Les Groupes Humains: Une Population Essentiellement Rurale
Les Groupes Humains: Une Population Essentiellement Rurale
Les Groupes Humains: Une Population Essentiellement Rurale
Sur les 31 000 km* que couvre cette étude, on comptait au recensement national
de 1968 près de 1 1.00000 habitants. Ce recensement et celui de 1956 serviront de
référence tout au long de ce chapitre. La densité moyenne était alors de
35 habitants au km2. Cet extrême-nord du Cameroun est l’une des régions les plus
densément peuplées du pays.
Un certain nombre de traits caractérisent cette population :
- C’est une population très largement rurale, même si la croissance urbaine
s’accélère considérablement à l’heure actuelle.
- Elle est dense mais inégalement répartie. Les zones de fortes densités des monts
du Mandara septentrionaux, du pays toupouri et de la vallée de la Tsanaga
côtoient des zones de peuplement médiocre ou faible comme la région de
Mindif, le (( désert de Torok » ou la frange méridionale des Yaérés (1).
- La variété des groupes humains est grande et chacun a gardé jusqu’à
aujourd’hui une identité culturelle et sociale forte, même si, peu à peu, la
culture peule tend à s’imposer et A gommer les différences.
- Les aires occupées par les différents groupes humains ont varié très souvent
sous les contraintes de phénomènes historiques, la pression démographique
inégale d’un groupe à l’autre, et les psychologies de chaque groupe humain. Le
fait historique le plus marquant, le plus important a été la conquête peule du
19’ siècle qui a bouleversé le paysage humain de cette partie du Cameroun.
Ce sont ces caractéristiques que nous allons présenter tour à tour.
103
Des paysages aux hommes
Ce monde paysan n’est pas lui non plus homogène. Nous distinguerons quatre
types de paysans, étant entendu que l’on peut faire d’autres catégories et que,
comme toute tentative de classification, celle-ci est critiquable et simplificatrice.
Nous distinguerons :
- Les paysans authentiques.
- Les paysans négligents sans tradition agricole solide.
- Les pasteurs sédentarisés; les grands propriétaires terriens parfois entrepre-
neurs agricoles.
- Les paysans encadrés.
Nous y avons mis tous les paysannats possédant les techniques agricoles les plus
savantes et les plus élaborées en mème temps que les traditions agricoles les plus
solides.
C’est dans le vieux fonds paléonégritique qu’on les trouve. Ce sont essentielle-
ment les montagnards des massifs septentrionaux des Monts du Mandara, comme
les Mafa et les Podokwo pour ne citer que ceux-là et les Toupouri des environs du
Lac Fianga.
Ces paysans, dans des milieux aussi différents que la montagne ou des plaines
saisonnièrement inondées, ont aussi à mettre au point des techniques autorisant
une utilisation quasi intégrale de l’espace. Les uns et les autres occupent des
espaces bien délimités où ils sont pratiquement, ethniquement purs.
Certains groupes humains sont à la charnière entre ces paysans et les paysans
négligents. Charnière à la fois géographique et technologique. Ce sont les habitants
des Monts du Mandara méridionaux, les Mofou dont une partie de la population
est montagnarde et pratique une agriculture savante et dont une partie en plaine
fait appel à des techniques plus extensives. La même observation peut être faite à
propos des Kapsiki dont le rameau montagnard Kortchi peut rivaliser avec les
montagnards mafa par exemple, mais dont la population vivant sur les plateaux
voisins ne pousse pas aussi loin sa maîtrise des techniques et du milieu.
Les Guiziga et les Moundang en sont les représentants les plus typiques. La
faiblesse de leurs traditions agricoles a eu parfois d’heureux effets en leur donnant
une ouverture à l’innovation et une facilité d’adaptation plus grandes que les
autres paysans. La culture attelée s’y est fortement développée et les Moundang
ont été parmi les plus réceptifs à l’introduction de la culture du coton.
Les Mousgoum des rives du Logone peuvent être répertoriés dans ce groupe. La
présence d’une rivière très poissonneuse, le Logone, les a davantage poussés vers
des activités de pêche que d’agriculture.
Les Massa sont, eux, à la charnière de trois des groupes définis. Ils s’apparentent
à des paysans authentiques par l’utilisation intensive et rationnelle qu’ils font des
zones de décrue. De haut en bas s’y étagent vergers, cultures maraîchères et tabac.
Par contre le reste du terroir, cultivé en sorgho et en mil, ne recoit pas des soins
dignes de paysans de qualité. Enfin une partie de plus en plus large d’entre eux
participent à la culture encadrée du riz dans les casiers rizicoles de la SEMRY (1).
105
Le Nord du Cameroun
106
Les groupes humains
Deux villes dominent le nord du Cameroun dans la partie que nous présentons :
Garoua et Maroua, la nouvelle et l’ancienne capitale du Nord. Deux villes aussi
différentes que possible par leur histoire, leur aspect et leur comportement actuel.
Garoua comptait 28 974 habitants en 1968. En 1973 on estimait sa population à
une cinquantaine de milliers de personnes et la croissance s’est poursuivie depuis à
un rythme élevé. Modeste comptoir commercial haoussa à l’origine, elle doit à sa
position centrale dans la province du Nord d’avoir été préférée à sa rivale Maroua.
Son rôle administratif, son port redevenu actif(l), un aéroport bientôt capable
d’accueillir les longs courriers, un secteur commercial important, un secteur
industriel en plein essor avec une brasserie, une importante usine de tissage, de
nombreux ateliers de serrurerie et de mécanique, des entreprises de travaux
publics, un secteur bancaire développé sont les atouts de sa croissance et de sa
vitalité.
Toutes ces activités lui donnent une population d’ouvriers, d’employés, de
cadres, de fonctionnaires du plus haut au plus bas niveau, pour l’instant unique au
Nord Cameroun.
Maroua, rivale malheureuse de Garoua, a longtemps été remarquable par sa
stagnation. Seconde ville du pays, après Douala, dans les années 30, avec une
trentaine de milliers d’habitants, sa population était sensiblement la même 40 ans
plus tard. Autant Garoua semblait éclater de toute part, autant Maroua paraissait
assoupie. Le réveil s’est pourtant produit il y a un peu moins de dix ans
maintenant et la vieille métropole du Nord se transforme rapidement. De
nouveaux quartiers apparaissent, les constructions se multiplient et l’infrastruc-
ture se modernise. Au centre de la zone touristique, Maroua accueille de plus en
plus de touristes et l’hôtellerie s’y est développée et modernisée. Cependant, la
ville, gràce à son vieux noyau central, conserve son allure et son charme de vieille
cité peule. Le secteur industriel y est encore assez réduit, une usine d’égrenage et
une huilerie de coton, mais les travaux publics sont mieux représentés et le négoce
et les activités de transports importants. Les maisons de commerce et les banques
n’y sont encore que des agences dépendant de Garoua, mais des commercants
locaux relèvent le défi et atteignent une dimension comparable à ceux de Garoua.
Maroua a un rôle administratif important dans le département le plus peuplé du
Nord Cameroun.
Outre ces deux villes, on trouve aussi un certain nombre d’agglomérations qui,
par la masse de population agglomérée et les services administratifs, techniques,
107
Les groupes humains
Le Nord du Cameroun
La carte des densités de population rurale(2) montre bien ces deux caractéris-
tiques (fig. 16).
Pour mieux fixer les idées, comparons les superficies occupées par chacune des
classes de densités retenues, et le pourcentage de la population totale qu’elles
portent.
109
Lt Nord du Cameroun
Les zones de fortes densités c-t- de 76 hab au km? portent près du quart de la
population sur seulement 6,5 % de la zone étudiée.
L’ensemble des zones bien et fortement peuplées, toutes celles qui dépassent
37 hab au km2, représentent 60% de la population sur le quart de la superficie
étudiée.
Si l’on ajoute la fraction de densité comprise entre 25 et 36 hab au km2, c’est
presque 84 % de la population qui est intéressée sur à peine plus de la moitié de la
superficie (5 1% ). La densité du peuplement est évidente.
L’inégalité de ce peuplement aussi puisque sur presque la moitié de la zone (49 % 1
les densités sont inférieures à 24 hab au km2 et que sur cette moitié ne vit que 16 %
du total de la population.
(1) JeanBOULET,1975.
110
LESgroupes humains
111
Le Nord du Cameroun
c’est le prolongement en plaine des ‘hautes densités du pays mafa auxquels les
Guelebda sont apparentés.
112
Lesgroupes humains
pays original au milieu des Massa, où une forte émigration des jeunes est
traditionnelle.
De part et d’autre du pays toupouri existent deux zones en cours de peuplement,
zones d’expansion naturelle des Toupouri sur leurs anciennes terres conquises par
les Foulbé au siècle dernier. Les densités atteignent 25,2 hab/km2 à l’est sur la
bande grignotée sur le lamidat de Kalfou et 34,8 à l’ouest sur celle recolonisée dans
le lamidat de Guidiguis.
Les environs de Garoua le long du mayo Kébi avec Pitoa et Bé sont bien peuplés
(d = 263) par rapport aux régions voisines. L’influence de la ville de Garoua dont
on a vu le dynamisme et la descente des Fali du Kangou, du Tinguelin et même du
Peské-Bori dans la vallée du Kébi expliquent cette relative densité du peuplement.
113
Le Nord du Cameroun
aussi une explication historique quand on sait le tribut particulièrement lourd que
payèrent les Bata à la conquête peule.
La bande de terrain comprise entre les massifs Kortchi et la plaine de Gawar
n’atteint même pas 6 habitants au km*. Vide entre deux groupes humains ennemis
et conditions naturelles difficiles peuvent expliquer cette faible densité de la
population.
Le lamidat peu1 de Kalfou avec une densité de 6,3 habitants au km* est une île de
faible peuplement au milieu de zones fortement peuplées. L’explication est ici
aussi historique.
Un vide relatif (d= 10) sépare les Guissey des Moussey. Enfin, toute la plaine au
nord de la dune Limani-Petté et tout le nord du pays mousgoum ont entre 6,4 et
8,6 habitants au km2, Pays des Mousgoum dans sa partie orientale et des Choa dans
sa partie occidentale, l’influence sahélienne y est déjà sensible. La vocation
d’éleveurs nomades des Choa contribue, avec les conditions naturelles difficiles, à
expliquer cette faible densité.
114’
Les groupes humains
Les conditions naturelles jouent un role dans cette inégale répartition des
hommes mais elles ne suffisent pas à l’expliquer, les facteurs humains et
historiques ont une importance autrement grande. II semble qu’il y ait relation
étroite entre densité de population et technicité agricole. Cependant, chaque
groupe humain a réagi de facon très différente, selon ses traditions, son histoire, sa
culture. Ce sont ces aspects que nous allons examiner maintenant, car si l’inégale
répartition de la population est frappante, sa diversité ne l’est pas moins.
115
Le Nord du Cameroun
LES FOULBÉ
Les 3/5 des islamisés se disent Foulbé. La diversité de ce &oupe est extrême et
mériterait à elle seule une étude. Outre les divers rameaux Foulbé, Yllaga,
Féréoobé, Wollarbé, descendants des pasteurs et des conquérants du siècle dernier,
il regroupe un grand nombre de païens islamisés et foulbéisés, comme les
Zoumaya de la région de Zoumaya Lamorde et Mindif ou comme les Niam-Niam
du mayo Kébi totalement islamisés et, dans des proportions variables, des païens
islamisés de pratiquement toutes les ethnies païennes du Nord-Cameroun. S’y
ajoutent les Foulbé nomades en petit nombre (200 personnes) et les serviteurs
(matchoubé).
Leur aire de dispersion obéit à deux grands critères. Pasteurs nomades on les
trouve un peu partout, conquérants ils se sont concentrés dans quelques grands
lamidats. Un dénombrement grossier fait à partir de la carte des groupes humains
de l’Atlas National du Cameroun, permet de preciser la répartition de ce groupe
humain.
Les Foulbé citadins
- 12000 à Maroua
- 4 500 à Garoua
- 2 600 à Guider
- 800 à Yagoua
- 600 à Kaélé
soit 20 500 et une proportion de citadins légèrement supérieure à la moyenne de
116 ’
Les groupes humains
LESBORNOUAN
Numériquement plus importants que les Mandara, ils vivent en majorité dans
les limites de l’ancien royaume mandara et leur différence culturelle avec les
117
Le Nord du Cameroun
Mandara est peu perceptible. On les trouve surtout dans les cantons de Itolofata,
Limani et Boundéri. Actuellement, ils progressent le long de la route goudronnée
Mora-Maltam, zone d’extension du casier agricole de Doulo-Gané. On les trouve
aussi en nombre non négligeable dans les arrondissements de Maroua (7 700), de
Bogo (4 600), de Mindif (1 400), et jusque dans le sultanat Mousgoum de Guirvidig
(300).
LESGAMERGOU
Un tout petit groupe, culturellement très proche des Bornouan. Ils vivent dans
la partie nord-ouest du canton de Kolofata et dans le canton de Kerawa.
LESARABES CHOA
Ils sont ici à leur limite méridionale. On les trouve dans les cantons de Kolofata,
Limani, Boundéri, Magdémé et Kossa (4 000 personnes), dans ceux de Petté, Fadéré
et au nord du lamidat de Bogo (1 800). Curieusement, on compte un groupe de
500 Choa dans la ville de Garoua.
LESGUELEBDA
Un petit groupe très curieux d’éleveurs cultivateurs, d’origine montagnarde qui
vit actuellement dans les cantons de Kerawa, à cheval sur la frontière nigériane.
LES MOUSGOUM
Si leur islamisation est très avancée, elle n’est pas complète, et une fraction de la
population mousgoum est restée païenne, notamment dans la région de
Madalam-Mérigné. En contact avec les Massa, ils leur ont emprunté certains traits
culturels, comme la pratique de la cure de lait, le « gourou 1).
Compte tenu de l’importance numérique et politique de la fraction islamisée,
nous les avons classés dans ce groupe.
On les trouve essentiellement dans les deux sultanats de Pouss et Guirvidig, dans
la partie nord-est de cette étude. Ils débordent légèrement sur les lamidats voisins
de Bogo, Maroua et même Mindif.
Enfin, ils occupent le canton de Kossa dans l’arrondissement de Mora. De petits
groupes mousgoum s’éparpillent entre Kossa et Guirvidig dans les cantons de
Pctté et Fadéré.
LES HAOUSSA
Un petit groupe de 1 400 personnes, réparties entre les villes de Garoua (1 000) et
Guider (400). Une population essentiellement citadine, subissant fortement
l’influence peule. Nous avons vu qu’ils étaient à l’origine de la création de Garoua.
Les montagnards, tels que nous les entendons ici, sont les populations vivant
dans les montagnes du Mandara, cultivant les pentes qu’ils ont aménagées. Les
populations habitant les piedmonts, les plateaux et les vallées intérieures ont été
regroupées dans la rubrique : « habitants des hautes terres et des plateaux ».
118
LPSgroupes humains
LES MAFA
On’ peut légitimement regrouper en un seul groupe, Mafa, Hidé, Mabass et
Ndaré (non mentionnés sur la carte des groupes humains). Soit un groupe de
91 000 personnes. La première ethnie montagnarde par le nombre et I’une des plus
nombreuses du Nord-Cameroun.
Les Mafa occupent la base et la branche orientale du croissant montagneux du
Mandara du Nord, soit les cantons Makatam Sud, Moskota, Gaboua, Koza et pour
partie les cantons de Zamaï et Mozogo.
Parmi les Mafa émigrés, on en comptait un millier à Maroua et presque 2 000
dans l’arrondissement de Mora, au pied du rocher de Gréa notamment.
Les Hidé et les Ndaré sont à la limite nord-ouest du pays dans la région de
Tourou et de Ngossi au contact avec leurs frères de race, les Guelebda. Les Mabass
ou Margui sont à cheval sur la frontière du Nigeria dans les environs du village du
même nom. Les Minéo occupent le canton de Gaboua, au contact avec les Zoulgo
avec lesquels ils se sont métissés et auxquels ils ont emprunté des éléments de
langage.
LES MOUKTÉLÉ
Voisins et sans doute parents des Mafa, ils occupent le canton du même nom,
canton qui se caractérise par la présence de roches basaltiques qui donnent au
paysage un aspect noir en saison sèche.
LES PODOKWO
Ils habitent les massifs enserrés entre Mouktélé et Mora. C’est la zone où les
densités sont les plus élevées et, en conséquence, le paysage le plus minutieuse-
ment aménagé.
LESOURZA, MOUYENGUÉ,
MOKYO-MOLKOA ET MBOKOU
Ils occupent des inselbergs plus ou moins proches de la bordure montagneuse.
Certains, comme les Mouyengué, à l’étroit sur leur massif, sont en majorité
119
Le Nord du Cameroun
descendus dans la plaine voisine du Mangafé et ont aussi émigré dans la région de
Maroua (Meskine) travaillant comme manœuvres dans les jardins maraîchers. Les
Mokyo-Molkoa hésitent entre leurs massifs et le périmètre de colonisation installé
à leurs pieds. Un petit nombre ont émigré dans la région de Maroua où ils
colonisent les pentes des montagnes de Maroua, dernières terres inoccupées de la
région.
Tous ces montagnards représentent un monde paysan bien enraciné mais de
plus en plus à l’étroit. L’émigration, seule solution pour l’avenir, pose les
problemes d’un déracinement et d’une prolétarisation inquiétants. Cette émigra-
tion, pour le moment, se fait plus spontanément vers le nord-est, vers le monde
Mandara que vers les plaines du Diamaré.
LES MOFOU
C’est, après les Mafa, le groupe humain le plus nombreux. Ethnie charnière
entre massifs et plaine, une partie seulement d’entre eux est véritablement
montagnarde.
Les montagnards se trouvent dans les cantons de Wazang, Douroum et
Douvangar, sur la bordure orientale des Monts du Mandara, au sud du Col de
Méri, soit 17 600 personnes sur un total de 42 100.
19 300 dans l’arrondissement de Mokolo occupaient surtout les piedmonts et les
vallées de leurs montagnes (Mokong, Zidim), 3 200 se dispersaient dans le Diamaré
dans le prolongement des cantons Mofou précédemment cités, notamment dans
les sites montagneux de Mogazang et Makabay près de Maroua, 2 000 enfin étaient
urbanisés à Maroua.
Ce sont essentiellement les groupes humains des mass;& sud des Monts du
Mandara.
La montagne perd ici de sa rudesse, les plateaux, les vallées intérieures prennent
de l’ampleur et accueillent la plus grande partie de la population. Bien sùr, la
classification simplifie un peu la réalité. Certaines fractions de la population sont
montagnardes, comme le rameau Kortchi des Kapsiki.
- I<ola 3 300 personnes - Kapsiki 24 200 personnes
- Hina 5 100 personnes - Bana 9 600 personnes
- Daba 17 900 personnes - Djimi 2 200 personnes
- Guidar 37 300 personnes - Goudé 10400 personnes
- Fali 34 000 personnes - Njegn 10 200 personnes
- Kangou 5 700 personnes
Ce groupe comprend II groupes humains différents selon la carte des
populations de l’Atlas National du Cameroun. Plus qu’ailleurs peut-être, la notion
d’ethnie apparaît difficile à cerner. Ainsi les Daba, les Hina et les Kola sont trois
branches du rameau daba et parfois regroupés. Par contre, les Tchédé n’apparais-
sent pas sur la carte. Les Fali du Kangou ont été séparés des autres Fali. Tout cela
relève plus de l’habitude que de la logique. La diversité de certaine ethnies autorise
tout aussi bien le regroupement qu’elle ne légitime la séparation.
Zone de circulation plus facile que les massifs nord, ces hautes terres du Mandara
du sud ont été le lieu de passage et d’affrontement, de fusion aussi, de nombreux
groupes humains, d’où la difficulté des classifications.
120
Les groupes humains
- Aire d’occupation
LESGUIDAR
Un des groupes les plus nombreux de cet ensemble. On les trouve essentielle-
ment dans la moitié orientale de l’arrondissement de Guider. Ils débordent
légèrement sur les cantons voisins peuplés de Guiziga et de Moundang de
l’arrondissement de I<aélé.
LES DJIMI
Ils prolongent vers le sud le peuplement bana précédemment évoqué. On les
trouve essentiellement dans les environs du gros village de Djimi dont ils ont pris
le nom.
LESGOUDÉ
Prolongent au sud le petit peuplement djimi. A cheval sur la frontière
nigériane, ils occupent les cantons sud de l’arrondissement de Mokolo. Bourrha et
Tchevi et ceux nord-ouest de I’arrondisscment de Guider, Doumo et Guirviza qu’ils
partagent avec les Njegn.
La majorité de ce groupe humain est au Nigeria mais 10400 représentants
vivaient au Cameroun en 1962.
On regroupe sous le nom de Goudé, les Tchédé qui occupent les massifs de Téléki
au contact des Daba et les Motchekina qui vivent sur les plateaux de Bourrha,
Boukoula et Tchévi.
121
Hommes du Nord
LES NJEGN
Sont eux aussi à chevdl sur la frontière du Nigeria. Ils prolongent vers le sud le
peuplement goudé, occupant le sud des cantons de Doumo et Guirviza, le canton
de Dazal en entier et se mélant aux Foulbé du lamidat de Baschéo.
122
10. Vroum, « La Guerre 0, vieux montagnard
mokyo, porte le bonnet phrvgien. KW?@
J. BO~IRAIS).
123
Le Nord du Cameroun
- Aire d’occupation
LESTOUPOURI
Les plus nombreux et les plus homogènes occupent tout l’espace situé entre le
désert de Torok et l’axe du lac Fianga. Les cantons de Doukoula, Tchatibali,
Touloum, Bizili et Golonguini sont peuplés exclusivement de Toupouri. Les
Toupouri débordent ces cantons et gagnent peu à peu sur les cantons voisins, en
particulier les lamidats foulbé de Kalfou et Guidiguis. Le peuplement toupouri se
continue au sud, au-delà de la frontière avec le Tchad.
LES MASSA
Ils occupent les plaines inondées du Logone au sud des sultanats mousgoum de
Pouss et Guirvidig. Le Logone est leur limite orientale au Cameroun, le pays
toupouri et le peuplement peu1 la limite occidentale, la frontière tchadienne la
limite méridionale. Bien sûr, leur peuplement se poursuit au sud, au-delà de la
frontière et sur la rive droite du Logone au Tchad. Le canton de la Wina à l’ouest
du lac Fianga est un bel exemple de ces zones de contact entre groupes humains
voisins puisque peuplé de Toupouri parlant massa. Au nord du pays toupouri, la
limite entre Massa et populations islamisées passe par un no man’s land, ce qui est
également fréquent entre groupes humains différents et souvent hostiles.
LESGUIZIGA
Ils occupent totalement ou partiellement la plaine à l’ouest de la ville de Maroua
avec un peuplement pratiquement pur dans les cantons de Loulou et Moutouroua.
Ailleurs, ils se melent aux populations foulbé et mofou dans la moitié nord de la
plaine et dans la ville de Maroua, leur ancienne capitale.
Un no man’s land les sépare de leurs voisins méridionaux, les Moundang. Le
canton de Midjivin, peuplé de Moundang parlant le guiziga, est un autre exemple
de ces zones de contact entre groupes humains.
Leur aire de distribution s’est considérablement réduite au cours du 19e siècle.
Nous en reparlerons en tentant de brosser un rapide tableau de la mise en place
des populations.
LES MOUNDANG
Une aire bien localisée dans les trois cantons de Kaélé, Boboyo et Lara et dans le
canton de transition de Midjivin entre peuplement guiziga au nord, frontière
tchadienne au sud, peuplement peu1 à l’est et guidar à l’ouest.
Un no man’s land entoure le pays moundang et l’individualise parfaitement.
LES MOUSSEY
Ils habitent une enclave au sud du pays massa le long de la frontière tchadienne,
4400 au recensement de 1964, ils étaient 1 000 de plus en 1968. Petit groupe
humain au Cameroun, les Moussey ont une personnalité bien marquée et se
différencient complètement de leurs voisins massa. Ce sont des éleveurs de
chevaux. Ils ne pratiquent aucun élevage bovin. Ils ont une tradition d’émigration
temporaire dans les mines de charbon du Nigeria.
124
Les groupes humains
LES BATA
Ils sont environ un millier sur la rive droite de la Bénoué entre Garoua et la
frontière nigériane. Ce sont traditionnellement des pêcheurs, d’où leur localisa-
tion en bordure de la Bénoué.
LES MAMBAY
Ils sont une poignée dans la zone frontière tchadienne - mayo Wni.
125
Le Nord du Cameroun
au Baguirmi. Il semble que ces départs depuis l’aire de dispersion que fut le
« Macina )>se soient échelonnés du 16e au lSe siècle. C’est ensuite la pénétration
dans le pays haoussa et le séjour prolongé de nombreux Foulbé au Bornou (5 à 6
générations parfois). C’est du Bornou que viendront la majorité des Foulbé du
Nord-Cameroun, en paisibles éleveurs d’abord, en conquérants ensuite. Ce séjour
au Bornou a eu une importance capitale pour les Foulbé du Nord-Cameroun car
c’est pendant ce long séjour que certains abandonneront la vie nomade pour se
sédentariser. Là se formeront les lettrés « les modibe )) qui, en réchauffant le zèle
religieux quelque peu attiédi depuis le départ du (( Malle », rendront possible la
conquête par l’intermédiaire de la guerre sainte (( la Djihad )).
La diversité des clans est grande chez les Foulbé; Yllaga, Wollarbé, Fereoobé,
Ngara, Tara, Maoudi, Sava, Djenne, Djafoun pour ne citer que les plus répandus au
Nord-Cameroun. Un des mérites de MOHAMMADOU Eldridge dans le premier volet
de son étude des Foulbé du Cameroun consacré à Maroua et Petté, est d’avoir
débrouillé cet écheveau.
On ne compte en effet au Nord-Cameroun que trois grands clans issus de deux
des trois filles et du fils de Oukba, l’Arabe et de Badjo Manga, la Sorakolé qui,
d’après la tradition, donnèrent naissance au peuple peul. Ce sont : les Yllaga, les
Wollarbé et les Féréoobe, clan auquel appartiennent tous les Tara, Ngara,
Badaway, Sawa, Maoudi dont les noms actuels sont, ou des surnoms donnés par
les ethnies chez lesquelles ils ont séjourné (exemple : Badaway signifie nomade en
kanouri), ou des noms de lieu où ils se sont longuement arrêtés (exemple des Sava
dont le nom vient du mayo du même nom).
S’il semble que très tôt, dès le début du 16e siècle, des Foulbé aient traversé les
Monts du Mandara pour pousser dans l’actuel Diamaré et même au-delà du
Logone, dans ce qui allait devenir bientôt le royaume du Baguirmi, c’est au
lSe siècle que des Foulbé, installés au Bornou, reprendront en nombre leurs
migrations vers l’est, vers le royaume du Mandara et, au-delà, le Diamaré. Dès la
fin du 18’ siècle, les Foulbé sont installés avec leurs troupeaux dans les zones où on
les trouve maintenant. Peu nombreux, ils sont sous la dépendance des chefs
païens, guiziga, zoumaya, mofou, auxquels ils paient de$ tributs, moyennant
l’autorisation de faire paître leurs troupeaux. Si pour certains groupes foulbé,
comme les Bamlé dans la région de Guider, la cohabitation avec les païens se passe
assez bien et somme toute à la satisfaction des deux parties, le plus souvent les
Foulbé subissent les brimades des chefs païens. Cela provoque des migrations mais
aussi des colères et des rancceurs. Déjà des groupes foulbé se sont organisés, semant
la terreur chez certaines populations païennes ; Baoutchi Gordi chez les Goudé et
Haman Yero chez les Njegn et les Fali. Le climat est à l’insurrection à la fin du
lSe siècle chez les Foulbé. En lancant vers 1805, « la Djihad », le cheikou Ousmanou
de Sokoto va lui donner corps et ampleur. C’est de ce début du 19’ siècle que date
l’implantation massive des Foulbé au Nord-Cameroun.
- La mise en place des Foulbé Yllaga
Clan guerrier par excellence, les Yllaga vont fonder les premiers grands lamidats
et aussi, tout au long du 19e siècle, toute une série de petites chefferies au contact
des païens les plus remuants, afin de tenter de les réduire ou pour le moins de
protéger les axes de communications importants.
Quittant le Bornou, ils fonderont Madagali et Mubi. Certains iront jusqu’à Bé et
Rey Bouba et bien plus au sud encore, d’autres partant de Mubi iront fonder
Bindir.
Bindir sera l’un des lamidats les plus importants de cette région. Au cours de
leur migration vers Bindir, des postes militaires furent créés, Gazawa, Meskine,
Djapay et Kaya. C’est de Bindir que partira le Modibo Bouba Birowo, fondateur de
126
Les groupes humains
127
L.eNord du Cqmeroun
128
Les groupes humains
laisser de souvenirs, sinon qu’il en fut fait un grand carnage et que les femmes et
les enfants furent emmenés en servitude. Les Bournouan et Mandara venus aider
leurs vassaux guiziga furent défaits à Godola mais purent contenir les Foulbé sur le
mayo Mangafé qui est resté jusqu’à nos jours la frontière de peuplement,
d’influente et de culture entre les deux groupes humains. Le sort de ces païens
réglé, les Féréoobé se tournèrent contre les Zoumaya. La lutte fut longue et l’ethnie
zoumaya aura vécu quand, au milieu du siècle, tombera sa capitale Zoumaya
Lamordé. Les hommes eurent une jambe coupée et les femmes et les enfants furent
emmenés en servitude. Quelques rescapés purent se réfugier dans les rochers de
Mindif oh survivent encore quelques rares descendants. Il semble que cela ait eu
lieu du temps du lamido Sali, fils du lamido Damraka. Celui-ci combattra aussi les
Daba de Hina et créera, pour les tenir en respect, le lawanat de Zongoya avec des
Yllaga de Mindif, comme nous l’avons vu précédemment.
Afin d’organiser et de peupler leur lamidat, les Féréoobé de Maroua délégueront
une partie de leur autorité à des membres de leurs familles ou à des hommes de
confiance chargés d’administrer un territoire déterminé. C’est ainsi que seront
créés les lawanats de Kongola Saïd, Kongola Djiddéo, Kongola Djolao et
Doursoungo, entre 1835 et 1845. Kaléo est également organisé pendant cette
période, avec la particularité que la responsabilité en sera confiée à un bornouan,
fidèle du lamido. Balaza Laouane daterait de 1820 et Balaza Alcali de 1833. A la
même époque est créé Kodek. Yoldéo et Djoulgouf seraient antérieurs. Malam
Petel, détruit en 1822 par les Mandara, ne deviendra lawanat qu’en 1856. Dargala,
créé sur le domaine des Zoumaya, ne sera organisé que vers 1870. Papata sera créé
vers 1850 avec des Mousgoum islamisés. Dogba ne verra le jour qu’à la fin du
19’ siècle.
Si dès le milieu du siècle les conquêtes sont faites, on constate que l’organisation
sera beaucoup plus tardive sur les zones proches du royaume des Mandara. Le
peuplement du lamidat sera facilité par l’échec que connaitront les Foulbé dit
« Sawa » dans leur conquète d’une partie du royaume mandara. Après leur
cuisante défaite à Haïssa-Harde, ils iront rejoindre leurs coreligionnaires déjà
installés dans le Diamaré. Ils seront à l’origine des principautés de Yoldeo,
Djoulgouf, Balaza, Fadéré et Petté.
Auparavant, avant leur vaine tentative de conquête du royaume mandara, ils
avaient créé Kossewa et Gayak à l’est de Maroua, Doulek, Godola, Mbozo-Debi,
Dakar et Domga à l’ouest.
Ainsi, au cours du 19e siècle, un nouveau pays est né, le Diamaré peuplé de
Foulbé. Les anciens habitants païens sont repliés à la périphérie comme les
Mousgoum, réfugiés dans les massifs environnants comme les Guiziga et les
Mofou, ou ont totalement disparu comme les Zoumaya ou les Bogo. Quant au
royaume du Mandara, son influence politique ne dépasse plus au sud le mayo
Mangafé. C’est la situation que trouveront les colonisateurs européens. Terre
conquise, mais aussi terre organisée et colonisée, la présence peule y est forte, son
influence plus forte encore. Quand, avec la paix, les païens reviendront, ils ne
pourront y tenir qu’une place marginale. Au contact des Foulbé, beaucoup
s’islamiseront ou plutôt se foulbéiseront. Au conrraire de leurs voisins yllaga, les
Féréoobé ont mené de pair, conquète, peuplement et organisation et c’est peut-
ètre aussi pour cela que le cœur du Diamaré connait des densités si élevées et que
l’acculturation des païens s’y poursuit si aisément. Les Yllaga divisés, mal
organisés, ont conquis des déserts qui ont, même maintenant, du mal à se peupler.
Il faut dire un mot des Féréoobé de Kalfou que l’on appelle aussi Foulbé
Baguirmi. Contrairement aux autres Foulbé, ils ne sont pas venus de l’ouest mais
de l’est de ce Baguirmi que leurs ancêtres avaient atteint plus d’un siècle
auparavant. Avec l’annonce de la guerre sainte, certains vont repasser le fleuve et
129
Le Nord du Cameroun
tenter de se tailler une principauté dans les zones voisines du Logone peuplées de
Toupouri et de Massa. Ils essaieront en vain de s’installer à Yagoua d’où les
Toupouri les délogeront. Ils se réfugient alors dans le lamidat de Mindif à Ouro
Lamido près de Kaya. Vers 1836, nouvelle tentative de percée vers l’est et
installation à Kalfou. Ils s’y consolident et tentent, une nouvelle fois, la conquête
de la région de Yagoua, nouvel échec et repli une fois de plus à Ouro Lamido. C’est
alors que leur chef se rendra à Sokoto pour y recevoir l’investiture. A son retour, il
se réinstallera à Kalfou, y combattra les Toupouri et trouvera la mort près de
Fianga. Ses successeurs continueront la lutte contre les Massa et les Mousgoum
sans grand succès. Ils créeront cependant la principauté de Tankirou.
A l’heure actuelle, ils représentent l’avancée extrême des Foulbé vers l’est au
Nord-Cameroun. Ce lamidat qui dépendait directement de Sokoto, sans passer par
le relais de Yola comme les autres lamidats foulbé, devait être le centre d’une
nouvelle conquête vers l’est. Il échoua face à des populations païennes
nombreuses, sans structure étatique et parfaitement rétives à toute sujétion et à
toute collaboration. Presqu’île avancée en pays toupouri, il représentait une zone
de faible peuplement. A l’heure actuelle la colonisation pacifique de Toupouri,
sous la pression de leur forte croissance démographique, le rend de plus en plus
marginal et tend à en faire un lamidat relique, un repère historique où s’étiole une
population de Foulbé, nostalgique d’un rendez-vous manqué avec l’histoire et
conscient d’un futur sans avenir.
Ainsi seuls les païens du Logone n’ont pas connu les bouleversements de la
conquete peule. Le lamidat de Kalfou, peu étendu, ne les a guère changés et celui
de Guidiguis n’aura obligé qu’à un repli de deux kilomètres environ, jusqu’à
Doubam.
- Les Wollarbé
Respectés pour leur piété, ils représentent la partie des Foulbé voués à la
religion, si l’on en croit la réputation qui leur est faite.
Ils occupent l’angle sud-ouest de notre zone d’étude, entq frontière nigériane à
l’ouest, la 3énoué au sud et la succession des lamidats Yllaga qui contrôlent le pays
à l’est, suivant une diagonale de Baschéo à Bé. Deux lamidats se partagent cette
region, ceux de Demsa et de Garoua.
Les uns et les autres arriveront relativement tard, vers 1830. Les uns s’installent à
Demsa, puis transfèrent leur capitale à Gaschiga afin de mieux tenir en respect les
Fali du Tinguelin. Le lamidat connaîtra quelques déboires au début de ce siècle ; en
1920, il perd le canton de Belel à la suite d’une rectification de frontière et en 1928,
celui de G&=r&é qui est rattache au lamidat de Garoua.
Pendant ce temps, venant de la région de Kilba, le modibo Haman fonde le
lamidat de Garoua où il doit combattre alternativement Njegn, Bata et Fali. Il crée
Garoua-Vindé. Les Bata passent sur l’autre rive du fleuve mais les Fali continuent
la lutte et brtilent la capitale peule en 1835. Les Foulbé fondent alors Ribao en 1839,
puis Laindé qui devient leur nouvelle capitale avant que le modeste comptoir
commercial haoussa de Garoua ne le supplante dans ce rôle.
La mise en place des Foulbé a été le résultat de longues luttes et le tribut payé par
les païens fut lourd. L’aire occupée par les Fali s’est réduite aux massifs
montagneux du Tinguelin, de Kangou et à quelques massifs des monts du
Mandara méridionaux. Les Bata ont pratiquement disparu de cette rive de la
Bénoué ; l’aire d’extension des Njegn est limitée au lamidat de Baschéo.
Avant de conclure avec la mise en place des différents clans foulbé, disons un
mot des Foulbé Baoule. On les trouvait dans la région de Guider et dans celle de
Gawar. Vivant en bonne intelligence avec les parens, ils ne prirent pas part à la
conquête et de ce fait, n’ont créé aucune chefferie au Nord-Cameroun.
Lesgroupes humains
131
Le Nord du Cameroun
intégralement éleveurs. Un petit groupe d’entre eux a cependant joué un rôle dans
cette vaste redistribution ethnique et politique du siècle dernier. Ce sont eux qui
ont pris le commandement d’une chefferie à Figuil, en limite des pays moundang
et guidar. Installés à Goufour près de Guider en 1830, ils migreront dans une autre
principauté peule Lombel en 1862, puis, toujours à la recherche d’eau et de
paturages, iront finalement s’installer à Figuil entre 1892 et 1902 sans que l’on
puisse préciser davantage la date. Ils se verront attribuer la chefferie de cette
région et l’ont gardée jusqu’à, nos jours. Leur faible nombre, en constante
diminution leur donne une place tout à fait marginale dans le cadre de cette étude.
132
Les groupes humains
LAMISEENPLACEDESCHOA
Marginaux dans cette étude, ils viennent du nord et de l’est et appartiennent
pour la plupart aux tribus des Beni-Hassan et des Salamat. Leur expansion vers la
zone contrôlée par les Mandara paraît assez récente et pourrait être liée à la fois à
la pression démographique et à un début de stabilisation, de nombreux Choa se
tournant vers l’agriculture et étant attirés par les casiers agricoles.
LESGAMERGOU
Ils viendraient du Bornou, de Dikoa. URVOY (1949) y voit les représentants d’un
très ancien peuplement du Bornou, peut-être une branche des Maya. Leur
présence est attestée au Bornou puisqu’à la prise de Gazergoumo par les Foulbé,
une troupe de 80 cavaliers gamergou vient faire acte d’allégeance à ceux-ci et les
auraient même suivis ensuite lors de leur conquête du Diamaré. Comme celle des
Bornouan, leur présence dans le royaume mandara paraît s’expliquer facilement,
soit qu’ils y soient autochtones, soit qu’ils soient venus du Bornou voisin.
133
Le Nord du Cameroun
134
Les groupes humains
ou Ldagam. D’autres, dans leurs migrations vers l’ouest rencontreront des Margui,
fusionneront et donneront de nouveaux clans apparentés, les,Hidé, Ndaré, Mabass
et Guelebda. Au nord, des Vouzi se métisseront avec des clans wandala, semble-t-il,
pour donner les Minéo.
Les Mouktélé seraient le résultat du métissage de Mafa du clan Djélé avec, ou des
clans mandara, ou des populations autochtones. Le tableau ci-joint permet de
débrouiller un peu l’écheveau compliqué du peuplement mafa (fig. 17).
C’est donc une très longue histoire que celle du peuplement mafa, faite de
migrations, de fusions multiples soit avec des gens déjà en place, soit avec des
migrations venant d’ailleurs et se rencontrant.
Cantonnés dans leurs massifs, autant par atavisme que par l’impossibilité d’en
sortir du fait de la presence peule et mandara, les Mafa, sous la poussée d’un très
fort accroissement démographique, colonisent les plateaux au sud et au sud-est de
Mokolo et la plaine de Koza et de Mozogo au nord.
Un petit courant migratoire se dessine vers la plaine de Mora oh des Mafa sont
installés depuis très longtemps au pied du rocher de Gréa. Les migrations
saisonnières vers le Diamaré sont importantes mais l’émigration définitive y reste
remarquablement faible.
A terme, l’émigration d’une partie de la population parait inévitable sans
qu’apparaisse clairement dans quelle direction elle se fera.
135
Le Nord du Cameroun
du 19’ siècle. L’origine des différents clans est disparate comme presque toujours,
l’un des clans doit son origine à un Ourza, un autre à un Mofou, un autre à une
femme des environs de Mora, un autre à un Mada, enfin l’est du massif est peuplé
de gens d’origine maya ayant émigré après la prise de la ville par les Mandara.
Tout cet ensemble disparate aurait été acculturé par les Mofou voisins. Comme
presque toujours, là aussi la notion d’ethnie n’est pas un fait de race mais un fait
culturel.
Toutes ces ethnies plus ou moins importantes numériquement, offrent un
certain nombre de traits communs. La diversité de leur origine avec cependant la
référence à des migrations maya, le peuple puissant qui dominait la région de
Doulo et que les Wandala finirent par vaincre, la référence également fréquente
aux Mofou et aux Mandara, tout cela leur donne un certain air de famille que la
proximité suffirait à expliquer. Tous ont un accroissement démographique fort et
pour tous, l’émigration tend à devenir une nécessité : les Mada colonisent leur
piedmont, les Mouyengué sont pratiquement totalement descendus dans la vallée
du Mangafé, les Mokyo-Molkoa se dirigent vers les massifs entourant Maroua, les
Ouldémé semblent plus attirés par la plaine de Mora et les casiers de colonisation
agricole qui y ont été installés. L’expansion à venir semble se dessiner davantage
vers le monde mandara et vers l’axe goudronné Mora-Maltarn que vers le monde
peu1 et le Diamaré.
136
Les groupes humains
137
Lp Nord du Cameroun
138
Les groupes humains
fort taux de natalité (66%0) mais un taux de mortalité impressionnant (51%0) qui
limite leur accroissement naturel. Les Bana, au contraire, connaissent une forte
dénatalité qui devrait amener une réduction rapide de cette petite « ethnie ».
Repliés un moment dans les massifs, ils n’ont pas été très sérieusement inquiétés
par la conquête peule. Tous deux sont à l’aise dans leur aire de peuplement actuel
mais les Bana sont menacés de colonisation par les groupes humains voisins ayant
un comportement démographique plus dynamique.
139
Le Nord du Cameroun
L’histoire du peuplement est parfois confuse mais de grands traits s’en dégagent
qui permettent de se faire une idée des étapes et de la chronologie du peuplement.
Selon de nombreuses traditions, les premiers habitants de ces plaines furent les
Sao. Les Mofou leur succédèrent. Il est aussi fait mention d’une population plus ou
moins mythique, les Mbana (buffle en foulfouldé) qui précédèrent l’arrivée des
Mofou puis migrèrent vers le sud, vers le mayo Kébi, Binder, Tréné, Léré, Lamé et
Djaloumi. Ce peuple mbana aurait donné naissance aux Moudang, aux Guidar,
aux Guiziga et aux Zoumaya.
Cela donnerait à penser, au-delà de l’aspect mythique des récits, à une origine
commune de ces quatre groupes humains. Comme la légende ou le mythe
d’origine veut parfois que les Zoumaya soient issus d’un clan toupouri - guissey et
que les Guissey se reconnaissent comme Massa, il semble que tous ces groupes
humains soient apparentés. D’autant qu’une partie des Zoumaya aurait été
mofouisée dans la région de Douvangar. Les différenciations ethniques sont donc
loin d’être tranchées et, soit par parenté d’origine, soit par acculturation, toutes
paraissent plus ou moins liées les unes avec les autres.
L’examen de la mise en place de chacun de ces groupes humains nous permettra
peut-être d’y voir un peu plus clair.
140
LB groupes humains
découvrant le pays et s’y installant. Mythe d’origine fréquent chez les païens de
plaine.
Les Massa forment un groupe humain hétérogène, uni par la langue et la
culture. Leur arrivée est antérieure à celle des Foulbé et leur expansion dans leur
aire culturelle s’est faite progressivement et, semble-t-il, pacifiquement. On peut
penser que le peuplement s’est effectué de la facon suivante. A l’origine une
multitude de petits groupes humains peuplaient le pays. Les Massa arrivent, se
mélangent à eux et les assimilent. Les Toupouri y migrent et peuplent tout le pays
puis pour des raisons inconnues, se replient vers le sud. Les Massa progressent
alors vers le sud au rythme de l’exode toupouri, y compris jusque dans l’actuel
pays toupouri dont certains villages (Kankarwa et Gani par exemple) seraient
d’origine massa. Cette expansion se fait sans lutte. A quelle époque peut-on faire
remonter l’arrivée des Massa ? Leurs premières migrations semblent avoir précédé
l’arrivée des Toupouri. Or les Toupouri sont en place avant les Moundang et
ceux-ci sont arrivés il y a environ 250 ans. Les premières migrations massa
remonteraient donc à au moins trois siècles, peut-être plus. On peut aussi penser
que ces premières migrations ont été consécutives à la formation des grands
empires au Tchad entre les 14e et 16e siècles.
D’où viennent les Massa ? De l’est et du nord-est. On cite parfois le Borkou et le
Ouaddaï mais aussi le pays tout proche entre Logone et Chari.
C’est de cette région du Chari que serait venu l’ancêtre fondateur des Guissey,
Marsou. Une première installation à l’est du lac Fianga, ses successeurs partent à
l’ouest en pays toupouri et au sud en pays moussey. Migration consécutive à une
calamité naturelle selon la tradition. L’intégration des autochtones se fera sans
difficulté. Les Guissey se réclament d’une origine massa. Leur osmose avec des
Toupouri leur a fait attribuer parfois une origine toupouri. On dit aussi que les
Zoumaya seraient nés du métissage d’un clan guisscy ayant migré vers l’ouest.
Il est difficile d’apprécier la part de vérité de chacune de ces traditions mais on
peut penser que les contacts entre les groupes humains vivant dans cette région
furent étroits, pacifiques et qu’une certaine osmose s’est faite aux limites du
peuplement de chacun d’entre eux, ce qui explique la diversité des origines qui
leur sont attribuées.
Les Massa sont l’un des rares groupes humains païens dont l’aire de peuplement
n’a cessé de s’agrandir. La conquête peule y était à bout de souffle et les péripéties
guerrières y furent relativement secondaires. L’expansion massa se poursuit grâce
à un essor démographique fort (bien qu’inférieur à celui des Toupouri). Les
densités‘s’accroissent et la poussée vers l’est est de plus en plus sensible. Nombreux
sont les villages foulbé à l’est de Maroua qui comptent un quartier massa, souvent
appelé (( bananaré » du surnom de <(banana » qui leur fut donné par les Foulbé.
141
Le Nord du Cameroun
mais semble-t-il d’assez peu, peut-être du début du lge siècle. Les Bi-Marva
reconnaissaient la suzeraineté du royaume mandara.
Les Bi-Moutouroua viendraient de l’est, du Baguirmi. Ils s’arrêtèrent à Goudour,
grand lieu de dispersion des ethnies mofou et mafa. Pour des raisons religieuses (l),
certains migreront vers le sud et s’installeront à Moutouroua.
Les Loulou, eux, se disent autochtones. Avec cependant une contradiction dans
leur tradition, puisqu’en même temps ils disent que le pays qu’ils occupent était
vide et qu’ils n’y trouvèrent que des ruines. Leur proximité géographique des Bi-
Moutouroua inclinerait à penser qu’ils ont suivi le même itinéraire que ceux-ci.
L’origine diverse des Guiziga semble se vérifier si l’on s’en tient à leurs traditions
d’origine. Leur arrivée légèrement antérieure à celle des Foulbé serait relativement
récente (début du lge siècle).
Avant la conquête peule, l’aire contrôlée par les Guiziga s’étend aux plaines à
l’ouest et à l’est de Maroua jusqu’à la limite des peuplements moundang et guidar
au sud et aux massifs mofou à l’ouest.
La conquête peule va leur porter un coup très dur. Ils seront pratiquement
éliminés des plaines à l’est de Maroua, ils perdront leur capitale Marva (Maroua) et
devront même abandonner l’hosseré Mogazang où ils s’étaient réfugiés, pour
l’hosscré Tchéré. A l’ouest de Maroua, ils se mêleront aux Foulbé de Meskine et de
Gazawa. Les Bi-Moutouroua se maintiendront mieux. Un moment en lutte avec les
Moundang de Midjivin, ils s’entendront avec eux et, par le jeu des mariages,
finiront par les assimiler presque complètement.
A l’heure actuelle, sous la pression d’un fort accroissement démographique et
d’une instabilité traditionnelle qui leur donne une grande mobilité, ils recommen-
cent à s’installer à l’est de Maroua.
(1) in PONï”lÉ(G.).1970.
142
Les groupes humains
eux aussi de Léré comme ceux dés premières vagues de migration, créeront t<aéIé
et Djidoua. Le chef de Léré leur enverra un de ses fils comme chef.
Ethnie belliqueuse, relativement structurée, disposant d’une cavalerie, les
Moundang tiendront tète aux Foulbé. Soumis pendant une dizaine d’années, une
révolte générale les libèrera définitivement du joug peul. Le pays Moundang est
entouré de no man’s land, ce qui l’individualise bien.
La croissance démographique est assez modeste. La colonisation du no man’s
land entre Lara et Mindif est amorcée. Mais les Moundang, particulièrement
ouverts aux changements, au monde moderne, connaissent un exode essentielle-
ment sous la forme d’un départ de leurs jeunes vers les villes voisines de Maroua et
Garoua d’une part, vers toutes les parties du Cameroun d’autre part, de nombreux
Moundang étant fonctionnaires, notamment dans la police et dans l’armée.
Trois petites ethnies complètent le paysage humain des Païens de plaine, les
Moussey, les Bata et les Mambay.
LES MOUSSEY
Un petit groupe coincé entre les Guissey, les Massa-Boudougoum et la frontière
tchadienne. Leur langue est voisine de celle des Massa. On les surnomme parfois
les Massa ho-ho. Ils sont très différents des Massa puisqu’ils n’élèvent aucun bovin
alors que les Massa ont presque un culte de la vache. Ce sont, par contre, des
cavaliers passionnés et la propriété d’un cheval est un but poursuivi avec
acharnement.
Leur installation ne semble pas très ancienne. Ils seraient venus du sud où se
trouve l’essentiel de ce groupe humain. Comme nous l’avons vu, un courant de
migration existait avec les mines de charbon du Nigeria. Les migrations doivent
toujours jouer un rôle important, car en dépit d’un accroissement démographique
fort, leur nombre au Cameroun ne cesse de décroitre, mille unités entre 1938 et
1964.
LES BATA
Environ un millier sur la rive droite de la Bénoué et dans le lamidat de Demsa.
Ils seraient venus de l’ouest et du nord-ouest, du Gobir et du Bornou. Les Foulbé les
appellent parfois « Gobiejo », gens du Gobir. Ils occupaient autrefois tout le pays à
l’ouest des monts du Mandara méridionaux. Les Njegn seraient le résultat d’un
métissage de Bata avec des migrants d’origine indéterminée, comme nous l’avons
vu.
Le choc de la conquête peule sera particulièrement sévère. Nous avons vu que la
plupart d’entre eux passeront sur la rive gauche de la Bénoué pour chercher la
protection de puissantes chefferies bata comme celle de Kokoumi. Finalement
vaincus, nombre d’entre eux prendront le chemin du servage vers vola. A l’heure
actuelle, les Bata ne sont plus très nombreux sur les bords de la Bénoué, ni sur les
bords du Faro au sud.
LES MAMBAY
On ne sait pas grand chose sur leur origine. Certains y voient le métissage d’une
ethnie autochtone et de Fali repousses par la conquete peule. D’autres en font
143
Le Nord du Cameroun
144
Les groupes humains
Les données précédentes sont déjà anciennes, surtout du point de vue des
chiffres de population. Ils restent largement valables pour certaines estimations,
par exemple celles des groupes ethniques. Par contre, le recensement de 1976 a
renouvelé la documentation concernant la plupart des autres aspects démogra-
phiques.
145
Le Nord du Cameroun
Données disponibles
(1) Cet effectif correspond à 20,4% de la population de l’ensemble du pays à la même date (7,2 M
d’habitants).
.-, Pooulation
0) ., de la réaion d’étude seulement (arrondissement de Garoua moins cantons situés au sud de
l’axe Bénoué-Kébi). .-
(3) Taux d’accroissement naturel estimés à partir des enquêtes des années soixante. Enquête démogra-
phique au Cameroun; résultats définitifs pour la région Nord, 1962-1964et des calculs ci-aprés.
146
La groupes humains
147
Le Nord du Cameroun
Répartition spatiale
148
Les groupes humains
149
Le Nord du Cameroun
Population (1) 682 483 187 396 163 703 419 601(2) 1453 183
% 46,9 12,9 11,3 28,9 100,o
% P (O-14 ans) 41,7 46,2 39,4 35.6 40,l
% P (15-59 ans) 51,7 47.3 54,2 55,s 52,7
% P(60anset +) 66 6,5 6,4 66 7.2
150
Lesgroupes humains
.n.
70.
y5
Go.
05.
45.
40
35.
.m-
.25.
-m
15'
90.
'5'
.O.
100 75 50 25 0 0 75 50 n foo
151
Le Nord du Cameroun
Groupe 3
152
Les groupes humains
160
1 G.l
140. G.3
120 -
100.
GI,
00
60
40.
c
0 5 10 15 20 25 30 35 40 4s SO 55 60 os 70 75
ALIe
Fig. 21 Rapports de masculinitépar groupes d’âges
1
153
Le Nord du Cameroun
(1) « Dans notre domaine, le chiffre semble avoir pour principal intérêt de situer une position par rapport à
un mouvement général ; le chiffre isolé risque de paraître inutile B(A.M. PODLEWSKI, 1966,p. 8).
154
Les groupes humains
(1) Taux brut et taux net de reproduction estimés d’après la méthode de RELE.In CLAIRIN (R.) - 1973
Ajustement de données imparfaites. Sources et Analyse des données démographiques, deuxième partie.
INED, INSEE, ORSTOM, SEAE, 183 p., pp. 46-47 ; avec eo-40.
(2) Estimation des taux de fécondité et de natalité du Cameroun par le BCR d’après l’hypothèse de stabilité
de la population féminine. In CAMEROUN : Bureau Centra1 du Recensement - 1978- Recensement Général
de la Population et de 1’Habitat d’Avri1 1976. Volume II : Analyse. Tome 1 : Structures par sexèet àge.
Yaoundé, 103 p., p. 88 ; et application du mème coefficient de redressement de 1,26à toutes les zones pour
les naissances observées au cours des 12 mois précédant le recensement.
(3) Estimation de la mortalité du Cameroun d’après la méthode Courbage Fargues. In COURBAGE(Y.), '
FARGUES(P.)- 1979- A Method for Deriving Mortality Estimates from Incomplete Vital Statistics. Popuhlion
Etudies,33, 1, pp. 165-180; et application des coefficients suivants aux décès observés au cours des 12 mois
précédant le recensement :
Sexe masculin Sexe féminin
Décèsde moins d’l an : 1,89 2.06
Décèsde 1 an et plus : 1.82 1,92
(4) Espérance de vie à la naissance (ans), calculée avec l’hypothèse S90=0.
(1) Les qualificatifs utilisés se réferent au niveau moyen de la région et non pas au niveau national et encore
moins international. A titre de comparaison les estimations pour l’ensemble du Cameroun, calculées selon
les mémes mkthodes, sont en 1976 les suivantes :
Taux brut de natalité : 45,0?&
Taux brut de mortalité : 20.4%
Espérance de vie à la naissance : 44.4 ans.
(2) Les taux de scolarisation 6-14 ans sont, en 1976.sans l’enseignement coranique, les suivants :
Groupe 1 : 12.5% Groupe 3 : 20,4%
Groupe 2 : 33.9% Groupe 4 : 23,4%
155
Le Nord du Cameroun
résulte surtout des conditions de vie meilleures : mode de vie raffiné, infrastructu-
res sanitaires plus nombreuses et milieu urbain plus développé.
Ces observations concernant le mouvement naturel de la population permet-
tent, en les rapprochant des mouvements migratoires, de situer les principales
variables démographiques des différents milieux étudiés, par rapport à la
moyenne de la région.
pc0 - 4 ans)xlOO
F(15-49 ans) Enquête 1960~61(2)66 61 34 53
Recensement 76 67 68 55(44) 64
156
Les groupes humains
157