La Révolution Française
La Révolution Française
La Révolution Française
Révolution française
La Révolution française est une période de l'histoire de France qui commence en 1789
avec la réunion des États généraux et la prise de la Bastille et s'achève avec le coup d'État
du 18 brumaire (9-10 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte. C'est un moment
fondamental de l’histoire de France, marquant la fin de l'Ancien Régime et le passage à une
monarchie constitutionnelle puis à la Première République qu'ait connue le pays. La
Révolution française mit fin à la royauté, à la société d'ordres et à tous les privilèges. Avec
la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle proclama l'égalité des citoyens
devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner
au travers de représentants élus.
La Révolution française a créé des divisions immédiates et durables entre les partisans des
idées révolutionnaires et les défenseurs de l'ordre ancien, et aussi entre les anticléricaux et
l'Église catholique.
Dès son commencement, la portée universelle des idées de la Révolution française a été
proclamée par ses partisans, et l'importance de ses conséquences reconnue par ses
adversaires[1] . Son impact a été considérablement accru par les guerres de la Révolution
française et de l’Empire, lesquelles ont touché une large partie de l’Europe continentale,
avec la création de « républiques sœurs » et la transformation des frontières et des États
d'Europe. La Révolution est restée un objet de débats et une référence positive ou négative
tout au long des deux siècles qui l'ont suivie, en France comme dans le monde.
La société française
Il existe deux ordres privilégiés : le clergé et la noblesse, et un ordre non-privilégié, le tiers
état. Le poids des impôts est inégalement réparti entre les privilégiés et les non-privilégiés
très lourdement taxés. De plus, à l'intérieur même du tiers état, il existe de fortes
différences selon les provinces ou entre les villes qui possèdent des avantages importants.
Au XVIIIe siècle, l'essor de nouvelles catégories sociales dans les villes et dans les gros
bourgs est indéniable. Parmi les nouvelles couches, on trouve la bourgeoisie marchande ou
financière, qui profite de l’enrichissement global, et les laboureurs, des paysans riches qui
peuvent offrir à leurs enfants une éducation. La bourgeoisie aspire à occuper de hautes
fonctions dans le royaume.
Cependant la société semble se figer, l’accès à la noblesse se ferme. Dans les années 1780,
les nobles qui ont besoin de numéraire remettent en vigueur des droits féodaux oubliés et
contrôlent de manière plus tatillonne leur perception : c’est la réaction nobiliaire. À la fin
des années 1780, les mauvaises récoltes jettent à la rue les membres les plus fragiles des
communautés.
Révolution française 2
Les ordres privilégiés se révoltent aussi contre le pouvoir royal. En effet, l'absolutisme les a
privés de leurs prérogatives traditionnelles. Les Parlements sont des cours de justice sous
l'Ancien Régime. Ils profitent du droit traditionnel qui leur permet d'émettre des remarques
lors de l'enregistrement des lois dans les registres des parlements pour critiquer le pouvoir
royal. Bien qu'ils défendent avant tout leurs privilèges, ils arrivent à passer, aux yeux de
l'opinion publique, comme les défenseurs du peuple.
La noblesse, évincée du pouvoir sous Louis XIV, ne rêve que de revenir aux
affaires.[réf. souhaitée] À cette revendication politique, se double une revendication
économique. Les nobles n'ont pas le droit d'exercer un grand nombre d'activités
économiques sous peine de "déroger", c'est-à-dire de perdre leurs privilèges. Dans un siècle
où la rente de la terre stagne et où les frais de représentation (costumes, carrosses…) sont
de plus en plus élevés, leur pouvoir d'achat diminue. La noblesse s'arc-boute sur ses
anciens privilèges, principalement les droits féodaux, et exige le paiement de certaines
taxes féodales tombées en désuétude. Elle s'arroge aussi l'exploitation exclusive de certains
communaux, ces terres non cultivées où, traditionnellement, les paysans pauvres pouvaient
faire paître leurs quelques bêtes. Cette crispation est très mal vécue par les paysans qui
réclament l'abolition des droits féodaux pour soulager leur misère. La mauvaise récolte de
1788, due à un épisode d'échaudage des grains, provoquant une hausse des prix du grains
ne fera rien pour arranger la misère des paysans et est aujourd'hui présentée par divers
historiens[2] comme une des causes de l'agitation populaire et de la Révolution, le politique
étant considéré comme responsable du manque de grains[3] . À preuve, notamment, on peux
citer ces femmes qui iront à Versailles demander que sortent "Le Boulanger, la Boulangère,
et le petit mitron". Des révoltes de subsistances en 1788 attestent elles aussi d'une crise
frumentaire à l'origine partielle de la Révolution[4] .
Révolution française 3
Malgré tout, dans leur immense majorité, les Français de 1789 n’imaginent pas une
Révolution violente avec une abolition de la monarchie [réf. nécessaire]. Le roi est, en 1789,
considéré comme le père des Français. Il est aimé et respecté[réf. nécessaire]. Néanmoins, une
réforme profonde de l’État est espérée et ce, dans un climat pacifique.
sur le soutien d'une petite partie de la noblesse acquise aux idées nouvelles et du
bas-clergé qui vit auprès du peuple et est sensible aux difficultés de celui-ci. Ceci explique
l'animation du débat politique pendant l'élection des députés aux États-Généraux. Les
débats portent, entre autres, sur l'organisation des États-Généraux. En effet,
traditionnellement, chaque ordre élisait à peu près le même nombre de députés. Les élus de
chaque ordre se réunissaient, débattaient et votaient séparément. Le résultat du vote de
chaque ordre comptait pour une voix. C'était le principe du vote par ordre. De ce fait, il
suffisait que les deux ordres privilégiés votent dans le même sens, celui du maintien des
privilèges, et le tiers état se retrouvait en minorité.
Le tiers état demande le doublement du nombre des députés le représentant, afin que le
nombre de leurs élus corresponde davantage à son poids dans la société, ainsi que le
principe du vote par tête, c'est-à-dire une assemblée unique où chaque élu dispose d'une
voix. Louis XVI accorde le doublement des députés du tiers état mais garde le silence sur la
question du vote par ordre ou par tête.
L'été 1789
La prise de la Bastille
La genèse de la révolte
Le 13 juillet, quarante des cinquante-quatre barrières d’octroi sont incendiées. Les réserves
de grains des couvents sont pillées. Une milice bourgeoise se forme.
Ces événements déclenchent aussi la première émigration : le jeune frère de Louis XVI, le
comte d’Artois, les grands du royaume comme le prince de Condé, le duc de Polignac et le
duc d’Enghien. Leur destination est l’Angleterre, les Pays-Bas ou l’Allemagne. Tous pensent
revenir dans les trois mois.
à Paris. Deux gardes du corps du roi sont tués, leur tête est accrochée au bout d’une pique.
Désormais, le roi et l’Assemblée nationale siègent à Paris, surveillés par la Garde nationale
et menacés par l’émeute.
Le pouvoir royal s'en trouve extrêmement affaibli. La France reste une monarchie mais le
pouvoir législatif est passé entre les mains de l’Assemblée constituante. Des commissions
spécialisées issues de l’Assemblée ont la haute main sur l’ensemble de l’administration qui
se soucie de moins en moins du pouvoir du roi. Les ministres ne sont plus que des
exécutants techniques surveillés par l’Assemblée. Néanmoins, le roi garde le pouvoir
exécutif. Les lois et décrets votés par l'Assemblée ne sont valables que si le roi les
promulgue. Par ailleurs, les intendants et autres agents de l'administration de l’Ancien
Régime restent à leur poste jusqu’à la formation d’une nouvelle administration. Jusqu'à l'été
1790, les intendants qui n’ont pas démissionné continuent d'exercer leurs fonctions, bien
que leur étendue ait été considérablement réduite.
Royaume de France
Monarchie constitutionnelle
1791 — 1792
← →
Drapeau Armoiries
Informations générales
Capitale Paris
Langue(s) Français
Histoire et événements
Royaume République
de française
France
La régénération de la France
La réorganisation administrative
La question religieuse
Dès le 11 août 1789, la dîme est supprimée sans compensation, privant ainsi le clergé d'une
partie de ses ressources. Le 2 novembre de la même année, sur proposition de Talleyrand,
évêque d'Autun, les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation pour l'extinction
de la dette publique. Ils deviennent des biens nationaux qui seront vendus par lots pour
combler le déficit de l'État. La même année, les assignats, forme de papier-monnaie, sont
introduits. Vu l’urgence de la situation financière, l'Assemblée constituante fait des biens
nationaux la garantie d’un papier que ses détenteurs pourront échanger contre de la terre.
Utilisés d’abord comme bons du Trésor, ils reçoivent un cours forcé en avril 1790 pour
devenir une véritable monnaie. On émet ainsi pour 400 millions d’assignats : c’est le début
d'une forte période d'inflation.
La nationalisation des biens du clergé contraint l'Assemblée constituante à s'intéresser au
financement du clergé. La Constitution civile du clergé, adoptée le 12 juillet 1790 et ratifiée
par le roi le 26 décembre 1790, transforme les membres du clergé en fonctionnaires
salariés par l’État. Les membres du clergé séculier sont désormais élus et doivent prêter un
serment de fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi. Suivant une tradition gallicane bien
ancrée dans une partie de la bourgeoisie, ainsi qu'une partie de l'héritage des Lumières
favorable à la laïcisation de la société, les députés n'ont pas demandé au pape son avis sur
les réformes du clergé catholique. Les premiers clercs commencent à prêter serment sans
attendre l'avis du souverain pontife. Mais, dès mars 1791, le pape Pie VI condamne toutes
ces réformes visant l’Église de France. La Constituante a divisé la population en deux
camps antagonistes. On compte environ 65 % d’ecclésiastiques non jureurs ou réfractaires.
Le drame de 1792-1793 est en germe.
La question religieuse aggrave le mécontentement d'une partie des Français déçus par la
Révolution. Dès 1790, des troubles entre Protestants et Catholiques avaient éclaté dans le
Midi. La question de serment dégénère en affrontement violent dans l'ouest où les villes
soutiennent les prêtres jureurs et les campagnes les réfractaires.
Révolution française 12
Le roi et la Révolution
Le 14 juillet 1790, un an après la
prise de la Bastille, la fête de la
Fédération est célébrée sur le
Champ-de-Mars. Le marquis de La
Fayette assiste à la cérémonie aux
côtés du roi et de la reine. Il s’agit
d’un moment d’union nationale : le
roi prête serment à la Constitution
fraîchement établie et sa personne
est applaudie par la foule. Ce
moment de communion nationale
peut laisser croire aux
La fête de la Fédération, le 14 juillet 1790
observateurs de l'époque que
Louis XVI a accepté les
changements issus de la Révolution de 1789. En fait, il n'en est rien. Louis XVI louvoie
entre les différents courants, pour essayer de garder son autonomie et de reconquérir son
pouvoir perdu. De plus, catholique sincère, il prend fait et cause pour le pape et pour les
prêtres réfractaires.
L'échec de la tentative de fuite du roi (20 et 21 juin 1791) a pour conséquence de dévoiler
au grand jour son hostilité au projet de 1789. Les patriotes parisiens les plus radicaux
voient dans ce geste la preuve de la trahison du roi et demandent, dans une pétition qu'ils
veulent déposer sur l'autel du Champ-de-Mars, la déchéance du roi. Les députés comme
Bailly et La Fayette, partisans d’une monarchie constitutionnelle, mettent sur pied la thèse
de l'enlèvement du roi. Ils interdisent la manifestation et décrètent la loi martiale. Le 17
juillet 1791, le peuple manifeste malgré tout. Lafayette ne parvient pas à contenir ses
hommes qui écoutent alors Bailly. Lorsque celui-ci ordonne le feu, ils tirent alors sur la
foule désarmée, tuant principalement des femmes et des enfants. La fusillade du
Champ-de-Mars a pour conséquence la rupture entre les patriotes modérés et le peuple
parisien dont les porte-paroles sont, entre autres, Georges Jacques Danton, Maximilien de
Robespierre et Jean-Paul Marat. Certains comme Condorcet demandent même
l'instauration d'une République. Par méfiance envers le peuple, Bailly et La Fayette, suivis
par la majorité des députés, quittent le club des Jacobins pour fonder le Club des Feuillants.
Pour eux la révolution est finie et il convient de stabiliser le régime en soutenant la
monarchie constitutionnelle.
Révolution française 13
La chute de la monarchie
civique aux prêtres réfractaires sous peine de privation de pension ou même de déportation
en cas de trouble à l'ordre public. Un dernier décret enjoint les princes étrangers à chasser
les émigrés de leurs États. Le roi accepte de signer le dernier décret, car il rend la guerre
possible.
La situation internationale est envenimée par l'annexion, à la demande de ses habitants, du
Comtat Venaissin, jusque là possession pontificale, à la France et par l'affaire des princes
possessionnés d'Alsace, - des princes allemands s'estimant lésés par l'abolition des droits
féodaux dans leurs fiefs alsaciens (Princes possessionnés) -. Les Feuillants et le roi,
conscients de la désorganisation de l'armée, espèrent une défaite rapide pour chasser les
révolutionnaires sans le concours des émigrés. Les Jacobins souhaitent exporter la
Révolution dans toute l'Europe par la guerre. Robespierre est un des rares à s'opposer à un
conflit.
Le renversement de la monarchie
Le 25 juillet, l'armée prussienne fait savoir au gouvernement que Paris sera détruite si la
vie du roi est à nouveau menacée. Quand ce document, connu sous le nom de manifeste de
Brunswick est mis à la connaissance des révolutionnaires parisiens, ceux-ci investissent
l'Assemblée et demandent la destitution de Louis XVI. L'Assemblée s'y refuse.
Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 août 1792, une
municipalité insurrectionnelle conduite par Pétion et
Danton se forme. Au petit jour, les insurgés se
présentent devant les Tuileries et finissent par investir
et piller le palais défendu par la garde suisse qui se fait
tuer sur place. De nombreux assaillants sont aussi tués.
Le roi, accompagné de sa famille, se réfugie dans
l'enceinte de l'Assemblée législative, mais celle-ci se
retourne contre lui en le suspendant de ses fonctions.
La constitution de 1791 étant, de fait, devenue
caduque, elle décrète aussi l’élection d’une Convention
nationale au suffrage universel à deux degrés pour
décider des nouvelles institutions du pays.
Danton
Le soir du 10 août (séance de 9 heures), l’Assemblée
législative désigne par acclamation un conseil exécutif provisoire, composé de six membres,
comprenant Danton, ministre de la Justice, et Gaspard Monge, ministre de la Marine.
Les troupes ennemies marchent sur Paris inexorablement, faisant tomber les forteresses les
unes après les autres. C’est dans ce contexte que Danton déclare le 2 septembre 1792 : «
De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la Patrie sera sauvée ». Le peuple,
entre panique et rancœur, rend responsable de la situation les ennemis de l'intérieur. Entre
le 2 et le 6 septembre 1792, il massacre les prêtres réfractaires, les suspects d'activité
contre-révolutionnaire et les détenus de droit commun incarcérés dans les prisons à Paris.
Les tueries durent plusieurs jours sans que les autorités administratives osent intervenir, et
les députés ne les condamneront pas avant plusieurs mois. Ces « massacres de septembre
», qui frappent l'opinion, marquent un tournant essentiel dans la Révolution.
Les forces en présence à la Convention
Révolution française 16
Les Montagnards siègent sur les bancs les plus hauts, ce qui explique leur nom. Ils sont
plus sensibles aux difficultés du peuple. Ils sont prêts à s'allier au peuple, notamment aux
sans-culottes de la commune de Paris et à prendre des mesures d'exception pour sauver la
république. Leurs chefs sont, entre autres, Robespierre, Danton, Marat et Saint-Just. Au
centre, siège une majorité de députés, surnommée la plaine ou le marais, qui soutiennent à
tour de rôle les deux extrêmes.
L'armée française remporte une victoire inespérée sur les Prussiens, le 20 septembre, lors
de la bataille de Valmy. Les Prussiens et les Autrichiens quittent la France, plus préoccupés
des affaires polonaises. Le 6 novembre 1792, le général Dumouriez remporte la bataille de
Jemmapes. Les troupes françaises occupent les Pays-Bas autrichiens. À l'est, les armées du
Général Custine occupent la rive gauche du Rhin. La Savoie, possession de la Maison de
Savoie, est elle aussi envahie. Partout les Français propagent leur idéal révolutionnaire,
mais en même temps énoncent l'idée que le Rhin est la frontière naturelle du nord et de
l'est de la France.
Le dernier acte de l'Assemblée Législative est de laïciser l'état civil. Le 20 septembre 1792,
elle décide que les registres des naissances et des décès seront désormais tenus par les
communes. Le lendemain, la Convention se réunit pour la première fois. Elle dispose
provisoirement des pouvoirs législatif et exécutif. Elle décide d'abolir la royauté. Le
21 septembre 1792, les députés de la Convention nationale proclamèrent l'abolition de la
royauté. C'est, pour les révolutionnaires, le début d'une ère nouvelle.
La Première République
République française
Première République
Révolution française 17
1792 — 1804
← →
Drapeau
Informations générales
Statut République
Capitale Paris
Langue(s) Français
Histoire et événements
26 octobre 1795 Directoire
9 novembre 1799 Consulat
Royaume Empire
de France français
Principauté
de Liège
Pays-Bas
autrichiens
Son exécution provoque des réactions mitigées dans la population française. Les souverains
d'Europe réagissent en formant la première coalition en février 1793. Les Girondins
décident alors le 24 février 1793 la levée de 300 000 hommes. Cette levée doit se faire par
tirage au sort, ce qui rappelle fâcheusement les pratiques de l'Ancien Régime. L'annonce de
cette levée provoque des soulèvements ruraux en Alsace, en Bretagne et dans le Massif
central; soulèvements aussitôt réprimés par la force. Mais la Convention vote une loi qui
met en place une véritable logique de terreur; tout rebelle pris les armes à la main sera
exécuté dans les vingt-quatre heures, sans procès.
Début mars 1793, l'insurrection vendéenne commence. Au sud de la Loire, la levée des
300 000 permet une alliance des paysans déçus par la Révolution, du clergé réfractaire et
des nobles. Alors que les départements n'existent que depuis 1789 et que l'insurrection se
développe bien au delà de la Vendée, très vite, à la Convention, on parle de « Guerre de
Vendée », argument des Montagnards et des sans-culottes pour stigmatiser la mollesse des
Girondins et réclamer des mesures d'exception auxquelles ces derniers répugnent. Les
Girondins sont obligés d'accepter la création du Comité de salut public et du Tribunal
révolutionnaire. Les Girondins sont chassés du pouvoir par les journées des 31 mai et 2 juin
Révolution française 19
1793 menées par les sans-culottes parisiens. Les Montagnards se sont alliés avec les
factions les plus extrémistes du peuple parisien pour parvenir au pouvoir. En province, c'est
le mouvement inverse qui se produit. À Marseille, à Lyon, les partisans des Girondins
chassent les maires Montagnards du pouvoir.
La République en danger
Quand les Montagnards arrivent au pouvoir, la
République connaît des périls extrêmes.
L'insurrection vendéenne, devenue royaliste après
sa reprise en main par les nobles, s'étend dans
l'ouest de la France. Saumur et Angers sont prises
en juin 1793, mais Nantes résiste. Des révoltes
royalistes se développent également en Lozère et
dans la vallée du Rhône. Les députés girondins qui
ont pu échapper à la répression parisienne appellent
à la révolte contre Paris dans les départements. Ils
sont soutenus par les autorités départementales
comme en Normandie. Le 13 juillet, Jean-Paul Marat
est assassiné par la fédéraliste Charlotte Corday.
Les frontières françaises ont été franchies par les
Espagnols au sud-ouest, les Piémontais au sud-est,
les Prussiens, les Autrichiens et les Anglais au nord
L'assassinat de Marat et à l'est. Pour conjurer ces périls et sous la
pression des sans-culottes, les Montagnards
prennent des mesures radicales.
contre-révolutionnaires.
La Convention doit faire face aux sans-culottes parisiens les plus radicaux avec à leur tête
le journaliste Jacques-René Hébert, le fondateur du Père Duchesne, un journal populaire
aux propos extrémistes et parfois orduriers, et le chef du groupe des « Enragés », l'ancien
prêtre Jacques Roux. Les 4 et 5 septembre 1793, ils envahissent la Convention et
obtiennent la levée d'une armée révolutionnaire chargée de réprimer la contre-révolution et
la rétribution des sans-culottes qui siègent dans les sections. À la suite de leur action, la
Terreur est « mise à l'ordre du jour » le 5 septembre 1793.
Face aux dangers, la Convention vote toutes les lois que lui
présente le Comité de salut public. La loi du 23 août 1793
sur la levée en masse permet d'envoyer sous les drapeaux
tous les jeunes gens célibataires. Les autres Français doivent
participer à l'effort de guerre en fournissant l'équipement
militaire, en frottant les murs des caves pour y collecter le
salpêtre, indispensable à la fabrication de la poudre. Toute
l'économie de la nation est tournée vers la guerre. Très vite,
une armée d'un million de combattants est mise sur pied. Le
nombre et l'ardeur au combat remplacent l'expérience d'une
armée de métier.
Les résultats
La politique volontariste impulsée par le Comité de salut public permet de sauver la
République. Dès la fin de mois de septembre 1793, les premières victoires permettent de
repousser les membres de la première coalition hors de frontières. La révolte fédéraliste est
vite réduite à néant, sauf à Toulon, où les royalistes prennent le contrôle de la ville et la
livrent aux Anglais.
En Vendée, les troupes républicaines infligent une sévère défaite à l'armée catholique et
royale à la bataille de Cholet. Une partie de l'armée vendéenne remonte vers le nord pour
tenter de prendre le port de Granville dans le Cotentin. Cette expédition, connue sous le
nom de Virée de Galerne, se solde par un échec, mais elle témoigne de la force et de la
détermination des contre-révolutionnaires. Des bandes armées rurales continuent à
sillonner tout l'ouest de la France. On leur donne le nom de « Chouans ». La répression
contre les Vendéens est terrible. Entre décembre 1793 et février 1794, le représentant en
mission Jean-Baptiste Carrier fait exécuter plusieurs milliers de personnes à Nantes. Les
noyades et les fusillades collectives sont restées sinistrement célèbres. À Angers, près de 2
000 femmes sont exécutées. Dans le bocage vendéen, les colonnes infernales commandées
par le général Louis Marie Turreau brûlent les villages et massacrent la population sans
faire de différence entre population civile et révoltés.
Des mesures de déchristianisation, spontanées ou organisées par les représentants en
mission, s'étendent à toute la République. Au nom de l'égalité, statues, croix et clochers
sont abattus. Le 5 octobre 1793, la Convention adopte le calendrier républicain. À partir de
cette époque, même l'Église constitutionnelle est persécutée. Les sans-culottes et les
hébertistes développent le culte des martyrs de la Révolution. Le 10 novembre, la fête de la
Raison est célébrée dans la cathédrale Notre Dame de Paris, transformée en temple pour
l'occasion. Après la cérémonie, les hébertistes s'invitent à la séance de la Convention et
improvisent une fête sous le regard désapprobateur de Robespierre qui n'y voit qu'une
mascarade. Le désordre que suscitent ces comportements amène Robespierre à manifester
son hostilité et à demander le rétablissement de l'ordre.
À Paris, le Comité de salut public s'emploie à limiter l'influence des sans-culottes sur la
Convention. À la fin du mois de mars 1794, il parvient à éliminer l'aile gauche des
Montagnards et fait exécuter les principaux chefs Exagérés : Hébert, Momoro, Ronsin et
Vincent. Les Enragés, menés par Jacques Roux, Leclerc et Varlet, sont quant à eux
emprisonnés. Début avril, c'est au tour de l'aile droite des Montagnards dirigée par
Georges Jacques Danton d'être éliminée. Les Indulgents, nom donné au groupe de Danton,
sont guillotinés après un procès irrégulier où Danton est privé de son droit de se défendre
personnellement. Fabre d'Eglantine, le créateur du calendrier révolutionnaire et Camille
Desmoulins, pourtant ami de Robespierre, sont eux aussi guillotinés.
Alors que la Terreur se termine en province, elle s'accentue à Paris après le vote des lois de
Prairial. Le tribunal révolutionnaire peut seul juger des crimes politiques. La définition
d'ennemi de la Révolution est élargie à tous « ceux qui cherchent à anéantir la liberté par la
force ou par la ruse ». Il n'y a plus ni témoin, ni avocat. Deux sentences sont possibles: la
liberté ou la mort pour les coupables. La loi de Prairial donne naissance à la Grande
Terreur. Dans les semaines qui suivent, plus de 1 400 personnes sont guillotinées à Paris.
Au début de l'été 1794, l'effort de guerre consenti par la nation porte enfin ses fruits. La
victoire de Fleurus, le 26 juin 1794 permet aux troupes françaises de reprendre la Belgique.
Des vivres commencent à être réquisitionnés dans les régions occupées pour être envoyées
en France.
Robespierre, en luttant contre les factions, en faisant revenir les terroristes les plus zélés,
s'est fait beaucoup d'ennemis. Il est devenu l'homme politique le plus influent. Lorsqu'il
préside la Fête de l'Être suprême, le 10 juin 1794, ses adversaires murmurent qu'il veut
accaparer le pouvoir. Son retrait temporaire de la scène politique permet la constitution
d'un groupe d'opposants autour du Comité de sûreté générale et d'anciens représentants en
mission, comme Tallien ou Fouché.
Quand il se décide enfin à réapparaître à la Convention, il brandit la menace d'une nouvelle
épuration, y compris contre certains députés qu'il a la maladresse de ne pas nommer. Le
complot se noue avec le soutien du Marais. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), il est
décrété d'accusation par l'Assemblée et arrêté. Une action de la commune de Paris le
délivre contre son gré et l'emmène à l'Hôtel de Ville. Mais les sans-culottes, démoralisés
par la mise au pas du mouvement sectionnaire après l'élimination des Hébertistes, et
mécontents de la stricte application du maximum des salaires, ne se joignent pas aux amis
de Robespierre. La Convention qui l'a mis immédiatement hors la loi envoie les troupes qui
prennent d'assaut le bâtiment. Il est guillotiné le lendemain, le 28 juillet 1794, avec ses
principaux partisans. Les conventionnels thermidoriens rappellent les députés girondins et
mettent fin à la Terreur.
La nouvelle Constitution de l’an III est votée par la Convention le 29 messidor (17 août
1795) et ratifiée par plébiscite en septembre. Elle est effective à partir du 4 vendémiaire
(26 septembre) de la même année et fonde le nouveau régime du Directoire.
(250 membres). Le pouvoir exécutif est un directoire de cinq personnes nommées par le
conseil des Anciens sur une liste fournie par le Conseil des Cinq-Cents. Les ministres et les
cinq directeurs ne sont pas responsables devant les assemblées, mais ils ne peuvent non
plus les dissoudre. Comme en 1791, aucune procédure ne permet de résoudre les
[10]
conflits .
Les Thermidoriens ont imposé que les deux tiers des
élus soient issus de la Convention. Les régions de
l'ouest, de la vallée du Rhône et de l'est du Massif
Central élisent des députés royalistes. Pendant
toute la durée du Directoire, l'instabilité politique
est incessante. Les « réseaux de correspondance »,
royalistes mêlent le renseignement, la propagande
et l'action politique. Ils quadrillent le pays avec le
soutien des frères de Louis XVI et des puissances
ennemies. Les partisans du retour à la monarchie
remportent les élections de mars 1797. Les
Républicains modérés organisent en septembre
1797 un coup d'état qui chasse deux des cinq
directeurs et destitue ou invalide l'élection de 177 Le conseil des Cinq-Cents
députés. En 1798, les élections semblent donner la
faveur aux Jacobins. Les conseils s'octroient alors le droit de désigner les députés dans la
moitié des circonscriptions. Les Thermidoriens se maintiennent au pouvoir mais sont
totalement discrédités.
La situation économique contribue aussi à détourner les Français du régime. Les impôts ne
rentrent plus. L'assignat, qui a perdu toute sa valeur, est remplacé par un autre papier
monnaie, le mandat territorial, qui subit en un an le même sort que l'assignat. À partir de
1797, l'État demande aux contribuables de payer les impôts en numéraire. Or, avec la crise
financière, la monnaie métallique s'est raréfiée. Après les années d'inflation liées à
l'assignat, la France connaît une période de baisse de prix qui touche principalement le
monde rural. Incapable de faire face à l'énorme dette accumulée par la monarchie absolue
et huit années de révolution, les assemblées se résignent à la banqueroute des « deux tiers
». La France renonce à payer les deux tiers de sa dette publique mais consolide le dernier
tiers en l'inscrivant dans le grand livre de la dette. Pour paraître crédible aux yeux des
créanciers, un nouvel impôt sur les portes et fenêtres est créé en 1798. Les gendarmes sont
réquisitionnés pour recouvrer l'impôt.
Révolution française 24
Notes et références
[1] Réflexions sur la Révolution de France
[2] notamment E. Le Roy Ladurie[réf. souhaitée]
[3] c'est ce qu'on appelle l'imputation au politique
[4] voir Le Roy Ladurie Histoire Humaine et Comparé du Climat tome 2
[5] Pascal Perrineau, Dominique Reynié, Sandrine Lefranc (collectif), Dictionnaire du vote, Presses universitaires
de France, 2001, p. 426.
[6] Moniteur Universel, 25 juin 1789, « Extrait des débats », p. 48 ; Sur la construction de cette phrase historique
voir l'article (http:/ / www. assemblee-nationale. fr/ histoire/ mirabeau. asp) de la Bibliothèque de l'Assemblée
nationale.
[7] Jacques Proust, Diderot et l'Encyclopédie, 1967.
[8] Dominique Soulas de Russel, Robert-Thomas Lindet, Comité régional d'histoire de la Révolution française
(Haute-Normandie, Un révolutionnaire normand fidèle aux siens, à son terroir et à ses convictions (http:/ /
books. google. fr/ books?id=jv5nAAAAMAAJ& q=garçon+ cuisinier+ Desnot& dq=garçon+ cuisinier+
Desnot& lr=& pgis=1), 4997, p. 168
[9] Institutions et vie politique, la Documentation française, 2003
[10] Institutions et vie politique, la documentation française, 2003
Révolution française 25
Bibliographie
Instruments de travail
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• Michel Perronnet, Les 50 mots-clés de la Révolution française, Privas, 2005.
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Référence:Histoire et dictionnaire de la Révolution française
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Révolution française 26
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• Jean-Clément Martin, La France en Révolution, Paris, 1990 (réédité en 2004 sous le titre
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• Michel Biard et Pascal Dupuy, La Révolution française - Dynamiques, influences, débats -,
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• Frédéric Bluche, Stéphane Rials et Jean Tulard, « La Révolution française » (édition PUF,
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• Raymonde Monnier dir., « Révoltes et révolutions en Europe et aux Amériques de 1773 à
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• Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national,
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• Jean-Clément Martin, La Révolution française, historiographie dans l’Encyclopédie
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• Albert Soboul, Comprendre la Révolution française, Paris, 1981, recueil d’articles.
• O. Bétourné, I. Aglaia Hartig, Penser l’histoire de la Révolution française, deux siècles de
passion française, La Découverte, 1989. ( Une lecture critique des écrits de François
Furet et une étude des travaux marquants sur la Révolution ).
• Jacques Godechot, Un jury pour la Révolution, Paris, Robert Laffont, 1974. ( L'auteur
analyse les ouvrages de quatorze écrivains, formant ce jury, traitant de la Révolution
française. Il s'agit de: Alphonse de Lamartine, Thomas Carlyle, François-Auguste Mignet,
Adolphe Thiers, Jules Michelet, Edgar Quinet, Alexis de Tocqueville, Louis Blanc,
Heinrich von Sybel, Hippolyte Taine, Alphonse Aulard, Jean Jaurès, Albert Mathiez et
Georges Lefebvre ).
• Alice Gérard, La Révolution française, mythes et interprétations, 1789-1970, Flammarion,
coll. Questions d'histoire, 1970 ( Une somme historiographique en 140 pages)
• Jacques Solé, La révolution en questions, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points-Seuil», 1988.
• Alfred Fierro, Historiographie de la Révolution française, in « Jean Tulard, Jean-François
Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799»,
(opus citatum).