EPILEPSIE
EPILEPSIE
EPILEPSIE
103 : EPILEPSIE
Epilepsie = maladie neurologique chronique définie par la survenue d’une crise épileptique associée à la persistance d’un
facteur de récidive répétition spontanée ou non de crises épileptiques
- Prévalence = 0,5 à 2%, avec 2 pics d’incidence = chez l’enfant (débute < 10 ans dans 50% des cas) et le sujet âgé > 60 ans
- Gravité : conséquence directe des crises épileptiques (traumatisme physique et psychologique, risque de mort subite), de
leur répétition, du traitement, conséquence indirecte sur le plan sociale et risque de décès lors de l’état de mal épileptique
- Définition électro-clinique : signes critiques (crise épileptique), post-critiques (épuisement neuronal transitoire, pendant
quelques minutes/jours) et inter-critiques (EEG : possibles paroxysmes inter-critiques)
- Répétition des crises avec un intervalle libre variable : répétition spontanée ou provoquée par un facteur déclenchant
(photosensibilité, épilepsie réflexe…) ou un facteur favorisant (manque de sommeil…)
- Crise épileptique = manifestation clinique témoin de l’hyperactivité paroxystique d’un groupe de neurones corticaux et
de son éventuelle propagation, caractérisée par une modification rapide de l’état de conscience et/ou des phénomènes
Définition
moteurs et/ou sensitifs, sensoriels, psychiques, végétatifs et/ou une altération de la réponse à l’environnement
Définition clinique : des anomalies EEG isolées ne sont pas suffisantes pour définir une épilepsie
Pour être considérées comme des événements distincts, 2 crises doivent être séparées de > 24h
- Etat de mal épileptique : persistance inter-critique d’une altération de conscience et/ou de signes neurologiques
Hyperactivité neuronale = trouble constitutionnel ou acquis de l’excitabilité neuronale
Physiopath
Crise
- Puis phase clonique : polypointes ou polypointes-ondes progressivement ralenties, en
EEG généralisée
grande partie masquées par des artefacts musculaires
tonicoclonique
- Puis ondes lentes généralisées, avant retour à l’état antérieur
- Aspects inter-critiques variables : aspect normal, paroxysmes localisés ou généralisés,
signes de focalisation lent thêta ou delta (en faveur d’un processus lésionnel)
Crises - Expression critique : activité rapide, de très faible voltage, avec apparence d’aplatissement
partielles transitoire plus ou moins focalisé, suivi d’une décharge d’amplitude progressivement
croissante de pointes-ondes et ondes lentes de terminaison brutale
La topographie et la morphologie dépendent du siège de la décharge
- D’une crise généralisée tonicoclonique : syncope (notamment convulsivante), crise psychogène non épileptique
- D’une crise partielle simple : AIT (plus long), migraine avec aura (marche migraineuse plus lente), attaque de panique
DD
- D’une crise partielle complexe : crise d’agitation, de colère ou émotive, parasomnie (somnambulisme, terreurs
nocturnes), ictus amnésique en l’absence de témoin
- Cause génétique (40%) = début à tout âge : diagnostic chromosomique, ou rapporté à une origine génétique par les
données électro-cliniques, le contexte familial et/ou les pathologies associées
- Cause acquise : lésionnelle ou non lésionnelle
= 10 à 15% des épilepsies de l’adulte, plus rares chez l’enfant et l’adolescent
Cause tumorale - 20-70% des tumeurs supra-tentorielles, surtout d’évolution lente et impliquant
précocement le cortex : astrocytome de bas grade, oligodendrogliome, méningiome
- Avant un AVC : - Petit infarctus cérébral cortical ou témoin d’un AIT : crises précursives, de
quelques semaines à 1-2 ans avant un AVC, généralement motrices focales
- Malformation vasculaire : angiome artério-veineux, cavernome
Cause
- Pendant un AVC : plus fréquent en cas d’AVC hémorragique (5-25% des cas) ou de
vasculaire
Cause lésionnelle
thrombophlébites cérébrales qu’en cas d’AVC ischémique, état de mal focal fréquent
- A distance d’un AVC : épilepsie séquellaire, installée dans un délai variable (2 ans en
moyenne), plus fréquent après AVC ischémique (10%) qu’après un AVC hémorragique (5%)
Cause - Précoce < 1 semaine : agression cérébrale aiguë facteur de risque d’épilepsie ultérieure
traumatique - Tardive (< 2 ans après dans 70% des cas, délai plus long chez l’enfant): épilepsie séquellaire
- Survenue tardive de CGT ± absences dans 40% des cas : surtout en cas de
absence début tardif > 8 ans, garçon, résistance au traitement ou photosensibilité
De = Absence juvénile : absences moins nombreuses, plus espacées dans le
l’adolescent temps, associées à des crises généralisées tonicocloniques
- Début à l’adolescence, prédominance féminine
CGT du réveil - Facteurs déclenchant : manque de sommeil, alcool, réveil provoqué, photosensibilité
- Réponse quasi-systématique au traitement
= Début à l’adolescence, origine génétique, peut précéder de plusieurs mois/années des CGT
Diagnostic syndromique
Epilepsie
- Secousses myocloniques en pleines conscience, souvent peu après le réveil (signe de la
myoclonique
tasse de café), favorisée par nuits courtes, réveil brusque ou photosensibilité
juvénile - EEG inter-critique typique : polypointes-ondes généralisées, photosensibilité fréquente
bénigne - Pharmacodépendante : 90% de récidive à l’arrêt du traitement
= Plus fréquente de l’adulte : début chez l’adolescent/adulte jeune, atcds familiaux fréquents
- CGT d’emblées ± associée à des absences et/ou des crises myocloniques
CGT
- EEG inter-critique : anomalies paroxystiques bilatérales, symétriques et synchrones sur un
idiopathique tracé de fond normal, souvent déclenché par la stimulation lumineuse intermittente
- Bonne réponse au traitement antiépileptique, mais rechute fréquente à l’arrêt
= Exclusivement chez les enfants et adolescents (âge-dépendantes) : diagnostic électro-clinique aisé
- Pronostic toujours favorable traitement médical rarement indiqué
= Epilepsie à pointes centro-temporales : la plus fréquente et la plus typique
Epilepsies partielles
- Début entre 3 et 13 ans, légère prédominance masculine, guérison généralement vers 16 ans
idiopathiques
- Crise la plus typique : gêne épigastrique ascendante (bien mémorisée par le malade), puis
Epilepsie arrêt psychomoteur avec fixité du regard, mâchonnement ample et lent, activité gestuelle
temporale simple (émiettement, frottement) et attitude dystonique d’un membre controlatéral
interne - Evolution : répétition des crises, souvent groupées sur un ou plusieurs jours, entrecoupées
d’intervalles libres de durée variable
- IRM cérébrale : atrophie ou sclérose hippocampique
- Antiépileptique
TTT
- Traitement chirurgical si pharmaco-résistance : 80% de guérison
ème ème
= Maladie des spasmes en flexion : rare, apparaît entre le 4 et le 7 mois
- Crises : spasmes infantiles, en salves, en flexion (2 fois plus souvent) ou en extension
- Régression psychomotrice : enfant indifférent, ne sourit plus, n’apprend plus, perte des
acquisitions antérieures
- EEG pathognomonique = hypsarythmie : ondes très amples, très lentes, pointes sans régularité,
Syndrome diffuses, permanentes, interrompues lors des spasmes par un aplatissement transitoire
Epilepsies généralisées symptomatiques
de West - Primitif : 30% des cas, pronostic amélioré en cas de traitement précoce
- Secondaire (de pronostic sévère) : - Encéphalopathie
- Maladie métabolique
Cause
- Phacomatose : sclérose tubéreuse de Bourneville
- Anoxie périnatale
- Malformation cérébrale
= Forme sévère d’épilepsie infantile : début < 8 ans, pic de fréquence de 3 à 5 ans
- Crises toniques, atoniques et absences atypiques quotidiennes coexistant chez un patient
- Associé à des troubles mentaux, un retard intellectuel, des troubles de la personnalité, des
troubles caractériels et parfois des comportements autistiques ou prépsychotiques
Syndrome - EEG inter-critique : pointes-ondes lentes (1,5-2/seconde), en bouffées bisynchrones, ±
de Lennox- symétriques, très nombreuses, sur un rythme de fond ralenti
Gastaut - Pendant le sommeil : décharges de rythmes rapides recrutant = crises toniques
pathognomoniques au cours du sommeil
- Evolution : pronostic sévère, périodes cycliques d’aggravation et de rémissions
- Idiopathique
Cause
- Secondaire : atteinte cérébrale congénitale ou acquise (± après syndrome de West)
= Susceptibilité génétique âge-dépendante à la fièvre : excellent pronostic, survenue > 1 an
Diagnostic syndromique
- Crises bilatérales, cloniques ou tonicocloniques, durant < 15 minutes, non répétées au cours
d’un même épisode fébrile, sans signe de localisation critique ou post-critique
Convulsions
- Typiquement dans les 24h après l’installation de la fièvre, lors de l’acmé ou lors de la
fébriles
défervescence thermique (fièvre virale dans 95% des cas)
simples - EEG non nécessaire
- TTT préventif : antipyrétique en cas de fièvre ≥ 38°, traitement antiépileptique si ≥ 3 crises
Risque d’épilepsie dans un faible nombre de cas (< 3%)
= Critères de gravité : - Survenue < 1 an ou > 5 ans, antécédents familiaux d’épilepsie
- Convulsions asymétriques ou unilatérales, de durée > 15 minutes
- En salves au cours d’un même épisode fébrile
Convulsions - Avec déficit post-critique d’intensité variable, de durée < 48h
Syndromes spéciaux chez l’enfant
- Posologie : débuter en monothérapie, & progressive des posologies, limiter le nombre de prise à 2/jour
- Jamais d’arrêt brutal d’un anti-épileptique
- Alcool avec modération
RHD - Limiter les dettes de sommeil
- Prévention des risques domestiques : éviter les bains, mobilier sans arêtes, literie basse…
- Chirurgie : - Cortectomie : en cas d’épilepsie partielle pharmaco-résistante, si temporale, unifocale, d’une
aire corticale non fonctionnelle et accessible
Autres
- Stimulation chronique du nerf vague si cortectomie impossible
- Régime cétogène (( glucide et & lipide) en cas de pharmaco-résistance, efficace uniquement chez l’enfant
Médicament Voie Indication Effets secondaires
- Tératogène : à éviter si femme en âge de procréer
Valproate de sodium PO - Hépatite cytolytique
Tout type
DEPAKINE® IV - Autres : tremblement, thrombopénie, prise de
poids, hyperammoniémie, pancréatite, ovarite
Lamotrigine Tout type sauf - Eruption cutanée
PO
LAMICTAL® épilepsie-absence - Syndrome de Lyell/Stevens-Jonhson
mal toléré - Arrêt immédiat si effet indésirable grave (réaction idiosyncrasique) prescription d’un autre
CAT anti-épileptique ± association d’une benzodiazépine temporairement
- Substitution progressive par une autre traitement si effet indésirable mineur
- Vérifier l’observance (dosages sanguins) et l’hygiène de vie
Persistance
- Augmentation progressive de la posologie selon la tolérance
des crises
- Essai d’un autre traitement en monothérapie voire en bithérapie
Epilepsie = Résistant à ≥ 2 lignes de traitement médical bien conduit en < 2 ans
pharmaco- - Evaluation chirurgicale : EEG-vidéo, examen neuropsychologique, imagerie isotopique et
résistante fonctionnelle, voire indication d’implantation intra-corticale d’électrodes EEG ou stéréo-EEG
- Sport : alpinisme, plongée, deltaplane, planche à voile, sport mécanique, baignade non accompagné…
- Profession : chauffeur poids lourds/transport en commun, travail en hauteur, carrières militaires,
Contre- pilote, poste de sécurité, certains emplois dans la fonction publique
indication - Conduite automobile : possible après avis de la Commission médicale du permis de conduire si
Mesures associées
épilepsie stabilisée depuis 12 mois (ou 10 ans sans traitement pour la conduite de poids lourds), sur
démarche du malade (et non du médecin)
Contraception - Eviter la contraception orale en association à un inducteur enzymatique : privilégier un DIU
= Risques : - Risque malformatif des antiépileptiques (RR = 4-6)
- Risque augmenté de crise épileptique (dans 25% des cas)
- En cas de désir de grossesse : réévaluation du traitement, supplémentation en acide folique (5 mg/j)
Grossesse
avant la conception et jusqu’à 12 SA) en cas de traitement inducteur enzymatique ou valproate
ème
- Pendant la grossesse : supplémentation en vitamine K pendant le 3 trimestre ± en période
néonatale si traitement inducteur enzymatique, surveillance obstétricale et échographie rapprochée
ETAT DE MAL EPILEPTIQUE
= Répétition à bref délai de crises récurrents, avec persistance inter-critique d’une altération de conscience et/ou de signes
neurologiques traduisant un épuisement neuronal des aires corticales spécifiques impliquées dans les décharges électriques
ère
- Survenue chez un épileptique connu = 30-45% des cas, de meilleur pronostic : non-observance thérapeutique (1
cause d’état de mal épileptique), intoxication ou sevrage éthylique, privation de sommeil, cause intercurrente…
Cause
- Etat de mal épileptique-absence : survenue à tout âge, plus fréquent chez le sujet âgé, associé à des
myoclonies péri-oculaires ou buccales dans 50% des cas
Type
- Etat de mal épileptique partiels complexes (rare) : confusion mentale isolée, ou rarement associée à des
épisodes de mâchonnements ou des automatismes
EEG = Activité paroxystique continue, d’apparence généralisée ou focale
TTT - Benzodiazépine IV : normalise l’EEG, disparition en quelques secondes de la confusion