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Technique D'analyse de Contenu

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TECHNIQUE D’ANALYSE DE

CONTENU

ENSEIGNANT : Dr DIASSE Alain

1
INTRODUCTION A L’ANALYSE DU DISCOURS (L1)

I LES GENRES

Différentes définitions de la notion de genre

Le genre dans une perspective communicationnelle

II LA MOBILISATION DES GENRES DISCURSIFS

Le récit
La description
L’explication
L’évaluation
L’argumentation

III LES MARQUEURS

La situation d’énonciation
Il convient de distinguer acte de communication (englobant) et acte
d’énonciation (spécifiant), et donc situation de communication et situation
d’énonciation

LE GENRE

- Les genres

La notion de genre telle que définie par Bakhtine (1979) qui estime que « tout énoncé
pris isolément est, bien entendu, individuel, mais chaque sphère d’utilisation de la langue
élabore ses types relativement stables d’énoncés  », et c’est ce qu’il appelle les genres du
discours.

- Le genre dans une perspective communicationnelle

Bakhtine (1977) conçoit l’énoncé dans une perspective interactive. Sa


conception du mot ou du discours se fait en fonction de l’interlocuteur. C’est
une donnée importante car

« Tout discours ou énonciation est à prendre avec les deux faces qui le caractérisent,
c’est-à-dire que tout discours est déterminé autant par le fait qu’il procède de quelqu’un
que par le fait qu’il est orienté vers quelqu’un et que jamais la communication verbale ne

2
. » (p265)
pourra être comprise et expliquée en dehors de ce lien avec la situation concrète

Ainsi, notre parole est fonction d’un genre et chaque genre est associé à des moments
et à des lieux d’énonciation spécifiques, à une régularité. Qui parle de lieu et de
moment d’énonciation, évoque la situation de communication ainsi que le contexte.
Or, on ne peut les envisager sans tenir compte des participants.

Nous considérons, comme Vion (1992), que tout discours porte les traces de dialogue,
plus ou moins explicites, avec des opinions et des partenaires potentiels, imaginaires
ou réels. Selon Jacob (1990), Paradoxalement, une vraie communication suppose des
individus assumant leurs différences. (p 159)

Comme François (1989), avant lui, écrivait qu’il faut une différence de potentiel entre
les discours des locuteurs pour qu’un dialogue fonctionne car ceux-ci doivent
apparaître dans leurs distances, Jacob fait de la différence, l’âme de la
communication.

- Différentes définitions de la notion de genre

La notion de genre ayant été traitée par plusieurs linguistes, nous proposons un
panorama de définitions. Pour Adam (1999), il faut faire la différence entre genres et
types de textes.

François (1989b), lie le genre au thème. Le changement de genre de discours se fait en


fonction des modes de déplacement. François considère le fait de raconter ou de
décrire comme un genre donc, passer de l’explication à la narration provoque un « 
changement de genre  ». Cependant, il estime que les genres sont imbriqués.

Pour qu’il y ait discours, il faut qu’il y ait un échange entre deux interlocuteurs
qui connaissent les intentions de l’autre quant à la finalité de leurs discours.
Car, tout le texte est orienté en fonction du but recherché.

Ce qui revient à dire, comme Bakhtine, que tout texte s’inscrit dans une situation de
communication déterminée par la visée qui détermine le type d’influence que
l’énonciateur peut avoir sur le destinataire..

Dans le cadre de la théorie des actes de langage, Austin distingue trois


types d’actes accomplis grâce au langage :

— un acte locutoire, qui correspond au fait de dire, dans le sens de

3
produire de la parole (en articulant et en combinant des sons et des mots
selon les règles de la grammaire) ;

— un acte illocutoire que l’on accomplit en disant quelque chose :


j’accomplis un acte de promesse en disant Je promets, de questionnement
en employant une interrogative, d’ordre en employant un impératif, etc. ;

— un acte perlocutoire qui correspond à l’effet produit sur l’interlocuteur par


l’acte illocutoire. En posant une question, je peux m’attendre, au niveau
perlocutoire, à toute une série de réactions possibles : je peux, par exemple,
obtenir la réponse demandée, mais aussi une non-réponse, une contestation de
la part de l’interlocuteur sur mon droit de lui poser des questions, etc.

GENRES DISCURSIFS ET COMMUNICATIONNELS

Les genres discursifs sont mobilisés par les types communicationnels. Parlant de
discours et de communication, définissons ces deux notions.

La communication

Selon Watzlawick (1972), tout comportement et pas seulement le discours est


communication.

Watzlawick, Beavin et Jackson (1972) écrivent que toute communication a deux


aspects qui sont le contenu et la relation. En substance, toute notion de
communication est indissociable de celle de contexte.

Pour définir la communication disons avec Vion (1992), que communiquer


revient à transmettre un message. Nous retiendrons l’approche sociologique
(Stern, Labov, Frings) qui dit que tout comportement qui affecte le
comportement de l’autre est communication. Celle-ci est à rapprocher de la
définition que Benveniste (1966) donne du discours en ce sens qu’il est à la fois
porteur d’un message et instrument d’action.

Ce qui permet de faire allusion à l’école de Palo Alto (1972) qui affirme qu’on ne peut
pas ne pas communiquer.

Le discours est le lieu de construction du sens. Pour faire sens il faut faire preuve

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d’une compétence de communication. Autrement dit, il faut ajuster son discours en
fonction de son interlocuteur.

Le discours

Le discours, c’est le langage mis en action, la langue est assumée par le sujet parlant.
Le discours serait le langage considéré comme une action, un acte.

Autrement dit, le discours est à la fois porteur d’un message et instrument d’action.
Benveniste fait le lien entre la langue, le langage et le discours. Si la langue est un
système commun à tous, le langage est l’usage individuel de la parole. C’est en tant
qu’il inscrit l’autre dans son langage que celui qui parle passe du langage au discours.
Parce que Bakhtine (1977) pose que le langage s’adresse toujours à quelqu’un. Vion
(1995) reprend le raisonnement de Bakhtine puisqu’il affirme, à son tour, que tout
discours, oral ou écrit, est un discours adressé qui s’adapte à l’autre, que ce soit dans
la mise en mots, dans l’anticipation des réactions. Ainsi, Bakhtine annonce une
perspective interactive du langage.

En effet, cette conception du mot ou du discours en fonction de l’interlocuteur


est une donnée importante car tout discours ou énonciation est à prendre avec les
deux faces qui le caractérisent. Nous insistons sur ce premier aspect :

« Il est déterminé tout autant par le fait qu’il procède de quelqu’un que par le fait qu’il est
orienté vers quelqu’un . » (p : 123)

C’est-à-dire que le discours de l’un est construit en fonction du discours de l’autre.


Parce qu’il s’agit de l’activité commune de deux locuteurs. Même si l’un tient un rôle
virtuel.

La deuxième face relève de la situation d’énonciation (Bakhtine 1977) :

« Jamais la communication verbale ne pourra être comprise et expliquée en dehors de ce lien


avec la situation concrète. » (p : 137)

Pour paraphraser Bakhtine, disons que le discours ne se réalise que dans la


communication verbale.

Le discours est surtout, selon Benveniste qui le prend dans sa plus large extension :

« Toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur, et chez le premier l’intention

5
d’influencer l’autre en quelque manière. » (ibid p : 242)

Pour que la communication fonctionne, le récepteur doit faire, à partir de


l’énonciation, des inférences qui lui permettent d’identifier quelle est l’intention du
locuteur afin de manifester sa compréhension par une réaction comportementale ou
verbale. Le discours s’adresse toujours à quelqu’un en vue d’agir sur lui. En
substance, le discours est toujours orienté vers une autre personne que Benveniste
symbolise par le pronom ‘’Tu’’. Celui qui adresse étant représenté par le pronom ‘’Je’’.
La notion du discours est liée à celle du dialogue.

Puisque la théorie des actes de langage conçoit la prise de parole du locuteur comme
une véritable action, c’est-à-dire que l’homme parle et agit par le discours sur son
interlocuteur, nous pouvons considérer que le discours en acte se transforme en un
instrument de pouvoir.

GENRES DISCURSIFS ET TYPES COMMUNICATIONNELS

Une question d’importance posée par Goffman (1988) dans sa définition de la


situation de communication :

« Où la parole se produit-elle sinon dans des situations sociales ? »

Dans la situation sociale, les personnes en présence doivent être perceptibles


et accessibles les unes aux autres. Autrement dit, ce sont des personnes qui sont en
présence mutuelle immédiate. Puisque les personnes engagées dans cette situation
essaient, ensemble, d’atteindre un but qui est lié à la construction d’un sens, nous
pourrions dire qu’elles représentent une communauté linguistique qui est, d’après
Hymes (1972, 1991), un groupe de sujets parlants qui possèdent en commun des
ressources verbales et des règles de communication.

Règles de communication qui permettent de définir les types de communication


auxquels les genres de discours sont liés. Mais, quelles différences existent-ils entre
ces deux termes ? Afin de le savoir, nous en proposons une définition. Auparavant,
nous proposons une définition de la notion du genre qui est celle de Bakhtine
(1979) pour qui le discours est lié au type d’activité dans le cadre duquel il est mis en
action, c’est-à-dire qu’il lie la forme de discours aux activités.

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Les types communicationnels (TC)

Reprenons le point de vue de Vion (1992) qui estime que communiquer implique que
les sujets parlent de positions sociales et donnent vie à des rôles. Dans la mesure où
on ne peut parler sans le faire d’une place et convoquer l’autre dans une place
symétrique ou complémentaire, toute interaction s’identifie à partir des places qui
visualisent la forme effective prise par la relation sociale entre deux individus.

Il s’agit de mettre en évidence les régularités et les invariants du discours qui sont
des normes. Ainsi, notre parole est fonction d’un genre et chaque genre est associé à
des moments et à des lieux d’énonciation spécifiques, à une régularité.

Le travail de Bakhtine prend pour objet d’étude, des discours écrits et oraux. Mais ce
sont des discours quotidiens. Notre corpus est composé d’un discours oral
institutionnel. C’est la raison pour laquelle nous faisons appel à Kerbrat et Traverso :

« Il va de soi que les productions orales relèvent elles aussi « de genre » divers, c’est-à-dire se
distribuent en « familles » constituées de productions variées mais présentant un certain « air
de famille ». Cela est attesté par l’existence de nombreux termes que la langue met à la
disposition des usagers pour caractériser tel échange particulier comme une conversation, une
discussion ou un débat, du bavardage ou du marchandage, une interview, un entretien ou une
consultation, un cours ou un discours, une conférence ou une plaidoirie, un récit ou un
rapport, une conférence ou une dispute, etc... Pour clarifier un peu la situation, il peut être
utile de rappeler la distinction proposée par certains auteurs entre deux types d’objets qui
peuvent également prétendre au label de « genres ». Prenons l’exemple d’un guide touristique :
c’est bien un « genre » de texte, mais qui relève de différents « genres de discours – descriptif,
didactique, procédural, promotionnel. » (p 41)

Les (TC) que Kerbrat et Traverso (2004) appellent (G1) correspondent, à l’oral, à un
ensemble d’échanges plus ou moins institutionnalisés dans une société donnée. Ce
qui est le cas du CS, de l’interview, du débat, de la conférence… Ces événements
communicationnels sont associés à des situations de communication et à des
communautés linguistiques.

Les frontières des (G1) et des (G2) ne sont pas étanches. Ce qui fait dire à Kerbrat et à
Traverso (2004) que les frontières de ces deux genres sont floues. Ces observations
nous ramènent à Vion (2002) qui postule que dans toute situation de communication,
il y a des modules. C’est peut-être dans ce sens que Charaudeau (2006) écrit que le
genre est d’abord situationnel car c’est la situation qui met en place les conditions de

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production du discours. Autrement dit, un discours s’élabore par ses conditions de
production. L’étude des genres communicationnels nous permet de dire qu’un
échange se fait en fonction d’un certain enjeu qui est la construction du sens.

Les genres discursifs (GD)

Commençons par Vion (1999) pour qui :

« Outre le fait que les types peuvent se combiner entre eux, un type déterminé intervient
toujours à l’intérieur d’un genre qui le détermine partiellement, et réciproquement. Ainsi, un
récit élaboré s’intégrera à divers genres comme la conversation, le recueil d’histoires drôles, le
roman, l’article de presse, le rapport de police, etc. autrement dit, le récit repose sur un rapport
de place interlocutif du type « narrateur/narrataire » qui se subordonne généralement à un
genre ou à une interaction caractérisant un type de « relation sociale ». » (101-102).

Les figurations textuelles qui sont à la base de toutes les productions langagières,
Kerbrat et Traverso les nomment (G2), c’est-à-dire les genres qui correspondent à
certaines catégories discursives (l’explication, l’évaluation, la description, la
narration, l’argumentation…).

Nous nous contentons des genres discursifs, des types communicationnels tout en
observant que le genre discursif alimente le type communicationnel. Les (GD) que
Adam (1992) appelle des types de séquences, sont définis par des critères qui leur
sont internes dans la mesure où une argumentation, une explication, un récit se
reconnaissent comme tels en dehors des (TC) auxquels ils sont liés.

Kerbrat et Traverso (2004) présentent les (GD) ou (G2) qui sont reconnaissables en
dehors des (TC) ou (G1) comme des sous-types communicationnels. Parce qu’ils
peuvent représentés des modules conversationnels. C’est-à-dire qu’une partie de
l’échange peut consister en un récit, une explication ou une description. Ce qui rend
les frontières des types communicationnels flexibles. Cependant, la conclusion que
nous faisons à l’issue de cette démarche méthodologique, c’est que les (TC) sont
composés de (GD) ; les genres discursifs participent à la mise en place, à la
construction des types communicationnels qui dépendent de la situation de
communication et du contexte.

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BIBLIOGRAPHIE

ADAM (1990). Eléments de linguistique textuelle. Théorie et pratique de l’analyse textuelle. Liège,
Pierre Mardaga éditeur.
ADAM (1992). Les textes : types et prototypes. Récit, description, argumentation, explication et
dialogue. Paris, Nathan université.
BAKHTINE (1979, 1984). Esthétique de la création verbale. Paris, Gallimard.
BAKHTINE (VOLOCHINOV) (1987). Le marxisme et la philosophie du langage. Essai d’application
de la méthode sociologique en linguistique. Paris, Les éditions de minuit.
BENVENISTE (1966). Problèmes de linguistique générale. Paris, Gallimard. (Tome1).
BENVENISTE (1974). Problèmes de linguistique générale. Paris, Gallimard. (Tome 2).
CHARAUDEAU (1997). Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social.
Paris, Nathan.
CHARAUDEAU, MAINGUENEAU (sous la dir) (2002). Dictionnaire d’analyse du discours. Paris,
Seuil.
FRANCOIS (1998). Le discours et ses entours. Essai sur l’interprétation.Paris, l’Harmattan.
GOFFMAN (1988). Les moments et leurs hommes. Paris, Seuil. Textes recueillis et présentés par
WINKIN Y.
KERBRAT-ORECCHIONI (1990, 1992, 1994). Les interactions verbales. Paris, Armand Colin (Tomes
1, 2, 3).
KERBRAT-ORECCHIONI (1997, 1999). L’énonciation. Paris, Armand Colin / Masson.
KERBRAT-ORECCHIONI (2001). Les actes de langage dans le discours. Théorie et fonctionnement.
Paris, Nathan Université.
MAINGUENEAU (1991a). L’analyse du discours. Introduction aux lectures de l’archive. Paris,
Hachette.
VICTORRI, FUCHS (1996). La polysémie. Construction dynamique du sens. Paris, Hermes.
VION (1992). La communication verbale. Analyse des Interactions. Paris, Hachette supérieur.
WATZLAWICK, HELMIN BEAVIN, JACKSON (1972). Une logique de la communication. Paris,
éditions du Seuil.

REVUES
CAHIERS DE LINGUISTIQUE FRANCAISE 1990 :Marquage linguistique, inférence et interprétation
dans le discours Genève, Université de Genève
CAHIERS DE PRAXEMATIQUE 1997 : La contextualisation de l’oral Université Paul Valéry,
Montpellier III, n°28
ARTICLES
FRANCOIS. Communication, interaction, dialogue… Remarques et questions in Le Français

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Aujourd’hui n° 113 : 11-23

Patrick Charaudeau, "Discours journalistique et positionnements énonciatifs.


Frontières et dérives", Revue SEMEN 22, Énonciation et responsabilité dans les
médias, Presses Universitaires de Franche-Comté, Besançon, novembre, 2006,
consulté le 29 avril 2011 sur le site de Patrick Charaudeau - Livres, articles,
publications.

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LA MOBILISATION DES GENRES DISCURSIFS

- le récit
- la description
- l’explication
- l’évaluation
- l’argumentation

LES GENRES DE DISCOURS


Bakhtine détermine des critères qui renvoient à la structure des échanges et à leur
organisation énonciative. Le genre se retrouve à travers les caractéristiques formelles
des échanges, des discours et de la régularité de leur occurrence. Comme le disent
Beacco et Moirand (1995), il s’agit de mettre en évidence les régularités et les
invariants du discours qui sont des normes dans le temps.

Ainsi, notre parole est fonction d’un genre et chaque genre est associé à des moments
et à des lieux d’énonciation spécifiques, à une régularité. Qui parle de lieu et de
moment d’énonciation, évoque la situation de communication ainsi que le contexte.

Il convient de distinguer acte de communication (englobant) et acte d’énonciation


(spécifiant), et donc situation de communication et situation d’énonciation

François (1989b, il suit Bakhtine) lie le genre au thème. Le changement de genre de


discours se fait en fonction des modes de déplacement. François considère le fait de
raconter ou de décrire comme un genre. Lorsqu’on passe de l’explication à la
narration, il y aurait « changement de genre ».

Le fait de considérer la description, la narration comme des genres, nous oriente vers
Adam qui en fait des types de séquences qu’il place avec les types de discours et les
genres de discours. Ces genres sont transversaux. Ainsi, on peut retrouver
l’explication, la narration, l’argumentation, dans différents discours, d’où la nécessité,
avec Adam (Pratiques n°56, 1997), de faire la différence entre type et genre de
discours.

11
- Les types de discours : proposent des catégories élémentaires et instables qui
permettent de distinguer le discours journalistique, le discours littéraire, le discours
politique, publicitaire…

Selon ADAM, ils sont constitués par les genres de discours.

Les genres de discours : sont des textes ou des discours particuliers, qui sont
historiquement définis et qu’on peut rapporter à des lieux d’énonciation déterminés.

Ce qui revient à dire, comme Bakhtine, que tout texte s’inscrit dans une situation de
communication déterminée par la visée qui détermine le type d’influence que
l’énonciateur peut avoir sur le destinataire.

Un type de discours dépend des contraintes situationnelles comprenant l’identité des


interlocuteurs, la visée du discours et permettrait de faire la différence entre les
textes de différents corps de métier, de différentes activités. Dans le monde des
médias, on pourrait faire la différence entre le journal télévisé, l’éditorial, le talk
show, le discours publicitaire qui ne se construisent pas de la même façon même s’il
s’agit de viser un public.

La description
Ce qui caractérise la description, c’est qu’elle fournit des informations à travers
« l’énumération des attributs » de l’objet à décrire (Adam 1992 : 81). C’est-à-dire que l’on
fait une énumération des parties ou des aspects d’un objet que l’on a vu. En
substance, la description donne à voir mais, selon Jaffré (1998), une description n’est
jamais une collection désordonnée de faits ou de données. Apotheloz (1998) fait
remarquer que la description ne peut jamais épuiser son objet. En un sens, on ne finit
jamais de décrire une chose. Ainsi, la description n’aurait pas un caractère exhaustif.
Ce qui ne l’empêcherait pas d’être une façon de présenter une réalité. En fait, l’une
des caractéristiques de la description est de fournir des informations qui donnent
l’impression de pouvoir visualiser l’objet dont il est question en le rendant le plus
visible possible. Celui qui décrit, choisi de faire cette énumération dans un ordre qui
n’est pas déterminé à l’avance.

L’ordre dans la description

Cet ordre qu’Adam considère comme le fruit du hasard ne semble pas l’être pour les

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auteurs de l’ouvrage collectif édité par Reuter. C’est ainsi qu’Apotheloz définit la
description selon les critères suivants : « d’abord, l’activité descriptive subit souvent des
contraintes imposées par les objets eux-mêmes (…) Une partie du travail consiste d’ailleurs à
extraire des invariants » (pp 19-20), qui sont le fait du descripteur qui donne un sens à
la description.

Apotheloz semble dire que l’ordre de la description est imposé par l’objet à décrire.
En extrayant les invariants, le locuteur construirait le sens de la description. Les
invariants étant les traits qui reviennent souvent.

Les caractéristiques principales de la description.

Reuter en dénombre quatre qui sont :

- désignation du tout (de l’objet décrit)


- La désignation des parties et des sous-parties
- La spécification globale du tout
- Les spécifications locales (des parties)

Si le descripteur est maître de l’ordre de son plan on pourrait se demander s’il décrit
tout ce qu’il voit ; s’il ne sélectionne pas ce qu’il décrit. En un sens, l’ordre et la
sélection dans la description ne sont-ils pas liés ?

Description et explication
Nous citons Pagoni-Andréani (1998) qui écrit que « les explications en « comment » sont
de type descriptif » (p 108).

L’explication
Pour commencer, nous proposons la définition que Grize (1997) donne de
l’explication. Il commence par souligner la polysémie de ce terme. Il en tire les
significations : communiquer, développer, enseigner, interpréter, motiver, rendre
compte. Et constate que seuls les verbes motiver et rendre compte nécessite
l’opérateur « pourquoi ».

Puisque nous sommes dans le domaine médiatique, nous nous intéresserons à deux
textes qui portent sur l’explication dans les médias. Celui de Charaudeau (1997 pp :
243-247) et l’article de Moirand (1999 pp 141-167, sous la direction de Beacco). Il en

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ressort qu’expliquer, c’est éclaircir, faire comprendre, montrer ou faire savoir. En fait
l’explication cherche à combler une lacune. Dans le domaine médiatique, le verbe
expliquer peut introduire une demande ou une offre d’explication. Il peut avoir pour
synonyme le verbe dire. Ce qu’il faut noter, c’est que le discours médiatique inscrit
un public à qui « il donne à voir et apprend à voir » (Moirand p 153). L’auteur qui
reprend la définition de Grize, postule que la demande d’explication propose deux
opérateurs, « comment on fait ? » et « pourquoi ? ». De ces questions, il ressort que
l’explication est inséparable de la compréhension. Mais, pour qu’il y ait explication,
nous ferons le lien entre ce que disent Moirand et Charaudeau et les trois conditions
que Grize (1997) donne de l’explication. Pour qu’un discours soit reçu comme une
explication, il faut que :

« 1. Le phénomène à expliquer doit être hors de contestation : c’est un constat


ou un fait.

2. Ce qui fait question n’est pas dans son existence mais dans sa cohérence
avec des savoirs établis par question ; ce dont il est question est incomplet.

3. Celui qui propose une explication doit être tenu pour compétent en la
matière et neutre. La compétence conduit à un discours d’autorité, il dépend du
« capital d’autorité » du locuteur. »  (p 105).

En choisissant comme critère l’opérateur « pourquoi » qui est un symbole des


marques de relation, Grize a posé un début de définition. L’auteur fait aussi la
distinction entre expliquer et justifier. Ce qui fait apparaître une autre précision. En
effet, pour qu’il y ait explication, il faut une liaison causale ; il faut une relation de
cause à effet. Alors que pour qu’il y ait justification, il faut une liaison « logique de
raison à conséquence ». Pour Adam qui fait référence à Grize, cette distinction tient
dans le raisonnement suivant : définir la justification comme une réponse à la
question « pourquoi affirmer cela ? » et l’explication comme une réponse à
« pourquoi affirmer cela ? ». En d’autres termes, « on justifie des paroles et l’on
explique des faits » (Adam 1992 pp 127-128).

Grize et Adam essaient de repérer des séquences discursives de l’explication dans le


schéma suivant :

S-i POURQUOI S-q PARCE QUE S-e

(O-i) (O-q) (O-e)

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Définit comme suit :

A partir du schéma, on peut supposer que le rôle de POURQUOI est d’introduire un


manque et le rôle de PARCE QUE est de combler ce manque, cette lacune, en
présentant une réponse que les auteurs considèrent comme un fait nouveau.

Mais qu’est ce que la justification ? Elle sert à montrer. Pour faire la différence entre
les deux opérateurs « pourquoi » et « comment », il émet l’idée selon laquelle les
questions en « comment » sont justificatives. La justification vise à apporter des
informations. Mais n’est-ce pas amener à comprendre en comblant un certain vide
chez la personne à qui on s’adresse ? Veneziano et Hudelot (2002), dans un article
traitant de la conduite Explicative / Justificative (CEJ), font la différence entre
justification et explication.

Pour la justification, ils prennent l’exemple ci-après :

« Elle est rentrée parce je l’ai vue ». Pour l’explication, « je me dépêche parce que je
suis en retard ».

Nous constatons que pour l’explication ou pour la justification il y a une information


nouvelle. Dans les exemples de cet article car pour ce qui est de la justification, la
question de l’interlocuteur pourrait être : « pourquoi dis-tu qu’elle est rentrée ? » ou
encore « comment sais-tu qu’elle est rentrée ? ». La réponse serait la même : « parce
que je l’ai vue ».

Nous avons vu, dans la partie consacrée à la description, qu’il pouvait y avoir un lien
entre explication et description. La description participe de l’explication. Car il s’agit
de dire comment quelque chose ou quelqu’un est. On note aussi que la notion
d’explication implique aussi bien une démarche descriptive qu’une démarche
argumentative. Mais, ce qui nous importe, c’est que :

« Ancrage de l’explication : l’objet à expliquer (« explicandum ») est décrit comme singulier,


différent comme un problème à résoudre. L’activité explicative s’appuie donc sur la description
d’un objet ou d’une situation qui existe et qui est modalisée d’une certaine façon » (ib, p 109).
Ce qui revient à dire que l’explication nécessite que l’on fasse appel à la description et que l’on
ne peut expliquer sans décrire.

L’évaluation
Nous commencerons par proposer qu’il y a de l’évaluation dans la plupart des

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conduites sociales. A tout moment et dans chacun de nos actes, nous évaluons et
sommes évalués. Si cette notion est inhérente à notre vie, à nos actes, à nos gestes, il
est préférable de se poser la question de savoir ce qui est évalué et qui évalue. Une
première tentative de définition nous fait dire qu’évaluer consiste à apprécier par
rapport à une norme. La définition que nous proposons est la suivante : l’évaluation
est un positionnement. Il y a de la subjectivité. Cependant nous allons dire avec
Moirand (1990) qu’évaluer, c’est comparer. Mais celui qui évalue doit avoir l’autorité
nécessaire pour le faire.

Pour recenser les différentes modalités évaluatives ou appréciatives présentes dans


notre corpus, nous reprenons celles de Kerbrat (1980). Et, nous retraduisons Kerbrat
en remplaçant « adjectif subjectif » par « évaluatif ». Nous parlerons donc d’évaluatifs
non axiologique, affectifs, de comparaisons, axiologique, implicite.

Les évaluatifs non axiologiques ou simples


« Pour mettre en évidence la spécificité de cette classe d’adjectifs, on peut invoquer certains
critères tels que leur caractère graduable, leur possibilité d’être employés en structure
exclamative. Cette classe comprend tous les adjectifs qui, sans énoncer de jugement de valeur,
ni d’engagement affectif du locuteur, impliquent une évaluation qualitative ou quantitative de
l’objet dénoté par le substantif qu’ils déterminent et dont l’utilisation se fonde à ce titre sur une
double norme :

Interne à l’objet support de la qualité

Spécifique du locuteur. C’est dans cette mesure qu’ils peuvent être considérés comme
« subjectifs » » (1980 : p 85).

Autrement dit, la présence d’un évaluatif est fonction de l’idée que le locuteur se fait
de la norme d’évaluation par rapport à l’objet à évaluer. Pour illustration, nous avons
l’exemple de l’auteur :

« Ce petit éléphant est un gros animal »

Il est dit que cet éléphant est petit pour un éléphant mais plus gros pour les autres
animaux.

C’est cette relativité exprimée - expression de la présence du locuteur dans son


énoncé - qui nous fait dire qu’il n’y a pas d’évaluatifs sans subjectivité.

16
- Les évaluatifs de comparaison

« Comme » est la conjonction de comparaison par excellence. Car elle met en


parallèle deux termes qui sont en confrontation. Ainsi, l’on peut dire d’une personne,
qu’elle est comme une autre. Dans ce sens, l’on recherche plutôt les points communs ;
ce qui explique que les deux éléments soient comparés. Avec « comme », il existe
d’autres évaluatifs de comparaison : peu, très, plus, moins… Nous sommes d’avis,
comme Moirand, que l’idée de norme est présente lorsque nous faisons une
comparaison. La comparaison peut être considérée comme une appréciation
implicite.

Les évaluatifs affectifs

« Ils énoncent, en même temps qu’une propriété de l’objet qu’ils déterminent, une réaction
émotionnelle du sujet parlant en face de cet objet. Dans la mesure où ils impliquent un
engagement affectif de l’énonciateur, où ils manifestent sa présence au sein de l’énoncé, ils
sont énonciatifs » (1980 : p 84).

C’est ainsi qu’ils codent l’effet de l’objet sur le locuteur : drôle, poignant,
dégoûtant…Avec les évaluatifs affectifs, le locuteur met son émotion en mot. A la
suite de Kerbrat, Moirand (1990 : 113) estime qu’ils « décrivent, en même temps qu’ils
caractérisent un objet, une personne, une réaction émotionnelle devant cet objet ou cette
personne : c’est beau, c’est émouvant… »

L’évaluateur peut aussi s’exprimer en disant « on adore », « époustouflant ». C’est une
catégorie que l’on retrouve souvent dans la presse.

Les évaluatifs axiologiques

« Comme celle des adjectifs précédents, leur utilisation implique une double norme :

- interne à la classe de l’objet-support de la propriété : les modalités du beau varient avec la


nature de l’objet à propos duquel on prédique cette propriété…

- interne au sujet d’énonciation, et relative à ses systèmes d’évaluation

Mais en plus, à la différence des précédents, les évaluatifs axiologiques portent sur l’objet
dénoté par le substantif qu’ils déterminent un jugement de valeur, positif ou négatif. Ils sont
doublement subjectifs :

17
- Dans la mesure où leur usage varie avec la nature particulière du sujet d’énonciation dont ils
reflètent la compétence.

- Dans la mesure où ils manifestent, de la part du locuteur, une prise de position par rapport à
l’objet dénoté. Le locuteur marquant ainsi sa présence » (1980 : pp 90-91).

Ils expriment où ils sont codés à partir du point de vue du locuteur.

L’appréciation mobilise aussi la description. Ce qui confirme le fait que certains


auteurs, comme Adam, considèrent l’appréciation comme un type de description. En
fait, ils disent que toute évaluation est descriptive parce que les appréciations
donnent à voir. Aussi, dirons-nous que toute évaluation, toute appréciation est une
description implicite.

La narration

Adam (1987 : 9) considère la narration comme « un mouvement vers un point ». Aussi,
pour parler de narration, il précise qu’il faut la représentation (d’au moins) un
événement qui est raconté par quelqu’un. Von Münchow (2001) nous aide à
différencier la narration de la description en parlant de la notion de causalité.
Faisant ainsi allusion au lien de cause à effet entre deux événements, deux actes.

Ce qui revient à dire que, dans le récit, il faut une succession minimale
d’événements ayant lieu en un temps t puis t+n. Il faut un début, un milieu et une fin.
Ainsi, pour qu’il y ait récit, les relations entre ces trois parties doivent être des
relations d’ordre. Tout se déroule dans le temps. C’est ce que montre le tableau
ci-après, emprunté à Adam (op cit : 49)

Situation initiale Transformation Situation finale

(agie ou subie)

AVANT PROCES APRES

« commencement » « milieu » « fin »

Ce mouvement vers un point que montre ce tableau, Adam le postule dans un

18
enchaînement du type :

I : A est X à l’instant t 1

II : l’événement Y arrive à A (ou A fait Y) à l’instant t 2

III : A est X’ à l’instant t 3

Voici les critères d’Adam, complétés par ceux de Laforest et Vincent parce que, de
notre point de vue, ils se ressemblent :

1 – Antériorité des faits racontés : de quoi s’agit-il ? (Présentation)

2 – L’organisation autour d’un événement unique, d’un lieu et d’un moment


particulier : qui, quand, où ? (Orientation)

3 – Transformation ou changement : que s’est-il passé et pourquoi ? Comment cela


s’est-il terminé (évaluation)

4 – Evénements rapportés liés par une relation de cause à effet.

5 – Protagoniste humain

6 – Tension, dramatisation

7 – Temps verbaux (imparfait, passé simple et composé, présent historique)

Lorsqu’on raconte une histoire, on commence souvent par « ce que je vais vous
raconter s’est passé… » afin de montrer ou de signifier l’entrée dans le genre
discursif. Dans ce cas, il y a une antériorité des événements racontés.

L’argumentation
L’argumentation vise à convaincre, à amener l’interlocuteur à avoir la même
conclusion que soi. C’est ce qui ressort des définitions proposées par certains auteurs
comme Adam, Plantin ou Grize. Adam (1997) qui, dans la perspective pragmatique,
considère tout texte comme ayant une visée illocutoire en ce sens qu’il a pour but
d’agir sur les croyances, les représentations ou le comportement de l’interlocuteur. Il
écrit : « on parle souvent en cherchant à faire partager à un interlocuteur des opinions ou des

19
représentations relatives à un thème donné, en cherchant à provoquer ou accroitre l’adhésion
d’un auditeur ou d’un auditoire plus vaste aux thèses qu’on présente à son assentiment. » (p
103).

Considérant l’argumentation comme un micro-acte de langage, Adam parle de


séquence argumentative. Plantin (1990) qui s’inspire de Perelman, considère
l’argumentation comme un macro-acte de langage parce qu’elle porte sur plusieurs
énoncés et non sur un seul énoncé (force illocutoire). C’est la raison pour laquelle il
parle de stratégie argumentative pour persuader l’interlocuteur ou l’auditoire. Grize
(1982), quant à lui, estime qu’il n’y a pas « d’action qui ne réclame le concours d’autrui, de
sorte que pour agir il faut savoir persuader. » (p 27).

Ducrot (1983) considère l’explication comme un acte d’argumentation. Alors que


Pagoni-Andréani, supra, estime que la notion d’explication implique aussi bien une
démarche descriptive qu’une démarche argumentative. Certes l’argumentation vise à
convaincre son interlocuteur. Mais, ainsi que l’écrit Perelman (1977), tout discours a
une dimension argumentative parce que construit en fonction du destinataire chez
qui le locuteur cherche à produire un effet. Soit qu’il cherche à faire partager son
point de vue, à convaincre. Ce que semblent traduire Moirand et Maingueneau en
parlant des médias. A partir de l’explication, ils estiment que l’argumentation dans le
discours médiatique servirait plus à plaire qu’à convaincre car cherchant à construire
une certaine complicité entre les commentateurs et le public.

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L’ETUDE DES MARQUEURS

Les auteurs qui ont étudié les relations entre les énoncés, se sont surtout intéressés
aux connecteurs. Mais la question qui se pose est de déterminer les critères qui
permettent d’interpréter l’approbation et la désapprobation. Aussi, allons-nous
mettre l’accent sur les marques qui permettent d’exprimer l’accord et le désaccord.
Parce qu’elles permettent de lier ou d’articuler des énoncés entre eux. Autrement dit,
ces marqueurs permettent de lier des répliques qui se répondent puisqu’ils
présentent une certaine logique entre ce qui précède et ce qui suit le marqueur. Mais,
les marques d’approbation ne font pas que lier deux répliques. Elles permettent aussi
d’expliquer le positionnement du locuteur par rapport à ce qui a été dit avant car
elles expliquent la relation du discours de l’un au discours de l’autre. Les marqueurs
qui nous intéressent sont situés en début de réplique. Parce qu’ils renforcent ou
affaiblissent une réplique qui va dans le même sens ou dans le sens contraire de ce
qui précède.

22
23
LES MARQUES D’ACCORD ET DE DESACCORD

Les marqueurs que nous analysons dans cette partie sont, essentiellement, des
adverbes qui permettent d’exprimer des enchaînements en accord et en désaccord.
Nous les appellerons des marqueurs d’approbation. Les marqueurs qui nous
intéressent sont ceux qui marquent le regard que le locuteur (2) porte sur la réplique
du locuteur (1). Or, nombre de textes portent sur la présence du marqueur dans un
emploi monologal et non dialogal. C’est ainsi que Vion (2001) - pour qui le
positionnement ne se fait pas dans la modalité - dans son article sur les modalités et
modalisations, cite Bally pour qui la modalité correspond au positionnement du
locuteur par rapport à ce qu’il est en train de dire et la modalisation à l’expression du
regard que ce locuteur porte sur son propre discours. Ce qui nous intéresse, c’est de
considérer les marqueurs dans une perspective dialogale. Parce qu’ils sont articulés
sur le discours antérieur ou sur la réplique de l’autre et qu’ils expriment la
possibilité donnée au locuteur de refuser ou d’accepter la réplique de l’interlocuteur.
Marquant ainsi la position que les locuteurs prennent l’un face aux propos de l’autre.
Parlant des adverbes, Vion dit qu’ils constituent un commentaire sur l’énonciation.
C’est-à-dire qu’ils donnent le degré d’acceptation ou de refus de la réplique de
l’interlocuteur. Ils renforcent, qualifient, éclairent l’existence d’une information qui
va dans le même sens ou non que ce qui précède.

Nous avons établi une liste qui montre la diversité des marqueurs. Aussi, nous
prendrons des exemples qui permettront d’illustrer cette diversité.

Les marqueurs

Nous proposons, ci-dessous, la liste des marqueurs relevés dans le corpus et qui


feront l’objet d’une analyse :

Oui, c’est vrai, tout à fait, Exactement, bien sûr, effectivement, absolument, sans doute
exact, ouais, oh oui, oh non, ah oui, ah non, non, mais, et, oui mais…

Avant de procéder à une étude détaillée de ces marqueurs, nous soulignons, avec
Arditty (1987), que les marqueurs « oui » et « non », peuvent s’analyser comme des
reprises contenant une répétition de tout ou partie de l’énoncé auquel ils répondent.
Avec pour conséquence que celui qui associe une reprise au marqueur d’approbation

24
« oui », assume, intègre ce que dit l’autre. Ce qui est l’expression d’un enchaînement
en accord.

OUI
L’une des valeurs de cet adverbe, c’est qu’il est une prophrase ; c’est-à-dire qu’il fait
partie des « adverbes-phrases d’affirmation » écrit Rossari (2004 : 194) qui cite Le
Bidois et Le Bidois (1967 : 42). Rossari le classe dans le lot des marqueurs qui ont la
propriété de signaler que le locuteur (2) valide un point de vue exprimé par le
locuteur (1). Afin d’illustrer son propos, elle prend des exemples (p 186). Nous allons
en reproduire deux (2) ci-dessous :

(1)

Jean : … mais votre grossièreté, ça, non… je vous préviens tout de suite que je ne l’encaisserai
pas ! Ah ! Vous avez la prétention de gouverner ici…

La Bonne : Oui

Jean : Oui ? Eh bien, je vous conseille de filer droit !

La Bonne : je n’ai pas besoin de vos conseils !

(2)

- N’est-il pas mignon ce bébé ?

- Oui

Puis, elle constate que cet adverbe apparaît après une demande de confirmation mais
qu’il est aussi capable de réaliser à lui seul, en « emploi absolu », de valider une
assertion antérieure, de l’approuver. L’une des particularités de l’adverbe « oui »,
c’est qu’il permet une « justification » ; c’est-à-dire qu’il peut être associé à d’autres
marqueurs. Contrairement à Rossari, Danon-Boileau et Morel (1998) estiment,
« curieusement, que le « oui », à l’initiale d’une intervention est l’annonce d’un point
de vue divergent. En fait l’énonciateur souligne qu’il a saisi l’opinion de l’autre, et
que, après avoir examiné son propre point de vue, il va tenter de retrouver un
terrain d’entente » (p 99). Afin de confirmer ce qu’ils écrivent, ils prennent l’exemple
suivant où un couple discute de l’organisation de leur séjour au ski avec leurs enfants
(p99).

- Jean : non parce qu’il a peur sur les skis il est pas du tout casse-cou quand il connaît pas.

25
- Véronique : oui mais toi tu compares à l’an dernier il n’avait que quatre ans.

Dans l’analyse de l’exemple qu’ils prennent, Danon-Boileau et Morel n’ont pas intégré
le marqueur « mais » qui présuppose un point de vue divergent. Les auteurs ne citent
pas de cas de « oui » seul. Il est suivi de « mais ». Dans ce cas, il est normal que
l’adverbe « oui » soit un point d’appui qui permette d’exprimer un point de vue
divergent.

A partir des auteurs que nous venons de citer, nous voyons que l’adverbe « oui » est
polysémique car il a plusieurs valeurs. L’autre particularité de cet adverbe, c’est que
sa valeur dépend souvent de la valeur de ce qui le suit. C’est en ce sens qu’il permet
une justification.

Nous paraphrasons Kerbrat qui cite Coupland, pour dire que « oui », en emploi
absolu, est potentiellement phatique.

L’adverbe « oui », pose problème parce que nous restons dans l’incertitude. Aussi
pouvons-nous considérer que « oui », permet de confirmer les propos du locuteur (2)
et que c’est une vraie confirmation. Mais l’adverbe « oui » peut prendre une autre
valeur. En effet, avec « oui », le locuteur (2) peut demander la parole. Il y a un
troisième cas où ce marqueur d’approbation peut être considéré comme étant
phatique.

Nous constatons qu’il y a un continuum entre le phatique et le non phatique. Nous


dirons que, dans notre corpus, « oui » permet d’exprimer, souvent, une confirmation
ou une approbation.

a )OUAIS

Danon-Boileau et Morel disent qu’il annonce l’approbation par excellence, la


convergence co-énonciative. Voyons ce qu’il en est dans notre corpus.

La présence de « ouais » est, souvent, l’expression d’une convergence entre locuteurs.


Nous pouvons évoquer les différentes possibilités de l’adverbe « ouais » et de
l’adverbe « oui » :

- ces adverbes expriment une appréciation de ce qui se passe sur le terrain

26
- ils marquent une approbation

- ils expriment une réponse à une question

- ils expriment une sollicitation de la parole

Le marqueur « ouais » employé tout seul, peut être interprété de différentes façons.
D’abord, il répond à l’interpellation faite le locuteur (1). Ensuite, il marque une
approbation du locuteur (2). Les locuteurs font la même appréciation de ce qui se
passe sur le terrain. Enfin, « ouais » pourrait marquer l’approbation du locuteur (2)
par rapport à l’objet du discours. Il marque, ainsi que le disent Danon-Boileau et
Morel (1998), une approbation ainsi qu’une convergence coénonciative.

OH, AH
Selon Morel et Danon-Boileau (1998) dont le travail est fondé sur la description des
marques prosodiques, l’interjection « ah » marque le plus souvent l’étonnement, la
vrai surprise. Elle exprimerait aussi la convergence, l’approbation. Quant à « oh », il
marque la surprise désagréable, l’écart de point de vue. Associés avec un autre
marqueur, ils spécifient et modulent l’attitude de l’énonciateur.

« Oh oui », « ah oui », fonctionnent comme « ouais » ; c’est-à-dire des marqueurs qui
servent à montrer la position du locuteur par rapport à l’objet du discours. Il en est
de même lorsque les interjections « ah » et « oh » sont associées à l’adverbe « non ».

C’EST VRAI 
Locution adverbiale à valeur de vérité et d’approbation. Comme si celui qui le disait
avait une légitimité pour le faire. C’est la marque que les locuteurs ont le même point
de vue. En fait, elle permet d’exprimer un même point de vue à partir de la légitimité
de celui qui parle (locuteur 2) par rapport au locuteur (1). A l’instar de Ducrot (1980)
qui analyse le marqueur « vraiment », nous dirons que « c’est vrai » porte sur la
réplique qui précède et qu’elle qualifie. C’est un marqueur qui montre l’évaluation
de la parole de l’autre et le fait que le locuteur (2) a accepté la réplique du locuteur
(1). Cependant, nous pouvons considérer que cette locution présente un arrière-fond
qui présuppose un désaccord et qui dessine la possibilité d’une opinion contraire.
Dire « c’est vrai » revient à dire que la réplique à laquelle cette locution est liée

27
pourrait être fausse.

Ce marqueur permet au locuteur (2) de signifier son accord en qualifiant


l’appréciation du locuteur (1). Il confirme son analyse et accepte le point de vue du
locuteur (1). Cette locution peut être employée seule, elle peut être associée à un
marqueur de citation et elle introduit une reprise.

TOUT A FAIT, EFFECTIVEMENT, ABSOLUMENT…

Nous les avons mis ensemble parce qu’ils expriment, tous les trois, l’alignement des
locuteurs sur le même de point de vue. Ils qualifient la réplique qui les précède et
montrent que le locuteur (2) a accepté la réplique du locuteur (1).

Pour Moeschler et Spengler, « tout à fait » et « absolument » marquent l’approbation.


Quant au marqueur « effectivement », il a beaucoup d’usages dont la causalité ou le
marquage de la reformulation. Gülich et Kotschi disent de « effectivement » qu’il est
un marqueur explique de reformulation en ce sens qu’il est lié à la réplique
antérieure. En effet, ainsi que l’écrit Vion, « effectivement » s’appuie sur « un déjà-là »
discursif. Rossari ne dit pas autre chose qui écrit que le locuteur (2) confirme, avec
« effectivement », le caractère approprié de l’attitude du locuteur (1). Ainsi, L (2)
évalue la réplique de L (1).

Un enchaînement marqué par « oui » et « tout à fait » comme une montée dans
l’enchaînement en accord. Il accentue l’accord. Une forme d’insistance aussi qui
montre que « tout à fait » est une nuance de l’adverbe « oui » et exprime une
adéquation parfaite entre les locuteurs. L’enchaînement marqué par « tout à fait » se
construit par des reprises :

Si nous ne pouvons pas envisager de différence entre ces trois marqueurs


d’approbation selon qu’ils sont associés à une reprise, nous pouvons le faire en
mettant l’accent sur le fait que « tout à fait » et « absolument » ne dessinent pas
forcément, la possibilité d’une opinion contraire. Alors que, « effectivement » comme
« c’est vrai », nous laisse envisager la possibilité d’une opinion contraire. Laissant
entrevoir une relation triangulaire entre trois énonciateurs.

On aurait : Loc (1) : énonciateur (1) : réplique (1)

28
Loc (2) : énonciateur (2) : approbation

Enonciateur (3) : possibilité d’une opinion contraire

BIEN SUR
Kerbrat-Orecchioni (1980, 1997) estime que ce marqueur d’approbation précise le
degré selon lequel le sujet d’énonciation adhère au contenu de son énoncé. C’est son
rôle dans le monologue. Mais, contrairement à ce qui a été souvent dit, c’est avant
tout, un marqueur de dialogue et nous sommes dans le dialogue. Dans ce cas, il
nuance les adverbes neutres comme « oui » et « non » avec lesquels il est compatible.
Ce qui revient à dire, dans une situation d’échange, qu’il précise le degré auquel le
locuteur (2) adhère au discours du locuteur (1). « Bien sûr » fonctionne sur le plan
modal.

Le marqueur d’approbation « bien sûr » permet au locuteur (2) de qualifier la


réplique du locuteur (1) comme vraie.

NON
D’abord une remarque. En relevant les marqueurs, nous avons constaté que le
marqueur « non » était moins fréquent que « oui ». Cela s’explique peut-être par le
fait que le CS est considéré comme un discours consensuel. Nous verrons, à la fin de
notre travail sur ce marqueur, ce qui fait qu’il est si peu présent dans le type de
discours qui nous intéresse. « Non », en français et du fait de l’existence de « si », peut
marquer soit une discordance soit un enchaînement en accord.

D’après les auteurs de La grammaire du français contemporain (1991), « non » est un


adverbe de négation qui représente une proposition ou une partie de proposition sur
le mode négatif. Il exprime une réponse négative ou un refus. Il peut signifier une
affirmation atténuée ou une certaine hésitation. Alors que chez Morel et
Danon-Boileau (1998), « il entérine une discordance avec le point de vue affiché par le
locuteur (1) » (p 88). Il introduit une divergence de point de vue mais cet adverbe
peut aussi être une marque d’accord. En fonction de ces différentes valeurs, nous
présenterons des cas où « non » marque des enchaînements en désaccord et des cas
où il marque des enchaînements en accord.

29
i )« Non » et enchaînement en accord

« Non » peut exprimer un accord par appréciation entre les locuteurs. Dans ce cas,
« non » est en réponse à une réplique négative. C’est pourquoi il marque un accord.

ii )« Non » et enchaînement en désaccord

L’enchaînement en « non » marque l’opposition du locuteur (2) aux propos du


locuteur (1) et exprime le rejet de la position du locuteur (1) .

A travers les exemples étudiés, nous avons constaté que l’adverbe « non » pourrait
exprimer : la convergence et la divergence. Qu’il marque aussi une appréciation par
rapport à l’objet du discours.

MAIS
Maingueneau (1991) note que les linguistes distinguent deux « mais » : un « mais » de
réfutation et un « Mais » d’argumentation. Pour son analyse, il s’inspire de Ducrot.
Aussi, sommes-nous aller voir la distinction que fait Ducrot entre le « mais » de
réfutation et le « mais » d’argumentation. Dans les mots du discours (1980) Ducrot
écrit :

« Pour pouvoir attribuer à « mais » une valeur unique d’opposition, qui se maintient à travers
la diversité de ses emplois, il faut faire intervenir, non seulement le contexte explicite, mais les
intentions des locuteurs, leurs jugements implicites sur la situation et les attitudes qu’ils
s’attribuent les uns aux autres par rapport à cette situation » (p 93).

Il apparaît que la compréhension d’un phénomène linguistique dépend de son


contexte. Tentant une classification des diverses occurrences de « mais », il émet que
la diversité des « mais » se réduit, en fait, à la diversité de leurs conditions d’emploi.
« On ne pourrait plus parler de différents « mais » mais d’une classification de
différentes possibilités d’emploi d’un morphème dont la valeur sémantique reste
identique » (p 94).

Ducrot parle de mais de transition, de mais d’approbation, de mais d’addition…Ces


différentes occurrences, dans une phrase de type P mais Q, ne portent que sur le type

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d’information apportée par P ou Q et « non le type de relation introduite ou explicitée
par mais » (p 95). La conception dont il est parti suppose que deux éléments P et Q
sont liés par mais et que P précède Q.

Contrairement à Ducrot, Danon-Boileau et Morel (1998) estiment que mais est l’indice
d’une démarche coopérative. Ils écrivent (p 118) :

« Il nous semble plutôt que, en recourant à « mais », l’énonciateur marque qu’il conserve l’objet
de discours préalablement construit et consensuellement partagé, et indique qu’il va changer le
point de vue sur cet objet. « Mais » marque en quelque sorte une récupération de la situation
par un énonciateur qui se prépare à proposer une alternative importante ou à tout le moins un
réajustement  ».

ET
Sa fonction essentielle semble être, selon Caron (1983), d’exprimer des énumérations.
Selon Ducrot (1980 : 210), ce connecteur « peut agréger les énoncés qu’il relie, de
façon à en faire l’objet d’une seule énonciation ». En ce sens que les parties mises
ensemble forment un tout. Pour Ghiglione et Blanchet (1991), c’est un connecteur qui
marque l’addition. En effet, il permet d’ajouter une information nouvelle (loc 2) à
l’information contenue dans la première réplique (loc 1) ; de connecter des répliques
et d’introduire la réplique du locuteur (2). Adam, dans sa liste de marqueurs
d’intégration linéaire, pour ce qui est de l’énumération et de la description, présente
cette conjonction comme un marqueur de relais et un marqueur de clôture.

A l’instar de Ducrot, on pourrait dire que la conjonction « et » peut relier les énoncés
pour en faire l’objet d’une seule énonciation. En effet, l’on peut considérer les
répliques comme énoncées par un seul locuteur. Parce que « et » permet de relier ce
que dit le locuteur (2) à ce qui précède (locuteur 1). Nous avons deux informations
qui sont additionnées à savoir. Les locuteurs sont sur le même plan. Nous pouvons
considérer le marqueur « et » comme introduisant un relais parce qu’il peut
permettre de faire le lien entre deux événements différents.

LES MARQUEURS LES MOIS FREQUENTS


Dans cette partie, nous proposons les marqueurs qui ne reviennent pas souvent dans
le CS et nous prendrons quelques exemples afin d’illustration. Ce sont : voilà,

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vraiment, bon, en tout cas, donc, comme, franchement, chaque fois, cela dit, si,
surtout, pourtant…

Synthèse

Ce travail sur les marqueurs nous a aussi permis de constater que la locution
adverbale « bien sûr », associée à un changement de genre ou à un autre marqueur
d’approbation est un concessif qui marque, à chaque fois, l’accord entre les
interlocuteurs. Il est associé à l’explication. Ce qui permet de renforcer la
convergence de point de vue entre les commentateurs. Alors qu’un autre marqueur
comme la locution « tout a fait » est là pour permettre la transition vers la divergence.
En règle générale, la façon dont ils sont utilisés permet d’apporter une nuance, une
divergence, une opposition. Ces marqueurs d’approbation sont des atténuateurs de la
divergence qui vient après la convergence.

Les marqueurs d’approbation sont, en majorité, des adverbes qui permettent


d’indiquer la position du locuteur (2), son regard par rapport à la réplique de l’autre.
Une réplique qu’il qualifie en la confirmant ou en l’infirmant. Ils fonctionnent comme
des modalisateurs qui expliquent et confirment la relation de discours. Les adverbes
aident à montrer comment les interlocuteurs confrontent leurs discours. Car,
l’échange des paroles porte essentiellement sur les modalités d’énonciations qui
déterminent comment les interactants situent ce qu’ils disent par rapport à la vérité,
le doute, la certitude. Comment ils s’impliquent dans ce qu’ils disent de façon à le
faire accepter par l’autre. Ces adverbes marquent le fait que les locuteurs s’adaptent
l’un à l’autre, négocient le sens de ce qu’ils disent afin d’aboutir à un accord ou à un
désaccord. Or, c’est à travers cet échange que les interlocuteurs confrontent leurs
points de vue, leurs regards.

Nous revenons, pour finir, sur le rôle des marqueurs d’approbation en tant
qu’élément de transition vers la divergence. La divergence que nous retrouvons dans
la reprise. En effet, certains auteurs comme Vion ou Barbéris considèrent que la
reprise n’exprime pas toujours la convergence parce que reprendre, c’est aussi
rendre compte de phénomènes de divergence énonciative. La reprise sera le thème
du prochain chapitre. Parce que, comme les marqueurs d’approbation et de
désapprobation, nous l’étudions en tant qu’un moyen qui permet d’exprimer des
enchaînements en accord ou en désaccord.

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