Cours de Morphosyntaxe, S3, M1
Cours de Morphosyntaxe, S3, M1
Cours de Morphosyntaxe, S3, M1
Programme :
Bibliographie :
Tout énoncé opère une association entre une suite de sons et une interprétation. Ce
couplage est pourtant loin d’être direct, parce qu’entre ces deux niveaux extrêmes
d’organisation s’étagent des niveaux intermédiaires. Chacun de ces niveaux se définit par
la spécificité de ses unités et de leurs règles de combinaison, mais aussi par le type de
rapport qu’il entretient avec les autres niveaux.
1) La composante phonologique :
Tout énoncé oral se présente comme une séquence continue que l’on peut segmenter en
unités minimales, les sons.
La phonétique détermine les caractéristiques physiques des sons. Elle décrit comment ils
sont produits (phonétique articulatoire), transmis (phonétique acoustique) et perçus
(phonétique auditive). la description phonétique des sons se veut indépendante de leur
fonction linguistique.
La phonologie décrit également les sons ; mais comme leur fonction linguistique est de
s’opposer entre eux pour former des mots différents, elle ne retient que les
caractéristiques qui les opposent les uns aux autres. Une fois inventoriés, les 36 phonèmes
peuvent être classés selon leurs propriétés internes (traits distinctifs ou caractéristiques
articulatoires minimales distinguant un phonème d’un autre) et leurs distributions
(propriétés combinatoires en tant qu’éléments constitutifs).
2) La composante morphologique :
3) La composante syntaxique :
Traditionnellement, la syntaxe décrit la façon dont les mots se combinent pour former des
groupes de mots et de phrases. Autrement dit, elle établit les règles qui gouvernent les
relations de combinaison et de dépendance entre mots et groupes de mots au sein de la
phrase.
En français, l’existence d’une dimension syntaxique est confirmée par le caractère non
arbitraire de l’ordre des mots. La combinaison syntaxique détermine leurs regroupements
en syntagmes qui fonctionnent comme des unités intermédiaires entre les niveaux des
mots et celui de la phrase.
4) La composante sémantique :
La sémantique a pour objet l’étude du sens véhiculé par les formes linguistiques. Elle
décrit la partie de notre compétence qui nous permet d’interpréter les énoncés, d’évaluer
leur bonne formation au regard du sens et reconnaître intuitivement des relations de sens
telles que la synonymie et la paraphrase, l’implication (si quelque chose est une tulipe
alors c’est une fleur), l’incompatibilité (si c’est une tulipe, ça ne peut pas être une rose)
5) La composante pragmatique :
De là, s’installe une double distinction entre phrase et énoncé et, par voie de
conséquence, entre sens phrastique et signification énonciative. Une phrase donnée est
une entité structurale abstraite que l’on peut caractériser par un ensemble de règles de
bonne formation phonologique, morphologique et sémantique. Elle se réalise sous la forme
concrète d’énoncés. Ainsi, la suite ordonnée de trois mots « comment, allez, vous »
constitue, en dehors de toute situation de communication et de tout contexte linguistique,
une phrase : un assemblage grammaticalement bien formé et appartenant à un type
déterminé (ici : interrogatif). Mais à chaque fois que l’on prononce ou que l’on écrit la
phrase (1) « comment allez-vous ? », une même structure lexico-syntaxique se réalise à
travers autant d’énoncés particuliers :
1a. peut être interprétée comme une formule purement phatique (à la suite, par exemple,
de « bonjour »)
1b. une question de bonne foi (adressée par un médecin à son patient)
1c. un commentaire ironique (si le locuteur veut laisser entendre malicieusement qu’il sait
que la destinataire ne va pas bien)
Chacun de ces énoncés est unique et différent des autres parce qu’il résulté d’un acte
individuel, dit d’énonciation, effectué par un locuteur particulier engagé dans une
situation de communication particulière. Ainsi, non seulement la valeur référentielle du
sujet de la phrase (1), l’identité du destinataire, varie d’un énoncé à l’autre, mais aussi
ses objectifs communicatifs.
II- Les types de phrases : rappel
- La négation
- L’emphase
- Le passif
A chacun de ces 4 types, on peut rajouter un, deux ou trois types facultatifs :
a- La porte a été fermée par Pierre
Déclaratif +passif+pierre a fermé la porte)
b- La porte, elle a été fermée par Pierre
Déclaratif +passif+emphatique+pierre a fermé la porte
c- La porte, elle n’a pas été fermée par Pierre
Déclaratif+passif+emphatique+négatif+pierre a fermé la porte
Remarque :
- L’emphase est la mise en relief d’un élément de la phrase. Elle se fait soit
par la reprise de l’élément par un pronom soit par c’est que (qui)
- Le passif concerne les verbes transitifs directs ; mais certains transitifs
directs (comme avoir, posséder, comporter…) n’ont pas de passif, il peut
aussi concerner quelques transitifs indirects (obéir à, pardonner à)
Exercices :
Réponse correcte : b et d
(Remarque : la P. a n’est pas passive, elle n’est pas négative, et
la P. c n’est pas emphatique)
Réponse correcte : c et d
(Remarque : la P. n’est pas impérative ni passive, la P. b n’est
pas impérative ni emphatique)
1- N’est ce pas votre équipe qui a été battu par celle de Casablanca ?
Interrogatif+négatif+passif+emphatique+l’équipe de Casablanca a
battu votre équipe
2- Ce jeune homme, n’a-t-il pas été puni par injustice ?
Interrogatif+emphatique +passif+on a puni ce jeune homme par
injustice
(Remarque : attention, par injustice n’est pas un complément
d’agent mais un complément circonstanciel de manière)
Corpus :
Repérez les termes mis en relief et les procédés de mise en relief utilisés:
1 - Moi, j’ai de grands projets!
2 - Il était bien joli, ce chemin de Provence.
3 - C’est cette boutique que je cherchais.
4 - Voilà la personne que j’attendais.
5 - C’est là que nous habitons
6 - coupable, il l’est certainement
7- rares sont mes jours sans travail
8-sur internet, on parle de cet événement
Remarque : ce corpus présente trois procédés qui vont être développés par la
suite :
Exemples :
C.O.D :
- Ce livre, je le trouve passionnant
- Des tomates, elle en achète souvent
- Tu vas l’écouter, ta conscience
C.O.I ou second :
- Les vacances, l’écolier en rêve
- Qu’allait-on en faire, de cet homme ?
CN
- Ce médicament, on en connait les effets secondaires
Attribut du sujet
Exemple :
- Pierre (sujet), cette fille (Cod), il ne l’avait jamais vue
- Son père (coi), Pierre (sujet), il lui a demandé la voiture
- Il lui a bien cloué le bec Jojo, au patron
- Moi, les robes de ma femme, elles me coûtent une fortune
- Moi, ma femme, ses robes, elles me coûtent une fortune
Remarques:
Exemples :
- L’or, j’aime
- La musique rock, j’adore
d- L’adjectif attribut peut être détaché dans les mêmes conditions que le
G.N.
Exemple :
Intelligentes, elles le sont
Et dans ces deux cas, qu’il s’agisse de l’adjectif attribut ou du complément
circonstanciel de lieu, il s’agit d’une dislocation marquée par le détachement
du constituant et sa reprise par un pronom.
Exercices :
I- Quel est le constituant mis en relief, quelle est sa fonction, quel est
le procédé utilisé ?
1- Nombreux sont les gens qui aiment le chocolat
2- Moi, je n’ai jamais cru à son histoire
3- Chaque jour, je me lève à 6h du matin
4- Je m’en moque, de ses bons conseils
5- Vous y êtes déjà allé, au festival ?
6- La fidélité, elle compte
7- La musique classique, j’adore
Corrigé :
Corrigé :
Réponse :
1- Détachement en rappel de la complétive conjonctive Cod
2- Détachement en rappel de la complétive conjonctive Sujet
3- Détachement en rappel de la complétive conjonctive Coi
4- Détachement en prolepse de la complétive conjonctive Cod
5- Détachement en prolepse de la complétive conjonctive Sujet
6- Détachement en prolepse de la complétive infinitive Sujet
7- Détachement en rappel de la complétive infinitive Sujet
8- Détachement en prolepse de la complétive infinitive C. d’adjectif
Exemple :
- Manquer le train, cela (ça) me gêne / c’est gênant.
- Que Pierre soit tombé, cela amuse Sylvie / c’est grave.
- Raconter des histoires, ça (cela) m’amuse
On peut employer « cela » devant le verbe « être » pour insister sur le sujet.
Exemple :
- Manquer le train, cela est gênant.
Exemple :
- Je le sais / je sais cela, que François vous aime.
- Elle y tient/ elle tient à cela, à ce que Pierre vienne.
Remarque :
Nous avons parfois l’utilisation d’un « il » impersonnel jouant le rôle de sujet
grammatical et le rejet de la complétive ou de l’infinitive à la fin de la phrase.
On parle de la transformation d’extraposition :
- Il est nécessaire de partir
- Il est nécessaire que tu réussisses
Exercices :
1- détachez en prolepse la complétive en précisant sa fonction
Exemples :
Sujet : Que le problème soit politique, cela est évident
Cod : Qu’elle parte à l’étranger pour ses études, je le sais
Coi : Qu’il réussisse ses examens, je m’y attends
II) L’extraction d’un constituant :
Corpus :
Remarque:
Exemples :
Il y va : c’est là qu’il va
Je ferai cela pour toi => c’est pour toi que je ferai cela
Je pense à toi => c’est à toi que je pense
Elle se souvient de son enfance => c’est de son enfance qu’elle se
souvient
Je nie son existence = je nie l’existence de cette personne => c’est lui dont je
nie l’existence.
13- Quand le nom attribut est mis en évidence, la copule (« est ») disparaît
ordinairement après le sujet.
C’est un serpent doré qu’un anneau conjugal (« est »).
Exemple :
1- Il n’y a que le premier pas qui coûte
2- Il n’y a que les morts qu’on ne tourmente pas
Remarque :
Exercices :
1- Transformez les phrases suivantes à l’aide des tournures c’est … qui, c’est
que (pronoms relatifs), donnez les différentes possibilités
Corpus :
Analyse du corpus :
Remarques :
3- La phrase passive se définit donc en liaison avec la phrase active. Elle est
issue d’une transformation, c’est une forme de phrase qui peut se
combiner avec les types obligatoires et les types facultatifs.
Remarques :
b- Coûter, valoir (elle coûte combien ? elle vaut combien, ces verbes
introduisent un complément circonstanciel et n’admettent donc pas la
transformation passive
Exemples :
1- * Deux mètres sont mesurés par le géant.
2- Les dimensions du terrain ont été mesurées par un arpenteur.
f- La forme passive peut indiquer que le sujet ne fait pas l’action dénotée par
le verbe à la forme active mais la subit. De nombreux verbes n’instaurent
pas entre le sujet actif et leur objet une relation actantielle d’agent à
patient.
Exemple :
14- Paul reçoit une lettre
Le sujet est bénéficiaire de l’action
Exemple :
Phrase active : un seul étudiant n’a pas vu le film
(= tous les étudiants, sauf un, ont vu le film)
Exemple :
17- Tout le monde aime quelqu’un (=chacun aime quelqu’un)
18- Quelqu’un est aimé de tout le monde (=il y a quelqu’un que tout le monde
aime)
Il n’y a pas d’équivalent sémantique entre ces deux constructions.
Exemple :
19- Ils construisent la maison => implique un déroulement
20- La maison est construite => implique un aspect accompli lié à la présence
du participe passé
21- Chaque soir, le gardien ferme la porte (aspect itératif)
22- Chaque soir, la porte est fermée par le gardien (aspect itératif)
a- L’alternance « par » / « de » :
Le complément d’agent est introduit par une préposition qui est le plus
souvent « par », parfois « de » ou une préposition de lieu « dans ».
Exemple :
26- La carafe contient du jus
27- Le jus est contenu dans la carafe
Exemple :
Phrase passive :
28- Le conférencier fut assailli de questions par l’auditoire.
Phrase active :
29- L’auditoire assaillit le conférencier de questions.
30- * Des questions assaillirent le conférencier (par l’auditoire).
Exemple :
35- Le suspect a été suivi par un détective
36- La conférence a été suivie d’une réception
Exemple :
41- Monsieur X est demandé au téléphone
42- La carte d’identité est exigée à l’entrée
Remarques :
Les passifs de localisation spatiale et temporelle ont nécessairement un
complément d’agent qui identifie l’un des deux termes du rapport exprimé par le
verbe.
Exemple :
43- Le fleuve traverse la ville
44- * La ville est traversée
Exercices:
Correction :
I- Transformation passive :
Corpus :
a- Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
b- Le tango se danse en couple
c- Les derniers événements s’expliquent par la proximité des élections
d- La porte se ferma avec fracas
e- Il s’afflige de cette nouvelle
f- Une dissertation se relit soigneusement
g- La transaction se fait en ce moment
Remarque:
1- Impossibilité d’une lecture réfléchie où le sujet serait l’agent du procès
dans ces exemples.
2- Ces phrases se caractérisent par la présence d’un verbe pronominal et la
permutation d’un SN1 et d’un SN2
3- En règle générale, le passif pronominal n’est pas compatible (mais pas
impossible) avec un complément d’agent. Il tient donc lieu de passif à une
phrase active à sujet indéterminé. On parle alors d’un agent « fantôme »
4- On recourt au passif pronominal pour marquer l’aspect inaccompli :
3- Le passif impersonnel :
Exemple :
d- On / Le directeur n’a pas accédé à votre demande
e- Il n’a pas été accédé à votre demande (par le directeur)
Exemple :
f- Il a été débattu / discuté de la question
g- Il a été procédé à la signature du contrat
h- Il a été remédié à la situation
i- Il a été convenu de voter à mains levées
Exemple :
a- Le papier jaunit au soleil/ le soleil jaunit le papier
b- Le linge sèche au soleil/ le soleil sèche le linge
c- Les branches cassent (sous l’effet du vent)/ le vent casse les branches
Ces constructions sont les équivalentes de : le papier est jauni par le soleil, le
linge est séché par le soleil et les branches sont cassées par le vent.
Exemple :
- Les pommes pourrissent
- L’humidité pourrit les pommes
- L’humidité fait pourrir les pommes
Il faut préciser que le complément d’agent +animé est exclu dans ce genre de
construction.
Des constructions dont le verbe à l’infinitif est introduit par les formes
pronominales « se faire ; se laisser ; se voir ; s’entendre », véritables auxiliaires
de passivation qui font de l’objet direct ou indirect d’une construction active le
sujet d’une construction équivalent au passif.
Exemples :
- Le ministre s’est fait/laissé/vu insulter par des agriculteurs en colère
= des agriculteurs en colère ont insulté le ministre/ le ministre a été insulté
par les agriculteurs
Réponse :
I- Phrase non passives :
II- Phrases passives :
1- Passif « être +PP » :
1.1. Verbe transitif direct :
- Présence du C. d’agent : P1, P8, P9
- Absence du C. d’agent : P2
1.2. Verbe transitif indirect :
- Présence du C. d’agent : P3
- Absence du C. d’agent
2- Passif pronominal
- Absence du C. d’agent : P7, P12
3- Passif impersonnel
- Présence du C. d’agent : P6
- Absence du C. d’agent : P10