Forum Dakar Paix Securite Afrique Rapport 2018
Forum Dakar Paix Securite Afrique Rapport 2018
Forum Dakar Paix Securite Afrique Rapport 2018
en Afrique :
Enjeux de stabilité
& de développement durables
5ème édition
DAKAR, 5 & 6 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
Paix et Sécurité
en Afrique :
Enjeux de stabilité
& de développement durables
5ème édition
DAKAR, 5 & 6 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
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SOMMAI R E
Le mot de S.E.M. Sidiki KABA, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur 5
Programme 7
1ÈRE DEMI-JOURNÉE
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE
Florence PARLY, Ministre des Armées, France 13
S.E.M. Adama BARROW, Président de la République, Gambie 15
S.E.M. Macky SALL, Président de la République, Sénégal 17
PANEL DES CHEFS D’ÉTAT ET HAUTES PERSONNALITÉS
2ÈME DEMI-JOURNÉE
Plénière 1 Droits, Justice et Libertés face aux enjeux sécuritaires 38
3ÈME DEMI-JOURNÉE
Plénière 2 Enjeux de l'opérationnalisation du lien entre développement et sécurité durables 58
4ÈME DEMI-JOURNÉE
Interventions de Haut niveau Discours de Ministres 83
Plénière 3 Perspectives des coopérations internationales dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme 88
violent
Conférence 3 Réformes de l'UA et partenariats multilatéraux : comment faire évoluer les appuis aux opérations 100
de paix africaines ?
Atelier 7 Coopérations internationales : comment répondre efficacement aux besoins des FDS africaines ? 102
Atelier 8 Lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent : quels nouveaux partenariats ? 104
Atelier 9 Cyberespace et prévention de l'extrémisme violent et de la criminalité organisée 106
LE MOT
Né de la volonté des Chefs d’État et de Gouvernement africains et du leadership du Président de la République, Son
Excellence Monsieur Macky SALL, le Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique a réuni au cours
de sa 5ème édition, tenue les 5 et 6 novembre 2018, plus de six cents (600) participants constitués d’autorités politiques,
de diplomates, de forces de défense et de sécurité, d’universitaires ainsi que de membres de la société civile et des
collectivités locales, autour du thème: « Paix et Sécurité en Afrique : enjeux de stabilité et de développement durables ».
La cinquième édition du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique a, une nouvelle fois, enregistré
un succès éclatant et une contribution remarquable aux efforts inlassables en faveur de la paix, du développement et du
respect des droits et des libertés sur notre continent.
L’engagement du Sénégal, la détermination du Président de la République S.E.M. Macky Sall, qui a su délivrer à cette
occasion des messages forts, ont démontré notre volonté de rassembler, de mobiliser, d’engager nos pays à relever les
défis auxquels ils sont confrontés, et à occuper la place qu’ils méritent au sein de la communauté internationale.
La richesse et la densité des interventions et des débats rassemblés dans ce rapport du Forum nous engagent et nous
appelle à ne pas relâcher nos efforts communs.
La présente édition de ce grand Rendez-Vous de la paix sur le continent fut un moment fort de réflexion sur les liens
inextricables entre paix-sécurité, développement et droits de l’Homme ; trois piliers qui fondent et aiguillonnent
l’action de la communauté des États que rassemble l’Organisation des Nations-unies (ONU), mais aussi qui sous-tend
l’engagement de tout pays épris de paix, de justice et de liberté dans le monde.
Les fructueux échanges entre les experts ont permis de replacer l’Homme au cœur des priorités internationales. En effet,
victime connue des conflits, du sous-développement et des violations des droits de l’Homme, l’Homme est apparu, à
la lumière de cette édition, comme le principal acteur dans l’œuvre de construction d’un monde stable, prospère et
respectueux de la dignité humaine.
La situation politique et sécuritaire sur le continent, du Sahel à la Corne de l’Afrique en passant par la Méditerranée, le
Bassin du Lac Tchad et la région des Grands Lacs, requiert sinon exige une intensification des efforts pour faire taire les
armes, restaurer l’intégrité territoriale des États, réaliser la réconciliation entre les peuples, consolider la démocratie et
renforcer l’état de droit.
C’est dire l’intérêt qui s’attache à ce Forum, en tant que cadre de réflexion sur les grands enjeux sécuritaires en Afrique.
Ainsi, le Sénégal, par ma voix, sait profondément gré à tous ses partenaires, notamment la France et le Japon, pour
leur soutien fort précieux dans l’organisation de cette édition, non sans réaffirmer l’attachement du Peuple et du
Gouvernement Sénégalais en faveur d’une Afrique libérée de la peur et du besoin.
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P R OGRAMME
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ACCUEIL Dimanche 4 novembre 2018
20h30 Cocktail de bienvenue pour les participants à l’hôtel King Fahd Palace
Olivier DARRASON, Président de CEIS,
S.E.M. Sidiki KABA, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur
Atelier 1 • Résolution des conflits en Afrique : rôle des acteurs humanitaires et respect des droits
Patricia DANZI Directrice régionale pour l’Afrique du CICR - Suisse
Alex CANN Officier militaire - Ghana
Joseph BIKANDA Coordinateur Pan Africa Human Rights Defenders network - Ouganda
16h15
18h45
Atelier 2 • La protection des civils dans les situations de conflits
Mohammed LOULICHKI Chercheur sénior à l’OCP Policy Center - Maroc
Namie DI RAZZA Chercheure senior à l’International Peace Institute - USA
Aminata DIABATE Cheffe de Section DIH-DH Focal VBG - Mali
Christoph LUEDI Chef de la Délégation régionale CICR - Sénégal
Marie DUPREZ Directrice Régionale de programme Afrique de l’Ouest, DRC - Danemark
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DEUXIÈME JOURNÉE Mardi 6 novembre 2018
Plénière 2 • Enjeux de l’opérationnalisation du lien entre développement et
sécurité durables
08h30 Xu JINGHU Représentante Spéciale pour les Affaires africaines - Chine
09h45 Ibrahim THIAW Conseiller Spécial pour le Sahel - ONU
Jacobus CILLIERS Chef du programme Futurs de l’Afrique, Président du conseil d’administration - ISS
Maman S. SIDIKOU Secrétaire Permanent du G5 Sahel
Rémy RIOUX Directeur Général de l’Agence Française de Développement - France
12h45
14h30 Pause déjeuner des participants
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Conférence 3 • Réformes de l’UA et partenariats multilatéraux : comment faire évoluer
les appuis aux opérations de paix africaines ?
Pierre BUYOYA Haut Représentant pour le Mali et le Sahel - UA
Michelle NDIAYE Directrice du programme Afrique, Paix et Sécurité à l’IPSS - Ethiopie
Mariam MAHAMAT NOUR Ministre, Secrétaire Générale du Gouvernement - Tchad
Joaquin TASSO VILALLONGA Chef de Division adjoint, Affaires panafricaines - UE
Organisé par
Equipes organisationnelles
Unicom Graphics Centre des Hautes Études Institute for Compagnie Européenne
Agence conseil et événementiel de Défense et de Sécurité Security Studies d’Intelligence Stratégique
contact : 33 827-85-85 www.cheds.gouv.sn www.issafrica.org www.ceis.eu
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CEREMONIE
D’OUVERTURE
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PREMIERE DEMI-JOURNÉE
Lundi 5 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
CÉRÉMONIE D’OUVERTURE :
Florence PARLY
Ministre des Armées - France
Adama BARROW
Président de la République - Gambie
Macky SALL
Président de la République - Sénégal
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Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
Florence PARLY,
Ministre des Armées,
France
Il y a 100 ans, plus de 160 000 soldats africains venaient se battre aux côtés de la France lors de la Première Guerre mon-
diale. Près de 30 000 d’entre eux devaient y laisser leur vie. La France n’oublie pas le sacrifice consenti pour sa liberté.
100 ans plus tard, le Président de la République s’apprête à organiser un grand Forum pour la Paix.
Car malgré les déchirements, malgré les drames et les violences, c’est le désir d’union et de concorde qui doit toujours
nous guider. Gagner une guerre n’est qu’une étape, le plus dur est de conquérir la paix.
« Enjeux de développement et de stabilité durables » : le thème choisi pour cette cinquième édition du Forum de Dakar
nous apparaît dans toute sa pertinence.
Car c’est mon premier constat : gagner la paix est une question globale. Nous ne pouvons pas voir la sécurité comme
une entité séparée, un objectif à part. Ce serait une gageure, une erreur qui nous empêcherait de parvenir à une solu-
tion stable, durable.
Sans un cadre stable, sans des assurances et des craintes dissipées, les conditions du meilleur développement ne
peuvent être réunies. Sans une vision ambitieuse, des meilleures conditions de vie, il n’est pas possible de mettre défi-
nitivement à terre le terrorisme, les violences et tous ceux qui croient pouvoir s’affranchir des lois.
Je pense à la santé, je pense à l’éducation, je pense à notre capacité à répondre au changement climatique. Mais le
développement est bien plus large encore. Il passe par des institutions qui doivent être justes, équitables, pour être
respectées et acceptées. Il passe par un État qui doit être présent partout et n’inspirer la crainte qu’à ceux qui en défient
les lois. Il passe par la liberté, la liberté de penser, de se mouvoir, d’entreprendre.
Ne soyons pas dupes, l’instabilité se nourrit de l’injustice. La haine et la violence trouvent leur lit dans le désespoir et le
dénuement.
Vous le savez, la France est engagée dans la lutte contre le terrorisme sur le continent africain. Elle l’est militairement,
avec l’opération Barkhane, qui a porté des coups victorieux contre les terroristes. Mais en tant que ministre des Armées,
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je suis la première convaincue que si cette action militaire ne trouve pas de relais dans le domaine du développement,
dans le retour des services de l’État, elle ne peut être qu’une goutte d’eau dans le désert. Barkhane et l’Alliance Sahel
vont de pair. Car la paix du Sahel, c’est évidemment l’éradication des groupes armés terroristes mais c’est aussi la répa-
ration des tissus économiques et sociaux, qui sont les premiers remparts face à la violence.
Mais je parle du Sahel. Et si je suis venue à Dakar, cette année encore, c’est pour vous livrer une conviction : la paix de
l’Afrique appartient à l’Afrique.
Des initiatives se lancent, elles montrent la force de la coopération et du multilatéralisme. La force conjointe du G5 Sahel
est désormais opérationnelle. Elle résiste aux assauts des djihadistes, mène ses propres opérations et emporte des vic-
toires. La Force multinationale mixte unit les Nations et lutte avec courage et efficacité contre Boko Haram.
Ces opérations permettent plus d’audace, de prises de risques. Elles prennent notamment le risque, si délicat, si dif-
ficile, de lutter sans compter contre le terrorisme. Mais ces opérations, aujourd’hui, ne bénéficient pas toujours d’un
soutien à la hauteur de la part de la communauté internationale.
Il existe un autre grand modèle d’opérations de paix en Afrique. Il s’agit des opérations de l’ONU. Ces opérations, elles,
ont le plein soutien de la communauté internationale, mais malheureusement pas toujours le mandat suffisant pour
prendre des risques et contrer pleinement les menaces.
Deux modèles d’opérations de paix, donc. L’un manque d’un appui ferme de la communauté internationale, l’autre
d’une capacité à agir suffisamment forte. Aujourd’hui, ces deux modèles ne se complètent pas, pas assez en tous cas.
Ce constat, vous le connaissez. Vous l’avez fait depuis bien longtemps. Je veux donc vous dire que la France en est plei-
nement consciente et qu’elle soutiendra l’idée africaine d’un nouveau modèle d’opérations africaines de paix.
Ce nouveau modèle pourra naître notamment d’une coopération plus forte entre l’Union africaine et les Nations-unies.
Elle trouvera sa force dans un financement plus prévisible.
Ces opérations africaines de paix accompagneront, donneront de l’ampleur à la réforme du maintien de la paix enga-
gée par le Secrétaire général de l’ONU. Elles sont un espoir inestimable pour la sécurité de l’Afrique. Elles sont une
opportunité pour donner un modèle, une voie à suivre pour des solutions efficaces à bien d’autres conflits partout dans
le monde. La France soutiendra l’initiative des pays africains de pousser une résolution sur ce sujet. Elle la soutiendra
avec force et détermination.
Mais voyons plus largement encore, et soutenons, comme la France le fera, la grande réforme des Opérations de
Maintien de la Paix aux Nations-unies. Cette réforme permettra des opérations mieux adaptées aux conflits comme aux
besoins des pays meurtris. Cette réforme permettra une action en amont, le plus en amont possible sur les foyers de
crise et de prévenir les conflits avant qu’ils ne rongent les États, les populations et les espoirs.
Elle doit donner un nouvel élan au multilatéralisme dans le traitement des crises africaines. Car, et c’est la dernière
conviction que je souhaiterais partager avec vous aujourd’hui, seul un multilatéralisme fort permet une réponse efficace
et durable aux crises. C’est la raison pour laquelle, que ce soit au Sahel, en RCA ou ailleurs, la France attache une impor-
tance toute particulière à la coordination de son action avec les autres acteurs qui y sont engagés : africains en premier
lieu, mais également européens et plus largement internationaux.
Les enjeux sont trop importants, nous ne pouvons pas nous permettre de faire cavalier seul. Je pense notamment à la
mobilisation de l’Union africaine en République Centrafricaine. Respectons-la, appuyons-la. Les violences intercommu-
nautaires régulières nous rappellent que les équilibres restent fragiles. Toute manipulation intéressée de puissances
opportunistes serait inepte, indigne ; apportons notre plein soutien à l’Union africaine pour préserver toutes les chances
d’un règlement rapide et pacifique de la crise.
Mesdames et messieurs,
Le Forum de Dakar est le forum de l’espoir. Il est le forum de l’audace. Il est le forum de l’union nécessaire qui construira
la paix et le développement.
Faisons vivre cet esprit, laissons-le animer nos initiatives et nos ambitions. Agissons ensemble et créons les conditions
pour la paix de l’Afrique aujourd’hui et demain.
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Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
Je vous adresse les chaleureuses salutations des Gambiens et vous remercie de m’avoir invité à participer au cinquième
Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité.
Cet événement important est tout à fait opportun ; il est un signe que l’Afrique a parcouru un long chemin au cours de
ces dernières années.
Heureusement, les guerres civiles, les conflits à grande échelle et les renversements de gouvernements démocratiques
par la violence sont moins nombreux, ce qui est un gage important de stabilité dans la région.
Après beaucoup d’efforts, les élections sont désormais considérées comme le seul moyen crédible de transférer le
pouvoir.
Malheureusement, la paix et la stabilité sont minées par le terrorisme, l’extrémisme radical, le commerce des armes
légères et de la drogue, les crimes transfrontaliers, la piraterie maritime et la traite des êtres humains, des événements
dont l’augmentation peut avoir de graves conséquences. Le chômage des jeunes et la pauvreté pavent la voie aux
terroristes et aux groupes criminels, des menaces qu’il faut prendre très au sérieux. On peut y ajouter les actes de
violence extrême, les migrations non maîtrisées et le détournement des informations avec les nouvelles technologies.
Face à ces fléaux, les limites institutionnelles et structurelles doivent être levées d’urgence pour trouver des solutions
durables. Pour cela, la priorité doit être donnée aux ressources éducatives, à la formation et aux capacités o
pérationnelles,
afin que les forces de l’ordre puissent lutter efficacement contre toutes les menaces à la sécurité.
Une vraie coexistence pacifique, une bonne gouvernance et l’amélioration du marché de l’emploi sont tous des
éléments qui contribuent à la paix et à la cohésion dans les pays membres. Par ailleurs, nos politiques économiques
doivent permettre d’absorber l’arrivée des jeunes sur le marché du travail, de leur garantir un revenu et de contribuer
ainsi à la paix et à la stabilité.
Au niveau national, il est essentiel d’élaborer des stratégies de croissance axées sur les secteurs les plus productifs,
d’encourager l’expansion du secteur informel par des projets à forte valeur ajoutée et de développer le commerce
extérieur. Cela représenterait une lueur d’espoir pour la main-d’œuvre non qualifiée et sous-qualifiée. Nous devons
cependant nous efforcer d’orienter en priorité l’investissement public vers le secteur de la production et d’aider les
petites entreprises à se développer. En Afrique, nous nous sommes engagés à « Faire taire les armes en 2020 ». Nous
ne parviendrons à cet objectif ambitieux qu’en travaillant ensemble. Le thème central de toutes nos discussions reste le
maintien de la paix au niveau régional, national et international.
Les priorités du plan de développement national de la Gambie pour 2021 se concentrent autour la croissance
économique, la transformation et le développement en insistant sur le maintien d’une paix et d’une sécurité durables.
À cet égard, notre société civile joue un rôle essentiel pour les réformes institutionnelles en faveur de la paix, et les ap-
proches centrées sur les populations seront toujours à la base de nos efforts dans ce domaine.
Afin de relancer l’économie, nous avons adopté avec succès des politiques et stratégies microéconomiques pour en-
courager les petites entreprises à emprunter et investir sans crainte.
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Les accords de partenariat économique déjà conclus confortent les espoirs de mon gouvernement de relancer la crois-
sance économique et le développement. Pour ne citer qu’un exemple, nous avons lancé un projet de responsabilisa-
tion de la jeunesse avec l’Union européenne. Ce projet vise à développer les compétences, créer des emplois pour les
jeunes et offrir des opportunités aux nouveaux entrepreneurs. Notre engagement en faveur de la démocratie, d’une
bonne gouvernance, de la croissance économique et du développement démontre qu’il s’agit de priorités essentielles.
Il est de notre devoir de rendre la justice et d’unifier la nation, et à ce titre la Commission de vérité et de réconciliation
récemment créée a commencé ses travaux.
Par ailleurs, nous avons entrepris la première phase d’un programme majeur de réforme du secteur de la sécurité et
sommes décidés à accélérer celui-ci dans les prochaines années. Je suis heureux d’annoncer que la Commission d’exa-
men de la Constitution a été lancée et qu’une consultation nationale aura lieu avant la publication de notre nouvelle
Constitution.
C’est un fait, le peuple gambien bénéficie désormais d’une liberté juridique et d’une indépendance qu’il n’avait pas
connues depuis plus de 20 ans.
En tant que Gambien, je connais par expérience toute l’importance de la solidarité régionale et internationale et des
actions de diplomatie préventive pour le maintien d’une paix durable.
Je suis convaincu que la revitalisation de notre économie nationale et la mise en œuvre des réformes nécessaires sont
des éléments cruciaux pour le développement et la paix en Afrique. Il me paraît important d’ajouter que des stratégies
nationales et régionales sont nécessaires pour lutter contre le crime organisé qui est un obstacle majeur à la paix et la
sécurité.
Je dois admettre que le soutien de nos partenaires a été essentiel pour stabiliser notre pays. Je tiens donc ici à leur
renouveler mes remerciements et je ne doute pas qu’ils continueront à nous apporter leur soutien matériel et moral. Je
reste très confiant sur notre capacité à atteindre notre objectif collectif de maintenir une paix et une sécurité durables,
mais cela doit aussi passer par une coordination plus efficace.
Pour conclure, je souhaite féliciter les organisateurs de ce forum et mon frère, le président Macky SALL, pour le succès
de cet événement.
Je le félicite par ailleurs chaleureusement pour son engagement envers l’Alliance Sahel, sa qualité de bon voisin et sa
volonté d’unité.
Profitons de cet événement pour nous engager collectivement en faveur d’une coexistence pacifique et de relations de
bon voisinage, afin de recevoir les dividendes de la paix, la sécurité et la stabilité.
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Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
Je souhaite la bienvenue à tous et à toutes, pour cette 5ème édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la
Sécurité en Afrique.
Je remercie en particulier mon frère, le Président Adama Barrow, pour l’amitié qu’il nous fait, en honorant ce Forum de
sa présence.
Suivant les conclusions du Sommet de l’Elysée de décembre 2013, nous nous retrouvons pour réfléchir ensemble sur les
questions de paix et de sécurité en Afrique, en relation avec le développement.
Je remercie tous les pays et Institutions partenaires, pour le soutien qu’ils continuent d’apporter au Forum de Dakar,
notamment le Japon, la France, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, la Chine, la Fondation Konrad Adenauer,
l’UEMOA, l’Inde et la Suisse.
C’est la preuve que la paix et la sécurité en Afrique restent au cœur de nos préoccupations communes.
Les menaces, directes ou indirectes, transcendent les frontières. Nous sommes tous exposés. Plus personne n’est
individuellement à l’abri ; et chaque pays est une cible potentielle.
Face aux menaces, la coopération entre États ne se pose plus comme un devoir de solidarité, mais bien comme un im-
pératif d’intérêt commun, dont la prise en charge conditionne tout ce qui reste, y compris les tâches de développement
économique et social.
La paix, la sécurité et la stabilité sont les préalables du développement. Et en retour, le développement fortifie les bases
de la paix, de la sécurité et de la stabilité. C’est ce lien que nous voulons mettre en évidence par le thème de cette 5ème
édition : « Paix et sécurité en Afrique : enjeux de stabilité et de développement durables ».
En dépit des progrès réalisés dans la pacification et la stabilisation du continent, nos défis restent importants ; qu’il
s’agisse du terrorisme ou d’autres formes de criminalités transfrontalières, notamment le trafic d’armes et d’êtres hu-
mains, par les réseaux de la migration clandestine.
Ces facteurs, ajoutés aux périls du changement climatique, de la sécheresse et de la désertification, rendent encore plus
vulnérables les stratégies de développement économique et social.
Face aux défis sécuritaires, notre premier devoir est de faire en sorte que nos États restent forts et résilients, à
la fois dans leurs capacités de dissuasion, de prévention et de réaction.
Nos États doivent rester forts et résilients, parce que quand l’État est affaibli, il perd sa fonction protectrice, la confiance
de ses populations et celle de ses partenaires.
De plus, tout ce qui fragilise l’État et ses institutions accroit les risques de rupture de la paix, freine le processus de
développement et met en péril la justice et les droits humains fondamentaux ; car, en définitive, les forces du mal, qui
attentent à la vie, prospèrent là ou l’État est défaillant.
Or, ne l’oublions pas, le premier droit fondamental de l’homme, c’est le droit à la vie. Il faut d’abord vivre pour
aspirer à la liberté, à la démocratie et au développement. Et dans une société organisée, dont les membres sont liés
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par le contrat social, seul l’État peut être garant de l’ordre et de la protection des personnes et des biens, qu’ils
soient nationaux ou étrangers.
C’est pourquoi, en Afrique, comme ça se fait ailleurs, l’État doit se donner les moyens d’assumer pleinement ses
prérogatives régaliennes, au premier rang desquelles la paix, la sécurité et la stabilité.
Face aux menaces, nos États sont tenus de s’équiper et de se doter de forces de défense et de sécurité suffisamment
formées et entrainées.
L’exercice de ces prérogatives peut être renforcé par la coopération et le partenariat. C’est l’essence même du forum
de Dakar. Mais cet exercice ne se délègue pas.
Face aux menaces, nous devons aussi poursuivre le combat pour l’éveil des consciences par l’éducation et la
formation.
Là aussi, l’État est interpellé, puisqu’il faut mobiliser les financements nécessaires à cette mission de service public.
C’était l’objet de la 3ème Conférence internationale de reconstitution des fonds du Partenariat Mondial pour l’Education
tenue à Dakar le 2 février dernier, co parrainée par le Sénégal et la France.
Des engagements à hauteur de 2,3 milliards de dollars pour un objectif de 3,1 milliards sur trois ans ont été e nregistrés.
Il est important que cet élan en faveur de l’école soit maintenu, parce que l’éducation et la formation rendent la j eunesse
plus difficile à manipuler et moins vulnérable aux idéologies extrémistes.
Mais ce combat engage aussi la famille. Par l’éducation à la culture de la paix, au respect de la diversité, la famille doit
contribuer à ériger les premiers remparts contre la manipulation des consciences.
Ensuite, il y a la problématique de la surveillance de l’internet et de la répression de certains de ses usages.
Elle mérite d’être posée sans détour, parce que la cybercriminalité est en passe de devenir une arme de destruction
massive des sociétés et des valeurs qu’elles portent. Des garde-fous s’imposent.
Je me réjouis, à cet égard, de l’inauguration, demain, à Dakar, de l’Ecole nationale de cybersécurité à vocation régionale,
fruit d’un partenariat franco sénégalais. Cette structure contribuera à la formation d’experts sénégalais et d’autres pays
africains à la prévention et à la répression de la cybercriminalité.
Mais à l’évidence, tous nos efforts seront vains sans un développement durable, inclusif et équitable.
La paix, la sécurité et la stabilité fleurissent dans le jardin de la justice sociale et de l’équité territoriale.
Une croissance sans justice sociale fait le lit de toutes les frustrations. Et les zones défavorisées, urbaines ou rurales,
deviennent des « déserts économiques », où ne poussent que la colère et les tentations les plus désespérées, y
compris l’émigration clandestine.
Dès lors, il y a urgence à développer des programmes spécifiques en faveur des jeunes et des zones déshéritées, pour
valoriser leur potentiel productif, développer le sentiment d’intégration sociale et minorer les flux migratoires illégaux.
Sous diverses formes, les pays africains sont engagés dans cette dynamique.
Nous soutenons en même temps la création de fermes familiales, de Domaines agricoles communautaires et de projets
dédiés aux jeunes et aux femmes, avec la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide.
J’invite l’Alliance pour le Sahel à appuyer ces initiatives locales des pays africains, suivant des procédures et mécanismes
simplifiés, répondant à l’urgence des situations.
Mesdames, Messieurs,
On parle souvent - trop souvent même - de l’Afrique qui ne marche pas : l’Afrique des conflits, de la faim, des maladies
et de la migration clandestine.
Nous sommes conscients de ces défis, même avec leur part d’exagération.
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Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
Mais pour soutenir la paix, la sécurité et le développement, parlons aussi plus souvent de l’Afrique qui marche.
De Mombassa à Dakar, du Caire au Cap, il y a une Afrique debout, qui marche, et dont les taux de croissance sont
régulièrement supérieurs à la moyenne mondiale.
Parlons de cette Afrique où les Gouvernements sont à la tâche ; où une jeunesse vibrante et créative innove, e ntreprend
et réussit ; où des millions de travailleurs, hommes et femmes, se lèvent tôt et se couchent tard pour nourrir, éduquer et
soigner leurs familles à la sueur de leur front ; où des hommes et des femmes d’affaires prospères investissent, créent
des emplois et de la richesse.
Parlons de cette Afrique qui réclame des contrats justes et équitables entre l’investisseur et le pays d’accueil ; qui
demande le payement de l’impôt là où la richesse est créée ; qui lutte pour la bonne gouvernance, contre l’évasion
fiscale et autres flux financiers illégaux, afin de mobiliser ses propres ressources pour le financement de son dévelop-
pement.
Parlons de cette Afrique qui aspire à passer du paradigme de l’aide à celui de partenariats mutuellement bénéfiques.
Comme nous l’avons fait l’année dernière à Abidjan, avec la première Conférence internationale sur l’émergence éco-
nomique en Afrique, nous parlerons de cette Afrique qui marche avec la 2ème édition de cette Conférence, du 17
au 19 janvier 2019 à Dakar.
Et plus tard, c’est la même Afrique qui recevra, ici au Sénégal, le 9ème Forum Mondial de l’Eau en 2021, et la toute pre-
mière manifestation olympique sur le continent, avec les Jeux Olympiques de la jeunesse de 2022.
Faisons le pari sur l’Afrique qui émerge, qui ne veut pas être considérée comme un continent du futur, selon une ex-
pression à la mode, mais comme partie prenante des dynamiques du présent qui modèlent le futur, parce que les
besoins d’investissement en Afrique représentent autant d’opportunités de croissance pour l’économie mondiale.
Je voudrais, pour conclure, exprimer notre solidarité à tous les pays victimes du terrorisme, en Afrique et ailleurs.
Partout, nous faisons face aux mêmes menaces.
Partout, nous ne devons pas céder.
Partout, nous ne devons pas laisser notre vie rythmée par les menaces et la peur.
Poursuivons nos efforts concertés face à nos défis communs.
Je déclare ouverte la 5ème édition du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique.
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PANEL
DES CHEFS D’ÉTAT
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PREMIERE DEMI-JOURNÉE
Lundi 5 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
Pierre BUYOYA
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel - UA
Bintou KEITA
Sous-Secrétaire générale aux opérations
de maintien de la paix - ONU
Adama BARROW
Président de la République - Gambie
Macky SALL
Président de la République - Sénégal
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Le panel est animé par :
Assane DIOP
Excellence, Mesdames et Messieurs, nous allons aborder à présent le deuxième volet de cette cérémonie d’ouverture
du cinquième forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
Eleni GIOKOS
C’est un honneur et plaisir que d’être avec vous pour le cinquième Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité. Je m
’appelle
Eleni Giokos, et je suis correspondante pour CNN.
Eleni GIOKOS
Mesdames et Messieurs, à l’occasion de ce Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité et comme cela a été mentionné
précédemment, l’adaptabilité, la stabilité et le développement seront des enjeux déterminants pour garantir la paix et
la sécurité sur le continent. Nous allons essayer d’expliquer les difficultés rencontrées sur le continent avec une crois-
sance économique fortement impactée par l’insécurité et les déplacements liés au changement climatique. Au cours
des 15 ateliers, et pour les 600 participants de ce forum, nous devons penser à ces enfants qui sont peut-être nés dans
une région instable, à ces femmes qui sont déplacées contre leur gré et ne peuvent participer au développement éco-
nomique du continent, et bien sûr à ces hommes entraînés dans cette insécurité que nous constatons, car tous ces sujets
nous paraissent être les plus importants pour nos discussions à venir.
Assane DIOP
Voilà et parmi les 600 participants à ces 15 ateliers et conférences plénières, nous aurons bien sûr des africains, des occi-
dentaux, des asiatiques, des personnalités expertes venues du Moyen-Orient, des experts issus du monde universitaire,
les membres d’organisations gouvernementales, institutions internationales, ou d’instituts de réflexion. Mais aussi des
cadres et chefs d’entreprises publiques et privées, sans oublier les 150 journalistes étrangers et sénégalais qui assurent
la couverture du forum.
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Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
Assane DIOP - Sans plus attendre, la toute première question pour le Président, Macky SALL, à propos
d’un aspect qu’il a abordé dans son discours introductif à propos de cet ambitieux programme b aptisé
« Alliance pour le Sahel », un mécanisme de développement ciblé, appuyé par la France, l’Union
européenne, l’Allemagne, la Banque Africaine de Développement, et qui vise à aider un certain
nombre de populations notamment la jeunesse, avec comme budget de départ 6,5 m illiards d’euros.
Je voudrais notamment savoir, Monsieur le Président, où en est l’exécution de cet ambitieux projet
baptisé « Alliance pour le Sahel » à caractère principalement civil et de développement ?
Merci Assane Diop. Je voudrais dire que l’ « Alliance pour puisque nous sommes convaincus que si notre voisinage
le Sahel » a été l’initiative de nos partenaires ; elle a été est sûr, que si notre voisinage réussit son développement
créée en juin 2017 par tous les pays que vous avez énoncés. évidemment c’est une réussite pour nous tous.
Je voudrais saluer une initiative qui donne une réponse
comme on l’a indiqué ce matin, vis-à-vis du développement Nous appuyons très fortement le soutien au G5 Sahel.
de la lutte contre l’insécurité et contre le terrorisme. D’abord sur le plan opérationnel comme Madame Parly
l’a dit tantôt, sur ses capacités opérationnelles, mais aussi
Evidemment, il faudra agir dans les milieux déshérités de et surtout, sur la question de développement puisque le
l’éducation, de la formation et aussi du soutien en faveur Sahel est, par définition, une zone vaste, semi-désertique
des femmes et des jeunes dans la création des activités gé- voir désertique, donc qui manque de tout et il est essentiel
nératrices de revenus. Je souligne et je salue ces initiatives. que le volet développement soit renforcé dans ces régions
Je précise que le Sénégal n’est pas encore membre de l’ « qui font aujourd’hui le lit de l’activité extrémiste et donc
Alliance pour le Sahel ». je ne peux que saluer cette initiative. Et j’insiste pour que
les engagements soient suivis d’effets. Souvent, on déclare
Évidemment, au départ il s’agissait d’accompagner les cinq également beaucoup de milliards mais au résultat, ce n’est
pays membres du G5 Sahel : la Mauritanie, le Mali, le Burkina pas évident.
Faso, le Niger et le Tchad et nous soutenons cette initiative,
Assane DIOP - Est-ce que l’ « Alliance pour le Sahel » est une nouvelle approche de la coopération
en matière de développement ?
Oui et non, oui dans le sens que les partenaires, tout suivre les mêmes efforts - sinon plus ! - dans l’éducation,
comme les pays engagés dans la lutte contre le terrorisme, dans l’agriculture, dans la gestion d’activités qui permet-
ont compris que la bataille, la réponse, n’est pas seulement tront aux populations de trouver leur bonheur, sans quoi
militaire. elles seront les premières victimes de ces mafias, qui basent
Si les gens sont dans l’extrême pauvreté, dans le dénuement énormément leur revenus sur l’émigration clandestine, véri-
et sans travail, il est clair qu’ils seront une proie facile pour table trafic d’êtres humains.
les mouvements extrémistes. Il faut donc se battre pour
mettre à niveau les forces de défense et de sécurité, pour Il faut donc donner une réponse multiple, à la fois pour le
les équiper et les entraîner, mais il faut également pour- développement et pour la sécurité.
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Eleni GIOKOS - La prochaine question s’adresse à Madame la Ministre PARLY.
Le G5 peut-il exercer son contrôle sur la région du Sahel ? Je sais que vous avez mentionné dans
votre déclaration préliminaire que les troupes des Nations-unies, et même parfois d’autres troupes
internationales, font l’objet de nombreuses contraintes relatives à ce qu’elles peuvent ou ne peuvent
faire.
Pensez-vous qu’il est de la responsabilité des pays africains de la région de reprendre le contrôle de
ces opérations ?
Florence PARLY,
Ministre des Armées,
France
Merci beaucoup pour cette question qui, évidemment, est été faites à hauteur de plus de 400 millions d’euros et ces
très complémentaire de la précédente. promesses de financement sont maintenant le défi que
nous avons collectivement à surmonter. C’est celui de leur
D’abord, je voudrais dire devant cette assemblée que la transformation concrète en dons. C’est ce à quoi nous nous
lutte contre le terrorisme est une lutte de tous les instants et employons jour après jour avec un certain nombre d’autres
que nous ne pouvons pas être dans la demi-mesure. Il faut pays qui nous ont suivi.
donc saluer tout particulièrement l’initiative qui a été prise
en février 2017 par les pays du G5 Sahel de littéralement C’est vraiment l’urgence que cette aide se matérialise. Par-
prendre en charge leur sécurité. Je disais tout à l’heure mi les idées fausses, il y a l’idée que cette force n’est pas
dans mon discours introductif que la paix a ppartient aux opérationnelle tant qu’elle n’est pas équipée. Cette idée
Africains. La paix de l’Afrique appartient aux Africains. La est vraiment fausse. Pourquoi ? Parce que l’on voit bien
sécurité de l’Afrique est aussi entre les mains des A fricains d’abord que cette force est d’ores-et-déjà composée de
et en particulier, dans cette région qui est d
évastée par le 4000 hommes. C’est considérable. Cette force engrange
terrorisme. Parce que le terrorisme, comme le Président d’ores-et-déjà des résultats.
Macky Sall l’a rappelé il y a un instant, c’est d’abord des Pardonnez-moi ce paradoxe mais le fait qu’elle ait été
populations qui sont soumises, soumises à la terreur, comme attaquée prouve combien elle dérange ceux contre lesquels
son nom l’indique. Plus on est pauvre, plus on est démuni, elle est dirigée. Je voudrais saluer les succès, notamment au
plus on devient une proie facile pour ces personnes qui ne mois de juillet, après une attaque terrible qui est survenue
connaissent pas les frontières. contre le PC de Sevaré, des deux opérations qui ont été
très efficaces.
Il faut donc saluer cette initiative remarquable qui a été prise Je voudrais appeler chacun à un peu d’humilité et je le
par les pays du G5 et qui a tenu compte d’une réalité très dis en tant que membre de l’Alliance atlantique. Combien
concrète, très pratique, qui est l’absence de frontières pour d’années a-t-il fallu aux alliés du traité de l’Atlantique Nord
les terroristes et donc l’on ne peut pas lutter e fficacement pour réussir à réaliser des opérations interarmées ?
contre le terrorisme si les forces de sécurité et les armées
de chacun des pays concernés par ce mal terrible, devaient Je voudrais au contraire saluer les succès qui ont été en-
s’arrêter au niveau de chacune des frontières. grangés depuis 18 mois parce que c’est un véritable défi
auquel les armées de ces cinq pays ont été confrontées. Je
La France a salué, encouragé, et soutenu cette initiative. voudrais vraiment leur dire combien nous sommes admira-
D’abord en prodiguant autant qu’il est possible, des tifs de ce qui a d’ores-et-déjà été réalisé.
conseils pour la constitution de cette force conjointe. Nous
l’avons accompagné dès son lancement et nous avons La France continuera avec la force Barkhane, aux côtés de
considéré qu’il était de la première importance que cette ces armées des pays du G5, aux côtés de la force conjointe
force conjointe puisse être équipée. Car comment lutter et aux côtés des opérations du maintien de la paix, de la
face à des ennemis tels que les terroristes si les armées des MINUSMA qui joue un rôle si important pour la stabilisation
pays concernés ne sont pas équipées ? de la région.
C’est pour cela que nous avons pris par la main un certain
nombre de nos partenaires qui ont bien voulu nous accom-
pagner et nous suivre. Des promesses de financement ont
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Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
Assane DIOP - Merci beaucoup, rappelons effectivement que cette force du G5 Sahel est toujours
une force en devenir.
Je voudrais juste faire réagir Monsieur Pierre Buyoya, Représentant spécial pour le Sahel et le Mali.
Quelle est la position de l’Union africaine concernant ce projet de force commune africaine ?
Pierre BUYOYA,
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel,
UA
Merci, je voudrais d’abord comme je prends la parole pour faire des Africains». On le sait depuis bien longtemps. Si
la première fois, remercier le Président, Macky Sall, pour vous regardez les textes qui gouvernent l’Union africaine,
avoir associé l’Union africaine à ce débat et je voudrais l’OUA d’abord, l’Union africaine ensuite, la préoccupation
le féliciter pour l’organisation de cette cinquième édition majeure est la paix et la sécurité. Elles sont considérées
du forum de Dakar. Le forum de Dakar qui est devenu un comme un préalable pour les autres objectifs, entre autres,
rendez-vous incontournable pour tous ceux qui veulent
le développement économique.
s’imprégner des réalités actuelles en matière de paix et de
sécurité sur le continent. L’Union africaine appuie fortement cette force. L’Union
africaine appuie cette force en particulier à travers une
Maintenant revenons à notre question. D’abord, je voudrais forte plaidoirie au Conseil de sécurité et auprès de tous
indiquer que la force conjointe du G5 Sahel est une force ré- les partenaires. L’Union africaine est là aussi pour continuer
gionale mais autorisée par l’Union africaine. Une r ésolution à réfléchir sur comment rationaliser cette force, et surtout
de l’Union africaine l’autorise et a demandé au Conseil de nous continuons à dire à haute voix à la communauté inter-
sécurité des Nations-unies qu’il puisse soutenir cette force. nationale que cette force mérite d’être soutenue. Surtout si
nous savons que c’est une force dont le premier objectif est
Je crois que le bien-fondé de cette force est évident. On la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme est une menace
a constaté que la présence de Barkhane, la présence de la globale.
MINUSMA, ne suffisaient pas pour arrêter la détérioration
continue de la sécurité au Sahel, en particulier au nord du Dans ces conditions, il n’est pas normal de laisser les
Mali et des pays avoisinants. En février 2017, face à cette cinq pauvres pays du Sahel, tous seuls, confrontés à cette
situation les chefs d’État des cinq pays ont pris leurs res- menace au Sahel, alors que l’on voit qu’il y a des coalitions
ponsabilités. Cela va dans la droite ligne de ce que Ma- internationales en Syrie, en Irak... Je pense qu’il faudrait
dame Parly disait : «la sécurité de l’Afrique est d’abord l’af- une certaine cohérence de la communauté internationale.
27
Eleni GIOKOS - Monsieur le Président Barrow, j’aimerais vous poser la question suivante.
Nous continuons à parler de développement mais, dans les régions instables du continent, celui-ci
n’est pas possible en l’absence de paix et de sécurité.
En tant que nouveau président de la Gambie, vous avez insisté sur la nécessité d’avoir des institutions
solides pour initier le changement dans le pays.
Quels exemples pouvez-vous nous donner qui pourraient servir dans les autres régions du Sahel ?
La prospérité économique censée découler des changements dans tous ces pays va-t-elle concerner
toutes les couches de la population ?
Pour que tout soit clair, je voulais préciser que j’ai été invité perdrons tous nos combats si nous oublions ce principe.
pour parler de la sécurité et de la paix. Nous pouvons éclairer nos populations en leur fournis-
Mais je suis heureux que vous me posiez cette question sur sant une éducation civique, ce qui contribuera fortement
le développement. à la stabilité de nos pays. Mais une fois cette stabilisation
obtenue, nous devons faire croître notre économie et cela
Le fait est que vous ne pouvez pas développer votre n’est pas possible si nous n’avons pas des institutions so-
pays sans sécurité ni stabilité. Je pense que c’est clair : lides.
développement rime avec stabilité. C’est un engagement Si vous regardez chaque pays, ce n’est ni le président ni les
qui doit concerner tout le monde. Nous devons nous hommes forts qui sont le plus importants, mais les institu-
rassembler et être unis pour parvenir à stabiliser nos pays. tions.
D’autres pays peuvent aider l’Afrique, mais c’est le peuple Si vous avez des institutions solides, il vous est beaucoup
africain qui détient l’ultime responsabilité. plus facile de développer votre pays. Et celles-ci vont de
Je pense que la meilleure option actuelle est de favoriser pair avec l’éducation
l’éducation et les compétences des populations. Nous
Eleni GIOKOS - Pour poursuivre sur cette question, si l’on s’intéresse à ces pays qui ne disposent pas
de fortes institutions, on constate qu’une grande partie de la population est exclue, à moins d’oppor-
tunités et ne bénéficie pas du droit à l’éducation. Cette situation concerne de vastes et nombreuses
régions du continent.
Comment pensez-vous qu’on devrait résoudre ce problème particulier ?
Si les individus ont le sentiment qu’ils sont pris en compte et inclus, cela changera peut-être la donne ?
Oui, nous devons éduquer notre population et nous assurer commune et sérieuse. Mais cela ne sera pas immédiat, car
qu’elle approuve notre démarche, et qu’elle ait le s entiment nous faisons encore face à de nombreux conflits.
d’être considérée et sache que notre objectif est de garantir
la sécurité sur notre continent. En revanche, nous avons la chance d’avoir une Afrique
Je crois que dans ce domaine, nous devons travailler très démocratique et des dirigeants qui raisonnent de la même
dur en associant nos efforts à ceux des pays voisins. manière.
Nous obtiendrons des résultats si nous avons une démarche
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Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
Assane DIOP - Je me tourne à présent vers vous Madame Bintou Keita : Vous occupez les fonctions
du numéro 2 du Département des Opérations de Maintien de la Paix des Nations-unies, une division
qui concentre la majorité de ces milliers de casques bleus surtout en Afrique, la RDC, le Mali, la RCA.
Alors que l’ONU subit d’importantes restrictions budgétaires, comment pensez-vous continuez à
mener de front vos Opérations de Maintien de la Paix dans de bonnes conditions ?
Est-ce que vous allez les réformer pour les adapter à cette situation ?
Comment mener de front à la fois les Opérations de Maintien de la Paix et aussi les opérations de
reconstruction post-crise ?
Bintou KEITA,
Sous-Secrétaire générale aux Opérations de Maintien de la Paix,
ONU
Je voudrais, tout d’abord, remercier le Président Macky Sall, stratégiques des Opérations de Maintien de la Paix et
en particulier, pour avoir invité les Nations-unies à se joindre particulièrement celles qui ont trait au continent, en parti-
à ce débat, mais aussi pour la qualité de toute l’organisa- culier notre continent. Dans chacune de ces revues straté-
tion et la représentativité dans cette salle, puisque il y a un giques, il y a eu une revue des gestionnaires d’équipe qui
mot qui a été prononcé et qui, je pense, est fondamental ont été indépendants et qui ont revu comment nous pou-
en matière de paix et de sécurité et de développement sur vons améliorer l’efficacité de chacune de nos Opérations
le continent, c’est une « action collective ». Une action col- de Maintien de la Paix en regardant la manière dont on est
lective qui demande à chacune des parties prenantes d’être situé sur le territoire, dans l’ensemble du territoire national
au rendez-vous et pour être au rendez-vous, je veux insister dans les différents pays.
sur deux cadres sur lesquels le système des Nations-unies,
dans son ensemble, a signé avec l’Union africaine. L’un de Mais aussi en regardant comment la combinaison des
ces cadres concerne le pilier « paix et sécurité ». Mais il y a hommes en uniforme et du personnel civil peut être revue et
aussi un autre cadre qui est le cadre du « développement ajustée avec les dimensions logistiques qui sont associées à
». Tout cela pour montrer qu’il y a bien une interface et une ces questions. Au-delà des revues stratégiques, il y a toute
relation entre le pilier « paix et sécurité » et le pilier « déve- la question de la réforme qui a aussi et encore une fois été
loppement ». approuvée par les comités budgétaires et l’ Assemblée
générale et qui, très clairement, indique que pour arriver à
Pour cela, par rapport à la question que vous avez posé, gérer au mieux les Opérations de Maintien de la Paix, il faut
il est très important de dire que oui, il y a des restrictions que l’ensemble des États membres, parce que nous sommes
et des coupures budgétaires mais probablement il est tous des membres des Nations-unies ici, l’ensemble des
important de se rappeler que les Opérations de Maintien États membres se remobilise sur la dimension « maintien
de la Paix sont d’abord des outils au service de solutions de la paix ». Nous avons actuellement 14 opérations dont
politiques. sept les plus larges sur le continent Africain. Par rapport à
cela, la question de revisiter les modèles dont il a été fait
Dans ce contexte, c’est un outil parmi d’autres que mention pendant les discours introductifs, il faut faire la part
l’ensemble de la collectivité doit mettre en place. Le
des choses entre les missions d’imposition de la paix vis-à-
cheminement qui a commencé bien avant l’administration vis des Opérations de Maintien de la Paix.
que vous avez mentionnée a été une décision du S
ecrétaire
général des Nations-unies d’avoir des revues, huit revues
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Assane DIOP - Repenser cette philosophie des Opérations de Maintien de la Paix ne revient pas à
l’idée que les armées africaines devraient assurer elle-même la sécurité dans leur propre pays avec
l’aide, des Missions de Maintien de la Paix par les Nations-unies, et c’est ce qui a été réclamée par un
certain nombre de pays de la force du G5 Sahel ?
Bintou KEITA,
Sous-Secrétaire générale aux Opérations de Maintien de la Paix,
ONU
Tout à fait, comme cela a été mentionné, le Secré- des modèles qui existent comme pour l’AMISOM.
taire général des Nations-unies a été très clair sur sa Pour l’instant, le Conseil de sécurité est divisé. Le Conseil
proposition au Conseil de sécurité. Sa proposition est de de sécurité n’a pas approuvé la proposition et la recom-
soutenir l’initiative de l’Union africaine pour les opérations mandation du Secrétaire général. Sous l’impulsion de plu-
d’imposition de la paix et pas de maintien de la paix, je sieurs États membres du Conseil de sécurité et de l’Union
tiens à le préciser. africaine de façon régulière, le plaidoyer continue et nous
espérons, qu’à un moment donné, le plaidoyer va donner
En ce qui concerne l’Union africaine, le Conseil de Paix et des résultats et que nous aurons effectivement des opéra-
de Sécurité de l’Union africaine, pour les opérations qui tions initiées par l’Union africaine et qui seront soutenues
serait mandatées, a proposé au Conseil d’avoir des sou- par des contributions obligatoires.
tiens sous la forme de contributions obligatoires en utilisant
Eleni GIOKOS - M. Buyoya, à l’heure où nous parlons, l’Afrique renforce ses investissements avec la
signature cette année de l’accord sur la zone de libre-échange continentale. Nous cherchons à faire
prospérer le continent africain, mais dans le même temps les jeunes représentent une grande menace
car ils sont sans emploi. Nous savons que Paul Kagamé va proposer un plan de réformes pour l’UA et
que vous allez vous y intéresser fortement avec l’UE, notamment vis-à-vis des problèmes d’insécurité
sociale. Dans le même temps, vous nous avez parlé aussi de cette grande ambition de « Faire taire
les armes ». Pouvez-vous nous donner votre avis sur l’ambivalence que l’on constate entre d’une part
la prospérité attendue et les informations positives liées à ce travail collectif sur le continent africain
et d’autre part les difficultés que nous observons et auxquelles doit faire face l’Union africaine pour
lutter contre l’insécurité ?
Pierre BUYOYA,
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel,
UA
Il faudrait d’abord cesser de considérer que la jeunesse afri- cela, un certain nombre de préalables, les gens l’ont dit et
caine est un risque. Je crois que la jeunesse africaine est répété. Je pense que nous avons parlé du développement,
une opportunité. mais avant je veux parler de gouvernance.
Il faudrait faire en sorte qu’il y ait une opportunité. Il y a Si l’on regarde l’ensemble des phénomènes d’insécurité
deux ans je crois, l’UA avait fait du thème de la jeunesse, le qu’il y a sur le continent, beaucoup d’insécurité a à faire
dividende démographique, comme une opportunité pour avec les problèmes de gouvernance. Nous sommes donc
l’Afrique. Alors je crois que d’abord philosophiquement, il interpellé pour consolider l’État de droit, renforcer les droits
faudrait abandonner cette approche. C’est vrai l’Afrique est de l’homme et l’inclusion. Faire en sorte qu’il n’y ait pas de
un continent avec une démographie et une jeunesse nom- populations qui soient laissées sur le bord du chemin, les
breuses. hommes, les femmes et les autres.
Mais sous d’autres cieux, il a été démontré que cela serait Dans ces conditions, je pense que nous pourrons alors tra-
un facteur de progrès avant d’être un facteur de déstabilisa- vailler sur le développement. Ce n’est pas une chose que
tion. C’est ce que nous devons essayer de faire. Alors pour l’on peut changer du jour au lendemain, il faut un effort
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Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
soutenu, les programmes de l’Union africaine, l’Agenda travailler sur les vraies questions qui empêchent le pro-
2063, son plan décennal mais aussi les plans de dévelop- grès, en commençant par la gouvernance, le développe-
pement dans un certain nombre de pays, et certains où le ment mais aussi le renforcement des États comme il a été
développement est en marche. dit. Faire face à ces problèmes d’insécurité, là où ils appa-
Le Président Macky Sall a parlé de l’Afrique qui gagne, qui raissent.
évolue. Je crois qu’il faut que nous soyons interpellés pour
Assane DIOP - Une question complémentaire pour faire rebondir le Président Macky SALL à ce que
vous venez de dire. On sait que beaucoup de jeunes sont la proie de groupes terroristes, beaucoup
de jeunes sont la proie de groupes armés avec le phénomène d’enfants-soldats, de groupes rebelles,
etc… Beaucoup de jeunes prennent des risques considérables sur les chemins migratoires, ce sont
là des réalités. Est ce que dans le cadre de ces réformes, Monsieur le Président Macky SALL, l’Union
africaine se préoccupe véritablement de ce problème de la jeunesse ?
L’Union africaine a engagé le combat pour l’Afrique qui, l’éducation, la santé et la formation. Ce n’est pas encore to-
certes, parle d’unité de l’Afrique. Madame Parly a dit une talement le cas mais nous avons appelé les uns et les autres
chose essentielle tout à l’heure : appeler à l’humilité, à la à respecter les directives de l’Union a fricaine en la matière,
compréhension. au moins attendre 20 % des ressources budgétaires pour
l’éducation et la formation.
Nos États sont sortis de la colonisation, pour certains il y a
à peine 20 ans, d’autres, les plus anciens, il y a 60 ans. Avec Si nous formons cette jeunesse africaine, au contraire,
une diversité sur ce continent de 30 millions de kilomètres l’Afrique va être pourvoyeuse de qualifications, de compé-
carrés et 55 pays. Il faut donc noter l’effort qui est fait de tences, et c’est comme cela qu’il faut voir le sujet. Donc il
l’OUA puis l’UA, sur l’unité de l’Afrique, la définition d’une y a, à l’échelle régionale et sous régionale, des politiques
politique commune, d’un marché commun qui vient de su- qui sont mises en place par les États, par les communau-
bir un pas décisif, la défense commune, la mise en place tés économiques régionales, la CEDEAO, la SADC et les
d’une force de réaction rapide, l’éducation, les sciences. autres. Et il y a l’Union africaine qui harmonise aussi. Sur la
Je me réjouis d’avoir été choisi par mes pairs pour être le question du dividende démographique, et sur la question
champion sur l’éducation en Afrique avec l’enseignement de la formation, l’UA est en train de réaliser une conver-
des sciences. gence continentale. Je pense que c’est cette perspective
Avant-hier, s’était tenu au Malawi un sommet sur ces qu’il faut voir. Nécessairement cela se fera dans le temps.
questions. Il est question de trouver un avenir pour cette D’ailleurs sur les conflits, je pense que l’Afrique a marqué
jeunesse africaine qui n’est pas nombreuse. Si vous des progrès remarquables. Sur les 55 pays, aujourd’hui sans
rapportez la population à la superficie du continent, vous parler du terrorisme, il y a peu de conflits : le Sud Soudan,
vous rendez compte qu’il n’y a pas de péril. Le péril s erait la Somalie, l’Érythrée...
là, si nous ne faisons rien pour former cette jeunesse, lui D’ailleurs, entre l’Érythrée et l’Éthiopie, il y a une perspec-
donner une perspective d’avenir. C’est pourquoi sur la tive heureuse. Nous avons plutôt ces forces du mal qui dés-
question de la révolution numérique, l’Afrique a à gagner tabilisent et c’est là où il faut neutraliser et donc permettre
dans le cadre de la préparation de sa jeunesse. Nous avons à l’Afrique de véritablement engager sa bataille pour le dé-
raté certains rendez-vous historiques comme la révolution veloppement et nous restons confiants quant à l’avenir du
industrielle. Mais concernant la révolution numérique, je continent et à l’avenir de sa jeunesse.
crois que l’Afrique va combattre à armes égales avec les
autres parties du monde.
Nous avons une jeunesse intelligente, il faudrait que les États
continuent à mettre des ressources, assez de ressources, sur
31
Eleni GIOKOS - Madame la Ministre PARLY, j’aimerais que nous quittions la région du Sahel quelques
instants et que nous parlions de la République centrafricaine.
Ce pays est en crise depuis déjà un moment, et nous savons qu’une grande partie du territoire est
encore sous la coupe de groupes armés en dépit de la présence de troupes de l’ONU. Les troubles
passés continuent à diviser les acteurs politiques.
La France est un partenaire historique de la République centrafricaine. Que pensez-vous du rôle im-
portant que joue la France dans la recherche d’une solution pérenne ?
Doit-elle envisager d’autres partenaires, comme la Russie ?
Florence PARLY,
Ministre des Armées,
France
Merci de cette précision finale, et merci beaucoup de cette caines dans l’ensemble du pays, en particulier en province.
question.
Je voudrais vous redire, et ce sont mes convictions, que ce
Vous avez raison, le partenariat entre la France et la Répu- que nous voulons ici comme ailleurs, c’est aider les pays qui
blique Centrafricaine est un partenariat ancien, c’est un en ont besoin à assumer seuls, leur sécurité.
partenariat solide. Il nous a amené, lors d’une période très
difficile pour ce pays, à intervenir à sa demande pour préve- S’agissant de la République centrafricaine, il me semble
nir un embrasement catastrophique et je voudrais rappeler indispensable de pouvoir équiper les forces armées. Nous
ici que l’engagement de la France dans l’opération Sanga- leur donnons régulièrement du matériel. Nous l’avons fait
ris est un engagement durable qui a été un succès. encore récemment, en juillet dernier, avec 17 poids-lourds
militaires qui ont été transférés en RCA et nous allons conti-
Alors après ce succès, il faut néanmoins rester très vigilant nuer à essayer de le faire comme le Ministre de l’Europe
car les violences intercommunautaires et intracommunau- et des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian l’a annoncé
taires sont restées régulières et donc les équilibres sont res- récemment, puisque nous allons équiper de 400 fusils d’as-
tés très fragiles. saut les forces centrafricaines et nous allons livrer ces équi-
pements très prochainement.
Nous avons toujours quelques dizaines de soldats qui sont
déployés sur place et ce dispositif est fait pour permettre Mais je voudrais insister sur un point qui me paraît fon-
de répondre et de réagir en cas de besoin au plus vite. damental, c’est le fait que lorsque des armes sont livrées
Nous sommes avec d’autres extrêmement préoccupés par aux forces centrafricaines, elles le sont conformément aux
la situation et nous pensons que pour améliorer la situation règles et sanctions de l’ONU et je pense qu’il est important
sécuritaire en RCA, il faut d’abord reconstruire l’armée cen- d’insister sur ce point parce que tous les efforts internatio-
trafricaine et réformer les services de sécurité. Pour ce qui naux sont les bienvenus pour sécuriser la République Cen-
nous concerne, nous y participons, je l’ai dit. Dans un cadre trafricaine.
bilatéral mais aussi dans un cadre multilatéral puisque Mais il faut que cela soit fait dans le respect des résolu-
l’EUTM est constitué d’un certain nombre de pays. tions des Nations-unies et que cela soit fait dans le respect,
comme je l’ai indiqué tout à l’heure, de la médiation de
Nous sommes, nous, la France, premier contributeur aux l’Union africaine.
missions européennes de formation en RCA. La deuxième
condition, c’est naturellement le désarmement des milices, Toutes les autres initiatives, qui sont des initiatives, pardon-
car ce sont ces milices qui entretiennent l’insécurité au sein nez moi de le dire, opportunistes et souvent intéressées, ne
du pays. La troisième condition est que les missions des me paraissent pas contribuer à résoudre de façon positive
Nations-unies, à travers la MINUSCA, permet en effet de, à la situation sécuritaire dans ce pays.
la fois, sécuriser les populations donc qu’elle soit renforcée,
mais aide également au redéploiement des forces centrafri-
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Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
Assane DIOP - Madame Keita, je vais vous faire rebondir donc sur la situation qui prévaut en
Centrafrique. 75 % du territoire est encore aux mains des groupes armés. La crise date de 2013. Cinq
ans après, la problématique reste presque entière. On sait que 25 % de la population centrafricaine
aujourd’hui dépend de l’aide humanitaire des Nations-unies. Les Nations-unies ont des difficultés à
réunir des fonds pour assurer cette aide, et voilà qu’apparait donc dans le jeu sécuritaire centrafricain,
la Russie, avec tout de même des intentions, avec beaucoup d’arrière-pensées. On évoque même la
présence des militaires, voire de mercenaires. Quelle est la position de l’ONU sur cette présence de
la Russie en Centrafrique ? Est-ce que cela ne risque pas de saper le processus de paix ?
Bintou KEITA,
Sous-Secrétaire générale aux Opérations de Maintien de la Paix,
ONU
Permettez-moi de ne pas répondre à la question qui de sécurité est bienvenu au partenariat comme l’a dit la Mi-
concerne les intentions puisque dans le contexte de la nistre des armées.
Mission de la MINUSCA, les interventions de certains États
membres le sont conformément au mandat du Conseil de Alors, la position des Nations-unies, la position du Secré-
sécurité. La MINUSCA a un mandat d’accompagnement tariat et du Secrétaire général, a été à maintes reprises ré-
par rapport à ces questions, la dimension qui a été réfé- pétée. Les Nations-unies soutiennent l’initiative africaine
rée ici, qui est celle de s’assurer que les sanctions sur la en Centrafrique. Il faut davantage renforcer cette initiative
circulation des armes est bien respectée, le contrôle des en s’assurant que l’État centrafricain est aussi en appui de
armes et des munitions est aussi demandé et exigé par le cette initiative africaine comme étant le seul élément en
Conseil de sécurité. Tout cela est fait dans un contexte où phase avec une solution durable.
la mission joue son rôle et chaque État membre du Conseil
Eleni GIOKOS - Monsieur Buyoya, j’aimerais que vous commentiez à ce sujet. J’aimerais avoir votre
point de vue et savoir si l’UA accueillait toute l’aide internationale, de toutes forces différentes, même
celles de Russie.
J’aimerais également parler des manques du Mali. Nous savons que l’ONU a connu beaucoup de
problèmes dans ce pays. En fait, la plus grosse perte de toutes les opérations de maintien de la paix
en 2017.
Quel est la position de l’UA à ce sujet, et voyez-vous la «lumière» au bout du tunnel pour le Mali?
Pierre BUYOYA,
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel,
UA
Je voudrais commencer par la Centrafrique. D’abord ment complexes qu’aucune organisation si forte soit-elle ne
l’initiative africaine en Centrafrique, qu’est ce ? C’est
peut les assumer toute seule. C’est pour cela que l’Union
un processus de médiation et une tentative de mettre africaine a développé un partenariat avec les Nations-unies.
ensemble les acteurs politiques centrafricains pour conclure Madame Keita a déjà parlé du Partenariat stratégique au
à la paix. Je voudrais préciser que cette initiative est aus- niveau du développement, au niveau des questions de paix
si une œuvre collective. L’Union africaine ne fait pas cela de sécurité. Mais aussi un partenariat avec la communauté
toute seule, nous travaillons étroitement avec les pays de la économique régionale. Les partenariats ne s’arrêtent pas
région. Nous travaillons étroitement avec les Nations-unies là, l’Union africaine continue à chercher dans le monde
et nous travaillons avec tous les autres partenaires engagés d’autres partenaires pour la soutenir dans ses efforts de
en Centrafrique et cela est une première précision. maintenir la paix et la sécurité sans exclusion.
Deuxièmement, dans l’approche de l’Union africaine des L’Union africaine est aussi l’union des états, et chaque État
questions de paix et de sécurité, ces questions sont telle- a aussi le droit de demander assistance à qui peut l’assister.
33
Bien sûr, dans le respect des règles internationales. Pour Je pense que l’on essaie de faire la paix dans un contexte
nous, si la Russie aide la Centrafrique, ce n’est pas une nouveau et ici, j’adhère complètement à l’appel du Pré-
hérésie. Il faut voir seulement si cela se fait dans le cadre sident Macky SALL, de dire qu’il faut repenser tout cela et
des règles internationales. voir comment s’adapter à des contextes nouveaux. C’est
seulement comme cela que nous aurons des progrès.
Concernant le Mali, je pense que le Président Macky Sall
y a fait référence, c’est une situation où l’on voit que les Le Président Macky SALL a parlé de l’Afrique qui gagne, qui
opérations de maintien de paix classiques ont des limites. évolue, je crois qu’il faut que nous soyons interpellé pour
C’est normal parce que c’est un contexte nouveau que travailler sur les vraies questions qui empêchent le progrès,
l’on n’a pas connu. Les Opérations de Maintien de la Paix en commençant par la gouvernance, le d éveloppement
classiques que l’on a connues depuis la fin de la deuxième mais aussi le renforcement des États comme il a été dit. Faire
guerre mondiale, sont des forces d’interposition entre des face à ces problèmes d’insécurité, là où ils apparaissent.
parties qui ont décidé de faire la guerre. Aujourd’hui, on
demande à la MINUSMA de travailler dans un contexte où
il n’y a pas la paix, où il y a du terrorisme. C’est le problème
de l’inadaptation de ces opérations à la situation actuelle.
Assane DIOP - Nous approchons de la fin de ce débat. Le temps pour chaque intervenant de conclure
mais avec une question tout de même.
Ce cinquième forum international de Dakar sur la paix et la sécurité met l’accent sur le rôle de la société
civile, sur le rôle des organisations humanitaires. Comment voyez-vous l’impulsion, le d éveloppement
de ce rôle dans le cadre de la reconstruction post-crise, et dans le règlement des crises que traversent
un certain nombre de nos pays ?
Je vous remercie beaucoup pour cette question qui touche qui a trouvé une solution africaine. Je pense que cela
à la société civile. démontre que l’Afrique peut surmonter les obstacles.
La société civile est très importante et doit pouvoir e xprimer Nous avons besoin du soutien de tous. Par exemple, sur
son opinion de manière indépendante ; cela doit être le phénomène de l’immigration illégale, de nombreux pays
favorisé par le gouvernement au moyen de négociations. sont concernés. Lorsque l’UE m’interroge sur cette q
uestion,
Ces négociations doivent servir de cadre pour que la je réponds que nous devons travailler de manière collective
société civile et le gouvernement travaillent ensemble et en fonction du contexte et en identifiant correctement le
communiquent entre eux. problème pour pouvoir le résoudre.
Dans chaque pays, pour chaque problème, il existe une
solution mais elle passe par la communication et il est
Mais je crois que le plus gros problème en Afrique réside
du devoir de chacun de la favoriser. Je veux aujourd’hui dans la création d’emplois. Les populations ne doivent pas
bousculer le peuple africain et je le fais en tant qu’Africain : être vulnérables, car c’est dans ces moments-là qu’elles
nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas les c apacités tombent entre les mains d’individus qui veulent les
requises. Nous avons le potentiel et nous sommes instruits. endoctriner.
Nous devons donc remplir notre mission, travailler très dur
Nous devons utiliser ce potentiel pour faire en sorte que pour changer les mentalités et faire en sorte que l’Afrique
l’Afrique résolve ses problèmes. Si nous prenons l’exemple prospère et développe son économie.
de la Gambie qui connaissait une impasse politique au ni-
veau du gouvernement, il s’agissait d’un problème africain
34
Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
Florence PARLY,
Ministre des Armées,
France
Je voudrais dire combien je pense que la société civile a de conditions de vie décentes mais aussi un gros effort sur
un rôle très évident à jouer. Mais avant que la société civile l’éducation. Le Président Macky Sall a rappelé combien cet
ne puisse jouer son rôle, il y a un devoir des États de créer effort en faveur de l’éducation était absolument fondamen-
les conditions pour permettre à la société civile de jouer ce tal pour permettre l’émergence d’une société civile.
rôle. Déjà, dans un certain nombre de pays, on voit cette Afrique
Nous l’avons dit pendant toute cette matinée, la première qui gagne, qui réussit. Je pense que le terrorisme se nourrit
responsabilité des États est d’abord d’assurer la sécurité. de la misère et c’est donc de notre responsabilité collective
Rien n’est possible sans la sécurité. La deuxième respon- que de contribuer à lutter contre le terrorisme, à faciliter le
sabilité de États est de créer les conditions d’une gouver- retour d’un certain nombre de règles de gouvernance et
nance qui permette à chacun de se sentir partie prenante, d’institutions qui permettent aux sociétés civiles de se sen-
c’est un terme qui a été utilisé ce matin – au fond, de se tir incluses, de permettre cet effort en faveur de l’éducation.
sentir citoyen à part entière. Cela suppose aussi un très Pour le reste, je suis extrêmement optimiste.
gros effort sur la création de conditions de subsistance,
Bintou KEITA,
Sous-Secrétaire générale aux Opérations de Maintien de la Paix,
ONU
Je pense que très certainement les aspects de gouver- Dans le même temps, une forte militarisation de la ré-
nance sont absolument fondamentaux pour assurer qu’il ponse ne suffit pas parce que le nombre de décès liés aux
n’y ait pas d’exclusion, qu’il n’y ait pas de marginalisation et violences intercommunautaires est beaucoup plus grand
qu’il n’y ait pas de discrimination. que le nombre de morts par rapport aux actions terroristes.
À ce titre, en relation avec la société civile, je pense qu’il
est important de se référer spécifiquement au rôle des Donc, pour les Opérations de Maintien de la Paix, je
femmes puisque dans cette matinée, on a parlé en géné- remercie tous les États, les 150 États qui se sont très en-
ral du rôle des jeunes et des femmes, mais je pense que gagés pour soutenir les actions des Opérations de Main-
c’est important de le mentionner pour que l’espace soit tien de la Paix dans leur acception telle qu’elle est, parce
créé pour que v éritablement, elles participent et qu’elles qu’elles protègent les civils. Dans le contexte où il y a des
puissent contribuer aux idées et à la cohésion sociale. solutions politiques, il y a pas de secret, ce sont les États
Puisque l’un de leur rôle, c’est précisément cette cohésion eux-mêmes, les parties qui se mettront à la table et qui ar-
sociale. riveront à des solutions qui permettront de faire en sorte
que l’on s’approprie la fin de la haine, la fin d’un racisme
En ce qui concerne les modèles à différencier, en raison des inter-ethnique et la fin des violences inter-religieuses.
contextes nouveaux de bataille asymétrique, de menaces Tout cela en tenant compte donc de la question de la prise
asymétriques, du terrorisme et de la violence extrémiste, en charge de la spiritualité et de la culture pour les jeunes ;
tout cela pour moi doit être ancré dans une véritable volonté on a dit qu’on devait avoir une communication positive, ici,
politique d’aller à l’essentiel de la racine des conflits. Encore sur le continent et je crois que c’est fondamental parce que
une fois, aller à l’exclusion parce que l’essence en matière si l’on regarde seulement les médias à la fin de la journée,
de développement et d’accès aux services de base n’est on a juste envie de démissionner et de se dire qu’il n’y a
pas là, ou l’est très peu. plus rien à faire pour ce continent.
35
Pierre BUYOYA,
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel,
UA
Si nous acceptons que l’approche des questions de paix et Il est évident de mettre dans le débat les religieux, les
de sécurité est une approche multisectorielle et donc touche imams. L’insécurité est souvent la dénaturation du message
aux questions de gouvernance et de développement, il est religieux.
dès lors évident que le rôle de la société civile est un rôle Il est évident d’impliquer les communicateurs, il est évident
important. d’impliquer les femmes parce que l’endoctrinement se fait
dès le bas-âge dans les familles. Il est évident d’impliquer
Seuls, l’État ou les structures étatiques, ne sont pas en les chercheurs.
mesure de faire face à tous les défis de sécurité. Cela
fait plusieurs années que nous réfléchissons à comment Je pense que ce travail de prévention ne peut être fait que
prévenir l’extrémisme violent dans le Sahel ; il est évident par une implication forte de la société civile.
dans ces débats que le rôle de la société civile est central.
Je vous remercie tous. atteindre les humains, pour accéder et donner les soins,
Après autant de remarques pertinentes, tout a été dit sur le pour contribuer à la formation dans des lieux reculés, pour
sujet mais on ne saurait jamais assez saluer le rôle éminent donner de l’espoir à l’égard des femmes, des jeunes, ce ne
de la société civile en tant qu’acteur non étatique qui sont pas forcément les acteurs publics qui peuvent le faire.
doit agir dans le prolongement de l’action de l’État. Il est
important également de définir les frontières et de définir Je pense que dans le domaine de la paix et de la sécurité
le rôle de chaque acteur. La société civile ne peut pas avoir également, c’est une action, que je magnifie, de la société
le rôle de l’État et vice-versa. civile dans sa globalité et dans sa diversité.
Il y a une société civile structurée : les grandes O.N.G., les
Il y a une semaine, j’étais à Berlin avec la Chancelière et le O.N.G. locales mais il y a aussi la société civile non orga-
Président de la Banque mondiale qui a attiré l’attention sur nisée. Le Président Buyoya vient d’en parler, le rôle par
le fait qu’il y avait actuellement des menaces d’Ebola en exemple des imams, le rôle des femmes.
RDC, dans une zone d’accès extrêmement difficile, et qu’ils Dans notre pays nous avons une catégorie de femmes, ce
avaient plus de 500 millions de dollars disponibles pour agir sont les tantes paternelles qui contribuent de façon bé-
mais qu’ils ne pouvaient pas accéder aux zones. névole en assurant l’encadrement de l’enfant dès sa nais-
Il a imploré et demandé aux chefs d’État présents, en sance, qui s’assurent du calendrier vaccinal des enfants,
particulier au Président de la SADC, et également à l’Union de son enregistrement à l’état civil et qui suivent l’enfant
africaine. Nous y étions avec le Président Kagame et le jusqu’à l’école. C’est une action éminente.
Président de la Commission. Il fallait absolument qu’il y ait
une action de l’État et de l’Union africaine pour permettre Je veux dire simplement, en résumant, que le thème qui
aux équipes de médecins, aux équipes humanitaires de a été proposé dans cette cinquième édition est d’une très
sauver des vies. grande actualité.
Cela montre que d’abord, dans le prolongement de l’action Associer le développement, le développement durable, à
de l’État, la société civile doit jouer son rôle et ce rôle est la paix, à la stabilité, et à la sécurité mais aussi magnifier le
éminent puisque l’État est dans l’échelle macro mais pour rôle de la société civile, justement dans le développement
36
Les Actes 2018 | PANEL DES CHEFS D’ÉTAT
car c’est un acteur important et incontournable. Je pense à ce dialogue avec ces fameux experts, militaires
Je remercie encore une fois les pays partenaires. et civils. Forcément nous pourrons avoir des réflexions
nouvelles qui permettront d’alimenter la réforme des
C’est, certainement après le déjeuner, qu’ils pourront Nations-unies, dont je salue les efforts et l’œuvre de paix à
prendre part de façon active dans le débat puisque nous travers le monde.
avons de très grands pays, dont certains sont membres du
Conseil de sécurité, la France, et nous avons d’autres pays
qui sont engagés également sur la paix et la sécurité en
Afrique.
37
PREMIÈRE DEMI-JOURNÉE
38
DEUXIÈME DEMI-JOURNÉE
Lundi 5 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
Conférence 1
16h15 / 18h45 Systèmes judiciaires et sécurité :
Amphithéatre quelles coopérations régionales et
internationales
Atelier 1
Résolution des conflits en Afrique : rôle des
acteurs humanitaires et respect des droits
Atelier 3
Droits et libertés face à la lutte contre le
terrorisme et l’extrémisme violent
39
Plénière 1
Droits, Justice et libertés face aux
enjeux sécuritaires
LES INTERVENANTS
Marou AMADOU
Ministre de la Justice - Niger
Fatou BENSOUDA
Procureure Générale - Cour Pénale Internationale (CPI)
Jacek CZAPUTOWICZ
Ministre des Affaires étrangères - Pologne
Bintou KEITA
Sous-Secrétaire générale aux opérations
de maintien de la paix - ONU
40
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 1
Chers participants, en vos grades, titres et qualités, je voudrais, avant tout propos, remercier les organisateurs de cette
importante rencontre, pour l’honneur qui nous est fait à prendre la parole devant cette auguste assemblée pour par-
tager les expériences développées ici et là dans notre quête perpétuelle de paix, de sécurité et de stabilité pour un
développement durable.
Ce 5ème Forum de Dakar, dans la continuité de ceux qui l’ont précédé, est devenu un espace de dialogue qui se renforce
au fil des éditions et s’enrichit des expériences diverses vécues aussi bien dans les pays du nord que du sud, sur les
questions de terrorisme, de sécurité et de développement, qui se posent aujourd’hui en termes de défis pour la survie
même de nos États et le bien-être de nos populations.
C’est pourquoi, il est impératif que se poursuivent les réflexions sur ces questions étant entendu qu’en la matière, nous
le savons tous, il n’y a ni réponse miracle ni définitive. La seule certitude est que le succès viendra de la mutualisation de
nos savoirs, de nos savoir-faire et de nos moyens.
Mesdames, Messieurs,
Cette première séance plénière dont le thème est « Droits, Justice et Libertés face aux enjeux sécuritaires », est plus
que pertinent dans les débats qui s’ouvrent aujourd’hui, tant il nous convainc dans sa belle formule que sans garantie
des droits humains, notamment les droits à la liberté au sens large, et le droit à une Justice indépendante et impartiale,
capable de garantir un procès équitable même aux ennemis de la Liberté et de la Paix, nous sommes condamnés à
l’échec.
S’agissant de l’expérience du Niger, pays aussi vaste qu’un sous-continent, 1.267.000 km2 aux ¾ désertique, un des plus
pauvres au monde, pris dans un cercle de feu du fait de l’activisme des groupes terroristes à toutes ses frontières, Sud-
Est, Nord-Est, Sud-Ouest et traversé par de multiples routes de trafics en tout genre, de drogue, d’armes et de migrants,
est un véritable cas d’école.
Qui dit vaste territoire désertique, dit espace peu peuplé, au contrôle très ardu pour les forces de sécurité, du fait de
l’immensité des frontières.
Dans ce contexte, l’obligation première de l’État fut d’édicter une doctrine de défense qui allie zéro-tolérance aux
armes qui venaient notamment de la Libye après son effondrement, investissement massif dans les moyens de défense
et de sécurité, un renforcement de la coopération bilatérale, régionale et internationale, une meilleure gestion des ef-
fectifs des Forces de Défense et de Sécurité et des magistrats, des réformes législatives et institutionnelles ambitieuses,
le renforcement des capacités de tous les acteurs pour contenir et combattre ces menaces multiformes, avec détermi-
nation mais dans le respect des principes de l’État de droit.
Dans le domaine judiciaire, comme dans les autres, nous avons travaillé à asseoir un cadre juridique adapté à la lutte
contre le terrorisme et le crime organisé, à améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats et à former les
acteurs de la chaine pénale pour un meilleur traitement des procédures judiciaires dans le respect des droits humains
des personnes mises en cause.
Plusieurs lois destinées à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ont ainsi été adoptées ;
dont tout récemment le projet de Loi modifiant le Code pénal et dont l’objectif est d’élargir l’éventail de nos moyens
de lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, en donnant, en plus de l’option militaire, la possibilité de réintégration,
sans poursuite pénale préalable, à tous les éléments dudit groupe qui font acte de reddition volontaire.
A toutes ces lois, s’ajoutent la mise en place de structures de lutte, adaptées, au niveau des unités d’enquêtes et autres
mécanismes d’investigations, de poursuite et de jugement.
S’agissant du renforcement des capacités des acteurs, un plan de formation, en collaboration avec plusieurs p artenaires
techniques et financiers, a été établi et mis en œuvre depuis 7 mois ; ce plan qui intègre toutes les thématiques identifiées
comme pertinentes, comprend plusieurs volets à savoir la formation continue des acteurs de la chaine pénale et l’inté-
41
gration des modules de formation dans les curricula des écoles de formation en ce qui concerne la formation initiale.
Grâce à ce plan de formation, des magistrats, des avocats et des officiers de police judiciaire ont été formés sur diverses
thématiques telles que les techniques d’enquête, les infiltrations, le décryptage des informations et le traçage, l’analyse
criminelle et la gestion du renseignement, le traitement des cas des mineurs présumés associés aux groupes terroristes,
les mesures alternatives à la poursuite et à la détention des mineurs présumés associés, la défense des présumés terro-
ristes devant les juridictions y compris une assistance judiciaire gratuite entre autres.
La formation des acteurs de la chaine pénale a permis la tenue de plusieurs audiences de jugement des auteurs présu-
més d’actes de terrorisme et des sessions délocalisées du pôle anti-terroriste vers le lieu de commission des infractions,
l’objectif étant la prise en compte des droits des victimes et témoins plus proches du lieu de commission des infractions.
Sur le même registre, compte tenu de l’éloignement du Pôle Judiciaire anti-terroriste de la zone de conflit contre la
secte Boko Haram, notamment, des transports judiciaires pour compléments d’information ont pu être effectués pour
s’assurer que les dossiers étaient en état de recevoir jugement dans le respect du droit et de la procédure.
Je dois ajouter que pour asseoir durablement les mécanismes mis en place, un manuel des formations en droits de
l’Homme a été élaboré à l’intention des magistrats nigériens pour qu’ils intègrent l’approche « droits humains » dans
leur fonction de juger ; d’ailleurs, sur ce sujet, la quasi-totalité des magistrats en activité ont reçu des formations en
droits de l’Homme. En outre, l’Ecole de Formation Judiciaire du Niger, créée en novembre 2015 a reçu mandat d’inté-
grer dans les curricula de formation tous les modules élaborés et participe à tous les travaux réalisés par les écoles de
formation de la sous-région sur ces diverses thématiques.
Par ailleurs, les réformes initiées, pour être efficaces, ont été appuyées par un cadre de coopération aussi bien au niveau
bilatéral qu’international permettant l’échange d’informations et la simplification des actes et procédures. C’est dans ce
sens qu’a été signé à Niamey, le 9 mai 2017, l’accord tripartite de coopération judiciaire Mali-Niger-Tchad pour faciliter
les enquêtes conjointes entre Officiers de Police Judiciaire des trois pays, le transfert des poursuites et des détenus, la
transmission et la remise directe des actes judiciaires et extra-judiciaires entre autres.
Il convient également de préciser que cet accord, à la différence des instruments juridiques classiques caractérisés par
la complexité de leurs mécanismes de mise en œuvre, innove par la souplesse dans le mode de fonctionnement de l’or-
gane de coordination qui permet aux autorités centrales de se saisir directement par la transmission de copies avancées
de requêtes d’entraide pénale, sans exigence du formalisme habituel.
Si les terroristes se jouent des frontières pour nous menacer, nous avons cru devoir nous passer de nos frontières pour
être efficace.
Ces trois actions (Réforme, formation et Coopération) menées ensemble sont les chemins qui nous guident dans la
poursuite de la lutte contre le crime organisé sans renoncer aux valeurs de Liberté et de Justice, sans lesquelles nous
perdrons l’avantage moral que nous devons toujours avoir sur nos ennemis.
Toutefois, tout n’est pas rose. Oui, la guerre contre le terrorisme et le crime organisé a surpeuplé certaines de nos pri-
sons, le délai raisonnable dans le traitement de certaines affaires est loin d’être toujours observé, malgré nous.
En outre, certaines mesures prises, justifiées par l’impératif sécuritaire, ont eu des conséquences sur le respect de cer-
tains droits, notamment sur la libre circulation des personnes, la liberté d’entreprendre et certains droits économiques
et sociaux qui se sont trouvés malmenés du fait de l’état de guerre que connaît certaines parties de notre pays qui vivent
sous état d’urgence.
Si les États ont l’obligation de prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité de leurs populations, la mise en œuvre
de cette obligation fondamentale peut comporter des restrictions dans l’exercice des droits et libertés. En effet, le Niger
a été confronté à cette situation après que l’état d’urgence ait été décrété, conformément à l’article 68 de notre Consti-
tution, dans les régions exposées au terrorisme de Boko Haram et les régions frontalières du Mali. Mais ces mesures de
restriction qui en découlent sont à déplorer en raison des atteintes à certains droits.
Au Niger, les restrictions imposées ont porté sur l’interdiction de circuler à partir de certaines heures, l’interdiction de
l’usage des motos, les contrôles administratifs systématiques aux postes frontaliers et aux barrières de police.
Du fait de l’application de ces mesures, particulièrement en ce qui concerne les régions frontalières du Nigéria, un ra-
lentissement des activités économiques et commerciales a été observé. Et les populations en souffrent énormément.
Une autre conséquence des restrictions imposées, a été le déplacement interne des populations, l’afflux massif de réfu-
giés fuyant certains pays voisins et les défis liés à leur prise en charge, notamment en ce qui concerne la réinstallation,
la réinsertion et la réintégration dans les communautés d’accueil ou d’origine.
Mais nous n’avons point de choix. Le terrorisme est un mal absolu, il faut le combattre absolument, par tous les moyens,
politiques et militaires.
Il a totalement désorganisé les stratégies de développement économique et social de nos pays qui sont obligés d’orien-
ter pas moins du quart de leur budget au profit de la lutte contre le terrorisme au détriment de la santé et l’éducation.
Il est un lourd fardeau qu’aucun pays pris individuellement ne peut porter. Nous ne pouvons le vaincre que dans la coo-
pération, et notre forum y contribuera certainement.
Parce que le fardeau de la lutte est lourd, permettez que je termine mon propos en plaidant, au nom du Président de
la République du Niger SEM Issoufou Mahamadou, Président en exercice du G5 Sahel, au renforcement du soutien à
notre pays le Niger et de manière générale aux pays membres G5 Sahel notamment, en plaçant la force conjointe du
G5 Sahel sous le Chapitre 7 de la Charte des Nations-unies et en accompagnant la mise en œuvre de son programme
de gouvernance et de développement durable.
42
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 1
Fatou BENSOUDA,
Procureure Générale,
Cour Pénale Internationale (CPI)
Je voudrais d’abord remercier la République du Sénégal pour son aimable invitation à l’endroit de mon Bureau pour
participer à ce Forum d’envergure internationale.
Je remercie le Président de la République du Sénégal, Son Excellence Monsieur Macky SALL pour l’organisation de cet
important forum sur la paix et la sécurité en Afrique.
Nous avons entendu son discours lors de la cérémonie d’ouverture. Nous avons aussi entendu les discours de son Ho-
mologue, Son Excellence Adama Barrow, President de la République de Gambie. Ils ont tous dégagé avec éloquence
les grandes problématiques sur lesquelles nous sommes invités à réfléchir durant les deux jours du forum.
Ma présence dans cette plénière atteste une fois de plus l’importance que le Sénégal, premier pays à avoir ratifié le
Statut de Rome de la Cour pénale internationale, attache au rôle de la justice pénale internationale pour rendre nos
sociétés plus sûres.
C’est pourquoi, je voudrais remercier le Premier Ministre du Sénégal, Monsieur Mahammed Boun Abdallah Dionne, et
le Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Son Excellence Monsieur Sidiki Kaba, de m’avoir
donné l’opportunité de m’adresser à cette belle Assemblée pour échanger quelques réflexions sur la thématique de
cette plénière.
J’observe avec regret que de nombreuses sociétés, notamment sur notre continent bien-aimé, sont minées par des
formes extrêmes de violence qui provoquent malheureusement d’énormes souffrances dans la population civile, qu’il
s’agisse de la perte de vies humaines, de violences sexistes, du recrutement d’enfants soldats ou de destructions de
monuments historiques et de lieux de confession. Ces exemples non exhaustifs attestent de la gravité et de l’étendue
de la violence qui affecte nos États, nos institutions et nos populations.
L’ampleur de ce phénomène inquiétant est mise en évidence par le bilan des activités de la Cour pénale internationale.
À ce jour, mon Bureau enquête sur onze cas : le Burundi, la République centrafricaine (avec deux cas), la République
démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Ouganda, le Kenya, le Darfour (Soudan), la Libye et la Géorgie.
Mon Bureau a ouvert dix enquêtes préliminaires sur différentes situations dans les pays suivants : Afghanistan, Colom-
bie, Guinée, Irak/Royaume-Uni, Palestine, Philippines, Nigeria, Ukraine, Venezuela, Bangladesh/Myanmar.
Trente-deux mandats d’arrêt ont été délivrés par la Cour, dont quinze n’ont pas encore été exécutés par les États.
Pour ces quinze fugitifs, nous avons retenu l’équivalent de deux cent dix-neuf accusations (dont cent seize pour des
crimes de guerre, quatre-vingt-sept pour des crimes contre l’humanité, trois pour génocide et treize pour infractions
contre l’administration de la justice).
Malgré ce constat d’effroyable violence, il apparaît que des efforts importants sont faits au niveau national, régional
et international. Nous avons, certes, enregistré de réels succès, mais il est des défis pour lesquels la coopération et la
solidarité internationales restent au cœur du débat sur la manière de renforcer efficacement nos capacités respectives à
fournir des réponses adaptées à ces crimes déstabilisants.
Nous devons nous rappeler qu’au moment de la création de la Cour pénale internationale, un nombre important d’États,
soutenus par le plaidoyer énergique de la société civile, ont exprimé le désir d’un ordre mondial davantage fondé sur
43
des règles et d’une fin de l’impunité, grâce à un système de justice pénale capable de poursuivre et de juger les auteurs
d’atrocités qui choquent la conscience de l’humanité.
Le combat contre l’impunité des crimes de guerre, des génocides, des crimes contre l’humanité et des crimes d’agres-
sion et en faveur de leur nécessaire prévention a ensuite été inscrit dans le Statut de Rome en tant que facteur décisif
pour la protection et la préservation des générations actuelles et futures contre les atrocités provoquées par les guerres
et les conflits dans les zones de non-droit.
Bien qu’il y ait encore fort à faire, nous avons de quoi être fiers aujourd’hui : ensemble, et par diverses interventions,
nous avons combiné notre énergie et détermination afin de réduire l’impunité des crimes internationaux en faisant
évoluer les normes – notre action collective fait comprendre de plus en plus aux criminels potentiels que l’impunité des
atrocités fait bel et bien partie du passé.
Nous devons donc saluer l’initiative de la République du Sénégal et de l’Union africaine d’avoir organisé ici, sur le sol
sénégalais, un procès historique contre l’ancien président tchadien Hissène Habré.
Nous devons également féliciter d’autres initiatives africaines telles que la création de la Cour spéciale en République
centrafricaine destinée à juger les crimes graves, avec laquelle mon Bureau a signé un accord dans le cadre du principe
de complémentarité prévu dans le Statut de Rome.
Les plus grands efforts doivent être déployés pour mettre fin à l’impunité des atrocités, où qu’elles se produisent. La CPI
ne détient pas le monopole de la justice pénale internationale.
Ensemble, nous avons démontré que nous ne cesserons jamais nos efforts pour limiter les violations flagrantes des
droits de l’homme et demander aux criminels de rendre des comptes. C’est pourquoi nous avons décidé de nous ras-
sembler pour apporter les réponses nécessaires aux crimes internationaux.
Face aux défis actuels, il est plus que jamais indispensable de poursuivre nos efforts communs d’une manière qui favo-
rise l’efficacité des mécanismes de coordination et de consultation en vue de renforcer continuellement notre capacité
d’action.
Cela m’amène au prochain sujet important que je souhaite aborder, à savoir la contribution de mon Bureau au renfor-
cement des mécanismes judiciaires pour une meilleure protection des populations civiles dans les pays en situation de
guerre.
Nous sommes en effet dans l’obligation de protéger les générations futures du fléau de la guerre par la lutte contre
l’impunité. C’est un combat que nous devons gagner.
Le principe de complémentarité inscrit dans le Statut de Rome offre de fait une base juridique, car il impose à la CPI et
aux systèmes judiciaires nationaux de se coordonner pour mettre fin à l’impunité. Selon ce principe, la responsabilité
principale de l’enquête et de la poursuite des crimes visés par le Statut de Rome repose d’abord sur les États. La CPI
est un tribunal de dernier recours qui ne s’interpose que si les États ne sont pas en mesure ou n’ont pas la volonté de
le faire.
Dans cet esprit, mon Bureau s’abstient de rechercher la confrontation et d’affirmer sa compétence sur les juridictions
nationales ; bien au contraire, il cherche toujours à s’engager de manière positive et coopérative avec les autorités na-
tionales et les autres acteurs qui engagent des enquêtes et des poursuites.
Il est également utile de rappeler que la coopération est un processus à double sens et que les États peuvent aussi
demander l’aide de la Cour si celle-ci possède des informations ou des preuves potentiellement intéressantes pour la
poursuite, au plan national, de crimes visés par le Statut de Rome ou d’autres crimes graves.
Ce besoin essentiel de coopération et de coordination est aussi à la base d’un des objectifs stratégiques de mon Bu-
reau, qui consiste à développer des stratégies d’enquêtes et de poursuites coordonnées avec les partenaires afin de
mettre fin à l’impunité.
En accord avec cet objectif, mon Bureau a établi des réseaux avec d’autres partenaires juridiques afin de partager les
informations, les preuves, les compétences et les bonnes pratiques, selon le cas, ce qui nous permet d’identifier les
partenaires les mieux placés pour lancer ou mener efficacement une enquête ou des poursuites.
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 1
Outre la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Mali où l’objectif stratégique 9 est à ce jour atteint, la Li-
bye symbolise le travail qu’accomplit mon Bureau en coopérant avec un certain nombre d’États et d’organismes résolus
à combattre les crimes contre les migrants, ce qui nous permet d’associer nos efforts pour rechercher la responsabilité
des crimes visés par le Statut de Rome et d’autres crimes transnationaux.
Nous devons redoubler d’efforts et améliorer notre coordination et notre efficacité dans la lutte contre l’impunité si nous
voulons protéger les civils partout dans le monde.
Nous ne pourrons combattre les reculs épisodiques ou les attaques intentionnelles contre nos efforts envers une culture
de responsabilité pour les atrocités que par notre inébranlable détermination à lutter pour davantage de justice pour
les victimes de conflits dévastateurs, passés ou actuels.
En tant que procureur, je retiens cette importante leçon de l’histoire qu’une paix durable et une société stable, dans
laquelle tous les citoyens jouissent de droits et garanties fondamentaux, sont fondées sur des bases plus solides lorsque
l’impunité des atrocités a disparu.
Nous devons reconnaître que la lutte contre l’impunité des atrocités et le renforcement de l’État de droit sont des condi-
tions préalables fondamentales à un monde plus pacifique et prospère.
Après tout, comment des sociétés en proie à des conflits récurrents peuvent-elles prospérer, attirer des investissements
ou créer un environnement propice à la croissance économique et la productivité ?
L’établissement de l’État de droit et l’existence de systèmes judiciaires robustes et efficaces sont des prérequis essen-
tiels à la stabilité politique et à la croissance économique dans tous les pays.
Nous devons donc poursuivre notre plaidoyer pour la ratification et la mise en œuvre du Statut de Rome dans les légis-
lations nationales afin que tous les citoyens bénéficient de son environnement juridique protecteur.
Nous devons intensifier nos efforts en vue de nous assurer que les individus faisant l’objet de mandats d’arrêt émis par
les juges de la CPI soient arrêtés et remis à la justice.
Enfin, nous devons constamment chercher à sensibiliser le public au droit humanitaire international et à la justice in-
ternationale, y compris la CPI et son fonctionnement. Il est très important de régler les malentendus et de faciliter le
dialogue, notamment à l’aide de forums internationaux comme celui-ci.
La recherche de la responsabilité des atrocités est une exigence essentielle pour protéger les civils et parvenir à une
société durable, sûre et pacifique, mais aussi à un ordre mondial basé sur des règles.
Profitons donc aujourd’hui de cette occasion pour nous engager de nouveau à poursuivre résolument notre travail com-
mun, afin de veiller à ce que nos sociétés prospèrent dans le confort de l’harmonie sociale et que l’État de droit reste à
tout jamais notre protection mutuelle ultime.
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Jacek CZAPUTOWICZ,
Ministre des Affaires étrangères,
Pologne
C’est un plaisir et un honneur pour moi de prendre part à cette nouvelle édition du Forum international de Dakar sur la
Paix et la Sécurité.
En 1989, lorsque la Pologne a été la première nation en Europe à rejeter le fardeau du communisme et à se libérer de la
domination soviétique, cela a marqué un tournant historique comparable à l’année 1960 où les premiers États africains
ont commencé à se libérer de l’ère du colonialisme.
Aujourd’hui, nous ne parlons plus d’une Europe bonne ou mauvaise, ou de pays libres ou asservis.
Cependant, ceux qui avaient imaginé que la fin de la guerre froide signerait la « fin de l’histoire » ont eu tort. De fait, les
divisions idéologiques, les guerres ou les grandes crises géopolitiques restent omniprésentes.
Hélas, l’histoire ne ralentit pas mais au contraire accélère. L’augmentation des inégalités, en termes de niveau de vie,
de croissance économique, de développement et de sentiment de sécurité détruit l’unité nationale dans les pays et
conduit à la dégradation de leurs relations mutuelles.
Le plus grand défi d’aujourd’hui est de surmonter ces nouvelles divisions. Les crises et la méfiance grèvent lourdement
la stabilité de nos systèmes politiques.
Le thème du Forum de cette année – Droits, justice et libertés face aux enjeux sécuritaires – trouve un écho particulier en
Pologne. La devise de la présidence de la Pologne au Conseil de sécurité de l’ONU en mai dernier était « Faire respecter
le droit international dans le contexte du maintien de la paix et la sécurité dans le monde ».
Lors de notre participation au Conseil, nous avons souligné la nécessité de respecter le droit international, en particulier
le droit international humanitaire et les droits de l’homme, et de protéger les civils pendant les conflits armés. Nous
avons souscrit aux principes de Kigali présentés en 2015. Ils définissent des critères de référence pour les États membres
et abordent les aspects essentiels du maintien de la paix, notamment le pré- et post-déploiement d’un programme de
formation sur la protection des civils.
Nous sommes également très engagés dans la protection des droits des groupes religieux qui sont vulnérables aux
attaques des extrémistes et des radicaux, à la haine et à l’intolérance. La liberté de religion est un droit humain fonda-
mental et doit être préservée.
Selon moi, le Sénégal est un exemple positif de tolérance et de coexistence pacifique entre des peuples appartenant à
différentes confessions religieuses.
Nous sommes fermement résolus à résoudre les conflits. Dans la mesure où les pays deviennent de plus en plus inter-
dépendants, aucun conflit ne peut être considéré comme un simple événement local. Chaque conflit diminue notre
sentiment de sécurité, avec des répercussions qui dépassent largement la région concernée.
La Pologne soutient pleinement l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général. Elle adresse un
signal fort à la communauté internationale pour que celle-ci reste solidaire dans la recherche d’une paix mondiale en
dépit des évolutions et des nouvelles menaces.
Nous croyons que le continent africain doit être au centre de l’attention de la communauté internationale. La sécurité et
la stabilité dans la région ont un impact direct sur la situation humanitaire des civils, ainsi que les déplacements internes
et externes massifs des populations touchées.
Nous apprécions à leur juste valeur les efforts que les pays africains engagent pour améliorer leurs systèmes politiques
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 1
et juridiques en vue de garantir une meilleure protection des civils pendant les conflits armés. Nous sommes également
convaincus que les solutions aux problèmes africains doivent être trouvées par les Africains eux-mêmes afin de mieux
prendre en compte la réalité sur le terrain.
Les mouvements de masse des populations ne sont pas des événements spontanés, mais le résultat de crises et de
structures politiques, sociales et économiques défaillantes. Aujourd’hui plus que jamais, la migration ouvre des pers-
pectives de développement durable et de croissance économique stable, mais elle peut aussi être une menace pour la
sécurité.
La fuite des cerveaux est lourde de conséquences en termes de développement économique et social pour les pays. La
Pologne a également souffert de ce problème. De nombreux jeunes ont émigré vers l’Europe de l’Ouest.
Nous sommes solidaires avec ceux qui ont dû quitter leur domicile pour diverses raisons, en particulier les victimes de
guerre et de conflit. Personne ne souhaite quitter son domicile, sauf s’il est contraint à le faire. Nous savons également
que la plupart de ceux qui partent sont prêts à revenir dès que possible.
Tous les pays pâtissent lourdement du départ définitif de leurs citoyens. Ils perdent alors ce qu’ils ont de plus précieux, à
savoir leur capital humain. Nous devons inverser cette tendance. Je pense que cela peut représenter un grand défi pour
les pays en développement parce qu’il est sans doute plus difficile pour eux de rattraper les pays développés.
Dans l’Union européenne, des négociations sont en cours pour remplacer l’accord de Cotonou. La Pologne estime que
nous devrions profiter de cette renégociation pour moderniser et mettre à jour cet accord.
Selon nous, le futur cadre de coopération exigera de nouveaux mécanismes adaptés aux caractéristiques régionales
africaines afin de mieux coller aux besoins de l’Afrique.
Nous pensons que le cadre de coopération de l’après-2020 devrait incarner une approche différenciée envers l’Afrique,
les Caraïbes et le Pacifique. Cette approche ne peut pas être fondée sur le paternalisme. Les solutions aux problèmes
de l’Afrique ne peuvent pas être imposées à la population africaine – celle-ci doit être totalement maître des décisions
politiques qui touchent à sa vie de tous les jours.
L’Europe et l’Afrique sont des partenaires naturels et leurs avenirs seront inévitablement associés. La Pologne, qui ne
souffre pas d’un héritage colonial, est en faveur d’un dialogue actif avec l’Afrique sur la base de l’égalité et de l’auto-
nomie africaine.
L’Afrique compte parmi les régions les plus vulnérables dans le monde vis-à-vis du changement climatique. On constate
d’ores et déjà ses effets désastreux dans les crises alimentaires ou la raréfaction de l’eau, qui conduisent très souvent à
des troubles sociaux et à la migration de millions de personnes. L’impact du changement climatique en tant que multi-
plicateur de risque est particulièrement visible dans le bassin du lac Tchad.
En décembre de cette année – dans un mois –, la Pologne accueillera la conférence internationale sur le climat COP24
à Katowice.
Pleinement consciente des problèmes de l’Afrique, la Pologne souhaite poursuivre les négociations sur le climat dans
l’esprit de l’Accord de Paris, ce qui nécessite avant tout de garantir la participation de toutes les parties, l’engagement
volontaire des pays et le libre choix des moyens pour la réduction des émissions et l’utilisation des ressources naturelles.
Nous comptons sur une coopération efficace avec les partenaires africains pour obtenir des résultats tangibles sur ce
dossier.
Nous percevons l’Afrique comme un continent doté d’un grand potentiel et d’énormes possibilités. La Pologne est pro-
fondément convaincue du succès futur des pays africains. Il existe de nombreuses opportunités de coopération avec le
pays hôte de cette conférence ainsi qu’avec d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Le Sénégal est perçu comme un pays modèle dans la région, reconnu pour sa tolérance, sa stabilité, son développe-
ment économique et son respect des droits de l’homme. Nous lui souhaitons beaucoup de succès pour l’avenir.
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Bintou KEITA,
Sous-Secrétaire générale aux Opérations de Maintien de la Paix,
ONU
Je voudrais remercier une nouvelle fois les organisateurs pour avoir invité à cet évènement les représentants des
Nations-unies. Je pense qu’il y a un trait commun entre ce qui a été discuté ce matin, et ce dont nous discutons à pré-
sent, à savoir la question des droits humains, de la justice, de la liberté, et en particulier ce qui concerne les éléments
les plus vulnérables et fragiles de nos pays respectifs.
Je vais essayer de focaliser mon intervention sur les relations avec les Opérations de Maintien de la Paix, puisque cela
semble être un des sujet les plus attendu.
Il me semble important de cadrer cette conversation sur l’objectif durable du développement numéro 16, qui parle de
l’État de droit, de la bonne gouvernance, de la justice, et ce afin d’en fait un bloc qui sera le socle de l’ensemble des
autres objectif durables du développement, y compris le numéro 17, qui parle du partenariat.
Dans le contexte des Opérations du maintien de la Paix, la question de l’état de droit est centrale, car c’est celle qui
va permettre la durabilité des Opérations de Paix. Sans justice, les questions d’exclusion, de marginalisation et de
discriminions dont nous avons parlé ce matin vont être présentes, et les citoyens n’auront pas la possibilité de venir et
de faire entendre auprès d‘un système judiciaire digne de ce nom.
Dans ce contexte, la question de la protection des civiles, qui a été mentionnée à plusieurs reprises ici, 95% des 100
000 hommes et femmes – et juste pour vous donner un chiffre, dans ces 100 000 hommes et femmes béret bleu ou
casque bleu, il y en a 8000 qui ne sont pas en uniformes nécessairement - sont chargés de la protection des civils. Cette
protection est d’abord une responsabilité première des États hôtes et des gouvernements. Là où ces missions sont
déployées – je veux bien sûr parler de la MONUSCO, de la MINUSMA, de la MINUSCA et également de la MINUSS
au Soudan du sud et de la MINUAD au Darfour – elles sont en charge de faire en sorte que lorsqu’il y a des violences
exacerbées, elles puissent calmer le jeu de ces violences. Cependant, cela ne veut pas dire qu’elles doivent être l’unique
acteur à intervenir.
Ce matin nous avons parlé de la société civile. Je pense qu’il est important de la mentionner puisque la société civile
et les communautés ne font qu’un dans le sens où elles peuvent contribuer à la protection grâce à la police commu-
nautaire. Mais si nous devons aller dans le fond, les Opérations de Maintien de la Paix contribuent également avec la
Cour Internationale de Justice sur plusieurs aspects déjà mentionnés : investigations, cours spéciales hybrides en place
à la fois au Mali mais aussi au Soudan du Sud et en RCA. Elles permettent également la préservation des évidences qui
permettront, au moment où le système sera prêt, à la justice de fonctionner de manière fonctionnelle et équitable, afin
de lutter contre l’impunité.
Dans le même temps, il est extrêmement important de se rappeler que l’on juge une société par la manière dont elle
prend en compte les personnes qui sont en prison. Les hommes et les femmes emprisonnés, mais aussi les enfants,
notamment ceux qui accompagnent les mères.
Ainsi, dans plusieurs de nos pays, les collègues qui travaillent dans les missions mentionnées ci-dessous dans le contexte
de leur secteur justice, accompagnent les États et gouvernements nationaux afin de vérifier que les normes et les stan-
dards internationaux soient bien respectés et appliqués dans la gestion des prisons. Ils appuient en aidant au renfor-
cement des capacités des officiers judiciaires mais également en apportant leur savoir-faire et leurs conseils dans le
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 1
Il est également important de noter que, par rapport au droit international humanitaire, les Opérations de Maintien de
la Paix favorisent le renforcement des capacités de l’ensemble des parties prenantes avec lesquelles elles collaborent.
Je pense que la question de la prise en charge judiciaire est extrêmement délicate. Il y a énormément de débats pour
savoir s’il faut d’abord assurer la Paix et la sécurité, et ensuite prendre en charge les questions de justice, ou bien si les
deux vont de pair ?
Notre position est simple : les deux vont de pair et ne peuvent être séparés. Aussi, concernant les financements qui
arrivent dans les pays – et cela reste indépendant des Opérations de Maintien de la Paix -, il est important que l’on
comprenne que quand on parle du pilier Paix et sécurité et du nexus avec le développement, celui-ci ne pourra être
efficace sans une Paix durable. Nous avons des cycles intergénérationnels que bien souvent dans nos programmations
nous ne prenons pas en compte. Hors, ceux qui commettent les crimes d’aujourd’hui se retrouveront peut-être demain
les victimes, bloqués dans un cycle perpétuel qui continue et qui ne s’arrête pas.
C’est compliqué, mais c’est une vérité que chacun de nous doit affronter. Comment bien appliquer cette justice transi-
tionnelle, cette justice de compensation ? Comment éviter la dynamique de revanche des générations futures ?
Je voudrais terminer par un point. Aujourd’hui dans les médias, les Opérations de Maintien de la Paix ne sont rarement
évoquées qu’uniquement sur des questions de conduite et de discipline, car quelques brebis galeuses, sur les 100
000 hommes et femmes qui servent dans ces Opérations, ne suivent pas les codes de conduite. Il existe également
quelques défaillances au niveau de la protection des civils, mais qui restent minimes sur l’ensemble des 14 missions de
maintien de la Paix. Ainsi, au Soudan du Sud, depuis 2016, plus de 200 000 personnes déplacées internes sont prises en
charge régulièrement par nos forces sans que les médias n’en fassent l’actualité.
Alors je me dis, encore une fois dans l’esprit du Panel de ce matin, qu’il y a des choses qui sont faites, qu’il y a une res-
ponsabilité qui est de plus en plus prise par les États et les gouvernements, que cela soit dans le contexte de la justice
ou du partenariat avec les pays contributeurs de troupes ou de forces de police. Il y a des résolutions spécifiques, en
particulier la résolution 2272 dont nous poursuivons l’application avec les États membres, qui permettent aux institutions
nationales des pays respectifs de poursuivre ceux qui qui ne respectent pas l’impeccabilité qui est demandée à chacun.
N’oubliez pas : la reddition des comptes, l’amélioration de la prise en compte des performances par rapport à la protec-
tion des civils sont un travail quotidien des Opérations de Maintien de la Paix. La patience doit être une vertu. La pré-
sence à Chypre ou au Kashmir en Afghanistan de forces de maintien de la Paix depuis plus de 40 ans en est l’exemple.
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Conférence 1
Systèmes judiciaires et sécurité :
quelles coopérations régionales
et internationales ?
LES INTERVENANTS
Niagalé BAGAYOKO
Présidente d’African Security Network - France
Thomas GUERBER
Ambassadeur, DCAF - Suisse
Marianne HAGEN
Ministre des Affaires étrangères adjointe - Norvège
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Les défis de la lutte anti-terroriste, de la corruption, des trafics et des migrations créent une rupture du traditionnel
continuum défense/sécurité. L’enjeu judiciaire est au cœur de la question des poursuites. Repenser le rôle du pouvoir
judiciaire dans ce continuum devenant global est donc essentiel. Or, l’approche globale est seulement efficace si les
droits sont respectés et si les besoins primaires des populations sont assurés. La lutte contre la corruption, les droits
de l’homme et la bonne gouvernance doivent être prioritaires afin que le sentiment d’injustice ne soit pas au cœur des
revendications du peuple. L’éducation permet d’investir dans la population, pour la sécurité et le développement. Toute
la chaine judiciaire doit donc être prise en compte afin d’harmoniser les procédures.
L’approche holistique oblige également à la multiplication de réseaux comme source d’efficacité et d’harmonisation,
favorisant les interactions et les échanges. La coopération ne peut être efficace que si elle englobe les compétences en
matière d’enquête, de défense, de poursuite pénale et de réglementation du système pénitencier. Travailler au niveau
régional est essentiel que ce soit en matière de sécurité, mais aussi de justice. Les États ont besoin de coordonner les
réponses. Les magistrats, les procureurs, les avocats doivent pouvoir travailler ensemble. Plus les acteurs interagissent,
plus les informations circulent positivement. Pourtant, elles doivent pouvoir être unifiées en pleine confiance.
Le Leadership national est crucial. Il faut rétablir la confiance entre le système judiciaire et la population. Les menaces
touchent la capacité de l’État et l’empêchent de réaliser ses missions régaliennes. Or, pour être efficaces, les coopéra-
tions doivent être basées sur des structures nationales solides et saines. La confiance doit être insufflée à une échelle
micro, la plus proche de la population.
Parvenir à élaborer une approche par le droit au cœur du maintien de la paix semble essentiel. La protection des civils
est au cœur du maintien de la paix et les outils classiques des casques bleus ne suffisent plus. Le contrôle interne sur les
contingents, la formation des forces en présence, les actions immédiates possibles comme la communication média-
tique et les poursuites immédiates sont mis en œuvre. Les solutions se situent dans la nécessité de créer un cadre régle-
mentaire de protection des civils qui s’inscrive dans une architecture de paix et de sécurité novatrice. Cette architecture
doit réussir à mêler les enjeux des droits de l’homme et des mesures concrètes. Avant même la paix, le développement
et la sécurité, la protection des droits de l’homme est fondamentale.
La protection des droits de l’homme se divise selon des axes différents mêlant des acteurs multiples. Or, dans l’en-
semble de ces approches, la prévention est au cœur de l’action. La protection contre les violences physiques oblige à
favoriser les relais locaux, nationaux et régionaux, à renforcer les procédures judiciaires qui représentent une menace
préventive pour les auteurs de crimes. La protection contre le processus politique doit mettre en avant des efforts de
médiation. La mise en place d’un environnement protecteur appelle à des activités de coopérations techniques, à une
mise en conformité, à des actions législatives concrètes et au soutien des structures nationales de protection et des
acteurs de la mise en application du droit : les armées, la police, les magistrats et les avocats.
Les populations vulnérables méritent de mettre en œuvre des efforts de prévention, des moyens de réagir en amont.
La prévention face aux principales victimes – enfants, femmes, réfugiés, déplacés – doit être mise à l’agenda en faveur
d’une société reconstruite et de la confiance en la capacité de ses institutions.
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Atelier 1
Résolution des conflits en Afrique :
rôle des acteurs humanitaires et
respect des droits
LES INTERVENANTS
Patricia DANZI
Directrice régionale pour l’Afrique, CICR - Suisse
Joseph BIKANDA
Coordinateur Pan Africa Human Rights Defender Network - Ouganda
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Des mécanismes de DDR plus complets sont nécessaires prenant en compte le besoin d’accompagnement des
ex-combattants dans leur processus de réintégration socioprofessionnelle. Les déplacés doivent être assistés dans leur
retour ou dans leur choix éventuel de rester dans leur milieu d’accueil. En outre, les femmes peuvent désamorcer
les tensions entre les communautés. Il est donc judicieux de les écouter davantage et de leur accorder un rôle plus
important dans la résolution des conflits.
Face au terrorisme, la responsabilité incombe aux États dans le respect et la promotion des droits de la personne.
L’utilisation d’un concept aux contours flous comme justification pour réprimer des oppositions dans leur pays porte
bien souvent atteinte aux droits des populations. Un juste équilibre entre lutte contre le terrorisme et respect des droits
de la personne doit être trouvé. Il faut créer des mécanismes de contrôle et de sanction pour les atteintes aux droits
humains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Or, le terrorisme étant politique, la négociation avec les groupes
extrémistes doit être revue. Faut-il élargir la compétence des normes humanitaires ou repenser la définition de conflit ?
La collaboration en toute impartialité avec les groupes extrémistes semble difficile.
Les militaires sont quant à eux au cœur de la résolution des conflits. En Afrique, ils ont plus de défis du fait du déficit de
formation et d’équipement. Le défi est d’autant plus grand que les armées sont confrontées à de nouvelles menaces
comme le terrorisme. Les États doivent donc absolument mettre plus de moyens dans le militaire. En effet, une meil-
leure formation des militaires africains assurerait une plus grande conscience de leurs obligations en matière de droit
international humanitaire et de droits humains. Ils comprendraient davantage les dynamiques et les relations avec les
autres acteurs, en particulier avec les humanitaires. Ces derniers suscitent encore une certaine méfiance du corps mili-
taire. Ils sont soupçonnés d’être les instruments de puissances étrangères ayant des agendas cachés.
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Atelier 2
La protection des civils
dans les situations de conflit
LES INTERVENANTS
Mohammed LOULICHKI
Chercheur sénior à l’OCP Policy Center - Maroc
Christoph LUEDI
Chef de la Délégation régionale CICR - Sénégal
Namie DI RAZZA
Chercheure senior à l’International Peace Institute - États-Unis
Marie DUPREZ
Directrice Régionale de programme Afrique de l’Ouest,
Danish Refugee Council - Danemark
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Mobiliser l’État
La responsabilité de la protection des civils incombe premièrement à l’État et par un travail de « vulgarisation » du DIH
et des Droits de l’Homme auprès des forces de sécurité nationales, qui peuvent se retrouver actrices des violences
contre les civils. Des formations relatives au DIH sont donc nécessaires pour assurer la protection des civils, notamment
en matière de violence sexuelle et de genre. Un système judiciaire sanctionnant toute violation du DIH par un membre
des forces armées est nécessaire.
La protection des civils est avant tout une question de prévention. La coordination de tous les acteurs impliqués dans
la protection des civils lors d’un conflit armé reste un enjeu majeur. Il existe une compétition plutôt qu’une synergie, ce
qui nuit gravement aux actions entreprises sur le terrain par tous les acteurs, dont les civils sont victimes. Un des grands
enjeux actuels et futurs consiste donc à coordonner l’ensemble des acteurs impliqués dans la protection des civils en
temps de guerre.
Les organisations humanitaires, via une stratégie de prévention et/ou via une aide apportée en aval des violences, pro-
posent leurs compétences aux États pour renforcer leurs capacités en matière de législation et d’application du DIH,
mais prodiguent également des formations.
L’ONU, à travers ses opérations, a vécu une révolution à la fois normative et opérationnelle concernant leur rôle dans la
protection des civils. La priorité dans l’allocation des ressources à l’égard de la protection des civils a été permise par
un changement de paradigme dans la conception de la sécurité, qui est passé d’une sécurité de l’État à une sécurité
humaine, et dont le concept de la « responsabilité de protéger » est l’illustration. La protection des civils est devenue
une tâche intégrée des opérations de paix à travers des stratégies qui vont de la médiation entre les partis au conflit, à
des actions militaires offensives visant les acteurs non étatiques responsables de violences contre les civils.
Acteurs neutres, ce sont des interlocuteurs de choix lors des dialogues avec les groupes non-étatiques pour prodiguer
une éducation sur le DIH afin de prévenir les violences contre les civils. L’implication de ces organisations dans les pro-
cessus de médiation entre acteurs et communautés civiles en conflit est également primordiale.
Malgré ces avancées, les défis rencontrés sur le terrain se multiplient. Les civils constituent de façon croissante des cibles
d’attaques. Un manque de capacités financières, matérielles et d’expertise humaine nuit aux capacités opérationnelles.
Les mandats de l’ONU sont soumis à la logique bureaucratique et politique. Ces sources d’inefficacité affaiblissent la
crédibilité des OMP auprès des populations qu’elles sont censées protéger. Enfin, la protection des civils ne peut se
faire sans la protection des casques bleus et des acteurs humanitaires, qui sont de plus en plus ciblés par les partis au
conflit et voient leur accès aux zones vulnérables dénié.
Au niveau des Opérations de Maintien de la Paix, un passage d’une approche « one size fits all » à une approche mo-
dulable, adaptée aux réalités du terrain pour chaque mission est nécessaire. Il est également primordial pour les OMP
d’être dotées d’une stratégie politique propre, détachée des autres acteurs, pour permettre une protection efficace
des civils. Ceci implique d’engager un questionnement de la pertinence actuelle des trois règles fondamentales qui
s’appliquent traditionnellement à ce type de mission. Cette remise en question ne sera pas facile au regard de ses im-
plications pour le concept de souveraineté des États.
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Atelier 3
Droits et libertés
dans la lutte contre le terrorisme
et l’extrémisme violent
LES INTERVENANTS
Farhat HORCHANI
Ancien Ministre de la Défense - Tunisie
Florent GEEL
Directeur Afrique de la Fédération Internationale
des Ligues des Droits de l’Homme - Francel
Mathurin HOUNGNIKPO
Conseiller en Stratégie et Sécurité Nationale - Côte d’Ivoire
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
La liberté est remise en cause par le besoin de sécurité mais il convient de ne pas opposer ces deux notions pour les-
quelles un arbitrage, dépendant de l’intensité de la démocratie d’un pays, doit être réalisé. Les libertés ne peuvent être
limitées qu’à condition que cela soit justifié par des fondements essentiels garantis par un État démocratique.
La guerre non conventionnelle face à un ennemi invisible complique la donne et est invoquée comme la raison pour la-
quelle il existe un certain nombre de limites à ces libertés, qui sont justifiées par toutes les lois adoptées se manifestant
par un contrôle excessif de la liberté d’association, de la vie privée, des communications, etc.
Les circonstances exceptionnelles font face à une tendance qui consiste à les rendre anodines au nom de la lutte contre
le terrorisme. Lorsque les États sont amenés à utiliser des méthodes de combat au nom de la lutte contre la terreur,
cela devient dangereux car ils peuvent aller trop loin et commettre eux-mêmes des atrocités et des actes de terreur.
Cela peut s’apparenter à une forme de terrorisme, notamment lorsque des lois ou des nouvelles règlementations sont
utilisées pour museler une opposition.
Les forces d’intervention commettent un nombre important de violations des droits humains. En ce sens, le manque
d’indépendance de la justice est le produit de l’absence de contrôle sur les opérations militaires et de police. Des abus
en tout genre sont commis (exécutions sommaires etc.)
Malgré les lacunes observées dans les actions des États pour garantir les droits et libertés, des progrès ont été accom-
plis. Par exemple, plusieurs lois ont été mises en place, des pôles judiciaires spécialisés ont été créés, de nombreuses
formations ont été données. Les États doivent prendre en charge le jugement des auteurs de crime de terrorisme afin
de renforcer leur crédibilité, ceux-ci pouvant être jugés sans forcément passer par les grandes instances internationales,
dotées des machines souvent lourdes et lentes.
Les limites persistent d’abord en raison des ramifications internationales qui caractérisent le crime de terrorisme, ren-
dant difficile le travail judiciaire. De plus, les actions des groupes terroristes visent à une déstructuration des États et à
les remplacer dans leur rôle régalien notamment en matière de justice. Ainsi des systèmes de justice de substitution
sont installés tandis que les prisons constituent des « fabriques de djihadistes ». La violence d’État engendre souvent
de la violence sociale. Par ailleurs, il existe un problème de coordination au sein des organes de justice fonctionnant
le plus souvent en silo. Enfin, la lutte contre le terrorisme est essentiellement militaire. Or, la question de l’État de droit
ne devrait pas être considérée comme un exercice de force. Pour remédier à ces lacunes, des stratégies antiterroristes
basées sur le renseignement notamment auprès des populations locales doivent émerger.
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DEUXIÈME DEMI-JOURNÉE
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TROISIÈME DEMI-JOURNÉE
Mardi 6 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
Conférence 2
10h15 / 12h45 Sécurité et développement en Afrique :
Amphithéatre quelles coopérations internationales
pour une paix durable ?
Atelier 4
Sécurité et développement
des espaces frontaliers
Atelier 6
Contributions et attente du secteur privé
dans le continuum sécurité / développement
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Plénière 2
Enjeux de l’opérationnalisation
du lien entre développement et
sécurité durables
LES INTERVENANTS
Xu JINGHU
Représentante Spéciale pour les Affaires africaines - Chine
Ibrahim THIAW
Conseiller Spécial pour le Sahel - Nations-unies
Maman S. SIDIKOU
Secrétaire Permanent du G5 Sahel - Mauritanie
Rémy RIOUX
Directeur Général de l’Agence Française de Développement - France
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 2
Xu JINGHU,
Représentante Spéciale pour les Affaires africaines,
Chine
Depuis sa création il y a cinq ans, grâce aux efforts conjoints du gouvernement sénégalais et de ses partenaires, le
Forum est devenu l’une des plateformes d’échanges les plus influentes dans le domaine de la paix et de la sécurité en
Afrique. Il est hautement apprécié par la communauté internationale, et attire une très large participation.
Nous nous réjouissons de constater que ces dernières années, la situation en Afrique s’est améliorée dans son en-
semble, et que l’élan pour la paix et le développement n’a cessé de se consolider. L’Union africaine (UA), ensemble avec
les organisations sous-régionales et les pays africains, avance vers une Afrique intégrée et prospère. Elle redouble d’ef-
forts pour construire les mécanismes de sécurité collective, et joue un rôle leader dans le règlement des points chauds
régionaux. Les instabilités de faible ampleur survenues dans certaines localités ont toutes connu un « atterrissage en
douceur », c’est-à-dire ont été réglées de manière pacifique, sans causer de risques systémiques à la sécurité régionale.
Dans le même temps, il faut aussi noter que l’Afrique n’est pas sur un chemin sans embûches. Sur ce continent qui
connaît une phase de transition importante sur les plans politique et économique, la situation politique dans certains
pays a traversé des évolutions complexes, et certains points chauds perdurent. À cela s’ajoutent le terrorisme, la pira-
terie et d’autres questions sécuritaires non conventionnelles qui constituent même des menances plus graves au Sahel
et dans le Golfe de Guinée. Mais généralement parlant, l’Afrique a devant elle plus d’opportunités que de défis, et les
solutions sont plus nombreuses que les problèmes. L’Afrique se trouve aujourd’hui sur un nouveau point de départ dans
sa marche vers la paix et le développement.
Le présent Forum, placé sous le thème « Paix et Sécurité en Afrique : enjeux de stabilité et de développement durables
», nous offre une belle occasion pour renforcer nos discussions sur les liens entre la paix et le développement en vue
d’une interaction coordonnée entre eux en Afrique. La paix et le développement sont les thèmes de notre époque et
l’aspiration commune de toute l’humanité. L’histoire nous enseigne que la paix et le développement, comme les deux
faces d’une même pièce, sont indivisibles et se renforcent mutuellement. Seules une planification globale des questions
de paix et de développement et des mesures coordonnées peuvent permettre aux pays africains de progresser en
même temps sur les plans politique, économique et social.
D’un côté, la paix est le préalable du développement. Il ne peut y avoir de développement sans une paix durable.
La paix et la stabilité actuelles chèrement acquises en Afrique doivent être préservées. Plus que tout autre peuple du
monde, les peuples africains aspirent à la paix et refusent les conflits et la guerre. La communauté internationale doit
prêter une oreille attentive aux préoccupations et revendications africaines sur la préservation de la paix et de la stabi-
lité, et sur la base du plein respect de la volonté et du rôle prépondérant de l’Afrique, encourager les efforts africains
visant à régler en son sein les questions sécuritaires par le dialogue et les consultations. La communauté internationale
doit aussi soutenir l’Afrique dans ses efforts pour renforcer les capacités de maintien de la paix et de la stabilité, de sorte
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à créer pour le développement africain un environnement stable, prévisible et durable.
De l’autre côté, le développement est la garantie de la paix. Il ne peut y avoir de paix durable sans un dévelop-
pement soutenu. La pauvreté, le sous-développement et les déséquilibres de développement sont les racines des
instabilités, tandis qu’un développement équilibré, inclusif et durable constitue la clé à tous les problèmes. L’Afrique se
développe chaque jour davantage comme l’une des régions les plus dynamiques et les plus prometteuses.
C’est là un fort appui à la paix et à la stabilité de la région. La communauté internationale doit prêter une plus grande at-
tention au développement de l’Afrique, l’accompagner dans ses efforts pour préserver le bon élan de développement,
et faire en sorte que les acquis du développement soient partagés par les peuples, afin de consolider les fondements
de la paix et de la stabilité et d’ériger une digue contre les instabilités.
La Chine apporte un soutien actif et participe d’une manière constructive aux affaires de paix et de sécurité en Afrique,
elle est aussi un contributeur important au développement autonome et durable de l’Afrique. La Chine offre activement
ses bons offices dans le règlement des points chauds régionaux, prend pleinement part aux Opérations de Maintien de
la Paix onusiennes, fournit des aides militaires sans contrepartie à l’UA pour soutenir la construction de la Force africaine
en Attente (FAA) et de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), et défend les causes africaines
dans les enceintes multilatérales comme l’ONU.
Par ailleurs, en tenant compte des particularités et des besoins urgents des pays africains en matière de développe-
ment, la Chine a apporté son soutien en priorité aux efforts africains visant à régler les problèmes aigus de financement,
de technologies, d’infrastructures et de ressources humaines, apportant ainsi une contribution positive à l’amélioration
des conditions de vie des populations, au développement de l’Afrique et à la consolidation des bases matérielle et
populaire en faveur de la paix et de la sécurité.
En septembre dernier, s’est tenu avec succès le Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine. À cette
occasion, le Président chinois Xi Jinping a appelé la Chine et l’Afrique à construire main dans la main une communauté
de destin encore plus solide, et fait de la « sécurité commune » l’une de ses composantes importantes, en soulignant
que la Chine continuera à soutenir fermement les pays africains, l’UA et les autres organisations régionales dans leurs
efforts d’apporter des solutions africaines aux problèmes africains, et appuiera la mise en œuvre de l’initiative « Faire
taire les armes en Afrique ». Il a également annoncé les « huit initiatives majeures » à mettre en œuvre en priorité dans
les trois ans à venir, dont l’initiative dédiée à la paix et à la sécurité.
La Chine prendra une série de mesures majeures telles que la création d’un Fonds de coopération Chine-Afrique pour
la paix et la sécurité, la poursuite des aides militaires sans contrepartie à l’UA, le soutien aux efforts des pays du Sahel,
du Golfe de Guinée et d’autres régions en faveur de la sécurité et contre le terrorisme, la mise en œuvre de 50 projets
d’aide en matière de sécurité, pour apporter un soutien encore plus énergique à la coopération sino-africaine dans les
domaines de la préservation de la stabilité, de la lutte antiterroriste et du maintien de la paix.
Ce qui compte plus encore, c’est que le Sommet de Beijing a été un rendez-vous consacré à la coopération et au
développement. Les dirigeants chinois et africains sont convenus d’associer l’initiative « la Ceinture et la Route » à
l’Agenda 2063 de l’UA, au Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations-unies et aux stratégies
de développement national des pays africains. La Chine et l’Afrique renforceront notamment leur coopération dans
les domaines du développement industriel, des infrastructures, du commerce, de l’investissement, de la valorisation
des ressources naturelles et énergétiques, de l’agriculture, de la protection de l’environnement et de la formation des
jeunes. La Chine accompagnera les efforts africains visant à éradiquer à la racine le terreau des instabilités et à créer une
bonne dynamique en faveur de la paix et du développement durables.
La paix et le développement en Afrique sont cruciaux pour le destin de notre monde. La stabilité de l’Afrique est une
chance pour la paix mondiale, et son redressement est une opportunité pour le développement dans le monde.
Travaillons main dans la main pour apporter notre sagesse et notre contribution à la paix et au développement en
Afrique. Nous sommes convaincus que l’Afrique aura devant elle un avenir encore plus radieux.
Je vous remercie.
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 2
Ibrahim THIAW,
Conseiller Spécial pour le Sahel,
Nations-unies
C’est un grand plaisir pour moi de pouvoir participer à cette 5ème édition du Forum Interntional de Dakar au pays de
la Terranga et d’ainsi pouvoir m’exprimer sur une de mes priorités en tant que conseiller spécial pour le Sahel du
Secrétaire Général des Nations-unies.
Les enjeux de l’opérationnalisation du lien entre développement et sécurité sont au cœur de nos actions au Sahel. Le
Secrétaire Général de l’ONU a d’ailleurs publié le Plan de Soutien de L’ONU couvrant 10 pays du Sahel : il s’agit bien
sûr des 5 pays du G5 Sahel, ainsi que de la Gambie, du Sénégal, de la Guinée, du Nigeria et du Cameroun. Ce plan re-
connait que le Sahel est une région aux nombreux défis, et nous ne le soulignons jamais assez, ces défis sont un boulet
aux pieds de cette région.
Le plan de l’ONU souligne par ailleurs que le Sahel est aussi une terre d’opportunités. Ne nous y méprisons pas, c’est
une région d’avenir qui regorge de richesses, et est très riche en ressources naturelles. Le Sahel compte parmi les côtes
les plus poissonneuses au monde, et dispose d’un stock en ressources animales qui n’a rien à envier aux autres régions
arides ou semi-arides similaires telles que le Brésil ou l’Australie.
Les ressources minières sont abondantes et diversifiées. On peut penser à la bauxite, à l’or, à l’uranium, sans parler des
gisements de pétrole et de gaz.
Que dire de cette jeunesse vigoureuse et déterminée à vivre sa vie ? De la vaillance de ces femmes qui ne baissent
jamais les bras face à l’adversité ?
Le fond culturel commun bâti par les anciens empires, de même que les anciens textes - qui ici ne connait pas la charte
du Mandé qui régit les relations sociales au sahel - structurent cette ensemble.
Je ne peux aller plus loin au risque de froisser les historiens dans cette salle. Comme le dit l’adage africain : «en pré-
sence de la tête, le genou ne porte pas le bonnet».
Enfin, que dire des plus importantes de toutes les ressources, et des plus abondantes : le soleil et le vent. Ces sources
d’énergies renouvelables à l’infini sont devenues des atouts extraordinaires, et ce depuis que l’Homme en maitrise la
technologie et que les prix d’acquisition ont chuté de manière vertigineuse. Le Sahel est décidément une terre d’op-
portunités.
La question qui s’impose à nous tous est de savoir comment les saisir. Y a-t-il une vision et une volonté partagée des di-
gnitaires africains et de leurs partenaires, traditionnels ou nouveaux, pour saisir ces atouts ? Les enjeux sont importants
et les solutions possibles. Est-ce que les énergies renouvelables seront les technologies transformatrices ? Les énergies
propres pourraient-elles être la mèche qui déclenchera l’allumette du développement durable au Sahel ?
En fait, deux éléments complémentaires peuvent changer les dogmes, si certaines politiques appropriées sont
simultanément mises en place. D’abord, fournir de l’énergie, notamment solaire et éolienne au 70% des sahéliens qui
en manquent aujourd’hui. Chaque village, chaque hameau pourrait disposer d’une solution locale et adaptée, un peu
comme le téléphone mobile qui a permis d’énormes bonds en avant. Il est simplement inconcevable qu’en ce siècle du
laser et de la fibre optique, les sahéliens demeurent dans le noir alors qu’ils reçoivent la plus haute intensité solaire au
monde !
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Par ailleurs, avec l’accès à l’énergie, et fort d’une main d’œuvre jeune et vigoureuse de mieux en mieux formée et bon
marché, le Sahel peut s’engager vigoureusement dans la transformation de ses matières premières. Il doit se tourner
vers la création de chaîne de valeur, la création d’emplois locaux, et réussir à limiter l’immigration irrégulière et péril-
leuse alimentant toute sorte de trafics. Il doit offrir de nouvelles perspectives à des millions de jeunes, et les extirper
des griffes des réseaux malveillants.
Il s’agirait de mettre en place des accords gagnants-gagnants entre le Sahel et ses partenaires tout en réduisant les
vulnérabilités sociales et les risques sécuritaires qui nuisent à tous, à l’instar du Botswana et des Seychelles, pour ne
citer que 2 exemples en Afrique.
C’est pour cela que l’ONU lance 2 initiatives majeures au Sahel ciblant les femmes et les jeunes vivant dans les zones
transfrontalières : il s’agit de la promotion massive de l’énergie renouvelable, y compris en milieu rural, couplée à une
instauration d’une agriculture adaptée au climat.
Les enjeux de la sécurité et du développement exigent de nous tous une vision, un pragmatisme, une créativité et du
courage. Ces enjeux nous obligent à nous attaquer simultanément aux manifestations immédiates et aux causes pro-
fondes des crises.
Avant toute chose peut-être, ces enjeux exigent de notre part, aujourd’hui plus que jamais, une volonté de coopération
et un attachement à un multilatéralisme véritable afin d’atteindre notre objectif commun qui est la paix et la stabilité au
Sahel.
L’analyse approfondie du lien sécurité - développement tend à démontrer que la sécurité est devenue partie intégrante
du développement, et vice-versa. Ce lien, il est fort et inexorable. En réalité, les termes sécurité et développement ont
beaucoup en commun, tant au niveau du discours que de la réalité du terrain à laquelle nous sommes tous confrontés.
Ce diptyque sécurité-développement, rapporté au Sahel, ne se résume finalement qu’en une seule notion : celle de la
sécurité humaine. Il s’agit, comme l’avait dit feu Kofi Annan, de «promouvoir le droit de tous de vivre à l’abri des besoins,
de vivre à l’abri de la peur, et de vivre en dignité».
Le Secrétaire Général des Nations-unies martèle qu’il ne peut y avoir de développement et d’éradication de la pauvreté
sans paix ni sécurité.
Il n’y aura pas de paix durable sans développement et sans éradication de la pauvreté. Ainsi donc, au Sahel, et surtout
Sahel, il ne faut pas se laisser accaparer par le syndrome du «tout sécuritaire». Les pays du G5, représentés ici par son
Secrétaire Permanent, l’ont bien compris en développant notamment, dans un souci de responsabilisation et d’appro-
priation, une stratégie pour le développement et la sécurité fondée sur 3 axes stratégiques : la défense et la sécurité, la
gouvernance et la résilience, le développement humain décliné en programmes d’investissements prioritaires.
C’est dans ce cadre qu’il faut aussi situer le plan de soutien des Nations-unies au Sahel qui incarne cette convergence
sécurité - développement et offre ainsi une vision partagée pour un Sahel prospère et paisible.
Par-delà le soutien politique, nous nous devons aussi de renforcer notre assistance économique, financière et humani-
taire. À long terme, c’est sur cette base qu’il est raisonnable de s’attendre à ce que le développement crée la sécurité,
et que la sécurité crée le développement.
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 2
Ni la RDC ni la Somalie ne m’ont amené à ce Forum. Le G5 Sahel a réussi cet exploit. Je remercie les organisateurs de
m’avoir invité et je voudrais, mesdames et messieurs, m’adresser à vous avec ce sentiment d’enthousiasme et de gravité.
Enthousiasme car l’opérationnalisation du lien entre le développement et la sécurité représente une partie de ma vie
professionnelle. C’est donc, avec plaisir, que je partage mon expérience ainsi que les efforts que je mène avec tous les
acteurs du G5 Sahel.
Gravité car mes propos ne sont pas théoriques. Ils s’ancrent dans les destinées, les besoins et les attentes de millions
d’êtres humains sans se départir du recul nécessaire pour livrer une analyse lucide. Il convient de rappeler que notre
action est inséparable d’une action pertinente à court, moyen et long terme. De par son mandat, le G5 Sahel associe
sécurité et développement dans un champ opérationnel conjoint. Cependant, force est de constater qu’un terme pré-
cède l’autre et qu’il jouit d’une attention accrue.
Permettez-moi, tout d’abord, de souligner un constat : D’ordinaire, le lien entre stabilité et prospérité passe souvent
inaperçu quand un pays, est ou parait sous contrôle. L’attention se porte sur la création de valeurs. On peut toutefois
souligner qu’il n’existe pas de lien mécanique entre sécurité et développement. Un régime politique stable peut faire
régner la sécurité sans que la prospérité ne survienne.
Ce n’est précisément pas de cet état de fait que se nourrit la vision du G5 Sahel. Notre conviction à nous s’inscrit dans
un temps long où développement et sécurité sont les deux composantes d’un équilibre pérenne.
Née en 2014, le G5 Sahel est un nouvel acteur dans un champ d’action d’une grande complexité. Il n’a pas vocation à
être un laboratoire d’idées; l’enjeu est précisément de mettre en oeuvre les priorités politiques indiquées par les ins-
tances supérieures que sont le Conseil des Ministres et le Sommet de Chefs d’État.
Avant d’exposer les enjeux de l’opérationnalisation, il importe de souligner qu’il s’agit d’un défi. Comment mettre en
oeuvre et imbriquer trois objets : le développement, la sécurité et la pérennité ?
Voici donc pour le tableau de bord auquel nous ajoutons l’horizon : à quelle aune juge-t-on notre action et son impact
? Quels critères choisit-on ? Pour qui ? Et selon quelle grille de lecture ?
Enfin, sur l’axe temps, plusieurs échelles s’imposent : court, moyen ou long terme. Quelles pistes choisir pour la
pertinence de votre lecture dans une organisation comme le G5 Sahel ? Vous devez tenir compte d’un environnement
volatil où l’information parfois partielle ou partiale peut dicter la conduite ou risque de négliger l’opiniâtre et discret
travail de mise en branle d’une chaine d’acteurs parfois disparates.
«Insécurité, tyrannie, pauvreté, expliquer sa mobilité interne» citation d’une chronique consacrée à Karamokoba Tou-
ba, figure religieuse des XVIIIème et XIXème siècle. Ces quelques mots soulignent l’imbrication entre sécurité, stabilité et
prospérité. Ils restent utiles. Nos efforts, dans un temps long, évoquent la permanence des aspirations des Sahéliens.
Au début du XIXème siècle, un soufi de l’Azawad écrivait «les croyances se distinguent par la diplomatie et la gentillesse
plutôt que par la dureté en mots et en actes, il faut faire le bien et offrir sa richesse de façon désintéressée». Au détour
de ses quelques lignes, le savant Kunta expose ainsi sa vision du lien entre sécurité et prospérité. Il s’agit d’une pratique
du pouvoir et d’une éthique agissante qui combine l’action des dirigeants et le comportement des citoyens. Ces fonda-
mentaux demeurent dans le G5 Sahel, les États et leurs citoyens.
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Loin des discussions de diplomates et d’experts, de nombreuses initiatives animent le sahel et fédèrent les énergies de
femmes, d’entrepreneurs, de jeunes, d’artistes, de docteurs de la foi. Quand elles s’adressent au Secrétariat Permanent,
elles découvrent une institution dont le mandat tient pour une part de transformer la vision en action et à naviguer dans
un environnement stimulant et éreintant.
Le G5 Sahel s’est, dans un premier temps, doté d’une stratégie en 2014. Afin de la mettre en oeuvre, les ministres des
cinq États membres ont adopté un programme d’investissement prioritaire que mon frère Ibrahim Thiaw vient d’évo-
quer. Sa première phase s’achèvera entre 2019 et 2021.
Pour coordonner notre organisation régionale, nous comptons sur plusieurs unités de valeurs : le temps, les ressources
humaines, financières et l’ingénierie sociale multi-acteurs. Il nous faut combiner cette différence d’éléments pour faire
émerger le consensus, le fonder en élément tangible, facilitant la prise de décision et contribuer à une mise en oeuvre
satisfaisante.
La méthodologie du G5 Sahel repose donc sur un important travail de consultations des États membres. Le plan d’ac-
tion régional dont nous disposons repose essentiellement sur leurs contributions. Il importe, toutefois, d’expliquer la
valeur ajoutée de l’action collective, de persuader certains acteurs, d’y prendre part et d’obtenir le soutien politique et
financier requis pour que l’opérationnalisation de notre vision soit satisfaisante.
Un élément fondamental de notre capacité opérationnelle est le dispositif administratif et financier sur lequel repose
notre action militaire et civile. La pérennité de nos efforts et de leurs résultats supposent un modèle de financement
prévisible et stable. C’est pourquoi nous défendons le recours au chapitre 7 de la chartre des Nations-unies pour finan-
cer la force conjointe du G5 Sahel.
En parallèle, nous avons créé un fond fiduciaire auquel ont contribué la Commission de l’UEMOA et le Rwanda. La
CEDEAO arrive très bientôt. Enfin, élément incontournable de toute croissance du Secrétariat Permanent du G5 Sahel,
il nous faut piloter une gestion saine et pertinente des ressources disponibles. Dans un environnement caractérisé par la
rareté de ses dernières, il faut viser l’efficacité et l’efficiente, non pas pour donner l’illusion d’un management moderne,
mais parce que c’est l’une des conditions de la réussite de notre Organisation. Nous ne voulons ni ne pouvons tout
faire, c’est pourquoi les enjeux de l’opérationnalisation du lien entre sécurité et développement dépassent le périmètre
d’intervention d’une organisation pour s’insérer dans un écosystème.
Nous avons un motto, j’ai un motto, à chaque fois que je lis une intervention : « la route sera longue et ardue mais la
vision est claire : accroitre nos compétences et agir ensemble pour la sécurité et la prospérité du Sahel et de l’Afrique ».
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 2
Rémy RIOUX
Directeur Général de l’Agence Française de Développement,
France
Je suis extrêmement heureux et honoré de pouvoir intervenir devant vous en plénière aujourd’hui. Je tiens à féliciter les
autorités sénégalaises, car le Forum International de Dakar pour la Paix et la Sécurité en Afrique est devenu la référence
sur ces sujets. Votre présence nombreuse ici en témoigne.
C’est ma première participation dans ce Forum, mais je voulais vous rendre hommage et vous dire quelques mots - pas
trop long - sur un sujet qui est abordé au cours de vos discussions et sur lequel nous sommes très directement concer-
nés à l’AFD. C’est ce lien entre sécurité et développement. Je vous ferez un point sur la transformation de l’AFD dans
ces domaines et tout ce débat qui anime le monde du développement qui est confronté de façon croissante à ces
questions de sécurité et de vulnérabilité dans un grand nombre de territoires.
Trois remarques : une première sur la stratégie, parce que cela commence par là, une sur les opérations parce que c’est
la dimension très concrète et quelques mots de perspectives car nous ne sommes pas encore au bout de ce chemin
qui est très prioritaire pour nous.
Mon premier point est pour vous dire que le virage stratégique sécurité et développement a été pris maintenant.
Au plan international, nous avons un objectif du développement durable, « objectif 16, paix, justice et institutions effi-
caces », depuis 2015, qui est notre mandat. Il a été aussi pris dans le domaine de l’aide public au développement.
Le cadre de l’OCDE a changé ses règles de comptabilisation de l’aide publique au développement pour faire plus de
place à ces questions de crises, en 2016.
Bien sûr, nous suivons le message du Secrétaire Général des Nations-unies sur la résolution de la paix et la consolida-
tion de la paix, de même que tout ce que fait l’Union Européenne - qui est, je crois fortement représentée ici - dans ces
domaines.
En France aussi, il y a une stratégie française très ambitieuse qui s’appelle « Prévention, Résilience et Paix durable » dans
lequel l’AFD s’inscrit.
Dans le plan stratégique de l’AFD, nous avons rendu public au début du mois de septembre, avec Jean-Yves LE DRIAN
l’un de nos cinq grands engagements : c’est le développement en 3D dans les territoires vulnérables en crise. Il consiste
à travailler de façon extrêmement étroite avec nos collègues diplomates et du monde de la défense et de la sécurité.
À, l’AFD on parle de continuum quand on parle de sécurité et de développement. Je n’aime pas beaucoup ce mot
parce que le terme continuum est toujours dans une logique séquentielle ou les acteurs se succéderaient avec le risque
de périodes où il ne se passe rien, où le relais n’est pas pris. Je préfère le mot latin « contiguum » qui veut dire qu’on est
tous présents à toutes les étapes mais qu’on le fait de façon coordonnée, à juste distance. Chaque acteur est là, chaque
acteur essaie d’apporter quelque chose avant la crise, dans la phase de prévention. La phase en amont est naturelle
pour les bailleurs de fond et la communauté financière internationale mais on peut intervenir sur des sujets de résilience
lorsque la crise est malheureusement survenue et travailler sur la stabilisation le dialogue.
Il se pose des problématiques de développement durant la crise qui ne se présentent pas dans d’autres périodes. Nous
sommes là aussi pour intervenir pour une paix durable dans la période de consolidation, qui là aussi nous est plus fami-
lière, mais où nous avons, pour gagner la paix, un rôle très important à jouer dans le triptyque défense, diplomatie et dé-
veloppement. On fait, bien sûr, des métiers différents, c’est bien pour cela que chacun a une valeur ajoutée entre les 3D.
Moi je vois le « D » de développement comme celui des Institutions qui amènent dans les crises des territoires vulné-
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rables, les enjeux de moyen terme, les enjeux de long terme et qui apportent des réponses sur les causes structurelles
de la vulnérabilité.
Nous ne sommes pas des acteurs de court terme ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas apporter des pro-
grammes, des actions à impact rapide y compris dans le temps de la crise. Je pense que c’est ça notre valeur ajoutée
dans le triptyque des 3D.
Un mot sur les opérations : je crois que, là aussi, nous avons le message international suivant, à savoir que nous sommes
en train de faire collectivement des progrès significatifs depuis 2016, ce qui est très important.
Vous savez à quel point nous sommes engagés avec les douze membres de l’Alliance Sahel. Je parlerai surtout du
Sahel, mais évidemment on pourrait parler d’autres crises dans lesquels nous sommes impliquées. Je crois que c’est
extrêmement important d’avoir cette approche intégrée, multi-bailleurs. Il existe une très forte coordination - comme
jamais probablement - et un lien très étroit avec nos partenaires du Sahel. Nous venons de signer, vous en avez sans
doute parlé à Niamey, avec le Président Issoufou, un protocole de partenariat entre l’Alliance Sahel et le G5. C’est
extrêmement important. Il y aura également cette grande conférence à Nouakchott autour du Programme d’Investisse-
ment Prioritaire et nous avançons beaucoup sur les PDU comme nous l’ont demandé les Chefs d’État. On travaille sur
tout l’écosystème du développement, et je crois qu’il est en train de se structurer comme jamais, dans une logique de
résultat qu’il faut apporter.
La philosophie d’action de l’Alliance Sahel, vous la connaissez : concentrer les efforts sur les secteurs prioritaires et les
identifier collectivement, accélérer la mise en oeuvre sur le terrain, avoir une redevabilité collective, des engagements
collectifs de résultats, et bien intégrer les enjeux de sécurité dans l’ensemble de nos interventions. Nous avons lancé
l’Alliance Sahel sans faire de grandes annonces en chiffres car ce sont des résultats dont les populations sahéliennes
ont besoin. Il faut quand même qu’on mesure notre efficacité : Nous avons plus de 600 projets concernés, un taux de
décaissement cette année qui sera de l’ordre de 25% sur quatre milliards de projets qui sont d’ores et déjà en exécution.
Les gens qui nous connaissent savent que c’est une bonne performance qu’il faudra encore accroitre. Il faut aller plus
vite et il faut monitorer très précisément les sujets de secteurs prioritaires qui sont au coeur du travail de l’Alliance. Je
ne rentre pas dans le détail mais à Konna, Gao, Ménaka on cherche à faire des grappes de projets, à avoir un impact très
profond sur certains territoires particulièrement exposés. Ça c’est au plan international.
Je voulais aussi vous dire qu’on fait, je crois, de grands progrès au sein de l’équipe France qui est fortement représentée
dans ce Forum de Dakar. Il y a un dispositif français de gestion interministériel des crises extérieures dans lequel l’AFD
s’inscrit pleinement, avec les services du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et les services du Ministère
des Armées. Quand j’ai pris mes fonctions au mois de juin 2016, la première visite que j’ai faite, le premier texte que
j’ai signé, était notre partenariat, notre accord cadre avec l’État-major des Armées françaises. C’était un signal que je
crois fort, qui fixe les modalités pratiques, le rapprochement, la façon dont nous travaillons et aussi ces notions de juste
distance que j’indiquais tout à l’heure.
A l’intérieur de l’AFD, nous effectuons aussi un grand travail pour changer nos modes de faire. Je sais qu’il y a beaucoup
d’attentes de ce point de vue. On a créé, pour piloter ce sujet crise et vulnérabilité, un Comex. Tous les deux mois nous
nous réunissons en interne avec tous les directeurs de l’Agence pour traiter chacun des théâtres de crises, réfléchir et
modifier nos façons de faire pour être plus efficace. Vous savez qu’on fait maintenant des projets systématiquement en
deux temps avec une phase de mise en oeuvre rapide qui engage ensuite une composante plus structurelle. C’est le
programme actif. C’est le programme 3F. C’est le programme Wash Ménaka. On fait notre travail en passant de plus en
plus par des tiers dans l’identification des projets et dans leurs mises en oeuvre, les tiers étant, bien sûr, la société civile
avec laquelle on travaille depuis longtemps. On a, je le dirais tout à l’heure, un sujet avec le secteur privé sur lequel il
faut qu’on travaille et qu’on approfondisse les choses.
L’arrivée d’Expertise France dans le groupe AFD, l’année prochaine, va beaucoup nous aider. Expertise France est très
actif dans les territoires fragiles, idéal pour nous aider à définir et à mettre en oeuvre des procédures allégées pour
une instruction plus rapide de ces projets, notamment quand ce sont des projets qu’on répète. Nous avons créé un
instrument dédié qui s’appelle Minka dans lequel nous aurons plus de 200 millions d’euros de capacité en dons l’année
prochaine, en 2019, pour amorcer et aller plus vite dans ces territoires où nous sommes très attendus.
Vous savez qu’on ne passe pas toujours par les gouvernements, qu’on peut aussi passer par d’autres acteurs non
souverains. L’essentiel de cet effort passe dans le cadre de l’Alliance Sahel dont nous parlions à l’instant et plus de la
moitié de ce volume est d’ores et déjà décaissé. Là aussi, on essaie d’avoir des performances de décaissement et donc
d’impact beaucoup plus rapide. Cet effort de la France va s’accroitre avec l’augmentation de l’aide publique française
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au développement qui doit atteindre 0,55% de notre revenu national à l’horizon 2022. C’est l’engagement qu’a pris le
Président Emmanuel MACRON.
Un virage c’est bien, mais à un moment il faut sortir du virage, avoir une ligne droite et accélérer. On sait qu’on a encore
beaucoup de choses à faire. Il faut aller plus loin. L’idée de l’AFD est de ne jamais y aller seul donc on peut prendre des
initiatives, on peut changer nos procédures, on peut accélérer mais si on le fait tout seul cela n’a pas de sens. C’est pour-
quoi on le fait toujours dans un dialogue avec les autres Institutions financières de développement. C’est la beauté de
l’alliance Sahel. Je vois l’alliance Sahel comme un espace dans lequel on va innover, on va ensemble, améliorer, rendre
plus efficace nos interventions quitte ensuite à les généraliser dans l’ensemble de notre portefeuille et de nos interven-
tions. L’AFD travaille beaucoup avec la Banque Mondiale, la BAD, l’Union européenne, avec nos collègues allemands,
les Nations-unies et tous ceux qui ont accepté de rentrer dans cette alliance et d’y mettre beaucoup d’efforts. Je les en
remercie tous.
Nous avons encore beaucoup de travail, mais j’espère vous avoir convaincu qu’on a fait une part du chemin.
Encore une fois, tous ces débats n’ont de sens que s’ils sont un mouvement qui engage l’ensemble de la communauté
du développement. Vos orientations, vos critiques, vos attentes dans le respect mutuel et dans une exigence que nous
devons aux populations du Sahel et des autres territoires en crises sont particulièrement importantes.
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Jacobus Kamfer CILLIERS,
Chef du programme Futurs de l’Afrique, Président du conseil
d’administration de l’ISS,
Afrique du Sud
Je m’attache depuis plusieurs années à travailler sur le long terme et c’est de cela que je veux parler.
Il est tout d’abord important de souligner que les choses s’améliorent. Ainsi, de 1994 à 2008, l’Afrique a connu la pé-
riode de croissance la plus soutenue depuis l’indépendance dans les années 60, avec un taux de croissance moyen de
4,7 % par an; les revenus se sont améliorés de manière régulière; le pourcentage d’Africains extrêmement pauvres a
ainsi baissé depuis 1995, mais trop lentement. Cette période a coïncidé avec les suites de la troisième vague de démo-
cratie consécutive à la chute du mur de Berlin. Le niveau moyen de démocratie en Afrique s’est rapproché du niveau
mondial. Une régression de la démocratie a été constatée dans le même temps en Europe et Amérique du Nord. Mais
en Afrique, la démocratie est robuste, se développe et obtient un large soutien.
Nous estimons que la croissance annuelle va s’établir à plus de 4 % en Afrique jusqu’à 2030 et au-delà. Une croissance
saine et solide. Mais trop lente. Si nous voulons réduire rapidement la pauvreté, nous devons viser un taux de croissance
économique proche de 10 % par an.
La croissance africaine a été largement soutenue par un cycle très favorable sur les matières premières qui a pris fin avec
la grande récession mondiale de 2007-2008. Un nouveau cycle de cette ampleur est probable d’ici environ dix ans. Cette
fois-ci, c’est l’Inde qui pourrait en être à l’origine, mais nous nous inquiétons de la dépendance croissante de l’Afrique
vis-à-vis des matières premières. Même en partant d’assez bas, l’Afrique subit une légère désindustrialisation. Le secteur
manufacturier décline. Beaucoup de choses s’améliorent sans doute en Afrique, mais pas assez rapidement et sans que
cela ne concerne tous les Africains.
Arrêtons-nous à présent sur les spécificités de la violence en Afrique. Le Programme d’Uppsala sur les données relatives
aux conflits nous donne les indications suivantes : Nous avons connu des hauts et des bas. Le nombre de décès dus à la
violence armée a augmenté entre 2010 et 2014. Depuis 2015, la tendance est à la baisse. De manière générale, les décès
liés à des conflits armés diminuent, mais lentement. De même, une grande partie de l’Afrique est aujourd’hui en paix.
Si on s’intéresse au taux de mortalité, c’est-à-dire au nombre de décès par million de personnes, sur les sept dernières
années (2010 à 2017), le risque de décès le plus élevé suite à un conflit armé concerne les pays suivants : République
centrafricaine, Somalie, Libéria, Libye, Soudan, Soudan du Sud et Burundi (dans cet ordre).
Bien que les décès dus à la violence armée soient en baisse, la fréquence des émeutes et des protestations est en
augmentation. Au cours des sept dernières années, la Somalie, le Kenya, l’Algérie, la Tunisie, le Nigeria, l’Égypte et
l’Afrique du Sud ont été les pays les plus touchés (dans cet ordre). Toutefois, le nombre de décès par manifestation de
protestation est en baisse. Les gouvernements démocratiques font moins appel à la force.
De manière générale, l’Afrique est de plus en plus stable même si certaines régions, comme le Sahel, doivent encore
faire face à de redoutables défis. Mais qu’est-ce qui provoque la violence ?
70
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 2
• La jeunesse – examinons le pourcentage de jeunes âgés de 15 à 29 ans. L’Afrique subsaharienne connaît la plus
forte explosion démographique des jeunes dans le monde. Dans des pays comme l’Ouganda, le Tchad, le Niger,
la Somalie, le Mali, l’Angola, le Malawi et la Zambie, la proportion de jeunes de 15 à 29 ans dépasse la moitié de
la population adulte totale. Les jeunes hommes sont en grande partie responsables de la violence. Cette situation
provoque structurellement un plus grand risque de turbulence sociale.
• La pauvreté – les pays pauvres sont plus violents en raison de leurs capacités limitées. En Afrique, 460 millions
de personnes, soit environ 36 % de la population, connaissent l’extrême pauvreté. Nous ne pourrons pas atteindre
l’objectif ODD 1 sur la pauvreté en 2030. Il y aura probablement plus de 500 millions d’Africains extrêmement pauvres
en 2030, soit 30 % de la population totale.
• Les inégalités – certains groupes sont privilégiés par rapport à d’autres. Les inégalités sont généralement fortes
en Afrique, notamment dans le Sud du continent. Une croissance moyenne ne permet pas de réduire la pauvreté.
• De nombreux pays africains ont un type de régime mixte, ni pleinement démocratique, ni totalement autocra-
tique. Certains aspects paraissent démocratiques, comme des élections régulières ; mais celles-ci sont malheureuse-
ment faussées et le vainqueur détient des pouvoirs extraordinaires, ce qui lui permet de nommer des hommes forts
dans tous les secteurs sensibles. La démocratie est ainsi pervertie. En lieu et place d’une véritable démocratie, nous
n’en avons que l’apparence au travers des élections.
• Le crime organisé est de plus en plus répandu en Afrique et le lien avec le terrorisme s’accentue. Cela est par-
ticulièrement évident au Sahel.
• Les interventions extérieures, comme celle de l’OTAN en Libye, et les groupes terroristes comme Al Qaïda
attisent les conflits.
À long terme et d’un point de vue structurel, l’Afrique a besoin d’une action concertée sur trois aspects.
D’abord, la transition démographique – un pays se développe lorsqu’il y a au moins 1,7 personne en âge de travailler
(entre 15 et 64 ans) pour une personne à charge. En ce moment, ce rapport n’est que de 1,3. L’Afrique n’atteindra le
rapport de 1,7 qu’après 2054. Dans 36 ans ! Il est donc impératif que la croissance économique de l’Afrique s’accélère.
Néanmoins, nous ne pourrons atteindre qu’un rapport très faible avec moins de deux personnes en âge de travailler
pour une personne à charge. La Chine et les dragons asiatiques culminent à 2,8. L’Inde doit être aux environs de 2,2.
Notre taux ne croît donc pas aussi vite que celui de la Chine ou des dragons asiatiques.
Également, l’industrialisation – nous devons modifier notre structure de production. La modification de la structure pro-
ductive des économies africaines passe historiquement par le transfert de la main-d’œuvre agricole vers l’industrie. En
Afrique, l’industrie est six fois plus productive que l’agriculture.
Enfin, une révolution agricole – l’Afrique a le plus faible rendement par hectare dans le monde en dépit du potentiel
agricole le plus élevé. L’Afrique est de plus en plus dépendante de l’importation de produits alimentaires. Il est néces-
saire d’investir pour relever la courbe de productivité agricole. Mais cela ne résoudra pas le problème de l’emploi en
Afrique.
Ces trois transitions ne seront pas possibles sans une modification du mode de gouvernance des pays africains. La
démocratisation et le développement doivent aller de pair. L’idée selon laquelle l’Afrique s’en sortira en adoptant un
modèle de développement autoritaire est erronée. Et bien sûr aussi l’éducation – une modification complète de notre
système d’éducation est nécessaire (informatique, etc.) ainsi que les infrastructures – sans investissements appropriés
sur tout le continent, nous ne pourrons pas étendre l’intégration régionale et commercer entre pays africains. Nous
devons favoriser les chaînes de valeur régionales.
Douze suggestions :
1.Des élections régulières, libres, équitables, transparentes et gérées par des organismes indépendants. Un
accès complet doit être accordé aux observateurs étrangers et domestiques, tous les nationaux pouvant participer. Cela
nécessite une procédure d’enregistrement rigoureuse avec des listes pouvant être soumises à un contrôle public. Les
élections doivent donc être organisées à des échéances régulières et prévisibles et ne jamais être décalées. La popula-
tion doit faire confiance au processus électoral. Sinon, les protestations seront violentes.
2.La procédure de désignation pour les postes les plus haut placés du gouvernement doit être ouverte et trans-
parente. Les dirigeants africains ont en général trop de pouvoir pour nommer les gouverneurs, les maires, les juges et
les hauts fonctionnaires.
3.Les mandats doivent être limités dans le temps. Dans tous les pays, il doit exister un âge minimal et maximal
et des exigences de formation pour les chefs d’État. L’âge moyen en Afrique est de 19 ans avec une espérance de vie
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de 63 ans. Quelle est la moyenne d’âge des présidents ? Les pays n’appartiennent pas à des individus ou à des familles.
4.Une décentralisation effective des pouvoirs vers les provinces/États et les villes doit être mise en place.
L’Afrique s’urbanise. Contrairement à ce qui se passe en Europe et ailleurs, les villes africaines ne proposent pas d’em-
plois industriels. Nous constatons la prolifération de bidonvilles immenses. Seuls les pays où les villes et les conurba-
tions auront le pouvoir de lever des impôts et de gérer directement leurs affaires pourront se développer. Nous devons
planifier et préparer un avenir urbain. Dans des régions comme le Sahel, les prévisions indiquent que de vastes régions
de l’arrière-pays pourraient être inhabitables dès le milieu du siècle.
5.L’autonomisation des régions rurales. La majorité des Africains vit encore dans des zones rurales ; nous devons
faire en sorte que chaque village, ville et groupe soit économiquement autosuffisant. Ce fut l’un des secrets du dévelop-
pement remarquable de la Corée du Sud, et ce, sans planification centrale (contrairement à ce que l’on prétend parfois).
6.Nous devons élaborer une stratégie cohérente de développement à long terme qui oriente l’action gouverne-
mentale dans chaque pays. Cela signifie la fin des projets prestigieux comme les aéroports, les stades et autres qui n’ont
que peu d’impact sur le développement national. Nous devons nous concentrer sur les bases. L’approvisionnement en
eau potable, l’assainissement et des soins de santé de base pour notre population, voilà les infrastructures clés.
7.Nous devons avoir des discussions sérieuses sur l’importance de limiter la taille des familles ; un leadership
politique, des programmes d’éducation pour tous, des soins de santé de base et l’accès à des contraceptifs modernes
sont essentiels à cet effet.
8.Il nous faut rendre l’Afrique attractive pour les investisseurs du secteur privé. Les pays africains à faible revenu
resteront vraisemblablement dépendants des aides, mais les pays à revenu intermédiaire doivent attirer les investis-
sements privés s’ils veulent se développer. Suivons l’exemple du Rwanda et levons les obstacles au développement
économique. Les politiques doivent être tracées et prévisibles.
9.Les marchés nationaux africains sont trop petits. Si nous voulons intégrer l’économie mondiale, il nous faudra
créer des chaînes de valeur régionales. Cela ne sera possible qu’au moyen de l’intégration régionale.
10.L’Afrique semble avoir succombé à la tentation de la guerre militaire dans son combat contre l’extrémisme
violent et la terreur. Il n’y a pas de guerre entre États africains. Nous nous entêtons cependant à utiliser ce moyen ina-
dapté pour combattre un problème domestique, le terrorisme, largement issu de la défaillance des gouvernants. Il faut
que nous axions nos efforts principalement sur le renforcement des capacités des services de police, de renseignement
et judiciaires.
11.Nos méthodes de lutte contre l’extrémisme violent doivent être conduites au niveau national. Le rôle de la
communauté internationale, de nos amis et de nos alliés est important, mais sans un leadership africain solide, la lutte
contre le terrorisme échouera.
12.Le maintien de la paix doit être notre souci constant. Le risque de reprise de conflit chute de 75 % dans les
pays où des Casques bleus sont déployés.
L’Afrique restera un continent agité, car il est pauvre, jeune et mal gouverné, mais aussi en pleine croissance et dyna-
mique. Nous devons prendre en compte cet environnement et appréhender l’avenir en toute confiance.
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 2
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Conférence 2
Sécurité et développement en
Afrique : quelles coopérations
internationales pour une paix
durable ?
LES INTERVENANTS
Arthur BOUTELLIS
Conseiller senior à l’International Peace Institute - États-Unis
Virginia COMOLLI
Senior Fellow for Conflict, Security and Development, IISS - Royaume-Uni
John GATT-RUTTER
Chef de la Division Anti-terroriste, SEAE - Belgique
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
La synergie entre les cadres internationaux, régionaux et nationaux de la sécurité et du développement est nécessaire.
L’approche sécurité-développement rééquilibre et priorise mais cette approche fait travailler ensemble des cultures
stratégiques très différentes. L’approche intégrée doit être mise en avant. La multiplication des acteurs doit être accom-
pagnée d’une compréhension globale, entre tous les acteurs, des causes, des solutions et des enjeux.
L’insécurité constitue un frein important au développement, réduit l’aide humanitaire et met en danger les populations.
Il faut prôner des modèles originaux sans pour autant subordonner le développement au sécuritaire. L’approche doit
être plus globale que le militaire, et prendre en compte les accords politiques et économiques. L’Afrique a besoin d’in-
frastructures et de capacités économiques pour pouvoir revendiquer une sortie de crise. Or, les soutiens économiques
définissent les positions et la loyauté. Pour obtenir des dividendes de la paix, les enjeux doivent être clairs, tout comme
les positions respectives des États.
Les interdépendances civil/militaire et sécurité/développement sont claires. La réalité de l’urgence sécuritaire prend
parfois le pas sur le développement. L’argent des bailleurs arrive rarement aux zones enclavées. Les pressions en ma-
tière de migration et de terrorisme montrent que l’économie est directement impactée par les enjeux de sécurité. Il
faut donc pouvoir travailler avec l’ensemble des acteurs des secteurs économiques, sécuritaires et du développement.
L’articulation entre les niveaux continentaux et régionaux est principale. Il faut donc passer par une clarification de la re-
lation entre l’UA et les organisations régionales. Une plus grande autonomie financière des opérations de paix africaines
est nécessaire afin de se doter de ses propres compétences et mettre en avant un agenda propre. Il faut que l’UA se
dote de la capacité de répondre à l’intégralité des enjeux d’une crise, de la lutte contre l’instabilité militaire et politique
mais aussi concernant les besoins basiques des populations touchées par ces mêmes crises.
Créer un consensus, un nouveau contrat social entre l’État et sa société, doit permettre à la population d’assumer et
d’accepter les décisions politiques, sociales et économiques. À ce titre, la médiation et le dialogue doivent favoriser les
efforts communs. Les engagements doivent être compris par la société au risque de ne pas intégrer les objectifs.
Les États africains doivent revenir aux fondamentaux, définir un État décentralisé et fort permettant de revendiquer une
véritable puissance et une participation importante des citoyens. La décentralisation doit traduire une représentation de
l’État, avec des fonds décentralisés, des stratégies de développement différenciées et le développement de la ruralité
et des zones périurbaines. La gouvernance doit être repensée en faveur de solutions nouvelles où les organisations
locales et traditionnelles sont repensées et modernisées. Les enjeux démographiques doivent être pris en compte
par les stratégies de développement. Revoir la position des femmes et des jeunes dans un État fort oblige à changer
l’orientation de l’économie.
Il faut repenser la place de l’Armée vis-à-vis de la population. Il existe une absence de compréhension du rôle des ar-
mées qui pèse sur la hiérarchie sociale. L’armée de développement doit être adaptée en faveur de la sécurité humaine,
les forces doivent s’articuler au regard des fragilités politiques, économiques et environnementales. La conscription et
le service militaire obligatoire pourraient favoriser la compréhension des populations pour l’armée, afin que les forces
de sécurité soient en capacité de soutenir l’État.
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Atelier 4
Sécurité et développement
des espaces frontaliers
LES INTERVENANTS
Moctar OUANE
Délégué général à la Paix et à la Sécurité- UEMOA
Caroline ROUSSY
Chercheuse affiliée, IMAF-CNRS - France
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
L’Afrique a en effet était marquée par des conflits et des contentieux frontaliers qui ont parfois débouché sur des af-
frontements entre les États, mais aussi entre les différentes communautés situées au niveau des frontières. L’adoption
en 1964 par l’OUA du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation a permis d’éviter de nouvelles
tensions entre les États. L’Afrique reste cependant confrontée à des difficultés liées à la gestion des espaces frontaliers
qui sont parfois des zones où se développe la criminalité organisée, les trafics divers et où l’absence de l’État rend vul-
nérables les populations face aux groupes criminels et extrémistes.
L’Union africaine, à travers la convention de Niamey de 2014, préconise le renforcement de la coopération transfronta-
lière, et reste par ailleurs une référence dans ce domaine. L’UEMOA a également mis en place des mécanismes à travers
son approche sur la consolidation de la paix et de lutte contre le terrorisme. Elle intervient également dans la zone du
Liptako Gourma, pour réduire la vulnérabilité des populations. Enfin, le G5 Sahel, initiative ad hoc, intervient particuliè-
rement dans les espaces frontaliers de ses États membres et a pour missions de lutter contre le terrorisme et la crimi-
nalité, rétablir la présence de l’État dans les espaces notamment frontaliers, contribuer aux actions de développement
; et contribuer aux actions humanitaires. Il faut préciser que l’action des organisations africaines est soutenue par des
acteurs internationaux tel que l’UE qui soutient particulièrement le G5 Sahel.
Force est de constater cependant que malgré la mise en place de ces mécanismes, les États font toujours face à des défis
surtout avec le développement du terrorisme. La nécessité de prendre en compte les frontières maritimes et aériennes
existe également. En effet, les État côtiers de l’Afrique font face à la piraterie maritime et à la pêche intensive. La mise
en œuvre effective de la convention de Niamey est perçue comme pouvant permettre aux États africains d’atteindre les
objectifs qu’ils se sont fixés dans le cadre de la gestion de ces espaces. Or, certains États ne l’ont pas encore ratifiée.
Une meilleure prise en charge des questions de développement et de sécurité dans les zones frontalières est
nécessaire. La mise en place des mécanismes d’échange d’informations et de renseignements surtout dans la lutte
contre le terrorisme et la criminalité organisée semble essentielle. Le renforcement des coopérations entre les acteurs
de développement et de sécurité rappelle qu’il est impératif de s’assurer de l’implication des communautés locales
pour une meilleure appropriation des projets de développement, des actions militaires ou de sécurisation des forces de
défense et de sécurité. A ce titre, la coordination entre les acteurs impliqués au niveau local, régional et international
doit permettre une implication générale de la population.
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Atelier 5
Jeunesse et éducation : leviers
pour la paix et le développement
durables en Afrique
LES INTERVENANTS
Gilles YABI
Directeur de Wathi- Sénégal
Jean CONSTANTINESCO
Membre de la délégation de l’UE aurpès de l’UA- Belgique
Paolo IMPAGLIAZZO
Directeur des Relations Internationales,
Communauté de Sant’Egidio - Italie
78
Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Une étude de l’UNICEF montre que plus de 25 millions de jeunes de 6 à15 ans ne vont pas à l’école en Afrique (70% au
Soudan du Sud, 50% au Tchad ; 56% de filles au Soudan du sud, 53% au Tchad). Sans éducation de qualité, les jeunes
ne peuvent contribuer à l’avenir et à la stabilité de leur famille, le sujet est donc urgent. Comme le disait une réfugiée
syrienne : « La guerre ne peut jamais vous retirer votre savoir ».
La question de l’éducation n’est pas accessoire par rapport à celle de la sécurité. Elle est une priorité plus importante
que la sécurité car si on ne préserve pas la jeunesse, la sécurité à long terme n’est pas possible.
L’éducation organise les connaissances et permet au savoir d’évoluer dans le temps. A ce titre, on prend l’exemple de
deux pays affectés par l’insécurité. Au Nigéria, dans les années 90, les inégalités étaient très importantes entre les ré-
gions du Nord et celles du sud. Muhamed Youssouf, leader de Boko Haram, est né dans la fin des années 70 et a grandi
durant cette période. Au Mali, la première crise touareg a eu lieu en 1962-1963, les gouvernants maliens n’ont pas assez
utilisé l’éducation et faire en sorte qu’une nouvelle génération de touaregs soit satisfaite et évolue.
Une gouvernance de l’éducation est nécessaire avec un soutien des organisations régionales et surtout de la société
civile. Les jeunes sont plus éduqués que leurs parents mais sont souvent exclus de la société, vivant dans des familles
fragiles. La majorité pense trop souvent que l’émigration est la meilleure solution et cela au prix de leur vie.
Les pourcentages des jeunes non éduqués sont très élevés, le nombre d’enfants à scolariser est extraordinaire. Il faut
allouer à l’éducation des budgets importants et suivre les allocations. Il faut impliquer toutes les populations en réflé-
chissant à trouver les moyens d’adapter l’éducation aux contextes et en menant plus de consultations avec les parents
d’élèves, avec les communautés des villages.
L’éducation inclut le fait d’apprendre pour le savoir, d’apprendre à faire, d’apprendre à vivre ensemble et enfin d’ap-
prendre à être. Or, il est important de noter que les enfants des élites politiques et la classe moyenne n’étudient pas
dans les écoles du système public. Il n’y a donc pas une démarche d’empathie de la part de ces dirigeants, c’est-à-dire
vouloir pour les autres la qualité d’éducation qu’ils offrent à leurs propres enfants. Il est nécessaire de mettre les élèves
dans de bonnes conditions d’études, revoir le choix des enseignants, inclure des notions de patriotisme, de civisme,
et des valeurs à l’école, trouver un système de recrutement adéquat pour permettre aux jeunes de trouver du travail
sans avoir à profiter du système de réseau, intégrer les questions d’éducation et de paix dès le bas âge, exploiter les
passerelles que sont les réseaux sociaux, car les jeunes y sont très présents et actifs, donner une place aux jeunes dans
le Forum de Dakar et faire du Forum un espace de partage des expériences.
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Atelier 6
Contributions et attentes du
secteur privé dans le continuum
sécurité/développement
LES INTERVENANTS
Amandine GNANGUENON
Chercheuse et Directrice de projet
«Guerre et recomposition politique» - France
Jozef SMETS
Ambassadeur et Directeur Afrique, Ministère des Affaires étrangères - Belgique
Didier TRUTT
Président Directeur Général, Groupe IN - France
Patrick OSWALD
Directeur Affaires publiques, Airbus Defence and Space - France
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Le développement croissant de l’Afrique attire de nombreuses convoitises malgré les défis sécuritaires auxquels elle fait
face. A l’heure actuelle, beaucoup d’entreprises privées internationales essayent de s’implanter en Afrique. Toutefois, il
n’y a pas que les entreprises. Certains États essayent de se positionner en Afrique pour non seulement appuyer les États
africains à mieux se développer, mais aussi pour aider leurs entreprises à mieux s’installer en Afrique.
Le potentiel de l’Afrique est énorme tant du fait de ses ressources naturelles que de son potentiel humain. L’Afrique
dispose de toutes les ressources nécessaires pour implanter une entreprise dans n’importe quel secteur. Ainsi, grâce
à sa population, majoritairement jeune qui représente un vaste marché mais aussi une main d’œuvre disponible, son
potentiel agricole et minier, ce continent représente l’avenir pour beaucoup d’entreprises étrangères.
L’Afrique a certes tous les atouts pour favoriser l’implantation des entreprises étrangères, toutefois certains obstacles
subsistent : problèmes sécuritaires, manque de main d’œuvre qualifiée, le manque de réglementations efficaces, la
corruption à grande échelle.
L’accompagnement des entreprises par les États face aux défis sécuritaires
Le secteur privé a un rôle prépondérant à jouer dans le secteur de la sécurité et du développement. Les entreprises
doivent avant tout intégrer la dimension « droits de l’homme » dans ces différentes activités. Cela pourra contribuer à
lutter contre certains défis sécuritaires en Afrique. En effet, certaines entreprises doivent être plus responsables et ne
pas s’adonner à certaines malversations comme la corruption et l’implication dans certaines crises sécuritaires pour
mieux profiter des ressources qu’elles exploitent.
Les États doivent mettre en œuvre des normes réglementaires pour, non seulement, favoriser l’implantation des entre-
prises privées internationales mais aussi pour encadrer leurs activités. Cet encadrement des activités peut passer par
l’incitation des entreprises à œuvrer pour la lutte contre certains fléaux qui sont, en réalité, les causes de ces défis sécu-
ritaires. Il s’agit notamment de mener des actions dans le cadre de la lutte contre la corruption, de la réduction du chô-
mage, de la formation des jeunes et de la mise en place d’initiatives pour favoriser la gouvernance et la transparence.
Le secteur privé ne pourrait contribuer à l’opérationnalisation des concepts de sécurité et de développement sans le
renforcement du partenariat public-privé. Aussi, résoudre les problèmes sécuritaires et favoriser le développement en
Afrique ne saurait se faire sans mettre en place un vrai système d’identification efficace de tous les citoyens, pour ce
faire, le secteur privé peut y contribuer très largement.
La contribution du secteur privé passe également par un renforcement de la coopération entre les États. Cette coo-
pération doit être bilatérale mais aussi multilatérale pour harmoniser les discussions mais aussi les prises de décisions.
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QUATRIÈME DEMI-JOURNÉE
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QUATRIÈME DEMI-JOURNÉE
Mardi 6 novembre 2018
Centre International de Conférences Abdou Diouf
14h45 / 15h15
Amphithéatre
Interventions de Haut niveau
Plénière 3
15h15 / 16h30 Perspectives de coopérations internationales
Amphithéatre dans la lutte contre le terrorisme
et l’extrémisme violent
Conférence 3
16h45 / 18h15 Réformes de l’UA et partenariats multilatéraux :
Amphithéatre comment faire évoluer les appuis aux
opérations de paix africaines
Atelier 7
Coopérations internationales : comment répondre
efficacement aux besoins des FDS africaines
Atelier 9
Cyberespace et prévention de l’extrémisme
violent et de la criminalité organisée
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84
Les Actes 2018 | INTERVENTIONS DE HAUT NIVEAU
Hier, un message puissant et fort a été délivré par Monsieur le Président de la République S.E.M. Macky SALL et son
homologue gambien S.E.M. Adama BARROW. Les panélistes qui les ont accompagné, que ce soit Madame KEITA, ou
bien le Président Pierre BUYOYA ont apporté des interventions de très haut niveau, et un échange qui nous a permis
de tirer des conclusions.
La première, c’est que nous avons franchi une étape. Nous sommes passés du duo «paix / sécurité» au triptyque «Paix/
Sécurité/Droits de l’Homme», et cela autour d’une réflexion globale essayant d’avoir un projet englobant, en mettant en
avant une catégorie d’acteurs de la société qui y a une place importante, à savoir ceux de la société civile. Ces acteurs
jouent un rôle important à la fois de veille, mais aussi de contre-pouvoir non institutionnel en capacité de rappeler les
exigences et les obligations de l’État, ainsi que ce à quoi il doit consacrer sa force.
La force dont il dispose, celle de la violence légitime, doit servir à protéger les citoyens contre tous les périples, et plus
particulièrement ce que nous avons défini et qui constitue aujourd’hui les défis et les enjeux mondiaux qui sont débattus
dans les enceintes des Nations-unies ainsi que dans l’ensemble des autres lieux de multilatéralité. Il importe d’y apporter
des solutions globales, des solutions qui demandent à ce que chacun comprenne qu’aujourd’hui, on ne peut pas les
résoudre seul. C’est la nécessité de la coopération, un sujet qui va être traité fondamentalement par mon ami Jean-Yves
LE DRIAN, que je voudrais saluer ici très chaleureusement pour son engagement en tant que cofondateur de ce Forum,
et dont je sais qu’il lui est très cher.
Quel que soit le temps, quel que soit les lieux, il traverse tous les ans le monde et les océans pour se rendre ici à D akar
livrer son message et montrer son attachement au Sénégal, mais aussi aux hommes et aux femmes qui constituent le
Forum, afin de bien montrer que ce que nous avons commencé ici, nous devons pouvoir le continuer, l’implanter, lui
donner de la force, et tout simplement pour l’inscrire davantage dans une dynamique d’innovation et d’audace, mais
fondamentalement surtout dans une dynamique d’espoir.
Nous avons l’espoir de la construction d’un monde qui saura se défendre sans peur face à ceux qui veulent utiliser la
terreur comme le moyen de soumettre les peuples et les États à leurs vues et leurs destins souvent funestes, qui ne
répondent tout simplement qu’à une volonté de destruction, afin d’instaurer dans ces États une culture de la mort et
un monde qui s’oppose à tout ce en quoi nous croyons - libertés pour tous, liberté d’expression de chacun, liberté
de conscience, liberté de réunion, d’association, d’aller et revenir - dans le cadre d’une société démocratique, où les
valeurs sont fondamentalement structurées autour d’un État de droit, pilier sur lequel repose fondamentalement le
respect des libertés individuelles fondamentales.
Cette coopération, il faut la structurer autour de beaucoup choses : coopération bilatérale, coopération multilatérale,
coopération dans tous les sens du terme pour enfin permettre de conjurer le mal qu’il est difficile de conjurer seul.
Nous ne devons pas accepter la prospérité du terrorisme qui créée une instabilité dans nos sociétés et qui met en cause
toutes les actions conjuguées pour développer une stabilité et un développement durable.
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Mr. Jean-Yves LE DRIAN,
Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,
France
Je me réjouis d’avoir pu prendre part au Forum de Dakar 2018. J’y prends part chaque année depuis sa création en
2014, d’abord comme Ministre de la Défense puis, pour la deuxième fois aujourd’hui, comme Ministre de l’Europe et
des Affaires étrangères. Je suis heureux de constater que cet évènement devient un évènement incontournable pour
échanger ensemble sur les défis sécuritaires auxquels fait face le continent africain. Je voudrais à cet égard remercier
les autorités sénégalaises, à commencer par le Président Macky SALL d’avoir poursuivi cette aventure du Forum Paix et
Sécurité après 2014, et également saluer Olivier DARRASON et la CEIS pour leur détermination et leurs compétences
pour cette organisation.
Je parlais des défis du Continent africain. Personne ici ne l’ignore : ces défis ne manquent pas. Les enjeux sont
de taille, à commencer par la menace terroriste et l’extrémisme violent, qui continue de faire de nombreuses victimes
civiles et militaires.
La lutte contre le terrorisme est une action de long terme qui impose en priorité de renforcer le savoir-faire et les
capacités des forces de sécurité. C’est le sens de notre coopération avec de nombreux pays africains : celui d’aider à la
structuration et à l’entrainement de ces forces. C’est indispensable pour agir sur la durée.
C’est également le sens de l’Académie Internationale de Lutte contre le Terrorisme, dont j’ai visité le futur emplace-
ment lors de ma récente visite en Côte d’Ivoire. Dans ce centre, que nous allons soutenir, des stagiaires issus de tous
les pays de la région. Ils seront formés et recevront, à partir de l’année prochaine, une formation ouverte à tous les
volets de la lutte anti-terroriste : la défense, les forces de sécurité et la justice.
Bien entendu ; la réponse est aussi opérationnelle. C’est le sens de l’engagement constant de l’opération Barkhane
aux côtés des forces armées du Sahel, en particulier du Mali et du Burkina Faso. Nous avons connu ensemble des succès
contre le terrorisme. Mais nous ne devons cependant pas baisser la garde car la menace reste vivace.
Quand je parle d’effort opérationnel, je pense aussi bien sûr, à la force conjointe du G5 Sahel. Cette initiative est
inédite : elle permet aux cinq pays de la région - Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Mali - qui n’en avaient pas tou-
jours - voir pas du tout - l’habitude, de renforcer leur coordination pour leur sécurité à leur frontière. C’est une initiative
totalement novatrice. Un an après le lancement de la force, les résultats sont au rendez-vous. Six opérations ont déjà
été menées depuis octobre 2017.
Mais cela prend du temps. Je suis d’ailleurs très frappé d’entendre et de lire des commentateurs, en Europe ou en
Afrique, qui soulignent cette durée. Je le dis singulièrement aux européens : mettre sous commandement unique des
éléments de 5 armées différentes, de 5 pays différents, pour combattre une menace frontalière de ces 5 pays, c’est une
initiative que jamais les européens n’ont pu prendre ensemble. Je suis pour ma part tout à fait convaincu que cette
initiative permettra de rassembler les soutiens financiers, mais également permettra à cette force de prendre sa pleine
puissance.
La Force G5 attire beaucoup d’attention médiatique. Mais elle n’est pas la seule opération africaine à produire des ré-
sultats : je pense à l’AMISOM face aux Shabab en Somalie ; à la Force multinationale mixte, déployée au bassin du lac
Tchad qui a permis d’endiguer - mais pas encore d’éliminer- la menace. Toutes ces opérations jouent un rôle majeur,
en ayant un point commun : elles sont mieux adaptées à leur environnement et à la menace, moins onéreuses que les
86
Les Actes 2018 | INTERVENTIONS DE HAUT NIVEAU
Mais elles ne disposent pas toujours de financements prévisibles et durables. Il est donc urgent, et c’est mon
message ici, de remédier à cet état de fait regrettable. C’est pourquoi la France soutient avec l’initiative ambitieuse et
pragmatique portée par l’Union africaine. Cette initiative a deux socles sur lesquels elle peut s’appuyer :
• D’abord, la décision prise par les chefs d’État et de gouvernement, dans le cadre de la réforme de l’Union afri-
caine portée par le Président Kagame, d’abonder un Fonds pour la paix qui permettra de prendre en charge 25% du
coût des opérations africaines de paix
• D’autre part, la demande faite à l’ONU par l’Union africaine de prendre en charge 75% du coût des futures
opérations africaines de paix que le Conseil de sécurité autoriserait à être déployées
Aujourd’hui je veux le dire avec force, comme le Président Macron l’a dit il y a un an dans son discours de Ouagadougou
et plus récemment à l’Assemblée générale des Nations-unies: nous soutenons totalement cette initiative. Nous soute-
nons cette initiative au Conseil de sécurité, et nous comptons bien aboutir à une résolution sur ce sujet avec l’ensemble
de nos partenaires.
Pour venir à bout du terrorisme, nous devons également porter la bataille sur d’autres fronts.
La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent passe par une coopération accrue dans le domaine cyber. L’utili-
sation d’internet à des fins terroristes, ou encore la multiplication des actes de cybercriminalité nous rappellent que le
cyberespace constitue désormais un champ d’action prioritaire en Afrique comme ailleurs.
C’est la raison pour laquelle la France a décidé d’apporter son soutien et son expertise dans ce domaine crucial.
Je le dis avec d’autant plus de force ici à Dakar, que nous soutenons deux initiatives majeures portées par les autorités
sénégalaises.
Nous avons en 2017, après ce Forum, posé la première pierre de notre coopération en matière de cyber sécurité,
en contribuant à l’installation d’une plate-forme cyber auprès du ministère de l’Intérieur sénégalais. Depuis, nous
sommes tournés vers création d’une École nationale à vocation régionale en cyber sécurité. Ce projet nous a été pré-
senté ce matin. Il est ambitieux. Cette école qui va s’installer près d’ici à Diamniadio offrira des formations dès l’année
prochaine ouvertes aux Sénégalais et à des stagiaires de l’ensemble de la région.
Pour prévenir l’extrémisme violent, il est également nécessaire d’agir en s’attaquant à ses racines plus profondes. Je
pense aux efforts pour lutter contre la radicalisation et contre les vecteurs de l’islam radical. C’est un combat difficile
et de long terme. Le partage d’expériences qu’offre la discussion aujourd’hui est très précieux.
Dans ce cadre-là, l’éducation est une priorité forte, en Afrique encore plus qu’ailleurs vu l’importance de la jeunesse.
C’est ce que le Président de la République Emmanuel MACRON a affirmé il y a un an, dans le discours qu’il a prononcé
à Ouagadougou. Partout, votre jeunesse mérite qu’on lui donne les moyens de s’éduquer pour émanciper et de choisir
son destin. L’idée que son avenir se joue dans un choix entre la résignation et la haine est parfaitement inacceptable !
Pour lutter contre les sources du problème, il faut aussi accroître les actions de développement. Vous avez parlé de ce
thème ce matin : on m’a dit que les débats ont été très riches. La France a pris en Afrique de l’Ouest et en particulier
au Sahel des engagements forts. Rémi Rioux, le Directeur général de l’AFD, qui m’accompagne pendant ce voyage
vous les a présentés, dans le détail ce matin.
Aujourd’hui, nous voulons faire plus, faire mieux et aller plus vite entre l’affichage d’un projet et la mobilisation finan-
cière nécessaire à sa réalisation. Je me réjouis à ce propos de la signature récente d’un accord de partenariat entre
l’Alliance Sahel et le Secrétariat permanent du G5, qui va faciliter la mise en œuvre des projets dans les régions les
plus fragiles.
Dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent la France se tient aux côtés de l’Afrique. Nous agissons
avec vous sur tous les fronts. Nous le faisons en partenariat avec vous. Soyez assurés que notre détermination à vos
côtés ne faiblira pas.
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Mr. Masahisa SATO,
Ministre délégué aux Affaires étrangères,
Japon
Je suis honoré de participer aujourd’hui au 5ème Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique en tant
que représentant du Japon.
Je tiens à rendre hommage à Son Excellence, Monsieur Macky SALL, président de la R épublique du Sénégal et à tous
ceux qui ont participé à l’organisation de ce Forum.
Je me félicite que le Japon participe à ce Forum depuis sa première édition.
À titre personnel, j’ai le plaisir d’être présent à ce rendez-vous pour la deuxième année consécutive.
Le thème de cette année – « enjeux de stabilité et de développement durables » – concerne non seulement l’Afrique
mais aussi tous les pays qui souhaitent parvenir à un développement durable. C’est dans cet esprit que le J apon a consi-
déré la promotion de la paix et de la stabilité comme l’un des piliers de la Conférence TICAD et a travaillé activement
sur la stabilité du continent africain.
Pour répondre au terrorisme, à l’extrémisme violent et à la cybercriminalité, il est crucial de construire et réformer les
institutions et structures. À cet égard, le Japon contribue au renforcement des systèmes de maintien de la sécurité dans
la région en s’appuyant sur la haute technologie de ses entreprises. Citons, par exemple, le système de reconnaissance
faciale pour l’amélioration du contrôle des frontières au Rwanda ou le système d’authentification par empreintes digi-
tales pour la police de Côte d’Ivoire.
En complément d’une aide qui a avoisiné depuis 2008 les 100 millions de dollars au profit de 15 centres de formation
des troupes de maintien de la paix en Afrique, le Japon a contribué au développement des ressources humaines pour
la promotion de la paix.
Depuis 2015, nous avons aidé à renforcer les capacités des facilitateurs des missions de maintien de la paix en apportant
notre soutien au « Projet des Nations-unies pour le déploiement rapide de capacités en Afrique » (RDEC Africa). Du
personnel de la Force terrestre d’autodéfense japonaise a été envoyé pour former des techniciens. Afin de consolider la
stabilité dans la région du Sahel, le Japon a investi cette année 29 millions de dollars US afin de renforcer les capacités
de surveillance des frontières et la lutte contre la corruption.
J’ai eu l’occasion d’être envoyé sur le plateau du Golan en tant que commandant de l’unité de transport dans la force
des Nations-unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), et à Samawa dans le sud de l’Irak en tant que
commandant de l’équipe de soutien de la mission de reconstruction de l’Irak.
Au travers de ces expériences ainsi qu’à l’occasion de mes visites l’année dernière en tant que ministre d’État aux Affaires
étrangères dans plusieurs pays africains comme le Tchad, la République centrafricaine ou la République Démocratique
du Congo, j’ai saisi toute l’importance de construire une société qui évite à ses citoyens de recourir à la violence en
raison de leurs conditions de vie difficiles et qui soit en mesure d’éradiquer le terrorisme et l’extrémisme violent.
À ce titre, le Japon fournit depuis longtemps un soutien dans le domaine de la santé et l’hygiène, l’éducation, la forma-
tion technique et la formation professionnelle en complément du renforcement des institutions que j’ai précédemment
mentionné.
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Les Actes 2018 | INTERVENTIONS DE HAUT NIVEAU
Au cours de la réunion ministérielle de la TICAD du mois dernier, nous avons discuté avec les représentants des pays
africains des avancées et des défis liés à la création d’une société résiliente, et nous avons confirmé notre volonté de
construire la paix et la stabilité dans la région sous le leadership africain.
En août dernier, nous avons également organisé une réunion restreinte du Groupe de personnalités éminentes de
l’Afrique dans l’objectif de trouver et partager, avec les pays africains et la communauté internationale, les solutions
spécifiques à l’Afrique en faveur de la paix, de la stabilité et des moyens de leur mise en œuvre.
Au cours de cette réunion à laquelle ont participé cinq anciens présidents de pays africains, nous avons eu une discus-
sion franche et ouverte sur les entraves à la paix et à la stabilité en Afrique et sur les mesures à entreprendre.
Dans la perspective de la TICAD7 du mois d’août de l’année prochaine, le Japon continuera à collaborer avec les pays
africains et les partenaires pour la paix, la stabilité et le développement durable dans l’ensemble de l’Afrique.
J’aimerais conclure mon intervention en souhaitant que les discussions dans le cadre de ce Forum aboutissent à une
coopération encore plus renforcée pour la paix et la sécurité en Afrique.
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Plénière 3
Perspectives de coopérations
internationales dans la lutte
contre le terrorisme
et l’extrémisme violent
LES INTERVENANTS
Babacar GAYE
Ancien Chef d’État-major Général des Armées - Sénégal
Cheikh GUEYE
Chef d’État-major Général des Armées - Sénégal
Abayomi OLONISAKIN
Chef d’État-major des Armées - Nigeria
Whitney BAIRD
Sous-Secrétaire d’État ajdoint pour l’Afrique de l’Ouest
et les Affaires de Sécurité - USA
François LECOINTRE
Chef d’État-major des Armées - France
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 3
J’ai participé à celui de 2014 et, dieu merci, je suis à la 5ème édition. Je voudrais profiter pour remercier également mon
ami Hugo qui est derrière tout ce qui se passe.
Monsieur le Président, les thèmes d’aujourd’hui, à savoir les perspectives de coopérations internationales dans la lutte
contre le terrorisme et l’extrémisme violent m’inspirent quelques observations que j’aimerais d’abord livrer avant de dire
comment je conçois la coopération pour une lutte efficace contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Au niveau des observations, j’aimerais juste rappeler quelques évidences.
La première évidence est que le terrorisme et l’extrémisme violent sont de nos jours des menaces réelles, dangereuses,
capables de déstabiliser et même de détruire un État.
La deuxième évidence est que, par essence, le terrorisme est dans un mode asymétrique avec tout ce que cela suppose
: des facilités en terme de mobilité, des facilités en terme de dissimulation, le tout en utilisant des moyens rudimentaires
(voiture piégées, engins explosifs improvisés) mais avec des dégâts extrêmement importants. Ces facilités procurent au
terrorisme, on peut le dire, un avantage comparatif, car cette mobilité lui permet de s’adapter facilement, et d’adapter
son mode opératoire en fonction de sa cible et des objectifs qu’il veut atteindre et surtout de l’environnement dans
lequel il évolue. J’ajouterai tout simplement que le terrorisme n’a pas de visage et ne connait pas de frontières.
Maintenant, face à ce mal, comment nous pouvons structurer notre coopération ?
Pour enrayer ce mal, il faut des équipes et des unités bien formées. La formation est un élément extrêmement impor-
tant. Il faut également un équipement et du matériel adapté à l’environnement et aussi au mode opératoire dont je
viens de parler. Dans ce cadre, le renseignement joue un rôle central. Les nouvelles technologies nous offrent d’énormes
possibilités mais il faut que nous nous interrogions si nous mettons ensemble ces renseignements que nous fournissent
les nouvelles technologies. Je pose la question tout haut.
De même, en matière de renseignement toujours, il nous faut aussi interroger notre rapport avec la population locale
qui, et beaucoup l’ont dit depuis le début du séminaire, est la victime principale du terrorisme et de l’extrémisme violent.
Parce que quelles que soient les performances du renseignement technologique, il ne peut remplacer le renseignement
humain.
Cette population donc, est une source inépuisable en matière de renseignement, de par sa maitrise, sa connaissance du
terrain - je veux dire son terrain - et de par des mouvements qui s’y déroulent. Mais, souvent - je vais beaucoup m’inspi-
rer du Sahel - le constat est que l’État est absent ou pas suffisamment présent ou faible, et dans la plupart des cas, ces
terroristes suppléent à l’État, pour ne pas dire prennent la place de l’État. Ils sont en effet parfois pourvoyeur des ser-
vices sociaux de base, et traitent des questions de justice et tout cela malheureusement au détriment des populations.
Mais on ne peut pas parler du terrorisme sans toujours évoquer le sort de ces populations.
Souvent, on parle d’elles en tant que victimes collatérales et c’est en cela qu’encore un autre type de partenariat est
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extrêmement important et les Nations-unies disposent d’un cadre stratégique, qui tout en combattant le terrorisme,
identifient quelques axes - j’en citerai quelque uns - à savoir prendre toutes les mesures visant à éliminer les causes
propices à la propagation du terrorisme, je veux dire les causes profondes.
De même, elles cherchent à mettre en place des mesures visant à les prévenir, car la prévention a un rôle extrêmement
important, mais également d’autres mesures destinées à étoffer les moyens dont disposent les États. Je pense que
beaucoup de gens ici l’ont souligné, malheureusement de nombreux États touchés par le terrorisme sont des États
pauvres et démunis, et il faut les aider à s’étoffer.
Enfin, une quatrième mesure, et c’est la plus importante, que les Nations-unies soutiennent, c’est garantir le respect des
Droits de l’Homme et la primauté de l’État de droit en tant que base fondamentale de la lutte anti-terroriste.
À ce niveau, je m’en vais juste dire quelques mots pour ce qui est de la MINUSMA, qui est la mission m
ultidimensionnelle
qui est déployée au Mali. Il faut toujours rappeler que c’est la première Mission de Maintien de Paix dotée d’un mandat
politique de stabilisation et qui opère dans un environnement caractérisé par l’extrémisme violent, par le terrorisme
mais aussi par le déploiement de deux forces, à savoir la force Barkhane et bientôt ou déjà, la force conjointe G5 Sahel.
Ces deux forces ont pour mandat de lutter contre le terrorisme. Je n’aborderai pas le sujet de la troisième force, à savoir
les forces gouvernementales maliennes, qui, elles aussi, dans leur mission régalienne, combattent le terrorisme.
Tout ce décor vous montre l’environnement dans lequel opère la MINUSMA. C’est un environnement complexe et dif-
ficile.
L’approche même du déploiement de la MINUSMA en tant que mission multidimensionnelle est centrée sur les causes
profondes de ces crises récurrentes sécuritaires répétitives ainsi que sur les solutions pour enrailler le radicalisme violent.
C’est en cela qu’il faut placer les réformes initiées par le Secrétaire Général des Nations-unies - Madame Bintou KEITA
en a parlé hier - pour adapter les Opérations de Maintien de la Paix à ce nouvel environnement qui n’est plus l’environ-
nement des années 45, 50 ou 60. Et donc, malgré cela, malgré le déploiement de ces différentes forces qu’elles soient
de maintien de la paix, de lutte contre le terrorisme, qu’elles soient d’imposition de la paix -et je vais dire un mot la
dessus.
Je crois que notre coopération, notre vrai coopération, devrait se bâtir sur la construction d’une véritable armée natio-
nale inclusive au service de toutes les populations et qui respecte justement les Droits de l’Homme, qu’elle doit consi-
dérer comme boussole. Une armée républicaine, inclusive - je l’ai dit - et ceci m’amène à m’inviter dans un débat que
je trouve certes sain, mais qui souvent fini par un faux procès à l’endroit de toutes les Missions de paix, notamment la
MINUSMA, qui est aujourd’hui dans notre sous-région.
Je le dis, en étant d’autant plus à l’aise, car j’ai dirigé l’AMISOM qui est la mission de l’Union africaine déployée en So-
malie avec pour mandat d’imposition de la Paix. À la MINUSMA j’ai 13 000 hommes, en Somalie, j’avais 22 000 hommes
avec un mandat d’imposition de la Paix. Elle a été déployée en 2007, et même si elle a été efficace, malheureusement Al
Shabaab résiste toujours aujourd’hui. Donc, quand j’ai dit faux débat, c’est parce que au-delà du mandat qui est essen-
tiel, il faut nécessairement répondre à cette première question que j’avais posée tout à l’heure à savoir l’équipement, le
renseignement, la maitrise et la connaissance du terrain.
Le terrorisme ne se combat pas par des fantassins avec des avions, des armadas de bulldozers. Malheureusement je suis
face à des spécialistes militaires, je n’en suis pas un, mais je dis qu’il faut adapter nos moyens de combattre le terrorisme,
l’extrémisme violent avec des moyens qui s’adaptent à cet environnement, qui s’adaptent au mode opératoire dont je
parlais tout à l’heure, celui des terroristes, qui souvent opèrent sur des mobylettes, sur des motos, quelques fois à pieds
ou mélangés et quelques fois avec les populations. C’est pour ça que j’ai dit que quel que soit le mandat il faut aller
au-delà. On peut avoir un mandat d’imposition de la Paix, il est nécessaire mais il n’est pas suffisant. Il faut donc engager
la réflexion plus profondément que cela, je suis de ceux qui soutiennent qu’il y ait des missions de l’Union a fricaine avec
un mandat d’imposition de la paix, mais, les missions qu’elles soient de Maintien de la Paix ou d ’Imposition de la Paix,
coûtent très chères et doivent s’adapter.
Et comme je l’ai dit, je suis de ceux qui, au-delà des missions d’imposition ou de Maintien de la Paix, pense qu’il nous
faut construire de vraies armées nationales, républicaines, inclusives et qui font attention au respect des droits de
l’homme.
Je vous remercie.
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Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 3
Le Forum de Dakar nous offre depuis 2014, l’opportunité d’échanger sur des questions majeures de sécurité. C’est dire
tout l’honneur et le privilège de faire faire une communication sur les défis sécuritaire en Afrique de l’Ouest, réponse
des forces de défense et de sécurité (FDS).
L’Afrique reste confrontée à des défis sécuritaires persistants qui menacent ses institutions, sa stabilité et son
développement économique. Conflits intra-étatiques, trafics illicites en tout genre, exclusion sociale, immigration
clandestine, terrorisme et extrémisme violent, piraterie maritime, cyber sécurité, déséquilibres climatiques sont autant
de maux qui rythment le quotidien des États et populations africaines, favorisent la pauvreté et pourraient, dans une
certaine mesure, provoquer la disparition de certains États. A l’analyse, ces défis résultent en partie des difficultés des
États à exercer la plénitude de leurs fonctions régaliennes sur toute l’étendue de leur territoire, d’où la nécessité de leur
trouver des solutions globales et durables.
Face à cette situation préoccupante, beaucoup de mécanismes et d’initiatives sont mises en œuvre par les États
de l’Afrique de l’Ouest au plan national, sous régional et international. Notamment par le biais des FDS en étroite
collaboration avec les partenaires stratégiques. Avant de les exposer, nous feront l’état des lieux marqués par des
déficits notables dans les domaines de l’organisation des capacités à détenir et au niveau sociétal.
l’évolution, l’évaluation de la situation sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest révèlent des déficits qui relèvent essentiellement
de l’organisation des systèmes de défense, des capacités critiques à détenir, et de privations d’ordre sociétal.
D’abord, longtemps conçue et configurée pour s’opposer à une menace armée dite classique, l’organisation des
systèmes de défense des États de l’Afrique de l’Ouest montre aujourd’hui certaines limites. Celles-ci tiennent en
particulier à un maillage sécuritaire du territoire relativement faible par rapport à la fragilité des États et à la porosité
des frontières. Cette situation rend très difficile le contrôle de la circulation des personnes et des biens.
Ensuite, en dépit d’avancées significatives, la réponse sécuritaire en Afrique de l’Ouest reste tributaire de gaps
capacitaires importants identifiés dans les domaines des opérations, de la logistique, du renseignement et de la pros-
pective.
S’agissant des opérations, l’efficacité est souvent réduite par des difficultés liées à l’insuffisance de la préparation
opérationnelle. Celle-ci dépend essentiellement des conditions dans lesquelles les unités sont instruites, entrainées,
commandées et soutenues.
Au plan logistique, en dehors de l’inadaptation de beaucoup d’équipements aux nouvelles menaces, le soutien
bute particulièrement sur l’inexistence ou le déficit de moyens modernes dédiés à la mise en œuvre des fonctions
opérationnelles - projection, mobilité et puissance de feu - en particulier la protection des combattants face aux mines
et engins explosifs improvisés et les ressources humaines où il est noté une exigence de personnels suffisamment
qualifiés pour la mise en œuvre des matériels de nouvelle génération. L’exploitation et le soutien souffrent de budgets
souvent contraints. Concernant le renseignement, en dépit des nouveaux efforts entrepris, il s’avère utile de parvenir à
une plus grande synergie entre la communauté du renseignement où persistent un certain cloisonnement et les Forces
dont le succès des opérations dépend en grande partie des renseignements de qualité fournis avec la régularité et
dans les délais nécessaires pour leur exploration. En outre, la plupart des services de renseignement des États souffrent
de déficits d’équipements modernes électromagnétiques, d’imageries à biométrie, etc. leur permettant d’obtenir le
renseignement au moment opportun mais également de l’expertise permettant de gagner la bataille de l’information.
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En matière de prospective, même si la tendance est à la création de centres ou d’instituts de hautes études de défense
en Afrique de l’Ouest, ces lieux de réflexion stratégique sont encore en phase de monter en puissance. Les résultats de
leurs recherches ne sont pas souvent mis à la disposition des institutions chargées de leur exploitation et de leur mise
en œuvre, et notamment des FDS.
Enfin, concernant les défis d’ordre sociétal ou liés à la sécurité humaine, les perturbations des populations africaines
semblent parfois insuffisamment prises en compte. Même s’ils sont pertinents, les programmes de réduction de la
pauvreté sont souvent confrontés dans leur application à la disponibilité des moyens nécessaires à la satisfaction des
services de base au profit des populations. Cela favorise l’exclusion d’une frange importante de la jeunesse et ces
conséquences indéniables sur la sécurité, notamment la radicalisation, l’immigration clandestine et le développement
du reflexe communautaire et identitaire.
En dehors de l’exclusion sociale, d’autres maux particulièrement en cause du non développement des pays remettent
en cause le développement des pays africains. Il s’agit des défis environnementaux liés aux conséquences du
réchauffement climatique et ses effets sur l’agriculture et la transhumance. Ces bouleversements mettent en cause
les équilibres traditionnels entre pasteurs et agriculteurs créant ainsi des situations conflictuelles. En outre, l’Afrique
de l’Ouest étant une région riche en ressources naturelles, l’exploitation de celles-ci constituent parfois une source de
conflit entre les communautés et peut conduire à des situations de défiance vis à vis de l’autorité de l’État.
Au total, face à l’hydre terroriste, ces faiblesses constituent une menace à l’existence même de nos États d’où la nécessité
de ces dernières de se doter d’un cadre conceptuel et d’instruments appropriés pour y faire face.
La menace contemporaine, faut-il le rappeler, est imprévisible, transnationale et surtout difficile à combattre. Cela nous
amène à l’examen des mesures prises pour surmonter les défis. Ces mesures, véritables acquis engrangés par la plupart
des pays de l’Afrique de l’Ouest, s’illustrent principalement à travers la volonté de ces États de parvenir à une meilleure
organisation de leur défense. Elle se situe aux niveaux national, sous régional et international.
Au niveau national, plusieurs États de l’Afrique de l’Ouest sont en train de mettre en place des structures dédiées à
la lutte contre l’insécurité. En premier lieu, un véritable effort est fait en termes de conceptualisation et d
’organisation
pour adapter l’organisation des systèmes de défense à l’évolution de la menace. Ces efforts se traduisent par des
stratégies adossées à des programmes d’équipements mieux élaborés. Au Sénégal, cet effort d’organisation se décline
à travers une politique de défense nationale qui définit une stratégie d’action intégrée rédigée suivant les orientations
de Monsieur le Président de la République.
Un concept de défense et de sécurité nationale est désormais le fondement à l’élaboration de stratégies sectorielles,
en particulier celles dédiées à la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre, la nouvelle approche est basée sur la prise
en compte des menaces ou plutôt par l’action des FDS. Elle est illustrée par le système intégré de défense de l’avant
du territoire national SIDATN et d’un cadre d’intervention et de coordination interministériel des opérations de lutte
antiterroriste CICO avec ses démembrements au niveau régional. Toutefois, chaque composante des FDS conserve la
plénitude de ses missions foncières et s’évertue à maintenir ses aptitudes spécifiques. Reste que l’opérationnalisation
de ses structures se fera en priorité par l’amélioration du cycle de renseignement. Par ailleurs, afin de mieux prendre
en compte l’évolution des menaces, les FDS se sont adaptées en restructurant les unités et en densifiant le maillage du
territoire national soutenu en cela par des investissements importants consentis par l’État. Dans ce cadre, en plus de
la capacitation des unités traditionnelles, des unités spéciales ont été créées au sein de toutes les FDS pour apporter
de meilleures réponses aux nouvelles menaces. L’entrainement a été considérablement amélioré avec l’acquisition de
nouveaux matériels performants qui permettent de renforcer les capacités de formation à prendre en compte tout le
spectre de la menace. Aujourd’hui, au Sénégal par exemple, les différents centres d’entrainements tactiques ayant cha-
cun une vocation spécifique fonctionnent à plein régime et ambitionnent de s’ouvrir aux pays de la sous-région et aux
partenaires stratégiques.
Dans le domaine judiciaire, des mesures sont prises pour criminaliser le terrorisme et rendre plus efficace la répression
des infractions par le biais de pôles judiciaires, chambres dirigées par des magistrats spécialisés avec une compétence
nationale. De même, le principe de la compétence territoriale qui fonde la répartition des missions entre les forces
de police et de la gendarmerie nationale, tend à être appuyée par une plus grande coordination et une plus grande
coopération.
En ce qui concerne la recherche universitaire, les efforts se poursuivent pour l’implication des Forces de défense dans
les études de sécurité aux fins de leurs prises en compte au plan opérationnel. En effet il s’avère nécessaire, d’accentuer
la collaboration entre théoriciens et praticiens de la sécurité.
Au plan sous régional, la coopération s’exerce dans un cadre bilatéral ou multilatéral ainsi que la sécurité collective au
sein de la CEDEAO. En effet, conscients de la nécessité de la coopération sous régionale, certains pays ont renforcé
la coopération transfrontalière par l’intensification des actions bi ou tri-partites qui sont de bons exemples de ges-
tions communes de la sécurité transfrontalière. Ces actions prennent la forme de patrouilles communes et conjointes,
94
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 3
En outre, il convient de signaler les accords bilatéraux, tel que celui existant entre le Sénégal et la Gambie qui a per-
mis de déployer un contingent en marge de la mission de la CEDEAO dans ce pays frère. Aujourd’hui, la défense du
sanctuaire national ne suffit plus à garantir la paix et la sécurité de nos concitoyens. Aussi, la paix et la stabilité sous
régionales sont-elles au cœur des préoccupations des pays de la CEDEAO. En effet, depuis sa création en 1975, la
CEDEAO s’est particulièrement engagée à relever le défi de la sécurité et du développement en mettant en place des
organes et des instruments. Elle a eu à intervenir en Guinée Bissau et au Mali dans des situations de crise. Dans le souci
d’intervenir rapidement en cas de crise, le comité des Chefs d’État-major de la CEDEAO, au terme de la réunion tenue
en 2018 à Lomé adoptait une nouvelle structure de la force d’attente de la CEDEAO.
Armée par les contributions de l’ensemble des pays, cette force est composée d’un État-major, d’un bataillon d’infante-
rie avec un environnement interarmées et une composante police. Ce concept a été fortement inspiré de l’intervention
de la CEDEAO en Gambie, en janvier 2017 pour faire respecter le verdict des urnes.
D’ailleurs, celles-ci ont été faites sur la base du protocole relatif aux m
écanismes de prévention de gestion et de règle-
ment des conflits. Il convient donc de saluer l’effort de coordination et de multi-réaction des capacités fait lors de ces
interventions.
Dans le même sillage, l’organisation sous régionale poursuit l’encadrement conceptuel de cette force dans le domaine
des opérations et du soutien notamment avec la création d’une base logistique à Lungi en Sierra Leone. La CEDEAO,
s’inspirant de l’Union africaine qui dispose d’une stratégie intégrée de lutte contre le terrorisme, a adopté, lors du som-
met de Chefs d’État et de gouvernement tenu à Yamoussoukro le 28/02/2013, une stratégie de lutte contre le terrorisme
et un plan de mise en œuvre.
Concernant la sécurité maritime, la mise en œuvre du code de Yaoundé, adopté le 25/06/2013, se poursuit sans relâche.
Ce code se décline en quatre niveaux :
• au niveau régional, le centre interrégional de coordination basé à Yaoundé,
• au niveau interrégional avec le centre interrégional de coopération CIC basé à Yaoundé, au Cameroun,
• au niveau sous régional avec le centre régional de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest installé à Abidjan,
• enfin le niveau zonal avec la mise en place des centres maritimes multinationaux de coordination qui ont été
installés suivant le déchoit des zones maritimes.
Cette embellie de la sécurité maritime est d’autant plus nécessaire en Afrique de l’Ouest, pour une meilleure prise
en compte des enseignements tirés des échecs notés dans certaines régions concernant l’exploitation des ressources
naturelles.
Sur le plan militaire et sécuritaire, d’autres initiatives allant dans le sens du renforcement de la sécurité ont été mises
en œuvre. Il s’agit de la force du G5 Sahel, organisation régionale de coopération réunissant la Mauritanie, le Mali, le
Niger, le Tchad et le Burkina Faso. Bien que ne faisant pas partie de cette structure, le Sénégal appuie fortement les
actions qui sont menées. Autre organisation ad hoc, la Force Mixte entre le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad
a été créée pour lutter contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad et au Sahel. A cet égard, je voudrais saluer la
contribution déterminante du Nigeria dans l’opérationnalisation de cette force et adresser mes vives félicitations à mon
frère le Général Olonisakin, Chef d’État-major des Armées nigérianes ici présent. Par ailleurs, conscient que la sécurité
est globale, la CEDEAO et la CEEAC ont instauré les bases d’une coopération féconde avec le sommet conjoint des
chefs d’État et de gouvernement.
Enfin, au niveau de la coopération internationale, en complément des efforts nationaux et sous régionaux, la coopération
avec les partenaires stratégiques permet de renforcer les dispositifs en place. Ces partenariats sont à saluer pour les
avancées décisives dans le domaine de l’équipement, du renseignement et de la mise en condition opérationnelle. Ce
dernier volet est mis en œuvre, en particulier, à travers des détachements d’institutions opérationnels et techniques et la
conduite régulière d’exercices multinationaux tels African NEMO avec la France pour la sécurité maritime et, s’agissant
de la coopération américaine, United Accor and Efflibloc dédiée à la lutte contre le terrorisme et les crises humanitaires.
En définitive, si des obstacles majeurs se dressent sur les chemins de l’Afrique de l’Ouest et menacent sa sécurité et le
bien-être de ses populations, il n’en demeure pas moins que des avancées significatives ont été réalisées pour relever
les défis de la sécurité et du développement et consolider la dynamique d’intégration.
Au Sénégal, et dans les autres pays, les FDS restent déterminées à exécuter leur mission avec le soutien des hautes
autorités.
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Général Abayomi OLONISAKIN,
Chef d’État-major des Armées,
Nigeria
Pour le Nigéria qui connaît aussi des problèmes de sécurité, le plus grave étant lié au groupe terroriste Boko Haram,
il est essentiel de participer à des discussions sur ce thème avec les différents pays affectés par des organisations
extrémistes violentes et d’autres partenaires afin de tirer les leçons de leurs expériences.
L’exploitation des enseignements issus de ce forum et d’autres lieux de rencontre, leur mise en œuvre au plan national
et le soutien de la coalition et des autres partenaires seront déterminants pour la réussite du Nigéria dans sa lutte contre
les forces terroristes. Dans les quelques minutes qui suivent, je souhaiterais m’exprimer brièvement sur certaines des
approches du Nigéria dans sa lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en particulier dans le cadre de la col-
laboration et du partenariat avec les pays voisins et d’autres partenaires stratégiques dans cette guerre internationale.
Sur tout le continent, l’existence d’un extrémisme violent et de groupes terroristes n’est pas un phénomène nouveau.
Mais j’observe que ces manifestations sont devenues une préoccupation majeure. De manière générale, et en Afrique
de l’Ouest en particulier, les activités terroristes se multiplient avec des groupes comme AQMI, Ansar Eddine et Boko
Haram. Le groupe Boko Haram s’inscrit dans la gangrène internationale du terrorisme et déploie son réseau de terreur
sur de nombreux pays africains. Il a également établi des relations avec d’autres groupes terroristes importants à travers
le monde. Le terrorisme et le crime transnational sont deux caractéristiques majeures qui définissent l’environnement
de la sécurité internationale contemporaine. Le nouveau visage du terrorisme au Nigéria représenté par Boko Haram
appuie la théorie globale qui suggère que pratiquement tous les groupes terroristes sont en relation. Les approches
du terrorisme sont les mêmes partout dans le monde. Le groupe Boko Haram reçoit par exemple un entraînement
physique, des équipements et un soutien financier de la part d’AQMI et d’Al Chabab en Somalie. Le groupe a diffusé
à plusieurs reprises des vidéos d’Al Qaïda montrant des membres en train de se former et de fabriquer des engins ex-
plosifs de fortune. C’est ainsi que les terroristes de Boko Haram ont dépassé le territoire national et internationalisent
leurs activités. Cette coopération internationale et le soutien obtenu par Boko Haram ont renforcé sa capacité à étendre
la lutte au-delà des frontières nationales, en particulier dans les pays du bassin du lac Tchad. L’environnement de sécu-
rité nationale au Nigéria est en équilibre précaire, notamment en raison des activités terroristes de Boko Haram. Boko
Haram a engagé sa campagne de violence dans le nord du Nigéria en 2002. Le groupe s’est ensuite métamorphosé
en une organisation terroriste qui se voulait internationale. Au plus fort des attaques qui ont eu lieu au Nigéria, Boko
Haram a repris plusieurs sites militaires et récupéré une grande quantité d’armes et d’équipements. Leurs activités se
sont ensuite progressivement déployées dans d’autres secteurs de la région du lac Tchad en profitant de la porosité
des frontières et de la prolifération d’armes en provenance d’Afrique du Nord et d’autres sources. Boko Haram est donc
passé d’un groupe armé de petite taille à une force capable de lancer des attaques transnationales dans toute la région
du lac Tchad et d’établir des bases de recrutement au Nigéria, au Cameroun, au Tchad et au Niger.
Heureusement, Boko Haram et ses alliés ont subi des revers militaires et ne représentent plus une force capable de lan-
cer des attaques déterminées sur un site quelconque ou d’assurer une défense aérienne. Il n’a pas été assez souligné
que les insurrections de Boko Haram contre 20 régions gouvernementales ont été maîtrisées et ne se sont pas étendues
au Nigéria. À ce jour, aucune région gouvernementale du Nigéria n’est sous le contrôle des terroristes de Boko Haram.
Ce résultat a été obtenu grâce à un effort national et à un partenariat multilatéral entre les pays du bassin du lac Tchad.
La région du bassin du lac Tchad n’est cependant pas encore complètement débarrassée des terroristes. L’une des
stratégies du gouvernement du Nigéria pour régler le problème Boko Haram dans le pays et dans tout le bassin du lac
Tchad consiste à renforcer le partenariat existant et à étendre le partenariat de contre-terrorisme dans le monde.
96
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 3
Je tiens à souligner le rôle important que la coopération et la collaboration internationales ont joué dans la lutte contre
les organisations extrémistes violentes telles que Boko Haram dans les pays du bassin du lac Tchad, ainsi que l’effort
important et multiforme du gouvernement nigérian, appuyé par un partenariat militaire multilatéral, qui a permis d’en-
diguer et de mettre en échec les terroristes de Boko Haram. La nature particulière de la plupart des frontières dans les
États africains et certains protocoles actuels facilitent la circulation des personnes à travers les frontières. Si elle permet
de développer le commerce, cette situation a dans le même temps été exploitée pour des activités criminelles trans-
frontalières. Il est donc nécessaire de collaborer étroitement afin de faire reculer les activités terroristes transfrontalières.
C’est pourquoi les forces armées du Nigéria ont établi un partenariat militaire bilatéral avec le Cameroun.
Ce partenariat implique un niveau élevé de collaboration interarmées entre les deux pays par l’échange de renseigne-
ments et le déploiement de capacités. Il permet également de poursuivre activement les terroristes de part et d’autre
de la frontière. Il s’agit d’une nouvelle dimension dans la coopération internationale : les restrictions aux frontières liées
à la souveraineté des États sont atténuées par la négociation et les accords, ce qui permet à une armée étrangère de
conduire des opérations à travers une frontière commune s’il s’agit de poursuivre des objectifs partagés de sécurité.
Un partenariat de ce type a aussi été récemment établi entre les forces armées du Nigéria et de la République du Niger.
Cette coopération visait à synchroniser les opérations nationales et permettre à l’armée de traverser la frontière nord du
Nigéria pour faire face à des problèmes de sécurité transfrontalière. Cet accord ne viole pas la souveraineté de chaque
État, car les opérations militaires sont coordonnées par les forces des deux pays au titre du partenariat militaire. Au ni-
veau multilatéral et dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, la coopération avec les voisins du Nigéria, en particulier
les pays membres de la commission du bassin du lac Tchad, est également très fructueuse.
La mise en place d’une force opérationnelle multinationale composée des armées du Cameroun, du Tchad, du Niger et
du Nigéria a été décisive dans la lutte contre Boko Haram. Je dois préciser que la République du Bénin, même si elle ne
fait pas partie de la Commission du bassin du lac Tchad, a également contribué à la force opérationnelle multinationale
afin de renforcer la coalition. Les efforts de celle-ci, au travers du partage de renseignements et d’opérations militaires
conjointes, ont permis de réduire fortement le pouvoir de nuisance de Boko Haram. Comme le démontre aussi le par-
tenariat G5 Sahel, cette volonté de coopération répond aux attentes des États africains pour parvenir à une sécurité
collective dans les différentes sous-régions.
Compte tenu du caractère transnational des échanges actuels, il devient capital d’étendre la collaboration armée au-de-
là de notre voisin direct et de la sous-région. C’est pourquoi les forces armées du Nigéria analysent les possibilités de
collaboration avec la coalition contre-terroriste islamique qui cherche à soutenir la lutte contre le terrorisme au moyen
de l’échange de renseignements, de l’appui logistique et du soutien à la formation pour les pays membres de la coali-
tion concernés.
Le Nigéria est aussi un membre du partenariat transsaharien contre le terrorisme et du groupe d’action intergouverne-
mental contre le blanchiment d’argent. Il s’agit d’autres accords de coopération internationaux fermement soutenus par
le Nigéria qui reste convaincu que seul l’effort collectif permettra de combattre le terrorisme international.
Le continent africain s’efforce depuis des années de mettre en place une architecture de sécurité pour promouvoir le
soutien entre les pays et la paix et la sécurité sur son territoire. À cette fin, l’Union africaine a élaboré des mécanismes
pour faire face aux menaces sur la paix et la sécurité au travers d’instruments comme la Force africaine en attente et les
forces régionales. La paix et la sécurité sur le continent africain ont ainsi été l’un des points centraux des discussions au
cours des 11 réunions ordinaires de la Commission du personnel technique spécialisé pour la défense, la sûreté et la sé-
curité et du Comité d’état-major des États membres de l’Union africaine qui se sont récemment tenues à Addis-Abeba
du 8 au 12 octobre 2018. Comme le terrorisme est devenu la préoccupation de sécurité principale de nombreux pays,
le recours à la Force africaine en attente pour un support militaire aux pays africains dans leur lutte contre ce fléau devra
être sérieusement envisagé.
Dans son combat contre le terrorisme, le Nigéria apprécie le soutien des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bre-
tagne, de la France, de l’Allemagne, d’autres États membres de l’Union européenne et de ses autres alliés à travers le
renseignement, la surveillance et la reconnaissance des autres actifs. Le soutien du gouvernement américain est crucial
pour la réussite de la lutte contre le terrorisme international. Les rencontres que nous avons eues avec les militaires
américains par l’intermédiaire du chef d’état-major des armées nous ont permis de faire évoluer notre stratégie de lutte
contre les organisations terroristes.
Je tiens à préciser que l’endiguement et la défaite à terme de groupes terroristes comme Boko Haram dépendent du
renforcement de notre effort militaire avec des systèmes de guidage intelligents et des armes de haute précision. Il est
donc important que les efforts consentis pour défaire l’État islamique en Syrie soient reconduits dans le combat contre
les organisations extrémistes violentes en Afrique.
Grâce à une collaboration active à travers les frontières et au soutien permanent de nos partenaires stratégiques, nous
pourrons, ensemble, mettre un terme définitif au terrorisme et aux actes extrémistes violents sur le continent africain.
97
Whitney BAIRD,
Sous-Secrétaire d’État adjointe
pour l’Afrique de l’Ouest et les Affaires de Sécurité,
USA
La clé de voûte du combat que mènent les États-Unis contre le terrorisme et les violences extrémistes est leur soutien
aux États africains pour maintenir leur souveraineté sur des zones où sévissent les groupes et acteurs mal intentionnés.
Les États-Unis continueront à travailler avec et par le concours de nos partenaires pour promouvoir cet objectif. Lorsque
des intervenants externes tentent d’apporter leur soutien à des nations partenaires africaines en réponse à des d
emandes
exprimées par ces dernières, il nous semble vital que ces intervenants les aident à améliorer leur gouvernance.
Les États-Unis estiment que les intervenants externes doivent aider leurs partenaires et que la mise en œuvre de so-
lutions de sécurité locale passe par des partenaires compétents, dotés de systèmes économique et de gouvernance
solides.
Les terroristes concentrent leurs efforts de recrutement dans les régions où les autorités légitimes ne veulent pas ou ne
peuvent pas garantir la souveraineté de l’État, et donc la sécurité et une bonne gouvernance à la population. Mais le fait
d’assurer la sécurité ne résout pas tous les problèmes.
Nous pensons que les gouvernements et les responsables municipaux doivent répondre aux revendications suscitées
par l’insécurité. La mauvaise gouvernance et la corruption endémique bafouent les droits fondamentaux de l’Homme
et créent un sentiment d’exclusion politique et économique. Il ne s’agit pas d’un impératif de moralité, mais d’abord
de sécurité.
Pour s’appliquer pleinement, les notions de citoyenneté et de souveraineté en Afrique impliquent que les gouverne-
ments aient la volonté et la capacité de répondre aux besoins et aspirations de la population.
Nous nous sommes rendu compte que des groupes comme l’État islamique en Afrique de l’Ouest assoient leur emprise
en assurant une sécurité de base pour les personnes, une justice prévisible et quelques services essentiels. Cette forme
de gouvernance n’est toutefois pas exempte de brutalité, de violence et de destructions.
Nous constatons que les terroristes sont souvent capables d’exploiter la fragilité des États et la vulnérabilité politique
et économique. Les terroristes opèrent souvent dans les zones où les forces de sécurité et de contrôle des frontières
ne disposent pas de la formation, des équipements, des renseignements et de la mobilité nécessaires pour perturber
leurs activités.
Les États-Unis collaborent avec leurs partenaires africains et externes pour leur permettre de prévenir ces menaces et
d’y répondre ainsi que traiter les situations qui prolongent les cycles d’instabilité et de conflit.
Les États-Unis sont par ailleurs l’un des plus importants donateurs de la communauté internationale pour ce qui est de
la sauvegarde des vies et de l’aide aux personnes touchées par le terrorisme.
À titre d’exemple, les États-Unis ont dépensé plus de 934 millions de dollars au cours des deux dernières années pour
aider les victimes de violence terroriste dans la région du lac Tchad.
Nous proposons aussi d’autres aides à la stabilisation et au développement en cohérence avec les priorités définies
par les États africains pour l’assistance à leur population. La Force multinationale mixte ou FMM et la Force conjointe
du G5 Sahel sont des exemples de réponse au terrorisme à l’échelle des régions africaines. Les pays concernés ont pris
98
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 3
des mesures importantes pour répondre aux menaces par une planification coordonnée, des accords de poursuites
transfrontalières, le stationnement de troupes étrangères et une coordination aux frontières et politique. La FMM peut
se targuer d’avoir fait reculer Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest.
L’incapacité à conserver les territoires libérés, à prévenir les contre-attaques et à protéger la population civile reste un
problème important.
Le G5 Sahel est une initiative déterminante, car il est né de la volonté de pays aux racines, conditions économiques et
situation sociopolitique comparables, de collaborer sur des solutions communes. Il existe aussi une forte volonté de
création d’une force militaire conjointe ; à ce titre, nous encourageons vivement le G5 Sahel à optimiser ses interven-
tions en s’appuyant sur ces quatre fondamentaux : ténacité, gouvernance, infrastructures et sécurité.
L’Afrique doit relever un autre défi, celui de la Somalie, un pays où les États africains régionaux coopèrent pour lutter
contre le terrorisme et soutenir un processus long et difficile de consolidation des institutions. Au cours des dix der-
nières années, les États-Unis ont fourni plus de 1,2 milliard de dollars pour soutenir l’AMISOM, ou mission de l’Union
africaine en Somalie, afin de renforcer la lutte contre les Shebab et les capacités des services de sécurité somaliens.
La communauté internationale considère que la consolidation des partenariats est un engagement à long terme. S’il
n’est pas toujours nécessaire d’investir des ressources importantes, il faut impérativement faire preuve d’un engage-
ment permanent et stratégique.
Il est crucial de soutenir sur le long terme les efforts des partenaires africains en faveur d’institutions solides et de capaci-
tés durables, et de leur apporter une assistance technique et opérationnelle immédiate pour lutter contre les menaces.
L’efficacité du soutien externe apporté aux Africains dans leur lutte contre le terrorisme sera encore plus forte avec une
coopération renforcée et un bon partage des informations.
Les partenaires internationaux doivent travailler ensemble dans le cadre d’un grand programme stratégique pour don-
ner un impact maximal à leurs contributions.
99
Général François LECOINTRE,
Chef d’État-major des Armées,
France
L’avantage de passer en dernier est qu’on a moins de choses à dire, l’essentiel ayant déjà été dit par les prédécesseurs. Je
vais donc couper dans les virages pour rappeler quand même, qu’aujourd’hui, compte-tenu du niveau de c onflictualité
sur le continent africain de cet état de crises permanentes auxquelles sont confrontés l’ensemble de nos appareils
étatiques, la situation exceptionnelle à laquelle nous devons faire face appelle à une dynamique d’engagement et de
coopération.
D’engagement d’abord. C’est simplement le constat qui doit être fait par l’ensemble des partenaires, à c ommencer
par les pays d’Afrique mais aussi par l’ensemble des partenaires de la Communauté internationale et en particulier, de
l’Union européenne, qui, pour des raisons géographiques, est la première à être confrontée aux risques de d
ébordement
et de contagion de la crise africaine.
L’engagement également, qui veut dire que cet ensemble de partenaire n’a pas d’autres choix que de s’engager dans
l’intervention de la gestion de ces crises. Nous ne pouvons plus nous permettre de dire que nous choisissions ou que
nous ne choisirons pas d’intervenir, d’agir et de réagir.
La coopération c’est, bien sûr, l’idée selon laquelle le temps d’agir seule est révolu. Nous savons bien que la défense
des intérêts communs exige une action commune. Cette action est également fondée sur une solidarité qui est à la
mesure des capacités de chacun.
Cette réalité-là - si elle est aggravée ou qu’elle nous met face à une urgence d’agir - est en réalité prise en compte
depuis un certain temps par la France qui a élaboré, depuis longtemps déjà - une quinzaine d’années - d’abord le
concept RECAMP (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix) qui visait à aider à l’équipement des
armées africaines, et qui a également fourni un effort important et dans la durée pour aider à la formation des armées
africaines - ce thème a été longuement évoqué - notamment grâce aux Écoles Nationales à Vocation Régionale qui ont
permis de former un nombre considérable d’officiers, de sous-officiers et de soldats de pays d’Afrique et notamment
d’Afrique de l’Ouest.
Lors du sommet Afrique-France de Bamako de janvier 2017 qui s’est inscrit dans la continuité du Sommet de Paris en
2013, la France a renouvelé son engagement à poursuivre son effort. A l’époque, nous avions fixé un objectif de 25 000
militaires africains formés chaque année. Dès 2017, cet objectif a été largement dépassé puisque nous avons formé près
de 32 000 hommes. En 2018 nous n’avons pas relâché notre effort, et à la fin du 1er semestre, 16 000 hommes et femmes
avaient déjà été formés.
J’ajoute qu’aux volets « renforcement des capacités africaines de maintien de la paix » et « formation », nous pratiquons
également la promotion de la sécurité maritime évoquée dans le cadre du processus de Yaoundé ; le CEMGA l’a dit
tout à l’heure; l’appui aux partenaires dans le contrôle des espaces frontaliers et le conseil en matière de réforme des
secteurs de sécurité de manière général.
Je pense que notre approche de la coopération est résolument décentralisée et régionalisée, l’objectif étant de
s’adapter le plus possible au niveau atteint par nos partenaires, à leurs besoins précis, à leurs capacités à répondre à
nos offres d’aide. Je pense que cette souplesse est un élément essentiel de l’efficacité de notre action de coopération.
Mais évidemment, devant l’ampleur et la multiplication des défis, il faut passer à d’autres solutions, des solutions plus
innovantes. Ce que j’observe est que les premiers à imaginer ces solutions innovantes sont les Africains eux-mêmes.
Cette inventivité de l’Afrique, sa volonté de prendre en main sa propre sécurité me marque aujourd’hui. J’observe aussi
qu’elle n’est pas nouvelle. On se souvient des engagements forts, avec des moyens souvent limités, des organisations
régionales africaines : aussi bien l’ECOMOG - la Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO qui a été créée
en 1990 lors de la guerre civile du Libéria - que la MISAB - la Mission de surveillance des accords de Bangui - créée le 31
janvier 1997 par une coalition de pays africains.
100
Les Actes 2018 | PLÉNIÈRE 3
J’observe qu’on retrouve cet état d’esprit « pionnier » avec de nouvelles solutions proposées dans le cadre de
l’Architecture de Paix et de Sécurité en Afrique (APSA).
J’observe aussi que la création de structures Ad hoc s’est multipliée ses derniers temps pour faire face à la multiplication
des crises, toujours dans un esprit d’adaptation aux réalités du terrain, de souplesse, de réactivité et de décentralisation.
Je cite rapidement :
• la force conjointe G5 Sahel en BSS,
• la force multinationale mixte (FMM), dans la région du Lac Tchad,
• le FMTS, le long de la frontière tchado-soudanaise.
Pour prendre le seul exemple de la force conjointe du G5 Sahel, - qui a été cité à de nombreuses reprises - l’idée même
de l’action transfrontalière favorisée par un concept audacieux et nouveau, a permis et permet d’ores et déjà d’apporter
une première réponse à une crise qui se caractérise par l’aspect transfrontalier de l’action des groupements terroristes.
La France est pleinement impliquée, elle cherche à accompagner ce mouvement par plusieurs actions :
Tout d’abord en rénovant le cadre de sa coopération. Le cadre de la coopération nouvelle est essentiellement centré sur
les pôles opérationnels de coopération autour des Effectifs français au Sénégal, des Effectifs français au Gabon et des
Forces françaises à Djibouti. Ces Pôles sont de véritables laboratoires d’innovation du partenariat militaire opérationnel
qui prouve son efficacité au quotidien.
Ensuite nous cherchons à convaincre nos partenaires européens de s’investir davantage en Afrique. Vous savez que
nous sommes les ardents défenseurs et promoteur des missions EUTM qui sont à la base, aujourd’hui, de l’effort euro-
péen de formation de partenaires africains et de leurs armées. Même si cela vous parait devoir répondre à une urgence,
même s’il s’agit d’une existence qui n’est pas contestable, les efforts de conviction que nous avons à déployer auprès
de nos partenaires européens restent considérables. Ils sont évidemment à la hauteur et ils doivent être croissants au
gré de l’éloignement de chacun de nos partenaires européens des rivages méditerranéens et de la perception fine,
par leurs opinions publiques, de la réalité de l’urgence de la situation africaine et de l’obligation dans laquelle nous
nous trouvons d’agir. Je salue au passage dans ce travail de conviction de nos partenaires européens que nous faisons
dans le cadre de l’Union Européenne, mais également dans le cadre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord,
l’appui constant apporté, notamment, par nos partenaires américains qui sont les premiers à nos côtés, non seulement
pour s’engager au profit de la sécurité en Afrique, mais également pour travailler à cette prise de conscience qui est
absolument indispensable.
Enfin, la France travaille avec l’UA à l’élaboration d’une vision commune sur la nécessité de promouvoir les opérations
africaines de paix, à travers un système qui pérennise leur financement et qui pourraient s’engager en complément des
Opérations de Maintien de la Paix. Cette question du financement est centrale. Elle conditionne la pleine efficacité des
opérations africaines de paix permettant un déploiement rapide de troupes capables de mener des actions offensives.
En l’absence de financement crédible, ces Opérations de Maintien de la Paix sont souvent la seule alternative résiduelle,
alors qu’elles n’ont ni les mêmes visées ni la même efficacité pour répondre à la menace terroriste.
Je voudrais, pour conclure cette intervention rapide, revenir sur ce qu’a dit tout à l’heure le patron de la MINUSMA.
Quelle que soit la qualité du mandat, qu’il soit robuste ou non - et je vous parle en homme d’expérience - la réalité
est que c’est sur la qualité des troupes engagées que repose l’efficacité de l’action militaire. Cette qualité des troupes
engagées, quelle que soit la qualité du mandat, repose sur les capacités dont disposent les militaires et les forces qui
sont engagées. Elle repose sur leurs équipements, sur la capacité que nous avons à partager le renseignement et à avoir
une appréciation commune de la situation. Mais elle repose aussi sur ce que j’appelle l’esprit de combat, c’est-à-dire
une capacité à durer sur le terrain dans des conditions de rusticités élevées, une capacité aussi à endurer, à accepter le
risque.
En clair, il s’agit, quel que soit le cadre de nos engagements - opération de maintien de la paix ou d’opération africaine
de paix - d’agir avec des «armées d’emploi» qui sont évidemment d’abord et toujours des armées nationales.
Je pense qu’aujourd’hui, nos partenaires africains, les militaires avec lesquels je travaille, avec lesquels j’ai beaucoup
travaillé aussi quand j’ai mis sur pied la mission EUTM au Mali, sont en train de devenir réellement des «armées d’em-
ploi». Elles sont confrontées au combat, elles s’aguerrissent, elles sont en train d’acquérir cette culture commune de
l’engagement face à une menace qui nécessite cet esprit de combat.
Je vous engage tous à poursuivre l’action engagée. Il n’est plus temps de préparer, il est temps de consolider.
101
Conférence 3
Réformes de l’UA et partenariats
multilatéraux : comment faire
évoluer les appuis aux opérations
de paix africaines ?
LES INTERVENANTS
Pierre BUYOYA
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel - UA
Michelle NDIAYE
Directrice du programme Afrique, Paix et Sécurité, IPSS - Éthiopie
102
Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Une analyse prospective est nécessaire sur l’opérationnalisation du fonds pour la paix. Les contributions sont impor-
tantes, mettant en avant un véritable espoir pour l’UA de revendiquer un leadership intellectuel et de conduire son
propre programme de paix et de sécurité, selon sa propre détermination des problèmes et des solutions. Cette réforme
permettra de sécuriser 25% du financement. Elle fera en sorte que les 75% restant du financement des opérations de
paix soient une réalité. Or, il n’y a pas encore de vrai débat sur cette part, prévue pour renforcer les partenariats inter-
nationaux. Ces 75 % pourraient devenir une contribution obligatoire. Le fonds pour la paix permettra de financer la
diplomatie préventive, la médiation, les institutions qui soutiennent les opérations, les communautés régionales et les
bureaux de liaison.
De plus, le financement à hauteur de 25% par l’UA des OPA doit être soutenu par les autres bailleurs de fond. L’UE et les
organisations multilatérales doivent pouvoir mener des opérations sur le terrain en pleine cohérence. Il faut un change-
ment de comportement à tous les niveaux, faire cesser les égoïsmes et instaurer une grande prise de conscience. À cet
égard, l’UE ne peut supporter cet effort à lui seul. Le progrès du fond montrera la volonté politique africaine.
Se pose donc également la question du modèle de l’architecture de cette coopération. Les OPA permettent d’assurer la
stabilité sur le continent et tranchent avec les OMP par des mandats plus offensifs et une imposition de la paix durable.
L’UA doit également prendre en compte les obligations du respect des droits dans sa propre stratégie. La revitalisation
des OPA passe également par une clarification de l’ensemble des partenaires, des enjeux et de la volonté politique d’in-
tervenir. Les rôles doivent être clarifiés lors des interventions sur le terrain. Le modèle d’intervention doit être repensé
au regard du caractère offensif, hybride et culturel des opérations. L’UA doit clarifier sa propre doctrine de maintien de
la paix. Avoir une vision stratégique claire sur la doctrine est donc essentiel.
Les coopérations régionales doivent être au premier plan car elles ont une connaissance de la culture et de la géogra-
phie. Mais les pays limitrophes ne sont pas neutres, il faut donc trouver une formule au cas par cas. Les partenariats avec
les communautés économiques régionales sont extrêmement importants dans la poursuite des opérations de terrain
car elles passent par une humanisation des forces de maintien de la paix en incorporant la culture des populations.
Enfin, le climat mondial montre que le multilatéralisme doit être redéfini. Principal bailleur africain, construire les capaci-
tés de l’UA représente un point essentiel de l’aide européenne. Mais le cadre politique et stratégique de cette coopé-
ration doit se développer pour s’adapter aux nouveaux défis. La facilité de paix européenne offre un cadre stratégique
et politique, des mandats plus flexibles et étendus à cette coopération.
103
Atelier 7
Coopérations internationales :
comment répondre efficacement
aux besoins des FDS africaines ?
LES INTERVENANTS
Tesfaye TAFESSE
Haut Représentant pour le Mali et le Sahel - UA
Rida LYAMMOURI
Directeur Exécutif et chercheur au Sahel MeMo LLC - USA
Serge MICHAILOF
Chercheur Associé, IRIS - France
104
Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Partant du principe que la restauration et le maintien de la paix ne peuvent guère être assurés que par les forces locales
ou régionales, l’épineuse question du financement des appareils de défense des États sahéliens mérite d’être posée. A
titre d’exemple, les États sahéliens sont des États fragiles qui font face à des besoins de sécurité énormes alors que leurs
ressources fiscales restent extrêmement limitées. Leurs ressources budgétaires sont en moyenne de 17 à 18% du PIB
alors, qu’en 2016, les dépenses de sécurité assumées par le budget nigérien représentaient 6,3% de PIB. Cette réalité
qui s’impose aux États a pour cruelle conséquence d’importantes coupes dans les budgets alloués au développement
et aux enjeux sociaux.
Si les coopérations militaires se sont développées au cours des dernières années, il existe un réel déficit de financement
des importantes réformes du secteur de la sécurité (RSS) qu’il serait nécessaire d’entreprendre. En effet, les budgets de
la Défense occidentaux sont majoritairement utilisés pour financer des opérations extérieures (Opex) et l’essentiel des
budgets alloués à l’aide publique au développement est axé sur la « lutte contre la pauvreté ». Ainsi, l’aide internatio-
nale refuse de payer les dépenses de sécurité des États africains. La possibilité d’un financement pluriannuel des bud-
gets de la Défense des pays du G5 Sahel par l’UE, le FMI et la BM, à travers des appuis budgétaires est une éventualité.
Afin de permettre l’appropriation africaine et le transfert de compétences, un effort tout particulier est porté sur l’entrai-
nement et la formation des cadres et des formateurs, afin que ces derniers puissent, à leur tour, structurer des filières de
formation efficaces au sein de leurs appareils de défense et de sécurité.
Face à la hausse significative de la demande des États africains en matière de partenariats militaires, il existe une faible
capacité d’absorption par leurs appareils sécuritaires de ces coopérations multiformes. Il ne s’agit pas seulement de
recevoir ou de percevoir une aide mais bien de s’engager auprès d’un partenaire pour atteindre un objectif prédéfini. La
saturation des partenaires africains est souvent due au fait qu’il n’y a qu’un seul point focal en la matière. Il est souvent
difficile pour des armées limitées en ressources humaines de mettre à disposition de formateurs étrangers le nombre
initialement envisagé de personnels devant suivre la formation.
Afin d’éviter l’embouteillage, les duplicatas et le manque de visibilité, la coordination entre les grands acteurs de la
coopération militaire est impérative. Si des initiatives de « déconfliction » émergent, notamment du côté d’AFRICOM,
la solution idéale, toujours dans le but d’une appropriation africaine, serait que les États africains eux-mêmes, ou à tra-
vers les initiatives régionales comme le G5 Sahel, soient capables de jouer ce rôle primordial de l’expression de leurs
propres besoins.
105
Atelier 8
Lutte contre le terrorisme
et l’extrémisme violent : quels
nouveaux partenariats ?
LES INTERVENANTS
Ahmedou OULD-ABDALLAH
Président du Centre des Stratégies
pour la Sécurité au Sahel Sahara - Mauritanie
Abdelhak BASSOU
Chercheur principal, OCP Policy Center - Maroc
Samia LADGHAM
Cheffe de la Section Afrique, Comité contre le terrorisme - ONU
Carol MOTTET
Conseillère principale à la Division Sécurité Humaine, DFAE - Suisse
Philipp ACKERMANN
Directeur Général Politique, MAE - Allemagne
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Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
L’action militaire dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne suffit pas, même si cette dernière est indis-
pensable. L’action politique, qui se manifeste notamment par le biais des partenariats, l’est tout autant, car une mau-
vaise gestion politique du phénomène contribue à son émergence et à sa propagation. Or, les partenariats existants
sont limités. Il serait utile de capitaliser sur les partenariats existant pour éviter la répétition de certaines erreurs tout en
évaluant les résultats qu’ils produisent afin de les améliorer.
Dans le cadre des partenariat existants et face à une menace évoluant de façon rapide et constante, mutualiser les
initiatives mises en œuvre par les États est nécessaire. Par exemple, la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multina-
tionale mixte auxquelles appartient le Niger, qui pourrait être le point de synergie potentiel entre ces forces. Par ailleurs,
les mécanismes de l’Union africaine telles que l’architecture de paix et de sécurité ou encore la Capacité africaine de
réponse immédiate aux crises doivent être mobilisés et s’impliquer dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme
violent. Les États doivent se doter d’une perception africaine commune de la menace afin que les États qui ne sont pas
encore touchés soient solidaires des États qui sont affectés par le terrorisme et l’extrémisme violent.
Il n’est pas nécessaire de mettre en œuvre de nouveaux partenariats mais plutôt de renforcer ceux qui existent déjà.
Une multiplication de partenariats comporterait un risque d’épuisement des ressources disponibles car celles dont dis-
posent les acteurs sont limitées et doivent donc être utilisées à bon escient.
Le partenariat entre les gouvernements et les civils devient urgent, avec la mise en place d’approches innovantes im-
pliquant les jeunes, les femmes, les chefs coutumiers et religieux et la promotion d’une plus grande autonomie des
autorités décentralisées pour des réponses plus spécifiques et adaptées aux contextes locaux. Un partenariat « sociétal
» avec les différentes composantes de la population favorise la paix et accroit le contrat social. De nouvelles options
de partenariats doivent être envisagées, en associant par exemple les acteurs du secteur privé à la lutte contre le terro-
risme, notamment dans sa phase préventive.
De plus, les partenariats impliquant les forces de défense et de sécurité et le secteur de la justice doivent être renforcés
car ils permettent de favoriser la confiance des populations dans la justice et d’éviter les dysfonctionnements judiciaires.
En ce sens, les FDS doivent être aussi sensibilisées et s’imprégner des principes du respect des droits humains dans
leurs actions.
Repenser les partenariats existants est nécessaire à travers, notamment, une appropriation par les parties prenantes, de
l’approche préventive. Dans ce cadre, l’origine de la violence et les causes du phénomène sont à analyser à travers la
promotion d’espaces de dialogue, réunissant les gouvernements, les forces de défense et de sécurité et la société civile,
y compris en matière de prévention.
107
Atelier 9
Cyberespace et prévention de
l’extrémisme violent et
de la criminalité organisée
LES INTERVENANTS
Papa GUEYE
Commissaire de police cyber - Sénégal
108
Les Actes 2018 | CONFÉRENCES ET ATELIERS
Le cyberespace remet en cause les principes de territorialité des États. Il donne ainsi un grand pouvoir aux individus qui
peuvent agir au-delà des frontières nationales. Dans ce contexte, les actions des criminels et des extrémistes posent
davantage de difficultés. Les organisations terroristes se sont appropriées les technologies de l’information et disposent
de politiques de communication de plus en plus efficaces sur le plan international.
Une coopération efficace entre les États est essentielle compte tenu du caractère transfrontalier des menaces utilisant
les canaux numériques. La mutualisation des efforts apparait ainsi des plus importantes. De même, la collaboration des
entreprises du secteur du numérique qui possèdent les capacités de bloquer et de tracer les sources des contenus sur
leurs plateformes est importante.
La répression n’est pas suffisante pour lutter efficacement contre la cyber-propagande et la cybercriminalité. Il est donc
nécessaire d’investir des efforts sur la prévention et permettant des poursuites sur des territoires étrangers. Des consi-
dérations pratiques limitent toutefois l’efficacité de ces outils.
Pour une meilleure efficacité de cette sensibilisation, les discours, les méthodes, la mentalité, les difficultés et l’évolution
des réalités sociales de ces groupes extrémistes doivent être analysés. Il faut agir sur la société et mettre en œuvre des
projets de sensibilisation auprès des groupes les plus vulnérables aux idéologies extrémistes, les jeunes en particulier.
L’éducation, comme moyen de sensibilisation, doit être inclusive et doit s’adapter aux nouvelles réalités sociales.
Par exemple, le Bénin a opté pour une approche holistique avec une collaboration de tous les services d’investigation
et de justice. De nouveaux services de lutte contre la cybercriminalité ont aussi été institués. Il y a cependant un manque
d’information du public sur le sujet. Le Bénin privilégie également la collaboration avec les fournisseurs de services
numériques. Enfin, le pays met l’accent sur la coopération régionale et internationale dans sa lutte contre la cybercrimi-
nalité et la propagande extrémiste dans le cyberespace.
Aussi, la problématique de la protection des droits de la personne pose la question des règles destinées à promouvoir
la sécurité pouvant être instrumentalisées afin de limiter la liberté d’expression des citoyens. Des textes encadrant
l’intervention des États dans le cyberespace doivent être adoptés. En réponse, les libertés individuelles doivent être
subordonnées à l’intérêt public.
109
CÉRÉMONIE
DE CLÔTURE
110
Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE DE CLÔTURE
CONCL USIONS
de S.E.M. Sidiki KABA
Ministre des Affaires étrangères
et des Sénégalais de l’extérieur
Je sais que les travaux doivent continuer, et je devais en faire une synthèse. Cela ne sera pas possible, et il ne sera
également pas possible de faire la synthèse de la synthèse. Je laisserais donc la parole au Premier ministre sur ce sujet.
Je note toutefois une chose importante : votre participation a été nombreuse, votre participation a montré l’intérêt que
vous avez pour le Forum International de Dakar qui est devenu aujourd’hui, et j’ai l’honneur de le dire, un forum qui est
inscrit dans une dynamique d’innovation, d’audace et d’espoir, montrant ainsi que si des hommes et des femmes de
toutes les catégories sociales s’associent ensemble et réfléchissent ensemble pour essayer de trouver des solutions aux
défis et enjeux mondiaux, ils pourront dégager des pistes et des recommandations pour le futur.
La première d’abord.Nous avons parlé de paix, de sécurité et de développement en mettant l’accent sur les Droits de
l’Homme. Je reprends ici une pensée du Pape Paul VI: « l’Humanité doit mettre fin à la guerre, sinon la guerre mettra fin
à l’Humanité». Réfléchissez à cela.
Deuxième point : nous en avons assez parlé, mais il n’y a pas de développement sans paix. La paix est le pivot central
sur lequel le droit le plus important auquel nous tenons, le droit à la Vie, peut s’exercer. Alors, devenons des acteurs de
la Paix, devenons des artistes de la paix. C’est par cette construction de la paix que nous pourrons assurer la sécurité.
C’est un engagement total, il ne peut y avoir de demi-paix, ni de demi-liberté, ni de demi-sécurité.
La dernière chose que je voudrais vous dire, c’est un des actes importants de la Déclaration Universelle des Droits
de l’Homme, qui en réalité s’inspire aussi de la charte de Kouroukan Fouga de 1213, établie au Mali sous le règne de
Soundiata Keita, et qui reste en Afrique une référence en terme de réflexions sur la dignité humaine.
L’aspiration la plus importante pour l’Humanité reste encore la paix, reste encore la libération de l’Homme de la
terreur et de la misère.
111
112
Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE DE CLÔTURE
DISCOUR S
DE CL ÔTUR E
de Monsieur Mahammed Boun Abdallah DIONNE,
Premier Ministre,
Sénégal
C’est toujours pour moi un réel plaisir de sacrifier à cette traditionnelle cérémonie de clôture du Forum International de
Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, qui nous réunit aujourd’hui en sa cinquième édition.
Je saisis l’occasion pour renouveler, à la suite de Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République, nos
chaleureuses salutations et l’expression de notre gratitude à tous les participants, dignitaires de haut rang, autorités
civiles et militaires, pays et organisations partenaires ainsi que les distingués invités, qui ont de nouveau massivement
répondu à l’invitation du Sénégal.
Le rendez-vous de Dakar qui s’inscrit dans une démarche constante de réflexion stratégique, a comme leitmotiv la re-
cherche de solutions adaptées, efficaces et durables pour la paix et la sécurité de l’Afrique, en insistant cette année sur
le thème intitulé « paix et sécurité en Afrique : enjeux de stabilité et de développement durables ».
A cet égard, je voudrais féliciter Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (MAESE),
son équipe ainsi que les partenaires techniques du MAESE que sont le Centre des hautes Etudes de Défense et de
Sécurité du Sénégal (CHEDS) et la Compagnie européenne d’Intelligence stratégique (CEIS). Ils ont tous contribué à
préparer en amont et organiser les deux jours de travaux intenses du Forum, dont Monsieur le Ministre vient de nous
faire une synthèse.
Revenant sur les grandes lignes du Forum, comme vous le savez, son thème général a été décliné en trois séquences.
Le débat de la première séquence, dont la thématique portait sur «Droits, Justice et Libertés face aux enjeux
s écuritaires», a été posé autour de la question centrale de la protection des populations, mission régalienne des États,
d’une part, et la nécessité de garantir le respect des droits et libertés versus l’impératif de sécurité, d’autre part.
Le Sénégal qui a l’honneur de siéger au Conseil des Droits de l’Homme (mandat 2018-2020), continue de marquer son
attachement profond à la promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance, avec comme corollaire la reddition
des comptes.
La deuxième séquence du Forum a porté sur les « Enjeux de l’opérationnalisation du lien entre développement
et sécurité durables ». Elle aura permis de passer au crible la problématique de la gestion concertée des frontières
terrestres et maritimes, propices aux activités terroristes et criminelles, d’analyser l’impact de l’éducation et des poli-
tiques de jeunesse sur la paix ainsi que l’apport et les attentes du secteur privé dans la sécurité et le développement en
Afrique. En outre, il s’agissait aussi de proposer des solutions pour renforcer les différents mécanismes de coopération
entre l’Afrique et ses partenaires, dans le continuum sécurité/développement.
Enfin, la troisième séquence a examiné les « Perspectives de coopérations internationales dans la lutte contre le
terrorisme et l’extrémisme violent ». Ce fut l’occasion d’échanger sur les voies et moyens de répondre aux besoins
des forces africaines de défense et de sécurité, notamment les enjeux du soutien logistique des coalitions de forces
dans la lutte contre le terrorisme.
Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République, l’a souligné dans son allocution d’ouverture du Fo-
rum : il ne peut y avoir de développement sans paix, sans sécurité, sans stabilité.
113
Le maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité ainsi que la lutte contre le terrorisme nécessitent donc une ap-
proche globale et une coopération renforcée entre toutes les parties prenantes que sont les États, les populations, les
organisations internationales, régionales et sous régionales, la société civile et le secteur privé.
L’adoption de l’Agenda 2063 consacrait la priorité accordée au développement de l’Afrique dans ses trois dimensions
économique, sociale et environnementale, en complément des engagements pris à l’échelle du monde dans le cadre
des Objectifs de développement durable (ODD) du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Il appartenait, dès lors, aux États membres de l’Union africaine (UA) de donner corps à cette vision d’un continent pros-
père et débarrassé des fléaux de la guerre, des conflits, des pandémies et de la pauvreté et soucieux de préserver ses
ressources naturelles, à l’échelle de chaque pays.
Le Sénégal s’était d’emblée inscrit dans cette dynamique avec le Plan Sénégal Emergent (PSE) traduisant la vision du
Président Macky SALL pour le développement du Sénégal à l’horizon 2035. Les premiers résultats sont déjà bien tan-
gibles et le deuxième plan d’actions prioritaires sera mis en œuvre à compter de l’année prochaine.
Dans la même veine, le Programme d’urgence pour le développement communautaire (PUDC) qui a pour vocation de
faciliter le partage des opportunités et la réduction des inégalités entre les zones urbaines et rurales du Sénégal, est
également déjà porteur de fruits.
Il est heureux de constater que dans une démarche cohérente, les Nations-unies et l’Union africaine, par le biais de la
Commission Economique pour l’Afrique (CEA), travaillent de concert pour la mise en œuvre du Programme à l’horizon
2030 et l’Agenda 2063.
À travers la tenue du Forum régional africain sur le Développement durable, le suivi et l’évaluation des performances
et progrès réalisés en Afrique sont effectués chaque année, en prélude au Forum politique de haut niveau qui réunit la
communauté internationale. Ce cadre permet de partager les bonnes pratiques et les leçons apprises mais il contribue
particulièrement à maintenir la mobilisation et l’engagement de toutes les parties prenantes, en faveur d’une action
concertée pour la réalisation des ODD et de l’Agenda 2063 de l’Afrique.
Les efforts en faveur du développement durable doivent être poursuivis du fait de leur interdépendance avec la paix, la
sécurité et la stabilité. Ils sont la clé pour assurer l’inclusion sociale et pour résoudre les questions d’emploi, de migra-
tion, de sécurité alimentaire, de santé ou de lutte contre la pauvreté. A cet égard, l’initiative intergouvernementale 3S,
« Initiative pour la Soutenabilité, la Stabilité et la Sécurité en Afrique », mérite d’être signalée. Elle a été lancée en
2016 à Marrakech, par le Maroc et le Sénégal, en collaboration avec le Secrétariat de la Convention des Nations-unies
sur la lutte contre la désertification, et a pour vocation de traiter de la question de la dégradation des terres et des res-
sources naturelles ainsi que de l’insécurité foncière, causes profondes d’instabilité en Afrique.
L’enjeu du moment est le capital humain que nous avons le devoir de promouvoir et de préserver. Il faudra dévelop-
per l’éducation nationale, la recherche développement, l’innovation et les systèmes de formation professionnelle pour
renforcer les capacités et les compétences techniques et scientifiques. La promotion de l’égalité des sexes, l’autono-
misation des femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes sont des axes à renforcer. A travers le dialogue,
nous devons encourager les échanges et les partenariats, la découverte et le respect de l’autre. Il nous incombe de
partager les valeurs, principes et vertus qui fondent nos religions, cultures et traditions respectives, dans un contexte de
recrudescence des flux migratoires.
La mutualisation des efforts et le multilatéralisme demeurent essentiels à l’atteinte des objectifs de paix, de sécurité
et de stabilité en Afrique et dans le monde.
La question du financement du développement reste cruciale, à côté de celle du financement de la sécurité.
Les pays africains ne peuvent pas demeurer sous la contrainte de limitation de leurs dépenses sécuritaires car tous les
114
Les Actes 2018 | CÉRÉMONIE DE CLÔTURE
Tous les dossiers brûlants de l’actualité internationale sont liés d’une manière ou une autre à la question de la paix et de
la sécurité au Moyen-Orient et le Sénégal demeure engagé en faveur d’une paix définitive dans cette région du monde.
Je voudrais également saisir cette opportunité pour saluer le dévouement et le professionnalisme de nos forces de
défense et de sécurité, ces hommes et ces femmes qui œuvrent inlassablement au maintien de la paix et de la sécurité,
avec abnégation et dans des conditions souvent éprouvantes voire dangereuses.
A ce propos, il serait indiqué de poursuivre la réflexion sur la problématique de définition des mandats des Opérations
de Maintien de la Paix, telle que Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République, a bien voulu
l’engager hier lors de son discours d’ouverture.
En vous remerciant tous de votre active participation, je voudrais exprimer de nouveau la gratitude du Sénégal à tous les
partenaires qui ont soutenu l’organisation de ce Forum, notamment le Japon, la France, le Qatar, les Emirats Arabes
Unis, la Chine, la Fondation Konrad Adenaeur, l’UEMOA, l’Inde, la Suisse et le Royaume d’Arabie Saoudite.
Je souhaite un bon retour à tous ceux qui ont effectué le déplacement de l’étranger pour venir témoigner de l’intérêt
qu’ils portent aux questions de paix et de sécurité en Afrique.
Sur ces mots, au nom du Président de la République du Sénégal, Son Excellence Monsieur Macky SALL, je déclare clos
les travaux de la Cinquième édition du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique.
115
LE FORUM DE DAKAR
2018
116
Les Actes 2018 | DAKAR DANS LA PRESSE
117
inconcevable que les pays du Sahel conti- tution de la force conjointe. Et en l’espace vert.
nuent de faire l’objet de menaces avec une d’un peu plus d’un an, dix-huit mois pour Les 25% restants seraient apportés par les
telle force dissuasive et d’intervention. Se- être juste, beaucoup de choses ont été ré- pays membres de l’UA, via une contribu-
lon le chef de l’État sénégalais, le Forum de alisées. A titre personnel, je suis heureuse tion obligatoire à un « Fonds pour la paix ».
Dakar devrait donner des orientations dans d’avoir pu constater il y a un an que l’idée Par la voix de deux ministres, cette initia-
le sens de changer les paradigmes dans la selon laquelle la sécurité des Africains était tive a reçu à Dakar un soutien appuyé de la
lutte contre les forces du mal. « Ce Forum l’affaire des Africains, c’était une idée nou- France, membre permanent du Conseil de
gagnerait à nous donner des orientations, velle, elle a fait son chemin. Et aujourd’hui, sécurité (…)
des indications qui nous permettraient une autre idée fait aussi son chemin, très
d’avancer », a affirmé le président Sall, reliée à la précédente, c’est que la paix FranceTVinfo.fr : Dakar: une école de
convaincu que le Forum de Dakar a pour en Afrique, c’est l’affaire des Africains. Je cyber-sécurité, fruit de la coopération
objectif de lever les tabous (...) pense que oui, nous progressons énormé- franco-africaine
ment (…) (08/11/2018)
Afriqueconfidentielle.com : Forum L’Ecole nationale en cyber-sécurité à
International de Dakar sur la Paix et la RFI : Sénégal: bilan et perspectives du vocation régionale (ENVR) a officiellement
Sécurité : Macky Sall invite à la mise en 5ème Forum Paix et Sécurité de Dakar été inaugurée, le 6 novembre 2018 à Dakar.
commun de l’expertise africaine (07/11/2018) Sa vocation: permettre aux États d’Afrique,
(06/11/2018) (…) Ce 5ème Forum de Dakar s’est tenu avec la coopération de la France, de ren-
Le défi de la paix et de la sécurité en dans un contexte difficile pour l’Afrique forcer leur lutte contre les cyber-attaques,
Afrique interpelle tous les États du conti- de l’Ouest, avec la recrudescence des les messages de propagande extrémiste
nent qui doivent coopérer et « mettre en attaques terroristes au Mali et au B urkina et les groupes terroristes en formant forces
commun l’expertise de ceux qui s’inves- Faso ces derniers mois. Au point que de l’ordre, personnels judiciaires et PME.
tissent dans la prévention des menaces ». certains n’hésitent pas à dire que la guerre Le continent africain a connu en 2017
Pour le président Macky Sall qui interve- faite aux jihadistes d’abord au Mali avec la un nombre sans précédent d’attaques
nait lors de la séance d’ouverture de la force Serval dépêchée par la France, puis informatiques et de vols de données,
cinquième édition du Forum International par Barkhane qui est une opération trans- menées en grande partie par des réseaux
de Dakar pour la paix et la sécurité, une frontalière, n’a rien réglé. criminels locaux. Or, comme l’a souligné
telle démarche s’impose car « même si Pour leur part, les chercheurs et les huma- Sidiki Kaba, le ministre sénégalais des Af-
des avancées remarquables sont réalisées nitaires appellent de leurs vœux depuis faires étrangères, «aucun pays ne peut se
dans la pacification du continent africain plusieurs années que la sécurisation soit prémunir à lui seul des cyber-attaques». Il
et l’amélioration progressive des condi- accompagnée d’efforts pour le dévelop- s’exprimait, le 6 novembre 2018, lors d’une
tions socioéconomiques dans plusieurs pement du Sahel, confronté outre le ter- cérémonie officielle d’inauguration de
pays », l’impact des menaces sécuritaires rorisme, aux défis démographiques, cli- l’école de cyber-sécurité, ENVR, en pré-
est négatif. Les populations sont en proie matiques et de pauvreté. L’idée de doter sence de son homologue français, Jean-
à précarité dans certaines localités et les in- l’action sécuritaire d’un volet humanitaire, Yves Le Drian, en déplacement au Sénégal,
vestisseurs hésitent à s’y engager dans des les politiques l’ont désormais fait la leur, notamment pour participer à la 5ème édition
projets à long terme. comme en témoigne l’affirmation par la mi- du Forum International de Dakar sur la Paix
Si le Forum de Dakar est devenu un ren- nistre française des Armées, Florence Parly, et la Sécurité en Afrique (…)
dez-vous majeur sur la scène internatio- à l’ouverture du Forum : « La sécurité et le
nale, c’est aussi parce que le Sénégal a des développement sont les deux faces d’une Lesechos.fr : Sécurité au Sahel : Paris
forces de sécurité compétentes et détermi- même pièce, deux ensembles sur lesquels souhaite que l’ONU finance les forces
nées (…) agir pour les coalitions d’une paix durable. africaines
» (…) (06/11/2018)
RFI : Florence Parly: «La paix en Afrique A l’occasion de la cinquième édition du
est l’affaire des Africains» Lalibre.be : À Dakar, le projet africain de Forum International de Dakar sur la Paix
(06/11/2018) réforme des missions de paix reçoit le et la Sécurité en Afrique, qui s’est tenue
Le 5ème Forum sur la paix et la sécurité de «soutien total» de la France lundi et mardi, la ministre des Armées,
Dakar s’est ouvert ce lundi. Cofinancé par (07/11/2018) Florence Parly a évoqué les difficultés de
le Sénégal et la France, ce rendez-vous L’Union africaine, qui milite pour obtenir de financement de la force G5 Sahel, qui pour-
annuel réunit politiques, militaires, acteurs l’ONU un soutien financier à certaines de rait à terme prendre le relais de la force
du développement, chercheurs, avec l’idée ses opérations, a enregistré mardi, au se- Barkhane au Sahel et la nécessaire réforme
d’ouvrir les débats, de casser les barrières cond jour du Forum de Dakar sur la paix et des Opérations de Maintien de la Paix
notamment sur les questions de dévelop- la sécurité en Afrique, le « soutien total » (OMP) de l’ONU.
pement. Florence Parly, la ministre fran- de la France. Plus de cinq ans après l’intervention
çaise de la Défense, était hier aux côtés du Le président sénégalais Macky Sall, hôte Serval au Mali, la France compte toujours
président Macky Sall lors de l’ouverture de de ce vaste forum qui réunit chaque année 4.500 soldats dans la force Barkhane qui
ce Forum. Elle répond aux questions de depuis 2014 responsables politiques et patrouillent au Nord Mali et à la frontière
Guillaume Thibault. militaires, acteurs de l’humanitaire et cher- du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
RFI : C’est votre deuxième participation au cheurs, a relancé l’offensive africaine dès S’ajoutent la Minusma - l’opération
Forum de Dakar. Est-ce que vous n’avez l’ouverture des débats lundi (…) onusienne au Mali (13.000 hommes envi-
pas un peu l’impression parfois de tourner L’Union africaine (UA) réclame depuis plu- ron, un milliard de dollars de budget)-, les
en rond ? C’est difficile d’avancer notam- sieurs mois un soutien plus concret des Na- armées nationales, et depuis juillet 2017,
ment sur les questions fondamentales de tions-unies à certaines de ses opérations, la nouvelle force G5 Sahel qui réunit ac-
développement ? en particulier à la force conjointe antijiha- tuellement 4.000 soldats de Mauritanie,
Florence Parly : Que les thématiques soient diste du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burki- du Mali, du Burkina Faso, du Niger, et du
récurrentes, c’est tout à fait normal. Il n’y na Faso, Niger et Tchad) lancée en 2017 et Tchad et qui doit monter à 5.000 hommes.
a rien de surprenant à cela. En revanche, en mal de financement. À la différence de Barkhane ou des armées
ce qui est au contraire très réconfortant, Cette initiative, qui doit prendre la forme nationales, l’avantage de cette force est de
c’est de voir que les choses avancent. Elles d’un projet de résolution soumis en dé- bénéficier d’un droit de poursuite au-delà
avancent d’abord parce que, lorsque j’étais cembre au Conseil de sécurité, prévoirait des frontières, afin de lutter plus efficace-
venue l’année dernière, nous en étions au notamment que l’ONU puisse prendre en ment contre les groupes terroristes.
tout début du G5 Sahel [Mauritanie, Mali, charge 75% du financement des opérations
Burkina Faso, Niger, Tchad] et de la consti- africaines auxquelles elle donnerait son feu
118
Les Actes 2018 | LES PARTENAIRES 2018
ORGANISÉ PAR
République du Sénégal
AVEC LE SOUTIEN DE
119
LE MOT DES PARTENAIRES
Cette 5ème édition du Forum de Dakar sur la Paix et la S écurité Etienne GIROS
en Afrique, dont MBDA est membre fondateur, confirme la Président Délégué du CIAN
pertinence de cette opportunité d’échange unique entre
Partenaire du Forum pour la Paix et la Sécurité en Afrique, le
partenaires multiculturels concernés par les défis sécuritaires
CIAN a participé à la 5ème édition qui s’est tenue dans le magni-
du XXIème siècle, en présence des plus hautes autorités des
fique Centre de conférences de Dakar.
continents africain, européen, américain et asiatique.
Représentant du secteur privé français en Afrique le CIAN
La qualité exceptionnelle des débats sur les sujets de justice et
a manifesté par sa présence que la sécurité est une condi-
de liberté face aux enjeux sécuritaires et la protection des civils
tion indispensable à l’activité des entreprises, et par là au
face à l’extrémisme, les travaux passionnants sur la coopération
développement du continent.
internationale dans la lutte contre le terrorisme et les enjeux du
cyberespace ont fait le succès de ce 5ème rendez-vous, ouvrant
Les débats ont souligné la nécessité du multilatéralisme entre
la voie, notamment, à une réflexion nécessaire sur l’ONU et les
Africains et avec les puissances du nord. La paix ne s’établissant
difficultés du financement de la Force G5 Sahel.
pas sans le développement, le rôle des entreprises a été
unanimement plébiscité. Notamment à l’occasion des ateliers, le
La présence d’une importante délégation de parlementaires
CIAN a rappelé les conditions nécessaires au partenariat avec les
français et africains confirme le succès de ce Forum et la
autorités politiques et militaires. Outre les domaines traditionnels,
pertinence de ce dialogue stratégique de haut niveau.
les questions de cybersécurité ont été prédominantes.
OCEA, spécialisé dans la conception, la construction et le soutien Évènement incontournable depuis son lancement en 2013, le
de navires en aluminium jusqu’à 85 m est l’un des partenaires et Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique
fournisseurs majeurs et reconnus des pays du Golfe de Guinée est une rencontre annuelle internationale majeure à laquelle
dans le cadre du développement de leurs moyens de sécurité Safran est fière de participer.
maritime.
Ce rendez-vous, résolument tourné vers le renforcement de la
A ce titre, et alors que le patrouilleur de haute mer OCEA de 58 m sécurité et stabilité, est un moment fort en ses temps de lutte
« FOULADOU » est aujourd’hui le navire le plus utilisé de la flotte contre le terrorisme présent dans le monde et en particulier sur
sénégalaise en raison de son coût de fonctionnement optimisé, le sol africain.
de son haut niveau de performances et de son confort, OCEA,
qui se positionne comme partenaire de long terme de la marine Acteur majeur de la défense, Safran propose des solutions
sénégalaise, a souhaité participer au Forum de Dakar sur la Paix globales ou modulaires répondant aux enjeux de sécurité du
et la Sécurité en Afrique, et a fait le choix d’une visibilité maximale continent africain et garantes d’une supériorité technologique.
en exposant lors de cet événement.
Safran a depuis de nombreuses années tissé des liens de
Ce rendez-vous a permis d’entretenir la relation avec de nombreux confiance avec de nombreux partenaires africains.
clients, et de nouer de nouveaux contacts avec des personnalités
liées à notre activité. S’associer à ce forum, c’est demeurer fidèle à notre dé-
marche de mise en place de nouvelles alliances, clé de notre
Notre présence a permis de confirmer notre position de leader développement en Afrique et au Moyen-Orient en s’inscrivant
dans la fourniture aux pays d’Afrique de solutions performantes, dans les politiques de défense et de sécurité nationales des pays
compétitives, économiques à l’exploitation et optimisant les du continent africain.
émissions de gaz à effet de serre pour p
ermettre aux États
d’assurer l’administration, le d éveloppement économique et la
sécurité de leur territoire maritime.
120
Les Actes 2018 | LES PARTENAIRES 2018
Depuis plus de 80 ans, le continent africain est au coeur de notre ACD société Sénégalaise spécialisée dans le matériel médical -
ambition. SUEZ y est présent pour accompagner, face à ces en- les véhicules ambulances et RBH INDUSTRIE Constructeur Fran-
jeux, les villes et les industries dans leur gestion des ressources et çais de véhicules PL Utilitaires 4X4, ont choisi l’édition 2018 du
leur développement. Plus de 90 % des capitales africaines sont Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité à Diamnia-
alimentées par une usine du Groupe. Plus de 500 usines d’eau dio pour sceller leur accord de partenariat industriel et commer-
potable et stations d’épuration ont été réalisées sur le continent. cial au Sénégal pour la zone Ouest Africaine.
Opérateur de référence, SUEZ apporte son savoir-faire et ses En présence de SEM Christophe BIGOT, Ambassadeur de
services pour une gestion intelligente et durable des ressources France au Sénégal et S.E.M. Sidiki KABA, Ministre des affaires
en eau, le traitement et la valorisation des déchets ainsi que l’ac- étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mesdames Assyetou
compagnement des villes et des industries dans leur réponse CASSE DIOUM et Laurence ROLLAND ont signé le protocole
aux nouveaux enjeux environnementaux. confirmant la future création de la société CSR AUTOMOTIVE
dans le cadre du Plan Sénégal Emergent.
Pour compléter nos solutions, les équipes SUEZ Consulting, qui
portent l’activité ingénierie dans le Groupe, interviennent sur Cette étape fondatrice est le fruit des négociations débutées
des projets structurants, en matière notamment de développe- lors de la semaine de la santé sous l’égide de Business France et
ment urbain ou de services de l’eau. l’Ambassade de France à Dakar en avril 2018.
À cet égard, SUEZ a souhaité montrer à travers sa participation Les deux dirigeantes affirment vouloir promouvoir ainsi l’émer-
au Forum de Dakar son engagement dans le développement gence de cette PMI Franco-Sénégalaise en implantant une usine
durable des villes et des industries en Afrique, lui-même contri- d’assemblage basée sur l’économie Circulaire, la formation pro-
buteur d’un contexte de Paix & de Sécurité durable. fessionnelle et l’insertion à l’emploi.
121
Bombardier est une entreprise canadienne de dimension inter-
nationale à travers ses deux secteurs d’activités, l’aviation et les
solutions ferroviaires.
Inscrit dans une dynamique de lutte contre l’insécurité, le F
orum
Nous avons été ravis d’être partenaire de cette 5ème édition du de Dakar constitue une opportunité unique de rencontres
Forum de Dakar, qui nous a rappelé que la paix et la sécurité multiculturelles de haut niveau permettant l’interaction entre
constituent les moteurs du développement économique, et que experts, décideurs et acteurs économiques, et confirme son
cette réalité offre un large panel d’opportunités, pour tous ceux, statut d’échéance incontournable dans l’agenda international
qui à l’instar de Bombardier, s’inscrivent dans la croissance éco- africain.
nomique.
La volonté de VICAT est d’être partenaire des décideurs afri-
Le Forum de Dakar est un haut lieu d’échanges, de débats. cains et d’apporter ensemble les réponses aux grands enjeux
Experts nationaux, régionaux, continentaux et internationaux auxquels le continent est confronté. La paix et la sécurité en font
animent les travaux qui répondent aux défis du monde africain partie, c’est la raison pour laquelle le Groupe soutient le forum
contemporain, qui ne peuvent que motiver le groupe Bombar- de Dakar depuis 5 ans.
dier dont la force réside en sa capacité à y répondre en alliant
technologie et performance. Implanté depuis plus de 20 ans en Afrique de l’Ouest et en
Égypte, le Groupe cimentier français VICAT a tenu à marquer
L’Afrique est un continent dynamique, où les perspectives inno- son engagement aux côtés du Sénégal et plus généralement
vantes sont nombreuses. C’est cette confiance en l’Afrique que des États de la Sous-Région dans le cadre de programmes de
Bombardier a voulu affirmer à Dakar après avoir entendu les développement, de paix et de sécurité.
messages diffusés par tous les acteurs du Forum pour la Paix et
la Sécurité. Vivement 2019 ! VICAT contribue par ses cimenteries et ses installations
industrielles à la valorisation des ressources et au développement
de l’emploi au Sénégal, au Mali, en Mauritanie et en Égypte.
Le dynamisme démographique et économique du continent
génère une nouvelle révolution urbaine et un immense b esoin
de logements accessibles au plus grand nombre ainsi que
d’infrastructures performantes, conditions indispensables au
développement économique et à la stabilité sociale et politique
des États.
VICAT contribue à répondre à ce besoin avec l’élaboration de
matériaux et de solutions constructives africaines conformes
Initiative portée par Chrysostome NKOUMBI-SAMBA, aux critères de la construction durable et de la préservation de
Afrik@cybersecurité est un réseau d’experts formés en vue de la l’environnement.
promotion de la transformation numérique et de l’accompagne-
ment dans la mise en œuvre de stratégies de sécurisation asso- Les échanges que nous avons pu avoir en novembre 2018 lors de
ciées au sein des institutions africaines et internationales. cette 5ème édition sont très prometteurs pour l’avenir.
Vivement la 6ème édition du Forum. La densité du programme et la qualité des intervenants ont
permis d’appréhender de la manière la plus actuelle les enjeux
et les problématiques de la sécurité en Afrique, et ont apporté
des éléments précieux pour alimenter les réflexions stratégiques
dont le CSFRS a la charge.
122
Les Actes 2018 | LES PARTENAIRES 2018
COGES, organisateur de EUROSATORY et de SHILED AFRICA, Le Groupe Marck est heureux d’avoir participé comme partenaire
a retiré la plus grande satisfaction de sa participation au 5ème Fo- du 5ème Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en
rum de Dakar. Afrique.
COGES a pu, entre autres, y mettre en avant le salon ShieldAfrica Parmi toutes les initiatives évoquées lors de ces deux jours, celle
2019 et rencontrer des autorités éligibles au statut de délégations de la Force conjointe du G5 Sahel continue à émerger comme un
officielles internationales que nous inviterons à notre évènement des défis sécuritaires à relever dans la région du Sahel.
du mois de janvier à Abidjan. Les discours ont toutefois du mal à se concrétiser en actions et
finances sur le terrain.
Pour faire face à des adversaires très mobiles, les forces du G5
Sahel doivent pouvoir disposer rapidement d’équipements
robustes, de moyens de protection individuels et collectifs et
de moyens de surveillance et d’observation avec leur soutien
logistique, permettant une action dans la durée.
Les soutiens annoncés doivent maintenant voir leur réalisation sur
le terrain faute de quoi l’élan initial sera brisé.
123
124
Les Actes 2018 | LES ORGANISATEURS
LES ORGANISATEURS
Sous le Haut Parrainage de
S.E.M. Macky SALL
Président de la République du Sénégal
Sous l’autorité de
S.E.M. Sidiki KABA
Ministre des Affaires étrangères
et des Sénégalais de l’extérieur
Organisé par
La Compagnie Européenne
d’Intelligence Stratégique
(CEIS)
Président : Olivier DARASON
UNICOM Graphics et
Kadou Communication
Président : Kader DIAWARA
125
LES INTERVENANTS
DU FORUM 2018
Plénière 1 Marianne HAGEN africaine des droits humains et des droits
Marianne Hagen est Ministre des Affaires des peuples; Assistant du président de la
Marou AMADOU étrangères adjointe de Norvège. Aupara- Commission africaine; Coordonnateur par
Marou Amadou, juriste nigérien, est le vant, elle était cheffe des communications intérim des activités du Rapporteur spécial
ministre de la justice et porte parole du à la Royal Court et conseillère auprès du sur les défenseurs des droits de l’homme
gouvernement du Niger. En 2010, suite au directeur général de la Norwegian Shi- en Afrique.
changement politique, il devient président powners’Association. Elle a également été
du Conseil consultatif national. L’année vice-présidente de la DNB Savings Bank Lcl. Alex CANN
suivante, le président élu, Mahamadou Is- Foundation et présidente du conseil d’ad- Alex Cann est officier militaire profession-
soufou, le nomme ministre de la justice et ministration de Dextra Musica. nel dans l’armée ghanéenne. Il a été le res-
porte parole du gouvernement. ponsable de l’évaluation et de la formation
Thomas GUERBER militaires pour la MINUSMA. Il est actuel-
Fatou BENSOUDA L’ambassadeur Thomas Guerber est di- lement enseignant de direction au Collège
Fatou Bom Bensouda est actuelle- recteur du Centre pour le contrôle dé- de commandement et d’état-major des
ment procureure générale de la Cour mocratique des forces armées (DCAF) de forces armées du Ghana.
Pénale
Internationale, après en avoir Genève. L’Ambassadeur Guerber a été Re-
présentant permanent adjoint de la Suisse
été procureure adjointe pendant huit
auprès des Nations-unies à New York. De
Atelier 2
ans. Avant de travailler à la Cour pénale
internationale, Mme Bensouda a travaillé 2007 à 2010, il a travaillé comme conseiller
comme conseillère juridique et avocate au pour les affaires financières, budgétaires et Mohammed LOULICHKI
Tribunal pénal international pour le Rwan- institutionnelles à la Mission permanente Mohammed Loulichki est chercheur senior
da (TPIR) à Arusha, en Tanzanie. de la Suisse auprès de l’ONU à New York. à l’OCP Policy Center et travaille sur la di-
plomatie, la résolution des conflits et les
Jacek CZAPUTOWICZ Mahamane CISSE-GOURO droits de l’homme. Il a notamment assumé
Professeur Jacek Krzysztof Czaputowicz est Mahamane Cisse-Gouro est le Directeur les fonctions de chef du Département des
Ministre polonais des Affaires Étrangères pour l’Afrique au Bureau du Haut Com- affaires juridiques et des traités du Minis-
du gouvernement du Premier Ministre Ma- missariat des Nations-unies aux droits tère des affaires étrangères du Maroc. Il a
teusz Morawiecki. Dans les années 1970 de l’homme (HCDH) à Genève. Avant ce également été ambassadeur du Maroc aux
et 1980, il a été activiste de l’opposition poste, il a occupé les fonctions de chef Nations-unies à Genève et New York, ainsi
démocratique. Il a rejoint le Ministère des de la section Afrique 2 (Afrique de l’Ouest que président du Conseil de sécurité (dé-
Affaires Étrangères polonais en 1990. Il et centrale) au HCDH à Genève. Il a été cembre 2014).
est chercheur à l’Institut d’Études Euro- sous-directeur de la Division des droits de
péennes de l’Université de Varsovie, spé- l’homme à la Mission de stabilisation des Christoph LUEDI
cialisé dans l’intégration européenne. Nations-unies en Haïti (MINUSTAH). Christoph Luedi est chef de délégation
régionale pour le Comité international de
la Croix Rouge (CICR) à Dakar. Spécialisé
Bintou KEITA Atelier 1 dans l’économie du développement et des
Bintou Keita est Sous-Secrétaire générale
aux Opérations de Maintien de la Paix ressources naturelles, il assure successive-
des Nations-unies. Depuis 2015, elle oc- Patricia DANZI ment le rôle de Délégué protection, chef
cupait le poste de Représentante spéciale Patricia Danzi est Directrice régionale de délégation ou encore chef d’unité de
conjointe adjointe auprès de l’Opération pour l’Afrique Comité international de planification du suivi et de l’évaluation du
hybride Union africaine-Nations-unies au la Croix-Rouge (CICR). En qualité de CICR.
Darfour (MINUAD). Cheffe des Operations adjointe pour la
Corne de l’Afrique, elle a également oc- Lcl. Aminata DIABATE
cupé le poste de Conseillère politique du Aminata Diabate est une officier militaire
Conférence 1 Directeur des Opérations avant de devenir professionnel et chef de la cellule de droit
Chef des Opérations pour les Amériques international humanitaire, droit de l’homme
Niagale BAGAYOKO de novembre 2008 à mai 2015. Patricia a de l’état-major des armées du Mali. Avant
Niagalé Bagayoko est docteur en R elations représenté la Suisse aux Jeux Olympiques cela, elle a servi à la commission de dé-
internationales, diplômée de Science Po d’été en athlétisme, en 1996. fense et de sécurité au niveau de l’état-ma-
Paris. Elle a dirigé le programme «Maintien jor de l’armée de terre avant d’être affectée
et consolidation de la paix» de l’OIF, a été Joseph BIKANDA à la présidence de la République, au niveau
chercheur à l’Institute of Development Joseph Bikanda est le coordinateur du de la division des opérations.
Studies de Université du Sussex et à l’Institut réseau panafricain des défenseurs des
de recherche pour le développement ainsi droits humains. Il est titulaire d’une maî- Namie DI RAZZA
que maître de conférence à Science Po. trise en droit international et a travaillé Namie Di Razza est chercheuse post-doc-
Elle est actuellement Présidente de l’ en tant qu’assistant de protection auprès torale à l’International Peace Institute.
African Security Sector Network. de la Front Line International foundation Elle travaille sur les opérations de paix de
of HRD’s. Il a été juriste de la Commission l’ONU et la protection des civils. Avant de
126
Les Actes 2018 | LES INTERVENANTS
rejoindre l’IPI, elle a travaillé à Bangui en pour le Sahel du Secrétaire Général de Conférence 2
tant qu’analyste de l’information pour le l’ONU. Avant cette nomination M. Thiaw
Centre d’analyse conjointe des missions de était Sous-Secrétaire général et Directeur
la MINUSCA et elle a travaillé avec la MO- exécutif adjoint du Programme des Na- Arthur BOUTELLIS
NUSCO en tant qu’agent des affaires ci- tions-unies pour l’environnement (PNUE). Arthur Boutellis est conseiller principal
viles à Goma, où elle a travaillé à la mise en Il est entré au PNUE en 2007 après avoir non résident à l’IPI, où il était directeur du
œuvre des activités de protection des civils. travaillé à l’Union internationale pour la Centre Brian Urquhart pour les opérations
conservation de la nature (UICN), y compris de paix, chargé de développer et de gé-
Marie DUPREZ comme Directeur général par intérim. rer les programmes et le programme de
Marie Duprez est responsable régionale du recherche de l’IPI dans le domaine de la
programme Afrique de l’Ouest au Conseil Maman S. SIDIKOU paix et de la sécurité (opérations de paix,
danois pour les réfugiés. Auparavant, elle Maman Sambo Sidikou est Secrétaire per- consolidation de la paix et paix durable).
était responsable régionale du dévelop- manent du G5 Sahel. Avant cela, il a été le En plus de l’IPI, Arthur a travaillé avec les
pement du programme et de la qualité Représentant spécial du Secrétaire général missions de l’ONU au Burundi (BINUB), au
en Côte d’Ivoire. Elle a débuté sa carrière des Nations-unies et Chef de la Mission de Tchad et en République centrafricaine (MI-
en tant qu’assistante de bureau à l’Office l’ONU pour la Stabilisation en RDC (MO- NURCAT), en Haïti (MINUSTAH) et au Mali
d’aide humanitaire de la DG European NUSCO). Il œuvre en faveur de l’intégra- (MINUSMA).
Commission - ECHO. tion panafricaine au sein de l’Union afri-
caine (Représentant spécial du Président Marie Angélique SAVANE
de la Commission pour la Somalie, Chef de Marie Angélique Savané, sociologue, spé-
Atelier 3 la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM); cialiste des questions de Développement,
2014-2015). est actuellement consultante internatio-
nale. Première Présidente du Mécanisme
Farhat HORCHANI Xu JINGHU Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP/
Farhat Horchani est ancien Ministre de la Xu Jinghu est la représentante spéciale du NEPAD/UA), elle a aussi été Directrice du
défense de la Tunisie et Ministre de la jus- gouvernement chinois pour les affaires afri- Bureau Afrique du Fonds des Nations pour
tice par intérim. Il est maintenant directeur caines. Ambassadrice à Madagascar, elle la Population (FNUAP) à New York. Elle a
général de l’Ecole Centrale de Droit et des prend ensuite la direction des Affaires afri- été Conseillère spéciale du Haut-Commis-
Sciences Politiques de Tunis. Il a joué un caines. Un temps pressentie ministre des saire des Nations-unies pour les Réfugiés
rôle important lors de la transition de 2011 Affaires étrangères, elle devient finalement (HCR) à Genève.
à 2014 notamment dans l’élaboration de la ambassadrice au Maroc. Puis elle rejoint la
loi électorale et les discussions sur la nou- Suisse, toujours en tant qu’ambassadrice. Virginia COMOLLI
velle constitution tunisienne de 2014. Virginia Comolli dirige le Programme sur
Jacobus Kamfer CILLIERS les conflits, la sécurité et le développe-
Florent GEEL Jacobus Kamfer Cilliers était, jusqu’en dé- ment, le répertoire clé des travaux d’ana-
Florent Geel est Directeur Afrique et Di- cembre 2015, directeur exécutif de l’Institut lyse de l’IISS sur les conflits traditionnels
recteur Adjoint des opérations de la Fédé- d’études de sécurité (ISS). Il est actuelle- ainsi que la fragilité et l’insécurité sous
ration internationale des ligues des droits ment président du conseil d’administration leurs multiples formes. Virginia Comolli a
de l’Homme (FIDH). Il contribue depuis 15 et responsable de la division Futures et créé et gère le programme de sécurité et
ans aux enquêtes, analyses à la diplomatie innovations africaines à l’ISS. Il a cofondé de développement de l’IISS.
et aux actions judiciaires développées en l’Institut d’études de sécurité (ISS). Il a joué
Afrique par la FIDH et ses 184 organisa- un rôle important dans la transformation John GATT-RUTTER
tions membres. des forces armées sud-africaines et dans John Gatt-Rutter dirige la Division An-
l’établissement d’un contrôle civil sur la ti-terroriste au Service européen d’Action
Mathurin HOUNGNIKPO force militaire. extérieure depuis 2015. Avant cela, il était
Mathurin Houngnikpo est professeur as- pendant quatre ans Chef de la délégation
socié en pratique au Centre d’études Rémy RIOUX européenne à Jérusalem.
stratégiques de l’Afrique, et conseiller en Rémy Rioux est Directeur Général de l’AFD,
planification stratégique dans le cadre de établissement public dont la mission est de
l’Initiative en matière de gouvernance stra- financer et d’accompagner le développe- Atelier 4
tégique du Mali. Il a aussi aidé le gouver- ment des pays du Sud et des Outre-mer
nement de Côte d’Ivoire à mettre en œuvre français. Rémy Rioux a débuté sa carrière à
des réformes dans le secteur de la sécurité. Moctar OUANE
la Cour des comptes puis à la Direction gé-
Moctar Ouane a été Ambassadeur du
nérale du Trésor (DGT), où il a notamment
Mali aux Nations-unies de 1995 à 2002 et
œuvré à la Coopération avec les pays de la
Plénière 2 zone franc.
Ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationales de 2004 à
2011. Depuis janvier 2016, il est Délégué
Ibrahim THIAW général à la paix et à la sécurité de la Com-
Ibrahim Thiaw est le Conseiller spécial
127
mission de l’UEMOA. Afrique de l’Ouest. Vice-Président Directeur Commercial et
Grands Comptes France pour la Division
Gnl. Sid’Ahmed Ely Jean CONSTANTINESCO AIRBUS Defence and Security.
MOHAMED ZNAGUI Jean Constantinesco travaille au sein de la
Le Général de Brigade Mohamed Znagui délégation de l’Union européenne auprès Didier TRUTT
Sid’Ahmed Ely est Expert Sécurité et Dé- de l’Union africaine (Addis-Abeba, Éthio- Didier Trutt est le président-directeur
fense au G5 Sahel. Il a accédé aux hautes pie), en charge de l’Afrique du Nord, du général de l’Imprimerie Nationale – IN
fonctions en commandement et d’État-ma- Sahel et de l’Afrique de l’Ouest au sein de Groupe. Il a travaillé pour le groupe Thom-
jor avant de rejoindre la Diplomatie Mili- la section politique. Il traite également de la son, le groupe indien Videocon, le groupe
taire mauritanienne. Il est nommé au grade coordination UE / UA (Sommet UE-Afrique, industriel chinois TCL. Il est administrateur
de général de brigade et est nommé chef Youth Plug-in Initiative). Il a d’abord travail- du groupe NEXTER depuis 2011, du CTP
de comité d’État-major conjoint puis Ins- lé au sein du département de réponse aux depuis 2012 et de la Française des Jeux
pecteur général des forces Armées et de crises et de coordination opérationnelle, depuis 2014. Il est conseiller du commerce
Sécurité. contribuant à la coordination des diffé- extérieur de la France depuis 1992.
rentes dimensions de la réponse de l’UE
Angel Fernandez LOSADA aux crises internationales.
Angel Losada est le Représentant spécial Plénière 3
de l’Union européenne pour le Sahel et Paolo IMPAGLIAZZO
l’ancien Envoyé spécial pour la Libye. Il Paolo Impagliazzo est responsable des sec-
a été ambassadeur d’Espagne en Répu- tions de l’aide humanitaire et de l’équipe Gnl. Babacar GAYE
blique fédérale du Nigéria, Ambassadeur chargée des relations avec les organismes Babacar Gaye est l’ancien Représen-
de la République du Bénin, Représentant de la société civile dans différents pays tant spécial du Secrétaire général et le
permanent de l’Espagne auprès de la africains au sein de la Communauté de Chef de la mission multidimensionnelle
Commission de la CEDEAO et Conseiller Sant’Egidio. Il a travaillé sur le processus intégrée des Nations-unies en République
à la Représentation permanente de l’Es- de réconciliation au Libéria et sur la situa- Centrafricaine (MINUSCA). Officier général
pagne auprès de l’OTAN. tion au Darfour où il a participé à plusieurs sénégalais, il a exercé les fonctions de Chef
sessions des pourparlers de paix. d’État-major général des armées de la Ré-
Comfort Ekhuase ERO publique du Sénégal et de Commandant
Comfort Ero est la directrice du pro- de la MONUSCO.
gramme Afrique de Crisis Group à Nairobi. Atelier 6 Gnl. Cheikh GUEYE
Elle a précédemment travaillé pour Crisis
Group en tant que directrice de projet pour Cheikh Gueye est un officier général sé-
l’Afrique de l’Ouest. Comfort siège égale- Amandine GNANGUENON négalais nommé aux fonctions de Chef
ment au comité de rédaction de diverses Amandine Gnanguenon est chercheuse et d’état-major général des armées par le pré-
revues, y compris International Peacekee- directrice du projet «Guerre et recompo- sident Macky Sall. De l’arme de l’infanterie,
ping. sition du Politique». Elle a été chargée de le général Gueye a une carrière marquée
mission sécurité régionale pour l’Afrique par plusieurs passages sur le terrain dans
Caroline ROUSSY de l’Ouest à l’ambassade de France de Da- la zone sud, une expérience onusienne et
Caroline Roussy a été membre de l’ANR kar en 2015, chercheure principale à l’Insti- la fréquentation des politiques lors de ses
frontafrique, projet porté par l’IMAF (Ins- tut d’étude de sécurité à Dakar et chargée fonctions à la présidence.
titut des mondes africains), visant à inter- du programme Afrique à l’IRSEM.
roger l’historicité des frontières africaines Gnl. Francois LECOINTRE
Elle est membre du Giaf (Groupe initiative Jozef SMETS François Lecointre est Chef d’état-major
Afrique). Jozef SMETS est directeur de la division des armées françaises. Il a connu de nom-
Afrique subsaharienne / Affaires étran- breuses expériences opérationnelles, en
gères Belgique. Ancien ministre belge République Centrafricaine en 1989, lors de
des Affaires étrangères, il a été ambassa- la Guerre du Golfe en 1991, en Somalie en
Atelier 5 deur de Belgique au Nigéria, au Bénin et 1993, au Gabon puis au Rwanda en 1994, à
au Togo, au Burundi, au Brésil, chargé de Sarajevo en 1995, en Côte d’Ivoire en 2006
Gilles YABI mission en République démocratique du et au Mali à la tête d’EUTM de janvier à juil-
Gilles Olakounlé Yabi est le Fondateur et Congo et envoyé spécial de la Belgique let 2013. Il a occupé les fonctions de Chef
le président de WATHI, think thank citoyen pour la région des Grands Lacs. du cabinet militaire du Premier ministre.
de l’Afrique de l’Ouest. Il a travaillé comme
analyste politique principal puis comme Patrick OSWALD Gnl. Abayomi OLONISAKIN
directeur du Bureau Afrique de l’Ouest Patrick Oswald est Directeur des Affaires Abayomi Gabriel Olonisakin est Chef
de l’International Crisis Group. Il est par Publiques et du Soutien Export pour la d’État major du Nigéria. Au cours de sa
ailleurs consultant indépendant dans les France chez AIRBUS Defence and Space. Il carrière, le général a suivi divers cours mi-
domaines de l’analyse des conflits, de la a été aussi Directeur au sein EADS Defence litaires, il a également participé à diverses
sécurité et de la gouvernance politique en and Security pour les systèmes aériens et opérations (entre autre UNAVEM III). Il était
128
Les Actes 2018 | LES INTERVENANTS
c ommandant de l’école des transmissions fondateur et Présidente du Conseil des Mi- Rida LYAMMOURI
de l’armée nigériane, commandant du nistre du G5 Sahel. Rida Lyammouri est analyste, chercheur et
corps des transmissions et jusqu’à sa nomi- formateur. Il a travaillé avec l’Agence des
nation actuelle, commandant de la forma- Michelle NDIAYE États-Unis pour le développement interna-
tion et de la doctrine (TRADOC). Michelle Ndiaye est Directrice du Pro- tional (USAID) - y compris le Bureau de l’Ini-
gramme Paix et Sécurité en Afrique de tiative de transition de l’USAID et d’autres
Mahamat Saleh ANNADIF l’Institut d’études de paix et de Sécurité partenaires de l’USAID - et le Département
Mahamat Saleh Annadif est le Représen- de l’Université d’Addis Abeba, fonction de la Défense (DOD), principalement Afri-
tant spécial et Chef de la MINUSMA. Il a qu’elle cumule avec le poste de cheffe du ca Command (AFRICOM).
été successivement, Ministre des affaires Secrétariat du Forum de Tana sur la Paix et
étrangères du Tchad, Directeur de cabinet la Sécurité en Afrique. Serge MICHAILOF
du Président et Secrétaire général de la Serge Michailof est chercheur associé à
Présidence. Il a occupé les fonctions de Re- Joaquin TASSO VILALLONGA l’IRIS, senior Fellow à la fondation FERDI,
présentant permanent de l’Union africaine Joaquín Tasso Vilallonga est Chef adjoint administrateur du conseil des investisseurs
auprès de l’Union Européenne. Il a été le de la Division d’Affaires Panafricaines du en Afrique et de l’ONG GRET, consultant
Représentant Spécial de l’Union africaine Service Européen d’Action Extérieure spécialisé sur les pays fragiles en conflit. Il
en Somalie et Chef de la Mission de l’Union (SEAE). Il est aussi l’un des principaux pro- a été l’un des directeurs des opérations de
africaine en Somalie (AMISOM). moteurs de la Facilité Européenne pour la la Banque mondiale, et le directeur exécu-
Paix. Il a été le Chef adjoint de la Division tif des opérations de l’Agence française de
Whitney Young BAIRD de Politique de Sécurité du SEAE et chef développement (AFD).
Whitney Baird est Sous-secrétaire d’État de l’équipe de réponse aux crises de l’an-
adjointe pour l’Afrique de l’Ouest et les Af- cienne DG RELEX de la Commission euro-
faires de sécurité des États-Unis. Elle était péenne. Atelier 8
Sous-secrétaire adjointe par intérim pour
l’Europe de l’Ouest et l’Union européenne
Ahmedou OULD-ABDALLAH
et les Affaires régionales au Bureau euro- Atelier 7 Ahmedou Ould Abdallah est président
péen. Elle a servi à Washington en tant que
directrice adjointe du centre d’opérations du Centre pour la Stratégie et la Sécurité
du département d’État, officier de veille Tesfaye TAFESSE dans le Sahel Sahara (Centre4S), basé à
principale, officier d’état-major du secréta- Tesfaye Tafesse est professeur de géo- Nouakchott. Il était Ministre du Commerce
riat et officier de quart. graphie politique et d’études régionales et des Transports, Ministre des Affaires
à l’Université d’Addis-Abeba. Il a travaillé étrangères et de la Coopération de Mau-
comme chargé de programme recherche, ritanie. Il sera Représentant Spécial du Se-
au Conseil pour le développement de la crétaire général (SRSG) au Burundi, il dirige
Conférence 3 recherche en sciences sociales en Afrique la Coalition mondiale pour l’Afrique et sera
(CODESRIA) à Dakar. le Représentant Spécial du SG en Afrique
Pierre BUYOYA de l’Ouest et en Somalie.
Pierre Buyoya est le Haut représentant de Gnl. Steven J. DEMILLIANO
l’Union africaine pour le Mali et le Sahel et Steven J. deMilliano est directeur adjoint Abdelhak BASSOU
chef de la MISAHEL. Il a auparavant été le de la direction de la stratégie, de l’engage- Abdelhak Bassou est chercheur à l’OCP
chef de la MISMA. Il participe en outre au ment et des programmes du United States Center. Il a occupé plusieurs postes au sein
Groupe de mise en œuvre de haut niveau Africa Command, à Stuttgart-Mohrin- de la Direction Générale de la Sécurité
de l’Union africaine (AUHIP) sur le Soudan gen, en Allemagne. Avant d’occuper son Nationale Marocaine où il a été Chef de
et le Soudan du Sud, après avoir été mé- poste actuel, le général de Milliano était Division des Frontières, Directeur du Royal
diateur dans le conflit tchado-soudanais. Il commandant de la 176e escadre de la Institute of Police, Chef de la sécurité ré-
a auparavant été président du Burundi de base commune Elmendorf-Richardson, en gionale et chef du renseignement général
1987 à 1993 puis de 1996 à 2003. Alaska. central.
129
Carol MOTTET chef de la force opérationnelle Afghanis- du programme de Sécurité à l’Agence du
Carol Mottet est Conseillère principale tan-Pakistan au ministère fédéral des Af- Numérique (ADN) du Bénin. Il est chargé
auprès de la Division Sécurité humaine, faires étrangères et de représentant spécial de mission au numérique et à la sécurité
Direction politique, de la Confédération adjoint de l’Allemagne pour l’Afghanistan du numérique auprès de la présidence du
Suisse. Auparavant, elle était conseillère et le Pakistan. Bénin. Expert en Cybersécurité et dans les
spéciale du Représentant spécial du Se- technologies de l’information, Mr Fagla a
crétaire général des Nations-unies pour le également créé une entreprise en déve-
Mali pour le processus de médiation. Elle a Atelier 9 loppement personnel et pendant 5 ans, il a
développé et dirigé le Programme suisse était directeur pédagogique à l’Ecole Epi-
de politique de paix en Afrique de l’Ouest tech de Paris.
et centrale, Conseillère de haut niveau Stephane Charles Henri KONAN
pour la médiation et la politique de paix en Stéphane Konan est Conseiller principal du Papa GUEYE
Afrique de l’Ouest, auprès de l’Ambassade ministre de la Défense de la Côte d’Ivoire, Papa Gueye est Commissaire de Police,
suisse à Dakar. Commissaire général de SHIELDAFRICA Docteur en droit privé et sciences crimi-
(salon international de la défense et de nelles, Chef de la Division Spéciale de Cy-
Philipp ACKERMANN la sécurité intérieure). Il a développé des ber sécurité au sein de la Direction de la
Philipp Ackermann est Directeur général partenariats officiels entre les forces de dé- Police Judiciaire du Sénégal. Formateur à
pour l’Afrique, l’Amérique latine, le Proche fense et de sécurité ivoiriennes et la com- L’Ecole Nationale de Police et de la For-
et le Moyen-Orient au ministère fédéral munauté internationale du renseignement mation Permanente, il a été Chef de la Bri-
des Affaires étrangères d’Allemagne. Au- comme le FBI (US), l’unité anti-terroriste gade Economique et Financière et Chef de
paravant, il était directeur régional pour coréenne (Corée), le ministère français de la Brigade Spéciale de Lutte contre la Cy-
le Proche et le Moyen-Orient et l’Afrique la Défense (Interpol). bercriminalité devenue la Division Spéciale
du Nord. Il a dirigé l’équipe allemande de de Cyber sécurité.
reconstruction provinciale à Kunduz, en Ouanilo Jérôme MEEDGAN FAGLA
Afghanistan. Il a exercé les fonctions de Ouanilo Medegan FAGLA est Directeur
130
Les Actes 2018 | LISTE DES PARTICIPANTS
131
89. Jean-Marie CLAMENT
67. Luc BRIARD Conseiller du Directeur - DCAF ( Geneva Centre
Premier Conseiller, et Chef de mission Adjoint - for the Democratic Control of Armed Forces ) 112. Maxime DEHEDIN
Ambassade de France au Sénégal Sales Director - Naval Group
90. Bruno CLEMENT- BOLLEE
69. Didier BROUSSE Expert RSS-DDR, gestion des sorties de crise - 113. Hugues DELORT-LAVAL
Directeur de la Coopération de Sécurité et de Indépendant Directeur Général - Vicat / Mauricim
Défense - Ministère de l’Europe et des Affaires
étrangères (MEAE) - France 91. Jean-Yves CLEMENZO 114. Steven DEMILIANO
Porte Parole pour l’Afrique Francophone - CICR Directeur Adjoint - U.S Africa Command
70. Stéphanie BRUN-BRUNET
Chief Sales Officer and Market Strategy - BOM- 92. Philippe COLYN 115. Hervé DENYS DE BONNAVENTURE
BARDIER - Ambassadeur de Belgique au Sénégal Directeur général adjoint des relations
internationales et de la stratégie (DGRIS) -
71. Pierre BUYOYA 93. Virginia COMOLLI Ministère des Armées - France
Haut représentant pour le Mali et le Sahel - Maitre de recherche - IISS
Union africaine / MISAHEL 116. Rinaldo François DEPAGNE
94. Jean CONSTANTINESCO Directeur du Projet Afrique de l’Ouest - Interna-
72. Alex CANN Membre de la Délégation de l’UE auprès de tional Crisis Group (ICG) - Sénégal
Ghana Army l’UA
117. Namie DI RAZZA
73. Nathalie CANTAN 95. Idriss Moulaye COULIBALY Chercheur - Chargée de projet Protection des
Conseillère Europe et Afrique - Cabinet de la - Brigade Nationale des Sapeurs Pompiers - civils - International Peace Institute
Ministre des Armées - France Sénégal
118. Aminata DIABATE
74. Olivier CARON 96. Jean-Claude COUSSERAN Chef Section DIH- DH Focal VBG - État Major
Ministre Plénipotentiaire, Directeur Général - Conseiller Spécial - Académie Diplomatique des Armées - Mali
CSFRS Internationale - UE
120. Abdoulaye DIAGNE
75. Pascal CASSAN 97. Xavier-Yves COZANET Commandant la légion Nord - Ministère des
Direction des Affaires Institutionnelles - Safran ShieldAfrica 2019 – Abidjan – Chargé de projet Forces Armées - Délégation de la Gendarmerie
Electronics & Defence - Coges Nationale
76. Assyetou CASSE DIOUM 98. Valérie CROVA 121. Momar DIAGNE
Présidente - ACD Journaliste - Radio France Chef d’État-Major de la Marine - Ministère des
Forces Armées - Sénégal
77. Didier CASTRES 99. Jean-Pierre CUBERTAFON
Conseiller Sénior - CEIS Député de la Dordogne, Secrétaire de la Com- 122. Babacar DIALLO
mission de la Défense nationale - Assemblée Directeur général - CHEDS - Commission
78. Bernard CAZEAU nationale scientifique
Sénateur de la Dordogne, Vice-Président de la
Commission des Affaires étrangères - Sénat 100. Jacek CZAPUTOWICZ 123. Oumar DIALLO
Ministre des affaires étrangères - Ministère des Directeur général des Douanes - Douanes -
79. Mohamed Ibn CHAMBAS affaires étrangères - Pologne Sénégal
Représentant Spécial du Secrétaire géné-
ral- Chef du Bureau des Nations-unies pour 101. Abdi DAH 124. Massaer DIALLO
l’Afrique de l’Ouest - UNOWAS Consultant - Ancien ambassadeur - Mauritanie Professeur , Politologue - Institut d’Etudes Poli-
tiques et Stratégiques et West African Network
80. Patrick CHAMPEL 103. Ousainou DARBOE fo Security and Democratic Governance
Risk management Officer - TOTAL Ministre - Ministère des Affaires étrangères -
GAMBIE 125. Amadou DIALLO
81. Valérie CHARDON Ambassadeur - NEPAD
Vice-President Sales Middle East & Africa - 104. Aude DARNAL
BOMBARDIER Associée au Programme - SFCG 126. Jean-Luc DIENE
Sous-chef Renseignement - EMGAA - Sénégal
82. Margot CHEVANCE 105. Olivier DARRASON
Journaliste - Correspondante Sénégal - TV5 Président - CEIS 127. Cheikhna DIENG
Monde Directeur de l’Action sociale des Armées - Mi-
106. Nicolas DASNOIS nistère des Forces Armées - Sénégal
83. Clarisse CHICK Chargé de mission Paix et sécurité DAOI -
Chargée de mission Afrique - SGDSN Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères 128. Bachir DIEYE
(MEAE) - France Conseiller Responsable de la Région Afrique
84. Jethrow CHIPILI - APF
Directeur de la doctrine et de la stratégie - 107. Stéphane DE GROOT
Forces Armées de Zambie Attache de liaison Migration - Ambassade des 129. Allé Nar DIOP
Pays-Bas au Sénégal Directeur général adjoint - Agence nationale de
86. Jacobus Kamfer CILLIERS la statistique et de la démographie
Programme Futurs de l’Afrique et Innovations, 108. Ghislain de la SAYETTE
Président du conseil d’administration de Directeur Afrique Espace - Airbus 130. Amadou Khouredia DIOP
l’Institute for Security Studies (ISS) - Afrique du Attaché de militaire naval et de l’air - Ambas-
Sud 109. William DE LESSEUX sade du Sénégal à Paris
Journaliste - RFI
87. Mahamane CISSE-GOURO 131. Serigne DIOP
Chef du service Afrique - Haut-Commissariat 110. Xavier DE WOILLEMONT Ancien Ministre - CHEDS
des Nations-unies aux Droits de l’Homme Secrétaire général adjoint de la défense et de la
sécurité nationale - SGDSN 132. Birame DIOP
88. Bara CISSOKHO Chef de l’État-Major particulier du Président de
Sous-Chef d’État-major général des Armées - 111. Rudi DECROP la République - Ministère des Forces Armées -
Ministère des Forces Armées - Sénégal Chef des Relations bilatérales - Ministère de la Sénégal
défense - BELGIQUE
132
Les Actes 2018 | LISTE DES PARTICIPANTS
133. Joseph DIOP buant à la Stabilité et la Paix - Union euro- l’Afrique Occidentale et Centrale - Organisation
Chef d’État-Major de l’Armée de l’Air - Minis- péenne, Délégation en République du Sénégal Mondiale des Douanes
tère des Forces Armées - Sénégal
155. Gilles FAURE 175. Babacar GAYE
134. Assane DIOP Directeur Adjoint - COGES EUROSATORY Ancien CEMGA/ Ancien RSSG ONU
Journaliste - RFI
156. Adja Khadidiatou FAYE 176. Serge Daniel GBOGBOHOUNDADA
135. Babacar DIOUF Chercheur stagiaire - Institut d’études de Journaliste - RFI
Conseiller spécial du DG - CHEDS sécurité (ISS)
177. Florent GEEL
137. Ibrahima DIOUF 157. Wagane FAYE Directeur Afrique - FIDH
Directeur de la Santé des Armées - Ministère Coordonnateur du CICO - Ministère de l’Inté-
des Armées - Sénégal rieur - Sénégal 178. Rea GEHRING
Cheffe de mission adjointe - Ambassade de
138. Moustapha DIOUF 158. Pape Mbacké FAYE Suisse au Sénégal
Commissaire - Ministère des Forces Armées - Directeur général adjoint de la Police nationale
Délégation de la Police Nationale - Sénégal - Ministère de l’Intérieur - Sénégal 179. MIREILLE GIGNAC
Attaché de défense - Ambassade du Canada au
139. Médoune DIOUF 159. Coly FAYE Sénégal
Directeur général du Renseignement intérieur - Directeur des transmissions et de l’informatique
Renseignement national - Sénégal des Armées - Ministère des Forces Armées - 180. Raymond GILPIN
Sénégal Doyen des Affaires Académiques - Africa Cen-
140. Rémy Arsène DIOUSSE ter for Strategic Studies (ACSS)
Chargée de Programmes - Fondation Friedrich 160. Jean-François FERLET
Ebert bureau Paix et Sécurité Centre de Com- Directeur du Renseignement Militaire - Minis- 181. Etienne GIROS
pétence Afrique Subsaharienne tère des Armées - France Président-Délégué du CIAN - CIAN
153. Moussa FALL 173. John GATT-RUTTER 194. Jean Louis GUIDOR
Commandant de la Gendarmerie territoriale - Chef de Division Anti-terrorisme - Union euro- Directeur commercial - TRACIP
Gendarmerie Nationale - Sénégal péenne- SEAE
195. Gérard GUITTAT
154. Daria FANE 174. Frédérique GAUTIER Conseiller du Ministre, Expert technique
Chef équipe régionale de l’Instrument contri- Directrice du Programme Sécurité pour international - Ministère de l’Intérieur et de la
133
Sécurité publique - Sénégal 239. Pierre René Eugène LAPAQUE
218. Aïssatou KANTE Représentant Régional - Office des Na-
196. Marc HAMMERER Chercheure - Institute for Security Studies (ISS) tions-unies contre la drogue et le crime
Chef de poste Dakar - DRSD - Sénégal
240. Manon LAPLACE
197. Nicolas HAQUE 219. Pierre KASONGO MAKITA-MAKITA Journaliste - Magazine Jeune Afrique
Journaliste - Al Jazeera Conseiller en charge de l’Europe - Ministère des
Affaires étrangères et de l’intégration régionale 241. Aliyu Baba LAWAL
198. Jerome HEITZ - RDC Contre amiral - Armée du Nigéria
Directeur Département Paix, Stabilité, Sécurité
(P2S) - Expertise France 220. Eva KASPROWICZ 242. Rima LE COGUIC
Journaliste - Al Jazeera Directrice Afrique - Agence française de déve-
199. Joseph HENROTIN loppement
Rédacteur en chef - Areion Group/DSI maga- 221. Margareta KASSANGANA
zine Ambassadeur de Pologne à Dakar 243. Jean-Yves LE DRIAN
- Ministre de l’Europe et des Affaires étran-
200. Luis Francisco HERNAN-PEREZ FER- 222. Koichi KATO gères - France
NANDEZ Premier adjoint au Représentant Résidant - Am-
VP Head of Sales & Marketing for Africa Airbus bassade du Japon au Sénégal 244. Sonia LE GOURIELLEC
Defence & Space - Airbus Enseignant chercheur - Université catholique
223. Ntole KAZADI de Lille
201. Gunnar Andreas HOLM Conseiller spécial adjoint - Centre Carter
Ambassadeur de Norvège au Ghana Observateur independant de l’Accord de paix 245. Louis LE MASNE
au Mali Regional Program Development Coordina-
202. FARHAT HORCHANI tor, Sahel/West Africa - Search For Common
Ancien Ministre - Tunisie 224. Mohamadou KEITA Ground
Ancien CEMGA - CHEDS
203. Mathurin HOUNGNIKPO 246. François LECOINTRE
Conseiller en Stratégie et Sécurité Nationale - 225. Bintou KEITA Chef d’état major des Armées - Ministère des
Conseil National de Sécurité - Côte d’Ivoire Sous Secrétaire Générale DOMP - Na- Armées - France
tions-unies
204. Vivian HUIJGEN 247. Marion LENNE
Premier Secrétaire - Ambassade des Pays-Bas 226. Yves KELLER Députée - Assemblée nationale - France
au Sénégal Directeur Afrique - Vicat
248. Claire LEPRIVE
205. John ICE 227. Matthieu KIMMELL Chargée de communication et médias sur la
Conseiller Politique - Ambassade des États-Unis Conseiller - Ambassade du Canada - Sénégal crise au Sahel - Oxfam
au Sénégal
228. Kidane KIROS 249. Gael LESCOP
206. Abdoulaye ILLIASSOU Directeur - University of Addis Ababa - Institute Responsable Commercial Afrique - ARQUUS
Chercheur - ISS Africa for Peace and Security Studies
250. Emmanuel LEVACHER
207. Régis IMMONGAULT TATANGANI 229. Kate Almquist KNOPF President d’ARQUUS
Ministre des Affaires étrangères - GABON Directrice du Centre d’Etudes Officielles sur
l’Afrique - Africa Center for Strategic Studies 251. Quentin LEVET
208. Paolo IMPAGLIAZZO (ACSS) Directeur Régional Afrique de l’Ouest - Search
Vice-Directeur des Relations internationales - for Common Ground
Communauté de Sant’Egidio - Italie 230. Mayé KONATE
Officier d’État-major BNSP - Ministère des 252. Philippe LEYMARIE
209. Tatsunori ISHIDA Forces Armées - Sénégal Journaliste - Le Monde Diplomatique
Premier Secrétaire - Ambassade du Japon au
Sénégal 231. Antoine M. KORE 253. Alexandre LIEBESKIND
Directeur de la Prévention et de la Sécurité Directeur régional Afrique francophone - Center
210. Abdoulie JANNEH des Armées - Ministère des Forces Armées - for Humanitarian Dialogue
Directeur Executif - Mo Ibrahim Foundation Sénégal
254. Falmata LIMAN
211. Jean-Hervé JEZEQUEL 232. Wojciech KOROBOWICZ Assistante Spéciale - UNOWAS
Directeur adjoint de projets Afrique de l’Ouest - Chargé d’affaires et Chef de Mission - Ambas-
International Crisis Group (ICG) sade de Pologne au Sénégal 255. Luis Filipe LOPES TAVARES
Ministre - Ministère des Affaires étrangères et
212. Alexis JOHN AHYEE 233. Anzian KOUADJA des communautés du Cap Vert
Directeur du Bureau HEC Paris en Afrique de Secrétaire Exécutif Adjoint - ComNat
l’Ouest et Centrale - HEC 256. Angel LOSADA FERNANDEZ
234. Toussant KOUNOUHO Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel -
213. Philippe JOLIOT Consultant - Union Européenne
Président - TRACIP
235. Francis KPATINDE 257. Mohammed LOULICHKI
214. Paul-Éric JUIN Expert - Indépendant Chercheur Senior - OCP Policy Center
Directeur Adjoint Sécurité et Sûreté maritime
- OCEA 236. Chantal LACROIX 258. Christoph LUEDI
Représentante régionale adjointe - ONUDC Chef de la Délégation Régionale à Dakar - Co-
215. Hubert JULIEN-LAFERRIERE mité International de la Croix-Rouge (CICR)
Député du Rhône - Assemblée nationale 237. Samia LADGHAM
Chef de la Section Afrique - Direction exécutive 259. Rida LYAMMOURI
216. Elhadji Mouhamadou KANDJI du Comité contre le terrorisme de l’ONU Directeur Exécutif - Chercheur - Sahel MeMo
Général de brigade (CR) - CHEDS LLC
238. Alexis LAMEK
217. Seydou KANTE Directeur NUOI - Ministère de l’Europe et des 260. Dominique Sanda Fanny MABIKA
Premier Conseiller - Délégation sénégalaise à Affaires étrangères (MEAE) – France Reporter - Télévision centrale de Chine
l’Unesco
134
Les Actes 2018 | LISTE DES PARTICIPANTS
261. Carmen MAGARINOS CASAL 283. Silvia MOREIRA 303. Mouhamadou NIANG
Cheffe de Section politique, Presse et Informa- Humanitarian policy Advisor - WFP Polcy Analyst - Nations-unies - PNUD
tion - Union européenne
284. Carol MOTTET 304. Ayumi NOGUCHI
262. Anne-Laure MAHE Conseillère principale, Division Sécurité Deuxième Secrétaire - Ambassade du Japon au
Chercheuse - Institut de Recherche Stratégique humaine - Département fédéral des affaires Sénégal
de l’École Militaire étrangères - SUISSE
305. Leslie NORTON
263. Matteo MAILLARD 285. Ilunga MPYANA Sous-Ministre adjointe secteur de l’Afrique
Journaliste - Le Monde Afrique Business Development and Strategy - Airbus subsaharienne - Gouvernement du Canada
264. Fatou Isidora MARA NIANG 286. Tulinabo S. MUSHINGI 306. Philippe NOVELLI
Ambassadrice, Conseillère diplomatique à la Ambassadeur des États-Unis D’Amérique Directeur des Ventes Régionales - Zone Afrique
Primature - CHEDS - Nexter
287. Catherine NADEAU
265. Rémi MARECHAUX Première secrétaire - Ambassade du Canada au 307. Nnamdi OBASI
Directeur DAOI - Ministère de l’Europe et des Sénégal Conseiller spécial pour le Nigéria - International
Affaires étrangères (MEAE) - France Crisis Group
288. Fatimatou NDIAYE
266. Gilles MARIGLIANO Présidente - Biodiversity For Peace 308. Takashi OCHIAI
Directeur des ventes EMEA - Corsair Attaché de Défense - Ambassade du Japon au
289. Bacre Waly NDIAYE Maroc
267. Julia MARIS Avocat à la cour, Consultant expert auprès de
Directeur Général - DCI l’ONU - Cabinet d’avocat et d’expert consultant 309. Cynthia OHAYON
international chargée de projets Sahel, Centre de crise et de
268. Aurore MATHIEU soutien - Ministère de l’Europe et des Affaires
Regional Policy Adviser - Sahel - Oxfam 290. Adji Khadijatou NDIAYE étrangères - France
Chargée de programme - Centre de Compé-
269. Kenichi MATSUI tences Paix et Sécurité 310. Ann Kemi OKWORI
Attaché de Défense en France - Ministère de la - Gouvernement du Nigéria
Défense - Japon 291. Paul NDIAYE
Directeur Général - CHEDS 311. Abayomi Gabriel OLONISAKIN
270. Pamela MBABAZI Chef d’état-major des Armées - Nigeria
Researcher - IPSS 292. Ndioro NDIAYE
Ministre conseiller, Présidente AMLD, Coordina- 312. Patrick OSWALD
271. Rawane MBAYE trice du RH-EFH - Alliance pour la Migration le Directeur Affaires Publiques France - AIRBUS
Président - Centre d’Etude, de Recherches et Leadership et le Développement Defence and Space
de Formation sur l’Islam
293. François NDIAYE 313. Moctar OUANE
272. Abdoul Aziz MBAYE Inspecteur général des Forces armées - Minis- Délégué général à la paix et à la sécuri-
Conseiller en coopération internationale - Cour tère des Forces Armées - Sénégal té - Union Economique et Monétaire Ouest
Pénale Internationale Africaine (UEMOA)
294. Alassane Mamadou NDIAYE
273. Mamadou L. MBAYE Responsable de programme, Direction des 314. Ahmedou OULD-ABDALLAH
Inspecteur de la Gendarmerie Nationale - Gen- Affaires politiques et de la Gouvernance dé- Président - Centre des Stratégies pour la Sécu-
darmerie nationale - Sénégal mocratique - Organisation internationale de la rité du Sahel
Francophonie
274. Modou MBAYE 315. Abiodun Raphael OWOLABI
Représentant Sénégal - OCEA 295. Sokhna NDIAYE Major General - Nigeria
Doctorante/Chercheur - Université Cheikh Anta
275. Edouard MBENGUE Diop de Dakar 316. Arild Retvedt OYEN
Coopération et RP - CHEDS Ambassadeur, envoyé spécial pour le Conseil
296. Babacar NDIAYE de sécurité - Ministère des affaires étrangères -
276. Jérôme OUANILO MEDEGAN FAGLA Rapporteur - Wathi NORVEGE
Chargé de mission - Présidence de la Répu-
blique du Bénin 297. Michelle NDIAYE 317. Emilie PADELLEC
Directrice du Programme, Afrique Paix et Sécu- Conseiller - SGDSN
277. Omar MERABET rité - Institute for Peace and Security Studies
Conseiller du président - CIVIPOL 318. Oswald PADONOU
298. Mamadou NDOYE Chargé de programme - Fondation Konrad
278. Irène MINGASSON Officier d’État-major BNSP - Ministère des Adenauer
Ambassadrice - Union europeenne Forces Armées - Sénégal
319. Xavier PAITARD
279. Loïc MIZON 299. Sonar NGOM Conseiller défense du Président - MBDA
Chef du bureau Afrique EMA. PRIM. - Ministère Ambassadeur et Secrétaire Général Adjoint
des Armées - France - Ministère des Affaires étrangères et des Séné- 320. Théodore Naba PALE
galais de l’extérieur Secrétaire Général de la Défense Nationale -
280. Moussa MOHAMED AMAR Premier Ministère - Burkina Faso
conseiller analyste - Centre des Stratégies pour 300. Basile NIAMKE
la Sécurité au Sahel Sahara (Centre 4S) Conseiller Militaire - UNOWAS 321. Jean-Paul PALOMEROS
Conseiller spécial - CEIS
281. Sid’Ahmed Ely MOHAMED ZNAGUI 301. Daouda NIANG
Expert Défense et Sécurité - Secrétariat Perma- Directeur général du Renseignement exté- 322. Anne-Françoise PARADIS
nent du G5 Sahel rieur - Délégation générale au Renseignement Collaborateur Diplomatique - Ambassade de
National - Sénégal Belgique à Dakar
282. Jolie-Ruth MORAND
Coordinatrice de projet, division Afrique 302. Madické NIANG 323. Florence PARLY
Sub-saharienne - DCAF ( Geneva Centre for the Chargé du suivi évaluation - GIABA Ministre - Ministère des Armées - France
Democratic Control of Armed Forces )
135
324. François PATUEL 345. Anthony ROMANELLI 366. Jozef SMETS
Chercheur Afrique de l’Ouest - Anmesty Inter- Directeur adjoint au bureau du Conseil Privé - Directeur Afrique, Direction Générale des
national Bureau du Premier ministre - CANADA Relations Bilatérales - Ministère des Affaires
Etrangères - BELGIQUE
325. Marc PELLERIN 346. Michel ROUSSIN
Conseiller Senior - MINUSMA Vice-président - MEDEF International 367. Katarzyna SOBIECKA
Directrice - Ministère des affaires étrangères -
326. Aicha PEMBOURA 347. Caroline ROUSSY Pologne
Professeur - Université de Yaoundé II, Ecole Chercheuse affiliée à l’Institut des Mondes
Supérieure Internationale de Guerre Africains - CNRS - France 368. Kanigui SORO
Député de Sirasso - Côte d’Ivoire
327. Rafal PERL 348. Hugo SADA
Directeur - Ministère des affaires étrangères - Conseiller spécial - Forum de Dakar - CEIS 369. Youga SOW
Pologne PDG SOCOCIM Industries - VICAT/SOCOSIM
349. Halvor SAETRE
328. Zoé PERRIN Envoyé spécial de la Norvège pour le Sahel - 370. James STONE
Chercheur - International Crisis Group (ICG) Ministère des affaires étrangères - NORVEGE Premier Secrétaire - Affaires mondiales - Gou-
vernement du Canada
329. Cédric PERRIN 350. Selim SAHEB ETTABA
Sénateur du Territoire de Belfort - Sénat - Directeur bureau Régional à Dakar - AFP - 371. Ousmane SY
France Dakar Directeur Général de la police nationale - Minis-
tère de l’Intérieur - Sénégal
330. Theo PETERS 351. Emile SAMA
Ambassadeur - Ambassade des Pays-Bas au Capitaine de Frégate - Forces Navales - BENIN 372. Tesfaye TAFESSE
Sénégal Professeur de géographie politique et d’études
352. Mamadou SAMBE africaines - Addis Abeba University
331. Marie-Evelyne PETRUS-BARRY Directeur des formations - CHEDS
Directrice - Amnesty International 373. Sarama TAMOTO
353. Bakary SAMBE Agent officiel de la première direction d’Afrique
332. jauri PLAN Directeur - Timbuktu Institute - African Center - Gouvernement du Japon
Directeur Commercial - SOFRECAP for Peace Studies
374. Joaquin TASSO VILALLONGA
333. Christian POUT 354. Etchen SAMBU Chef adjoint de la Division d’Affaires Panafri-
Président - CEIDES - Cameroun Secrétaire Permanent - COMNAT-ALPC - caines - Union europeenne- SEAE
GUINEE BISSAU
334. Alessandra PRENTICE 375. Charles TELLIER
Correspondant - Reuters 355. Ahmad SAMRO Responsable de la Division Fragilités, Crises,
Regional Security Adviser - Médecin Sans Fron- Conflits - Agence française de développement
335. Valéry PUTZ tières - Sénégal
Adjoint au Chef de l’État-major particulier - 376. Lori-Anne THEROUX BENONI
Présidence de la République - France 356. Harmandip SANDHU-ROJON Directrice du bureau de Dakar - Institut
Représentante spéciale adjointe pour l’Afrique d’Etudes de Sécurité (ISS)
336. Elinor RAFAELLI de l’Ouest et le Sahel - UNOWAS
Responsable Finances et Partenariats - Prome- 377. Thiaca THIAW
diaton 357. Masahisa SATO Représentant - Gendarmerie nationale - Séné-
Ministre Délégué auprès du Ministre des gal
337. Emeuraude REDER Affaires étrangères - Ministère des Affaires
Chargée de reporting pour le programme d’ap- étrangères - Japon 378. Ibrahim THIAW
pui de l’Union européenne a la Force conjointe Conseiller spécial pour le Sahel - Nations-unies
du G5 Sahel - Expertise France 358. Marie Angélique SAVANE
Première Présidente Mécanisme Africain d’Eva- 379. Guillaume THIBAULT
338. Stéphane REY luation par les Pairs - NEPAD / UA - Consultante Envoyé Spécial Permanent - Radio France
Chef du Domaine Politique de paix et Chef Internationale Internationale
adjoint de la Division Sécurité humaine -
Département fédéral des affaires étrangères 359. Mamadou Mansour SECK 380. Mette THYGESEN
- Suisse Président du Conseil d’Administration - CHEDS Ambassadrice, Envoyée Spéciale pour le Sahel
et le Maghreb - Ministry of Foreign Affairs of
339. El Mostafa REZRAZI 360. Mamadou SECK Denmark
Chercheur Associé - OCP policy center Directeur de programmes - Gorée Institute
381. Huguette TIEGNA
340. Joao RIBEIRO BUTIAM CO 361. Cheikh SENE Députée du Lot - Assemblée nationale - France
Ministre - Ministère des Affaires étrangères, Haut-Commandant de la GN et Directeur de
de la coopération et des communautés de la la Justice militaire - Gendarmerie Nationale - 382. Joan TILOUINE
Guinée Bissau Sénégal Journaliste - Le Monde
341. Rémy RIOUX 362. El Hadj Maguette SEYE 383. Jean B. TINE
Directeur Général - Agence française de Conseiller Diplomatique - Présidence du Haut Commandant en second de la GN et
développement Sénégal Directeur Adjoint de la Justice militaire - Gen-
darmerie Nationale - Sénégal
342. Jérémie ROBERT 363. BOUCHRA SIDI HIDA
Conseiller Afrique du Ministre - Ministère de Administrateur de programmes recherche - 384. Victor TINE
l’Europe et des Affaires étrangères - France CODESRIA Commandant la Brigade Nationale des
Sapeurs-Pompiers - Ministère de l’intérieur -
343. Kris ROELANTS 364. Maman S. SIDIKOU Sénégal
Conseiller Politique et Militaire - Afrique du Secrétaire Permanent - G5 Sahel
Nord et Sahel - Ministère de la défense - BEL- 385. Chanda TIRTHANKAR
GIQUE 365. Dominika SIKORSKA Journaliste Multimédia - RFI
Gestionnaire de crise Niger/ Tchad/ Mauritanie,
344. Laurence ROLLAND - Union européenne
Présidente - RBH
136
Les Actes 2018 | LISTE DES PARTICIPANTS
389. Didier TRUTT 395. Ibra Birane WANE 401. Olakounle Gilles YABI
Président-directeur général - Imprimerie Directeur Général Aviation and Co - Corsair Président WATHI - Economiste et analyste
Nationale politique - WATHI
396. Tinko WEIBEZAHL
390. Sayoko UESU Directeur du Programme SIPODI - Konrad 402. Ibrahim YAHAYA IBRAHIM
Analyste cellule Terrorisme internationale, Adenauer Stiftung Analyst Sahel - International Crisis Group
chercheuse - Ministère des Affaires Etrangères
- Japon 397. Marion WEICHELT KRUPSKI 403. Xun ZHANG
Ambassadeur de la Suisse au Sénégal, au Cabo Ambassadeur de Chine au Sénégal
391. Stéphane VOLANT Verde, en Gambie, en Guinée-Bissau, au Mali et
Secrétaire Général - SNCF en Mauritanie
137
DAKAR EN LIGNE
138