Philippe Gasparini-Est-il Je - Jericho
Philippe Gasparini-Est-il Je - Jericho
Philippe Gasparini-Est-il Je - Jericho
ISBN 978-2-02-129132-2
www.seuil.com
Copyright
Stratégies de l’ambiguïté
1 - Identification
Identification onomastique
Identification biographique
Identification professionnelle
2 - Paratexte
Péritexte auctorial
Péritexte allographe
Épitexte
3 - Intertexte et métadiscours
4 - Énonciation
Narration
Je : voix autodiégétique
5 - Temps
Conjugaison
Temps remémoré
Moment de l’énonciation
Brouillages
6 - Lieux de sincérité
Fiction et sincérité
Aveux
Combats
Héroïsation
7 - Questions d’histoire
Diachronie
Infortune critique
8 - Fonctions
Bibliographie
Identification
Identification onomastique
ROMAN
AUTOBIOGRAPHIE
Comme l’a montré Philippe Lejeune, le protocole propre à
l’autobiographie est fondé sur l’identité onomastique de l’auteur, du
narrateur et du personnage 3. ‘Jean-Jacques Rousseau’ est à la fois l’auteur
des Confessions, puisque son nom figure sur la couverture du livre, celui
qui raconte et le personnage principal de l’histoire. À ce titre, il s’engage à
puiser dans ses souvenirs les matériaux d’un récit relatif à sa propre
expérience de la vie. Le lecteur ne croit pas nécessairement que Rousseau
dit toujours la vérité. Mais il le crédite d’un effort mémoriel pour retracer
son passé.
Ce « pacte autobiographique » a pour corollaire le mode d’énonciation
qui caractérise le genre : puisque héros et narrateur ne font qu’un, le récit
est, en principe, raconté à la première personne ; puisque l’auteur se tourne
vers son passé, son récit est, en principe, régi par une structure
rétrospective.
Un roman tel que René 4 peut être qualifié d’autobiographique à partir
du moment où Chateaubriand suggère délibérément qu’il raconte, lui aussi,
ses propres souvenirs. Non seulement le récit du héros imite le mode
narratif de l’autobiographie, première personne et rétrospection, mais
l’auteur transgresse la norme fictionnelle en encourageant le lecteur à
l’identifier avec ‘René’. Les moyens dont il dispose pour mettre en œuvre
cette stratégie d’identification, donc accréditer le caractère
autobiographique de son roman, sont nombreux et variés. La présente étude
a précisément pour objet de les recenser. Le premier consiste à rapprocher
leur identité onomastique : ‘René’ et son créateur ont un prénom commun.
Nous allons voir que le roman autobiographique se distingue
essentiellement des genres connexes par sa stratégie d’identification du
héros-narrateur avec l’auteur.
AUTOBIOGRAPHIE FICTIVE
AUTOFICTION
L’autobiographie fictive reste un roman tant que l’identité du héros-
narrateur se distingue nettement de celle de l’auteur. Mais que se passe-t-il
si le narrateur porte le nom de l’auteur et lui est aisément identifiable ?
L’auteur peut-il encore soutenir qu’il s’agit d’un roman ? La prise en
considération de ce dispositif narratif particulier est récente. Le cas de
figure a d’abord été envisagé par Philippe Lejeune en tant que modèle
théorique virtuel :
Le héros d’un roman déclaré tel, peut-il avoir le même nom que
l’auteur ? Rien n’empêcherait la chose d’exister, et c’est peut-être
une contradiction interne dont on pourrait tirer des effets
intéressants. Mais, dans la pratique, aucun exemple ne se présente à
l’esprit d’une telle recherche 12.
LE VRAISEMBLABLE
Le rôle du poète est de dire non pas ce qui a lieu réellement, mais ce
qui pourrait avoir lieu dans l’ordre du vraisemblable ou du
nécessaire 29.
ÉCHOS ET REFLETS
Le roman autobiographique va se définir par sa politique ambiguë
d’identification du héros avec l’auteur : le texte suggère de les confondre,
soutient la vraisemblance de ce parallèle, mais il distribue également des
indices de fictionnalité. L’attribution à un roman d’une dimension
autobiographique est donc le fruit d’une hypothèse herméneutique, le
résultat d’un acte de lecture. Les éléments dont dispose le lecteur pour
avancer cette hypothèse ne se situent pas seulement dans le texte, mais aussi
dans le péritexte, qui entoure du texte, et dans l’épitexte, c’est-à-dire les
informations glanées par ailleurs.
S’agissant de l’identification purement onomastique, le premier indice
figure sur la couverture du livre où est inscrit le nom de l’auteur. La
superposition de ce nom et de celui du narrateur suppose par conséquent le
franchissement de ce que Philippe Lejeune appelle la « barre de séparation
du texte et du hors-texte 38 ».
Du reflet à l’écho, le romancier qui souhaite suggérer un rapprochement
entre son nom et celui du héros dispose de multiples possibilités
onomastiques. Chateaubriand en a inauguré une en baptisant son héros le
plus connu de son second prénom, ‘René’. Encore cette identité nominale
était-elle cryptée, puisqu’il signait ses œuvres « François-Auguste de
Chateaubriand » et n’avoua sa véritable identité, « François-René », que
dans les Mémoires qu’il voulait posthumes. ‘René’ assumait donc des
fonctions sémiotiques complexes : comme ses prédécesseurs (‘Marianne’,
‘Pamela’, ‘Julie’, ‘Werther’), il promettait une certaine intimité avec le
héros ; mais, en outre, il liait secrètement l’écrivain à son personnage et
réservait la révélation de cette identification à la postérité.
Dès ses origines, le double mouvement d’aveu et de déni est constitutif
du roman autobiographique. On le retrouve naturellement chez Proust ;
d’abord avec la préface dénégative qui devait introduire Jean Santeuil,
ensuite et surtout avec l’identité problématique du narrateur d’À la
recherche du temps perdu. On sait que, dans tout le roman, le prénom de
‘Marcel’ n’apparaît que deux fois, dont la seconde semble accidentelle 39 et
la première pour le moins retorse :
Il n’en est pas moins vrai que la réticence à se nommer qui caractérise la
voix proustienne produit un effet de mystère, d’incertitude, d’attente. Cet
exemple montre bien que le roman autobiographique, contrairement à
l’autobiographie, ne peut pas se définir uniquement par un critère
onomastique. Son identification est avant tout un fait de réception, une
hypothèse fondée non sur des règles mais sur un faisceau d’indices.
L’observation d’une similitude entre le nom de l’auteur et celui du héros-
narrateur ne va donc constituer qu’une des données facultatives susceptibles
de faire naître ou de conforter une telle hypothèse. La divulgation tardive du
prénom, ‘René’ ou ‘Marcel’, peut certes confirmer une intuition, mais en
aucun cas ne suffit à établir ou à modifier le statut générique du texte.
La stratégie de Céline est intéressante à cet égard, car elle marque un
processus d’identification progressive avec le héros-narrateur. On sait que,
pour l’état civil, il se nommait Louis-Ferdinand Destouches. Dès Voyage au
bout de la nuit, il confère à ‘Bardamu’ son second prénom, ‘Ferdinand’.
Puis ‘Bardamu’ disparaît et laisse ‘Ferdinand’, sans nom de famille,
assumer les récits de Mort à crédit à Guignol’s band. Dans le même temps,
le pseudonyme de l’écrivain devient ‘Louis-Ferdinand Céline’. Un double
rapprochement s’opère donc entre l’auteur et son double.
Féerie pour une autre fois signale un nouveau saut référentiel, puisque,
désormais, c’est ouvertement ‘Céline’, ou parfois ‘Destouches’, qui se met
en scène en tant qu’écrivain relatant ses propres aventures. Pour Henri
Godard, cette évolution traduit un « insatiable désir de confondre – par
artifice, naturellement – romanesque et autobiographique 43 ».
La confusion des prénoms n’a pas pour seule fonction de suggérer un
rapprochement entre l’auteur et son double. Elle annonce aussi un
mouvement rétrospectif, dans la mesure où le « petit nom » renvoie au
temps révolu de l’enfance et de l’adolescence. Comme l’explique Henri
Godard, le prénom connote l’intime, l’« intérieur » qui renvoie à
l’« antérieur » :
CODAGE
Je ne suis pas réellement écrivain, dis-je. C’est vous qui êtes mon
double au pays des doubles 55 !
ANONYMAT
[…] pour que chaque lecteur puisse se lire dans le livre, le moi du
narrateur doit avoir une généralité suffisante : non seulement il n’est
pas celui de Proust, mais, dans son absence, il doit n’être celui de
personne pour l’être de tous 67.
Elle, c’est celle qui n’a de nom dans le premier livre ni dans celui
75
qui l’avait précédé ni dans celui-ci .
Et elle reprend, en effet, pour la désigner, les termes généraux dont elle
usait dans L’Amant 76 : « l’enfant », « la petite fille », « la petite blanche »
et, surtout, le pronom « elle ». Dans ces textes ouvertement
autobiographiques, le refus de nommer l’héroïne semble parfois une
coquetterie de la romancière, se constituant ainsi, a posteriori, en
personnage de fiction, à la fois ordinaire (une enfant parmi d’autres, une
fille, une blanche) et, par le récit de son histoire d’amour, extraordinaire,
« héroïsée ».
CONSONANCE
Identification biographique
Le mot « identité », fil d’Ariane de ce chapitre, est tressé de plusieurs
sens. Dans son acception administrative et policière il désigne les nom,
prénoms, date et lieu de naissance, adresse, qui figurent sur la « carte
d’identité ». Cette identité caractérise, en principe, chacun d’entre nous de
façon immuable. En termes de relation logique, « identité » est synonyme
de similitude, d’équivalence. Jouant sur cette polysémie, j’ai recherché
jusqu’à présent des signes d’équivalence entre l’identité onomastique de
l’auteur et celle du héros-narrateur.
Cependant, la superposition des deux instances d’un récit en première
personne peut se fonder sur d’autres critères que leurs nom et prénoms.
L’identité de tout un chacun ne se définit pas seulement par son état civil
mais aussi par son aspect physique, ses origines, sa profession, son milieu
social, sa trajectoire personnelle, ses goûts, ses croyances, son mode de vie,
etc. Cette identité-là, contrairement à la première, n’est pas statique, donnée
une fois pour toutes, mais dynamique, acquise, construite et, sans cesse,
évolutive. Or, qui dit évolution dit tensions, conflits et dialectique.
Les poéticiens, qui, jusqu’à présent, n’ont guère pris en considération la
pragmatique de la réception, ont érigé l’identité onomastique en critère
unique de la distinction entre fiction et autobiographie. Statique, ce critère
était d’un emploi commode. Mais, si on veut comprendre les processus de
superposition auteur-narrateur dans le roman, il est nécessaire d’aller au-
delà et d’étudier comment le romancier autobiographe suggère une analogie
entre la construction de sa propre identité et celle de son héros.
Pour comparer l’identité dynamique du personnage et celle de l’auteur,
le lecteur transgresse nécessairement les limites du texte. Comme nous le
verrons dans le chapitre suivant, il puise ses informations dans le péritexte
(préface, prière d’insérer, apparat critique) et, au-delà, dans toute son
« encyclopédie » personnelle. Selon l’édition dont il dispose, selon
l’étendue de ses connaissances, selon l’attention qu’il prête aux différentes
informations disponibles, le lecteur va avancer, sur l’identité du personnage,
des hypothèses diversement étayées. Et ce travail de « coopération
textuelle », pour reprendre l’expression d’Umberto Eco 87, peut
virtuellement se poursuivre indéfiniment, tant que de nouvelles
informations sur l’auteur et ses intentions sont disponibles.
Identification professionnelle
S’il est un trait biographique du personnage qui autorise, à lui seul, son
identification avec l’auteur, c’est l’activité d’écrivain. Cette identification
professionnelle présente l’avantage de ne nécessiter aucun recours au
paratexte : écrivain, l’auteur l’est, incontestablement, son livre l’atteste. S’il
attribue cette manie à son héros, il signale ipso facto, par le moyen le plus
simple et le plus efficace, un point commun entre eux ; il instaure un effet
de miroir qui va structurer leur relation, donc déterminer l’appréciation
générique du texte par le lecteur. Comment caractériser son fonctionnement
pragmatique ?
Premier point : il ne s’agit pas d’un critère nécessaire et suffisant. De
nombreux romans peuvent être reçus dans un registre référentiel, en raison
d’une convergence d’indices probants, sans que le héros soit écrivain. Soit
le récit s’en tient à la période de formation du personnage, enfance,
adolescence. Soit il est centré sur une crise affective qui maintient, pour un
temps, le héros à l’écart de sa vie professionnelle : c’est le cas du Premier
Homme, dans lequel le héros de Camus revient, toutes affaires cessantes,
sur les lieux de son enfance.
Cependant, lorsque l’absence d’identification professionnelle ne peut
être justifiée par aucune de ces deux contextures temporelles la teneur
autobiographique du roman tend à s’affaiblir. Benjamin Constant et Eugène
Fromentin, par exemple, ne font pas de leurs protagonistes des écrivains,
bien qu’ils suivent leurs destinées d’adultes sur plusieurs années. En
conséquence, si on détecte une intention autobiographique dans Adolphe,
Cécile 114 ou Dominique 115, ce ne peut être qu’en imputant les traits de
caractère des protagonistes aux auteurs sur la foi de documents paratextuels.
Il faut d’ailleurs observer que Constant, essayiste, homme politique, et
Fromentin, peintre, n’ont écrit qu’un ou deux romans. Cela explique sans
doute, d’une part, qu’ils ne caractérisent pas leur héros par cette activité et,
d’autre part, qu’ils choisissent un canevas d’autobiographie fictive. Dans ce
schéma conventionnel, en effet, l’auteur allégué est généralement un
écrivain d’occasion qui tient son journal ou livre le récit d’une aventure
exceptionnelle sans prétention littéraire. Et le contraste entre la littérarité du
texte et cette allégation d’amateurisme souligne la supercherie.
Inversement, tout personnage-écrivain n’incarne pas l’auteur. Nul ne
chercherait quelque intention autobiographique dans les Fictions où Borges
retrace successivement les carrières littéraires de ‘Pierre Ménard, auteur du
Quichotte’, d’‘Herbert Quain’ et de ‘Jaromir Hladik’ 116. Cependant, malgré
les signes de fictionnalité qui saturent ces nouvelles, le lecteur va déceler,
sous l’identité professionnelle des héros et de l’auteur, non seulement un
dessein satirique ou ironique, mais aussi une réflexion – dans les deux sens
du terme – sur le métier d’écrivain. C’est que le héros-écrivain comporte un
potentiel réflexif auquel l’auteur ne peut guère se soustraire. Selon le type
de réception qu’il recherche, il va s’efforcer de neutraliser ce potentiel ou,
au contraire, de l’utiliser à des fins autoréférentielles.
PROFESSION CONTIGUË
ÉCRIVAIN PERSONNAGE
Le style indirect libre fait assez sentir, dans ce court extrait, la distance
ironique qui sépare le narrateur, absent et indéterminé, du jeune héros
124
enthousiaste ; et il annonce ses désillusions. Huysmans, dans Là-bas ,
utilise de façon plus directe un personnage de romancier, ‘Durtal’, pour le
représenter. Alors que le narrateur de Martin Eden s’accorde le privilège de
125
connaître les pensées de différents personnages , Huysmans filtre tout son
récit à travers la conscience de ‘Durtal’. La focalisation permet de franchir
un degré supplémentaire dans la superposition de l’auteur et de son
personnage écrivain.
Zuckerman délivré et La Leçon d’anatomie, de Philip Roth, également
racontés à la troisième personne à travers le seul point de vue du héros,
ajoutent encore un indice propre à encourager cet amalgame. Philip Roth
invite en effet le lecteur à établir un parallèle entre son livre le plus célèbre
et le plus controversé, Portnoy et son complexe, et un roman de
‘Zuckerman’ intitulé Carnovsky dont le succès bouleverse la vie de son
auteur. Naturellement, il est impossible de ne pas projeter sur Roth le
lancinant sentiment de culpabilité ressenti par ‘Zuckerman’, accusé en
public d’antisémitisme et, en privé, de parricide. L’efficacité de ce signal
autobiographique est fondée sur l’aptitude du lecteur à l’intertextualité, sur
sa capacité à sortir du roman pour le confronter avec d’autres textes du
même auteur.
ÉCRIVAIN NARRATEUR
Second cas de figure : l’écrivain identifiable à l’auteur occupe
également la position de narrateur. Il détient tous les leviers de commande
du texte, et montre, à l’occasion, sa capacité à communiquer directement
avec le lecteur par-dessus la tête des autres personnages. Pour illustrer les
nombreuses possibilités ouvertes par cette configuration, je distinguerai
quatre types d’écrivain-narrateur : « l’enquêteur masqué », « le rêveur
incompris », « le romancier au travail » et « l’écrivain consacré ».
Le premier se rencontre, par exemple, dans les romans de Modiano, où
il s’avance incognito, expert en filatures, interrogatoires discrets,
recoupements et dépouillement d’archives 126. Est-ce la recherche d’un sujet
qui le pousse dans ces investigations minutieuses ou quelque nécessité
intérieure ? Alors qu’il se prétend artisan du langage, le non-dit semble à
tout moment submerger son récit. La tension s’instaure entre une écriture
neutre de procès-verbal et l’hypothèse que ces enquêteurs puissent
représenter l’auteur traquant son passé.
Le « rêveur incompris » est engagé dans un processus de formation,
d’apprentissage, d’éclosion. Son identité d’écrivain s’élabore au fil du texte.
Or, comme je l’ai noté précédemment, la reconstitution d’une construction
identitaire glisse facilement vers la fiction. Tous les épisodes situés entre le
désir d’écrire et la professionnalisation effective forment la trame d’une
légende dorée dont rien ne garantit la véracité. Le héros confie au lecteur
son désir d’écrire et le rend témoin de l’accueil que les autres réservent à
ses projets littéraires. Dans la mesure où ses livres ont été édités, son talent
reconnu, l’auteur soutient, dans le récit des débuts d’un écrivain, deux
discours parallèles : l’un, intradiégétique, qui s’adresse aux personnages
doutant des capacités du héros, l’autre, extradiégétique, au lecteur qui
prévoit son succès.
Ainsi, quand le narrateur proustien rêve d’entretenir Mme de
Guermantes de ses idées de poèmes, c’est en fait au lecteur qu’il confie
l’ancienneté de son désir d’écrire 127. Avoué aux personnages, ce projet se
heurte à leur hostilité (« mon père avait fait une constante opposition à ce
que je me destinasse à la carrière des lettres 128 »), ou à leur philistinisme
(« Jusqu’ici je m’étais seulement rendu compte que je n’avais pas le don
d’écrire ; maintenant M. de Norpois m’en ôtait même le désir 129 »), quand il
ne suscite pas des espoirs impatients (« Mes parents cependant auraient
souhaité que l’intelligence que Bergotte m’avait reconnue se manifestât par
quelque travail remarquable 130 ») ou des encouragements ironiques :
Le narrateur (l’auteur ?), fort d’un texte enfin abouti, repousse les
marques d’incompréhension qui l’accablaient, et les doutes qui
l’assaillaient, dans un passé romancé et rend le lecteur témoin de son lent
cheminement vers la création. À la fin du Temps retrouvé, prenant le pas sur
ses personnages, c’est au lecteur qu’il expose, sur le mode du discours, les
conceptions esthétiques qui sous-tendent son œuvre.
Les apparitions de notre troisième personnage, le « romancier au
travail », marquent une forte intrusion du narrateur-écrivain dans le récit.
L’œuvre de Céline en offre maints exemples. D’abord dans ses préambules
au présent, émaillés d’anecdotes, de dialogues, puis de digressions
virulentes, de critique littéraire au vitriol. Ce discours autonome, qui diffère
le récit rétrospectif, va ensuite, dans la trilogie allemande, l’interrompre,
pour évoquer la vie et les opinions du protagoniste à l’heure où il écrit. Le
lecteur se verra ainsi notifié, de plus en plus directement, le caractère à la
fois référentiel et éminemment subjectif, passionnel, polémique et violent
du texte célinien.
Enfin, l’« écrivain consacré » se caractérise par sa stature : il occupe le
centre du récit et adresse ses tirades non seulement au lecteur mais aux
autres personnages. Ainsi, dans Regarde, regarde les arlequins !, ‘Vadim
Vadimovitch N.’ retrace sa carrière d’écrivain à l’intention de la femme
qu’il aime tout en donnant une « interview avec la postérité 132 ». Outre ce
double narrataire, ce qui frappe dans le dernier livre de Nabokov, c’est la
mise en place d’une stricte dichotomie des registres narratifs, la carrière du
héros étant traitée sur un mode référentiel alors que sa vie privée semble
entièrement fictionnelle.
En faisant de son héros un écrivain, l’auteur crée un effet de miroir que
le lecteur perçoit comme un indice d’implication personnelle dans le récit.
Il en va de l’identification professionnelle comme de l’identification
onomastique ou biographique : l’auteur a la possibilité de moduler la
prégnance de ce signe en déformant plus ou moins le miroir. La
caractérisation spatiale, temporelle, psychologique ou morale du héros, le
genre de littérature qu’il aime et qu’il produit, le degré de vraisemblance
des situations, le dosage de l’ironie lui permettent de spécifier à quelle
distance il souhaite se tenir de son personnage.
Cependant, il faut bien admettre que l’identification professionnelle
retentit plus profondément dans le texte du roman que toute autre similitude
entre l’auteur et son personnage. Que le héros soit lui-même romancier et
voilà justifiés les commentaires intertextuels et métadiscursifs dont la
portée générique sera étudiée en troisième partie ; voilà subordonnés à un
enjeu esthétique le mode d’énonciation et la structuration temporelle du
récit qui seront abordés par la suite.
Mais, dans l’immédiat, en quête de données complémentaires sur les
rapports qu’entretient l’auteur avec son protagoniste, nous allons sortir du
texte proprement dit pour rechercher dans son environnement des
indications génériques susceptibles d’orienter notre lecture.
1. Cf. Gérard Genette et Tzvetan Todorov (dir.), Théorie des genres, Paris, Éd. du Seuil, coll.
«Points Essais», 1986; T. Todorov, Les Genres du discours, Paris, Éd. du Seuil, coll.
«Poétique», 1978; Théorie de la littérature, textes des formalistes russes traduits par T.
Todorov, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1965; T.Todorov, Introduction à la
littérature fantastique, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1970, rééd. coll. «Points Essais»,
1967, chap. 1; J.-M. Schaeffer, Qu’est-ce qu’un genre littéraire?, Paris, Éd. du Seuil, coll.
«Poétique», 1989; Dominique Combe, Les Genres littéraires, Paris, Hachette, 1992.
2. G. Genette, Fiction et diction, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1991, p. 8.
3. P. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., p. 15.
4. F.-R. de Chateaubriand, René, 1802; nombreuses rééditions dont celle des Œuvres
romanesques et voyages, éd. M.Regard, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la
Pléiade», 1969.
5. «Le Lazarillo pose d’emblée ce qui sera la condition essentielle de l’existence du roman
picaresque: l’autobiographie fictive» (D. Souiller, Le Roman picaresque, Paris, PUF, coll.
«Que sais-je?», 1980, p. 25).
6. Sur les préfaces qu’il qualifie de «dénégatives», voir G. Genette, Seuils, Paris, Éd. du Seuil,
coll. «Poétique», 1987; rééd., coll. «Points», 2001, p. 172-174 et 257-261.
7. G.-J. Guilleragues de la Vergne, Lettres portugaises, 1669, sans nom d’auteur; rééd., Paris,
Garnier, 1962, et Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1990. L’attribution de ce texte a été
définitivement établie en 1962 par Frédéric Deloffre et Jacques Rougeot. Deux autres
exemples: La Vida de Lazarillo de Tormes [1554], anonyme, parfois attribuée à Diego
Hurtado de Mendoza, et Robinson Crusoé dont Defoe a d’abord refusé de reconnaître la
paternité. Cf. F. Ledoux, éd. de Robinson Crusoé, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de
la Pléiade», 1959, p. XII, et R. Demoris, «L’écrivain et son double: savoir et fiction dans le
texte classique (XVIIe et XVIIIe siècles)», dans Les Sujets de l’écriture. Textes réunis par
Jean Decottignies, Lille, Presses universitaires de Lille, 1981.
8. Le procédé est encore employé. Dans Seuils, op. cit., G. Genette mentionne notamment
Jean Santeuil de Proust, L’École des femmes de Gide, Madame Edwarda de Bataille,
L’Immortel de Borges et Le Nom de la rose d’Umberto Eco. On peut ajouter, sans prétendre
clore la liste, Aziyadé de Pierre Loti, Le Loup des steppes de Hermann Hesse.
9. C.A. Sainte-Beuve, Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme, 1829; rééd., Paris,
Nouvelles Éditions latines, 1956. Wilhelm Wackenroder l’avait précédé dans cette voie:
Herzensergiessungen eines kunstliebenden Klosterbruders, paru anonymement à Berlin en
1797 (trad. fr. de J. Boyer, Effusions sentimentales d’un religieux ami de l’art, dans
Fantaisies sur l’art, Paris, Aubier, 1945), rassemble des essais d’esthétique, une lettre et
des poèmes attribués à ‘Joseph Berglinger’, ainsi qu’une notice biographique d’une
vingtaine de pages qui doit davantage à la mémoire de l’auteur qu’à son imagination.
10. V. Larbaud, A.O. Barnabooth, ses œuvres complètes, 1913; rééd., Paris, Gallimard, coll.
«Biblos», 1995.
11. F. Pessoa, Livro de Desassossego, écrit de 1913 à 1935, paru en 1982; rééd., 1998; trad. fr.
de F. Laye, Le Livre de l’intranquillité, Paris, Bourgois, 1988; rééd., 1999.
12. P. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., p. 31.
13. Lettre du 17 octobre 1977 citée par Philippe Lejeune dans le chapitre «Autobiographie,
roman et nom propre» de Moi aussi, op. cit., p. 63.
14. S. Doubrovsky, Fils, Paris, Galilée, 1977; rééd., Gallimard, coll. «Folio», 2001. Dans la
réédition, la définition du genre ne figure plus en quatrième de couverture mais en
conclusion d’un résumé liminaire signé «S.D.».
15. S. Doubrovsky, «Autobiographie / vérité / psychanalyse», dans Autobiographiques: de
Corneille à Sartre, Paris, PUF, coll. «Perspectives critiques», 1988, p. 70.
16. Ibid., p. 77.
17. V. Colonna, L’Autofiction. Essai sur la fictionnalisation de soi en littérature, thèse inédite
sous la dir. de G. Genette, Paris, EHESS, 1989.
18. Cette efficience de la poétique répond au vœu formulé par G. Genette, Nouveau discours
du récit, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1983, p. 109.
19. V. Colonna, L’Autofiction, op. cit., p. 3.
20. Ibid., p. 2.
21. Copi, La Guerre des pédés, Paris, Albin Michel, 1982.
22. A. Blondin, Monsieur Jadis ou l’école du soir, Paris, La Table ronde, 1970; rééd.,
Gallimard, coll. «Folio», 1972.
23. J. Charyn, The Catfish Man, 1980, trad. fr. de D. Mauroc, Poisson-chat, Paris, Éd. du Seuil,
1982; rééd., coll. «Points», 1999.
24. P. Lejeune, Moi aussi, op. cit., p. 65.
25. G. Genette, Fiction et diction, op. cit., p. 86. G. Genette revient sur ce problème de la
définition de l’autofiction dans Figures IV, Paris, Éd. du Seuil, 1999, p. 32.
26. J. Kosinski, The Painted Bird, 1965; trad. fr. de M. Pons, L’Oiseau bariolé, Paris,
Flammarion, 1966; rééd., «J’ai lu».
27. Cette mise au point générique figure en postface des éditions en langue originale sous le
titre «Afterward». Sur cette affaire, voir Dorrit Cohn, The Distinction of Fiction, Baltimore,
Johns Hopkins University Press, 1999; trad. fr. de C. Harry-Schaeffer, Le Propre de la
fiction, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 2001, p. 58-60.
28. Aristote, Rhétorique, op. cit., livre I, chap. II, 1357a, p. 88-89.
29. Aristote, Poétique, op. cit., chap. 9, 1451 a 36, p. 65.
30. A. Compagnon, Le Démon de la théorie. Littérature et sens commun, Paris, Éd. du Seuil,
1998, p. 108 et 112.
31. Aristote, Poétique, op. cit., chap. 25, 1461 b 11.
32. G. Genette, «Vraisemblance et motivation», Communications, nº 11, Le Vraisemblable,
1968, p. 5-21; rééd. dans Figures II, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1969.
33. T. Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Éd. du Seuil, 1970; rééd. coll.
«Points», 1976, p. 29 et 164.
34. W. Gombrowicz, Ferdydurke, 1937; trad. fr. de G. Sédir, Paris, UGE, coll. «10/18», 1973,
p. 19.
35. C. Dickens, The Personal History, Adventures and Experience of David Copperfield the
Younger, 1850, chap. XVII et XXVII en ce qui concerne les Micawber, chap. XXVI pour Miss
Murdstone.
36. M. Proust, Le Temps retrouvé, dans À la recherche du temps perdu, 1913-1927, rééd. sous
la dir. de J.-Y. Tadié, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1987-1989, t. IV,
p. 394.
37. R.M. Rilke, Die Aufzeichnungen des Malte Laurids Brigge, Francfort, 1929; trad. fr. de C.
David, Les Carnets de Malte Laurids Brigge, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la
Pléiade», 1993; rééd., coll. «Folio», 1991, p. 109.
38. P. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., p. 37.
39. La seconde mention de ‘Marcel’ se trouve à la fin d’un «mot» envoyé par ‘Albertine’ au
narrateur: «Quelles idées vous faites-vous? Quel Marcel! Toute à vous, ton Albertine» (La
Prisonnière, dans À la recherche du temps perdu, publié de 1913 à 1927, nombreuses rééd.
partielles et complètes, dont l’éd. citée sous la dir. de J.-Y. Tadié, t. III, p. 663). Pour
Genette, cette «occurrence […] n’est pas sans réserve» («Discours du récit», dans Figures
III, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1972, p. 257, n. 2). Pour Jacques Lecarme, il
s’agit d’«une regrettable inadvertance, d’ailleurs posthume» («L’autofiction: un mauvais
genre?», dans Autofictions et Cie, op. cit., p. 228). Pour Jean-Yves Tadié, ce passage
«n’appartient pas à la partie corrigée de l’œuvre, et Proust l’eût sans doute rayé, comme
ailleurs» (Proust et le roman, Paris, Gallimard, 1971, p. 30).
40. M. Proust, La Prisonnière, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. III, p. 583.
41. P. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., p. 29.
42. M. Proust, Sodome et Gomorrhe, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. III, p. 51.
43. H. Godard, Poétique de Céline, Paris, Gallimard, 1975, p. 299.
44. H. Godard, Préface à L.-F. Céline, Romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la
Pléiade», t. III, 1988, p. XII.
45. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, II, 1.
46. D. Chraïbi, Le Passé simple, Paris, Denoël, 1954; rééd., Gallimard, coll. «Folio», 1986.
47. A. Ernaux, Ce qu’ils disent ou rien, Paris, Gallimard, 1977; rééd., coll. «Folio», 1989.
48. Ibid., p. 106.
49. Colette, Les Vrilles de la vigne, 1908; rééd. dans Œuvres, Paris, Gallimard, coll.
«Bibliothèque de la Pléiade», t. I, 1984, p. 1030.
50. L. Bodard, Monsieur le Consul, Paris, Grasset, 1973.
51. F. Weyergans, Franz et François, Paris, Grasset, 1997.
52. P. Loti, Le Mariage de Loti, 1880, paru d’abord sous le titre de Rarahu; rééd. dans Romans,
Paris, Presses de la Cité, coll. «Omnibus», 1989, p. 137.
53. Dans un essai intitulé «H.H.», Maurice Blanchot a étudié la relation de Hermann Hesse
avec les nombreux personnages qui portent ses initiales (Le Livre à venir, Paris, Gallimard,
1959; rééd., coll. «Folio», 1986, p. 227-251).
54. P. Sollers, Femmes, Paris, Gallimard, 1983; rééd., coll. «Folio», 1985.
55. Ibid., p. 563.
56. P. Sollers, Le Cœur Absolu, Paris, Gallimard, 1987; rééd., coll. «Folio», 1989, p. 38-39 et
53.
57. F. Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Paris, Flammarion, 1969.
58. H. Bazin, Vipère au poing, Paris, Grasset, 1948, et La Mort du petit cheval, Paris, Grasset,
1950; rééd., LGF, coll. «Le Livre de Poche», 1972.
59. Dans The Web and the Rock, 1939; trad. fr. de J. Michelet, La Toile et le roc, Lausanne,
L’Âge d’homme, 1984.
60. K. Hamsun, Sous l’étoile d’automne [1906], trad. fr. de R. Boyer, Paris, Calmann-Lévy,
1978; rééd., LGF, coll. «Le Livre de Poche», 1982; Un vagabond joue en sourdine [1909],
trad. fr. de R. Boyer, Paris, Calmann-Lévy, 1979; ; rééd., LGF, coll. «Le Livre de Poche»,
1983; La Dernière Joie [1912], trad. fr. de R. Boyer, Paris, Calmann-Lévy, 1979; rééd.,
Gallimard, coll. «Folio», 1994.
61. P. Sollers, Portrait du joueur, Paris, Gallimard, 1984; rééd., coll. «Folio», 1993, p. 76-78.
62. A. Camus, Le Premier Homme [1960], Paris, Gallimard, 1994, p. 138 et 189.
63. J.-Y. Tadié a relevé cinq suppressions de ‘Marcel’ dans les «Cahiers» de Marcel Proust
(Proust et le roman, op. cit., p. 30). Le parti pris de l’anonymat n’est parfois respecté qu’au
prix d’acrobaties remarquables. Ainsi, dans ce dialogue avec Gilberte, extrait de Noms de
pays: le nom (justement!): «“Vous savez, vous pouvez m’appeler Gilberte, en tout cas moi,
je vous appellerai par votre nom de baptême. C’est trop gênant.” Pourtant elle continua
encore un moment à se contenter de me dire “vous” et, comme je le lui faisais remarquer,
elle sourit et, composant, construisant une phrase comme celles qui dans les grammaires
étrangères n’ont d’autre but que de nous faire employer un mot nouveau, elle la termina par
mon petit nom. En me souvenant plus tard de ce que j’avais senti alors, j’y ai démêlé
l’impression d’avoir été tenu un instant dans sa bouche, moi-même, nu, […]» (Du côté de
chez Swann, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. I, p. 396). Le «petit nom» pas
plus que le narrateur ne seront livrés nus au lecteur.
64. A. Robbe-Grillet, La Jalousie, Paris, Éd. de Minuit, 1957.
65. S. Beckett, L’Innommable, Paris, Éd. de Minuit, 1953.
66. N. Sarraute, Entre la vie et la mort, Paris, Gallimard, 1968; rééd., coll. «Folio», 1992.
67. J.-Y. Tadié, Proust et le roman, op. cit., p. 30.
68. Lettre de 1913 à René Blum, citée par L.P. Quint, Proust et la stratégie littéraire, Paris,
Corréa, 1954, p. 39.
69. G. Genette, Figures III, op. cit.
70. D. Cohn, Transparent Minds, Princeton, Princeton University Press, 1978; trad. fr. de A.
Bony, La Transparence intérieure, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1981.
Spécialement la deuxième partie intitulée «La vie intérieure dans le récit à la première
personne».
71. A. Roulin, «Notice» pour Cécile, de Benjamin Constant, Paris, Gallimard, 1951; rééd., coll.
«Folio», 1988, p. 282.
72. Cf. supra, p.33, note 1.
73. K. Hamsun, Sult, Oslo, 1890; trad. fr. de G. Sautreau, La Faim, Paris, PUF, 1961; rééd.,
LGF, coll. «Le Livre de Poche», 1972.
74. R. Boudjedra, La Répudiation, Paris, Denoël, 1969; rééd., Gallimard, coll. «Folio», 1981.
75. M. Duras, L’Amant de la Chine du Nord, Paris, Gallimard, 1991; rééd., coll. «Folio», p. 13.
76. M. Duras, L’Amant, Paris, Éd. de Minuit, 1984.
77. Dans J. Fante, The Road to Los Angeles, 1985 (écrit vers 1935-1936); trad. fr. de B.
Matthieussent, La Route de Los Angeles, Paris, Bourgois, 1987; rééd., UGE, coll. «10/18»,
1987. Wait Until Spring, Bandini, 1938; trad. fr. de B. Matthieussent, Bandini, Paris,
Bourgois, 1985; rééd., UGE, coll. «10/18», 1988; et Ask the Dust, 1939, trad. fr. de P.
Garnier, Demande à la poussière, Paris, Bourgois, 1986; rééd., UGE, coll. «10/18», 1988.
78. P. Roth, Goodbye, Columbus, trad. fr. de C. Zins, Paris, Gallimard, 1962; rééd., coll.
«Folio», 1980.
79. P. Roth, The Professor of Desire, 1977; trad. fr. de H. Robillot, Professeur de désir, Paris,
Gallimard, 1979.
80. P. Roth, Zuckerman Bound, 1979-1985; trad. fr. de H. Robillot et J.-P. Carasso, Zuckerman
enchaîné, Paris, Gallimard, 1981-1987; rééd., coll. «Folio», 1987. Et The Counterlife,
1986; trad. fr. de M. Waldberg, La Contrevie, Paris, Gallimard, 1989; rééd., coll. «Folio»,
1991.
81. H. Roth, Call it Sleep, New York, 1933, rééd. 1964; trad. fr. de A. Albert et L. Rosenbaum,
L’Or de la terre promise, Paris, Grasset, 1968.
82. A. Begag, Le Gone du Chaâba, Paris, Éd. du Seuil, 1986; rééd., coll. «Virgule», 1996, p.
208-209.
83. P. Roth, Portnoy’s Complaint, New York, 1969; trad. fr. de H. Robillot, Portnoy et son
complexe, Paris, Gallimard, 1970; rééd., coll. «Folio», 1973.
84. Dans Les Compagnons de la grappe et Mon chien Stupide.
85. S. Rezvani, Les Années-lumière, Paris, Flammarion, 1967.
86. A. Bryce-Echenique, La vida exagerada de Martin Romaña, Barcelone, 1981; trad. fr. de
J.-M. Saint-Lu, La Vie exagérée de Martin Romaña, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Points»,
1991, p. 46 et 105-106.
87. U. Eco, Lector in fabula, Milan, 1979; trad. fr. de M. Bouzaher sous le même titre, Paris,
Grasset, 1985, p. 82.
88. J. Charyn, Poisson-chat, op. cit., p. 10: «Je suis né en 1937.»
89. P. Modiano, De si braves garçons, Paris, Gallimard, 1982; rééd., coll. «Folio», p. 42.
90. P. Modiano, Les Boulevards de ceinture, Paris, Gallimard, 1972; rééd., coll. «Folio», 1978.
91. Ibid., p. 136.
92. P. Roth, Portnoy et son complexe, op. cit., p. 18 et 141.
93. Notamment La Route des Flandres, Paris, Éd. de Minuit, 1960, et Les Géorgiques, Paris,
Éd. de Minuit, 1981.
94. C. Simon, Le Palace, Paris, Éd. de Minuit, 1962.
95. John Fletcher, dans un article paru en 1981 («Claude Simon: autobiographie et fiction»,
Critique, nº 414, novembre 1981, p. 1211), estime ce parti pris congruent avec le genre
romanesque: «Ni Barcelone, ni l’hôtel Colon ne sont nommés dans Le Palace: c’est à La
Corde raide qu’il faut s’adresser pour ce complément d’information, banal sans doute et
qui n’a certes pas sa place dans le roman.» «La Corde raide, précise-t-il, est un livre
autobiographique de 1947.» Il est malheureusement épuisé.
96. J. Joyce, A Portrait of the Artist as a Young Man, 1914; trad. fr. de L. Savitzky, Dedalus,
Paris, Gallimard, 1943; rééd. avec trad. révisée par J. Aubert, Portrait de l’artiste en jeune
homme, coll. «Folio», 1982.
97. P. Roth, Zuckerman Unbound, 1981; trad. fr. de H. Robillot, Zuckerman délivré, Paris,
Gallimard, 1982; et La Contrevie, op. cit.
98. Colette, Claudine à l’école, 1900; La Maison de Claudine, 1922; Sido, 1930; plusieurs
rééd. dont celle des Œuvres, op. cit.
99. J. Giono, Jean le Bleu, Paris, Grasset, 1932; rééd., LGF, coll. «Le Livre de Poche», 1990.
100. D. Chraïbi, Le Passé simple, op. cit.; Succession ouverte, Paris, Denoël, 1962, rééd.,
Gallimard, coll. «Folio», 1979; et La Civilisation, ma mère…!, Paris, Denoël, 1972; rééd.,
coll. «Folio», 1988.
101. S. Doubrovsky, Fils, op. cit.; Un amour de soi, Paris, Hachette, 1982, rééd., Gallimard,
coll. «Folio», 2001; et, plus encore, Le Livre brisé, Paris, Grasset, 1989.
102. J. Fante, West of Rome, 1985; trad. fr. de B. Matthieussent, Mon chien Stupide, Paris,
Bourgois, 1987; rééd., UGE, coll. «10/18», 1989.
103. P. Roth, La Contrevie, op. cit.
104. H. de Balzac, Louis Lambert, 1836; nombreuses rééd., dont celle de La Comédie humaine,
Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», t. XI, 1980, p. 605.
105. H. de Balzac, Z. Marcas, 1840; rééd. ibid., t. VIII, 1977, p. 829 puis 834-835.
106. H. Melville, Redburn, ou Sa première croisière, trad. fr. de A. Guerne, Paris, Gallimard,
1976; rééd., coll. «Folio», 1980.
107. J. London, Martin Eden, 1909; trad. fr. de L. Postif reprise dans Œuvres, Paris, Gallimard-
Hachette, 1965; trad. fr. de C. Cendrée, Paris, G. Crès, rééd., UGE, coll. «10/18», 1973;
nouvelle trad. fr. de F. Kerline, Paris, Phébus, coll. «Libretto», 2001.
108. J. Genet, Journal du voleur, Paris, Gallimard, 1949, rééd., coll. «Folio»; et Notre-Dame-
des-Fleurs, Décines, Barbezat, 1948, rééd., Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1976.
109. J. Genet, Journal du voleur, op. cit., p. 230 et 233.
110. H. de Balzac, Louis Lambert, op. cit.
111. R. Gary-É. Ajar, Pseudo, Paris, Mercure de France, 1976.
112. J. Charyn, op. cit.
113. P. Modiano, op. cit.
114. B. Constant, Adolphe, 1806, édité en 1816, nombreuses rééd., dont Paris, Gallimard, coll.
«Bibliothèque de la Pléiade», et coll. «Folio», 1988. Cécile, environ 1811, édité en 1951,
op. cit.
115. E. Fromentin, Dominique, 1806, nombreuses rééd. dont celle des Œuvres complètes, Paris,
Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1984.
116. J.L. Borges, Ficciones, Buenos Aires, 1956, 1960; trad. fr. de P. Verdevoye, Ibarra et R.
Caillois, Fictions, Paris, Gallimard, 1957, 1965; rééd., coll. «Folio», 1974.
117. H. Kureishi, The Buddha of Suburbia, 1990; trad. fr. de M. Courtois-Fourcy, Le Bouddha
de banlieue, Paris, Bourgois, 1991; rééd., UGE, coll. «10/18», 1993.
118. L. Aragon, Blanche ou l’oubli, Paris, Gallimard, 1967; rééd., coll. «Folio», 1972.
119. H. de Balzac, Louis Lambert, op. cit.
120. A. Gide, Les Cahiers d’André Walter, 1891; rééd., Paris, Gallimard, 1930, et coll.
«Poésie», 1986: «un roman […], des notes de voyage en Auvergne, des ébauches de
contes, quelques poésies» (p. 34).
121. P. Modiano, De si braves garçons, op. cit., p. 156.
122. J. Charyn, Poisson-chat, op. cit., p. 209.
123. J. London, Martin Eden, op. cit., p. 92-93.
124. J.-K. Huysmans, Là-bas, 1891; plusieurs rééd., dont Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1985.
125. Dans Martin Eden, Jack London théorise d’ailleurs, par la bouche de Ruth, la position
omnisciente de l’auteur en tant que convention inhérente au genre romanesque: «Toute
forme d’art a ses limites […]. En peinture il n’y a que deux dimensions et, cependant, vous
acceptez l’illusion de la troisième dimension que l’artiste a su mettre dans son tableau. En
littérature, de même, l’auteur est tout-puissant. Vous acceptez qu’il rapporte les pensées
secrètes de l’héroïne tout en sachant parfaitement que celle-ci était seule au moment où elle
a formé ces pensées et que personne n’a pu les entendre. […] Il y a certaines incohérences
qu’il faut accepter» (op. cit., chap. 24, p. 223).
126. P. Modiano, Les Boulevards de ceinture, op. cit.; De si braves garçons, op. cit.; Fleurs de
ruine, Paris, Éd. du Seuil, 1991; et Dora Bruder, Paris, Gallimard, 1997.
127. M. Proust, Du côté de chez Swann, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. I, p. 170.
128. À l’ombre des jeunes filles en fleurs, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. I, p.
431.
129. Ibid., t. I, p. 444.
130. Ibid., t. I, p. 569.
131. Sodome et Gomorrhe, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. III, p. 420.
132. V. Nabokov, Look at the Harlequins!, 1974; trad. fr. de J.-B. Blandenier, Regarde, regarde
les arlequins!, Paris, Fayard, 1978, p. 294.
2
Paratexte
Péritexte auctorial
TITRE
Sous le nom de l’auteur, dont l’effet générique a été examiné dans le
chapitre précédent, figure le titre de l’ouvrage. Sa fonction est de créer une
attente qui s’inscrive dans l’horizon culturel, esthétique et affectif du
lecteur. L’argument d’un texte référentiel peut être résumé en quelques
pages, synthétisé en quelques lignes et, finalement, désigné par son titre qui
sera, idéalement, transparent à son contenu. Une œuvre littéraire, au
contraire, demeure irréductible à une formule ou à un concept. C’est
pourquoi son titre ne la résume pas mais pose une énigme que le texte
développe sans jamais la résoudre complètement. « Un titre doit
embrouiller les idées, non les embrigader », disait Umberto Eco à propos du
Nom de la rose. A fortiori, le titre d’un texte de statut volontairement
ambigu risque fort d’embrouiller nos idées génériques.
Genette oppose les titres thématiques, qui désignent le contenu de
l’ouvrage, aux titres rhématiques, qui annoncent sa forme 5. Ces derniers
sont en principe les plus prescriptifs : ils permettent, par exemple, à l’auteur
d’assigner à un roman, d’entrée de jeu, une forme non romanesque. Nous
parlerons alors d’un titre générique. On sait que le roman adopte volontiers
la stratégie du coucou qui pond ses œufs dans les nids d’autres espèces. Le
roman autobiographique perfectionne encore cette technique de
reproduction en investissant subrepticement des nids, c’est-à-dire des
genres, déjà colonisés par la fiction – la lettre, le journal, le testament, la
confession, les Mémoires –, dont il mimera plus ou moins le
fonctionnement. Ainsi va s’engager un jeu intertextuel, et même, si l’on
peut dire, intergénérique, qui ne prendra tout son sens qu’après le
décryptage sémiotique du texte que le titre encode.
Un titre comme Lettres aux années de nostalgie 6, de Kenzaburô Ôé,
n’annonce pas une forme strictement épistolaire, mais plutôt un ton de
confidence personnelle. Le complément du terme générique donne au titre
une valeur thématique : les « années de nostalgie » laissent prévoir un
discours tourné vers le passé, un point de vue rétrospectif. L’effet d’attente
se construit donc en sélectionnant certaines des connotations culturelles du
genre épistolaire.
Le narrateur de À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie 7 n’adresse pas à
quelque destinataire une épître dédicatoire. Mais, en postulant d’emblée un
narrataire intime, Hervé Guibert propose au lecteur de surprendre un
discours privé. De même, dans Le Testament français 8, Andreï Makine
utilise les connotations du terme générique « testament » – passé, mort,
secret familial, legs, transmission de valeurs – pour suggérer la dimension
autobiographique du texte.
« Journal », comme « lettre », peut intituler une véritable chronique
intime ou un roman qui en adopte la forme autodiégétique et quotidienne.
Seule l’identité du diariste, comparée à celle de l’auteur, pourra indiquer
une intention autobiographique. Outre son utilité rhématique et thématique,
le titre remplit en effet une troisième fonction, qu’on pourrait nommer
fonction « héroïque ». Il lui suffit pour cela de nommer ou de caractériser le
personnage principal. Cette désignation, dans l’espace réduit de la page de
titre, voisine nécessairement avec la mention du nom de l’auteur : ils
apparaissent l’un en dessous de l’autre, parallèles, symétriques, ils se font
écho. Que, par le graphisme, la sonorité, ou quelque connotation virtuelle,
l’un vienne à refléter l’autre et le lecteur, aussitôt, sera tenté de superposer
les deux instances.
Avec Le Journal d’une femme de chambre, Octave Mirbeau écartait ce
risque : il y avait peu de probabilités qu’il ait exercé ce métier. La
dimension autoréférentielle, en revanche, est stipulée sans équivoque dans
le Journal du voleur par le rappel du passé notoire de Genet, ou dans le
Journal d’un vieux dégueulasse 9 par référence à l’image médiatique de
Bukowski. À ces stratégies d’annonce, on opposera la neutralité du Journal
intime d’A.O. Barnabooth et des Carnets de Malte Laurids Brigge, qui ne
donnent aucune indication sur l’identité du héros, si ce n’est la bizarrerie de
son nom.
Mentionnons au passage deux textes qui se réclament abusivement du
genre référentiel de la biographie. Dans Konjectural Biographie 10, Jean
Paul se livrait, dès 1799, à un exercice avoué, et précurseur, d’autofiction,
puisqu’il imaginait sa vie future d’époux et d’écrivain comblé. Dans
Biographie 11, en revanche, Yves Navarre retraçait sa propre existence
jusqu’au jour de ses quarante ans, ainsi que sa vie au jour le jour pendant la
période où il rédigeait. Dépourvu de déterminant, ce titre strictement
générique renverrait assez clairement au seul nom qui figure sur la
couverture, celui de l’auteur, si la mention « roman » ne venait compliquer
le jeu sémiotique. La même volonté d’illustrer les ambiguïtés d’un genre
référentiel en le faisant glisser sur la pente du roman préside sans doute à
l’intitulé d’Histoire par Claude Simon et des Antimémoires par André
Malraux.
SOUS-TITRE
Rien n’indique quel lac ce peut être : ce n’est point celui de Genève.
Le commencement de la lettre manque ; et j’en ai supprimé la fin 51.
Après avoir été destiné à la presse, d’où son nom, puis, plus
spécifiquement, aux critiques, il apparaît aujourd’hui sur la quatrième page
de la couverture ou parfois sur les rabats. Dans cette zone étroitement
contrôlée par l’éditeur, la paternité du texte est presque toujours incertaine.
Néanmoins, la signature ou le style du prière d’insérer permettent parfois de
l’attribuer à l’auteur. Dans cette hypothèse, on y recherchera quelques
indications quant au genre du texte. Gérard Genette voit dans le prière
d’insérer de Fils, où Doubrovsky annonçait son projet autofictionnel, « le
seul cas de déclaration générique explicitée non dans une préface mais dans
une quatrième de couverture 69 ». Dans un prière d’insérer signé « F.N. »,
François Nourissier abordait bien la question du genre, mais avec
circonspection :
PRÉFACE
Aucun des caractères tracés dans Adolphe n’a de rapport avec aucun
des individus que je connais. […] Au reste, des écrivains plus
célèbres que moi ont éprouvé le même sort. L’on a prétendu que
M. de Chateaubriand s’était décrit dans René ; et la femme la plus
spirituelle de notre siècle, Mme de Staël, a été soupçonnée de s’être
peinte dans Delphine et dans Corinne. […] Cette fureur de
reconnaître dans les ouvrages d’imagination les individus qu’on
rencontre dans le monde, est pour ces ouvrages un véritable fléau.
Elle les dégrade, leur imprime une direction fausse, détruit leur
intérêt et anéantit leur utilité 72.
Fante ne traite pas de l’intention qui présidait à son roman mais écoute
l’écho qu’il suscite dans sa mémoire. Cet écho renvoie aux souvenirs de
l’enfance désormais inséparables de leur traduction romanesque.
Parmi les rares postfaces, il faut encore citer les deux textes, intitulés
« Après-dire », qu’Aragon a choisi d’ajouter, quatre ou cinq ans après leur
publication, à La Mise à mort 75 et à Blanche ou l’oubli 76. L’objet de ces
commentaires est précisément de mesurer la distance qui sépare les héros de
leurs modèles avoués, ‘Elsa’ et ‘l’auteur’. Dans le premier, le romancier-
poète affiche en pleine page et en gros caractères :
Péritexte allographe
Nous n’avons envisagé jusqu’à présent, dans le processus de
communication de l’œuvre, que les rôles de l’auteur-émetteur et du lecteur-
récepteur. Or, entre ces deux pôles, le livre passe entre les mains d’un
certain nombre d’intermédiaires. Si l’imprimeur et le censeur ont vu se
réduire, depuis un siècle, leur capacité d’intervention sur le texte, le rôle de
l’éditeur, au contraire, n’a fait que s’accroître.
Bien avant que Jauss n’invente l’expression « horizon d’attente », le
concept était familier aux auteurs, évidemment désireux de rencontrer un
public, et, plus encore, aux éditeurs, dont le métier consiste à scruter et, si
possible, à rejoindre cet horizon. Dans sa fonction de vendeur, l’éditeur se
charge en effet de présenter un « produit » nouveau au « consommateur »
éventuel. Il va donc mettre en valeur la nouveauté et la singularité du livre.
Mais le lecteur ne se contente pas d’un simple dithyrambe. Il a besoin de
situer l’ouvrage dans son univers culturel. Il entend, avant d’acquérir et de
lire le texte, le localiser dans la galaxie de tous les textes disponibles afin de
former une première hypothèse sur sa nature. Ce travail de positionnement,
qui amorce le processus de communication, va se fonder essentiellement sur
la détermination générique. Le genre est le viseur qui permet au client de
situer le texte et au vendeur de « cibler » le client.
INFORMATION BIOGRAPHIQUE
89
Ce roman autobiographique se lit d’une traite .
PRÉFACES
La Faim est le roman d’un jeune homme qui a faim, voilà tout. […]
Autobiographie, sûrement. […] À vingt-deux ans il quitta la
Norvège, chassé par la misère et la faim 97.
Épitexte
Dans Lector in fabula, Umberto Eco insiste sur la nécessité de sortir
d’un texte littéraire pour le comprendre :
109
[…] vous avez flairé que dans ce roman le roman n’existait pas .
À propos de La Vagabonde, c’est une annotation portée par Colette en
marge d’un exemplaire imprimé qui est reproduite :
DISCOURS RAPPORTÉ
L’interview croise deux discours, dont l’un est auctorial. Elle peut être
orchestrée pour promouvoir un livre, comme celle que Proust donna au
Temps à la veille de publier Du côté de chez Swann 112. Ou, au contraire,
délibérément sabotée :
Dans les livres que j’ai écrits depuis que j’ai abandonné mon métier
de juriste, c’est moi, plus ou moins, qui suis le héros 120.
si ce n’est au lecteur de Peter Handke ? Enfin, je rappellerai pour
mémoire que l’épitexte auctorial ne se limite pas à l’œuvre romanesque. La
plupart des romanciers ont écrit des textes autobiographiques et des
commentaires critiques qui déterminent, dès que nous en prenons
connaissance, notre réception de leurs romans. Les premiers tendent,
presque fatalement, à confirmer nos soupçons de référentialité, tandis que
les seconds défendent le plus souvent une poétique fictionnaliste. Mais les
stratégies et leurs effets sont si divers, si complexes, que je ne tenterai pas
de les classer dans les limites de cet essai.
De même, il me semble prématuré d’engager une étude
phénoménologique de l’épitexte allographe. Il faudrait, au préalable,
analyser le rôle de la publicité sur la réception des œuvres, mesurer
l’influence des médias 121, celle de l’enseignement et de la critique
savante 122. Il faudrait également faire la part de l’idéologie, au sens large de
conditionnement culturel. D’une façon générale, l’impact du paratexte sur
la réception du texte varie, non seulement selon les lecteurs, mais aussi
selon les époques : un renouvellement des méthodes critiques, des
recherches biographiques plus approfondies, un aveu de l’auteur, la
publication d’inédits sont susceptibles de modifier la réception d’un texte
qu’on croyait définitivement catalogué. Il faut alors le relire.
Le rôle du paratexte dans le processus d’identification générique d’un
texte mérite donc d’être étudié méthodiquement ; mais il doit aussi être
relativisé, car on ne disposera jamais d’outils suffisamment fiables pour
mesurer son impact sur un public donné. À trop prêter l’oreille à ce discours
interminable, le critique risque de délaisser son objet, le texte proprement
dit.
Intertexte et métadiscours
ATTESTATION DOCUMENTAIRE
Avec le recul des années les perspectives se brouillent pour moi, les
hivers se mêlent l’un à l’autre. Celui de 1965 et celui de 1942 15.
Ce désir pour l’éphèbe […] avait pris une forme nettement définie,
presque aussi répandue, ainsi que l’ont démontré les chercheurs.
L’impulsion que j’éprouvais n’est pas rare, paraît-il, chez les
Allemands. Le journal intime du comte von Platen en fournit un
exemple très représentatif 17.
INTERTEXTUALITÉ LITTÉRAIRE
[…] je retourne à mes feuilles qui ont une petite odeur de safran,
bien décidé à achever le récit qu’hier j’ai laissé en suspens –
exactement comme Shéhérazade, dont la survie dépendait qu’elle
laisse le prince Shahryar dévoré de curiosité, faisait nuit après
nuit 22 !
Simon n’ignore pas que Proust eût désapprouvé à tous égards ce type de
lecture biographique, dont il récusa le principe dans Contre Sainte-Beuve et
contre lequel il protégea autant que possible son œuvre. Irrespectueuse à
l’endroit du texte aussi bien que de l’auteur, la réécriture de cette scène du
Temps retrouvé doit être mise en parallèle avec les scènes de bordel,
probablement référentielles, qui émaillent Le Jardin des Plantes. Il ne faut
sans doute pas seulement y voir une attaque contre l’écrivain, « planqué »
dans son texte comme à l’arrière du front, mais aussi l’affirmation que le
récit romanesque, quelle que soit son audace, cache la plus grande part de
ce qu’il prétend dévoiler.
L’intertextualité critique n’épargne pas les autobiographes. On trouve
ainsi, dans le chapitre XI de L’Enfant, une joyeuse parodie de Rousseau 25 :
Le narrateur relit Les Mots et les relie à sa propre histoire. Bientôt, les
deux récits s’engendrent et se superposent :
Ilse tout comme moi s’était tenue devant Doubrovsky, dans l’attente
d’être dévorée par ses textes, sa mémoire vorace et sexuelle, ses
souvenirs, sinon mensongers, du moins fictionnalisés 32.
AUTOCITATION
MISE EN ABYME
Ce qu’il ne voulait pas oublier, c’était son enfance. C’est à elle qu’il
tenait. Et il était tout à fait normal, selon lui, que cette époque très
éloignée fût celle qui reprenait le dessus en lui dès qu’il regardait à
l’intérieur de lui-même et qu’elle fût là devant lui, comme dans une
lumineuse nuit d’été nordique, nullement assoupie et plus réelle
qu’elle-même 47.
Les livres sont vides. […] Le sang, c’est cela qui compte, c’est cela
qu’il faut savoir y lire 48.
[…] je commençais à penser que mon ami Harry, après tout, était
quelque peu enclin à abuser de ma crédulité de Yankee. […] J’en
étais profondément désolé car il m’arrivait parfois de me sentir mal
à l’aise en sa compagnie et de ne pouvoir lui ouvrir mon âme sans
53
réserve .
DISTRIBUTION
Dans ce livre, où il n’y a pas un seul fait qui ne soit fictif, où il n’y a
pas un seul personnage « à clefs », où tout a été inventé par moi
selon les besoins de ma démonstration, je dois dire que seuls les
parents millionnaires de Françoise […] sont des gens réels, qui
existent 67.
À l’aide donc de mes amants inconnus je vais écrire une histoire 68.
Il faut qu’à tout prix, je revienne à moi, me confie d’une façon plus
directe. Ce livre, j’ai voulu le faire des éléments transposés,
sublimés, de ma vie de condamné, je crains qu’il ne dise rien de mes
hantises 71.
MÉTADISCOURS FICTIONNALISTE
MÉTADISCOURS AMBIGU
[…] mon enfance dont je lui avais souvent parlé et dont j’avais
quelque peu dramatisé l’effet (la mythomanie est une vertu !) 84.
MÉTADISCOURS RÉFÉRENTIALISTE
e e
Dans la droite ligne des critiques moralistes des XVII et XVIII siècles,
Senancour considère le roman comme un genre frivole, à quelques
exceptions près. Son personnage hésite à s’y risquer :
Il prend des notes. Il les écrit par nécessité et non pour le livre
qu’elles pourraient faire naître. […] Se relisant il perçoit une
dimension romanesque dans des faits et gestes que dix mille
personnes ont vécus avant lui. Parfois, elle, les enfants et lui
deviennent comme les personnages d’un roman dont il serait
l’instigateur plutôt qu’un des participants 95.
Pour le leur faire comprendre et pour aider ceux qui vivaient dans
l’enfer où j’avais vécu, je me promettais d’écrire un jour l’histoire
de mon analyse, d’en faire un roman où je raconterais la guérison
d’une femme qui me ressemblerait comme une sœur 96.
Je tape ferme aussi, j’en suis à la page mille cinq cent de mon auto-
analyse. Mon self-roman prolifère comme une tumeur. Je ne peux
plus arrêter son excroissance. À force de fouiller mes profondeurs
volcaniques, je suis entré en éruption permanente, ma vie s’écoule
en une lave brûlante, infinie 97.
1. H.R. Jauss, Pour une esthétique de la réception, trad. fr. de C. Maillard, Paris, Gallimard,
1978, p. 52.
2. J. Kristeva, citée par P. Sollers, «Niveaux sémantiques d’un texte moderne», dans Tel Quel,
théorie d’ensemble, Paris, Éd. du Seuil, 1968; rééd., coll. «Points», 1980, p. 279.
3. P. Sollers, «Écriture et révolution», ibid., p. 77.
4. G. Genette, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, Éd. du Seuil, coll.
«Poétique», 1982; rééd., coll. «Points», 1992. Cette définition se trouve p. 8.
5. T. Pavel, Fictional Worlds, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1986; trad. fr. de
l’auteur, Univers de la fiction, Paris, Éd. du Seuil, 1988, p. 129.
6. Nadja, d’André Breton, n’est pas un récit autobiographique puisqu’il ne raconte pas à
proprement parler la vie de l’auteur, et les photos qui l’illustrent ont, de l’avis de Breton,
une fonction descriptive, non rétrospective (Nadja, Paris, Gallimard, 1928, rééd., 1964;
rééd., coll. «Folio», 1990, «Avant-dire», p. 6). Roland Barthes par Roland Barthes (Paris,
Éd. du Seuil, coll. «Écrivains de toujours», 1975) inclut des photos, des manuscrits, des
dessins, une partition musicale, une courbe de températures, mais ce n’est pas un roman.
On n’abordera pas ici les modes d’expression dans lesquels l’image prime sur le texte, tels
que bande dessinée, vidéo, cinéma ou «installation» spatiale. La grille d’analyse que je
propose ici leur est applicable, mais demanderait évidemment à être complétée par une
connaissance approfondie de leur esthétique et de leur horizon d’attente spécifiques. Voir à
ce sujet:
– R. Robin, Le Golem de l’écriture. De l’autofiction au cybersoi, op. cit.
– J. Lecarme et E. Lecarme-Tabone, L’Autobiographie, Paris, A. Colin, 1997, chap. 3,
«Autobiographie et image», p. 253-261.
– La Faute à Rousseau [bulletin de l’Association pour l’autobiographie, 10 rue A. Bonnet,
01500 Ambérieu-en-Bugey], nº 22, Autobiographie et cinéma, octobre 1999, et différents
articles dans les nº 24, 26, 31, 32, 33…
– P.Lejeune et C.Bogaert, Un journal à soi, Paris, Textuel, 2003, p.198-203.
7. Horace, Ars poetica ou Épître aux Pisons, v. 361.
8. T. Ben Jelloun, L’Écrivain public, op. cit., p. 63 et 100.
9. P. Auster, L’Invention de la solitude, op. cit.
10. E. Fromentin, Dominique, op. cit., chap. VIII.
11. C. Simon, Les Géorgiques, op. cit., p. 410.
12. C. Simon, Le Palace, op. cit., p. 134-138, 66, 91, 101, 135, 147.
13. P. Modiano, Fleurs de ruine, op. cit., p. 29.
14. Ibid., p. 74-75.
15. P. Modiano, Dora Bruder, op. cit., p. 12.
16. Ibid., p. 65.
17. Y. Mishima, Confession d’un masque, op. cit., p. 233.
18. S. Doubrovsky, Fils, op. cit., p. 263.
19. A. Compagnon, La Seconde Main ou le travail de la citation, Paris, Éd. du Seuil, 1979, p.
23.
20. R. Jakobson, Essais de linguistique générale, op. cit., chap. XI, p. 102.
21. P. Auster, L’Invention de la solitude, op. cit., p. 154-159.
22. S. Rushdie, Midnight’s Children, 1981; trad. fr. de J. Guiloineau, Les Enfants de minuit,
Paris, Stock, 1983; rééd., LGF, coll. «Le Livre de poche», 1987, p. 34.
23. R. Boudjedra, La Macération, op. cit., p. 155.
24. C. Simon, Le Jardin des Plantes, Paris, Éd. de Minuit, 1997, p. 142.
25. Je dois cette observation à Pierre Pillu, «Lecture du roman autobiographique», dans M.
Picard (dir.), La Lecture littéraire. Actes du colloque de Reims (14-16 juin 1984), Paris,
Clancier-Guénaud, 1987, p. 259.
26. H. Guibert, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, op. cit., p. 217.
27. S. Doubrovsky, Le Livre brisé, op. cit., p. 150.
28. Ibid., p. 120.
29. Ibid., p. 110.
30. Ibid., p. 111.
31. Ibid., p. 75.
32. M. Weitzmann, Chaos, Paris, Grasset, 1997, p. 142-143.
33. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle de 1974, Paris, UGE, coll. «10/18», 1975, p.18 sq.
34. Y. Mishima, Confession d’un masque, op. cit., p. 106.
35. L. Aragon, Blanche ou l’oubli, op. cit., p. 411-412.
36. P. Istrati, Mes départs, rééd. dans La Jeunesse d’Adrien Zograffi, op. cit., p. 305.
37. M. Duras, L’Amant, op. cit., p. 14.
38. M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, Paris, Gallimard, 1950; rééd., coll. «Folio»,
1978.
39. M. Duras, L’Amant, op. cit., p. 12.
40. Ibid., p. 36.
41. M. Duras, L’Amant de la Chine du Nord, op. cit., p. 97.
42. Sur la mise en abyme, voir notamment: L. Dällenbach, Le Récit spéculaire. Essai sur la
mise en abyme, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1977; M. Bal, «Mise en abyme et
iconicité», Littérature, nº 29, février 1978, p. 116-128; et. D. Maingueneau, Pragmatique
pour le discours littéraire, Paris, Bordas, 1990, p. 178 sq.
43. C. Dickens, David Copperfield, op. cit., chap. XIV, t. I, p. 230.
44. Ibid., chap. XVII, t. I, p. 276.
45. Ibid., chap. XIV, t. I, p. 230.
46. R.M. Rilke, Les Carnets de Malte Laurids Brigge, op. cit., p. 151.
47. Ibid., p. 153-154.
48. Ibid., p. 156.
49. Ibid., p. 252.
50. C. Simon, Le Jardin des Plantes, op. cit., p. 76.
51. Ibid., p. 96.
52. Ibid., p. 101.
53. H. Melville, Redburn, op. cit., p. 334 et 337.
54. A. de Musset, La Confession d’un enfant du siècle, 1836, chap. II et IV, dans Œuvres
complètes en prose, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1960, p. 133.
55. L.-F. Céline, Mort à crédit, 1936; rééd. dans Romans, op. cit., t. I, 1981, p. 969.
56. Ibid., p. 24.
57. Ibid., p. 17.
58. Ibid., p. 37.
59. M. Vargas Llosa, La Tante Julia et le scribouillard, op. cit.
60. R. Jakobson, Essais de linguistique générale, op. cit.
61. G. Genette, «Discours du récit», art. cité, p. 238-243, spécialement la note 1 de la p. 239.
62. Dès 1977, Mieke Bal jugeait «fort discutable» l’introduction par Genette du terme
«métadiégétique» dans cette acception et a proposé de le remplacer par «hypodiégétique»,
qui semble en effet plus étymologique. Cf. Narratologie, Paris, Klincksieck, 1977, 1re
partie, et «Mise en abyme et iconicité», art. cité, p. 119, n. 6.
63. D. Maingueneau, Pragmatique pour le discours littéraire, op. cit., p. 128.
64. Colette, Claudine à l’école, dans Œuvres, op. cit., t. I, p. 7.
65. C. Dickens, David Copperfield, op. cit., t. I, p. 23.
66. P. Sollers, Femmes, op. cit., p. 34.
67. M. Proust, À la recherche du temps perdu, op. cit., t. IV, p. 424.
68. J. Genet, Notre-Dame-des-Fleurs, op. cit., p. 16
69. Ibid., p. 39.
70. Ibid., p. 45.
71. Ibid., p. 204.
72. R. Jakobson, Essais de linguistique générale, op. cit., p. 101.
73. A. Malraux, Antimémoires, Paris, Gallimard, 1967; rééd., coll. «Bibliothèque de la
Pléiade», 1976, et coll. «Folio», 1996, en tant que première partie du Miroir des limbes.
74. J. Lecarme, article «Malraux» dans Encyclopaedia Universalis, vol. XIV. Voir également,
du même auteur, «L’autofiction: un mauvais genre?», art. cité, p. 240-241.
75. A. Malraux, Le Miroir des limbes, I, Antimémoires, op. cit., p. 11-12.
76. P. Roth, Zuckerman délivré, op. cit., p. 312.
77. V. Nabokov, Regarde, regarde les arlequins!, op. cit., p. 17-18.
78. Ibid., p. 114.
79. Ibid., p. 149.
80. Ibid., p. 174.
81. C. Dickens, David Copperfield, op. cit., t. I, p. 23; cf. supra, p.128.
82. V. Larbaud, A.O. Barnabooth, ses œuvres complètes, op. cit., «1er cahier», p. 101.
83. On aura reconnu les premiers mots des Confessions.
84. R. Boudjedra, La Macération, op. cit., p. 90.
85. L.-F. Céline, D’un château l’autre, op. cit., p. 91.
86. Ibid., p. 112.
87. L. Aragon, Blanche ou l’oubli, op. cit., p. 56.
88. L. Aragon, Le Mentir-vrai, texte daté de 1964, Paris, Gallimard, 1980; rééd., coll. «Folio»,
1997, p. 31.
89. Ibid., p. 12.
90. Senancour, Oberman, 1804, lettre LX.
91. Ibid., lettre LXXX.
92. P. Handke, Mon année dans la baie de Personne, op. cit.
93. P. Modiano, Dora Bruder, op. cit., p. 54.
94. T. Wolfe, La Toile et le roc, op. cit., p. 457-458.
95. D. Franck, La Séparation, Paris, Éd. du Seuil, p. 65.
96. M. Cardinal, Les Mots pour le dire, op. cit., p. 269.
97. S. Doubrovsky, Un amour de soi, op. cit., p. 304-305.
4
Énonciation
Narration
Résumé des chapitres précédents. Le mode narratif comprend des
genres fictionnels, tels que le roman, et des genres référentiels tels que
l’histoire et l’autobiographie. Cette bipartition est fondée sur un critère
pragmatique : la possibilité ou non d’identifier le narrateur avec l’auteur.
Nous avons vu que certains romans transgressent ce clivage en suggérant
que le héros est identifiable à l’auteur. Et nous avons constaté qu’ils
distribuent, ici, là et ailleurs, de mille manières, des preuves et des démentis
de cette identité.
Il faut maintenant se demander si cette ambiguïté générique est
repérable non seulement à des indices ponctuels mais dans la structure
même de la narration. Pour étudier cette structure, je considérerai, à la suite
de Gérard Genette, qu’un récit est « le développement […] donné à une
forme verbale, au sens grammatical du terme : l’expansion d’un verbe 1 ».
Ce qui permet d’analyser la grammaire narrative selon deux axes : la
personne (je, tu, il) et le temps (passé, présent, futur). La question est la
suivante : le clivage entre genres fictionnels et genres référentiels se traduit-
il à ce niveau structurel ? En d’autres termes, le roman se raconte-t-il de la
même manière que l’histoire ou l’autobiographie ? Et, si chaque genre
narratif se caractérise par un certain usage de la personne et du temps, le
roman, dont on connaît le mimétisme, ne peut-il pas imiter les formes
verbales de l’autobiographie et d’autres genres référentiels ?
Même s’il interprète ses sources, même s’il avance des opinions
personnelles, l’historien reste invisible, transparent, de façon à écarter tout
soupçon de subjectivité.
Son argument est donc symétrique à celui de Butor, avec lequel il forme
système : le lecteur s’attend à ce que la fiction soit à la troisième personne
et l’autobiographie à la première ; il perçoit par conséquent les écarts
comme des figures.
Pour suggérer qu’il transgresse cette norme, le récit en troisième
personne peut distribuer les mêmes indices d’identité de l’auteur avec le
héros que le récit en première personne. Mais il possède un handicap : il lui
est beaucoup plus difficile de respecter la focalisation interne, c’est-à-dire
de restreindre son point de vue à ce que voit le héros, à ce qu’il sent, à ce
qu’il comprend 14. Pour rendre compte de cette subjectivité, il ne peut pas se
contenter d’alléguer les pensées du sujet. Il doit fonder son portrait intime
sur ce que le personnage lui-même exprime, donc sur son langage, sur ses
discours. Comme on le sait, ceux-ci peuvent être transcrits de deux
manières, en style direct ou indirect.
Le style indirect (« il dit qu’il… ») maintient le personnage dans un lien
étroit de subordination au narrateur. Le style direct, au contraire, restitue au
héros une part d’autonomie en lui accordant un espace de parole.
S’exprimant en première personne, entre guillemets, le personnage assume
alors son discours en tant que « personne ». Pour peu que ce discours soit
prégnant, qu’il prolifère et accapare l’attention du lecteur, les liaisons
hérétodiégétiques apparaîtront bientôt de pure forme et ce « je » tendra à
occulter celui du narrateur. Pour la plupart des lecteurs de René, le récit
autodiégétique du héros, au centre du roman, en délivre le genre et le sens.
On oublie que ce récit est encadré, sanctionné et fictionnalisé par les
commentaires de ses auditeurs et par ceux du narrateur omniscient qui
rapporte la scène.
Le discours en style direct ou indirect se présente comme un moment où
le narrateur adopte la voix du personnage. Pour qu’il y ait focalisation
interne, donc possibilité d’identifier tout au long du récit le héros avec le
narrateur, il faut que leurs points de vue coïncident constamment. Or la
recherche de cette coïncidence est une préoccupation relativement récente
dans l’histoire du roman hétérodiégétique. Il est donc normal que les
premières tentatives de roman autobiographique aient ignoré cette
possibilité technique. Premier exemple : Anton Reiser, dont le narrateur
hétérodiégétique adopte le ton d’un moraliste surplombant le récit de toute
la hauteur de son expérience. D’où la fréquence de ses jugements
normatifs :
Oui, je comprends ça. Tous les arts ont leurs conventions. […] Mais
même les conventions doivent être vraisemblables 22.
Le roman autobiographique hétérodiégétique invite le lecteur à
confronter le discours du narrateur avec celui du héros. Un héros docile et
taciturne, comme ‘William’ dans Amants et fils, ou ‘Hans’ dans L’Ornière,
semble le jouet des événements, donc de l’auteur. Son comportement, aliéné
par son environnement, est constamment décrit et expliqué de l’extérieur.
Les héros-écrivains de London et Wolfe, au contraire, prennent la parole
pour clamer leurs ambitions littéraires et amoureuses. On les sent
déterminés à rejoindre le point focal d’où le récit est produit. Ils sont
inspirés, aspirés, par cette origine, et bientôt les deux discours tendent à se
confondre.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle est apparu un nouveau procédé
qui permettait justement de confondre l’énoncé du personnage avec celui du
narrateur : le discours indirect libre 23. Pour le romancier un tant soit peu
autobiographe, il ouvrait une intéressante possibilité d’identification des
deux instances. Joyce l’utilise abondamment dans le Portrait de l’artiste en
jeune homme pour traduire ce que ressent le héros sans lui donner la parole.
Dans le chapitre consacré à la confession de ‘Stephen’, le narrateur finit par
céder la parole au héros :
Mais moi, qui écris ceci, je me sens défaillir ; mes yeux se voilent
de larmes, et l’excès de mon malheur m’ôte la force nécessaire pour
achever de le décrire… miserere 28 !
Qu’un style juste ait ralenti leur chute, et la mienne peut-être en sera
plus lente. […] J’ai failli naître souvent de leur renaissance avortée,
et toujours avec eux mourir 58.
Bien des années plus tard […] j’observais Philippe Yotlande de loin,
sans oser l’aborder. […] Je n’avais pas besoin de lui parler. Je
devinais ses états d’âme 63.
Celui qui écrivit ces lettres paraît n’avoir pas craint les longueurs et
les écarts d’un style libre. Il écrit sa pensée,
Antoine était saisi par l’un de ces instants que vous donne
l’opportunité d’une action dangereuse […]
– L’Échassier m’exaspère, pensa-t-il. Je ne peux plus voir tous ces
89
cons-là .
Pour la première fois depuis la fin de la Zone Libre, mon père se
sentait incapable de chasser l’appréhension qui l’avait assailli.
[…] Il s’en trouvait abasourdi, mais s’efforçait de dissimuler la
90
sensation de déséquilibre qui venait de le troubler .
Jean Genet, lui aussi, perçoit un hiatus entre son discours et l’horizon
d’attente du lecteur :
Temps
Conjugaison
Équivalant, dans une de ses acceptions, à « langage », « parole » ou
« discours », le « verbe », en tant que mot, est le pivot de la phrase et, dans
toutes les langues, le vecteur de la communication. La bonne réception d’un
texte dépend, pour une large part, de la capacité du lecteur à saisir le jeu des
flexions verbales, à repérer le sujet et l’aspect du verbe.
Morphologiquement, les deux déterminations sont étroitement solidaires, la
plupart des formes verbales fléchissant, dans les langues latines, selon la
personne qui les régit. Le syntagme verbal doit donc être appréhendé dans
son ensemble. Correctement décodé, il traduit l’inscription du sujet dans
son histoire et oriente par conséquent le sens de l’énoncé.
L’étude d’Émile Benveniste sur « les relations de temps dans le verbe
français 4 » a introduit une distinction fondamentale entre deux systèmes
d’énonciation : l’histoire et le discours. Cette bipartition innovait en
combinant un facteur d’énonciation et un facteur de temps : l’histoire se
caractérise par l’emploi de la troisième personne et la prééminence de
l’aoriste (ou passé simple), tandis que le discours s’énonce principalement
à la première personne du présent ou du parfait (en français le passé
composé). La ligne de partage ne passe pas exactement entre ce que nous
nommons habituellement récit et discours. Pour Benveniste, le mode
discursif n’exclut pas le récit, tant que le narrateur maintient un « lien
vivant » entre son acte d’énonciation et les événements qu’il relate, tant
qu’il reste présent et prégnant dans son énoncé. L’autobiographie relèverait
donc, selon lui, du discours plus que de l’histoire. Pour qu’il y ait histoire, il
faut que le narrateur s’efface derrière les faits qu’il évoque, derrière la
représentation qu’il suscite.
Cette distinction linguistique ne recoupe pas non plus l’opposition
générique entre fiction et référence. Tout discours est, en principe,
référentiel, puisqu’il suppose chez le locuteur « l’intention d’influencer
l’autre en quelque manière 5 ». Mais l’histoire, telle que la conçoit
Benveniste, n’est pas fictionnelle par nature puisque son modèle, et en
français son homonyme, n’est autre que l’Histoire en tant que science.
La distinction entre fiction et référence ne relève pas de la linguistique
mais de la poétique. Dans cette discipline, Käte Hamburger avait mis en
évidence, peu avant Benveniste, la fonction narrative de la troisième
personne du passé simple. Sa Logique des genres littéraires 6, parue en
1954, partait en effet de l’analyse du passé simple qu’elle nommait
« prétérit épique ». Ce temps lui fournissait un critère de répartition entre
l’énoncé de fiction et l’énoncé de réalité, c’est-à-dire, dans son système
aristotélicien, entre la langue littéraire et la langue ordinaire. Pour
qu’advienne la fiction, il faut, estimait Käte Hamburger, que la troisième
personne du passé simple vide le narrateur de toute substance personnelle et
projette événements et personnages dans l’atemporalité. Le passé simple ne
fonctionne plus, dans ce contexte, comme un indicateur temporel mais
comme un signe générique de déréalisation.
Dans son étude sur Le Temps 7, qui date de 1964, Harald Weinrich
remaniait le clivage linguistique mis en évidence par Benveniste de façon à
l’appliquer aux textes littéraires. Pour ce faire, il en excluait d’abord le
facteur énonciatif :
Temps remémoré
Abandonnant provisoirement le point de vue du lecteur, nous allons
analyser quelques-unes des difficultés auxquelles se heurte un auteur dans
la transcription de matériaux mémoriels. En effet, sa stratégie générique
découle pour une part de sa confrontation avec ces difficultés. Un texte bref,
poème, nouvelle ou entrée de journal, peut évoquer le surgissement d’un
seul souvenir. Mais tout se complique dès qu’il s’agit d’articuler dans le
temps plusieurs souvenirs apparus en ordre dispersé. Le romancier qui
souhaite raconter, ou faire raconter à son héros, une série de souvenirs devra
nécessairement résoudre un certain nombre de problèmes techniques relatifs
à la construction du récit, aux liens de causalité, au resserrement de
l’intrigue, aux retours en arrière, à l’itinéraire spatial, problèmes que nous
allons aborder dans cet… ordre.
ORDRE
Chacun sait que les souvenirs ne se présentent pas à la conscience selon
l’ordre chronologique des événements mais au contraire dans la plus grande
confusion. N’obéissent-ils pas, comme les rêves, aux lois mystérieuses du
refoulement, du déplacement, de la condensation et des associations
d’idées ? L’autobiographe, le romancier s’efforcent de donner un sens à ce
flux mémoriel incontrôlable, c’est-à-dire à la fois une direction et une
signification. Confier des souvenirs à l’aventure du texte, c’est d’abord leur
assigner une place le long de la chaîne langagière, une place significative.
Gide, rédigeant Si le grain ne meurt, se plaignait de cette contrainte,
obstacle, selon lui, à l’expression de la vérité :
SURDÉTERMINATION
Une progression logique et chronologique ne suffit évidemment pas
pour soutenir l’intérêt du récit. Il faut en outre assurer sa cohésion à tous les
niveaux (lexical, sémantique, métaphorique, idéologique), le structurer
autour de relations d’antithèse et de symétrie, y ouvrir des perspectives
latérales, transversales, obliques. Ce travail obéit au principe de
surdétermination.
Dans un roman, la surdétermination exige que chaque ligne narrative,
chaque personnage, chaque indication soient pris de toutes parts dans un
enchaînement de causes et d’effets qui concourt à la cohérence, à la densité
et à la force démonstrative de l’ensemble. Aucun mot du texte ne doit être
gratuit, aléatoire ou inexplicable. De surcroît, les informations essentielles
seront soulignées par leur redondance. Tout s’inscrira ainsi dans une
progression dramatique, convergera et se résoudra dans un dénouement
satisfaisant. En accord avec Aristote, Paul Auster note qu’un récit est
fictionnel à partir du moment où l’auteur cherche à dégager des faits une loi
générale, à créer « l’illusion de la vérité métaphysique 17 » :
CONDENSATION
Quelles que soient ses visées et ses méthodes, l’auteur doit fixer à son
récit un début et une fin. La durée qui sépare ces deux bornes peut donner,
en elle-même, une première indication générique. Reprenant l’opinion de
Sainte-Beuve 23, Joachim Merlant estimait que la durée de l’histoire
fournissait le premier critère de distinction entre roman autobiographique et
Mémoires. Tandis que ces derniers couvrent, sinon la vie entière, du moins
une longue période de l’existence, le roman que Merlant nommait
« autobiographie » isole et exemplifie un moment de crise dont il dramatise
les enjeux :
Plus l’intrigue est concentrée dans le temps, plus le récit témoigne d’une
volonté de construction dramatique, d’une certaine exacerbation
romanesque. Si René ou David Copperfield, récits d’une vie, semblent plus
référentiels qu’Adolphe ou La Confession d’un enfant du siècle, c’est que
Chateaubriand et Dickens remplissent mieux le programme assigné à
l’autobiographie par Philippe Lejeune :
RETOURS EN ARRIÈRE
Le retour en arrière permettait, traditionnellement, d’exposer, après un
début in medias res, le contexte nécessaire à l’intelligence du récit ou de la
pièce de théâtre. L’autobiographie n’utilise guère ce type d’entrée en
matière abrupte. Elle préfère le préambule explicatif suivi d’un déroulement
chronologique 27. Le roman, en revanche, se plaît à plonger d’emblée le
lecteur dans l’action. Colette fait ainsi commencer in medias res plusieurs
chapitres de La Vagabonde :
Dix heures et demie… Encore une fois, je suis prête trop tôt. […]
– Grouille-toi ! bon Dieu, Grouille-toi ! Jadin n’est pas là ! […]
«Décide-toi ou ne te décide pas, voyons. Ça te va, ou ça ne te va
pas ? » […] 28.
Sur l’oreiller mes narines ont discerné la douce odeur terreuse des
cheveux de ma mère qui m’a ramené vers cette autre époque où je
n’avais pas encore vingt ans et où je voulais m’enfuir loin du foyer.
Oui je suis parti […] 29.
Bouleversé par la réminiscence, le sujet plonge dans ses souvenirs
comme dans un rêve. Le processus mémoriel, échappant au contrôle de la
conscience diurne, procède par associations. En situant dans le passé cet
épisode de retour en arrière, l’auteur met en abyme la démarche
rétrospective qui préside à sa narration. La mémoire est alors souvenirs de
souvenirs. L’Été de Nakamura Shin’ichirô procède entièrement de cette
dynamique des rétrospections à tiroirs :
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
[…] cette ville n’a toujours été qu’une ville qui m’a torturé. […] Car
tout en moi est esclave de cette ville, mon origine 49.
Ou, tel ‘Loti’, il s’y installe provisoirement comme chez lui. Le temps
s’arrête pendant son séjour à Stamboul 50, Tahiti 51, Nagasaki 52, pour ne
reprendre son cours qu’au moment du départ marquant la fin du récit. Les
décors se déploient comme des toiles peintes devant lesquelles passe
l’acteur. Son itinéraire ne retrace donc aucun trouble, aucune évolution,
aucun vieillissement. Un synopsis identique de séduction (ou simplement
d’achat) et d’abandon se rejoue en tout lieu, ne laissant pas d’autre
empreinte qu’un peu de nostalgie.
Il subsiste quelque chose de ces idylles dans L’Amant. Cent ans plus
tard, le romanesque se nourrit encore de la rencontre entre deux
personnages qui transgressent les clivages de la société coloniale. Le
fantasme exotique n’est pas relié au présent par un itinéraire mais séparé du
moment de l’écriture par un trou noir. De la même façon que le visage de la
narratrice est « détruit 53 », cette époque est révolue, l’Indochine a disparu. Il
est impossible de la reconstituer sans en faire un mythe, mythe de la
jeunesse, de la beauté et de la rencontre parfaite avec l’étranger.
La structuration spatiale ne constitue donc pas, en elle-même, un signe
générique de référentialité ou de fictionnalité, mais elle permet de
raccrocher le passé à un territoire connu, ne serait-ce qu’à travers sa
toponymie. Elle désigne la terre où les mots du texte plantent leurs racines.
Elle incite à relier l’auteur, son nom, sa biographie, ses autres livres, à cette
contrée. Cet ancrage référentiel est cependant contrecarré par la tendance du
conteur à enchanter le monde d’autrefois. Dès qu’ils sont mis en récit, les
lieux de mémoire se parent de valeurs métaphoriques, dérivent
inévitablement vers le romanesque.
L’auteur dispose d’un autre cadre, plus rigoureux, pour attester de son
ancrage dans l’espace-temps : l’Histoire collective. Dès lors qu’il s’inscrit
dans une perspective historique, c’est-à-dire scientifiquement vérifiable, le
récit en première personne brigue le statut des Mémoires. De fait,
L’Insurgé 54 sera lu comme un recueil de souvenirs sur la Commune, Vivre
avec une étoile 55 comme un récit de l’Holocauste, et Le Livre d’un homme
seul 56 comme un témoignage sur la Révolution culturelle. La mémoire
individuelle se rattache alors à une « mémoire collective » : elle témoigne
au nom de ceux qui ont partagé des idéaux, des événements, des sentiments
communs, et elle s’exprime sous leur contrôle dans une perspective
historique.
Cette interdépendance entre l’individu et le groupe vérifie la thèse de
Maurice Halbwachs selon laquelle « nos souvenirs demeurent collectifs »
car « l’histoire de notre vie fait partie de l’histoire en général 57 ». La
mémoire historique est certainement à l’œuvre, à des degrés divers, dans
tous les récits rétrospectifs où elle remplit une fonction pragmatique : plus
le narrateur s’efface et privilégie le point de vue du groupe, plus il cherche à
convaincre de son objectivité référentielle. Cependant, il n’y a pas de roman
sans tensions entre l’individu et le groupe. Alors que le mémorialiste
s’inscrit dans la mémoire collective, le héros romanesque subit l’Histoire. Il
en est ainsi de ‘Saleem Sinaï’, né le jour où l’Inde est devenue indépendante
et où s’est enclenché le drame de la partition :
ANTICIPATION
Il écrirait. Il serait les yeux qui font voir le monde, les oreilles qui le
66
font entendre, le cœur qui lui donne l’émoi .
Cet incident est si bien imprimé dans ma mémoire que si j’étais bon
dessinateur je pourrais en reproduire maintenant la forme, j’en suis
sûr, exactement telle qu’elle était ce jour-là […] 71.
J’en frémis aujourd’hui encore, ayant la sensation redoutable que
j’assiste à cet accident 72.
Une enquête sur les lieux de l’enfance est chargée de corroborer son
témoignage :
Je les ai revues toutes les trois, d’ailleurs, dans ces années dernières
et j’ai dit :
« […] Tu te souviens quand […]
– Ne m’en parle pas, elle a dit, ta mère doit encore en trembler » 78.
80
Je n’exagère pas .
Mon plus ancien souvenir, indiscutable, celui-là, et qui a imprimé en
moi une image d’une intensité extraordinaire, date à peu près de
cette époque 81.
Mon souvenir se heurte brutalement à une scène qui est comme le
symbole de cette époque. Pour moi, tel que je suis aujourd’hui, cette
82
scène représente l’enfance elle-même, passée et à jamais disparue .
À ces narrateurs qui exigent d’être crus s’opposent ceux qui se méfient
de leurs capacités mémorielles. Leur embarras ne porte pas, dans un
premier temps, sur la fiabilité de leurs souvenirs, mais sur la difficulté à les
ordonner. Par exemple, le narrateur de Louis Lambert avoue un repentir :
La mémoire n’est donc plus ce qu’elle était. Ce n’est pas pour rien que
la psychanalyse a mis en évidence son inlassable activité de déplacement,
de condensation, de censure et de fantasme. L’oubli ne se réduit plus à un
manque, à un creux du texte. Qu’on l’interroge, qu’on le dissèque, et il
apparaît plus significatif que le souvenir. ‘Serge Doubrovsky’ commence
ainsi Le Livre brisé par deux trous de mémoire que le texte ne comblera
pas. Il a oublié ce qu’il a fait le 8 mai 1945, que pourtant il commémore
chaque année, et, d’autre part, n’a gardé aucun souvenir de ses premiers
émois amoureux :
Aussitôt après avoir écrit cette phrase, il se rend compte qu’elle est à
peu près incompréhensible pour qui ne s’est pas trouvé dans une
situation semblable et il relève sa main. Entre la base du pouce et
celle de l’index le réseau de rides flasques puis crêpelées contourne
97
le porte-plume […] .
J’oubliais de vous situer les lieux, j’ai dû perdre des pages, j’avais
tout noté… nous n’étions plus dans la gare même… 98.
Oh, que vous vous dites, que ce vieux est assommant !… oh, certes,
je veux, j’admets, je débloque… 99.
Drrrng ! force est bien de m’interrompre… vous avez compris… la
N.R.F. !… que je réponde ! suspense !… Nimier veut me voir… 100.
Il faut dans l’état où je me trouve et à mon âge, rien vous omettre…
je vous dois des comptes, tant pis si je digresse un peu !… 101.
LA STRUCTURE DU JOURNAL
Ici je suis forcé de reconnaître que, pour qui lit mon histoire, elle
116
doit traîner beaucoup .
[…] j’écris mes Mémoires, en somme. […] Il est vrai tout un
imbroglio de roman semble poindre à mon horizon monotone ; toute
une intrigue paraît vouloir se nouer au milieu de ce petit monde de
mousmés et de cigales […].
Mais nous sommes au Japon et, vu l’influence de ce milieu qui
117
atténue, rapetisse, drôlatise, il n’en résultera rien du tout .
Mon journal est sans avenir. Je l’ai quitté voilà cinq mois sur une
impression triste, et je lui en veux 120.
LA MENTION DU JOURNAL
«J’ai un gros livre où j’écris mes pensées, tout ce qui me passe par
la tête 121 »,
Brouillages
La structuration du récit rétrospectif selon deux axes, le temps
remémoré et le moment de l’énonciation, est évidemment susceptible d’être
subvertie. Lorsqu’il transgresse ce code, le romancier brouille les repères
temporels du lecteur et, par conséquent, ses repères génériques. Je
distinguerai deux types de transgression : par réduction et par extension de
cette bipartition.
RÉDUCTION
Or les récits peu fiables de la mère en disent plus sur elle-même, et son
deuil, que sur ‘Ingeborg’, dont la silhouette reste insaisissable. Au contraire,
les narrateurs de Confession d’un masque et des Carnets d’un toqué, déjà
cités, ont toujours été assaillis par des souvenirs oppressants. C’est
pourquoi ils assignent à leur autobiographie une fonction de catharsis.
En lui-même, le brouillage des repères temporels n’est pas un marqueur
générique. Dans les cas précédents, il prétendait refléter fidèlement le
fonctionnement régressif de la mémoire. Mais, dès qu’il outrepasse les
limites habituellement allouées à la conscience de soi, il entraîne le texte
dans la fiction, dans l’autofiction. Il en est ainsi des récits de naissance
(David Copperfield, Le Premier Homme) ou de gestation (Moi je de Claude
Roy 134). Ou de ce roman d’Andrzej Kusniewicz 135 dont le narrateur, mal
réveillé d’une anesthésie générale, parcourt deux siècles d’histoire de son
pays.
A fortiori, les mouvements d’autoprojection dans l’avenir relèvent, par
nature, de l’imaginaire. De faible amplitude, ils traduisent l’activité
fantasmatique du narrateur. Quand ‘Doubrovsky’ visualise une notice
posthume consacrée à son œuvre, puis s’observe dans sa tombe 136, quand
‘Gregor Keuschnig’ prévoit guerre civile ou tremblement de terre 137, le
récit, tout en décrivant des hallucinations, ne perd rien de sa référentialité.
En revanche, étendue à l’ensemble d’un roman, l’« autobiographie
prospective » prend nécessairement le parti de la fiction, de l’arbitraire 138.
Dans des textes complexes comme Les Carnets d’un toqué, Blanche ou
l’oubli, Dora Bruder ou L’Été 139, le brouillage temporel est provoqué
délibérément par la juxtaposition, le collage, l’entrelacement de plusieurs
récits se situant à des époques différentes. Le lecteur, privé de repères, finit
par perdre de vue la distinction entre référentialité et fictionnalité.
Les Géorgiques, de Claude Simon, cumule tous les procédés de
brouillage, puisque, non seulement il y a au moins cinq strates temporelles
distinctes, mais, de surcroît, les témoignages de plusieurs scripteurs sont
reproduits et paraphrasés. Leurs Mémoires se prêtent d’ailleurs à
vérification dans la mesure où ils s’inscrivent dans l’histoire politique et
militaire de leur époque. Mais c’est leur subjectivité qui intéresse l’auteur,
leur aveuglement, leurs échecs. Il entrechoque ces différentes voix qui se
répondent sans s’entendre d’un paragraphe à l’autre, d’une phrase à l’autre.
De sorte que le statut du texte se modifie sans cesse selon le degré de
fiabilité que l’on accorde à ces voix narratives. Gérard Genette a nommé
« achronie » l’organisation narrative, tout aussi déroutante, de la
Recherche :
La vérité, c’est que le narrateur avait les raisons les plus évidentes
pour grouper ensemble, au mépris de toute chronologie, des
événements en relation de proximité spatiale, d’identité de climat
[…], ou de parenté thématique […], manifestant ainsi, plus et mieux
que quiconque avant lui, la capacité d’autonomie temporelle du
récit 140.
Lieux de sincérité
Fiction et sincérité
Pour justifier la forme romancée de récits affichant des indices de
sincérité autobiographique, les arguments sont de trois ordres : d’abord la
protection que l’alibi fictionnel assure à l’écrivain, ensuite la supériorité
artistique du roman sur l’autobiographie, et enfin la fonction cognitive de la
fiction.
PROTECTION
LITTÉRARITÉ
La fictionnalisation de l’expérience personnelle est souvent justifiée par
la poétique commune selon laquelle le roman est crédité d’une valeur
esthétique intrinsèquement supérieure à celle de l’autobiographie. Quels
arguments sont donnés à l’appui de ce préjugé ?
Ils tiennent d’abord, nous l’avons vu dans le chapitre précédent, à la
structure temporelle du récit. Le roman se caractériserait par une
construction plus élaborée. Tous ses éléments, affirme Paul Auster, sont
« chargés de signification », répondent à une intention précise et sont
agencés en vue d’une démonstration. C’est à ce prix qu’il peut revendiquer
la portée générale et « philosophique » qu’Aristote reconnaissait à la
« poésie ». Le romancier prétend donc posséder une technique narrative
particulière qui lui permet de travailler la matière biographique, de la
reconstruire, de lui donner un sens, une densité, un style qui touchent la
sensibilité esthétique du lecteur :
CONNAISSANCE
Cette enquête du sujet sur lui-même passe par une série d’hypothèses,
de doutes, de détours et de fausses pistes. Comme toute représentation
fictionnelle, la mise en roman de l’autobiographie opère, pour reprendre
l’expression de Jean-Marie Schaeffer, par « modélisation mimétique 40 ». À
l’œuvre aussi bien dans le rêve que dans le jeu d’enfants, dans le roman, au
théâtre et dans les arts plastiques, ce processus prend dans l’autofiction un
relief particulier du fait qu’il en constitue à la fois le sujet et l’enjeu. C’est
ainsi qu’on pourrait caractériser la structure thématique du genre comme
une mise en abyme de la « réélaboration fictionnelle 41 ». Paul Ricœur
développe une argumentation convergente lorsqu’il soutient que la fiction
possède une « force heuristique » particulière et irremplaçable :
Aveux
« Pour écrire, disait Céline, il suffit de se raconter, mais à une
condition : il faut noircir et se noircir 43. » Cette formule à l’emporte-pièce
postule une distinction, et sans doute une hiérarchie, entre « se raconter »,
sur un mode référentiel, et « écrire », sous-entendu un roman, de la
littérature. Elle s’appuie sur une métaphore picturale, ou photographique,
pour réduire le clivage générique à une question d’image, d’éclairage et de
développement : on ne pourrait accéder à l’écriture qu’en « tirant » du
monde et de soi-même un cliché assombri, tragique. Cette idée se retrouve,
notamment, chez Peter Handke, dont un personnage-écrivain relie sa
vocation à une faculté un peu perverse d’autodépréciation narrative :
MÉDIOCRITÉ
« Dire qu’il te faut toujours aller près d’une chute d’eau quand tu
veux chantonner », me dis-je d’un ton blessant – après quoi je ris de
49
moi-même. C’est par de telles puérilités que je tue le temps .
DÉPRESSION
Le Journal d’un fou 58, Les Carnets du sous-sol 59, Le Horla 60, commandent
en principe une réception fictionnelle dans la mesure où l’aliénation
psychotique du narrateur semble incompatible avec la pratique de l’écriture.
Gogol, Dostoïevski et Maupassant utilisent la forme du faux journal pour
forcer le trait romanesque et organiser la progression dramatique de la
crise 61. Le lecteur doit par conséquent recourir à des informations
biographiques externes pour repérer dans ces textes ce qui relève de leur
expérience personnelle.
Knut Hamsun emploie les mêmes procédés pour se dissocier du
narrateur de La Faim en le dotant de pulsions autodestructrices et
fantasmatiques probablement fictionnelles. Là encore c’est l’absence de
tout commentaire rationalisant qui assure au récit son « inquiétante
étrangeté » : le héros s’enfonce inéluctablement dans son délire solitaire. Le
point de vue rétrospectif adopté par Andreï Biély pour ses Carnets d’un
toqué lève cette ambiguïté. En situant résolument l’expérience de la folie
dans un passé révolu et analysable, il prend un parti référentiel qui rejoint la
veine de De Quincey et des récits de dépression.
Le roman autobiographique a hérité du Romantisme, non le mot,
affaibli, désuet, mais la thématique de la mélancolie. Certes, ‘Loti’ n’est
guère sujet à la dépression 62, mais ‘Durtal’, chez Huysmans, la côtoie 63,
tout comme ‘Knut Pedersen’ chez Hamsun 64 ; ‘André Walter’ s’y complaît
et elle conduit sans doute ‘Martin Eden’ au suicide :
CULPABILITÉ
CONFESSION
La théorie qui sous-tend la pratique de la confession assigne à l’aveu
une fonction de catharsis : l’effort de sincérité purge le sujet de son mal,
dire sauve. Lorsqu’il retrace un cheminement de ce type à la première
personne, l’auteur suffisamment habile semble accomplir ce travail en
même temps qu’il le représente. Le lecteur croit alors assister, et participer
en tant que destinataire, à un véritable processus de libération par l’aveu
autobiographique.
Bien entendu, le romancier ne reproduit jamais le rituel avec
exactitude : il le mime, il le narrativise, il le dramatise de façon à l’adapter à
son dessein. Ainsi, Chateaubriand transporte le dispositif de la confession
dans une scénographie grandiose : ‘René’ ne s’adresse pas tant au prêtre et
au père adoptif qui l’écoutent qu’au « tableau d’une inconcevable
grandeur » qui lui tient lieu de confessionnal. Il ne prend d’ailleurs pas la
posture du pécheur en quête de rachat : s’il avoue ses faiblesses, ses pensées
incestueuses et une tentative de suicide, il estime avoir déjà « été trop
puni » par ses souffrances. Son récit ne requiert pas le pardon de ses
auditeurs, mais simplement leur compassion.
Dans les romans de Constant, le narrateur, manifestant rarement un
sentiment de culpabilité, se situe plus loin encore de la repentance. Le
lecteur est pourtant gagné par l’impression que le texte est écrit sous la
pression du remords :
Que n’ai-je pas fait pour Ellénore ? Pour elle j’ai quitté mon pays et
ma famille […] tant de sacrifices faits sans devoir et sans amour ne
prouvent-ils pas ce que l’amour et le devoir me rendraient capables
de faire ? Si je crains tellement la douleur d’une femme qui ne me
domine que par sa douleur, avec quel soin j’écarterais toute
affliction, toute peine, de celle à qui je pourrais hautement me vouer
sans remords et sans réserve ! Combien alors on me verrait différent
de ce que je suis 84 !
C’est au conditionnel, en imagination, fictionnellement, qu’‘Adolphe’
se disculpe. Est ainsi contestée la possibilité même de la confession, de la
bonne foi et du repentir : ni l’aveu, ni le récit, ni l’introspection ne sont
d’aucun secours au narrateur pour sortir d’une « situation » qui, selon le
mot de Constant dans sa préface, est « toujours la même ».
Les Confessions d’un mangeur d’opium et La Confession d’un enfant du
siècle consacrent l’annexion du terme, désormais laïcisé, par la littérature.
Le ‘mangeur d’opium’ témoigne d’une aliénation mais ne plaide pas
coupable. Il se disculpe en invoquant son enfance malheureuse et ses
problèmes de santé, c’est-à-dire en reconstituant l’enchaînement des causes
et des effets qui l’a conduit à la dépendance.
Musset, qui, bien avant Baudelaire, avait traduit de Quincey 85, utilise le
terme de « confession » dans la même acception de Mémoires, témoignage
et plaidoyer. Il concède pourtant quelques références à la religion et
l’expression épisodique d’un sentiment de culpabilité. Ainsi, ‘Octave’, qui
s’est d’abord posé en victime d’une conjoncture historique défavorable,
finit par reconnaître ses torts :
86
N’étais-je pas coupable au-delà de toute expression ?
87
J’en vins bientôt à me montrer méchant .
Faire le mal ! tel était donc le rôle que la Providence m’avait
88
imposé. Moi, faire le mal !
Et tu ne te crois pas coupable ? me demandais-je avec horreur. […]
Et toi, Jésus, qui l’as sauvée, pardonne-moi 89.
Autrement dit, l’écriture de soi ne dispose pas d’autre levier que l’aveu
pour magnifier un récit.
CURE
Et aussi :
LIMITES
Je nommerai « aveux limites » les révélations intimes qui « passent les
bornes » en ce sens qu’elles franchissent trois lignes de démarcation. Une
limite morale lorsque le fait avoué implique une infraction au code éthique
commun au lecteur et à l’auteur. Une limite psychique dans la mesure où
cette action est le symptôme d’une névrose : « limite » prend alors le même
sens que l’anglais border (frontière) dans le mot borderline, qui caractérise
un état proche de la folie. Une limite générique enfin, dès l’instant où l’aveu
trouble le lecteur, encourage et, en même temps, rend douteuse
l’identification de l’auteur au héros. Il donne au personnage une dimension
supplémentaire, inquiétante, extra-ordinaire, potentiellement romanesque et,
simultanément, il rattache le texte au paradigme référentiel de la confession.
L’aveu-limite vise à produire un effet frappant en transgressant les
conventions qui régissent la société et la littérature. Il saisit le lecteur en
perturbant ses repères éthiques aussi bien que génériques. D’autant plus que
cette confession n’est pas suivie de contrition, de punition, de pénitence.
Elle s’inscrit au contraire dans un rapport marchand aux termes duquel le
coupable vend ses aveux. En donnant au « mal » l’onction du beau, il
transforme la faute en fête du langage. Convié à cette fête, le lecteur
applaudit au coup de force spectaculaire et jouit de sa propre complicité.
Mais, simultanément, le scandale de l’aveu mine la fiabilité de l’auteur, met
à mal son èthos, risque de le disqualifier en tant qu’interlocuteur. Il
demande pourtant à être pris au sérieux, précisément, parce qu’il joue sa
crédibilité dans l’affaire, parce qu’il se met en déséquilibre sur cette limite
où l’ambiguïté est portée à son comble.
On ne sera pas étonné que la plupart de ces aveux aient trait à la vie
sexuelle, d’une part, et à la vie familiale d’autre part. Ce sont, par
excellence, les lieux de l’intimité, de l’affect, du tabou et parfois de sa
transgression ; les lieux, également, où se construit l’individu, où s’élabore
son langage. À l’intersection de ces lieux se trouve l’inceste, dont la
prohibition, ainsi que l’ont montré Freud, Lévi-Strauss et Lacan, fonde
toute culture et toute maturation affective. René raconte essentiellement un
amour scandaleux entre frère et sœur. Le ‘Père Souël’ ne s’y trompe pas :
En lâchant de tels aveux, ces « héros » montrent qu’ils ont atteint une
certaine objectivité : ils se racontent comme un autre, un double
incompréhensible et nuisible. C’est par cette faille de leur caractère, ce
clivage, cette zone d’ombre, ce sadomasochisme secret, qu’ils accèdent à ce
que Freud nommait « l’inquiétante étrangeté 146 ». Renonçant à se saisir
comme un tout cohérent, connaissable et bienfaisant, ils pourront être
identifiés à une personne réelle et contradictoire, elle aussi, l’auteur bien
sûr, ou peut-être le lecteur.
Combats
Dans les lieux qui seront visités maintenant, le héros ne se contente plus
d’enregistrer passivement ses souvenirs, de subir le retour du refoulé et le
poids de la culpabilité, de rechercher un soulagement dans l’aveu : il agit
sur son destin. Il agissait, dans le temps remémoré, en luttant ; et il agit de
nouveau, en se remémorant, en donnant un sens à son passé.
L’énoncé de lutte vise en effet cette efficacité qu’Austin a nommée
« perlocutoire » 147. C’est en retraçant son combat que le narrateur espère
obtenir le résultat qu’il poursuit et, si l’on admet leur identité, c’est en
publiant son récit que l’auteur escompte un résultat équivalent. Dans cette
hypothèse, le texte du roman n’est plus seulement investi d’une fonction
littéraire ; il est aussi l’instrument d’une autre fin dans le réel. À partir du
moment où le lecteur reconnaît et entérine ce processus
d’instrumentalisation du livre, le lieu du combat devient, à ses yeux, un lieu
d’implication de l’auteur dans son dire, un lieu de sincérité. J’aborderai
brièvement quatre illustrations de ce phénomène : les lieux du secret de
famille, du deuil, du procès et de la dénonciation.
SECRETS DE FAMILLE
DEUIL
Mon père est mort en 69. […] Ma mère est morte un an plus tard.
[…] La mort de mes parents, c’était un remède de cheval, tu sais. Il
y a des années que je l’avais mise en répétition dans mes bouquins,
161
mais je n’avais quand même pas idée de ce que ça pouvait être .
PROCÈS
DÉNONCIATION
Nous allons maintenant nous intéresser aux héros qui dépassent le stade
de la dépression et de la victimisation pour devenir plaignants et
accusateurs. Leur témoignage se constitue alors en réquisitoire contre ce qui
les a fait souffrir. Leurs récits progressent selon une double dynamique
d’affirmation de soi et de critique du monde. Ils vérifient exactement
l’affirmation de Sartre selon laquelle « chaque livre propose une libération
concrète à partir d’une aliénation particulière 182 ».
On touche ici à une autre racine du genre. De même que
l’autobiographie comporte un courant militant et apologétique qui prend sa
source chez saint Augustin, le roman autobiographique a souvent été utilisé
comme un moyen de protester. L’ambiguïté générique permit déjà à
Hélisenne de Crenne de s’élever contre les mariages arrangés et la violence
des hommes. Mais sa fonction critique ne se développa qu’à la fin du siècle
des Lumières. C’est ainsi que Karl Philipp Moritz fit, dans Anton Reiser
(1790) 183, le procès de son éducation piétiste. Dans une forme qui devait
autant aux Confessions de Rousseau qu’aux journaux spirituels et aux
biographies édifiantes dont on l’avait abreuvé, ce disciple de Goethe
stigmatisait l’inhumanité des éducateurs du petit ‘Anton’ :
[…] on peut vraiment dire qu’il fut opprimé dès le berceau. […]
Dans sa prime jeunesse, il ne connut jamais les caresses de parents
attendris, ni le sourire qui récompense un petit effort. […] Rien dans
sa vie ne viendrait jamais effacer de son âme ces premières
impressions 184.
Ainsi, à treize ans, ce garçon était devenu totalement
hypocondriaque. […] Il avait été scandaleusement frustré des
185
plaisirs de l’enfance .
[…] fils adultérin, la loi flétrit votre naissance. […] J’ai fait du
191
malheur de ma naissance la méditation de toute ma vie .
Les parents contractent, à l’égard de leurs enfants, des obligations
dont ils ne peuvent se dispenser sans crime 192.
Héroïsation
Le lieu d’héroïsation tire le récit vers la fiction dans la mesure où il rend
extrêmement problématique une identification réaliste de l’auteur avec un
aventurier romanesque. Comment expliquer, dès lors, que l’héroïsation soit
parfois associée à une stratégie générique d’ambiguïté ? On peut avancer
deux explications. L’une imputerait cette apparente contradiction au désir
inconscient de se mettre en valeur. L’autre admettrait que l’auteur a
délibérément surdimensionné son personnage afin de donner une forme
autofictionnelle à son récit. Se situant à deux niveaux critiques différents,
critique de l’auteur et critique du texte, ces deux explications ne s’excluent
nullement.
Ce sont d’abord les voyages, les rencontres, les aventures, les épreuves
qui permettent au personnage identifiable à l’auteur d’accéder au statut de
héros. Il forme son caractère en faisant preuve de candeur, de courage, de
ténacité. Melville, Loti, Cendrars, Kerouac s’inscrivent, à cet égard, dans la
double tradition du récit picaresque et du roman d’apprentissage.
Mais la formation du héros moderne serait incomplète sans une
initiation amoureuse. Le thème de l’apprentissage rencontre ici le roman
d’amour et, parfois, la littérature érotique. Henry Miller, plus que tout autre,
s’est projeté en personnage picaresque, poursuivant inlassablement son
éducation sexuelle, littéraire, artistique, philosophique, auprès des meilleurs
professeurs. Chaque épisode de sa vie supposée est valorisé, magnifié,
chargé de sens, poétisé, de façon fascinante. Paradoxalement, ce type
d’autocélébration, qui dans le détail est hautement suspect de mensonge et
d’exagération, peut valoir attestation de sincérité. Car il relève à la fois
d’une attitude franchement narcissique et d’un désir évident de
communiquer.
N’est-ce pas la relation au lecteur qui est mise en abyme lorsque le
héros se représente en séducteur ? Henry Miller (Sexus), Philippe Roth
(Professeur de désir, La Leçon d’anatomie), Charles Bukowski (Women),
Philippe Sollers (Femmes, Portrait du joueur, Le Cœur Absolu) ont connu
le succès en s’affichant dans des rôles de ‘Don Juan’ ou de ‘Casanova’.
Marguerite Duras (L’Amant, L’Amant de la Chine du Nord) et Christine
Angot (Sujet Angot, L’Inceste) ont aussi tiré parti de notre voyeurisme
latent. Réels ou fantasmés, exhibés ou masqués, les récits de jeux amoureux
suscitent une inépuisable curiosité. De sorte que les limites actuellement
fixées par la décence et par le droit sont certainement destinées à reculer.
Mais le roman autobiographique dispose d’un procédé plus spécifique
de valorisation du héros : l’exaltation de sa puissance créatrice. Sa
supériorité est parfois signalée par son nom : ‘Oberman’ chez Senancour,
‘Z. Marcas’ chez Balzac, ‘Stephen le héros’ et ‘Dedalus’ chez Joyce
désignent des surhommes. ‘Martin Eden’ est doté par Jack London d’un
« génie rare qui lui permettait d’être critique et auteur avec un égal
brio 203 ». Mais elle peut aussi se cacher sous un nom banal. ‘Delphine’ et
‘Corinne’ sont des artistes accomplies, ‘Louis Lambert’ «est un vrai
voyant ».
Certains de ces héros ne rencontrent qu’incompréhension de la part du
public, et en particulier des femmes : ‘Oberman’ se complaît dans la
solitude, ‘Lambert’ et ‘Marcas’ meurent méconnus, ‘Eden’, bien qu’il soit
devenu célèbre, se suicide après son échec amoureux, ‘Dedalus’ s’exile.
Mais tous les artistes ne sont pas inadaptés au monde. Le personnage de
‘Loti’ est un officier de marine satisfait de son état. Cendrars, dans La Main
coupée, accepte la guerre comme un jeu dangereux où sa bravoure le
distingue. Dans L’Homme foudroyé et dans Bourlinguer, il peaufine son
image de bourlingueur passionné par la vie, les gens simples et le « secret
des choses 204 ». De même, les narratrices de Colette sont constamment en
phase avec leur environnement, que ce soit au village (Claudine à l’école,
La Maison de Claudine, Sido), à Paris (Claudine à Paris, Claudine en
ménage) ou dans le monde du spectacle (La Vagabonde).
Comment le héros-écrivain réagit-il face au succès ? ‘David
Copperfield’ l’attribue modestement à son « énergie patiente et
continue 205 ». ‘Jacques Vingtras’ exulte d’être lu, cité et reconnu dans la
rue 206. Colette, dans La Naissance du jour, se flatte de s’être fait un nom par
ses livres 207. Philippe Roth consacre la série des Zuckerman aux joies et aux
chocs en retour de la célébrité. Claude Simon donne quelques explications à
un journaliste dans Le Jardin des Plantes 208. Alain Robbe-Grillet détaille les
aléas de sa carrière dans les Romanesques. Aragon estime à juste titre :
Je suis un personnage hors-série, tout le monde n’a pas écrit Le
Paysan de Paris, tout le monde n’a pas appris à lire dans
Télémaque 209.
Tant il est vrai, d’une part, que les portraits de l’artiste en vieil homme
évitent difficilement l’écueil de la complaisance et, d’autre part, que cette
faiblesse, traduisant leur angoisse, les rend attachants. Le lecteur ne se
départira de son indulgence que s’il a l’impression d’être délibérément
leurré, que ce soit par fanfaronnade quand Malraux lance ‘Berger’ dans une
bataille de blindés qu’il n’a pu mener 211, ou par omission quand Céline ou
Aragon jettent un voile pudique sur leurs fréquentations politiques.
44. P. Handke, Mon année dans la baie de Personne, op. cit., p. 164.
45. «Willing suspension of disbelief» (S.T. Coleridge, Biographia Literaria, op. cit.).
46. E.R. Curtius, La Littérature européenne et le Moyen Âge latin, op. cit., p. 154.
47. Aristote, Rhétorique, op. cit., I, II, XV, 1357a, p. 88-89.
48. E. Fromentin, Dominique, op. cit., chap. XIII.
49. K. Hamsun, Un vagabond joue en sourdine, op. cit., p. 104.
50. Nakamura Shin’ichirô, L’Été, op. cit., p. 452.
51. J. London, John Barleycorn, 1913; trad. fr. de L. Postif, Le Cabaret de la dernière chance,
rééd. dans Romans et récits autobiographiques, Paris, Laffont, coll. «Bouquins», 1988, p.
1083-1231.
52. K. Ôé, Lettres aux années de nostalgie, op. cit.
53. P. Michon, Vies minuscules, op. cit., p. 217-222.
54. C. Baudelaire, Les Paradis artificiels, 1860.
55. H. et P. Loo, La Dépression, Paris, PUF, coll. «Que sais-je?», 1991.
56. A. de Musset, La Confession d’un enfant du siècle, op. cit., première ligne du chap. III.
Musset parle aussi de «maladie morale abominable», de l’«angoisse de la mort», d’«un
sentiment de malaise inexprimable», de «désespérance», etc.
57. F. Pasche, «L’anti-narcissisme», dans À partir de Freud, Paris, Payot, 1964, p. 234.
58. N. Gogol, Le Journal d’un fou, dans Les Nouvelles pétersbourgeoises, 1834; trad. fr. de S.
Luneau dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1966,
p. 571-595.
59. F.M. Dostoïevski, Zapiski iz podpolia, 1864; trad. fr. de A. Markowicz, Les Carnets du
sous-sol, Arles, Actes Sud, coll. «Babel», 1992.
60. G. de Maupassant, Le Horla, 1887.
61. Cette formule est loin d’être épuisée, comme le montre excellemment Irokawa Takehiro
dans Kyôjin Takako, 1988; trad. fr. de R.M. Makino-Fayolle, Le Journal d’un fou, Arles,
Picquier, 1991; rééd. en poche, 2000.
62. On en trouve quelques traces dans Mon frère Yves, op. cit.
63. «Par instants, après certaines lectures, alors que le dégoût de la vie ambiante s’accentuait, il
enviait les heures lénitives au fond d’un cloître, des somnolences prières éparses dans des
fumées d’encens, des épuisements d’idées voguant à la dérive dans le chant des psaumes.
[…] Resté célibataire et sans fortune, peu soucieux maintenant des ébats charnels, il
maugréait, certains jours, contre cette existence qu’il s’était faite. Forcément dans ces
heures où, las de se battre contre des phrases, il jetait sa plume, il regardait devant lui et ne
voyait dans l’avenir que des sujets d’amertumes et d’alarmes» (J.-K. Huysmans, Là-bas,
op. cit., chap. 1).
64. K. Hamsun, Sous l’étoile d’automne, op. cit., et Un vagabond joue en sourdine, op. cit.
65. J. London, Martin Eden, op. cit., p. 422.
66. V. Larbaud, A.O. Barnabooth, ses œuvres complètes, op. cit., p. 177.
67. Cf. Sodome et Gomorrhe, dans À la recherche du temps perdu, op. cit., t. III, p. 153-160 et
499-500.
68. R.M. Rilke, Les Carnets de Malte Laurids Brigge, op. cit., p. 75.
69. J. Weil, Vivre avec une étoile, op. cit.
70. D. Franck, La Séparation, op. cit.
71. A. Bryce-Echenique, La Vie exagérée de Martin Romaña, op. cit.
72. K. Ôé, Kosinteki Nataiken; trad. angl., A personal Matter, 1968; trad. fr. de la trad. angl.
par C. Elsen, Une affaire personnelle, Paris, Stock, 1971.
73. P. Nizon, Immersion, op. cit.
74. P. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., p. 14.
75. R. Queneau, Odile, op. cit.
76. Op. cit.
77. S. Freud, Das Ich und das Es, 1923; Le Moi et le Ça, trad. fr. de J. Laplanche, dans Essais
de psychanalyse, Payot, coll. «Petite Bibliothèque Payot», 1981, p. 265.
78. P. Lejeune, «La punition des enfants. Lecture d’un aveu de Rousseau», dans Le Pacte
autobiographique, op. cit., p. 49-85.
79. J. Delumeau, La Civilisation de la Renaissance, Paris, Arthaud, 1967, p. 167.
80. G.Gusdorf, Lignes de vie, 2, Auto-bio-graphie, Paris, O. Jacob, 1991, p.445.
81. Cf. Artur London, L’Aveu; Galsan Tschinag, Le Monde gris; Gao Xingjian, Le Livre d’un
homme seul.
82. B. Constant, Adolphe, op. cit., chap. V.
83. B. Constant, Cécile, op. cit., p. 241.
84. B. Constant, Adolphe, op. cit., chap. VII.
85. Musset avait publié en 1828 une adaptation de l’ouvrage de De Quincey, signée A.D.M.
86. A. de Musset, La Confession d’un enfant du siècle, op. cit., IVe partie, chap. IV.
87. Ibid.
88. Ibid., Ve partie, chap. VI.
89. Ibid.
90. J. Joyce, Portrait de l’artiste en jeune homme, op. cit., p. 233.
91. Op. cit., p. 158-175.
92. J. Fante, La Colère de Dieu, dans Le Vin de la jeunesse, op. cit., p. 204-205, rééd., Paris,
UGE, coll. «10/18», p. 195-205. Dans le même recueil, le poids de la culpabilité religieuse
se fait particulièrement sentir dans Enfant de chœur, La Route de l’enfer, Foyer, doux foyer,
Je vous salue Marie, Le Dieu de mon père.
93. J. Fante, Pleins de vie, op. cit., p. 193-194.
94. Propos rapporté par J.-L. Douin dans son article intitulé «Kerouac mère et fils» à propos du
livre de Gerald Nicosia Memory Babe, dans «Le Monde des livres» du 27 février 1998, p. I.
95. P. Handke, Kindergeschichte, Francfort, 1981; trad. fr. de G.A. Goldschmidt, Histoire
d’enfant, Paris, Gallimard, 1983; rééd., coll. «Folio», 1989, p. 49.
96. P. Lejeune, «L’enfance fantôme», dans Les Brouillons de soi, op. cit., p. 54.
97. M. Cardinal, Les Mots pour le dire, op. cit., p. 269.
98. P. Roth, Portnoy et son complexe, op. cit.
99. P. Roth, Professeur de désir, op. cit., p. 95-102.
100. V. Nabokov, Regarde, regarde les arlequins!, op. cit., p. 167.
101. R. Boudjedra, La Macération, op. cit., p. 157.
102. A. Malraux, Le Miroir des limbes, I, Antimémoires, op. cit., p. 8.
103. Interview recueillie par C. Chassé, La Dépêche de Brest et de l’Ouest, 1933, dans Cahiers
Céline 1, op. cit., p. 88.
104. Propos attribué à Céline (qui ne l’a jamais entériné) par le journal Paris-midi dans son
édition du 16 mars 1933, repris ibid., p. 60.
105. S. Doubrovsky, «Autobiographie / vérité / psychanalyse», art. cité, p. 77.
106. S. Doubrovsky, Fils, op. cit.
107. S. Doubrovsky, Laissé pour conte, Paris, Grasset, 1999, p. 362-401.
108. H. Rosenfeld, «À propos de la psychologie du narcissisme», 1964, dans États psychotiques,
Paris, PUF, 1964, p. 219-232.
109. F.-R. de Chateaubriand, René, op. cit., p. 145.
110. Ibid., p. 144.
111. M. Duras, L’Amant de la Chine du Nord, op. cit., p. 84n: «On filme les amants endormis, le
Roman Populaire du Livre.»
112. Ibid., p. 68.
113. Ibid., p. 56 et 14.
114. H. Roth, À la merci d’un courant violent, t. II, Un rocher sur l’Hudson, op. cit., p. 172.
115. H. Roth, À la merci d’un courant violent, t. III, La Fin de l’exil, op. cit., p. 102-118.
116. R. Robin, «Confession à l’ordinateur. La trilogie de Henry Roth», art. cité, p. 101-112.
117. H. Roth, À la merci d’un courant violent, t. III, La Fin de l’exil, op. cit., p. 301.
118. H. Roth, À la merci d’un courant violent, t. II, Un rocher sur l’Hudson, op. cit., p. 154.
119. P. Roth, Portnoy et son complexe, op. cit., p. 67-68 et 255.
120. C. Angot, Interview, Paris, Fayard, 1995; L’Inceste, Paris, Stock, 1999.
121. S. Rezvani, Les Années-lumière, op. cit., p. 263.
122. «L’inceste n’était qu’un moment de la lutte» (R. Boudjedra, La Répudiation, op. cit., p.
136).
123. P. Roth, tout au long de Portnoy et son complexe, op. cit.
124. D. Chraïbi, Le Passé simple, op. cit., p. 121-126.
125. S. Doubrovsky, Un amour de soi, op. cit., p. 463.
126. T. Ben Jelloun, L’Écrivain public, op. cit., p. 32-33.
127. H. Guibert, Mes parents, op. cit., p. 91.
128. J. Joyce, Portrait de l’artiste en jeune homme, op. cit., p. 162-163.
129. J. Fante, Dreams From Bunker Hill, 1982; trad. fr. de B. Matthieussent, Rêves de Bunker
Hill, Paris, Bourgois, 1985, p. 24.
130. C. Simon, L’Acacia, Paris, Éd. de Minuit, 1989, p. 363-375.
131. «Moi aussi j’étais encore loin de l’âge où l’on consent à accepter les choses telles qu’elles
sont» (Y. Mishima, Confession d’un masque, op. cit., p. 239).
132. Y. Navarre, Biographie, op. cit.
133. H. Miller, Tropic of Capricorn, 1938; trad. fr. de G. Belmont, Tropique du Capricorne,
Paris, Chêne-Stock, 1952; rééd., LGF, coll. «Le Livre de poche», 1975, p. 151-153.
134. R. Brautigan, Mémoires sauvés du vent, op. cit.
135. F. Mauriac, Un adolescent d’autrefois, op. cit., p. 249-250.
136. J. Genet, Journal du voleur, op. cit., p. 10.
137. J. Genet, Miracle de la rose, Lyon, L’Arbalète, 1946; rééd., 1993, p. 54.
138. J.-P. Sartre, «Saint Genet, comédien et martyr», dans Œuvres complètes de Jean Genet,
Paris, Gallimard, 1952, p. 608.
139. P. Loti, Aziyadé, Le Mariage de Loti, Madame Chrysanthème, op. cit.
140. G. Keller, Henri le Vert, op. cit., I, 8.
141. K. Hamsun, La Faim, op. cit.
142. J. Fante, La Route de Los Angeles, op. cit., et Demande à la poussière, op. cit.
143. P. Handke, Histoire d’enfant, op. cit., p. 46-47.
144. K. Ôé, Une affaire personnelle, op. cit.
145. T. Bernhard, Le Neveu de Wittgenstein. Une amitié, op. cit., p. 121-122.
146. S. Freud, Das Unheimliche, 1919; trad. fr. de M. Bonaparte et E. Martin, L’Inquiétante
Étrangeté, Paris, Gallimard, 1933; rééd. dans Essais de psychanalyse appliquée, coll.
«Idées», 1971.
147. J.L. Austin, Quand dire c’est faire, op. cit., p. 129-137.
148. G. Ausloos, «Secrets de famille», dans J.C. Benoit (éd.), Changements systémiques en
thérapie familiale, Paris, E.S.F., 1980, p. 62-80: «Sans secrets, donc, pas de drame et point
de mythe» (p. 64).
149. H. Guibert, Mes parents, op. cit.
150. K. Ôé, Lettres aux années de nostalgie, op. cit., p. 165.
151. Notamment dans Les Boulevards de ceinture, op. cit., et Fleurs de ruine, op. cit.
152. S. Freud, Trauer und Melancholie, 1915; trad. fr. de J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Deuil et
mélancolie, dans Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1968; rééd., coll. «Idées», 1974, p.
150.
153. Ibid., p. 149.
154. Ibid.
155. M. Hanus, Les Deuils dans la vie, Paris, Maloine, 1994.
156. S. Doubrovsky, Laissé pour conte, op. cit., p. 41.
157. M. Hanus, Les Deuils dans la vie, op. cit., p. 21.
158. P. Roth, Portnoy et son complexe, op. cit., p. 163-164.
159. P. Roth, Professeur de désir, op. cit., p. 232-249.
160. P. Roth, Zuckerman délivré, op. cit., p. 333-356.
161. P. Roth, La Leçon d’anatomie, op. cit., p. 553.
162. P. Roth, The Facts. A Novelist’s Autobiography, New York, 1988; trad. fr. de M. Waldberg,
Les Faits. Autobiographie d’un romancier, Paris, Gallimard, 1990.
163. P. Roth, Patrimony. A True Story, 1991; trad. fr. de M. Akar et M. Rambaud, Patrimoine.
Une histoire vraie, Paris, Gallimard, 1992.
164. Cf. à ce sujet, en conclusion des Faits, le savoureux commentaire de ‘Zuckerman’, où l’on
voit que Philip Roth n’ignore aucun des pièges que lui tend l’autobiographie.
165. L. Aragon, Blanche ou l’oubli, op. cit., p. 391.
166. P. Auster, L’Invention de la solitude, op. cit.
167. M. Meyer, Introduction à la Rhétorique d’Aristote, op. cit., p. 9.
168. A.-M. Schmidt, Histoire des littératures, t. III, Paris, Gallimard, coll. «Encyclopédie de la
Pléiade», 1958; rééd., 1978, p. 197: «Elle est à la fois la créatrice du roman
autobiographique français et la première des “maumariées” qui trouve le courage d’extraire
de ses tristes nécessités un utile enseignement.»
Cf., également, G. Mathieu-Castellani, La Scène judiciaire de l’autobiographie, Paris, PUF,
1996, p. 40, et P. Demats, Introduction à H. de Crenne, Les Angoysses douloureuses qui
procèdent d’amour, 1538, rééd., Paris, Les Belles Lettres, 1968.
169. H. de Crenne, ibid., p. 169.
170. T. de Viau, Première journée, 1623; rééd. dans Œuvres, éd. de Guido Saba, Paris, Nizet,
1978.
171. G. Mathieu-Castellani, La Scène judiciaire de l’autobiographie, op. cit., p. 219-220.
172. C. d’Assoucy, Les Avantures de Monsieur d’Assoucy, Paris, 1677, qui sera suivi des
Avantures d’Italie de Monsieur d’Assoucy, Paris, 1677. Cf. R. Demoris, Le Roman à la
première personne. Du Classicisme aux Lumières, Paris, A. Colin, 1975, p. 122-125.
173. Dans Les Avantures d’Italie de Monsieur d’Assoucy, op. cit., p. 264, l’auteur prononce un
éloge métadiscursif du genre burlesque dont il se proclame «empereur» à l’égal de Scarron.
174. Tristan L’Hermite, Le Page disgracié, 1642; rééd. par J. Serroy, Grenoble, Presses
universitaires de Grenoble, 1980.
175. J. Vallès, L’Insurgé, op. cit., dédicace, p. 39.
176. J. Genet, Journal du voleur, op. cit., p. 100.
177. Ibid., p. 65.
178. J. Fante, Les Compagnons de la grappe, op. cit., p. 20.
179. A. Bryce-Echenique, La Vie exagérée de Martin Romaña, op. cit., notamment p. 316-343.
180. T. Ben Jelloun, L’Écrivain public, op. cit., p. 178-192.
181. D. Chraïbi, Succession ouverte, op. cit., p. 148 et 150.
182. J.-P. Sartre, Qu’est-ce que la littérature?, Paris, Gallimard, 1948, p. 90-91.
183. K.P. Moritz, Anton Reiser. Ein psychologischer Roman, 1790; trad. fr. de G. Paline, Anton
Reiser, Paris, Fayard, 1986. «Autobiographie à peine déguisée» pour Philippe Van Tieghem
dans son Dictionnaire des littératures (Paris, PUF, 1968; rééd., 1984); «roman
autobiographique» dans A. Benoit-Dusausoy et G. Fontaine (dir.), Histoire de la littérature
européenne (Paris, Hachette, 1956; rééd., 1992). Pour Georges Gusdorf: «l’autobiographie
de Reiser, élaborée à partir du journal intime de Moritz, se propose […] de fixer davantage
l’attention de l’homme sur lui-même et de rendre plus importante pour lui son existence
individuelle» («De l’autobiographie initiatique au genre littéraire», Revue d’histoire
littéraire de la France, novembre-décembre 1975, nº 6, p. 992).
184. K.P. Moritz, Anton Reiser, op. cit., p. 23.
185. Ibid., p. 84.
186. W.H. Wackenroder, Effusions sentimentales d’un religieux ami de l’art, op. cit., p. 239-281.
187. Ibid., p. 243.
188. Ibid., p. 273.
189. H. de Balzac, Louis Lambert, op. cit., p. 624.
190. É. de Girardin, Émile, 1827; rééd., 1839, 1854.
191. Ibid., I, p. 17.
192. Ibid., X, p. 64.
193. H. Barbusse, Le Feu. Journal d’une escouade, op. cit.
194. La dénonciation explicite n’apparaît que dans Le Jardin des Plantes, op. cit., p. 210-217.
Claude Simon a également écrit, en 1984, sous une forme non littéraire, un «Petit
historique du désastre de mai 1940 au 31e dragons» qui a été publié par la Revue des
sciences humaines, nº 220, 1990.
195. J. Weil, Vivre avec une étoile, op. cit.
196. Notamment dans Fils, Le Livre brisé, et plus encore dans Laissé pour conte.
197. H. Kureishi, Le Bouddha de banlieue, op. cit.
198. T. Ben Jelloun, L’Écrivain public, op. cit., p. 125-127.
199. A. Begag, Le Gone du Chaâba, op. cit.
200. I. Kertész, Sorstalanság, Berlin, 1975; trad. fr. de N. et C. Zaremba, Être sans destin, Arles,
Actes Sud, 1997; rééd., Paris, UGE, coll. «10/18», 2002.
201. Gao Xingjian, Le Livre d’un homme seul, op. cit.
202. J. Kosinski, L’Oiseau bariolé, op. cit.
203. J. London, Martin Eden, op. cit., chap. 43, p. 396.
204. B. Cendrars, L’Homme foudroyé, Paris, Denoël, 1945; rééd., Gallimard, coll. «Folio»,
1973, p. 201.
205. C. Dickens, David Copperfield, op. cit., chap. XLII, t. II, p. 149.
206. J. Vallès, L’Insurgé, op. cit., chap. XXVI, p. 256.
207. Colette, La Naissance du jour, dans Œuvres, op. cit., t. III, p. 286.
208. Op. cit.
209. L. Aragon, Le Mentir-vrai, op. cit., p. 16.
210. V. Nabokov, Regarde, regarde les arlequins!, op. cit., p. 303.
211. A. Malraux, Le Miroir des limbes, I, Antimémoires, op. cit., coll. «Bibliothèque de la
Pléiade», p. 232-254, coll. «Folio», p. 301-329.
7
Questions d’histoire
Diachronie
EN FRANCE
Si Philippe Lejeune a permis à l’autobiographie d’être reconnue et
étudiée en tant que genre littéraire, ce n’est pas seulement parce qu’il l’a
définie sur la base d’un pacte de lecture, c’est aussi parce qu’il en a situé
l’origine aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Georges Gusdorf lui
reprocha d’ignorer et de rejeter dans la préhistoire du genre toutes les
manifestations antérieures de l’écriture du moi, en particulier les
Confessions de saint Augustin, les Mémoires du Grand Siècle et les
autobiographies religieuses 4. Mais il devait convenir que « l’œuvre de
Rousseau est exemplaire parce qu’elle s’adresse au public des romans 5 ».
Lejeune ne disait pas autre chose : « Rousseau n’a donc pas inventé le
genre », mais, lui donnant un statut littéraire, il « en a infléchi l’histoire » 6.
Tous deux admettaient, notons-le, que la chose avait précédé le mot,
forgé vers 1790 en Allemagne, francisé après 1830. De même, l’expression
« roman autobiographique » n’apparut qu’au milieu du XIXe siècle pour
désigner des textes publiés depuis plusieurs décennies. Dans un cas comme
dans l’autre, la conceptualisation du genre s’est opérée graduellement. On
peut donc se poser la question suivante : à partir de quand les lecteurs ont-
ils eu le sentiment de voir apparaître un nouveau type de récits mélangeant
roman et autobiographie ?
Lorsqu’ils employaient la première personne, les romanciers du
e
XVIII siècle prenaient garde à se distinguer nettement de leurs personnages,
L’un comme l’autre avaient dissimulé les références à leur vie privée
sous un épais voile fictionnel. Il fallait recourir à des informations
biographiques pour établir un lien entre l’auteur et son personnage. En
écrivant René, Chateaubriand rompit avec cette prudence en élaborant une
stratégie originale d’ambiguïté générique dont les principaux éléments sont
les suivants :
les lecteurs des Mémoires d’outre-tombe découvriront que ‘René’ est le
second prénom de Chateaubriand ; mais ils avaient déjà comparé leur
âge et leur origine sociale ;
‘René’ a failli devenir écrivain : « Jeune, je cultivais les Muses 8. »
dans les premières éditions, des gravures représentaient le héros sous les
traits de l’auteur, fort célèbre depuis le succès d’Atala ;
les Mémoires permettent d’établir de nombreuses concordances entre les
deux biographies ;
le projet d’écrire, à soixante-six ans, un Vieux René, dont il ne reste que
quelques pages, vient encore confirmer cette identification profonde 9 ;
le récit de ‘René’ suit le rituel de la confession : avouant « les
sentiments secrets de son âme » à un prêtre et à son père adoptif, il
atteste sa sincérité ;
non seulement ce récit est rétrospectif, mais, à l’instar des Confessions,
il accorde une importance décisive aux expériences précoces de
l’enfance et de l’adolescence ;
enfin, un violent désir d’inceste en constitue le nœud.
La notoriété de son auteur, sa stratégie générique sophistiquée, sa
rhétorique de la sincérité vaudront à ce texte de représenter, pendant un bon
siècle, le paradigme du genre. Certes, Restif de La Bretonne n’avait pas
craint, avant lui, de mélanger autobiographie et fiction. Mais ses
interventions d’auteur n’avaient guère d’autres fonctions que de légitimer
ses contes libertins, d’alléguer leur origine, d’en tirer un enseignement
moral et d’attaquer ses détracteurs. Quant à Mme de Staël, elle pratiquait
une sorte d’autofiction hyper-romanesque qui idéalisait outrageusement ses
héroïnes. À l’opposé, Senancour, réduisant Oberman à une longue
méditation désincarnée, éliminait l’intrigue, tandis que Constant proposait
avec Adolphe « un roman dont les personnages se réduiraient à deux et dont
la situation serait toujours la même 10 ».
Parus en 1804 et 1816, ces deux textes passèrent presque inaperçus.
L’originalité fondamentale de René ne fut pas mieux comprise des
contemporains, qui n’en retinrent d’abord que le prétexte apologétique. Il
faudra attendre vingt ans pour que ces œuvres soient comparées,
regroupées, rangées dans une catégorie nouvelle et imitées. Sainte-Beuve
joua un rôle important dans ce processus, en tant qu’auteur (Vie, poésies et
pensées de Joseph Delorme en 1829, Volupté en 1834), en tant que préfacier
enthousiaste de la réédition d’Oberman et en tant que critique (« Du roman
intime », article de 1832, Chateaubriand et son groupe littéraire sous
l’Empire, cours de 1848-1849 11).
La génération de 1830 était cependant moins audacieuse que la
précédente, chacun redoutant, comme Musset, de s’exposer « tout nu,
derrière un manteau troué en mille endroits 12 ». Ainsi La Confession d’un
enfant du siècle trahit-elle une tergiversation générique : le titre suggère une
valeur référentielle, les premiers chapitres traitent d’un phénomène
psychosociologique, puis ce discours laisse la place au récit d’une passion
interminable dont les héros pouvaient, d’assez loin, évoquer l’auteur et
George Sand. Celle-ci, dans ses premiers romans (Indiana, 1832, Lélia,
1833), comme dans sa propre version de leur liaison (Elle et lui, 1859),
s’appliquait à fictionnaliser les portraits et les destins de ses héroïnes tout
en leur assignant, à l’évidence, une fonction spéculaire et un rôle de porte-
parole. C’est l’épitexte, accessible dans ses autres écrits, dans la presse,
dans les témoignages de tiers, qui devait assurer à ses romans une réception
partiellement autobiographique.
Bien qu’elles relèvent d’une poétique plus lyrique que narrative, les
nouvelles de Nerval, Sylvie (1853), Aurélia (1855), où le rêve contamine
constamment la réalité vécue, traduisent elles aussi une approche
ambivalente de la confidence personnelle, fuie dès qu’elle s’amorce.
Ambivalence encore dans Louis Lambert (1836) où deux personnages, le
narrateur et le héros, se partagent des traits biographiques de l’auteur et où
l’histoire, en quête de son dénouement, finit par bifurquer dans le drame
romanesque. Hésitation, enfin, dans Émile (1827) entre le drame pathétique
et les Mémoires : pour plaider la cause des enfants illégitimes, Girardin
adoptait une solution bâtarde.
Ce n’est qu’avec Fromentin (Dominique, 1862), Daudet (Le Petit
Chose, 1868), Loti (Aziyadé, 1879), Vallès (Jacques Vingtras, 1879-1886),
Huysmans (Là-bas, 1891, En route, 1895), Jules Renard (Poil de Carotte,
1894) que le roman autobiographique français va progressivement se
dégager du pathos romantique. Il s’inscrira désormais, pour l’essentiel, dans
le créneau et dans l’histoire du roman réaliste, ou naturaliste, tout en
prétendant implicitement le dépasser en matière de référentialité.
EN EUROPE
DIFFUSION
Les jeunes héros désemparés de Sanshirô 48, d’À l’équinoxe et au-delà 49,
du Pauvre cœur des hommes 50, évoquent la période de formation de Sôseki
sans envoyer de signaux explicites d’autobiographie. En revanche, il n’est
guère besoin de connaître son histoire personnelle pour deviner qu’il fut
‘Kenzô’, le héros de son dernier roman 51, un écrivain bouleversé par la
réapparition de son père adoptif venu lui extorquer de l’argent.
Dans ce type de récit, le lecteur occidental est mal placé pour mesurer le
degré d’autobiographie que l’auteur a voulu suggérer à son public. Certains
codes nous échappent et nous nous en remettons fatalement à l’appréciation
du traducteur et du préfacier. Une étude comparative des stratégies
génériques d’Orient et d’Occident serait évidemment du plus haut intérêt.
Après Sôseki, le genre du shi-shôsetsu connut une éclipse. Il fut
submergé par une vague de littérature populaire et par la politisation du
roman réaliste. Puis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite belliciste, à
partir de 1930, mit un terme à toutes les formes d’innovation littéraire.
Seuls deux grands romanciers échappèrent à la répression : Kawabata et
Tanizaki. Leur apolitisme se doublait d’une certaine méfiance envers le shi-
52
shôsetsu. Seule exception, chez Tanizaki, Le Goût des orties , dont le
personnage de ‘Kaname’ évoque sans doute l’auteur au moment où il
éprouva un regain d’intérêt pour la culture japonaise traditionnelle.
La fin de la Seconde Guerre mondiale marqua un renouveau du roman
japonais, donc le retour du shi-shôsetsu. Il retrouva une fonction
transgressive avec les premiers romans de Mishima, Confession d’un
53 54
masque et Amours interdites , qui traitaient de la situation des
homosexuels dans le Japon puritain. Enfin, dans la production du dernier
demi-siècle, dont une faible partie est accessible en traduction, l’œuvre de
Kenzaburô Ôé est particulièrement remarquable. De la fiction d’Une affaire
personnelle 55 au témoignage d’Une famille en voie de guérison 56, elle
parcourt en effet tout l’éventail des genres narratifs. Il faut également citer
le grand œuvre proustien de Nakamura Shin’ichirô : Les Quatre Saisons 57.
L’exemple du Japon montre que le roman autobiographique a pu exercer
une fonction maïeutique en libérant une parole contrainte et ainsi favoriser
l’apparition d’une nouvelle littérature. L’histoire de la littérature
maghrébine d’expression française confirme cette vocation. Ce sont en effet
trois romans autobiographiques qui ont ouvert simultanément la voie à
l’expression littéraire des peuples colonisés : en Tunisie La Statue de sel
d’Albert Memmi (1953) 58, en Algérie Le Fils du pauvre de Mouloud
Feraoun (1954) 59 et au Maroc Le Passé simple de Driss Chraïbi (1954) 60. Il
est clair que le roman fournissait à ces jeunes gens formés par l’école
française un outil puissant pour dire au colonisateur, dans sa propre langue,
la réalité de leur culture opprimée. Clair aussi, rétrospectivement, que leur
prise de parole préfigurait la prise des armes contre l’occupant. Que les
nouvelles élites aient ensuite combattu cette forme d’expression, à la fois
individualiste et cosmopolite, c’est une autre histoire.
On comparera ces témoignages avec ceux de Camara Laye, de Baltasar
Lopes, de Joseph Zobel et de Galsan Tschinag apparus dans des contextes
similaires. Dans L’Enfant noir 61, le premier idéalisait sa jeunesse dans un
village guinéen, puis son ascension dans le cursus scolaire français, sans
mentionner le moindre facteur de tension. Plus âpres, Lopes, dans
Chiquinho 62, et Zobel, dans La Rue Cases-Nègres 63, dénonçaient la misère
et les humiliations dont souffraient les Noirs marqués par l’esclavage au
Cap-Vert comme aux Antilles. Dans un autre contexte, Galsan Tschinag a
décrit les ravages de l’acculturation perpétrée par le totalitarisme
communiste en Mongolie 64. Instigateurs d’une nouvelle littérature, ces
auteurs recoururent à l’ambiguïté générique pour dire la situation
inconfortable du « nègre blanc » : celui qui a accédé au cœur du système
colonial tente de réconcilier ses deux vies, ses deux cultures, par le récit, et
il ne peut le faire que sous couvert de fiction.
Infortune critique
Après ces aperçus sur l’histoire du genre, je voudrais poursuivre la
critique de la critique amorcée en introduction. Sans doute faut-il rappeler
d’abord que la poétique, qui traite de la théorie des genres, a longtemps été
un système d’exclusion. Cherchant l’essence de la poésie, Aristote
invalidait méthodiquement la plus grande part de la littérature grecque pour
ne retenir en fin de compte qu’un seul paradigme de parfaite littérarité,
Œdipe roi de Sophocle. Redécouverte à la Renaissance, son œuvre donna
naissance à une nouvelle discipline qui, comme le remarquait Valéry,
« connut une grande et durable faveur à cause de l’extrême facilité qu’elle
donnait de juger et de classer les ouvrages, par simple référence à un code
ou à un canon bien défini 65 ».
Armés de ses critères, les « doctes » pouvaient, d’autorité, imposer leurs
normes. Ainsi était-il inconcevable, aux XVIIe et XVIIIe siècles, que les
Mémoires soient considérés comme des œuvres littéraires. Et, par la suite,
les textes référentiels qui ont bénéficié d’une lecture littéraire ont toujours
fait figure d’exceptions. Les autobiographies de Rousseau, Chateaubriand,
Stendhal, Gide et Sartre, ne furent d’abord acceptées par la critique
universitaire qu’en tant que documents biographiques et en considération
des services rendus par leurs auteurs aux genres nobles. Dans « Un siècle de
résistance à l’autobiographie 66 », Philippe Lejeune a étudié cette politique
d’exclusion à travers le réquisitoire prononcé en 1888 par le grand critique
Brunetière à l’encontre de « La littérature personnelle ». Il a aussi organisé
un colloque sur L’Autobiographie en procès dont les actes mériteraient
d’être étudiés en classe 67. Mais ces recherches ne suffisent pas à rendre
compte du destin critique du roman autobiographique, car sa spécificité
générique lui a valu un traitement particulier.
La théorie des genres a tout de même dû évoluer depuis Aristote. La
poésie lyrique est devenue une catégorie littéraire à part entière, un mode
d’énonciation dans lequel l’expression personnelle était tolérée. Le roman a
fini par se substituer à l’épopée en tant que genre narratif fictionnel. Mais
comment classer un récit situé sur la frontière entre roman et
autobiographie ? Voilà une question qui a toujours embarrassé la critique.
Ses réponses peuvent être réparties en quatre catégories. La solution la
plus ancienne consiste à ignorer ces textes comme lettre morte, n’en point
parler. Ce silence critique, qui est encore audible à l’Université, se dérobe
lui-même au commentaire dans la mesure où il tait ses motifs. Seconde
possibilité, une lecture sélective permet au critique de réduire le récit à sa
dimension référentielle et de lui refuser par conséquent un statut artistique.
L’attitude opposée consiste à n’envisager le texte que sous son aspect de
roman afin de lui assurer une littérarité incontestable. Enfin, il arrive tout de
même, de plus en plus fréquemment, que la stratégie générique de l’auteur
soit examinée dans toute sa complexité sémiotique en adoptant le point de
vue du lecteur.
Avant d’examiner ces différentes positions, il est peut-être utile de
rappeler les données terminologiques du problème. En effet, par quelque
bout qu’on la prenne, la difficulté à nommer l’objet constitue à la fois un
symptôme et une cause de sa viscosité conceptuelle.
L’INNOMMABLE
Mais en quoi le nom composé qu’il forgeait « pour qualifier la voie que
Céline inaugure », « roman-autobiographie » 76, était-il plus pertinent ? Dans
une thèse soutenue en 1988, Raymond Espinose entendait quant à lui
substituer « à l’appellation roman autobiographique celle de fiction
autobiographique », pour éviter « l’assimilation, trop souvent opérée par le
lecteur, entre auteur et narrateur 77 ». La même année, Jean Bellemin-Noël,
récusant « autofiction » aussi bien que « roman autobiographique »,
inventait « bi-autographie » 78. Au Québec, où est resté vivant le concept de
« littérature personnelle » 79, est apparu le terme de « roman mémoriel »,
d’un emploi plus ethnographique 80.
Du côté des auteurs, Aragon développa le concept hautement ambigu de
« mentir-vrai 81 », Annie Ernaux suggéra « récit auto-socio-biographique »
et « récit transpersonnel » pour caractériser ses textes les plus référentiels 82,
et, à propos des Romanesques, Alain Robbe-Grillet se réclama de la
« Nouvelle Autobiographie 83 » aussi bien que de l’autofiction 84.
On sait que seul ce dernier terme est en voie de lexicalisation 85. J’ai
déjà évoqué les circonstances dans lesquelles il est apparu et s’est diffusé en
France. Cette diffusion s’est opérée au prix d’une dérive sémantique qui
n’est pas terminée. La consonance moderne du mot a séduit les
prescripteurs de lecture, auxquels il permettait de requalifier et, surtout, de
revaloriser une part considérable de la production éditoriale. Aussi s’en
sont-ils emparés pour désigner tout ce qu’ils n’osaient plus appeler
« littérature personnelle » ou « roman autobiographique ». Dans une
conjoncture littéraire atone, cette trouvaille produisit un effet de mode en
excitant la curiosité des lecteurs 86.
Naturellement, du point de vue de la poétique, le concept d’autofiction
n’est aucunement validé. Tant qu’il n’aura pas été étudié dans une
perspective historique, en fonction du système des genres qui l’a produit, il
n’aura aucune valeur théorique. Tout se passe comme si la nouveauté du
signifiant occultait l’ancienneté du signifié, comme si sa modernité bloquait
notre mémoire littéraire. Or il est facile de démontrer que les romanciers du
dernier quart de siècle qu’on a voulu ranger sous la bannière de
l’autofiction n’ont fait qu’exploiter et développer une stratégie générique
élaborée longtemps auparavant. Qu’ils le veuillent ou non, Doubrovsky,
Guibert, Roth, Handke, Ôé, etc., marchent sur les traces de Chateaubriand,
Musset, Dickens, Rilke, Miller, Céline, etc. Les styles diffèrent, les thèmes
évoluent, la sémiotique générique se transforme, mais, fondamentalement,
on reconnaît toujours une combinaison d’indices fictionnels et référentiels
induisant une double lecture.
Vincent Colonna 87 a proposé de réserver le terme aux récits d’aventures
imaginaires attribuées à un héros homonyme de l’auteur. Ce faisant, il
replaçait l’« autofiction » dans l’histoire littéraire. Mais, en faisant de
l’homonymie auteur-narrateur un critère sine qua non, il s’est enfermé dans
une catégorie trop restreinte pour avoir valeur de genre. Linguistiquement
correcte, théoriquement pertinente et tout à fait conforme au sens initial que
lui donnait Kosinski, cette acception pourrait avantageusement être étendue
à toutes les stratégies de projection de l’auteur dans des situations fictives,
quels que soient les indices permettant de l’identifier. Le terme de « roman
autobiographique » resterait applicable aux textes suggérant, au contraire,
de superposer étroitement la biographie du héros et celle de l’auteur, ce qui
est le cas chez Doubrovsky.
L’usage tranchera. L’ambiguïté générique s’est développée, jusqu’à
présent, dans la clandestinité que lui assurait un épais brouillard
terminologique. Si « autofiction », au sens large de « roman
autobiographique », entre dans l’usage courant et s’internationalise 88, une
nouvelle catégorie de textes pourra être nommée, et par conséquent
commercialisée. Mais elle ne sera pas pour autant définie ni conceptualisée.
On voit déjà ce vide sémantique attirer les convoitises. Il est à craindre que
l’excès de polysémie n’épuise prématurément le néologisme, puis qu’une
nouvelle mode littéraire ne l’emporte. La poétique aurait sans doute son
mot à dire dans cette affaire. Encore faut-il qu’elle se saisisse du problème,
qu’elle améliore sa connaissance des stratégies d’ambiguïté et qu’elle soit à
même de proposer une terminologie pragmatique. Cette clarification
retentirait non seulement sur la lecture, la diffusion, la discussion et la
pédagogie des textes, mais également sur leur production, en suscitant
l’apparition de formes inédites.
Quoi qu’il en soit, il est évident que l’enjeu dépasse le seul lexique
hexagonal. Le problème terminologique se pose partout où l’on écrit et où
l’on lit ce type de textes, donc dans de nombreuses langues. Et la plus
internationale d’entre elles, l’anglo-américain, risque d’imposer sa solution.
Parmi les critiques américains, le terme autobiographical novel, qui
remonte au XIXe siècle, est le plus répandu. Cependant, si l’on en juge par
les œuvres qu’ils citent en exemples, sa définition est extrêmement floue.
Ainsi, dans un article de 1959, Roy Pascal fondait son analyse du roman
autobiographique sur Werther, Adolphe, Portrait de l’artiste en jeune
homme et Amants et fils (de D.H. Lawrence), sans aucunement justifier ce
corpus hétérogène 89.
Plus récemment, dans The Autobiographical Novel of Co-
Consciousness, Galya Diment utilisait ce terme, sans le définir, pour
caractériser trois textes fort différents : Une histoire banale de Goncharov,
La Promenade au phare de Virginia Woolf et le Portrait de l’artiste en
jeune homme 90. J.H. Buckley, pour sa part, voyait dans le roman
autobiographique (autobiographical novel) « une des formes les plus
caractéristiques du XXe siècle » et citait, lui aussi, le Portrait de l’artiste en
jeune homme comme « exemple le plus éminent de ce genre moderne 91 ».
Cependant, il rangeait ensuite cette catégorie dans une classe plus vaste,
nommée autobiographical fiction, où figuraient David Copperfield, Amants
et fils et le Portrait 92.
Avrom Fleishman employait l’expression autobiographical fiction dans
un article de 1976 où il s’insurgeait contre la réception référentielle de
David Copperfield et de Portnoy et son complexe 93. Dans la même optique,
Paul John Eakin rassemblait tous les récits en première personne, quel que
soit leur statut, sous l’appellation autobiographical narrative, en
considérant qu’ils sont nécessairement régis par un processus de self-
invention où entrent autant d’imagination que de mémoire 94. En 1967, Peter
Axthelm fit paraître une étude intitulée The Modern Confessional Novel 95,
dans laquelle il insistait, comme Georges Gusdorf, sur l’origine religieuse
de « la forme confessionnelle », de saint Augustin aux journaux puritains. Il
montrait ensuite que Rousseau, Chateaubriand, Musset, de Quincey,
Lermontov, Gogol (dans Le Journal d’un fou) et Dostoïevski (dans Les
Carnets du sous-sol) ont poursuivi cette tradition de « dilacération de soi »
sous une forme de plus en plus distanciée, ironique et littéraire.
Ces dernières années ont vu apparaître les termes surfiction, factual
fiction, fiction of facts, ou encore le mot-valise faction, pour désigner les
récits au statut incertain. Mais, comme le français « autofiction », ces
désignations nouvelles tendent à leurrer le public en postulant une rupture
historique, une génération spontanée. Elles transforment en phénomène de
mode une tendance lourde, lente et profonde du roman occidental. Elles
occultent une évolution bi-séculaire. Si cette continuité historique n’est pas
perçue, c’est que la critique a presque toujours refusé de considérer ce qu’il
faut bien nommer le « roman autobiographique » comme un genre littéraire
à part entière. Ce refus a souvent pris la forme d’une confusion délibérée
avec l’autobiographie.
RÉDUCTION À L’AUTOBIOGRAPHIE
Écrire n’est pas raconter ses souvenirs, ses voyages, ses amours, ses
deuils, ses rêves et ses fantasmes. […] Ce ne sont pas les deux
premières personnes qui servent de condition à l’énonciation
littéraire ; la littérature ne commence que lorsque naît en nous une
troisième personne qui nous dessaisit du pouvoir de dire Je (le
127
« neutre » de Blanchot) .
RÉDUCTION AU ROMAN
La réduction d’un roman autobiographique à ses composantes
fictionnelles permet de garantir sa littérarité. Dans la théorie des genres de
Northrop Frye, par exemple, la classe « fiction » englobait toutes les
catégories de récits littéraires, à savoir : romance, novel et…
autobiography. À l’origine de cette dernière, il trouvait la confession,
« inventée » par saint Augustin et Rousseau et dont Les Essais de
Montaigne constituaient, selon lui, « une forme réduite ». En rangeant ces
textes dans la catégorie « fiction », le poéticien se flattait de les arracher à la
« brume » générique dans laquelle leur auteur les avait abandonnés :
Certains de nos meilleurs ouvrages de prose trouvent ainsi, dans le
domaine de la fiction, une place parfaitement définie, au lieu d’être
confinés dans une zone brumeuse, presque écartés de la littérature
puisqu’il s’agit de « réflexion », et en marge de la philosophie et de
la religion du fait que ce sont des modèles d’écriture en prose 138.
POÉTIQUES PRAGMATIQUES
Le travail de Philippe Lejeune s’inscrit tout entier dans cette conception
pragmatique de la communication littéraire. C’est parce qu’il a situé la
problématique de l’autobiographie dans la perspective de sa réception, et
non plus de sa légitimité théorique ou éthique, qu’il a pu fonder la
définition du genre sur la notion de contrat de lecture. Or, comme il le
rappelait en 1986, l’ambiguïté générique a joué, dans l’élaboration de cette
définition, un rôle décisif d’aiguillon :
Ceci était juste tant qu’on se bornait au texte moins la page de titre ;
dès qu’on englobe celle-ci dans le texte, avec le nom de l’auteur, on
dispose d’un critère textuel général, l’identité du nom (auteur-
narrateur-personnage). Le pacte autobiographique, c’est
l’affirmation dans le texte de cette identité renvoyant en dernier
ressort au nom de l’auteur sur la couverture 151.
Si Lejeune revient sur cette question dans Moi aussi, onze ans plus tard,
c’est qu’entre-temps est apparu le concept doubrovskien d’autofiction en
tant que roman dont le héros-narrateur porte précisément le nom de l’auteur.
Du coup, le critère péritextuel de la page de titre devenait inopérant pour
distinguer le roman autobiographique de l’autobiographie. Lejeune, comme
Genette dans Fiction et diction, devait envisager d’autres traits distinctifs,
fondés sur la vraisemblance, l’énonciation, le traitement du temps, le
« style », en sachant qu’aucun d’entre eux ne serait décisif. Le présent
travail n’a d’autre ambition que de poursuivre ces recherches et, autant que
faire se peut, les systématiser de façon à dresser un tableau pragmatique et
évolutif des indices d’autobiographie et des indices de fiction.
La propension dogmatique à réduire le genre à l’une de ses
composantes explique le retard de ces études. Il est sans doute dans l’ordre
des choses que les théoriciens du littéraire, qui ont été les derniers à
accorder droit de cité à l’autobiographie, ne soient pas les premiers à
réfléchir au statut du roman autobiographique. Force est de constater qu’ils
ont été précédés dans cette voie par les lecteurs, les auteurs, les critiques
journalistiques, les historiens de la littérature et les commentateurs
spécialisés.
Que l’ambiguïté générique s’inscrive dans l’horizon d’attente du public,
c’est ce que démontrent la persistance et le succès du genre. Chacun des
textes cités ici ne témoigne-t-il pas d’une communication réussie entre
l’émetteur et ses récepteurs, donc d’une compétence partagée en matière de
stratégie générique ? On a vu que les auteurs, cultivant une certaine
connivence avec leurs lecteurs, aiment à commenter leurs textes sous forme
métadiscursive, intertextuelle et paratextuelle. Ils délivrent ainsi la poétique
de leur œuvre par fragments, allusivement, en abyme, ironiquement ou
dialectiquement. Dans La Naissance du jour de Colette, L’Invention de la
solitude de Paul Auster, Le Mentir-vrai d’Aragon, chez Philip Roth,
Kenzaburô Ôé, Gao Xingjian, Nourissier ou Doubrovsky, le récit tend à
devenir prétexte et illustration d’une méditation sur l’ambiguïté générique.
Mais y eut-il des proclamations, des manifestes, des revues, des débats
pour défendre ce type de textes ? Les auteurs ont-ils plaidé sérieusement,
méthodiquement, pour la légitimité théorique et historique d’une telle
stratégie ? Fort peu. Dans ses dernières interviews, Céline expliquait, plus
ou moins confusément, son abandon de la fiction par la concurrence du
cinéma :
157
Marie Darrieussecq a défendu l’autofiction dans une thèse inédite et
un article 158, mais ne l’a pas pratiquée jusqu’à présent dans ses romans.
Enfin, Christophe Donner s’est déclaré Contre l’imagination, et contre la
poétique de Deleuze, dans un brûlot provocateur et, de son propre aveu, un
159
peu « brouillon » .
Maigre bilan, on en conviendra. Mais, au fond, il n’y a rien d’étonnant à
ce que le roman autobiographique n’ait que rarement, et sommairement, été
théorisé par ses praticiens eux-mêmes. Il faut d’abord mettre cette lacune
sur le compte de la méfiance des romanciers envers la théorie littéraire. Elle
tient ensuite à la spécificité du genre : chaque roman autobiographique se
prétend une tentative originale de marier fiction et réalité, un itinéraire
sémiotique inédit, un défi lancé au lecteur. Délivrer les clefs du mystère, la
recette de fabrication, le schéma de montage, les modèles suivis, risquerait
de déflorer la poésie qui naît de l’incertitude générique.
Serge Doubrovsky n’a pas craint de déroger à cette tradition.
Universitaire brillant, il utilisa les outils critiques qu’il maîtrisait
parfaitement pour commenter, justifier et valoriser son propre travail
romanesque. Non seulement il a « lancé » un concept générique
apparemment nouveau, mais il est parvenu à faire lire ses textes au travers
de cette hypothèse théorique et à faire entrer le terme dans le vocabulaire de
son époque. Performance remarquable qu’il convient de replacer dans la
longue histoire du genre.
Les critiques journalistiques, quant à eux, n’ont jamais renoncé à
employer l’expression « roman autobiographique » comme un signal
commode et indispensable pour informer le public d’une particularité
générique importante. Les éditeurs et les préfaciers ont besoin, eux aussi, de
cette catégorie intermédiaire pour afficher le degré de référentialité de
textes ambivalents. De même, les commentaires oraux qui s’échangent
chaque jour dans les classes, les librairies, les bibliothèques et ailleurs
impliquent généralement l’existence d’une telle classe de récits.
Malheureusement, l’indigence de l’outillage conceptuel disponible
condamne trop souvent cette communication critique quotidienne au
malentendu.
Les historiens de la littérature rencontrent les mêmes difficultés
lorsqu’ils doivent spécifier le genre de certaines œuvres du passé. La
plupart emploient les expressions « roman personnel » ou « roman
autobiographique » pour présenter les entreprises les plus originales de
fictionnalisation de soi : Les Métamorphoses 160, Les Angoysses
douloureuses 161, Euphormion 162, La Vie de Henriette Sylvie de Molière 163,
Anton Reiser 164, Werther 165, etc. Pour décrire le positionnement générique
d’un texte, ils n’ont aucun besoin d’en référer à Aristote. Il leur suffit de
disposer d’une terminologie compréhensible par leurs contemporains.
Les chercheurs qui se spécialisent dans l’étude d’un corpus restreint
partagent le pragmatisme des historiens de la littérature. S’ils étudient une
œuvre au statut équivoque, ils s’attachent à élucider sa stratégie de
communication générique. C’est pourquoi la plupart des spécialistes de
Vallès 166, Céline 167, Miller 168, Fante 169, Ôé 170 ou Handke 171 admettent
l’existence d’un genre mixte entre le roman et l’autobiographie et
s’emploient à le caractériser.
L’histoire du roman autobiographique et de sa réception critique reste à
écrire. Je n’ai fait qu’en survoler certains aspects. Elle devrait non
seulement confirmer la spécificité de son positionnement générique mais
aussi mettre en évidence un phénomène d’accélération : de plus en plus de
textes s’écrivent et se lisent sur cette limite entre fiction et référence et,
malgré un certain retard, il y a de plus en plus de critiques et d’outils
critiques pour en rendre compte. Nous avons la chance de voir un genre
évoluer et se transformer sous nos yeux. La description de ce chantier
babélien ne saurait en épuiser, pour le moment, la diversité foisonnante.
Mais elle ouvre un champ immense de réflexion, de commentaire, de mise
en perspective diachronique à ceux qui souhaitent mieux comprendre ses
enjeux génériques. Et ils ne pourront évidemment pas éviter de se poser,
chemin faisant, la question ultime du sens et de l’utilité de ce type de
communication fondé sur l’ambiguïté.
1. R. Barthes, «Introduction à l’analyse structurale des récits», art. cité, p. 8.
2. G. Genette, Seuils, op. cit., p. 18.
3. G. Genette, «Poétique et histoire», dans Figures III, op. cit., p. 19.
4. G. Gusdorf, Lignes de vie, t. I, Les Écritures du moi, op. cit., p. 33-80.
5. Ibid., p. 235-236.
6. P. Lejeune, L’Autobiographie en France, op. cit., p. 44-45.
7. J.-J. Rousseau, Confessions, 11, dans Œuvres complètes, t. I, Les Confessions et autres
textes autobiographiques, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1959, p.
547-548.
8. F.-R. de Chateaubriand, René, op. cit., p. 119.
9. Cf.M. Regard, «Préface» à Chateaubriand, Œuvres romanesques et voyages, Paris,
Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1969, p.107.
10. B. Constant, Préface à la troisième édition d’Adolphe, op. cit.
11. C.A. Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, cours professé à
Liège en 1848-1849, Paris, Calmann-Lévy, 1878.
12. A. de Musset, lettre à Liszt du 26 juin 1836, déjà citée, à propos de La Confession d’un
enfant du siècle.
13. U. Foscolo, Ultime lettere di Jacopo Ortis, 1re éd., 1802, éd. définitive, 1816; trad. fr. de J.
Luchaire, Les Dernières Lettres de Jacopo Ortis, 1906; rééd., Toulouse, Ombres, 1987.
14. H.C. Andersen, L’Improvisateur, 1835; trad. fr. de R. Boyer dans Œuvres, t. II, Paris,
Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1995.
15. Op. cit.
16. Wolfgang Kayser aborde cette question dans «Qui raconte le roman?», paru originellement
dans Die Vortragsreise, Berne, 1958; trad. fr. de A.-M. Buguet dans Poétique, nº 4, 1970;
rééd. dans Poétique du récit, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Points», 1977, p. 61-84.
17. G. Gusdorf, Lignes de vie, t. I, Les Écritures du moi, op. cit., p. 357.
18. J.H.Jung, dit Jung-Stilling, La Jeunesse de Heinrich Stilling, 1777, et La Vieillesse de
Heinrich Stilling, 1817.
19. K.P. Moritz, Anton Reiser, op. cit. Cf. supra, p.275-276, où l’on mentionne aussi, dans le
même ordre d’idées, la petite biographie que W.H. Wackenroder, consacra à ‘Joseph
Berglinger’ dans Effusions sentimentales d’un religieux ami de l’art, op. cit.
20. K.P. Moritz, Anton Reiser, op. cit., t. II, p. 159.
21. Mme de Staël n’en cite aucun dans De l’Allemagne.
22. Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII, 18, cité par R. Martin et J. Gaillard, Les Genres
littéraires à Rome, Nathan, 1990, p. 104.
23. A.-M. Schmidt, Histoire des littératures, t. III, op. cit., p. 197.
24. R. Morisset et G. Thévenot, Les Lettres latines, Paris, Magnard, 1950, p. 1185.
25. T. de Viau, Première journée, op. cit.
26. Tristan L’Hermite, Le Page disgracié, op. cit., p. 31-32.
27. M.Fumaroli, «Les Mémoires du XVIIe siècle au carrefour des genres», XVIIe siècle, nº 94-95,
1971, p. 7-37. L’auteur reprend cette assertion de l’érudit allemand Hanses qui publia une
étude sur le genre en 1708.
28. P. Stewart, Imitation and Illusion in the French Memoir-Novel, 1700-1750, New Haven et
Londres, Yale University Press, 1969. G. May, Le Dilemme du roman au XVIIIe siècle, New
Haven et Londres, Yale University Press, et Paris, PUF, 1963, introduction et chap. I.
29. Mme de Lafayette, lettre à Lescheraine du 13 avril 1678, citée par M. Fumaroli, «Les
Mémoires du XVIIe siècle au carrefour des genres», art. cité, p. 34.
30. M.-T. Hipp, Mythes et réalités. Enquête sur le roman et les Mémoires (1660-1700), Paris,
Klincksieck, 1976, p. 54.
31. C. d’Assoucy, Les Avantures de Monsieur d’Assoucy, op. cit.; Les Avantures d’Italie de
Monsieur d’Assoucy, op. cit.; La Prison de Monsieur d’Assoucy, Paris, 1674.
32. M. Lever, Le Roman français au XVIIe siècle, Paris, PUF, 1981, p. 142.
33. M.-T. Hipp, Mythes et réalités. Enquête sur le roman et les Mémoires (1660-1700), op. cit.,
p. 437. Le Voyage de Fontainebleau est de 1678.
34. R. Demoris, Le Roman à la première personne. Du Classicisme aux Lumières, op. cit., p.
99.
35. G. May, Le Dilemme du roman au XVIIIe siècle, op. cit.
36. G. May, ibid., notamment le chap. III intitulé «La proscription des romans».
37. Ibid., p. 248-250.
38. G. Gottlieb, Un siècle de romans japonais, Arles, Picquier, 1995, p. 149.
39. C. Sakai, «Des Nuages flottants à La Ballade de l’impossible», préface à G. Gottlieb, Un
siècle de romans japonais, op. cit., p. 13. Sur le Shi-shôsetsu, cf. Littératures d’Extrême-
Orient au XXe siècle, Arles, Picquier, 1993: contributions de Cécile Sakai, p. 40-41, de
Tsushima Yûko, p. 158, et d’Anne Bayard-Sakai, p. 169.
40. Tayama Katai, Rokotsu naru byôsha, 1904, non traduit.
41. G. Gottlieb, Un siècle de romans japonais, op. cit., p. 228.
42. Tayama Katai, Futon, 1907; trad. fr. de A. Okada sous le même titre, Publications
orientalistes de France, 1987; rééd., Paris, Le Serpent à plumes, 2000.
43. Mori Ogai, Vita sexualis; trad. fr. de A. Okada, Vita sexualis, ou L’apprentissage amoureux
du professeur Kanai Shizuka, Paris, Gallimard / Unesco, 1981. Le récit de ‘M. Kani’,
professeur de philosophie souhaitant devenir écrivain, est encadré par les commentaires
d’un narrateur anonyme qui, pose, in fine, la question du genre: «Ce qu’il avait écrit n’était
pas autobiographique au sens habituel du terme. Et ce n’était pas davantage un roman qu’il
s’était à tout prix efforcé d’écrire» (p. 164).
44. Shimazaki Tôson, Ié, 1911; trad. fr. de S. Rosset, Une famille, Paris, Publications
orientalistes de France, 1984.
45. Op. cit.
46. N. Sôseki, Botchan, 1906; trad. fr. de H. Morita, Botchan, Paris, Le Serpent à plumes,
1993.
47. N. Sôseki, Kasamakura, 1906; trad. fr. de R. de Ceccaty et R. Nakamura, Oreiller d’herbe,
Paris, Rivages, 1987; rééd., Rivages poche, 1989, p. 40.
48. N. Sôseki, Sanshirô, 1908; trad. fr. de J.-P. Liogier, Sanshirô, Arles, Picquier, 1990.
49. N. Sôseki, Higan sugi made, 1912; trad. fr. de H. Morita, À l’équinoxe et au-delà, Paris, Le
Serpent à plumes, 1995; rééd., coll. «Motifs», 2000.
50. N. Sôseki, Le Pauvre Cœur des hommes [1914], trad. fr. de Horiguchi Daigaku et G.
Bonneau, Paris, Gallimard, 1987.
51. N. Sôseki, Michikusa, 1915; trad. fr. de E. Suetsugu, Les Herbes du chemin, Arles,
Picquier, 1992.
52. Tanizaki, Junichirô, Tade kuu mushii, 1928; trad. fr. de S. Regnault-Gatier et Kazuo Anzaï,
Le Goût des orties, Paris, Gallimard, 1959; rééd., coll. «L’Imaginaire», 1985.
53. Y. Mishima, Confession d’un masque, op. cit.
54. Y. Mishima, Amours interdites, trad. fr. du japonais de R. de Ceccaty et R. Nakamura,
Paris, Gallimard, 1989.
55. K. Ôé, Une affaire personnelle, op. cit.
56. K. Ôé, Kaifuku suru Kazoku, Tokyo, 1995; trad. fr. de la trad. angl. par J. Pavans, Une
famille en voie de guérison, Paris, Gallimard, 1998.
57. Nakamura Shin’ichirô, Shiki, op. cit., en quatre parties parues en 1975, 1978, 1981 et 1984.
58. A. Memmi, La Statue de sel, 1953; rééd., Paris, Gallimard, 1966.
59. M. Feraoun, Le Fils du pauvre, op. cit.
60. D. Chraïbi, Le Passé simple, op. cit.
61. C. Laye, L’Enfant noir, 1954; rééd., coll. «Pocket», 1976 et 2000.
62. B. Lopes, Chiquinho, 1936; trad. fr. de M. Laban sous le même titre, Arles, Actes Sud-
Unesco, 1990.
63. J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, 1950; rééd., Paris, Présence africaine, 1974 et 1984.
64. G. Tschinag, Die graue Erde, Francfort, 1999; trad. fr. de D. Petit, Le Monde gris, Paris,
Métailié, 2001.
65. P. Valéry, Première leçon du cours de poétique, prononcée en 1937, parue dans Variétés V,
Paris, Gallimard, 1945, p. 295-322; rééd. dans Œuvres, t. I, coll. «Bibliothèque de la
Pléiade», 1957, p. 1340-1358.
66. Cf. P. Lejeune, «Un siècle de résistance à l’autobiographie», dans Pour l’autobiographie,
op. cit., p. 11-25.
67. L’Autobiographie en procès. Actes du colloque des 18 et 19 octobre 1996 à Nanterre, op.
cit.
68. C.A. Sainte-Beuve, «Du roman intime», art. cité.
69. Cité par P. Lejeune, Moi aussi, op. cit., p. 17-18.
70. F. Brunetière, «La littérature personnelle», art. cité, analysé par P. Lejeune, «Un siècle de
résistance à l’autobiographie», art. cité.
71. J. Merlant, Le Roman personnel de Rousseau à Fromentin, op. cit.
72. J. Hytier, Les Romans de l’individu, op. cit., p. 22-23.
73. J. Merlant, Le Roman personnel de Rousseau à Fromentin, op. cit., p. 401.
74. A. Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, Paris, Stock, 1936, p.
441.
75. H. Godard, Poétique de Céline, op. cit., p. 371.
76. Ibid., p. 380.
77. R. Espinose, Espaces, figures, discours dans la fiction autobiographique en France, des
années 1960 aux années 1980, sous la dir. de Y.-A. Faure, université Bordeaux III, 1988, p.
11.
78. J. Bellemin-Noël, Biographies du désir, Paris, PUF, 1988, p. 5-10.
79. Cf. Y. Lamonde, Je me souviens. La Littérature personnelle au Québec, Québec, I.Q.R.C.,
1983; Y. Lamonde et M.-P. Turcot, La Littérature personnelle au Québec, Montréal,
Bibliothèque nationale du Québec, 2000; et Entre l’histoire et le roman: la littérature
personnelle. Actes du Séminaire s’étant tenu à Bruxelles les 16 et 17 mai 1991, édité par le
Centre d’études canadiennes, université libre de Bruxelles, 1992.
80. Cf. R. Robin, Le Roman mémoriel, Montréal, Le Préambule, 1989.
81. L. Aragon, Le Mentir-vrai, op. cit., p. 9-60.
82. A. Ernaux, dans un entretien avec Gro Lokoy le 17 avril 1992, dans L’Œuvre d’Annie
Ernaux, une histoire, plusieurs visions, Institut d’études romanes, université de Bergen
(Norvège), 1992, citée par Marie-France Savéan dans «La Place» et «Une femme» d’Annie
Ernaux, Paris, Gallimard, coll. «Folio-Pochothèque», 1994. L’intervention d’Annie Ernaux
au colloque Autofictions et Cie était intitulée «Vers un je transpersonnel» (actes du
colloque, op. cit., p. 219).
83. A. Robbe-Grillet, Les Derniers Jours de Corinthe, op. cit., p. 17.
84. A. Robbe-Grillet, ibid., p. 177: «[…] mon troisième volume d’errements autofictionnels
[…].»
85. L’édition 2001 du Petit Robert ignore l’expression «roman autobiographique» mais inclut
«autofiction» avec une définition qui les rend synonymes, à ceci près qu’elle ne fait aucune
référence aux notions de «roman» ni de «genre»: «1977; de autobiographie et fiction. Récit
mêlant la fiction et la réalité autobiographique. “l’impudeur et la délivrance de
l’autofiction” (Le Monde, 1999).»
86. Cf. J. Lecarme, «L’hydre anti-autobiographique», art. cité, p. 22 et 56.
87. V. Colonna, L’Autofiction, op. cit. Cette acception a été reprise par G. Genette qui avait
dirigé sa thèse. Cf. Fiction et diction, op. cit., p. 86 et n. 2.
88. Le terme a d’ores et déjà un équivalent en espagnol, ainsi qu’en témoigne la parution de
l’étude d’Alicia Molero de la Iglesia La autoficción en España, op. cit. Elle analyse des
œuvres de Jorge Semprun, Carlos Barral, Luis Goytisolo, Enriquita Antolin et Antonio
Muñoz Molina.
89. R. Pascal, «The autobiographical novel and the autobiography», Essays on Criticism, vol.
IX, nº 2, 1959, p. 134-150.
90. G. Diment, The Autobiographical Novel of Co-consciousness, Gaineville, University Press
of Florida, 1994.
91. J.H. Buckley, The Turning Key. Autobiography and the Subjective Impulse since 1800, op.
cit., 1984. Ayant mentionné De Profundis d’Oscar Wilde, Hail and Farewell. Confessions
of a Young Man de George Moore et Father and Son d’Edmund Gosse, Buckley écrit:
«Dans le travail de chacun d’entre eux, nous voyons l’autobiographie évoluer vers une des
formes les plus caractéristiques du XXe siècle: le roman autobiographique. Le Portrait de
l’artiste en jeune homme, pour ne citer que l’exemple le plus éminent de ce genre moderne,
présente un héros essentiellement tiré de l’expérience propre de son auteur […]» (p. 113).
92. Ibid., p. 114-130.
93. A. Fleishman, «The fictions of autobiographical fiction», Genre, vol. IX, nº 1, printemps
1976, p. 73-86.
94. P.J. Eakin, Fictions in Autobiography. Studies in the Art of Self-Invention, Princeton,
Princeton University Press, 1985.
95. P.M. Axthelm, The Modern Confessional Novel, New Haven et Londres, Yale University
Press, 1967.
96. G. Gusdorf, Lignes de vie, t. I, Les Écritures du moi, op. cit., p. 239 et 245.
97. P. Ricœur, Temps et récit, t. I, Paris, Éd. du Seuil, 1983, p. 17.
98. P. Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, Éd. du Seuil, 1990, p. 175.
99. J’emprunte la distinction entre «intégrationnistes» et «ségrégationnistes» à T. Pavel,
Univers de la fiction, op. cit., p. 19-44. Pavel l’applique à la querelle des pragmaticiens
anglo-saxons sur la question de savoir si l’on peut considérer la fiction comme un énoncé
logiquement sérieux. Jacques Lecarme a proposé de l’étendre au domaine de la poétique
dans «L’autofiction: un mauvais genre?», art. cité, p. 233, et de nouveau dans J. Lecarme et
E. Lecarme-Tabone, L’Autobiographie, op. cit., p. 272. La proposition de J. Lecarme est ici
retournée, puisque je nomme «intégrationnistes» les critiques pour qui le roman
autobiographique (ou l’autofiction) est une manière d’autobiographie.
100. Cf. J.F. Chiantaretto (dir.), Écriture de soi, écriture de l’histoire et psychanalyse, Paris,
L’Harmattan, 1996; Écriture de soi, écriture de l’histoire, Paris, In press, 1997; Écriture de
soi et sincérité, op. cit.
101. Cf. P. Lejeune et C. Viollet (dir.), Genèses du «Je», Éd. du CNRS, coll. «Textes et
manuscrits», 2000.
102. P. Lejeune, «Autobiographie et histoire littéraire» et «Gide et l’espace autobiographique»,
dans Le Pacte autobiographique, op. cit., resp. p. 335 et 165-196.
103. F. Brunetière, «La littérature personnelle», art. cité, p. 211-246.
104. A. Thibaudet, Gustave Flaubert, Paris, Gallimard, 1935, cité par P. Lejeune, «Un siècle de
résistance à l’autobiographie», art. cité, p. 17.
105. A. Thibaudet, «Les deux écoles», art. cité.
106. Ibid., p. 126.
107. M. Bakhtine, «L’auteur et le héros», archives 1920-1930, dans Esthétique de la création
verbale, trad. fr. de A. Aucouturier, Paris, Gallimard, 1984, p. 35 [éd. originale, Moscou,
1979].
108. Ibid., p. 83.
109. P. Lubbock, The Craft of Fiction, Londres, 1921; rééd., New York, 1957, p. 139-140.
110. R. Wellek et A. Warren, La Théorie littéraire, 1948, trad. fr. de J.-P. Audigier et J.
Gattégno, Paris, Éd. du Seuil, 1971, p. 310-311.
111. I. Tynianov, De l’évolution littéraire, 1927; trad. fr. de T. Todorov dans Théorie de la
littérature, Paris, Éd. du Seuil, 1965; nouvelle trad. fr. de C. Depretto-Genty dans
Formalisme et histoire littéraire, Lausanne, L’Âge d’homme, 1991, p. 245.
112. M. Bakhtine, «Du discours romanesque», art. cité.
113. T. Todorov, Critique de la critique, Paris, Éd. du Seuil, coll. «Poétique», 1984, p. 74.
114. M. Blanchot, La Part du feu, Paris, Gallimard, 1949, p. 29.
115. P. Sollers, «La science de Lautréamont», dans L’Écriture et l’Expérience des limites, Paris,
Éd. du Seuil, 1968; rééd., coll. «Points», 1971, p. 143.
116. R. Barthes, «Écrivains et écrivants», dans Essais critiques, Paris, Éd. du Seuil, 1964; rééd.,
coll. «Points», 1971, p. 147-154.
117. R. Barthes, «Littérature objective», ibid., p. 29-40.
118. R. Barthes, S/Z, op. cit.
119. J. Kristeva, Sèméiôtikè, Paris, Éd. du Seuil, 1969.
120. A. Compagnon, La Seconde Main, op. cit.
121. G. Genette, Palimpsestes, op. cit.
122. C. Grivel, Production de l’intérêt romanesque, La Haye, Mouton, 1973, notamment p. 92-
96 et 170-180, et G. Genette, Seuils, op. cit.
123. G. Genette, ibid., p. 376.
124. R. Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes, op. cit.; La Chambre claire, Paris,
Gallimard-Le Seuil, 1980. Sur le premier: F. Gaillard, «Barthes: le biographique sans la
biographie», Revue des sciences humaines, université Charles de Gaulle-Lille III, numéro
consacré au Biographique, 1991, 4, nº 224, p. 85-103: «Si la biographie est, pour reprendre
un terme barthésien, une “cochonnerie”, c’est précisément parce qu’elle consacre le règne
du mauvais imaginaire, celui qui enferme le sujet dans des images, celui qui, travaillant à
l’imago, oublie que le moi est en perpétuel déport, en perpétuelle invention […]. R.B. par
R.B., loin d’être un livre d’images, est un livre écrit contre elles» (p. 95).
125. P. Sollers, Femmes, op. cit.; Portrait du joueur, op. cit.; Le Cœur Absolu, op. cit.; Passion
fixe, op. cit.
126. A. Robbe-Grillet, Le Miroir qui revient, op. cit.; Angélique ou l’enchantement, op. cit.; Les
Derniers Jours de Corinthe, op. cit.: trilogie intitulée Romanesques, Paris, Éd. de Minuit.
127. G. Deleuze, Critique et clinique, Paris, Éd. de Minuit, 1993, p. 12-13. Cf. Christophe
Donner, Contre l’imagination, Paris, Fayard, 1998, qui critique violemment ce point de
vue, p. 63-74.
128. M. Kundera, Les Testaments trahis, Paris, Gallimard, 1993, p. 29-30.
129. M. Petit, Éloge de la fiction, Paris, Fayard, 1999, p. 62.
130. K. Hamburger, Logique des genres littéraires, op. cit.
131. Ibid., p. 126.
132. Ibid., p. 298.
133. G. Genette, Fiction et diction, op. cit., p. 11-93.
134. Ibid., p. 90.
135. J.-M. Schaeffer «nuance» lui aussi les arguments de K. Hamburger et montre, dans un
extrait de Suétone, que les indices de fictionnalité saturent les récits référentiels (Pourquoi
la fiction?, op. cit., p. 262-270).
136. G. Genette, Fiction et diction, op. cit., p. 65.
137. Ibid., p. 93.
138. N. Frye, Anatomy of Criticism, Princeton, 1957; trad. fr. de G. Durand, Anatomie de la
critique, Paris, Gallimard, 1969, p. 374.
139. R. Pascal, «The autobiographical novel and the autobiography», art. cité, p. 134-150.
140. A. Fleishman, «The fictions of autobiographical fiction», art. cité, p. 73-86, traduit par
nous.
141. W. Kayser, «Qui raconte le roman?», art. cité.
142. R. Barthes, «Pierre Loti: “Aziyadé”», préface à une traduction italienne, Parme, F.M. Ricci,
1971; éd. fr. dans Critique, nº 297, février 1972; rééd. dans Nouveaux essais critiques,
Paris, Éd. du Seuil, 1972; rééd. après Le Degré zéro de l’écriture, coll. «Points», 1972, p.
170-187.
143. N. Frye, Anatomie de la critique, op. cit., p. 375.
144. D. Cohn, La Transparence intérieure, op. cit., p. 49-51.
145. W. Booth, «Distance et point de vue. Essai de classification», paru originellement dans
Essays in Criticism, chap. XI, 1961; trad. fr. de M. Désormonts dans la revue Poétique, nº 4,
1970; rééd. dans Poétique du récit, op. cit., p. 94.
146. J.-M. Schaeffer, Pourquoi la fiction?, op. cit., p. 260. L’auteur discute et réfute cette
conception étroitement intertextuelle de la littérature.
147. M. Riffaterre, «L’illusion référentielle» (article paru initialement dans la Columbia Review,
vol. 57, nº 2, 1978), trad. fr. de P. Zoberman, dans Littérature et réalité, op. cit., p. 93.
148. R. Barthes, «L’effet de réel», art. cité.
149. P. Lejeune, Moi aussi, op. cit., p. 25.
150. P. Lejeune, L’Autobiographie en France, op. cit., p. 17.
151. P. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., p. 26.
152. Interview avec Olga Obry dans Le Phare-Dimanche, Bruxelles, 6 octobre 1957, repris dans
Cahiers Céline 2, Paris, Gallimard, 1976, p. 81-83. Voir aussi Céline, Entretiens avec le
Professeur Y, Paris, Gallimard, 1955, rééd., 1983, p. 26, et R. Poulet, Mon ami Bardamu,
Paris, Plon, 1971.
153. H.Miller, Dimanche après la guerre, 1935, p.118, cité par M. Houard, La Conception du
roman autobiographique chez L.-F. Céline et Henry Miller, thèse inédite sous la dir. de P.
Brunel, université Paris IV, 1986, p. 26. Voir également H. Miller, The Books in my Life,
1957; trad. fr. de J. Rosenthal, Les Livres de ma vie, Paris, Gallimard, 1969; rééd., coll.
«L’Étrangère», 1994, p. 218-219.
154. N. Sarraute, «L’ère du soupçon», paru en février 1950 dans Les Temps modernes, puis,
avec d’autres essais, Paris, Gallimard, 1956; rééd., coll. «Folio», p. 71-72.
155. Ibid., p. 78.
156. P. Handke, Ich Bin Ein Bewohner des Elfenbeinturms – Aufsätze, texte de 1967 édité à
Francfort en 1972; trad. fr. de D. Petit, J’habite une tour d’ivoire, Paris, Bourgois, 1992, p.
29.
157. M. Darrieussecq, Moments critiques dans l’autobiographie contemporaine: l’ironie
tragique et l’autofiction chez Serge Doubrovsky, Hervé Guibert, Michel Leiris et Georges
Perec, op. cit.
158. M. Darrieussecq, «L’autofiction, un genre pas sérieux», art. cité.
159. C. Donner, Contre l’imagination, op. cit.
160. P. Valette, Introduction aux Métamorphoses d’Apulée, Paris, Les Belles Lettres, 1940, p.
XI.
161. A.-M. Schmidt, Histoire des littératures, t. III, op. cit., p. 197.
162. G. Saba, Introduction à Première journée de T. de Viau, op. cit., p. XIII.
163. J. Sgard, Le Roman français à l’âge classique, Paris, LGF, coll. «Le Livre de Poche»,
2000, p. 79-80.
164. P. Grappin, dans Littérature allemande, Paris, Aubier, 1970, p. 402: «L’Anton Reiser de
Moritz est aussi une analyse autobiographique.»
165. G. Benrekassa, «Le dit du moi: du roman personnel à l’autobiographie», dans Les Sujets de
l’écriture. Textes réunis par Jean Decottignies, op. cit., p. 89.
166. L. Scheler, Préface au Proscrit (Jacques Vingtras, IV), Paris, Les Éditeurs français réunis,
1973, p. 7.
S. Disegni, Jules Vallès. Du journalisme au roman autobiographique, Paris, L’Harmattan,
1996.
R. Bellet, Jules Vallès, Paris, Fayard, 1995, et Préface à S. Disegni, Jules Vallès. Du
journalisme au roman autobiographique, op. cit., p. 5-7.
M.-C. Bancquart, «Vallès, le penseur, l’écrivain», dans Jules Vallès, Œuvres complètes, t. I,
Paris, Les Éditeurs français réunis, 1969, p. XLI-LXXII, et Préface à L’Insurgé, op. cit. (coll.
«Folio»), p. 7-35.
G. Colajanni, «L’Enfant, un roman de vocation», dans P. Pillu (dir.), Lectures de
«L’Enfant» de Jules Vallès. Actes du colloque d’octobre 1990 à Reims, Paris, Klincksieck,
1991, p. 35-49.
P. Pillu, «Le théâtre de l’enfance dans L’Enfant», ibid., p. 173-184, et surtout «Lecture du
roman autobiographique», dans M. Picard (dir.), La Lecture littéraire. Actes du colloque de
Reims (14-16 juin 1984), op. cit., p. 256-272.
P. Lejeune, «Le récit d’enfance ironique: Vallès», art. cité.
167. Cf. H. Godard, Poétique de Céline, op. cit.
168. Cf. M. Houard, La Conception du roman autobiographique chez L.-F. Céline et Henry
Miller, op. cit., et F.J. Temple, Henry Miller. Qui suis-je?, Lyon, La Manufacture, 1986.
169. Cf. J. Béranger, «John Fante: refus et acceptation du passé dans le cycle Molise», Annales
du CRAA, nº 14, Bordeaux, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 1989, p. 171-
184.
170. J.L. Scheffer, Kenzaburô Ôé, Paris, Marval, 1990.
171. F. Durand-Bogaert, Peter Handke, Paris, Marval, 1991.
8
Fonctions
Mais le point important est que cette forme situe l’instance du moi,
dès avant sa détermination sociale, dans une ligne de fiction, à
jamais irréductible pour le seul individu – ou plutôt, qui ne rejoindra
qu’asymptotiquement le devenir du sujet, quel que soit le succès des
synthèses dialectiques par quoi il doit résoudre en tant que je sa
discordance d’avec sa propre réalité 8.
Dès qu’elle est soumise aux critères de jugement qui régissent les récits
d’ordre judiciaire, religieux ou psychothérapeutique, l’autobiographie
tombe sous le coup des spécialistes de l’aveu. Dans l’article qu’il a consacré
à « L’hydre anti-autobiographique », Jacques Lecarme montrait la
convergence de ces condamnations d’origine politique, religieuse,
psychanalytique, philosophique et littéraire 9. L’écriture du moi souffre d’un
déficit de légitimité qui la rend, a priori, suspecte, incorrecte, impertinente.
Comment pourrait-elle, dans ces conditions, bénéficier d’une appréciation
purement esthétique ?
Le fondement de cette suspicion réside probablement dans la « tradition
d’abaissement de la mémoire » que Paul Ricœur a critiquée dans La
Mémoire, l’Histoire, l’Oubli 10. Traitée depuis les Grecs comme une
province de l’imagination, la mémoire a généralement été considérée par les
philosophes comme une source d’illusions, non de connaissance.
La naissance et le développement du roman autobiographique
s’inscrivent dans ce contexte occidental de critique, de refus et de
culpabilisation de l’écriture du moi. D’une part, l’ambiguïté générique
traduit sur le plan littéraire le postulat d’une interdépendance entre la
mémoire et l’imagination. D’autre part, elle tourne la condamnation qui
pèse sur l’autobiographie en prétendant faire œuvre romanesque.
Cependant, on ne saurait la réduire ni à une allégorie de la mémoire
imaginante ni à une technique de camouflage. Si elle a une raison d’être,
une spécificité épistémologique, c’est dans la représentation d’une activité
psychologique et langagière universelle qui permet à la fois de se mieux
connaître et de mieux communiquer avec autrui. L’analyse de cette
spécificité devrait d’ailleurs permettre une meilleure compréhension
littéraire des écritures du moi dans leur ensemble. Pour engager une telle
recherche, il faut s’affranchir, provisoirement, de la perspective axiologique
réglée traditionnellement par le dualisme sincérité/mensonge ; il faut
suspendre le procès de l’acte d’énonciation lui-même dans le but de
remonter à ce qui le motive. La contribution de Paul Ricœur à ce nouveau
regard sur les écritures du moi est à cet égard considérable.
Dans Temps et récit 11, Du texte à l’action 12 et Soi-même comme un
autre 13, le philosophe a en effet étudié la fonction du récit dans la
structuration de l’identité personnelle. Depuis Locke, nous savons que
l’identité de l’individu est vouée à l’instabilité et à la discontinuité, car il ne
peut se fonder, pour l’attester, que sur sa mémoire, dont le témoignage n’est
pas fiable 14. Ricœur reformule ce problème en distinguant nettement deux
valeurs du mot français « identité » : la valeur de similitude, que l’on
retrouve dans l’adjectif « identique », le latin idem, l’anglais sameness, et la
valeur d’unité cohérente, qui correspond au sens juridique d’« identité », au
latin ipse et à l’anglais selfhood 15. La première « identité », qu’il nomme
« mêmeté », est toujours prise en défaut, invalidée par le passage du temps,
tandis que la seconde, ou « ipséité », est constamment en chantier.
Pour attester de sa permanence dans le temps, le sujet va donc s’efforcer
de compenser la déperdition de son identité-mêmeté en renforçant son
identité-ipséité. Pour ce faire, il va recoller les fragments de ses souvenirs et
les organiser le long d’un axe temporel narratif. Ce récit de soi est régi par
un jeu dialectique entre la permanence utopique de la mêmeté et la viscosité
angoissante de l’ipséité. Sa fonction est de reconfigurer le passé du
narrateur de façon à le réassurer dans sa conscience de lui-même :
Cette opération passe non seulement par une « mise en intrigue » mais
par des « variations imaginatives ». En effet :
Textes littéraires
Antiquité
APULÉE, Les Métamorphoses ou L’Âne d’or, vers 170 ap. J.-C. ; plusieurs
trad. fr., dont celle de P. Grimal dans Romans grecs et latins, Gallimard,
coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1958, p. 145-377.
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XVI siècle
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procèdent d’amour, 1538 ; rééd. de la première partie par Paule Demats,
Les Belles Lettres, 1968.
e
XVII siècle
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– Les Avantures de Monsieur d’Assoucy, 2 vol., Paris, 1677.
– Les Avantures d’Italie de Monsieur d’Assoucy, Paris, 1677.
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BOURSAULT, Edme, Lettres à Babet, 1669.
– Lettres nouvelles, 1699.
CHASTELET DES BOIS, René du, Odyssée, 1665.
FERRAND, Anne, Histoire nouvelle des amours de la jeune Bélise et de
Cléante, 1689.
– Lettres de la présidente Ferrand au baron de Breteuil, 1691.
– rééd. des Lettres de la présidente Ferrand au baron de Breteuil, suivies
d’Histoire des amours de Cléante et de Bélise, Charpentier, 1880.
PRÉCHAC, Jean de, Le Voyage de Fontainebleau, 1678.
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VILLEDIEU, Marie-Catherine de, Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de
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e
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plusieurs trad. fr., dont celle de B. Groethuysen dans Romans,
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fr. de G. La Flize, Henri le Vert, Aubier, 1946 ; rééd., 1981.
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Romans, op. cit.
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mangeur d’opium, 1828, rééd. dans Œuvres complètes en prose,
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Livre de Poche », 1984.
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coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, 1990, et coll. « Folio
classique », 1978.
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Éditeurs français réunis, 1973.
De 1900 à 1945
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BRETON, André, Nadja, 1928 ; rééd., Gallimard, 1964, et coll. « Folio »,
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– (Suite après 1945.)
CÉLINE, Louis-Ferdinand, Voyage au bout de la nuit, 1932 ; plusieurs rééd.,
dont celle des Romans, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade »,
t. I, 1981, et de la coll. « Folio ».
– Mort à crédit, 1936 (mêmes références).
– (Suite après 1945.)
COLETTE, Claudine à l’école, 1900, signé « Willy » ; plusieurs rééd., dont
celle des Œuvres, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. I,
1984, et LGF, coll. « Le Livre de Poche », signé « Colette et Willy ».
– Claudine à Paris, 1901 (mêmes références).
– Claudine en ménage, 1902, plusieurs rééd. dont celle des Œuvres, t. I, op.
cit., et coll. « Folio » signé « Colette et Willy ».
– Claudine s’en va, 1903, plusieurs rééd. dont celle des Œuvres, t. I, op.
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– La Retraite sentimentale, 1907 ; rééd. dans Œuvres, t. I, op. cit., et coll.
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– Les Vrilles de la vigne, 1908 ; rééd. dans Œuvres, t. I, op. cit., et LGF,
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– La Vagabonde, Ollendorf, 1910 ; rééd. dans Œuvres, t. I, op. cit., et LGF,
coll. « Le Livre de Poche », 1992.
– La Naissance du jour, Flammarion, 1928 ; plusieurs rééd., dont celle du
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la Pléiade », t. III, 1986.
– Sido, 1930 ; rééd. dans Œuvres, t. III, op. cit., et LGF, coll. « Le Livre de
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Matthieussent, Bandini, Bourgois, 1985 ; rééd., UGE, coll. « 10/18 »,
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– Ask the Dust, New York, 1939 ; trad. fr. de P. Garnier, Demande à la
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de la jeunesse, Bourgois, 1986 ; rééd., UGE, coll. « 10/18 », 2002.
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Poche », 1990.
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– En vandrer spiller med sordin, 1909 ; trad. fr. de R. Boyer, Un vagabond
joue en sourdine, Calmann-Lévy, 1979 ; rééd., LGF, coll. « Le Livre de
Poche », 1983.
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– Zuckerman Bound, 1979-1985 ; trad. fr. de H. Robillot et J.-P. Carasso,
Zuckerman enchaîné, Gallimard, 1981-1987 ; rééd., coll. « Folio »,
1987. Cet ouvrage rassemble quatre textes d’abord parus séparément :
• The Ghost Writer, New York, 1979 ; trad fr. de H. Robillot, L’Écrivain
fantôme, Gallimard, 1981.
• Zuckerman Unbound, 1981 ; trad. fr. de H. Robillot, Zuckerman délivré,
Gallimard, 1982.
• The Anatomy Lesson, 1983 ; trad. fr. de J.-P. Carasso, La Leçon
d’anatomie, Gallimard, 1985.
• Epilogue : The Prague Orgy, 1985 ; trad. fr. de J.-P. Carasso, Épilogue :
l’orgie de Prague, 1987.
– The Counterlife, 1986 ; trad. fr. de M. Waldberg, La Contrevie, Gallimard,
1989 ; rééd., coll. « Folio », 1991.
– The Facts. A Novelist’s Autobiography, New York, 1988 ; trad. fr. de
M. Waldberg, Les Faits. Autobiographie d’un romancier, Gallimard,
1990.
– Patrimony. A True Story, 1991 ; trad. fr. de M. Akar et M. Rambaud,
Patrimoine. Une histoire vraie, Gallimard, 1992 ; rééd., coll. « Folio »,
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Études et essais
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L’Autobiographie. Actes des VIe Rencontres psychanalytiques d’Aix-en-
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Paris X-Nanterre, 1997.
Autofictions et Cie. Actes du colloque des 20 et 21 novembre à Nanterre,
Serge Doubrovsky, Jacques Lecarme et Philippe Lejeune (dir.), nº 6 de
la revue RITM, université Paris X-Nanterre, 1993.
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Genèses du « Je », Philippe Lejeune et Catherine Viollet (dir.), Éd. du
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Poétique du récit, textes de R. Barthes, W. Kayser, W.C. Booth et P.
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Le Roman d’apprentissage en France au XIXe siècle, Ellipses, 1995.
La Sincérité, Christine Baron et Catherine Doroszczuk (dir.), revue
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Les Sujets de l’écriture, textes réunis par Jean Decottignies, Presses
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Théorie de la littérature, textes des formalistes russes traduits par Tzvetan
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Théorie de la réception en Allemagne, nº 39 de la revue Poétique, 1979.
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Ouvrages individuels
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coll. « Poétique », 1980.
– Rhétorique, trad. fr ; de C.E. Ruelle revue par P. Vanhemelryck, LGF,
coll. « Le Livre de Poche », 1991.
ARMEL, Aliette, Marguerite Duras et l’autobiographie, Le Castor astral,
1990.
AUBERT, Jacques, Préface à James Joyce, Portrait de l’artiste en jeune
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– Introduction et apparat critique de James Joyce, Œuvres, Gallimard, coll.
« Bibliothèque de la Pléiade », 1982.
AULAGNE, Lucie-Noëlle, Et si c’était moi ? Approches de l’autofiction dans
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AUSLOOS, Guy, « Secrets de famille », dans J.-C. Benoit (dir.),
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XLIX.
BAKHTINE, Mikhaïl : 1, 2, 3, 4, 5.
BAL, Mieke : 1, 2.
BALZAC, Honoré de : 1-2, 3, 4-5, 6-7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14.
BARBUSSE, Henri : 1, 2, 3, 4, 5.
BARRÈS, Maurice : 1.
BARTHES, Roland : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11.
BASFAO, Kacem : 1.
BAUDELAIRE, Charles : 1, 2, 3.
BAZIN, Hervé : 1.
BEAUJOUR, Michel : 1.
BECKETT, Samuel : 1.
BEGAG, Azouz : 1, 2.
BELLEMIN-NOËL, Jean : 1.
BELLET, Roger : 1.
BEN JELLOUN, Tahar : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8.
BENREKASSA, Georges : 1.
BENVENISTE, Émile : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7.
BÉRANGER, Jean : 1.
BERNHARD, Thomas : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17.
BIÉLY, Andreï : 1, 2, 3, 4.
BLANCHOT, Maurice : 1, 2, 3.
BLONDIN, Antoine : 1.
BODARD, Lucien : 1.
BONOLI, Lorenzo : 1.
BOOTH, Wayne : 1-2.
BOREL, Jacques : 1.
BORGES, Jorge Luis : 1.
BOSQUET, Alain : 1.
BOUDJEDRA, Rachid, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13.
BOURSAULT, Edme : 1.
BRAUTIGAN, Richard : 1, 2, 3.
BRETON, André : 1, 2.
BRUCKNER, Pascal : 1.
BRUNETIÈRE, Ferdinand : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
BRYCE-ECHENIQUE, Alfredo : 1, 2, 3, 4.
BUCKLEY, J.H. : 1.
BUISINE, Alain : 1.
BUKOWSKI, Charles : 1, 2, 3, 4.
BUTOR, Michel : 1, 2, 3, 4, 5.
BYRON, George : 1.
DÄLLENBACH, Lucien : 1.
DANTE ALIGHIERI : 1, 2.
DARRIEUSSECQ, Marie : 1, 2, 3.
DASSOUCY : voir ASSOUCY.
DAUDET, Alphonse : 1, 2, 3, 4, 5.
DE LUCA, Erri : 1.
DEFOE, Daniel : 1.
DEL CASTILLO, Michel : 1, 2.
DELEUZE, Gilles : 1, 2.
DELUMEAU, Jean : 1.
DEMATS, Paule : 1.
DEMORIS, René : 1, 2, 3.
DENTAN, Michel : 1.
DICKENS, Charles : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10-11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21.
DIDEROT, Denis : 1.
DIDIER, Béatrice : 1.
DIMENT, Galya : 1.
DISEGNI, Silvia : 1.
DONNER, Christophe : 1, 2.
DOSTOÏEVSKI, Fédor : 1, 2.
DOUBROVSKY, Serge : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10-11, 12,
13-14, 15, 16, 17-18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28,
29.
DRIEU LA ROCHELLE, Pierre : 1.
DU CHASTELET DES BOIS, René : 1.
DURAS, Marguerite : 1, 2, 3-4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17.
GAO XINGJIAN : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7.
GARNIER, Philippe : 1.
GARY, Romain : 1, 2.
GENET, Jean : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9-10, 11.
GENETTE, Gérard : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14-15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22-23, 24, 25, 26, 27, 28, 29,
30, 31, 32, 33, 34, 35-36, 37.
GIDE, André : 1, 2-3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11.
GIONO, Jean : 1, 2, 3, 4-5.
GIRARDIN, Émile de : 1, 2, 3-4.
GODARD, Henri : 1-2, 3, 4, 5.
GOETHE, Johann Wolfgang : 1, 2, 3, 4.
GOGOL, Nicolas : 1, 2.
GOMBROWICZ, Witold : 1.
GONCHAROV, Ivan : 1.
GOTTLIEB, Georges : 1.
GRIVEL, Charles : 1, 2.
GUIBERT, Hervé : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15.
GUILLERAGUES, Gabriel de : 1.
GUSDORF, Georges : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8.
HALBWACHS, Maurice : 1.
HAMBURGER, Käte : 1, 2, 3-4.
HAMSUN, Knut : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14.
HANDKE, Peter : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16.
HANUS, Michel : 1-2.
HÉLISENNE DE CRENNE (Marguerite Briet) : 1, 2, 3, 4-5, 6.
HESSE, Hermann : 1, 2, 3.
HIPP, Marie-Thérèse : 1, 2.
HORACE : 1.
HOUARD, Michel : 1, 2.
HUGO, Victor : 1.
HUYSMANS, Joris-Karl : 1-2, 3, 4, 5, 6.
HYTIER, Jean : 1, 2.
INOUE, Yasushi : 1.
ISER, Wolfgang : 1, 2.
ISTRATI, Panaït : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8.
JAKOBSON, Roman : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
JAUBERT, Anna : 1.
JAUSS, Hans Robert : 1, 2.
JEAN-PAUL (Richter) : 1.
JOYCE, James : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
JULIET, Charles : 1, 2.
JUNG, Carl Gustav : 1.
JUNG, Johann Heinrich, dit JUNG-STILLING : 1-2.
KAFKA, Franz : 1, 2.
KAWABATA, Yasunari : 1.
KAYSER, Wolfgang : 1, 2.
KELLER, Gottfried : 1, 2, 3, 4.
KEROUAC, Jack : 1, 2, 3, 4.
KERTÉSZ, Imre : 1.
KOSINSKI, Jerzy : 1, 2, 3, 4, 5.
KRISTEVA, Julia : 1, 2.
KUNDERA, Milan : 1.
KUREISHI, Hanif : 1, 2, 3.
KUSNIEWICZ, Andrzej : 1.
PAHOR, Boris : 1.
PARIS, Jean : 1.
PASCAL, Roy : 1, 2.
PAVEL, Thomas : 1, 2, 3, 4, 5.
PESSOA, Fernando : 1, 2.
PETIT, Marc : 1.
PIERRAT, Emmanuel : 1.
PILLU, Pierre : 1, 2.
PLATON : 1-2.
POE, Edgar : 1.
POUILLON, Jean : 1.
PRÉCHAC, Jean de : 1.
PRÉVOST, Antoine François, dit l’abbé Prévost : 1.
PRINCE, Gerald : 1, 2.
PRODEZ DE BERAGREM, Pierre : 1.
PROUST, Marcel : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8-9, 10, 11, 12, 13,
14-15, 16, 17-18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26.
QUENEAU, Raymond : 1, 2.
QUINCEY, Thomas de : 1, 2, 3, 4, 5.
RAOUL, Valérie : 1.
REGARD, Maurice : 1.
RENARD, Jules : 1, 2, 3.
RESTIF (ou RÉTIF) DE LA BRETONNE, Nicolas Edme : 1.
REZVANI, Serge : 1, 2, 3, 4.
RICARDOU, Jean : 1.
RICHARDSON, Samuel : 1, 2.
RICŒUR, Paul : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7.
RIFFATERRE, Michael : 1.
RILKE, Rainer Maria : 1, 2, 3, 4-5, 6-7, 8, 9, 10, 11, 12-13,
14, 15, 16.
RIVIÈRE, Jacques : 1.
ROBBE-GRILLET, Alain : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
ROBIN, Régine : 1, 2, 3, 4.
ROLIN, Dominique : 1, 2.
ROSENFELD, Herbert : 1.
ROTH, Henry : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8-9, 10, 11-12.
ROTH, Philip : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9-10, 11-12, 13-14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23-24, 25, 26-27, 28, 29, 30,
31, 32.
ROUBAUD, Jacques : 1.
ROULIN, Alfred : 1, 2.
ROUSSEAU, Jean-Jacques : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7, 8, 9, 10, 11,
12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19.
ROUSSET, Jean : 1.
RUSHDIE, Salman : 1, 2, 3, 4.
TADIÉ, Jean-Yves : 1, 2, 3.
TANIZAKI, Junichirô : 1.
TAYAMA, Katai : 1.
THÉOPHILE DE VIAU : 1-2, 3.
THIBAUDET, Albert : 1, 2, 3-4.
TODOROV, Tzvetan : 1, 2, 3, 4.
TONNELAT, Henri : 1.
TRISTAN L’HERMITE : 1, 2-3.
TSCHINAG, Galsan : 1.
TYNIANOV, Iouri : 1.
VALÉRY, Paul : 1, 2.
VALLÈS, Jules : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24.
VARGAS LLOSA, Mario : 1, 2, 3.
VERCIER, Bruno : 1.
VILAIN, Philippe : 1, 2.
VIOLLET, Catherine : 1.
WACKENRODER, Wilhelm : 1, 2, 3.
WARREN, Austin : 1.
WEIL, Jiri : 1, 2, 3, 4.
WEINRICH, Harald : 1-2.
WEITZMANN, Marc : 1-2.
WELLEK, René : 1.
WEYERGANS, François : 1.
WINNICOTT, Donald : 1-2.
WOLF, Christa : 1, 2.
WOLFE, Thomas : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
WOOLF, Virginia : 1.
ZOBEL, Joseph : 1.
Index des œuvres citées
Bachelier (Le) : 1, 2.
Balzac : 1.
Bandini : 1, 2.
« Biodégradable : Cendrars écrit » : 1.
Biographie : 1, 2, 3, 4, 5.
Biographie conjecturale : 1.
Blanche ou l’oubli : 1, 2-3, 4, 5, 6, 7.
Botchan : 1.
Bouddha de banlieue (Le) : 1, 2.
Boulevards de ceinture (Les) : 1-2, 3, 4, 5, 6-7, 8.
Bourlinguer : 1, 2, 3.
Bratislava : 1, 2.
Brouillons de soi (Les) : 1.
Buscón (Le) : 1.
Écornifleur (L’): 1.
Écrits (Lacan) : 1, 2-3.
Écriture de soi et sincérité : 1.
Écriture et l’expérience des limites (L’): 1.
Ecrivain fantôme (L’): 1.
Écrivain public (L’): 1, 2, 3, 4, 5.
Éducation sentimentale (L’): 1.
Effusions sentimentales d’un religieux ami de l’art : 1, 2, 3.
Elle et lui : 1.
Éloge de la fiction : 1.
Émile : 1, 2, 3.
Emploi du temps (L’): 1.
En route : 1.
Enfance (N. Sarraute) : 1, 2, 3.
Enfant (L’) (Vallès) : 1, 2, 3, 4.
Enfant noir (L’): 1.
Enfant que tu étais (L’): 1.
Enfants de minuit (Les) : 1, 2, 3, 4, 5.
Enquête sur le roman et les Mémoires (1660-1700) : 1, 2.
« Ère du soupçon (L’)»: 1-2.
Essais (Les) (Montaigne) : 1.
Essais critiques (Barthes) : 1.
Essais de linguistique générale (Jakobson) : 1, 2, 3, 4, 5.
Esthétique de la création verbale : 1.
Esthétique et théorie du roman : 1, 2.
Et si c’était moi ? : 1.
État d’apesanteur (L’): 1.
Été (L’): 1-2, 3, 4, 5.
Être et le néant (L’): 1.
Être sans destin : 1.
Étreinte (L’): 1, 2.
Euphormion : 1.
Faim (La) : 1, 2, 3, 4, 5.
Faits (Les) : 1, 2.
Féerie pour une autre fois : 1.
Femmes : 1, 2, 3, 4.
Ferdydurke : 1, 2.
Feu (Le) : 1, 2, 3.
Fiction et diction : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7.
Fictions : 1.
Fictions in Autobiography : 1.
« Fictions of autobiographical fiction (The) » : 1, 2.
Figures III : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14.
Figures IV : 1.
Fils : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12.
Fils du pauvre (Le) : 1, 2.
Fin de l’exil (La) : 1.
Fleurs de ruine : 1, 2.
Franz et François : 1.
Fugitive (La) : 1.
Futon : 1.
Henri le Vert : 1, 2, 3, 4, 5.
Herbes du chemin (Les) : 1.
Heure de la sensation vraie (L’): 1.
Histoire (C. Simon) : 1, 2-3, 4, 5-6, 7.
Histoire d’enfant : 1, 2.
Histoire de la littérature française (Thibaudet) : 1.
Histoire de ma mère : 1.
Histoire des amours de Cléante et de Bélise : 1.
Homme foudroyé (L’): 1.
Honte (La) : 1.
Horla (Le) : 1, 2.
Jacques Vingtras : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Jane Eyre : 1.
Jardin des Plantes (Le) : 1, 2-3, 4, 5, 6, 7.
J’habite une tour d’ivoire : 1.
Je est un autre : 1, 2.
Je suis un chat : 1, 2-3, 4.
Jean le Bleu : 1, 2, 3, 4-5.
Jean Santeuil : 1.
Jeunesse d’Adrien Zograffi (La) : 1, 2, 3, 4.
Jeunesse de Heinrich Stilling (La) : 1.
John Baleycorn : 1.
Joue-nous España : 1.
Jour de silence à Tanger : 1, 2.
Journal (Goncourt) : 1.
Journal amoureux : 1.
Journal d’un curé de campagne (Le) : 1.
Journal d’un fou (Le) : 1, 2, 3.
Journal d’un vieux dégueulasse : 1.
Journal d’une femme de chambre (Le) : 1, 2.
Journal du voleur : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7.
Journal fictif dans le roman français (Le) : 1.
« Journal intime, texte sans destinataire ? (Le) » : 1.
Kyra Kyralina : 1.
Là-bas : 1-2, 3, 4.
Laissé pour conte : 1, 2, 3.
Lambeaux : 1, 2.
Lazarillo de Tormes (La vie de) : 1, 2.
Leçon d’anatomie (La) : 1, 2, 3, 4, 5.
Lector in fabula : 1, 2.
« Lecture du roman autobiographique (La) » : 1.
Lecture littéraire (La) : 1.
Lecture pragmatique (La) : 1.
Lélia : 1, 2.
Lettre volée (La) : 1.
Lettres à Babet : 1.
Lettres aux années de nostalgie : 1, 2, 3, 4.
Lettres de la présidente Ferrand au baron de Breteuil : 1.
Lettres portugaises : 1.
Lignes de vie, 1, Les écritures du moi : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Lignes de vie, 2, Auto-bio-graphie : 1.
Littérature et réalité : 1.
Littérature européenne et le Moyen Âge latin (La) : 1, 2.
« Littérature personnelle (La) » : 1, 2, 3, 4, 5.
Livre à venir (Le) : 1.
Livre brisé (Le) : 1, 2-3, 4, 5-6, 7-8, 9, 10, 11.
Livre d’un homme seul (Le) : 1, 2, 3, 4.
Livre de l’intranquillité (Le) : 1, 2.
Livres de ma vie (Les) : 1.
Livret de famille : 1, 2.
Logique des genres littéraires : 1, 2, 3-4.
Louis Lambert : 1, 2-3, 4-5, 6, 7, 8, 9, 10-11, 12.
Macération (La) : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Madame Chrysanthème : 1, 2, 3, 4.
Main coupée (La) : 1, 2.
Maison de Claudine (La) : 1, 2.
Malheur indifférent (Le) : 1.
Manon Lescaut : 1.
Mariage de Loti (Le) : 1, 2-3, 4, 5.
Martin Eden : 1, 2, 3-4, 5-6, 7, 8, 9, 10, 11-12.
M.D. : 1, 2, 3.
Mémoire collective (La) : 1.
Mémoire, l’histoire, l’oubli (La) : 1, 2.
Mémoires (Prodez de Beragrem) : 1.
Mémoires d’outre-tombe : 1, 2.
Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière : 1.
Mémoires sauvés du vent : 1, 2.
Mentir-vrai (Le) : 1, 2, 3.
Mes années d’enfance : 1-2.
Mes départs : 1, 2.
Mes parents : 1, 2, 3.
Métamorphoses (Les), ou l’âne d’or : 1, 2, 3.
Mikhaïl : 1, 2, 3, 4, 5.
Miracle de la rose, 1.
Miroir des limbes (Le) : 1, 2, 3, 4.
Miroirs d’encre : 1.
Mise à mort (La) : 1-2, 3, 4.
« Mise en abyme et iconicité » : 1, 2.
Modern Confessional Novel (The) : 1.
Moi aussi : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9-10.
Moi et le Ça (Le) : 1.
Moi je : 1.
Moments critiques dans l’autobiographie contemporaine : 1.
Mon année dans la baie de Personne : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Mon chien Stupide : 1.
Monde gris (Le) : 1.
Mon frère Yves : 1, 2.
Monsieur Jadis : 1.
Monsieur le Consul : 1.
Montagne de l’âme (La) : 1.
Mort à crédit : 1, 2-3, 4.
Mots (Les) : 1-2, 3.
Mots pour le dire (Les) : 1, 2, 3, 4.
Nadja : 1, 2.
Naissance du jour (La) : 1, 2-3, 4, 5.
« Narcisse écrit-il ? » : 1.
« Narrative « You » in contemporary literature » : 1.
Nausée (La) : 1.
Neveu de Wittgenstein (Le) : 1, 2, 3, 4.
Nom de la rose (Le) : 1, 2.
Notre-Dame-des-Fleurs : 1.
Nourritures terrestres (Les) : 1.
Nouveau discours du récit : 1, 2.
Nouvelle Héloïse (Julie ou La) : 1, 2, 3.
Noyers de l’Altenburg (Les) : 1.
Un adolescent d’autrefois : 1, 2, 3, 4, 5.
Un amour de soi : 1, 2, 3, 4.
Un amour de Swann : 1.
Un barrage contre le Pacifique : 1, 2.
Un enfant : 1.
Un journal à soi : 1, 2.
Un rocher sur l’Hudson : 1, 2.
« Un siècle de résistance à l’autobiographie » : 1.
Un siècle de romans japonais : 1.
Un vagabond joue en sourdine : 1, 2, 3, 4.
Une affaire personnelle : 1, 2, 3.
Une existence tranquille : 1, 2.
Une famille : 1.
Une famille en voie de guérison : 1.
Univers de la fiction : 1, 2.
Vagabonde (La) : 1, 2.
Variétés V : 1.
Vie de Lazarillo de Tormes (La) : 1, 2.
Vie de Marianne (La) : 1, 2, 3, 4.
Vie exagérée de Martin Romaña (La) : 1, 2, 3, 4.
Vie l’instant (La) : 1.
Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Vieillesse de Heinrich Stilling (La) : 1.
Vies minuscules : 1-2, 3.
Vin de la jeunesse (Le) : 1, 2.
Vipère au poing : 1.
Vita sexualis : 1.
Vivre avec une étoile : 1, 2, 3.
Volupté : 1, 2.
Voyage au bout de la nuit : 1, 2, 3.
Voyage de Fontainebleau (Le) : 1.
Vrilles de la vigne (Les) : 1.
Werther : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7.
Z. Marcas : 1-2, 3-4.
Zuckerman délivré : 1, 2, 3-4, 5, 6.
Zuckerman enchaîné : 1, 2, 3, 4.
Index des notions
Catharsis : 1, 2, 3-4.
Chronologie : 1-2, 3, 4, 5.
Cinéma : 1-2, 3, 4, 5, 6, 7.
Citation (voir Intertextualité) : 1, 2, 3, 4-5, 6, 7.
Clef : 1, 2, 3, 4.
Clivage : 1, 2, 3, 4, 5.
Code, codage, décodage : 1, 2-3, 4, 5-6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15.
Combat : 1-2.
Communication : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28-
29, 30, 31, 32, 33.
Conative (fonction) : 1, 2, 3.
Condensation : 1, 2, 3-4, 5, 6, 7, 8.
Confession : 1, 2-3, 4, 5, 6, 7, 8, 9-10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17.
Contrat (ou pacte) de lecture : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,
11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19.
Correspondance (voir Lettre) : 1, 2, 3, 4.
Culpabilité : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8-9, 10-11, 12, 13, 14,
15, 16.
Cure (voir Psychanalyse) : 1, 2, 3-4, 5, 6.
Effet de réel : 1, 2, 3, 4.
Embrayeurs ou shifters (voir Déictique) : 1, 2.
Émotive (fonction) : 1.
Enallage : 1, 2.
Encyclopédie personnelle : 1, 2, 3, 4.
Épigraphe : 1, 2, 3.
Épitexte : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7, 8, 9.
Èthos : 1-2, 3, 4, 5.
Exhibition, exhibitionnisme : 1, 2, 3.
Extradiégétique : 1, 2, 3.
Fantastique (genre) : 1, 2.
Fictionnalisation : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17-18, 19, 20.
Fictionnaliste : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7-8.
Focalisation (voir Point de vue) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-8.
Fonctions du langage : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Formalisme : 1, 2, 3.
Génétique : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8.
Herméneutique : 1, 2, 3, 4.
Héros-écrivain : 1, 2, 3, 4-5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15.
Hétérodiégétique : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7, 8-9, 10, 11, 12, 13,
14, 15.
Hétéronyme : 1, 2, 3.
Histoire (récit : voir Discours).
Histoire (science) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-8, 9, 10, 11, 12, 13,
14.
Histoire littéraire : 1, 2, 3, 4, 5, 6-7.
Homodiégétique : 1, 2-3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Homonymie : 1, 2, 3.
Horizon d’attente : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11.
Hypotexte : 1-2.
Hypothèse générique (ou modèle hypothétique de description) : 1, 2,
3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13.
Médiocrité : 1-2.
Mémoire collective : 1-2, 3.
Mémoires (genre) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23.
Métadiégétique, métadiscours : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10-
11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22.
Métalinguistique (fonction) : 1, 2.
Mimèsis : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16.
Modalisation : 1, 2, 3, 4.
Modèle hypothétique de description : voir Hypothèse générique.
Monologue (intérieur) : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Mythe, mythomanie : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Satire : 1, 2.
Scène (opposé à Sommaire) : 1.
Secrets de famille : 1, 2-3, 4.
Ségrégationniste : 1.
Self (vrai/faux) : 1-2, 3.
Sémiotique : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Shifters (voir embrayeurs).
Sincérité : 1, 2, 3, 4-5, 6, 7, 8, 9, 10-11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27.
Souvenirs-écrans : 1, 2-3, 4, 5, 6.
Spatialisation : 1-2.
Spécularité (voir Abyme) : 1, 2, 3, 4, 5-6, 7, 8, 9, 10, 11.
Stratégie textuelle, ou générique : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,
11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33.
Structuralisme : 1, 2.
Style direct ou indirect : 1, 2, 3, 4.
Surdétermination : 1-2, 3, 4.