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These H DoThiKhanh

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UNIVERSITÉ FRANÇOIS RABELAIS

TOURS

École Doctorale : Santé, Sciences


et Technologies
Année universitaire : 2004-2005

THÈSE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR


DE L’UNIVERSITÉ DE TOURS

Discipline : Sciences de la Vie


présentée et soutenue publiquement

par :

Hong DO THI KHANH

Le 18 octobre 2005

ANISOPTEROMALUS CALANDRAE :

UN MODÈLE POUR L’ÉTUDE DU SUCCÈS REPRODUCTEUR DES MÂLES

Directeur de thèse : Pr Claude CHEVRIER

JURY :

M. BRESSAC Christophe Maître de Conférences, HDR Université de Tours


M. BRILLARD Jean-Pierre Directeur de Recherche INRA — Tours Nouzilly

M. CHEVRIER Claude Professeur Université de Tours

Mme JOLY Dominique Chargée de Recherche, HDR CNRS — Gif sur Yvette
Mme KAISER-ARNAULD Laure Chargée de Recherche, HDR CNRS — Gif sur Yvette
M. MONGE Jean-Paul Professeur Université de Tours
Remerciements
Ce travail a été réalisé à l’Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte, IRBI UMR
CNRS 6035, UFR Sciences et Techniques de l’Université de Tours, grâce à un financement
partiel de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et de l’Association privée
Descartes de la Touraine. J’adresse ma gratitude à tous ceux qui m’ont aidée durant toutes
ces années. J’espère que je n’oublierai personne. Si c’est le cas, ne m’en tenez aucune
rigueur.

Je voudrais remercier un grand nombre de personnes sans qui rien n’aurait été
possible :
Monsieur le Professeur Jérôme Casas, Directeur de l’IRBI, pour m’avoir acceptée en
DEA. Je vous remercie pour votre confiance qui m’a permis de découvrir le monde de
la Recherche.
Mon Directeur de thèse, Monsieur le Professeur Claude Chevrier, Directeur du
Département de Productions Animales à l’Université de Tours et Responsable de l’équipe de
Recherche « Mécanismes de la Reproduction » à l’IRBI, pour m’avoir accueillie et guidée au
sein de son équipe, d’abord en DEA puis en thèse. Merci pour votre confiance, votre
implication durant ces années et pour toutes les démarches que vous avez faites afin
d’obtenir des financements.
Mesdames Dominique Joly et Laure Kaiser-Arnauld, Chargées de Recherche au CNRS
de Gif sur Yvette, qui m’ont fait l’honneur d’être rapporteurs de ma thèse et de plus dans
un délai aussi bref. Merci pour vos précieux conseils scientifiques et pour l’intérêt que vous
avez porté à mon travail.
Les autres membres du jury : Messieurs Jean-Pierre Brillard, Directeur de Recherche
à l’INRA de Nouzilly, Jean-Paul Monge, Professeur à l’Université de Tours et Christophe
Bressac, Maître de Conférences à l’Université de Tours, pour avoir accepté de juger ce
travail et pour l’intérêt qu’ils lui ont porté.
Les membres du comité de thèse : Madame Dominique Joly, Monsieur Jean-Pierre
Brillard et Madame Anne-Marie Cortesero, Professeur à l’Université de Rennes 1, pour leurs
conseils scientifiques qui m’ont été très bénéfiques.

Je voudrais ici rendre hommage à tous les membres de l’équipe « Mécanismes de la


Reproduction » à l’IRBI :
Christophe Bressac pour ses conseils et sa disponibilité durant ces années de thèse.
Votre aide en informatique, votre bonne humeur et votre sens du positif m’ont beaucoup
apporté.
Christian Thibeaudeau qui nous a quittés aujourd’hui, auteur de la découverte du
morphe rouge chez Anisopteromalus calandrae (sans lequel mon travail ne serait pas le
même). Je me souviendrai longtemps de son amitié, de son soutien et de son aide durant
toutes ces années. Merci à toi aussi, Tatianna Chartier pour ta collaboration ; ta gentillesse
et ta bonne humeur m’ont laissé un agréable souvenir de ton séjour à l’IRBI. A vous Éric
Imbert pour votre gentillesse et votre aide indispensable en cas de pépin.
Un grand merci à toi, Alexandra Lafitte pour toute l’aide que tu m’as apportée. Dans
les moments de doute, j’avais vraiment besoin de ton amitié, de ta générosité, de ta
gentillesse et de ta bonne humeur. Je n’oublierai pas les agréables moments qu’on a passés
ensemble.
A toi de même, Karine Poitrineau pour ton amitié, tes conseils pertinents en
particulier en statistique et les discussions enrichissantes que tu m’as apportées. A toi, David
Damiens pour m’avoir soutenue et supportée pendant les années de cohabitation. Merci pour
ton écoute, ta compréhension et tes conseils. Merci et bonne continuation à Sandrine
Lacoume qui a commencé sa thèse dans notre équipe. Ton amitié et ta gentillesse vont me
manquer.
Merci à vous Éric Darrouzet, Danielle Rousse et Robert Kalmes pour vos
encouragements.
Durant cette thèse, j’ai effectué des stages de biologie moléculaire dans le
Laboratoire de Biotechnologie de Monsieur le Professeur Bui Cach Tuyen, Recteur de
l’Université d’Agronomie et de Foresterie de Ho Chi Minh Ville (Vietnam). Je le remercie
pour m’avoir initiée à la biologie moléculaire ainsi que tous les membres de son laboratoire
pour leur accueil et leur aide.
J’ai eu également l’occasion de faire quelques enseignements accordés par le
Professeur Jean-Paul Monge, UFR Sciences et Techniques de Tours. Je vous remercie pour
votre confiance. Merci à vous aussi, Catherine Boisneau et Nathalie Mondy pour votre aide
lors de cette expérience enrichissante.
Au cours du DEA et de la thèse au sein de l’IRBI, vous avez dû me croiser plus d’une
fois. Je pense à tous ceux qui de près ou de loin et à différentes périodes m’ont encouragée
et accompagnée. Christine, Christiane et Sonia, votre générosité et votre aide m’ont été
précieuses.
Je n’oublie pas mes camarades de DEA : Bertille, Cédric, Cyrille, Éric, Martine et Yann
pour les bons moments passés ensemble ainsi qu’avec Corinne et Sylvain.
J’adresse ma profonde gratitude à Madame Martin du CROUS de Tours et Monsieur
Augros de l’Association privée Descartes de la Touraine pour leur indispensable soutien.

_________________________________

J’en profite pour dire merci à ma logeuse pour son amitié et sa générosité. Mille
mercis à Brigitte Espaze et Jean Vonnet pour leur amitié que je garde toujours avec moi.
Merci à Madame Chevrier pour sa gentillesse. A mes amis en France et au Vietnam pour tout
ce qu’ils ont fait pour moi.

Enfin, merci à mes proches et surtout à mes parents pour leurs sacrifices et leur
soutien sans limite. Ils m’ont donné toutes les chances de suivre la voie que j’avais choisie.

Et à toi Michel, pour ton indispensable soutien et ton implication dans cette thèse ;
pour tes sacrifices, ton accompagnement et au-delà de tout, pour toutes les bonnes choses
vécues et à venir… La gentillesse de tes parents et de toute ta famille m’encourage beaucoup
et me fait parfois oublier les milliers de kilomètres qui me séparent des miens.
Sommaire

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE.....................................................................................................3
A - PRESSIONS SÉLECTIVES ET VALEUR SÉLECTIVE DES INDIVIDUS ..................................4
1. Capacité d’accouplement.....................................................................................................7
2. Succès de transfert des spermatozoïdes...............................................................................8
3. Succès de fécondation .........................................................................................................8
4. Effet de la femelle..............................................................................................................12
B - PRODUCTION SPERMATIQUE ET STRATÉGIES D’ÉJACULATION ..................................14
C - CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES PARASITOÏDES .........................................................................18
D - TRAVAIL DE THÈSE........................................................................................................................19
1. Objectif ..............................................................................................................................19
2. Plan de la thèse ..................................................................................................................22
CHAPITRE I : MODÈLES BIOLOGIQUES ET OUTILS EXPÉRIMENTAUX ................26
A - MODÈLES BIOLOGIQUES .............................................................................................................26
1. Plante hôte : Vigna unguiculata.........................................................................................26
2. Insecte phytophage parasite: Callosobruchus maculatus..................................................28
3. Insecte entomophage parasitoïde : Anisopteromalus calandrae .......................................30
B - OUTILS EXPÉRIMENTAUX...........................................................................................................37
1. Marqueur génétique de paternité .......................................................................................37
2. Obtention des mâles ayant des traits d’histoire de vie différents ......................................40
3. Obtention des mâles ayant des réserves spermatiques différentes ....................................43
4. Discussion..........................................................................................................................45
CHAPITRE II : CAPACITÉ D’ACCOUPLEMENT DU MÂLE ...........................................47
A - QUESTION BIOLOGIQUE ..............................................................................................................48
B - MATÉRIEL ET MÉTHODES...........................................................................................................50
1. Obtention des parasitoïdes vierges ....................................................................................50
2. Étude des accouplements...................................................................................................50
3. Analyses statistiques des données .....................................................................................51
C - RÉSULTATS.......................................................................................................................................53
1. Accouplements simples .....................................................................................................53
2. Compétition entre deux mâles pour l’accès à une femelle ................................................55
D - DISCUSSION ......................................................................................................................................61
CHAPITRE III : DISTRIBUTION ET STOCKAGE DES SPERMATOZOÏDES...............67
A - QUESTION BIOLOGIQUE ..............................................................................................................68
B - MATÉRIEL ET MÉTHODES...........................................................................................................69
1. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle après un
accouplement simple .........................................................................................................69
2. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque des femelles inséminées par
un mâle et chez le mâle après des accouplements multiples .............................................69
3. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelles inséminée
après une compétition entre mâles.....................................................................................70
4. Analyses statistiques des données .....................................................................................70
1
Sommaire

C - RÉSULTATS.......................................................................................................................................73
1. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle après un
accouplement simple .........................................................................................................73
2. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque des femelles inséminées par un
mâle et chez le mâle après des accouplements multiples ..................................................75
3. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle inséminée après une
compétition entre deux mâles de morphes différents ........................................................79
4. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle inséminée après une
compétition entre mâles du même morphe........................................................................81
D - DISCUSSION ......................................................................................................................................82
CHAPITRE IV : ÉTUDE DE LA DESCENDANCE ................................................................87
A - QUESTION BIOLOGIQUE ..............................................................................................................89
B - MATÉRIEL ET MÉTHODES...........................................................................................................92
1. Obtention des graines parasitées........................................................................................92
2. Mise en ponte des femelles accouplées .............................................................................92
3. Étude de la paternité des descendants................................................................................93
4. Analyses statistiques des données .....................................................................................94
C - RÉSULTATS.......................................................................................................................................96
1. Descendance issue d’un accouplement simple..................................................................96
2. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles vierges de morphes différents ..99
3. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles vierges d’âges différents.........104
4. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles ayant des expériences
sexuelles différentes ........................................................................................................113
5. Bilan des résultats concernant la descendance issue d’une compétition entre deux
mâles ................................................................................................................................118
D - DISCUSSION ....................................................................................................................................119
1. Descendance issue d’un accouplement simple................................................................119
2. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles.................................................122
RÉSULTATS PRINCIPAUX DU TRAVAIL DE THÈSE .......................................................126
DISCUSSION GÉNÉRALE ........................................................................................................128
A - ACCOUPLEMENTS SIMPLES......................................................................................................128
B - ACCOUPLEMENTS MULTIPLES DU MÂLE ............................................................................129
C - COMPÉTITION ENTRE DEUX MÂLES......................................................................................131
D - GLOBALISATION AU NIVEAU DES GROUPES D’INDIVIDUS ............................................134
E - CONCLUSION .................................................................................................................................137
F - PERSPECTIVES ..............................................................................................................................138
1. En conditions contrôlées..................................................................................................138
2. En conditions semi-contrôlées.........................................................................................139
3. En conditions de greniers ................................................................................................140
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................................141

2
Introduction générale

Valeur sélective des individus

intra-sexuelle
Compétition
1. Survie, accès à la nourriture

2. Production des gamètes


Sélection naturelle

Sélection sexuelle
3. Succès d’accouplement
o Obtention des accouplements
o Transfert des spermatozoïdes
o Succès de fécondation

Choix pour l’accouplement


ou pour la fertilisation
4. Oviposition

5. Taux d’éclosion

6. Développement larvaire

7. Soins parentaux…

CONSÉQUENCES
sur les stratégies de reproduction
1. Maximiser le succès d’accouplement
2. Optimiser l’effort reproducteur
3. Maximiser la reproduction

Figure 1 : Pressions sélectives agissant sur différentes composantes de la valeur sélective des individus
et conséquences sur leurs stratégies de reproduction.

3
Introduction générale

INTRODUCTION GÉNÉRALE

A - PRESSIONS SÉLECTIVES ET VALEUR SÉLECTIVE DES INDIVIDUS

Chez les organismes vivants, la valeur sélective, fitness, des individus (ou leur
succès reproducteur) est représentée par leur contribution génétique à la génération
suivante (Darwin, 1859; Aron & Passera, 2000). Ceci est généralement exprimé en terme
du nombre de descendants produits par individu et capables de se reproduire à
nouveau. Cette valeur sélective globale peut être décomposée en deux parties : valeur
sélective directe et valeur sélective indirecte. La valeur sélective directe d’un individu est la
part du succès reproducteur issue de sa propre descendance. Tandis que la valeur sélective
indirecte d’un individu est la part du succès reproducteur provenant de la descendance des
apparentés grâce à l’aide que l’individu apporte à ces derniers (Aron & Passera, 2000).

Charles Darwin (1859) a distingué deux pressions sélectives qui agissent sur la
valeur sélective des individus : l’une est la sélection naturelle et l’autre est la sélection
sexuelle. La sélection naturelle favorise les adaptations pour la survie des individus. La
sélection sexuelle quant à elle, contribue à optimiser le succès d’accouplement des
individus.

Les mâles sont différents des femelles par leurs caractères sexuels primaires
comme les organes génitaux, les gamètes et les tractus reproducteurs. Cependant, Darwin
(1871) a souligné que les sexes se différenciaient souvent par leurs caractères sexuels
secondaires tels que les traits morphologiques ou comportementaux propres à un sexe. Il
arrive que la sélection naturelle et la sélection sexuelle agissent d’une manière simultanée sur
le succès d’accouplement des individus (figure 1). La sélection naturelle permet la survie des
individus les meilleurs et les pressions de la sélection sexuelle les sélectionnent sur leur
capacité à maximiser les accouplements. Les traits sexuels primaires et secondaires seraient
soumis à une sélection dite stabilisée (Partridge & Endler, 1987; Kirpatrick & Ryan, 1991).

La sélection sexuelle augmente la capacité d’accouplement des individus mais


également après la copulation, elle peut agir sur le succès de fécondation (Parker, 1984;
Møller, 1998).

En résumé, le succès reproducteur des individus est à la fois sous la pression de la


sélection naturelle et de la sélection sexuelle (Darwin, 1871; Darwin, 1859; Trivers, 1972).
Ces pressions évolutives entraînent différentes contraintes dans la reproduction des
4
Introduction générale

individus. Ces contraintes sont écologiques (les saisons, la température, l’humidité, les
ressources de nourriture...) et biologiques (la physiologie, l’anatomie, la diapause, le mode
de reproduction…). Toutes les pressions sélectives permettraient la sélection d’individus
qui peuvent assurer leur valeur sélective : (1) en maximisant leur succès d’accouplement
(figure 1) via les traits sexuels primaires (Parker, 1984; Møller, 1998; Simmons, 2001) et
secondaires (Darwin, 1871; Thornhill & Alcock, 1983) ; (2) en optimisant leur effort
reproducteur (figure 1) par le biais de compromis comme une diminution des soins
parentaux si le nombre des accouplements augmente (Trivers, 1972) ; (3) et enfin, en
maximisant leur reproduction (figure 1) à travers la quantité et la qualité des gamètes, la
fécondation, l’oviposition, les soins parentaux, mais également à travers l’accès à la
nourriture et enfin la survie (Darwin, 1859; Darwin, 1871; Trivers, 1972; Dewsbury, 1982;
Godfray, 1994).

Chez les insectes, la valeur sélective des femelles a été très étudiée à travers les
stratégies d’accouplement, la fécondité et les stratégies de ponte (Hamilton, 1979;
Thornhill & Alcock, 1983; Godfray, 1994; Quicke, 1997; Birkhead & Møller, 1998).
Tandis que la valeur sélective des mâles a été étudiée à travers leur nombre
d’accouplements et la descendance obtenue par accouplement (Dewsbury, 1982;
Simmons, 2001). Ainsi, comme chez les femelles, la valeur sélective d’un mâle ou dépend
du nombre de descendants engendrés par le mâle durant sa vie reproductive (Arnqvist &
Nilsson, 2000), elle dépend directement de sa capacité à obtenir des accouplements et de
sa fécondité potentielle durant sa vie reproductive (Roitberg et al., 2001).
Particulièrement, la valeur sélective d’un mâle est évaluée sur les bases de sa vie
reproductrice, la période d’accouplement définie comme la période pendant laquelle il est
prêt à s’accoupler avec les femelles rencontrées et le nombre de femelles inséminées durant
sa vie reproductive. Les variations dans la qualité des mâles peuvent être exprimées dans
les différences en qualité et en quantité de spermatozoïdes disponibles. Par exemple, les
mâles qui réalisent des accouplements multiples présentent une diminution de leur stock de
spermatozoïdes alors que les mâles vierges ont un stock maximal en spermatozoïdes.

5
Introduction générale

CHEZ LE MÂLE
1
Maturité Capacité Réserve en
sexuelle d’accouplement spermatozoïdes

Transfert des spermatozoïdes


à la femelle

Nombre de spermatozoïdes stockés


chez la femelle

Succès de fécondation
a) Succès de la compétition spermatique
b) Qualité des spermatozoïdes

Développement larvaire, soins parentaux

Succès reproducteur
=
Quantité et qualité des descendants

Figure 2 : Présentation des différents paramètres qui agissent sur le succès reproducteur d’un mâle chez
les insectes.

6
Introduction générale

Les facteurs déterminants du succès reproducteur des mâles se trouvent à différents


niveaux de la reproduction (figure 2) : (1) l’obtention des accouplements et le succès de
copulation ; (2) le succès de transfert des spermatozoïdes à la femelle ; (3) et enfin, le
succès de fécondation. Chez les insectes où la femelle présente des structures de stockage
spermatique et notament chez les espèces polyandres où une femelle s’accouple avec
plusieurs mâles, le succès de fécondation dépend essentiellement de la quantité de
spermatozoïdes stockés dans la ou les spermathèques de la femelle, de la compétition
entre éjaculats de mâles différents et également de l’utilisation des spermatozoïdes par
la femelle. Après la fécondation, le succès reproducteur du mâle peut encore être altéré par
une réduction du taux d’éclosion, une mortalité larvaire et parfois par une absence des
soins parentaux (Simmons, 2001).

1. Capacité d’accouplement

La valeur sélective du mâle est largement déterminée par le nombre


d’accouplements réussis. Dans une population, les mâles individuellement peuvent être
différents en fonction de leur âge, de leur expérience de reproduction ou de leur génotype ;
ces mâles de différentes qualités sont en compétition dans la population pour l’accès aux
femelles (Van den Assem, 1989 ; Fawcett & Johnstone, 2003). De plus, la taille du mâle
peut affecter sa longévité et aussi sa capacité à localiser des femelles. Dans certains cas,
les mâles de petite taille peuvent souffrir d’une compétition intra-sexuelle pour les
accouplements.
La capacité d’accouplement du mâle peut dépendre des caractères sexuels
secondaires (Darwin, 1871; Thornhill & Alcock, 1983; Sivinski, 1997), mais également des
caractères sexuels primaires. Simmons (2001) constate une évolution rapide et une
grande divergence dans la morphologie et la physiologie de ces traits chez les mâles, tels
que les organes génitaux, le fluide séminal ou les spermatozoïdes. Il semble que les
caractères sexuels primaires subissent une sélection sexuelle intense et ont une influence
considérable dans le succès reproducteur du mâle (Simmons, 2001). Par exemple, la
morphologie des organes génitaux chez les mâles Odonates (Thornhill & Alcock, 1983)
joue un rôle décisif dans leur succès d’accouplement.
De plus, le nombre de copulations d’un mâle dépend de l’intensité de la
compétition pour l’accouplement entre mâles (Parker, 1984). Enfin, le nombre
d’accouplements réalisés par un mâle peut également varier en fonction de son accès aux

7
Introduction générale

sources de nourritures ou des caractéristiques de son territoire (Thornhill & Alcock, 1983;
Goshima et al., 1998). Ainsi, les mâles dominants obtiennent le plus d’accouplements
comme chez les Odonates (Thornhill & Alcock, 1983) et chez certaines mouches
(Simmons, 2001).

2. Succès de transfert des spermatozoïdes

Lorsqu’un mâle s’accouple, son succès reproducteur dépend de la réussite de la


copulation et du transfert des spermatozoïdes à la femelle (Thornhill & Alcock, 1983;
Parker, 1984; Simmons, 2001). Il existe de nombreux cas où la copulation n’est pas suivie
par un transfert de spermatozoïdes par le mâle. Par exemple, la présence d’un bouchon
copulatoire laissé par le mâle précédent chez une femelle accouplée ne permet pas à un
second mâle de s’accoupler comme dans le cas du papillon Cressida cressida (Orr
& Rutowski, 1991) ou de transférer ses spermatozoïdes comme chez le diptère Cyrtodiopsis
whitei (Lorch et al., 1993). Le succès de transfert des spermatozoïdes peut être lié à
différents facteurs. Un déplacement ou un enlèvement des spermatozoïdes transférés chez
la femelle accouplée peut avoir lieu chez la plupart des Odonates lorsqu’un nouveau mâle
s’accouple avec la femelle (von Helversen & von Helversen, 1991; Hooper & Siva-Jothy,
1996). Le premier mâle peut perdre jusqu’à 98% de son sperme lors de la copulation d’un
second mâle chez les coléoptères à longues cornes Psacothea hilaris (Yokoi, 1990). Chez les
grillons, quand la femelle expulse rapidement le spermatophore, le transfert des
spermatozoïdes échoue également (Gwynne, 1984; Sakaluk, 1986; Sakaluk & Eggert, 1996;
Arnaud, 1999; Simmons, 2001). Ainsi, le succès de transfert des spermatozoïdes dépend des
éléments avant, pendant et après l’éjaculat.

3. Succès de fécondation

Chez les insectes, une fois que le mâle réussit à transférer ses spermatozoïdes à la
femelle, la qualité des spermatozoïdes du mâle peut jouer un rôle dans le succès de
fécondation des œufs (Vladi'c & Järvi, 2001; Damiens et al., 2002). Chez les espèces
polyandres, le succès de fécondation dépend essentiellement de la compétition
spermatique, compétition entre différents éjaculats pour la fécondation des œufs d’une
même femelle (Parker, 1970 ; 1984) et de la manière dont sont utilisés les spermatozoïdes
de différents mâles par la femelle (Eberhard, 1996 ; Birkhead & Møller, 1998 ; Simmons,
2001).

8
Introduction générale

Nombre d’espèces

0,2 0,4 0,6 0,8


Valeur P2

Figure 3 : Variations de la valeur P2, proportion de descendants engendrés par le second mâle lorsqu’une
femelle s’accouple avec deux mâles différents, chez 133 espèces d’insectes non-sociaux
(Simmons, 2001).

9
Introduction générale

Les mâles peuvent développer des stratégies (Simmons, 2001): (1) pour éviter la
compétition spermatique comme la garde post-copulatoire ou l’enlèvement des
spermatozoïdes ; (2) pour gagner la compétition spermatique comme avoir des
spermatozoïdes de meilleure qualité (plus mobiles ou viables plus longtemps) ; (3) et enfin,
des stratégies alternatives comme la taille des éjaculats plus importante, les copulations
prolongées, les copulations répétées…

L’étude de la descendance de la femelle accouplée avec plusieurs mâles permet de


relever si un des mâles est mieux représenté et donc de savoir si un mâle a une meilleure
valeur sélective. En laboratoire, ces travaux ont porté majoritairement sur l’étude de la
descendance de femelles accouplées avec deux mâles différents (Parker, 1984; Simmons,
2001). Chez les insectes, c’est souvent le deuxième mâle qui est le plus représenté dans la
descendance finale. Cette priorité spermatique du second mâle est caractérisée par la valeur
P2 qui est la proportion de descendants engendrés par le second mâle (Boorman &
Parker, 1976). La valeur P2 varie entre 0 et 1 et elle a été étudiée sur un ensemble de 133
espèces d’insectes non sociaux (figure 3 ; Simmons, 2001). Chez la libellule Sympetrum
danae, le second mâle a 100% de descendants, donc P2=1 (Simmons, 2001). En général,
nous pouvons observer les variations suivantes de la valeur P2 : (1) lorsque P2 > 0,8 (44%
des 133 espèces présentées dans la figure 3), il s’agit soit d’un déplacement des
spermatozoïdes provenant du premier mâle soit d’une préférence de la femelle en faveur des
spermatozoïdes du second mâle (Simmons, 2001) ; (2) lorsque 0,7 ≥ P2 ≥ 0,4 (43% des 133
espèces, figure 3), il existe un mélange complet des éjaculats et la compétition spermatique
est ainsi intense (Simmons, 2001). Et enfin, (3) lorsque P2 < 0,4 (seulement 13% des 133
espèces) : ce dernier cas est assez rare chez les insectes et a été trouvé principalement chez
six espèces d’hyménoptères (Simmons, 2001).

10
Introduction générale

CHEZ LE MÂLE CHEZ LA FEMELLE


Réserve spermatique

Capacité d’accouplement 1 Choix


pour l’accouplement

Transfert 2 Efficacité du
de spermatozoïdes stockage spermatique

Compétition spermatique 3 Sélection cryptique


dans la fécondation des œufs dans l’utilisation des
spermatozoïdes ou éjaculats

Succès de fécondation 4 Efficacité de ponte

5
Développement larvaire, soins parentaux

Succès reproducteur
=
Quantité et qualité des descendants

Figure 4 : Modulation du succès reproducteur du mâle par la femelle chez les insectes.

11
Introduction générale

4. Effet de la femelle

Nous savons que les femelles d’insectes peuvent agir de manière active sur les
processus de transfert, de stockage et d’utilisation des spermatozoïdes (figure 4) pour
favoriser certains mâles ou pour la paternité des descendants (Thornhill, 1983; Simmons,
1987; Eberhard, 1996). De plus, les mécanismes actifs dans l’organe de stockage
pourraient influencer le mélange et le déplacement des spermatozoïdes (Heming-Van
Battum & Heming, 1986; Rothschild, 1991; Kaufmann, 1996). La femelle peut également
faire une sélection en faveur des spermatozoïdes (ou d’éjaculats) d’un mâle par rapport à
ceux des autres mâles, c’est la sélection cryptique de la femelle (Simmons, 1987;
Eberhard, 1996). Particulièrement, la sélection cryptique peut avoir lieu en absence de la
compétition spermatique (Simmons, 2001).

Ainsi, différents mécanismes peuvent contribuer aux modalités de paternité après


des accouplements doubles de la femelle (Simmons, 2001) :

 Mélange complet des éjaculats


 Mélange des éjaculats plus une sélection de la femelle parmi les éjaculats
 Déplacement ou un enlèvement des spermatozoïdes du premier mâle du site de
fécondation
 Perte du premier éjaculat des organes de stockage avant la seconde copulation
 Absence des spermatozoïdes d’un mâle dans le stockage de la femelle à cause
d’une sélection de celle-ci ou d’une insémination non réussie
 Et enfin, échec du développement des œufs fécondés par un mâle.

12
Introduction générale

Figure 5 : Diversité morphologique des organes de stockage spermatique chez les femelles
d’insectes (Simmons, 2001). (A) la spermathèque unique et ronde chez le grillon Gryllus bimaculatus
(Simmons, 1986) ; (B) la spermathèque tubulaire chez le criquet migrateur Locusta migratoria
migratorioides (Gregory, 1965) ; (C) les trois spermathèques rondes chez la mouche Scathophaga
stercoraria (Hosken et al., 1999) ; (D) la spermathèque accompagnée des muscles chez le coléoptère
Chelymorpha alternans (Rodriguez, 1994) et (E) les dix spermathèques chez les perce-oreilles Forficula
auricularia (Popham, 1965).

13
Introduction générale

Un autre facteur important dans la paternité de chaque mâle en compétition provient


des caractères morphologiques ou physiques des organes de stockage de la femelle.
Selon Simmons (2001), la grande diversité morphologique (figure 5) et les caractères
physiques de la spermathèque peuvent fortement influencer les mécanismes de la
compétition spermatique : (1) les petites structures de volume fixe génèrent un grand
potentiel de déplacement des éjaculats et (2) les grandes structures qui sont élastiques
permettent un plus grand potentiel de mélange des éjaculats. Ainsi, c’est plutôt le dernier
mâle qui gagne quand la spermathèque est ronde et de volume fixe (Ridley, 1989). Quant
aux espèces ayant des spermathèques tubulaires, un mélange des éjaculats peut être
favorisé dans certains cas (Vardell & Brower, 1978; Dickinson, 1988).

En raison de tous ces mécanismes présents chez la femelle et en fonction du stock


de spermatozoïdes du mâle, on pourrait s’attendre à la mise en place des stratégies
d’éjaculation chez le mâle ou des compromis entre le nombre d’accouplements du mâle et
la quantité de spermatozoïdes transférés par accouplement.

B - PRODUCTION SPERMATIQUE ET STRATÉGIES D’ÉJACULATION

La production des spermatozoïdes par le mâle est souvent considérée comme


ayant un coût négligeable comparé à la production des œufs par la femelle (Bateman, 1948;
Trivers, 1972; Arnold & Duvall, 1994). Cependant, Dewsbury (1982) indique que l’unité
fonctionnelle chez le mâle n’est pas le spermatozoïde mais une population de
spermatozoïdes dans un éjaculat ou dans un spermatophore. De plus, d’autres substances
peuvent être trouvées dans les fluides séminaux. Ainsi, la production des éjaculats
impose des coûts importants pour le mâle. Par exemple, les mâles de nombreux insectes
ont besoin d’un laps de temps après l’émergence pour accumuler les ressources destinées à
la production des éjaculats (Foster, 1967; Woodhead, 1984; Oberhauser, 1988). De plus,
une fois accouplé, le mâle doit renouveler ses ressources avant de pouvoir s’accoupler à
nouveau ou fournir des éjaculats de taille et de qualité convenables (Simmons, 1986; Svärd
& Wiklund, 1989; Simmons et al., 1992; Arnqvist & Danielsson, 1999). Chez quelques
papillons et grillons, la masse du spermatophore augmente avec l’âge du mâle et
l’intervalle entre les accouplements (Simmons, 2001). Ces données montrent que la
production des éjaculats est variable pour le mâle, à la fois dans l’investissement en
temps et dans la gestion des ressources.

14
Introduction générale

CHEZ LE MÂLE

Stock de spermatozoïdes disponible

Distribution des spermatozoïdes


Selon : 1) La qualité des femelles

2) La quantité de femelles

3) La compétition spermatique

Minimiser les coûts Maximiser la valeur


de la production spermatique sélective

Figure 6 : Optimisation de la valeur sélective du mâle à travers sa production spermatique et sa


distribution des spermatozoïdes.

15
Introduction générale

On observe parfois un compromis entre la production des éjaculats et le temps de


recherche pour l’accouplement (Wedell, 1994; Simmons, 1995b; Simmons et al., 1999a)
ou pour l’attractivité des mâles (Simmons et al., 1992; Gage, 1995). D’autre part,
l’expérience sexuelle du mâle a un effet important dans sa fertilité (Montrose et al., 2004).
Par exemple, chez la punaise aquatique Gerris lateralis, un mâle récemment accouplé
souffre d’une diminution dans le nombre de spermatozoïdes transférés à la femelle et donc
du nombre de descendants qu’il produira (Arnqvist & Danielsson, 1999). Dans certains cas,
les mâles ayant épuisé leur stock de spermatozoïdes peuvent devenir stériles, cet effet est
parfois irréversible comme dans le cas du moustique Aedes aegypti (Jones, 1973).

En raison des coûts de la production des éjaculats, Dewsbury (1982) prédit que les
pressions sélectives favoriseraient une optimisation de la quantité de spermatozoïdes
distribués (figure 6) par un mâle en fonction de la quantité de femelles présentes dans la
population. D’une part, lorsque qu’il y a un excès de femelles dans la population, les mâles
pourraient distribuer leurs spermatozoïdes à plusieurs femelles (Damiens, 2001) afin de
féconder le plus possible de femelles (Simmons, 2001). A l’inverse, lorsque les mâles
sont trop nombreux, ils insémineraient moins de femelles, mais transféreraient plus de
spermatozoïdes par femelle car la recherche d’autres femelles peut être coûteuse. De plus,
si le nombre de femelles qu’un mâle peut inséminer était limité, le mâle donnerait plus de
spermatozoïdes aux femelles de meilleure qualité (Simmons, 2001). Dans ce cas de figure,
les mâles peuvent s’accoupler préférentiellement avec les femelles vierges.

De plus, le risque de compétition spermatique (probabilité de réaccouplement


chez une femelle) peut influencer la taille des éjaculats du mâle. Quand la femelle a peu de
chance de se réaccoupler (le risque de compétition spermatique est faible), les mâles
pourraient moins investir pour chaque femelle afin d’en fertiliser plus. En revanche,
lorsque le risque de compétition spermatique est élevé, les mâles investiraient plus de
spermatozoïdes par femelle et donc insémineraient moins de femelles. Chez les insectes,
dans les cas où les mâles utilisent le flux de spermatozoïdes pour déplacer le sperme rival,
le volume de l’éjaculat peut être un avantage pour le mâle (Simmons, 2001). Par exemple,
une relation positive entre la taille des éjaculats et le degré de polyandrie est observée chez
plusieurs Lépidoptères (Svärd & Wiklund, 1989; Gage, 1994) et chez certains Diptères
(Pitnick & Markow, 1994).

16
Introduction générale

Enfin, les stratégies d’éjaculation du mâle varient en fonction de la compétition


spermatique (Parker, 1998; Simmons, 2001). D’une part, l’évitement de compétition
spermatique peut se traduire par une forte dilution du sperme rival (Simmons & Siva-
Jothy, 1998) ou un déplacement de celui-ci par le « flux spermatique » (Arnaud, 1999;
Simmons, 2001). Par exemple, une forte dilution spermatique est observée chez le grillon
Gryllus bimaculatus (Simmons, 1987) ou chez la libellule Coenagrion scitulum R.
(Cordero et al., 1995). Quant au « flux spermatique », on rencontre ce phénomène chez
Callosobruchus maculatus (Eady, 1994; Eady, 1995) ou chez le grillon Truljalia hibinonis
(Ono et al., 1989). D’autre part, après une compétition spermatique où il s’agit d’un
mélange des éjaculats, le mâle produisant des éjaculats plus importants peut être avantagé
et par la suite, il sera le plus représenté dans la descendance issue de cette compétition
(Parker, 1990a; Parker, 1998).

Après une compétition inter-éjaculats, il est prédit que le mâle ayant la plus grande
proportion de spermatozoïdes compétitifs serait favorisé (Manning & Chamberlain, 1994).
Un mécanisme fondamental de la compétition spermatique, appelé la loterie, « the raffle »
(Parker 1990) concerne la relation entre le nombre de spermatozoïdes transférés à la
femelle et le nombre de descendants de chaque mâle en compétition. Lors d’une loterie
honnête, « the fair raffle », la proportion de descendants de chaque mâle correspond
simplement à celle de ses spermatozoïdes transférés chez la femelle. Dans ce cas de figure,
quand les coûts de production spermatique sont différents entre les deux mâles en
compétition, Parker (1998) prédit que le mâle produisant des spermatozoïdes avec moins
de coût gagnerait la compétition. Cela serait dû au fait que celui-ci pourrait donner plus de
spermatozoïdes que son rival, et serait donc plus représenté dans la descendance, même
avec moins d’investissement. Chez les insectes, un « fair raffle model » n’est actuellement
observé que chez les trois espèces suivantes : le grillon Gryllus bimaculatus (Simmons,
1986), la sauterelle Kawanaphila nartee (Simmons, 1995c) et le coléoptère Onthophagus
taurus (Tomkins & Simmons, 2000). Dans tous ces cas, les paternités des descendants sont
caractérisées par P1 = P2 = 0,5 quand le nombre de spermatozoïdes transférés est le même
chez les deux mâles.

17
Introduction générale

C - CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES PARASITOÏDES

Les femelles hyménoptères parasitoïdes peuvent contrôler la sex-ratio des


descendants par l’utilisation ou non des spermatozoïdes. Mais ce contrôle peut être limité
par le nombre de spermatozoïdes stockés dans la (ou les) spermathèque(s) de la femelle.
Ainsi, la quantité de spermatozoïdes transférés par le mâle puis stockés chez la femelle
joue un rôle important dans la descendance finale. Lors d’accouplements multiples, un
mélange d’éjaculats peut se produire. Dans ce cas, il y a une compétition spermatique
entre les éjaculats des différents mâles. Concernant les hyménoptères parasitoïdes, cette
compétition spermatique a seulement été étudiée chez six espèces (citées dans Quicke,
1997 ; Simmons, 2001). Cependant, depuis 1990 apparaissent de nombreuses théories
telles que : (1) le mécanisme de la loterie, « the raffle » (Parker, 1990a), (2) les stratégies
d’éjaculation du mâle en fonction du risque de compétition spermatique (Parker et al.,
1997 ; Parker, 2000) ou de l’intensité de la compétition spermatique (Parker et al., 1996)
et enfin (3) les stratégies d’éjaculation du mâle en fonction de son statut reproducteur (en
couple ou satellite ; Parker, 1990b) ou de la qualité des femelles. Pour la première fois
chez un hyménoptère parasitoïde, nos résultats pourront contribuer à vérifier certaines de
ces théories, telles que le mécanisme de la loterie et le risque de compétition spermatique.

18
Introduction générale

D - TRAVAIL DE THÈSE

1. Objectif

Ce travail a porté sur l’étude de la valeur sélective (succès reproducteur) des


mâles en relation avec leur réserve de spermatozoïdes disponibles. Notre étude a porté
dans un premier temps sur la quantification du stock de spermatozoïdes des mâles en
fonction de différents traits d’histoire de vie (âge, expérience sexuelle) et de leur
phénotype. Dans un second temps, l’étude du succès reproducteur des mâles en relation
avec leur nombre de spermatozoïdes disponibles a été réalisée lors d’accouplements
simples, d’accouplements multiples et en situation de compétition entre deux mâles.

Pour effectuer cette étude, nous avons utilisé comme modèle biologique
Anisopteromalus calandrae (Hymenoptera, Chalcidoidea, Pteromalidae), un insecte
auxiliaire utilisé en lutte biologique contre les ravageurs des stocks de graines variées :
céréales (blé, maïs, riz) et légumineuses (soja, niébé, haricots, fèves et pois). Dans le
monde, plus de 20 distributeurs commercialisent cet insecte, principalement dans les zones
méridionales (Floride, Californie, Inde, …). Cependant les travaux scientifiques sur la
biologie de l’espèce sont peu nombreux. Ce sont principalement des études empiriques
portant sur la compétitivité en milieu semi-expérimental. Chez cette espèce, le succès de
reproduction et ses contraintes demeurent peu connus, bien qu'ils soient fondamentaux
pour une utilisation de l’auxiliaire en lutte biologique (c'est en se reproduisant que
l'auxiliaire détruit les ravageurs).

Notre souche expérimentale a été rapportée de la Côte d’Ivoire et est entretenue au


laboratoire depuis 2000 (33°C: 23°C, L12h : D12h, rh 50% : 70%). Elle a la particularité
de présenter deux morphes au niveau de la couleur des yeux des individus : le morphe
sauvage dominant aux yeux foncés (W) et le morphe mutant récessif aux yeux rouges (R).
La bibliographie nous montre que ce variant aux yeux rouges chez Anisopteromalus
calandrae se trouve seulement dans notre souche expérimentale. Ainsi, nous avons pu
utiliser le dimorphisme du modèle comme marqueur phénotypique parental chez les
descendants pour identifier la paternité des descendants en situation de compétition
entre mâles. Ces derniers pourraient avoir des traits d’histoire de vie différents après des
accouplements doubles de la femelle. Chez Anisopteromalus calandrae, les femelles

19
Introduction générale

pratiquent la parthénogenèse arrhénotoque : un mâle est issu d’un œuf non fécondé et
une femelle d’un œuf fécondé. Ainsi, la sex-ratio des descendants dépend de l’utilisation
des spermatozoïdes par la femelle mais également de la quantité de spermatozoïdes stockés
dans sa spermathèque. Ce dernier paramètre, quant à lui, dépend de la quantité de
spermatozoïdes transférés par le mâle à la femelle lors de la copulation. Par conséquent,
l’investissement en spermatozoïdes du mâle au moment de l’accouplement joue un rôle clé
dans la descendance finale. Enfin, lors d’une compétition entre deux mâles vierges de 1
jour de morphes différents et ayant des stocks de spermatozoïdes différents, la femelle
Anisopteromalus calandrae s’accouple indifféremment avec les deux mâles. Toutes ces
caractéristiques chez cette espèce nous ont permis d’étudier le succès reproducteur des
mâles en relation avec leur production spermatique et particulièrement, d’identifier les
conséquences des accouplements doubles de la femelle sur la paternité des descendants des
mâles de statuts différents (mâles vierges 1 jour, mâles vierges 21 jours, ou mâles
sexuellement expérimentés).

20
Introduction générale

TRAVAIL DE THÈSE
CHEZ LE MÂLE CHEZ LA FEMELLE
Morphe, âge, expérience sexuelle

Réserve spermatique

Capacité d’accouplement ? Choix du mâle


1) Simple 2) Multiples
1
pour l’accouplement ?
3) En compétition

Capacité de transfert ? 2 Efficacité du


1) Accouplement simple
2) Accouplements multiples
stockage spermatique ?
3) En compétition

Sélection cryptique ?
Compétition spermatique ? 3 dans l’utilisation des
dans la fécondation des œufs spermatozoïdes ou éjaculats

4
 Descendance totale et sex-ratio ?
 En compétition : Paternité des descendants ?

Succès reproducteur
=
Quantité et sex-ratio de la descendance

Discussion sur l’importance de :


La production spermatique dans le succès
reproducteur du mâle

Figure 7 : Succès reproducteur des mâles chez Anisopteromalus calandrae en relation avec leur réserve
de spermatozoïdes disponibles : Présentation des paramètres étudiés.

21
Introduction générale

2. Plan de la thèse

Dans un premier temps, notre étude a porté sur la quantification du stock de


spermatozoïdes des mâles en fonction de différents traits d’histoire de vie (âge,
expérience sexuelle) et de leur phénotype (chapitre I). Trois catégories de mâles ont été
utilisées : (1) des mâles vierges de 1 jour de morphes différents, (2) des mâles vierges
d’âges différents (1 jour et 21 jours) et enfin (3) des mâles de 1 jour ayant des expériences
sexuelles différentes.

Par la suite, l’étude du succès reproducteur des mâles en relation avec leur
nombre de spermatozoïdes disponibles a été réalisée lors d’accouplements simples, lors
d’accouplements multiples du mâle et en situation de compétition entre deux mâles.

(1) La première étape a été l’étude de la capacité d’accouplement et du nombre de


spermatozoïdes stockés chez les femelles (figure 7, chapitres II et III).
• D’abord, nous avons étudié pour chacun des deux morphes les accouplements
simples des mâles vierges de 1 jour, des mâles vierges de 21 jours et des mâles
expérimentés.
• Dans la littérature, la femelle Anisopteromalus calandrae a été considérée par
certains auteurs comme monoandre (Islam, 1993) ou polyandre (Baker et al.,
1998; Gokhman et al., 1999). Nous avons voulu vérifier expérimentalement si la
femelle Anisopteromalus calandrae réalisait des accouplements multiples. Dans
l’hypothèse où cela était vérifié, nous voulions connaître les conditions
nécessaires à leur réalisation et également voir les conséquences sur le stockage
spermatique chez la femelle.
• Ensuite, lorsque la femelle se réaccouple, nous avons étudié les combinaisons
d’accouplements lors d’une compétition entre deux mâles différant par leur
phénotype, par leur âge ou par leur expérience sexuelle.
• Parallèlement, les accouplements multiples du mâle ont été réalisés avec des
femelles présentées successivement au mâle ou en mettant un mâle en présence
d’un groupe de femelles.
• Enfin, la quantification du nombre de spermatozoïdes stockés dans les vésicules
séminales du mâle et dans la spermathèque de la (des) femelle(s) Anisopteromalus
calandrae a été effectuée. Les résultats obtenus nous ont permis de comprendre
les modalités d’accouplements simples et doubles chez cette espèce et d’évaluer

22
Introduction générale

la capacité de stockage de la femelle et l’effet du risque de la compétition


spermatique sur ce stockage. De plus, nous avons pu déterminer la distribution
des spermatozoïdes du mâle lors de ses accouplements multiples.

2) La seconde étape a été l’étude de la descendance et de la sex-ratio (la proportion de


descendants femelles sur le nombre total de descendants) après des accouplements
simples ou après des accouplements doubles de la femelle après une compétition
entre deux mâles (figure 7, chapitre IV).
• Nous avons utilisé comme référence la descendance après un accouplement
simple. Les paramètres mesurés sont la quantité des descendants et leur sex-ratio
calculée comme la proportion de descendants femelles sur la descendance totale.
• Lorsque la femelle s’accouple deux fois avec les deux mâles en compétition,
nous avons étudié la paternité de la descendance afin de quantifier le nombre de
descendants engendrés par chaque mâle. A partir de ces résultats, nous avons pu
déterminer le rôle du stock de spermatozoïdes disponibles du mâle dans son
succès reproducteur en situation de compétition.
• Cela nous a permis d’étudier les conséquences de la compétition spermatique.
Les théories concernant l’investissement reproducteur du mâle prédisent un
compromis entre l’optimisation du nombre de spermatozoïdes et l’investissement
pour l’obtention des accouplements (Dewsbury, 1982; Waage, 1986). Ainsi, nous
avons proposé un modèle mathématique simplifié en situation de compétition
pour estimer l’espérance de paternité du mâle en fonction de son stock de
spermatozoïdes et sa capacité d’accouplement et par la suite, de vérifier le
mécanisme de la loterie, « the raffle », proposé par Parker en (1990a) dans
l’utilisation des différents éjaculats.

23
Introduction générale

CHAPITRE I

MODÈLES BIOLOGIQUES ET OUTILS EXPÉRIMENTAUX

A - MODÈLES BIOLOGIQUES .............................................................................................................26


1. Plante hôte : Vigna unguiculata ........................................................................................ 26
2. Insecte phytophage parasite: Callosobruchus maculatus.................................................. 28
2.1 Généralités .................................................................................................................. 28
2.2 Élevage en laboratoire ................................................................................................ 28
3. Insecte entomophage parasitoïde : Anisopteromalus calandrae ....................................... 30
3.1 Généralités .................................................................................................................. 30
3.2 Développement ............................................................................................................ 32
3.3 Anatomie des appareils reproducteurs........................................................................ 34
3.4 Élevage en laboratoire ................................................................................................ 35

B - OUTILS EXPÉRIMENTAUX ...........................................................................................................37


1. Marqueur génétique de paternité ....................................................................................... 37
2. Obtention des mâles ayant des traits d’histoire de vie différents ...................................... 40
2.1 Mâles vierges de 1 jour ............................................................................................... 40
2.2 Mâles vierges de 21 jours............................................................................................ 40
2.3 Mâles sexuellement expérimentés ............................................................................... 40
3. Obtention des mâles ayant des réserves spermatiques différentes .................................... 43
3.1 Réserve spermatique d’un mâle vierge de 1 jour ........................................................ 43
3.2 Réserve spermatique d’un mâle vierge de 21 jours .................................................... 43
3.3 Réserve spermatique d’un mâle sexuellement expérimenté ........................................ 43
4. Discussion.......................................................................................................................... 45

24
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

b)

a)

c)

Figure 8 : La plante hôte,Vigna unguiculata. a) Plante b) Graines saines


c) Graines ravagées par des Bruchidés

25
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

CHAPITRE I :
MODÈLES BIOLOGIQUES ET OUTILS EXPÉRIMENTAUX

A - MODÈLES BIOLOGIQUES

1. Plante hôte : Vigna unguiculata

Vigna unguiculata (figure 8) est une légumineuse alimentaire, communément


appelée niébé ou cornille dans les pays francophones. Dans la littérature anglo-saxonne, le
niébé est souvent appelé cowpea, ainsi que black-eyed pea, cherry bean, southern pea, yard
long-bean ou encore dolique de Chine. Son cycle varie de 70 à 140 jours. Il faut également
noter que le niébé est cultivé dans plus des deux tiers des pays en développement,
particulièrement en Afrique où le Nigeria et le Niger sont les premiers producteurs. Il
constitue la première légumineuse alimentaire dans les systèmes de culture à base de
céréales - légumineuses des populations rurales africaines et asiatiques.

Le niébé peut être attaqué à tous les stades de développement, mais c’est le
stockage des graines qui pose le plus de difficultés à cause des insectes ravageurs qui
peuvent être classés en trois groupes : ravageurs des stades de préfloraison, ravageurs des
stades de floraison - fructification et ravageurs des graines mûres ou en cours de maturation
aux dépens desquelles ils se développent. Parmi ces derniers, Callosobruchus maculatus,
souvent appelé bruche du niébé, une espèce de coléoptère de Bruchidae vivant en zone
sahélienne, est l’un des principaux ravageurs des graines de Vigna unguiculata (Huignard,
1985). La larve se développe aux dépens des graines de niébé et cette espèce est capable de
détruire complètement un stock de graines en quelques générations. C’est à ce stade de
stockage que l’on constate le plus de dégâts causés par les insectes ravageurs phytophages.
Par exemple, au Nigéria entre 80% et 100% de graines de Vigna unguiculata stockées sont
attaquées par Callosobruchus maculatus (Huignard, 1985).

Dans ce travail de thèse, nous utiliserons des graines sèches de Vigna unguiculata
de la variété Black Eye California.

26
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

a)

b)

1 mm

Figure 9 : Adultes de l’espèce Callosobruchus maculatus obtenus sur graines de niébé en laboratoire. a)
Mâle, b) Femelle (grossissement x 20).

27
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

2. Insecte phytophage parasite: Callosobruchus maculatus

2.1 Généralités

Callosobruchus maculatus (Fabricius) est un coléoptère Bruchidae de petite taille


(environ 3 mm de long ; 1 mm de large) et de couleur fauve. Un dimorphisme sexuel net au
niveau de la coloration des élytres (ailes antérieures) et de la forme du pygidium (extrémité
postérieure de l’abdomen) permet de distinguer les mâles et les femelles (figure 9). La
femelle est plus grande que le mâle et est tachetée de noir, tandis que le mâle présente une
couleur brune unie. D'origine africaine ou asiatique, Callosobruchus maculatus est
actuellement devenu cosmopolite. Après la ponte sur les gousses ou sur les graines de
légumineuses, une minuscule larve mobile éclos de l’œuf, fore son chemin dans les tissus
végétaux pour atteindre les cotylédons de la graine. Après 4 stades larvaires (de L1 à L4), la
nymphose succède ensuite au stade physiologique de pré-nymphe et conduit à la formation
de l’adulte. La bruche effectuera tout son développement larvaire au sein de la graine.
L’imago émerge de la graine par un opercule circulaire dans le tégument de la graine,
découpé à l’aide de ses mandibules (Gauthier, 1996).

2.2 Élevage en laboratoire

La souche de Callosobruchus maculatus (Coleoptera, Bruchidae) provenant du


Burkina Faso est entretenue au laboratoire depuis 1991 sur des graines de niébé (Vigna
unguiculata) dans une étuve à 40°C : 25°C, L12h : D12h, rh 30%. Pour l’obtention des
graines parasitées, nous mettons des graines saines en présence de bruches adultes mâles et
femelles pendant 48 heures dans la chambre climatisée. Cela permet la ponte des femelles
sur graines. Les graines parasitées sont conservées en permanence dans la chambre
climatisée jusqu'au 18e jour pour permettre le développement des larves jusqu’au 4e stade
larvaire, L4. Ces graines contenant des larves de bruches sont alors séparées en deux
parties. Une partie reste à l’étuve jusqu'à l'émergence des bruches adultes pour entretenir la
souche de Callosobruchus maculatus au laboratoire. L’autre partie est utilisée pour les
élevages des parasitoïdes étudiés dans ce travail ; les graines sont alors enlevées de la
chambre climatisée et sont placées au réfrigérateur à 4°C pour stopper la croissance des
larves et pour pouvoir être conservées pendant environ 7 jours.

28
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

femelle mâle

1 mm

Figure 10 : Mâle et femelle d’ Anisopteromalus calandrae. Présence d’un dimorphisme sexuel


(grossissement x 20).

29
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

3. Insecte entomophage parasitoïde : Anisopteromalus calandrae

3.1 Généralités

Anisopteromalus calandrae (Howard) appartient à la famille des Pteromalidae de la


super-famille Chalcidoïdea. Les adultes sont de couleur noire brillante. Ils présentent un
dimorphisme sexuel pour la couleur de l’abdomen (figure 10). Les mâles mesurent de 1,5 à
2 mm et présentent une absence de pigmentation à la base ventrale de l’abdomen. Les
femelles mesurent entre 2 et 2,5 mm et leur abdomen est noir uniforme.
Cette espèce est un hyménoptère ectoparasitoïde dont les larves se développent à
l’extérieur de l’hôte. Elle parasite des larves et nymphes de coléoptères granivores dont les
Bruchidae et peut être considérée comme une espèce semi-grégaire en raison d’un
groupement des hôtes (van den Assem et al., 1980). Les femelles pratiquent la
parthénogenèse arrhénotoque : un mâle est issu d’un œuf non fécondé et une femelle
d’un œuf fécondé. Les femelles sont capables de localiser les larves hôtes dans les graines
(Arbogast & Mullen, 1990). Elles insèrent l’ovipositeur dans la graine et paralysent l’hôte.
L’ovipositeur est retiré et ensuite introduit de nouveau pour déposer un œuf translucide
allongé sur l’hôte ou près de celui-ci (Arbogast & Mullen, 1990). Anisopteromalus
calandrae est une espèce idiobionte : le développement de l’hôte s’arrête dès qu’il est
parasité. Le développement comporte trois stades larvaires (Islam, 1993). Le premier stade
possède 3 paires de stigmates (des orifices minuscules où arrivent les trachées respiratoires)
tandis que les deuxième et troisième stades en possèdent neuf paires. Les pupes chez cette
espèce ont des membres, des ailes, et des antennes libérés de l’enveloppe initiale (Islam,
1993). Cette espèce est protandre car les mâles émergent 1 jour avant les femelles (Islam,
1993).
Anisopteromalus calandrae présente des intérêts économiques importants. En plus
de l’activité de ponte, les femelles se nourrissent de l’hémolymphe de leur hôte en utilisant
un tube formé par les matières sécrétées autour de l’ovipositeur (Arbogast & Mullen,
1990). Cosmopolite et généraliste, il est peut-être le plus important ennemi naturel des
coléoptères granivores (Smith et al., 1995). Par exemple, environ 96% des bruchidés qui
affectent des stocks de blé sont supprimés par l’utilisation d’Anisopteromalus calandrae
(Phillips et al., 2003).

30
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

Jour 8 Jour 9 Jour 10

rouge rouge rouge

sauvage sauvage sauvage

Jour 11 Jour 12 Jour 13

rouge rouge rouge

sauvage sauvage
sauvage

Jour 14 Jour 15 (adulte)

rouge

mâle rouge mâle sauvage


sauvage

Figure 11 : Détermination en laboratoire (33°C : 23°C, L12h : D12h, rh 50% : 70%) du stade nymphal à
partir duquel on peut distinguer les deux morphes chez les mâles Anisopteromalus calandrae. Les
observations ont été faites sous loupe binoculaire (grossissement x 20) et la capture des images a été
effectuée par un système de microvidéographie à l’aide du logiciel Photoshop version 4,0 LE.

31
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

3.2 Développement

L’éclosion s’effectue entre 30 et 31 heures après la ponte (Labarussias, 2005). La


larve de parasitoïde est très mobile et se déplace sur la surface de l’hôte où cette première
s’accroche par ses pièces buccales. La larve de bruche est totalement consommée au bout
de 7 jours. A l’entrée en nymphose au jour 8, la larve du parasitoïde n’est alors plus fixée.
Au bout de 10 jours, on observe une coloration rouge au niveau des yeux (figure 11). Une
différenciation de la coloration des yeux apparaît au jour 11. Un rouge plus foncé est
observé pour le morphe sauvage et devient presque noir au jour 12. La coloration du thorax
apparaît au jour 12 et celle de l’abdomen au jour 13. Des tâches noires de forme ronde sont
concentrées sur la partie dorsale de l’abdomen chez les mâles. Dans les conditions
déterminées au laboratoire : 12 heures de jour à 33°C et 50% d’humidité puis 12 heures
d’obscurité à 23°C et 70% d’humidité, les parasitoïdes adultes mâles apparaissent au bout
de 14,3 ± 0,04 jours (n=308) et les femelles au bout de 16,9 ± 0,1 jours (n=208). Dans
d’autres conditions, la durée de développement chez Anisopteromalus calandrae peut
varier ; par exemple, à 30°C et 70% d’humidité, la durée de développement est entre 10 et
11 jours (Islam, 1993).

32
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

testicules

canal
vésicules
déférent
séminales

canal
collecteur
glandes
100 µm accessoires

Figure 12 : Appareil génital des mâles Anisopteromalus calandrae.

ovaires

10 µm

spermathèque

glande
100 µm canal

Figure 13 : Appareil génital et spermathèque des femelles Anisopteromalus calandrae.

33
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

3.3 Anatomie des appareils reproducteurs

a) Chez les mâles

L’appareil génital des mâles Anisopteromalus calandrae comprend deux parties


identiques et symétriques. Chacune d’entre-elles est constituée d’un testicule, d’une
vésicule séminale et d’une glande accessoire (figure 12). La composante la plus
volumineuse de chaque partie chez un mâle jeune est le testicule d’où à la base démarre le
canal déférent qui s’élargit pour rejoindre la vésicule séminale (vas deferens). Celle-ci est
composée d’un réservoir principal ovoïde et d’une petite poche globulaire que l’on nomme
poche vésiculaire. Cette dernière contient le stock de spermatozoïdes qui sont transférés au
cours de la copulation. Après la vésicule séminale se trouve la glande accessoire qui
débouche dans le canal collecteur des spermatozoïdes et des produits de sécrétion de la
glande (Wheeler & Krutzsch, 1992). Les spermatozoïdes éjectés des vésicules séminales au
moment de la copulation sont mélangés aux produits de sécrétion dans les canaux
collecteurs. L’éjaculat ainsi formé est transféré à la femelle via le canal éjaculateur
(Adams, 2001).

b) Chez les femelles

L’appareil reproducteur des femelles Anisopteromalus calandrae est constitué


d’une paire d’ovaires formés chacun de 3 ovarioles où se développent les ovocytes. Les
ovaires débouchent dans les deux oviductes latéraux qui se prolongent par l’oviducte
commun et le vagin. Le vagin débouche à l’extérieur par l’ovipositeur. Les femelles
possèdent un organe de stockage des spermatozoïdes que l’on nomme la spermathèque
(figure 13). Celle-ci se trouve au centre de l’appareil reproducteur et aboutit à la jonction
oviducte commun - vagin. Comme chez tous les hyménoptères, elle est composée d’un
réservoir, d’une glande et d’un conduit (King, 1962). Au cours de la copulation, les
spermatozoïdes transférés par le mâle remontent dans la spermathèque et y sont stockés
jusqu’à l’oviposition. La glande sécrète des substances dans le conduit et dans le réservoir.
Quant au conduit en forme de « S» qui connecte le réservoir au vagin, il permet l’entrée et
la sortie des spermatozoïdes.

34
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
A Modèles biologiques

L’ensemble de l’appareil génital de la femelle est associé à divers types de glandes.


La glande de Dufour et la glande à venin débouchent à la jonction vagin - ovipositeur
(Howard & Baker, 2003). Dans les sécrètions de la glande de Dufour chez
Anisopteromalus calandrae, seuls des hydrocarbures sont présents (Howard & Baker,
2003). Chez d’autres espèces, la glande de Dufour peut sécréter des substances
lubrificatrices de l’ovipositeur (Porter, 1961), des substances de marquage (Gauthier, 1996)
ou des substances antibiotiques (Blum et al., 1958). Quant à la glande à venin, elle
produirait des substances induisant une paralysie de l’hôte comme chez Eupelmus
orientalis (Doury et al., 1995).

3.4 Élevage en laboratoire

Dans notre laboratoire, la souche Anisopteromalus calandrae a été rapportée de la


Côte d’Ivoire par Monique Braud. Les adultes à l’origine de cette souche proviennent de
graines de Vigna unguiculata collectées sur un marché d’Abidjan en 2000 et ont été
identifiés par Jean-Yves Rasplus (INRA de Montpellier, France). Les graines de Vigna
unguiculata contenant des larves de Callosobruchus maculatus sont placées dans 4 boîtes
de Pétri et mises à l'intérieur d’une cage d’élevage d’Anisopteromalus calandrae pendant
48 heures, permettant aux femelles de pondre sur les larves. Les cages sont pourvues
d’abreuvoirs contenant de l’eau sucrée. Les boîtes de Pétri sont ensuite retirées et placées
dans la chambre climatisée (33°C: 23°C, L12h : D12h, rh 50% : 70%). Environ huit jours
plus tard, on enlève les bruches non parasitées qui sont parvenues au stade imago.

Après tamisage des boîtes d’émergence, on vérifie toujours la couleur des yeux des
individus sous la loupe binoculaire avant de les introduire dans les cages d’élevage pour
éviter les mélanges entre la souche mutant rouge et la souche sauvage. Pour maintenir la
population, la majorité des adultes est réintroduite dans la cage d’élevage. Les autres sont
utilisés pour les expérimentations en fonction des protocoles définis dans les chapitres II,
III et IV.

Dès l’émergence, les mâles et les femelles sont capables de s’accoupler et de


donner des descendants viables (Pérez-Lachaud & Campan, 1994). Comme les mâles
émergent avant les femelles, nous utiliserons dans plusieurs expériences (voir chapitre II,
III et IV) des mâles vierges de 24 heures et des femelles vierges de 2 heures.

35
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

a) c)

b) d)

1 mm

Figure 14 : Des adultes de l’espèce Anisopteromalus calandrae des deux morphes.


a) Mâle W, b) Femelle W, c) Mâle R et d) Femelle R (grossissement x 20).

Tableau 1 : Transmission du caractère de la couleur des yeux de la souche Anisopteromalus calandrae


en laboratoire selon la première loi de Mendel.

Croisement ♂R avec Croisement ♂W avec


P
♀W ♀W ♀R ♀W ♀W ♀R
(AA) (Aa) (aa) (AA) (Aa) (aa)

100% 50% ♂R 100% 100% 50% ♂R 100%


phénotype
♂W 50% ♂W ♂R ♂W 50% ♂W ♂R
Mâle F1
50% a 50% a
génotype 100% A 100% a 100% A 100% a
50% A 50% A

100% 50% ♀R 100% 100% 100% 100%


phénotype
♀W 50% ♀W ♀R ♀W ♀W ♀W
Femelle F1
50% aa 50% AA
génotype 100% Aa 50% aa 50% AA 50% Aa
50% Aa 50% Aa

36
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

B - OUTILS EXPÉRIMENTAUX

1. Marqueur génétique de paternité

Deux variants morphologiques au niveau de la couleur des yeux des individus :


rouge vif (récessif) et pourpre foncé (dominant) dans notre souche expérimentale
Anisopteromalus calandrae sont présentés sur la figure 14. Chez d’autres espèces, il existe
des marqueurs génétiques chez les descendants au niveau phénotypique comme un mutant
récessif de la couleur des yeux des individus chez Nasonia vitripennis (van den Assem &
Feuth-De Bruijn, 1977) et chez le coléoptère Anthonomus grandis (Bartlett et al., 1968), ou
un autre mutant dominant de la couleur des yeux chez les Drosophila (Price et al., 1999;
Civetta, 1999). Nous avons sélectionné deux souches homozygotes : une souche aux yeux
rouges (R) et une souche aux yeux de couleur foncée dite sauvage (W). Pour certaines
expérimentations, nous avons également utilisé des femelles hétérozygotes (tableau 1).
Après vérification par différents croisements, nous avons constaté que la transmission du
caractère respectait strictement la première loi de l’hérédité de Mendel. Lorsque les
mutants ou variants phénotypiques existent, l’utilisation des marqueurs phénotypiques est
relativement simple à mettre en œuvre. De plus, cette technique est moins coûteuse que
celles utilisant des marqueurs enzymatiques ou moléculaires. Ce marqueur génétique chez
Anisopteromalus calandrae au niveau de la couleur des yeux des individus nous donnera la
possibilité de déterminer la paternité des descendants. La descendance adulte est le résultat
final du succès reproducteur des mâles. Pour l’étude de l’utilisation des spermatozoïdes
chez la femelle à travers les paternités, l’avantage expérimental de ces espèces haplo-
diploïdes est que la femelle R homozygote récessive donne des descendants femelles
dont le génotype exprime le phénotype de leur père haploïde dès la génération F1 (Do
Thi Khanh et al., 2005).

En effet, les femelles R homozygotes récessives (génotype aa) donnent toujours


des descendants mâles R, tandis que la couleur des yeux des descendants femelles en F1 est
celle de leur père. Les femelles R accouplées deux fois avec deux mâles de morphes
différents donnent deux types de descendants femelles : W et R. Nous pouvons donc dès la
génération F1 identifier la paternité de la descendance (tableau 1). Pour cette raison, les

37
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

femelles R sont utilisées dans la plupart des expériences de compétition entre deux
mâles.

Lorsqu’il s’agit de la femelle W (génotype AA), tous les descendants mâles de


celle-ci sont du morphe sauvage. Comme le morphe sauvage est dominant, tous les
descendants femelles produits par la femelle W seront de morphe sauvage quelle que soit la
couleur des yeux de leur père. En réalité, la femelle W accouplée deux fois avec les mâles
des deux morphes donne deux types de descendants femelles : femelles W et femelles
hétérozygotes (Aa) (tableau 1). Nous sommes dans l’obligation d’étudier la descendance
des femelles vierges de F1 pour l’identification de la paternité ces dernières. Pour cela, on
les récupère vierges en les isolant des graines une par une dès leur émergence. Nous avons
choisi d’identifier la paternité des descendants femelles sur la période comprenant le 5e, 6e
et 7e jour de ponte. Pendant ces 3 jours, la femelle R accouplée avec les deux mâles a une
intensité de ponte maximale (entre 58% à 61% des descendants sont produits durant cette
période). Ces femelles vierges sont mises en ponte séparément dans une boîte de Pétri
contenant 20 graines de niébés parasitées. A travers la descendance femelle de chacune de
ces femelles, nous avons pu déterminer le génotype de ces dernières et donc leur paternité.
Les descendants femelles W sont du père W et les descendants femelles hétérozygotes sont
du père R.

En ce qui concerne la femelle hétérozygote (génotype Aa), elle donne deux types
de descendants mâles (R et W). Selon la 1re loi de Mendel, leurs proportions sont
identiques. Ceci est confirmé par nos résultats expérimentaux (n=36 femelles ; test Chi²
χ²=1,72 ddl=1 p=0,19). Quand une femelle Aa s’est accouplée avec un mâle W, deux
types de descendants femelles peuvent être produits : sauvages et hétérozygotes. Tandis
qu’après un accouplement avec un mâle R, la femelle hétérozygote produit des descendants
femelles : hétérozygotes et rouges ; ils sont également en proportions égales selon la 1re loi
de Mendel. Ainsi, la femelle hétérozygote accouplée avec les mâles des deux morphes
donne trois catégories de descendants femelles : sauvages, hétérozygotes et rouges. A partir
de la proportion des descendants femelles R obtenues dès F1, la 1re loi de Mendel nous
permet de déduire la proportion des descendants femelles hétérozygotes engendrés par le
mâle R.

38
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

s urvie m âle R
s urvie m âle W
1
mis en rétention par groupe de 10
Taux de survie des mâles

0,8

0,6

0,4

0,2

0
0 3 6 9 12 15 18 21

jours

Figure 15 : Taux de survie des mâles Anisopteromalus calandrae (n=387) mis en rétention par groupe de
10 avec une source d’eau sucrée (33°C: 23°C, L12h : D12h, rh 50% : 70%).

1 survie mâle R
survie mâle W
Taux de survie des mâlesmis en

0,8
rétention individuellement

0,6

0,4

0,2

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80

jours

Figure 16 : Taux de survie de mâles Anisopteromalus calandrae (n=75) mis en rétention individuellement
avec une source d’eau sucrée en conditions de laboratoire (33°C: 23°C, L12h : D12h, rh 50% : 70%).

39
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

2. Obtention des mâles ayant des traits d’histoire de vie différents

2.1 Mâles vierges de 1 jour

Comme expliqué précédemment, les mâles sont isolés dès l’émergence et sont
gardés en rétention durant 24 heures avec une source d’eau sucrée dans une chambre
climatisée (33°C : 23°C).

2.2 Mâles vierges de 21 jours

Dès l’émergence, les mâles vierges sont mis en rétention par groupe de dix dans
une boîte de Pétri dans une chambre climatisée (33°C : 23°C). Un coton imbibé d’eau
sucrée est à leur disposition en permanence.

En rétention individuelle, environ 82 ± 7% des mâles sont encore en vie au bout de


21 jours et les taux de mortalité sont similaires dans les deux morphes (figure 15, test exact
de Fisher, ddl=1 p=0,38). Par contre en groupe, seulement 55 ± 5% des mâles sont encore
en vie à 21 jours (figure 16). La différence entre la mortalité des mâles des deux morphes
n’est pas significative (test exact de Fisher, ddl=1 p=0,21).

Pour les expériences décrites dans les chapitres II et IV, nous avons voulu obtenir
des mâles physiologiquement âgés et qui sont susceptibles d’être retrouvés dans une
population. Ainsi, pour les expériences avec les mâles dits « âgés », nous utiliserons des
mâles de 21 jours qui ont été élevés en groupe comme décrit ci-dessus.

2.3 Mâles sexuellement expérimentés

Pour la réalisation des expériences de compétition entre un mâle ayant déjà eu une
expérience sexuelle et un mâle vierge, nous avons utilisé des mâles sexuellement
expérimentés. Dans une expérience préliminaire nous avons mis un mâle vierge R de
24 heures dans un patch d’accouplement avec 10 femelles durant 24 heures. Après cette
période, la quantification du nombre de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de
toutes les femelles a été effectuée et nous avons pu déterminer le nombre de femelles
inséminées. Le nombre de spermatozoïdes restant dans les vésicules séminales des mâles a
également été quantifié. Dans ce travail préliminaire, nous avons montré que seulement 6
femelles sur les 10 présentes étaient inséminées. Le nombre moyen de spermatozoïdes

40
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

restant dans les vésicules séminales du mâle R expérimenté de 1 jour correspondait à moins
de 14% du stock initial d’un mâle vierge du même âge.

Pour les expériences de compétition, les mâles expérimentés ont un stock réduit de
spermatozoïdes. Cependant, il faut qu’ils soient capables d’inséminer à nouveau des
femelles. Le protocole expérimental retenu a donc consisté à mettre durant une période de
4 heures un mâle vierge de 24 heures avec 5 femelles vierges de 2 heures dans une boîte de
Pétri et sans nourriture. Cette mise en présence avec des femelles dure seulement 4 heures
pour limiter le renouvellement du stock spermatique des mâles. Cette reconsitution des
spermatozoïdes a été décrit chez un autre Pteromalidae Dinarmus basalis (Damiens, 2001).
Nous avons vérifié que toutes les 5 femelles étaient bien inséminées. De plus, ce mâle
expérimenté insémine efficacement une 6e femelle malgré un stock de spermatozoïdes
réduit en comparaison avec un mâle vierge du même âge. Ces mâles dits « expérimentés »
sont immédiatement utilisés pour les expériences (cf. chapitres II, III et IV).

41
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

CHEZ LE MÂLE

vésicules
séminales
<1> Dissection du tractus

<2> Coloration au DAPI

Microscope
à l’éclairage UV
<3> Comptage des spermatozoïdes

Figure 17 : Protocole expérimental de la quantification des spermatozoïdes dans les vésicules séminales
4
du mâle (spermatozoïde au grossissement x 10 ).

42
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

3. Obtention des mâles ayant des réserves spermatiques différentes

Sur la figure 17 est présenté le protocole expérimental pour la quantification des


spermatozoïdes chez les mâles. Chaque mâle est disséqué dans une goutte de Beadle
(128,3 mM NaCl ; 4,7 mM KCl ; 2,3 mM CaCl2). On extrait et on transfère l'appareil
reproducteur du mâle dans une goutte de Beadle. Par la suite, on isole les testicules des
vésicules séminales. Ces dernières sont éclatées chacune dans une nouvelle goutte de
Beadle et leur contenu est étalé à l’aide de pinces à dissection.

Quand la lame est sèche, on fixe la préparation à l’éthanol 100% puis on la colore
par la solution de DAPI (4’,6-diamidino-2-phenylindole) pendant 10 minutes (Bressac &
Chevrier 1998). Ce colorant est un agent intercalant de l’ADN et qui devient fluorescent
sous UV. Tous les spermatozoïdes présents sont comptés à l’aide d’un microscope à
épifluorescence au grossissement x 200.

3.1 Réserve spermatique d’un mâle vierge de 1 jour

Le nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans les vésicules séminales des


mâles vierges R de 1 jour est significativement plus élevé que celui des mâles vierges W de
1 jour (4545,2 ± 188,8 vs 3115,7 ± 201,7 ; tableau 2).

3.2 Réserve spermatique d’un mâle vierge de 21 jours

En moyenne, le stock de spermatozoïdes dans les vésicules des mâles vierges R de


21 jours est significativement plus important que celui des mâles vierges W de 21 jours
(8497,7 ± 258,6 vs 5576,7 ± 196,5 spermatozoïdes ; tableau 2).

3.3 Réserve spermatique d’un mâle sexuellement expérimenté

Dans les deux vésicules séminales d’un mâle expérimenté (après 4 heures de mise
en présence de 5 femelles) du morphe R ou W, on trouve en moyenne autant de
spermatozoïdes (800,1 ± 60,7 vs 779,4 ± 44,3 ; tableau 2).

43
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

Tableau 2 : Ratio de stocks de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles Anisopteromalus
calandrae différents par leurs traits d’histoire de vie (âge, expérience sexuelle) ou par leur phénotype.

Ratio de stocks de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles

♂Rv1j ♂Wv1j ♂Rexp ♂Rv21j ♂Wv21j


(n=30) (n=30) (n=30) (n=23) (n=22)
vs vs vs vs vs
♂W1j ♂Rexp ♂Wexp ♂Rexp ♂Wexp ♂Wexp ♂Wv21j ♂Rv1j ♂Wv1j ♂Rv1j ♂Wv1j
(n=30) (n=30) (n=30) (n=30) (n=30) (n=30) (n=22) (n=30) (n=30) (n=30) (n=30)

1,46 5,68 5,83 3,89 4,00 1,03 1,52 1,87 2,73 1,23 1,79

Test de comparaison

ANOVA ddl P
Morphe F=93,4 1 < 0,001
Age F=348,8 1 < 0,001
Expérience sexuelle F=968,1 1 < 0,001
Morphe - âge F=18,5 1 < 0,001
Morphe - expérience F=51,7 1 < 0,001
sexuelle

44
I. Modèles biologiques et outils expérimentaux
B. Outils expérimentaux

4. Discussion

Nos résultats chez Anisopteromalus calandrae montrent qu’un mâle vierge de 1


jour du morphe rouge (R) a en moyenne plus de spermatozoïdes dans les vésicules
séminales qu’un mâle vierge du morphe sauvage (W), qu’ils soient âgés de 1 jour ou de 21
jours. Il existe donc une différence dans le stock spermatique des mâles en fonction de
leur phénotype. Nous observons également des différences dans le stock initial de
spermatozoïdes des mâles en fonction de leurs traits d’histoire de vie (âge et expérience
sexuelle). En effet, quel que soit le morphe des mâles, un mâle vierge de 21 jours a en
moyenne plus de spermatozoïdes qu’un mâle vierge de 1 jour (tableau 2). Par ailleurs, le
nombre moyen de spermatozoïdes dans les vésicules séminales d’un mâle expérimenté de
1 jour ne représente qu’entre 18% et 25% du stock initial d’un mâle vierge de 1 jour
(tableau 2).

En théorie, un mâle pourrait produire des quantités illimitées de spermatozoïdes


mais en pratique, la production des spermatozoïdes est limitée. Les mâles sont limités par
le nombre d’éjaculats et le temps requis pour renouveler leur stock de spermatozoïdes après
l’accouplement (Dewsbury, 1982). De plus, la réserve spermatique des mâles peut varier en
fonction de leurs traits d’histoire de vie, tels que l’âge et l’expérience sexuelle. Par
exemple, les mâles plus âgés produisent des éjaculats plus importants que les mâles jeunes
chez la sauterelle Ephippiger ephippiger (Wedell & Ritchie, 2004) et chez la libellule
Jalmenus evagoras (Hughes et al., 2000). Chez d’autres espèces, les mâles expérimentés
ont moins de spermatozoïdes que les mâles vierges ou produisent des éjaculats de taille
réduite. On observe ce phénomène chez le papillon Plodia interpunctella (Cook, 1999),
chez le grillon Poecilimon veluchianus (Reinhold & von Helversen, 1997) ou encore chez
le parasitoïde Dinarmus basalis (Damiens, 2001).

En résumé, à partir de nos outils expérimentaux, nous avons obtenu des mâles
Anisopteromalus calandrae ayant des réserves spermatiques différentes dans les vésicules
séminales en fonction du phénotype, de l’âge et de l’expérience sexuelle. Après les
accouplements doubles de la femelle avec deux mâles de morphes différents ou ayant des
traits d’histoire de vie différents, le nombre de descendants de chaque mâle peut être
quantifié grâce au marqueur phénotypique (la couleur des yeux des individus). Cet outil
nous permet d’évaluer la paternité des descendances issues de la compétition entre deux
mâles et de faire la relation entre le stock de spermatozoïdes des mâles et leur paternité.

45
Introduction générale

CHAPITRE II

CAPACITÉ D’ACCOUPLEMENT DU MÂLE

A - QUESTION BIOLOGIQUE ..............................................................................................................48


B - MATÉRIEL ET MÉTHODES...........................................................................................................50
1. Obtention des parasitoïdes vierges .................................................................................... 50
2. Étude des accouplements................................................................................................... 50
2.1 Accouplements simples (un mâle – une femelle) ......................................................... 50
2.2 Compétition entre deux mâles (deux mâles – une femelle) ......................................... 51
3. Analyses statistiques des données ..................................................................................... 51
C - RÉSULTATS.......................................................................................................................................53
1. Accouplements simples ..................................................................................................... 53
2. Compétition entre deux mâles pour l’accès à une femelle ................................................ 55
2.1 Compétition entre deux mâles vierges de morphes différents..................................... 55
a) Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle R ...........................55
b) Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle W homozygote .....56
c) Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle hétérozygote .........56
2.2 Compétition entre deux mâles vierges d’âges différents............................................. 58
a) Compétition mâle vierge R de 21 jours vs mâle vierge W de 1 jour ...................................58
b) Compétition mâle vierge W de 21 jours vs mâle vierge R de 1 jour ...................................58
2.3 Compétition entre deux mâles ayant des expériences sexuelles différentes................ 60
a) Compétition mâle R expérimenté vs mâle vierge W............................................................60
b) Compétition mâle W expérimenté vs mâle vierge R ...........................................................60
D - DISCUSSION ......................................................................................................................................61

46
II. Capacité d’accouplement du mâle

CHAPITRE II :
CAPACITÉ D’ACCOUPLEMENT DU MÂLE

Chez les insectes, l’obtention des accouplements dépend à la fois de la capacité


d’accouplement du mâle et de la préférence de la femelle pour un type de mâle donné
(Thornhill & Alcock, 1983). La capacité d’obtention des accouplements peut être différente
entre mâles en raison de leurs différents traits d’histoire de vie. Au niveau comportemental,
l’agressivité ou l’attractivité du mâle peuvent avoir des conséquences sur le nombre
d’accouplements obtenus par celui-ci (Thornhill & Alcock, 1983; Bateman, 2000; Wedell &
Ritchie, 2004; Jiménez-Pérez & Wang, 2004). Au niveau physiologique, l’âge du mâle peut
jouer un rôle important dans sa performance sexuelle (Delisle, 1995; Ofuya, 1995; Abila et
al., 2003; Jones & Elgar, 2004; Srivastava & Omkar, 2004) et/ou dans l’acceptation de la
femelle (Trivers, 1972; Manning, 1985; Hansen & Price, 1995; Kokko, 1998; Beck &
Powell, 2000; Brooks & Kemp, 2001). Par exemple, la capacité d’accouplement des mâles
diminue en fonction de l’âge chez les hyménoptères Aphytis lingnanensis (Gordh & De
Bach, 1976) et Cephalonomia tarsalis (Cheng et al., 2003). A l’inverse, les femelles
semblent préférer les mâles plus âgés chez plusieurs espèces de grillons (Zuk, 1988;
Manning, 1989; Simmons & Zuk, 1992; Simmons, 1995a). D’autre part, l’expérience
sexuelle du mâle (ou son passé reproducteur) peut également avoir un effet sur sa capacité
d’accouplement (Jones, 1973; Kendall & Wolcott, 1999; Schlaepfer & McNeil, 2000;
Sparkes et al., 2002) et/ou sur l’acceptation de la femelle (Schlaepfer & McNeil, 2000;
Sparkes et al., 2002; Jiménez-Pérez & Wang, 2004). Une diminution de la capacité
d’accouplement des mâles expérimentés a été observée chez les papillons Jalmenus evagoras
(Hughes et al., 2000) et Pieris rapae (Watanabe et al., 1998). Néanmoins, les femelles de la
pyrale du maïs, Ostrinia nubilalis (Schlaepfer & McNeil, 2000) ou des crabes bleus
Callinectes sapidus (Kendall & Wolcott, 1999) préfèrent les mâles expérimentés. Ainsi, la
capacité d’accouplement du mâle peut varier en fonction des traits d’histoire de vie du mâle
(âge, expérience sexuelle) ou de son phénotype.

47
II. Capacité d’accouplement du mâle
A. Question biologique

A - QUESTION BIOLOGIQUE

Dans ce contexte, la première question biologique que nous nous sommes posée chez
Anisopteromalus calandrae était de savoir si les traits d’histoire de vie (âge, expérience
sexuelle) du mâle ou son phénotype affectaient sa capacité à obtenir des accouplements.
De plus, le stock de spermatozoïdes dans les vésicules séminales de ces mâles est différent.
Par conséquent, notre deuxième question biologique qui trouvait sa réponse dans la même
expérience était : le stock de spermatozoïdes d’un mâle influençait-il sa capacité
d’accouplement ?

Pour répondre à ces questions, nous avons testé chez Anisopteromalus calandrae
l’effet du morphe, de l’âge et de l’expérience sexuelle du mâle dans sa capacité
d’accouplement lors d’accouplements simples ou en situation de compétition entre deux
mâles.

48
II. Capacité d’accouplement du mâle
B. Matériels et méthodes

a) b)

c)

Figure 18 : Différentes situations expérimentales pour l’étude des accouplements.


a) Accouplement simple : mâle rouge et femelle rouge
b) Accouplement simple : mâle sauvage et femelle rouge
c) Situation de compétition entre deux mâles différents pour l’accès à une femelle

49
II. Capacité d’accouplement du mâle
B. Matériels et méthodes

B - MATÉRIEL ET MÉTHODES

1. Obtention des parasitoïdes vierges

Pour obtenir des individus vierges chez Anisopteromalus calandrae, on tamise des
boîtes de graines en début de matinée afin d’enlever tous les individus qui ont émergé au
cours des heures précédentes car ils ont pu s’accoupler. Par la suite, on isole chaque nouvel
individu qui émerge des graines.

La durée de la période de rétention varie en fonction des expériences, mais pour la


majorité des expériences concernant l’accouplement, nous utilisons des mâles vierges de
24 heures et des femelles vierges de 2 heures. Dans ce travail, la rétention des individus
correspond à une période pendant laquelle mâles et femelles ne sont pas mis en présence.
Dans une boîte de Pétri et dans une chambre climatisée (33°C : 23°C, L12h : D12h,
rh 50% : 70%), les femelles vierges sont mises en rétention durant 2 heures et les mâles
vierges durant 24 heures avant l’expérimentation. On fournit comme nourriture un coton
imbibé d’eau sucrée (20% de saccharose) pour chaque boîte de rétention (diamètre=10 cm).

2. Étude des accouplements

2.1 Accouplements simples (un mâle – une femelle)

Une femelle vierge de 2 heures du morphe rouge (R) ou sauvage (W) est placée
avec un seul mâle R ou W (figure 18a et b) dans une petite boîte de Pétri (diamètre=3 cm).
Nous avons utilisé des mâles vierges de 1 jour, des mâles vierges de 21 jours et des mâles
sexuellement expérimentés.

On a observé chaque couple jusqu’à la copulation. Chez les mâles vierges de 1 jour,
la durée de la copulation a été notée lors d’accouplements simples et lors d’une compétition
entre deux mâles pour voir si une différence existait entre ces deux situations. Les sexes ont
été séparés à la fin de l’accouplement quand le mâle quitte complètement la femelle (en
moyenne 55 ± 2 secondes depuis la parade, n=99). Les femelles accouplées ont été isolées
chacune dans une boîte de Pétri avec une source d’eau sucrée pendant 24 heures. Une

50
II. Capacité d’accouplement du mâle
B. Matériels et méthodes

partie de celles-ci a été utilisée pour les dissections et l’autre partie pour l’étude des
descendants.

2.2 Compétition entre deux mâles (deux mâles – une femelle)

Pour l’accès à une femelle vierge de 2 heures, trois situations de compétition entre
deux mâles ont été étudiées :

• Une femelle vierge de 2 heures du morphe rouge est placée avec deux mâles vierges
de 1 jour de morphes différents (un mâle R et un mâle W ; figure 18 c). Nous avons
également réalisé cette expérience avec les femelles sauvages homozygotes et
hétérozygotes afin de connaître leurs modalités d’accouplements et d’identifier les
différences, si elles existent, par rapport à la femelle R dans la même situation. On
observe les combinaisons d’accouplement (simples ou doubles). On note le nombre de
combinaisons de chaque type. Pour les accouplements doubles, on comptabilise ceux
avec le même mâle et ceux avec les deux mâles. Quand la femelle atteint deux
accouplements au maximum ou quand elle refuse de s’accoupler, on arrête
l’expérimentation. La durée d’observation est de quelques minutes. Les femelles sont
alors isolées comme précédemment et selon les protocoles expérimentaux (chapitres III et
IV) elles seront disséquées ou mises en ponte.

• Dans la suite des expériences, la femelle R est mise avec deux mâles vierges ayant
des âges différents (un mâle de 21 jours et un mâle de 1 jour) ou avec deux mâles de
1 jour ayant des expériences sexuelles différentes (un mâle expérimenté et un mâle
vierge). Quand la compétition est réalisée entre deux mâles d’âges différents ou ayant des
expériences sexuelles différentes, les mâles mis en compétition sont également de
morphes différents. Le déroulement des expériences est comme décrit précédemment.

3. Analyses statistiques des données

Les résultats sont présentés sous forme de moyenne ± erreur standard (M ± ES).
Les logiciels utilisés pour les traitements statistiques sont l’utilitaire d’analyse d’Excel, « R
Development Core Team » version 1.9.1 et « StatBox© Grimmer » version 2.5. Le degré
de signification des tests est indiqué par la probabilité calculée (p), la signification retenue
est p < 0,05.

51
II. Capacité d’accouplement du mâle
B. Matériels et méthodes

Un test G (log likelihood ratio test) est utilisé lors des comparaisons entre les taux
d’accouplements des femelles : accouplement simple vs accouplements doubles (vs un taux
théorique 0,5 : 0,5). En situation de compétition entre deux mâles, un test G est utilisé pour
les comparaisons entre des proportions du premier accouplement par un mâle vs l’autre
mâle (vs un taux théorique 0,5 : 0,5) après des accouplements doubles de la femelle. De
même, les comparaisons entre toutes les combinaisons d’accouplements étudiées (vs un
taux théorique égal pour chaque combinaison d’accouplement) sont réalisées à l’aide d’un
test G.

Un test-t Student bilatéral est utilisé lors de la comparaison entre deux durées
moyennes de copulation.

52
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Accouplements simples

C - RÉSULTATS

1. Accouplements simples

Toutes les femelles vierges du morphe rouge (R) ou du morphe sauvage (W)
placées avec un mâle vierge de 1 jour R ou W se sont accouplées. Lorsque les mâles
vierges R et W ont 21 jours, on observe également 100% d’accouplements avec une
femelle vierge R. Le même taux d’accouplement est obtenu chez les mâles expérimentés R
et W.

Les durées de copulations pour les combinaisons [♂Rv1j x ♀R] et [♂Wv1j x ♀R].
ne sont pas significativement différentes (tableau 3). En revanche, la durée de copulation
de la combinaison [♂Wv1j x ♀W] est significativement moins longue (tableau 3).

Tableau 3 : Durée moyenne de copulation lors d’accouplements simples des mâles vierges de 1 jour ou
en situation de compétition entre deux mâles pour l’accès à une femelle vierge de 2 heures. Les lettres
différentes indiquent s’il existe une différence significative entre les moyennes (test-t Student). Une
ANOVA est également utilisée pour les comparaisons sur l’ensemble des données.

Combinaisons Durée moyenne de


d’accouplement copulation (seconde)

♂Wv1j x ♀W (n=43) 17,1 ± 0,1 a

Accouplements simples
des mâles vierges de 1 jour
♂Rv1j x ♀R (n=52) 20,7 ± 0,1 b

♂Wv1j x ♀R (n=53) 21,2 ± 0,1 b

Compétition entre deux


mâles vierges de 1 jour
2♂Rv1j x ♀R (n=31) 41,3 ± 0,7 c

ANOVA, F3,170=39,8 p<0,001

53
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

Tableau 4 : Répartition des différentes combinaisons d’accouplements observées lorsqu’une femelle


vierge R (ou W ou hétérozygote) est mise en présence simultanée d’un mâle vierge R de 1 jour et d’un
mâle vierge W de 1 jour (♂Rv1j vs ♂Wv1j). Le nombre d’accouplements est limité à 2. Les comparaisons
entre les proportions d’accouplement du mâle R et du mâle W sont effectuées par un test G avec la
correction de Williams (quand l’effectif est inférieur à 200).

Combinaisons d’accouplements
Compétition
1 accouplement 2 accouplements
♂Rv1j vs ♂Wv1j
R W R-W W-R R-R W-W

♀R 21,4% 10,2% 31,6% 24,5% 7,1% 5,2%


(n=98)
G=3,9 ddl=1 p < 0,05 G=0,9 ddl=1 p=0,3

Gtotal=1,4 ddl=1 p=0,24

♀W 14,8% 33,0% 22,7% 14,8% 3,4% 11,3%


homozygote
G=6,2 ddl=1 p < 0,05 G=1,5 ddl=1 p=0,2
(n=88)
Gtotal=6,7 ddl=1 p <0,01

♀W 20,0% 43,3% 15,8% 15,8% 1,7% 3,4%


hétérozygote
G=10,5 ddl=1 p < 0,01 G=0,0, ddl=1 p=1
(n=120)
Gtotal=6,3 ddl=1 p <0,05

54
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

2. Compétition entre deux mâles pour l’accès à une femelle

Lorsque une femelle vierge R est mise en présence de deux mâles R, la


1re copulation dure significativement plus longtemps que lors d’un accouplement simple
entre une femelle R et un mâle R (tableau 3).

2.1 Compétition entre deux mâles vierges de morphes différents

Nous avons réalisé ces observations sur trois types de femelles : les femelles R
homozygotes récessives, les femelles W homozygotes dominantes et les femelles W
hétérozygotes.

Dans nos conditions expérimentales, les deux mâles en compétition paradent


souvent la femelle en même temps. Les conditions de réaccouplement de la femelle sont
très limitées : seulement quand les mâles sont présents en même temps et lorsque
l’intervalle entre les accouplements ne dépasse pas 10 minutes (Do Thi Khanh et al., 2005).
Une fois ce laps de temps dépassé, aucun réaccouplement de la femelle n’est observé.
Quand la femelle se réaccouple, elle le fait majoritairement avec deux mâles différents
(tableau 4).

a) Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle R

Dans la situation de compétition entre un mâle vierge R de 1 jour et un mâle vierge


W de 1 jour, toutes les femelles vierges R testées s’accouplent. Parmi elles, 31,6 %
s’accouplent seulement une fois et 68,4 % s’accouplent deux fois (tableau 4). Quand la
femelle s’accouple une seule fois, les deux combinaisons d’accouplements ne sont pas
significativement différentes (tableau 4). Lorsque la femelle s’accouple deux fois, c’est
préférentiellement avec deux mâles de morphes différents (82 %) et les proportions de ces
deux combinaisons d’accouplement (♂Rv1j ou ♂Wv1j en premier) ne sont pas
significativement différentes (tableau 4). Quant aux proportions totales d’accouplements du
mâle R et W, elles sont similaires (tableau 4).

55
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

b) Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle W homozygote

47,8 % des femelles W mises simultanément avec deux mâles vierges de 1 jour (un
R et un W) s’accouplent seulement une fois et 52,2 % s’accouplent deux fois (tableau 4).
Quand la femelle W réalise un seul accouplement, c’est le mâle W qui obtient
significativement plus d’accouplements simples (tableau 4). Les femelles qui se sont
accouplées deux fois, le font le plus souvent avec deux mâles de morphes différents (71%).
Les deux combinaisons d’accouplements hétéromorphes (♂Rv1j en premier ou ♂Wv1j en
premier) ne sont pas significativement différentes (tableau 4). Cependant dans cette
situation expérimentale, le mâle W réalise au total significativement plus d’accouplements
que le mâle R (tableau 4).

c) Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle W hétérozygote

Lorsqu’on met une femelle vierge hétérozygote en présence simultanée de deux


mâles vierges de 1 jour (un R et un W), 63,3 % des femelles s’accouplent une seule fois et
36,7 % s’accouplent deux fois (tableau 4). Quand la femelle hétérozygote s’est accouplée
une fois, les mâles W obtiennent significativement plus d’accouplements simples que les
mâles R (tableau 4). Les femelles hétérozygotes qui se sont accouplées deux fois le font
plus fréquemment avec deux mâles de morphes différents (86%). Lors de ces
accouplements hétéromorphes, la femelle s’accouple autant avec le morphe R en premier
qu’avec le morphe W en premier (tableau 4). Au total, il y a significativement plus
d’accouplements de la femelle W hétérozygote avec le mâle W qu’avec le mâle R
(tableau 4).

56
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

Tableau 5 : Répartition des différentes combinaisons d’accouplements observées lorsqu’une femelle


vierge R est mise en présence simultanée d’un mâle vierge R de 21 jours et d’un mâle vierge W de 1 jour
(♂Rv21j vs ♂Wv1j) ou vice versa (♂Wv21j vs ♂Rv1j). Le nombre d’accouplements est limité à 2. Les
comparaisons entre les proportions dépendantes sont effectuées par un test G.

Compétition Combinaisons d’accouplements

♂v21j vs ♂v1j 1 accouplement 2 accouplements

Situation R21j W1j R21j - W1j W1j - R21j


♂Rv21j vs ♂Wv1j 21,9% 31,4% 23,8% 22,9%

(n=105) G=1,8 ddl=1 p=0,2 G=0,02 ddl=1 p=0,9


Gtotal=6,5 ddl=1 p=0,4

Situation W21j R1j W21j - R1j R1j - W21j


♂Wv21j vs ♂Rv1j 34,2% 17,6% 24,1% 24,1%

(n=108) G=5,8 ddl=1 p < 0,05 G=0,0 ddl=1 p=1


Gtotal=2,0 ddl=1 p=0,2

57
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

2.2 Compétition entre deux mâles vierges d’âges différents

En présence simutanée de deux mâles vierges d’âges différents (1 jour et 21 jours),


les femelles R n’ont pas montré de comportement agressif ou de rejet envers le mâle vierge
de 21 jours. En situation de compétition, le mâle vierge de 21 jours détecte la femelle et
parvient à s’accoupler avec celle-ci.

a) Compétition mâle vierge R de 21 jours vs mâle vierge W de 1 jour

Dans cette étude, toutes les femelles vierges R testées se sont accouplées au moins
une fois ; 46,7 % des femelles s’accouplent deux fois avec deux mâles différents et 53,3 %
des femelles ne s’accouplent qu’avec un des deux mâles (tableau 5). Quand la femelle
s’accouple avec un seul mâle, elle le fait plus fréquemment avec le mâle W de 1 jour
qu’avec le mâle R de 21 jours mais les proportions ne sont pas significativement différentes
(tableau 5). Quand la femelle s’est accouplée deux fois avec les deux mâles d’âges
différents, il n’y a pas de différence significative entre les deux combinaisons
d’accouplements (♂Rv21j ou ♂Wv1j en premier, tableau 5). Aucune préférence pour
l’une des 4 combinaisons d’accouplements n’a été observée dans cette étude (tableau 5).

b) Compétition mâle vierge W de 21 jours vs mâle vierge R de 1 jour

Nous obtenons des résultats similaires à ceux observés précédemment lorsque une
femelle R est mise avec un mâle W de 21 jours et un mâle R de 1 jour ; 48,2 % d’entre-
elles réalisent deux accouplements avec deux mâles différents et 51,8 % des femelles ne
s’accouplent qu’avec un des deux mâles (tableau 5). Le mâle W de 21 jours obtient
significativement plus d’accouplements simples que le mâle R de 1 jour (tableau 5). Quant
aux deux accouplements avec les deux mâles d’âges différents, aucune différence entre les
deux combinaisons d’accouplements n’a été observée (♂Wv21j ou ♂Rv1j en premier,
tableau 5). Dans cette étude, toutes les combinaisons d’accouplements effectuées par la
femelle ne sont pas significativement différentes entre elles (tableau 5).

58
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

Tableau 6 : Répartition des différentes combinaisons d’accouplements observées lorsqu’une femelle


vierge R est mise en présence simultanée d’un mâle R expérimenté de 1 jour et d’un mâle vierge W du
même âge (♂Rexp vs ♂Wv1j) ou vice versa (♂Wexp vs ♂Rv1j). Le nombre d’accouplements est limité
à 2. Les comparaisons entre les proportions dépendantes sont effectuées par un test G.

Compétition Combinaisons d’accouplements

♂exp vs ♂v1j 1 accouplement 2 accouplements

Situation Rexp Wv Rexp - Wv Wv - Rexp

♂Rexp vs ♂Wv 19,8% 43,6% 19,8% 16,8%

(n=126) G=11,5 ddl=1, P <0,01 G=0,3 ddl=1, P=0,6


Gtotal=5,2 ddl=1 P <0,05

Situation Wexp Rv Wexp - Rv Rv - Wexp

♂Wexp vs ♂Rv 31,3% 26,0% 19,8% 22,9%

(n=108) G=0,5 ddl=1 P=0,5 G=0,2 ddl=1 P=0,6


Gtotal=0,2 ddl=1 P=0,7

59
II. Capacité d’accouplement du mâle
C. Résultats_Compétition entre deux mâles

2.3 Compétition entre deux mâles ayant des expériences sexuelles différentes

Lors d’une compétition entre un mâle expérimenté de 1 jour (après 4 heures de mise
en présence avec 5 femelles vierges) et un mâle vierge du même âge, l’accouplement du
mâle expérimenté se déroule normalement.

a) Compétition mâle R expérimenté vs mâle vierge W

Lors d’une compétition de deux mâles de 1 jour (un mâle R expérimenté et un mâle
vierge W), toutes les femelles vierges R observées se sont accouplées au moins une fois ;
36,6 % de celles-ci s’accouplent deux fois avec deux mâles différents et 63,4 % ne
s’accouplent qu’avec un mâle (tableau 6). Quand la femelle s’est accouplée avec un seul
mâle, elle le fait significativement plus avec le mâle W vierge (tableau 6). Quant la femelle
s’est accouplée avec les deux mâles ayant des expériences sexuelles différentes, on observe
autant d’accouplements dans chacune des deux combinaisons d’accouplements (♂Rexp ou

♂Wv en premier, tableau 6). Au total, le mâle W vierge obtient plus d’accouplements que
le mâle R expérimenté (tableau 6).

b) Compétition mâle W expérimenté vs mâle vierge R

Lorsqu’une femelle R est mise en présence simultanément d’un mâle R vierge et


d’un mâle W expérimenté de 1 jour, elle s’accouple au moins une fois. Parmi elles, 42,7 %
s’accouplent avec les deux mâles et 57,3 % des femelles avec un seul mâle (tableau 6).
Concernant les accouplements avec un seul mâle, il n’y a pas de différence significative
entre les deux combinaisons d’accouplements (tableau 6). Lorsque la femelle s’est
accouplée deux fois avec les deux mâles ayant des expériences sexuelles différentes, il y a
autant d’accouplements dans chacune des deux combinaisons (♂Wexp ou ♂Rv en
premier, tableau 6). Dans cette étude, aucune combinaison d’accouplement ne difffère
significativement des autres (tableau 6).

60
II. Capacité d’accouplement du mâle
D. Discussion

D - DISCUSSION

Lors des accouplements simples, nos résultats chez Anisopteromalus calandrae ont
montré que tous les mâles (R ou W) s’accouplaient. En situation de compétition entre
deux mâles, la durée de copulation est deux fois plus longue que celle observée lors
d’accouplements simples. Ce phénomène « d’accouplement prolongé » réalisé par le mâle
est souvent en relation avec l’évitement de la compétition spermatique (Birkhead
& Møller, 1998 ; Arnaud, 1999 ; Simmons, 2001). De plus, les mâles Anisopteromalus
calandrae pratiquent la parade post-copulatoire pendant laquelle ils restent sur la femelle
et tentent de la préserver de nouveaux accouplements. Ces comportements peuvent
s’apparenter à une « garde postcopulatoire » qui est également connue pour éviter la
compétition spermatique chez de nombreuses espèces insectes (Parker, 1984 ; Simmons,
2001). Ainsi, les mâles Anisopteromalus calandrae pratiquent une « garde » avec contact
génital et ensuite une « garde » sans contact génital sous forme d’une parade post-
copulatoire. Ces comportements de « garde sexuelle » peuvent jouer un rôle important dans
l’évitement de la compétition spermatique chez cette espèce. Cela pourrait permettre aux
mâles d’assurer la totalité de la descendance.
Quand deux mâles vierges de 1 jour de morphes différents sont en compétition
pour l’accès à une femelle R, le mâle R obtient au final autant d’accouplements que le
mâle W, même si le premier réalise plus d’accouplements simples que le dernier. A
l’inverse, lorsqu’il s’agit d’une femelle W (homozygote ou hétérozygote), le mâle vierge W
de 1 jour obtient au total plus d’accouplements que son compétiteur du morphe R et du
même âge. Plus précisément, autant d’accouplements doubles sont réalisés par la femelle
W avec les deux mâles mais le mâle W réalise plus d’acccouplements simples que le mâle
R. Dans un système d’accouplement donné, les pressions de la sélection sexuelle s’exercent
à la fois sur la capacité d’accouplement des mâles et sur le choix pour l’accouplement par
la femelle (Darwin, 1871 ; Trivers, 1972). Ainsi, cette meilleure compétitivité des mâles
W par rapport aux mâles R dans l’obtention des accouplements simples (chez la femelle
W) pourrait dépendre du mâle W, du mâle R, de la femelle ou des trois. Pour essayer
d’expliquer ce résultat, nous avons émis les hypothèses suivantes : (1) les mâles W
protègent plus efficacement leurs accouplements simples que les mâles R ou (2) la femelle
exerce un choix pour l’accouplement en fonction du morphe des mâles. Concernant la
première hypothèse, nous avons remarqué lors des observations expérimentales que les

61
II. Capacité d’accouplement du mâle
D. Discussion

mâles W se montraient plus agressifs que les mâles R lorsqu’il s’agit de protéger un
accouplement en situation de compétition. Ceci laisse penser que les mâles W protégeraient
mieux leurs accouplements que les mâles R, au moins chez les femelles W. En présence
d’un compétiteur, un risque futur de compétition spermatique est présent pour le mâle qui
s’accouple en premier. Si celui-ci réussit à « empêcher » la femelle de se réaccoupler,
comme la période pendant laquelle la femelle se réaccouple est très brève, il pourrait
garantir l’exclusivité de la paternité des descendants. Quant à la deuxième hypothèse, la
littérature montre que les femelles chez plusieurs insectes peuvent faire un choix sur les
différences morphologiques entre les mâles (Thornhill & Alcock, 1983; Watson &
Thornhill, 1994). Par exemple, les mâles du lépidoptère Cnephasia jactatana ayant des
antennes plus longues obtiennent plus d’accouplements (Jiménez-Pérez & Wang, 2004).
Chez le grillon africain Libanasidus vittatus, Bateman (2000) a observé que les mâles ayant
des armements plus symétriques s’accouplaient plus. L’explication de ce phénomène est
que les différences phénotypiques pourraient indiquer la qualité supérieure de certains
mâles, donc en partie le reflet de leur qualité génétique supérieure (Thornhill & Alcock,
1983; Watson & Thornhill, 1994). Cependant, lors de nos observations expérimentales,
aucun comportement de choix par la femelle n’a été mis en évidence. Les hypothèses
suivantes tentent d’expliquer ce phénomène. Tout d’abord, il est possible qu’aucune
relation n’existe entre la couleur des yeux des mâles et leur qualité de géniteur. Dans ce cas
de figure, le choix par la femelle sur le critère morphologique des mâles n’apporterait
aucun bénéfice pour celle-ci. Par ailleurs, comme la période de réceptivité chez les femelles
est très courte, des comportements de choix par la femelle pourraient augmenter ses
dépenses en temps et en énergie. Par conséquent, cela pourrait diminuer la possibilité de
s’accoupler de la femelle.

De même, en situation de compétition entre deux mâles vierges d’âges


différents, nos résultats ont montré qu’un mâle de 21 jours avait autant de chance de
s’accoupler avec une femelle R qu’un mâle de 1 jour. Par ailleurs, si la femelle réalisait des
accouplements doubles, elle se réaccouplerait autant avec un mâle de 21 jours que de 1
jour. Ainsi, l’effet de l’âge est absent (au moins entre 1 et 21 jours) chez Anisopteromalus
calandrae. L’absence d’effet d’âge dans le succès d’accouplement des mâles a également
été observée chez les diptères Cnephasia jactatana (Jiménez-Pérez & Wang, 2004) et
Sepsis cynipsea (Martin et al., 2003). A l’inverse, chez de nombreuses espèces, la capacité
d’accouplement du mâle et/ou le choix pour l’accouplement de la femelle peuvent
changer en fonction de l’âge des mâles. Tout d’abord, chez certaines espèces, la capacité

62
II. Capacité d’accouplement du mâle
D. Discussion

d’accouplement du mâle diminue à partir d’un certain âge comme dans le cas de
différents coléoptères (Ofuya, 1995; Jones & Elgar, 2004) ou diptères (Delisle, 1995;
Jiménez-Pérez & Wang, 2003) , ainsi que chez les hyménoptères Aphytis lingnanensis
(Gordh & De Bach, 1976) et Cephalonomia tarsalis (Cheng et al., 2003). Cependant,
concernant la préférence des femelles, elles pourraient parfois préférer s’accoupler avec les
mâles plus âgés dont la bonne survie est en partie le reflet de leur qualité génétique
supérieure comme chez différents grillons (Zuk, 1988; Simmons & Zuk, 1992; Simmons,
1995a) et chez le lépidoptère Eoreuma loftini (foreur mexicain du riz, Spurgeon et al.,
1995). Mais dans la plupart des cas, une préférence des femelles pour les mâles jeunes
ou pour ceux d’un âge intermédiaire a été observée comme dans le cas des coléoptères
Dermestes maculatus et Coccinella septempunctata (Srivastava & Omkar, 2004) ainsi que
chez différents diptères (Abila et al., 2003). Dans notre travail, l’absence d’effet d’âge
peut être expliquée par (1) une capacité d’accouplements similaire entre des mâles de 21
jours et de 1 jour, par (2) l’absence de choix par la femelle ou (3) par une combinaison de
ces deux facteurs.

Enfin, nos résultats ont montré que la femelle Anisopteromalus calandrae ne


choisissait pas un mâle en fonction de son expérience sexuelle. Un mâle expérimenté a
autant de chance d’être choisi par une femelle qu’un mâle vierge. Cela a également été
observé chez le ver rouge de la farine, Tribolium castaneum (Lewis, 2004). Dans d’autres
cas, les mâles tentent de s’accoupler le plus souvent possible même avec un stock
spermatique réduit comme c’est le cas des mouches Drosophila silvestris (Schwartz, 1991)
ou de certaines libellules ((Bissoondath & Wiklund, 1996), cité par (Kendall & Wolcott,
1999)). Cependant, dans la plupart des cas, l’expérience sexuelle du mâle peut
influencer sa capacité d’accouplement et/ou le choix pour l’accouplement de la femelle.
Chez certaines espèces, la capacité d’accouplement des mâles diminue en fonction de leur
expérience sexuelle comme dans le cas des moustiques Aedes aegypti (Jones, 1973). Tandis
que chez d’autres espèces, les femelles préfèrent s’accoupler avec les mâles vierges comme
par exemple chez le lépidoptère Cnephasia jactatana (Jiménez-Pérez & Wang, 2004) ou
chez le crustacé Lirceus fontinalis (Sparkes et al., 2002). A l’inverse, la femelle peut
s’accoupler le plus souvent avec les mâles expérimentés comme dans le cas du lépidoptère
Ostrinia nubilalis (Schlaepfer & McNeil, 2000) et du crabe bleu Callinectes sapidus. Chez
ce dernier, les mâles expérimentés obtiennent plus d’accouplements que les mâles vierges
malgré l’absence de choix par la femelle (Kendall & Wolcott, 1999). Le plus grand succès
d’accouplement des mâles expérimentés chez Callinectes sapidus serait dû à leur taux de

63
II. Capacité d’accouplement du mâle
D. Discussion

phéromones plus important que celui des mâles vierges, ce qui faciliterait leur détection par
les femelles. Dans notre travail, nous avons obtenu des mâles expérimentés en réalisant des
accouplements successifs d’un mâle vierge de 24 heures avec des femelles vierges 2 heures
après leur émergence. Nous avons montré qu’un mâle était capable de s’accoupler avec
environ 10 femelles durant une période de 2 heures. Or, la théorie prédit que le nombre
d’éjaculats du mâle est limité en raison des coûts pour renouveler sa réserve spermatique
(Dewsbury, 1982). Lorsque la réserve spermatique d’un mâle est épuisée, il a peu d’intérêt
à réaliser des accouplements car peu de forces sélectives s’exercent sur lui pour cela
(Trivers, 1972). Concernant le choix pour l’accouplement de la femelle en fonction du
stock spermatique disponible chez les deux mâles en compétition, les théories prédisent
que la femelle pourrait préférer le mâle ayant le plus de spermatozoïdes disponibles. Cela
est dû aux coûts importants que la femelle peut subir lorsqu’elle s’accouple avec les mâles
ayant une réserve spermatique insuffisante pour assurer une fécondation adéquate
(Dewsbury, 1982). Nos résultats ont montré que la femelle Anisopteromalus calandrae ne
choisissait pas les mâles en fonction de leur nombre de spermatozoïdes disponibles.
Chez cette espèce, une petite quantité de spermatozoïdes (environ 100 spermatozoïdes)
assure la fécondation des œufs durant toute la vie reproductive de la femelle. Cela pourrait
être une des explications de l’absence de choix par la femelle sur ce critère. Ce phénomène
est également observé chez le crabe bleu Callinectes sapidus (Kendall & Wolcott, 1999). Il
serait aussi possible que chez la femelle Anisopteromalus calandrae, l’acceptation d’un
partenaire qui pourrait féconder au moins une partie de ses œufs serait plus bénéfique que
les dépenses en temps et en énergie pour trouver un meilleur mâle ou pour éviter des
harcèlements sexuels.

Concernant les harcèlement sexuels, il faut savoir qu’Anisopteromalus calandrae


est une espèce protandre (les mâles émergent plus tôt que les femelles) et qu’au bout de 15
jours, 80% des mâles sont encore en vie lorsqu’une nouvelle génération de mâles arrive
(observations personnelles). De plus, les femelles Anisopteromalus calandrae ne
s’accouplent qu’en début de vie et les accouplements multiples s’effectuent seulement
quand plusieurs mâles sont présents en même temps (Baker et al., 1998). Toutes ces
caractéristiques montrent qu’une compétition intense entre mâles est inévitable pour l’accès
à la femelle. Les harcèlements sexuels des mâles pour une femelle donnée peuvent être très
fréquents chez cette espèce. Ainsi, la résistance de la femelle aux mâles ou l’évitement des
harcèlements sexuels peut entraîner des coûts plus importants pour celle-ci que
l’acceptation d’un « mauvais » mâle. Il serait également possible que les femelles ne

64
II. Capacité d’accouplement du mâle
D. Discussion

puissent simplement pas connaître le statut de reproduction des mâles. Cela serait dû à la
capacité du mâle à masquer son expérience sexuelle même si le fait de continuer à
s’accoupler apporte peu de gain pour sa valeur sélective. Un mâle avec peu de
spermatozoïdes peut toujours s’accoupler avec une femelle et donc avoir des descendants
supplémentaires. Plus probablement, il n’est pas adaptatif pour la femelle de développer les
moyens d’identifier l’expérience sexuelle des mâles car dans la nature, les mâles ayant une
réserve spermatique suffisante sont majoritaires (Kendall & Wolcott, 1999).

En résumé, lors d’accouplements simples ou en situation de compétition entre deux


mâles chez Anisopteromalus calandrae, notre travail a montré que la capacité
d’accouplement des mâles n’était pas affectée ni par l’âge du mâle, ni par son
expérience sexuelle. Cependant, en situation de compétition entre deux mâles vierges de
1 jour pour l’accès à une femelle W, les mâles W obtiennent plus d’accouplements.
Concernant la femelle, aucun comportement de choix pour l’accouplement n’a été observé.

65
III. Distribution et stockage spermatique

CHAPITRE III

DISTRIBUTION ET STOCKAGE DES SPERMATOZOÏDES

A - QUESTION BIOLOGIQUE ..............................................................................................................68


B - MATÉRIEL ET MÉTHODES...........................................................................................................69
1. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle après un
accouplement simple ......................................................................................................... 69
2. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque des femelles inséminées par
un mâle et chez le mâle après des accouplements multiples ............................................. 69
2.1 Femelles présentées successivement à un mâle .......................................................... 69
2.2 Groupe de femelles mises en présence d’un mâle....................................................... 70
3. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle inséminée
après une compétition entre mâles .................................................................................... 70
4. Analyses statistiques des données ..................................................................................... 70
C - RÉSULTATS.......................................................................................................................................73
1. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle après un
accouplement simple ......................................................................................................... 73
1.1 Avec un mâle vierge de 1 jour ..................................................................................... 73
1.2 Avec un mâle vierge de 21 jours ................................................................................. 73
1.3 Avec un mâle expérimenté........................................................................................... 73
2. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque des femelles inséminées par un
mâle et chez le mâle après des accouplements multiples .................................................. 75
2.1 Femelles présentées successivement à un mâle .......................................................... 75
2.2 Groupe de femelles mises en présence d’un mâle....................................................... 77
3. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle inséminée après une
compétition entre deux mâles de morphes différents ........................................................ 79
3.1 Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle R ................... 79
3.2 Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle W .................. 79
4. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle inséminée après une
compétition entre mâles du même morphe........................................................................ 81
4.1 Compétition entre deux mâles vierges R de 1 jour pour l’accès à une femelle R ....... 81
4.2 Compétition entre trois mâles vierges R de 1 jour pour l’accès à une femelle R ....... 81
D - DISCUSSION ......................................................................................................................................82

66
III. Distribution et stockage spermatiques

CHAPITRE III :
DISTRIBUTION ET STOCKAGE DES SPERMATOZOÏDES

Chez la plupart des insectes, après accouplement, les femelles stockent les
spermatozoïdes transférés par le mâle dans un organe spécialisé : la spermathèque. De plus,
la durée du stockage peut se prolonger sur une grande période : durant des mois chez la
guêpe parasitoïde Dinarmus basalis en laboratoire (Damiens et al., 2003) ou des années
chez les fourmis Atta colombica (Fjerdingstad & Boomsma, 1998) et chez les abeilles Apis
mellifera (Collins et al., 2004). Chez les femelles d’insectes, le nombre de
spermatozoïdes stockés (Fjerdingstad & Boomsma, 1998; Chevrier & Bressac, 2002) dans
sa (ses) spermathèque(s) et l’évolution de la qualité des spermatozoïdes stockés en
fonction de la durée de stockage (Damiens et al., 2003; Collins et al., 2004) sont deux
paramètres qui peuvent moduler le succès reproducteur du mâle. Le stockage
spermatique chez la femelle peut être affecté par diverses caractéristiques et traits
d’histoire de vie du mâle. Par exemple, chez Drosophila melanogaster, le génotype du
mâle et de ses spermatozoïdes comme une mutation du chromosome Y (Kiefer, 1969) est
néfaste pour le stockage spermatique chez la femelle (Gromko et al., 1984). Chez les
mouches de bouse Scathophaga stercoraria, le nombre de spermatozoïdes stockés chez la
femelle varie en fonction de la taille du mâle (Ward, 1993). Enfin, l’âge du mâle
(Gromko et al., 1984; Lamunyon, 2000; Lamunyon, 2001; Taylor et al., 2001) ou
l’expérience sexuelle du mâle (Rutowski et al., 1987; Reinhold & von Helversen, 1997;
Hughes et al., 2000) peuvent influencer la quantité de spermatozoïdes stockés chez la
femelle. La sex-ratio de la descendance est liée à la quantité de spermatozoïdes stockés
dans la spermathèque. Chez les hyménoptères, si, lors d’un accouplement, cette quantité
spermatique est insuffisante, la sex-ratio deviendra biaisée en faveur des mâles quand la
femelle aura épuisé son stock de spermatozoïdes (Chevrier & Bressac, 2002). Ainsi, chez
les femelles d’hyménoptères, à parthénogenèse arrhénotoque, l’optimisation de la
descendance femelle peut nécessiter le réaccouplement des femelles. En effet, les
accouplements multiples de la femelle permettent une augmentation du stockage
spermatique chez l’hyménoptère Dinarmus basalis (Pteromalidae) (Chevrier & Bressac,
2002) ou chez les fourmis Atta colombica (Fjerdingstad & Boomsma, 1998).

Si les effets de l’âge et de l’expérience sexuelle des mâles dans leur succès
d’accouplement ont été très étudiés par l’analyse de la descendance fille, peu de travaux

67
III. Distribution et stockage spermatiques
A. Question biologique

prennent en compte précisément le rôle de la réserve spermatique. Or, ce paramètre fait


partie intégrante des traits d’histoire de vie des mâles et joue un rôle clé dans leur succès
reproducteur (Parker, 1984).

A - QUESTION BIOLOGIQUE

Dans notre étude, nous avons pris en compte la quantité de spermatozoïdes


disponible chez un mâle en fonction du morphe, de l’âge et de l’expérience sexuelle. Nous
avons obtenu une graduation du nombre de spermatozoïdes : du mâle qui a le plus de
spermatozoïdes à celui qui en a le moins : ♂vR21j, ♂vW21j, ♂vR1j, ♂vW1j, ♂Rexp et

enfin ♂Wexp.

D’une part, la dissection des femelles accouplées et la quantification des


spermatozoïdes stockés dans leur spermathèque va nous permettre de voir s’il existe une
relation entre le stock de spermatozoïdes du mâle et le nombre de spermatozoïdes
stockés dans la spermathèque de la femelle. D’autre part, la comparaison entre le nombre
de spermatozoïdes stockés chez la femelle après un accouplement simple et doubles
permettra de savoir si la femelle augmente ou non son stockage spermatique après des
accouplements doubles avec deux mâles différents en situation de compétition.

68
III. Distribution et stockage spermatiques
B. Matériel et méthodes

B - MATÉRIEL ET MÉTHODES

Le protocole de l’étude de quantification des spermatozoïdes stockés dans la


spermathèque des femelles accouplées est présenté sur la figure 19. Chaque femelle est
disséquée dans une goutte de Beadle (128,3 mM NaCl ; 4,7 mM KCl ; 2,3 mM CaCl2). On
extrait et on transfère la spermathèque de la femelle dans une goutte de Beadle. La
spermathèque est éclatée dans une goutte de Beadle et son contenu est également étalé à
l’aide de pinces à dissection. Après une fixation à l’éthanol 100% et une coloration au
DAPI (4’,6-diamidino-2-phenylindole), les spermatozoïdes présents dans la spermathèque
sont dénombrés sous microscope à épifluorescence au grossissement x 200.

Quant à la quantification des spermatozoïdes restant dans les vésicules séminales


des mâles après leurs accouplements multiples, le protocole utilisé est comme décrit
précédemment chez les mâles (figure 17 page 42).

1. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque d’une


femelle après un accouplement simple

Concernant les accouplements simples, nous avons quantifié le nombre de


spermatozoïdes stockés dans la spermathèque des femelles R accouplées une fois avec un
mâle vierge de 1 jour du morphe rouge (n=39) ou sauvage (n=36), ainsi que dans celles des
femelles W accouplées une fois avec un mâle vierge W de 1 jour (n=51). De même, le
stockage spermatique des femelles R accouplées une fois avec un mâle vierge de 21 jours
du morphe rouge (n=15) ou sauvage (W21j, n=15) a été quantifié ; ainsi que chez celles
accouplées une fois avec un mâle expérimenté du morphe rouge (n=12) ou sauvage (n=12).

2. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque des femelles


inséminées par un mâle et chez le mâle après des accouplements multiples

2.1 Femelles présentées successivement à un mâle

Toutes les femelles successivement inséminées par un mâle vierge R (n=15) ou W


(n=15) pendant une période de 2 heures sont mises en rétention individuellement durant 24
heures avant d’être disséquées. Quant aux mâles, ils sont disséqués immédiatement après la

69
III. Distribution et stockage spermatiques
B. Matériel et méthodes

série d’accouplements. On quantifie le nombre de spermatozoïdes stockés chez toutes les


femelles accouplées et le nombre de spermatozoïdes restant dans les vésicules séminales
des mâles. Le rang d’accouplement de chaque femelle est également noté.

2.2 Groupe de femelles mises en présence d’un mâle

A l’issue d’une période de 24 heures de mise en présence d’un mâle R (n=15) ou W


(n=15) avec 10 femelles vierges, le mâle et l’ensemble des femelles sont disséqués. D’une
part, cela permet de quantifier le nombre de femelles inséminées et de compter le nombre
de spermatozoïdes stockés par l’ensemble des femelles accouplées. D’autre part, le nombre
de spermatozoïdes dans leurs vésicules séminales après une période de 24 heures en
présence de 10 femelles a été quantifié.

3. Quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque d’une


femelle inséminée après une compétition entre mâles

24 heures après les accouplements lors d’une compétition entre deux mâles vierges de
1 jour de morphes différents (un R et un W), les femelles accouplées R (n=65) ou W
(n=48) sont disséquées. Le nombre de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de la
femelle est déterminé après une coloration au DAPI. De la même manière, nous avons
quantifié les spermatozoïdes stockés chez les femelles R inséminées après une compétition
entre deux ou trois mâles vierges R de 1 jour.

4. Analyses statistiques des données

Les résultats sont également présentés sous forme de moyenne ± erreur standard
(M ± ES). Les mêmes logiciels que précédemment (l’utilitaire d’analyse d’Excel, R 1.9.1 et
StatBox© 2.5) sont utilisés pour les traitements statistiques. La signification retenue est
toujours p < 0,05.

Les différences entre les nombres moyens de spermatozoïdes stockés dans la


spermathèque après un accouplement simple (avec un mâle R ou W, un mâle de 1 jour ou
de 21 jours, un mâle vierge ou accouplé) sont comparées par une ANOVA à trois facteurs
(morphe, âge et expérience sexuelle). Une ANOVA à un facteur est utilisée pour les
comparaisons entre les nombres moyens de spermatozoïdes stcokés chez la femelle après
différentes combinaisons d’accouplements en situation de compétittion entre deux mâles de

70
III. Distribution et stockage spermatiques
B. Matériel et méthodes

morphes différents ou ayant des traits d’histoire de vie différents. Après accouplements
multiples du mâle, les comparaisons sont également réalisées entre les nombres moyens de
spermatozoïdes stockés chez chaque femelle inséminée (en fonction du rang
d’accouplement ou de l’importance du stockage spermatique) à l’aide d’une ANOVA à un
facteur.

Un test-t Student bilatéral est utilisé lors de la comparaison entre deux nombres
moyens de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles et dans la spermathèque
de l’ensemble des femelles inséminées.

A l’aide d’un test exact de Fisher, les comparaisons sont effectuées entre les taux de
diminution en spermatozoïdes chez le mâle après accouplements multiples.

71
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

Tableau 7 : Nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque d’une femelle R après
différentes combinaisons d’accouplements simples : avec un mâle vierge de 1 jour ou de 21 jours ou
avec un mâle expérimenté. Les mâles des deux morphes sont étudiés. Une ANOVA à trois facteurs est
utilisée pour les comparaisons de l’ensemble des données.

Nombre moyen de spermatozoïdes stockés


dans la spermathèque

Combinaisons
♂R x ♀R ♂W x ♀R
Mâles

167,4 ± 11,4 156,1 ± 15,6


♂v1j
(n=39) (n=36)

131,6 ± 17,8 138,5 ± 17,4


♂v21j
(n=15) (n=15)

146,4 ± 26,2 119,0 ± 21,6


♂exp
(n=12) (n=12)

Test de comparaison

ANOVA ddl P
Morphe F=0,5 1 0,49
Age F=2,3 1 0,14
Expérience sexuelle F=1,3 1 0,25
Morphe - âge F=0,3 1 0,61
Morphe - expérience F=0,3 1 0,57
sexuelle

72
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

C - RÉSULTATS

1. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle après


un accouplement simple

1.1 Avec un mâle vierge de 1 jour

Une femelle rouge (R) accouplée avec un mâle R ou un mâle W stocke en moyenne
la même quantité de spermatozoïdes (tableau 7).

Lorsque la femelle W s’est accouplée avec un mâle W, elle stocke en moyenne


130,9 ± 9,9 spermatozoïdes dans sa spermathèque. Ce stockage spermatique est
significativement moins important que celui de la combinaison [♂vR1j x ♀R] (test-t
t=2,23 df=85 p <0,05).

1.2 Avec un mâle vierge de 21 jours

Une femelle R accouplée avec un mâle vierge R de 21 jours ou un mâle vierge W


de 21 jours stocke en moyenne la même quantité de spermatozoïdes (tableau 7).

1.3 Avec un mâle expérimenté

Une femelle R accouplée avec un mâle R expérimenté stocke en moyenne plus de


spermatozoïdes que si elle s’est accouplée avec un mâle W expérimenté. Cependant, cette
différence n’est pas significative (tableau 7).

En résumé, après un accouplement simple aucune différence significative n’est


observée dans la quantité de spermatozoïdes stockés chez une femelle R quels que soient le
morphe du mâle (R ou W), l’âge de celui-ci (1 jour ou 21 jours) ou son expérience sexuelle
(vierge ou accouplé).

73
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

150
ANOVA, F10,154=11,2, p<0,001
Nombre de spermatozoïdes stockés y = -11,0x + 116,7
dans la spermathèque
120 R2 = 0,9

90

60

30

0
0 2 4 6 8 10 12

rang d'accouplement des femelles

Figure 19 : Nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de chaque femelle en


fonction de son rang d’accouplement avec un mâle vierge R de 1 jour. Les accouplements ont été
réalisés sur une période de 2 heures. Les cercles représentent le nombre moyen de spermatozoïdes
stockés par les femelles en fonction du rang d’accouplement. Les barres correspondent à l’erreur
standard. Les comparaisons entre les nombres de spermatozoïdes sont effectuées par une ANOVA.

Tableau 8 : Nombre moyen de spermatozoïdes dans les vésicules séminales du mâle avant et après les
accouplements successifs, ainsi que nombre moyen de spermatozoïdes stockés par l’ensemble des
femelles inséminées. Un test-t Student est utilisé pour les comparaisons entre les moyennes et un test
exact de Fisher pour les comparaisons entre les proportions indépendantes.

Accouplements successifs du
Nombre moyen de spermatozoïdes
mâle durant 2 heures Test de
♂R1j ♂W1j comparaison

Dans les vésicules séminales du 4545,2 ± 188,8 3115,7 ± 201,7 t=5,2 ddl=58
mâle vierge (n=30) (n=30) p < 0,001

Dans la spermathèque de l’ensemble 556,8 ± 28,6 523,0 ± 20,1 t=0,1 ddl=28


des femelles inséminées (n=15) (n=15) p=0,34

Dans les vésicules séminales du mâle 174,7 ± 42,4 181,3 ± 19,2 t=-0,1 ddl=28
après les accouplements successsifs (n=15) (n=15) p=0,89

Taux de perte en spermatozoïdes (%) test exact de Fisher


lors des accouplements successifs
83,9 % 77,4 % ddl=1 p=0,01

74
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

2. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque des femelles


inséminées par un mâle et chez le mâle après des accouplements multiples

2.1 Femelles présentées successivement à un mâle

Durant une période d’observation de 2 heures, un mâle vierge de 1 jour du morphe


rouge (R) ou sauvage (W) est capable de s’accoupler successivement avec 11 femelles. Le
nombre de femelles inséminées varie entre 7 et 11, mais seulement 5 ou 6 femelles sont
bien inséminées (plus de 50 spermatozoïdes stockés dans leur spermathèque, figure 19).
Concernant les accouplements successifs d’un mâle R avec des femelles individuelles, la
figure 19 montre la quantité de spermatozoïdes stockés chez une femelle en fonction de son
rang d’accouplement. Les stockages spermatiques des trois premières femelles inséminées
par le mâle R (environ 97 spermatozoïdes) ne sont pas significativement différents. Il en est
de même pour le mâle W.

Après ces accouplements successifs, le nombre de spermatozoïdes restant dans les


vésicules séminales des mâles R ne représente qu’environ 3,8% du stock initial et 5,7%
pour le morphe W (tableau 8). L’ensemble des femelles accouplées successivement avec
un mâle R stocke une quantité de spermatozoïdes qui corespond à environ 12,5% du stock
initial du mâle (tableau 8). Ce rapport est de 16,8% pour le morphe W.

Le taux de perte en spermatozoïdes chez le mâle R au cours des accouplements


successifs est plus grand que chez le mâle W (tableau 8).

75
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

250 ANOVA, F 9,140=87,0, p<0,001


y = -22,0x + 188,5
stockés dans la spermathèque 200 R2 = 0,87
Nombre de spermatozoïdes

150

100

50

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

10 femelles dans l'ordre décroissant

Figure 20 : Nombre de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque des 10 femelles mises ensemble
avec un mâle vierge R de 1 jour. L’ordre des accouplements du mâle n’est pas pris en compte. Les
accouplements ont été réalisés sur une période de 24 heures. Les cercles représentent le nombre moyen
de spermatozoïdes stockés par les femelles. Les barres correspondent à l’erreur standard. Les
comparaisons entre les nombres de spermatozoïdes sont effectuées par une ANOVA.

Tableau 9 : Nombre moyen de spermatozoïdes dans les vésicules séminales du mâle avant et après une
période de 24 heures en présence d’un groupe de 10 femelles, ainsi que nombre moyen de
spermatozoïdes stockés par l’ensemble des femelles inséminées. Un test-t Student est utilisé pour les
comparaisons entre les moyennes et un test exact de Fisher pour les comparaisons entre les proportions
indépendantes.

Accouplements multiples du mâle Nombre moyen de spermatozoïdes


durant 24 heures en présence
Test de
d’un groupe de 10 femelles ♂R1j ♂W1j comparaison

Dans les vésicules séminales du 4545,2 ± 188,8 3115,7 ± 201,7 t=5,2 ddl=58
mâle vierge (n=30) (n=30) p < 0,001

Dans la spermathèque de l’ensemble 674,3 ± 48,2 636,7 ± 53,2 t=0,52 ddl=28


des femelles inséminées (n=15) (n=15) p=0,60

Dans les vésicules séminales du mâle 629,5 ± 136,1 716,5 ± 114,8 test-t, t=-0,49
après les accouplements multiples (n=15) (n=15) ddl=28 p=0,63

Diminution en spermatozoïdes (%) test exact de Fisher


lors des accouplements multiples 71,3 ± 3,1 % 56,6 ± 4,4 % ddl=1 p=0,0

76
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

2.2 Groupe de femelles mises en présence d’un mâle

Quand un mâle vierge est mis en présence de 10 femelles pendant 24 heures,


environ 6 femelles sur 10 sont bien inséminées par le mâle R ou W (environ 50
spermatozoïdes, figure 20). Le nombre moyen de spermatozoïdes stockés par l’ensemble
des femelles mises avec un mâle R représente en moyenne 14,8% du stock initial du mâle
(tableau 9). Ce rapport est d’environ 20,4% pour le mâle W.

Après la période de 24 heures en présence de 10 femelles, le nombre moyen de


spermatozoïdes présents dans les vésicules séminales d’un mâle R et W sont
semblablement équivalents (tableau 9). Un mâle R présente une diminution en
spermatozoïdes plus important que celui d’un mâle W lors d’accouplements multiples
(tableau 9). Comme les mâles sont disséqués au bout de 24 heures, cette diminution en
spermatozoïdes tient compte d’une éventuelle reconstitution partielle de leur stock de
spermatozoïdes.

77
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

Tableau 10 : Nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque d’une femelle R ou W


mise en présence simultanée d’un mâle vierge R de 1 jour et d’un mâle vierge W de 1 jour (♂vR1j vs
♂vW1j) lors de différentes combinaisons d’accouplements. Le nombre d’accouplements pour une femelle
est limité à 2.

Morphes Nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque


différents de la femelle

1 accouplement 2 accouplements
♂vR1j vs ♂vW1j
R W R-W W-R R-R W-W

160,9 ± 27,7 183,2 ± 41,9 199,1 ± 22,5 201,1 ± 23,5 225,0 ± 55,3 190,0 ± 67,6
♀R (n=13) (n=6) (n=22) (n=15) (n=6) (n=3)
(n=65)
ANOVA, F5,59=0,40 p=0,84

136,8 ± 11,1 149,2 ± 6,8 203,8 ± 6,4 117,5 ± 13,6 229,0 ± 0,0 144,0 ± 15,2
♀W
(n=8) (n=14) (n=13) (n=6) (n=1) (n=6)
(n=48)
ANOVA, F5,42=0,97 p=0,44

78
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

3. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle


inséminée après une compétition entre deux mâles de morphes différents

3.1 Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle R

En présence simultanée de deux mâles vierges de 1 jour (un R et un W), la femelle R


stocke en moyenne 192,4 ± 12,6 spermatozoïdes dans sa spermathèque pour toutes les
combinaisons confondues. Le nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la
spermathèque de la femelle est sensiblement le même (tableau 10) quelle que soit la
combinaison d’accouplement (un ou deux accouplements, ♂vR1j ou ♂vW1j en premier).

3.2 Compétition mâle vierge de 1 jour R vs W pour l’accès à une femelle W

Après une compétition entre deux mâles vierges de 1 jour (un R et un W), la femelle W
stocke dans sa spermathèque en moyenne 146,4 ± 11,0 spermatozoïdes pour toutes
combinaisons confondues (tableau 10). Ce stockage spermatique est moins important que
celui observé chez la femelle R (test-t, t=-2,25 ddl=111 p=0,01). En présence des deux
mâles de morphes différents et quelle que soit la combinaison d’accouplement (un ou deux
accouplements, ♂vR1j ou ♂vW1j en premier), il n’y a pas de différence significative dans
les quantités de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de la femelle W (tableau 10).

79
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

Tableau 11 : Nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque d’une femelle R mise en
présence simultanée (1) de deux mâles vierges R de 1 jour (le nombre d’accouplements est limité à 2) ou
(2) de trois mâles vierges R de 1 jour (le nombre d’accouplements n’est pas limité).

Nombre moyen de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque


Même morphe
de la femelle

1 accouplement 2 accouplements

2♂vR1j x ♀R 188,7 ± 27,8 173,5 ± 25,9


(n=28) (n=11) (n=17)

t=0,39 ddl=26 p=0,70

Nombre d’accouplements
1 2 3 4 5 6
3♂vR1j x ♀R
(n=54) 149,2 ± 24,2 142,4 ± 18,7 172,9 ± 35,6 142,3 ± 11,9 202,7 ± 49,1 233,3 ± 78,9
(n=11) (n=21) (n=10) (n=3) (n=6) (n=3)

ANOVA, F5,48=0,82 p=0,54

80
III. Distribution et stockage spermatiques
C. Résultats

4. Nombre de spermatozoïdes dans la spermathèque d’une femelle


inséminée après une compétition entre mâles du même morphe

4.1 Compétition entre deux mâles vierges R de 1 jour pour l’accès à une
femelle R

En présence simultanée de deux mâles vierges R de 1 jour, une femelle R stocke en


moyenne 179,5 ± 18,9 spermatozoïdes dans sa spermathèque après un ou deux
accouplements. Ces stockages spermatiques ne sont pas significativement différents entre
eux (tableau 11).

4.2 Compétition entre trois mâles vierges R de 1 jour pour l’accès à une
femelle R

Après une compétition entre trois mâles vierges R de 1 jour, la quantité de


spermatozoïdes stockés dans la spermathèque d’une femelle R est d’environ 161,2 ± 12,9
spermatozoïdes (tableau 11). Dans ce cas de figure, la femelle réalise jusqu’à six
accouplements. Cependant, aucune différence significative n’est observée dans le stockage
spermatique de la femelle R quel que soit son nombre d’accouplements (tableau 11).

En résumé, une femelle R stocke autant de spermatozoïdes dans toutes les


combinaisons d’accouplements étudiées (accouplements simples, doubles ou multiples de
la femelle ; ANOVA, F19,256=1,08 p=0,37).

81
III. Distribution et stockage spermatiques
D. Discussion

D - DISCUSSION

Chez Anisopteromalus calandrae, nos résultats ont montré que la quantité de


spermatozoïdes stockés chez la femelle après un accouplement ne variait pas en fonction
du phénotype du mâle ou de différents traits de son histoire de vie. Il a été montré chez
d’autres espèces que la quantité de spermatozoïdes stockés chez la femelle pouvait
varier selon les caractéristiques du mâle avec lequel elle s’est accouplée. Ces
caractéristiques peuvent être le génotype du mâle comme dans le cas de la mouche
Drosophila melanogaster (Gromko et al., 1984). Chez d’autres espèces, la femelle stocke
préférentiellement les spermatozoïdes du mâle de grande taille comme dans le cas de la
mouche Scathophaga stercoraria (Ward, 1993). D’autre part, chez certaines espèces, l’âge
du mâle peut également avoir un effet négatif sur le stockage spermatique de la femelle
comme par exemple chez les papillons nocturnes Heliothis virescens (Lamunyon, 2000;
Lamunyon, 2001) ou chez les mouches de fruits de la Méditerranée Ceratitis capitata
(Taylor et al., 2001). De plus, chez de nombreuses espèces d’insectes, l’expérience
sexuelle du mâle entraîne l’épuisement de son stock de spermatozoïdes disponibles (Cook,
1999; Savalli & Fox, 1999; Hughes et al., 2000; Lamunyon, 2001). Par conséquent, le mâle
expérimenté tranfère moins de spermatozoïdes à la femelle et cela entraîne donc une
diminution de la quantité de spermatozoïdes stockés chez la femelle.

Notre étude a également montré qu’après deux accouplements avec deux mâles
vierges de 1 jour de morphes différents, la femelle Anisopteromalus calandrae ne stockait
pas plus de spermatozoïdes qu’après un seul accouplement. Il en est de même chez les
fourmis Acromyrmex versicolor où un seul accouplement est suffisant pour la fécondation
des œufs durant toute la vie reproductive d’une femelle (Reichardt & Wheeler, 1996).
Cependant, chez d’autres espèces, les accouplements multiples peuvent permettre une
augmentation du nombre de spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de la femelle
comme c’est le cas chez le Pteromalidae Dinarmus basalis (Chevrier & Bressac, 2002) ou
chez de nombreuses abeilles et fourmis (Thornhill & Alcock, 1983; Fjerdingstad &
Boomsma, 1998; Oldroyd et al., 1997; Santolamazza Carbone & Cordero Rivera, 2003).
Cette augmentation du stockage spermatique permet aux femelles de ces espèces d’assurer
une descendance fille durant toute leur vie reproductive. Nos résultats suggèrent que (1)
la capacité de stockage de la femelle est limitée. Ce phénomène est observé chez l’abeille
Apis mellifera (Kraus et al., 2004) où un seul accouplement remplit la spermathèque. Mais

82
III. Distribution et stockage spermatiques
D. Discussion

aussi (2) qu’il peut y avoir un déplacement des spermatozoïdes du premier mâle par le
deuxième mâle comme cela a été observé chez d’autres espèces (Thornhill & Alcock,
1983), voire un rejet des spermatozoïdes du premier mâle par la femelle (Thornhill
& Alcock, 1983; Parker, 1984). Si la seconde hypothèse se trouvait vérifiée, il y aurait une
dominance du deuxième mâle par rapport au premier. Pour savoir si en situation de
compétition il y a un déplacement du sperme du premier mâle par le deuxième mâle, seule
l’étude des descendants nous permet de répondre. D’autre part, en regardant comment
chaque mâle est représenté dans la descendance de la femelle, nous pourrons savoir si en
situation de compétition un trait d’histoire de vie du mâle est favorisé.

Quant aux accouplements multiples des mâles vierges de 1 jour chez


Anisopteromalus calandrae, notre étude a montré qu’un mâle pouvait s’accoupler avec
environ 10 femelles durant une période de 2 heures et permettait aux 6 premières
femelles de stocker au moins environ 50 spermatozoïdes chacune. Les trois premiers
accouplements du mâle permettaient à la femelle d’avoir un stockage spermatique suffisant
(en moyenne 100 spermatozoïdes). Lors des accouplements suivants du mâle, la quantité de
spermatozoïdes stockés chez la femelle diminue. Bien que les mâles R aient 50% plus de
spermatozoïdes que les mâles W, ils n’inséminent pas plus de femelles et ils ne permettent
pas non plus à l’ensemble des femelles de stocker plus de spermatozoïdes.

Nous observons une distribution des spermatozoïdes du mâle en fonction de sa


réserve spermatique. Garcia Saez (1988) (cité par King, 2000) a montré que les mâles
Anisopteromalus calandrae pouvaient inséminer de 2 à 23 femelles au total. D’autre part,
chez cette espèce lorsqu’un mâle a la possibilité de s’accoupler avec 10 femelles pendant
12 heures, il produit environ 600 à 1000 descendants (Garcia Saez, 1988). Le phénomène
de distribution parcimonieuse des spermatozoïdes du mâle est également observé chez
Dinarmus basalis (Damiens, 2001) où pendant une période de 3 heures, un mâle peut
s’accoupler successivement avec 13 à 27 femelles, mais dans ce cas seulement les 8
premières femelles stockent une quantité suffisante de spermatozoïdes. Chez un autre
parasitoïde, Trichogramma evanescens, un mâle insémine successivement une vingtaine de
femelles dont les 10 premières stockent une quantité égale de spermatozoïdes puis les 10
dernières en stockent de moins en moins (Damiens & Boivin, 2005). Selon Dewsbury
(1982), les mâles sont limités par le nombre d’éjaculats qu’ils peuvent fournir et le
temps requis pour renouveler leur réserve de spermatozoïdes. En raison de cette
limitation en éjaculats, on peut s’attendre à une certaine stratégie optimale mise en place
par un mâle dans la distribution de ses éjaculats aux femelles. La distribution des
83
III. Distribution et stockage spermatiques
D. Discussion

spermatozoïdes disponibles pour plusieurs femelles chez le mâle Anisopteromalus


calandrae correspond à cette logique. Chez la papillon Pieris rapae, en fonction de ses
accouplements, le mâle présente des stratégies différentes dans la distribution de ses
spermatozoïdes. Lors du 2e accouplement, plus de spermatozoïdes efficaces sont transférés
par le mâle de ce papillon que lors du 1er accouplement malgré une plus petite taille du
spermatophore (Wedell & Cook, 1999). Nos résultats expérimentaux chez Anisopteromalus
calandrae sont également en adéquation avec le modèle mathématique proposé par Galvani
et Johnstone (1998) sur une distribution optimale des spermatozoïdes. Ces auteurs
suggèrent que la quantité de spermatozoïdes disponible chez le mâle influence la relation
entre la qualité d’un accouplement et le niveau de distribution des spermatozoïdes.

Concernant la perte en spermatozoïdes des mâles après les accouplements


multiples, nos résultats ont montré que plus de 75% du stock initial de spermatozoïdes du
mâle ne sont retrouvés ni dans les vésicules séminales des mâles ni dans la spermathèque
des femelles. Les résultats similaires sont obtenus chez un autre Pteromalidae Dinarmus
basalis (Damiens, 2001). De plus, au cours d’un accouplement, le mâle peut présenter une
perte conséquente en spermatozoïdes. En effet, chez l’hyménoptère Eupelmus orientalis,
seulement 21% des spermatozoïdes transférés à la femelle par un mâle lors d’un
accouplement sont stockés chez celle-ci (Bressac & Chevrier, 1998). Cette perte en
spermatozoïdes du mâle lors des accouplements peut être expliquée par l’hypothèse
suivante : lors de la copulation, le mâle transfère des spermatozoïdes dans l’utérus de la
femelle ; il serait possible que l’éjaculat d’un mâle vierge remplisse tout le réceptacle
génital de la femelle et que seulement les spermatozoïdes les plus mobiles soient stockés
dans la spermathèque. Ceci ne représente qu’une proportion de l’éjaculat du mâle. Par
ailleurs, les pertes en spermatozoïdes au cours du stockage chez la femelle ont été
mentionnées chez Drosophila melanogaster (Lefevre & Jonsson, 1962). Toujours chez
Drosophila melanogaster, 50% de perte en spermatozoïdes survient au cours de la ponte de
la femelle. L’explication serait le fait que tous les spermatozoïdes stockés ne sont pas
fonctionnels (voir Olivieri et al., 1970). Selon nos résultats, ce n’est visiblement pas le cas
chez Anisopteromalus calandrae car cette perte en spermatozoïdes a lieu avant ou lors du
remplissage de la spermathèque. Il faut noter que chez Anisopteromalus calandrae, le
stockage est très efficace et 80% de pertes est très faible par rapport à la plupart des
espèces. Par exemple, les pertes en spermatozoïdes sont extrêmement importantes chez les
vertébrés. Chez les espèces avec spermatophore, les spermatozoïdes peuvent être éjectés
par la femelle avant la fin du transfert (Arnaud, 1999 ; Simmons, 2001). Dans d’autres cas,

84
III. Distribution et stockage spermatiques
D. Discussion

il peut s’agir du spermicide de la femelle qui pourrait potentiellement procurer des


bénéfices nutritionnels ou éliminer des spermatozoïdes porteurs de mutants somatiques qui
ne seraient pas bénéfiques pour le développement des zygotes (Bernasconi et al., 2002).

En résumé, après un accouplement simple ou après une compétition entre deux mâles
chez Anisopteromalus calandrae, notre travail a montré que (1) le nombre de
spermatozoïdes stockés chez la femelle n’était affecté ni par le morphe du mâle, ni par
son âge, ni par son expérience sexuelle. De plus, (2) le stock de spermatozoïdes dans les
vésicules séminales des mâles au moment de l’accouplement n’a aucun effet sur la capacité
d’accouplement du mâle et le stockage spermatique chez la femelle. En outre, (3) les mâles
distribuent leur stock de spermatozoïdes entre plusieurs femelles. La question qui en
découle est de connaître l’influence de ces paramètres sur la descendance (quantité, sex-ratio
et paternité). Le chapitre IV présente des résultats qui permettent de répondre à cette
question.

85
Introduction générale

CHAPITRE IV
ÉTUDE DE LA DESCENDANCE
A - QUESTION BIOLOGIQUE ..............................................................................................................89
B - MATÉRIEL ET MÉTHODES...........................................................................................................92
1. Obtention des graines parasitées ....................................................................................... 92
2. Mise en ponte des femelles accouplées ............................................................................. 92
3. Étude de la paternité des descendants ............................................................................... 93
4. Analyses statistiques des données ..................................................................................... 94
C - RÉSULTATS.......................................................................................................................................96
1. Descendance issue d’un accouplement simple.................................................................. 96
1.1 Descendance des mâles vierges de 1 jour ................................................................... 96
1.2 Descendance des mâles vierges de 21 jours ............................................................... 96
1.3 Comparaison entre la descendance après un accouplement simple des mâles
vierges de 1 jour et de 21 jours ................................................................................... 97
2. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles vierges de morphes différents .. 99
2.1 Descendance d’une femelle rouge (R) accouplée deux fois avec deux mâles vierges
de 1 jour en situation de compétition .......................................................................... 99
2.2 Descendance d’une femelle sauvage (W) accouplée deux fois avec deux mâles
vierges de 1 jour en situation de compétition............................................................ 103
2.3 Descendance d’une femelle hétérozygote (Aa) accouplée deux fois avec deux mâles
vierges de 1 jour en situation de compétition............................................................ 103
3. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles vierges d’âges différents ........ 104
3.1 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle vierge R de 21 jours
et un mâle vierge W de 1 jour en situation de compétition ....................................... 106
3.2 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle vierge W de 21 jours
et un mâle vierge R de 1 jour en situation de compétition ........................................ 109
3.3 Tableau récapitulatif pour la descendance issue de la compétition entre un mâle
vierge de 21 jours et un mâle vierge de 1 jour .......................................................... 111
4. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles ayant des expériences
sexuelles différentes ........................................................................................................ 113
4.1 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle R expérimenté et un
mâle vierge W en situation de compétition ............................................................... 113
4.2 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle W expérimenté et un
mâle vierge R en situation de compétition ................................................................ 116
4.3 Tableau récapitulatif pour la descendance issue de la compétition entre un mâle
expérimenté et un mâle vierge................................................................................... 117
5. Bilan des résultats concernant la descendance issue d’une compétition entre deux
mâles................................................................................................................................ 118
D - DISCUSSION ....................................................................................................................................119
1. Descendance issue d’un accouplement simple................................................................ 119
2. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles................................................. 122

86
IV. Étude de la descendance
A. Question biologique

CHAPITRE IV :
ÉTUDE DE LA DESCENDANCE

Chez les insectes, l’âge du mâle peut avoir un effet sur la quantité et la qualité de
la descendance produite (Hansen & Price, 1995). Par exemple, les mâles d’un âge
intermédiaire permettent aux femelles d’avoir plus de descendants que les mâles plus
jeunes ou plus âgés comme c’est le cas chez la coccinelle Coccinella septempunctata
(Srivastava & Omkar, 2004) et chez le coléoptère du cuir Dermestes maculatus (Jones
& Elgar, 2004). Cela est aussi observé chez le papillon nocturne Spodoptera exigua
(Rogers & Marti, 1997) et chez la mineuse blanche de la feuille du caféier Leucoptera
coffeella (Michereff et al., 2004). Cet effet d’âge peut être dû d’une part à une
dégénérescence physiologique du mâle et d’autre part à une augmentation du taux de
mutations des cellules germinales lorsque les mâles sont plus âgés (Hansen & Price, 1999;
Radwan, 2003). De plus, une diminution de la quantité et de la qualité des spermatozoïdes
peut avoir lieu (Kidd et al., 2001). Chez d’autres espèces, la quantité et la qualité des
descendants peuvent varier en fonction du phénotype du mâle (Thornhill & Alcock, 1983;
Sivinski, 1997). Un troisième facteur qui affecte la quantité et la qualité des descendants est
l’expérience sexuelle du mâle. Par exemple, dans le cas du Pteromalidae Pachycrepoideus
vindemiae (Nadel & Luck, 1985) ou d’un autre hyménoptère Aphytis lingnanensis (Gordh
& De Bach, 1976), le mâle a de moins en moins de descendants au cours de ses
accouplements successifs dans une journée. Chez d’autres espèces, un mâle vierge permet à
la femelle d’avoir une meilleure descendance qu’un mâle expérimenté comme dans le cas
du coléoptère Callosobruchus maculatus (Savalli & Fox, 1999), du cafard Nauphoeta
cinerea (Montrose et al., 2004) ou de la mineuse blanche de la feuille du caféier
Leucoptera coffeella (Michereff et al., 2004). Il en est de même chez la libellule Colias
eurytheme (Rutowski et al., 1987) et chez les noctuelles Helicoverpa armigera (Hou &
Sheng, 1999) et Helicoverpa littoralis (Sadek, 2001). Les femelles noctuelles Spodoptera
littoralis ont une meilleure ponte quand elles se sont accouplées avec des mâles vierges ou
avec des mâles ayant effectué un seul accouplement (Sadek, 2001). Un autre exemple, chez
le crustacé Lirceus fontinalis, une diminution de 18% de fécondité est observée chez les
femelles accouplées avec les mâles ayant déjà eu une expérience sexuelle (Sparkes et al.,
2002).

87
IV. Étude de la descendance
A. Question biologique

Chez les insectes, lorsque les femelles pratiquent les accouplements multiples,
c’est-à-dire plus d’un accouplement avec des mâles différents, il peut y avoir une
compétition entre les éjaculats de différents mâles pour la fécondation des œufs d’une
même femelle, c’est la compétition spermatique (Parker, 1970). Ce phénomène est encore
plus important chez les espèces où les femelles possèdent des structures de stockage
spermatique qui maintiennent les spermatozoïdes en vie sur une longue période comme
chez de nombreux insectes (Fjerdingstad & Boomsma, 1998 ; Damiens et al., 2003 ;
Collins et al., 2004), chez des oiseaux (Bressac et al., 2000) ou chez certains reptiles
(Sever, 1992; Sever et al., 2004). En effet, le fait que les spermatozoïdes soient viables
longtemps donne plus de possibilités de « chevauchements » spatial et temporel des
éjaculats (Parker, 1982; Parker, 1984). Cette compétition au niveau des éjaculats peut
fortement influencer la descendance finale de chaque mâle. En général, la proportion des
descendants de chaque mâle en compétition peut être différente. Chez les insectes, c’est
souvent le dernier mâle accouplé avec la femelle qui aura le plus de descendants (Parker,
1984; Price et al., 1999; Hosken & Ward, 2000; Simmons, 2001). Dans ce cas, la priorité
de paternité appartient au dernier mâle (symbolisé P2) mais dans d’autres cas, c’est le
premier mâle qui remporte la compétition (P1). En effet, chez la plupart des
hyménoptères parasitoïdes étudiés, c’est le premier mâle qui est le plus représenté dans la
descendance après une compétition (Quicke, 1997; Simmons, 2001).

En situation de compétition entre mâles, un mécanisme fondamental de la


compétition spermatique appelé le principe de la loterie, « the raffle » est proposé par
Parker (1990). Lorsqu’il s’agit d’une loterie honnête, « fair raffle », la proportion de
descendants de chaque mâle en compétition correspond à la proportion de ses
spermatozoïdes transférés à la femelle. Depuis 1990, Parker et collaborateurs ont
également développé le principe de la loterie sur l’investissement en spermatozoïdes du
mâle. Ainsi, en fonction des risques de compétition spermatique et de l’ordre des
accouplements, le mâle peut investir plus ou moins de spermatozoïdes (Parker, 1990a;
Parker, 1990b; Parker et al., 1997; Parker, 1998; Mesterton-Gibbons, 1999). Lors d’une
compétition entre deux mâles Anisopteromalus calandrae pour l’accès à une femelle, on
peut penser que le risque de compétition spermatique n’est pas égal entre le premier
mâle et le deuxième mâle. En effet, comme la femelle s’est déjà accouplée, le deuxième
mâle est face à un risque de compétition spermatique permanent, risque acquis (Parker et
al., 1997), tandis que pour le premier mâle, la femelle vierge ne représenterait qu’un risque
futur (Parker et al., 1997) si elle s’accouplait avec un deuxième mâle. Parfois, ce risque

88
IV. Étude de la descendance
A. Question biologique

futur de compétition spermatique est évitable lorsque le premier mâle réussit à protéger sa
femelle. Un modèle mathémathique de Parker et collaborateurs (1997) prédit que les
mâles investissent plus de spermatozoïdes chez les femelles déjà accouplées.

A - QUESTION BIOLOGIQUE

• Tout d’abord, nous nous sommes intéressés à l’effet de l’âge et à l’effet du morphe
des mâles sur la descendance produite (sex-ratio et quantité) lors d’accouplements
simples. De plus, les mâles expérimentaux Anisopteromalus calandrae d’âges différents et
de morphes différents n’ont pas les mêmes stocks de spermatozoïdes. Les conséquences de
cette différence dans le nombre de spermatozoïdes stockés dans les vésicules séminales
des mâles ont été étudiées indirectement au travers de la descendance des femelles
(sex-ratio et quantité) lors d’accouplements simples.

• Ensuite, il est communément connu qu’un récent passé reproducteur du mâle a un


effet négatif sur la descendance chez de nombreuses espèces d’insectes. Néanmoins, il
existe peu d’études sur la paternité des descendants après une compétition entre les
mâles ayant des expériences sexuelles différentes. Dans ce travail, nous avons étudié la
paternité des descendants après compétition entre deux mâles qui avaient des stocks de
spermatozoïdes différents. Nous avons voulu savoir si la quantité de spermatozoïdes
disponible du mâle influençait la paternité de sa descendance lorsque la femelle
s’accouplait avec les deux mâles. De plus, comme nous vous l’avons présenté
précédemment, les mâles expérimentaux utilisés sont différents par leur phénotype, leur
âge et leur expérience sexuelle. En situation de compétition entre deux mâles, l’étude de
la paternité des descendants nous a également permis de voir si ces paramètres avaient un
effet sur la sex-ratio et sur la paternité des descendants.

• Dans notre étude, à partir des paternités des descendants obtenus, nous avons vérifié
le principe de loterie honnête, « fair raffle », proposé par Parker (1990). Si nos résultats
confirment le modèle de loterie honnête, le mâle ayant plus de spermatozoïdes disponibles
aurait toujours plus de descendants après une compétition entre deux mâles. De plus, la
paternité des descendants nous permettra de vérifier s’il existe un effet de l’ordre des
accouplements (premier ou deuxième) ou d’autres contraintes post-copulatoires comme
le déplacement spermatique ou la sélection cryptique de la femelle.

89
IV. Étude de la descendance
A. Question biologique

• Selon les théories concernant le risque de compétition spermatique, le deuxième mâle


pourrait fournir plus de spermatozoïdes à la femelle dans nos conditions expérimentales.
De ce fait, par l’étude de la paternité des descendants, nous aurons également la possibilité
d’observer si une différence existe entre l’investissement en spermatozoïdes du premier
mâle et celui du deuxième mâle.

90
IV. Étude de la descendance
B. Matériels et méthodes

ÉTUDE DE LA DESCENDANCE

<1> Mise en ponte des femelles accouplées


10 graines/ femelle/ jour

<2> Quantification de la descendance totale

Σ♀
Sex-ratio=
Σ♂ + Σ♀

<3> En compétition : Identification de la paternité

En P : ♂W + ♀R ♂R + ♀R
Morphe W (allèle dominant)

Morphe R (allèle récessif)

En F1 : femelles W femelles R

Figure 21 : Protocole expérimental pour l’étude de la descendance après un accouplement simple ou


après une compétition entre deux mâles différents par leur morphe, leur âge ou leur expérience sexuelle.

91
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Accouplements simples

B - MATÉRIEL ET MÉTHODES

1. Obtention des graines parasitées

Deux mâles et huit femelles de Callosobruchus malucatus sont mis dans une boîte
de Pétri contenant une centaine de graines de niébé. Cette boîte est placée dans la chambre
climatisée (40°C : 25°C) pendant 8 heures. On enlève ensuite les insectes avec des pinces
souples ou un aspirateur et on remet la boîte dans la chambre climatisée pendant 18 jours.
Pour standardiser la densité en hôtes à l’intérieur des graines et assurer une distribution
régulière des hôtes par patch de ponte, seules les graines contenant 1 ou 2 hôtes sont
sélectionnées (Bressac & Chevrier, 1998). Au bout de 18 jours, on obtient des larves de
bruches de stade L4 ou pré-nymphe (Gauthier, 1996). Les graines sont alors placées au
réfrigérateur à 4°C pour stopper la croissance des larves et sont conservées au maximum
pendant 7 jours.

2. Mise en ponte des femelles accouplées

Les femelles sont mises en ponte séparément dans un patch contenant 10 graines de
niébé collées en cercle au fond du patch à l’aide de patafix (figure 21). Chaque graine
contient une ou deux larves de Callosobruchus maculatus de 18 jours au stade larvaire L4
(stade où l’intensité de ponte des parasitoïdes est importante (van den Assem et al., 1984 ;
Choi et al., 2001)). D’autre part, en calibrant les hôtes, on évite une variation de la sex-
ratio (Charnov, 1982). L’existence de bruches non parasitées qui parviennent au stade
adulte montre que la ressource de ponte proposée n’est pas un facteur limitant pour les
femelles. Les graines sont renouvelées chaque jour (10 graines par femelle par jour) et
stockées dans des boîtes de Pétri sur lesquelles sont notés le numéro de la femelle et la date
de ponte. Les femelles en ponte et les graines récupérées après chaque journée de ponte
sont placées dans la chambre climatisée (33°C : 23°C).

A l’émergence, on enlève les bruches non parasitées qui sont parvenues au stade
imago, puis on recense et on sexe les descendants de chaque femelle. Les résultats sont
reportés sur des fiches de suivi quotidien jusqu’à la fin de la période étudiée.

92
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Accouplements simples

Les paramètres mesurés sont (1) la quantité des descendants, (2) la sex-ratio
calculée comme étant la proportion de descendants filles sur la descendance totale et (3) la
paternité des descendants après une compétition entre deux mâles différents (figure 21).

3. Étude de la paternité des descendants

La relation entre le stock de spermatozoïdes dans les vésicules séminales et la


paternité des descendants après accouplement double de la femelle avec deux mâles en
compétition est testée selon le principe de loterie, « the raffle » proposé par Parker (1990)
où :

N2 rS2
P2 = = (Équation 1)
N1 + N2 S1 + rS2
Avec :

P2 : la proportion de descendants du 2e mâle


N : le nombre de descendants engendrés par chaque mâle
S : le nombre de spermatozoïdes transférés par chaque mâle
r : le coefficient du degré de biais de la loterie
Concernant la proportion des descendants du mâle R après une compétition avec un
mâle W chez Anisopteromalus calandrae, cette équation est adaptée ici :

NR rSR
PR = = (Équation 2)
NR + NW rSR + SW

Avec :
PR : la proportion de descendants du mâle R en compétition avec un mâle W
NR et NW : le nombre de descendants engendrés par le mâle R et W respectivement
SR et SW : le nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales du mâle R et W
respectivement (en supposant que le nombre de spermatozoïdes transférés par chaque mâle
est corrélé à son stock initial de spermatozoïdes)
r : le coefficient du degré de biais de la loterie. Dans une loterie honnête, « fair raffle »,
r est égal à 1 (Neff & Wahl, 2004). Les ratios de spermatozoïdes et de descendants seront
présentés dans un graphe XY avec une courbe de tendance et une corrélation Spearman
(coefficient Rs).

93
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Accouplements simples

De la même manière, l’équation 2 peut aussi être adaptée pour le morphe W :

NW rSW
PW = = (Équation 3)
NW + NR rSW + SR

De l’équation 2, nous avons l’équation suivante :

1 1 SW
= x +1 (Équation 4)
PR r SR

Ainsi, le coefficient r est calculé de la manière suivante :

PR SW
r= x (Équation 5)
PW SR

4. Analyses statistiques des données

Les résultats sont présentés sous forme de moyenne ± erreur standard (M ± ES).
Les mêmes logiciels que précédemment (l’utilitaire d’analyse d’Excel, R 1.9.1 et StatBox©
2.5) sont utilisés pour les traitements statistiques. La signification retenue est toujours
p < 0,05.

Pour la comparaison entre les nombres moyens quotidiens de descendants d’une


femelle R après accouplements simples avec un mâle R ou W de 1 jour ou de 21 jours, une
ANOVA à deux facteurs (morphe et âge) est utilisée.

Un test G est utilisé lors des comparaisons entre les ratios de descendants femelles
engendrés par un mâle vs l’autre mâle (vs un taux théorique 0,5 : 0,5) après des
accouplements doubles de la femelle en situation de compétition entre deux mâles.

A l’aide d’un test exact de Fisher, les comparaisons entre les sex-ratios ou entre les
proportions indépendants sont effectuées. Un test-t Student bilatéral est utilisé lors de la
comparaison entre deux nombres moyens de descendants.

94
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Accouplements simples

Tableau 12 : Nombre moyen quotidien de descendants produits par femelle après un accouplement
simple des mâles vierges du morphe rouge ou sauvage de 1 jour et de 21 jours. Les comparaisons entre
les nombres de descendants sont effectuées par une ANOVA à deux facteurs.

7 jours de ponte Nombre moyen de descendants par femelle et par jour

Combinaison
♂R x ♀R ♂W x ♀R
Mâle

7,3 ± 1,3 7,3 ± 1,1


♂v1j (n=18) (n=18)

Sex-ratio=0,74 Sex-ratio=0,80

10,4 ± 1,4 14,7 ± 0,3


♂v21j (n=10) (n=10)

Sex-ratio=0,72 Sex-ratio=0,82

Test de comparaison

ANOVA ddl P
Morphe F=8,7 1 < 0,05
Age F=23,1 1 < 0,001
Morphe - âge F=1,3 1 < 0,05

95
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Accouplements simples

C - RÉSULTATS

1. Descendance issue d’un accouplement simple

1.1 Descendance des mâles vierges de 1 jour

L’étude de la descendance des mâles de 1 jour du morphe R ou W après un


accouplement avec une femelle R est effectuée. La mise en ponte de ces femelles
accouplées ainsi que le suivi des descendants sont réalisés dans l’étuve climatisée
(33°C : 23°C) comme décrit précédemment. On arrête le suivi des descendants lorsque
moins de 25 % des femelles restent en vie, ce qui coresspond au 23e jour de ponte dans nos
conditions expérimentales, afin d’éviter les biais dûs aux petits effectifs dans le calcul des
moyennes.

Les femelles R donnent des descendants mâles R et des descendants femelles dont
la couleur des yeux est celle de leur père. La sex-ratio de la descendance totale n’est pas
significativement différente entre les deux combinaisons (test exact de Fisher, ddl=1
p=0,21).

Lorsqu’on observe la descendance des 7 premiers jours de ponte pour les deux
combinaisons, leur sex-ratio est similaire (test exact de Fisher, ddl=1 p=0,15). En
moyenne, nous obtenons autant de descendants produits par femelle et par jour durant ces
7 jours de ponte entre les combinaisons [♂Rv1j x ♀R] et [♂Wv1j x ♀R] (tableau 12).

1.2 Descendance des mâles vierges de 21 jours

Les femelles R accouplées une fois avec un mâle de 21 jours du morphe R ou W


sont mises en ponte comme décrit précédemment. Les paramètres mesurés sont la quantité
et la sex-ratio de la descendance des mâles de 21 jours.

La sex-ratio de la descendance obtenue dans la période étudiée n’est pas


significativement différente entre la combinaison [♂Rv21j x ♀R] et [♂Wv21j x ♀R] (test
exact de Fisher, ddl=1 p=0,13).

Le nombre moyen de descendants produits par femelle par jour durant ces 7 jours
est différent entre les combinaisons [♂Rv21j x ♀R] et [♂Wv21j x ♀R] (tableau 12). En
96
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Accouplements simples

effet, après un accouplement simple avec un mâle vierge R de 21 jours, une femelle R
produit significativement moins de descendants que celle accouplée avec un mâle vierge W
de 21 jours.

1.3 Comparaison entre la descendance issue d’un accouplement simple des


mâles vierges de 1 jour et de 21 jours

Après un accouplement simple d’un mâle vierge de 1 jour ou de 21 jours, la sex-


ratio de la descendance produite est biaisée en faveur des descendants femelles et elle n’est
pas significativement différente dans les deux cas (test exact de Fisher, ddl=1 p=0,35).

Au total, les mâles vierges R de 21 jours n’ont pas significativement plus de


descendants que les mâles vierges de 1 jour dans les deux morphes (tableau 12).

97
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv1j vs ♂Wv1j

fils R fille R fille W sex-ratio equilibre

12 1

10
descendants/femelle/jour

0,8
Nombre moyen de

Sex-ratio
0,6
6
0,4
4

0,2
2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

Femelles

Figure 22 : Nombre moyen quotidien de descendants et sex-ratio de la descendance de femelles R


(n=18) qui se sont accouplées avec deux mâles vierges de 1 jour de morphes différents : un R en
premier et un W en second. La période étudiée dure 23 jours. Les histogrammes représentent le nombre
moyen de descendants ; les barres verticales représentent l’erreur standard ; les triangles, la sex-ratio de
la descendance et les pointillés, la sex-ratio à l’équilibre.

98
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv1j vs ♂Wv1j

2. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles vierges de


morphes différents

2.1 Descendance d’une femelle rouge (R) accouplée deux fois avec deux mâles
vierges de 1 jour en situation de compétition

Cette expérience concerne la mise en ponte des femelles R accouplées deux fois
avec deux mâles vierges de 1 jour de morphes différents (un R et un W) dans les deux
combinaisons d’accouplements (♂Rv1j en premier, n=18 et ♂Wv1j en premier, n=17).
L’expérimentation s’arrête quand moins de 25 % des femelle restent en vie, ie 23 jours,
pour éviter le biais dû aux petits effectifs dans le calcul des moyennes. Nous effectuons le
suivi des descendants et l’identification de leur paternité. La sex-ratio de la descendance
totale est calculée comme décrite antérieurement.

a) Descendance par femelle

Sur la figure 22 est représentée la descendance moyenne des femelles R accouplées


d’abord avec un mâle vierge R de 1 jour et ensuite avec un mâle vierge W de 1 jour. Dans
cette situation expérimentale, toutes les femelles R étudiées donnent des descendants mâles
R et les deux catégories de descendants femelles durant la période étudiée.

La plupart des femelles accouplées avec deux mâles vierges de morphes différents
de 1 jour produisent significativement plus de descendants femelles R que de descendants
femelles W, donc plus de descendants femelles du mâle vierge R que du mâle vierge W. La
sex-ratio de la descendance pour chaque femelle est biaisée en faveur des descendants
femelles.

Quand le mâle W s’accouple en premier, nous obtenons le même profil de


descendance avec toujours plus de descendants femelles R que de descendants femelles W
produits pour chaque femelle.

99
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv1j vs ♂Wv1j

Tableau 13 : Nombres moyens de descendants produits durant 7 jours ou 23 jours de ponte dans nos
conditions expérimentales par une femelle R (n=35) qui s’est accouplée deux fois avec deux mâles
vierges de 1 jour de morphes différents : un R en premier et un W en second (R1j-W1j) et vice versa
(W1j-R1j). Le test-t Student bilatéral concerne la comparaison entre les moyennes, les tests G entre les
proportions dépendantes et les tests exacts de Fisher entre les proportions indépendantes.

Comparaison
Descendance totale Sex-ratio Ratio de ♀R Ratio de ♀W
♀R vs ♀W

R1j-W1j G=102,4
56,4 ± 1,9 0,78 ± 0,01 0,53 ± 0,02 0,26 ± 0,02 ddl=1
(n=18) p < 0,001
Femelle R
G=14,0
W1j-R1j
7 jours 53,4 ± 2,3 0,80 ± 0,00 0,45 ± 0,03 0,34 ± 0,03 ddl=1
de ponte (n=17) p < 0,001

Test exact de Test exact de Test exact de


t=1,0, ddl=33
Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
p=0,33
p=0,42 p=0,02 p < 0,01

R1j-W1j G=186,8
149,2 ± 13,3 0,76 ± 0,01 0,49 ± 0,02 0,26 ± 0,02 ddl=1
(n=18) p < 0,001
Femelle R
G=50,1
W1j-R1j
112,3 ± 11,8 0,76 ± 0,01 0,45 ± 0,02 0,31 ± 0,02 ddl=1
23 jours p < 0,001
(n=17)
de ponte
Test exact de Test exact de Test exact de
t=2,0 ddl=33 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
p=0,05 p=0,33 p=0,04 p < 0,01

100
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv1j vs ♂Wv1j

b) Descendance sur les 7 premiers jours de ponte

En ce qui concerne les 7 premiers jours de ponte de ces femelles R accouplées avec
deux mâles vierges de morphes différents de 1 jour, la sex-ratio est aussi fortement biaisée
en faveur des descendants femelles pour les deux combinaisons d’accouplements et elles ne
sont pas significativement différentes (tableau 13). Chaque femelle produit également
significativement plus de descendants femelles R que de descendants femelles W dans les
deux combinaisons d’accouplements. Lorsque le mâle R est en premier, il y a 2,0 fois plus
de descendants femelles R que de descendants femelles W produits et 1,3 fois plus de
descendants femelles R quand le mâle W est en première position (tableau 13). La
différence est significative entre les deux combinaisons tant pour les proportions de
descendants femelles R que pour les proportions de descendants femelles W (tableau 13).

c) Descendance sur la durée totale de ponte

Les descendances des deux combinaisons d’accouplements doubles avec deux


mâles vierges de 1 jour de morphes différents (♂Rv1j en premier ou ♂Wv1j en premier)
sont présentées dans le tableau 13. Ni les nombres moyens de descendants ni les sex-ratios
ne sont significativement différents entre ces deux combinaisons d’accouplements
(tableau 13). La sex-ratio est biaisée en faveur des descendants femelles durant la période
étudiée. Il y a significativement plus de descendants femelles R produits que de
descendants femelles W dans les deux combinaisons d’accouplement : mâle R en premier
(1,88 fois plus ; tableau 13) ou mâle W en premier (1,45 fois plus ; tableau 13). Les
proportions de descendants femelles R sont différentes entre les deux combinaisons, ainsi
que les proportions des descendants femelles W (tableau 13).

101
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv1j vs ♂Wv1j

Tableau 14 : Nombres moyens de descendants produits (1) par une femelle W durant 3 jours de ponte
e e
(5 au 7 jour) (n=38) ou (2) par une femelle hétérozygote durant 7 jours de ponte (n=36), qui se sont
chacune accouplée deux fois avec deux mâles vierges de 1 jour de morphes différents : un R en premier
et un W en second (R1j-W1j) et vice versa (W1j-R1j) ;. Le test-t Student bilatéral concerne la
comparaison entre les moyennes, les tests G entre les proportions dépendantes et les tests exacts de
Fisher entre les proportions indépendantes.

Comparaison
Descendance totale Sex-ratio Ratio de ♀R Ratio de ♀W
♀R vs ♀W

R1j-W1j G=45,4
32,7 ± 2,0 0,82 ± 0,01 0,52 ± 0,06 0,25 ± 0,02 ddl=1
(n=18) p <0,001
Femelle W
G=30,9
W1j-R1j
36,1 ± 2,2 0,81 ± 0,02 0,48 ± 0,07 0,27 ± 0,02 ddl=1
3 jours
(n=20) p <0,001
de ponte
Test exact de Test exact de Test exact de
t=-0,7 ddl=36
Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
p=0,52
p=0,42 p=0,33 p=0,26

R1j-W1j G=8,5
51,2 ± 5,1 0,69 ± 0,06 0,38 ± 0,04 0,31 ± 0,05 ddl=1
(n=18) p <0,05
Femelle
hétérozygote W1j-R1j G=46,7
55,9 ± 4,7 0,77 ± 0,03 0,55 ± 0,10 0,39 ± 0,05 ddl=1
7 jours (n=18) p <0,001
de ponte t=-0,6 Test exact de Test exact de Test exact de
ddl=34 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
p=0,52 p=0,21 p=0,11 p=0,10

102
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv1j vs ♂Wv1j

2.2 Descendance d’une femelle sauvage (W) accouplée deux fois avec deux
mâles vierges de 1 jour en situation de compétition

Chez les femelles W accouplées deux fois avec deux mâles vierges de 1 jour de
morphes différents, la quantification des descendants en F1 et de la sex-ratio a été réalisée.
Par la suite, l’identification de la paternité des descendants femelles a été effectuée comme
décrite antérieurement (cf. Outils expérimentaux).

La descendance dans les deux combinaisons d’accouplements doubles chez les


femelles W (♂Rv1j en premier ou ♂Wv1j en premier) est présentée dans le tableau 14.
Pour toute la période étudiée (7 jours), les sex-ratios de la descendance sont varient entre
0,81 et 0,82 biaisées en faveur des descendants femelles. Au cours du 5e, 6e et 7e jour de
ponte, la présence des descendants femelles hétérozygotes (Aa) et des descendants femelles
W a mis en évidence l’existence des accouplements doubles chez les femelles W. La
proportion des descendants femelles hétérozygotes (Aa) produites (du père R) est
significativement plus grande que celle des descendants femelles W (du père W) dans les
deux combinaisons d’accouplements (♂Rv1j en premier ou ♂Wv1j en premier, tableau
14). Cependant, dans les deux cas, il n’y a ni différence significative pour les proportions
de descendants femelles W ou hétérozygotes, ni pour les sex-ratios (tableau 14).

2.3 Descendance d’une femelle hétérozygote (Aa) accouplée deux fois avec
deux mâles vierges de 1 jour en situation de compétition

Les femelles hétérozygotes (Aa) accouplées deux fois avec des mâles vierges de
1 jour de morphes différents dans les deux combinaisons d’accouplements (♂Rv1j en

premier ou ♂Wv1j en premier) ont été mises en ponte. Le nombre de descendants et la sex-
ratio ont été quantifiés. La paternité des descendants femelles en F1 a été identifiée comme
décrit précédemment (cf. Outils expérimentaux). Parmi les deux types de descendants
femelles produits, il y a significativement plus de descendants du mâle R que du mâle W
dans les deux combinaisons d’accouplements (♂Rv1j en premier ou ♂Wv1j en premier,
tableau 14). Les sex-ratios biaisées en faveur des descendants femelles dans les deux
combinaisons ne sont pas significativement différentes entre elles (tableau 14). Les
proportions de descendants femelles R sont similaires dans les deux combinaisons, ainsi
que les proportions de descendants femelles W (tableau 14).

103
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂v21j vs ♂v1j

3. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles vierges d’âges


différents

Nous avons étudié deux situations de compétition entre les mâles vierges des deux
morphes ayant des âges différents pour l’accès à une femelle R. (1) La première situation a
porté sur la compétition entre un mâle vierge R de 21 jours et un mâle vierge W de 1
jour. Les femelles R accouplées avec les deux mâles (n=37) ont été mises en ponte pour
les deux combinaisons d’accouplements (♂Rv21j en premier, n=19 ou ♂Wv1j en premier,
n=18). (2) La deuxième situation a concerné le cas inverse : compétition entre un mâle
vierge W de 21 jours et un mâle vierge R de 1 jour. Dans ce dernier cas, 40 femelles R
accouplées avec les deux mâles ont été mises en ponte pour les deux combinaisons
d’accouplement (♂Wv21j en premier, n=20 ou ♂Rv1j en premier, n=20).

Les paramètres mesurés ont été la quantité totale, la sex-ratio et la paternité


des descendants lors de ces compétitions entre deux mâles vierges d’âges différents.

104
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv21j vs ♂Wv1j

fils R fille R fille W sex-ratio equilibre

12 1

10
0,8
descendants/femelle/jour

8
Nombre moyen de

0,6

Sex-ratio
6

0,4
4

0,2
2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

Femelles

Figure 23 : Nombre moyen quotidien de descendants et sex-ratio de la descendance durant 7 jours de


ponte de femelles R (n=19) qui se sont accouplées avec deux mâles vierges d’âges différents : un R de
21 jours en premier et un W de 1 jour en second. Les histogrammes représentent le nombre moyen de
descendants ; les barres verticales représentent l’erreur standard ; les triangles, la sex-ratio de la
descendance et les pointillés, la sex-ratio à l’équilibre.

105
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv21j vs ♂Wv1j

3.1 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle vierge R de 21
jours et un mâle vierge W de 1 jour en situation de compétition

Quotidiennement, les femelles R donnent des descendants de chaque catégorie. Les


résultats bruts montrent que les femelles produisent chaque jour significativement plus de
descendants femelles du mâle vierge R de 21 jours dans les deux combinaisons
d’accouplements : ♂Rv21j en premier (test-t, t=3,5 ddl=8 P<0,05) ou ♂Wv1j en premier
(test-t, t=2,6 ddl=8 P<0,05). Globalement, chaque femelle donne des descendants femelles
R et W, ce qui montre bien que les femelles ont reçu et stocké des spermatozoïdes des deux
mâles.

Pour la première combinaison d’accouplement : mâle vierge R de 21 jours en


premier et mâle vierge W de 1 jour en second, le nombre moyen de descendants produits
par jour et par femelle est présenté figure 23. Sur cette figure se trouve également la sex-
ratio moyenne de chaque femelle durant la période étudiée. Chacune des femelles produit
significativement plus de descendants femelles du mâle vierge R de 21 jours que du mâle
vierge W de 1 jour (test-t, t=8,5 ddl=36 P<0,001). Pour toutes les femelles observées, la
sex-ratio moyenne reste toujours en faveur des descendants femelles et la descendance
moyenne est de 9,2 ± 0,4 descendants par femelle et par jour.

Pour la deuxième combinaison d’accouplement, lorsque le mâle vierge W de 1 jour


s’accouple en premier, le même profil de résultats est observé : chaque femelle produit plus
de descendants femelles R que de descendants femelles W (test-t t=7,9 ddl=34 P<0,001).

106
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Rv21j vs ♂Wv1j

La descendance des deux combinaisons d’accouplements (♂Rv21j en premier ou


♂Wv1j en premier) est présentée dans le tableau 15. Quel que soit l’ordre des
accouplements, le nombre moyen de descendants produits et la sex-ratio sont les mêmes.
Cependant, le nombre de descendants femelles R produits (du mâle R de 21 jours) est
2 fois plus important que celui de descendants femelles W (tableau 15).

Tableau 15 : Nombres moyens de descendants produits durant 7 jours de ponte dans nos conditions
expérimentales par une femelle R (n=37) qui s’est accouplée deux fois avec deux mâles vierges d’âges
différents : un R de 21 jours en premier et un W de 1 jour en second (R21j-W1j) et vice versa (W1j-R21j).
Le test-t Student bilatéral concerne la comparaison entre les moyennes, les tests G entre les proportions
dépendantes et les tests exacts de Fisher entre les proportions indépendantes.

Femelle R Comparaison
Descendance
Sex-ratio Ratio de ♀R Ratio de ♀W
7 jours de totale ♀R vs ♀W
ponte
G=9,0
R21j-W1j 64,2 ± 2,9 0,79 ± 0,01 0,54 ± 0,01 0,26 ± 0,01 ddl=1
p <0,01
(n=19)

G=10,1
W1j-R21j 58,7± 2,7 0,79 ± 0,01 0,53 ± 0,01 0,26 ± 0,01 ddl=1
p <0,01
(n=18)

t=1,39 Test exact de Test exact de Test exact de


Test de
ddl=35 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
comparaison
p=0,17 p=0,49 p=0,43 p < 0,39

107
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Wv21j vs ♂Rv1j

fils R fille R fille W sex-ratio equilibre

12 1
descendants/femelle/jour

10
0,8
Nombre moyen de

8
0,6

Sex-ratio
6

0,4
4

0,2
2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

Femelles

Figure 24 : Nombre moyen quotidien de descendants et sex-ratio de la descendance durant 7 jours de


ponte de femelles R (n=20) qui se sont accouplées deux fois avec deux mâles vierges d’âges différents :
un W de 21 jours en premier et un R de 1 jour en second. Les histogrammes représentent le nombre
moyen de descendants ; les barres verticales représentent l’erreur standard ; les triangles, la sex-ratio de
la descendance et les pointillés, la sex-ratio à l’équilibre.

108
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Wv21j vs ♂Rv1j

3.2 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle vierge W de
21 jours et un mâle vierge R de 1 jour en situation de compétition

Dans cette étude, les descendants de chaque catégorie sont produits


quotidiennement par une femelle R. La présence des deux types de descendants femelles
montre également que les spermatozoïdes des deux mâles sont utilisés.

Concernant la première combinaison d’accouplement, la descendance moyenne de


chaque femelle R accouplée d’abord avec un mâle W de 21 jours et ensuite avec un mâle R
de 1 jour est présentée dans la figure 24. Sur cette figure se trouve également la sex-ratio
moyenne de la descendance. La descendance moyenne est de 9,2 ± 0,3 descendants par
femelle et par jour. La sex-ratio moyenne reste toujours en faveur des descendants
femelles.

Pour la combinaison d’accouplement inverse, lorsque le mâle R de 1 jour s’est


accouplé en premier, nous obtenons le même profil de descendance (quantité et sex-ratio).
Cependant, la différence entre le nombre de descendants femelles R et W produits par
chaque femelle n’est pas significative (test-t, t=-1,9 ddl=38 p>0,05).

109
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂Wv21j vs ♂Rv1j

Le nombre moyen de descendants sur la durée de ponte et la sex-ratio sont


similaires dans les deux combinaisons d’accouplements (♂Wv21j en premier ou ♂Rv1j en
premier). Néanmoins, les descendants femelles W produits (du mâle vierge W de 21 jours)
sont 1,2 fois plus nombreux que les descendants femelles R (tableau 16).

Tableau 16 : Nombre moyen de descendants et sex-ratio de la descendance durant 7 jours de ponte par
une femelle R (n=40) qui s’est accouplée deux fois avec deux mâles vierges d’âges différents : un W de
21 jours en premier et un R de 1 jour en second (W21j-R1j) et vice versa (R1j-W21j). Le test-t Student
bilatéral concerne la comparaison entre les moyennes, les tests G entre les proportions dépendantes et
les tests exacts de Fisher entre les proportions indépendantes.

Femelle R Comparaison
Descendance
Sex-ratio Ratio de ♀R Ratio de ♀W
7 jours de totale ♀R vs ♀W
ponte
G=341,3
W21j-R1j 64,4 ± 2,4 0,78 ± 0,01 0,35 ± 0,01 0,43 ± 0,01 ddl=1
p <0,001
(n=20)

G=361,9
R1j-W21j 58,8 ± 3,8 0,78 ± 0,01 0,35 ± 0,01 0,43 ± 0,01 ddl=1
p <0,001
(n=20)

t=-1,28 Test exact de Test exact de Test exact de


Test de
ddl=38 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
comparaison
p=0,21 p=0,48 p=1,0 p=1,0

110
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_Compétition ♂v21j vs ♂v1j

3.3 Tableau récapitulatif pour la descendance issue de la compétition entre un


mâle vierge de 21 jours et un mâle vierge de 1 jour

Dans le tableau 17 est présentée la descendance des femelles R accouplées deux


fois avec deux mâles vierges d’âges différents et de morphes différents en situation de
compétition.

Tableau 17 : Nombre moyen de descendants et sex-ratio de la descendance durant 7 jours de ponte par
une femelle R qui s’est accouplée deux fois avec deux mâles vierges de morphes différents ayant des
âges différents en situation de compétition (R21j vs W1j ou W21j vs R1j). Les test-t bilatéraux concernent
les comparaisons entre les moyennes du nombre de descendants femelles R et W produits.

Femelle R ♂R ♀R ♀W ♀R vs ♀W
7 jours de ponte

R21j vs W1j 12,5 ± 0,7 0,67 ± 0,01 0,33 ± 0,01 G=222,8 ddl=1,
(n=37) p<0,001

W21j vs R1j 13,2 ± 0,9 0,45 ± 0,02 0,55 ± 0,02 G=19,1 ddl=1
(n=40) p< 0,001

Après des accouplements doubles de la femelle Anisopteromalus calandrae, ces


résultats montrent qu’en situation de compétition entre deux mâles vierges d’âges
différents (21 jours et 1 jour par exemple), c’est le mâle vierge de 21 jours qui est le plus
représenté dans la descendance quel que soit le morphe du mâle et la combinaison
d’accouplement.

111
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Compétition ♂Rexp vs ♂Wv

fils R fille R fille W sex-ratio equilibre

14 1

12
0,8
descendants/femelle/jour

10
Nombre moyen de

0,6
8

Sex-ratio
6
0,4

4
0,2
2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

Femellles

Figure 25 : Nombre moyen quotidien de descendants et sex-ratio de la descendance de femelles R


(n=18) qui se sont accouplées avec deux mâles de 1 jour ayant des expériences sexuelles différentes :
un mâle R expérimenté en premier et un mâle vierge W en second. Les histogrammes représentent le
nombre moyen de descendants ; les barres verticales représentent l’erreur standard ; les triangles, la
sex-ratio de la descendance et les pointillés, la sex-ratio à l’équilibre.

112
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Compétition ♂Rexp vs ♂Wv

4. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles ayant des


expériences sexuelles différentes

L’étude des descendants des femelles accouplées deux fois avec deux mâles de
morphes différents ayant des expériences sexuelles différentes est réalisée comme décrite
précédemment. (1) La première situation a porté sur la compétition entre un mâle R
expérimenté de 1 jour et un mâle vierge W de 1 jour. La mise en ponte des femelles R
accouplées avec les deux mâles (n=36) pour les deux combinaisons d’accouplements
(♂Rexp en premier, n=18 ou ♂Wv en premier, n=18) a été réalisée. (2) La deuxième
situation a concerné la compétition entre mâle vierge R de 1 jour et un mâle vierge W
expérimenté du même âge. Dans ce dernier cas, l’étude de la descendance a également été
effectuée pour les deux combinaisons d’accouplement (♂Wexp en premier, n=18 ou ♂Rv
en premier, n=18).

Les paramètres mesurés dans l’étude des descendants après une compétition entre
deux mâles de 1 jour ayant des expériences sexuelles différentes ont également été la
quantité totale, la sex-ratio et la paternité des descendants.

4.1 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle R expérimenté
et un mâle vierge W en situation de compétition

Quotidiennement, les femelles produisent des descendants de chaque catégorie,


mais plus de descendants femelles W que de descendants femelles R dans les deux
combinaisons : ♂Rexp en premier (test-t t=4,4 ddl=8 p<0,05) ou ♂Wv en premier (test-t
t=-4,1 ddl=8 p<0,05). Sur la figure 25 est présentée la descendance moyenne de chaque
femelle et la sex-ratio. La sex-ratio est toujours biaisée en faveur des descendants femelles.
Dans la première combinaison d’accouplement, lorsque le mâle R expérimenté s’est
accouplé en premier, significativement plus de descendants femelles W que de descendants
femelles R sont produits (test-t t=-21,7 ddl=34 p<0,001). La descendance moyenne est de
8,8 ± 0,2 descendants par femelle par jour, dont 7,1 ± 0,2 descendants femelles. Quant à la
seconde combinaison d’accouplement, quand le mâle W vierge de 1 jour est en première
position, on obtient le même profil de descendants avec toujours plus de descendants du
mâle vierge W de 1 jour que du mâle R expérimenté.

113
IV. Étude de la descendance
C. Résultats_ Compétition ♂Rexp vs ♂Wv

La descendance totale issue de la compétition entre un mâle R expérimenté et un


mâle vierge W du même âge est présentée dans le tableau 18. Le nombre de descendants
femelles W produits est environ 4 fois plus important que celui de descendants femelles R.
La descendance totale et la sex-ratio sont les mêmes dans les deux combinaisons
d’accouplements (mâle R expérimenté en premier ou mâle W vierge en premier).

Tableau 18 : Nombre moyen de descendants produits durant 7 jours de ponte de femelles R (n=36) qui
se sont accouplées avec deux mâles de 1 jour ayant des expériences sexuelles différentes : un mâle R
expérimenté en premier et un mâle vierge W en second (Rexp-Wv) et vice versa (Wv-Rexp). Le test-t
Student bilatéral concerne la comparaison entre les moyennes, les tests G entre les proportions
dépendantes et les tests exacts de Fisher entre les proportions indépendantes.

Femelle R Comparaison
Descendance
Sex-ratio Ratio de ♀R Ratio de ♀W
7 jours de totale ♀R vs ♀W
ponte
G=341,3
Rexp-Wv 61,3 ± 1,7 0,81 ± 0,01 0,16 ± 0,01 0,67 ± 0,01 ddl=1
p <0,001
(n=18)

G=361,9
Wv-Rexp 61,7 ± 1,7 0,81 ± 0,01 0,16 ± 0,01 0,65 ± 0,01 ddl=1
p <0,001
(n=18)

t=0,16 Test exact de Test exact de Test exact de


Test de
ddl=34 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
comparaison
p=0,88 p=0,48 p=0,39 p=0,39

114
IV. Descendance et paternité
C. Résultats_ Compétition ♂Wexp vs ♂Rv

fils R fille R fille W sex ratio equilibre

12 1

10
0,8
descendants/femelle/jour
Nombre moyen de

8
0,6

Sex-ratio
6

0,4
4

0,2
2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

Femelles

Figure 26 : Nombre moyen quotidien de descendants et sex-ratio de la descendance de femelles R


(n=18) qui se sont accouplées avec deux mâles de 1 jour ayant des expériences sexuelles différentes :
un mâle W expérimenté en premier et un mâle vierge R en second. Les histogrammes représentent le
nombre moyen de descendants ; les barres verticales représentent l’erreur standard ; les triangles, la
sex-ratio de la descendance et les pointillés, la sex-ratio à l’équilibre.

115
IV. Descendance et paternité
C. Résultats_ Compétition ♂Wexp vs ♂Rv

4.2 Descendance d’une femelle accouplée deux fois avec un mâle W


expérimenté et un mâle vierge R en situation de compétition

La descendance moyenne individualisée de chaque femelle R est présentée sur la


figure 26. Les femelles donnent quotidiennement des descendants de chaque catégorie.
Lorsque le mâle W expérimenté s’accouple en premier, chaque femelle produit
significativement plus de descendants femelles R que de descendants femelles W (test-t
t=25,3 ddl=34 P<0,001). La descendance moyenne est de 9,5 ± 0,3 descendants par
femelle et par jour, dont 7,4 ± 0,2 descendants femelles.

Le même profil de descendance est observé pour les femelles R accouplées d’abord
avec un mâle R vierge et ensuite avec un mâle W expérimenté. La sex-ratio reste également
biaisée en faveur des descendants femelles.

La descendance totale des femelles accouplées deux fois avec un mâle W


expérimenté et un mâle R vierge est présentée dans le tableau 19. Les femelles produisent
environ 5 fois plus de descendants femelles R que de descendants femelles W.

Tableau 19 : Nombre moyen de descendants et sex-ratio de la descendance de femelles R (n=36) qui se


sont accouplées avec deux mâles de 1 jour ayant des expériences sexuelles différentes : un mâle W
expérimenté en premier et un mâle vierge R en second (Wexp-Rv) et vice versa (Rv-Wexp). Le test-t
Student bilatéral concerne la comparaison entre les moyennes, les tests G entre les proportions
dépendantes et les tests exacts de Fisher entre les proportions indépendantes.

Femelle R Comparaison
Descendance
Sex-ratio Ratio de ♀R Ratio de ♀W
7 jours de totale ♀R vs ♀W
ponte
G=421,9
Wexp-Rv 67,9 ± 2,0 0,78 ± 0,01 0,65 ± 0,01 0,13 ± 0,01 ddl=1
p <0,001
(n=18)

G=466,1
Rv-Wexp 67,9 ± 2,0 0,78 ± 0,01 0,64 ± 0,01 0,14 ± 0,01 ddl=1
p <0,001
(n=18)
t=-0,41 Test exact de Test exact de Test exact de
Test de
ddl=34 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1 Fisher, ddl=1
comparaison
p=0,68 p=0,46 p=0,44 p=0,32

116
IV. Descendance et paternité
C. Résultats_ Compétition ♂exp vs ♂v

4.3 Tableau récapitulatif pour la descendance issue d’une compétition entre un


mâle expérimenté et un mâle vierge

Dans le tableau 20 est présentée la descendance totale des femelles R accouplées


deux fois avec deux mâles de morphes différents ayant des expériences sexuelles
différentes en situation de compétition. Ces résultats chez Anisopteromalus calandrae
montrent qu’en situation de compétition entre deux mâles de 1 jour ayant des expérience
sexuelles différentes (vierge et sexuellement expérimenté), c’est toujours le mâle vierge qui
est le plus représenté dans la descendance quels que soient le morphe du mâle et la
combinaison d’accouplement.

Tableau 20 : Nombre moyen de descendants produits durant 7 jours de ponte dans nos conditions
expérimentales par une femelle R qui s’est accouplée deux fois avec deux mâles de 1 jour de morphes
différents ayant des expériences sexuelles différentes en situation de compétition (Rexp vs Wv ou
Wexp vs Rv). Les test-t bilatéraux concernent les comparaisons entre les moyennes du nombre de
descendants femelles R et W produites.

Femelle R ♂R ♀R ♀W ♀R vs ♀W
7 jours de ponte

Rexp vs Wv 11,8 ± 0,8 0,20 ± 0,01 0,80 ± 0,01 G=703,0, ddl=1


p<0,001
(n=36)

Wexp vs Rv 15,0 ± 0,8 0,83 ± 0,01 0,17 ± 0,01 G=887,5 ddl=1


p<0,001
(n=36)

117
IV. Descendance et paternité
C. Résultats_ Compétition entre deux mâles

5. Bilan des résultats concernant la descendance issue d’une


compétition entre deux mâles

Dans le tableau 21 sont présentés tous les résultats obtenus chez Anisopteromalus
calandrae dans l’étude de la descendance issue d’une compétition entre deux mâles
différents par leur phénotype et leurs traits d’histoire de vie (âge et expérience sexuelle).
Dans tous les cas, la sex-ratio est biaisée en faveur des descendants femelles.

Tableau 21 : Nombre moyen de descendants et sex-ratio de la descendance durant 7 jours de ponte de


femelles R qui se sont accouplées avec deux mâles différents en situation de compétition. Les deux
mâles en compétition sont différents par leur morphe, leur âge ou leur expérience sexuelle.

Différence Combinaison Nombre de


♂R ♀R ♀W Sex-ratio
entre mâles d’accouplement spermatozoïdes

R1j
Morphe R1j vs W1j 4545,2 ± 188,8
11,5 ± 0,8 27,1 ± 1,9 16,2 ± 1,5 0,79
(n=35) W1j
3115,7 ± 201,7
R21j vs W1j R21j
12,5 ± 0,7 33,0 ± 1,9 16,0 ± 0,9 0,79
(n=37) 8497,7 ± 258,6
Âge
R1j vs W21j W21j
13,2 ± 0,9 21,8 ± 1,4 26,6 ± 1,6 0,79
(n=40) 5576,7 ± 196,5

Rexp vs Wv Rexp
11,8 ± 0,8 9,8 ± 0,6 39,9 ± 1,3 0,82
Expérience (n=36) 800,1 ± 60,7
sexuelle
Rv vs Wexp Wexp
15,0 ± 0,8 43,4 ± 1,4 8,9 ± 0,5 0,79
(n=36) 779,4 ± 44,3

En résumé, lorsqu’une femelle Anisopteromalus calandrae s’est accouplée avec


deux mâles différents en situation de compétition c’est le mâle qui a le plus de
spermatozoïdes disponibles au moment de l’accouplement qui est le plus représenté dans
la descendance. Ce résultat est obtenu quels que soient le morphe du mâle (R ou W), l’âge
du mâle (1 jour ou 21 jours), l’expérience sexuelle du mâle (vierge ou accouplé) et quelle
que soit la combinaison d’accouplement.

118
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

D - DISCUSSION

1. Descendance issue d’un accouplement simple

Chez Anisopteromalus calandrae, après un accouplement simple des mâles vierges


de 1 jour de morphes différents (rouge ou sauvage), nous obtenons la même quantité de
descendants et la même sex-ratio quel que soit le morphe du mâle. Ainsi, les mâles
permettent à la femelle d’avoir une descendance similaire dans les deux morphes. Ceci
élimine des biais au niveau de la sex-ratio et de la quantité des descendants dans
l’utilisation des morphes différents pour l’étude de la paternité des descendants. Chez
d’autres espèces, ce biais existe et pose parfois des difficultés dans l’interprétation des
résultats (Simmons, 2001).

Pour les accouplements simples des mâles vierges de 21 jours, on observe la


même sex-ratio que lorsqu’il s’agit des mâles vierges de 1 jour. Cela indique que l’âge des
mâles n’affecte pas la sex-ratio de la descendance chez Anisopteromalus calandrae. La
quantité de descendants produits après un accouplement simple d’un mâle vierge R de 21
jours est la même que chez les mâles vierges de 1 jour. Ainsi, quand l’âge du mâle
Anisopteromalus calandrae augmente, la quantité de descendants ne diminue pas voire
augmente dans le cas du morphe W. A l’inverse, chez d’autres insectes comme la
coccinelle Coccinella septempunctata (Srivastava & Omkar, 2004) ou le coléoptère du cuir
Dermestes maculatus (Jones & Elgar, 2004), les mâles d’un âge intermédiaire permettent
aux femelles d’avoir plus de descendants que les mâles plus jeunes ou plus âgés. Cela est
aussi observé chez le papillon nocturne Spodoptera exigua (Rogers & Marti, 1997) et chez
la mineuse blanche de la feuille du caféier Leucoptera coffeella (Futoda Michereff et al.,
2004). Chez Anisopteromalus calandrae, une durée de vie de 21 jours représente plus que
la durée d’une génération car les mâles émergent au bout de 14 jours de dévéloppement. De
plus, les mâles expérimentaux de 21 jours sont obtenus lorsque 50% des mâles de la
population initiale restent en vie. On peut donc considérer que ces mâles de 21 jours sont
des vieux mâles et non d’un âge intermédiaire. Alors, pourquoi les mâles de 21 jours
permettent-ils à la femelle d’avoir une descendance adéquate ? L’explication pourrait être
une qualité des spermatozoïdes stockés similaire à celle des mâles de 1 jour. Chez un autre
Pteromalidae proche, Dinarmus basilis, la qualité des spermatozoïdes du mâle ne change

119
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

pas au cours des 30 premiers jours et on constate une diminution de la viabilité des
spermatozoïdes à 60 jours (Damiens, 2001). Cependant, on peut supposer que seuls les
spermatozoïdes les plus mobiles sont stockés dans la spermathèque. Dans ce cas, il serait
possible de penser qu’après un seul accouplement avec un mâle de 21 jours, la qualité des
spermatozoïdes stockés chez la femelle soit la même qu’avec un mâle de 1 jour.

Enfin, les mâles vierges R de 21 jours qui ont le plus de spermatozoïdes par rapport
aux autres ne permettent pas à la femelle accouplée une seule fois d’avoir une meilleure
descendance. Il ne s’agit donc pas d’un effet du stock de spermatozoïdes du mâle sur la
descendance (sex-ratio et quantité) lors d’accouplements simples. D’une part, cela peut
être dû au stockage spermatique limité chez la femelle Anisopteromalus calandrae (Do
Thi Khanh et al., 2005). D’autre part, avec le mécanisme de distribution des
spermatozoïdes du mâle entre différentes femelles (chapitre III), on peut supposer que
même si le stock spermatique du mâle était plus important, il ne transférerait pas plus de
spermatozoïdes à la femelle. La femelle produirait par la suite une descendance similaire à
celle produite avec des mâles ayant d’autres traits d’histoire de vie dans le cas
d’accouplements simples.

120
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

Tableau 22 : Ratios de spermatozoïdes et de descendants pour deux mâles Anisopteromalus calandrae


différents par leur morphe, leur âge ou leur expérience sexuelle, qui sont mis en situation de compétition.
Le coefficient r du degré de biais de la loterie est calculé selon l’équation 5 (page 94).

Ratio des Ratio des Coefficient


spermatozoïdes descendants r

♂v1j vs ♂v1j Rv1j : Wv1j Rv1j : Wv1j


1,46 fois 1,68 fois 1,15
Rv21j : Wv1j Rv21j : Wv1j

2,73 fois 2,06 fois 0,76


♂v21j vs ♂v1j
Wv21j : Rv1j Wv21j :Rv1j

1,23 fois 1,22 fois 0,99


Rv : Wexp Rv : Wexp

5,83 fois 4,88 fois 0,84


♂exp vs ♂v Wv : Rexp Wv : Rexp

3,89 fois 4,07 fois 1,05

1
R²=0,98
0,8
Ratio de descendants

0,6
♂21j

0,4
♂1j

0,2
♂exp
0
0 200 400 600 800 1000
0 0 0 0 0
Nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales

Figure 27 : Étude de la relation entre le nombre de spermatozoïdes stockés dans les vésicules
séminales des mâles Anisopteromalus calandrae en fonction du morphe et des traits d’histoire de vie et
la descendance de chaque mâle en situation de compétition. Ces ratios sont présentés ci-dessus avec
une courbe de tendance et une corrélation Spearman (coefficient Rs).

121
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

2. Descendance issue d’une compétition entre deux mâles

Après une compétition entre deux mâles Anisopteromalus calandrae quels que soient
leur morphe, leur âge ou leur expérience sexuelle, le coefficient r indiquant l’importance des
biais dans la loterie varie entre 0,76 et 1,15 (tableau 22). Nos données expérimentales chez
Anisopteromalus calandrae (tableau 22) correspondent parfaitement à une loterie honnête,
« fair raffle », entre la paternité des descendants des deux mâles en compétition et leur stock
initial de spermatozoïdes dans les vésicules séminales. Le graphe présenté en figure 27
montre bien que les ratios de descendants de chaque mâle en compétition reflètent
exactement celle de la quantité initiale de spermatozoïdes stockés dans les vésicules
séminales du mâle.

Nos résultats montrent qu’après deux accouplements avec deux mâles en situation de
compétition, la femelle Anisopteromalus calandrae produit quotidiennement les deux types
de descendants femelles quelle que soit la combinaison d’accouplement. Cela indique un
mélange des deux éjaculats dans la spermathèque. Ce mélange de spermatozoïdes a aussi été
mis en évidence chez les fourmis Acromyrmex versicolor (Reichardt & Wheeler, 1996) ou
encore chez les tritons Triturus alpestris (Rafinski & Osikowski, 2002). Ce phénomène est
également observé chez un autre Pteromalidae Nasonia vitripennis (van den Assem & Feuth-
De Bruijn, 1977; Beukeboom, 1994) où le deuxième mâle féconde une proportion constante
d’ovocytes. A l’inverse, chez la plupart des insectes, c’est souvent le dernier mâle qui a le
plus de descendants comme dans le cas des Drosophiles (Boorman & Parker, 1976; Civetta,
1999), des mouches d’excrément Scathophaga stercoraria (Ward, 1993; Stockley &
Simmons, 1998; Simmons et al., 1999b), des coléoptères Callosobruchus maculatus (Eady,
1994) ou encore des abeilles Apis mellifera (Franck et al., 2002). Cette dominance du dernier
mâle peut être due au déplacement ou enlèvement des spermatozoïdes transférés par le
premier mâle (Eady, 1994; Stockley & Simmons, 1998; Simmons et al., 1999b; Cordoba-
Aguilar et al., 2003). La dominance du dernier mâle peut également être due à un spermicide
(Greeff & Parker, 2000) dans le site de stockage spermatique de la femelle, comme chez
Scathophaga stercoraria (Bernasconi et al., 2002). L’élimination ou le repositionnement des
spermatozoïdes du mâle précédent peut également intervenir pour donner l’avantage au
dernier mâle (Thornhill & Alcock, 1983; Parker, 1984; Cordoba-Aguilar et al., 2003).
Lorsqu’il existe un rejet des spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de la femelle, le
dernier mâle est aussi le plus représenté dans la descendance (Reinhardt & Meister, 2000;

122
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

Cordoba-Aguilar et al., 2003). Cependant, chez les hyménoptères la plupart des études sur
la paternité des descendants lors d’accouplements multiples de la femelle montrent qu’il
existe une priorité de paternité du premier mâle P1 (Quicke, 1997). Par exemple, lors des
accouplements multiples, le premier mâle a plus de descendants chez le Pteromalidae
Lariophagus distinguendus (van den Assem et al., 1989) et chez l’Ichneumonidae
Diadromus pulchellus (El Agoze et al., 1995). Ce phénomène est aussi mis en évidence chez
l’Aphenilidae Aphytis melinus (Allen et al., 1994). La priorité de paternité du premier mâle
chez ces espèces serait due au fait que la spermathèque est pratiquement remplie par la
première insémination, il ne resterait donc qu’un espace très limité pour la deuxième
insémination (Holmes, 1974). Dans notre étude, nous n’avons montré ni une
prépondérence du premier mâle ni du second mâle. En effet, chez Anisopteromalus
calandrae le nombre des descendants de chaque mâle est indépendant de l’ordre des
accouplements (Do Thi Khanh et al., 2005). Une des explications de ce phénomène serait
due au fait que l’intervalle est très bref entre deux accouplements de la femelle. Ceci
entraînerait un mélange des éjaculats dans l’utérus de la femelle avant qu’ils ne soient
stockés dans la spermathèque.

Notre étude montre également qu’en situation de compétition entre deux mâles
Anisopteromalus calandrae, le mâle ayant le plus de spermatozoïdes dans les vésicules
séminales est le plus représenté dans la descendance (Do Thi Khanh et al., 2005). Ce
phénomène se maintient quels que soient le phénotype, l’âge ou l’expérience sexuelle des
mâles en compétition et quel que soit l’ordre d’accouplement. Nos résultats concernant la
paternité des descendants après une compétition entre deux mâles nous ont permis de tester
le principe de la loterie, « the raffle », proposé par Parker (1990). Ces résultats
expérimentaux semblent s’accorder parfaitement à une loterie honnête, « the fair
raffle », dans laquelle la proportion de descendants de chaque mâle en compétition
correspond à celle des ses spermatozoïdes stockés chez la femelle. Ce phénomène pourrait
être dû à la taille des éjaculats fournis à la femelle par chaque mâle au moment du transfert.
Les éjaculats des deux mâles formeraient un mélange de spermatozoïdes dans l’utérus de la
femelle. En supposant que seul un échantillon de cette population de spermatozoïdes soit
stocké, le mâle fournissant le plus de spermatozoïdes serait le plus représenté dans la
population de spermatozoïdes stockés chez la femelle. Par conséquent, les spermatozoïdes de
ce mâle auraient plus de chance d’être utilisés par la femelle lors de la fécondation des œufs.
Au final, le mâle qui transférerait le plus de spermatozoïdes à la femelle aurait plus de
descendants. Chez d’autres insectes, une loterie honnête est également observée après des

123
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

accouplements doubles de la femelle dans le cas du grillon Gryllus bimaculatus (Simmons,


1986), de la sauterelle Kawanaphila nartee (Simmons, 1995c) et du coléoptère Onthophagus
taurus (Tomkins & Simmons, 2000). Dans la descendance issue des accouplements doubles
chez les femelles de ces trois espèces, on obtient P1 = P2 = 0,5 lorsque le nombre de
spermatozoïdes des mâles est égal. Une loterie honnête est également observée chez le
poisson Crapet Arlequin Lepomis macrochirus (Neff et al., 2003) où le succès de
fécondation de chaque mâle en compétition augmente linéairement avec le nombre de ses
spermatozoïdes.

Enfin, notre étude souligne aussi qu’en situation de compétition, un mâle


Anisopteromalus calandrae donne toujours la même proportion de son stock de
spermatozoïdes disponibles quel que soit son statut reproducteur. Plusieurs auteurs
prédisent que le mâle investirait plus de spermatozoïdes lorsque le risque de
compétition spermatique (probabilité de réaccouplement de la femelle) est élevé (Parker,
1990a; Parker, 1990b; Parker et al., 1997; Parker, 1998; Mesterton-Gibbons, 1999). De
plus, un modèle mathématique de Parker et collaborateurs (1997) prédit que le mâle
investirait plus de spermatozoïdes chez les femelles déjà accouplées (Parker et al.,
1997). Ce n’est pas le cas chez Anisopteromalus calandrae car nos résultats n’ont mis en
évidence ni une augmentation ni une diminution de la quantité de spermatozoïdes
transférés lorsqu’un risque de compétition spermatique se présentait (quand un
compétiteur est présent pour l’accès à la même femelle ou quand la femelle est déjà
accouplée). Ceci est inconnu chez les hyménoptères. Les hypothèses que nous avons
émises pour comprendre ce phénomène étaient : (1) comme chaque mâle est initialement
face à un compétiteur et en supposant qu’aucun des deux mâles n’est informé sur le statut
reproducteur de la femelle, on pourrait estimer un risque de compétition spermatique
égal entre deux mâles. Dans ce cas, l’investissement en spermatozoïdes serait aussi
important par l’un que par l’autre. (2) Comme en présence de deux mâles une femelle
Anisopteromalus calandrae se réaccouple rapidement et fréquemment, il ne serait pas
sélectivement avantageux pour un mâle de transférer tous ses spermatozoïdes à cette
seule femelle car ceux-ci seraient très probablement mélangés avec ceux de son
compétiteur. Ainsi, sa descendance serait réduite en fonction du transfert de l’autre mâle. A
l’inverse, chez d’autres espèces, un mâle transfère plus de spermatozoïdes en présence
d’un rival que lorsqu’il est seul comme chez la mouche de fruit de la Méditerranée
Ceratitis capitata (Gage, 1991) et chez le grillon Gryllodes supplicans (Gage & Barnard,
1996). Ce phénomène est également observé chez certains oiseaux comme dans le cas du

124
IV. Étude de la descendance
D. Discussion

pingouin d’Adélie Pygoscelis adeliae (Hunter et al., 2000) et de l’hirondelle de rivage


Riparia riparia (Nicholls et al., 2001) ou chez un poisson des récifs coralliens Sparisoma
radians (Marconato & Shapiro, 1996). Chez ce dernier, le mâle augmente le nombre de
spermatozoïdes transférés avec la taille des couvées et la taille de la femelle car la
probabilité de compétition spermatique est plus élevée chez les grosses femelles.
Néanmoins, une diminution de la quantité de spermatozoïdes transférés à la femelle
peut être observée lorsqu’un risque de compétition spermatique existe. Par exemple,
chez l’araignée Gasteracantha cancriformi, le don de sperme du mâle est plus important à
une femelle vierge qu’à une femelle déjà accouplée (Bukowski et al., 2001). De même, les
mâles du crabe Pagurus filholi diminuent la quantité de spermatozoïdes transférés à la
femelle lorsque le risque de compétition spermatique est élevé (Goshima et al., 1998).

Toutefois, une distribution des spermatozoïdes par les mâles en fonction du


risque de compétition spermatique n’est pas toujours observée. Par exemple chez le
diamant mandarin Taeniopygia guttata, ce n’est pas le risque de compétition spermatique
mais l’épuisement du stock spermatique du mâle qui est une contrainte majeure dans la
quantité de spermatozoïdes transférés à la femelle chez cet oiseau (Birkhead & Fletcher,
1995).

125
RÉSULTATS PRINCIPAUX DU TRAVAIL DE THÈSE

Chez Anisopteromalus calandrae


Réserve spermatique différente chez le mâle
selon le morphe, l’âge ou l’expérience sexuelle

♂ ♀
Capacité d’accouplement
1) Accouplements simples : similaire Pas de choix pour
2) Accouplements multiples : similaire l’accouplement
3) En compétition : effet du morphe

Transfert de spermatozoïdes
1) Distribution en plusieurs femelles Stockage spermatique
2) Éjaculat en fonction de la réserve limité
spermatique

Compétition spermatique
Pas de sélection cryptique
avec mélange des éjaculats
dans l’utilisation des éjaculats

DESCENDANCE

♂ avec stock spermatique et Même descendance totale


éjaculat plus importants

♂ plus représenté dans la Même sex-ratio


descendance

Conclusion :
Compétition spermatique selon une loterie honnête

126
Sur la figure précédente sont présentés les résultats principaux obtenus chez
Anisopteromalus calandrae dans notre étude. En résumé, chez Anisopteromalus calandrae
(1) la sex-ratio de la descendance ne varie pas quels que soient le phénotype des mâles,
l’âge des mâles, le nombre d’accouplements de la femelle et quelle que soit la combinaison
d’accouplement. (2) En situation de compétition entre deux mâles après des
accouplements doubles de la femelle, c’est le mâle qui a le plus de spermatozoïdes
disponibles dans les vésicules séminales qui est le plus représenté dans la descendance.
Ainsi, (3) les mâles transfèrent toujours une même proportion de leur stock de
spermatozoïdes quels que soient leur statut reproducteur, le statut d’accouplement de la
femelle ou le contexte dans lequel l’accouplement a lieu.

127
Discussion générale

DISCUSSION GÉNÉRALE

Dans ce travail, en utilisant Anisopteromalus calandrae comme modèle biologique,


nous avons voulu connaître si le succès reproducteur des mâles étaient différent en
fonction de leur morphe ou de leurs traits d’histoire de vie (âge, expérience sexuelle). Ici,
le succès reproducteur des mâles a été étudié à travers leur capacité d’accouplement, leur
production spermatique, leur distribution des spermatozoïdes aux femelles et enfin leur
descendance. Nous avons étudié ces différentes composantes du succès reproducteur des
mâles en situation d’accouplements simples, d’accouplements multiples du mâle et en
situation de compétition entre deux mâles.

A - ACCOUPLEMENTS SIMPLES

Lors d’accouplements simples, nos résultats ne montrent aucune différence dans la


capacité d’accouplement des mâles Anisopteromalus calandrae quels que soient leur âge
ou leur expérience sexuelle. De plus, la femelle stocke autant de spermatozoïdes quels
que soient le morphe, l’âge ou l’expérience sexuelle des mâles. Ces résultats peuvent être
expliqués par (1) l’absence de choix pour l’accouplement par la femelle et (2) par la
capacité de stockage spermatique limité chez la femelle. A l’inverse, chez d’autres
insectes, la capacité d’accouplement des mâles peut être différente selon leur âge ou leur
expérience sexuelle. Par exemple, (1) la maturité sexuelle des mâles chez la coccinelle
Coccinella septempunctata apparaît 4 jours après l’émergence (Srivastava & Omkar, 2004).
Chez différents grillons, diptères et lépidoptères, les mâles plus âgés s’accouplent plus que
les mâles jeunes (Zuk, 1988; Simmons & Zuk, 1992; Simmons, 1995a; Spurgeon et al.,
1995; Srivastava & Omkar, 2004). En revanche, chez d’autres espèces il a été montré que
les mâles âgés pouvaient subir une diminution de leur capacité d’accouplement (Gordh
& De Bach, 1976; Delisle, 1995; Ofuya, 1995; Jiménez-Pérez & Wang, 2003; Jones & Elgar,
2004; Srivastava & Omkar, 2004). En fait, les mâles d’âges intermédiaires sont les plus
performants pour s’accoupler (Hansen & Price, 1995; Ofuya, 1995; Srivastava & Omkar,
2004). (2) L’expérience sexuelle des mâles, quant à elle, peut diminuer la capacité
d’accouplement des mâles comme dans le cas des moustiques Aedes aegypti (Jones, 1973)
où les mâles sont incapables de pénétrer la femelle après des accouplements multiples. A
l’inverse, les mâles sexuellement expérimentés peuvent être les plus performants
(Schlaepfer & McNeil, 2000). Toutefois, l’expérience sexuelle des mâles peut ne pas avoir

128
Discussion générale

d’effet sur son succès d’accouplement comme chez le ver rouge de la farine, Tribolium
castaneum (Lewis, 2004). Cependant, les mâles vierges W de 1 jour sont plus agressifs et
obtiennent plus d’accouplements que les mâles vierges R de 1 jour lors d’une compétition
pour l’accès à une femelle W.

Après un accouplement, nous avons obtenu chez Anisopteromalus calandrae la


même sex-ratio de la descendance quels que soient le morphe ou l’âge du mâle. De plus,
la quantité de descendants produits après un accouplement simple des mâles vierges de
21 jours est la même que celle des mâles vierges de 1 jour, voire augmente dans le cas du
morphe W. En revanche, chez d’autres espèces, les mâles d’un âge intermédiaire
permettent aux femelles d’avoir plus de descendants que les mâles plus jeunes ou plus âgés
(Rogers & Marti, 1997; Jones & Elgar, 2004; Srivastava & Omkar, 2004). Ainsi, chez
Anisopteromalus calandrae, aucune diminution apparente de la qualité des
spermatozoïdes n’a été détectée chez les mâles de 21 jours dans les deux morphes. Ceci
est conforté par le fait qu’en situation de compétition avec un mâle de 1 jour, le mâle vierge
de 21 jours est toujours le plus représenté dans la descendance. L’explication de ce
phénomène pourrait être la qualité des spermatozoïdes stockés dans la spermathèque de la
femelle. Admettons qu’un mâle de 21 jours continue à produire des spermatozoïdes et que
seuls les spermatozoïdes fonctionels soient stockés afin d’assurer la fécondité des œufs, il
ne serait pas illogique qu’un accouplement simple de ce mâle permette une descendance
similaire à celle des mâles de 1 jour. De plus, chez un autre Pteromalidae (Dinarmus
basalis), la quantité de spermatozoïdes stockés dans les vésicules séminales du mâle vierge
augmente avec l’âge, tandis que la viabilité des spermatozoïdes n’est pas altérée durant les
30 premiers jours (Damiens, 2001). A l’inverse, les mâles de certaines espèces dites
« prospermatiques » ont un stock de spermatozoïdes entièrement constitué à l’émergence et
les testicules dégénèrent après l’émergence du mâle (Boomsma et al., 2005). Chez
certaines guêpes, les mâles s’accouplent jusqu’à la fin de leur vie, indépendamment de leur
âge ou de leur stock de spermatozoïdes (Jacob & Boivin, 2004).

B - ACCOUPLEMENTS MULTIPLES DU MÂLE

Concernant les accouplements multiples des mâles Anisopteromalus calandrae,


nous avons montré qu’un mâle vierge de 1 jour était capable de s’accoupler avec environ
10 femelles durant une période de 2 heures quel que soit le morphe chez les mâles vierges
de 1 jour. Une autre étude a montré qu’un mâle Anisopteromalus calandrae pouvait

129
Discussion générale

inséminer entre 2 et 23 femelles ((Garcia Saez de Nanclares, 1988) cité par King (2000)).
Lorsqu’on regarde le nombre de spermatozoïdes stockés par l’ensemble des femelles,
une distribution du stock de spermatozoïdes du mâle à plusieurs femelles est observée.
C’est également le cas chez un autre Pteromalidae, Dinarmus basalis (Damiens, 2001).
Pour maximiser ses chances de se reproduire, un tel mâle aurait intérêt à maximiser le
nombre d’accouplements plutôt qu’à maximiser l’insémination chez une seule femelle.
En effet, cette femelle pourrait être en présence d’autres compétiteurs et, en raison du
mélange des éjaculats, le nombre de descendants d’un mâle diminuerait. Comme la
capacité de stockage spermatique chez la femelle Anisopteromalus calandrae est limitée et
la durée de remplissage est très courte, on suppose une certaine économie spermatique à
travers cette distribution des spermatozoïdes du mâle aux femelles. Ce résultat a été
également rapporté par Ji et collaborateurs (2004) dans d’autres conditions expérimentales.
En effet, lors d’accouplements multiples des mâles Anisopteromalus calandrae, nos
résultats montrent que les mâles vierges de 1 jour distribuent leur stock de spermatozoïdes
à 6 femelles. Nos résultats suggèrent que, dans la nature, les mâles économisent leurs
spermatozoïdes lorsque la réussite d’un accouplement est incertaine et la compétition entre
mâles intense (Parker, 1998). Or, théoriquement, le nombre d’éjaculats du mâle semble être
limité en raison des coûts pour renouveler sa réserve spermatique (Dewsbury, 1982).
Lorsque la réserve spermatique d’un mâle est épuisée, la réalisation des accouplements
supplémentaires ne semblerait pas être bénéfique pour le mâle (Trivers, 1972).

Chez Anisopteromalus calandrae, les mâles émergent un jour plus tôt que les
femelles. En condition de greniers, on sait que les mâles de différentes histoires de vie
attendent les nouvelles femelles à la surface du stock de graines (Ji et al., 2004). Une
compétition intense entre mâles est inévitable pour l’obtention de la femelle. De plus, les
femelles ne s’accouplent qu’au début de leur vie chez cette espèce (Do Thi Khanh et al.,
2005). Selon la théorie sur l’intensité de compétition spermatique (ou densité des
compétiteurs), il est prédit que les mâles diminueraient leur investissement en
spermatozoïdes lorsque les compétiteurs présents sont nombreux (Parker et al., 1996;
Parker, 1998). Nos résultats ne permettent pas de le vérifier directement mais la
distribution du stock de spermatozoïdes entre plusieurs femelles a été vérifiée. Lorsqu’on
regarde l’évolution de la réserve spermatique des mâles, un mâle expérimenté présente
suffisamment de spermatozoïdes pour la fécondation d’une femelle en accouplements
simples, mais il est désavantagé après des accouplements doubles de la femelle. Ce
scénario est également observé lors de la compétition entre deux mâles vierges de 1 jour de

130
Discussion générale

morphes différents ou entre deux mâles vierges d’âges différents. En effet, après un
accouplement simple les mâles de chaque catégorie permettent à la femelle d’avoir une
descendance similaire et une même sex-ratio. Cependant, après des accouplements doubles
de la femelle, le mâle qui a moins de spermatozoïdes est toujours désavantagé dans la
descendance. Nos résultats montrent qu’au moment de la copulation la quantité de
spermatozoïdes transférés par chaque mâle en compétition est proportionnelle à son
stock spermatique. Ainsi, en compétition les mâles ne transfèrent pas plus de
spermatozoïdes, contrairement à ce que prédisent les théories concernant le risque de
compétition spermatique (Parker et al., 1997; Parker, 1998).

Notre étude montre également que le mâle expérimenté mis en compétition avec un
mâle vierge s’accouple et transfère des spermatozoïdes. Il y a toujours des compromis
entre l’optimisation du nombre de spermatozoïdes et l’investissement pour l’obtention des
accouplements (Dewsbury, 1982; Waage, 1986). On suppose qu’une adaptation
comportementale pour l’obtention des accouplements serait favorisée chez cette espèce, ce
qui est vérifié par le maintien de la compétitivité des mâles quels que soient leur âge ou
leur expérience sexuelle.

C - COMPÉTITION ENTRE DEUX MÂLES

Lors d’une compétition entre deux mâles, un 2e accouplement de la femelle


Anisopteromalus calandrae peut avoir lieu mais dans des conditions très limitées :
seulement quand les mâles sont présents en même temps et quand l’intervalle entre deux
accouplements ne dépasse pas 2 minutes (Baker et al., 1998 ; Do Thi Khanh et al. 2005).
Un tel mâle n’a-t-il pas intérêt à réaliser plutôt des accouplements simples dans lesquels il
aurait 100% de paternité ? On note également que la 1re copulation en situation de
compétition dure deux fois plus longtemps que lors d’accouplements simples. Cela peut
suggérer chez les mâles un comportement d’évitement de la compétition spermatique
par un accouplement prolongé (Parker, 1984 ; Simmons & Siva-Jothy, 1998 ; Simmons
2001b).

Malgré ces contraintes lors d’une compétition entre deux mâles, entre 37% et 57%
des femelles se réaccouplent avec un deuxième mâle. Dans ce cas, les deux mâles
obtiennent autant de premier accouplement l’un que l’autre. De plus, les femelles
s’accouplent indifféremment avec des mâles quels que soient leur phénotype, leur âge, ou
leur expérience sexuelle. Ainsi, aucun comportement de choix pour l’accouplement de

131
Discussion générale

la femelle n’est mis en évidence. Nos résultats montrent également que la femelle
n’augmente pas son stockage spermatique après des accouplements doubles. La question
qui en découle est : pourquoi pratiquent-elles ces accouplements multiples ? (1) D’une part,
comme nos résultats ont mis en évidence la double paternité des descendants issus d’une
compétition entre deux mâles, on peut supposer qu’un bénéfice lié à la diversité génétique
des descendants (Arnqvist & Nilsson, 2000; Jennions & Petrie, 2000) interviendrait dans
l’existence des accouplements multiples chez la femelle Anisopteromalus calandrae. (2)
D’autre part, en populations naturelles, quand la densité en Anisopteromalus calandrae
dans les stocks de graines infestées est élevée (Smith, 1994), plusieurs mâles peuvent
faire la cour à une même femelle et par conséquent, les harcèlements sexuels peuvent
être fréquents pour la femelle. Lorsque les harcèlements sexuels sont très importants,
Parker (1984) et Simmons (2001) prédisent que la femelle pourrait accepter les
accouplements multiples pour éviter les coûts supplémentaires en temps et en énergie
lorsqu’elle résiste aux mâles. Nos résultats montrent que la femelle Anisopteromalus
calandrae ne choisit pas les mâles en fonction de leur nombre de spermatozoïdes. Il faut
noter qu’une petite quantité de spermatozoïdes (environ 100 spermatozoïdes) assure la
fécondation des œufs durant toute la vie reproductive de la femelle. Cela pourrait être une
des explications de l’absence de choix par la femelle sur ce critère.

Le mécanisme de l’utilisation des spermatozoïdes par la femelle après des


accouplements doubles en situation de compétition entre deux mâles peut être précisé
par nos résultats. Si les spermatozoïdes étaient immédiatement transférés et stockés dans la
spermathèque après la copulation (même pendant), on pourrait observer une priorité de
paternité du premier mâle ou du deuxième mâle à cause soit d’une stratification des
spermatozoïdes (Snook, 2005), soit d’un déplacement des spermatozoïdes soit d’une
inhibition des spermatozoïdes rivaux (Gack & Peschke, 1994; Simmons & Siva-Jothy,
1998; Price et al., 1999). Comme nos résultats montrent que le ratio de descendants de
chaque mâle correspond au ratio de stocks initiaux de spermatozoïdes dans leurs vésicules
séminales, nous pouvons supposer qu’il existe un mélange complet des éjaculats des deux
mâles dans l’utérus de la femelle et que le mécanisme de la loterie entre deux éjaculats a
lieu dans l’utérus à partir d’un mélange initial des deux éjaculats. En effet, comme
l’intervalle entre deux accouplements est très court (moins de 2 minutes), nos résultats
suggèrent un mélange des éjaculats dans le tractus avant le stockage dans la spermathèque
chez la femelle.

132
Discussion générale

Après une compétition entre deux mâles Anisopteromalus calandrae, la


proportion de descendants de chaque mâle est égale à la proportion de spermatozoïdes
disponibles dans leurs vésicules séminales quels que soient le morphe du mâle, son âge ou
son statut reproducteur et quelle que soit la combinaison d’accouplement. Nos résultats
montrent que la paternité des descendants de chaque mâle augmente linéairement avec le
nombre de spermatozoïdes stockés initialement dans les vésicules séminales : les mâles
ayant plus de spermatozoïdes dans les vésicules séminales obtiennent plus de descendants
en situation de compétition. Plus précisément, le rapport de descendants des deux mâles en
compétition est corrélé au rapport des stocks de spermatozoïdes dans les vésicules
séminales des deux mâles. Cela montre qu’on a le même ratio en spermatozoïdes dans la
spermathèque de la femelle après accouplements doubles. Les résultats obtenus chez
Anisopteromalus calandrae en situation de compétition correspondent parfaitement au
modèle théorique concernant une loterie honnête, « fair raffle process » prédit par Parker
(1990, 1998). En effet, c’est toujours le mâle ayant le plus de spermatozoïdes dans les
vésicules séminales qui est le plus représenté dans la descendance après une compétition
entre deux mâles. Ainsi, une priorité de paternité n’est mise en évidence ni pour le premier
mâle (P1) ni pour le second mâle (P2).

Plus globalement, en situation de groupes d’individus, nos résultats chez


Anisopteromalus calandrae, après une compétition entre deux mâles différents nous ont
permis d’effectuer l’estimation de l’espérance de paternité des descendants chez les
mâles des deux morphes (rouge et sauvage) quand plus de deux mâles sont en compétition
et que le nombre de femelles disponibles est supérieur à un. D’une part, pour les femelles
inséminées seulement par un morphe, nous pouvons estimer l’espérance de paternité des
descendants produits car 100% de descendants femelles seront engendrées par les mâles
du morphe désigné. D’autre part, pour les femelles inséminées par les mâles des deux
morphes, nous pouvons estimer l’espérance de paternité des descendants chez les mâles de
chaque morphe en compétition à partir de leur stock initial de spermatozoïdes dans les
vésicules séminales selon une loterie honnête. Finalement, l’espérance totale de
paternité des descendants chez les mâles d’un morphe est la somme de (1) celle obtenue
chez les femelles inséminées seulement par ce morphe et de (2) celle obtenue chez les
femelles inséminées par les deux morphes.

133
Discussion générale

D - GLOBALISATION AU NIVEAU DES GROUPES D’INDIVIDUS

En groupes d’individus, le nombre de compétiteurs des deux morphes est


supérieur à deux et le nombre de femelles disponibles est supérieur à un.

L’espérance de paternité de chaque morphe (∑PR pour le morphe R, ∑PW pour le


morphe W) est la somme de celles obtenues (1) d’une part, chez les femelles inséminées
par un seul morphe (a pour le morphe R et b pour le morphe W) et (2) d’autre part, chez

les femelles inséminées par les deux morphes, c. Dans ce dernier cas, selon une loterie
SR
honnête, l’espérance de paternité des mâles R est égale à : c x
S R + SW

(SR et SW : stock de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles R et W).

Au total, l’espérance de paternité des mâles R est égale à :

SR
∑PR = a + c x SR + SW
(Équation 6)

Avec :
a : le nombre de femelles inséminées seulement par les mâles R
c : le nombre de femelles inséminées par les deux morphes
SR : le nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles R
SW : le nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles W

134
Discussion générale

De la même manière, l’espérance de paternité des mâles W est égale à :

SW
∑PW = b + c SW + SR
(Équation 7)

Avec :
b : le nombre de femelles inséminées seulement par les mâles W
c : le nombre de femelles inséminées par les deux morphes
SR : le nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles R
SW : le nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles W

En situation de groupe d’individus chez Anisopteromalus calandrae, en mettant


ensemble 10 mâles vierges de 1 jour (5 R et 5 W) avec 10 femelles pendant 24 heures,
nous avons obtenu les résultats suivants (n=92 femelles R ; Lafitte, 2002) :
• Le nombre de femelles inséminées seulement par les mâles R : a=29 sur 92

• Le nombre de femelles inséminées seulement par les mâles W : b=40 sur 92


• Le nombre de femelles inséminées par les mâles des deux morphes : c=23 sur 92

Chez les mâles vierges Anisopteromalus calandrae de 1 jour, les ratios de stocks
initiaux de spermatozoïdes dans les vésicules séminales sont :

SR 4545,2
= = 0,59
S R + SW 4545,2 + 3115,7

et

SW 3115,7
= = 0,41
SW + S R 3115,7 + 4545,2

(Do Thi Khanh et al., 2005)

135
Discussion générale

A partir de ces données et selon les équations 6 et 7, nous pouvons estimer


l’espérance de paternité des mâles de chaque morphe :

Pour le morphe R : ΣPR = 29/92 + 0,59(23/92) = 0,32 + 0,15 = 0,47


Estimé :
Pour le morphe W : ΣPW = 40/92 + 0,41(23/92) = 0,43 + 0,10 = 0,53

Ces estimations montrent qu’en groupe d’individus, les mâles vierges W de 1 jour
ont une espérance de paternité similaire à celle des mâles vierges R de 1 jour.

Concernant la paternité des descendants, les résultats obtenus dans cette étude
expérimentale sont les suivants :

Pour le morphe R : ΣPR = (1023 + 491)/3314 = 1514/3314 = 0,46


Observé :
Pour le morphe W : ΣPW = (1452 + 384)/3314 = 1800/3314 = 0,54

Avec :

• 1023 : nombre de descendants femelles produits par les 29 femelles inséminées


seulement par les mâles R
• 1452 : nombre de descendants femelles produits par les 40 femelles inséminées
seulement par les mâles W
• 491 + 384 : nombre de descendants femelles produits par les 23 femelles inséminées
par les mâles des deux morphes
• 3314 : nombre total de descendants femelles produits par l’ensemble des 92 femelles
étudiées

Les résultats concernant la paternité des descendants correspondent parfaitement à


l’estimation théorique à partir des équations 6 et 7. Cela montre qu’en situation de groupes
d’individus, (1) la production des spermatozoïdes des mâles et (2) la capacité d’obtenir
des accouplements ou de protéger les accouplements jouent un rôle important dans le
nombre total de descendants obtenus. Ces résultats suggèrent qu’en groupe d’individus, les
mâles vierges de 1 jour R et W ont autant de chance d’avoir des descendants. Dans l’étude
présentée ci-dessus, les mâles R ayant un stock de spermatozoïdes plus élevé sont plus
représentés chez les femelles inséminées par les mâles des deux morphes. Les mâles W,
quant à eux, inséminent plus de femelles et obtiennent donc plus de descendants chez les

136
Discussion générale

femelles inséminées par un seul morphe. Le résultat final est un équilibre dans la
descendance de chaque morphe.

Notre globalisation au niveau des groupes d’individus peut également permettre


d’estimer l’espérance de paternité des descendants dans d’autres situations expérimentales.
De la même manière que précédemment, quand les mâles en compétition sont différents
par leur âge (1 jour et 21 jours) ou leur expérience sexuelle (vierge et expérimenté), nous
pourrons estimer leur espérance de paternité en situation de groupe d’individus en
connaissant le nombre de femelles inséminées par chaque type de mâle.

E - CONCLUSION

Ce travail a porté sur l’étude de la valeur sélective (succès reproducteur) des mâles
Anisopteromalus calandrae (Hymenoptera, Chalcidoidea, Pteromalidae) en relation avec
leur réserve de spermatozoïdes disponibles. (1) Tout d’abord, nous avons obtenu une
graduation du nombre de spermatozoïdes dans les vésicules séminales des mâles en
fonction de leurs traits d’histoire de vie et de leur phénotype : du mâle qui a le plus de
spermatozoïdes à celui qui en a le moins : ♂Rv21j, ♂Wv21j, ♂Rv1j, ♂Wv1j, ♂Rexp et

♂Wexp. (2) Ensuite, nos résultats montrent que la capacité d’accouplement de ces
différents mâles est similaire quels que soient leurs traits d’histoire vie. Cependant, lors
d’une compétition entre deux mâles vierges de 1 jour ainsi qu’en situation de groupe
d’individus, les mâles sauvages obtiennent plus d’acccouplements. (3) De plus, la
quantification des spermatozoïdes dans la spermathèque montre que la femelle
accouplée une seule fois stocke la même quantité de spermatozoïdes quels que soient le
morphe, l’âge ou l’expérience sexuelle du mâle. Lorsque la femelle s’est accouplée deux
fois avec deux mâles vierges de 1 jour de morphes différents, elle ne stocke pas plus de
spermatozoïdes que lors d’un accouplement simple quel que soit l’ordre
d’accouplement. (4) D’autre part, l’étude de la descendance a mis en évidence les mêmes
quantités de descendants et les mêmes sex-ratios dans toutes les situations
expérimentales. (5) Particulièrement, l’étude de la paternité des descendants après une
compétition entre deux mâles différents par leur morphe, leur âge ou leur expérience
sexuelle montre que c’est toujours le mâle ayant le plus de spermatozoïdes dans les
vésicules séminales qui est le plus représenté dans la descendance. (6) Enfin, nos
résultats concernant la paternité des descendants après une compétition entre deux mâles
correspondent parfaitement à une loterie honnête, « fair raffle » proposée par

137
Discussion générale

Parker (1990). (7) Quant à la quantité de spermatozoïdes transférés à la femelle, aucune


augmentation ni diminution n’ont été mises en évidence contrairement à ce qui est prédit
par les théories concernant le risque de compétition spermatique ou l’intensité de
compétition spermatique. (8) Plus globalement, en situation de groupes d’individus, nous
avons proposé un modèle mathématique simple concernant la proportion de la
descendance des mâles de chaque morphe chez Anisopteromalus calandrae en prenant en
compte la capacité d’accouplement du mâle et sa production spermatique. Ce modèle
mathématique semble être confirmé par notre étude expérimentale de paternité des
descendants lorsque 10 mâles vierges de 1 jour de morphes différents (5 R et 5 W) sont en
compétition pendant 24 heures pour l’accès à 10 femelles vierges R. Les résultats de cette
étude et le modèle mathématique proposé peuvent s’appliquer dans d’autres situations
expérimentales.

F - PERSPECTIVES

1. En conditions contrôlées

Nos résultats en laboratoire ont mis en évidence la relation entre la quantité de


spermatozoïdes disponibles d’un mâle, sa capacité d’accouplement et son succès
reproducteur. Néanmoins, de nombreuses questions biologiques restent à approfondir telles
que :

 Quels peuvent être les autres paramètres qui affectent la production spermatique des
mâles en conditions contrôlées ? En effet, il existe des facteurs internes (comme la
taille, le génotype, …) ou externes (conditions de développement, présence des
femelles…) qui pourraient faire varier la qualité reproductrice d’un mâle. Les réponses
à cette question permettront de comprendre d’une façon plus globale la relation entre
les caractéristiques du mâle et son succès reproducteur.

 Quelles sont les pertes en spermatozoïdes du mâle lors des accouplements successifs
en fonction du rang d’accoupement des femelles ? Nos résultats chez
Anisopteromalus calandrae montrent que (1) l’éjaculat est proportionnel au le stock de
spermatozoïdes disponibles du mâle et que (2) les premières femelles inséminées
stockent le plus de spermatozoïdes. On peut supposer que les pertes en spermatozoïdes

138
Discussion générale

sont plus importantes au cours des premiers accouplements du mâle, mais cela reste à
vérifier.

 Quelle est la cinétique de reconstitution du stock de spermatozoïdes ? Est-elle en


continue ou périodiquement (ie alternée avec des périodes d’accouplement) ?

 Quelles sont les stratégies d’éjaculation des mâles Anisopteromalus calandrae lorsque
l’intensité de la compétition spermatique augmente (présence de plusieurs
compétiteurs) ? Il serait intéressant de quantifier le transfert de spermatozoïdes des
mâles en fonction du nombre de compétiteurs afin d’apporter une réponse plus explicite
sur la distribution des spermatozoïdes des mâles.

 Quelles sont les stratégies d’éjaculation des mâles Anisopteromalus calandrae lorsque
la qualité ou la quantité de femelles disponibles varie ? Il sera opportun de connaître
ce paramètre pour pouvoir par la suite établir une relation avec les prédictions
théoriques concernant la gestion des spermatozoïdes chez les mâles.

 Quelles sont les proportions de descendants obtenus par les mâles après une
compétition entre un mâle âgé expérimenté et un mâle vierge jeune ? En effet, cette
situation peut être fréquente au sein d’une population.

 Quel est le nombre d’ovocytes d’une femelle Anisopteromalus calandrae au cours de sa


vie reproductive ? Ceci pourra confimer qu’un accouplement simple assure la
descendance totale d’une femelle.

2. En conditions semi-contrôlées

Au cours de ce travail, nous avons étudié le succès reproducteur des mâles à travers
la compétition entre deux mâles de morphes différents et ayant des traits d’histoire de vie
différents. Pour rendre le système plus complet, on pourra étudier des groupes d’individus
afin de mieux comprendre l’interaction entre mâles ayant des traits d’histoire de vie
différents, les modalités d’accouplements, la quantité de spermatozoïdes transférés par
les mâles, la reconstitution du stock de spermatozoïdes des mâles, etc. Par la suite, on
pourrait construire des modèles mathématiques permettant de globaliser le succès
reproducteur des mâles de chaque morphe en fonction de ces divers paramètres.

139
Discussion générale

3. En conditions de greniers

A l’issue de cette étude, la plus grande question qu’on se pose est : Pourquoi les
mâles du morphe rouge ont plus de spermatozoïdes que les mâles du morphe
sauvage ? Y a-t-il une relation entre ce mutant et la production des spermatozoïdes des
mâles ? Au départ nous avons sélectioné une souche aux yeux rouges sans connaître
davantage la différence entre ces deux morphes. Il serait donc nécessaire de cohabiter ces
deux populations dans les conditions proches de celles des greniers pour connaître (1) la
dynamique des populations où différentes générations se chevauchent, (2) l’évolution
démographique du morphe sauvage et mutant au cours du temps, (3) l’allocation de
l’énergie entre la capacité d’accouplement et la production spermatique chez les mâles de
chaque morphe, etc. Dans l’hypothèse où le morphe mutant rouge continue à exister, quelle
serait sa place par raport à celle du morphe sauvage ? De plus, ce mutant peu fréquent dans
la nature, pourrait-t-il avoir un effet sur les populations naturelles, voire sur la lutte
biologique ?

140
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Hong DO THI KHANH

ANISOPTEROMALUS CALANDRAE :
UN MODÈLE POUR L’ÉTUDE DU SUCCÈS REPRODUCTEUR DES MÂLES

La valeur sélective (succès reproducteur) du mâle se traduit par son nombre


d’accouplements et sa descendance obtenue par accouplement (Dewsbury, 1982; Simmons,
2001). Le succès reproducteur d’un mâle dépend essentiellement du nombre de ses
spermatozoïdes qui réussissent la fécondation des œufs. En situation de compétition, un mâle doit
maximiser son succès reproducteur par rapport à ses rivaux. Chez les insectes, lors des
accouplements multiples de la femelle, il peut y avoir une compétition spermatique entre les
éjaculats de différents mâles au sein de l’ (des) organe(s) de stockage. Le principal outil d’étude
de la compétition spermatique est le suivi de la paternité des descendants. Un mutant récessif
du caractère de la couleur des yeux (yeux rouges) a été utilisé pour étudier les différences dans la
capacité d’accouplement et de fertilisation chez les mâles Anisopteromalus calandrae
(Hymenoptera, Chalcidoidea, Pteromalidae). Ce travail de laboratoire a porté sur l’étude du
succès reproducteur des mâles en relation avec leur réserve de spermatozoïdes disponible.
Notre étude a porté dans un premier temps sur la quantification du stock de spermatozoïdes des
mâles en fonction de différents traits d’histoire de vie (âge, expérience sexuelle) et de leur
phénotype. Dans un second temps, l’étude du succès reproducteur des mâles en relation avec
leur nombre de spermatozoïdes disponibles a été réalisée lors d’accouplements simples,
d’accouplements multiples et en situation de compétition entre deux mâles. Les conséquences
des accouplements doubles de la femelle sur la paternité des descendants des mâles de statuts
différents (vierges 1 jour, vierges 21 jours, ou sexuellement expérimentés) ont été identifiées par
l’utilisation du marqueur génétique de paternité (la couleur des yeux).
Les résultats montrent que (1) les mâles aux yeux rouges (R) et les mâles aux yeux foncés
(W) sont différents dans leur capacité d’accouplement mais que les femelles R s’accouplent
indifféremment avec les mâles des deux phénotypes. (2) Le comptage des spermatozoïdes dans
les vésicules séminales des mâles vierges de 1 jour montre que les mâles R ont environ 1,46 fois
plus de spermatozoïdes que les mâles W (4545 vs 3116). Les mâles expérimentés ont seulement
15% à 25% du stock initial d’un mâle vierge du même âge. Un mâle vierge de 21 jours a environ
1,8 fois plus de spermatozoïdes qu’un mâle vierge de 1 jour dans les deux morphes. (3) Après un
accouplement simple des mâles, les nombres moyens de spermatozoïdes stockés dans la
spermathèque des femelles ne sont pas différents entre eux (en moyenne 143 spermatozoïdes). (4)
Les femelles réalisant des accouplements doubles n’augmentent pas leur stockage spermatique
(193 spermatozoïdes pour deux accouplements vs 161 pour un), ni leur fécondité (respectivement
130 vs 108 descendants). (5) Un accouplement est suffisant pour assurer leur fécondité durant la
vie reproductive des femelles et la sex-ratio est biaisée en faveur des femelles (environ 0,79). Les
femelles accouplées avec les deux mâles de morphes différents produisent des descendants des
deux phénotypes durant leur vie reproductive, quel que soit l’ordre des mâles dans la séquence de
copulation. (6) Après une compétition entre deux mâles différents par leur phénotype, par leur
âge ou par leur expérience sexuelle, c’est toujours le mâle ayant le plus de spermatozoïdes dans
les vésicules séminales qui est le plus représenté dans la descendance quelle que soit la
combinaison d’accouplement. Ces résultats concernant la paternité des descendants après une
compétition entre deux mâles correspondent parfaitement à une loterie honnête, « fair raffle »
proposée par Parker en 1990. (7) Quant à la quantité de spermatozoïdes transférés à la femelle,
aucune augmentation ni diminution n’a été mise en évidence contrairement à ce qui est prédit
par les théories concernant le risque de compétition spermatique ou l’intensité de compétition
spermatique.
Mots-clés : Hyménoptère, fitness du mâle, stock de spermatozoïdes, compétition spermatique,
paternité des descendants, marqueur phénotypique.
Hong DO THI KHANH

ANISOPTEROMALUS CALANDRAE :
AN EXPERIMENTAL STUDY OF MALE REPRODUCTIVE SUCCESS

The male fitness (reproductive success) means by mating number and offspring obtained
by mate (Dewsbury, 1982; Simmons, 2001). It depends on the number of spermatozoa that
succeed in egg fertilization. In competition, a male should optimize his reproductive success
according to rivals. Through multiple mating of a female insect, sperm competition may occur
between ejaculates of different males in female sperm store(s). Study tool of sperm competition
is mainly the determination of offspring paternity. A recessive mutant of eye colour (red eyes)
was used to investigate the differences in male mating capacity and fertilization success in the
parasitoid wasp Anisopteromalus calandrae (Hymenoptera, Chalcidoidea, Pteromalidae). This
work concerned the study of male reproductive success in relation to their available sperm
supplies. First, the quantification of male sperm supply was performed in function of male life
history (age or mating history) and phenotype. Second, the relationship between male
reproductive success and sperm supply was examined through single mating, multiple mating
and after competition between two males. Consequences of female double matings on the
offspring paternity of males having different statuses (either young, aged, or with sexual
experience) was measured by the use of this paternity genetic marker (eye colour).

Experimentally, results showed that (1) red-eyed (R) and wild-eyed (W) males are different
in mating capacity but females mate normally with males of both phenotypes. (2) Sperm count in
seminal vesicles evidenced that one-day-old R virgin males have more sperm than W ones
(approximately 1.46 times greater, 4545 vs 3116 spermatozoa). Experienced males have only
15% to 25% from the initial sperm store of virgin males. 21-days-old virgin males have 1.8 times
more sperm than one-day-old ones in both morphs. (3) The number of sperm stored by females in
spermatheca after one mating does not differ (143 spermatozoa in average). (4) Double-mated
females increase neither sperm storage (193 spermatozoa after double mating vs 161 after single)
nor fecundity (respectively 130 vs 108 offspring). (5) One mating ensures life-time fecundity of
females, and offspring sex ratio is anyway female-biased (about 0.79). Double mated females
with two males of different phenotypes produce offspring of both phenotypes, whatever the
mating order of males. (6) In competition of two males, any mating pattern always produce more
offspring of the male having more sperm in seminal vesicles, whatever the male phenotype, age
or mating history. In Anisopteromalus calandrae, offspring paternity distribution (after female
double matings) is consistent with a fair raffle process of sperm from both donors, proposed by
Parker in 1990. (7) Finally, results do prove neither augmentation nor diminution of
transferred sperm quantity by males to females, opposed to sperm competition risk or intensity
theories.

Key-words: Hymenoptera, male fitness, sperm supplies, sperm competition, offspring paternity,
paternity phenotypic marker.

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