGDJ, 1971.
4
J. MASSIP, « La contestation de la filiation légitime depuis la loi du 3 janvier 1972 », D., 1977, chron. p. 237 ;
G. CHAMPENOIS, « La loi n° 72-3 du 3 janvier 1972 a-t-elle supprimé la présomption Pater is est quem nuptiae
demonstrant », JCP, G, I,1975, 2686 ; M. REMOND-GOUILLOUD, « (À propos de la
loi du 3 janvier 1972 », RTD civ., 1975, p. 45 ; M.-L. RASSAT, « Propos critiques sur la loi du 3 janvier 1972
portant réforme du droit de la filiation », RTD civ., 1973, p. 207.
5
-10 de «
; on lui a également fait grief de traiter différemment
», Cf.
C. COLOMBET, J. FOYER, D. HUET-WEILLER et alii, La filiation légitime et naturelle, étude de la loi du 3 janvier
1972, op.cit., p. 145, spec. n° 148.
6
Si la filiation ne repose pas exclusivement sur le critère biologique, c
important car il facilite la représentation du lien symbolique de filiation. Les deux critères sociologique et
biologique sont
fondement biologique est palliée
vient donc pallier un accident dû au hasard de la vie, et aider à mettre en place le schéma symbolique de la
été voulu.
7
la conception est présumée avoir eu lieu à un moment
inéa 3 poursuit « la
preuve contraire est recevable ». La règle omni meliore momento
d
8
Loi n° 93-
J.O, 9 janvier 1993, p. 495 ; V. pour les commentaires de
cette loi : F. GRANET, « », D., 1994,
406
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
preuves de la filiation.
441. biologique. Un arrêt très remarqué de la
4
première chambre civile -dénotant selon un auteur « des médiocrités législatives de ces
dernières années »5, contribua au désordre du droit de la filiation. Son attendu de principe
est ainsi libellé : « expertise biologique6 est de droit, sauf motif
légitime de ne pas y recourir ». Antéri ordonner
une expertise que lorsque celle-ci était de nature à établir une fin de non-recevoir7. Il
était jamais tenu de recourir à espèce, elle ne constituait
un moyen de preuve. De plus,
action à fins de subsides avait été modifié par la loi du 8 janvier 19938, supprimant les
chron. p. 21; G. SUTTON, « patchwork (loi n° 93-22 du 8 janvier 1993) », D., 1993,
chron. p. 163.
1
V. LARRIBAU-TERNEYRE, « Le mythe du sang en droit de la filiation », LPA, 1994, n° 32, pp. 15-21.
2
C. LABROUSSE-RIOU, « La vérité dans le droit des personnes », B. EDELMAN
et M.-A. HERMITTE (dir. de), éd. Christian Bourgois, 1988, pp. 159-198.
3
J. MASSIP, « La contestation de la filiation légitime depuis la loi du 3 janvier 1972 », D., 1977, I, 237.
4
Cass. civ. 1ère, 28 mars 2000, n° 98-12.806; arrêt : T. GARE,
« expertise biologique est de droit en matière de filiation », D., 2000, p. 731 ; H. GAUMONT-PRAT,
« expertise biologique en droit de la filiation », D., 2001, p. 1427 ; C. DESNOYER , « expertise biologique est
de droit en matière d il existe un motif légitime de ne pas y procéder », D., 2001, p. 2868 ; S. LE
GAC-PECH, « De Louis XVII à Z... », D., 2001 p. 404 ; F. GRANET, « expertise biologique est de droit en
matière de filiation, sau il existe un motif légitime de ne pas y procéder », D., 2001 p. 976 ; J. HAUSER,
« Préliminaire : expertise génétique et le juge », RTD civ., 2000, p. 304 ;
LPA, 5 sept. 2000, p. 8, note N. NEVEJANS-BATAILLE et 27 nov. 2000, note C. DABURON p. 13; JCP, G, I, 2000,
n° 253, obs. C. BYK et II, n° 10409, concl. C. PETIT; Defrénois, 2000, art. 37194, obs. J. MASSIP, p. 769; RJPF,
2000, n° 5, obs. J. HAUSER, p. 23; Gaz. Pal., 10 au 12 sept. 2000, note J. MASSIP, p. 30; Rev. dr. fam., 2000,
comm. n° 72, note P. MURAT.
5
J. HAUSER, « Préliminaire : théorie expertise génétique et le juge », art. precit., p.
304.
6
pour
elle ne saurait être une expertise génétique réglementée par
ère
-11 du Code civil , 27
janv. 2016, n° 14-25.559, JCP, G, I, 2016, n° 6, 148.
7
Cass. civ 1ère, 8 juin 1999, n° 97-13.199 : «
songer
avoir relevé que M. L..., qui avait vécu pendant plusieurs années en concubinage avec Mme B..., ne fournissait
aucun élément de preuv
décision... ».
8
librement exercée.
407
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
génétique
cassation. -12 du Code civil, consacre un « droit à
1
» au détriment de la vérité sociologique. t la
en faisant un outil de construction et de
déconstruction des liens. Avec cet arrêt, il a été avancé que « le père a le droit de détruire
le lien de fi il a lui-même établi en connaissance de cause,
de enfant a le droit de remettre en cause la paternité de son
enfant ainsi privé de toute filiation paternelle ne se voit pas
reconnaître les mêmes facilités probatoire ». Il
semblerait que le droit de la filiation charnelle ait été «
adulte (ne pas avoir à répondre des conséquences d enfant
2
(avoir une filiation stable) » première victime de cette instabilité selon un auteur .
Tiraillées entre le respect dû au mariage, et la volonté de rendre moins injuste le statut de
mariage, tant la législation par ses maladresses techniques que la
jurisprudence que ce soit par sa rigidité ou sa souplesse ont contribué à la confusion en
1
xpertise biologique que la CEDH ne considère pas attentatoire au droit au respect de la vie privée
408
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
les brefs délais du régime antérieur traduit les impératifs du nouveau régime : rapidité,
efficacité et sécurité.
443. La conception biologisante de la Cour européenne. équilibre enfin trouvé
par le législateur français -entre réalité génétique et stabilité de la filiation- contraste avec
la tendance contemporaine de la Cour européenne à privilégier la filiation génétique,
6
particulièrement . Si la Cour procède à un
er si les droits nationaux des États membres7
1
J. HAUSER, « Des filiations à la filiation », art. precit., p. 6.
2
Art. 733 al. 1.
3
En ce sens, V. C. SIFFREIN-BLANC, « », in Lien familial,
lien obligationnel, lien social, Livre II « Lien familial et lien social », E. PUTMAN, J.-P. AGRESTI, C. SIFFREIN-
BLANC (dir. de), Marseille, PUAM, pp. 133-168.
4
connaissance de la fraude. Ce court délai favorisait la présomption de paternité qui, au-delà des six mois,
0-4 du code civil devait être exercée dans les deux années suivant la
naissance ou dans les deux années suivant la majorité.
5
I. CORPART, « », Gaz. Pal., 24-25 août 2005.
6
Déc. precit. : CEDH, 25 juin 2015, Canonne c/ France.
7
J. POUSSON-PETIT, « Les volontés individuelles et le droit de la filiation charnelle dans les droits européens »,
in De la volonté individuelle, M. NICOD 2009,
pp. 57-76.
409
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
Dans une autre affaire ant à la Russie2, la Cour européenne a condamné la brièveté
également prévu la possibilité de contester la paternité sans délai, la loi de 1996 ne recevait
pas applica des dispositions transitoires. En effet, le droit russe
avoir été inscrit sans en avoir eu connaissance. À compter du jour où celui-ci découvre sa
paternité la contester. Ayant eu connaissance de
que cette dernière était mariée et ne dépendait plus de son père. La Cour condamne la
Convention, car la loi
slovaque tions, en
1
CEDH, 12 janv. 2006, sect. I, Mizzi c/ Malte, n° 26111/02; contra CEDH, 18 février 2014, A.L. c/ Pologne,
n° 28609/08; AJ fam., 2014, obs. M. ROUILLARD, p. 186; Rev. dr. fam., 2014, n° 7-8, étude 12, A. GOUTTENOIRE.
2
CEDH, 24 nov. 2005, Shofman c. Russie, n° 74826/01.
3
CEDH, Paulik c. Slovaquie, 10 oct. 2006, n° 10699/05. Dans le même sens plus récemment : CEDH, 25 févr.
2014, Ostace c/ Roumanie, n° 12547/06, JCP, G, 2014, n° 28, doct. 832, F. SUDRE ; Rev. dr. fam., 2014, n° 7-8,
étude 12, A. GOUTTENOIRE.
410
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
avait donc disproportion1 entre le but légitime poursuivi et les moyens employés pour
té de contester le lien de
filiation lorsq
2
, le consentement
que
indiquée sur son acte de naissance, devrait pouvoir être contestée3.
Dans ce contexte, la condamnation de la France par la Cour européenne 4 était des plus
prévisibles. Le requérant, qui ne disposait plus de filiation juridique, t pu procéder à
5
une expertise post-mortem . Cette
plus tôt par la
a considéré
familiale, les personnes souhaitant « établir leur ascendance ont un intérêt vital, protégé
par la Convention, à obtenir les informations qui leur sont indispensables pour découvrir
la vérité sur un aspect important de leur identité personnelle »6, bien au mépris de
-droit du défunt.
1
Ce qui, selon Madame le professeur DEKEUWER-DEFOSSEZ est ce
mais seulement entre les différents intérêts privés en présence. Une telle utilisation est révélatrice de la
-ci est censée servir. Cf.
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « Les empreintes génétiques devant la CEDH
du 4 juillet 2005 », Rev. Lamy dr. civ., 2007, n° 5, p. 42.
2
CEDH, 1ère sect., 16 juil. 2015, Nazarenko c/ Russie, n° 39438/13, AJ fam., 2015, E. VIGANOTTI, p. 490.
3
Or, cette analyse semble Mandet c/ France, 14 janv. 2016, req.
n°
de
origines, quitte à les lui imposer.
4
CEDH, Pascaud c/ France, 16 juin 2011, aff. 19535/08, F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rev. Lamy dr. civ., 2011,
oct., n° 4399.
5
-
411
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
sous X.
444. onnance de 2005 ? Un arrêt récent de la
2
Cour de cassation
Convention européenne. Loin de donner satisfaction au requérant3, la Cour de cassation
procède par substitution de motifs en st
combiné aux articles 14 et 125 du Code de procédure civile. La Cour de cassation reproche
aux juges du fond la fin de non-recevoir tiré de «
4
», celle-ci .
Est- -droit du défunt, une action en connaissance de
ses géniteurs aurait été possible est de la plus haute importance si
-
qui permet « sans effet sur
». Poussant davantage le raisonnement, un auteur envisageait la
possibilité -une fois la connaissance de ses origines acquise-
filiation en adéquation avec ses origines génétiques 5. Il est vrai que l
juillet 2005 a clairement entendu verrouiller, dans de brefs délais, toute contestation des
filiations pour privilégier le principe de sécurité juridique. Or, tant la jurisprudence
un récent arrêt de la Cour de cassation6 sèment le trouble quant à la
la C
1
Cf. infra, n°
2
Cass civ. 1ère, 13 novembre 2014, n° 13-21.018, Rev. dr. fam., 2015, comm. 9, obs. C. NEIRINCK ; JCP, G,
2015, n° 3, 49, M. DOUCHY-OUDOT.
3
Celui-
lever tout doute sur son lien de filiation régulièrement établi.
4 ère
Cass. civ. 1 , 6 mai 2009, n° 07-21.826; Bull. civ., I, 2009, n° 89 ; RTD civ., 2009, p. 509, obs. J. HAUSER ; D.,
2010, p. 728, obs. J.-J. LEMOULAND et D. VIGNEAU; D., 2010, M. DOUCHY-OUDOT, p. 989.
5
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « x prérogatives parentales », Rev. Lamy dr. civ., 2015,
supp. n° 132.
6
Cass. civ. 1ère, 10 juin 2015, n° 14-20.790; Rev. dr. fam., 2015, n° 9, comm. 163, C. NEIRINCK; D., 2015, note
H. FULCHIRON, p. 2365; RTD civ., 2015, obs. J. HAUSER, p. 596.
412
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
juste équilibre.
Madame le professeur DEKEUWER-DEFOSSEZ, « filiation
subtilement construit et
A)
2
446. La promotion .
3
durant le mariage est un ensemble de droits et
de devoirs indissociables, qui donne consistance à une charge de famille tant sur les biens
4
. Tournée vers sa protection5, cette autorité constitue
également un pouvoir qui découle naturellement de la paternité et la maternité. En
6
, la forte connotation idéologique 7
1
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, « », art. precit.
2
Deux origines latines sont prêtées au terme « autorité auctoritas, dérivé du mot
auctor qui signifie auteur parfois rattaché au verbe augere qui signifie accroître,
autorité parentale
parentale ge.
3
L. GAREIL, , Paris, LGDJ, 2004 ; P. MURAT, «
parents envers leurs enfants », , P. JACQUES (dir. de), Paris, Dalloz, 2010, pp. 49-63.
4
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri CAPITANT, 10ème éd., Quadrige, 2014, p. 108.
5
F. TERRE, D. FENOUILLET, Droit civil, la famille, Paris, Dalloz, coll. « Précis », 8ème éd., 2011, p. 886, n° 915.
6
Sur la force des mots de la loi, V. supra, n° 161 et 162.
7
Dès 19 via la Recommandation 874 (1979) relative à une Charte européenne des
413
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
communautaires.
1
L. n° 70- J.O, 5 juin 1970, p. 5227. Parmi les commentaires de
cette loi, V. notamment C. COLOMBET, « »,
D., 1971, chron. p. 1; G. DESMOTTES, « », Rev. dr. sanit. soc., 1970, p. 229;
F. TERRE, « », Arch. philo. dr., 1975, n° 20, p. 45.
2
F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille. Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux
aspirations de notre temps, Rapport au garde des Sceaux, ministre de la justice, La documentation française, nov.
1999, p. 74.
3
À la notion traditionnelle de « garde » est substituée celle de « résidence habituelle garde »
la chose gardée
fonction.
4
judiciaire et par conséquent, close sur elle-même contrairement à la famille naturelle. Cf. J. CARBONNIER, Droit
, Paris, PUF, t. 2, coll. « Thémis droit privé », 21ème éd. refondue, 2002,
p. 102.
414
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
- e-
saisir le juge pour enfants qui statuera, après avoir tenté de concilier les époux. Initialement
conçu dans des cas marginaux de simple mésentente, cet article a rapidement été utilisé par
la jurisprudence dans le cadre de séparations de fait1, voire de conflits plus persistants entre
époux aboutissant au divorce. e la procédure de conciliation, les époux
étaient toujours unis par les liens du mariage et, au mieux, pouvaient-ils obtenir une
résidence sépa
2
prononcer une séparation de fait, . Seul
ce dernier cas justifiait le recours au juge des tutelles afin de fixer les modalités de la garde
-1 du Code civil.
449.
légitime. La jurisprudence a pourtant eu à connaître de nombreux litiges3 dans lesquels les
4
pères se sentaient . Sans doute était-ce, dans le temps, la
situation de la famille naturelle qui a servi de matrice aux revendications des pères
divorcés5.
au-delà de la rupture6
a été rendu possible. La condition par
les textes, il a été facile de passer outre. Néanmoins, cette condition constitue la condition
sine qua non pour un exercice conjoint de autorité parentale, particulièrement par les
couples séparés. Si le juge conservait une
exercice conjoint par les ex époux7 le conflit
on de son opportunité. Pourtant, les travaux préparatoires
1
T. FOSSIER, « e des tutelles dans la séparation de fait de parents légitimes », JCP, G, I,
1987, 3291.
2
3
Particulièrement après la réforme du divorce en 1975.
4 er
, dans sa version antérieure à la réforme du 4 juin 1970 disposait que « Durant le
».
5 ème
, 21 mars 1983, D., 1983, 583, note MOUSSA. Selon cet arrêt, «
». Celui-ci a particulièrement marqué les
MALHURET. V. en ce sens les interventions de M. PIERRE MAZEAUD,
rapporteur de la commission des lois
République (J.O.A.N., séance du 7 mai 1987, p. 948, 949, et 969 ; séance du 3 juillet 1987, p. 3662).
6
Au profit notamment des couples non mariés. dispose que (en sa rédaction
issue de la loi du 22 juillet 1987) «
font la déclaration conjointe devant le juge des tutelles
contrôle de la
volonté ainsi exprimée, dénué de toute appréciation de la mesure.
7
415
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
L. GAREIL, , Paris, LGDJ, 2004, p. 170.
2
Ibidem., p. 170.
3
CA Paris, 3 juil. 1996, Rev. dr. fam., 1997, n° 3, note H. LECUYER, : il
convient « le conjointe, cette mesure devant inciter les parents à renouer un
». V. aussi,
H. FULCHIRON, « ar les parents divorcés à
», in Sociologie judiciaire du divorce, J. HAUSER (dir. de), Paris, Economica,
coll. « Études juridiques », 1999, pp. 69-83.
4
e égalité entre eux.
5
Issu de la loi n° 70- precit.
6
Avant la loi du 4 juin 1970, seul exerçait la « puissance paternelle
Lorsque les deux liens de filiation étaient établis, était privilégié celui établit en premier, généralement le lien de
7
Cf. le discours du rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de
ANDRE TISSERAND (J.O.A.N., séance du 8 avr. 1970, p. 865).
8
TGI Montauban, 14 janv. 1976, JCP, G, IV, 1976, p. 317; D., 1977, I.R., p. 41. TGI Grenoble, 12 juin 1978, D.,
1978, I.R., p. 399. Cass. civ. 1ère, 25 nov. 1981, Bull. civ., n° 348.
9
E.S. DE LA MARNIERRE, «
divorcés ou célibataires », Gaz. Pal., 1987, doct., p. 638.
416
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
d ,
et que les parents vivent en commun au moment de la reconnaissance concomitante ou de
la seconde reconnaissance1. MALHURET2 leur offre néanmoins
la possibilité,
3
. La loi étendait ainsi à
cas de divorce. Une telle possibilité avait déjà été envisagée lors des débats parlementaires
relatifs à la loi de 1970, mais elle avait été abandonnée en raison de vives oppositions 4.
. Celui-ci permettait désormais
exercice conjoint , indépendamment de toute appréciation par le
5
juge de son opportunité . Devenu la règle en pratique, il était largement admis par les
juges, et la loi du 8 janvier 19936 en étend la portée tant dans la famille divorcée que dans
la famille naturelle7. Le juge, relégué à une fonction d enregistrement de la déclaration
conjointe des parents, ne disposait plus du pouvoir de contrôle. Or, si la mesure pouvait
était naturelle pour les couples mariés, en raison de la direction de la famille que les époux
assurent ensemble au sein de la famille naturelle8, caractérisée par
durable.
1
Art. 372 du Code civil issu de la loi du 4 juin 1970.
2
L. n° 87- J.O, 24 juil. 1987, p. 8253. Cf. pour les
commentaires de cette loi : R. LEGEAIS, « », Defrénois, 1988,
art. 34243 ; F. MONEGER, « », Rev. dr. sanit.
soc. 1987, p. 668 ; F. RUELLAN, «
de séparation de corps (loi du 22 juillet 1987) », D., 1990, chron.81 ; F. DEKEUWER-DEFOSSEZ, F. VAUVILLE,
« Malhuret du 22 juin 1987)», D., 1988, chron.
p. 147 ; F. BASTIEN-RABNER, « Le charme discret de la loi MALHURET. (Une reconnaissance imparfaite du droit
», JCP, G, I, 1992, 3613, n° 18 ; M.-L. MORANÇAIS-DEMEESTER, « Vers
», D., 1988, chron.
n° 9, p. 10 ; H. FULCHIRON (dir. de), autorité parentale après-divorce et dans la famille
application de la loi n° 87- autorité parentale,
Rapport pour le ministère de la justice, 1993.
3
L :«
».
4
J.O.A.N., séance du 8 avril 1970, p. 865.
5
Cass. civ. 1ère, 26 juin 1990, JCP, G, II, 1991, note F. VAUVILLE.
6
L. n° 93-22 du 8 janv. 1993, J.O, 9 janv. 1993. Parmi les nombreux commentaires de cette loi, cf. notamment,
C. BOULLEZ, « Les relations parents- », Gaz. Pal.,
1993, doctr. p. 828 ; H. FULCHIRON, « », D., 1993, chron. p. 117 ;
J. MASSIP, « Les modifications apportées au droit de la famille par la loi du 8 janvier 1993 », Defrénois, 1993,
art. 35559 ; F. MONEGER, « », Rev. dr. sanit. soc., 1993, p. 223 ;
J. RUBELLIN-DEVICHI, « Une réforme importante en droit de la famille : la loi n° 93-22 du 8 janvier 1993 », JCP,
G, I,1993, 3659 ; H. FULCHIRON, D., 1993, p. 117.
7
H. FULCHIRON, « », Rev. dr. fam., 2000, n° 12, hors
série, p. 45.
8
S. VITSE, « », Rev. dr. fam., 1997, chron. n° 3, p. 7.
417
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
« réalités et aux aspirations de notre temps » était également avancé afin de justifier la
améliorer la législation1. Après le renforcement
, Madame le professeur THERY préconisait déjà
dans son rapport un renforcement du principe de coparentalité en cas de séparation.
reconnaît3
1
Cf. I. THERY, Cou
garde des Sceaux, ministre de la justice, éd. O. Jacob, La documentation française, juin 1998 ; F. DEKEUWER-
DEFOSSEZ, Rénover le droit de la famille. Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux aspirations de
notre temps, Rapport au garde des Sceaux, ministre de la justice, La documentation française, nov. 1999.
2
-2 alinéa 2 les appelle à « maintenir des relations
- ».
3
418
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
exercer les
nfluencée par son mari actuel, une mère ayant respecté ni le droit de
éducation en accord de son père1, ni exercice en
commun de l autorité parentale, a pu voir la fixation de la résidence
son autre parent. La mère avait fait preuve de son inaptitude à respecter les droi autre
parent.
Si le juge est appelé à favoriser le double lien parental, cette mesure trouve sa traduction
concrète par la mise en place de la résidence alternée.
B)
5
.
454. affiché de maintien des liens e mesure. Le
coparentalité dans toutes les situations6, que les parents soient ou non mariés, divorcés ou
1
CA Paris, 13 déc. 2012, n° 12-129.26, Rev. dr. fam., 2013, n° 3, comm. C. NEIRINCK.
2
CA Paris, 10 févr. 1999, JCP, G, II, 1999, n° 10170, note T. GARE ; mais contra, CA Toulouse, 2 mai 2000,
JCP, 2001, IV, n° 1128 ; CA Rennes, 3 juil. 2000, JCP, G, IV, 2001, n° 2650.
3
419
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
1884 disposait que « les enfants seront
-à- innocent ». Le divorce était alors perçu
2
F. BOULANGER autorité parentale par la loi du 4 mars 2002 », D.,
2002, p. 1571 ; C. BRIERE, « La coparentalité : mythe ou réalité ? (Commentaire de la loi n° 2002-305 du 4 mars
autorité parentale) », Rev. dr. sanit. soc., 2002 p. 567 ; J. ROCHFELD, « Loi n° 2002-305 du 4
autorité parentale », RTD civ., 2002, p. 377 ; H. FULCHIRON, « autorité parentale
rénovée. Commentaire de la loi du 4 mars 2002 », Defrénois, 2002, p. 959 ; A. GOUTTENOIRE-CORNUT, « La
consécration de la coparentalité par la loi du 4 mars 2002 », Rev. dr. fam., 2002, chron. p. 27 ; S. THOURET, « La
autor une véritable coparentalité », Rev.
Procédures, 2002, n° 5, p. 8 ; S. BEN HADJ YAHIA, « »,
professeur Raymond LE GUIDEC, Paris, Dalloz, 2014, pp. 547-571 ; F. BOULANGER, « Réflexions sur la portée et
420
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
enfant1.
abstraitement posée par le texte contraste avec la réalité du vécu parental. Le rapport de
Monsieur le président JUSTON
le Code civil de ce partage inégalitaire du temps passé par chacun des parents auprès de
2
. La coparentalité instituée par la loi du 4 mars 2002
3
l de la parité parentale4,
séparation. Si la première loi avait pour objectif de procéder à un rééquilibrage des
prérogatives parentales au profit de la mère, les projets de réforme actuels dénoncent une
5
dans le cadre des séparations parentales. La réalité démontre que
e plus souvent confié à sa mère. Les contraintes et la
6
reconstitution de nouvelles familles ne favorisent pas le maintien des liens entre le père et
1
Même dans le cas de la résidence altern
:
Cass. civ. 1ère, 25 avr. 2007, Rev. dr. fam., 2007, comm. 143, note P. MURAT. Dès lors, la finalité posée par
-2-
2
Proposition n° 26 du rapport.
3
Surtout que « nécessairement plus pauvre et incomplète
réalité humaine et sociale beaucoup plus riche : le comportement des générations plus âgées vis-à-vis des plus
jeunes et réciproquement ». V. F. BOULANGER, Les rapports juridiques entre parents et enfants, Perspectives
comparatistes et internationales, Economica, Paris, 1998, p. 1.
4
s père et mère.
trouvé dans plus de 80 % des cas, la proportion de résidences chez la mère demeure identique. Cf. M.
GUILLONNEAU, C. MOREAU, La résidence des enfants de parents séparés. De la demande des parents à la
décision du juge, Ministère de la justice, nov. 2013, p. 5 ;V. AVENA-ROBARDET, « La résidence des enfants : les
chiffres », AJ fam., 2013, p. 666.
5
« Autorité parentale entre parents désunis : des propositions pour améliorer les prérogatives du père », Rev. dr.
fam., 2012, n° 12, alerte 64.
6
V. supra, notre chapitre relatif aux recompositions familiales.
7
Proposition de loi n° 1856 relative à , enregistrée à la présidence de
er
avril 2014, adoptée en première lecture le 27 juin 2014, puis transmise au Sénat.
8
Cf. récemment, le refu
enfants. Ses bonnes qualités de père ne sont pas suffisantes pour appuyer sa demande de résidence alternée ». V.
CA Versailles, 2ème ch., sect. 1, 6 févr. 2014, n° RG 13/07811.
421
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
de
2
législatif proposé mais aussi légal, donnant une impression de
même jeu. Au titre des
stigmatisante4
humanitaire). L hébergé
1
on peut singulièrement douter de la nécessité
de clarifier les règles existantes, comme le premier chapitre a pour objet de le faire. Depuis la loi n° 2002-305 du
4 mars 2002, le principe de coparentalité avère déjà relativement clair Les
dispositions actuelles du Code civil ne suscitent pas, en elles-mêmes, des difficultés nécessitant une prétendue
avère problématique ». Cf. Rev. dr. fam., 2014, n° 5,
alerte 20.
2
M. JUSTON
en remplaçant notamment le « », par des mots plus doux et plus neutres comme
« accueil, temps de résidence ou période de résidence ».
3
Article 7 de la proposition, découlant de la proposition n° 27 du rapport de M. JUSTON. Le rapport de Monsieur
le président JUSTON proposait en réalité
de résidence, tout en insérant dans le Code civil la mention que la résidence alternée ne correspond pas à un
mode paritaire de enfant. Toute proposition de résidence alternée paritaire ou non,
notamment celle imposée par le JAF -ce qui veut dire que celle- -, pouvait aussi
être a une mesure de médiation familiale, de manière à ce que les parents vérifient par eux-mêmes
adéquation de ce type de r JUSTON étant de tirer les
vil de la réalité de cette double domiciliation (que ce soit dans le cadre
possible
et non le principe (propositions n° 19 et 26).
4
droit
» et de « droit de visite » étant le plus souvent mal ressenties par les parents concernés, qui
parentales.
422
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
naturellement plus important que celui passé aux côtés du père. Dès lors, le modèle de
parentalité suggéré trouve sa limite dans la réalité sociale. La règle de droit se trouve ainsi
« en avance ter. Cette
-excessivement ?-
Le suivisme législatif caractéristique de la législation contemporaine tend à
satisfaire les revendications de chacun des membres du couple. Ceci est bien la preuve que
membres. Il est regrettable que la famille ait à servir les ambitions égalitaires du politique
alors que celle-ci, par essence inégalitaire, est aux antipodes de cette mission qui lui est
Oeuvre purement humaine, la règle de droit ne peut tendre à la
-ci, du fait des
nombreuses interv
démontré par les études de sciences humaines que la stabilité est le fondement qui préside
a
3
perfection auprès des personnes qui en sont responsables, ou en tout cas les y inciter .
1
Cette mesure rappelle la suppression du « dr » par la Convention sur les relations
lien de famille ». V. supra, n° 153.
2
S. BEN HADJ YAHIA, « », art. precit., p. 570.
3
Madame Aude MIRKOVIC exprime très justement la situation en ces termes : « autorité
est-ce pas tout simplement que, si la vie des enfants vivant avec des couples
décomposés et est pas à cause il est délicat pour un
enfant de vivre avec des adultes qui ne sont pas ses parents, et vice versa ? Les législateurs successifs tentent de
réparer les effets dévastateurs de la séparation parentale. Que ne cherchent-ils, aussi, des éviter ces
séparations destructrices ? Les récents débats sur le mariage ont montré que celui-ci est recherché comme la
structure la engagement sur lequel il r il offre.
Chacun est libre de se marier ou non, mais une seule mesure (fiscale par exemple) encourageant la stabilité du
423
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
458. Les
de
proposition de loi crée un certain
nombre de mesures permettant de faire respecter la décision du juge ou la convention
homologuée. Une amende civile1 est élever à
10.000 euros afin de sanctionner le parent faisant délibérément obstacle, de façon grave ou
renouvelée,
respecte pas une décision ou la convention homologuée fixant les modali
. La mesure est satisfaisante, le recours à la voie pénale étant
inopportun dans un tel
e. Bie
on n° 23 du rapport
4
de Monsieur JUSTON est fort intéressante car elle préconise en cas de difficultés graves,
i
de privilégier la culture du dialogue à celle de la force.
424
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
avant tout une représentation sociale, indépendante parfois de toute réalité historique »4.
Un tel choix repose également sur une conception différente de la procréation qui, à
effet, celui-ci joue un rôle incontournable dans la doctrine juridique islamique qui le
1
La filiation en droit musulman est constituée de deux éléments : la bounoua et le nasab. Le second, selon
Madame le professeur BEN HALIMA, «
nasab
aternelle légitime. » qui détermine le statut de la personne dans la société. Si la
fondement dans le nasab t à son père, en lui attribuant son nom. À cet égard, le
nasab origine
S. BEN HALIMA, La filiation paternelle légitime en droit tunisien, Thèse, Tunis, 1976, p. 10. V. K. MEZIOU, « La
filiation », , 2009, n° 345, pp. 238-260.
2
C. FORTIER, « Filiation versus inceste en Islam, parenté de lait, procréations médicalement assistées, adoptions
et reconnaissance de paternité. De la nécessaire conjonction du social et du biologique »,
filiation. Aux fondements des sociétés européennes et méditerranéennes, P. BONTE, E. PORQUERES I GENE,
J. WILGAUX (dir. de), Marseille, éd. de la Maison des s
3
V. infra, n° 489.
4
A. AOUIJ-MRAD, « Le faible impact des pratiques biomédicales sur la vision de la parenté en Tunisie », in Les
incidences de la biomédecine sur la parenté. Approche internationale, B. FEUILLET-LIGER, M.-C. CRESPO-
BRAUNER (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2014, p. 193.
425
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
considère comme le principe vital de descendance1. Le sang est utilisé que comme
simple métaphore des relations de parenté 2
le nasab, dont le
rôle est la représentation sociale et symbolique de la parenté en vue de
§1) L la filiation
1
Sur cette question, cf. C. FORTIER, « Le lait, le sperme, le dos. Et le sang ? »,
2001, n° 161, pp. 97-138.
2
Sur ce point, cf. infra, n° 357.
3
Sur le rattach
scripturaire, V. les développements de Monsieur K. ZAHER, Conflit de civilisations et droit international privé,
-68, spec. n° 69 et s. Cf. aussi la décision de la Cour de cassation ayant refusé,
bounoua
génétique étant sans effet à son égard : Cass. maroc., 20 janv. 2015, dossier n°192/2/1/2014, n° 2/25.
426
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1- Un m
1
Ar. 152 du CMF, art. 40 du Code algérien et 68 du Code tunisien.
2
Art. 154-1 CMF, 42 du Code algérien et 71 du Code tunisien.
427
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
TPI Marrakech, 6 mai 2004, n° 1307, dossier n° 04/8/192.
2
Celui-ci génère des divergences entre les juri
MONJID, « les délais
considérer que la grossesse
peut durer de multiples années après la séparation de la femme de son époux semble pour le moins
invraisemblable », et les jurisconsultes en étaient bien conscients. En réalité, cette situation traduit le souci
permanent de pren
cation. M. MONJID,
modernité dans le droit de la famille au Maghreb -122, spec., n° 227.
3
Art. 154 CMF et 69 du Code tunisien.
4
Art. 42 du Code algérien.
5
Art. 58 du CMF.
428
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
par choubha
« par erreur », les rapports sexuels du couple comme mari et femme
permettent de pro . L
fiancée sera imputable au fiancé lorsque la conce pendant la
1
période des fiançailles . La conce n enfant peut être régularisée si
celle-ci r
conditions : la notoriété des fiançailles doit pouvoir être prouvée -notamment par
2
-, par tous moyens (photos, témoignages...), le
consentement des futurs mariés établi, enfin que la reconnaissance de la grossesse soit bien
du fait du couple3 et que des circonstances impérieuses aient
mariage. En cas de contestation de la grossesse par le fiancé, il est fait appel à tous les
moyens de preuve légaux pour établir la filiation paternelle. Ayant pour fondement
, ce
nité a donc animé le
législateur, laissé emporter par la tendance humaniste
caractéristique du législateur français. Fidèle à cet objectif, le juge veille à une stricte
application de la nouvelle disposition qui ne joue que dans des cas limités4. Il a pu être
e établie que si les
fiançailles sont connues des deux familles et après aveu des deux fiancés 5. Dans une autre
affaire, la filiation être établie
assurés de la réalité du consentement des supposés fiancés6.
2-
1
Cour de cassation, 28 juin 2011, n° dossier 361/2/1/2010, n° 390.
2
Cette condition à elle seule témoigne bien de la dimension institutionnelle et publique du mariage dans les
telle que sa bénédiction est nécessaire afin de mener une vie de famille harmonieuse et épanouie.
3
avant les fiançailles ou après. Cour. cass. maroc., 28 juin 2011, dossier n° 361/2/1/2010, n° 390.
4
A. SAADOUNE, « conçu pendant les
fiançailles. Étude à la lumière de la pratique judiciaire », in Justice familiale. Appréhensions plurielles et
problématiques contemporaines, Z. ELAMARI (dir. de), Rabat, Publications de la revue de justice civile, t. 1,
2013, pp. 49-78 (en langue arabe).
5
C. cass., 18 avr. 2006, dossier n° 282/2/1/2006.
6
C. cass., 16 janv. 2008, dossier n° 34/2/1/2007.
7
Art. 152 du CMF, 68 du Code tunisien et 40 du Code algérien.
429
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1
Y. SAADOUNE, « nasab
fiançailles. Étude à la lumière de la pratique judiciaire », in Justice familiale. Appréhensions plurielles et
problématiques contemporaines, Z. ELAMARI (dir. de), Rabat, Publications de la revue de justice civile, t. 1,
2013, pp. 49-78 (en langue arabe).
2
Cour suprême, 30 mars 1983, dossier n° 54758.
3
Arrêté ministériel n° 159, 1er juillet 1983.
4
M. MONJID, op. cit., p. 131-132, spec. n° 247.
5
Y. SAADOUNE, « nasab
fiançailles. Étude à la lumière de la pratique judiciaire », art. precit., spec. pp. 63-68.
6
Un couple vivant de façon maritale -dont sont issus deux enfants-
établissement du nasab des deux enfants est admise par les juges de la section familiale
430
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
CA Tétouan, 29 mai 2007, dossier n° 6/06/266.
2
Cass. maroc., 14 juin 2011, dossier n° 364/2/1/2010, n° 346.
3
Cass. civ., 23 avr. 1975, n° 9853. Dans le même sens: Cass. civ., 15 mai 1984, n° 9976.
4
TPI Gafsa, 21 fév. 1994, n° 43979.
5
Cass. civ., 13 mai 1997, n° 56315.
6
TPI Manouba, 28 oct. 2003, n° 16198 ; TPI Manouba, 2 déc. 2003, n° 16189/53.
431
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
échoir. Admettre ensuite que la filiation légitime puisse être établie du seul aveu du père
révèle la suprématie de la branche paternelle en droit maghrébin, en conditionnant son
établissement au bon gré du géniteur. La loi, par souci de protection de ces enfants,
pourrait réserver un accueil plus favorable aux pères désireux de reconnaître leur enfant.
Ceci permettrait de responsabiliser raient pas leurs responsabilités,
la loi pouvant à cet égard revêtir la fonction pédagogique qui lui revient en satisfaisant à
, la reconnaissance de paternité continue
de buter sur la
relation illégitime, la reconnaissance de paternité
Comme le souligne Madame le professeur MONJID, « cette
cond
musulman est simplement sous-
voire dissimulant une certaine
1
hypocrisie »
sauvegarde de la spécificité du mariage
468. Le maintien renforcé de la preuve par témoins. Énumérée parmi les modes
de la filiation, la preuve par témoins constitue le deuxième procédé de
droit musulman classique repris par les législations familiales des pays maghrébins.
moudouwana marocaine2, toujours présente dans les codes
algérien3 et tunisien4, celle- 5
, réglementé
1
M. MONJID, op. cit., p. 133.
2
Ancien article 89 et nouvel article 168 du CMF.
3
Art. 40 du Code algérien.
4
Art. du Code tunisien.
5
Sur ce moyen de contestation de la paternité, V. infra, n° 472.
6
R. GRANGER, « La tradition en tant que limite aux réformes du droit », RIDC, 1979, n° 1, pp. 37-125.
7
En ce sens : Cass. civ., 6 mars 1973, n° 9210 ; Cass. civ., 11 déc. 1987 ; Cass. civ., 2 juin 1991, n° 26431 ;
Cass. civ., 18 nov. 1996, n° 43-354. Cités par M. MONJID, op. cit., p. 136.
8
Cour suprême, 22 nov. 2006, dossier n° 118/2/2/2006.
432
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
2
Art. 158 du CMF et 40 du Code algérien.
3
Art. 3 bis de la loi du 7 juillet 2003, modifiant et complétant la loi n° 98-75 du 28 octobre 1998 relative à
J.O.R.T, 8 juil. 2003.
4
essairement légitime de la
filiation paternelle, on pourrait lire dans la reconnaissance (iqrar) la prévision expresse de la possibilité de
».
433
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
1- En mariage
1
V. infra, notre Chapitre 2, section 2 .
2
Pour Madame le professeur Irène THERY, «
filiation en mariage : on change de monde ». Cf. I. THERY, « Mariage et filiation de même sexe : une approche
sociologique », , Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de),
Paris, éd. Panthéon-Assas, 2014, p. 94, spec. n° 10.
3
Sourate la Lumière, verset 6-9.
434
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
5
se justifiaient dans un système où le mariage pouvait
1
Ni la procédure du serment, si son mode de fonctionnement ou ses conditions ne sont précisés.
2
-
n° 06/9/214, n° 489.
3
Cour suprême, 28 oct. 1997. Cité par M. MONJID,
Maghreb, op. cit., p. 125, spec. n° 235.
4
Art. 153 CMF.
5
K. MEZIOU, « Migrations et relations familiales », in Rec. cours acad. La Haye, 2009, n° 345, p. 250.
435
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
être célébré sans un écrit attestant, où la polygamie était courante et la répudiation facile,
ils se justifient beaucoup moins de nos jours1.
473. La paternité contestée par la preuve génétique.
a adopté plus tôt2 -que
ses voisins marocain3 et algérien- en tant que mode autonome de désaveu, une décision de
a écarté ce mode de preuve de contestation car
ux articles 40 et 41 du Code de
la famille. L comme mode de désaveu de la paternité
pas consacrée en droit positif, le seul moyen de le faire étant
La situation au Maroc révèle que la modernité se fait lentement. Au terme de
moudawana
scientifiques avec la tradition islamique »5. Si cette ligne jurisprudentielle conduisait à des
situations absurdes6 -tel le mari stérile souhaitant contester sa paternité mais en vain- elle
permettait paradoxalement en
imposant une paternité à lien de paternité ainsi établi
favorise le lien père-
dans la société par la transmission du nom du père.
famille en 2004 a permis aux juges de dépasser leur réserve en matière de preuve
1
J-Cl. Droit comparé, fasc. 70, Tunisie.
2
Sousse, 17 janv. 1974, n° 3411 ; 27 juil. 1976, n° 11005, Tunis, 2 juin 1992, n° 93620, cités par M. MONJID,
op. cit., p. 127.
3
Tout comme il permet désormais la contestation à tou
- al firache
(présomption pater is est) ses pleins effets. Cette solution a été confirmée par un autre arrêt du 23 juillet 2007.
Cette position de la Cour de cassation marocaine est à rapprocher de la récente décision de la CEDH, 18 février
436
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
génétique1, qui
2
.
474. L ar expertise. Un arrêt remarqué de la
3
Cour suprême marocaine (affaire Bellakhdim), intervenu les premières années de la
promulgation de la moudawana, a permis de rattacher à un couple séparé un enfant né dans
rents. Le délai maximal retenu par le droit
marocain au moment de la
dissolution ayant été rejetée par le tribunal de grande instance
de Mulhouse -au motif que la preuve génétique excluait la paternité du père- la Cour
suprême marocaine avait exclu le recours à la
4
preuve génétique nasab. La sagacité des juges leur a permis
pas, en lui appliquant les délais de grossesse extensifs prévus par le droit musulman
classique. Une telle attitude est à féliciter car elle combine harmonieusement un usage
réfléchi de la preuve
5
, la Cour de cassation semble
faire davantage preuve de rigorisme ou, à tout le moins, affine les contours du recours à
xpertise. Alors que vait déjà plus avec
son épouse au moment de la naissance de celui-ci (intervenue
1
Cour supr., 9 mars 2005, n° 150.
2
Art. 153 CMF. Dans ce sens : Cour suprême, 10 janv. 2007, dossier n° 101/2/1/2006. La Cour a refusé de
437
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
avec son ex constitue, faute de preuves, une relation illicite dont est issu un enfant de la
fornication. Outre cette notion de « raison impérieuse », désormais centrale dans la
-ci en cause
blie par al firach
2- Hors mariage
pas plus permise car elle aurait pour effet de lever le voile sur des rapports
conjugaux illicites3, à moins de les taire. Seule la Tunisie consacre une solution différente
1
Cour supr. maroc., 12 nov. 2008, dossier n° 298/2/1/2008, n° 527.
2
N. AIT ZAI, « iété musulmane », Rev. Femmes et pouvoir, Peuples
méditerranéens, 1989, n° 48-49, p. 113.
3
supra, n° 421.
438
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
hors mariage sont cruciaux -car mettant en cause la conception même de la famille- les
pays de tradition musulmane son
2
éducation et son intégrité physique .
476. La persistance de discriminations du fait de la naissance. Si l
la naissance empêche de révéler une filiation non fondée sur le mariage 3, il va de soi
en
. Dans leurs
versions initiales, les trois codes maghrébins reprenaient respectivement les solutions du
droit musulman, en faisant preuve de laconisme et ambiguïté. Pour compléter et clarifier
les textes, il était fait recours aux règles du droit musulman classique, or celles-ci ignorent
algérien le
sa législation sur ce point, mais e
qui consacre le recours par le juge aux moyens de preuve scientifique en matière de
filiation . Les l opposent
toujours à toute a établisse une filiation paternelle hors mariage4,
bien que ce a convention de New York prohibant
expressément les discriminations fondées sur le statut juridique des parents, que les trois
pays ont ratifié. Au Maroc, l enfant a aucun droi
homme qui a entretenu des rapports sexuels avec sa mère. Il ne peut prétendre ni à un
lien de filiation ni au droit à la succession 5. on réformée en
2011 dispose pourtant que «
et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur
situation familiale ». Cela signifie-t-il que le droit aurait vocation à protéger les enfants nés
de relations hors mariage
1
r le
partie sous réserve des trois conditions suivantes : les fiançailles doivent être de notoriété publique, le tuteur
matrimonial doit avoir donné son consentement au mariage et les fiancés doivent reconnaître que la grossesse est
de leur fait. ssesse, il est fait recours à tous les moyens légaux de preuve
pour établir la filiation paternelle (art. 156).
2
Cf. supra
3
Cour suprême, 8 juin 2005, et n° 439 du 28 sept. 2005, déc. precit.
4
M. CHERIF SALAH-BEY, Jurisclasseur de droit comparé, V. « Algérie ».
5
Art. 148 du CMF : « La filiation illégitime ne produit aucun des effets de la filiation parentale légitime vis-à-vis
du père ».
439
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
considération sociale et morale à tous les enfants, cela passerait, en principe, par la
à effectuer
été fermement balayé par une
décision de la Cour
une filiation hors mariage »1, et que «
aurait conçu hors mariage. La possibilité introduite en 2004 par le nouveau Code de
reconnaître un enfant né hors mariage se heurte à la volonté du père qui décide, ou non, de
1
Cour suprême, arrêt n° 323, 11 juin 2008, cité par M. LOUKILI.
2
Cour suprême, arrêt n° 327, 11 juin 2008.
3
D. LASZLO-FENOUILLET, La conscience, Paris, Dalloz, 1993.
4
Loi n° 98-
filiation inconnue, modifiée par la loi n° 2003-0051 du 7 juillet 2003.
5
Les questions pouvant embarrasser le législateur ne sont pas directement intégrées au corpus juridique
vec la loi du 4 mars 1958, et pour les régimes matrimoniaux par la loi n° 98-91.
6
. Celle-
440
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
législation tunisienne fait figure de pionnière dans le monde arabe par des interprétations
audacieuses de la charia
totalement ignorée., B amie, la
1
, le CSP promulgué en 1956 par Habib BOURGUIBA avait
laissé sans réponse la question des enfants naturels mais aussi tout le pan constitué par le
droit des successions. Ce juge de faire
réformatrice . La jurisprudence oscillera donc entre
ces deux tendances.
479.
filiation, les solutions rendues péchaient par leur manque
2
pouvaient aller , à un durcissement de
3
cette exigence . Aux côtés de l CSP4 permettant
la loi de 1998 permet
une filiation paternelle illégitime. L bis de cette loi -modifié en 20035- permet la
établissement de la filiation paternelle hors mariage 6, -pour
le moins incertaine- des magistrats. Pour les uns, cette loi avait vocation à permettre la
seule attribution du nom de famille tandis que ution ne
la succession de son père, lui assurant ainsi une intégration sociale sans pour autant le mettre sur le même pied
1
L. n° 58- Journal officiel
de la république tunisienne (J.O.R.T), 1958, n° 19, p. 236.
2
Le concubinag Bull. Cour cass., 1984, 1, p. 198.
3
Pendant les années 60, une partie du problème a été réglée par la référence au terme de firach (littéralement le
lit, afin de désigner les rapports conjugau
iqrar
souplesse sans précédent car elle a pu assimiler des cas de simple cohabitation entre deux personnes, au mariage.
Le nasab
été abandonnée à partir des années 70, à la suite des modifications du CSP qui renforçaient les conditions
nasab d
4
SP tunisien, «
de deux ou plusieurs personnes honorables ». La question récurrente se posait de savoir si ces procédés
par rapport au mariage ? Deux tendances prévalaient,
-libérale-
légitime.
5
Loi n° 2003-51du 7 juillet 2003 la filiation maternelle, et ouvre
action à la personne qui cherche à établir sa filiation.
6
A. MEZGHANI, « Le droit tunisien reconnaît ses enfants naturels. À propos de la loi n° 98-75 du 28 octobre
in
Mélanges BEN HALIMA, p. 651.
7
bis de la loi, modifié par la loi n° 51 du 7 juillet 2003 précise que « la personne concernée, le père,
441
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
classique2. Certaines 3
, bien que la
Cour de cassation semble suivre le premier mouvement. Pour la Cour, « la loi du 28
Présenté comme étant le pays plus progressiste du monde arabe, le poids de la tradition en
Tunisie
garantir une filiation à tout enfant,
que la juris Une telle attitude
ijtihad propre à la culture islamique, ne favorise pas une réceptivité positive de la règle de
droit.
§2)
BEN TARDIET
GHAMERSA, « La preuve génétique de la paternité à travers la loi n° 98-75 du 28 octobre 1998 relative à
2
TPI Sfax, 11 juin 1999, n° 41164; TPI Tunis, 21 juin 1999, n° 29840; TPI Tunis, 6 déc. 1999, n° 31968; TPI
Sousse, 29 fév. 2000, n° 40376.
3
TPI Tunis, 10 mai 1999, n° 29308; TPI Tunis, 22 nov. 1999, n° 31846.
4
Cass. civ., 11 mai 2001, Bull. Cour cass., 2001, p. 331.
5
Cf. M. KACHBOUR, Commentaire du Code de la famille, Le mariage, t. 1, Casablanca, 3ème
Annajah Al jadida, 2015, (en langue arabe), pp. 496-503.
442
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
M. NOKKARI, « », ique,
Moyen-Orient), Actes du colloque du 14 janvier 2008 à la Cour de cassation, Paris, société de législation
comparée, 2008, pp. 33-44.
2
F.-Z. ABDELLAOUI, « »,
musulman (Afrique, Moyen-Orient), Actes du colloque du 14 janvier 2008 à la Cour de cassation, Paris, Société
de législation comparée, 2008, pp. 345-358.
3
La garde est confiée en premier lieu à la mère, puis au père, puis à la grand- .À
défaut, le tribunal décid « un des proches parents les plus aptes
». La Tunisie a progressivement transformé le schéma classique de la garde en droit musulman, par
trois lois successives. La loi n° 66-
lignée maternelle. Une autre loi n° 81-7 du 18 février 1981 permettra à la mère gardienne de saisir le juge afin de
la loi n° 93-74 du 12 juillet 1993 fait de la mère une quasi tutrice légale en lui permettant la gestion des comptes
financiers de ses enfants, leurs voyages ou encore leurs études.
4
Entre autres qualités : la majorité légale pour les personnes aut enfant, la rectitude
honnêteté, la capacité enfant sous assurer sa sauvegarde et sa protection sur les plans
religieux, physique et moral, veiller à sa scolarité et enfin, le non-mariage de la candidate à la dévolution de la
garde.
5
La tutelle entendue ici consiste en une tu
- tutelle
affectueuse ». Cf. F. DULOUT, « La hadana, tutelle affectueuse dans le droit musulman et les coutumes », Rev.
algérienne, 1946, p. 2.
6
Art. 231 et 238 CMF. La mère gardienne ne peut se charger
absence du père et, « en cas de nécessité, si les intérêts de enfant risquent », cf. art. 163.
443
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
internationaux dûment ratifiés par le Royaume, et ce, dans le respect des dispositions de la
Constitution, des constantes et des lois du Royaume ». Il semblerait que ce soit de cette
même critique que le législateur marocain se soit
Pourtant, à
2
de son rapport portant sur , le président
du
de la nouvelle Constitution se sont progressivement évaporés. Au nombre des
recommandations énoncées dans ledit e sur les conditions
1
M. MONJID, ., p. 154.
2
CNDH, parité au Maroc. Préserver et rendre effectifs les finalités et objectifs
constitutionnels, 2015, disponible sur www.cndh.ma.
3
444
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
tous les actes urg .
1
Art. 87 du Code algérien et 236 du Code marocain.
2
Art. 154 du Code tunisien, 238-2 du Code marocain et 87 du Code algérien.
3
moudouwana marocaine disposait explicit -musulmane avait le
éducation musulmane. En ce sens : J. DEPREZ, « Droit international privé et conflits de civilisation. Aspects
personnel », RCADI, La Haye, IV, 1988, p. 129 ; M. BENJEMIA, S. BEN ACHOUR, M. BELLAMINE, « Le droit
tunisien de la famille entre modernité et tradition », in Ordre public et droit musulman de la famille en Europe et
en Afrique du Nord, N. BERNARD-MAUGIRON, B. DUPRET (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 161-196.
5
Rapp. du privilège de religion, cf. supra, n° 410.
445
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
entourage affectueux, le spectre du parâtre se profilant derrière cette idée. Or, il est admis
1
. Toujours est-il que
cette présomption peut, dans la réalité, être
droits fondamentaux de la mère, tant les droits marocain que tunisien ont procédé à son
aménagement au profit de la mère2. Le remariage de la mère dans le nouveau Code
marocain ne constitue plus un empêchement automatique à mariage. Le texte fait la
distinction selon que la personne titulaire de la hadana
Dans le premier cas, et lorsque âge de sept ans3, le droit de garde
ne saurait être retiré à la mère si celle-ci se remarie. De la même manière, le législateur a
considéré que si la séparation avec la mère cause un préjudice -notamment
lorsque celui-ci est un handicap rendant sa garde difficile à
assumer par une autre personne- celle-ci peut la conserver. De façon identique, si le nouvel
époux de la mère est un parent de l enfant avec lequel il a un empêchement à mariage ou
il est son représentant légal4 . Enfin, la mère ne peut
dans tous les cas être déchue de tutrice légale fant5. Le
1
V. en ce s
: Cass. mar., 4 mars 2014, dossier n° 291/2/1/2012, n° 175.
2
que la titulaire du droit de garde qui se remarie est
3
Art. 175 CMF. Cf. CA Rabat, 19 avr. 2004, n° 904 du dossier n° 1214/03/10, inédit.
4
Art. 175 du CMF.
5
Art. 175 al. 4 CMF.
6
Code de la famille a empêché la déchéance du droit de garde de la mère, remariée à un étranger non parent de
: Cour supr. maroc., 31 déc. 2008, n° 598, dossier n° 371/2/1/2008.
446
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
4
son tuteur légal. Ce pourra pour cause de
mutation professionnelle. Si la distance qui la sépare de la résidence du père est trop
importante, elle pourrait être déchue de sa hadana
judiciaire qui en sera faite. Loin de trancher entre une réforme qui embrasse de manière
-à-
59013, cité par M. MONJID, op. cit., p. 172, spec. n° 339.
hadana -ci est
: Cour suprême, 18 mai 1999, dossier n° 222638, cité par M. MONJID, op. cit., p. 172, spec.
n° 339.
2
Art. 178 CMF.
3
447
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridiques français et marocain
permet au juge
d
448
Conclusion du chapitre premier
487. Une similitude est apparue entre la conception originaire du lien de filiation en
France et au Maghreb. Dans les deux législations, l
mariage, et Favorable à la
famille légitime, ce système protégeai
autre considération toute contestation de la filiation
et d assurer la stabilité du lien établi. Cette préférence incitait les individus à
rentrer dans les rangs du mariage, un statut défavorable étant réservé aux enfants nés en
dehors du modèle établi. et le lien de filiation légitime étaient considérés
comme les mieux le cadre sécurisant éducation .
éder à la
famille de son auteur. égislateur a conduit ce dernier à considérer que le
du lien existant entre ces derniers.
Surtout, c
enfant pourrait constituer une sanction à même de dissuader ses auteurs
(dans le cas du Maroc), voire, de commettre
? Telle est pourtant en droit
marocain qui ne reconnaît effets au seul établissement de la filiation légitime
449
Chapitre second. filiation construite sur
488. Une biologisation1 du droit ? Parmi les données sociales contemporaines qui
concourent à la formation du droit, une place non négligeable doit être faite à
2
la « science » . Outre les conceptions morales, idéologiques et économiques qui
ogrès et
découvertes scientifiques ont vite pris du terrain, et «
en vue de perfectionner les conditions de la vie »3.
résulte4 invite tantôt à « -à-dire à fonder les valeurs sur des faits
biologiques », tantôt à « socialiser le biologique, en soulignant la part irréductible des
valeurs contenues dans les faits »5.
pas été le seul usage fait des déc
vouloir donner et retirer la vie 6, cloner7 des semblables, humains soient-ils ou animaux.
qui à repousser les
limites imposées par la corporalité
de cette situation8, tant il est possible commander » un bébé, choisir la
son
donné biologique, il peut même faire appel à une tierce personne qui interviendra de façon
passive Dans les sociétés laïques prétendument
avancées, les interrogations portent donc sur la limite du techniquement faisable, et du
moralement admissible9.
1
En ce sens, V. C. LABRUSSE-RIOU (dir. de), Le droit saisi par la biologie, Des juristes au laboratoire, Paris,
LGDJ, 1996; A.-M. HO DINH, Les frontières de la science et du droit. Essai sur la dynamique juridique, Thèse,
Paris 2, 2015.
2
B. FEUILLET, « La biomédecine, nouvelle branche du droit ? », in Normativité et biomédecine, B. FEUILLET-LE
MINTILLER (dir. de) Economica, 2003, pp. 1-11.V. également C. PUIGELIER (textes rass. par), Mots de science,
LE DOUARIN, Bruxelles, Bruylant, 2011.
3
Cité par R. NERSON, « u droit familial », in Le droit privé français au
milieu du XXème siècle. Études offertes à Georges RIPERT, Paris, LGDJ, t. 1, 1950, pp. 403-431.
4
C. LABRUSSE-RIOU, « Propos conclusifs. Les procréations médicalement assistées, lieu de confrontation du réel
», Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 485-499.
5
R.E DE MUNAGORRI, « La politique juridique des corps humains », in Le corps et ses représentations, E.
DOCKES, G. LHUILIER (dir. de), Litec, vol. 1, 2001, pp. 55-56.
6
A. BELAUD-GUILLET, « ex utero : du droit à la vie au droit sur la vie », LPA, 1998,
n° 111, p. 8.
7
A. DORSNER-DOLIVET, « 2004-800 du 6
août 2004 », JCP, G, I, 2004, 172.
8
F. LAROCHE-GISEROT, « », D., 1998, p. 530.
9
Ainsi que le souligne à juste titre Monsieur le professeur Bertrand MATTHIEU, « traiter des questions relatives à
ou potentielles, entre deux des piliers
fondamentaux sur lesquels reposent les sociétés occidentales, à savoir la science comme moteur du
450
fondamentalement éthiques, porte également sur la liberté de la personne à disposer de son
corps1, dans un contexte in est en
principe indisponible, les entorses qui y sont portées sont de plus en plus grandes,
notamment face aux n biomédecine.
489. Science et procréation en Islam. de la science dans le
monde musulman est quelque peu différente. La connaissance et la recherche du savoir
de cette religion, la compréhension de la Création. Le
premier verset du Coran est au savoir : « lis ! ».
Ce savoir passe non seulement par la lecture du livre sacré, mais aussi « le Livre de
; lire
portée au discernement, à la prise de conscience, à la quête du savoir ilm »2
pourquoi la recherche du savoir constitue
3
. Malgré une incitation ferme au savoir, la science
dans le système islamique ne saurait être supérieure aux lois divines. Aussi encouragée
soit-elle, elle ne peut avoir pour rôle de changer la Création. La préservation, la protection
et la continuité de la vie humaine sur terre -objectifs de la loi divine- passent par le respect
du croyant à des fins supérieures appelées maqasid on,
la procréation et les biens. Si ces cinq maqasid sont malmenés, les objectifs de la loi divine
sont mis en péril. La place dévolue à la procréation au sein de ce système est donc centrale,
esprit éclairé comprend aisément que la science médicale ne saurait être supérieure aux
objectifs de la Loi4 . Si la science déstabilise
le devient
hiérarchie des objectifs conduit à limiter les évolutions
scientifiques, ou du moins les utilise conformément aux objectifs assignés5. Cependant, le
6
ces
politique et social. Le troisième pilier, représenté par la mondialisation des forces économiques, comme
451
principes en offrant à nombre de couples ne pouvant procréer une alternative, voire un
r en leur permettant de compléter -ou remplacer-
charnelle. Dans les sociétés musulmanes, « un enfant qui tarde à arriver déclenche les
temps est compté pour la femme dans une société qui associe la virilité à la puissance
masculine et la fécondité à la féminité. La femme « non mère » subit une forte
stigmatisation et est confrontée à une souffrance double
imparfait et celle de ne pouvoir enfanter, ne répondant pas ainsi aux normes de la
reproduction humaine et sociale »1.
490. ologisation du droit sur le système de parenté. Convient-il
alors de considérer que le , matérialisé par un projet parental porté par le
2
couple (Section 1) constitue un objectif légitime permettant de passer outre les règles
éthiques et morales sur lesquelles se fonde une société ? La mise en perspective du droit
français avec le droit des pays de tradition islamique révèlera deux réponses différentes au
problème des procréations médicalement assistées celles-ci, le degré de
biologisation du droit pourra être déterminé. L
servira des prouesses scientifiques tel un instrument au service du modèle familial à
promouvoir, la réponse du législateur aura un faible impact sur la vision sociale de la
parenté3. Si au contraire le droit se révèle inféodé aux évolutions de la biomédecine ou
adopte, a fortiori, une attitude d , le risque est de favoriser un accès à
Section 2). Dans cette hypothèse, le lien de filiation4 qui permet de
rattacher juridiquement ses deux parents doit être repensé, afin de traduire la
réalité des nouveaux fondements artificiels de la procréation.
1
N. SAADI, « Le corps humain : interpénétration du sacré et du profane dans le droit positif algérien », in Le
droit de la santé : aspects nouveaux, CAPITANT, Bruylant-LB2V, 2012, pp. 39-
63, spec. p. 43.
2
Luc BOLTANSKI
BOLTANSKI,
, Gallimard, coll. « Essai », Paris, 2004.
3
A. AOUIJ-MRAD, « Le faible impact des pratiques biomédicales sur la vision de la parenté en Tunisie », in Les
incidences de la biomédecine sur la parenté. Approche internationale, B. FEUILLET-LIGER, M.-C. CRESPO-
BRAUNER (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2014, p. 189-198.
4
V. en ce sens : Les filiations par greffe, Adoption et Procréation Médicalement Assistée, Acte des Journées
452
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
§1)
1
F. TERRE, P. SIMLER, Y. LEQUETTE, Droit civil. Les obligations, Paris, Dalloz, 11ème éd., 2013, p. 35, n° 28 :
« La force obligatoire ne vient donc pas de la promesse, mais de la valeur que le droit attribue à la promesse ».
2
J. HAUSER, « Le choix de ne pas donner la vie : un droit de ne pas donner la vie ? », in Ê ,
P. JACQUES (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes &Commentaires », 2010, pp. 9-25. En ce sens, voir aussi
S. PARICARD, La convenance personnelle, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque des thèses », 2003, spec.
n° technique
par sa seule volonté un comportement différent de celui proposé
en modèle par la norme ». Or, par un inversement de la fonction du droit, celui-ci cède aux « comportements
différents », en laissant de côté le modèle, se calquant de plus en plus sur les vol
phénomène de multiplication des droits subjectifs en droit de la famille. En ce sens : A.-C. AUNE, Le phénomène
de multiplication des droits subjectifs en droit des personnes et de la famille, Marseille, PUAM, 2007.
3
J. HAUSER, « Le choix de ne pas donner la vie : un droit de ne pas donner la vie ? », in Ê ,
op. cit., p. 11.
4
Sur cette question, V. S. PRIEUR, , Les Études hospitalières,
coll. « Thèses », 1999.
5
Quid -
humain au cas de « nécessité médicale ».
453
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
1
Sur cette question, cf. I. ARNOUX, , Bordeaux, PUB, 1994 ; V. aussi :
B. EDELMAN, Ni chose ni personne, le corps humain en question, Hermann éditeurs, 2005. Pour une approche
prospective portant sur une potentielle commercialité du corps : D. FENOUILLET, « La personne humaine dans le
commerce juridique », in Un ordre juridique nouveau. Dialogues avec Louis Josserand, éd. Mare&Martin, 2014,
pp. 43-73.
2
Sur cette notion, V. : I. MOINE, Les choses hors commerce. Une approche de la personne humaine juridique,
Paris, LGDJ, 1997 ; J. HAUSER, « La vie humaine est-elle hors du commerce ? », LPA, 5 déc. 2000, p. 19.
3
E. DE RUS, « Une alternative à la déconstruction de la personne humaine : un éclairage anthropologique sur la
crise de la famille », in La réforme du mariage, Une approche critique des mutations familiales, Poitiers, DMM,
2013, pp. 33-56. V. aussi : S. AGACINSKI, Corps en miettes, Flammarion, 2008.
4
É. DE RUS, « Une alternative à la déconstruction de la personne humaine : un éclairage anthropologique sur la
crise de la famille », art. precit., p. 37, spec. n° 73.
5
Ibidem., p. 34, spec. n° 63.
6
Ibidem., p. 43, spec. n° 88.
7
R.E DE MUNAGORRI, « La politique juridique des corps humains », in Le corps et ses représentations,
E. DOCKES, G. LHUILIER (dir. de), Litec, vol. 1, 2001, pp. 51-68.
8
Art. 16-1. C. civ.
9
I. MOINE, Les choses hors commerce. Une approche de la personne humaine juridique, Paris, LGDJ, 1997,
p. 221.
454
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
Cf. la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, J.O,
celle du 13 décembre 20
UZAN-COHEN, Rapport
relatif à la contraception et à la grossesse chez les adolescents,
novembre 1998, JCP, G, I, 165 ; D. BOURGAULT-COUDVYLLE, « Commentaire de la loi IVG-contraception (2ème
partie) », RJPF, 2001, n° 10, p. 6 ; F. TAQUET, « ption volontaire
de grossesse et à la contraception », Gaz. Pal., fév. 2002, p. 10 ; ASSIA BOUMAZA, « La stérilisation
contraceptive et le « handicap mental » après la loi du 4 juillet 2001 », Rev. dr. sanit. soc. 2002, p. 233. Cette loi
nt à la maîtrise par les femmes de leur fécondité. En effet, la loi
-
corporelle pour nécessité médicale et non plus seulement thérapeutique, ce qui ouvrait la voie à la stérilisation
contraceptive.
2
La nécessité thérapeutique de la stérilisation a depuis longtemps été affirmée par la chambre criminelle de la
Cour de cassation dans un arrêt dit Des stérilisateurs de Bordeaux (Cass. crim., 1er juillet 1937, Sirey, 1938, p.
193, note TORTAT ; Gaz. Pal., 1937, p. 358). Les stérilisations volontaires demeuraient elles, illicites et, selon
n volontaire (cf. Cass.
crim., 5 sept. 1988, n° 87- -9 et suivants du Code pénal exposaient les médecins qui la
-3
du Code civil.
3
Tous les travaux préalables, notamment les deux avis n° 49 et 50 du 3 avril 1996 du Comité consultatif national
éthique sur
les conséquences
4
I. NISAND
solidarité, 1998, JCP, G, I, 165.
5
D. BOURGAULT-COUDEVYLLE, art. precit., p. 8.
6
J. HAUSER, « Le choix de ne pas donner la vie : un droit de ne pas donner la vie ? », art. precit., p. 12.
7
V. aussi sur le délai de réflexion de quatre mois -peu suivi en pratique- la décision de la Cour administrative
our des raisons médicales, de ce délai : CAA Bordeaux,
2ème chb., 6 oct. 2015, n° 13BX03265, Rev. dr. fam., 2015, n° 12, alerte 75.
455
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
1
CE, 31 oct. 1980, n° 13028, Affaire Lahache, Recueil Lebon, 1980.
2
Notamment par la généralisation et le remboursement de la contraception -1 du Code de la
la couverture des médicaments, produits et
ns
contraceptives ».
3
: CA Bordeaux, 1er oct. 1991, RTD civ., 1992, 56, obs. J. HAUSER et
D. HUET-WEILLER.
gynécologiques : CA Bordeaux, 7 juin 1994, JCP, G, II, 1995, 22590, note J. VASSEAUX ; RTD civ., 1994, 836,
obs. J. HAUSER
raisonnement.
4
CA Versailles, 2ème ch., sect. 1, 22 janv. 2015, n° 13/09492, Rev. dr. fam., 2015, n° 5, comm. 87, J.-R. BINET.
5
CA Bordeaux, 6ème ch., 10 déc. 1998, n° 97/001925 ; CA Nîmes, 2ème ch., sect. C, 21 mars 2007, n° 05/03638 ;
CA Paris, pôle 3, ch. 3, 10 janv. 2013, n° 12/09158.
456
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
Selon un idéal réformiste, le second courant tente de dégager des notions telles que la
maslaha ( néral) ou la daroura (nécessité)
voies à suivre afin de concilier progrès scientifique et valeurs propres à la société
ijtihad.
499. Le début de la vie humaine en droit musulman.
atteintes au corps humain sur le fondement de la daroura (nécessité) et la maslaha
1
H. ABDELHAMID, « Le corps de la femme et la biomédecine dans le contexte de la culture juridique
égyptienne », in Corps de la femme et biomédecine, Approche internationale, B. FEUILLET-LIGER, A. AOUIJ-
MRAD (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit, bioéthique et société », 2013, p. 188.
2
Ibid., p. 188.
3
Fatwa n° 804 du 22 mai 2005. Selon le Conseil de la Fatwa, la stérilisation permanente est interdite sauf dans
le cas où une future grossesse mettrait en péril la vie de la mère et si le Conseil des médecins indique que la
stérilité permanente est la seule solution. La stérilisation temporaire est elle, permise.
4
N. SAADI, « Le corps humain : interpénétration du sacré et du profane dans le droit positif algérien », in Le
droit de la santé : aspects nouveaux, CAPITANT, Bruylant-LB2V, 2012, pp. 39-
63, spec. p. 42.
457
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
1
trouvée dans le Coran, sourate Les
croyants, versets 12-14 : «
une goutte de sperme déposée en un réceptacle bien protégé, puis Nous avons transformé cette goutte en un
cai
pour en faire, en fin de compte, un nouvel être, bien différencié ».
2
Deux courants théologiques existent sur la question. Le premier considère q
humaine dès la fusion des gamètes, et évoluera selon les quatre étapes décrites par le hadith. Pour le second
6
Environ 800 par jour.
7
Rapp. du cas tunisien, qui figure parmi les
pratiqué dans les trois premiers mois par les femmes ayant plus de cinq enfants est permis au profit des
tunisiennes. En septembre 1973, la pratique est généralisée au profit de toutes les femmes peu importe le nombre
458
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
hors mariage, maintenu dans le Code pénal promis à révision. Dans une société aspirant de
combien de temps
résisteront les verrous garantissant au mariage sa force ?
B)
médicales de grossesse (IMG) sont ensuite légalisées au-delà de douze semaines de grossesse.
contribué à libérer la femme tunisienne dans son corps, cette avancée traduit le souci de modernisation de son
statut. La législation relative aux procréations médicalement assistées révèlera, malgré la volonté affichée de se
détacher du référent religieux, que le droit tunisien souffre de son « tiraillement » entre une législation parfois
laïque, parfois « non totalement détachée de ses soubassements religieux ». Cf. A. AOUIJ-MRAD, « Le corps de la
femme et la biomédecine : le clair-obscur tunisien », in Coprs de la femme et biomédecine. Approche
internationale, B. FEUILLET-LIGER, A. AOUIJ-MRAD (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit, bioéthique et
société », 2013, pp. 201-212, spec. 203-204.
1
MONJID dans son travail de thèse,
particulièrement la deuxième partie :
comparative : Maroc, Algérie, Tunisie
2
Or, dans le cas de la stérilisation volontaire, ne prive-t- ?
459
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
1
Art. 311-20 al. 3 C. civ.
2
Parpalaix
er
août 1984, JCP,
G, II, 1984, 20321, note S. CORONE. À la suite de cette affaire, le TGI de Toulouse, le 26 mars 1991, a refusé la
post mortem V. RTD civ., 1991, 310, obs. J. HAUSER; JCP, G,
II, 1992, 807, note P. PEDROT.
3
Article L. 2141-10 CSP.
4
Art. L. 2141- -20 al. 1er du Code civil.
5
V. DEPADT-SEBAG, « ec donneur : un secret
», D., 2011, chron. 350.
6
Art. L. 2141-3 al. 2 et 3 du CSP.
7
Art. L. 2141-5 du CSP.
8
Art. L. 2141-5 al. 2 du CSP.
460
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
§2) La volonté dans la naissance de
3
. À sa manipulation au stade
embryonnaire (A) fait écho son instrumentalisation
des adultes (B).
A)
1
J.-L. BAUDOIN, C. LABRUSSE-RIOU, ?, PUF, 1987 ; X. LACROIX, « Un droit à
? », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, op. cit., pp. 125-131 ; M. LEVINET, « La Convention
? Observations sur la jurisprudence de la Cour de
Strasbourg », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité, op. cit., pp. 133-142 ; P. RAYNAUD, « L »enfant
peut-il être objet de droit ? », D., 1988, chron. 109 ; M.-T. MEULDERS-KLEIN, «
», RTD civ., 1988, n° 4, p. 663.
2
CCNE, avis n°
décembre 1989.
3
V. en ce sens A. BERTRAND-MIRKOVIC,
naître, Aix-Marseille, PUAM, 2003.
4
L Lorsque la recherche sur les embryons in vitro est admise par la
loi, celle-
recherche est interdite ».
5
CEDH, 8 juil. 2004, Vo c/ France, D., 2004, chron. E. SERVERIN, note J. PRADEL, p. 2801 ; JCP, G, II, 2004,
note M. LEVINET, p. 10158 ; RTD civ., 2004, note J.-P. MARGUENAUD, p. 799.
461
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
techniques médicales de procréation assistée, que le droit français semble encourager (1)
en dehors de toute réflexion globale sur les s soulèvent. Les pays du
Maghreb ne se montrent pas moins friands de telles techniques, mais les législateurs
subordonnent 2).
1- En droit français
établie à leur égard viendra corroborer. Loin de satisfaire un simple désir, le don intervient
en substitution à une contrariété biologique empêchant le processus naturel de procréation
t qui le dicte mais
1
A. MIRKOVIC, « : quelles modalités ? », Arch. philo. dr., 2014,
t. 57, pp. 445-463, spec. n° 2.
2
V. infra, n° 542 et 543.
3
ANDORNO, « Les droits nationaux européens face à la procréation
médicalement assistée : la primauté de la technique ou primauté de la personne ? », RIDC, 1994, n° 1, p. 141; J.
HAUSER, « ? Éloge du compromis », LPA, 7 août 1995,
n° 94, p. 7. C. LABRUSSE-RIOU, « : étude critique du droit positif français », in Le droit,
Aix-en-provence, PUAM, 1996, pp. 81-108 ; H. GAUMONT-PRAT, « Le principe de
», Rev. dr. fam., 2001,
n° 1, chron. n° 2, pp. 11-16 ;V. DEPADT-SEBAG, « Le don de gamètes dans les procréations médicalement
assistées », D., 2004, chron. p. 891-897; C.-M. MAZZONI,
« , RTD civ., 2004, pp. 701-712.
4
C. NEIRINCK, « assistance médicale à la procréation », in Parenté, filiation, origines. Le droit et
, H. FULCHIRON, J. SOSSON (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, pp. 273-283.
462
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
apport ou le spermatozoïde
étant dépersonnalisé pour ne constituer que ce « matériau biologique » à destination du
don » afin de lui
-à-
1
Encore convient-il de souligner que le don
davantage dans une démarche relationnelle et affective (en France où il est gratuit en tous cas) en raison du
secondaires. Dans un premier temps, la donneuse doit se soumettre à un traitement afin de bloquer ses ovaires.
vocytes que la
informée des « conditions de la stimulation ovarienne et du prélèvement ovocytaire, des risques et des
contraintes liés à cette technique ».
2
C. FLAVIGNY, « Don de gamètes et psychologie », in Le don de gamètes, Actes du colloque organisé par le
Centre Léon DUGUIT tualisés au 1er décembre 2014, Bruxelles,
Bruylant, 2014, p. 47.
3
V. sur la question : C. LABRUSSE-RIOU, « : étude critique du droit positif français », in
Aix-en-provence, PUAM, 1996, pp. 81-108 ; H. GAUMONT-PRAT, « Le
», Rev. dr.
fam., 2001, n° 1, chron. n° 2, pp. 11-16; V. DEPADT-SEBAG, « Le don de gamètes dans les procréations
médicalement assistées », D., 2004, chron. p. 891-897; C.-
M. MAZZONI, « RTD civ., 2004, pp. 701-712.
4
Aux articles L. 1244- -9 du CSP.
5
Art. L. 1244-1 CSP.
463
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
anodin. « »1 a
p
enfant et constitue à ce titre « un tiers invasif, de par sa seule existence. Il existe comme
e et sa place peut se
2 3
révéler problématique » , bien que le droit veille à son effacement .
508. Le maintien controversé de La question relative au maintien ou
depuis sa légalisation4 5
continue de réfléchir sur la
6
. Pour
Madame Aude MIRKOVIC, le maître mot dans un tel contexte est la prudence, car les enjeux
chercher à savoir qui est son parent biologique 7. Si le projet de loi initial -
8
débats en 2011- et sous réserve
9 10
du consentement exprès du ou des donneurs , son maintien en deuxième lecture est
apparu tel ce « mal nécessaire »11 qui entraînerait plus de difficultés12
1
A. MIRKOVIC, « Repenser le don de gamètes », in Le don de gamètes, Actes du colloque organisé par le Centre
er
Léon DUGUIT décembre 2014, Bruxelles,
Bruylant, 2014, p. 8.
2
Ibidem., pp. 19-20.
3
A. MIRKOVIC, « La part de la biologie dans la filiation », in Le don de gamète, op. cit., pp. 121-132, spec.
p.
définissent -delà.
».
4
Dans un premier temps par la loi n° 91-
social, puis par les lois bioéthiques du 29 juillet 1994.
5
justice. En effet, « le public et les juristes ont été conditionnés à penser que la légitimité, et par conséquent la
licé -
au droit pour obtenir de lui des modèles processuels de gestion. En focalisant le débat sur le comment
ainsi véritablement oublié le pourquoi . La science a agi comme si les seules véritables difficultés étaient de
nature technique ». Cf. J.-L. BAUDOIN, C. LABRUSSSE-RIOU, ? Étude juridique
et éthique des procréations artificielles, Paris, PUF, 1987, p. 195.
6
A. MIRKOVIC, « Repenser le don de gamètes », art. precit., pp. 7-20.
7
A. BATTEUR, « »,
Philippe MALAURIE, Liber amicorum, Paris, Defrénois, 2005, pp. 15-50.
8
Ce qui aurait créé une discrimination entre enfants entre ceux ayant accès à leurs origines et ceux qui ne le
pouvaient pas en raison du refus opposé par leur donneur. En ce sens : C. BRUNETTI-PONS, « Existe-t-il un droit
de connaître ses origines ? », art. precit., pp. 85-112.
9
Art. 14 du texte n° 2911, 20 oct. 2010.
10
Après nombre de navettes
commission spéciale le 26 janvier 2011 (Texte n° 3111). Rétablie au Sénat par la commission des affaires
sociales (Texte n° 389, 30 mars 2011), elle fut à nouveau supprimée (Texte n° 95, 8 avr. 2011).
11
B. RENAUD, « Anonymat, un mal nécessaire », JCP, N, 2000, p. 919.
12
Quid ? Mais surtout de la
donneur
464
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
I. THERY, A.-M. LEROYER, Filiation, origines, parentalité, Le droit face aux nouvelles valeurs de
responsabilité générationnelle, Rapport du groupe de travail remis à la ministre délégué chargé de la Famille,
p. 236.
2
V. infra, n° 542.
3
465
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
1
la conservation des ovocytes est pro
2
Apple et Facebook qui proposent à leurs salariées la prise en charge des frais
-
ci ne constitue pas un frein à leur carrière : C. DUNAND, « Apple et Facebook veulent aider leurs salariées à
vitrifier leurs ovocytes », Les Échos, 14 oct. 2014.
3
Directive (UE) 2015/565 de la commission du 8 avril 2015 modifiant la directive 2006/86/CE en ce qui
concerne certaines exigences techniques relatives à la codifi
4
D. n° 2016-
155 de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé, J.O, 6 mars 2016.
5
CEDH, 3 nov. 2011, S. H. et autres c/ Autriche, n° 57813/00, AJ fam., 2011, obs. A. MIRKOVIC, p. 608 ; D.,
2011, p. 2870 ; D., 2012, obs. H. GAUDEMET-TALLON, F. JAULT-SESEKE, p. 1228.
6
V. néanmoins dans un premier temps, ayant jugé le refus du don hétérologue discriminatoire : CEDH, 1ère sect.,
er
1 avr. 2010, S. H. et autres c/ Autriche, RTD civ., 2010, J.-P. MARGUENAUD, p. 292 ; même revue, J. HAUSER,
p. 774.
466
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
insistant sur le fait que « les préoccupations fondées sur des considérations morales ou sur
elles-mêmes des raisons suffisantes pour une
interdiction to » . La Cour procède à une appréciation
de la proportionnalité de la restriction au regard des pratiques médicales admises, pour
relever que la législation autrichienne « marque le soin et la circonspection avec lesquels
le législateur autrichien a cherché à concilier les réalités sociales avec les positions de
principe en la matière »1
L donc pas constitutive
onvention,
consensus européen suffisamment solide sur la question. La Cour souligne toutefois
2
que doivent périodiquement réaliser
les États sur des questions auxquelles la science apporte régulièrement un éclairage
nouveau3. À cet égard, le législateur français, ayant
1
§ 114.
2
Sur ce point, cf. X. BIOY, «
? », NEIRINCK, Paris,
LexisNexis, 2015, pp. 429-442, spec. pp. 437-442.
3
§ 115.
4
L. n° 1994-653 et 1994-654 du 29 juillet 1994 relative a
(J.O, 30 juillet 1994), modifiés par la loi n° 2004-
800 du 6 août 2004 puis par la loi n° 2011-814 du 7 juillet 2011. Cf. Lois bioéthiques : réexamen, enjeux et
débats, La Documentation française, 2009 ; , la
Documentation française, 2009 ; J. LEONETTi,
bioéthiques, Rapport Ass. nat. n° 2235, 2010.
5
H. GAUMONT-PRAT, «
procréation », in Mots de science LE DOUARIN, Bruxelles, Bruylant, 2011,
p. 41.
6
Ibid., p. 41.
467
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
techniques biomédicales »1
personnes de même sexe et compte tenu du dynamisme interprétatif de la Cour
européenne.
512. Le projet parental protégé par le CEDH au titre de la vie privée et
familiale. Sur cette question, la Cour européenne privilégie davantage une approche
civiliste que médicale des techniques médicales de procréation2. La Cour européenne
3
relève
4
.
techniques médicales favorisant la procréation peuvent, dans certains cas, conduire à une
Dickson c/ Royaume-Uni
e se faire inséminer artificiellement, consacrant ainsi le droit au respect de la
décision de devenir parent5. La même année, elle reconnaît également le droit au respect de
la décision de ne pas devenir parent6 faire
1
Y. BUFFELAN-LANORE, V. LARRIBAU-TERNEYRE, Droit civil, Introduction, Biens, Personnes, Famille, Paris,
Sirey, 17ème éd., 2011, p. 753.
2
En ce sens: X. BIOY, «
ù ne pas aller trop loin ? », , Paris, LexisNexis,
2015, pp. 429-442.
3
X. BIOY, «
pas aller trop loin ? », art. precit., spec. p. 433.
4
CEDH, 1er avr. 2010, 1ère sect., n° 57813/00 S. H. et a. c/ Autriche, RTD civ., 2010, obs. J.-P. MARGUENAUD,
même revue J. HAUSER, p. 774.
5
CEDH, 4 déc. 2007, Dickson c/ Royaume-Uni, n° 44362/04, D., 2008, obs. J.-C. GALLOUX, H. GAUMONT-
PRAT, RTD civ., 2008, obs. J. HAUSER, p. 272.
6
CEDH, 10 avr. 2007, Evans c/ Royaume-Uni, n° 6339/05, D., 2007, obs. C. DELAPORTE-CARRE, même revue,
2008, obs. J.-C. GALLOUX, H. GAUMONT-PRAT ; RTD civ., 2007, obs. J.-P. MARGUENAUD, p. 295 ; même revue,
obs. J. HAUSER, p. 545.
7
CEDH, 1ère sect., 1er avr. 2010, S. H. et autres c/ Autriche, RTD civ., 2010, J.-P. MARGUENAUD, p. 292 ; même
revue, J. HAUSER, p. 774 .
8
P. MURAT, « Enjeu de structures sociales ou logique de droits fondamentaux ? », Arch. philo. dr., 2014, t. 57,
pp. 285-300.
9
CEDH, 28 août 2012, Costa et Pavan c/ Italie, n° 54270/10, AJ fam., 2012, note A. DIONISI-PEYRUSSE, p. 552.
468
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
Dans le même sens : CEDH, 24 juin 2014, A.K c/ Lettonie, n° 33011/08.
2
V. néanmoins M. DOUCHY-OUDOT, « Le recours à la procréation médicalement assistée et le sort des embryons
humains, une partition à quatre mains », , 2015, n° 6, pp. 14-
3
CEDH, 2 oct. 2012, n° 10048/10.
4
. infra, n° 518.
5
MURAT, « Pour une vraie réflexion prospective en droit
de la famille », LE GUIDEC, Paris, LexisNexis, 2014, p. 780.
6
Prop. loi Ass. nat., n° 1979 et Sénat n° accès égalitai assistance
médicale à la procréation.
7
C. NEIRINCK, « Question civile ou enjeu médical ? », Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 301-314.
469
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
1
V. ÉGEA, « Vers une ouverture de la PMA aux couples de femmes ? », Rev. dr. fam., juil. 2014, alerte 32.
2
Cf. la proposition de loi n° 517
procréation
n° 1979, renvoyée à la commission des affaires sociales.
3
Que ce soit en France (art. 16-7), en Allemagne (art. 1, alinéa 7 Embryonenschutzgesezt), en Espagne (art. 10,
loi n° 35/1998) en Suède
femme et que le sperme doit être celui du mari ou du compagnon vivant sous le même toit : art. 2, alinéa 3 de la
loi n° 711/1988), en Suisse (art. 31, loi du 18 déc. 1998) ou en Italie (art. 12, alinéa 6), la gestation pour autrui
est prohibée. Les lois anglaise et grecque demeurent des exceptions européennes. Cf. F. GRANET-LAMBRECHTS,
« Maternités de substitution, filiation et état civil. Panorama de droit européen », Rev. dr. fam., 2007, étude 34.
4
ATIAS, « Le contrat de substitution de mère porteuse »,
D., 1986, p. 67; J. RUBELLIN-DEVICHI, « », RTD civ., 1985, p. 147. Sur les
problématiques soulevées par la gestation pour autrui, V. notamment : M. FABRE-MAGNAN, La gestation pour
autrui, Fictions et réalité, Paris, Fayard, 2013 ; A. MIRKOVIC, PMA, GPA, La controverse juridique, Paris, éd.
Téqui, 2014.
5
L. n° 3089 du 19 déc. 2002 qui a ajouté dans le Code civil les articles 1455 à 1460 et modifié les articles 1461 à
1484 concernant la parenté. Cette loi a été complétée par L. n° 3305-2005 du 27 janv. 2005 sur la mise en oeuvre
des méthodes de reproduction médicalement assistée, entrée en vigueur le 27 février 2005.
6
L. du 16 juil. 1985 relative à la maternité de substitution (Surrogacy Arrangements Act, 1985) et la loi du 1er
nov. 1990 relative à la féconda (Human Fertilisation and Embryology
Act, 1990).
7
470
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
législation grecque admet la pratique des mères porteuses par un couple non marié 1. Elle
suppose néanmoins une autorisation judiciaire qui permet de vérifier
contrepartie financière et le consentement des -portée
à cinquante ans- est requise tant pour la mère porteuse que pour
un
membre du couple est exigée Malgré ces nombreuses
2
garanties, la majorité des États européens ne semblent pas .
516. Le choix de la retenue (défaveur ?) Saisie par voie de
question préjudicielle par deux juridictions -britannique et irlandaise-, la Cour de justice de
3
la question de savoir si le refus accorder un
congé payé équivale adoption l
une mère porteuse était conforme à la directive 92/85/CEE du Conseil du 19 octobre
19924 à la directive 2006/54/CE du Parlement européen et du Conseil du 5 juillet
5
2006 . À cette question, la Cour e lui appartenait pas de se substituer au
Union européenne engageant dans une interprétation constructive des
6
directives en cause . Les États membres ne sont accorder un tel congé à la
7
mère . Dans sa résolution du 17 décembre 2015 , le Parlement européen a
condamné cette pratique comme allant « encontre de la dignité humaine de la femme,
dont le corps et les fonctions reproductives sont utilisés comme des marchandises ) ».
Exploitant « les fonctions reproductives et le corps des femmes, notamment des femmes
vulnérables dans les pays en développement, à autres
gains », elle doit être non seulement interdite et « examinée en priorité dans le cadre des
instruments de défense »8.
médicale à la procréation réalisée grâce à une mère porteuse, ce qui vaut reconnaissance volontaire de paternité.
2
ANDRE, MM. Alain MILON, H. DE RICHEMONT fait au nom de la commission des lois et de la commission des
affaires sociales, Contribution à la réflexion sur la maternité pour autrui, n° 421, 2007-2008.
3
CJUE, gde ch., 18 mars 2014, aff. C-363/12, Z., et aff. C-167/12, C. D.
4
Cette directive concerne la mise en oeuvre d amélioration de la sécurité et de la
santé des travailleuses enceintes, accouchées ou allaitantes au travail.
5
Directive relative à la égalité de traitement entre
emploi et de travail.
6
F.-X. BRECHOT, « La CJUE face à la gestation pour autrui : le choix de la retenue », Rev. dr. fam., 2014, n° 7,
comm. 112.
7
Résolution portant sur le rapport annuel
).
8
§115.
471
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
517. Le refus initial des juges français. Bien que le phénomène ait commencé à se
développer à partir des années 19801 et que la Haute juridiction ait dans un arrêt célèbre2
condamné une telle pratique comme porta dre public3 ponibilité du
de « »4. La condamnation de
principe par la Haute juridiction5 reiner cette pratique, rendue possible
et outre Atlantique. La Haute juridiction française est donc
6
. Malgré quelques divergences des juridictions du
fond tendant à se soumettre au principe du « fait accompli »7, elle demeure interdite et
ouverture.
8
518. . Le droit français refuse juridiquement toute
division du concept de maternité. mariage pour tous » et
1
Cass. civ. 1ère, 13 déc. 1989 Alma mater, D., 1990, p. 273, J. MASSIP; JCP, G, II,
1990, 21526, note A. SERIAUX; RTD civ.,1990, p. 254, obs. J. RUBELLIN-DEVICHI.
2
Cass. plén., 31 mai 1991, n° 90-20.105; D., 1991, D. THOUVENIN, p. 417; JCP, G, II, 1991, 21752, F. TERRE;
Defrénois, 1991, obs. J.-L. AUBERT, p. 1267; RTD civ., 1991, obs. D. HUET-WEILLER, p. 517; LPA, 23 oct. 1991,
n° 127, note M. GOBERT, p. 4; même auteur, « Réflexions sur les sources du droit et les principes
i état des personnes », RTD civ., 1992, p. 489 ; même auteur, « La maternité de
substitution », LPA, 23 oct. 1991, n° 127.
3
Art. 16-9 du C. civ.
4
J.-R. BINET, « », Rev. dr. fam., 2015, n° 1,
repère 1.
5
refusé la légalisation de la gestation pour autrui. Plusieurs rapports et avis ont été émis à
: États généraux de la
bioéthique (Rapp. final, 1er juill. 2009), mission parlementaire (Rapp. Ass. nat. n° 2235, Révision des lois de
bioéthique. Favoriser le progrès médical, respecter la dignité humaine, janv. 2010, pp. 121-173), Office
technologiques (Rapp. Ass. nat. n° 1325, Sénat n° 107, sur
), Académie nationale de médecine (Rapp. 10
mars 2009), Conseil d'État (La révision des lois de bioéthique, 9 avr. 2009), Agence de la biomédecine (Avis du
consei orientation, Délib. ABM n° 2009-CO-38, 18 sept. 2009), Ordre des médecins (Position du Conseil
Ordre des médecins sur la gestation pour autrui, 4 févr. 2010), Collège national des sages-femmes
(Gestation pour autrui, une fausse bonne idée pour faire progresser le droit des femmes, communiqué, 8 mars
2010) (CCNE, avis n° 110 sur les problèmes éthiques soulevés
par la gestation pour autrui (GPA)).
6
472
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
Sur la technique de dissociation législative des questions, V. supra, n° 374.
2
BOSSE-PLATIERE : « Premières réflexions pour une
», in Méla LE
GUIDEC, Paris, LexisNexis, 2014, p. 592.
3
A. DIONISI-PEYRUSSE, « Brèves ouvert AMP aux couples de même
sexe », AJ. fam., 2013, p. 127.
4
En ce sens : M. LOBE LOBAS, « La rép
», NEIREINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 581-596.
5
J. COUARD, Rev. dr. fam., déc. 2014, alerte 59. Un nouvel article 511-14 intègrerait le Code pénal. Au terme de
celui-ci, « e organismes, français ou étrangers, permettant
ou facilitant, contre un paiement, la pratique d autrui, est puni de six mois
d onnement et de 7 500 amende ». obtenir ou de tenter
un enfant par la pratique d autrui, sur le sol français ou à
étranger, contre un paiement, quelle 000
amende ».
6
Proposition de loi n° 517 ,
enregistrée à la présidence du Sénat le 7 mai 2014, et à l 1979, renvoyée
à la commission des affaires sociales.
7
Une autre proposition de loi (n°
afin de lutter contre le recours à une mère
8
Circulaire du 25 janvier 2013 (Min. Justice, circ. n° NOR JUSC1301528C. V. aussi N. MATHEY, « Circulaire
TAUBIRA. Entre illusions et contradictions », JCP, G, 2013, act. 162, Libres propos.
9
CE, 12 déc. 2014, n° 365779; Rev. dr. fam., 2015, n° 2, alerte 13, J. COUARD ; Rev. dr. fam., 2015, n° 2,
comm. 30, C. NEIRINCK, D., 2015, obs. M. DOUCHY-OUDOT, p. 649.
10
473
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
autrui1, pourtant toutes deux réalisées en fraude aux dispositions de la loi française. La
2
Cour de cassation , à la demande
oitiers, un avis dans lequel elle
un couple de femmes à la procréation médicalement assistée
avec tiers donneur anonyme, étranger, ne fait
épouse de la mère3. Cet avis faisait directement suite à la
4
pour sa position
5
.
Particulièrement attendue était donc la position de la Cour de cassation sur la question.
Sans grande surprise6, celle-ci ordonne,
-elle
re public selon les termes des articles 16-7, 16-9 du Code civil ».
Cf. Cass. civ. 1ère, 13 sept. 2013, n° 12-18.315 et n° 12-30.138, Bull. civ., I, n° 176; D., 2014, obs. M. DOUCHY-
OUDOT, p. 689; même revue, p. 2382, obs. I. GALLMEISTER ; AJ fam., 2013, obs. F. CHÉNÉDÉ, p. 579; RTD civ.,
2013, obs. J. HAUSER, p. 816. Dans le même sens auparavant : Cass. civ. 1ère, 19 mars 2014, n° 13-50.005, Bull.
civ., I, n° 45 ; déjà, V. Cass. civ. 1ère, 6 avr. 2011, n° 10-19.053, 09-66.486 et 09-17.130.
2
Cass., avis, 22 sept. 2014, n° 1470006; C. NEIRINCK, Rev. dr. fam., 2014, n° 11, comm. 160 ; AJ fam., 2014,
obs. F. CHENEDE, p. 555; même revue, obs. A. DIONISI-PEYRUSSE, p. 523; RTD civ., 2014, obs. J. HAUSER,
p. 872.
3
C. NEIRINCK, Rev. dr. fam., nov., 2014, comm. 160.
4
CEDH, 5ème sect., 26 juin 2014, n° 65192/11 et 65941/11, Mennesson et Labassée c/ France ; C. NEIRINCK,
Rev. dr. fam., 2014, n° 9, comm. 128 ; D., 2014, chron. H. FULCHIRON et C. BIDAUD-GARON, p. 1773; D., 2014,
note F. CHENEDE, p. 1797; D., 2014, note L. D AVOUT, p. 1806, D., 2014, obs. P. BONFILS et A.
GOUTTENOIRE, p. 1787; AJDA, 2014, chron. L. BURGORGUE-LARSEN, p. 1763; RTD civ., 2014, obs. J. HAUSER,
p. 616. La CEDH condamne en réalité la France de manière « mesurée
privée.
5
V. en ce sens : TGI Versailles, 29 avr. 2014, 3 espèces, n° 13/00013; n° 13/00113; n° 13/00168. Les trois
ologique. Cf.
P. REIGNE, Rev. dr. fam., juil. 2014, comm. 113.
6
F. CHENEDE, «
», D., 2015, pp. 1172-1177 ; I. CORPART, « La gestation pour autrui
- Entre droit français et réalités étrangères », Rev. dr. fam., 2015, n° 11, étude 14 ; M.-C.
LE BOURISCOT, « », RJPF,
2016, n° 2.
474
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
. Pour la Cour de cassation, dès
pouvoir être
constitutive injustifiée,
jug -
pas-
les intérêts en présence, fussent-ils liés à des considér ic telles
fin de préserver cet la
au couple commanditaire, compte tenu du fait
liens avec sa nouvelle famille a a pas pris une
décision déraisonnable en refusant la tr état civil du certificat
délivré par arrêt rappelle en revanche manière indirecte le primat de
la vérité biologique, à mettre en parallèle a où la Cour européenne
avait concentré sa motivation sur la paternité biologique incontestable des pères dans les
appréciation des États
ingérence
dans la vie privée et familiale des requérants du fait du refus de transcrire en France les
actes de naissance étrangers3 prendre une
validation indirecte de cette pratique par la reconnaissance en France du lien qui rattache
les enfants à leur père
au «
1
Cass. plén., 3 juil. 2015, n° 14-21.323 et n° 15-50.002; D., 2015, p. 1438, obs. I. GALLMEISTER ; Rev. Lamy dr.
civ., 2015, n° 129, M.-C. LE BOURISCOT ; Rev. dr. fam., 2015, n° 9, repère 8, J.-R. BINET ; ibid., comm. 166, C.
NEIRINCK, JCP, G, n° 38, 965, A. GOUTTENOIRE
indication du père biologique et de la mère porteuse. Désormais, le père biologique
sur son acte de naissance, indépendamment de la convention de GPA
.
2
CEDH, 2ème sect., 27 janv. 2015, n° 25358/12, Paradiso et Campanelli c/ Italie; J.-B. WALTER, Rev. dr. fam.,
mai 2011, étude 11 ; D., 2015, obs. F. GRANET-LAMBRECHTS, p. 702, même revue, p. 755, obs. J.-C. GALLOUX ;
AJ fam., 2015, p. 165, obs. E. VIGANOTTI, même revue, p. 77, obs. A. DIONISI-PEYRUSSE.
3
CEDH, 5ème sect., 26 juin 2014, n° 65192/11, Mennesson c/ France, precit., n° 62 et Labassée c/ France, n° 54.
475
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
entre personnes de même sexe et la gestation pour autrui sont totalement vidés de leur sens.
6
P -et qui
pas, si un consensus se formait, à - le droit français
1
1ère esp., n° 101 et 2ème esp., n° 80.
2
au respect de la vie privée et familiale. Cf. B. WALTER, Rev. dr. fam., 2011, n° 5, étude 11.
3
Cf. supra, n° 426.
4
C. LABRUSSE-RIOU, « Propos conclusifs. Les procréations médicalement assistées, lieu de confrontation du réel
», Arch. philo. dr., 2014, t. 57, p. 486.
5
G. BERNARD, « ? » in Le Mariage&La Loi. Protéger , Institut
Famille&République, 2016, pp. 101-109.
6
V. en ce sens : TGI Nantes, 13 mai 2015, n° 14/07497: dans cette espèce, le TGI de Nantes ordonne la
trans état civil français des actes de naissance de deux soeurs jumelles nées en
Ukraine e gestation pour autrui. Rev. dr. fam., 2015, n° 7-8, comm. 145, C. NEIRINCK.
7
J.-J. LEMOULAND, « Le tourisme procréatif », LPA, 2002, n° 62, p. 24 ; J.-R. BINET, « Circulaire TAUBIRA -
Ne pas se plaindre des conséquences dont on chérit les causes », JCP, G, 2013, n° 7, 161.
8
H. GAUMONT-PRAT, «
procréation », in Mots de science, op. cit., pp. 37-53.
9
V. infra, concernant 534.
476
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
2- En droit maghrébin
1
: J. RUBELLIN-DEVICHI, « Réflexions sur une proposition de loi
», in Mélanges dédiés à Jean VINCENT,
Paris, Dalloz, 1981, p. 371 ; G. RAYMOND, «
« lois bioéthiques »), JCP, G, I, 1994, 3796 ; C. BYK, « La loi relative au respect du corps humain », JCP, G, I,
1994, 3788 ; M. GOBERT, « Apocalypse ? Non, procréations médicalement assistées et droit de la famille », Gaz.
Pal., 1994, p. 489 ; H. CARVAIS-ROSENBLATT, «
à la procréation : les dispositions de la loi du 29 juillet 1994 », Gaz. Pal., 1994, p. 1182 ; J. MASSIP,
«
procréation médicalement assistée », Gaz. Pal., 6 avril 1995, p. 433.
2
G. RAYMOND, « La procréation artificielle et le droit français », JCP, G, I, 1983, 3114.
3
B. GAILLY, , Paris,
4
S. HOUOT, « La fatwa, un cadre pour la bioéthique contemporaine », in Islam et Révolutions médicales. Le
labyrinthe du corps, A.-M. Moulin (dir. de), éd. IRD Karthala, 2013, pp. 123-144.
5
nstance rattachée à la Ligue islamique mondiale, fondée en 1962 à la Mecque (Arabie Saoudite)
par le prince FAYSAL ainsi que les représentants de vingt-deux pays afin de du
président égyptien NASSER, et promouvoir le leadership islamique.
6
Cité par S. HOUOT, « Des usages éthiques du droit islamique : une réponse aux enjeux posés par la
reproduction médicalement assistée », Rev. Droit et Culture, 2010, n° 59, pp. 331-355.
477
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
2
-Azhar a rendu une fatwa (avis juridique) devenue consensuelle, qui autorise de telles
interventions.
3
-utérine avec le sperme du conjoint (IAC) consiste à injecter des spermatozoïdes
-ci
ait subi un traitement hormonal de stimulation ovarienne.
4
La fécondation in vitro (FIV) ou fécondation extra corporelle consiste à mettre en contact in vitro le sperme de
5
La
horizontal) : « Leurs mères sont seulement celles qui les ont enfantés » (sourate 58, verset 2). Ainsi que le
souligne Madame FORTIER, on perçoit la place centrale faite à la lignée patrilinéaire, qui puise sa source dans la
substance même du sperme et se transmet à travers les générations, tandis que la lignée matrilinéaire est réduite à
FORTIER, « Filiation versus inceste en Islam, parenté
de lait, procréations médicalement assistées, adoptions et reconnaissance de paternité. De la nécessaire
conjonction du social et du biologique »,
478
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
uniquement un donné biologique mais repose également sur une forte dimension sociale -
4
nécessité du mariage des parents-
comme détermination purement sociale de la filiation. Une dissociation entre paternité
sociale et paternité b
naturel ne soit pas reconnu du fait du mariage de ses parents- de la même
manière que le donneur de sperme . « Si le social
5
»
conjonction des deux données qui permet une stabilité des filiations.
523. estation pour autrui. La gestation pour autrui est
interdite par la charia. Le Complexe des Recherches Islamiques a opté pour ce choix en
20016 7
. De la même manière, le
-ci dispose que
« conçu dans le cadre de la médecine de la reproduction ne peut être placé, à
». En effet, les juristes
méditerranéennes, P. BONTE, E. PORQUERES I GENE, J. WILGAUX (dir. de), Marseille, éd. de la Maison des
s.
1
post-mortem de la femme avec le sperme de son mari, en raison de la disparition du lien conjugal
(Fatwa n° 438, du 26 mars 2004).
479
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
d
juridique musulmane
, le recours gitimer
1
. Au
demeurant, cette pratique « nd législateur qui est
1
un tel don entre co-
épouses en 1985. Le raisonnement serait le suivant
paternelle peut être établit sans confusion, la mère est considérée, conformément au principe coranique, comme
ar C. FORTIER, « Filiation versus
inceste en Islam, parenté de lait, procréations médicalement assistées, adoptions et reconnaissance de paternité.
De la nécessaire conjonction du social et du biologique », art. precit., p. 232.
2
H. ABDELHAMID, « Le corps de la femme et la biomédecine dans le contexte de la culture juridique
égyptienne », art. precit., p. 193.
3
Art. 433 du projet. Au-delà de ce nombre, les raisons doivent être justifiées dans le dossier de la patiente.
4
un ou plusieurs ovules à une femme qui ne peut pas -ci peuvent être
fécondés in vitro avec le sperme de son mari. embryon ainsi obtenu est une
femme tierce au couple qui le restituera neuf mois après. Dans ce cas de fig ocation
ou utérus ». Il semblerait que cette alternative a pu être admise si le mari épousait la mère porteuse, et
devenait par là-même la deuxième épouse du conjoint qui aura donné son sperme pour la ovule
émanant de la première. Toutefois, une telle hypothèse est écartée par les pays du Maghreb, et le projet de loi
algérien, interdit ovocytes même entre co-épouses ».
480
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
de cause au-
après un certain délai fixé par la loi. Les juristes musulmans condamnent la congélation »2.
3
Au Maroc, la congélation est admise . Cependant, la
conservation des embryons surnuméraires pose la question de leur devenir, lor
sont pas réutilisés par le couple. Faute de recherches expérimentales autorisées sur
leur devenir sera sans nul doute la destruction.
525. Une réglementation à parfaire4. En suivant la ligne de conduite émise tant par
le Conseil mondiale, que la fatwa de
-AZHAR, les législateurs des pays du Maghreb ont librement réglementé
5
médecine6. En Tunisie7, -pays présenté comme étant le plus modernisé du monde arabe-
1
B. HAMZA, La procréation médicalement assistée. Problèmes médicaux actuels et éthique, Congrès de la
Société tunisienne des sciences médicales, VII ème Journées médicales Ibn El Jazzar, Kairouan, 4-5 avr. 1997.
2
Ibid.
3
Trois centres seulement dans tout le Royaume disposent du matériel nécessaire pour procéder à la congélation.
4
Cf. infra, rapp. avec n° 510.
5
Tel est le cas en Algérie qui a dans un premier temps
circulaire ministérielle n° 300 du 15 mai 2000, fixant les bonnes pratiques cliniques et biologiques en la matière.
Le
bis est ainsi libellé : «
mariage doit être légal,
qui compte parmi ses membres un représentant du Conseil supérieur islamique. Ce comité avait rendu un avis du
12 décembre 1996 sur la question, dans lequel il précise que « le recours à des tiers donneurs est en contradiction
vec la législation tunisienne.
il brouille les règles successorales et il ouvre la porte au viol de nos règles en matière de choix du partenaire au
mariage ».
481
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
interdits2 apport 3
. Cette restriction trouve son
fondement dans le principe religieux de pureté de la lignée, consacré tant par le texte
: « Ayez de vos généalogies
ang ».
Pareille orientation religieuse influence profondément la législation en vigueur et constitue
le vecteur de ses choix éthiques. Les différents praticiens du corps médical en appellent
matière est extrêmement
fonctions des praticiens. Il conviendrait de légiférer tant pour les questions liées au statut
sort des embryons surnuméraires et la réduction embryonnaire au
4
1
La loi tunisienne du 7 août 2001 dispose à article 4 que « la médecine de la reproduction ne peut être
, vivants,
doivent être en âge de procréer ».
2
L tunisienne dispose que « le recours à un tiers donneur de gamètes dans le cadre de la
intervention
4
Cf. supra, n° 348.
5
Cf. infra, n° 510.
6
les femmes de moins de 40 ans. La CNAM ne rembourse plus au-delà de quatre tentatives infructueuses. Reste
donc à la charge du couple les consultations médicales, les échographies de suivi de la stimulation, les actes de
482
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
les moyens permettant un égal accès des citoyens tant aux soins de santé
sociale. Or, promouvant une politique anti-nataliste, la politique menée
imparfaitement dans le souci de prise en charge du coût des soins afférents aux
PMA. La question semble pourtant être de plus en plus prise au sérieux par les pouvoirs
1
.
2
rembourse de telles interventions que lorsque ,
que celle- Avec un tel
B)
1
Selon le professeur Chafik CHRAÏBI, « pour une fécondation in vitro (FIV
entre 20 et 30 000 dirhams (2 à 3000 euros) en moyenne. Certains sont contraints de vendre des biens ou de
s un
centre public permettra de réduire de façon conséquente la facture supportée par les couples ». Cf. revue
doctinews, éd. du 4 avr. 2011, n° 32.
2
483
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
apprendre de la souris
1
L. n° 2013-715 du 6 août 2013 tendant à modifier la loi n° 2011-814 du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique
en autorisant sous certaine embryon et les cellules souches embryonnaires.
2
D. VIGNEAU, « Quels garde- ? », in Mélanges en
Claire NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 27-39.
3
J.-R. BINET, « : nouveau cadre réglementaire », Rev. dr. fam., 2015, n° 4, comm. 84.
4
D. n° 2015-155 du 11 févr. 2015 embryon et les cellules souches embryonnaires et à
la recherche biomédicale en assistance médicale à la procréation, J.O, 13 février 2015, p. 2745.
5
Cité par J. TESTART, Faire des enfants demain, éd. du Seuil, 2014, p. 138.
6
J. TESTART op. cit., p. 136.
7
Ibid., p. 137.
484
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
de cette voie ayant été démontré dès 1990 par le voisin britannique,
révèle une sorte de
tion puérile pour taquiner le
1
catho » . Dans un second temps, des considérations économiques perme
AVENTIN (économiste de la santé)
« oûte en moyenne 650 millions
de dollars et dure quinze ans, il serait alors possible de tester les nouvelles molécules sur
1
Ibidem., p. 137.
2
Cité par J. TESTART, op. cit., p. 137.
3
Sur ce point, V. spec. pp. 40-44, et pp. 102-107.
4
Ibidem., p. 10.
5
Yves LEQUETTE, « : clarification et réflexions », in
onnes de même sexe, Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de), Paris, éd. Panthéon-
Assas, 2014, p. 21, spec. n° 21. V. aussi, du même auteur, sur cette nouvelle représentation du monde en
: « De la proximité au fait accompli »,
professeur Pierre MAYER, Paris, LGDJ, 2015, pp. 481-518. Madame le professeur Mélina DOUCHY-OUDOT parle
de « Légo-cité (...)
d ». M. DOUCHY-OUDOT, «
du droit, vingt ans après », NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, p.
506. V., pour une analyse économique de la gestation pour autrui : J. ICARD, « Une analyse économique du droit
de la famille. À propos de la gestation pour autrui », R.R.J, 2011, n° 1, pp. 131-152. Monsieur le professeur
Bertrand MATTHIEU à son tour mettait déjà en garde, en 2003 contre la
encore discrète MATTHIEU, «
transmutations du droit de la bioéthique », , Mélanges en
ur de Pierre PACTET, Paris, Dalloz, 2003, p. 307-317.
485
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
us humanitaire.
530. tel un bien. La Cour
1
J.-P. PIERRON, « Le Geste et la Parole Nouvelles techniques de procréation et dit du droit », in Parenté,
, H. FULCHIRON, J. SOSSON (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2013, p. 228.
2
CEDH, 28 mai 2013, Parillo c/ Italie, n° 46470/11.
3
Sur la constitutionnalité de cette loi, V. : J.-J. PARDINI, « Droit constitutionnel italien et bioéthique : questions
a procréation médicalement assistée », , n° 4, fév. 2014,
pp. 22-29.
4
Art. 4 al. 3 de la loi n°40/2004, déclaré inconstitutionnelle par une décision du Conseil constitutionnel italien
du 10 juin 2014, n° 162.
5
Art. 13 de la loi n° 40/2004.
6
CEDH, 27 août 2015, Parillo c/ Italie, n° 46470/11.
7
CEDH, déc. precit., § 118.
8
§ 157.
486
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
scientifique6, de les détruire7 ou tout simplement permettre leur accueil par un autre
1
Cons. constit. italien, 10 juin 2014, déc. precit., n° 162.
2
§ 159.
3
§ 167.
4
§ 175-176.
5
§ 197-198.
6
interdiction impliquait que les recherches permettant une telle amélioration soient exclusivement menées à
CHADELAT, magistrate au ministère de la justice, relève ainsi le paradoxe : « certaines des
recherches actuellement interdites sont indispensables pour la mise au point des procédés de cryoconservation
des gamètes féminins qui font actuellement défaut et qui, seuls, permettraient eux-mêmes une stricte limitation
du nombre des embryons fécondés in vitro ». Cité par J.-R.
BINET, « », art. precit., p. 200.
7
J. SAINTE-ROSE, « : un objet destructible sans destinée humaine ? », JCP, G, I, 2004, 194.
8
Art. L. 2146-6 CSP.
9
487
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
«
autre couple suscite également des difficultés, qui ne permettent pas de voir dans cette
pr
sont tout à fait insuffisantes pour apporter une solution au problème du stock des 200.000
embryons conservés actuellement en France »1. Humainement sans issue pour Monsieur le
professeur BINET
constitution de ces embryons surnuméraires qui sont, il faut le souligner, en nombre limité. Le fait même que
s
thérapeuti
5
-3 alinéa 2 du CSP issu de la loi de 1994 autorise, temporairement, une telle congélation.
6
Art. L. 2143-3 al. 1er, art. L. 2151-2.
7
Art. 511-17 et 511-18 du CP 00
488
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
des décennies durant, à garantir une construction juridique fidèle au modèle de procréation
2
de la réalité de
3
la procréation . Après la dissociation de la sexualité de la
dissociation entre procréation et filiation4
expression la plus parfaite5.
533. Le mouvement conjugué de la parentalité, de
1
A. BETHERY DE LA BROSSE, Entre amour et droit, le lien conjugal dans la pensée juridique moderne (XVI ème -
XXIème siècles), Paris, LGDJ, 2011, p. 376, n° 564.
2
filiation.
3
V. en ce sens : A. MARAIS (dir. de) La procréation pour tous, Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires »,
2015. V. aussi le Dossier « : les tiraillements de la procréation
médicalement assistée entre nouveaux droits et principes fondamentaux », in Journal inter. de bioéthique et
, 2015, vol. 26, pp. 95-163.
4
Sur les incidences de ce détachement sur le lien de filiation, V. J.-J. LEMOULAND, « La filiation désexuée :
nouveau modèle pour la famille de demain ? », NEIRINCK, Paris,
LexisNexis, 2014, pp. 561-580.
5
En ce sens, cf. I. THERY, A.-M. LEROYER, Filiation, origines, parentalité, Le droit face aux nouvelles valeurs
de responsabilité générationnelle, Rapport du groupe de travail remis à la ministre déléguée chargé de la
Famille. Les auteurs de ce rapport d
6
J. PARAIN-VIAL, « Sur la paternité selon Gabriel Marcel », Arch. philo. dr., 1975, pp. 149-162. Cet égoïsme des
DOUCHY-OUDOT
489
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
« orité de
».
mour que peuvent se porter deux personnes ne peut trouver sa plénitude que dans la
procréation. Cf. M. DOUCHY-OUDOT (dir. de), La réforme du mariage. Approche critique sur les mutations
familiales, Poitiers, DMM, 2013, p. 27.
1
J. PARAIN-VIAL, « Sur la paternité selon Gabriel Marcel », art. precit., p. 152.
2
Ibid., p. 153.
3
M.-T. MEULDERS KLEIN, « », in Le droit
au respect de la vie privée au sens de la Convention européenne des droi , F. SUDRE (dir. de),
Bruxelles, Coll. « Droit et Justice », Bruylant, 2005, p. 329.
4
L. MONTILLET DE SAINT-PERN, La notion de filiation en droit comparé, droit français et droit anglais, Thèse,
Paris II, 2013, p. 116.
5
Ibidem., p. 116.
6
Sur les filiations électives, V. : M. DOUCHY-OUDOT, «
après », in Mélanges Claire NEIRINCK, Paris, LexisNexis, pp. 502-511.
7
L. MONTILLET DE SAINT-PERN, op. cit., p. 115-116, spec. n° 198-199. V. aussi : J. HAUSER, « Le projet de loi
», JCP, G, 2012, 1185;
H. FULCHIRON, « La reconnaissance de la famille homosexuelle », D., 2013, 100 ; A.-M.
LEROYER, « La loi n° 2013-403 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Au
passé, présent et futur », D., 2013, 1697.
490
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
P. MURAT, « Passer par la filiation ou dépasser la filiation », in Parenté, Filiation, Origines, Le droit et
t à plusieurs, H. FULCHIRON, J. SOSSON (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 259. Sur le mythe
de la représentation juridique, cf. aussi E. DOCKES, in Le corps et ses représentations, E. DOCKES, G. LHUILIER
(dir. de), Litec, vol. 1, 2001, pp. 163-187.
2
Pour Madame le professeur T HERY pourtant, «
acte naturel : il est toujours-déjà mis en signification au sein du système de parenté qui le précède logiquement
ique entre mâle et femelle serait bien incapable de créer par elle-même une
socialité de type humain évoquer une substance
purement physique et la nommer le ique est un mythe pur et simple ». Cf. I. THERY, Des humains
comme les autres, Bioéthique, anonymat et genre du don, éd. EHESS, 2010, p. 206.
3
Que Monsieur le professeur PIERRON définit comme étant «
monde en soi par le langage ». J.-P. PIERRON, « Le Geste et la Parole Nouvelles techniques de procréation et dit
du droit », , H. FULCHIRON, J. SOSSON
(dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, p. 227.
4
J.-P. PIERRON, « Le Geste et la Parole Nouvelles techniques de procréation et dit du droit », art. precit., p. 232
et s.
5
Sur la distinction entre engendrer et procréer, Madame I. THERY explique que la volonté conjointe du couple
de donner naissance à un enfant permet
véritable procréateur, celui-
serait sur toute une dimension psychique
I. THERY, « Postface. Engendrement et filiation au temps du démariage », in Parenté, Filiation, Origines, op. cit.,
p. 353 ; I. THERY, Des humains comme les autres, Bioéthique, anonymat et genre du don, éd. EHESS, 2010,
p.
on que ceux-
491
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
lignage »3 . Là réside
probablement la portée de la vérité symbolique attachée à la filiation, dont univers de
représentations4 le sujet
5
. détaché des valeurs qui
. Si le processus même de représentation de repraesentare-
consiste à « rendre présent »,
indépendante de la réalité, sans quoi il aboutit à nier la réalité concrète comme objet de la
pensée, pour bâtir un droit de la filiation sur un nouveau mythe, celui de la volonté 6.
probablement en réaction à la négation de ce que représente le lien de filiation que
Madame MIRKOVIC La filiation
7
indique à chacun de qui il est né, et le relie à ses père et mère » .
536. Les implications de la reconnaissance du droi
couples de même sexe.
sperme eurs maris, partenaires
ou concubins doivent accepter devant un juge ou un notaire un don de gamètes qui les
enfant8. Le consentement donné leur interdit
ultérieurement de contester leur paternité. Bien que la reproduction du modèle biologique
soit imparfaite, elle est néanmoins calquée
1
P. MURAT, « Passer par la filiation ou dépasser la filiation ? », art. precit., p. 268.
2
Ibidem., p. 265.
3
J.-P. PIERRON, « Le Geste et la Parole Nouvelles techniques de procréation et dit du droit », art. precit.,
p. 224. Monsieur le doyen CORNU, « ; la famille
». G. CORNU, « La filiation », Arch. philo dr.,
1975, t. 20, p. 36.
4
E. DOCKES, « Le mythe de la représentation juridique », in Le corps et ses représentations, op. cit., pp. 163-
187.
5
D. FENOUILLET, «
te puissance du sujet », Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 37-71, spec. n° 49.
6
Ibid., spec. n° 43-51.
7
A. MIRKOVIC, « Refonder le droit de la filiation », , Institut
Famille&République, 2016, p. 307.
8
Art. 311-20 C. civ.
492
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
alors substitué aux règles de la filiation instituées au titre VII du Code civil, voire une sorte
de présomption de comaternité établie préalablement .
éviction de la filiation par procréation charnelle favoriserait
l ence de filiations par convenance personnelle1. Il en résulterait une unification du
droit de la filiation autour de la volonté,
.L fédératrice à un tel bouleversement serai endrement
ne repose pas uniquement sur une dimension procréative mais davantage sur une forte
« dimension psychique, mentale, affective, intentionnelle et surtout institutionnelle, qui va
lui accorder sens et valeur au sein de notre monde humain »2. Loin de renoncer
1
Cf. C. NEIRINCK, « », Rev. dr. fam., 2013, n° 4,
repère 4.
2
I. THERY, Des humains comme les autres, Bioéthique, anonymat et genre du don, op. cit., p. 130.
3
Comme le souligne Madame le professeur DOUCHY-OUDOT, «
au-
». M. DOUCHY-OUDOT, «
droit : vingt ans après », art. precit., p. 505.
4
C. LABRUSSE-RIOU, « Propos conclusifs. Les procréations médicalement assistées, lieu de confrontation du réel
», Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 485-499.
5
V. supra, n° 376.
6
V. particulièrement, C. BRUNETTI-PONS, « La nécessité de réformer la loi du 17 mai 2013 pour rendre sa
cohérence au droit de la famille et du couple » , op. cit., 2016, pp. 327-
337.
493
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
»6. qui
7
souffrirait le plus du « manque de lisibilité sur ses finalités » , tant elle a réussi, par sa
souplesse, à épouser la variété des intérêts individuels non sans un contorsionnisme
juridique8. rationalisation de ses finalités » constitue un impératif qui
perme nfant au sein
À cet égard, Madame MIRKOVIC propose
est censée satisfaire. Celle-ci serait
«
»9. Naturellement -dans la
-
10
en mesure de réparer .
1
Loi du 19 juin 1923
2
P. MURAT, « Passer par la filiation ou dépasser la filiation », art. precit., p. 262.
3
V. supra, n° 255.
4
V. supra, n° 368 et s.
5
H. BOSSE-PLATIERE, « », in
LE GUIDEC, Paris, LexisNexis, 2014, pp. 589-606 ; J. HAUSER,
« adoption simple, joker de la crise de la parenté ! », Rev. dr. fam., 2010, n° 9, Alerte 55 ; V. aussi du même
auteur : « ? », NEIRINCK, Paris, LexisNexis,
2015, pp. 523-537.
6
P. MURAT, « Pour une vraie réflexion prospective en droit de la famille »,
professeur Raymond LE GUIDEC, op. cit., pp. 787-788.
7
H. BOSSE-PLATIERE, « », art.
precit., p. 597.
8
Ibid., p. 591.
9
A. MIRKOVIC, « Refonder le droit de la filiation », , op. cit., p. 301.
10
gestion tutélaire.
494
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
538. Vers une déclaration commune anticipée de filiation 1 ? En plein essor dans
les pays ayant connu plus tôt des évolutions semblables, la comaternité est fondée -à
tar de celle des pères dans les couples hétérosexuels- AMP
donné devant un juge ou un notaire. Cette perspective favorise établissement automatique
du lien de filiation non par présomption, mais par
déclaration. Une comaternité posan cependant pas préconisée par le
rapport de Madame THERY. Pour celle-ci, la fili
artificielle avec un tiers donneur -procréatif2 et
serait limitée au seul mariage. Or le rapport souhaiterait bannir tout traitement différencié
reposant sur la nature du statut conjugal et, de ce fait, fonder la procréation sur le seul
engagement parental3. Cet engagement à engendrer devant être le même pour tous les
couples, plus rien ne justifierait la distinction entre les statuts conjugaux. Ce préalable étant
précisé, il convient de souligner que le consentement du
anonyme est maintenu secret, pour permettre à la présomption de paternité de
jouer pleinement, conformément au modèle biologique. homme qui
épouse une femme ayant un enfant ne peut en devenir le père que . Si la
4
présomption est limitée au sein des couples de femmes , le
1
J.-J. LEMOULAND, « La filiation désexuée: nouveau modèle pour la famille de demain ? », in Mélanges en
NEIRINCK, Paris, LexisNexis, 2015, pp. 562-580.
2
3
I. THERY, Filiation, Origines, Parentalité, rapp. precit., p. 170.
4
Madame le professeur Claire NEIRINCK : « Les présomptions sont des conséquences
que la loi tire d'un fait connu à un fait inconnu (C. civ., art. 1349). Ce mode de preuve repose sur des
déductions qui permettent
495
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
termes de déclaration commune anticipée au profit des couples de même sexe implique de
présomption de paternité. La mise à plat du droit des couples serait inéluctable en vue de
mettre en place une égalité tenant à un engagement identique que ce soit en mariage, en
Pacs ou en concubinage. Le rapport ne manque de la souligner
1
. Si la
déclaration de volonté commune anticipée pourrait être une alternative permettant
apparence pseudo-procréative
celle-ci ne serait pas censée traduire la vérité biologique-
tant pour les couples de même sexe que pour les couples non mariés (le conjoint étant
entendu au sens très large au sein du rapport) 2
de révéler que les pays ayant déj néanmoins
3
réservée aux couples non mariés , hétérosexuels soient-ils ou homosexuels, en la
Or, le consentement commun donné au
projet parental devrait -pour les promoteurs de ce modèle- pouvoir se suffire à lui-même,
-à-dire sans qu accord de la mère gestatrice à la déclaration de parentalité de la
conjointe ne soit nécessaire
mise en oeuvre4. Les deux membres du couple qui consentiraient en la forme authentique à
1
I. THÉRY, rapp. precit., p. 171.
2
Ibid., p. 175.
3
Royaume-Uni et la Québec.
4
Ibidem., p. 174.
5
C. NEIRINCK « La comaternité », art. precit.
496
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
1
Children Act (c. 41) 1989, Section 2 (1A) (a).
497
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
§2)
le fait naître et quand on établit sa filiation, la seule voix audible étant alors celle des
candidats parents, peu importe son intérêt à naître, puis, pendant le déroulement de la
1
J. HAUSER, « Retour sur le sens du temps en droit de la famille », in Parenté, filiation, origines. Le droit de
, op. cit., p. 326.
2
M. DOUCHY-OUDOT, « », art. precit., p. 510.
3
R. ANDORNO, La distinction juri
artificielles, Paris, LGDJ, 1996, p. 186, spec. n° 324.
4
Ibid., p. 186, spec. n° 323.
5
Ibid., p. 186, spec. n° 324.
6
ANDORNO, in La distinction juridique entre les personnes et les
, op. cit., p. 185.
498
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
juridique distincte de
son droit à
construire.
filiation établit MURAT
:«
1
Sur cette notion, V. I. MOINE, Les choses hors commerce. Une approche juridique de la personne humaine
juridique, Paris, LGDJ, 1997.
2
À cet égard, Messieurs les professeurs Malaurie et Fulchiron ont pu écrire
: il
assistée ». Cf. P. MALAURIE, H. FULCHIRON, Droit de la famille, Paris,
LGDJ, 5ème éd., 2015, n° 1024, spec. p. 466.
3
D. FENOUILLET, art. precit., n° 53, p. 68.
4
Ibid., n° 52, p. 68.
5
P. MURAT, art. precit., p. 270.
6
I. THERY, Des humains comme les autres, op. cit., p. 210.
7
I. THERY, A.-M. LEROYER, Filiation, origines, parentalité, Le droit face aux nouvelles valeurs de
responsabilité générationnelle, Rapport du groupe de travail remis à la ministre déléguée chargé de la Famille,
p. 236.
499
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
consacrée2.
543. La Cour européenne des
a développé une abondante jurisprudence .
3
D Gaskin c/ Royaume-Uni , la Cour européenne se prononce pour la première
fois su enfance dans la
À Jäggi c/ Suisse, elle admet
de la notion
de « vie privée » qui , dont
4
partie Mikulic c/ Croatie5, la
Cour considère même que le prélèvement ADN constitue une « ingérence relativement peu
intrusive » qui ne contrevient ni au droit du défunt de reposer en paix, ni au principe de
sécurité juridique, encore moins au principe du respect de la vie privée du défunt qui
6
. Il existerait pour la Cour un « intérêt vital » des individus à connaître
leur ascendance biologique7, devant t des tiers à
1
P. MURAT, « », Rev. dr. sanit. soc., 1991, n° 3, p. 388.
2
Cette nouvelle identité sociale devient « floue, modelable au grès des revendications et des besoins », conduit
« lieu de publicité comme un autre le seul et unique document (...) paraît absorber
». Cf. C. NEIRINCK (dir. de), tous ses états, Paris, LGDJ, coll.
« Droit&Société », 2008, p. 185-191, spec. 185-187.
3
CEDH, 1er juil. 1989, Gaskin c/ Royaume-Uni.
4
CEDH, 13 juil. 2006, Jäggi c/ Suisse, n° 58757/00, § 48 ; RTD civ., 2006, obs. J.-P. MARGUENAUD, p. 727.
5
CEDH, 1ère sect., 7 fév. 2002, Mikulic c/ Croatie, RTD civ., 2002, obs. J.-P. MARGUENAUD, p. 866 ; JCP, G, I,
obs. F. SUDRE, p. 157.
6
CEDH, 15 mai 2006, Succession de Kresten Filtenborg Mortensen c/ Danemark.
7
Odièvre c/ France notamment, la requérante ne souhaitait pas remettre en cause son lien
de filiation adoptive, mais seulement connaître les circonstances de sa naissance et de son abandon et
de ses parents. La Cour, situant le débat autour du droit au respect de la vie privée t
informations nécessaires à la découverte de la vérité concernant un aspect important de son identité personnelle.
Mett
parents biologiques, la Cour conclut que la législation française telle que réformée par la loi du 22 janvier 2002
est compatible avec la Convention. L urait
afin de parvenir à un équilibre entre les intérêts divergents en cause. Cf. CEDH, gr. ch., 13 févr. 2003, Odièvre c/
France, n° 42326/98; D., 2003., B. MALLET-BRICOUT, p. 1240; Rev. dr. sanit. soc., 2003, F. MONEGER, p. 219;
RTD civ., 2003. J. HAUSER, p. 276; même revue., J.-P. MARGUENAUD, p. 375; Rev. dr. fam., 2003, comm. 53,
P. MURAT. En revanche, est hement
sous X, au motif que celle-
500
La dématrimonialisation des liens de famille La métamorphose juridique de la parenté
va de pair avec celle de parentalité, qui vient mordre en aval, quant à elle, sur la filiation,
amputée ou concurrencée dans une de ses fonctions pratiques : la prise en charge de
»4. E , , des individus « venus de nulle
part rattachés à de purs étrangers, il est
abouti à des inégalités entre les enfants ce contre quoi le rapport a la prétention de
remédier- qui auraient la chance de pouvoir accéder à leurs origines du fait de l
donné par leur géniteur, et nt pas -en raison du refus qui leur
aura été opposé. enfant rejeté par son géniteur peut avoir du mal à dépasser sa
souffrance, car il est beaucoup plus simple de faire le deuil de quelque chose de « connu »,
501
Couple et famille
Étude comparative des systèmes juridique français et marocain
cédé, exporté, importé, pour les besoins de la recherche et des espérances dans le progrès
de la science »4.
conduit irrémédiablement à une pluri-parenté, au demeurant impossible5. L
ne légitime pas tout comme le fait si bien remarquer Madame le professeur Mélina
DOUCHY-OUDOT, car «
1
R. ANDORNO, op. cit., p. 189, spec. n° 330. Or, pour Madame le professeur Irène THERY, derrière ce « rien »,
constitué par le don de gamètes, il y aurait le geste du don, car les gamètes ne peuvent être perçus tel un matériau
interchangeable, mais seraient toujours-déjà investis de signification en tant que porteurs et transmetteurs de vie.
À
conséquent, bien que porteurs de vie, les gamètes donnés ne peuvent être considérés comme toujours-déjà
su. Cf. I. THERY, Des humains comme les autres, Bioéthique,
anonymat et genre du don, éd. EHESS, 2010, p. 125.
2
LEQUETTE, «
personnes de même sexe : clarification et réflexions », ,
Y. LEQUETTE, D. MAZEAUD (dir. de), Paris, éd. Panthéon-Assas, 2014, p. 20, spec. n° 20.
3
J.-P. PIERRON, « Le Geste et la Parole Nouvelles techniques de procréation et dit du droit », art. precit.,
p. 231.
4
C. LABRUSSE-RIOU, « Que peut dire le droit de ? », in Études, oct. 2010, p. 350.
5
D. FENOUILLET, art. precit., n° 55, p. 70.
6
M. DOUCHY-OUDOT, « », art. precit., p. 511.
7
D. FENOUILLET, art. precit., n° 55, p. 71.
502
Conclusion du chapitre second
1
I. ILLICH, La convivialité, éd. du Seuil, 1973, cité par J. TESTARD, Faire des enfants demain, éd. du Seuil, 2014,
p. 193.
2
J. ELLUL, , Economica, 2008, cité par J. TESTART, op. cit., p. 162.
503
Conclusion du titre second
compte par les juridictions tant du principe du fait accompli que du critère tiré de
français a opté pour un droit non plus en harmonie avec la nature, mais pour un droit
construit au fondement des valeurs républicaines de non discrimina
faisant, il a purement et simplement détruit la famille dans son acception notionnelle de
lien générationnel. La famille occidentale post-moderne reposerait donc en définitive sur la
toute puissance de la volonté individuelle et sur l libre des individus, qui
deviennent les maîtres- totalement détachée de sa base biologique.
Gageons que l , combiné aux exigences de sécurité juridique et de
cohérence, permettront de dépasser les instruments traditionnels du droit de la filiation
pour
1
V. ÉGEA, , Paris, Defrénois, coll.
« Doctorat&Notariat », 2010, p. 437, spec. n° 687.
2
Monsieur le professeur ÉGEA
ée en vigueur
du mariage entre personnes de même sexe. Cf. V. ÉGEA,
de la famille, Paris, Defrénois, coll. « Doctorat&Notariat », 2010, p. 437, spec. n° 687.
504
néanmoins que recommander la plus grande prudence1 face aux défis et
dangers de la reconstruction du droit de la famille2 e clairement une
. Il était indispensable,
surtout pour les pays du Maghreb, de mettre en relief cette évolution des sociétés
occidentales.
1
Sur cette nécessité, cf. Le mariage&La Lo
2016.
2
En ce sens : J. HAUSER, « Le crépuscule de la loi en droit des personnes et de la famille », in Des liens et des
droits, -Pierre LABORDE, Paris, Dalloz, 2015, pp. 711-725.
505
Conclusion de la seconde partie
t
à tous les couples conjugaux pendant la vie commune. Il ne serait donc pas inoportun, par
. aboutissement du
processus de dématrimonialisation a été la reconnaissance du mariage homosexuel. Le
terme « mariage » est maintenu comme contenant, son contenu ayant été radicalement
transformé, plus précisémment
-à- ment sur
la famille. Il e même sexe, et bien que celles-ci
ne sauraient procréer ensemble, le mariage ouvre toujours sur la famille, mais une famille
quelle le droit semble reconnaître la même utilité sociale que le
mariage hétérosexuel, en principe procréateur. Si en droit français le mariage homosexuel
constitue désormais une donnée du droit positif, outre méditerranée . La
n homme et
sur une famille
.
étudiée.
À la dématrimonialisation actée de la conjugalité fait pourtant écho le silence du législateur
quant au nouveau fondement du système de parenté. Les intentions du législateur étant
parfois délicates à déterminer, il a semblé utile la représentation plurielle de la
parenté, réponse au pluralisme des modes de conjugalité. La volonté individuelle se révèle
en effet
qui décide de la manière de le concevoir . Au mythe de
« former famille » au-delà des limites imposées par la nature. Or, le principal reproche
inconstance.
506
conjugalité sur les structures de la parenté a révélé une nouvelle articulation entre couple et
filiation, enfant. Pendant ce temps de latence et dans
, la jurisprudence a pris le relais du législateur.
Ce choix politique a pu être critiqué car il transgresse la lettre de la loi
cohérence recherchée du droit substantiel de la famille, avant même que le législateur soit
intervenu. Il semblerait en tout état de cause que la jurisprudence ait un rôle incontournable
acquises
a
prochaine étape devrait donc être la réforme du système de filiation. Le point de rupture
entre les deux rives de la méditerranée sera alors irrémédiablement consommé
507
Conclusion générale
grande surprise, que la rupture est consommée entre deux conceptions opposées du droit de
la famille. Pour autant, la nature religieuse du droit
maghrébin n constitué un obstacle insurmontable à
1
systèmes juridiques . Le statut personnel défendu en droit marocain
droit marocain était pendant de longues années en symbiose avec le droit français.
549. Des conceptions devenues distinctes de la famille. La double incursion en
sante car elle a ouvert sur une
autre manière de concevoir les rapports familiaux et a permis de mieux appréhender la
portée des évolutions de chaque système juridique. Cette entreprise, menée selon une
analyse systémique, a privilégié les éléments fondamentaux des deux systèmes, en en
révélant les conceptions philosophique et religieuse respectives. Il en ressort un
affaiblissement de la charge politique autrefois attachée au couple et à la famille comme
éléments de construction de la société, une philosophie privilégiant le bonheur
individuel. Cette approche du droit de la famille a tout au long de la démonstration
accompagné la réflexion, et a permis de mettre en perspective la conception sociale et
religieuse du droit maghrébin aux valeurs démocratiques de la société française.
1
J. HAUSER, «La réception réciproque des institutions familiales Europe-Maghreb », Rev. dr. fam., 2015,
n° 9, 38.
508
guère plus surprenante
mode fort aisément par le choix
es relations familiales, à défaut de les organiser1.
une conception du droit qui fait la part belle à la liberté individuelle, héritage direct de la
Révolution française. Or, une telle liberté ne se conçoit pas indépendamment de la réalité
1
MALAURIE et FULCHIRON, « le droit de la famille est le miroir
de la société qui le produit : il devient une anthropologie ». Droit de la famille, Paris, LGDJ, 5ème éd., 2015, n°
54, p. 42.
2
G. COQ, « Identités filiations appartenances : la société en quête de sens », in Identités, filiations,
appartenances, P. PEDROT, M. DELAGE (dir. de), Grenoble, PUG, 2005, p. 264.
3
É. DE RUS, « Une alternative à la déconstruction de la personne humaine : un éclairage anthropologique sur la
crise de la famille », in La réforme du mariage. Approche critique sur les mutations familiales, M. DOUCHY-
OUDOT (dir. de), Poitiers, DMM, 2013, pp. 33-56.
4
G. AÏDAN, É. DEBATS (dir. de),
« Logiques juridiques », 2013.
5
Ibid., pp. 263-264.
509
transformation globale du rapport au temps1 et son éclatement au plan individuel rejaillit
sur la sphère collective, à commencer par le droit q .
552. Le sens de la temporalité. Il est nécessaire de réinvestir le sens de la
temporalité2 , car celle-
décision que nous prenons, individuellement et collectivement par rapport
3
au temps . La famille, long, offre une continuité
que permet la liaison des générations entre elles, et cette continuité est relatée par
inscription des individus
peut être . hui que le lien
sur le temps long, le rapport de
filiation le fondement intemporel chargé de créer du lien entre
4
individus . Or, ce lien doit être réfléchi à
L succombe à la
5
tendance réaliste du législateur, rend compte manence du lien familial en tant que
donnée que le droit a la charge de traduire. Face à cette quête de sens, lier, délier, relier,
demeure la mission du droit.
553. Épilogue. La thèse entreprend enfin de réhabiliter le donné tiré du droit
remise en cause de ses règles, les réformes relatives à la place de la femme dans la famille
. Sous cet aspect, les sociétés
ème
occidentales ont su, dès le début du XX siècle, lui accorder la place qui lui revenait dans
les sphères publique et privée, à tel point que la femme occidentale est devenue un
-femmes outre-méditerranée. Si la
France et les sociétés occidentales ont su, en leur temps, se positionner comme pionniers
de la protection des droits de la femme et ont pu inspirer leurs homologues du Sud, peut-
1
Contre laquelle avait déjà mis en garde Monsieur Jean HAUSER, cf. « Retour sur le sens du temps en droit de la
famille », , H. FULCHIRON, J. SOSSON
(dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, pp. 321-328.
2
V. en ce sens le rapport annuel 2014 de la Cour de cassation : Le temps, La documentation française.
3
Cf. M. CRESP, , Marseille, PUAM, 2013.
4
D. MARCELLI, « : questions de tr », in Identités,
filiations, appartenances, P. PEDROT, M. DELAGE (dir. de), Grenoble, PUG, 2005, pp. 103-111.
5
A.-M. LEROYER, « Les nouveaux liens de famille : entre idéalisme et réalisme », in Les nouveaux rapports de
droit, E. JEULAND, S. MESSAÏ-BAHRI, Paris, RJS éd., t. 39, 2013, pp. 129-142.
510
Index Thématique
511
- formalisme : 501-502 B
Autodétermination
- famille : 141 Beau-parent : 246 et s.
- islam : 82, 85 - auxiliaire : 289
Autorité parentale - confusion terminologique :
290
- conception islamique : 481-
482 - statut (non) : 258, 287, 294-
295
- contenu : 219
Bioéthique v. Assistance
- droit de surveillance v.
médicale à la procréation
Tutelle de mineur
- droit de visite et
du tiers : 252- C
253
- exercice en commun : 446- Carbonnier : 23, 32-33, 36, 90,
447, 449-450 98, 249, 312, 320
généralisation : 451 CEDH
partage avec un tiers : - coparentalité : 151-152
302-305
- déplacements illicites : 237-
- exercice unilatéral : 450 238
- hadana v. Autorité - don de gamètes : 510
parentale, conception islamique
- embryon : 530
- homologation des
conventions parentales v. - filiation : 443
Médiation familiale - gestation pour autrui : 519
- inégalitaire v. Autorité - médiation : 170
parentale, conception
islamique - orientation sexuelle : 382
512
Code marocain de la famille - v. Médiation, parole de
- réforme : 116, 419
Convention sur les relations
Codification
: 153-154
- droit musulman : 90-93
Coparentalité : 142 et s.
Conciliation
- définition : 142
- divorce : 129-130
- droit musulman : 219-220
Concubinage
- en mariage : 156-158, 164
- v. Régime impératif
- : 195 et s.
conjugal
- enrichissement sans cause : appréciation
349 judiciaire : 212-217,
234, 236
- évolution : 315-316
approche occidentale :
- halal : 398, 402 198-202
- homosexuel : 359 approche islamique :
- rupture : 348, 353 203-204
- société de fait : 349 - incarcération v. Droit
pénitentiaire
Conflits de lois v. Droit
international privé - limites : 221-243
Conjugalité v. Couple - mesures : 458
Conseil de famille : 193 - parents v. Autorité parentale
Contractualisation v. - post-divorce : 163
Privatisation - sources internationales et
Convention de procédure régionales : 148-150, 155
participative : 183 et s. Couple
- articulation avec la - concubins : 312-358
médiation : 184
doits sociaux : 344
- définition : 183
reconnaissance : 314-
- mise en péril : 186
315
Convention franco-marocaine
rupture : 348-349
- articulation avec la
- concurrence (entre) : 389
Convention de La Haye : 239
- conjugal : 1-3, 6, 14-15
- applicabilité : 405-406
- non procréateur v. Pacs
- identité nationale : 403
- homosexuel
- neutralisation : 242, 410
- révision : 243 accès à la conjugalité :
360, 367
Convention internationale des
- parental v. Coparentalité
- pluralisme conjugal : 312
- v. Déplacements illicites
513
- zawj : 21 - secours v. Régime impératif
conjugal
Divorce
D
- admission : 64-65, 105, 110-
111, 113
- caractère judiciaire : 124
- conditions : 260-261
- chiqaq : 126-127
- imposée aux parents : 269,
- conciliation v. Conciliation
306
- dédramatisation du divorce :
Délégation partage
112
- au profit du tiers : 262
- discorde (notion de) : 128
- appréciation judiciaire des
- encadrement : 108
circonstances exceptionnelles :
264 - évolution v. Divorce,
admission
- homoparentale : 263-264
- logement familial
Démariage, v. Divorce
Dématrimonialisation : 310 et s. droit marocain : 137
514
- gestation pour autrui : 515 - :
387
Droit international privé
- origines personnelles : 543
- v. Déplacements illicites
Eugénisme : 529
- fraude v. Gestation pour Européanisation du droit de la
autrui famille : 409-411
- mariage homosexuel franco-
marocain : 390-412
admission : 407 F
- régime matrimonial : 136
Droit pénitentiaire : 222-231 Famille
Droit successoral - diversité v. Couple
- conjoint survivant : 103 - évolution : 98, 140, 532
- droit musulman : 138 - fondement : 17-18, 143
- indétermination : 17
E - intemporalité : 552
- lien familial
Égalité relâchement : 141
- des couples : 311, 546 - musulmane : 475
- des enfants : 440-442 - oussra : 21
- des époux : 99-104 - pluralisme : 389
- pendant la vie commune : - recomposée : 249-251
99-103
transmission des
- à la rupture : 125-127
biens par le conjoint :
- des parents v. Résidence 275
alternée
Femme
- des sexualités : 378-380
- épouse : 119
- famille : 141
- mère v. Autorité parentale,
- fondement : 309 hadana
Engendrement Filiation
- remise en cause : 535 - complaisance : 254
- déclaration commune
Équité anticipée : 538
515
paternelle légitime : - remise en cause de
461-463 : 518
sémantique : 459 - CEDH v. CEDH
- égalité : 442
- expertise biologique : 441, H
469-470, 473-474
- monosexuée : 538 Homoparentalité : 368-369,
- notion (de) : 435 371373
- pour tous : 532-545 Homoparenté : 536
- procréation médicalement
assistée : 511 I
- stabilité : 442, 444
- Tunisie : 478-479 : 542-543
- unification : 442 Ijtihad : 418
Filiation artificielle v. Adoption, Incarcération
Assistance médicale à la procréation
- v. Coparentalité
Filiation charnelle
Indissolubilité du mariage v.
- contestation par : 472 Mariage occidental
- distinction filiation légitime,
filiation naturelle : 438-441,
476-477 - durée de grossesse v.
Filiation charnelle
- durée de la grossesse : 464
- v. Filiation charnelle,
- évolution v. Parenté, fiançailles
mutation
- négation : 503, 533, 544
- fiançailles : 465
- réification : 541, 544
- identification génétique :
473-474 Islam
- preuve par témoins : 468 - assistance médicale à la
procréation : 521-525
- vérité : 440
limites : 526
- avortement : 499-500
G
- conception du corps v.
Valeurs islamiques
Gestation pour autrui : 515-520 - éthique conjugale : 88-89
- condamnation : 517 -
- appréciation
européenne : 516 judiciaire :
- interdit islamique : 523 215-217
- mariage musulman : 86-87
516
- message divin : 75-77 fiscalité : 279
réhabilitation : 430 Liberté v. Privatisation
méthode : 431 - individuelle : 433
- objectifs de la loi : 489 - liberté du concubinage
- période préislamique : 70- recul : 321-322
72
- rupture : 347-350
- réflexion éthique : 498
- des relations sexuelles v.
- science et procréation : 489 Sexe
- ssolh : 188-194 Loi
- umma v. Umma - APIE : 160, 456
- conflit (de) : 405-406, 411
J - droit comparé : 433
- du 4 mars 2002 : 451
Juge - Hamon : 339
- autorité parentale : 452 - Malhuret : 314, 450, 453
- conciliateur : 130 - mariage pour tous : 374-375
- concubinage : 346 Révision : 376
- devoirs du mariage v. - Naquet : 105
Régime impératif conjugal
- personnalité : 424
- divorce : 114
- rôle pédagogique : 159
- maroc : 25
- Tepa : 275
iqrar : 466-467
- vocation recognitive et
: 472 vocation intégrative : 411, 432
- ordonnance de protection : Logement familial
324-326 - conjoint survivant v. Régime
- pouvoirs liquidatifs : 185, impératif conjugal
187 - divorce : 131-132, 137
- tunisie : 478 - pacs v. Régime impératif
conjugal
L
- amour : 1, 63 Maroc
518
Morale Parentalité
- droit (et) : 44-47 - dispositif de soutien aux
parents : 260-264
- dispositif au profit des tiers :
N
265-268
Norme sociale de conduite :
-
399, 421
parentale : 146
Notaire
- exercice par les parents v.
- désignation : 185-187 Coparentalité
- situation de fait : 145
O v. Projet
parental
P - déclin : 436
- preuve de la filiation : 463
519
- rapprochement (par la) : 346 - mariage chrétien v.
Mariage, occidental
Projet parental
- musulmane
- procréation v.
Engendrement réhabilitation : 430
couples hétérosexuels : - politique (et) : 428
501-502 - procréation artificielle (et) :
couples homosexuels : 521-526
19 Remariage
: - hadana (et) : 485
503
Répudiation
- encadrement judiciaire :
R 124-125
Résidence
Reconnaissance - alternée : 453-458
- complaisance (de) : 254 admission : 454
- Iqrar v. Filiation
:
Régime impératif conjugal : 457
16, 351-352, 354
objectif v. Égalité
assistance : 327-330
réforme : 456
contribution aux
refus : 453
charges de la vie
commune : 334-336 - changement : 486
fidélité : 331-333 - enfants v. Déplacements
illicites
logement du couple :
341-343
respect : 324-326 S
520
- changement : 364-365 - concubinage : 317-318
Sexualité : 377 appréciation
Solidarité des dettes judiciaire : 319
ménagères v. Régime - famille recomposée : 283,
impératif conjugal 291-292
Sujet Vie privée
- instrumentalisation : 83-84 - liberté sexuelle : 380
- protection : 379
T Volonté individuelle
- :
Théorie du gender : 363, 388, 492-493, 501-502
429 - liberté de rompre : 104-115
Tiers v. Parentalité - stérilisation volontaire :
Tunisie 495-496
- : 478-479
Transsexualisme
- : 364-366
Tutelle de mineurs
- wilaya : 481-483
Tuteur matrimonial : 123
Tuteur testamentaire : 268
U
Umma : 78-80, 400
Valeurs
- islamiques : 432, 549
conception du corps et
de la vie humaine :
497-500
- occidentales : 549, 551
conception du corps :
494
Vie commune
521
522
Bibliographie
Cette bibliographie ne prétend pas être exhaustive. Certaines références citées dans
les notes de bas de page de cet Ces références sont
classées par ordre alphabétique. Pour un même auteur, le classement est réalisé par
ordre chronologique décroissant.
I. OUVRAGES GENERAUX :
1. Traités et manuels de droit français des personnes et de la famille
BATTEUR (A.)
- Droit des personnes, des familles et des majeurs protégés, Paris, LGDJ, Lextenso éd.,
6ème éd., 2016.
BÉNABENT (A.)
- La famille, Paris, LGDJ, coll. « Domat droit privé », 3ème éd., 2014.
CABRILLAC (R.)
- Droit des régimes matrimoniaux, Paris, Montchrestien, coll. « Domat droit privé »,
7ème éd., 2011.
523
CARBONNIER (J.)
- Droit civil, Introduction, Paris, PUF, coll. « Thémis droit privé », 27ème éd., 2002.
- Droit civil, Introduction, Les personnes, L , Paris, PUF,
coll. « Quadrige », 1ère éd., 2004.
- , Paris, PUF, coll. « Thémis droit privé », t. II,
ème
21 éd. refondue, 2002.
CORNU (G.)
- Droit civil, La famille, Paris, Montchrestien, coll. « Domat droit privé », 9ème éd.,
2006.
DOUCHY-OUDOT (M.)
- Droit civil, Introduction, Personnes, Famille, Paris, Dalloz, coll. « Hypercours », 8ème
éd., 2015.
FENOUILLET (D.)
- Droit de la famille, Paris, Dalloz, 3ème éd., 2013.
GARRIGUE (J.)
- Droit de la famille, Paris, Dalloz, coll. « Hypercours », 1ère éd., 2015.
JUBAULT (C.)
- Droit civil, les successions, les libéralités, Paris, Montchestien, coll. « Domat droit
privé », 2ème éd., 2010.
LEMOULAND (J.-J.)
- Droit de la famille, Paris, éd. Ellipses, coll. « Cours magistral », 2014.
524
LEQUETTE (Y.), TERRE (F.), GAUDEMET (S.)
- Droit civil, Les successions, les libéralités, Paris, Dalloz, coll. « Précis », 4ème éd.,
2013.
MEULDERS-KLEIN (M.-T.)
- La personne, la famille, le droit (1968-1998). Trois décennies de mutations en
Occident, Bruxelles-Paris, Bruylant-LGDJ, 1999.
PETOT (P.)
- Histoire du droit privé français, La famille, Paris, éd. Loysel, 1992.
525
2. Traités et manuels de droit marocain et musulman de la famille
BENMELHA (G.)
- Éléments du droit algérien de la famille. Le mariage et sa dissolution, Paris, t. 1, éd.
Publisud, 1985.
BLANC (F.-P.)
- Le droit musulman, Paris, Dalloz, coll. « Connaissance du droit », 1995.
BLEUCHOT (H.)
- Droit musulman, t. I « Histoire », t. II « Fondements, culte, droit public et mixte »,
Marseille, PUAM, 2002.
BORRMANS (M.)
- Statut personnel et famille au Maghreb de 1940 à nos jours, Paris-La Haye, éd.
Mouton, 1977.
BOUSQUET (G.-H.)
- , Alger, éd. La maison
des livres, 1942.
COLOMER (A.)
- Droit musulman, les personnes, la famille, Rabat, éd. la Porte, t. I, 1963.
DE WAEL (H.)
- Le droit musulman, nature et évolution, Paris, CHEAM, 2ème éd., 1993.
KACHBOUR (M.)
- Commentaire du Code de la famille, Le mariage, Casablanca, t. 1 ath al-najah
al-jadida, 3ème éd. revue et augmentée, 2015 (en langue arabe).
MILLIOT (L.)
- , Paris, Recueil Sirey, 1953.
526
NAJI EL MEKKAOUI (R.)
- La Moudawana, le référentiel et le conventionnel en harmonie. De la réforme de la
Moudawana à la concrétisation de son âme, t. 3, Rabat, 3ème éd. révisée,
Bouregreg, 2009.
SCHACHT (S.)
- it musulman, Paris, Maisonneuve&Larose, 1999.
AGOSTINI (E.)
- Droit comparé, Paris, PUF, 1988.
ANCEL (M.)
- Aspects nouveaux de la pensée juridique. ,
éd. A. Pedone, t. I, 1975.
- Utilité et méthodes du droit comparé, É
comparative des droits, Neuchâtel, éd. Ides et calendes, 1971.
- Le rôle de la recherche comparative dans la coopération juridique internationale,
Pays-Bas, Leiden, A.W. Sijthoff, 1962.
BOULANGER (F.)
- Droit civil de la famille, aspects internes et internationaux, Paris, Economica t. I,
1999.
- Les rapports juridiques entre parents et enfants, perspectives comparatistes et
internationales, Paris, Economica, 1998.
527
- Droit civil de la famille, aspects comparatifs et internationaux, Paris, Economica, t. II,
1994.
CAPPELLETTI (M.)
- Le droit comparé et son enseignement face à la société moderne, éd. Padova,
CEDAM, 1973.
CONSTANTINESCO (L.-J.)
- Traité de droit comparé, la méthode comparative, Paris, LGDJ, t. 2, 1974.
CUNIBERTI (G.)
- Grands systèmes de droit contemporain, Paris, LGDJ, 2007.
DAVID (R.)
- Traité élémentaire de droit civil comparé
et à la méthode comparative, Paris, LGDJ, 1950.
528
GAMBARO (A.), SACCO (R.), VOGEL (L.)
- Traité de droit comparé, Le dr , Paris, LGDJ, 2011.
GERKENS (J.-F.)
- Droit privé comparé, Bruxelles, éd. Larcier, 2007.
GUTTERIDGE (H.-C.)
- Le droit comparé, introduction à la méthode comparative dans la recherche juridique
, Paris, LGDJ, 1953.
LAMBERT (E.)
-
aspects, les fonctions et les sources du droit comparé, Recueil
LAMBERT, Paris, LGDJ, 2ème partie, 1938.
-
moderne, le droit comparé comme science internationale moderne, Recueil
LAMBERT, Paris, LGDJ, 3ème et 4ème parties,1938.
- Le droit comparé comme science sociale
Recueil LAMBERT, Paris, LGDJ, 5ème partie, 1938.
LAMMERANT (I.)
- paré, Bruxelles-Paris, Bruylant-
LGDJ, 2001.
LEGEAIS (R.)
- Grands systèmes de droit contemporain, approche comparative, Paris, Litec, 2ème éd.,
2008.
LEGRAND (P.)
- Comparer les droits, résolument, Paris, PUF, 1ère éd., 2009.
MEULDERS-KLEIN (M.-T.)
- Famille et justice : justice civile et évolution du contentieux familial en droit comparé,
Paris, LGDJ, 1997.
POUSSON-PETIT (J.)
- Le démariage en droit comparé, Bruxelles, Larcier, 1981.
529
ROGUIN (E.)
- Traité de droit civil comparé. Le mariage, Paris, éd. Picho&Successeur, 1904.
SACCO (R.)
- La comparaison juridique au service de la connaissance du droit, Paris, Economica,
1991.
4. Dictionnaires et Encyclopédies
ANCEL (P.)
- V° Contractualisation, in Dictionnaire de la justice (dir. CADIET (L.)), Paris, éd. PUF,
2004.
BELLIVIER (F.)
- V° Stérilisation, Dictionnaire du Corps, MARZANO (M.) (dir. de), PUF, 2007.
BODEN (D.)
- V. Comparatisme, in , ANDRIANTSIMBAZOVINA
(J.), GAUDIN (H.), MARGUENAUD (J.-P.) (dir. de), PUF, 2008.
530
CORNU (G.)
- Vocabulaire juridique, Association Henri CAPITANT, Paris, coll. « Quadrige», 10ème
éd., 2014.
DOUCHY-OUDOT (M.)
- V° Filiation, in Encyclopédie Dalloz procédure civile.
GAUMONT-PRAT (H.)
- V° Mère-porteuse, in Dictionnaire du Corps, MARZANO (M.) (dir. de), PUF, 2007.
GOUTTENOIRE (A.)
- V° Divorce, in Encyclopédie Dalloz procédure civile.
LABRUSSE-RIOU (C.)
- V° Filiation, in Encyclopédie Dalloz civil.
LEMOULAND (J.-J.)
- V° Famille, in Encyclopédie Dalloz civil.
LEFEBVRE-TEILLARD (A.)
- V° Famille, in Dictionnaire de la culture juridique (dir. ALLAND (D.) et RIALS (S.),
Paris, éd. Lamy et PUF, 2003.
LE ROY (E.)
- V° Acculturation juridique, in ,
ANDRIANTSIMBAZOVINA (J.), GAUDIN (H.), MARGUENAUD (J.-P.) (dir. de), PUF, 2008.
ROBERT (P.)
- Le Grand Robert de la langue française : dictionnaire alphabétique et analogique de
la langue française, par A. REY, Paris, éd. Le Robert, 2001.
SICARD (D.)
- V° Bioéthique, in Dictionnaire du Corps, MARZANO (M.) (dir. de), PUF, 2007.
THOUVENIN (D.)
- V° Recherche biomédicale, in Dictionnaire du Corps, MARZANO (M.) (dir. de), PUF,
2007.
531
II. OUVRAGES SPECIAUX
1. Monographies, thèses et mémoires en droit français
ANDORNO (R.)
- La distinc
artificielles, Paris, LGDJ, 1996.
ARNOUX (I.)
- , Bordeaux, PUB, 1994.
ATTAL-GALY (Y.)
- , Paris, LGDJ, 2003.
AUNE (A.-C.)
- Le phénomène de multiplication des droits subjectifs en droit des personnes et de la
famille, Marseille, PUAM, 2007.
BABY (W.)
- Les effets pat
de conjugalité, Paris, Defrénois, Lextenso éd., 2013.
532
BENISTY (S.)
- La norme sociale de conduite saisie par le droit, Paris, Institut universitaire Varenne,
« coll. Des Thèses », 2014.
BERNANT (Y.)
- Les temporalités du droit de la famille, Thèse, Lyon, 2015.
BERTHET (P.)
- Les obligations alimentaires et les transformations de la famille, Paris,
coll. « Logiques juridiques », 2000.
BERTRAND-MIRKOVIC (A.)
- La notion de personne. Étude visant à clarifier le statut juridi ,
Thèse, Aix-Marseille, 2003.
BOLOGNE (J.-C.)
- Histoire du mariage en Occident, Paris, éd. Hachettes Littératures, 2005.
BRIERE (C.)
- Les conflits de conventions internationales en droit privé, Paris, LGDJ, 2001.
BRUN (A.-S.)
- , Thèse,
Grenoble II, 2003.
BRUNETTI-PONS (C.)
- La notion juridique de couple, Paris, Economica, 1998.
533
BURGUIERE (A.)
- La famille en Occident du XVIème au XVIIIème siècle : le prêtre, le prince et la famille,
éd. Complexe, 2005.
- Histoire de la famille, éd. Armand Colin, Paris, 1986.
CABALLERO (F.)
- Droit du sexe, Paris, LGDJ-Lextenso, 2010.
CABRILLAC (R.)
- Droit des régimes matrimoniaux, Paris, LGDJ, coll. « Domat droit privé », 2013.
- Les codifications, Paris, PUF, 1ère éd., 2002.
CADET (F.)
- ordre public en droit international de la famille. Étude comparée France Espagne,
Harmattan, 2005.
CARBONNIER (J.)
- Flexible droit, Pour une sociologie du droit sans rigueur, Paris, LGDJ, 10ème
éd., 2001.
- Droit et passion du droit sous la Vème République, Paris, Flammarion, 1996.
- Essai sur les lois, Paris, Répertoire du Notariat Defrénois, 2ème éd., 1995.
- Sociologie juridique, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1994.
CASTALDO (A.)
- Histoire du droit civil, Paris, Dalloz, 1ère éd., 2002.
CHABERT (C.)
- , Marseille, PUAM, 2001.
CHAMPENOIS (G.)
- , Paris, LGDJ, 1971.
534
CHELINI (J.)
- , Paris, éd. Hachette Littératures, 1991.
CORNU (G.)
- , Paris, PUF, 1ère éd., 1998.
COSTE-FLORETO (A.)
- La nature juridique du mariage. Ce
être, Paris, Librairie du recueil Sirey, 1935.
CUSSET (P.-Y.)
- Le lien social, Paris, éd. Armand Colin, 2007.
DABIN (J.)
- Famille, Droit et changement social dans les sociétés contemporaines, Travaux des
VIIIème DABIN organisées par le Centre de Droit de
la Famille les 25-26 mars 1976 à Woluwe-St-Lambert (Bruxelles), Paris, LGDJ, 1978.
DAGENAIS (D.)
- La fin de la famille moderne, Rennes, PUR, 2000.
DARMAISIN (S.)
- Le contrat moral, Paris, LGDJ, 2000.
DAUDET (P.)
- , t. II.
n matière de divorce et de consanguinité, Paris, Sirey, 1941.
- , t. I. Les origines carolingiennes
, Paris, Sirey, 1933.
535
DE SINGLY (F.)
- Sociologie de la famille contemporaine, Paris, éd. Armand Colin, 3ème éd. refondue,
2007.
- Le lien familial en crise, Paris, éd. Ru
- , Paris, éd. Armand Colin,
2003.
DEVERS (A.)
- Le concubinage en droit international privé, Paris, LGDJ, 2004.
DIJON (X.)
- La raison du corps, Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit et Religion », 2012.
DUARD-BERTON (C.)
- , Thèse, Paris II, 2004.
DUMAS (G.)
- , Thèse, Paris II, éd. Arthur
Rousseau, 1902.
EDELMAN (B.)
- Ni chose ni personne, le corps humain en question, Hermann éditeurs, 2005.
536
ÉGÉA (V.)
- , Paris, Defrénois,
Lextenso éditions, 2010.
ESCARRAS (J.-C.)
- La communicabilité entre les systèmes juridiques, Liber amicorum, Jean-Claude
ESCARRAS, Bruxelles, Bruylant, 2005.
FABRE (M.)
- É
famille et dans la société, Thèse, Avignon, éd. François Seguin, 1900.
FABRE-MAGNAN (M.)
- La gestation pour autrui, Fictions et réalité, Paris, Fayard, 2013.
FAUVARQUE-COSSON (B.)
- Pensée juridique française et harmonisation européenne du droit, Paris, Société de
législation comparée, 2003.
- Libre disponibilité des droits et conflits de lois, Paris, LGDJ, t. 272, 1996.
537
FEUILLET-LIGER (B.), CRESPO-BRAUNER (M.-C.)
- Les incidences de la biomédecine sur la parenté, approche internationale, Bruxelles,
Bruylant, coll. « Droit, bioéthique et société », 2014.
FONTEZ (P.)
- Les diverses étapes de la laïcisation du mariage en France, Pontifica universitas
gregoriana, Perpignan, 1972.
FRAGU (E.)
- personnelle. Essai critique sur le rôle de la dignité
humaine, Thèse, Paris 2, 2015.
GABRIEL (A.)
- , Marseille, PUAM,
2011.
GAILLY (B.)
- ,
538
GALLANT (E.)
- Responsabilité parentale et protection des enfants en droit international privé, Paris,
Defrénois, coll. « Doctorat&Notariat », 2004.
GALLUS (N.)
- Droit des familles, genre et sexualité, Paris, LGDJ, coll. « Anthémis », 2012.
GANNAGE (L.)
- La hiérarchie des normes et les méthodes du droit international
privé, Paris, LGDJ, 2001.
GAREIL (L.)
- , Paris, LGDJ, 2004.
GARRIGUE (J.)
- Les devoirs conjugaux. Réflexion sur la consistance du lien matrimonial, Paris, LGDJ,
éd. Panthéon-Assas, 2012.
GAUCHET (M.)
- Le désenchantement du monde, une histoire politique de la religion, Paris, éd.
Gallimard, 1985.
GAUDEMET (J.)
- Le mariage en Occident, Paris, éd. du Cerf, 1987.
GEBLER (M.-J.)
- Le droit français de la filiation et la vérité, Paris, LGDJ, 1970.
GILI (E.)
- Le ministère public et le couple conjugal, Marseille, PUAM, 2012.
- La communauté de vie et la reconnaissance des couples conjugaux, Mémoire de
Master 2, Marseille, PUAM, 2008.
GIRARD (C.)
- Des droits fondamentaux au fondement du droit. Réflexions sur les discours
théoriques relatifs au fondement du droit, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010.
GOGOS-GINTRAND (A.)
- Les statuts des personnes, étude de la différenciation des personnes en droit, Paris,
la Sorbonne - André TUNC, 2011.
GOODY (J.)
- , Paris, éd. A. Colin, 1985.
GRATALOUP (S.)
- , Paris, LGDJ, 1998.
539
GUTMANN (D.)
- identité. Étude de droit des personnes et de la famille, Paris, LGDJ,
2000.
HALPERIN (J.-L.)
- Histoire du droit privé français depuis 1804, Paris, PUF, 2ème éd., coll. « Quadrige »,
2012.
- Le Code civil, Paris, Dalloz, 1996.
HAUSER (J.)
- Sociologie judiciaire du divorce, Paris, Economica, coll. « Études juridiques », 1999.
- orie générale
, Paris, LGDJ, 1971.
HERITIER (F.)
- Masculin/Féminin, La pensée de la différence, Paris, éd. Odile Jacob, 2007.
- Hommes, femmes, la construction de la différence, Paris, Cité des sciences et de
.
HERZOG-EVANS (M.)
- ,
« Logiques juridiques », 2000.
HILT (P.)
-
français, Marseille, PUAM, 2004.
HO DINH (A.-M.)
- Les frontières de la science et du droit. Essai sur la dynamique juridique, Thèse,
Paris 2, 2015.
540
HOAREAU-DODINAU (J.), METAIRIE (G.) (réun. par)
- La religiosité du droit, Limoges, éd. Pulim, coll. «
», 2013.
HOUSSIER (J.)
- Les dettes familiales, Thèse, Paris 1, 2014.
INSTITUT FAMILLE&REPUBLIQUE
- Le mariage&La L , Nancy, IFR, 2016.
JESTAZ (P.)
- Autour du droit civil. Écrits dispersés, idées convergentes, Paris, Dalloz, 2005.
JULIEN (P.)
- Les contrats entre époux, Paris, LGDJ, 1962.
KAYSER (J.)
- , Écrits de Pierre KAYSER parus de 1981 à 2001,
Marseille, PUAM, 2003.
KHILLO (I.)
- Les droits de la femme à la frontière du droit international et du droit interne inspiré
le cas des pays arabes -, Marseille, PUAM, 2009.
541
LADJILI-MOUCHETTE (J.)
- Histoire juridique de la méditerranée, Droit romain, Droit musulman, Paris, éd.
Publisud, 2007.
LAGARDE (P.)
- privé, Paris, LGDJ, 1959.
LAMARCHE (M.)
- Les degrés du mariage, Thèse, Marseille, 1997.
LASZLO-FENOUILLET (D.)
- La conscience, Paris, LGDJ, 1993.
LE TERTRE (C.)
- La religion et le droit civil du mariage, Paris, Defrénois, Lextenso éd., 2004.
LEFEBVRE-TEILLARD (A.)
- Introduction historique au droit des personnes et de la famille, Paris, PUF, 1996.
LEGUY (Y.)
- , Thèse, Rennes, 1973.
LESTIENNE-SAUVE (L.)
- Le beau-parent en droit français et en droit anglais, Paris, LGDJ, 2013.
LEVENEUR (L.)
- Situations de fait et droit privé, Paris, LGDJ, 1990.
542
LEVY (J.-P.), CASTALDO (A.)
- Histoire du droit civil, Paris, Dalloz, coll. « Précis », 2ème éd., 2010.
LEVI-STRAUSS (C.)
- Les structures élémentaires de la parenté, Paris, PUF, 1949.
MARTEL (D.)
- de personnes, Paris, Bibliothèque de
- André TUNC, t. 34, 2012.
MARSTAL (L.)
- , Thèse, Paris II, 2013.
MARTIN (O.)
- La crise du mariage dans la législation intermédiaire (1789-1804), Thèse, Paris, éd.
Arthur Rousseau, 1901.
MAZIERE (P.)
- , Thèse, Aix-Marseille, 2003.
MÉLIN (F.)
- La connaissance de la loi étrangère par les juges du fond, PUAM, Marseille, 2002.
MESNIL (M.)
- Repenser le droit de la reproduction au prisme du projet parental, Thèse, Paris 5,
2015.
543
- Quels repères pour les familles recomposées ?, Paris, LGDJ, coll. « Droit et
société », 1995.
MIGNOT (M.)
- Les obligations solidaires et les obligations in solidum en droit privé français, Paris,
Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque des thèses », 2002.
MILLARD (E.)
- Famille et droit public, R , Paris,
LGDJ, 1995.
MIRKOVIC (A.)
- ?,
Saint-Céneré, éd. Téqui, 2014.
MOINE (I.)
- Les choses hors commerce. Une approche de la personne humaine juridique, Paris,
LGDJ, 1997.
NAJM (M.-C.)
- Principes directeurs du droit international privé et conflit de civilisations. Relations
entre systèmes laïques et systèmes religieux, Paris, Dalloz, 2005.
NEIRINCK (C.)
- , Paris, LGDJ, coll.
« Bibliothèque de droit privé », t. 182, 1984.
NIBOYET (F.)
- , Paris, LGDJ, 2008.
544
NICOLAU (G.)
- , Bordeaux, PUB,
1989.
OUEDRAOGO (R.)
- La notion de devoir en droit de la famille, Bruxelles, Bruylant, 2014.
PEROZ (H.)
- La réception ordre juridique français,
Paris, LGDJ, 2005.
PERRIN (S.)
- . Étude de droit
comparé, Thèse, Strasbourg, 2009.
PERROT (R.)
- , Thèse, Paris, Sirey,
1947.
PHILIPPE (C.)
-
conjugale, Paris, LGDJ, 1981.
PICHARD (M.)
- Le droit à. Étude de législation française, Paris, Economica, coll. « Recherches
juridiques », 2006.
PIZARRO (L.)
- Le trait
commun de la rupture du couple, Thèse, Aix-Marseille, 2014.
PLESSIX-BUISSET (C.)
- , Rennes, Presses
Universitaires de Rennes, 2002.
PORTALIS
- Le discours et le Code, Portalis, deux siècles après le Code Napoléon, Paris, Litec,
LexisNexis, 2004.
545
POUSSON-PETIT (J.)
-
français mattan, 2009.
- ,
Bruxelles, Bruylant, 2002.
- , Paris, éd. du CNRS, 1990.
- Le démariage en droit comparé, Bruxelles, éd. Larcier, 1981.
PRIEUR (S.)
- La libre , Les Études hospitalières, coll.
« Thèses », 1999.
PRIGANT (R.)
- Renouveau des idées sur la famille, Sociologie comparée de la famille contemporaine,
INED, coll. « Travaux et documents », éd. du CNRS, 1955.
RANOUIL (V.)
- , Paris, éd. PUF, 1980.
RASS (L.)
- Les fondements du droit international privé européen de la famille, Thèse, Paris 2,
2015.
REBOURG (M.)
- -parent, Paris, Defrénois, 2003.
REGLIER (A.-C.)
- , Thèse, Aix-en provence, 2013.
RENOUX-ZAGAME (M.-F.)
- , Paris, PUF, 2003.
REVET (T.)
- Code civil et modèles. Des modèles du code au code comme modèle, Paris, LGDJ,
2005.
546
RIPERT (G.)
- Les forces créatrices du droit, LGDJ, Paris, 1955.
- Le déclin du droit, Études sur la législation contemporaine, Paris, LGDJ, 1949.
- La règle morale dans les obligations civiles, LGDJ, 4ème éd., Paris, 1949.
ROLAND (R.-M.)
- -conjugalités : mariages fictifs, concubinage, pacs,
éd. l
ROMAN (E.)
- Le lien de filiation non biologique, Presses universitaires du Septentrion, 2002.
RONSIN (F.)
- Le contrat sentimental. Débats Ancien régime
à la Restauration, Paris, éd. Aubier, 1990.
ROUSSEL (L.)
- La Famille incertaine, Paris, éd. Odile Jacob, 1989.
RUDE-ANTOINE (E.)
- Des vies et des familles. Les immigrés, la loi et la coutume, Paris, éd. O. Jacob, 1997.
RUFFIEUX (G.)
- Les sanctions des obligations familiales, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque
des thèses », 2014.
SALAME (G.)
- Le devenir de la famille en droit international privé, une perspective post-moderne,
Marseille, PUAM, 2006.
SANDRAS (C.)
- , Thèse, Paris 2, 2000.
SAULIER (M.)
- Le droit commun des couples. Essai critique et prospectif, Thèse, Paris 2, 2014.
547
SAVATIER (R.)
- , Paris, LGDJ, 1963.
- , Paris,
Dalloz, 1959.
SEGALEN (M.)
- Sociologie de la famille, Paris, éd. Armand Colin, 4ème éd., 1996.
SERRIER (G.)
- De quelques recherches concernant le mariage contrat-sacrement, et plus
particulièrement de la doctrine augustinienne des biens du mariage, Thèse Nancy,
Paris, éd. De Boccard, 1928.
SMADJA (E.)
- Le couple et son histoire, Paris, PUF, 2011.
SIFFREIN-BLANC (C.)
- La parenté en droit civil, Marseille, PUAM, 2009.
SOSSON (J.)
- Beaux-parents, beaux-enfants. Étude de droit comparé, Thèse, Louvain, 1995.
SOUAL (P.)
- Le drame de la liberté, Introduction aux Principes de la philosophie du droit de
Hegel, Paris, Hermann éditeurs, 2011.
SPITERI (P.)
- lité des époux dans le régime matrimonial légal (Étude de réforme législative),
Paris, LGDJ, 1965.
SULLEROT (E.)
- La crise de la famille, Paris, éd. Fayard, 2000.
548
TESTART (J.)
- Faire des enfants demain, éd. du Seuil, 2014.
THERY (I.)
- Des humains comme les autres, Bioéthique, anonymat et genre du don, éd. EHESS,
2010.
- Le démariage, justice et vie privée, Paris, éd. Odile Jacob, 3ème éd., 2001.
TRIBES (A.)
- Le rôle de la notion matière civile, Thèse, Paris 2, 1975.
TRIGEAUD (J.-M.)
- Personne, droit, existence, Paris, éd. Bière, 2009.
UNIVERSITE PANTHEON-ASSAS
- 1804-2004, Le Code civil un passé, un présent, un avenir, Livre du Bicentenaire,
Paris, Dalloz-Litec, 2004.
VANHEMS (R.)
- Le mariage civil, sa formation, ses effets, sa dissolution. É
contrat, Paris, éd. Arthur Rousseau, 1904.
VASSEUR-LAMBRY (F.)
- La famille et la Convention européenne des droits d , Paris, l
2000.
VILLET (L.)
- Les relations patrimoniales dans les familles recomposées, Thèse, Nantes, 2001.
VILLEY (M.)
- La formation de la pensée juridique moderne, Paris, PUF, 1ère éd., 2003.
- , Paris, PUF, 1ère éd., 1983.
549
WALCH (A.)
- Histoire du couple en France (de la Renaissance à nos jours), Paris, éd. Ouest-France,
2003.
WALINE (M.)
- roit, Paris, Montchrestien, 1945.
ADAM (A.)
- Une enquête auprès de la jeunesse musulmane du Maroc, Aix-en-provence, éd. La
pensée universitaire, 1963.
AHMED (H.)
- Étude comparative du mandat en droit romain et en droit musulman, Thèse, Paris II,
1981.
ALAYLI (B.)
- La réglementation des rapports sexuels en droit musulman comparé, Thèse, Paris II,
1980.
550
ALOUI GTARI (R.)
- Le un triomphe incomplet », Les femmes tunisiennes entre
rénovation et conservatisme
AVERROES
- La bidaya du mariage et de sa dissolution, traduction de Laïmeche Ahmed, Alger,
1926.
AZOUGAR (O.)
- Les arrêts de la Cour de cassation en matière familiale.
Code de la famille, s.l, 1ère éd., 2014.
BENMELHA (G.)
- Le droit patrimonial algérien de la famille, Office des publications universitaires,
1995.
- Éléments du droit algérien de la famille, t. 1 Le mariage et sa dissolution, Paris, éd.
Publisud, 1985.
BIDAR (A.)
- n existentialisme musulman, éd. Albin Michel, 2ème
éd., 2012.
BOTIVEAU (B.)
- Loi islamique et droit dans les sociétés arabes : mutations des systèmes juridiques du
Moyen-Orient, éd. Karthala, Paris 1994.
551
BOUCHAREB-CASSAR (H.)
- Conséquences des ruptures conjugales entre Nord et Sud de la Méditerranée, Paris,
BOUZIR (S.)
- Le régime de la communauté des biens entre époux : étude comparative du droit
français et du droit tunisien, Thèse, Paris I, Panthéon Sorbonne, 2003.
CHAFI (M.)
- Les rapports juridiques entre époux. Étude comparative du droit français et du droit
marocain, Thèse, Paris II, 1987.
CHARNAY (J.-P.)
- Esprit du droit musulman, Paris, Dalloz, 2008.
COLLECTIF (OUVRAGE)
- Le Code de la famille : nouveautés et portée, Université Moulay Ismaïl Meknès.
Pu 5, 2004.
JAHEL (S.)
- systèmes juridiques des pays arabes, Paris, LGDJ, éd.
Panthéon Assas, 2012.
CHEBEL (M.)
- Le sujet en Islam, Paris, éd. du Seuil, 2002.
CHEHATA (C.)
- , Paris, Dalloz, 2005.
DENNOUNI (H.)
- n des rapports entre époux en droit algérien de la famille, éd. Dahlab, 1998.
DJILALI (T.)
- Réflexions sur les questions épineuses du Code algérien de la famille : la dot, la
tutelle matrimoniale, la polygamie, le divorce- , Office des
publications universitaires, 2004.
552
ELAKHRISSI (S.)
- Les transformations sociales et juridiques de la famille marocaine à la lumière des
nouveautés introduites par le Code de la famille, Rabat, Imp. Dar Salam, 1ère éd., 2012
(en langue arabe).
FADLALLAH (I.)
- La famille légitime en droit international privé (Le domaine de la loi applicable aux
effets du mariage), Paris, Dalloz, 1977.
GUEMARD (G.)
- La condition juridique des gens mariés en droit musulman (notamment dans le rite
hanafite) comparé au droit français, Imp. aixoise, 1915.
GAFSIA (N.)
- : le cas tunisien, Paris, LGDJ, coll.
« Droit et Société », 2008.
JAHEL (S.)
- , Paris, éd.
Panthéon Assas, LGDJ, 2012.
JIDI (O.)
- , éd. Okad, 1987.
KARMOUCHE (A.)
- La nouvelle pratique judiciaire dans le Code marocain de la famille, Rabat,
Publications Al-
LAMRABET (A.)
- Femmes et Hommes dans le Coran : quelle égalité ?, Paris, éd. Dar Al Bouraq, coll.
« La croisée des chemins », 2012.
553
LAMARI (Z.) (rass. et coor. par)
- Justice familiale. Appréhensions plurielles et problématiques contemporaines, Rabat,
t. 2, Publications de la revue de la justice civile, 2015 (en langue arabe).
- Justice familiale. Appréhensions plurielles et problématiques contemporaines, Rabat,
t. 1, Publications de la revue de la justice civile, 2013 (en langue arabe).
LESCURE (M.)
- Le lien matrimonial en Tunisie, Thèse, Paris, 1958.
MILLIOT (L.)
- Étude sur la condition de la femme musulmane au Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie),
Paris, éd. J. Rousset, 1910.
MONJID (M.)
- :
Maroc, Algérie, Tunisie, Pa .
MONTGOMERY (W.)
- : les concepts fondamentaux, Paris, PUF, 1995.
PAPI (S.)
- , Paris, l 2009.
SALAMA (M.-M.)
- Le mariage en droit musulman, Thèse, Montpellier, 1923.
SALHI (Y.)
- famille, Publications de la
revue Menara pour les études juridiques et administratives, coll. « Études
universitaires », n° 8, 2015, (en langue arabe).
TAVERNE (M.)
- Le droit familial maghrébin : Algérie, Maroc, Tunisie, et son application en Belgique,
éd. Larcier, 1981.
TOBICH (F.)
- Les statuts personnels dans les pays arabes ,
Marseille, PUAM, 2008.
TOUALBI (I.)
- Le droit musulman : de « » aux tentatives de
réforme, Thèse, Paris I, 2011.
554
ZAHER (K.)
- Conflit de civilisations et droit international privé,
3. Colloques et conférences
de recherches appliquées au droit privé (LERADP), Université Lille II, LGDJ, 1997.
555
- Internatio , Actes
es par le Laboratoire
EID (G.)
- La famille, le lien et la norme,
1997.
556
LAUENT-BONNE (N.), POSE (N.), SIMON (V.) (dir. de)
- Les piliers du droit civil, Famille, Propriété, Contrat, Actes du colloque tenu à
nthéon-Assas (Paris II), les 6 et 7 juin 2013, parus aux éditions
Mare&Martin, 2014.
« Colloque&Essais », 2014.
OBSERVATOIRE SOCIO-POLITIQUE
- Famille(s) je vous aime !, Actes du Colloque du 9 mars 2013, organisé par
-politique du diocèse Fréjus-Toulon, publié à la revue Kephas,
n° 2, 2013.
- « La théorie du gender », vers une nouvelle identité sexuelle ? Actes du Colloque des
17 et 18 sept. 2011, organisé pa -politique du diocèse Fréjus-
Toulon, éd. Lethielleux, 2012.
PONT-CHELINI (B.)
- Quelle « politique » religieuse en Europe et en Méditerranée ? Enjeux et perspectives,
Actes du XVIIème ieux (IDHR) de la
-
-en-Provence (Mai 2003), PUAM, 2004.
557
(LID2MS) les 11 et 12 avril 2011 à la faculté de Droit Aix-en provence, PUAM,
coll. « Inter-normes », 2012.
RIGAUX (F.)
- Famille, Droit et changement social dans les sociétés contemporaines, Travaux des
VIIIème DABIN organisées par le Centre de Droit de
la Famille les 25 et 26 mars 1976 à Woluwe-St-Lambert (Bruxelles), Paris, LGDJ,
1978.
a) Rapports français
BEIGNIER (B.)
- Le pacte civil de solidarité : réflexions et propositions de réforme, Rapport remis à
Monsieur Dominique PERBEN, Garde des Sceaux Ministre de la justice, le 30 nov.
2004.
BLOCHE (P.)
-
famille
enfants, Assemblée nationale, rapport n° 2832, déposé le 25 janvier 2006, La
documentation française, 2006.
COUR DE CASSATION
- , 2013, La Documentation française.
DEKEUWER-DEFOSSEZ (F.)
- Rénover le droit de la famille. Propositions pour un droit adapté aux réalités et aux
aspirations de notre temps, Rapport au Garde des Sceaux, ministre de la justice, La
Documentation française, Paris, 1999.
558
FERRAND (F.), FULCHIRON (F.) (dir. de)
- La rupture du mariage en droit comparé, Rapport final pour la mission de recherche
Droit et Justice, Centre de Droit de la Famille et Institut de droit comparé Edouard
Lambert (IDCEL), oct. 2013.
GOUTTENOIRE (A.)
- Quarante propositions pour adapter la tion aux
, La Documentation française, Ministre délégué chargé de la
Famille, 2014.
GUINCHARD (S.)
- stice apaisée, Rapport remis au Garde des Sceaux le 30 juin 2008.
JUSTON (M.)
- Médiation familiale et contrats de coparentalité, La Documentation française,
Ministère des affaires sociales et de la santé, 2014.
LEONETTI (J.)
- rentale et droits des tiers, Rapport remis au Premier
ministre le 7 octobre 2009.
MAGENDIE (J.-C.)
- Célérité et qualité de la justice, La médiation : une autre voie, Rapport issu du groupe
de travail sur la médiation, 2008.
ROZENCZVEIG (J.-P.)
- De nouveaux , Rapport du groupe de travail remis à madame
Dominique BERTINOTTI le 29 janvier 2014.
THÉRY (I.)
- : le droit face aux mutations de la famille et
de la vie privée,
Sceaux, éd. Odile Jacob, La Documentation française, Paris, juin 1998.
VERSINI (D.)
- ut des tiers qui partagent ou
, Rapport annuel
de la défenseure des enfants, la Documentation française, 2006.
559
b) Rapports m arocains
européenne, 2003.
BENRADI (M.)
- Genre et droit : les enjeux de la démocratie, éd. Le Fennec, Casablanca 2001.
- Féminin-Masculin, La marche vers l'égalité au Maroc, 1993-2003.
FRIEDRICH (E.)
- Les droits des femmes des deux rives de la méditerranée. Le droit de la famille en
migration : le cas du Maroc. Genre, Droits et Migration, 23-24 mai 2008.
PROGRAMME EUROMED
- n euro-
méditerranéenne. Analyse de la situation : Maroc, 2009-2010.
RÉSEAU EUROMÉDITERRANÉEN D
- - Le cas du Maroc, REMDH,
2008.
ABITBOL (E.)
- « La contribution aux charges du ménage et son contentieux différé », in Mélanges
offerts à Pierre RAYNAUD, Dalloz Sirey, 1985, pp. 1-25.
ADAM (C.)
- « La sexualité comme puissance de démesure et de dérèglement du droit », in Droit
des familles, genre et sexualité, Paris, LGDJ, coll. « Anthémis », 2012, pp. 25-33.
560
AGRESTI (J.-P.)
- « Le mariage et le contrat : éléments de réflexion tirés de
», in Lien familial, lien obligationnel, lien social, Livre I « Lien
familial et lien obligationnel », PUTMAN (E.), AGRESTI (J.-P.), SIFFREIN-BLANC (C.)
(dir. de), Marseille, PUAM, coll. « Inter-normes », 2013, pp. 53-92
ALLEAUME (C.)
- « Solidarité contre solidarité. Étude comparative des avantages respectifs du mariage
et du PACS au regard du droit du crédit », D., 2000, n° 29, pp. 450-454.
AMBROSETTI (G.)
- « Y a-t-il un Droit naturel chrétien ? », Arch. de philo. du droit, 1973, t. 18, p. 77-83.
AMRANI-MEKKI (S.)
- « La convention de procédure participative », D., 2011, pp. 3007-3015.
ANCEL (J.-P.)
- « La prise en compte du droit international et communautaire dans la jurisprudence de
la Cour de cassation »,
Convergences et défis. Études offertes à Alain PLANTEY, éd. A. Pedone, 1995, pp. 59-
75.
ANCEL (M.)
- « Comment aborder le droit comparé ? », in Études offertes à René RODIERE, Dalloz,
1981, pp. 3-7.
- « Rapprochement, unification ou harmonisation des droits ? », in Mélanges dédiés à
Gabriel MARTY, Université des Sciences sociales de Toulouse, 1978, pp. 1-13.
ANTONINI-COCHIN (L.)
- « Le paradoxe de la fidélité », D., 2005, p. 23-25.
AOUN (M.)
- « Origines et fondements historiques des statuts personnels », in Les statuts personnels
en droit comparé, évolutions récentes et implications pratiques, AOUN (M.) (dir. de),
Leuven-Paris-Dudley, Peeters, 2009, pp. 11-22.
ARDANT (P.)
- « La famille et le juge administratif », in Mélanges offerts à René SAVATIER, Dalloz,
1965, pp. 23-44.
ARNAUD (A.-J.)
- « », in Internationalisation
u droit de la famille, Paris, LGDJ, 1996, pp. 4-5.
561
ARNAUD (P.)
- « », Arch.
philo. droit, 1975, pp. 137-147.
ATIAS (C.)
- « Le sort des dettes de ménage non solidaires en régime légal », D., 1976, pp. 191-
194.
AUDIT (B.)
- « Le droit international privé à la fin du XXème siècle : progrès ou recul », RIDC, 1998,
pp. 421-448.
AYNES (L.)
- « gation de loyauté », Arch. philo. dr., 2000, t. 44, pp. 195-204.
BALESTRIERO (V.)
- « Le devoir de fidélité pendant la procédure de divorce », LPA, 8 nov. 1995, pp. 17-
23.
BALIAN (S.)
- « Néologismes législatifs pour la forme ? », in Droit civil, procédure, linguistique
juridique, Écrits en hommage à Gérard CORNU, Paris, PUF, 1994, pp. 1-7.
BANDRAC (M.)
- « Réflexions sur la maternité », in Mélanges offerts à Pierre RAYNAUD, Dalloz Sirey,
1985, pp. 27-39.
BARAT (C.)
- « i », in La Cour de cassation,
le Droit. PONSARD, Litec, 2003, pp. 51-57.
BÄRMANN (J.)
- « Les communautés européennes et le rapprochement des droits », RIDC, 1960, pp. 9-
60.
BARRERE (J.)
- « Le droit du mariage dans la loi du 3 janvier 1972 sur la filiation », in Mélanges
dédiés à Gabriel MARTY, Université des Sciences sociales de Toulouse, 1978, pp. 15-
34.
BARRIERE-BROUSSE (I.)
- « », JDI, 1996, pp. 843-888.
562
- « Le mariage franco-marocain ou le choc des civilisations », in Le Mariage&La Loi.
, Institut Famille&République, 2016, pp. 53-63.
BASDEVANT-GAUDEMET (B.)
- « Droit et religions en France », RIDC, 1998, pp. 335-366.
BATIFFOL (H.)
- « Existence et spécificité du droit de la famille », Arch. philo. dr., 1975, pp. 7- 15.
- « Droit comparé, droit international privé et théorie générale du droit (Le droit
international privé et le caractère systématique du droit) », RIDC, 1970, pp. 661-674.
BEGUIN (J.)
- « Réflexions sur la concurrence entre le mariage et le PACS », JCP, G, 2011, n° 1-2,
pp. 11-16.
BEHRENDT (C.)
- « Les notions de monisme et dualisme », in Liège, Strasbourg, Bruxelles : parcours
Liber Amicorum Michel MELCHIOR, Anthémis, 2010, pp. 867-
880.
BEIGNIER (B.)
- « », Rev dr. fam., 2010, n° 5, pp. 1-2.
- « La loi du 3 décembre 2001 : achèvement du statut du logement familial », Rev. dr.
fam., 2002, n° 3, chron. 5, pp. 4-7.
- « La loi du 3 décembre 2001 : le conjoint héritier », Rev. dr. fam., 2002, chron. 8,
pp. 4-7.
- « À propos du concubinage homosexuel », D, 1998, pp. 215-217.
BENABENT (A.)
- « Plaidoyer pour quelques réformes du divorce », D., 1997, pp. 225-228.
- « e », D., 1981, pp. 33-40.
- « La liberté individuelle et le mariage », RTD civ., 1973, pp. 440-495.
BENOIT (A.)
- « Protection sociale et concubinage », Rev. dr. fam., 1997, chron. 8, pp. 4-7.
BERGERES (M.-C.)
- « Vers une égalité des conjoints en droit fiscal », D., 1980, pp. 25-30.
BINET (J.-R.)
- « gender ? », in Le Mariage&la Loi.
, Institut Famille&République, 2016, pp. 97-100.
563
- « ée », in Droit et
Bioéthique. MICHAUD, Bordeaux, éd. Les Études
hospitalières, 2012, pp. 191-203.
- « La loi du 7 juillet 2011 : une révision mesurée du droit de la bioéthique », Rev. dr.
fam., 2011, n° 10, étude 21, pp. 17-22.
- « », JCP, G, 2011, n° 29-34, pp. 1410-1411.
- « La loi du 7 juillet 2011 : une révision mesurée du droit de la bioéthique », Rev. dr.
fam., 2011, n° 10, pp. 17-22.
BOICHE (A.)
- « Aspects de droit international privé », dossier « mariage : la réforme ! », AJ fam.,
2013, pp. 362-365.
BORILLO (D.)
- « Pour une théorie du droit des personnes et de la famille émancipée du genre », in
Droit des familles, genre et sexualité, Paris, LGDJ, coll. « Anthémis », 2012, pp. 7-24.
BOSSE-PLATIÈRE (H.)
- « »,
LE GUIDEC, Paris, LexisNexis,
2014, pp. 589-606.
- « roit de la famille », in Le
, Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 67-
95.
- « PACS et autorité parentale », in Des concubinages : droit interne, droit
international, droit comparé, Études offertes à Jacqueline RUBBELIN-DEVICHI, Paris,
Litec, 2002, pp. 193-211.
BOUDON (R.)
- « », , Mélanges en
hommage à F. TERRE, Dalloz, Paris, 1999, pp. 11-24.
BOULANGER (F.)
- « Réflexions sur la portée et les limites
»,
du professeur Gérard CHAMPENOIS, Paris, Defrénois, 2012, pp. 59-71.
- « Modernisation ou utopie ? arentale par la loi du 4 mars
2002 », D., 2002, p. 1571-1577.
564
- « ? », JCP, G,
I, 1993, n° 3665, pp. 151-154.
BOURGEOIS (M.)
- « La faute du demandeur dans le divorce pour faute », D., 1986, pp. 89-95.
BOUVERESSE (J.)
- « », in Le
droit entre tradition et modernité. Mélanges à la mémoire de Patrick COURBE, Paris,
Dalloz, 2012, pp. 39-60.
BRACONNIER (S.)
- « Faut- ? », in Mélanges en
hommage au Doyen Yves MADIOT, Bruylant, Bruxelles, 2000, pp. 223-244.
BREDIN (J.-D.)
- « », D., 1961, pp. 73-78.
BRIERE (C.)
- « La coparentalité : mythe ou réalité ? », Rev. dr. san. soc., 2002, pp. 567-580.
BRIMO (A.)
- « Les principes généraux du droit et », Arch. philo. dr., 1983,
pp. 257-269.
BRUGGEMAN (M.)
- « », enfant
(CIDE), une convention particulière, NEIRINCK (C.), BRUGGEMAN (M.), Paris, Dalloz,
coll. « Thèmes&Commentaires », 2014, pp. 107-120.
BRUGUIERE (J.-M.)
- « Le devoir conjugal. Philosophie du code et morale du juge », D., 2000, pp. 10-14.
BRUNETTI-PONS (C.)
- « La nécessité de réformer la loi du 17 mai 2013 pour rendre sa cohérence au droit de
la famille et du couple », , Institut
Famille&République, 2016, pp. 327-338.
- « droit de la famille après la loi du 17 mai
2013 », , Institut Famille&République, 2016,
pp. 281-298.
- «
2013 », in Le Mariage&La Loi. Prot , Institut Famille&République, 2016,
pp. 45-52.
- « Après la loi du 17 mai 2013, quel état des lieux et quelles perspectives pour le droit
de la famille ? », , Institut
Famille&République, 2016, pp. 25-44.
565
- « Existe-t-il un droit de connaître ses origines ? », in Le don de gamètes, MIRKOVIC
(A.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Droit, bioéthique et société », 2014, pp. 85-
112.
- « : une définition possible ? », Rev. Lamy dr. civ., 2011,
supplément au n° 87 «
», n° 4437, pp. 27-31.
ère
- « partie) », Rev. dr. fam.,
2003, n° 7, pp. 10-17.
ème
- « partie) », Rev. dr. fam.
2003, n° 6, pp. 4-8.
- « ? », in
Regards civilistes sur la loi du 15 novembre 1999 relative au concubinage et au pacte
civil de solidarité,
BUCHET (G.)
- « Concubinage, vie maritale, vie commune », Rev. dr. soc., 1997, p. 288-297.
BULYGIN (E.)
- « Système juridique et ordre juridique », , Mélanges en
TROPER, Paris, Economica, 2006, pp. 223-229.
BUREAU (D.)
- « Le m aune de la diversité. Les relations privées internationales »,
in Mélanges B. AUDIT, Paris, LGDJ, 2014, pp. 155-184.
BURGORGUE-LARSEN (L.)
- « La jurisprudence des Cours constitutionnelles européennes en droit des personnes et
de la famille », Les nouveaux cahiers du conseil constit., 2013, n° 30, pp. 229-250.
BYK (C.)
- « Prévoir le changement pour que rien ne change ? », JCP, G, 18 juil. 2011, pp. 1406-
1407.
CABRILLAC (R.)
- « Genre et droit patrimonial de la famille », in Bioéthique et genre, ZATTARA-GROS
(A.-F.) (dir. de), Paris, LGDJ, 2013, pp. 265-273.
- « Le symbolisme des Codes », Mélanges en hommage à François
TERRE, Paris, Dalloz, 1999, pp. 211-220.
CADERE (V.)
- « Quelques réflexions sur les études de science juridique comparative », RIDC, 1971,
n° 4, pp. 849-855.
566
CALAIS AULOY (M.-T.)
- « », D., 1989, pp. 55-60.
- « Pour un mariage à effets conventionnellement limités », RTD civ., 1988, pp. 255-
266.
CALO (E.)
- «
et droit de la famille », REVILLARD, Defrénois,
2007, pp. 53-76.
CANIVET (G.)
- « », in
Études offertes au Professeur Philippe MALINVAUD, Paris, Litec, 2007, pp. 133-144.
- « La convergence des systèmes juridiques du point de vue du droit privé français »,
RIDC, 2000, pp. 7-22.
CARBONNIER (J.)
- «
civil », in Mélanges dédiés à Gabriel MARTY, Université des Sciences sociales de
Toulouse, 1978, pp. 255-266.
- « Les notions à contenu variables dans le droit français de la famille », in Les notions
à contenu variable du droit, PERELMAN (C.), VANDER ELST (R.) (dir. de) Travaux du
Centre national de Logique, Bruylant, Bruxelles, 1984, pp. 99-112.
- « Terre et ciel dans le droit français du mariage », in Études offertes à Georges
RIPERT, Paris, LGDJ, t. 1, 1950, pp. 325-431.
- « V° Familles, Législations et quelques autres », in Mélanges offerts à René SAVATIER,
Paris, Dalloz, 1965, pp. 147-156.
- « La question du divorce », D., 1975, pp. 115-122.
- « », in Livre du centenaire de la
Société de législation comparée, LGDJ, t. 1, Paris, 1969, pp. 78-87.
CASEY (J.)
- « Droit des successions : commentaire de la loi du 3 décembre 2001 », RJPF, 2002,
n° 11, pp. 6-8.
CASSIN (R.)
- « », RIDC, 1968, pp. 449-492.
CATALA (P.)
- « Le droit successoral entre son passé et son avenir », in Le monde du droit. Écrits
cques FOYER, Paris, Economica, 2008, pp. 229-240.
- « La métamorphose du droit de la famille », in Le Code civil, un passé, un présent, un
avenir, Paris, Dalloz, 2004, pp. 341-358.
567
- « », in Le juge entre deux millénaires. Mélanges offerts à
Pierre DRAI, Paris, Dalloz, 2000, pp. 511-522.
- « », D., 1962, pp. 99-108.
CHABAS (F.)
- « »,
D., 1973, pp. 211-213.
CHABAULT (C.)
- « », Rev. dr. fam., 1998, chron.
11.
CHAMPENOIS (G.)
- « », Defr., 2013, pp. 731-736.
CHAUVEAU (P.)
- « La femme commerçante et la loi du 18 février 1938 sur la capacité des femmes
mariées », D., 1939, pp. 5-8.
CHENEDE (F.)
- «
», D., 2015, pp. 1172-
1177.
CHESNE (G.)
- « Le divorce par consentement mutuel », D., 1963, pp. 95-106.
CHOTEAU (A.)
- «
femme », D., 1945, pp. 41-44.
CICILE-DELFOSSE (M.-L.)
- « Le beau-parent, serpent de mer du droit civil de la famille », in Mélanges en
CHAMPENOIS, Paris, LGDJ, 2012, pp. 189-216.
COMMAILLE (J.)
- « La construction du couple par les individus », in La notion juridique de couple,
BRUNETTI-PONS (C.) (dir. de), Paris, Economica, 1998, pp. 9-15.
CONAC (G.)
- «
indépendances », Gustave PEISER, Grenoble,
PUG, 1995, pp. 141-161.
568
CONSTANTINESCO (L.-J.)
- « La comparabilité des ordres juridiques ayant une idéologie et une structure politico-
économique différente et la théorie des éléments déterminants », RIDC, 1973, pp. 5-
16.
CORNU (G.)
- « Le phénomène du divorce », in Sociologie judiciaire du divorce, HAUSER (J.)
(dir. de), Paris, Economica, coll. « Études juridiques », 1999, pp. 5-12.
- « La refonte dans le Code civil français du droit des personnes et de la famille », in
, Paris, 1ère éd., PUF, coll. « Doctrine juridique »,
1998, pp. 371-383.
- « Le langage du législateur », , Paris, PUF, coll.
« Doctrine juridique », 1ère éd., 1998, pp. 283-292.
- « analogie », in Mélanges offerts à André COLOMER, LexisNexis,
Litec, 1993, pp. 129-142.
- « La famille unilinéaire », in Mélanges offerts à Pierre RAYNAUD, Dalloz-Sirey, 1985,
pp. 137-160.
- « La filiation », Arch. philo. dr., 1975, pp. 29-44.
CORPART (I.)
- «
l », RJPF, 2012, n° 4, pp. 6-11.
- « Simplification et amélioration de la qualité du droit », RJPF, 2011, pp. 8-12.
- « Intensification de la lutte contre les violences conjugales », Rev. dr. fam., 2010,
n° 11, pp. 12-16.
- « Les dysfonctionnements de la coparentalité », AJ fam., 2009, n° 4, pp. 155-161.
- « Famille recomposée : Les familles recomposées décomposées », AJ fam., 2007, n° 7,
pp. 299-302.
- « », Gaz. Pal., 24-25 août
2005, pp. 2580-2585.
- « », in Le
rôle de la volonté dans les actes juridiques. Études à la mémoire du Professeur Alfred
RIEG, Bruylant, Bruxelles, 2000, pp. 201-222.
- « », LPA, 1995, n° 53, pp. 100-102.
COUDRAIS (M.)
- « : une idée moderne ? », RTD civ., 2011, n° 3, pp. 453-468.
COUTANT-LAPALUS (C.)
- « Pacs et logement, dix ans après », Rev. dr. fam., 2010, n° 5, étude 9, pp. 15-19.
569
DAGOT (M.)
- « des réformes récentes du droit successoral », in Mélanges dédiés à Gabriel
MARTY, Université des Sciences sociales de Toulouse, 1978, pp. 305-339.
DAURIAC (I.)
- « La rupture ou le vrai visage du Pacs », in Le droit entre tradition et modernité.
Mélanges à la mémoire de Patrick COURBE, Paris, Dalloz, 2012, pp. 141-156.
DAUZET (D.-M.)
- « La règle de Saint Augustin. Réflexions sur une loi de liberté », in Libre droit.
LE TOURNEAU, Paris, Dalloz, 2008, pp. 313-323.
DECOCQ (A.)
- « Le désordre juridique français », in Jean Foyer, auteur et législateur. Écrits en
hommage à Jean FOYER, Paris, PUF, 1997, pp. 147-163.
DEKEUWER-DEFOSSEZ (F.)
- « extension du mariage et de la filiation aux couples de même sexe : tsunami
annoncé en droit de la famille », Rev. Lamy dr. civ., 2012, nov., 4872, pp. 55-58.
- « :
», Rev. Lamy dr. civ., 2011, n° 86, 4399, pp.
65-69.
- « du beau- : réflexions critiques sur un texte
controversé », Rev. Lamy dr. civ., 2009, mai, 3439, pp. 55-58.
- « Le droit commercial face à la concurrence entre les formes de couples », in Études
sur le droit de la concurrence et quelques thèmes fondamentaux. Mélanges en
SERRA, Paris, Dalloz, 2006, pp. 123-132.
- « Droit des personnes et de la famille : de 1804 au PACS (et au- »,
Rev. Pouvoirs, 2003, n° 107, pp. 37-52.
- « », RTD civ.,
2001, n° 3, pp. 529-546.
- « Divorce et contrat », in La contractualisation de la famille, FENOUILLET (D.), DE
VAREILLES-SOMMIERES (P.) (dir. de), Paris, Economica, 2001, pp. 67-79.
- « À propos du pluralisme des couples et des familles », LPA, 1999, n° 84, pp. 29-36.
- « Modèles et normes en droit contemporain de la famille », in Mélanges à la mémoire
de Christian MOULY, LexisNexis-Litec, t. 1, 1998, pp. 281-298.
- « Réflexions sur les mythes fondateurs du droit contemporain de la famille », RTD
civ., 1995, pp. 249-270.
- « Familles éclatées, familles reconstituées », D., 1992, pp. 133-136.
570
DELMAS-MARTY (M.)
- « », in
Regards sur le droit, Académie des sciences morales et politiques, Dalloz, Paris, 2010,
pp. 335-344.
- « Vers une autre logique juridique : à propos de la jurisprudence de la Cour
», D., 1988, pp. 221-224.
DEPADT-SEBAG (V.)
- « La reconnaissance juridique des tiers beaux-parents : entre adoption simple et
délégation partage », D., 2011, n° 36, pp. 2494-2500.
- « Le don de gamètes dans les procréations médicalement assistées
imposé à une transparence autorisée », D., 2004, chron. pp. 891-897.
DESPOTOPOULOS (C.)
- « », Arch. philo. dr., 1975, pp. 71-87.
DIENER (P.)
- « Idée nominaliste et déconstruction du droit », Arch. philo. dr., 1983, pp. 229-255.
DONNIER (M.)
- « », D., 1959, pp. 179-182.
DOUCHY-OUDOT (M.)
- « -1288
du 15 octobre 2015 », Rev. procédures, 2016, n° 1, étude 2.
- « Le recours à la procréation médicalement assistée et le sort des embryons humains,
une partition à quatre mains », , 2015, n° 6, pp. 14-17.
- « Les filiations électives : vingt ans après », in Mélanges en
NEIRINCK, Paris, LGDJ, 2015, pp. 503-511.
- « Le divorce ne serait- ? », Arch. philo. dr., Dossier « La
famille en mutation », 2014, n° 57, pp. 81-93.
- « Les nouvelles configurations familiales », Rev. Kephas, 2015, n° 1.
- « Le lien familial peut-il être désinstitué ? », in Lien familial, lien obligationnel, lien
social, Livre 2 « Lien familial et lien social », Marseille, PUAM, 2014, pp. 71-76.
- « Le lien familial en dehors du droit civil de la famille-la procédure civile », in Le lien
familial hors du droit civil de la famille, MARIA (I.), FARGE (M.) (dir. de), Paris,
Institut universitaire Varenne, coll. « Colloque&Essais », 2014, pp. 131-148.
- « Les étapes juridiques de la déconstruction familiale », in La réforme du mariage,
Approche critique sur les mutations familiales, Poitiers, DMM, 2013, pp. 11-31.
- « », in Mélanges
Jean HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 82-94.
- « Les expressions visibles de la théorie du gender en droit », in « La théorie du
gender », vers une nouvelle identité sexuelle ?, Actes du Colloque des 17 et 18 sept.
2011, Observatoire sociopolitique Fréjus-Toulon, 2012, Lethielleux, pp. 33-50.
571
- « La convention de procédure participative, commentaire de la loi du 20 décembre
2010 », Rev. procédures, 2011, n° 3, mars, comm. 99, pp. 49-50.
- « », in Justices et
ssuel. Mélanges en
GUINCHARD, Dalloz, Paris, 2010, pp. 239-248.
- « », in L
, Colloque Lille 3 et 4 déc. 2009, LPA, 2010,
n° 200, pp. 12-15.
- « Quelle protection contre les violences au sein des couples ? », Procédures, 2010, n°
10, pp. 5-9.
- « Les enfants et la séparation des parents », RIDC, 2010, n° 3, pp. 623-651.
- « », Procédures, 2009, n° 8, étude 7, pp. 6-9.
DREIFUSS-NETTER (F.)
- « Adoption ou assistance médicale à la procréation : quelles familles ? », D., 1998, pp.
100-105.
- «
familiaux », in Le rôle de la volonté dans les actes juridiques. Études à la mémoire du
Professeur Alfred RIEG, Bruylant, Bruxelles, 2000, pp. 263-288.
DUFOUR (A.)
- « », LPA, 22 mars 2006, pp. 4-6.
- « Autorité maritale et autorité paternelle da » Arch.
philo. dr., 1975, pp. 89-125.
DU PONTAVICE (E.)
- « Droit de la famille et droit au bonheur », in Mélanges offerts à Monsieur le
professeur Pierre VOIRIN, Paris, LGDJ, 1967, pp. 678-709.
DUPUY (P.-M.)
- « Le droit international dans un monde pluriculturel », RIDC, 1986, pp. 583-599.
EDELMAN (B.)
- « Domat et la naissance du sujet de droit », Arch. philo. dr., 1995, pp. 391-419.
ÉGEA (V.)
- « La contractualisation du lien familial é », in Lien
familial, lien obligationnel, lien social, Livre I : Lien familial et lien obligationnel,
PUTMAN (E.), AGRESTI (J.-P.), SIFFREIN-BLANC (C.) (dir. de), Marseille, PUAM,
2013, pp. 102-113.
- « : menace ou chance pour le droit civil ? », in La
convention de New-York sur idences théoriques et
pratiques, LEBORGNE (A.), PUTMAN (E.), ÉGEA (V.) (dir. de), Actes du colloque du 15
janvier 2010 organisé par le Centre de Recherches en Droit Privé Pierre Kayser,
Marseille, PUAM, 2012, pp. 35-49.
572
- « La médiation familiale : un modèle pour les MARC ? », Rev. Lamy dr. civ., 2011,
n° 4476, pp. 53-58.
- « », in Actualité du droit international privé,
LEBORGNE (A.), BARRIERE-BROUSSE (I.) (dir. de), Marseille, PUAM, 2009, pp. 125-
141.
EL SHAKANKIRI (M.)
- « », RIDC, 1981,
pp. 767-786.
EÖRSI (G.)
- « Réflexions sur la méthode de la comparaison des droits dans le domaine du droit
civil », RIDC, 1967, pp. 397-418.
FARGE (M.)
- « Les répudia ordre public fondé sur le principe
égalité des sexes » Rev. dr. fam., 2002, n° 2, pp. 13-16.
FAUVARQUE-COSSON (B.)
- « Droit international privé et droit comparé
», in Vers de nouveaux équilibres entre ordres juridiques. Mélanges en
GAUDEMET-TALLON, Paris, Dalloz, 2008, pp. 43-56.
- « », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir (1804-2004),
Paris, Dalloz, 2004, pp. 473-494.
- « Droit comparé et droit international privé : la confrontation de deux logiques à
travers l'exemple des droits fondamentaux », RIDC, 2000, pp. 797-818.
FAVIER (Y.)
- « Les concubins et leurs droits sociaux », in Des concubinages, droit interne, droit
international, droit comparé, Mélanges J. RUBELLIN-DEVICHI, Paris, Litec, 2002,
pp. 241-248.
FENOUILLET (D.)
- « La personne humaine dans le commerce juridique », in Un ordre juridique nouveau.
Dialogues avec Louis Josserand, éd. Mare&Martin, 2014, pp. 43-73.
- « Propos introductifs », Arch. philo. dr., 2014,
t. 57, pp. 269-283.
- « on et
-puissance du sujet », Arch. philo. dr., Dossier « La
famille en mutation », 2014, t. 57, pp. 37-71.
- « La parentalité, nouveau paradigme de la famille contemporaine », Arch. philo. dr.,
Dossier « La famille en mutation », 2014, t. 57, pp. 95-122.
- « La parentalité en question : la parenté éprouvée », LPA, 2010, n° 59, pp. 7-17.
- « La parentalité en question : des fondements incertains », Actes du Colloque Faut-il
réformer le rôle des tiers en droit de la famille ?, LPA, 2010, n° 39, pp. 25-31.
573
- « », in Mélanges Philippe MALAURIE, Liber
Amicorum, Paris, Defrénois, 2005, pp. 237-282.
- « De la vertu familiale naturelle du mariage », in Le discours et le Code 1804-2004,
Portalis, deux siècles après le Code Napoléon, Paris, LexisNexis-Litec, 2004, pp. 127-
138.
- « ! », in Études
offertes à Pierre CATALA, pp. 487-528.
- « », , Mélanges
en hommage à François TERRE, Paris, Dalloz-PUF, 1999, pp. 509-554.
FEUILLET (B.)
- « La biomédecine, nouvelle branche du droit ? », in Normativité et biomédecine,
FEUILLET-LE MINTIER (B.) (dir. de), Paris, Economica, 2003, pp. 1-11.
FOYER (J.)
- « -il toujours français ? », in Justices et droit du procès.
Du légalisme procé
GUINCHARD, Paris, Dalloz, 2010, pp. 267-280.
- « droit international privé », Arch. philo. dr., 2008, pp. 179-193.
- « ordre public international depuis la thèse
de Paul Lagarde », in Mélanges en honneur de Paul Lagarde, Paris, Dalloz, 2005,
pp. 285-302.
- « Le Code civil est vivant. Il doit le demeurer ! », JCP, G, I, 2004, n° 13, pp. 543-546.
- « Le Code civil de 1945 à nos jours », in Le Code civil, un passé, un présent, un
avenir, Paris, Dalloz, 2004, pp. 275-296.
- « », in Le Code civil, un passé, un présent, un avenir (1804-2004),
Paris, Dalloz, coll. « Université Panthéon-Assas », 2004, pp. 495-513.
- « Le Code civil après le Code : la réforme du Code civil sous la Vème République », in
La codification, BEIGNIER (B.) (dir. de), Paris, Dalloz, 1996, pp. 63-67.
FRANCOIS (L.)
- « La Conven Homme est-elle supérieure aux
conventions bilatérales reconnaissant les répudiations musulmanes ? » D., 2002, n° 39,
pp. 2958-2962.
FRICERO (N.)
- « Le décret du 20 janvier 2012 : vers une résolution thérapeutique des contentieux
familiaux par la procédure participative assistée par avocat », AJ fam., 2012, n° 2, pp.
66-67.
- « Qui a peur de la procédure participative ? Pour une justice, autrement... », in Justices
et droit du procès, Du l humanisme processuel, Mélanges en
honneur du professeur Serge GUINCHARD, 2010, Dalloz, pp. 145-154.
- « : une
promotion des droits procéduraux des moins de 18 ans ! », RJPF, 2008, n° 1, pp. 8-10.
574
FULCHIRON (H.)
- « Un modèle familial européen ? », in Vers un statut européen de la famille,
H. FULCHIRON, C. BIDAUD-GARON (dir. de), Actes du colloque organisé par le Centre
Jean-Moulin Lyon 3, en association avec le
CREDIP, à Lyon, les 21 et 22 novembre 2013, Dalloz, 2014, pp. 171-185.
- « Le mariage entre personnes de même sexe en droit international privé au lendemain
, JDI, 2013, doctr. 9, pp. 1055-1113.
- « »,
JCP, G, 2012, 1317, pp. 2215-2222.
- « Le partenariat est-il soluble dans le mariage (et réciproquement) ? », in Mélanges en
fesseur Jean HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 125-137.
- « Les solidarités dans les couples séparés : renouvellement ou déclin ? », D., 2009,
n° 25, pp. 1703-1708.
- « Mariage, conjugalité, parenté, parentalité : métaphore ou rupture ? », FULCHIRON
(H.) (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires », 2009, pp. IX-XVIX.
- « Vers un divorce sans juge ? », D., 2008, n° 6, pp. 365-370.
- « : réflexions sur le mariage au début du
XXème siècle », in Le monde du droit. É Jacques FOYER,
Paris, Economica, 2008, pp. 395-416.
- « PACS, mariage, patrimoine », Rev. dr. et
patrim., oct., 2007, n° 163, pp. 30-36.
- « Du couple homosexuel à la famille monosexuée ? Réflexions sur
», AJ fam., 2006, n° 11, pp. 392-395.
- « Parenté, parentalité, homoparentalité », D., 2006, « Point de vue », pp. 876-877.
- « Le nouveau PACS est arrivé ! », Defrénois, 2006, art. 38471, pp. 1623-1652.
- « Existe t-il un modèle familial européen ? », Defrénois, 2005, n° 19, pp. 1461-1478.
- « Les métamorphoses des cas de divorce », Defrénois, 2004, art. 37999, pp. 1103-
1123.
- «
pratiques judiciaires », in Sociologie judiciaire du divorce,
HAUSER (J.) (dir. de), Paris, Economica, coll. « Études juridiques », 1999, pp. 69-83.
- « Autorité parentale et famille recomposée », in Droit des personnes et de la famille,
Liber amicorum. Mélanges à la Mémoire de Danièle HUET-WEILLER, LGDJ, Presses
universitaires de Strasbourg, 1994, pp. 141-164.
- « », D., 1993, pp. 117-122.
GANNAGE (P.)
- « Regards sur le Droit International Privé des États du pourtour méditerranéen »,
RIDC, 2006, n° 1, pp. 101-116.
- «
droits Proche-Orientaux », in Études offertes au Professeur Philippe MALINVAUD,
Litec, 2007, pp. 227-236.
575
GANNAGE (L.)
- « : le mariage pour tous face aux systèmes de tradition
musulmane », JCP, G, 2015, n° 12, 318, pp. 525-529.
- « Droits fondamentaux et droit international privé de la famille : quelques remarques
sur une cohabitation difficile », Arch. philo. dr., Dossier « La famille en mutation »,
2014, t. 57, pp. 229-247.
- « Droit immobile ou droit en mouvement ? Quelques remarques à propos du droit
musulman », in Études à la mémoire du Professeur Bruno OPPETIT, Litec, 2009,
pp. 203-246.
- « Le relativi », RIDC, 2006,
n° 1, pp. 115-116.
GARE (T.)
- « Les modifications apportées au droit de la famille par la loi n° 2011-1862 du 13
de certaines
procédures juridictionnelles », HAUSER,
Paris, Dalloz LexisNexis, 2012, pp. 139-147.
- « La Cour de cassat égard des répudiations », RJPF,
2006, n° 1, pp. 17-18.
- « La réforme du divorce, entre innovations et droit constant (2ème partie) », RJPF,
2004, n° 7-8, pp. 6-10.
- « La réforme du divorce, entre innovation et droit constant (Partie1) », RJPF, 2004,
n° 6, pp. 6-9.
GAUDEMET (S.)
- « n ordre public familial », in Mélanges en
r Gérard CHAMPENOIS, Paris, Defrénois, 2012, pp. 287-302.
GAUDEMET-TALLON (H.)
- « Incertaines familles, incertaines frontières : quel droit international privé ? », in
Mariel REVILLARD, Paris, Defrénois, 2007, pp. 147-168.
GAUMONT-PRAT (H.)
- «
procréation », in Mots de science. LE DOUARIN,
Bruxelles, Bruylant, 2011, pp. 37-54.
- «
des lois bioéthiques », Rev. dr. fam., 2001, n° 1, pp. 11-16.
GEBLER (L.)
- « », AJ fam., oct. 2011, pp.
461-464.
- « Le nouveau bloc de compétence du juge aux affaires familiales », AJF, juin 2009,
pp. 256-257.
576
GEFFROY (J.-B.)
- « La famille dans la jurisprudence administrative », D., 1986, pp. 1-10.
GHESTIN (J.)
- « Essai sur le droit, la morale et la religion », in Études offertes à Jacques DUPICHOT,
Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 155-167.
- « », in Les notions à
contenu variable, PERELMAN (C.), VANDER ELST (R.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant,
1984, pp. 77-97.
GLENN (H.-P.)
- « Vers un droit comparé intégré », RIDC, 1999, n° 4, pp. 841-852.
GOBERT (M.)
- « Mutabilité ou immutabilité des régimes matrimoniaux », JCP, G, I, 1969, 2281.
GOGOS-GINTRAND (A.)
- « Du raisonnement par analogie à la th : les résistances à la
solidarité ménagère entre concubins », Rev. dr. fam., 2012, n° 4, étude 10, pp. 14-17.
GOUTTENOIRE (A.)
- « -
2009 » Rev. dr. fam., 2010, n° 1, pp. 9-14.
- « Les actions relatives à la filiation après la réforme du 4 juillet 2005 », Rev. dr. fam.,
2006, n° 1, pp. 20-22.
- « », in Le
, GADBIN (D.), KERNALEGUEN (F.)
(dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 322-333.
- « : un statut en devenir », AJ fam., 2003,
n° 11, pp. 368-371.
- « La consécration de la coparentalité par la loi du 4 mars 2002 », Rev. dr. fam., 2002,
n° 11, chron. 24, pp. 4-8.
- « Collaboration familiale et enrichissement sans cause », Rev. dr. fam., 1999, n° 11,
chron. 19, pp. 6-14.
GRANET-LAMBRECHTS (F.)
- « », Rev. Lamy dr. civ., 2011,
supplément au n° 87 «
», n° 4440, pp. 41-45.
- « Un divorce par consentement mutuel sans juge ? », in De code en code. Mélanges en
doyen Georges WIEDERKEHR, Paris, Dalloz, 2009, pp. 357-363.
- « La filiation maternelle demain : entre mise en conformité à la Convention
577
française », in Études offertes au doyen Philippe SIMLER, Dalloz-Litec, Paris, 2006, pp.
149-154.
- « La présomption de paternité », Rev. dr. fam., 2006, n°1, pp. 11-13.
- « Le nouveau droit de la filiation », D., 2006, pp. 17-28.
- « Trente deux propositions pour une révision de la loi du 15 novembre 1999 », Rev.
dr. fam., 2005, n° 4, étude 9, pp. 10-12.
- «
contemporaines en Europe », in Droit social, droit comparé. Études dédiées à la
mémoire de Pierre ORTSCHEIDT, PUS, 2003, pp. 137-143.
GRAVESON (R.-H.)
- « », RIDC, 1958, n° 3,
pp. 501-509.
GRILLET-PONTON (D.)
- « Quasi-conjugalité, pluri et post-conjugalité : libres propos sur quelques situations
atypiques », JCP, G, I, 2002, n° 108, pp. 229-234.
GRILLON (G.)
- « Les nouveaux droits successoraux du conjoint survivant », JCP, G, I, 2002, n° 19-
20, pp. 865-870.
GRIMALDI (M.)
- « Brèves réflexions sur la loi instituant un mariage pour tous », Defr., 2013, pp. 719-
722.
- « Des donations-partages et des testaments partages au lendemain de la loi du 23 juin
2006 », JCP, N, 2006, n° 40, 1320, pp. 1756-1762.
GROSLIERE (J.)
- -9 : phénomènes ou épiphénomènes », D.,
1978, pp. 25-30.
GROSLIERE (J.-C.)
- « La réforme du divorce », in Mélanges dédiés à Gabriel MARTY, Université des
Sciences sociales de Toulouse, 1978, pp. 601-620.
- « », D., 1976,
pp. 73-80.
GUERCHOUN (F.)
- « La primauté constitutionnelle de la Convention européenne des dr homme
sur les conventions bilatérales donnant effet aux répudiations musulmanes », JDI,
2005, pp. 695-737.
GUILBERTEAU (M.)
- « », D., 1974, pp. 177-182.
578
GUITON (D.)
- « Les dommages- », D., 1980,
pp. 237-246.
GUITON (D.)
- « Les dommages-
divorce », D., 1980, pp. 247-252.
GUTMANN (D.)
- « - ? », Mélanges
en hommage à F. TERRE, Dalloz, 1999, pp. 329-342.
HALBECQ (M.)
- « Le divin et les conceptions du droit naturel », Arch. philo. dr., 1973, pp. 165-179.
HAMMJE (P.)
- . Dits et non-dits de la loi du 17 mai
2013 ouvrant le mariage aux couples de personne de même sexe », Rev. crit. DIP,
2013, pp. 773-806.
- « droit international privé »,
in Le droit international privé : esprit et méthodes.
LAGARDE, Dalloz, 2005, pp. 365-381.
- « Droits fondamentaux et ordre public », RCDIP, 1997, n° 1, pp. 1-31.
HASBI (A.)
- « Conceptions marocaines », in La
CHARPENTIER, éd. A.
Pedone, 2008, pp. 127-143.
HAUSER (J.)
- « Le crépuscule de la loi en droit des personnes et de la famille », in Des liens et des
droits. -Pierre LABORDE, Paris, Dalloz, 2015, pp. 711-
725.
- « Amour et liberté : la devise contemporaine du couple ? », Arch. philo. dr., Dossier
« La famille en mutation », 2014, t. 57, pp. 73-80.
- « Retour sur le sens du temps en droit de la famille », in Parenté, filiation, origines. Le
, FULCHIRON (H.), SOSSON (J.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2013, pp. 321-328.
- « Le projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe. Le paradoxe de la tortue
», JCP, G, 2012, n° 44, doct. 1185, pp. 2000-2005.
- «
: rapport de synthèse », Rev. Lamy dr. civ., 2011, supplément au n° 87 « Le
»,
n° 4444, pp. 60-63.
579
- « Le choix de ne pas donner la vie : un droit de ne pas donner la vie ? », in Être parent
, JACQUES (P.) (dir.de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires »,
2010, pp. 9-25.
- « parenté ! », Rev. dr. fam., 2010, n° 9, alerte
55.
- « La démocratie dans les rapports familiaux », in Démocratie et libertés : tension,
dialogue, confrontation. Mélange MILACIC, Bruylant,
2008, pp. 501-514.
- « La réforme de la filiation et les principes fondamentaux », Rev. dr. fam., 2006, n ° 1,
pp. 6-8.
- « La loi, le juge et la volonté dans les réformes de droit de la famille », in Études
offertes au doyen Philippe SIMLER, Dalloz-Litec, Paris, 2006, pp. 155-165.
- « Des filiations à la filiation », RJPF, 2005, n° 9, pp. 6-11.
- « Une république familiale », in Le Discours et le Code, Portalis, deux siècles après le
Code Napoléon, 1804-2004, Paris, Litec-LexisNexis, 2004, pp. 139-149.
- « La réforme du divorce », D., 2003, n° 22, pp. 1446-1447.
- « Le droit de travers », in Drôles de droits. ALFANDARI,
Dalloz, 2000, pp. 83-96.
- « La concurrence des formes juridiques de vie en couple », Rev. dr. fam., n° 22, hors-
série 2000, pp. 20-25.
- « »,
de François TERRE, Dalloz-PUF, 1999, pp. 441-454.
- « : mythe ou réalité ? », LPA, 3 mai 1995, n° 53, pp. 36-37.
- « Décadence et grandeur du droit civil des personnes et de la famille à la fin du XXème
siècle », in Mélanges à la Mémoire de Danièle HUET-WEILLER, Liber amicorum, Paris,
LGDJ, 1994, pp. 235-242.
- « Vers une théorie générale du droit familial », D., 1991, chron. XII, p. 56.
- « », D., 1987, chron. XXXVII, pp. 205-208.
HENAFF (G.)
- « La communauté de vie du couple en droit français », RTD civ., 1996, n° 3, pp. 551-
578.
HERZOG-EVANS (M.)
- « La stabilité de la relation parentale en cas de séparation forcée. Le cas du droit
pénitentiaire », in La complémentarité des sexes en droit de la famille, C. BRUNETTI-
PONS (dir. de), éd. Mare&Martin, 2014, pp. 263-288.
- « nventivité américaine », D.,
2011, n° 44, pp. 3016-3022.
- « Les enfants de détenus », Rev. Lamy dr. civ., 2011, supplément au n° 87 « Le statut
»,
n° 4438, pp. 32-35.
580
HILAIRE (J.)
- «
comparatiste », RIDC, 1998, n° 2, pp. 319-333.
HILT (P.)
- « », AJ fam., 2007, n° 12, pp. 452-453.
HOUIN (R.)
- « Le droit de la famille da »,
RIDC, 1957, n° 2, pp. 373-378.
HUSSON (L.)
- « Le droit, la morale, et les sciences humaines », RIDC, n° 4, 1970, pp. 645-660.
ICARD (J.)
- « Une analyse économique du droit de la famille. À propos de la gestation pour
autrui », RRJ, 2011, pp. 131-152.
IMBERT (P.-H.)
- « », in Mélanges en
hommage à Louis Edmond PETTITI, Bruxelles, Bruylant, 1998, pp. 449-464.
IZDEBSKI (H.)
- « Le rôle du droit dans les sociétés contemporaines
sociologique du droit comparé », RIDC, 1988, n° 3, pp. 563-582.
JESTAZ (P.)
- « », Mélanges en
TERRE, PUF-Dalloz, 1999, pp. 289-304.
JIANG (J.)
- « Droit et amour, variations sur la moralité », in Étude
J. ARNAUD-MAZERES, Paris, Litec, 2009, pp. 395-414.
JEULAND (E.)
- « », Arch. philo dr., 2008, t. 51, pp. 29-36.
KALINOWSKI (G.)
- «
AQUIN », Arch. philo dr., 1973, t. 18, p. 59-75.
KERCKHOVE (E.)
- « Le droit international privé du couple », LPA, 20 déc. 2007, n° 254, pp. 41-46.
581
KESSLER (G.)
- « Homoparenté et homoparentalité, les différents modes de constitution de la famille
homosexuelle », Rev. Lamy dr. civ., 2008, juin, 3028, pp. 35-39.
KISS (A.)
- « -t-elle créé un ordre juridique
autonome ? », in Mélanges en hommage à Louis Edmond PETTITI, Bruxelles,
Bruylant, 1998, pp. 493-505.
KLAA (M.)
- « Donation-partage conjonctive de biens communs et enfants de lits différents », JCP,
N, 2008, n° 6, 1068, pp. 14-21.
LABBE (X.)
- « », JCP, G, 2012, n° 1-2, pp. 6-7.
- « La judiciarisation du PACS et du concubinage », D., 2009, n° 30, pp. 2053-2056.
- « Le ministre et les violences dans le couple », D., 2009, n° 42, pp. 2814-2815.
- « PACS : la dernière longueur », AJ fam., 2009, n° 9, pp. 345-346.
- « -t-elle un caractère alimentaire ? », JCP, G, I, 2008, n° 42, 197,
pp. 24-26.
- « Le PACS et le rapport Guinchard », D., 2008, n° 34, pp. 2354-2355.
- « », AJ fam., 2008, n° 3, pp. 112-
113.
LABRUSSE-RIOU (C.)
- « Les procréations médicalement assistées, lieu de confrontation du réel et de
», Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 485-499.
- « ? », Rev. Études, oct. 2010, pp. 343-354.
- « Dro : une relation explosive ou
pervertie ? », in La famille, le lien et la norme,
Sciences de la Famille, Université Catholique de Lyon, les 10 et 11 mai 1996, EID (G.)
(dir. de), Paris 53-74.
- « Le désinvestissement du législateur : le flou des références légales », in Famille et
justice : justice civile et évolution du contentieux familial en droit comparé, Paris,
LGDJ, 1997, pp. 28-42.
- « La vérité dans le droit des personnes », , EDELMAN
(B.) et HERMITTE (M.-A.) (dir. de), éd. Christian Bourgois, 1988, pp. 159-198.
- « Le juge et la loi : de leurs rôles respectifs à propos du droit des personnes et de la
famille », in Etudes offertes à René RODIERE, Paris, Dalloz, 1981, pp. 151-176.
582
LAGRANGE (de) (E.)
- « La crise de la famille, le législateur et le juge », in Etudes dédiées à Alex WEILL,
Paris, Dalloz-Litec, 1983, pp. 353-370.
LAMARCHE (M.)
- « Couples, consommation, crédits : le ménage un peu (préservé) du surendettement.
La loi Hamon et la solidarité des dettes ménagères », Rev. dr. fam., 2014, n° 5, alerte
19.
- « La résidence alternée : une formule magique pour la coparentalité ? », Rev. dr. fam.,
2012, n° 2, alerte 7, p. 3.
- « PACS, pour le meilleur et sans le pire ? La multiplication des avantages en faveur
des partenaires », Rev. dr. fam., 2009, n° 9, p. 2.
- « », Rev. dr. patrim., 2000, n° 85, pp. 67-70.
LAMBOLEY (A.)
- « », in Mélanges Christian MOULY, Paris,
Litec, 1998, pp. 313-334.
LANGROD (G.)
- « Quelques réflexions méthodologiques sur la comparaison en science juridique »,
RIDC, 1957, n° 2, pp. 353-369.
LARGUIER (J.)
- « », D., 1961, pp. 25-34.
LARRIBEAU-TERNEYRE (V.)
- « Le cadre juridique de la médiation familiale », in La résolution amiable des
différends dans le contentieux familial, ANTONINI-COCHIN (L.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2014, pp. 9-30.
- « Nouvel essor pour les modes alternatifs et collaboratifs de règlement des litiges en
matière familiale ? (À propos de la médiation obligatoire et de la convention de
procédure participative), Rev. dr. fam., 2012, n° 5, étude 12, pp. 13-18.
- « La centralisation des contentieux : le nouveau bloc de compétence du JAF », in Les
transformations du contentieux familial, WEILLER (L.) (dir. de), Marseille, PUAM,
2012, pp. 19-34.
- « La fronde à la circulaire confirmée concernant les pouvoirs liquidatifs du JAF »,
Rev. dr. fam., 2012, n° 12, comm. 179, pp. 35-37.
- « Les nouvelles compétences du juge aux affaires familiales : cadrage ou
verrouillage ? », Rev. dr. fam., 2011, n° 1, pp. 22-26.
- « Le dispositif de télésurveillance destiné à la protection des victimes de violences au
sein du couple est opérationnel », Rev. dr. fam., 2010, n° 5, comm. 73, pp. 33-34.
583
- « Le juge aux affaires familiales devient le juge des intérêts patrimoniaux des
concubins et des partenaires », Rev. dr. fam., 2009, n° 6, pp. 20-21.
- « :u À propos de la loi du 23
juin 2006 », Rev. dr. fam., 2007, n° 1, pp. 9-15.
- « Feu les enfants légitimes et naturels ! Vive la présomption de paternité...légitime !
(Ordonnance du 4 juillet 2005 sur la filiation », Rev. dr. fam., 2005, n° 5, repère n° 9,
p. 3.
- « La réforme du divorce atteindra t-elle ses objectifs ? (1ère partie) », Rev. dr. fam.,
2004, n° 6, pp. 5-7 ; (2ème partie), 2004, n° 7-8, pp. 6-11 ; (3ème partie), 2004, n° 9, pp.
7-11.
- «
: un tableau impressionniste », in Études offertes à Pierre CATALA, Paris,
Litec, 2001, pp. 83-108.
- « Le mythe du sang en droit de la filiation », LPA, 1994, n° 32, pp. 15-21.
LARROUMET (C.)
- « La libéralité consentie par un concubin adultère », D., 1999, pp. 351-352.
LAURENT (J.-C.)
- « Quelques réflexions sur les causes de divorce », D., 1949, pp. 61-64.
LAVIGNE (P.)
- « Comment la loi est mal écrite », D., 1982, pp. 299-300.
LE GUIDEC (R.)
- « Regards sur les fonctions économiques de la famille »,
professeur Jean HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 299-307.
- « Les libéralités-partages », D., 2006, pp. 2584-2586.
LEBORGNE (A.)
- « Accès aux origines, adoption, action en recherche de maternité. Questions
pratiques », in La convention de New- enfant. Vingt ans
, LEBORGNE (A.), PUTMAN (E.), ÉGEA (V.)
(dir. de), Actes du colloque du 15 janvier 2010 organisé par le Centre de Recherches
en Droit Privé Pierre Kayser, Marseille, PUAM, 2012, pp. 61-67.
- « Réflexion sur la diversité des modes de conjugalité »,
Jerry SAINTE-ROSE, PUIGELIER (C.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 675-697.
- «
t conformes à la Constitution », RJPF, 2011, n° 3, pp. 20-23.
LEBRETON (G.)
- « Critique républicaine des droits fondamentaux de la personne humaine », in Le droit
entre tradition et modernité. Mélanges à la mémoire de Patrick COURBE, Paris, Dalloz,
2012, pp. 359-365.
- « Y a-t-il un progrès du droit ? », D., 1991, pp. 99-104.
584
LECOURT (R.)
- « Comment progresse le rapprochement des législations européennes ? », D., 1965, pp.
147-152.
LECUYER (H.)
- « La notion juridique de couple », Rev. dr. et patrim., 1997, n° 53, pp. 62-65.
LEGEAIS (R.)
- « », RIDC, 1994, pp. 347-358.
LEMOULAND (J.-J.)
- « La diversité du droit contemporain de la famille », in Mélanges en
SAINTE-ROSE, PUIGELIER (C.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012,
pp. 729-750.
- « Quels apports du droit comparé au droit français des personnes et de la famille », in
HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 329-349.
- « mun des couples », in Mariage Conjugalité, Parenté-
Parentalité, FULCHIRON (H.) (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires »,
2008, pp. 33-46.
- « Vers un droit commun de la formation des couples ? », LPA, 20 déc. 2007, n° 254,
pp. 13-17.
- « La loi du 26 mai 2004 relative au divorce », D., 2004, pp. 1825-1837.
- « Le couple en droit civil », Rev. dr. fam., 2003, n° 8, pp. 11-22.
- « Le pluralisme et le droit de la famille, post-modernité ou pré-déclin ? », D., 1997,
pp. 133-137.
LEQUETTE (Y.)
- « De la proximité au fait accompli »,
MAYER, Paris, LGDJ, 2015, pp. 481-518.
- « Quelques remarques sur le pluralisme en droit de la famille », in Mélanges en
CHAMPENOIS. Liber amicorum, Paris, Defrénois,
2012, pp. 523-550.
- « », in Études
offertes à Geneviève VINEY, Paris, LGDJ, 2008, pp. 647-668.
- « », in Le discours et le Code, Portalis, deux siècles
après le Code napoléon, Paris, Litec, 2004, pp. 391-398.
- « », in
LOUSSOUARN, Dalloz,
1994, pp. 245-263.
LERIS (P.)
- « La Cour de cassation et le Maroc », D., 1954, pp. 17-19.
585
LEROYER (A.-M.)
- « : quelles modalités ? », Arch. philo.
dr., 2014, t. 57, pp. 425-433.
- « », RTD civ.,
1998, n° 3, pp. 587-606.
LEYETTE (G.)
- « Le Code civil et les autres codifications napoléoniennes », in Le Code civil, un
passé, un présent, un avenir, Paris, Dalloz, 2004, pp. 123-130.
LEVENEUR (L.)
- « Le choix des mots en droit des personnes et de la famille », in Les mots de la loi,
MOLFESSIS (N.) (dir. de), Paris, Economica, coll. « Études juridiques », 1999, pp. 11-
29.
LÉVY (D.)
- « », RIDC, 1952, pp. 695-697.
LEVY (J.-P.)
- «
survivant », in Études offertes à René RODIERE, Paris, Dalloz, 1981, pp. 177-196.
LIENHARD (C.)
- « Contribution aux réflexions sur la réforme des procédures de divorce », D., 1998, pp.
132-136.
LUCET (F.)
- « Famille éclatée, famille reconstituée. Les aspects patrimoniaux », Defr., 1991, art.
35028, pp. 513-536.
LUCHAIRE (F.)
- « La mort des tribunaux français de Tunisie », D., 1957, pp. 61-64.
LUSSEAU (J.-F.)
- « Vie maritale et droit de la Sécurité sociale », Rev. dr. soc., 1980, pp. 203-218.
586
LUZU (F.) , LE GALL (N.)
- « », JCP, N, 2012,
n° 26, 1280, pp. 31-39.
MALAURIE (P.)
- « Le couple et le fisc », Rev. dr. fam., 2011, n° 1, pp. 8-9.
- « Autorité et droit des tiers : un projet patchwork », JCP, G, 2009, 167, pp. 3-4.
- « Les nouveaux visages de la famille », in Mariage-conjugalité, Parenté-parentalité,
FULCHIRON (H.) (dir. de), Paris, Dalloz, 2008, pp. 261-268.
- « Couple, procréation et parenté, colloque sur la notion juridique de couple, Reims,
20-21 juin 1997 », D., 1998, pp. 127-131.
- « », in Droit civil, procédure, linguistique juridique. Écrits en
hommage à Gérard CORNU, Paris, PUF, 1994, pp. 309-316.
- « Premières vues sur le droit des successions et des libéralités », D., 1989, pp. 99-104.
- « Mariage et concubinage en droit français contemporain », Arch. philo. dr., 1975, pp.
17-28.
MARGUENAUD (J.-P.)
- « influence de la CEDH », RTD civ., 1996, n° 4, pp. 505-
515.
MARTIN (D.)
- « », D., 1989, pp. 135-141.
MASSIP (J.)
- « Le divorce par consentement mutuel et la pratique des tribunaux », D., 1979, pp.
117-127.
- « La contestation de la filiation légitime depuis la loi du 3 janvier 1972 », D., 1977,
pp. 237-240.
MAYER (P.)
MAZEAUD (H.)
- « Une famille dans le vent : la famille hors mariage », D., 1971, pp. 99-102.
- « Le divorce par consentement forcé », D., 1963, pp. 141-144.
- « Une famille sans chef », D., 1951, pp. 141-144.
MESTROT (M.)
- « La famille en chantier », in Études à la mémoire de Christian LAPOYADE-
DESCHAMPS, Bordeaux, PUB, 2003, pp. 191-208.
587
MEULDERS-KLEIN (M.-T.)
- « Égalité et non discrimination en droit de la famille », Rev. trim. dr. homme, 2003,
n° 56, pp. 1193-1202.
- « Les modes alternatifs de règlement des conflits en matière familiale, analyse
comparative », RIDC, 1997, pp. 383-407.
- « », in Droit civil, procédure,
linguistique juridique. Écrits en hommage à Gérard CORNU, Paris, PUF, 1994,
pp. 317-332.
- « Individualisme et communautarisme État en Europe
occidentale », Rev. Droit et société, 1993, n° 23-24, pp. 163-197.
- « », RIDC, 1992, pp. 767-794.
- « La probl », RIDC,
1989, n° 1, pp. 7-58.
- « et les procréations médicalement
assistées », RTD civ., 1988, n° 4, pp. 663-672.
MEZGHANI (A.)
- « Détermination de la loi applicable et conflit des civilisations en droit international
privé de la famille », .
MAHIOU, BENACHOUR (Y.), HENRY (J.-R.), MEHDI (R.)
(réun. par), Paris, éd. Publisud-IREMAM, 2009, pp. 23-38.
MICHEL (A.)
- « Modèles sociologiques de la famille dans les sociétés contemporaines », Arch. philo.
dr., 1975, pp. 127-136.
MIGNON-COLOMBET (A.)
- « Que reste t-il du devoir de fidélité entre époux ? », LPA, 2005, n° 21, pp. 6-18.
MILLET (F.)
- « : retour aux fondamentaux de la
filiation », D., 2012, pp. 1975-1979.
- « », Defr., 2005, art. 38153, pp.
743-760.
MIRKOVIC (A.)
- « Refonder le droit de la filiation », in Le Mariage&L , Institut
Famille&République, 2016, pp. 299-312
- « Repenser le don de gamètes », in Le don de gamètes, Bruxelles, Bruylant, 2014,
pp. 7-20.
- « La part de la biologie dans la filiation », in Le don de gamète, Bruxelles, Bruylant,
2014, pp. 121-132.
- « : quelles modalités ? », Arch. philo.
dr., 2014, t. 57, pp. 445-463.
588
- « Le mariage : un service public à redécouvrir », Rev. Lamy dr. civ., 2012, juin, n° 94,
pp. 55-58.
- « Les revendications des personnes de même sexe en matière familiale. Retour sur un
contentieux nourri en 2010 et 2011 », Rev. Lamy dr. civ., 2011, n° 23, pp. 42-48.
- « : la question interdite », JCP, G, 2010, 99, pp. 177-182.
-
», D., 2010, n° 22, pp. 1394-1398.
- «
Léonetti », JCP, G, 2009, n° 43, 345, pp. 10-13.
- « Statut du beau-parent », Rev. dr.
fam., 2009, n° 7-8, étude 28, pp. 15-17.
- « Avant- », AJ fam., 2008, n°
11, pp. 428-429.
MISTRETTA (P.)
- « Droit pénal de la bioéthique : le coup de grâce ! », JCP, G, 2011, n° 29, pp. 1408-
1409.
MOLFESSIS (N.)
- « Pacte civil de solidarité : la réécriture de la loi relative au pacs par le Conseil
constitutionnel », JCP, G, I, 2000, doct. 210, pp. 399-407.
MONEGER (F.)
- « Religion au regard du statut personnel et familial », RIDC, 2014, pp. 697-706.
MORANCAIS-DEMEESTER (M.-L.)
- « », D., 1988, pp. 7-14.
MOREAU (P.)
- « Penser le droit de la famille avec Michel Villey », Arch. philo. dr., 2007, t. 50, pp.
331-342.
MOUTOUH (H.)
- « La question de la reconnaissance du couple homosexuel : entre dogmatisme et
empirisme », D., 1998, pp. 369-372.
MULLER (M.)
- « ces », D., 1986, pp. 329-334.
MURAT (P.)
- « Enjeu de structures sociales ou logique de droits fondamentaux ? », Arch. philo. dr.,
2014, t. 57, pp. 285-300.
- « Pour une réflexion prospective en droit de la famille »,
professeur Raymond LE GUIDEC, Paris, LexisNexis, 2014, pp. 777-794.
589
- «
milieu du gué », Rev. dr. fam., 2013, n° 7-8, dossier « Du mariage pour tous à la
famille homosexuelle », n° 24, pp. 30-34.
- « Prolégomènes à une hypothétique restructuration du droit des filiations », in
Mélang HAUSER, Paris, LexisNexis-Dalloz, 2012,
pp. 405-426.
- « Passer par la filiation ou dépasser la filiation », in Parenté, Filiation, Origines, Le
, FULCHIRON (H.), SOSSON (J.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2013, pp. 259-271.
- « », in Être parent
, JACQUES (P.) (dir. de), Paris, Dalloz, 2010, pp. 49-63.
- « Individualisme, libéralisme, légistique », in Mariage-Conjugalité, Parenté-
Parentalité, FULCHIRON (H.) (dir. de), Paris, Dalloz, coll. « Thèmes&Commentaires »,
2009, pp. 237-244.
- « : bref
regard critique sur la diversité des situations », Rev. dr. fam., 2006, n° 8, Colloque
«
judiciaires », n° 31, pp. 11-14.
- « », Rev. dr. fam.,
2006, n° 1, pp. 17-20.
- « », in Études offertes à Pierre CATALA,
Paris, Litec, 2001, pp. 109-116.
MUZNY (P.)
- « Pour que garde des enfants et pratique religieuse fassent bon ménage », in Mélanges
HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 427-441.
NAST (M.)
- « », D., 1938, pp. 37-40.
NEIRINCK (C.)
- « La comaternité », Rev. dr. fam., 2015, n° 3, repère 3.
- « Question civile ou enjeu médical ? », Arch. philo. dr., 2014, t. 57, pp. 301-314.
- « », in Parenté, filiation, origines. Le droit et
, FULCHIRON (H.), SOSSON (J.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2013, pp. 273-283.
- « Le couple et la contractualisation de la rupture », RRJ, 2009, n°1, pp. 107-119.
- « Le couple en crise », LPA, 20 déc. 2007, n° 254, pp. 23-33.
- « La maternité », Rev. dr. fam., 2006, n° 1, pp. 9-11.
- « Parenté et parentalités, aspects juridiques », in Lien familial, lien social, DELAGE
(M.), PEDROT (P.) (dir. de), Grenoble, PUG, 2003, pp. 59-74.
- « Homoparentalité et adoption », in Le droit privé français à la fin du XX ème siècle.
Études offertes à Pierre CATALA, Litec, 2001, pp. 353-362.
590
- « PMA », in Mélanges offerts à André COLOMER,
Paris, Litec, 1993, pp. 307-317.
NERSON (R.)
- « Progrès scientifiques et droit familial », in Le droit privé français au milieu du XXème
siècle. Études offerts à Georges RIPERT, Paris, LGDJ, t. I, 1950, pp. 403-431.
NIBOYET (M.-L.)
- « Regard français sur la reconnaissance en France des répudiations musulmanes »,
RIDC, 2006, pp. 27-46.
NICOD (M.)
- « », JCP, N, 2006, n° 12, 1136, pp. 607-611.
NICOLAU (G.)
- « », in Études à la mémoire de Christian LAPOYADE-
DESCHAMPS, Bordeaux, PUB, 2003, pp. 141-176.
OLIVIER (S.)
- « La transmission anticipée du patrimoine : aspects civils et fiscaux », JCP, N, 2012,
n° 27, act. 691, pp. 7-9.
ONORIO (d -B.)
- « La protection constitutionnelle du mariage et de la famille en Europe » RTD civ.,
1988, n° 1, pp. 1-29.
OUDIN (F.)
- « égalité en matièr ion
ordre public international », RJPF, 2002, n° 12, pp. 6-10.
PARICARD (S.)
- « Mariage homosexuel et filiation. Quelques éléments de droit comparé », Rev. dr.
fam., 2013, n° 1, dossier « Le mariage pour tous », n° 8, pp. 28-31.
PARIZER-KRIEF (K.)
- « -
raisonnable de la gestatrice prévue par la loi à la reconnaissance judiciaire des contrats
internationaux à but lucratif », RIDC, 2011, pp. 645-659.
PETERKA (N.)
- « Les libéralités graduelles et résiduelles, entre rupture et continuité », D., 2006,
pp. 2580-2583.
PHILIPPE (C.)
- « Vers un droit commun des effets du contrat de couple », LPA, 2007, n° 254, pp. 18-
22.
591
- « Quel avenir pour la fidélité ? », Rev. dr. fam., 2003, n° 5, pp. 17-20.
- « Maupassant, précurseur du mariage moderne », in Mélanges à la mémoire de
Danièle HUET-WEILLER, Liber amicorum, Strasbourg, PUS, LGDJ, 1994, pp. 367-377.
PIASTRA (R.)
- « Loi relative au PACS », D., 2000, n° 13, pp. 203-208.
PIERRON (J.-P.)
- « Le Geste et la Parole Nouvelles techniques de procréation et dit du droit », in
Parenté, Filiation, Origines, , FULCHIRON (H.),
SOSSON (J.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2013, pp. 223-236.
PITTI (G.)
- « Le logement et la rupture du couple », AJ fam., 2011, n° 10, pp. 464-468.
PONTON-GRILLET (D.)
- « La famille et le droit fiscal », D., 1987, pp. 125-130.
POUSSON-PETIT (J.)
- « Le droit de vivre en commun en dehors du couple sexuel conjugal », in Mélanges en
. HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 563-588.
- « Les volontés individuelles et le droit de la filiation charnelle dans les droits
européens », in De la volonté individuelle, NICOD (M.) (dir. de), Toulouse, Presses de
louse 1 Capitole, 2009, pp. 57-76.
- « Le juge et les droits aux relations personnelles des parents séparés de leurs enfants
en France et en Europe », RIDC, 1992, pp. 795-848.
RASSON-ROLAND (A.)
- « », in Liège, Strasbourg, Bruxelles :
Liber Amicorum Michel MELCHIOR, Anthémis, 2010,
pp. 1015-1029.
RAYNAUD (P.)
- « Les deux familles. Réflexions comparatives sur la famille légitime et la famille
naturelle », in Aspects du droit privé en fin du XXème siècle. Études réunies en
JUGLART, Paris, LGDJ, 1986, pp. 63-79.
- « ement. Où
va la jurisprudence ?», D., 1980, pp. 1-8.
- « Les divers visages du divorce 1976 », D., 1976, pp. 141-146.
REBOURG (M.)
- « -parent pendant la vie commune », AJ
fam., 2007, n° 7, pp. 290-294.
592
REIGNIE (PH.)
- « Sexe, genre et état des personnes », JCP, G, 2011, n° 42, pp. 1883-1890.
REMY (P.)
- « Le mythe du pluralisme civil en législation, observations complémentaires », RRJ,
1983, pp. 91-92.
RENCHON (J.-L.)
- « », Rev. dr. fam., 2015, n° 9.
- « Une filiation monosexuée ? », in Parenté, Filiation, Origines, Le droit et
, FULCHIRON (H.), SOSSON (J.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2013, pp. 237-257.
- « », in
n HAUSER, Paris, Dalloz, 2012, pp. 601-617.
- «
droit de la personne et de la famille », in Mariage-Conjugalité, Parenté-Parentalité,
FULCHIRON (H.) (dir. de), Paris, Dalloz, 2009, pp. 209-236.
RHEINSTEIN (M.)
- « La famille, son évolution et son droit », in Aspects nouveaux de la pensée juridique.
ANCEL, éd. A. Pedone, t. I, 1975, pp. 193-206.
RIEUBERNET (C.)
- « Volonté du couple et incidences patrimoniales de la rupture : entre exclusion et
incitation », RRJ, 2009, pp. 135-152.
RUBELLIN-DEVICHI (J.)
- « « Réflexions sur la réforme attendue du droit de la filiation », in Mélanges offerts à
André COLOMER, Paris, Litec, 1993, pp. 397-414.
- « La famille et le droit au logement », RTD civ., 1991, pp. 245-261.
- « Les procréations assistées », RTD civ., 1987, pp. 457-497.
SACCO (R.)
- « Le droit muet », RTD civ., 1995, pp. 783-796.
SAINT-CYR (P.)
- « », D., 1975, pp. 123-128.
593
SAINT-JOURS (Y.)
- « Le statut social du concubinage », JCP, N, I, 1993, pp. 138-140.
SALVAGE-GEREST (P.)
- «
4 juillet 2005 », Rev. dr. fam., 2006, pp. 13-16.
SANTORO (V.)
- «
familiale », RRJ, 2010, pp. 613-619.
SAVATIER (J.)
- « Les légitimations de complaisance », D., 1950, pp. 9-12.
SAVATIER (R.)
- « La finance ou la gloire : option pour la femme mariée ? Réflexions sur la réforme
des régimes matrimoniaux », D., 1965, pp. 135-140.
- « Un exemple des métamorphoses du droit civil
alimentaire », D., 1950, pp. 149-152.
- « Le droit civil de la famille et les conquêtes de la biologie », D., 1948, pp. 33-36.
SAVOYE (J.)
- « La notion de », D.,
1968, pp. 103-108.
SERIAUX (A.)
- « Une définition c », D., 2005, pp. 1966-1969.
- « Le juriste face au droit de la famille », Rev. dr. fam., 2001, n° 6, pp. 4-6.
- « Question controversée : la théorie du non-droit », RRJ, 1995, pp. 13-30.
- « a loi du 3 janvier 1972», in Mélanges offerts à André
COLOMER, Paris, Litec, 1993, pp. 431-442.
SIMSON (G.)
- « divorce », RIDC, 1957, pp. 379-394.
SINDRES (D.)
- « ? », JDI, 2012, n° 3, pp. 887-901.
SOULEAU-TRAVERS (A.)
- « », Defr., 2002, art.
37533, pp. 569-588.
594
STEFF (A.)
- « -marocaine du 10 août 1981
relative au statut des personnes et de la famille et à la coopération judiciaire », RRJ,
2010, n° 2, pp. 621-627.
SUDRE (F.)
- « La mystification du consensus européen », JCP, G, 2015, n° 50, 1369.
SURREL (H.)
- «
fondées sur le sexe », Rev. trim. dr. homme, 2004, n° 57, pp. 141-174.
SZABO (I.)
- « La méthode de la comparaison », in Études offertes à René RODIERE, Paris, Dalloz,
1981, pp. 323-334.
TERRÉ (F.)
- « », Arch. philo. dr., 2015, t. 58, pp. 189-198.
- « », D., 2009, pp. 30-37.
- « Contractualiser le droit du couple », LPA, 20 déc. 2007, n° 254, pp. 8-9.
- « Réflexions sur un couple instable », Arch. philo. dr., 2008, t. 51, pp. 21-27.
- « Terre à terre dans le droit du divorce », in Droit des personnes et de la famille.
Mélanges à la mémoire de Danièle HUET-WEILLER, Strasbourg, PUS-LGDJ, 1994,
pp. 483-496.
- « », Arch. philo. dr., 1975, pp. 45-55.
THERY (R.)
- « », in Le
droit au respect de la vie familiale au sens de la Convention européenne des droits de
, Bruxelles, Bruylant, 2002, pp. 61-105.
- « Trois conceptions de la famille dans notre droit », D., 1953, pp. 47-52.
THERY (I.)
- « Mariage et filiation de même sexe : une approche sociologique », in ure du
mariage aux personnes de même sexe, LEQUETTE (Y.), MAZEAUD (D.) (dir. de), Paris,
éd. Panthéon-Assas, 2014, pp. 89-101.
- « Postface. Engendrement et filiation au temps du démariage », in Parenté, filiation,
sieurs, FULCHIRON (H.), SOSSON (J.),
Bruxelles, Bruylant, 2013, pp. 329-355.
- « Filiation et parenté : la distinction des sexes dans une société égalitaire », in
Identités, filiations, appartenances, PUG, 2005, pp. 25-46.
595
THIERRY (J.)
- « Doit-on accorder aux enfants adultérins les mêmes droits successoraux qu
enfants légitimes ?», D., 2000, n° 10, pp. 157-158.
THOMANN (M.)
- « Christian Wolff et le droit subjectif », Dossier « Le droit subjectif en question »,
Arch. philo. dr., 1964, t. 9, pp. 153-174.
TRIGEAUD (J.-M.)
- « Le dédoublement du sujet : entre sujet juridique et sujet social », in Personne, Droit,
Existence, éd. Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie comparée », 2009, pp. 157-
170.
- « Le politique et le droit entre amitié et amour. Une redéfinition de la personne », in
Personne, Droit, Existence, éd. Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie comparée »,
2009, pp. 57-66.
- « », in Existence, droit
et personne, éd. Bière, coll. « Bibliothèque de philosophie comparée », 2009, pp. 177-
181.
- « Sur les origines juridiques et mythiques gréco-romaines du concept occidental de
personne. Une histoire de la liberté », in Personne, Droit, Existence, éd. Bière, coll.
« Bibliothèque de philosophie comparée », 2009, pp. 17-53.
VAREILLE (B.)
- « », D., 2000, n° 41, pp. 626-
627.
VAUVILLE (F.)
- « Du principe de coparentalité », LPA, 2002, n° 209, pp. 4-11.
- « Les droits au logement du conjoint survivant », Defr., 2002, art. 37608, pp. 1277-
1293.
VERKINDT (P.-Y.)
- « Les figures du couple en droit du travail », LPA, 2007, n° 254, pp. 47- 49.
VILLA-NYS (M.-C.)
- « »,
Rev. dr. patrim., 2000, n° 85, pp. 88-100.
VILLEY (M.)
- « Historique de la nature des choses », Arch. philo. dr., 1965, t. 10, pp. 267-283.
- « La genèse du droit subjectif chez Guillaume D CCAM », Arch. philo. dr., 1964, t. 9,
pp. 97-127.
VOUIN (R.)
- « esprit des lois civiles », D., 1948, pp. 149-152.
596
WACHSMANN (P.)
- « Ré globalisante de la convention européenne des droits
», in La conscience des droits. -P. COSTA,
Paris, Dalloz, 2011, pp. 667-676.
WALINE (M.)
- « », D., 1949, pp. 25-28.
WAREIN-VERMEULIN (J.-M.)
- « Attention virages dangereux et chaussée glissante : concepts flous et terminologie
miliales au sujet de la loi
n° 2002-305 du 4 mars 2002 », in Ruptures, mouvements et continuité du droit. Écrits
autour de Michelle GOBERT, Economica, 2004, pp. 337-345.
YNTEMA (H.-R.)
- « », RIDC, 1958, pp. 693-700.
ZAJTAYE (I.)
- « La réception des droits étrangers et le droit comparé », RIDC, 1957, pp. 686-713.
ZALEWSKI-SICARD (V.)
- « Familles recomposées et transmission », JCP, N, 2013, n° 19, 1130, pp. 43-47.
ZIMMERMANN (R.)
- « privé », RTD civ., 2007, n° 3, pp. 451-
483.
ZLATESCU (V.-D.)
- « Quelques aspects méthodologiques de la comparaison des droits », RIDC, 1983, pp.
559-566.
2. Droit maghrébin
ABDELLAOUI (F.-Z.)
- « n »,
droit musulman (Afrique, Moyen-Orient), Actes du colloque du 14 janvier 2008 à la
Cour de cassation, Paris, Société de législation comparée, 2008, pp. 345-358.
ABDELHAMID (H.)
- « Le corps de la femme et la biomédecine dans le contexte de la culture juridique
égyptienne », in Corps de la femme et biomédecine, Approche
internationale, FEUILLET-LIGER (B.), AOUIJ-MRAD (A.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant,
coll. « Droit, bioéthique et société », 2013, pp. 181-200.
597
- « État, religion et bioéthique en Égypte », in Droit, Éthique et Religion
, FEUILLET-LIGER (B.), PORTIER (P.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2012, pp. 427-445.
AL-AHNAF (M.)
- « Maroc : le Code du statut personnel », Maghreb-Machrek, 1994, n° 145, pp. 3-23.
ALHORR (Z.)
- « », in
Moyen-Orient), Société de législation comparée, 2008, pp. 229-251.
- « Maroc : la filiation en cas de mariage et hors mariage », in
musulman (Afrique, Moyen-Orient), Société de législation comparée, 2008, pp. 323-
326.
ALLAOUI (K.)
- « Vers la mise en place de la médiation familiale au Maroc », in Approche plurielle
des problématiques familiales, ELAMARI (Z.) (réun. et coord. par) Rabat, Publications
de la revue de la justice civile, t. 2, 2015, pp. 169-174 (en langue arabe).
ALUFFI (R.)
- « Droit de la filiation dans les codes de statut personnel », Annuaire droit et religions,
2009-2010, volume 4, pp. 61-66.
AOUIJ-MRAD (A.)
- « Le faible impact des pratiques biomédicales sur la vision de la parenté en Tunisie »,
in Les incidences de la biomédecine sur la parenté. Approche internationale,
598
FEUILLET-LIGER (B.), CRESPO-BRAUNER (M.-C.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2014,
pp. 189-198.
- «
médicalement assistée », in Procréation médicalement assistée
et anonymat, panorama international, FEUILLET-LIGER (B.) (dir. de), Bruxelles,
Bruylant, 2008, pp. 275-282.
ARENA (M.)
- « Adoptions et maternités hors mariage : lois et société civile en Tunisie », Annuaire
droit et religions, 2009-2010, volume 4, pp. 165-176.
ARKOUN (M.)
- « Le concept de raison islamique », Arch. Sciences sociales des religions, 1987, pp.
125-132.
BELKNANI (F.)
- « Le mari chef de famille », Rev. tun. dr., 2000, pp. 49-93.
599
BENCHEIKH HOCINE (H.-D.)
- « », in Études à la mémoire de Christian
LAPOYADE-DESCHAMPS, PUB, 2003, pp. 723-732.
BENCHENANE (M.)
- « Les transformations socio-culturelles au Maghreb et leurs impacts en France »,
Confluences Méditerranée, 2007, n° 63, pp. 105-115.
BENJEMIA (M.)
- « Non-discrimination religieuse et le code du statut personnel tunisien », Revue
Franco-Maghrébine de droit, 2007, n° 15, pp. 1999-2016.
BENKHEIRA (M.-H.)
- « Le mariage précoce dans le débat juridique sur la tutelle matrimoniale aux
IIème/VIIIème », Annuaire droit et religions, 2009-2010, pp. 85-94.
BETTAHAR (Y.)
- « La construction sociale de la parentalité », , 2005-2006, pp.
155-167.
BIDAR (A.)
- « », Esprit, fév. 2011,
pp. 150-175.
BLEUCHOT (H.)
- « Le mariage en droit musulman », Annuaire droit et religions, 2006-2007, pp. 187-
197.
BONTE (P.)
- « Le consentement au mariage dans le contexte des réformes des codes musulmans du
statut personnel », Annuaire droit et religions, 2009-2010, volume 4, pp. 37-57.
600
BORRMANS (M.)
- «
statut personnel », RIDC, 1986, pp. 113-139.
-
statut personnel, principalement dans les pays arabes », RIDC, 1986, pp. 133-139.
BOUHDIBA (A.)
- « Existe-t-il un Islam des Lumières ? »,
, (B.) FEUILLET-LIGER, PORTIER (P.) (dir. de),
Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 157-185.
BOSTANJI (S.)
- « application judiciaire du code tunisien du statut personnel : le
conflit référentiel dans l'oeuvre prétorienne », RIDC, 2009, pp. 7-47.
BUSKENS (L.)
- « Le droit de la famille au Maroc », in Ordre public et droit musulman de la famille
en Europe et en Afrique du Nord, BERNARD-MAUGIRON (N.), DUPRET (B.) (dir. de),
Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 97-125.
- « Commentaires islamiques et Codes français. Confrontation et accommodation de
deux formes de rédaction du droit de la famille au Maroc », in Droits et sociétés dans
le monde arabe. Perspectives socio-anthropologiques, BOËTSCH (G.), DUPRET (B.),
FERRIE (J.-N.) (dir. de), Marseille, PUAM, 1997, pp. 61-86.
CHAFI (M.)
- « », Rev. mar. dr. et d , 1989, pp. 133-152.
CHARNAY (J.-P.)
- « », RIDC,
1963, pp. 705-721.
- « Évolution du droit musulman, de la révélation, à la déjuridicisation », in Regards sur
le droit, Académie des sciences morales et politiques, Dalloz, Paris, 2010, pp. 369-
390.
CHEDLY (L.)
- « Les relations pécuniaires entre époux », RIDC, 2007, pp. 551-593.
CHEHATA (C.)
- « La religion et les fondements du droit en Islam », Arch. philo. dr., 1973, pp. 17-25.
CUBERTAFOND (B.)
- « Mohamed VI, Commandeur des croyants au secours de la laïcité ? », Confluences
Méditerranée, 2004, n° 51, pp. 163-180.
601
DECROUX (P.)
- « La Convention franco-marocaine du 10 août 1981 relative au statut des personnes et
de la famille et à la coopération judiciaire », JDI, 1985, pp. 49-99.
- « Le mariage des Français et des étrangers au Maroc », D., 1956, pp. 109-116.
- « La nationalité marocaine », D., 1948, pp. 111-116.
DEVERS (A.)
- « III) et des
conventions franco-marocaines (de 1957 et 1981) », Rev. dr. fam., 2012, n° 1, étude 1,
pp. 8-12.
- « -marocains. Les conventions franco-
marocaines face aux droits européen et communautaire », Rev. dr. fam., 2006, n° 6,
étude 15, pp. 8-13.
DAOUALIBI (M.)
- « », in Travaux de la semaine
internationale de droit musulman, Paris, 2-7 juillet 1951, Recueil Sirey, 1953, pp.
101-115.
DEPREZ (J.)
- « Environnement social et droit international privé. Le droit international privé
ELFAKHOURI (D.)
- « », in Litiges relatifs au
statut personnel et aux successions, Appréhensions nationales et perspectives
internationales, BEJDAINI (H.) (dir. de), Rabat, Publications de la revue de droit, t. 1,
2016, pp. 13-28 (en langue arabe).
EL SHAKANKIRI (M.)
- « », RIDC, 1981,
pp. 767-786.
FADLALLAH (I.)
- « Lien conjugal et rencontre de civilisations », in Le statut personnel des musulmans,
Droit comparé et Droit international privé, CARLIER (J.-Y.), VERWILGHEN (M.)
(dir. de), Bruxelles Bruylant, 1992, pp. 343-354.
- « Vers la reconnaissance de la répudiation musulmane par le juge français » Rev. crit.
DIP, 1981, pp. 17-29.
FOBLETS (M.-C.)
- « particulières relatives à la gestion par
», nternationales,
602
RENCHON (J.-L.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, coll. « Famille&Droit », 2003, pp. 235-
263.
- « Le statut personnel musulman devant les tribunaux en Europe. Une reconnaissance
conditionnelle », roit français et de
droit comparé), POUSSON-PETIT (J.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2002, pp. 935-972.
FORTIER (C.)
- « Filiation versus inceste en Islam, parenté de lait, procréations médicalement
assistées, adoptions et reconnaissance de paternité. De la nécessaire conjonction du
social et du biologique »,
européennes et méditerranéennes, BONTE (P.), PORQUERES I GENE (E.), J. WILGAUX
(dir. de), Marseille, éd. de la Maison des s 2011, pp. 225-248.
- « Le droit musulman en pratique : genre, filiation et bioéthique », Droit et cultures,
2010, n° 59, pp. 15-38.
- « Le lait, le sperme, le dos. Et le sang ? », , 2001, n° 161,
pp. 97-138.
FREGOSI (F.)
- « Droit fra
laïque »,
pluralisme juridique, KAHN (P.) (dir. de), Paris, Mission de recherche « Droit et
Justice », La Documentation française, 2001, pp. 183-200.
HACEM (M.)
- « Le Code tunisien de droit international privé », Rev. crit. DIP, 1999, pp. 227-244.
HAMDAN (L.)
- « Les difficultés de codification du droit de la famille algérien », RIDC, 1985, pp.
1001-1015.
HAMOUCH (A.)
- « : étude à la
lumière du Code de la famille et de la pratique judiciaire », in Litiges relatifs au statut
personnel et aux successions, Appréhensions nationales et perspectives
internationales, BELHASSANI (L.), BEJDAINI (H.) (dir. de), Rabat, Publications de la
revue de droit, t. 1, 2016, pp. 87-108 (en langue arabe).
HOUOT (S.)
- « La fatwa, un cadre pour la bioéthique contemporaine », in Islam et Révolutions
médicales. Le labyrinthe du corps, MOULIN (A.-M.) (dir. de), éd. IRD Karthala, 2013,
pp. 123-144.
603
JAHEL (S.)
- « Les concubinages en terres d », in
juridiques des pays arabes, Paris, LGDJ, éd. Panthéon Assas, 2012, pp. 155-180.
- « Les droits fondamentaux en pays arabo- musulmans », RIDC, 2004, pp. 787-796.
- « La lente acculturation du droit maghrébi
français », RIDC, 1994, pp. 40-57.
JEAN (F.)
- « Le nouveau code marocain de la famille », RRJ, 2010, pp. 629-644.
KHILLO (I.)
- « Concubinage et conjugalité dans le monde musulman : de la loi religieuse à la réalité
sociale », Annuaire droit et religions, 2010-2011, pp. 277-298.
KOUMDADJI (A.)
- «
de réflexion et de formalisme », Rev. dr. fam., 2012, n° 3, pp. 18-20.
LACHKAR (M.)
- « La caisse de solidarité familiale », in Justice familiale. Approche plurielle des
problématiques contemporaines, ELAMARI (Z.) (réun. et coord. par), Rabat,
Publications de la revue de justice civile, t. 2, 2015, pp. 142-168 (en langue arabe).
LALAMI (F.)
- « Les amendements au Code algérien de la fami »,
Confluences Méditerranée, 2006, n° 59, pp. 23-30.
LOUKILI (M.)
- « », in Ordre public
et droit musulman de la famille en Europe et en Afrique du Nord, BERNARD-
MAUGIRON (N.), DUPRET (B.) (dir. de), Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 127-159.
LAROCHE-GISSEROT (F.)
- « Le nouveau code marocain de la famille : innovation ou archaïsme », Rev. dr. inter.
et dr. comp., 2006, pp. 335-355.
604
LTAIEF (W.)
- « La réforme du Code algérien de la famille », in Les statuts personnels en droit
comparé, évolutions récentes et implications pratiques, AOUN (M.) (dir. de), Leuven-
Paris-Dudley, Peeters, 2009, pp. 83-101.
- « Conventions internationales, mariage mixte et droit successoral en Afrique du Nord :
- », Rev. inter. des sc. soc., 2005,
n° 184, pp. 363-383.
MAHIEDDIN (N.)
- « La dissolution du mariage un des époux en droit
musulman et en droit algérien », RIDC, 2006, pp 73-100.
- « : nouveautés et modifications apportées
par la loi du 27 février 2005 au Code algérien de la famille du 9 juin 1984 », in
, 2005-2006, pp. 97-137.
MAHMASSANI (G.)
- « », in Une certaine idée
du droit. Mélanges offerts à André DECOCQ, Paris, Litec, 2004, pp. 417-435.
MAHMASSANI (M.)
- « », in Une certaine idée du
droit. Mélanges offerts à André DECOCQ, Litec, 2004, pp. 437-467.
MARZOUKI (I.)
- « La conquête de la banalisation par le Code tunisien du statut personnel », année
du Maghreb, 2005-2006, pp. 71-95.
MAYEUR-JAOUEN (C.)
- « », Annuaire droit et religions,
2009-2010, pp. 109-118.
MESSAOUDI (L.)
- « égard de la femme en droit international privé marocain »,
RIDC, 1992, pp. 947-957.
- « Grandeur et limite du droit musulman au Maroc », RIDC, 1995, pp. 146-154.
MEZIOU (K.)
- « Migrations et relations familiales »,
international privé, 2009, n° 345, pp. 9-386.
MILLIOT (L.)
- « », RIDC, 1954, pp. 441-454.
- « », RIDC, 1952, pp. 669-682.
605
MONEGER (F.)
- « La Convention franco-marocaine du 10 août 1981 relative au statut des personnes et
de la famille et à la coopération judiciaire », Rev. crit. DIP, 1984, pp. 2-69.
MONEGER (J.)
- « Les codes des obligations et contrats du Maghreb ou de la symbiose des droits civils
musulman et européens des obligations », in Le Code civil français et le dialogue des
cultures juridiques, Bruxelles, Bruylant, 2007, pp. 173-179.
MONJID (M.)
- «
», in Litiges relatifs au statut personnel et aux
successions, Appréhensions nationales et perspectives internationales (en langue
arabe), BELHASSANI (L.), BEJDAINI (H.) (dir. de), Rabat, Publications de la revue de
droit, t. 1, 2016, pp. 222-234.
- « Le mariage du mineur en droit marocain », RIDC, 2015, pp. 207-224.
MOUAQUIT (M.)
- « État, modernisation de la société, réforme de la Moudawana »,
, 2005-2006, dossier « Femmes-famille et droit au Maghreb», pp.
11-21.
MOUMEN (M.)
- « », in Litiges relatifs au statut
personnel et aux successions, Appréhensions nationales et perspectives
internationales, BELHASSANI (L.), BEJDAINI (H.) (dir. de), Rabat, Publications de la
revue de droit, t. 1, 2016, pp. 43-56 (en langue arabe).
NOKKARI (M.)
- « »,
(Afrique, Moyen-Orient), Actes du colloque du 14 janvier 2008 à la Cour de cassation,
Paris, société de législation comparée, 2008, pp. 33-44.
PAPI (S.)
- « La reconnaissance du mariage mixte des musulmanes dans les législations
maghrébines », Annuaire droit et religions, 2009-2010, pp. 150-163.
606
RABBATH (E.)
- « », RIDC, 1959, pp. 672-
693.
RADI (S.)
- « Mariage religieux et concubinage chez les musulmans de Marseille », in
, BOËTSCH (G.), FERRIE (J.-N.) (dir. de), Marseille,
Les Cahiers
», 1992, pp. 43-47.
RIAD (F.)
- « Pour un code européen de droit musulman », in Le statut personnel des musulmans-
Droit comparé et Droit international privé, Bruxelles, Bruylant, 1992, pp. 379-382.
RIVIERE (P.-L.)
- « », D., 1947, pp. 99-104.
- « À propos du nouveau Code pénal du Maroc », D., 1951, pp. 173-175.
- « La législation sociale du Maroc », D., 1949, pp. 115-116.
- « Les nouveaux codes marocains », D., 1954, pp. 27-34.
RUDE-ANTOINE (E.)
- « Le mariage et le divorce dans le Code marocain de la famille. Le nouveau droit à
», Rev. Droit et cultures, 2010, n° 59, pp. 43-57.
- « », in
musulman (Afrique, Moyen-Orient), Société de législation comparée, 2008, pp. 45-60.
SAADI (N.)
- « Le corps humain : interpénétration du sacré et du profane dans le droit positif
algérien », in Le droit de la santé : aspects nouveaux,
CAPITANT, Bruxelles- Paris, Bruylant-LB2V, 2012, pp. 39-63.
SAÏDI (K.)
- « La réforme du droit algérien de la famille : pérennité et rénovation », RIDC, 2006,
pp. 119-152.
SAADOUNE (A.)
- « La raison impérieuse nasab
pendant les fiançailles. Étude à la lumière de la pratique judiciaire », in Justice
familiale. Appréhensions plurielles et problématiques contemporaines, ELAMARI (Z.)
(dir. de), Rabat, Publications de la revue de justice civile, t. 1, 2013, pp. 49-78 (en
langue arabe).
SALIM (A.)
- « », in Approche
plurielle des problématiques familiales, ELAMARI (Z.) (réun. et coord. par), Rabat,
Publications de la revue de la justice civile, 2015, t. 2, pp. 203-212 (en langue arabe).
607
SAREHANE (F.)
- « La répudiation, quels obstacles pour les marocains résidant en France ? », RIDC,
2006, pp. 47-59.
- « Le nouveau Code marocain de la famille », Gaz. pal., 2004, sept.oct., pp. 2792-
2805.
WAHCHI (A.)
- « »,
in Approche plurielle des problématiques familiales, ELAMARI (Z.) (réun. et coord.
par), Rabat, Publications de la revue de la justice civile, 2015, t. 2, pp. 188-202 (en
langue arabe).
ZAHER (K.)
- « Plaidoyer pour la reconnaissance des divorces marocains », Rev. crit. DIP, 2010, pp.
313-332.
AGOSTINI (E.)
- Note ss Cass. civ 1ère, 13 mars 2007, D., 2007, p. 1395.
BALESTRIERO (V.)
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 29 avr. 1994, LPA, 1995, n° 134, p. 17.
BEIGNIER (B.)
- Note ss CA Bourges, 8 déc. 1997, Rev. dr. fam., 1998, n° 6, comm. 89.
- Note ss TGI Lille, 5 juin 2002, Rev. dr. fam., 2003, comm. 57.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, Rev. dr. fam., 2000, comm. 139.
BERNAUD (V.)
- Obs. ss Cons. const., 28 janv. 2011, D., 2011, p. 1793.
BINET (J.-R.)
- Note ss Cons. constit., 21 oct. 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 12, comm. 213.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 23 sept. 2015, Rev. dr. fam., 2016, n° 1, comm. 5.
- Note ss CA Paris, pôle 3, ch. 3, 18 juin 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 12, comm. 216.
- Note ss CA Rennes, 5 mai 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 7-8, comm. 140.
- Note ss CA Rennes, 5 mai 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 7-8, comm. 140.
- Note sous Cass. civ. 1ère, 15 avr. 2015, Rev. dr. fam., n° 6, 2015, comm. 114.
608
- Note ss CA Versailles, 2ème ch., sect. 1, 22 janv. 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 5,
comm. 87.
- Note ss CEDH, gde ch., 16 juill. 2014, Hämäläinen c/ Finlande, Rev. dr. fam., 2015,
comm. 1.
- Note ss CA Douai, 19 déc. 2013, Rev. dr. fam., 2014, n° 2, comm. 22.
- Note ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, Rev. dr. fam., 2013, comm. 158.
- Note ss CA Lyon, 2ème ch. A, 2 juill. 2013, Rev. dr. fam., 2013, n° 10, comm. 132.
BLANC (A.-M.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 20 mai 2003, RJPF, 2003, n° 9, p. 39.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 15 mai 2002, RJPF, 2002, n° 10, p. 35.
- Note ss Cass. Civ. 1ère, 9 juil. 2002, RJPF, 2002, n° 12, p. 38.
BOICHE (A.)
- Note ss CEDH, grde chb., 26 nov. 2013, X. c/ Lettonie, AJ fam., 2014, p. 58.
- Obs. ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, AJ fam., 2013, p. 720.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 13 fév. 2013, AJ fam., 2013, p. 185.
- Note ss CEDH, 6 déc. 2007, Maumousseau et Washington c/ France, AJ fam., 2008,
p. 83.
BONFILS (P.)
- Note ss CA Bordeaux, ch. civ. 6, 16 janv. 2013, Rev. dr. fam., 2013, n° 4, comm. 62.
BOSSE-PLATIERE (H.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 sept. 2008, JCP, G, I, 2008, art. 597.
- Obs. ss CA Bordeaux, 21 mars 2001, JCP, G, I, p. 332.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 juillet 1994, JCP, G, I, 1995, p. 3903.
BOULANGER (F.)
- Obs. ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, JCP, G, I, 2013, p. 1233.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2006, Enfant Lorenzo, D., 2006, p. 2790.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 nov. 2005, D., 2006, p. 554.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 14 juin 2005, D., 2005, p. 2790.
BRENNER (C.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 12 avr. 2012, D., 2012, p. 2011.
BRIERE (C.)
- Obs. ss CEDH, 10 juin 2010, Schwizgebel c/ Suisse, D., 2010, p. 2269.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 oct. 2003, LPA, 23 févr. 2005, n° 38, p. 5.
609
BRUGGEMAN (M.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 nov. 2005, Rev. dr. san. soc., 2006, p. 349.
CABRILLAC (R.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, D., 2001, p. 497.
CHABAS (F.)
- Note ss Cass. ass. plén., 29 oct. 2004, JCP, G, II, 2005, p. 10011.
CHAMPENOIS (G.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 11 janv. 1984, Defrénois, 1984, p. 933.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 14 oct. 1981, Defrénois, 1982, art. 32582.
CHENEDE (F.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 7 juin 2012, JCP, G, 2012, p. 857.
- Obs. ss Cons. constit., 28 janv. 2011, AJ fam., 2011, p. 157.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère 4 juin 2009, AJ fam., 2009, p. 303.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 sept. 2008, AJ fam., 2008, p. 431.
- Obs. ss TGI Paris, 28 mars 2008, AJ fam., 2008, p. 249.
- Obs. ss TGI Grenoble, 28 janv. 2008, AJ fam., 2008, p. 476.
- Obs. ss Cass. civ 1ère, 13 mars 2007, AJ fam., 2007, p. 227.
- Obs. ss CE, 6 déc. 2006, AJ fam., 2007, p. 34.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, AJ fam., 2006, p. 159.
- Obs. ss TGI Paris, 2 juil. 2004, AJ fam., 2004, p. 361.
CORPART (I.)
- Note ss TGI Lille, 21 fév. 2006, Rev. dr. fam., 2006, comm. 141.
COUARD (J.)
- Note ss CEDH, 2ème sect., 27 janv. 2015, Paradiso et Campanelli c/ Italie, Rev. dr.
fam., mars 2015, n° 27.
DAVID (S.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 avr. 2012, AJ fam., 2012, p. 403.
DESNOYER (C.)
- Obs. ss TGI Paris, 27 juin 2001, D., 2003, somm., p. 655.
DEUMIER (P.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, RTD civ., 2008, p. 438.
610
DEVERS (A.)
- Obs. ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, JCP, G, I, 2013, p. 1159.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 7 juin 2012, JCP, G, 2012, act. 728.
- Note ss Cass. soc., 23 mai 2012, JCP, S, 2012, p. 1383.
- Obs. ss Cons. Constit., 29 juil. 2011, JCP, S., 2011, 1458, n° 41.
- Note ss CE, 6 déc. 2006, JCP, G, II, 2007, 10096.
- Note ss Cass. civ. 2ème, 22 mai 2007, Rev. dr. fam., 2007, comm. 160.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 28 mars 2006, JCP, G, II, 2006, p. 10133.
DOUCET (M.)
- Note ss CEDH, 7 mars 2013, Raw c/ France, RJPF, 2013, n° 5.
DOUCHY-OUDOT (M.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 nov. 2012, Procédures, 2013, comm. 19.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 oct. 2012, Procédures, 2012, n° 12, comm. 358.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 28 sept. 2011, Procédures, 2012, n° 1, comm. 12.
- Obs. ss Cons. const., 29 juillet 2011, D., 2012, p. 1033.
- Obs. ss Cons. Constit., 28 janv. 2011, D., 2012, 1033.
- Note ss CEDH, 6 juil. 2010, Neulinger et Churuck c/ Suisse, RTD eur., 2010, p. 927.
- Obs. ss CJUE, 22 déc. 2010, n° C-497/10, RTD eur., 2011, 481.
- Note ss CJUE, 2 avr. 2009, n° C-523/07, RTD eur., 2010, 421.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 17 déc. 2008, Procédures, 2009, comm. 52.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 22 nov. 2005, D., pan., p. 2436.
ÉGÉA (V.)
- Cass. civ. 1ère, 25 sept. 2015, Rev. dr. fam., 2016, n° 2, chron. 1.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère , 18 mars 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 9, chron. 3.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 15 avr. 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 9, chron. 3.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 18 déc. 2013, RJPF, 2014, n° 2, p. 2.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 7 nov. 2012, Rev. dr. fam., 2013, n° 11, p. 1.
EUDIER (F.)
- Obs. ss CEDH, 6 juil. 2010, Neulinger et Churuck c/ Suisse, RJPF, 2011-1/25.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 12 déc. 2006, RJPF, 2007, n° 3.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 14 juin 2005, RJPF, 2005, n° 10, p. 40.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 oct. 2003, RJPF, 2004, n° 2, p. 39.
FARGE (M.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007, Rev. dr. fam., 2007, comm. 155.
611
- Note ss Cass. civ. 1ère, 14 juin 2005, Rev. dr. fam., 2006, comm. 42.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 11 fév. 1997, JCP, G, I, 1997, p. 4045.
FAVIER (Y.)
- Obs. ss Cons. constit., 29 juil. 2011, JCP, G, I, 2012, n° 1.
- Obs. ss Cass. com., 23 juin 2004, JCP, G, I, 2005, n° 3, p. 116.
FOREST (G.)
- Obs. ss Cass. civ. 3ème, 1er avr. 2009, D., 2009, p. 1090.
FULCHIRON (H.)
- Note ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, D., 2013, entret. p. 2576.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 28 janv. 2015, D., p. 464.
- Note ss Cass. civ 1ère, 13 mars 2007, D., 2007, p. 1375.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, D., Point de vue, 876.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 17 févr. 2004, JCP, G, II, 2004, 10128.
GALLANT (E.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Enfant Laetitia, Rev. crit. DIP, 2007, p. 603.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2006, Enfant Lorenzo, Rev. crit. DIP, 2006, p. 127.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2005, Rev. crit. DIP, 2006, p. 127.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 9 juil. 2002, Rev. crit. DIP, 2002, pp. 468-469.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 18 avril 2000, Rev. crit. DIP, 2001, p. 341.
GALLMEISTER (I.)
- Obs. ss Cass. plén., 3 juil. 2015, D., 2015, p. 1438.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 13 fév. 2013, D., 2013, p. 498.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 25 fév. 2009, AJ fam., 2009, p. 171.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 sept. 2008, AJ fam., 2008, 2430.
- Obs. ss Cass. civ 1ère, 13 mars 2007, D., 2007, p. 935.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, D., 2006, IR, p. 670.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 nov. 2005, D., 2005, p. 3036.
GANNAGE (L.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 28 janv. 2015, JCP, G, I, 2015, n° 12, p. 318.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 juin 2012, RCDIP, 2013, p. 587.
GARE (T.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 28 mars 2006, RJPF, 2006, n° 6, p. 19.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, JCP, N, 2001, p. 1822.
612
- Note ss Cass.civ. 1ère, 11 fév. 1997, JCP, G, II, 1997, p. 22820.
- Note ss Trib. Enfants Toulouse, 13 sept. 1988 et 2 fév. 1989, D., 1990, p. 395.
GAUDEMET-TALLON (H.)
- Obs. ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, D., 2014, p. 1059.
GAURIAU (B.)
- Note ss Cass. soc., 15 févr. 2001, Rev. dr. soc., 2001, p. 463.
GODECHOT-PATRIS (S.)
- Note ss CEDH, 22 juill. 2014, Rouiller c/ Suisse, RJPF, 2014, n° 10.
GOUTTENOIRE (A.)
- Obs. ss CEDH, 5 nov. 2015, Henrioud c/ France, JCP, G, I, 2015, n° 49, 1333.
- Note ss CEDH, 10 juil. 2012, B. c/ Belgique, Rev. dr. fam., 2013, étude n° 3.
- Note ss CEDH, 12 juil. 2011, Sneersone et Kampanella c/ Italie, Rev. dr. fam., 2012,
étude n° 6.
- Obs. ss CEDH, 28 janv. 2011, Nunez c/ Norvège, Rev. dr. fam., 2012, étude 10.
- Ob. ss Cons. constit., 28 janv. 2011, JCP, G, 2011, n° 29.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Enfant Laetitia, D., 2007, p. 2192.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 14 juin 2005, Rev. dr. fam., 2006, comm. 157.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 18 mai 2005, Rev. dr. fam., 2005, comm. 156.
- Note sous CE, 22 sept.1997, affaire Cinar, JCP, G, II, 1998, 10051.
GRANET-LAMBRECHTS (F.)
- Obs. ss TGI Grenoble, 28 janv. 2008, D., 2009, p. 773.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, D., 2006, pan. 1148.
- Note ss CA Rennes, 4 juill. 2002, D., 2002, p. 2902.
- Obs. ss CA Paris, 19 mai 1992, D., 1993, somm. 47.
GRIMALDI (M.)
- Obs. ss Cass. Civ. 2ème, 14 déc. 1983, Gaz. Pal., 1984, p. 1.
HAUSER (J.)
- Obs. ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, RTD civ., 2014, p. 89.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 nov. 2012, RTD civ., 2013, p. 96.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 avr. 2012, RTD civ., 2012, p. 519.
- Obs. ss CA Lyon, 28 juin 2010, RTD civ., 2011, p. 118.
- Obs. ss CEDH, 31 août 2010, Gas et Dubois c/ France, RTD civ., 2011, p. 114.
- Obs. ss Cons. const., 29 juil. 2011, RTD civ., 2011, p. 748.
613
- Obs. ss Cons. constit., 28 janv. 2011, RTD civ., 2011, p. 326.
- Obs. ss CE 18 juin 2010, RTD civ., 2010, p. 764.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 sept. 2008, RTD civ., 2008, p. 660.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, RTD civ., 2007, p. 315.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Enfant Laetitia, RTD civ., 2007, p. 330.
- Obs. ss CE, 6 déc. 2006, RTD civ., 2007, p. 86.
- Obs. ss Cass. Civ. 1ère, 24 fév. 2006, RTD civ., 2006, p. 297.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 6 déc. 2005, RTD civ., 2006, p. 105.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 nov. 2005, RTD civ., 2006, p. 101.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 8 nov. 2005, RTD. civ., 2006, p. 101.
- Obs. ss Cass. ass. plén., 29 oct. 2004, RTD civ., 2005, p. 104.
- Obs. ss TGI Paris, 2 juil. 2004, RTD civ., 2005, p. 116.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 27 avr. 2004, RTD civ., 2004, p. 487.
- Obs. ss Cass. com., 23 juin 2004, RTD civ., 2004, p. 487.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 mai 2004, RTD civ., 2004, p. 487.
- Obs. ss CE 9 juil. 2003, RTD civ., 2004, p. 69.
- Obs. ss TGI Lille, 5 juin 2002, RTD civ., 2003, p. 270.
- Obs. ss Cass. com., 9 oct. 2001, RTD civ., 2002, p. 489.
- Obs. ss TGI Paris, 27 juin 2001, RTD civ., 2002, p. 84.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 2 mai 2001, RTD civ., 2001, p. 565.
- Obs. ss Cass. soc., 15 févr. 2001, RTD civ., 2001, p. 563.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, RTD civ., 2001, p. 565.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 15 oct. 1996, RTD civ., 1997, p. 102.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 18 juil. 1995, RTD civ., 1996, p. 133.
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 29 avr. 1994, RTD civ., 1994, p. 571.
- Obs. ss cass. plén., 11 déc. 1992, RTD civ., 1993, p. 97.
- Obs. ss CA Toulouse, 18 nov. 1991, RTD civ., 1993, p. 104.
HILT (P.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 nov. 2012, AJ fam., 2013, p. 55.
HOCQUET-BERG (S.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 10 oct. 1995, LPA, 23 août 1996, n° 102, p. 9.
614
KOUMDADJI (A.)
- Note ss TI Lille, 7 sept. 2009, D., 2010, n° 1, p. 6970.
LABBEE (X.)
- Note ss TGI Lille, 16 déc. 2014, AJ fam., 2015, n° 3, p. 174
- Note ss CA Douai, 7ème chb., sect. 1, 19 janv. 2012, Rev. dr. fam., 2012, n° 7, p. 41.
- Note ss TGI Lille, 21 fév. 2006, D., 2006, p. 1350.
- Note ss TGI Lille, 5 juin 2002, D., 2003, p. 514.
- Note ss TGI Lille, 26 nov. 1999, D., 2000, p. 254.
LARRIBAU-TERNEYRE (V.)
- Note ss Cass. soc., 23 mai 2012, Rev. dr. fam., 2012, n° 7-8, comm. 114.
- Note ss Cons. constit., 29 juil. 2011, Rev. dr. fam., 2011, n° 10, comm. 143.
- Note ss CA Montpellier, 1ère ch., 4 janv. 2011, Rev. dr. fam., 2011, n° 6, comm. 89.
- Note ss CE, 18 juin 2010, Rev. dr. fam., 2010, n° 9, comm. 123.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 17 nov. 2010, Rev. dr. fam., 2011, n° 1, comm. 2.
- Obs. ss Cass. crim., 5 oct. 2010, Rev. dr. fam., 2011, n° 1, comm. 1.
- Obs. ss Cass. civ. 3ème, 1er avr. 2009, Rev. dr. fam., 2009, n° 5, comm. 70.
- Note ss Cass. civ. 2ème, 10 juill. 2008, Rev. dr. fam., 2008, n° 10, comm. 137.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 4 juin 2007, Rev. dr. fam., 2007, n° 10, comm. 185.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007, Rev. dr. fam., 2007, n° 10, comm. 188.
- Note ss CA Metz, ch. famille, 17 avr. 2007, K. Z. c/ Z., Rev. dr. fam., 2007, n° 10,
comm. 187.
- Note ss CA Aix-en-provence, 20 juin 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 12, comm. 202.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 31 janv. 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 4, comm. 83.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 28 mars 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 6, comm. 133.
- Note ss CA Aix-en-Provence, 28 juin 2005, Rev. dr. fam., 2006, n° 2, comm. 24.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 19 avr. 2005, Rev. dr. fam., 2005, n° 6, comm. 127.
- Note ss CA Pau, 4 avr. 2005, Rev. dr. fam., 2005, n°7-8, comm. 152.
- Note ss CA Montpellier, 11 oct. 2004, Rev. dr. fam., 2005, n° 3, comm. 49.
- Note ss Cass. com., 23 juin 2004, Rev. dr. fam., 2004, n° 10, comm. 168.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 27 avr. 2004, Rev. dr. fam., 2004, n° 9, comm. 140.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 12 mai 2004, Rev. dr. fam., 2004, n° 10, comm. 168.
LEBORGNE (A.)
- Note ss Cons. Constit., 28 janv. 2011, RJPF, 2011, n° 3.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, RJPF, 2007, n° 5.
615
LECUYER (H.)
- Note ss CA Douai, 12 déc. 2002, Rev. dr. fam., 2003, comm. 86.
- Note ss Cass. com., 9 oct. 2001, Rev. dr. fam., 2002, n° 2, comm. 18.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 26 juin 2001, Rev. dr. fam., 2002, n° 3, comm. 28.
- Obs. ss CA Paris, 4 oct. 2000, Rev. dr. fam., 2001, n° 3, comm. 28.
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 15 juin 2000, Rev. dr. fam., 2000, n° 10, comm. 111.
- Note ss CA Toulouse, 6 mars 2000, Rev. dr. fam., 2000, n° 10, comm. 106.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 nov. 1998, Rev. dr. fam., 1999, comm. 12.
- Obs. ss CA Bordeaux, 17 juin 1998, Rev. dr. fam., 1999, comm. 1.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 1er juil. 1997, Rev. dr. fam., 1997, comm. 153.
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 4 juin 1997, Rev. dr. fam., 1998, comm. 176.
- Note ss CA Bordeaux, 25 mars 1997, Rev. dr. fam., 1997, comm. 132.
- Note ss Cass.civ. 1ère, 11 fév. 1997, Rev. dr. fam., 1997, comm. 56.
LEMOULAND (J.-J.)
- Obs. ss CA Chambéry, 22 oct. 2013, D, 2013, p. 1342.
- Obs. ss Cons. const., 29 juillet 2011, D., 2012, 983.
- Note ss Civ. 1ère 4 juin, 2009, D., 2009, p. 1610.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 4 juin 2007, D., 2008, pan., 1793.
- Obs. ss Cass. civ 1ère, 13 mars 2007, D., 2007, p. 1561.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, D., 2006, p. 1421.
- Obs. ss CE, 9 juil. 2003, D., 2004, somm. 2967.
- Obs. ss TGI Paris, 27 juin 2001, D., 2003, p. 1941.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 2 mai 2001, D., 2002, somm. 612.
- Obs. ss Cass. soc., 15 févr. 2001, D., 2002, somm. 535.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, D., 2002, p. 612.
LIBCHABER (R.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 15 oct. 1996, D., 1997, somm. 177.
LIENHARD (C.)
- Note ss , 23 juin 1988, D., 1989, p. 411.
MARGUENAUD (J.-P.)
- Obs. ss Cass. civ 1ère, 13 mars 2007, RTD civ., 2007, p. 287.
- Note ss CEDH, 6 juil. 2010, Neulinger et Churuck c/ Suisse, RTD civ., 2010, p. 735.
616
MASSIP (J.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 6 déc. 2005, Defr., 2006, p. 1066.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 27 janv. 2004, Defr., 2004, p. 1232.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 7 oct. 2003, Defr., 2004, p. 159.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 20 mai 2003, LPA, 15 mars 2004, p. 17.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 2 mai 2001, Defr., 2001, p. 1003.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2000, Defr., 2001, p. 93.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 21 novembre 1995, D., 1996, p. 468.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 juillet 1994, Defr., 1995, art. 36024.
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 29 avr. 1994, LPA, 1996, n° 2, p. 7.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 19 mars 1991, Defr., 1991, p. 942.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 11 janv. 1984, Defr., 1984, p. 1003.
- Note ss Cass. civ. 2ème, 23 avr. 1980, Gaz. Pal., 1981, 1, 89.
MAYER (D.)
- Note ss CA Paris, 25 sept. 1986, D., 1987, p. 134
MESTRE (J.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 11 janv. 1984, RTD civ., 1985, p. 171.
MEYZEAUD-GARAUD (M.-C.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 22 mai 2007, RJPF, 2007, n° 10, p. 26.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 25 janv. 2005, RJPF, 2005, n° 4, p. 36.
MILHAC
- Note ss Cass. civ. 1ère, 15 oct. 1996, Defrénois, 1997, p. 923.
MONEGER (F.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 9 juil. 2002, Rev. dr. patr., 2002, 109, p. 113.
MUIR-WATT (H.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 12 juillet 1994, Rev. crit. DIP, 1995, p. 96.
MURAT (P.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 13 mars 2007, Rev. dr. fam., 2007, n° 5, comm. 105.
- Note ss Cass. Civ. 1ère, 4 juil. 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 10, p. 25.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, Rev. dr. fam., 2006, n° 4, comm. 89.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 6 déc. 2005, Rev. dr. fam., 2006, n° 2, comm. 27.
- Note ss CA Paris, 10 nov. 2004, Rev. dr. fam., 2005, n° 5, comm. 101.
- Note ss TGI Paris, 2 juil. 2004, Rev. dr. fam., 2005, comm. 4.
617
- Obs. ss TGI Paris, 27 juin 2001, Rev. dr. fam., 2001, comm. 116.
NEIRINCK (C.)
- Note ss TGI Nantes, 13 mai 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 7-8, comm. 145.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 19 nov. 2014, Rev. dr. fam., 2015, n° 2, comm. 31.
- Note ss Cass., avis, 22 sept. 2014, Rev. dr. fam., 2014, n° 11, comm. 160.
- Note ss CEDH, 5ème sect., 26 juin 2014, Mennesson et Labassée c/ France, Rev. dr.
fam., 2014, comm. 128.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 26 juin 2013, Rev. dr. fam., 2013, n° 9, comm. 118.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 oct. 2012, Rev. dr. fam., 2013, n° 1, comm. 9.
- Obs. ss CEDH, 22 janvier 2008, Mlle B c/ France, Rev. de droit sanit. et soc., 2008, p.
380.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, Rev. dr. sanit. soc., 2006, p. 578.
NIBOYET (M.-L.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 20 mai 2003, Gaz. Pal., 18 nov. 2003, p. 20.
PERROUIN (L.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 2 mai 2001, Rev. dr. fam., 2001, comm. 79.
PREVAULT
- Note ss CA Aix-en-provence, 22 juin 1978, D., 1978, p. 192.
PRETOT (X.)
- Obs. ss Cass. soc., 15 févr. 2001, D., 2001, somm. 2249.
PUTMAN (E.)
- Note ss cass. soc., 23 mai 2012, RJPF, 2012-07-08/11.
RAOUL-CORNEIL (G.)
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 4 avr. 2013, AJ fam., 2013, p. 300.
REBOURG (M.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, JCP, G, I, 2006, 199.
RÉGLIER (A.-C.)
- Obs. ss CA Rouen, ch. fam., 22 oct. 2015, Rev. dr. fam., 2016, n° 2, comm. 21.
- Obs. ss CA Chambéry, 6 oct. 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 12, comm. 218.
- Obs. ss CA Nancy, 3ème ch. civ., 29 mai 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 10, comm. 182.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 18 mars 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 6, comm. 123.
- Obs. ss CA Metz, 1ère ch., 8 janv. 2015, Rev. dr. fam., 2015, n° 4, comm. 70.
618
RUBBELIN-DEVICHI (J.)
- Obs. ss CA Rennes, 4 juill. 2002, JCP, G, I, 2003, p. 101.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 13 déc. 1989, RTD civ., 1990, p. 254.
REMY (P.)
- Note ss Cass. civ. 1ère, 14 oct. 1981, JCP, N, 1983, II, p. 54.
SALVAGE-GEREST (P.)
- Obs. ss CA Toulouse, 10 fév. 2015, AJ fam., 2015, p. 220.
SAULIER (M.)
- Note ss CA Rennes, 2 juin 2015, AJ fam., 2015, p. 401.
SIFFREIN-BLANC (C.)
- Obs. ss CEDH, 16 juin 2011, Pascaud c/ France, D. actu., 5 juil. 2011.
- Obs. ss Cons. const., 28 janv. 2011, D. actu., 7 février 2011.
- Obs. ss CEDH, 31 août 2010, AJ fam., 2010, p. 433.
- Obs. ss CA Lyon, 28 juin 2010, AJ fam., 2010, p. 490.
SUDRE (F.)
- Obs. ss CEDH, 3 sept. 2015, M. et M. c/ Croatie, JCP,G, I, 2016, n° 3, 65.
- Obs. ss CEDH, 30 juin 2015, Khoroshenko c/ Russie, JCP, G, I, 2016, n° 3, 65.
- Note ss CEDH, 6 déc. 2007, Maumousseau et Washington c/ France, JCP, G, 2011,
p. 94.
- Note ss CEDH, 28 nov. 2002, Lavents c/ Lettonie, JCP, G, I, 2003, p. 109.
- Obs. ss CEDH, 28 sept. 2000, Messina c/ Italie, JCP, G, I, 2001, p. 291.
- Obs. ss CEDH, 22 avril 1997, X, Y et Z c/ Royaume-Uni, JCP, G, I, p. 107.
TAVERNIER (P.)
- Obs. ss CEDH, 24 mars 1988, Olssen c/ Suède, JDI, 1989, p. 789.
TORICELLI-CHRIFI (S.)
- Note ss Cass. civ. 2ème, 23 janv. 2014, Rev. dr. fam., 2014, n° 4, comm. 63.
VACHET (G.)
- Note ss Cass. civ. 2ème, 22 mai 2007, JCP, S, 2007, p. 1524.
VAREILLES (B.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 4 juin 2009, RTD civ., 2010, p. 800.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 2 mai 2001, RTD civ., 2001, p. 556.
619
VAUVILLE (F.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 24 sept. 2008, RJPF, 2008-12/19.
- Note ss Cass. com., 23 juin 2004, RJPF, 2004-10/22.
VIAL-PEDROLETTI (B.)
- Note ss Cass. civ. 3ème, 1er avr. 2009, Rev. Loyers et copro., 2009, comm. 140.
VIGANOTTI (E.)
- Note ss CEDH, 3ème sect., 28 avr. 2015, AJ fam., 2015, p. 347.
- Note ss CEDH, 5ème sect., 15 janv. 2015, AJ fam., 2015, p. 101.
- Note ss CEDH, 10 juil. 2012, B. c/ Belgique, AJ fam., 2012, p. 562.
VIGNEAU (D.)
- Obs. ss Cass. civ. 1ère , 20 fév. 2007, D., 2007, p. 1047.
- Note ss Cass. civ. 1ère, 24 fév. 2006, D., 2006, juris. 897.
- Obs. ss Cass. com., 23 juin 2004, D., 2004, somm. 2969.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 27 avr. 2004, D., 2004, 2968.
- Note ss Cass. ass. plén., 29 oct. 2004, D., 2004, p. 3175.
- Obs. ss Cass. civ. 1ère, 12 mai, AJ fam., 2004, p. 2969.
- Obs ss Cass. civ. 1ère, 27 janv. 2004, D., 2004, p. 268.
VRAY (H.)
- Obs. ss Cass. civ. 2ème, 29 avr. 1994, Gaz. Pal., 25-29 août 1995, p. 14.
2. En droit maghrébin
620
- Cour cass. maroc., 31 août 2010, dossier n° 173/1/2/2009, n° 388.
- Cour cass. maroc., 17 août 2010, dossier n° 116/2/1/2009, n° 370.
- Cass. civ. tun., 30 juin 2009, n° 26905/2008.
- Cour suprême, 11 juin 2008, dossier n° 562/2/1/2007, n° 326.
- Cour supr. maroc., 31 déc. 2008, dossier n° 371/2/1/2008, n° 598.
- Cour suprême, 12 nov. 2008, dossier n° 298/2/1/2008, n° 527.
- Cour suprême, 24 sept. 2008, dossier n° 198/2/1/2007, n° 440.
- Cour suprême, 3 sept. 2008, dossier n° 233/2/1/2007, n° 415.
- Cour suprême, 16 janv. 2008, dossier n° 34/2/1/2007.
- Cour suprême, 7 nov. 2007, dossier n° 362/2/1/2007, n° 566.
- Cour suprême, 18 juil. 2007, dossier n° 667/2/1/2006, n° 411.
- Cour suprême, 9 mai 2007, dossier n° 181/2/1/2005, n° 254.
- Cass. civ. tun., 16 janv. 2007, n° 2006/4487.
- Cour suprême, 10 janv. 2007, dossier n° 101/2/1/2006.
- Cour suprême, 29 nov. 2006, dossier n° 326/2/1/2005, n° 679.
- Cour suprême, 22 nov. 2006, dossier n° 118/2/2/2006.
- Cour suprême, 31 mai 2006, dossier n° 627/2/1/2004, n° 348.
- Cour suprême, 18 avr. 2006, dossier n° 282/2/1/2006.
- Cour suprême, 22 fév. 2006, dossier n° 386/2/2/2005, n° 115.
- Cour suprême, 18 janv. 2006, n° 2005/1/2/108.
- Cour suprême, 26 oct. 2005, dossier n° 293/2/1/2005, n° 492.
- Cour suprême, 30 déc. 2004, dossier n° 2003, n° 658.
- Cour suprême, 24 janv. 2001, arrêt n° 90.
- Cour suprême, 18 janv. 2001, n° 79.
- Cour suprême, 7 sept. 2000, n° 821.
- Cass. civ. tun., 13 mai 1997, n° 56315.
- Cass. civ., 18 nov. 1996, n° 43-354.
- Cour suprême, 25 janv. 1994, dossier n° 87/5556, n° 16.
- Cour suprême, 8 sept. 1992, dossier n° 87/5457, n° 966.
- Cour suprême, 15 sept. 1991, dossier n° 91/217, n° 527.
- Cass. civ. tun., 2 juin 1991, n° 26431.
- Cour suprême, 19 fév. 1990, dossier n° 59013.
- Cass. civ. tun., 15 mai 1984, n° 9976.
- Cour suprême, 30 mars 1983, dossier n° 54758.
- Cour suprême, 15 sept. 1981, n° 527.
621
- Cour suprême, chambre civile, 23 fév. 1977, arrêt n° 139.
- Cass. civ. tun., 23 avr. 1975, n° 9853.
- Cour suprême, 5 juil. 1974, arrêt n° 250.
- Cass. civ. tun., 6 mars 1973, n° 9210.
- Cass. civ. tun., 27 juin 1973, n° 7795.
622
V. AUTRES ELEMENTS
1. Presse généraliste française et marocaine
2. Liens internet
623
TABLES DES MATIERES
GLOSSAIRE
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 1
Chapitre second. Une conception de la famille renouvelée sur les deux rives de la Méditerranée ................ 86
Section 1. La transformation de la conception juridique du mariage occidental ....................................... 88
§1) La situation concurrentielle des époux pendant le mariage ........................................................... 88
§2) Le droit de libre rupture du mariage .............................................................................................. 91
A) La première phase : la libéralisation du droit du divorce ....................................................... 92
B) La consécration du droit au divorce : un aboutissement ........................................................ 95
Section 2. ts familiaux au Maroc ............................... 102
§1) Les droits interpersonnels conjugaux .......................................................................................... 103
A) u mariage .............................................................................................................. 103
B) ............................................................................................................... 107
§2) Les droits patrimoniaux ............................................................................................................... 114
A) ......................................................... 114
B) ..................................................................................... 117
Conclusion du chapitre second ................................................................................................................... 120
Conclusion du titre premier ........................................................................................................................ 122
625
TITRE SECOND. LE LIEN FAMILIAL DETACHE DU LIEN MATRIMONIAL .................................................... 124
Chapitre premier. Du lien familial au lien parental...................................................................................... 126
Section 1. La coparentalité renforcée au profit des parents ................................................................... 127
§1) La coparentalité imposée ............................................................................................................ 128
A) Les normes internationales et régionales incitant à la coparentalité ................................... 129
B) .......................................................... 136
1- En droit français.............................................................................................................. 137
2- En droit maghrébin ......................................................................................................... 142
§2) La coparentalité réfléchie ............................................................................................................ 143
A) Un préalable : le changement de culture judiciaire .............................................................. 145
B) La médiation familiale ...................................... 148
1- En droit français.............................................................................................................. 148
.........................................................150
...............................................158
2- En droit maghrébin ......................................................................................................... 165
...........................................................165
...............................................................................................168
............................................................................. 172
....................................................................... 172
A) Les fondements de la protection ......................................................................................... 172
1- » ........................................... 173
2- « » .............................................................. 176
B) Les moyens de la protection ................................................................................................ 178
1- ....................................................................................................... 178
2- ....................................................... 186
3- .................................................... 189
..................................................................... 191
A) La coparentalité interdite en droit musulman ..................................................................... 191
B) La coparentalité déficiente en droit français........................................................................ 193
1- Coparentalité et incarcération ........................................................................................ 194
..........................................................................194
- La nécessaire considération du lien parental par le droit pénitentiaire ..................................201
2- Coparentalité et déplacements illicites ........................................................................... 204
206
626
A) Au profit du quotidien beau-parental .................................................................................. 266
B) ........................................................................................ 270
Conclusion du chapitre second ................................................................................................................... 273
Conclusion du titre second ......................................................................................................................... 274
Conclusion de la première partie ................................................................................................................ 276
627
2- ocain ............................ 388
B) La nécessaire réhabilitation de la place du donné religieux ................................................. 394
Conclusion du chapitre second ................................................................................................................... 396
Conclusion du titre premier ........................................................................................................................ 398
....................................................... 450
Section 1. Le projet parental, socle de la famille .................................................................................... 453
................................................................................... 453
A) Le droit de ne pas donner la vie ........................................................................................... 453
1- Corollaire du principe de libre disposition du corps ........................................................ 454
2- La conception islamique du corps et de la vie humaine .................................................. 456
B) la conception ..................................................... 459
...................................................................................... 461
A) ............................................................................................................... 461
1- En droit français.............................................................................................................. 462
.................................................................462
sistée (AMP) ...........................................................................467
............................................................................................................470
2- En droit maghrébin ......................................................................................................... 477
B) ......................................................................................................................... 483
pour tous ................................................................................................... 489
§1) La nécessité de repenser le lien de filiation ................................................................................. 490
A) La volonté, fondement post-moderne exclusif du lien de filiation ? ..................................... 491
B) Vers la filiation monosexuée ............................................................................................... 495
............................................................................................................ 498
Conclusion du chapitre second ................................................................................................................... 503
Conclusion du titre second ......................................................................................................................... 504
Conclusion de la seconde partie ................................................................................................................. 506
Conclusion générale ................................................................................................................................... 508
628
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 523
629
630