L'acidité Du Lait
L'acidité Du Lait
L'acidité Du Lait
L'acidité du lait
Le seul lait pratiquement intéressant étant le lait de vache, c'est
lui que nous prendrons comme type dans notre étude.
Nous envisagerons successivement:
10 La réaction du lait frais; ,
2l? L'action des agents extérieurs sur la réaction du lait,
3° Les relations' entre l'acidité potentielle et l'acidité actuelIe du
lait.
1° Réaction du lait frais.- Il nous semble utile avant d'exposer
les résultats obtenus par les divers auteurs d'examiner avec un peu de
détails la composition chimique du lait de vache frais.
, Si nous nous reportons au travail du Professeur Ch. Porcher et
de A, Chevallier sur la répartitiondes matières salines dans le lait (1) nous
verrorts que la composition moyenne du lait de vache peut s'exprimer
par le tableau suivant (p~ur 1 litre, de lait) :
Eau ..,:,"""" .... ,"",.,"" '.""'" 900 a 910 gr..
Matière grasse , .. ,""""""" '.' , , , , 35 à 40 gr.
Lactose"""',.,, .. ,",. , 47 à 52 gr..
Extrait
Extrait Matières protéiques "'" ~, 30 à 35 gr.
sec dégraissé .Azoté non protéique "",' l,50 à 2 gr.
Matières minérales ',' co •• , .' 9à 9 gr. 50
Si nous nous posons Ia question de savoir lesquelles de ces substances
peuvent donner au lait une réaction déterminée, nous pouvons immé- .
diatement éliminer l'eau, la matière grasse et le lactose,
La matière grasse est, en effet, en suspension sous forme dé globules
plus ou moins volumineux qui ne peuvent avoir aucune ·influence sur
la réaction du lait.
De son côté, le lactose en solution n'est susceptible d'amener
aucune réaction particulière permettant la mise' en liberté d'ions
H + ou 0 H-, tout au moins 'pour le lait frais. Ce n'est qu'à la suite
de son dédoublement sous l'influence des ferments lactiques que le
lactose intervient activement sur la réaction du lait.
Restent les autres composants du lait. Si nous les examinons tour
à tour, nous voyons que chacun d'eux peut influencer la réaction du
milieu : les matières'"protéiques (caséine, albumine, globuli~e) mettent
Electronégatijs Electropositi 18
Chlorhydrique ' Potassium'
Phospliorique Sodium
Citrique Calcium
Carbonique Magnésium
Sulfuriqûe
, 1
6SS A.. TAPERNOUX. - LA RELATION ENTRE L'ACIDITÉ ACTUELLE
. d mt la cou rcp iion nous est utile pourmontrer les liens qui rattachent
la caséine aux ions calcium et phosphorique, "et nous serions étonné
si ces rapports entre la caséine et les ions minéraux n'étaient pas éten-
dus à d'autres ions. .
Envisageons maintenant comment la question de l'acidité a été
. pratiquement étudiée. .
Les auteurs s'accordent à! reconnaître que suivant l'indicateur
employé. et la ma.tière d'opérer, la; réaction du lait frais est alcaline,
amphotère ou acide. Ceci ne doiüpas nous étonner/puisque nous avons
'vu que le propre des indicateurs colorés est de virer à des points dif-
férents de J'échelle de s pH. Ces considérations n'ont donc qu'un intérêt
historique. Le premier, C. Foa(l).a recherché le pH du lait de vache frais,
c'est-à-dire mesuré son acidité réelle, et il démontra que la valeur du
pH pouvait varier de 6,69"à 7,02. Ceci nous montre que le lait a une
réaction très voisine de la neutralité.
Ces chiffres ont été confirmés p::trVan Slyke et Baker (2) qui adoptent
les limites suivantes: 6,5 à 6,8. Leurs expériences faites sur plus de
300 échantillons provenant de vaches de races différentes (Jersey
Holstein-Friesan) ont montréque dans 83 % des cas, le pH était compris
entre 6,5 et 6,76. Une petite proportion de l:::itsindividuels ont été
trouvés moins acide, le pH pouvant atteindre 7;2. Leur expérimentation
a porté sur des laits provenant de/quartiers de mamelle et non sur le
lait de la. mamelle totale: il s'agit là de laits vraiment individuels.
Il est donc facile de concevoir qu'eri se servant d'un indicateur dont
le pH de virage est inférieur à~ 6,5, le lait apparaîtra comme alcalin.
C'est ce qui se produit lorsqu'on se sert d'hélianthine qui vire définitive-
ment au jaune pemr pH = 4,4.
Au contraire, si le pH de virage de l'indicateur est supérieur à 7,
le lait apparaîtra comme acide. C'est ainsi qu'il se comporte vis-à-vis
de la phtaléine du phénol gui, nous le savons, commence à virer pour
un pH = 8,2.
Les méthodes titrimétriques de détermination de la réaction du lait
;, utilisent' pratiquement la phtaléine' du phénol comme .indicateur. Il
va donc de soi,' dans ce cas, de parler de l'acidité du lait ..
a) Méthodes de titration de l'acidité du lait. - Leur principe se
résume pour toutes dans l'addition au lait préalablement mélangé avec
l'indicateur, de quantités pr.ogressives de soude titrée jusqu'à appa-
rition d'une teinte rose nettement perceptible.
Les modalités de l'opération et l'expression des résultats changent
suivant les-pays.
!
Nous reproduisons une rapide description des différents .-
procédés employés:
1° Procéd.i fraw;Xis. Couramm ent-désigné du [nom de procédé Dor-
(1) O. FOA. O. R. Soc. de Biol. let juillet 1905.
(2) VAN SLYKE et BAKER. 'I'echnieo! Bull., nv 70. New-York Agricultural Experiment
Station.' .Iuin 1919, pp. 2 et 3.
ET L'ACIDITÉ POTENTIELLE DU LAIT 689
nic, est, à notre avis, le plus intéressant en même temps queIe plus
clair dans l'expression des résultats:
On opère sur 10 cc. de lait additionnés de deux gouttes d'une solution
de phénolphtaléine à 2 % dans l'alcool à 75°. La soude titrée est
exactement N/9.
L'expression des résultats s'effectue en degrés Dornic (D) qui repré-
sentent le nombre de 1/10 de centimètres cubes nécessaires à faire
apparaître la teinte rose de la-phtaléine. Un appareil spécial imaginé
par Dornic permet d'effectuer rapidement un grand nombre de déter-
minations.
L'auteur du procédé a choisi le t.itre N/9 de la soude pour qu'une
simple transposition de virgule permette d'exprimer l'acidité du lait
en acide lactique. Le degré Dornic, en effet, représente le. nombre de
"décigrammes d'acide lactique que conventionnellement ont dit équiva-
loir l'acidité d'un litre de lait.
L'acidité du lait frais et normal est de 15 à 16° D. qui correspon-
dent, à 1 gr., 5 - 1 gr., 6 par. litre. Cette évaluation répétons-le
n'est qu'une fiction: l'acidité originelle du lait n'est "pas due à l'acide
lactique.
2° Procédé Soxhlet-Henckel. - C'est le premier en date. On opère
sur une quantité de lait variable (25 cc., 50 cc., 100 cc. mais en rap-
portant les résultats à 100 CG. On emploie de la soude titrée N/4. On se
sert de la même solution d'indicateur à la dose de 4 cc. pour 100 cc. de
lait.
Les résultats sont exprimés. en Degrés Sozhlet-Henckel (S-H) qui
représentent le nombre de centimètres cubes de soude nécessaires
pour neutraliser 100 cc. de lait.
On peut vérifier que
D egre' D orme
.
=
Degré Soxhlet-Henckel.
2.25
minée par la 'présence d'un acide, mais par l'équilibre d'un certain
nombre d'ions à une concentration déterminée. Que cette concentra-
tion vienne à varier e~ J'équilibre primitif sera remplacé par un autre
qui dépendra des nouvelles concentratjons des ions en présence. Il est
doue indiqué de ne jamais additionner d'eau la quantité primitive de
lait nécessaire à la titration acidimétrique.
, Il est également à noter qu'on détermine l'acidité du lait à froid et
dans ces conditions, l'acide carbonique libre du lait i'ntervient puisque
la phénolphtaléine est sensible à cet acide. '
Enfin, on ,peut 'constater que lorsque la teinte rose a été obtenue, elle
disparaît au bout de quelques minutes, le lait, reprenant sa couleur blan-
che primitive. Quelle est l'explication de ce phénomène ~ D'aucuns
ont prétendu qu'il avait pour cause la fixation de l'acide carbonique
de l'air. Nous ne le pensons pas, car si l'on fait bouillir le lait ainsi traité'
et redevenu blanc, la teinte rose ne réapparaît pas. Bien mieux, si on
porte à l'ébullition du lait préalablement neutralisé, et présentant encore
la teinte rose, celle-ci disparaît. 1
pH=
b
Bou;ll/eH~
Température a b
i50 252,5 57,1
/
16 251,7 \ 57,3
17 250,9 5·7,5
18 250,3 57,7
19 249,5 57,9
20 248,8 58,1
25 245,5 58,7
J'ai vérifié sur 'deu'x caséin~tes de c'hauJ que ladite mesure était possi~le
comme en témoignent res résultats suirant. :
. 1re Expérience.
pH du 1er caséinate de chaux mesuré à l'électrode d'hy-
drogène 10,02
pH du même caséinate mesuré à l'électrode de quin-.
hydrone 9,89
\
2me expérience.
pH du 2e caséinate mesuré à J'électrode d'hydrogène 8,4
pH du même caséinate mesuré à l'électrode Ciequinhydrone 8,5
a) Action microbiennes.
Nous les étudierons en premier lieu parce qu'elles sont les plus
importantes et qu'elles se produisent spontanément. Nous supposons
que le lait soumis à notre étude est normal à la traite, au sens ·dela loi
du 1er août 1905 sur la répression des fraudes. Nous réservo~s pour
un autre chapitre' l'étude des laits malades.
Nous étudierons successivement:
10 La fermentation lactique,
,20 La putréfaction.
10 Fermentation lactique. ~ Le lait, même au moment de la traite
contient déjà des microbes; que ceux-ci proviennent du canal du trayon
de l'animal, des. mains du vacher, des ustensiles ou de manipulations
plus ou moins aseptiques. Parmi eux, il en est qui sont très variables
dans leur morphologie :c'est le groupe des ferments lactiques. Bornant
notre étude seulement aux actions, et non aux formes microbiennes,
nous pouvons dire que, sitôt après la traite, ces microbes se dévelop-
pent dans le lait en .provoquant une altération du milieu et une
rupture de son équilibre antérieur. Leur développement se, produit,
en effet, aux dépens du lactose, substance neutre à partir de laquelle, .
par des processus à la fois hydrolytiques et dédoublants, les microbes
. provoquent la formation d'acide lactique, modifiant ainsi la concen-
tration en ions hydrogène du lait. Nous exprimerons cette transforma-
'tion par l'équation:
C12.H22011 + H20 = 4 C3H6 03
.L'acidification du lait. sous l'influence des ferments lactiques est
un phénomène constant et naturel, de telle sorte-que si, à la traite, le
LE LAIT, 1928
~l 698, W. VAN .DAM: ET B. J. HOLWERDA. - L'INFLUENCE DE LA CASÉINE
(1) Forschungen auf dem Gebiete der Milchwirtschaft .und des Molkereiwesens. I, 309
(1921).' .