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Loi 98-029

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Loi n° 98-029 du 20 janvier 1999

portant Code de l’Eau


(J.O. n° 2557 E.S. du 27.01.99, p. 735)

Exposé des motifs

Le droit fondamental d'accès à l’Eau met notamment l’accent


sur trois constats essentiels :
1° l’eau est un patrimoine commun national,
2° l’eau est un élément naturel indispensable,
3° inégalement répartie, elle pose des problèmes
d’ordre économique, social et sanitaire.
Si les textes malgaches, dans le domaine de la
ressource en eau, n’ont point occulté ces considérations
élémentaires, ils brillent toutefois, de par leur multiplicité et leur
éparpillement, par leur manque de cohérence. De ce fait,
ils ne peuvent appréhender pleinement l’évolution des
différents usages et aménagements de la ressource en eau.
Cette évolution nécessite, pour Madagascar, la prise en
compte de certaines données évidentes mais mal exploitées
jusqu’alors et qui constituent le fondement de la stratégie
sectorielle et plan d’action pour l’eau et l’assainissement
adopté par le Conseil de gouvernement le 3 mai 1995 ainsi que
du plan national d’action pour le redressement social.
Se présentant sous différentes formes (eaux de surface,
eaux souterraines), l'eau est indispensable à toutes activités
humaines, et si elle est mal gérée, elle réduit de façon vitale le
potentiel utilisable et indispensable à la survie de l’espèce non
seulement humaine mais aussi animale et végétale. L’eau
nécessite ainsi une politique de conservation, d'amélioration,
d'utilisation durable, de protection et de gestion rationnelle, liée
à la nature de ses ressources.
Parce qu’élément vital de la Nation, elle est qualifiée de
patrimoine commun national.
Parce que denrée de plus en plus rare dans presque toutes
les régions de Madagascar et particulièrement dans les
régions du sud et de l'Ouest malgache qui souffrent
cruellement de cette rareté, la ressource en eau est classée
dans la catégorie juridique des « choses communes ». Partant,
elle est prioritairement considérée comme bien du domaine
public, l’Etat devant assumer un rôle de police et de
gestionnaire de la ressource en eau, au mieux de l’intérêt
général.

L’harmonisation des textes relatifs à la protection et à la


mise en valeur de la ressource en eau et la lutte contre la
pollution rentrent dans les grandes préoccupations actuelles du
pays. Madagascar s’ouvre de plus en plus à l’ère industrielle,
et l’installation d’usines susceptibles d’être sources de
pollution considérable de la ressource en eau risque
d'augmenter. Le code de l’eau envisage ainsi les différentes
causes de pollution possibles et les mesures prises pour les
enrayer. Conjuguées avec celles concernant la conservation et
l’aménagement de la ressource en eau, qui ouvrent la voie à
diverses procédures, phases et formules de gestion, ces
mesures visent à doter Madagascar d’un code cohérent destiné
à répondre au mieux, aux besoins des différents acteurs et
usagers de la ressource en eau.
Parmi les principes qui sous-tendent ces actions pour la
mise en valeur, la protection et la gestion de la ressource en
eau, on peut relever :
- un renforcement des mesures de protection des eaux,
spécialement en matière d’alimentation en eau potable ;
- la libéralisation du secteur Eau
- le principe de non gratuité de l’eau ;
- le nécessaire transfert de gérance des installations aux
collectivités concernées ;
- la responsabilisation des communautés tant rurales
qu'urbaines et péri-urbaines ;
- la régulation du service de l'approvisionnement en eau et
de l'assainissement;
- le renforcement de la lutte contre la pollution des eaux ;
- l’articulation des règles de protection et de mise en valeur
de la ressource en eau avec les normes environnementales ;
- le principe de pollueur payeur.
Le présent Code définit également les principes
fondamentaux du service public de l’approvisionnement en
eau potable et de l’assainissement limité aux eaux usées
domestiques, dans toutes les zones urbaines comme rurales.
Le financement du secteur et du service public de l'eau et de
l'assainissement constitue une priorité pour la réalisation de
cette politique. Compte tenu des investissements et
financements considérables qui seront nécessaires pour
remettre à niveau et améliorer les infrastructures et services, la
loi établit un cadre propre à permettre le financement du
secteur par les bailleurs de fonds et à garantir le bon usage de
ces financements publics et privés, nationaux et internationaux.
L’objectif est de mettre en place une nouvelle réglementation et
une nouvelle organisation institutionnelle du secteur qui
permette d’offrir de l’eau de meilleure qualité et en plus grande
quantité à un plus grand nombre de Malgaches.
Cette loi a donc pour ambition de formuler une série de
mesures destinées à accélérer et renforcer des actions en
cours mais n’ayant pas encore de bases légales suffisantes
pour être efficaces ; de présenter une série de mesures
nouvelles inscrites dans une politique nationale visant à la
préservation de la qualité et à la gestion rationnelle de l’eau

Les contributions des collectivités territoriales seront


renforcées notamment dans le domaine de l’assainissement.
Des possibilités d’intervention leur seront aussi offertes en
matière de gestion, d’entretien et d’aménagement des milieux
aquatiques.
Il est indispensable d’améliorer l’organisation administrative
de la ressource en eau afin que l’action de l’Etat soit plus facile
à appréhender et plus efficace. Cela suppose une coordination
des actions au niveau des différents départements ministériels
concernés et à celui des collectivités territoriales. Cela implique
également la mise en œuvre d’outil réglementaire par une
administration réorganisée et renforcée respectueuse des
principes prônant la politique de libéralisation.
Pour que les objectifs fixés par le présent Code soient
atteints, l'Administration doit parvenir à appliquer d'une manière
effective ce texte légal en faisant respecter impérativement ses
dispositions par les usagers et les différents intervenants dans
le secteur.

* * *

Article premier - L'eau fait partie du patrimoine commun de


la Nation. Chaque collectivité en est le garant dans le cadre de
ses compétences.
Le présent Code a pour objet :
- la domanialité publique de l'eau ;
- la gestion, la conservation, et la mise en valeur des
ressources en eaux ;
- l'organisation du service public de l'eau potable et de
l'assainissement collectifs des eaux usées domestiques ;
- la police des eaux;
- le financement du secteur de l'eau et de l'assainissement ;
- l'organisation du secteur de l'eau et de l'Assainissement.

TITRE I
DU DOMAINE PUBLIC DE L'EAU

Art. 2 - L'eau est un bien public relevant du domaine public.


Elle ne peut faire l'objet d'appropriation privative que dans les
conditions fixées par les dispositions de droit civil traitant de la
matière ainsi que des servitudes qui y sont attachées en
vigueur sur le territoire de Madagascar.

SECTION I
DISPOSITIONS GENERALES ET CHAMP D'APPLICATION

Art. 3 - Le présent Code s'applique à toutes les eaux


dépendant du domaine public, les eaux de surface et les eaux
souterraines.

Art. 4 - La définition et la nomenclature des eaux dépendant


du domaine public naturel, artificiel ou légal obéissent
respectivement aux prescriptions des articles 4a), 4b), 4c), et 5
de l'ordonnance n° 60-099 du 21 septembre 1960 réglementant
le domaine public, modifié par l'ordonnance n° 62-035 du 19
septembre 1962.

Art. 5 - les installations, ouvrages, travaux et activités


réalisés par toute personne physique ou morale, publique ou
privée, entraînant des prélèvements sur les eaux superficielles
ou souterraines, restituées ou non et pouvant avoir une
incidence sur le niveau, la qualité, et le mode d’écoulement des
eaux doivent être placées sous surveillance régulière de
l’administration. Il en est de même des déversements
chroniques ou épisodiques même non polluants.

SECTION II
DES EAUX DE SURFACE ET DES EAUX SOUTERRAINES

Art. 6 - Les eaux de surface sont constituées par l'ensemble


des eaux pluviales et courantes sur la surface du sol, des plans
d'eau ou canaux, les fleuves et rivières, les canaux de
navigation et rivières canalisées, certains canaux d'irrigations,
les étangs salés reliés à la mer, les lacs, étangs et assimilés,
les marais, les zones humides. Les eaux de surface font partie
du domaine public.

Art. 7 - Des décrets détermineront les conditions :


- de classement d'un cours d'eau, d'une section de ce
cours d'eau ou d'un lac dans le domaine public;
- de concession de cours d'eau navigables ou flottables,
naturelles ou artificielles ;
- d'élimination de la nomenclature, des voies navigables
ou flottables et maintenues dans le domaine public avec ou
sans concession.

Art. 8 - Les eaux souterraines sont constituées par les eaux


contenues dans les nappes aquifères et les sources.
Les eaux souterraines font partie du domaine public.
Les sources qui sont des émergences naturelles des nappes
souterraines continuent de faire partie du domaine public.
TITRE II
DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAUX

Art. 9 - Les dispositions du présent titre ont pour objet la


mise en oeuvre de politiques de gestion intégrée de l'eau
tenant compte des relations entre aspects quantitatifs et
qualitatifs ou entre eaux de surface et eaux souterraines.

CHAPITRE I
De la protection de l'eau

SECTION I
DE LA PROTECTION QUANTITATIVE

Sous section I
Des prélèvements d'eaux de surface

Art. 10 - Aucun travail ne peut être exécuté sur les eaux de


surface définies à l’article 6, du présent Code, qu'il modifie ou
non son régime; aucune dérivation des eaux du domaine
public, de quelque manière et dans quelque but que ce soit, en
les enlevant momentanément ou définitivement à leurs cours,
ne peut être faite sans autorisation. Les conditions
d'obtention des autorisations seront fixées par décret sur
proposition de l'Autorité Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement (ANDEA) visée au titre V du présent Code.
Toutefois, l'autorisation, pour des prélèvements d'eaux de
surface ne dépassant pas un seuil de volume qui sera fixé par
décret, pour des usages personnels, n'est pas requise.

Sous section II
Des prélèvements d'eaux souterraines

Art. 11 - Les prélèvements d'eaux souterraines ne peuvent


être faits sans autorisation sauf pour des usages personnels ne
dépassant pas un seuil de volume qui sera fixé par décret et ne
présentant pas de risques de pollution de la ressource. Les
conditions d'obtention des autorisations seront fixées par
décret sur proposition de l'Autorité Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement.

SECTION II
DE LA PROTECTION QUALITATIVE

Sous section I
De la pollution des eaux

Art. 12 - Toute personne physique ou morale, publique ou


privée exerçant une activité source de pollution ou pouvant
présenter des dangers pour la ressource en eau et l'hygiène
du milieu doit envisager toute mesure propre à enrayer ou
prévenir le danger constaté ou présumé.
En cas de non-respect des prescriptions du paragraphe
précédent, l'auteur de la pollution est astreint au paiement,
conformément au principe du pollueur payeur, d'une somme
dont le montant est déterminé par voie réglementaire, en
rapport avec le degré de pollution causée.

Art. 13 - Pour l'application du présent code, la "pollution"


s'entend de tous déversements, écoulements, rejets, dépôts
directs ou indirects de matières de toute nature et plus
généralement de tout fait susceptible de provoquer ou
d'accroître la dégradation des eaux, en modifiant leurs
caractéristiques physiques, chimiques, biologiques ou
bactériologiques et radioactives, qu'il s'agisse d'eaux de
surface ou souterraines.

Sous section II
Des déchets

Art. 14 - Est considéré comme déchet tout résidu d'un


processus de production, de transformation ou d'utilisation,
toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout
bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à
l'abandon.
Pour l'application du présent code, seront principalement pris
en considération les déchets qui, par leurs conditions de
production ou de détention, sont de nature à polluer les eaux
et, d'une façon générale, à porter atteinte à la santé de
l'homme et à dégrader l'environnement.
Conformément aux exigences de l'environnement telles que
prévues par la loi n° 90-003 du 21 décembre 1990 portant
charte de l'environnement et afin de diminuer à la source la
production de déchets, l'administration visée au titre V du
présent Code doit organiser la surveillance sur les activités
des établissements qui peuvent amener des nuisances ou des
risques, provenant de déchets produits ou traités.

Art. 15 - Toute personne physique ou morale qui produit ou


détient des déchets de nature à produire des effets nocifs sur le
sol, la flore et la faune, à polluer l'air ou les eaux et, d'une façon
générale, à porter atteinte à la santé de l'homme et à dégrader
l'environnement est tenue d'en assurer l'élimination ou le
traitement.

Art. 16 - L’élimination des déchets des ménages s’effectue


sous la responsabilité des communes, qui peuvent financer en
totalité ou en partie les coûts du service conformément à la
réglementation en vigueur.
Sans préjudice des dispositions d'autres textes ultérieurs,
l'élimination des déchets industriels, miniers et autres relève de
l’initiative privée.
Les industriels et autres auteurs de déchets de toute sorte
doivent les remettre dans les circuits garantissant la protection
de l’environnement et prendre à leur charge les coûts de
transport, d’élimination ou de traitement.

Art. 17 - Au niveau des circuits d’élimination, les entreprises


qui produisent, importent ou éliminent les déchets sont tenues
de fournir à l’administration toutes informations concernant
l’origine, la nature, les caractéristiques, les quantités, la
destination et les modalités d’élimination des déchets qu’elles
produisent, remettent à un tiers ou prennent en charge.
Art. 18 - Des décrets déterminent les conditions dans
lesquelles peuvent être réglementés ou interdits, les
déversements, écoulements rejets, dépôts directs ou indirects
d'eau ou de matières, plus généralement tout fait susceptible
d'altérer la qualité de l'eau superficielle ou souterraine.

Sous section III


De l'assainissement

Art. 19 - L'assainissement s'entend, au sens du présent


Code, de toute mesure destinée à faire disparaître les
causes d'insalubrité de manière à satisfaire, à la protection de
la ressource en eau, la commodité du voisinage, la santé et la
sécurité des populations, la salubrité publique, l'agriculture, à la
protection de la nature et de l'environnement, à la conservation
des sites et des monuments. L'assainissement des
agglomérations, visé par les présentes dispositions, a pour
objet d'assurer l'évacuation des eaux pluviales et usées ainsi
que leur rejet dans les exutoires naturels sous des modes
compatibles avec les exigences de la santé publique.
L'assainissement collectif des eaux usées domestiques
concerne l'évacuation et le traitement des eaux usées par les
consommateurs après avoir été distribuées par les systèmes
d’approvisionnement en eau potable.
L’Organisme Régulateur du service public de l’alimentation
en eau potable peut être chargé par des décrets de la
régulation de l'assainissement collectif des eaux usées
domestiques.

Art. 20 - Il appartient à toute collectivité ou à tout


établissement ou entreprises visées à l'article 17 ci-dessus
d'assurer l'évacuation des eaux de toutes natures qu'ils
reçoivent dans des conditions qui respectent les objectifs fixés
pour le maintien et l'amélioration de la qualité des milieux
récepteurs en application notamment des principes énoncés
par le présent chapitre.
En tout état de cause, les eaux usées d'origine domestique
ainsi que les eaux pluviales doivent faire l'objet
d'assainissement collectif dans les conditions fixées par les
textes d'application du présent Code.
L'assainissement individuel peut être autorisé si la mise en
oeuvre d'un équipement collectif implique des sujétions
excessives du point de vue économique ou technique ou se
révéler préjudiciable à la qualité des eaux superficielles
réceptrices. Toutefois, l'établissement de réseaux
définitivement réservés à l'évacuation des effluents d'appareils
d'assainissement individuels s'interposant entre les
branchements des immeubles particuliers et les ouvrages
publics d'évacuation est interdit.

Art. 21 - Tout déversement d'eaux usées, autres que


domestiques, dans les égouts publics doit être préalablement
autorisé par la collectivité à laquelle appartiennent les ouvrages
qui seront empruntés par ces eaux usées avant de rejoindre le
milieu naturel.
L'autorisation fixe, suivant la nature du réseau à emprunter
ou des traitements mis en oeuvre, les caractéristiques que
doivent présenter ces eaux usées pour être reçues.
En tout état de cause, doivent être respectés les
prescriptions prévues par les textes en vigueur en matière
d'urbanisme et d'habitat concernant le déversement d'eaux et
de matières usées.

Art. 22 - Les eaux résiduaires industrielles, de toute nature,


à épurer ne doivent pas être mélangées aux eaux pluviales et
eaux résiduaires industrielles qui peuvent être rejetées en
milieu naturel sans traitement. Cependant, ce mélange peut
être effectué si la dilution qui en résulte n'entraîne aucune
difficulté d'épuration dûment constatée par un laboratoire de
contrôle agréé.
L'évacuation des eaux résiduaires industrielles dans le
réseau public d'assainissement, si elle est autorisée, peut être
subordonnée notamment à un traitement approprié.

CHAPITRE II
De la conservation des ressources en eaux
et de la protection de l'environnement

Art. 23 - La réalisation d'aménagements, d'ouvrages ou de


travaux, exécutés par des personnes publiques ou privées, est
précédée d'une enquête publique et d'une étude d'impact
environnemental soumises aux dispositions du présent code
ainsi qu’à celles prévues en ce sens par la loi n° 90-003 du 21
décembre 1990 portant Charte de l’environnement, lorsqu’en
raison de leur nature, de leur consistance ou du caractère des
zones concernées, ces opérations sont susceptibles d’affecter
l’environnement et devraient occasionner des troubles à
l’écosystème aquatique.

Art. 24 - Pour la protection des rivières, lacs, étangs, tout


plan et cours d'eau, eaux souterraines, il est interdit de jeter ou
disposer dans les bassins versants des matières insalubres ou
objets quelconques qui seraient susceptibles d'entraîner une
dégradation quantitative et qualitative des caractéristiques de la
ressource en eau.
Constitue un bassin versant toute surface délimitée
topographiquement et géologiquement, drainée par un ou
plusieurs cours d'eau. Le bassin versant est une unité
hydrologique et hydrogéologique qui a été décrite et utilisée
comme unité physio-biologique, socio-économique et politique
pour la planification et l'aménagement des ressources
naturelles.

Art. 25 - Conformément aux dispositions de la politique


forestière, le rôle éminemment protecteur d'un couvert forestier,
ou tout au moins celui d'un couvert herbacé dense sur les
bassins, ainsi que la protection contre l'érosion, l'envasement
et l'ensablement des infrastructures hydroélectriques et des
périmètres irrigués en aval, revêtent un intérêt public et feront
l'objet des mesures de concertation spécifiques, afin de
maintenir les normes de qualité des eaux, de régulariser les
régimes hydrologiques et d'empêcher les graves inondations.
Art. 26 - La protection des forêts naturelles ou des forêts de
reboisement est soumise aux dispositions prévues par la loi n°
97-017 du 16 juillet 1997, portant révision de la législation
forestière, notamment en son titre II et celles portant sur le
régime des défrichements et des feux de végétation.

Art. 27 - Des textes réglementaires fixeront les mesures


spécifiques concernant les forêts situées dans le bassin de
réception des torrents, et celles qui protègent contre les
influences climatologiques nuisibles, les avalanches, les
éboulements et contre les écarts considérables dans le régime
des eaux.
Les mesures de protection visées au paragraphe ci-dessus
sont applicables aux forêts riveraines des cours d'eaux et à
toute aire forestière importante pour protéger l'homme contre
les forces de la nature

CHAPITRE III
De la mise en valeur des ressources en eaux

Art. 28 - Les priorités d'accès à la ressource en eau aussi


bien de surface que souterraine sont définies par voie de
décrets, sur proposition de l'Autorité Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement, en fonction des conditions spécifiques de la
ressource en eau des régions concernées.
En cas de limitation de ressources en eau disponibles,
priorité est donnée à l'approvisionnement en eau potable
compte tenu des normes de consommation retenues en
application du présent Code.

SECTION I
DE L'EAU D'IRRIGATION

Art. 29 - L’eau d’irrigation des terres peut provenir des eaux


de surface ou des eaux souterraines.
Toutes installations d’exhaure destinées à l’irrigation des
terres respectent les normes de débit spécifique des cultures,
fixés par décret. Les quantités d’eau prélevées ne doivent pas
léser les autres utilisateurs de ressource disponible.

Art. 30 - Les réseaux hydroagricoles financés par l’Etat, sont


et demeurent régis par tous les textes législatifs et
réglementaires relatifs à la gestion, à l’entretien et à la police
des réseaux, notamment par les dispositions prévues par la loi
n° 90-016 du 20 juillet 1990.

Art. 31 - Tout projet d’irrigation initié par une personne


morale ou physique de droit privé requière l’avis de l'Autorité
Nationale de l'Eau et de l'Assainissement en ce qui concerne
l’utilisation des ressources en eaux aussi bien de surface que
souterraines.
Dans tous les cas, tout projet visé au paragraphe précédent
fait l’objet d’une étude d’impact conformément aux dispositions
de l'article 23 du présent code et de la loi n° 90-003 du 21
décembre 1990 portant Charte de l’environnement.

SECTION II
DE L'EAU INDUSTRIELLE

Art. 32 - Les dispositions de la présente Section s’appliquent


à toute activité individuelle, utilisant l’eau comme principale
source d’énergie, de transformation ou de revenus.
L’implantation d’une industrie peut être subordonnée à la
mise en place d’une adduction d’eau autonome pour éviter les
problèmes d’approvisionnement et pour ne pas léser la
population en matière de distribution d’eau potable. Toutefois,
au cas où des installations et des réseaux de distribution et
d'approvisionnement seraient déjà en place, la nouvelle
implantation doit harmoniser sa politique de prélèvement et
d'approvisionnement en eau avec celle déjà existante.
En tout état de cause, toute installation industrielle est
soumise à des études préalables d'impact de ses rejets sur
l'environnement, conformément à la loi n° 90-003 du 21
décembre 1990 visée à l'article 31 ci-dessus.

Art. 33 - L’exploitant d’une installation classée doit prendre


toutes dispositions nécessaires, au moment de la conception et
au cours de l’exploitation de l’installation pour limiter la
consommation en eau d’une part et pour préserver
l’environnement d’autre part, au niveau des différentes étapes
de production, conformément aux dispositions du présent Titre
II.
Des textes réglementaires préciseront en tant que de besoin
les modalités d’application du présent article.

SECTION III
DE L'UTILISATION HYDROELECTRIQUE DE L'EAU

Art. 34 - Toute personne physique ou morale de droit privé


peut être associée à la conduite des opérations relatives à
l’exploitation des entreprises et à la production hydroélectrique
de l’eau.

Art. 35 - Nul ne peut disposer de l’énergie des lacs et des


cours d’eau, quel que soit leur classement, sans aucune
concession ou une autorisation de l’Etat dont les conditions et
les modalités d'octroi sont à déterminer par voie
réglementaire.

Art. 36 - Des dispositions réglementaires définiront les


conditions techniques d’aménagement des centrales
hydroélectriques, lesquelles feront préalablement l’objet
d’étude d’impact conformément à la loi n° 90-003 du 21
décembre 1990 portant Charte de l’environnement.
En cas de nécessité sur certains cours d’eau ou section de
cours d’eau dont la liste sera fixée par décret, aucune
autorisation ou concession ne sera donnée pour des
entreprises hydroélectriques nouvelles. Pour les entreprises
existantes, régulièrement installées à la date de la
promulgation du présent Code, une concession ou une
autorisation pourra être accordée sous réserve que la hauteur
du barrage ne soit pas modifiée.
La procédure d’octroi par le préfet des autorisations
comportera une enquête publique et la publication d’un rapport
d'étude d’impact environnemental suivant l’importance de
l’ouvrage. L’autorisation impose à son titulaire le respect d’un
règlement d’eau fixant notamment les débits prélevés et
réservés.

CHAPITRE IV
De l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement
collectif des eaux usées domestiques

SECTION I
DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU POTABLE ET DE
L’ASSAINISSEMENT
COLLECTIF DES EAUX USÉES DOMESTIQUES

Art. 37 - Le service public de l’approvisionnement en eau


potable et de l’assainissement collectif des eaux usées
domestiques, appelé au sens du présent chapitre "service
public de l'eau et de l'assainissement", est un service
d'approvisionnement en eau potable et
d'assainissement collectif des eaux usées domestiques fourni
au public, c'est à dire à tout usager, personne physique ou
morale de droit public ou privé, avec obligations de service
public définies dans des cahiers des charges.
Le service universel de l’approvisionnement en eau potable
est l’attribut du service public basé sur l’obligation de fourniture
à tous les usagers d’une quantité minimum et d’un service
minimum d’eau potable.
Les principes et l’organisation de ce service universel de
l’approvisionnement en eau potable sont fixés par décret.
Un système d'approvisionnement en eau potable et
d'assainissement collectif des eaux usées domestiques ou
système, est l'ensemble des installations et des infrastructures
destinées à fournir de l’eau potable et/ou des services
d'assainissement collectif des eaux usées domestiques sur une
aire géographique donnée : installations de captage, de
prélèvement et de traitement assimilées à la production de
l’eau; installations de transport; infrastructures de distribution et
de branchement pour l’eau potable; infrastructures de transport
tels que les égouts et infrastructures de traitement et
d’épuration pour l’assainissement.

Art. 38 - Toute eau livrée à la consommation humaine doit


être potable.
Une eau potable est définie comme une eau destinée à la
consommation humaine qui, par traitement ou naturellement,
répond à des normes organoleptiques, physico-chimiques,
bactériologiques et biologiques fixées par décret.

Art. 39 - L'approvisionnement du public en eau potable et


l'accès à l'assainissement collectif des eaux usées
domestiques sont un service public communal.
L’autoproduction ne constitue pas un service public.
Cependant, en cas d’absence ou d’insuffisance de fourniture
du service public d’approvisionnement en eau potable dans la
zone concernée, l’autoproducteur peut opérer une fourniture
d’eau potable au public, à la condition d’en obtenir l’autorisation
expresse dans le cadre d’une convention signée avec le maître
d’ouvrage concerné.
L’autoproduction est définie comme une activité qui permet à
une personne physique ou morale d'effectuer la réalisation
et/ou la gestion et la maintenance directe d’un système
d'approvisionnement en eau potable, pour la satisfaction de
ses propres besoins.
Un décret réglementera les conditions d'exercice de
l'autoproduction.

Art. 40 - Les systèmes d'alimentation en eau potable et


d'assainissement collectif des eaux usées domestiques font
partie du domaine public des communes, à l'exception des
systèmes destinés à l'autoproduction.

SECTION II
DE LA MAÎTRISE D’OUVRAGE DU SERVICE PUBLIC DE
L’EAU
ET DE L’ASSAINISSEMENT
Art. 41 - Le maître d'ouvrage est
l’autorité publique responsable vis-à-vis des usagers du
service public de l'eau et de l'assainissement, sur une aire
géographique donnée.
Les communes rurales et urbaines sont les maîtres
d'ouvrages des systèmes d’approvisionnement en eau potable
et d’assainissement collectif des eaux usées domestiques,
situés sur leur territoire respectif. Elles exercent ces attributions
par l'intermédiaire du conseil municipal.
Toutefois, aussi longtemps que les communes ne satisferont
pas aux critères de capacité définis par décret pour l'exercice
de tout ou partie des responsabilités incombant aux maîtres
d'ouvrage, celles-ci seront exercées par le Ministre chargé de
l’Eau Potable jusqu’à leur habilitation. Durant cette période, le
Ministre chargé de l’Eau Potable agira comme maître
d'ouvrage délégué des communes. A l'issue de cette période,
les contrats conclus entre le Ministre chargé de l’Eau Potable et
les tiers seront transférés de plein droit aux maîtres d'ouvrage.
Par dérogation au paragraphe 2 du présent article, les
communautés, et/ou les “Fokontany”, peuvent, à leur
demande, exercer la maîtrise d'ouvrage déléguée des petits
systèmes ruraux d'approvisionnement en eau potable situés
sur leur territoire avec l’accord de l’Organisme Régulateur visé
à la section IV du présent chapitre et de la commune de
rattachement.

Art. 42 - Nonobstant les dispositions de l'article 39


ci-dessus, et suivant les conditions de l'article 41 précédent, les
systèmes d'approvisionnement en eau potable et
d'assainissement collectif des eaux usées
domestiques restent dans le domaine public de l'Etat.
Dès la promulgation du présent Code, les fonctions
suivantes sont exercées par les communes :
· l'approbation des investissements des systèmes
d'approvisionnement en eau potable de leur territoire
· la consultation sur les programmes de développement du
service public de l'eau potable et de l'assainissement les
concernant.
Les systèmes sont transférés de plein droit au domaine
public des communes selon les modalités qui seront fixées par
décret.

Art. 43 - lorsqu’un système intégré d’approvisionnement en


eau et/ou d’assainissement s’étend sur le territoire de plusieurs
communes ou qu’il apparaît nécessaire d’élargir le périmètre
d’exploitation du système, pour des raisons techniques,
économiques ou de qualité du service public, les communes
sont libres de s’associer afin d’unifier la maîtrise d’ouvrage. A
défaut d’initiative de la part des communes, l’Organisme
Régulateur peut proposer la fusion de la maîtrise d’ouvrage sur
la base d’un rapport justifiant cette action après avoir consulté
les communes ou communautés concernées. Un décret fixera
les conditions et les modes d’organisation de ces associations
de communes.

Art. 44 - Les fonctions de maîtrise d’ouvrage sont fixées


par décret.

SECTION III
DE L'EXPLOITATION DES SYSTEMES
D’APPROVISIONNEMENT EN EAU
POTABLE ET D’ASSAINISSEMENT COLLECTIF DES EAUX
USÉES DOMESTIQUES

Art. 45 - Le gestionnaire de système est l'exploitant,


personne physique ou personne morale de droit public ou
privé, malgache ou étrangère à qui un maître d'ouvrage confie
la réalisation et/ou la gestion et la maintenance directes d'un
système.
Dans le cas des personnes morales de droit privé agissant
en tant que gestionnaire de système, celles-ci doivent
obligatoirement être constituées en la forme de société de droit
malgache, conformément aux dispositions législatives et
réglementaires en vigueur.

Art. 46 - L'exploitation des systèmes peut être déléguée à


des gestionnaires, par contrat de gérance, d'affermage, ou de
concession ou être effectuée, à titre exceptionnel, par les
maîtres d'ouvrage en régie directe. Ces contrats sont soumis
à l'approbation préalable de l’Organisme Régulateur.
Un décret fixe les conditions de recours aux différents
modes de gestion déléguée et organise les régimes des
contrats de gérance, d’affermage et de concession ; il définit
les conditions et les procédures de négociation et d’appel à la
concurrence pour ces trois types de contrats.

SECTION IV
DE L’ORGANISME DE REGULATION DU SERVICE PUBLIC
DE L’EAU ET DE L'ASSAINISSEMENT

Art. 47 - II est institué un Organisme, établissement public à


caractère administratif, chargé de la régulation du Service
public de l'eau potable et de l'assainissement dont les
attributions, la composition et les modalités de fonctionnement
et le mode de financement sont fixées par le présent Code et
les décrets pris pour son application.
L'Organisme Régulateur est un organe technique, consultatif
et exécutif spécialisé dans le secteur de l'approvisionnement
en eau potable et de l'assainissement collectif des eaux usées
domestiques, doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière. En tant que de besoin, il peut consulter tous
administrations et organismes concernés, dans l'exécution de
sa mission.

Art. 48 - L’Organisme Régulateur est chargé notamment:


- de surveiller le respect des normes pour la qualité du
service ;
- de déterminer et mettre en vigueur, conformément aux
dispositions tarifaires du présent Code, les prix de l'eau, les
redevances d'assainissement et surveiller leur application
correcte ;
- de proposer des normes spécifiques adaptées à chaque
système, et de les soumettre à la décision de l'administration ;
- de concevoir, d'élaborer et d'actualiser un système
d'information sur les installations d'approvisionnement en eau
potable et d'assainissement collectif des eaux usées
domestiques.

Art. 49 - L’Organisme Régulateur est géré et administré par


un conseil assisté par un bureau exécutif.

Art. 50 - Le conseil de l’Organisme Régulateur est composé


de 7 membres proposés selon des critères de compétences
spécifiques. Ils sont nommés par décret pris en Conseil des
Ministres.
Ainsi :
- une personne compétente en matière d’ingénierie en
systèmes d'adduction, de traitement et de distribution d'eau
potable est proposée par le Ministre chargé de l’Eau Potable ;
- une personne compétente en matière de génie sanitaire est
proposée par le Ministre chargé de la Santé ;
- une personne compétente dans le domaine juridique et
institutionnel est proposée par le Ministre chargé de la Justice ;
- une personne compétente en matière d'économie et de
finances est proposée par le Ministre chargé de l'Economie et
des Finances ;
- un représentant des usagers du service public de l’eau et
de l’assainissement est proposé par le Premier Ministre ;
- un représentant des maîtres d’ouvrages communaux est
proposé par le Ministre chargé des Collectivités locales
décentralisées ;
- un représentant des gestionnaires de systèmes est
proposé par le Ministre chargé de l’Eau Potable.
La durée du mandat de membre du conseil est de cinq ans
renouvelable. Les nominations se feront de la manière
suivante:
- les 4 premiers sont nommés dès la publication du présent
Code;
- les 3 autres seront nommés 1 an après.
Sauf en cas de perte de leurs droits civiques, les membres
du conseil sont irrévocables pendant la durée de leur mandat.
Les fonctions des membres du Conseil sont incompatibles
avec toute fonction de membre du Gouvernement ou de
membre du Parlement et tout mandat électif. L'accession à de
telles fonctions emporte d'office cessation du mandat de
membre du conseil.

Art. 51 - Le Conseil de l’Organisme Régulateur élit parmi


ses membres un président pour la durée de son mandat.

Art. 52 - Le bureau exécutif est dirigé par un secrétaire


exécutif. Celui-ci est nommé pour un mandat de cinq ans par le
Conseil, sur proposition du président de l’Organisme
Régulateur.

Art. 53 - L'organisation, l'attribution, le mode de


fonctionnement et le mode de financement de l’Organisme
Régulateur sont précisés par un décret.

SECTION V
DU FINANCEMENT ET DES PRINCIPES TARIFAIRES
DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU ET DE
L’ASSAINISSEMENT

Art. 54 - La politique tarifaire et de recouvrement des coûts


des services d'eau potable et d'assainissement doit respecter
les principes suivants :
· l’accès au service public de l’eau, que ce soit aux points
d’eau collectifs ou aux branchements individuels, est payant ;
· pour chaque système d’eau et d’assainissement, les tarifs
applicables doivent permettre l'équilibre financier des
gestionnaires de systèmes et tendre vers le recouvrement
complet des coûts ;
· les coûts d’investissement et d’exploitation, d'une part, et
la capacité de paiement des usagers, d'autre part, sont pris en
compte dans les principes de tarification de l'eau et de fixation
des redevances pour l'assainissement ;
· les produits encaissés par les maîtres d'ouvrages et
gestionnaires au titre des services d'eau potable et
d'assainissement sont des recettes affectées à ces seuls
services ;
· les systèmes tarifaires doivent comprendre des
dispositions permettant l'accès au service universel de l'eau
potable des consommateurs domestiques ayant les plus faibles
revenus.

Art. 55 - En raison de la composante sociale du service


public de l'eau et de l'assainissement, le total des taxes et
surtaxes levées par les collectivités locales sur les facturations
de ces services ne peuvent dépasser 10 % du montant hors
taxe de ces facturations.

Art. 56 - La collectivité locale maître d'ouvrage tient un


compte auxiliaire à son budget tant pour les services
d’approvisionnement en eau potable et
d’assainissement collectif des eaux usées domestiques dont
la gestion est directement assurée par elle que pour les
charges et recettes qui la concernent en cas de gestion
déléguée.
Elle produit des comptes financiers selon les formes définies
par l'Organisme Régulateur dans les 6 mois suivant la fin de
chaque exercice.

Art. 57 - Les modalités d'application des dispositions de la


présente section seront précisées par voie réglementaire.

TITRE III
DE LA SURVEILLANCE ET DE LA POLICE DES EAUX
CONTESTATION-DISPOSITIONS PENALES ET SANCTIONS

SECTION I
DE LA SURVEILLANCE DE LA QUALITE DE L'EAU

Art. 58 - La surveillance de la qualité de l’eau est effectuée


systématiquement par l’administration compétente. Tout
exploitant est tenu de surveiller en permanence la qualité des
eaux au moyen de vérifications régulières qu’il doit mettre à la
disposition de l’administration compétente, et, il doit l’informer
de toute variation des seuils limites imposés ou de tout incident
susceptible d’avoir des conséquences pour la santé publique.
Des textes réglementaires préciseront les modalités
d’application du présent article.

Art. 59 - Outre les contrôles directs de la pollution, la


pratique dite de l’autosurveillance désigne les mesures
réalisées par tout exploitant, ou celles menées sous sa
responsabilité, à la demande de l'administration, et dans des
conditions qui lui ont été précisées.
L’autosurveillance, réalisée sous la responsabilité de
l’exploitant, doit être complétée et validée par un contrôle
réalisé à l’initiative de l'Autorité Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement.

Art. 60 - L’autosurveillance porte, avant tout, sur les


émissions de polluants, elle peut également comporter des
mesures dans le milieu rural, à proximité de l’installation.
Pour atteindre les objectifs qui lui ont été assignés,
l’autosurveillance implique des mesures régulières et aussi
fréquentes que possible dont les modalités seront fixées par
voie réglementaire, notamment quant aux prélèvements et à la
consommation d’eau ainsi qu’aux rejets de toute nature des
installations classées pour la protection de l’environnement.

SECTION II
DE LA POLICE DES EAUX

Art. 61 - La police des eaux s’entend de toute autorité et/ou


autre entité investies du pouvoir de préserver la ressource en
eau, quant à ses aspects qualitatifs, quantitatifs et
économiques, au mieux de l’intérêt général.
La compétence de la police des eaux, définie au paragraphe
précédent, couvre ainsi la gestion équilibrée de la ressource
dans toutes ses composantes et la préservation du
fonctionnement des écosystèmes aquatiques et des zones
humides.
Art. 62 - Des décrets pris en conseil des ministres
détermineront les principes d'organisation et d'intervention de
la police des eaux.

SECTION III
DES CONTESTATIONS ET DES CONFLITS D'USAGES

Art. 63 - Les litiges concernant les contestations ou autres


conflits d’usages en matière de la ressource en eau doivent
être soumis à l’arbitrage, avant tout procès.

Art. 64 - En cas d’échec du recours à l’arbitrage, est


compétent dans les litiges où l’Etat est absent, le tribunal civil
du lieu de situation de la ressource en eaux objet du litige.
Si le litige met en cause l’Etat ou ses démembrements, la
juridiction administrative est seule compétente.

Art. 65 - En cas de contestation entre les propriétaires


fonciers auxquels les eaux peuvent être utiles, la juridiction
compétente, en statuant, doit concilier l’intérêt de l’agriculture
avec le respect dû à la propriété ; et dans tous les cas, les
règlements particuliers et locaux doivent être observés.

SECTION IV
DES DISPOSITIONS PENALES ET SANCTIONS

Art. 66 - Tout pollueur doit supporter les coûts de ses


activités polluantes.

Art. 67 - Sans préjudice de l'application du Code de la Santé


Publique relatif aux mesures destinées à prévenir la pollution
des eaux potables et à la surveillance des eaux de
consommation toute infraction aux articles 12, 15, 17, 21 et 24
du présent Code est punie d'un emprisonnement de un an à 3
ans et d'une amende de 2.500.000 FMG à 250.000.000 FMG
ou de l'une de ces deux peines seulement.
Toute infraction aux articles 10, 11, 32 et 33 du présent
Code et des textes pris pour son application, notamment
l'exécution de travaux sans autorisation ou contraire aux
prescriptions de l'autorisation, est punie d'un mois à six mois
d'emprisonnement et d'une amende de 250.000 FMG à
2.500.000 FMG, ou de l'une de ces deux peines seulement.
Quiconque exploite une installation d'eau ou
d'hydroélectricité sans l'autorisation requise sera puni d'une
peine d'emprisonnement de deux mois à un an et d'une
amende de 2.500.000 FMG à 25.000.000 FMG ou de l'une de
ces deux peines seulement, sans préjudice des éventuelles
sanctions administratives relatives à la fermeture de
l'installation.

Art. 68 - Le montant de toutes les sanctions pécuniaires,


prononcées en application de l'article ci-dessus sont
susceptibles de modifications en fonction de l'importance des
dégâts et/ou pollution causés et selon des clauses d'indexation
à déterminer par voie réglementaire.
En tout état de cause, des décrets détermineront les
sanctions administratives à appliquer en cas d'infraction au
présent Code.

TITRE IV
DU FINANCEMENT DU SECTEUR DE L'EAU ET DE
L'ASSAINISSEMENT

Art. 69 - En vue de participer au financement de la


conservation, de la mobilisation et de la protection des
ressources en eau, il peut être institué des redevances de
prélèvement sur les ressources, de détérioration de la qualité
de ces ressources et de modification du régime des eaux.

Art. 70 - Les redevances sur les ressources en eaux, pour


des prélèvements ou des rejets d'eaux ou pour des
modifications des régimes des eaux, sont dues sur des bases
égales et équitables, pour toute personne physique ou morale,
publique ou privée utilisatrice de ces ressources, en fonction
des volumes concernés.
Art. 71 - Le financement des ouvrages de mobilisation ou
protection des ressources peut également être assuré par des
redevances spécifiques à ces ouvrages. Ces redevances
spécifiques sont dues, sur des bases égales et équitables, pour
tout usage et pour toute personne physique ou morale,
publique ou privée bénéficiaire de ces ouvrages. Chaque fois
que possible, la structure de gestion de ces ouvrages doit être
une structure d'entreprise commerciale autonome de droit
commun.

Art. 72 - L'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement


peut recourir, au profit du secteur de l'eau et de
l'assainissement, à des collectes de fonds, de dons et legs de
toute nature, par des procédures réglementaires

Art. 73 - Il est institué un Fonds National pour les


Ressources en Eau qui a pour objectif de répondre aux besoins
spécifiques de financement de la conservation, de la
mobilisation et de la protection de la qualité des ressources en
eau. Ce fonds pourra recevoir les produit des redevances non
spécifiques mentionnées au présent titre et participer au
financement des ouvrages de protection, mobilisation et
protection de la qualité des ressources en eau.

Art. 74 - Des décrets préciseront les modalités de définition


et de recouvrement des redevances mentionnées au présent
titre et les modalités de la mise en place et de la gestion du
Fonds National pour les Ressources Eau.

TITRE V
DE L'ORGANISATION DU SECTEUR DE L'EAU ET DE
L'ASSAINISSEMENT

Art. 75 - En vue d'assurer la gestion intégrée des ressources


en eaux et le développement rationnel du secteur de l'eau et de
l'assainissement, il est crée l'Autorité Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement (ANDEA).
Art. 76 - L'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement
exerce sa mission en étroite collaboration avec les différents
départements concernés. Ladite Autorité a notamment pour
mission :
- de coordonner, planifier, programmer tous projets
d'hydraulique et d'assainissement et en suivre l'exécution ;
- d'élaborer et de programmer les plans directeurs
d'aménagement des ressources en eau ;
- d'élaborer et de programmer les plans directeurs
d'assainissement et de drainage ;
- d'établir les priorités d'accès à la ressource en eau et
d'élaborer les normes nationales y relatives ;
- de faire réaliser, en cas de besoin, des études et des
travaux relatifs aux réseaux d'assainissement et de drainage ;
- de collecter les données et informations relatives aux
ressources en eau ;
- de valoriser l'usage des cours d'eau à des fins de
production de protéines animales, de transports, de loisirs et de
production d'énergie ;
- de rechercher de nouvelles technologies pour réduire le
coût d'exploitation de l'eau ;
- de faire réaliser des études et des analyses en matière
économique et financière à court, moyen. et long terme en vue
:
1° de la gestion optimale des ressources financières du
secteur de l'eau,
2° du recouvrement des redevances et taxes,
3° de l'évaluation économique du rendement des
investissements dans le secteur de l’eau ;
- de percevoir les taxes et redevances liées à l'usage des
ressources en eaux ;
- d'assurer la sensibilisation, l'information et la formation
dans les secteurs industriel et agricole dans le cadre de la mise
en oeuvre de la politique nationale de lutte contre la pollution
des eaux ;
- de suivre et d'évaluer l'efficacité des mesures
d'assainissement et de prévention des pollutions des
ressources en eaux ;
- d'exécuter les plans d'urgence pour la prévention et la lutte
contre les inondations et les sécheresses.

Art. 77 - L'Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement


est placée sous la tutelle technique et administrative du
Cabinet du Premier Ministre, et sous la tutelle financière du
Ministère chargé de l'Economie et des Finances.
Des décrets pris en Conseil de Gouvernement détermineront
les attributions et le fonctionnement de l'Autorité Nationale de
l'Eau et de l'Assainissement

Art. 78 - Conformément aux dispositions des articles 28 et


77 du présent Code, l'Autorité Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement est l'unique interlocuteur de tous les
intervenants en matière de ressource en eau. Les relations de
ladite Autorité avec les différentes structures
gouvernementales, les Provinces Autonomes et autres
Collectivités ainsi que les intervenants extra étatiques seront
précisés dans le cadre de décret.

TITRE VI
DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES

SECTION I
DISPOSITIONS TRANSITOIRES

Art. 79 - Jusqu’à la mise en place des structures et organes


administratifs et techniques prévus par le présent code dans le
domaine de l’Eau et de l’Assainissement, les structures et
organes prévus par les anciennes dispositions légales
ou réglementaires continuent d’exister.

Art. 80 - Pendant une période de deux ans à compter de la


date d'entrée en vigueur du présent Code, la société d'Etat
JIRAMA créée par l'ordonnance n° 75-024 du 17 octobre 1975,
pourra légalement poursuivre ses activités sans être titulaire
de contrat de concession.
La Société d'Etat JIRAMA doit avant l'expiration de ce délai
de deux ans, conclure avec l'Autorité concédante des contrats
de concession pour tout ou partie des installations qu'elle
exploite à la date de promulgation du présent Code, suite à des
demandes spécifiques par la JIRAMA au Ministère chargé de
l'Eau Potable.
La durée de ces contrats de concession sera de 10 ans.

Art. 81 - Les actuels Comités de Points d'Eau poursuivent


leurs activités habituelles jusqu'à l'habilitation en qualité de
maîtres d'ouvrages de leurs communes de rattachement
respectives, avec lesquelles ils devront passer des contrats de
gestion déléguée.

SECTION II
DISPOSITIONS FINALES

Art. 82 - Des transferts de compétences peuvent être


effectués aux Provinces Autonomes par voie réglementaire.

Art. 83 - Des textes réglementaires préciseront en tant que


de besoin les modalités d’application du présent Code.

Art. 84 - Sont abrogées toutes dispositions antérieures


contraires aux stipulations du présent Code de
l’Eau notamment l’ordonnance n° 74-002 du 4 février 1974
portant orientation de la politique de l’eau et de l’électricité dans
son volet eau, l’ordonnance n° 60-173 du 3 octobre 1960
portant contrôle des eaux souterraines et des textes
subséquents, ainsi que l’article 3 alinéa 4 et l’article 6 de la loi
n° 95-035 du 3 octobre 1995 autorisant la création des
organismes chargés de l’assainissement urbain et fixant les
redevances pour l’assainissement urbain. Jusqu'à la mise en
place effective de la nouvelle réglementation de redevance
d'assainissement les articles 4 à 12 de la loi n° 95-035
resteront en vigueur ; ils seront abrogés dès la parution des
nouveaux textes.

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