Livre 1 Le Monde de Loss PDF
Livre 1 Le Monde de Loss PDF
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INTRODUCTION
CRÉDITS ET REMERCIEMENTS
Ces pages, les Chants de Loss, sont dédiées à la mémoire de la maman aimée d’Alysia
et ma belle-maman chérie, Danielle Loretan.
L’ÉQUIPE
Les autrices : Axelle « Psychée » Bouet, Alysia Loretan, Émilie Latieule.
Les collaborateurs : Julien « Djoul » Salamin, Yann « BBS » Décombaz (vous ne voulez pas savoir ce que
veut dire BBS) et Stéphanie « Sté » Roth.
Révisions et pinaillage techniques : Julien « Djoul » Salamin (notre emmerdeur en chef), assisté d’Alysia
Lorétan
Les Testeurs : Julien « Djoul » Salamin, Yann « BBS » Décombaz, Stéphanie « Sté » Roth, assistés de
Laurent Gärtner
Graphisme, design et logo : Axelle « Psychée » Bouet, Inès de Carvalho, Pierre le Pivain
Illustrations : Axelle Bouet, Pierre le Pivain, Julien Fenoglio, Christine Deschamps, Sabrina Tobal,
Émile Denis, Lunart, Jade River, Agathe Pitié, Radek FV, Inès de Carvalho.
Rédaction des scénarios : Vincent Lelavechef, Yann « BBS » Décombaz, Nicolas Bernard
Promotion, presse et gestion de la communauté : Vincent Lelavechef, Axelle « Psychée » Bouet, Yann
« BBS » Décombaz (notre grand Nagus à nous !)
REMERCIEMENTS
On va commencer par remercier Hicham, de Matagot, pour avoir cru en nous et nous avoir fait confiance en
se lançant avec nous dans l’édition de ce jeu. Nous tenons aussi à remercier la pléthore de relecteurs qui nous
ont aidés depuis nos premières lignes à parfaire le présent ouvrage. Enfin, nous tirons chapeau bas à tous nos
fans qui nous suivent et nous encouragent avec passion depuis quatre ans et sans qui nous n’aurions jamais
pu parvenir à un tel résultat. Je songeais à écrire ici des noms particuliers, mais en fait, vous êtes bien trop
nombreux à qui nous devons cette reconnaissance. Alors, si je vous dis que vous êtes tous membres du groupe
Facebook Les Chants de Loss, vous vous reconnaîtrez. Merci mille fois de tout cœur à vous tous !
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AVANT-PROPOS
AVANT-PROPOS
J ’aurais voulu ne pas avoir besoin d’écrire ces lignes.
Mais on nous a souligné la nécessité d’un clair
reste à l’heure actuelle 46 millions d’esclaves dans le
monde… contre 38 en 2014.
avertissement, que nous avons souhaité accompagner
de quelques mots de mes co-autrices Émilie Latieule, Nous sommes aussi féministes, comme je le dis plus
Alysia Loretan et moi-même Axelle «Psychee» Bouet. haut. La grande majorité des gens ignorent que dans
le monde, trois femmes sur cinq sont violées au moins
Les Chants de Loss, la saga de romans comme le jeu de une fois dans leur vie. Qu’à l’échelle mondiale, près
rôle, contiennent des sujets, des thèmes et des scènes de 90 % des femmes ont été agressées sexuellement au
explicites dans la violence, l’érotisme, le sexe, l’oppres- moins une fois dans leur vie. Qu’une femme a vingt
sion et l’injustice. Le monde de Loss est cruel, sexiste, pour cent de chance de plus de mourir d’un assassinat
les hommes misogynes y sont légion, le système social qu’un homme. Et que les droits les plus évidents des
s’est appuyé sur des lois patriarcales anciennes discri- femmes, à égalité avec les hommes, dont nous bénéfi-
minant la femme, légitimées par l’omniprésence de cions vous et moi, ne concernent que moins du quart
l’influence de l’Église du Concile Divin. La quasi-tota- de la population mondiale.
lité de ses peuples pratique l’esclavage et ne voit rien
de choquant à considérer un être humain comme une Maintenant, songez qu’à certaines époques, ce fut
propriété. Ce contenu fait partie intégrante de l’univers parfois bien pire. Paradoxalement, selon les époques,
de Loss. Il est un des socles des sujets traités dans la ce fut aussi parfois meilleur que ce que nous croyons
saga des romans et le jeu de rôle, ainsi qu’une source savoir. Après tout, nous n’avons en général que des
d’intrigues, de drames, de contextes et de réflexion connaissances parcellaires de l’Histoire.
pour les pratiquants du jeu de rôle. S’il est présent,
son objectif est aussi de susciter la réflexion du lecteur. Ces réflexions, partagées avec Alysia et Émilie, nous
ont convaincues de ne pas édulcorer ni minimiser la
Ces thèmes peuvent heurter ou indigner certains violence et l’horreur dont peut faire preuve la civili-
lecteurs sensibles. Nous préférons donc vous avertir sation des Lossyans. Ni d’en ignorer aussi les mer-
avant que vous soyez bouleversé. veilles, les aspects touchants, la magie ou l’exotisme.
C’est un tout. Et c’est une leçon.
Quelques mots des autrices
Vous pourrez donc être choqué, peut-être marqué,
Alors, pourquoi ? Cette question, je considère souvent révolté, indigné même. Si dans le jeu de rôle le ton
qu’elle trouve sa réponse d’elle-même, dans ce qui est neutre, il reste sans concession. Nous ne faisons
m’apparaît comme des évidences que tout quidam nulle complaisance avec les violences de Loss ; ce
pourrait comprendre par simple réflexion. Mais la ré- serait de peu d’intérêt. Mais elles existent, nous en
alité n’est pas si simple ; voici donc l’explication. parlons ; faites avec. Dans le roman, c’est mon but de
vous toucher, vous émouvoir et vous révolter ! Si vous
En tant que féministes et humanistes (bien que pas êtes indifférent aux affres des personnages, à l’injus-
forcément toutes les trois au même degré), nous savons tice sous-jacente au récit, c’est que j’ai échoué à vous
ce que fut le combat qui rendit la société dans laquelle montrer l’horreur des aspects du réel et de l’Histoire
vous vivez relativement humaniste et raisonnablement que nous préférons ne pas connaître. Dont on dé-
féministe, où vous jouissez de cette liberté qui vous est tourne les yeux et les pensées. Lisez, voyez l’horreur,
si chère. Et qui est tellement tellement récente. Il est soyez-en révolté, et réfléchissez-y.
donc évident que nous sommes tout à fait contre toute
forme d’asservissement et de discrimination. Rien ne Vous ne voulez pas y réfléchir ? Vous êtes indigné par
les justifie ou ne les excuse jamais. Plus que des crimes, ce que vous lisez et l’audace de nos propos les plus
ce sont les antithèses de l’humanisme. crus ? Nous en avons conscience, c’est un choix ; si
cela vous a choqué, c’était aussi notre dessein, un but
Mais on oublie pourtant que dans notre monde, l’idée totalement assumé par Alysia, Émilie et moi-même.
que l’on ne peut pas disposer d’êtres humains comme
de propriétés et marchandises est un concept très Bonne lecture à vous tous !
jeune. La fin de l’esclavagisme en Occident n’a eu lieu
qu’au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et non
sans mal. Même en France, les derniers esclaves ne
furent libérés qu’en 1963 aux îles Maurices ; malgré
le fait que l’esclavage y fût officiellement aboli depuis
1835. Sans oublier enfin que l’actualité nous rappelle
atrocement que cette notion, qui nous paraît presque
naturelle, ne l’est, et de loin, pas partout sur Terre. Il
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INTRODUCTION
INTRODUCTION 2
Crédits et remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3
Aux origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Les Lossyans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
L’organisation sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Science et technologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Les parias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Le loss-métal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Les mammaliens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Les symbiotes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
L’histoire de Loss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Les Vertus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
La famille et le nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
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TABLE DES MATIÈRES
L’éducation et le travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
L’esclavagisme et le Haut-Art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
INDEX 190
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INTRODUCTION
Aux origines
— Ainsi donc tu es une chamane…
Il était difficile d’affirmer qui toisait l’autre ; l’homme qui venait de parler, le ton dur et assuré, le
regard perçant sur un visage de fauve, encadré de cheveux noirs ou la femme assise sur des peaux de-
vant lui, les yeux perdus dans un amas de rides et de cernes, témoin de l’âge qui avait sculpté ses traits
à l’image d’un corbeau ?
La vieille sembla goûter le silence longuement, dans cet échange muet, face à face, tandis que les
seuls sons à percer la nuit étaient ceux de quelques oiseaux sinistres et le crépitement léger des braises
qui, seules, éclairaient la cabane de toile. Ses yeux délavés de bleu, enfoncés dans leurs orbites, s’agi-
taient d’un mouvement saccadé, tandis qu’elle jaugeait le solide gaillard aux atours de voyage, coupés
simplement, mais dont le prix eut payé la vie d’une dizaine d’esclaves des plaisirs. Elle se décida enfin ;
sa voix, comme si elle reflétait son faciès, croassa :
— Et toi, tu es un Chanteur de Loss.
L’homme leva un sourcil, avant de dérider un sourire à peine visible. En un instant, la femme qui lui
faisait face venait de lui plaire :
— Comment peux-tu l’affirmer, Sohora ?
La vieillarde reprit d’un rire sinistre :
— Et toi, Jawaad, le Maître-marchand, comment peux-tu dire que je suis chamane, hein ? Sais-tu
même ce que c’est ?
— Question contre question, fit remarquer Jawaad, d’un ton impassible. Tu y tiens vraiment ?
La vieille montra une des peaux ouvragées devant elle, en guise d’invitation à s’asseoir :
— N’est-ce pas ainsi que l’on commence une conversation ?
Au sommet de la crête boisée qui dissimulait aux regards le jardinet et les pilotis entourés de nasses
où était installée la hutte dans laquelle avait pénétré leur patron, Abba et Damas attendaient. Ortentia,
partiellement voilée par de gros nuages de pluie, éclairait mal l’obscurité. Abba avait beau être un puissant
colosse noir des Franges, à la taille hors-norme, il n’aimait pas la nuit. Pour être exact, il en avait une
trouille superstitieuse, surtout perdu au fin fond des marais de l’Argas. Et la désinvolture de son collègue,
en train de tirer sur sa pipe, assis sur une souche pourrissante, la main au-dessus du foyer pour en cacher
le faible éclat rougeoyant, l’agaçait d’autant plus. Il ne connaissait guère Damas, embauché quelques
mois plus tôt par Jawaad ; un homme sec et mince, pas très grand, aux longs cheveux noirs filasses, aux
traits taillés à la serpe et qui semblait poser sur tout un regard désabusé. Il ne le confirmait jamais et à
raison, d’ailleurs, mais des rumeurs prétendaient qu’il était d’origine Jemmaï. Il ne parlait pas beaucoup ;
le plus souvent pour lancer quelque remarque moqueuse ou cynique.
Le géant se tenait debout, arbalète mécanique sur l’épaule. Il préférait l’arme, même pesante, au
genre de fusil bruyant qu’affectionnait son compère. Faisant les cent pas sur la crête, il se remit à râler :
— Et toi, tu t’en fous royalement qu’on soit à un jet de pierre d’une maison de sorcière, dans un
marais maudit, sous une nuit à attirer les démons à venir danser avec les vivants ?!
Damas leva la tête, affichant un sourire qui cachait mal qu’il se retenait de rire à la question :
— Cela ferait un sacré paquet de mauvais sorts, à t’entendre ?
Damas gronda en réponse. Même en cachant mal sa trouille, le colosse avait un timbre de voix grave
et bestial, à faire hésiter les plus aventureux :
— Je ne sais pas pourquoi Jawaad a voulu approcher cette rebouteuse… et pourquoi en pleine nuit,
par les Hauts Seigneurs ?! Il voudrait nous attirer la guigne qu’il ne s’y serait pas pris autrement !
Là, le Jemmaï éclata de rire sans pouvoir se retenir :
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AUX ORIGINES
— Il y a bien assez de démons sous le ciel, qui marchent sur deux jambes, boivent du vin et sont avide
d’or et de femmes, pour que je ne perde pas de temps à croire qu’il y a en a encore d’autres, venus des
abîmes sous la terre ! J’ai vu le Rift de près, là où l’Église interdit à tous de pénétrer. Et tu sais quoi ? Il n’y
avait pas un seul démon noir aux yeux rouges, crachant le feu et la cendre. Même pas l’ombre d’une trace
dans la plus noire des nuits. Juste une terre désolée et mortelle qui veut tuer tout ce qui ose l’arpenter.
La tirade de Damas réussit à faire s’arrêter net le géant, qui fixa son acolyte sans cacher sa surprise :
— Mais tu sais parler ?! C’est pas parce que tu le dis que je vais te croire, mais j’avais fini par conclure
que tu étais aussi peu loquace que Jawaad et que j’allais devoir apprendre à faire la discussion tout seul,
quand on voyage. Je dois dire que je suis…
— Attends !
Le colosse fronça les sourcils et tourna la tête vers le fond du vallon, de l’autre côté de la cabane de
la sorcière :
— Les oiseaux… ces satanés oiseaux de nuit ne croassent plus ?!
Damas enfonça du pied la gueule de sa pipe dans le sol meuble et se leva à son tour, dans un mou-
vement de félin en chasse, tenant fermement son long fusil de précision. Il baissa immédiatement le ton :
— Parce que quelque chose les a dérangés. Quelque chose qui veut être discret et n’y est pas parvenu.
Quelque chose qui menace…
Immédiatement, le géant noir prit un teint de pierre en blêmissant ; il murmura, la voix nouée :
— Des démons ?
Damas fit non de la tête et montra la berge du fleuve, en contrebas. Il fallait des yeux hors-norme
pour percer la nuit à telle distance ; c’était son cas, comme nombre de Jemmaïs. Seule la plus noire obs-
curité pouvait le gêner :
— Pas des démons. Des chiens et des hommes en chasse.
Jawaad accepta le gobelet de bois que lui tendit la vieille, reniflant le contenu, avant de le boire. C’était
une infusion sucrée qui, avec beaucoup d’imagination, aurait pu passer pour un thé parfumé. Mais une
boisson offerte ne se refusait pas et ce n’était pas de l’alcool, l’exception à laquelle le Maître-marchand
ne transigeait pas : il n’en buvait jamais. Il fixa la chamane et lui fit un signe de tête. C’était à elle de
commencer ; elle s’en amusa et rajouta un fagot sur le feu qui revint lentement à la vie :
— Tous les chamans peuvent le savoir, Jawaad. Comme tous les Chanteurs, tu vibres. Vous vibrez tous.
De loin, dans l’océan terne des âmes lossyannes, vous brillez comme de petits faros de papier flottant sur
les flots, battus par les vents. On ne peut que vous voir.
— Comment ?
La vieille lâcha un sourire édenté :
— Tu ne livrerais pas tes secrets si facilement, non ? À toi… Que veux-tu à une chamane, toi qui crois
savoir ce que nous sommes ?
— Tu as appris, d’un regard, quelque chose qui n’est su que de trois personnes sous le ciel. Deviner
pourquoi je te cherche ne doit pas t’être si difficile, non ?
La vieille lâcha un autre sourire et elle hocha la tête. C’était bien vu comme réponse et elle joua le jeu :
— Tu es mourant. Ton Ambrose me parle ; il aspire au repos, il se lasse de lutter sans fin contre le
cancer qui te ronge. Il y a longtemps qu’il a vécu bien plus que ce que le permet les règles de la vie.
C’est pour cela, alors ? Pourtant, il y a de très bons physiciens, capables de soigner les hommes comme
les symbiotes. Tu es vieux, bien plus vieux encore que moi. Tout riche et puissant que tu es, tu vas finir
par mourir, comme tout le monde.
— J’ai encore des choses à faire, qui ne peuvent être remises. Je n’y renoncerai pas et je ne laisserai
pas le temps me dicter sa loi. Je sais et tu l’as prouvé, que vous, les chamans, comprenez les symbiotes
mieux que quiconque.
— As-tu donc peur de mourir ?
Jawaad dérida un sourire, levant un instant son regard noir sur la femme sans âge. Le feu redessinait le
relief de ses rides à la manière d’un parchemin froissé.
— Cette question est sans objet, la poser est inutile. Si mon symbiote te parle, il t’a donc dit ce qui
lui a donné son exceptionnelle longévité dont je profite, mais qui tire à sa fin…
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INTRODUCTION
Sohora fronça les sourcils et toisa avec plus d’insistance le marchand à sa remarque, ses yeux se
mouvant avec attention. Il se passa un long moment silencieux avant qu’elle n’affiche une moue perplexe,
tendant dans un geste tremblant un doigt perclus d’arthrite vers le poitrail du marchand :
— Qu’est-ce que ton médaillon, dont la force a changé si profondément la nature de ton symbiote
de longévité ?
— Un Artefact Ancien. Il est bien antérieur au Long-Hiver et a déjà prolongé la vie de plusieurs
porteurs, tous mes ancêtres.
— Mais sa force décroît et avec elle, ton espoir de vivre assez longtemps pour parvenir à tes fins, c’est
cela ?
— Et tu peux en savoir plus que moi.
— Qu’est-ce qui te l’assure ? Un chasseur d’artefact sage et érudit serait de meilleur conseil qu’une
chamane, ne crois-tu pas ?
— J’ai arpenté cette voie, vieille femme. J’ai appris tout ce qu’il était possible d’apprendre…
— Et tu restes sans réponse, je le comprends bien. Cette chose en loss-cristal, à ton cou, qui vibre au
gré du Chant de Loss qui t’habite, échappe à la raison des Lossyans. Alors la solution, aussi improbable
soit-elle, est évidente…
— Un terrien…
Sohora fixa le Maître-marchand, dans un échange entendu de regards qu’un spectateur eut été bien en
peine d’interpréter. Dans la nuit, le silence retomba, avant que la vieille chamane ne se remette à parler :
— Tu vas chercher une terrienne ; une Chanteuse de Loss, assez puissante et assez forte pour que ton
médaillon vibre à l’unisson avec elle. Choisis-la docile, prends son âme et instrumentalise sa volonté. Et
puis, laisse sa logique de terrienne trouver la solution à laquelle tu ne pourras jamais penser.
— Pourquoi une ?
— Parce que les femmes sont toujours plus fortes, bien sûr !
La seule réponse de Jawaad fut un sourire indéchiffrable.
— Jawaad !
Le Maître-marchand émergea dans la nuit en poussant la tenture de la hutte. Au vu du ton avec lequel
Abba l’avait appelé, il n’avait aucun doute qu’il s’agissait d’une urgence. Ses deux seconds lui faisaient
face, encore essoufflés et en armes. Damas lui fournit une explication sans attendre :
— Dix hommes, autant de chiens et deux cavaliers sur des griffons de guerre. Ils ont suivi notre piste,
mais ils viennent pour elle.
Abba commenta, en ajustant son arbalète lourde :
— Ça en fait un paquet ; ils remontent déjà la crête.
Jawaad tourna la tête pour fixer la hutte un instant, avant de revenir à ses hommes. Son regard s’assom-
brit jusqu’à être si noir qu’il semblait qu’il avait dérobé la nuit. Inspirant longuement, il laissa échapper un
long son grondant, presque inaudible. Tout ce qu’il portait de métal sur lui s’auréola d’une fugace teinte
de bleu :
— Elle m’a donné toutes mes réponses ; alors, allons payer ma dette. Il n’y aura aucun survivant…
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PROLOGUE
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INTRODUCTION
DES CONFLITS ET DES LUTTES c’est ce qui fait d’eux des Lossyans. L’individu qui ne
les connaît pas, ne les comprend pas ou n’en fait pas
Loss est un monde en permanence miné par la démonstration est regardé comme un barbare, une
guerre. Chaque cité-État lutte pour s’emparer des bête sans aucun droit.
moyens de l’autre et assurer sa propre subsistance. La
paix y est rare, la mort violente et fréquente — par la Partout, ces vertus sont plus respectées que le
maladie, par l’épée, par la faim. C’est un monde de loss-métal, la richesse ou les biens matériels ; elles
raids, d’armadas et d’armées en marche, un monde surpassent et contredisent même les Dogmes du
où même la nature est en conflit contre les hommes, Concile Divin. Il importe plus aux Lossyans d’honorer
où ceux-ci savent qu’il faut tout leur génie renouvelé et reconnaître les Vertus et ceux qui les portent,
pour en triompher. que de respecter les Dogmes. Car ces trois qualités
demandent de peser hommes et femmes à leur juste
C’est un monde de lutte. L’Église du Concile Divin, une valeur, sans rien considérer d’autre. Ne sont pris en
religion autoritaire disposant de centaines de légions compte ni l’origine, ni la race, ni le rang, ni même la
fanatisées et dont le bras armé est Anqimenès, capitale parole de l’Église, à son grand désarroi.
de l’Hégémonie, s’oppose à l’élan irrésistible du pro-
grès, de la connaissance, et de l’innovation incarnés Si les Lossyans sont machistes et sexistes, si la valeur
par la Guilde des Marchands. Celle-ci, un immense de la femme est souvent sous-estimée sauf en tant
consortium de confréries, de seigneurs terriens et de qu’esclave (et donc marchandise), si les Dogmes du
cités-États de l’Athémaïs, a fait d’Armanth un centre Concile imposent des lois cruelles, les Vertus offrent
d’où se répandent des idées subversives et hérétiques. toujours une échappée ; une opportunité de dépasser
son rang et briser les carcans de la société. Ainsi,
Loss est un monde dur et injuste, sur lequel pèsent femmes capitaines de navires ou officiers militaires,
en permanence les héritages des Dogmes de l’Église, guerrières, savantes et intellectuelles, chefs de fa-
et ce même quand ils se fissurent devant les théories mille et d’entreprises ont brandi honneur, courage
et les livres des philosophes, des savants et des intel- et sagesse face aux hommes et à égalité avec eux,
lectuels modernes. Ces Dogmes font de l’esclavage jusqu’à être reconnues. Ce sont les Femmes d’épée,
une pratique sacrée, destinée à l’origine à assurer vues avec méfiance, mais ô combien respectées !
un contrôle absolu sur les Chanteuses de Loss. Ce
qu’on appelle aussi le Haut-Art leur est réservé, tan-
dis qu’on tue tous les hommes Chanteurs de Loss
que l’on croise. Après le loss-métal, ce qui a le plus
COMPLOTS ET SECRETS OUBLIÉS
de valeur, ce sont les femmes, souvent asservies. Et Loss est enfin un monde de faux-semblants, de passés
personne n’imagine un monde sans esclaves. oubliés, d’histoires réécrites et de mythes réinventés.
Ces mêmes Dogmes appuyés par des traditions Dans les profondeurs des forêts et des déserts de
patriarcales ne font que peu de place aux femmes Loss se cachent les ruines des Anciens, peuples pré-
dans la société et la famille, pour qui les applique décesseurs des Lossyans, lieux de légendes où des
à la lettre. Ils réfutent aussi les anciens cultes, les explorateurs audacieux peuvent trouver des artefacts
idées novatrices, certaines recherches scientifiques et merveilleux ou redoutables.
historiques. Malheur à qui ose défier les Dogmes, car
l’Église le pourchassera, lui et tous les siens. C’est aussi un monde de sociétés secrètes, de com-
plots entre familles marchandes et lignées aristocra-
tiques. Des luttes intestines, complexes et cachées
font rage entre les noirs desseins des sectes de
l’Église, et les sombres mystères des sociétés occultes
de la Guilde des Marchands. La vérité n’est jamais
claire, les apparences sont souvent trompeuses et les
certitudes toujours remises en jeu. Rien n’est jamais
ce qu’il semble être sur Loss ; à commencer par le
passé perdu puis réécrit par l’Église, que les Lossyans
commencent à peine à redécouvrir.
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PROLOGUE
savoirs et mystères des Anciens. Chaque découverte sans attaches et sans liens débarquent de nulle part,
est une nouvelle énigme et un nouvel enjeu dans qui sait ce qu’ils ont fait, qui ils sont réellement et
une lutte entre l’obscurantisme et le progrès, pré- ce qui les a forcés à choisir la vie aventureuse plutôt
mices d’une prochaine guerre à grande échelle qui que l’honorable devoir de veiller sur leur famille ?
ne souhaite pas dire son nom. Personne ne consi- Mais la plus grave question qui se pose quand on les
dère vraiment l’arrivée d’une bande d’Adventores croise, même s’il n’y a presque aucune chance que
dans les murs d’une cité ou d’un village comme une ce soit le cas, c’est : l’un d’eux serait-il un démon
bonne nouvelle, à part peut-être les marchands et Chanteur de Loss ?
les bonimenteurs. Quand ces individus voyageurs,
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retombe aussi bien sur les aventuriers que sur celui que membres de l’équipage ou parce qu’un comman-
qui les a engagés. ditaire leur en confie un… À moins qu’ils n’aient les
moyens d’acquérir le leur, de l’entretenir et de payer
un personnel. Un groupe peut aussi être forcé de che-
LES DÉCORS miner à dos de cheval ou d’autres montures terrestres,
malgré le danger de ces expéditions dès qu’elles
Il y a trois grands décors privilégiés dans le monde s’éloignent des zones urbaines. Ces voyages sont riches
de Loss : les cadres urbains des cités-États, les mers de péripéties et de surprises au gré des escales et des
et les côtes lors des voyages maritimes, les fleuves et échanges que l’on peut y faire. Et c’est aussi l’occasion
les plaines parcourus par les navires lévitants, et enfin d’affronter pirates, fauves et autochtones.
les contrées plus sauvages où se risquent les hommes
les plus téméraires. Enfin, il y a les explorations, le domaine le plus in-
trigant des secrets de Loss. Les ruines des Anciens
Le jeu de rôle Les Chants de Loss tend à privilégier sont des sources de trésors et de mystères inimagi-
les aventures urbaines. Les cités-États sont les cœurs nables, mais il faut tout d’abord les trouver, y accé-
des plus profondes intrigues politiques du monde de der, puis avoir la force, l’expérience et le Courage
Loss, et l’homme y est toujours le plus dangereux des de les explorer. Les dangers sont nombreux et
adversaires. Les conflits, les guerres et les vendettas peuvent venir aussi bien de la faune exotique que
s’initient et se concluent dans les villes. C’est de là des rencontres avec des Lossyans hostiles. Et puis
que partent les plus grandes quêtes et les plus loin- toute expédition attise forcément des rivalités… qui
tains voyages ; mais aussi que l’on négocie, achète, peuvent être mineures, ou aussi graves que l’inter-
vend et échange. Si vous affectionnez les antagonistes vention des Ordinatorii de l’Église elle-même venant
humains, c’est là que vous en trouverez. réclamer dans sa toute-puissance ce que les person-
nages-joueurs auraient pu découvrir.
Cependant, les trajets maritimes et terrestres sont très
importants. On considère que tôt ou tard, un groupe
d’aventuriers aura accès à un navire lévitant, en tant
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INTRODUCTION
La vie est un jeu violent et hallucinant ; la vie, c’est se jeter en parachute et prendre des risques, tomber et se
relever, c’est de l’alpinisme, c’est vouloir monter au sommet de soi-même et être insatisfait et angoissé quand on
n’y parvient pas.
Paul Coelho
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PROLOGUE
L’époque du Da Vinci-punk
symbolise le passage d’un sa-
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CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
CHAPITRE 1
LE MONDE DE LOSS
L oss est un monde lointain, étrange, hostile
à l’homme, qui a cependant su s’y adap-
ter et fonder deux civilisations consécutives,
LE MONDE AUX DEUX SOLEILS
LES LOSSYANS
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la première ayant subi les ravages du Long-
Hiver. Nous allons ici étudier le monde de L’ORGANISATION SOCIALE 27
Loss du point de vue naturaliste et sociolo- SCIENCE ET TECHNOLOGIE 28
gique, et vous permettre d’explorer aussi bien
sa nature sauvage et exotique que l’ensemble LES PARIAS 30
des philosophies, coutumes, traditions et ré-
cits historiques des Lossyans. LE LOSS-MÉTAL 31
Et nous aborderons les Vertus. La centrali- LES MAMMALIENS 34
té de celles-ci est le vrai point commun des
Lossyans. Elles sont, selon les cultures, au LES SYMBIOTES 38
nombre de trois ou quatre : l’Honneur, le
Courage, la Sagesse et la moins reconnue, la
L’HISTOIRE DE LOSS 43
Foi. Chacune est liée à un élément, à savoir la LES VERTUS 54
Terre, le Feu, l’Eau et l’Air. Elles sont l’essence
du monde et de ce qui façonne la nature. Ces LA VIE QUOTIDIENNE DES LOSSYANS 59
Vertus définissent ce que les Lossyans ap-
pellent l’humanité et constituent leurs codes L’ÉDUCATION ET LE TRAVAIL 67
et idéaux moraux. On ne peut y déroger sans
conséquence. Ne pas les respecter ou ne pas LES LOISIRS ET LES JEUX 68
les comprendre fait d’un individu un barbare, LA JUSTICE ET LES LOIS 70
privé des droits accordés à tout être humain.
Dans le monde de Loss, les Vertus sont plus
CODES SOCIAUX ET VIE QUOTIDIENNE 71
fortes que tout, lois et religion incluses. NOURRITURE, BOISSONS ET ÉTOFFES 74
L’ESCLAVAGISME ET LE HAUT-ART 77
Ref. 14778
Illustration
Emile Denis
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
La nuit n’existait pas sur Loss, qu’on soit dans ses plaines, ses forêts ou ses déserts. Du moins pas selon le
sens que les terriens donnaient à ce mot. Où que l’on soit, on ne pouvait ignorer Ortentia et sa lumière bleutée, sa
surface de volutes vaporeuses couvrant le ciel sur une étendue si vaste qu’une main tendue devant soit ne pouvait
la cacher. Lisa se souvint de la lune terrienne, si petite qu’elle pouvait dissimuler derrière l’extrémité d’un doigt
tendu. Ortentia, qu’elle avait très vite identifiée comme une géante gazeuse autour de laquelle, elle le supposait,
Loss orbitait, interdisait l’obscurité en éclairant le monde d’un bleu céruléen et fantomatique.
Même sans elle, la nuit lossyanne aurait toujours été claire, cependant. Une immense galaxie, dense de millions
d’étoiles, incroyablement plus vaste et brillante que la Voie lactée vue de la Terre, barrait le ciel lossyan. À elle seule,
elle illuminait sans doute presque autant qu’une belle pleine lune. Mais ce que ne savait pas Lisa et qui se révélait
à ses yeux grands ouverts, tandis qu’Eïm, pour qui le spectacle était coutumier, ronflait déjà comme un sonneur,
c’était que toute la vie végétale de Loss s’éclairait une fois la nuit tombée. De partout, bourgeons, fleurs et mousses
luisaient d’une douce bioluminescence, allant du bleu à l’orangé, en passant par des jaunes dorés. C’était comme sa
découverte de la serre des symbiotes de Duncan ; mais à l’échelle de la forêt entière, jetant dans ses cheveux roux
des reflets chamarrés. Une pure magie, qui l’émerveillait, et la maintint longuement éveillée, malgré son épuisement.
20
Ref. 14778
LE MONDE
se concentrent autour de la partie sud du centre du par des pluies de petites météorites. Mais rien de tout
bloc continental, sous les Mers de la Séparation, et cela n’a jamais suffi à exterminer la vie qui y prospère.
sur sa partie orientale ouverte sur l’océan infini. À La planète abrite un biotope qui, non content d’être
ces déserts s’ajoutent les rifts, situés en dessous du surdimensionné même si les plus grandes espèces ont
niveau marin. La chaleur écrasante et le volcanisme disparu, se révèle formidablement résistant. S’adapter
intense en font de véritables enfers où presque aucun à un tel milieu a été un exploit pour les Lossyans,
être vivant ne subsiste. Et mieux vaut ne pas croiser constamment renouvelé encore aujourd’hui.
les quelques exceptions.
Les plantes de Loss vont de la plus petite mousse
inoffensive d’apparence à des forêts d’arbres dont la
Loss et les boussoles
voûte frôle les cent mètres de haut. Et un arbre qui
Loss est une planète très active, avec un volcanisme culmine à vingt-cinq ou trente mètres est davantage la
et une sismologie qui s’en donne à cœur joie. Elle est norme que l’exception. Qui plus est, un grand nombre
aussi en partie enfermée dans le champ magnétique de plantes différentes ont développé des systèmes de
d’Ortentia, ce qui la protège de bien des soucis cos- défense et de protection originaux et redoutables.
miques, mais perturbe tout ce qui affère au magné- Des plantes à toxine, venin, épines, poils urticants,
tisme : engins électroniques, électriques, y compris fragrances aux effets psychotropes ou étourdissants,
les boussoles. photophores et bioluminescence se sont répandues
et la plupart peuvent facilement tuer un Lossyan im-
Il y a 13 pôles magnétiques sur l’hémisphère nord prudent. Et il existe même quelques plantes carni-
de Loss, et tous sont mouvants. Une boussole vores parfaitement capables de capturer, neutraliser,
classique n’y est d’aucune utilité. Pour se diriger, et digérer un animal de la taille d’un gros chien… ou
les Lossyans se fient aux soleils et aux étoiles, à d’un enfant. Se perdre dans une forêt, pour un citadin
l’aide de compas solaires ou encore de solilithes, des lossyan qui ne la connaît pas, est une condamnation
prismes d’origine dragensmann permettant de voir la à mort à très brève échéance. Même les meilleurs
position du soleil même par temps couvert. Il existe hommes des bois ne tiennent pas très longtemps dans
des boussoles magnétiques complexes permettant un milieu sauvage qui leur est étranger et l’adaptation
de déterminer efficacement des positions, mais les à la vie forestière de certains peuples est une lutte
marins expérimentés préfèrent largement user de constante, autant qu’une affaire de symbiose avec
sextants et de compas. leur redoutable milieu. Pour résumer, prenez le côté
mortel de l’Amazonie, rajoutez-y la faune de l’Aus-
Le nombre de champs magnétiques et l’intensité de tralie, agrandissez-les exagérément, et dites-vous que
leurs variations a des effets sur tout appareil sensible : la plupart des forêts de Loss sont au moins aussi
sur Loss, rien de ce qui n’est pas blindé contre des dangereuses que ça.
impulsions électromagnétiques ne fonctionne long-
temps. Si ce n’est pas encore un problème pour la Cette profusion de spécialisations a cependant un
technologie lossyanne, en revanche, rien de ce qui avantage : la flore et la faune de Loss fournissent une
vient de la Terre dans ce domaine ne met plus de pharmacopée riche aux effets surprenants, que les
quelques heures à griller définitivement. Même les Lossyans ont appris à exploiter. Ils ont coutume de
appareils électriques peuvent avoir des comporte- dire qu’il existe une plante pour tout, et le fait est que
ments dangereux. Mais cela signifie aussi des aurores la biochimie lossyanne accomplit des merveilles dont
boréales fréquentes qu’on peut admirer même très certaines étonnent les Terriens Perdus, pourtant ac-
loin au sud. coutumés à la puissante pharmacopée du XXIe siècle.
La faune de Loss
LE BIOTOPE DE LOSS Celle-ci est dominée par ce que les Lossyans ap-
La faune et la flore de Loss ont deux traits communs : pellent des mammaliens. La taille moyenne du mam-
grand et hostile. Loss n’a jamais encaissé d’astéroïde malien de référence est supérieure à celle d’un ours
géant exterminateur de dinosaures. Mais il y a eu (à comparer avec la taille moyenne d’un mammifère
plusieurs épisodes d’extinction récents, y compris sur Terre qui est plus petit qu’un chien). Pour parler
les conséquences ravageuses du Long-Hiver, qui en termes de chiffres, le poids médian d’un mam-
frappa une partie de l’hémisphère nord. La variété malien dépasse la tonne, contre environ 40 kg pour
des espèces vivantes sur Loss s’en est trouvée dra- les mammifères de la Terre. Un mammalien her-
matiquement réduite. Le désastre a surtout emporté bivore de trois ou quatre tonnes est courant. Les plus
les espèces les plus grandes et les plus spécialisées, grands, les longilas, dépassent les vingt tonnes – et
même si les Lossyans au fait de ce détail restent très les prédateurs sont à la même échelle, comme le tar-
peu nombreux. bosarre et ses sept tonnes. Les mammaliens sont l’es-
pèce terrestre dominante sur Loss. Ils pondent des
Loss est très volcanique, souvent secouée par des œufs, mais allaitent leurs petits, qu’ils engendrent
séismes et des tsunamis, et régulièrement bombardée en nombre assez réduit. Leur sang est chaud, et
21
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
comme les mammifères terriens, ils ont conquis tous mension raisonnable. On peut cependant rencontrer
les milieux, y compris aquatiques et aériens. Les des moustiques presque aussi longs qu’un petit doigt,
mammaliens ont relativement peu de fourrure, et et quelques rares espèces d’insectes plus gros que des
favorisent le duvet dans les régions froides. Leurs lapins. Quant aux toshs, les rats de Loss, ils pèsent
ornements et robes sont des colorations de leur épi- facilement plus de trois kilos.
derme. La présence d’armures cutanées, osseuses et
externes, est très courante. Enfin, un certain nombre On trouve enfin beaucoup d’animaux domestiques
d’entre eux disposent de venins qu’ils peuvent par- d’origine terrienne : les chats (rares, car les toshs les
fois cracher, mais aussi d’armes de défense comme mangent), les chiens, les chevaux, les lapins, les ca-
des souffles bouillants ou des armes bioélectriques. nards, et les chameaux, par exemple. Les Lossyans
Beaucoup sont bioluminescents. Et tous sont dange- pensent que ces animaux les ont suivis quand ils sont
reux. Il existe quelques espèces apprivoisées, mais arrivés sur ce monde depuis la Terre.
les mammaliens sont par leur taille, leur ruse, leur
adaptation et leurs armes des créatures difficiles à Nous aborderons aussi plus loin une autre espèce
domestiquer, exterminer, ou même contrôler. À no- particulière à Loss, les symbiotes. Ils vivent en sym-
ter qu’il n’existe a priori aucun mammalien ayant biose avec pratiquement tout le biotope de Loss —
développé de système culturel avancé. Lossyans compris. Selon les savants, la vie ne serait
pas la même sur ce monde sans les symbiotes.
Il existe encore bien d’autres animaux surprenants
sur Loss. On y trouve oiseaux, reptiles, serpents, Pour plus d’informations, voir les chapitres Les
insectes, poissons, mollusques et crustacés ; mais la Mammaliens, page 34 et Les Symbiotes, page 38.
plupart, même dangereux, restent gérables et de di-
22
Ref. 14778
LE MONDE
avant notre époque, par une guerre qui a embrasé taurer sa grandeur fragilisée par des conflits internes,
pratiquement toutes les cités-États des Mers de la Armanth et Anqimenès se livrent une guerre d’in-
Séparation et a forcé l’Hégémonie à renoncer à ses fluence au travers des cités-États des Mers de la
ambitions de conquête… Au moins le temps pour Séparation. Armanth et la Guilde des Marchands
elle de former de nouvelles générations d’ordinatorii cherchent de nouveaux marchés et répandent des
fanatiques et dévoués. idées novatrices, hérétiques et libertaires. Anqimenès,
quant à elle, manie une diplomatie agressive avec
Entre Armanth, Anqimenès et Cymiad s’étendent les l’ambition de devenir le centre du monde matériel —
Mers de la Séparation. Elles sont elles-mêmes ponc- car le monde spirituel lui appartient déjà. Elle est le
tuées d’îles et de presqu’îles peuplées et prospères, cœur de l’Église du Concile, une religion expansion-
de Terancha, aux Cités-Unies sans compter les im- niste et dogmatique qui règne sur tout Loss depuis
menses Plaines de l’Étéocle. Des peuplades barbares un millénaire. Armanth et Anqimenès ne sont entrées
y vivent, principalement des Jemmaïs, des Forestiers en guerre qu’une fois, 25 ans auparavant.
et des Dragensmanns. Alors que Cymiad tente de res-
23
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Plus d’informations aux chapitres Les Peuples de Loss, que de parvenir à en trouver, quitte à affronter les
page 88 et L’Église du Concile Divin, page 138. tréfonds les plus terrifiants de Loss.
LES LOSSYANS
ASPECTS PHYSIQUES revient largement à égalité avec un Lossyan, et pour-
ra lui tenir tête, le dixième de différence de gravité
Comparés aux Terriens, les Lossyans frappent par jouant en sa faveur.
leur taille. Sur Terre, un homme d’un mètre quatre-
vingt-dix est très grand. Pour un Lossyan, c’est la
moyenne. Un grand Lossyan peut atteindre 2,20 m
et des géants comme Abba ou Eïm dans le roman
LES ETHNIES ET LES APPARENCES
font 2,30 m. Pour les femmes, 1,75 m est une moyenne, Les Lossyans sont aussi variés que les humains sur
1,80 m est courant. La légère différence de gravité Terre. Seul détail remarquable, il n’y a apparemment
joue sur la différence de taille. Les Lossyans sont aucune ethnie originaire du continent américain qui
aussi mieux bâtis, plus athlétiques et d’allure plus ait été implanté sur Loss. On trouve des Asiatiques,
puissante que les Terriens. des Africains, des Sémites, des Indo-européens,
des Slaves, des Méditerranéens — surtout d’origine
La stature impressionnante des hommes et femmes grecque — des Scandinaves et encore d’autres ethnies
de Loss a deux causes. En premier lieu, c’est un bé- plus anciennes ou locales d’origine terrienne. Après les
néfice du régime alimentaire indigène. Mais ces effets brassages et métissages nombreux, voir des hommes
de la nourriture lossyanne ne sont apparus qu’au fil de grande carrure, blonds, ou châtain clair, la peau
des générations. Les enfants d’un Terrien seront plus mate, voir café au lait avec des yeux bleus est courant.
petits que ceux d’un Lossyan et ils ne rattraperont
totalement la carrure lossyanne qu’en deux ou trois Les Lossyans aux cheveux roux sont très peu fré-
générations. En second lieu, la différence de pression quents. Ceux-ci ayant été purgés après le Long-Hiver,
atmosphérique entre la Terre et Loss, plus élevée sur puis pourchassés et asservis jusqu’à aujourd’hui, ce
celle-ci, a joué en faveur d’une augmentation légère de trait est devenu rare. Naître roux, surtout pour une
la capacité pulmonaire et des muscles de la cage tho- fillette, est une malédiction ; si elle n’a pas été aban-
racique, ainsi que d’une silhouette large en pyramide donnée, voire tuée enfant, une personne rousse sera
inversée. Les Terriens perdus ont du mal à respirer asservie vers sa 13e année et risque de finir comme
pendant quelque temps, mais s’habituent assez vite. offrande à l’Église du Concile. Il y a aussi peu d’al-
binos et de gens aux yeux vairons. Les superstitions
En termes de leur force, un Lossyan paraît fran- des Lossyans ne leur prêtent pas de beau rôle et l’on
chement plus puissant qu’un Terrien. Mais ce n’est a même tendance par endroit à les éliminer ou les
souvent qu’une apparence. Comme la grande majo- bannir dès que ces traits apparaissent.
rité des terriens importés sur Loss sont des femmes
citadines, elles ne font pas tellement le poids face À noter que quelques Lossyans vivent très vieux. Si
à des Lossyans qui sont dans leur grande majorité l’espérance de vie moyenne tourne aux alentours de
travailleurs physiques et bâtis comme des armoires 38 ans — il y a encore une assez forte mortalité in-
normandes. Par contre, un terrien musclé, physique- fantile — et qu’on appelle « ancien » un homme qui a
ment aguerri ou bon pratiquant de sports de combat passé la cinquantaine, il existe des Lossyans âgés de
24
Ref. 14778
LES LOSSYANS
deux siècles sur qui le temps ne semble avoir aucune LES QUALITÉS ET TRAVERS
prise grâce aux symbiotes appelés « Ambroses ».
La fierté
Les Lossyans sont tous des gens fiers — d’eux, de
LES VERTUS leur famille, de leurs ancêtres, de leurs œuvres. Ils
laissent l’humilité aux ascètes religieux ou à leurs
Les Vertus sont un élément si universel qu’on le re- esclaves. Ils aiment aussi se vanter et enjoliver leurs
trouve dans toutes les cultures de Loss, même celles qui exploits. La gloire et le renom pèsent lourd, car la
ne suivent en rien la foi de l’Église. Il en existe trois re- renommée d’un individu rejaillit sur sa famille et sur
connues, plus une quatrième ignorée de l’Église et des les siens ; un Lossyan peut très bien perdre toute pru-
cultures conciliennes. Les voici, avec leur symbolisme : dence s’il entrevoit une bonne occasion d’accomplir
un exploit glorieux, digne d’écrire sa Légende. Leur
L’Honneur, qui est la Terre, est lié aux capacités so- fierté est ce qui les rend courageux et aventureux.
ciales. Il a pour couleur le vert.
Cette fierté se révèle souvent susceptible et chatouil-
Le Courage, qui est le Feu, est lié au corps. Il a pour leuse, et il n’est pas toujours judicieux d’insulter sans
couleur le rouge. être sûr de soi. Les crimes d’honneur et les vendettas
ne sont pas rares. Dans un univers rude et dangereux,
La Sagesse, qui est l’Eau, est liée à l’esprit. Elle a pour la survie passe par la solidarité familiale. Un Lossyan
couleur le bleu. sans famille, sans proches et sans clan est un être
seul, perdu, vulnérable, dont on se méfie.
La Foi, qui est l’air, est liée aux pouvoirs du Loss. Elle
a pour couleur le blanc. La superstition
Les Lossyans sont superstitieux. En plus de leur
La Foi est une vertu que ne reconnaît pas l’Église crainte respectueuse et méfiante des membres redou-
du Concile Divin. Presque tout le monde l’a oubliée, tés de l’Église du Concile, les Lossyans craignent leurs
à force de l’effacer des textes et de voir ses promo- nombreux dieux, les esprits, les spectres, les mauvais
teurs, principalement les chamans, pourchassés et présages et les signes célestes. Quand un lieu est mau-
exterminés. dit ou porte malheur, le quidam moyen prend cela au
sérieux. L’athéisme et la mécréance sont impensables,
et l’apostasie est presque partout un crime. Les devins
L’honneur, ferment social
et les intercesseurs spirituels sont consultés par tout
De manière générale, l’Honneur d’un Lossyan est homme qui veut se lancer dans de grands projets.
le ciment de la cohésion familiale et de ses rela-
tions sociales. C’est une grande partie de ce qui L’hospitalité
forge sa renommée et donc le respect de ses pairs. L’hospitalité est sacrée : on ne laisse pas sa porte fer-
Un Lossyan sans Honneur n’a plus de parole, ses mée à un voyageur égaré qui cherche un toit pour
promesses, serments, et engagements ne valent plus la nuit. Et ce même voyageur honorera ses hôtes de
rien. Un Lossyan sans honneur peut être escroqué, son mieux, par des services, du troc, par les louanges
dépouillé et trompé sans scrupules. Et il ne lui res- qu’il fera ailleurs de leur hospitalité, etc. Fournir des
tera rien, à part ses armes et ses bras, pour tenter vivres à un homme dans le besoin est normal et le
de le défendre et le reconquérir. Ce qui n’est pas voyageur sait qu’il trouvera toujours un endroit où
aisé, les Lossyans étant loin d’être tous de bons dormir au chaud et avaler un peu de soupe.
combattants.
La curiosité
L’Honneur remplace un peu le contrat dans un Les Lossyans sont en général curieux. La défiance
monde où la plupart des gens ne savent pas lire, envers la nouveauté ne prévaut que si celle-ci a des
et où les institutions légales n’ont souvent ni les apparences de magie ou si elle peut éveiller la mé-
moyens ni la mission de faire respecter les accords fiance de l’Église. Les Lossyans respectent les érudits,
écrits. C’est aussi une valeur morale ; l’Honneur sera les savants, les ingénieurs, même s’ils peuvent aussi
donc valorisé ou dévoyé par le comportement public s’en méfier. Les Lossyans, notoirement courageux et
des individus, hommes ou femmes, pour au bout aventureux, peuvent prendre des risques pour assou-
du compte se défendre lors de duels. Les Lossyans vir leur curiosité. Cette intrépidité reste cependant
évitent cependant le plus possible les duels à mort, limitée, chacun se devant à sa famille et aux siens.
car une coutume respectée par presque tout le Les Lossyans sont donc malgré tout peu nombreux
monde — au risque d’y perdre son honneur — dicte à partir à l’aventure.
qu’un homme qui en tue un autre en duel devient
responsable de la famille du défunt. Le respect de la vie
Les Lossyans ne tuent pas inutilement, et massacrent
Vous retrouverez plus d’informations au chapitre Les peu. Quand ils capturent un ennemi, ils préfèrent
Vertus, page 54. souvent soit le retenir comme otage contre rançon,
25
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
soit l’asservir. Ils ne se montreront cruels que si la Cependant, plus on va vers le sud, à Armanth et dans
nécessité l’exige — de même avec leurs esclaves, à l’Athémaïs en général, et plus la protection juridique
moins que les lois ou les traditions l’exigent. Même des femmes dans le cercle familial devient égalitaire.
si un maître a tous les droits sur son esclave, qui est On leur accorde le divorce, le droit d’héritage et de
sa propriété, en tuer ou en mutiler est très mal vu. propriété, le droit de porter plainte en cas d’abus et
Et comme renommée et honneur dominent les rela- de violences conjugales. Dans le sud des Mers de la
tions sociales, cette réprobation n’est pas anodine. Séparation, un homme qui bat, asservit sa femme ou
Cependant, les Lossyans n’hésitent jamais long- vend une de ses filles risque fort bien d’y perdre sa
temps à donner la mort au besoin, et y rechignent renommée et son honneur.
bien moins que les humains du XXIe siècle. Après
tous, la mort et la violence font partie intégrante Vous retrouverez plus d’informations au chapitre La
de leur environnement. vie quotidienne des Lossyans, page 59.
Le sexisme L’esclavage
Les Lossyans se montrent souvent virils, notoirement Les Lossyans n’ont aucun souci avec l’esclavagisme.
machistes et, selon les cultures, clairement sexistes. Il est pour eux logique et sacré : on le nomme le
La société patriarcale, légitimée par les Dogmes Haut-Art. Il est considéré comme utile, nécessaire,
implacables de l’Église, domine les sociétés conci- et l’immense majorité des Lossyans ne comprendrait
liennes, comme dans l’Hégémonie, les Plaines de pas qu’on le juge inacceptable. Plus qu’un état de fait,
l’Étéocle, les Cités-Unies et chez l’empire oriental de pour les Lossyans, l’esclavagisme est un art, pratiqué
l’Hemlaris. Les femmes sont sous la responsabilité par une profession respectée.
et le joug des hommes de la famille, qui ont tout
pouvoir sur elles. Une femme indépendante, libérée La chose qui a le plus de valeur avec le loss-métal,
de l’autorité masculine, est rare. Mais certaines sont selon les Lossyans, ce sont les femmes. La grande
officières militaires, capitaines de navire, dirigeantes majorité d’entre elles ont appris la prudence et la
de guildes, professeurs, entrepreneuses et chef de crainte dès qu’il y a un risque d’être soumise à ce
famille. Et les Lossyans respectent — même s’ils sort redouté, car toute femme ayant commis un crime
s’en méfient — celles que l’on nomme les « femmes ou capturée par un ennemi risque à coup sûr d’être
d’épées ». Indépendantes et fortes, souvent combat- condamnée à l’asservissement.
tantes mais pas nécessairement, elles ont décidé de
défendre leur honneur à la manière des hommes, et À noter que le Haut-Art a été créé à l’origine
sont prêtes à se battre en duel. pour asservir et contrôler les Chanteuses de Loss.
Ref. 14778
L’ORGANISATION SOCIALE
Désormais, on asservit ou on tue toute personne Vous retrouverez plus d’informations au chapitre
dont les cheveux ont le malheur d’être roux. Les L’Esclavagisme et le Haut-Art, page 77.
Dogmes de l’Église tendent aussi à prêcher l’asser-
vissement des Terriens perdus.
L’ORGANISATION SOCIALE
27
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
SCIENCE ET TECHNOLOGIE
La plupart des peuples lossyans ont accès à peu de Vous retrouverez plus d’informations au chapitre Les
choses près aux mêmes technologies que leurs voi- Vertus, page 54
sins, et les différences tiennent dans les progrès les
plus modernes et les recherches et techniques les plus
avancés de chacun.
L’ÉRUDITION DES LOSSYANS
Le Lossyan moyen est, du point de vue de l’Occiden-
LA NOTION DE « CIVILISÉ » tal du XXIe siècle, inculte. Il sait compter, mais rare-
ment lire et écrire. C’est un fermier ou un éleveur qui
Un Lossyan définit en général être « civilisé » : celui vit de la terre, n’a jamais vu de livres ou de journaux
qui connaît les principes des Vertus et les dogmes et ne connaît rien dans le domaine scientifique. S’il
du Concile Divin. Aucun rapport donc avec le fait peut parler de quelques us et coutumes de régions
de savoir lire et écrire ou être cultivé. Un Lossyan voisines, sa connaissance géographique ne dépasse
« civilisé » sera d’autant plus considéré, si en plus, il pas les routes et les pistes à une journée ou deux de
sait parler l’athémaïs, la lingua franca de Loss. marche. La plupart des Lossyans n’ont jamais voyagé
plus loin que le grand marché local, ou qu’en pèleri-
Tout ce qui n’est pas « civilisé » et ne suit pas les pré- nage dans un temple de l’Église. Leurs connaissances
ceptes de l’Église du Concile est considéré comme se limitent en général à celles de leur métier et ils
barbare, pour un Lossyan. Les barbares n’ont pas auraient du mal à appréhender des idées innovantes
de Vertus et ne sont donc pas des humains au sens ou révolutionnaires. Ils ne sont pas très cultivés et
lossyan du terme. Ils ne sont pas protégés par les leur préoccupation principale consiste à travailler
lois et les codes et on peut très bien les chasser, les pour nourrir leur famille, trouver comment passer
traquer, les asservir ou les tuer. Y compris un terrien les saisons difficiles et les hivers pénibles et ne pas
28
Ref. 14778
SCIENCE ET TECHNOLOGIE
s’attirer les mauvais augures, la colère des esprits, des de tissage mécanisé plutôt efficaces, et maîtrisent
ancêtres, des dieux, et de la nature hostile. les techniques des hauts-fourneaux et la fonderie et
l’usinage de l’acier et du titane. Les outillages des
Cependant, les Lossyans sont aussi des gens curieux artisans sont de qualité très variée et l’horlogerie et
et aventureux, ce qui fait naître pas mal de penseurs, la micromécanique font leurs débuts. Un domaine
de chercheurs et d’explorateurs. Les plus grandes dans lequel les Lossyans ont une grande maîtrise
cités-États ont des universités et des collèges et le est la construction de marine et, enfin, grâce à cer-
métier d’ingénieur — dans tous les domaines — est tains Artefacts Anciens, les Lossyans construisent
assez courant. Les citadins sont un peu plus nom- des automates qui n’ont rien à envier à nos robots
breux à savoir lire et l’imprimerie a donné l’appari- les plus futuristes.
tion de journaux et de pamphlets plutôt répandus.
Mais posséder une bibliothèque complète est un
luxe de bourgeois, écrire un livre une preuve de
grande érudition.
LE LOSS-MÉTAL
Le loss-métal permet de fabriquer et alimenter des
dynamos électriques et de construire les moteurs
LES ARTEFACTS DU PASSÉ à lévitation des navires lévitants. Ces machineries
sont plutôt chères ; le loss-métal est rare et pré-
Avant que les humains ne soient implantés sur Loss, cieux. Les connaissances des Lossyans sur l’élec-
des civilisations étranges y ont évolué. Il n’en reste tricité viennent de l’étude d’Artefacts passés et la
que des vestiges, mais un explorateur opiniâtre peut physique de l’électricité est encore balbutiante. Les
trouver des trésors étranges et uniques. Dans l’im- Lossyans croient toujours en grande majorité qu’il
mense majorité des cas, ces artefacts n’ont pas plus s’agit d’une force magique. Trop l’étudier est mal
d’effet que des œuvres d’art et leur valeur tient à vu par l’Église.
leurs matériaux, loss-métal, loss-cristal et autres
substances rares. Mais certains sont fonctionnels, Les Lossyans savent fabriquer avec le loss-métal des
voire dangereux et mortels. Beaucoup d’innovations moteurs électromécaniques et aussi des lampes à arc.
lossyannes dont l’électricité et les moteurs à lévita- Ils ont développé avec les propriétés de cette source
tion ont été inspirées par l’étude de ces artefacts. d’énergie les pistolets et fusils impulseurs et les mo-
Les riches lossyans sont très friands de ces objets, et teurs des navires lévitants, qui permettent de s’élever
les intellectuels cherchent toutes les occasions de les dans les airs, hors de portée de la faune géante et
étudier, mais leur possession est fort mal vue par les agressive de Loss. On se sert aussi des moteurs à
Ordinatorii, et a conduit à quelques procès et exécu- lévitation sur les chantiers urbains, pour soulever de
tions pour hérésie après une trouvaille trop exotique, lourdes charges. Avec les effets électriques et magné-
fonctionnelle ou dangereuse. tiques du Loss, on a créé nombre d’armes de contact
terriblement efficaces, exotiques et dangereuses.
Enfin, l’emploi de la chaleur électrique est connu,
LA TECHNOLOGIE LOSSYANNE et appliqué à des hauts-fourneaux, ce qui permet
de travailler certains métaux comme le titane et de
Le niveau technologique et scientifique moyen des faire des alliages d’acier très résistants et solides, à
Lossyans s’apparente à peu près à celui des XVIe et moindre coût et en grande quantité.
XVIIe siècles terriens. Les mathématiques et la géomé-
trie sont très avancées, l’astronomie et le mouvement Vous retrouverez plus d’informations au chapitre Le
des étoiles commencent à être étudiés. On cartogra- Loss-métal, page 31
phie toujours plus précisément le monde connu et
les Lossyans sont d’impressionnants ingénieurs hy-
drauliques et éoliens. La biologie est encore un peu
balbutiante, l’optique se développe, mais la chimie
INVENTIVITÉ ET HÉRÉSIES
est bien maîtrisée et offre un essor de nouveaux Si l’on cherche, il y a forcément un savant ou un
matériaux aux propriétés remarquables. La physique inventeur qui a conçu une petite merveille surpre-
commence à s’intéresser avec succès à l’électricité et nante ou effrayante qui défie l’entendement — par
ses applications grâce aux propriétés du Loss-métal, exemple, plusieurs grands Génies étudient de très
aux notions des atomes et des éléments, des gaz, près les capacités voltaïques du béryl et parviennent
des fluides. La pharmacopée lossyanne est surpre- à créer des panneaux solaires capables de fournir de
nante d’efficacité pour un humain du XXIe siècle. Les l’électricité ! Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’un
Lossyans emploient engrais et jachères, pour une univers Da Vinci-Punk. L’ingéniosité des Lossyans
agriculture maîtrisée ; l’irrigation, les moulins à eau s’étend dans tous les domaines. En fait, son seul
et à vent, les machines-outils hydrauliques sont cou- frein, hormis les évidents problèmes de matériaux
rants. Ils connaissent et emploient beaucoup l’im- et de disponibilité, est le respect craintif et supersti-
primerie et le papier, savent fabriquer des dynamos tieux des dogmes du Concile, qui interdit certaines
et des machines électromécaniques, ont des ateliers recherches ou applications industrielles hérétiques.
29
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Comme les explosifs, par exemple : la poudre noire explosifs fiables sont rares, plus instables et dange-
est connue, mais l’Église tente de conserver un fort reux que les impulseurs et bien moins compris. Les
contrôle dessus. La plupart du temps, ils sont seuls à Lossyans voient évidemment souvent d’un mauvais
mandater les experts et ingénieurs qui les conçoivent, œil l’usage d’une chose dangereuse condamnée par
et les emploient dans les chantiers et mines sous leur le Concile.
strict contrôle. On s’en sert avec plaisir pour des feux
d’artifice colorés, mais ces derniers pouvant causer Vous retrouverez plus d’informations aux chapitres
de graves accidents, on craint réellement le pouvoir Les Génies de Loss, page 164 et Les Navires lévitants»,
destructeur des explosifs. On n’ose donc pas encore page 173
s’en servir comme arme sauf occasionnellement : les
LES PARIAS
30
Ref. 14778
LE LOSS-MÉTAL
Il n’y a rien qui ait plus de valeur que le loss-métal et la seule chose qui s’y compare dans l’avidité lossyanne, ce
sont les femmes, bien avant l’or et les joyaux. Le loss-métal n’est pas cher que parce qu’il est rare. Son extraction est
si mortelle qu’on y envoie que des forçats et des prisonniers, des êtres sans vertus ni valeur, que l’on peut sacrifier
et qui n’y font pas long feu. Il est si difficile de le raffiner que les meilleurs ingénieurs à connaître ces techniques
sont considérés comme des trésors vivants par leur cité-État. Et enfin, rien ne peut le remplacer : sans lui, il n’y
aurait plus de voyages ni de commerce et peut-être même plus d’industrie dans toutes les Mers de la Séparation.
Mais surtout, l’Église exige de toutes les villes un tribut de loss-métal, qu’il est impératif de payer à chaque
temple, c’est le devoir de la cité. Et malheur à celle qui tarde à le donner. Car rien ne surpasse ni n’est plus dan-
gereux que l’avidité des ordinatorii.
LE LOSS-MÉTAL
31
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
LES GISEMENTS DE LOSS-MÉTAL Mais l’usage le plus courant et répandu concerne les
moteurs à lévitation. Pour les navires lévitants, bien
Les mines de loss-métal sont en général à ciel ou- sûr, mais aussi pour les mines, les arsenaux et les
vert et de grande taille. L’extraction du minerai qui chantiers de construction où ces machines, souvent
l’abrite demande un long processus de raffinage, aus- asservies à des grues, permettent de soulever à peu
si complexe que celui de l’or. Trouver des blocs de d’efforts d’énormes charges.
minerai plus gros qu’une paillette est rare. Le minerai
de loss est en général dilué en quantités infimes au L’autre usage commun du loss-métal concerne les
milieu d’autres métaux : argent, nickel, platine et pal- armes, principalement les fusils, pistolets et canons à
ladium, bien évidemment — à noter que ce dernier impulsion, mais aussi les armes de contact électriques
est considéré par les Lossyans comme un déchet sans et les rares et redoutées armes ardentes.
utilité. En général pour trouver un filon de loss-métal,
on explore les régions à minerai riche en argent et Plus de détails sur ces objets et merveilles au cha-
l’on se sert de magnétite, par aimantation, pour juger pitre Les Génies de Loss, page 164 et dans le Livre
de la qualité et de la concentration du loss-métal 2, chapitre Les Armes, page 173.
dans les échantillons. Il va de soi que pour beaucoup
de Lossyans, une mine de loss est aussi sacrée que
le loss-métal lui-même et que l’abîmer ou la rendre
inexploitable est un crime impardonnable.
LE LOSS ET LA SOCIÉTÉ LOSSYANNE
Le loss-métal est vital pour les Lossyans ; pour leur
La durée de vie d’un mineur ou d’un ouvrier de raf- technologie, leur armement et leurs échanges com-
finage du loss est courte. Respirer les vapeurs du merciaux. C’est la clef de la révolution industrielle
loss-métal en fusion ou la poussière du minerai est de cet univers Da Vinci-Punk. Le loss-métal est
toxique. En cinq à sept ans — pour les plus chanceux si précieux qu’il sert d’étalon à toutes les valeurs
— le loss s’infiltre dans leur organisme qu’il ravage monétaires. Les monnaies sont toutes étalonnées à
par cancers, effondrements immunitaires et autres l’indice de la valeur du loss-métal sur les marchés
maladies neurologiques ou pulmonaires graves. Aussi, d’échange. Et toutes les cités-États, comme les plus
on envoie aux mines des forçats : esclaves, criminels grandes guildes marchandes, ont des réserves consé-
condamnés et prisonniers de guerre. Et l’on s’arrange quentes de centaines de kilos, voire de tonnes de
pour avoir de la main-d’œuvre disponible. Quant aux barres de loss-métal.
raffineries, elles sont très aérées et ventilées. Tous les
travaux demandant manipulation du minerai et des
barres de loss-métal sortant des hauts-fourneaux sont
eux aussi confiés aux forçats. Cependant, même les
artisans spécialisés et les contremaîtres de ces ateliers
voient leur espérance de vie raccourcie.
32
Ref. 14778
LE LOSS-MÉTAL
En plus d’être vital, le loss-métal est sacré. Les lois Ce que savent la plupart des Lossyans à ce sujet, c’est
sur le vol du loss-métal, sa destruction, son trafic, que les Chanteurs de Loss ne peuvent Chanter, donc
ou le vandalisme de gisements sont toutes particu- user de leurs étonnants pouvoirs, que s’il y a une
lièrement sévères et les coupables finissent torturés concentration suffisante de loss-métal à proximité.
et exécutés en place publique, leurs proches réduits Plus cette concentration est élevée, plus il entre en
en esclavage. résonnance avec les Chanteurs. Ainsi, la première fois
que le Chant se déclare chez une personne en har-
L’Église du Concile Divin, partout où elle est implan- monie avec le loss-métal en révèle aussi la présence.
tée, exige des tributs en loss-métal aux dirigeants des Il suffit de moins d’un gramme si l’objet est à portée
cités-États. Chaque année, dans des cérémonies pom- de main du Chanteur.
peuses, on vient donc s’acquitter de son offrande en
loss aux temples locaux. Et certains individus riches Les notions de proximité et de quantité de loss-mé-
viennent en offrir spontanément pour s’attirer les tal pour les Chanteurs ont sans doute été mesurées,
grâces des Êtres du Concile dans leurs affaires, ou mais c’est un savoir hérétique et perdu. En général,
demander miracles et bénédictions. on peut affirmer que la simple présence de quelques
grammes de loss, dans un rayon d’une douzaine de
Par voie de conséquence, non seulement le loss- mètres, suffit à amplifier le pouvoir des Chanteurs
métal est rare et convoité — guerres, raids et de Loss. Et plus il y a de loss-métal, plus leur Chant
pillages pour s’en emparer sont monnaie courante gagne en intensité, en puissance — et en potentiel de
— mais on en use avec parcimonie. Si très peu de ravages. Un Chanteur de Loss au milieu d’un riche
loss-métal est nécessaire au bon fonctionnement gisement naturel de loss-métal dispose d’un poten-
des machines employées par les Lossyans, toutes les tiel terrifiant. On a cependant constaté que si des
autres inventions qui pourraient améliorer leur vie et réserves de loss-métal sont enfermées derrière du
leur confort resteront encore inaccessibles tant que plomb ou d’épaisses couches de pierre, la capacité
les procédés pour l’extraire, le raffiner et le recycler d’interaction des Chanteurs de Loss avec le loss-mé-
n’auront pas progressé. tal diminue. C’est un détail encore mal connu et cette
sécurité n’est encore employée que dans les grandes
cités-États.
LA VALEUR DU LOSS-MÉTAL
Peu de gens savent également que le loss-métal pré-
Un gramme de loss-métal en vaut vingt d’or. Une sent près d’une personne se mettant à Chanter su-
barre de loss-métal s’échange à environ 2 000 andris bit le même genre de corrosion — bien que le plus
d’argent — à peu près le prix de 40 chevaux. Il n’y a souvent très faible — que s’il était employé pour
pas de monnaie en loss-métal, ce que l’on comprend alimenter des moteurs.
aisément à ses propriétés et son statut. Seuls de rares
tractations et très gros échanges se font avec des
lingots de ce métal, toujours sous haute surveillance.
LA FAUNE ET LE LOSS-MÉTAL
Cependant, on trouve du loss-métal sous forme Il existe encore très peu d’études sur l’interaction
de barres et tiges de combustibles, mais aussi entre le loss-métal, les animaux et la flore lossyanne.
d’amorces dans les technologies qui nécessitent son Les érudits savent que loss-métal se retrouve en
emploi. Et personne ne laisserait ne serait-ce qu’un quantités infimes dans tout le biotope lossyan, des
dixième de gramme de loss-métal dans la nature, plantes aux animaux en passant par les symbiotes.
même totalement corrodé. La récupération et le re- Cette concentration est plus élevée dans les matières
cyclage, y compris sur un champ de bataille, sont et créatures bioluminescentes et encore davantage
très courants. chez certaines espèces pourvues d’armes bioélec-
triques ou capables de cracher ou projeter des li-
Plus de détails dans le Livre 2 au chapitre quides surchauffés. Mais les créatures qui semblent
L’Équipement, page 170 avoir la plus forte concentration de loss dans leur
organisme sont les symbiotes ; et personne ne sait à
quoi cela sert. Dans ce domaine, le mystère reste en-
CHANTEURS ET LE LOSS-MÉTAL tier, et les connaissances en biochimie et en physique
des Lossyans ne sont pas suffisantes pour éclairer
Les Chanteurs de Loss sont intimement liés au ce secret.
loss-métal, même si personne ne comprend com-
ment. Il y a bien des études et recherches dans ce Plus d’informations dans le chapitre du Livre 3 Les
domaine, qui doivent se poursuivre en secret ici et Secrets des chamans, page 57.
là. Mais l’Église du Concile les juges comme une im-
pardonnable hérésie. Elle traque et punit sans pitié
tout chercheur qui s’aventurerait dans ce domaine.
33
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Il y a des créatures terrifiantes, oh que oui ! J’en ai tellement vues, plus effrayantes et mortelles que ce que
l’esprit peut s’imaginer. J’ai vu la rage sauvage et la ruse au-delà de toute comparaison des grandes draekyas.
J’ai aperçu la dévastation, la terreur et la mort semées en une nuit par un morrow. Ou ces gardiens-machines des
ruines des Anciens que rien ne peut arrêter ou freiner, qui n’existent que pour exterminer tous ceux qui oseraient
déranger leurs maîtres morts depuis longtemps. Même les plus belles fleurs, comme la synthaïa, ne sont que des
pièges mortels parés de tromperie. Il n’y a pas un de ces citadins qui se vantent de leur force et de leur civilisation
qui pourrait survivre plus d’un jour dans la plus modeste des forêts. Mais ne t’y trompe pas, Anis, même si tu le sais
déjà : les pires des monstres, les plus avides, les plus dangereux, les plus cruels, les plus retors et les plus acharnés
à détruire ce qui ne veut que la paix, ce sont les hommes.
Eïm le Voyageur.
LES MAMMALIENS
34
Ref. 14778
LES MAMMALIENS
nuances flamboyantes. Les taches et motifs biolu- ront toujours porteurs d’un symbiote. Ils vivent avec
minescents sont communs. Tous les mammaliens ont eux en bonne entente, à leur bénéfice mutuel, et cer-
des plaques, cornes et crêtes osseuses plus ou moins tains symbiotes apportent des avantages majeurs à
développées, allant du crâne à la queue. Ces plaques leurs hôtes. Les symbiotes ont sur les mammaliens
sont très différentes d’une espèce à l’autre : parfois des effets décrits en détail au chapitre Les Symbiotes,
peu nombreuses et limitées à des cornes complexes, page 38.
d’autres fois véritables carapaces et armes natu-
relles, mais leur présence est une des caractéristiques
constantes des mammaliens.
COMPORTEMENT
Les mammaliens volants ne sont pas vraiment d’une Vu que les mammaliens sont présents dans tous les
grande agilité, ce sont plutôt des planeurs qui ont écosystèmes, les informations qui suivent sont très
besoin de points d’envol et les dragens, par exemple, génériques, et ne s’intéressent donc qu’aux points
vivent aux cimes des arbres ou sur des falaises. Enfin communs de tous les mammaliens. Les comporte-
beaucoup de mammaliens ont un crâne draconien as- ments varient bien sûr très souvent selon les espèces
sez typique, parfois avec un bec corné et une crête dé- et les milieux.
veloppée. Mais d’autres ont des gueules plus proches
de certains mammifères terriens.
Hiérarchie et troupeaux
Les mammaliens ne cessent jamais de grandir au Chez les mammaliens sociaux, ce sont en général
long de leur vie, de sorte que les plus vieux représen- les femelles qui atteignent la plus grande taille et
tants de l’espèce sont aussi les plus gros. L’espérance qui dominent les troupeaux et les hardes en qualité
de vie des mammaliens est assez étendue, mais en de chef ou d’alpha. Le comportement de meute est
moyenne, ils vivent environ 20 à 30 ans. Certaines fréquent chez les mammaliens, aussi bien les her-
espèces dépassent allègrement le siècle. bivores que les carnivores et les opportunistes. Il y
a relativement peu de mammaliens individualistes
ou solitaires, mais ce sont systématiquement les plus
Sens et magnétoréception
dangereux, comme les Draekyas. Les troupeaux sont
C’est une des étrangetés des sens des mammaliens, organisés et hiérarchisés, les duels entre les femelles
qui n’est pas développée chez toutes les espèces : ils pour la domination et la dispute du rang au sein
possèdent une capacité de perception des champs de la harde sont fréquents. Les mâles adultes sont
électromagnétiques (la magnétoréception). Cela leur le plus souvent à l’écart de la masse des femelles
permet d’une part de repérer clairement les pôles et des petits, et les femelles dominantes s’assurent
magnétiques fluctuants de Loss et s’en servir pour de repousser tout mâle trop entreprenant. Dans la
s’orienter, et d’autre part de ressentir la proximité de mesure où certains mammaliens peuvent changer de
variations de champ magnétique, y compris celles sexe en cas de déséquilibre, il n’est pas rare de voir
émises par d’autres êtres vivants. Ce sens, couplé mâles et femelles se battre pour la domination… et le
à la vue, l’ouïe et l’odorat, est redoutablement effi- mâle vainqueur changer de sexe pour devenir la chef
cace pour repérer des proies dissimulées. Dans ce de la meute ou du troupeau !
domaine, le draekya est le champion de Loss, plus
efficace encore que ses cousins aquatiques, et seuls
Reproduction et soins parentaux
les dragens peuvent rivaliser avec lui. Fort heureu-
sement, le très répandu griffon a une magnétorécep- Les mammaliens ont tous des périodes de rut une
tion limitée. Les autres sens des mammaliens sont fois par an, sauf quelques cas comme les toshs qui
très variés, mais la nature semble n’en avoir doté en ont trois ou quatre et les loris deux. Dans cette
aucun d’une capacité d’écholocalisation sauf pour période, les mâles paradent le plus possible pour
les mammaliens aquatiques. La vision infrarouge attirer et impressionner les femelles et certaines es-
est très peu répandue, mais elle existe et semble pèces se battent pour démontrer leur virilité et faire
être liée à un symbiote. Les mammaliens semblent fuir les prétendants. C’est durant ces périodes que
ne pas distinguer le violet et l’indigo, une faiblesse les mammaliens peuvent changer de sexe pour réta-
que les San’eshe emploient dans leurs techniques blir un déséquilibre qui gênerait leur reproduction,
de camouflage. et augmenter leurs chances individuelles d’être le
reproducteur le plus sollicité. Il ne vaut mieux pas
choisir ce moment pour déranger les mâles agressifs
Symbiotes et mammaliens
et excités à l’extrême. Mais ce sont les femelles qui
Les mammaliens sont colonisés, comme tout ce qui choisissent les reproducteurs. Les cas de couples
vit sur Loss, par les symbiotes. En moyenne, environ unis pour la vie sont rarissimes, et le mâle ne par-
50 à 70 % des mammaliens vivent avec un symbiote ticipe en général pas beaucoup aux soins paren-
implanté dans leur organisme. La différence n’est en taux, le plus souvent chassé par la femelle quand
général pas visible de loin, mais les plus grands et elle est prête à pondre. Les mammaliens pondent
vieux représentants d’un groupe de mammaliens se- d’un à une dizaine d’œufs à la fois, qui sont couvés
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
pour une période d’un à deux mois en moyenne. d’individus parcourant toujours les mêmes chemins,
Certains mammaliens composent un nid complexe souvent suivis par des prédateurs divers. Parmi eux,
et isolé — parfois construit par le mâle avec une les plus craints sur Loss, plus encore que les draekyas
ingéniosité remarquable — pour garder les œufs à qui sont finalement assez rares, sont les griffons. Les
bonne température. Les soins de la mère durent bien Lossyans les ont apprivoisés, mais assemblés en
après l’éclosion ; les mammaliens veillent sur leurs meutes sauvages, ils peuvent traquer et suivre leur
petits au moins plusieurs mois, voire des années proie des semaines durant. Omnivores bipèdes, cou-
après leur naissance. Ces soins diffèrent cependant reurs et charognards, avec une adaptation à la traque
entre espèces migrantes et territoriales. Certains et des pattes avant préhensiles, les griffons sont les
œufs de mammaliens peuvent entrer en dormance loups de Loss.
pendant des dizaines d’années, et ainsi éclore si les
conditions sont réunies et qu’un mammalien décide
d’adopter les petits plutôt que les manger.
LES LOSSYANS ET LES MAMMALIENS
Nous avons déjà abordé le souci que peuvent avoir
Prédation et défense
les Lossyans avec la faune de leur planète. Disons
Les mammaliens sont pourvus de nombre d’armes qu’on peut imaginer l’étendue du problème en affir-
et de défenses naturelles variées, exotiques et mor- mant que, pour certains herbivores migrateurs, une
telles. Ils ont souvent des armures osseuses solides muraille de trois mètres de haut n’est guère plus em-
ornées de défenses, piques et autres armes natu- barrassante qu’une clôture de jardin.
relles, en plus de griffes et de crocs. Mais ils dis-
posent aussi de venins et de toxines, à travers leur Les tentatives d’exterminer les mammaliens ont été
morsure, via des dards ou exsudés par leur peau. notoirement inefficaces : parfois, leur comportement
Enfin, certains ont des armes bioélectriques alimen- a changé de manière belliqueuse et clairement hostile
tées par des organes recelant de petites quantités de voire, disent certains récits, organisée en réponse à
loss-métal. Dans ce domaine, les plus redoutables une campagne d’éradication, au point de voir s’al-
exemples d’armes naturelles variées et mortelles lier des espèces habituellement ennemies, y compris
sont celles de la draekya qui dispose de flagelles proies et prédateurs. Beaucoup pensent qu’il s’agit
luminescents capables de lancer des terribles dé- là de la manifestation du pouvoir des chamans, sans
charges de haut voltage, et du ghia-tonnerre qui que rien permette de le prouver.
souffle un nuage de postillons électrifié par ses or-
ganes accumulateurs situés dans sa crête. La taille Donc, les Lossyans ont appris à vivre avec les grands
et le gigantisme sont aussi une défense, y compris mammaliens et à les écarter de leurs terres agricoles
pour les placides longilas, terriblement dangereux et leurs centres urbains, en ne les abattant qu’en cas
par leur masse quand ils piétinent tout ce qui ne de nécessité. Tuer un grand mammalien demande de
s’écarte pas de leur route. Plusieurs espèces pré- toute manière des moyens conséquents : un ghia-ton-
datrices ont un épiderme mimétique, qui les rend nerre sent à peine la balle de fusil que vous venez
aptes à se fondre aisément dans leur environnement. de lui tirer dans le thorax. Deux des instruments
Enfin, certaines espèces ont un cri si strident qu’il efficaces pour tenir les mammaliens à l’écart sont,
peut assommer un homme adulte. par exemple, les chiens, pour toutes les vermines
mammaliennes lossyannes, et les griffons domesti-
qués. Ceux-ci font fuir la plupart des mammaliens,
Déplacements et alimentation
même les plus gros et hargneux, y compris la draekya
S’il y a des mammaliens volants et aquatiques, il y a qui ne se risque dans une communauté urbaine que
peu de fouisseurs mammaliens. Le tosh ne fait pas poussée par l’arrivée de sa fin imminente, quand elle
de véritable terrier, mais envahit et aménage ceux ne peut plus chasser.
d’insectes. Il y a par contre quelques bons grimpeurs
au mode de vie arboricole. Les volants sont loin des
performances aériennes des oiseaux et ont besoin
d’espace pour décoller et atterrir ; la voltige ou la
vitesse ne sont pas leurs points forts. Les aquatiques
sont capables de performances et d’une adaptation
similaire à celle des cétacés terriens. Les mammaliens
sont aussi bien herbivores que carnivores, omnivores
et charognards. Ils se chassent et se dévorent d’une
espèce à l’autre et les cas de cannibalisme dans une
espèce ne sont pas rares. Il n’y a pratiquement aucun
mammalien qui s’apparente à nos grands singes.
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Ref. 14778
Ce qui différait particulièrement n’était pas les quelques autres esclaves, toutes reconnaissables à leur collier
d’un seul tenant de métal, souvent du bronze, et à des tenues courtes et nettement plus dénudées que les vêtements
parfois lourds et couvrants des femmes libres, même en ce chaud matin de fin d’été, mais à leurs symbiotes, souvent
visibles. Tous n’en portaient pas ; Lisa put estimer qu’une personne sur cinq ou six en arborait un visiblement. Il
devait y en avoir plus, en comptant les symbiotes cachés par les vêtements. Les plus visibles avaient des allures de
diadèmes précieux, semblant mêler la beauté biologique de fleurs précieuses et chamarrées, et l’éclat de métaux
iridescents et de joyaux flamboyants ; les autres, le plus souvent arborés par des hommes, ressemblaient à des
bracelets d’entrelacs raffinés et complexes courant de l’avant-bras à la naissance de la main. Mais il y avait aussi
des symbiotes semblables à des boucles d’oreilles précieuses, et d’autres semblant être entrés en fusion avec la
chevelure de leur hôte pour créer des filaments et des tresses chatoyantes jouant avec la lumière et les couleurs.
LES SYMBIOTES
On les nomme de manière générique les symbiotes. Le cycle de vie des symbiotes est assez simple. Ils
Ils sont répandus dans tous les biotopes et ont coloni- naissent sous forme de spores, qui vont s’agripper à la
sé aussi bien animaux que végétaux. Dans l’immense première surface solide que le vent leur aura permis de
majorité des cas, ils sont totalement inoffensifs pour rencontrer. Si cette surface n’abrite pas de vie végétale,
leur hôte et se contentent d’une symbiose presque in- au moins des mousses ou des lichens, la spore s’éteint
visible, ponctionnant les nutriments nécessaires à leur et meurt en quelques heures. S’il a pu trouver un pre-
survie ; en échange de quoi, ils améliorent l’immunité mier hôte végétal, même sommaire, la spore grandit et
et la régénération physique des êtres qui les abritent. entame la seconde phase de son cycle, pour devenir un
polype. Celui-ci croît plus ou moins vite et si son hôte
Et dans quelques rares cas, ils peuvent faire bien est une plante robuste, un arbre par exemple, le polype
mieux, voire devenir des armes terrifiantes. Et dé- va finir par arriver aux dimensions et à l’apparence
sormais, les symbiotes font partie des intermédiaires d’un corail ou d’une gorgone des mers aux couleurs
des Lossyans, leurs alliés devant la maladie et les chamarrées et bioluminescentes. La phase de crois-
infections et bien plus que cela… sance d’un polype oscille entre trois mois et deux ans.
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Ref. 14778
LES SYMBIOTES
qui les dessèchent en quelques heures et les vagues Quand le symbiote meurt, l’hôte est fragilisé.
de froid les tuent en une journée. Ce qui ne les a pas Son système immunitaire est affaibli et subit des
empêchés de coloniser tous les milieux : il y a des dérèglements hormonaux, problèmes cardio-vas-
symbiotes même dans les fleuves et les mers et les culaires, et désorientation cognitive. L’hôte est en
seuls milieux qui n’abritent a priori aucun symbiote souffrance plusieurs semaines. Et souvent, s’ils y
sont les déserts secs et les glaciers. Il n’y a cependant survivent, on peut remarquer que certains hôtes se
qu’une fois qu’ils ont trouvé un hôte qu’ils sont hors mettent à la recherche d’un autre symbiote pour
de danger et en sécurité. Eu égard à leur fragilité, si se le faire implanter.
les symbiotes sont répandus partout, ils ne colonisent
pas tous les êtres vivants. Pour une espèce donnée,
la moyenne d’individus colonisés serait plutôt d’un Enfin, certains animaux de Loss portant un symbiote
tiers environ. Enfin, les symbiotes sont très spécia- se comportent étrangement, c’est-à-dire d’une ma-
lisés. Chaque sous-espèce ne sait en général coloni- nière totalement inattendue pour leur espèce. Ce ne
ser que son espèce-hôte. Le symbiote commun des sont pas des comportements fous ou suicidaires, mais
ghia-tonnerres ne sait par exemple coloniser qu’eux. des épisodes d’altruisme, de défense ou de vengeance
On trouve donc toujours les zones de reproduction interespèce qui ne devraient pas arriver.
des symbiotes non loin des zones de peuplement de
leurs espèces-hôtes. Il y a à ce sujet trois histoires que les Lossyans se
content au coin du feu. Celle d’une grande draekya
femelle qui aurait ramené près de sa ferme un pe-
L’effet sur les animaux
tit enfant qui s’était perdu depuis plusieurs heures
Comme en moyenne un animal ou plante sur trois en forêt (alors que tout draekya qui tombe sur un
porte un symbiote, on peut conclure que la nature de Lossyan paumé se dit forcément que le buffet est
Loss devrait dans son ensemble se passer aisément ouvert, à table) ; ou encore celle d’un troupeau de
de ces hôtes et de leurs avantages. Mais les natura- longilas en pleine panique qui piétina pendant des
listes de Loss se demandent quel effet aurait sur le heures un petit village, aplatissant tout sauf… la pe-
monde la disparition de ces créatures si répandues, tite église du Concile où étaient réfugiés une bonne
qui semblent même indispensables à certaines es- partie des villageois, femmes, enfants et anciens. Et
pèces. Car il y a des différences notables entre les enfin, celle d’un navire baleinier armanthien qui fut
représentants d’une espèce animale qui porte un poursuivi des semaines durant par une grande fe-
symbiote, et celles qui en sont dépourvues : melle et coulé dans le port de la ville par la créature
vengeresse, qui repartit une fois sa sinistre tâche
Rallonge la durée de vie : l’hôte est en meil- accomplie.
leure santé, a un meilleur système immuni-
taire, et récupère de ses blessures bien plus
efficacement. Il vit donc plus vieux.
LES SYMBIOTES D’ÉLEVAGE
Immunise à certaines maladies : si les mala- Depuis sans doute presque aussi longtemps que les
dies ayant des causes internes et auto-im- Lossyans sont venus des Étoiles, les symbiotes ont
munes ne sont guère affectées, les infections été domestiqués. Il faut dire que l’avantage pour
extérieures, empoisonnements du sang et qui devient l’hôte d’un symbiote est évident. Les
toxines sont filtrés par l’action du symbiote Lossyans ont apprivoisé les symbiotes, les ont do-
et nombre de maladies bactériennes et cer- mestiqués et en ont tiré une variété de races aux
taines virales sont alors sans effet ou avec qualités aussi variées que les éleveurs pouvaient en
des effets réduits. produire.
Augmente la taille de son hôte : on ne sait Les symbiotes d’élevage sont une tradition répandue
pas trop pourquoi, mais les hôtes des sym- et une source de revenus importante. Il y a même
biotes ont en moyenne une masse supé- quelques villes et communautés dont c’est un des
rieure à leurs congénères qui en sont dé- commerces principaux. Un Lossyan sur cinq en
pourvus, d’environ 10 à 20 %. moyenne porte un symbiote. Il en existe une très
grande variété décrite plus bas. La plupart diffèrent
Régénère les lésions de son hôte : cette ré- surtout par leur apparence, certains étant sélection-
génération permet une guérison des plaies nés pour pouvoir être arborés comme des bijoux vi-
accélérée et une récupération plus rapide vants parfois aussi chers que des vrais. La majorité
avec moins de séquelles. des symbiotes se contentent d’améliorer la réponse
immunitaire et la régénération cellulaire de leur hôte,
Provoque une infertilité (chances de repro- le rendant plus solide, en meilleure santé, apte à ré-
ductions réduites) : mais elle reste relative- cupérer plus facilement et l’immunisant à pas mal de
ment faible et à l’échelle des espèces, n’a maladies infectieuses.
vraiment pas d’incidence importante.
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CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Les symbiotes ne sont pas accessibles à toutes les Changer de symbiote est tout aussi ardu, car il faut
bourses. C’est d’ailleurs un des présents d’une dot le tuer. Et il ne meurt que par certains poisons ou
de mariage ou un cadeau à un enfant qui a passé parce que son hôte est à l’agonie. La technique est de
sa troisième année. C’est donc un investissement et leurrer le symbiote en créant une agonie artificielle
seules les personnes les plus aisées peuvent concevoir de son hôte avec des neurotoxines plongeant le pa-
leur achat comme un caprice sans conséquence. tient dans un état de mort apparente, à l’instar de la
tétrodotoxine. La technique est maîtrisée et le risque
est relatif, mais, même si cela est très rare, certains
L’élevage de symbiotes
patients ne se réveillent pas.
Les symbiotes d’élevage ne se reproduisent pas dans
la nature. Ils meurent en général avant leur hôte Les symbiotes sont sensibles aux toxines violentes. Le
quand ce dernier agonise, ayant épuisé toutes leurs plus souvent, il mourra d’un poison violent inoculé à
ressources pour le maintenir en vie. Ils n’ont donc son hôte, mais le sauvera en ayant lutté contre. On
pas le temps de produire des spores et suivre leur peut aussi perdre un symbiote après avoir survécu à
cycle naturel. un terrible choc traumatique, comme une perte de
sang massive, un membre tranché, ou encore certaines
La méthode de reproduction est de conserver les maladies, comme la Rage… Dans ces cas là, encore
lignées issues de polypes précieusement soignés et une fois, on peut remercier le symbiote, dont la mort
maintenus en vie. Les polypes, en situation de stress, augmente les chances de survie de la victime.
régressent sans achever de bourgeonner en attendant
des jours meilleurs et on peut bouturer un bout de
Quelques symbiotes courants
polype à un autre, mais aussi couper une branche
de polype, la greffer à une plante et voir grandir un Les graetis : les symbiotes les plus courants, aux effets
nouveau polype. Ce faisant, on peut donc en faire classiques, décrits ci-dessus. Les graetis sont sélection-
bourgeonner pour qu’il produise quelques symbiotes nés pour leur beauté et leur apparat. Les plus simples
à la fois et interrompre sa germination avant qu’il l’ait forment une arabesque ou un tatouage artistique et
achevée pour empêcher son décès. chamarré autour d’un petit cœur central, là où il s’im-
plante. Les plus complexes sont de véritables joyaux
Les Lossyans ont sélectionné les meilleurs symbiotes extravagants de couleurs et de luminescences.
en observant les effets de ceux-ci sur leurs hôtes et
en bouturant les polypes pour privilégier les qualités Les lincis : ce sont les symbiotes que l’on implante
recherchées. Un travail de tâtonnement, mais rendu sur les esclaves pour leur interdire toute fuite. Il émet
assez facile par la relative aisance à faire pousser et une odeur imperceptible aux humains, mais à la-
se multiplier les polypes. quelle les chiens dressés à la traque sont sensibles.
Ils ont aussi pour effet de rendre totalement infertile,
ce qui évite quasi totalement les grossesses acciden-
Les Lossyans et les symbiotes
telles. Un linci peut coûter un certain prix, le placer
Mis à part le prix des symbiotes, en porter n’est pas sur une esclave est un investissement. C’est pour cela
sans conséquence : ils agissent sur l’organisme et le que souvent l’on rajoute quelque luxe à un simple
modifient en profondeur, ce n’est pas innocent. linci, pour que son apparence soit un agrément, que
ce soit graetis ou jasmines.
Pour implanter un symbiote, il faut s’adresser à un
physicien : médecins, pharmaciens ou apothicaires Les jasmines : des symbiotes qui modifient l’odeur
sauront le faire et certains sont mêmes spécialistes du corporelle de leur porteur, le plus souvent pour créer
domaine. Les chamans s’y connaissent encore mieux, une odeur florale et sucrée. L’hôte verra sa sueur, sa
mais là, il faut pouvoir en trouver un — et oser lui salive, ses sécrétions avoir cette odeur et ce goût.
demander. Pour inciter le symbiote à s’implanter où Certaines versions de jasmines ont carrément des
on le veut, on incise donc le derme puis on le pose odeurs enivrantes et irrésistiblement attirantes. Mais
sur la plaie qu’il va recouvrir et envahir pour com- il existe aussi des jasmines qui imitent des odeurs
mencer sa symbiose par cet orifice. animales ou des senteurs d’humus, ce qui est bien
pratique en termes de discrétion.
L’effet est aussi douloureux d’une brûlure avec un fer
chauffé à blanc quand le symbiote s’ancre à l’orga- Les ambroses : ce sont les plus chers et précieux des
nisme et commence à faire corps avec lui. On anes- symbiotes. Leur bénéfice est de ralentir les effets du
thésie donc généralement le patient, un luxe que l’on temps sur leur hôte. C’est la jeunesse éternelle et une
n’accorde pas aux esclaves à qui l’on pose un linci, longue vie, en théorie. Avec un ambrose, un Lossyan
afin qu’elles vivent l’épreuve de manière marquante peut espérer vivre jusqu’à cent-cinquante ans et plus
— sans oser le jeu de mots. Une fois ceci fait, le pa- et ne vieillir qu’à peine. Mais les symbiotes ont une
tient va vivre deux ou trois jours de légère fièvre et durée de vie, eux aussi, et ils finissent par mourir. Dès
de malaises, le temps que la symbiose soit achevée. lors l’hôte subit le contrecoup de la mort du symbiote
Et dès lors, il en tirera les bénéfices. et meurt en général en semaines.
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CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Les nyctes : un type de symbiote qui modifie la vue, les gorgones. Elles sont décrites dans le chapitre Les
et rend nyctalope. L’hôte voit dans la pénombre quasi Antagonistes, mais si nous en parlons ici, c’est parce
aussi clairement qu’en plein jour et, dans l’obscurité, qu’elles sont à la source du pire des symbiotes jamais
il parvient à distinguer les reliefs là où tout le monde créés par les Lossyans.
serait aveugle.
Les gorgones ne sont pas des symbiotes, mais leurs
Les sylphères : un autre symbiote qui modifie les cousines, de terribles parasites et un danger mortel
sens, ici, l’odorat qui devient presque aussi efficace quand arrive la saison nocturne où elles se mettent en
que celui d’un chien. Avec quelques conséquences : il chasse et contaminent leurs hôtes, qui vont devenir
faut s’y adapter, mais on comprend de suite l’intérêt. des Dévoreurs sauvages, répandant terreur et mort.
D’autres peuvent modifier l’ouïe, mais ils sont vrai- Heureusement, le cycle de vie des gorgones est long et
ment rarement utilisés, car leurs effets secondaires les animaux de Loss fuient toute zone contaminée par
sont difficilement supportables. ces parasites. Ainsi donc, ceux-ci n’apparaissent que
comme des épisodes de contamination sporadiques.
Il y en a encore beaucoup d’autres, dont certains très
exotiques, qui rendent partiellement bioluminescents,
Les Dévoreurs, armes de guerre biologiques
changent les sécrétions en poison, ou en drogue, etc.
Mais les plus courants sont ceux listés ci-dessus. Certains savants de l’Hégémonie ont pris le risque
d’étudier et élever des gorgones pour tenter d’en faire
des symbiotes domestiques. Ce qui n’a eu guère de
succès, dit-on, bien qu’il se raconte que certains cha-
LES CHAMANS ET LES SYMBIOTES
mans sauraient créer des symbiotes d’immortalité.
Nul n’a jamais étudié ce sujet ni ne s’en est vanté, Leurs études ont tout de même eu une réussite re-
mais la tradition chamanique a intégré les symbiotes lative, aux conséquences effrayantes : les Dévoreurs.
dans ses rites et sa cosmogonie. Ils font partie in-
tégrante des rituels de ces intercesseurs entre les Un symbiote dévoreur est implanté sur un hôte humain
hommes et le monde spirituel, entre la volonté des non consentant. Une fois implanté, l’hôte se met à
Lossyans et celle de la nature. Tous les chamans sans muter, grandir et enfler un peu comme une victime
exception portent un symbiote ; souvent, ces derniers parasitée par une gorgone. Il devient aussi affamé et
sont même issus de lignées secrètes et sacrées sélec- se sert là où il y a de la viande, y compris humaine.
tionnées par des générations de chamans. Un Dévoreur est alors une arme de guerre terrifiante
aussi bien par sa force et sa résistance surnaturelles
Le secret qui lie les chamans aux symbiotes n’est que par sa violence sans limites et sa tendance à dé-
transmis que de chaman à chaman et que de maître vorer ses ennemis, même vivants. Un Dévoreur peut
à élève, comme une passation de pouvoir qui ne peut dépasser une demi-tonne, atteindre les trois mètres et
en général arriver qu’une fois dans la vie de celui qui défoncer un mur de pierres sèches comme d’autres
le transmet. Un secret qui n’est jamais écrit, jamais bousculent une palissade, mais sa durée de vie est
retranscrit et qu’ils n’ont jamais révélés. Ce qui est limitée à quelques années. Il est en permanence affamé
sûr, c’est que les chamans ont en général autant de et le symbiote finit par le digérer vivant. L’hôte finit
connaissances médicales sur les symbiotes et leur in- toujours par perdre le peu de raison qui lui reste dans
teraction avec leurs hôtes que les meilleurs physiciens une dernière crise de rage sanguinaire, où soit il est
de Loss et qu’ils sont capables de bien des choses qui abattu, soit il se dévore lui-même.
dépassent totalement les meilleurs savants lossyans en
matière de soins et de guérison dans ce domaine. Mais pour l’Hégémonie, et les troupes d’élite du
Concile, ce sont des forces d’assaut redoutables
Mais on prétend que cela ne s’arrête pas là, car après qu’ils n’hésitent pas à déployer pour semer la terreur
tout, la haine farouche et la détermination de l’Église dans le cœur de leurs adversaires. Ce sont souvent
à détruire les chamans de Loss ont forcément une des esclaves et prisonniers de guerre, traités comme
raison, liée à la prétention de ces derniers d’être des bêtes et lâchés pour briser les lignes ennemies,
les messagers et les intermédiaires entre le monde puis abattus ou capturés et enchaînés pour un pro-
des esprits, le monde de la nature et le monde des chain usage. Cependant, les plus fortes âmes parmi
hommes. Et s’il y a bien un être qui unit tout ce qui ces pauvres hères arrivent à surmonter l’influence
vit sur Loss, qui leur est commun et universel, ce sauvage et affamée du Dévoreur et conservent une
sont les symbiotes. Plus de détails dans le Livre 3 grande partie de leur conscience. Ils sont les plus
«Les secrets des chamans», page 57. dangereux, car ils sauront comment rester en vie
longtemps, satisfaire à la faim de la bête qui les
dévore et exploiter au mieux leur puissance surhu-
LES GORGONES maine. Et ces Dévoreurs là, quand ils s’associent et
forment des bandes, deviennent un des pires dangers
Les symbiotes sont petits, insignifiants, et sans dan- que peuvent croiser les Lossyans, et surtout ceux qui
ger. À l’exception de leurs rares et terrifiants cousins, les ont créés !
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L’HISTOIRE DE LOSS
Il y a toujours deux versions de l’Histoire : celle que l’on a voulu graver dans les mémoires, imprimée sur le
papier et enseignée dans les temples et les écoles. Et il y a celle qu’on a voulu faire disparaître et qui ne survit que
cachée sur de vieux parchemins, au fond des ruines passées et dans la mémoire d’hérétiques qui se cachent. La
véritable Histoire n’est pas plus l’une que l’autre ; elle est toujours fluctuante, quelque part entre les deux.
L’HISTOIRE DE LOSS
P lus on va vers le passé, moins les Lossyans en
savent sur la réalité et les détails de leur histoire
commune, qui a été réécrite par les survivants, les
cellaires. Peuvent-ils la dévoiler ? Pas sans créer de
graves remous. Est-ce si différent de l’histoire offi-
cielle ? Oui, pour tout ce qui précède l’An 0 AC, et
vainqueurs en général. Les premiers historiens et ar- la réalité provoquerait sans doute de terribles dégâts
chéologues commencent à peine à explorer les traces dans la société concilienne.
et faits du passé.
Les seules sources d’information sont les chroniques Le calendrier qui suit est basé sur le calen-
écrites et les récits oraux, souvent légendaires. Plus drier de l’Église du Concile, qui note l’an 1 AC
de mille cinq cents ans de destructions et de guerre comme la première année après la création du
ont rendu ces sources floues, erronées ou lacunaires. Concile (AC). La chronologie présente se termine
quelques années avant le début des romans, qui
La grande question est donc : existe-t-il des Lossyans sont considérés comme une histoire alternative,
connaissant la véritable histoire de leur monde ? Oui, et non « canon.
quelques-uns, même si leurs connaissances sont par-
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AVANT L’HIVER
-2500 à -500 : fondation des
premières colonies lossyannes,
éparpillées autour des Mers
L es Lossyans sont venus des Étoiles. Plus personne n’en doute, même chez les peuples
les plus tribaux et isolés. Le fait que des terriens se retrouvent régulièrement perdus
sur Loss y est pour beaucoup. Cependant, la manière de raconter comment et pourquoi
de la Séparation et au-delà. les Lossyans sont arrivés diffère largement selon les peuples et les croyances. Et même
Domestication des premiers l’Église du Concile ne dit rien à ce sujet, révélant simplement, que comme pour toutes
animaux. les religions et les dieux de Loss, cette décision fut admise avec bienveillance par le
Concile Au-Dessus de Tous, à l’époque silencieux, discret et attentif, qui laissa les dieux
-525 : apparition des chamans, do-
de chaque peuple emmener leurs ouailles sur Loss.
mestication des symbiotes.
-470 : premiers Chanteurs de Loss. Toutes les populations connues de Loss apparurent autour des Mers de la Séparation,
-450 : fondation des premières ci- avec un accès à l’océan. Ce fut une époque difficile, sombre et mythique. C’est durant
tés-États connues dans la région des cette période que furent domestiqués les premiers animaux de Loss, dont le symbiote,
plaines de l’Étéocle. cette créature que nombre de Lossyans portent sur eux. C’est aussi vers la fin de ces pre-
miers âges que fut découvert le loss-métal. Mais bien avant de comprendre son usage et
-410 : fondation d’Antiva.
ses propriétés, c’est pour son interaction avec les Chanteurs de Loss qu’il fut recherché.
-360 : fondation de Parcia.
-240 : découverte du loss-métal.
-217 : fondation du Cercle des
Mages (l’Apolloneïos) à Antiva. L’ÈRE DES MAGICIENS
-165 : premiers mentorats officiels
P
de Chanteurs de Loss par des lusieurs grands États et empires furent finalement fondés, tandis que les hommes
congrégations chamaniques. exploraient et apprenaient à s’adapter à un univers terriblement dangereux et
-104 : premier Chanteur de Loss hostile, mais riche et foisonnant de ressources. Parmi les premières grandes cités de
nommé Glaive (incarnation et dé- l’époque se distinguèrent vite Parcia, Antiva, et Noïqomos. Il ne reste aujourd’hui rien
fenseur) d’une divinité étéoclienne. de ces villes, de leur civilisation et de leur histoire.
Ce fut l’ère des Magiciens et des Dieux. En quelques décennies, les Chanteurs de Loss
furent considérés comme les enfants, les messagers, les détenteurs de l’image divine, venus
sur Loss pour protéger, dominer et guider les hommes. Bientôt, aussi rares fussent-ils
même à l’époque, ces Chanteurs régnèrent sur les peuples de Loss.
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LA NAISSANCE DU CONCILE
An 1 AC (Âge du Concile) :: date
référence du calendrier du Concile.
An 6 : Fin du Long-Hiver S i les Lossyans eurent un doute que les dieux eux-mêmes avaient été trahis, et que
leur colère s’abattait sur le monde, ils n’en eurent plus du tout quand commença le
Long-Hiver qui dura six ans : l’hiver durait plus de six mois. Le ciel ne se découvrait
41 : première rédaction des Dogmes presque jamais et l’été disparut. À la seconde année, les famines commencèrent, avec les
de l’Église. épidémies. La guerre n’avait pas cessé, ni ses ravages, mais elles se livraient désormais
62 : la foi du Concile se répand dans pour la survie.
toute la côte nord des Mers de la
Séparation. Les Lossyans eurent beau supplier leurs dieux, le printemps ne revint pas avant six ans,
72 : premières légions d’Ordinatorii annihilant des cités et des peuples entiers jetés sur les pistes d’un monde hostile où les
pour la défense de l’Église. prédateurs aussi souffraient et avaient faim. Ce fut une ère sombre, qui mit fin à tout
règne de la magie, et des Chanteurs. Ils furent maudits, haïs, et les rares survivants ne
97 : Anqimenès se déclare capi- vécurent pas longtemps dans un univers qui les avait bannis. C’est dans ce monde aux
tale de l’Hégémonie et Cité Sainte repères perdus, un an avant la fin de l’hiver, qu’apparurent les premiers prophètes du
du Concile. Concile au Dessus de Tous.
98 : Asharon meurt sans avoir
choisi de successeur, réunions du
Synode Premier d’où émerge la hié- 11 à 28 : La Grande Purge
rarchie moderne de l’Église et trois La nouvelle était connue que le Long-Hiver et les nombreuses autres destructions étaient
prophètes à pouvoirs égaux. le fait des Chanteurs de Loss. Rapidement, les Lossyans considérèrent les Chanteurs
114 : premier traité écrit sur le Haut- comme des démons. Ils les traquèrent, les détruisirent, eux, leurs alliés, leurs proches,
Art dont la technique se répand. leur famille et finalement toute personne qui était suspectée être Chanteur. Loss sombra
dans une guerre fratricide et une chasse aux sorcières qui ravagea même les chamans.
135 : second Synode, déclaration On nomme cette période la Grande Purge et ce nom fait toujours frémir les Lossyans.
des chamans hérétiques. Les pre-
miers pourchassés seront les
L’EXPANSION DE L’HÉGÉMONIE
Svatnaz.
201 : début du premier conflit entre
l’Hégémonie et les Dragensmanns.
L ’Église du Concile profite de l’état de délabrement des peuples de Loss pour asseoir
son autorité par son organisation et sa stabilité rassurante et efficace ; elle est le bon
outil, au bon endroit — Anqimenès en avait vraiment besoin — et au bon moment, tel
que le prétendaient les premiers prophètes du Concile.
Ce ne fut pas simple. Le Concile remit totalement en question les anciennes croyances,
codes et foi des Lossyans. De plus, ses dogmes ne prêchaient ni amour, ni paix, mais
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Le modèle patriarcal dur de l’Église se répand comme ses Dogmes qui deviennent un 394 : la technologie des navires lé-
code de loi. L’Église convertit une grande partie des Mers de la Séparation ; de gré, ou vitants se répand.
de force. 412 : scission religieuse à Anqimenès
entraînant une guerre civile qui finit
dans un bain de sang après l’as-
209 à 219 : Guerre des Braises sassinat de Peregaïus, un des pro-
Conflit entre l’Hégémonie et les Dragensmanns qui protègent leurs chamans. Destruction phètes de l’Église. Retrait partiel de
de nombreux clans dragensmanns, mais la guerre s’achève en statu quo. l’Hégémonie des frontières sud de
l’Étéocle.
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L’ESSOR D’ARMANTH
927 : fondation de l’Enclave.
Exploitation des jungles san’eshe,
non sans mal. V ers 460 AC, un petit groupe de réfugiés s’installait sur la lagune marécageuse d’un
fleuve turbulent, l’Argas. Ils fondèrent un petit port de commerce local, surtout
de bois flotté. C’est ainsi que naquit Armanth. La Guilde des Marchands cherchait une
937 : Armanth devient la capitale
officielle de l’Athémaïs. ville où s’établir loin des conflits qui s’enlisaient entre les clans des mers de Terancha, et
Allenys et ses Cités-Unies. Elle vint donc y investir et utilisa son réseau de caravanes et
941 : mort de l’empereur de l’Hemla- de routes maritimes pour concentrer sur Armanth ses activités de négoce d’esclaves dont
ris sans aucun héritier mâle en âge Armanth arracha le monopole à l’Église pour en devenir la plaque tournante actuelle.
de gouverner. Pour la première fois
de son histoire, l’Empire du Trône À partir de 650 AC, Armanth était la principale destination d’une immigration de po-
de Rubis a une impératrice. pulations persécutées, avant de devenir le havre des intellectuels, des libres penseurs, et
948 : le plus important dépla- des femmes fuyant l’Église. Elle fut plusieurs fois assaillie par ses voisins athémaïs et fut
cement de troupe de l’histoire même pillée plusieurs fois, avant d’être considérée comme une de leurs cités-États, ce
conduit à une invasion massive et qui lui rapporta une richesse bienvenue. Malgré ses déboires, rien ne freina plus la crois-
la prise de Cymiad en moins de six sance d’Armanth qui étendit son influence dans tout le sud des Mers de la Séparation.
mois, mais à des coûts humains et
matériels inimaginables.
915 à 915 : Sixième croisade contre l’Hemlaris
952 : La Guerre de la Croisade se
transforme en série de batailles Après la bataille de Guaning, nombre de troupes engagées de force se retirent de la
de mouvement, sur terre et sur Croisade. L’Hemlaris a déployé ses propres béhémoths et unités de cavalerie et d’ar-
mer. L’Hégémonie doit abandon- tillerie lourde dans un combat où les Guerriers de l’Empereur se moquent de leurs
ner Cymiad, tandis que les pertes propres pertes.
augmentent en nombre.
946 à 963 : Septième croisade contre l’Hemlaris
Coup d’État de l’Église après la septième tentative d’assassinat de l’impératrice. Il
échoue quand deux légions de l’Église la trahissent et forme la Garde du Mandat Divin
en prêtant allégeance à au Trône de Rubis. Une invasion coordonnée de troupes hemla-
ris, appuyée par les Gennemons et des flottes teranchen libère tout le golfe d’Haïcan
occupé par l’Hégémonie. Reprise de la guerre et déclaration de la Septième Croisade.
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ET APRÈS ?
à nouveau pour une paix et une
alliance durables après vingt ans
de guerre civile.
E t après, vous appartient. Mais quelques événements sont évidents : les tensions
entre les deux empires, et l’Église et l’Hérésie d’Hemlaris sont devenues une haine
ancestrale et aveugle. Armanth, bien que moins puissante militairement, est en train de
973 : les prisonniers ordinatorii
d’Armanth sont rendus à l’Hégé-
monie qui accepte de signer un
gagner en influence à un degré tel que celle-ci va finir par supplanter l’autorité d’Anqi- accord de paix.
menès sur les Mers de la Séparation. À un moment, l’Hégémonie conclura que pour
envahir et soumettre l’Hemlaris, il faut détruire Armanth. Et elle en a les moyens, il lui
suffit de réarmer et de former ses troupes.
Enfin, les Dragensmanns et leur exploration des terres inconnues par-delà le Mares
Avisen vont faire face aux secrets des Anciens, autrement plus dangereux que tout ce que
les Lossyans n’ont jamais affronté. Et rencontrer un étrange allié possible : les Apostats
qui, en silence et depuis 500 ans, fondent leur propre monde.
Finalement, terriblement isolée, l’Hégémonie n’a que la conquête pour son expansion.
Et elle ne connaît que cela. Mais qui sait pourquoi l’Église, elle aussi, souhaite conquérir
le monde entier ? Est-ce pour une question de foi ? Ou pour autre chose ?
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CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
LES VERTUS
L es Lossyans ne considèrent en général que trois
éléments constitutifs du monde, et trois vertus :
La Terre qui est l’Honneur, le Feu qui est le Courage,
rés par la collectivité, on le perd par des humiliations
que les siens réprouvent. Des trois vertus, l’Honneur
est la plus visible, et la plus publique, elle ne peut
et l’Eau qui est la Sagesse. Il reste une vertu, perdue être cachée ou secrète.
depuis longtemps, comme son élément, l’Air qui est
la Foi. L’air est partout, mais invisible, il n’est plus L’Honneur est ce qui définit un Lossyan socialement.
considéré comme un élément, sauf pour les alchi- Sans honneur, il n’a plus de parole et ne peut être
mistes. Quant à la Foi, nous y reviendrons à la fin considéré de confiance ou fiable : c’est un infâme,
de ce chapitre. un vil. On ne le soutiendra plus et il sera honni,
méprisé, et rejeté des siens, jusqu’à l’ostracisme et
Selon les peuples, il y a quatre, voire cinq éléments au mépris.
ou plus, y compris le bois, le métal, ou encore le
vide. Mais cette approche des Trois Vertus est an- L’Honneur étant une vertu sociale et publique,
cienne, bien antérieure à l’Église. Le respect los- elle dépend de la culture d’origine du personnage,
syan des Trois Vertus est si fort qu’il surpasse les mais les principes suivants sont considérés par tous
règles religieuses et est intégré dans toutes les cou- comme honorables :
tumes et lois. Il définit la notion d’humanité. Être
privé ou dépourvu d’une de ces trois Vertus, c’est La parole donnée ne se reprend pas : jurer, pro-
être plus animal qu’humain et surtout ne plus pou- mettre, ou passer un marché ne se défait pas sans
voir prétendre aux droits universels des Lossyans. l’accord de la personne concernée. Trahir un ser-
Même les peuples les plus exotiques ou barbares ment ou un marché est une terrible offense pour
respectent ces principes, partout autour des Mers un Lossyan.
de la Séparation, et on ne connaît aucun peuple qui
n’y adhère pas. Ne servir qu’un maître : un Lossyan n’accepte qu’une
seule allégeance à la fois. S’il sert un seigneur, un
Nous allons décrire en détail ces Vertus, ciment social patron, ou un protégé, il n’a plus d’autre allégeance
et moral des Lossyans. que celle-ci et il ne la trahira jamais. Trahir son al-
légeance est une offense impardonnable pour un
Lossyan.
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LES VERTUS
Ouvrir sa porte à l’étranger, respecter la maison de pas aisément, car il faut une situation de danger et
l’hôte : respecter les codes et les principes de l’hos- la nécessité déterminée de surmonter la peur, pour
pitalité. Les Lossyans partagent toujours la soupe, voir apparaître le Courage.
un coin-de-feu et une paillasse pour le voyageur.
Celui-ci sera d’autant plus honoré si en échange, Le Courage est une vertu très respectée des
il rend service, ou laisse un présent, même symbo- Lossyans. Il est honorable pour eux de faire front
lique, pour ses hôtes. Ne pas ouvrir sa porte à un au danger quand c’est nécessaire, et faire preuve de
voyageur est très mal vu, même si dans les lieux les lâcheté est le signe d’une faiblesse impardonnable.
plus reculés ou encore en temps de guerre, c’est une Quelques points de la notion de Courage sont uni-
règle peu respectée. versels sur Loss :
Ne pas laisser une offense impunie : la notion d’of- Ne pas craindre la mort : c’est une constante de la
fense dépend de la susceptibilité de la victime et mentalité lossyanne : la mort vient pour tous, et la
de la gravité du crime. Les Lossyans peuvent très craindre, supplier, et se plaindre est une preuve de
bien s’insulter comme des charretiers ou s’arnaquer lâcheté devant l’ultime épreuve de tout être vivant.
mutuellement sans en prendre ombrage, alors que Pour autant, tous les Lossyans feront de leur mieux
d’autres prendront comme offense un regard trop pour rester en vie. Aller au-devant de la mort est
insistant. Mais quand un Lossyan subit une offense, pour eux un gâchis et, dans certains cas, un ultime
il doit la faire payer, surtout si elle eut lieu en public. déshonneur. Le suicide, sauf pour un mourant ou une
Un homme peut très vite perdre la face à ne pas ré- personne totalement déshonorée et rejetée par tous,
pondre à une offense, d’autant plus qu’elle est grave paraît inexplicable.
et connue. Il est rare que la réparation débouche sur
la mort, mais cela arrive. Être stoïque face à la souffrance : les Lossyans
trouvent lâche de supplier et de se plaindre de ses
Respecter la vie, d’autant plus qu’elle est jeune : souffrances. Les larmes comme expression des émo-
les Lossyans n’aiment guère tuer et s’ils peuvent tions sont tout à fait naturelles pour eux et il y en a
régler le problème autrement, ils vont préférer trou- même qui regarderaient étrangement un homme qui
ver une alternative, y compris les travaux forcés et ne verserait pas de larmes à la mort d’un proche ou à
l’asservissement. Les massacres gratuits, tortures et des retrouvailles émouvantes. Mais il faut se montrer
crimes sadiques sont mal vus. Et plus particulière- stoïque devant la douleur et démontrer qu’on a le
ment, les Lossyans considèrent les enfants sacrés : courage de l’endosser sans se plaindre.
s’attaquer à des enfants ou les tuer est absolument
impardonnable. Affronter l’ennemi : un Lossyan ne fuit pas en lâ-
chant ses armes sur le champ de bataille. C’est une
Obéir à l’Église du Concile : même si c’est très démonstration de faiblesse impardonnable. Les
loin d’être une constante, la majorité des Lossyans Lossyans font tout pour ne pas fuir ou se rendre
sont superstitieusement respectueux de l’Église du sans avoir combattu jusqu’au bout. Mais ils savent
Concile, et de ses représentants, les Ordinatorii. faire retraite et se rendre si la situation est désespérée
Même si c’est dans les faits très largement contre- ou que la défaite est évidente. Face avec un homme
dit, tout Lossyan considère honorable de respecter menaçant, un Lossyan fera front sans reculer. Il ne
un Ordinatori. L’idée qu’on puisse les agresser est laissera pas non plus une victime se faire molester
effrayante pour la plupart des Lossyans. sans intervenir.
LE COURAGE, LE FEU Faire face au danger pour les autres : les Lossyans
font de leur mieux pour se porter au secours des
Le feu est l’énergie, la vivacité, la force et la renais- leurs en danger et tenteront quoi qu’il arrive d’inter-
sance ; c’est le Courage. Le Courage est le fait de sur- venir et de leur prêter main-forte dans la mesure de
monter sa peur pour faire face au danger. Le Courage leurs moyens. Face aux périls du monde dangereux
nécessite la peur, car c’est d’elle que naît la vertu de et cruel qu’est Loss, le courage est de prendre aus-
Courage, au contraire de l’audace ou de la témérité, si le risque de tendre la main, et d’offrir son aide,
qui sont dictées par le désir, l’envie, l’orgueil ou le même à son ennemi.
manque d’instinct de survie. Le courage ne se devine
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Ref. 14778
Tuer quand il faut tuer, épargner quand on le peut : C’est une vertu qui s’identifie vite, malgré son carac-
le courage c’est aussi de choisir quand donner la tère intime.
mort, ou pas. Il est dit qu’il est parfois plus cou-
rageux d’épargner un ennemi que de l’achever. De L’homme sans sagesse est impulsif, sanguin et colé-
même, donner la mort est un acte de charité qui rique, il est irréfléchi, et doit endosser plus que tout
doit être assumé : si un être est en proie à la plus autre les conséquences de ses décisions malavisées.
grande détresse, physique, ou morale, le Lossyan Les Lossyans n’hésiteront plus à le traiter de sot, et
considérera que l’acte le plus charitable sera de lui ne lui accorderont aucun crédit. Voici les quelques
donner la mort. points universels de la sagesse vue par les Lossyans :
56
Ref. 14778
LES VERTUS
Enseigner et transmettre : la sagesse est aussi de Mais pour qui connaît la Foi, elle est au-delà de toutes
donner aux autres de quoi apprendre. L’homme les vertus, elle est la confiance absolue et aveugle. Elle
sage transmet son savoir et sa vision éclairée du est le sacrifice et la dévotion et finalement, elle touche
monde. Les Lossyans disent de la sagesse qu’elle est du doigt aux essences mêmes de la spiritualité et du
le seul trésor dont la valeur grandit d’autant qu’il don de soi. Elle est l’Amour inconditionnel.
est distribué.
C’est une Vertu incompréhensible pour la plupart
Rester l’esprit ouvert : l’homme sage apprend tou- des Lossyans. L’idée même que la confiance, le sa-
jours, y compris les idées novatrices, pour peu crifice et l’amour, dépassent les vertus et se change
qu’elles soient d’apparence raisonnable. Un homme en don absolu de soi leur est étrangère et même
sage sait qu’il y a toujours à apprendre des autres, hérétique vis-à-vis de concepts ou divinités immaté-
que ce soit de leurs réussites ou de leurs échecs. Un riels. Cependant, pour certains peuples, comme les
homme sage est donc toujours porté à écouter les Dragensmanns, les Erebs ou les San’eshe, le concept
idées nouvelles. ne les surprend pas, de la part de leurs prêtres, cha-
mans, et ascètes les plus dévoués.
Ne jamais rien croire acquit : le dernier principe
de la sagesse est de ne pas rester convaincu de ses Voici quelques-uns des principes généraux de la Foi :
connaissances et avis. Un homme sage admet de se
remettre en question afin d’être toujours amené à Donner sans attendre à recevoir : la Foi n’attend pas
réfléchir et remettre en doute ses propres acquis. de récompense. Celui qui suit cette vertu ne peut
C’est un trait dangereux et qu’un homme d’autant concevoir l’idée de demander que lui soient rendus
plus avisé usera avec discernement et discrétion. les fruits de sa dévotion, de son amour et de ses
Car remettre en doute les choses peut amener à actes de foi. Si, bien sûr, il peut souhaiter attirer la
remettre en doute les Préceptes Sacrés de l’Église considération de l’objet de sa ferveur, il n’attend pas
du Concile. que celui-ci le gratifie en retour.
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
lui paraît évident que sa Foi coule de source et il la La Sagesse est une vertu spirituelle, la raison naît de
défendra et la déclamera sincèrement en refusant de l’écoulement du temps, la tempérance de la faculté à
se répudier, quel qu’en soit le prix, car ce serait la laisser le mouvement suivre son cours comme le fait
trahison de sa propre âme. l’Eau. C’est l’Esprit.
Nous n’enterrons pas nos morts, Anis, nous les brûlons. Il ne doit rien en rester, qu’ils ne soient plus qu’esprit
et qu’ils rejoignent les Étoiles, auprès de ceux que nous avons aimés et qui veillent sur nous. Nous ne les pleurons
pas, nous ne leur élevons pas de tombes ni de monuments. Seul reste le souvenir que nous emportons avec nous
et que nous chérissons. Et parfois, parce que même fortes de ses vertus nos âmes sont faibles et ont besoin de
réconfort, nous les prions, et serrons contre nos cœurs des objets que nous gardons précieusement et qui nous
rappellent un peu de ce qu’ils furent de leur vivant.
celles des sous-cultures locales. En faire le tour serait Voici le calendrier athémaïs, le plus généralisé,
impossible, ainsi nous allons nous intéresser à ce qui lui-même directement issu des règles calendaires
réunit les Lossyans plutôt que ce qui les différencie, conciliennes :
dans leur vie quotidienne.
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
LES FÊTES ET DATES IMPORTANTES débutent peu après le coucher du soleil, pour deux
heures environ de communion et de sermons au sein
Les fêtes qui suivent et leurs dates sont en général des des temples brillamment éclairés pour l’occasion.
fêtes conciliennes et ont toutes cours à Armanth. La C’est à cette occasion que l’on présente en général
notion de vacances n’existant pas dans le monde de les enfants baptisés. Le plus souvent avant la messe,
Loss, ces festivités sont fort bienvenues pour s’amuser la place devant les temples devient une petite foire
et oublier pour quelque temps la difficulté du labeur. locale animée.
À Armanth, les deux festivités les plus renommées ment un terme à leurs ravages. La fin de la Chasse
et qui durent trois jours sont la Fête de Muhamat, Sauvage est souvent ponctuée par des cérémonies
un festival naval avec feux d’artifice et parades de funèbres pour les victimes.
galères bariolées, et la Fête de Blanda, organisée
conjointement par les hospices et les maîtres-escla-
Le Renavosi - l’Étain
vagistes, où nul mal ne peut être infligé aux esclaves,
et où un certain nombre d’entre eux sont tirés au sort Fête qui porte bien des noms, on cite ici son nom
pour être affranchis — s’ils le souhaitent. athémaïs et dragensmann. Au 12e jour de Mounokio,
le début du printemps, toutes les façades sont parées
de fleurs et de rameaux et des cortèges se forment
Les triomphes des cités-États
pour aller bénir champs et culture, suivis de grands
Les triomphes sont l’équivalent des fêtes nationales banquets entre voisins. Il est fréquent que les citadins
pour les cités-États. Ils commémorent une grande ne travaillent pas, mais viennent participer aux se-
victoire ou un ancien leader militaire ou politique. mailles et labours. Nombre de mariages sont célébrés
Souvent, les triomphes durent trois à quatre jours, à cette époque.
avec des fêtes et foires payées par les plus riches
notables, les cirques et arènes faisant donner les plus
La Nuit de Feu
grands spectacles de l’année.
Au solstice d’été, vers le 18 Métageio, une pluie
À Armanth, le triomphe le plus connu commémore la d’étoiles filantes zèbre le ciel pendant trois à quatre
fin dramatique de la Croisade lancée par l’Hégémo- nuits. Pour les Lossyans, les étoiles tombant des cieux
nie contre la cité (voir Histoire de Loss page 43). C’est sont les âmes des morts, pêcheurs sans vertus qui
l’occasion de parades nautiques majestueuses en uni- disparaissent en brûlant. On célèbre alors un spec-
forme des marins de l’Elegio. L’Église d’Armanth est tacle magique, mais dangereux, car certaines mé-
en deuil pendant ces quatre jours. téorites atteignent le sol dans cette période avec les
dégâts qu’on imagine et l’on est témoin de la chute
de milliers d’âmes rejetés des cieux. C’est une fête
La Longue Nuit
des Morts : les communautés organisent pendant trois
La fête la plus universelle de Loss s’accompagne du jours de grands feux de joie, sortent les autels dédiés
phénomène céleste bouleversant qui annonce le dé- aux ancêtres et vont décorer les frontons des temples
but de l’année. Au dernier jour de Lenéio, Ortentia de bande d’étoffes rouges et de bougies.
au lieu d’être bleutée, est assombrie comme un puits
de noirceur barrant le ciel. C’est une éclipse to-
Le Jour du Serment
tale de trois jours. La vie tombe en suspens, même
les plantes éteignent leur bioluminescence et le Une fête armanthienne qui marque l’équinoxe d’au-
climat est partout froid, humide et très orageux. tomne vers le 17 Pianétio. Le Jour du Serment re-
Les Lossyans cessent toute activité et attendent, monte à de très lointaines histoires sur les premiers
entretenant feux et éclairages, se rassemblant entre accords d’entraide entre les habitants athémaïs
familles, voisins, confréries et quartiers. On festoie d’Armanth et les réfugiés venus de toutes les Plaines
au chaud, on rit, boit, chante, danse, conte et l’on d’Étéocle. Pendant deux jours, les amis, alliés, confré-
s’échange des présents et des promesses. C’est sou- ries et familles renouvellent leur serment, avec force
vent à cette date que les alliances et contrats de déclamations, cadeaux et des torrents d’alcool. Il est
mariage sont passés. de coutume que les esclaves renouvellent leur ser-
ment de soumission à leur maître. C’est une date
Mais personne ne s’aventure dehors. Durant cette privilégiée pour les signatures de grands contrats et
période, le monde appartient aux gorgones qui pour les mariages.
craignent le jour et la lumière. Elles partent en chasse
sans jamais s’arrêter, donnant naissance à autant de
Le Diban
Dévoreurs qu’il y aura eu de proies à leur tomber
sous les pseudopodes. Les monstres des contes des Le Diban est la fête qui annonce officiellement la
veillées de la Longue Nuit existent et rôdent dehors, fin du travail des champs et le solstice d’hiver. C’est
et l’on peut parfois les entendre hurler. aussi à cette date, vers le 20 Elaphio, que tradition-
nellement sont abattus les moras pour les réserves
d’hiver. C’est un grand banquet qui se prolonge sur
La Chasse Sauvage
deux jours où sont entrepris les grands travaux de
Juste après la Longue Nuit, entre Lenéio et Mounokio, réfection des domiciles lossyans. On échange beau-
vient une période qui dure de sept à dix jours après coup de cadeaux, avec une préférence pour les mets
laquelle commence l’année et le printemps. Cette exotiques et les vêtements. On va aussi prier dans les
date correspond à la période dramatique ou les temples et l’Église a coutume d’organiser de grandes
communautés lossyannes partent en chasse des messes avec chants, spectacles, sermons et intronisa-
Dévoreurs pour les éliminer afin de mettre rapide- tion des nouveaux Ordinatorii.
61
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
D’un autre côté, les Lossyans sont aussi plus prompts « Je
Je te rends ta liberté, et ton honneur, puisse les
à donner la mort par charité ou nécessité. Le Lossyan ancêtres te donner une place dans les Étoiles. »
ne trouve pas vraiment choquant d’abréger une vie Ainsi donc, le Lossyan rend à l’esclave son hu-
pour mettre fin à des souffrances ou de tuer un en- manité : ses Vertus. Et une chance d’atteindre
nemi par nécessité. ainsi sa place parmi les Étoiles. »
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Ref. 14778
LA VIE QUOTIDIENNE
Les Hemlaris, comme les Dragensmanns enterrent Enfin, on ne pratique pratiquement jamais ces rites
leurs morts. Mais si ces derniers ont des cimetières et funéraires pour les enfants âgés de moins de trois
sanctuaires, la crémation est un de leurs rituels réservés ans et les mort-nés. La plupart des Lossyans consi-
aux hommes morts au combat. Quant aux Hemlaris, déreraient comme déplacé et indécent de le faire.
deux ans environ après la mise en terre, ils ouvrent Tant qu’un enfant n’a pas passé trois ans, il n’a pas
les tombes dont ils prélèvent les ossements, qui seront de vertus, et pas plus d’humanité que n’en aurait
alors déposés avec soin dans des catacombes. Chaque un esclave ou un animal. Malgré le fait qu’on tende
village a la sienne, mais aussi chaque grande famille à chérir les enfants sur Loss, la mortalité infantile
aristocratique. Chaque cité a sa nécropole. a imposé cette coutume pour éviter un deuil trop
courant. L’enfant sera en général inhumé de ma-
Dans les cultures conciliennes, il est courant que nière discrète et intime. Tout juste pendant deux
toute maison ait un petit autel dédié à ses ancêtres, semaines, au plus, la famille aura-t-elle placé sur
en général une petite alcôve. À ses pieds, on y dépose sa porte une bande d’étoffe bleue pour prévenir les
offrandes simples et souvenirs des défunts, que ce soit visiteurs du deuil.
un bibelot ou bijou, mais aussi des portraits pour les
familles les plus riches ou traditionalistes.
LA FAMILLE ET LE NOM
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Le nom des enfants leur est donné officiellement au de leur futur conjoint pendant trois jours, avant le
cours d’une fête cérémoniale et joyeuse à leur troisième moment ultime de la cérémonie. L’épouse est voilée
anniversaire. Ce baptême a souvent lieu dans le cadre et presque aveugle pour la cérémonie, parfois pour
des temples du Concile ou avec un Ordinatori pour toutes les festivités.
bénir l’événement, mais ce n’est pas systématique.
Les mariages sont toujours festifs, mais les rites sont
très variés. Même la monogamie n’est pas générali-
LES UNIONS ET LE MARIAGE sée, surtout dans l’Hemlaris, où des aristocrates col-
lectionnent épouses, concubines et esclaves, parfois
Les Lossyans portent une grande affection et un intérêt si mêlés qu’on aurait du mal à les différencier.
notable aux œuvres ayant pour thème de l’amour. Mais
en règle général, pour eux, « l’amour, c’est pour les en- Dans la société concilienne, un mariage est à vie, sauf
fants ». Le sentiment amoureux n’est pas quelque chose si l’époux répudie son épouse, l’asservit ou même la
de mauvais en soi, mais il tend à rendre déraisonnable tue… oui, il a le droit, aussi déshonorant et risqué
et plus grave encore, peu soucieux de l’Honneur. que ce soit. Il y a un peu plus de souplesse avec
ces principes dans les Plaines d’Étéocle, et dans les
Ils ont donc un rapport prudent et mitigé avec ce sen- cultures des archipels des Mers de la Séparation,
timent, estimant qu’il a tendance à provoquer drames mais une séparation des époux reste toujours difficile
et catastrophes. Dans la mesure où les mariages sont et très mal vécue socialement. La répudiation ne se
en général affaire d’alliances et de transactions, il fait pas chez les Étéocliens, et les Teranchens sans
s’avère que c’est souvent le cas. un dédommagement de l’épouse répudiée. La notion
de divorce n’existe que dans l’Athémaïs. Une femme
Les Lossyans de culture concilienne sont en règle gé- qui demande la rupture du mariage l’obtient en gé-
nérale monogames. Chez les Étéocliens, les mariages néral, soit parce qu’elle a de bons arguments (vio-
ne sont pas une affaire religieuse, et même si certains lences conjugales, adultères, et autres déshonneurs de
demandent la bénédiction d’un prêtre, ils ne font pas l’époux), soit en payant un dédommagement.
appel à l’Église et ses temples. Seuls les plus grands
mariages parmi l’aristocratie font exception, surtout L’héritage passe en général toujours par les enfants
pour des raisons de prestige. Tous les mariages sont mâles et se divise de manière inégale entre l’aîné et
fêtés publiquement, lors de festivités familiales qui les autres fils. Les filles n’héritent de rien, mais plus
regroupent toute la communauté locale. Personne ne on va vers le Sud, plus elles reçoivent selon l’héri-
vient les mains vides, que ce soit pour participer au tage une part qui, bien que modeste, est quantifiée
banquet ou pour offrir au couple de quoi commencer pour subvenir à leurs besoins. Les mariages sont sou-
son installation. vent des unions d’alliance et d’intérêt et l’on bataille
âprement pour décider de la dot et des avantages et
La coutume est assez similaire chez les Athémaïs, intérêts des deux parties. Pour rappel, une dot est
et à Armanth. La cérémonie d’union et le vœu du destinée au nouveau ménage qui se formera grâce au
mariage ont lieu dans un espace consacré face à la mariage. Mais l’homme étant le chef de famille, c’est
mer, par un officiant connaissant les rites ancestraux, lui et sa famille qui en auront l’usufruit.
très rarement un Ordinatori. Les époux sont isolés
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Ref. 14778
LA VIE QUOTIDIENNE
plus dures avec ces lois sont l’Hégémonie, l’Hemlaris, (un mot qui se traduirait littéralement par « ceux qui
et les Cités-Unies, et les peuples des Franges. Alors aiment eux-mêmes ») et le terme répandu est « gillys »
que chez les Dragensmanns ou les Gennemons, par (« ceux qui aiment »)
exemple, qu’une femme tienne tête à sa famille est
totalement admis. L’homosexualité et les problèmes de genre existent
dans Loss, mais contrairement à ce que l’on pour-
Traditionnellement, une femme ne peut porter les rait croire, ça n’est pas une problématique aussi
armes ni défendre son honneur. La coutume la plus dramatique que pour les humains du XXIe siècle. Les
dure condamne même à de lourds châtiments la Lossyans n’ont pas pratiqué le rejet et l’exclusion,
femme qui oserait se saisir d’une arme ou porter la c’est bien plus compliqué que cela.
main sur un homme, même si celui-ci l’agresse. Ce
traitement de la place de la femme est à nuancer, L’explication par l’exemple sera plus parlante : que
de tels extrêmes sont peu communs, mais le fait est faire quand un officier militaire, courageux et hono-
qu’on insistera sur le fait que la place d’une femme rable, tenant son rang et sa position, s’avère préfé-
est au foyer et qu’elle ne doit ni toucher aux armes ni rer les hommes ? Le fait qu’il soit homosexuel doit-il
apprendre à se battre. supplanter les vertus dont il fait preuve et qui sont
reconnues par tous ? Pour un Lossyan, la réponse est
Ce qui n’empêche pas certaines d’entre elles de non. Ce serait renier sa valeur et ses vertus. Ce qui
le faire. Ce sont les Femmes d’Épée et elles sont posera nettement plus problème au même Lossyan,
rares. Chez les Hégémoniens, ce ne sont que des c’est si la sexualité de cet individu met en péril son
Ordinatorii de légions de l’Église : toute autre femme rang et sa fonction.
voulant défendre son honneur elle-même finira asser-
vie ou suppliciée. Mais plus on se dirige vers le sud, Bref… il ne faut pas que cela se voie, même si tout le
plus on en rencontre, et cela rend les Lossyans à la monde le sait et les Lossyans préfèrent parfois que
fois curieux et mal à l’aise. cela se sache quand ils le souhaitent. Mais cela ne
doit pas être affiché publiquement. Ne pas respecter
Plus de détails dans le chapitre Les Femmes d’épée, cette règle contraignante serait considéré comme un
page 158. déshonneur, et parfois un délit grave : l’Église autant
que la morale réprouvent officiellement les relations
Pour toutes les autres femmes de Loss, la coutume et homosexuelles. Mais l’Église est mal placée pour
les lois ne sont guère en leur faveur. Mais ce qui com- donner des leçons : au sein de ses légions, ces rela-
pense ce tableau assez triste est que pour la plupart tions sont courantes.
des gens, une femme, bien que légalement inférieure
en droits aux hommes, reste non seulement un in- Malgré tout, vivre sereinement son homosexuali-
dividu faisant preuve de Vertus qu’il faut respecter, té est ardu dans une société patriarcale qui exige
mais aussi une citoyenne productive et indispensable. qu’hommes et femmes accomplissent les devoirs de
Sa valeur et sa force de travail sont universellement leur place, comme enfanter. C’est même plus diffi-
reconnues, et finalement, ce n’est que dans les plus cile et injuste encore pour les femmes, comme on
hautes couches de la société que cette différence de peut l’imaginer. Pourtant, les drames sont assez rares.
traitement entre hommes et femmes peut se faire le Si l’homosexualité est réprouvée et si les concernés
plus sentir, là où l’on peut se passer de la force de tendent le plus souvent à le cacher, il est courant
travail des femmes, et donc de leur importance et que la famille l’admette. Elle imposera alors quelques
de leur utilité. contraintes, comme exiger d’une femme qu’elle en-
fante au moins une fois, quitte à ce qu’elle rompe son
À Armanth et dans l’Athémaïs en général, mais aussi mariage par la suite. Pareillement, un homme devra
à Terancha ou chez les Jemmaïs, la protection ju- malgré son homosexualité s’astreindre à trouver une
ridique des femmes dans le cercle familial devient femme et fonder une famille. Comme l’adoption est
égalitaire. On leur accorde le divorce, le droit d’héri- admise à la place de l’enfantement, le refus de pro-
tage et de propriété, le droit de porter plainte en cas créer n’est pas si grave.
d’abus et violences conjugales. On leur prête aussi
plus de valeur. Un homme qui y bat, ou pire, y as- Il y a peu de crimes homophobes dans les cultures
servit sa femme ou une de ses filles, peut perdre sa lossyannes, mais ils existent. Cependant, même si la
renommée et donc son honneur s’il ne se retrouve pas considération publique envers les homosexuels n’est
devant un tribunal sur plainte de sa propre famille. guère flatteuse, l’homophobe qui affiche sa haine sera
facilement déshonoré aux yeux des Lossyans.
SEXUALITÉS ET GENRES Les soucis de genre existent autant que les problèmes
de sexualité sur Loss. Et si c’est pour tout le monde
Il existe un terme lossyan pour parler des homo- très compliqué, il s’avère que là aussi, la société conci-
sexuels de manière générique, dérivé du dialecte te- lienne leur a donné une place et a trouvé certaines
ranchen : on les y nomme localement les kaenogillys solutions à ces problématiques, malgré les heurts.
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Ref. 14778
Ce symbiote est particulièrement efficace et ses effets Les confréries de Courtisans sont le seul milieu ou
sont puissants, mais il ne fait pas réellement muter les un gilly peut ouvertement afficher son homosexualité,
organes reproducteurs. S’il est capable de faire dispa- qu’il soit client ou prestataire. La plupart des grandes
raître totalement des seins ou effacer toute pilosité, cités ont une ou deux confréries de Courtisans, avec
transformer l’apparence féminine en masculine et in- des établissements de spectacles, des maisons de
versement, cette mutation n’est pas une transforma- plaisirs et de bains, des auberges, cantonnés à un
tion totale. Quant à la chirurgie, elle ne peut rien de ou des quartiers bien délimités. L’Église condamne
plus et aucun médecin lossyan ne se risquerait dans ce la prostitution, mais ferme mes yeux sur les activités
domaine. Les gydreïs sont peu répandus : on ne peut des Courtisans. Dans l’Empire d’Hemlaris, ils sont
s’en procurer qu’au sein des confréries de Courtisans. considérés comme une fonction sociale publique et
leurs activités et leur recrutement sont encadrés par
des coutumes complexes. C’est une tradition très
LES COURTISANS concilienne et assez récente.
Le terme réunit une communauté très variée, dont les Il est à noter que les établissements des Courtisans
transgenres ne font pas tous partie. Il s’agit de confré- n’emploient d’esclaves dans leurs activités que pour
ries regroupant intersexués, travestis, et gillys (homo- les tâches ménagères ou à titre privé. Certains
sexuels), tous versés dans les arcanes de la séduction, Courtisans sont des personnalités incontournables
de l’étiquette de cours, de la discussion, de la musique de la haute société, surtout dans l’Athémaïs. Les
et d’autres formes d’arts. Ce sont des artistes du di- Lossyans acceptent en général assez bien l’existence
vertissement de salon et des personnes de compagnie, des Courtisans et leur présence, mais ça n’est pas un
liés une prostitution de luxe. C’est une prestation à sujet dont on parle à table.
laquelle les Courtisans sont formés et qu’ils peuvent
fournir, mais c’est loin d’être systématique.
Ref. 14778
LA VIE QUOTIDIENNE
L’ÉDUCATION ET LE TRAVAIL
L es Lossyans dans leur grande majorité ne savent
ni lire ni écrire. En général, dans une cité-État,
environ 25 % des citoyens savent lire, moins de 15 %
ville ne l’interdit pas pour des raisons de sécuri-
té incendie. Si les artisans et commerçants les plus
pauvres font travailler leurs enfants, on les envoie
dans les milieux ruraux. L’éducation comme l’ap- dans les écoles dès qu’on le peut si l’on en a les
prentissage d’un métier se fait de parents à enfants, moyens. Tout le monde travaille, femmes comprises,
mais l’influence des guildes et corporations, après sauf dans la plus haute bourgeoisie ou dans l’aristo-
celle de l’Église, a créé tout un réseau scolaire et cratie. La vie est cependant plus facile et les congés
académique où sont formés artisans, génies, artistes, plus nombreux dans les villes. Mais les cités-États
comptables, magistrats et autres intellectuels. Ainsi, dépendent des communautés rurales et les réserves
les savoir-faire et les compétences se répandent de de nourriture sont rarement suffisantes pour tenir
mieux en mieux, aidés par le papier et l’imprimerie, plus de quelques mois.
répandus partout. Cependant, même en sachant lire,
la plupart des Lossyans restent notoirement illettrés :
Le regard au travail
ils ne sauront que difficilement écrire convenablement.
Les Lossyans ne voient aucun caractère sacré au tra-
Mais le travail et les métiers sont encore largement vail et diront sans hésiter qu’ils n’aiment pas cela. Ce
affaire de famille. Les ateliers sont souvent de pe- qui est respecté, c’est le fait de produire une valeur
tites tailles, les grandes installations industrielles sont ou une création de ses mains, mais pas le travail lui-
rares et les machines-outils souvent hors de prix. même, qui est une contrainte.
L’immense majorité des produits manufacturés est
encore fabriquée à la main, bien que dans les do- Pour ne pas travailler, il faut être riche ce qui est une
maines militaires, de la construction, de la draperie source de prestige pour les Lossyans, mais ce n’est
et de la marine, l’industrialisation progresse sans pas une nécessité : si un homme a assez de moyens
cesse. Quant à l’agriculture, elle aussi est en grande de subsistance pour pouvoir travailler moins, il choi-
majorité familiale, profitant des progrès de l’irriga- sira plutôt le farniente au travail acharné pour éco-
tion et de la maîtrise des sols, mais employant une nomiser encore. Être oisif n’est ainsi pas vraiment
vaste main-d’œuvre humaine et peu de machines. considéré comme une tare, l’homme qui a l’occasion
de moins travailler peut consacrer son temps aux
siens, amis compris, ce qui est très bien vu. Il est
LE TRAVAIL moins accepté de ne pas assumer sa responsabilité
et d’éviter de travailler alors qu’on a une famille
La journée commence peu après l’aube pour s’ache- dans le besoin.
ver au crépuscule. On mange bien le matin et bien le
soir, avec une pause à midi pour se restaurer un peu On évite donc de faire travailler les enfants si l’on
et faire une bonne pause. Car la journée lossyanne peut se le permettre, et l’on ne les grondera pas
est longue : 33 heures terrestres. s’ils jouent au lieu de travailler ou d’étudier, pa-
reillement avec les jeunes étudiants des écoles et
Le travail rural emploie tous les bras disponibles, universités chez qui l’oisiveté occasionnelle est to-
souvent dès sept ans. Hommes et femmes travaillent talement acceptée.
aux champs et dans les élevages, dès que le temps le
permet. Les jours de repos sont rares, l’agriculture
ne le permet pas, surtout dans les régions les plus
froides où les saisons de semi et de récolte sont
L’ÉDUCATION
courtes. L’année lossyanne permet cependant deux Une chose très importante à retenir : pour tous les
à trois récoltes par an selon les semis et le climat. peuples lossyans, l’enfant est sacré et souvent traité
Souvent, les champs sont communs à une commu- en enfant-roi. Jusqu’à leur septième année, garçons
nauté et une partie des récoltes et des bénéfices sont et filles sont choyés, ne travaillent pas et peuvent
partagés équitablement. Les plantations de grands jouer en toute liberté, le plus souvent avec un mi-
propriétaires terriens ne sont pas la norme, pas plus nimum de contraintes parentales. À partir de sept
que le servage, qui a pratiquement disparu sauf dans ans, il va souvent aider sa famille aux travaux et
quelques régions de l’Hégémonie et de l’Étéocle. aux champs ou entrer dans une école ou comme
Mais en règle générale, les fermiers sont pauvres, apprenti, mais si la famille est aisée, il restera choyé
et une année de mauvaise récolte peut suffire à les et très libre jusqu’à 14 ans, âge de la majorité pour
mettre en danger. les Lossyans.
Dans les villes, le travail est rythmé par les gongs L’éducation basique forme à la lecture, l’écriture et le
de l’Église et les cloches des beffrois des grandes calcul. Les écoles les plus fréquentes appartiennent
guildes. On travaille souvent la nuit tombée si la à l’Église qui s’en sert aussi comme centre de recru-
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
tement. Mais des écoles de guildes et corporations les autres devant payer un prix fort. Les formations
sont très courantes dans le Sud. sont liées à des apprentissages auprès de maîtres qui
garderont leurs disciples plusieurs années.
Il y a trois formations principales dans les universités
lossyannes : celle d’ingénieur, qui donne les archi- La formation universitaire lossyanne ne fait aucune
tectes, les géomètres et les génies ; celle de physi- distinction entre les arts graphiques et les techniques
cien qui donne les professions médicales ; et celle d’ingénierie. Elle ne reconnaît guère encore non plus
de lettres et droits, qui donne les comptables, les la différence entre sciences théoriques et sciences ap-
métiers littéraires et de la magistrature et les écri- pliquées et ignore les concepts de physique fonda-
vains publics. mentale. Il n’existe pas de « savants » se consacrant à
un champ d’études exclusif, sauf dans les domaines
Ces formations se font dans des locaux différents : médicaux ou littéraires. Les sciences et les savoirs
ces universités appartiennent à des guildes, congré- doivent avoir une application pratique dans les arts
gations ou confréries qui éduquent leurs enfants, et techniques.
Les bouis-bouis sont des tavernes à mauvaise bière, Au plus bas de cette échelle, il y a les prostitués : la
alcools pas toujours de qualité et menus de ratas et plus basse classe sociale, y compris des hommes, qui
de soupe dont il vaut mieux ignorer la composition. vendent leur corps à même la rue. Autant dire que
Souvent, on vient y manger à l’abri la nourriture qu’on c’est une activité dégradante, dangereuse, et interdite
a achetée aux étals dehors. Il y a rarement de quoi y par l’Église.
dormir et quand il y a, ce ne sont au mieux que des tas
de paille et des bancs dans la salle commune. Viennent ensuite les Maisons de Houris, des maisons
de passe de bas étage où des esclaves enchaînées
Les brasseries proposent de la bière brassée, du vin, dans des alcôves lugubres sont contraintes de faire
et différents alcools. La nourriture y est plus variée et de l’abattage pour des clients peu regardants. Les
de meilleure qualité. Elles sont aussi plus spacieuses esclaves qui y finissent connaissent un des pires types
et disposent souvent d’alcôves discrètes. Il est fré- d’asservissement.
quent d’y assister à des spectacles, ou d’y trouver des
cages de combat. Certaines brasseries fournissent de Les Jardins des Esclaves sont des sortes de harems
bons services d’hôtellerie. où une personne riche peut profiter dans un cadre
luxueux des Esclaves des Plaisirs à sa disposition.
Les salons de fumerie sont des tavernes où le luxe Le niveau de qualité diffère selon le luxe et les ta-
règne. Ils comprennent les meilleurs kumats et thés, rifs, et certains sont des havres de la sexualité la
les meilleurs alcools, les drogues les plus exotiques, plus luxueuse et débridée. Il y a quelques Jardins
des services allant des bains aux massages en pas- des Esclaves ouverts aux femmes, avec des esclaves
sant par les chambres d’hôte luxueuses et des ser- mâles et femelles.
vices sexuels exotiques. Ces salons de fumerie per-
mettent toutes les fantaisies et sont souvent tenus Les salons de fumerie des Courtisans sont abordés
par des Courtisans (voir page 66). ci-dessus.
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Si un homme se fait cambrioler en son absence, il En théorie, tout citoyen a droit à un procès, mais
peut être considéré aussi responsable que le voleur et rien ne garantit son équité. Pouvoir profiter d’un juste
ne pourra demander compensation des biens volés. procès devant ses pairs dépend de son rang social et
Un homme pauvre ne pourra pas justifier une inca- de sa fortune : pour un voleur de bas peuple, ce sera
pacité à payer ses impôts au prétexte d’un manque une décision prise en quelques minutes et appliquée
de moyens, y compris si l’on saisit ses biens ou qu’on immédiatement. Seuls les membres du pouvoir et in-
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Ref. 14778
LA VIE QUOTIDIENNE
dividus riches et influents pourront profiter d’une Les peines sont en général exécutoires immédiatement.
vraie justice. Les autres évitent de leur mieux de subir La prison est rare. Mais dédommagements, coups de
les foudres de la loi, et s’arrangent entre eux pour fouet ou de bâton, pilori, humiliations publiques, mise
régler leur compte et se faire justice même si des au ban, mutilations, asservissement et parfois exécution
magistrats intègres essayent de dispenser une justice sont les peines courantes. Les Lossyans condamnent à
plus équitable et populaire. mort pour des délits qui pour les hommes du XXIe siècle
ne le mériteraient pas du tout ; citons l’agression d’un
Les procès de litiges civils et commerciaux sont Maître-marchand, d’un membre de l’Église ou de l’aris-
instruits à partir de plaintes. Le magistrat chargé tocratie, le sacrilège ou l’hérésie, l’incendie urbain, la
d’arbitrer le conflit est en partie payé par la partie piraterie, l’espionnage industriel, le vol de loss-métal
accusatrice, et le litige est réglé selon les lois locales. ou encore le viol, ainsi que toute forme d’agression
physique sur les enfants. Si vous avez de bonnes rai-
sons d’avoir commis un meurtre et/ou une position
PROCÈS ET CONDAMNATIONS d’influence privilégiée, vous serez condamné à verser
un dédommagement à la famille du défunt.
La loi lossyanne n’applique ni le principe de pré-
somption d’innocence ni la notion de caution et tout Les peines de mort sont parfois cruelles et publiques.
inculpé est enfermé jusqu’à son procès. Si les riches La mise à mort la plus courante reste cependant l’égor-
et les puissants sont assignés à résidence ou enfermés gement ou la pendaison. La prison est une peine très
dans des appartements confortables, tous les autres rare pour s’assurer que le condamné ne puisse s’enfuir
finissent dans des cellules exiguës et ont de la chance pendant que les siens règlent un dédommagement.
s’ils le sont avec leurs vêtements : dénuder un captif
avant de le jeter au trou est courant.
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
bras levés, les seconds s’inclinent plus ou moins bas est traité comme un membre de la famille, mais en
selon le rang leur interlocuteur. Les Dragensmanns échange offrira son aide le temps de son séjour. Pour
se saluent en se donnant des accolades et de grandes les Dragensmanns, celui qui est invité dans une de-
claques sur l’épaule. Les Jemmaïs placent leur paume meure laisse un présent et repart avec un cadeau de
à plat sur la paume de leur vis-à-vis. Les Teranchens la famille. Dans les Plaines de l’Étéocle, l’invité a les
serrent la main, mais feront souvent l’accolade. Enfin, pieds lavés par une des femmes de la maison, esclave,
les San’eshe s’embrassent s’ils se connaissent ou se servante ou fille de la famille. Dans l’Athémaïs, un
présentent en guise de premier salut. invité dispose des esclaves de la maisonnée comme si
elles lui appartenaient, mais en échange il doit laisser
Se présenter : les Lossyans se présentent la première un présent, même une pièce de monnaie.
fois par leur prénom, leur cité d’origine et leur sur-
nom, puis parfois leurs titres et nom de famille. C’est À table : la fourchette est une fantaisie connue seule-
très fréquent qu’une femme rajoute « fille de » pour ment dans l’Hégémonie. Les gens mangent à la main
informer son interlocuteur de l’identité de son tu- ou s’aident de cuillères et couteau. Les baguettes
teur officiel. Si elle est mariée, elle remplacera par sont répandues dans l’Hemlaris, les Cités-Unies et
« femme de ». Armanth, mais pas dans l’Athémaïs. On se met à
table les mains lavées. Les esclaves doivent manger
Entrer dans une maison : chez les Athémaïs, on se dé- au sol, sauf sur ordre exprès de leur maître. Dans
chausse, comme dans l’Hemlaris. Dans toutes les Mers les banquets et réunions de famille, les femmes ne
de la Séparation, on ne pénètre pas armé sans y être mangent pas avec les hommes, une tradition qui dis-
expressément invité, sauf chez les Dragensmanns pour paraît dans l’Athémaïs. En Hégémonie, les femmes
qui se désarmer est une faiblesse et chez les Hemlaris mangent après les hommes. Chez les Dragensmanns,
dans le cas de leur aristocratie. Chez les Jemmaïs et tout le monde est affalé à table en même temps,
les Nomades des Franges, on vide sa gourde devant esclaves compris.
la porte pour la faire remplir dans la maison
Hommes et femmes : on ne touche pas à une femme
Hospitalité : on ne peut refuser l’hospitalité à une sans son consentement, que ce soit pour la gifler ou
personne dans le besoin, un homme invité ne doit lui attraper le bras. Quand un homme accompagne
y commettre aucun crime ou affront. La plupart des une femme, celle-ci est à sa gauche pour éviter qu’une
peuples respectent cette règle, bien que les Svatnaz et femme gêne l’homme chargé de la protéger quand il
les San’eshe y soient très réticents. Dans l’Hemlaris on dégaine son arme. Cette règle est imposée aux es-
accordera le gîte et le couvert à un non-Hemlaris, mais claves femmes, qui doivent marcher à gauche de leur
le plus souvent dans une remise ou une étable. L’invité maître. L’homme entre en premier dans une maison
Ref. 14778
LA VIE QUOTIDIENNE
parce qu’en cas de traquenard, c’est le premier qui de la Séparation, une femme ne dénude jamais sa
s’exposera. Même une Femme d’Épée aura bien du gorge : les décolletés ne sont jamais plongeants. En
mal à changer cette habitude. Le fait de laisser s’as- Athémaïs, les femmes portent, sous des robes as-
seoir une femme avant l’homme qui l’accompagne sez légères, des pantalons et chausses. Enfin, chez
n’est pas une politesse répandue sauf dans le Sud, les Hégémoniens, comme chez les Gennemons, les
comme le fait de céder systématiquement sa place femmes se couvrent les cheveux. Et dans l’empire
assise à une femme. En général, les Lossyans le font d’Hemlaris, jamais une femme, sauf pour des ques-
selon la santé ou l’âge, pas selon le genre. tions de travail, ne laisserait entrevoir ses jambes, ses
bras ou exposer un décolleté.
Titres de politesse : les langues lossyannes emploient
en général plusieurs pronoms et conjugaisons des- Les codes vestimentaires masculins existent aussi,
tinés uniquement aux formules de politesse et aux mais sont plus larges. Si être torse et bras nus est
rangs sociaux. Les titres sont donc assez peu usités, commun, il est très malvenu de se découvrir au-des-
la politesse est dans la langue elle-même. Le tutoie- sus du genou, pour des raisons similaires à celles
ment est le plus courant et se pratique par défaut, le des femmes : seuls les esclaves dévoilent leurs cuisses.
vouvoiement est une déférence marquée. L’athémaïs C’est d’ailleurs pour cela que dans tout l’Athémaïs,
comporte cinq pronoms de ce type et une conju- jamais un esclave ne portera de kilt ou de jupe
gaison pour les rangs sociaux, donc on emploiera par-dessus ses braies, car ce sont des attributs ré-
un des trois pronoms pour marquer l’intimité ou la servés aux hommes libres. On tolérera cependant
neutralité avec son interlocuteur ou pour signifier des exceptions pour raison de travail, plus facilement
ses intentions amicales. Les deux autres sont pour que pour les femmes. Toutes ces considérations sont
l’un réservé aux parents et supérieurs proches, pour respectées avec plus de liberté par les Jemmaïs, les
l’autre aux éminences. On emploie donc peu : mon- Erebs et les Dragensmanns, mais ignorées par les
sieur, seigneur, altesse, etc. Seule exception, le terme Forestiers ; quant aux San’eshe, ils vivent à demi nus,
« madame » qui insiste sur le respect — mais aussi sur hommes et femmes.
la différence sociale — envers toute femme. L’autre
exception concerne les autorités de l’Église, nommées Concernant les parures, les tatouages et les bijoux,
« Excellence ». Les Dragensmanns se moquent tota- il y a là aussi quelques règles : on ne porte jamais
lement des titres, y compris concernant leurs chefs. de ras-de-cou ; les ras-de-cous et colliers serrés sont
Dans l’Empire de l’Hemlaris, les formules, pronoms des colliers d’esclaves que nulle personne libre n’ar-
et titres de politesse sont strictement codifiés. borerait. C’est pratiquement la seule contrainte gé-
nérale. Les bijoux sont très variés, avoir des oreilles
Les rendez-vous : les Lossyans ont rarement des percées est commun chez les femmes, mais aussi
montres, il n’y a pas d’horloges sur chaque place et chez beaucoup d’hommes. Les bijoux faciaux et
tout le monde mesure habituellement le temps à la piercings ne sont pas inconnus, mais vus comme
position du soleil. Les Lossyans pour se donner ren- des apparats tribaux et primitifs. Seules les esclaves,
dez-vous se fient à l’aube, au zénith, au crépuscule, et particulièrement les Languirens, ont les tétons
ou à des choses aussi précises que « cet après-midi ». percés. Ça ne viendrait pas à l’idée d’un homme ou
On ne s’offusque donc pas vraiment d’un retard et d’une femme libre.
l’on va plutôt s’en inquiéter.
Les tatouages sont assez répandus. Il est plus facile
de les afficher pour les hommes que pour les femmes,
LES CODES VESTIMENTAIRES mais ces dernières apprécient ces décorations intimes
et indélébiles. Ce sont le plus souvent des motifs
Les premiers codes vestimentaires concernent les décoratifs complexes, rarement des scènes représen-
règles de décence, en fonction de la morale conci- tatives. Il est commun qu’une esclave soit tatouée
lienne, et tout ce qui concerne la nudité. Ils sont par son propriétaire pour en accroître la beauté et
d’ailleurs en partie partagés par les peuples non la valeur. Les tatouages faciaux existent chez les
conciliens, San’eshe exceptés. Pour résumer : la nu- Ar’anthias des Cités-Unies et chez les Forestiers, un
dité est très mal vue, comme se découvrir le ventre peu plus rarement chez les Dragensmanns.
et les cuisses.
Les seules restrictions des couleurs concernent
Tout ce qui va du genou à la poitrine, chez la femme, l’usage du rouge carmin et du bleu ciel. Le rouge
doit être couvert. Pas de ventres ou de dos à l’air, profond est la couleur exclusive des capes et toges
ni de jupette. Ces fantaisies font partie des signes des tribuns et des légionnaires ordinatorii, et le bleu
ostentatoires des esclaves, dont on exige souvent céruléen est la couleur du deuil en général. Quant
qu’elles exposent leurs formes. Autant dire que toute aux chaussures et bottes à hauts talons, elles sont
femme libre évite ce type de méprise. Dans l’en- peu répandues, mais portées par les hommes et les
semble des cultures conciliennes, on évite les tenues femmes les plus aisés pour compenser une petite
moulantes, sauf pour raisons pratiques. La robe ou taille, plus rarement par coquetterie. Les talons ai-
la jupe longue est de rigueur, et dans le sud des Mers guille n’existent pas.
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Les Lossyans boivent peu d’eau et l’on évite au- Le somnae ou vin des rêves : produit à partir de la
tant que possible de se désaltérer à la rivière. La fermentation de l’applerine, un fruit athémaïs res-
raison est simple : l’eau peut tuer. Les épidémies semblant à une sorte de pêche violette. C’est un di-
pour cause d’eau contaminée font des ravages et gestif très doux et sucré. Son abus a des effets envou-
les étangs et rivières grouillent de parasites. Les tants, voire hallucinogènes. Certains vins très forts
Lossyans boivent de préférence des boissons fer- sont employés comme drogue.
mentées ou bouillies, y compris le lait. Les jus de
fruits, peu courants, sont l’exception. Le Me-kwei : une bière douceâtre, mais très forte en
alcool, d’origine hemlaris, bue soit très froide, soit
La boisson la plus courante est la bière que l’on pré- très chaude, produite à partir de la fermentation du
pare à base de grains fermentés, le plus souvent en riz et du sorgho. Pour un Occidental du 21e siècle,
fonction de ce dont on dispose sur place. La vraie cela se rapproche du saké.
bière au malt d’orge ou de blé et houblon, assez char-
gée d’alcool, est une bière festive. La version courante
est une bière blanche et amère, nourrissante et légère
en alcool.
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Ref. 14778
LA VIE QUOTIDIENNE
complexe, méconnue et peu répandue encore. Sans Les dattes : la datte lossyanne ressemble un peu
compter qu’elle n’est pas infaillible. Les seuls moyens à celle de la Terre, mais fait presque la longueur
efficaces de conserver la nourriture sont de la sécher, d’une main. Les dattiers poussent lentement, mais
la saler ou la fumer, ce qui n’est pas adapté à tous les produisent beaucoup. Le fruit, sucré et farineux, est
produits. Les serres ou cultures sous toit climatisées séché ou réduit en farine.
sont un luxe : avoir un produit exotique frais est rare,
quand ce n’est pas tout bonnement impossible. Le loba : poisson de haute mer, le loba ressemble à
la bonite terrienne et pèse plus que le poids d’un
Les Lossyans se fournissent en produits locaux. Seules homme. Sa chair est rouge et a un goût assez fin. Le
les bourses les plus remplies permettent d’acheter cer- loba est malaisé à conserver, mais abondant. Tout
tains produits frais exotiques qu’on parvient à grand port a des navires de pêches qui en amènent des
prix à faire pousser. Les Lossyans sont contraints aux quantités à destination des citadins.
saisons pour leur variété alimentaire : et si une saison
a été mauvaise, on va devoir taper dans les réserves. La pandira : une volaille lossyanne qui ressemble à
Une mauvaise année peut facilement finir en famine. une grosse pintade au plumage chamarré.
Quant à la viande, qui est un produit onéreux, elle est
en fait assez rarement fraîche : on va la sécher, la saler, Le til : une graminée dont la fibre est employée pour
la transformer en charcuterie et la faire durer toute tisser des étoffes solides et chaudes. Sa graine est
l’année. Le sel est cher : comme il est indispensable, il comestible ce qui fait du til la céréale la plus cultivée
fait l’objet de taxes conséquentes. dans le monde. Mais si elle fait un pain convenable,
son gruau a un goût de carton.
On mange avant tout du pain et des recettes céré-
alières comme le gruau. C’est un des plats chauds La banane : très répandue dans tout le sud-est des
communs pour le petit peuple, agrémenté de légumes Mers de la Séparation. On la sèche, on la confit, on
frais ou secs, parfois d’un peu de viande salée quand en fait des farines et elle est très commune, avec des
on a les moyens. Le riz est assez répandu dans tout dizaines de variétés.
l’est des Mers de la Séparation, et constitue une al-
ternative goûteuse aux céréales bouillies. Les légumes La larente : grand poisson d’eau douce, vorace, mais
courants sont surtout les pois et fèves qu’on peut facile à élever. Sa chair se sale et se conserve très
faire sécher comme quelques fruits. Certains légumes aisément, et on le consomme presque partout.
comme les choux peuvent être traités et conservés
en saumure. Enfin, les légumes frais sont ceux de la Le sika : on l’élève pour son lait, son cuir, sa viande et
saison. Les salades sont un mets peu répandu. sa laine dans le Nord. La viande de sika se conserve
moins bien que celle du mora.
Manger de la viande fraîche est un luxe, bien que
l’élevage soit répandu et que nombre de fermes Le qasit : un tubercule à mi-chemin entre la patate et
peuvent abattre un ou deux moras pour l’année. En le topinambour, à la saveur sucrée et douceâtre. Un
général, on élève des bêtes pour leurs produits lai- des légumes qui se conserve le mieux sans traitement
tiers ; vaches, chèvres (il n’y a pas de moutons sur particulier et remplace la pomme de terre.
Loss), mais aussi sikas et même ghia-tonnerres. Ils
permettent d’avoir des fromages et du lait et ils sont
très répandus. La chasse permet de se fournir en
gibiers, mais chasser dans le monde de Loss n’est
LES ÉTOFFES ET TISSUS
pas sans risques conséquents. Le plus courant apport En l’absence de moutons, et les mammaliens n’ayant
en protéines animales est la pêche, très développée. quasiment pas de toison ou de fourrure, il y a donc
Le poisson se sèche et se conserve aisément, et les quelques différences avec les tissus de la Terre.
élevages de poisson d’eau douce sont répandus. Mais
cela reste inaccessible aux plus pauvres. La plupart des étoffes sont soit fournies par des
végétaux, comme le til qui permet de tisser des
fibres cotonneuses douces et chaudes, soit par des
Quelques aliments typiques
insectes, car il existe une demi-douzaine de fils de
Le mora : mammalien aux allures de phacochère soie différents aux propriétés variées. Restent enfin
consommé comme le cochon. D’un développement les cuirs, très répandus. Les fourrures sont plutôt
rapide, sa viande grasse est facile à conserver et rares et proviennent en général du Grand Nord.
transformer en charcuterie. Il est répandu partout. Seul le sika possède une toison un peu fournie, mais
seulement dans le Grand Nord, qui exporte sa laine
L’applerine : fruit de l’athémaïs dont l’arbuste pousse à grand prix.
aisément même sur les mauvais terrains, tant qu’ils
sont ensoleillés. Le fruit est aisé à sécher, mais on Les Lossyans ont appris à extraire de leur foison-
veille à ne pas manger ceux qui auraient commencé nante nature plusieurs latex employés en industrie,
à fermenter, car ils ont des effets psychotropes. mais aussi dans la confection. La plupart du temps,
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
ce sont pour des vêtements et accessoires utilitaires et Le til : une fibre tirée d’une céréale comestible très
pour l’imperméabilisation. Mais on les emploie aussi courante. Cotonneuse, chaude et douce, l’étoffe qu’on
pour des renforts et pièces flexibles de vêtements en produit est employée dans toute la draperie et la
très ajustés, des corsets aux vestes. Il existe quelques confection, mais aussi dans la voilerie.
combinaisons moulantes, mais c’est peu répandu et
destiné aux monte-en-l’air ou aux gens cherchant un Le lin : autre fibre très répandue et prisée, le lin per-
vêtement très isolant. met des vêtements légers, doux et agréables à por-
ter aussi bien en climats chauds que froid, selon la
finesse de l’étoffe. Solide, facile à teindre et peindre,
Les textiles et étoffes sur Loss
il est employé dans tous les domaines.
La laine : produite par les sikas au Grand Nord des
Mers de la Séparation, elle vaut très cher. Elle est Le chanvre : fibre épaisse et rugueuse, elle est surtout
surtout destinée à la draperie et la tapisserie. employée en cordages, sacs et tapisserie.
Le velours : produit lui aussi à partir de la toison Les cuirs : il existe des quantités d’applications et de
courte des sikas d’élevage. Il est plus commun que la formes de cuir employées en confection et ses appli-
laine, mais très recherché. cations industrielles et domestiques sont sans fin. Son
prix dépend de son traitement.
Le tussah : soie d’araignée étéoclienne, donnant un fil
et un textile plus épais que la soie et moins vaporeux. Les latex : voir plus haut
Il est répandu et d’un prix très abordable.
Les fourrures : comme mentionnés plus haut, les four-
La soie : il en existe une demi-douzaine de variétés. rures sont un luxe rare. Les mammaliens n’en ayant
C’est une spécialité de l’Hemlaris, mais adoptée par presque pas, celles-ci ne viennent que du Nord et en
les Cités-Unies et même dans tout l’Imareth. C’est faible quantité.
une étoffe prisée et répandue, assez onéreuse selon
sa qualité.
Ref. 14778
L’ESCLAVAGISME ET LE HAUT- ART
Elena réalisa qu’elle venait d’être cédée pour une fortune. Mais si elle avait appris auprès des autres filles que
souvent, plus une esclave était vendue cher, plus son sort et son futur seraient assurés d’être agréables et doux,
ici elle était persuadée du contraire. Elle pouvait lire dans les yeux du Bey une démence vicieuse et sadique, le
régal qui lui chatouillait le ventre et lui caressait l’ego au plaisir qu’il aurait à user de sa nouvelle acquisition
pour ses plus pervers plaisirs. Oh, Elena n’avait aucun doute qu’il ferait attention à ne pas l’abîmer trop vite. Elle
était rousse et terrienne, d’une beauté rare et unique par son métissage, d’une féminité sauvage et rebelle. Mais
même Priscius au moment de serrer la main de son client, en lui tendant la laisse d’Athéna, fut saisi d’un remords
pénible qu’il du étouffer immédiatement.
L’esclavagiste prit juste le temps de glisser quelques mots à Elena, avant de laisser Jharin prendre possession
de sa nouvelle acquisition :
— Tu viens de sauver ma maisonnée, sois-en fière. Et du prix que ton maître a payé pour te posséder. C’est
un des plus grands honneurs que peut recevoir une esclave.
L’ESCLAVAGISME ET LE HAUT-ART
P oint culturel d’autant plus important qu’on le
retrouve dans pratiquement toutes les socié-
tés et cultures de Loss à l’exception des San’eshe,
elle n’a plus d’Honneur. Elle est de facto, si l’on en
doutait encore, un animal, une propriété. Parce que
tout simplement, un esclave n’a plus ni le droit ni les
l’esclavagisme sur Loss est un sujet assez vaste et moyens de défendre son honneur ou de le faire dé-
assez complexe pour nous, humains occidentaux fendre par sa famille. L’esclave ne fait que refléter et
du XXIe siècle. Pour les Lossyans, l’idée de posséder représenter l’honneur de son maître. Lui n’en a pas,
un être humain n’est absolument pas choquante, sauf si un exploit force la société à lui en reconnaître.
sauf pour quelques cultures non conciliennes. Les
Lossyans ne considèrent pas la notion d’humanité Sans Honneur, un Lossyan n’en est plus un. C’est
comme un droit inaliénable de naissance, mais un ce point qui effraie tant tout le monde concernant
statut qui se gagne, se mérite et donc peut être perdu l’asservissement. Il lui est alors tout retiré : pro-
ou retiré. Sur Loss, l’esclavagisme n’est pas si diffé- priétés, possessions, droits, nom, dignité et même
rent de ce qu’il fut sur Terre, à l’époque romaine et leur humanité. Certains préféreront mourir plutôt
durant une partie du moyen-âge. que d’être asservis. Pourtant, personne ne considé-
rerait l’esclavage comme inacceptable, c’est même
L’esclavage est plutôt répandu. C’est moins une force pour beaucoup de Lossyans une bonne solution de
de travail qu’un luxe et une marque de rang social, lutte contre la plus grande pauvreté des indigents et
un signe extérieur de richesse. On emploie bien des l’insécurité des rues. Et asservir un barbare ou un
esclaves pour les travaux les plus pénibles, mais la Terrien Perdu est une évidence, puisque ce sont de
vraie richesse, c’est d’avoir des esclaves de compa- pauvres hères qui ne comprennent ni les Vertus ni
gnie à son service. Posséder des esclaves ou souhaiter les bienfaits de l’Église.
en posséder est tout à fait normal, tout comme en
exploiter et en faire commerce. Le Haut-Art, l’art de
savoir asservir, est considéré comme un talent noble,
sacré et admirable.
LES ESCLAVES
Il n’y a pas d’équivalent de traite négrière sur Loss ;
et Armanth et quelques autres villes mises à part,
LOSSYANS ET L’ESCLAVAGISME nulle part de forte concentration de communauté
d’esclaves dans un périmètre limité. L’esclavage ne re-
Les Lossyans partagent pratiquement tous des va- présente pas une source de revenus par l’exploitation
leurs, les Vertus, qui de leur point de vue les diffé- d’un grand nombre d’entre eux dans des plantations
rencient des animaux : l’Honneur, le Courage et la ou des ateliers.
Sagesse. L’idée que certains individus soient dépour-
vus de l’une de ces Vertus ne les surprend pas, mais Il existe cependant des chantiers, mines et carrières
à leurs yeux, cela signifie que celui-ci n’est alors plus où des condamnés aux travaux forcés sont exploités
humain : au mieux c’est un barbare, au pire une bête dans des conditions si rudes qu’ils ne vivent guère
stupide et indigne de considération. plus de quelques années ; en majorité des criminels
condamnés et des prisonniers de guerre. Il est rare
C’est vis-à-vis de ces principes, de ces corrélations qu’un esclave soit envoyé aux mines sans avoir com-
culturelles, que les Lossyans jugent qui est humain et mis de faute grave, à moins d’être tombé sur un pro-
qui ne l’est pas. Mais une fois une personne asservie, priétaire sans scrupule ni pitié.
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Il n’y a guère qu’au maximum 5 à 6 % de la popula- se voir offrir la jouissance de biens et privilèges par
tion d’une cité-État d’asservis. Et plus les commu- son maître. Il ne dispose pas plus de son nom, que
nautés sont petites, plus ce pourcentage se réduit. Les son propriétaire peut modifier à sa guise, que de
deux seules exceptions sont Anqimenès et Armanth. son intégrité physique. Ce dernier est parfaitement
Anqimenès compte 10 à 12 % d’esclaves et Armanth en droit d’user de sa propriété à sa convenance, y
un peu moins de 10 %, principalement par son Marché compris de la vendre, la prêter, la donner, la sou-
aux Cages, le commerce d’esclaves étant une de ses mettre aux sévices et châtiments qu’il voudra, ou
grandes sources de revenus. Aux grands marchés, encore lui ôter la vie.
Armanth peut parfois se retrouver avec presque
250 000 esclaves, dont 50 000 environ en vente et en Cependant, les esclaves sont protégés par des conven-
transit dans ses murs. tions coutumières : il est considéré comme déshono-
rant de maltraiter ou affamer son esclave, de négliger
sa santé et son bien-être, ou encore de le mutiler
À noter qu’il y a eu des époques dans l’Italie de la ou le tuer gratuitement. Un esclave est un investis-
Rome antique où il y avait jusqu’à 2 à 3 millions sement qui n’est pas anodin et une représentation
d’esclaves, c’est-à-dire un tiers de la population. de l’honneur de son propriétaire. Il n’est pas rare
Même l’ensemble de l’Hégémonie d’Anqimenès qu’un esclave soit affranchi à la mort de celui-ci, tout
n’en abrite pas autant. comme il est courant qu’un esclave ayant accompli un
haut fait regagne ainsi sa liberté. Celui qui traite de
manière cruelle et injuste son esclave non seulement
Hommes et femmes asservis risque de provoquer une rébellion et des drames,
mais entache son honneur et sa réputation.
La plupart des esclaves domestiques sont des femmes.
Les Lossyans préfèrent les femelles, aussi bien pour Si toute rébellion ou fuite d’esclaves est châtiée dure-
des questions de contrôle que de plaisir, mais aussi ment, le propriétaire peut lui aussi être condamné à
de prestige. De plus, le Haut-Art est rarement pra- de lourdes amendes, voire à des peines plus lourdes
tiqué sur des mâles. Une esclave est en général une encore. Un propriétaire d’esclaves est responsable de
servante domestique, un animal de compagnie et une ce que commettent ses esclaves : les dégâts provoqués
source de distractions sexuelles. On ne les emploie pas par l’esclave sont de sa responsabilité.
aux champs ou dans les ateliers et industries. Pour un
Lossyan, il n’y a guère de différence entre posséder Les Lossyans sont plutôt bienveillants avec leurs
un chat ou un chien et un esclave ; sauf que ce dernier esclaves et en prennent soin. Mais il ne faut pas le
a des qualités supplémentaires indéniables et qu’il lui prendre comme un fait constant : les sadiques, les
est possible de temps en temps de regagner sa liberté. bourreaux et les salopards existent comme partout.
Il y a des esclaves maltraités et certains meurent des
Un homme asservi est le plus souvent un forçat : soit sévices qu’ils subissent, tandis que d’autres mettent
un ennemi capturé, soit un criminel. Les Lossyans ne fin à leur jour. Légalement, rien ne peut être atten-
sont guère tendres avec eux et ceux-ci connaissent té contre un homme qui maltraite un esclave, sauf
un sort franchement déplorable. Les Lossyans ont par sa propre famille en portant plainte pour dégra-
du respect pour leurs esclaves femmes. Si elles ne dation d’une possession familiale. Le plus souvent,
sont plus considérées que comme des animaux de quand un propriétaire a un souci avec son esclave
compagnie, elles sont souvent chéries et plutôt bien ou souhaite s’en débarrasser, il se contente de le
traitées, même si leur sort peut parfois être fran- revendre. La vente et le commerce d’esclaves sont
chement glauque, comme les houris de bordels. Les notoirement encadrés, soit par l’Église, soit par les
hommes, eux, sont traités comme une force de travail confréries de la Guilde des Marchands, les condi-
corvéable à merci, dont la vie n’a aucune valeur. Les tions de vente aussi bien que les prix et les contrats
forçats condamnés aux pires peines sont envoyés sur de cession.
les chantiers et aux mines, et leur vie est en géné-
ral courte et misérable. Les seuls à s’en sortir un Une esclave peut enfanter, et selon les cas et la décision
peu mieux sont les gladiateurs, mieux considérés et de son propriétaire, son enfant sera asservi à sa puberté
quelque peu respectés, qui ont une petite chance un ou affranchi dès sa naissance et adopté par la famille.
jour de gagner leur affranchissement s’ils parviennent Il faut noter qu’affranchir une esclave n’est pas si
à rester en vie et briller dans l’arène. rare. Souvent ce sera pour l’épouser ou l’offrir en
mariage, pour l’adopter dans la famille ou pour la
récompenser d’un haut fait.
Statuts légaux
Un esclave est une propriété, et un bien mobilier avec
Les types d’esclaves
un statut légal à mi-chemin entre un humain, et un
animal. Aucun Lossyan ne nierait vraiment qu’un On peut distinguer plusieurs types d’esclaves, en
esclave est un être humain, mais il n’a aucun droit fonction de leur usage, mais aussi de leur dressage
en théorie. Il ne possède plus rien, bien qu’il puisse (voir plus loin) :
78
Ref. 14778
Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
Les esclaves domestiques : ce sont les serviteurs de vent, ce genre de rôle est pris par des apprentis ou les
maisonnée, chargés des tâches d’entretien domes- enfants des ouvriers et que les esclaves sont en général
tiques et des corvées. Selon la taille du domaine et chers, ils ne sont guère répandus sauf dans les plus
la richesse de la famille, ils seront spécialisés, comme grands centres industriels, comme les chantiers navals
les cuisiniers, par exemple. Certains peuvent être des d’Armanth ou les manufactures de soie de Cymiad.
nourrices ou des gouvernants pour les enfants de
leur maître. Leurs journées peuvent être longues et
Les traditions et lois de l’esclavage
harassantes, mais il est de coutume de leur offrir un
jour à deux jours de repos par semaine lossyanne et Quelques généralités sur les contraintes et interdits
la permission de quitter le domaine pour la journée. des esclaves. Ils varient largement selon les régions,
donc ils ne sont portés ici qu’à titre général :
Les esclaves de compagnie : assignés à une personne
en général, mais pas forcément, ce sont le plus souvent Il n’est pas exceptionnel de voir un esclave
les esclaves les mieux traités qui tiennent tenir com- armé, mais cela sera toujours vu d’un mau-
pagnie à leur maître et dont les corvées sont assez ré- vais œil. Cependant, en cas de risque, on
duites, la principale étant le service et quelques tâches met à disposition des esclaves des maison-
ménagères, comme laver le linge de leur propriétaire. nées des armes pour défendre leur vie, mais
Ils peuvent être formés aux arts musicaux et lyriques surtout celle de leurs propriétaires. Il est
ou être simplement d’agréable compagnie, voire une fréquent que les lois locales interdisent que
source de prestige par leur apparence et la qualité les esclaves portent la main à toute arme,
de leur service. Ces esclaves suivent leur propriétaire sauf sur ordre exprès de leur maître.
partout ; il est fréquent qu’ils aient des moments de
loisir quand celui-ci est occupé ou n’a pas besoin ou Les deux pires crimes que peut commettre
désir de leur présence. un esclave sont la tentative de rébellion et
l’agression d’une personne libre. Dans les
Les esclaves des plaisirs : elles sont pratiquement deux cas, c’est pratiquement systématique-
toujours formées par le Haut-Art dans les Jardins ment la mort ; mais il est possible que selon
des Esclaves des plus grands maîtres-esclavagistes. le degré de gravité du crime, et la décision
Elles sont choisies sur d’exigeants critères esthé- du propriétaire, il lui soit accordé une grâce :
tiques et intellectuels pour être des esclaves de la sentence se transformera alors en châti-
compagnie aux talents accomplis, que ce soit dans ment public, au fouet le plus souvent. Et le
les arts, les danses, la culture générale, les services propriétaire devra éventuellement s’acquit-
du bain et des massages et bien entendu, les ser- ter de dédommagements.
vices et les jeux sexuels. C’est parmi les esclaves des
plaisirs que se trouvent les esclaves les plus chers. La fuite est un autre crime châtié avec
L’immense majorité des esclaves des plaisirs sont cruauté. Il est presque impossible pour un
des femelles. Les mâles destinés au plaisir sexuel esclave qui porte un linci d’échapper aux
des femmes sont rares. chiens qui traqueront son odeur. Mais dans
tous les cas, malheur à l’esclave qui est rat-
Les esclaves publiques : elles sont la propriété d’une trapé. Il peut espérer échapper à la mort ou
personne ou d’une confrérie/guilde, qui en use dans à la mutilation une première fois, mais sera
des auberges, maisons de bains ou encore maisons sévèrement puni. La seconde fois, il sera
de prostitution. Les houris, esclaves prostituées, sont mis à mort lentement et en public pour ser-
enchaînées aux alcôves où elles reçoivent les clients, vir d’exemple.
parfois plusieurs dizaines par jour. Les autres es-
claves publiques n’ont guère un sort plus enviable. Le vol est un crime qu’on ne pardonnera
Si une esclave travaillant comme serveuse dans une pas à un esclave, y compris celui d’un qui-
auberge est assez bien traitée, les esclaves de mai- gnon de pain parce qu’il meurt de faim. Si
son de bain sont exploitées comme les houris pour l’on reproche lourdement au maître sa né-
maximiser les revenus de leur propriétaire. Celui-ci gligence aux besoins et à la santé de son
veille à leur santé et leur sécurité, car il en aurait esclave, celui-ci sera durement et publique-
de sa poche et pourrait, en cas de plainte de clients ment châtié. En cas de récidive, il est pro-
ou d’accidents, devoir en répondre devant la loi ou bable qu’il soit amputé d’une main et aban-
les personnes lésées. Mais la vie de ces esclaves sera donné à son sort.
souvent courte et dramatique.
Tout maître s’attend à ce que son esclave obéisse de
Les esclaves de travail : indifféremment hommes et son mieux et exécute aveuglément les ordres qu’il
femmes, mais assez peu courants, les esclaves de tra- lui donne. La désobéissance de l’esclave n’est pas
vail sont les auxiliaires des ouvriers et des patrons tolérée, surtout devant témoin. C’est un bon moyen
des ateliers et manufactures. Leur tâche est similaire pour un Lossyan de risquer de perdre la face, donc il
à celle des apprentis et des aides. Comme le plus sou- n’hésitera pas à punir d’autant plus sévèrement que
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Ref. 14778
L’ESCLAVAGISME ET LE HAUT- ART
l’affront aura été marquant. Il est impensable qu’un Chanteuses de Loss. Dans la mesure où l’Église et
esclave mente, triche, ou dissimule quoi que ce soit. ses Dogmes sont notoirement sexistes, l’emploi du
Ceux-ci ne se gênent pas pour le faire, mais le châ- Haut-Art sur des mâles est très récent, bien que cela
timent est rude pour qui se faire prendre. Selon les fonctionne, quel que soit le genre, la culture ou la
maîtres, ce point peut aller très loin, ceux-ci exigeant personnalité de la victime.
que leur esclave ne leur dissimule rien, y compris
leurs pensées et désirs les plus intimes, avec une Le Haut-Art demande des qualités particulières, aussi
interdiction complète de tenter de voiler ou cacher bien en termes de psychologie, que d’entêtement, de
quoi que ce soit. sens de l’observation, de l’adaptation, de la résistance
mentale, ainsi qu’une certaine imperméabilité à la
On ne reconnaît pas la filiation et la famille d’un pitié. Un esclavagiste qui sait le manier peut parfai-
esclave : une fois asservis, ils n’existent plus, même tement être un homme compatissant et chaleureux,
pour une mère. Selon les cas, un propriétaire est en mais il n’a aucun droit de laisser parler sa pitié de-
droit de retirer les enfants d’un esclave, soit pour les vant les suppliques et les souffrances des esclaves
adopter, soit pour les élever en futurs esclaves (les qu’il va dresser.
Lossyans n’asservissent pas les enfants avant la qua-
torzième année). Les liens fraternels ne sont pas plus
Le conditionnement
respectés que le reste. Séparer des frères, des sœurs
ou des jumeaux ne pose pas plus de dilemmes aux Une esclave qui subit le Haut-Art se voit dénuée de
Lossyans que s’ils devaient séparer les chiots d’une tout ce qui constitue l’identité et l’amour-propre de
même portée. chaque individu. Elle est enfermée nue, privée de
nourriture, d’intimité, de la moindre liberté de mou-
Enfin, on attend de tout esclave respect, déférence vement ou de parole, forcée à supplier et à obéir
et humilité. L’injure ou la provocation, le dédain, ou aveuglement à des ordres très simples répétés encore
le mépris d’un esclave pour une personne libre n’est et encore, pour pouvoir simplement boire, manger
jamais toléré. L’individu lésé peut très bien ne pas ou faire ses besoins. Avec patience et cruauté, elle est
attendre d’aller demander des comptes au proprié- avilie jusqu’à ce qu’elle ne puisse espérer améliorer
taire et battre l’esclave frondeur lui-même, qui, par la son sort qu’en acceptant sa situation et en coopérant
suite, risque bien d’en reprendre une couche quand totalement avec son tortionnaire qui poursuivra sa
son maître l’apprendra. tâche jusqu’à obtenir sa pleine obéissance. Tout le
principe pour le dresseur est de pousser sa victime
dans ses derniers retranchements pour briser toute
LE HAUT-ART once de capacité à la rébellion. Une fois ceci obtenu, il
pourra reconstruire l’esclave en un parfait animal dé-
C’est par ce nom que la plupart des Lossyans dé- voué à servir, qui ne remettra plus son sort en cause.
signent le dressage des esclaves. Pour eux, c’est un
art, codifié et presque sacré. À l’origine, le Haut-
Le dressage
Art a été conçu et perfectionné par l’Église pour
parvenir à mettre sous un joug psychologique com- Une fois l’esclave totalement brisée et conditionnée,
plet Chanteuses de Loss, seule alternative selon les elle peut alors être éduquée et dressée. Selon les cas,
Dogmes du Concile à leur destruction complète. cette étape sera sommaire et rapide ou au contraire
poussée avec le même raffinement et la même cruauté
Le Haut-Art est un ensemble de techniques et de mé- à la perfection, que ce soit pour la musique, la danse,
thodologies de dressage et de conditionnement d’un les arts corporels ou ceux des bains, du massage, des
être humain, visant à annihiler toute autonomie réelle plaisirs sexuels, bref, tout ce qui pourrait augmenter
et capacité de rébellion. Il y a un millénaire que ces la valeur du futur produit mis en vente. Une éduca-
techniques sont peaufinées ; chaque génération d’es- tion parfaite et aussi poussée peut prendre des mois,
clavagistes les a testées, perfectionnées et enrichies. voire des années.
Le Haut-Art a fait l’objet de traités de références,
jusqu’à devenir une institution. Désormais, ce talent Tout est codifié et soigneusement planifié, y compris
est si performant que très peu de gens peuvent résis- les punitions et châtiments corporels pour réussir
ter au Haut-Art convenablement usité. Une poignée ce travail. Le plus ardu de cette pratique consiste à
de semaines suffit pour briser n’importe quel indivi- détruire et reconstruire en ne laissant qu’un mini-
du, et à peine trois à quatre mois pour s’assurer que mum de séquelles physiques et psychologiques, afin
le conditionnement l’aura rendu incapable de sur- d’obtenir une esclave parfaite. Dans ce domaine, les
vivre sans le joug d’un maître ou d’avoir des velléités violences sexuelles font partie des choses à éviter,
de recouvrer sa liberté. autant que la torture.
Le Haut-Art est rarement employé sur les hommes. Le Haut-Art demande du temps, des moyens, du
Il a d’abord été conçu dans l’esprit des Ordinatorii personnel, d’autres esclaves formées — les éduca-
de l’Église comme un outil efficace pour asservir les trices — et un lieu adapté. C’est un métier qui exige
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Ref. 14778
CHAPITRE 1 : LE MONDE DE LOSS
un investissement : les Jardins des Esclaves emploient taires et des pillages. Les pirates de l’Imareth n’hé-
beaucoup de monde. C’est pour cela que le Haut-Art sitent guère à lancer des razzias au cours desquelles,
est réservé à la formation des esclaves de compagnie en sus de piller, ils font des prisonniers qui seront
et des esclaves des plaisirs. alors revendus partout. Enfin, certains peuples sont
considérés comme des viviers de capture, comme les
En général, même le meilleur esclavagiste doit comp- Svatnaz et les San’eshe.
ter avec environ 5 % de pertes et d’échecs. La pres-
sion psychologique et physique est intense, surtout Comme mentionné plus haut, le pourcentage d’es-
les premières semaines, avec l’isolement de l’esclave, claves dans la population est relativement faible.
ses privations, les mauvais traitements pour le briser C’est un produit de luxe souvent destiné le plus sou-
et environ une personne sur vingt, voire plus, ne le vent à l’agrément et au prestige, ce qui implique que
supportera pas et basculera dans la folie ou attentera les acheteurs sont exigeants et que tout est mis en
à sa vie ou à celle des autres. Dès le début du dres- œuvre pour préserver les marchandises en bon état
sage, l’esclavagiste veille à bien observer ses captifs et en tirer le meilleur prix.
pour déceler les risques et les anticiper.
L’approvisionnement
Les Lossyans font des raids pour se procurer des
esclaves, mais ils ne sont pas si courants. Ils n’en
font pas non plus l’élevage. Les principales sources
d’approvisionnement sont la vente de filles par les fa-
milles pauvres ou souhaitant se débarrasser d’enfants
non désirés, l’asservissement des indigents arrêtés
et en second lieu les captures des campagnes mili-
82
Ref. 14778
L’ESCLAVAGISME ET LE HAUT- ART
84
Ref. 14778
Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATION
CHAPITRE 2
PEUPLES ET
CIVILISATIONS
L e monde de Loss réunit quinze peuples
et autant de coutumes et de civilisations
différentes, tous originaires de la Terre. Tous
LES PEUPLES DE LOSS
LES RÉGIONS ET CAPITALES
88
112
ont réinventé un mode de vie pour s’adapter à
leur nouveau monde. Chacun à leur manière, L’ÉGLISE DU CONCILE DIVIN 138
ces peuples jouissent d’un niveau technolo- LA COSMOGONIE 138
gique semblable à la Renaissance Da Vinci-
punk, grandement amélioré par les capacités LES DOGMES DE L’ÉGLISE 139
du loss-métal et une inventivité à peine freinée
par la religion. ORGANISATION DE L’ÉGLISE 140
Pourtant Loss, c’est aussi un équilibre précaire LA GUILDE DES MARCHANDS 146
prêt à basculer à nouveau dans la guerre, alors
que s’affrontent par influences et conspirations LES LOIS ET PRINCIPES 149
interposées deux idées en apparence irréconci-
liables, incarnées par l’Église du Concile Divin, LE CONSEIL DES PAIRS 150
et la Guilde des Marchands. Plus qu’une guerre LES MAÎTRES-MARCHANDS 151
idéologique entre progressisme et obscuran-
tiste, c’est une lutte politique sans merci à qui LA COUR DES OMBRES 154
des deux parviendra à imposer son pouvoir au
monde entier. FONCTIONNEMENT ET STRUCTURE 155
Entre ces deux idéaux et les deux puissances ACTIVITÉS 155
qui les incarnent, il y a une troisième force ;
la plus ancienne, la plus redoutée, la plus se- LES FEMMES D’ÉPÉE 158
crète. Celle des chamans, ceux qui écoutent
Loss. Et qui furent, autrefois, les protecteurs
PLACE DANS LA SOCIÉTÉ 158
des Chanteurs de Loss. COUTUMES ET LOIS 159
STRUCTURE ET ORGANISATION 159
Ref. 14778
Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
— Tu peux me dire pourquoi passer par cette terrasse-là, alors que c’est le jour du marché, et que c’est
toujours bondé ? On aurait pu prendre les chevaux, et faire le tour par les canaux au Sud !
Jawaad lâcha un sourire :
— J’aime cette foule. Il y a ma boutique de thés, plus loin.
Le maître marchand pointa d’un signe nonchalant une échoppe à la devanture coquette serrée entre deux
autres enseignes de commerce de bouche. S’y pressaient quelques clients devant un large étal chargé de bocaux
colorés et de pots d’épices de toutes sortes.
La foule était dense sur la rue, rassemblant un mélange bigarré de Lossyans de tous les horizons. Les
Athémaïs au teint café au lait dominaient, suivis des noirs des Franges, de la même ethnie qu’Abba, des Étéocliens
au profil fier et altier et des Teranchens reconnaissables à leurs cheveux châtain clair et leur peau hâlée. Armanth
accueillait la plus grande diversité des peuples des Mers de la Séparation et, en tournant simplement la tête, parmi
tous ces visages, on pouvait aisément apercevoir des Hégémoniens grands et massifs, quelques Dragensmanns
aux cheveux de feu et à l’allure imposante et des Hemlaris, de l’Empire du Trône de Rubis, aux yeux bridés et
à la peau de caramel ; et la liste des peuples, des ethnies et des atours exotiques était encore longue.
LES AR’ANTHIAS DES CITÉS-UNIES On s’en doutera, la Vertu la plus importante pour
le peuple des Cités-Unies est l’Honneur ; davantage
Asiatiques métissés de Méditerranéens, quelques- dans sa dimension familiale et publique que person-
uns d’entre eux sont blonds, mais la plupart du nelle et intime. Les Ar’anthias se soumettent aux
temps, les cheveux sont noirs ou châtain. Ce sont codes sociaux pour ne pas froisser leur famille, leur
des architectes et des marins remarquables, plutôt clan, leurs voisins. Puis derrière vient le Courage, ver-
citadins. Dans les grandes plaines d’Allenys, les tu d’importance, car c’est la seule qui permet de bri-
Ar’anthias sont des nomades élevant des troupeaux ser les codes sociaux de ce peuple très traditionaliste.
de ghia-tonnerres. Superstitieux, traditionalistes et
très attachés aux dogmes de l’Église, ils font grand
Organisation
cas de l’honneur et de la fidélité à leur peuple et
leurs croyances. Monarchie constitutionnelle. L’aristocratie domine les
cités-États, mais les rois sont entourés d’un conseil très
influent élu par l’Église et les représentants les plus
Apparence générale
riches et puissants de la cité. Les femmes sont tota-
Sveltes et de taille moyenne (1,75 m à 2 m), la peau lement exclues de la vie publique ou politique. Il n’y
assez foncée, parfois dorée. Des traits très fins et a que dans certaines carrières militaires que celles-ci
métissés, aux yeux légèrement bridés. Les cheveux et peuvent — difficilement — échapper au carcan pa-
yeux noirs dominent, mais on trouve facilement tous triarcal de la société ar’anthia. À noter que les Cités-
les types de cheveux et de couleurs d’yeux par leur Unies sont souvent en conflit les unes avec les autres.
métissage. Pour référence, les habitants des Cités-
Unies ressemblent aux Philippins.
Religion
Le Concile Divin. Les Ar’anthias ont de surcroît
Traits de personnalité
leurs propres coutumes et superstitions que l’Église
Susceptibles et fiers, religieux, aventureux, curieux, ne tente pas réellement d’endiguer, les rites propres à
patriotes, traditionalistes, superstitieux et coura- ce peuple allant dans le sens du respect des Dogmes
geux. Une blague athémaïs dit que pour empêcher du Concile, très fortement pris au sérieux chez eux.
un Ar’anthia d’agir, il suffit de dire que ce qu’il fait Les Ar’anthias acceptent très mal de voir des femmes
est interdit quelque part dans un Dogme. s’occuper de religion et le nombre de femmes dans
l’administration civile de l’Église et dans les légions
88
Ref. 14778
LES PEUPLES DE LOSS
ordinatorii des Cités-Unies est donc très faible. La Mais les cités-États ne peuvent pratiquement rien
seule exception concerne les Athim’si, les vierges exporter en nourriture et elles dépendent énormé-
gardiennes des esprits des ghia-tonnerres, un culte ment de la pêche. Leurs exportations concernent en
mineur des Ar’anthias. grande majorité les métaux de toute sorte, avant tout
le fer, le cuivre, le nickel et l’argent, mais aussi l’étain,
le mercure, le manganèse, et même du minerai de
Ennemis et alliés
titane ainsi que du soufre. Cette richesse provient
Les Cités-Unies ont pour partenaires privilégiés des contreforts des Monts sans Tête et des Abîmes,
l’Hégémonie, l’Étéocle, le Terancha et, paradoxa- deux chaînes montagneuses au volcanisme effréné.
lement l’Athémaïs. Mais elles voient d’un mauvais L’orfèvrerie et l’artisanat des métaux, les esclaves en
œil Armanth et sa décadence. L’entente est encore nombre, quelques épices et quelques têtes de bétail
plus difficile avec l’Imareth, dont les piratent consi- ghia-tonnerre complètent leurs exportations.
dèrent les Cités-Unies et ses côtes comme une cible
de pillages et un bon vivier d’esclaves à revendre ;
Notes culturelles
les batailles navales entre les deux peuples ne furent
pas rares. Enfin, les Cités-Unies ont des relations Les femmes ar’anthias sont traitées de manière assez
tendues avec l’Hemlaris, malgré des échanges com- similaire à celles de l’Hemlaris, c’est-à-dire comme
merciaux fructueux. des demi-personnes et souvent plus considérés
comme des propriétés et des monnaies d’échange
que comme des êtres libres à part entière. L’esclavage
Capitale
y est commun et répandu, très codifié et le sort des
Allenys, surnommée la Cité aux toits d’or, à cause esclaves est fréquemment sordide ; les Cités-Unies
de l’usage en masse de bronze pour les dômes et emploient presque autant de forçats pour ses mines
décorations des toitures. 250 000 habitants y vivent que l’Hégémonie.
l’hiver, environ 180 000 l’été, les nomades reprenant
leur route dans les plaines.
Noms
Masculins : Bayan, Alh’anam, Benjarin, Arvin, Mahal,
Production et commerce Ron, Tueblar, Hannaki, Rafiqui, Raed, Thej, Ymar
Les Cités-Unies sont autosuffisantes en matière agri-
cole : la région est assez riche et le génie de bâtisseurs Féminins : Cheska, Mae, Kini, An’im, Chirito,
des Ar’anthias fait le reste en matière d’agriculture. An’iham, Biri, Jalana, Kelin, Lualathi, Viri, Thima
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Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
LES ATHÉMAÏS ET ARMANTH tôt d’allure maghrébine, mais les Armanthiens sont
très métissés et peuvent posséder des traits cauca-
D’origine hellène, méditerranéenne, et moyen-orien- siens, asiatiques ou scandinaves même dans les plus
tale, les Athémaïs sont un gros melting-pot de anciennes familles.
peuples venus de toutes les Mers de la Séparation,
même si les moyen-orientaux dominent dans leur
Traits de personnalité
apparence. On compte cependant pratiquement
toutes les ethnies de Loss à Armanth. Peuple curieux, Curieux, ambitieux, commerçants, explorateurs,
ouvert et progressiste, les Athémaïs accordent une trompeurs, ouverts d’esprits, vantards, pragmatiques.
grande place au commerce et aux échanges, juste Les Athémaïs ne sont pas connus comme de grands
avant leur soif de connaissance et de savoir. Armanth guerriers, et sont réputés préférer se préoccuper
l’Hérétique, aussi surnommée la Décadente, est la d’eux-mêmes et privilégier la négociation et les ar-
seconde plus grande et puissante cité de Loss, et ses rangements à la confrontation directe.
dirigeants et habitants n’ont guère de considérations
pour l’Église du Concile, même si celle-ci reste pré-
Langage
sente et respectée par son aristocratie.
L’athémaïs, la lingua franca des Mers de la
Séparation. L’alphabet est alpha-syllabique et com-
Apparence générale
porte quelques centaines de signes, ce qui le rend un
De taille moyenne (1,75 à 2 m), la peau mate à brune, peu ardu à apprendre.
mais on peut trouver de tout, bien que les traits
aquilins et racés des moyen-orientaux dominent. Les
Vertus
cheveux vont de châtains à noirs, souvent bouclés,
voire parfois crépus, mais là encore on peut trouver La Sagesse est la plus recherchée des Vertus pour
facilement toutes les teintes. Les Athémaïs sont plu- les Athémaïs : elle symbolise le savoir, la culture, la
connaissance et la négociation, tout ce qu’ils aiment.
La moins privilégiée est l’Honneur. Ce n’est pas que
les Athémaïs s’en fichent, mais le leur est un peu à
géométrie variable. Tout dépend de l’enjeu et de la
manière de s’en sortir sans trop l’entacher.
Organisation
Démocratie représentative et oligarchie de fait pour
Armanth ; monarchie constitutionnelle et oligarchie
pour le reste de l’Athémaïs. Les cités-États sont
le plus souvent dirigées par un Bey entouré d’un
conseil élu par les guildes marchandes et l’aristo-
cratie. Armanth est dirigée par un Conseil des Pairs
choisis uniquement parmi les Maîtres-marchands les
plus puissants de la ville, un sénat de la noblesse, un
du peuple et un Elegio élu par le peuple. Les femmes
ne peuvent pas voter, mais elles peuvent être dési-
gnées candidates ou représentantes des différentes
assemblées démocratiques, bien qu’elles ne puissent
se présenter d’elles-mêmes.
Religion
Le Concile Divin, mais l’Église doit y faire appliquer
ses dogmes avec beaucoup de compromis, et voit son
pouvoir politique réduit à une simple représentativi-
té. Armanth a un certain mépris pour l’Église, mais
l’aristocratie lui reste relativement fidèle, et le peuple
continue à la craindre. Les Athémaïs sont supersti-
tieux, ce qui aide l’Église, mais ils sont attachés à
des rites anciens, hérités de la culture étéoclienne et
de leurs divinités marines. Pour eux, la mer est une
divinité dont les Néréides, les nymphes des mers,
sont les filles qu’il faut respecter et à qui il faut faire
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des sacrifices. C’est à la mer et aux Néréides que sont communes. Farouchement opposés à l’Église du
sont consacrés les mariages traditionnels Athémaïs. Concile, ils sont en permanence en guerre contre
l’Hégémonie d’Anqimenès.
Ennemis et alliés
Apparence générale
Les grands ennemis de l’Athémaïs sont l’Hégémo-
nie pour des motifs historiques et économiques, De type scandinave, entre 1,85 m pour les femmes
suivi de l’Hemlaris, un peu pour la même raison. et 2,10 m pour les hommes, à la peau claire, sou-
Les San’eshe les détestent aussi, mais eux n’aiment vent les cheveux blonds. Mais on trouve aussi des
personne de toute façon. Les Cités-Unies s’en mé- Dragensmanns aux yeux et aux cheveux noirs, sur-
fient, mais commercent et échangent beaucoup. tout chez les Eleksmanns, éleveurs de chevaux et
L’Athémaïs a de bonnes relations avec les Nomades de troupeaux de sikas. Les roux ne sont pas rares,
des Franges, tout le sud de l’Étéocle, et des liens puisque les Dragensmanns ne les considèrent pas
particulièrement forts avec Terancha, mais aussi comme des démons.
l’Imareth, malgré ses pirates.
Traits de personnalité
Capitale
Fougueux, aventureux, téméraires, assez belliqueux,
Armanth, une cité immense bâtie sur une lagune, qui facilement irritables, explorateurs. Les Dragensmanns
abrite 1,2 million d’âmes et a la particularité d’être ont un respect culturel très fort pour les animaux et
dépourvue de murailles. la vie sauvage, et évitent autant que possible toute
surexploitation de ressources naturelles.
Production et commerce
Langage
Armanth exporte quantité de produits finis, mais sur-
tout du bois de marine, de l’ébénisterie, des esclaves, Le Kaergen, dont l’alphabet runique, le Kaerg, com-
de la draperie, de la manufacture de métaux, de la porte 44 lettres. À noter que jamais un Dragensmann
technologie et enfin des épices et de l’orfèvrerie. Sa ne grave en vain de Kaergs sur une surface, ce serait
monnaie est presque un étalon monétaire pour toutes attirer dangereusement les esprits.
les Mers de la Séparation.
Vertus
Notes culturelles
Avant tout le Courage, puis la Sagesse. C’est un
Les Athémaïs accordent nombre de droits progres- peuple aventureux d’explorateurs qui mérite sa répu-
sistes aux femmes, y compris celui de propriété, de tation de témérité. L’Honneur chez les Dragensmanns
justice à titre personnel et de divorce, même si ce est lié au respect de sa parole et de sa famille. Mais
dernier droit est rarement usité dans l’aristocratie, ils mentent, trompent et volent sans vergogne et font
plus traditionaliste. Les femmes peuvent même y être montre d’assez peu de pitié avec des étrangers.
universitaires, professeurs, ou travailler de manière in-
dépendante. Paradoxalement, c’est un des peuples qui
Organisation
a le plus d’esclaves femmes et en fait le plus de com-
merce de luxe dans les Maisons et Jardins d’Esclaves. Monarchie clanique. Ce sont par les filles aînées des
rois et chefs de clans que passe la succession, celles-ci
choisissant leur futur époux qui deviendra le nouveau
Noms
chef de clan. Les femmes, même toujours sous la tutelle
Masculin : Abid, Ahmed, Andro, Domez, Roberto, familiale, sont donc grandement respectées et écou-
Menzio, Celio, Damazo, Bassem, Kais, Khalil, tées. Les rois et chefs ont toujours un conseil influent,
Rolando, Ottone, Melik où dominent la sagesse et la parole des chamans.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Apparence générale
Assez petits (1,70 m à 1,85 m) et plus secs que les
Athémaïs, les traits plus arabisants et marqués, la
peau assez foncée. Étrangement les yeux bleus ne
sont pas rares, fruit de métissages anciens un peu
oubliés. Les Erebs ressemblent fortement aux habi-
tants du golfe Persique.
Traits de personnalité
Calmes, mystiques, méditatifs, assez fatalistes, as-
sez fermés au monde extérieur. Rarement de nature
guerrière, mais il en existe une caste, redoutée, les
Bhaarams. Un dicton athémaïs dit que quand un Ereb
vous adresse plus de 5 mots, c’est que vous êtes un
être spécial.
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LES PEUPLES DE LOSS
Langage Capitale
L’Abalon, dont l’alphabet syllabique s’écrit en stries Harrimsid, qui en fait est un comptoir athémaïs d’une
le long de lignes verticales. Mais le plus souvent les douzaine de milliers d’habitants, où vivent quelques
Erebs emploient l’alphabet athémaïs. centaines d’Erebs et qui leur sert de marché extérieur.
Religion
Chamanisme mystique basé sur les quatre éléments,
liés aux Vertus, ce qui en fait le dernier peuple los-
syan à suivre la voie chamanique des Vertus et don-
ner une importance à la Foi et l’Air, que l’on nomme
le Haana. Les croyances Erebs sont entièrement bâ-
ties sur les Vertus et leur signification symbolique.
La pratique ascétique demande beaucoup de rituels
méditatifs et d’épreuves initiatiques que peu d’indivi-
dus peuvent endurer. Le Haana consacre une grande
place à une profonde connaissance des phénomènes
naturels, et il s’avère que les ascètes et chamans sont
tous experts en climatologie.
Ennemis et alliés
L’Église en général voue les Erebs à l’Hérésie pour
des raisons évidentes. Les seuls alliés réels des Erebs
sont les Athémaïs. Mais les Nomades des Franges
commercent avec eux sans écueils, malgré leur
crainte des pratiques magiques et sombres à leurs
yeux des Erebs. Enfin, ces derniers ont des rela-
tions très chaleureuses bien qu’assez rares avec les
San’eshe, faisant exception à la haine de ce peuple
de tous les étrangers.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Organisation
Démocratie représentative, où l’Église et l’aristo-
cratie pèsent un poids important sur la politique
des cités-États, mais ne restent qu’une partie des
Agoras dirigeantes qui sont cependant notoire-
ment oligarchiques. Les cités étéocliennes ont des
princes, mais la seule qui soit dirigée par l’un d’eux
est Nashera. Les femmes sont totalement exclues
de la politique. Exceptionnellement, une femme a
pu être désignée sur ovation comme membre d’un
Conseil de cité. Mais ces cas sont rares. Chez les
Étéocliens, le peuple et la bourgeoisie se mêlent
aisément, l’aristocratie formant une élite à part qui
a souvent charge des forces militaires des cités. Les
Étéocliens respectent énormément les tribuns de
leurs Agoras.
Religion
Le Concile Divin. L’Église est très influente dans
toutes les Plaines d’Étéocle, mais plus on descend vers
le sud, plus les Dogmes de l’Église s’assouplissent, et
laissent une place, bien que mineure, aux anciens
mythes et cultes d’origine grecque. Les croyances
locales des Étéocliens font directement référence à
des mythes, légendes et divinités d’origine grecque.
Y entendre invoquer Apollon, Héra, ou Poséidon ne
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Noms
Masculin : Eilpenn, Dedder, Maec, Heiddyn, Gymna,
Draaduin, Cadogan, Cydwalla, Nadyreith, Wilmot,
Vinfred, Yannis.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
tés-États et leurs concitoyens sédentarisés, qui le leur Gennemons élèvent aussi des longilas de bât et en
rendent bien. Dans la société gennemon, les grandes échangent de temps en temps.
lignées issues d’ancêtres héroïques ou légendaires
dominent la société, appuyées par l’Église. Les plus
Notes culturelles
hauts rangs au sein des clans sont rarement dévolus
aux femmes. Mais dans les clans ruraux, cela arrive, Les cités-États gennemons collaborent peu et sont
bien que le rang — avant tout honorifique — de chef même très souvent en guerre. Les clans nomades
de clan soit toujours transmis aux enfants mâles. Le sont eux aussi souvent en conflit, mais de manière
mariage est très important pour les alliances de clan plus mesurée. Cependant, ils restent un peuple que-
et les coutumes afférentes y sont très complexes et relleur, prompt aux vengeances, aux raids et aux
surprenantes pour les étrangers (comme le rite de pillages entre clans. Mais ses membres s’unissent
l’enlèvement de la future épouse, ou celui du duel dès qu’il y a une menace extérieure. L’esclavage est
du futur époux contre les frères ou le père de sa pro- courant chez les Gennemons, mais ils accordent peu
mise). Fait peu courant, l’amour a un rôle important de valeur au Haut-Art.
dans ces unions, pourtant orchestrées par intérêt.
Noms
Religion
Masculin : Chulun, Kushi, Saek, Oyun, Narandag,
Celle du Concile Divin dans les grandes cités gen- Arundan, Chinghis, Raenkha, Baathior, Gandamar.
nemons, mais plus on va vers les clans nomades,
plus la foi de l’Église se mâtine de croyances locales Féminin : Nergui, Chimay, Saran, Saranerel, Altani,
et de rites complexes liés à des formes de magie et Chauli, Enkhi, Oyuni, Munkhtsaria, Delger, Hulan.
de divination. Ces rites, que les Gennemons nom-
ment le Kalumi, se retrouvent partout et s’ils restent
discrets dans les cités-États, ils sont vitaux pour les
membres des clans nomades qui n’entreprennent rien
LES HÉGÉMONIENS
sans consulter une Hama-kalu, la sorcière des rites Disciplinés, autoritaires, sexistes et orgueilleux,
Kalumi. Certaines d’entre elles sont aussi chamanes. d’origines nordique et slave, ce sont les habitants
du grand Empire religieux et conquérant dont
Anqimenès est la capitale. Ils sont les plus impor-
Ennemis et alliés
tants et dévoués fidèles de l’Église du Concile et
Les Gennemons se sont fait marcher dessus aussi bien considèrent comme légitime et juste que le reste
par l’Hégémonie que par l’Hemlaris, les deux em- du monde doive vivre sous leur joug. L’Hégémonie
pires se battant souvent sur les Marches de Gennema. est sans conteste à la fois l’un des lieux les plus ci-
Mais l’occupation de l’Hégémonie au siècle dernier vilisés du point de vue urbain, et la société la plus
et la dernière Croisade ont laissé des marques : les militarisée qui se puisse trouver. Pratiquement un
Gennemons détestent l’Hégémonie autant qu’ils la habitant sur huit est, de près ou de loin, membre de
redoutent. Ils ont de riches contacts commerciaux la structure religieuse et militaire des légions et de
avec l’Athémaïs et Armanth, qui a des comptoirs sur l’Église. C’est enfin sans conteste le peuple le plus
les côtes et à Mille-Feux. sexiste des Mers de la Séparation.
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Religion
La religion de l’Église du Concile dans sa version la
plus orthodoxe. Les Hégémoniens ne laissent pas la
moindre place à quelque autre forme de foi, et n’ad-
mettent pas la moindre apostasie ou réinterprétation
des Dogmes. L’inquisition de l’Église est sans pitié
dans l’Hégémonie ou tout écart aux lois et interdits
du Concile et a immensément plus de pouvoir que
les autorités judiciaires civiles.
Ennemis et alliés
Si le plus grand ennemi de l’Hégémonie est
l’Hemlaris, les choses changent beaucoup et l’empire
réalise que pour détruire le Trône de Rubis, il doit
abattre Armanth, ce qui implique l’Athémaïs et
ses alliés. Ses autres ennemis inexpugnables sont
les Dragensmanns. Mais la moitié des Mers de la
Séparation n’aime pas du tout l’Hégémonie, qui le
leur rend bien. Ses principaux alliés sont finalement
le nord des Plaines de l’Étéocle, et dans une moindre
mesure les Cités-Unies. Cependant, l’Hégémonie
commerce avec tout le monde, pour satisfaire à ses
besoins dévorants de ressources.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
femmes, qui y sont considérées comme des êtres idéographique (elle s’apparente aux sinogrammes
inférieurs. L’esclavage de nombre d’entre elles est chinois) et si elle reste assez complexe à apprendre,
particulièrement sordide et concerne pas loin de 10% elle est d’un usage répandu et accessible.
de la population féminine. C’est aussi la culture qui
emploie le plus d’esclaves de travail : être captif ou
Vertus
prisonnier de l’Hégémonie conduit à un asservisse-
ment funeste et pénible qui ne laisse pas beaucoup L’Honneur avant tout. La place de chacun dans
d’années d’espérance de vie. l’ordre des choses est sacrée, mais les Hemlaris jugent
aussi de l’honneur individuel et des Vertus comme
moyen d’élévation sociale et de considération. Puis le
Noms
Courage, qu’ils ont à foison ; les Hemlaris n’ont pas
Masculin : Ragus, Flavius, Andro, Semerain, de honte de fuir un adversaire, mais ils ne se rendent
Numerom, Qintus, Gonord, Arismus, Ballard, Caeso. jamais. Les duels sont toujours importants, puisque
le vaincu n’admettra sa défaite que si son adversaire
Féminin : Auria, Verbe, Tinis, Emetia, Nome, fait preuve d’Honneur.
Armanda, Gerepis, Nesime, Tertie, Nemetia, Avilae.
Organisation
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
LES JEMMAÏS rares, mais moins qu’ailleurs. Les Jemmaïs sont aussi
souvent assez secs, les traits taillés à la serpe.
Métissage complexe de bases indiennes, méditerra-
néennes et maghrébines, les Jemmaïs forment un
Traits de personnalité
peuple à part entière qui s’est enrichi par l’apport de
réfugiés de tout Loss. Humanistes au sens contempo- Méfiants, secrets, implacables, pragmatiques, incré-
rain du terme — même si l’esclavage est présent —, dules, curieux, cultivés. Les Jemmaïs n’ont pas de
farouchement agnostiques, résolument scientifiques, croyances, mais des philosophies prônant le progrès.
ce sont des survivants et des nomades aux quelques
bourgs à l’urbanisme et l’agriculture redoublant
Langage
d’ingéniosité. Honnis par l’Église et l’Hégémonie,
craints par tous les autres, ils ne sont véritablement Le kammaïa, qui possède cinq alphabets différents.
connus par personne. Depuis plus de 400 ans, la Le plus simple comporte 31 lettres, mais les quatre
plupart de ceux qui voyagent ou résident autour autres sont de véritables codes de cryptages toujours
des Mers de la Séparation cachent leurs origines. plus ardus à déchiffrer.
Il n’y a que les Maîtres-marchands d’Armanth et de
l’Athémaïs, et quelques caravaniers des Franges à
Vertus
avoir la permission de faire des affaires avec eux. On
dit que personne ne peut atteindre les frontières du Le Courage et la Sagesse sont considérés et mis en
Jemmaï-he’Jil, leur territoire au cœur du Rift, sans avant à parts égales. La dureté de la vie dans le Rift,
un guide jemmaï. Les Apostats vivent non loin au la résistance acharnée des Jemmaïs face aux croi-
nord des territoires jemmaïs, mais de manière tota- sades de l’Église, leur farouche indépendance, leur
lement autarcique et ont très peu de contacts avec cohésion et leur attachement au progrès, aux sciences
leurs cousins. et à la culture n’ont jamais baissé. Même non-guer-
riers, tous les Jemmaïs hommes et femmes savent se
battre ; l’entraînement à leurs arts martiaux est une
Apparence générale
quasi-institution.
De taille relativement moyenne (1,75 m à 2 m), et le
teint mat et bronzé, les Jemmaïs ont la plupart du
temps les cheveux noirs. Les roux et les yeux verts sont
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LES PEUPLES DE LOSS
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Capitale
Daremath, en bordure des impénétrables Forêts
d’Acier. C’est une ville magnifique et luxuriante
construite à l’ombre d’un grand pic de roche rouge,
d’environ 50 000 habitants.
Production et commerce
Les Nomades commercent en grandes caravanes
du nord au sud et le long du désert à la frontière
de l’Athémaïs. Ils exportent du cuir, des peaux, des
sikas sur pied, de la verrerie, des épices, divers mé-
taux dont le cuivre, le fer, l’argent, le loss-métal,
des étoffes de luxe et des teintures ainsi que des
pierreries. Les Franges importent sel, céréales, pois-
son, et produits d’artisanat et de luxe assurant leur
mode de vie.
Notes culturelles
Les Frangiens sont très souvent en conflit avec
l’Athémaïs ou entre eux. Les villes sont très peu
nombreuses, mais puissantes et très protégées ; elles
ont la réputation méritée d’être des havres magni-
fiques aux allures de palais et de jardins. Elles sont
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LES PEUPLES DE LOSS
proches de sites miniers riches, et toujours bâties fiants avec les étrangers. Le courage, sous toutes ses
autour de bassins et d’oasis. On y trouve aussi les formes, est pour eux la plus grande des qualités.
marchés d’esclaves, vendus en grand nombre par les
Nomades, capturés au cours des raids de clans, mais
Langage
aussi, fait rare, produits dans des élevages. Malgré
cela, les Frangiens restent un peuple très nomade, qui Le kami’ama, qui s’écrit avec un alphabet de séries de
ne conservent pas tant d’esclaves que sa réputation le nœuds de couleurs sur des lignes de fibres. L’écriture
laisse prétendre et dont les femmes sont plus libres est rarement employée, mais se répand chez eux.
que l’apparence le laisserait croire. Les Nomades font
partie des rares à connaître quelques routes menant
Vertus
au sud du continent de Loss, par-delà les Franges,
mais ceux qui s’y aventurent sont rares et colportent Le Courage. Les San’eshe sont rudes, prompts à vou-
des histoires sinistres et incroyables sur ce qu’ils ont loir prouver leur bravoure, leurs jungles sont mor-
pu y trouver. telles et la vie peut y être courte, ainsi donc, c’est
pour eux la plus importante et vitale des Vertus.
Vient ensuite la Sagesse, qui est l’apanage des an-
Noms
ciens et des chamans et qui est vitale elle aussi, car
Masculin : Yared, Eyasu, Tsegay, Mulugia, Nahoum, elle enseigne comme survivre au danger et pérenniser
Ocram, Kassahun, Sassay, Imengetsu, Jalid, Kassa, les tribus. L’Honneur est de peu d’importance pour
Hiliwuna. un peuple égalitaire qui partage tout et ne comprend
pas bien le sens du mot propriété privée.
Féminin : Hawi, Fayza, Tsega, Annan, Saba, Yarebisra,
Betelhen, Halim, Niya, Hatinsay, Yenu, Asalina,
Organisation
Saede.
Tribale avec démocratie directe ; les clans sont orga-
nisés autour d’un sage, d’un chef de chasse, et d’un
LES SAN’ESHE chaman. Chacun a égalité de voix en cas de déci-
sion à prendre, mais la plupart d’entre elles se font
Peuple à l’origine incertaine, mais ressemblant à des par consensus avec l’ensemble de la tribu. Anciens,
Polynésiens, les San’eshe ont une culture fortement chefs de chasse et chamans peuvent être hommes ou
tribale et chamanique, qui fait grand cas du courage femmes indifféremment, leur seul point commun est
et des passions et ne fait aucune distinction entre d’être en général des anciens de la tribu. La succes-
les genres. Ils hantent, le plus souvent dans une vie sion se fait elle aussi par consensus, elle peut donc
semi-nomadique, leurs profondes et mystérieuses être héréditaire, mais ce n’est en rien coutumier. Les
jungles. Le culte du Concile ne s’y est jamais implan- San’eshe ne font qu’une seule différence entre hommes
té, et pour cause, les jungles san’eshes sont terrible- et femmes, c’est la grossesse et l’accouchement : pour
ment dangereuses et seules quelques criques côtières qu’un San’eshe soit adulte, il doit prouver son courage
peuvent être colonisées. Mais les San’eshe empêchent de manière exemplaire. Mais accoucher est considéré
par une violence sans pitié ces implantations, faisant pour les San’eshe comme une démonstration de cou-
montre d’une rare haine vis-à-vis de tous étrangers. rage ayant la même valeur qu’avoir connu un champ
Historiquement, ils sont depuis des siècles victimes de bataille ou avoir accompli un exploit de chasse.
de raids teranchens et Athémaïs pour capturer des
esclaves, et l’on commence à exploiter leurs forêts
Religion
pour extraire de l’ealta, la résine employée en indus-
trie et construction navale. Culte chamanique très proche de la nature, qui consi-
dère que tout ce qui est vivant a un esprit conscient.
Les chamans sont traditionnellement des femmes,
Apparence générale
mais ce n’est pas systématique. C’est le seul peuple
Asiatiques remarquablement grands (1,85 m à de Loss à considérer les Chanteurs de Loss comme
2,10 m), aux traits fins et racés. C’est un peuple mé- réellement sacrés et l’expression la plus visible de la
tissé qui s’apparente aux peuplades polynésiennes. nature spirituelle et physique de l’entité vivante qu’il
Les yeux noirs, les cheveux bruns ou noirs, longs nomme Shaya : Loss.
et raides, ils sont notoirement bien bâtis et d’allure
féline. Les yeux bleus sont étonnamment courants,
Ennemis et alliés
et si les roux sont très rares, il en apparaît de temps
en temps. À part les Erebs de manière sporadiques, les San’eshe
n’ont aucun allié et les rares contacts avec d’autres
peuples sont la plupart du temps hostiles au dernier
Traits de personnalité
degré. Les San’eshe sont considérés comme un vivier
Passionnés, sauvages, impétueux, généreux, mais xé- d’esclaves et leurs jungles comme une zone d’exploi-
nophobes, aisément belliqueux et terriblement mé- tation, autant dire qu’ils ne sont amis avec personne.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Apparence générale
D’origine slave, la carrure large, mais bien moins mas-
sive que leurs voisins, mesurant entre 1m75 et 1m95,
la peau claire mais un peu plus halée que celle des
Hégémoniens, les yeux le plus souvent marrons, et les
cheveux allant de châtains à bruns. Les blonds aux
yeux bleus ne sont pas si rares, et il y a une certaine
quantité de roux, bien que peu nombreux.
Traits de personnalité
Méfiants, téméraires, voyageurs, audacieux, prudents,
rusés, vengeurs, généreux. Un Svatnaz n’accordera ja-
mais la moindre confiance à un Hégémonien.
Langage
Le kateren, langue métissée de dialectes hégémo-
niens et dragensmanns. Elle est écrite avec l’alpha-
bet dragensmann.
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LES PEUPLES DE LOSS
Ennemis et alliés
Les seuls véritables alliés des Svatnaz sont les
Dragensmanns. Ces derniers se méfient des Svatnaz
qui suivent une religion qui leur déplaît beaucoup,
mais il y a malgré tout une véritable entraide entre
les deux peuples vis-à-vis de leur ennemi commun,
et un grand respect. Les échanges commerciaux
sont nombreux, et sans l’aide des Dragensmanns, le
peuple svatnaz aurait sans doute disparu. Il y a aussi
des échanges commerciaux et des relations régulières
avec les Gennemons. Quant à leurs ennemis, ce sont
l’Hégémonie et ses alliés et tous les peuples venant
les chasser comme du gibier.
Capitale
Kratezneg, village mobile en partie construit sur le
dos de dharomos, de larges mammaliens blindés. Le
clan est fort de près de 2 500 guerriers pour 14 000
habitants, c’est une des plus grandes communautés
de Svatnaz.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
sonnes rousses sont en général toujours libres. Mais lettres, mais qui est aussi souvent écrite avec celui
pas les Chanteurs de Loss, asservis et confiés aux de l’Athémaïs.
chamans. L’esclavage y est rare, mais cruellement,
les Svatnaz en font pourtant parfois commerce (y
Vertus
compris des leurs, le plus souvent des condamnés,
mais pas toujours) avec leurs voisins. La Sagesse, quand on parle de l’acuité d’esprit, de
la vivacité, de la ruse, de la réflexion et de tous les
aspects de l’intelligence et de la stratégie. C’est une
Noms
chose que tous les Teranchens admirent et respectent,
Masculin: Bogdan, Zleytan, Andru, Yuri, Godzimir, bien avant l’honneur et le courage. À noter que les
Cezlaw, Radim, Bretik, Blahos, Boïr, Milcho, Zecdaw, Imareth sont un petit peu plus chatouilleux sur l’hon-
Vladimir. neur que les Teranchens, qui sont connus pour être
des bonimenteurs, des beaux parleurs et des arna-
Féminin: Vera, Sveltana, Slava, Stana, Cvita, Milena, queurs qui ne le cachent même pas.
Mirka, Siluswa, Bojka, Miluse, Luba, Miledena, Lida,
Rosica.
Organisation
Monarchie constitutionnelle par cités-États ; les
LES TERANCHENS ET L’IMARETH Teranchens tiennent immensément à leurs lignées
royales et à leur aristocratie, bien que celle-ci soit
Les Teranchens et l’Imareth sont deux îles voisines surtout représentative. Les cités-États sont dirigées
dont les peuples se ressemblent tant, que nous les par des rois entourés d’un Conseil élu au suffrage
avons réunis sous un seul descriptif. Nous préci- direct par l’ensemble des classes sociales. Les
serons les différences culturelles entre les deux, la femmes ne peuvent voter, mais selon les cités-États
principale étant qu’ils ne s’entendent pas beaucoup. peuvent se présenter, faire campagne et être élues.
D’origine méditerranéenne et moyen-orientale, les Il y a de temps en temps des régimes monarchiques
Teranchens sont d’excellents marins, connus pour absolus, mais ils ne durent guère. Les Teranchens
leur indiscipline, leur ruse et le relatif peu de cas sont un peuple qui tient à son indépendance et à
qu’ils font de l’honneur. Cultivés et toujours pru- sa liberté et la rivalité entre les cités-États est très
dents, ils dominent par leurs navires les îles des ar- répandue. Concernant l’Imareth, il y a des ports
chipels, et si les Teranchens préfèrent le commerce, et des comptoirs qui sont tenus par des Princes-
l’Imareth a pratiquement fait de la piraterie une pirates. Ici, guère de constitution, mais des Conseils
institution officielle. Ils sont souvent surnommés les de Princes-pirate parfois aussi puissants que des rois
cousins des Athémaïs et sont très proches d’eux, sont malgré tout élus par les capitaines de navires,
partageant entre autres leur esprit progressiste, leur bien que souvent une place soit prise à la force du
sens du commerce, leur soif de découvertes et leur fer et par la ruse.
considération des femmes.
Religion
Apparence générale
Le Concile Divin, mais avec des nuances et beau-
D’allure méditerranéenne et de taille moyenne ; un coup d’eau dans le vin de l’orthodoxie de l’Église.
peu petits (1m75 à 1m95). Ils sont bronzés, la peau Les Teranchens ne sont pas très religieux et ne
assez mate, parfois café au lait. Les traits aquilins et voient pas de problème à faire partie des régions
marqués, ils ont souvent les cheveux bruns ou noirs, considérées comme hérétiques par l’Église d’Anqi-
souvent bouclés, parfois même frisés. Ils ressemblent menès. Il y a des frictions entre l’Église et les auto-
assez aux Athémaïs, mais peuvent avoir des traits rités des cités-États, mais l’équilibre trouvé dans une
moyen-orientaux très marqués. Les peaux et che- version modérée des principes et règles de l’Église
veux clairs ne sont pourtant pas des exceptions. semble perdurer efficacement. Les Teranchens en
ont profité pour faire revivre des rites locaux et des
traditions héritées du culte de la Mer et des anciens
Traits de personnalité
dieux helléniques.
Rusés, commerçants, malins, ouverts d’esprits, am-
bitieux, cupides, hospitaliers, indisciplinés, prudents.
Ennemis et alliés
Les Teranchens tiennent en grande estime les arts
littéraires et la musique. Les Teranchens n’ont pas réellement d’ennemis, plu-
tôt des rivaux, comme les Cités-Unies et le nord de
l’Étéocle. Si l’Église les a déclarés hérétiques, cela ne
Langage
les empêche pas de commercer avec tout le monde,
L’Eqrasi, une langue dont l’écriture alpha-syllabique même l’Hégémonie. Leur meilleur allié reste pourtant
ne comporte pourtant qu’une petite centaine de clairement l’Athémaïs et Armanth. À noter cependant
que l’Imareth n’est pas dans la même posture. Les
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LES PEUPLES DE LOSS
Athémaïs n’aiment guère ce peuple de pirates, même à l’apport de captifs de ces raids. Cependant, les
s’ils commercent avec eux, et les cités-États côtières Teranchens asservissent relativement peu leurs com-
de l’Étéocle et des Cités-Unies les craignent. patriotes et encore moins leurs femmes, qu’ils res-
pectent beaucoup.
Capitale
Noms
Gillas pour l’Imareth, port en partie de piraterie,
puissamment fortifié, comptant 65 000 âmes. Pour Masculin : Egée, Ajax, Vivianos, Balérios, Gaios,
Teranchen, la célèbre et magnifique Khoïemonos, Yolopous, Gillipe, Danil, Dédalo, Dimosthénis,
connue de tous les marins tant le port est essentiel au Kléonikos, Oresto, Paschalis
commerce dans toutes les Mers de la Séparation, forte
de plus de 300 000 habitants. Féminin : Adramea, Arabela, Areti, Glycène, Litsa,
Noula, Ganyphée, Démeter, Giasimé, Doris, Laydia,
Kyra, Olymbia
Production et commerce
Les îles teranchens ne sont guère connues pour
leurs matières premières, à part le poisson foi-
sonnant et des exportations de métaux précieux :
argent, or, platine, loss-métal. Ce sont surtout
deux commerces qui lui assurent sa richesse : le
trafic d’esclaves particulièrement florissant qui
passe par ses îles, et la manufacture de produits
finis, principalement toutes les formes possibles
de poterie et contenants en bois, en verre, en terre
cuite et en céramique. C’est une véritable indus-
trie à laquelle s’ajoute de la manufacture de luxe
en joaillerie, maroquinerie et métaux précieux et
la sculpture et la pierre taillée ainsi que leur in-
génierie en architecture et marine.
Notes culturelles
Les Teranchens ont toute une culture maritime
qui est un véritable mode de vie : la moitié de ses
habitants sont peu ou prou marins. La piraterie
fait partie de ses traditions et l’Imareth n’a guère
de scrupules à faire des raids côtiers chez ses
voisins, pillant tout ce qui peut se monnayer et se
revendre ailleurs. Les Teranchens font de même
très souvent et sans gêne. Le trafic d’esclave est
d’ailleurs un commerce florissant chez eux grâce
109
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
La plupart des gens qu’elle apercevait avaient des traits moyen-orientaux, et leur allure autant que leurs atours,
étaient une sorte de mélange entre les tenues d’une Renaissance méditerranéenne débraillée, et celles d’un monde
arabe dont on aurait ex purgé tout le faste des Contes des Mille et une Nuits. Il y avait tant de monde dans les
rues, de boutiques et d’échoppes pressées les unes aux autres. Des portiques ouverts sur de petites cours vomissant
presque leurs ateliers sur la rue ou cachant mal des immondices servant de mangeoires à des porcs, des chiens
et d’autres animaux plus étranges qui lui étaient totalement inconnus. Tant de bruits, d’odeurs fortes parfois aux
limites du soutenable, et tant de chaos qu’elle en vivait des frissons de panique. Une masse immense de monde ; et
si peu d’ordre, de loi, et d’organisation qu’elle semblait fonctionner sans elle-même savoir réellement quel miracle
participait à l’harmonie invisible de son ordonnancement.
Politique
L’ARCHIPEL DES SAN’ESHE En plus d’être un endroit à peu près invivable, l’ar-
chipel des San’eshe est habité par le peuple éponyme,
Géographie qui est hostile à pratiquement toute visite dans ses
jungles tropicales. Les tribus san’eshes ne sont pas
L’archipel des San’eshe fédérées et il n’existe aucune ville ni aucun point
est un ensemble mor- d’échanges commerciaux, tout au plus des places
celé d’îles et d’îlots sacrées de réunions régulières, qui changent selon
ayant tous comme les saisons et les années. Il n’y a donc aucune or-
point commun d’être ganisation politique dans la région, ce qui explique
couverts de jungles aussi l’absence totale d’infrastructures routières. Les
tropicales luxuriantes San’eshe s’en passent très bien avec leur mode de
qui compte parmi les vie. Et qui n’est pas san’eshe ne reste pas en vie plus
arbres les plus hauts connus dans les Mers de la d’un jour dans l’archipel, à l’exception de l’Enclave
Séparation (certaines cimes dépassent les 70 mètres et de ses exploitations.
de haut). Le couvert végétal est si dense qu’on ne
peut depuis les berges rien voir d’autre qu’un mur de
Les côtes du bout du monde
troncs, de lianes et de buissons, si épais qu’y est diffi-
cile d’imaginer qui que ce soit parvenir à y pénétrer. Une vaste région sur tout le sud de l’archipel, que
convoiteraient bien des colons athémaïs pour l’ou-
Et en effet, il n’y a aucunes plaines ou surface dé- verture sur l’Océan Infini, en y implantant une es-
boisée sur la totalité des îles, et pratiquement aucun cale. C’est une suite ininterrompue de mangroves qui
réel massif, seulement quelques falaises et surplombs s’enfoncent vers les côtes parfois sur 30 milles. Très
rocheux, dont des plateaux continentaux sis 500 étendue, la mangrove dispose de son propre écosys-
mètres au-dessus de la jungle. Même les San’eshe tème géant, dominé par les arkahaas, des cousins
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
des longilas, pouvant mesurer près de 40 mètres de qu’elle dispose de son propre écosystème, et est
long et peser plus de soixante tonnes. Parfaitement l’accès à des Ruines Anciennes régulièrement visi-
adaptés à ces milieux de marais et d’eau, ils broutent tées et explorées par les chamans, au point qu’ils en
les arbres, sont capables de nager, flotter, et défon- connaissent depuis longtemps les moindres secrets.
cer au besoin les plus épais massifs de mangroves C’est un lieu où les Chanteurs de Loss formés par
pour assurer leur passage. Et ils ont un prédateur, le les chamans vont en pèlerinage, en général pour y
koan. Un mammalien amphibie qui pourrait évoquer trouver un petit fragment de loss-cristal, qui ne les
quelque crocodile des mers. Malgré le fait qu’il pèse quittera plus.
lui-même vingt tonnes pour plus de dix-huit mètres
de long, il est capable de courir tout aussi bien que de
nager à une vitesse impressionnante. Les dimensions
et la puissance de la faune des Côtes du Bout du
L’ATHÉMAÏS ET ARMANTH
Monde en font le sujet de légendes sur des monstres
capables de briser des navires en deux et seuls des Géographie
fous osent s’aventurer dans ces régions. Et jusqu’ici,
presque aucun n’en est revenu indemne. L’Athémaïs est en ma-
jorité une vaste côte au
climat méditerranéen,
L’Enclave
dont le sud jouxte le
L’Enclave est une colonie, principalement athémaïs, désert des Franges. À
établie pour assurer le trafic de bois et d’esclaves l’Ouest, la région est
depuis les archipels san’eshe vers le reste des Mers barrée par les massifs
de la Séparation. Fort de presque 7 000 habitants, vallonnés et secs du
c’est un port fortifié, mais dont les défenses ont sou- Jebel’himm et à l’Est par les montagnes de l’Argas,
vent été réalisées avec les moyens du bord, le plus qui tirent leur nom d’un puissant fleuve qui s’écoule
souvent du bois. La pierre est rare aux alentours, les sur la côte est, dans la vallée de l’Argas et dont l’em-
bâtiments sont eux aussi de bois, mis à part le petit bouchure abrite Armanth. Le territoire de l’Athémaïs
fortin de garnison de la Guilde des Marchands et le est assez étendu et ses frontières avec ses voisins
phare. L’endroit est peu accueillant, et l’ambiance, des Franges sont un peu floues. Pour résumer, sauf
sinistre. Tout autour de l’Enclave, la forêt a été défri- à quelques régions délimitées par des de grandes
chée pour des plantations et des tronçons de route bornes de pierre, la frontière entre l’Athémaïs et les
permettant l’accès aux exploitations forestières Franges, c’est le désert. Tout au Sud-ouest, la fron-
des essences de bois précieux locaux, et quelques tière avec l’Ereb’heïm est nettement plus marquée par
villages fortifiés, habités par des esclaves, des ré- le massif montagneux éponyme.
prouvés, exilés et criminels chassés de l’athémaïs,
survivent tant bien que mal. La ville elle-même et Si le climat est donc sec et méditerranéen sur toute
son énorme complexe de traitement de marchandise la côte de l’Athémaïs, ce qui impose d’ailleurs une
humaine accolé à ses stocks de bois et ses flotteries irrigation maîtrisée dont la technologie fait la fierté
écrase le visiteur sous une impression de malheur des ingénieurs en hydrologie de la région, la vallée
et de sombre fatalité. Et quand on sait que l’Enclave de l’Argas bénéficie d’un climat plus humide, avec
est une escale de tout ce que l’Athémaïs, mais aus- une saison des pluies qui dure du 8e au 10e mois
si Terancha et l’Imareth, les Cités-Unies et même de l’année. Elle a de véritables allures de mous-
l’Hemlaris comptent de trafiquants et de pirates, on son, avec des averses fréquentes et des ondées quasi
se doute que la ville n’est guère sûre. Néanmoins, quotidiennes. La région est très fertile, mais c’est
il y a un comptoir de la Guilde des Marchands, aussi une suite ininterrompue de bassins humides et
une petite garnison et quelques navires armés. Les de marécages le long du puissant fleuve, qui a de-
San’eshe ont souvent pris l’Enclave d’assaut et les mandé bon nombre d’aménagements hydrauliques
raids sur les camps de travail et les villages voisins constamment entretenus.
sont réguliers.
Enfin, prenant son embouchure à Samarkin, le fleuve
Al’harrin, long de presque huit cents milles et égre-
Lieu particulier
nant trois grands lacs le long de son cours, est assez
Le sanctuaire Huaara comparable au fleuve Nil. Profitant de la saison des
Jamais un San’eshe n’a révélé la localisation exacte pluies qui font descendre des masses énormes d’eau
de ce lieu légendaire qui serait la terre sacrée où des montagnes de l’Argas, il entre en crue et fertilise
se rassemblent les chamans des tribus de l’archi- ses berges, véritable grenier à blé de toute la région.
pel. En fait, beaucoup d’explorateurs pensent qu’il Il prend son cours dans les frontières nord des Forêts
n’existe pas, parce que des sanctuaires chamaniques d’Acier et constitue une voie commerciale particuliè-
ont été remarqués en de nombreuses îles. Mais le rement prospère, qui a assuré durant longtemps la
sanctuaire Huaara est particulier : il est sis au centre richesse de Samarkin avant qu’elle ne soit surclassée
d’une immense caverne au plafond effondré, si vaste par Armanth.
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Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
L’Athémaïs est, du point de vue topographique, une Enfin, Armanth est une puissance régionale en elle-
région très organisée, avec de nombreuses routes et même. Si elle ne dispose pas d’armée, la cité des
voies commerciales sûres et entretenues, où le risque Maîtres-marchands abrite des centaines de compa-
d’attaque par la faune sauvage est rare. Bien sûr, plus gnies mercenaires, et la flotte de défense de la ville,
on se rapproche du désert des Franges, des Forêts sous le contrôle de l’Elegio, le chef de l’exécutif, est
d’Acier et des massifs montagneux, plus les routes composée de vétérans de la marine marchande et
sont risquées et sommaires, cédant la place aux na- de corsaires. La puissance économique de la cité est
vires lévitants. Mais dans l’ensemble, tout l’Athémaïs enfin sa meilleure arme : elle dicte le commerce de
est relativement peuplé, les zones désertes sont rares toutes les Mers de la Séparation et peut très bien
et la civilisation semble y fleurir sans entraves, mal- mettre à mal ses voisins en imposant un blocus qui
gré les dangers récurrents issus de l’endémique ins- sera suivi par tous les comptoirs de la Guilde des
tabilité politique locale. Marchands. C’est, avec ses principes progressistes et
libertaires et sa très nette tendance à refuser le joug
et l’autorité de l’Église du Concile Divin, la raison
Armanth
principale qui fait d’Armanth la plus grande et sé-
La capitale de l’Athémaïs. rieuse concurrente à Anqimenès et son pouvoir reli-
gieux et économique.
Population : 1,2 million d’habitants
Samarkin
Dirigeant : Le Conseil des Pairs (voir chapitre La
Guilde des Marchands), et l’Elegio (chef de l’exécutif Ancienne capitale économique de l’Athémaïs,
et de la flotte) Samarkin a vu une grande partie de ses Princes-
marchands et de ses Beys déserter la ville pour
Forces militaires : 350 navires armés, dont 150 lé- Armanth, laissant derrière eux des palais vides, des
vitants avec leurs équipages. Milice de la ville (les casernes désertées et de grands jardins à l’aban-
Elegiatorii), au nombre d’environ 5 000. don. Pourtant, Samarkin et ses presque 80 000 ha-
bitants reste un centre commercial très important.
Principe de la ville : rien ne doit entraver la bonne Sise à l’embouchure du puissant fleuve Al’harrin,
marche du commerce. elle est une étape obligée du commerce des céréales
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
produites dans les vallées fertiles et inondables sule jusqu’aux îles du Comptoir, à l’est de l’Athémaïs.
en amont, et jusqu’à sa source au nord des Forêts Très humide, la végétation y est carrément tropicale,
d’Acier. Axe commercial aussi bien qu’artère de avec des forêts et des bayous. L’endroit est assez peu
transport vital, Samarkin subit pourtant les effets habité, à part autour d’Armanth et de Berregi, un
de sa déchéance : Beys et Maîtres-marchands s’y port côtier assez modeste. On trouve plus au Sud,
battent âprement pour le contrôle des terrains et contre les massifs de l’Ereb’heïm une autre petite
palais laissés de côté par l’émigration vers Armanth cité, Harrimsid (voir les Erebs). Ces villes et quelques
et le pouvoir officiel détenu par la famille Alezzio villages forment un réseau de commerce maritime.
est sans cesse remis en question. La vallée de l’Argas est le grand fournisseur du bois
dont Armanth ne peut se passer.
Samarkin dispose d’une assez importante présence
d’Ordinatorii, y compris une légion complète, la
Lieux particuliers
plus puissante de la région. Forte de plus de 5000
hommes, elle fait quelque peu autorité locale : les Les îles du Comptoir
Beys et princes marchands de la ville n’ont quasiment Très peu élevées et très humides, ce sont des îles et
aucune armée digne de ce nom. Le port de la ville, îlots marécageux, véritables pièges pour celui qui
fortifié et ouvert sur le delta de l’Al’harrin, est très ne connaît pas assez bien la région pour y naviguer.
actif, particulièrement étendu et accueille des flottes Il y a bien eu un comptoir, nommé Armidian, mais
entières. Dans les faits, il n’est pas loin de pouvoir une épidémie de Rage a emporté ses habitants il y
concurrencer celui d’Armanth en termes de capa- a plusieurs générations et les îles du Comptoir sont,
cités et de moyens, mais dispose de bien moins de depuis, abandonnées à leur sort. Il n’en reste que
chantiers navals. quelques habitants redevenus barbares, peu enclins
à accueillir des étrangers. Il semble que des pirates
chassés de l’Imareth aient fini par trouver que les
Le Jebel’himm
ruines d’Armidian et les chenaux entre les marais
Collines arides où même la vigne rechigne à pousser, de ces îles offraient un bon refuge à leurs activités.
balayées par les vents chargés de miasmes venus du On prétend même que ce serait un des havres de la
Rift, le Jebel’himm est l’endroit désolé et perdu où Cour des Ombres.
les puissantes familles athémaïs envoient en exil leurs
membres trop turbulents. L’élevage y est l’activité La Forteresse du Jebel
principale, l’agriculture n’y étant que vivrière autour Dans les montagnes du Jebel, désert parfois balayé
du fleuve Zin, qui est à sec 6 mois par an. par des nuages de soufres et de fluor venu des vol-
cans et des gouffres du Rift et de la Mer des Enfers,
Rash’el Meï, la plus grande ville locale avec 24 000 se trouvent des Ruines Anciennes à flanc de falaise,
habitants est cependant assez prospère par son com- visibles de très loin comme une forteresse de pierre
merce maritime avec les Marches Méridionales de et de métaux s’élevant à des centaines de mètres.
l’Étéocle et son trafic connu avec les Jemmaïs. Elles ont souvent été approchées, tout le monde les
connaît, mais aucune exploration n’a encore été cou-
ronnée de succès. Il semble que les machines des
Le fleuve Al’harrin
Anciens fonctionnent toujours, à commencer par les
Courant vers le Sud depuis son delta dans la mer, le portes intérieures de la Forteresse. On dit qu’elles
fleuve Al’harrin compte pas moins de trois des plus se refermeraient derrière quiconque ose pénétrer ce
grandes cités de l’Athémaïs le long de ses berges : sanctuaire, et les malheureux seraient ensuite dévorés
Samarkin (voir plus haut), Harrin’dim qui compte par les gardiens des lieux, sans échappatoire. Ce qui
22 000 habitants et Daremath qui appartient aux est vrai, c’est que personne encore n’en est revenu
Nomades. À lui seul, le puissant fleuve aux fertiles depuis presque deux siècles.
crues annuelles et ses trois grands lacs poissonneux,
qui longe la chaîne montagneuse de l’Argas, nourrit Le Labyrinthe
plus du tiers de la population de l’Athémaïs, très dense Armanth a bien des secrets. L’un des plus étranges
autour de ses berges. Mais il arrive tous les dix ans serait que sous la gigantesque ville, partant du piton
environ que le climat du désert des Franges provoque central où est bâti le Palais de l’Elegio, un labyrinthe
des sécheresses redoutées par la population locale, le de coursives et de couloirs doté de murs de pierre
fleuve pouvant voir son régime baisser de plus de la lisse et d’une sortie de béton s’enfonce toujours plus
moitié. C’est aussi une très importante artère commer- loin vers des Ruines Anciennes oubliées. Si les ni-
ciale avec les Nomades des Franges et vers la lisière veaux supérieurs servent de caves, d’accès secrets
des Forêts d’Acier (voir le désert des Franges). et de passages courant sous le fleuve Argas, nul n’a
jamais réussi à descendre aux plus bas niveaux, les-
quels, selon la légende, déborderaient de trésors.
La vallée de l’Argas
La vallée de l’Argas est une côte humide de forêts
et de marécages qui s’étendent sur toute une pénin-
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Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
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Ref. 14778
LES RÉGIONS ET CAPITALES
très traditionaliste. Le pouvoir est fortement cen- morrows hantant ses profondeurs. Les habitants de
tralisé autour de ministres nommés par le gouver- la région sont très proches physiquement et cultu-
nement avec à sa tête le conseil élu par les notables rellement des Hemlaris.
de la ville, les princes et les autorités de l’Église.
Une grande partie de la police est gérée par les
Kash’yen
Ordinatorii du Concile Divin et on les voit partout,
même dans le port où stationnent leurs puissants Kash’yen est une grande île en face d’Allenys, dans la
galions de guerre. Le cœur de la ville est le Haut- Mer de Sarres. À l’origine, c’est la seconde source de
Palais, qui est une ville dans la ville, une forteresse bois pour les Cités-Unies, mais la surexploitation de
royale faite de terrasses et jardins, de hautes tours et l’île a été fatale à ses forêts qui ne subsistent plus que
de bâtisses puissantes, qui peut abriter en cas de be- dans les montagnes. Avec une seule petite ville et une
soin pratiquement 30 000 personnes pour des mois. poignée de villages éparpillés sur des terres de plus
Le reste de la ville est relativement ordonné, avec en plus arides Kash’yen n’a plus grand-chose à offrir
des rues en pente et des terrasses assez imposantes, à ses habitants qui depuis une cinquantaine d’an-
permettant aux légions de vider leur caserne rapi- nées rejoignent les Cités-Unies quand ils le peuvent.
dement. Clairement, la ville et ses remparts ont été De fait, avec cet abandon progressif, les problèmes
prévus de longue date pour faciliter sa défense et l’on de ravitaillement alimentaire et l’effondrement de
soupçonne même que certaines arches et structures l’économie de l’île, celle-ci retourne à vitesse grand
décoratives sont juste là pour être sabotés et les faire V à l’état sauvage et devient de plus en plus hostile
tomber afin de créer des obstacles à une invasion. à ses derniers habitants. Il n’y a plus guère que des
pécheurs de narvas, les grandes baleines de Loss, qui
Les abords immédiats de la ville sont assez peu ha- y ont encore une activité, souvent partagée avec de
bités et on en quitte les faubourgs et les villages en la piraterie et du trafic.
à peine une journée . Mais une bonne partie des
fermiers vivent dans la ville. Au printemps, celle-ci
Les Monts sans Tête
se vide et les Ar’anthias rassemblent leurs troupeaux
de ghia-tonnerres pour aller dans les plaines et ne Chaîne de montagnes très élevée finissant par plonger
revenir que vers l’automne. dans la Mer de Corail, les Monts sans Tête égrènent
plus d’une centaine de volcans dont la majorité est
active. Autant dire que même jusqu’à Allenys, il est
Les Marches Ar’anthias
rare que passe un jour sans que le ciel soit strié de fu-
Plaines arides notoirement dépourvues de sources mées colorées issues d’un volcan en activité. Pourtant,
d’eau, les Marches Ar’anthias sont arpentées par on y trouve des communautés humaines prospères, à
des nomades très pieux et traditionalistes, et leurs commencer par Mes’rymdia, capitale du métal et de
grands troupeaux de ghia-tonnerres. Il est ardu d’ail- l’exploitation minière des Cités-Unies. On extrait de
leurs de distinguer les sauvages des domestiqués, ces montagnes le fer, le cuivre, le nickel et l’argent,
et le voyageur prudent aura la sagesse de ne pas mais aussi l’étain, le mercure, le manganèse, et même
approcher ces animaux dangereux et colériques. Les du minerai de titane ainsi que du soufre. Cependant, y
Marches sont assez peu peuplées, mais suffisamment circuler est vraiment risqué. Les habitants de la région
de routes commerciales y circulent, privilégiant les connaissent tous les dangers de la fureur volcanique et
caravanes de ghia-tonnerre aux navires lévitants, ont appris à vivre avec et à la craindre.
qui transportent les métaux précieux exploités dans
les Monts sans Tête et le long des chaînes mon-
Lieux particuliers
tagneuses, particulièrement riches en minerais. Ce
trafic fait en partie la fortune des nomades qui orga- Les Abîmes
nisent bien sûr ces immenses caravanes que les pré- Les Monts sans Tête ont parfois des allures d’en-
dateurs évitent et que les pillards hésitent à attaquer. fer sur Loss. Les Abîmes en sont un. C’est là que
se trouvent les plus grands volcans des Cités-Unies,
dont La Gueule des Abîmes, une caldera avec un lac
L’Hyponnie
de lave en activité permanente, et qui explose une
L’Hyponnie est une péninsule verdoyante couverte à deux fois par an. Mais l’ensemble de la péninsule
de jungles. Le long des côtes se trouvent quelques est invivable, entre vapeurs toxiques, tremblements
bourgs et villages vivant principalement de la pêche de terre, coulées pyroclastiques et typhons de la Mer
et de l’exploitation du bois. Del’agami, au sud de de Corail venant s’écraser contre les montagnes.
l’Hyponnie, centralise ce trafic important, presque Des rumeurs insistantes disent qu’il y a des Ruines
vital pour tout le reste des Cités-Unies. Si la fo- Anciennes quelque part dans les Abîmes, mais seuls
rêt est exploitée, ce n’est pas sans poser nombre des fous oseraient tenter de les trouver.
de problèmes. Sa faune est réputée terriblement
dangereuse, prenant régulièrement son lot de vies Les Îles Maudites
humaines et personne n’irait s’y enfoncer trop pro- Au sud des abîmes se trouve un chapelet d’îles in-
fondément. Des rumeurs parlent de fantômes et de habitées qui ont été l’objet de conflits entre Allenys
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Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
et Khoïemonos, pour le trésor qu’elles recèlent : des pharmacopée des Frangiens et de leurs voisins. Enfin,
mines de loss-métal d’une grande richesse. Mais le commerce du bois avec tous ces soucis n’est pas
elles restent inexploitées. Après plusieurs batailles et assez rentable. Les Frangiens préfèrent leurs déserts
conflits, les deux cités-États avaient su se partager la et leurs savanes arides à une forêt qui n’a jamais
manne et les îles, mais trois générations plus tard, les voulu de présence humaine.
ravages volcaniques des Abîmes ont frappé les îles :
pluies de cendre, fumées de soufre, hivers sans fin,
Politique
tsunamis. Finalement, entre ça et les maladies en ré-
sultant, tout le monde a abandonné l’espoir de mettre Le désert des Franges ne fait plus guère l’enjeu de
un jour le pied sur ces îles pourtant très aisément grandes tensions politiques. Les Forêts d’Acier sont
accessibles. Gageons pourtant que cela ne durera pas. inexploitables, les savanes et le désert demandent
bien trop d’adaptation pour en tirer quelque chose
de la manière dont les Frangiens y parviennent, et au
LE DÉSERT DES FRANGES sud de leur territoire, il y a encore plus de déserts et
de Terra Incognita hostiles. En fait, ce sont plutôt les
Frangiens qui pendant longtemps ont posé problème
Géographie à leurs voisins, en essayant d’aller chercher chez eux
ce qui manquait sur leurs propres terres.
À quelques égards le
désert des Franges Mais depuis quelques décennies, ces coutumes de
semble bien por- pillages et de ravages contre rançons ont notoire-
ter son nom, même ment diminué. Le Sid Tarad Aneyazu, en faisant bâtir
si certaines parties la magnifique Daremath sur la rive de l’Al’harrin, a
sont luxuriantes. aussi lancé un mouvement d’alliance des cités et des
Clairement, l’ensemble villages le long du fleuve jusqu’à Samarkin. Une paix
de ce grand territoire presque respectée s’y maintient depuis, entretenue
est désertique, et le Dae’shaï est connu comme une par de riches échanges commerciaux. Mais pour les
mer de dunes sableuses où la pluie ne tombe pas plus tribus des Nomades du reste du désert des Franges,
d’une fois tous les dix ans. Il y a cependant autour loin de ce havre, par contre, les conflits, les pillages
du désert nombre de savanes arides assez herbeuses et les incursions dans l’Athémaïs ne sont pas finis et
pour que les Frangiens puissent y faire brouter leurs surviennent régulièrement.
troupeaux et, s’ils se contentent de longer le Dae’shaï
et ses terribles dangers avec leurs bêtes, ils n’ont au-
Daremath
cune crainte à le traverser au besoin avec leurs voi-
liers des sables. Daremath est la capitale des Nomades des Franges.
Politiquement, elle n’a guère de poids que le long du
En fait, le désert des Franges n’est que la partie vi- fleuve Al’harrin, mais pour tous les nomades, elle est
sible, au nord, d’un immense désert qui n’a encore le cœur de leurs échanges et de leurs rassemblements.
jamais été exploré. Par voie de terre, l’idée est consi- S’il y a quelques clans qui y sont interdits suite à des
dérée comme irréalisable par tout le monde, même exactions trop graves, tous les nomades savent que
si les Nomades des Franges pensent qu’en longeant les portes de la Cité Rouge, ainsi qu’ils la surnom-
les côtes depuis la Forêts d’Acier et en emportant ment, leur sont ouvertes.
leurs précieuses machines à dessaler l’eau, c’est tout
à fait possible. On connaît de ce désert que les Portes La ville, puissante et bien défendue, compte 50 000
de la Mort et les massifs volcaniques du Nijhi’rani, habitants, et a été bâtie contre un grand piton ro-
pratiquement inexplorés. cheux dans lequel ont été taillés palais, lieux de
cultes, entrepôts, réserves et nombre d’habitations.
Mais vers l’Est, entre l’Ereb’heïm et les montagnes La cité déborde ensuite jusqu’au fleuve avec un port
de l’Argas, là où naît le puissant fleuve Al’harrin, le très actif. Elle bouillonne en permanence d’activité
désert cède le pas à la lisière d’une épaisse et vaste et le commerce y est roi. Bien entendu, la Guilde
forêt aux arbres gigantesques : les Forêts d’Acier. Leur des Marchands y a un comptoir et profite de ces
nom vient de la solidité des essences qui dominent échanges. La monnaie la plus courante à Daremath
cette canopée gigantesque et dont la dureté vient et qui est presque le cœur de son économie n’est pas
même à bout des meilleures haches. Oui, cela veut l’andris ou les métaux précieux, mais le sel.
dire que malgré sa richesse potentielle, les Frangiens
exploitent très peu cette forêt qui ne leur facilite de
Le Dae’shaï
toute manière pas la tâche à bien des égards. Les
prédateurs y sont nombreux et redoutables, y com- Désert des déserts dans l’ensemble des Mers de la
pris des dragens qui nichent au sommet des puissants Séparation, le Dae’shaï est une mer de dunes où
arbres. Même la flore des Forêts d’Acier est dange- rien ne pousse, et où ne vivent que les créatures les
reuse, tout en étant une manne inépuisable pour la plus endurantes que l’on puisse connaître. Même les
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Petite et modestement défendue, la ville, qui compte Il va sans dire qu’avec une étendue de 1000 milles du
quelques centaines d’Erebs, est entourée de quelques nord au sud et d’est en l’ouest et malgré les commu-
villages de paysans et pêcheurs sur une des rares nautés humaines qui y vivent, souvent sur les berges
plaines de la région. Cette modeste ville vit à un des fleuves qui traversent tout l’Elmerase, cette fo-
rythme relativement lent et paisible, c’est même rêt reste largement inexplorée et s’avère réellement
un peu perturbant pour les Armanthiens habitués hostile aux humains. Si ses lisières sont parsemées
à la frénésie chaotique de leur immense cité-État. d’exploitations forestières, il est très ardu d’y péné-
Arrimsid compte toute une flottille de navires de trer et de l’arpenter. Et si le pire danger est la faune,
pêches, mais abrite aussi des sécheries de poisson. la présence des Forestiers, très méfiants et adeptes
Dans les eaux des lagunes environnantes, on élève et des réponses radicales quand on pénètre sur leurs
l’on pêche le leregus, un crustacé prisé à Armanth, et territoires, n’est pas une menace moins redoutable.
qui peut être conservé séché.
Politique
Lieux particuliers
Les fleuves et les lisières de l’Elmerase sont beau-
Le piton de cristal coup disputés entre les cités-États qui dépendent
Premier des deux lieux légendaires dont les Erebs ne des richesses de la forêt. Mais ces tensions n’évo-
parleront pas aux étrangers, le Piton de Cristal serait luent que rarement vers des conflits ouverts, parce
bel et bien un piton rocheux entièrement fait de béryl que menacent en permanence des ennemis redou-
bleu et abritant nombre de cavités et grottes. Celui-ci, tables : les Forestiers. Si ces derniers sont considérés
caché dans les montagnes et très difficile d’accès, sert comme des barbares semi-humains aussi bien par
de sanctuaire sacré aux plus grands rassemblements les Hégémoniens qu’une partie des Étéocliens, tous
chamaniques des Erebs. savent qu’en cas de conflits, ils viendront arbitrer
à leur manière, et celle-ci est sans pitié. C’est aus-
Le Gouffre si ce qui explique pourquoi l’Elmerase, au-delà de
Caché dans les collines qui descendent vers les Forêts ses dangers, est peu explorée : ses profondeurs sont
d’Acier se trouverait un cirque aux allures de vé- le domaine des Forestiers, tout le monde le sait et
ritable gouffre qui s’ouvre sur des amoncellements tout le monde connait le risque de venir déranger
étagés de Ruines Anciennes, qui en apparence n’ont un peuple parfaitement adapté à un milieu qui tend
pas de fond. Les Erebs ont l’air d’en savoir beaucoup pourtant à tuer le malheureux qui va s’y perdre en à
sur ce lieu et ils l’ont clairement arpenté et exploré peine plus d’une journée. Il est certain que le sous-
en partie. Mais là encore, l’endroit reste un mystère. sol de l’Elmerase regorge de minerais précieux, mais
personne n’a envie de prendre le risque d’aller les
exploiter. Pareillement pour ses Ruines Anciennes :
LA FORÊT DE L’ELMERASE les Forestiers ont échangé des trésors rarissimes qui
n’ont pu être trouvés que dans ces sanctuaires pré-
cieux, mais pour y accéder, il faudra explorer la forêt.
Géographie Et l’on aura compris l’étendue du problème.
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
Les Ruines Anciennes de l’Elmerase Enfin, c’est le dernier refuge des Svatnaz, peuple aux
Elles n’ont pas toutes de nom et, oui, il y en a beau- croyances hérétiques, dont une partie vit dans les
coup : au moins quatre, dont trois connues des Neiges-Dragon et une autre du côté de la Taïga des
Forestiers. Elles ont été partiellement explorées Griffons, essayant pour ces derniers d’échapper aux
et le trafic des artefacts qui en sortent profite aux razzias de l’Hégémonie qui vont y chasser des esclaves.
Forestiers. Mais ces trésors sont étranges et parfois
même totalement incompréhensibles, même pour qui
L’enclave svatnaz
connaît les Anciens, comme s’il s’agissait de quelque
chose d’encore différent. L’Enclave svatnaz au nord du Concilianeum est une
série de petits villages et communautés dont la ma-
Plus de détails sur les Ruines Anciennes de l’Elme- jorité, mobile, est construite sur le dos de dharomos
rase dans le Livre 3 «Les Secrets du monde», page 32 apprivoisés. Les autres sont des villages troglodytes
dans les massifs ouest des Dents de Khimshis. Le
plus grand de ces villages est un peu considéré
LA FORÊT SANS FIN comme la capitale de ce peuple, c’est Kratezneg,
entièrement mobile et qui arpente l’enclave sans ja-
mais rester plus d’un mois au même endroit. Fort de
Géographie 14 000 habitants avec un grand nombre de guerriers
et de structures de défense, Kratezneg est le dernier
La Forêt sans Fin havre des Svatnaz. Mais en l’occurrence, c’est avant
s’étale d’est en ouest tout parce que l’Hégémonie ne voit aucun intérêt à
en une masse ininter- balayer cette enclave et asservir tout ce peuple en
rompue, des Neiges- une fois. Ce serait une opération de grande enver-
Dragon jusqu’au-de- gure coûteuse en vies humaines qui n’arrangerait
là de la Taïga des pas Anqimenès, qui préfère repousser ce peuple plus
Griffons. C’est une loin dans les forêts et se contenter d’envoyer des
forêt au relief très mercenaires et des chasseurs d’esclaves assurer un
plat, au climat froid, aux hivers parfois très rudes ravitaillement constant.
et dont le sol peut geler deux à trois mois par an,
parcourue de pistes de troupeaux de grands sikas Mais il ne faut pas croire que l’Enclave est dému-
et infestée de griffons. On y croise aussi beaucoup nie. Les Svatnaz ont les moyens d’échanger avec les
de nids de dragens. Gennemons, profitent de l’océan au nord pour se
déplacer rapidement, sont totalement à l’aise dans
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
l’épaisse et froide taïga et en exploitent avec efficacité L’Hégémonie est divisée en six principales régions :
toutes ses ressources. Cela rend l’Enclave difficile à le Concilianeum, très grande prairie particulière-
prendre d’assaut et explique pourquoi elle perdure ment bien aménagée et considérée comme le cœur
efficacement, sauvant les Svatnaz, qui ont manqué industriel et agricole de l’empire, qui connaît cepen-
disparaître, et sont toujours menacés. dant des hivers rigoureux ; la baie d’Anqimenès, très
peuplée et urbanisée autour de la grande capitale
éponyme, cœur politique et spirituel de l’Église du
Lieux particuliers
Concile Divin ; les Lacs Blancs situés au cœur de
La Taïga des Griffons la Forêt sans Fin et qui sont une colonie hégémo-
Elle n’est citée ici que parce que c’est la limite terri- nienne exploitant les lacs et les bois épais qui les
toriale des Svatnaz, et qu’elle tire son nom du pré- environnent malgré des hivers longs et très rudes ; les
dateur qui domine la forêt et y pullule : des griffons forêts du Darmos, une partie de la forêt de l’Elmerase
des neiges, particulièrement redoutables et de grande sous contrôle de l’Hégémonie et d’où proviennent
taille. Les Svatnaz en ont apprivoisé quelques-uns les métaux dont Anqimenès a un besoin constant ;
qu’ils élèvent, mais il est difficile de les domestiquer. le Ginnon, une péninsule connue pour son activité
volcanique tumultueuse, aux terres agricoles riches,
Le Sanctuaire du Schisme mais souvent rendues inexploitables par les éruptions
En fait, si les Hégémoniens sont persuadés que les fréquentes ; et enfin les Rodhialis et Kalumna, deux
Svatnaz ont un Sanctuaire pour leur Prophète héré- îles, la première riche et verdoyante et la seconde
tique du Schisme, celui-ci n’existe pas. Ce fameux désolée qui sont deux relais commerciaux très impor-
sanctuaire est en fait une nécropole troglodyte bien tants pour le trafic maritime de l’Hégémonie.
cachée, qui semble avoir été bâtie dans des Ruines
Anciennes pratiquement inaccessibles aujourd’hui. L’ensemble de cette région possède un réseau hy-
Quant à la localisation du Prophète, nul ne la drographique important avec, dans les forêts du
connait, mais sans doute est-il parmi les habitants Darmos, certains des plus longs fleuves des Mers de
de Kratezneg, voire en exil dans les Neiges-Dragon. la Séparation. Ils sont cependant en général assez tu-
multueux et il est malaisé d’y naviguer. On privilégie
La Mer de Glace largement pour cette raison l’usage de navires lévitants
C’est l’océan qui baigne les rives du nord de la Forêt qui en suivent le cours. Il y a aussi un grand nombre
sans Fin. Il s’agit d’un océan polaire, mais les glaces de régions sauvages, dont certaines désolées comme la
de la banquise ne descendent jamais si bas. Par contre, Plaine Noire, ou une partie du Ginnon. Si l’Hégémonie
les hauts-fonds et les embouchures des fleuves gèlent est étendue en surface, sa population se concentre
souvent en plein hiver. Les eaux sont très riches et une surtout au plus près d’Anqimenès et il y a des coins
des sources de viande et d’huile des Svatnaz provient véritablement inexplorés. C’est aussi une région qui a
des mammaliens marins qu’ils exploitent. C’est pour connu beaucoup d’instabilités et de conflits passés qui
ce peuple une artère importante et le seul moyen effi- ont laissé des traces. Il y a encore des villes entières
cace de réunir les Svatnaz de l’Enclave et des Neiges- qui ne sont plus que ruines abandonnées ou laissées
Dragon, et commercer avec les Dragensmanns. aux princes-bandits qui pullulent dans les zones les
plus sauvages de la région. Enfin, les grands troupeaux
de longilas parcourent les vastes terres ouvertes entre
L’HÉGÉMONIE ET ANQIMENÈS la baie d’Anqimenès et les Plaines de l’Étéocle et les
lisières des bois présentent de grands dangers dus aux
fauves qui les hantent.
Géographie
Politique
L’Hégémonie est un
territoire vraiment L’Hégémonie fonctionne comme un empire centra-
très vaste, qui va de la lisé, avec une administration qui obéit aux ordres
Forêt sans Fin au nord d’Anqimenès, et un réseau étendu d’officiers et d’ad-
aux Plaines de l’Été- ministrateurs chargés de planifier toute l’économie et
ocle au sud-ouest, et la politique de l’empire.
des monts Gémeaux
à l’Ouest aux marches Cependant, c’est une machine si étendue qu’elle
de Gennema à l’Est sur plus de 2 000 milles. Le cli- tend à se gripper toute seule au moindre couac. Les
mat y est de tempéré à froid et l’Hégémonie connaît voies de communication et de ravitaillement ne par-
régulièrement des hivers plutôt rudes et enneigés au donnent pas le moindre retard ou accroc, et forcé-
niveau d’Anqimenès. Plus au Nord, les neiges peuvent ment, plus on s’éloigne d’Anqimenès pour se diriger
durer trois mois. Les étés peuvent parfois être assez vers les frontières plus sauvages et peu peuplées de la
secs, mais le climat reste en général tempéré froid région, plus il y a de problèmes venant ralentir, voire
avec quelques épisodes tous les huit ou dix ans d’hi- bloquer ce réseau. Et le plus gros de ces problèmes
vers redoutables. a toujours été le même : la guerre.
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
Si l’on y regarde de près, l’ensemble de l’Hégémonie est reliée à un vaste port par une large chaussée
fonctionne entièrement autour de la gestion d’un état fortifiée et par des canaux provenant des fleuves
de guerre permanent et d’une économique d’expan- Ardis et Silvae qui se jettent dans la baie. Le port est
sion et de conquête. C’est la seule culture et la seule lui-même fortement militarisé sur la moitié de sa
région dans toutes les Mers de la Séparation qui a surface, et se prolonge dans les canaux en perma-
besoin d’esclaves pour assurer le bon fonctionnement nence entretenus. La baie est fleurie de centaines de
de son industrie, et sans un apport régulier, cette in- mâts des navires mouillant sur place, dans un va-et-
dustrie ne peut plus assurer ses rendements. C’est en vient incessant pour fournir Anqimenès en matières
gros une sorte de fuite en avant et au premier écueil, premières et assurer le commerce de la plus grande
cette machinerie tend à s’effondrer. ville connue de Loss.
Cela donne d’une part de fréquents problèmes de ra- Anqimenès elle-même est entourée d’une rangée de
vitaillement et des disettes, voire des famines, d’autre trois murailles massives et concentriques, au réseau
part de gros soucis d’intendance et de justice puisque de communication fortifié, avec des tours s’élevant à
tout est centralisé, créant le terreau parfait pour de trente mètres et bardées de la plus formidable artil-
la corruption locale, des soulèvements, des rébellions lerie imaginable. Ces murs sont percés par les aque-
et bien entendu des pacifications violentes. Il y a des ducs fortifiés apportant l’eau à la cité, qui la stocke
petits villages qui ont été entièrement dévastés et dans de grands réservoirs. Et au centre des grandes
leurs habitants asservis sans pitié par les Ordinatorii. voies de communication partant en étoile dans les
Les grandes révoltes sont très rares, surtout dans les quartiers de la ville se trouve le Temple du Concile,
grandes villes. Mais malgré cette crainte qui s’ajoute tel une cathédrale dont les plafonds et la coupole
à la peur superstitieuse des représentants de l’Église, dépassent les cent mètres de haut et dont les flèches
ces événements peuvent arriver aux frontières, qui, culminent pour certaines à deux cents mètres.
mal surveillées et gardées, sont aussi la proie de
nombre de raids des voisins de l’Hégémonie, de pil- Anqimenès est une ville magnifique, mais à l’am-
lards et de bandits. Bref, l’Hégémonie est un grand biance pesante. La lourdeur des règles et des Dogmes
empire qui semble très ordonné, voire étouffant… de l’Église affecte tout le monde. Des quartiers di-
mais plus on s’éloigne du centre du pouvoir, plus il visent la population en classes sociales et sont barrés
semble chaotique et désorganisé. de portes gardées limitant la circulation, donnant
parfois des allures de prison géante et le mépris affi-
ché pour les très nombreux esclaves et indigents de la
Anqimenès
part des classes dirigeantes et de la population aisée,
La capitale de l’Hégémonie, plus grande cité connue la discrimination sexiste constante — pratiquement
de tout Loss. toutes les femmes portent des voiles cachant leurs
cheveux, parfois leur visage, et des vêtements cou-
Population : 1,9 million d’habitants vrants — ainsi que la présence militaire constante
rendent l’ambiance oppressante. Pourtant, si on a les
Dirigeant : Les deux Consuls Impériaux, élus en ma- moyens et qu’on n’est pas gêné par ses lois, il y fait
jorité par les autorités de l’Église. Actuellement, il plutôt bon vivre et Anqimenès déborde de luxe, de
s’agit de deux frères, Marcus et Halenus Atorides. richesse et de produits exotiques importés de toutes
les Mers de la Séparation.
Forces militaires : 300 navires armés, dont 150 lé-
vitants avec leurs équipages, et une douzaine de
Le Concilianeum
Béhémoths. 15 légions hégémoniennes et 18 légions
de l’Église totalisant 170 000 militaires. Plaine agricole humide au pied des Dents de
Khimshis, entre la baie d’Anqimenès et les Marches
Principe de la ville : le Cœur et le Centre spirituel de de Gennema, la région, à l’origine vaste étendue
l’Église du Concile Divin. parcourue par des nomades et leurs troupeaux, a été
radicalement aménagée en terre agricole au réseau
Anqimenès est un monstre gigantesque à l’architec- de communication et de transport très dense. À ses
ture riche et complexe, urbanisée avec un ordre et frontières, les bastions de légions de l’Hégémonie
un soin maniaque. Blottie derrière les plus formi- pullulent pour empêcher toute incursion. Comme
dables murailles jamais construites, la ville est un nous en parlons plus haut, si la plaine est très riche
ogre qui nécessite toutes les ressources de l’Empire et fertile, en hiver, il ne fait pas toujours bon y vivre
pour subsister. Alors que c’est Armanth qui a parmi et le climat peut s’avérer rude. Les dégels causent
ses surnoms «La cité aux cent mille esclaves», c’est bel souvent de gros soucis avec des routes devenant
et bien Anqimenès qui en exploite le plus : plus du des bourbiers infâmes et seuls les navires lévitants
dixième de sa population est asservi. peuvent alors circuler. Ce qui peut avoir des effets
désastreux sur l’approvisionnement d’Anqimenès,
Anqimenès est visible de très loin, bâtie sur un pla- qui dépend en grande partie de l’agriculture de
teau peu élevé à quelques milles des côtes. La cité cette région.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Les Lacs Blancs dérée. Le Haut-Port, une cité fortifiée de 10 000 habi-
Région froide et humide, constellée de lacs et de tants, grandit perpétuellement par l’apport de réfugiés
marais, les Lacs Blancs sont à la source de l’un du Ginnon et constitue un carrefour de commerce
des deux fleuves d’Anqimenès. Région très boisée, naval particulièrement important entre les Plaines de
l’exploitation forestière y domine, mais les rives du l’Étéocle et l’Hégémonie. L’île est vaste, mais très ha-
fleuve Silvae sont aussi très agricoles, malgré un cli- bitée et cultivée. Chaque année, elle voit ses régions
mat difficile. On pourrait croire la région, proche de sauvages aménagées en terrasses agricoles. La plupart
la capitale assez calme, mais étant au cœur de la des petites plaines côtières sont déjà occupées. Cela ne
Forêt sans Fin, il s’agit de l’une des deux régions de se fait pas sans heurt, car les habitants d’origine des
l’Hégémonie à subir le plus d’incursions de pillards Rhodialis sont farouchement indépendants et n’aiment
dragensmanns, surtout sur ses frontières ouest. Ainsi pas du tout cette invasion de réfugiés. Les heurts ne
donc, nombre de garnisons y stationnent, régulière- sont pas rares et les Ordinatorii doivent souvent user
ment déployées pour anticiper des raids qui se pro- de la force pour calmer les conflits.
duisent pratiquement chaque année.
Kalumna
Les forêts du Darmos
Kalumna est la plus grande île d’un archipel habité
Les forêts du Darmos sont la partie nord-est de l’El- depuis des lustres par des autochtones peu amicaux.
merase. L’Hégémonie a sur cette région un contrôle Ruraux et isolationnistes, ils ne se mêlent guère des
relativement limité. Dès qu’on s’éloigne des voies de affaires du monde, et ne cachent pas leur hostilité
communication et des cités pour s’enfoncer dans la à l’occupation hégémonienne. Il n’y a guère de res-
forêt, on trouve celle-ci sauvage et presque inhabitée. sources dans Kalumna, à part quelques denses forêts
En fait, ce sont surtout les routes longeant la chaîne d’altitudes, et quelques bons coins de pêche. Mais
des monts Gémeaux jusqu’à Octodurum et la plaine Anqimenès y a trouvé des gisements de loss-métal
de la lisière de la forêt jusqu’aux Ferii Rupes qui et de platine et les exploite activement, ayant même
sont civilisés et à peu près habités. Les côtes sont créé un port pour cela, devenu un carrefour com-
cultivées et relativement prospères, mais la grande mercial assez fréquenté. À part ses autochtones et les
richesse de la région, ce sont les exploitations mi- habitants de Port-Kalumn, l’archipel est très peu peu-
nières autour d’Octodurum et de Pax Darmae. Il plé, mais c’est dans les mines de Kalumna que sont
s’agit cependant pratiquement du cœur de l’Empire, envoyés mourir tous les criminels de l’Hégémonie.
et tout le poids de l’Hégémonie se fait sentir où que
l’on aille dans la région… tant qu’on n’entre pas dans
Lieux particuliers
les forêts sauvages.
La Plaine Noire
Au sud-ouest d’Oenopons s’étend toute une vaste
Le Ginnon
plaine infertile et dévastée, au sol de cendre noire et
De climat tempéré doux, océanique et accueillant, de pierre calcinée où émergent çà et là les ruines de
le Ginnon pourrait être un havre, s’il n’était pas cités anciennes dont il ne reste que les fondations.
une région volcanique terriblement active depuis L’endroit est laissé à la faune sauvage de Loss, mais
ces derniers siècles. La péninsule est très habitée même elle semble éviter ce lieu maudit où, dit-on,
et couverte de terres agricoles fertiles où s’égrènent des morrows gémissent par centaines toutes les nuits.
petits villages et bourgs fortifiés dans des paysages La Plaine Noire est la région ravagée par le Chant
vallonnés au pied de hauts volcans. Mais malheu- des Abîmes (voir «L’histoire de Loss», page 43) et
reusement, et de manière désormais régulière, ces où se trouvait Antiva. Aucun Lossyan, sauf les plus
derniers crachent des masses de cendres parfois fous, n’irait tenter de s’aventurer dans cette région et
épaisses d’un demi-mètre, pratiquement tous les même les routes la contournent.
quatre à cinq ans désormais. Les séismes et les cou-
lées pyroclastiques sont presque annuels et la vie Le schasme
des habitants devient de plus en plus compliquée, Entre les Hautes-Marches et la Plaine Noire, servant
les forçant à émigrer au nord et dans les Rhodialis. de frontière entre l’Hégémonie et les Plaines de l’Été-
Pour le moment, pourtant, les habitants s’accrochent ocle, c’est un vaste marais particulièrement dangereux,
malgré les conditions de vie. Mais famines et épidé- à cause de miasmes qui peuvent emporter l’homme
mies consécutives aux éruptions deviennent de plus qui les respire en quelques heures. Personne ne l’a ja-
en plus fréquentes. mais exploré, bien entendu, mais quelques autochtones
vivent à sa frontière nord et s’y aventurent parfois.
Les Rhodialis
Les Exculsanei
Grande île luxuriante en face de Nashera et de son Deux petites îles interdites d’accès, où se trouve-
port le Parcis, les Rhodialis sont escarpées et vallon- raient des chantiers navals de l’armée hégémonienne
nées, mais rendues fertiles par les apports des cendres et des camps d’entraînement pour ses troupes d’élite,
du Ginnon et une activité volcanique locale très mo- les Quaesitorii.
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
Paerga
Politique
L’île, non loin des côtes du Ginnon, est citée ici seu- L’Hemlaris est un empire qui, vu de près, semble
lement parce que des rumeurs persistantes parlent de nettement plus proche d’une fédération de territoires
Ruines Anciennes émergeant du sol partout sur ce féodaux dominés par des cités autonomes, que d’un
lopin de terre si désolé que seuls les animaux marins, empire centralisé comme l’Hégémonie. Si Cymiad est
quelques pécheurs primitifs et les oiseaux y habitent. la capitale de l’empire, elle est moins son cœur admi-
Mais on dit que l’endroit a servi et sert encore de nistratif que symbolique. Pourtant, tous les Hemlaris
relais à des expéditions navales et des raids de pira- sont très fiers de leur impératrice et attachés à leur
terie dans le Ferii Rupes. empire et à ses représentants, une vaste et puissante
administration civile et héréditaire au service des
Khans, les rois et princes de l’aristocratie qui dirige
L’HEMLARIS ET CYMIAD les fiefs et les cités.
C’est grâce aux climats océanique d’une part et à Comme l’Hégémonie, l’Hemlaris est fortement
la mer intérieure de Kys, d’autre part, que la vaste militarisé quoiqu’à une échelle inférieure. Ce sont
région n’est pas une suite de déserts et de plaines surtout, cependant, des structures et unités de dé-
arides. Mais le désert de Shaïmu, au pied des monts fense et non des troupes d’invasion et d’expansion.
Frontaliers, à la fois torride et glacial, donne une pe- L’Hemlaris a bien assez de terres inconnues à ex-
tite idée de ce que tout l’Hemlaris aurait été sans sa plorer et coloniser vers le sud-est (et au-delà des
précieuse mer intérieure et le bassin humide qu’elle montagnes) pour ne pas avoir de velléités particu-
crée. On devine cependant l’importance d’une agri- lières d’envahir ses voisins, en tout cas pas autant
culture maîtrisée dans une région où les terres arables que l’Hégémonie. De plus, la fonction guerrière y est
ne sont pas si nombreuses que cela et doivent être aussi considérée comme non seulement noble, mais
cultivées avec intelligence et efficacité. comme un art en soi et aucun peuple dans tout Loss
ne prend plus profondément au sérieux les principes
Tout le sud-est de l’Hemlaris est, a contrario, une du combat et de la guerre.
jungle dense, peu explorée et en partie marécageuse.
S’il est périlleux de s’y enfoncer, les côtes sont égre-
Cymiad
nées de villages et de bourgs fortifiés entourés de
cultures et les poissonneuses eaux des mangroves La capitale plus symbolique qu’administrative de
de la Mer de Corail sont exploitées. Mais c’est aussi l’Hemlaris, cœur de son pouvoir.
une région de typhons et de tempêtes qui frappent
souvent avec violences les communautés côtières, et Population : 600 000 habitants, troisième plus grande
la mer est réputée elle aussi pour ses dangers. cité lossyanne.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
La cité de Rubis tire son nom de l’usage fréquent de Les Mishaï, des nomades cousins des Montagnards
carreaux et tuiles de béryl rouge pour les fenêtres et (voir plus bas) le parcourent et y commercent le béryl,
pour couvrir les toits ornés et décorés de ses très nom- le soufre et d’autres minéraux, le sel, des peaux et du
breux palais et maisons de maître, principalement le lait. Le désert est terriblement hostile par son climat et
Palais de l’Empereur qui a les dimensions d’une petite sa faune, mais il n’en est pas moins très riche en mine-
ville. Mais le nom vient aussi du Trône de Rubis, au rais et s’il est peu habité, les Mishaï comptent quelques
cœur du palais, taillé dans un rubis d’un seul tenant, villages et un bourg industriel foisonnant : Nuï-den, qui
pesant plusieurs tonnes et où siège l’Impératrice. exploite des mines de fer, d’étain et de soufre.
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
Abritant plus de 100 000 habitants c’est une des plus pour traverser le mur par une faille et entrer dans des
grandes villes de Loss, entourée de murs puissants Ruines Anciennes, d’où ils reviennent régulièrement
et de réseaux de fortifications complexes. Grâce aux avec des trésors et des Artefacts.
échanges commerciaux, la ville s’enrichit en perma-
nence de bâtiments d’arts et accueille nombre d’ar-
tisans et intellectuels.
LES NEIGES-DRAGON
Si Mille-Feux n’a pas de réel pouvoir politique, c’est
un peu à dessein. Elle sert de terrain neutre aux Géographie
conflits entre les cités-États et les clans gennemons.
Un palais et une place, le Tribunal, y sont ouverts Les Neiges-Dragon
à cette seule fin, avec une armée de scribes et de (nommées ainsi en ré-
spécialistes des très nombreuses lois des clans, et des férence aux Dragens)
archives complètes. sont une vaste région
océanique et septen-
Mille-feux tire son nom des milliers de lanternes de trionale, dont une
mellia éclairant son port, ses murailles et le faîte de petite partie sert de
ses plus hauts bâtiments, un élément de pur prestige plancher aux premiers
décoratif, mais auquel tiennent ses habitants. glaciers de la calotte polaire de Loss. Ce que les éru-
dits appellent «limite des glaces éternelles» est d’ail-
leurs trompeur. La banquise arctique fond tous les
Le Bastion
étés, et seuls des glaciers subsistent sur le plancher
Le Bastion est plus une forteresse qu’une ville et se rocheux au nord des Steppes Eleksmanns. Ceux-ci,
trouve à l’embouchure du fleuve Émeraude. Abritant loin de tout recouvrir, descendent vers la mer en
en général environ 17 000 personnes, le Bastion est vastes fleuves de glace creusant leur chemin dans la
organisé comme une caserne, incroyablement for- pierre nue. Les plus vastes glaciers montent à 200
tifiée et défendue, et accueille la seule légion or- mètres de haut pour une largeur de 4 à 5 milles et une
ganisée comme telle des Marches Gennemons, qui longueur de cent milles environ. Entre ces glaciers,
s’avère être une légion entière de cavalerie lourde le sol est nu et dépourvu de végétation, recouvert 8
de griffons. Sa raison d’être est de servir de pre- à 10 mois par an d’un manteau neigeux parfois épais
mier rempart à toute incursion de l’Hégémonie et de dizaines de mètres, et qui ne fond qu’au plus fort
toutes les cités-États des Marches ainsi que quelques de l’été. Mais la faune, tirant sa subsistance de la vie
clans nomades, participent à équiper et ravitailler le marine, y abonde et les mers arctiques sont incroya-
Bastion, qui possède même une véritable petite flotte blement poissonneuses.
de guerre de puissants galions lévitants.
Les mers entourant les Neiges-Dragon ont donc
comme trait notable, hormis de geler régulièrement
Les dents de Khimshis
à la limite arctique, d’être fréquentées par des ice-
Les Dents de Khimshis sont les premières marches bergs qui viennent souvent s’échouer sur les côtes.
vers le Nevertsguïkhana et au nord, vers la Taïga Le Mares Avisen s’enfonçant dans le continent
de la Forêt sans Fin. Les Gennemons ne tentent pas profondément au Sud, la plupart de ces bancs de
de traverser ces montagnes à pic dont les sommets glace ont disparu bien avant d’y pénétrer. Mais la
dépassent les 5 000 mètres, mais plusieurs clans glace est aussi coutumière aux Dragensmanns que
de nomades que l’on surnomme les Montagnards la saison des pluies ou les chutes d’étoiles filantes
y vivent. Très isolationnistes, ils se mêlent peu des à d’autres. Et ils savent naviguer en tenant compte
autres Gennemons et élèvent surtout des chevaux, de ce danger, même si la glace prend régulièrement
mais exploitent et vendent aussi du sel, des métaux son tribut de vies.
et des fourrures qu’ils semblent aller chercher en pas-
sant des cols vers le nord connu d’eux seuls. Les Neiges-Dragon sont divisées en quatre régions :
le Wervayllas au sud, au climat tempéré et aux étés
doux. Les hivers y sont assez rudes, mais la région est
Lieu particulier
fertile. C’est la plus agricole, mais aussi la plus com-
Le mur de Kamaï-dar merciale grâce à des échanges avec les Forestiers et les
Caché dans les Dents de Khimshi, à la naissance d’une Étéocliens à travers les cols des monts Gapériens. Le
rivière qui disparaît dans les bois, se trouve le Mur de Sternpeïnal à l’ouest, une péninsule boisée et froide,
Kamaï-dar, perpétuellement plongé dans l’ombre par s’ouvre sur la toundra au nord. C’est une région assez
les pics environnants. C’est une surface de glace qui ne sauvage habitée par des marins et des pêcheurs de
dégèle jamais et s’élève à 300 mètres de haut et s’étend narvas, mais aussi des éleveurs de chevaux. Les
sur pas loin de 100 à sa base. L’endroit est un lieu de Steppes Eleksmanns, sous la limite arctique, sont
pèlerinage sacré pour les prêtres du Kalumi, mais des une grande étendue de toundra assez désolée, mais
rumeurs prétendent que certains d’entre eux y vont qui fournit un terrain idéal pour les nomades de ce
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
peuple qui y font paître leurs troupeaux de sikas Population : 75 000 habitants
laineux et de chevaux. Enfin, les Neiges-Dragon vont
de Dragensvard et sa vaste vallée vallonnée et rurale, Dirigeant : Herreisson «Marche-tonnerre» Svarden,
malgré un climat plutôt difficile et des hivers longs, à roi et chef de guerre légendaire.
la Forêt sans Fin qui commence à l’Est et se prolonge
à l’autre bout du continent. Forces militaires : contingent de 500 monteurs de
dragens, une légion de cavalerie lourde et une de
cavalerie légère, 50 navires de combat légers pour
Politique
environ 20 000 guerriers mobilisables en moins de
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Le détroit des Céramides L’eau est une denrée précieuse et rare dans cette
Cité ici, car c’est sur les côtes environnant ce détroit région. Le moindre ruisseau, la plus petite source
dangereux et régulièrement soumis aux effets des sont des biens précieux qui doivent être exploités
éruptions volcaniques du Rift que se sont déroulées sans gaspillage et le plus efficacement possible. Les
les plus grandes batailles de la Guerre sans Fin ni Jemmaïs ont résolu cette contrainte en devenant des
Frontières. Les traces sous forme de forts abandon- experts hydrauliques et de très bons gestionnaires
nés et de villages en ruines, autant que de navires de ressources. Les vallées occupées par les villages
naufragés, sont encore bien visibles, plusieurs siècles des clans jemmaïs disposent de réservoirs entretenus,
plus tard. souvent en partie souterrains, et de systèmes perfor-
mants d’irrigation et de captation de l’eau de pluie.
L’exploitation de l’énergie éolienne y est elle aussi
LE RIFT poussée à un raffinement technique remarquable,
aussi bien pour l’irrigation et le pompage de l’eau
que pour l’industrie.
Géographie
Les Jemmaïs ne sont pas très nombreux. Leur société
Si les abîmes dont est notoirement fédéralisée et les fonctions militaires
parlent souvent les sont mises en communs entre les clans. Ce sont des
Lossyans dans leurs nomades, c’est-à-dire que leurs cœurs agricoles
légendes et leurs his- voient passer les clans qui vont d’une vallée à l’autre.
toires existent, le lieu Il n’existe que cinq ou six bourgs permanents, ac-
qui y ressemble le plus cueillant les structures industrielles et culturelles des
est le Rift. Il s’agit Jemmaïs, ainsi que leurs casernes. Tous les Jemmaïs
d’une mer intérieure semblent toujours prêts à la guerre. Ils s’attendent
en formation, ou pour résumer, la coupure des deux en permanence aux assauts ordinatorii de l’autre
parcelles du grand continent où se trouvent les Mers côté de leurs montagnes à l’est, mais aussi à voir
de la Séparation. réapparaître tôt ou tard les Apostats ; le retour de
leurs cousins exilés pourrait être une très mauvaise
Le Rift est bien plus long que ce qu’en connaissent nouvelle selon eux.
les Lossyans, Apostats exceptés. La Mer des Enfers
qui se forme au fond des gouffres et des failles du
Himanil
Rift se trouve presque un mille plus bas que le niveau
de la mer. Il en résulte que l’ensemble de la région La capitale des Jemmaïs, inconnue du reste du monde.
n’est qu’une succession de marches barrées de mas- La ville est troglodyte, bâtie en partie dans des Ruines
sifs rocailleux et terriblement volcaniques descendant Anciennes. Elle abrite 40 000 habitants, une popu-
vers l’abîme de la Mer des Enfers, coupant le monde lation énorme par rapport à la moyenne des bourgs
en deux. jemmaïs qui dépassent rarement les 600 habitants.
Rien ne vit au cœur du Rift. Volutes mortelles et C’est le lieu de rassemblement régulier des clans,
brouillards empoisonnés abondent dans une cha- le centre de leurs ministères et de leur organisation
leur torride qui peut dépasser les 60 °C, les sources politique, mais aussi le refuge de leurs bibliothèques
ne sont pas d’eau, mais d’acide, le sol est gorgé de et universités. Jamais aucun Jemmaï ne parle de cette
tant de sel qu’il forme des sculptures aussi grandes ville à un non-Jemmaï.
que des glaciers. Rien ne s’y adapte, tout ce qui vit
y trouve une mort atroce. Mais derrière l’abri des Himanil possède sa propre garnison d’élite, recrutée
massifs entourant le Rift, par contre, et malgré les parmi les meilleurs guerriers jemmaïs, et une petite
enfilades de volcans, de calderas et de lacs de lave, poignée se soumet à un entraînement redoutable
la vie a trouvé sa place, profitant du moindre recoin pour devenir des Dari’aman, des commandos d’in-
accueillant, malgré la rudesse de ces lieux désolés ; filtration qui rivalisent avec les légendaires Sicaires.
humains compris.
Le Jaï-shimi
Politique
Désert s’étendant largement vers l’ouest, pris entre
Les Jemmaïs occupent le Jemmaï-he’Jil, une chaîne deux chaînes de montagnes, le centre du désert est
montagneuse coincée entre le désert du Jaï-shimi au une mer de sel. On n’y trouvera pas une goutte d’eau
nord et les profondeurs du Rift, au sud. La chaîne et il n’y pleut pas plus d’une fois tous les dix ans.
de montagnes se prolonge à l’est avec des cols et des Selon les Jemmaïs, c’est au bout de ce désert à l’ouest
passages vers le nord et le sud, offrant une multitude que se sont établis les Apostats. Les Jemmaïs le sur-
de petites vallées abritées et fertiles, bien que pouvant veillent, mais ne s’y rendent que pour récolter du sel
devenir aride. et du natron et ne le traversent jamais.
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
renoncé à agrandir ses fortifications. Pour répondre pauvres, au sol infertile et dont les forêts ne sont plus
à la nécessité impérieuse de pouvoir défendre son que des souvenirs.
port, les autorités de la ville aidées de quelques gé-
nies fous ont trouvé une solution originale : les qua-
Les îles Sauvages
rataires. Ce sont d’énormes galères déclassées, qui
ont été arrimées dans la baie, les flancs et structures À l’origine, les îles Sauvages étaient peuplées de
blindés de bronze et de fer, bardés de rangées de San’eshe, mais il n’en reste plus un seul. Tous ont été
canons et de mortiers et qui servent de forteresses exterminés, asservis et, pour les survivants, exilés
flottantes. Il est pratiquement impossible de les faire au sud, tandis que les îles étaient colonisées par les
manœuvrer, mais ils gardent la baie comme autant Teranchens. Malgré tout, les îles Sauvages portent
de châteaux-fort posés sur l’eau équipés au fil des bien leur nom. Ce sont des jungles impénétrables
ans de quais flottants et de grues d’amarrage. Deux et dangereuses, que les Teranchens exploitent avec
de ces quarataires ont d’ailleurs été offerts par la nombre de difficultés. Mais le bois, le ciment de
Guilde des Marchands, très présente et influente à résine, les épices et produits de luxe qu’on peut y
Khoïemonos. trouver et y faire pousser assurent la richesse de ses
colonies au nombre encore très modeste.
La cité possède avec Armanth un point commun
frappant : c’est une ville d’échange, où tout se vend
Tansheyn
et s’achète. Où toutes les idées circulent, même les
plus hérétiques aux yeux de l’Église, et où est per- Tansheyn porte le nom de la cité-État qui domine ce
mis largement ce qui serait considéré comme mo- bout de l’île des Fournaises Rouges : Tansheynimis.
ralement inacceptable ailleurs, à commencer par la La plupart des Teranchens considèrent comme fous
liberté et les droits des femmes. Bien sûr, ce n’est les habitants de cette région, car ils vivent à l’ombre
pas non plus un havre d’égalité, loin de là. Mais des volcans en permanente activité de l’île. Il ne se
c’est un des lieux les plus ouverts à cette idée pro- passe pas cinq ans sans une éruption majeure de la
gressiste, qui ne choque guère que les plus obtus des Bouche du Titan, le plus actif des volcans connus de
Teranchens. Les autres s’en moquent et profitent de toutes les Mers de la Séparation. Mais c’est cette ac-
leur Belle Cité, connue entre autres pour sa liberté tivité qui dure depuis des éons qui assure la richesse
de mœurs sexuelles. des communautés installées sur l’île. Ces dernières
exploitent le fer, le plomb, l’or, le platine, le loss-mé-
La capitale est actuellement dirigée, bien que le mot tal, mais aussi les sels soufrés et enfin d’énormes
soit un peu exagéré car la royauté est seulement re- gisements de guano, issus des colonies d’oiseaux.
présentative dans la cité-État, par la Reine Ganiceïs
Aquilée. Âgée de 24 ans, elle a accédé au trône à la
Lieux particuliers
mort accidentelle de son époux, peu après avoir eu
son second enfant, un héritier mâle âgé désormais Les Fournaises Rouges
de 4 ans. Les Teranchens étant ce qu’ils sont, il n’a Si l’ouest des Fournaises Rouges est occupé et ha-
pas été question de désigner un autre roi puisque bité, on peut se demander raisonnablement com-
l’héritier est né. La ville est donc officiellement sous ment on y parvient tant la région est en permanence
régence. Mais Ganiceïs, que tout le monde croyait bouleversée par une activité sismique et volcanique
inoffensive, s’est révélée une redoutable et efficace permanente. La moitié ouest de l’île est sauvage,
politicienne au charisme attachant et puissant. Ses dangereuse et inhabitée, couverte de jungles et de
décisions et initiatives ont fait énormément pour la mangroves. Des incendies la dévastent régulièrement,
population indigente et les petits artisans, avec pour mais la végétation luxuriante reprend ses droits en
résultat un puissant bond économique qui a attiré permanence. On prétend que dans les profondeurs
en quelques années énormément d’immigration et des cavernes de lave de la Bouche du Titan se trouve
d’investissements. Il est à parier que Ganiceïs, de plus une entrée vers des Ruines Anciennes, rumeur confir-
en plus aimée du peuple et soutenue par la Guilde mée par la circulation d’artefacts dans la région. Mais
des Marchands, restera reine pour encore de nom- les habitants de l’île sont les premiers à prétendre que
breuses années. c’est une légende.
Le Karo
Les Dhamiris
Le Karo est un ensemble de Ruines Anciennes ca-
Petit chapelet d’îles au trafic commercial important. chées à flanc de montagne au cœur de Terancha.
Omiris, un port en plein essor et qui commence à Il a été exploré autant que possible, mais des sec-
devenir une petite ville industrielle, est le point de tions entières, barrées par des portes titanesques
départ des navires chargés d’esclaves, de bois, de de métal inaltérable, restent toujours inaccessibles.
produits rares venant des îles Sauvages et de l’Archi- Ce sont sans doute les Ruines Anciennes les plus
pel san’eshe. Avant que le commerce naval explose, connues, elles sont même visitées par des voyageurs,
les Dhamiris étaient des îles désolées de pécheurs des guides offrant leurs services pour les guider dans
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LES RÉGIONS ET CAPITALES
des zones sûres. Et de temps en temps, ces visiteurs Tout cela coûte cher ; on économise autant que c’est
disparaissent sans laisser de traces. raisonnablement possible. Si les spécialistes indis-
pensables et les officiers qui participent sont assez
bien rémunérés, le personnel d’escorte et d’inten-
TERRA INCOGNITA dance n’est pas mieux payé que pour une mission de
commerce. Il ne peut compter que sur les primes à
Une grande partie de Loss, à vrai dire son immense son retour, qui dépendent de la générosité du com-
majorité, reste inexplorée. Mais bien sûr, c’est un manditaire… et du capitaine.
sujet qui passionne explorateurs, marchands et car-
tographes. Passant par les mers avant tout, en se ris- Cependant, les hommes qui se lancent dans ces aven-
quant sur le vaste océan par-delà le Bout du Monde, tures sont souvent motivés par autre chose que la
la Mares Avisen ou encore la Mer de Corail, ces paie : d’abord, c’est moins risqué que la guerre et
expéditions sont à la recherche de fortunes à faire reste mieux payé que le service de bord commun.
et de nouvelles terres pleines de promesses et de Ensuite, il y a le prestige d’être un des hommes
richesses, sans oublier les secrets à découvrir et la partis à la découverte de l’inconnu, un prestige qui
gloire à en tirer ! offre autant de gloire que d’éventuelles retombées
d’ascension sociale. Enfin, il y a les opportunités de
Abordons le problème de voyager dans la Terra découverte de trésors divers, de pillages possibles,
Incognita avec un navire lévitant. Ces vaisseaux ne sans oublier la valeur que représente la possibilité de
peuvent se poser que sur une surface aquatique. Pour monnayer ce qu’on aura appris de terres inconnues.
parvenir à réussir une expédition de cartographie en Les marins de Loss ne sont en général pas des soldats
navire lévitant, il faut prévoir grand : au moins une disciplinés et, tout capitaine le sait, il vaut mieux les
goélette ou un galion. Les plus grandes expéditions laisser s’emparer de quelques richesses qui satisfe-
pensent en termes de flotte, de deux ou trois bâti- ront à leur avidité, plutôt que de le leur interdire au
ments, voire plus. risque d’une mutinerie ou d’un pillage qui dérape
en massacre.
Il faut aussi penser à un personnel conséquent. Un
cartographe, ses assistants, des érudits et génies, des Un dernier point, qui reste une réalité frappante.
botanistes, des taxidermistes et naturalistes, et leur Dans ces expéditions, on peut compter environ 3 à
personnel. Il faut prévoir des bivouacs fréquents et 5% cumulatif de pertes humaines par mois lossyan.
des animaux de monte pour des reconnaissances. Il En un an (une année lossyanne dure 585 jours), c’est
faut aussi une escorte armée, des guides, des éclai- entre un tiers et la moitié de l’équipage qui sera sans
reurs, un palefrenier, etc. C’est une affaire qui engage doute mort, de maladie, d’accidents, de règlements
30 à 50 personnes, plus l’équipage de 130 marins et de compte, d’attaques par des créatures sauvages,
spécialistes de bord environ ; cela exigera d’autant etc. Ce qui fait le malheur des uns fera le bonheur
plus de haltes de réapprovisionnement que l’expédi- des autres : pour les survivants, la prime et le butin
tion ira en terre inconnue. S’il s’agit d’une expédition qu’ils peuvent espérer en seront d’autant plus fastes.
majeure organisée par une cité-État, on comptera
alors au moins un navire fortement armé.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Se levant comme un seul homme, la presque totalité des quarante membres de l’Église quitta son siège et fit
un pas en avant vers l’oratoire. Et d’une même voix, ils déclamèrent tous :
— Fais vœu de soumission, serviteur de l’Église du Concile Divin, seule et unique devant les dieux, les Esprits
et les Hommes. Fais vœu d’obéissance à ceux qui se sont soumis à nos Très Hauts Seigneurs et qui sont tes aînés
et tes pairs. Que leur parole devienne ta loi, que leurs désirs deviennent tes ordres, toi qui sers notre Grande
Église pour l’unité et la sauvegarde de l’homme, à tout jamais.
Duncan en resta bouche bée. Il ne fut pas le seul. Zaherd se tourna à cette grande exclamation, sorte de
prière sacrée jamais entendue sous la coupole de l’Agora et qui figea le temps dans une aura de recueillement
religieux que seul un fou aurait osé déranger. Sur les estrades, la quasi-totalité des tribuns fixait les prêtres avec
le même étonnement sans lâcher un mot. Lilandra fit même un pas en arrière, prise d’une crainte respectueuse,
écrasant du talon le pied de son voisin, qui étouffa son cri, saisi par le même mutisme que les autres.
Les quarante voix se turent, remplacées par une seule, vieille et rauque, mais qui sonnait de ces tons as-
surés de qui a passé sa vie à connaître et maîtriser le pouvoir de son autorité. C’était Jallaïus, le Cardinal de
Mélisaren, qui avait amplement dépassé le siècle, et portait lourdement le poids de ses ans malgré les bénéfices
d’un Ambrose qui lui avait donné une longue et vigoureuse vie.
LA COSMOGONIE
HISTOIRE EN RÉSUMÉ
Nous ne nous étendrons pas en détail sur ce sujet,
Alors que l’Hiver sans Fin laissait place au chaos et il sera traité dans le supplément Anqimenès et le
aux barbaries de la Grande Purge, les premiers prêches Concile Divin. Nous soulevons ci-dessous l’essentiel
d’Ortonus, le second Prophète du Concile Au-Dessus des principes.
de Toutes Choses, eurent comme effet de faire rapi-
dement cesser les massacres aveugles qui décimaient La cosmogonie du Concile Divin explique que les
la population et faillirent faire totalement disparaitre dieux et les esprits ne sont pas les créateurs de l’uni-
aussi bien Chanteurs de Loss, que roux et chamans. vers, mais leurs servants. Les créateurs sont les Êtres
du Concile, régnant au-delà des étoiles et essaimant
Ortonus édicta les premières règles du culte, à com- la vie partout, pour la confier aux esprits et aux di-
mencer par son nom complet : Le Concile des Êtres vinités, pour régner, guider et protéger.
Au-Dessus de Toutes Choses, hommes, esprits et
dieux. La mission d’Ortonus et des Prophètes sui- Il y a selon le Concile Divin une infinité de mondes
vants fut de dévoiler au monde que les dieux et les comme autant de sphères de cristal où une planète
esprits des anciennes fois lossyannes avaient tous se tient en son centre. Autour tournent les étoiles,
failli en laissant les démoniaques Chanteurs de Loss les lunes et les soleils ; et il y a autant d’êtres vivants,
asservir l’homme plutôt que le servir. Ils expliquèrent d’esprits et de dieux qui les gouvernent. Au-dessus
que pour éviter le retour de ce danger, il fallait s’en de tout cela, les Êtres du Concile observent et n’in-
remettre totalement aux Êtres du Concile et à leurs terviennent que si leurs serviteurs ont échoué à leur
représentants mortels, les Prophètes, et à l’ordre des tâche. L’Église du Concile admet totalement l’exis-
Ordinatorii qui les servent. tence d’autres vies intelligentes et d’autres civilisa-
tions, bien qu’elle n’admette ni l’héliocentrisme ni
L’Église du Concile déclara que ses lois, les Dogmes, l’idée de l’infinité de l’espace. Elle fait remarquer que
étaient au-dessus de tout et que les Lossyans devaient nombre de ces vies intelligentes ne connaissent pas
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L’ÉGLISE DU CONCILE DIVIN
le Concile Divin. Les Lossyans sont donc privilégiés LES DOGMES DE L’ÉGLISE
et bénis, placés dès lors un rang au-dessus de toutes
les créatures intelligentes de tous les autres mondes : Voici les principaux Dogmes de l’Église du Concile,
ils connaissent le Concile, et les Prophètes de l’Église tels qu’ils sont actuellement en vigueur. Ils ont plu-
parlent en son nom et sont protégés par ses envoyés sieurs fois été remaniés et corrigés, et s’ils ne sont
directs, les Thanataires. Ce qui signifie aussi que pas tous respectés, ils sont le ciment de l’Église. Tout
pour l’Église du Concile, tout être intelligent non croyant connait en théorie ces Dogmes par cœur.
concilien, quel qu’il soit, est un barbare inférieur. Il
n’est pas lossyan. Ce ne sont pas les seuls Dogmes. D’autres sont
compilés et décidés au fil des conciles, conclaves,
L’Église n’encourage ni ne reconnaît de culte des re- mais aussi des ententes locales de l’Église avec ses
liques et des Saints. Le culte du Concile Divin ne ouailles et les autorités laïques. Si les Dogmes pa-
reconnaît aucune vertu à la souffrance, au martyr, ou raissent très stricts et ne souffrir aucune hétérodoxie,
à l’humilité et la notion de sainteté ne définit donc dans les faits, le pouvoir de l’Église n’aurait pu
pas ce que nous imaginons en tant qu’Occidentaux. s’établir sans compromis ni aménagements. Ainsi,
Les Hommes Saints sont remarqués et vénérés pour plus on s’éloigne du cœur historique et spirituel de
le rayonnement de leur sagesse, de leur savoir, ou l’Église, Anqimenès, et plus les dogmes s’adaptent
de leurs actions qui ont fait grandir le savoir lossyan aux cultures locales. Non sans conséquence, puisque
ou la cause supérieure de l’Église du Concile Divin, cela a donné naissance à des courants religieux
tout en faisant preuve de Vertus exceptionnelles. Ces si différents qu’ils en sont devenus des hérésies,
Hommes Saints peuvent être des religieux ou des comme le culte Kalumi des Gennemons et le culte
civils, issus du monde aussi bien intellectuel que mi- impérial hemlaris.
litaire ou ecclésiastique et certains sont même des
laïcs vénérés localement. Il n’y a pas de règle officielle Aucun dieu, ni homme, ni esprit ne peut se
pour canoniser un Homme Saint, celui-ci est reconnu placer devant le Concile : l’Église interdit tout
par l’Église de son vivant ou après sa mort par la exercice religieux public ou construction de
ferveur que les gens mettent à entretenir son souve- centres religieux pour les divinités locales. Il
nir et son modèle. Quand il est reconnu, son nom est toléré de prier et vénérer en privé dieux
et une courte hagiographie sont gravés sur une dalle et esprits, mais leurs ecclésiastiques peuvent
au sein du grand temple d’Anqimenès. Il est alors être pourchassés pour idolâtrie.
autorisé de donner son nom à un temple, bien que
les adorateurs attendent rarement cette permission. Aucune autorité émanant des hommes ne
Localement, il n’est cependant pas rare que certains peut se placer au-dessus des Prophètes de
biens intimes de l’Homme Saint soient conservés l’Église : la plus haute autorité lossyanne se-
comme des reliques légendaires à qui la population lon l’Église est celle des Ordinatorii et de
prête des pouvoirs réels. Par contre, on ne conserve leurs officiers, prêtres et Prophètes. Ceux-ci
jamais ses restes, puisque tout Lossyan doit être en ne sont donc sensés devoir obéissance à au-
théorie incinéré pour pouvoir rejoindre les Étoiles. cune hiérarchie sur Loss hormis l’Église, et
ne répondre qu’à eux-mêmes et à leurs su-
périeurs. Dans les faits, l’Église préfère se
soumettre aux autorités locales ou faire pro-
fil bas.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
miers Dogmes des origines, qui remonte à un temple. Il leur est interdit de se marier
Ortonus et dont le contenu fait débat. En et d’avoir des enfants, sauf quelques rares
effet, le terme homme a été choisi pour dé- cas tolérés d’adoption.
signer le lossyan mâle, ce qui a justifié l’in-
fériorité de la femelle et donc sa soumis- Tout homme refusant la Loi du Concile est
sion, ouvrant la voie aux concepts Apostat : tout Lossyan qui renie la foi de
patriarcaux et sexistes du modèle sociétal l’Église ou résiste à ses représentants est
inspiré par l’Église. Le reste du Dogme sti- Apostat et condamné à mort. Si une ville
pule le rôle que doit jouer l’Église dans les résiste à une croisade d’Ordinatorii, tout
cultures, la société et les civilisations, en individu ayant résisté est déclaré apostat et
encourageant les progrès techniques et in- exécuté sans attendre. Les femmes qui au-
tellectuels, sous son contrôle attentif. ront résisté ou simplement soutenu les
hommes seront asservies et leurs enfants en
Aucun pouvoir ne peut mettre en péril la bas âge recrutés et élevés dans les orpheli-
protection du Concile : cela englobe trois nats du Concile pour devenir des Ordinatorii.
points détaillés dans le Dogme. Le premier
point concerne toute innovation ou avancée L’Église seule peut éviter la répétition du
technologique ou scientifique, elle doit être Long Hiver : l’Église, en plus de préciser le
approuvée par l’Église. Si celle-ci n’est pas fonctionnement de sa philosophie politique,
considérée comme conforme aux Dogmes, déclare par ce Dogme qu’elle est seule au-
elle sera déclarée hérétique. L’Église du torisée à révéler et transmettre l’histoire de
Concile se réserve ainsi un monopole sur les Loss avant le Long-Hiver. Les Guerres
plus intéressantes innovations. Les études sur Divines ont été réécrites ; Orchys de Parcia
la biologie et la nature de la vie, l’astronomie, est universellement considérée comme un
ou encore la chimie fondamentale sont des démon qui a voulu détruire les hommes, et
champs de recherche presque assurément les femmes rousses portent toute sa marque
frappés d’hérésie. À noter que le coupable maudite. Le Chant de Loss est un pouvoir
jugé n’est pas forcément exécuté : il arrive diabolique qui doit être muselé et mis au
tout simplement qu’il disparaisse au service service de l’homme. Creuser le passé, re-
de l’Église. Le second point de ce Dogme trouver des archives, fouiller des ruines et
concerne les Artefacts Anciens. Faire le trafic, collectionner les artefacts et bien sûr révé-
la vente, l’usage ou l’étude d’Artefacts est ler les secrets et les savoirs de ce passé est
considéré comme hérétique. Là encore, une hérésie.
l’Église ne détruit pas toutes ces merveilles,
elle les stocke pour les étudier en secret. Le Il existe encore d’autres Dogmes, dont un sur la
troisième point est que toute puissance géo- Rage qui doit être combattue comme un ennemi
politique trop ambitieuse sera jugée comme mortel, et sans qu’il soit question de l’étudier ou
un péril pour l’Église. Ce dogme permet aux tenter de la soigner. On peut aussi mentionner le
Ordinatorii de déclarer hérétique tout oppo- Dogme sur l’esclavage et sa nature, qui traite des
sant jugé potentiellement « menaçant ». règles essentielles de l’asservissement. Il y a enfin
plusieurs Dogmes sur les châtiments et traitements,
La parole des Ordinatorii est la Loi du et même sur comment déclarer une guerre ou lancer
Concile : personne ne peut, en théorie, re- une croisade ! Mais les neufs ci-dessus sont les plus
mettre en question la parole d’un Ordinatori, généraux, essentiels et connus.
à part un autre membre de la hiérarchie du
clergé. La parole d’un Ordinatori fait force
de loi. C’est l’un des Dogmes les moins res-
pectés et le plus souvent pris à défaut.
ORGANISATION DE L’ÉGLISE
Cependant, tout Lossyan évite de contrarier L’Église du Concile Divin pourrait se comparer au
volontairement un Ordinatori. pouvoir papal impérial. Mais même si son influence
sur Anqimenès est totale, la cité n’est pas une théo-
Aucune femme ne peut porter la foi de cratie à proprement parler.
l’Église du Concile : dogme instauré il y a
trois siècles après les Guerres Civiles On distingue dans l’ordre de l’Église deux branches
Hégémoniennes. La place des femmes dans principales, aux contours flous : l’Église, qui ras-
l’Église est en grande majorité subalterne et semble les ecclésiastiques et prêtres de la religion
hors de l’ordre des Ordinatorii, elles sont et l’Ordinatori, qui rassemble les forces de police et
traitées comme des inférieurs, quand elles les légions, organisée de manière militaire, grades
ne sont pas esclaves. Les femmes ordinatorii et rangs compris. Le fait est que la plupart des
existent pourtant, en général dans les ordres membres du clergé séculier de l’Église sont en géné-
militaires, mais aucune ne peut officier dans ral des Ordinatorii, souvent officiers ; ainsi les deux
140
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L’ÉGLISE DU CONCILE DIVIN
branches, ayant deux rôles fondamentalement diffé- Plus de détails sur les prophètes et les Thanataires
rents tendent souvent à se confondre. Et un Espicien dans le Livre 3 «Les Secrets du monde», page 32.
peut très bien être capitaine ou général de légion en
même temps.
Les Primarques
Cependant, pour toutes les décisions qui ne relèvent Ce sont les ministres de l’Église. Il y a en général un
pas strictement du domaine militaire, c’est la parole Primarque par grande cité-État, qui représente l’au-
du collège de l’Église, respectivement les Prophètes, torité supérieure du Concile pour l’ensemble du culte.
les Primarques et les Espiciens, qui prévaut sans dis- Parmi eux sont nommés les ministres de l’Église, cha-
cussion. L’Ordinatori est au service de l’Église et à cun ayant en charge la direction de l’un des postes
ses ordres. majeurs de l’administration du clergé. Chaque mi-
nistre est responsable de gérer son portefeuille et ne
rends compte qu’aux Prophètes ; il a une assez large
Le légisme est une philosophie politique qui liberté d’action. Dans leur ensemble, les Primarques
considère que la loi est le fondement de toute sont très influents et riches et, techniquement, ils sont,
société, et que celle-ci doit être appliquée par la comme les Espiciens, des seigneurs tout-puissants
force et non par une puissance morale qui la jus- sur leur domaine, rivalisant de pouvoir avec les plus
tifierait. La position de force et l’application de la grands princes des cités-États.
loi ne se réfèrent donc à aucune morale ou vertu,
mais seulement à la compétence et l’efficacité de
Les Espiciens
qui détient le pouvoir. Le légisme entre en conflit
avec la philosophie des Vertus et ne s’est jamais Les Espiciens sont les leaders du ministère local
répandu efficacement. Il a par contre influencé la du Culte de l’Église du Concile. Chaque cité-État
culture hégémonienne et Hemlaris. en compte au moins un. La fonction se compare à
celle d’un évêque, le grand-prêtre du clergé local
de sa congrégation pour toute la région dont il a
Les Prophètes la charge. Les Espiciens sont le cœur de la hié-
rarchie du ministère de l’Église, mais sont très au-
Au sommet de l’organisation de l’Église, il y a tonomes : il n’est pas rare que certains Espiciens
les Prophètes. Ils sont toujours trois, bien que ce fassent passer l’intérêt de leur congrégation et de
nombre ait fluctué. À l’origine il n’y avait qu’un seul leur cité-État avant les intérêts de l’Église d’Anqi-
Prophète, et dans l’histoire, il y en a parfois eu deux, menès. Il s’agit du plus haut grade accessible lo-
voire quatre. calement dans l’Église. Celle-ci ne désigne jamais
de Primarques ailleurs que dans l’Hégémonie. La
Les Prophètes sont la voix et la représentation directe plupart des Espiciens sont des vétérans et gradés
du Concile Divin sur Loss et par conséquent dictent de l’Ordinatori, mais certains peuvent avoir accédé
les grandes directions de la doctrine de l’Église. Les à ce rang par la voie « civile ».
Prophètes ne sont pas toujours d’accord entre eux,
et malgré le fait qu’ils soient à la même échelle au
Les prêtres et les abbés
sommet de la hiérarchie de l’Église, il est fréquent
qu’un Prophète ait dans les faits une influence et un Les prêtres forment le pilier de la hiérarchie de
pouvoir accru sur les deux autres. Chaque Prophète l’Église et sont de rang égal aux lieutenants de l’Or-
est toujours accompagné d’un invisible Thanataire dinatori. Mais leur rôle est avant tout civil et local.
qui le rend pratiquement invulnérable. Ils dirigent les cérémonies du culte, les bénédictions,
les unions, les sacrements de la naissance à la mort,
Les Prophètes président les assemblées ministérielles et le respect du Dogme parmi les fidèles dont ils
de l’Église et décident des réunions des Conciles. Les ont la charge. Ils sont aidés en cela par des diacres,
Conciles sont rares, on en convoque en général un des prévôts civils, et des subalternes ordinatorii. Ce
par siècle à des moments exceptionnels. sont les représentants de l’Église les plus proches du
peuple, les plus nombreux et les plus influents sur
On ne sait pas exactement selon quels critères un leurs ouailles qui les fréquentent quotidiennement.
haut membre du clergé de l’Église est choisi pour Les Abbés sont les prêtres à qui a été confiée la direc-
devenir Prophète. La sélection se fait lors de réunions tion d’une école, d’un orphelinat ou d’un hospitalet
tenues particulièrement secrètes où sont appelés un de l’Église. Le titre est honorifique, mais les abbés
petit nombre de Primarques et parfois d’Espiciens. sont les dirigeants des structures sous leur charge.
Le nouveau Prophète désigné est alors présenté pu-
bliquement. Une partie des candidats disparaît sans
Les Inquisiteurs
que personne ne sache ce qui leur est arrivé. Être
choisi Prophète change profondément le candidat, L’Inquisition chargée d’enquêter et d’appliquer la loi
parfois au moins de difficilement le reconnaître dans concernant les hérésies et crimes envers l’Église est à
ses nouvelles habitudes et sa personnalité. la charge des prêtres, dont un certain nombre, formés
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Ref. 14778
en collèges inquisitoriaux, travaillent sans relâche à et général de légion, un grade équivalant à celui
cette tâche. Paradoxalement, et malgré la cruauté des d’Espicien.
sentences en cas de crime avéré, ce sont des hommes
loyaux et honnêtes pour la plupart. Les monstres L’Ordinatori veille à remplacer tout lien familial
tortionnaires y sont rares, d’autant que la décision de par une profonde et religieuse fraternité entre les
justice n’appartient pas à l’Inquisition, qui enquête, Ordinatorii. La vie dans les casernes est rude et
mais aux Espiciens. Si une région vit des procès in- cruelle, mais elle est aussi riche et fournie en éduca-
justes, des tortures barbares et des exécutions san- tion ; tous les Ordinatorii sont lettrés. Il est à noter
guinaires, c’est que l’Espicien local est un tyran dont que le modèle de légion de l’Ordinatori a été suivi
l’Inquisition n’est que l’outil. par beaucoup de forces militaires qui ont recruté des
vétérans ordinatorii retournés à la vie civile pour for-
mer leurs propres armées.
Les Ordinatorii
Les Ordinatorii sont le bras armé et les serviteurs
Les Quaesitorii
de l’Église, formés dans des casernes depuis leur
plus jeune âge. Si le recrutement se fait souvent Les Quaesitorii sont les hommes de Hautes-Œuvres
avec des orphelins intégrés dans des casernes mili- des Prophètes : leurs assassins, leurs soldats d’élite
taires ou avec de jeunes gens n’ayant que cela pour et leurs enquêteurs. Peu nombreux, les Quaesitorii
échapper à un rang social misérable, un des enfants sont chargés de la sécurité des proches et familles
d’une famille aristocratique pourra y être envoyé des hautes instances du clergé. Certains corps d’élite,
pour servir le clergé de l’Église et s’assurer ainsi une reconnaissables à leurs armes ardentes, enquêtent
carrière influente. Enfin, les enfants d’un Ordinatori et pourchassent tout complot ou menace envers le
le deviennent souvent à leur tour. La plupart des Concile et l’Église et sont utilisés comme troupes
ecclésiastiques ont suivi cette formation et la plu- d’éclaireurs ou d’avant-garde pour briser les plus
part ont porté le linotorci et la lance-impulseur de solides résistances adverses. Ils ne se chargent en
l’Ordinatori. C’est le seul rang ouvert aux femmes, aucune manière de justice : ce sont des tueurs froids,
à la condition de masquer leur visage en public et efficaces et discrets. Quand un Quaesitori annonce
devant tout autre Ordinatori, et de ne jamais expo- son titre, tout le monde préfère obtempérer sans re-
ser leur corps. Être ordinatori est une carrière qui chigner. Le rang des Quaesitorii est hors de la hié-
peut se prolonger jusqu’à devenir officier supérieur rarchie de l’Église citée plus haut. Techniquement, ils
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Ref. 14778
L’ÉGLISE DU CONCILE DIVIN
ne rendent compte qu’au Ministère des Primarques L’Église manie allègrement le bâton et la carotte.
et aux Prophètes. D’un côté, pauvres et indigents peuvent être soignés,
et aidés. De l’autre, ils peuvent être asservis sans
pitié, pratiquement sans besoin d’explication et au
L’ÉGLISE ET LES LOSSYANS mépris des lois des cités-États locales quand celles-
ci ne leur donnent pas raison par défaut. L’Église
L’Église du Concile a une influence énorme sur la se considère comme intouchable, toute-puissante et
culture des peuples lossyans. Une influence qui s’étend supérieure à toute autre autorité. Le despotisme, les
sur toutes les Mers de la Séparation et les quatre cin- abus de pouvoir, la tyrannie cruelle y sont monnaie
quièmes de sa population. L’Église est la religion domi- courante autant que les prêtres généreux dont la
nante et n’en tolère pas vraiment d’autres. Les cultures seule ambition est de montrer que l’Église aime ses
non conciliennes mises à part, la foi en l’Église du ouailles et veille sur eux.
Concile est la norme et le respect de ses Dogmes des
principes de vie pour toutes les cités-États de Loss et L’Inquisition est omniprésente et les temples se
malgré la pérennité de petits rituels privés et de cultes mêlent de tous les aspects de la vie privée au tra-
locaux ici et là, toujours vivaces. vers des rituels de la naissance, des passages à l’âge
adulte, de l’éducation, des mariages, des rites funé-
Mais les choses ont quelque peu évolué et se sont raires, de l’administration des biens et des avoirs de
assouplies, parfois au corps défendant de l’Église qui l’Église, du commerce et de la finance, mais aussi
a dû mettre de l’eau dans son vin. Les effets combi- de la défense, et des forces armées. On ne peut
nés de l’influence des grandes corporations civiles oublier l’Église ; son emblème, le Cercle d’Argent,
d’une part et de l’expansion de la littérature et du est partout.
savoir moderne d’autre part ont lézardé le socle de
l’énorme pilier que représente le pouvoir de l’Église. L’Église gère des écoles, des universités, des hospices.
Elle-même admet, bien que du bout des lèvres, que Ses temples sont souvent attenants à des orphelinats
certains principes et codes devraient être révisés et et des casernes, mais aussi des Maisons des Esclaves
qu’une tolérance plus large est souhaitable vis-à-vis réputées pour le raffinement du Haut-Art qui y est
des contrevenants. Cependant, les Prophètes ne re- pratiqué ainsi que des maisons closes à houris. Elle
mettent pas en question les Dogmes eux-mêmes et à dispose aussi de biens fonciers et immobiliers, gérant
Anqimenès, oser interroger ces sujets est une bonne des terres et des villages ou encore des corporations
manière d’attirer les Inquisiteurs comme la petite qui lui payent écot. Bref, l’Église est puissante, riche,
vérole sur le bas clergé. influente et répandue partout.
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Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Hormis les Thanataires, on distingue les Moiriès, ou confrérie a pour patron un Béni. Il est courant que
agents du malheur et de l’injustice, incarnés sous les soient conservées, par des congrégations ou dans des
traits d’esprits de la maladie, de la souffrance, de la temples de l’Église, des reliques de Bénis.
guerre, du chagrin, de la folie, etc. Ils sont considé-
rés cependant comme une part essentielle de l’ordre
Les sacrements
céleste : le dépassement de soi pour devenir un être
de Vertus, ne peut se faire sans se confronter aux La naissance : officiellement, le nom de l’enfant,
horreurs du monde, qu’ils incarnent. Les autres sont même choisi à la naissance, ne sera donné que passé
les Alogias, faiseurs de miracles chargés de répandre sa troisième année. Une fois passé son anniversaire,
l’espoir et le bonheur, incarnés sous les traits d’es- il est présenté au temple et son nom officiellement
prits de la joie, de la fête du rire, de la vie nouvelle et annoncé. Ce nom sera béni par un prêtre et l’enfant
de la guérison. Beaucoup d’Alogias sont directement sera alors reconnu et inscrit en tant qu’individu sur
liés à un Béni, être saint qui, au cours de sa vie, a les registres du temple. À noter que même pour les
accompli miracles et exploits en relation directe avec moins pratiquants, cette coutume est respectée, par-
un des domaines d’un Alogia ou un autre. fois dans une cérémonie laïque.
Les Bénis : le culte autour d’eux est modéré par Le passage à l’âge adulte : l’âge adulte sur Loss est
l’Église afin qu’elle ne perdre pas son autorité sur ses de quatorze ans. Le rituel coutumier est un sacre-
ouailles. Malgré tout, dans une région qui compte un ment public qui a lieu une fois par an, en présence
Béni parmi les siens, celui-ci sera souvent l’objet de de l’Espicien. La cérémonie est un serment de dé-
cultes et de fêtes, et aura toujours une place privilé- votion, obéissance et fidélité à l’Église du Concile,
giée dans un temple. Chaque corps de métier, guilde après quatre jours de jeûne et d’isolement complet
Ref. 14778
L’ÉGLISE DU CONCILE DIVIN
des futurs adultes. Tous les hommes présents doivent selon les régions. On peut être sûr qu’ils sont pris à la
faire couler leur sang en jurant ; toutes les femmes lettre dans l’Hégémonie, mais que tout le monde s’en
doivent poser les deux genoux à terre, tête basse, au moque dans l’Athémaïs, à Armanth en particulier.
moment du serment.
Les services de la prostitution sont interdits. Si
Le mariage : chez les Lossyans, il est de coutume de l’Église encourage l’usage d’esclaves dans des bor-
se marier dans une fête laïque. Cependant plus le dels, les houris, faire appel aux services sexuels d’une
mariage implique d’intérêts et se fait entre familles prostituée libre est un crime. L’Église chasse — un
riches, plus grandes sont les chances qu’il se fasse re- peu en vain — aussi bien les catins que leurs clients.
ligieusement. Deux bracelets d’argent sont apportés
par l’époux et scellés aux poignets de l’épouse devant Manquer une messe sans avoir une bonne
les témoins et la famille, tandis que le prêtre unit les raison est une faute qui doit être réparée
deux mariés. Ces bracelets sont parfois laissés aux par un don en nature, argent ou service
poignets de l’épouse, à vie. Elle ne pourra en théorie d’intérêt général.
les retirer qu’en les brisant. L’époux ne porte aucun
symbole marital dans ce type de cérémonie, mais l’al- Ne pas offrir l’hospitalité à un étranger dans
liance, tradition athémaïs, se répand de plus en plus. le besoin est un crime.
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Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Armanth comptait moins d’une centaine de Maîtres-marchands en titre, dirigeants de la Guilde des
Marchands qui avait fait de la cité-État l’immense ville et puissance économique qu’elle était. Jawaad était l’un
d’entre eux, et célèbre à bien des titres ; à commencer par son âge respectable. Il était Maître-marchand depuis
toujours et avait, selon les rumeurs, largement plus d’un siècle, malgré les apparences ; et s’il n’était pas le seul
à avoir un Ambrose comme symbiote, ce détail peu commun ne passait pas inaperçu. Il était célibataire, sans
parent et sans héritier ; un trait encore une fois peu commun et saugrenu pour tout Lossyan. Mais surtout, il
était célèbre pour avoir refusé son entrée au Conseil des Pairs, alors qu’il y avait été élu, quand les trois quarts
de l’aristocratie ne pouvaient que rêver vainement y siéger un jour.
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Ref. 14778
Ref. 14778
CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
L’immigration explosa, attirant de plus en plus de L’entité que forme la Guilde des marchands dépasse
marchés et d’investisseurs et donna naissance au largement le cadre du commerce et de l’industrie, et
Marché aux Cages. En moins d’un siècle, l’Église s’immisce en tant qu’intermédiaire politique et di-
perdit le contrôle et le monopole de ce marché, plomatique avec une influence qui dépasse celle des
d’abord parce que le Haut-Art s’était répandu par- plus puissantes cités-États. Elle est une entité quasi
tout, ensuite parce que la Guilde des Marchands étatique en elle-même, à égalité avec l’Église, l’Hégé-
rachetait et annexait comptoir après comptoir. C’est monie et l’Hemlaris. Et elle a un levier très efficace
vers 866 et la fin du IXe siècle que la Guilde des pour cela : c’est elle qui maîtrise l’argent et le cours
Marchands démontra sa véritable influence cultu- des matières premières.
relle et politique sur les Mers de la Séparation, en
se posant en égale diplomatique de l’Église dans La Guilde des marchands est dirigée par le Conseil
les affaires et conflits des cités-États, mais aussi en des Pairs, que nous abordons plus loin en détail. Ces
répandant massivement les technologies éoliennes trente hommes sont tous sélectionnés par leurs pairs
et hydrauliques industrielles. à partir de trois critères : leur statut (ils doivent être
Maîtres-marchands, voir plus bas), leur influence
À partir du XIe siècle, La Guilde des Marchands politique reconnue au sein d’une cité-État (celle-ci
investit massivement dans le développement de la peut être liée aux relations, à la fortune, à l’impli-
ville jusqu’à en faire une mégapole florissante. Elle y cation politique) et enfin leur lignée (les Pairs sont
établit son Conseil des Pairs, y transféra son centre privilégiés parmi les descendants des fondateurs de
administratif et reprit l’exploration des côtes sud-est la guilde).
des Mers de la Séparation. Des contacts se nouèrent
avec les Jemmaïs et Armanth devint un centre cultu-
Les Francs-mestres
rel majeur éclipsant l’influence d’Anqimenès dans
les sciences et les savoirs. Mais surtout, la Guilde Au service des Pairs, il y a les Francs-mestres. Ce sont
des Marchands encouragea et diffusa durant toute les chefs des grands comptoirs de la Guilde répartis
sa montée en force un modèle socioculturel progres- partout, mais aussi les dirigeants des grandes institu-
siste et libéral, dont l’influence grandit au rythme tions comme les universités et centres industriels. Ces
du pouvoir géopolitique de la Guilde. Pratiquement Francs-mestres ne se valent pas en pouvoir, qui dépend
toutes les cités-États des Mers de la Séparation ont de la taille et de la fortune de la structure dont ils sont
un comptoir de la Guilde des Marchands. Même responsables. Mais ils ne répondent cependant que
l’Hemlaris a dû accepter de céder non seulement devant le Conseil des Pairs et leur rôle est de gérer et
des ports, mais des routes et des terrains avec des administrer comptoirs et propriétés de la Guilde. Un
autorisations de passages commerciaux perpétuels, Franc-mestre est souvent un Maître-marchand, mais ce
en échange des services rendus par l’Athémaïs lors n’est pas du tout systématique ; et on compte pas mal
de la dernière guerre contre Anqimenès. Les Maîtres- de femmes à ce poste, tout du moins dans les régions
marchands exploitent le pouvoir économique de la qui le permettent politiquement.
structure dont ils sont les princes à des visées di-
plomatiques, politiques et culturelles pour répandre
Les Vesseris
leurs idées libérales, désormais sans hésiter à affron-
ter frontalement l’influence de l’Église. Enfin, au service des Francs-mestres, il y a d’une
part des administrateurs locaux et secrétaires, d’autre
part des Vesseris, des officiers militaires, souvent vé-
FONCTIONNEMENT ET STRUCTURE térans et mercenaires, en charge des troupes affec-
tées à la protection des comptoirs et structures de la
La Guilde des Marchand se présente de l’extérieur Guilde. Un Vesseri ne dirige que quelques centaines
comme une corporation de guildes marchandes et d’hommes au mieux, sauf pour certains comptoirs
de corporations de métiers et d’artisans. C’est d’ail- qui accueillent de véritables légions, très bien équi-
leurs à quoi ressemble son organigramme : la Guilde pées et organisées, bien que de taille réduite (en gé-
des Marchands a des parts dans presque tous les néral, pas plus de 1 000 à 1 500 hommes).
comptoirs commerciaux et toutes les corporations
et guildes locales des cités-États, sauf si les lois
Les Messagers et le courrier
locales l’en empêchent – et encore, il n’est pas dit
que cela l’arrête, elle finance alors cela de manière Le système de transmission des directives est pyrami-
occulte. La Guilde des Marchands fait de même avec dal au sein de la Guilde, mais peut très bien en cas
les écoles, chantiers navals et universités dès qu’elle de nécessité sauter une hiérarchie. Le but est que l’in-
le peut. Dans les faits, elle a un monopole sur ces formation circule vite, ainsi presque tous les navires
structures de l’Athémaïs à tout le sud de l’Étéocle en de la Guilde ou affiliés à elle portent forcément, en
passant par Terancha et des Cités-Unies. Ses comp- plus de leur cargaison, du courrier et des messagers.
toirs sont partout ; il y en a même un à Anqimenès, L’ordre des Messagers de la Guilde est d’ailleurs une
bien que modeste. institution en soi.
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Ref. 14778
LA GUILDE DES MARCHANDS
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
la rigueur intervenir en cas de vendetta trop grave son organe exécutif. Mais il est aussi l’instance diri-
entre Maîtres-marchands. Mais rien dans les statuts geante suprême de la Guilde. Son rôle est cependant
officiels de la Guilde ne concerne la morale ou les assez limité ; il faut le considérer simplement comme
crimes humains de quelque sorte. Officiellement, ces l’organe qui valide et oriente la politique et les initia-
choses regardent les cités-États et les pouvoirs lo- tives commerciales les plus importantes de la Guilde
caux. Bien sûr, c’est un secret de polichinelle que des Marchands, sans oublier que celle-ci fonctionne
l’influence de la Guilde est telle qu’elle inspire, voire toujours de manière autonome : chaque comptoir gère
impose un progressisme des idées et des considéra- ses affaires un peu comme il veut tant qu’il respecte
tions socioculturelles à l’encontre de l’Église. Mais la les lois et principes de la Guilde des Marchands. Et
Guilde des Marchands a la prudence de n’en faire de temps en temps, l’un d’eux se fait taper sur les
aucune loi ni aucun principe, ce qui la rend difficile doigts par le Conseil parce qu’un Pair aura noté un
à mettre en cause. peu trop d’aises prises — ou d’argent perdu.
et politique à l’ensemble du Conseil pour améliorer villes où sont établis les comptoirs de la Guilde. Leur
l’étendue et l’influence de la Guilde des Marchands. titre n’est pas immuable. S’il est intimement lié à
Beaucoup de rumeurs murmurent que ce sont les l’hérédité, puisque sont privilégiées les familles des
Aînés qui ont mené la Guilde à prendre un tel pou- fondateurs et des premiers dirigeants de la Guilde,
voir partout, non pas pour assurer son rôle écono- il dépend avant tout de la fortune de la famille du
mique et commercial, mais bel et bien pour répandre concerné. En clair, c’est le plus riche qui gagne. Le
l’hérésie de ses idées subversives et progressistes. plus pauvre des Maîtres-marchands en titre doit
Les Aînés seraient ainsi, avec l’aide de services pouvoir prouver qu’il dispose de plus ou moins un
d’espionnage et des polices spéciales, comparable million d’andris en fortune et biens propres. Selon
aux Séraphins d’Armanth chargés de protéger l’Ele- les cités ou régions, cette somme peut être multipliée
gio : responsables de bien des révolutions, émeutes, par dix ou vingt, comme à Armanth.
soulèvements et désordre civil quand cela servait
leurs objectifs. D’aucuns prétendent qu’ils auraient Ainsi, une concurrence féroce agite les plus grandes
même pu faire assassiner un Prophète par le passé. fortunes n’ayant pas encore accès à ce titre, mais
Quant à la vraie nature des Aînés, les rumeurs sont aussi les plus fragiles financièrement. Entre les
si nombreuses et folles à ce sujet que l’on pourrait Maîtres-marchands et les candidats au titre, tous les
en remplir des volumes entiers. coups sont permis, ce qui engendre des vendettas
qui ont parfois tourné en véritables guerres civiles.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
Priscius révisait enfin son point de vue, après avoir eu la sévère et fort désagréable sensation qu’on venait
de le prendre pour le dernier des imbéciles.
C’était quelques jours plus tôt, dans la brume marine et moite du matin, chargée d’effluves humains et enva-
hie de cris, qu’il avait suivi Batsu sur le Marché aux Cages d’Armanth. La capitale de la Guilde des Marchands,
organisation répandue sur toutes les Mers de la Séparation, si puissante qu’elle s’était littéralement payé sa propre
cité-État, était parmi toutes les villes lossyannes une perle de progrès et de liberté ; une ville aux mœurs si modernes
que nulle citoyenne n’avait, sauf suite à un procès pour crime grave, à craindre d’être un jour asservie et marqué
d’un linci. Rares étaient les savants et intellectuels à y redouter l’inquisition des Ordinatorii du Concile, dont la
présence, imposée et inévitable, n’était guère plus que représentative et consultative ; mais Armanth était aussi la
plaque tournante majeure du commerce d’esclaves dans toutes les Mers de la Séparation. Il en venait de tous les
coins des terres connus : parqués puis revendus ; dressés, matés et brisés, éduqués cruellement et sans pitié ; les plus
grandes maisons marchandes y avaient leurs plus prestigieux Jardins des Esclaves d’où sortaient des marchandises
de prix rompues par la force à tous les arts visant à plaire et distraire ; au destin d’animaux chargés de servir et
donner plaisir et prestige à leurs propriétaires.
Armanth avait été fondée trois siècles plus tôt. D’abord simple village de pécheurs abritant des réfugiés fuyant
les guerres de l’Étéocle et les persécutions de l’Église au nord, la ville avait grandi tant bien que mal sur des îlots
de sable perdus dans une lagune marécageuse en ne pouvant compter que sur le commerce, accueillant toujours
plus de réfugiés fuyant les légions d’Ordinatorii et leurs exactions ; Cités-Unies, Hemlaris, Terancha, le Ginnon,
les Plaines d’Étéocle, il en était venu de partout rebâtir leur vie dans la baie de l’Argas, parfois depuis le plus
lointain nord des Mares Saeparent. Libres penseurs, intellectuels, savants, apostats ou simplement pauvres hères
qui avaient eu le malheur d’être sur le chemin de légions en marche, ils n’avaient eu d’autre choix que de tenter
de trouver un navire et de traverser la mer pour rejoindre Armanth. Cette traversée, difficile, était aussi la meil-
leure protection de la cité-État. Les légions de l’Église du Concile, sous l’étendard de l’Hégémonie d’Anqimenès,
s’étaient concentrées sur leur croisade contre l’empire oriental de l’Hemlaris dans une guerre qui avait embrasé
tout le monde connu en oubliant finalement cette cité de réfugiés lointaine et sans intérêt d’un coin de l’Athé-
maïs. Quand Anqimenès s’était enfin réveillée pour constater qu’elle avait une nouvelle concurrente en taille, en
puissance et en influence politique, la puissante Guilde des Marchands en avait déjà fait sa capitale ; et Armanth
dépassait un million d’habitants.
Une seule fois, trente ans plus tôt, l’Hégémonie avait tenté une action militaire sous l’ordre de l’Église contre
la cité de la Guilde des Marchands. La croisade, hâtive et mal préparée, s’était soldée par un désastre. Alertée
bien à l’avance par ses réseaux de l’arrivée d’une armada désorganisée — rien n’est plus efficace que le commerce
comme soutien à l’espionnage et la Guilde des Marchands en abuse — Armanth avait loué les services de toutes
les flottes voisines des îles des Mers de la Séparation, pirates de l’Imareth compris. Aucun galion de l’Église ne
toucha les côtes de l’Athémaïs. Presque par jeu, Armanth renvoya les Ordinatorii survivants sans demander aucune
rançon. Mais, sauf pour quelques prêtres et officiels qui furent épargnés, pas avant qu’ils aient tous enduré cinq
ans d’emprisonnement et de travaux forcés.
Armanth est désormais considérée comme la lumière de la civilisation moderne selon le point de vue d’une
bonne partie des Mers de la Séparation : on y trouve plus que partout ailleurs des collèges et des universités
réputées, où tous peuvent suivre les cours et les débats de quelques-uns des plus grands esprits du monde.
Plus étonnant encore, des femmes y enseignent elles-mêmes les sciences et les lettres. Elles peuvent d’ailleurs
y divorcer, travailler, commercer, gérer leurs biens et circuler librement sans l’obligation d’avoir l’assentiment
exprès d’un membre masculin de leur famille. Il est même arrivé, au grand plaisir du Conseil des Pairs, instance
du pouvoir exécutif de la ville et cœur dirigeant de la Guilde des Marchands, que des princesses de l’aristocratie
d’autres cités, bien plus pointilleuses sur les préceptes des Dogmes du Concile, viennent y trouver refuge et
demander asile aux autorités de la ville.
En quatre siècles, l’influence d’Armanth avait fini par essaimer sur nombre de cités-États voisines, commer-
çant avec elle autour des Mers de la Séparation. On la considérait aussi bien comme la cité des vices et des
mœurs dissolues que comme le havre de la science et de la culture, le refuge des penseurs et des génies ; mais
tout aussi bien portait-elle, comme si elle avait souhaité contredire sa réputation, le prestige douteux d’être
aussi la cité des marchands d’esclaves.
La réalité est finalement fort simple : après le loss-métal, le minerai qui permet de fabriquer les dynamos,
les armes à impulsion et les moteurs à lévitation, le second bien le plus recherché et convoité dans tout Loss
n’est pas l’or : ce sont les femmes. La fortune de la ville est en partie bâtie sur les esclaves de son Marché aux
Cages et sur l’immense trafic maritime et terrestre qu’il génère. L’ironie de la chose ne peut manquer de frapper :
Armanth la décadente, ville de culture, de liberté et de progrès, aux femmes honorées, respectées et reconnues,
le reste en partie grâce à l’asservissement de milliers d’esclaves.
— Tu vas voir, je te fais un cadeau !
Priscius fixa, dubitatif, son collègue et débiteur. Batsu arborait à cet instant son pénible et éternel sourire de
vendeur de tapis en quête de benêts à rouler. L’esclavagiste de luxe avait un doute sur le cadeau et il n’était pas un
benêt, lui. C’était un homme dans la force de l’âge qui affichait la taille, la carrure et l’embonpoint d’un Nordique
massif aux allures hégémoniennes, le visage rond mangé par une barbe qui hésitait entre le blond et le poivre et
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LA GUILDE DES MARCHANDS
sel. Ses affaires avaient prospéré un temps, et il était vêtu à la hauteur de sa richesse et de ses prétentions : une
chemise ouverte et ample de til fin, une sorte de coton commun dans le Sud et un veston ouvert aux couleurs
chaudes et chamarrées, rehaussés de boutons d’argent, sur un pantalon ample, brun feu, orné de pièces de cuir
ouvragé. Pour parachever son rang, un manteau de lourde soie d’un bleu voyant reposait sur son épaule. Que le
tout lui tienne plutôt chaud sous la chaleur pesante du Marché aux Cages lui importait bien moins que d’afficher
sa fortune et sa renommée clairement, surtout en ce moment où sa réputation souffrait de vilains accrocs.
Batsu lui devait une esclave des plaisirs ; cela durait d’ailleurs depuis un moment et Priscius se doutait
bien que ce cadeau ne pourrait pas avoir suffisamment de valeur pour rembourser la dette de son confrère.
Le maître-esclavagiste avait assez perdu de réputation ces derniers temps pour savoir que désormais des mar-
chands comme lui ne verraient aucune gêne à tenter de le tromper. Il avait cumulé les mauvais investissements
commerciaux — il aurait admis de mauvais gré que c’était un peu de sa faute — et sa dernière cargaison avait
fini piétinée par un troupeau de longilas après un orage qui avait mis deux navires lévitant à terre. Le rembour-
sement des investisseurs avait failli le ruiner et il n’avait pas arrangé les choses en usant de toutes les arguties
juridiques possibles pour retarder le versement de ses échéances. Cela lui avait coûté aussi cher en renommée et
en crédit que la fortune qu’il avait encore à devoir débourser, mais il n’était pas homme à laisser les cieux jouer
avec son destin sans lutter contre, lui ; il lui fallait simplement garder la face. Une réputation, cela se reforge.
Le hall d’accueil de l’assemblée du Conseil des Pairs grouillait de monde en cette fin de séance publique.
L’exubérance des toilettes des participants, marchands et notables, donnait l’impression d’assister à un concours
d’apparat dont le but était, du dernier des plus insignifiants secrétaires au plus fastueux des Maîtres-marchands,
d’étaler sa fortune et son rang de toutes les manières possibles ; y compris les plus vulgaires ou ridicules dans l’excès.
Dans la chaleur de l’après-midi et malgré la fraîcheur de l’immense salle à colonnades étudiée pour sa
climatisation, cet étalage de tenues, toutes plus chamarrées et luxueuses les unes que les autres, créait une
atmosphère étouffante ; à dire vrai, les hommes et femmes les plus richement parés des lieux devaient cuire
sous leurs amoncellements de mantels brocardés, de chemises lacées, de pourpoints chamarrés, de toges or-
nementées et de tuniques brodées.
Jawaad avait fait, quant à lui, ce qu’on pourrait admettre être un effort. Il portait une large chemise de lin
blanc assez commune mais de coupe raffinée, et un gilet de cuir chamoisé, d’un noir bleuté, aux épaules ornées
de fins galons dorés, qu’il avait rehaussé de la broche ouvragée et sertie frappée de l’écusson des Maîtres-
marchands, à la forme d’un navire sous les étoiles. Mais là s’arrêtait sa bonne volonté vestimentaire. Un kilt
à lanières de cuir noir un peu passé et limé par-dessus un simple pantalon et une paire de bottes vaguement
cirées constituait le reste de ses atours. Dans la foule du hall où s’attardaient les groupes discutant et com-
mentant les derniers débats du Conseil des Pairs, il détonait donc fortement. Sa toilette sobre et négligée, face
aux abondances des costumes et uniformes locaux, tenait lieu de pied de nez évident aux conventions et à ses
confrères qui engloutissaient des fortunes colossales pour rivaliser de luxe.
L’arrivée de Jawaad, même vêtu comme un manant, ne passa pourtant clairement pas inaperçue.
D’une part, car il était très connu. Armanth comptait moins d’une centaine de Maîtres-marchands en titre,
dirigeants de la Guilde des Marchands qui avait fait de la cité-État l’immense ville et puissance économique
qu’elle était. Jawaad était l’un d’entre eux, et célèbre à bien des titres ; à commencer par son âge respectable. Il
était Maître-marchand depuis toujours et avait selon les rumeurs largement plus d’un siècle et demi, malgré les
apparences ; s’il n’était pas le seul à avoir un ambrose comme symbiote, ceux-ci, justement, sont connus pour
permettre de passer plus d’un siècle et demi sans vieillir ; ce détail peu commun intriguait tout de même. Il
était célibataire, sans parent et sans héritier ; un trait encore une fois peu commun et carrément saugrenu pour
tout Lossyan. Mais surtout, il était célèbre pour avoir refusé son entrée au Conseil des Pairs, alors qu’il y avait
été élu, quand les trois quarts de la bourgeoisie marchande la plus riche ne pouvaient que rêver vainement y
siéger un jour.
Ensuite, sa venue étonnait parce que tout le monde savait que jamais Jawaad ne montait au palais du Conseil
des Pairs. En fait, sauf s’il y était contraint — et encore fallait-il parvenir à l’y forcer — jamais le maître-mar-
chand ne se rendait à la terrasse du palais de l’Elegio, qui formait le cœur politique d’Armanth. Il fuyait la poli-
tique et détestait avoir à se mêler de ce genre de vanités et de préoccupations ; ce qui ne l’empêchait pas d’avoir
nombre d’alliés et débiteurs dans les couloirs de ces palais, chargés d’être ses yeux, ses oreilles et ses mains.
Enfin, accompagné de son escorte habituelle, elle aussi assez célèbre, cette fois composée non seulement d’Abba
et Damas mais aussi de sa comptable, Alterma, ce qui était plus rare, il portait dans ses mains un paquet-cadeau.
Ce qui était sans doute le plus incongru quand on le connaissait. La boîte, doublée de soie satinée et élégamment
fermée d’un nœud ornementé retenu d’une petite fibule d’argent, le tout dans des tons pastel, était de toute évi-
dence un présent. Or, si le taciturne et désagréable Maître-marchand avait une réputation, c’était bien celle de
ne jamais rien offrir à personne.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
— Alors c’est toi dont Janus vante les qualités en insistant pour que je te recrute ?
Il se nommait Ezio Le Palagio, c’est ce qu’Elena avait appris de la bouche de Janus, parmi d’autres choses.
Mais il ne ressemblait pas vraiment à l’image mentale qu’elle s’en était faite. Décrit par le voleur comme un fin
calculateur dénué de scrupules qui s’était hissé au premier rang de la Cour des Ombres par un mélange savant
d’alliances, d’obligés et de massacres de ses rivaux, elle avait imaginé une sorte de gros pirate barbe-noir aux
petits yeux féroces. Ce qu’il n’était pas vraiment. Le seul point commun était peut-être qu’il semblait aussi âgé
qu’elle l’avait imaginé.
L’homme, flanqué de deux molosses étrangement calmes, et entouré de ses hommes de main tous plus
sinistres les uns que les autres, avait dépassé la quarantaine. Élancé, voire mince, il devait dépasser d’une tête
Elena, et portait les cheveux mi-longs, noirs et bouclés, mêlés de mèches poivre et sel. Vêtu d’une tunique ample
aux manches bouffantes de cuir richement brodé sur une chemise écrue, et portant par-dessus des chausses une
sorte de jupe évoquant quelque kilt composé de pans de cuir, il semblait aussi sec que son visage au teint mat
et taillé à la serpe au bouc soigné pouvait le confirmer. Son regard d’un bleu pâle toisait la terrienne comme
s’il voulait en estimer le prix à la revente.
— Je vais te dire ce que tu vaux, fille. Un bon prix pour une esclave rousse, voilà à mes yeux tout ce que
tu as de valeur ; de quoi remplir mes coffres d’or, voire même de loss ! Pourquoi est-ce que je me priverais d’un
magot facile en t’accueillant comme un membre de la Cour des Ombres ?
HISTOIRE EN RÉSUMÉ
L’origine du nom « la Cour des Ombres » est incon-
nue, mais ses princes font remonter sa naissance et
son titre aux premières années de la naissance du
Concile Divin. Un prince de l’Étéocle, souvent nom-
mé Aurus, aurait été déchu de son rang et exilé,
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LA COURS DES OMBRES
quelques reliques censées lui avoir appartenu cir- les abus et comportements nocifs de ceux des siens
culent comme autant de trésors sacrés dans les Cours qui iraient trop loin, ou encore de criminels qui ne
des Ombres. Ainsi, l’héritage d’Aurus revêt un ca- seraient pas membres de la Cour.
ractère sacré, et les Cours des Ombres prétendront
toujours qu’elles sont un espace de préservation de
la liberté et un refuge pour les opprimés, un rôle
qu’elles jouent toujours selon les régions.
ACTIVITÉS
Tout ce qui est illégal dans une cité est forcément
le sujet de l’intérêt et des activités de la Cour des
FONCTIONNEMENT ET STRUCTURE Ombres. La plupart du temps, les cœurs de son
business sont le racket, les pots-de-vin, le vol à la
Dans tous les milieux du crime, la Cour des Ombres tire, les cambriolages et la prostitution. Mais rien
a l’influence d’une sorte d’arbitre musclé qu’il est ne rapporte autant que le trafic d’artefacts, d’épices
préférable de ne pas se mettre à dos. Tout ce qui interdites et de drogues, ou d’autres denrées régle-
concerne les trafics et commerces illégaux passe mentées ou prohibées (y compris le loss-métal). La
par la Cour des Ombres et son réseau. Malgré une fausse-monnaie, la falsification, l’espionnage et le
organisation flottante et opaque, certains diraient trafic de secrets industriels sont d’autres secteurs
à raison chaotique, la Cour des Ombres a toujours importants, bien que demandant des spécialistes de
un poids non négligeable sur les pouvoirs en place haut niveau.
dans une cité, qu’ils soient politiques ou commer-
ciaux. Cette influence est assurée à grands coups La Cour des Ombres ne s’occupe pas de piraterie
de pots-de-vin, de chantages et d’informations com- et si elle pratique l’enlèvement, le trafic d’esclaves
promettantes, mais il y a des cités-États où existe y est mal vu et considéré comme contraire à l’héri-
véritablement un arrangement informel entre les tage d’Aurus. Cela n’empêche pas certains Princes
autorités et la Cour des Ombres. Après tout, mieux et leur cour de s’y adonner allègrement et de kid-
vaut savoir que les criminels doivent obéir à des lois napper de jolies filles ici pour aller les revendre à
et en répondre devant leurs pairs, que de les laisser des esclavagistes plus loin. Mais les Princes d’autres
dans la nature sans savoir où et comment les trouver. Cours traiteront ces trafiquants humains sans hon-
neur, voire comme s’ils n’étaient pas de la Cour
Chaque Cour des Ombres est dirigée par un Haut- des Ombres.
prince et dans les plus grandes cités, par plusieurs
Princes vassaux (le même terme est indifféremment Contrairement à une rumeur répandue, l’assassinat
employé pour hommes et femmes). Chacun se trouve n’est pas un des services courants que l’on peut de-
alors à la tête d’un quartier ou d’une portion de la ville, mander dans une Cour des Ombres et si certains en
selon la manière dont les criminels se la sont partagée. sont capables, ces transactions ne se font jamais au
sein de la Cour qui considère que cela ne la regarde
Les Princes règnent sur une cour composée de pas, sauf si un de ses membres proposant ce service
Barons, Chevaliers et Écuyers ; tous sont des chefs lui attire des ennuis — et la manière de régler le
de bandes, réseaux et organisations sévissant sur le problème est alors expéditive.
territoire de leur Prince et appliquant ses lois et sa
justice. En cas de litige, les Princes se réunissent et Enfin, les légendaires Sicaires d’Armanth ne font pas
leur décision est soumise à la règle de l’unanimité partie de la Cour des Ombres. Cette dernière les
moins un. Tant que le litige n’est pas réglé, le conflit craint autant que tout le reste de la cité-État.
peut se poursuivre dans les rues. La nomination
d’un Prince est un processus assez complexe, infor-
mel et souvent meurtrier, qui donne la part belle au
plus fort ou rusé. Le Haut-prince le plus influent ou
SECRETS ET LÉGENDE
retors de tous est le juge et l’arbitre final de toute La Cour des Ombres est une sorte un secret de poli-
réunion et peut trancher par décret si le conseil chinelle autant qu’une organisation particulièrement
des Princes ne parvient pas au consensus. Le Haut- discrète. Tout le monde sait qu’elle existe, mais per-
prince a théoriquement droit de vie et de mort sur sonne ne sait vraiment ce qu’elle est ni comment
toutes les cours, mais dans les faits, peu ont la folie rencontrer ses membres. Le culte du secret y est
d’en abuser. important, et ce dernier est souvent assuré par des
pots-de-vin et du chantage auprès des autorités offi-
Le but premier de la Cour des Ombres est d’assurer cielles afin qu’elles ferment les yeux sur les activités
la protection et la tranquillité de ses membres sou- en interne de la Cour.
haitant poursuivre leurs activités et prospérer libre-
ment. Elle arbitre les conflits entre bandes, gère la La plupart du temps, la Cour des Ombres est instal-
répartition des territoires pour ces organisations et lée dans des caves, catacombes et autres lieux diffi-
protège ses membres des poursuites judiciaires. Mais ciles d’accès et souterrains. Mais elle peut aussi se
elle assure aussi sa propre justice en interne contre tenir au sein du quartier le plus pauvre et mal famé
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LA COURS DES OMBRES
de sa cité-État et avoir une sorte de pignon sur rue la cité, l’application des lois de la Cour des Ombres
pour qui sait repérer les signes et codes qu’emploient et les activités sur les cités voisines qui en dépendent,
la Cour des Ombres pour se signaler. Ceux-ci dif- il n’y a à Armanth qu’un seul et unique Prince omni-
fèrent dans chaque ville et seuls des experts peuvent potent et des Barons qui lui doivent allégeance. Dans
les reconnaître d’une cité à une autre. les faits, cela ne change pas grand-chose à la manière
dont se structure l’organisation dans son ensemble.
Mais pour les plus puissants de ses dirigeants, la dif-
SIGNES DISTINCTIFS férence est de taille : le Prince peut appliquer sa loi à
son bon désir, y compris retirer son titre à un Baron
Les membres en titre de la Cour des Ombres ar- sans avoir à obtenir l’assentiment d’autres Princes.
borent tous un signe reconnaissable par leurs pairs, Ezio est en quelque sorte un monarque absolu ré-
mais savamment dissimulé. Le plus souvent, il s’agira gnant sur le monde criminel d’Armanth. Et il est bien
d’un tatouage plutôt que d’un bijou, parfois d’un type décidé à le rester pour longtemps.
particulier de symbiote graeti. Il n’y a pas de motif
universel, mais chaque Cour des Ombres a son signe Ezio cache avec efficacité son histoire, dont il ré-
distinctif. À Armanth par exemple, celui-ci est un invente les détails chaque fois qu’il la raconte en
petit X surmonté d’un point, tatoué sous la clavicule, produisant ici et là des témoins tous plus ou moins
à l’aine ou sur la nuque. crédibles pour achever de rendre le fil de son récit
flou et difficile à vérifier. Il semble attesté qu’il est
issu d’une famille pauvre en lien avec le milieu du
LE PRINCE D’ARMANTH crime organisé et qu’il a suivi une carrière militaire
quand il était jeune — dans les Elegiatorii, selon
Ezio Le Palagio est l’unique Prince de la Cour des certains. Il aurait connu l’actuel Elegio d’Armanth
Ombres d’Armanth, qui règne donc en maître sur les et certains parmi les proches du Prince confirment
organisations criminelles de la ville. Avant son ascen- d’ailleurs qu’ils se connaissent bien et sont, sinon des
sion deux décennies auparavant, Armanth comptait amis, du moins des alliés réels. Une rumeur tenace
cinq Princes qui se partageaient la cité-État, non sans colporte qu’entre le Prince et le chef de l’exécutif en
de houleuses dissensions. On prétend qu’Ezio les a place à Armanth existerait un pacte qui aurait encore
tous assassinés, les uns après les autres, avec leurs cours, vingt ans après. Ezio aurait reçu de l’aide pour
principaux lieutenants, dans une accession au pou- accéder à sa position, en échange de quoi il aurait
voir fulgurante et sanglante. agi pour endiguer les violences meurtrières des luttes
entre les Princes de la Cour des Ombres d’Armanth
Ezio a dépassé les cinquante ans, mais n’en parait et aidé les autorités à démanteler certains réseaux
que quarante. Sa prise de pouvoir lui a permis de se criminels. Cela aurait permis à l’Elegio d’assurer son
payer un Ambrose, un symbiote de longévité. C’est élection et la légitimité de son emprise sur l’exécutif
un homme grand et sec, aux cheveux mi-longs bou- de la ville.
clés, avec des mèches poivre et sel. D’origine pure-
ment athémaïs, il a le teint mat, les traits taillés à la Assis depuis vingt ans sur un trône qu’il conserve à
serpe et porte un bouc soigné. Il a les yeux bleus, grand renfort de fins calculs, de subtilité et d’absence
un attribut peu commun pour son ethnie. Malgré notoire de scrupules, usant d’alliances et de cadeaux
la fortune et le luxe dont le Prince peut disposer, autant que de chantages et d’assassinats pour conser-
Ezio affectionne étrangement les vêtements simples, ver le contrôle, Ezio ne cache pas qu’il s’agit là de
confortables et pratiques, même s’il n’hésite pas à y sa seule ambition. Mais il n’est pas dupe et sait que
mettre le prix. celui-ci s’effondrera aux premiers signes de faiblesse,
aussi prépare-t-il avec patience et attention sa suc-
Le Prince de la Cour des Ombres d’Armanth est cession. Il compte bien recréer après lui la règle du
avant tout connu par son titre. Peu de gens, hors Haut-prince et des princes d’une Cour des Ombres
du milieu, auraient une chance de le reconnaître unie. Mais il ne se fait aucune illusion : ce plan est
en le croisant. Ce qui arrange bien Ezio, qui peut particulièrement ardu et risqué. Il ne faudrait pas
ainsi régulièrement profiter de sa richesse sans avoir longtemps pour que réapparaissent les guerres de
à faire d’effort particulier pour se cacher. Il reste gangs et les assassinats en masse pour la lutte de
néanmoins prudent : il a une quantité d’ennemis. Les pouvoir. Et même si seuls ses plus proches lieutenants
Princes des petites cités voisines dont il régule par la le savent, le fait est qu’Ezio doit une grande partie
force les activités quand elles concernent Armanth, de son pouvoir à son pacte, toujours respecté malgré
mais aussi certains de ses propres Barons, à qui il quelques troubles avec l’Elegio. Les forces de police
interdit le titre et les privilèges de Prince dans la d’Armanth n’auraient aucune chance d’arrêter effi-
Cour des Ombres. cacement une nouvelle guerre des gangs, mais Ezio
ne se raconte pas d’histoire : l’Elegio enverrait sans
Car Armanth est un cas à part, dans l’organisation aucune hésitation ses Séraphins pour le tuer, lui et
criminelle des Cités-États. Au lieu d’avoir un Haut- sa famille, par simples représailles, si jamais le pacte
prince et des Princes qui se partagent les quartiers de venait à être trahi.
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
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LES FEMMES D’ÉPÉE
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CHAPITRE 2 : PEUPLES ET CIVILISATIONS
au système patriarcal des Lossyans et parvenir à reconnue comme une des plus grandes artistes de
être reconnues Femmes d’épées. Cela ne va pas sans la cité et les plus riches mécènes d’Armanth la de-
drames parfois mortels, ni sans ruptures familiales mandent. Mais elle est aussi réputée pour son éru-
et ce n’est jamais une décision qui se déroule sans dition, son caractère impétueux, frondeur et indé-
heurts ou dégâts. pendant, son aptitude à se sortir des pires situations
par ses talents oratoires et juridiques et ses frasques
Une solution est souvent de demander l’appui et sentimentales — y compris lesbiennes.
la protection d’une autre Femme d’épée. Mais ces
dernières ne seront jamais tendres avec qui veut le
Lin Sha, la Grande Marchande
devenir, et une jeune fille tentant de gagner ainsi sa
liberté sera traitée sans aucune pitié. Néanmoins, Lin Sha, née dans la plus grande pauvreté et vendue
ce principe de mentorat est courant, et il existe enfant, était destinée à finir sa vie concubine d’un
des troupes et des équipages majoritairement fémi- puissant marchand de l’Hemlaris, au statut à peine
nins, constitués de Femmes d’épées qui se serrent supérieur à celui d’esclave. On raconte beaucoup de
les coudes. légendes sur la manière dont elle a gagné son in-
dépendance, mais une chose est certaine : c’est un
mélange de chance, d’intelligence et d’une immense
FEMMES D’ÉPÉES CONNUES force de caractère, qui lui a permis de survivre à tous
ces drames et de devenir Maîtresse-marchande, un
cas rare au sein de l’Empire. Âgée de près de cent
Erzebeth, capitaine du Défiant ans, Lin Sha règne désormais sur un réseau com-
mercial étendu depuis Hongua jusqu’aux Cités-Unies.
Originaire de l’archipel des Teranchens et œuvrant Elle a vécu deux guerres, survécu à une douzaine
à Mélisaren, dans l’Étéocle, Erzebeth est une ca- d’assassinats et à plusieurs vendettas commerciales,
pitaine-corsaire célèbre pour ses exploits guerriers et est réputée aussi impitoyable qu’opiniâtre. Malgré
et pour son puissant galion lévitant, le Défiant. des scrupules très relatifs quant à ses affaires, mal-
Erzebeth est réputée de l’Étéocle à l’Athémaïs et très heur à qui s’en prend aux femmes qui travaillent
crainte des pirates qui sillonnent les alentours de pour elle !
l’Imareth. Son équipage est sûrement aussi célèbre
qu’elle : il n’est presque exclusivement constitué que
Munsharia au bras d’acier
de femmes recrutées parmi les volontaires qui ne
manquent pas sur les ports. Disciplinées, d’une fidé- Munsharia est la plus célèbre chef de clan des
lité à toute épreuve, elles voient dans cet enrôlement Marches de Gennema. Son clan, surnommé les Bras-
une échappatoire à des époux, des parents ou une Forts, est en quelque sorte le gardien de l’accès aux
famille tyrannique. On y compte même quelques cri- pâturages des marais du sud, où vivent les derniers
minelles ayant commis un meurtre pour se défendre kaerins sauvages. Et si cette femme est si célèbre, ce
de la violence masculine. n’est pas pour son origine plutôt modeste et sans
histoire, mais ses confrontations avec des hommes,
qu’ils soient de son clan ou des voisins, où elle s’est
Imastis l’Éclairée
montrée systématiquement plus rusée, diplomate,
Véritable célébrité à Armanth, Imastis est à tout belliqueuse et guerrière qu’eux. Fait rare, elle monte
point de vue un génie. Originaire d’une famille tra- elle-même un kaerin, un grand mâle reproducteur
ditionaliste de la petite noblesse aristocratique de connu sous le nom de Tempête du Nord. Veuve de
la ville, elle a fui, puis dénoncé un mariage forcé, l’ancien chef du clan, mort lors d’une chasse, et mère
en assurant elle-même sa défense après avoir appris de deux fils, elle s’est entourée de conseillères avisées,
les subtilités juridiques d’Armanth en autodidacte, imposant ses vues modernes et pour tout dire assez
faisant la démonstration d’un sens de la rhétorique innovantes à tout son clan. Même si certains hommes
presque surhumain. Mais elle ne s’est pas arrêtée à ont tenté de l’évincer, Munsharia âgée de près d’un
ce talent et, une fois obtenu gain de cause et nantie siècle, mène toujours les Bras Forts. Elle n’a eu de
d’un généreux dédommagement, elle s’est intéressée cesse d’enrichir et d’agrandir son clan. La plupart des
aux sciences, aux arts et aux techniques, toujours femmes gennemons la voient comme un exemple de
toute seule, se passionnant avant tout pour la sculp- courage et de détermination.
ture et la peinture de fresques. Elle est désormais
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CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
CHAPITRE 3
SCIENCES ET GÉNIES
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LES GÉNIES DE LOSS
chef-d’œuvre reconnu par ses pairs, il est considéré d’idées révolutionnaires dans les domaines scienti-
à son tour comme maître et peut avoir des élèves. fiques et techniques. Or de telles transmissions, bien
que pouvant se produire, n’ont rien d’évidentes.
Les génies dans la société
Les Terriens Perdus sur Loss n’ont guère le beau rôle.
Comme on s’en doute, les génies sont très recher- Dans leur immense majorité, ceux que l’on trouve
chés, d’autant qu’une grande partie de l’industrie sont de jeunes femmes citadines apparaissant près
lossyanne dépend de leurs savoirs. Il existe des artisans de centres urbains, et les Lossyans ont tôt fait de les
ingénieurs et mécaniciens spécialisés qui leur font asservir. Leur statut, leur condition et les barrières
concurrence, surtout dans le domaine naval et mili- linguistiques n’aident pas tellement à l’échange de
taire, mais ceux-ci sont cantonnés à une seule tech- connaissances.
nique, le plus souvent apprise sans aucune formation
académique. Par exemple, les opticiens et micromé- Dans la plus grande majorité des cas, ce que savent ces
caniciens sont très rares. Ce sont le plus souvent des Terriens se perd un peu devant leur principale préoc-
génies, capables donc aussi bien de faire de l’hor- cupation : s’adapter et survivre à un univers étranger,
logerie que de tracer des plans de fortifications, ou hostile et dangereux. Sans compter que l’Église in-
de peindre un plafond ornementé. Les confréries où siste sur le danger de ces connaissances étrangères et
se regroupent les génies — souvent dépendantes de contraires aux Dogmes du Concile et que, la plupart
grandes guildes marchandes — protègent sévèrement des terriens étant esclaves, on ne prête guère crédit à
ces professions et leurs membres. Il arrive même qu’il leurs propos. Pourtant certains Terriens parviennent
soit interdit à tout type de génie d’exercer sa pro- à se sortir plutôt bien de cette situation peu enviable.
fession sans être membre de la confrérie locale. Le
mécénat de la part de grandes fortunes laïques, reli- Ainsi, même si ces apports sont rares, ils existent.
gieuses ou aristocratiques y est fréquent. Il y a des sociétés secrètes et des organisations qui
compilent du mieux possible le savoir des Terriens
Et bien sûr, les génies sont rémunérés fort cher. Les Perdus. La chimie moderne comme le tableau pério-
plus célèbres d’entre eux sont courtisés par tous dique des éléments font partie des savoirs méconnus
les moyens possibles, quitte à leur offrir en plus de que certains tentent de rassembler, le plus souvent
l’or des avantages en nature parfois extravagants. de manière cachée afin d’éviter d’attirer l’oreille de
Certains mécènes pourraient parfaitement imaginer l’inquisition de l’Église.
payer leur poids en or pour débaucher le plus grand
génie du moment. Et d’autres envisagent sans hésiter La plus connue des innovations issues des Terriens
de l’enlever. C’est ainsi que par exemple, à Armanth, Perdus, après la chirurgie et les principes de l’hy-
des règlements civils de la Guilde des Marchands giène médicale, est incontestablement le travail du
encadrent les salaires et cadeaux que l’on peut offrir à titane. Le raffinage du titane est un procédé physi-
un génie, afin de limiter au plus possible la « fuite des co-chimique d’une rare complexité, quasi impossible
cerveaux ». Dans quelques cas, les plus prestigieux à réussir sans de solides connaissances en électri-
d’entre eux n’ont pas le droit de quitter la cité-État et cité et en chimie poussée, et clairement d’origine
son territoire sous peine d’être accusés de trahison ! Terrienne.
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CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
Par contre, en ingénierie civile et dans les mines, la (treize rien que sur l’hémisphère nord). Cela ne rend
poudre noire est souvent employée, un marché qui pas les choses faciles. Tout ce qui est électronique
fait la joie des négociants de l’Église. La plupart des grille très vite. Et l’emploi d’ondes radio et autres
ingénieurs artificiers en étaient autrefois membres, systèmes à distance fonctionnant sur les ondes élec-
mais ces dernières années, à Armanth comme dans tromagnétiques est très aléatoire. Quant à la trans-
l’Hemlaris, beaucoup de monde a été surpris de voir mission d’ondes par câbles, pour le moment, si cela
apparaître les tout premiers feux d’artifice laïques et existe dans les laboratoires et les projets des génies,
quelques usages civils sur des chantiers, fruit du tra- l’idée même de mettre au point un système de télé-
vail de nouveaux ingénieurs civils qui osent braver la graphe reste hypothétique.
peur et les interdits.
Les dérivés et exploitations des hydrocarbures ne
sont pas non plus à portée des Lossyans. Il n’y a
Ce qui n’existe ou ne fonctionne pas sur Loss
pas de pétrole accessible sur Loss. S’il existe une
Loss n’est pas la Terre, mais les lois physiques dans forme de kérogène hautement inflammable utili-
tous les domaines y sont tout à fait comparables : la sé par les Dragensmanns, le sang-de-feu, il n’y a,
physique fonctionne toujours de la même manière, hors des Neiges-Dragon, pas le moindre lieu où du
partout dans l’univers. pétrole affleure en surface. En trouver des réserves
accessibles serait une gageure, ce qui interdit pour
Il existe cependant deux exceptions de taille : la le moment aux Lossyans l’exploitation du moindre
transmission d’ondes électromagnétiques dans l’air dérivé pétrolifère, carburant et plastique en premier
dans le monde de Loss est particulièrement problé- lieu. Pour faire simple : ils en ignorent l’existence
matique et, comme les champs magnétiques de Loss en tant que telle. Il y a des gisements de charbon
sont très puissants et assez capricieux, l’électronique (houille et anthracite), mais ceux-ci ont des rende-
y est inadaptée au possible. ments assez faibles. Les Lossyans savent en tirer du
coke, des boules de charbon traitées, employées dans
Même si elle en est assez éloignée, Loss est en orbite le chauffage domestique et dans les fourneaux ; c’est
autour d’Ortentia, une géante gazeuse qui génère un d’ailleurs une découverte dragensmann désormais
champ magnétique colossal, provoquant des fluctua- répandue. Mais c’est un produit qui reste assez peu
tions constantes qui affectent toutes les planètes dans commun, largement moins que sur Terre et dont les
son sillage. Celles-ci viennent s’ajouter aux pertur- Lossyans se méfient : mal utilisé, le coke libère en se
bations propres à Loss, dues à la présence de son consumant du monoxyde de carbone et peut tuer
étrange métal et des pôles magnétiques multiples silencieusement toute une maisonnée.
Ref. 14778
TECHNOLOGIES ET MERVEILLES
Lisa y avait pourtant reconnu avec surprise des choses qui lui étaient plutôt familières : un véritable gra-
mophone doté de pièces et d’ornementations dont elle ne saisissait pas la raison d’être et un globe terrestre, ou
plus exactement lossyan, tracé de latitudes et longitudes, mais dont la majeure partie n’était qu’esquissée et qui
portait ici et là la mention en larges lettres « terres inconnues ». Elle avait aussi reconnu un petit poêle à charbon
à air pulsé, doté d’isolants thermiques pour conserver la chaleur, surprenant d’une ingéniosité qui lui paraissait
bien moderne pour cette civilisation à ses yeux arriérée et barbare. Il y avait encore d’autres instruments plus
discrets, posés sur le bureau : des compas, une loupe, une règle à calcul, un porte-mine et ce qui ressemblait à
du vrai papier blanc ou encore un astrolabe. Et bien sûr, il se trouvait une lampe de chevet à ampoule à filament
et dynamo de loss. Dans la plupart des cas, elle aurait été incapable de savoir se servir de tous ces objets dont
les plus modernes avaient au bas mot un siècle de retard sur son propre monde. Il avait même été nécessaire
qu’Azur lui montre comment allumer et éteindre les lanternes à alcool qui éclairaient la cabine la nuit venue.
TECHNOLOGIES ET MERVEILLES
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CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
instruments de musique et même pour des acces- de gisements réellement productifs, dont les deux
soires de mode. principaux sont sur le territoire de l’Hégémonie. Son
extraction est difficile, son raffinage compliqué, son
usinage ardu. Il vaut à poids égal plus cher que l’or et
Le linotorci
n’a que peu d’usages. En premier lieu, on en fait des
Le linotorci est un matériau composite très ancien, armes, les lames ardentes, basées sur une technologie
mais perfectionné au fil des siècles. Il s’agit de complexe qui emploie des dynamos à loss intégrées
couches savamment encollées de lin, de soie ou en- pour faire fortement chauffer le métal. Les lames ar-
core de tussah (soie d’araignée) entre deux épaisseurs dentes brûlent et découpent ainsi tout ce qu’elles
de cuir. Le résultat est une matière légère, souple et touchent avec une redoutable efficacité, mais seules
capable d’encaisser flèches, traits et balles. C’est si les unités d’élite ordinatorii en sont pourvues. On en
efficace qu’il est courant non seulement d’en voir des fait aussi des armes et armures classiques bien que
armures, éventuellement renforcées d’une fine couche leur prix soit prohibitif. Les armures de titane et li-
d’acier et d’émail, mais aussi des boucliers, parfois notorci font partie de l’élite des armures de tout Loss
de très grandes tailles, comme ceux des légionnaires et dans ce domaine, ce sont les artisans de l’Hemlaris
ou des servants d’artillerie de marine. qui sont les plus avancés.
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Ref. 14778
LES TECHNOLOGIES ET MERVEILLES
169
Ref. 14778
CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
assez anciennes mais le système n’a évolué que len- spectateurs. Mais la conception d’un piano est un
tement jusqu’aux dernières décennies, avec les pre- art difficile et l’on ne compte qu’une dizaine d’ate-
mières tentatives de réglage de focale. La longue-vue liers d’artisans et ingénieurs, à Armanth, à savoir les
ou lunette de bord est nettement plus répandue et concevoir. Leur prix est particulièrement élevé et ils
on peut pratiquement l’acheter partout. L’usage de restent peu répandus.
la lunette astronomique n’est pas toujours bien vu de
l’Église qui n’apprécie guère les études sur les astres
La machine à compter
et le mouvement des corps célestes.
Exécuter des calculs complexes est plus important
que mesurer le temps pour les Lossyans. Ce qui dans
Les bésicles
la plupart des cas se résume au boulier, aux règles
Les lunettes permettent de compenser certaines dé- à calcul et au calcul mental. Mais les « machines à
ficiences de la vue. C’est une vieille invention, mais compter » sont apparues, venues de Cymiad : des
qui n’a vraiment commencé à progresser efficace- calculateurs mécaniques, monstres d’engrenages
ment que dans ces dernières décennies pour passer dont il existe nombre de variantes. Les dernières
d’un gadget anecdotique à un outil prisé, recherché sont capables de tabuler leurs résultats, permettant
et répandu. Cela reste tout de même une technique littéralement de tirer des lignes de calcul et de les
complexe qui demande de grandes compétences imprimer sur papier. Toutes d’un prix exorbitant,
d’optique. Les versions les plus simples sont assez elles n’en sont pas moins très recherchées et d’une
courantes, mais les bésicles parfaitement adaptées immense utilité pour les mathématiciens, les ingé-
à la vue d’un client peuvent parfois atteindre des nieurs et les comptables. L’une des plus puissantes
prix astronomiques. machines à compter, la Machine de Jhaabi, appar-
tient au Conseil des Pairs et sert uniquement à cal-
culer et préciser les tables nautiques de la marine
Le microscope
d’Armanth.
Le microscope est une innovation récente et pas en-
cor très performante. Mais l’influence de plusieurs
La seringue
génies et médecins a fait se répandre cette invention
comme une traînée de poudre partout dans le sud de L’usage moderne du béryl et les progrès médicaux
l’Étéocle et dans l’Athémaïs ; les progrès du micros- ont permis de créer des aiguilles, seringues, cathé-
cope sont bien plus rapides que ceux de la lunette ters et autres instruments de perfusion efficaces. Peu
astronomique. Le grossissement est pour le moment de médecins ont cependant aisément accès à ces
suffisant pour parvenir à étudier des amas de cellules instruments. Ils sont plutôt chers, les ingénieurs et
et des échantillons biologiques et il a déjà une utilité artisans capables d’en produire ne peuvent fournir
remarquable dans le domaine de l’étude biologique que des petites quantités, mais cette technique et
et de la médecine. Mais il reste fragile, rare et cher son usage se répandent.
et ne sort pas des laboratoires.
La presse à imprimer
L’horloge mécanique et la montre à gousset
Le papier existe sur Loss depuis longtemps. Sa
La mesure du temps à l’échelle du jour n’est guère composition diffère selon les traditions et les inno-
une chose importante pour les Lossyans. Ce n’est vations, mais il est pratiquement toujours basé sur
pas une société très productiviste, la mesure du l’emploi de chiffons, de pâte de bois et de cotons.
temps n’a d’intérêt que pour certains secteurs limi- L’imprimerie est ancienne dans sa technique la plus
tés, comme le travail en laboratoire ou à bord des élémentaire, la xylogravure. Mais les dernières dé-
navires : c’est elle qui permet de calculer et tenir des cennies ont vu l’essor de la presse à imprimer à
caps, mais aussi mesurer le temps restant d’épui- caractères mobiles en métal, donnant naissance à
sement du carburant de loss-métal. Les horloges la typographie. La fabrication des encres d’impri-
mécaniques ont été adoptées par toutes les marines merie, des caractères et des presses est tout un art
qui ont les moyens de se payer ces appareillages et un secteur réservé et recherché. C’est d’ailleurs
d’art complexe. Les montres à gousset sont bien une véritable révolution culturelle : grâce à la presse
plus rares ; c’est un luxe qui n’est accessible qu’aux à imprimer, on peut estimer qu’il s’imprime pour
Lossyans les plus riches. Armanth, et ce depuis un siècle, presque un de-
mi-million de livres par an, sans compter les jour-
naux et les feuilles de chou vendus dans la rue.
Le piano
Le livre est devenu un outil commun et répandu,
Le piano existe, comme le clavecin qu’il détrône et Armanth compte largement plus d’une centaine
rapidement et ces deux instruments particulière- d’ateliers d’imprimerie. Dans toute l’Hégémonie et
ment ingénieux ont fait leur place en musique. Les une partie des régions où l’Église est la plus in-
premiers concerts de pianos remportent de francs fluente, les ateliers d’imprimerie et libraires sont
succès et attirent beaucoup de mélomanes et de sous son autorité.
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LES TECHNOLOGIES ET MERVEILLES
LES MERVEILLES mais les plus connus à Armanth sont les gardiens des
Archives du Palais de l’Elegio.
Les objets qui suivent sont quelques exemples des
merveilles lossyannes. Il existe d’autres machines et
inventions étonnantes qui seront dévoilées au fil des « Le nouvel arrivant leva la main, pour saluer,
suppléments et articles sur Loss. Certains de ces ob- mais n’eut pas le temps de finir son geste ; le
jets sont réellement considérés par leur rareté et leur silence qui régnait dans la vaste bibliothèque fut
prix comme des artefacts. Leur valeur et leur dispo- rompu par les sons grinçants d’une mécanique
nibilité sont pour certains abordées dans le Livre 2 menaçante se mettant brutalement en mouvement.
Les Lois de Loss au chapitre Équipement, page 170. Colossal, en quittant l’ombre de la colonne où
il patientait sans bruit, l’automate gardien se re-
dressa en déployant ses bras. Au sommet de son
L’automate
corps humanoïde et épais, constitué de tôle de fer
L’automate est un appareil visant à imiter la vie, et de cuivre, sa tête aux yeux ronds, qui culminait
renfermant divers dispositifs mécaniques complexes à près de trois mètres, se figea sur Landri, faisant
utilisant des moteurs électromécaniques et des dy- jouer d’invisibles mécanismes feutrés au bruit in-
namos à Loss pour s’animer. Le comportement de sectoïde, tandis que les focales de ses lentilles de
ces automates peut être figé (le système fait toujours verre semblaient percer la pénombre pour identi-
la même chose) ou bien il peut s’adapter, bien que fier l’intrus devant qui il faisait barrage. »
sommairement, à sa mission, aux ordres reçus et aux
changements son environnement, s’apparentant alors Tome 3 : Les Forêts d’Arcis.
à un véritable robot autonome. L’automate est en gé-
néral une sorte de statue ou de poupées animée ser-
vant de décoration et d’objet de prestige. Cependant, Le gramophone
des génies lossyans étudiant les Artefacts des Anciens
ont trouvé comment adapter, recycler et exploiter les Le gramophone est un appareil permettant de jouer
restes des gardiens robotiques de ces ruines mysté- un morceau de musique enregistré sur un disque pho-
rieuses pour créer ces merveilles autonomes, parfois nographique. Il est constitué d’un plateau tournant
intelligentes. Les automates autonomes sont rares, sur lequel est déposé le disque à sillons en métal (ou
Ref. 14778
CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
plus communément en cire), qui est mis en rotation présentant le monde de Loss. Ce type de sphère sert
au moyen d’une manivelle, ou d’un moteur à Loss à déterminer les coordonnées célestes des astres et le
pour les plus perfectionnés. Le gramophone est com- mouvement précis des planètes, ce qui n’est guère du
plexe : rares sont les artisans et génies capables de le goût de l’Église. Celle-ci ne permet pas la possession
reproduire. C’est surtout le disque phonographique de cet artefact qui prouve à coup sûr que le système
qui demande le plus de travail et l’enregistrement en de Loss est héliocentrique et que Loss est en orbite
lui-même est encore une technique un peu balbu- d’Ortentia. Celui qui possède une sphère armillaire
tiante et peu répandue. risque une grosse amende et sûrement quelques mau-
vais moments passés aux frais de l’Église ainsi que la
destruction de son bien.
L’astrolabe
L’astrolabe est un instrument qui superpose deux
Le char mécanique
machines scientifiques, et permet de mesurer la hau-
teur des astres et de lire l’heure en fonction de la po- Le char mécanique est une carriole blindée munie
sition des étoiles ou des soleils. Sa conception s’ap- d’un système d’essieux directionnels entraînés par
puie à l’origine sur une double projection plane qui la puissance d’un ou plusieurs moteurs à loss, qui
permet de représenter le mouvement des astres sur supporte un à deux canons à impulsion et un équi-
la voûte céleste. Dans sa forme simplifiée, l’astrolabe page de servants et conducteurs armés, en général
nautique est un instrument de navigation permet- assez limité. C’est une machinerie coûteuse, com-
tant de déterminer sa latitude après avoir mesuré la plexe, capricieuse, difficile à manier et à déployer
hauteur méridienne du soleil. D’usage limité pour sur un champ de bataille, et qui reste encore le plus
les observations astronomiques, il sert surtout pour souvent au stade de prototype. En fait, l’existence
l’astrologie, dans l’enseignement de l’astronomie et de ces machines tient plus de la légende qu’autre
pour le calcul de l’heure et des dates. Il est constitué chose, cependant, elles existent vraiment et font
d’un tympan fixe sur lequel sont gravés les cercles partie de l’arsenal d’armes secrètes de certaines
qui définissent les positions astronomiques ; celui armées de défense.
de l’araignée, la projection de la carte du ciel et
celui du limbe, le cercle gradué extérieur. Son usage
Le canon à feu
pour l’astronomie moderne est mal vu par l’Église,
mais il est très prisé en navigation. L’astrolabe est Personne n’ose croire que cette arme existe, mais
toujours calibré pour mesurer la position du soleil on prétend que les tours de défense des murailles
principal, jaune. d’Anqimenès sont bardées de ces étranges canons
à impulsion modifiés pour projeter des colonnes de
flammes qui boutent le feu à n’importe quoi, à une
Le Nocturlabe
portée de plus de cent mètres. Le canon à feu n’est
Un nocturlabe ou nocturnal est un vieil instrument de pas la seule arme merveilleuse dont on ignore le
navigation utilisé pour déterminer l’écoulement du stade de concrétisation : citons les miroirs solaires
temps en fonction de la position d’une étoile dans le en béryl qui seraient montés à bord des puissants
ciel nocturne. Parfois appelé Nocturnum Horologium, navires de l’Hemlaris ou encore le canon de la mort,
cet instrument a un fonctionnement proche du ca- une arme décrite comme colossale qui projetterait
dran solaire. Un nocturlabe est fait d’un disque ex- de la foudre à une distance incroyable et pourrait
terne où sont gravés les mois de l’année, d’un disque terrasser une armée entière. Mais considérant que
interne gravé avec les heures et éventuellement les les béhémoths sont déjà des merveilles difficiles à
demi-heures et d’un marqueur vers le disque externe. croire réelles, il est probable que certaines de ces
Enfin, le dispositif est complété par un pointeur vers armes ultimes ne soient pas que de simples légendes.
une étoile prise en référence, en général l’Étoile du
Voyageur. Le centre de l’instrument est percé. Étant
donné que l’instrument est fait pour un usage noc-
turne, les marques peuvent être en relief ou éclairées
de mellia et de cristaux réfléchissants.
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Ref. 14778
LES NAVIRES LÉVITANTS
— Lévitation !
Le grondement sourd des machines brutalement sollicitées couvrit immédiatement tout autre son, dans un
bruit presque animal, qui aurait pu évoquer quelque chant bestial et primitif. Et la Callianis s’arracha brutale-
ment aux flots agités, la lévitation pressant sur les eaux fougueuses qui se dérobaient sous la force de répulsion,
pour l’élever vers le ciel, prenant une gîte qui jeta sa proue vers les cieux dans un tumulte effrayant. Même les
mécaniciens furent surpris de l’inclinaison du vaisseau. Ce n’était pas véritablement anticipé : les vagues et la
surface incertaine et instable de l’eau contrariaient la force de répulsion. Ce n’était pas pour rien qu’en mer,
jamais on ne se servait de la lévitation pour soulever un navire dans les airs.
Damas dut se rattraper de toutes ses forces pour ne pas glisser sur le bois trempé de pluie et d’embruns avec
les quelques hommes qui ne s’étaient pas solidement arrimés. La pente était de pratiquement quarante degrés.
Mais les canonniers tenaient bon leur poste.
Dans le chaos, à l’instant du choc entre les deux navires, et des hurlements des hommes qui couvraient à
peine la plainte mécanique des machines, et les craquements des structures durement sollicitées, le dernier ordre
vint de la voix, surprenante de puissance, de Jawaad, à la seconde même où eu lieu l’impact entre les deux
navires :
— Feu roulant !
L’enfer se déchaîna.
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Ref. 14778
CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
madriers de bois : toute structure qui n’a pas été La lévitation et l’eau
renforcée et prévue pour y résister ne tient jamais La bulle de vide que crée la répulsion du loss-métal
bien longtemps. Comme il faut au moins deux mo- a des effets assez dangereux avec la masse mouvante
teurs pour un navire lévitant, la place et les renforts de l’eau. Ainsi, les navires lévitants évitent de flotter
que ces machineries demandent imposent donc des au-dessus de la mer. Au-dessus d’un fleuve ou d’un
aménagements très spéciaux et des matériaux bien lac paisible, le risque est bien moindre, de même
choisis. dans un port abrité. Mais en pleine mer, le risque est
très haut. Seuls les béhémoths et leur masse énorme
Enfin, ces machines exigent une formation spéci- s’y hasardent. Les autres préfèrent naviguer de ma-
fique pour les exploiter et ne fonctionneraient pas nière traditionnelle.
sans un entretien par des spécialistes. Tous les na-
vires lévitants ont des machinistes, au moins un de
La propulsion
bord quand ce n’est pas deux ou trois, plus d’autres
mécaniciens. Dans la grande majorité des cas, la propulsion des
navires lévitants est assurée par leur voilure, adap-
tée à leur configuration de voiliers flottant dans les
Les moteurs à lévitation chauffent. Non seule- airs, impliquant des matures et voiles s’étalant sur les
ment par eux-mêmes à cause des contraintes côtés de la coque pour une meilleure stabilité. Mais
matérielles sur leur mécanique, mais en plus les capacités de répulsion des moteurs à lévitation
parce que les pièces mécaniques et les moteurs ne sont pas passées inaperçues des meilleurs génies
électromécaniques qui activent l’effet de lévita- de Loss et il existe donc des navires perfectionnés
tion chauffent aussi. Pour la plupart des navires qui emploient des moteurs spécialement adaptés à
à deux ou quatre moteurs, le refroidissement à la propulsion. Celle-ci n’est guère plus rapide qu’à
air suffit, et quelques seaux d’eau sont toujours voile, voire parfois moins performante que la voi-
prêts en cas de besoin. Mais sur les vaisseaux lure en cas de grand vent, mais elle a l’avantage de
comportant six moteurs et plus, on ajoute tout ne pas en dépendre. Par contre, c’est un surcoût en
un circuit de refroidissement à eau, et donc la loss-métal notoire.
nécessité de réserves d’eau et d’évacuation de la
vapeur, bref, des cheminées.
L’autonomie
L’autonomie des navires lévitants dépend de leur ré-
La hauteur de lévitation serve de barres de loss-métal. Mais pour deux barres
chargées dans chaque moteur, un navire lévitant peut
La plupart des navires lévitants ne peuvent s’éle- flotter sans interruption pendant un à deux mois.
ver que de huit mètres environ pour deux moteurs. Avec les contraintes des navires, des équipages, des
Pour quatre à six moteurs, ce qui représente un moteurs et de l’environnement, les navires lévitants
espace et un poids conséquent, on peut monter à ont besoin de changer les barres environ tous les
dix ou douze mètres. Au-delà, seuls les moteurs les 2500 km de route parcourue. Le coût des barres de
plus performants et les technologies les plus inno- propulsion est élevé, mais avec un kilo de loss-métal
vantes permettent d’atteindre ou dépasser les quinze pour un navire à deux moteurs, vous pouvez voyager
mètres. On ne connaît aucun navire lévitant capable un an. Cependant plus le navire est gros et comporte
de s’élever plus haut dans les cieux, mais selon cer- de moteurs, plus la dépense augmente. Les plus
tains génies, ce serait cependant possible, bien que puissants vaisseaux de guerre peuvent devenir des
très risqué et difficile à contrôler, en employant par gouffres financiers, et capture et pillage sont alors
exemple du loss-cristal ou les dons d’un Chanteur une nécessité pour rentabiliser les coûts.
de Loss.
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Ref. 14778
masse d’eau où poser leur coque quand les moteurs conçus pour s’élever très haut parce que la faune
à lévitation sont éteints. Les itinéraires terrestres les locale dangereuse y est plus rare, ils sont souvent
plus courants longent par conséquent les fleuves et assez rapides, mais totalement incapables de voguer
grandes rivières ou ne s’en éloignent que pour passer sur les eaux. Certains de ces voiliers des sables sont
d’une étendue d’eau idoine à une autre. Cela réduit d’une taille qui défie l’imagination et peuvent abriter
leur champ d’action aux grandes plaines et aux cours des centaines de personnes comme autant de villes
d’eau profonds, souvent avec des relais de cités ayant volantes. Ces modèles aux dimensions prodigieuses
aménagé des ports adaptés. sont presque légendaires, mais il en existe chez les
Nomades des Franges aussi bien que dans les déserts
Quid alors des zones vallonnées, des montagnes ou de Shaïmu, en Hemlaris.
encore des forêts profondes ? Dans le premier cas, il
faut savoir que les navires lévitants ne peuvent ar-
penter des pentes élevées de plus de quelques degrés.
Dès que des collines sont trop escarpées, ils doivent
LES BÉHÉMOTHS
les contourner et louvoyer de vallon en vallon, ce qui Les béhémoths sont si rares et ont été si peu aper-
réduit drastiquement leur vitesse journalière. Et face çus sur un champ de bataille que beaucoup de gens
à des montagnes, le navire lévitant ne peut rien faire pensent qu’il s’agit de légendes colportées par des
si ce n’est longer les vallées fluviales : il est incapable vétérans ivrognes ou des marins bonimenteurs. Et
de franchir des cols. C’est à ce moment que les ca- pourtant, ils existent, aussi rares soient-ils, et sont
ravanes et moyens de transport classiques prennent même considérés comme l’arme absolue des plus
le relais. grandes puissances de Loss.
Le problème est le même dans les forêts : la hauteur Un béhémoth est un navire géant prévu pour se poser
des arbres et l’épaisseur des frondaisons interdisent sur une surface liquide, mais dont les dimensions, le
le passage d’un navire lévitant, sauf au-dessus des blindage, la conception et l’armement ont été entiè-
plus larges cours d’eau. Il a été abordé différem- rement pensés pour prendre d’assaut les murs d’une
ment dans les plaines arides et les déserts, avec les cité-État. Sa force de frappe est capable d’en faire le
navires des sables. Ici, les vaisseaux lévitants sont siège, sa puissance de feu d’en ravager les défenses,
à fond plats, larges et pourvus de roues ou de pa- son autonomie de parvenir à ses fins dans un délai
tins leur permettant de se poser au sol. Rarement aussi bref que possible. Si leur superstructure est en-
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Ref. 14778
CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
core de bois, les béhémoths rivalisent en blindages peuvent faire 150 mètres de long. Mais la concep-
de cuivre, de fer et d’acier. Ce sont des forteresses tion de ces machines est abominable de complexité
volantes, disposant de centaines de bouches de ca- et leur coût est totalement astronomique. Pour le
non-impulseurs et de mortiers, capables d’embarquer moment, ces monstres n’ont fait la démonstration
des milliers de soldats, avec arsenal et ravitaillement de leur colossale puissance que pendant la Bataille
et en théorie d’assurer leur couverture sans besoin des Six Drapeaux. Mais ils n’avaient alors été em-
d’escorte. On peut aisément les comparer aux pre- ployés qu’en défense, par l’Hégémonie qui n’avait
miers cuirassés « dreadnought » de l’aube du XXe pas le choix, et face à des flottes très mobiles et en
siècle. Comme eux, tout l’armement principal d’un surnombre — un contexte où ils avaient peu brillé.
béhémoth est d’un calibre démesuré et en guerre, il Juste assez pour donner envie à bien des amiraux
joue un rôle similaire : la domination totale du champ de lancer ces monstres dans un véritable assaut gé-
de bataille aéronaval. néralisé sur une grande cité.
Dans les faits, rien ne semble pouvoir résister à un On peut estimer que l’Hégémonie dispose d’une de-
béhémoth. Nanti de dix à quinze moteurs à lévita- mi-douzaine de ces monstres et l’Hemlaris peut-être
tion, de tout un système de refroidissement, armé trois. On prétend que Nashera dans les Plaines de
de canons de gros calibre et de longue portée, aussi l’Étéocle en posséderait un. Ce seraient les Apostats
solide qu’une forteresse, il peut foncer sur une ci- dans le Jemmaï-he’Jil qui disposeraient des plus puis-
té-État au mépris de ses défenses et de ses murs, sants de tous, bien que personne n’en ait jamais vu.
frapper de front ses murailles à plus de mille mètres, Malgré sa colossale flotte, Armanth n’en possède
ravager ses quartiers à distance tandis qu’il mas- aucun et le Conseil des Pairs ne croit pas que les bé-
sacre ses défenses de son artillerie de courte por- hémoths existent vraiment ou soient un réel danger.
tée. Un béhémoth est un monstre. Les plus grandes L’avenir risque de leur donner tort.
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LA MÉDECINE LOSSYANNE
LA MÉDECINE LOSSYANNE
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CHAPITRE 3 : SCIENCES ET GÉNIES
aux propriétés puissamment antiseptiques qui va puissants avantages immunitaires. Il n’existe nulle
accélérer la guérison des plaies, sauf si les dégâts part de système de santé publique capable d’interve-
sont internes. Appliqué quotidiennement, le métée nir dès l’apparition d’une épidémie pour distribuer
permet de regagner une case supplémentaire de des antibiotiques. Et se faire soigner reste toujours
blessure par jour. onéreux. Ainsi, les maladies infectieuses ne sont
pas éradiquées et les tout premiers concepts de vac-
L’autre remède le plus répandu est un antibiotique cins ne concernent encore que des traitements qui
et anti-inflammatoire qui ne s’active efficacement que emploient les symbiotes comme vecteurs. Pour les
sur des gens ayant un symbiote : l’eau de mirula. La autres, il reste les remèdes antibiotiques dont nous
mirula est une fleur, une plante carnivore vivant dans parlons plus haut et qui sont plutôt efficaces, les
les marécages des régions côtières du sud des Mers antipyrétiques et les anti-inflammatoires. Ce sont
de la Séparation. Le suc digestif de ces fleurs est des produits assez communs dans les bocaux d’un
filtré puis distillé pour devenir un remède qui doit bon apothicaire et les réserves des hospices. Mais
être avalé par le patient. Son dosage doit être précis, leur coût qui n’est pas à la portée des bourses des
à forte dose, l’eau de mirula provoque des nausées si plus pauvres, le manque de connaissance sur les mé-
violentes qu’elles peuvent tuer. L’eau de mirula ad- thodes de transmissions et la prophylaxie laissent
ministrée pendant une semaine à un patient souffrant encore de beaux jours à toutes ces maladies. Cela
de blessures graves permet de réduire le temps de explique par exemple l’origine pratique de la tradi-
guérison naturelle d’un tiers. Certaines formules que tion qui consiste à ne pas nommer et reconnaître
seuls les meilleurs médecins s’aventurent à donner comme « lossyan » un enfant qui n’a pas passé le cap
peuvent diviser ce temps par deux. de sa troisième année : ses chances de survies n’ont
rien d’assurées. Et dans le monde de Loss, un enfant
Enfin, un remède employé par tout le monde, et qui sur trois en moyenne n’atteindra pas l’âge adulte
fonctionne dans tous les cas est le nawmé, un anes- (vers quinze ans).
thésiant qui à faible dose soulage la douleur et aide
au sommeil, et à forte dose plonge le patient dans Nous ne fournissons volontairement pas de données
un coma qui peut durer plusieurs heures. Le nawmé, chiffrées sur les maladies. Celles qui suivent sont des
tiré des kystes parasites d’un arbre assez commun, exemples servant de toile de fond et d’inspirations
est assez cher et ne s’emploie pas à outrance. Mais dramatiques. Un personnage-joueur ne devrait pas
il permet de soulager les plus terribles souffrances contracter de maladie grave ou mortelle sur un jet
et surtout de tenter une chirurgie dans de bonnes de dé.
conditions — si l’on sait s’en servir, et qu’on sait
maintenir le comateux en vie. Le nawmé s’administre
La lèpre
avec de l’eau, ou en le faisant brûler pour en respirer
les vapeurs. Maladie peu contagieuse et qui peut être soignée
avec l’arsenal antibiotique lossyan. Mais le traitement
est long et cher. La lèpre s’attaque à la peau, aux
LES MALADIES muqueuses et aux nerfs périphériques et provoque
déformations et infirmités sévères. Elle demande des
Une grande partie des maladies infectieuses les plus années d’incubation, il faut une longue exposition à
mortelles ou contagieuses ont été jugulées par la un vecteur pour être atteint, mais peu de personnes
pharmacopée lossyanne grâce, entre autres, aux savent que le risque est limité avec quelques pré-
symbiotes et à une excellente pharmacopée de re- cautions d’hygiène. C’est une maladie chronique qui
mèdes antibiotiques. Des maladies comme le cho- peut mettre dix à vingt ans à tuer son hôte. Malgré
léra, le typhus, la variole, la tuberculose ou encore sa rareté relative et les moyens efficaces de la soigner,
la peste ne sont plus en mesure de provoquer des elle terrifie les Lossyans et beaucoup la considèrent
pandémies et des mortalités massives. Quant aux comme la marque d’une punition du Concile Divin.
MST, tellement ravageuses au cours du XVIIIe et XIXe Les toshs sont des vecteurs de lèpre.
siècle, elles ont été renvoyées au rang de problèmes
de santé mineurs par l’emploi assez systématique de
La grippe lossyanne
symbiotes pour les esclaves des plaisirs, habitude qui
s’est répandue dans les maisons closes et chez les C’est une grippe comme vous l’imaginez, qui régu-
Courtisans pour se prémunir de ces risques. Ce qui lièrement se répand en vagues épidémiques dans
ne veut pas dire que la syphilis ne reste pas mor- des communautés lossyannes. Sa première particu-
telle ! Mais simplement, il est rare d’être contaminé larité est que les symbiotes ne font qu’en atténuer
et des traitements antibiotiques existent, pour ceux les symptômes, mais n’immunisent pas contre elle.
qui peuvent se les offrir. La seconde est qu’elle prend régulièrement son dû
en vies humaines. Très contagieuse, la grippe los-
On ne compte en moyenne et selon les cultures et syanne incube en quelques heures et peut tuer en
les cités-États qu’entre un tiers et un cinquième de une journée. Elle ne frappe pas que les plus faibles,
la population qui dispose d’un symbiote et de ses enfants et personnes âgées. Au contraire, elle est
178
Ref. 14778
LA MÉDECINE LOSSYANNE
bien plus virulente sur les jeunes adultes à cause de lents et sanguinaires, un stade où on les nomme
leur trop forte réaction immunitaire. En gros, plus les Enragés et que les malades tendent on ne sait
on est solide, plus on risque la mort. Heureusement, comment à franchir de manière simultanée. Ainsi
les vagues épidémiques sont rares et la pharmaco- une communauté infectée peut se réveiller envahie
pée lossyanne assez solide pour sauver les patients d’Enragés agressant, frappant et mordant au mépris
atteints… si du moins les réserves sont suffisantes de la souffrance, des blessures physiques et du dan-
pour les soigner. Puces et parasites sont des vecteurs ger, aveugles et meurtriers. Oui, c’est exactement
de grippe. comme une invasion de zombies au cinéma. Il n’y
a aucun remède pour les personnes atteintes et l’on
ne connaît aucun vaccin. La seule prophylaxie est
La rage
la mise en quarantaine de la communauté atteinte
La rage lossyanne est une maladie qui s’attaque au pour empêcher la propagation puis d’en tuer et
système nerveux central et au cerveau, rendant fous brûler tous les membres. Cette maladie est la peste
furieux ses victimes avant de les tuer. Elle est assez noire de Loss : elle a décimé des cultures entières
différente de la rage terrienne. Tout d’abord, elle est et tout le monde la craint. Seuls les Lossyans et les
très contagieuse, et se transmet par les mucosités et mammifères d’origine terrienne sont vecteurs de la
voies aériennes. Ensuite, elle a une période d’incu- rage. Les symbiotes immunisent à la rage, mais il
bation de dix à douze jours sans symptôme avant n’est pas rare qu’ils en meurent en sauvant leur hôte
la phase active. Enfin, les malades atteints passent de l’infection.
par un premier stade grippal avant de devenir vio-
Ref. 14778
CHAPITRE 4 : LES PARIAS
CHAPITRE 4
LES PARIAS
L es discriminations font saigner Loss au-
tant que la Terre. Les Lossyans sont en-
core loin de considérer ces travers comme
LES CHANTEURS DE LOSS
QUI, ET COMBIEN ?
182
182
des défauts qu’il faudrait éradiquer. Mais les
Vertus forcent tout Lossyan à devoir dépasser L’ÉVEIL DU CHANT DE LOSS 182
ses a priori et ses haines. Elles transcendent COMMENT FONCTIONNE-T-IL ? 183
les races, les cultures les orientations sexuelles
et de genre. Elles ne jugent que l’Honneur, le LES EFFETS DU CHANT DE LOSS 183
Courage et la Sagesse de l’individu.
LE REGARD DE LA SOCIÉTÉ 184
Il existe des êtres que rien ne peut véritable-
ment racheter aux yeux des Lossyans conci- LE CHAMANISME ET LES CULTES MINEURS 186
liens. Il n’y a pas de Vertus pour sauver le sort
des Terriens Perdus, pas plus que pour les dé- ORIGINE ET HISTOIRE 186
mons Chanteurs de Loss. Quant aux chamans,
ils sont plus redoutés encore, car ils ont un LE CHAMANISME CONTEMPORAIN 187
pouvoir que l’Église ne comprend pas et une ANCIENS CULTES DES LOSSYANS 187
influence sur le peuple qu’elle s’acharne avec
grand mal à combattre. LES TERRIENS PERDUS DE LOSS189
Ces parias ne sont pas les seuls et il existe LES PRÉLEVÉS 189
des cultures où, au contraire, on les protège
et on les respecte. Mais pour tous ces êtres, LES ÉGARÉS 189
malheur à eux quand ils sont face à la culture
concilienne. Celle-ci ne leur accordera aucune LES LOSSYANS ET LES TERRIENS 189
autre place que la mort ou la servitude.
Ref. 14778
Ref. 14778
CHAPITRE 4 : LES PARIAS
Elle ferma les yeux et une note douce et cristalline s’échappa de ses lèvres, comme un léger souffle de vent.
Subtilement, l’air sembla palpiter. Non, pas seulement l’air ; la réalité elle-même s’agitait, comme des ondes sur
l’eau.
Elle Chantait. Et le loss vibrait avec elle à l’unisson.
La lampe à loss s’éleva paresseusement au milieu des poussières flottantes délivrées de toute pesanteur
pour glisser dans l’air et venir rejoindre les mains tendues de la terrienne. Elle ne la saisit pas, mais la caressa
seulement, la frôlant du bout des doigts. Dans le mécanisme de cette dynamo faite de pièces de cuivre, de fer
et de bois, les deux pôles de loss-métal, qui ne pesaient même pas à eux deux plus d’un gramme, chantaient
avec Lisa. Elle en conçut un sourire de joie immense. Et le plus naturellement du monde, engrenages, fils, vis
et écrous cédèrent en se désolidarisant les uns après les autres, offrant un éclaté de toute la mécanique de la
lampe, jusqu’à ce que les deux petites barres de loss, vibrantes et étincelantes de bleu, finissent par se poser
avec toute la douceur d’une plume dans les paumes tendues de la jeune femme. Le moment était semblable à la
magie fugace et improbable d’une parfaite communion. Et, lentement, Lisa cessa de chanter, laissant la magie
retomber en même temps que chutaient mollement au sol tous les objets emportés par la force qui venait de se
jouer des lois de la physique.
182
Ref. 14778
LES CHANTEURS DE LOSS
L’Éveil ne se produit que s’il y a une concentra- Le Chant a aussi d’autres limites : le Chanteur doit
tion suffisante de loss-métal dans les environs. Un être en mesure d’user de sa voix pour que le loss-mé-
ou deux grammes suffisent : envahi par la peur de tal entre en résonnance avec lui. Ce qui rend très
mourir, le sujet se met soudain à Chanter. Ce n’est malaisée toute discrétion quant à son usage, sauf
pas un cri ou un hurlement : il y a des notes et des par un entraînement intensif afin de savoir exacte-
harmoniques, que ce soit dans un chant sourd de ment quels accords et quelles tonalités murmurés
baryton ou les arpèges harmonieux d’un soprano. suffiront à créer un effet. Une personne muette, ne
Et à ce Chant répond le loss-métal environnant pouvant produire ni son et ni mélodie, ne peut pas
qui se met à vibrer au diapason. Tout ce qui est user du Chant de Loss quand bien même elle en
métallique et proche du Chanteur luit d’une faible aurait le don.
lumière bleutée, l’air se charge en ozone, la réalité
elle-même se brouille et semble onduler comme de
l’eau troublée.
LES EFFETS DU CHANT DE LOSS
La première fois, c’est toujours ravageur. La source Le Chant de Loss n’est pas qu’un pouvoir. C’est un
du danger — et ce qui se trouve à proximité — lé- instinct, un sens supplémentaire ; une nouvelle fonc-
vite puis se fait repousser avec violence tandis que tion organique qui habite le Chanteur et qui subit
la gravité change brutalement, dévastant tout. Les des contraintes aussi bien extérieures, nous l’avons
dégâts du Chant de Rage, le nom de ce pouvoir vu plus haut, que profondément intimes.
instinctif et brutal, sont comparables à ceux d’une
grenade défensive. La première manifestation du Chant de Loss, com-
mune à tous les Chanteurs, c’est le Chant de Rage :
Une fois que l’Éveil s’est produit, il n’y a pas de retour cette onde de force fait fluctuer la gravité et re-
en arrière possible. Le sujet est un Chanteur de Loss, pousse tout autour d’elle avec la force d’une tor-
et s’il n’apprend pas de sa propre initiative à contrô- nade. C’est ainsi que se déclenche l’Éveil et c’est
ler comment il entre en résonance avec le loss-métal, le premier pouvoir commun à tous les Chanteurs.
son instinct le fera pour lui, avec des conséquences C’est aussi le plus animal et instinctif : un Chanteur
dramatiques et funestes. en usera s’il est en danger mortel. Il est traumati-
sant, nous y reviendrons.
183
Ref. 14778
CHAPITRE 4 : LES PARIAS
chapitre Les peuples de Loss, page 88) précise le les vaisseaux sur terre, voir les propulser en absence
traitement des Chanteurs de loss quand cela diffère de vent. C’est un atout rare mais très recherché, car
des cultures conciliennes. Dans les sociétés où les les capacités des navires lévitants sont ainsi décu-
Chanteurs de Loss sont bien considérés, ils par- plées. Enfin, les Chanteurs de Loss sont utilisés pour
ticipent à la vie commune en aidant aux travaux des spectacles de « magie » et distraire la foule et
lourds ou encore en défendant les leurs, parfois en- leurs maîtres.
fin en offrant des divertissements. Ils sont toujours
craints, cependant. Dans les sociétés conciliennes, Mais les Chanteurs de Loss sont très rares et valent
les Chanteurs de Loss qui ne sont pas esclaves très cher. Posséder une Chanteuse de Loss est un
doivent se cacher et éviter le plus possible que leur prestige qui vaut une fortune, on ne les emploie donc
pouvoir soit révélé : ils seraient aussitôt traqués pas sur des chantiers et l’on prend grand soin de ne
par tous les moyens possibles pour les capturer, pas risquer de les abîmer. Un Lossyan n’en croisera
les asservir, ou simplement les tuer. Très peu de sans doute pas plus d’une ou deux fois dans sa vie,
Lossyans prendraient le risque de faire confiance à le plus souvent dans des spectacles organisés, parfois
un Chanteur de Loss en fuite ou non asservi ; ce se- comme esclave de compagnie d’un individu riche.
rait traiter avec un démon, une créature sans Vertus Ou, bien plus rare mais bien plus terrifiant, comme
vouée à répandre le mal sur le monde. arme vivante sur un champ de bataille.
— On dit que les chamans n’existent plus. Mais on ne le prétend que pour se rassurer : s’ils n’existent plus,
ils sont moins effrayants.
— Ils font si peur que cela ?
— Oh oui. Parce qu’il y a longtemps, on raconte que sont eux qui comprenaient le mieux le monde, qui
lui parlaient le mieux, qui l’écoutaient le mieux. Ils étaient presque ce qu’est le Concile Divin, maintenant. Sauf
qu’ils pouvaient prouver leur pouvoir. Ils n’avaient pas besoin de prétendre, il leur suffisait d’en user. Tout le
monde savait qu’il était véritable ; ils pouvaient parler aux animaux et aux plantes, prévoir les malheurs et les
catastrophes et soigner les pires maux. Mais il n’y avait pas que cela.
— Quoi donc ? Car rien de tout cela n’est si effrayant ?
— Le plus effrayant, c’est que c’était eux qui formaient, guidaient et protégeaient les Chanteurs de Loss.
Personne ne les comprenait mieux qu’eux. Les chamans leur ont appris leur pouvoir. Et tu sais mieux que
personne ce que cela veut dire.
186
Ref. 14778
LES CHAMANS ET CULTES MINEURS
Chanteurs, cette raison ne fut que secondaire. Mais et communiquer. Aucun chaman ne parlera jamais
parce que les chamans sont tous profondément, abso- de ces choses-là ; c’est un secret bien gardé. Il est
lument, liés à une foi indéfectible et qui a un pouvoir cependant évident que l’ensemble des chamans
réel sur Loss, un pouvoir que l’Église ne comprend forme une union active aux desseins insondables ;
pas, mais qui menace son œuvre. Un chaman, même si l’Église les pourchasse si ardemment, peut-être
seul, peut faire des miracles qu’un Ordinatori ne peut est-ce parce qu’elle a de très bonnes raisons d’en
ni comprendre, ni même tenter d’imiter. Le danger avoir peur.
pesant sur les Dogmes et sur le pouvoir de l’Église
était trop grand. Depuis, alors qu’elle continue à tra-
L’Ambiose, le monde spirituel
quer les chamans sans relâche, l’Église ne comprend
toujours pas la nature du pouvoir de cet ennemi et Il s’agit d’un monde qui coexiste avec le monde réel
ne parvient pas à en trouver la source. Et malgré des et qui serait le fruit de l’union de tous les symbiotes
tentatives nombreuses d’étudier des chamans captu- qui peuplent Loss. Les chamans sont capables d’al-
rés, elle reste toujours aussi perdue face à ce qu’ils ler y plonger leurs sens et leur esprit et même d’y
sont. Sans doute certaines autorités en savent-elles voyager et, dans une certaine mesure, d’y commu-
plus qu’elles ne le prétendent. Mais elles jugent alors niquer et interagir. C’est cette capacité qui permet
cette information si dangereuse qu’il vaut mieux que aux chamans et aux communautés qui les abritent
l’ensemble de l’Église reste dans l’inconnu. d’échapper aux traques acharnées de l’Église et de
ses sbires. L’Ambiose offrirait d’autres pouvoirs en-
core plus mystérieux, mais hormis les chamans, pra-
LE CHAMANISME CONTEMPORAIN tiquement personne n’en connaît l’existence.
On pourrait penser que les chamans sont désormais Plus d’informations et de détails sur les secrets des
très peu nombreux. C’est bien le cas dans toutes les chamans et la nature de leur pouvoir dans le Livre 3
régions de Loss dominées par la foi du Concile Divin «Les secrets des chamans», page 57
et ses Ordinatorii ; mais en fait, non seulement ils n’ont
jamais disparu, mais leurs traditions et savoirs se per-
pétuent malgré tous les efforts menés par l’Église et
son Inquisition pour les éradiquer. Il y a donc peu
ANCIENS CULTES DES LOSSYANS
de chamans, mais ceux-ci se cachent bien, restant à Si l’Église du Concile Divin a, en apparence, écrasé
dessein isolés les uns des autres. Dans tout l’Athémaïs, toutes les anciennes formes de culte pour imposer
une région densément peuplée, plus grande que l’Italie le sien, jamais elle n’a interdit de croire en autre
et la Croatie réunies, il n’y a sans doute pas plus d’une chose que ses Dogmes. C’est un cas assez particu-
centaine d’entre eux. lier où l’Église a eu l’intelligence d’assimiler, pour
en neutraliser le pouvoir, toutes les religions qui lui
Les chamans n’ont plus de rôle social d’influence faisaient de l’ombre.
dans les cultures conciliennes ; ils restent discrets,
au plus loin du tumulte humain. Ils ne conservent de Les Lossyans sont superstitieux : ils ont besoin de
contacts qu’avec des populations de communautés donner du sens aux étoiles filantes, aux tempêtes et
isolées, jouant le rôle de rebouteux et soigneurs, à la foudre, aux catastrophes naturelles et aux phéno-
parfois de devins et de conseillers spirituels pour mènes les plus mystérieux. L’Église est, paradoxale-
un nombre limité de personnes qui participent à ment, très scientifique et pragmatique et préfère bien
leur dissimulation. souvent s’aventurer dans le terrain de la science et
de la culture pour les expliquer. Mais elle a récupéré
Par contre, dans les cultures non conciliennes, leur les explications et les imprécations des cultes des
rôle n’a pas changé et reste d’importance. Aussi peuples qu’elle a convertis, sans trop intervenir pour
bien chez les Dragensmanns que les Forestiers interdire de croire à ces superstitions. La seule règle
de l’Elmerase ou les San’eshe, le chaman est une est qu’aucune de ces croyances ne peut prendre le
des figures centrales de la cohésion sociale des pas sur les Dogmes de l’Église.
communautés. Il est le pendant des leaders et des
chefs, le détenteur des savoirs naturels, l’érudit qui Il reste donc des cultes et des croyances, des noms de
connaît la nature sauvage, mais aussi et toujours dieux, d’esprits et de créatures mythologiques qu’on
le mentor des Chanteurs de Loss, dont il assure invoque régulièrement sans se gêner. Et certains in-
l’éducation et dont il contrôle les risques. dividus prennent le rôle informel d’officiants pour
des cérémonies traditionnelles qui remontent à ces
Cependant, les chamans sont de toute évidence en- anciennes croyances et qui ont désormais été rema-
core bien plus que cela. Ils semblent tous être liés niées en intégrant les concepts du Concile Divin dans
par-delà les vastes étendues de Loss, disposent d’un leur structure même.
véritable et inexplicable pouvoir sur la faune et le
biotope lossyan et forment une seule et unique orga- Personne ne sera donc surpris que dans un village,
nisation informelle qui n’a jamais cessé d’échanger une vieille sorcière connaisse encore des rituels di-
187
Ref. 14778
CHAPITRE 4 : LES PARIAS
vinatoires ou des prières et sacrifices anciens pour pour que tout le monde fasse montre d’une grande
assurer la naissance d’un héritier mâle. Dans les prudence avec ces pratiques.
villes, pareillement, des hommes et des femmes ont
ces rôles et bénissent les maisons et les navires, les Nous ne vous parlerons pas ici en détail de ces
montures, les attelages, les troupeaux… Et font aus- cultes, croyances et esprits. Ce serait trop long à
si bien appel aux Êtres du Concile et leurs Saints aborder. Nous en avons décrit quelques-uns pour
Hommes, qu’aux anciens dieux et héros ou encore chaque peuple, mais tout ceci sera abordé plus riche-
aux esprits naturels locaux et aux ancêtres spectraux. ment dans le supplément à venir sur Les Peuples de
Loss. Retenez simplement que rebouteux, sorcières,
Cependant, il ne faut pas oublier que ces pratiques devins, ritualistes et hommes vénérant les anciens
sont seulement tolérées. Quoi qu’il se passe, quand dieux, d’Apollon à Odin en passant par la Terre-
un de ces officiants prend trop d’importance et d’in- Mère, Lug, ou Le Mandat Divin, ne sont pas rares.
fluence, l’Église interviendra : ses Inquisiteurs sont là Toutes ces croyances se fondent dans le culte du
pour ça. Et si, finalement, les bûchers pour hérésie Concile Divin… tant qu’elles ne viennent pas le re-
et sorcellerie sont rares, ils font suffisamment peur mettre en doute.
Ref. 14778
LES TERRIENS PERDUS
189
Ref. 14778
INDEX
INDEX
A L
Adventores : 13, 14 Lampe à loss : 32, 182
Aînés : 150, 151 Légende : 13, 25, 96
Anciens : 12-15, 29, 34, 51, 53, 55, 105, 115, 121, 127, 128, 131, Linci : 40, 80, 152
140, 164, 169, 171, 180, 187 Linotorci : 50, 142, 168
Antagonistes : 42 Long-Hiver : 8, 11, 18, 21, 24, 30, 34, 45, 46, 57, 138, 140,
Apostats : 48, 49, 53, 102, 133, 134, 176, 190, 182, 183, 184, 186
Automates : 17, 29, 32, 171 Loss-cristal : 8, 29, 113, 127, 168, 169, 174
Loss-métal : 4, 11-14, 17, 18, 26, 29, 30-36, 44, 71, 82, 86,
C 95, 99, 104, 109, 118, 124, 128, 135, 136, 146, 152, 155, 165,
168-170, 173, 174, 182, 183
Capitale : 5, 22, 86, 112-137
Chaman : 42, 105, 186, 187
Chamanisme : 5, 93, 180, 186, 187 M
Chant de Loss : 8, 11, 30, 58, 138-140, 180-186 Maître-marchand : 6-8, 11, 71, 82, 86, 90, 102, 114, 115, 127,
Chanteurs de Loss : 5-13, 26, 27, 30, 33, 44-48, 54, 57, 81, 146, 148, 149, 150, 151, 153, 167
84, 86, 92, 93, 103, 105, 108, 113, 138, 139, 143, 145, 169, 174, Mammalien : 4, 18, 21, 22, 34-37, 75, 76, 92, 107, 112, 113,
180-189 120, 122, 128, 131, 132
Concile Divin : 3, 5, 11, 12, 20-25, 28, 33, 47, 62, 86, 88, Médecine : 5, 12, 130, 162, 168, 170, 177, 179
90, 94, 98, 100, 104, 107, 108, 114, 117, 122, 123, 138-143, Meneur de jeu : 16
154, 178, 186-188 Mers de la Séparation : 11, 20-23, 26, 31, 44-54, 59, 64,
Conseil des Pairs : 86, 90, 114, 146-153, 170, 176 72-76, 82, 88, 90, 91, 95, 98, 99, 102, 109, 112-114, 118,
Cour des Ombres : 5, 86, 115, 154, 155, 157 122-128, 131-138, 143, 146, 148, 152, 159, 164, 167, 173, 174,
177, 178
D Morrow : 34, 62, 117, 124, 131
Moteurs à lévitation : 29, 31, 32, 47, 152, 169, 173, 174, 175, 176
Dogmes : 11, 12, 26, 27, 30, 46, 47, 51, 55, 64, 70, 81, 86,
Motivation : 14
88, 94, 99, 104, 107, 123, 138-143, 152, 158, 159, 165, 184,
187, 189
Draekya : 34-39 N
Dynamos à loss : 17, 32, 168, 169 Navires lévitants : 5, 12, 14, 15, 22, 29, 30, 32, 47, 48, 50,
51, 114, 117, 119, 122, 123, 130, 137, 162, 169, 173, 174, 175, 185
E
Église : 3-12, 15, 20-33, 42-73, 77-108, 114-117, 122, 123, 132, O
136-154, 158, 165, 166, 170, 172, 180-189 Orchys de Parcia : 30, 140
Équipement : 33, 171 Ordinatorii : 23, 24, 31, 46, 53, 55, 64, 73, 89, 99, 100, 134,
Esclavage, esclave : 3, 12, 26, 28, 33, 40, 51, 62, 63, 73, 77- 140-142, 145, 159, 168, 187
84, 89, 92-95, 98-103, 106-109, 127, 140, 143-146, 153, 154,
160, 177, 184, 185 P
Espicien : 141-144
Parias : 30, 180
Expérience : 15, 48, 57, 112, 169
Personnage-joueur (PJ) : 13, 14, 178
PEUPLES
F Ar’anthias : 71, 73, 88, 89, 116, 117
Femme d’épée : 73, 158-160 Athémaïs : 11, 12, 22, 26, 27, 48-53, 62-66, 70-74, 88-
99, 102-105, 108, 109, 113-115, 118, 119, 133, 135, 145-148,
G 152, 159, 160, 170, 177, 187
Dragensmanns : 23, 27, 37, 46, 47, 53, 57, 62-65, 70-74,
Génie : 12, 17, 89, 130, 160, 164-169, 173
88, 91-99, 107, 121, 122, 129-131, 166, 168, 173, 177, 182,
Gillys : 65, 66
184, 186, 187
Guilde des Marchands : 5, 12, 22, 23, 27, 50-52, 78, 82-86,
Erebs : 27, 57, 73, 92, 93, 105, 115, 119, 120
113, 114, 118, 125, 126, 132, 136, 146-154, 165
Étéocliens : 62, 64, 74, 88, 94, 95, 96, 103, 120, 121, 129,
H 131-133
Forestiers : 23, 48, 49, 57, 62, 63, 70, 73, 74, 92, 94, 95,
Haut-Art : 5, 12, 18, 26, 27, 46, 47, 50, 68, 77, 78, 80, 81, 96, 120, 121, 129, 131, 187
82, 84, 98, 101, 139, 143, 146, 148, 184, 185 Gennemons : 50, 52, 53, 65, 73, 97, 98, 107, 121, 128,
Haut-prince : 155, 157 129, 139
Histoire de Loss : 4, 18, 24, 43, 51, 124, 140, 182 Hégémoniens : 48, 65, 71, 73, 88, 98, 99, 106, 107, 120,
121, 122
Hemlaris : 22, 26, 47-53, 63-66, 71-73, 76, 88, 89, 91,
95-101, 113, 116, 117, 125-128, 141, 146, 148, 152, 159, 160,
166, 168, 172, 175, 176
190
Ref. 14778
INDEX
Imareth : 47-53, 76, 82, 89, 91, 95, 108, 109, 113, 115, 127,
128, 133, 135, 146, 152, 160
S
Jemmaïs : 22, 23, 48, 49, 65, 72, 73, 102, 103, 115, 133, 134, Sbires : 187
135, 148, 182, 184 Séraphins : 151, 157
Nomades des Franges : 72, 91, 93, 103, 114, 115, 118, 175 Sociétés secrètes : 12, 165
San’eshe : 35, 37, 52, 57, 72, 73, 77, 82, 91, 93, 105, 106, Spécialisation : 191
112, 113, 120, 135, 136, 167, 182, 184, 186, 187 Symbiote : 7, 8, 35, 38, 39, 40, 42, 44, 49, 66, 146, 153,
Svatnaz : 46, 72, 82, 95, 106-108, 121, 122 157, 177, 178
Teranchens : 53, 64, 72, 74, 88, 108, 109, 127, 135, 136, 160
Primarque : 141 T
Prophète : 49, 50, 107, 122, 138, 141, 151 Technologie : 4, 17, 18, 21, 28-32, 47, 91, 113, 162, 165, 167,
168, 169, 173
Q Terriens Perdus : 21, 30, 84, 164, 165, 180, 182, 189
Quaesitori : 124, 142 Thanataires : 47, 138, 139, 141, 144
Quaetirs : 149 Toxine : 21
R V
RÉGIONS : VERTUS : 4, 12, 18, 25, 28, 54-65, 70, 77, 88, 90-108, 139,
Archipel des San’eshe : 112 141, 144, 158, 180, 185
Athémaïs : 11, 12, 22, 26, 27, 48-53, 62-66, 70-74, 88- Courage : 12-15, 18, 25, 54, 55, 58, 70, 77, 88, 91, 93, 95,
95, 98, 99, 102-105, 108, 109, 113-115, 118, 119, 133, 135, 100, 102, 105, 107, 180
145, 146, 148, 152, 159, 160, 170, 177, 187 Foi : 18, 25, 54, 57, 58, 93
Armanth : 11, 12, 22, 23, 26-28, 51-53, 60-65, 72, 77-84, Honneur : 12, 13, 18, 25, 28, 54, 58, 62, 63, 64, 70, 77,
88-93, 98-103, 108, 113-115, 120, 123, 126, 127, 131, 132, 88-100, 104, 105, 180
136, 145-167, 170-173, 176, 189, 190 Sagesse : 12, 13, 18, 25, 54, 56, 58, 70, 77, 90, 91, 93, 94,
Cités-Unies : 23, 26, 51-53, 65, 71-73, 76, 88, 89, 91, 95, 95, 99, 102, 104, 105, 108, 180, 191
99, 100, 104, 108, 109, 113, 116, 117, 135, 146, 148, 152, Vesseris : 148, 191
159, 160 Vie quotidienne : 4, 5, 17, 18, 26, 59, 61, 63, 65, 67, 69, 71,
Allenys : 51, 52, 88, 89, 116, 117 73, 75, 158, 191
désert des Franges : 53, 113-115, 118,
Erebheïm : 115
forêt de l’Elmerase : 120-122, 131,
Forêt sans Fin : 121-124, 129, 130, 131
Hégémonie : 11, 12, 22, 23, 26, 42, 45-53, 61, 62, 65, 67,
72, 74, 78, 82, 89-92, 95-104, 107, 108, 120-125, 128-130,
133, 141, 145-148, 152, 159, 168, 170, 176, 186
Anqimenès : 11, 12, 22, 23, 27, 46, 47, 53, 78, 91, 98,
99, 100, 108, 114, 121-124, 132, 138-143, 148, 152, 168,
172, 173, 190
Hemlaris : 22, 26, 47-53, 63-66, 71-73, 76, 88-91, 95, 97,
98-101, 113, 116, 117, 125-128, 141, 146, 148, 152, 159, 160,
166, 168, 172, 175, 176
Cymiad : 22, 23, 50-52, 80, 100, 101, 125, 126, 170
Imareth : 47-53, 76, 82, 89, 91, 95, 108, 109, 113, 115, 127,
128, 133, 135, 146, 152, 160
Marches de Gennema : 22, 50, 98, 123-160
Neiges-Dragon : 45, 49, 106, 121, 122, 129, 130, 131, 166
Dragensvard : 51, 92, 130, 131
Plaines de l’Étéocle : 22, 23, 26, 48, 51, 64, 72, 95, 99,
122, 124, 131-133, 176,
Nashera : 47, 50, 51, 94, 95, 124, 131-133, 154, 176
Rift : 7, 22, 48, 102-104, 115, 119, 131-135
Terancha : 23, 49, 51, 52, 65, 89, 91, 113, 127, 135, 136,
146, 148, 152
Khoïemonos : 109, 118, 135, 136, 146
Reliques : 139, 144, 155
Richesses : 14, 116, 120, 137