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Joum. d'Agric. Trad. et de Bota Appl.. nouvelle sdrie. 1994, Vol. XXXVl(2) :93-143
-
RÉPARTITION DES CULTIVARS DE NIÉBÉ VZGNA
UNGUZCULATA (L.) WALP.DU CAMEROUN : INFLUENCE
DU MILIEU ET DES FACTEURS HUMAINS
. .
I Remy S. PASQUET* , Martin FOTSO**
R&WMB.- Le niébé au Cameroun a fait l'objet d'une enquête variétale. Celle-ci a permis de
réunir plus de 4000 numéros de collection, appartenant à 4 cultigroupes. CG Textilis et CG
Melanophthalma sont représentés dans la zone soudano-sahélienne. L'aire de CG Biflora est
pratiquement réduite aux monts Mandara. CG Unguiculata se rencontre surtout en zone
guinéenne où son introduction ne remonte pas B plus de deux siècles. Ces 4OOO numéros ont
été attribués à une centaine de cultivars au vu de leurs graines et de leurs gousses, et ces
cultivars ont été cartographiés. Les répartitions observées refletent l'importance de certaines
contraintes écologiques, mais surtout celle de facteurs humains. Ces cartes matérialisent des
zones d'échanges préférentielles et sont le reflet de la répartition des différents groupes
humains. de leurs relations et de leurs mouvements .
ABSTRACT.- Cowpea landraces were surveyed in Cameroon. 4000 accessions were collected
from nearly 900 places. These accessions belong to four cultigroups, namely CG Textilis and
CG Melanophthalma (in the Sudano-Sahelian area), CG Biflora (mainly in the Mandara
Mountains), CG Unguiculata (in the Guinean area, where it was introduced one or two
hundred years ago). Pod and seed characters allowed sorting of accessions into one hundred
cultivars. which were mapped. Cultivar spread is limited by both ecological and human
constraints. The maps show preferential areas of exchange resulting from ethnic distribution,
interchange and migration.
INTRODUCTION
Fonds DocumentaireORSTOM
94 95
Nord Cameroun ayant subi la colonisation foulbe, les traits de culture materielle se
sont assez bien maintenus. Dans le cas present, on constate que les gens sont
relativement attaches 2 leurs traditions agricoles.
Du nord au sud, le pays est traverse par la dorsale camerounaise qui induit
une succession de massifs : les monts Mandara, les monts Alantika et les monts de
Poli, l'Adamaoua qui barre le pays d'ouest en est, et les hauts plateaux de l'ouest
(provinces de l'Ouest et du Nord-Ouest).
Ces massifs separent des espaces de plaines oh on distinguera les plaines
inondables du lac Tchad et du bas Logone, le Diamare 2 l'est des monts Mandara, la
plaine de la moyenne Benout5 centrke sur Garoua, la haute Benou6 au nord de
l'Adamaoua, et au sud de l'Adamaoua, d'ouest en est, la plaine de Mamfe, la plaine
littorale, la plaine du Mbam et celle de la Kadei (pays gbaya et kaka).
La pluviometrie va de 400 mm (1000 mm sur les Mandara) annuels au
niveau du lac Tchad il 8000 mm au pied du mont Cameroun. Les isohyetes 1600-
1800 mm traversent le pays B la hauteur de l'Adamaoua (SUCHEL, 1972).
La longueur de la saison des pluies et l'altitude sont 2 l'origine de la
zonation phytog6ographique. Les plus hauts reliefs deteminent les zones de
vegetation d'altitude, en general inhabitees. En plaine, on rencontre, du nord au sud,
les savanes soudano-saheliennes, les savanes soudaniennes, les savanes guinhnnes
et enfin la forêt.
Prospections
102 103
Dans la mesure du possible les noms vernaculaires des differentes espikes RÉSULTATS
ont et6 notes pour chacune des langues du pays.
Les noms de cultivars, sauf quand ils portent un nom d'ethnie, de personne
ou de lieu (indication de provenance), un nom rappelant un usage particulier ou Nombre de cultivars et nombre de cultivars par localité
constituant une indication d'anciennete, ne presentent en general pas d'iqterêt : il
s'agit le plus souvent de qualificatifsde couleur, de forme ou de precocite. Nombre de cultivars
Enfin divers renseignements ont et6 pris : modes culturaux, preparations La quasi totalite des Cchantillons recueillis (prks de 4000) ont kt6 repartis
culinaires, anciennete et provenance eventuelle, usages particuliers, mais aussi entre une centaine de cultivars (Tableau 2). Approximativement 250 khantillom
rituels, interdits, mythes... Sont restes non identifies, car perdus avant une possible identification. Moins d'une
Parmi ces informations, une attention particulikre a Cte donnee B celles sur vingtaine ont kt6 reconnus comme etant issus de croisements entre formes & graines
l'anciennete relative des differents cultivars et es@ces. blanches et formes B graines color6es.
Tableau 2.- Nombre d e numéros par cultivar. HYB correspond à des échantillons de graines
Critères d'identification issues de croisements (Bi = CG Biflora, Me = CG Melanophthalma, Un = CG Unguiculata,
Se = CG Sesquipedalis, T = CG Textilis, S = Self, terme anglo-saxon désignant les cultivars ?I
Chaque tchantillon collecte est d'abord attribue B un des cinq cultigroupes graines colorées sans oeil, E = cultivars à oeil de type "Small Eye").
initialement consi&res :
- CG Sesquipedalis pour les formes photo-independantes B longues gousses
charnues, CG nbr. cy CG nbr.
- CG Unguiculata pour les aurres formes photo-in&@ndantes, cv CG nbr. cv CG nbr. cv
- CG Biflora pour les formes photosensibles ?i graines ?i tegument lisse, NO2208 Me 11 NO3148 Me 13
- CG Melanophthalma pour les formes photosensibles B graines B tegument fin et HYB
NO 11
Me
Bi
17
6
NÖ1331144M 104
NO 1721259M 926 NO2304 Me 9 NO3157 Me 26
ride, NO 173 Me 215 NO2308 Me 44 NO3216 Me 3
NO 106 Bi 3
- CG Textilis pour les formes B longs pedoncules floraux. NO 117 Bi 10 NO 205 Me 2 NO2333 Me 3 NO3256 Me 25
Les echantillons sont ensuite regroup& en cultivars. Le terme "cultivar", NO 183 Bi 35 NO 347 Me 87 NO2348 Me 2
NO2393 Me 4 CS 5 Un 33
habituellement utilise pour designer des lignees de materiel dlectionne, va prendre NO 251 Bi 21 NO 348 Me 63
NO2397 Me 12 CS 15 Un 44
un sens plus etendu. Nous definirons un cultivar comme un ensemble de formes NO 252 Bi 15 NO 359 Me 2
NO1795 Bi 93 NO 471 Me 2 NO2448 Me 4 litCS5 Un 41 ,
cultivees morphologiquement identiques, suivant Ia definition des codes NO2449 Me 27 litOU31 Un 52
NO2063 Bi 8 NO 472 Me 45
internationaux pour qui le cultivar est le rang le plus inferieur ?i l'interieur des Bi 2 NO 574 Me 26 NO2466 Me 2 litOU83 Un 17
NO2253 NO 74 Un 18
formes cultivees. NO2295 Bi 29 NO 582 Me 10 NO2529 Me 70
NO2589 Me 3 NO 90 Un 14
Les caractkres morphologiques retenus sont essentiellement ceux des NO2538 Bi 4 NO 649 Me 16
Un 28
NO 666 Me 20 NO2606 Me 4 NO 125
gousses mûres (forme, dimensions, nombre d'ovllles, coloration et degr6 de NO3336 Bi 5 NO 576 Un 21
dehiscence) et des graines (forme, taille, coloration et texture du tegument). S Bi 126 NO 760 Me 7 NO2751 Me 20
NO2753 Me 17 OU 31 Un 150
Pour la coloration des graines, il sera beaucoup fait mention de l'oeil, qui NO 929 Me 37
NO2757 Me 15 OU 65 Un 24
E Me 205 NOI319 Me 11
est la zone, le plus souvent color&, situ& autour du hile. NO1387 Me 14 NO2767 Me 5 OU 83 Un 86
NO 3 Me 100 Un 1
Chaque cultivar (abrege en cv) est identifie par un numero de la collection NO 5 Me 203 NO1616 Me 41 NO2806 Me 61 OU 130
ORSTOM, khantillon qui constitue le numero de reference du cultivar. Outre sa NO1732 Me 23 NO2807 Me 9 S Un 51
NO 15 Me 24
morphologie, il peut être caracteris6 par un usage, un mode d'insertion dans NO 42 Me 72 NO2844 Me 10
I'agrosystkme et surtout une distribution geographiqueprecise, &partition qui owit 2 NO2905 Me 2 NO1036 Se 2
NO 55B Me 2
des contraintes d'ordre kologique, mais qui est le plus souvent determinee par des NO 95 Me 24 NO2951 Me 11
NO2973 Me 2 NO27D1 T 40
facteurs humains. NO 110 Me 14 NO 40 T 36
~ 0 3 0 2 1 Me 8
Cette repartition geographique permet certains regroupements ulterieurs de NO 198 T 14
numeros ne differant que par un seul caractkre, comme la couleur de la gousse OU de
l'oeil mais occupant exactement la même aire de culture et bien 6videmment non
distingues par les paysans. Le cas kcheant, on parlera ainsi de variantes d'un cultivar
donne.
Cartagraphie
Cette repartition des echantillons est quelque peu subjective. Comme On le rencontre des monts Mandara B l'Adamaoua, même s'il a disparu des
signale plus haut, certains numeros ont et6 attribues B un même cultivar, malgr6 de
plaines. Sa limite sud inclut les Koutin et exclut les Nyem-nyem, inclut les Dourou,
trks legeres differences de coloration, la repartition, le mode cultural et l'usage les Mboum Ngang-Ha, les Laka et les Mboum de la vaIl& de la Vina mais exclut les
n'etant en aucune façon modifies. Ainsi cv NO 40 regroupe des numeros B oeil Mioum Mb62 (fig. 4, pl. 1).
rouge et des numeros B oeil noir ; cv NO 95 quelques rares numeros B gousse Le second cultivar (cv NO 40), avec ses graines blanches, pourrait se
blanche ;S (Bi) regroupe tous les cultivars du CG Biflora h "phenotype sauvage" rattacher au CG Melanophthalma, même si le tegument de ses graines n'est pas B
quel qu'il soit. proprement parler ride (mais il n'est pas lisse et resistant comme celui des CG
D'autres regroupements sont plus artificiels et doivent être consideres Biflora). Le nombre d'ovules est eleve, ce qui fait de ce cultivar un cas un peu B part,
comme provisoires, en attendant la multiplication des numeros correspondants. S intermaiaire entre CG Unguiculata et CG Melanophthalma.
(Un) regroupe ainsi tous les cultivars du CG Unguiculata provenant de la haute I1 est cultive par les Mousgoum (en tant que ni6M textile) et par les
Benou6 et de l'Adamaoua, pour lesquels la gousse est encore inconnue, Pour la Toupouri (fig. 4, pl. 1).Mais ces derniers n'en utilisent pas les fibres et ne le
même raison, E regroupe tous les numeros B oeil de type "Small Eye" et constitue un considerent que comme un cultivar preCoce. I1 est fort possible que ce cultivar ait Cd
ensemble assez varie. produit dans tout le Diamare (et même plus au nord), dans la mesure oÙ les
Zoumaya cultivaient un'niebe textile, dont il etait fait commerce avec les gens du
Nombre de cuIfivarspar localitc! Logone.
La prospection en elle-même constitue deja un resultat. La figure 3 met Le troisikme cultivar (cv NO 198) presente, lui aussi, le nombre d'ovules
ainsi l'accent sur l'opposition entre la zone soudanienne et la zone guineenne, de part eleve de CG Unguiculata mais en même temps la petite taille des graines et la
et d'autre de l'Adamaoua. Au nord il est courant de collecter cinq B dix numeros photosensibilit6de CG Biflora. I1 est cultive par les seuls Massa (fig. 4,pl. 1).
dans un village donne. Au sud, il est rare d'arriver B en collecter quatre. On remarquera l'opposition entre deux zones, par les cultivars rencontres
Cette carte est en partie biaisCe par le zele assez variable des enquêteurs et (proches des formes sauvages au sud-ouest, plus tvolues dans les zones inondables),
par la plus ou moins bonne cooPCration des villageois. Ainsi, la haute Benou6 et par l'usage fait des cordelettes. Dans les zones inondables, CG Textilis etait
constitue sur la carte une zone homogene, alors qu'elle devrait être un peu plus indispensable B toute activitk de pêche au filet et, en dehors de son usage
dense vers l'ouest et l'extrême sud-est. Cette carte montre tout de même la pauvret6 vestimentaire, son importance economique etait certaine. En montagne, au contraire,
en cultivars de la zone kotoko et de l'Adamaoua et, au contraire, la richesse du nord s'il etait utilise pour la confection de divers paniers, il etait avant toute chose le
des monts Mandara et de la zone toupouri. La zone moussey, trks riche mais petite vêtement feminin, B savoir la ceinture, qui pouvait être decoree. A ce titre il
et contrebalancee sur chacun de ses "carrCs" par une aire massa comparativement intervient toujours dans de nombreux rituels, m,ariages et surtout enterrements, ce
pauvre, n'y apparaît malheureusementpas. qui signale unusage tres ancien.
Dans la zone sud, la frange nord des plateaux de l'ouest, les plaines du Dapres Chevalier (1944), on rencontrait CG Textilis sur tout le bassin du
Mbam et du Noun devraient être un peu plus riches que les plateaux et la plaine de Niger,. de la BCnouB, du Logone et du Chari. On le rencontrait aussi au Togo et au
MamfC, ce que ne montre pas la carte. La relative densite du pays bamilekk n'est due Benin (specimen Poisson 73), avec un type de graines different (TO 7 = NI 816).
qu'au zele excessif d'enquêteurs ayant fourni des Cchantillons identiques (et
conserves comme tels dans la collection). En revanche la zone forestiere, % Culligroupe Bifrora
l'exception de la zone littorale et du pays bassa, montre bien la quasi absence de la CG Biflora rassemble des cultivars photosensibles, %portplutôt rampant,
culture du nikbe dans cette region, surtout si l'on compare la carte du nombre gousses plutôt courtes, souvent grises et presentant donc une relative dehiscence, 2
d'echantillonspar localite B la carte de la densite des points d'enquête. faible nombre de locules, et B graines B tkgument lisse et le plus souvent color6.
La zone Sud-Ouest I Littoral presente une exception car on peut y On le rencontrait, d'aprks Chevalier (194% dans toute la zone soudano-
considerer trois cultivars (se distinguant par la taille des graines et des gousses)
sahklienne du nord de l'Afrique ainsi que dans les oasis, mais il tend visiblementh
presentant chacun jusqu'B six variantes (de coloration). A la limite des plateaux, on y
trouve en plus les deux cultivars de cette demikre zone. disparaître au profit du CG Melanophthalma, car, au Cameroun, CG Biflora ne se
sencontre plus que sur les monts Mandara et plus particulierement dans leur partie
Les différents cultigroupes nord (pays mora, mafa, mofou, kapsiki) où l'on recense au moins une dizaine de
cultivars.
Cultigrorrpe Textilis
Le cultigroupe le plus ancien paraît bien être CG Textilis. Dans toutes les - Zone des massifs (monts Mandara)
enquetes où il en a 616 qucstion. il est donne comme antCricur aux nie& ~ ~ l t i ~ c ~Les cultivars les plus primitifs (cv S), avec des gousses grises ICgkrement
pour leurs graines. CG Textilis est caractCrisC par ses longs @doncules floraux dChiscentes, et des graines A coloration similaire B celle des formes sauvages, creme,
(atteignant un mEtre) dont, rouis, on tire des fibres textiles utilisees pour la "gris", marbre ou tachete, ne se rencontrent que dans la partie nord des monts
confection de cordclcttcs. On observe au C'ameroun trois cultivars fort differents. Mandara, et surtout sur les massifs mafa (fig. 5, pl. 1). On ne produit pratiquement
que ces cultivars sur les terroirs les plus eleves du pays mafa (Oupay et Ziver). Les
Le premier culiivar se raltache aux formes sauvages (cv NO 27). la Points de la carte hors de cette zone sont le fait de montagnards r6cemment installes
gousse est souvent blanche et presentr: une dehiscence rCduile. Par ailleurs la taille
des graines est un peu plus grande. Dam certains cas cclles-ci sont partiellement en plaine.
blanches (cv NO 91). Cette microregion, territoire des Mafa et Mofou, correspond B une aire tout
fait relictuelle, il n'est donc pas surprenant d'y trouver des cultivars primitifs,
Proches des formes sauvages.
- -
106
107
A NO 251
V NO 252
O NO 2063
Figure 6 Cultigroupe
Biflora. Cultivars à graines blanches à tégument lisse : cv
NO 183, i& 117 et NO 1795. Cultivars NO 11 et NO 106.
c
,
111
110
a
CG Melanophthalma rassemble des cultivars photosensibles h gousses B
faible nombre de locules comme CG Biflora mais gousses souvent de grande taille
et surtout B graines S tegument fripe au lieu de lisse, ce qui est trks avantageux d'un
point de vue culinaire : le tkgument est facile B retirer et la cuisson est plus rapide.
I 113
112
mais les informateurs insistent toujours sur son caractere re&nt, par rapport aux CG
Biflora et Textilis
- Cultivars localises
On peut distinguer deux ensembles. Le premier, assimilable B une cinquikme
generation, comprend un nombre important de cultivars aux graines souvent
colortjes, gkographiquement assez localises et surtout peu Ctendus en longitude,
correspondant le plus souvent B un groupe. ethnique. On citera d'abord cv NO 95
pour le pays mousgoum, cv NO 110 pour le Wandala (fig. 8, pl. 2), cv NO 1732
(differencie de cv NO 929 par un tegument e s ride) pour les Moussey, cv NO 2208
pour les Mofou (fig. 8, pl. 3) et cv NO 42/NO 666 B graines jaunes pour les
Toupouri (fig. 9, pl. 3).Dans ce demier exemple, le pays toupouri est nettement
souligne sur la carte, et les points hors de cette zone proviennent de migrants
toupouri. Le cas de NO 2529 (fig. 12, pl. 4) pour les Mboum sera discute plus loin.
Cv NO 1387, cv NO 760/NO 1319 (fig. 8, pl. 3) et cv NO 649 (fig. 9, pl. 3)
sont egalement IocalisCs bien que l'identification B un groupe ethnique precis soit
moins evidente. En fait, beaucoup de ces cultivars apparaissent soit en @ripherie
des monts Mandara, soit sur une zone centree sur le Logone incluant les territoires
mousgoum, moussey et toupouri.
La plus remarquable de ces "aires ethniques" est celle des cultivars B
graines rouges NO 133 (a graines e s ridees) / NO 144 (B graines moins ridks) qui
materialisent au Cameroun la zone d'influence bornouane (fig. 9, pl. 3). Elle inclut la
pays kotoko et se prolonge sur toute retendue de l'ancien royaume du Bomou au
Nigeria (Stanton 1962) et peut être aussi sur celle du Kanem au Tchad.
Toutefois avec un cultivar selectionne du NigCria, Ife Brown ou un de ses
derives, ce type de graines gagne rapidement du terrain, du nord vers la plaine de
Koza et les montagnards descendus en plaine, le long de la bordure nord-est du
massif. I1s'&end ensuite de l'ouest vers la partie sud des Mandara, Kapsiki compris,
chez des populations qui ne le consomment pas, mais qui en cultivent des quantites
importantes pour le marche nigerian et bizarrement en pays toupouri, mais pas chez
les Moundang voisins. Dans les Mandara, B l'exception des MinCo. où le nieh6 ._-- est
-I-
une ancienne culture de rente, les montagnards font bloc et ces 'types n'ont pas
penetre le nord du massif.
a NOI72
- Marges sud
Sensible B l'exces d'humidite, la limite sud du CG Melanophthalma se situe au nord
de celle du CG Biflora, surtout si l'on tient compte du recul recent du CG Biflora en
zone guineenne.
Plus interessant, les marges sud du CG Melanophtalmus montrent une tres
nette opposition est-ouest (fig. 13 et 14,pl. 5). Tous les cultivars ont en commun le
caractere plat des graines mais ceux de l'ouest ont une gousse normale et ceux de
l'est une gousse aux parois anormalement fines. Le tegument des graines des
cultivars de l'ouest est peu ride, celui des graines de l'est est plus ride, B l'exception
du cv NO 2751 qui presente un tegument lisse. Dans les deux cas, les types d'oeil
sont assez varies.
Wawa (fig. 16, pl. 6), se rapproche, par d'autres Côtes, de CG Billora. Suaout, ces
cultivars atypiques de CG Unguiculata se rencontrent dans une zone oÙ etait
autrefois cultivCCG Biflora.
11 est d'ailleurs possible d'apprecier la chronologie de la substitution
CG Biflora / CG Unguiculata. Les cultivars photo-independants (donc susceptibles
d'être cultiv& deux fois par an au moins) ont remplace, au fur et mesure de leur
progression, des cultivars du CG Biflora photosensibles qui ne fleurissaient qu'avec
des jours decroissants et qui ne permettaient qu'une recolte aIIIILIelle.
Or, dans certaines dgions, on se rappelle plus ou moins ces cultivars que
l'on ne cultivait en premier cycle que; pour une recolte de feuilles. Ainsi le souvenir
en a kt6 perdu dans l'ensemble des Grassfields. Le fait n'a Bt6 releve par aucun des
auteurs ayant travaille dans cette region (KABERRY, 1952 et WARNIER, 1985)
mais, dans la region de Bafoussam, on s'en rappelle encore. Dans le royaume
bamoun, la substitution s'est Oper& fin XIXe, debut XXe sibcle (TARDES, 1980) et,
dans la plaine kondja, on a cultiv6 des cultivars de ce type jusque vers 1950.
L'ensemble des plateaux est maintenant surtout toum6 vers la culture de
Phaseohs vulgaris, introduit peu avant la periode coloniale. Phaseolus lunalus y
etait auparavant trbs cultive puisque son introduction est, elle, antkrieure ilcelle des
cultiv& photo-independants(CG Unguiculata) de niCbC.
__ Un aspect interessant de l'introduction de P. vulgaris reside dans le
glissement des zones de culture des lkgumineuses B graïn'es. En periode
precoloniale, les zones orientees au Sud-Sud-Ouest produisaient du nie& dans un
but commercial (WARNIER, 1985). Avec l'introduction de P . vulgaris, c'est au
contraire les zones les plus froides (pentes NE),impropres ?I toute autre culture, qui
sont devenues trbs productrices de legumineuses ?I graines.
Comme cv OU 31, cv CS 15, surtout rencontre dans les savanes de la
province du Centre, a manifestement 6te introduit via la vallee inferieure de la
BCnouC, ce qui est d'ailleurs aussi le cas du maïs (WARNIER, 1985). I1 p o u d t être,
comme les cultivars CS 5 I CS 14, d'origine prkolonide (fig. 15, pl. 5).
- Niebes "aphrodisiaques"
11existe enfin, dans le nord du Cameroun, un demier groupe de cultivars assez
particulier, appartenant au CG Unguiculata, mais d'origine certainement asiatique,
124
125
127
REMERCIEMENTS :
Ce travail a et6 realid dans le cadre du projet ORSTOM-MESIRES "Etude des
agrosystemes et diffusion des plantes cultiv6es", initie et coordonne par Christian
Seignobos.
Nous remercions MM. S. Bahuchet, D. Barreteau, M. Dieu, E. Dounias, J.G.
Gauthier, Ch. Seignobos, qui nous ont fourni quelques tkhantillons provenant de
leurs terrains d'etude respectifs. Nous remercions aussi MM. Audebert
(SoDECAo), Gaudard et Mambou (SODECOTON), asters, Dewaele et Mellrillon
(NEBBP), Asah et Parkinson (MIDENO), Piedjou et S i o n (VCCAO), qui ont
permis la realisation des enquêtes vatietales.
BIBLIOGRAPHE
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Planche 1
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135
134
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Planche 2
136 137
I . Planche 3
138 139
P
1
NO 5 Lisse NO 5 Rid6
NO 172Noir NO 172 Rouge
NO 172 Violet
NO 15 NO 3157 NO 3226
NO 929 Noir NO 929 Rouge NO 348
NO 2529 Violet NO 2529
E Rouge E Noir
I Planche 4
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140 141
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NO 2806 NO 2449
NO 2308 NO 2397
NO 3148 NO 2751
NO 2844 NO 2753
NO 574 NO 2951
NO 2757 cs 5
CS 14 CS 15
Planche 5
142 143
OU 65 OU 31
NO 576 NO 2304
ou 100 OU 130
Li Gris Li Tachee
Li Marbr15+ Tachete Li Violet
Li Noir NO 90
NO 125 NO 74
I. Planche 6