Management: Le Manuel Complet Du Management
Management: Le Manuel Complet Du Management
Management: Le Manuel Complet Du Management
MANAGEMENT
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Le manuel complet
du management
Management
Paul Muller
Université de Lorraine
ISBN : 978-2-311-40666-5
La loi du 11 mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les ana-
lyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou
partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée
par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Le « photocopillage », c’est l’usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des auteurs et des éditeurs. Large-
ment répandu dans les établissements d’enseignement, le « photocopillage » menace l’avenir du livre, car il met en danger
son équilibre économique. Il prive les auteurs d’une juste rémunération. En dehors de l’usage privé du copiste, toute repro-
duction totale ou partielle de cet ouvrage est interdite.
Des photocopies payantes peuvent être réalisées avec l’accord de l’éditeur.
S’adresser au Centre français d’exploitation du droit de copie :
20, rue des Grands-Augustins, F-75006 Paris. Tél. : 01 44 07 47 70
© Magnard-Vuibert – juin 2019 – 5, allée de la 2e-DB, 75015 Paris – Site Internet : www.vuibert.fr
Avant-propos 1
Conclusion 163
Résumé 163
Résumé 325
Index493
Avant-propos
L e management est-il la science du XXIe siècle ? Nombreux sont ceux qui répondront par
la négative. L’avenir est à la chimie, qui permet de produire des nouveaux matériaux tou-
jours plus malléables et résistants à la fois ; à l’informatique, aux écrans, au digital, qui nous
accompagnent désormais dans chacune de nos activités ; à la médecine et aux sciences
du vivant, qui améliorent nos conditions de vie. Pourtant, les inventions qui font progres-
ser notre société sont rarement le fruit du travail isolé d’un(e) chimiste, d’un(e) informati-
cien(ne) ou d’un(e) biologiste. Elles sont le résultat d’un travail d’équipe, des contributions
d’un ensemble de personnes aux compétences parfois très différentes qui se regroupent,
se motivent autour d’une mission ou d’un but précis et s’organisent pour l’atteindre. Or, le
management trouve sa place dès que se profilent une activité collective, des ressources à
acquérir et à distribuer, des actions à coordonner, des femmes et des hommes à motiver.
La pratique du management est inhérente aux activités humaines réalisées et finalisées
collectivement. C’est grâce à cette discipline que des projets d’envergure sont menés dans
de bonnes conditions. Le management a ainsi pris une place prépondérante dans les ac-
tivités humaines contemporaines, que ce soit au sein des entreprises, dans les institutions
publiques ou encore dans les associations et organisations non gouvernementales.
Au moment où nous rédigeons ce manuel, Peugeot renoue avec les profits après une pé-
riode noire qui a failli entraîner sa disparition ; les start-up françaises fleurissent à un rythme
inégalé ; le chômage en France est au plus bas depuis 10 ans et les offres d’emploi pour
les cadres managers se multiplient. Ces indicateurs sont enthousiasmants pour la nouvelle
génération d’étudiants en management et pour les futurs managers. Nous voyons bien que
le destin de toute entreprise, et plus généralement de toute organisation, n’est pas écrit et
que l’activité des managers est en mesure de le faire changer. Qu’il s’agisse de petites ou
de jeunes structures, tout comme d’entreprises établies ou avec une activité internationale,
elles nécessitent toutes d’être pilotées par des managers compétents.
Le manuel : connaissances
et compétences
Le management est un sujet vaste et les travaux de chercheurs, s’ancrant dans la réalité
des organisations, ne cessent de renouveler les théories et les pratiques. En conséquence,
nous avons dû faire des choix pour circonscrire le contenu de ce manuel. Deux volontés ont
présidé à ces choix. Premièrement, nous avions le souhait de mettre en avant les textes fon-
dateurs et les auteurs historiques. Certaines références peuvent paraître anciennes, mais
nous n’envisageons pas de sacrifier des concepts et des théories centrales (parfois vision-
naires) sous prétexte de modernisme. Deuxièmement, nous voulions mettre en avant des
travaux plus récents, issus des meilleurs journaux en management, qui permettront aux
enseignants d’illustrer leurs cours par des notions et des cas renouvelés, et d’ainsi montrer
le grand dynamisme de leur discipline.
Pédagogie
Ce manuel a été testé dans le cadre de nos propres cours, devant des publics de diffé-
rents niveaux, et dans des contextes différents : en IUT, en faculté de sciences économiques
et de gestion, en licence d’administration économique et sociale, en bachelor, en licence de
management en IAE, en école d’ingénieur et au niveau master devant un public débutant
en management.
Il permet des utilisations pédagogiques variées. Pour chaque chapitre, il est possible de
dispenser soit :
• Une séance de cours intégrée de 3,5 à 4 heures. L’enseignant fait une présentation du
contenu théorique et traite avec les étudiants des mini-cas et questions de fin de cha-
pitre.
• Une séance de cours magistral de 2 heures et une séance de travaux dirigés d’1,5 heure,
pour laquelle les étudiants préparent les réponses à l’avance, permettant à l’enseignant
de se concentrer sur les questions de discussion afin de rappeler les parties essentielles
du cours.
• Une séance de 3 heures de préparation en groupe et 1 heure de restitution, dans le
cadre d’une classe inversée basée essentiellement sur le cas de fin chapitre « Que fe-
riez-vous ? ». Nous conseillons cette méthode pour un public mature, de niveau master,
et en effectif réduit.
Chaque chapitre est structuré de la même manière, avec :
• Un rappel des principaux objectifs du chapitre.
• Une introduction avec une feuille de route du chapitre. En général, les premières sec-
tions sont plus théoriques et présentent les concepts. Plus le lecteur avance dans les
sections, plus celles-ci adoptent une approche opérationnelle et mettent en avant des
compétences pratiques et des postures managériales.
• Des « Focus », qui permettent de rappeler des faits ou de donner des résultats de re-
cherche académique récents.
• Des « Mini-cas » avec questions, qui correspondent à la notion directement présentée
dans la section précédente.
• Une conclusion, suivie d’un résumé (respectant la structure des objectifs formulés en
début de chapitre).
• Une rubrique « Pour aller plus loin », qui reprend l’ensemble des références académiques
et Internet employées dans le chapitre. Ces références permettent à l’enseignant de se
plonger, avec les étudiants qui le souhaitent, dans les articles académiques.
• Une partie « Testez vos connaissances », avec 10 vrai/faux et 10 questions à choix mul-
tiples, qui permettent de valider simplement l’acquisition des connaissances. Les 10
questions de discussion sont construites pour suggérer les limites des connaissances
présentées et mettre les concepts en perspective.
• Une rubrique « Votre carrière de manager », composée de questions de réflexion, qui
donne l’opportunité à l’étudiant d’établir le lien entre ses premières expériences en en-
treprise et les théories exposées. Elle porte également sur les défis associés à sa future
carrière de manager ou à sa vie d’étudiant engagé.
• Une rubrique « Que feriez-vous ? », qui développe un cas, souvent plus long, qui appelle
une réflexion plus poussée, collective et mobilisant plusieurs concepts abordés dans le
chapitre.
Nous avons testé le contenu de cet ouvrage dans des écoles de management accréditées
(AACSB, EQUIS, EPAS), ainsi que dans des grandes écoles d’ingénieur. Le contenu, les sylla-
bus qu’il permet de rédiger et les tests et outils pédagogiques associés assurent un appren-
tissage des connaissances et une amélioration des compétences de l’étudiant, aussi bien
dans le cadre d’un apprentissage en autonomie que dans celui d’un apprentissage collectif.
Oui Non
Êtes-vous capable de
répondre aux
questions vrai/faux
et aux QCM ?
1 Apprentissage
2 Classe inversée
Remerciements
Nous remercions les éditions Vuibert qui ont accueilli ce projet avec enthousiasme. En
particulier, nous tenons à remercier Christophe Lenne, promoteur et conseiller éclairé de
ce manuel.
Nous remercions Isabelle Chave et Héléna Falcone pour leurs lectures attentives. Un im-
mense remerciement à Nicole Scrivante qui a beaucoup contribué à l’ensemble de ce ma-
nuel et pour la réalisation de très nombreux graphiques.
Nous remercions nos étudiants pour leurs remarques souvent très stimulantes et construc-
tives quant aux premières versions des chapitres. Ils nous ont permis de faire évoluer le
manuel.
Nous remercions aussi nos institutions d’enseignement pour leur confiance et leur soutien :
le réseau des IAE et en particulier l’IAE de Lyon, la faculté des sciences économiques et de
gestion de l’université de Strasbourg, l’EM Strasbourg, l’IUT Louis Pasteur, l’IUT de Hague-
nau, la faculté de droit, d’économie et d’administration de l’université de Lorraine et Agro-
Sup Dijon.
Nous remercions enfin nos collègues et nos laboratoires de recherche respectifs pour les
échanges stimulants dont ce manuel a grandement bénéficié : le BETA (Bureau d’économie
théorique et appliquée) et le centre Magellan.
Plus largement, la rédaction de ce manuel a bénéficié des nombreuses interactions au sein
de différents réseaux de recherches : AIMS (Association internationale de management
stratégique), Atlas-AFMI (Association francophone de management international), AGeCSO
(Association pour la gestion des connaissances dans la société et les organisations), EGOS
(European Group for Organizational Studies) et, en particulier, au sein du RRI (Réseau de re-
cherche sur l’innovation). À tous, un très grand merci !
Nous souhaitons vivement que la pensée managériale continue de passionner les commu-
nautés académiques, tout en inspirant et en s’inspirant des pratiques réelles des managers
d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Thierry Burger-Helmchen
Caroline Hussler
Paul Muller
Le manager :
des connaissances
et des compétences
Objectifs du chapitre :
• Définir le concept de management, en théorie et en pratique.
• Détailler les fonctions et les rôles du manager.
• Décrire les connaissances et compétences du manager.
• Déterminer les actions managériales en fonction des différents types d’organisation.
• Évaluer l’impact du monde contemporain sur les connaissances et compétences
managériales.
C itez aussi vite que vous le pouvez cinq noms de managers ! Probablement les noms qui
vous viendront à l’esprit sont-ils ceux de dirigeants d’entreprises de la haute technolo-
gie qui font régulièrement la une de la presse spécialisée et généraliste et même parfois de
quelques tabloïds. Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Bill Gates sont en général les noms les plus
cités. Tous sont liés à des entreprises nord-américaines. Quelques noms d’entrepreneurs
européens ou asiatiques viennent ensuite. Au fur et à mesure que vous vous familiariserez
avec l’actualité économique, vous connaîtrez des noms d’entreprises, des secteurs d’activi-
té qui ont des spécificités et vous entendrez parler de tel ou tel manager.
Ce n’est pas un hasard si vos réponses portent sur de grandes entreprises mondialement
connues. C’est d’elles que vous entendez le plus parler et nous les citerons souvent. Comme
tout le monde les connaît (ou pense les connaître), ces entreprises et ces managers sont
des exemples illustratifs tout trouvés. Vos réponses comportent certainement davantage
de noms liés à la haute technologie que de noms liés à l’agriculture ou au petit électromé-
nager. À nouveau cette réponse n’est pas surprenante, les entreprises et les managers d’un
secteur en apparence dynamique sont plus souvent sous le feu de la rampe. Mais ne vous
y trompez pas, de nombreux managers œuvrent de manière plus discrète car c’est dans
la culture de leur secteur d’activité. Certaines industries produisent moins d’innovations
de rupture mais relèvent pourtant de nombreux défis managériaux et méritent largement
que l’on s’y intéresse. Enfin et surtout, nous sommes certains que toutes les réponses que
vous avez avancées, tous les noms que vous avez mentionnés sont des noms de dirigeants
d’entreprises. La réponse à la question ne consiste pas à donner des noms de dirigeants
ou de fondateurs, mais de managers. Au sein d’entreprises, d’associations, d’institutions
publiques, le management n’est pas réservé aux dirigeants ou à un petit groupe au sommet
de la hiérarchie. Le management est l’affaire de tous. C’est la ligne directrice de ce qui se
produira dans notre vie professionnelle. Quel que soit votre métier, vous aurez à manager,
à gérer et à participer.
En entreprise, vous serez reconnu pour vos talents et compétences. Un bon boulanger est
d’abord reconnu parce qu’il fait du bon pain, un bon programmeur car il maîtrise son code,
un fiscaliste car il sait naviguer entre les différents textes de loi. Toutefois, à ces compétences
fonctionnelles s’ajoutent des connaissances et des compétences managériales nécessaires
à la compréhension du comportement de vos collègues. Elles vous permettent d’apprécier
le bien-fondé des décisions stratégiques, d’avoir une idée de ce qu’est une bonne perfor-
mance ou, tout simplement, de comprendre les règles explicites mais aussi implicites de
votre environnement professionnel.
Il n’existe pas de modèle de management ultime mais beaucoup de styles différents. Cer-
tains sont plus appropriés que d’autres en fonction de l’activité de l’organisation, de son
environnement et de ses caractéristiques historiques. C’est cette diversité, ce dynamisme
qui fait du management un sujet passionnant et aussi important.
Focus
1. L’origine du management
Le management a une longue histoire, et sa pratique est bien plus ancienne que sa for-
malisation académique et son enseignement en école ou à l’université. Vous pensez bien
que pour construire des pyramides, les Égyptiens avaient quelques menues compétences
en management ! Les entreprises ont besoin du management pour organiser et utiliser les
ressources, il en va de même pour les nations. Les empires et les nations se sont construits
grâce au management des ressources afin de protéger les civilisations et de les faire évo-
luer.
Les révolutions industrielles, les grands défis économiques et la diffusion de technologies
de rupture ont profondément modifié l’organisation des sociétés. Le management a aussi
évolué. De l’économie vivrière aux multinationales, les pratiques de management se sont
développées, enrichies et sans doute professionnalisées.
Frederick Taylor a introduit le management scientifique à la fin du xixe siècle. Nous revien-
drons sur ses travaux au fil de cet ouvrage. Retenez simplement, de manière caricaturale,
qu’il partait du principe que les ouvriers n’étaient motivés que par leur salaire. Sur la base
de ce principe, il a mis au point un système qui permettait de mesurer, avec un niveau
de détail élevé, la quantité de travail (l’effort) que chacun était en mesure de fournir en
une journée. Cette approche était inscrite dans les valeurs et la culture de cette époque.
Les règles étaient dures, la discipline était une valeur fondamentale et les sociétés étaient
structurées en classes. Il n’est pas étonnant que, lorsque les sociétés évoluent, les pratiques
managériales s’adaptent et, parfois même, les devancent afin de répondre aux nouveaux
défis, à des attentes et ambitions sans cesse renouvelées.
Ainsi, lorsque, après l’agitation des deux guerres mondiales, les ouvriers œuvraient en Eu-
rope pour mettre en place une nouvelle structure sociale, les pratiques managériales ins-
pirées par ce mouvement ont été prises en compte. L’école dite des « relations humaines »
était née. Nous exposerons également dans le chapitre 2 les travaux des principaux auteurs
de ce courant de pensée.
L’évolution du management a eu lieu à chaque époque et ne s’est jamais arrêtée. La philo-
sophie derrière ces changements a également évolué, passant du stade de « pousser les
individus à faire » à « aider les individus à faire », puis à « bien faire » et à « mieux faire ». De
nouvelles pratiques émergent continuellement et Internet, par le biais de la digitalisation
des organisations et des transactions, n’est pas sans faire changer les pratiques. Les connais-
sances et les compétences nécessaires pour manager s’enrichissent et se diversifient. L’en-
semble de ces connaissances et compétences seront abordées tout au long de ce manuel.
Ce premier chapitre offre une description du management. Il existe un grand nombre de dé-
finitions mais nous nous concentrerons sur celles avancées par les théoriciens et praticiens
qui font autorité dans le domaine ou qui ont davantage marqué une époque. Puis, un survol
des rôles et des fonctions des managers nous permettra de décrire leurs multiples activités
et responsabilités. Comme le management ne se limite pas aux entreprises, nous évoquerons
le management dans les associations et nous dresserons la liste des défis qui guettent les
managers en devenir. La figure 1.1 résume cette diversité en grands blocs qui seront étudiés
dans ce chapitre.
L’efficacité en management
L’efficacité confronte l’utilisation des ressources et la conformité des résultats obtenus
par rapport aux objectifs fixés. Un management efficace est un management qui permet à
l’organisation d’atteindre ses objectifs en utilisant correctement les ressources. L’efficacité
se mesure par degré ou palier, d’inefficace à efficace. Plus les résultats sont proches de ce
qui est attendu, plus le management est efficace.
L’efficience en management.
L’efficience est le rapport entre la quantité des ressources consommées lors de la pro-
duction et le résultat obtenu. Pour un même résultat, le management qui a consommé le
moins de ressources est le plus efficient. Plus il y a de ressources gaspillées durant le proces-
sus de production, plus le management est inefficient. Tout comme l’efficacité, l’efficience
est une mesure continue plutôt que binaire.
La figure 1.2 décrit la relation entre efficacité et efficience. Un manager peut être relative-
ment inefficace mais efficient. En conséquence, l’organisation progresse peu et les objectifs
restent hors d’atteinte, mais peu de ressources sont consommées. Un management peut
aussi être peu efficient, c’est-à-dire qu’il consomme de nombreuses ressources mais d’une
grande efficacité : les objectifs sont atteints. Dans les quatre situations décrites sur la fi-
gure 1.2, une seule est vraiment positive pour l’entreprise, une doit être évitée à tout prix.
Dans le cas où les buts ne sont pas atteints mais que peu ou pas de ressources sont consom-
mées, la situation n’est pas désirable, mais l’entreprise conserve des ressources qu’elle peut
réinvestir dans le futur. Tout n’est donc pas perdu.
Inefficace Efficace
Atteinte des objectifs
Des approches dites « frugales » jouent sur la recherche d’efficience. Sur la base de res-
sources financières limitées, l’organisation doit réussir à atteindre un objectif (être efficace).
Dans une étude menée par Vijay Govindarajan et Ravi Ramamurti (2018) sur les coûts de la
chirurgie de la cataracte en Inde et aux États-Unis, il apparaît que pour un niveau d’efficacité
comparable (opération réussie, pas de complication, vue rétablie) l’hôpital Aravind en Inde
est bien plus efficient : l’opération en Inde représente environ 0,3 % du coût aux États-Unis !
Une étude similaire sur la chirurgie cardiaque montre que, toujours pour un niveau d’effi-
cacité comparable, le coût en Inde représente 3 % de celui aux États-Unis. Si la première ré-
action est de penser que ces différences proviennent essentiellement de la masse salariale,
une étude poussée montre que les salaires n’expliquent que 14 % de ce différentiel. L’essen-
tiel vient d’une productivité supérieure en Inde où la spécialisation de chaque praticien est
beaucoup plus poussée qu’aux États-Unis ou qu’en Europe. Un spécialiste de la cataracte ne
réalise que des opérations de la cataracte, et ce de nombreuses fois par jour.
Focus
Environnement externe
Organisation
Ressources Produits
organisationnelles finis
3.2 Organiser
Organiser, c’est s’assurer que l’entreprise dispose des ressources nécessaires (humaines,
financières, matérielles, matières premières) et que leur volume est proportionnel aux be-
soins. Organiser, c’est aussi la mission du manager qui doit créer et entretenir des relations
de travail satisfaisantes entre les employés, les encourager à collaborer et les aider à at-
teindre leurs objectifs. Pour organiser les activités, le manager regroupe les collaborateurs
selon un schéma particulier adapté aux activités à réaliser. Il peut s’agir d’unités fonction-
nelles, de départements ou de groupes projet. Cette activité implique le développement
d’une ligne hiérarchique, l’institutionnalisation d’une autorité et la répartition des respon-
sabilités. La structure organisationnelle est le résultat de l’activité de l’organisation. Elle
comprend également les moyens de motivation pour assurer la coordination des activités
et la réalisation des objectifs.
3.4 Coordonner
La coordination assure que les activités sont exécutées au bon moment et au bon en-
droit sans affecter négativement d’autres fonctions de l’organisation. La coordination né-
cessite des flux d’information précis entre les managers et les autres membres de l’entre-
prise mais également entre tous les niveaux hiérarchiques. Cette coordination fait aussi
appel à la compétence des managers à concevoir le planning de tous les collaborateurs afin
de mettre en œuvre l’ensemble des capacités de production et d’innovation de l’entreprise.
3.5 Contrôler
Le contrôle est une mesure de l’activité de l’entreprise et, en particulier, une mesure de
performance basée sur les écarts par rapport aux objectifs que l’organisation s’est fixés. Le
contrôle s’accompagne de mesures afin de corriger les écarts et de reprendre une trajec-
toire conforme aux attentes.
Le contrôle concerne tous les niveaux de l’entreprise, de l’individu à l’équipe, et du départe-
ment jusqu’à l’organisation dans son intégralité. Les formes de contrôle varient fortement
en fonction de l’activité mesurée. Il n’est pas possible d’utiliser les mêmes indicateurs, outils
et pratiques dans une entreprise industrielle qui réalise une production en grande série
avec des équipes qui travaillent en roulement 7 jours sur 7 et un cabinet d’architecture
spécialisé dans la réalisation d’ouvrages d’art uniques.
Organiser
Planification et coordonner Diriger Contrôler
Cadres
dirigeants
Cadres
intermédiaires
Cadres
opérationnels
La figure 1.5 donne une représentation du temps que consacrent les différents cadres aux
opérations indiquées. Il s’agit de grandes masses obtenues par diverses études. Elle repré-
sente une moyenne et non pas le cas d’un manager en particulier. Le cas du manager diri-
geant est à souligner : contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre, diriger n’est fina-
lement pas son activité principale. En comparaison, un manager opérationnel dirige des
équipes au quotidien et en continu, et cela représente une plus grande part de son activité.
Il s’agit bien ici d’une représentation en termes de temps relatifs, et non de l’importance
que cette activité peut prendre pour toute l’organisation.
Focus
Un rôle de parangon
Le manager doit être identifié et accessible, son comportement se doit d’être exem-
plaire, il est la figure de proue de l’entreprise. Son rôle est parfois très commercial, afin de
promouvoir la marque de l’entreprise, ses produits et son savoir-faire. Prenez l’exemple
de Richard Branson, le manager emblématique du groupe Virgin. Il incarne littéralement
Un rôle de leader
Le rôle de leader est en réalité une somme de rôles. C’est à la fois un fournisseur de mo-
tivation, d’inspiration et d’encouragement pour les autres. Le leader doit se doter de qua-
lités que les autres membres de l’organisation admirent, valorisent et recherchent car elles
sont source d’émulation. La force de caractère du manager et sa personnalité permettent
de défendre la vision et les missions de l’entreprise et facilitent également l’obtention de
certaines ressources. Comme indiqué précédemment, il existe de nombreux liens entre le
management et le leadership. Le premier s’apprend, le second est plus difficile à acquérir
car il dépend de qualités innées ou qui se développent avec les expériences de vie (le cha-
risme et la personnalité). Le dirigeant historique d’une entreprise familiale, un entrepreneur
qui vient de créer son entreprise, le dirigeant d’une multinationale, tous sont en mesure
d’avoir du leadership. L’absence de leadership est toujours un handicap pour l’entreprise,
en particulier lors de périodes économiques difficiles où l’environnement concurrentiel est
chaotique. Le leadership est également une « colle » qui maintient l’unité de l’organisation.
Focus
Ce que la vie dans une station spatiale a appris sur le management à Thomas Pesquet
Thomas Pesquet est un spationaute français. D’abord pilote de ligne pour Air France sur
l’A320, puis instructeur, il est le dixième Français à voyager dans l’espace. Il a occupé la
station spatiale internationale de novembre 2016 à juin 2017. Il cumule 196 jours dans
l’espace. Ingénieur en aéronautique, il parle français, anglais, allemand, russe, espagnol et
chinois. Durant son séjour dans la station spatiale, il a participé à de nombreuses expé-
riences scientifiques et il est devenu ambassadeur de nombreuses causes.
Dans cet environnement, il n’est pas possible de gaspiller de l’énergie pour des actions qui
ne sont pas vitales. Il faut un niveau de concentration constant, et le matériel mis à dis-
position est en quantité limitée. Il est impossible de mener à bien une mission de ce type
sans être parfaitement coordonné avec les autres membres de l’équipe. C’est pourquoi les
entraînements sont intensifs (Thomas Pesquet a passé six années à s’entraîner pour cette
mission). Chaque membre doit connaître de manière approfondie les fonctions et activités
vitales sur la station, comme la gestion des systèmes liés à l’eau, à l’air et aux gaz. À ceci
s’ajoute une préparation physique dans des environnements contraints (par exemple dans
des grottes).
Ces formations et ces entraînements ont permis à Thomas Pesquet d’acquérir des connais-
sances et des compétences spécifiques. Il s’est entraîné sur des simulateurs, car il n’est pas
possible d’acquérir autrement l’expérience de terrain indispensable avant d’aller sur la sta-
tion spatiale. Avant tout, cette expérience montre le niveau de planification et de coordina-
tion nécessaire pour mener à bien cette opération. Ensuite, une fois en place dans la station
et ses mètres carrés limités, des talents de management interpersonnels sont nécessaires.
Source : échanges lors d’une conférence interactive avec Thomas Pesquet à l’Université de Stras-
bourg, le 20 mars 2017.
l’entretien en face à face, tous ces canaux ont des avantages et des inconvénients dont le
manager doit être conscient.
Un rôle entrepreneurial
Le manager doit décider du nouveau projet dans lequel l’entreprise investira. La dimen-
sion entrepreneuriale joue un rôle important pour que les entreprises renouvellent leurs
activités, leurs portefeuilles de produits et gagnent de nouveaux marchés. Schumpeter a
marqué l’histoire en donnant à l’entrepreneur un rôle unique dont découle la dynamique
des marchés. Est entrepreneur celui qui réalise de nouvelles combinaisons et qui transforme
l’outil de production par ses actions. L’entrepreneuriat est cultivé au sein des organisations
afin de faire émerger de nouveaux produits et services, on parle alors d’intrapreneuriat. Un
manager se comporte comme un entrepreneur s’il utilise les ressources existantes (ou s’il en
trouve de nouvelles) pour transformer les capacités de l’entreprise et exploiter de nouvelles
opportunités.
Un entrepreneur se distingue par la force de sa vision et de sa position par rapport à la prise
de risque. En effet, pour motiver les autres à le suivre dans son nouveau projet, il doit pou-
voir communiquer sa vision de l’opportunité d’affaires. Le manager doit évaluer les risques
si cette opportunité est poursuivie : non seulement les risques financiers immédiats, mais
aussi, à plus long terme, les risques sur les ressources humaines (combien de licenciements
en cas d’échec ?), sur l’image et les collaborateurs de l’entreprise et le risque stratégique que
le projet fait porter à l’entreprise. Les risques sont nombreux, mais ne rien faire c’est aussi
faire prendre un risque à l’organisation, celui de lentement se faire distancer par la concur-
rence jusqu’au moment où il est trop tard pour réagir.
Un rôle de régulation
Les entreprises mènent leurs activités dans des contextes parfois difficiles où l’avenir
(les actions des concurrents et les demandes des clients) est difficile à prévoir. Le rôle des
managers dans ce cas est de réguler. Ce rôle est assez proche du comportement que doit
adopter un manager lors d’une crise. Toutefois, il se distingue par le fait que la crise n’est pas
nécessairement apparue. Le manager agit de manière proactive lorsqu’il sent des craintes
fondées ou non chez ses collaborateurs. Il peut rappeler les fondamentaux de l’entreprise,
la stratégie employée, montrer que les points d’incertitude sont connus même si toutes les
conséquences ne sont pas encore certaines.
Un rôle de négociateur
Les nombreux rôles que nous avons décrits nécessitent que le manager sache négocier.
Il est amené à négocier avec des fournisseurs, des clients, des représentants syndicaux, etc.
Dans certains cas, il doit se montrer très ferme dans ses positions pour remporter la né-
gociation. Dans d’autres situations, il devra assouplir sa position pour converger vers un
accord mutuellement bénéfique. Un des secrets d’un bon négociateur est de savoir écou-
ter, comprendre avec précision ce que la partie adverse souhaite et estimer l’impact pour
l’organisation à court et à long terme. Le résultat d’une négociation ne doit pas empêcher
l’organisation d’atteindre ses objectifs aujourd’hui ni demain.
Mini-cas
Questions :
• Si vous étiez manager chez Amazon, comment motiveriez-vous les informaticiens ?
• En quoi le travail d’un cadre intermédiaire chez Amazon est-il différent du travail de PDG
dans la même entreprise ?
• Comment être un manager brillant chez Amazon et booster sa carrière ?
contextes d’incertitude, d’où un recours plus poussé aux compétences d’analyse concep-
tuelle. La lecture rapide de la partie droite de ce graphique peut faire penser que les cadres
dirigeants sont dépourvus de compétences techniques. Il n’en est évidemment rien. Au
fur et à mesure de l’évolution de la carrière d’un manager, celui-ci cumule des nouvelles
compétences. La figure ne reprend que celles qui sont le plus utilisées dans l’activité quo-
tidienne.
Compétences
conceptuelles
Ont besoin
Cadres
dirigeants
Compétences
humaines
Cadres intermédiaires Ont besoin et interculturelles
Focus
L'organisation
Une carrière professionnelle est une succession de phases plus ou moins longues. Les ac-
tions du manager, ses efforts, parfois un peu de chance, permettent d’accélérer certaines
séquences. On retient en général les phases d’exploration, d’exploitation, d’enracinement
voire de déclin. La figure 1.8 décrit ces différentes phases en précisant des tranches d’âges.
Ces dernières sont cependant purement indicatives. Selon le début de l’activité managé-
riale, le pays, le niveau de formation, le désir d’entreprendre, le succès rencontré (ou la dure-
té des échecs inévitables), les chiffres sont susceptibles de varier de manière conséquente.
Élevée
15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
Croissance ?
Performance Stabilité
Progression
managériale
Déclin Déclin
Initiation
Faible
Focus
Le management de sa propre carrière est une question que même les étudiants doivent
se poser. Une carrière est forcément remplie d’aléas et, même bien planifiée, tout ne se
déroule pas comme prévu et toutes les décisions de choix de carrière ne sont pas simples
à prendre. Par exemple, il est reconnu qu’avoir une expérience à l’international durant ses
études est une chose positive pour la carrière. Qu’il s’agisse d’une année d’échange aca-
démique à l’étranger, d’un stage ou de VIE (volontariat international à l’étranger), le futur
employeur y est en général sensible. Prendre un emploi de manager à l’étranger dans ses
premières années de vie active est également positif pour avancer plus rapidement dans sa
carrière. Mais, comme dans de nombreux domaines, point trop n’en faut. En effet, un grand
nombre de travaux a montré qu’un excès de stages ou d’expériences à l’étranger durant ses
études peut être interprété par les recruteurs comme de l’instabilité, « de la bougeotte »,
tout comme exercer un emploi de manager trop longtemps à l’étranger vous éloigne des
centres de décisions et réduisent vos chances d’être promu.
Il est toutefois reconnu, en particulier en début de carrière, que plus le jeune manager a
de compétences, plus il pourra progresser rapidement (compétences linguistiques, double
diplôme, expérience multisectorielle).
Focus
6. Les connaissances et
compétences nécessaires dans un
monde professionnel moderne
Pour être performants dans un environnement concurrentiel, les managers ont l’obli-
gation d’acquérir de nombreuses connaissances et compétences. Parmi les besoins les
plus impérieux, les savoirs et savoir-faire les plus critiques, se trouvent les compétences
analytiques, les compétences humaines, les compétences techniques et les compétences
culturelles.
Focus
Source : Clinton O. Longenecker, Mitchell J. Neubert et Laurence S. Fink, « Causes and Consequences
of Managerial Failure in Rapidly Changing Organizations », Business Horizons, 50 (2007).
L’importance donnée aux connaissances techniques varie d’un pays à l’autre. Elles sont pri-
mordiales en Allemagne mais juste importantes en France où un bon manager doit d’abord
détenir d’autres compétences relationnelles. Par exemple, James Dyson met en avant dans
sa biographie l’importance des connaissances techniques dans sa carrière, en plus de
l’envie d’entreprendre. Il souligne que, grâce à son expertise technique, à ses inventions,
il a pu attirer d’autres inventeurs motivés. À l’inverse, il est notoire que les compétences
en informatique de Bill Gates ou de Steve Jobs étaient pour le moins limitées mais qu’ils
possédaient beaucoup de compétences pour s’entourer de personnes qui détenaient ces
connaissances techniques (informatiques, etc.).
Focus
est restée dans l’entreprise et ce, malgré la forte croissance qu’elle a connue, la notoriété
internationale de la marque et les collaborations avec de grands groupes alimentaires qui
ont une culture bien différente. L’entreprise a été vendue en 2000 au groupe Unilever. Le
groupe a payé le prix fort pour la marque mais aussi pour la culture d’entreprise qui a per-
mis au glacier de connaître de bonnes performances.
L’entreprise Ben & Jerry’s s’est notamment engagée pour le commerce équitable, a par-
ticipé à plusieurs programmes d’agriculture durable et, malgré le rachat par Unilever, a
soutenu le mouvement « Occupy Wall Street » en 2011. Elle s’est également prononcée en
faveur du mariage homosexuel.
Cette spécificité va-t-elle perdurer encore longtemps, disparaître, ou au contraire faire des
émules au sein du groupe Unilever ?
produits nouveaux qui attirent de nouveaux clients. La créativité est aujourd’hui l’un des
facteurs essentiels de concurrence dans de nombreux secteurs industriels.
Enfin, la réactivité de l’organisation face aux demandes des consommateurs couvre plu-
sieurs autres impératifs. C’est un indicateur de la capacité d’écoute de l’environnement de
l’entreprise, sa capacité à détecter ce que désirent les consommateurs ou à organiser un
lien avec des communautés via des réseaux sociaux par exemple. C’est également un indi-
cateur de l’agilité stratégique de l’entreprise, de sa capacité à réorienter ses ressources pour
profiter d’une opportunité de marché, c’est un indicateur de vitesse.
Efficience Innovation
+ +
Efficacité Créativité
Avantage
concurrentiel
Réactivité
Qualité face aux
consommateurs
Focus
Ce travail de recherche a conclu que les managers se répartissaient en cinq catégories se-
lon leur approche de la gestion du temps et que ces approches étaient indépendantes du
niveau hiérarchique ou du secteur d’activité.
• Les émissaires : ils passent l’essentiel de leur temps en dehors du bureau, à rencontrer des
clients, des fournisseurs, des investisseurs ou des politiques locaux.
• Les écrivains : ils dédient la majeure partie du temps à écrire des notes, courriers, mémos
et ont peu d’interactions directes.
• Les animateurs : ils sont essentiellement en discussion avec les autres membres de l’en-
treprise et sont très présents aux réunions.
• Les dépanneurs : ils ont l’agenda le plus fragmenté. Ils totalisent un grand nombre
d’interactions mais de très courte durée, en particulier avec des subordonnés.
• Les sénateurs : ils ont une grande variété d’interactions avec tous les niveaux hiérar-
chiques, des échanges longs. L’essentiel de leur activité est consacré aux réunions infor-
melles.
À la grande surprise des chercheurs, ses répartitions existent toujours et n’ont finalement
que peu changé depuis 1967, ce sont plutôt les outils qu’ils emploient pour réaliser leurs
activités qui ont évolué. Ainsi, les écrivains de cette époque existent toujours. Ils passent
aujourd’hui l’essentiel de leur journée à rédiger et à répondre à des e-mails.
Le management du changement
De la même manière que le concept d’« organisation apprenante » est employé depuis
longtemps, celui de « management du changement » est dans tous les esprits, au point qu’il
est coutumier d’affirmer : « Plus ça change, moins ça change. » Pourtant, des modifications
profondes ont lieu et elles nécessitent une adaptation des pratiques du manager. Il doit à
la fois aider au changement mais aussi rassurer les collaborateurs. Tout ne change pas tout
le temps, les valeurs de l’entreprise sont en général plutôt immuables. C’est au manager
de maintenir cet équilibre entre le cœur de l’entreprise et les éléments qui sont flexibles.
Derrière tous les petits changements se cache souvent une réflexion stratégique que le
manager doit prévenir et accompagner.
Le management inclusif
L’accès à l’éducation et les nombreuses opportunités d’apprentissage (formelles et in-
formelles) ainsi que l’accès à l’information contribuent à faire bouger les lignes entre les
différents niveaux de management et l’ensemble des collaborateurs. Le management doit
s’adresser à tous les membres de l’organisation. Chaque collaborateur portera une part de
responsabilité de l’ensemble, et chacun sera investi de missions élargies. Chaque collabo-
rateur jouera d’une certaine manière un rôle de manager et contribuera d’une manière
S’éloigne de Se rapproche de
Rôle administratif Chef/supérieur hiérarchique Coach/enseignant/sponsor
Orientation culturelle Monoculture/monolingue Multiculturel/multilingue
Éthique/impacts Préoccupation au même plan que la
Préoccupation secondaire
environnementaux profitabilité de l’organisation
Source de l’autorité Hiérarchie Connaissances et réseaux
Unité organisationnelle de
L’individu L’équipe
référence
Base des échanges Compétition ; gagnant-perdant Coopération ; gagnant-gagnant
Apprentissage Périodique Continu
Information Accès restreint Accès plus ouvert
Stratégie Réaction ou planification Anticipation et flexibilité
Focus
• Abraham Lincoln (président des États-Unis) : « Déterminez ce qui peut être et doit être fait,
et nous trouverons un moyen de le faire. »
Théorie du management
• Proverbe chinois : « Vous ne pouvez pas labourer un champ juste en le retournant dans
votre tête. »
• Scott Adams (dessinateur de BD américain) : « Le premier travail d’un manager n’est pas
d’apporter la motivation mais de supprimer les obstacles. »
Planifier
• Thomas Edison (innovateur) : « Il y a un temps pour chaque chose. »
Organiser
• Lord Chesterfield (homme politique et écrivain anglais) : « Prenez soin des minutes et les
heures prendront soin d’elles-mêmes. »
Diriger
• Peter Drucker (théoricien et professeur de management) : « La hiérarchie ne confère ni
privilège ni pouvoir mais impose des responsabilités. »
Contrôler
• Lénine (théoricien et homme d’État) : « La confiance n’exclut pas le contrôle. »
Décider
• Lee Iacocca (dirigeant historique de Ford) : « Le verbe qui fait un bon manager : décider. »
Ressources humaines
• Louis XIV (roi de France) : « À chaque fois que je nomme quelqu’un à un poste, je fais des
centaines de mécontents et un ingrat. »
• Théodore Roosevelt (président des États-Unis) : « Le meilleur dirigeant est celui qui a assez
de bon sens pour s’attacher les bonnes personnes qui feront ce qu’il souhaite et qui fait
preuve de suffisamment de retenue pour ne pas s’en mêler lorsqu’ils le font. »
Motivation
• Frederick Herzberg (psychologue) : « La vraie motivation vient des réalisations du déve-
loppement personnel, de la satisfaction au travail et de la reconnaissance. »
Management du groupe et des équipes
• John Donne (poète anglais) : « Aucun homme n’est une île. »
Structure organisationnelle
• Charles Darwin (naturaliste et paléontologue anglais) : « Ce n’est pas la plus forte des
espèces qui survit, ni la plus intelligente, c’est celle qui est la plus adaptable au chan-
gement. »
Éthique et responsabilité sociale
• Albert Camus (écrivain) : « Un homme sans éthique est une bête sauvage lâchée sur ce
monde. »
• Bertrand Russel (philosophe) : « L’éthique c’est l’art de recommander aux autres les sacri-
fices qu’ils doivent faire pour coopérer avec vous. »
Stratégie
• Sun Tzun (général chinois) : « Ne répétez pas les tactiques qui vous ont conduit à la vic-
toire, laissez vos stratégies être régulées par l’infinie variété des circonstances. »
Marketing
• Benjamin Franklin (homme d’État américain) : « Soit vous écrivez quelque chose qui mé-
rite d’être lu soit vous faites quelque chose qui mérite d’être écrit. »
• Mark Twain (écrivain) : « Beaucoup de petites choses ont été rendues grandes, grandes
par l’utilisation de la publicité. »
Management du changement et innovation
• John Muir (écrivain naturaliste américain) : « Le pouvoir de l’imagination nous rend infini. »
• Johann von Goethe (théoricien de l’art et homme d’État allemand) : « Connaître n’est pas
suffisant, il faut appliquer. Vouloir n’est assez, il faut faire. »
Conclusion
Qu’est-ce qu’un manager ; que fait un manager finalement ?
Un manager est avant tout une personne responsable devant ses subordonnés, les
clients, les fournisseurs et ses supérieurs hiérarchiques. Il doit superviser un ensemble de
collaborateurs afin de leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes. Pour cela, il doit
combiner des compétences et des connaissances, maîtriser des règles d’organisation, de
planification, de contrôle.
Ces différents points sont abordés en détail dans les prochains chapitres, mais avant tout,
interrogeons-nous sur l’évolution de la pensée managériale.
Résumé
Définir le management
Le management c’est l’organisation et la coordination des activités de toute structure
(une entreprise par exemple) permettant d’atteindre des ensembles d’objectifs préalable-
ment définis. Cette définition est issue des travaux de nombreux auteurs qui, à travers les
années, l’ont complétée. Il s’agit notamment des travaux d’Henri Fayol, Peter Drucker, Henry
Mintzberg.
Reconnaître et exposer les fonctions et les rôles du manager
Les principales fonctions du manager sont : prévoir et planifier, organiser, diriger, coor-
donner et contrôler. Ces fonctions sont réalisées par le manager qui campe plusieurs rôles
à la fois, interpersonnel, informationnel et décisionnel. Ces rôles se détaillent eux-mêmes
en sous-catégories : parangon, leader, agent de liaison, analyste de l’information, diffuseur
interne et externe, entrepreneur, régulateur, allocateur de ressources et négociateur.
Identifier et analyser les connaissances et les compétences dans différents
contextes opérationnels
Le manager a besoin à la fois de connaissances et de compétences pour être en mesure
de remplir ses missions. Un management efficace repose sur une combinaison de compé-
tences et de connaissances analytiques, conceptuelles et de communication. Ces connais-
sances et compétences sont nécessaires pour le management dans le secteur privé, public
et associatif.
éterminer les défis managériaux d’aujourd’hui et les compétences
D
nécessaires
Aujourd’hui, le management est confronté à un ensemble de défis liés aux change-
ments techniques, à la multiculturalité, au pouvoir de négociation des fournisseurs et des
clients, etc. Pour y faire face, un manager doit être en mesure de gérer le changement, de
faire de l’entreprise une organisation apprenante, d’être un excellent communicant et de
promouvoir un management inclusif. C’est ce management qui permet la création d’avan-
tages concurrentiels.
Questions de discussion
1. Quelle fonction managériale inclut la création d’une vision ?
2. Pourquoi un manager doit-il être exemplaire ?
3.
Quel niveau de management le suivi des capacités de production au quotidien a-t-il en
charge ?
4. À quoi correspondent les compétences interpersonnelles ?
5. Quelles difficultés sont liées à l’allocation des ressources ?
6. Le management est-il un art ou une science ? Quelle est votre conclusion ?
7.
Décrivez la différence entre efficacité et efficience. Citez des organisations qui, selon
vous, n’ont pas ces qualités et expliquez pourquoi.
8.
De quelle manière les managers, dans les différents niveaux hiérarchiques, peuvent-ils
contribuer à l’efficacité et à l’efficience de l’organisation ou spécifiquement au sein de
leur mission respective ?
9.
Identifiez deux entreprises de taille comparable dans le même secteur d’activité. Voyez-
vous des différences de management entre ces entreprises ? Lesquelles ? Ces diffé-
rences sont-elles importantes pour l’avenir de chacune de ces entreprises ?
10. Quels sont les éléments constitutifs de l’avantage concurrentiel ? Comment un mana-
ger peut-il contribuer à améliorer chacun de ces éléments ?
11. Selon vous, comment et pourquoi l’activité de manager a-t-elle changé ces dix der-
nières années ? Voyez-vous des changements pour les années à venir ?
12. L’expression : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent »
résume-t-elle ce que doit être le management ?
13. Y a-t-il des niveaux hiérarchiques dans votre école ou dans votre université ? Quels
sont-ils ?
14. À part dans les entreprises privées, où pouvez-vous acquérir des compétences managé-
riales ? Ces compétences sont-elles différentes de celles utilisées dans les entreprises ?
15. « Tout le monde est manager à un moment dans sa vie ! » Que pensez-vous de cette
affirmation ?
16. Prenez une organisation qui vous est familière (lycée, université, club de sport, etc.).
Pouvez-vous préciser ce qui relève du contrôle, de l’organisation, de la coopération, de
la planification et de la décision ?
17. Sur la base de ce chapitre, vous pourriez conclure rapidement que le succès d’un ma-
nager se mesure à sa situation hiérarchique et son salaire. Pensez-vous que la progres-
sion du salaire est une mesure valable de la progression d’une carrière professionnelle ?
Donnez des arguments en faveur et en opposition à cette question. Sur la base de quels
critères jugeriez-vous la progression de votre carrière professionnelle ?
Que feriez-vous ?
Chasser l’inefficience
Bosses Management est une chaîne de garages spécialisés dans les travaux de carrosserie
(débosselage, remplacement, peinture) de véhicules automobiles et de camionnettes. La
marque compte une dizaine de sites répartis sur le territoire français. La première entreprise
du réseau a été fondée en 1976. Vous êtes un jeune stagiaire en management au sein du
réseau et votre objectif est d’améliorer l’efficience des carrossiers. Le travail des carrossiers
est décrit de la manière suivante au sein du réseau :
« Les carrossiers sont des artisans et des artistes. Ils font un métier très technique, avec de
nombreuses normes à respecter (un passage sur marbre pour redresser un véhicule défor-
mé doit être fait avec précision pour que le véhicule soit encore conforme à une utilisation
sur route). C’est également un métier qui demande beaucoup de savoir-faire et de doigté,
les étapes de ponçage et de peintures sont minutieuses. C’est un métier qui nécessite d’être
tout le temps debout, qui est réalisé dans des ateliers peu chauffés lorsqu’il faut redresser
les carcasses déformées, ou fortement chauffés lorsque le véhicule est en phase de pein-
ture pour que la peinture adhère de manière optimale. C’est un travail dans un environne-
ment bruyant (un atelier mécanique), essentiellement masculin et qui nécessite une cer-
taine force physique. Les carrossiers manipulent de nombreux produits toxiques lors des
étapes de peinture et doivent souvent porter des protections (des masques notamment). »
Questions :
• Quelles sont les inefficiences auxquelles on peut s’attendre dans ces métiers sur la base
de cette description (citez-en trois potentielles) ?
• Quelles actions pourraient être entreprises pour améliorer la situation ?
Questions :
• Que feriez-vous si vous étiez à la place de Malo pour répondre à la demande de la direc-
tion du groupe ?
• Que pensez-vous de l’idée de Malo de réaliser un PowerPoint pour présenter la situation
à la direction ?
• Quelles autres options s’offrent à Malo ?
Illustration de la couverture : avec l’aimable autorisation d’Arian Matiakh / Jean-Christophe Verhaegen / AFP
Lyon (Université Lyon 3).
Elle enseigne le management SOMMAIRE :
en licence et master. Partie I. Le manager et le management
Ses travaux de recherche 1. Le manager : des connaissances et des compétences 2. Les théories du
portent sur les stratégies management
d’innovation. Partie II. Les fonctions du management
Paul Muller est maître 3. La planification 4. L’organisation 5. Le leadership 6. Le contrôle 7. La prise
de conférences HDR de décision
à l’Université de Lorraine, Partie III. Le management des organisations
à Metz. Il enseigne 8. Les structures et frontières organisationnelles 9. Les cultures organisa-
le management en licence et tionnelles 10. Les responsabilités organisationnelles
master. Il dirige également
le master 2 « Entreprises
de l’Economie Sociale et
Solidaire ».
Cet ouvrage propose également de nombreux compléments en ligne
pour les étudiants et les enseignants sur www.vuibert.fr/site/406665
et notamment :
• les corrections des applications ;
• des quiz relatifs à la plupart des chapitres, avec leurs corrigés ;
• des questions d’examen et des conseils pour bien les traiter ;
• de multiples références : sitographies, articles académiques ;
• des ressources numériques supplémentaires pour les ensei-
ISBN : 978-2-311-40666-5 gnants (des slides de cours modifiables, des études de cas
supplémentaires…).