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International Journal of Economic Studies and Management (IJESM)

ISSN 2789-049X
Int. J. Econ. Stud. Manag. 1, No.1 (September-2021)

L’anticipation de la défaillance des entreprises


clientes des établissements bancaires marocains via
la méthode de la régression logistique

M Abdelilah JEBBARI
Doctorant à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales Agdal
Université Mohamed V – Rabat - Maroc

Dr Driss EL ZANATI
Professeur Habilité à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales Agdal
Université Mohamed V – Rabat - Maroc

Résumé : La modélisation de la probabilité de défaillance des emprunteurs d’un établissement bancaire


marocain par le biais du modèle de la régression logistique interpelle, d’ors et déjà, l’attention des
académiciens et des professionnels spécialisés en finance. Le but étant d’étudier et analyser les différents
points forts et points faibles de ce modèle dans la prédiction de défaut auprès d’un échantillon de 302
entreprises clientes des principales banques au Maroc, opérant dans différents secteurs d’activités
économiques, choisi d’une manière aléatoire. A travers les résultats obtenus, il s’avère que l’indice de
performance du modèle est de l’ordre de 0,983, qui est alors proche de 1. Ainsi, la courbe Receiver
operatinh characteristic (ROC) du modèle logistique est au-dessus de celle du modèle aléatoire, ce qui
permet de rejeter l’hypothèse nulle qui suppose que le modèle logistique est équivalent au modèle
aléatoire. Toutefois, nous avons pu soulever certaines limites de notre modèle semi paramétrique
susceptibles d’altérer l’évaluation d’un dossier de crédit dans un établissement bancaire. Par conséquent,
on peut dire que le gestionnaire du risque de crédit doit prendre en compte d’autres paramètres afin de
pallier aux insuffisances dudit modèle.

Mots-clés : Risque de crédit ; probabilité de défaut ; défaillance des entreprises ; classification ;


validation du modèle ; la régression logistique ; la sélection des variables.

Digital Object Identifier (DOI): https://doi.org/10.52502/ijesm.v1i1.155

This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0


International License. 73
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JEBBARI et al. : L’anticipation de la défaillance des entreprises clientes des établissements bancaires…

1. Introduction
Avant la prise de conscience de l’ampleur des risques dans les différentes organisations, leur gestion était
consacrée uniquement pour se protéger contre les différentes pertes associées aux divers incidents
survenus lors de la réalisation des opérations et des activités. C’est qu’en 1970 que la gestion des risques
financiers a connu une grande révolution dans le domaine financier au moment où elle est devenue une
préoccupation majeur dans la plupart des entreprises et particulièrement dans les banques.
La gestion des risques financiers a pour objectif de permettre aux entreprises de faire front aux risques et
incertitudes auxquels elles se heurtent dans l’exercice de leurs activités. Ces risques sont omniprésents
dans toutes les activités économiques et financières des banques baptisées « établissements de crédit »,
alors que le risque de crédit se présente comme étant le risque le plus pertinent qui accapare le pourcentage
le plus élevé des risques nets pondérés1.
A cet égard, suite aux crises financières qui ont touchées le monde, les régulateurs des pays dont le Maroc
ont édicté une multitude de règles prudentielles dans le but d’assurer la stabilité et la pérennité du système
financier. Ceci avait incité les banques à adopter un ensemble d’approches et de techniques leur
permettant de prévoir et de modéliser la gestion des risques financiers, en général, et le risque de crédit
en particulier.
Devant l’exacerbation des risques financiers, les établissements de crédit étaient dans l’obligation de
développer un système interne d’évaluation, de gestion et de contrôle du risque de crédit en parfaite
harmonie avec la règlementation prudentielle, et ce, dans le but de surmonter les points faibles des
méthodes adoptées auparavant.
En fait, la présente étude exploratoire revêt une importance capitale pour le monde de la finance,
puisqu’elle tente à élucider les axes saillants de la gestion du risque de crédit au niveau des établissements
bancaires via des techniques scientifiques.
Afin d’examiner la pertinence du modèle de la régression logistique dans l’évaluation du risque de crédit
au sein des établissements bancaires marocains, on a jugé judicieux, dans le cadre du présent papier, de
tenter de répondre à la problématique suivante : « Est-ce que l’évaluation du risque de crédit en le
modélisant via la méthode de la régression logistique permet-elle de prévoir la défaillance d’un
demandeur de prêt lorsqu’il s’agit d’une entreprise ? »
A cet effet, en adoptant une méthodologie descriptive et analytique, l’objectif de ce papier est d’aborder
l'approche dite de notation interne à travers l'élaboration d'un modèle fondé sur la
régression logistique. Etant donné, que cette approche permet de discriminer les clients selon
l’identification des classes de risques et le calcul des probabilités de défaut associées.
Pour se faire, il y a lieu de mettre en lumière les techniques de la modélisation du risque de crédit; de
constituer un modèle semi-paramétrique relatif au calcul du score des demandeurs de prêts en choisissant
comme échantillon de notre analyse 302 emprunteurs du groupe bancaire marocain et d’analyser, d’une
manière détaillée, les résultats obtenus par le biais de la modélisation de la régression logistique

2. Aperçu général sur les techniques de quantification du risque de crédit


La quantification du risque de crédit était d’emblée une priorité pour les banques désirant d’accroitre leur
production en termes de crédits distribués. Afin de se fixer, d’une manière synthétique, sur l’évolution
des principales recherches dans ce domaine, on a jugé opportun de faire un tour d’horizon sur les

1
Rapport annuel Bank Al Maghrib sur la supervision bancaire, exercice 2019 p : 85

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différentes techniques de quantification du risque de crédit comme étant des modèles ayant suscité plus
de débat.
2.1 Les premiers jalons des modèles statistiques
Depuis les travaux de Mr Tamari(1964), plusieurs auteurs ont évalué le risque de défaut des entreprises
en faisant appel à l’analyse financière. En 1966 Mr Beaver a mis en place un modèle qui recommande
aux établissements de crédit d’analyser l’état de santé d’un demandeur de prêt en examinant séparément
cinq ratios financiers, c’est une technique qui était pertinente au début mais elle présentait certains limites.
Certes, délibérer les ratios d'une manière indépendante ne peut pas donner une visibilité totale sur la santé
financière d’une entreprise.
Afin de pallier aux insuffisances des méthodes précédentes, Mr Edward Altman(1968) a fait naissance à
un modèle multidimensionnel qui permet de calculer la probabilité de défaut à deux ans, c’est une
approche qui recourt à l’analyse discriminante de Fisher fondée sur un critère métrique. En exploitant
simultanément plusieurs ratios à la fois, on arrive à construire une fonction appelée « Z-score » afin de
classer une entreprise parmi l’un des deux groupes d’entreprises : « défaillantes » ou « non-défaillantes ».
Cependant, la méthode élaborée par Mr Edward Altman présente des insuffisances, dont notamment :
• Lorsque la base de données financières n’est pas significative, elle laisse outrepasser
d’autres indicateurs comptables et extracomptables ;
• L’interprétation du Z-score n’est pas fondée sur une approche scientifique ;
• L’échantillon du modèle est très petit alors qu’une décision valable doit prendre en
considération un nombre important d’entreprises défaillantes et saines.
En outre, les hypothèses sur lesquelles se base l’analyse discriminante de Fisher, comme la normalité des
distributions des variables retenues, l’homogénéité des matrices variances-covariances entre les deux
groupes et l’absence de corrélations entre moyenne et variance, présentent des limites majeures à
l’utilisation de cette méthode pour le calcul du scoring bancaire.
Afin de pallier aux différentes carences des anciennes méthodes d’anticipation des risques financiers, les
gestionnaires du risque de crédit se sont orientés vers les approches statistiques dont principalement la
régression logistique.
2.2. La notion de régression logistique
En 1980 Mr Ohlson a recommandé l'application d’un modèle dichotomique appelé la régression
logistique dans l’anticipation de la défaillance des entreprises, ce modèle modélise la probabilité de défaut
à posteriori contrairement aux modèles paramétriques. En fait, les modèles probabilistes présentent un
grand intérêt par rapport aux anciennes méthodes d’anticipation du risque de crédit et en particulier
l’analyse discriminante linéaire. Ces modèles abolissent la condition de distribution normale multivariée
des variables, ne font aucune différence entre les informations choisies c.-à-d. aucune hypothèse de
normalité, n’exigent pas la condition d’homogénéité des variables, et permettent l’utilisation des variables
explicatives dichotomiques et/ou des variables explicatives continues.
Le modèle dichotomique est un modèle statistique dont la variable expliquée 𝑦𝑖 ne peut prendre que deux
valeurs (0 ou 1) qui représentent la survenance ou non d’un évènement donné, d’agissant dans notre cas,
de la défaillance ou non d’un demandeur de prêt bancaire.
On suppose un échantillon de N entreprises, indicés i=1,…,N, on observe pour chaque entreprise si
l’évènement de défaillance s’est réalisé dans le passé ou pas, et on note :
0 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒𝑝𝑟𝑖𝑠𝑒 𝑑é𝑓𝑎𝑖𝑙𝑙𝑎𝑛𝑡𝑒
𝑦𝑖 = {
1 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒𝑝𝑟𝑖𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑙𝑣𝑎𝑏𝑙𝑒

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Ce codage aide à déterminer la probabilité de survenance de l’évènement de défaillance comme


l’espérance de la variable 𝑦𝑖 puisque :
𝐸(𝑦𝑖 ) = [𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎(𝑦𝑖 = 1)] ∗ [1 + 𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎(𝑦𝑖 = 0)] ∗ 0 = 𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎(𝑦𝑖 = 1) = 𝑝𝑖
Ceci nous permet de dire que l’espérance de la variable dichotomique 𝑦𝑖 donne la probabilité de défaut
d’une entreprise objet de l’étude en fonction de plusieurs variables explicatives (𝑋𝑖1 , … , 𝑋𝑖𝑛 ).
La régression logistique binaire se présente comme le modèle le plus utilisé et livrable pour l’analyse des
variables discrètes et l’estimation de probabilités, il est utile pour prédire l’effet de plusieurs variables sur
une variable dichotomique.
Cette technique vient pour corriger le problème de la régression linéaire multiple dans la mesure où cette
dernière est définie théoriquement dans ℝ alors que la variable à expliquer ne prend que deux valeurs.
Dans le cas d’une entreprise i on suppose que :

0 𝑠𝑖 𝛽 + 𝛼𝑋𝑖 + 𝜀𝑖 ≤ 0 𝑜𝑢 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝜀𝑖 ≤ −𝛽 − 𝛼′𝑋𝑖


𝑌𝑖 = {
1 𝑠𝑖 𝛽 + 𝛼𝑋𝑖 + 𝜀𝑖 ≥ 0 𝑜𝑢 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝜀𝑖 > −𝛽 − 𝛼′𝑋𝑖
Avec :
β: une constante
α: est le vecteur des coefficients d′ unecombinaison linéaire à estimer
εi : les erreurs supposées indépendantes, avec une moyenne nulle et une variance égale à 1
Si 𝜀𝑖 suit une loi logistique de fonction de répartition F on obtient le modèle Logit qui correspond à une
fonction de densité logistique, la formule de calcul se présente comme suit :
𝑭(𝒙) = [𝟏 + 𝒆−𝑥 ]−𝟏
Avec 𝐹(𝑥) : une fonction de répartition
ou : x sont les données concernant les caractéristiques de l’emprunteur et la nature du prêt et 𝜃𝑖 = 𝛼 +
𝛽𝑋𝑖 + 𝜀𝑖
Si on suppose que 𝜇𝑖 suit une loi normale, on obtient donc un modèle PROBIT, cette fois-ci la fonction
de répartition est celle de la loi normale centrée réduite N(0,1).

𝑥2
𝑑𝑋
𝑌 𝑒2
1
𝑃(𝑌) = ∫
−∞ √2𝜋

3. La modélisation du risque de crédit à travers la régression logistique


Dans cet axe nous allons étudier la modélisation du risque de défaut via la régression logistique pour des
fins de prévision et d’évaluation de cette approche à prédire la défaillance d’un demandeur de prêt.
3.1. La Description des données de l’étude
Les données de l’étude sont extraites de plusieurs entreprises marocaines défaillantes et non défaillantes.
Nous avons pris en considérations plusieurs informations quantitatives et qualitatives qui sont nécessaires

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dans l’étude d’une demande de crédit afin d’éliminer toute subjectivité dans ce choix, sachant que
plusieurs variables peuvent être déterminantes de la faillite d’une entreprise sans que cela soit
intuitivement prévisible.
3.1.1. La distribution de l’échantillon
Dans notre modèle, nous avons collectés les indicateurs de 302 entreprises marocaines, clientes des
banques marocaines sur le plan national dont 29 défaillantes et 273 saines qui exercent leurs activités
dans plusieurs secteurs d’activités, détaillées dans le tableau ci-dessous :
Tableau 1: Répartition de l’échantillon selon la nature des entreprises
Nature des entreprises Entreprises solvables Entreprises en défaut
Industrie 27 7
Service 111 9
BTP 52 2
Commerce 73 10
Autres secteurs 10 1
Total 273 29
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectée
Notre travail a fait l’objet d’une étude sur les petites et moyennes entreprises pour la simple raison que
cette catégorie est la plus touchée par la défaillance et mérite d’être analysée minutieusement.
3.1.2. La sélection des variables
Pour un meilleur résultat, notre étude a été réalisée à travers l’utilisation de 30 variables qualitatives et
quantitatives (voir les annexes 1 et 2).
3.2. La construction d’un modèle logistique (logit) pour la prédiction de la probabilité
de défaut

Cette étape consiste à construire un modèle logistique, ensuite nous allons effectuer un ensemble de tests
de validation et de performance.
3.2.1. L’analyse du modèle de référence
Le modèle de référence n’inclut que la constante et néglige tous les autres paramètres de prédiction du
risque de défaillance chez les demandeurs de prêts bancaires dans le but de déterminer les chances qu’un
emprunteur fasse défaut en l’absence des facteurs de risques
Ce tableau décrit un modèle de référence qui exclut nos variable explicatives, il met en évidence le niveau
de signification pour illustrer un récit de mise en garde.

Tableau 2: le classement des entreprises

Observations Prévisions
Décision Pourcentage correct
0,00 1,00
0,00 0 29 0,0
Décision
Etape 0 1,00 0 273 100,0
Pourcentage global 90,4
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectées

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Le tableau suivant nous donne l’estimation d’un seul paramètre (constante)

Tableau 3 : Variables dans l'équation


A E.S. Wald ddl Sig. Exp(B)
Etape 0 Constante 2,242 0,195 131,793 1 0,000 9,414
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectées
On remarque que le coefficient de la constante 𝛽est égale à odds ratios= 2,249 et son exponentielle est
𝑒 𝛽 = 9,414 qui est égale 273/29, cela veut dire que les chances qu’un emprunteur fasse défaut sans tenir
en compte des variables est 9 fois plus élevé que les chances de ne pas faire défaut et un sig<5%, donc
on peut dire que le modèle avec la constante seulement est un prédicteur statistiquement significatif.
3.2.2. L’analyse du modèle en fonction des variables
Nous allons analyser le modèle en introduisant les paramètres sus mentionnés et en faisant appel au
coefficient de détermination qui est calculé selon ce qui est indiqué au niveau du tableau ci-dessous selon
deux façon, la première de Cox et Snell et la deuxième concerne R² Nagelkerke.
Tableau 4: statistique de Cox et Snell

Etape -2log- R-deux de R-deux de Nagelkerke


vraisemblance Cox & Snell
1 53,087a 0,367 0,782
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectées
Les valeurs de R² nous indiquent approximativement dans quelle mesure la variation dans le résultat est
expliquée par le modèle, ce coefficient signifie que les paramètres du modèle affectent d’un pourcentage
compris entre 37% et 78% le risque de défaillance chez un client demandeur de prêt.
3.2.1. La classification du modèle

L’évaluation du modèle logistique est estimée selon son classement ce qui est explicité par le tableau ci-
après :

Tableau 5 : le taux du bon classement du modèle logistique

Observations Prévisions
Décision Pourcentage correct
0,00 1,00
0,00 22 7 75,9
Décision
Etape 1 1,00 4 269 98,5
Pourcentage global 96,4
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectées
Ce tableau est utile pour la classification du modèle il est équivalent à celui du bloc 0. Lorsqu’on inclus
les variables explicatives, on constate une amélioration remarquable, étant donné que notre modèle classe
correctement le résultat pour 96,4% des cas comparativement à 90,4% dans le modèle nul.
3.2.1. La construction de l’équation et Interprétation des coefficients du modèle

Afin de se fixer sur les déterminants de la relation entre les variables explicatives et leurs coefficients, il
s’avère nécessaire de les mettre en exergue au niveau du tableau suivant :

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Tableau 6 : les variables dans l'équation

A E.S. Wald ddl Sig. Exp(B


)
EBE_ 1,085 0,527 4,248 1 0,039 2,960
Autonomie financière 0,232 0,059 15,623 1 0,000 1,262
Chiffre d’affaire 0,876 0,187 21,859 1 0,000 2,400
BFR -3,839 1,093 12,333 1 0,000 0,022
Taux de défaut par -0,947 0,371 6,527 1 0,011 2,579
secteur(1)
Constante -6,739 1,282 27,466 1 0,000 0,001
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectées
Ce tableau permet de déterminer la relation entre les variables explicatives et leurs coefficients, on
remarque que les variables EBE, autonomie financière et le chiffre d’affaire ont tous un signe positif.
Ce qui signifie que toute augmentation des coefficients de ces variables augmentera la probabilité de
l’entreprise à faire partie du groupe non défaillant. Alors que, les signes des coefficients du BFR et le
taux de défaut par secteur d’activité sont négatifs cela signifie que toute augmentation du coefficient de
ces variables augmentera la probabilité de l’entreprise à faire partie du groupe défaillant.
Par ailleurs, il faut signaler que les autres paramètres ont été éliminés du modèle pour la simple raison
qu’ils ne sont pas statistiquement significatifs au seuil de 5%, c’est ce qui explique que ces ratios n’ont
pas un grand impact sur l’équation de la régression logistique, alors que dans certains cas ils peuvent
influencer négativement les prévisions. On peut résumer les résultats obtenus du tableau ci-dessus dans
l’équation de la régression logistique suivante :
ln (pi )
Y= = −6,739 + 1,085(EBE) + 0,232(autonomie financiere) + 0,876(chiffre d′ affaire) −
(1−(pi ))
3,839BFR − 0,947(Taux de defaut par secteur)
3.3. la validation du modèle de la régression logistique

L’objectif de cette étape est de tester la capacité de notre modèle à prédire l’état de santé des entreprises
à travers la méthode ROC et Air sous la courbe.

3.3.1. La courbe ROC (Receiver Operating Characteristic)

La courbe ROC, qui est utilisée dans plusieurs domaines notamment la finance, permet de déterminer et
de comparer la performance de plusieurs modèles, elle est constituée à travers :
• un axe vertical qui représente la sensibilité, c’est-à-dire le taux du vrai positif ;
• un axe horizontal qui désigne le 1-specificite, en d’autre terme, le taux du faux positif,
• Le classificateur aléatoire est représenté par la diagonale.
La sensibilité ou la proportion des vrais positifs indique le pourcentage des cas positifs correctement
identifiés, tandis que la spécificité ou la proportion des vrais Sp indique les cas négatifs correctement
identifiés. La formule de calcul de ces derniers se présente comme suit :
VP VN
Se = ET Sp =
VP + FN VN + FP
Avec :
• VP : les résultats positifs chez les entreprises défaillantes
• FP : les résultats positifs chez les entreprises défaillantes

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• VN : les résultats négatifs chez les entreprises non défaillantes


• FP : les résultats négatifs chez les entreprises défaillantes

Figure 1: la courbe ROC du modèle logistique


A travers cette figure, on aperçoit que le modèle de la régression logistique est largement supérieur à la
diagonale, et par voie de conséquence notre modèle est très performant par rapport modèle aléatoire.

3.3.2. L’air sous la courbe (AUC) et le ratio d’exactitude(AR)

Tableau 7: la zone sous la courbe

Zone Erreur Std.a Signif. Intervalle de confiance 95% asymptotique


asymptotiqueb Borne Borne supérieure
inférieure
0,983 0,007 0,000 0,970 0,997
Source : Etabli par nos soins sur la base des données collectées
Le tableau ci-dessus reproduit la même conclusion obtenue via la courbe ROC, On remarque que l’air
sous la courbe est de 0.983 avec une P-value inférieur à 5%, donc on rejette l’hypothèse nulle de ce
modèle qui est équivalent au modèle aléatoire, ainsi le ratio d’exactitude est :

AR=2*AUC-1

AR=2*0.983-1=0.966=97%

A travers les résultats précédents, on peut dire que la discrimination selon notre modèle est très
excellente.

4. Interprétation des résultats et critiques de la régression logistique


Cet axe sera consacré à l’interprétation des résultats obtenus à travers notre modèle sur l’échantillon
choisi, ensuite nous allons décortiquer les différents points faibles qui laissent du doute sur l’utilisation
de cette méthode prédictive dans l’analyse des demandes de prêts au niveau bancaire.
4.1. Les interprétations des résultats

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A travers les résultats obtenus, on peut dire que la régression logistique incite les établissements de
crédit à l’utilisation de l’excèdent brut d’exploitation, l’autonomie financière, le chiffre d’affaire, le
besoin en fonds de roulement et le taux de défaut par secteur qui s’avèrent très déterminants dans
l’explication du phénomène de la défaillance des entreprises.
On constate, aussi, par le biais de notre analyse que le score obtenu pour prédire la défaillance d’une
entreprise dépend en grande partie du modèle adopté, de la taille de l’échantillon des entreprises choisi
et de l’historique des données utilisées dans l’étude.
En effet, afin de tester la robustesse de notre modèle, on a fait appel à deux techniques importantes
notamment la courbe ROC et l’air sous la courbe. Ainsi, on remarque que la courbe relative à la
probabilité de prédiction logistique est largement supérieure à la courbe de la diagonale, ce qui est
confirmé par le coefficient de l’aire sous la courbe du modèle logistique qui est équivalent à 0,98, qui
est proche de 1. Ceci nous a permis de conclure que le modèle logistique prédit mieux la défaillance des
emprunteurs (entreprises).
4.2. Les critiques concernant la régression logistique
La fonction du score obtenu à travers l’utilisation de la régression logistique ne prend pas en
considération diverses variables qui sont très discriminantes lors de leurs utilisation pour quantifier le
risque de crédit, tels que : les fonds propres, les dettes fournisseurs, la capacité de remboursement, la
trésorerie nette en plus des autres variables qualitatives.
Ainsi, ces variables peuvent être très révélatrices de la dégradation de la situation financière des
entreprises demandant des crédits auprès des établissements bancaires. Ceci se présente comme un
inconvénient pour l’adoption de cette méthode.
Dans le même sens, la régression logistique présente aussi la limite de présumer que les réponses sont
non reliées.
Si les variables résultantes sont relatives à la période pendant laquelle les mesures sont prises (avant et
après traitement), ou si les variables proviennent d'un groupe par couplage (chaque sujet du groupe
expérimental est jumelé à un sujet du groupe contrôlé), la régression logistique n'est plus adéquate
compte tenu des risques probables liés aux corrélations.
En outre, le modèle basé sur la régression logistique dépend principalement de l’échantillon initial pris
en considération afin d’estimer les coefficients de la fonction discriminante. En Conséquence, ce type
de validation conduit très souvent à des résultats trop optimistes d’où la nécessité de choisir l’échantillon
suivant une démarche scientifique laissant peu de place au hasard.
Partant de ce fait, plusieurs banques internationales considèrent que le score obtenu à travers la
régression logistique ne permet pas d’avoir un jugement définitif sur la capacité d’un emprunteur à
honorer ou pas ses engagements vis-à-vis de son créancier, la note obtenue fait l’objet d’un grand débat
entre les personnes responsables pour décider de servir ou non le demandeur de prêt.
En effet, on peut comprendre pourquoi dans le contexte marocain les établissements bancaires
s’intéressent dans leur évaluation des demandes de prêts à l’analyse financière.

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Cependant, la méthode de l’analyse des paramètres qualitatives et quantitatives d’une manière isolée
augmente le délai de traitement des dossiers et peut engendrer une incohérence entre les décisions prises
par le même groupe bancaire, car ils sont, dans ce cas, individuelles et susceptibles de varier en fonction
de la personnalité de chacun, ce qui ne permet pas de faire une estimation correcte du risque et pourrait
augmenter le taux des créances en souffrance.
La méthode de la régression logistique est une substitution des techniques traditionnelles qui repose sur
certaines hypothèses qui peuvent se présenter comme étant un grand obstacle qui empêche une
quantification du risque de crédit. Ces modèles probabilistes présentent un grand intérêt par rapport aux
anciennes méthodes, mais ils restent limités quant à la quantification de la probabilité de défaillance des
entreprises.
4.3. Les perspectives de la quantification du risque de crédit
Selon notre étude, le résultat obtenu indique clairement que la régression logistique est une meilleure
approche de classification des entreprises dans le but de prévoir le risque de crédit. Cependant, malgré
la robustesse de cette technique, elle présente plusieurs limites qui peuvent impacter négativement
l’analyse des données, ce qui explique que dans la pratique, le gestionnaire du risque de crédit complète
les techniques de modélisation par une analyse financière de chaque paramètre d’une manière isolée,
d’où la nécessité de réfléchir à d’autres techniques qui combinent à la fois la quantification du risque de
crédit à travers les modèles statistiques et l’analyse financière proprement dite.

5. Conclusion
Nous avons remarqué, qu’en pratique, les gestionnaires du risque de crédit donne une grande importance
à l’analyse financière proprement dite afin d’examiner une demande de prêt. Ainsi, le but de la
modélisation par la technique de la régression logistique est d’étudier la possibilité de faire une
confiance totale à cette méthode sans intervention de l’être humain afin de prédire une éventuelle
défaillance d’un futur débiteur.
A travers les résultats obtenus, nous avons constaté que le modèle logistique est solide et capable d’offrir
un score qui reflète au mieux la situation future des entreprises. Notre modèle a considéré comme
pertinentes cinq variables explicatives à savoir : EBE, l’autonomie financière, le chiffre d’affaire, le
BFR et le taux de défaut par secteur d’activité. En effet, ces résultats s’accordent parfaitement avec les
recommandations de l'analyse financière classique.
A l’encontre de ce qui vient d'être dit, ce modèle de quantification du risque de crédit écarte plusieurs
éléments essentiels à l’étude, conséquemment, l’abus de confiance aux modèles statistiques peut
engendrer des dérèglements au niveau de l’étude d’un dossier de crédit dans un établissement de prêt.

BIBLIOGRAPHIE
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Sensitive Logistic Regression on Imbalanced Credit Data,” Journal of Applied Statistics, vol. 47, pp. 568–581, 2020.

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JEBBARI et al. : L’anticipation de la défaillance des entreprises clientes des établissements bancaires…

Les annexes :

Annexe N°1 : Liste des variables quantitatives initialement retenus pour l'étude
Paramètres Définition
Fonds propres Il s’agit des sommes versées par les associés au profit de l’entreprise en ajoutant les profits générés
annuellement et qui ne sont pas distribués sous forme de dividendes
Dettes il s’agit du décalage qui peut exister entre la constatation d’un achat enregistrer dans le compte de
fournisseurs résultat et le décaissement du cash correspondant
Trésorerie Il s’agit du liquide qui est à la disposition d'une entreprise pour satisfaire ses besoins d’achat a cours
nette terme ce paramètres donne une idée sur le pouvoir d’une entreprise à couvrir ses besoins à court terme
sans avoir recours au financement externe
EBE/IBE Il représente le résultat provenant du cycle d’exploitation et constitue le premier solde significatif en
termes de rentabilité
Autonomie
financière Mesure le degré d’autonomie financière de l’entreprise vis-à-vis des créanciers
Chiffre
d'affaire C’est le total des ventes
Endettement à Il s’agit d’un montant emprunté pour une durée court (généralement inférieure à 1 an) dans le but de
CT financer les emplois à court terme (éléments d'actifs à moins d'un an)
BFR L’ensemble des besoins non financés par le passif circulant et indispensables à être financés pour le bon
fonctionnement de l’entreprise
Actif net L'actif net représente la valeur de tous les éléments qui constituent le patrimoine de l’entreprise
Capacité de Mesure le nombre d’année nécessaires à l’entreprise pour assurer le remboursement total de ses dettes
remboursement à terme au moyen de sa CAF
Résultat net C’est la mesure comptable de l’enrichissement ou de l’appauvrissement de l’entreprise
Fond de Correspond au montant des ressources stables qui, après le financement de l’actif immobilisé, demeure
roulement disponible pour couvrir le besoins de financement
Rotation du Ce ratio détermine la vitesse de rotation du stock. En effet, une rotation élevée peut être synonyme
stock d’une entreprise dynamique sur son marché
résultat
financier Il représente la capacité de l’entreprise à équilibrer ses opérations de financement
Dettes L’ensemble des dettes bancaires à long terme ainsi que les dettes financières de l’entreprise auxquelles
bancaires et une entreprise fait appel, parallèlement au financement dont elle bénéficie par ses capitaux propres,
financière pour financer son cycle d'exploitation ainsi que son cycle d'investissement.
Effectif Nombre total des employés au sein de l’entreprise

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Int. J. Econ. Stud. Manag. 1, No.1, 73-85 (September-2021)

Annexe N°2 : Liste des variables qualitatives initialement retenus pour l'étude

Paramètres Définition
Taux de défaut par Ce paramètre exprime le pourcentage de défaut des entreprises par secteur d’activité, car un taux
secteur de défaut élevé d’un secteur impact négativement le taux de défaut des entreprises du même
secteur
intensité L’intensité concurrentielle est estimée par celle de chaque force au sein du secteur. Elle fait à la
concurrentielle par fois la rivalité entre les concurrents de l’entreprise, ses fournisseurs et ses clients qui ont un
secteur pouvoir de négociation
nombre barrière à Il existe des secteurs d’activités dont l’accès est conditionné par le respect de certaines exigences
l'entrée du secteur comme l'expertise technique, un niveau de capital donné, la réglementation et l’autorisations ce
qui peut influencer le taux de défaut pour une entreprise
exposition risque L’exposition aux risques naturels et/ou environnementales peux créer une instabilité de l’activité
nature et de la firme en particulier ceux du secteur agroalimentaire.
environnement
position Une entreprise peut être un leader, un prétendant, un suiveur, nouvel arrivant, sortant ou un
concurrentielle spécialiste ainsi sa situation dans le marché peut être le signe d’une solidité ou d’une fragilité de
ses bénéfices.
Concentration L’entreprise peut être un faiseur de prix ou un meneur de prix et cette relation face à ses clients
clientèle et fournisseurs est un élément essentiel pour assurer un bon fonctionnement de l’activité en
conséquence, ce thème peut influencer la probabilité de défaut.
concentration La consultation des clients peut être cruciale pour la survie de l'entreprise. En effet, l'entreprise
fournisseurs peut avoir un seul client, un petit nombre de clients ou une diversification des clients. Dans le
premier cas, l'entreprise dépend de son client car elle peut cesser son activité suite à la défaillance
de son client, la non-conformité de ses produits et services aux exigences de son client ou suite
à un conflit avec lui. En conséquence, la concentration du client peut influencer la probabilité de
défaut
entreprise face à ses L'entreprise peut être un fabricant ou un preneur de prix et de conditions de paiement avec ses
fournisseurs clients et fournisseurs, ce qui lui permet de définir un ensemble de situations définies par le
couple (position par rapport au client, position par rapport au fournisseur). Chaque situation peut
avoir un impact sur la liquidité et le coût de produits et services. En conséquence, cette variable
peut influencer la probabilité de défaut
existence plan de L'existence d'un plan de continuité et de succession dans une entreprise se présente comme une
succession garantis vis à vis de ses intervenants ce qui explique qu’elle est capable d’honorer ses
engagement à long terme.
expérience PDG Cette variable est exprimée en nombre d’ans, est un facteur important de la survie de l’entreprise.
Une expérience élevé du PDG peut donner une idée sur la gouvernance au sein de l’entreprise
notamment les conditions de conflit commercial, recouvrement de créances, relations bancaires
etc. En conséquence, cela peut avoir un impact sur la probabilité de défaut
Ancienneté des Cette variable inclut les tops managers dans l'évaluation de la probabilité de défaut. En effet, une
principaux expérience confirmée de ce dernier peut assurer les partenaires sur l'avenir de l'entreprise,
opérationnels notamment en l'absence du président et un plan de relève

Annexe N°2: (suite)


pourcentage du Ce pourcentage dépend de la taille de l’entreprise, ainsi la concentration du capital dans une seule
capital détenu par main ou dans une famille pour une grande entreprise représente un risque élevé car l'entreprise
le dirigeant dépendra de la personne majoritaire.
respect remise Le dépôt à temps des documents de synthèses peut être synonyme de fiabilité et de transparence
document pour le créancier.
comptable
nombre d'incidents Cette variable représente le nombre d'incident de paiement non régularisé. Un nombre élevé
provoqués 12 mois montre que l'entreprise a un problème de liquidité

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