LIVRET EPARSES 2016web
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LIVRET EPARSES 2016web
TAAF
D i s t r i c t d e s î l e s E p a r s e s D i s t r i c
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O so O so
50 50
M a r i o n D u f r e s n e M a r i
P a t r i m o i n e P a t
Souveraineté de la France sur les îles Éparses
Historiquement, le pavillon français fut planté
pour la première fois en 1776 sur l’île de Tro-
melin. La prise de possession officielle des Glo-
rieuses eut lieu le 23 août 1892, date à laquelle
le pavillon national fut arboré sur la Grande Glo-
rieuse. Enfin, la souveraineté de la France sur les
îles Juan de Nova, Europa et Bassas da India fut
notifiée au Journal Officiel du 31 octobre 1897.
Il est écrit : « En exécution de la loi du 6 août
1896, notifiée aux puissances et déclarant colo-
nies françaises Madagascar et ses dépendances,
le pavillon français a été planté sur les îles Juan-
de-Nova, Bassas-da-India et Europa situées dans
le canal du Mozambique. » Une présence fran-
çaise continue sur ces îles depuis 1973 marque
l’affirmation de cette souveraineté.
4
Les partenaires des TAAF
Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan
Indien (FAZSOI)
5
Station de Tromelin
Noddis bruns sur l’îlot du Lys
6
Zosterops d’Europa
Le lagon de l’île Europa constitue en outre une
importante nurserie pour les petits requins à
pointes noires de récifs.
TAAF
de reproduction. côtes (requins tigres, requins Galápagos, re-
quins citron, ou encore différentes espèces de
Les îles Eparses, au travers de leurs immenses requins marteaux qu’il n’est pas rare de croiser
lagons mais aussi de leurs vastes zones écono- en larges bancs le long des pentes externes des
miques exclusives, constituent également des récifs coralliens).
« points chauds » de la biodiversité marine.
Toutes ces espèces bénéficient de mesures de
Les récifs coralliens ne sont pas impactés par les protection internationales au titre de diverses
activités anthropiques, ce qui en fait des milieux conventions et traités (Convention de Bonn CMS,
de référence au niveau mondial. Les plages des Convention de Washington CITES, Convention
îles Éparses sont un des lieux de ponte primor- Baleinière Internationale, Convention de Nairobi).
diaux du sud-ouest de l’océan Indien pour les
tortues marines (tortue verte principalement et
tortue imbriquée), espèces menacées et proté-
gées au titre de conventions internationales.
7
tion de l’environnement fondée essentiellement sur
deux arrêtés préfectoraux de 1975 (lequel interdit
« toute déprédation de la nature tant terrestre que
marine, aussi bien en ce qui concerne la faune
que la flore ») et de 1994 (lequel énonce que
« toute pêche est interdite à l’intérieur des eaux
territoriales des îles Tromelin, Glorieuses, Juan de
Nova, Europa et Bassas da India »).
8
1. Protéger le patrimoine naturel, particulière- En effet, l’île est l’un des principaux sites mon-
ment les tortues, les récifs coralliens et les mam- diaux de reproduction et de ponte des tortues
mifères marins, notamment par une surveillance vertes (Chelonia mydas). Elle abrite également
maritime adaptée aux enjeux et la sensibilisa- une mangrove primaire de près de 700 ha qui
tion des acteurs et des usagers ; constitue un habitat de développement impor-
2. Faire des eaux des Glorieuses un espace d’ex- tant pour les tortues vertes et imbriquées im-
cellence en matière de pêches durables (côtières matures et pour de nombreuses autres espèces
et hauturières) ; marines, et dont la préservation est primordiale.
3. Faire de cet espace un lieu privilégié d’obser- Sans apporter de statut juridique de protection,
vation scientifique de la biodiversité marine du le classement en site RAMSAR témoigne néan-
canal du Mozambique pouvant intégrer des ob- moins de l’importance mondiale de cette zone
servatoires pour contribuer à l’amélioration des humide. Un plan de gestion (2015-2020) com-
connaissances ; posé d’actions visant à préserver l’ensemble de
4. Encadrer les pratiques touristiques et accom- ses milieux et leurs différentes fonctions (nurse-
pagner le développement d’un écotourisme res- ries, zones d’alimentation ou de reproduction)
pectant le caractère préservé de cet espace. est en cours de finalisation par les TAAF. Dès le
mois de mai 2016, deux agents de l’environne-
A noter : Les parcs naturels marins de Mayotte ment recrutés par les TAAF se relaieront sur le
(créé par décret le 18 janvier 2010) et des Glo- terrain tous les trois mois (via les relèves des aé-
rieuses sont contigus et forment une aire marine ronefs militaires) pour assurer la mise en œuvre
protégée de plus de 110 000 km². Dans ce des actions de ce plan de gestion.
contexte, il a été décidé que ces deux parcs na-
turels marins fonctionnent avec des moyens com- Il est également reconnu au niveau international
muns, ce qui permet d’assurer une cohérence qu’Europa est un site d’importance capitale pour
technique entre les plans de gestion et dans les tortues marines en tant que lieu de reproduc-
les actions mises en œuvre par les deux parcs. tion majeur pour les tortues vertes de l’océan
Compte tenu des particularités administratives Indien. Ainsi, le 11 septembre 2014, l’île et ses
de chacune de ces zones, les conseils de gestion 12 milles nautiques ont été le premier site fran-
sont distincts. Celui du Parc naturel marin des çais inscrit au réseau des sites d’importance du
Glorieuses est composé de 20 membres repré- Mémorandum d’entente sur la conservation des
sentants de l’État, des organisations profession- tortues marines de l’Océan Indien et du Sud-Est
nelles, notamment de pêcheurs, d’associations Asiatiques (IOSEA).
de protection de l’environnement et d’experts.
Ce conseil de gestion est en charge d’élaborer
le plan de gestion du parc et d’assurer sa bonne Sansouire à Europa
mise en œuvre.
9
Des actions concrètes au • Le Plan National d’Actions pour les tortues ma-
rines de l’océan Indien : dont un volet est spéci-
service de la biodiversité fiquement dédié aux îles Eparses et détaille les
actions à y conduire entre 2015 et 2020 pour
L’isolement prononcé des Eparses a longtemps garantir le maintien des espèces de tortues ma-
permis d’extraire les îles de pressions anthro- rines présentes dans les îles Eparses et de leurs
piques importantes et d’assurer le maintien d’un habitats (de reproduction, de développement ou
état de conservation remarquable de leurs éco- d’alimentation) ;
systèmes. Néanmoins, force est de constater que
les îles sont aujourd’hui soumises à des pressions • Le Plan d’action Local IFRECOR : qui cible spé-
humaines croissantes qui peuvent, sur le long cifiquement les écosystèmes récifaux et milieux
terme, nuire aux espèces et habitats naturels qui associés (mangrove et herbiers) et décline pour
en font la richesse et la singularité. Consciente la période 2011-2015 des actions à mettre en
de la responsabilité qu’elle porte, la collectivité œuvre pour leur préservation et leur mise en
des TAAF met ainsi un point d’honneur à mener valeur, conformément à la stratégie national de
des actions visant à assurer la préservation des l’IFRECOR (Initiative Française pour les Récifs
écosystèmes présents sur son territoire tout en la Coralliens). Une nouvelle programmation est
conciliant avec le maintien d’activités humaines actuellement en cours d’élaboration pour la pé-
sous réserve qu’elles soient respectueuses de l’en- riode 2016-2020 et une attention toute particu-
vironnement. Ces actions sont inscrites dans les lière sera portée par la collectivité à sa bonne
différents plans de gestion et d’actions dévelop- mise en œuvre, notamment dans la perspective
pés par les TAAF en application de la Stratégie de contribuer aux objectifs nationaux ambitieux
Nationale pour la Biodiversité (SNB), à savoir : de préservation d’une large partie des récifs et
mangrove d’outre-mer (Loi pour la reconquête
• Le Plan d’Action Biodiversité dédié aux îles de la biodiversité, de la nature et des paysages).
Eparses : qui identifie, priorise et programme
l’ensemble des actions à mettre en œuvre sur Qu’ils ciblent un territoire, des milieux particuliers
tout le territoire pour garantir la conservation ou encore une espèce donnée, ces plans de ges-
globale de l’exceptionnel patrimoine naturel tion ou d’actions poursuivent les mêmes 6 grands
qu’il héberge ; principes d’action qui permettent d’assurer sur le
long terme la préservation du patrimoine naturel et
• Le Plan de gestion du site RAMSAR d’Europa : le développement raisonné des activités humaines :
qui décline les actions de préservation des mi-
lieux humides d’Europa à mettre en œuvre sur 1. Poursuivre l’acquisition des connaissances sur
la période 2015-2020, et qui préfigure la ré- les écosystèmes, notamment pour être en mesure
daction du plan de gestion de la future RNN d’identifier les actions de conservation les plus
d’Europa ; pertinentes (avec le soutien de nombreux parte-
naires scientifiques comme le CNRS, l’Ifremer,
• Le Plan de gestion du PNM des Glorieuses : qui l’IRD, le MNHN, les Universités, le CBMN ou
détermine les mesures de protection, de connais- encore le CEDTM Kélonia) ;
sance, de mise en valeur et de développement
durable à mettre en œuvre dans le parc en cohé- 2. Mener des actions de conservation des espèces
rence avec les 4 orientations de gestion choisies et des milieux (restauration des milieux, éradication
au moment de sa création ; des espèces introduites, plan de biosécurité, etc.) ;
10
Récifs coralliens des Glorieuses
Fou à pieds rouges à Europa
FOCUS sur les espèces exotiques envahissantes Sur Juan de Nova, les TAAF et le laboratoire
ECOMAR (aujourd’hui UMR ENTROPIE, Universi-
Les espèces exotiques envahissantes végétales té de La Réunion) ont entrepris des opérations de
(choca, sisal, filaos, etc.) ou animales (chats, contrôle de la population de chats entre 2006 et
rats, souris, chèvres) sont une des principales 2012. Les TAAF ont mené la première phase d’un
programme d’éradication de cette population en
2015 afin d’assurer la préservation des sternes
fuligineuses qui nichent sur l’île et qui sont sou-
mises à de fortes pression de prédation. La pour-
suite de cette opération est prévue courant 2016.
Cette action coordonnée par les TAAF bénéfi- à encadrer les activités exercées dans les eaux
cie de l’appui technique des experts du CBNM sous sa juridiction afin de concilier leur pratique
(Conservatoire Botanique National de Masca- avec la préservation des écosystèmes. A cette fin,
rin) et est mise en œuvre par les détachements des prescriptions techniques, en particulier pour
successifs des FAZSOI présents sur Europa les activités de pêche aux thons et de tourisme,
(2èmeRPIMa). sont régulièrement émises et actualisées par ar-
rêtés préfectoraux et permettent de doter le terri-
En parallèle de ces démarches de suivi des toire d’un cadre règlementaire strict et cohérent
espèces exotiques et des programmes d’éradi- avec les enjeux identifiés. En parallèle, les TAAF
cation, les TAAF travaillent à la mise en place étudient avec attention toute nouvelle demande
progressive de mesures de biosécurité (sur le d’activité sur le territoire (activité minière, activi-
modèle déjà développé dans les australes) per- té de recherche scientifique, etc.). Elles émettent
mettant de limiter l’introduction de nouvelles es- ainsi régulièrement des avis et des obligations
pèces sur les îles Eparses. techniques en réponse à ces demandes afin de
s’assurer qu’elles ne porteront pas atteinte aux
FOCUS sur la gestion des déchets écosystèmes concernés.
Pendant plusieurs décennies, des déchets de dif- Les îles Eparses disposent d’un cadre réglemen-
férentes natures se sont accumulés sur les îles. taire particulier répondant aux enjeux de conser-
Face à cette problématique, les TAAF ont déve- vation des écosystèmes marins et terrestres face
loppé une politique exemplaire de tri des déchets aux pressions anthropiques qui s’y exercent. Aussi
et de dépollution des sites. C’est dans ce cadre il apparaît primordial pour les TAAF de dévelop-
que la première rotation du Marion Dufresne per une stratégie de sensibilisation et de formation
dans les Eparses en 2009 a été consacrée au permettant d’assurer la connaissance partagée
nettoyage des îles. Aujourd’hui, les déchets sont des écosystèmes et de leur fragilité, et d’inscrire
incinérés quotidiennement (quand cela est pos- les acteurs et usagers dans une approche éco-res-
sible) ou stockés puis rapatriés à La Réunion et ponsable de leurs activités respectives.
à Mayotte pour y être traités. Les efforts entrepris
conjointement par la collectivité des TAAF et les FOCUS sur les observatoires
FAZSOI doivent continuer à s’inscrire dans cette
démarche de préservation des milieux. En mettant en place les différents plans de ges-
tion et les actions de conservation cités ci-avant,
De même, le ramassage des macrodéchets dé- les TAAF participent aux objectifs d’enrayer la
posés par les courants marins sur les plages des perte de biodiversité et de garantir un usage
îles Eparses est quotidiennement opéré par les durable des ressources naturelles à l’horizon
gendarmes et les détachements militaires succes- 2050, engagements pris au niveau international
sivement détachés sur les îles du Canal du Mo- (Convention sur la Diversité Biologique), euro-
zambique, et par les équipes TAAF en mission péen et national (Stratégie Nationale pour la
sur Tromelin. Biodiversité).
Afin de pouvoir caractériser l’état de la biodiver-
FOCUS sur l’encadrement des activités humaines sité et son évolution, soit de mesurer les progrès
ou dégradations et d’évaluer l’efficacité des ac-
Outre les actions concrètes mises en œuvre par tions mises en place pour les réajuster si besoin,
les TAAF sur le territoire, la collectivité s’attache un système complet et organisé de suivi de la
12
Tortue verte à Europa
13
Ce programme a été soutenu par le CNRS, les
TAAF, l’Agence des Aires Marines Protégées
(AAMP), l’IRD, en partenariat avec l’IPEV, le
MNHN et l’Ifremer. Ce programme avait pour
objectif de fixer pour les îles Eparses un cadre
logique de recherche répondant aux attentes de
l’Etat en matière de connaissances et de déve-
loppement.
Différents partenaires mènent depuis de plusieurs Ces programmes ont également permis de réa-
années des études sur l’ensemble des îles : l’Uni- liser la cartographie des habitats terrestres des
versité de La Réunion – laboratoire d’Écologie îles Eparses et celle des habitats marins de l’île
Marine (Ecomar), le Muséum National d’Histoire d’Europa et de Juan de Nova (également avec
Naturelle (MNHN), CEDTM-Kélonia (l’observa- le soutien financier de l’IFRECOR et la Fonda-
toire des tortues marines de La Réunion), l’Institut tion VEOLIA). Ces programmes ont enfin permis
français de recherche pour l’exploitation de la d’identifier des mesures de gestion pertinentes
mer (Ifremer), l’Institut de Recherche pour le Dé- pour la conservation du patrimoine naturel des
veloppement (IRD), le Conservatoire Botanique îles Eparses.
National de Mascarin (CBNM), etc.
14
Lagon de Juan de Nova
La première phase du Consortium de recherche D’autre part, dans le cadre du Xe FED régional «
mise en place pour la période 2011-2013 Gestion durable du patrimoine naturel de Mayotte
a pris fin officiellement en décembre 2013 et et des îles Eparses », les TAAF coordonnent le
l’ensemble des résultats ont été présentés en montage de trois campagnes d’évaluation scien-
avril 2014 à Paris lors d’un colloque de resti- tifique en mer. Ces actions, dont la réalisation est
tution organisé par le CNRS. Il est prévu par prévue jusqu’en 2017, portent sur l’« Estimation
les TAAF, en collaboration avec les membres du de la biomasse halieutique des bancs du Geyser,
consortium, de lancer un nouvel appel à projet de la Zélée et de l’Iris », l’ « Exploration de pentes
pour poursuivre les activités de recherche sur ce externes et monts sous-marins », et l’« Inventaire
territoire de référence. Le Consortium pourrait et suivi des récifs coralliens de Mayotte et des
alors être renforcé par l’association de nouveaux îles Eparses ».
partenaires nationaux (comme l’Université de La
Réunion et le CUFR de Mayotte) ou encore inter- Les activités de recherche se poursuivront égale-
nationaux dans le cadre des projets de coopéra- ment au travers de la pérennisation des stations
tion régionaux soutenus par l’Union Européenne de suivi terrestres et marines pour que le district
(XIe FED, association avec des ACP du canal du des îles Eparses puisse rapidement servir de point
Mozambique par exemple). de référence dans le cadre de la mise en place
d’un observatoire régional de la biodiversité et
du changement climatique.
15
Scinque aux yeux de serpent d’Europa
Vers une gestion durable Vers une pratique durable de la pêche dans les
îles Eparses
des ressources halieutiques
Focus sur la pêche thonière
La pêche est la principale activité économique
dans les eaux sous juridiction française des îles La pêche autorisée à l’heure actuelle dans les
Eparses. Le préfet, administrateur supérieur des ZEE des îles Eparses est une pêche hauturière
TAAF a compétence pour gérer la pêche et les (principalement française et espagnole) aux
ressources halieutiques. Entre autres, il établit thons tropicaux (albacore, listao, patudo, ger-
la réglementation de la pêche dans les ZEE des mon). Les captures de thons par cette pêche hau-
TAAF, délivre les autorisations de pêche et déter- turière dans le canal du Mozambique s’étalent
mine les prescriptions techniques visant à enca- généralement de mars à juin et suivent les mi-
drer les activités de pêche sur le territoire. grations saisonnières de ces espèces qui varient
selon les années en fonction de nombreux fac-
teurs trophiques et environnementaux.
16
Navire de surveillance de la Marine Nationale
Bassas da India
Depuis la prise en charge de cette pêcherie en Les TAAF réactualisent régulièrement l’arrêté pré-
2007, les TAAF y appliquent les principes de fectoral visant à encadrer par des prescriptions
gestion suivants : techniques l’activité de pêche aux thons et autres
poissons pélagiques dans les zones économiques
• Emission de prescriptions techniques desti- exclusives des îles Eparses. Ces prescriptions sont
nées à préserver l’environnement marin ; destinées à gérer durablement les ressources ha-
• Formation et embarquement d’observateurs lieutiques et à réduire les impacts sur les écosys-
sur les thoniers pour améliorer la connaissance tèmes. Elles comportent notamment des recom-
et affiner la gestion ; mandations pour limiter les captures accessoires
• Renforcement de la surveillance par le finan- et accidentelles (élasmobranches, tortues, mam-
cement de patrouilles de navire de surveillance. mifères marins, etc.), réduire l’impact des DCP
dérivants comportant des risques d’emmêlement
d’espèces non ciblées, ou encore limiter la mor-
Contrôle des pêches par la Marine talité des prises accessoires par des techniques
Nationale à Juan de Nova de remises à l’eau appropriées.
17
Mieux connaître pour mieux gérer Focus sur la pêche artisanale sur le banc du Geyser
Les espèces ciblées par la pêche thonière migrent Les arrêtés des TAAF prévoient qu’une pêche ar-
dans tout l’océan Indien ce qui implique une tisanale mahoraise à la palangre puisse être au-
gestion des ressources halieutiques à l’échelle torisée sur le Banc récifal du Geyser en ZEE des
régionale. C’est dans ce contexte qu’a été créée Glorieuses. Néanmoins, très peu de navires de
en 1996 la Commission des Thons de l’Océan pêche déclarent leur activité sur ce banc, ce qui
Indien (CTOI), organisation régionale de la ges- rend très difficiles le suivi et l’encadrement de
tion des pêches (ORGP). La France, au titre de cette pêcherie (estimation de l’effort de pêche,
La Réunion, de Mayotte et des Iles Eparses, est état des stocks, mise en placede TAC, etc.).
membre de la CTOI depuis le 3 décembre 1996.
TAAF
En effet, l’effort de pêche appliqué sur les bancs
Les groupes de travail et le Comité scientifique récifaux doit être adapté à la ressource halieu-
de la CTOI évaluent régulièrement l’état des tique disponible. Pour permettre le développe-
stocks de thons, de poissons à rostre et de cer- ment d’une pêcherie sur des bases scientifiques
taines espèces accessoires (notamment les re- solides, par l’Ifremer et le CUFR de Mayotte, une
quins) intéressant la Commission. Ce travail est campagne d’« Estimation de la biomasse halieu-
réalisé à partir des données récoltées (quand tique des bancs du Geyser, de la Zélée et de l’Iris
elles existent) auprès des différentes flottilles qui », réalisée par l’Ifremer et le CUFR de Mayotte,
exercent dans la zone sous mandat de la CTOI. a débutée en 2015 dans le cadre du Xe FED
Cette analyse est utilisée comme base pour la régional « Gestion durable du patrimoine na-
mise en place de mesures de conservation et de turel de Mayotte et des îles Eparses » (portage
gestion (résolutions et recommandations). Union Européenne, AFD, Conseil Départemental
de Mayotte et TAAF).
Depuis 2007, la présence d’observateurs de
pêche embarqués sur les navires licenciés, for- Les résultats obtenus devraient apporter les
més par les TAAF et ses différents partenaires premiers éléments pour définir des mesures de
(IRD, Ifremer, CROSS, etc.), permet de collecter gestion et de conservation adaptées. La mise
les données nécessaires au suivi de cette pêche- en place d’un suivi à long terme de l’état des
rie et à la connaissance de son impact sur le mi- ressources et de l’impact des pressions associées
lieu marin, d’évaluer le respect des prescriptions permettra également de guider le gestionnaire
techniques par les armements et d’encourager pour la mise en place d’un encadrement adap-
les équipages à suivre les recommandations en- té des activités de pêche exercées sur les bancs
vironnementales. récifaux inclus dans le périmètre de deux Parcs
naturels marins.
18
Détachement militaire à Europa
19
Tromelin l’île héberge trois populations d’oiseaux marins
(le fou masqué, le fou à pieds rouges et la sterne
blanche). Elle constitue également un site de
ponte important pour les tortues vertes (environ
1 000 femelles par an).
Ecologie
20
21
Dans une zone très perturbée par les construc-
tions modernes de la station météo, une partie
du mur de l’habitation des esclaves a cependant
pu être dégagée.
nw
Le sol d’origine, conservé alentour, a livré de
nombreuses informations concernant les pé-
riodes d’occupation : l’alimentation, dont la base
semble avoir été en première analyse constituée
de tortues et d’oiseaux et la confirmation que le
Ancre de l’Utile à Tromelin
O
feu a été conservé jusqu’à la fin, alimenté par du
bois de charpente provenant de l’épave.
Cette promesse ne fut jamais tenue et ce n’est
que quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, La découverte la plus significative concerne
que l’enseigne de vaisseau de Tromelin, com- une série de récipients en cuivre qui portent
mandant la corvette La Dauphine, récupérera l’empreinte du travail des esclaves malgaches
huit esclaves survivants : sept femmes et un en- puisque certains d’entre eux ont été réparés
fant de huit mois. de nombreuses fois par rivetage. Ils illustrent
l’acharnement à utiliser jusqu’au bout les ma-
L’île fut nommée par la suite Tromelin, en hom- tières premières fournies par l’épave, mais sym-
mage au commandant de La Dauphine. bolisent aussi l’usure du temps sur les choses et
les hommes.
Les campagnes archéologiques
Témoignages de la vie des esclaves, trouvés en
Quatre campagnes archéologiques ont été me- place sur leur site d’habitation, ces objets sont
d’une grande rareté. En effet, très peu de ves-
nées en 2006, 2008, 2010 et 2013 sur l’île
de Tromelin par le GRAN (Groupe de Recherche so
tiges matériels de la vie des esclaves ont été
conservés, comme en témoigne l’extrême pau-
en Archéologie Navale) avec le concours de
l’INRAP (Institut national de recherche archéolo- vreté des musées dans ce domaine. Ces objets
gique préventive). Placée sous l’autorité du pré- ont été stabilisés et restaurés à la demande des
fet des TAAF, la mission a reçu le parrainage TAAF par le laboratoire de conservation, restau-
de l’UNESCO et du Comité pour la Mémoire et ration et recherches de Draguignan.
l’Histoire de l’Esclavage.
La mission de 2008
La mission de 2006
Si les découvertes de 2006 laissaient penser
Le relevé complet du site sous-marin a permis de que les naufragés avaient construit des abris re-
découvrir les ancres, l’artillerie, le lest de fer, le lativement simples, la fouille de 2008 a permis
lest de pierre du navire et de nombreuses pièces
de gréement prises dans le corail. Plusieurs ob- Fouilles archéologiques à Tromelin
jets, dont deux fragments de la cloche du navire,
ont également pu être mis au jour. De nombreux
objets provenant de l’épave ont aussi été retrou-
vés à terre, sur la zone d’habitat des esclaves.
22
de mettre au jour un ensemble de trois bâtiments
dont l’ampleur étonne. Si l’espace intérieur est
réduit, l’épaisseur des murs, mesurant entre 1 m
et 1,5 m, leur donne une large emprise au sol.
Les murs utilisent comme matériaux de construc-
tion des blocs de corail, très abondants sur le
rivage et des plaques de grès de sable présent
sur la côte est de l’île. Ces bâtiments constituent
un ensemble original et remarquable.
Ces deux corps ont de toute évidence été dépla- Cette maîtrise des ressources disponibles est
cés depuis une sépulture ou une chambre funé- d’autant plus étonnante qu’elle va parfois à l’en-
raire à l’occasion de ces travaux. Il est probable contre des habitudes des malgaches. On sait en
que les fondations du bâtiment en question, au- particulier qu’à l’époque sur la « Grande île »,
jourd’hui démoli, recouvrent d’autres restes hu- les habitations sont toujours construites en utili-
mains. sant des matériaux végétaux symbolisant la vie
se
Outre une maîtrise de la construction, dont il
apparaît à l’évidence qu’elle a évolué avec le
et que la pierre est réservée aux tombeaux.
La mission de 2010
23
Récipients en cuivre
Une autre observation importante a été la mise
en évidence de profonds remaniements dans
les bâtiments construits, ils attestent une gestion
raisonnée par les naufragés de leur espace de
vie. Les causes initiales de ces remaniements
ne sont pas connues, mais sont sans doute à
mettre en rapport avec des évènements clima-
tiques violents qui auraient pu détruire tout ou
partie de certains bâtiments. Une analyse fine
de la stratigraphie sur tout le site a également
permis de déterminer l’ordre de construction des
bâtiments.
Parmi les nombreux objets découverts, plusieurs Restes d’os de sternes au tamisage
outils : trépied, marteau, grattoir, et surtout deux
briquets. Cette dernière découverte ainsi que
celle de trois fragments de pierre à feu, apporte
1 - Les quatre bâtiments les plus anciens semblent
un élément de réponse à l’importante question
situés au nord-est de la zone fouillée et sous le
de savoir comment, selon les déclarations de
bâtiment de gonflage de la station météorolo-
rescapés, les naufragés avaient maintenu le feu
gique. Ils sont construits au tout début de l’occu-
pendant 15 ans.
pation. Une partie de ces bâtiments est détruite,
très probablement par un épisode dynamique
Cette mission a mis en évidence un bâtiment
naturel (cyclone ?). Les matériaux d’une partie
construit avec certitude après le sauvetage des
de ces bâtiments sont réutilisés pour la seconde
naufragés malgaches et avant l’installation de la
phase de construction.
station météorologique.
2 - Après un épisode de plusieurs tempêtes, en-
La mission de 2013 registrées dans la stratigraphie, les constructions
sont reprises avec l’édification de nouveaux bâ-
La mission de 2013 a permis d’élargir le champ timents. Par rapport au premier état de construc-
d’étude de la zone d’habitat. Toutefois les des- tion, la zone bâtie se déplace vers le sud-ouest.
tructions dues à l’installation de la station mé- Il semble que les naufragés aient alors cherché à
téorologique nous privent d’une vue d’ensemble disposer leur bâtiment autour d’un espace cen-
et de la compréhension de la partie centrale de tral, les bâtiments s’appuyant les uns aux autres.
cet habitat. L’ensemble semble avoir été consti- Les bâtiments situés à l’est s’ouvraient sur cet es-
tué d’une douzaine de bâtiments construits par pace alors que ceux situés à l’ouest s’ouvraient
les naufragés malgaches. La chronologie de la vers l’extérieur, de sorte que toutes les ouvertures
construction de ces bâtiments est maintenant étaient grosso modo sous le vent des bâtiments.
claire :
Cette observation confirme que les malgaches
ont en priorité adapté leurs constructions aux
conditions d’environnement abandonnant les
règles coutumières d’orientation des habitations
par rapport aux points cardinaux.
24
Plaque commémorative en mémoire des esclaves oubliés de Tromelin
Le type de construction des bâtiments, aussi
bien que leur regroupement autour d’un point
central, mais aussi les indices évidents d’évolu-
tion et donc d’adaptation de ces constructions,
constituent la preuve la plus évidente d’une or-
ganisation sociale du groupe, ces constructions
et leur modification n’ayant pu s’effectuer que
collectivement. L’important remaniement - véri-
table évolution - de l’ensemble de la zone habi-
tée que représente la construction, en son centre,
d’un mur de protection important qui a amené à
détruire l’un des bâtiments existant, montre aussi
une maîtrise par les naufragés de la gestion de
leur espace de vie.
Plusieurs outils ont été mis au jour : burins, Quelques objets indiquent par ailleurs que le pe-
gouges et grattoirs en fer. Il faut aussi ajouter à tit groupe de naufragés avait dépassé le cadre
ces objets, une pointe de harpon, des renforts stricte de la survie, pour s’ouvrir à des compor-
de pointe de lance en cuivre, un briquet et sept tements et des préoccupations proches d’une
fragments de silex. Un morceau de résine végé- vie « normale ». La découverte de bijoux ou
tale identifié comme de l’encens provenant de d’ornements : bracelet, bague, chaînette en est
Madagascar illustre sans doute le type d’objets l’illustration, tout comme les décors gravés sur
que les esclaves emportaient avec eux. le manche des pics (fourchette simplifiée et/ou
pointe démêloir).
25
Glorieuses
L’archipel des Glorieuses est posté en senti-
nelle à l’entrée nord du canal du Mozambique
(11°35’ sud et 47°18’ est), à 253 kilomètres du
nord-ouest de Mayotte et 222 kilomètres de No-
sy-Be (Madagascar). L’archipel des Glorieuses,
dont les terres émergées représentent environ
7 km², est principalement constitué d’un banc
sablo-corallien qui s’étend sur 16 kilomètres du
sud-ouest au nord-est et dont les affleurements
locaux constituent de petites îles. L’archipel ainsi
constitué se compose de la Grande Glorieuse au
sud-ouest (ou îlot Glorieuse), de l’îIot du Lys (ou Tortue verte
Petite Glorieuse) au nord-est, de l’île aux Crabes
(ou Rocher Sud) et des Roches Vertes.
La Grande Glorieuse est une île de sable rela-
La eaux sous juridiction française associées aux
tivement plate d’environ 2 km de diamètre et
Glorieuses s’étendent sur 43 614 km² et com-
bordée par un récif corallien de type frangeant,
prennent le banc corallien du Geyser, situé à
découvert lors des grandes marées basses. C’est
environ 122 km au sud-ouest de l’archipel des
la seule île sableuse de l’archipel : les autres sont
Glorieuses. Le Parc naturel marin (PNM) des
des formations coralliennes anciennes (à peu
Glorieuses couvre l’ensemble de ces eaux tel
près 150 000 ans).
que définies par le décret ministériel n° 2012-
245 du 22 février 2012.
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L’île aux Crabes par exemple, qui lui est presque
attenante, est une formation de calcaires co-
ralliens qui s’élève jusqu’à 3 m au-dessus des
plus hautes mers, tandis que les Roches Vertes
sont de minuscules terres basses qui émergent 2
mètres au-dessus des eaux et se situent entre les
deux principaux îlots (Grande Glorieuse et Ile
du Lys). Ces différentes formations sont entourées Ilôt du Lys
par des bancs sablonneux émergeant plus ou
moins à marée basse.
L’île du Lys (ou Petite Glorieuse), est également • une saison chaude de décembre à avril, qui
en totalité formée par des calcaires coralliens. correspond au régime de mousson du nord-
Située à 10 km au nord-est de la Grande Glo- ouest. Les précipitations sont importantes, de
rieuse, elle mesure 600 m dans sa plus grande 107,5 à 214,3 mm par mois, avec un maximum
longueur et monte jusqu’à 5 m au-dessus des en janvier. Les températures moyennes avoisinent
plus hautes mers. les 28°C et le taux d’humidité est compris entre
81 et 84 %. A cette saison, l’île est parfois affec-
L’archipel des Glorieuses est situé à la limite sud tée par le passage de tempêtes ou de cyclones
des basses pressions équatoriales. Deux saisons tropicaux. On en dénombre environ 7 par dé-
se distinguent : cennies, passant à moins de 200 km de l’île.
• une saison fraîche de mai à novembre, pen-
dant laquelle souffle un courant d’alizés de sec-
Ecologie
teur est à sud-est. Durant cette période, les tem-
pératures moyennes sont de l’ordre de 24,8°C
La flore vasculaire des Glorieuses se compose de
à 27,7°C. La période de sécheresse s’étale de
121 taxons dont 72 indigènes (59 %) et 49 exo-
septembre à novembre ;
tiques (41 %). L’île présente ainsi une biodiversi-
té végétale relativement élevée qui s’explique en
partie par son climat clément et très arrosé.
Cocoteraie de Grande Glorieuse
Aujourd’hui, la Grande Glorieuse n’héberge plus
de colonies d’oiseaux marins suite aux perturba-
tions engendrées par la présence humaine, mais
9 espèces d’oiseaux terrestres y nichent encore.
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Cimetière de Grande Glorieuse
28
Camp militaire de Grande Glorieuse
La prise de possession réelle des Glorieuses par La concession d’exploitation prit fin en 1958.
la France date du 23 août 1892. Le capitaine Ri-
chard, commandant du Primauguet, arbora ain- En 1955 eut lieu l’installation de la station mé-
si le pavillon national sur la Grande Glorieuse. téorologique, dans la partie nord de l’île princi-
Une plaque fut même érigée. A cette époque, les pale. Celle-ci fonctionnait par intermittence au
îles furent rattachées à la colonie française de cours de l’année, c’est à dire principalement
Mayotte (1897). Caltaux, nommé garde-pavil- d’octobre à mai pendant la saison cyclonique.
lon de l’archipel pour la France, occupa les lieux
de façon plus ou moins épisodique. Il exploita le Dès 1960, son fonctionnement devint perma-
coprah de la cocoteraie, ainsi que le guano de nent. En 1965, la station fut déplacée dans la
l’île du Lys jusqu’en 1907. partie sud de la Grande Glorieuse et baptisée
« Gérard Martin », du nom d’un météorologue
TAAF
A la suite de son départ, le droit sur ces îles revint disparu dans le canal du Mozambique. L’intérêt
à l’État et celles-ci furent accordées en conces- de cette station est incontestable. Du point de
sion à la Société française des îles malgaches vue météorologique, elle prévoit les cyclones in-
(SOFIM) appartenant à M. Lanier. L’adminis- téressant le nord de Madagascar, les Comores
tration de l’archipel ainsi que celle de Mayotte et Mayotte. Elle permet également la protection
avait entre-temps été confiées au gouvernement de la navigation maritime et de la navigation
général de Madagascar (1908). aérienne internationale sur les parcours Mada-
gascar-Djibouti-Madagascar et Kenya-Maurice-
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’exploi- Kenya.
tation de l’archipel fut abandonnée. En mai
1945, l’administration de Madagascar loua une Aujourd’hui, 1 gendarme et 14 militaires du
seconde fois l’archipel à la SOFIM, dont le man- Détachement de Légion Etrangère de Mayotte
dataire était le seychellois Jules Sauzier. (DLEM) assurent la souveraineté française sur
l’île.
En 1952, Gaston Sauzier succéda à son frère,
poursuivant ainsi l’exploitation du coprah sur l’île.
29
Juan de Nova
L’île Juan de Nova est située dans le Canal du
Mozambique à environ 150 km des côtes ouest
de Madagascar (Maintirano), 600 km au sud
de Mayotte et 280 km des côtes de l’Afrique
orientale. Ses coordonnées géographiques sont
17°03’ Sud et 42°43’ Est. C’est une île en crois-
sant qui mesure 6 km d’une pointe à l’autre,
pour une largeur de 1 600 mètres et une superfi-
cie de 5 km². Les eaux sous juridiction française
associées à Juan de Nova représentent une sur-
face de 61 050 km². Sternes huppées à Juan de Nova
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Plage nord de Juan de Nova
qui est plus rare dans la région, un site de re- La poursuite de cette opération est prévue cou-
production et de développement pour la tortue rant 2016.
imbriquée (en danger d’extinction).
Historique
D’un point de vue ornithologique, Juan de Nova
abrite 3 espèces d’oiseaux terrestres indigènes Juan de Nova est certainement l’une des îles
ainsi que quelques individus nicheurs de héron Éparses la plus marquée par l’occupation hu-
cendré, oiseau de rivage. maine. Sa découverte en 1501 est attribuée à
un noble galicien nommé Juan de Nova et ami-
Outre les espèces terrestres, Juan de Nova ral au service du roi Manuel Ier du Portugal.
compte également 2 espèces d’oiseaux marins Celui-ci l’aurait nommé Galega ou Agalega (la
nicheurs, la sterne fuligineuse et la sterne hup- Galicienne) en référence à sa nationalité. Il l’au-
pée. La colonie de sterne fuligineuse de l’île, aux rait découverte lors d’un voyage sur la route des
côtés de celle d’Europa, est probablement l’une Indes. Cependant, en raison de l’exiguïté de son
des plus importantes de l’océan Indien (avec territoire, cette île ne suscita pas tout de suite l’in-
450000 couples recensés en 2013). térêt des puissances coloniales et hébergea pro-
bablement des pirates durant plusieurs années.
Juan de Nova est marquée par la présence de 3
mammifères introduits : le chat, le rat noir et la Le nom de cette île a différé au cours de l’his-
souris domestique. Toutes ces espèces sont consi- toire. D’après R. Decary, elle est appelée Johan
dérées parmi les plus invasives au monde et sont de Nova sur la carte de Pilestrima en 1519, puis
responsables de la disparition de nombreuses Joa de Nova (Mercator en 1569), San-Christo-
espèces indigènes. phoro (Ortelius en 1570), Saint-Christophe (Lislet
Dans le cas de Juan de Nova, des études ont Geoffroy).
montré que le chat a des effets désastreux sur
les oiseaux nicheurs, notamment les sternes fu-
Chat haret
ligineuses dont il consomme les poussins et les
adultes reproducteurs. En conséquence, les TAAF
et le laboratoire ECOMAR (Université de La Ré-
union) ont entrepris des opérations de contrôle
de la population de chat entre 2006 et 2012.
Dans le cadre de son Plan d’Actions Biodiversité
(2015-2020), la collectivité des TAAF a mené la
première phase d’un programme d’éradication
de cette population en 2015 afin d’assurer la
préservation des sternes fuligineuses qui nichent
sur l’île et qui sont soumises à de fortes pressions
de prédation.
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Maison Patureau
32
Cimetière à Juan de Nova
33
Camp militaire à Europa
Ecologie
Aigrettes dimorphes
Rat marqué dans le cadre d’une étude scientifique
Néanmoins, il faut souligner la présence de 2 es- En outre, 3 espèces présentent une capacité
pèces de mammifères introduits par l’Homme sur d’invasion forte dont le choca et le sisal. Ini-
l’île : la chèvre et le rat noir. Les chèvres ont un im- tiée depuis plus de 3 ans en partenariat avec
pact potentiel sur les espèces végétales indigènes le CBNM et les FAZSOI, l’éradication du choca
non adaptées à l’herbivorie et indirectement sur la constitue une action prioritaire pour la conser-
faune associée. Le rat noir à quant à lui un impact vation du patrimoine naturel terrestre d’Europa.
considérable sur les espèces d’oiseaux marins ni-
chant au sol (le paille-en-queue notamment). Historique
La flore exotique (43 taxons) représente une part Il est très probable qu’Europa ait été découverte
non négligeable de la flore d’Europa. Bien que au 16ème siècle lors de l’essor de la route des
liée presque exclusivement à des habitats anthro- Indes. Il y a longtemps eu une confusion car-
piques, elle reste une préoccupation en termes tographique entre les îles Europa et Bassas da
d’invasions végétales potentielles. India (par exemple, sur les anciennes cartes de
Parmentier en 1530, de De Saintonge en 1545
Sansouire et euphorbaie
35
et de Herbert en 1626). Cet amalgame dure
jusqu’au 24 décembre 1774, date à laquelle les
membres de l’équipage du navire britannique
Europa la reconnaissent et lui donnent le nom de
leur vaisseau. Le français Brué tente de la faire
appeler île d’Europe en 1828, mais il échoue.
36
Paille-en-queue à brin blanc
TAAF
Europa, comme Juan de Nova et Bassas da
India, est déclarée dépendance française par été implantées les précédentes. La dernière a été
l’acte publié le 31 octobre 1897 (en exécution inaugurée le 18 avril 1973 et se trouve dans le
de la loi du 6 août 1896). L’île a été successi- nord de l’île.
vement rattachée à la province de Tananarive
(1921), à la province de Maintirano (1930), En 1981, une nouvelle station est construite,
puis au district de Nosy Be (1932), et enfin au sous la direction de l’ingénieur des travaux mé-
district de Tuléar en 1949. téorologiques Marc Gérard. Celle-ci porte le
nom de « Station des Rosiers », en hommage
Dès 1903, une petite concession est accordée aux premiers occupants de l’île.
à des particuliers qui vivaient sûrement de la
pêche et du ramassage des œufs d’oiseaux et Europa fut rattachée au ministère des DOM-
de tortues. C’est le cas d’un européen et de TOM, en 1960. Tout comme Juan de Nova et
quelques malgaches qui y vivent quelques temps les Glorieuses, Europa accueille un détachement
avant d’être évacués faute d’eau douce. militaire chargé d’assurer la souveraineté de
la France. Ce détachement est composé d’un
Les histoires des différents colons successifs sont groupe de 14 hommes du 2ème RPIMa (Régiment
floues. Il semblerait qu’une petite population parachutiste d’infanterie de marine) et d’un gen-
de pêcheurs et de chasseurs ait été présente en darme relevés tous les 45 jours.
1910. Celle-ci est probablement à l’origine des
anciennes constructions de l’île (cases, citernes,
séchoirs, fours). Il existe également un petit ci-
metière où sont enterrées deux femmes, décé-
dées en mars et mai 1910.
Mangrove
Frégates
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Vue aérienne de Bassas da India
Bassas da India
L’atoll de Bassas da India émerge dans la partie
sud du canal du Mozambique par 21°27’ de
latitude sud et 39°45’ de longitude est. Il est si-
tué à quelques 450 km du cap Saint-Sébastien
(Mozambique), à 380 km environ à l’ouest de
Morombe (Madagascar) et à moins de 130 km
au nord-ouest d’Europa.
REDACTION
TAAF
(Direction de la conservation du patrimoine naturel - Service Îles Éparses et autres directions) :
Cédric MARTEAU : Directeur de la conservation du patrimoine naturel des TAAF.
Sophie MARINESQUE : Directrice adjointe de la conservation du patrimoine naturel pour les Îles Eparses
Clément QUETEL : Chargé de mission Parc naturel marin des Glorieuses
David RINGLER : Chargé des projets de conservation terrestres des Îles Éparses
Nelly GRAVIER : Chargé de communication des TAAF
Vincent KERZERHO : Chargé des questions maritimes
Géraldine GODINEAU : Chef du service des affaires juridiques et internationales
PARTENAIRES :
GRAN : Max Guérout
INRAP : Thomas Romon
Merci à Marion FRANCOIS, Hélène LARMET et Elisabeth HOFER pour leur relecture.
MISE EN PAGE
Nelly GRAVIER : Chargée de communication des TAAF
CITATION DU DOCUMENT
Terres australes et antarctiques françaises, 2016. Livret de découverte des Îles Éparses.
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97 410 Saint-Pierre
Ile de La Réunion
Tél : 02 62 96 78 78
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