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LIVRET EPARSES 2016web

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Livret de découverte

des îles Eparses


Tromelin, Glorieuses, Juan de
Nova, Europa et Bassas da India
6.a - Les îles Eparses 6.a’ - Les île

Terres australes et antarctiques françaises Terres aus

TAAF
D i s t r i c t d e s î l e s E p a r s e s D i s t r i c

7.a - Le Marion Dufresne 7.a’ - Le Ma


Terres australes et antarctiques françaises Terres aus
N ne N ne
E E
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°S °S
O so O so

50 50

M a r i o n D u f r e s n e M a r i

8.a - La Curieuse 8.a’ - La Cur

9.a - Le Patrimoine 9.a’ - Le Pat


Terres australes et antarctiques françaises Terres aus

P a t r i m o i n e P a t
Souveraineté de la France sur les îles Éparses
Historiquement, le pavillon français fut planté
pour la première fois en 1776 sur l’île de Tro-
melin. La prise de possession officielle des Glo-
rieuses eut lieu le 23 août 1892, date à laquelle
le pavillon national fut arboré sur la Grande Glo-
rieuse. Enfin, la souveraineté de la France sur les
îles Juan de Nova, Europa et Bassas da India fut
notifiée au Journal Officiel du 31 octobre 1897.
Il est écrit : « En exécution de la loi du 6 août
1896, notifiée aux puissances et déclarant colo-
nies françaises Madagascar et ses dépendances,
le pavillon français a été planté sur les îles Juan-
de-Nova, Bassas-da-India et Europa situées dans
le canal du Mozambique. » Une présence fran-
çaise continue sur ces îles depuis 1973 marque
l’affirmation de cette souveraineté.

L’administration des îles Éparses


Tromelin Par le décret n° 60-555 du 1er avril 1960, le gou-
vernement français place ces îles sous l’autorité
directe du ministre responsable des DOM-TOM,
le préfet de La Réunion assurant par délégation
L’administration cette autorité jusqu’en 2005. A partir de 1972,
le chef du service météorologique de La Réunion
Emergeant à pic depuis les fonds marins jusqu’à assure les fonctions d’adjoint au préfet de La Réu-
la surface, les îles Eparses se répartissent entre nion pour l’administration des îles Eparses.
10° et 25° de latitude sud dans le canal du
Mozambique (archipel des Glorieuses, Juan de Le 3 janvier 2005, la gestion des îles Éparses est
Nova, Europa et Bassas da India) et au nord de confiée au préfet, administrateur supérieur des
La Réunion (Tromelin). Tandis que la surface ter- TAAF. La loi n° 2007-224 du 21 février 2007
restre cumulée de ces îles ne dépasse pas les intègre pleinement les îles Éparses aux TAAF.
43km², l’ensemble de leurs eaux sous juridiction Elles constituent le 5ème district de la collectivité
française représente un total de 640 400 km2 des TAAF, aux côtés des districts de Kerguelen,
(soit environ 6% du territoire maritime français). Crozet, Saint-Paul et Amsterdam, et Terre Adélie.
Un chef de district, basé au siège des TAAF auprès
Les îles Éparses font partie du territoire des Terres de l’administrateur supérieur, assure le suivi et la
australes et antarctiques françaises (TAAF), lui- coordination des actions menées dans ces îles.
même associé à l’Union Européenne, en qualité
de Pays et Territoire d’Outre-Mer. La cogestion de Tromelin

superficie Superficie ZEE Un accord cadre de cogestion de l’île de Trome-


Île Coordonnées
(km2) récifale (km2) (km2) lin entre la France et l’île Maurice a été signé en
15°53’ S 2010 mais à ce jour non ratifié par la France.
Tromelin 1 1,4 285 300
54°31’ E Cet accord porte sur la gestion durable des res-
Glo- 165 (+ Banc du 11°35’ S sources halieutiques, la protection de l’environne-
7 43 614
rieuses Geyser = 240) 47°18’ E
ment et la recherche archéologique.
Juan de 17°03’ S
5 193 61 050
Nova 42°43’ E
22°21’ S Les pouvoirs du préfet, administrateur supérieur
Europa 30 47 127 300
40°21’ E
Bassas 21°27’ S Le préfet, administrateur supérieur des TAAF, re-
0 86,5 123 700
da India 39°45’ E présente l’État sur le territoire. Il veille aux intérêts
TOTAL 43 733,5 640 964 - généraux du territoire et à la mise en œuvre des
politiques du gouvernement qui s’y rapportent.

4
Les partenaires des TAAF
Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan
Indien (FAZSOI)

Depuis 1973, la présence militaire sur les îles


Eparses du Canal du Mozambique contribue à
l’affirmation de la souveraineté française dans
la zone sud-ouest de l’océan Indien et à la pré-
servation du milieu naturel.

La mission de la présence militaire est assurée par :


- un détachement du 2ème RPIMa (régiment pa-
rachutiste d’infanterie de marine) basé à Saint- Transall
Pierre de La Réunion pour les îles de Juan de
Nova et Europa et du DLEM (Détachement de
Légion Etrangère de Mayotte) pour Glorieuses, stations météorologiques ont été installées par
- un représentant de la gendarmerie (officier de la direction de la Météorologie Nationale Fran-
police judiciaire), présent sur chacune de ces 3 çaise alors qu’elle avait à sa charge le service
îles en qualité de représentant du préfet, admi- météorologique de la colonie de Madagascar.
nistrateur supérieur des TAAF.
Les premières installations de stations météoro-
Le détachement militaire, relevé en moyenne tous logiques sur les îles Éparses remontent à 1949
les 45 jours par des aéronefs militaires, participe pour Europa, 1953 pour Juan de Nova, 1954
à la surveillance générale et à la protection des pour Tromelin et 1955 pour Glorieuses.
îles. Il entretient également les infrastructures, le
matériel, les pistes d’atterrissage et les plages A partir de 1961, après l’indépendance de Ma-
de débarquement. Sur Europa, le détachement dagascar, la Météorologie Nationale, suivant
participe également activement à certaines opé- les instructions du gouvernement, charge le ser-
rations de lutte contre les espèces végétales exo- vice météorologique de La Réunion de la gestion
tiques envahissantes (e.g. choca à Europa). de ces stations.
Le personnel des stations est alors composé de
Les FAZSOI assurent l’accès aux îles par les techniciens météorologistes, chargés d’effectuer
moyens aériens et maritimes, et le ravitaillement des observations, et de manœuvres. Ces der-
logistique lourd (carburant, matériaux, boî- niers, recrutés à La Réunion, sont plus spécia-
tages…) est assuré par Batral (bâtiment de trans- lement chargés de l’entretien des installations.
port léger de la Marine Nationale), et de ma- Quatre agents servent à Tromelin, trois dans cha-
nière exceptionnelle par le Marion Dufresne avec cune des autres stations. Le chef de station, assis-
le soutien des TAAF, depuis l’île de La Réunion. té d’un gendarme sur les îles du canal, est alors
le représentant du Délégué du Gouvernement.
Météo France
A partir de 1993 sur Tromelin puis en 1994 sur
Pour remplir les engagements de la France envers les trois îles du Canal du Mozambique, ces sta-
l’Organisation Météorologique Mondiale, des tions sont automatisées afin d’assurer l’enregis-
trement continu des paramètres météorologiques
(mesure toutes les 6 minutes de la pression, du
vent, de la température, de l’hygrométrie et des
précipitations). Cette automatisation des sta-
tions sera progressivement suivie du départ des
agents de Météo France jusque-là présents en
permanence sur les îles, les derniers ayant quitté
Tromelin en 2011. Cette île est depuis entière-
ment gérée par les TAAF. Trois personnels civils
sont stationnés sur l’île pour des périodes de 2
mois environ et acheminés par aéronef militaire.

5
Station de Tromelin
Noddis bruns sur l’îlot du Lys

Sanctuaires de biodiversité A titre d‘exemple, l’île d’Europa abrite 8 espèces


d’oiseaux marins nicheurs et 2 sous-espèces en-
Les îles Eparses sont qualifiées de « sanctuaires
démiques : un passereau, le zosterops ou oi-
océaniques de la nature primitive », disposant
seau-lunette vert de Voeltzkow, abondant sur l’île,
d’un patrimoine biologique terrestre et marin re-
ainsi qu’un oiseau marin, le paille-en-queue à
marquable. L’isolement géographique, le carac-
brins blancs d’Europa, dont la population atteint
tère insulaire et une occupation humaine histo-
entre 800 et 1000 couples. La population de
riquement très limitée ont largement contribué à
paille-en-queue à brins rouges d’Europa est une
préserver ces havres de biodiversité. Par consé-
des plus importantes de l’océan Indien avec envi-
quent, ces territoires sont aujourd’hui des sites
ron 1800 couples nicheurs. Les colonies de fous
de référence car ils n’ont quasiment jamais été
à pieds rouges, de frégates ariel et de frégates
perturbés par le développement des activités hu-
du pacifique d’Europa sont quant à elles les colo-
maines (pêche côtière, urbanisation, pollutions
nies les plus importantes de l’océan Indien occi-
générées par les activités terrestres, etc.).
dentales, après celles de l’atoll d’Aldabra.
Contrairement aux îles et littoraux voisins du
Europa et Juan de Nova hébergent parmi les
canal du Mozambique, ces îlots n’ont, jusqu’à
plus grandes colonies de sternes fuligineuses de
très récemment, été soumis quasiment unique-
cette partie du monde (respectivement 800 000
ment qu’à des pressions d’origine naturelle,
et 450 000 couples reproducteurs).
notamment les effets des changements globaux
(acidification des océans, variations du climat,
etc.) ou encore les évènements cycloniques. En
plus de servir de refuges à de nombreuses es-
pèces protégées, ces territoires sont de ce fait
des laboratoires uniques pour appréhender les
impacts du changement climatique sur des mo-
dèles simplifiés afin de mieux anticiper les effets
de ces derniers sur des écosystèmes anthropisés
(Cf. § La Recherche).

Ces îles coralliennes ont une importance ma-


jeure en milieu tropical où elles abritent des
écosystèmes parmi les plus diversifiés et com-
plexes de la planète, comme les mangroves ou
les récifs coralliens. Sur certaines de ces îles, en
particulier Europa, les habitats terrestres et les
systèmes de végétation qui les composent sont
dans un état de naturalité exceptionnel.

Chacune des îles possède des caractères uniques


en termes de richesse et de diversité spécifique.

6
Zosterops d’Europa
Le lagon de l’île Europa constitue en outre une
importante nurserie pour les petits requins à
pointes noires de récifs.

Le canal du Mozambique, et plus particulière-


ment les zones économiques exclusives des îles
Eparses, sont fréquentées par de nombreuses es-
pèces de mammifères marins (plusieurs espèces
de dauphins et baleines, dont les baleines à
Tortue verte bosses) qui viennent y mettre bas pendant l’hiver.

De nombreuses espèces de requins et raies


Les îles Eparses jouent ainsi un rôle essentiel croisent également au large des îles (requins
pour la préservation de toutes ces espèces d’oi- soyeux, requins renard, requins océaniques,
seaux marins à l’échelle de l’océan Indien. Il est requins baleine et grands requins blancs, raies
donc capital pour les TAAF de protéger ces sites diables, raies Manta, etc.), mais aussi près des

TAAF
de reproduction. côtes (requins tigres, requins Galápagos, re-
quins citron, ou encore différentes espèces de
Les îles Eparses, au travers de leurs immenses requins marteaux qu’il n’est pas rare de croiser
lagons mais aussi de leurs vastes zones écono- en larges bancs le long des pentes externes des
miques exclusives, constituent également des récifs coralliens).
« points chauds » de la biodiversité marine.
Toutes ces espèces bénéficient de mesures de
Les récifs coralliens ne sont pas impactés par les protection internationales au titre de diverses
activités anthropiques, ce qui en fait des milieux conventions et traités (Convention de Bonn CMS,
de référence au niveau mondial. Les plages des Convention de Washington CITES, Convention
îles Éparses sont un des lieux de ponte primor- Baleinière Internationale, Convention de Nairobi).
diaux du sud-ouest de l’océan Indien pour les
tortues marines (tortue verte principalement et
tortue imbriquée), espèces menacées et proté-
gées au titre de conventions internationales.

Colonie de sternes fuligineuses à Juan de Nova

7
tion de l’environnement fondée essentiellement sur
deux arrêtés préfectoraux de 1975 (lequel interdit
« toute déprédation de la nature tant terrestre que
marine, aussi bien en ce qui concerne la faune
que la flore ») et de 1994 (lequel énonce que
« toute pêche est interdite à l’intérieur des eaux
territoriales des îles Tromelin, Glorieuses, Juan de
Nova, Europa et Bassas da India »).

Le Parc Naturel Marin des Glorieuses

Le territoire des Glorieuses constitue un point


chaud de la biodiversité au niveau mondial. Riche
d’un très grand nombre d’espèces marines prin-
Lagon des Glorieuses cipalement associées aux récifs coralliens (1435
espèces recensées sur l’archipel des Glorieuses ;
600 sur le Banc du Geyser), le patrimoine naturel
Les statuts de protection marin des Glorieuses présente un intérêt patrimo-
nial exceptionnel. En effet, environ 11 % de ces
Dans les conclusions du Grenelle de la Mer (fé- espèces sont inscrites sur les annexes des conven-
vrier 2009), la France s’est fixé comme objectif tions régionales et internationales (Nairobi ;
la création d’un réseau cohérent et représentatif Washington CITES ; Bonn CMS) et/ou figurent
d’aires marines protégées couvrant 10 % de son sur la Liste Rouge de l’UICN. De plus, géographi-
territoire maritime d’ici 2012 et l’élévation de ce quement proche de Madagascar, de Mayotte,
pourcentage à 20 % à l’échéance 2020. Cet ob- des Comores, d’Aldabra, de Cosmolédo (Sey-
jectif a été confirmé par le Président de la Répu- chelles) et de plusieurs bancs récifaux et monts
blique dans son discours sur la politique maritime sous-marins, brassé par les courants océaniques
de la France au Havre le 16 juillet 2009. qui favorisent la dispersion de larves, le territoire
des Glorieuses contribue à la préservation des es-
Les Terres australes et antarctiques françaises et pèces marines dans un contexte régional soumis
l’Agence des aires marines protégées ont signé à de fortes pressions anthropiques.
en janvier 2009 une convention cadre relative
à la mise en place d’une stratégie de création Les scientifiques considèrent que les Glorieuses
d’aires marines protégées à partir d’une ana- constituent un sanctuaire corallien quasi vierge
lyse stratégique régionale des îles Eparses. Cette qui doit permettre d’appuyer l’intégration de sta-
synthèse des connaissances scientifiques et des tions de référence dans le réseau mondial de
différents usages a permis d’identifier deux sec- suivi pour des études sur la biodiversité et les
teurs géographiques prioritaires : l’archipel des effets du changement climatique.
Glorieuses et l’île d’Europa. Les projets de créa-
tion d’un Parc naturel marin dans l’archipel des La création du Parc naturel marin des Glorieuses
Glorieuses et d’une Réserve naturelle nationale le 22 février 2012 répond à une volonté de conci-
de l’île Europa ont ainsi été inscrits dans le livre lier la préservation sur le long terme des écosys-
bleu de la Mer, validé en Comité Interministériel tèmes marins avec le développement d’activités
de la mer (CIMer) fin 2009. humaines durables sur le territoire (pêche hautu-
rière au-delà des 24 milles nautiques, pêche ré-
L’arrêté de mise à l’étude de création d’un Parc cifale mahoraise sur le Banc du Geyser, écotou-
naturel marin aux Glorieuses pris le 2 août 2010 risme, recherche scientifique). Le plan de gestion
a débouché sur sa création par décret interminis- du Parc naturel marin des Glorieuses a été validé
tériel le 22 février 2012, tandis que le processus par le conseil de gestion le 26 janvier 2015.
de création de la réserve naturelle nationale d’Eu-
ropa est toujours en cours. Ce document définit les mesures qui devront être
mises en œuvre pour les quinze années à venir
La création de ces nouveaux statuts permettra de (2015-2030) en s’appuyant sur les quatre orien-
renforcer la protection de ces sites terrestres et tations de gestion fixées par le décret de créa-
marins, qui bénéficient actuellement d’une protec- tion :

8
1. Protéger le patrimoine naturel, particulière- En effet, l’île est l’un des principaux sites mon-
ment les tortues, les récifs coralliens et les mam- diaux de reproduction et de ponte des tortues
mifères marins, notamment par une surveillance vertes (Chelonia mydas). Elle abrite également
maritime adaptée aux enjeux et la sensibilisa- une mangrove primaire de près de 700 ha qui
tion des acteurs et des usagers ; constitue un habitat de développement impor-
2. Faire des eaux des Glorieuses un espace d’ex- tant pour les tortues vertes et imbriquées im-
cellence en matière de pêches durables (côtières matures et pour de nombreuses autres espèces
et hauturières) ; marines, et dont la préservation est primordiale.
3. Faire de cet espace un lieu privilégié d’obser- Sans apporter de statut juridique de protection,
vation scientifique de la biodiversité marine du le classement en site RAMSAR témoigne néan-
canal du Mozambique pouvant intégrer des ob- moins de l’importance mondiale de cette zone
servatoires pour contribuer à l’amélioration des humide. Un plan de gestion (2015-2020) com-
connaissances ; posé d’actions visant à préserver l’ensemble de
4. Encadrer les pratiques touristiques et accom- ses milieux et leurs différentes fonctions (nurse-
pagner le développement d’un écotourisme res- ries, zones d’alimentation ou de reproduction)
pectant le caractère préservé de cet espace. est en cours de finalisation par les TAAF. Dès le
mois de mai 2016, deux agents de l’environne-
A noter : Les parcs naturels marins de Mayotte ment recrutés par les TAAF se relaieront sur le
(créé par décret le 18 janvier 2010) et des Glo- terrain tous les trois mois (via les relèves des aé-
rieuses sont contigus et forment une aire marine ronefs militaires) pour assurer la mise en œuvre
protégée de plus de 110 000 km². Dans ce des actions de ce plan de gestion.
contexte, il a été décidé que ces deux parcs na-
turels marins fonctionnent avec des moyens com- Il est également reconnu au niveau international
muns, ce qui permet d’assurer une cohérence qu’Europa est un site d’importance capitale pour
technique entre les plans de gestion et dans les tortues marines en tant que lieu de reproduc-
les actions mises en œuvre par les deux parcs. tion majeur pour les tortues vertes de l’océan
Compte tenu des particularités administratives Indien. Ainsi, le 11 septembre 2014, l’île et ses
de chacune de ces zones, les conseils de gestion 12 milles nautiques ont été le premier site fran-
sont distincts. Celui du Parc naturel marin des çais inscrit au réseau des sites d’importance du
Glorieuses est composé de 20 membres repré- Mémorandum d’entente sur la conservation des
sentants de l’État, des organisations profession- tortues marines de l’Océan Indien et du Sud-Est
nelles, notamment de pêcheurs, d’associations Asiatiques (IOSEA).
de protection de l’environnement et d’experts.
Ce conseil de gestion est en charge d’élaborer
le plan de gestion du parc et d’assurer sa bonne Sansouire à Europa
mise en œuvre.

Le projet de Réserve Naturelle Nationale d’Europa

Europa, par la présence de sa mangrove, de ses


récifs coralliens et de son grand nombre d’oi-
seaux nicheurs, parmi tant d’autres richesses bio-
logiques, possède une valeur patrimoniale très
élevée qu’il est important de préserver.

Le projet de classement de la partie terrestre de


l’île et de ses eaux territoriales en réserve natio-
nale, validé par le Comité Interministériel de la
mer en 2009, permettra lorsqu’il sera acté de
protéger des écosystèmes originels et une bio-
diversité exceptionnelle à l’échelle de la région.
L’île d’Europa est par ailleurs devenue la 42ème
Zone Humide d’Importance Internationale (clas-
sement en site RAMSAR) française le 27 octobre
2011 sur la base de plusieurs critères.

9
Des actions concrètes au • Le Plan National d’Actions pour les tortues ma-
rines de l’océan Indien : dont un volet est spéci-
service de la biodiversité fiquement dédié aux îles Eparses et détaille les
actions à y conduire entre 2015 et 2020 pour
L’isolement prononcé des Eparses a longtemps garantir le maintien des espèces de tortues ma-
permis d’extraire les îles de pressions anthro- rines présentes dans les îles Eparses et de leurs
piques importantes et d’assurer le maintien d’un habitats (de reproduction, de développement ou
état de conservation remarquable de leurs éco- d’alimentation) ;
systèmes. Néanmoins, force est de constater que
les îles sont aujourd’hui soumises à des pressions • Le Plan d’action Local IFRECOR : qui cible spé-
humaines croissantes qui peuvent, sur le long cifiquement les écosystèmes récifaux et milieux
terme, nuire aux espèces et habitats naturels qui associés (mangrove et herbiers) et décline pour
en font la richesse et la singularité. Consciente la période 2011-2015 des actions à mettre en
de la responsabilité qu’elle porte, la collectivité œuvre pour leur préservation et leur mise en
des TAAF met ainsi un point d’honneur à mener valeur, conformément à la stratégie national de
des actions visant à assurer la préservation des l’IFRECOR (Initiative Française pour les Récifs
écosystèmes présents sur son territoire tout en la Coralliens). Une nouvelle programmation est
conciliant avec le maintien d’activités humaines actuellement en cours d’élaboration pour la pé-
sous réserve qu’elles soient respectueuses de l’en- riode 2016-2020 et une attention toute particu-
vironnement. Ces actions sont inscrites dans les lière sera portée par la collectivité à sa bonne
différents plans de gestion et d’actions dévelop- mise en œuvre, notamment dans la perspective
pés par les TAAF en application de la Stratégie de contribuer aux objectifs nationaux ambitieux
Nationale pour la Biodiversité (SNB), à savoir : de préservation d’une large partie des récifs et
mangrove d’outre-mer (Loi pour la reconquête
• Le Plan d’Action Biodiversité dédié aux îles de la biodiversité, de la nature et des paysages).
Eparses : qui identifie, priorise et programme
l’ensemble des actions à mettre en œuvre sur Qu’ils ciblent un territoire, des milieux particuliers
tout le territoire pour garantir la conservation ou encore une espèce donnée, ces plans de ges-
globale de l’exceptionnel patrimoine naturel tion ou d’actions poursuivent les mêmes 6 grands
qu’il héberge ; principes d’action qui permettent d’assurer sur le
long terme la préservation du patrimoine naturel et
• Le Plan de gestion du site RAMSAR d’Europa : le développement raisonné des activités humaines :
qui décline les actions de préservation des mi-
lieux humides d’Europa à mettre en œuvre sur 1. Poursuivre l’acquisition des connaissances sur
la période 2015-2020, et qui préfigure la ré- les écosystèmes, notamment pour être en mesure
daction du plan de gestion de la future RNN d’identifier les actions de conservation les plus
d’Europa ; pertinentes (avec le soutien de nombreux parte-
naires scientifiques comme le CNRS, l’Ifremer,
• Le Plan de gestion du PNM des Glorieuses : qui l’IRD, le MNHN, les Universités, le CBMN ou
détermine les mesures de protection, de connais- encore le CEDTM Kélonia) ;
sance, de mise en valeur et de développement
durable à mettre en œuvre dans le parc en cohé- 2. Mener des actions de conservation des espèces
rence avec les 4 orientations de gestion choisies et des milieux (restauration des milieux, éradication
au moment de sa création ; des espèces introduites, plan de biosécurité, etc.) ;

10
Récifs coralliens des Glorieuses
Fou à pieds rouges à Europa

3. Limiter l’impact des activités humaines (pas-


sées et présentes), notamment au travers de la
dépollution des sites, de la gestion des déchets,
du suivi de la fréquentation et de la réglementa-
tion des accès ou encore des types d’activités ;

4. Accompagner le développement de toute


nouvelle activité (pêche, tourisme, exploration
minière, travaux d’aménagement, etc.) pour en
assurer la cohérence avec les objectifs fixés dans
les plans de conservation, ce qui passe généra-
lement par une étude d’impact environnemental
préalable, l’encadrement des activités par des
prescriptions techniques, l’édiction de réglemen- menaces qui pèsent sur la biodiversité (compé-
tations locales spécifiques ou encore le suivi des tition pour l’espace, prédation sur les oiseaux
ressources exploitées ; marins nicheurs, impact sur le couvert végétal
et la dynamique de végétation, etc.). Dans ce
5. Communiquer, éduquer et sensibiliser aux contexte, les TAAF ont mis en place de nom-
problématiques de conservation pour s’assurer breuses opérations de lutte contre les espèces
de l’appropriation par tous les acteurs du terri- exotiques envahissantes.
toire des plans de gestion et ainsi optimiser leurs
chances de succès ; L’île du Lys (archipel des Glorieuses) a été dérati-
sée en 2003, éliminant ainsi une des principales
6. Evaluer le travail effectué pour rendre compte menaces sur les colonies de sternes fuligineuses
au niveau national de l’état de conservation des et de noddis bruns présentes sur l’îlot.
milieux et espèces, et réajuster si besoin les me-
sures de gestion (passe par la mise en place De même, un programme de dératisation a été
d’indicateurs, de suivis environnementaux, d’ob- mené par les TAAF en 2005 sur Tromelin. Le suc-
servatoires, etc.). cès de cette opération a permis une reprise du
développement de la tâche centrale de Boerha-
La bonne réalisation de ces missions repose sur via ainsi que des colonies de fous installés sur
la transversalité des actions menées qui sont l’île. En 2014, entre 30 et 50 individus adultes
portées par l’ensemble des services internes des de sterne blanche (Gygis alba) avec des pous-
TAAF mais aussi par des partenaires extérieurs, sins, quelques couples de noddis bruns en repro-
y compris les quelques acteurs économiques duction et un fou brun sur œuf ont été observés à
du territoire. Ci-après sont présentés quelques Tromelin confirmant un fait rarissime : la recolo-
exemples d’actions de conservation menées nisation du milieu par des oiseaux marins moins
dans les îles Eparses. de dix ans après une opération de dératisation.

FOCUS sur les espèces exotiques envahissantes Sur Juan de Nova, les TAAF et le laboratoire
ECOMAR (aujourd’hui UMR ENTROPIE, Universi-
Les espèces exotiques envahissantes végétales té de La Réunion) ont entrepris des opérations de
(choca, sisal, filaos, etc.) ou animales (chats, contrôle de la population de chats entre 2006 et
rats, souris, chèvres) sont une des principales 2012. Les TAAF ont mené la première phase d’un
programme d’éradication de cette population en
2015 afin d’assurer la préservation des sternes
fuligineuses qui nichent sur l’île et qui sont sou-
mises à de fortes pression de prédation. La pour-
suite de cette opération est prévue courant 2016.

Initiée depuis près de 4 ans, l’éradication du


choca (Furcraeafoetida) constitue une action
prioritaire pour la conservation du patrimoine
naturel terrestre d’Europa. En 2013, un plan
d’action de lutte a été rédigé afin d’établir un
cadre officiel et un protocole précis.
11

Vue aérienne de l’archipel des Glorieuses


Nettoyage des déchets aux Glorieuses

Cette action coordonnée par les TAAF bénéfi- à encadrer les activités exercées dans les eaux
cie de l’appui technique des experts du CBNM sous sa juridiction afin de concilier leur pratique
(Conservatoire Botanique National de Masca- avec la préservation des écosystèmes. A cette fin,
rin) et est mise en œuvre par les détachements des prescriptions techniques, en particulier pour
successifs des FAZSOI présents sur Europa les activités de pêche aux thons et de tourisme,
(2èmeRPIMa). sont régulièrement émises et actualisées par ar-
rêtés préfectoraux et permettent de doter le terri-
En parallèle de ces démarches de suivi des toire d’un cadre règlementaire strict et cohérent
espèces exotiques et des programmes d’éradi- avec les enjeux identifiés. En parallèle, les TAAF
cation, les TAAF travaillent à la mise en place étudient avec attention toute nouvelle demande
progressive de mesures de biosécurité (sur le d’activité sur le territoire (activité minière, activi-
modèle déjà développé dans les australes) per- té de recherche scientifique, etc.). Elles émettent
mettant de limiter l’introduction de nouvelles es- ainsi régulièrement des avis et des obligations
pèces sur les îles Eparses. techniques en réponse à ces demandes afin de
s’assurer qu’elles ne porteront pas atteinte aux
FOCUS sur la gestion des déchets écosystèmes concernés.

Pendant plusieurs décennies, des déchets de dif- Les îles Eparses disposent d’un cadre réglemen-
férentes natures se sont accumulés sur les îles. taire particulier répondant aux enjeux de conser-
Face à cette problématique, les TAAF ont déve- vation des écosystèmes marins et terrestres face
loppé une politique exemplaire de tri des déchets aux pressions anthropiques qui s’y exercent. Aussi
et de dépollution des sites. C’est dans ce cadre il apparaît primordial pour les TAAF de dévelop-
que la première rotation du Marion Dufresne per une stratégie de sensibilisation et de formation
dans les Eparses en 2009 a été consacrée au permettant d’assurer la connaissance partagée
nettoyage des îles. Aujourd’hui, les déchets sont des écosystèmes et de leur fragilité, et d’inscrire
incinérés quotidiennement (quand cela est pos- les acteurs et usagers dans une approche éco-res-
sible) ou stockés puis rapatriés à La Réunion et ponsable de leurs activités respectives.
à Mayotte pour y être traités. Les efforts entrepris
conjointement par la collectivité des TAAF et les FOCUS sur les observatoires
FAZSOI doivent continuer à s’inscrire dans cette
démarche de préservation des milieux. En mettant en place les différents plans de ges-
tion et les actions de conservation cités ci-avant,
De même, le ramassage des macrodéchets dé- les TAAF participent aux objectifs d’enrayer la
posés par les courants marins sur les plages des perte de biodiversité et de garantir un usage
îles Eparses est quotidiennement opéré par les durable des ressources naturelles à l’horizon
gendarmes et les détachements militaires succes- 2050, engagements pris au niveau international
sivement détachés sur les îles du Canal du Mo- (Convention sur la Diversité Biologique), euro-
zambique, et par les équipes TAAF en mission péen et national (Stratégie Nationale pour la
sur Tromelin. Biodiversité).
Afin de pouvoir caractériser l’état de la biodiver-
FOCUS sur l’encadrement des activités humaines sité et son évolution, soit de mesurer les progrès
ou dégradations et d’évaluer l’efficacité des ac-
Outre les actions concrètes mises en œuvre par tions mises en place pour les réajuster si besoin,
les TAAF sur le territoire, la collectivité s’attache un système complet et organisé de suivi de la

12
Tortue verte à Europa

biodiversité doit être en mis en place sur le ter-


ritoire.
Au niveau national, ce besoin urgent a débou-
ché sur la création en 2009 d’un Observatoire
National de la Biodiversité (ONB) qui établit
un ensemble d’indicateurs permettant d’évaluer
l’état de la biodiversité à l’échelle de l’ensemble
du territoire français, outre-mer compris.

Ainsi, depuis 2012, les TAAF s’attachent à col-


lecter les données nécessaires pour renseigner
chaque année les indicateurs de l’ONB. Dans
les îles Eparses, le travail effectué depuis plu-
sieurs années avec les partenaires scientifiques
des TAAF permet par exemple à ce jour de ren-
seigner les indicateurs suivants :

• le « nombre de traces de montée sur les plages des


tortues marines en ponte sur les îles Eparses » : grâce
aux comptages journaliers des traces effectués
sur l’ensemble des îles dans le cadre d’un parte-
nariat développé entre Ifremer, le CEDTM Kélo-
nia, la Gendarmerie de La Réunion et les TAAF, Les TAAF souhaitent par ailleurs étendre cette dé-
des données ont pu être collectées depuis près marche à l’ensemble de leurs territoires en inté-
de 30 ans et sont aujourd’hui archivées dans grant les spécificités « locales » et travaillent à ce
une base de données spécifique qui permet de titre à la construction d’un observatoire territorial
suivre les évolutions : TORSOOI ; de la biodiversité (OTB, ou observatoire régional
de la biodiversité ORB), en cours de finalisation
• le « recouvrement en coraux vivants des récifs dans les australes et qui s’étendra bientôt aux îles
coralliens des îles Eparses » : des stations de sui- Eparses.
vi des récifs coralliens ont été installées sur l’en-
semble des îles Eparses ces cinq dernières an- De manière générale, il faut souligner que l’en-
nées, de manière à pourvoir, entre autres, suivre semble des actions mises en œuvre par les TAAF
ce paramètre. Ces stations ont été installées dans dans les Eparses nécessitent de disposer d’une
le cadre de programmes plus larges de suivi des connaissance solide du territoire que ce soit
écosystèmes récifaux portés en collaboration d’un point de vue de la biodiversité, des usages
avec l’IRD (en association avec plusieurs autres qui s’y exercent ou des menaces identifiées. Il
partenaires locaux) et soutenu dans le cadre du est donc essentiel pour la collectivité de s’ap-
plan d’action local IFRECOR, du projet de Xe FED puyer sur les experts scientifiques et de coupler
régional « gestion durable du patrimoine naturel les actions de conservation avec la recherche
de Mayotte et des îles Eparses » ou encore par le scientifique.
Consortium de Recherche îles Eparses.
Lagon interne à Europa

13
Ce programme a été soutenu par le CNRS, les
TAAF, l’Agence des Aires Marines Protégées
(AAMP), l’IRD, en partenariat avec l’IPEV, le
MNHN et l’Ifremer. Ce programme avait pour
objectif de fixer pour les îles Eparses un cadre
logique de recherche répondant aux attentes de
l’Etat en matière de connaissances et de déve-
loppement.

Grâce au soutien financier des membres du


Marquage de tortue marine Consortium, au soutien des FAZSOI (utilisation
programme Ifremer/Kélonia des Transall et des infrastructures sur les îles, hé-
bergement et restauration des personnels) et à
l’appui logistique des TAAF (mise à disposition
du Marion Dufresne en 2011, lien avec les mili-
LA RECHERCHE taires pour l’organisation des missions), plus de
110 missions de terrain au total ont été réali-
Un territoire de recherche sées par 18 programmes scientifiques sélection-
nés par le consortium pour travailler sur les îles
La communauté scientifique internationale consi- Eparses entre 2011 et 2013.
dère que la situation géographique des îles
Eparses et leur état de conservation exceptionnel Les projets pluridisciplinaires portés par le
offrent un support unique pour le développement Consortium ont permis d’apporter des connais-
de la recherche internationale. Les travaux scien- sances nouvelles sur les écosystèmes marins et
tifiques développés sur ces îles, qui peuvent être terrestres ainsi que sur les interactions entre ces
considérées au même titre que les autres terres derniers. Des stations de suivi de la biodiversi-
gérées par les TAAF comme de véritables labo- té marine et de l’état des récifs coralliens (80
ratoires naturels, peuvent répondre aux grands stations réparties sur les 5 îles), des habitats
enjeux planétaires, tels que les effets des chan- terrestres (près de 240 stations sur les 5 îles)
gements globaux, l’évolution de la biodiversité, et en Sciences de l’Univers ont été installées sur
les géosciences, etc. l’ensemble des îles.

Différents partenaires mènent depuis de plusieurs Ces programmes ont également permis de réa-
années des études sur l’ensemble des îles : l’Uni- liser la cartographie des habitats terrestres des
versité de La Réunion – laboratoire d’Écologie îles Eparses et celle des habitats marins de l’île
Marine (Ecomar), le Muséum National d’Histoire d’Europa et de Juan de Nova (également avec
Naturelle (MNHN), CEDTM-Kélonia (l’observa- le soutien financier de l’IFRECOR et la Fonda-
toire des tortues marines de La Réunion), l’Institut tion VEOLIA). Ces programmes ont enfin permis
français de recherche pour l’exploitation de la d’identifier des mesures de gestion pertinentes
mer (Ifremer), l’Institut de Recherche pour le Dé- pour la conservation du patrimoine naturel des
veloppement (IRD), le Conservatoire Botanique îles Eparses.
National de Mascarin (CBNM), etc.

Le Consortium scientifique « îles Eparses


2011-2013 »

Le 5 octobre 2009, à la demande de la collecti-


vité des TAAF, une réflexion sur l’avenir des îles
Eparses s’est ouverte lors d’un colloque organisé
au Sénat « Les Îles Eparses, terres d’avenir ».

C’est ainsi qu’un programme de recherche in-


ter-organismes, coordonnée par le CNRS-Inee,
a vu le jour pour la période 2011-2013 sur l’en-
vironnement et l’écologie des îles Eparses.

14
Lagon de Juan de Nova

Poursuite de la recherche dans les îles Eparses

La première phase du Consortium de recherche D’autre part, dans le cadre du Xe FED régional «
mise en place pour la période 2011-2013 Gestion durable du patrimoine naturel de Mayotte
a pris fin officiellement en décembre 2013 et et des îles Eparses », les TAAF coordonnent le
l’ensemble des résultats ont été présentés en montage de trois campagnes d’évaluation scien-
avril 2014 à Paris lors d’un colloque de resti- tifique en mer. Ces actions, dont la réalisation est
tution organisé par le CNRS. Il est prévu par prévue jusqu’en 2017, portent sur l’« Estimation
les TAAF, en collaboration avec les membres du de la biomasse halieutique des bancs du Geyser,
consortium, de lancer un nouvel appel à projet de la Zélée et de l’Iris », l’ « Exploration de pentes
pour poursuivre les activités de recherche sur ce externes et monts sous-marins », et l’« Inventaire
territoire de référence. Le Consortium pourrait et suivi des récifs coralliens de Mayotte et des
alors être renforcé par l’association de nouveaux îles Eparses ».
partenaires nationaux (comme l’Université de La
Réunion et le CUFR de Mayotte) ou encore inter- Les activités de recherche se poursuivront égale-
nationaux dans le cadre des projets de coopéra- ment au travers de la pérennisation des stations
tion régionaux soutenus par l’Union Européenne de suivi terrestres et marines pour que le district
(XIe FED, association avec des ACP du canal du des îles Eparses puisse rapidement servir de point
Mozambique par exemple). de référence dans le cadre de la mise en place
d’un observatoire régional de la biodiversité et
du changement climatique.

Afin de faciliter à terme l’accueil permanent des


personnels scientifiques sur les îles Eparses, les
TAAF ont engagé depuis 2013 la rénovation
d’anciens bâtiments dont elles ont hérité sur cha-
cune des îles. Des stations aménagées avec des
laboratoires sommaires dédiés à la science sont
désormais en état d’accueillir des personnels sur
Europa, Juan de Nova et Glorieuses.

15
Scinque aux yeux de serpent d’Europa
Vers une gestion durable Vers une pratique durable de la pêche dans les
îles Eparses
des ressources halieutiques
Focus sur la pêche thonière
La pêche est la principale activité économique
dans les eaux sous juridiction française des îles La pêche autorisée à l’heure actuelle dans les
Eparses. Le préfet, administrateur supérieur des ZEE des îles Eparses est une pêche hauturière
TAAF a compétence pour gérer la pêche et les (principalement française et espagnole) aux
ressources halieutiques. Entre autres, il établit thons tropicaux (albacore, listao, patudo, ger-
la réglementation de la pêche dans les ZEE des mon). Les captures de thons par cette pêche hau-
TAAF, délivre les autorisations de pêche et déter- turière dans le canal du Mozambique s’étalent
mine les prescriptions techniques visant à enca- généralement de mars à juin et suivent les mi-
drer les activités de pêche sur le territoire. grations saisonnières de ces espèces qui varient
selon les années en fonction de nombreux fac-
teurs trophiques et environnementaux.

Cette pêche est quasi-exclusivement réalisée à


la senne tournante mais une pêche palangrière
peut aussi être autorisée. Depuis 2005, les TAAF
délivrent ainsi chaque année des licences de
pêche à des thoniers senneurs qui prévoient de
pêcher dans les ZEE des îles Eparses (passant
d’une trentaine de licences délivrées chaque an-
née entre 2005 et 2010, à plus de 60 licences
délivrées en 2016).

Ces licences sont attribuées après l’analyse du


bilan annuel du comité scientifique de la Com-
mission des Thons de l’Océan Indien (CTOI) et
après étude des capacités techniques écono-
miques, et financières des armateurs.

Cette pêche fait l’objet d’un suivi et d’un enca-


drement strict par les TAAF pour tendre vers un
La réglementation schéma de gestion des pêches similaire à celui
développé dans les australes, soit un modèle qui
La pêche est strictement interdite dans les eaux concilie exploitation raisonnée de la ressource
territoriales des îles Eparses depuis 1994 (arrê- et préservation du milieu.
té n°257 du préfet de La Réunion). En 2010,
cette interdiction est étendue aux 10 milles nau-
tiques autour du Banc du Geyser (dans la ZEE
des Glorieuses) par l’arrêté n°2010-151. Il est à
noter que des dérogations peuvent être délivrées
aux navires de pêche artisanale immatriculés
à Mayotte ayant déposé une déclaration d’in-
tention annuelle de pêche sur le Banc du Gey-
ser (arrêté préfectoral n°2011-88 du 5 octobre
2011).

Au-delà des 12 milles nautiques, l’exercice de la


pêche est subordonné à la délivrance d’une li-
cence par le préfet, administrateur supérieur des
TAAF (art.3, décret n°2009-1039 du 26 août
2009) suivant les conditions fixées par l’arrêté
n°2012-48 du 12 juin 2012.

16
Navire de surveillance de la Marine Nationale
Bassas da India

Depuis la prise en charge de cette pêcherie en Les TAAF réactualisent régulièrement l’arrêté pré-
2007, les TAAF y appliquent les principes de fectoral visant à encadrer par des prescriptions
gestion suivants : techniques l’activité de pêche aux thons et autres
poissons pélagiques dans les zones économiques
• Emission de prescriptions techniques desti- exclusives des îles Eparses. Ces prescriptions sont
nées à préserver l’environnement marin ; destinées à gérer durablement les ressources ha-
• Formation et embarquement d’observateurs lieutiques et à réduire les impacts sur les écosys-
sur les thoniers pour améliorer la connaissance tèmes. Elles comportent notamment des recom-
et affiner la gestion ; mandations pour limiter les captures accessoires
• Renforcement de la surveillance par le finan- et accidentelles (élasmobranches, tortues, mam-
cement de patrouilles de navire de surveillance. mifères marins, etc.), réduire l’impact des DCP
dérivants comportant des risques d’emmêlement
d’espèces non ciblées, ou encore limiter la mor-
Contrôle des pêches par la Marine talité des prises accessoires par des techniques
Nationale à Juan de Nova de remises à l’eau appropriées.

Ces prescriptions, spécifiques aux TAAF, sont


définies en cohérence avec les règlementations
et recommandations établies par les Organisa-
tions Régionales de Gestion de la Pêche (ORGP)
comme la Commission Thonière de l’océan Indien
(CTOI).

Il faut par ailleurs noter que la gestion de cette pê-


cherie par les TAAF dans ses eaux est très récente
et que le caractère hautement migratoire des es-
pèces ciblées rend très complexe le contrôle de
ce type de pêcherie.

17
Mieux connaître pour mieux gérer Focus sur la pêche artisanale sur le banc du Geyser

Les espèces ciblées par la pêche thonière migrent Les arrêtés des TAAF prévoient qu’une pêche ar-
dans tout l’océan Indien ce qui implique une tisanale mahoraise à la palangre puisse être au-
gestion des ressources halieutiques à l’échelle torisée sur le Banc récifal du Geyser en ZEE des
régionale. C’est dans ce contexte qu’a été créée Glorieuses. Néanmoins, très peu de navires de
en 1996 la Commission des Thons de l’Océan pêche déclarent leur activité sur ce banc, ce qui
Indien (CTOI), organisation régionale de la ges- rend très difficiles le suivi et l’encadrement de
tion des pêches (ORGP). La France, au titre de cette pêcherie (estimation de l’effort de pêche,
La Réunion, de Mayotte et des Iles Eparses, est état des stocks, mise en placede TAC, etc.).
membre de la CTOI depuis le 3 décembre 1996.

TAAF
En effet, l’effort de pêche appliqué sur les bancs
Les groupes de travail et le Comité scientifique récifaux doit être adapté à la ressource halieu-
de la CTOI évaluent régulièrement l’état des tique disponible. Pour permettre le développe-
stocks de thons, de poissons à rostre et de cer- ment d’une pêcherie sur des bases scientifiques
taines espèces accessoires (notamment les re- solides, par l’Ifremer et le CUFR de Mayotte, une
quins) intéressant la Commission. Ce travail est campagne d’« Estimation de la biomasse halieu-
réalisé à partir des données récoltées (quand tique des bancs du Geyser, de la Zélée et de l’Iris
elles existent) auprès des différentes flottilles qui », réalisée par l’Ifremer et le CUFR de Mayotte,
exercent dans la zone sous mandat de la CTOI. a débutée en 2015 dans le cadre du Xe FED
Cette analyse est utilisée comme base pour la régional « Gestion durable du patrimoine na-
mise en place de mesures de conservation et de turel de Mayotte et des îles Eparses » (portage
gestion (résolutions et recommandations). Union Européenne, AFD, Conseil Départemental
de Mayotte et TAAF).
Depuis 2007, la présence d’observateurs de
pêche embarqués sur les navires licenciés, for- Les résultats obtenus devraient apporter les
més par les TAAF et ses différents partenaires premiers éléments pour définir des mesures de
(IRD, Ifremer, CROSS, etc.), permet de collecter gestion et de conservation adaptées. La mise
les données nécessaires au suivi de cette pêche- en place d’un suivi à long terme de l’état des
rie et à la connaissance de son impact sur le mi- ressources et de l’impact des pressions associées
lieu marin, d’évaluer le respect des prescriptions permettra également de guider le gestionnaire
techniques par les armements et d’encourager pour la mise en place d’un encadrement adap-
les équipages à suivre les recommandations en- té des activités de pêche exercées sur les bancs
vironnementales. récifaux inclus dans le périmètre de deux Parcs
naturels marins.

Pêche illégale constatée sur l’îlot du Lys (Glorieuses)

18
Détachement militaire à Europa

Lutter contre le développement des activités de


pêche illégales

Au-delà des activités de pêche autorisées dans


les ZEE, des activités de pêche illégales, non dé-
clarées et non réglementées sont observées dans
les eaux territoriales des îles Eparses. Parmi ces
pêches INN on peut distinguer :

• une pêche artisanale de subsistance : en


provenance de Mayotte majoritairement mais
quelques fois aussi des Comores ou de Mada-
gascar et qui cible essentiellement des espèces
récifales (lutjans, poissons perroquets, caran-
gues, etc.) et quelques espèces pélagiques (pois-
sons à rostres, daurades coryphène, thons). Les
techniques utilisées sont la ligne à main (palan-
grotte) ou la traine, déployées à partir de pe- L’ensemble de ces pêcheries INN fragilisent
tites barques motorisées. Cette pêche a jusqu’à dangereusement l’équilibre des écosystèmes
présent uniquement été observée sur le banc du marins récifaux des îles Eparses. Des actions de
Geyser et dans le lagon des Glorieuses ; surveillance et de contrôle sont donc mises en
place par l’Action de l’Etat en Mer (AEM) en
• une pêche organisée ciblant les holothuries : partenariat avec les TAAF de manière à enrayer
en provenance des pays voisins s’est dévelop- le développement de ces activités.
pée dans les dernières années (depuis 2012)
dans les eaux territoriales des Glorieuses et de Pour mener ses opérations de surveillance opéra-
Juan de Nova. Il s’agit d’une pêcherie éclair qui tionnelle des pêches, l’AEM (action de l’Etat en
déploie de nombreuses embarcations sur un sec- mer - préfet de la région Réunion et Commandant
teur donné pour quelques jours afin de collec- de la zone maritime) dispose des moyens des af-
ter un maximum de concombres de mer sur les faires maritimes (DMSOI, CROSS) et de ceux de
platiers récifaux (en PMT) ou sur les pentes ex- la Marine Nationale (FAZSOI). La Direction de
ternes des lagons (scaphandre autonome). Cette la Mer Sud Océan Indien (DMSOI), service dé-
marchandise est ensuite collectée à Madagas- concentré de la direction des affaires maritimes,
car à destination du marché asiatique où elle pilote et coordonne les politiques maritimes du
est revendue à prix d’or. Ces pêcheurs prélèvent Ministère en charge de l’Ecologie et du Ministère
également, en moindre proportion, des ailerons délégué en charge des transports de la mer et
de requins à destination des mêmes marchés ; de la pêche. Elle est placée sous l’autorité orga-
nique du préfet de la région Réunion.
• une pêche de plaisance illégale : s’est éga-
lement intensifiée depuis le début des années Compte-tenu de la fréquentation illégale crois-
2000 dans le lagon de Bassas da India. Il s’agit sante dans le lagon des Glorieuses et du clas-
de charters touristiques en provenance d’Afrique sement en Parc naturel marin (2012), deux em-
du Sud ou du Mozambique qui proposent des barcations ont été déployées depuis 2015 sur
séjours de pêche sportive (pêche à la canne, Grande Glorieuse. Ces dernières permettent
traîne, à la mouche, chasse sous-marine). Cette d’assurer, de manière régulière ou sur détection,
pêche cible des espèces récifales ou pélagiques des patrouilles nautiques de surveillance et de
incluant diverses espèces de requins et le débar- contrôle dans le lagon et vers l’îlot du Lys (sou-
quement des plaisanciers entraîne des dégrada- vent utilisée par les pêcheurs illégaux pour éta-
tions importantes du récif. Une pêche de loisirs blir leurs campements).
illégale est également observée sur le Banc du
Geyser, dans la ZEE de Glorieuses (au sens où
même les navires pouvant bénéficier d’une déro-
gation, ne déclarent ni leurs intentions de pêche,
ni leurs captures).

19
Tromelin l’île héberge trois populations d’oiseaux marins
(le fou masqué, le fou à pieds rouges et la sterne
blanche). Elle constitue également un site de
ponte important pour les tortues vertes (environ
1 000 femelles par an).

Si le rat surmulot a été éradiqué par les TAAF en


2005, ce qui a permis le développement des co-
lonies de fous et le retour depuis 2014 de nou-
velles espèces nicheuses dont la sterne blanche
(Gygis alba), il subsiste sur l’île des souris dont
l’impact est encore difficile à évaluer avec pré-
cision. De même, sur les 17 espèces végétales
recensées à Tromelin, 12 sont des espèces exo-
tiques dont une présente un potentiel envahissant
à l’échelle de l’île. Qu’il s’agisse de mammifères
terrestres ou de plantes, ce cortège d’espèces
a été amené volontairement ou accidentellement
par l’Homme et suit désormais un cycle de déve-
loppement naturel qui doit être surveillé.

Les conditions d’accès et de travail en mer étant


Tromelin (15°53’ sud et 54°31’ est) est très iso-
particulièrement difficiles à Tromelin, les mis-
lée géographiquement des autres îles Éparses.
sions d’exploration en milieu marin sont très
C’est la seule à ne pas être située dans le canal
peu nombreuses et les inventaires de la faune
du Mozambique. Cet îlot corallien plat, dont la
et de flore marines sont rares. Il en résulte que
forme rappelle une amande, est situé à 470 kilo-
les connaissances sur la biodiversité marine de
mètres à l’est du cap Masaola (Madagascar) et
Tromelin sont lacunaires pour la majorité des
à 560 kilomètres au nord-ouest de l’île de La Ré-
groupes taxonomiques.
union et de l’île Maurice. La ZEE s’étend autour
de l’îlot sur 285 000 km².
Ainsi, à ce jour, seules 95 espèces de poissons
et 26 espèces de coraux ont été recensées dans
Il semblerait que Tromelin soit un ancien banc
les récifs coralliens de l’île.
récifal, aujourd’hui émergé, qui s’est proba-
blement développé sur un haut fond d’origine
volcanique. Cette île ovale et sablonneuse, de
presque 1 km² de surface, mesure environ 1
600 mètres de long (du nord-ouest au sud-est)
sur 700 mètres de large.

Ecologie

Les conditions environnementales qui caracté-


risent Tromelin sont particulièrement hostiles :
forte salinité, vents violents, passage régulier de
cyclones, recouvrement possible de l’île par les
vagues pendant les houles cycloniques, etc. Elles
expliquent en outre la grande homogénéité de
l’île et sa faible biodiversité terrestre au regard
des autres îles Eparses.

L’île abrite 17 taxons floristiques dont les deux


tiers sont exotiques (introduits).

L’intérêt patrimonial de l’écosystème terrestre de


Tromelin réside principalement dans le fait que

20

Fou à pieds rouges à Tromelin


Historique

L’histoire de Tromelin a officiellement commencé


le 11 août 1722, date à laquelle le récif fut dé-
couvert par Briand de La Feuillée, capitaine du
vaisseau de la Compagnie des Indes, La Diane
qui faisait route de Saint-Paul (île de La Réunion)
jusqu’aux Indes. Celle-ci fut nommée « l’île de
Sable », en raison de ses plages de sable coral-
lien, sans qu’il y ait pour autant débarquement
et prise de possession officielle de l’île par la
France.
L’île fut successivement administrée par l’île de
France (aujourd’hui l’île Maurice) puis par l’île
Bourbon (actuelle île de La Réunion) au début ci. Depuis, Tromelin représente un poste avancé
du XIXe siècle. En 1960, l’île Tromelin est ratta- dans le réseau français de protection contre les
chée au ministère des DOM-TOM par le décret cyclones. L’île étant d’ailleurs surnommée le « car-
du 1er avril 1960 en même temps que les îles refour cyclonique », voire « l’île aux cyclones ».
Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da
India. Les esclaves oubliés de Tromelin
En novembre 1953, sur décision de l’association Le 31 juillet 1761, l’Utile , une flûte de la Compa-
régionale de l’Organisation Météorologique gnie française des Indes Orientales fait naufrage
Mondiale (OMM), une expédition de reconnais- sur l’île alors qu’elle transporte illégalement 160
sance est menée par la Direction des services esclaves provenant de Madagascar destinés à
météorologiques de Madagascar par le baliseur l’île Maurice, avec de nombreuses victimes.
Marius Moutet. Elle est placée sous la responsa-
bilité de Serge Frolow. Puis, le 7 mai 1954, une L’équipage laisse alors sur l’île 80 esclaves ayant
station météorologique permanente est implan- survécu au naufrage et regagne Madagascar
tée sur l’île et nommée station « Serge Frolow ». dans une embarcation de fortune baptisée « Pro-
vidence » en promettant de venir les rechercher.
Dans le même temps, une piste d’atterrissage de
1 050 mètres de long est construite en sable dur-
Le Marion Dufresne au large de Tromelin

21
Dans une zone très perturbée par les construc-
tions modernes de la station météo, une partie
du mur de l’habitation des esclaves a cependant
pu être dégagée.

nw
Le sol d’origine, conservé alentour, a livré de
nombreuses informations concernant les pé-
riodes d’occupation : l’alimentation, dont la base
semble avoir été en première analyse constituée
de tortues et d’oiseaux et la confirmation que le
Ancre de l’Utile à Tromelin

O
feu a été conservé jusqu’à la fin, alimenté par du
bois de charpente provenant de l’épave.
Cette promesse ne fut jamais tenue et ce n’est
que quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, La découverte la plus significative concerne
que l’enseigne de vaisseau de Tromelin, com- une série de récipients en cuivre qui portent
mandant la corvette La Dauphine, récupérera l’empreinte du travail des esclaves malgaches
huit esclaves survivants : sept femmes et un en- puisque certains d’entre eux ont été réparés
fant de huit mois. de nombreuses fois par rivetage. Ils illustrent
l’acharnement à utiliser jusqu’au bout les ma-
L’île fut nommée par la suite Tromelin, en hom- tières premières fournies par l’épave, mais sym-
mage au commandant de La Dauphine. bolisent aussi l’usure du temps sur les choses et
les hommes.
Les campagnes archéologiques
Témoignages de la vie des esclaves, trouvés en
Quatre campagnes archéologiques ont été me- place sur leur site d’habitation, ces objets sont
d’une grande rareté. En effet, très peu de ves-
nées en 2006, 2008, 2010 et 2013 sur l’île
de Tromelin par le GRAN (Groupe de Recherche so
tiges matériels de la vie des esclaves ont été
conservés, comme en témoigne l’extrême pau-
en Archéologie Navale) avec le concours de
l’INRAP (Institut national de recherche archéolo- vreté des musées dans ce domaine. Ces objets
gique préventive). Placée sous l’autorité du pré- ont été stabilisés et restaurés à la demande des
fet des TAAF, la mission a reçu le parrainage TAAF par le laboratoire de conservation, restau-
de l’UNESCO et du Comité pour la Mémoire et ration et recherches de Draguignan.
l’Histoire de l’Esclavage.
La mission de 2008
La mission de 2006
Si les découvertes de 2006 laissaient penser
Le relevé complet du site sous-marin a permis de que les naufragés avaient construit des abris re-
découvrir les ancres, l’artillerie, le lest de fer, le lativement simples, la fouille de 2008 a permis
lest de pierre du navire et de nombreuses pièces
de gréement prises dans le corail. Plusieurs ob- Fouilles archéologiques à Tromelin
jets, dont deux fragments de la cloche du navire,
ont également pu être mis au jour. De nombreux
objets provenant de l’épave ont aussi été retrou-
vés à terre, sur la zone d’habitat des esclaves.

Les fouilles à terre ont permis la découverte du


four ayant servi à la fabrication du biscuit des-
tiné à constituer l’alimentation de l’équipage
pendant le voyage de l’embarcation de fortune
jusqu’à Madagascar.

La localisation de l’habitat des esclaves, situé sur


le point haut du nord de l’île, a été le résultat le
plus significatif de cette mission.

22
de mettre au jour un ensemble de trois bâtiments
dont l’ampleur étonne. Si l’espace intérieur est
réduit, l’épaisseur des murs, mesurant entre 1 m
et 1,5 m, leur donne une large emprise au sol.
Les murs utilisent comme matériaux de construc-
tion des blocs de corail, très abondants sur le
rivage et des plaques de grès de sable présent
sur la côte est de l’île. Ces bâtiments constituent
un ensemble original et remarquable.

Dans l’un des bâtiments découverts, sans doute


la cuisine, un abondant mobilier, le plus souvent
ne
métallique, a été trouvé en place autour d’un
foyer aménagé.
Dans la position de son abandon, le 29 no- Vue d’ensemble du site archéologique
vembre 1776, il donne une image très vivante
d’une organisation maîtrisée des choses et de
l’espace et des conditions de vie quotidiennes. Les clous de charpente et lames de fer récupé-
rés sur l’épave ou sur la grève, omniprésents sur
Dans deux des bâtiments, des ossements hu- le site, ont été utilisés comme outils : tisonnier,
mains appartenant à deux individus distincts ont emporte-pièce, marteau, sans doute pour assu-
été retrouvés dans un niveau de déblais corres- rer la couverture d’au moins l’un des bâtiments.
pondant aux travaux de construction d’un bâti- Enfin de grandes bassines fabriquées avec du
ment de la station météo, installée sur l’île depuis plomb martelé et fondu ont probablement servi
1954. à la conservation de l’eau.

Ces deux corps ont de toute évidence été dépla- Cette maîtrise des ressources disponibles est
cés depuis une sépulture ou une chambre funé- d’autant plus étonnante qu’elle va parfois à l’en-
raire à l’occasion de ces travaux. Il est probable contre des habitudes des malgaches. On sait en
que les fondations du bâtiment en question, au- particulier qu’à l’époque sur la « Grande île »,
jourd’hui démoli, recouvrent d’autres restes hu- les habitations sont toujours construites en utili-
mains. sant des matériaux végétaux symbolisant la vie

se
Outre une maîtrise de la construction, dont il
apparaît à l’évidence qu’elle a évolué avec le
et que la pierre est réservée aux tombeaux.

Construire en pierre et avec l’ampleur constatée,


temps pour mieux répondre aux besoins et sans est non seulement affaire d’adaptation pratique
doute assurer une meilleure protection contre les mais aussi, on s’en doute bien, d’adaptation
cyclones, l’utilisation des métaux récupérés sur culturelle et psychologique.
l’épave de l’Utile montre un savoir-faire évident.
Le cuivre découpé puis riveté a été utilisé pour L’ensemble constitue par sa qualité et par l’es-
réparer les récipients provenant de l’Utile ou fa- pace organisé qu’il occupe un site archéolo-
briquer des cuillères et des aiguilles alènes. gique original, mais aussi un lieu de mémoire
remarquable qu’il importe de protéger.

La mission de 2010

Alors que les résultats obtenus en 2008 faisaient


penser que l’essentiel de l’habitat des esclaves
avait été découvert, trois nouveaux bâtiments
ont été mis au jour et les amorces des murs d’au
moins trois autres décelés. Ces découvertes com-
plétées par des sondages périphériques, ont
amené les archéologues à réévaluer l’espace
occupé par les naufragés, bâtiments et périphé-
rie, évalué à environ 1800 m².

23

Récipients en cuivre
Une autre observation importante a été la mise
en évidence de profonds remaniements dans
les bâtiments construits, ils attestent une gestion
raisonnée par les naufragés de leur espace de
vie. Les causes initiales de ces remaniements
ne sont pas connues, mais sont sans doute à
mettre en rapport avec des évènements clima-
tiques violents qui auraient pu détruire tout ou
partie de certains bâtiments. Une analyse fine
de la stratigraphie sur tout le site a également
permis de déterminer l’ordre de construction des
bâtiments.

Parmi les nombreux objets découverts, plusieurs Restes d’os de sternes au tamisage
outils : trépied, marteau, grattoir, et surtout deux
briquets. Cette dernière découverte ainsi que
celle de trois fragments de pierre à feu, apporte
1 - Les quatre bâtiments les plus anciens semblent
un élément de réponse à l’importante question
situés au nord-est de la zone fouillée et sous le
de savoir comment, selon les déclarations de
bâtiment de gonflage de la station météorolo-
rescapés, les naufragés avaient maintenu le feu
gique. Ils sont construits au tout début de l’occu-
pendant 15 ans.
pation. Une partie de ces bâtiments est détruite,
très probablement par un épisode dynamique
Cette mission a mis en évidence un bâtiment
naturel (cyclone ?). Les matériaux d’une partie
construit avec certitude après le sauvetage des
de ces bâtiments sont réutilisés pour la seconde
naufragés malgaches et avant l’installation de la
phase de construction.
station météorologique.
2 - Après un épisode de plusieurs tempêtes, en-
La mission de 2013 registrées dans la stratigraphie, les constructions
sont reprises avec l’édification de nouveaux bâ-
La mission de 2013 a permis d’élargir le champ timents. Par rapport au premier état de construc-
d’étude de la zone d’habitat. Toutefois les des- tion, la zone bâtie se déplace vers le sud-ouest.
tructions dues à l’installation de la station mé- Il semble que les naufragés aient alors cherché à
téorologique nous privent d’une vue d’ensemble disposer leur bâtiment autour d’un espace cen-
et de la compréhension de la partie centrale de tral, les bâtiments s’appuyant les uns aux autres.
cet habitat. L’ensemble semble avoir été consti- Les bâtiments situés à l’est s’ouvraient sur cet es-
tué d’une douzaine de bâtiments construits par pace alors que ceux situés à l’ouest s’ouvraient
les naufragés malgaches. La chronologie de la vers l’extérieur, de sorte que toutes les ouvertures
construction de ces bâtiments est maintenant étaient grosso modo sous le vent des bâtiments.
claire :
Cette observation confirme que les malgaches
ont en priorité adapté leurs constructions aux
conditions d’environnement abandonnant les
règles coutumières d’orientation des habitations
par rapport aux points cardinaux.

3 - La dernière phase correspond à la mise en


place d’un mur de grande taille orienté nord-
sud. Un épisode climatique de grande ampleur
ayant certainement porté atteinte aux bâtiments
édifiés est probablement la cause de cette
construction. Ce nouveau mur divise l’espace en
deux, avec peut être une zone plus vouée aux
activités de manufacture à l’est et une zone plu-
tôt vouée à la vie à l’ouest.

24
Plaque commémorative en mémoire des esclaves oubliés de Tromelin
Le type de construction des bâtiments, aussi
bien que leur regroupement autour d’un point
central, mais aussi les indices évidents d’évolu-
tion et donc d’adaptation de ces constructions,
constituent la preuve la plus évidente d’une or-
ganisation sociale du groupe, ces constructions
et leur modification n’ayant pu s’effectuer que
collectivement. L’important remaniement - véri-
table évolution - de l’ensemble de la zone habi-
tée que représente la construction, en son centre,
d’un mur de protection important qui a amené à
détruire l’un des bâtiments existant, montre aussi
une maîtrise par les naufragés de la gestion de
leur espace de vie.

L’industrie déployée, pour fabriquer ou réparer


Afin de rétablir la communication entre ces deux des ustensiles de cuisine, ou des outils vient aussi
zones des ouvertures sont réalisées dans les confirmer que les tâches et des savoir-faire indivi-
angles nord-ouest et sud-est d’un bâtiment. duels s’étaient précisés et développés.

Plusieurs outils ont été mis au jour : burins, Quelques objets indiquent par ailleurs que le pe-
gouges et grattoirs en fer. Il faut aussi ajouter à tit groupe de naufragés avait dépassé le cadre
ces objets, une pointe de harpon, des renforts stricte de la survie, pour s’ouvrir à des compor-
de pointe de lance en cuivre, un briquet et sept tements et des préoccupations proches d’une
fragments de silex. Un morceau de résine végé- vie « normale ». La découverte de bijoux ou
tale identifié comme de l’encens provenant de d’ornements : bracelet, bague, chaînette en est
Madagascar illustre sans doute le type d’objets l’illustration, tout comme les décors gravés sur
que les esclaves emportaient avec eux. le manche des pics (fourchette simplifiée et/ou
pointe démêloir).

Chantier des fouilles archéologiques

25
Glorieuses
L’archipel des Glorieuses est posté en senti-
nelle à l’entrée nord du canal du Mozambique
(11°35’ sud et 47°18’ est), à 253 kilomètres du
nord-ouest de Mayotte et 222 kilomètres de No-
sy-Be (Madagascar). L’archipel des Glorieuses,
dont les terres émergées représentent environ
7 km², est principalement constitué d’un banc
sablo-corallien qui s’étend sur 16 kilomètres du
sud-ouest au nord-est et dont les affleurements
locaux constituent de petites îles. L’archipel ainsi
constitué se compose de la Grande Glorieuse au
sud-ouest (ou îlot Glorieuse), de l’îIot du Lys (ou Tortue verte
Petite Glorieuse) au nord-est, de l’île aux Crabes
(ou Rocher Sud) et des Roches Vertes.
La Grande Glorieuse est une île de sable rela-
La eaux sous juridiction française associées aux
tivement plate d’environ 2 km de diamètre et
Glorieuses s’étendent sur 43 614 km² et com-
bordée par un récif corallien de type frangeant,
prennent le banc corallien du Geyser, situé à
découvert lors des grandes marées basses. C’est
environ 122 km au sud-ouest de l’archipel des
la seule île sableuse de l’archipel : les autres sont
Glorieuses. Le Parc naturel marin (PNM) des
des formations coralliennes anciennes (à peu
Glorieuses couvre l’ensemble de ces eaux tel
près 150 000 ans).
que définies par le décret ministériel n° 2012-
245 du 22 février 2012.

26
L’île aux Crabes par exemple, qui lui est presque
attenante, est une formation de calcaires co-
ralliens qui s’élève jusqu’à 3 m au-dessus des
plus hautes mers, tandis que les Roches Vertes
sont de minuscules terres basses qui émergent 2
mètres au-dessus des eaux et se situent entre les
deux principaux îlots (Grande Glorieuse et Ile
du Lys). Ces différentes formations sont entourées Ilôt du Lys
par des bancs sablonneux émergeant plus ou
moins à marée basse.

L’île du Lys (ou Petite Glorieuse), est également • une saison chaude de décembre à avril, qui
en totalité formée par des calcaires coralliens. correspond au régime de mousson du nord-
Située à 10 km au nord-est de la Grande Glo- ouest. Les précipitations sont importantes, de
rieuse, elle mesure 600 m dans sa plus grande 107,5 à 214,3 mm par mois, avec un maximum
longueur et monte jusqu’à 5 m au-dessus des en janvier. Les températures moyennes avoisinent
plus hautes mers. les 28°C et le taux d’humidité est compris entre
81 et 84 %. A cette saison, l’île est parfois affec-
L’archipel des Glorieuses est situé à la limite sud tée par le passage de tempêtes ou de cyclones
des basses pressions équatoriales. Deux saisons tropicaux. On en dénombre environ 7 par dé-
se distinguent : cennies, passant à moins de 200 km de l’île.
• une saison fraîche de mai à novembre, pen-
dant laquelle souffle un courant d’alizés de sec-
Ecologie
teur est à sud-est. Durant cette période, les tem-
pératures moyennes sont de l’ordre de 24,8°C
La flore vasculaire des Glorieuses se compose de
à 27,7°C. La période de sécheresse s’étale de
121 taxons dont 72 indigènes (59 %) et 49 exo-
septembre à novembre ;
tiques (41 %). L’île présente ainsi une biodiversi-
té végétale relativement élevée qui s’explique en
partie par son climat clément et très arrosé.
Cocoteraie de Grande Glorieuse
Aujourd’hui, la Grande Glorieuse n’héberge plus
de colonies d’oiseaux marins suite aux perturba-
tions engendrées par la présence humaine, mais
9 espèces d’oiseaux terrestres y nichent encore.

Soumise à des pressions anthropiques beaucoup


plus faibles, l’île du Lys abrite encore une colo-
nie de noddis bruns et une seconde de sternes
fuligineuses.

La richesse spécifique marine recensée à ce jour


s’élève à 1 435 espèces dans l’archipel des Glo-
rieuses et à 600 espèces sur le Banc du Geyser.
11 % d’entre elles sont inscrites sur les annexes
des conventions régionales et internationales
(Nairobi ; Washington CITES ; Bonn CMS) et/
ou figurent sur la Liste Rouge de l’UICN.

Les Glorieuses sont notamment un site de ponte


privilégié pour les tortues vertes. L’archipel des
Glorieuses et le Banc du Geyser constituent des
points chauds de biodiversité.

En outre, brassées par un tourbillon océanique


affectant l’ensemble de l’archipel des Comores,

27
Cimetière de Grande Glorieuse

ces deux entités contribuent au réensemence-


ment larvaire (coraux, poissons, échinodermes,
etc.) des îles voisines (Madagascar, Mayotte,
Comores, Seychelles, etc.). Elles jouent ainsi un
rôle essentiel pour la préservation des espèces
menacées dans un contexte régional soumis à
de fortes pressions anthropiques.

L’archipel constitue en particulier un site impor-


tant de nidification pour les tortues vertes de
l’océan Indien et accueillent également chaque
année quelques tortues imbriquées en ponte.
Enfin, ce sanctuaire corallien quasi vierge per-
met d’appuyer l’intégration de stations de réfé-
rence dans le réseau mondial de suivi pour des C’est dans ce contexte que le Parc naturel marin
études sur la biodiversité et les effets du change- des Glorieuses a été créé le 22 février 2012.
ment climatique.
Historique
Si sa position géographique lui confère un in-
térêt biogéographique indéniable, elle expose L’archipel semble avoir été découvert par les
également les Glorieuses à des pressions an- navigateurs se rendant aux Indes au début du
thropiques, notamment des activités illégales et 16ème siècle. Pourtant, c’est en 1879 qu’Hippo-
incontrôlées de pêche artisanale (originaire de lyte Caltaux accoste sur cet îlot qu’il nommera
Mayotte, de Madagascar et des Comores). par la suite « Glorieuses », probablement pour
Compte tenu des dégâts irréversibles que peut perpétuer dans l’océan Indien le souvenir de la
induire une telle activité sur la biodiversité ma- révolution française de 1830. Il y implanta une
rine, il est apparu urgent pour les TAAF de mettre cocoteraie dès 1885.
en place des outils de gestion et de surveillance Exploitée jusqu’en 1958 par des Seychellois,
pour permettre une préservation efficace du pa- elle est actuellement abandonnée.
trimoine naturel exceptionnel des Glorieuses tout
en intégrant les usages existants sur le territoire.
Grande Glorieuse

28
Camp militaire de Grande Glorieuse

La prise de possession réelle des Glorieuses par La concession d’exploitation prit fin en 1958.
la France date du 23 août 1892. Le capitaine Ri-
chard, commandant du Primauguet, arbora ain- En 1955 eut lieu l’installation de la station mé-
si le pavillon national sur la Grande Glorieuse. téorologique, dans la partie nord de l’île princi-
Une plaque fut même érigée. A cette époque, les pale. Celle-ci fonctionnait par intermittence au
îles furent rattachées à la colonie française de cours de l’année, c’est à dire principalement
Mayotte (1897). Caltaux, nommé garde-pavil- d’octobre à mai pendant la saison cyclonique.
lon de l’archipel pour la France, occupa les lieux
de façon plus ou moins épisodique. Il exploita le Dès 1960, son fonctionnement devint perma-
coprah de la cocoteraie, ainsi que le guano de nent. En 1965, la station fut déplacée dans la
l’île du Lys jusqu’en 1907. partie sud de la Grande Glorieuse et baptisée
« Gérard Martin », du nom d’un météorologue

TAAF
A la suite de son départ, le droit sur ces îles revint disparu dans le canal du Mozambique. L’intérêt
à l’État et celles-ci furent accordées en conces- de cette station est incontestable. Du point de
sion à la Société française des îles malgaches vue météorologique, elle prévoit les cyclones in-
(SOFIM) appartenant à M. Lanier. L’adminis- téressant le nord de Madagascar, les Comores
tration de l’archipel ainsi que celle de Mayotte et Mayotte. Elle permet également la protection
avait entre-temps été confiées au gouvernement de la navigation maritime et de la navigation
général de Madagascar (1908). aérienne internationale sur les parcours Mada-
gascar-Djibouti-Madagascar et Kenya-Maurice-
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’exploi- Kenya.
tation de l’archipel fut abandonnée. En mai
1945, l’administration de Madagascar loua une Aujourd’hui, 1 gendarme et 14 militaires du
seconde fois l’archipel à la SOFIM, dont le man- Détachement de Légion Etrangère de Mayotte
dataire était le seychellois Jules Sauzier. (DLEM) assurent la souveraineté française sur
l’île.
En 1952, Gaston Sauzier succéda à son frère,
poursuivant ainsi l’exploitation du coprah sur l’île.

29
Juan de Nova
L’île Juan de Nova est située dans le Canal du
Mozambique à environ 150 km des côtes ouest
de Madagascar (Maintirano), 600 km au sud
de Mayotte et 280 km des côtes de l’Afrique
orientale. Ses coordonnées géographiques sont
17°03’ Sud et 42°43’ Est. C’est une île en crois-
sant qui mesure 6 km d’une pointe à l’autre,
pour une largeur de 1 600 mètres et une superfi-
cie de 5 km². Les eaux sous juridiction française
associées à Juan de Nova représentent une sur-
face de 61 050 km². Sternes huppées à Juan de Nova

L’île est protégée par un vaste lagon et une bar- Ecologie


rière corallienne. Elle est composée de collines
rocheuses (beach-rock) et de dunes de sable Le climat clément qui règne sur cette île a per-
pouvant atteindre 12 m de hauteur. Il faut égale- mis le développement d’une biodiversité ter-
ment signaler que le faciès de l’île a été modifié restre particulièrement riche : c’est notamment
par l’exploitation minière (phosphate) qui a eu le territoire des îles Eparses qui présente la plus
lieu jusqu’en1972. Les dépôts phosphatés, en- grande diversité sur le plan floristique. On
tassés dans les petites dépressions de l’intérieur notera la présence d’une espèce endémique
de l’île, sont le résultat d’une transformation du stricte de Juan de Nova (Hypoestesjanensis),
guano (exploitation entre 1900 et 1968) suite à de 6 espèces endémiques de Madagascar et de
des phénomènes physico-chimiques. 9 taxons indigènes présentant une valeur pa-
trimoniale importante compte tenu de leur en-
A Juan de Nova, le climat est caractérisé par démicité régionale ou de la combinaison entre
deux saisons. La saison fraîche qui s’installe leur statut de rareté et leur état de menace sur
d’avril à novembre et pendant laquelle la pluvio- Juan de Nova.
métrie est très faible (entre 1,9 et 39,6 mm par
mois). Les températures moyennes s’échelonnent La taille importante du complexe récifal de Juan
de 28,4°C en avril à 25°C en août. L’humidi- de Nova (plus de 200 km2, le plus grand des
té varie de 79 à 66% et, les vents dominants Eparses) et sa position centrale dans le canal
soufflent de sud à sud-ouest. Les températures du Mozambique, où les courants tourbillon-
et humidités moyennes changent peu pendant naires sont riches, y ont permis l’installation
la saison des pluies (de décembre à mars) mais d’un grand nombre d’espèces marines.
les précipitations augmentent significativement :
jusqu’à 275,8 mm en février. A ce jour, environ 850 espèces marines, tous
embranchements confondus, ont été recensées
dont 299 espèces de poissons récifaux et 95
espèces d’hydraires. On peut noter la présence
Dauphins long bec d’espèces remarquables telles que le napoléon
(menacé d’extinction) et le mérou sellé (espèce
vulnérable).
12 espèces de requins, dont certaines vulné-
rables ou en danger d’extinction, ont été obser-
vées dans les eaux de Juan de Nova, ainsi que
5 espèces de raies dont 3 sont classées sur la
liste rouge de l’IUCN.

Si Juan de Nova est l’île la moins fréquentée par


les tortues marines, elle constitue néanmoins un
site de reproduction et de développement des
immatures pour la tortue verte, mais aussi, ce

30
Plage nord de Juan de Nova

qui est plus rare dans la région, un site de re- La poursuite de cette opération est prévue cou-
production et de développement pour la tortue rant 2016.
imbriquée (en danger d’extinction).
Historique
D’un point de vue ornithologique, Juan de Nova
abrite 3 espèces d’oiseaux terrestres indigènes Juan de Nova est certainement l’une des îles
ainsi que quelques individus nicheurs de héron Éparses la plus marquée par l’occupation hu-
cendré, oiseau de rivage. maine. Sa découverte en 1501 est attribuée à
un noble galicien nommé Juan de Nova et ami-
Outre les espèces terrestres, Juan de Nova ral au service du roi Manuel Ier du Portugal.
compte également 2 espèces d’oiseaux marins Celui-ci l’aurait nommé Galega ou Agalega (la
nicheurs, la sterne fuligineuse et la sterne hup- Galicienne) en référence à sa nationalité. Il l’au-
pée. La colonie de sterne fuligineuse de l’île, aux rait découverte lors d’un voyage sur la route des
côtés de celle d’Europa, est probablement l’une Indes. Cependant, en raison de l’exiguïté de son
des plus importantes de l’océan Indien (avec territoire, cette île ne suscita pas tout de suite l’in-
450000 couples recensés en 2013). térêt des puissances coloniales et hébergea pro-
bablement des pirates durant plusieurs années.
Juan de Nova est marquée par la présence de 3
mammifères introduits : le chat, le rat noir et la Le nom de cette île a différé au cours de l’his-
souris domestique. Toutes ces espèces sont consi- toire. D’après R. Decary, elle est appelée Johan
dérées parmi les plus invasives au monde et sont de Nova sur la carte de Pilestrima en 1519, puis
responsables de la disparition de nombreuses Joa de Nova (Mercator en 1569), San-Christo-
espèces indigènes. phoro (Ortelius en 1570), Saint-Christophe (Lislet
Dans le cas de Juan de Nova, des études ont Geoffroy).
montré que le chat a des effets désastreux sur
les oiseaux nicheurs, notamment les sternes fu-
Chat haret
ligineuses dont il consomme les poussins et les
adultes reproducteurs. En conséquence, les TAAF
et le laboratoire ECOMAR (Université de La Ré-
union) ont entrepris des opérations de contrôle
de la population de chat entre 2006 et 2012.
Dans le cadre de son Plan d’Actions Biodiversité
(2015-2020), la collectivité des TAAF a mené la
première phase d’un programme d’éradication
de cette population en 2015 afin d’assurer la
préservation des sternes fuligineuses qui nichent
sur l’île et qui sont soumises à de fortes pressions
de prédation.

31
Maison Patureau

Finalement, en 1825, le navigateur anglais


Owen la nomme Juan de Nova de façon défi-
nitive.

D’un point de vue administratif, tout comme pour


Europa et Bassas da India, l’acte publié le 31
octobre 1897 (en exécution de la loi du 6 août
1896), déclare Juan de Nova dépendance fran-
çaise. L’île est successivement rattachée à la pro-
vince de Tananarive (1921), puis à la province
de Morombe (1930), et enfin au district de Nosy
Be (1932).
3,5 ha, plantation d’arbres fruitiers, de coco-
Il semble que des pêcheurs et des ramasseurs tiers et exploitation du guano.
d’œufs en provenance de Madagascar avaient
l’habitude d’y séjourner plusieurs mois dès Le guano et le phosphate sont donc exploités
1898. Vers 1900, la location de l’île est oc- dès le début du 20ème siècle, ce qui entraîne
troyée à un français pour 20 ans. l’implantation d’une usine de traitement de la
roche (53 000 tonnes de guano exportées en
Celui-ci est à l’origine de certaines modifications 1923). L’exploitation du coprah est également
sur l’île : construction d’habitats, création d’un florissante à cette époque.
jardin potager, mise en culture d’un terrain de

32
Cimetière à Juan de Nova

En mars 1952, une concession de 15 ans est


accordée à la Société Française des Iles Mal-
gaches (SOFIM), alors présidée par Hector Patu-
reau. Durant cette période, une première station
météorologique, « La Goulette », est construite.

Suite à l’indépendance de Madagascar en 1960,


la concession de la SOFIM est reconduite pour
une période de 25 ans. L’île est alors habitée par
des ouvriers mauriciens et seychellois qui exploitent
le gisement de guano pour la SOFIM, dans des
conditions qui s’avèrent extrêmement dures.

En 1929, le sergent-chef Jean-Michel Bourgeois Cette période marque un important développe-


aménage sur l’île une piste d’atterrissage de ment des infrastructures de l’île : un premier phare
fortune. Sa présence sur l’île fait suite à une est édifié en 1965-1966. A la suite d’une révolte
panne d’essence qui avait contraint l’avion du des ouvriers et de la chute du cours du phosphate
capitaine Marcel Goulette à atterrir sur Juan de (1968), la SOFIM est dissoute à Juan de Nova.
Nova. Une vraie piste d’avion est construite en
1934, mais les débuts de la guerre en 1939 En 1973, une nouvelle station météorologique
entraînent la destruction des différentes installa- est créée, ainsi que l’établissement d’un petit
tions afin que celles-ci ne soient pas utilisables camp militaire, tout comme aux Glorieuses et Eu-
par les marines ennemies. De même, toutes ropa. Les derniers ouvriers quittent l’île en 1975.
les activités de Juan de Nova cessent. Elles re-
prennent quelques années après la fin de la se- Aujourd’hui, 1 gendarme et 14 militaires du 2e
conde guerre mondiale. régiment de Parachutistes d’infanterie de marine
(2èmeRPIMa) assurent la souveraineté française
sur l’île.

33
Camp militaire à Europa

Environ 980 espèces marines, tous embran-


chements confondus, ont été recensées jusqu’à
présent. On estime entre 8 000 et 15 000, le
nombre de tortues vertes par an venant pondre
sur l’île, ce qui fait d’Europa le site de ponte le
plus important de l’océan Indien. Cette particu-
larité a notamment justifié son inscription en sep-
tembre 2014 au réseau des sites d’importance
du Mémorandum d’entente sur la conservation
des tortues marines de l’Océan Indien et du Sud-
Est Asiatique (IOSEA).
Europa héberge également 2 espèces endé-
Europa miques de reptiles terrestres, le scinque aux yeux
de serpent (Cryptoblepharus bitaeniatus) et le
L’île d’Europa est située à 600 kilomètres au sud scinque à labiales tâchetées (Trachylepis maculi-
de Juan de Nova, 300 kilomètres au sud du cap labris infralineata).
de Saint-Vincent (Madagascar) et 550 kilomètres
des côtes du Mozambique. Les eaux sous juridic- On notera également que la mangrove primaire
tion française autour d’Europa représente une sur- et les herbiers de phanérogames marines en bor-
face de 127 300 km². dure de lagune confèrent à Europa un intérêt pa-
Le diamètre de ce grand atoll d’origine volca- trimonial incontestable. Ces habitats sont indispen-
nique est de 6 à 7 kilomètres, pour une superficie sables pour le développement des tortues marines
d’environ 30 km². L’île, de forme pentagonale, vertes (Chelonia mydas) (EN) et imbriquées (Eret-
est basse et sablonneuse. Elle possède une cein- mochelys imbricata) (CR) immatures. La mangrove
ture de dunes dont le point culminant se situe à 7 joue également un rôle de nurserie pour le requin
mètres de haut. Europa est entourée d’un « récif pointe noire (Carcharhinus melanopterus) et le re-
frangeant » presque continu (couvrant une surface quin limon-faucille (Negaprion acutidens) (VU).
d’environ 10 km2), interrompu par des plages de
sable. Le tiers nord-est de l’île est occupé par un Joyau des îles Eparses, Europa est l’île la plus pré-
lagon interne d’une superficie de 9 km2 ceinturé servée du district. En particulier, l’ensemble des
par une mangrove primaire de 700 ha.

Le climat est de type subaride bien que tempé-


ré par la mer. Les alizés de sud-est y sont domi-
nants. Les températures peuvent varier de 10°C à
30°C. La saison des pluies s’étend de novembre
à mai, celles-ci sont rares mais violentes. Au début
de cette saison des pluies, on peut observer des
orages presque toujours liés au passage de fronts
se déplaçant d’ouest en est.

Ecologie

De toutes les îles Eparses, Europa est celle qui


présente l’avifaune marine la plus diversifiée,
avec 8 espèces nicheuses recensées (le paille-
en-queue à brins rouges, le paille-en-queue à
brins blancs d’Europa, le fou à pieds rouges, la
frégate ariel, la frégate du Pacifique, le puffin
tropical, la sterne fuligineuse et la sterne cas-
pienne) contre 2 pour Glorieuses, Tromelin et
Juan de Nova. Pour certaines de ces espèces,
Europa héberge les colonies les plus importantes
de l’océan Indien. De plus, elle abrite 5 espèces
terrestres nicheuses dont une petite population
du crabier malgache, en danger d’extinction.
34

Aigrettes dimorphes
Rat marqué dans le cadre d’une étude scientifique

formations végétales qui la composent, depuis


les mangroves lagunaires jusqu’aux forêts basses
à euphorbes développées sur le plateau récifal
fossile, est en excellent état de préservation et re-
présentatif d’un jeune atoll de l’ouest de l’océan
Indien. Comme souligné par de nombreux scien-
tifiques, Europa est un véritable laboratoire pour
l’étude de l’évolution naturelle d’un atoll.

Les pressions et usages qui s’exercent aujourd’hui sur


Europa sont très faibles et tendent à diminuer grâce
aux efforts entrepris par les TAAF en matière d’envi-
ronnement et à la présence française continue.

Néanmoins, il faut souligner la présence de 2 es- En outre, 3 espèces présentent une capacité
pèces de mammifères introduits par l’Homme sur d’invasion forte dont le choca et le sisal. Ini-
l’île : la chèvre et le rat noir. Les chèvres ont un im- tiée depuis plus de 3 ans en partenariat avec
pact potentiel sur les espèces végétales indigènes le CBNM et les FAZSOI, l’éradication du choca
non adaptées à l’herbivorie et indirectement sur la constitue une action prioritaire pour la conser-
faune associée. Le rat noir à quant à lui un impact vation du patrimoine naturel terrestre d’Europa.
considérable sur les espèces d’oiseaux marins ni-
chant au sol (le paille-en-queue notamment). Historique

La flore exotique (43 taxons) représente une part Il est très probable qu’Europa ait été découverte
non négligeable de la flore d’Europa. Bien que au 16ème siècle lors de l’essor de la route des
liée presque exclusivement à des habitats anthro- Indes. Il y a longtemps eu une confusion car-
piques, elle reste une préoccupation en termes tographique entre les îles Europa et Bassas da
d’invasions végétales potentielles. India (par exemple, sur les anciennes cartes de
Parmentier en 1530, de De Saintonge en 1545

Sansouire et euphorbaie

35
et de Herbert en 1626). Cet amalgame dure
jusqu’au 24 décembre 1774, date à laquelle les
membres de l’équipage du navire britannique
Europa la reconnaissent et lui donnent le nom de
leur vaisseau. Le français Brué tente de la faire
appeler île d’Europe en 1828, mais il échoue.

Les premiers colons de l’île sont des français en


provenance de Tuléar, les Rosiers, qui s’y installent
en 1860. Ils apportent avec eux des poules, des
lapins et des chèvres qui sont par la suite re-
tournés à l’état sauvage. Aujourd’hui, seules les
chèvres sont encore présentes sur Europa.

36
Paille-en-queue à brin blanc

Lorsque le docteur Poisson fait escale sur l’île en


1923, il n’y trouve personne. Europa a vraisem-
blablement hébergé des naufragés au cours de
la première guerre mondiale.

Il faut attendre 1949 et la construction de la sta-


tion météorologique pour que des hommes s’ins-
tallent définitivement à Europa. L’année suivante,
une piste d’atterrissage de 60 mètres de long
est édifiée et orientée SSE/NNW, dans le sud
de l’île. Deux autres pistes lui succèdent, en rai-
son du caractère inondable des lieux où avaient

TAAF
Europa, comme Juan de Nova et Bassas da
India, est déclarée dépendance française par été implantées les précédentes. La dernière a été
l’acte publié le 31 octobre 1897 (en exécution inaugurée le 18 avril 1973 et se trouve dans le
de la loi du 6 août 1896). L’île a été successi- nord de l’île.
vement rattachée à la province de Tananarive
(1921), à la province de Maintirano (1930), En 1981, une nouvelle station est construite,
puis au district de Nosy Be (1932), et enfin au sous la direction de l’ingénieur des travaux mé-
district de Tuléar en 1949. téorologiques Marc Gérard. Celle-ci porte le
nom de « Station des Rosiers », en hommage
Dès 1903, une petite concession est accordée aux premiers occupants de l’île.
à des particuliers qui vivaient sûrement de la
pêche et du ramassage des œufs d’oiseaux et Europa fut rattachée au ministère des DOM-
de tortues. C’est le cas d’un européen et de TOM, en 1960. Tout comme Juan de Nova et
quelques malgaches qui y vivent quelques temps les Glorieuses, Europa accueille un détachement
avant d’être évacués faute d’eau douce. militaire chargé d’assurer la souveraineté de
la France. Ce détachement est composé d’un
Les histoires des différents colons successifs sont groupe de 14 hommes du 2ème RPIMa (Régiment
floues. Il semblerait qu’une petite population parachutiste d’infanterie de marine) et d’un gen-
de pêcheurs et de chasseurs ait été présente en darme relevés tous les 45 jours.
1910. Celle-ci est probablement à l’origine des
anciennes constructions de l’île (cases, citernes,
séchoirs, fours). Il existe également un petit ci-
metière où sont enterrées deux femmes, décé-
dées en mars et mai 1910.

De nouveaux colons succèdent aux précédents


et sont sûrement à l’origine de la plantation de
sisal qui est retournée à l’état sauvage.

Mangrove

Frégates

37
Vue aérienne de Bassas da India

Bassas da India
L’atoll de Bassas da India émerge dans la partie
sud du canal du Mozambique par 21°27’ de
latitude sud et 39°45’ de longitude est. Il est si-
tué à quelques 450 km du cap Saint-Sébastien
(Mozambique), à 380 km environ à l’ouest de
Morombe (Madagascar) et à moins de 130 km
au nord-ouest d’Europa.

Bassas da India est un récif madréporique dont


la superficie émergente à marée basse n’excède difficiles. Il en résulte un déficit important dans
pas 1 km². Celui-ci est constitué d’un cercle les connaissances sur la biodiversité marine
presque parfait d’environ 10,5 km de diamètre de l’atoll en comparaison avec les autres îles
et totalement dénudé. La couronne de madré- Eparses. Les rares inventaires disponibles ont
pores isole de la grande mer un lagon intérieur permis de recenser 301 espèces de poissons
peu profond (profondeur maximale enregistrée : osseux. En outre, 10 espèces de requin ont été
14 mètres) d’une superficie d’environ 86,5 km², observées dans les eaux de Bassas da India
soit l’équivalent de la surface de Manhattan. dont une espèce classée vulnérable par l’IUCN
(requin océanique) et une seconde en danger
L’atoll émerge principalement à marée basse. A d’extinction (requin marteau halicorne).
marée haute, il est presque intégralement recou-
vert par la mer sur une épaisseur peu importante. Cette zone est particulièrement vulnérable et né-
Plusieurs rochers émergent au nord de l’atoll, de cessite une grande vigilance face au développe-
2 ou 3 mètres, en tout temps. Les eaux sous ju- ment de la pêche illégale ainsi que le renforce-
ridiction française associées à l’atoll s’étendent ment des opérations de contrôle.
sur 123 700 km².
Historique
Ecologie
La position du récif de Bassas da India dans le
L’immersion presque totale de l’atoll à marée canal du Mozambique a longtemps été un obs-
haute empêche le développement de toute forme tacle majeur pour les navigateurs. Elle fut posi-
de vie terrestre aérienne. De même, cette parti- tionnée pour la première fois sur une carte par
cularité environnementale rend impossible toute l’italien Coronelli. L’atoll aurait été découvert par
installation humaine sur le territoire. Bassas da un portugais nommé Gaspero Gonsuales.
India s’affranchit ainsi de toute forme de pression
anthropique ou naturelle liée au milieu terrestre. L’appellation initiale Baixo da India (Banc de la
Juive en français) a été modifiée au cours des
La richesse biologique de Bassas da India siècles. Les marins et géographes lui ont succes-
est donc résolument associée au milieu ma- sivement donné les noms Bayos da Indya (Piles-
rin. Néanmoins, rares sont les études menées trina en 1511), Baxos de la India (Diego Ribero
à Bassa da India en raison de l’absence d’in- en 1529), Basses de Judie (carte dite de Henri II
frastructures terrestres et des conditions d’accès en 1542), Syrtes Indie (Sanuto en 1588), Basse
Juive (d’après De Mannevilette en 1770), pour
finalement aboutir au nom Bassas da India don-
né par l’anglais Owen en 1825.

La localisation de l’île varie d’une carte à l’autre


et elle est souvent confondue avec Europa, qu’on
a parfois pensé être la même île. Ceci a été la
cause de nombreux naufrages à Bassas da India.

On peut également noter que l’acte officiel pu-


blié le 31 octobre 1897 (en exécution de la loi
du 6 août 1896) fait foi du dépôt officiel du pa-
villon français sur l’île Bassas da India.
38
Requins soyeux
DIRECTION
Directeur de la publication : Cécile POZZO di BORGO ; Préfet, administrateur supérieur des TAAF.

REDACTION

TAAF
(Direction de la conservation du patrimoine naturel - Service Îles Éparses et autres directions) :
Cédric MARTEAU : Directeur de la conservation du patrimoine naturel des TAAF.
Sophie MARINESQUE : Directrice adjointe de la conservation du patrimoine naturel pour les Îles Eparses
Clément QUETEL : Chargé de mission Parc naturel marin des Glorieuses
David RINGLER : Chargé des projets de conservation terrestres des Îles Éparses
Nelly GRAVIER : Chargé de communication des TAAF
Vincent KERZERHO : Chargé des questions maritimes
Géraldine GODINEAU : Chef du service des affaires juridiques et internationales

PARTENAIRES :
GRAN : Max Guérout
INRAP : Thomas Romon

Merci à Marion FRANCOIS, Hélène LARMET et Elisabeth HOFER pour leur relecture.

MISE EN PAGE
Nelly GRAVIER : Chargée de communication des TAAF

CREDITS CARTES : B.MARIE


CREDITS PHOTOS : L.BESNARD, V.DUVAT MAGNAN, A. FALGUIER, FAZSOI, S.GELABERT,
N. GRAVIER, M. GUEROUT, B.GYSEMBERGH, S.LEGERON, B.MARIE, MARINE NATIONALE,
S. MARINESQUE, C.MARTEAU, T. PESCHAK, L.RANSAN, JF. REBEYROTTE, E. REUILLARD,
D.RINGLER, T.ROMON, M.SANCHEZ, L.SIMION, TAAF, O.VAN CANNEYT.

CITATION DU DOCUMENT
Terres australes et antarctiques françaises, 2016. Livret de découverte des Îles Éparses.
Rue Gabriel Dejean
97 410 Saint-Pierre
Ile de La Réunion
Tél : 02 62 96 78 78

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