Communication Linguistique Et Non Linguistique
Communication Linguistique Et Non Linguistique
Communication Linguistique Et Non Linguistique
Systèmes
communication linguistique et non linguistique.
de
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1. Introduction : langue et langage
Pendant longtemps, les mots « langue » et « langage » ont indistinctement désigné tous
les moyens utilisés pour communiquer : gestes, dessins, signes vocaux et codes de signaux de
toutes sortes ; confusion entérinée par l’usage, en anglais, d’un seul terme désignant ces deux
réalités (language). Les premières définitions de la linguistique moderne ne faisaient ainsi
aucune distinction entre les deux. C’est le cas pour celle de Sapir1 : « le langage est un moyen
de communication purement humain et non instinctif pour les idées, les émotions et les désirs,
par l’intermédiaire d’un système de symboles sciemment créés ». Cette définition couvre
aussi bien les faits de langue proprement dits que le système de signaux du code routier.
Même cas pour la définition de Saussure 2 : « une langue, c’est-à-dire un système de signes
distincts correspondant à des idées distinctes ».
Ce n’est donc que plus tard que les linguistes ont éprouvé le besoin de redéfinir avec
plus de rigueur l’objet de leur science. Telle est, par exemple, la démarche adoptée
systématiquement par Martinet3 : « la linguistique, écrit-il, est traditionnellement présentée
comme la science du langage. Reste à savoir, naturellement, ce qu’on entend par langage ». Il
pose aussitôt que « dans le parler ordinaire, le langage désigne proprement la faculté qu’ont
les hommes de s’entendre au moyen de signes vocaux ». Pour lui, ce langage humain qui se
réalise sous la forme de langues diverses est bien l’objet exclusif des recherches proprement
linguistiques, les autres systèmes de communication relevant, quant à eux, de la sémiologie. Il
en découle que la tâche de la linguistique est de déterminer les traits qui caractérisent le
langage humain en l’opposant à toute autre forme de communication. Le mot langue
indiquera seulement des systèmes de communication fondés sur l’emploi de signes vocaux.
Ce sera toujours la signification de l’expression langage parlé, même quand on considère le
langage parlé sous son aspect écrit, l’écriture n’étant qu’un second code pour traduire la
langue parlée sous une forme visuelle qui n’a pas d’autonomie réelle par rapport à la forme
phonique. L’emploi du terme « langage » pour faire référence à la possible communication
entre les animaux ou à tout autre système de communication ne serait dès lors qu’un emploi
métaphorique.
Nous tenterons, dans les pages qui suivent, d’analyser en détail cette opposition entre
langue et langage, entre communication linguistique et communication non linguistique. Or, il
nous faut, pour ce faire, commencer par cerner tout d’abord le concept même de
communication.
1. Le concept de communication
DESTINATEUR ----------MESSAGE----------DESTINATAIRE
CODE
Tout discours est par ailleurs produit dans le cadre de certaines données spatio-
temporelles dont l’influence est également déterminante pour la forme et pour le contenu
des discours échangés, à commencer par la présence simultanée des interlocuteurs dans le
lieu de l’échange communicatif. Lorsque la communication se produit en face à face, elle se
trouve tout naturellement enrichie par les composantes de ce que l’on appelle le « langage
non verbal » (cf. ci-après) et par l’entourage immédiat, ce qui permet des usages plus
elliptiques et des verbalisations minimales des référents. Il n’en va pas de même lorsque la
communication emprunte un autre canal (communication téléphonique ou communication
écrite, donc différée, les phases de production et d’interprétation étant décalées dans le
temps). Deuxièmement, il va de soi que l’on ne parle pas de la même façon partout et à tout
moment : « à chaque “site” institutionnel correspond un “scénario” particulier […]. Le cadre
spatio-temporel est donc déterminant pour le thème des échanges, mais aussi pour leur
“style” » (Kerbrat-Orecchioni, 1990: 108-109). La dimension spatio-temporelle de la
communication dessine ainsi en filigrane la notion d’opportunité, d’adéquation des propos
au moment et au lieu, et ce en fonction aussi des normes discursives et socio-culturelles de
la communauté de référence. La communication, en effet, comme toute pratique sociale, se
trouve soumise à un certain nombre de normes et de principes implicites mais nécessairement
respectés (cf. t. 7,8), que les individus intériorisent au cours de leur développement cognitif.
Enfin, il est un autre facteur constitutif du cadre spatio-temporel qui exerce une
influence considérable dans les interactions: c’est la présence potentielle de témoins. Très
souvent, en effet, surtout lorsque la communication se déroule dans des lieux publics,
plusieurs personnes se trouvent entendre, sans le vouloir 6, des propos qui ne leur sont pas
adressés. Ces témoins, que Kerbrat-Orecchioni (1996: 17-18) désigne sous le nom de
« récepteurs en surplus », n’ont pas le statut conversationnel d’interactants « ratifiés »: ils
n’appartiennent pas à l’échange communicatif. Or, les interlocuteurs, qu’ils le veuillent ou
non, dès qu’ils perçoivent cette présence, ne peuvent qu’en tenir compte, ce qui se traduit
dans la communication par l’adoption, soit d’un ton chuchoté qui vise à exclure le témoin,
soit d’un ton plus élevé qui lui permette d’entendre ce qui est dit. Un témoin peut,
occasionnellement, s’arroger le statut de locuteur et intervenir dans la conversation, comme
dans l’exemple suivant:
A — Je ne sais pas comment on va faire pour arriver à la gare. Il faudrait peut-être demander à quelqu’un...
B — Mais non, c’est sûr que c’est par ici...
6
Il se peut, au contraire, que le témoin écoute la conversation qui se déroule entre les interactants à leur insu et
de façon tout à fait délibérée. Il appartient depuis lors à la classe des « eavesdroppers » ou espions.
4
C (qui ne fait pas partie de la conversation) — Excusez-moi, je n’ai pu m’empêcher de vous entendre.
Vous cherchez la gare ? Je peux bien vous y conduire.
Nous pouvons depuis lors élargir le schéma traditionnel de la communication afin d’y
intégrer, outre les composantes du schéma jakobsonien, des données concernant le nombre et
le type d’interlocuteurs impliqués (identité, statut, rôle, relation avec l’interlocuteur,
représentation que chacun se fait de l’autre...), les données spatio-temporelles, les
intentions de communication de chacun ainsi que les effets produits sur l’autre. Le schéma de
la communication pourrait être alors représenté comme suit7 :
REPRÉSENTATIONS
relations
(référent)
DE QUOI
statut statut
rôle interventions hypothèses rôle
attitude projections attitude
groupe L1 L2 groupe
d’appartenance DISCOURS d’appartenance
groupe de groupe de
intentions effet
référence référence
(fonction)
Où ? Quand ? Où ? Quand ?
Pour quoi faire ? POURQUOI Pour quoi faire ?
Devant qui ? Devant qui ?
7
Adapté de S. Moirand, 1982.
5
Deuxièmement, la communication linguistique est systématique : elle implique la
mise en ouvre d’un système où des unités bien définies et stables se combinent et se
structurent selon des règles concrètes, à la différence d’autres procédés de communication
(les arts plastiques, l’affiche publicitaire, etc.). Imaginons le cas d’une affiche publicitaire. Il
ne fait pas de doute que sa fonction est de communiquer quelque chose. Or, pour savoir si elle
fait appel à un système de communication nous serions obligés d’examiner quelles unités elle
emploie, si elle en emploie; si elle combine ces unités selon des règles, si ces règles sont
connues et utilisées comme telles aussi bien par l’émetteur du message publicitaire que par le
récepteur. Est-ce à dire pour autant que seule la communication linguistique possède ce
caractère ? Prenons le cas de la signalisation routière. Elle serait sans doute inefficace si les
unités qui la composent n’avaient pas un sens stable. La communication non linguistique sera
donc, selon les cas, systématique ou a-systématique
Un quatrième trait propre à la langue est le caractère linéaire des messages qu’elle
élabore. On entend par là que les énoncés sont constitués par des suites de signes émis sur la
trame du temps, et perçus aussi sur la trame du temps, ce qui détermine pour les règles de
combinaison de ces signes des propriétés spéciales liées au caractère de tout déroulement dans
le temps. Les moyens de communication non linguistiques peuvent, de leur côté, présenter ou
non ce caractère.
Mais c’est sans doute le dernier trait que nous allons envisager qui est discriminatoire à
l’égard des autres moyens ou systèmes de communication : c’est la double articulation du
langage. Selon Martinet, les langues naturelles sont, en tant que système de signes,
doublement articulées, c’est-à-dire, structurées deux fois : la première articulation du langage
est celle qui découpe l’énoncé linguistique en unités signifiantes minimales successives ou
monèmes, doués chacun d’une forme vocale et d’un sens. Ainsi, la terre est ronde contient
quatre de ces unités. La seconde articulation est celle qui découpe l’unité signifiante elle-
même en unités minimales successives non signifiantes mais distinctives : les phonèmes.
Avec quelques dizaines d’unités de seconde articulation, la production de milliers d’unités de
6
première articulation est assurée de la façon la plus économique. C’est la double articulation
qui rend compte de l’économie du langage et de la richesse infinie qu’il possède pour la
combinaison, par rapport à d’autres moyens de communication.
3. La communication non-verbale
multicanale : elle exploite un matériel comportemental fait de mots, mais aussi d’inflexions, de regards,
de gestes, de mimiques. Ces différents canaux sont complémentaires, et également nécessaires à la
communication orale, car chacun d’eux possède des propriétés spécifiques avec lesquelles on ne cesse de
jongler pour le plus grand bénéfice de l’interaction (Kerbrat-Orecchioni, 1990 : 150-151).
3.1.1. Le paralangage
Le terme « paralangage » désigne les facteurs vocaux non-verbaux (Knapp, 1982 : 24-
25) qui interviennent dans l’émission du discours. Il comprend les qualités de la voix (timbre,
hauteur, intonation, volume...), ainsi que différents types de vocalisations (rires, soupirs,
sanglots...). Miller inclut également la pause non grammaticale, qui informe sur les processus
de pensée du locuteur et sur son état affectif et émotif. Le paralangage ne traite donc pas de ce
qui est dit, mais de la manière dont on dit quelque chose. L’aspect vocal du langage transmet
à l’évidence une somme non négligeable d’informations qui permettent à l’auditeur
d’accroître son efficacité dans l’interprétation du message.
La calidad de la voz nos informa no sólo del sexo y de la edad de la persona, aspectos que en la
interacción cara a cara resultan más o menos evidentes [...], sino también sobre determinados estados
físicos (afonía, dificultad respiratoria, etc.); el tono y el ritmo nos informan sobre emociones más o menos
incontroladas (un tono más agudo junto con un ritmo más acelerado de lo habitual en una persona suelen
ser síntomas de nerviosismo, mientras que un ritmo lento y un tono más grave suelen indicar relajación,
por ejemplo); también utilizamos el tono y el ritmo, junto con la entonación y el acento, para señalar
énfasis en algún segmento de lo que estamos diciendo o para expresar con qué intención estamos
hablando (Tusón Valls, 1997: 23).
8
Mais aussi dans la transcription que l’on fait des interactions verbales. Il suffit de penser aux didascalies et aux
notations qui signalent, pour tout dialogue écrit, le comportement non verbal qui accompagne l’émission.
7
À mi-chemin entre le verbal et le non-verbal, nous pouvons également signaler
l’existence de diverses vocalisations qui témoignent de l’écoute active de l’interlocuteur, sans
pour autant constituer de vraies interruptions : c’est ce que l’on connaît comme régulateurs.
Ces régulateurs (ou signaux d’écoute) ont des réalisations diverses : non verbales (regard et hochement de
tête, mais aussi à l’occasion froncement de sourcils, petit sourire, léger changement de posture…), vocales
(« hmm » et autres vocalisations), ou verbales (« oui », « d’accord »), reprises en écho. Ils ont aussi des
significations variées (« je te suis », « j’ai un problème communicatif », etc.), mais en tout état de cause, la
production régulière de ces signaux d’écoute est indispensable au bon fonctionnement de l’échange : des
expériences ont prouvé que leur absence entraîne d’importantes perturbations dans le comportement du
locuteur (Kerbrat-Orecchioni, 1996b : 5) [nous soulignons].
Les régulateurs accomplissent donc pour l’essentiel une fonction de feedback : dans
certains cas, ils encouragent le locuteur à poursuivre, et n’ont d’autre fonction que de lui
signaler le soutien et une attitude d’écoute active ; dans d’autres cas, ils servent au locuteur à
prévoir et à corriger des incompréhensions ou des formulations mal choisies. Il s’agit, pour la
plupart, de réactions involontaires, de réflexes qui témoignent de la co-construction active du
sens des discours :
L’absence de régulateurs est sentie comme impolie ou agressive, est vécue comme gêne, signal de retrait
ou d’hostilité. C’est dire que le locuteur appelle et attend les régulateurs chez son récepteur, le locuteur
les provoque et il y obéit. Le flux conversationnel est constamment géré par les activités coordonnées du
locuteur et du réacteur : techniques complexes qui réclament leur vigilance, non leur attention consciente,
pour assurer un contrôle de la conduite du discours. (De Gaulmyn, 1987 : 221)
Or, l’interlocuteur peut aussi produire des régulateurs à d’autres fins qui ne visent plus
la poursuite du discours du locuteur, mais cherchent plutôt à y mettre un terme. En effet,
divers comportements non verbaux peuvent traduire l’intention de prendre la parole —voire
une certaine impatience— tels que les tentatives de capter le regard du locuteur en place, un
redressement du buste, mais aussi des inhalations audibles, des vocalisations (toussotements,
éclaircissements de la gorge, etc.).
A veces el mecanismo de solicitud del turno consistirá en ejecutar gestos que indiquen al hablante para
que se dé prisa, al advertir que cuanto antes termine su intervención, antes comenzaremos la nuestra. [...]
El método más común de estimular a la otra persona a que termine rápidamente es hacer movimientos
rápidos de cabeza acompañados a menudo de verbalizaciones de seudoacuerdo, como ‘mhmm’, ‘ya, ya’,
etc. El solicitante confía en que el hablante se aperciba de que estos comentarios son demasiado
frecuentes y no siguen con lógica a las ideas expresadas como para ser signos de refuerzo (Knapp, 1982 :
191).
3.1.2. La kinésique
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cuando una persona interroga a otra suele mirarla directamente a los ojos, a no ser que se trate de una
pregunta atrevida o que se refiera a algún tema que le preocupe mucho a él mismo. Si el que escucha se
sorprende ante algo que ha dicho su compañero, también tiende a mirarlo si se trata de algo agradable, o a
desviar los ojos hacia otro lado si el que habla expresa algo desagradable, repugnante u horrible, a menos
que ambos compartan la misma emoción, en cuyo caso el que escucha se limitará a bajar los párpados.
Sin embargo, [...] todos estos datos se aplican a una conversación relativamente formal; [...] las personas
en familia o que se conocen muy bien pueden no comportarse de la misma manera. [...] También parece
ser cierto que durante una conversación social entre dos individuos que no se conocen, por lo general se
trata de reducir el intercambio visual, probablemente porque un exceso de éste trasladaría el foco de
atención del tema de conversación a la relación personal (Davis, 1972 : 91).
3.1.3. La proxémique
Ce terme désigne l’usage que l’homme fait de l’espace en tant que produit culturel
spécifique. L’environnement physique est considéré comme un territoire social dans lequel
l’individu détermine son propre espace en fonction de normes personnelles et sociales. La
territorialité dépend en effet à la fois de la perception que l’individu a de son espace privé et
des règles sociales qui imposent une structuration de l’environnement selon des critères
culturels et sociaux (rites, cérémonies et disposition spatiale des sujets, règles du protocole
dans des actes officiels...). L’espace humain est donc structurellement signifiant. Ainsi, la
proxémique traite des relations spatiales et des distances d’interaction dans les groupes
formels et informels.
Cette brève analyse montre sans doute la richesse des modes de communication non-
verbaux sans lesquels la communication devient un phénomène figé, inachevé. La
communication linguistique doit donc être comprise comme un système complexe de codes
interdépendants, d’autant plus que, sur le plan informationnel, la communication non-verbale
est souvent jugée supérieure à la communication verbale.
Si l’on exclut de l’analyse tous les éléments non verbaux, on sera donc dans bien des cas incapable de
rendre compte de la cohérence du dialogue, dans la mesure où y interviennent successivement des actes
verbaux et non verbaux. Mais en outre, il sera impossible à l’analyste de rendre compte de son
fonctionnement global, dans la mesure où y interviennent simultanément des éléments verbaux et non
verbaux (et bien sûr paraverbaux) (Kerbrat-Orecchioni, 1990 : 142).
Précisons donc un peu quelles sont les fonctions de la communication non verbale.
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3.2. Fonctions de la communication non-verbale.
— fonction identificatrice : les facteurs non-verbaux et, en premier lieu la voix, sont
porteurs de nombreux indices de nature sociale sur le locuteur. Ainsi, la voix est corrélée à
des catégorisations sociales telles que l’âge, le sexe, l’origine géographique ou l’origine
sociale. De même, le comportement kinésique peut parfois dénoter l’origine sociale du
locuteur (gestualité plus mesurée, dit-on, dans les milieux aisés)..
9
D. Hymes, Foundations in Sociolinguistics : an Ethnographic Approach, 1974.
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— fonction relationnelle : en même temps qu’elles signalent les propriétés
respectives des interlocuteurs, les composantes non verbales de la communication déterminent
leur relation mutuelle et fournissent des indications sur l’état de la relation interpersonnelle.
Les marqueurs de la relation sont essentiellement de type proxémique (la distance physique
variant en fonction de la nature de la relation) et gestuel (gestes d’attouchement, fréquence et
durée des contacts oculaires).
— enseignes : un cadran, une croix verte, un bonhomme en caoutchouc, une vache, etc.
signalent des horlogers, des pharmacies, des lubrifiants, des carburants, des fromages et toute
sorte de produits. Quantité d’informations que nous utilisons et lisons quotidiennement sont
véhiculées de la sorte. Tel est le cas aussi des signes conventionnels utilisés par les horaires de
chemin de fer : une cinquantaine d’idéogrammes à dessin reconnaissable (service-autocar,
bar, restaurant...), de sigles-idéogrammes (location possible, sans bagages...), de signes
idéographiques arbitraires (billet d’avance, arrêt, descente...). Beaucoup de ces signes sont
déjà d’usage international (wagons-lits, voitures-couchettes...). Les guides touristiques
utilisent également tout un jeu d’idéogrammes lisibles indépendamment de la langue du
possesseur du guide (garage gratuit, restaurants, hôtels, etc.), ainsi que les affiches placées à
l’entrées des villes (monuments, hôpitaux, plages, etc.)
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— chiffres : nous lisons les temps, les dates, les heures, les paginations, les
températures, les vitesses, les consommations d’eau, de gaz, d’électricité, le poids des
balances automatiques, les prix des caisses enregistreuses, etc. tous les jours et tout le jour.
Nous lisons plus d’informations personnelles quotidiennement sur des cadrans, des voyants,
des tickets, des fiches que nous ne recevons de lettres.
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d’éléments d’espace, de relations à l’abscisse, à l’ordonnée, à des directions privilégiées, de
relations entre les positions des signes dans l’espace graphique.
Il est évident que la vie de l’homme moderne est entourée d’images de toutes sortes
dont l’analyse détaillée déborderait trop largement le cadre de ce commentaire. Ainsi, par
exemple, le cinéma et la télévision réunissent communication linguistique et communication
non linguistique (jeux de lumières, cadrages, plans), dans un procès de communication non
réversible fournissant un vaste domaine d’étude. Il en va de même pour la composition
picturale, que l’on peut considérer un moyen de communication non linguistique (le seul
élément linguistique étant dans ce cas le nom donné au tableau ou la légende qui
l’accompagne), susceptible d’une décomposition en traits, en couleurs, et d’une analyse
sémiologique du point de vue de la combinaison de ces éléments (perspective, profondeur,
technique...). Or, cette décomposition ne révélerait que très partiellement l’existence d’unités
stables et constantes, ayant toujours la même signification dans des messages du même ordre.
Si pour tel auteur le rouge est la couleur de la passion, pour tel autre il peut représenter la
violence ou la souffrance. C’est cette absence d’unités stables qui fait que ces procédés de
communication employant l’image et ses composantes se rangent dans le groupe de ce que
Mounin appelle des procédés a-systématiques. De même que les procédés cartographiques ils
peuvent aussi être caractérisés comme non-linéaires lorsqu’il s’agit d’images fixes, le sens
étant perçu sur la trame de l’espace, et non du temps. Le déroulement d’images successives
des films ou des spots publicitaires implique, par contre, un caractère linéaire.
Les prospectus et les dépliants montrent également cette utilisation de l’image comme
procédé de communication non linguistique. Ainsi par exemple, un prospectus édité par une
entreprise de réfrigérateurs pourra comporter très peu de texte; par contre, la mise en scène
photographiée de l’appareil ouvert fournit des renseignements qui répondent de la manière la
plus simple à beaucoup de questions (longueurs, largeurs, profondeur, compartimentages,
utilisation des casiers, contenances concrètement définies grâce à l’utilisation d’objets dans
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les diverses parties de l’appareil). L’acheteur éventuel peut répondre, sur le vu d’une photo,
dont la mise en scène est conçue de façon didactique, aux questions les plus diverses.
Conclusion
Si nous faisons porter ces réflexions sur le domaine de l’acquisition d’une langue
étrangère, il devient vite évident que la communication en langue étrangère ne saurait, pas
plus qu’en langue maternelle, se réduire à la mise en exercice de la langue. C’est pour cette
raison que l’on ne peut pas borner l’acquisition au seul apprentissage du « code linguistique »
avec son lexique et ses règles phonétiques, grammaticales, syntaxiques. Cette compétence
doit nécessairement être élargie par l’acquisition parallèle de compléments discursifs, socio-
culturels et stratégiques qui permettent d’obtenir en langue étrangère les mêmes capacités
communicatives que nous déployons en langue maternelle. C’est ce que les approches
communicatives en didactique des langues étrangères ont mis en évidence, en se marquant
comme objectif l’acquisition d’une compétence de communication, non seulement d’un
savoir, mais aussi d’un savoir faire intégrant toutes les composantes de la communication. Or,
l’apprenant jouit, à cet égard, d’un avantage incontestable, fourni par la compétence déjà
acquise en langue maternelle, qui lui permet d’affronter quotidiennement avec succès des
centaines d’échanges communicatifs.
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